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LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE EN

AFRIQUE, A L'AUNE DE LA NOUVELLE


STRATEGIE AFRICAINE DU MAROC

Juillet 2018
Coordinateur du rapport

M. Tayeb AMEGROUD
Consultant et expert en planification énergétique

Groupe de recherche

M. Taoufik LAABI
Ancien Directeur à l’ONEE en charge du développement et de la planification

M. Khalid GHOZLANI
Directeur Général d’EnerGConsulting, Société de conseil dans le domaine pétrolier

Propriété de l’IRES, ce rapport, par les opinions qui y sont exprimées, engage la
responsabilité de son auteur et en aucun cas celle de l’IRES.

2
Table des matières

INTRODUCTION 7
1. Contexte socio-économique de l'Afrique 9
1.1 Le contexte social 10
1.1.1 Dynamique démographique, une opportunité et des défis 10

1.1.2 L’urbanisation en Afrique, un rythme rapide et des défis majeurs 11


1.2 Le contexte économique 12
1.2.1 Disparités et écarts de croissance entre régions 14

1.2.2 Des économies orientées vers les exportations des matières premières 16
1.3 Echanges commerciaux : faibles échanges intra-africains 18
2. Contexte énergétique de l'Afrique 20
2.1 Les chiffres clés du secteur, les défis et les opportunités 21
2.1.1 Demande en énergie : un continent à la traîne 21
2.1.1 Le mix énergétique : une offre peu diversifiée 23
2.1.2 L’accès à l’électricité 27
2.1.3 Les interconnexions 27
2.2 Les ressources énergétiques : un continent bien doté 28
2.2.1 Les hydrocarbures : énormes richesses et un continent sous exploré 29
2.2.2 Ressources renouvelables 32
2.3 Institutions et réformes dans le secteur de l’énergie 34
2.4 Efficacité énergétique 37
2.5 Coopération régionale : peut mieux faire 39
2.5.1 Structures énergétiques régionales 40
2.5.2 Analyse des défis et opportunités 43
2.6 Zones de conflits 45
3. Enjeux énergétiques : zoom sur la CEDEAO 48
3.1 Etude de cas n°1 : exploration des hydrocarbures dans le bassin sédimentaire
offshore Mauritanie-Guinée et dans les pays de la CEDEAO 49
3.2 Etude de cas n°2 : exploration des hydrocarbures dans certaines régions d’intérêt
ne faisant pas partie de la CEDEAO 56
3.3 Etude de cas n°3 : transition énergétique des pays de la CEDEAO 58
3.4 Etude de cas n° 4 : Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (West African Gas Pipeline) 60
3.4.1 Objectifs du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest 60
3.4.2 Chronologie du projet 61

3.4.3 Les entités impliquées dans la réalisation et la chaîne de valeur du projet 62


3.4.4 Coût du projet et schéma de financement 65
3.4.5 Les spécifications techniques du projet 66

3
3.4.6 Les problèmes et les défis rencontrés lors de la construction et de l’exploitation 68
4. L'intégration du Maroc à la CEDEAO : une opportunité pour accélérer sa transition
énergétique 70
4.1 Contexte énergétique du Maroc 71
4.1.1 Electrification rurale 71
4.1.2 Interconnexions électriques 73
4.1.3 Un réseau de transport et de distribution étendu et solide 73

4.1.4 Transition énergétique du Maroc 74


4.2 Potentiel de collaboration avec la CEDEAO dans le domaine de l’énergie 76
4.2.1 Création d’un marché énergétique régional 76

4.2.2 Développement des énergies renouvelables et intégration industrielle 77


4.2.3 Renforcement de partenariats énergétiques avec les pays de la CEDEAO dans le
domaine de l’électrification 78
4.3 Implications sur la stratégie énergétique du Maroc 81
4.3.1 Mix énergétique 83
4.3.2 Régulation 83

4.3.3 Renforcement des infrastructures 84


CONCLUSION GENERALE 86
BIBLIOGRAPHIE 87
NOTES DE REFERENCES 88

4
Table des Figures
Figure n° 1: Evolution de la démographie en Afrique et ses sous-régions vs l'Asie 10
Figure n° 2: Population de l'Afrique en 2010 et 2050 par groupe de 5 ans (par milliers) 11
Figure n° 3: Evolution de la population en Afrique, 1950 – 2050 12
Figure n° 4: Evolution du prix des matières premières et du PIB réel en Afrique (%) 13
Figure n° 5: Croissance du PIB réel en Afrique 2009 – 2017 14
Figure n° 6: Croissance du PIB réel dans une sélection de sous-régions en Afrique 2009 -201715
Figure n° 7: La dépendance des revenus des exportations par rapport aux matières premières
dans les pays en développement, 2014-2015 17
Figure n° 8: Source d'investissements dans des projets nouveaux en Afrique par volume (2015-
2016) 18
Figure n° 9: Total des échanges commerciaux de l'Afrique avec certains partenaires et
commerce intra-africain, 2000 - 2014 (milliards US) 19
Figure n° 10: Consommation d’énergie par habitant dans le monde (Tep/hab) 22
Figure n° 11: Consommation en énergie primaire de l'Afrique subsaharienne par sous-région,
2012 24
Figure n° 12: Population dépendante de la biomasse solide pour la cuisson en Afrique par pays,
2015 25
Figure n° 13: Mix de la demande en énergie primaire en Afrique, 2014 25
Figure n° 14: Mix de production de l’électricité en Afrique par type de combustible/technologie
(2014) 26
Figure n° 15: Population sans accès à l'électricité en Afrique par pays, 2016 27
Figure n° 16: Réserves et productions de Pétrole des principaux pays africains 28
Figure n° 17: Comparison of production and consumption of major fossil fuels in Africa, China,
and India (2014) 31
Figure n° 18: Potentiel hydroélectrique et capacité installée en Afrique (2012). 32
Figure n° 19: Structure de propriété de la production des hydrocarbures et des capacités de
production d'électricité en Afrique subsaharienne 34
Figure n° 20: Groupements énergétiques en Afrique 41
Figure n° 21: Le stress hydrique dans les pays d'Afrique subsaharienne 45
Figure n° 22: Part de la production mondiale de riz, de blé, de céréales et de sucre, par région
46
Figure n° 23: Carte du Bassin Mauritanie-Guinée 48
Figure n° 24: Découverte à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal 49
Figure n° 25: Carte des concessions au Sénégal 51
Figure n° 26: Carte des concessions en côte d’Ivoire 52
Figure n° 27: Cartes des concessions au Ghana 52
Figure n° 28: Besoins en gaz naturel et évolution de la production domestique au Ghana 53
Figure n° 29: Pourcentage d’utilisation de la capacité de raffinage totale 54
Figure n° 30: Carte des pipelines en Afrique de l'ouest 55
Figure n° 31: Objectifs de la stratégie renouvelables de la CEDEAO 58
Figure n° 32: Objectifs de la stratégie d’électrification de la CEDEAO (population en millions) 58
Figure n° 33: Tracé du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest 59
Figure n° 34: Illustration des acteurs clefs dans la réalisation du projet 62
Figure n° 35: Illustration de la chaine de valeur du projet 63
Figure n° 36: Illustration des diamètres des différentes sections 64

5
Figure n° 37: Projection dans le temps des différentes capacités du Gazoduc 55
Figure n° 38: Capacité réservée et effectivement utilisée 66
Figure n° 39: Evolution de la puissance ENR (éolienne et solaire) 2010-2030 73
Figure n° 40: Illustration du tracé du Gazoduc Nigéria – Maroc – Europe 82
Figure n° 41 : Origine des importations du Maroc en hydrocarbures liquides (2016) 86

6
INTRODUCTION
Depuis le début de ce siècle, l’Afrique a connu une période de croissance
soutenue. Ce regain de dynamisme économique serait le fruit des réformes
entreprises dans un nombre de pays du continent et surtout de l’effet
d'entraînement lié au développement du commerce mondial et de l’émergence de
nouvelles puissances économiques en Asie et en Amérique latine. Cette nouvelle ère
succédait aux années 80 et 90, des décennies perdues pour le développement du
continent, qui étaient caractérisées par la faillite économique et politique de
plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne.

Malgré ces résultats positifs, qui s’accompagnent avec un regain d’intérêt pour
l’Afrique1, le continent reste confronté à plusieurs défis majeurs avec un impact
déterminant sur son projet de développement économique et social. En plus de
l’impératif que constituent le développement et renforcement d’un capital humain
productif pour tirer profit de son boom démographique, le continent se doit aussi de
mettre la promotion de la bonne gouvernance au cœur des réformes
institutionnelles.

Parmi les défis liés à l’environnement physique, l’accès aux services


infrastructurels est le plus urgent. La faiblesse des infrastructures matérielles est un
obstacle au développement des échanges commerciaux et à une exploitation
optimale des ressources naturelles du continent. Le développement de ces
infrastructures est d’autant plus important que la dynamique démographique
entraîne une pression accrue sur les infrastructures existantes et accélère
l’urbanisation.

En outre, l’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables au phénomène du
réchauffement de la planète et de ses conséquences. Plusieurs pays du continent
subissent déjà diverses manifestations liées au changement climatique, notamment
des sécheresses répétées, qui viennent s’ajouter aux faibles capacités d’adaptation, et
produisent des effets négatifs sur le développement socioéconomique et le bien-être
des populations.

Enfin, l’autre menace qui pèse sur un développement durable de l’Afrique serait
l’empreinte écologique et la surexploitation des ressources naturelles renouvelables
et non renouvelables du continent. La déforestation rapide et la dégradation de
l’environnement constituent un phénomène réel dans plusieurs régions du continent.
Les ressources en eau subissent aussi des pressions croissantes qui sont amplifiées
par le phénomène du changement climatique.

Les réponses à un bon nombre de ces défis seront hors de la portée des pays
pris individuellement et doivent être apportées au niveau sous régional ou

7
continental. Il faudra des formes d’intégration et de collaboration plus poussées que
la libéralisation du commerce pour concevoir des solutions collectives.
Le projet d’adhésion du Maroc à la CEDEAO, au lendemain de son retour à
l’Union africaine, s’inscrit directement dans cette vision d’avenir commun et
constituerait une opportunité favorable pour les pays de la région sur le plan
économique. Bien qu’étant déjà le premier investisseur en zone CEDEAO, cette
éventuelle adhésion offrirait au Maroc un accès avantageux à un marché de 320
millions de consommateurs pour un produit intérieur brut de 700 milliards de dollars.

En effet, à l’issue des 23 visites de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI dans 11


pays de la région, le Maroc est en train de concrétiser sa volonté de créer un
pôle nord-ouest africain avec la signature de plusieurs centaines d’accords et la
conclusion, en décembre 2016, de l’accord d’extension du gazoduc Maroc-Nigeria à
travers les pays de la région.

Alors que le décollage économique de l’Afrique semble bel et bien se


confirmer, il s’avère nécessaire plus que jamais de le conforter et de le pérenniser en
l’adossant à des infrastructures fiables et suffisantes. Or, cette opération passe
inéluctablement par la réalisation en priorité des grandes infrastructures
énergétiques.

Pour atteindre cet objectif, le retour du Maroc à l’Union africaine et son


éventuelle adhésion à la CEDEAO constituent une opportunité pour la région
d’établir une plateforme de coopération dans différents domaines énergétiques pour
lesquels le Maroc dispose d’une expérience longue et avérée.

Le Maroc, qui a fait le choix depuis 2009 d’engager une transition énergétique
et de bâtir, autour des projets d’énergies renouvelables, des pôles d’attraction des
investisseurs et ce par le biais notamment de l’encouragement de l’intégration
industrielle et du transfert du savoir-faire, peut jouer le rôle de catalyseur pour la
promotion d’une politique énergétique commune pour la sous-région. Cette
politique aurait notamment pour objectifs une valorisation bénéfique des ressources
énergétiques du continent, associée à la mise en œuvre d’une transition énergétique
propre à même d’améliorer l’accès aux formes modernes de l’énergie pour les
populations. Les interconnexions électriques et gazières réalisées par le Maroc depuis
les années 90 constituent certains des piliers importants d’une telle stratégie.

L’objet de cette étude est double : d’une part, mettre entre les main du lecteur
des informations pour enrichir la discussion sur les opportunités qu’offre le secteur
énergétique pour renforcer les liens entre les pays de l’Afrique en général et entre le
Maroc et les pays de l’Afrique de l’Ouest en particulier, d’autre part, proposer des
pistes de réflexion et identifier les conditions d’émergence d’une coopération

8
approfondie entre le Maroc et les pays de la CEDEAO dans le secteur énergétique,
mais aussi les articulations avec la transition énergétique de notre pays.

Le premier chapitre offre un rappel succinct du contexte socio-économique de


l’Afrique. Cette revue couvre notamment les enjeux démographiques, économiques
et ceux relatifs aux échanges commerciaux et à l’intégration régionale.

Le second chapitre est dédié à une discussion du contexte énergétique du


continent. Le potentiel en ressources énergétique de l’Afrique et la situation de
l’accès à l’électricité sont notamment examinés. Ce chapitre inclut aussi une
présentation des groupements énergétiques régionaux ainsi qu’une discussion sur
les défis majeurs que connaît le secteur énergétique en Afrique.

Les deux derniers chapitres consacrés à la discussion de la transition


énergétique du Maroc et les défis énergétiques de l’Afrique à l’aune du retour du
Royaume à l’Union africaine et sa demande d’adhésion à la CEDEAO, offrent
quelques pistes de réflexion sur les opportunités de collaboration entre le Maroc et
les pays membres de la CEDEAO à la lumière de l’examen de quelques cas précis qui
illustrent les enjeux énergétiques dans cette région.

1. Contexte socio-économique de l'Afrique

"L’Afrique dispose d’atouts importants relatifs à la richesse de son sous-sol, à


ses capacités agricoles et forestières et à ses potentiels énergétique et humain2".
Ces ressources offrent au continent africain, notamment sa partie subsaharienne,
l’opportunité d’opérer une transformation économique bénéfique pour les peuples
et de jouer un rôle majeur dans l’économie de la planète.

Ce chapitre offre une revue très succincte du contexte socio-économique en


Afrique. La première section est dédiée à la présentation de données sur l’évolution
démographique du continent. Le reste du chapitre consiste en un rappel de la
situation économique de l’Afrique et de ses sous-régions ainsi qu’une analyse
préliminaire des différents échanges commerciaux dans le continent.

Cette revue a beaucoup puisé dans les publications annuelles produites par les
institutions financières et organismes régionaux et internationaux et n’a pas pour
prétention d’apporter des éléments nouveaux ou de proposer des recommandations.

9
1.1 Le contexte social

1.1.1 Dynamique démographique, une opportunité et des défis

Figure n° 1 : Evolution de la démographie en Afrique et ses sous-régions vs l'Asie

Source : Base de données de la Banque africaine de développement

A 2,6% de croissance annuelle durant la période 1975-2015, le continent


africain a la croissance démographique la plus rapide de tous les continents. La
population totale du continent a dépassé le milliard d’habitants en 2008 en gagnant
plus de 370 millions entre 2000 et 2015, ce qui porte le total à pratiquement 1,2
milliard3.

Selon les prévisions de l’Organisation des Nations Unies, dans un scénario


intermédiaire, la population du continent devrait atteindre 1,7 milliard en 2030 et
pratiquement 2,5 milliards en 20504. La part de l’Afrique dans la population mondiale
passerait donc de 16%, actuellement, à plus de 25% en 2050.

Cette dynamique démographique est illustrée par une pyramide des âges qui
montre le caractère très jeune de la population (avec 40% de moins de 15 ans) du
continent. Une jeunesse qui, en rejoignant les rangs de la population en âge de
travailler, apportera éventuellement un soutien crucial pour doper la croissance de
l’économie.

10
Figure n° 2 : Population de l'Afrique en 2010 et 2050 par groupe de 5 ans (par milliers)

Source : BAD5

Les grandes tendances de la démographie en Afrique masquent les grandes


disparités entre les régions, qui ont vu les pays de l’Afrique du Nord amorcer leurs
transitions démographiques dans les années 1980. La croissance annuelle de la
population, inférieure à 2% au nord, est de 2,75% dans l’Afrique sub-saharienne.

Bien que le rythme de la migration rurale-urbaine, qui accompagne la mutation


démographique que connaît le continent, devrait continuer dans les années à venir,
l’Afrique est le seul continent où la population rurale, encore majoritaire aujourd’hui,
continuera à progresser en nombre jusqu’en 2050. Quant à la population urbaine, les
projections des Nations Unies indiquent qu’elle se situerait à 62% de la population
totale en 2050.

Cette dynamique démographique pose d’innombrables défis à l’Afrique et n’est


pas sans conséquences sur son avenir socio-économique et politique. Si cette hausse
démographique entraîne mécaniquement une hausse absolue et relative de la
main-d’œuvre potentielle et par conséquence de la productivité, il n’en demeure pas
moins que plusieurs préalables sont nécessaires pour transformer ce potentiel en un
vrai moteur de croissance. Les pays du continent se doivent de bien négocier les
défis de l’éducation, de la santé, de la sécurité alimentaire et de la préservation de
l’environnement pour tirer le maximum de dividendes d’une transition
démographique réussie.

1.1.2 L’urbanisation en Afrique, un rythme rapide et des défis majeurs

Le continent africain s’urbanise à un rythme parmi les plus rapides de l’histoire.


La part de la population urbaine est passée de 14 % en 1950 à 40 % aujourd’hui.
Selon les projections des Nations Unies, 50% de la population résiderait dans les
villes en 2030, et ce chiffre atteindra 62% vers 2050.

11
Figure n° 3 : Evolution de la population en Afrique, 1950 – 2050

Source : BAD6
Cette urbanisation effrénée, qui est amplifiée par les énormes disparités en
termes de revenus et d’accès aux infrastructures et services publics de base, entre les
zones rurales et les villes africaines, pose un grand défi socio-économique et
écologique pour le continent. Une urbanisation non maitrisée pourrait
s’accompagner d’une dégradation de l’environnement et d’une pression accrue sur
les ressources naturelles (eau, énergie, alimentation et matériaux de construction), et
par conséquent entraver le développement du continent.

1.2 Le contexte économique

"Depuis 2000, la croissance africaine progresse à un rythme annuel moyen de


7
5 %" , une performance qui s’explique par quatre grands facteurs :

● Une amélioration du contexte politique : le nombre de conflits violents est en


recul par rapport à la période des années 80 et 90, et la transition démocratique a
gagné du terrain dans plusieurs pays (le Bénin, le Libéria, le Nigéria et plus
récemment l’Angola).

● Une amélioration de la situation macroéconomique : en parallèle aux réformes


entreprises pour créer un environnement favorable pour les investissements,
l’inflation et les déficits publics ont été contenus dans un grand nombre de pays.

● Une conjoncture internationale favorable : la montée de la Chine et l’expansion


du commerce international tout au long des années 2000, a profité aux pays
riches en ressources qui ont bénéficié de la hausse de la demande globale de
matières premières.

12
● Une hausse des investissements dans les infrastructures de base : plusieurs pays
du continent se sont embarqués dans des programmes d’investissements publics
pour améliorer l’accès aux infrastructures de base (énergie, télécoms, eau, routes
…). Ces investissements ont notamment profité d’un grand afflux des
investissements directs étrangers et d’un important appui financier des
programmes d’aide au développement supportés par les institutions financières
multilatérales et certains pays donateurs.

Les matières premières constituent les premières sources d’exportations du


continent. Leurs prix ont connu une croissance forte et prolongée, tant avant la crise
de 2008 que plusieurs années après. Cette forte croissance a pris fin en 2014.

A partir de 2015, la croissance économique du continent a subi de plein fouet


les conséquences de la baisse généralisée des prix des matières premières, tout
particulièrement ceux des hydrocarbures, et du ralentissement de la croissance
économique mondiale (Crise de la dette en Europe et fin du cycle de croissance
rapide de la Chine, entre autres).

Tous les pays africains ne sont pas impactés de la même manière par la
conjoncture internationale : les pays exportateurs de matières premières ont vu leurs
recettes publiques chuter, tandis que les pays importateurs de pétrole ont bénéficié
d’un allègement des pressions sur les comptes courants8.

Figure n° 4 : Evolution du prix des matières premières et du PIB réel en Afrique (%)

Source : Nations Unies9

13
L’Afrique a enregistré, en 2017, une croissance comparable à celle de
l’économie mondiale. Après une croissance insuffisante de 2,2 % en 2016, le PIB réel
moyen s’est redressé pour atteindre 3,6 % en 2017. Le taux enregistré en 2016 était
le plus bas de la décennie, et était inférieur au taux de croissance mondial (2,3 %) et à
celui de la plupart des autres régions en développement.

