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DOMICILE FIXE

Une pièce de

Jean Félix EVEN

Nous vous rappelons que toute représentation


de cette pièce est soumise à l’autorisation de
l’auteur et de ses ayants droit. La demande doit
être déposée à la S.A.C.D.

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Pitch :

Jack, un homme aisé et généreux, entend à la radio


l'annonce d'un confinement total imminent. Pris,
semble-t-il, d’une soudaine volonté d'aider, il charge
son fidèle factotum, Charly, de ramener quatre
personnes sans logis au hasard, dans l'intention de
leur offrir l'hospitalité dans sa grande maison.
Cependant, Charly choisit ces quatre personnes de
manière plutôt aléatoire, sans tenir compte de leurs
caractères et personnalités. Parmi eux, se trouve un
garçon au caractère particulièrement trempé,
surnommé "l'Indien". Rapidement, les
incompatibilités de tempérament entre les différents
occupants de la maison deviennent évidentes, créant
des tensions et des conflits incessants. On comprend
très vite que Jack avait une intention cachée derrière
cette opération. En réalité, il souhaite récupérer
"l'Indien" pour des raisons qui lui sont propres.
Cependant, ses plans sont contrecarrés par les
désaccords et les querelles constantes entre les
différents résidents. Finalement, l'opération se révèle
être un grand fiasco, laissant Jack face à ses propres
motivations et à la complexité des relations humaines.
"Domicile fixe" est une pièce qui explore les thèmes
de la générosité, de l'égoïsme, et de la difficulté de
vivre ensemble.

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Personnages :

JACK : La cinquantaine, propriétaire des lieus.

CHARLIE : Factotum de Jack.

ROSE : La quarantaine.

KATE : La trentaine.

NICO : La trentaine.

FIFI : La trentaine.

JULIENNE : La quarantaine.

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SCENE 1

JACK écoute à la radio, l’annonce d’un


confinement pour un mois minimum. Cette
nouvelle le laisse songeur, il arpente la
pièce en réfléchissant. Soudain, il
appelle son factotum Charlie.

JACK : Charlie ! Oh ! Charlie !

CHARLIE : Oui, patron ! Vous m’avez appelé ?

JACK : Oui, je voudrais te poser une question,


à ton avis à quoi je sers ?

CHARLIE : Comment ça à quoi vous servez ?

JACK : Oui, à quoi suis-je utile ? qui a besoin


de moi sur cette planète ?

CHARLIE est pris de cours par cette


question, il ne sait que répondre.

JACK : Je t’écoute, vas-y répond !

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CHARLIE : Et bien vous servez à…vous servez
à…vous êtes utile !

JACK : Précise, je suis utile à quoi, à qui ?

CHARLIE: Et bien par exemple à moi, sans


vous, je ne serais pas là !

JACK : Oui, ben ! Tu serais ailleurs ! Bon à toi


ok, à part ça qui d’autre ?

(CHARLIE reste quelque peu dubitatif,


aucune réponse ne sort de sa bouche.)

JACK : Nous sommes bien d’accord, je ne sers


à rien, ni à personne. Bon ! Écoute-moi ! Ils
viennent d’annoncer un confinement pour
tous, à cause de la pandémie, pendant un
mois.

CHARLIE : Un confinement ?!

JACK : Oui, cela veut dire que nous allons


devoir rester à la maison sans sortir.

CHARLIE : Sans sortir ?! Impossible !

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JACK : Si, tout est possible en ce bas monde,
même l’impossible ! Bon, tu vas te confiner
où ?

CHARLIE : Comment ça ?

JACK : Tu veux rester ici avec moi, ou tu


préfères un autre endroit ?

CHARLIE : Ben ! Où ?

JACK : C’est ma question où veux-tu aller ?

CHARLIE : Ben, je n’ai pas d’autre endroit !

JACK : Bon, ok, ça, c’est réglé. Maintenant, je


vais te demander une chose très importante !
Ce confinement c’est un truc exceptionnel, du
jamais vu, même en temps de guerre, cela
n’existe pas, tu comprends ?

CHARLIE : Ben ouai !

JACK : Cette maison est beaucoup trop


spacieuse pour moi tout seul, enfin pour nous,
et il y a des gens qui ne sauront pas où aller se
confiner.

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CHARLIE : Pourquoi, ils ne sauront pas où
aller ?

JACK : Parce qu’ils vivent dans la rue, où parce


qu’ils ont été virés, ou je ne sais quoi ! (Il
réfléchit) Tu vois CHARLIE, je n’ai jamais rien
fait pour les autres, je crois que le moment est
venu de se bouger, si je ne fais rien
maintenant, après ce sera trop tard. J’ai envie
de me créer une famille !

CHARLIE : Mais on ne se crée pas une famille


soi-même !

JACK : Non, bien sûr, c’est une façon de parler.


Je vais te charger d’une mission très
importante, tu vas sortir dans la rue, et tu vas
choisir des personnes à qui tu vas proposer de
venir ici se confiner avec nous !

CHARLIE : (Amusé.) Je vais choisir votre


famille ?

JACK : Voilà, en quelque sorte ! Tu ne vas pas


choisir au hasard, tu vas leur poser des

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questions et en fonction de leurs réponses tu
vas les ramener ou pas !

CHARLIE : Je vais choisir comme un casting


pour un film ?

JACK : C’est exactement ça, tu as tout


compris ! Si tu te goures, on va se coltiner des
boulets pendant toute la durée du
confinement, tu vois à quel point ton choix est
important.

CHARLIE : Quelles questions ?

JACK : D’abord s’ils savent où se confiner,


ensuite s’ils ont des amis, de la famille, et puis
s’ils ont un travail, et la dernière question que
tu choisiras toi-même, et qui sera la plus
importante !

CHARLIE : Quel genre ?

JACK : Ce que tu voudras, en fonction de ton


intime conviction ! Si tu ne les sens pas tu ne
les ramènes pas, mais ils doivent

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impérativement être seuls, ne pas savoir où
aller, et ne pas avoir de travail.

CHARLIE : Combien ?

JACK : Quoi, combien ? Tu ne trouves pas que


je te paye assez comme ça ?

CHARLIE : Mais non ! Combien je dois en


ramener ?

JACK : Ah ! Combien on a de chambres ?

CHARLIE compte sur ses doigts

CHARLIE : La bleue, la jaune, la rose, la… Six,


j’en ramène six !

JACK : Mais Non ! Et nous, on dort où ? Six


chambres moins les nôtres, ça fait quatre, tu
en ramènes quatre !

CHARLIE : Ah ! Ben ! Oui j’en ramène quatre !


Fille ou garçon ?

JACK : On s’en fiche, essaie d’être équitable ! Si


possible, tu prends des gens pas trop vieux,
essaie de choisir des gens un peu particuliers

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avec des coupes de cheveux bizarres par
exemple.

CHARLIE : Des chauves ?

JACK : Mais non, chauve, ce n’est pas une


coupe de cheveux. Je te parle de coupe par
exemple punk, tiens… style iroquois !

CHARLIE : IRO ? Quoi ?

JACK : Iroquois, tu sais ce que cela veut dire,


avec une crête d’indien ?!

CHARLIE : On ne va pas ramener un Indien ?

JACK : Mais ce n’est pas un Indien, il a juste la


crête ! Ce serait bien que tu ramènes ce genre
de gars.

CHARLIE : Mais pourquoi, vous voulez que je


ramène ce genre de type ?

JACK :(Ne sachant trop quoi répondre.)


Pourquoi ? Euh ! Parce que ! Ne cherche pas à
comprendre ramène moi un jeune avec une
coupe IROQUOISE !

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CHARLIE :(complètement désemparé.) Mais
où je vais trouver un Indien, patron ! Ça court
pas les rues !

JACK : Tu vas autour du monoprix, tu


trouveras ce que tu cherches.

CHARLIE : Ah oui, c’est vrai qu’autour du


‘’monop’’il y a de quoi faire. Bon ! J’y vais.

CHARLIE se précipite pour faire le choix.

JACK : Attends ! Vas-y redis-moi comment tu


dois faire.

CHARLIE : Je leur pose quatre questions, avec


mon intime, et je choisis !

JACK : Bon, ok je pense que tu as compris,


quand tu en as choisi un tu l’envoies, et tu
attends une petite heure pour le suivant, on
est d’accord ?

CHARLIE : D’accord ! (Il se tape la main)

JACK : Allez ! File, si tu as un souci tu me


téléphones, ok ?

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CHARLIE : Avec moi, pas de soucis, vous
pouvez dormir sur vos deux orteils !

JACK : Oreilles !

CHARLIE : Quoi oreilles (Il se touche les


oreilles)

JACK : On dit dormir sur ses deux oreilles pas


ses deux orteils !

CHARLIE : C’est pareil, vous dormirez bien !


(Il va pour sortir)

JACK : Lorsque tu as donné l’adresse à


quelqu’un, tu me téléphones, comme cela je
me prépare.

CHARLIE : Ok, super, je vous téléphone,


comme ça vous savez !

JACK : Et tache de me ramener de belles


personnes ! Et n’oublie pas surtout
l’iroquois…

(CHARLIE sort en mimant une danse


indienne avec sa bouche.)

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CHARLIE : (au loin) Vous-inquiétez pas
patron ! Je crois que j’ai tout compris !

JACK :(seul, mettant ses mains comme pour


une prière.) Bon ! Les dés sont jetés…

NOIR.

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SCENE 2

(Même jour, quelques heures plus tard, Jack


est au téléphone)

JACK : Comment ça, c’est quoi les réponses


aux questions, tu es idiot ou quoi ? Répète les
questions… ! Ben ! Oui ou non, ensuite, oui ou
non, et oui ou non ! Ce n’est pas compliqué !
Mais non, pas une question intime, une
question que tu choisis toi-même pour te
forger ton intime conviction…comment veux-
tu que je connaisse la réponse, je ne connais
pas la question… Voilà ! Une question dont tu
connais la réponse…Ah bon, ben tu pourrais le
dire plus tôt (la sonnette retentit) Je te laisse,
elle arrive, oui ok, tu me rappelles. (Il
raccroche. Il va ouvrir.)

Une femme entre, elle a la quarantaine, elle


est vêtue relativement correctement, elle
semble se méfier.

JACK : Entrez, je vous en prie, JACK STEVEN


(Il lui tend la main, elle ne la prend pas.)

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ROSE : C’est quoi, ce-t’embrouille ?

JACK : Il n’y a aucune embrouille, je vais vous


expliquer ! Vous savez que nous allons être
tous confinés, et comme ma maison est
grande, et que je vis seul, j’ai pensé que ce
serait bien d’accueillir quelques personnes
chez moi, il n’y a pas d’embrouille, rassurez-
vous !

ROSE : Et pourquoi, vous feriez ça ? Je vous


préviens, je n’ai pas d’argent, je ne peux pas
vous payer de loyer.

JACK : Non, non, je fais ça comme ça,


bénévolement, pour vous rendre service, ou
pour me rendre service je ne sais pas !

ROSE : Pour vous rendre service !?

JACK : Je fais ça comme ça, il faut bien


s’entraider. Mais ne vous inquiétez pas,
d’autres personnes vont arriver, il y a quatre
chambres. Vous avez quoi comme bagages ?

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ROSE : Rien, même pas mon certificat d’étude,
j’ai jamais rien passé !

JACK : (Il rit) Mais non, qu’est-ce que vous


avez comme bagages (Il mime).

ROSE : Ah des valises ?! Vous êtes un petit


marrant vous ! Les voilà mes bagages. (Elle
montre un vague petit sac plastique.)

JACK : Bon ! Ne vous inquiétez pas j’ai tout ce


qu’il faut ici, j ’ai une armoire pleine de
vêtements de femme, vous n’aurez qu’à vous
servir.

ROSE : Ah ! Oui, des vêtements de femme ? Et


pourquoi, vous avez une armoire de
vêtements de femme ? Je vois le genre !

JACK : Non, vous ne voyez rien du tout, ce sont


les vêtements de ma femme qui est décédée.
Bon, ce n’est plus trop au goût du jour, mais
cela fera très bien l’affaire.

ROSE : Votre femme est morte ?

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JACK : Non, mais c’était il y a dix ans je… bon !
Ça fera très bien l’affaire. Je vais vous montrer
votre chambre, et si vous voulez vous
rafraîchir, la salle de bain est à votre
disposition.

ROSE : Me rafraîchir ?! C’est pas un


rafraîchissement qu’il me faudrait ? C’est un
coup de karcher !

JACK : Vous m’avez l’air tout à fait… enfin, je


veux dire que bon ! Vous vous contenterez
d’une bonne douche ou d’un bain si vous
préférez.

