Vous êtes sur la page 1sur 52

Politique du Secteur de

l’Énergie du Groupe de la BAD

Banque africaine de développement


Département des Politiques et ressources
opérationnelles (ORPC)
Politique du Secteur de
l’Énergie du Groupe de la BAD

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
2
Groupe de la Banque africaine de développement
politique du secteur de l’énerGie

du secteur de l’énergie
Membres de l’équipe sur la politique
Membres de l’équipe sur la politique du secteur de l’énergie

Ce document a été préparé par le Département des Politiques et ressources opérationnelles


(ORPC), sous la direction de Zondo SAKALA, Vice – président des Programmes pays, régio-
naux et politiques (ORVP).

Le travail a été coordonné par Désiré VENCATACHELLUM, Directeur, Massamba DIENE,


Chef de division, Politiques opérationnelles, et Léontine KANZIEMO, Spécialiste Supérieure
du secteur de l’eau, appuyés par une équipe élargie dont les membres sont les suivants :

Engedasew NEGASH, Chef de division, ONEC.2


Ralph OLAYE, Chef de division, ONRI. 1
Felix BAUDIN, Conseiller juridique en chef, GECL.1
Jacques MOULOT, Expert en chef de l’énergie, ONRI.1
Marcellin NDONG NTAH, Économiste des politiques en chef, OPSC
Ibrahima KONATE, Ingénieur électricien en chef, ONEC.1
Epifanio CARVALHO DE MELO, Spécialiste principal des infrastructures, ONRI. 1
James EDWIN, Chargé principal de l’évaluation, OPEV
Joao CUNHA DUARTE, Socio-économiste supérieur, ONEC.3
Nouridine KANE DIA, Économiste-pays supérieur, ORCE
Nogoye THIAM, Expert en changement climatique, ORQR.3
Paxina CHILESHE, Chargé de la gestion des ressources naturelles, OSAN.4
Obiora Collins OKOYE, Chargé d’investissements supérieur, ONEC. 2
Tanja FALLER Économiste de l’énergie, ONEC
Rolf WESTLING, Consultant supérieur, OPSM.0
Table des matières
5

Table des matières

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
Sigles et abréviations
Quelques unités de mesure de l’énergie

Résumé Analytique

1. Introduction

2 Politique du secteur de l’énergie

2.1. Vision et objectifs

2.2 Principaux principes directeurs


2.2.1. Garantir la sécurité énergétique et élargir l’accès pour tous
2.2.2. Progresser vers les énergies plus propres
2.2.3. Gouvernance renforcée au niveau national
2.2.4. Innovation en vue d’accroître les flux financiers dans le secteur de l'énergie
2.2.5. Application des principes de l'efficacité de l'aide
2.2.6. Responsabilité sociale et environnementale
2.2.7. Intégration des réponses au changement climatique
2.2.8. Promouvoir la diffusion du savoir, la recherche - développement et l’innovation
2.2.9. Intégrer la dimension genre

2.3. Sous-secteurs de l’énergie

2.3.1. L’énergie renouvelable


2.3.2. Hydroélectricité
2.3.3. Bioénergie
2.3.4. Charbon
2.3.5. Pétrole et Gaz
2.3.6. Énergie nucléaire
2.3.7. Transport et distribution d’énergie

2.4. Aspects transversaux de l’énergie

2.4.1. Intégration régionale


2.4.2. Efficacité énergétique au niveau de l’offre et de la demande

3. Mise en œuvre de la politique

3.1. Stratégies du secteur de l’énergie


3.2. Directives pour les sous-secteurs spécifiques de l’énergie
6
Groupe de la Banque africaine de développement
politique du secteur de l’énerGie

3.3. Intégration de la dimension énergétique dans les politiques, stratégies et opérations de la


Banque
3.4. Suivi et évaluation
3.5. Renforcement des capacités du personnel du Groupe de la Banque
3.6. Production du savoir
3.7 Partenariats
3.8. Revue de la politique

4. Recommandations

Annexe.1 Cadre de suivi des résultats pour la mise en œuvre de la politique

Annexe.2

1. Défis du secteur de l’énergie en Afrique


2. Opportunités et principales initiatives dans le domaine de l’énergie en Afrique
3. Résumé des principaux défis et opportunités régionaux
4. Financement du secteur de l’énergie en Afrique
5. L’expérience de la BAD dans le secteur de l’énergie

Annexe.3 Différences entre la politique de l’énergie de 1994 et la politique actuelle

Annexe.4 Approches en matière d’énergie dans les BMD : cas du charbon, de l’énergie
hydroélectrique et des biocarburants
7

Sigles et abréviations

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
AIE Agence internationale de l’énergie
APD Aide publique au développement
BAD Banque africaine de développement
BAsD Banque asiatique de développement
BERD Banque européenne pour la reconstruction et le développement
BID Banque interaméricaine de développement
CAPP Pool énergétique d’Afrique centrale
CER Communautés économiques régionales
CEIF Cadre d’investissement dans l’énergie propre en Afrique
COMELEC Comité maghrébin de l’électricité
CRMA Stratégie de gestion du risque climatique et d’adaptation aux changements climatiques
DPI Droits de propriété intellectuelle
EAPP Pool énergétique d’Afrique de l’est
FAD Fonds africain de développement
FAO Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture
FEM Fonds pour l’environnement mondial
GBM Groupe de la Banque mondiale
GES Gaz à effet de serre
G8 Groupe des huit économies de marché industrialisées
MDP Mécanisme de développement propre
NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
OMD Objectifs du Millénaire pour le développement
ONU Organisation des Nations unies
ONUDI Organisation des Nations unies pour le développement industriel
ORPC Département des ressources et politiques opérationnelles
OR Operations régionales
PIB Produit intérieur brut
PIDA Programme pour le développement de l’infrastructure en Afrique
PMR Pays membres régionaux
PNUD Programme des Nations unies pour le développement
PNUE Programme des Nations unies pour l’environnement
PPP Partenariat public-privé
SAPP Pool énergétique de l’Afrique australe
SEFA Fonds pour l’énergie renouvelable en Afrique
SMT Stratégie à moyen terme
UA Union africaine
UPDEA Union des producteurs, transporteurs et distributeurs d’énergie électrique en Afrique
WAPP Pool énergétique d’Afrique de l’Ouest

Quelques unités de mesure de l’énergie :

Watt Unité de puissance correspondant à la capacité à fournir de l’énergie à une cadence de


1 joule par seconde
MW Mégawatt : 106 watt
GW Gigawatt : 109 Watt
TW Térawatt : 1012 watt
Résumé Analytique
9

Résumé Analytique

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
La présente politique du secteur de l’énergie fournit Neuf principes clés guideront les interventions de la
un cadre général pour les opérations du Groupe de Banque dans le secteur de l’énergie : i) garantir la sé-
la Banque dans le secteur de l’énergie. Elle vise un curité énergétique et élargir l’accès pour tous ; ii) pro-
double objectif : i) appuyer les efforts des Pays gresser vers les énergies propres ; iii) renforcer la
membres régionaux (PMR) visant à fournir à l’en- gouvernance au niveau national ; iv) innover en vue
semble de leurs populations et aux secteurs produc- d’accroître les flux financiers dans le secteur de
tifs, l’accès à des infrastructures et à des services l'énergie ; v) appliquer les principes de l'efficacité de
énergétiques modernes, fiables et à un coût abor- l'aide ; vi) promouvoir la responsabilité environnemen-
dable ; et ii) aider les PMR à développer un secteur tale et sociale ; vii) intégrer les réponses au change-
de l’énergie viable aux plans social, économique et ment climatique ; viii) promouvoir la diffusion du savoir
environnemental. ; et ix) intégrer la dimension genre.

La politique souligne qu’un accès adéquat à l'éner- La Banque mettra l'accent sur les sous-secteurs les
gie est essentiel pour le développement social et plus susceptibles de répondre à la demande d'éner-
économique du continent. Pourtant, la plupart des gie actuelle et future, tout en contribuant au dévelop-
pays africains sont confrontés à un accès inadéquat pement d'un secteur énergétique durable. Il s'agit
à des services énergétiques modernes, fiables et à notamment de : i) les énergies renouvelables ; ii) les
un coût abordable, en particulier pour les popula- combustibles fossiles, à savoir le charbon, le pétrole
tions à faible revenu. Dans le même temps, le sec- et le gaz ; iii) le transport et la distribution d’électricité
teur énergétique du continent a besoin d'évoluer ; iv) la coopération régionale ; et v) l'efficacité énergé-
rapidement pour être en mesure de répondre aux tique au niveau de l’offre et de la demande. Cepen-
préoccupations environnementales locales et mon- dant, le niveau d’accès à l'énergie variant d’une
diales, en particulier le changement climatique, et de région et d’un pays à l’autre sur le continent, en fonc-
réduire de façon significative la dépendance vis-à- tion des dotations en ressources énergétiques dispo-
vis des combustibles fossiles qui sont souvent im- nibles, la Banque adaptera les stratégies
portés. Par conséquent, bien que l'objectif premier d'approvisionnement aux besoins spécifiques des
de cette politique soit de répondre aux besoins éner- pays et des populations.
gétiques urgents, la Banque africaine de développe-
ment (BAD) est déterminée à soutenir l’adoption Les stratégies à moyen terme pour le secteur de l’éner-
progressive par les PMR d’une trajectoire de crois- gie proposeront des plans d'action opérationnels pour
sance durable et sobre en carbone. assurer une mise en œuvre optimale de la politique.
1. Introduction
11

1. Introduction

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
Les pays africains se heurtent à de nombreuses diffi- cessitera une augmentation des investissements pour
cultés dans la quête de l’amélioration du bien-être de construire l'infrastructure nécessaire et mettre en
leurs populations. Au nombre de ces difficultés, figu- place des systèmes de gouvernance efficaces. Une
rent le manque d’accès à des services énergétiques croissance économique durable en Afrique se tra-
modernes abordables et fiables. L’Afrique est la ré- duira inexorablement par une demande croissante de
gion qui affiche le plus bas taux d’électrification. Les l'énergie et des émissions de dioxyde de carbone
estimations montrent que 42% seulement de la po- (CO2). L'Afrique est reconnue comme le continent qui
pulation a accès à l’électricité, contre 75% dans les contribue le moins aux gaz à effet de serre (GES) ;
pays développés. L’Afrique subsaharienne affiche des pourtant elle figure parmi les régions les plus dure-
taux encore plus bas : 30% et seulement 14% dans ment touchées par le changement climatique. Par
les zones rurales . En outre, même lorsque l’énergie conséquent, même si la satisfaction des besoins
moderne est disponible, elle est chère et peu fiable. énergétiques immédiats constitue une priorité, il est
Si les tendances actuelles se maintiennent, moins de aussi nécessaire de prendre en compte les défis en-
la moitié des pays africains atteindront l’accès univer- vironnementaux et climatiques afin de permettre au
sel à l’électricité d’ici à 2050. continent de s’engager progressivement sur la voie
d’une croissance sobre en carbone et d’assurer la
Le manque d’accès à l’énergie moderne entrave sé- transition vers une économie plus verte.
rieusement le développement économique et social.
L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud enregistrent L’Afrique regorge d’importantes ressources énergé-
le nombre le plus important de personnes qui utilisent tiques, y compris les combustibles fossiles et les
les combustibles solides traditionnels pour la produc- sources d’énergie renouvelable. Si toutes ces res-
tion d’énergie (cuisine et chauffage). Ces sources sources sont exploitées à bon escient, elles pour-
d’énergie présentent des effets nocifs importants sur raient permettre de satisfaire largement la demande
la santé et la productivité. Malheureusement, ce sont d’énergie du continent, tout en relevant le défi posé
les segments les plus pauvres de la population qui par le changement climatique. À cet égard, les pays
paient souvent le plus lourd tribut (en termes d’argent, africains devront, entre autres mesures, adopter les
de temps et de santé) des pires services énergé- approches novatrices de financement de l'énergie,
tiques. Le manque d’accès aux services énergétiques tirer parti de diverses sources de financement, tant
modernes constitue également un obstacle au déve- publiques, privées, qu’internes et externes. De plus,
loppement des entreprises et à l’expansion d’autres le marché mondial de l'énergie se caractérise géné-
opportunités. Il affaiblit la compétitivité, et ne facilite ralement par des prix élevés et une volatilité récur-
pas, par ce fait, l’accès des producteurs africains aux rente des cours du pétrole. Les pays africains doivent
marchés régionaux et mondiaux. Il représente en fait également développer une résilience aux chocs, no-
un facteur majeur du ralentissement de la course de tamment par le bais de l’amélioration de l'efficacité
l’Afrique vers la réalisation des Objectifs du millénaire énergétique, d’une coopération régionale accrue et
pour le développement (OMD) et la réduction de la la mise au point des solutions de rechange aux sys-
pauvreté. tèmes classiques coûteux d'approvisionnement en
énergie.
Il est par conséquent essentiel et urgent de répondre
aux besoins énergétiques du continent dans le but Le Groupe de la Banque jouit d’une longue expé-
de libérer son potentiel de développement. Cela né- rience dans les secteurs des infrastructures et de
12

l'énergie. Depuis sa création, il a accordé la priorité à temps. Parmi les nouveaux évènements intervenus
Groupe de la Banque africaine de développement

l’appui des efforts de ses pays membres régionaux dans le secteur de l’énergie figurent : l'importance
visant à fournir un accès adéquat à l'énergie à l’en- croissante des questions énergétiques liées au climat,
semble de leurs populations. Entre 1967 et 2011, la l’engagement accru des pouvoirs publics aux niveaux
Banque a privilégié le secteur de l'énergie en consa- national, régional et continental, et l’évolution des ca-
politique du secteur de l’énerGie

crant un peu plus d'un tiers des engagements à l'in- dres économiques. La nouvelle politique pose les ja-
frastructure, soit 34% en faveur de ce secteur. La lons de la réponse du Groupe de la Banque à ce
plupart des financements de la Banque dans le sec- paysage énergétique africain et mondial particulière-
teur de l'énergie étaient orientés vers l'appui de sys- ment difficile. La Politique s’inspire des conclusions
tèmes d'approvisionnement en énergie. Fort de cette d’une analyse approfondie des problèmes du secteur
expérience et de son avantage comparatif dans le de l’énergie en Afrique, des enseignements tirés de
domaine, la BAD est appelée à jouer un rôle de pre- l’expérience de la Banque et des principales oppor-
mier plan dans l’assistance apportée aux PMR en vue tunités qu’offre le secteur. Elle s’appuie également sur
de combler le déficit énergétique. de larges consultations internes et externes.

