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Entreprises et Collectivités
Juin 2010
Bilan Carbone® Entreprises et Collectivités
Ce chapitre se rapporte aux émissions qui ne proviennent pas de l’usage de l’énergie. Cette
catégorie englobe des réactions chimiques ou biologiques diverses (dont les émissions
résultant du métabolisme de bactéries diverses) et les fuites sans réaction chimique
intermédiaire.
1
GIEC signifie Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat. L'abréviation anglaise est
IPCC, pour International Panel on Climate Change. Source : IPCC / 2007 / 4th assessment report.
2
Très souvent de l'ordre du siècle
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Chapitre 3 – Facteurs associés aux émissions ne provenant pas de l’usage de l’énergie 3 / 16
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Le tableau ci-dessous donne les équivalents carbone de divers gaz à effet de serre, basés sur
les PRG à 100 ans publiés dans le rapport de 2007.
Il faut noter que certains gaz à effet de serre mentionnés dans le tableau ci-dessus, malgré leur
fort PRG, ne sont pas pris en compte par le Protocole de Kyoto. C’est notamment le cas des
CFC ou de certains HCFC (R11, R12, R502, R22, R401a et R408a), dont l’éradication était
déjà prévue dans le cadre du Protocole de Montréal, raison pour laquelle il était inutile de
revenir dessus dans le cadre du protocole de Kyoto. Du reste, l’Union Européenne a interdit
(par règlement communautaire), dès 2000, l’emploi des CFC dans les appareils frigorigènes
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Chapitre 3 – Facteurs associés aux émissions ne provenant pas de l’usage de l’énergie 4 / 16
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neufs, et interdit l’emploi de ces mêmes gaz pour la maintenance et l'entretien des
installations existantes depuis 2001.
De leur côté, les HCFC sont interdits dans les équipements neufs depuis 2004, mais la
recharge des équipements existants restera autorisée jusqu'en 2015 sous certaines conditions.
Pour éviter tout risque d’incompatibilité avec les normes existantes ou en vigueur (ISO
14064, en cours de révision), les émissions liées aux gaz non pris en compte dans le protocole
de Kyoto sont disponibles de manière discriminée dans les tableurs du Bilan Carbone (se
reporter au document méthodologique pour plus de détails).
Les engrais azotés de synthèse, désormais d'un usage courant en agriculture dans les pays
industrialisés, contiennent, comme leur nom l'indique, des composés azotés divers, dont des
nitrates (NO3) et leurs dérivés (ammonitrates, urée). Lorsque ces engrais sont épandus sur le
sol, une petite partie des composés azotés initiaux donne, par réduction sous l'action de la
flore microbienne du sol, du protoxyde d'azote (N2O), un puissant gaz à effet de serre qui
s'échappe vers l'atmosphère. Il se forme aussi d'autres gaz à l'occasion de cet épandage, en
proportions mineures toutefois. Le principal d'entre eux est l'ammoniac (NH3).
La fraction de l'azote initial se convertissant en gaz est variable selon les conditions
climatiques, le type de sol, et le type d'engrais. Sous nos latitudes, c’est en moyenne 1% de
l'azote épandu qui va se volatiliser quand il s’agit d’engrais de synthèse (et 1% à 2% quand il
s’agit d’apports organiques - fumier, lisier, purin, etc -). Le poids d'azote épandu est
généralement assez facile à obtenir, dans la mesure où c’est généralement en unités d’azote
(une unité = un kg) que la littérature agronomique donne des indications pour la conduite des
cultures. En d'autres termes, les apports recommandés sont le plus souvent donnés en kg
d'azote par hectare, encore appelés unités d'azote à l’hectare, et non en kg d'engrais.
Dans les rares cas de figure où la seule donnée disponible sera le poids d’engrais de synthèse,
une approximation valable consistera à prendre de un tiers à la moitié du poids pour l’azote
seul (cela dépend du type d’engrais).
