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LE TRIBUNAL
DE L’OMBRE
« On ne combat pas le terrorisme aveugle
avec le seul arsenal des lois ordinaires ! »
THRILLER
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Propos préliminaires
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Toutefois même l’homme le plus modéré peut être amené
à poser des questions qui fâchent et suggérer des réponses
vigoureuses mais douloureuses.
– L’orage arrive !
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gouvernants que l’on mérite) vont bientôt présenter
l’addition et sauf réaction de notre part elle sera « salée ».
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Adrienne
Nice. Promenade des Anglais.
Samedi 15 novembre 2025
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Après un rapide coup d’œil circulaire l’inconnue s’assoit
à côté de lui, esquisse un sourire qui se voudrait engageant
et demande :
– Oui pourquoi ?
– Je me prénomme Adrienne et j’ai un message pour vous.
– Un message pour moi ?
– Oui. Aux termes de la session extraordinaire du Tribunal
de l’ombre qui s’est tenue le 12 novembre dernier vous
avez été condamné pour association de malfaiteurs en
vue d’une action terroriste, trafic d’armes, fourniture
illégale d’explosifs et atteinte à la sûreté de l’état.
Elle répète :
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Julien n’a jamais été arrêté ni même soupçonné pour ses
activités délictueuses. Il est (ou se croit) bien trop malin.
On peut imaginer qu’à ce moment il a dû se dire :
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carreaux dont un pan déchiré dépassait d’un blouson en
cuir bien fatigué et ses gros godillots crottés.
Les caméras de surveillance installées à grand frais par la
municipalité étant en panne ce soir-là personne ne comprit
« par qui et pourquoi » ce Julien Pascalini qui se disait
architecte, payait ses impots comme tout bon citoyen et
homme apparemment sans histoire fut agressé gratuitement
ce soir-là. Gratuitement car son portefeuille, son argent et
ses cartes de crédit n’avaient pas été dérobés. « Mort due
à une agression, sans doute un coup violent porté dans
la poitrine » conclut la police. Un des policiers, adepte
d’arts martiaux, remarqua un détail curieux et en toucha
deux mots à un tout jeune journaliste de ses amis nommé
Valentin Lemercier pigiste pour Nice Matin, un peu chien
fou, toujours le premier sur les bons coups et les affaires
crapuleuses de la Côte d’Azur :
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la maladie du charbon, maladie provoquée par Bacillus
anthracis pourtant non transmissible d’homme à homme,
moins de vingt jours après leur remise en liberté. Deux
autres avaient succombé au tétanos et un dernier à une
forme gravissime d’hépatite fulminante.
Se sentant sur le point de dénicher la toute belle affaire
qui boosterait sa carrière et changerait sa vie il appela un
de ses anciens maîtres nommé Benjamin Brocka, grand
journaliste d’investigation et son idole, pour lui faire part
de sa découverte.
À peine eut-il abordé le sujet qu’il fut interrompu par un
catégorique :
– Tu tiens à la vie ?
– Comme tout le monde.
– Alors oublie !
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Le premier jour
de l’Apocalypse
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Il pleut enfin, petite pluie sans doute mais cette eau tombée
du ciel est une bénédiction, depuis des mois nous l’atten-
dions désespérément. Ces dernières semaines les employés
de la régie intercommunale des eaux du Pays de Fayence
consacraient leur temps à contempler les cieux, « guettant
les stratus, lorgnant les nimbus, faisant les yeux doux au
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moindre cumulus » mais l’anticyclone des Azores faisait
du zèle et empêchait les nuages de parvenir jusqu’au ciel
implacablement bleu de notre belle Côte d’Azur.
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Bref il pleut enfin et l’odeur de terre mouillée me grise
autant que celle d’un meilleur Pommard, un bonheur
animal m’envahit et ce petit poème mille fois répété dans
mes livres traverse mon esprit.
– Tu regardes la télé ?
– Non pourquoi ?
– Allume vite ton poste, je te rappelle dans un instant.
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un homme cagoulé et tout de noir vêtu descendait tran-
quillement les Champs-Élysées en arrosant de balles les
terrasses des bars et des restaurants. Des dizaines de corps
gisaient déjà à terre. Il s’arrêta au niveau du Fouquet’s, on
le vit distinctement se pencher sur un cadavre, lui déchirer
l’oreille avec ses dents avant de la recracher, réenclencher
calmement un chargeur neuf et se remettre à tirer. Au
bout de quelques minutes qui semblèrent une éternité, des
hommes de la BRI appuyés par une unité du RAID vinrent
s’interposer. Après une fusillade interminable, l’homme fut
enfin abattu en direct, juste devant le Fouquet’s.
Tétanisé par l’horreur je regardais les images qui tour-
naient en boucle sur l’écran de mon téléviseur. Mon cerveau
me disait : cela n’existe pas, CELA NE PEUT PAS EXISTER,
j’entendais sans les comprendre les paroles des « experts »
qui commentaient la scène qui venait de se dérouler puis
un journaliste annonça :
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de l’adolescence qui avaient tourné sans la lire la page où
l’on aime pour arriver directement à celle où l’on meurt,
n’imaginaient pas que certains salopards indignes de leur
sacrifice pisseraient sur leur tombe, abusant odieusement
de cette liberté qu’ils n’avaient pas méritée.
Les journalistes nationaux et internationaux, ravis de
couvrir un tel événement, interviewaient des responsables
de la police qui malgré l’ampleur de leur dispositif mon-
traient une grande inquiétude et répétaient à qui voulait
l’entendre :
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Champs Élysées, près du Fouquet’s. Son service de sécurité
rapprochée l’entourait, prêt à intervenir au moindre signe
de danger. Il était accompagné du « gratin » de l’exécutif :
Premier ministre, ministre de l’Intérieur, préfet de police,
plus quelques inconnus qui prenaient un air important.
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Je ne sais pourquoi la vue de ce vieillard me terrifia,
une voix dans ma tête disait : « si le diable existe il doit
ressembler à ça » ! J’essayai de vaincre l’angoisse qui tordait
mon estomac et tentai de me moquer du pressentiment qui
envahissait mon esprit en me répétant :
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seconde qui suivit, le tonnerre d’une détonation me parvint
puis le hurlement de la première dame me glaça.
La caméra s’affola, cherchant en vain d’où pouvait pro-
venir la détonation, puis en désespoir de cause elle se fixa,
Dieu ou Satan seul sait pourquoi, sur le vieillard assis sur
son pliant. Il paraissait très à l’aise bien que son bonnet soit
maculé de sang. Pendant un court instant, le temps sembla
suspendre son vol. Comme anesthésiés les spectateurs
massés devant le Fouquet’s ne réagirent pas immédiatement
puis la panique gagna les premiers rangs et se propagea
comme une vague. Les gens se mirent à courir en tous
sens pour fuir un danger éventuel. Bousculé, le vieux se
leva. Sur la toile servant de dossier au siège « metteur en
scène » qu’il entreprit de plier et mettre sous son bras, un
nom que j’aperçus fugitivement était inscrit. Je n’en suis pas
absolument certain, mais il me sembla avoir lu sur la toile :
Azraël ! Le nom de l’ange de la mort dans les mystiques
Juives et musulmanes.
Je ne sais si ce fut l’effet d’une mythomanie naissante, un
délire de mon imagination ou un éclair de lucidité mais
il me vint à l’esprit l’idée étrange que le doigt d’honneur
provocateur et triomphant qu’il adressa à la caméra m’était
destiné et une certitude s’imposa à mon cerveau :
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garçon si gentil, si serviable » diront par la suite le proprié-
taire et les voisins, n’eut qu’à appuyer sur la gâchette de
son fusil DAN.338 et le crâne du président s’ouvrit comme
une pastèque trop mûre.
Dès le lendemain, cette « revendication » parcourut les
réseaux sociaux :
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avait oublié les leçons de l’Histoire du cheval de Troie : en
introduisant dans les murs de leur cité le cheval de bois
construit par les Grecs les Troyens s’étaient condamnés.
Certains répondirent :
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au travail. Une mission prioritaire lui fut confiée consis-
tant à mettre en œuvre les promesses de campagne de la
Présidente :
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à 5 puis 7 pour cent. Les intérêts annuels de la dette qui
étaient de 36 milliards d’euros s’envolèrent pour atteindre
175 milliards soit six fois le budget des armées ou deux
fois et demie le montant de tous les impôts sur le revenu
payés par les Français. Le gouvernement fut contraint
d’emprunter encore uniquement pour payer les intérêts,
pratique désespérée, dangereuse et insoutenable à terme.
Cette réaction des marchés financiers surprit le nouveau
premier ministre qui ne s’attendait pas à ça.
Parallèlement les premières expulsions d’étrangers furent
entreprises, à cette occasion sa surprise fut encore plus
grande…
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soupçonnées de visées terroristes, d’atteinte à la sûreté
de l’État ou de complicité, sans pour autant qu’elles aient
commis de délit ou de crime. S’agissant donc d’une préalerte
basée sur des craintes plus ou moins fondées et des interpré-
tations du comportement, chacun de nous est susceptible
d’être « fiché S » sans le savoir !
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le souhaitait revenir en France. Comble de l’humiliation
la jeune fille refusa l’invitation… mais il y a bien pire ! En
2014 la famille Mogouchkov originaire de Tchétchénie fit
l’objet d’une procédure d’expulsion du territoire français.
Le parti communiste Rennais et de nombreuses associations
s’opposèrent aux forces de l’ordre chargées d’exécuter la
procédure et se vantèrent fièrement d’avoir fait obstacle
à la décision préfectorale ce qui permit aux Mogouchkov,
déjà installés dans l’avion qui devait les rapatrier vers
leur pays d’origine, de rester chez nous. L’enfer, dit-on,
est pavé de bonnes intentions et les bonnes intentions de
ces philanthropes à courtes vues ouvrirent la porte de cet
enfer : en remerciement de leur action humanitaire le fils
aîné de la famille participa à un projet d’attentat contre
l’Élysée puis en octobre 2023 son jeune frère Mohamed
égorgea un professeur de collège et blessa grièvement
deux autres personnes à Arras… Ce qui n’empêcha pas de
dormir ceux qui avaient permis à ces fanatiques criminels
de rester sur le sol français.
Les Français, schizophrènes donc et fiers de l’être, approu-
vèrent et même applaudirent bruyamment l’annonce du
premier ministre tant que « l’étranger » à refouler restait un
concept visant de lointains inconnus mais s’empressèrent
d’alerter les associations ou partis d’opposition ravis de se
mobiliser pour faire obstacle à ses projets d’expulsion lors-
qu’ils comprirent que de proches voisins étaient concernés !
La bible qui d’habitude a toujours un avis sur tout et reste
encore la référence morale pour beaucoup d’entre nous
n’est d’ailleurs pas très explicite sur le sujet, elle énonce
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clairement « tu aimeras ton prochain comme toi-même »
mais ne dit rien du traitement à réserver à son lointain !
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Il se révéla alors que le renvoi des immigrés chez eux
ne serait pas chose aussi aisée que la Présidente ne l’avait
imaginé, d’autant que les pays d’origine donc de destination
des futurs expulsés regimbaient fortement à les accueillir !
Sans compter le fait que la majorité des gens dangereux
susceptibles de passer à l’action à tous moments étaient de
nationalité française…
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pas d’exaspérer voire scandaliser certains citoyens pourtant
traditionnellement paisibles…
Si la sagesse populaire prétend qu’il ne faut jamais piétiner
un homme à terre… de peur qu’il ne se relève, ce même
bon sens aurait pu affirmer : il ne faut pas réveiller un
peuple qui dort !
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Les sentinelles
de la liberté
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Accompagné de mon ami Régis (homme farouchement
hétéro tout comme moi, je le précise pour les esprits mal
tournés prompts à voir des LGBT partout ) excité comme
moi par l’atmosphère de mystère qui entourait cette invi-
tation non signée et supputant la toute belle aventure, à
20 heures nous sommes arrivés à la bergerie, ravis d’avoir
ainsi échappé à « la malédiction du lundi soir » découlant
du choix télévisuel de certaines épouses.
Dans la vie d’un mari ordinaire le lundi soir est ce moment
de la semaine frappé d’une sombre malédiction, l’instant
ahurissant où la télévision propose à nos regards pourtant
blasés quelque programme hallucinant qui touche ce soir-là
un fond toutefois réputé insondable. Il en est un qui dépassa
en bêtise tous les autres pourtant déjà bien corsés : deux
individus qui ne se connaissaient « ni des lèvres ni des
dents » (traduction libre de Frédéric Dard du célèbre et
traditionnel « ni d’Eve ni d’Adam ») s’épousaient sans s’être
jamais rencontrés sur la foi analytique d’une intelligence
artificielle qui les déclarait « compatibles » à X %.
Quand on sait que l’attraction ou la détestation résulte
d’un grain de peau irrésistible ou repoussant, d’une fossette
au menton enivrante ou exaspérante, une bouche qui nous
fait rêver ou nous dégoûte, une voix qui nous enchante
ou nous insupporte, une odeur qui nous grise ou nous
répugne, un sourire émouvant ou pénible à regarder, des
yeux qui nous harponnent ou nous laissent indifférent,
des défauts intolérables pour les uns devenus des qualités
attendrissantes pour d’autres, j’aimerais qu’on m’explique
par quelle magie une machine pourrait comprendre l’amour
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humain et comment des psychologues et des sexologues
peuvent se prêter à de telles imbécillités ! Généralement
les hommes détestent de telles émissions et les épouses,
incorrigibles « fleurs bleues » les adorent, ce qui est leur
droit le plus absolu. Laissons les heureux jeunes « mariés au
premier regard » se préparer des jours qui déchantent après
le second… Ravis donc d’avoir échappé à cette horreur qui
instillent dans les esprits faibles l’idée que des machines
pourraient bientôt décider de l’avenir matrimonial de nos
malheureux descendants, (il en est une autre appelée L’île
de la tentation qui vaut également son pesant de vomi, mais
avançons) ce lundi soir nous sommes arrivés au lieudit.
