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NOUVELLE ERE
SEBASTIEN DONNEGER
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Livre I :
Fuchsia et
pompons
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Table des matières
Prologue .......................................................................................................5
Chapitre 1 : Dernière rentrée........................................................................8
Chapitre 2 : A deux portes près ! ...............................................................29
Chapitre 3 : Surprise douce-amère .............................................................49
Chapitre 4 : Prémices .................................................................................77
Chapitre 5 : Montagnes émotionnelles ....................................................114
Chapitre 6 : En attendant les vacances .....................................................149
Chapitre 7 : Break à Sarlat. ......................................................................189
Chapitre 8 : Perte de contrôle...................................................................216
Chapitre 9 : Mise au point ........................................................................260
Chapitre 10 : Succès et déception. ...........................................................296
Chapitre 11 : Que du bonheur. .................................................................325
Chapitre 12 : Complicité ..........................................................................359
Chapitre 13 : Firmament ..........................................................................404
Chapitre 14 : Vie commune .....................................................................420
Chapitre 15 : Idyllique… à quelques détails près ! ..................................454
Chapitre 16 : Cœur meurtri ......................................................................500
Chapitre 17 : Derniers hommages............................................................534
Chapitre 18 : La vie continue ...................................................................577
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Prologue
Sous une canicule implacable, une fois encore, malgré l’heure avancée, les
étudiants encore sur place cherchaient désespérément moyen de se rafraîchir. Les
jours précédents avaient atteint les 40°C en journée et les températures en soirée
baissaient difficilement en cette fin du mois d’août. Tout le monde suffoquait.
D’après la météo, le phénomène touchait à sa fin, la deuxième partie de la nuit
devait se rafraîchir en un court laps de temps.
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Arguments supplémentaires plaidant en sa faveur, ce garçon était mignon, drôle
et particulièrement attentionné avec elle. Une petite baignade en corps-à-corps
avec lui ne lui déplairait pas.
D’un simple mouvement de tête, elle lui fit comprendre qu’elle déclinait son
offre. Le jeune homme avait l’air très déçu. Elle l’embrassa une fois de plus afin de
tenter de se faire pardonner.
Tout en se drapant d’un simple paréo, sans même s’essuyer, elle et son
éphémère conquête de la soirée furent happés par les acclamations ambiantes.
Tous les regards convergeaient vers le ciel. Par réflexe, Bucky en fit de même et
compris l’agitation des derniers noctambules de la soirée ; une intense et
magnifique étoile filante éblouissait l’iris de ses yeux. De mémoire, elle n’en n’avait
jamais vu d’aussi vive et proche. Bucky cru même un moment qu’il s’agissait de
débris satellitaires ou d’une météorite se désintégrant par friction avec
l’atmosphère Terrestre. Quel qu’en fut la nature, le spectacle était magnifique. Elle
en profita, blotti dans les bras de son compagnon du soir. Elle ne lui avait même
pas demandé son prénom. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Elle n’avait aucune intention
de le revoir. Dès demain, elle entamerait sa dernière année dans son campus
d’excellence et profita du phénomène céleste pour faire un vœu : celui de vivre une
ultime année d’étude ici encore plus magnifique que les précédentes. Certes cela
s’annonçait difficile, tant les années déjà passées ici avaient été incroyable, mais
après tout, un vœu était fait pour espérer en l’inaccessible !
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électrique, tape à l’œil à souhait aux couleurs flashy du campus, seulement après
s’être accordée un dernier baiser avec son compagnon du soir. Elle ne le
recroiserait probablement jamais, mais le campus qu’elle fréquentait était un vivier
de potentiels petits amis aussi beaux et intéressants que sa conquête du soir. Elle
n’était guère préoccupée par ce sujet. L’étudiante était passée maitre dans l’art
subtil de faire succomber le sexe opposé sous son charme.
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Chapitre 1 : Dernière rentrée
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Nolwenn et Bucky, deux âmes soudées par une amitié solide, se
complétaient à la perfection. Tandis que Bucky rayonnait d’assurance,
d’extraversion et de pétillements dans la vie, Nolwenn, elle, se drapait dans une
réserve naturelle, une réflexion profonde et une prudence mesurée. Leurs
différences étaient leur force, leurs complémentarités un équilibre subtil. Bucky
l’admettait sans la moindre réticence, si elle entrait aujourd’hui avec Nolwenn, en
dernière année d’études, c’était bien grâce à elle et à sa rigueur pour les études,
qui lui permettait de l’encourager et la faire avancer efficacement avec sérieux.
Sans elle, se serait-elle seulement levée à l’heure aujourd’hui, ou tout simplement
réveillée dans ce lit… ou celui du garçon avec qui elle avait succinctement fricoté
la nuit dernière ?
Nolwenn, jolie brune aux reflets blonds aux extrémités, arborait des yeux
d’un mélange subtil de vert et de marron. D’une taille d’un mètre soixante-cinq, elle
venait de surprendre le regard de Bucky fixé sur elle. Un sourire s’échappa de ses
lèvres. Les deux amies se connaissaient parfaitement ; Nolwenn avait accepté de
partager sa chambre personnelle avec elle, chez ses parents, depuis plus de quatre
ans maintenant. Leurs secrets, leurs rires, leurs peines, tout s’était tissé dans
l’intimité de ces murs, créant un lien indéfectible.
- Mes parents nous ont sans doute préparé un bon petit déjeuner pour
cette rentrée. Je te conseille de te préparer rapidement afin que mes frères ne
descendent pas avant nous, avertit-elle, tout en continuant ses exercices de réveils
musculaires.