C’est dans cette perspective que le Groupe de la À la suite de cette introduction, la section 2 présente
Banque a élaboré cette nouvelle politique, qui guidera les objectifs, les principes directeurs et les principaux
ses futures opérations dans le secteur de l’énergie et domaines d’intervention de la nouvelle politique. La
permettra d’aligner son assistance sur les priorités section 3 et l’annexe 1 exposent les approches à
définies par les PMR et dictées par le contexte mon- adopter pour une bonne mise en œuvre et un suivi
diale actuel. Le Groupe de la Banque a élaboré sa efficace de la Politique. Les annexes 2 et 4 résument
première Politique du secteur de l’énergie en 1994. les conclusions des diverses évaluations qui ont servi
Une évaluation des opérations du secteur de l’énergie de base à la formulation de la politique. Par la suite,
conduite en 2007 a conclu qu’en dépit des progrès les stratégies à moyen-terme du secteur de l’énergie
considérables enregistrés, certaines questions mises de la Banque développeront davantage les ap-
en évidence dans la politique de 1994, restaient des proches énoncées ci-dessous et proposeront des
sources de préoccupations. Par ailleurs, le secteur de plans d’action opérationnels pour atteindre les objec-
l’énergie en Afrique a connu une évolution depuis tifs de la politique du secteur de l’énergie de la
cette date et de nouveaux défis ont émergé au fil du Banque.
2. Politique du secteur de l’énergie
14

2. Politique du secteur de l’énergie


Groupe de la Banque africaine de développement
politique du secteur de l’énerGie

2.1. Vision et objectifs 2.2 Principaux principes directeurs

Alors qu’il y a un besoin urgent d’accroitre l’accès Pour atteindre les objectifs susmentionnés, les inter-
à l’énergie pour soutenir le développement écono- ventions de la Banque seront guidées sur les prin-
mique et social en Afrique, il est tout aussi vital d’ex- cipes clés suivants :
ploiter les sources renouvelables et de rendre les
pratiques de production plus propres afin de 2.2.1. Garantir la sécurité énergétique et élargir
conduire le secteur énergétique du continent sur une l’accès pour tous : La BAD reconnaît la nécessité im-
voie durable. Compte tenu de cette double exi- périeuse de fournir de manière rentable l’énergie à
gence et conformément à l'objectif de la stratégie à l’activité économique du continent afin de renforcer
long terme 2013-2022 du Groupe de la Banque qui sa compétitivité, qui enclenchera, à son tour, une
vise une croissance inclusive, durable et de plus en croissance économique plus rapide et un développe-
plus verte en Afrique, la vision de la Banque pour ment social équitable. La Banque est également
l'Afrique dans le secteur de l'énergie englobe les as- consciente que les populations africaines doivent tirer
pects suivants: pleinement parti des bénéfices des ressources natu-
relles dont regorge le continent. Par conséquent, la
• Un secteur énergétique durable et plus propre Banque aidera ses pays membres régionaux à exploi-
qui garantit l’accès universel à des services ter les ressources énergétiques pour garantir la sécu-
énergétiques modernes, fiables et à coût abor- rité énergétique et élargir l’accès à des infrastructures
dable d’ici à 2030 ; et à des services énergétiques abordables et fiables
• Le Groupe de la Banque en tant que chef de file pour les ménages, le secteur industriel et les com-
des institutions qui appuient les efforts des PMR merces. La Banque va promouvoir l'accès à l'électri-
et des Communautés économiques régionales cité comme un facteur essentiel du développement
(CER) dans leurs efforts visant à atteindre et à économique. Pour garantir l’accès à des services
maintenir l’accès à des services énergétiques de énergétiques à coût abordable et de meilleure qualité,
grande qualité pour tous. la Banque se propose de : i) promouvoir des méca-
nismes pour des subventions qui ne dérèglent pas
Conformément à cette vision, la nouvelle politique du les marchés et qui ciblent les pauvres et des secteurs
secteur de l’énergie vise essentiellement un double de production bien précis et structurés, en prenant
objectif : en compte les incidences des politiques budgétaires,
de manière à encourager la fourniture de services à
• Appuyer les efforts des PMR visant à fournir à moindre coût ; et ii) mettre l’accent sur la production
l’ensemble de leurs populations et aux secteurs de l’énergie à faible coût.
de production, l’accès à des infrastructures et à
des services énergétiques modernes, fiables et En outre, pour renforcer l’accès par les ménages pau-
à un coût abordable ; vres, en zones rurales et péri-urbaines en particulier,
• Aider les PMR à développer un secteur de la Banque étudiera la possibilité de développer des
l’énergie durable aux plans social, économique systèmes de production d'énergie rentables et de pe-
et environnemental. tite envergure, y compris des systèmes décentralisés.
2.2.2. Progresser vers les énergies plus propres : merciaux peut jouer un rôle essentiel dans l’appui re-
En raison de la nécessité urgente d’accroître l’accès quis pour la transition vers une économie plus propre
à l’énergie pour tous en Afrique, les énergies fossiles et plus verte. Des politiques appropriées et des sub-
continueront de jouer un rôle important dans la pro- ventions ciblées peuvent aider à encourager les in-
duction d’électricité sur le continent. Par conséquent, vestissements dans ce domaine. À cet effet, la
la BAD soutiendra la production d’électricité à partir Banque aidera les PMR à mobiliser des ressources
de ces sources tout en encourageant, autant que concessionnelles et apportera un appui à la produc-
possible, les meilleures technologies propres, effi- tion du savoir , qui guidera la formulation des poli-
caces, disponibles et abordables afin d’accroître l’ef- tiques visant à stimuler la rentabilité des projets
ficience et de réduire les émissions de gaz à effet de sobres en carbone, y compris des politiques de sub-
serre des projets énergétiques liés au charbon, au pé- ventions, des mesures d’incitation fiscale et des po-
trole et au gaz. La Banque appuiera l’introduction litiques de tarification du carbone, le cas échéant.
progressive de technologies plus propres et écono-
miquement viables. À cet égard, elle aidera les PMR La BAD battra campagne pour appuyer les efforts dé-
à : i) augmenter progressivement l'utilisation durable ployés par les PMR pour accéder aux technologies
des sources d'énergie renouvelable là où le potentiel propres. Pour encourager les investisseurs étrangers
existe ; ii) soutenir l'efficacité énergétique ; et iii) adop- à effectuer le transfert de technologies et à dévelop-
ter des technologies plus propres. En fonction de la per une capacité industrielle sur le continent, la
disponibilité des technologies de captage et de Banque aidera les PMR à renforcer les capacités
stockage du carbone (CCS), pleinement éprouvées techniques requises et à définir un cadre stratégique
et économiquement viables, la Banque encouragera et règlementaire local propice à une meilleure protec-
la mise en place de dispositifs de CCS, en particulier tion des Droits de propriété intellectuelle (DPI) et au
pour les centrales à charbon nouvellement transfert des technologies.
construites.
2.2.3. Gouvernance renforcée au niveau national :
Le développement d’une énergie plus propre peut Si les réformes antérieures et actuelles ont donné des
entraîner des coûts supplémentaires tant pour les résultats encourageants, elles n'ont pas cependant
consommateurs que pour les producteurs. Une com- débouché sur une amélioration sensible de l’accès à
binaison de financements concessionnels et com- l’énergie. Le Groupe de la Banque appuiera les efforts
16

des PMR visant à renforcer et à accélérer les réformes garantira des flux financiers réguliers à long terme
Groupe de la Banque africaine de développement

des cadres réglementaires et de gouvernance, dans vers le secteur de l'énergie en aidant les PMR et les
l’optique d’accroître l’efficacité et attirer l’investisse- CER à : i) éliminer les obstacles à la participation du
ment privé. Au niveau national la Banque aidera à secteur privé dans le secteur de l’énergie, et pro-
créer et à maintenir un environnement propice en en- mouvoir les partenariats public-privé ; ii) rechercher
politique du secteur de l’énerGie

courageant l’application des politiques budgétaires et des sources d'investissement et des capacités au-
juridiques saines, l’amélioration de la performance du delà de l'aide publique au développement (APD) et
secteur public, et l’obligation de rendre compte. Au des investisseurs traditionnels ; et iii) renforcer la col-
niveau sectoriel, la Banque appuiera la formulation et laboration entre les investisseurs privés et le secteur
la mise en œuvre : i) des politiques de gestion qui cla- public dans les sous-secteurs de l’énergie qui souf-
rifient les rôles des principaux acteurs du secteur (les frent d’une participation limitée du secteur privé (no-
décideurs, l’industrie énergétique, les ministères, les tamment pour les projets à faible rentabilité).
consommateurs, les organismes supranationaux et
les autres parties prenantes), lesquelles politiques doi- La Banque intensifiera également les efforts visant à
vent cadrer avec les politiques et les capacités natio- adapter ses approches et à développer des instru-
nales ; et ii) des cadres réglementaires qui permettent ments de financement novateurs afin de renforcer
aux prestataires de services d’obtenir un taux de ren- les marchés régionaux de l'énergie. De plus, il ne
tabilité raisonnable, tout en offrant au consommateur faut pas sous-estimer le défi que représente le res-
un service de qualité au juste prix. Par ailleurs, la pect par un pays des engagements à financer sur le
Banque veillera à l’application des principes et long terme des projets énergétiques régionaux,
normes de l’Initiative pour la transparence dans les étant donné que cet aspect a constitué par le passé
industries extractives (ITIE) . un obstacle important à la réalisation de grandes ini-
tiatives régionales du secteur de l’énergie en Afrique.
2.2.4. Innovation en vue d’accroître les flux finan-
ciers dans le secteur de l'énergie : Le secteur privé Le rôle croissant de nouveaux financiers a changé
aura un rôle important à jouer dans l'accès aux ser- le paysage du secteur de l'énergie. La Banque est
vices énergétiques modernes, en tant que principal consciente de la nécessité d’établir des partenariats
acteur du développement de l'Afrique et moteur de pour mobiliser des fonds et de l’expertise aux fins
la croissance économique. Le Groupe de la Banque des investissements à grande échelle. La Banque
mettra au point des méthodes efficaces pour établir nomique, environnementale et sociale du cycle de
des partenariats avec les financiers émergents, dans vie du projet. Par conséquent, le Groupe de la
le but d'aider les PMR à bénéficier de ces nouveaux Banque s’attellera à renforcer la viabilité environne-
investissements. La Banque aidera également les mentale, sociale et économique de la production, de
pays à se conformer aux normes en matière de pra- l’approvisionnement et de la consommation de
tiques d’investissement, notamment pour la trans- l’énergie, afin d’apporter une réponse aux préoccu-
parence et la responsabilité environnementale et pations environnementales, sociales et écono-
sociale. miques qui se posent aux niveaux local, régional et
global. À cet égard, les projets, les programmes ré-
2.2.5. Application des principes de l'efficacité de gionaux et les opérations d’appui programmatique
l'aide : Dans le but d'accroître l’utilisation efficiente du secteur de l'énergie devraient rester conformes
des ressources affectées au développement dans le aux normes sociales et environnementales de la
secteur de l'énergie en Afrique, le Groupe de la Banque, telles que définies dans les politiques de
Banque s’emploiera à : i) renforcer et mettre l’accent protection environnementale et sociale du Groupe
sur le rôle d’appropriation des PMR dans toutes ses de la Banque. La Banque travaillera avec les gou-
opérations du secteur de l'énergie ; ii) harmoniser vernements pour identifier des projets qui aideront
ses actions et collaborer avec les parties prenantes les pays et les régions à s’orienter vers un avenir
telles que les donateurs émergents, pour créer des énergétique durable sur le double plan social et en-
synergies mutuellement bénéfiques ; iii) aligner ses vironnemental. La Banque accordera notamment
opérations du secteur de l’énergie sur les priorités une attention particulière aux phases préparatoires
stratégiques régionales et nationales et utiliser les des projets afin de s'assurer que des mécanismes
systèmes nationaux chaque fois que cela sera pos- et des mesures de sauvegarde appropriées sont
sible ; et iv) renforcer la responsabilité mutuelle et ac- mises en place pour faire face aux éventuels défis
croître la valeur de ses interventions dans le secteur environnementaux, sociaux et financiers qui pour-
de l'énergie. raient avoir un impact négatif sur la performance des
projets.
2.2.6. Responsabilité sociale et environnementale
: Le développement durable du secteur de l'énergie 2.2.7. Intégration des réponses au changement
appelle à un équilibre viable entre les aspects éco- climatique : Le véritable pari dans le secteur de
l’énergie est de trouver le juste équilibre entre la né- cement des capacités et la gestion du savoir consti-
cessité de satisfaire la demande croissante d'énergie tuent les facteurs clés de la réussite des projets et
à un coût abordable et d’assurer la sécurité énergé- programmes visant à élargir l'accès à l'énergie et à
tique, tout en évitant les effets du changement cli- renforcer la sécurité et la viabilité dans ce domaine.
matique. La Banque s’engage à aider les PMR à Ils permettent par ailleurs de développer l'expertise
s’orienter progressivement vers des méthodes de locale et régionale nécessaire à la reproduction et à
production et d’approvisionnement d’énergie res- l’intensification des initiatives énergétiques réussies.
pectueuses de l'environnement. En sa qualité D’autre part, la recherche - développement et l’inno-
d’unique institution financière multilatérale qui œuvre vation sont essentielles pour accroître les capacités
exclusivement pour l'Afrique, la BAD est en mesure technologiques et industrielles du continent à fournir
de jouer un rôle de premier plan dans la coordination des solutions innovantes et rentables pour la produc-
et la prestation des services d’intermédiation et de tion, le stockage, la transmission et l’utilisation d’éner-
syndication auprès des PMR, des institutions bilaté- gie, notamment dans le sous-secteur des énergies
rales et multilatérales, et des partenaires au déve- renouvelables. Par conséquent, dans le but d’aider à
loppement privés, en appui aux stratégies d’accès réaliser l’objectif de fourniture d’une énergie propre,
à l'énergie et au développement sobre en carbone. efficiente et fiable, la Banque appuiera la recherche -
La Banque aidera les PMR à intégrer les considéra- développement et l’innovation dans les PMR, en par-
tions climatiques dans leurs politiques et textes ré- ticulier à travers l’établissement et le renforcement de
glementaires. En outre, la Banque aidera les pays à partenariats avec les institutions régionales et inter-
: i) identifier et mettre en œuvre des solutions éner- nationales de recherche.
gétiques qui sont techniquement, socialement, fi-
nancièrement et économiquement viables ; ii) La Banque appuiera également la production et la dif-
développer les capacités requises ; et iii) compren- fusion du savoir, dans le but de faciliter des réponses
dre et tirer parti des opportunités de financement cli- plus rapides aux besoins technologiques, organisa-
matique concessionnel afin d’accroître l'accès à une tionnels, environnementaux et financiers spécifiques
énergie plus propre. des PMR. Cette démarche suppose notamment :
l’assistance pour l’accès aux technologies protégées
2.2.8. Promouvoir la diffusion du savoir, la re- par les DPI et l’élaboration des projets éligibles à la
cherche - développement et l’innovation: Le renfor- réduction certifiée des émissions.
19