La reprise des prix du pétrole et du gaz a stimulé la croissance du PIB réel dans
les pays exportateurs d’hydrocarbures, notamment au Nigéria, au Gabon et en
Algérie. Dans les pays exportateurs de minerais, les prix élevés ou stables des
matières premières en 2017 ont soutenu la croissance économique.

Figure n° 5 : Croissance du PIB réel en Afrique, 2009 – 2017

Source : BAD10
Les fluctuations du produit intérieur brut du continent entre 2016 et 2017
soulignent le rôle important que jouent quelques grandes économies d’Afrique dans
la performance d’ensemble. A titre d’indication, le Nigéria, l’Afrique du Sud et
l’Egypte représentent 50% du PIB du continent, avec le Nigéria qui représente à lui
seul presque 20%.

1.2.1 Disparités et écarts de croissance entre régions

Selon les pays et les régions, la croissance économique n’est pas homogène.
La stabilité politique et sociale, la dépendance à l’égard des exportations, les
disparités socio-économiques ou encore les politiques macroéconomiques sont
autant de facteurs qui permettent d’expliquer les écarts entre les régions.

Bien que les pays de l’Afrique subsaharienne soient restés en retrait par rapport
à leurs voisins du Nord en termes de PIB depuis 1970, l'écart a culminé en 1985 et a
diminué depuis. En effet, l'Afrique du Nord a connu une forte croissance au cours des
années 1970 et 1980, période désignée souvent par les décennies perdues de
l'Afrique subsaharienne.

14
Cette période a été marquée par les crises de la dette, les programmes
d'ajustement structurel qui ont suivi et des périodes de sécheresses qui ont
particulièrement touché les pays du Sahel. Cependant, au cours des deux dernières
décennies, le taux de croissance du PIB des pays subsahariens a dépassé celui de
l'Afrique du Nord. Depuis 2000, la croissance du PIB s'est encore accélérée dans ces
pays, avec une moyenne de 5%.

En 2017, avec une croissance de 5,6%, l’Afrique de l’Est a de nouveau fait la


course en tête et a confirmé son rang de champion de croissance économique et
devrait poursuivre sur sa lancée en 2018/19. Plusieurs pays de la sous-région
jouissent du même rythme de croissance.

En effet, de nombreux pays, dont le Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, la


Tanzanie et l’Ouganda affichent une croissance égale ou supérieure à 5 %. Dans ces
pays, profitant de programmes d’investissements par les pouvoirs publics, la
croissance a souvent été tirée par les services et la construction. Si l’agriculture
continue à représenter plus de 50% du PIB pour la majorité des pays de la zone, un
développement rapide de l’industrie est enregistré, notamment en Ethiopie qui
bénéficie d’importants flux d’Investissement Direct à l'Etranger.

Figure n° 6 : Croissance du PIB réel dans une sélection de sous-régions en Afrique 2009 -2017

Source : BAD11

L’Afrique de l’Ouest soutenu par l’augmentation de la production pétrolière et


la croissance des rendements agricoles, a enregistré une croissance de 2,5% en 2017,
en nette amélioration par rapport à 2016. La croissance de la zone dépend fortement
de la performance de l’économie du Nigéria, première économie du continent qui
représente plus de 70% du PIB annuel de la région. Les autres pays de la région,
notamment le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo, continuent à afficher une
croissance solide et soutenue.

15
Le taux de croissance de l’Afrique du Nord s’est accéléré à 5,0% en 2017 contre
3,3% en 2016, sous l’effet de l'amélioration de la stabilité politique et économique
dans la sous-région, en particulier en Libye avec une forte augmentation de la
production pétrolière. D’autre part, une bonne année agricole au Maroc a permis au
pays d’atteindre un taux de 4,1%, en nette amélioration par rapport à 2016.

En plus des problèmes sécuritaires dont souffrent certains pays de la sous-


région, l’Afrique centrale a continué à pâtir de la diminution de la production des
filières extractives, notamment le pétrole, malgré le rétablissement des prix des
matières premières en 2017.

La production s’est sensiblement contractée en République du Congo (-4,0 %)


et en République de Guinée équatoriale (-7,3 %), au détriment de la croissance
globale de la région qui s’élevait à 0,9 % en 2017.

La croissance en Afrique australe a presque doublé, passant de 0,9 % en 2016 à


1,6 % en 2017. Ce redressement reflète notamment l’amélioration de la performance
de la production en Afrique du Sud, qui a doublé sa croissance pour atteindre 0,9 %.
Ce rebond a notamment profité aux pays voisins pour lesquels l’Afrique du Sud
constitue une destination importante de leurs exportations.

1.2.2 Des économies orientées vers les exportations des matières


premières

Les matières premières (hydrocarbures, minerais et produits agricoles non


traités) continuent d’être d’importantes sources de revenus pour plusieurs pays
d’Afrique. Les cinq premiers produits exportés par les pays de l’Afrique
subsaharienne sont des ressources naturelles non renouvelables. "Il s’agit du pétrole,
du minerai de fer, des minerais bitumeux, de l’or et du gaz naturel"12.

La dépendance de nombreux pays africains à l’exportation d’une ou plusieurs


matières premières, les expose à des chocs externes13. La plupart des pays riches en
ressources naturelles dans le continent n’ont pas réussi à diversifier leurs économies.
L’intégration du secteur de l’extraction avec le reste de l’économie est généralement
faible.

Le même constat est valable pour les exportateurs agricoles tels que la Côte
d’Ivoire (Cacao), le Kenya (thé) et l’Éthiopie, un important producteur de café. Les
secteurs de l’agro-industrie sont faiblement développés dans ces pays et les
exportations agricoles portent généralement sur des produits non traités et à faible
valeur ajoutée.

16
Figure n° 7 : La dépendance des revenus des exportations par rapport aux matières premières
dans les pays en développement, 2014-2015

Source : Nations Unies14


Si les secteurs de l’extraction continuent à générer une part importante des
recettes en devises, leurs rôles comme moteurs de la croissance, cèdent lentement le
pas à d’autres secteurs, notamment les services, l’agriculture et la construction.

Le secteur des services a connu la croissance la plus élevée dans la plupart des
économies africaines et a constitué l’essentiel moteur de croissance sur les vingt
dernières années. Au cours de cette période, "la croissance du secteur des services a
dépassé celle de l’agriculture et de l’industrie, avec un taux moyen de 2,6 %, contre
1,7 % dans l’industrie et moins de 1 % dans l’agriculture entre 1995 et 2011. Des pays
tels que le Nigéria, la Tanzanie et l’Ouganda figurent parmi ceux qui ont le plus tiré
profit du dynamisme du secteur des services"15.

La croissance du secteur des télécommunications et la diffusion rapide des


technologies de l’information partout en Afrique a eu un impact notable sur
l’économie dans son ensemble.

Le désenclavement des zones rurales grâce à la pénétration de la téléphonie


mobile et l’arrimage de ces régions à l’économie moderne a eu des retombées
positives sur d’autres secteurs économiques. Ainsi, les services financiers se sont
développés rapidement (banque mobile) et offrent aujourd’hui un modèle sérieux
pour le développement de plusieurs services publics et de plateformes d’échanges
commerciales dans plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne.

La production industrielle en Afrique est faible en termes de parts dans le PIB et


se concentre essentiellement dans des pays de l’Afrique du Nord, ainsi qu’en Afrique
du Sud.

17
En quête de nouveaux marchés, les multinationales investissent en Afrique - Le Maroc
est le premier investisseur intra-africain

Avec l’affaiblissement des liens avec les anciennes puissances coloniales et la recomposition de
l’ordre mondiale à la suite de la chute de l’Union soviétique, la part des investissements directs
de l’Europe et des Etats-Unis a connu un déclin continu au cours des quinze dernières années, au
profit des économies d’Extrême-Orient et du Moyen-Orient.

La Chine, qui a porté le volume de ses échanges commerciaux avec le continent de 10 milliards
de dollars en 2000 à 188 milliards de dollars en 2015, continue d’accroître ses opérations sur le
continent avec un total de 38,4 milliards USD d’investissements dans plusieurs projets en Afrique
en 2015-2016. L’engagement de la Chine dans le continent ne semble s’affaiblir, malgré le
ralentissement de son économie et la baisse de la demande de pétrole et de minerais.

Les investissements intra-africains progressent, mais restent encore faibles par rapports aux
niveaux observés dans les autres continents. Le Maroc s’affirme de plus en plus comme un
investisseur de premier plan et a même réussit à supplanter des pays comme la France et la
Grande-Bretagne dans le volume de leurs engagements respectifs annoncés en 2015-2016.

A travers de multiples acquisitions, les institutions financières marocaines ont réussi à étendre
leur présence à plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique de l’Est. Au cours des
dernières années, la progression des engagements des entreprises marocaines dans l’Afrique est
principalement portée par l’OCP à travers l’annonce de gros projets d’investissements
notamment en Ethiopie et au Nigéria.

Figure n° 8 : Source d'investissements dans des projets nouveaux en Afrique par volume (2015-
2016)

Source : BAD16

1.3 Echanges commerciaux : faibles échanges intra-africains

Si l’Union européenne reste toujours la principale destination des exportations


africaines, le continent a réussi, au cours des dix dernières années, à diversifier ses
partenaires commerciaux et notamment à orienter ses exportations vers les BRICs
(Brésil, Russie, Inde et Chine) et d’autres économies émergentes à pratiquement 53%
en 2014, alors qu’elles n’étaient qu’à 25% des échanges en 2000.

18
La Chine domine de loin les exportations africaines vers les économies
émergentes. Ces exportations sont constituées principalement des matières
premières, notamment le pétrole, les métaux et autres ressources naturelles 17.
Aujourd’hui, la Chine représente 18,4% des exportations du continent, mais la
croissance de la demande du géant asiatique pour les produits africains a déjà
amorcé un ralentissement18.

Le commerce intra-africain se développe également sur le continent, mais reste


l’un des moins dynamiques du monde et ne représente qu’un faible pourcentage par
rapport aux volumes échangés dans d’autres régions de la planète. En 2014, les
échanges intra-régions en Afrique ne représentent que 16% du total des échanges
du continent. " À titre de comparaison, ils représentent en moyenne 61, 69 et 56 %
des échanges totaux respectivement en Asie, en Europe et sur le continent
américain"19.

Figure n° 9 : Total des échanges commerciaux de l'Afrique avec certains partenaires et


commerce intra-africain, 2000 - 2014 (milliards US)

Source: BAD20

Ce déficit de relations commerciales entre les pays du continent est la


conséquence du peu de diversification économique et de la place majeure
qu’occupent les exportations des matières premières dans la balance commerciale
d’un grand nombre d’économies du continent. Les économies de l’Afrique de l’Ouest
et Centrale sont parmi les moins diversifiées. Le même constat est valable pour les
autres pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), dont les exportations de gaz
naturel et autres produits pétroliers, vers les pays limitrophes de la région,
représentent une bonne partie de leurs exportations vers l’Afrique.

Malgré une forte croissance, les échanges commerciaux entre les pays du
Maghreb et l'Afrique subsaharienne restent faibles par rapport aux relations
commerciales avec les partenaires historiques européens et les puissances
émergentes telles que la Chine. Entre 2000 et 2005, 77% des exportations du Maroc
ont été expédiées vers l’Europe, alors que seules 5% sont restées sur le continent

19
africain. En 2009, seulement 1% des importations marocaines provenaient d'Afrique
subsaharienne.
Si la plupart des économies africaines semblent bien inscrites dans un cycle de
croissance durable, les performances enregistrées restent encore faibles par rapport
au potentiel du continent et surtout insuffisantes pour avoir un impact réel sur le
niveau de vie des populations.

L’Afrique est appelée à mettre en place des stratégies qui permettent


d’amplifier et de pérenniser sa croissance et de la rendre plus résiliente face aux
chocs extérieurs. La dépendance du continent à l’égard des exportations de ses
ressources naturelles n’est pas viable et le déficit important en termes
d’infrastructures de base pénalise sa productivité, sa compétitivité et l’émergence
d’alternatives.

Le commerce entre les pays africains est la piste la plus prometteuse pour
asseoir les bases d’un développement économique durable. Il importe donc de
construire l’infrastructure nécessaire pour permettre cette intégration, en particulier
les réseaux de transport et énergétiques, car ils jouent un rôle très important en ce
qu’ils améliorent la productivité et réduisent les coûts de production et de
distribution des biens et produits. Une intégration plus profonde des régions
permettrait d’exploiter les synergies entre les pays et de stimuler le commerce et les
investissements intra et inter-régions.

Le renforcement des relations entre les pays et les populations des deux côtés
du Sahara nécessite des infrastructures, un commerce accru et une nouvelle
définition du concept de frontière. Il requiert également un changement d'approche
du territoire : celle qui envisage le Sahara non pas comme une interruption, mais
comme un espace continu, un trait d'union entre deux régions d'histoire commune
qui partagent des dynamiques et des mouvements transnationaux par nature.

2. Contexte énergétique de l'Afrique

L’Afrique est riche en ressources énergétiques mais sa capacité d’exploitation et


d’utilisation de ces ressources reste assez faible. De nombreux pays africains sont
confrontés à des crises énergétiques aiguës avec un accès limité aux formes
modernes de l’énergie, une électricité inaccessible, inabordable et peu fiable pour la
majeure partie de la population. Dans ce contexte, la réduction de la précarité
énergétique est au centre des enjeux relatifs au développement socio-économique
du continent, et figure souvent en tête de la liste des priorités des gouvernements et
autres décideurs politiques et économiques.

20
Ce chapitre offre une revue succincte du contexte énergétique en Afrique sans
prétendre à l’exhaustivité, tant les situations des 53 pays sont contrastées de par leur
taille, leur démographie, leur poids économique, leurs ressources et perspectives de
croissance. Une attention particulière sera accordée à la situation des pays de la
CEDEAO étant donné la démarche du Maroc pour faire partie de cette communauté
économique.

Cette revue a puisé essentiellement dans les rapports, statistiques et


publications annuelles produites par les institutions financières internationales et
régionales. Elle s’est appuyée, entre autres, sur l’étude de l’Agence Internationale de
l'Énergie sur les perspectives énergétiques de l’Afrique subsaharienne, publiée en
2014. L’exposé n’a pas pour objectif d’apporter des éléments nouveaux sur le
contexte énergétique du continent, mais plutôt de fournir des éclairages sur la
politique énergétique du Maroc à l’aune de la nouvelle stratégie africaine du
Royaume.

La première section présente les principaux chiffres clés qui caractérisent le


secteur de l’énergie en Afrique. Les deux sections qui suivent se proposent de
donner quelques indications sur les institutions régionales qui existent dans le
continent et le rôle qu’elles jouent pour le développement du secteur de l’énergie. La
dernière section analysera le contexte énergétique du continent d’un angle purement
stratégique en mettant en perspective les différents développements positifs ainsi
que les conflits régionaux associés à l’accès aux ressources énergétiques du
continent.

2.1 Les chiffres clés du secteur, les défis et les opportunités

2.1.1 Demande en énergie : un continent à la traîne

"L’Afrique reste un continent de fractures énergétiques. Si le continent dans son


ensemble est peu consommateur d’énergie, ce constat masque une grande diversité,
tant au niveau régional que local "21.

La fracture énergétique entre l’Afrique et le monde cache des différences


régionales et locales notables. Si seulement 30 % de la population africaine vit en
Afrique du Nord ou Afrique du Sud, ces deux régions représentent près de 80% de
l’énergie consommée par l’ensemble du continent22.

21
L’urbanisation, la croissance démographique et la croissance économique
entraînent une augmentation de la demande en énergie. En particulier, la demande
d'électricité augmente rapidement dans la plupart des pays de l’Afrique
subsaharienne, et dépasse notamment 7% au Nigéria et en Afrique de l'Est. Selon
une modélisation de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), le continent devra
augmenter sa production d’électricité de 4 % par an d’ici 2040 pour y faire face.

L’examen des statistiques énergétiques de l’Afrique comparée aux autres


régions de la planète montre qu’en 2014 le continent a une consommation globale
de l’ordre de 720 MTEP23 soit 4% de la consommation mondiale actuelle d’après les
données les plus récentes24 . Ce pourcentage oscille entre 3,5% et 4% au cours des
10 dernières années, alors même que l’Afrique représentait 16,4 % de la population
mondiale en 201625. La part de la consommation des pays subsahariens est de 77%
de la consommation totale d'énergie sur le continent.

Malgré son poids démographique, l’Afrique ne participe aujourd’hui que très


faiblement à la consommation énergétique mondiale; un africain consomme 0,3 tep
en moyenne (tonnes d’équivalent pétrole) par an, contre près de 7,8 la tonne
d'équivalent pétrole (tep par an) pour un Américain et 4 tep par an pour un
Européen26. Compte tenu de la consommation relativement supérieure en Afrique du
Nord (0,9 Tep/hab) et en Afrique du Sud (2,9 Tep/hab), un habitant d’Afrique
subsaharienne consomme environ 0,1 Tep par an27.

L’enjeu énergétique est donc d’une importance cruciale pour le développement


du continent africain.

Figure n° 10 : Consommation d’énergie par habitant dans le monde (Tep/hab)

Source: ADEA28
L’urbanisation, la croissance démographique et la croissance économique
entraînent une augmentation de la demande en énergie. En particulier, la demande
d'électricité augmente rapidement dans la plupart des pays de l’Afrique
subsaharienne, et dépasse notamment 7% au Nigéria et en Afrique de l'Est. Selon
une modélisation de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), le continent devra
augmenter sa production d’électricité de 4 % par an d’ici 2040 pour y faire face.

22
Le taux de croissance annuel de la consommation au cours des 10 dernières
années (2006-2016) est de 2,7% pour l’Afrique contre 1,6% pour le reste du monde,
ce qui indiquerait que le continent est dans une dynamique de rattrapage de son
déficit.

La chute des prix du pétrole, entamée à la mi-2014, n’a pas entrainé un effet de
croissance significative de la consommation. La croissance annuelle entre 2014-2015
et 2015-2016 est respectivement de l’ordre 1,3% et 1,5%, soit à peu près la moitié de
la croissance réalisée durant la période 2006-2014.

Pour ce qui concerne le sous-secteur d’électricité, il y a lieu de signaler qu’en


Afrique subsaharienne, la consommation moyenne annuelle d'électricité est de 488
kWh par habitant, soit environ 5% de la consommation par habitant des États-Unis
(Banque mondiale, 2014). Cette moyenne est biaisée par les taux élevés d'accès à
l'électricité en Afrique du Sud. Lorsque l'Afrique du Sud est exclue, la consommation
annuelle d'électricité n'est que d'environ 150 kWh par habitant (Banque mondiale,
2014).

Il y a lieu de signaler également que " le coût moyen de production de


l’électricité en Afrique est de 0,18 US$/kWh, soit un coût élevé par rapport aux
normes internationales et près de deux fois supérieur à celui d’autres régions en
développement"29. Cette situation s’explique par un recours important à des moyens
onéreux pour la production de l’électricité, notamment les hydrocarbures pétroliers
liquides (46% pour le continent contre 6% dans le monde) alors que l’hydraulique est
sous-exploité.

Il faut également mentionner "le coût de revient des groupes électrogènes


(diesel) de substitution qui est de 0,35 à 0,40 US$/kWh. Quant aux prix de vente, ils
varient des plus bas niveaux mondiaux soit 0 ,02 US$/kWh pour les pays à ressource
interne hydraulique ou pétrolière (Zambie, Nigéria) aux plus élevés soit 0,50
US$/kWh pour les pays dépendant de fioul et gasoil importés"30.

En 2014, la demande d'électricité en Afrique a atteint 604 TWh, soit une


augmentation de 68% depuis 2000. La région Afrique du Nord et le pays d'Afrique
du Sud représentent à eux seuls près de 75% de la consommation totale d'électricité
du continent.

2.1.1 Le mix énergétique : une offre peu diversifiée

Le mix énergétique en Afrique est très peu diversifié avec une part dominante
de la biomasse qui représente 48% de la consommation totale d’énergie primaire
dans le continent. " La consommation africaine de charbon de bois représente

23
l’équivalent de plus de la moitié de la production mondiale et environ 60% de la
consommation d’énergie de l’Afrique subsaharienne31 ".