Bucky Délavigna, enfant unique, issue d’une famille aisée dont les parents
brillaient par les contraintes professionnelles et donc, les absences prolongées,
fut rapidement accueillie par les Donerm en échange d’un loyer confortable versé
par la famille Délavigna dès sa toute première rentrée à l’E2C. Les amies se
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connaissaient déjà depuis la primaire et partager une chambre avec sa meilleure
amie était réellement appréciable, même si quelquefois pour Bucky, cela pouvait
s’avérer contraignant pour finir de manière un peu plus intime une soirée avec un
membre du sexe opposé. Une codification spécifique avait été prévue au cas où
entre les deux filles, mais Bucky avait toujours trouvé jusqu’à maintenant une autre
solution. La contrainte de pouvoir difficilement emmener un garçon dans la
chambre, semblait moins gêner Nolwenn. Il faut dire qu’elle était bien plus
abonnée au célibat que Bucky, particulièrement volage sur ce sujet.
Après un petit déjeuner expéditif, pris avant les frères Donerm qui ne
manqua pas de les faire fulminer à leur arrivée, les deux amies regagnèrent l’étage.
Là, elles se préparèrent dans un rituel bien rodé ; douche revigorante, coiffure
minutieuse et maquillage soigné. La tenue vestimentaire, choisie pourtant la veille,
amena encore à quelques interrogations pour savoir si le choix de chacune était
le plus judicieux. Il n’y avait pas d’uniforme imposé dans les campus d’excellence ;
le choix était donc important pour paraître sous son meilleur jour.
Puis, vint le moment, tant attendu, pour Bucky et Nolwenn ; préparer leur
tenue respective de pom-pom-girls et de danse classique, soigneusement rangées
depuis la fin de l’année scolaire précédente. Haut moulant à manches longues,
jupe droite à fente et courte, le tout aux couleurs fuchsia et bleu ciel, les couleurs
du campus de Cley, pour les tenues de pom-pom-girls qu’elles disposèrent
délicatement dans leurs sacs avec leur ordinateurs tablette portable d’étude. Les
deux jeunes filles, désormais aguerries dans l’art de la danse, s’amélioraient
chaque année dans cette passion commune avec d’autres amies de leur classe.
C’était, à leur grand désarroi, pour une dernière année. La fin de leurs études à
l’E2C approchait irrémédiablement désormais.
***
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Créé, il y a dix ans déjà, l’excellence campus de Cley était sorti de terre en
même temps que de nombreux autres du même type aux quatre coins du monde.
Issu, à la surprise générale, d’une réforme de l’éducation commune aux principaux
pays suffisamment développés, ils avaient pour but d’harmoniser les différents
systèmes d’éducations et d’en façonner une élite planétaire. Seuls les excellents
élèves y furent admis lors des premières années de leurs fonctionnements.
Cependant, après seulement quelques années, le coût exorbitant de
fonctionnement, la politique et la bureaucratie forcèrent à modifier légèrement les
critères de sélections d’entrée. Si 75% des effectifs de chaque rentrée étaient
toujours bien admis via des concours rigoureux, pour les 25% restant… c’était un
peu plus opaque ! Une partie d’entre eux intégrait les lieux via un système
d’enchères silencieuses, en constante hausse au fil des années, pour atteindre
aujourd’hui près de cinq-cent-mille euros la scolarité, permettant de combler les
déficits financiers. Bucky faisant partie de cette catégorie d’entrant. A cela, se
complétait une dizaine d’étudiants, admis par sectorisation et sur dossier dont la
famille Donerm, habitant tout proche, faisait partie. Tandis que pour les derniers
admis, le mystère de leur sélection demeurait impénétrable ; eux-mêmes
semblaient l’ignorer !
L’E2C était libre d’accès. Seules des barrières en bout de route menant à
l’entrée se fermaient automatiquement d’une heure trente à six heures du matin.
La petite décapotable électrique, vive et pimpante arborant les couleurs, bleue et
fuchsia, de l’école, faisant très tendance chez les élèves en ayant les moyens, que
conduisait Bucky en mode semi-autonome n’eut pas la moindre difficulté à se
faufiler jusqu’à une place de stationnement, toute proche de l’esplanade d’entrée.
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Le parking n’était pas très rempli, la majorité des élèves habitaient les logements
étudiants distants de 3 km et venaient en bus ou Turbo-Squale, sorte de trottinette
améliorée à la mode, ces dernières années. Rapidement et avant même de sortir
du véhicule, les deux filles de dernière année attirèrent quelques regards. Une
voiture tape à l’œil, une silhouette féminine agréable au regard, des cheveux longs
d’un noir profond avec une mèche fuchsia, financièrement solide et faisant partie
des pom-pom-girls du campus, Bucky avait pas mal d’atouts pour susciter
l’admiration ! Depuis l’année dernière, elle était devenue le Graal pour nombre de
garçons du campus. Elle ne s’était d’ailleurs pas gênée pour en jouer une bonne
partie de son cursus, principalement sur des sportifs. C’est en effet bien eux qu’elle
côtoyait le plus souvent en tant que pom-pom-girl depuis le début de sa scolarité,
même si le sport, hormis la danse, ce n’était clairement pas sa tasse de thé !
Après avoir, par pure politesse, attendu les frères de Nolwenn avant de
traverser la grande esplanade d’entrée avec une belle fontaine de type
renaissance, pour diriger au mieux Erik, pour sa première rentrée dans
l’établissement, les filles rencontrèrent dans des effusions de petits cris une bonne
partie du reste de leur groupe d’amies. Composée de Glaème Spidze, petit bout de
chou d’un mètre cinquante-cinq à la silhouette gracile, de la même promotion
qu’elles, et de Shandrill D’argent, Eurasiatique brune agrémentée de nombreuses
mèches fuchsia. Ses courbes harmonieuses s’étiraient sur un mètre soixante-
quinze. Elle était en quatrième année et donc une année plus jeune que ses amies.