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hochements de tête avaient été interprétés à tort comme
une adhésion à ses idées plus ou moins radicales).
Bref, elle nous accueillit d’un joyeux « soyez les bienve-
nus ». À l’intérieur de la bergerie le mobilier était flambant
neuf, plusieurs ordinateurs étaient ouverts sur les tables
d’un salon dans lequel elle nous fit entrer, de grands écrans
occupaient une partie des murs peints en blanc et une
douce musique flottait dans l’air. Guitariste moi-même il
me fut facile d’identifier le thème du film « jeux interdits »
interprété par Maître Narciso Yepes lui-même. (Pour les
puristes : la guitare de Narciso Yepes comportait dix cordes
au lieu des six communément tendues sur le manche de la
plupart des guitares.)
Trois hommes étaient assis dans un canapé rouge for-
mant un « U », un verre à la main. À ma grande surprise
je reconnus un député de la majorité actuelle, un jeune
député de l’opposition et un professeur de criminologie,
tous personnages célèbres dont je tairai les noms, habitués
des plateaux de télévision.
Virginie fit les présentations puis nous invita à nous assoir
avant de nous servir une coupe de champagne. Le député
majoritaire, homme aux beaux cheveux blancs et petites
lunettes fines cerclées d’or entra immédiatement dans le
vif du sujet :
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Elle avait dit que je serais heureux de participer à un
projet ? « Un pied en avant et un sur le recul », soupçonnant
quelque sournoise intention de m’embarquer dans des
responsabilités politiques non souhaitées je répondis :
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Comme la plupart des gens ordinaires je n’ai jamais eu à
souffrir des attentats et n’en ai connu que ce que les télés
et réseaux sociaux nous en montrent, aussi me sentant
moyennant concerné par ce qui me semblait ne jamais pou-
voir arriver qu’aux autres, ne comprenant pas en quoi cette
information pouvait me concerner, naïvement je répondis :
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juge d’instruction quelques mois plus tard. Dans leur arrêt,
les « Sages » ont confirmé le non-lieu pour irresponsabilité
pénale prononcé en décembre 2019 dans ce dossier hautement
sensible : ce soir-là, le discernement du meurtrier était aboli
sous l’emprise de la drogue, il ne peut donc pas répondre
pénalement et il ne sera pas jugé !!
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En d’autres termes : l’irresponsabilité pénale quoique
envisagée par la justice n’était pas prononcée… et l’homme
se promenait librement dans la nature !!
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d’un meurtrier libéré à cause d’un manque d’encre dans
la photocopieuse d’un greffier en 2014…
En voici un dernier pour la route : « Une peine de deux ans
de prison dont six mois fermes aménagés sous bracelet électro-
nique a été prononcée à l’encontre de l’adolescent complice de
Abdoullakh Anzorov l’assassin du pauvre Samuel Paty. Ce lycéen
a communiqué au criminel la description physique et vestimentaire
du professeur ainsi que le trajet habituellement emprunté pour
venir au lycée. Restant plusieurs heures avec lui, il a favorisé sa
dissimulation, puis recrutant d’autres collégiens afin d’identifier
l’enseignant il a organisé la surveillance aux abords du collège
pendant plusieurs heures et enfin désigné Samuel Paty à la sortie
du collège. »
Il paraissait dégoûté :
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais il me semble
que de tels comportements s’apparentent à une complicité
voire une collaboration active à un assassinat… et pour ces
faits gravissimes la sanction est dérisoire, voire inexistante.
Comment voulez-vous qu’un homme, fut-il adolescent, qui
a commis de tels actes et se retrouve simplement affublé
pendant six mois d’un bracelet électronique qu’il brandira
fièrement comme un trophée devant les yeux jaloux de ses
amis ne soit pas tenté de recommencer ? Il recommencera !
Mais ce n’est pas tout, l’adolescente par qui le drame est
arrivé, âgée de 13 ans au moment des faits, avait à tort
soutenu que Samuel Paty demanda aux élèves musulmans
de la classe de se signaler et de sortir de la classe avant de
montrer les caricatures de Mahomet. Elle n’avait en réalité
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pas assisté à ce cours. Elle a été condamnée à 18 mois de
sursis probatoire pour dénonciation calomnieuse alors que
par ses mensonges elle a condamné à mort un homme.
Pour la justice française la vie d’un prof ne vaut pas
grand-chose !
Il abandonna sa tablette et me dit :
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pressentait qu’il allait agir mais dans un état de droit on
ne peut pas arrêter un citoyen qui n’a rien à se reprocher.
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manuels d’histoire ils ne commanditèrent pas des
« assassinats » mais des « exécutions ». Les mots ont un
sens : l’assassinat est une infamie égoïste condamnable,
l’exécution est un châtiment mérité appliqué pour le
bien de la société. Notre législation qui a renoncé à ce
principe met le pays en danger et je ne vous parle pas de
l’exaspération des policiers arrêtant un délinquant à 10
heures et le retrouvant libre à midi, ces mêmes policiers
se retrouvant parfois eux-mêmes en détention pour avoir
voulu intercepter un conducteur dangereux… ou du
désespoir de certains juges contraints d’appliquer un
droit qui s’oppose à toute morale.
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promeneurs. L’attaque a causé la mort de 86 personnes et
en a blessé 458 autres avant que le terroriste ne soit abattu
par la police. On s’est longtemps demandé pourquoi le
camion loué par le terroriste avait pu circuler et rester
garé près de la promenade des Anglais alors que la
circulation était interdite un jour férié dans le centre-ville
mais ce jour-là les forces de l’ordre ont été dépassées et
confrontées à un mode opératoire extrêmement difficile à
contrer qui correspond aux consignes de l’État islamique :
frapper partout, n’importe qui et n’importe comment !
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Que ma plume aille droit s’il faut que je l’écrive : à ma
grande surprise je ressentis un étonnant coup de cœur à
l’écoute de leurs arguments !
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– Nous n’avons rien de commun avec ces enragés et
nous n’agirons pas comme eux. N’étant ni fanatiques
ni assassins mais de simples sentinelles de la civilisation
et de la liberté nous voulons absolument respecter une
procédure préalable d’instruction accélérée et soumettre
nos conclusions à un jury populaire qui décidera de la
suite à donner. On oublie que le peuple est souverain, les
professionnels du droit se croient trop souvent autorisés
à confisquer la justice pour la soumettre à leur seule
appréciation, justice qui devrait rester au service et aux
ordres de la population. Pour nous et pour tous, en
tant que représentant du peuple souverain ce jury bien
que clandestin prendra des décisions et prononcera des
verdicts que nous considérerons comme légitimes.
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qui risque de se profiler à votre horizon vengeur. Dans
l’histoire de nombreux dirigeants utilisèrent la morale
comme mode de gouvernement et cela se termina tou-
jours en catastrophe. Le nom de Robespierre vous évoque
certainement quelque chose ? Personnage vertueux, il
concentra entre ses mains tous les pouvoirs. Tout homme
ayant du pouvoir étant porté à en abuser, il dirigea le pays
à sa guise en n’écoutant que sa morale rebaptisée vertu.
Celle-ci lui conseilla un abominable premier ministre : la
Terreur (40 000 morts) qui accoucha de Bonaparte devenu
plus tard Napoléon (2 000 000 de morts), l’homme qui
demandait à un ambassadeur russe si son maître le Tsar
avait comme lui 6 000 hommes à dépenser par jour !
Il répliqua :
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eu le temps de le mettre en péril notre action sera une
réaction prophylactique face à un danger de mort contre
lequel nos concitoyens sont actuellement sans défense…
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garanties morales nécessaires. Permettez-moi de vous
le répéter, il ne s’agit pas d’appliquer une vengeance
aveugle, nous sommes des précurseurs et nous allons
créer des juridictions, occultes peut-être mais légitimes de
notre point de vue, dans lesquelles un policier constituera
une équipe apte à identifier les personnes dangereuses
prêtes à passer à l’action, une magistrate mènera les
débats en droit et en morale sans toutefois avoir les
mains liées par des artifices de procédures, des délais
intolérables ou un manque de moyens puisque les nôtres
sont pratiquement illimités… d’autres gens de la société
civile composeront le jury populaire qui décidera du bien
fondé de notre intervention et nous pourrons en toute
bonne conscience frapper avec rapidité et efficacité, deux
concepts qui sont actuellement tragiquement étrangers
à notre justice et à notre société. Le tribunal de l’ombre
niçois sera le premier à fonctionner et nous espérons
qu’il sera suivi par beaucoup d’autres.
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Je vous connais bien belle lectrice, alors devançant votre
admirable curiosité intellectuelle qui vous poussera sans
doute immédiatement à me demander « qui est Pandore,
pourquoi parlez-vous de sa boîte et qu’est-ce que cette boîte
vient faire ici ? » je vais vous donner quelques éclaircisse-
ments sur le sujet :
Dans la mythologie grecque Zeus roi des Dieux donna une
boite hermétiquement close à Pandore, première femme
humaine, en lui interdisant de l’ouvrir ! Cette boite contenait
la totalité des maux terrestres : la vieillesse, la famine, la
guerre, la misère, la maladie, les épidémies, les vices mais
aussi… l’espérance. Connaissant bien les femmes puisque
vous en êtes une, vous imaginez bien que l’expression
« interdit d’ouvrir » inspira immédiatement à Pandore
l’envie irrésistible d’ouvrir la fameuse boîte. Cédant à
sa curiosité elle l’ouvrit, libérant ainsi tous les maux qui
s’abattirent alors sur la race humaine sauf l’espérance qui,
plus lente que les catastrophes, resta au fond de la boîte.
De nos jours l’expression « ouvrir la boîte de Pandore »
s’emploie au sens figuré pour désigner quelqu’un qui,
malgré l’avis général et les conseils de son entourage,
décide malgré tout de mener une action qui déclenche de
manière inconsidérée une série d’événements ou une suite
de conséquences inévitables, malheureuses et catastro-
phiques, le meilleur exemple étant l’invasion de l’Ukraine
par Vladimir Poutine.
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L’homme aux cheveux blancs parut presque fâché de mes
réticences et manifesta un léger agacement :
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l’action préventive nous sommes preneurs ! Ou peut-être
préférez-vous que des milices d’auto-défense incontrôlées
fassent leur loi dans les rues ? Il est d’ailleurs étonnant
que malgré les coups reçus les Français fassent preuve
d’autant de patience et de stoïcisme [mot signifiant
accepter le moment tel qu’il se présente sans céder à la
peur ou à la douleur. Note de l’auteur]
Régis s’étonna :
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– Nous avons des ramifications et des oreilles dans tous
les milieux, mais nous ne pouvons ni ne voulons nous
dévoiler c’est pourquoi nous avons besoin de vous pour
les approcher... Les cinq autres noms sont ceux d’un
avocat, une professeur de médecine, une psychiatre, un
homme politique, un ancien grand patron d’une multina-
tionale, tous ont eu à souffrir d’un dysfonctionnement de
la justice, nous pensons qu’ils seront ravis de participer
à notre action et honorés de faire partie du jury.
Régis demanda :
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eaux de deux fleuves pour les nettoyer. Aujourd’hui cette
expression signifie au sens propre comme au figuré faire
un grand nettoyage en employant des méthodes radicales.
Et de méthodes radicales il allait être question !
Il répéta :
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tribunal « noir » était tout à leur honneur. Après tout ils
auraient très bien pu rechercher, trouver et éliminer « sans
autre forme de procès » le ou les responsables des atrocités
projetées. Toutefois il me sembla que quelque chose ne
tournait pas rond dans cette histoire. Pourquoi ces éminents
personnages, représentant manifestement les plus hautes
instances de l’état faisaient-ils appel à de petits inconnus
insignifiants comme Régis et moi ?
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appelle en politique des prête-noms ou des hommes de
paille !
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– Il n’y aura ni arrestation ni détention. Lorsque nous
aurons acquis la certitude de la culpabilité future ou
des intentions meurtrières de la personne mise en cause,
quand l’instruction du dossier ne laissera plus aucune
place au doute il y aura une seule peine, la mort ! Il n’est
pas question de laisser vivre des individus qui ne rêvent
que de nous détruire et qui après avoir passé quelques
années en prison dans le meilleur des cas en ressortiront
encore plus enragés.
– Et qui exécutera la sentence de mort ?
– Adrienne sera notre bras armé… ou si vous préférez,
comme on le disait sous l’ancien régime : notre exécutrice
des hautes œuvres.
Je m’étonnai :
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3
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d’une fille, n’avait pas la gueule de l’emploi. « À vue de
nez » elle devait mesurer 1 m 55/ 1 m 60 et peser 70 kgs, ses
cheveux gras et clairsemés encadrait un visage ingrat et sur
l’instant, de ses petits yeux de cochon dont l’un louchait ou
de sa bouche ouvrant sur des dents jaunes et disgracieuses
je ne sus ce qui me déplut le plus.
Virginie répéta :
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Elle nous adressa un sourire qui se voulait sans doute
charmeur mais ne réussissait qu’à l’enlaidir un peu plus
en découvrant ses vilaines dents puis montrant ses poings
fermés elle dit :
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La « guerrière » n’avait pas terminé sa présentation, elle
conclut son discours ainsi :
Je lui demandai :
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les moyens de la contrôler, d’autant que nous assurons
sa survie financière.
Paroles prémonitoires ?
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compte de ces messieurs-dames haut placés qui n’ont
pas les couilles de le faire !
Rigolard il s’esclaffa :
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Le Tribunal de l’ombre
1
– La magistrate,
– Une professeure de médecine, (habituellement on dit
« Madame le professeur » mais certaines personnes
ont considéré que cette tradition était machiste. En
conséquence, il a été décidé que ces noms de profes-
sions pouvait désormais être féminisés) soixantenaire
dont le visage apparait régulièrement sur nos écrans
de télévision,
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– Une psychiatre, collaboratrice épisodique de l’émission
« ça commence aujourd’hui ».
