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Juillet 2018
Coordinateur du rapport
M. Tayeb AMEGROUD
Consultant et expert en planification énergétique
Groupe de recherche
M. Taoufik LAABI
Ancien Directeur à l’ONEE en charge du développement et de la planification
M. Khalid GHOZLANI
Directeur Général d’EnerGConsulting, Société de conseil dans le domaine pétrolier
Propriété de l’IRES, ce rapport, par les opinions qui y sont exprimées, engage la
responsabilité de son auteur et en aucun cas celle de l’IRES.
2
Table des matières
INTRODUCTION 7
1. Contexte socio-économique de l'Afrique 9
1.1 Le contexte social 10
1.1.1 Dynamique démographique, une opportunité et des défis 10
1.2.2 Des économies orientées vers les exportations des matières premières 16
1.3 Echanges commerciaux : faibles échanges intra-africains 18
2. Contexte énergétique de l'Afrique 20
2.1 Les chiffres clés du secteur, les défis et les opportunités 21
2.1.1 Demande en énergie : un continent à la traîne 21
2.1.1 Le mix énergétique : une offre peu diversifiée 23
2.1.2 L’accès à l’électricité 27
2.1.3 Les interconnexions 27
2.2 Les ressources énergétiques : un continent bien doté 28
2.2.1 Les hydrocarbures : énormes richesses et un continent sous exploré 29
2.2.2 Ressources renouvelables 32
2.3 Institutions et réformes dans le secteur de l’énergie 34
2.4 Efficacité énergétique 37
2.5 Coopération régionale : peut mieux faire 39
2.5.1 Structures énergétiques régionales 40
2.5.2 Analyse des défis et opportunités 43
2.6 Zones de conflits 45
3. Enjeux énergétiques : zoom sur la CEDEAO 48
3.1 Etude de cas n°1 : exploration des hydrocarbures dans le bassin sédimentaire
offshore Mauritanie-Guinée et dans les pays de la CEDEAO 49
3.2 Etude de cas n°2 : exploration des hydrocarbures dans certaines régions d’intérêt
ne faisant pas partie de la CEDEAO 56
3.3 Etude de cas n°3 : transition énergétique des pays de la CEDEAO 58
3.4 Etude de cas n° 4 : Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (West African Gas Pipeline) 60
3.4.1 Objectifs du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest 60
3.4.2 Chronologie du projet 61
3
3.4.6 Les problèmes et les défis rencontrés lors de la construction et de l’exploitation 68
4. L'intégration du Maroc à la CEDEAO : une opportunité pour accélérer sa transition
énergétique 70
4.1 Contexte énergétique du Maroc 71
4.1.1 Electrification rurale 71
4.1.2 Interconnexions électriques 73
4.1.3 Un réseau de transport et de distribution étendu et solide 73
4
Table des Figures
Figure n° 1: Evolution de la démographie en Afrique et ses sous-régions vs l'Asie 10
Figure n° 2: Population de l'Afrique en 2010 et 2050 par groupe de 5 ans (par milliers) 11
Figure n° 3: Evolution de la population en Afrique, 1950 – 2050 12
Figure n° 4: Evolution du prix des matières premières et du PIB réel en Afrique (%) 13
Figure n° 5: Croissance du PIB réel en Afrique 2009 – 2017 14
Figure n° 6: Croissance du PIB réel dans une sélection de sous-régions en Afrique 2009 -201715
Figure n° 7: La dépendance des revenus des exportations par rapport aux matières premières
dans les pays en développement, 2014-2015 17
Figure n° 8: Source d'investissements dans des projets nouveaux en Afrique par volume (2015-
2016) 18
Figure n° 9: Total des échanges commerciaux de l'Afrique avec certains partenaires et
commerce intra-africain, 2000 - 2014 (milliards US) 19
Figure n° 10: Consommation d’énergie par habitant dans le monde (Tep/hab) 22
Figure n° 11: Consommation en énergie primaire de l'Afrique subsaharienne par sous-région,
2012 24
Figure n° 12: Population dépendante de la biomasse solide pour la cuisson en Afrique par pays,
2015 25
Figure n° 13: Mix de la demande en énergie primaire en Afrique, 2014 25
Figure n° 14: Mix de production de l’électricité en Afrique par type de combustible/technologie
(2014) 26
Figure n° 15: Population sans accès à l'électricité en Afrique par pays, 2016 27
Figure n° 16: Réserves et productions de Pétrole des principaux pays africains 28
Figure n° 17: Comparison of production and consumption of major fossil fuels in Africa, China,
and India (2014) 31
Figure n° 18: Potentiel hydroélectrique et capacité installée en Afrique (2012). 32
Figure n° 19: Structure de propriété de la production des hydrocarbures et des capacités de
production d'électricité en Afrique subsaharienne 34
Figure n° 20: Groupements énergétiques en Afrique 41
Figure n° 21: Le stress hydrique dans les pays d'Afrique subsaharienne 45
Figure n° 22: Part de la production mondiale de riz, de blé, de céréales et de sucre, par région
46
Figure n° 23: Carte du Bassin Mauritanie-Guinée 48
Figure n° 24: Découverte à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal 49
Figure n° 25: Carte des concessions au Sénégal 51
Figure n° 26: Carte des concessions en côte d’Ivoire 52
Figure n° 27: Cartes des concessions au Ghana 52
Figure n° 28: Besoins en gaz naturel et évolution de la production domestique au Ghana 53
Figure n° 29: Pourcentage d’utilisation de la capacité de raffinage totale 54
Figure n° 30: Carte des pipelines en Afrique de l'ouest 55
Figure n° 31: Objectifs de la stratégie renouvelables de la CEDEAO 58
Figure n° 32: Objectifs de la stratégie d’électrification de la CEDEAO (population en millions) 58
Figure n° 33: Tracé du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest 59
Figure n° 34: Illustration des acteurs clefs dans la réalisation du projet 62
Figure n° 35: Illustration de la chaine de valeur du projet 63
Figure n° 36: Illustration des diamètres des différentes sections 64
5
Figure n° 37: Projection dans le temps des différentes capacités du Gazoduc 55
Figure n° 38: Capacité réservée et effectivement utilisée 66
Figure n° 39: Evolution de la puissance ENR (éolienne et solaire) 2010-2030 73
Figure n° 40: Illustration du tracé du Gazoduc Nigéria – Maroc – Europe 82
Figure n° 41 : Origine des importations du Maroc en hydrocarbures liquides (2016) 86
6
INTRODUCTION
Depuis le début de ce siècle, l’Afrique a connu une période de croissance
soutenue. Ce regain de dynamisme économique serait le fruit des réformes
entreprises dans un nombre de pays du continent et surtout de l’effet
d'entraînement lié au développement du commerce mondial et de l’émergence de
nouvelles puissances économiques en Asie et en Amérique latine. Cette nouvelle ère
succédait aux années 80 et 90, des décennies perdues pour le développement du
continent, qui étaient caractérisées par la faillite économique et politique de
plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne.
Malgré ces résultats positifs, qui s’accompagnent avec un regain d’intérêt pour
l’Afrique1, le continent reste confronté à plusieurs défis majeurs avec un impact
déterminant sur son projet de développement économique et social. En plus de
l’impératif que constituent le développement et renforcement d’un capital humain
productif pour tirer profit de son boom démographique, le continent se doit aussi de
mettre la promotion de la bonne gouvernance au cœur des réformes
institutionnelles.