Avec Glaème, elles étaient également pom-pom-girls. A ce groupe se greffait en
plus, Lily Klébel, de taille et de cheveux comparables à Nolwenn, mais de
corpulence un peu plus forte qui était également en cinquième année et pour la
première fois, sa petite sœur Anita qui entrait en toute première année, mais qui
était déjà bien familière de Bucky et Nolwenn en tant que… petite amie d’Erik
Donerm, depuis quelques années déjà. Détail important les incitant à avoir une
attention particulière pour l’accueil de la petite dernière du groupe, Anita Klébel
souhaitait intégrer les pom-pom-girls, dès cette année. Une nouvelle recrue ne
serait pas de refus. L’activité, bourrée de clichés, n’attirait pas les foules.
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les premières années. Ce fut également le moment pour Shandrill de se séparer
du reste du groupe, une fois que son lieu de destination fut connu.
***
Creth, était un mince jeune homme mesurant près d’un mètre quatre-vingt-
dix. Il disposait d’yeux verts très clairs qui lui donnait un charme particulier, et
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d’une chevelure courte plutôt claire. Bucky, assise quelques rangs derrière lui, dans
la salle où sa classe se trouvait pour donner les détails sur l’emploi du temps de
l’année et du reste de la journée, fit remarquer par de petits signes à sa voisine de
gauche, qui n’était autre que Nolwenn, qu’elle trouvait le nouveau venu
particulièrement à son goût.
- Arrête de vouloir sortir avec tous les mecs qui sont à portée ! Lui conseilla
à ton bas Nolwenn.
- Je ne sors pas avec tous les mecs, objecta Bucky faisant semblant de se
sentir outrée par la remarque. La preuve, je ne suis avec personne en ce moment !
- Même pas dans tes rêves, Antoine ! Lui plaça gentiment l’intéressée. Tu
n’es pas au niveau, ainsi que toute ton équipe de volley !
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- Il sera alors sans conteste une valeur appréciable pour l’équipe ! Le
volley-ball m’inspire d’ailleurs finalement beaucoup plus cette année, lâcha-t-elle.
Et puis, il faut savoir sortir des sentiers battus et s’ouvrir à de nouvelles disciplines
sportives quelquefois, continua-t-elle, avant de lui tirer la langue.
***
- Je te prends le pari que tu ne sortiras pas tout de suite avec lui, affirma
Lily, sous forme de défi.
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- Sous quel délai ? Répondit Bucky, habituée à ce type de pari lancé par
son amie et toujours sûre d’elle en ce qui concernait sa capacité à séduire la gent
masculine.
- Trop facile pour moi, les filles ! Le soir du premier match de la saison,
dans trois semaines si je compte bien, il m’invitera dans sa chambre étudiante !
Annonça-t-elle comme pour mettre le défi à son niveau.
Lily, Glaème, Nolwenn puis Shandrill, qui les avait rejoints au moment du
repas, se regardèrent.
- Je ne suis pas sûre que ce soit forcément une bonne idée, conseilla
Nolwenn. Bucky, ce garçon tu ne le connais pas d’une part, et de plus, je te rappelle
qu’il est strictement interdit pour les garçons d’emmener des filles dans leurs
chambres étudiantes. Je crains que cela soit un gros risque pour lui… et pour toi !
Et même s’il t’amène dans ta chambre que va-t-il se passer ?
- Pas d’inquiétude les filles, nous sommes jeunes, jolies et j’ai besoin de
me sentir désirée. Si cela ne marche pas entre nous, je saurais mettre le holà,
même dans sa chambre étudiante. C’est que je n’ai simplement encore jamais
visité les lieux !
Bucky était une jeune femme connue pour son besoin constant d’être
appréciée et elle agissait souvent dans cette optique, que ce soit auprès des
garçons ou des filles. Elle possédait une faculté notable à entraîner les autres dès
qu’elle avait une idée en tête. Elle comptait le faire avec Creth et tout le monde à
la table le savait. Elle réussirait tôt ou tard à mettre le grappin dessus. Elle était
tenace et persuasive !
Les quatre amies présentes, n’avaient pas une vie sentimentale aussi
tumultueuse que Bucky. Shandrill D’argent avait bien un petit copain, mais elle le
voyait peu, car habitant en Dordogne, très loin de l’E2C. Nolwenn Donerm avait eu
deux, trois flirts, mais rien de bien sérieux. Glaème Spidze n’avait jamais été
remarquée jusqu’ici avec un garçon, ce qui laissait à Antoine plein d’espoir. Quant
à Lily Klébel, elle avait quitté son dernier petit copain, il y a plus de six mois déjà.
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- C’est entendu, on est curieuse de savoir comment tu vas t’y prendre, finit
par admettre Lily. Si tu perds le défi, tu me prêtes ta nouvelle voiture toute une
semaine.
- Pas un moche alors ! Protesta Lily, qui accepta le défi après avoir eu
confirmation de Bucky par un hochement de tête.
Une fois le petit défi de Bucky conclu, le moment fut venu de retourner en
salle de classe pour assister à une présentation du programme de chaque matière
principale et des différentes et nombreuses options proposées par l’E2C dont les
disciplines sportives et la danse avec option supplémentaire " extension pom-
pom-girl " faisaient partie.
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particulièrement brillé. Ce n’était pas très grave. Elle avait une partie du jury dans
sa poche !