Outre ce 1% d’émissions directes sous forme de N2O, environ 10% de l'azote épandu va se
volatiliser sous forme de NH3 et de NOx. Ni le NH3 ni les NOx ne sont des gaz à effet de serre
pris en compte au titre des accords de Kyoto, toutefois, 1% de l’azote contenu dans ce total
NH3 + NOx (soit 0,1% du poids d’azote initial)3 va donner lieu à des émissions de N2O, et ce
terme doit être pris en compte dans les calculs.
3
Source : IPPC 1997 & méthodologie utilisée par le CITEPA pour les inventaires nationaux
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Enfin, outre l’épandage et les retombées atmosphériques précitées, un dernier phénomène est
à prendre en compte4 : il s’agit des émissions de N2O qui vont avoir lieu ailleurs que dans la
surface cultivée, à partir de l’azote lessivé dans les sols (le lessivage est l’export du composé
azoté hors du champ sous l’action de l’eau). En moyenne, 30% de l’azote épandu est lessivé,
et 0,75 % de cet azote lessivé va se retrouver dans du N2O émis à partir du lixiviat, soit au
total 0,23% de l’azote initialement épandu.
De la sorte, le pourcentage de l'azote contenu dans l'engrais qui donne naissance à du N2O est
de :
1% [émissions directes] + (0,1 x 1%) [émissions indirectes ex-NH3 et NOx] + (0,3 x 0,75%)
[émissions indirectes ex-lessivage] = 1,33 % d’azote par rapport à la quantité totale épandue.
Pour obtenir le poids de N2O émis à partir du poids de l'azote seul, il faut rajouter le poids
d'oxygène associé à l'azote. Comme la masse atomique de l'azote est 14 (en négligeant les
isotopes mineurs) et celle de l'oxygène est 16 (même remarque), le facteur multiplicatif
permettant de convertir un poids d'azote en N2O est de 2 *14 + 16 , ou encore 44/28.
2 *14
De la sorte, le poids de N2O émis peut s'obtenir à partir de l'azote apporté dans les engrais
avec la formule :
Ou encore :
Le facteur d'émission pour obtenir directement les émissions de N2O en fonction du poids
d'azote contenu dans les engrais épandus sera donc de 2,09%. Compte tenu des fortes
variations possibles d'un champ à un autre, le facteur d'incertitude attaché est de 70%. Des
mesures locales permettent parfois de choisir un facteur d'émission précisément adapté au cas
traité.
Lorsque l’apport d’azote est effectué sous forme organique, les valeurs mentionnées ci-dessus
sont respectivement de :
- 1% à 2% pour les émissions directes de N2O à partir de la surface agricole (pâturage
ou culture),
- 20% pour l'azote épandu qui va se volatiliser sous forme de NH3 et de NOx,
- 1% (inchangé) pour le N2O formé à partir du NH3 et du NOx émis,
- 30% (inchangé) pour le taux de lessivage de l'azote épandu,
- 0,75% (inchangé) pour le taux de conversion de l'azote lessivé en azote de N2O,
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Source : IPPC 1997 & méthodologie utilisée par le CITEPA pour les inventaires nationaux
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En prenant une valeur médiane de 1,5% pour les émissions directes, le taux de volatilisation
total est de :
1,5% [émissions directes] + (0,2 x 1%) [émissions indirectes ex-NH3 et NOx] + (0,3 x 0,75%)
[émissions indirectes ex-lessivage] = 1,93 % d’azote par rapport à la quantité totale épandue.
Or de telles émissions vont survenir dès lors qu’une installation de froid est exploitée - ou
même entreposée - quelque part. En effet, les circuits contenant les fluides frigorigènes ne
sont jamais complètement étanches, et, en fonctionnement normal, entre 1% et 30% du fluide
contenu dans l’appareil s’échappe dans l’atmosphère sur une année. Ces mêmes appareils, une
fois mis au rebut, sont aussi source d’émissions, soit qu’ils soient démantelés sans
récupération totale du fluide, soit qu’ils soient entreposés « quelque part » en continuant à fuir
au fil du temps.
