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Doudou BADIANE
RAPPORTEURS :
Jean-François DEÜ Professeur, CNAM
Laurent GORNET Maitre de Conférence (HDR), Centrale Nantes
JURY :
Olivier HUBERT Professeur, ENS Cachan, Président du jury
Alain GASSER Professeur, Université d’Orléans
Jean-François DEÜ Professeur, CNAM
Laurent GORNET Maître de Conférences (HDR), Centrale Nantes
Éric BLOND Maître de Conférences (HDR), Université d’Orléans
Luc BELLIÈRE Docteur, SOFRASER
Remerciements
Je tenais à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé ou soutenu, de près ou de
loin, toutes celles avec qui j’ai eu à collaborer, à échanger durant les trois années passées
au laboratoire PRISME. Je remercie tout particulièrement les membres du jury pour avoir
accepté cette tache. Enfin mes remerciements vont à mes parents et à ma famille sans qui
rien n’aurait été possible.
Table des matières
Remerciements i
4 Analyse modale 81
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2 Capteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.3 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.4 Expériences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.4.1 Montages expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.4.1.1 Montage 1 : l’oscillateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.4.1.2 Montage 2 : le viscosimètre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.4.2 Méthode d’acquisition des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.4.3 Matériel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.4.3.1 Le système d’excitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.4.3.2 Le capteur de force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.4.3.3 Le vibromètre laser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.4.3.4 Le viscosimètre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.4.3.5 Les huiles étalons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.4.4 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
4.4.4.1 Montage 1 : l’oscillateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Table des matières v
36 Modèle global du viscosimètre Mivi (a) ; modèle simplifié avec les conditions
aux limites (b). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
37 Les différentes étapes de la modélisation. La simulation nécessite une étape
en statique donnant les variables dépendantes statiques qui sont utilisées
comme conditions initiales pour la seconde étape en dynamique. . . . . . . . 52
38 Amplitude de vibration en bout de poutre pour un amortissement intrin-
sèque du matériau nul, la solution numérique diverge. . . . . . . . . . . . . . 55
39 Amplitude de vibration en bout de poutre avec un facteur de perte structural
γ = 8%. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
40 Modèle CFD de l’interaction fluide-structure. Le maillage des domaines
fluide et structure est effectué. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Table des figures viii
101 Modèle global du viscosimètre Mivi (a) ; modèle simplifié avec les conditions
aux limites (b) ; circuit magnétique du capteur (c) ; bobine modélisée en
conducteur massif autour du noyau ferromagnétique (d). . . . . . . . . . . . 123
a mesure de la viscosité des fluides qu’ils soient liquides ou gazeux a pris un essor
L considérable ces dernières années en raison des techniques de plus en plus sophisti-
quées développées jusqu’ici. Parmi les instruments permettant d’accéder à la viscosité, un
appareil basé sur le principe de vibration à la résonance fait l’objet de ce travail de thèse
à travers son étude numérique et expérimentale.
Il convient de préciser que le viscosimètre a été conçu de manière empirique. Cela pose un
problème au niveau de sa rétro-conception, car l’influence des paramètres (géométriques,
matériaux) du capteur sur sa réponse dynamique constitue une zone d’ombre. En pratique,
lorsqu’un dysfonctionnement survient, il devient difficile pour le fabricant d’effectuer un
diagnostic rapide et efficace. Un important travaille destiné à la compréhension des dif-
férentes physiques est dorénavant nécessaire. Partant de cette constatation et du fait que
le comportement dynamique du capteur reste lié à son actionnement, la méthodologie ap-
propriée qui a été retenue est la modélisation à la fois de l’élément de mesure, mais aussi
du système d’actionnement du capteur. C’est donc un modèle de couplage multiphysique
qui prend en compte l’aspect structure, le fluide ainsi que le phénomène magnétique. C’est
dans ce contexte que se situe le travail de thèse qui est rapporté dans ce mémoire.
La vibration qui est définie comme une oscillation autour d’une position d’équilibre
stable constitue un phénomène très complexe qui est rencontré dans différents domaines :
transports, machines, acoustique, optique, métrologie, etc. Selon l’application considérée, le
phénomène vibratoire peut être nuisible ou au contraire indispensable au fonctionnement
du système. La problématique posée par ce sujet de thèse nécessite d’un point de vue
scientifique le recours à un certain nombre d’outils dont les axes de recherche peuvent être
divisés en trois composantes essentielles.
Le calcul dynamique des structures qui s’inscrit dans une logique de prolongement de la
résistance des matériaux constitue la première maille théorique. Cette méthode analytique
reste cependant adaptée à des cas simples relatifs à un nombre restreint de problèmes. Pour
ces cas simples, il est tout à fait possible de connaître le comportement dynamique du sys-
tème ainsi que son isolation en vue d’une limitation des nuisances par exemple. L’exemple
le plus couramment utilisé dans la théorie est la poutre encastrée dont la résolution analy-
tique ne pose aucun problème. Cependant dès que l’on combine des poutres d’axes ou de
sections différentes, ces méthodes analytiques deviennent insuffisantes.
Les récents progrès relatifs à la mise au point d’ordinateurs de plus en plus puissants se
sont accompagnés de méthodes de calculs robustes et précises. La méthode des éléments
finis qui a connu une avancée majeure aussi bien dans le domaine de la recherche que dans le
monde industriel constitue le deuxième maillon dans l’analyse et l’étude du comportement
vibratoire des systèmes. Cette méthode d’analyse ne cesse de progresser et de se décliner
en plusieurs approches dont les plus notoires atteintes à ce jour sont les modélisations
multiphysique et multiéchelle des systèmes.
xiii
Le dernier axe d’investigation regroupe toutes les méthodes expérimentales qui restent
l’ultime recours quand on a affaire à des modes propres d’ordre élevé. En effet, les logi-
ciels basés sur la méthode des éléments finis prédisent la solution avec une erreur trop
importante, le comportement dynamique des systèmes en haute fréquence. Cependant,
l’expérimentation requiert de multiples connaissances et une très grande rigueur.
Ce mémoire de thèse effectué au laboratoire PRISME d’Orléans est organisé de la
manière suivante :
Au début du premier chapitre, une présentation du sujet est effectuée, suivie de la dé-
finition du concept de viscosité. Une étude du comportement rhéologique des fluides est
effectuée pour permettre de situer le type de milieux visqueux considéré pour les travaux de
thèse et pour le viscosimètre étudié. La mesure de la viscosité est abordée dans ce chapitre
à travers un état de l’art des viscosimètres. Une présentation du problème de couplage ainsi
que la modélisation multiphysique est faite dans ce même chapitre. L’objectif de ce premier
chapitre est donc de bien établir les différentes physiques impliquées par le fonctionnement
du capteur afin de justifier les choix des méthodes de résolution qui seront présentées.
Après avoir consacré les deux premiers chapitres à une étude théorique sur le viscosi-
mètre, le troisième chapitre parle de la modélisation multiphysique. Dans un premier temps,
une analyse du problème dans un cadre éléments finis est effectuée. Dans cette analyse sont
présentées les différentes hypothèses de travail. Tout comme le chapitre deux, il se compose
de deux parties essentielles :
– La première est relative à la modélisation de l’interaction fluide-structure. Cette
modélisation est effectuée dans un premier temps sur la poutre encastrée-libre puis
implémentée dans la structure du viscosimètre.
– La seconde partie traite la modélisation par la méthode des éléments finis du sys-
tème électromagnétique du viscosimètre. Tous les domaines magnétiques ainsi que
les conditions aux limites magnétiques y sont présentés.
Pour valider les différents modèles développés, une analyse modale expérimentale effec-
tuée au laboratoire de mécanique des structures et des systèmes couplés (LMSSC) à Paris
occupe une grande partie du chapitre 4. Cette étude expérimentale permet de mettre en
évidence l’une des motivations originelles de ces travaux de thèse liée à la problématique
xiv
industrielle. Les différents montages expérimentaux utilisés lors de l’analyse modale y sont
présentés et les résultats numériques sont comparés à ceux obtenus expérimentalement et
discutés à la fin de ce même chapitre.
A la suite de cette validation, l’influence de quelques paramètres géométriques sur la
réponse du capteur est étudiée à travers un modèle paramétrique du viscosimètre. Ce
modèle paramétré devrait constituer un outil d’aide à la re-conception du capteur.
Chapitre 1
Sommaire
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Présentation du sujet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 Définition newtonienne de la viscosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.3 Comportements rhéologiques des fluides . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.4 Effets de la température sur la viscosité . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Mesure de la viscosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Viscosimètres à chute d’objet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Viscosimètres Rotatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.3 Viscosimètres capillaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.4 Viscosimètres à objet vibrant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Phénomène d’interaction magnétisme-structure . . . . . . . . . . . 15
1.4 Phénomène d’interaction fluide-structure . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.1 L’interaction structure-fluide incompressible . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.5 Modélisation multiphysique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5.1 Architecture d’un problème multiphysique . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5.2 Principe d’un solveur multiphysique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.1 Introduction
a connaissance de la viscosité devient de plus en plus nécessaire dans de nombreux
L domaines. On peut citer, à titre d’exemple, le domaine de la biomécanique où la vis-
cosité du sang peut révéler certaines pathologies, mais aussi l’imprimerie, l’agroalimentaire,
etc. Ces domaines concernés par la viscosimétrie sont aussi divers que les instruments per-
mettant de déterminer la viscosité. Dans ce premier chapitre, il s’agira de définir d’abord
le contexte scientifique. Ensuite, un état de l’art des principaux instruments de mesure de
viscosité sera fait. Enfin, l’approche du couplage multiphysique sera présentée.
la métrologie, un instrument stable signifie que la mesure obtenue est reproductible lorsque
l’instrument est testé à plusieurs reprises à des intervalles de temps supérieurs à la durée de
la mesure. Lorsque les conditions liées aux sollicitations extérieures de types température,
pression ou liaisons mécaniques sont constantes, aucune dérive de la mesure n’est constatée
dans le temps. Toutes ces conditions ne sont jamais réalisées en même temps sur un site de
production. Par l’expérience, il a été constaté par exemple que lorsque le capteur est monté
sur une structure contenant un liquide, la mesure change lorsque le niveau du liquide évolue.
Le viscosimètre qui fait l’objet de ces travaux a été conçu de manière empirique, ce qui fait
que lorsqu’un dysfonctionnement intervient, il devient difficile, d’apporter un diagnostic
rapide et efficace. Depuis sa conception, les paramètres géométriques initiaux du capteur
n’ont pas évolué du fait que lorsqu’un des paramètres est modifié, le fonctionnement du
capteur est compromis. La problématique industrielle soulevée reste liée à l’optimisation de
la conception du capteur d’une part et son interaction avec le milieu externe d’autre part.
Ce sujet traite les différentes physiques impliquées dans le fonctionnement de l’instrument
de mesure : vibration, interaction fluide-structure et magnétisme. D’un point de vue scien-
tifique, ces différentes physiques impliquées constituent une problématique de recherche
intéressante.
Dans son postulat, Isaac Newton établit que la contrainte de cisaillement τ est proportion-
nelle au taux de cisaillement du fluide donnant ainsi la loi de Newton.
Fy ∂Vy
τ= S =η· ∂z (1.1)
Figure 2 – Rhéogramme d’un fluide newtonien. La viscosité est constante quelque soit le
taux de cisaillement du fluide.
1.1. Introduction 4
Ce type de comportement est de loin le plus fréquent. Une loi empirique de puissance
proposée par Ostwald [Ostwald 1925] est aujourd’hui très utilisée pour de tels fluides.
Figure 5 – Rhéogramme d’un liquide thixotrope. Ils se caractérisent par un cycle d’hys-
térésis.
Les travaux qui sont présentés dans cette thèse concernent uniquement les fluides vis-
queux newtoniens. Il s’agit de la viscosité relative du fluide et non sa viscosité absolue dans
la mesure où l’instrument étudié indique la viscosité du fluide testé par rapport à l’air qui
est choisi comme référence lors des opérations de calibrage.
1.2. Mesure de la viscosité 6
où C1 est une constante qui dépend de la nature du fluide, C2 est l’énergie d’activation du
fluide visqueux, k est la constante de Boltzmann et T la température.
Le tableau 1 montre la viscosité de quelques gaz à 300K (en µP a.s) et de quelques fluides
à 25˚C (en mP a.s) :
Ct 1
η= 2πhω 2 −R2
Rm s
3Ct ·θ
η= 2πRm3 ω
2Ct ·e
η= 4 ω
πRm
Ces viscosimètres conviennent surtout pour des milieux très visqueux, car pour les milieux
faiblement visqueux, la variation du couple est trop faible pour une mesure précise.
La mesure se fait grâce à une sonde en acier inoxydable qui est immergée dans un échan-
tillon de fluide à tester. La pointe est rectifiée, car dans le cas où elle est émoussée, on
introduit un effet de masse additionnelle [Lamb 1921]. Le tube est plongé dans le fluide à
tester jusqu’au centre du perçage P , ce qui permet au fluide testé de monter de la même
hauteur à l’intérieur comme à l’extérieur du tube. La sensibilité de la sonde est inversement
proportionnelle à la surface du tube en contact avec le fluide.