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le retour à la maison des Donerm, sa propre voiture décidément très populaire. Elle
avait fait mouche en la demandant à ses parents. Elle et Nolwenn furent donc
contraintes de rentrer avec le véhicule familial des Donerm, bien moins tape-à-
l’œil. L’essentiel était cependant acquis, Bucky avançait doucement dans sa
stratégie pour remporter son défi concernant Creth.
***
- Limite mais dans les clous ! Journée de première approche sur Creth, lui
répondit elle. Je n’ai pas énormément de poitrine, mais suffisamment pour en faire
quelque chose de joli à regarder, en jetant un œil à son décolleté via un miroir. Lily
va devoir se préparer à un baiser langoureux avec un garçon. Tu ne voudrais pas
enfiler quelque chose de plus tape à l’œil pour me soutenir… et éventuellement te
permettre d’attirer un jeune homme pas trop vilain qui te plairait ? Ajouta-t-elle.
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Peut-être Bucky arriverait-elle à la faire évoluer sur ce sujet en cette dernière année
d’étude au campus. C’est tout ce qu’elle espérait. Il était parfois bien triste de la
voir sans petit-ami alors qu’elle, les enchaînait.
***
- Salut Bucky, finit-il par lâcher du bout des lèvres très faiblement avec
l’accent caractéristique Québécois. Les membres de l’équipe de volley m’ont déjà
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proposé leur aide, mais plus on m’aidera, mieux ce sera pour mon intégration dans
l’établissement, lança-t-il d’une façon machinale assez étrange.
- Euh… non, répondit Creth, quelque peu surpris par la rapidité d‘entreprise
de l’une des plus jolies filles du campus.
Bucky empoigna les bras de Creth avec ses mains et tira légèrement dessus
pour le pencher vers elle. Puis, elle se mit sur la pointe des pieds pour atteindre sa
bouche, le rapport de taille lui étant tout de même très défavorable, afin
d’échanger… un baiser succinct avec lui !
- Là, elle a fait très fort dit Glaème à Nolwenn, Shandrill et Lily restées, toutes
les quatre, ensemble.
- Le timing est court, le premier match de volley n’est que dans trois
semaines, il y a peut-être encore de l’espoir pour moi, dit-elle pour se rassurer
comme elle le pouvait.
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***
Lors de cette réunion, Bucky, une des trois capitaines pour cette année,
chercha à influencer, de manière prévisible, sur la composition des groupes, afin
de rester avec ses amies. Mais de façon beaucoup plus étonnante, elle chercha
également à affilier son groupe au volley-ball alors qu’elle avait passé ses quatre
précédentes années au handball !
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aussi ensemble du fait de cette organisation : Erik en tant que volleyeur et Anita
en tant que pom-pom-girl. En somme, tout le monde trouvait son compte dans
cette organisation et la professeure valida. Bucky avait facilement réussi à
échanger le handball pour le volley à la grande surprise de la capitaine pom-pom-
girl sollicitée qui s’empressa de valider l’échange. Les soirées de match de volley
étant connues pour être particulièrement ternes et…désertes.
***
La soirée fut brève pour la famille Donerm. Les étudiants étaient tous
exténués et un dîner rapide permis de ne pas se coucher trop tardivement. Cette
première journée à plein temps avait été chargée, mais il fallait s’habituer au
rythme effréné d’une année scolaire à l’E2C. Antoine, avant de se coucher n’oublia
pas, de faire une « danse de la victoire » particulièrement ridicule devant sa sœur
et Bucky. Durant le dîner familial, il avait appris qu’il allait passer plus de temps et
des déplacements sportifs avec Glaème ; elle faisait dorénavant partie du groupe
de pom-pom-girls affilié au sport qu’il pratiquait depuis qu’il était enfant. Cette
année était sa dernière chance pour sortir avec elle avant que leurs chemins ne se
séparent définitivement pour la poursuite de leurs études. Bien qu’il se soit
courtoisement fait éconduire déjà par deux fois, il voyait cette opportunité comme
une nouvelle chance de se montrer sous un meilleur jour afin de la convaincre de
revenir sur sa position.
***
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Bucky, en tant qu’élève confirmée de l’E2C, savait que la période la plus
exigeante touchait à sa fin avec l’entrée en lice des différentes compétitions
sportives ou extra-sportives. Le mode de fonctionnement était ainsi fait que l’on
profitait de week-end vierge de matchs, auditions, représentations ou tournois
pour surcharger les élèves de cours, samedi compris. Ce planning particulier, et
propre aux établissements d’excellences, n’avait pas permis à la brune à la mèche
fuchsia d’avancer sur son objectif personnel qui était de se rapprocher un peu plus
de Creth. Il ne repoussait pas Bucky, mais semblait tourner vers d’autres tâches
dans les rares moments où elle avait la possibilité de mieux faire sa connaissance.
En bref, la situation s’embourbait et la possibilité de réussir facilement son défi
dans les temps avec. Remporter son challenge allait être un peu plus difficile
qu’attendu, mais elle avait une idée en tête pour faire définitivement chavirer le
jeune homme qu’elle ciblait. Il fallait juste qu’elle prépare correctement les choses
en amont…
Nolwenn, de son côté, eut deux semaines encore plus chargées que Bucky.
Musicienne depuis sa plus tendre enfance, elle avait sélectionné une option
supplémentaire en tant que harpiste. Il était courant, pour les bons élèves, de
prendre de nombreuses options dans leurs cursus. En effet, si on parvenait à tenir
le rythme, les points bonus pour obtenir son diplôme en fin de cinquième année
pouvaient s’avérer substantiels, selon les résultats. Pour des raisons similaires,
Lily, de son côté, pratiquait, en plus du volley, le violon, Anita, de la batterie, et Erik
du Karaté et de la guitare basse en option supplémentaire. La fin de cette période
arriva comme une délivrance pour ces derniers, encore plus que pour Bucky.