Et quatre hommes :
– L’ex-policier,
– Un ancien ministre,
– Un avocat,
– L’ancien grand patron d’une multinationale,
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violente contre notre pays le policier les recherchera,
enquêtera sur leur degré de dangerosité, transmettra ses
conclusions et vous disposerez de 48 heures pour réunir
le jury. La magistrate mènera les débats et le jury décidera
de la suite à donner. Si la sentence est positive elle sera
transmise à Adrienne, accompagnée des coordonnées
de la ou des personnes à exécuter.
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ce soir a eu à souffrir du dysfonctionnement de la justice de
notre pays et ne demande qu’à participer à notre action ».
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La magistrate, jolie blonde aux cheveux coupés court
comme vous pouvez le constater, a 54 ans. Son père, juge
d’instruction, a été assassiné par la pègre dans les années
80, les tueurs n’ont jamais été identifiés… officiellement !
Prenant un air mystérieux elle nous confia :
Je m’étonnai :
Elle répondit :
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renseignement intérieur de Toulouse, et le brigadier
Hassan L., avaient alerté leurs supérieurs hiérarchiques
pour les exhorter à « judiciariser la situation de Mohamed
Merah en raison de son potentiel élevé de dangerosité ».
Régis demanda :
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fut incarcéré préventivement plusieurs années malgré une
maladie cardiaque avant d’être totalement blanchi de toutes
les accusations farfelues qui pesaient sur lui. Entretemps il
avait tout perdu : santé, argent, situation, réputation, amis
et… sa femme. Depuis, heureusement il a su rebondir.
Quant à l’ancien ministre, le vieil homme aux cheveux
blancs clairsemés, semblable à Cassandre la devineresse
dont les prévisions n’étaient jamais écoutées et se réali-
saient toujours, il ne cessa d’alerter le gouvernement dont
il faisait partie et les suivants sur les ravages futurs d’une
législation inadaptée face à une immigration incontrôlée
et à l’ensauvagement de notre société, en vain. Il sera ravi
d’être enfin entendu et pris au sérieux.
82
2
83
les sexes, tous bonheurs conquis de haute lutte sont
des concepts intolérables aux yeux des totalitarismes
civils ou religieux qui désignent notre pays comme
une cible prioritaire pour ceux qui souhaitent établir un
nouvel ordre qui ne serait que l’expression de l’enfer
sur terre. Les obscurantismes de toutes natures rêvent
d’éradiquer notre civilisation occidentale et la France
est particulièrement visée. Le terme « éradiquer notre
civilisation » n’a pas été choisi au hasard, la situation est
grave : les services de la DGSI ont intercepté certaines
communications suggérant qu’un attentat épouvantable
se préparerait à Nice. Ce qui se mijote d’après nos ren-
seignements sera bien plus sanglant que l’attentat au
camion-bélier de 2016 puisqu’il est censé déclencher une
guerre de religion entre chrétiens et vrais musulmans,
gens paisibles, pacifistes et victimes comme nous de la
folie de ces forcenés mais cette fois nous allons devancer
les assassins et les frapper fort en jugeant, condamnant
puis exécutant les responsables de ce projet fou avant
qu’ils ne passent à l’action !
84
en mobilisant ses défenses immunitaires afin qu’elles
interviennent avant que les virus ou les bactéries n’aient
eu le temps de mettre en péril son existence notre action
sera une réaction prophylactique face à un danger de
mort contre lequel nos concitoyens sont actuellement
sans défense. Votre tribunal revêt une grande importance
pour nous qui n’avons rien de commun avec ces enragés
et n’agirons pas comme eux. N’étant ni fanatiques ni
assassins mais de simples sentinelles de la civilisation
et de la liberté nous voulons absolument respecter une
procédure préalable d’instruction accélérée et soumettre
nos conclusions à un jury populaire qui décidera de la
suite à donner. On oublie trop souvent que le peuple
est souverain, les professionnels du droit ne sont pas
autorisés à confisquer la justice pour la soumettre à
leur seule appréciation, elle doit rester au service et aux
ordres de cette population. Pour nous et pour tous, en
tant que représentant du peuple souverain votre jury
bien que clandestin prendra des décisions et prononcer
des verdicts qui seront considérés comme légitimes.
85
de la personne mise en cause, quand l’instruction du
dossier ne laissera plus aucune place au doute il y aura
une seule peine, la mort ! Il n’est pas question de laisser
vivre des individus qui ont pour seul projet celui de
nous détruire et qui après avoir dans le meilleur des cas
passé quelques années en prison en ressortiront encore
plus enragés.
86
ou être culpabilisé par les conséquences de ses décisions.
Il était préférable qu’ils ne voient pas les mains qui se
« tremperaient dans le cambouis » et feraient le sale boulot !
L’avocat interrogea :
87
ne passent à l’acte… et de ce fait d’arrêter des gens sans
qu’ils aient commis de délits !
88
plus faibles pour les amener à commettre des atrocités
pour lesquelles on leur promet le paradis.
89
femmes et d’hommes décidés à s’opposer à ceux qui
veulent détruire notre société, voire notre civilisation !
– Je sais soigner les corps et parfois les guérir mais les mala-
dies de l’âme m’ont toujours décontenancée. Comment
définiriez-vous exactement la « radicalisation », est-ce
vraiment une maladie ?
– Il serait prétentieux pour moi de prétendre traiter les
dérèglements de l’âme, je préfère parler de désordres de
l’esprit. Pour répondre à votre question la radicalisation
est un processus de rupture sociale, morale et culturelle
avec les valeurs de la Société, une coupure conduisant
parfois un individu à considérer comme normaux des
agissements qui pour tout le monde relèvent de la plus
pure sauvagerie, il change souvent d’apparence, adopte
de nouveaux comportements et adhère généralement sans
réserve aux thèses conspirationnistes et victimaires ».
– Comment peut-on reconnaître une personne radicalisée ?
– La radicalisation est plus une évolution, une montée
aux extrêmes qu’une idéologie. Certains signes peuvent
alerter, comme la rupture avec l’environnement quoti-
dien, la famille, les anciens amis, les proches, l’école, le
rejet des différentes formes de la vie en collectivité, le
repli sur soi, mutisme, dissimulation, l’intérêt soudain,
excessif et exclusif pour telle religion ou telle idéologie, la
répétition de façon stéréotypée de la rhétorique radicale
et propagandiste que des recruteurs lui inculquent :
90
idées extrémistes, racistes, idéologiques ou xénophobes
à l’encontre d’une religion ou de personnes précises.
– Peut-on en sortir ?
– Pour moi il est aussi difficile, sinon plus, de faire sortir
quelqu’un d’un état de radicalisation que de guérir un
drogué de ses addictions !
91
trolls est une organisation payée pour ouvrir des milliers
de faux comptes sur les réseaux sociaux ou sur internet et
diffuser des informations partielles, partiales ou totalement
mensongères. Des mensonges partagés par des milliers
d’utilisateurs bidons deviennent des vérités pour les vrais
abonnés trop naïfs ou par ceux qui ont envie de croire à ces
fake news. Les méthodes utilisées incluent la rémunération
de commentateurs ou d’influenceurs sur les réseaux sociaux
et le lobbying auprès de journalistes peu regardants. Les
Russes sont passés maîtres dans cet art de la désinformation.
Par exemple ils ont réussi à faire circuler dans le monde
entier une information venant d’un pseudo journaliste
d’investigation égyptien qui prétendait démontrer grâce
à de faux documents qu’un membre de la famille du pré-
sident Zelensky avait acheté des biens immobiliers avec
des fonds européens destinés à l’effort de guerre ukrainien.
Calomniez, calomniez il en restera toujours quelque chose
disait Francis Bacon. C’est toujours vrai !
92
orthodoxes russes poussant l’infamie jusqu’à bénir les
soldats qui violent les Ukrainiennes et tuent leurs enfants.
La plupart des femmes et des hommes ont cherché
Dieu toute leur vie, pour ma part je ne l’ai pas trouvé et
je ne sais toujours pas s’il existe ni, dans l’affirmative,
ce qu’il est. La seule chose dont je suis certain c’est
qu’il ne peut pas ressembler à ce que les religions nous
en disent. Elles ne savent pas voir, cherchant en vain
son regard dans les yeux sans vie des statues. Avec
prétention elles l’imaginent nous ressemblant, enfermé
entre les quatre murs des églises, temples, mosquées,
synagogues ou autres lieux de prières, édictant des obli-
gations, des interdictions et nous surveillant tel un petit
garde-chiourme tatillon. Nous ne l’avons trouvé nulle
part car il est sans doute partout, dans le brin d’herbe, le
vent du soir agitant les feuilles des arbres, le coucher de
soleil flamboyant, le coléoptère, la fourmi, vous et moi.
Nous le cherchons loin, il est peut-être tout près, blotti
au fond de notre cœur, lieu où nous allons rarement il
sait que la cachette est bonne. Peut-être nous dira-t-il à
son tour : « si tu me cherchais c’est que tu m’avais déjà
trouvé » ! Au moment de l’ultime voyage s’il n’y a que
le néant, toutes les fureurs, tous les massacres perpétrés
en son nom, les atrocités de nos guerres de religions
n’auront été que bêtise et méchanceté gratuites… et je
n’ai pas l’intention par mon inaction d’être complice de
cette bêtise et de cette méchanceté , aussi vous me voyez
heureuse de participer modestement à votre lutte.
93
3
94
La magistrate haussa un sourcil, un seul ! Cette indé-
pendance des sourcils qui me parut difficile à réaliser en
ce qui concerne les miens m’amusa bien que ce geste fut
manifestement un signe d’embarras pour elle, mais elle
n’éluda pas l’interrogation :
La psychiatre demanda :
95
forme écrite, nous détruirons ses documents immédia-
tement après en avoir pris connaissance et il n’aura pas
à répondre de nos décisions puisqu’il ne participera
pas à nos délibérations...Aux termes de nos débats qui
seront uniquement verbaux et sans pièces écrites nous
informerons Serge et Régis de notre verdict pour lequel il
sera bon d’utiliser un code, par exemple « non » si nous
décidons qu’il n’est pas opportun d’intervenir ou « oui »
suivi des coordonnées de la personne concernée si nous
préconisons la condamnation…dans cette hypothèse,
n’ayant donné qu’un avis consultatif seul le « pouvoir
exécutif » que nous ne connaissons pas sera responsable
de l’exécution si elle se produit et il est important que
nous n’ayons pas à connaître de la manière dont une
suite sera donnée à notre décision.
« Que nous n’ayons pas à connaître de la manière dont
une suite sera donnée » me parut être un exemple parfait
du plus pur jargon judiciaire. Après quelques secondes de
silence elle rajouta :
96
responsabilité sur ce qu’a fait le chaînon précédent et fera
le suivant… Toutefois je ne peux pas vous garantir une
impunité totale et si certains d’entre vous ne souhaitent
pas courir le risque et préfèrent se retirer, nul ne les
jugera mal je pense.
La psychiatre répondit :
97
Jean-Michel leur décocha un beau sourire :
J’intervins alors :
98
Nous avons alors échangé nos numéros de téléphone, puis
après avoir pris congé des autres participants je demandai
à Jean-Michel de rester quelques minutes de plus. Lorsque
nous fûmes seuls je lui remis une enveloppe dans laquelle,
selon Virginie, il trouverait 15 000 € en espèces pour ses
premiers frais, le règlement de ses honoraires, la rému-
nération de son équipe et de ses indicateurs ainsi que les
informations de la DGSI concernant le projet d’attentat qui
devait se dérouler à Nice.
En rentrant chez nous je dis à Régis :
99
– D’accord je me mets en réserve du projet, ce qui ne
signifie pas que je m’en désintéresse aussi tu me tiendras
au courant de tout ce qui va se passer.
– Évidemment !
100
Première affaire
1
JM Rapport n°1
« Il y a environ trois mois, deux hommes : Anton Muntrean,
36 ans et Grigore Bordeyan, 28 ans, sont partis de Slobodia,
petite ville située en Transnistrie, province prorusse, ortho-
doxe et sécessionniste de la Moldavie. Après avoir traversé
la Moldavie et la Roumanie les deux hommes sont entrés
sans encombre dans l’espace Schengen par la Hongrie puis
ont gagné la Slovaquie, l’Italie avant de rejoindre Nice où
103
ils ont déposé deux dossiers de demandeurs d’asile en
suivant la filière officielle.
104
Leurs dossiers sont aujourd’hui à l’instruction et en attente
de la décision de l’Ofpra qui devrait intervenir dans un
délai de six ou dix mois. Actuellement ils résident donc
tranquillement et en toute légalité à Nice chez des membres
de leur famille, immigrés Moldaves de seconde génération.
Un mois plus tard un dénommé Dorian Ardelyan, mol-
dave également mais originaire de Chisinau, a suivi le
même chemin mais son voyage s’est arrêté à Rome. À
peine arrivé, il a transmis un message à Anton Munteanu
par l’intermédiaire du dark web.
Les immigrés provenant d’un ancien pays du bloc sovié-
tique sont particulièrement surveillés car de gré ou de force
ils sont souvent sous l’influence des services secrets russes
qui ne nous veulent pas que du bien. Ce message et la
réponse qui suivit furent interceptés à la fois par L’Agence
de renseignement et de sécurité intérieure italienne (en
italien : Agenzia informazioni e sicurezza esterna, AISE) et par
la DGSI (direction générale des services intérieurs) française.
Les deux phrases étaient curieusement écrites dans une
langue inconnue qui se révéla être parlée uniquement par
les Gagaouzes, peuple très minoritaire et farouchement
chrétien orthodoxe vivant en Moldavie également. Pendant
plusieurs jours on chercha d’abord un interprète car le
gagaouze ne figure même pas dans la liste des langues du
traducteur Google, puis on tenta de comprendre le sens
des deux messages enfin traduits.
Message :
105
Réponse :
106
vidéosurveillance de la mairie le repérèrent, ce qui lui parut
encore plus bizarre.