S’agissant des produits pétroliers, même si leur consommation en Afrique reste


faible (inférieure à 100 millions de tonnes par an en Afrique subsaharienne), le
pétrole reste l’énergie fossile la plus utilisée (21%) en Afrique du fait de sa grande
facilité d’utilisation32.

Concernant le charbon, les réserves africaines se trouvent principalement en


Afrique du Sud et au Zimbabwe. Sa part représente 15% du mix énergétique. Il est
consommé, principalement pour produire de l’électricité en Afrique du Sud et au
Maroc.

Pour ce qui est du gaz naturel, "son utilisation se cantonne à la production


d’électricité (encore faible) et à la liquéfaction en Afrique de l’Ouest et en Afrique
centrale. Ce secteur est cependant en plein développement, avec la découverte de
gisements au large de l’Egypte, du Mozambique, en Tanzanie et à la frontière
maritime Sénégal-Mauritanie" 33.

S’agissant de la biomasse, cette forme d’énergie traditionnelle constitue la


source d’énergie principale dans de vastes régions du continent. En Afrique, deux
personnes sur trois n'ont pas accès aux formes modernes d’énergie. La
consommation de la biomasse traditionnelle, principalement la biomasse solide dans
le secteur résidentiel, représente plus de la moitié de la consommation d’énergie de
l’Afrique subsaharienne. Selon l'Agence internationale de l'énergie, la consommation
totale en énergie primaire du Nigéria pour 2012 était de 126 million de tonnes
équivalent pétrole (MTEP), dont 85,8% correspondait à la contribution de la biomasse
traditionnelle.

24
Figure n° 11 : Consommation en énergie primaire de l'Afrique subsaharienne
par sous-région, 2012

Source: AIE34

Ce recours massif à la biomasse entraîne un large éventail d'implications


environnementales, à la fois en termes d'impacts locaux en Afrique et contribution au
défi global du changement climatique. En effet, environ un tiers de l'Afrique
subsaharienne est couvert de forêts, mais la quantité disponible annuellement, sans
provoquer la déforestation, est beaucoup plus faible.

Figure n° 12 : Population dépendante de la biomasse solide pour la cuisson en Afrique par pays,
2015

Source: AIE35
Le mix énergétique de l’Afrique, tel que présenté, ci-après, confirme une
dépendance prononcée vis-à-vis de ressources hydrocarbures et, de manière

25
générale, explique l’utilisation excessive du gasoil dans la production de l’électricité
dans la majorité des pays du continent.

Figure n° 13 : Mix de la demande en énergie primaire en Afrique, 2014

Source: Données AIE, World Energy Outlook, 2015

S’agissant du mix électrique, la capacité totale de production d'électricité en


Afrique est d'environ 185 gigawatt (GW), dont plus de la moitié est située dans les
pays d’Afrique du Nord et en Afrique du Sud. La production d'électricité en Afrique
est dominée par les énergies fossiles. Le gaz et le charbon sont les deux premières
sources de combustibles. La contribution significative du charbon à la production
d'électricité en Afrique est principalement due à la taille importante des centrales
électriques au charbon sud-africaines (38 GW en 2014).

À l'exception du Maroc, où le charbon est la source d'électricité la plus utilisée,


la production d'électricité en Afrique du Nord et de l'Ouest est dominée par le gaz
naturel et le pétrole. L'hydroélectricité représente la majeure partie de l'électricité
produite en Afrique centrale et orientale.

Figure n° 14 : Mix de production de l’électricité en Afrique par type de combustible/technologie


(2014)

26
Source: Données AIE, World Energy Outlook, 2015

2.1.2 L’accès à l’électricité

Selon des données récentes de la Banque mondiale36, près de 650 millions de


personnes sont privées d'électricité en Afrique subsaharienne. Ces chiffres seraient
probablement sous-estimés selon les spécialistes, car le raccordement d’une ville ou
une localité aux services d’approvisionnement en électricité ne signifie pas
systématiquement un accès abordable des populations à l’électricité. Toujours selon
la Banque mondiale, moins de 10 % de la population dispose de l'électricité dans
certains pays comme le Tchad, la République démocratique du Congo ou encore le
Malawi. La Côte d'Ivoire, première puissance économique d'Afrique de l'Ouest
francophone, affiche tout juste un taux de 26 %. Sur les 54 pays que compte le
continent, seulement 19 pays dépassent les 50 %.

Figure n° 15 : Population sans accès à l'électricité en Afrique par pays, 2016

Source : AIE37

2.1.3 Les interconnexions

L'Afrique développe et étend ses interconnexions électriques régionales pour


permettre aux pays riches en ressources énergétiques d'exporter de l'électricité vers
ceux qui en ont besoin. Les interconnexions internationales présentent des avantages
significatifs, en particulier pour les petits pays et les pays à faible densité de
population. En Afrique de l'Ouest, le Pool énergétique qui regroupe 14 membres de
la CEDEAO, a joué un rôle décisif dans la promotion d'un réseau de transport
régional étendu allant de la Mauritanie au Nigeria.

27
2.2 Les ressources énergétiques : un continent bien doté

L’Afrique dispose d’atouts importants pour accélérer son rattrapage


économique des pays émergents et s’engager sur la voie d’une transition
énergétique vers un modèle de croissance durable, résilient et inclusif.

28
2.2.1 Les hydrocarbures : énormes richesses et un continent sous exploré

L'Afrique joue un rôle de plus en plus important sur les marchés internationaux
des hydrocarbures. Plus de la moitié des découvertes récentes de pétrole ont été
faites en Afrique. La production pétrolière africaine représente également environ
10% de la production mondiale38.

L’Afrique possède un réservoir immense de ressources énergétiques


potentielles: 7,6 % des réserves pétrolières mondiales, 7,5 % des ressources
mondiales de gaz naturel et 3,6 % de ressources mondiales de charbon39. Au rythme
actuel de production d’hydrocarbures, les réserves africaines prouvées indiquent que
le continent possède respectivement 44,3 années de réserves pour le pétrole et 68.4
années pour le gaz.

Une analyse plus détaillée permettant d’allouer les réserves et la production de


pétrole correspondante à chaque pays africain (voir la figure ci-dessous) permet de
constater que la distribution géographique des bassins producteurs et prolifiques
reste essentiellement inchangée. Cependant, plusieurs découvertes au cours des
dernières années dans des zones encore récemment qualifiées de "frontières", à
cause de la nature élevée de leur risque et potentiel, permet une lecture plus
nuancée si les projets en cours de développement ou en phase de mise en
production sont pris en compte.

En effet, le continent est en train d’ajouter à son palmarès deux nouvelles


zones contributrices : au Nord-Ouest (Bassin offshore Mauritanie – Guinée) et à l’Est
(Bassin Onshore couvrant l’Ouganda, Kenya, …) avec un projet de pipeline d’export,
long de de 1450 km à travers la Tanzanie. Particulièrement, le Kenya, l’Ouganda et le
Sénégal, devraient rejoindre le club des pays producteurs de pétrole au cours des 4
prochaines années.

Figure n° 16 : Réserves et productions de Pétrole des principaux pays africains

Source: BP Statistical Review of World Energy 2017

29
Les autres pays dont la production et les réserves sont actuellement
relativement moins importantes40 au sein du continent, incluent le Ghana, la Côte
d’Ivoire, le Cameroun, et dans une moindre mesure la République démocratique du
Congo et le Niger.

Quant au gaz naturel41, les 4 principaux pays producteurs, à savoir l’Algérie, le


Nigéria, l’Egypte et la Libye comptent pour 90% de la production du continent qui
est de 208,3 milliards de mètres cubes par an et contribuent 92% du total des
réserves qui sont estimées à 14.248 milliards de mètres cubes.

Avec la récente mise en production en décembre 2017 de l’important champ


offshore Zohr en Egypte (découvert il y a seulement 3 ans), il est à prévoir que ce
pays cesse d’importer du gaz naturel et même devienne un exportateur de gaz
naturel liquéfié (GNL) à partir de 201942.

Un autre évènement significatif concerne l’approbation par le gouvernement du


Mozambique, après plusieurs années d’attente de la part des opérateurs du secteur,
du plan de développement du gaz découvert dans le champ offshore "Area 1". Le
plan porte notamment sur la conversion du gaz en gaz naturel liquéfié (GNL) avec le
démarrage de deux trains de liquéfaction onshore. Les réserves de ce champ sont
estimées à plus de 2100 milliards de mètres cubes, soit à peu près le double de
l’important champ offshore Égyptien Zohr mentionné précédemment.

Ce projet et les autres encore à l’état d’étude, présentent une réelle possibilité
d’intégration énergétique de la région sous forme de "small scale" gaz naturel
liquéfié (GNL) pour les pays de la côte Est de l’Afrique qui ne présentent pas encore
une demande assez forte pour justifier les investissements conséquents d’un
gazoduc.

Il est à noter que tout aussi bien pour le pétrole que pour le gaz, la Libye
produit en dessous de ses capacités optimales à cause de problèmes de sécurité en
relation avec sa situation politique complexe. Cependant, et contrairement aux
années précédentes, la compagnie nationale "NOC" jouit maintenant de l’accès et du
contrôle de ses principales installations portuaires pour commercialiser et exporter sa
production. De même, le conflit couvrant la région du Soudan et du Soudan du Sud
empêche le passage de la phase de développement à celle de la maturité d’une
région avec des découvertes importantes confirmées mais encore inexploitées.

En résumé, et au-delà des acteurs mûrs tels que l’Angola, le Nigéria, l’Algérie, la
Libye ou l’Egypte, la situation de l’Afrique en termes de production et de réserves en
hydrocarbures connaît une évolution certaine avec de récentes découvertes
significatives, notamment dans des sous-régions avec de grands besoins
énergétiques aussi bien en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mauritanie et le bassin

30
sédimentaire offshore allant jusqu’en Guinée) qu’en Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda
et Mozambique).
Il est à prévoir que la mise en évidence et la valorisation de ces systèmes
pétroliers aura un effet positif et engendrera une dynamique d’exploration plus
conséquente avec des termes plus avantageux, et pour les pays en question ainsi que
pour ceux le long des bassins sédimentaires valorisés.

En termes de réserves de charbon, "elles se trouvent principalement en Afrique


du Sud et au Zimbabwe. Avec une production annuelle d'environ 250 millions de
tonnes, l'Afrique du Sud est le principal producteur du continent "43. Près des deux
tiers de sa production de charbon sont consommés localement, principalement dans
la production d'électricité. Étant le seul pays nord-africain sans ressources pétrolières
naturelles, le Maroc est le deuxième plus grand consommateur de charbon en
Afrique, suivi par le Zimbabwe.

Malgré une situation de pauvreté énergétique et un accès limité à l'électricité


pour une grande partie de la population africaine, la majeure partie de la production
du continent en hydrocarbures et en charbon est exportée, principalement vers les
marchés d'Europe et d'Amérique du Nord.

Le graphique suivant illustre parfaitement ce déséquilibre entre la production et


la consommation des combustibles fossiles en Afrique par rapport à la Chine et à
l'Inde, deux grands pays en développement dont le nombre d'habitants est
comparable. Ceci met en évidence le défi auquel sont confrontés un certain nombre
de pays riches producteurs de pétrole en Afrique. Étant donné l'absence de certaines
infrastructures de base et le manque de ressources humaines qualifiées, la
commercialisation et l'exportation des ressources minérales et énergétiques sont
souvent considérées comme plus bénéfiques pour l'économie que leur utilisation
directe localement.

31
Figure n° 17: Comparison of production and consumption of major fossil fuels
in Africa, China, and India (2014)

Source : AIE. World Energy Outlook, 2015

2.2.2 Ressources renouvelables

● Hydro-électricité : un potentiel sous-exploité :

Les pays africains possèdent une capacité de production hydroélectrique


exploitable, estimée à 12% du total mondial. Le potentiel hydroélectrique
techniquement viable est estimé à 283 gigawatt (GW), et pourrait générer près de
1200 térawatt-heure (TWh) par an, soit 8% du potentiel technique mondial. Cette
quantité d'électricité est équivalente à trois fois la consommation actuelle
d'électricité en Afrique subsaharienne. Cependant, ce potentiel considérable est
largement sous-exploité, moins de 10% de la ressource a été exploité jusqu’à
présent.

32
Plus de la moitié du potentiel est localisé en Afrique centrale et orientale,
notamment au Cameroun, au Congo, à la République démocratique Congo (RD), en
Éthiopie et au Mozambique, mais aussi en Afrique australe (en Angola, à
Madagascar, au Mozambique et en Afrique du Sud) et en Afrique de l'Ouest (en
Guinée, au Nigéria et au Sénégal). A lui seul, le grand projet hydroélectrique de la
République démocratique du Congo, Inga (environ 44 gigawatt (GW), projet de tous
les superlatifs et qui a longtemps été au centre des préoccupations des décideurs
politiques de la région, s'il était construit, pourrait transformer profondément la
situation de l'alimentation en électricité du continent.

Figure n° 18 : Potentiel hydroélectrique et capacité installée en Afrique (2012).

Source : AIE44

● Energie solaire :

L'Afrique est particulièrement bien dotée en énergie solaire, avec une moyenne
d’ensoleillement de plus de 320 jours par an et des niveaux d'irradiations de près de
2 000 kWh par mètre carré (kWh/m²) par an (deux fois le niveau moyen en
Allemagne). Les meilleures ressources solaires s'étendent à travers le Sahara, l'Afrique
du Nord et certaines parties de l'Afrique australe. L'Afrique centrale et l'Afrique de
l'Ouest ont généralement des niveaux d'irradiation plus faibles, en particulier près du
golfe de Guinée. La production d'énergie solaire potentielle dépasse de loin la
demande d'électricité aujourd'hui et dans un avenir prévisible.

Si les technologies solaires ne jouent encore qu’un rôle limité dans le secteur de
l'énergie en Afrique, elles commencent à attirer l’attention dans de nombreux pays et
sont de plus en plus considérées comme une option fiable et économique pour
accélérer les efforts d’électrification du continent45.

33
● Energie éolienne :

Certaines régions du continent disposent de ressources éoliennes de qualité


supérieure. En Afrique subsaharienne, ces ressources se trouvent principalement
dans la région de la Corne d’Afrique, l’est du Kenya et dans certaines zones
limitrophes du Sahara. La Somalie dispose du plus fort potentiel onshore, suivi par le
Soudan, la Mauritanie, l’Egypte et Madagascar. Le potentiel offshore est le meilleur
sur les côtes de Madagascar, du Mozambique, de la Tanzanie, de l'Angola et de
l'Afrique du Sud.

Si l’énergie éolienne est compétitive par rapport à d’autres technologies de


production d’électricité, dans les zones où les ressources sont bonnes, d'autres
facteurs pourraient limiter son déploiement. Par exemple, en Afrique de l'Est et de
l'Ouest, l’absence des infrastructures de transport d’électricité signifie que la
production d’origine éolienne introduit des défis supplémentaires pour un système
déjà instable et peu renforcé. L'Afrique du Sud, le Maroc et certaines parties de
l'Afrique de l'Est ouvrent la voie en augmentant leur capacité éolienne. Le Maroc
prévoit par exemple d'ajouter plus de 1000 mégawatt (MW) de capacité éolienne
d'ici 2020.

En résumé, pour réduire la précarité énergétique de sa population, l'Afrique


subsaharienne a une occasion unique d'étendre sa capacité de production en
électricité sans aggraver le changement climatique grâce à ses abondantes
ressources renouvelables. Lors de la Conférence des Nations Unies sur les
changements climatiques, tenue au Maroc en novembre 2016 (COP 22), 47 membres
du Climate Vulnerable Forum (dont beaucoup se situent en Afrique subsaharienne)
se sont engagés à œuvrer pour porter la contribution des énergies renouvelables à
100% de leurs besoins en énergie avant 2050, et considèrent que les énergies
renouvelables sont essentielles pour résoudre les problèmes d'accès à l'énergie et de
changement climatique de la région46.

2.3 Institutions et réformes dans le secteur de l’énergie

Les facteurs qui freinent l'expansion de la fourniture d'énergie en Afrique


subsaharienne ne sont pas tous intrinsèques au secteur de l'énergie lui-même. Le
faible niveau des investissements dans les infrastructures de base est assez corrélé
avec le faible niveau de gouvernance et les insuffisances des arrangements
institutionnels gouvernant le secteur énergétique dans un grand nombre de pays du
continent.

34
La diversité des sujets énergétiques, des trajectoires de développement
politique et économique des pays africains fait que les modèles de gestion et de
gouvernance du secteur énergétique différent d’un pays à un autre. "La situation est
différente entre les pays d’Afrique du Nord, dotés d’institutions fortes et de sociétés
nationales et les pays d’Afrique subsaharienne, riches en ressources où les
administrations et sociétés nationales disposent de moins de capacités "47.

Le manque de compétences dans plusieurs domaines de développement des


infrastructures énergétiques reste un obstacle important pour de nombreux pays du
continent. L’indisponibilité des investissements et des financements nécessaires pour
l’amélioration de l'approvisionnement en électricité constitue un autre frein aussi
important. Jusqu'à présent, les investissements des entreprises privées et des acteurs
internationaux ont été fortement concentrés dans les secteurs pétrolier et gazier. Les
investissements dans ces domaines devraient continuer à avoir un fort attrait pour les
capitaux privés et étrangers, bien qu'avec une implication croissante du privé local et
de plus en plus de compagnies pétrolières étatiques orientées à l’international, en
particulier provenant des pays importateurs de l’Asie.

Figure n° 19 : Structure de propriété de la production des hydrocarbures et des capacités de


production d'électricité en Afrique subsaharienne

Source: AIE48

La tâche d'assurer un retour positif sur le développement de l’exploitation des


ressources naturelles est rendue encore plus difficile pour les pays qui dépendent
d'une seule industrie extractive ; cela augmente la probabilité que leurs revenus
soient fortement affectés par les fluctuations des prix des matières premières, ce qui
exacerbe le risque d'une expansion non efficiente des dépenses dans les périodes de
prospérité et de fortes contractions lorsque les prix baissent.

35
Le risque d'instabilité macroéconomique est particulièrement important dans
de nombreux pays africains, où les recettes tirées des ressources représentent une
part importante des recettes publiques totales : au Nigéria et en Angola, les recettes
pétrolières représentaient en moyenne 75% des recettes publiques totales sur la
période 2001-2010 ; ce chiffre était encore plus élevé, presque 90%, en Guinée
équatoriale et supérieur à 50% au Tchad et au Soudan.

Cependant, l'exemple du Botswana suggère que les risques associés à une forte
dépendance vis-à-vis d'une seule ressource peuvent être atténués dans un
environnement qui favorise la transparence et la responsabilisation.

Malgré quinze ans de croissance économique continue, les pénuries d’énergie,


l’accès limité à l’électricité et la dépendance aux combustibles solides
compromettent les efforts de réduction de la pauvreté. Le fossé énergétique ne cesse
de se creuser entre l’Afrique et le reste du monde49.

Compte tenu de la faiblesse des niveaux de production et du manque de


fiabilité de l’approvisionnement énergétique en Afrique, certains pays ont eu recours
à des solutions d'urgence en matière énergétique. "Pour faire face aux délestages,
ces pays louent des centrales électriques à court terme, à des coûts extrêmement
élevés qui avoisinent les 3-4% du produit intérieur brut (PIB) dans certains pays. Ce
recours à l’énergie d’urgence est la conséquence d’un manque de planification et
d’approvisionnement à une échelle colossale"50.

A signaler que depuis 2006, plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne ont


adopté des réformes du secteur énergétique telles que la privatisation partielle de
services publics, la mise en place d’autorités de régulation et l’introduction de
producteurs indépendants mais ces réformes n’ont pas donné de fruit à ce jour, dans
la mesure où le service public national conserve une position dominante sur le
marché, faisant office d'acheteur unique d'électricité tout en réalisant et exploitant
ses propres centrales de production, comme c’est le cas au Maroc.

En dehors du Nigéria qui a mis en place l’un des programmes de privatisation


de l’énergie les plus importants et les plus ambitieux du continent, la participation du
secteur privé est restée généralement temporaire, notamment dans le cadre de
contrats de gestion à durée limitée et qui se sont soldés souvent par des échecs. De
même, les Agences de régulation mises en place sont loin d’être indépendantes eu
égard aux interventions fréquentes des gouvernements dans le processus de prise de
décision.