Figure 8 – Capteur acoustique résonant [Lain 2012]. Des ondes élastiques caractérisant le
milieu environnant sont transmises par le piézoélectrique.
Figure 9 – Parties réelle et imaginaire [Lévêque 2000]. Les pics représentent les fréquences
de résonance du capteur.
Le signal acoustique est fonction de l’interaction entre la pointe et le milieu. Deux types
d’onde entrent en compte dans la mesure. Une onde longitudinale émise par l’extrémité de
la pointe et une onde transversale émise par la partie latérale de la pointe en contact avec
l’objet. Les informations exploitées sont ∆F , le glissement de la fréquence de résonance
de la partie réelle et ∆(1/Z) la variation de l’inverse du maximum de la partie réelle de
l’impédance [Wazer 1963]. La fréquence et l’impédance à la résonance dans l’air servent de
référence. Dans le cas d’un liquide newtonien, la viscosité et la densité peuvent être déduites
de la fréquence et de la partie réelle de l’impédance, à la résonance par [Lévêque 2000] :
1
∆F = Aρ + B(ρη) 2 (1.9)
1
∆( Z1 ) = C(ρη) 2 (1.10)
Il est composé de deux circuits électromagnétiques couplés dont l’un est en convention
générateur, tandis que l’autre est en convention récepteur. Ce circuit magnétique comporte
deux aimants permanents montés sur une structure vibrante.
1.2. Mesure de la viscosité 14
Ces différentes physiques mettent en jeu un domaine structure qui est en interaction à la
fois avec un domaine fluide et un domaine magnétique. Le champ magnétique environnant
déforme la structure. Cette structure déformée modifie le champ magnétique environnant.
Cela définit un premier couplage de type magnétoélastique. Lorsque la structure est défor-
mée, l’écoulement du fluide qui l’entoure est affecté. Cet écoulement de la même façon va
modifier la déformée de la structure. Cela constitue un deuxième couplage de type fluide-
structure. Le couplage fluide-structure est de loin le plus évident dans la mesure où il est
défini au niveau de l’interface entre le fluide et la structure. C’est un couplage par les condi-
tions aux limites. Au contraire, le couplage magnétique-structure implique les différentes
variables d’état magnétique et structure. Ces deux couplages qui peuvent se manifester
dans plusieurs domaines peuvent prendre des formes relativement complexes.
Cependant, la maîtrise des effets statiques uniquement, n’est pas suffisante d’une manière
générale. En effet, en 1940, le pont du Tacoma sur la figure 16 construit dans les années
1930 avec un budget limité et connu pour sa structure très légère et élancée s’est effondré, à
la suite d’une série d’oscillations d’amplitudes croissantes créées par un vent d’une vitesse
d’environ 68Km/h.
A la suite de cette deuxième catastrophe, de nombreuses études pour la plupart expérimen-
tales, ont suivi pour mieux comprendre le phénomène physique [Scanlan 1971, Otsuki 1974,
Washizu 1978]. L’inconvénient majeur de ces travaux expérimentaux était la nécessité de la
construction de maquettes certes à des échelles réduites représentatives, mais elles restaient
encore imposantes pour les essais en soufflerie. Pour pallier ce problème, de nouveaux mo-
dèles théoriques se sont ajoutés aux analyses aérodynamiques expérimentales réalisées sur
des sections de ponts ou des profils d’ailes d’avion [Scanlan 1971]. Grâce aux progrès de
1.4. Phénomène d’interaction fluide-structure 17
Dans le domaine du génie maritime, la sollicitation la plus fréquente mettant en jeu ces
cas d’interaction est celle des ondes sans déplacement de matière à la surface libre de la
mer (la houle), qu’il s’agisse des structures portuaires ou des plates-formes d’extraction de
gaz ou de pétrole. Pour ces dernières présentées sur la figure 17, de nombreux travaux
expérimentaux ou numériques sont en cours [Chaplin 2005, Iranpour 2008, Chen 2009,
Mukundan 2009, Yasuda 2009, Srinil 2011, Wu 2012] car la stabilisation des oscillations
des pipe-lines (risers) ou des câbles de maintien afin d’éviter que ces structures n’entrent
en résonance sous l’effet des courants marins est indispensable.
Les différentes étapes du calcul dans le cas d’un couplage faible fluide-structure sont :
1. La simulation de l’écoulement du fluide dans un premier temps.
2. La récupération des champs de pression et de vitesse ce qui donne les contraintes sur
la structure.
3. La simulation du comportement mécanique de la structure en se donnant les
contraintes (pression et force visqueuse) du fluide sur la structure calculées précé-
demment comme donnée d’entrée.
La résolution est donc séquentielle. Dans le cas d’un couplage fort, la dépendance est
bidirectionnelle. Ce type de couplage est de loin le plus compliqué. Aucune physique ne
peut donc être résolue séparément, car un échange de données à intervalle de temps réguliers
(dans la plupart du temps) entre les deux solveurs et dans les deux sens s’impose, ce qui
fait que la simulation avance pas à pas.
1.5. Modélisation multiphysique 20
Figure 19 – Problème d’interaction fluide-structure : dans le cas d’un couplage fort, les
différentes physiques ne peuvent pas être résolues indépendamment du fait de leur influence
mutuelle.
Comme son nom l’indique, les données sont échangées avec un décalage d’un solveur à
l’autre. Dans ce cas, les étapes principales de la simulation sont :
– L’échange de la vitesse et de la position à l’interface fluide-structure.
– L’avancement d’un pas de temps sur la simulation du fluide.
– Le transfert de la nouvelle valeur de la contrainte du fluide à la structure.
– L’avancement d’un pas de temps sur la simulation de la structure.
Cependant bien qu’étant couramment utilisé, cet algorithme renferme un problème pour
les cas de couplages forts, car lors de la simulation les conditions de couplages ne sont
1.5. Modélisation multiphysique 21
jamais toutes vérifiées simultanément et un écart peut être commis sur le résultat final,
raison pour laquelle de nombreux travaux de recherche sont en cours [Lin 2007, Lee 2009].
Une alternative consiste à utiliser les méthodes itératives qui sont plus coûteuses en temps
de calcul, mais permettent d’obtenir un résultat plus précis.
La réponse du système couplé est ainsi obtenue directement. Pour le cas de l’interac-
tion fluide-structure par exemple, un seul modèle traduisant l’équilibre fluide-structure en
chaque noeud est résolu. Cette approche permet de prendre en compte n’importe quel cou-
plage (fort ou faible) avec précision, mais contrairement à l’approche partitionnée, elle ne
permet pas d’optimiser aussi finement la simulation, car elle impose les mêmes formula-
tions, les mêmes maillages et les mêmes pas de temps pour toutes les physiques mises en
jeu. L’approche partitionnée permet d’optimiser la simulation en choisissant la discrétisa-
tion la plus adaptée à chaque physique. Pour un calcul en interaction fluide-structure par
exemple, le fluide nécessite un pas de temps plus petit que la structure le plus souvent.
L’approche monolithique est généralement utilisée pour des couplages très simples.
Le viscosimètre qui est étudié rentre dans le cadre des viscosimètres à objet vibrant. Il
est conçu pour donner la viscosité relative des fluides newtoniens. Son fonctionnement se
fait à basse fréquence et l’écoulement généré par la vibration de la tige sur cette gamme
de fréquences est considéré comme étant laminaire en théorie. Dans la pratique, le phé-
nomène de turbulence n’a pas non plus été observé lors de l’utilisation du capteur en
milieu industriel où en plus de l’écoulement généré par la vibration de la tige du cap-
teur, s’ajoute celui dû à l’écoulement du fluide au niveau des conduites hydrauliques. Le
problème d’interaction fluide-structure qui est modélisé est classé parmi les cas d’interac-
tion structure-fluide incompressible. Son actionnement électromagnétique qui introduit un
couplage magnétoélastique se fait autour de la résonance de la structure vibrante. Une at-
tention toute particulière doit être accordée à la vitesse de convergence ainsi qu’au coût par
itération d’un tel problème. La matrice associée au système linéaire issu de l’approximation
élément finis de ce type de couplage magnétique-fluide-structure est généralement de taille
très grande et creuse. L’utilisation d’une méthode itérative est donc mieux adaptée pour
la résolution. Une approche partitionnée basée sur un solveur itératif qui est implémentée
1.6. Conclusion 22
dans le code éléments finis est utilisée. Ce solveur itératif est lui-même basé sur l’algo-
rithme "segregated" qui est une variante de la méthode Newton consistant à découper la
matrice associée au système linéaire du problème en plusieurs sous-matrices de telle sorte
à résoudre un système non linéaire. Son principe de fonctionnement est similaire au "stag-
gered" et un pré-conditionneur multigrille est utilisé afin d’accélérer la résolution itérative
du système linéaire. Ce choix au détriment de l’approche directe se justifie dans la mesure
où les différents domaines modélisés sont résolus en utilisant un solveur commun. Comme
il sera montré, il n’est pas nécessaire de mailler le domaine fluide pour la résolution de
l’interaction entre le fluide et la structure du capteur. Une approche analytique sera déve-
loppée. En revanche, du fait du principe de la mesure de la viscosité par le viscosimètre
Mivi, un découplage de l’interaction magnétoélastique permettant de réduire le temps de
calcul n’est pas possible. Par conséquent les deux domaines magnétique et structure seront
résolus par une approche éléments finis.
1.6 Conclusion
Dans beaucoup de domaines, le besoin de connaître la viscosité de certains corps qu’ils
soient solides, liquides ou gazeux s’est toujours fait sentir. Cette nécessité de connaître
la viscosité a permis le développement de divers viscosimètres dont la plupart étaient
conçus de manière empirique. L’instrument présenté dans ce chapitre fait partie de ces
viscosimètres pouvant difficilement être optimisés du fait de la complexité des interactions
dont ils sont le siège. Ce chapitre a permis l’identification des différents phénomènes phy-
siques gouvernant le comportement du viscosimètre en vue de la construction du modèle
multiphysique. L’objectif de ce modèle devrait permettre de simuler le comportement du
viscosimètre dans le but d’optimiser sa conception.
Au chapitre suivant, ces différentes physiques mises en jeux dans le fonctionnement du
viscosimètre Mivi qui ont été identifiées seront présentées.
Chapitre 2
Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.2 Vibrations transversales libres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.1 Hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.2 Mise en équation du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3 Vibrations transversales amorties . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3.1 Amortissement des vibrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3.2 Facteur de qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4 Cas de la vibration d’une poutre dans un fluide visqueux . . . . . 31
2.4.1 Hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4.2 L’interaction fluide-structure : méthodes analytiques . . . . . . . . . . 32
2.4.3 L’interaction fluide-structure : méthode CFD . . . . . . . . . . . . . . 37
2.5 Circuits électromagnétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.5.1 Grandeurs magnétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.5.2 Equations de Maxwell . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.5.3 Matériaux magnétiques : propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.5.4 Les aimants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.5.5 Force de Lorentz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.5.6 Force de Laplace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.5.7 Force électromotrice (tension induite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.5.8 Circuits magnétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.5.9 Circuits électriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.1 Introduction
ans ce chapitre, les physiques (fluide, structure, magnétisme) mises en jeu lors du fonc-
D tionnement du viscosimètre vibrant sont présentées à travers une étude théorique
des différentes équations qui les gouvernent. Dans un premier temps, une description ma-
thématique et numérique des aspects de vibrations libres et amorties sera faite en se basant
sur une poutre encastrée d’un côté puis laissée libre de l’autre. Ensuite, une présentation
des systèmes électromagnétiques sera faite en se basant sur les équations de Maxwell.
2.2. Vibrations transversales libres 24
Figure 22 – Poutre encastrée d’un coté et laissée libre de l’autre en vibration transversale
uniquement.
Sa masse volumique est ρp , sa section est S, sa longueur sera notée l. L’amplitude modale
de vibration transversale est notée X.
Cette poutre encastrée-libre est la base de nombreux systèmes tels que les viscosimètres
de type vibrant à actionnement électromagnétique faisant l’objet de cette thèse, mais aussi
les microcapteurs mécaniques à parties mécaniques de types microlevier ou pont par ac-
tionnement électromagnétique ou piézoélectrique.