Cela étant, la manière la plus exacte d’inventorier ces fuites - en déterminant le poids de
fluide contenu dans l’appareil au début et à la fin de l’année, par exemple - ne sera que
rarement accessible à la personne réalisant le Bilan Carbone d’un site contenant un groupe
froid. Nous proposons donc ci-dessous des manières d’approcher ces fuites, à partir de
données plus aisément accessibles.
Ces méthodes, qui permettent d’évaluer des masses de gaz ayant fui, sont indépendantes de la
nature du gaz utilisé. Dans tous les cas de figure, il faudra donc soit disposer de cette
information de manière séparée, soit prendre par défaut un gaz couramment utilisé dans les
appareils de froid.
Une première caractéristique qui discrimine les équipements de froid est la température du
compartiment réfrigéré : un système est dit en froid négatif lorsque le compartiment réfrigéré
est à une température inférieure à 0°C, et il est en froid positif sinon.
Ensuite, les équipements fonctionnant en froid positif peuvent être rangés dans deux sous-
catégories :
- les systèmes directs désignent les équipements qui ne disposent que d’un seul circuit
frigoporteur - contenant le fluide frigorigène5 - qui va du compresseur/échangeur au
compartiment réfrigéré,
- les systèmes indirects désignent les équipements qui disposent d’un échangeur
intermédiaire : un premier circuit, qui contient un fluide frigorigène pouvant changer de
phase, va du compresseur à un échangeur, où il transfère ses frigories à un deuxième
circuit (contenant un fluide qui n’a pas besoin de changer de phase) qui va de
l’échangeur au compartiment réfrigéré.
Les systèmes indirects sont techniquement plus complexes, puisqu’il faut un composant
supplémentaire dans l’appareil. Leur avantage est que le circuit primaire (celui qui part du
compresseur) est moins long et donc contient moins de fluide frigorigène, ce qui limite la
quantité qui fuit (cette dernière est souvent proportionnelle à la charge en fluide).
Dans tous les cas de figure (froid négatif ou non, système direct ou non) l’âge joue un rôle
important dans les taux de fuite : plus un appareil est vieux, plus son taux de fuites augmente.
Ceci expliquant cela, les données présentées plus bas sont souvent différentes selon que
l’appareil a plus de 3 ans d’âge, ou moins. En cas de rénovation d’une installation de plus de 3
ans d’âge, c’est la date de la rénovation qui sert de nouveau point de départ.
5
Outre son aptitude à être un bon caloporteur ou frigoporteur, la caractéristique d’un fluide frigorigène
est son aptitude à changer de phase - gazeux vers liquide ou réciproquement - à des températures et
des pressions pas très éloignée des conditions normales (pression atmosphérique, température de 0°C).
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Ce qui suit présente les valeurs à utiliser pour évaluer le poids de gaz qui fuit annuellement ou
en fin de vie. Il ne s’agit pas de facteurs d’émission à proprement parler, puisque cette
information sur les fuites doit être complétée avec la nature du gaz et l’équivalent carbone de
ce dernier pour aboutir à des émissions.
Le tableau ci-après donne, pour chaque type d’installation, la charge en fluide frigorigène (en
kg/kWh frigo), le taux de fuites en fonctionnement normal et en fin de vie. Pour s’en servir, il
faut donc disposer de la puissance frigorigène de l’appareil (ou directement de sa charge en
fluide, auquel cas il suffit d’appliquer la charge les pourcentages des deux colonnes de droite
en fonction du contexte).
Cette approche correspond au cas de figure où seule la surface de vente d’un magasin est
connue. Par défaut on prendra l’option « système direct » si le type d’appareil n’est pas
connu. Le tableau ci-après fournit les valeurs à utiliser en fonction de la surface de vente.