***
Lily ne manqua pas de faire remarquer à ses amies qu’elle était finalement
bien engagée pour rouler dans une superbe voiture la semaine prochaine. Bucky
avait bien tenté de demander de l’aide à Antoine et Erik pour obtenir des
informations et des éléments supplémentaires sur Creth qui les côtoyait beaucoup
du fait du volley. Mais les deux frères, au courant du but que s’était fixé Bucky,
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s’amusaient bien trop de la situation pour lui porter assistance. Il lui restait, certes,
moins d’une semaine, pour obtenir satisfaction auprès de Creth, mais la situation
allait désormais tourner à son avantage. En effet, à partir de cette semaine, les
entraînements de volley et des pom-pom-girls qui y étaient affiliées se feraient en
un lieu commun dans l’un des trois gymnases du campus. L’occasion rêvée pour
Bucky de se rapprocher plus facilement de sa cible !
Bucky mit à profit la situation dès le mardi soir, où elle passa un maximum
de temps, collée à Creth qui semblait ne pas toujours savoir comment réagir à
cette situation qui ne plaisait guère à son entraîneur. Il se laissa pourtant
embrasser par deux fois durant la séance par la pom-pom-girl de loin la plus
entreprenante de l’E2C en la fixant d’un regard que l’on pouvait interpréter comme
interrogatif.
Bucky avait une idée très particulière pour définitivement faire tomber Creth
sous son charme. Elle avait commencé à s’y préparer juste après l’entraînement
de danse de la veille. Avec l’aide de Nolwenn et Glaème, dans la confidence, mais
tout de même un peu gênées par l’idée de leur amie, Bucky avaient composé une
danse des plus sensuelles sur une musique plutôt douce. Le but : se dévoiler,
physiquement, plus en détail à Creth, peu après le match lors d’un rendez-vous
qu’elle voulait convenir avec lui. Après cette démonstration, elle ne voyait pas
comment le volleyeur pourrait lui résister. Ses deux amies, quant à elles, étaient
chargées de faire en sorte que Creth sorte bien en dernier du gymnase, afin que
Bucky et lui soient laissés seuls sur la route du campus pour une représentation
qui s’annonçait très chaude.
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élargir son éventail de compétences artistiques dans le domaine de la danse.
Bucky était définitivement passionnée par son art et développer son répertoire de
connaissances dans ce domaine lui tenait à cœur, même si elle n’avait aucune
intention de faire carrière dans les boites de strip-tease dans son avenir.
***
Antoine et Erik s’étaient rendus dans le gymnase, une fois la fin des cours
matinaux actée, pour un dernier entraînement léger et se préparer mentalement.
Creth était également présents. Durant les dernières séances, il s’était avéré être
un excellent joueur au contre, un peu moins pour les attaques. Ce petit
entraînement léger permit de corriger un peu le problème. Erik, quant à lui, se
révéla être un serveur et attaquant de qualité sur ces derniers réglages d’avant
match. C’était bien la première année où l’équipe de volley de l’E2C avait une
chance de ne pas terminer dernière du championnat des campus. Aucun garçon
ne souhaitait revivre, encore une fois, une saison ridicule.
Lily Klébel était de son côté, partie dès la matinée par train en suivant ses
cours en visio-conférence durant le trajet afin de jouer son premier match en
déplacement en Italie à destination du campus d’excellence de Turin. Elle ne
pourrait donc pas connaître, avant son retour, l’issue du défi qu’elle avait convenu
avec son amie Bucky. Tout comme les garçons, elle avait de toute façon d’autres
choses en tête. Compétitrice dans l’âme, elle était déjà concentrée sur une victoire
pour ce premier match de la saison. L’équipe féminine, étant un peu plus
performante que celle des garçons et elle comptait obtenir un résultat probant
pour le premier match de la saison. Deux jeunes recrues de première année avaient
rejoint son équipe et s’annonçaient prometteuses.
Bucky passa le début de son après-midi à préparer son "show privé" pour
Creth dans sa chambre pendant que ses amies, soit faisaient une petite sieste,
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soit révisaient quelques cours. Ce petit spectacle minutieusement préparé à des
fins précises l’avait mise particulièrement en joie. Elle adorait réellement danser
et créer une chorégraphie mettant en avant ses atouts physiques et techniques ne
faisait que conforter ses talents. Se savoir désirée par un garçon était une chose
qu’elle appréciait particulièrement, même si elle n’allait clairement pas proposer
cette chorégraphie à n’importe qui ! Dans son esprit, elle n’avait, de toute manière,
pas la moindre intention d’aller au bout de son strip-tease. Montrer sa poitrine
suffirait amplement pour parvenir à ses fins !
***
Il allait falloir être particulièrement brillantes pour les filles cette saison de
championnat. Le volley n’attirait pas pléthore de spectateurs pour cause de
résultat et de spectacle loin d’être plaisant, et jusqu’à cette année, ce sont les pom-
pom-girls les moins confirmées, ou les plus malchanceuses, qui s’affiliaient à
cette discipline rendant ce type de soirée, dans son ensemble, bien indigeste. Pour
cette année, la donne devait changer. Certaines avaient clairement le niveau et
l’expérience pour. Bucky en tant que capitaine de cette équipe s’était fixé cet
objectif. Davantage de public à domicile aiderait certainement l’équipe des
garçons et il était bien plus agréable pour les filles de danser devant une foule
imposante ! C’était en grande partie pour cela qu’elles pratiquaient cette activité :
l’ambiance entrainante des matchs !