2.2.1 Hypothèses
Les différents modèles qui seront présentés sont valables sous réserve des hypothèses
suivantes :
1. La poutre a une section droite constante sur toute sa longueur.
2. Le diamètre de la poutre est très petit devant sa longueur.
3. Le matériau constituant la poutre est isotrope et élastique linéaire.
4. Les amplitudes de vibration restent très petites devant les dimensions de la poutre.
La poutre est modélisée selon la théorie d’Euler-Bernoulli qui est utilisée en résistance
des matériaux. Contrairement à celle de Timoshenko, on ne prend pas en compte les effets
de cisaillement et d’inertie. Les sections normales à la ligne moyenne restent planes et
normales à la ligne moyenne pendant la déformation de la poutre. Cependant lorsque
l’élancement de la poutre est faible, le passage à la théorie de Timoshenko, plus délicate à
mettre en oeuvre s’impose. En isolant un petit élément de poutre de longueur dx comme
le montre la figure 23 et en faisant le bilan des efforts s’appliquant sur cette dernière, cela
donne :
T = − ∂M
∂x (2.1)
X|x=0 = X0 (2.6)
les valeurs admissibles pour le nombre d’onde kn sont données par les racines kn l = Cn
d’une équation f (kn l) = 0. La fonction f (kn l) est définie à partir des 4 conditions aux
limites nécessaires pour déterminer les 4 constantes a, b, c, d. En combinant les conditions
aux limites de la poutre encastrée et l’équation 2.10, les égalités suivantes sont obtenues :
X|x=0 = 0 donc b + d = 0
∂X
∂x |x=0 = 0 donc a + c = 0
∂2X
|
∂x2 x=l
= 0 donc kn2 (−asin(kn l) − bcos(kn l) + csinh(kn l) + dcosh(kn l)) = 0
∂3X
|
∂x3 x=l
= 0 donc kn3 (−acos(kn l) + bsin(kn l) + ccosh(kn l) + dsinh(kn l)) = 0
a, b, c, d sont donc les solutions du système linéaire :
0 1 0 1 a 0
1 0 1 0 · b = 0
−sin(kn l) −cos(kn l) sinh(kn l) cosh(kn l) c 0 (2.11)
−cos(kn l) sin(kn l) cosh(kn l) sinh(kn l) d 0
qui admet des solutions non triviales a, b, c, d proportionnelles à une constante près que
si son déterminant est nul, c’est à dire :
Les Cn représentent les racines positives de l’équation aux pulsations 2.12. C’est une
équation qui ne dépend que des conditions aux limites de la poutre étudiée.
Les racines de cette équation sont : C1 = 1.875, C2 = 4.695, C3 = 7.85.
Au-delà du mode fondamental, les fréquences propres sont régulièrement espacées car
−1 −1
cos(Cn )cosh(Cn ) = −1 s’écrit cos(Cn ) = cosh(Cn)
avec cosh(C n)
décroissant très rapidement
en tendant vers zéro de sorte que l’équation aux fréquences propres se réduit à cos(Cn ) = 0
comme indiqué sur la figure 24.
D’une manière générale, les Cn sont obtenues par :
Figure 24 – Equation aux pulsations donnant les différents coefficients Cn dans le cas
de la poutre encastrée-libre. Les Cn sont donnés par les valeurs aux intersection des deux
courbes.
avec ω = 2πf . Les différentes fréquences de résonance de la poutre vibrant dans le vide
sont obtenues analytiquement par :
q q
fvide,n = 2π Cn ρp l2 SJ
1 2 E 1
(2.15)
En réécrivant ces différentes conditions sous forme matricielle, le système suivant est
obtenu :
1 1 1 1 A X0
−ik −k ik k · B = 0
−k e 2 −ikl 2 −kl 2 ikl 2 kl (2.17)
k e −k e k e C 0
ik 3 e−ikl −k 3 e−kl −ik 3 eikl k 3 ekl D 0
La résolution par la méthode directe, du système matriciel, consistant en une inversion
de la matrice ainsi formée, pose un problème, du fait qu’elle est mal conditionnée. En effet,
il peut être remarqué que lorsque certains termes de la matrice tendent vers 0, d’autre
tendent vers l’infini lorsque le nombre d’onde k varie. Afin de contourner ce problème de
convergence, la matrice précédemment construite est factorisée, de telle sorte que tous les
termes aient la même limite au fur et à mesure que le nombre d’onde k augmente. Soit la
matrice [M0 ] tel que :
−ikl −1
e 0
[M0 ] = (2.18)
0 e−kl
et la matrice identité [I]. Le système 2.17 se ramène à :
e−ikl e−kl
1 1 A X0
ike−ikl ke−kl
−ik −k [I] 0 B
= 0 (2.19)
−k 2 e−ikl k 2 e−kl −k 2 k 2 0 [M0 ] C 0
ik 3 e−ikl −k 3 e−kl −ik 3 k3 D 0
Un système de la forme :
[β][α][G] = [H] (2.20)
La résolution du système 2.20 consiste à trouver la matrice [G] telle que :
[G] = [α]−1 [β]−1 [H] (2.21)
Les différentes constantes A, B, C et D trouvées pour un déplacement imposé X0 =
10−1 mm, l’amplitude modale X(ω) peut être tracée à différents endroits de la poutre, en
faisant varier la pulsation ω afin d’obtenir le spectre d’amplitude de la poutre encastrée-
libre représenté sur la figure 25.
Les deux premières fréquences de résonance de la poutre sont obtenues numériquement
grâce au logiciel Matlab. Ces fréquences correspondent à celles trouvées analytiquement.
L’amplitude modale est obtenue à l’extrémité libre de la poutre. Si la méthode analytique
permet d’accéder aux différents modes propres de la poutre, l’intérêt de cette méthode
par rapport à la méthode analytique c’est de pouvoir accéder à la réponse fréquentielle
de la poutre par un balayage de la fréquence d’excitation. Pour la méthode analytique les
différents coefficients Cn donnant les nombres d’ondes ne sont définies qu’à des valeurs dis-
crètes. Il a cependant un intérêt particulier dans le cas d’une étude de fréquences propres
du fait de sa souplesse par rapport à une implémentation.
2.3. Vibrations transversales amorties 29
tissement peut être évaluée, en comparant l’énergie dissipée par cycle Wcycle à l’énergie
potentielle élastique maximale Umax . Le rapport des deux grandeurs représente la capacité
d’amortissement spécifique (C.A.S) :
Wcycle
C.A.S = Umax (2.22)
Pour les problèmes de vibration des structures, le concept de raideur ou de module d’Young
complexe est souvent introduit. Cette méthode se justifie dans le cas de problèmes sous
excitation harmonique. Dans ces conditions, le module d’Young complexe vaut :
E ∗ = E(1 + i · γ) (2.24)
Pour un circuit électrique composé d’une résistance R, d’un condensateur C et d’une induc-
tance L, le facteur de qualité reste lié au rapport entre l’énergie stockée dans l’inducteur et
dans le condensateur et l’énergie transformée par la résistance. Pour une structure vibrant
dans un fluide visqueux, le facteur de qualité prend en compte toutes les dissipations pré-
sentes (pertes hystéritiques, pertes visqueuses, etc,). Dans ce cas, la relation liant le facteur
de qualité total aux autres composantes est [Vancura 2008] :
1 1 1
Qtot = Qint + Qf lu (2.26)
où Qtot est le facteur de qualité du système fluide-structure, Qint est le facteur de qualité
intrinsèque de la structure, Qf lu est la contribution du fluide sur le facteur de qualité. Du
fait d’un amortissement intrinsèque très faible devant l’amortissement visqueux, le facteur
de qualité total Qtot d’une structure opérant autour de sa fréquence de résonance se résume
à Qf lu , la contribution du fluide sur le facteur de qualité. Un facteur de qualité trop grand
ne va pas dans le bon sens pour les capteurs de viscosité vibrant autour de la fréquence de
résonance. Lorsque le facteur de qualité est trop faible, la structure possède un très grand
amortissement, ce qui n’est pas non plus souhaitable pour ces types de viscosimètres. Il est
donc nécessaire de trouver un bon compromis entre le facteur de qualité et l’amortissement.
suivant l’axe de la poutre sera négligeable par rapport à celui suivant la direction trans-
versale.
De ce fait, la dimension caractéristique dans le sens de l’écoulement est le diamètre D de
la poutre en vibration transversale. Dans ces conditions, le nombre de Reynolds approprié
est donné par [Sader 2006] :
ρωD2
Re = 4η (2.27)
où ρ est la masse volumique du fluide, η est sa viscosité dynamique et ω/2π représente la
fréquence de vibration.
Le calcul du facteur de qualité nécessite la connaissance au préalable de tous les termes dont
il dépend, y compris le rayon de la sphère. L’avantage de ce modèle repose sur la dépendance
quasi linéaire R(l) [Bergaud 1999, Nicu 2000] entre la longueur de la poutre dont on désire
connaître le facteur de qualité, et le rayon de la sphère qui lui est équivalente. Pour une
poutre donnée, ce modèle prédit les facteurs de qualité associés aux modes supérieurs au
fondamental uniquement car la fréquence fondamentale ainsi que le facteur de qualité qui
lui est associé sont nécessaires pour construire la courbe R(l). Un autre inconvénient majeur
est qu’il ne tient pas compte de manière rigoureuse de la géométrie de l’objet vibrant, ce
qui réduit considérablement sa pertinence.
Dès lors que les modes sont bas, les composantes longitudinales de la vitesse d’écou-
lement sont négligées, la force hydrodynamique résulte dans ce cas, d’un produit d’un
coefficient ∧(ω) dépendant de la fréquence et du déplacement transversal X(x, ω) de la
poutre [Weiss 2008] :
2
avec Re = ρωD4η , tel que défini par l’équation 2.27, où D représente le diamètre de la poutre
et correspond à la dimension caractéristique suivant la direction de l’écoulement du fluide,
K0 et K1 représentent les fonctions de Bessel modifiées du second ordre [Abramowitz 1972].
Pour une poutre à section rectangulaire, la forme exacte de Γ(ω) pose un véritable
problème. Jusqu’à présent, aucune solution exacte n’est disponible dans la littérature.
Cependant, dans le cas où la largeur de la poutre est très grande devant son épaisseur,
Kanwal [Kanwal 1955], a formulé une méthode de résolution dans Mathieu Functions
[Abramowitz 1972]. Malheureusement, c’est une formulation très compliquée et coûteuse
numériquement. Une autre méthode numérique de résolution plus récente a été développée
par Tuck [Tuck 1969] qui a démontré que les fonctions hydrodynamiques d’une poutre à
section circulaire et d’une plaque infiniment mince sont quasiment identiques. L’écart entre
les deux ne dépassant pas 15% tant que le nombre de Reynolds est compris entre 0.1 et
10000. Il a été montré que pour les deux types de poutres circulaire et rectangulaire les
fonctions hydrodynamiques Γcirc et Γrect tendent vers la même limite [Tuck 1969] :
1 Si Re → ∞
Γ(ω) = −4i (2.37)
√ Si Re → 0
Re ln(−i iRe )
Tuck [Tuck 1969] montre en faisant une interpolation que pour une poutre à section rec-
tangulaire la fonction hydrodynamique peut s’exprimer en fonction de celle d’une poutre
à section circulaire :
où σ = log(Re )
L’erreur obtenue sur cette approximation est en dessous de 0, 2% pour 10−1 < Re < 104 .
Puisque ces fonctions hydrodynamiques sont valables pour tout nombre de Mach M <
10−2 , la compressibilité du fluide n’a pas d’influence sur la résistance et par conséquent
km,i et kd,i correspondent aux valeurs de la fonction hydrodynamique dans le cas où la
poutre vibre dans un fluide incompressible. En faisant une régression avec une fonction de
la forme f (Re ) = aReb + c, sur les paramètres a, b, c. Les coefficients sont donnés par :
2, 8
km,i ≈ √ + 1
Re
4, 4 (2.40)
kd,i ≈ p + 0, 065
3
Re2
Sur la figure 27, sont représentés les coefficients de masse additionnelle km,i et d’amortis-
sement kd,i obtenus par la méthode des moments comparés respectivement à ceux de Tuck
km,T et kd,T .
Figure 27 – coefficients de résistances km,i et kd,i d’une poutre en vibration comparés aux
valeurs analytiques pour la poutre cylindrique km,T et kd,T (km,T et km,i sont les coefficients
de masse additionnelle et kd,T et kd,i sont les coefficients d’amortissement).
En remplaçant la force hydrodynamique par la valeur trouvée aux équations 2.33 et 2.34,
l’équation suivante est obtenue :
∂4X Fexcit
∂x4
− k4 X = EJ (2.42)
Avec
ρ S
k 4 = ω 2 EJ
p
1 + (km − ikd ) ρρp (2.43)
Figure 28 – Spectre d’amplitude d’une poutre encastrée-libre vibrant dans le fluide com-
paré à celui dans l’air. La poutre en inox a un diamètre de 3mm, une longueur de 110mm.
Le fluide exerce une charge qui modifie les caractéristiques à la résonance.
2.4. Cas de la vibration d’une poutre dans un fluide visqueux 37
où V est le champs de vitesse, ρ est la densité du fluide, p est la pression, η est la viscosité,
∇ est le gradient, ∇· représente l’opérateur de divergence et ∆ est le Laplacien.
(V · ∇)V = 0 (2.47)
C’est une approximation utilisée pour modéliser les écoulements stationnaires de fluides
visqueux et incompressibles.
Pour le modèle qui sera présenté au chapitre 3, seul le domaine structure sera représenté
dans un cadre éléments finis, l’action du fluide sur la structure sera remplacée par le modèle
analytique de l’interaction fluide-structure présenté à la section 2.4.2.2 et la seule condition
aux limites commune sera la force hydrodynamique.