ROSE : L’important c’est qu’il y ait de la flotte,


pour le reste je vais me débrouiller !

JACK : Oui, oui, j’ai l’eau courante à la maison !

ROSE semble peu goûter son semblant


d’humour. Ils vont pour sortir, le téléphone
sonne, il décroche.

JACK : Oui, je t’écoute… ok, tu l’envoies, ah


bon ! Ok, je l’attends, (à Rose) Allez-y c’est au

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deuxième choisissez la chambre que vous
voulez, vous êtes la première (Rose sort)
(Reprenant sa conversation téléphonique.)
Ça va ? Ça se passe bien ? Et l’iroquois tu l’as
trouvé ? Oui, oui, prend ton temps, tu as toute
la journée, par contre il faut que tu trouves
avant ce soir, oui ok à plus. (Il pose le
portable.)

JACK : Trouve l’indien s’il te plaît trouve-le, et


ramène-le-moi ! Le reste je m’en fous. (Il crie
à Rose) Ca va vous trouvez ? (Pas de
réponse) Bon ! (La sonnette retentit) Ah !
Oui, voilà ! (Il va ouvrir) Bonjour, je suis JACK
STEVEN. (Une jeune femme apparaît, elle a
l’air complètement perdue, rebelle. Elle ne
dit rien, elle observe.) Entrez, je vous en prie,
vous êtes ici chez vous.

KATE : Chez moi, tu rigoles ? Tu sais comment


c’est chez moi ?

JACK : Non je vous assure, vous allez être


comme chez vous, mon… secrétaire vous a
expliqué ?

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KATE : Ton secrétaire ? Le type qui m’a posé
des questions à la con ? J’ai rien compris, mais
vu que j’ai rien à perdre, de toutes façons où
veux-tu que j’aille ?

JACK : Parfait, vous êtes la personne idéale.

KATE : Ah ah! (Elle s’esclaffe.) C’est bien la


première fois qu’on me dit que je suis la
personne idéale ! Bon, tu veux quoi en
échange ? Une petite gâterie de temps en
temps, et ça fera l’affaire ?

JACK :(Un peu décontenancé.) Euh ! Non,


non ! Rien de ce genre, je ne vous demande
rien en échange, vous resterez confinée ici le
temps qu’il faudra, vous aurez le gîte et le
couvert, et c’est tout !

KATE : (dubitative.) Vraiment, t’es sérieux,


rien en échange, mais t’es le bon dieu en
personne toi !

JACK : C’est fortement exagéré ! Disons que


j’ai envie de vous faire profiter de cette grande
maison vide.

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KATE : Tu habites seul dans ce palace ?

JACK : Oui, tout ce qu’il y a de plus seul ! Mais


ne vous inquiétez pas il y aura quatre
personnes plus Charlie…mon…secrétaire.

KATE : Alors là, si tu savais à quel point je ne


m’inquiète pas !

JACK : Je vais vous conduire à votre chambre,


si vous avez besoin de vous… (Il n’ose plus
dire rafraîchir) Enfin vous verrez il y a une
salle de bain dans chaque chambre.

KATE : Pourquoi, tu trouves que je ne suis pas


nickel ? Tu sais je me lave tous les jours, je
suis peut-être plus nickel que toi !

JACK : Non, non, ce n’est pas ce que je voulais


dire, je voulais juste…

KATE : Te casse pas, j’ai compris, je vais me


pomponner !

(Ils vont pour sortir, Rose redescend, Jack


fait les présentations.)

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JACK : Je vous présente heu…, je ne vous ai
pas demandé vos prénoms.

ROSE : Rose.

JACK : Très joli, et vous avez pris la chambre


de la même couleur ?

Rose et Kate se regardent, visiblement


l’humour de Jack fait un flop.

JACK : Bon ! Et vous quel est votre prénom ?

KATE : Kate ! Du coup avec mon prénom, je


dois prendre quelle chambre ?

JACK : Venez, je vais vous accompagner. (Ils


montent.)

Rose se retrouve seule, elle observe la pièce,


regarde les objets, ouvre un livre. Elle prend
la télécommande et allume la chaîne, elle
danse. Jack revient, elle est surprise et
arrête la musique.

JACK : Non, je vous en prie, vous êtes ici chez


vous, faites ce que bon vous semble. (Un

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temps) Vous n’avez pas trouvé les
vêtements ?

ROSE : Si j’ai trouvé, mais je n’ai pas envie de


mettre les fringues d’une morte, ça porte
malheur !

(JACK reste un peu abasourdi par cette


réponse, il passe à autre chose.)

JACK : Je vous offre quelque chose à boire ? Un


whisky ?

ROSE : Du sky ! Ouah ! Grand luxe ! Ça fait un


bail que je n’ai pas bu ça ! Allez vas-y pour un
sky !

JACK sert deux whisky. L’atmosphère est un


peu pesante.

JACK : Parlez-moi un peu de vous.

ROSE : Moi, que voulez-vous que je vous


raconte sur moi, il n’y a rien à dire sur moi ! Je
suis une femme sans histoire.

JACK : Cela n’existe pas !

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ROSE : De quoi ?

JACK : Une femme sans histoire ! Cela n’existe


pas, toutes les femmes ont une histoire.

ROSE : Je vois ! Monsieur est philosophe !

JACK : Vous avez de la famille, des amis ?

ROSE : Oh ! Je n’ai pas envie de parler de moi,


ce n’est pas intéressant.

JACK : Comme vous voudrez.

(Kate redescend.)

JACK : Je vous sers la même chose ?

KATE : Tu n’aurais pas plutôt un coup de


pinard, ton truc ça va me donner des
brûlures !

JACK : Je vais vous chercher ça. (Il sort.)

KATE : T’y comprends quelque chose toi, c’est


quoi ce truc ? Tu ne crois pas que c’est un
vicelard ? Celui qu’il appelle son secrétaire, il

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lui fait du rabattage, et là il en profite parce
qu’on va tous être parqués ?!

ROSE : T’inquiète, l’indien a dit qu’il gérait, et


puis JACK il a l’air gentil.

KATE : Gentil n’a qu’un œil, et lui il en a deux,


moi je me méfie, bon en même temps, je m’en
tape, au point où j’en suis !

ROSE : Il y les autres qui vont arriver.

KATE : Ah ouai ! Super, plus on est de


fous…parce que c’est pas tout ça, mais on va
rester ici sans sortir, je suis pas sûr de tenir
longtemps, et puis on vit de quoi, terminé la
manche !

ROSE : On a besoin de rien on est logées et


blanchies.

KATE : Ouai, mais les faux frais, les clopes, et


tout le tatouin ?

ROSE : Oui, il faudrait qu’on ait une prime,


après tout on nous empêche de bosser !

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KATE : Une prime de placement ? En tous cas
toi, tu peux tout miser sur le proprio, on voit
tout de suite qu’il t’a à la bonne !

ROSE : Oui, je crois qu’il y a un truc à faire,


mais bon ! On a le temps de voir venir, pas de
précipitation !

JACK revient avec une bouteille de vin.

JACK : IRANCY ! Ça vous dit ?

KATE : Alors là ! Tu peux bien me donner ce


que tu veux, du moment que c’est du pif !

Il la sert.

KATE : Ah ! Ouai ! Quand même ! Tu te fous


pas de tes clients, toi ! Santé, c’est le moment
de le dire !

Ils trinquent.

KATE : Je voulais te demander un truc


important, pour les clopes, on fait comment ?

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JACK : Les clopes ? Les cigarettes ?

KATE : Ben oui les clopes, les cibiches, les


sèches, les tiges, le bédo, c’est bon t’a compris,
t’en veux encore ? Tu fais ton narvalo ou
quoi ?!

JACK : Non, mais j’avais compris, ne vous


inquiétez pas il suffira de passer commande à
Charlie, quand il ira faire les courses, je pense
que les tabacs vont rester ouverts.

KATE : Ah ! Ben ! J’espère bien, sans ma came,


je suis morte !

JACK : Vous aussi, vous fumez ?

ROSE : Non-moi c’est plutôt (Elle fait mine de


boire.), il me faut ma dose.

JACK : En tous cas, il faut que chacun respecte


l’autre, pour que tout se passe bien, on va
vivre tous ensemble pendant un moment. On
sera obligé de s’imposer des règles.

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KATE : Alors là, je t’arrête tout de suite, les
règlements, c’est pas pour moi, il y a
longtemps que je vis sans qu’on me flique !

ROSE : T’emballe pas, il ne te dit pas qu’il va te


fliquer, il te dit qu’il faudra respecter les
autres.

KATE :(Montant sur ses grands cheveaux.)


Et, ça va toi ! Madame je sais tout, t’es pas ma
mère ! T’en craque déjà pour le vieux ou quoi ?
T’es pas encore la maitresse de maison
ROSACE !

ROSE : N’importe quoi, je t’explique c’est


tout ! (Lui rendant la pareil.) KETACE !

JACK : (Voulant désamorcer la situation,


voulant faire un peu d’humour.) C’est moi
que vous appelez le vieux ?

KATE : Comment veux-tu que je t’appelle,


franchement ?! T’ai peut-être bien conservé,
mais t’es quand même pas un perdreau de
l’année, si ?

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JACK : Bon, je ne sais pas comment je dois le
prendre !

KATE : Ah tu le prends comme ça vient, tu


n’as pas le choix mon pote !

JACK : Appelez-moi JACK, ce serait plus


sympa !

KATE : Va pour JACK, ça fait Amerloche non ?


T’es Ricain ?

JACK : Ma mère était anglaise.

KATE : Ah ! Je ne suis pas tombée loin.

ROSE : Oh, c’est drôle, mon père est anglais.

KATE : Je te le dis, je sens que vous allez bien


vous entendre vous deux.

JACK : Il n’y a pas de raison que l’on ne


s’entende pas, j’espère que tous, nous allons
bien nous entendre !

Le téléphone sonne, JACK décroche, il est


plus discret.

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JACK : (Il semble extrêmement soulagé)
Super, il est comment, décris-le-moi ! tu es un
chef ! Bravo ! Oui, ok, j’attends. Bon, encore
une, et c’est bon ! (Il raccroche.)

KATE : (Chantant.) Au suivant…

JACK : J’ai pensé que ce serait plus sympa que


vous soyez quatre, avec nous cela fera six,
c’est bien.

KATE : Pourquoi pas ?! Va pour six, mais il y a


un truc que je voudrais savoir, tu prends au
hasard ? Ah ! Ben non, je suis « tebé », il a posé
des questions, ça dépend de nos réponses
c’est ça ?

ROSE : Ce qui m’a bien fait rire c’est la


quatrième question.

KATE : Oui, ben moi, j’ai failli me tirer en


courant, il m’a fait un peu peur ton larbin !

JACK : D’abord, ce n’est pas mon larbin,


comme vous dites, mais mon…mon employé.

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KATE : Oui, tu joues sur les mots là, c’est
pareil !

JACK : Pas pour moi, mais peu importe. Donc,


il vous a fait peur pourquoi ? Il est très
sympathique.

KATE : Non, mais c’est sa question-là !

JACK : C’était quoi sa question ?

ROSE : Vous devez bien le savoir puisque c’est


vous qui l’avez envoyé.

JACK : Et bien non, pour la quatrième


question, il avait le libre choix, je serais bien
curieux de savoir ce qu’il vous a demandé ?

KATE : Il m’a demandé, si j’avais envie d’avoir


des… (La sonnette retentit.)

JACK : Ah ! Excusez-moi, un nouvel arrivant.


(Il va ouvrir. Il semble un peu ému) Bonjour,
JACK STEVEN.

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NICOLAS : (Il a une belle crête) NICO…Enfin
NICOLAS… mais tout le monde m’appelle
NICO !

JACK : Enchanté !

NICO : De quoi ?

JACK : De vous rencontrer.

NICO : Je ne suis pas sûr !

JACK : Pas sûr de quoi ?

NICO : Que vous soyez enchanté longtemps,


attendez de me connaître, vous verrez après !

JACK : En attendant je vous présente vos


camarades, KATE et ROSE.

NICO : Mes camarades (Il se gausse.), on


m’avait pas dit que je partais en colo,
remarque elles sont plutôt canon mes petites
camarades, salut !

KATE : Tu es plutôt beau gosse aussi NICO


(Elle articule bien.) Je sens qu’on ne va pas
s’embêter !

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JACK :(Un peu désemparé.) Bon, venez ! Je
vais vous montrer votre chambre.

NICO : Attends, attends, je voudrais d’abord


connaître la règle du jeu, le type était pas très
clair, je suis surtout venu par curiosité, mais
vas-y explique un peu le topo !