***
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Vint le moment, en tout début de soirée, où les pom-pom-girls s’apprêtèrent
à revêtir leurs tenues, soigner leur coiffure et à légèrement se maquiller avant de
prendre place sur le terrain de volley, déjà installé. Nolwenn et Shandrill
appréciaient particulièrement ces instants privilégiés entre filles. Ce calme dans
un gymnase vide avant l’effervescence, qu’elles espéraient grandiose laissaient un
scintillement dans leurs yeux. Tout était désormais prêt pour l’ouverture de la
saison. Bucky, pour la première fois de l’année, passa autour de son bras son
brassard de capitaine. Ce prestigieux insigne lui avait été transféré lors de son
dernier match de la saison dernière par sa prédécesseuse. Ce petit morceau de
tissu, toujours proposé à une cinquième année, était une fierté supplémentaire
pour elle. Sa passion pour l’E2C venait en grande partie de cette activité et savoir
qu’elle dirigeait son groupe la confortait un peu plus dans son choix de faire
carrière dans le milieu de la danse.
Bucky vérifia une dernière fois ses plans concernant Creth. Elle avait briefé
Antoine, en tant que capitaine de son équipe, pour s’assurer que le reste de l’équipe
quitte le gymnase avant l’intéressé. Afin que le frère de Nolwenn respecte bien ses
directives, elle lui avait même promis que si elle parvenait à ses fins, c’est lui qu’elle
choisirait comme destinataire du baiser langoureux que devrait prodiguer Lily !
Même s’il était bien plus intéressé par Glaème, une proposition comme celle-ci ne
se refusait pas !
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Chapitre 2 : A deux portes près !
Le début de la saison pour les pom-pom-girls était lancé ! Les dix filles du
groupe affilié au volley-ball firent leur entrée sur le terrain juste après les pom-pom-
girls de l’équipe visiteuse, adversaire du soir.
Bucky et ses amies remarquèrent immédiatement qu’il n’y avait pas foule
dans les gradins, loin de là. Tout au plus une trentaine de personnes. On était loin
des gymnases avec une affluence de plus de mille personnes vécu l’année
dernière pour les derniers matchs de la saison de l’équipe de handball. Le volley
était décidément un parent pauvre du sport sur ce campus. Les résultats plus que
médiocres jusqu’ici de l’équipe par rapport à ceux du handball et surtout du basket
n’incitaient en rien les curieux et badauds à venir voir le spectacle.
Malgré tout, Les filles prirent un réel plaisir, avec peu de public, à montrer
leur show d’ouverture, dit de présentation des équipes, savamment préparé avec
en point d’orgues quelques saltos prodigués par Shandrill, gymnaste de formation,
et non danseuse, juste avant l’entrée des joueurs. Anita et les nouvelles furent si
bien encadrées et préparées, qu’elles firent une bonne prestation sur cette
première chorégraphie de la saison aux côtés de leurs partenaires. Le plus dur
était désormais passé pour elle, alors qu’il n’avait pas encore commencé pour
l’équipe de volley masculine de l’E2C.
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Antoine, Erik, Creth et les autres membres de l’équipe se retrouvèrent, dès
le début de la partie, surclassés par l’adversaire du soir. Des attaques et contres
adverses particulièrement percutants montraient toutes les limites de l’équipe de
l’E2C, malgré, et c’était quand même à souligner, de très jolis contres proposés par
Creth. Antoine manquait d’anticipation sur ses défenses, Erik, en partie
remplaçant, et Creth, tous deux nouveaux dans l’effectif, de puissance en attaque
et d’organisation, et Djurek, le passeur de l’équipe, d’ingéniosité et de solutions.
L’entraîneur, également professeur de sport de la classe de Bucky pour cette
année, était pour partie, responsable de cette prestation pitoyable. Il se contentait
d’invectiver ses joueurs à mesure que les points défilaient… et leur fit perdre le peu
de confiance en eux qu’il leur restait. Il se disait au sein du campus que le
professeur d’EPS avait accepté ce poste d’entraîneur de volley en sus pour des
raisons alimentaires, non par vocation. Il était visible pour l’ensemble du gymnase
que l’entraîneur n’éprouvait aucun plaisir à se trouver ici, mais le budget ayant une
limite, même à l’E2C, et la retraite de leur entraîneur approchant, la direction du
campus avait décidé de laisser les choses en statut quo… depuis cinq longues
années.
Toute l’équipe regagna le vestiaire tête basse. Seul Creth ne semblait pas
trop accuser le coup. Peut-être avait-il déjà l’esprit tourné vers ce que lui réservait
la capitaine des pom-pom-girls ?
***
30
pour être un des parents des membres de l’équipe de volley ou des pom-pom-girls
n’avait encore jamais été vu par Bucky. Peut-être un recruteur ? Vu le niveau affiché
par l’E2C ce soir, Bucky en doutait.
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Bucky confia les clés de sa voiture à Nolwenn pour qu’elle puisse rentrer et
organiser la petite fête prévue chez elle, après l’avoir déposé un peu plus loin près
de la sortie du campus, côté sport ; un des seuls endroits extérieurs connus par
tous les couples fréquentant l’établissement, pour ne pas disposer de vidéo-
surveillance. Choix éminemment stratégique et condition primordiale pour que ce
qui se préparait reste confidentiel et ne pose pas de souci disciplinaire.