Dans ce qui a été présenté, la poutre est mise en vibration par un déplacement imposé.
Cette mise en vibration peut être effectuée de plusieurs manières. Pour le viscosimètre
étudié et dans la plupart du temps, l’actionnement se fait grâce à un système électroma-
gnétique.
2.5. Circuits électromagnétiques 38
~ = ε0 E
D ~ + P~ (2.48)
où µ0 = 4π10−7 V s/Am est la perméabilité magnétique du vide. Dans le vide, l’air ainsi
~ est nulle ou négligeable, ce qui
que les matériaux non ferromagnétiques, l’aimantation M
donne la relation suivante :
~ = µ0 H
B ~ (2.50)
Dans le vide, le champ d’induction magnétique est colinéaire à tout instant au champ
magnétique.
permet de lier les grandeurs électriques et les grandeurs magnétiques, afin de décrire le
phénomène électromagnétique sous une forme locale. Cette forme locale n’était pas celle
recherchée par Maxwell, une description sous une forme globale était plus appropriée pour
mieux comprendre le phénomène électromagnétique, mais les opérateurs vectoriels permet-
tant de le faire un peu plus tard venaient à peine d’être découverts. Initialement, le modèle
de Maxwell tel qu’il l’a établi comportait une vingtaine d’équations regroupant les lois qui
gouvernent les phénomènes électrique et magnétique. Ce système d’équations se ramène
aujourd’hui grâce à l’analyse vectorielle, à quatre équations sous une forme globale ou lo-
cale. Bien avant Maxwell, Gauss énonçait déjà que le flux de E~ à travers une surface fermée
est égale à la somme des charges à l’intérieur de la surface divisée par ε0 . En introduisant
une densité volumique de charge ρv et en utilisant la formule de la divergence, le théorème
de Gauss peut être écrit comme suit :
x y 1 y
~
~n · EdS = ~
∇ · EdV = ρv dV
ε0
(s) (v) (v)
~ = ρv
∇·E ε0 (2.51)
De la même manière, la loi d’induction de Faraday dit que la circulation du champ électrique
~ sur un contour fermé C est égale à l’opposé de la dérivée temporelle du flux d’induction
E
~ à travers une surface S s’appuyant sur ce contour fermé. En utilisant la formule de
B
Stokes, le théorème de Faraday peut être réécrit comme suit :
I x ∂ x
~ =
~n · Edl ~
~n · ∇ × EdS =− ~
~n · BdS
(l) ∂t
(s) (S)
~ = − ∂B ~
∇×E ∂t (2.52)
~ =0
∇·B (2.53)
Sur un élément de volume s’appuyant sur deux contours fermés, C1 et C2 , le flux magnétique
y est conservé. Ce principe se généralise alors au sein d’un volume fermé ; le flux qui y entre
est égal au flux qui en sort. L’élément de volume en question porte alors le nom de tube
d’induction ou de champ.
Ampère a énoncé la loi selon laquelle, la circulation du champ magnétique H ~ sur un contour
2.5. Circuits électromagnétiques 40
fermé C est égale au courant électrique I à travers cette surface S. Soit la grandeur J~
appelée densité de courant, telle que :
s
~
I = ~n · JdS (2.54)
En utilisant la le théorème de Stokes, cette dernière équation peut être réécrite comme
suit :
s s s
~ = ∇ × HdS~ ∂ ~ ~
H
~n · Hdl = ∂t ~n · DdS + ~n · JdS (2.57)
~ = ~
∇×H ∂D
∂t + J~ (2.58)
Ces quatre équations constituent la forme actuelle des équations de Maxwell. Elles forment
les équations de base de l’électromagnétisme et permettent d’accéder à l’équation des ondes
électromagnétiques. Une propriété très utile qui est la conservation de la charge électrique
peut être obtenue grâce à la deuxième équation source de Maxwell. En prenant la divergence
des deux membres il devient :
~
~ = ε0 ∂∇·E + ∇ · J~ = 0
∇ · (∇ × H) ∂t
~ = µ0 H
B ~ + µ0 M
~
~ = χH
M ~ (2.60)
2.5. Circuits électromagnétiques 41
µr = 1 + χ (2.62)
Ce cycle d’hystérésis ainsi que la courbe de première aimantation font partie des propriétés
2.5. Circuits électromagnétiques 42
essentielles d’une substance ferromagnétique. Pour une valeur d’excitation raisonnable, leur
point de fonctionnement est dans une zone linéaire généralement exploitée par les transfor-
mateurs ainsi que les machines tournantes. Quand l’excitation est suffisamment élevée, le
point de fonctionnement tend vers la zone de saturation du matériau magnétique. L’une des
conséquences de l’hystérésis est que lorsque l’excitation est annulée, il subsiste un champ
d’induction rémanent Br qui peut être annulé par l’application d’un champ d’excitation
coercitif Hc . La figure 30, montre la courbe B = f (H) d’un matériau ferromagnétique.
matériaux sont complètement saturés lorsqu’ils sont soumis à des champs au-dessus de
107 A/m. Cependant en raison de leurs courbes M (H), les aimants dotés d’une grande
énergie spécifique (produit B · H) se désaimantent difficilement. Le seul moyen d’y arriver
consiste à les chauffer jusqu’à des températures supérieures à celle de Curie du matériau
considéré, ce qui modifie le plus souvent sa structure moléculaire en même temps.
~ = µd H
B ~ + µd M
~ (2.63)
Le cycle d’hystérésis d’un aimant comme le montre la figure 31 comporte deux quadrants
essentiels :
– Le premier quadrant (B > 0 et H > 0) dans lequel se trouve la courbe de première
aimantation définit la faculté d’aimantation du matériau. Sous une excitation externe,
les différents moments magnétiques sont forcés de s’orienter de la même façon que
le champ H. ~ Le vecteur aimantation M ~ (H) de l’aimant atteint sa valeur maximum
Ms (c’est la saturation) et le champ d’induction magnétique B ~ continue d’augmenter
avec H.~
– Le deuxième quadrant (B > 0 et H < 0) décrit la courbe de désaimantation bornée
par la rémanence Br ∼ = Ms (pour les aimants à base de terres rares) et le champ coer-
citif Hc . L’excitation B HC annule le champ d’induction alors que M HC correspond
à l’excitation qui annule l’aimantation.
La connaissance de la courbe de désaimantation est primordiale dans la mesure où la
réversibilité n’est obtenue que sur la partie rectiligne constituant la zone où travaillent
essentiellement les aimants.
2.5. Circuits électromagnétiques 45
f~ = q(E
~ + ~v ∧ B)
~ (2.64)
Dans ces conditions la densité de courant J~ peut être définie comme étant la quantité de
charges par unité de temps, passant à travers la surface unité :
J~ = nq~v (2.65)
I = J · S = nqv · S (2.66)
Si ce conducteur est placé dans un champ magnétique, d’après l’équation 2.64 donnant la
force s’exerçant sur une particule, la force par unité de volume f vaut :
f~ = nq~v ∧ B
~ = J~ ∧ B
~ (2.67)
2.5. Circuits électromagnétiques 46
En intégrant cette force sur tout le volume, la force totale sur le volume fini est obtenue :
y
F~ = J~ ∧ BdV
~ (2.68)
v
Le tenseur de Maxwell σ M est défini dans ces conditions, comme étant la représentation
tensorielle des efforts F~ qui s’exercent sur un ensemble de particules. Il est telle que :
{ y
σ M dS = f dV (2.71)
(s) (v)
Il se crée rapidement un état stationnaire avec la création d’un champ électrique induit
~ m . A l’équilibre :
E
f~ = q(E
~ m + ~v ∧ B)
~ = ~0 (2.72)
Par conséquent :
~ m = −~v ∧ B
E ~ (2.73)
2.5. Circuits électromagnétiques 47
Figure 34 – Circuit magnétique composé d’une bobine, d’un noyau avec une grande per-
méabilité afin de canaliser le flux jusqu’à l’entrefer qui constitue la zone d’interaction avec
l’extérieur.
où φ représente le flux d’induction magnétique donné par l’équation 2.79. La surface qui
est considérée ici est celle du conducteur.
Le flux totalisé peut être défini comme étant le flux d’induction magnétique relatif au
circuit électrique comportant N spires. Dans le cas où les N spires du circuit électrique
sont concentriques au circuit magnétique, le flux totalisé en fonction du flux d’induction
magnétique vaut :
ψ = Nφ (2.91)
k
X
∂
uj = Rj ij + ∂t Ljn in (2.94)
n=1
La tension induite aux bornes du circuit j couplé magnétiquement à k circuits vaut d’une
manière générale :
k k
X ∂Ljn ∂in X ∂Ljn ∂in
uj = Rj ij + in + Ljn = Rj ij + in + Ljn (2.95)
∂t ∂t ∂in ∂t
n=1 n=1
FM M = N i = <φ (2.97)
2.6 Conclusion
Ce chapitre a permis de présenter les équations et grandeurs qui régissent les différentes
physiques qui gouvernent le capteur de viscosité faisant l’objet de cette thèse. Les différentes
physiques en question concernent le fluide, la structure ainsi que l’électromagnétisme. Les
problèmes de couplage multiphysique étant généralement trop coûteux en temps de calcul,
la stratégie souvent adoptée consiste à simplifier le calcul tout en permettant d’obtenir
des résultats acceptables. C’est pour cette raison que l’effet du fluide sur la structure sera
modélisé en ne représentant pas le domaine fluide maillé. Il a été montré à partir du modèle
de Tuck que la simple connaissance des propriétés du fluide et de la structure suffit pour
décrire l’interaction entre ces derniers.
Le modèle numérique présenté servira de base pour l’établissement d’un modèle semi-
analytique de l’interaction fluide-structure dans le cas de la poutre encastrée libre puis le
calcul sera étendu au viscosimètre. Les phénomènes physiques dont les circuits électroma-
gnétiques sont le siège ont été présentés. Ces phénomènes physiques sont décrits par les
équations de Maxwell. Le circuit électromagnétique du viscosimètre sera modélisé par la
méthode des éléments finis en se basant sur cette théorie de Maxwell.
Ces deux couplages (fluide-structure et magnétique-structure) qui seront modélisés au
chapitre suivant devront permettre d’obtenir le modèle semi-analytique du viscosimètre.
Chapitre 3
Interaction
fluide-structure-magnétisme :
modélisation semi-analytique du
viscosimètre à principe vibrant
Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.2 Analyse du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.2.1 Description du problème dans le domaine temporel ou dans le domaine
fréquentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.2 Modèles d’amortissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3 Modélisation de l’interaction entre la structure et le fluide . . . . 56
3.3.1 Méthode CFD : cas de la poutre encastrée . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.3.2 Méthode semi-analytique : cas de la poutre encastrée . . . . . . . . . . 57
3.3.3 Méthode semi-analytique : cas du viscosimètre . . . . . . . . . . . . . 58
3.4 Modélisation de l’interaction magnétoélastique . . . . . . . . . . . 59
3.4.1 Forces générées pour diverses topologies du circuit magnétique . . . . 59
3.4.2 Modèle du circuit électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.4.3 Modèle du domaine d’air . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.4.4 Calcul de la force électromagnétique à partir de la contrainte de Maxwell 71
3.5 Quelques résultats de simulation numérique . . . . . . . . . . . . . 72
3.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
3.1 Introduction
ans les chapitres précédents, les physiques impliquées dans le fonctionnement du cap-
D teur ont été explicitées. Ici le modèle semi-analytique du capteur va être développé.
Ce modèle, réalisé sous Comsol, intègre le système d’excitation électromagnétique, la struc-
ture vibrante ainsi que l’action du fluide visqueux sur la poutre.
Figure 36 – Modèle global du viscosimètre Mivi (a) ; modèle simplifié avec les conditions
aux limites (b).
les deux bobines, la bride, les aimants, le porte-aimants ainsi que l’épingle. La réduction
du domaine d’étude représente une première simplification du calcul, de telle sorte à li-
miter ce domaine d’étude au coeur du viscosimètre constitué par le fluide, l’épingle et le
circuit électromagnétique du capteur. Un encastrement parfait du capteur est considéré ce
qui permet de ne pas tenir compte du capot. A partir du principe de fonctionnement du
capteur, les différentes étapes du calcul sont présentées sur la figure 37.
statique du fait de la présence des aimants permanents. Une première étude statique est
réalisée dans laquelle les grandeurs magnétiques ainsi que la déformée statique sont obte-
nues. Ces données statiques vont constituer les conditions initiales du calcul dynamique
du capteur. Pour cette étude, une excitation harmonique de type courant ou tension est
imposée aux bornes de la bobine motrice lors de la résolution portant sur le champ élec-
trique. Cela donne la répartition de la densité de courant au sein de la bobine motrice.
Cette densité de courant sert de données d’entrée pour le calcul des variables magnétiques.