Pour le Groupe de la Banque, l'amélioration des sys- la dimension genre, la Banque veillera à ce que : i) les

Groupe de la Banque africaine de développement


tèmes d'information dans le secteur de l'énergie dimensions liées au genre soient dûment prises en
constitue un facteur clé de la formulation de toute po- compte dans le cycle des projets du secteur de l’éner-
litique du secteur de l’énergie, tant au niveau des PMR gie ; et ii) les efforts de renforcement des capacités et
qu’au sein de la Banque. Le Groupe de la Banque de formation sur les questions sexo-spécifiques soient

politique du secteur de l’énerGie


continuera à soutenir les projets visant à améliorer et dûment intégrés dans ses interventions du secteur de
à actualiser les systèmes d'information actuels sur l'énergie. La Banque mettra un accent particulier sur
l’énergie aux niveaux national et régional, y compris les le renforcement de l’autonomisation, des moyens de
informations sur les sources d'énergie renouvelable et subsistance et des opportunités économiques pour
non renouvelable. les femmes, notamment en incluant dans ses projets
et programmes, le cas échéant, des initiatives d’accès
2.2.9. Intégrer la dimension genre : Le développe- à l’énergie spécifiquement conçues pour ce groupe
ment énergétique doit répondre aux besoins différents vulnérable. La Banque apportera un appui pour la pré-
des femmes et des hommes. Pour parvenir à la crois- sentation des données énergétiques ventilées par sexe
sance inclusive, il est essentiel de mener un dévelop- et mettra à profit les initiatives et outils existants pour
pement énergétique sensible à la parité dans le cadre s’assurer que les questions sexo-spécifiques sont ef-
de la planification et la mise en œuvre des projets. Pour fectivement intégrées dans ses projets et programmes
promouvoir un développement énergétique intégrant énergétiques.
20

2.3. Sous-secteurs de l’énergie trayantes, la Banque facilitera les investissements di-


Groupe de la Banque africaine de développement

rects du secteur privé. Elle agira comme catalyseur


Les sections suivantes précisent les domaines du sec- des investissements privés et favorisera des formules
teur de l’énergie en Afrique vers lesquels le Groupe de de financement qui intègrent le partage des risques
la Banque africaine de développement entend orienter et réduisent les coûts.
politique du secteur de l’énerGie

son appui. Tout en adoptant une approche axée sur la


demande et prenant en compte le contexte spécifique La Banque déploiera des efforts pour améliorer les
des PMR / CER, leurs dotations en ressources et leurs compétences, la recherche -développement et l’in-
priorités, le Groupe de la Banque veillera à ce que ses novation dans le but de développer des technologies
efforts visant à accroître l'accès à l'énergie pour tous qui permettront une utilisation efficiente des énergies
ne nuisent pas à son engagement pour la viabilité so- renouvelables, d’accélérer le rythme d’exploitation
ciale et environnementale. La BAD aidera donc ses de ces technologies pour répondre à la demande en
clients à évaluer différentes options énergétiques, en énergie et de réduire leur coût d'utilisation à un ni-
tenant compte selon le cas : i) du profil énergétique du veau commercialement viable.
pays / de la région, ii) des stratégies nationales/régio-
nales d’adaptation et d'atténuation, selon le cas, iii) de 2.3.2. Hydroélectricité : La BAD s’assurera que
l’analyse coûts-avantages, et iv) de l'impact social et ses projets de centrales hydroélectriques : i) prennent
environnemental, y compris une évaluation des émis- effectivement en compte les éventuels impacts so-
sions de GES. ciaux et environnementaux, et ce, en conformité avec
les normes de protection environnementale et sociale
2.3.1. L’énergie renouvelable : Dans la perspective et de la Banque ; ii) intègrent les incidences du chan-
d'accroître la sécurité et la fiabilité énergétiques dans gement climatique ; et iii) s’appuient de façon adé-
les PMR, la Banque prendra en compte toutes les quate sur les besoins de développement locaux et
sources disponibles et viables d'énergie renouvelable nationaux en eau et énergie, tout en accordant l’at-
notamment les ressources hydroélectriques, bioéner- tention requise à l’impact sur les populations en aval.
gétiques, éoliennes, solaires, marines et géother- La BAD recherchera un large consensus entre les
miques. Au niveau des pays, la Banque favorisera pays riverains, en ce qui concerne les projets éma-
une approche intégrée pour la planification d’un bou- nant d’un ou de plusieurs pays, sur des cours d'eau
quet énergétique équilibré, composé de sources re- transfrontaliers ; et, en l'absence de ce consensus,
nouvelables et non renouvelables. Cette approche elle conduira une évaluation satisfaisante de tout im-
devrait prendre en compte l'évaluation des res- pact significatif sur les autres pays riverains. Chaque
sources, ainsi que les aspects liés au stockage et au fois que cela serait possible, la Banque encouragera
transport. La Banque aidera les PMR à mettre en des projets hydroélectriques à usages multiples. En
place des cadres stratégiques et réglementaires pro- outre, le Groupe de la Banque tirera parti des leçons
pices et les conditions de marchés qui permettent et de l’expérience des institutions internationales per-
leur exploration et leur développement de manière tinentes ainsi que de leurs connaissances, pour sou-
économiquement viable. Là où c’est faisable, la tenir le développement de ses projets
Banque appuiera les solutions hybrides d’approvi- hydroélectriques. La Banque apportera un appui par-
sionnement en énergie afin de combler les éven- ticulier aux pays et aux organisations de gestion des
tuelles faiblesses des systèmes basés sur les bassins fluviaux en matière de réalisation de projets
énergies renouvelables, (en particulier en raison du hydroélectriques respectueux de l'environnement et
faible ensoleillement ou de la faible vitesse du vent, de la société, et de mobilisation des ressources finan-
pour les installations solaires et éoliennes respective- cières nécessaires à leur exécution.
ment) tout en contribuant à la réduction des gaz à
effet de serre. 2.3.3. Bioénergie : Le Groupe de la Banque aidera
les PMR à maximiser les avantages liés à la produc-
Pour lever les obstacles financiers et rendre les op- tion d'énergie à partir de la biomasse, y compris ceux
tions d’énergie propre et renouvelable plus at- offerts dans ce domaine par le Mécanisme de déve-
21

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
loppement propre (MDP). En ce qui concerne les priés ; et v) encouragent autant que possible des mo-
nombreux ménages susceptibles de poursuivre la dé- dèles de gestion qui inclus les petits exploitants agri-
pendance à la biomasse traditionnelle, le Groupe de coles. La Banque s’appuiera sur les enseignements
la Banque aidera les PMR à explorer des approches tirés de l’expérience des institutions internationales
pour la production et l'utilisation durables de bois de pertinentes et sur leurs connaissances pour soutenir
chauffe tout en tenant compte des spécificités de ses projets de biocarburants et pour définir des orien-
chaque environnement agro-écologique. tations et critères pour informer les décisions sur le
moment et la manière de fournir une assistance aux
Les biocarburants liquides : La Banque cherchera à pays qui manifestent un intérêt pour les biocarburants
se conformer aux normes de qualité élevées dans le liquides.
cadre de son appui au sous-secteur des biocarbu-
rants. Son intervention dans ce sous-secteur sera 2.3.4. Charbon: la Banque est engagée à aider les
basée sur une analyse et une recherche cohérente PMR à atteindre un accès universel à l’énergie d'une
pour s'assurer que les cadres appropriés et les manière respectueuse de l’environnement. Pour
contrôles nécessaires sont en place afin de maximiser beaucoup de pays africains, la production d’électri-
les avantages et de minimiser les risques et les me- cité à partir du charbon fera probablement partie
naces. La Banque investira dans les systèmes de d’une telle approche pour aider le continent à accroi-
production de biocarburants liquides qui : i) ne por- tre l’accès à l’énergie moderne à un coût abordable.
tent pas atteinte à la sécurité alimentaire et à la bio- Afin de s’assurer que tout appui de la Banque pour
diversité ; (ii) s’intègrent dans le développement rural la production d’électricité à partir du charbon soit
et le renforcent en élargissant l'accès aux services conforme à cette approche, cet appui s’inscrira dans
énergétiques et sociaux, accroissent l'autonomisation le cadre élargi défini ci-dessous:
de l'agriculture et l'élargissement des opportunités
d'emploi et de revenus ; iii) permettent une réduction 1. Impact sur le développement : Une réhabilitation
nette des émissions de CO2 pendant leur durée de ou un nouveau projet de centrale électrique à char-
vie ; iv) n’ont pas d’effets négatifs sur l'égalité et la bon financé par la Banque devra avoir un impact fort
pauvreté, respectent les droits d’utilisation des terres sur le développement. En particulier, une telle centrale
et des travailleurs à travers des mécanismes appro- électrique devrait contribuer à: (i) la réduction de la
22

pauvreté, et (ii) la satisfaction des besoins nationaux 5. Mesures compensatoires: La Banque se


Groupe de la Banque africaine de développement

et/ou régionaux de sécurité énergétique. conforme aux conventions internationales de l’Orga-


nisation des Nations unies sur le changement clima-
2. Transition vers une croissance verte: Gardant à tique et cherche à encourager leur application. Par
l’esprit l’objectif de la Stratégie à Long Terme qui est conséquent, elle veille à ce que ses interventions
politique du secteur de l’énerGie

d’aider l’Afrique à faire la transition vers une voie éner- soient conformes aux accords et aux normes y rela-
gétique plus propre, la Banque collaborera avec les tives, qui sont ratifiés par ses PMR dans le cadre des
PMR afin de s’assurer que toute centrale à base de négociations sur le changement climatique, notam-
charbon qu’elle finance s’inscrive dans une stratégie ment sur les émissions de gaz à effet de serre et les
pour les ressources énergétiques qui soit technologi- mesures compensatoires. En outre, la Banque ap-
quement et commercialement faisable, faible en car- puiera les PMR qui expriment un intérêt à mettre en
bone et rentable. œuvre des mesures compensatoires sur une base
volontaire ou dans le cadre des accords qu'ils ont ra-
3. Responsabilité environnementale: Dans le cadre tifiés.
d’un appui à une centrale électrique à base de char-
bon, la Banque tirera profit des progrès technolo- 2.3.5. Pétrole et Gaz : La consommation future de
giques pour atténuer de façon adéquate les impacts pétrole et de gaz en Afrique risque de s’accroître à
négatifs sur l'environnement, accroître l’efficacité, ré- des taux plus élevés que la production, si la forte
duire les gaz à effet de serre (GES) et diversifier le mix croissance économique actuellement enregistrée par
énergétique. la plupart des pays africains se maintient. Par ailleurs,
une préoccupation essentielle relative à la gouver-
4. Technologie : La Banque travaillera avec les nance des ressources pétrolières et gazières
PMR pour s’assurer de l’adoption des technologies concerne l’'utilisation des ressources et la répartition
les plus appropriées, disponibles sur le marché et des gains entre les entreprises privées et les gouver-
abordables pour la réduction des émissions de GES. nements ainsi que les populations. Afin de renforcer
La Banque aidera dans la recherche de sources sup- la fourniture de pétrole et de gaz sur le continent au
plémentaires de financement pour l’acquisition de ces profit de tous, allégeant ainsi le fardeau de l’énergie
technologies. La Banque s’assurera qu’une évalua- importée et accroissant la sécurité énergétique, le
tion de la faisabilité technique, économique et finan- Groupe de la Banque : i) apportera un appui pour la
cière de la réduction des émissions soit effectuée, et production, la transformation, la distribution et l’ex-
encouragera l’’évaluation du potentiel en terme de portation rationnelles aux plans social et environne-
préparation pour recevoir des dispositifs pertinents mental des hydrocarbures africains ; ii) appuiera la
de capture et de stockage du carbone. production d’électricité à partir du gaz et du pétrole ;
23

iii) soutiendra les politiques, les principes et les pra- de l’intégration régionale dans la sécurité et la fiabilité