JACK : C’est très simple, suite au confinement


annoncé, je vous propose ma maison, et ma
table durant toute la durée.

NICO : Et en échange ?

JACK : En échange rien !

(Un temps.)

NICO : Tu me prends pour un gland ? Tu vas


nous nourrir gratos ? Non mais vas-y annonce
la couleur !

ROSE : Cherche pas ! Il te dit que c’est gratos,


c’est gratos !

NICO : Ok, cool la belle ! Mais avoue que c’est


un peu zarbi !

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KATE : Te casse pas, tu prends ce qu’on te
donne et puis basta !

JACK : Bon ! Alors, on va la voir cette


chambre ?

NICO : Mais, je te préviens, si tu me


couillonnes, je me tire illico !

JACK : Bien ! Monsieur !

NICO : Mais, je t’ai déjà vu quelque part non ?


On se connaît ?

JACK : Non, je ne crois pas, on se serait


rencontré où ?

NICO : J’en sais rien, ton blaze me dit quelque


chose ! (Ils sortent.)

ROSE : Et ben ! Il promet lui !

KATE : T’inquiète, il est toujours comme ça,


c’est une grande gueule, je me charge de le
mater !

ROSE : vas-y molo, il ne faudrait pas nous le


contrarier Il ne faudrait pas gâcher l’affaire,

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c ’est un truc qui t’arrive jamais, c’est
inespéré, un peu comme si on avait gagné au
loto.

KATE : Oui, ben quand tu gagnes au loto, tu ne


te poses plus de question, tu dépenses. (Elle
se resserre un verre de vin.) Vas-y ressers toi
un verre. (Elles trinquent.)

ROSE : Il ne manque plus que FIFI, et on sera


au complet !

KATE : Chut ! Fais gaffe parle moins fort !

ROSE : Oh ! Ça va, il est là-haut !

KATE : La FIFI, j’espère qu’elle saura tenir sa


langue !

Retour de JACK.

JACK : Je crois que notre ami va prendre un


bain. Servez-vous, faites comme chez vous !

KATE :(Elle rit) On t’a pas attendu !

JACK : Vous avez bien fait. Il y a encore une


personne qui doit arriver et nous serons au

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complet. Vous voulez visiter le jardin ? vous
verrez il y a une piscine, vous trouverez des
maillots dans l’abri pool house !

ROSE : Dans la housse de quoi ?

JACK : Ah ! Pardon ! Dans la cabane de piscine.

KATE : Bon ! Ecoute ! Tu nous tutoies parce


que là, j’ai l’impression d’être chez la Queen
BABETH !

JACK : Comme vous voudrez.

ROSE : Oui, elle a raison, ce sera plus sympa,


puisqu’ on est là pour un bout de temps ! Bon
alors ! Il est ou ce jardin ? (Elles sortent.)

La sonnette retentit.

JACK : La petite dernière. (Il va ouvrir, une


jeune femme apparait vingt-cinq trente ans,
elle est vêtue très bizarrement.)

FIFI : C’est bien ici pour le confinage ?

JACK : (Il rit) Oui, soyez la bienvenue, JACK


STEVEN…

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FIFI : Fifi… C’est rudement chouette votre
baraque…c’est là que je vais habiter ?

JACK : Oui, entrez.

FIFI : Le gars il m’a dit que vous n’aviez pas


d’enfant pas de femme ni rien, et que vous
aviez besoin de quelqu’un ! C’est ça ?

JACK : C’est un peu raccourci, mais il y a de


l’idée ! Je vous expliquerai plus tard en
attendant vous allez vous installer.

Retour de NICO.

NICO : Ah, mais je te connais, tu es toujours


fourrée au réveil matin !

FIFI : Ah ! Ouai ! toi aussi tu me dis quelque


chose ! (Elle se gausse)

NICO : C’est quoi ton nom ?

FIFI: Fifi!

NICO: FIFI Brindacier?

FIFI : Non Fifi tout court ! Et Toi ?

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NICO : Nico.

JACK : Bon ! Eh bien comme cela les


présentations sont faites. Venez !

NICO : Laisse, je vais lui montrer, j’ai bien


repéré, de toutes façons, il ne reste plus
qu’une chambre ! Ah moins que tu préfères
dormir dans la mienne ? Tu viens ? (Ils
sortent.)

JACK : (pour lui-même.) Pas de bol, c’est lui


qui va être le plus coriace, c’est pas gagné
pour moi, je crois que j’ai intérêt à le tenir
court ! Bon, enfin ça ne m’a pas l’air trop mal
tout ça, il s’est bien débrouillé le lascar.

Retour de Charlie, il est chargé de sacs de


courses.

CHARLY : Alors patron ! Ils sont tous arrivés.

JACK : Oui, impeccable, mission accomplie


Charlie, je te félicite !

CHARLIE : Merci patron, ça n’a pas été


compliqué, ils voulaient tous venir, le plus

37
difficile ça été l’indien, mais je l’ai eu ! Il est
bien non ?

JACK : très bien CHARLIE, très bien !

CHARLIE : Mais il m’a posé plein de questions.

JACK : Du genre ?

CHARLIE : Qui vous étiez, quel métier, quel


genre de maison tout ça !

JACK : C’est bien Charlie, je te remercie. (Il lui


tape sur l’épaule.)

CHARLIE : Et les filles ça va ? Avec l’indien, on


s’est dit… (Il en dit trop.)

JACK : Oui ?! Vous vous êtes dit ?!

CHARLIE : Non, on s’est rien dit, mais j’ai


pensé que les filles, elles seraient bien avec
l’indien !

CHARLIE : Mais je n’ai pas donné l’adresse


aux autres !

JACK : Quels autres ?

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CHARLIE : Ben ceux qui ne me plaisaient pas,
ceux qui répondaient mal à mon intime
question !

JACK : Qu’est-ce que tu leur as demandé ?

CHARLIE : Ben ! Euh ! Non, je ne veux pas


vous le dire patron, je préfère le garder pour
moi.

JACK : Ah ! Bon ! Pourquoi ?

CHARLIE : Parce que c’est intime !

JACK : Comme tu voudras ! En tous cas ils ont


l’air bien. Comment on fait pour le dîner, on
pourrait peut-être manger sur la terrasse, il
fait beau.

CHARLIE : Oui, je vais sortir la table. (Il sort.)


Je suis content qu’ils vous plaisent patron,
pour la question vous leur ne demanderez
pas ? Hein Patron.

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JACK : Non, non, ne t’inquiète pas ! Mais
j’avoue que tu m’intrigues !

NOIR.

40
SCENE 3

Même soir, Nico et Kate reviennent à


l’intérieur, le repas se termine.

NICO : Putain, j’ai trop bouffé.

KATE : Moi, trop bu ! La vache son pinard ! T’a


déjà bu un truc pareil ?

NICO : C’est de l’or en bouteille, quand tu


renverses une goutte tu pleures. Il est blindé
ce type !

KATE : On s’en tape, dieu est grand eh ! Nous


on en profite, non ?

NICO : (Agressif) Qu’est ce dieu vient faire là-


dedans, il y en a qui ont du pognon, d’autres
comme nous qui faisons ceinture, c’est tout !

KATE : Et tu comptes faire quoi contre ça ?

NICO : Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je


constate, c’est tout ! Je vous l’avais dit, c’est un
putain de riche-man !

Entrée de FIFI

41
FIFI : (S’adressant à NICO, et visiblement
mécontente que Kate soit en sa compagnie.)
Ah ! Tu es là, je te cherche partout, tu pourrais
prévenir quand tu te casses.

NICO : (Se moquant fortement) Oh ! Pardon


princesse Fifi, je vous ai oubliés dans le jardin
royal !

(KATE se tord de rire...)

FIFI : Ça te fait marrer toi ce genre de truc ?

KATE : Excuse-moi, Je vais quand même pas


chialer ! (Nico rit avec elle)

FIFI : C’est ça marrez-vous bande de nazes,


rira bien qui rira le dernier !

NICO : Pourquoi tu dis ça ?

FIFI : Parce que on est tous là comme des


bénis oui oui, à faire ce que le grand manitou
nous demande, mais on ne sait même pas ce
qu’il veut vraiment ce mec, moi je vous dis
qu’il y a un truc pas clair, pour le moment il

42
nous sort le grand jeu, mais ça va se payer
cash, moi je vous le dis !

KATE : Tu fais flipper ! Qu’est-ce que tu veux


qu’il fasse, on est quatre !

FIFI : Je sais pas, je comprends rien, mais y a


un loup, je vous dis.

NICO : T’inquiète Fifi, je maitrise !

FIFI : Ça veut dire quoi ?

NICO : Je sais qui il est, ça me laisse un coup


d’avance !

JACK entre à son tour.

JACK : ça se rafraichit sérieusement, mais


nous ne sommes qu’en mars, c’est déjà une
chance de pouvoir manger dehors ! Oh !
Excusez-moi, vous étiez en pleine
conversation ?!

NICO : Non, on disait qu’on avait bien bouffé !

JACK : Le mérite en revient à notre cuistot,


Charlie !

43
FIFI : (A Nico.) Faux cul de première.

JACK : Comment ?

FIFI : Rien, je dis que c’est un cuistot de


première !

JACK : Vous savez qu’il a travaillé dans un


grand restaurant.

Charlie et Rose entre en plaisantant,


visiblement ils s’amusent.

JACK : Nous faisions ton éloge mon Charlie.

CHARLIE : (Faisant une sorte de révérence.)


Merci monsieur dame !

(Kate Prend une cigarette.)

JACK : Alors ! Un truc important, je ne


supporte pas l’odeur de la cigarette, donc je
vous propose de fumer dehors, et surtout pas
dans les chambres.

KATE : Tu nous proposes… Ok, c’est bon, je


sors. (Elle va pour sortir.)

44
NICO : Attends tu vas nous dire tout ce qu’on
doit faire comme ça ?

KATE : Arrête, ça me gêne pas d’aller dehors,


il fait beau en plus.

NICO : C’est pas le problème, mais moi, j’aime


pas qu’on me dise ce que je dois faire, je suis
libre, tu comprends ça, je suis libre !

JACK : Tu crois que je t’enlève de la liberté en


t’empêchant de fumer dans la maison ?

ROSE : (Quelque peu éméchée.) Bon on s’en


fou, vous n’allez pas vous ‘’charpigner’’ pour
une clope !

NICO : Toi, j’ai comme l’impression qu’il


pourrait te demander la lune que tu irais lui
décrocher, non, je me trompe ?

ROSE : Oui, tu te trompes l’indien ! Je tiens


autant à ma liberté que toi, mais tu vois quand
un type me reçoit chez lui, me fais gouter le
meilleur pinard que j’ai jamais bu de ma vie,
me serre à bouffer ce que ne mange plus

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depuis… je ne sais même plus combien
d’années, tellement c’est loin et bien tu
m’excuseras au lieu de l’engueuler, je lui dis
respect Monsieur ! (Elle se prosterne, et
manque de tomber, JACK la rattrape de
justesse, tous rient, sauf NICO qui reste
figé.)

JACK : hop ! Là !

ROSE : Je crois que je suis un peu saoule. (Elle


s’écroule sur le canapé.)

FIFI : Un peu ?! T’es complètement bourrée


oui ! (A Jack.) Il faut dire qu’il tape ton Jaja !

JACK : Bon ! Ecoutez ! On va mettre les choses


au point une bonne fois pour toute.
Premièrement, Si je fais ça, c’est parce que j’ai
les moyens de le faire, deuxièmement je ne
vous demande rien en échange,
troisièmement vous pouvez partir quand bon
vous semble ! (Silence.) Mais si vous sortez,
sachez que vous ne pourrez plus revenir !

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FIFI :( voulant donner le change.) Oh, j’ai
compris ! Tu veux monter un casse, et tu
cherches une équipe, comme dans le truc
qu’on m’a raconté là … mais si comment ça
s’appelle… Ah ! Oui, Casa de pépètes’’ (Elle
mime l’argent !)

(Chacun reste de marbre, visiblement ça ne


dit rien à personne.)

NICO : T’en raconte des conneries toi, hein !


(Il la prend par le cou, ils sortent.)

CHARLIE : Je ne suis pas sûr de ne pas mettre


m’être gouré sur l’indien, je crois qu’il va nous
emmerder, patron ! En même temps, j’en ai
pas trouvé d’autres.

JACK : Non, non, tu ne t’es pas gouré, c’est le


bon ! Ne t’inquiète pas, il fait son Kéké comme
ça, mais je suis sûr que c’est un bon gars, il va
se calmer, il faudra qu’il se calme !