Les forces magnétique et hydrodynamique sont calculées puis appliquées à la structure
à chaque itération. La résolution d’un tel problème comme le montre le schéma 37 fait
intervenir trois physiques que sont :
– le champ magnétique (en statique et en dynamique)
– la structure (en statique et en dynamique)
– le champ électrique (en dynamique)
La force hydrodynamique est obtenue à chaque itération par la résolution analytique tenant
compte à la fois de la viscosité du fluide, de sa densité ainsi que de l’amplitude du déplace-
ment de la structure. Les résultats obtenus seront post-traités pour obtenir la fonction de
réponse en fréquence du modèle qui sera comparé aux mesures expérimentales au chapitre
4.
Les différentes physiques en présence sont prises en compte en réduisant le modèle
le plus possible. L’interaction fluide structure est modélisée au moyen d’un modèle semi-
analytique directement implémenté dans la structure par la modification de la formulation
variationnelle du problème. Cette réduction permettra d’éviter de mailler à la fois le do-
maine fluide et le domaine structure du capteur. Concernant l’interaction magnétoélastique,
les différents domaines y compris l’air entourant le capteur sont représentés.
Toutes les grandeurs qui seront utilisées contiendront une information sur l’espace et sur la
phase, ce qui permet de reconstruire n’importe quelle solution temporelle. Une étude dans le
domaine temporel a été testée sans que la zone permanente ne soit atteinte avec un amortis-
sement réel du matériau constituant la poutre et sur un temps de calcul raisonnable(après
trois semaines de calcul sur une machine "Quad-Core" Intel Xeon690 possédant 16GB de
3.2. Analyse du problème 54
mémoire, la zone permanente n’est pas atteinte). Une étude dans le domaine fréquentiel a
été adoptée par la suite.
σH = E ∗ ε (3.2)
où [M] est la matrice de masse du système, [C] est sa matrice d’amortissement et [K] est
sa matrice de raideur.
Dans ce cas, le modèle de Rayleigh est basé sur la construction de la matrice d’amortisse-
ment [C] telle que :
L’approximation de Stokes consistant à négliger les effets non linéaires a été faite. Le fluide
est considéré comme étant au repos à l’infini, ce qui se traduit par une vitesse nulle à
l’infini. Au niveau de l’interface fluide-structure, deux conditions sont nécessaires :
– La condition sur le champ de vitesse qui représente la condition de continuité ciné-
matique des vitesses.
– La condition sur la force exercée par la structure en mouvement qui vaut l’opposé
de celle exercée par le fluide visqueux sur la structure. Cette condition est celle de la
continuité cinétique des efforts.
En considérant un domaine fluide suffisamment grand pour que l’effet de bord ne puisse
pas perturber la vibration de la poutre, une condition de pression nulle (p = 0) peut être
appliquée sur les surfaces libres du domaine fluide. Même si cette condition est celle qui
a été utilisée, d’autres conditions plus pertinentes permettant d’éviter de mailler un do-
maine fluide trop grand existent. Lorsque le domaine fluide n’est pas borné, l’utilisation
des éléments infinis ou semi-infinis est une alternative plus judicieuse. Le modèle CFD
permet uniquement d’avoir un élément de comparaison avec la méthode semi-analytique
implémentée sur la poutre encastrée-libre dans la mesure où les moyens expérimentaux
permettant de valider les résultats numériques n’étaient pas accessibles. C’est pour cela
3.3. Modélisation de l’interaction entre la structure et le fluide 57
que la condition de pression nulle a été envisagée dans un premier temps plutôt que l’im-
plémentation d’éléments-infinis. Une comparaison entre le résultat obtenu par la méthode
analytique développée au chapitre précédent et celui obtenu par la méthode CFD est ef-
fectuée sur la figure 41.
La poutre encastrée vibre dans de l’eau et l’amplitude en bout de poutre est tracée en
fonction de la fréquence d’excitation pour un déplacement imposé de 0, 1 mm. La méthode
CFD a été réalisée dans le but d’avoir un premier élément de comparaison des résultats
analytiques de l’interaction fluide-structure obtenu avec le modèle de Tuck[Tuck 1969]. La
méthode CFD n’a pas été retenue concernant le capteur. La simulation du capteur en en-
tier sur un temps de calcul raisonnable, a naturellement orienté les travaux vers un modèle
semi-analytique de l’interaction fluide-structure.
Figure 45 – Effet réluctant pour une configuration de type bobine-dent. La force électro-
magnétique générée dépend uniquement de la variation de la perméance.
D’après l’équation 3.6 donnant la force électromagnétique, il ne reste que le premier terme :
1 ∂Λ 2
Fem = 2 ∂x (N i)
3.4. Modélisation de l’interaction magnétoélastique 61
Il n’y a qu’une seule source de force magnétomotrice créée par la bobine et représentée par
N i. Dans ce cas, c’est une force réluctante dont le sens ne dépend que de la variation de la
perméance. A l’équilibre, la réluctance est minimum ce qui correspond au maximum de la
perméance. C’est le principe de fonctionnement de tous les moteurs à réluctances variables.
Figure 46 – Effet réluctant pour une configuration de type aimant-dent. La force élec-
tromagnétique générée dépend uniquement de la variation de la perméance magnétique de
l’aimant.
Dans ce cas, il y a une seule source de force magnétomotrice créée par l’aimant et représentée
par θa = N i. C’est une force réluctante dont le sens ne dépend que de la variation de la
3.4. Modélisation de l’interaction magnétoélastique 62
3.4.1.4 Cas d’un circuit constitué d’une bobine, d’une encoche d’un aimant
Pour ce cas d’étude, une bobine est logée dans une encoche et positionnée devant un
aimant permanent comme le montre la figure 48. La présence des encoches provoque une
discontinuité magnétique ce qui fait varier la perméance propre Λa liée à l’aimant. La
perméabilité de l’aimant étant égale à celle de l’aire, la perméance propre de la bobine est
donc constante.
La force électromagnétique est dans ce cas la résultante de deux forces. Les différentes
sources de force magnétomotrice sont couplées entre elles. La force électromagnétique est
la résultante de deux forces.
1 ∂Λa 2 ∂Λab
Fem = 2 ∂x θa + ∂x θa N i (3.7)
Le premier terme représentant la force réluctante est lié à la présence des encoches qui
créent une discontinuité du circuit magnétique vu par l’aimant. Le second terme est dû
à l’interaction entre les deux sources de forces magnétomotrices (l’aimant et la bobine
alimentée). La force électromagnétique Fem peut être décomposée pour ce cas particulier
en une somme de la force réluctante Frel et de la force d’interaction Fint :
1 ∂Λa 2 ∂Λab
Fem = 2 ∂x θa + ∂x θa N i
Les méthodes intégrales développées ne sont applicables que lorsque les domaines impliqués
sont relativement simples, car elles nécessitent au préalable, la connaissance de la distribu-
tion des charges ou des courants. Pour des géométries complexes, l’utilisation de méthodes
approchées comme celle des éléments finis est plus appropriée. Les différents domaines sur
le schéma 49 sont présentés à travers le modèle géométrique du circuit magnétique du
capteur, sur la figure 101.c de l’annexe B.
3.4. Modélisation de l’interaction magnétoélastique 65
Lorsque le capteur ne vibre pas (i.e ~v = 0), il existe un courant induit sur la bobine de
mesure à cause du générateur représenté par la bobine motrice.
Le couple {V, A}~ associé au champ électromagnétique n’est pas unique, car A ~ n’est défini
qu’à un champ de gradient près. En introduisant une fonction arbitraire Ψ, la transforma-
tion suivante :
V 7−→ V 0 = V − ∂Ψ
∂t (3.17)
~
A 7−→ A ~0 = A~ + ∇Ψ
laisse en effet le champ électromagnétique inchangé. Cette transformation laisse une liberté
totale pour le choix des potentiels. Selon le modèle éléments finis réalisé, pour résoudre
~ une contrainte
le problème posé par cette indétermination sur les deux potentiels V et A,
supplémentaire appelée contrainte de jauge est imposée. Cela permet par la même occasion
~ Des conditions particulières
de simplifier les expressions obtenues pour le couple {V, A}.
de jauge existent :
– la jauge de Coulomb, pour laquelle une contrainte sur le potentiel vecteur est impo-
sée :
~=0
∇·A (3.18)
Lorsque la conductivité électrique du matériau tend vers l’infini, ce qui est le cas d’un
conducteur parfait, la composante tangentielle du champ magnétique devient discontinue
du fait de la présence de densité surfacique de courant J~s . Cela donne la relation suivante :
~1 − H
~n × (H ~ 2 ) = J~s (3.22)
En réalité, la conductivité électrique est finie ce qui permet dans certains problèmes d’avoir
une composante tangentielle continue.
Concernant le champ d’induction magnétique, sa composante normale est continue de part
et d’autre de l’interface ce qui se traduit par :
~1 − B
~n · (B ~ 2) = 0 (3.23)
Cependant, seules deux de ces conditions aux limites sont indépendantes. De ces équations
découle une condition sur la densité de courant à l’interface dont la composante normale
est discontinue d’une manière générale :
∂ρs
~n · (J~1 − J~2 ) = ∂t (3.24)
~ = J~
∇×H (3.25)
J~ = σ(E
~ + ~v ∧ B)
~ + J~e (3.26)
où J~e représente une densité de courant externe. Les calculs relatifs à ces travaux de thèse
sont effectués sous cette hypothèse.
Figure 50 – Eléments finis/ éléments infinis. Le domaine d’air non borné est modélisé par
des PML∗ permettant d’absorber le champ magnétique dans la zone artificielle.
par les couches absorbantes (zone définie par des PML ). Les PML ont été introduites
pour la première fois par Jean-Pierre Bérenger [Berenger 1994]. Les éléments considérés au
niveau de la zone absorbante font références aux travaux de Zienkiewicz [Zienkiewicz 1983].
Pour une meilleure absorption il est nécessaire d’avoir un minimum de 5 couches obtenues
par extrusion du maillage. La figure 51 illustre la technique de changement de coordonnées
qui est effectué afin d’étendre le domaine physique jusqu’à l’infini.
La coordonnée r est celle qui est utilisée pour positionner la géométrie du capteur. Elle
est associée au repère de référence et constitue une dimension physique. La coordonnée r0
représente la nouvelle origine à partir de laquelle les changements d’échelle sont effectués
sur les cordonnées. La coordonnée tp représente celle permettant de positionner l’interface
entre la zone physique et la zone artificielle par rapport à r0 . La largeur physique de la
zone artificielle dans le repère r est notée ∆ω . Elle représente donc l’épaisseur réelle de la
∗
Perfectly Matched Layer.
3.4. Modélisation de l’interaction magnétoélastique 69
PML. Cette approche permet de construire une coordonnée artificielle t0 par un changement
d’échelle de telle sorte que t0 tend vers l’infini lorsque la cordonnée t tend vers tp + ∆ω . La
notion d’élément infini est simplement un concept, car numériquement la zone artificielle
doit prendre une valeur finie (très grande) lorsque t0 tend vers l’infini. Soit ∆pω la l’épaisseur
de la PML lorsque t0 est très grande. Dans ces conditions, le modèle de Maxwell est décrit
en introduisant la transformation définie par :
r0 = r0 + t0 (3.27)
avec
t0 = tp ∆ω −δ(t−t
∆ω
p)
(3.28)
et
tp
δ =1− ∆pω +tp (3.29)
La tension aux bornes du conducteur est celle aux bornes de l’ensemble des spires :
∂Φ
u = ri + ∂t (3.30)
où r est la résistance de la bobine, i est le courant parcourant une spire et Φ est le flux
embrassé par les N spires.
Dans le cas d’un conducteur massif, les courants de Foucault y sont présents et l’effet de
peau selon lequel le courant a tendance à circuler à la surface du conducteur peut lui aussi
être présent. La densité de courant devient variable dans ce cas. La tension aux bornes du
conducteur est celle entre les faces avant et arrière du conducteur modélisé :
∂Φ
U = RI + ∂t (3.31)
3.4. Modélisation de l’interaction magnétoélastique 70
où u est la différence de potentiel aux bornes du conducteur bobiné, uind est la tension
induite correspondant à l’intégrale du champ électrique induit à travers le conducteur
massif. La tension uind représente donc une contrainte supplémentaire du problème résolu
afin que l’équation de conservation de la charge soit satisfaite.
– Lorsque les deux vecteurs d’aimantation sont dans le même sens comme le montre la
figure 53.a, le circuit magnétique reste ouvert. Dans ce cas, le capteur ne fonctionne
pas.
3.4. Modélisation de l’interaction magnétoélastique 71
– Lorsque les deux vecteurs d’aimantation sont en sens inverse comme le montre la
figure 53.b, le circuit magnétique ainsi réalisé est fermé, ce qui permet au capteur de
vibrer.