36
La gouvernance des services de distribution d’énergie est également au cœur
de la crise énergétique en Afrique. En effet, une part bien trop importante des
finances publiques est gaspillée en subventions inefficaces et inéquitables à la
consommation d’énergie.

Selon le rapport " Energie Population et Planète- Rapport 2015 sur les progrès
en Afrique-Africa Progress Panel", les États dépensent 21 milliards de dollars US par
an pour couvrir les pertes enregistrées par les services de distribution et
subventionner des produits pétroliers, quand ces ressources pourraient servir à des
investissements énergétiques plus productifs.

Par ailleurs, l'établissement des tarifs de l’énergie prend souvent un caractère


politique avec des subventions étatiques engagées en faveur des couches sociales.
Ces subventions n’ont pas eu les effets attendus du fait que les tranches tarifaires
intègrent souvent des blocs de consommation énergétique hautement
subventionnés à tous les clients, quel que soit leur revenu.

Résoudre ces problèmes énergétiques exigerait des investissements importants


dans les infrastructures énergétiques dont la mobilisation nécessite la mise en place
de réformes institutionnelles et législatives appropriées. Les institutions de
financement du développement et les bailleurs de fonds bilatéraux ont des rôles
déterminants à jouer dans ces deux domaines. Pour cela, les pays africains doivent
réaliser un certain nombre de conditions préalables visant l’amélioration de la
gouvernance du secteur et ce, à travers notamment, la mise en place de contrats de
performance; une surveillance plus étroite des opérations et des financements des
entreprises publiques par le biais d’institutions de régulation indépendantes et
efficaces ainsi que des mesures appropriées pour la réduction des pertes,
l’augmentation des taux de recouvrement et l’amélioration des services aux clients.

2.4 Efficacité énergétique

L’énergie la moins chère sera toujours celle que l’on ne consomme pas, une
maxime bien connue mais qui ne peut s’appliquer aujourd’hui à l’Afrique. Les
décideurs politiques africains et leurs partenaires au développement concentrent en
effet prioritairement leurs actions sur les questions relatives à l’accès à l’énergie et la
production et la distribution, qu’elles soient d’origine fossile ou renouvelable,
oblitérant ainsi les questions d’efficacité et de sobriété énergétique.

37
"Pourtant et selon une étude de la Banque mondiale, le potentiel africain en
matière d’efficacité énergétique est aujourd’hui considérable. Qu’il s’agisse de
cogénération lors de la production de sucre, de distribution d’électricité, d’éclairage
en mode basse consommation, de l’utilisation plus efficace du bois de chauffage
pour la cuisson, d’équipements industriels, d’appareils électroménagers, d’isolation
ou de ventilation domestique, les secteurs d’action sont nombreux et permettraient
de réduire de manière significative la consommation et le nombre de délestages,
encore quotidiens dans certaines régions51".

Dans le bâtiment par exemple, qui constitue certainement le plus important


gisement d’économies d’énergie en Afrique, l’absence d’isolation, caractéristique des
constructions africaines, implique un gaspillage énergétique conséquent durant les
fortes chaleurs estivales. La climatisation se développe (pour ceux qui ont un pouvoir
d’achat suffisant) alors que dans la plupart des cas, une meilleure isolation, associée à
une ventilation optimale, permettrait de limiter le recours à l’air conditionné.

Il faut noter toutefois que la CEDEAO a mis en place une Politique d’Efficacité
Énergétique au niveau de la région qui a été adoptée par la 43ème Session Ordinaire
de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, tenue à Abuja,
au Nigeria, les 17 et 18 Juillet 2013.

Cette politique se fixe comme objectif d’améliorer l'efficacité énergétique de la


région à des niveaux comparables à la norme internationale.

"L’objectif spécifique de la politique régionale est de mettre en œuvre des


mesures efficaces visant à libérer une capacité de production de 2 000 MW à
l’horizon 2020. Pour atteindre cet objectif il faudrait :

● éliminer les lampes à incandescence à l’horizon 2020.

● réduire les pertes moyennes en distribution d’énergie électrique du niveau


actuel de 15 - 40% à la norme internationale de moins de 10% à l’horizon
2020;

● atteindre l’accès universel à la cuisson sécuritaire, propre, abordable et


durable pour l’ensemble des populations de la CEDEAO à l’horizon 2030.

● développer et adopter des normes et labels à l’échelle régionale pour les


principaux équipements énergétiques avant fin 2020.

● élaborer et adopter des normes d’efficacité énergétique à l’échelle régionale


pour les bâtiments (par exemple codes du bâtiment).

● créer des instruments de financement de l’énergie durable, y compris la


finance carbone à court terme, et à long terme mettre en place un fonds

38
régional pour le développement et la mise en œuvre de projets d’énergie
durable"52.

Les principaux axes stratégiques arrêtés pour la mise en œuvre de cette


politique se déclinent comme suit :

● "Une harmonisation des cadres politique, juridique et réglementaire pour


l’efficacité énergétique de la CEDEAO, y compris les normes et étiquettes
d’efficacité énergétique. La CEDEAO devra encourager les Etats membres à
adopter des objectifs et les plans d’actions nationaux sur l’efficacité
énergétique. Les politiques seront conçues en intégrant le genre, et en
encourageant les investissements privés, pour créer un marché régional et des
capacités de fabrication locale des technologies énergétiquement efficaces.

● Une coordination régionale de renforcement de capacités pour créer les


institutions et capacités humaines nécessaires au développement des
technologies énergétiquement efficaces. Les échanges d’expérience
faciliteront la dissémination des savoirs acquis et des meilleures pratiques,
pour les acteurs privés et publics.

● La sensibilisation des utilisateurs d’énergie et les multiples décideurs, tant


pour la conception, l’achat et la maintenance des équipements énergétiques,
du simple foyer de cuisson jusqu’aux plus complexes systèmes industriels.
L’Observatoire pour les Energies Renouvelables et l’Efficacité Energétique du
CEREEC (ECOWREX) servira de bibliothèque pour l’information sur l’efficacité
énergétique, les technologies, les potentiels, les investissements et les
contacts.

● Des instruments financiers pour permettre aux utilisateurs d’acheter des


matériels énergétiquement efficaces, sur la base de futures économies
d’énergie"53.

2.5 Coopération régionale : peut mieux faire

La coopération régionale est une composante majeure de la vision de l'Afrique


pour son avenir. Un certain nombre d'initiatives sont en cours, la plus complète étant
le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), lancé en
2010 et piloté par la Commission de l’Union africaine, le Secrétariat du Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique et la Banque africaine de
développement. Le PIDA définit une série d'objectifs à atteindre d'ici 2020, 2030 et
2040, en mettant l'accent sur les transports, l'énergie et les technologies de
l'information et des télécommunications.

39
Le programme pourrait constituer un pas important vers l'élimination de
certaines contraintes transfrontalières sur le développement du secteur de l'énergie
et facilitera l’expansion des échanges énergétiques entre pays et régions du
continent.

2.5.1 Structures énergétiques régionales

A partir de 1989, l’Afrique s’est regroupée en marchés et organisations


régionales : les Power Pools. La rapide croissance de la demande en électricité sur le
continent justifie cette approche. En effet, les échanges énergétiques, au sein d’un
pool ou entre plusieurs pools, ont plusieurs avantages54.

"Grâce à des économies d’échelle, le coût du kilowattheure (KWh) d’électricité


diminue. Il devient possible grâce aux pools d’avoir un mix énergétique étendu (des
échanges entre des pays produisant de l’électricité hydraulique avec ceux produisant
de l’énergie grâce au thermique par exemple) : cela permet d’utiliser des énergies
ayant des avantages complémentaires "55.
Il existe cinq principaux groupements énergétiques en Afrique. Ces
groupements ont souvent été créés pour mutualiser les efforts et projets entre les
pays d’une région afin de développer les infrastructures de production et de
fourniture de l’électricité dans une première étape et du gaz naturel dans une
deuxième étape :

● Le groupement énergétique de l’Afrique du Nord (COMELEC) ou le Comité


Maghrébin de l’Electricité, créée en 1975, il comprend l’Algérie, la Libye, le
Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Il s’agit d’un espace de réflexion et de
dialogue, qui a permis de renforcer les relations entre les entreprises
Maghrébines d’électricité. Le domaine par excellence dans lequel la
coopération en matière d’énergie électrique a donné lieu à des réalisations
concrètes et éminemment rentables est, sans conteste, celui des
interconnexions des réseaux électriques et gaziers.

L’objectif de ces infrastructures était de mettre à profit les opportunités


énormes d’échanges d’énergie qui existent entre ces pays, compte tenu de la
diversité qui les caractérise en termes de technologie et de combustible
utilisé. En effet, le gaz naturel constitue le principal combustible utilisé en
Algérie et en Tunisie, la Libye utilise principalement du fioul dans ses centrales
alors qu’au Maroc, la production à base de charbon importé représente une
part non négligeable dans le bilan national de production d’électricité.

Si les infrastructures d’interconnexions existantes permettent déjà des


échanges d’électricité entre les différents pays interconnectés, les préalables
nécessaires pour la mise en place d’un marché régional intégré, notamment la

40
disponibilité de la production et la mise en place d’une régulation régionale,
n’ont toujours pas été réunis. A signaler qu’un protocole d’accord entre le
Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Union européenne a été signé en Décembre
2003 établissant la coopération entre ces pays pour la création d’un marché
maghrébin d’électricité à partir de 2006 et son intégration future au marché
Européen.

Force est de constater, cependant, que ce protocole est resté "Lettre Morte" et
n’a été suivi d’aucune action concrète à ce jour. A titre d’illustration, les
échanges d’électricité entre le Maroc et l’Algérie sont insignifiants et se
limitent des échanges de secours.

● Le groupement énergétique de l’Afrique centrale (CAPP), créée en 2003,


comprend l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Tchad, la République
Centrafricaine, le Congo, la République démocratique du Congo, la Guinée
équatoriale, le Gabon et Sao Tomé. Il s’agit d’un organisme spécialisé de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), chargé de
la mise en œuvre de la politique énergétique, du suivi des études et de
construction des infrastructures communautaires et de l'organisation des
échanges de l'énergie électrique dans l'espace CEEAC.
Cette région est dotée d’un grand potentiel hydroélectrique représentant 57%
du potentiel hydro-électrique africain. Le CAPP est encore en phase de
développement et n'est pas encore opérationnel.

● Le groupement énergétique d’Afrique de l’Est (EAPP) a été créé en 2005 par


sept pays : le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC), l’Égypte,
l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda et le Soudan. Il a été adopté en tant
qu'institution spécialisée pour favoriser l'interconnexion des systèmes
d'électricité par les chefs d'État du Marché commun pour l'Afrique orientale et
australe (COMESA). Depuis, la Libye, la Tanzanie et l'Ouganda ont rejoint ce
groupement énergétique.
Le groupement énergétique d’Afrique de l’Est (EAPP) a publié des plans
directeurs et des études régionales sur le système électrique et devrait être
pleinement opérationnel au cours des prochaines années. Une accélération de
l’intégration des réseaux électriques de l’EAPP est constatée.
Jusqu’en 2008, le Soudan et l’Éthiopie, qui ont mis en service depuis cette date
plusieurs barrages hydroélectriques, n’étaient connectés à aucun réseau
étranger, et ne pouvaient en conséquence ni importer, ni exporter d’électricité.
Ils sont aujourd’hui considérés comme les pivots des échanges entre les
Grands Lacs, le nord et le sud de l’Afrique (ligne entre l’Éthiopie et Djibouti en
2011, entre l’Éthiopie et le Soudan au deuxième semestre 2012, et celle entre
l’Éthiopie et le Kenya en cours de réalisation).

41
● Le groupement énergétique de l’Afrique australe, South African Power Pool
(SAPP), a été créé en 1995 par les 12 pays de la Communauté Sud-Africaine de
Développement (SADC) : l'Angola, le Botswana, la République démocratique
du Congo, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, l'Afrique du Sud,
le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

Il s'agit de l’espace énergétique le plus avancé en termes d’intégration et le


plus actif de la région, avec un marché régional pour les échanges d’électricité
entre les différents pays interconnectés. Un marché d’électricité à Court Terme
a été mis en place dès 2001 et le marché d’électricité Journalier est devenu
opérationnel en 2009. Le développement de ce marché fait cependant face à
une situation de déficit de production dans la région.

● Le groupement énergétique de l’Afrique de l’Ouest (WAPP) est une institution


spécialisée de la CEDEAO et comprend 14 pays : le Bénin, le Burkina Faso, la
Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le
Mali, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. La mission de
ce groupement régional est de promouvoir et développer des infrastructures
de production et de transport d’énergie électrique ainsi qu’assurer la
coordination des échanges d’énergie électrique entre les Etats membres de la
CEDEAO.

Ce regroupement énergétique est encore en cours d'élaboration et n'est pas


encore opérationnel. Néanmoins, plusieurs projets de renforcement des
interconnexions des infrastructures électriques entre les pays du groupement,
sont en cours de réalisation. Le projet énergétique de l’Organisation pour la
mise en valeur du Fleuve Gambie (OMVG) s’inscrit dans un objectif de
développement socio-économique des pays membres de cette organisation
par un accès accru des populations à l’électricité. Le Projet concerne les quatre
pays suivants : la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau et le Sénégal. Il
comprend la construction de 1670 km de lignes de transport et la réalisation
de deux aménagements hydroélectriques.

42
Figure n° 20 : Groupements énergétiques en Afrique

Source : Congrès mondial de l'hydroélectricité56

2.5.2 Analyse des défis et opportunités

La coopération régionale, encouragée par les groupements énergétiques, les


marchés et les réseaux de transmission transfrontaliers, sera essentielle pour combler
le déficit en électricité en Afrique subsaharienne. Les principaux avantages de cette
coopération sont les suivants :

● Offrir des économies d'échelle aux petits pays à charge limitée.

● Réduire le coût moyen de la production en regroupant les ressources des pays.

● Aider à diversifier les portefeuilles énergétiques des pays et à les protéger de la


volatilité des prix découlant de la dépendance d’un seul combustible ou de la
saisonnalité hydroélectrique.

● Réduire la dépendance vis-à-vis des importations de combustibles fossiles en


permettant la mise en commun de grandes ressources renouvelables
concentrées.

Mais la coopération régionale pose des défis politiques et économiques qui lui
sont propres. Pour développer et exploiter des pools énergétiques, les pays membres
devront trouver des moyens de collaborer efficacement. En plus des besoins en
termes de développement de capacités techniques, ils doivent œuvrer pour
harmoniser leurs politiques énergétiques afin d’établir un cadre efficace permettant

43
de régir à la fois les aspects juridiques et techniques des interconnexions et marchés
régionaux.

Compte tenu des besoins importants en investissements, la participation du


privé dans la réalisation de ces infrastructures est nécessaire, dans le cadre de
Partenariats Public-Privé, notamment, en adoptant des approches innovantes pour la
mobilisation des financements pour des projets régionaux.

Pour les projets d’interconnexions, des solutions innovantes ont déjà été
initiées telles que la création de sociétés de projets communes où les entreprises
d’électricité concernées de la région en question peuvent contribuer à la réalisation
des infrastructures d’interconnexion et percevoir, en contrepartie, une rémunération
de transit en conséquence et en accord avec les autres pays concernés.

Concernant les projets de production à caractère régionaux, une approche


innovante pourrait être adoptée à travers un schéma de Partenariat Public-Privé où le
marché régional constitue une garantie suffisante pour les investissements futurs.
Une des options possibles serait, par exemple, de sécuriser une partie des revenus à
travers un contrat d’achat d’énergie garanti (“take-or-pay” PPA) avec les sociétés
d’électricité (50% par exemple); le reste pouvant être commercialisé sur le marché
régional.

Dans ce cadre, il est important d’évoquer la signature de l’accord sur la Zone de


libre-échange continentale (ZLEC) par 44 pays africains, mercredi 21 mars à Kigali,
lors du sommet extraordinaire de l’Union africaine.

C’est dans ce contexte qu’il faut évaluer l’importance de la ZLEC. Pour l’instant,
"seuls 16 % des échanges commerciaux africains ont lieu au sein du continent (contre
70 % pour l’Europe, 54 % pour l’Amérique du Nord et 51 % pour l’Asie du Sud-Est)
"57. Le continent échange (essentiellement des matières premières) deux fois plus
avec l’Occident qu’avec lui-même. Le coût de renoncement est considérable.

Des pays importants, comme l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Egypte, l’Ethiopie et le


Maroc, ont signé l'accord, qui entrera en vigueur dans un délai de 180 jours, après
avoir été ratifié par les pays signataires. En revanche, le Nigeria, l'une des premières
économies du continent (et le pays le plus peuplé d'Afrique), qui avait pourtant
coordonné les négociations avec l'Égypte, est le principal pays à s'être abstenu.

La ZLEC fournit un cadre pour la coopération entre les pays africains en matière
de fourniture de services énergétiques. En fait, les services énergétiques sont l'un des
"secteurs de services prioritaires " destinés à la libéralisation dans le cadre de la ZLEC.
Cela signifie que les pays du continent vont ouvrir leurs marchés énergétiques les

44
uns aux autres et développer un cadre réglementaire commun pour la coopération
dans ce secteur.

La ZLEC fournit aussi un moyen de faire évoluer les pools énergétiques


régionaux réussis de l'Afrique vers un marché énergétique à l'échelle du continent.

2.6 Zones de conflits

Les principales zones de conflits avec un impact matériel sur la capacité des
pays à entreprendre leurs activités de développement et d’exploration pour créer
de la richesse incluent le Nigéria à cause des activités de sabotage dans la zone du
delta, la Libye et le Soudan du Sud dont 15 compagnies viennent de faire l’objet de
sanctions de la part des États-Unis58 fin Mars 2018. De la même manière, il existe des
pays avec des gouvernances exemplaires et des politiques démocratiques et
inclusives mais encore sans production et sous-exploré. Il s’agit du Botswana et de la
Namibie.

Par ailleurs, plusieurs grandes puissances portent une attention toute


particulière au Golfe de Guinée. Cette région qui se trouve à cheval sur deux sous-
régions africaines : la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
(CEEAC) et la CEDEAO sont certaines des plus pétrolifères au monde59.

Cette richesse énergétique constitue un enjeu géostratégique majeur. La zone


fournit 40% du pétrole consommé en Europe et près du quart des besoins des Etats-
Unis en la matière. De ce fait la région est en proie aux convoitises des puissances
étrangères, dont les investissements- tous pays confondus- sont estimés aux
horizons 2020, à 50 milliards de dollars60.

Les richesses pétrolières de la région sont également sources de conflits


internes au pays, notamment, à cause de la non-redistribution des revenus de la
manne pétrolière. Les populations, souvent démunies, savent que les richesses issues
de l’exploitation des hydrocarbures sont extrêmement importantes. Elles se sentent
alors frustrées de ne pouvoir en bénéficier d’aucune manière. Il en naît des disparités
qui provoquent un ressentiment général des populations vis-à-vis des gouvernants.

"De plus, dans certaines régions côtières, les populations qui vivent de la pêche,
reprochent aux compagnies pétrolières de nuire à leurs activités en raison de la
pollution qu’elles génèrent et des interdictions de pêche qui sont imposées autour
des sites de production61". Ces populations ne se sentant pas faire partie d’une
dynamique de développement inclusive, s’inscrivent alors dans des actions de
vengeance.

45
Les relations et les interdépendances entre l’énergie, l’eau et l’alimentation
prennent une importance cruciale pour les pays soumis au stress hydrique ou avec
un accès insuffisant aux formes modernes de l’énergie. En effet la mobilisation des
ressources hydriques en quantité importante ne peut se faire sans un
approvisionnement fiable et abordable en énergie, notamment sous forme
électrique.

Dans tous les secteurs économiques, notamment l'industrie, l'agriculture, les


transports, et le secteur commercial, l’énergie est l'un des plus importants intrants
dans la production, la transformation, le traitement et la commercialisation. Pour la
plupart de ces secteurs en Afrique, l'absence d’un minimum d'intrants énergétiques a
entraîné une faible productivité et une croissance économique toujours insuffisante.

Le manque d'accès à une électricité fiable et abordable en Afrique


subsaharienne limite le développement des activités économiques agricoles et hors
agriculture. L'électrification rurale peut augmenter la productivité et les revenus
lorsque les agriculteurs passent d’un modèle basé sur l’effort physique des hommes
et des bêtes de somme à un modèle basé sur la mécanisation et l’utilisation des
outils et machines électriques. L'accès à un approvisionnement fiable en électricité
est de nature à accroître la productivité tout au long des chaînes de valeur agricoles
et ainsi permettre une augmentation des revenus pour le secteur agricole et
l'économie rurale dans son ensemble.

