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Yasna SHAHABI

L’analyse stylistique

En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma

Introduction
En attendant le vote des bêtes sauvages, le roman en langue française écrit par
l'écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, et publié aux Éditions du Seuil le 26 août
1998, nous raconte le récit de l’ascension du maître-chasseur Koyaga, et son
exercice du pouvoir comme Président de la République imaginaire du Golfe. En
effet l’auteur en écrivant ce roman tente de dépeindre une fresque historique de
l’Afrique et ses despotes pendant la Guerre froide. On essaie de voir, avec une
analyse linéaire et considérant les thèmes abordés dans les champs lexicaux,
comment Kourouma construit un cadre dictatorial dans l’incipit de son roman.

I. La construction discursive
Tout au début du texte l’écrivain commence avec un style paratactique. Ces
phrases sont courtes, ce qui produit un effet de concision et de précision. Cette
brièveté dans cette parataxe peut nous invoquer une atmosphère militaire où les
ordres sont donnés d’une façon claire et vite avec un pouvoir venant d’une
hiérarchie absolue.
En revanche le texte est continué avec un style hypotactique. Ce qui crée un effet
de la solennité. Cette écriture synthétique avec un style prolixe permet de
construire l’impression d’une cérémonie impériale.
L’interpellation qui commence l’incipit du roman montre de nouveau la précision
et la concision de l’orateur, celui qui se permet de s’adresser directement à Koyaga
et de le nommer président de la République, tout comme une cérémonie
majestueuse de baptiser.
De plus, l’impératif du verbe comme « retenez », et aussi en donnant des ordres
comme « vous êtes soldat et président », fait appel à un commandement absolu.
D’un autre côté, l’utilisation du futur dans le texte permet d’avoir un style
prophétique qui vient des origines religieux et spirituels du contexte de cette
République imaginaire.
Pour définitive, ce qui est marquant dans le premier paragraphe, c’est le style
militaire et le pouvoir de parole de l’orateur.
Yasna SHAHABI
L’analyse stylistique

II. La construction d’univers


Dans ce premier paragraphe avec les champs lexicaux utilisés, Kourouma essaie de
dépeindre un univers dictatoriale mélangé avec les traditions et les superstitions
d’un tiers-monde africain.
On peut constater les lexiques politiques comme « président », « république » et
« dictateur » qui sont à la fois suivi des lexiques militaires comme « soldat » et
« général ». Ce qui nous montre une république qui ne peut pas respecter tellement
la démocratie mais qui est plutôt dictateur. Ainsi avec le pouvoir suprême des
militaires, cela nous invoque les républiques bananières de l’Afrique.
En outre, les lexiques religieux et en même temps mêlés avec les lexiques
mythiques et traditionnels comme « Allah », « Ramsès II » et « faucon » font appel
au panthéisme et à l’animisme qui existaient autre fois en Afrique et définit la
culture africaine mais ce tiers monde a accepté maintenant le monothéisme, toute
fois les traces de la tradition ne sont pas effacés et reste présent dans la vie
quotidienne et politique du pays.
Finalement, les lexiques solennels en prolongeant le discours font imaginer une
manifestation cérémoniale comme un couronnement royal au lieu du début de
travail d’un président de la république.

III. Un chaos syncrétique


L’auteur aborde de façon critique et ironique certaines traditions africaines, le
despotisme et la démesure des chefs d’États africains. Toutes les croyances sont
mises à contribution. Christianisme, islam et animisme se mêlent dans les
invocations et pratiques magiques pour assurer protection et pouvoirs surhumains.
Kourouma, un écrivain négro-africains conscient, de son rôle en tant que leader
d’opinion, attire l’attention sur l’incohérence des postures idéologiques prises par
les dirigeants africains qui, le plus souvent, s’inspiraient des philosophies
politiques occidentales.
L’univers créé dans le texte du romancier ivoirien donne à voir des situations qui,
si elles sont ubuesques et participent de la dimension ironique de son écriture,
laissent percevoir la tragédie historique que vit ce continent.
Yasna SHAHABI
L’analyse stylistique

La société du roman est traversée par un figure renvoyant au principe de la


démesure politique et de la volonté de domination. Koyaga, président à vie de la
République du Golfe concentre sur lui toutes les images stéréotypées d’un dictateur
africain avide de gloire, de pouvoir, de sang, voire d’immortalité. D’ailleurs, dès
l’amorce du récit, le narrateur plante le décor par la bouche de l’orateur qui avec le
pouvoir de sa parole dans une atmosphère cérémoniale fait allusion à tous les
clichés dictatoriaux d’un pays tiers-monde.

Conclusion
Pour conclure en attendant le vote des bêtes sauvages est un récit dont l’ambition
est de mettre à nu les indignités sociopolitiques rencontrées sur le continent
africain. L’Afrique que donne à voir ce roman est analogue à cette Afrique extra
verbale déchirée par les conflits de tout genre. En effet, que ce soit au niveau des
figures du récit des rapports entre politique et sorcellerie ou au niveau des
sociolectes, Ahmadou Kourouma interpelle ironiquement les Africains sur la
nécessité d’avoir une véritable démocratie en rejetant les stéréotypes des
républiques bananières.

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