Un indicateur prévint la DGSI que Anton Munteanu,
l’autre transnistrien, venait discrètement de commander
des kalachnikovs, armes désormais pratiquement en vente
libre chez tout bon trafiquant moyennant quelques cen-
taines d’euros. À ce niveau on envisagea de mener une
perquisition chez ces hommes mais ce projet fut rapidement
abandonné. Comme les terroristes conservent rarement
leurs armes chez eux on jugea qu’une telle action eut été
contre-productrice et risquait de les pousser à entrer en
clandestinité ou de précipiter leur passage à l’acte. On
craignait aussi de déclencher les foudres et les cris d’orfraie
de certaines associations humanitaires trop naïves qui
n’hésitent jamais à accuser les services de renseignements
d’acharnement raciste… publicité mal venue pour ces
services un peu spéciaux qui souhaite absolument rester
dans l’ombre. Comme on s’approchait dangereusement
de la semaine de Pâques, période idéale pour un attentat
contre les chrétiens, la DGSI fit des rapprochements qui
lui parurent judicieux voire inquiétant et les transmit aux
instances supérieures qui en touchèrent deux mots à un
professeur de criminologie… pour avis.
Paranoïaque diront certains, simplement lucide affirme-
ront d’autres, celui-ci alerta un ami député qui prévint un
de ses rares collègues non sectaire de l’opposition. Effrayés
du scénario terrifiant qui semblait se dessiner sous leurs
yeux ils décidèrent d’agir en créant une première juridiction
occulte mais légitime selon leurs principes, légère, efficace
107
car non plombée par une réglementation absurde, obsolète
et à bout de souffle, une structure chargée de s’opposer au
besoin par la force à cette menace… Cette structure, vous
l’avez reconnue c’est nous !
J’ai tenté d’acertainer [Note de l’auteur : verbe rarement
employé qui signifie « permettre de considérer comme sûr »]
leur scénario dramatique. Malheureusement le temps me
manqua. Les investigations chez les Moldaves, communauté
extrêmement fermée et méfiante sont difficiles et longues,
toutefois, bien rémunérée pour l’occasion une de mes
indicatrices, prostituée d’origine roumaine (il faut rappeler
que la langue officielle de la Moldavie est le Roumain),
a réussi à séduire Munteanu. Un soir d’orgie ils (surtout
lui) ont beaucoup bu, consommé de la drogue puis couché
ensemble. Au cours de la nuit, saoul d’alcool, de cocaïne
et de sexe il s’est vanté, lui bon chrétien orthodoxe d’être
celui qui déclencherait bientôt la guerre civile et religieuse
entre les Français catholiques et les Musulmans puis lui a
montré des cagoules noires et des tracts portant un dessin
de croix gammée. Pour sa sécurité elle a joué à l’imbécile,
fait mine de ne pas comprendre, n’a pas demandé plus de
détails et m’a transmis l’information brute.
À ce stade et pris par le temps je le rappelle, puisqu’il
s’agirait de faits qui se dérouleraient dans une douzaine de
jours au moment de la rédaction des présentes, je ne peux
donc vous transmettre que l’ébauche d’un scénario, une
théorie, une hypothèse qui rejoint et renforce celle du crimi-
nologue, une conjonction de préoccupations suffisamment
108
graves pour être prises au sérieux. Voici ce qui risque de
se produire :
109
Italiens n’aiment pas qu’on assassine ses Papes ou qu’on
tire sur les pèlerins qui se pressent au Vatican on peut
imaginer que leur réaction serait également sanglante, la
mèche de la grande déflagration en forme de guerre civile
et religieuse entre chrétiens et musulmans s’allumerait,
pour le plus grand profit de la Russie qui souhaite depuis
longtemps désorganiser nos sociétés démocratiques
pour avoir les mains libres dans ses tentatives de recréer
l’empire soviétique ou tsariste.
Bien sûr je ne peux vous pas garantir la justesse absolue
de notre hypothèse, il ne s’agit là que d’une trame drama-
tique, terriblement plausible mais d’une simple trame tout
de même ! Si je devais donner une note de probabilité de
passage à l’acte je l’évaluerai à 99 %.
Dernier élément permettant de nourrir vos réflexions :
Pièces jointes :
– Photos des deux hommes concernés par mon enquête.
– Leur adresse ».
Fin du rapport de JM
110
2
111
pour aller à la chasse mais comment expliquez-vous
qu’un des hommes se soit vanté auprès de sa maîtresse
d’un soir d’être celui qui déclencherait bientôt la guerre
civile et religieuse entre les Français et les Musulmans
puis lui a montré des cagoules noires et des tracts portant
un dessin de croix gammée ?
112
– Le doute doit profiter à l’accusé mais il s’agit là d’un
principe du droit ordinaire non applicable à notre déli-
bération puisqu’il concerne habituellement une personne
accusée d’une action qui s’est déjà produite. Dans ce cas,
la condamnation ou la relaxe entraîne des conséquences
uniquement pour la personne incriminée car le droit
pénal français ne se préoccupe jamais des victimes, même
si une condamnation apaise parfois collatéralement et
psychologiquement les familles. À celles et ceux qui
redouteraient de prendre une mauvaise décision, crainte
légitime liée au doute qui subsiste je répondrai : nous
sommes ici pour juger de l’opportunité d’empêcher des
hommes de commettre une folie qui va sans doute faire
des centaines, voire des milliers de morts.
113
soit pas générateur d’impuissance comme trop souvent.
Il permet peut-être de se poser les bonnes questions
au bon moment mais aujourd’hui il n’est plus temps
de douter mais de décider, j’irai presque jusqu’à dire
que le principe devrait désormais pour nous s’énoncer
ainsi : « le doute doit profiter à ceux qui risquent d’en
être les victimes » ! De plus malheureusement quel que
soit notre jugement celui-ci ne sera jamais neutre et nous
procurera vraisemblablement longtemps soit des regrets
soit des remords !
L’avocat l’interrompit :
114
– Si cela va sans dire cela va mieux en le disant. Si je
comprends bien votre position est la suivante : « il vaut
mieux se hasarder à condamner deux innocents que
prendre le risque de laisser périr cent victimes » et je
suis tout à fait d’accord avec vous.
À ma grande surprise la psychiatre reprit un argument
proche de ceux avancés par le député pour me convaincre :
115
mains levées, donna six voix pour la « neutralisation » des
deux hommes soupçonnés.
Au dos des photos des deux condamnés qu’elle me remit,
la magistrate avait inscrit, outre leurs noms et leur der-
nière adresse connue, le mot « Oui » ! Ce fut la seule trace
matérielle de cette réunion. Avant de partir le rapport de
JM avait été brûlé dans la cheminée de l’appartement et
les cendres tisonnées. Une heure plus tard les deux photos
étaient dans la boîte aux lettres de la bergerie de Virginie…
Lorsque le lendemain, conformément à ma promesse je
narrai par le menu les péripéties de la réunion à Régis il
répondit sans hésitation :
116
3
117
(à la ville et au monde). Plusieurs armes automatiques
ont également été découvert dans une…
– Certaine !
118
Saint Thomas ne croyait, dit-on, que ce qu’il voyait !
Aujourd’hui, les algorithmes des navigateurs internet et
de nos réseaux sociaux analysent sans cesse nos moindres
interventions ou recherches et proposent prioritairement
en retour des occurrences liées aux opinions exprimées et
aux sites consultés, limitant ainsi nos possibilités d’avoir
accès à un éventail d’informations contradictoires. De ce
fait, contrairement à Saint Thomas qui, n’étant ni un lapin
de trois semaines ni homme à gober des sornettes ne croyait
que ce qu’il voyait, les hommes de notre 21e siècle ont pris
l’habitude de ne voir que ce qu’ils croient, ce qui n’est pas
un progrès civilisationnel.
Comme tout un chacun j’avais donc pris l’habitude de ne
voir que ce que j’avais envie de croire… et j’avais envie de
croire en ce que me disait Virginie !
Je l’ai donc crue !!
119
internautes firent circuler une rumeur qui se répandit à
la vitesse de la lumière (et non « comme une traînée de
poudre » ainsi que l’aurait écrit un écrivain du 20e siècle
ne reculant devant aucune banalité ) :
120
Toujours prêts à courber la tête devant les menaces,
certains partis politiques prompts à trouver des excuses
sociologiques aux terroristes considérés par eux comme
de pauvres gens ayant eu une enfance difficile et prônant
inlassablement la capitulation devant nos ennemis firent
profil bas. Le triste clown hargneux qui leur servait de
« maître à ne pas penser » ou de « porte-abois » (mauvais jeu
de mots avec porte-voix) ferma sa grande gueule quelques
jours et ce silence nous donna l’impression délicieuse d’être
en vacances ! (Je me permets de préciser que lorsque je parle
d’un clown hargneux et de sa grande gueule il ne s’agit
nullement d’insultes mais d’une simple description, assez
réaliste il faut bien l’avouer ! Et pour clore le sujet sachez
que je n’ai rien contre les clowns, qu’ils soient tristes ou gais
dès lors qu’ils ne passent pas leur temps à scier la branche
sur laquelle nous sommes tous assis en se croyant malins.)
121
Seconde affaire
Petit aparté
124
1
125
malfaiteurs signalé par JM m’a amené à lui conseiller de
prendre provisoirement de la distance avec notre projet.
Toutefois je le tiens fidèlement informé de vos travaux.
126
– Je trouve que la médiatisation de ce « justicier inconnu »
sortant de nulle part est un coup de génie propre à réveil-
ler une conscience collective qui obligera les gouvernants
à se bouger les fesses.
127
dames au cerveau malade) il communiqua d’une manière
grossièrement codée, tant par écrit que par téléphone,
avec une amie d’enfance, une certaine Charlotte Millon,
Cannoise âgée de 25 ans déjà soupçonnée de radicalisation.
Après avoir brillamment terminé ses études d’architecture
cette jeune femme semble avoir complètement dérapé
d’après ses voisins. Les femmes jihadistes ont longtemps
été considérées comme étant uniquement des victimes sous
emprise amoureuse, certaines le sont sans doute mais l’idée
de femmes entraînées de force à commettre des actions
criminelles est une absurdité, les femmes radicalisées sont
aussi, sinon plus dangereuses que les hommes.
Leur petit manège fut vite percé à jour. Les services péni-
tentiaires transmirent copie des lettres et de la teneur des
communications téléphoniques aux services de renseigne-
ments et on comprit après le décodage de leur correspon-
dance que les projets des deux faux tourtereaux étaient
très inquiétants :
Dans le cadre de leur « allégeance » ( terme qui signifie :
soumission, fidélité et vœu d’obéissance) à ce « plaisant état
islamique » qui pouvait se vanter d’avoir attiré à lui tous
les damnés et les tarés de la terre, soucieux de concrétiser
leur asservissement au diable par un acte spectaculaire voici
donc leur projet, pas si fou qu’il n’y parait et redoutable
d’efficacité dans sa simplicité :
Cette année 2025 le festival de Cannes se tiendra du 16 au
27 mai. Scarlett Johansson, actrice mondialement connue,
viendra le 21 pour présenter son nouveau film projeté hors
128
compétition, Lucy 2, réalisé par Luc Besson avec lequel
elle avait déjà tourné le premier Lucy. Il faut savoir que les
célébrités arrivent près du Palais des festivals en limousine,
véhicule qui part immédiatement après avoir déposé ses
occupants pour laisser place à la limousine suivante, ballet
réglé à la minute près. L’apparition de l’actrice et du cinéaste
au pied de l’escalier sera un des moments forts de la journée
où pendant de longues minutes ils se laisseront admirer et
mitrailler par les flashs des photographes venus du monde
entier pour l’occasion, moment fort mais aussi instant de
flottement pour le service de sécurité plus bon enfant que
vraiment efficace, souvent débordé par les fans, les journa-
listes et les paparazzis. Dès leur arrivée Quentin appellera la
direction du Palais pour les alerter sur la présence probable
d’une bombe dissimulée dans la salle de projection. Les
portes de la salle seront alors fermées précipitamment,
Scarlett Johansson et Luc Besson se retrouveront bloqués
au pied de l’escalier d’honneur, sans voiture dans laquelle
se réfugier. Jouant des coudes en brandissant un carnet et
un stylo Charlotte s’approchera de l’actrice sous prétexte
de demander un autographe, elle lui tranchera la gorge
avec un cutter dissimulé dans le revers de son jean puis à
la faveur de la bousculade elle disparaitra dans la foule.
Une variante est prévue : si tout se passe bien et si la
situation s’y prête, après avoir frappé l’actrice Charlotte
égorgera également Luc Besson. Dans son dernier cour-
rier elle a annoncé à son complice qu’elle ne craignait
pas d’être arrêtée puisqu’elle vivrait alors sa journée de
gloire mondiale… à l’inverse, la France démontrerait son
129
incapacité à protéger ses invités célébrissimes et connaitrait
sa journée de honte internationale. Le Festival de Cannes
ne s’en remettrait pas !
Un ami proche des services de renseignements m’a com-
muniqué la copie des courriers décryptés et des échanges
téléphoniques qui sont plus qu’inquiétants. On peut bien sûr
imaginer que ce ne sont que vantardises de gens dérangés
et d’ailleurs s’ils étaient interpellés maintenant ils auraient
beau jeu de prétendre qu’il ne s’agit que d’élucubrations
sans conséquences, mais après avoir fait une enquête de
personnalité concernant la fille, décrite comme une femme
froide, intelligente et déterminée, si je devais donner une
probabilité de passage à l’acte elle serait de 98 %.
Maintenant, comme à mon habitude je vous laisse le soin
de juger de la conduite à tenir…
Pièces jointes :
Fin du rapport de JM
130
2
– Pourquoi ?
131
– Pourquoi quoi ? (Tournure littéraire interrogative peu
élégante mais efficace).