En Afrique subsaharienne, la disponibilité de l'eau pour l'irrigation n'est guère


un problème. Seulement 2 à 3% des ressources en eau renouvelables de la région
sont utilisées, contre 5% dans le monde. Son intensité d'irrigation, l'une des plus
faibles au monde, ne représente que 5 pour cent de la surface cultivée totale, contre
37 pour cent en Asie du Sud et 14 pour cent en Amérique latine.

Malgré l'abondance absolue des ressources en eau et l’étendue de la superficie


terrestre propice à une exploitation agricole durable, le manque de développement
de l'irrigation et la capacité de stockage ont limité la disponibilité de l'eau dans
certains bassins, entraînant un stress hydrique. Le coût des infrastructures de
mobilisation de la ressource hydrique (barrages et réseaux d’adduction) et les
quantités importantes en énergie nécessaires pour en assurer l’exploitation, posent
des défis énormes pour le continent et pour la sécurité alimentaire de sa population.

46
Figure n° 21 : Le stress hydrique dans les pays d'Afrique subsaharienne

Source: Rapport de synthèse pour la région Afrique


pour Le Conseil des Ministres Africains Chargés de
l'Eau (AMCOW) – Huitième forum mondial de l’eau

L'Afrique est importateur net de produits alimentaires, notamment le riz et le


blé. La croissance démographique soutenue pèse fortement aussi bien sur la
demande d'aliments que sur la production des denrées alimentaires.

Un simple examen des tendances récentes de la production mondiale de


certaines denrées alimentaires montre à quel point le déficit de l’Afrique en termes
de production agricole est important par rapport à d’autres régions du globe.

Figure n° 22 : Part de la production mondiale de riz, de blé, de céréales et de sucre, par région

Source : IRENA 2015, FAO

Dans ce contexte, le développement des infrastructures énergétiques et


hydrauliques de l’Afrique peut jouer un rôle essentiel dans la relance du secteur de
l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire et par conséquent enclencher une
transformation économique inclusive et vertueuse. Cela nécessite de développer les

47
chaînes de valeur agricoles, l'agro-industrie et l’industrie des fertilisants pour
améliorer la transformation, la logistique, les infrastructures de marché et les réseaux
de vente, qui ont tous besoin d'électricité.

Conclusion

L’Afrique dispose de réserves abondantes de combustibles fossiles et de


ressources encore plus abondantes en termes d’énergies renouvelables. Compte
tenu de la demande croissante en énergie, les décideurs doivent impérativement
exploiter les ressources de l’Afrique pour répondre à ses propres besoins et
s’éloigner du modèle « prospection-extraction-export ».

Une réforme durable de la réglementation et l’amélioration des modes de


gouvernance sont essentielles pour stimuler l’investissement. Le coût des
investissements initiaux dans les infrastructures énergétiques pouvant être prohibitif,
les pouvoirs publics et les législateurs doivent chercher à réduire les risques et
favoriser le développement de partenariats et projets d’envergures régionales pour
ainsi mutualiser les risques et attirer davantage de capitaux privés.

En Afrique, les systèmes énergétiques sont à la fois inéquitables et inefficaces.


Ils fournissent de l’électricité subventionnée aux riches, un approvisionnement
énergétique de mauvaise qualité aux entreprises et presque rien aux pauvres.

Les stratégies nationales doivent permettre de respecter l’engagement


d’assurer l’accès universel à l’énergie d’ici 2030 et donc de fournir de l’électricité à
645 millions de personnes supplémentaires, soit en les raccordant au réseau, soit par
le biais de mini-réseaux décentralisés ou d’approvisionnement énergétique hors
réseau.

3. Enjeux énergétiques : zoom sur la CEDEAO

Comme cela a été souligné dans le chapitre précédent, l'Afrique présente un


paysage énergétique très hétérogène, avec de grandes variations d’un pays à un
autre en termes de dotations en ressources, de modes de consommation et de défis
politiques. Mais certains enjeux sont communs à une majorité des pays de l’Afrique
subsaharienne. Dans ce chapitre, nous nous focaliserons sur quatre cas particuliers.
L'objectif est de présenter en détails les fondamentaux et les développements
récents, en termes d’hydrocarbures, au sein des principaux acteurs du continent et en
particulier la sous-région que constitue la CEDEAO.

Le Maroc ayant entrepris officiellement, en 2017, des démarches pour adhérer


à cette communauté économique, cette analyse est utile pour donner des éclairages

48
sur les possibles implications de cette éventuelle adhésion, aussi bien pour les pays
membres de la CEDEAO que pour le Maroc.

Pour le cas du Maroc, les possibilités d’approvisionnement du pays en gaz


naturel dans le cadre d’un marché énergétique intégré constituent les principaux
avantages liés à une telle adhésion. Par conséquent, les implications sur le Maroc
seront déclinées à partir d’une analyse détaillée d’études de cas pertinents dans les
différentes régions d’Afrique, principalement celles qui connaissent un
développement significatif en matière de prospection et ou de développement de
gaz naturel ou de produits pétroliers.

Les études de cas suivantes seront présentées :

● Exploration des hydrocarbures dans le bassin sédimentaire offshore


Mauritanie-Guinée et dans les pays de la CEDEAO.

● Exploration des hydrocarbures dans certaines régions d’intérêt ne faisant pas


partie de la CEDEAO, notamment l’Afrique de l’Est.

● Transition énergétique dans les pays de la CEDEAO.

● Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (West African Gas Pipeline).

3.1 Etude de cas n°1 : exploration des hydrocarbures dans le bassin


sédimentaire offshore Mauritanie-Guinée et dans les pays de la CEDEAO

Plusieurs découvertes et confirmations récentes de systèmes pétroliers sont en


train de changer la donne en cette zone de l’Afrique, jusqu’à présent pauvre en
hydrocarbures, en mettant en évidence des systèmes offshores encore hypothétiques
ou pas encore déclarés commerciaux.

La figure, ci-dessous montre l’étendue des découvertes en mer profonde allant


de la Mauritanie à la Guinée Bissau.

49
Figure n° 23 : Carte du Bassin Mauritanie-Guinée

Source : FAR limited 2017 62

Par conséquent, à partir de fin 2016 et tout au long de 2017 de grands


opérateurs sont entrés en force dans cette région. Ainsi "ExxonMobil" acquiert, en
Décembre 2017, 3 blocks en mer profonde en Mauritanie pour faire de l’exploration.
De son côté, Total prend des participations, en Avril 2017, dans 2 blocs au Sénégal et
2 autres en Gambie, tous étant des concessions d’exploration en mer profonde. En
Mai 2017, Total ajoute le block C-7 en mer profonde en Mauritanie à son portefeuille.

Un autre acteur, "BP" acquiert, en Décembre 2016 des parts de participations


en Mauritanie et au Sénégal pour le développement en gaz naturel liquéfié (LNG), de
la plus grande découverte de gaz de la région (425 milliards de mètres cubes) et
dont la mise en production est prévue pour 2021. Finalement, les acteurs asiatiques
ne sont pas en reste non plus puisque "Petronas" prend des intérêts dans 2 blocs
d’exploration en mer profonde en Gambie, au début 2018, alors que le chinois
"CNOOC" prend 65% d’intérêt dans le bloc "AGC Mer Profonde" se situant dans la
zone communément gérée par le Sénégal et la Guinée-Bissau.

La confirmation et le développement de ces réserves génèrent une dynamique


propice à un regain d’activité dans le bassin en question, et par conséquent, une
meilleure connaissance des systèmes pétroliers en place ce qui est de nature à
accroître la probabilité de découverte d’autres gisements.

Il est à signaler également que les découvertes actuellement en cours de


développement auront un effet très matériel sur la situation énergétique de cette
région et donc sur les pays de la CEDEAO traversés par le bassin en question.

Comme annoncé précédemment, les caractéristiques de cette région sont


développées de manière détaillée ci-dessous :

50
● Mauritanie (membre associé de la CEDEAO)

La majeure partie des concessions octroyées par le pays se trouve en offshore


où, en général, les conditions de sécurité sont meilleures que sur le continent.

Le pays a rejoint le club des producteurs durant la moitié des années 2000 avec
la découverte offshore du champ Chinguetti par la compagnie CNPC (China National
Petroleum Corporation). Cependant, l’exploitation du réservoir s’est avérée
compliquée et le champ moins prometteur que prévu. La compagnie a donc revu son
intérêt à la baisse et ce n’est que récemment que le pays a bénéficié d’une
découverte importante de gaz au sud, à la frontière avec le Sénégal (Voir ci-dessous
Figure 24).

Figure n° 24 : Découverte à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal

Source : Kosmos Energy63

La confirmation, par des forages supplémentaires en 2017, de cette importante


découverte de gaz dans le champ "Tortue/Ahmeyim" apporte des réserves
actuellement estimées à 425 Milliards de mètres cubes (ou 15 TCF)64. La découverte
de ce champ, qui s’étale sur la frontière maritime entre les deux pays a été l’occasion
de mettre en place un cadre de coopération entre les deux pays. En effet, les 2 Etats
ont signé un Accord de Coopération Intergouvernemental pour partager la
production à parts égales avec la mise en place d’un mécanisme de correction en
fonction de la production de chacun et d’autres facteurs techniques.

En date de Février 2018, l’entreprise "BP" a réalisé d'importants travaux


d'ingénierie pour le projet et sa mise en valeur sous forme de gaz naturel liquéfié
(GNL) dans une installation flottante à proximité du littoral. "BP" et ses partenaires

51
prévoient également d’établir une chaîne de valeur intégrée de gaz naturel qui
permettrait d'exporter le gaz naturel liquéfié (GNL) sur les marchés mondiaux tout en
fournissant le gaz nécessaire au Sénégal et à la Mauritanie.

Parmi les principaux autres développements récents, il est à intéressant de citer


la prise de participation d’ExxonMobil et de Total dans des concessions offshores.
La décision d’investissement finale est prévue au cours de 2018 pour une première
production du gaz liquéfié à l’horizon 2021.

● Sénégal

Le Sénégal n’a pas de production d’hydrocarbures significative. Cependant, les


principaux développements récents indiquent que le pays devrait rejoindre les pays
producteurs de pétrole à l’horizon 2021-2023 avec une production cible initiale allant
de 75.000 à 125.000 barils par jour65 en plus de la production de gaz offshore
partagé avec la Mauritanie dans le cadre de l’exploitation du le champ
"Tortue/Ahmeyim". En effet, le gisement du bloc "SANGMAR" Profond, estimé à 563
millions de barils de pétrole et dont le permis d’exploration est détenu par Cairn,
vient d’être confirmé par une tierce partie compétente et certifiée.

L'évaluation et la mise en place de la première phase de développement du


champ, où Cairn détient 40% des parts, est en cours de finalisation. L'entreprise a
pour objectif de présenter un plan d'exploitation qui sera approuvé par le
gouvernement d'ici la fin de 2018, avec un objectif de mise en production pour la
période 2021-2023.66
Figure n° 25 : Carte des concessions au Sénégal

Source : www.nogtec.com67
● Gambie et Guinée-Bissau

A ce jour, la Gambie n’a pas de production d’hydrocarbures. Les principaux


développements récents sont successifs aux découvertes offshores limitrophes du
Sénégal et l’amélioration de la probabilité de succès qui en résulte. Ainsi Total vient
de signer un accord pour une prise de participation dans deux blocs exploités par
African Petroleum.68 Cette action stratégique permettra à Total de capitaliser sur ses

52
efforts d’exploration et son expertise dans les systèmes pétroliers de la région. A
souligner aussi l’intérêt porté par Petronas début 2018 en prenant des participations
dans deux blocs69 jusqu’ici exploités par FAR (également présent au Sénégal).

En Guinée-Bissau, plusieurs acteurs actifs existent dans le bassin sédimentaire


offshore ouest-africain. Néanmoins, il faut souligner que l’attractivité de l’exploration
pétrolière dans ce pays et l’activité future sont sous-jacentes à sa stabilité politique,
une commodité qui jusqu’à ce jour lui fait beaucoup défaut.

● Côte d’Ivoire

La production actuelle de la Côte d'Ivoire (Mars 2018) de pétrole est de l’ordre


de 40.000 barils par jour, quant à celle de gaz, elle est estimée à 200 millions de
pieds cubes par jour et ce principalement à partir du champ gazier Manta, dont le
permis d’exploitation est détenu par le groupe Bouygues, à travers sa filiale Foxtrot
International70. Quant aux réserves récupérables, elles ont été estimées à 100 millions
de barils pour le pétrole et à 31 milliards de mètres cubes pour le gaz.
Figure n° 26 : Carte des concessions en côte d’Ivoire

Source : Revue Geo-Eco-Trop71


L’intérêt pour le pays s’améliore avec la signature, fin 2017, de 9 Contrats de
Partage de Production offshore avec "Tullow" et "Kosmos Energy". Ces acteurs
devraient pouvoir capitaliser sur leur expertise régionale, notamment leur bonne
connaissance de la géologie et des opérations dans ces pays.

En attendant que ces efforts puissent éventuellement produire leurs effets, et à


défaut de compter sur le gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGP : West African Gas
Pipeline), pour subvenir à ses besoins en gaz, en 2017, le pays a mis en place "CI-
GNL", un consortium mené par Total et ayant pour responsabilité le développement
et l’exploitation du terminal de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL), à
proximité d’Abidjan, d’une capacité de 3 millions de tonnes par an. La mise en service
du projet est prévue pour la deuxième moitié de 201872.

53
● Ghana

Figure n° 27 : Cartes des concessions au Ghana

Source : Soon Mining Limited73

Le pays reste très attractif et actif dans la prospection et le développement de


son potentiel en hydrocarbures. Le Ghana œuvre à éviter les problèmes rencontrés
par son voisin de l’Est, le Nigéria, en mettant en place une législation et des garde-
fous pour une meilleure gouvernance de ses ressources et de son industrie. Ainsi une
loi votée en 2016 oblige le gouvernement à rendre public toutes les informations
relatives à l’industrie y compris les contrats de partage de production et autres
accords et détails sur son site74.

La production en pétrole du pays est estimée à 160,000 barils par jour en 2017
et celle du gaz à 70 millions de pieds cubes par jour principalement sous forme de
gaz associé au champs offshore, "Jubilee", mis en service en 2014. Le pays espère
pouvoir bénéficier assez rapidement de la production offshore de Sankofa et Gye
Nyame, 2 découvertes récentes de gaz à l’ouest du pays.

Le Ghana est le principal destinataire du gaz Nigérian transporté à travers le


gazoduc Nigeria - Ghana. Cependant les problèmes de disponibilité de gaz nigérian
et de paiement de la part des acheteurs ghanéens ont fait que le pays s’oriente
rapidement vers la canalisation de sa propre production de gaz de l’Ouest vers l’Est
du Ghana pour sa propre production d’électricité en utilisant le gazoduc Nigeria –
Ghana. Evidemment, cette stratégie n’est pas sans conséquences sur le projet du
gazoduc et sa raison d’être à défaut de développement. (Voir ‘’Cas d’étude WAGP’’).

Le Ghana a déjà réalisé une nette réduction de ses importations de gaz et


projette le doublement de sa capacité de production à l’horizon 2019.

54
Figure n° 28 : Besoins en gaz naturel et évolution de la production domestique au Ghana

Source: Oxford Institute for Energy Studies75

● Nigéria

Le sous-sol nigérian renferme les plus vastes réserves prouvées de gaz du


continent africain, 180 trillions de pieds cubes ainsi que les deuxièmes plus
importantes réserves de pétrole, 37 milliards de barils76.
Aujourd’hui, le Nigéria reste le premier producteur africain de pétrole brut avec
une moyenne de 2 millions de barils par jour, et le deuxième producteur de gaz avec
4,3 milliards de pieds cube par jour77.

L'Europe est le plus grand importateur de pétrole brut nigérian. En 2015,


l'Europe a importé un peu plus de 800 000 b/j de brut et de condensat du Nigeria, ce
qui représente 41% des exportations en pétrole du pays.

Le Nigeria exporte la grande majorité de son gaz naturel sous forme de GNL, et
une petite quantité est exportée via le West African Gas Pipeline (WAGP) vers les
pays voisins. Il a exporté environ 900 milliards de pieds cubes de gaz naturel liquéfié
(GNL) en 2014, représentant 8% du GNL commercialisé dans le monde et ainsi
classant le Nigeria au quatrième rang mondial des exportateurs de GNL. Avec 26%
des exportations en GNL, le Japon est le plus gros importateur de gaz nigérian en
2014, suivi par l’Europe avec 22%.

Paradoxalement, le Nigeria est également devenu l’un des principaux


importateurs en Afrique de produits pétroliers raffinés. En 2017, le pays a importé un
total de 22,5 milliards de litres (ou 142 millions de barils) correspondant à plus de
70% de sa consommation78. La compagnie nationale "NNPC" a confirmé que depuis
la fin de 2017, le pays a dépensé 5.8 milliards de dollars pour importer 9.8 millions de
tonnes d’essence et subvenir à la demande de la population79. Ces dépenses
traduisent un grand problème dans l’industrie de raffinage du pays, et dans une
moindre mesure dans celle de transport par oléoduc.

55
En effet, le pays dispose de 4 raffineries avec une capacité totale de 445.000
barils par jour dont l’utilisation peut, pour des raisons liées au manque de
maintenance, chuter jusqu’à 5.9% comme cela a été le cas en Novembre 2017. (Voir
Figure 29).

Figure n° 29 : Pourcentage d’utilisation de la capacité de raffinage totale

Source : NNPC80
Des problèmes similaires affectent la chaîne de valeur du gaz avec des niveaux
de livraison de gaz en deçà des obligations contractuelles ce qui se traduit par un
déficit de production en énergie électrique.

Le gouvernement est actuellement en train de mettre en œuvre une initiative


impliquant des partenaires privés pour la maintenance et la remise en marche des
raffineries existantes.

Figure n° 30 : Carte des pipelines en Afrique de l'ouest

Source: Geomondiale.fr81
3.2 Etude de cas n°2 : exploration des hydrocarbures dans certaines régions
d’intérêt ne faisant pas partie de la CEDEAO

● Le Mozambique

De tous les pays de l’Afrique de l’Est, le Mozambique est celui qui, en théorie, a
le plus à gagner de ses récentes et importantes découvertes de ressources en
hydrocarbures. Le 5 mars 2018, le gouvernement a autorisé le plan de

56
développement, sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) par Anadarko et ses
partenaires de l’énorme découverte de gaz offshore estimée à 75.000 milliards de
pieds cubes82 (ou l’équivalent de 12 milliards de barils de pétrole). Cette valeur
placerait le Mozambique juste derrière le Nigeria et l’Algérie en termes de réserves
de gaz au niveau du continent.

La collecte et le transport du gaz jusqu’aux installations onshore se fera en


utilisant les techniques sous-marines de production et de transfert par oléoduc
(d’environ 40 kms).

L’usine de liquéfaction du gaz onshore devrait pouvoir atteindre, à maturité, la


capacité de 50 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié GNL83 (ou 68
milliards de mètres cubes) soit autant que le GNL exporté, en 2016, par le Qatar à
toute l’Asie. Ce développement devrait avoir un impact certain et transformationnel
sur le pays et ses voisins.

● La région des grands lacs Ouganda – Kenya – Tanzanie – Ethiopie

L’Ouganda et le Kenya sont deux pays qui devraient rejoindre, à l’horizon 2022,
le peloton des pays producteurs et exportateurs de pétrole grâce à leurs réserves de
pétrole récemment mises en évidence. Ces réserves sont estimées à 2 milliards de
barils pour l’Ouganda et à 750 millions de barils pour le Kenya 84, et tous les deux ont
prévu d’utiliser un système d’oléoducs pour acheminer leurs productions à la côte
Est, sans pour autant combiner leurs efforts et utiliser les mêmes infrastructures.
Ainsi, le pétrole ougandais devrait transiter par la Tanzanie et atteindre le port
d’export de Tanga.