En outre, l’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables au phénomène du
réchauffement de la planète et de ses conséquences. Plusieurs pays du continent
subissent déjà diverses manifestations liées au changement climatique, notamment
des sécheresses répétées, qui viennent s’ajouter aux faibles capacités d’adaptation, et
produisent des effets négatifs sur le développement socioéconomique et le bien-être
des populations.
Enfin, l’autre menace qui pèse sur un développement durable de l’Afrique serait
l’empreinte écologique et la surexploitation des ressources naturelles renouvelables
et non renouvelables du continent. La déforestation rapide et la dégradation de
l’environnement constituent un phénomène réel dans plusieurs régions du continent.
Les ressources en eau subissent aussi des pressions croissantes qui sont amplifiées
par le phénomène du changement climatique.
Les réponses à un bon nombre de ces défis seront hors de la portée des pays
pris individuellement et doivent être apportées au niveau sous régional ou
7
continental. Il faudra des formes d’intégration et de collaboration plus poussées que
la libéralisation du commerce pour concevoir des solutions collectives.
Le projet d’adhésion du Maroc à la CEDEAO, au lendemain de son retour à
l’Union africaine, s’inscrit directement dans cette vision d’avenir commun et
constituerait une opportunité favorable pour les pays de la région sur le plan
économique. Bien qu’étant déjà le premier investisseur en zone CEDEAO, cette
éventuelle adhésion offrirait au Maroc un accès avantageux à un marché de 320
millions de consommateurs pour un produit intérieur brut de 700 milliards de dollars.
Le Maroc, qui a fait le choix depuis 2009 d’engager une transition énergétique
et de bâtir, autour des projets d’énergies renouvelables, des pôles d’attraction des
investisseurs et ce par le biais notamment de l’encouragement de l’intégration
industrielle et du transfert du savoir-faire, peut jouer le rôle de catalyseur pour la
promotion d’une politique énergétique commune pour la sous-région. Cette
politique aurait notamment pour objectifs une valorisation bénéfique des ressources
énergétiques du continent, associée à la mise en œuvre d’une transition énergétique
propre à même d’améliorer l’accès aux formes modernes de l’énergie pour les
populations. Les interconnexions électriques et gazières réalisées par le Maroc depuis
les années 90 constituent certains des piliers importants d’une telle stratégie.
L’objet de cette étude est double : d’une part, mettre entre les main du lecteur
des informations pour enrichir la discussion sur les opportunités qu’offre le secteur
énergétique pour renforcer les liens entre les pays de l’Afrique en général et entre le
Maroc et les pays de l’Afrique de l’Ouest en particulier, d’autre part, proposer des
pistes de réflexion et identifier les conditions d’émergence d’une coopération
8
approfondie entre le Maroc et les pays de la CEDEAO dans le secteur énergétique,
mais aussi les articulations avec la transition énergétique de notre pays.
Cette revue a beaucoup puisé dans les publications annuelles produites par les
institutions financières et organismes régionaux et internationaux et n’a pas pour
prétention d’apporter des éléments nouveaux ou de proposer des recommandations.
9
1.1 Le contexte social
Cette dynamique démographique est illustrée par une pyramide des âges qui
montre le caractère très jeune de la population (avec 40% de moins de 15 ans) du
continent. Une jeunesse qui, en rejoignant les rangs de la population en âge de
travailler, apportera éventuellement un soutien crucial pour doper la croissance de
l’économie.
10
Figure n° 2 : Population de l'Afrique en 2010 et 2050 par groupe de 5 ans (par milliers)
Source : BAD5
11
Figure n° 3 : Evolution de la population en Afrique, 1950 – 2050
Source : BAD6
Cette urbanisation effrénée, qui est amplifiée par les énormes disparités en
termes de revenus et d’accès aux infrastructures et services publics de base, entre les
zones rurales et les villes africaines, pose un grand défi socio-économique et
écologique pour le continent. Une urbanisation non maitrisée pourrait
s’accompagner d’une dégradation de l’environnement et d’une pression accrue sur
les ressources naturelles (eau, énergie, alimentation et matériaux de construction), et
par conséquent entraver le développement du continent.
12
● Une hausse des investissements dans les infrastructures de base : plusieurs pays
du continent se sont embarqués dans des programmes d’investissements publics
pour améliorer l’accès aux infrastructures de base (énergie, télécoms, eau, routes
…). Ces investissements ont notamment profité d’un grand afflux des
investissements directs étrangers et d’un important appui financier des
programmes d’aide au développement supportés par les institutions financières
multilatérales et certains pays donateurs.
Tous les pays africains ne sont pas impactés de la même manière par la
conjoncture internationale : les pays exportateurs de matières premières ont vu leurs
recettes publiques chuter, tandis que les pays importateurs de pétrole ont bénéficié
d’un allègement des pressions sur les comptes courants8.
Figure n° 4 : Evolution du prix des matières premières et du PIB réel en Afrique (%)
13
L’Afrique a enregistré, en 2017, une croissance comparable à celle de
l’économie mondiale. Après une croissance insuffisante de 2,2 % en 2016, le PIB réel
moyen s’est redressé pour atteindre 3,6 % en 2017. Le taux enregistré en 2016 était
le plus bas de la décennie, et était inférieur au taux de croissance mondial (2,3 %) et à
celui de la plupart des autres régions en développement.
La reprise des prix du pétrole et du gaz a stimulé la croissance du PIB réel dans
les pays exportateurs d’hydrocarbures, notamment au Nigéria, au Gabon et en
Algérie. Dans les pays exportateurs de minerais, les prix élevés ou stables des
matières premières en 2017 ont soutenu la croissance économique.
Source : BAD10
Les fluctuations du produit intérieur brut du continent entre 2016 et 2017
soulignent le rôle important que jouent quelques grandes économies d’Afrique dans
la performance d’ensemble. A titre d’indication, le Nigéria, l’Afrique du Sud et
l’Egypte représentent 50% du PIB du continent, avec le Nigéria qui représente à lui
seul presque 20%.
Selon les pays et les régions, la croissance économique n’est pas homogène.
La stabilité politique et sociale, la dépendance à l’égard des exportations, les
disparités socio-économiques ou encore les politiques macroéconomiques sont
autant de facteurs qui permettent d’expliquer les écarts entre les régions.
Bien que les pays de l’Afrique subsaharienne soient restés en retrait par rapport
à leurs voisins du Nord en termes de PIB depuis 1970, l'écart a culminé en 1985 et a
diminué depuis. En effet, l'Afrique du Nord a connu une forte croissance au cours des
années 1970 et 1980, période désignée souvent par les décennies perdues de
l'Afrique subsaharienne.
14
Cette période a été marquée par les crises de la dette, les programmes
d'ajustement structurel qui ont suivi et des périodes de sécheresses qui ont
particulièrement touché les pays du Sahel. Cependant, au cours des deux dernières
décennies, le taux de croissance du PIB des pays subsahariens a dépassé celui de
l'Afrique du Nord. Depuis 2000, la croissance du PIB s'est encore accélérée dans ces
pays, avec une moyenne de 5%.
Figure n° 6 : Croissance du PIB réel dans une sélection de sous-régions en Afrique 2009 -2017
Source : BAD11
15
Le taux de croissance de l’Afrique du Nord s’est accéléré à 5,0% en 2017 contre
3,3% en 2016, sous l’effet de l'amélioration de la stabilité politique et économique
dans la sous-région, en particulier en Libye avec une forte augmentation de la
production pétrolière. D’autre part, une bonne année agricole au Maroc a permis au
pays d’atteindre un taux de 4,1%, en nette amélioration par rapport à 2016.