CHARLIE : Oui ! Moi je crois qu’il risque de


foutre la merde ! (Il sort, en débarrassant les
verres.)

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Rose revient un peu à elle

ROSE : Ouah ! Pourtant d’habitude je tiens


bien, mais là ! Il tape ton jaja !

JACK : C’est vrai que ce n’est pas de la roupie


de sansonnet !

ROSE : (Entre deux vins.) Je connais pas ce


vin-là ! Tu es gentil JACKSON, on est bien chez
toi, je veux rester ici toute la vie.

JACK : Tu sais, j’espère que le confinement va


s’arrêter un jour, il faudra bien ressortir.

ROSE : Ben ! Non, moi je reste ici toute la vie,


je veux plus jamais sortir, d’ailleurs je vais le
dire aux autres ! (Elle se lève, elle s’écroule,
Jack se précipite pour la relever)

KATE entre et se méprend sur ce qu’elle voit.

KATE : Eh ! Tu fais quoi ? Lâche-la !

JACK : Si je la lâche, elle tombe. (En colère)


Qu’est ce tu crois que je lui fais, elle est

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complètement beurrée, tu ferais mieux de
m’aider au lieu de vociférer !

KATE : Oh ! Te fâche pas ! J’ai juste cru que


t’étais en train de…

JACK : En train de quoi ? Merde ! Vous


pourriez me faire confiance, je vous fais
confiance moi, vous pourriez vous tirer avec
les tableaux, l’argenterie, où je ne sais quoi,
mais j’ai confiance en vous !

KATE : Excuse-moi JACQUOUILLE ! (Elle lui


claque un gros baiser sur la joue. Il est un
peu ému.)

JACK : Ben dis donc c’est ma fête ce soir


JACKSON et maintenant JACQUOUILLE ! Bon !
Je crois qu’il faut qu’on la couche, tu m’aides
on va la monter dans sa chambre. (Ils
prennent ROSE par le bras et ils sortent.)

NICO entre avec CHARLIE

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CHARLIE : Déjà, mais tu déconnes t’aurais pu
faire le plein avant, où veux-tu que je te trouve
ça, il n’y a plus personne dehors !

NICO : Mais si je te dis que les gars doivent


être dans les parages, derrière les cinoches tu
vas trouver, je te rembourserais !

CHARLIE : Avec quoi, tu vas me rembourser ?


Bon, c’est pas le problème, mais je ne suis pas
sûr que le patron soit d’accord !

NICO : T’es con où quoi ? Tu lui en parles


surtout pas !

CHARLIE : Déjà, je me demande s’il ne se


doute pas de quelque chose !

NICO : Mais non, de quoi veux-tu qu’il se


doute, on fait tous gaffe !

CHARLIE : (Pas très convaincu.) Ouai !

NICO : Bon ! Laisse tomber, je vais sortir moi-


même.

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CHARLIE : (Complètement paniqué à l’idée
que NICO puisse sortir.) T’es complètement
dingue, tu vas pas sortir, en plus il te faut une
autorisation si tu rencontres des flics. Tu vas
mettre quoi comme motif.

NICO : Quoi quel motif ?

CHARLIE : Pour sortir, il te faut un motif


valable, tu vas leur dire quoi aux flics, je suis
sorti pour acheter de la daube ? En plus je
risque de me faire piquer, merci bien !

NICO : Mais non ! C’est comme si t’allais chez


le boulanger !

CHARLIE : Oui ! Sauf que là, c’est pas de la


farine que je vais ramener ! Tiens-toi
tranquille NICO ? Sinon tu vas faire tout
foirer !

NOIR.

51
SCENE 4

Quinze jours plus tard. JACK donne quelques


consignes de courses à CHARLIE.

JACK : Ramène des huitres, tu crois que tu


peux trouver ça ?

CHARLIE : Oui, j’en ai vu à la poissonnerie,


mais vous croyez qu’ils aiment ça patron ?

JACK : On va démarrer doucement, tu n’en


prends que six par personne, on verra bien !
Tu n’oublies pas le petit blanc sec qui va bien.
Et surtout, tu penses à leurs cigarettes, sinon,
tu vas te faire lyncher !

FIFI rentre précipitamment.

FIFI : Tu vas faire les courses, je viens avec toi.

JACK : Non, non, je te rappelle qu’il y a une


saloperie dehors, on n’a pas envie que tu nous
la ramènes ici.

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FIFI : Ben, lui, il sort bien, il peut la ramener
aussi ?!

JACK : Il faut bien qu’il y en est un qui sorte


pour chercher du ravitaillement, mais un
seulement.

FIFI : Et pourquoi, c’est toujours lui, je te les


fais-moi les courses !

JACK : On verra ça une autre fois, pour le


moment je préfère que ce soit lui, tu vois !
Vas-y Charlie !

CHARLIE : (A FIFI) Au fait hier on m’a dit qu’il


y a un sdf qui est mort, tu le connais peut-être,
il s’appelle FRANCK ?

FIFI : Ah, oui, ça me dit quelque chose. Il est


mort du corona ?

CHARLIE : Non, pas du tout.

FIFI : Ah ! Ça va alors ! Tu m’as fait peur !

CHARLIE : Bon ! J’y vais. (Il sort.)

53
FIFI : On commence à tourner comme des rats
en cage, j’ai envie de sortir là !

JACK : Des lions en cage, pas des rats !

FIFI : On s’en fout, je me sens faite comme un


rat, tu crois que ça va durer longtemps cette
connerie ?

JACK : Encore au moins un mois, mais tu n’es


pas bien ici, avec nous !

FIFI : Si, c’est pas la question, mais je


m’ennuie, je pense trop, ça me fiche le
bourdon ! Dehors, j’ai pas le temps de penser,
il faut que je me batte pour tout, ici c’est trop
tranquille !

JACK : Quel âge as-tu exactement ?

FIFI : C’est pas gentleman ‘’Papa’’ de


demander l’âge des dames… Mais je vais te le
dire quand même, je vais avoir la trentaine,
pourquoi, tu me poses cette question ?

54
JACK : Comme ça, je m’intéresse ! Tu dis que
tu penses trop, c’est indiscret de te demander
à quoi tu penses ?

NICO apparait dans l’entrée, Il écoute.

FIFI : Ouai ! C’est vachement indiscret… (Un


temps) Je pense à ma vie de merde. Tu vois
depuis que je suis ici, je me rends encore plus
compte que je ne suis rien, je n’existe pas.

JACK : Bien sûr que oui, tu existes, et si ta vie


ne te plait pas, il n’y a que toi qui peux la
changer.

NICO : Ne l’écoute pas Fifi, il va encore te faire


la morale et tout le tintouin. Tu peux changer
ta vie, toi seul est maitre de ton destin, mon
cul oui ! Y en a marre de tes discours à la con,
tu vois pas qu’elle étouffe ici, on étouffe tous.

JACK : Et bien barrez-vous, allez dehors ! (Un


temps) Alors ! Qu’est-ce que vous attendez ?
La porte est grande ouverte.

KATE et ROSE entrent.

55
KATE : Bonjour l’ambiance ici ! qu’est-ce qu’il
ya?

JACK : Ils veulent partir, ils étouffent ici !


Qu’ils partent !

ROSE : Sérieux ?

NICO : Ouai, sérieux, moi je me casse, j’en ai


plein le dos de cette vie de bourge, tu te
prends pour qui, tu crois que parce que t’es
riche comme Crésus, tu vas gérer ma vie ? Le
pognon ça donne aucun droit sur les autres !
tu viens FIFI ?!

FIFI semble hésiter.

NICO : Qu’est-ce que t’attends, on se tire !

FIFI : Attends, on discute !

NICO : Quoi, on discute ! Mais sous ses airs de


gentil, il nous manipule tous ! C’est un gourou
ce mec !

ROSE : Et dans quel but ?

56
NICO : Dans le but de…J’en sais rien, c’est ce
que je me demande depuis le début. Mais
quand on aura compris, ce sera peut-être tard,
moi je me tire avant !

KATE : Et tu vas faire quoi dans la rue ? La


manche ? Il n’y a plus personne pour te
donner une tune ! Comment tu vas bouffer ? Et
en plus tu vas te choper ce putain de virus !

NICO est complètement désarçonné.

ROSE : Kate a raison, tu devrais réfléchir


NICO, je crois que tu te trompes
complètement JACK ne nous veut aucun mal.

NICO : Je suis pas sûr que tu sois la mieux


placée pour me donner des conseils, toi !

ROSE : Pourquoi tu dis ça ?

NICO : (Plus détendu) Parce que toi, il t’a déjà


embobinée. (Il rit)

KATE : Allez viens, on va s’en griller une !


(NICO sort avec elle)

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FIFI : Désolée JACK… je ne voulais pas…

JACK : Tu n’y es pour rien, il est un peu


nerveux, ça va passer.

ROSE : Je ne comprends pas pourquoi, il est si


dur, il a tout ici pourtant.

JACK : On n’a jamais tout quand il vous


manque l’essentiel.

FIFI : ça veut dire quoi ?

JACK : Je lui procure le vital, mais pour le


reste ?

FIFI : Quand tu sais où crécher et qu’en plus tu


bouffes tous les jours plus que ta faim, tu peux
dire que t’ai verni, non ?

JACK : Sans doute. (Le téléphone sonne.) Oui,


je t’écoute, ah ! Mince, tu as fait tout le tour ?
Bon, ok ! (Il raccroche.) On a un problème de
taille, les tabacs sont fermés.

FIFI : Ah merde ! Comment on va faire ? Bon,


on va voir ce qu’il nous reste et on partagera !

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De toutes façons moi je fume pour faire genre,
mais franchement, je peux m’en passer !

ROSE : Tu es une chouette fille, tu vois, je suis


contente de te connaitre, ça aura au moins
servi à ça, on aura tous eu la chance de se
rencontrer. Et puis, Charlie, nous avait dit que
nous serions comme des coqs en pâte dans
cette maison. Par contre, sa question sur les
hommes m’a surprise !

JACK : (Curieux.) C'est-à-dire ? Quelle


question ?

ROSE : Tu dois bien le savoir JACK, c’est toi


qui l’as guidé dans les questions, non ?

JACK : Oui, pour les questions banales sur


votre situation, mais la dernière question,
c’est lui seul qui l’a choisie, qu’est-ce qu’il t’a
demandée ?

ROSE : Quel était mon genre d’homme ?

JACK : Vraiment ? Et tu lui as répondu quoi ?

ROSE : Ah ! Secret entre Charlie et moi

59
JACK : Mais pourquoi il t’a posée cette
question ?

FIFI : Moi, j’ai ma petite idée ! Et tu sais ce


qu’il m’a demandée à moi ?

JACK : Non, dis-moi.

FIFI : Il m’a demandée si j’étais prête à faire


des mioches ?

JACK : Bon ! Que Charlie vous pose des


questions tordues ça ne m’étonne qu’à moitié,
mais que vous ne soyez pas parti en courant…
je ne comprends pas !?

ROSE : D’abord, les questions, il les a posées


gentiment, et puis tu sais, ce n’est pas tous les
jours que quelqu’un s’intéresse à nous.

JACK : C’est quand même curieux de poser ce


genre de questions, j’aimerai bien qu’il
m’explique, mais il m’a fait promettre de ne
rien vous demander. Et à Kate et Nico qu’est
ce qu’il a demandé ?

FIFI : A Kate, je crois que…

60
NICO revient du jardin avec un téléphone à
la main.

NICO : Jack, J’ai un blême ! il faut que tu me


rendes un service.

JACK : Ciel !

NICO : Je viens d’avoir une copine au phone,


elle est toute seule dans la rue comme une
conne, elle ne sait plus où aller, tu veux bien
qu’elle rentre ici avec nous ?

JACK : Mais attends, on a plus de chambre !

NICO : T’a bien un matelas, un truc par terre,


elle dormira dans ma chambre.

FIFI : (Se précipitant.) Je veux bien lui donner


ma chambre, moi je dormirais par terre dans
la tienne!

ROSE: Ah ah ! Par terre, c’est ça prend nous


pour des billes !

JACK : Tu me laisses réfléchir deux minutes, et


on en reparle.

61
Kate revient aussi du jardin.

KATE : Alors c’est ok pour ta copine pute ?


Elle peut venir ?

NOIR.

62
SCENE 5

Quelques jours plus tard, environ 25e jours


de confinement, la copine de Nico est
arrivée.