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Source : ADEME –ARMINES, 2007 / Inventaire des fluides frigorigènes et de leurs émissions –
France – Année 2005
7 Source : ADEME –ARMINES, 2007 / Inventaire des fluides frigorigènes et de leurs émissions –
France – Année 2005.
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Chapitre 3 – Facteurs associés aux émissions ne provenant pas de l’usage de l’énergie 9 / 16
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L'incertitude sur les valeurs obtenues est de 50% dans tous les cas de figure, sauf pour la
valeur la plus agrégée pour laquelle elle est de 80%.
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Source : ADEME –ARMINES, 2007 / Inventaire des fluides frigorigènes et de leurs émissions –
France – Année 2005.
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Source : ADEME –ARMINES, 2007 / Inventaire des fluides frigorigènes et de leurs émissions –
France – Année 2005
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Chapitre 3 – Facteurs associés aux émissions ne provenant pas de l’usage de l’énergie 10 / 16
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Cette catégorie concerne essentiellement des groupes froid servant à produire de l’eau
rafraîchie ou quasi glacée, fonctionnant en température positive. Ces appareils sont
techniquement identiques à ceux utilisés pour le froid tertiaire (climatisation, conditionnement
d'air).
Le tableau ci-dessous indique les données à utiliser pour évaluer la charge en fluide suivant le
système de froid utilisé, ainsi que les taux de fuites en fonctionnement normal et en fin de vie
pour ces systèmes.
Une agrégation regroupant les "groupes de production d'eau glacée / climatisation" est
possible. Elle "moyenne" les valeurs ci-dessus et correspond donc aux résultats suivants : 0,25
kg de fluide par kW frigo, 15% de fuites annuelles, et 30% de fuites en fin de vie.
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Source : ADEME –ARMINES, 2007 / Inventaire des fluides frigorigènes et de leurs émissions –
France – Année 2005
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Chapitre 3 – Facteurs associés aux émissions ne provenant pas de l’usage de l’énergie 11 / 16
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Température négative kg de fluide par kW frigo Taux de fuites annuel Taux de fuites en fin
de vie
Moyenne (-15°C à -30°C) 1 15% 50%
Basse (inf à -30°C) 1,6 15% 50%
Tableau 7 : Caractéristiques du froid industriel – Systèmes à température négative
(ADEME-ARMINES, 2003)11
11
Source : ADEME - ARMINES /2003 / p37-38.
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Source : ADEME – ARMINES / 2002 / p39.
13
Source : ADEME –ARMINES, 2007 / Inventaire des fluides frigorigènes et de leurs émissions –
France – Année 2005
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Source : ADEME - ARMINES / Août 1999 (et actualisation estimée par l’Ademe)
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Tableau 1 : Equivalent carbone de divers gaz à effet de serre. Source IPCC, 2007 .................. 4
Tableau 2 : Caractéristiques du froid commercial - Approche par les types d’équipements
(ADEME-ARMINES, 2007)...................................................................................................... 9
Tableau 3 : Caractéristiques du froid commercial - Approche par les surfaces de vente
(ADEME-ARMINES, 2007)...................................................................................................... 9
Tableau 4 : Caractéristiques du froid industriel pour l’agroalimentaire (ADEME-ARMINES,
2007) ............................................................................................................................... 10
Tableau 5 : Caractéristiques des tanks à lait (ADEME-ARMINES, 2007) ............................. 10
Tableau 6 : Caractéristiques du froid industriel - Systèmes à température positive (ADEME-
ARMINES, 2007)..................................................................................................................... 11
Tableau 7 : Caractéristiques du froid industriel – Systèmes à température négative (ADEME-
ARMINES, 2003)..................................................................................................................... 12
Tableau 8 : Valeurs par défaut, tous types d’appareils confondus ........................................... 12
Tableau 9 : Caractéristiques du froid tertiaire (climatisation).................................................. 12