~ E,
où p est la pression de l’air, I est la matrice identité 3 × 3, B, ~ H
~ et D
~ sont des vecteurs
3×1
En faisant l’hypothèse selon laquelle l’air peut être approximé par le vide, la pression
s’annule et l’équation 3.34 est connue sous le nom de tenseur de contrainte de Maxwell :
~ ·D
σ M = − 12 (E ~ +H
~ · B)I
~ +E~D
~t +H
~B~t (3.35)
L’intégration du tenseur de Maxwell à travers les surfaces extérieures des pièces mobiles
(le porte-aimant et les aimants), donne la force électromagnétique :
x 1
Fem = − (E~ ·D~ +H~ · B)~
~ n + (~n · E)
~ D~ + (~n · H)
t ~ B~ dS
t
(3.37)
2
(s)
∇(σ + σ M ) = ρ ∂~
v
∂t (3.38)
Le déplacement maximum situé au niveau de l’entrefer est d’environ 5µm. Cela correspond
à une certaine valeur de la perméance magnétique des deux aimants qui sont polarisés en
sens inverse dans le but de fermer le circuit électromagnétique du capteur. Cette disposition
permet également d’introduire un moment de flexion initial (statique) de l’épingle. Cette
flexion s’effectue autour de la zone de soudure entre l’épingle et la bride. Cette soudure qui
se fait sans apport de matière engendre parfois une certaine dissymétrie. Pour la simula-
tion numérique, cet aspect n’est pas pris en compte et une soudure parfaite est modélisée.
Comme il a été montré, le circuit électromagnétique permet de créer une induction qui
est utilisée au niveau de l’entrefer qui représente la zone d’interaction entre le circuit et la
partie actionnée. La figure 55 montre les lignes de champ d’induction magnétique.
3.5. Quelques résultats de simulation numérique 73
La figure 55 montre également la présence de flux de fuite qui ne pouvait être prise en
compte dans le calcul analytique de la force électromagnétique. Lorsque la perméabilité
magnétique des matériaux est infinie, ces flux de fuite sont nuls. C’est une hypothèse per-
mettant de simplifier les calculs analytiques qui est en réalité loin d’être satisfaite. Ces flux
de fuite qui ne sont donc pas canalisés par le circuit magnétique s’étendent jusqu’à l’infini
définissant le domaine ouvert constitué par la zone artificielle. Au niveau de l’interface
entre la zone physique et la zone artificielle, l’utilisation des PML prolonge la normale du
champ d’induction magnétique qui est absorbée dans cette zone artificielle. L’induction
est plus dense au niveau des seules sources de forces magnétomotrices représentées par les
deux aimants permanents. La figure 56 montre la densité du flux d’induction magnétique à
travers le circuit. Cette induction est minimum lorsque la bobine motrice n’est pas alimen-
tée. Le noyau ferromagnétique qui est en acier doux comporte un cycle d’hystérésis très
étroit (un faible champ coercitif). Du fait de la présence des aimants, il se polarise comme
le montre la figure 56.
3.5. Quelques résultats de simulation numérique 74
Figure 56 – Densité de flux magnétique lorsque la bobine motrice n’est pas alimentée.
Du fait de la présence des aimants permanents, le noyau ferromagnétique est polarisé.
L’induction magnétique maximum est d’environ 0, 8T .
L’intérêt de ce type de cycle d’hystérésis réside dans le fait que les noyaux ferromagné-
tiques sont souvent soumis à des champs alternatifs permettant d’inverser leurs polarités.
Plus le champ coercitif est faible, plus facilement l’induction du matériau sera annulée. En
revanche pour les aimants permanents le matériau utilisé se caractérise par un large cycle
d’hystérésis. Ils subissent le champ magnétique alternatif, mais ne doivent pas se désaiman-
ter. Le porte-aimants est en aluminium, il ne conduit pas le champ magnétique. L’inox qui
est le matériau de la bride et du capot (non simulé) ne conduit pas le champ magnétique
non plus. Le problème qui en découle comme dans la plupart des actionneurs électromagné-
tiques dépourvus de blindage magnétique c’est son changement de comportement lorsqu’il
est à proximité d’une source de champ magnétique.
Dans un second temps, la bobine motrice est alimentée en tensions sinusoïdales. Les
valeurs précédemment trouvées dans l’étude statique du capteur constituent les conditions
initiales de l’étude dynamique. Une nouvelle source de force magnétomotrice constituée
par la bobine motrice alimentée est donc rajoutée au circuit électromagnétique. La figure
3.5. Quelques résultats de simulation numérique 75
la réversibilité soit obtenue. En effet un courant trop fort risque de désaimanter les aimants
permanents. Sur la figure 59 est représenté le déplacement du capteur lorsque celui-ci vibre
autour de sa seconde fréquence de résonance. La déplacement maximum se trouve en bout
d’épingle et non au niveau des aimants permanents.
Deux modes de fonctionnement du viscosimètre peuvent ainsi être discutés :
– Lorsque le maximum de l’amplitude de déplacement donc le maximum de la vitesse
de vibration se situe au niveau des aimants comme c’est le cas pour le premier
mode, le courant induit dans la seconde bobine qui est proportionnelle à la vitesse
d’oscillation devient maximum. Cela est un premier mode pour le fonctionnement du
capteur privilégiant le maximum de courant induit au niveau de la bobine de mesure.
– Lorsque le maximum d’amplitude de déplacement donc le maximum de vitesse se si-
tue en bout de tige comme c’est le cas pour le second mode, le courant induit dans la
bobine de mesure est minimum. Toutefois, la force hydrodynamique est proportion-
nelle à l’amplitude de vibration de la poutre. Ce deuxième mode de fonctionnement
3.5. Quelques résultats de simulation numérique 77
résonance.
Figure 60 – Densité de flux magnétique pour le premier mode, lorsque la bobine motrice
est alimentée. Le champ d’excitation magnétique créé par le courant magnétise les aimants
ainsi que le noyau ferromagnétique. L’induction passe de 0, 8T en statique à 1, 4T en
dynamique.
Le passage du courant dans la bobine change l’induction magnétique aux valeurs supé-
rieures. Cette induction varie peu avec la fréquence d’excitation. Le noyau ferromagnétique
subit un champ variable dû à la fois à la variation du courant imposé, mais aussi à l’os-
cillation des aimants qui créent une discontinuité du flux magnétique vu par ces derniers.
Cela induit un courant qui est à l’origine de la polarisation des différents domaines élec-
tromagnétiques en présence. La bobine réceptrice étant modélisée en tant que conducteur
massif, le courant total qui y est induit représente l’intégrale de la densité de courant à
travers la section du conducteur massif (la bobine).
La figure 61 présente la densité de courant induit à travers le circuit électromagnétique
du viscosimètre lorsque la fréquence d’excitation est proche respectivement de la première
fréquence de résonance. Ce courant comme il a été dit est à l’origine des pertes magné-
tiques par courants de Foucault. Le noyau ferromagnétique qui est en acier doux canalise
3.6. Conclusion 79
Figure 61 – Densité de courant pour le premier mode, lorsque la bobine motrice est
alimentée.
3.6 Conclusion
Dans ce chapitre, le modèle semi-analytique du capteur de viscosité a été présenté.
C’est un modèle pour lequel les différentes physiques en présence sont prises en compte
en résolvant directement les équations gouvernant chacune d’entre elles, à l’exception de
l’interaction entre le fluide et la structure qui est modélisée en intégrant directement l’action
du fluide sur la structure. Le circuit magnétique du capteur est modélisé en se basant sur
les équations de Maxwell formulées en terme de potentiels vecteurs.
Pour l’interaction entre la poutre encastrée et le fluide, deux méthodes (CFD et semi-
analytique) ont été testées. Le temps de calcul passe de 7h à 1h environ à partir d’une
3.6. Conclusion 80
Analyse modale
Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2 Capteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.3 Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.4 Expériences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.4.1 Montages expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.4.2 Méthode d’acquisition des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.4.3 Matériel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.4.4 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
4.5 Comparaison entre les résultats numériques et expérimentaux . . 93
4.5.1 Montage 1 : l’oscillateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.5.2 Montage 2 : le viscosimètre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.5.3 Tensions et courants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.5.4 Réponse temporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.5.5 Courbes d’étalonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
4.6 Etude paramétrique du viscosimètre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
4.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
4.1 Introduction
n dynamique vibratoire, la recherche des paramètres modaux constitue le plus sou-
E vent l’étape préliminaire du diagnostic vibratoire. A la suite de la fabrication d’un
prototype, une étape de vérification des différentes hypothèses de travail est indispensable
afin de réaliser éventuellement un recalage. L’analyse modale expérimentale constitue un
moyen de vérification du modèle éléments finis réalisé encore appelé analyse modale théo-
rique. Les paramètres significatifs permettant de représenter le comportement dynamique
d’une structure linéaire quelle que soit sa complexité sont concentrés dans un nombre de
caractéristiques modales réduit à savoir les fréquences propres, les formes propres et les
amortissements associés. C’est la raison pour laquelle l’analyse modale expérimentale est
devenue grâce aux progrès de l’informatique et de l’instrumentation, une méthode privi-
légiée d’investigation dans le domaine de la dynamique des structures. Dans ce chapitre,
les moyens expérimentaux mis en oeuvre lors de l’analyse modale expérimentale seront
présentés ainsi que les résultats.
4.2 Capteur
Le capteur étudié est constitué de l’ensemble {1, 2, 3} appelé viscosimètre. Il peut être
décomposé en trois sous-ensembles comme le montre la figure 62 :
4.3. Objectifs 82
4.3 Objectifs
L’interaction entre le fluide et l’oscillateur est modélisée en intégrant l’action du fluide
sur la structure à travers un terme d’impédance dont la partie réelle reflète un coefficient
de masse ajoutée et la partie imaginaire reflète un coefficient d’amortissement. C’est une
forme analytique de la fonction hydrodynamique qui représente à la fois la pression du fluide
sur la poutre ainsi que la force visqueuse. Dans le cas d’une poutre à section constante,
rectangulaire ou circulaire vibrant dans un fluide, la simulation numérique directe a été
effectuée. Les résultats issus de cette simulation numérique directe sont en adéquation
avec ceux obtenus par le modèle de Tuck. En revanche, pour le viscosimètre, du fait de
la présence de plusieurs physiques et de géométries compliquées, la simplification du cal-
cul au moyen d’un modèle semi-analytique validé par l’expérimental a été adoptée. Cette
validation expérimentale s’opère en deux parties :
– La première consiste à valider le modèle d’interaction fluide-structure en utilisant
l’oscillateur uniquement.
– La deuxième validation se fait sur le viscosimètre complet.
Cette démarche expérimentale permet de caractériser le capteur à travers ses facteurs
de qualité et ses différents amortissements (structural, dissipation visqueuse, courants de
Foucault).
4.4. Expériences 83
4.4 Expériences
La chaîne de mesure de l’analyse modale expérimentale peut être présentée de manière
schématique par la figure 63.
En fonction des données en sortie du modèle testé, la chaîne de mesure peut être très
complexe. Néanmoins, dans la plupart des cas de figure, il existe un noyau commun pour
cette chaîne de mesure qui se résume généralement à :
– une source d’excitation fournissant une sortie mesurable ou contrôlable à l’aide d’un
capteur.
– un capteur de force ou un accéléromètre convertissant un mouvement mécanique en
signal électrique.
– des conditionneurs de signaux (amplificateurs de puissance, de charge, etc).
– un analyseur FFT∗ , FRF∗∗ , à deux canaux minimum fournissant l’information fré-
quentielle du signal.
Il s’agira dans la suite de trouver les fonctions de réponses en fréquences expérimentales
des différents systèmes testés, afin de les comparer à celles trouvées numériquement.
Un balayage fréquentiel de 1Hz à 2000Hz est effectué grâce à un système d’excitation élec-
tromagnétique conçu au LMSSC [Thomas 2003], ce qui permet de solliciter l’oscillateur en
flexion à travers la force magnétique de Laplace qui s’exerce sur l’aimant permanent collé
au capteur d’effort. Lors du balayage fréquentiel, le signal obtenu a été moyenné 50 fois en-
viron, pour une meilleure précision. La variation fréquentielle doit être suffisamment lente
afin que la structure puisse vibrer de la même façon que si elle était excitée à cette même
4.4. Expériences 85
Grâce à un générateur basse fréquence, la bobine motrice du capteur de viscosité est ali-
mentée en tensions sinusoïdales balayées de 1Hz à 2000Hz. La tension entre les bornes de
la bobine réceptrice ainsi que l’amplitude de la vitesse en bout de tige du viscosimètre sont
relevées dans l’air et dans les différentes huiles calibrées comme le montre la figure 67.
Figure 67 – Montage 2 : le viscosimètre est posé sur le support et la bobine motrice est
alimentée en tensions sinusoïdales balayées grâce à un générateur basse fréquence.
4.4. Expériences 86
Ce même montage est utilisé dans une seconde étude pour laquelle le viscosimètre est ali-
menté en tensions sinusoïdales à la fréquence fixe de résonance de l’oscillateur. Cette étude
permet d’avoir le comportement vibratoire du viscosimètre en fonction du temps.