JULIENNE : N’empêche que je me sens mieux


ici que dehors, comment ça fait flipper, c’est le
désert ! Pis alors pour bosser queue de chie,
les mecs depuis qu’ils sont confinés avec
bobone, ils jouent plus en extérieur ! Mais de
quoi je vis moi ? Tu crois qu’ils nous fileraient
une petite prime, queue d’ale ! Nous aussi on
est utile à la société !

JACK : Mais, euh ! Vous… comment dirais-


je… ? Vous êtes affilié à un hôtel en particulier,
enfin… Euh !

JULIENNE : Affilié ?! Ah ! T’es drôle toi, tu


veux savoir si j’ai un impresario, c’est ça que
tu demandes ?

JACK : Un imprésario ?!

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JULIENNE : Un jules ! Un mac quoi ?! Non
t’inquiète, je bosse pour ma pomme, au black,
c’est pour ça que je touche pas le chômage !
Ah ah ! En tous cas, c’est vachement sympa
que tu me reçoives chez toi, si t’a besoin de
quoi ce soit, tu n’hésites pas !

JACK : Je vous remercie, mais chacun met un


peu la main à la pâte !

JULIENNE : Et ben voilà, je mettrai la main à ta


pâte ! T’auras qu’à demander. (Tous rient,
JACK est un peu gêné.)

NICO : En tous cas avec JUJU on va pas


s’ennuyer, c’est un sacré bout en train.

ROSE : Oui, on voit ça, du coup tu dors où ?

JULIENNE : Ou on voudra bien de moi, je ne


suis pas difficile.

NICO : Je t’ai mis un matelas dans ma


chambre.

JULIENNE : Ah Bon, dans ta chambre !

64
NICO : Cache ta joie JUJU ! T’es pas contente
de dormir avec moi ?

JULIENNE : Mais si mon NICO, on va


commencer comme ça, après on verra ! Et toi
Monsieur JACK, tu fais quoi dans la vie pour
avoir un standing pareil ! C’est Versailles ici !

JACK : J’écris des livres, je suis écrivain.

JULIENNE : Putain ça rapporte les bouquins,


tu dois être connu alors ?

NICO : Comme tu dis, ça rapporte, pendant


que les autres crèvent dans la rue ! (Tous font
mine de ne pas entendre.)

ROSE : (Qui ne semble pas gouter l’intérêt


que JULIENNE porte à JACK.) Oui, JACK est
connu, même très connu, mais bien sûr dans le
milieu que tu fréquentes…

JULIENNE : Qu’est-ce qu’il a le milieu que je


fréquente ? Parce que toi t’en as lu beaucoup
des bouquins de JACK STEVENS ? Tu veux me

65
faire croire que t’es une intello, laisse-moi
rire! T’es une POUF comme les autres oui !

ROSE : Il y a POUF et POUF !

JULIENNE :(Se levant.) Tu veux dire quoi,


vas-y ! Va au bout de ta science !

ROSE : Je n’ai pas besoin d’expliquer, tout le


monde a compris ce que je voulais dire.

JULIENNE : Oh toi tu viens de jouer ta


dernière ! (Elle se jette sur ROSE, NICO et
JACK se précipitent pour les séparer.)

JACK : Calmez-vous, enfin, c’est ridicule, il n’y


a pas lieu de se disputer.

Les deux en même temps.

JULIENNE et ROSE : C’est elle qui a…

JACK : Stop, s’il vous plait mes dames !

JULIENNE sort en grommelant.

66
JACK : Franchement, si c’est pour en arriver
là, je ne suis pas sûr que l’arrivée de JULIENNE
soit une bonne chose.

NICO : Attend, c’est ROSE qui l’a cherchée, tu


ne crois pas ? Tout ça parce qu’elle est
jalouse !

ROSE : Jalouse de quoi ?

NICO : T’as peur qu’elle te le pique, c’est tout !


Mais tu n’as pas besoin d’avoir peur,
JULIENNE, elle est incapable de rester avec un
mec plus de deux jours !

ROSE : N’importe quoi, c’est juste ces grands


airs qui me gonflent, ça joue les chattes de
concours, alors que c’est juste une chatte de
gouttière !

FIFI et KATE reviennent du jardin.

FIFI : Dis donc, elle perd pas de temps la


julienne, on voit que c’est une pro !

JACK : Comment cela ?

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KATE : Le Charlie il a l’air d’apprécier le
confinement !

JACK : Il exagère il ne faudrait pas que ma


maison devienne un vaste lupanar ! (Il se
dirige vers le jardin, mais Kate l’arrête en
chemin.)

KATE : Laisse JACK, Charlie ne doit pas avoir


souvent l’occasion de se faire du bien, il le
mérite, tu ne crois pas ?

JACK fait un petit geste réprobateur, mais


reviens sur le canapé.

FIFI : N’empêche que sans Charlie, on ne


serait pas là, c’est quand même grâce à lui si
on est ensemble !

KATE : Tu as raison. Même si ses questions


étaient un peu farfelues.

FIFI : Au fait, C’était quoi la question qu’il t’a


posée à toi ?

KATE : Oh ! Il m’a demandé si je voulais avoir


des chiards.

68
JACK : Des chiards ?

KATE : Des mômes quoi ! J’ai pensé si j’ai des


gosses ce ne sera pas avec toi mon gars ! Mais
je ne sais pas pourquoi, je lui ai répondu que
oui !

FIFI : Oh ! C’est marrant, la même question


que moi. Et toi NICO ? Il t’a demandé si tu
voulais des gosses ?

NICO : Non, moi il m’a demandé si j’avais un


père ?

ROSE : Et tu en as un ?

NICO : Non, ma mère m’a dit qu’il était mort


avant ma naissance, je ne sais même pas ce
que cela veut dire avoir un père ! De temps en
temps, je m’en fabrique un, juste pour voir !

ROSE : C’est bizarre ces questions, non ? En


tous cas c’est un chouette type ce Charlie !

FIFI : Pourquoi, on lui ne ferait pas une petite


fête, pour le remercier.

69
KATE : Super idée FIFI, on pourrait faire ça ce
soir, on s’occupe de tout, et lui ce soir, il ne fait
rien, en plus je crois qu’il va être assez occupé
comme ça, ça tombe bien !

JACK : Allez ! partant pour la fête, en revanche


il faut lui faire la surprise.

NICO : Préparez tout ! Moi je vais trouver un


truc pour l’occuper au fond du jardin, si Miss
JULIENNE veut bien me le prêter deux
minutes. (Il sort.)

FIFI : Ça, c ’est pas gagné ! (Ils rient)

JACK : Vous savez les filles, vous pouvez


fouiller dans l’armoire, vous trouverez bien un
petit truc qui va vous plaire, ce serait bien
qu’on s’habille un peu non ? Bon, je prépare la
table. (Il sort.)

FIFI : Oh ! Ouai, super ! J’en ai marre de mes


fringues pourries.

70
ROSE : Moi, je fais le dessert, je vais vous faire
une mousse au chocolat, c’est ma spécialité,
enfin ! Si je m’en souviens encore !

KATE : Tant que tu nous fais pas une soupe à


la grimace !

ROSE : Pourquoi tu dis ça ?

KATE : Non, comme ça, je dis ça je dis rien !

FIFI : C’est vrai que depuis l’arrivée de


JULIENNE, tu n’es plus la même, tu fais la
gueule.

ROSE : Non ! Mais elle est gonflante, on était


bien entre nous, vous ne trouvez pas ?

KATE : Oh ! Mais, nous, c’est pas pareil que toi.

ROSE : Quoi, c’est pas pareil ? Oh vous êtes


chiantes avec vos sous-entendus, bon ! Je vais
chocolater ! (Elle sort vers la cuisine.)

FIFI : Tu crois vraiment qu’elle l’a calculé ?

KATE : Bien sur depuis le début elle se le


réserve !

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FIFI : Et lui, il marche ?

KATE : A ton avis ?

FIFI : Il court !

KATE : Putain, j’aimerai bien me dégoter un


mec moi, mais plus jeune bien sûr ! J’aimerai
me ranger des voitures ! Pas toi ?

FIFI : Ouai, mais j’en veux un pété de tune, pas


un branque !

KATE : On s’est habituée au luxe pas vrai ? On


pourra plus redescendre ! Le NICO il me
déplait pas, mais coté pognon, c’est pas ça !

FIFI : Laisse tomber, NICO les gonzesses ils


s’en branlent !

KATE : Ah bon ! Qu’est ce qui te fait dire ça ?

FIFI : Tu vois bien qui nous yeux-te pas, ni


rien.

KATE : Mais justement, je trouve qu’il me


mate pas mal, t’as pas remarqué ?

72
FIFI : (De plus en plus sèche.) Non, j’ai rien
remarqué, pour ce qui est de mater, je crois
que tu te fous le doigt dans l’œil, Nico y mate
pas, je te dis ! Je me demande même s’il est
pas un pédé !

KATE : (Elle éclate de rire.) NICO ! Pédé !


Alors là, je suis sûr que non, je me trompe
jamais là-dessus, quand je sors de l’eau à la
piscine, qu’est-ce que tu crois qu’il lorgne ?

FIFI : Tu te pisses dessus ma vieille, Nico, il est


pas pour toi ! Et je te conseille de tailler la
route !

KATE : Quoi ?! Ah ouai, je suis trop conne, toi


aussi tu t’es fait ta petite résa, ben ! Je peux te
dire que t’a aucune chance il préfère les
blondes, d’abord je vais te dire puisque tu
veux tout savoir, NICO et moi on est déjà de
mèche ! Je me le suis déjà fait, t’as un métro de
retard !

FIFI :(Elle lui saute dessus en criant.)


Salope ! Tu n’as pas le droit, il est à moi,

73
poufiasse, je vais te trouer ! (Elles sont au sol,
elles hurlent.)

KATE : Mais arrête t’es complètement tarée.

FIFI : Tu vas regretter d’être née, SALOPE,


voleuse de mec… (Tous les mots y passent.)

(Le bruit alerte les autres qui tous


accourent pour voir ce qu’il se passe. Nico
les sépare)

NICO : Mais c’est quoi ça, qu’est-ce que vous


faites, on se calme.

KATE : Elle est folle, elle m’a sauté dessus.

JACK : Mais pourquoi, vous vous battez ?

Elles se regardent sans répondre, comme


prise en flagrant délit.

NICO : Oh ! Les filles, on vous pose une


question. Pourquoi vous vous battez, bordel ?

KATE : Elle m’a insultée !

FIFI : N’importe quoi, elle m’a volée un truc !

74
NICO : Qu’est ce qu’elle peut te voler, t’as
rien ?!

FIFI : Si, justement ça c’est à moi, personne ne


peut me le prendre !

KATE : Il est pas à toi autant qu’à toi.

NICO : Montrez-nous ce truc, on va trancher.

Après une brève hésitation les deux filles


désignent NICO du doigt.

NICO : Quoi ? Moi ? Vous vous battez pour


moi ? Ouah ! J’suis hyper flatté, ouah ! Deux
nanas qui se crêpent le chignon à cause de
moi. Mais vous êtes complètement flippées.

JULIENNE : Putain, mon prince NICO toutes


les gonzesses sont à tes pieds.

NICO : (Ils rient) Même toi JUJU ? (Il


l’embrasse.)

CHARLIE : He !

NICO : T’inquiète CHARLIE ! Je marche jamais


sur les plates-bandes des copains !

75
JACK : Bon, allez, l’affaire est close, je vous
rappelle qu’on a quelque chose à préparer !
Allez tout le monde dehors !

ROSE : (Prenant les deux filles par les


épaules.) Se battre pour un bonhomme, et
ben moi, je dis que c’est beau les filles, quand
on tient à quelque chose, à quelqu’un faut se
battre pour le garder ! (Elles sortent, suivi de
JACK et de CHARLIE.)

JULIENNE : Putain, c’est chaud ! T’as deux


nanas sur le dos mon gars !

NICO : Oh ! Tu me connais ! Ça me fait pas


peur, tu sais !

JULIENNE : Oui d’accord, mais là c’est du


lourd ! Je crois que chacune va défendre sa
place comme une lionne !

NICO : Attends ! J’ai peut-être mon mot à dire


non ?

JULIENNE : Vas-y ! Dis-le !

76
NICO : (Un peu surpris.) Et ben, je cris haut et
fort que je… et bien que je vais me fumer un
petit tarpe.(Il va pour sortir.)

JULIENNE : Attends deux secondes, dis-moi


c’est qui ce type ?

NICO : Un écrivain qui est plein aux as qui


veut se racheter une conduite.

JULIENNE : Pourquoi, se racheter une


conduite ?

NICO : Parce qu’il n’a pas toujours été correct.


En tous cas il croit qu’il ne l’a pas été !