Groupe de la Banque africaine de développement


tiques qui renforcent la transparence dans l'exploita- des services énergétiques sur le continent, et confor-
tion des ressources aussi bien que dans l'utilisation mément à ses principes de viabilité sociale, environ-
et la distribution des revenus ; iv) appuiera l’utilisation nementale et économique, la Banque encouragera les
de ressources pétrolières et gazières de manière à projets énergétiques régionaux viables et les projets

politique du secteur de l’énerGie


optimiser la base de la ressource et à garantir des de production d’électricité à grande échelle ; par le
profits équitables à long terme, y compris pour les gé- biais de l’utilisation d’une variété de ressources éner-
nérations futures. La Banque n’apportera pas d’appui gétiques, notamment les combustibles fossiles, l’éner-
aux activités d’exploration de pétrole et de gaz. gie hydroélectrique, l’énergie éolienne, l’énergie
géothermique et l’énergie solaire. La Banque appor-
2.3.6. Énergie nucléaire : Le financement des cen- tera également un appui actif à la mise en place
trales nucléaires n’est pas un domaine où la Banque d’oléoducs régionaux et transfrontaliers pour le trans-
a un avantage comparatif. Par conséquent, la port du pétrole et du gaz des zones de production vers
Banque ne financera pas ce type de centrales. les marchés. Afin de rendre les marchés régionaux
d’énergie fonctionnels, la Banque renforcera les
2.3.7. Transport et distribution d’énergie : Le sec- consortiums électriques régionaux existants et aidera
teur de l’énergie en Afrique fait face à des défis liés à au développement des infrastructures, des capacités,
la faible capacité et performance des systèmes de des cadres politiques et réglementaires qui seront né-
transport et de distribution d’énergie pour assurer la cessaires.
sécurité énergétique, l’accès à des services fiables et
à moindre coût aux consommateurs existants et la 2.4.2. Efficacité énergétique au niveau de l’offre et
satisfaction de la demande croissante. Par consé- de la demande : L'efficacité énergétique et la conser-
quent, les pays africains cherchent à accroître la ca- vation de l’énergie constituent des outils écono-
pacité de leurs centrales électriques et à améliorer miques puissants pour atteindre l'accès universel à
leurs réseaux de transport/distribution, notamment des services énergétiques durables. L’amélioration de
par l’interconnexion dans le cadre des pools énergé- l'efficacité énergétique et de la conservation d’énergie
tiques. Pour appuyer les efforts des PMR visant à peut réduire le besoin d'investissement dans les in-
fournir des services d’électricité modernes, fiables et frastructures, diminuer les coûts de carburant, accroî-
à coût abordable, la Banque apportera un appui pour tre la compétitivité, améliorer les retombées
l’intensification des investissements dans le transport environnementales et le bien-être des consomma-
et la distribution de l’énergie aux niveaux national et teurs. La sécurité énergétique peut aussi être renfor-
régional. cée à travers l'efficacité énergétique ; car, celle-ci
permet d’amoindrir la dépendance vis-à-vis des com-
2.4. Aspects transversaux de l’énergie bustibles fossiles importés. L’on estime à 30-40% les
économies d'énergie qui peuvent être réalisées en uti-
2.4.1. Intégration régionale : Le fait que les res- lisant la technologie actuellement disponible . Pour
sources énergétiques du continent africain sont inéga- ces raisons, et en dépit de l’importance de l’accrois-
lement réparties et que la taille des marchés nationaux sement de la production et des moyens de transport
de l’énergie est petite, milite en faveur de la nécessité d’énergie, la Banque mettra un accent particulier sur
de l’intégration régionale pour permettre : i) une mise l'efficacité énergétique et renforcera ses actions dans
en valeur concertée des ressources énergétiques en ce domaine. En particulier, la Banque aidera les PMR
vue de tirer profit des économies d’échelle ; ii) le com- à formuler et à mettre en œuvre des stratégies visant
merce des ressources et des services énergétiques au à réduire les pertes découlant de la production, du
sein du continent, notamment grâce aux pools éner- transport, de la distribution et de l’utilisation finale.
gétiques sous régionaux ; iii) la réduction des coûts Dans le dialogue sur les politiques, la Banque colla-
d’approvisionnement en énergie ; et iv) l’accroissement borera avec les gouvernements et d’autres orga-
de la part des sources d’énergie verte dans le bouquet nismes pertinents pour accorder la priorité à
énergétique. Reconnaissant la contribution essentielle l'efficacité énergétique.
3. Mise en œuvre de la politique
25

3. Mise en œuvre de la politique

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
Afin d'assurer une mise en œuvre optimale de la po- du secteur de l’énergie, la Banque s’attellera à adap-
litique, l'approche suivante sera adoptée: ter les solutions d'approvisionnement aux besoins
spécifiques des pays et des segments de la popula-
3.1. Stratégies du secteur de l’énergie tion. De plus, la Banque s’engagera dans un dia-
logue constructif avec ses clients dans le but de
Dans le respect des objectifs et des principes énon- traduire sa politique globale, en particulier ses ambi-
cés ci-dessus, le Groupe de la Banque élaborera des tions pour une énergie plus propre, en des politiques,
stratégies à moyen terme. La première stratégie à stratégies et programmes nationaux et régionaux
moyen terme s’articule autour de deux grands piliers axés sur la demande.
: i) élargir l’accès à des services énergétiques mo-
dernes ; et ii) favoriser l’investissement dans l’énergie 3.2. Directives pour les sous-secteurs spéci-
propre. De plus, elle a identifié trois domaines clés fiques de l’énergie
d’action : i) favoriser l’intégration régionale, ii) mobili-
ser les ressources, et iii) faciliter les partenariats pu- Les directives afférentes aux sous-secteurs de l'éner-
blic-privé. Au cours de la préparation de la stratégie, gie et les méthodes de mise en œuvre devront être
la Banque veillera à tirer profit des cadres pertinents préparées pour guider les opérations de la Banque
existants, tels que le Cadre d’investissement dans dans le secteur de l'énergie. Compte tenu du rôle im-
l’énergie propre en Afrique (CEIF) et la Stratégie de portant que le charbon, l'hydroélectricité et les bio-
gestion du risque climatique et d’adaptation aux carburants peuvent jouer dans l'amélioration de
changements climatiques (CRMA). l'accès à l'énergie en Afrique, d’une part ; et des
risques sociaux et environnementaux y afférents d'au-
Le niveau d’accès à l'énergie varie considérablement tre part, la Banque portera une attention particulière
d’une région à l’autre et également d’un pays à l’autre aux phases de prise de décision, de préparation et
au sein d’une même région. À travers ses stratégies d’exécution des projets dans les sous-secteurs en
26

question. À cette fin, la Banque entreprendra des nance (mesurés, entre autres indicateurs, par l'adop-
Groupe de la Banque africaine de développement

consultations élargies avec tous les acteurs y compris tion de réformes structurelles et l’accroissement des
les PMR, la société civile et d’autres banques multi- enveloppes financières allouées au secteur de l'éner-
latérales de développement (BMD) dans le but d’éla- gie). Le cas échéant, lors de la mise en œuvre de la
borer des directives et des critères pour les activités politique, l'intégration de la dimension genre doit faire
politique du secteur de l’énerGie

relatives au charbon, à l'hydroélectricité et aux bio- l’objet d’un suivi étroit et répertorié en utilisant des in-
carburants liquides. Les sections 2.3.2, 2.3.3 et dicateurs ventilés par sexes.
2.3..4 sur l'hydroélectricité, les biocarburants liquides 3.5. Renforcement des capacités du personnel
et le charbon, énoncent les principaux critères qui du Groupe de la Banque
guideront les opérations de la BAD. Ils seront définis
plus en détail sous forme de lignes directrices opéra-
tionnelles pour guider le personnel dans les projets
concernant le charbon, les biocarburants liquides et
l’hydroélectricité.

3.3. Intégration de la dimension énergétique


dans les politiques, stratégies et opérations de
la Banque

L’énergie étant une question transversale, qui touche


tous les secteurs économiques et sociaux, la Banque
intégrera les dimensions énergétiques dans les poli-
tiques, stratégies et opérations des secteurs perti-
nents. En particulier, les DSP et les DSIR analyseront
le contexte du secteur de l’énergie et proposeront
des choix programmatiques dûment informés par la
politique du secteur de l’énergie Au cours des revues
périodiques, les politiques et stratégies sectorielles
existantes de la Banque seront renforcées par l’inté-
gration de la dimension énergétique.

3.4. Suivi et évaluation

Dans l'esprit de la programmation axée sur les résul-


tats, la mise en œuvre de la Politique du secteur de
l’énergie fera l’objet de suivi et son impact sera évalué
par rapport aux résultats escomptés ci-après : i)
l'élargissement de l'accès aux services énergétiques
modernes dans les PMR, y compris pour les popula-
tions à faible revenu ; ii) l’accroissement de la fiabilité
des services énergétiques ; iii) l’accessibilité financière
des services énergétiques ; iv) l’accroissement de
l'utilisation des sources d'énergie renouvelable et de
technologies propres ; v) l’amélioration de l’efficacité
; et vi) l'amélioration des cadres nationaux et régio-
naux relatifs à la politique énergétique et à la gouver-
27

ronnée de succès ailleurs et veillera à ce que son per-

Groupe de la Banque africaine de développement


Le Groupe de la Banque renforcera l’éventail de ses sonnel s’approprie lesdites pratiques et technologies.
compétences dans le secteur de l’énergie, en particu-
lier dans le domaine des technologies applicables aux 3.6. Production du savoir
énergies propres et renouvelables. Une attention parti-

politique du secteur de l’énerGie


culière sera accordée au renforcement de l’expertise La Banque encouragera la création et la diffusion de
dans les domaines de l'efficacité énergétique, du com- connaissances sur les défis, les opportunités et les
merce et du financement de l'énergie. En outre, la meilleures pratiques dans les différents sous-secteurs
Banque procédera à l'identification et à la sélection des de l'énergie et dans les technologies en vue de contri-
pratiques et technologies dont l’utilisation a été cou- buer aux prises de décision dans le cadre de ses pro-
28
Groupe de la Banque africaine de développement
politique du secteur de l’énerGie

pres opérations et d’aider au renforcement de la ca- ront également nécessaires avec d'autres entités tra-
pacité des PMR à planifier et à gérer les activités du vaillant dans le secteur afin de développer des syner-
secteur énergétique. En particulier, les domaines sui- gies, conjuguer les efforts et mettre les ressources en
vants seront considérés : l’efficacité énergétique et la commun. Les domaines de collaboration engloberont
conservation de l’énergie, la gouvernance, les tech- notamment, le cofinancement des projets et des pro-
nologies et procédés permettant de réduire progres- grammes, le développement de stratégies conjointes,
sivement la dépendance vis-à-vis des systèmes la création et la diffusion du savoir ainsi que le renfor-
inefficaces de production classique et accroître l’utili- cement des capacités. La BAD établira les partenariats
sation des systèmes de production plus propres. À avec des institutions telles que : la Banque mondiale
cet égard, la Banque entreprendra sa propre analyse et d’autres BMD, les banques sous régionales de dé-
et tirera parti des connaissances produites par des veloppement et les organismes bilatéraux. Le Groupe
institutions sœurs et des groupes de réflexion en de la Banque renforcera aussi sa collaboration avec
Afrique et à l'étranger. les institutions spécialisées de l’ONU, notamment le
PNUE, le PNUD, la FAO et l’ONUDI.
3.7 Partenariats
3.8. Revue de la politique
Pour être couronnée de succès, la mise en œuvre de
cette Politique du secteur de l’énergie nécessitera de Une revue de la politique sera envisagée dix (10) ans
solides partenariats avec les PMR. En tant que béné- après son approbation. Toutefois, si un, changement
ficiaires et acteurs clés, les pouvoirs publics et le sec- majeur survient dans le secteur de l’énergie, la
teur privé participeront à l'identification, la formulation, Banque pourra envisager d’anticiper cette revue.
le financement et l'exécution des projets et pro- Cette nouvelle Politique du secteur de l’énergie rem-
grammes énergétiques. Des partenariats efficaces se- place la Politique sectorielle de l’énergie du Groupe
29