Pour chaque point scanné de la structure vibrante, une fonction de transfert différente
est sauvegardée. En effet, pour chaque point, les fréquences sont identiques, mais les am-
plitudes de vibrations sont différentes dans la mesure où elles caractérisent la déformée
de la structure au point considéré. Ces fonctions de transfert permettent d’accéder aux
paramètres modaux par la mesure des amplitudes modales, des fréquences et coefficients
d’amortissement associés à chaque pic de la FRF mesurée. L’inconnue majeure reste le
choix du nombre de degrés de liberté. D’après la méthode SDOF∗ chaque pic se comporte
comme un seul degré de liberté pouvant donc être analysé indépendamment, car pour une
fréquence de résonance donnée, les autres modes ont peu d’influence [Thomas 2001].
Grâce au vibromètre, la vitesse d’oscillation est obtenue, ce qui permet d’évaluer la réponse
fréquentielle de l’oscillateur pour être comparée à celle issue de la simulation numérique.
4.4.3 Matériel
Le matériel utilisé pour la validation expérimentale est présenté au tableau 5.
∗
Single Degree of Freedom
4.4. Expériences 87
Matériel Désignation
Ordinateur Windows NT
Vibromètre laser Polytec OFV056
Vibromètre controller Polytec OFV 3001 S
Boîte de jonction Polytec PSV-Z-040H
Oscilloscope PM3335 6MH 20MS/s
Amplificateur Power amplifier B&K 2719
Capteur de force 208C02 SN23254
Conditionneur de signal PCB piezotronics/ICP 482A22
Ampèremètre/Voltmètre GDM8246
Thermomètre Checktemp HI98501
qui permet de délivrer une tension faible de haute qualité, pour une charge importante
appliquée. Constitué de matériaux en Quartz, il peut effectuer des mesures pour des fré-
quences comprises entre 0, 001 et 36KHz. Ce capteur permet d’obtenir la force d’excitation
appliquée à l’aimant, ce qui permet de construire la fonction de transfert du système testé.
soïdale ou en sinus balayé (periodic shirp), une excitation aléatoire, etc. Dans un premier
temps, une excitation en sinus balayé est effectuée sur une large plage de fréquences pour
l’obtention de la réponse fréquentielle. Puis un signal sinusoïdal à la fréquence de résonance
du capteur est appliqué afin d’observer les phases transitoires lors de sa mise sous tension,
puis permanentes.
4.4.3.4 Le viscosimètre
La figure 71 montre le viscosimètre Mivi N˚ 1782 utilisé pour le second montage expé-
rimental.
Grâce au thermomètre de précision, la température du fluide lors des essais a été relevée
afin de calculer la densité ainsi que la viscosité du liquide testé. Le calcul est fait par
un logiciel fourni par l’industriel. Les paramètres ainsi calculés constituent des données
d’entrée pour le modèle semi-analytique.
4.4. Expériences 90
visibles sur la figure 75. Cela est dû au fait que le viscosimètre soit presque axisymétrique,
ce qui introduit deux modes propres relativement proches sur des plans presque perpen-
diculaires. Cela peut poser un problème pour la boucle d’asservissement, au niveau de
l’électronique chargée d’accorder la fréquence de résonance mécanique. Cependant, l’une
4.5. Comparaison entre les résultats numériques et expérimentaux 93
des fréquences peut être délibérément favorisée par l’ajout d’une masse de dissymétrie. Le
résultat de cette technique peut être constaté sur la figure 74 sur laquelle seule une fré-
quence de résonance est observable. Le viscosimètre est utilisé uniquement sur sa première
fréquence de résonance.
c’est une tension variable d’une amplitude maximum d’environ 4V afin de rester dans la
zone de non saturation des matériaux magnétiques. Le courant correspondant est présenté
sur la figure 82.
La vitesse maximum obtenue correspond bien à celle atteinte par le viscosimètre dans
4.5. Comparaison entre les résultats numériques et expérimentaux 99
son régime permanent. La déflexion maximum du capteur en bout de tige a été calculée,
lorsque la bobine motrice est alimentée en tension sinusoïdale de 8V crête à crête maxi-
mum. Comme le montre la figure 85, la vitesse maximum atteinte est d’environ 0, 24m/s,
ce qui équivaut à une amplitude crête à crête de 260µm.
Sur la figure 86 sont représentées les tensions dans la bobine motrice et la bobine
réceptrice lorsque le capteur vibre dans l’air. La tension sur la bobine réceptrice est produite
grâce au mouvement transversal des aimants, mais aussi du fait de la variation de la tension
imposée comme il a été expliqué au chapitre précédent. Le signal obtenu est une image
de la vibration amortie, ce qui veut dire que la tension est d’autant plus grande que la
viscosité est faible.
La largeur
√ de bande à −3dB √ correspond à l’amplitude maximum à la résonance divisée
par 2 (en effet 20log10 (1/ 2) = −3dB). La figure 87 illustre le principe de la mesure du
facteur de qualité par la méthode de la bande passante à −3dB.
Cette analyse est limitée aux deux premiers modes. Pour chacun, le pourcentage d’erreur
du facteur de qualité de l’amplitude ainsi que le pourcentage d’erreur de la fréquence de
résonance ont été obtenus en fonction de la viscosité et de la densité du fluide testé. Ce
pourcentage d’erreur correspond à la différence entre les valeurs expérimentales et nu-
mériques rapportées aux valeurs expérimentales. Il convient de préciser que le facteur de
4.5. Comparaison entre les résultats numériques et expérimentaux 100
Pour le premier mode, l’erreur maximum n’atteint pas 2% alors que pour le second mode
elle est en dessous de 6%. Une tendance globale pour laquelle cette erreur augmente avec
la viscosité est observée. Lorsque le capteur est immergé dans le fluide, l’erreur diminue au
4.5. Comparaison entre les résultats numériques et expérimentaux 101
premier mode. Le modèle est plus précis en amplitude lorsque la fréquence d’excitation est
proche de la première fréquence de résonance du viscosimètre que de la seconde.
Les figures 90 et 91 montrent le pourcentage d’erreur sur la fréquence (fexp − ftheor )/fexp .
L’erreur est plus grande pour le second mode du capteur et elle augmente avec la viscosité
4.5. Comparaison entre les résultats numériques et expérimentaux 102
Pour le premier mode l’erreur est comprise entre la valeur minimum dans l’air de 10%
et 40% dans le fluide. Pour le second mode, l’erreur maximum d’environ 30% est obtenue
dans l’air et elle diminue avec la viscosité du fluide (10% dans le S20). L’évolution n’est pas
4.5. Comparaison entre les résultats numériques et expérimentaux 103
monotone. Cependant comme il a été dit plus haut, le facteur de qualité lui diminue forte-
ment lorsque la viscosité du fluide augmente comme résumé sur le tableau de l’annexe F.
Pour de faibles densités, l’erreur est grande, elle reste relativement faible quand la densité
est grande. Cela est vrai uniquement pour le second mode de vibration. L’évolution n’est
pas monotone non plus pour le premier mode, mais l’écart reste faible. D’après l’équation
4.1, une faible erreur sur l’amplitude équivaut à un grand écart sur le facteur de qualité
car la largeur de bande ∆fn est directement liée à l’amortissement global du système.
Les facteurs de qualité numériques sont plus grands que ceux issus de données expéri-
mentales au premier mode. Cela équivaut à dire que l’amortissement global du système est
plus faible numériquement qu’expérimentalement au premier mode (car fnum > fexp au
premier mode). La tendance de Q dépend de celle de ∆fn uniquement.
Pour le second mode, les facteurs de qualité numériques sont en revanche plus petits
que ceux issus des résultats de simulation numériques. En terme d’amortissement global du
système, cela signifie que les amortissements numériques sont plus grands que ceux issus
des résultats expérimentaux. D’après les résultats, fnum < fexp donc la tendance de Q est
donnée par celle de ∆fn uniquement.
Lorsque le système est excité autour de la première fréquence de résonance du viscosi-
mètre, la structure sur laquelle est fixé le capteur vibre également. De ce fait, les différents
modes trouvés sont des modes globaux du système (viscosimètre-structure) et non ceux
du viscosimètre. A cette première fréquence, les vibrations transmises à la structure sont
maximums, le système étant moins rigide, il va plus dissiper les vibrations. Lorsque la
fréquence d’excitation est proche de la deuxième fréquence de résonance du viscosimètre,
la structure vibre toujours, mais à des amplitudes plus faibles. Les vibrations transmises
4.6. Etude paramétrique du viscosimètre 104
à la structure étant moindres dans ce cas, le système dissipe moins d’énergie (la structure
est plus rigide). Cela explique le fait que l’erreur obtenue sur le facteur de qualité soit plus
grande pour le premier mode dans la mesure où une liaison rigide entre le viscosimètre et la
structure est modélisée. Cette liaison qui est parfaite ne tient pas compte de la dissipation
au niveau de la bride qui relie le capteur à la structure. Il convient de rappeler également
que lors des essais, le viscosimètre n’était pas vissé, mais simplement posé sur le support, ce
qui a introduit un amortissement supplémentaire. Cette dissipation au niveau des liaisons
se révèle être un facteur essentiel à la stabilité du capteur.
Tout de même, une tendance globale pour laquelle l’écart en fréquence est grand lorsque
la viscosité est grande est constatée. En revanche, pour le facteur de qualité, l’écart a
tendance à diminuer lorsque la viscosité est grande.
D’un point de vue qualitatif, le modèle développé reproduit le comportement du cap-
teur, lorsque celui-ci est immergé dans un fluide visqueux. Quantitativement, il donne la
fréquence de résonance avec une erreur inférieure à 2% sur une large gamme de viscosité.
L’amplitude de vibration qui est la donnée exploitée par le viscosimètre est approximée
avec une erreur inférieure à 2, 5% pour le premier mode qui est celui d’utilisation du cap-
teur. En revanche pour le facteur de qualité, l’erreur obtenue n’est pas monotone et elle
reste grande. Elle est maximum au niveau du premier mode, ce qui n’est pas le cas pour
la fréquence qui elle, est plus précise pour le premier mode. Le modèle est plus précis en
amplitude et en fréquence pour le premier mode. En revanche, une meilleure précision est
obtenue pour le second mode sur le facteur de qualité. L’erreur sur le facteur de qualité
peut être réduite en effectuant les essais avec une structure plus rigide. Le modèle utilisé
pourrait aussi faire l’objet de certaines améliorations comme le raffinement du maillage
ainsi que l’introduction d’une liaison souple qui reproduit la dissipation entre la bride et
la structure.
Pour chaque paramètre, en plus de la valeur actuelle, deux valeurs seuils ont été choisies
pour l’étude. Ces différentes valeurs sont présentées dans le tableau 7.
Les figures suivantes présentent les déplacements du capteur uniquement dans l’air en
fonction des paramètres géométriques du tableau 7. Le meilleur fonctionnement du capteur
constitue celui pour lequel le mouvement de vibration est unidirectionnel c’est-à-dire celui
pour lequel l’excitation et le mode propre sont dans le même plan. Quand le diamètre de
l’épingle (paramètre D1 ) change, les amplitudes de vibrations obtenues lorsque le capteur
est excité autour de sa nouvelle première fréquence de résonance sont faibles comme le
montrent les figures 95.a et 95.b.
4.6. Etude paramétrique du viscosimètre 106
En réduisant la longueur du tube comme le montrent les figures 97.a et 97.b, les fré-
quences de résonances, donc d’excitation, deviennent plus élevées pour des amplitudes
d’oscillation faibles. La vibration n’est pas unidirectionnelle pour les paramètres choisis.
Toutefois, la raideur du tube augmentant, les déplacements obtenus diminuent.
Le dernier paramètre testé concerne la section du tube (à travers le paramètre e). Ce
paramètre modifie la raideur du tube ce qui a pour conséquence d’augmenter la fréquence
de résonance. Les déplacements présentés sur les figures 98.a et 98.b restent faibles comparés
à ceux obtenus lorsque le capteur est simulé avec ses dimensions actuelles.
Un plan d’expérience aurait constitué une approche plus rigoureuse permettant de
mieux voir l’interaction entre ces différents paramètres. Cependant pour des contraintes
4.7. Conclusion 108
4.7 Conclusion
Dans ce chapitre, des essais ont été réalisés dans le but de valider l’implémentation
du modèle de Tuck d’une part et le modèle électromagnétique d’autre part. Les fonctions
de réponse en fréquence on été mesurées, pour l’oscillateur dans un premier temps puis
pour le viscosimètre dans un second temps. Ces essais ont été faits dans l’air et dans
une série de liquides newtoniens standards présentant une large gamme de viscosité et
de densité. La fréquence de résonance, les amplitudes de vibration ainsi que le facteur de
qualité permettent de décrire le comportement dynamique des structures en vibration. Le
modèle semi-analytique du capteur donne une bonne approximation de l’amplitude et de
la fréquence de résonance (l’erreur est inférieure à 6% dans les deux cas). Pour le facteur
de qualité en revanche, l’erreur est relativement grande (comprise entre 10 et 40%). Cette
erreur sur le facteur de qualité est due non seulement aux dissipations induites aux liaisons
entre la bride et le support, mais aussi à la contribution du facteur de qualité du circuit
électromagnétique sur le facteur de qualité global. Une étude qui permet de voir l’influence
de quelques paramètres géométriques sur le comportement vibratoire du viscosimètre a
aussi été réalisée. Afin de trouver la géométrie optimum, un plan d’expérience pourrait
être effectué.
