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Le narrateur est sur un paquebot prêt à lever l'ancre à destination de Rio, quand une
célébrité monte à bord. Il s'agit de Mirko Czentovic, un fameux joueur d'échec. Le
compagnon du narrateur lui raconte l'histoire de cet homme : pauvre orphelin benêt,
il a été élevé par un curé de campagne avant que ses dons pour les échecs ne soient
découverts. A partir de là, il est parti se former à Vienne, et a gravi les échelons
jusqu'à être champion du monde. Arrivé à ce niveau de maîtrise, le benêt se change
en monstre d'arrogance et de cupidité. Le compagnon du narrateur trouve ce
développement normal : le joueur d'échec ne connait aucune valeur, autre que son
talent et l'argent qu'il gagne.
Pendant cette partie, ils s'apprêtent à mener un pion jusqu'à la dernière ligne pour
faire une nouvelle dame, mais un homme au teint pâle les arrête et les prévient de
la tactique de Czentovic. Il leur propose une stratégie pour faire partie nulle et les
impressionne par la vivacité de son esprit. MacConnor suit ses conseils. Le champion
commence à s'intéresser à la partie et finit par s'assoir. Finalement, Czentovic
déclare « Partie nulle. » Un grand silence accueille ses mots et il propose une
troisième partie en regardant l'homme pâle. Celui-ci se sauve du fumoir, en
expliquant qu'il n'a pas touché à un échiquier depuis 25 ans et que son intervention
n'était que fortuite. L'orgueil de Czentovic est blessé : il explique qu'il a conduit à
une partie nulle pour ménager ses adversaires.
Cette excuse met le groupe de joueurs hors de lui, et déterminé à écraser le
champion. Ils sont marqués par le contraste entre la modestie de l'homme pâle et
l'arrogence de Czentovic, et veulent absolument provoquer une partie entre les deux
génies.
A ce point du récit, le narrateur remarque que le visage du Dr B est agité d'un tic
nerveux. Celui-ci poursuit.
Au bout de trois mois, les échecs n'ont plus de secret pour lui et il revient à l'ennui.
Il aurait fallu qu'il puisse jouer de nouvelles parties contre lui-même, et pour ce faire
cloisonner son esprit : d'un côté une pensée des blanches, de l'autre une pensée des
noires. Il a tenté ce dédoublement dans l'échiquier abstrait qu'il pensait, ce qui l'a
poussé à une tension mentale extrême. Son état nerveux devient critique et les
échecs une obsession maladive. Il en perdit le sommeil et l'appétit.
Un matin, il se réveille dans une autre chambre, plus grande, lumineuse. Le médecin
lui explique qu'il a été blessé à la main en se battant contre lui-même. Ce bon
docteur lui promet de s'arranger pour ne pas qu'il soit renvoyé dans cette chambre.
En effet, il est sommé de quitter le pays dans les 15 jours, et le voici sur ce
paquebot.
Depuis sa maladie, il avait oblitéré le souvenir des échecs, d'où sa forte émotion en
voyant la partie dans le fumoir. Toutes ses connaissances abstraites se trouvaient
concrétisées. Il est curieux de savoir le lendemain ce qu'il vaut réellement aux
échecs, tout en ayant l'humilité de ne pas se penser meilleur de Czentovic. Il
prévient le narrateur qu'il ne s'agira que d'une seule partie, afin de clore son histoire
avec les échecs et de ne pas retomber dans la démence.
Le lendemain, le public est nombreux dans le fumoir. Le jeu, trop compliqué, perd
vite de son intérêt au profit du contraste saisissant qu'offrent les joueurs. Le
narrateur s'inquiète de l'agitation grandissante du Dr B. Celui-ci finit par annoncer
victorieusement un coup magnifique, au comble de l'excitation. Czentovic
abandonne la partie, mais en propose une nouvelle que le Dr B. accepte
immédiatement. Une hargne passionnée se noue entre les adversaires et la tension
monte alors que Czentovic joue avec une lenteur exagérée. Finalement, le Dr B
annonce « Echec » alors que ce n'est pas le cas. Il s'est trompé de partie. Le
narrateur le rappelle à la réalité et le joueur fuit de la pièce, laissant l'arrogant
vainqueur.