Arrivée sur les lieux, Bucky ouvrit le coffre de sa voiture et en extirpa une
enceinte dotée d’un éclairage d’ambiance dynamique. Elle la dissimula habilement
derrière un arbre, puis laissa Nolwenn s’éloigner. Dans l’obscurité du coin boisé,
Nolwenn semblait anxieuse de laisser son amie seule, sans moyen de locomotion.
Bucky l’avait rassurée. Tout avait été minutieusement planifié. Creth ne pourrait
pas refuser de la prendre dans sa voiture, surtout après la danse coquine qu’elle
s’apprêtait à lui dévoiler. Si tout se passait comme prévu, il la ramènerait chez
Nolwenn très tard ce soir, voire… le lendemain matin. En cas de contretemps, son
portable était à portée de main. Elle pourrait appeler son amie pour qu’elle vienne
la chercher. Il ne restait plus qu’à attendre, à l’affût du véhicule de Creth. Bucky
l’avait repéré juste avant de partir : une ancienne Audi A5 blanche, à moteur
thermique, aisément identifiable grâce à la forme particulière de ses phares LED.
Même si elle n’était pas une experte en véhicules, elle avait parfaitement mémorisé
cette silhouette.
***
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parents de Nolwenn préféraient s’informer un minimum sur son emploi du temps ;
elle était libre de faire ce qu’elle voulait du moment qu’une information minimum
était connue des propriétaires du lieu dans lequel elle vivait.
***
33
Elle dut patienter cinq minutes supplémentaires pour entendre une voiture
qui approchait des lieux. La chronologie des évènements espérée avait été
respectée. Elle se tenait prête et alluma l’éclairage lorsqu’elle commença à être
éblouie par les phares du véhicule approchant. Du fait de la forte luminosité, elle
dut commencer son show à l’aveugle, mais connaissant parfaitement sa
chorégraphie, maîtrisant ses mouvements à merveille, et ses yeux s’adaptant
rapidement à la lumière des phares qui se projetait sur elle, ce petit désagrément
ne fut pas longtemps handicapant.
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danser, et de dégrafer son soutien-gorge pour l’enlever langoureusement et le faire
tourner au-dessus d’elle… avant de le lancer en direction du toit du véhicule à
l’aveugle tout en restant de dos.
La portière côté conducteur ne mit que peu de temps pour s’ouvrir. Bucky
était toujours aussi souriante jusqu’à ce qu’elle remarque que la personne qui
sortait du véhicule… n’était pas Creth !
- Moi, je n’ai jamais connu ça durant tout mon cursus scolaire ! Soyons clair,
vous m’avez redonné en même pas cinq minutes, une envie soudaine de reprendre
les études supérieures ! Dit le conducteur du véhicule, assez imposant, et distant
de deux mètres seulement de Bucky.
Elle fixa le trentenaire. Il avait des cheveux blonds assez courts et une barbe
de plusieurs jours qui laissait paraître un visage à l’air très agréablement surpris
par le spectacle auquel il venait d’assister du haut de son mètre quatre-vingts. La
question de Bucky l’avait laissé cependant des plus pantois.
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- Vous êtes bien… la surprise ? Questionna-t-il en la voyant quelque peu
paniquée.
Bucky tout en regardant du coin de l’œil le toit du véhicule pour savoir si son
soutien-gorge était bien à l’endroit où elle avait tenté de l’envoyer pour mettre la
main dessus le plus rapidement possible, examina de plus près les traits
d’expressions du visage de la personne en face d’elle, cherchant à anticiper la suite
des évènements. Elle n’avait pas du tout perdu de vue qu’elle était en petite culotte,
isolée face à un inconnu. Le moindre indice sur ses intentions pourrait lui
permettre d’anticiper le pire. A la mimique du visage de cet homme, il paraissait
finalement aussi surpris qu’elle.
- La surprise, oui, enfin… non… pas la vôtre ! Je veux dire que ce n’est pas
vous qui deviez être dans cette voiture, bafouilla-t-elle après un petit moment de
silence, alors que l’inconnu en face d’elle semblait chercher quelque chose dans
sa poche arrière de pantalon.
Étant désormais quasiment dos à lui afin de mettre la main sur son
smartphone, elle ignorait totalement ce que cette personne avait pu sortir de sa
poche. La surprise de la situation de départ laissait maintenant place à
l’inquiétude. Toujours les mains sur sa poitrine, elle se retourna lentement pour lui
faire face afin d’identifier ce qu’il avait pu prendre dans ses mains et se trouvait, il
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y a seulement quelques secondes, dans sa poche arrière. Elle ne pouvait
s’empêcher d’imaginer le pire.
- Oui, répondit-il sur son smartphone, tout en faisant signe à Bucky par un
geste de son index de ne plus bouger, ni parler.
- C’est bien ma voiture, mais… et j’en suis le premier navré, je ne suis pas
votre petit copain, dit-il en se décontractant légèrement pour donner suite à la
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question de Bucky. Je crois que la voiture que vous attendez, du même modèle
que la mienne, n’est pas encore partie. Elle était encore garée juste devant moi à
mon départ et son propriétaire est semble-t-il partie à pied en direction d’un autre
coin de ce campus. Ça sent le lapin ! Poursuivit-il avec un rictus moqueur.
- Vous n’avez rien vu de plus que ce que vous ne verriez l’été sur la plage,
signala-t-elle.
- Mais vous avez bien mieux présenté les choses que lorsque je me balade
sur les plages !
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- Délicieuse ! Souligna-t-il à son égard. La proposition est alléchante, mais
on va plutôt opter pour récupérer vos vêtements laissés… un peu partout. Je suis
relativement pressé.