● La région mature de l’Afrique de l’Ouest : Gabon, Guinée Equatoriale et


Angola

Dans cette région mûre, l’industrie d’exploration et de production joue encore


un rôle prépondérant dans l’économie, et ces pays ont souffert d’un déclin significatif
de leurs revenus pétroliers depuis la chute des cours en 2014. Beaucoup ont dû
initier des programmes d’austérité et des actions visant plus de diversifications de
leurs économies respectives. De leurs côtés, les compagnies pétrolières ont
drastiquement diminué leurs investissements dans l’exploration et se sont limité aux
dépenses nécessaires à la continuité de leurs opérations ou contractuellement
obligatoires.

57
Par conséquent, il est à prévoir que la production de ces pays continue de
baisser dans le futur proche. Tout retournement de situation reste tributaire de la
reprise des cours pétroliers et de la perception, par les opérateurs, de la conjoncture
à moyen et long termes.

3.3 Etude de cas n°3 : transition énergétique des pays de la CEDEAO

La région de la CEDEAO dispose d’importantes ressources énergétiques,


notamment de pétrole, et d'un bon potentiel dans le domaine des énergies
renouvelables, essentiellement hydraulique et solaire. Dans ces zones aux fortes
disparités, l’accès reste toutefois l’un des défis majeurs à l’heure actuelle.

"La biomasse (bois, résidus agricole, charbon de bois, fumier,…) et les déchets
constituent la principale source d'approvisionnement énergétique pour 70% à 90%
de la population d’Afrique de l’Ouest selon les pays concernés. Il y a de fait une
fracture importante entre les populations rurales et urbaines ; les premières n’ayant
accès, que très peu, aux réseaux électriques85".

Il existe par ailleurs de fortes disparités entre les pays d’Afrique de l’Ouest : le
Nigeria est le 1er producteur de pétrole africain (13ème au monde avec 2,2% de la
production mondiale en 2016) tandis que d’autres pays ont une production
énergétique très limitée dépendant presque exclusivement de la biomasse comme le
Togo.

La région de la CEDEAO compte au total 4 pays producteurs de pétrole :

 Le Nigéria qui a produit près de 2,05 millions de barils par jour en 2015.

 Le Ghana avec une production de 99 000 barils par jour.

 La Côte d’Ivoire avec une production de 38 600 barils par jour.

 Le Niger avec une production de 20 000 barils par jour.

Paradoxalement, " l'Afrique de l'Ouest est confrontée à un problème de


précarité énergétique et d'accès à l'énergie : plus de 250 millions de personnes
comptent sur la biomasse pour cuire leurs aliments et préparer à manger car elles
n'ont pas accès à l'électricité. L'utilisation massive du bois comme combustible
principal pèse par ailleurs sur la durabilité des ressources. Les besoins en énergie
sont en forte croissance et nécessitent des solutions innovantes qui sont encore
freinées par le manque de financements : 12 des 15 pays d’Afrique de l’Ouest sont

58
aujourd’hui listés par l’ONU comme Pays les Moins Avancés (seuls la Côte d’ivoire, le
Ghana et le Nigéria n’en font pas partie) et ont un Indice de Développement Humain
parmi les plus bas du globe. Les financements nécessaires au développement de
l’accès à l’énergie dans ces pays sont donc, la plupart du temps, apportés par des
bailleurs de fonds étrangers86".

Face à ces défis, et à l’instar de plusieurs pays et régions de la planète, la


CEDEAO a entrepris de transformer son système énergétique pour répondre à un
objectif double, celui de résorber la grande crise énergétique de la région, un accès
limité à l’électricité et un approvisionnement non fiable, et prendre part aux efforts
d’atténuation du phénomène de changements climatiques.

Le document de Politique en matière d'Énergies Renouvelables de la CEDEAO


(PERC) et d’Efficacité Energétique a été validé par l'Assemblée du Groupe d’Experts
de la CEDEAO, en Juin 2012, à Dakar, adopté par les ministres de l'énergie de la
CEDEAO au cours d’un forum de haut niveau sur l'énergie, en octobre 2012, Accra,
par le Conseil des Ministres de la CEDEAO, en Juin 2013, à Abidjan et par la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, en Juillet 2013, à
Abuja.

Cette lettre a fixé des objectifs régionaux pour la CEDEAO aux horizons 2020 et
2030, récapitulés comme suit :

● Atteindre une capacité renouvelable (hors hydraulique) de 2425 MW (10%) en


2020 et 7600 MW (19%) en 2030.
Figure n° 31 : Objectifs de la stratégie renouvelables de la CEDEAO

Source: ECREEE87

● Atteindre une proportion de population raccordée par les énergies


renouvelables hors réseau de 22% en 2020 et 25% en 2030.

59
Figure n° 32 : Objectifs de la stratégie d’électrification de la CEDEAO (population en millions)

Source : ECREEE88

Le développement des interconnexions entre les différents pays de la région


constitue l’une des principales mesures préconisées pour relever ces défis.

3.4 Etude de cas n° 4 : Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (West African Gas


Pipeline)

L’objectif de cette partie, qui consiste en un cas d’étude d’un gazoduc de


l’Afrique de l’Ouest, est pertinent pour comprendre la dynamique, le processus et les
défis qui pourraient éventuellement affecter le projet, encore à l’état d’étude, du
gazoduc Nigeria - Maroc - Europe.

En effet, l’Afrique a mis en place plusieurs projets de gazoducs aussi bien


onshore qu’offshore, et l’une des plus récentes réalisations, en Afrique de l’Ouest, est
le Gazoduc de l’Afrique de L’Ouest (WAGP : West African Gas Pipeline) qui transporte
le gaz du Nigeria aux marchés des 3 pays voisins : Bénin, Togo et Ghana.

Ce gazoduc présente le cas idéal pour comprendre, dans un premier temps, les
défis et opportunités présentées par de tels projets dans les pays de la CEDEAO.

3.4.1 Objectifs du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest

Pour répondre à une demande potentielle en gaz d'environ 450 millions de


pieds cubes standard par jour (MMscf/jour) à l’horizon 202589, tout en mettant à
profit le gaz associé torché au Nigéria qui est estimé à plus de 800 milliards de pieds
cubes en 200590 (soit environ 2.200 MMscf/jour), un système de gazoduc de 678 km
de long a été mis en service pour transporter le gaz naturel du Nigéria au Bénin,
Togo, et au Ghana et approvisionner les unités de production d'électricité de ces
pays en gaz naturel. Cela implique, pour certaines centrales électriques, la conversion
des unités de production existantes en gaz et quand cela est nécessaire, des
investissements supplémentaires dans les stations de compression sachant que le

60
projet a été initié avec seulement 2 unités de compression sur les 6 prévues pour
atteindre la capacité maximale de 475 MMscf/jour.

Figure n° 33 : Tracé du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest

Source: Nigerian Electricity Regulatory Commission 91

3.4.2 Chronologie du projet

Le projet du Gazoduc le l’Afrique de l’Ouest a mis près de 10 ans (~1982 –


1993) pour mûrir au sein de la CEDEAO, et 15 autres années (1993 – 2008) pour se
concrétiser et fournir le premier gaz au Ghana. L’utilisation du gazoduc est toujours
en évolution et s’adapte aux dynamiques locales, avec la mise en place d’un plan de
pompage en sens inverse à l’intérieur du Ghana entre les points de livraison de
Takoradi et Tema. Ce projet est prévu d’être exécuté au cours de l’année 2018.

La chronologie des évènements les plus importants ayant affecté le projet est
détaillée, ci-dessous :

Années 80 et début 90 : Le projet du Gazoduc le l’Afrique de l’Ouest muri suite à


une volonté d’intégration économique et politique de certains pays de la CEDEAO.

1993 : Une étude de préfaisabilité a indiqué que le projet était commercialement


viable.

1995 : Les gouvernements du Nigeria, du Benin, du Togo et du Ghana signent un


Accord d’Etat.

1999 : Réalisation des études de faisabilité détaillées et signature d’un


Mémorandum d’Entente entre les agences de développement de chaque Etat.

2000 : Signature, au mois de Février, de l’Accord intergouvernemental.

61
2003 : Cette année a connu la signature de plusieurs accords et traités considérés
comme décisifs pour l’implémentation du projet et l’exploitation de l’infrastructure :
(i) Signature, en Janvier, du Traité pour l’établissement de l’Autorité de régulation
WAGPA (West African Gas Pipeline Authority) : l’entité en charge de gérer les
obligations de WAPCo et réguler les tarifs de transit ; (ii) Finalisation, au mois de Mai,
de l’Accord d’actionnariat92 pour l’établissement de WAPCo (West African Gas
Pipeline Company Limited): l’entité en charge de construire, opérer et transporter le
gaz ; et (iii) Signature, toujours au mois de Mai, de l’Accord de Projet International
entre les 4 États et WAPCo.

2004 : Adoption de la législation relative au projet au mois de Décembre, de


l’investissement.

Mars 2005 – 2ème Trimestre 2008 : Phase de construction du gazoduc.

Avril 200893: Entrée en service du Gazoduc avec l’ouverture de la valve


d’approvisionnement au Nigeria. La première livraison de gaz naturel au Ghana n’est
intervenue qu’en Décembre de la même année.

2009 : Première production d’électricité au Ghana à partir du gaz.

2011 : Début de l’exploitation commerciale du gazoduc.

2018 : L’achèvement des travaux d’extension et de renforcement94 du Gazoduc pour


permettre le pompage du gaz en sens inverse de Takoradi à Tema (reverse flow) au
sein du Ghana. Ce dernier développement permettra au Ghana d’approvisionner ses
installations de production d’électricité à Tema à partir du surplus de production de
gaz de sa région de l’ouest près de Takoradi.

3.4.3 Les entités impliquées dans la réalisation et la chaîne de valeur du projet

Plusieurs entités étatiques et privées des 4 pays impliqués ont interagi pour
définir et mettre en place les cadres politiques, législatifs, techniques et financiers
pour le succès du projet. Cette figure illustre le nombre important d’intervenants et la
complexité des diverses interactions impliquant les 4 états et leurs machines
gouvernementales.

Ainsi, les décideurs politiques indiquent l’orientation du projet, les


gouvernements s’attelant à transformer cette vision en réalité sur le terrain. En
parallèle, les pouvoirs législatifs ont joué un rôle clefs pour passer les législations
nécessaires à ce projet transfrontalier. Enfin, des intervenants tels que les institutions
financières internationales et autres banques régionales ont joué le rôle de conseil et
d’audit à diverses étapes du projet avant d’en financer une partie.

62
Enfin, les parties privées ayant été impliquées dans le projet sont
essentiellement celles bénéficiant déjà d’une présence dans la région tels que :
Chevron Nigeria Limited, Shell Petroleum Development Company of Nigeria Limited.

63
Figure n° 34 : Illustration des acteurs clefs dans la réalisation du projet

* WAPCo: Chevron Nigeria Limited (37%), Shell Petroleum DevelopmentCompany of Nigeria Limited
(25%), Nigeria National Petroleum Company (18%), Volta River Authority of Ghana (16%), Société
Beninoise de Gaz S.A. (2%) (Benin), and Société Togolaise de Gaz S.A (2%) (Togo)
** N-Gas Ltd: Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) (62.35%), ChevronTexaco N-Gas
Limited (20.00%), and Shell Overseas Holdings Limited (17.65%)

Quant à la chaîne de valeur créée par le projet, elle consiste en l’achat du gaz
au Nigéria par 2 joint-ventures (étroitement liées aux propriétaires du gazoduc), la
réservation d’une certaine capacité de transport sur le gazoduc à partir du Nigeria à
chacun des points de livraison, et enfin sa revente aux utilisateurs au Togo, Bénin et
Ghana, ce dernier étant le principal client.

Pour donner l’impulsion nécessaire à la mise en place d’un tel projet


capitalistique (le budget initial était estimé à USD 690 millions) qui nécessite des
contrats garantis pour une durée de 20 ans, et pour récompenser les premiers
acheteurs et vendeurs, les différents contrats ont été définis de telle sorte que les
prix de transport soient préférentiels aux ‘’membres fondateurs’’ du projet. De fait, un
futur acteur désirant transporter du gaz devra s’acquitter d’un prix de transport
supérieur à celui consenti aux membres fondateurs.

64
Figure n° 35 : Illustration de la chaine de valeur du projet

3.4.4 Coût du projet et schéma de financement

Le coût initial prévu en 2014 au moment de la sanction du projet était de 638


millions Dollars US95.

En outre, 110 millions US ont été estimés pour les coûts de compression sur les
20 années à venir.96 Cependant le coût final est estimé à 1 milliard de dollars US. 97 La
majorité du financement initial a été supporté par les actionnaires du projet du
gazoduc sous forme de capitaux propres et de prêts à la West African Gas Pipeline
Company Limited (WAPCo).

En novembre 2004, la Banque mondiale a approuvé deux garanties d'un


montant total de 125 millions de dollars pour la construction du projet. Ces deux
garanties comprenaient respectivement 50 millions de dollars et 75 millions de
dollars de l'Association internationale de développement (IDA) et de l'Agence
multilatérale de garantie des investissements (MIGA) de la Banque mondiale98.

En décembre 2006, un prêt de 75 millions d’euros a été approuvé par la Banque


européenne d'investissement99 (BEI). L'Agence des États-Unis pour le développement
international (USAID) et l'Overseas Private Investment Corporation (OPIC) ont
également soutenu le projet en lui apportant respectivement 1,6 et 45 millions de
dollars.

65
3.4.5 Les spécifications techniques du projet

Figure n° 36 : Illustration des diamètres des différentes sections

Source : NERC et Les auteurs

Comme indiqué précédemment, le système du gazoduc a pour objectif de


transporter à terme 475 millions of cubic feet of gas per day de gaz produit au
Nigéria, soit environ 5 Milliards de mètres cubes par an, ou à titre de comparaison, la
demande annuelle anticipée du Maroc à l’horizon 2025100.

Le projet a été initialement lancé avec un accord fondateur qui offrait des
privilèges pour les membres fondateurs ou initiateurs du projet - voir section ci-
dessus – leur réservant un prix préférentiel de transport d’une capacité de 133.6
MMSCFD dont 123.2 MMSCFD est destiné au Ghana et 10.4 Million standard cubic
feet per day
(MMSCFD) pour le Bénin et Togo (5.2 MMSCFD pour chaque pays).

Il est à signaler que le point de réception du gaz, par l’acheteur "N-Gas", est le
terminal terrestre d’export d’Itoki. De fait, le système de transport comprend donc
une composante terrestre de 56 km de pipeline on-shore (diamètre extérieur de 30’’)
entre "Itoki "et le terminal offshore à Lagos Beach où le gaz est ensuite injecté dans
la portion off-shore du gazoduc. De plus, la compagnie nigériane NGC (National Gas
Company) agit comme sous-traitant pour le compte de la West African Gas Pipeline
Company Limited (WAGPCo) pour acheminer le gaz des producteurs jusqu’au
gazoduc WAGP et ce, notamment sur la portion du Gazoduc ELPS (Escravos-Lagos
Pipeline System) qui n’est pas sous la gestion de WAGPCo.

La section offshore a un diamètre extérieur de 20, une longueur d’à peu près
567 km et est enfouie à une profondeur de 30 à 70 m tout en restant à une distance
entre 6 et 33 Km de la côte. Les distances des connexions de branchement au
gazoduc pour alimenter Cotonou, Lomé et Tema sont respectivement de 15 Km, 19
Km et 16 Km.

66
Finalement, le système a été configuré pour fonctionner avec un maximum de 6
compresseurs pour atteindre la capacité maximale de 475 million de pieds cubes par
jours. L’augmentation opérationnelle initialement planifiée pour 2018 et comprenant
3 compresseurs pour ~230 million de pieds cubes par jours de capacité réservée de
transport n’aura pas lieu cette année à défaut de gaz disponible et à cause de litiges
financiers entre les acheteurs, vendeurs et transporteur.

Figure n° 37 : Projection dans le temps des différentes capacités du Gazoduc

En effet, au premier trimestre de 2018, la capacité maximale installée est encore


de 170 million de pieds cubes par jours avec 2 compresseurs installés. De cette
capacité maximale installée, 133.6 million de pieds cubes par jours sont réservés aux
partenaires fondateurs du projet. Cependant, au premier trimestre de 2018, l’objectif
est loin d’être atteint et le gazoduc ne transporte que de ~60 million de pieds cubes
par jours, comme indiqué dans la figure 36.

L’augmentation opérationnelle initialement planifiée pour 2018 et comprenant


3 compresseurs pour ~230 million de pieds cubes par jours de capacité réservée de
transport n’aura pas lieu cette année à défaut de gaz disponible et à cause de litiges
financiers entre les acheteurs, vendeurs et transporteur.

Tableau n° 1 : Capacités contractées et utilisées début 2018


Capacité installée
Capacité contractée* Capacité utilisée
Connexion MMSCPD
MMSCPD MMSCPD

Cotonou 5.2

Lomé 5.2

Ghana: (Tema et Takoradi) 123.2


Total 170 133.6 ~60

* Egalement référée comme Capacité Réservée

67
En plus, cette capacité a significativement varié depuis la mise en opération du
Gazoduc (Figure Ci-dessous). Les raisons de cette variation sont assez représentatives
des défis rencontrés dans la région tels que le vandalisme et les défauts de paiement.
Ces défis sont traités avec plus de détails dans la section suivante.

Figure n° 38 : Capacité réservée et effectivement utilisée

Capacité réservée

Source: Oxford Institute for Energy Studies101

3.4.6 Les problèmes et les défis rencontrés lors de la construction et de


l’exploitation

Le projet a d’abord connu des retards dans sa mise en opération à cause des
fuites au niveau terrestre des gazoducs d’acheminement au WAGPS. Le projet a aussi
souffert de retards dans la disponibilité des 2 premiers compresseurs nécessaires à
l’acheminement du gaz. Ultérieurement, le projet a rencontré des problèmes sérieux
lors sa mise en exploitation. Ces problèmes assez habituels pour la région, peuvent
être segmentés en 3 types, à savoir sécuritaires, contractuels pour le maintien des
flux de gaz à délivrer et finalement de liquidité pour payer le gaz réservé ou
consommé.

Le premier défi consistant à maintenir l’intégrité physique du Gazoduc et des


installations associées compte tenu des réalités sécuritaires existantes dans la région.
En effet, à cause d’une action de piratage maritime et de vandalisme au large du
Togo, le 28 Aout 2012, la portion offshore du gazoduc a été sectionnée au large du
Togo, ce qui a engendré l’arrêt du flux de gaz et la déclaration de force majeure par
la West African Gas Pipeline Company Limited (WAGPCo) jusqu’à la date de remise
en marche du système le 12 Juillet 2013.102 Le manque à gagner estimé par WAGPCo
est de l’ordre d’USD 0,5 millions par jour, soit USD 159 millions sur toute la période
d’arrêt103.

68
Plus récemment104 et en date du 2 Janvier 2018, le gazoduc "terrestre ELPS" qui
achemine le gaz nigérian au point réception au terminal d’export à Itoki a été
endommagé par des feux de brousse et a dû interrompre le transport de gaz jusqu’à
sa réparation le 8 Janvier 2018. Quelques jours après, Le 12 Janvier 2018, une
explosion a causé une autre rupture de ce gazoduc105. La livraison de gaz est chaque
fois interrompue sur le pipeline jusqu’à réparation des dégâts. En conséquence,
WAGPCo n’est pas en mesure de réceptionner et donc de transporter du gaz
pendant ces périodes de réparations.

Les défis contractuels sont le résultat des engagements des vendeurs à fournir
une certaine capacité de gaz quotidienne aux acheteurs, qui de leurs côtés, ont
engagé des capitaux importants pour pouvoir générer de l’électricité avec le gaz
acheté.

Premièrement, il est clair que l’hypothèse de base selon laquelle le Nigeria


devra assurer l’approvisionnement en flux de gaz sûrs et prévisibles pour alimenter
ses centrales thermiques et le gazoduc de la West African Gas Pipeline Company
Limited (WAGPCo), n’est toujours pas remplie aujourd’hui.

En 2008, le gouvernement Nigérian a élaboré un plan directeur pour le gaz afin


de promouvoir les investissements dans l'infrastructure des gazoducs et les nouvelles
centrales électriques alimentées au gaz afin de réduire les quantités de gaz torché et
de fournir plus de combustible pour alimenter la production d'électricité dont le
besoin se fait cruellement sentir. Cependant, les volumes de gaz torché restent
élevés : estimés, par l’Agence internationale de l'énergie, à 10.7 milliards m3 en 2014,
soit 24% de la production totale du pays en gaz naturel (44 milliards m3).