Le même constat est valable pour les exportateurs agricoles tels que la Côte
d’Ivoire (Cacao), le Kenya (thé) et l’Éthiopie, un important producteur de café. Les
secteurs de l’agro-industrie sont faiblement développés dans ces pays et les
exportations agricoles portent généralement sur des produits non traités et à faible
valeur ajoutée.
16
Figure n° 7 : La dépendance des revenus des exportations par rapport aux matières premières
dans les pays en développement, 2014-2015
Le secteur des services a connu la croissance la plus élevée dans la plupart des
économies africaines et a constitué l’essentiel moteur de croissance sur les vingt
dernières années. Au cours de cette période, "la croissance du secteur des services a
dépassé celle de l’agriculture et de l’industrie, avec un taux moyen de 2,6 %, contre
1,7 % dans l’industrie et moins de 1 % dans l’agriculture entre 1995 et 2011. Des pays
tels que le Nigéria, la Tanzanie et l’Ouganda figurent parmi ceux qui ont le plus tiré
profit du dynamisme du secteur des services"15.
17
En quête de nouveaux marchés, les multinationales investissent en Afrique - Le Maroc
est le premier investisseur intra-africain
Avec l’affaiblissement des liens avec les anciennes puissances coloniales et la recomposition de
l’ordre mondiale à la suite de la chute de l’Union soviétique, la part des investissements directs
de l’Europe et des Etats-Unis a connu un déclin continu au cours des quinze dernières années, au
profit des économies d’Extrême-Orient et du Moyen-Orient.
La Chine, qui a porté le volume de ses échanges commerciaux avec le continent de 10 milliards
de dollars en 2000 à 188 milliards de dollars en 2015, continue d’accroître ses opérations sur le
continent avec un total de 38,4 milliards USD d’investissements dans plusieurs projets en Afrique
en 2015-2016. L’engagement de la Chine dans le continent ne semble s’affaiblir, malgré le
ralentissement de son économie et la baisse de la demande de pétrole et de minerais.
Les investissements intra-africains progressent, mais restent encore faibles par rapports aux
niveaux observés dans les autres continents. Le Maroc s’affirme de plus en plus comme un
investisseur de premier plan et a même réussit à supplanter des pays comme la France et la
Grande-Bretagne dans le volume de leurs engagements respectifs annoncés en 2015-2016.
A travers de multiples acquisitions, les institutions financières marocaines ont réussi à étendre
leur présence à plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique de l’Est. Au cours des
dernières années, la progression des engagements des entreprises marocaines dans l’Afrique est
principalement portée par l’OCP à travers l’annonce de gros projets d’investissements
notamment en Ethiopie et au Nigéria.
Figure n° 8 : Source d'investissements dans des projets nouveaux en Afrique par volume (2015-
2016)
Source : BAD16
18
La Chine domine de loin les exportations africaines vers les économies
émergentes. Ces exportations sont constituées principalement des matières
premières, notamment le pétrole, les métaux et autres ressources naturelles 17.
Aujourd’hui, la Chine représente 18,4% des exportations du continent, mais la
croissance de la demande du géant asiatique pour les produits africains a déjà
amorcé un ralentissement18.
Source: BAD20
Malgré une forte croissance, les échanges commerciaux entre les pays du
Maghreb et l'Afrique subsaharienne restent faibles par rapport aux relations
commerciales avec les partenaires historiques européens et les puissances
émergentes telles que la Chine. Entre 2000 et 2005, 77% des exportations du Maroc
ont été expédiées vers l’Europe, alors que seules 5% sont restées sur le continent
19
africain. En 2009, seulement 1% des importations marocaines provenaient d'Afrique
subsaharienne.
Si la plupart des économies africaines semblent bien inscrites dans un cycle de
croissance durable, les performances enregistrées restent encore faibles par rapport
au potentiel du continent et surtout insuffisantes pour avoir un impact réel sur le
niveau de vie des populations.
Le commerce entre les pays africains est la piste la plus prometteuse pour
asseoir les bases d’un développement économique durable. Il importe donc de
construire l’infrastructure nécessaire pour permettre cette intégration, en particulier
les réseaux de transport et énergétiques, car ils jouent un rôle très important en ce
qu’ils améliorent la productivité et réduisent les coûts de production et de
distribution des biens et produits. Une intégration plus profonde des régions
permettrait d’exploiter les synergies entre les pays et de stimuler le commerce et les
investissements intra et inter-régions.
Le renforcement des relations entre les pays et les populations des deux côtés
du Sahara nécessite des infrastructures, un commerce accru et une nouvelle
définition du concept de frontière. Il requiert également un changement d'approche
du territoire : celle qui envisage le Sahara non pas comme une interruption, mais
comme un espace continu, un trait d'union entre deux régions d'histoire commune
qui partagent des dynamiques et des mouvements transnationaux par nature.
20
Ce chapitre offre une revue succincte du contexte énergétique en Afrique sans
prétendre à l’exhaustivité, tant les situations des 53 pays sont contrastées de par leur
taille, leur démographie, leur poids économique, leurs ressources et perspectives de
croissance. Une attention particulière sera accordée à la situation des pays de la
CEDEAO étant donné la démarche du Maroc pour faire partie de cette communauté
économique.
21
L’urbanisation, la croissance démographique et la croissance économique
entraînent une augmentation de la demande en énergie. En particulier, la demande
d'électricité augmente rapidement dans la plupart des pays de l’Afrique
subsaharienne, et dépasse notamment 7% au Nigéria et en Afrique de l'Est. Selon
une modélisation de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), le continent devra
augmenter sa production d’électricité de 4 % par an d’ici 2040 pour y faire face.
Source: ADEA28
L’urbanisation, la croissance démographique et la croissance économique
entraînent une augmentation de la demande en énergie. En particulier, la demande
d'électricité augmente rapidement dans la plupart des pays de l’Afrique
subsaharienne, et dépasse notamment 7% au Nigéria et en Afrique de l'Est. Selon
une modélisation de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), le continent devra
augmenter sa production d’électricité de 4 % par an d’ici 2040 pour y faire face.
22
Le taux de croissance annuel de la consommation au cours des 10 dernières
années (2006-2016) est de 2,7% pour l’Afrique contre 1,6% pour le reste du monde,
ce qui indiquerait que le continent est dans une dynamique de rattrapage de son
déficit.
La chute des prix du pétrole, entamée à la mi-2014, n’a pas entrainé un effet de
croissance significative de la consommation. La croissance annuelle entre 2014-2015
et 2015-2016 est respectivement de l’ordre 1,3% et 1,5%, soit à peu près la moitié de
la croissance réalisée durant la période 2006-2014.
Le mix énergétique en Afrique est très peu diversifié avec une part dominante
de la biomasse qui représente 48% de la consommation totale d’énergie primaire
dans le continent. " La consommation africaine de charbon de bois représente
23
l’équivalent de plus de la moitié de la production mondiale et environ 60% de la
consommation d’énergie de l’Afrique subsaharienne31 ".
24
Figure n° 11 : Consommation en énergie primaire de l'Afrique subsaharienne
par sous-région, 2012
Source: AIE34
Figure n° 12 : Population dépendante de la biomasse solide pour la cuisson en Afrique par pays,
2015
Source: AIE35
Le mix énergétique de l’Afrique, tel que présenté, ci-après, confirme une
dépendance prononcée vis-à-vis de ressources hydrocarbures et, de manière
25
générale, explique l’utilisation excessive du gasoil dans la production de l’électricité
dans la majorité des pays du continent.