– Comment pouvons-nous comprendre que de jeunes
français appartenant à une catégorie sociale moyenne-su-
périeure, issus de familles respectables, élevés par des
gens raisonnables, ayant réalisé un parcours d’études
valorisant, se retrouvent à renier leur famille et à adhérer
à une idéologie se situant aux antipodes de leur culture
et de leurs valeurs, cette radicalité inhumaine qui les
mène tout droit vers la barbarie ?
132
famille ni par la société. Certaines personnes désorientées
s’en remettent alors logiquement à celui qui semble tout
savoir du sens de l’existence et l’exprime de manière
simple voire simpliste : guide religieux, homme politique,
gourou. Heureusement cette démarche aboutit rarement
à une dérive radicale, celle-ci se produit uniquement
lorsque le discours consiste à nier l’autre, son droit à vivre
autrement et à croire différemment. La radicalisation à
laquelle s’adjoint parfois la toxicomanie et la délinquance
est un désastre qui nous parle autant des impasses de
la modernité que du désarroi profond de l’adolescence,
moment de métamorphose qui touche à la construction
intime de l’être et…
133
des oripeaux de l’inhumanité. Se radicaliser est une
option diabolique et non une alternative religieuse, c’est
faire le choix d’adhérer à une abomination vomie par
Dieu quel que soit son nom et de rejeter tout ce qui fait
notre humanité. Etre fanatique, c’est choisir sciemment
de se retrancher de la communauté des hommes…
donc de jouir de la protection de ses lois. « On juge un
arbre à ses fruits » dit-on, ces criminels qui professent
« l’islamisme », idéologie ne sachant fabriquer que des
fous furieux et meurtriers à qui on promet le paradis en
récompense de leurs saloperies, savent-ils que d’après
le Coran « le monde d’ici-bas est le champ que nous
cultivons pour en récolter les fruits dans l’Au-Delà » ?
quelle récompense peuvent-ils espérer pour leur inhu-
manité ? Peut-on prétendre glorifier un créateur en tuant
ses créatures ? l’Islam n’est pas cela, c’est une religion
éclairée qui a produit dans le passé nombre de médecins,
astronomes, chimistes, écrivains, peintres, sculpteurs,
artisans, architectes… (cette intervention qui transcen-
dait mon récit méritait en elle seule le Goncourt ou le
Renaudot, quoique de tels prix soient habituellement
décernés à des romans où il ne se passe pas grand-chose
et dans ce cas celui-ci n’a aucune chance.)
Nathalie intervint :
134
ne sommes pas confrontés à des adolescents mais à des
adultes âgés de 25 et 26 ans dont l’un a vraisemblable-
ment commis des atrocités en Syrie, deux salopards
disposés à égorger des artistes et à ridiculiser leur pays
à la face du monde.
135
équipé d’un bracelet électronique avec l’interdiction de
quitter son département ? Vous en êtes sûre ?
– Certaine !
– C’est tout ce qu’on avait trouvé pour protéger la société
de ce fou furieux ?
– C’est tout !
136
En réponse elle souleva les cheveux qui cachaient son
oreille gauche et murmura :
137
3
138
uniquement ce que j’avais envie de croire ? Il me sembla
même que l’un d’eux prétendit : ce matin la France se
réveille heureuse, fière et combattante…
…Et pour la première fois depuis le début de cette aventure
Virginie nous invita à venir chez elle :
139
Troisième affaire :
Les Sortants
(de ce fait la seconde affaire passe au statut de deuxième )
1
Etc.
Dieu seul sait pourquoi j’eus le sentiment bizarre que
s’ils s‘étaient déplacés pour me submerger de compliments
c’était surtout pour me faire « avaler une couleuvre » (à
l’intention de mes lectrices belges et canadiennes avaler
une couleuvre signifie manifester une grande naïveté ou
accepter des affronts sans réaction apparente). Ce sentiment
se révéla rapidement revêtu du sceau de l’authenticité et le
reptile à avaler fut gros, plus proche de la taille du boa que
de celui de la vipère de nos régions ! Toutefois, n’ayant pas
mérité d’affronts je pensai qu’ils allaient plutôt s’adresser à
142
ma naïveté et n’étant pas totalement ingénu je rassemblai
mes forces morales et intellectuelles puis me tint prêt à
livrer bataille pied à pied.
Ce fut le criminologue, homme subtil, qui s’y colla en ne
craignant pas d’avoir recours au subjonctif :
143
Je répondis :
144
– Tous les détenus seront vaccinés par injection d’un
produit provenant des laboratoires Pfizer ou Moderna…
sauf les 17 enragés qui recevront une dose de Bacillus
anthracis.
– Bacillus anthracis ?
– Il s’agit de la bactérie responsable de la maladie du
charbon.
145
un contact avec des animaux infectés, à une injection
de produits contaminés ou à une seringue souillée chez
des utilisateurs de drogues injectables. La majorité des
détenus étant consommateurs de stupéfiants leur conta-
mination ne devrait pas alerter les autorités officielles
outre mesure, d’autant qu’il est à parier que dès leur
libération les personnes dont nous parlons n’auront
qu’une envie : disparaître dans la nature pour préparer
leurs sales coups. Dernier élément intéressant, cette
maladie ne se transmet pas d’homme à homme, nous ne
risquons donc pas de créer une épidémie incontrôlable !
– Qu’en pensez-vous ?
146
2
147
une telle idée… sans compter que j’étais moi-même loin
d’adhérer pleinement au concept !
J’allais m’exprimer en ce sens lorsque la pétarade d’une
moto se rapprocha, le bruit vint mourir devant la bergerie
puis la porte s’ouvrit… sur Adrienne.
Elle avait fait un effort de toilette : vêtue d’un pantalon
cargo vert, d’un pull rouge dépassant d’une veste à capuche
verte et chaussée de baskets « Triumph » de chez Adidas
elle avait presque l’air d’une femme. Comme elle est très
petite, si elle avait rabattu sa capuche sur sa tête on aurait
pu imaginer que l’on venait de rencontrer le petit chaperon
vert. (Ayant hérité d’un daltonisme prononcé la justesse
des couleurs n’est pas garantie mais je les ai vues ainsi et
pour moi le petit chaperon fut toujours vert.)
Virginie lui proposa un verre de champagne qu’elle refusa.
148
droite de l’un des deux terroristes étaient tous fracturés
ce qui nous a beaucoup surpris.
– Oui, ça c’est moi. J’ai appris qu’il avait acheté des armes
et j’ai « pris sur moi de le questionner un peu » sur
l’identité du vendeur.
– Vous l’avez questionné ?
– Oui et comme il se faisait un peu prier je lui ai cassé
quatre doigts jusqu’à ce qu’il parle.
– Quatre doigts ? Les infos parlent de tous les doigts.
– Oui, le dernier c’était pour le punir de m’avoir énervée.
– Alors l’élimination du troisième homme c’est vous ?
– Ben oui ! Puisque j’étais là je me suis dit « autant aller
au fond des choses pour ne pas faire de déplacements
inutiles », mais rassurez-vous le troisième « je vous l’ai
fait gratuitement, pour le plaisir », moi aussi je suis
patriote.
149
Tristement me sembla-t-il elle répondit :
150
déforment mes propos : peut-être était-elle vicieuse, totale-
ment perverse et extrêmement dangereuse mais le regard
triste qu’elle me lança après avoir déclaré « ce fut un grand
moment de solitude ordinaire donc de bonheur » démentait
ses paroles et me donna à penser que cette femme était
surtout très malheureuse du fait de sa laideur et de son
isolement social !
Son regard croisa le mien quelques secondes, une minus-
cule larme perlait au coin de ses yeux et peut-être ressen-
tit-elle l’immense compassion que j’éprouvai pour elle à
cet instant. Elle était donc susceptible de percevoir des
émotions ? Régis aurait dit « même les monstres ont des
sentiments » !
Dieu me garde d’inspirer un jour des sentiments à
Adrienne…
151
3
152
Avec un petit sourire moqueur il répondit :
153
la légitime défense, nous voulons absolument respec-
ter une procédure préalable d’instruction et de débats
contradictoires menés par un jury populaire qui décide
de la suite à donner. Je vous rappelle l’Article 3 de la
déclaration des droits de l’homme et du citoyen « Le
principe de toute souveraineté réside essentiellement
dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer
d’autorité qui n’en émane expressément » en France le
peuple est donc souverain, en tant que représentant du
peuple souverain ce jury bien que clandestin prend des
décisions et prononce des verdicts que nous considérons
comme seuls légitimes.
154
Dans la vie il y a ce que les gens nous disent, ce que
l’on entend et souvent les deux compréhensions sont très
différentes. Certains affirment même « l’important n’est
pas ce que l’on dit mais ce que les autres comprennent ».
Il me parlait « remboursement de frais » et j’entendais « si
vous acceptez cet argent vous devrez faire ce que l’on vous
demande sans discuter ».
155
Mon prix est excessif : la mer, le soleil,
des oliviers tordus, quelques pins nonchalants,
lavandes, romarins tout bourdonnants d’abeilles
et la soie de la peau de belles au cœur brûlant...
– Vous avez raison, ce tarif est trop élevé pour nos petits
moyens.
156
4
157
en état d’urgence absolue et ni les familles ni les voisins
des meurtriers n’ont vu venir le drame. Dans l’affaire
de Bacillus anthracis qui nous préoccupe il s’agit de 17
radicalisés qui sont en prison pour être déjà passés à
l’action, ils rêvent de recommencer et ont annoncé leurs
intentions haut et clair ! En déduire un ratio n’aurait
aucun sens mais on peut craindre une multiplication
des victimes et un nombre exponentiel de morts si nous
n’intervenons pas AVANT ! Je sais, ce que nous vous
demandons de faire peut heurter votre sensibilité mais
il faut absolument que vous mettiez ce sujet très vite à
l’ordre du jour de votre prochaine session…et il faudra
que vous soyez convaincant. De notre côté tout est prêt,
nous n’attendons que le « oui » des jurés. Les produits
seront administrés en double « aveugle », c’est-à-dire
que le préparateur des produits injectables et le médecin
vaccinateur seront persuadés avoir protégé les sortants.
Je précise que notre action s’étirera dans le temps au
fur et à mesure des sorties de prisons que nous aurons
à traiter et si un élément nouveau venait à modifier
notre appréciation sur tel ou tel personnage nous vous
préviendrions immédiatement. Maintenant je vous laisse
face à votre conscience, vous devez faire confiance à
la petite voix cachée à l’intérieur de vous, elle indique
exactement ce qu’il faut décider et souvenez-vous : vous
n’avez pas le pouvoir de choisir quand et comment vous
allez mourir, mais vous pouvez décider comment vous
allez vivre, debout et fier… ou à genoux et en tremblant,
158
redoutant à chaque instant qu’un couteau ne vous égorge
ou n’égorge vos enfants !
159
– Quelle promesse ?
– Le commanditaire de l’assassinat de son père aurait dû
être le premier à goûter aux poings d’Adrienne.
160
Pour en revenir à l’action que nous avions entreprise,
elle paraissait salutaire et légitime puisque ceux qui nous
attaquaient s’étaient eux-mêmes mis hors de la protection
de nos lois mais vous l’avez compris j’avais le souci constant
de ne pas perdre mon âme ! Désavouer l’humanité d’un
ennemi même monstrueux ne serait-il pas la meilleure
façon de perdre la mienne ? Eternel problème jamais résolu.
161
5
– Enfin !
La psychiatre déclara :
– Comme nos années 70/80 paraissent loin. J’aimerais que
mes filles et mes petites filles connaissent le bonheur de
vivre libres comme nous l’avons connu lors ces années
162
bénies, qu’elles éprouvent le plaisir de se promener
en mini-jupe, cheveux au vent, de s’assoir à la terrasse
d’un café sans risquer de se faire traiter de pute ou de
se faire égorger.
Sur l’instant je ne vis pas clairement le rapport de sa tirade
avec mon propos. L’avocat me stupéfia :
163
– Il faut tarir le flot des fous-furieux et s’attaquer aux
« sortants » est une excellente idée de base… en attendant
mieux.
164
femme choisit la personne qu’elle souhaite épouser et
n’est pas contrainte à épouser l’homme que d’autres ont
choisi pour elle, les mariages d’enfants qui sont courants
et normaux chez certains sont des abominations pour
nous. Comprenez-moi bien, mon propos n’est pas de
dénier aux autres leur droit de vivre chez eux comme
ils l’entendent mais de leur dénier le droit de nous dire
comment nous devons vivre chez nous ! Là est toute la beauté
de l’action de notre tribunal de l’ombre et c’est là qu’il
prend tout son sens !
– « Sortants : oui ».
165
– Le commanditaire de l’assassinat de votre père est en
phase finale dans un service de soins palliatif pour un
cancer du poumon.
Elle répondit :
– Bien sûr.
166
– Souscrire une assurance-vie n’a jamais fait mourir
personne, sauf quelques vieux maris envahissants ou
certaines femmes trop emmerdeuses.
167
voix, sans doute celle de la raison, se fit entendre : « tu es
en train de tomber amoureux mais souviens-toi que tu n’es
plus de première jeunesse ».
Je sais que certains esprits chagrins se moqueront de moi
et prétendront que seuls les jeunes peuvent être amoureux
mais je leur répondrai :
168
Mistral, il me sembla que l’un d’eux glissait quelque chose
dans la main d’un passant… Ils me suivirent des yeux !
Une heure plus tard la demi-feuille de papier comportant
le verdict du tribunal de l’ombre était dans la boite aux
lettres de Virginie.
169
6
170
Questions au
gouvernement
Toutes ces opérations surprises s’étaient déroulées en
un temps relativement bref, elles semblaient avoir pris
de court et tétanisé les deux chambres du parlement. Ce
ne fut qu’après les vacances parlementaires d’été, soit le
trois octobre, qu’une députée de l’opposition de gauche
interpella le gouvernement en ces termes :
172
François et sur les fidèles massés sur la place Saint Pierre en
criant également « Allahou Akbar » pour les mêmes raisons !