Deuxièmement, si le vendeur n’est pas en mesure de fournir les quantités de


gaz contractuelles, comme c’est le cas actuellement pour les 123.2 Million standard
cubic feet per day (MMSCFPD) à destination du Ghana, il est obligé de payer des
pénalités. Ainsi, le vendeur de gaz, la compagnie "N-Gas" a dû payer en 2014 USD 20
millions de pénalités pour manquement à ses obligations contractuelles 106. Ces
pénalités permettent à l’acheteur de s’approvisionner ailleurs en combustible pour
ses centrales électriques thermiques.

Le montant de la pénalité a été calculé sur la base d’un prix de pétrole brut de
35 USD/ baril, valeur qui s’est avérée insuffisante quand le prix a augmenté à plus de
100 USD/ baril. Par conséquent, et à défaut de recevoir le gaz réservé pour
approvisionner ses centrales électriques en combustible, le Ghana s’approvisionnait
en pétrole sur le marché international à hauteur de USD 55 million toutes les 3
semaines.107

69
Enfin, du fait que la Volta River Authority (VRA) - l'unique acheteur de gaz au
Ghana – ait dû payer des frais supplémentaires pour approvisionner ses centrales
thermiques en brut. A défaut de recevoir les volumes prévus de gaz naturel, et le fait
que cette entité ne recevait pas tous ses paiements des distributeurs d'électricité
locaux, qui à leur tour n'étaient pas payés par la plupart de leurs clients,
principalement le gouvernement du Ghana, ce qui a engendré une cessation de
paiement aux acheteurs et au transporteur de la West African Gas Pipeline Company
Limited WAGPCo.

Or le montage financier du projet et son plan de développement étaient


essentiellement basés sur les revenus liés à l’exploitation du gazoduc et aux volumes
de gaz transportés. La situation s’était aggravée à cause des retards de paiement par
les acheteurs. Pour remédier à cette situation, il a été décidé de faire payer les
fournitures de gaz à l’avance.

De plus, le Ghana a entamé les démarches nécessaires pour permettre un


pompage en sens inverse sur la portion Takoradi – Tema (reverse flow) de son
surplus de gaz produit dans l’ouest du pays pour alimenter les centrales thermiques
situées à Tema, et qui ne reçoivent que la moitié du gaz réservé du Nigéria (70 au
lieu des 123,2 MMSCFPD).

4. L'intégration du Maroc à la CEDEAO : une opportunité pour


accélérer sa transition énergétique

La CEDEAO représente un marché de 320 millions de consommateurs pour un


produit intérieur brut de 700 milliards de dollars. Avec le Maroc, cet ensemble
constituerait, avec 800 milliards de dollars de PIB, la 16ème puissance économique
mondiale avec en plus une position géostratégique unique allant de la Méditerranée
au Golfe de Guinée et des ressources naturelles immenses, les principales étant le
pétrole, le gaz naturel, l’or, le cacao, le coton, le phosphate, la bauxite …

Sur le plan énergétique, et face aux constats plutôt sombres qui se dégagent de
l’analyse de la situation actuelle du secteur énergétique africain, comme cela a été
rappelé dans les chapitres précédents, il existe un besoin réel et urgent pour ces
Etats d’améliorer le taux d’accès à l’électricité, de valoriser les ressources
énergétiques du continent et de réduire les coûts d’approvisionnement.

Ceci ne sera économiquement possible ni durable sans la construction de


marchés, et donc de projets, à caractères régionaux, puis interrégionaux. Une telle
intégration régionale est indispensable à la fois pour mutualiser les investissements
et les risques associés, pour augmenter la taille des marchés potentiels, pour

70
rationaliser et optimiser le déploiement des infrastructures, et améliorer et sécuriser
la qualité de l'approvisionnement.
C’est dans ce contexte que le Maroc a formulé récemment sa demande
d’adhésion à la CEDEAO. Intervenant au lendemain de son retour à l’Union africaine,
cette demande vient affirmer la volonté du pays d’intensifier ses échanges avec les
pays de la sous-région.

Le retour du Maroc à l’Union africaine et son éventuelle adhésion à la CEDEAO


constituent une opportunité pour la région pour établir une plateforme de
coopération dans différents domaines énergétiques avec des retombées bénéfiques
pour l’ensemble des pays concernés.

En effet, le modèle de coopération économique de développement prôné par la


politique de coopération étrangère du Maroc vise la promotion des relations sud-sud
dans l’objectif de contribuer, sur des bases équilibrées et pérennes, au décollage
socioéconomique du continent.

Les trois premiers chapitres de cette étude ont permis d’apporter certains
éclairages sur la situation actuelle du secteur énergétique de l’Afrique de manière
générale et celui de la zone de la CEDEAO en particulier. Partant de cette analyse, ce
chapitre vise à identifier et examiner les retombées de la stratégie Africaine du Maroc
sur sa politique énergétique, et à proposer des pistes de collaboration bénéfique
avec les pays de la CEDEAO dans le domaine.

4.1 Contexte énergétique du Maroc

Depuis l’accession au Trône de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI en 1999, le


Maroc a amorcé une période marquée par de grandes réalisations d’infrastructures
énergétiques et plusieurs projets structurants, notamment dans les domaines de
l’électrification rurale et des énergies renouvelables.

4.1.1 Electrification rurale

Pour répondre à l’impératif du développement social et économique du monde


rural, prôné par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, l’Office National de l’Electricité et
de l’Eau Potable (ONEE) a pris, à partir de 1995, un important engagement qui est
celui de généraliser l’accès à l’électricité à tous les citoyens en milieu rural.

L'Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable avait élaboré et mis en place


le Programme d'Electrification Rurale Global (PERG). Ce programme a connu une
grande réussite, et ce grâce à son caractère global et son mode de financement
participatif, puisqu’il a permis d’atteindre aujourd’hui un taux d’électrification de plus

71
de 98% contre 18% seulement en 1995. Depuis le lancement du PERG en 1996
jusqu’à fin décembre 2016, les réalisations se sont traduites par :

● l’électrification, par raccordement aux réseaux, de 39 445 villages ayant permis


l’accès à l’électricité à 2 099 675 foyers,

● l’équipement de 70659 foyers par kits photovoltaïques dans 4 555 villages,

● la population totale bénéficiant du PERG depuis son lancement, est estimée à


12,7 millions d’habitants.

Au-delà des chiffres, le PERG, qui répond aux ambitions de l’Initiative Nationale
pour le Développement Humain (INDH), lancée par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI,
a permis un bond en termes de développement économique et social :

● Amélioration des conditions de vie par l’équipement en appareils de confort (TV,


réfrigérateur, …).

● L’amélioration des conditions de scolarisation en prolongeant la durée de travail


scolaire à l’école et au foyer ;

● L’amélioration des conditions d’hygiène, les conditions sanitaires et la sécurité


dans le village (grâce à l’éclairage public).

● Le développement des activités génératrices de revenus, à savoir :

- Les activités agricoles : augmentation des raccordements des puits et


diversification des cultures avec augmentation des rendements ;

- Les activités d’artisanat traditionnel : tissage, cuir, …

- Les activités de "petites" industries : ateliers de mécanique, menuiserie,


réparation mécaniques, ateliers de soudure …

- Les activités liées à la transformation de produits agricoles : coopératives


laitières, moulins à grains, huileries, …

Le développement des réseaux électriques moyenne tension et leur


densification dans le cadre de l’électrification rurale encourage également les
industriels à créer des unités dans les zones rurales permettant ainsi à contribuer
dans la création de richesses pour le pays.

Dans ce cadre, il convient de signaler que l’Office National de l’Electricité et de


l’Eau Potable a mis en place des modes de gestion commerciale adaptés aux
caractéristiques de la clientèle rurale, basés notamment sur des systèmes de

72
comptage à prépaiement et l’externalisation auprès des PME locales de la relation
clientèle.

4.1.2 Interconnexions électriques

Le Maroc a, depuis les années 80, perçu l’importance du rôle qu’il pourrait jouer
sur le plan régional en matière d’échange d’énergie électrique. En réalisant des
interconnexions électriques avec l’Algérie et l’Espagne, le Maroc s’est positionné
comme acteur principal sur le marché de l'électricité au niveau de la zone euro-
maghrébine et joue pleinement son rôle de hub énergétique régional et de pays de
transit pour les échanges transfrontaliers d’électricité.

Actuellement, l’interconnexion électrique qui relie le Maroc et l’Espagne via le


détroit de Gibraltar, constitue l'unique interconnexion électrique entre l'Europe et
l’Afrique.

Au-delà des avantages de ces interconnexions sur le plan de la stabilité des


réseaux et la sécurité d’alimentation, l’interconnexion Maroc-Espagne a permis au
Maroc de réaliser des échanges économiques en bénéficiant des opportunités du
marché européen d’électricité et ce, grâce au statut d’opérateur dans le marché
espagnol d’électricité qu’il a obtenu depuis 1999.

Outre l’interconnexion avec l’Espagne et dans le cadre de la coopération avec


les pays du Maghreb dans le domaine de l’électricité, la première interconnexion
avec l’Algérie -réalisée en 1988- a été renforcée par deux lignes 400 kV en 2009 et
2010 portant ainsi sa capacité d’échange à 1 400 MW.

Par ailleurs, dans le domaine du gaz naturel, il convient de signaler la réalisation


en 2005 du Gazoduc Maghreb Europe (GME) reliant les gisements de gaz de Hassi
R'Mel (en Algérie), à Séville en Espagne, via le Maroc et le détroit de Gibraltar, d’une
longueur totale de 1400 km dont 540 km à travers le territoire du Royaume.

Grâce aux atouts stratégiques dont dispose le Maroc en matière


d’infrastructures d’interconnexions, il sera en mesure de jouer un rôle central dans la
création d’un marché régional africain d’électricité et son intégration au marché
européen.

4.1.3 Un réseau de transport et de distribution étendu et solide

Le système électrique Marocain dispose d’un réseau de transport bien maillé.


Avec 1460 km de lignes 400 kV, près de 9000 km de lignes 225 kV et 12 000 km

73
environ de lignes 60 kV, le réseau de transport au Maroc permet d’approvisionner le
pays en énergie électrique dans de bonnes conditions de sécurité et de qualité de
service et de raccorder les centrales de production situées dans les différentes
régions du Royaume.

Par ailleurs, et pour faire face à l’accroissement important de la demande en


électricité que connaît notre pays et, accompagner le plan de développement de son
parc de production, un programme ambitieux de renforcement du réseau de
transport est en cours de développement et/ou de réalisation.

Les réseaux de distribution d’électricité au Maroc couvrent l’ensemble du


périmètre national, aussi bien urbain que rural. Des plans d’action sont lancés
régulièrement visant l’amélioration de la qualité de service, la fiabilité et le
renforcement de la sécurité d’alimentation ainsi que la réduction et la maîtrise des
pertes d’énergie sur ces réseaux qu’ils soient d’ordre technique ou commerciale.

En plus de la distribution dans les villes et l’électrification rurale dans le cadre


du PERG, et en vue d’assurer un service de proximité à la clientèle située dans les
zones périurbaines, le Maroc a adopté un modèle approprié pour l’électrification des
quartiers périurbains qui se caractérisent par des problématiques particulières et
complexes.

4.1.4 Transition énergétique du Maroc

Disposant de peu de ressources énergétiques conventionnelles, le Maroc s’est


engagé dans une politique de développement des énergies renouvelables à travers,
d’abord, la construction de centrales hydro-électriques associées à des retenues de
barrages à but multiple (irrigation, eau potable, énergie électrique), puis le
développement de projets éoliens et solaires visant la valorisation du gisement
important en énergies renouvelables dont dispose le pays.

La transition énergétique menée par Maroc vise un modèle énergétique basé


sur l’utilisation intensive des sources d’énergie propres.

Les principaux piliers sur lesquels la stratégie énergétique s’appuie sont les
suivants 108:

● Mise en place d’un bouquet énergétique diversifié et optimisé.

● Développement à grande échelle des ressources nationales en énergies


renouvelables.

● Promotion de l’efficacité énergétique.

74
● Mobilisation des ressources nationales fossiles (exploration pétrolière et
gazière).

● Intégration dans le système énergétique régional africain et euro-


méditerranéen.

La transition énergétique a été accélérée en décembre 2015 pour porter la part


du renouvelable de 42% de puissance installée prévue en 2020 à 52% à l’horizon
2030. "Les programmes prévus porteront sur une capacité additionnelle de
production d’électricité de sources renouvelables d’environ 10.100 MW, dont 4.560
MW de source solaire, 4.200 MW de source éolienne et 1.330 MW de source
hydrique109".

Les perspectives de développement des énergies renouvelables à l’horizon


2030 sont détaillées, ci-après :

Figure n° 39 : Evolution de la puissance ENR (éolienne et solaire) 2010-2030

Source : ONEE

Pour atteindre ces objectifs, le Maroc a mis en place un cadre réglementaire et


incitatif, permettant au secteur privé de développer des projets d’énergie
renouvelables et de commercialiser l’électricité produite dans le cadre d’un marché
libéralisé permettant, entre autres, l’exportation à travers les interconnexions
électriques.

A signaler que le Maroc a fait le choix de bâtir, autour des projets d’énergie
renouvelable, des pôles d’attraction des investisseurs et ce par le biais notamment de
l’encouragement de l’intégration industrielle et du transfert du savoir-faire dans
l’objectif de faire émerger une industrie locale spécialisée, de pointe et compétitive
et de faire du Maroc une plateforme d’exportation des technologies des énergies
renouvelables en Afrique.

75
4.2 Potentiel de collaboration avec la CEDEAO dans le domaine de
l’énergie

Les axes de collaboration avec les pays de la CEDEAO dans le domaine de


l’énergie pourront être concrétisés à travers le montage et la réalisation de projets
concrets dans chacun des domaines précités auparavant où le Maroc dispose d’une
expertise avérée et ce, en tenant de la maturité économique de chaque pays.

Le Maroc peut aussi bâtir sur l’expertise de ses institutions, l'Agence marocaine
pour l'énergie solaire (MASEN) et l’Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable
(ONEE), dans les différents métiers de l’électricité (production, transport, distribution,
électrification rurale, énergies renouvelables, ...), et l’expérience africaine de l’ONEE
(voir l’encadré ci-dessous) pour explorer les possibilités de collaboration du Maroc
avec la CEDEAO dans le domaine de l’énergie, notamment les axes suivants :

4.2.1 Création d’un marché énergétique régional

Pour le sous-secteur de l’électricité, l’intégration du Maroc à la CEDEAO


permettrait notamment de créer les conditions favorables pour instituer un marché
régional d’électricité et développer la coopération à long terme dans le secteur de
l’énergie, la libre circulation de l’énergie et l’intensification des échanges
transfrontaliers.

Au-delà de la sécurisation de l’approvisionnement de ces pays en énergie


électrique fiable et à des coûts compétitifs, cette intégration donnera également
l’opportunité, aux pays de la CEDEAO, de disposer d’un accès au marché énergétique
euro-méditerranéen grâce aux interconnexions du Maroc avec ses voisins Espagnols
et Algériens.

De ce fait, il y a lieu de signaler l’intérêt de concrétiser le projet


d’interconnexion entre le Maroc et la Mauritanie dont les études de préfaisabilité ont
déjà été réalisées par les deux pays. Ce projet représente un enjeu majeur pour le
parachèvement de l’intégration régionale des systèmes électriques de la sous-région
au réseau électrique marocain, déjà connecté au réseau européen.

En effet, en reliant les différents sous-ensembles régionaux de la CEDEAO au


réseau marocain, ce projet permettra de sécuriser l’approvisionnement de la sous-
région en énergie électrique, valoriser ses ressources énergétiques potentielles,
gazières et renouvelables, et accélérer la réalisation des objectifs stratégiques

76
régionaux de la CEDEAO en matière d’accès à l’énergie et de développement de
projets d’énergie renouvelable.

Dans cette configuration, le système électrique marocain jouera pleinement son


rôle de pays de transit pour des échanges transfrontaliers entre l’Europe, le Maghreb
et les pays de l’Afrique de l’Ouest.

Il y a lieu de signaler, cependant, que la concrétisation du projet


d’interconnexion du réseau du Maroc à celui de la Mauritanie, condition préalable
pour l’intégration des réseaux électriques des pays de CEDEAO à celui du Maroc,
nécessite la construction de longues lignes de très hautes tensions (400 ou 225 kV),
eu égard à l'éloignement du réseau de la Mauritanie (Près de 400 km entre Dakhla et
Nouadhibou) et l’étendue de son territoire (Près de 350 km entre Nouadhibou et
Nouakchott). De même, le niveau relativement faible de la consommation
d’électricité en Mauritanie et dans les régions du sud du Maroc, constitue un facteur
de risque de stabilité des réseaux de part et d’autre. Des solutions techniques pour
atténuer et éliminer ces défis techniques existent, mais leur coût pourrait s’avérer
relativement élevé compte tenu aussi des autres aléas, notamment les risques
économiques et politiques.

4.2.2 Développement des énergies renouvelables et intégration industrielle

Comme le Maroc, la CEDEAO a bâti sa transition énergétique sur un modèle


tourné vers les énergies vertes. S’agissant d’un enjeu d’une grande importance pour
le Maroc où des avancées appréciables ont été réalisées, notamment en matière
d’infrastructures, de réglementation et d’industrialisation, l’adhésion éventuelle du
Maroc à la CEDEAO permettra à cette dernière l’intégration aux chaînes de valeurs
mondiales. A ce titre, les grands champions marocains dans le domaine de l’énergie
ont tout à gagner en étudiant la possibilité de construction et d’exploitation d’unités
de production énergétique renouvelable dans la sous-région, aussi bien dans le
solaire, l’éolien que l’hydroélectricité.

Par ailleurs, les objectifs ambitieux du Maroc en matière de développement des


énergies renouvelables lui ont permis de mettre en œuvre, avec succès, une
approche d’intégration industrielle progressive qui devrait permettre, petit à petit,
d’accélérer l’appropriation des technologies de valorisation des ressources
énergétiques renouvelables et le développement d’un tissu industriel national en
mesure d’accompagner les grands chantiers et d’assurer la compétitivité requise à
l’export.

Dans le cadre de sa transition énergétique, la CEDEAO pourra bénéficier des


mêmes avantages que le Maroc en matière d’intégration industrielle en ayant un
accès libre à la technologie de pointe dans le domaine des énergies renouvelable

77
avec des conditions tarifaires avantageuses et des possibilités de transfert de savoir-
faire vers les pays de la sous-région, ce qui permettrait de favoriser un
développement économique et social inclusif des pays de la sous-région.

De même, la politique d’intégration industrielle dans le domaine des énergies


renouvelables, prônée par le Maroc dans le cadre de sa transition énergétique, sera
favorisée et accélérée grâce à l’élargissement du marché à celui de la CEDEAO, ce qui
est de nature à augmenter la viabilité des projets industriels à implanter au Maroc.

4.2.3 Renforcement de partenariats énergétiques avec les pays de la CEDEAO


dans le domaine de l’électrification

"Fort de son expérience et de son modèle de partenariat public-privé, le Maroc


peut faire valoir son expertise en matière d’électrification en Afrique. Depuis son
démarrage en 1996, le Programme d’Electrification Rurale Global (PERG) a permis la
généralisation de l’électrification rurale au Maroc110".

Cette expertise marocaine s’est déjà exportée en Afrique à travers l’ONEE, qui
détient des concessions d’électrification au Sénégal et intervient dans plusieurs pays
africains en apportant son assistance technique et son savoir-faire.

"Le Maroc devrait donc capitaliser sur cette expérience pour aider les Etats
d’Afrique de l’Ouest, notamment, à développer de nouvelles capacités, propres et
fossiles, pour sécuriser l’alimentation des villes et l’électrification rurale. Ce
partenariat pourrait à terme, permettre de créer un marché d’électricité régional
unifié et durable, à travers l’interconnexion des réseaux électriques européens et
marocains aux réseaux Ouest africains. L’objectif étant d’assurer aux Etats un
approvisionnement électrique fiable à coûts compétitifs".