26
Source: Données AIE, World Energy Outlook, 2015
Source : AIE37
27
2.2 Les ressources énergétiques : un continent bien doté
28
2.2.1 Les hydrocarbures : énormes richesses et un continent sous exploré
L'Afrique joue un rôle de plus en plus important sur les marchés internationaux
des hydrocarbures. Plus de la moitié des découvertes récentes de pétrole ont été
faites en Afrique. La production pétrolière africaine représente également environ
10% de la production mondiale38.
29
Les autres pays dont la production et les réserves sont actuellement
relativement moins importantes40 au sein du continent, incluent le Ghana, la Côte
d’Ivoire, le Cameroun, et dans une moindre mesure la République démocratique du
Congo et le Niger.
Ce projet et les autres encore à l’état d’étude, présentent une réelle possibilité
d’intégration énergétique de la région sous forme de "small scale" gaz naturel
liquéfié (GNL) pour les pays de la côte Est de l’Afrique qui ne présentent pas encore
une demande assez forte pour justifier les investissements conséquents d’un
gazoduc.
Il est à noter que tout aussi bien pour le pétrole que pour le gaz, la Libye
produit en dessous de ses capacités optimales à cause de problèmes de sécurité en
relation avec sa situation politique complexe. Cependant, et contrairement aux
années précédentes, la compagnie nationale "NOC" jouit maintenant de l’accès et du
contrôle de ses principales installations portuaires pour commercialiser et exporter sa
production. De même, le conflit couvrant la région du Soudan et du Soudan du Sud
empêche le passage de la phase de développement à celle de la maturité d’une
région avec des découvertes importantes confirmées mais encore inexploitées.
En résumé, et au-delà des acteurs mûrs tels que l’Angola, le Nigéria, l’Algérie, la
Libye ou l’Egypte, la situation de l’Afrique en termes de production et de réserves en
hydrocarbures connaît une évolution certaine avec de récentes découvertes
significatives, notamment dans des sous-régions avec de grands besoins
énergétiques aussi bien en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mauritanie et le bassin
30
sédimentaire offshore allant jusqu’en Guinée) qu’en Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda
et Mozambique).
Il est à prévoir que la mise en évidence et la valorisation de ces systèmes
pétroliers aura un effet positif et engendrera une dynamique d’exploration plus
conséquente avec des termes plus avantageux, et pour les pays en question ainsi que
pour ceux le long des bassins sédimentaires valorisés.
31
Figure n° 17: Comparison of production and consumption of major fossil fuels
in Africa, China, and India (2014)
32
Plus de la moitié du potentiel est localisé en Afrique centrale et orientale,
notamment au Cameroun, au Congo, à la République démocratique Congo (RD), en
Éthiopie et au Mozambique, mais aussi en Afrique australe (en Angola, à
Madagascar, au Mozambique et en Afrique du Sud) et en Afrique de l'Ouest (en
Guinée, au Nigéria et au Sénégal). A lui seul, le grand projet hydroélectrique de la
République démocratique du Congo, Inga (environ 44 gigawatt (GW), projet de tous
les superlatifs et qui a longtemps été au centre des préoccupations des décideurs
politiques de la région, s'il était construit, pourrait transformer profondément la
situation de l'alimentation en électricité du continent.
Source : AIE44
● Energie solaire :
L'Afrique est particulièrement bien dotée en énergie solaire, avec une moyenne
d’ensoleillement de plus de 320 jours par an et des niveaux d'irradiations de près de
2 000 kWh par mètre carré (kWh/m²) par an (deux fois le niveau moyen en
Allemagne). Les meilleures ressources solaires s'étendent à travers le Sahara, l'Afrique
du Nord et certaines parties de l'Afrique australe. L'Afrique centrale et l'Afrique de
l'Ouest ont généralement des niveaux d'irradiation plus faibles, en particulier près du
golfe de Guinée. La production d'énergie solaire potentielle dépasse de loin la
demande d'électricité aujourd'hui et dans un avenir prévisible.
Si les technologies solaires ne jouent encore qu’un rôle limité dans le secteur de
l'énergie en Afrique, elles commencent à attirer l’attention dans de nombreux pays et
sont de plus en plus considérées comme une option fiable et économique pour
accélérer les efforts d’électrification du continent45.
33
● Energie éolienne :
34
La diversité des sujets énergétiques, des trajectoires de développement
politique et économique des pays africains fait que les modèles de gestion et de
gouvernance du secteur énergétique différent d’un pays à un autre. "La situation est
différente entre les pays d’Afrique du Nord, dotés d’institutions fortes et de sociétés
nationales et les pays d’Afrique subsaharienne, riches en ressources où les
administrations et sociétés nationales disposent de moins de capacités "47.
Source: AIE48
35
Le risque d'instabilité macroéconomique est particulièrement important dans
de nombreux pays africains, où les recettes tirées des ressources représentent une
part importante des recettes publiques totales : au Nigéria et en Angola, les recettes
pétrolières représentaient en moyenne 75% des recettes publiques totales sur la
période 2001-2010 ; ce chiffre était encore plus élevé, presque 90%, en Guinée
équatoriale et supérieur à 50% au Tchad et au Soudan.
Cependant, l'exemple du Botswana suggère que les risques associés à une forte
dépendance vis-à-vis d'une seule ressource peuvent être atténués dans un
environnement qui favorise la transparence et la responsabilisation.
36
La gouvernance des services de distribution d’énergie est également au cœur
de la crise énergétique en Afrique. En effet, une part bien trop importante des
finances publiques est gaspillée en subventions inefficaces et inéquitables à la
consommation d’énergie.
Selon le rapport " Energie Population et Planète- Rapport 2015 sur les progrès
en Afrique-Africa Progress Panel", les États dépensent 21 milliards de dollars US par
an pour couvrir les pertes enregistrées par les services de distribution et
subventionner des produits pétroliers, quand ces ressources pourraient servir à des
investissements énergétiques plus productifs.
L’énergie la moins chère sera toujours celle que l’on ne consomme pas, une
maxime bien connue mais qui ne peut s’appliquer aujourd’hui à l’Afrique. Les
décideurs politiques africains et leurs partenaires au développement concentrent en
effet prioritairement leurs actions sur les questions relatives à l’accès à l’énergie et la
production et la distribution, qu’elles soient d’origine fossile ou renouvelable,
oblitérant ainsi les questions d’efficacité et de sobriété énergétique.
37
"Pourtant et selon une étude de la Banque mondiale, le potentiel africain en
matière d’efficacité énergétique est aujourd’hui considérable. Qu’il s’agisse de
cogénération lors de la production de sucre, de distribution d’électricité, d’éclairage
en mode basse consommation, de l’utilisation plus efficace du bois de chauffage
pour la cuisson, d’équipements industriels, d’appareils électroménagers, d’isolation
ou de ventilation domestique, les secteurs d’action sont nombreux et permettraient
de réduire de manière significative la consommation et le nombre de délestages,
encore quotidiens dans certaines régions51".
Il faut noter toutefois que la CEDEAO a mis en place une Politique d’Efficacité
Énergétique au niveau de la région qui a été adoptée par la 43ème Session Ordinaire
de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, tenue à Abuja,
au Nigeria, les 17 et 18 Juillet 2013.
38
régional pour le développement et la mise en œuvre de projets d’énergie
durable"52.
39
Le programme pourrait constituer un pas important vers l'élimination de
certaines contraintes transfrontalières sur le développement du secteur de l'énergie
et facilitera l’expansion des échanges énergétiques entre pays et régions du
continent.
40
disponibilité de la production et la mise en place d’une régulation régionale,
n’ont toujours pas été réunis. A signaler qu’un protocole d’accord entre le
Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Union européenne a été signé en Décembre
2003 établissant la coopération entre ces pays pour la création d’un marché
maghrébin d’électricité à partir de 2006 et son intégration future au marché
Européen.