JULIENNE : Comment ça ? qu’est-ce qu’il a


fait ?

NICO : Oh ! C’est trop compliqué à


t’expliquer ! Il se sent morveux, et moi je vais
le moucher !

JULIENNE : je ne comprends rien de ce que tu


racontes !

77
NICO : Pas grave, moi je me comprends !
Profite de la situation, c’est tout ce que t’as à
faire !

JULIENNE : Ok, mais tu m’inquiètes un peu


NICO.

NICO : T’as pas à t’inquiéter tout est sous


contrôle !

NOIR.

78
SCENE 6

Quinze jours plus tard, soit au 35 e jours de


confinement.

Nico entre en chahutant avec Kate. Nico


l’attrape et l’embrasse.

KATE : Arrête tu m’empêche de respirer. Dis-


moi qu’est ce qui te plait le plus chez moi ?

NICO : Ce qui me plait le plus chez toi…. C’est


dur ça comme question !

Fifi apparait sur le pas de la porte elle


assiste à la scène.

KATE : Allez réponds !

NICO : Je sais pas, si je dis tes yeux, tu vas me


traiter de menteur !

Kate rit. Fifi s’avance et se précipite sur Nico


et l’embrasse.

FIFI : Et moi ? C’est quoi que tu préfères ?

79
NICO : Non pitié, on a déjà joué à ce jeu hier !
Tiens inversons, qu’est-ce qui vous plait le
plus chez moi !

KATE : Moi c’est tes mains, tu as des mains de


musicien, elles sont longues, tu devrais jouer
du piano.

FIFI : Ah ah du piano ! En attendant c’est du


pipeau qu’il nous joue !

NICO : Répond toi ! Au lieu de raconter des


conneries !

FIFI : Moi ce que je préfère chez toi ?! A ton


avis ?

NICO : J’en sais rien vas-y !

FIFI : Ce que j’aime en toi, c’est que tu me fais


toujours marrer !

NICO : Ah ouai ! Pourtant je ne suis pas très


drôle.

KATE : Si, si elle a raison, même quand tu


veux faire genre sérieux, tu fais marrer !

80
ROSE apparait elle est vêtue différemment,
elle est très élégante.

FIFI : Ouah, tu nous fais quoi là ?

KATE : Ouah ! La frime !

NICO : Putain, ça te va super bien, t’a trouvé ça


où ?

JACK entre il reste figé.

JACK : Tu es magnifique !

ROSE : Tu m’avais dit que je pouvais choisir


des vêtements dans l’armoire de ta… alors !
voilà !

JACK : Oui, oui, tu as bien fait, mais je … tu as


bien fait ! Excuse-moi, c’est juste que cela me
fait drôle de voir ces vêtements sur quelqu’un
d’autre que… C’est bien !

ROSE : Si cela te dérange, je vais me


changer ?!

JACK : Non, non, tout va bien, en plus tu es


superbe !

81
NICO : Bon ! KATE et FIFI, c’est le moment de
se faire la tangente !

FIFI : Un mois et demi de boulot pour en


arriver là, vous n’êtes pas du genre rapide
tous les deux !

ROSE : Arrêtez vos conneries ! J’avais besoin


de fringues, c’est tout !

KATE : Ben ma vieille on pas dire que tu as


des gouts simples, tu as vu ce que tu as
choisi ?!

ROSE : Oh ! Eh ! Lâchez-moi là, vous êtes


jalouses où quoi ?

JACK : C’est moi qui lui ai dit de se servir,


l’armoire est pleine de vêtements qui ne
serviront plus jamais alors !

FIFI : Oh ! Chouette, je peux en prendre aussi


alors ?

JACK : (Un peu embarrassé.) Si vous avez


besoin de vêtements, je vous en achète, il n’y a
pas de problème !

82
FIFI : Eh ! Papa, tu sais que tous les magasins
sont out, comment veux-tu qu’on s’achète des
fringues ?

JACK : Choisis sur le net, et tu te fais livrer.

KATE : Ah ! Non, moi j’aime bien essayer


quand j’achète ! Bon ! Ok, te fatigue pas, on a
compris, armoire réservée !

JACK : En fait je pense que ce n’est pas votre


style, ma femme avait un peu la même
silhouette que ROSE, elle était…

FIFI : quoi qu’est-ce qu’elle a ma silhouette ?


Tu sais moi aussi je peux porter des robes à
mille balles, (Elle fait mine de défiler avec
une belle robe.)

KATE : Oui mais toi t’as pas tapé dans l’œil du


patron.

ROSE : Bon arrêtez, je vais remettre mes


frusques, vous me gonflez ! (Elle sort en
colère.)

83
FIFI : ça va ! Miss ROSE, on te chambrait, c’est
pas l’humour qui t’étouffe toi, hein ?

JACK : Vous êtes dur avec elle !

KATE : Mais non, mais elle fait un peu sa


pimbêche aussi, moi ça m’énerve un peu, (A
fifi) pas toi ?

FIFI : Oui c’est vrai, elle fait un peu sa mijoré,


ça fou un peu les boules !

JACK : Mais pas du tout, elle est un peu plus


âgée que vous c’est tout.

KATE : Et alors ?! JUJU aussi elle est plus âgée,


mais elle ne se la Pete pas pour autant !

JACK : Ah, mais ce n’est pas le même genre de


femme !

FIFI : (S’esclaffant) Ah ! Tu l’as dit bouffi !


Mais en vrai Papa, tu en pinces pour elle non ?

JACK : Tu sais FIFI, la vie ne me repassera


sans doute jamais le plat, alors je crois qu’il ne
faut pas que j’hésite à me servir !

84
KATE : Quel plat ?

FIFI : Laisse tomber, je t’expliquerai ! C’est


notre cuisine à nous !

KATE : Je comprends rien à vos magouilles.

JACK et FIFI rient.

JULIENNE arrive avec CHARLY

JULIENNE : Vous n’avez pas vu NICO ? On le


cherche partout ?

JACK : Il doit être dans sa chambre.

CHARLY : Non, justement, il n’y est pas. Je suis


sûr qu’il s’est tiré.

JACK : Mais non ?!

KATE : Ça fait deux jours qu’il tient plus en


place, oh ! Merde !

FIFI : Je vais voir au fond du parc.

JULIENNE : Je pense qu’il a plus de chite, ça le


rend dingue.

85
JACK : Charly, file dans les endroits où tu
pourrais le trouver, il faut absolument le
ramener.

KATE : Je viens avec toi, je connais ses


habitudes.

JULIENNE : Et moi, je fais quoi ?

CHARLY : Tu viens avec nous, on sera pas trop


de trois. (A JACK) Et s’il ne veut pas revenir ?

JACK : Tu lui dis que… qu’il faut absolument


que je lui parle, que… tu te démerdes, tu me le
ramènes ! Et faites vos attestations de sortie !

CHARLY : Du coup on met quoi comme motif !

JACK : Motif familial impérieux.

KATE : C’est pas la famille ?

CHARLIE : T’occupe, allez on y va !

Ils sortent.

JACK : (pour lui-même.) Quel couillon ! Je


crois qu’il est temps de l’affranchir avant qu’il

86
ne disparaisse définitivement ! Il faut que je
lui dise, mais j’ai tellement peur qu’il réagisse
mal ! Ce sera un coup de poker.

FIFI revient sans bien sur l’avoir trouvé.

FIFI : Il n’est pas dans le parc. Je pense qu’il


s’est tiré, ça gaz plus, même moi, il m’agresse !

JACK : Ah bon ! Pourquoi ?

FIFI : J’en sais rien, je peux plus rien dire sans


qu’il me saute dessus. Tiens ! Je me suis fait
engueuler parce que je t’appelle toujours
PAPA, il m’a dit ‘’arrête de l’appeler comme ça,
c’est pas ton père !’’ Ben ! bien sûr que c’est
pas mon père, c’est pour rigoler, que je lui ai
dit ! On dirait qu’il est jaloux !

ROSE apparait, elle s’est r’ habillée


normalement mais très proprement.

ROSE : C’est quoi ce ram dam ?

JACK : Nico a disparu.

ROSE : Comment ça disparu ?

87
FIFI : Il te faut un dessin, il s’est tiré quoi !

ROSE : Mais pourquoi, il s’est tiré ?

FIFI : Oh ! J’en sais rien, il en a marre d’être


enfermé, il a besoin de respirer, on commence
à étouffer, mine de rien, ça va durer encore
longtemps cette connerie ?

JACK : Je ne crois pas qu’il étouffe, je crois


qu’il a compris beaucoup de choses, et cela
devient difficile pour lui, ll est grand temps
qu’on se parle tous les deux.

FIFI : Fais gaffe Jack! Si tu lui fais encore la


morale, il va pas supporter !

JACK : D’abord, je ne lui ai jamais fait la


morale, ensuite ce n’est pas de cela qu’il s’agit,
on a des choses à se dire lui et moi.

FIFI : Bon ! Après tout c’est votre problème, ça


devient trop compliqué pour moi, je vais me
baigner. (Elle sort.)

ROSE : Tu as l’air angoissé ?

88
JACK : Angoissé ? Non, mais je dois jouer une
partition un peu difficile, il ne faut pas que je
me plante ! Je peux tout foutre en l’air !

ROSE : Avec Nico ? C’est bien cela ?

JACK : Oui, tu as tout compris.

ROSE : Tout, je ne sais pas, mais j’ai compris


certaines choses !

CHARLIE revient avec Kate et JULIENNE, ils


sont un peu abasourdis.

CHARLIE : On l’a trouvé, mais il ne veut pas


revenir.

JACK : Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il dit ?

CHARLIE : Il dit… Non, je ne peux pas vous le


répéter, patron !

JULIENNE : Il dit que t’as qu’à aller te faire


foutre.

KATE : J’ai pas compris pourquoi, il a l’air très


vénère contre toi.

89
JACK : Bon, dites-moi ou je peux le trouver, je
vais y aller !

JULIENNE : Je suis pas sûr que ce soit la bonne


solution.

JACK : Et alors ?! On fait quoi ? On le laisse


dehors, le confinement n’est pas terminé, je
vous ferais remarquer.

CHARLY : Je vous emmène PATRON ! (Ils


sortent.)

JULIENNE : Oh ! Putain ! S’il le ramène, il est


fort le loustique !

ROSE : T’inquiète, il va le ramener !

NOIR.

90
SCENE 7

Quinze jours plus tard, vers la fin du


confinement.

FIFI et Kate sont en grande conversation

FIFI : Tu comptes faire quoi toi ?

KATE : Ben, j’en sais trop rien, quand tu as


passé deux mois confinés dans de l’or, c’est
encore plus dur de se retrouver dans la rue. Et
toi ?

FIFI : Moi, ben je vais suivre NICO !

KATE : Ben, ouai, bien sûr, pour toi c’est facile


t’a décroché le gros lot !

FIFI : On va demander à JACK, il va surement


pouvoir t’aider, il peut pas vous laisser tomber
comme ça, ce serait vache !

KATE :(Très défaitiste) Qu’est-ce que tu veux


qu’il fasse ? Me trouver un boulot ? Je sais rien
faire !

91
FIFI : Mais si, ça n’existe pas quelqu’un qui ne
sait rien faire, il y a bien un truc qui te
botterait, réfléchie bien, vas-y !

KATE : Franchement, je ne vois pas !

FIFI : Pour ses bouquins, il a surement besoin


de quelqu’ un.

KATE : Quoi, tu penses bien qu’il m’a pas


attendue, et puis ces bouquins, j’y connais
queue de chie !

JACK entre avec ROSE

JACK : Les filles ils viennent d’annoncer le


début du déconfinement pour la semaine
prochaine, la vie va reprendre ses droits.

KATE éclate en sanglots.

JACK : Allons, qu’est-ce qu’il t’arrive pas petite


Kate ?

KATE : Ça me fait drôle de penser qu’on va


tous se quitter, et puis je n’ai plus envie de
cette vie de merde, tout ne peut pas

92
recommencer comme avant, comme s’il ne
s’était rien passé !

FIFI : Elle a raison JACK, on vient de vivre un


moment de rêve chez toi, tous ensemble, et
d’un seul coup tout doit se terminer, c’est trop
dur !

JACK : Mais qui a dit que tout allait se


terminer ?

FIFI : Tu viens de nous dire que c’était le dé


confinement !

JACK : Oui, le déconfinement, pas la


déconfiture ! On est une grande famille
maintenant, et la famille on ne la laisse pas
tomber comme ça.

KATE : Qu’est-ce que tu veux dire ?

JACK : Charlie m’a annoncé qu’il voulait partir


dans le sud avec JULIENNE, Ils vont reprendre
un petit bar.