Conclusion générale
Le travail de thèse qui est présenté dans ce mémoire est consacré à l’étude d’un visco-
simètre à principe vibrant. Les différentes investigations menées dans ce travail sont d’une
grande importance pour l’optimisation du viscosimètre d’une part, dans la mesure où il a
été conçu de manière empirique jusqu’ici. D’autre part, c’est une contribution à l’ensemble
des études qui traitent du couplage magnétique-structure-fluide.
Cette étude constitue les tout premiers travaux de simulation numérique du viscosimètre.
D’après les résultats obtenus, il serait intéressant de poursuivre le travail par l’accomplis-
sement des tâches suivantes :
– L’interaction magnétoélastique pourrait être résolue par un modèle semi-analytique
permettant de réduire les ressources informatiques nécessaires ainsi que le temps de
calcul.
– Il serait très intéressant d’inclure un fluide dont l’écoulement n’est pas dû uniquement
au mouvement de l’épingle et d’étudier les effets du caractère laminaire ou turbulent
de l’écoulement ainsi que les instabilités qui en résultent.
– Enfin l’introduction de liaisons souples entre le viscosimètre et la structure sur la-
quelle il est monté pourrait déboucher sur une étude d’isolation vibratoire du capteur.
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Annexe A : Oscillation d’un cylindre
dans un fluide visqueux
∂V
ρ + ρ(V.∇)V = −∇p + η∆V (2)
∂t
∇·V =0 (3)
Dans le cas de petits mouvements du cylindre, le terme non linéaire d’advection devient
négligeable devant les autres termes. Selon cette hypothèse, les équations 2 et 3 s’écrivent
en coordonnées cartésiennes :
2
∂ u ∂2u
1 ∂p ∂u
=ν + 2 − (4)
ρ ∂x ∂x 2 ∂y ∂t
∂2v ∂2v
1 ∂p ∂v
=ν 2
+ 2
− (5)
ρ ∂y ∂x ∂y ∂t
∂u ∂v
+ =0 (6)
∂x ∂y
Avec les conditions aux limites :
de sorte que :
∂ψ ∂ψ
dψ = ∂x dx + ∂y dy = udy − vdx (10)
ψ = ψ1 + ψ2 (15)
Il s’agit maintenant de chercher le terme de pression qui peut s’écrire sous la forme d’une
différentielle totale :
∂p ∂p
dp = ∂x dx + ∂y dy (18)
et le terme de pression est alors trouvé avec les équations 18, 21, 22 sous la forme :
2 2
dp = ρ ∂∂y∂t
ψ1
dy − ρ ∂∂y∂t
ψ1
dx (23)
L’ensemble des équations ci-dessus peut s’écrire dans le système de coordonnées cylin-
driques en utilisant le changement de variables :
dψ = ur rdθ − vθ dr (25)
∂2 1 ∂2
1 ∂
+ + ψ1 = 0 (26)
∂r2 r ∂r r2 ∂θ2
∂2
1 ∂ 1 ∂2 1 ∂
+ + − ψ2 = 0 (27)
∂r2 r ∂r r2 ∂θ2 ν ∂t
∂ ∂ψ1 1 ∂ψ1
dp = ρ rdθ − dr (28)
∂t ∂r r ∂θ
ur |r=D/2 = U0 cosθeiωt ; vθ |r=D/2 = −U0 sinθeiωt ; ur |r→∞ = vθ |r→∞ = 0 (29)
qui vérifient les conditions aux limites 29. F1 (r) est solution de l’équation 26 :
F0
h i
sinθeiωt − Fr21 + r1 + F100 = 0 (31)
soit :
A1
F1 (r) = r + A2 r (32)
et ψ1 s’écrit :
A1
+ A2 r sinθeiωt
ψ1 (r, θ) = r (33)
ou encore :
avec les relations 25 et 29, les conditions aux limites portant sur la fonction ψ s’écrivent :
1 ∂ψ
ur |r=D/2 = r ∂θ = U0 cosθeiωt ; vθ |r=D/2 = − ∂ψ
∂r = −U0 sinθe
iωt (39)
1 ∂ψ
ur |r→∞ = r ∂θ = 0; vθ |r→∞ = − ∂ψ
∂r =0 (40)
Les constantes A1 ,A2 ,A3 et A4 sont déterminées en résolvant le système 39 - 40. Il vient :
D2 DU0 K1 (λD/2)
A1 = 4 U0 + λ K0 (λD/2) ; A2 = 0; A3 = 0; A4 = − λK02U 0
(λD/2) (41)
Compte tenu des relations 15, 28, 33 et 41, p(r, θ) s’écrit sous la forme suivante :
2
h i
4 K1 (λD/2)
p = ρcosθD
4r 1 + λD K0 (λD/2) χ̈(t) (46)
Avec les conditions aux limites 39 et les équations 25, 48, les termes suivants sont calculés :
∂ur ∂ 1 ∂ψ ∂ 1 iωt |
|
∂r D/2 = ∂r r ∂θ |D/2 = ∂r r rcosθe D/2 = 0 (49)
1 ∂ur 1 ∂ 1 ∂ψ 2U0 iωt
r ∂θ |D/2 = r ∂θ r ∂θ |D/2 = − D sinθe (50)
vθ 2U0 iωt
r |D/2 = − D sinθe (51)
∂2ψ 1 ∂ψ 1 ∂2ψ 1 ∂ψ2
∂vθ
∂r |D/2 = − ∂r2 |D/2 = r ∂r |D/2 + r2 ∂θ2 |D/2 − ν ∂t |D/2 = − ν1 ∂ψ
∂t |D/2
2
(52)
Le terme de bord s’annule et le second terme se calcule avec 28, il vient alors :
R 2π h ∂ 2 ψ1 ∂ψ2
i
ϕ= D 2 0 ρ |
∂t∂r D/2 + ρ |
∂t D/2 sinθdθ (55)
ou encore :
ρD ∂ R 2π h ∂ψ1 i
ϕ= 2 ∂t 0 ∂r |D/2 + ψ2 |D/2 sinθdθ (56)
soit :
h i
4 K1 (λD/2) 4 K1 (λD/2)
ϕ = −Md 1+ λD K0 (λD/2) U0 iωeiωt + λD K0 (λD/2) U0 iωeiωt (58)
122
ρπD2
avec MD le terme de masse de fluide déplacé défini par MD = 4 . L’équation peut se
simplifier en posant :
4 K1 (λD/2)
h − ih0 = λD K0 (λD/2) (59)
avec χ̈(t) l’accélération du cylindre et χ̇(t) sa vitesse. En regroupant les termes d’accéléra-
tion et de vitesse, l’équation précédente s’écrit :
ϕ = CM χ̈(t) + CV χ̇(t)
C M = Md k
CV = Md ωk 0 (61)
8 K1 (λD/2)
k − ik 0 = 1 +
λD K0 (λD/2)
Modèle d’étude
Figure 101 – Modèle global du viscosimètre Mivi (a) ; modèle simplifié avec les conditions
aux limites (b) ; circuit magnétique du capteur (c) ; bobine modélisée en conducteur massif
autour du noyau ferromagnétique (d).
Annexe C : Données d’entrée de la simulation
La conductivité électrique de l’air varie entre 3.10−15 et 8.10−15 [Pawar 2009, Zhang 2012].
Annexe D : Schéma du montage
expérimental 1
Le capteur de force est monté sur le porte-aimants au moyen d’un goujon M6. Sur
le capteur d’effort est collé un aimant permettant de créer une force magnétomotrice. Le
système d’excitation utilisé est composé d’une bobine alimentée en tensions grâce à un
générateur basse fréquence.
Annexe E : Fonctions de réponse en
fréquence
FRF montage 1
FRF montage 2
Mode 1 Température T masse volumique ρ viscosité η Qexp Qnum Qerr fexp fnum ferr Aerr
Air 22,6 1,2 17.10−3 88 97.1667 10 291,3 291,23 0,07 2,2
S3 22,6 866,66 3,77 41,89 52,7 25,8 289,1 289,6 0,17 1,16
S6 22,7 873,4 8,63 37,55 49,93 33 289,1 289,6 0,17 0,6
N10 22,6 874,3 17,22 33,6 45,93 36,7 288,8 289,4 0,2 0,3
S20 22,6 861,1 32,23 28,88 39,64 37 288,8 289,4 0,2 0,4
Mode 2 Température T masse volumique ρ viscosité η Qexp Qnum Qerr fexp fnum ferr Aerr
Air 22,6 1,2 17.10−3 200 137 31,5 455,3 453,5 0,39 3,5
S3 22,6 866,66 3,77 30,8 29,39 4,8 435,3 429,1 1,4 3
S6 22,7 873,4 8,63 25,25 21,94 13,1 434,4 428 1,5 4
N10 22,6 874,3 17,22 20,037 18,24 8,9 432,8 426,9 1,4 5
S20 22,6 861,1 32,23 16,25 14,48 10,9 425,9 432,5 1,5 5.4
Table 8 – Fréquences de résonance et facteurs de qualité expérimentaux et numériques pour le premier deux premiers modes de vibration
lorsque le capteur est immergé dans différents fluides visqueux. Les facteurs de qualité correspondants ainsi que les erreurs rapportées aux
valeurs expérimentales sont déduits par la méthode de la bande passante à −3db.
Liste des notations
[I] Matrice identité
χ Susceptibilité magnétique
∆A Variation d’amplitude [V ]
∆F Glissement fréquentiel [Hz]
∆ Opérateur Laplacien
∆(1/Z) Variation de l’inverse de l’impédance [Ω−1 ]
γ̇ Taux de cisaillement [s−1 ]
ε0 Permittivité du vide [As/V m]
η Viscosité dynamique [P a.s]
Γ Fonction hydrodynamique
γ Facteur de perte structural
Γcirc Fonction hydrodynamique d’une poutre à section circulaire
Γrect Fonction hydrodynamique d’une poutre à section rectangulaire
κ Coefficient de proportionnalité
Λ Perméance magnétique [H]
µ Perméabilité magnétique [H/m]
µ0 Perméabilité du vide [V s/Am]
µr Perméabilité relative
∇ Opérateur gradient
∇· Opérateur divergence
ν Viscosité cinématique [m2 /s]
Ω Fonction corrective
ω Pulsation [rad]
φ Flux d’induction magnétique [W b]
ψ Flux totalisé [W b]
< Réluctance [H −1 ]
ρ Masse volumique du fluide [kg/m3 ]
ρp Masse volumique de la structure [kg/m3 ]
ρs Densité surfacique de charge [C/m2 ]
σ Conductivité électrique [S/m]
129
σM Tenseur de Maxwell [P a]
τ Contrainte de cisaillement [P a]
Θ Potentiel magnétique scalaire [A]
θa Force magnétomotrice de l’aimant [A]
ΘAB Différence de potentiel magnétique [A]
~
A Potentiel vecteur magnétique [W b/m]
~
B Champ d’induction magnétique [T ]
~
D Vecteur courant de déplacement [C/m2 ]
~
E Champ électrique [V /m]
~
H Champ d’excitation magnétique [A/m]
J~ Densité de courant [A/m2 ]
J~e Densité de courant externe [A/m2 ]
J~s Densité surfacique de courant [A/m]
~
M Vecteur magnétisation [A/m]
~n Normale sortante
P~ Vecteur polarisation [C/m2 ]
∧ Coefficient hydrodynamique
Br Induction rémanente [T ]
C.A.S Capacité d’amortissement spécifique
Cem Couple électromagnétique [N.m]
E Module d’Young [P a]
E∗ Module d’Young complexe [P a]
Fem Force électromagnétique [N ]
Fhydro Force hydrodynamique
Fint Force d’interaction [N ]
FM M Force magnétomotrice [A]
fr,n Fréquence de résonance associée au mode n de la poutre dans le fluide
Frel Force réluctante [N ]
fvide,n Fréquence de résonance dans le vide associé au mode n
Hc Champ coercitif [A/m]
I Courant total [A]
J Moment quadratique [m4 ]
k Nombre d’onde [rad/m]
130
La connaissance de la viscosité est un défi majeur dans les technologies de pointe (biomédical,
pétrochimie, imprimerie, cosmétique, agroalimentaire, etc). Cette étude présente un capteur de
viscosité qui exploite la vibration transversale forcée d’une poutre mince. L’amortissement induit
par le fluide permet d’évaluer sa viscosité et sa masse volumique par la seule connaissance
des caractéristiques à la résonance de la poutre (amplitude et fréquence). Cette mesure est
réalisée par un circuit électromagnétique. Dans ce travail, la simulation numérique et l’étude
expérimentale du viscosimètre sont réalisées en vue de mieux cerner les paramètres influençant
le fonctionnement du capteur. Les différentes investigations menées dans ce travail sont d’une
grande importance pour l’optimisation du viscosimètre d’une part. D’autre part, c’est une contribu-
tion à l’ensemble des études qui traitent de l’aspect du couplage fluide-structure-électromagnétisme.