4. Recommandations

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
de la Banque de 1994 ainsi que le Cadre de politique cations, de l’approvisionnement en eau et de l’assai-
tarifaire pour les services d’utilité publique de 1985, nissement.
précédemment appliqués aux opérations dans les
domaines de l’énergie électrique, des télécommuni-
Annexe 1 Cadre de suivi des résultats pour
la mise en œuvre de la politique
4
Effets at- Activités clés et initiatives contri- Hypothèses/Ris
Indicateurs d’effet Réalisations Indicateurs de réalisations
tendus buant à l’obtention des résultats ques
1.1. % de la population Appui à la production, au transport et à la distri-
ayant accès à l’électricité 1.1. Volume de prêts de la BAD (accroissement par rap- bution d’énergie aux niveaux national et régio-
1. Les flux financiers Stabilité politique et
(accroissement par rap- port à la situation de référence en UC) nal
en vue de combler le un engagement fort
port à la situation de ré- 1.2. Volume total d’investissement par le secteur privé et
déficit d’investisse- des PMR
1. Accessibi- férence) d’autres donateurs (accroissement par rapport à la situa- Appui aux projets/programmes d’électrification
ments dans les infra-
lité, et fiabilité 1.2. Consommation tion de référence en UC) rurale
structures aux niveaux Synergie avec d’au-
d’énergie primaire par 1.3. Capacité de production totale installée en MW (ac-
accrues des habitant (accroissement national et régional tres donateurs
croissement par rapport à la situation de référence) Promotion d’un environnement propice à la
services éner- par rapport à la situation sont accrus
1.4. Km de lignes de transport et de distribution participation du secteur privé
gétiques (Accroissement par Croissance écono-
de référence) construites ou réhabilitées (accroissement par rapport à la
rapport à la situation mique continue sur le
1.3. Nombre de jours de situation de référence) Renforcer les partenariats pour le cofinance-
de référence en UC) continent
coupures par an (diminu- 1.5. Nombre de ménages et de secteurs productifs nou- ment de projets
tion par rapport à la si- vellement connectés (connexions réseau et hors réseau)
tuation de référence) Appui au renforcement des capacités
2. Les investissements
2. Efficacité 2.1. Economies d’éner-
de la BAD dans l’effi- Appui à la réhabilitation des infrastructures et
gie (accroissement par 2.1. Gains en efficacité (accroissement par rapport à la si-
énergétique cacité énergétique aux initiatives de gestion de l’efficacité énergé-
rapport à la situation de tuation de référence)
accrue sont effectifs et sont tique du côté de la demande
référence)
accrus
3a.1. Volume de prêts de la BAD pour l’énergie propre Investissements dans les centrales électriques
(accroissement par rapport à la situation de référence en à base d’énergie renouvelable, sur réseau ou Stabilité politique et
3a. Les flux financiers
UC) hors réseau un engagement fort
dans l’énergie renou-
3a.2. % du financement « climat » dans les projets ap- Promotion de technologies plus propres dans des PMR
3.1. % d’énergie renou- velable et l’énergie
puyés par la Banque (accroissement par rapport à la si- la production d’électricité
velable dans la capacité propre sont accrus
3. Une plus tuation de référence) Synergie avec d’au-
de production totale (ac- (accroissement par
grande utili- croissement par rapport rapport à la situation 3a.3. % des investissements du secteur privé pour l’éner- Promotion des instruments d’atténuation des tres donateurs
sation de gie propre (accroissement par rapport à la situation de ré- risques
à la situation de réfé- de référence)
férence) Croissance écono-
l’énergie re- rence) 3b.1. Tonnes de CO2 évitées en utilisant les technologies Établissement de mécanismes d’appui au mar- mique continue sur le
nouvelable et 3.2. Émissions de CO2 propres (en particulier à travers les réhabilitations ou les ché du carbone adaptés à l’Afrique continent
des technolo- par kWh (diminution par 3b. Le transfert de nouveaux projets à base de charbon)
gies propres rapport à la situation de technologies propres, 3b.2. Nombre de nouvelles technologies installées (ac- Définition et utilisation des directives pour les
référence) et la recherche – déve-
croissement par rapport à la situation de référence) sous-secteurs (charbon, hydroélectricité et bio-
loppement sont renfor-
3.b.3. Nombre d’opérations et volume de financement carburants liquides) et l’évaluation des options
cés et effectifs
pour l’appui à la recherche – développement et l’innova-
tion. Appui au transfert de technologie, à la R&D et

le PIB par habitant, l’indice de développement humain, la compétitivité des pays et l’indice du niveau de service.
au renforcement des capacités
productifs à des services énergétiques modernes, fiables, à coût abordable et plus propres4.

4.1. Performance finan-


4. Gouver- cière et technique des Engagement fort des
4. Appui de la BAD
nance renfor- services publiques et PMR
pour la gouvernance 4.1. Nombre de pays où le dialogue politique a conduit à Services d’appui conseil à trois niveaux : dia-
des entreprises du sec-
cée et du secteur, les ré- des réformes dans le secteur de l’énergie, visant à accroî- logue sur les politiques à mener, appui aux ré-
teur de l’énergie Coordination avec
tégie à moyen terme du secteur de l’énergie définira les cibles spécifiques pour les résultats identifiés.
Annexe 1 Cadre de suivi des résultats pour la mise en œuvre de la politique

viabilité ac- formes et le renforce- tre l’efficacité, la gouvernance et une croissance sobre en formes institutionnelles et appui aux
4.2. Flux financier dans d’autres acteurs du
crue du sec- ment des capacités carbone transactions
le secteur (accroisse- secteur de l’énergie
teur est effectif et renforcé
ment par rapport à la si-

L’impact est un développement social et économique accru et une réduction de la pauvreté. Cela peut être mesuré par exemple à travers
tuation de référence)
Impact : Un développement socio-économique accru à travers un accès durable par les ménages et les secteurs
Ce cadre fournit les indicateurs clés de suivi des résultats pour guider la mise en œuvre de la Politique. La Stra-

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
31
Annexe 2
33

Annexe 2

Groupe de la Banque africaine de développement


politique du secteur de l’énerGie
1. Défis du secteur de l’énergie en Afrique sition énergétique rapide doit s’opérer dans les zones
rurales et périurbaines, dans le but de promouvoir
1.1. L’accès inadéquat aux services énergétiques l'accès aux services énergétiques modernes et leur
modernes constitue un obstacle à la croissance éco- utilisation à des fins de production
nomique et aux efforts de réduction de la pauvreté en
Afrique : Le taux élevé de pauvreté en Afrique est en Les secteurs des transports et de l’industrie comp-
partie dû au manque d’accès aux services énergé- tent environ pour 15 % et 18 % respectivement de la
tiques modernes. L’Afrique détient le taux d’électrifi- consommation totale d’énergie en Afrique . Cepen-
cation le plus faible au monde (26 % des ménages) dant, cette demande en énergie augmente avec la
et jusqu’à 547 millions de personnes n’ont pas accès croissance économique et les tendances de l’urbani-
à l’électricité . sation sur le continent qui sont associées à l’indus-
trialisation et à une demande accrue dans le secteur
En milieu rural, la production et la productivité agri- du transport. Cette situation a une incidence sur le
coles pâtissent de l’accès limité aux services énergé- secteur de l’approvisionnement en énergie, dont les
tiques modernes pour l’alimentation des systèmes capacités sont déjà sous pression. Les secteurs de
d’irrigation, la mécanisation de l’agriculture et le l’industrie et des transports en Afrique font donc face
stockage et la transformation des produits agricoles. à un approvisionnement insuffisant, ce qui compro-
Ces facteurs réduisent la production agricole, la va- met leur compétitivité.
leur ajoutée ainsi que les revenus des agriculteurs, ag-
gravant ainsi les problèmes de sécurité alimentaire. Bien que l’énergie ne fasse pas partie des huit OMD,
En retour, les bas revenus de l’agriculture permettent il est évident que l’accès à l’énergie moderne est un
difficilement aux agriculteurs de s’offrir des services préalable à la réalisation de ces objectifs. L’énergie
énergétiques modernes plus propres, perpétuant contribue à la satisfaction des besoins de base (la
ainsi le cycle de la pauvreté. cuisine, le chauffage, la lumière, l’accès à l’eau po-
table, les transports, les services sociaux, etc.), crée
L’urbanisation s’est accélérée en Afrique et s’est ac- des activités productives (la manufacture, l’industrie,
compagnée d’une extension de vastes zones d’ha- le commerce, l’agriculture, etc.) et stimule la création
bitation précaires ou bidonvilles, essentiellement d’emplois. Les niveaux élevés de pauvreté expli-
habitées par les populations pauvres. Le taux de quent en partie la forte dépendance à l’égard des
croissance des bidonvilles en Afrique subsaharienne biocarburants traditionnels comme source d’énergie
est de 4,53 %, contre 2,20 % pour l’Asie du Sud . pour la cuisine et le chauffage. Selon l’Agence inter-
D’ici à 2030, près de 50 % de la population africaine nationale de l’énergie, près de 73 % de la population
vivra dans les centres urbains et l’extension des bi- en Afrique utilisent la biomasse (souvent sous des
donvilles continuera de transférer les nids de pauvreté formes inefficientes et insalubres), contre 52 % dans
des zones rurales vers les zones urbaines. Dans les l’ensemble des pays en développement . La dépen-
zones urbaines, l’impossibilité de s’offrir des services dance vis-à-vis de la biomasse traditionnelle (en par-
d’électricité limite l’éventail et la rentabilité des activi- ticulier sous la forme de charbon) favorise également
tés génératrices de revenus pour les pauvres. Cela li- la déforestation et la dégradation des sols. Dans cer-
mite également la création de micro et petites taines régions, en particulier autour de grandes villes
entreprises, une source importante d’emplois. Afin comme Lusaka, Nairobi et Dar es-Salaam, la de-
d'éradiquer la pauvreté de manière durable, une tran- mande de charbon contribue à la dégradation des
34

zones boisées et des forêts environnantes. Le rateurs ne sont pas en mesure d’étendre les services
Groupe de la Banque africaine de développement

manque d’accès à des services énergétiques mo- en se basant uniquement sur les revenus provenant
dernes, fiables et abordables freine la croissance des ventes. Satisfaire les besoins énergétiques des po-
économique et sape des aspects essentiels du bien- pulations à faibles revenus nécessite de trouver un
politique du secteur de l’énerGie

être humain. Il est donc urgent d’accélérer les pro- équilibre entre l’approche traditionnelle fondée sur l’of-
grès pour l’accès à l’énergie afin de débloquer le fre et une approche tirée par la demande. Cela signifie
potentiel de développement et favoriser une crois- qu’il faudrait accorder plus d’attention aux besoins des
sance inclusive en Afrique. utilisateurs finaux et à leur capacité à payer pour les
services. Par conséquent, il y’a lieu d’explorer des mé-
1.2. Les services énergétiques modernes ne sont canismes innovants de tarification, notamment des
pas abordables pour les couches pauvres de la po- subventions ciblées, afin de réduire la charge financière
pulation : Les deux principaux facteurs déterminants pour les consommateurs, faciliter l’accès et partager
de l’accessibilité aux services énergétiques sont le les potentiels risques financiers avec les investisseurs.
coût des services et le revenu des ménages. Par
conséquent, améliorer l’accès aux services énergé-
tiques modernes en Afrique demande d’accroître,
d’une part l’approvisionnement en énergie à moindre
coût, et d’autre part, de faciliter l’accessibilité en
termes de coût, à travers notamment des subven-
tions ciblées.

Les coûts des services énergétiques sont générale-


ment élevés en Afrique. Les investissements dans la
production et le transport d’énergie sont insuffisants
et la coopération régionale permettant d’accroître
l’approvisionnement en énergie se met en place plu-
tôt lentement. Par ailleurs, l’échelle réduite de la plu-
part des systèmes électriques nationaux et la
dépendance vis à vis des installations de production
onéreuses basées sur l’utilisation du pétrole aug-
mente le coût de la production de l’électricité en
Afrique ; à 0,18 dollars le KWh , cela revient 2 à 3 fois
plus cher que la moyenne mondiale. Le coût initial du
branchement est également très élevé. La volatilité
des prix de l’énergie a mis en exergue la nécessité de
diversifier les sources d’énergie et d’améliorer l’effica-
cité énergétique. En outre, avec la crise énergétique
mondiale, de nouveaux marchés ont émergé.
L’Afrique est donc confrontée à une forte concur-
rence face à un pool plus important de pays pour les
ressources énergétiques.

La plupart des ménages en Afrique, en particulier dans


les zones rurales, vivent avec des budgets très mo-
destes et dépensent plus de la moitié de leurs res-
sources dans l’alimentation , ce qui constitue un
obstacle pour l’accès aux services énergétiques mo-
dernes. Compte tenu des ressources limitées, les opé-
35

Groupe de la Banque africaine de développement


En outre, dans la plupart des cas, la production d’une d’énergie verte et à faire prendre conscience du ca-
énergie plus propre engendre des coûts additionnels. ractère de bien public de l’investissement.
Les technologies d’énergie propre et renouvelable
sont généralement à un stade précoce de dévelop- 1.3. Le manque de fiabilité des services énergétiques

politique du secteur de l’énerGie


pement commercial, ce qui accroît les risques et les représente un défi pour les pays africains : Le manque
coûts des projets et entraîne des dépenses d’inves- de fiabilité des services énergétiques en Afrique est un
tissement initial élevées. Il convient de combiner plu- obstacle important à la croissance économique et à la
sieurs options de financement pour compenser le compétitivité de la région. À 39 MW pour un million
coût élevé de production associé aux nouvelles tech- d’habitants, la capacité de production d’énergie élec-
nologies et assurer la fourniture d’énergie à un coût trique en Afrique représente environ un dixième de la
compétitif. L’association de financements à taux pré- capacité des autres pays à faible revenu. Plus de 30
férentiel et de financements commerciaux pourrait pays africains connaissent des pannes d’électricité ré-
contribuer grandement à encourager la production currentes, avec des coûts d’opportunité atteignant 2
% du PIB . .Les facteurs clés sont notamment les per- maintenance adéquate, à la mauvaise performance des
turbations récurrentes des marchés pétroliers et ga- compagnies publiques et au faible niveau de qualité des
ziers, les pratiques d’approvisionnement et de services. Cette mauvaise performance tient aux facteurs
consommation inefficaces, la demande croissante, la suivants : i) la dépendance vis-à-vis des fonds prove-
variabilité de la pluviométrie ainsi que les faibles capa- nant du gouvernement qui se sont avérés insuffisants
cités sur le plan technique, managérial et financier. pour satisfaire les besoins de financement du secteur ;
ii) le statut de monopole dont jouissaient la plupart des
1.4. La faiblesse de la gouvernance et des cadres rè- compagnies publiques et qui les protégeait de la
glementaires aux niveaux national et sous régional en- concurrence du marché ; iii) les interférences politiques
trave la performance dans le secteur de l’énergie : Les qui obligent les compagnies publiques à jouer un dou-
cadres réglementaires et de gouvernance effectifs sont ble rôle difficile, celui d’entités commerciales et de ser-
essentiels pour promouvoir des pratiques de gestion vices de mise en œuvre des objectifs sociaux du
saines, accroître la compétition et attirer les investis- gouvernement. Des rôles de gouvernance confus (par
sements privés dans le secteur de l’énergie d’une ma- exemple, le gouvernement peut être acteur politique,
nière équitable, proactive et responsable. En dotant le actionnaire et régulateur) constituent un défi, car ils sont
secteur de règles, la réglementation met le secteur en contradiction avec les objectifs visant à fournir des
privé dans une situation confortable pour investir et im- services à coût abordable tout en assurant un bon re-
pose aux services publics une discipline en matière de tour sur investissement. Le manque d’autonomie de
coûts ainsi que des normes de qualité pour une effi- ces compagnies ne permettait pas de les tenir respon-
cacité accrue. Elle contribue également à maintenir un sables de la faible performance. Pour pallier ces défail-
équilibre entre les intérêts des fournisseurs de services lances, beaucoup de pays africains engagèrent des
et les besoins des consommateurs en termes de qua- réformes afin de booster la performance du secteur et
lité du service, de profits et de tarifs raisonnables. l’approvisionnement en énergie par la mise en place de
nouveaux mécanismes de gouvernance. Toutefois, la
Le secteur de l’énergie en Afrique (en particulier le sous- performance globale dans le secteur demeure faible et
secteur de l’électricité) a été pendant longtemps sous très peu de pays sont parvenus à prendre les mesures
la tutelle et le contrôle de l’État. La mauvaise gestion a requises pour créer des cadres réglementaires et de
entraîné la détérioration des installations suite à une gouvernance appropriés et efficaces. L’accent devrait
37