Le vendredi suivant, jour de grande prière pour les musul-
mans, Grigore Bordeyan le troisième homme conjecturait
de pénétrer dans la mosquée de Drancy pour tuer un
maximum de gens en prière tout en laissant derrière lui de
nombreux tracts la mention : « Vengeons le Pape, la France
aux Français, les Arabes dehors » ou autres gentillesses,
tracts revêtus d’une croix gammée pour accréditer la thèse
d’une action vengeresse de l’extrême droite française, action
ayant pour finalité de déclencher une guerre civile et reli-
gieuse entre les communautés catholiques et musulmanes.
Voici Madame la Députée le pedigree et les intentions de
vos pauvres immigrés qui avaient obtenu notre protection
et tenaient ainsi à nous en « remercier ». Je tiens d’ailleurs
à votre disposition toutes les preuves de ce que j’avance.
Quant à l’intervention d’un ou plusieurs justiciers notre
pays ne manquent pas de gens courageux prêts à défendre
leur patrie, le fait de se défendre n’a rien à voir avec la
morale ou la vengeance, il s’agit d’un droit et même d’une
obligation sacrée envers notre pays et nos familles.
Un second parlementaire, s‘étonnant que la police et la
justice ne soient pas encore sur la piste de ce « justicier »
et ne l’aient mis déjà hors d’état de nuire, fut sèchement
rabroué :
173
à ceux qui commettent des actions préjudiciables à la
société, dans le cas que vous évoquez aucun préjudice
envers la communauté nationale n’a été constaté, tout
le rebours ! Et s’il fallait mettre hors d’état de nuire
ceux qui le méritent, parmi certains qui siègent sur les
bancs de cette assemblée j’en connais plusieurs qui ne
dormiraient pas chez eux ce soir ! Ceci dit je vous annonce
que des investigations sont lancées mais ni vous, pouvoir
législatif, ni nous, pouvoir exécutif, n’avons le droit de
nous immiscer dans l’enquête en cours.
174
nous transmettait souvent des informations sur les dossiers
les plus sensibles, il n’était donc pas étonnant que la police
traîne les pieds pour enquêter sur « le justicier », ce Zorro
moderne dont les activités arrangeaient tout le monde !
Et moi je me sentais de plus en plus comme un agneau au
milieu d’une horde de loups… autrement dit « un herbivore
parmi les carnivores » !
175
Quatrième affaire
1
179
comme étant des « combattants » avec les risques que ce
statut guerrier implique pour celui qui s’en prévaut avaient
joué et perdu. Ces « soldats de l’ombre » avaient été vaincus
à la régulière par un « tribunal de l’ombre », démontrant
ainsi que lorsque nous combattons avec les mêmes règles
nous sommes aussi bons, sinon meilleurs qu’eux !
Imaginons que ce tribunal n’ait pas existé, nous serions
en train de compter nos morts, défilant misérablement et
inutilement dans les rues avec nos bougies et nos fleurs en
écoutant les aboiements hargneux du triste sire qui nous
aurait expliqué que nous récoltions ce que nous avions semé
en ne nous soumettant pas à l’agresseur, rappelant les lâches
discours des pacifistes de la guerre froide : dans les années
70/80 l’Union soviétique avait installé des missiles SS20
en Allemagne de l’Est pour terroriser les pays occidentaux
et comme ces pays menacés prétendaient se défendre,
cette même URSS avait financé des réseaux pacifistes qui
déclaraient préférer une vie sous le joug soviétique plutôt
que risquer leur existence pour défendre leur liberté et
parcouraient le pays en scandant le mot d’ordre suivant :
180
ou vivre à genoux. Ceux qui choisirent de vivre à genoux
finirent à plat ventre dans la boue, n’ayant plus rien d’hu-
main, piétinés par leurs maîtres et quand on connait la
qualité de vie des habitants des pays vivant sous la botte
russe ou sous la tyrannie islamiste…
Finalement on ne pouvait que se féliciter d’un résultat
satisfaisant dans tous les domaines y compris sur ceux de
l’éthique et de la moralité auxquels je tenais tant. De plus
il n’y avait pas apparence que les libertés fondamentales
des populations à protéger eussent été bafouées !
Régis avait suivi toutes mes péripéties et, comme moi, il
avait applaudi.
181
2
182
ne craint pas le blasphème, notre laïcité qui met toutes les
religions sur le même pied, l’égalité des sexes, des gens
qui vivent sans Dieu s’ils le souhaitent, sont des choses
scandaleuses et abominables pour eux ». Nour fut scandalisé
par ce qu’il découvrit chez nous, il se crut arrivé en enfer et
se considérant comme important promit de sauver le monde
de l’immoralité de cette France qu’il détesta immédiatement,
cet endroit monstrueux où les femmes sont émancipées,
belles et les hommes libres de penser, ce qui ne l’empêcha
pas d’accepter RSA, allocations diverses, aide médicale
d’urgence provenant de nos mains vicieuses et corrompues.
Psychiquement instable il proclama son « allégeance » à je
ne sais plus quelle folle entité à la mode et se mit en tête de
s’attaquer au symbole le plus représentatif de notre pays,
gros morceau à avaler pour sa petite glotte.
Avez-vous déjà entendu parler de l’octanitrocubane ? Ce
nom barbare est celui de l’explosif non nucléaire le plus
puissant jamais fabriqué par l’homme. Conçu par des cher-
cheurs de l’Université de Chicago quelques grammes de ce
produit se sont révélés être monstrueusement destructeurs.
Extrêmement stable il peut être écrasé à coups de marteau
ou chauffé à plus de 200 °C sans provoquer d’explosion, ce
qui représente un avantage considérable par rapport à des
explosifs classiques tels que la nitroglycérine, la dynamite
ou le TNT. Les inconvénients principaux de ce composé
sont la difficulté de sa fabrication donc sa rareté et son prix,
environ 40 000 dollars le gramme.
En 2022 les services de la DGSI ont été alertés par la
société Tintinabul, fabricante d’explosifs, sur les démarches
183
répétées d’un individu se prétendant entrepreneur en
travaux publics et cherchant des renseignements au sujet de
ce fameux Octanitrocubane capable sous un faible volume
de déclencher des explosions titanesques. Depuis la loi de
2017 les conditions d’accès aux composants explosifs se
sont durcies en France, toute personne désirant acheter des
produits qui peuvent entrer dans la composition d’explosifs
doit désormais donner son identité et préciser l’utilisation
qu’elle compte en faire. Lorsque la secrétaire de la société
Tintinabul lui a demandé son identité il a failli l’agresser et
a quitté les locaux de la société en proférant des menaces.
L’information est remontée jusqu’à la DGSI qui a réussi à
identifier notre Nour Qurban grâce aux caméras de l’entre-
prise et a mis l’individu sous surveillance. On constata qu’il
poursuivait ses recherches internet sur le fameux explosif,
recherches considérées comme inutiles car jusqu’à ce jour
à notre connaissance seuls quelques kilos de cet explosif
ont pu être produits chaque année et sont stockés aux USA.
On s’est alors demandé pourquoi cet homme pouvait
avoir besoin d’un produit disposant d’un tel pouvoir des-
tructeur car les composants nécessaires à la fabrication des
ceintures d’explosifs utilisées lors d’attentats suicide et
faciles à fabriquer ne manquent pas. La réponse ne tarda
pas à émerger lorsqu’on découvrit qu’il passait le plus
clair de son temps à télécharger et étudier les plans de…
la tour Eiffel. Fondations, massifs d’ancrage, montage des
pièces métalliques, élévations, il était sans doute devenu
un véritable expert technique du monument.
184
Arrivés à ce stade de l’analyse vous me direz sans doute :
où est le problème puisque pour faire vaciller et démolir
la tour Eiffel il faudrait effectivement pouvoir placer des
explosifs extrêmement puissants sur les quatre massifs
d’ancrage de la tour dont les fondations descendent à 14
mètres, ce qui représenterait sans doute des quintaux sinon
des tonnes d’explosifs à transporter sans alerter la sécurité,
mission pratiquement impossible ? Seul l’octanitrocubane
présente le rapport adéquat « faible encombrement / puis-
sance d’explosion nécessaire » puisque la quantité d’explosif
nécessaire au projet pourrait être transporté sous la veste
d’un homme… et là vous me répéterez « où est le problème
puisque ce produit n’est pas disponible ? »
Vous comprendrez mieux notre souci lorsque vous
apprendrez que tout récemment un petit génie iranien a
réussi à imaginer un mode de fabrication relativement facile
et économique de l’octanitrocubane… Et les Ayatollahs
semblent bien disposés à fournir ou ont déjà commencé
à fournir un peu de ce produit aux gens présentant les
meilleurs projets susceptibles de nuire aux pays occiden-
taux. La destruction de la tour Eiffel, bien qu’étant un
acte uniquement emblématique serait d’une terrible force
symbolique, le symbole de l’abaissement de la puissance
occidentale et pour nous une honte absolue.
Les Américains et les Israéliens ont identifié le petit génie,
le lieu de fabrication de l’explosif et ils sont décidés à
éliminer le premier puis à détruire le second. En ce qui nous
concerne, au moment où je rédige ce rapport je ne sais pas
si Nour a déjà reçu le produit mais on le voit trop souvent
185
se promener du côté du Champ de Mars pour ne pas être
inquiet. J’attire également votre attention sur le rôle que
semble jouer un certain Julien Pascalini qui sous la couver-
ture d’un cabinet d’architecture a fait une fortune immense
dans le trafic d’armes et d’explosifs. Si l’octanitrocubane
devait être transféré en France ce monsieur Pascalini serait
le seul à avoir le carnet d’adresses et la structure permettant
d’assurer le transport et sa réception.
Vous trouverez ci-après les photos et coordonnées de
Nour et Pascalini en vous laissant le soin de donner à cette
affaire la suite qui vous semblera appropriée.
186
3
187
religions et de mondes différents qui croient arriver sur la
planète Mars en arrivant chez nous », et les aient reproduits.
La psychiatre nous produisit un gros morceau de bravoure
sur ce sujet :
188
Pour la première fois depuis la création de notre tribunal
de l’ombre il me sembla que les jurés ne prenaient pas au
sérieux le rapport spontané de JM et trouvaient loufoque
le fait que ce « Nour » veuille s’attaquer à notre tour Eiffel.
Nathalie fut obligé de « faire péter le poing sur la table ».
189
« saloperies ordinaires » qui se termine toujours par la
mort d’un ou plusieurs passants. Celui qui agit comme
un chien enragé doit être traité comme tel et il faut que
cela se sache : personne ne s’attaque impunément à nos
valeurs sans en payer le prix… Je propose de condamner
Nour Qurban ainsi que Julien Pascalini.
190
Benjamin Brocka
1
Je répondis :
192
là il n’y a aucun doute. Manifestement il connait votre
adresse ainsi que le lieu de réunion du tribunal.
Il sursauta :
– Vous me connaissez ?
193
à sa liberté au point de refuser toute publicité dans ses
colonnes. Que me vaut l’honneur de votre filature ?
Il parut étonné :
En riant je répondis :
– La vérité !
194
– Ce qu’il y a de terrible quand on cherche la vérité, c’est
qu’on finit par la trouver…et quelquefois c’est elle qui
nous trouve.
– C’est une menace ?
195
elle a annoncé à son complice qu’elle ne craignait pas
d’être arrêtée…… alors sa journée de gloire mondiale…
à l’inverse, la France démontrerait son incapacité à pro-
téger ses invités célébrissimes et connaitrait sa journée
de honte internationale. Le Festival de Cannes ne s’en
remettrait pas !
Pièces jointes :
– L’adresse de la fille
Fin du rap… »
196
J’étais paniqué, par quel miracle avait-il eu connaissance
de l’existence de nos petites réunions et comment pouvait-il
avoir récupéré des fragments des pièces écrites de JM
concernant la deuxième affaire ? Pourtant en ma mémoire
je revoyais Nathalie glisser le rapport dans l’enveloppe
puis déposer l’enveloppe dans la cheminée après lui avoir
mis le feu ? Il est vrai que ce jour-là nous sommes sortis
rapidement sans avoir tisonné l’enveloppe qui brûlait et
arrivés près de nos voitures nous avions beaucoup ri de ses
capacités à faire bouger ses sourcils et ses oreilles.
197
– Vous voulez me donner des leçons de légalité ? En
droit français, la protection des sources d’information
des journalistes est la base de la liberté de la presse. Les
journalistes professionnels ont le droit de prendre toutes
les précautions pour que leurs sources ne puissent être
identifiées contre leur gré afin de protéger la liberté de
parole de ces sources. Ils doivent respecter strictement
l’anonymat demandé. L’article 10 de la Convention
européenne des droits de l’homme, protège ce droit et
a fait l’objet d’une jurisprudence des plus protectrices
qui le définit comme une « condition essentielle au libre
exercice du journalisme et au respect du droit du public
d’être informé des questions d’intérêt général ».
198
– Qui est le justicier ?
– Je ne peux pas vous en dire plus mais priez le ciel qu’« il »
ne s’intéresse jamais à vous.
199
2
– Asseyez-vous et attendez-moi.
200
mensonge qui l’arrange, mensonge rebaptisé d’ailleurs
vérité alternative, à une vérité vraie qui la dérange. Bref
le journal a des problèmes de fins de mois et s’il refuse
la publicité il ne crache pas sur les subventions qui lui
tiennent la tête hors de l’eau… Vous comprenez ?
– Je comprends.
– Ceci dit si la direction sera certainement compréhen-
sive nos amis sont partisans d’envoyer parallèlement
Adrienne expliquer au journaliste qu’il serait bon pour sa
santé de nous rendre les documents entrés illégalement
en sa possession et d’oublier cette affaire. Il ne faudrait
pas qu’il poursuive son enquête et tente de la faire publier
dans un autre journal, c’est beaucoup trop tôt !