Force est de constater, cependant, que ce protocole est resté "Lettre Morte" et
n’a été suivi d’aucune action concrète à ce jour. A titre d’illustration, les
échanges d’électricité entre le Maroc et l’Algérie sont insignifiants et se
limitent des échanges de secours.
41
● Le groupement énergétique de l’Afrique australe, South African Power Pool
(SAPP), a été créé en 1995 par les 12 pays de la Communauté Sud-Africaine de
Développement (SADC) : l'Angola, le Botswana, la République démocratique
du Congo, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, l'Afrique du Sud,
le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.
42
Figure n° 20 : Groupements énergétiques en Afrique
Mais la coopération régionale pose des défis politiques et économiques qui lui
sont propres. Pour développer et exploiter des pools énergétiques, les pays membres
devront trouver des moyens de collaborer efficacement. En plus des besoins en
termes de développement de capacités techniques, ils doivent œuvrer pour
harmoniser leurs politiques énergétiques afin d’établir un cadre efficace permettant
43
de régir à la fois les aspects juridiques et techniques des interconnexions et marchés
régionaux.
Pour les projets d’interconnexions, des solutions innovantes ont déjà été
initiées telles que la création de sociétés de projets communes où les entreprises
d’électricité concernées de la région en question peuvent contribuer à la réalisation
des infrastructures d’interconnexion et percevoir, en contrepartie, une rémunération
de transit en conséquence et en accord avec les autres pays concernés.
C’est dans ce contexte qu’il faut évaluer l’importance de la ZLEC. Pour l’instant,
"seuls 16 % des échanges commerciaux africains ont lieu au sein du continent (contre
70 % pour l’Europe, 54 % pour l’Amérique du Nord et 51 % pour l’Asie du Sud-Est)
"57. Le continent échange (essentiellement des matières premières) deux fois plus
avec l’Occident qu’avec lui-même. Le coût de renoncement est considérable.
La ZLEC fournit un cadre pour la coopération entre les pays africains en matière
de fourniture de services énergétiques. En fait, les services énergétiques sont l'un des
"secteurs de services prioritaires " destinés à la libéralisation dans le cadre de la ZLEC.
Cela signifie que les pays du continent vont ouvrir leurs marchés énergétiques les
44
uns aux autres et développer un cadre réglementaire commun pour la coopération
dans ce secteur.
Les principales zones de conflits avec un impact matériel sur la capacité des
pays à entreprendre leurs activités de développement et d’exploration pour créer
de la richesse incluent le Nigéria à cause des activités de sabotage dans la zone du
delta, la Libye et le Soudan du Sud dont 15 compagnies viennent de faire l’objet de
sanctions de la part des États-Unis58 fin Mars 2018. De la même manière, il existe des
pays avec des gouvernances exemplaires et des politiques démocratiques et
inclusives mais encore sans production et sous-exploré. Il s’agit du Botswana et de la
Namibie.
"De plus, dans certaines régions côtières, les populations qui vivent de la pêche,
reprochent aux compagnies pétrolières de nuire à leurs activités en raison de la
pollution qu’elles génèrent et des interdictions de pêche qui sont imposées autour
des sites de production61". Ces populations ne se sentant pas faire partie d’une
dynamique de développement inclusive, s’inscrivent alors dans des actions de
vengeance.
45
Les relations et les interdépendances entre l’énergie, l’eau et l’alimentation
prennent une importance cruciale pour les pays soumis au stress hydrique ou avec
un accès insuffisant aux formes modernes de l’énergie. En effet la mobilisation des
ressources hydriques en quantité importante ne peut se faire sans un
approvisionnement fiable et abordable en énergie, notamment sous forme
électrique.
46
Figure n° 21 : Le stress hydrique dans les pays d'Afrique subsaharienne
Figure n° 22 : Part de la production mondiale de riz, de blé, de céréales et de sucre, par région
47
chaînes de valeur agricoles, l'agro-industrie et l’industrie des fertilisants pour
améliorer la transformation, la logistique, les infrastructures de marché et les réseaux
de vente, qui ont tous besoin d'électricité.
Conclusion
48
sur les possibles implications de cette éventuelle adhésion, aussi bien pour les pays
membres de la CEDEAO que pour le Maroc.
49
Figure n° 23 : Carte du Bassin Mauritanie-Guinée
50
● Mauritanie (membre associé de la CEDEAO)
Le pays a rejoint le club des producteurs durant la moitié des années 2000 avec
la découverte offshore du champ Chinguetti par la compagnie CNPC (China National
Petroleum Corporation). Cependant, l’exploitation du réservoir s’est avérée
compliquée et le champ moins prometteur que prévu. La compagnie a donc revu son
intérêt à la baisse et ce n’est que récemment que le pays a bénéficié d’une
découverte importante de gaz au sud, à la frontière avec le Sénégal (Voir ci-dessous
Figure 24).
51
prévoient également d’établir une chaîne de valeur intégrée de gaz naturel qui
permettrait d'exporter le gaz naturel liquéfié (GNL) sur les marchés mondiaux tout en
fournissant le gaz nécessaire au Sénégal et à la Mauritanie.
● Sénégal
Source : www.nogtec.com67
● Gambie et Guinée-Bissau
52
efforts d’exploration et son expertise dans les systèmes pétroliers de la région. A
souligner aussi l’intérêt porté par Petronas début 2018 en prenant des participations
dans deux blocs69 jusqu’ici exploités par FAR (également présent au Sénégal).
● Côte d’Ivoire
53
● Ghana
La production en pétrole du pays est estimée à 160,000 barils par jour en 2017
et celle du gaz à 70 millions de pieds cubes par jour principalement sous forme de
gaz associé au champs offshore, "Jubilee", mis en service en 2014. Le pays espère
pouvoir bénéficier assez rapidement de la production offshore de Sankofa et Gye
Nyame, 2 découvertes récentes de gaz à l’ouest du pays.
54
Figure n° 28 : Besoins en gaz naturel et évolution de la production domestique au Ghana
● Nigéria
Le Nigeria exporte la grande majorité de son gaz naturel sous forme de GNL, et
une petite quantité est exportée via le West African Gas Pipeline (WAGP) vers les
pays voisins. Il a exporté environ 900 milliards de pieds cubes de gaz naturel liquéfié
(GNL) en 2014, représentant 8% du GNL commercialisé dans le monde et ainsi
classant le Nigeria au quatrième rang mondial des exportateurs de GNL. Avec 26%
des exportations en GNL, le Japon est le plus gros importateur de gaz nigérian en
2014, suivi par l’Europe avec 22%.
55
En effet, le pays dispose de 4 raffineries avec une capacité totale de 445.000
barils par jour dont l’utilisation peut, pour des raisons liées au manque de
maintenance, chuter jusqu’à 5.9% comme cela a été le cas en Novembre 2017. (Voir
Figure 29).
Source : NNPC80
Des problèmes similaires affectent la chaîne de valeur du gaz avec des niveaux
de livraison de gaz en deçà des obligations contractuelles ce qui se traduit par un
déficit de production en énergie électrique.