Groupe de la Banque africaine de développement


donc être mis sur l’amélioration de la gouvernance et de transaction élevés pour obtenir l’information, né-
de la règlementation au niveau national et sectoriel, afin gocier et acquérir les technologies protégées par des
d’accélérer les progrès vers un accès universel aux ser- DPI. Pour répondre à ces préoccupations, les pays
vices énergétiques modernes. en développement réclament de la flexibilité et un trai-

politique du secteur de l’énerGie


tement spécial pour l’accès aux technologies dura-
Au niveau sous régional, la disparité des cadres légaux bles du point de vue environnemental. En outre, des
et réglementaires entrave le processus d’intégration ré- conditions défavorables, comme l’absence de cadre
gionale et le développement de pool énergétiques ré- juridique et réglementaire approprié pour protéger les
gionaux effectifs. La capacité des gouvernements et DPI ou les échecs dans leur application, le manque
de leurs opérateurs respectifs à définir des cadres lé- de compétences appropriées, la faible capacité d’ab-
gaux et règlementaires communs est cruciale pour l’ef- sorption ainsi que l’absence de marchés libres dans
ficacité des systèmes régionaux de commerce certains pays en développement, constituent autant
d’énergie. Par conséquent, il s’avère important pour le d’obstacles au transfert de technologie.
Groupe de la Banque de faciliter les actions visant à
créer un consensus au niveau régional afin d’établir La Conférence des Nations unies sur le développe-
des cadres légaux et règlementaires solides et renfor- ment durable (CNUDD), qui s’est tenue à Rio en juin
cer l’efficacité des marchés régionaux d’énergie. 2012, a cherché à obtenir l’engagement politique
pour le développement durable, évaluer les progrès
1.5. Les préoccupations concernant l’impact de la réalisés à ce jour et les lacunes qui subsistent dans
production et de la consommation d’énergie sur l’en- la mise en œuvre des résultats des grands sommets
vironnement et le changement climatique ne cessent sur le développement durable, et apporter une ré-
de s’accroître : Les problèmes vont des impacts en- ponse aux nouveaux défis . La Conférence a mis un
vironnementaux locaux à l’adaptation aux change- accent particulier sur « l’économie verte dans un
ments climatiques et à leur atténuation. La conversion contexte de développement durable et d’éradication
énergétique, en particulier à partir des énergies fos- de la pauvreté ». Tout en aidant à accroître l’accès à
siles, génère environ deux tiers des émissions de gaz l’énergie pour soutenir la croissance économique en
à effet de serre cumulées au plan mondial. Les com- Afrique, la Banque doit donc poursuivre une stratégie
bustibles fossiles, notamment le charbon et le pétrole de croissance verte à travers une utilisation durable
constituent la première source d’énergie moderne du des ressources énergétiques.
continent. A ce jour, l’ensemble des pays africains ne
représente que 4 % des émissions de gaz à effet de 2. Opportunités et principales initiatives
serre dans le monde. Toutefois, le caractère épuisable dans le domaine de l’énergie en Afrique
de ces ressources non-renouvelables et l’importance
des effets négatifs environnementaux que leur utilisa- 2.1. L’Afrique recèle de nombreuses ressources éner-
tion peut entraîner, tels que le réchauffement clima- gétiques non renouvelables et renouvelables, notam-
tique, la pollution de l’eau et de l’atmosphère, sont ment le pétrole brut, le gaz naturel, le charbon,
susceptibles d’accroître notablement avec la crois- l’énergie hydroélectrique, l’énergie géothermique, la
sance économique et l’industrialisation accélérées. biomasse, l’énergie solaire et l’énergie éolienne. La
Par conséquent, l’exploitation des ressources renou- production énergétique de l’Afrique représente environ
velables et des pratiques de production plus propres 9,5 % de la production mondiale totale avec notam-
sont essentielles pour conduire le secteur énergétique ment, 12,1 % de la production mondiale de pétrole
du continent sur une voie durable. brut, 6,8 % de la production mondiale de gaz naturel,
4,2 % de la production mondiale de charbon brut et
Les PMR auront besoin d’un appui pour faire face aux 4,6 % de la production mondiale d’énergie hydroélec-
défis concernant les obstacles que les politiques en trique. Le continent détient 9,6 % des réserves mon-
matière de droits de propriété intellectuelle (DPI) re- diales prouvées de pétrole et cette part va
présentent pour l’accès aux technologies propres. probablement croître avec les nouvelles découvertes .
Parmi les contraintes liées aux DPI figurent les coûts Mais, ces ressources sont réparties de façon inégale.
38

La majeure partie des réserves (et de la production) Cependant, bien que les barrages aient joué un rôle
Groupe de la Banque africaine de développement

africaines de pétrole est située en Lybie, au Nigeria, en important en aidant les pays et les communautés à
Algérie, en Angola et au Soudan, qui, ensemble, pos- exploiter leurs ressources en eau pour la production
sèdent plus de 90 % des réserves du continent . alimentaire, la production d’énergie, la lutte contre les
politique du secteur de l’énerGie

L’Afrique du Sud fournit 98 % de la production totale inondations et l’usage domestique, leurs effets envi-
de charbon en Afrique . La répartition inégale des res- ronnementaux et sociaux doivent être soigneusement
sources met en évidence la nécessité d’accorder une pris en considération, notamment les impacts sur les
attention particulière à la diversité des situations. bassins hydrographiques, les écosystèmes et le bien-
être social des populations. Afin que les projets hy-
L’Afrique dispose d’un potentiel important en matière droélectriques produisent durablement les résultats
d’énergies renouvelables qui, s’il est bien exploité, escomptés, il est donc impératif d’établir un équilibre
pourrait contribuer à satisfaire une part significative entre les besoins en énergie et les exigences de la
de la demande énergétique et permettre aux PMR de durabilité sociale et environnementale. Cela requiert
faire face aux défis que constituent les impacts envi- une approche plus large de la gestion des ressources
ronnementaux et le changement climatique. Ils pour- en eau et des bassins hydrographiques ainsi que la
raient notamment aider à répondre aux besoins de la prise en compte effective des effets du changement
forte population rurale de l’Afrique en matière d’ac- climatique (inondations et sécheresses) et des me-
cès, y compris au moyen de technologies décentra- sures d’adaptation/atténuation y afférentes. Cela né-
lisées. Toutefois, les coûts élevés, dans beaucoup de cessite surtout la mise en place de mécanismes de
cas, de la mise en valeur des énergies renouvelables, gouvernance appropriés pour assurer la transpa-
l’inadéquation des politiques et des cadres juridiques, rence, l’équité, la responsabilité et la participation du
l’insuffisance des appuis budgétaires, de même que public dans le processus de planification du projet.
les limitations techniques liées à l’application des L’Afrique est bien dotée en énergie géothermique, en
énergies renouvelables et la faiblesse de l’expertise particulier dans la vallée du grand Rift. Avec la tech-
locale constituent autant d’obstacles importants au nologie existante, la région a la capacité de produire
déploiement des énergies renouvelables dans les 20,000 MW d’énergie électrique grâce à la produc-
PMR. En outre, un obstacle technique majeur tient à tion d’électricité à base d’eau chaude ou de vapeur.
l’indisponibilité de données précises sur les res- Cependant, à ce jour, seulement 150 MW ont été ex-
sources énergétiques renouvelables. ploités au Kenya et seulement 7, 3 MW en Éthiopie .
L’exploitation limitée de la ressource est due en partie
Il existe une importante capacité hydroélectrique ex- au coût initial élevé et à l’expertise spécialisée requise.
ploitable en Afrique, mais seulement 7 pour cent du
potentiel hydroélectrique a été exploité. Les res- L’énergie solaire est une source d’énergie renouvela-
sources hydroélectriques sont estimées à plus de ble abondante en Afrique. Un grand nombre de pays
3,909 TWh de potentiel hydroélectrique théorique . africains reçoit des rayonnements solaires quotidiens
L’est, le sud, le centre et certaines parties de l’Afrique de l’ordre de 5 à 6 kWh/m2. Mais l’utilisation de
de l’ouest possèdent de nombreux cours d’eau per- l’énergie solaire est encore dominée par les applica-
manents qui représentent d’excellentes opportunités tions traditionnelles notamment pour le séchage des
pour le développement de l’hydroélectricité. L’hydro- récoltes. Quelques résultats encourageants ont été
électricité présente de nombreux avantages, mais elle enregistrés dans l’utilisation des systèmes photovol-
est en grande partie sous-exploitée. La ressource est taïques, mais ceux-ci desservent surtout les ménages
facilement disponible et produit de l’électricité plus ruraux à hauts revenus. Malgré un potentiel abon-
propre que d’autres ressources traditionnelles telles dant, l’utilisation des chauffe-eau solaires au niveau
que le charbon et le pétrole ; elle a de multiples des ménages et des institutions est encore limitée . Il
usages et peut être utilisée pour satisfaire les besoins est bon de noter que des technologies hybrides d’ap-
en électricité du réseau électrique national, d’électri- provisionnement en électricité existent et permettent
fication rurale et des industries. de compenser des déficits éventuels pendant les pé-
riodes de faible ensoleillement.
39

Groupe de la Banque africaine de développement


L’Afrique est également dotée d’un potentiel impor- de relever les défis sociaux et environnementaux liés à
tant en énergie éolienne : dans le cadre de son sou- la production de bioénergie. Bien qu’il existe des in-
tien au développement de l’énergie éolienne, la BAD, quiétudes concernant le développement des biocar-
avec l’appui de l’Agence canadienne pour le déve- burants liquides, l’Afrique possède un grand potentiel

politique du secteur de l’énerGie


loppement international, a commandé en 2004 une pour leur production. Les biocarburants liquides peu-
étude sur le déploiement de l’énergie éolienne en vent être une solution de rechange pour répondre aux
Afrique. L’étude montre que l’on trouve les meilleurs besoins croissants du secteur des transports. Plu-
vents dans 15 pays situés au nord du continent et à sieurs pays dont l’Afrique du Sud, le Kenya, le Mozam-
ses extrêmes Est, Ouest et Sud avec des vitesses al- bique et la Zambie, envisagent d’augmenter leur
lant de 4 m/s à 7,5 m/s et même au-delà. production de biocarburants dans les années à venir .

La biomasse peut être convertie en utilisant différentes L’essentiel de l’électricité produite en Afrique est four-
technologies pour fournir des formes plus pratiques de nie par des centrales thermiques (82 %), grâce aux
bioénergie. Elle offre des opportunités attrayantes grandes centrales au charbon en Afrique du Sud et
pour fournir des services énergétiques modernes à fai- aux unités de production au mazout et au gaz, essen-
ble coût et disponibles localement (électricité et pro- tiellement du Nigéria et d’Afrique du Nord. Malgré
duction de chaleur à travers la cogénération, l’énorme potentiel hydroélectrique, sa contribution à la
production de biogaz à partir des déchets organiques, production d’énergie est relativement faible : 15 %
production de biocarburants liquides, etc.), et créer contre 42 % pour le charbon et 28 % provenant du
des emplois à travers le développement d’industries gaz. Le pétrole contribue pour 12 % .
locales. En outre, la production et l’utilisation durable
de la biomasse a un potentiel non négligeable en ma- 2.2. Les réformes du secteur de l’énergie au niveau
tière de réduction des émissions de CO2 grâce à une des pays : Les pays ont entrepris une série de ré-
technique de combustion combinant celle-ci avec un formes dans le secteur de l’énergie dont la plus impor-
autre combustible fossile. Cependant, il est nécessaire tante est la formulation de politiques énergétiques plus
40

détaillées et la reconnaissance du rôle du secteur privé pools énergétiques régionaux constituent une base
Groupe de la Banque africaine de développement

dans le programme national de développement. Tou- solide sur laquelle la BAD peut s’appuyer pour stimu-
tefois, la mise en œuvre de ces réformes n’a pas été à ler le commerce transfrontalier de ressources et de
la hauteur des attentes dans la plupart des pays pour services énergétiques, d’abord au plan sous régional
politique du secteur de l’énerGie