201
mal. En quelque sorte vous êtes l’agneau qui se retrouve
sans le vouloir au milieu d’une horde de loups, alors
faites-moi plaisir : écrivez les noms, les dates, les détails
concernant notre tribunal de l’ombre, tout ce qui peut
crédibiliser vos affirmations et déposez chez votre notaire
plusieurs copies de votre récit dans des enveloppes
portant l’adresse de deux ou trois journaux parisiens
et celle de la police en lui demandant de les poster s’il
vous arrivait malheur, et mine de rien glissez en un mot
à vos interlocuteurs lors de votre prochaine rencontre.
Ce sera votre assurance-vie !
202
3
203
– Mais non, je ne suis pas un monstre je lui ai simplement
fait la trouille de sa vie en m’inspirant d’ailleurs d’un de
vos livres. Je l’ai appelé hier en utilisant un téléphone à
carte prépayée et avec une grosse voix d’homme mais
très gentiment je lui ai dit : « Je suis le justicier, ce nom
vous évoque quelque chose ? » Il est resté silencieux, j’ai
poursuivi « ok, alors c’est moi qui parle et je serai bref.
Vous vous appelez Benjamin Brocka, vous enquêtez
pour le compte du journal Marseilactu, vous habitez une
jolie maison aux volets bleus allée du printemps dans
le 12e arrondissement de Marseille. Avec votre épouse
Marie vous avez deux délicieuses enfants prénommées
Marion et Alicia. Toutes deux sont scolarisées à l’école
privée Sainte Marie Blancarde. Vous vous intéressez à
notre œuvre de salubrité publique, œuvre dont nous
sommes fiers et nous n’aimerions pas que par votre faute
cette mission qui a déjà sauvé des dizaines de vies soit
contrariée. En résumé vous me cherchez au sens propre
comme au figuré et il serait dramatique pour votre famille
que vous me trouviez, vous comprenez ? »
Il a répondu :
– Je comprends parfaitement.
– « Bien. La santé de vos filles ne dépend que de vous,
je présume que vous ne souhaitez pas qu’elles soient
victimes d’un accident ou qu’elles disparaissent un jour
et vous reviennent en petits morceaux ? Vous avez 24
heures pour restituer l’original du document que vous
nous avez volé, déposez-le dans la boîte aux lettres de
204
l’appartement de Cannes puis oubliez-nous et il n’y aura
pas de drame. Sinon… » . Puis j’ai raccroché.
– Il devait être terrifié ?
– Vous pouvez dire épouvanté, et entendre proférer de
telles menaces sur un ton très aimable est pire que tout.
Bien sûr je ne ferai jamais de mal aux deux gamines mais
il n’en sait rien. Je crois que je lui ai foutu la trouille de
sa vie, j’espère que cela suffira à le faire tenir tranquille,
dans le cas contraire il est à craindre que ces messieurs
n’aient pas autant de scrupules avec lui ou sa femme.
Maintenant il faudrait que vous alliez à Cannes pour
vérifier s’il nous a bien rendu l’original du document.
205
de vous qui m’inquiète. En évoquant votre brutalité je
ne fais pas référence aux exécutions préventives que
vous avez réalisées, elles furent légitimées par notre
tribunal de l’ombre, à ce titre vous êtes comme moi un
des maillons de cette chaîne de responsabilités qui nous
a permis de sauver sans doute la vie de centaines de nos
compatriotes. Je suis aussi responsable que vous des
conséquences des décisions du jury et nous pouvons être
fiers de notre action qui nécessite une violence légitime
qu’il ne me viendrait pas à l’idée de vous reprocher.
– Je suis heureuse que vous ayez discerné l’exagération
de mon côté « faussement Quasimodo », comme vous
le dites si bien, c’est la première fois que quelqu’un sait
le voir, me l’exprime et la première fois d’ailleurs que je
prends conscience de mon comportement, inconscient
croyez-le. J’apprécie aussi que vous soyez capable de
partager avec moi la responsabilité de nos exécutions.
Quant à ma propre violence, elle est pour moi ma seule
raison, ma seule façon de vivre et mon unique moyen
d’existence. Depuis toujours je suis seule, déjà à l’école
mon physique faisait fuir les garçons et les filles avaient
pris le parti de se moquer de moi. Plus d’une fois j’ai dû
me battre contre des harceleuses qui me tombaient dessus
à quatre contre une et j’ai appris à me défendre avec tout
ce qui me tombait sous la main, j’ai même éborgnée une
agresseuse avec un stylo. Le seul bonheur de ma vie
fut de rencontrer un professeur d’arts martiaux qui sut
canaliser et donner un sens à cette violence…
206
– Je commence à percevoir la limite de ce côté « faussement
Quasimodo » derrière lequel les seuls rares humains qui
me regardent ne voient qu’un monstre et me condamne
à la plus extrême des solitudes.
207
4
208
architecte, payait ses impôts et citoyen apparemment sans
histoire fut agressé gratuitement ce soir-là.
Gratuitement car son portefeuille, son argent et ses cartes
de crédit n’avaient pas été dérobés !
Julien Pascalini était l’un des deux derniers condamnés
par notre tribunal de l’ombre et le corps du second, nommé
Nour Qurban, fut retrouvé sans vie dans un recoin du vieux
Nice, victime d’un coup violent porté dans la poitrine.
En partant Adrienne m’avait dit :
209
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes
lorsque le 18 novembre un problème inattendu nous tomba
sur la tête. Ce problème se nommait Valentin Lemercier !!
210
Valentin Lemercier
1
212
– Pourquoi lui en parler ? il vaudrait mieux la proté-
ger en la tenant en ignorance de vos affaires et de vos
préoccupations.
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appétissantes meringues blanches) emplacement de parking
qui comme d’habitude s’était libéré à mon arrivée je suis
allé faire mes courses. À mon retour après avoir posé mon
sac isotherme à l’arrière j’allais démarrer lorsque la porte
s’ouvrit et un homme s’assit sur le siège passager. C’était
Benjamin Brocka qui me dit :
Il a poursuivi :
214
– Vous avez une conception étrange de la raison, ma
famille et moi avons surtout été menacés de mort mais
passons. Je voulais vous prévenir qu’un autre journaliste
s’intéresse à vous, j’ai tenté de le dissuader mais je ne
voudrais pas être tenu pour responsable de ses actes.
– Vous me dites qu’un autre journaliste s’intéresse à nous ?
– Oui, j’ai professé quelque temps à l’école de journa-
lisme 69 rue de Roquebillière à Nice. Je participais à
des formations de bachelor, bac+3 et de master bac+5
et à ce titre j’ai gardé de nombreux contacts, certains de
mes anciens élèves me demandent parfois des conseils.
Voici ce que m’a raconté l’un d’eux, un jeune journaliste
nommé Valentin Lemercier, petit pigiste pour Nice
Matin, toujours le premier sur les bons coups et les
affaires crapuleuses de la Côte d’Azur. Un de ses amis,
policier, fait partie de l’équipe ayant constaté la mort de
Julien Pascalini et Nour Qurban. Ce policier, lui-même
adepte d’arts martiaux, a remarqué un détail curieux et
lui en a touché deux mots en ces termes : « Les agressions
ont été menées avec une grande violence et une extrême
précision sur un point létal appelé je crois, suigetsu en
Japonais. Je suis à peu près certain que celui qui a frappé
est un expert en MMA ».
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ou free-fight. Il s’agit d’un sport de combat extrêmement
violent et dangereux où pendant longtemps tous les
coups ont été permis, coups de pied, de poing, de genou
et de coude. Malgré une réglementation plus stricte ce
sport continue à être interdit de compétition dans certains
pays, en raison de sa dangerosité.
– Qu’est-ce qui te fait penser que le tueur est spécialiste
de ce sport ?
– Dans l’affaire qui nous intéresse pour tuer chaque victime
il a frappé une seule fois à un endroit létal extrêmement
localisé… et réaliser ce coup mortel n’est pas à la portée
d’un débutant, il faut frapper avec une grande violence
et une extrême précision.
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– Non, ça peut attendre.
217
ce « justicier » qui commençait à être internationalement
célèbre. Il avait disait-il remonté tous les fils de l’histoire :
« pendant plusieurs jours j’ai épluché les articles de
journaux, les réseaux sociaux, internet, j’ai écumé les
clubs de MMA et je suis effaré de mes découvertes :
il semble que dans notre pays se mette en place une
justice parallèle et préventive, extrêmement efficace
mais contraire à tout État de droit et tenez-vous bien je
crois que je suis sur la piste du justicier qui malgré les
apparences n’en est pas un et vous allez bientôt avoir
la surprise de votre vie en apprenant son nom ». Arrivé
à ce stade de notre discussion je l’ai interrompu par un
catégorique « Tu tiens à la vie ? alors oublie ! »
– Bon, mais c’est très bien, qu’est-ce qui vous chagrine ?
– Après réflexion je crois que ma réponse était une bêtise.
Ce Valentin est très jeune mais supérieurement intelli-
gent, il a sans doute compris qu’il est bien sur la piste
d’une histoire extraordinaire que je connais déjà et qui me
fait peur. Il est à craindre que loin de l’avoir dissuadé ma
réponse n’ait exacerbé son envie d’aller au bout de son
enquête. Il n’a pas insisté mais juste avant d’interrompre
notre conversation, alors qu’il croyait avoir raccroché je
l’ai entendu dire « Valentin mon gars, tu tiens peut-être
ta chance de devenir un grand. Ne la laisse pas filer » !
218
2
Il a rajouté en soupirant :
219
– Cette histoire est vraiment extraordinaire et je ne sais pas
s’il me faut vous envier d’y participer ou simplement
vous en plaindre.
– M’envier ou me plaindre, pourquoi ?
– D’après ce que j’ai compris lors de mon enquête je crains
que vous ne soyez mêlé à une opération qui vous et nous
dépasse tous, une autre conception du droit qui risque de
nous mener tout naturellement vers une nouvelle société
dans laquelle, comme l’a remarqué très judicieusement
le petit Valentin, se mettrait en place une justice parallèle
et préventive, extrêmement efficace mais contraire à tout
État de droit.
– Vous vous trompez je crois, notre action ne modifie
absolument pas le fonctionnement de la société nor-
male, nous nous contentons de répondre à une situation
exceptionnelle par une réponse exceptionnelle. Notre
patrie est confrontée à un danger mortel comme nous en
avons peu connu au cours de notre histoire, il fallait nous
adapter car nous ne sommes outillés ni juridiquement
ni moralement pour y faire face.
– Pourtant nous disposons d’un arsenal juridique plétho-
rique semble-t-il ?
– On ne combat pas la folie furieuse avec les seules armes
de la raison ni le terrorisme aveugle avec le seul arsenal
des lois démocratiques ordinaires. Notre éthique, notre
moralité sont amenées à affronter des réalités hors de
toute normalité, de toute rationalité : sans raison autre
qu’une prétendue « allégeance » à une entité inconnue
220
d’eux dont ils ne savent rien, des hommes descendent
dans la rue et égorgent des passants, les écrasent avec
un camion, décapitent un enseignant, assassinent sauva-
gement de jeunes gens coupables à leurs yeux d’écouter
de la musique…et notre société essaie de répondre à ces
comportements inhumains uniquement par des assi-
gnations à résidence, bracelets électroniques, détentions
provisoires et autres inutilités. Le monde est devenu fou
et nous ne savons pas comment lutter contre cette folie.
Un inconnu à qui nous avons tendu la main, un voisin,
un proche, un de nos enfants même peut à tout moment
se retourner contre nous et se révéler être un assassin.
Tous ces gens devenus des égorgeurs semblent avoir
perdu toute humanité, ils n’ont aucun sentiment, aucune
retenue, aucune valeur, aucun respect pour la vie, ces
belles vertus que nous respectons ce qui nous honorent
peut-être mais handicapent terriblement nos capacités
à nous défendre. Jusqu’au jour de la création de notre
tribunal nous étions impuissants et nous comptions nos
morts mais depuis sa constitution tout a changé, ce sont
nos agresseurs qui comptent les leurs. J’ai longuement
hésité avant d’adhérer à ce concept de tribunal préventif
mais je dois reconnaître que pour le moment cela fonc-
tionne très bien et les seuls à pouvoir s’en plaindre sont
ceux qui ont été neutralisés. Les enquêtes préalables
sont menées avec une grande rigueur, les décisions sont
rendues par un jury populaire légitime après un débat
contradictoire et les sentences sont appliquées avec
beaucoup d’efficacité.
221
– Vous avez conscience que vous pourriez être condamnés
pour association de malfaiteurs ?
– -Les Romains disaient « pas de préjudice, pas de condam-
nation ». À qui notre tribunal a-t-il porté préjudice si ce
n’est à des criminels prêts à nous frapper ? Comme vous
nous agissons en état de légitime défense et nous pouvons
nous glorifier d’avoir sauvé la vie de centaines de per-
sonnes par nos actions, qui viendra nous le reprocher ?
– Pourquoi dire en parlant de moi « Comme vous nous
agissons en état de légitime défense », que voulez-vous
insinuer ?
– Vous vous êtes retrouvé en état de légitime défense
face à notre menace et vous avez stoppé votre enquête,
comportement qui vous a semblé être la réponse la plus
appropriée pour sauver la vie des membres de votre
famille et personne ne songerait à vous le reprocher…
Et comme vous, nous répondons à la menace par la
solution qui nous semble la mieux adaptée.
– Vous êtes gonflé, qui m’a menacé ?
– Reconnaissez que vous l’avez cherché !
– Je faisais mon métier.
– Ok, mais maintenant que nous nous connaissons mieux
vous savez que nous agissons uniquement pour le bien
de notre pays.
– C’est vrai mais vous risquez de susciter des imitateurs
qui n’auront peut-être pas la pureté et la légitimité de
vos intentions.
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– Nous surveillerons ça de très près.
– D’autre part je ne comprends pas en quoi les enquêtes
journalistiques vous gênent puisque les réseaux sociaux
sont régulièrement informés des exploits de votre jus-
ticier ainsi que des tenants et aboutissants de chacune
de ses aventures .
– J’imagine que nos instances supérieures tiennent à garder
le contrôle du narratif de l’opération et vous comprenez
bien que l’identité du justicier doit rester secrète sous
peine de le condamner rapidement.