FIFI : Oh ! C’est super, mais je vois pas ce que


cela change pour nous ?

93
JACK : Eh bien, je vais avoir besoin de
quelqu’un pour le remplacer, j’ai pensé que
peut être KATE… tu pourrais, enfin si cela te
plait bien sûr ?

KATE saute au coup de JACK

KATE : Je commence quand ?

JACK : Eh ! Pas si vite, tu n’as pas signé ton


contrat, tu ne sais même pas combien tu vas
gagner.

KATE : Ah ! En plus tu vas me payer ?

JACK : Attention, ne crois pas que c’est un


travail de tous repos, je suis très exigeant !

KATE : (Elle embrasse FIFI) Je suis trop


contente ! Et toi FIFI, qu’est-ce que tu vas
faire ?

FIFI : Je ne sais pas ce que je vais faire, mais je


sais avec qui je vais le faire !

KATE : (Elle sourit), ce ne serait pas


quelqu’un avec une belle crête sur la tête ?

94
FIFI : Comment t’as deviné ?

JACK : Je pense que Nico va rester ici


maintenant, si tu veux il y a aussi une place
pour toi FIFI !

FIFI : Ce serait trop top !

CHARLIE entre avec JULIENNE

JACK : Sacré CHARLY, tu peux être fier de toi !


Mais dis-nous un peu comment tu t’y es pris
pour réunir tout ce beau monde ?

CHARLIE : Oh ! Ben ! C’est simple, j’ai compris


que l’indien avait une grande importance pour
vous PATRON, et puis comme vous m’avez dit
que vous vouliez vous créer une famille, je
vous ai d’abord trouvé une compagne, j’ai
choisi ROSE, je lui ai demandé quel genre
d’homme elle aimait, elle m’a dit des hommes
gentils et si possible blindés (Tous rient).

ROSE : Tant qu’à faire !

95
CHARLIE : Apres je me suis dit que l’indien
pourrait devenir un peu votre fils, alors je lui
ai demandé s’il avait un père.

JACK : Il en a un !

CHARLIE : Oui, mais il ne le savait pas encore,


et moi non plus ! Après je me suis dit qu’il
fallait que le fils ait une compagne comme ça il
resterait ici avec vous, alors comme je ne
connaissais pas ses gouts, j’en ai pris deux
pour qu’il puisse choisir !

KATE et FIFI rechignent un peu.

KATE : Ben voyons, tu nous as un peu choisi


comme du bétail !

FIFI : C’est un peu vrai, mais bon ! On ne t’en


veut pas CHARLIE, (A KATE) Il a bien fait d’en
prendre deux non ?

NICO entre avec un dossier à la main.

NICO : JACK je comprends pas trop… (Voyant


que tout le monde le regarde) AH ! Vous êtes
tous là !

96
JACK : Oui, Charlie nous expliquait comment il
avait réuni la famille !

NICO : Ah ! Ouai ! Et au fait comment tu as su


que JACK était mon père ?

CHARLIE : Je ne le savais pas, mais il a


tellement insisté sur la personne que je devais
ramener, tellement décris, que ça m’a mis la
puce à l’orteil !

TOUS : A l’oreille !

CHARLIE : Quoi ?

ROSE : On dit la puce à l’oreille.

CHARLIE : En tous cas ça m’a mis la puce !


Mais j’avais peur de me tromper, mais un
Indien, j’en rencontré qu’un, alors !

NICO : Indien vaut mieux que deux tu’ l’auras !

Tout le monde rit

NICO : (A JACK) Mais quand tu es venu me


chercher dans la rue, et que tu m’as expliqué

97
que tu étais mon père, je ne t’ai pas cru !
C’était trop gros !

JACK : Et pourtant, c’est vrai, j’ai connu ta


mère juste avant mon mariage, elle était aussi
rebelle que toi, un jour elle a disparu sans me
dire qu’elle attendait un enfant, je ne l’ai
appris que plus tard, mais j’étais déjà marié.

NICO : Tu aurais quand même pu me


reconnaitre !

JACK : C’est vrai, lâcheté masculine. Mais j’ai


toujours veillé à ce que tu ne manques de rien.

NICO : L’argent ne fait pas tout !

TOUS: Oh! Euh !

NICO: Ok ! Ok ! Ça aide d’accord !

JULIENNE : En fait, tu étais un sdf de luxe, je


me demandais toujours comment tu trouvais
tout ce fric !?

ROSE : Et tu ne te posais pas de question ?

98
NICO : Je savais que j’avais un daron friqué,
ma mère me l’avait dit avant de mourir, je ne
savais pas qui il était, et je dois vous dire que
je m’en tapais complètement, du moment qu’il
banquait !

ROSE : Et maintenant ?

NICO : Maintenant quoi ?

ROSE : Tu es content de le connaitre ?

JACK : Ne répond surtout pas Nicolas !

NICO : Si je vais répondre. J’ai tout de suite


compris qui tu étais, et je me suis dit que
j’allais te le faire payer, j’ai bien tenté
quelques trucs, mais chaque fois je me disais
que c’était complètement con, qu’on avait
perdu assez de temps tous les deux, et que…
Enfin bref ! Je suis super heureux d’avoir un
père.

FIFI : Tu vas pouvoir dire papa maintenant !

NICO : Comment tu m’énervais à l’appeler


papa !

99
FIFI : Oui, j ’avais remarqué !

JACK : Bon, si on buvait un coup ! CHARLIE tu


fais le service ? Je te rappelle que tu travailles
encore pour moi cette semaine ! Allez
champagne pour tous !

CHARLIE SERRE LE CHAMPAGNE.

JULIENNE : (A jack et ROSE) Et vous deux,


vous allez vous marier ?

ROSE : Me marier, tu rigoles, je tiens trop à ma


liberté.

JULIENNE : Ta liberté de faire la manche dans


la rue ?

ROSE : Détrompe-toi, on peut être libre quand


on fait la manche et prisonnière quand on est
dépendante de quelqu’un, même riche !

JULIENNE : Et ben moi, je préfère être un peu


dépendante même de quelqu’ un pas trop
friqué !

JACK : Allez, à quoi trinquons nous ?

100
NICO : Ah Charlie, tout ça, c’est grâce à lui !

TOUS : (Levant leur verre) Merci Charlie.


(Tous se figent sauf Jack.)

JACK : Ça c’était ce dont je rêvais, mais hélas !


Les choses ne se sont pas déroulées comme je
le pensais.

Chacun disparait comme dans un ralenti, un


rembobinage………………………………………………
……pas de noir.

101
SCENE 8

JACK : (Au public) Lorsque j’ai retrouvé Nico


dans la rue, j’ai dit à CHARLIE de rester dans
la voiture, pour que je sois seul avec lui, j’ai
essayé de le résonner. Allez ! arrête tes
conneries Nico, tu ne peux pas rester dans la
rue !

NICO : Je veux plus revenir dans ta prison


dorée, ça me fait gerber !

JACK : Mais au moins, tu as un toit ! Et puis tu


n’es pas seul.

NICO : Parce que je suis entouré, je ne suis pas


seul ? Je suis toujours seul depuis toujours.

JACK : Justement, il faut que je te dise quelque


chose de très important !

NICO : Nous y voilà ! Te fatigue pas, je sais


déjà ce que tu vas me dire !

JACK : Comment tu peux le savoir ?

102
NICO : Tu crois détenir le scoop du siècle, et
en fait c’est moi qui le détiens !

JACK : Comment ça ?

NICO : Tu vas m’annoncer que je suis ton fils,


et bien moi je t’annonce que tu n’es pas mon
père, c’est ma mère qui a monté toute cette
cabale !

JACK : Qu’est-ce que tu racontes ?

NICO : Ma mère m’a dit qu’elle avait eu une


aventure avec un type qui est devenu célèbre,
mais ensuite elle a connu mon père et elle est
tombé enceinte de lui. Avant de mourir, elle
m’a dit qu’elle avait essayé de te faire croire
que tu avais un fils, pour que quelqu’un
s’occupe de moi, tu es tombé direct dans le
panneau !

JACK : Mais c’est impossible, tu es mon fils !

NICO : Tu penses ce que tu veux, je te dis la


vérité, de toutes façons, je ne veux pas d’un
bourge comme toi, comme père !

103
JACK : Mais c’est ridicule, je peux changer ta
vie !

NICO : Tu vois, si je suis dans la rue depuis


tout ce temps, c’est parce que je ne veux pas
participer à ce système de merde, ce système
broyeur d’hommes, si tu étais mon père
j’aurais l’impression de me trahir. Mais mon
père est mort depuis longtemps !

JACK : (Visiblement extrêmement déçu)


Mais… après tout on se fiche des liens du sang,
tu n’as plus personne, tu peux être mon fils
adoptif ?!

NICO : Tu serais prêt à tout pour t’acheter un


fils, tu t’es fait avoir du début à la fin, c’est moi
qui ai choisi les autres participants !

JACK : Comment cela ?!

NICO : Tu n’as pas trouvé que le casting était


un peu trop parfait ? (Signe
d’incompréhension de Jack.) En fait je les
connais toutes, CHARLIE m’a trouvé en
premier, tu l’avais tellement stressé avec ton

104
indien que c’était son obsession, après cela,
j’ai décidé pour lui, c’était ma condition pour
rentrer chez toi, il a accepté, il avait un peu
peur que tu apprennes l’affaire, mais je lui ai
promis qu’on ne dirait rien. FIFI et KATE on
fait la manche ensemble, ROSE me paraissait
parfaite pour le rôle de ta future… elles sont
au courant de tout, on s’est bien marré, on a
même inventé les questions ! paumé ! ! Il y a
que Charlie qui était un peu tendu, et comme
tu n’en voulais que quatre, j’ai attendu un peu
pour Julienne, et voilà le tour était joué.

JACK : Mais dans quel but ?

NICO : Aucun but particulier, sinon gérer nous


même le truc, on n’aime pas se faire dicter les
choses, on est libre !

JACK : Et tout cela avec l’accord de Charlie ?!


Mais comment vais-je pouvoir lui garder ma
confiance ?

NICO : Surtout je ne veux pas que CHARLIE


trinque pour nous, tu ne lui dis pas que tu es
au courant !
105
JACK : Ok ! Mais dans ce cas, tu ne dis pas aux
autres que tu m’as expliqué, on fait semblant
de rien, et tout va bien se terminer.

NICO : Mais moi, je ne vais pas rester Jack, je


crève chez toi, j’ai besoin d’air !

JACK : Je comprends, il faut trouver une


solution pour ne pas tout foutre en l’air, les
autres ont droit à leur chance après tout !
Allez pour le moment tu rentres avec moi, on
verra ensuite !

NOIR.

106
SCENE 9

Vers la fin du confinement.

FIFI et Kate sont en grande conversation

KATE : Ça sent la fin de partie, fini de jouer !

FIFI : Oui, c’est bizarre, je comprends plus


rien !

KATE : Moi non plus, en plus, quand tu as


passé deux mois confinés dans de l’or, c’est
encore plus dur de se retrouver dans la rue.

FIFI : Je sais pas à quoi il joue ! On dirait qu’il a


peur d’aller au bout.

KATE : Il va quand même pas laisser passer


ça !

JACK entre avec ROSE

JACK : Les filles ils viennent d’annoncer le


début du déconfinement, la vie va reprendre
ses droits.

Kate feint d’éclater en sanglots.

107
JACK : Allons, qu’est-ce qu’il t’arrive, ma petite
Kate ?

KATE : Ça me fait drôle de penser qu’on va


tous se quitter, et puis je n’ai plus envie de
cette vie de merde, tout ne peut pas
recommencer comme avant, comme s’il ne
s’était rien passé !

FIFI : Elle a raison Jack, on vient de vivre un


moment de rêve chez toi, tous ensemble, et
d’un seul coup tout doit se terminer, c’est trop
dur !

JACK : Mais qui a dit que tout allait se


terminer ?

FIFI : Tu viens de nous dire que c’était le


déconfinement !

JACK : Oui, le déconfinement, pas la


déconfiture ! On est une grande famille
maintenant, et la famille on ne la laisse pas
tomber comme ça.

KATE : Qu’est-ce que tu veux dire ?

108
JACK : Charlie m’a annoncé qu’il voulait partir
dans le sud avec Julienne, Ils vont reprendre
un petit bar.

FIFI : Oh ! C’est super, mais je vois pas ce que


cela change pour nous ?

JACK : Eh bien, je vais avoir besoin de


quelqu’un pour le remplacer, j’ai pensé que
peut être KATE… tu pourrais, enfin si cela te
plait bien sûr ?