78
L’Office National de l’Electricité et de l’EAU, ONEE : Une histoire de relations et de
partenariats avec les pays de l’Afrique subsaharienne

L’ONEE a dans son actif plusieurs réalisations dans des pays de l’Afrique subsaharienne dans les
domaines d’électrification rurale, de développement de projets de production conventionnelle et
renouvelable et de renforcement de capacités humaines et institutionnelles. Ses principales
interventions sont résumées, ci-après :

Sénégal :

L’ONE avait conclu avec le gouvernement du Sénégal respectivement en mai 2008 et en novembre
2009, deux contrats de concession d’électrification rurale dans les régions de St-Louis et de Louga
dans le nord du pays. En vertu de ces contrats, le concessionnaire assure le développement et
l’exploitation du réseau électrique et des systèmes photovoltaïques dans les zones rurales de ces
régions. Il commercialise les services d’électricité, sur une durée de 25 ans. Pour cela, deux sociétés
de projet, de droit privé sénégalais, ont été créés pour assurer la gestion des deux concessions : La
Compagnie Marocco-sénégalaise d’électricité de St-Louis - Comasel de St-Louis- créée en octobre
2008 et dotée d’un capital de 1 953 MFCFA (33 MDH) et la Compagnie Marocco-sénégalaise
d’électricité de Louga- Comasel de Louga crée en septembre 2011 et dotée d’un capital de 1 673
MFCFA (29 MDH). La Société Financière Internationale –SFI- est entrée dans les capitaux des deux
sociétés respectivement à hauteur de 16.6 % et 19.9 %. Près de 26500 clients ont été raccordés
dont 23500 par le réseau et 3000 par des kits solaires.

D’autres projets ont été réalisés par l’ONEE au Sénégal notamment :

 Réalisation en 2004 - 2005 d’une étude sur les tarifs de l’électricité pour le compte de la Société
Sénégalaise d’Electricité (SENELEC). Les structures tarifaires issues de cette étude ont été mises
en application après accord de la Commission de Régulation.
 Supervision entre 2006 et 2007 des travaux de fourniture et d’installation de groupes pour la
Centrale électrique Diesel de 60 MW de Bel Air à Dakar.
 Supervision entre 2008 et 2009 des travaux de fourniture et d’installation des groupes pour la
Centrale électrique de 60 MW de KAHONE 2 (Région de Kaolack).

Tchad :

L’ONEE a conclu en 2007 avec la Société Tchadienne d’Eau et d’Electricité (STEE) deux contrats
concernant :

 L’assistance technique à la STEE pour le renforcement de ses capacités institutionnelles et


organisationnelles dans les domaines de la planification énergétique, de gestion de projets, du
commercial, des ressources humaines, de la finance, ...
 La supervision des travaux de réhabilitation du réseau de distribution électrique de la ville de
N’Djamena.

Gambie :

En 2010, l’ONEE a signé avec NAWEC un contrat d’assistance technique pour la supervision de la
construction d’une centrale diesel de 9MW à Brikama à Banjul.

79
Guinée :

Depuis la signature en mars 2014 de la convention de coopération à Conakry, devant Sa Majesté Le


Roi Mohammed VI et son excellence le Président Guinéen, plusieurs actions ont été réalisées
notamment :

 Diagnostic du réseau de Conakry et recommandations d’amélioration de sa gestion,


 Expertise et évaluation technico-économique du projet de réhabilitation de la Centrale
thermique Tombo V-33 MW- à Conakry,
 Expertise de la centrale thermique Kaloum 3 – 44 MW- à Conakry et évaluation de sa
réhabilitation.

Sierra Leone :

Courant 2007/2008, l’ONEE a réalisé un large programme de réhabilitation des moyens de


production et du réseau de distribution de la National Power Authority (NPA) à Freetown. Ce
programme a permis de sécuriser l’alimentation d’une large partie de la capitale et d’améliorer les
performances de la NPA. Les principaux travaux réalisés sont :

 la réhabilitation de trois groupes de production à la centrale de King Tom.


 la mise à niveau du réseau de distribution de la ville.
 La construction de nouveaux postes MT/BT.

Cap-Vert :

Dans le cadre d’une convention de coopération conclue entre le Royaume du Maroc et la


République du Cap Vert, l’ONEE a conduit en 2010-2011, sur financement de l’AMCI
(6 MDH), un projet de coopération comportant l’électrification de plusieurs quartiers de la capitale
Praia et la réalisation de plusieurs projets d’éclairage publique.

Mali :

En 2007, l’ONEE avait conclu, avec Energie Du Mali (EDM), un contrat portant sur les études et
l’assistance technique pour la construction d’une Centrale de 60 MW située à BAMAKO.
Dans le même cadre, l’ONEE avait réalisé l’étude de raccordement de la nouvelle centrale et a
apporté assistance à EDM dans le processus de passation du marché des travaux correspondant.

Mauritanie :

En 2006, l’ONEE avait réalisé en Mauritanie les deux projets suivants :

 Contrat IPP, relatif au renforcement de la capacité de production de la ville de Nouadhibou par


la fourniture et l’exploitation d’une centrale diesel.
 Assistance technique pour la réalisation de la ligne 225 KV entre Nouakchott et Nouadhibou et
le poste 225 KV/MT à Nouadhibou.

A signaler que d’autres interventions à caractère ponctuel ont été effectuées par l’ONEE en
partenariat avec le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire en vue d’assurer un transfert de
connaissance dans les domaines des systèmes d’information, d’exploitation et de maintenance des
réseaux et de développement de projets.

80
4.3 Implications sur la stratégie énergétique du Maroc

Depuis 2009, le Maroc a adopté une stratégie énergétique à travers plusieurs


actions : la mise en place d’un bouquet énergétique diversifié et optimisé, le
développement à grande échelle des énergies renouvelables (solaire et éolienne), la
promotion de l’efficacité énergétique, la mobilisation des ressources nationales
fossiles, l’intégration dans le système énergétique régional africain et euro-
méditerranéen pour renforcer la sécurité énergétique et les transferts de
technologies et l’application en amont des dispositifs de préservation de
l’environnement dans toutes les activités énergétiques.

"Cette stratégie est basée sur la réalisation d’un mix énergétique ouvert,
incluant toutes les sources d’énergie (charbon, gaz et énergies renouvelables :
solaire, éolien, hydraulique)111 ", où la part belle est quand même accordée aux
énergies renouvelables. En effet, le choix du Maroc d’investir massivement dans les
énergies renouvelables est un choix stratégique visant à développer les ressources
nationales abondantes pour contribuer au développement durable.

À cet effet, plusieurs chantiers ont été lancés, notamment les plans solaires et
éoliens d’une capacité de 2.000 MW chacun à l’horizon 2020 et près de 12.845 MW
en 2030. L’introduction du gaz naturel est aussi une autre composante essentielle de
cette stratégie. Elle vise à en assurer l’équilibre et la stabilité et pour ce faire, le
Royaume prévoit un grand projet dénommé Gas To Power à Jorf Lasfar.

Le Maroc gagnerait à élever le rôle de l'énergie dans sa stratégie africaine et


poursuivre des politiques concrètes pour diversifier ses sources d’approvisionnement.
Les décideurs devraient traiter les questions énergétiques suivant une approche aussi
bien stratégique que commerciale et œuvrer pour inscrire la stratégie énergétique du
Royaume, notamment le projet gazier et la politique climat, dans le cadre de sa
stratégie de développement et de renforcement de ses liens avec les pays de
l’Afrique subsaharienne.

L’établissement des priorités en matière de politique énergétique devrait


également avoir lieu au sein des départements en charge de la mise en œuvre de la
politique étrangère et commerciale du pays par le biais de relations étroites avec les
départements fonctionnels et ceux en charge de la planification de la stratégie
énergétique. Cette prise en compte du rôle de plus en plus central de l'énergie dans
les priorités diplomatiques du Maroc, pourrait se matérialiser par exemple par la
création, au sein du Ministère des Affaires Etrangères, d’une division dédiée qui serait
en charge des questions énergétiques et climatiques.

81
Les problématiques énergétiques devraient être appréhendées suivant une
approche globale et non fragmentaire. En ce sens, le département en charge de
l’élaboration et de l’implémentation de la politique étrangère du Royaume devrait
être associé dans l'élaboration de stratégies énergétiques nationales viables pour les
Maroc.

Plusieurs aspects et décisions de la politique énergétique nationale ayant des


implications en matière de politique étrangère sont déterminés par d'autres
organismes du secteur public ou par le secteur privé112. Par exemple, alors que les
importations de pétrole, de charbon et de gaz naturel ont des implications sur le
plan de la politique étrangère, le Ministère des Affaires Etrangères n'est pas associé.
Les pouvoirs publics ne semblent pas utiliser l'énergie comme un outil d’influence
dans les relations du Maroc avec les autres pays.

Figure n° 41 : Origine des importations du Maroc en hydrocarbures liquides (2016)

Source: www.resourcetrade.earth - Chatham House

S'attaquer au risque du changement climatique exige un effort global et


concerté accompagné de réformes de grande envergure dans le secteur de l'énergie.
Le changement climatique est une menace urgente pour la sécurité de l’Afrique, et
l'énergie en est le principal moteur. Les politiques existantes, au niveau mondial, ne
permettent pas d'atténuer les coûts sociaux élevés pour le continent de l'utilisation
croissante des combustibles fossiles.

Le Maroc pourrait jouer un rôle de leadership pour l’Afrique en participant


activement à la coordination des efforts des pays du continent pour presser les
instances internationales et les pays développés à accélérer la transformation du
système énergétique mondial et obtenir le support politique et financier nécessaires
pour mettre en œuvre une stratégie d’adaptation à même d’atténuer l’impact du
réchauffement climatique sur les stratégies de croissance et de rattrapage
économique déployées par les pays du continent.

82
Sur le plan énergétique, l'éventuelle adhésion du Maroc à la CEDEAO lui
permettra, notamment, d'intégrer le système d'Echanges d'Energie Electrique Ouest-
Africain (EEEOA), ce qui aura forcément des implications sur la stratégie énergétique
du Maroc, particulièrement sur les volets relatifs au mix énergétique, à la régulation
et au renforcement des infrastructures d’échanges et de transit.

4.3.1 Mix énergétique

L'intégration des réseaux électriques nationaux de l’Afrique de l’Ouest dans le


marché régional unifié de l’EEEOA nécessite une adaptation des mix énergétiques
des systèmes électriques nationaux. Ceci a fait l’objet d’une étude du Plan Directeur
des moyens de production et de transport d’énergie électrique de la CEDEAO qui a
été révisé en 2013.
Dans le cas d'intégration du Maroc à ce marché, le mix énergétique, à horizon
moyen terme, pourrait être adapté pour tenir compte des richesses de la région en
termes de ressources et énergétiques et des projets de production et de transport à
caractère régional.

A ce sujet, compte tenu des contraintes techniques associées au


développement de projets d’interconnexion électriques entre le Maroc et les pays de
l’Afrique de l’Ouest, et pour valoriser les ressources gazières importantes récemment
découverte le long de la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, des projets de
production d’électricité à partir du gaz naturel, importé de la Mauritanie/Sénégal,
pourraient voir le jour au Maroc, ce qui augmenterait la part du gaz naturel dans le
mix énergétique du pays et faciliter davantage l'intégration des énergies
renouvelables dans le système électrique.

4.3.2 Régulation

"Pour faire face au déficit de capacité de production d’électricité dont souffrent


la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et afin de répondre durablement à la
croissance de la demande, les Etats membres de la CEDEAO se sont engagés à
développer les interconnexions électriques afin de permettre la mise en commun et
le partage des ressources énergétiques de la région113 ".

L’Autorité de Régulation Régionale du secteur de l’Electricité de la CEDEAO a


été créée par Acte additionnel A/SA.2/01/08 du 18 janvier 2008 et est régie par le
Règlement C/REG.27/12/07 du 15 décembre 2007 portant sur sa composition, son
organisation, ses attributions et son fonctionnement114.

83
Les Etats membres de la CDEAO se sont aussi engagés à assurer l’accès ouvert
et non discriminatoire aux sources de production et équipements de transport situés
sur leur territoire respectif. Le libre transit des flux énergétiques sur leurs territoires
sera facilité et de nouvelles capacités de transit ont étaient programmées.

L'intégration du Maroc à la CEDEAO impliquerait, sur le plan énergétique, le


respect par le Maroc des règles imposées par l’ARREC en matière de gestion des
interconnexions ainsi que l'adhésion aux dispositions du Protocole sur l’énergie,
adopté par la CEDEAO.

A signaler par ailleurs que dans le cadre des négociations de l’Accord de Libre-
Echange Complet et Approfondi entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne,
le Maroc devra s’engager sur un certain nombre de dispositions, notamment, en
termes d’application des règles communautaires adoptées par l’UE dans le secteur de
l’énergie.

Le Maroc devra ainsi analyser et adapter sa régulation du secteur de l’électricité


en vue d’éviter d’éventuelles incompatibilités ou non coexistence de règles régissant
les mêmes matières et ayant les mêmes forces exécutoires.

4.3.3 Renforcement des infrastructures

Dans l’éventualité de son intégration au système d'Echanges d'énergie


électrique ouest-africaine l’EEOA (WAPP), le Maroc sera appelé à jouer un rôle de
pays de transit, notamment, entre les pays de l’Afrique de l’Ouest et l’Europe et ce,
grâce aux atouts dont il dispose en matière d’infrastructures d’interconnexions et de
position géographique. Ceci ne sera possible sans une nouvelle stratégie orientée
vers l’amélioration du niveau des échanges transfrontaliers et qui nécessitera
d’accorder la priorité à la réalisation des interconnexions électriques et gazières avec
les pays de la CEDEAO, à travers la Mauritanie. Cette stratégie devra s’accompagner
d’un plan d’action portant sur le renforcement du réseau électrique interne
permettant d’assurer les flux énergétiques transfrontaliers à partir de l’Europe ou vers
l’Europe dans les conditions optimales de sécurité et de coût.

Conclusion

Le tableau brossé de la situation générale en Afrique et particulière au sein des


pays de la CEDEAO, permet de tirer certains enseignements et leurs implications
pour le Maroc.

84
Premièrement, la zone offshore immédiatement au sud du Royaume est en
train de se métamorphoser lentement mais sûrement en une importante zone
productrice et exportatrice de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) avec le premier gaz prévu à
l’horizon 2021.

Deuxièmement, le Maroc pourrait envisager d’aligner sa stratégie de


développement de (GNL) sur les caractéristiques de tels projets qui offriraient des
coûts de transport très compétitifs étant donné leur proximité et une certaine
flexibilité s’il s’agit de "small scale" GNL pour répondre à ses besoins de 5 milliards
de mètres cubes par an à l’horizon 2025. Ainsi, avant de voir se matérialiser une
intégration énergétique régionale allant du Nigeria au Maroc, la naissance d’un
groupement plus restreint du Maroc au Sénégal aura lieu. Autour de ce dernier, les
autres pays pourraient se cristalliser au fur et à mesure que leurs potentiels en
hydrocarbures se confirment.

Troisièmement, le Maroc pourrait envisager de reproduire le schéma de


synergie établi avec le Nigeria et l’Ethiopie, entre autres, et qui capitalise sur sa
richesse en roche de phosphate et sur la production de gaz du pays hôte pour établir
des projets communs pour produire des engrais à valeur ajoutée sur place pour le
bénéfice de toutes les parties prenantes et particulièrement pour la demande locale
et régionale. Le Sénégal pourrait être un candidat de choix.

Enfin, la transformation de la région Est de l’Afrique en zone productrice et


exportatrice d’hydrocarbures devrait augmenter le niveau d’investissements et le
pouvoir d’achat de sa population. De même qu’avec l’Ethiopie, Il est à prévoir un
impact positif sur le potentiel des exportations du Royaume pour accompagner cette
région et y établir des partenariats ou tout simplement y placer ses produits et
services les plus compétitifs.

85
CONCLUSION GENERALE

L’éventuelle adhésion du Maroc à la CEDEAO, si elle se réalise, constituera une


opportunité pour la région de l'Afrique de l'Ouest pour établir une plateforme de
coopération dans différents domaines avec des retombées bénéfiques pour
l’ensemble des pays concernés. En effet, les complémentarités entre les pays de la
CEDEAO ne peuvent être mises à profit qu’à travers une intégration plus profonde
des régions qui permettrait d’exploiter les synergies entre les pays et de stimuler le
commerce et les investissements intra et inter-régions. Pour cela, il est important
d’avoir une conception nouvelle des frontières qui considère le Sahara comme un
trait d’union entre deux régions d'histoire commune qui partagent des dynamiques
et des mouvements transnationaux par nature.

Si les objectifs de la transition énergétique de la zone actuelle de la CEDEAO


sont clairement définis, la feuille de route y associée a du mal à se mettre en marche
en raison des défis nombreux, d’ordre politique, économique et sécuritaire, qui
restent encore à relever par certains pays fragiles de la région.

A cet égard, l’intégration énergétique entre les pays de la région, à travers la


réalisation d’infrastructures de réseaux de transport et d’interconnexions,
notamment, permettra d’améliorer la productivité et réduire les coûts de production
et de distribution des biens et services. Ceci permettra également de faire face aux
défis énergétiques de la région à savoir, l’amélioration du taux d’accès à l’électricité,
la valorisation des ressources énergétiques et la réduction des coûts
d’approvisionnement. L’expertise et le savoir-faire acquis par le Maroc dans les
différents domaines énergétiques : électrification rurale, développement des
interconnexions, énergies renouvelables, … sont autant d’atouts qui permettront de
contribuer à relever ces défis énergétiques dans le cadre d’un marché régional
intégré dont la concrétisation est conditionnée par la réalisation des interconnexions
électriques et gazières entre le Maroc et les pays de la région.

Ces deux projets permettront de créer une zone de libre-échange de l’électricité


et du gaz, élargie au marché énergétique marocain avec un accès au marché
maghrébin et européen.

86
BIBLIOGRAPHIE
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87
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structurelle”, 2016.
7
Idem que 4.
8
Idem que 4.
9
Nations Unies, “World economic situation and prospects 2018”, 2018, 207p.
10
BAD, “Perspectives économiques en Afrique 2018”, 2018, 216p.
11
Idem que 6.
12
http://www.europarl.europa.eu/portal/fr
13
Idem que 12.
14
Idem que 5.
15
Idem que 12.
16
BAD, OCDE et PNUD, “Perspectives économiques en Afrique 2017 : Entrepreneuriat et
industrialisation”, 2017, 344p.
17
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Dollar-July-2016.pdf
18
https://www.brookings.edu/blog/africa-in-focus/2017/09/14/figures-of-the-week-chinas-
rebalancing-and-african-growth/
19
Idem que 4.
20
BAD, OCDE et PNUD, “Perspectives économiques en Afrique 2016 : Villes durables et transformation
structurelle”, 2016,423p.
21
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22
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23
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24
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25
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26
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28
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29
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30
Idem que 29.
31
https://www.eurogroupconsulting.com/
32
http://www.energy-for-africa.fr/.
33
Idem que 32.
34
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35
Idem que 34.
36
Banque Mondiale, “2017 State of electricity access report”,110p.
37
Idem que 34.
38
Idem que 24.
39
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40
Production 2017 (Milliers de Barils par jours) : Ghana : 170, Côte d’Ivoire : 50, Cameroun : 75, R.D. du
Congo : 20, Niger : 18.

88
41
Idem que 24.
42
https://energyegypt.net/2018/03/25/egas-eni-planning-to-ramp-up-zohr-production-ahead-of-
schedule/.
43
Idem que 32.
44
Idem que 34.
45
“Africa might leapfrog straight to cheap renewable electricity and minigrids: The road to ubiquitous
electricity”, The Economist, 9/11/2017.
46
Source : https://thecvf.org/marrakech-communique/, consulté le 10 Mars 2018.
47
Idem que 32.
48
Idem que 34.
49
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50
http://eu-africa-infrastructure-tf.net/.
51
https://www.filiere-3e.fr/2015/06/26/lefficacite-energetique-en-afrique/.
52
http://www.ecreee.org/.
53
Idem 50.
54
Idem que 32.
55
Idem que 32.
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Idem que 85.
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Idem que 87.
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https://www.tresor.economie.gouv.fr/
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http://www.eib.org/projects/loan/loan/20040026
100
(Selon, la feuille de route du projet Gaz to Power du MEME).
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Idem 75.
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Source: WAGPA. http://wagpa.org/news_events.html
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110
www.amadeusonline.org.

90
111
www.onhym.com.
112
En 2017, plus de 80% des importations de charbon ont été décidées par la société Taqa des Emirats
Arabes. Le secteur privé est seul arbitre et responsable dans l’importation de la totalité des besoins du
pays en hydrocarbures liquides (Coral Petroleum Holding avant 2016, Total, Vivo et une multitude
d’acteurs nationaux)
113
http://erera.arrec.org/fr/accueil/
114
Idem 116,

91

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