Source: Geomondiale.fr81
3.2 Etude de cas n°2 : exploration des hydrocarbures dans certaines régions
d’intérêt ne faisant pas partie de la CEDEAO
● Le Mozambique
De tous les pays de l’Afrique de l’Est, le Mozambique est celui qui, en théorie, a
le plus à gagner de ses récentes et importantes découvertes de ressources en
hydrocarbures. Le 5 mars 2018, le gouvernement a autorisé le plan de
56
développement, sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) par Anadarko et ses
partenaires de l’énorme découverte de gaz offshore estimée à 75.000 milliards de
pieds cubes82 (ou l’équivalent de 12 milliards de barils de pétrole). Cette valeur
placerait le Mozambique juste derrière le Nigeria et l’Algérie en termes de réserves
de gaz au niveau du continent.
L’Ouganda et le Kenya sont deux pays qui devraient rejoindre, à l’horizon 2022,
le peloton des pays producteurs et exportateurs de pétrole grâce à leurs réserves de
pétrole récemment mises en évidence. Ces réserves sont estimées à 2 milliards de
barils pour l’Ouganda et à 750 millions de barils pour le Kenya 84, et tous les deux ont
prévu d’utiliser un système d’oléoducs pour acheminer leurs productions à la côte
Est, sans pour autant combiner leurs efforts et utiliser les mêmes infrastructures.
Ainsi, le pétrole ougandais devrait transiter par la Tanzanie et atteindre le port
d’export de Tanga.
57
Par conséquent, il est à prévoir que la production de ces pays continue de
baisser dans le futur proche. Tout retournement de situation reste tributaire de la
reprise des cours pétroliers et de la perception, par les opérateurs, de la conjoncture
à moyen et long termes.
"La biomasse (bois, résidus agricole, charbon de bois, fumier,…) et les déchets
constituent la principale source d'approvisionnement énergétique pour 70% à 90%
de la population d’Afrique de l’Ouest selon les pays concernés. Il y a de fait une
fracture importante entre les populations rurales et urbaines ; les premières n’ayant
accès, que très peu, aux réseaux électriques85".
Il existe par ailleurs de fortes disparités entre les pays d’Afrique de l’Ouest : le
Nigeria est le 1er producteur de pétrole africain (13ème au monde avec 2,2% de la
production mondiale en 2016) tandis que d’autres pays ont une production
énergétique très limitée dépendant presque exclusivement de la biomasse comme le
Togo.
Le Nigéria qui a produit près de 2,05 millions de barils par jour en 2015.
58
aujourd’hui listés par l’ONU comme Pays les Moins Avancés (seuls la Côte d’ivoire, le
Ghana et le Nigéria n’en font pas partie) et ont un Indice de Développement Humain
parmi les plus bas du globe. Les financements nécessaires au développement de
l’accès à l’énergie dans ces pays sont donc, la plupart du temps, apportés par des
bailleurs de fonds étrangers86".
Cette lettre a fixé des objectifs régionaux pour la CEDEAO aux horizons 2020 et
2030, récapitulés comme suit :
Source: ECREEE87
59
Figure n° 32 : Objectifs de la stratégie d’électrification de la CEDEAO (population en millions)
Source : ECREEE88
Ce gazoduc présente le cas idéal pour comprendre, dans un premier temps, les
défis et opportunités présentées par de tels projets dans les pays de la CEDEAO.
60
projet a été initié avec seulement 2 unités de compression sur les 6 prévues pour
atteindre la capacité maximale de 475 MMscf/jour.
La chronologie des évènements les plus importants ayant affecté le projet est
détaillée, ci-dessous :
61
2003 : Cette année a connu la signature de plusieurs accords et traités considérés
comme décisifs pour l’implémentation du projet et l’exploitation de l’infrastructure :
(i) Signature, en Janvier, du Traité pour l’établissement de l’Autorité de régulation
WAGPA (West African Gas Pipeline Authority) : l’entité en charge de gérer les
obligations de WAPCo et réguler les tarifs de transit ; (ii) Finalisation, au mois de Mai,
de l’Accord d’actionnariat92 pour l’établissement de WAPCo (West African Gas
Pipeline Company Limited): l’entité en charge de construire, opérer et transporter le
gaz ; et (iii) Signature, toujours au mois de Mai, de l’Accord de Projet International
entre les 4 États et WAPCo.
Plusieurs entités étatiques et privées des 4 pays impliqués ont interagi pour
définir et mettre en place les cadres politiques, législatifs, techniques et financiers
pour le succès du projet. Cette figure illustre le nombre important d’intervenants et la
complexité des diverses interactions impliquant les 4 états et leurs machines
gouvernementales.
62
Enfin, les parties privées ayant été impliquées dans le projet sont
essentiellement celles bénéficiant déjà d’une présence dans la région tels que :
Chevron Nigeria Limited, Shell Petroleum Development Company of Nigeria Limited.
63
Figure n° 34 : Illustration des acteurs clefs dans la réalisation du projet
* WAPCo: Chevron Nigeria Limited (37%), Shell Petroleum DevelopmentCompany of Nigeria Limited
(25%), Nigeria National Petroleum Company (18%), Volta River Authority of Ghana (16%), Société
Beninoise de Gaz S.A. (2%) (Benin), and Société Togolaise de Gaz S.A (2%) (Togo)
** N-Gas Ltd: Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) (62.35%), ChevronTexaco N-Gas
Limited (20.00%), and Shell Overseas Holdings Limited (17.65%)
Quant à la chaîne de valeur créée par le projet, elle consiste en l’achat du gaz
au Nigéria par 2 joint-ventures (étroitement liées aux propriétaires du gazoduc), la
réservation d’une certaine capacité de transport sur le gazoduc à partir du Nigeria à
chacun des points de livraison, et enfin sa revente aux utilisateurs au Togo, Bénin et
Ghana, ce dernier étant le principal client.
64
Figure n° 35 : Illustration de la chaine de valeur du projet
En outre, 110 millions US ont été estimés pour les coûts de compression sur les
20 années à venir.96 Cependant le coût final est estimé à 1 milliard de dollars US. 97 La
majorité du financement initial a été supporté par les actionnaires du projet du
gazoduc sous forme de capitaux propres et de prêts à la West African Gas Pipeline
Company Limited (WAPCo).
65
3.4.5 Les spécifications techniques du projet
Le projet a été initialement lancé avec un accord fondateur qui offrait des
privilèges pour les membres fondateurs ou initiateurs du projet - voir section ci-
dessus – leur réservant un prix préférentiel de transport d’une capacité de 133.6
MMSCFD dont 123.2 MMSCFD est destiné au Ghana et 10.4 Million standard cubic
feet per day
(MMSCFD) pour le Bénin et Togo (5.2 MMSCFD pour chaque pays).
Il est à signaler que le point de réception du gaz, par l’acheteur "N-Gas", est le
terminal terrestre d’export d’Itoki. De fait, le système de transport comprend donc
une composante terrestre de 56 km de pipeline on-shore (diamètre extérieur de 30’’)
entre "Itoki "et le terminal offshore à Lagos Beach où le gaz est ensuite injecté dans
la portion off-shore du gazoduc. De plus, la compagnie nigériane NGC (National Gas
Company) agit comme sous-traitant pour le compte de la West African Gas Pipeline
Company Limited (WAGPCo) pour acheminer le gaz des producteurs jusqu’au
gazoduc WAGP et ce, notamment sur la portion du Gazoduc ELPS (Escravos-Lagos
Pipeline System) qui n’est pas sous la gestion de WAGPCo.
La section offshore a un diamètre extérieur de 20, une longueur d’à peu près
567 km et est enfouie à une profondeur de 30 à 70 m tout en restant à une distance
entre 6 et 33 Km de la côte. Les distances des connexions de branchement au
gazoduc pour alimenter Cotonou, Lomé et Tema sont respectivement de 15 Km, 19
Km et 16 Km.