des raisons liées à l’inadéquation des nouveaux cadres et, par la suite, au niveau continental.
et au manque de ressources financières et de capaci-
tés de mise en œuvre. Un autre développement im- En outre, suite à la révision du Plan d’action africain
portant est lié aux cadres de développement UA/NEPAD et à l’évaluation des progrès de mise en
économique qui ont évolués des programmes d’ajus- œuvre du Plan d’action à court terme du NEPAD, le
tement structurel (PAS) vers les stratégies de réduction Programme pour le développement des infrastructures
de la pauvreté et vers les OMD. Ces nouvelles ap- en Afrique (PIDA), officiellement lancé en juillet 2010,
proches au développement économique ont permis constitue une plate-forme importante pour la politique
d’attirer l’attention sur l’importance de renforcer l’ac- actuelle du secteur de l’énergie dans la mesure où la
cès aux services, dont l’énergie, comme moyen BAD a été mandatée par les PMR pour être le principal
d’améliorer le bien-être des populations pauvres. organisme d’exécution du PIDA. Les autres initiatives
sont notamment le Partenariat Afrique-Union euro-
2.3. Une coordination renforcée aux niveaux régional péenne pour l’énergie (PAEE), l’Union des producteurs,
et continental dans les initiatives liées à l’énergie : Un transporteurs et distributeurs d’énergie électrique en
engagement politique accru s’est fait jour au plus haut Afrique (UPDEA) et ses instruments de coordination au
niveau pour intensifier la coopération régionale dans niveau des pools énergétiques africains. Par ailleurs,
le secteur de l’énergie. Les pays africains ont mani- des documents de politique sur l’accès à l’énergie ont
festé leur intérêt à développer ensemble les infra- été adoptés par plusieurs communautés économiques
structures, en particulier pour la production régionales africaines.
d’électricité, en vue de répondre à la demande
d’énergie à moyen terme dans la région. Ceci est il- 2.4. De nouvelles opportunités de financement liées
lustré par la mise en place d’organisations de bassins au climat pour le secteur de l’énergie : L’Afrique s’ef-
fluviaux et de pools énergétiques sous régionaux. force de s’assurer une juste part du financement
Néanmoins, il est nécessaire d’accélérer les réformes puisque de nouveaux fonds ont été mis en place pour
au niveau des pays en vue de faciliter le développe- aider les pays en développement à s’adapter aux ef-
ment de marchés énergétiques régionaux fonction- fets du changement climatique et à les atténuer. Le
nels. Des pools énergétiques régionaux, notamment Groupe de la Banque intensifie ses efforts pour aider
le Pool énergétique d’Afrique australe (SAPP), le Pool les PMR à exploiter des ressources à tarif préférentiel
énergétique d’Afrique de l’Ouest (WAPP), le Pool (le Fond d’investissement climatique, le Mécanisme
énergétique de l’Afrique centrale (CAPP), le Pool de développement propre, le Fonds pour l’environne-
énergétique d’Afrique de l’Est (EAPP) et le Comité ment mondial et le Fonds vert, etc.).
maghrébin de l’énergie (COMELEC) ont été créés en
vue de mettre en commun les ressources énergé- 2.5. De nouveaux acteurs dans le secteur de l’éner-
tiques et de promouvoir le développement de mar- gie : Les flux de capitaux vers l’Afrique en provenance
chés d’électricité régionaux dans le but de fournir de de nouveaux bailleurs de fonds comme le Brésil, la
l’électricité stable et fiable à des coûts abordables. La Chine, les États du Golfe et l’Inde ont considérable-
plupart des pools énergétiques sont à un stade rela- ment augmenté ces dernières années, atteignant un
tivement embryonnaire et font face à des défis tels total de 1,1 milliard de dollars par an pour l’Afrique
que le manque de financement, l’instabilité politique subsaharienne . Ces flux se concentrent le plus sou-
et la faiblesse des réglementations transfrontalières. vent sur la production d’énergie à grande échelle, no-
Néanmoins, en vue de renforcer la sécurité de l’ap- tamment l’énergie hydroélectrique. Il est intéressant
provisionnement d’électricité sur le continent, les de noter l’influence grandissante du Brésil dans les in-
41

Groupe de la Banque africaine de développement


dustries de bioénergie du continent. Ces flux de capi- Afrique du Nord : D’abondantes ressources de pétrole
taux représentent une opportunité d’accroître la ca- et de gaz, d’énergie éolienne et solaire constituent une
pacité de production d’électricité de l’Afrique ces opportunité majeure. L’accès universel à l’électricité
prochaines décennies. (produite principalement par des centrales thermiques

politique du secteur de l’énerGie


au pétrole ou au gaz) est en passe d’être assuré –
3. Résumé des principaux défis et opportuni- grâce à des sociétés de distribution d’énergie appar-
tés régionaux tenant à l’État, mais autonomes. Les cinq pays tour-
nent leurs efforts dans deux principales directions :
Le secteur de l’énergie en Afrique se comprend mieux améliorer l’accès des zones rurales aux services
si on le représente par trois régions distinctes – Afrique d’énergie modernes ; et œuvrer à l’interconnexion des
du Nord, Afrique du Sud et Afrique subsaharienne ex- réseaux électriques et renforcer les capacités en vue
cluant l’Afrique du Sud. d’un échange efficient d’énergie.

Figure 1 Carte de l’Afrique montrant ces trois régions en termes de défis.


Afrique du Nord

Afrique subsaharienne excluant


l’Afrique du Sud

Afrique du Sud

Cette carte a été établie par les services de la Banque africaine de développement à l’intention exclusive des lecteurs du rapport auquel elle
est jointe. Les dénominations utilisées et les frontières y figurant n’impliquent de la part du Groupe de la Banque et de ses membres ni juge-
ment quant au statut juridique d’un territoire, ni approbation ou acceptation de ses frontières

Afrique du Sud : Bien qu’elle ait le plus grand réseau rer l’approvisionnement en énergie moderne. Les dé-
énergétique en Afrique, le pays est aux prises avec couvertes récentes de pétrole et de gaz constituent
des difficultés pour assurer un approvisionnement en une évolution majeure qui, se elle est bien gérée,
énergie adéquat, en particulier l’électricité. Le pays pourrait stimuler l’offre d’énergie moderne. De plus
possède d’énormes ressources inexploitées d’éner- les états insulaires et les pays enclavés font face à
gie renouvelable (par exemple la cogénération avec des défis spécifiques comme indiqué ci-après.
la biomasse, l’énergie éolienne et solaire), ce qui re-
présente une grande opportunité pour résoudre en En outre, les états insulaires et les pays enclavés font
partie le problème d’approvisionnement en énergie. face à des défis spécifiques, comme indiqué ci-après.

Afrique subsaharienne excluant l’Afrique du Sud: Les États insulaires : Une forte dépendance vis-à-vis du
défis majeurs sont la très forte dépendance vis-à-vis pétrole importé. Un défi majeur qui entraîne des coûts
de la biomasse traditionnelle, des niveaux d’accès à élevés pour l’approvisionnement en énergie. Toute-
l’énergie moderne très bas, des déficits d’approvi- fois, comme démontré par l’île Maurice, à travers l’uti-
sionnement en électricité et une urbanisation rapide. lisation de ressources renouvelables locales (en
Des opportunités existent dans l’utilisation des tech- l’occurrence, la biomasse), les îles peuvent réduire
nologies modernes pour exploiter la biomasse et des considérablement leur dépendance vis-à-vis de
ressources énergétiques renouvelables pour amélio- l’énergie importée.
Les pays enclavés : Les défis majeurs de ces pays importants et durables et passera par la mobilisation
sont les retards dans les importations d’énergie (en stratégique de ressources auprès de sources pu-
particulier le pétrole et le gaz) et l’insuffisance des bliques et privées, sur les marchés nationaux et ex-
réserves stratégiques. Cependant, il existe des pos- térieurs. De plus, produire de l’énergie plus propre
sibilités pour le développement conjoint d’infrastruc- requiert, dans certains cas, davantage de res-
tures avec les pays voisins, ce qui pourrait accélérer sources que pour l’énergie conventionnelle. La plu-
les importations d’énergie, grâce, par exemple, à part des pays africains ne peuvent mettre en
des oléoducs et gazoducs, des voies ferrées et des pratique cette option sans un concours et des res-
lignes à haute tension. sources externes.

4. Financement du secteur de l’énergie La BAD estime à 547 milliards d’USD la totalité des
en Afrique moyens nécessaires à la réalisation du scénario de
l’accès universel à une énergie électrique fiable et
4.1. La mobilisation du financement est essentielle de plus en plus propre dans l’ensemble des 53
au développement du secteur de l’énergie en PMR d’ici à 2030, ce qui implique des besoins d’in-
Afrique : Il existe un écart important entre les be- vestissement annuel moyen de l’ordre de 23,8 mil-
soins d’investissement et les dépenses réelles dans liards d’USD . Les sources privées joueront, certes,
le secteur de l’énergie, notamment en Afrique sub- un rôle de plus en plus important dans le finance-
saharienne. La résolution de le problème d’accès ment d’investissements à haut rendement dans des
aux services énergétiques modernes et celui des délais relativement courts, mais une grande part des
déficits chroniques d’électricité en Afrique nécessi- investissements à long terme dans le secteur devra
tera de combler ce déficit par des investissements être financée par des ressources publiques.
43

Au cours des 5 dernières années, la contribution du Banque a acquis une expérience et une expertise

Groupe de la Banque africaine de développement


Groupe de la Banque au financement du secteur de considérables dans le domaine du développement des
l’énergie a augmenté, atteignant un pic de 2.2 milliards infrastructures en Afrique. Entre 1967 et 2010, la
UC en 2009 ; Ce montant représente 15 % des besoins Banque a favorisé le secteur des infrastructures en y
d’investissement annuel dans le secteur, pour le scéna- consacrant l’essentiel de ses engagements cumulés

politique du secteur de l’énerGie


rio de l’accès universel d’ici à 2030. Ceci montre claire- (42,64 %), notamment pour des opérations dans les
ment que la capacité d’engagement annuel du Groupe secteurs de l’énergie, des transports, de l’eau potable
de la Banque est insuffisante pour répondre aux be- et de l’assainissement ainsi que des communications.
soins d’investissement dans le secteur. La Banque Un peu plus du tiers des engagements totaux dans les
devra donc continuer à mieux canaliser sa capacité de infrastructures, i.e. 34,05 % a été alloué au secteur de
financement à la fois par un financement direct et par l’énergie, en particulier pour le financement de sys-
la mobilisation de financements supplémentaires pour tèmes d’approvisionnement en électricité. Par ailleurs,
aider les PMR à satisfaire leurs besoins d’investisse- un rôle de chef de file a été confié à la BAD pour la mise
ment dans le secteur de l’énergie. en œuvre du Programme des infrastructures du
NEPAD, ce qui a donné un nouvel élan au secteur. Les
4.2. Il y’a des obstacles à l’investissement privé dans activités de développement des infrastructures, ont
le secteur de l’énergie en Afrique : Le secteur privé peut alors été considérablement intensifiées, en particulier
jouer un rôle important dans la lutte contre la crise éner- dans le domaine des infrastructures régionales. Ces
gétique en Afrique. La participation des compagnies pri- responsabilités et cette riche expérience mettent la
vées dans le secteur de l’énergie en Afrique sera BAD dans une situation confortable pour la mise en
cruciale pour combler le déficit de financement des pro- œuvre efficace de cette politique du secteur de l’éner-
jets, créer un environnement plus concurrentiel et aider gie.
à réduire les coûts d’exploitation, ce qui est essentiel
pour la viabilité financière des systèmes d’approvision- 5.2. La Politique du secteur de l’énergie de 1994 :
nement en énergie. En plus de contribuer au finance- La Politique du secteur de l’énergie de 1994 a permis
ment des projets, le secteur privé peut apporter son à la Banque de jouer un rôle essentiel dans le secteur
expertise technologique et de gestion nécessaire à l’ef- de l’énergie en Afrique, notamment en appuyant les ré-
ficacité et à la viabilité des projets. Cependant, beau- formes du secteur de l’énergie au plan national. Mais
coup de facteurs et de risques rendent les conditions un grand nombre des problèmes évoqués dans la Po-
d’investissement défavorables et freinent l’investisse- litique de 1994 demeurent, en particulier : la sécurité
ment dans le secteur de l’énergie. Il s’agit, entre autres de l’approvisionnement et l’accès à l’énergie, l’insuffi-
: i) des facteurs et des risques financiers tels que le coût sance des investissements dans le domaine de l’éner-
élevé des projets dans le secteur, l’accès limité au fi- gie, la lenteur des progrès au niveau de l’énergie
nancement et le niveau inadéquat de recouvrement des renouvelable et de l’efficacité énergétique, les lenteurs
coûts ; ii) de la faiblesse des systèmes de régulation ; du processus d’intégration régionale, l’insuffisance de
iii) des faibles capacités des institutions ; et iv) de l’in- l’accès à l’énergie pour le développement rural et l’agri-
stabilité politique (conflits). Pour résoudre les problèmes culture, le manque de capacités de mise en œuvre des
énergétiques de l’Afrique, les pays doivent prendre des réformes, et l’insuffisance des capacités pour gérer les
mesures pour mettre en place un environnement stable impacts environnementaux. En outre, les défis et les
propice aux investissements et ce, à travers des ré- opportunités présentés par le changement climatique,
formes et des incitations de nature à attirer le secteur le NEPAD et l’intégration régionale ainsi que l’accent
privé. mis par la Banque sur le développement des infrastruc-
tures n’étaient pas correctement pris en compte par la
5. L’expérience de la BAD dans le secteur de politique de 1994 ; cela constitue une insuffisance que
l’énergie cette nouvelle Politique de l’énergie entend corriger.