Kate saute au coup de Jack.

KATE : Je commence quand ?

JACK : Eh ! Pas si vite, tu n’as pas signé ton


contrat, tu ne sais même pas combien tu vas
gagner.

KATE : Ah ! En plus tu vas me payer ?

JACK : Attention, ne crois pas que c’est un


travail de tous repos, je suis très exigeant !

109
KATE : (Elle embrasse FIFI) Je suis trop
contente ! Je n’aurai pas tout perdu ! Et toi
FIFI, qu’est-ce que tu vas faire ?

FIFI : Je ne sais pas ce que je vais faire, mais je


sais avec qui je vais le faire !

KATE : (Elle sourit), ce ne serait pas


quelqu’un avec une belle crête sur la tête ?

FIFI : Comment t’as deviné ?

JACK : Je ne sais pas trop ce que NICO a


décidé !

Charlie entre avec Julienne.

JACK : (le poussant dans ses


retranchements) Sacré CHARLY, tu peux être
fier de toi ! Bon, maintenant tu peux nous dire
comment tu t’y es pris pour réunir tout ce
beau monde ?

CHARLIE : (Très ennuyé) Oh ! Ben ! C’est


simple, j’ai compris que l’indien avait une
grande importance pour vous PATRON, et
puis comme vous m’avez dit que vous vouliez

110
vous créer une famille, je vous ai d’abord
trouvé une compagne, j’ai choisi ROSE, je lui ai
demandé quel genre d’homme elle aimait, elle
m’a dit des hommes gentils et si possible
blindés (Tous rient).

ROSE : Tant qu’à faire !

CHARLIE : Apres je me suis dit que l’indien


pourrait devenir un peu votre fils, alors je lui
ai demandé s’il avait un père.

JACK : qu’a-t-il répondu ?

CHARLIE : Euh ! Il m’a dit que non. Je me suis


dit qu’il pourrait être un peu comme votre fils,
c’est vrai ? Non ? je me suis dit qu’il fallait
que le fils ait une compagne comme ça il
resterait ici avec vous, alors comme je ne
connaissais pas ses gouts, j’en ai pris deux
pour qu’il puisse choisir !

FIFI : (Se moquant) Trop fort ce CHARLIE !

Kate et Fifi, rechignent un peu.

111
KATE : Ben voyons ! tu nous as un peu choisi
comme du bétail !

FIFI : C’est un peu vrai, mais bon ! On ne t’en


veut pas CHARLIE, (A KATE) Il a bien fait d’en
prendre deux non ? (Elles rient.)

NICO ENTRE

JACK : Charlie nous expliquait comment il


avait réuni la famille !

NICO : (comme désabusé) Ah ! Ouai ! Ah ! Il a


fait fort ce jour-là ! Casting parfait, pas vrai
CHARLIE,

CHARLIE :(Mal à l’aise) Ben ! Ouai !

NICO :(Comme pour lui-même) Indien vaut


mieux que deux tu l’auras !

Tout le monde rit SAUF Nico.

FIFI : Ils ont annoncé le déconfinement pour


la semaine prochaine.

NICO : Ah, super, il était temps, on va enfin


pouvoir se tirer !

112
JACK : Tu es chez toi ici maintenant, tu le sais,
tu peux rester autant que tu veux, et puis, je
vais te trouver un boulot, tu pourras m’aider
pour mes bouquins.

FIFI : (Trépignant de joie.) Ce sera super.

KATE : Moi aussi, je reste je remplace


CHARLIE.

CHARLIE : Tu vas essayer de remplacer


CHARLIE !

KATE rit.

KATE : Je vais tâcher de remplacer Charlie.

NICO : C’est génial, tout va bien dans le


meilleur des mondes ! Sauf que moi, tes
bouquins, je m’en bats l’œil !

JACK : Je comprends, je trouverai autre chose.

NICO : Tu ne comprends rien du tout, je m’en


balance de tes bouquins, de ta villa de rêve, de
ton fric, et de tout le reste !

FIFI : Mais pourquoi tu dis ça ?

113
NICO : Pourquoi ? réfléchit un peu FIFI, sans
son pognon, tu ne serais pas là, et surtout tu
ne resterais pas deux minutes de plus. (Un
temps, tous sont tétanisés) Et toi Kate, tu
restes pourquoi ? Même toi Charlie, ton bar
avec lequel tu me bassines depuis un mois, Tu
vas te le payer comment ? Merci Jack.

JULIENNE : Tu exagères.

NICO : Quoi ! j’exagère ! Ton bar dans le sud,


qui va te le payer ? (Un temps.) ! Tu as décidé
de t’offrir une famille. (Il applaudit
doucement) Félicitation Jack, tu t’es payé la
plus belle famille qui soit, mais désolé, pour le
fils ça ne va pas être possible, je ne suis pas à
vendre ! Bon arrêtez, Jack est au courant de
tout. Depuis huit jours, il fait semblant, je lui ai
tout raconté !

CHARLIE : Mais tu avais promis….

JACK : T’inquiète Charlie, je ne t’en veux pas,


grâce à toi, j’ai eu un fils pendant deux mois,
c’est beaucoup ! (Un long temps.) Pour ceux

114
qui veulent rester ma porte reste grande
ouverte !

NICO : Ma vie est à l’extérieure, je ne veux pas


d’une prison dorée !

FIFI : (Essayant de sauver encore ce qui peut


l’être.) Tu sais, c’est important d’avoir un
père!

NICO : Je t’en offre un, sur un plateau, je te le


laisse, tu l’appelles déjà PAPA !

FIFI : J’en ai déjà un, mais je ne sais même pas


où il crèche !

NICO va pour sortir.

FIFI : Tu vas où Nico ?

NICO : Je vais chercher mon sac, et je me


casse !

JACK : Mais c’est ridicule, tu ne peux pas


encore sortir avant mardi, il te faut encore une
autorisation.

115
NICO : Une autorisation signée de mon père ?
(Il sort.)

NOIR.

116
SCENE 10

LE JOUR DU DECONFINEMENT.

JULIENNE : (A jack et ROSE) Et vous deux ?


Vous allez vous maquer ?

ROSE : Non, maintenant que JACK est au


courant, tout est fossé ! Et puis franchement il
est un peu vieux pour moi non ?

JULIENNE : Et ben ! C’est quoi le problème, tu


hériteras plus vite !

ROSE : (Elles rient) T’es trop con ! (Un


temps.) Je crois que je tiens trop à ma liberté.

JULIENNE : Ta liberté de faire la manche dans


la rue ?

ROSE : Détrompe-toi, on peut être libre quand


on fait la manche et prisonnière quand on est
dépendante de quelqu’un, même riche !

JULIENNE : Et ben moi, je préfère être un peu


dépendante même de quelqu’un pas trop

117
friqué. Si tu ne prends pas le train quand il
passe tu restes en gare !

ROSE : (Dubitative) umh !

KATE entre avec CHARLIE et FIFI

JULIENNE : Tu es déjà prêt, je n’ai pas fait


mon sac.

CHARLIE : Tu sais, je ne suis pas sûr que ce


soit une bonne idée que tu viennes avec moi.

JULIENNE : (Désemparée) Comment ça ? On


était d’accord !

CHARLIE : Oui, mais j’ai réfléchi, pendant tout


ce confinement, on était un peu comme dans
une bulle, mais dans la vraie vie, je ne suis pas
sûr que…

JULIENNE : Mais Charlie… (voyant Fifi et


Kate) Vous aussi, vous partez ?

FIFI : Sans Nico, je n’ai aucune raison de


rester.

KATE : Le cœur n’y est plus ! Tout est gâché !

118
Entrée de JACK.

JACK : Alors, grand déconfinement pour tout


le monde ?

FIFI : Tu comprends sans Nico !

JACK : Bien sûr, je comprends !

KATE : Au revoir Jack, je réfléchie quand


même à ta proposition, mais là….

FIFI : (Embrassant Jack.) Je sais que je n’ai


pas le droit de t’embrasser, au revoir Jack.

JACK : Tiens ! Tu ne m’appelles plus papa ?

FIFI : Non, je n’ai plus le droit maintenant !


(Elles sortent)

CHARLIE : Attendez-moi, je pars avec vous.


Au revoir PATRON, on se téléphone.

JACK : Au revoir mon Charlie, sans rancune !

Ils sortent.

ROSE : Merci Jack, pour cette parenthèse


enchantée.

119
JACK : Tu es certaine de ta décision ?

ROSE : Certaine.

JACK : Rendez-vous au prochain confinement


alors !

Elle lui fait un baiser sur la joue, elle sort.

JULIENNE : Je vais chercher mon sac.

JACK : Tu sais si tu veux, tu peux rester, la


maison est assez grande pour deux !

JULIENNE : Mais ! Tu es sûr que tu ne préfères


pas ….

JACK : Que je ne préfère pas quoi, vivre seul


comme un con ? Non ! Et puis toi tu vas faire
quoi dehors ? Ici, tu es à l’abri des fauves !

JULIENNE : Mais au niveau fric, je vais faire


comment ?

JACK : Combien ça te rapporte par jour ton


business ?

120
JULIENNE : En forte saison, dans les cinq
cents !

JACK : Bon, on va dire cinq mille par mois, ça


le fait ?

JULIENNE : T’es trop choux, tu sais quand tu


as besoin de quoi que ce soit, tu me dis !

JACK : (Souriant) Pas de souci.

JULIENNE : Tu n’es pas trop triste pour Nico ?

JACK : J’ai tenté un coup de poker, j’ai perdu,


c’est le jeu ! J’y ai cru, et puis tout a basculé.

JULIENNE : Nico, c’est un électron libre, on


n’en fait pas ce qu’on veut.

JACK : Oui, j’ai vu.

JULIENNE : Mais t’inquiète, il va revenir.

JACK : Non, je ne crois pas, il est trop fier, et


puis, je ne suis pas son père ! Alors… ! Tu veux
boire quelque chose ?

JULIENNE : Comme toi Jack.

121
JACK : Comme moi !?(Il sert un whisky) C’est
drôle, tu étais la seule qui n’était pas prévue,
et tu es la seule qui reste. ‘’Les derniers seront
les premiers.’’

JULIENNE : De quoi ?

JACK : Non, rien, c’est le titre d’un de mes


livres. (Un temps.) En tous cas, jamais on
n’aurait pu prévoir que l’on vivrait une
période pareille, qui aurait pu dire lorsque
l’on s’est souhaité une belle année 2020 !

JULIENNE : Et une bonne santé ! Comme dit je


ne sais plus qui, ’’ Le pire n’est jamais
décevant’’.

JACK : C’est vrai ! En tous cas, tu es une


chouette fille Julienne.

JULIENNE : Ah ! Au fait, Julienne, ce n’est pas


mon vrai prénom, je m’appelle Claudine !

JACK : Ah oui ! Mais Julienne ça fait pas très…

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JULIENNE : Pute ? Non pas vraiment, mais au
moins on ne peut pas me trouver dans les
pages jaunes !

JACK : Du coup je t’appelle comment ?

JULIENNE : Comme tu veux, je me


reconnaitrais.

JACK : J’aime bien Claudine.

JULIENNE : Va pour Claudine, comme ça


j’aurais un peu l’impression de m’acheter une
respectabilité. Julienne a fait son temps. (Un
temps) j’ai pas compris pourquoi Rose n’était
pas restée ?!

JACK : Tout simplement parce que Nicolas


leur mis à tous dans la tête l’idée que je les
achetais, et puis elle n’est peut-être pas très
fière de m’ avoir roulé dans la farine, je n’avais
aucune intention d’acheter qui que ce soit, je
voulais juste…je ne me suis pas rendu compte
que je leur faisais du mal en voulant leur bien,
l’être humain est très fragile, il faut faire
attention !

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JULIENNE : Ben moi à sa place, je ne me serais
pas posé de question !

JACK : Eh bien, tu y es à sa place !

JULIENNE : Non, ce n’est pas la même chose,


on voyait bien que tu en pinçais pour elle, moi
tu me gardes parce que c’est la mode !

JACK : Tu m’amuses en tous cas. Dommage


que les restaurants soient encore fermés,
j’avais envie de me taper la cloche, pas toi ?

JULIENNE : Je vais regarder ce qui nous reste


dans le frigo, et je vais te faire un chouette
repas, tu vas voir.

Ils discutent tous les deux de bon cœur,


musique, le noir se fait doucement.

NOIR.

FIN.

124
Nous vous rappelons que toutes représentations
de cette pièce est soumise à l’autorisation de
l’auteur et de ses ayants droit. La demande doit
être déposée à la S.A.C.D.

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