66
Finalement, le système a été configuré pour fonctionner avec un maximum de 6
compresseurs pour atteindre la capacité maximale de 475 million de pieds cubes par
jours. L’augmentation opérationnelle initialement planifiée pour 2018 et comprenant
3 compresseurs pour ~230 million de pieds cubes par jours de capacité réservée de
transport n’aura pas lieu cette année à défaut de gaz disponible et à cause de litiges
financiers entre les acheteurs, vendeurs et transporteur.
Cotonou 5.2
Lomé 5.2
67
En plus, cette capacité a significativement varié depuis la mise en opération du
Gazoduc (Figure Ci-dessous). Les raisons de cette variation sont assez représentatives
des défis rencontrés dans la région tels que le vandalisme et les défauts de paiement.
Ces défis sont traités avec plus de détails dans la section suivante.
Capacité réservée
Le projet a d’abord connu des retards dans sa mise en opération à cause des
fuites au niveau terrestre des gazoducs d’acheminement au WAGPS. Le projet a aussi
souffert de retards dans la disponibilité des 2 premiers compresseurs nécessaires à
l’acheminement du gaz. Ultérieurement, le projet a rencontré des problèmes sérieux
lors sa mise en exploitation. Ces problèmes assez habituels pour la région, peuvent
être segmentés en 3 types, à savoir sécuritaires, contractuels pour le maintien des
flux de gaz à délivrer et finalement de liquidité pour payer le gaz réservé ou
consommé.
68
Plus récemment104 et en date du 2 Janvier 2018, le gazoduc "terrestre ELPS" qui
achemine le gaz nigérian au point réception au terminal d’export à Itoki a été
endommagé par des feux de brousse et a dû interrompre le transport de gaz jusqu’à
sa réparation le 8 Janvier 2018. Quelques jours après, Le 12 Janvier 2018, une
explosion a causé une autre rupture de ce gazoduc105. La livraison de gaz est chaque
fois interrompue sur le pipeline jusqu’à réparation des dégâts. En conséquence,
WAGPCo n’est pas en mesure de réceptionner et donc de transporter du gaz
pendant ces périodes de réparations.
Les défis contractuels sont le résultat des engagements des vendeurs à fournir
une certaine capacité de gaz quotidienne aux acheteurs, qui de leurs côtés, ont
engagé des capitaux importants pour pouvoir générer de l’électricité avec le gaz
acheté.
Le montant de la pénalité a été calculé sur la base d’un prix de pétrole brut de
35 USD/ baril, valeur qui s’est avérée insuffisante quand le prix a augmenté à plus de
100 USD/ baril. Par conséquent, et à défaut de recevoir le gaz réservé pour
approvisionner ses centrales électriques en combustible, le Ghana s’approvisionnait
en pétrole sur le marché international à hauteur de USD 55 million toutes les 3
semaines.107
69
Enfin, du fait que la Volta River Authority (VRA) - l'unique acheteur de gaz au
Ghana – ait dû payer des frais supplémentaires pour approvisionner ses centrales
thermiques en brut. A défaut de recevoir les volumes prévus de gaz naturel, et le fait
que cette entité ne recevait pas tous ses paiements des distributeurs d'électricité
locaux, qui à leur tour n'étaient pas payés par la plupart de leurs clients,
principalement le gouvernement du Ghana, ce qui a engendré une cessation de
paiement aux acheteurs et au transporteur de la West African Gas Pipeline Company
Limited WAGPCo.
Sur le plan énergétique, et face aux constats plutôt sombres qui se dégagent de
l’analyse de la situation actuelle du secteur énergétique africain, comme cela a été
rappelé dans les chapitres précédents, il existe un besoin réel et urgent pour ces
Etats d’améliorer le taux d’accès à l’électricité, de valoriser les ressources
énergétiques du continent et de réduire les coûts d’approvisionnement.
70
rationaliser et optimiser le déploiement des infrastructures, et améliorer et sécuriser
la qualité de l'approvisionnement.
C’est dans ce contexte que le Maroc a formulé récemment sa demande
d’adhésion à la CEDEAO. Intervenant au lendemain de son retour à l’Union africaine,
cette demande vient affirmer la volonté du pays d’intensifier ses échanges avec les
pays de la sous-région.
Les trois premiers chapitres de cette étude ont permis d’apporter certains
éclairages sur la situation actuelle du secteur énergétique de l’Afrique de manière
générale et celui de la zone de la CEDEAO en particulier. Partant de cette analyse, ce
chapitre vise à identifier et examiner les retombées de la stratégie Africaine du Maroc
sur sa politique énergétique, et à proposer des pistes de collaboration bénéfique
avec les pays de la CEDEAO dans le domaine.
71
de 98% contre 18% seulement en 1995. Depuis le lancement du PERG en 1996
jusqu’à fin décembre 2016, les réalisations se sont traduites par :
Au-delà des chiffres, le PERG, qui répond aux ambitions de l’Initiative Nationale
pour le Développement Humain (INDH), lancée par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI,
a permis un bond en termes de développement économique et social :
72
comptage à prépaiement et l’externalisation auprès des PME locales de la relation
clientèle.
Le Maroc a, depuis les années 80, perçu l’importance du rôle qu’il pourrait jouer
sur le plan régional en matière d’échange d’énergie électrique. En réalisant des
interconnexions électriques avec l’Algérie et l’Espagne, le Maroc s’est positionné
comme acteur principal sur le marché de l'électricité au niveau de la zone euro-
maghrébine et joue pleinement son rôle de hub énergétique régional et de pays de
transit pour les échanges transfrontaliers d’électricité.
73
environ de lignes 60 kV, le réseau de transport au Maroc permet d’approvisionner le
pays en énergie électrique dans de bonnes conditions de sécurité et de qualité de
service et de raccorder les centrales de production situées dans les différentes
régions du Royaume.
Les principaux piliers sur lesquels la stratégie énergétique s’appuie sont les
suivants 108:
74
● Mobilisation des ressources nationales fossiles (exploration pétrolière et
gazière).
Source : ONEE
A signaler que le Maroc a fait le choix de bâtir, autour des projets d’énergie
renouvelable, des pôles d’attraction des investisseurs et ce par le biais notamment de
l’encouragement de l’intégration industrielle et du transfert du savoir-faire dans
l’objectif de faire émerger une industrie locale spécialisée, de pointe et compétitive
et de faire du Maroc une plateforme d’exportation des technologies des énergies
renouvelables en Afrique.
75
4.2 Potentiel de collaboration avec la CEDEAO dans le domaine de
l’énergie
Le Maroc peut aussi bâtir sur l’expertise de ses institutions, l'Agence marocaine
pour l'énergie solaire (MASEN) et l’Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable
(ONEE), dans les différents métiers de l’électricité (production, transport, distribution,
électrification rurale, énergies renouvelables, ...), et l’expérience africaine de l’ONEE
(voir l’encadré ci-dessous) pour explorer les possibilités de collaboration du Maroc
avec la CEDEAO dans le domaine de l’énergie, notamment les axes suivants :
76
régionaux de la CEDEAO en matière d’accès à l’énergie et de développement de
projets d’énergie renouvelable.
77
avec des conditions tarifaires avantageuses et des possibilités de transfert de savoir-
faire vers les pays de la sous-région, ce qui permettrait de favoriser un
développement économique et social inclusif des pays de la sous-région.
Cette expertise marocaine s’est déjà exportée en Afrique à travers l’ONEE, qui
détient des concessions d’électrification au Sénégal et intervient dans plusieurs pays
africains en apportant son assistance technique et son savoir-faire.