5.1. Une longue expérience dans le secteur des in- 5.3. Les opérations de la BAD dans le secteur de
frastructures et de l’énergie : Depuis sa création, la l’énergie (1995-2010) : Entre 1995 et 2010, deux
44

phases majeures peuvent être identifiées dans les ac- sous-secteurs de l’énergie. Par ailleurs, le financement
Groupe de la Banque africaine de développement

tivités du Groupe de la BAD en matière d’énergie. Pen- des opérations de soutien aux réformes et d’appui ins-
dant la période allant de 1995 à 2002, la Banque s’est titutionnel au secteur de l’énergie a été plutôt insigni-
appuyée sur le secteur privé pour accroître les inves- fiant. D’une manière générale, la Banque a réussi à
tissements et étendre l’accès à l’énergie. Ainsi, les in- s’adapter et à développer rapidement son portefeuille
politique du secteur de l’énerGie

terventions de la BAD dans le secteur étaient limitées, dans le domaine de l’énergie afin de relever les nou-
laissant un déficit de financement important que le veaux défis au niveau local et global. Toutefois, malgré
secteur privé n’a pas pu combler. Au milieu des an- ses efforts pour accroître les interventions dans le do-
nées 2000, la BAD a commencé à intensifier ses acti- maine de l’énergie propre, beaucoup reste à faire pour
vités dans le secteur de l’énergie. Cela a coïncidé avec développer effectivement ce secteur. Cette nouvelle
un intérêt croissant pour les options énergétiques du- politique entend également prendre en compte ces
rables du fait du changement climatique, ce qui a questions en s’inspirant des expériences et des initia-
conduit la Banque à initier le Programme de finance- tives passées de la Banque.
ment des services énergétiques à l’intention des petits
utilisateurs (FINESSE) afin d’aider les PMR à produire 5.4. La Politique de la BAD en matière de protection
un ensemble de projets d’investissement dans le do- sociale et environnementale : Malgré les efforts de la
maine des énergies renouvelables et de l’efficacité Banque en matière de prévention et d’atténuation des
énergétique. impacts environnementaux et sociaux négatifs de ses
activités, certains de ses projets dans le secteur de
Ceci a abouti au rôle de leader assumé par la BAD l’énergie ont fait l’objet, au cours de la dernière décen-
dans le développement du Cadre d’investissement nie, de requêtes récurrentes du Mécanisme indépen-
dans l’énergie propre pour l’Afrique (CEIF) et la Straté- dant d’inspection suite à des plaintes émanant d’ONG
gie de gestion du risque climatique et d’adaptation ou d’organismes communautaires sur les impacts en-
(CRMA), respectivement en 2008 et 2009. Ces deux vironnementaux et sociaux potentiels de ses opéra-
initiatives constituent la réponse de la BAD à l’appel tions. Cela a conduit à un ralentissement du processus
lancé par les États du G8 lors du Sommet de Glenea- de traitement des propositions de projets et, dans cer-
gles en juillet 2005 et réitéré lors du Sommet de 2006. tains cas, à leur annulation. Afin d’améliorer la perfor-
Le CEIF met en lumière des approches permettant de mance de ses opérations, la Banque a entrepris de
garantir l’accès à l’énergie pour tous, de développer mettre à jour sa politique de sauvegarde environne-
l’énergie propre ainsi que les ressources requises et le mentale et sociale. Les opérations futures du secteur
rôle que la Banque devra jouer. Afin de réduire la vul- de l’énergie du Groupe de la Banque se conformeront
nérabilité des PMR à la variabilité climatique et pro- avec la politique quand elle sera approuvée.
mouvoir la résistance (ou l’adaptation) aux effets du
changement climatique dans les investissements pas- Mécanisme Indépendant d’Inspection (MII) - Par ail-
sés et futures de la Banque, les rendant plus efficaces, leurs, la BAD a créé le MII pour permettre aux per-
le CRMA met en avant trois domaines d’interventions sonnes qui ont subi un préjudice résultant d’un projet
qui sont : (i) les investissements en énergie propre ; (ii) financé par la Banque, de porter plainte s’ils estiment
les réformes politiques, légales et règlementaires ; et que du fait du non-respect des politiques et des pro-
(iii) la génération des connaissances et le renforcement cédures de la Banque, leurs droits ou intérêts ont été
des capacités. ou sont susceptibles d’être affectés de manière directe
et significative. Le MII traite la plainte à travers la réso-
Les approbations dans le secteur de l’énergie de 2002 lution de problèmes (médiation) et / ou la vérification
à 2010 ont été nettement dominées par le sous-sec- de la conformité. Plus d’information ainsi que les
teur de l’électricité, essentiellement des centrales élec- conditions de soumission des plaintes peuvent être
triques, mais avec des investissements notables dans consultées sur le site www.afdb.org/irm.
la transmission et la distribution, y compris des pro-
grammes d’électrification de localités rurales. Toute- 5.5. La BAD et l’intégration régionale : L’intérêt de
fois, peu d’attention a été accordée aux autres l’approche régionale du développement a été re-
45

connu par la BAD, comme en témoignent sa prise en tion, de supervision et, en général, de la faible capa-

Groupe de la Banque africaine de développement


compte dans la SMT 2008-2012 et le soutien crois- cité de gestion des institutions régionales. Les OR re-
sant apporté aux opérations régionales (OR) au cours quièrent également une harmonisation des
des dernières décennies, notamment par le biais d’un dispositions juridiques et institutionnelles entre les
nombre de plus en plus important de projets énergé- pays participants. Une revue récente des OR de la

politique du secteur de l’énerGie


tiques multinationaux. L’engagement de la Banque à Banque a abouti aux conclusions et recommanda-
soutenir l’intégration régionale est également mis en tions suivantes . La Banque doit : i) adapter ses ap-
exergue à travers la formulation récente de docu- proches aux besoins des OR puisque l’absence de
ments de stratégie pour l’intégration régionale (DSIR), pratiques adaptées semble être un frein majeur à une
visant à fournir des cadres cohérents pour la rationa- approche régionale efficace ; ii) repenser ses modali-
lisation des OR. Les DSIR constituent l’instrument de tés de financement, notamment dans le cadre du
mise en œuvre de la vision de la Banque en matière partage des coûts entre pays bénéficiaires. Alors que
de renforcement de l’intégration régionale. Les ré- les PMR peuvent être réticents à se lancer dans des
cents DSIR ont accordé la priorité au développement opérations multinationales et préfèrent les opérations
des infrastructures énergétiques comme pilier essen- nationales sur lesquelles ils exercent un meilleur
tiel de l’intégration régionale, où la Banque devra contrôle, la coopération régionale semble être la seule
jouer un rôle de catalyseur dans le financement des approche viable permettant d’assurer la sécurité
OR et la mobilisation des ressources supplémentaires énergétique durable sur le continent. Cela s’explique
à travers le co-financement et les investissements du par la répartition inégale des sources d’énergie et la
secteur privé. Cependant, comme d’autres opéra- petite taille de la plupart des marchés de l’énergie, en
tions multinationales de la Banque, les OR du secteur Afrique. Dans ce contexte, la politique du secteur de
de l’énergie connaissent plus de difficultés que les l’énergie s’appuiera sur les enseignements tirés et les
opérations financées dans un seul pays, notamment expériences passées afin de proposer un cadre des-
des retards d’exécution et la lenteur des décaisse- tiné à soutenir les efforts de la BAD en matière de dé-
ments. Ces problèmes découlent de la complexité de veloppement des opérations et des marchés
ces opérations en termes de structure, de coordina- régionaux de l’énergie.
Annexe 3 Différences entre la politique
de l’énergie de 1994 et la politique actuelle
47

Annexe 3 Différences entre la politique de l’énergie de 1994

Groupe de la Banque africaine de développement


et la politique actuelle

politique du secteur de l’énerGie


Les principales questions traitées par la poli- solaire et éolienne) ; ii) l‘appui institutionnel ; iii) l’offre
tique énergétique de 1994 et la demande d’énergie ; iv) le rééquilibrage financier
et le recouvrement des coûts ; v) la formation ; vi) l’en-
L‘objectif de la Politique du secteur de l’énergie de vironnement ; vii) les femmes et le développement ;
1994 était de contribuer au renforcement des capa- viii) Le traitement de l’information.
cités des PMR de la Banque afin d‘atteindre une cou-
verture optimale des besoins énergétiques de Les lacunes traitées par la Politique actuelle du
l‘ensemble de leurs secteurs économiques, des acti- secteur de l‘énergie
vités sociales et des ménages, en assurant une ges-
tion efficace et écologiquement viable des ressources Un grand nombre de problèmes évoqués dans la
énergétiques. Une évaluation de cette politique révèle Politique de 1994 demeurent, en particulier : la sé-
l’importance primordiale des questions suivantes : curité de l’approvisionnement et l’accès à l’énergie ;
l’insuffisance des investissements dans le domaine
• le manque de capitaux pour l‘investissement ; de l’énergie ; la lenteur des progrès en ce qui
• la forte dépendance vis-à-vis des produits pé- concerne l’énergie renouvelable et l’efficacité éner-
troliers importés ; gétique ; les lenteurs du processus d’intégration ré-
• l‘exposition aux risques de fluctuation des prix gionale ; l’insuffisance de l’accès à l’énergie pour le
mondiaux du pétrole et des taux de change ; développement rural et l’agriculture ; le manque de
• le manque de ressources humaines spécialisées capacités de mise en œuvre des réformes ; et l’in-
dans le secteur de l’énergie ; suffisance des capacités pour gérer les impacts en-
• la faible maintenance des installations de pro- vironnementaux.
duction d’énergie, de stockage (pétrole et gaz),
de transformation, de transport/transmission et Si, à l’époque de sa formulation, la Politique de 1994
de distribution ; avait pris en compte les préoccupations clés dans le
• les modes de production et de consommation secteur de l’énergie, des évolutions majeures ont eu
qui ne favorisent pas le développement d’un lieu dans le secteur et appellent à une révision de
secteur énergétique viable au plan environne- cette politique. Au nombre de ces évolutions figurent
mental et économique ; : i) les réformes du secteur de l’énergie au niveau des
• la coopération régionale limitée dans le secteur pays l’évolution des cadres de développement éco-
de l‘énergie ; nomique, passés des programmes d‘ajustement
• les obstacles à la tarification efficace des ser- structurel (PAS) aux stratégies de réduction de la pau-
vices énergétiques ; vreté puis aux OMD, ce qui a contribué à attirer l‘at-
• la gestion inadéquate de la demande d’énergie ; tention sur l‘importance d‘élargir l‘accès aux services,
• l‘insuffisance des données et de l’information sur y compris l‘énergie, comme moyen d‘améliorer le
le secteur énergétique. bien-être des pauvres ; ii) les initiatives régionales et
continentales dans le secteur de l‘énergie ; iii) la crise
En outre, le document de politique énonce les pétrolière en cours ; iv) l’importance croissante des
grandes orientations pour les domaines suivants : i) préoccupations liées au changement climatique et
les sous-secteurs de l‘énergie (pétrole et gaz, char- autres questions environnementales. Par conséquent,
bon, électricité, bois de chauffe et biomasse, énergie la politique énergétique actuelle s’adapte à ce nou-
48

veau contexte et tient compte des nouveaux défis qui changement climatique et à leur atténuation, et
Groupe de la Banque africaine de développement

n‘avaient pas reçu toute leur place dans la Politique nécessité de s’orienter vers un secteur énergé-
de 1994 : tique sobre en carbone ;
• nécessité de renforcer la coopération régionale
• nécessité d‘élargir l‘accès pour les pauvres, et pour accroître la sécurité énergétique ;
politique du secteur de l’énerGie

absence de mécanismes financiers pouvant fa- • nécessité d‘une approche intégrée (coordina-
ciliter un tel accès ; tion) qui prenne en compte à la fois les initiatives
• questions relatives à l’adaptation aux effets du décentralisées et celles basées sur le réseau.
Annexe 4 Approches en matière d’énergie dans
les BMD : cas du charbon, de l’énergie hydro-
électrique et des biocarburants
50
Groupe de la Banque africaine de développement
politique du secteur de l’énerGie

BERD - Politique relative aux La stratégie de la Banque


BID – Politique de l’énergie
Sources d’énergie,5 BAsD - 2009 opérations dans le secteur de mondiale en matière d’éner-
(site web de la BID)
l’énergie, 2006 gie, 2011

La BERD reste disposée à étudier


La BAsD ne financera pas la mise
la possibilité de financer des pro-
en valeur de mines de charbon,
jets de production d’énergie à
pas si la production est destinée à
base de charbon qui peuvent dé-
Charbon une utilisation captive par des cen-
montrer leur compétitivité et qui
trales thermiques.
La BID soutient les activités de sont en accord avec la Politique
production de charbon et a éla- environnementale de la BERD. À
La BAsD appuiera de façon sélec-
boré des directives concernant les moyen et à long terme, le dévelop-
tive des projets d’énergie à base
centrales électriques alimentées au pement d’une infrastructure de
de charbon si des technologies
charbon. soutien aux exportations de char-
plus propres sont adoptées et des
bon provenant de la Région, en
moyens et des mesures d’atténua-
particulier vers l’Orient, principale-
tion adéquates sont intégrés dans
ment la Chine, pourrait être sou-
la conception du projet.
tenu dans le cadre de processus
plus large.

La stratégie de la Banque mon-


La Banque veillera à ce que des La Banque envisagera le finance-
La BAsD appuiera de façon sélec- diale en matière d’énergie est tou-
mesures soient prises afin d’ac- ment de projets en matière d’éner-
tive de grandes centrales hydro- jours en cours d’élaboration. Par
croître le potentiel de ressources gie hydroélectrique et de
électriques nécessitant des conséquent, aucune décision dé-
Hydroélectricité hydroélectriques de la région sur réhabilitation de projets hydroélec-
réservoirs de stockage saison- finitive n’a encore été arrêtée
des bases durables tant au plan triques, en conformité avec les exi-
niers, offrant ainsi des avantages concernant le charbon, l’hydro-
de l’énergie hydroélectrique et des biocarburants

environnemental qu’au plan éco- gences de la Politique


multiples au plan national ou régio- électricité et les biocarburants.
nomique. environnementale de la BERD.
nal.

Compte tenu de l’intérêt manifesté


pour les biocarburants à l’échelle
mondiale, la BAsD soutient des
études plus approfondies visant à
évaluer les coûts et les avantages
La BID appuie des projets de re-
du développement durable des
cherche et des projets pilotes afin
biocarburants, en particulier en ce
Biocarburants de tester la viabilité des meilleures
qui concerne la sécurité alimen-
options en matière d’énergie re-
taire, la balance énergétique nette
nouvelable, notamment l’éthanol.
des cultures et les incidences sur
Annexe 4 Approches en matière d’énergie dans les BMD : cas du charbon,

l’environnement. Là où les avan-


tages indiquent qu’il est approprié
d’intervenir, la BAsD soutiendra
leur développement.
www.afdb.org
© AfDB 2012 - DESIGN ERCU/YAL/JKT

Vous aimerez peut-être aussi