223
3
– Que se passe-t-il ?
224
Je reconnus la voix du criminologue chauve à petite
moustache :
Je demandai :
– À moins que ?
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– Avec un peu d’intelligence et de finesse un inconvénient
peut se transformer en avantage.
– C’est-à-dire ?
– Imaginons que nous le prenions de vitesse et révélions
nous-mêmes qu’il n’y a pas un justicier mais plusieurs
justiciers dont des femmes capables de neutraliser les
terroristes. Pour des terroristes dont l’idéologie repose,
entre autres inhumanités, sur l’infériorité de la femme,
être menacés par des femmes les ridiculiserait, ils connaî-
traient la honte et nous mettrions les rieurs de notre côté.
J’aimerais que vous réfléchissiez rapidement à cette
solution et que vous demandiez l’avis de la magistrate
qui manage notre tribunal, elle parait avoir un solide
bon sens.
– D’accord, je la contacte immédiatement et rappelle
Virginie dès que j’aurai recueilli son avis.
– Ce soir 20 heures ?
– Oui mais à l’Italian Caffe !
226
4
– Que se passe-t-il ?
227
médiatisation sans contrôle qui risquerait de lui être
fatale.
228
résolu, résolu à un tel point que le « menacé » adhère
maintenant à nos thèses, c’est d’ailleurs lui qui m’a
informé de cette menace.
Elle s’est hissée sur la pointe des pieds puis de ses lèvres
joliment dessinées a effleuré ma joue et le coin de ma bouche.
229
Le cœur en fête je suis revenu près de ma voiture, j’al-
lais ouvrir la portière lorsqu’un des hommes à capuche
m’interpella :
230
jean informe troué, un pan de chemise à carreaux déchiré
dépassait d’un blouson en cuir bien fatigué et elle était
chaussées de gros godillots crottés. Je reconnus Adrienne
et sur l’instant elle me parut être la plus belle femme du
monde, impression qui confirmait ainsi le vieux proverbe :
« la beauté est dans l’œil de celui qui regarde » !
Adrienne me dit :
231
Encore tout tremblant, je la serrai fort dans mes bras en
caressant ses cheveux, autant pour me rassurer que pour
lui témoigner ma reconnaissance :
232
5
233
faire une confidence, je ne me prénomme pas non plus
Adrienne, désormais je n’ai plus ni nom ni prénom,
uniquement un matricule… le six cent soixante-six !
234
– Je suis sur la piste du justicier qui malgré les apparences
n’en est pas un et vous allez bientôt avoir la surprise de
votre vie en apprenant son nom.
235
sans que je m’en rende compte et pourquoi ? Des paroles
de Régis me revinrent en mémoire :
Et :
236
Le quatrième pouvoir
1
Puis se radoucissant :
238
– Alors ne vous la posez plus car la réponse est NON, nous
ne vous faisons pas suivre. Vous avez et nous avons
toujours joué franc-jeu les uns envers les autres et ces
messieurs ont toute confiance en vous !
– Merci et excusez-moi de ma réflexion idiote. Je suis
encore sous le coup de l’émotion de ce qui s’est passé.
239
2
240
Son article, apparemment très documenté, reprenait toutes
les démarches du journaliste. Il parlait d’une entité secrète
composé d’une équipe d’enquêteurs menant des investiga-
tions, d’un tribunal caché où des jurés venus de la société
civile délibéraient puis prononçaient des verdicts en toute
illégalité mais en toute légitimité, sentences appliquées par
une femme prénommée Adrienne habitant rue Jean Gras à
Cannes à un numéro que je ne dévoilerai pas ici.
241
– S’il peut se vanter d’une belle efficacité dans la préven-
tion des attentats ce tribunal de l’ombre pose le double
problème de l’existence d’une justice préventive parallèle
et de la peine de mort. Que va faire le gouvernement ?
242
commencèrent à faire l’objet de sérieux doutes, les insultes
et les menaces de mort à son encontre fleurirent sur X
anciennement Twitter. (À ce sujet, si un jour vous rencontrez
Elon Musk pourriez-vous lui demander pourquoi ayant
payé Twitter 44 milliards de dollars il a immédiatement
viré l’équipe qui faisait son succès et changé le nom qui
représentait pourtant la principale valeur du prix payé ? Il
est toujours intéressant de comprendre le fonctionnement
d’un esprit supérieur).
Puis les choses s’accélérèrent !
243
3
244
– Devant l’une des quatre entrées pour l’accès au Louvre,
celle de la pyramide, la file d’attente n°1 réservée aux
visiteurs sans billet fut mitraillé par un homme et une
femme.
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Un jeune commentateur politique récolta un joli succès
en publiant cette chronique :
246
– Le pouvoir exécutif, chargé de mettre en œuvre les lois
et d’administrer l’État.
247
Le premier ministre annonça qu’un référendum serait
organisé le plus rapidement possible sur le thème :
248
la bouche du député aux cheveux blancs en tout début de
cette histoire, plusieurs fois reprise par diverses personnes
et qui fit « tilt » dans ma tête :
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d’anticiper et de s’opposer au besoin par la force à cette
menace.
Elle s’interrompit, sembla hésiter puis se « jeta à l’eau » :
250
4
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tout à gagner… et nous tout à perdre au cas où l’expérience
aurait mal tourné. Ce tribunal ayant démontré son effica-
cité et ses capacités à s’opposer avec succès aux menaces
terroristes, ils révélèrent peu à peu au public l’existence de
cette solution, puis transférant au conseil constitutionnel
la responsabilité de montrer l’inadéquation des pouvoirs
existants à la résolution du problème ils s’arrangèrent pour
sembler céder à la pression populaire.
252
Dès le lendemain du discours de la Présidente, « ces
messieurs » craignant sans doute que la lumière braquée
sur nous illumine leur « tant belle face » et souhaitant
selon leur jolie expression « que l’anonymat de chacun soit
conservé », nous demandèrent de suspendre les activités
de notre tribunal de l’ombre. Quelques députés de l’oppo-
sition ayant exigé que les membres de ce tribunal et celle
que les gens continuaient à nommer « le justicier » soient
formellement identifiés, arrêtés et traduits en justice pour
leurs crimes une foule immense prit d’assaut l’hémicycle
de l’Assemblée nationale et ne se retira qu’après avoir reçu
l’assurance qu’une loi d’amnistie concernant les agissements
du tribunal de l’ombre et ceux du justicier serait votée et
approuvée par le parlement.
Je n’ai pas revu Nathalie, « l’héroïne lumineuse » de cette
histoire, ce qui me chagrina. Je ne saurai jamais comment
elle arrivait à hausser un sourcil après l’autre et je ne ver-
rai jamais bouger ses oreilles indépendamment l’une de
l’autre… Elle fait désormais partie de l’organisme chargé
de réfléchir à la conception et à la mise en place de ce
quatrième pouvoir que l’on commence à nommer « le
pouvoir prophylactique » et à ce titre elle est sans doute
devenue trop sage pour s’amuser de ces folies de gamins.
C’est bien dommage pour nous deux car « vivre sans folie
n’est pas très sage ».
Puis il y a pour moi le « mystère Adrienne », du nom de
notre autre héroïne, ténébreuse celle-là. Un mois plus tard
les journaux nous apprirent qu’un squat situé rue d’Angle-
terre à Nice avait brûlé entièrement dans la nuit. Dans les
253
cendres on retrouva deux corps. Le premier fut reconnu
comme celui d’un SDF bien connu pour être défoncé au
crack jour et nuit, le second corps était méconnaissable et
tellement calciné que la police scientifique ne put l’identifier.
Les seules certitudes absolues que nous eûmes furent que
la personne gisant là avait été exécutée d’une balle dans
la tête avant le déclenchement de l’incendie. La balle fut
retrouvée mais aucune arme n’étant présente sur les lieux
il fut établi qu’il ne pouvait s’agir que d’une exécution
et les poumons du cadavre n’étant pas remplis de suie
on pouvait être certain que cette exécution avait eu lieu
avant l’incendie… incendie peut-être allumé pour faire
disparaître toute possibilité d’identifier le corps. Je crains
que ce cadavre ne soit celui d’Adrienne. J’espère tout de
même me tromper et quand parfois il me semble entendre
le rugissement d’une moto qui s’arrête quelques secondes
devant mon portail puis disparait, mon cœur bat plus vite,
autant de joie de l’imaginer vivante que de la crainte des
effets de sa vénération de « chien perdu sans collier ». Elle
est, ou était, de ces êtres à qui on refuse parfois de donner
toute l’affection que l’on aimerait leur offrir de crainte d’être
dévoré par un attachement disproportionné en retour !
Régis et moi prîmes alors conscience qu’étant les seules
personnes de la société civile à connaître le nom des concep-
teurs de l’opération nous étions peut-être en danger…et le
fait d’apprendre que le squat où vivait Adrienne ait brûlé
très à propos n’était pas pour nous rassurer. Ces messieurs,
ne voulant sans doute pas prendre le risque qu’un jour leurs
noms soient« jetés en pâture » aux médias, en particulier
254
pour l’affaire de l’inoculation d’une maladie mortelle à des
prisonniers libérables, crimes qui semblaient être « pas-
sés sous les radars médiatiques » jusqu’à ce jour, avaient
peut-être décidé de « faire le ménage » pour se protéger. Il
nous parut alors plus sûr de « souscrire l’assurance-vie »
conseillée par Nathalie. Comme celle-ci l’avait souligné,
souscrire une assurance-vie n’a jamais fait mourir personne
sauf quelques vieux maris très riches qui s’attardent un
peu ici-bas ou certaines femmes un peu trop emmerdeuses.
Avant de prévenir « ces messieurs » de l’existence de mon
récit j’ai donc fini de relater honnêtement cette histoire
sans exagérer notre importance et en montrant bien nos
réticences puis notre adhésion raisonnée au projet. Plusieurs
enveloppes contenant la version complète de cette histoire
comportant les noms des commanditaires, les dates, les
détails concernant le tribunal de l’ombre, tout ce qui peut
crédibiliser mes affirmations, sont déposés chez mon notaire
qui a reçu mission de poster ces enveloppes portant l’adresse
de trois journaux parisiens et celle de la police s’il arrivait
malheur à Régis et/ou à moi : accident, agression, chute d’un
sixième étage ou suicide… la liste n’étant pas limitative !
« Ces messieurs » se montrèrent chagrins d’apprendre notre
méfiance, et la main sur le cœur jurèrent n’avoir jamais eu
de mauvaises pensées à notre encontre. Tant mieux !
Ayant retrouvé ma sérénité grâce à la promesse d’amnistie
et à mes précautions envers « Eux », s’il me reste quelques
années de vie avant de rejoindre le Valhalla (paradis des
Vikings) j’écrirai sans doute encore deux ou trois livres qui
vous réjouiront peut-être. Je vais poursuivre mon chemin,
anonyme et heureux de l’être, ni fier ni honteux d’avoir
255
participé aux actions du tribunal de l’ombre. Comment
serais-je fier d’avoir contribué à la neutralisation de mes
frères humains malheureusement attirés par le côté obscur
ou animal de notre humanité… et pourquoi aurais-je honte
d’avoir exercé mon droit de défendre légitimement mon
pays ? Quant à la mise en place de ce quatrième pouvoir,
s’il existe un jour je ne saurais discerner s’il s’agira d’un
progrès civilisationnel, d’une chance pour notre société en
perdition ou d’un monstre qui comme Cronos dévorera ses
enfants, l’avenir nous le dira. J’imagine que Nathalie saura
prendre toutes les précautions nécessaires.
Toutefois certains éléments de cette histoire me chagrinent
et m’empêchent souvent de dormir. Après avoir vécu ce
que je viens de vivre il me vient à douter que Dieu nous
ait vraiment créés à son image, s’il nous ressemble c’est à
désespérer de tout… et ayant été confronté à des projets
criminels tous plus fous les uns que les autres je me pose
cette question : même le plus petit d’entre nous joue vrai-
semblablement un rôle important dans la création divine,
alors comment et pourquoi des humains peuvent-ils se
transformer en bêtes sauvages et faire obstacle aux projets
du créateur… en invoquant son nom ? Comment peut-on
prétendre rendre grâce à un créateur en tuant ses créatures ?
au nom de ce même Dieu qui commanda :
– Tu ne tueras point ?
Si vous avez la réponse belle lectrice, j’aimerais la connaître
Fin
À Montauroux (Var) ce 28 janvier 2024 à 23h25 ! C’est fini… Mais tournez tout de même la page.
256
Une petite douceur juste pour vous, jolie lectrice.
258
Si je rêvais de vous ? vous seriez cette belle
Qui se piqua au doigt et soudain s’endormit.
Avant que d’un baiser prince ne la réveille
Cent ans au sein d’un bois profond elle dormit !
259
Si je rêvais de vous ? Seriez Ma Favorite
Comme le fut naguère la belle Montespan
Car Il fallait bien sûr à la fin que je cite
La plus friponne alors des coquines d’antan.
***
260
Le Chaperon, dit-on, n’a pas eu peur du loup
Qui avait grandes dents, grandes mains, grande queue,
mais la déshabilla avec des gestes doux.
Dans le lit de mère-grand, ils furent amoureux.
***
261
« Et bien messieurs qu’on se le dise
Les belles dames de jadis
Sont de satanées polissonnes
Plus expertes dans le déduit
que bien des femmes d’aujourd’hui
et je ne veux nommer personne ! »
262
***
263
que j’accepte qu’il vive maintenant sa vie : il ne m’appar-
tient plus et sur lui le regard des lecteurs, je l’espère, sera
bienveillant.
Certains d’entre vous, les plus nombreux souhaitons-le,
diront :
– C’est spécial.
Serge
264
Lire c’est vivre des aventures
extraordinaires
Propos préliminaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Adrienne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Le premier jour de l’Apocalypse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Les sentinelles de la liberté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Le Tribunal de l’ombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Première affaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Seconde affaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .123
1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
269
Troisième affaire : Les Sortants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
270
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