"Le Maroc devrait donc capitaliser sur cette expérience pour aider les Etats
d’Afrique de l’Ouest, notamment, à développer de nouvelles capacités, propres et
fossiles, pour sécuriser l’alimentation des villes et l’électrification rurale. Ce
partenariat pourrait à terme, permettre de créer un marché d’électricité régional
unifié et durable, à travers l’interconnexion des réseaux électriques européens et
marocains aux réseaux Ouest africains. L’objectif étant d’assurer aux Etats un
approvisionnement électrique fiable à coûts compétitifs".
78
L’Office National de l’Electricité et de l’EAU, ONEE : Une histoire de relations et de
partenariats avec les pays de l’Afrique subsaharienne
L’ONEE a dans son actif plusieurs réalisations dans des pays de l’Afrique subsaharienne dans les
domaines d’électrification rurale, de développement de projets de production conventionnelle et
renouvelable et de renforcement de capacités humaines et institutionnelles. Ses principales
interventions sont résumées, ci-après :
Sénégal :
L’ONE avait conclu avec le gouvernement du Sénégal respectivement en mai 2008 et en novembre
2009, deux contrats de concession d’électrification rurale dans les régions de St-Louis et de Louga
dans le nord du pays. En vertu de ces contrats, le concessionnaire assure le développement et
l’exploitation du réseau électrique et des systèmes photovoltaïques dans les zones rurales de ces
régions. Il commercialise les services d’électricité, sur une durée de 25 ans. Pour cela, deux sociétés
de projet, de droit privé sénégalais, ont été créés pour assurer la gestion des deux concessions : La
Compagnie Marocco-sénégalaise d’électricité de St-Louis - Comasel de St-Louis- créée en octobre
2008 et dotée d’un capital de 1 953 MFCFA (33 MDH) et la Compagnie Marocco-sénégalaise
d’électricité de Louga- Comasel de Louga crée en septembre 2011 et dotée d’un capital de 1 673
MFCFA (29 MDH). La Société Financière Internationale –SFI- est entrée dans les capitaux des deux
sociétés respectivement à hauteur de 16.6 % et 19.9 %. Près de 26500 clients ont été raccordés
dont 23500 par le réseau et 3000 par des kits solaires.
Réalisation en 2004 - 2005 d’une étude sur les tarifs de l’électricité pour le compte de la Société
Sénégalaise d’Electricité (SENELEC). Les structures tarifaires issues de cette étude ont été mises
en application après accord de la Commission de Régulation.
Supervision entre 2006 et 2007 des travaux de fourniture et d’installation de groupes pour la
Centrale électrique Diesel de 60 MW de Bel Air à Dakar.
Supervision entre 2008 et 2009 des travaux de fourniture et d’installation des groupes pour la
Centrale électrique de 60 MW de KAHONE 2 (Région de Kaolack).
Tchad :
L’ONEE a conclu en 2007 avec la Société Tchadienne d’Eau et d’Electricité (STEE) deux contrats
concernant :
Gambie :
En 2010, l’ONEE a signé avec NAWEC un contrat d’assistance technique pour la supervision de la
construction d’une centrale diesel de 9MW à Brikama à Banjul.
79
Guinée :
Sierra Leone :
Cap-Vert :
Mali :
En 2007, l’ONEE avait conclu, avec Energie Du Mali (EDM), un contrat portant sur les études et
l’assistance technique pour la construction d’une Centrale de 60 MW située à BAMAKO.
Dans le même cadre, l’ONEE avait réalisé l’étude de raccordement de la nouvelle centrale et a
apporté assistance à EDM dans le processus de passation du marché des travaux correspondant.
Mauritanie :
A signaler que d’autres interventions à caractère ponctuel ont été effectuées par l’ONEE en
partenariat avec le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire en vue d’assurer un transfert de
connaissance dans les domaines des systèmes d’information, d’exploitation et de maintenance des
réseaux et de développement de projets.
80
4.3 Implications sur la stratégie énergétique du Maroc
"Cette stratégie est basée sur la réalisation d’un mix énergétique ouvert,
incluant toutes les sources d’énergie (charbon, gaz et énergies renouvelables :
solaire, éolien, hydraulique)111 ", où la part belle est quand même accordée aux
énergies renouvelables. En effet, le choix du Maroc d’investir massivement dans les
énergies renouvelables est un choix stratégique visant à développer les ressources
nationales abondantes pour contribuer au développement durable.
À cet effet, plusieurs chantiers ont été lancés, notamment les plans solaires et
éoliens d’une capacité de 2.000 MW chacun à l’horizon 2020 et près de 12.845 MW
en 2030. L’introduction du gaz naturel est aussi une autre composante essentielle de
cette stratégie. Elle vise à en assurer l’équilibre et la stabilité et pour ce faire, le
Royaume prévoit un grand projet dénommé Gas To Power à Jorf Lasfar.
81
Les problématiques énergétiques devraient être appréhendées suivant une
approche globale et non fragmentaire. En ce sens, le département en charge de
l’élaboration et de l’implémentation de la politique étrangère du Royaume devrait
être associé dans l'élaboration de stratégies énergétiques nationales viables pour les
Maroc.
82
Sur le plan énergétique, l'éventuelle adhésion du Maroc à la CEDEAO lui
permettra, notamment, d'intégrer le système d'Echanges d'Energie Electrique Ouest-
Africain (EEEOA), ce qui aura forcément des implications sur la stratégie énergétique
du Maroc, particulièrement sur les volets relatifs au mix énergétique, à la régulation
et au renforcement des infrastructures d’échanges et de transit.
4.3.2 Régulation
83
Les Etats membres de la CDEAO se sont aussi engagés à assurer l’accès ouvert
et non discriminatoire aux sources de production et équipements de transport situés
sur leur territoire respectif. Le libre transit des flux énergétiques sur leurs territoires
sera facilité et de nouvelles capacités de transit ont étaient programmées.
A signaler par ailleurs que dans le cadre des négociations de l’Accord de Libre-
Echange Complet et Approfondi entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne,
le Maroc devra s’engager sur un certain nombre de dispositions, notamment, en
termes d’application des règles communautaires adoptées par l’UE dans le secteur de
l’énergie.
Conclusion
84
Premièrement, la zone offshore immédiatement au sud du Royaume est en
train de se métamorphoser lentement mais sûrement en une importante zone
productrice et exportatrice de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) avec le premier gaz prévu à
l’horizon 2021.
85
CONCLUSION GENERALE
86
BIBLIOGRAPHIE
ADEA, Association pour le développement de l’énergie en Afrique. L’énergie en Afrique à
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Idem que 4.
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Idem que 6.
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Idem que 12.
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Idem que 5.
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Idem que 12.
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Idem que 4.
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Idem que 34.
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Idem que 24.
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100
(Selon, la feuille de route du projet Gaz to Power du MEME).
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Idem 75.
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Source: WAGPA. http://wagpa.org/news_events.html
103
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106
Source : http://newmail-ng.com/nnpc-shell-others-fined-20m-breaching-gas-supply-contract/
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Source : http://newmail-ng.com/nnpc-shell-others-fined-20m-breaching-gas-supply-contract/
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110
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90
111
www.onhym.com.
112
En 2017, plus de 80% des importations de charbon ont été décidées par la société Taqa des Emirats
Arabes. Le secteur privé est seul arbitre et responsable dans l’importation de la totalité des besoins du
pays en hydrocarbures liquides (Coral Petroleum Holding avant 2016, Total, Vivo et une multitude
d’acteurs nationaux)
113
http://erera.arrec.org/fr/accueil/
114
Idem 116,
91