L’inconnu à l’Audi blanche, qui avait bel et bien cinq portes, confirmant la
méprise de la pom-pom-girl, se mit en quête des vêtements de Bucky disposés de-
ci de-là autour du véhicule. L’étudiante, toujours les bras croisés par pudeur, ne
désirait pas l’assister au risque d’en montrer un peu plus en utilisant ses mains,
aussi le laissa-t-elle faire seul en le regardant avec insistance comme pour mieux
le découvrir. Âgé d’une trentaine d’années, relativement athlétique, grand, cheveux
courts et plutôt joli garçon. Elle ignorait pourquoi, mais elle sentait ce garçon
particulièrement mélancolique. Son petit spectacle lui avait pourtant
indéniablement redonné le sourire. Au moins quelqu’un avait-il gagné sa soirée !
Une fois qu’il eut mis la main sur l’ensemble des vêtements, le tout en un
temps record, Bucky lui indiqua d’ouvrir la porte arrière de son véhicule et de les
jeter à l’intérieur avec l’enceinte portable et le téléphone posé dessus.
- Je vous demande de rester cachée dans la voiture sans aucun bruit durant
mon rendez-vous. Je devais m’y rendre seul en théorie ! Finit-il par répondre.
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inconnu. Elle prit même un malin plaisir à lui faire plusieurs sourires appuyés avant
d’entrer à l’arrière du véhicule. Sans pouvoir l’expliquer, elle se sentait en confiance
avec lui.
L’homme entra à son tour dans son véhicule pour le démarrer avant de se
diriger vers son lieu de destination.
- Je sais que je n’ai pas mon permis depuis longtemps, mais on m’a toujours
appris à faire seulement quelques contrôles à l’arrière. Serait-il possible que vous
regardiez plus vers l’avant que vers l’arrière ? Même s’il est vrai qu’à l’arrière, les
paysages semblent vous faire beaucoup plus d’effet qu’à l’avant, lui proposa-t-elle
sachant qu’elle le mettrait encore plus dans l’embarras.
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rencontre nocturne. Après réflexion, elle avait fini par l’identifier ; il était un des
rares spectateurs du match de ce soir qu’elle n’avait jamais rencontré auparavant.
Celui qui était resté longuement dans les gradins une fois la défaite de l’E2C actée.
Le véhicule finit par stopper sur un parking désert à cette heure. Bucky
reconnaissait le lieu, utilisé uniquement la journée pour les besoins de
stationnement d’une école primaire, celle de son enfance, toute proche.
Elle lui fit un signe de la tête et se baissa avant que le moteur de la voiture
ne s’éteigne. Il sortit du véhicule pour se diriger un peu plus loin. Quelques instants
après, un autre véhicule sans doute imposant et électrique arriva à son tour. Une
discussion s’engagea entre les deux belligérants de ce rendez-vous bien
mystérieux.
***
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La discussion dura quelques minutes entre les deux hommes, mais, étant
éloignée de presque dix mètres et avec une voiture portes closes bien insonorisée
où elle se trouvait, Bucky ne put rien entendre distinctement de la discussion. La
voiture de l’homme en costume noir, finit par repartir avant que la portière, côté
conducteur, de la voiture dans laquelle elle était, ne s’ouvre. Une mallette et un
casque de moto furent jetés sur le siège passager avant que le mystérieux blond
ne s’asseye à sa place. Il se tourna immédiatement vers elle.
Bucky lui donna oralement l’adresse de la maison des Donerm au GPS sans
crainte. Elle allait pouvoir rentrer chez elle et remercia la chance pour ne pas être
tombée sur un "détraqué", bien qu’ayant assisté à un rendez-vous des plus
intriguant.
***
Il ne fallut même pas cinq minutes pour que Bucky soit ramenée à une
centaine de mètres de chez les Donerm. Son chauffeur préféra la laisser à distance
raisonnable de chez elle, pour rester sans doute discret. Il lui ouvrit la porte et lui
donna son enceinte, une fois sorti.
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- Merci Bucky, lui dit-il d’un ton qui paraissait des plus honnête et sans
aucune méchanceté. Cette soirée aura été pleine de surprise, très agréable.
- Il y a des clubs spécialisés pour cela où vous en verrez encore plus si vous
appréciez ce type de spectacle ou… internet, lui répondit-elle. J’admets y être peut-
être allé un peu fort cette fois. J’essayerai de faire meilleure impression lors d’une
deuxième rencontre ? Interrogea-t-elle.
- Vous ne m’avez même pas donné votre nom, au cas où j’aurais besoin d’un
avis extérieur pour juger une nouvelle chorégraphie, peut-être un peu moins osée,
lui indiqua-t-elle alors qu’il était prêt à partir.
Il ferma alors sa porte puis ouvrit la vitre, côté passager, à laquelle Bucky
faisait face.
- C’est vrai, je ne vous l’ai pas donné, mais sachez que je serais toujours
volontaire pour évaluer vos prochaines démonstrations, dit-il avant de partir en
opérant un demi-tour… pour une destination inconnue.
Sans même réfléchir, elle se précipita vers la voiture pour taper à la vitre
alors qu’elle roulait à allure modérée. Il s’arrêta. Elle lui fit signe de baisser sa vitre.
Elle pencha rapidement sa tête pour lui faire une tendre bise sur la joue
avant de prendre la parole en le fixant de très près :
Bucky rentra chez son amie, finalement beaucoup plus tôt que prévu, mais
indemne, et vue la tournure des événements, elle ne pouvait pas en demander
plus ! D’autant que la rencontre qu’elle avait faite avait finalement été plutôt
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plaisante. Elle n’était en tout cas pas contre revoir ce mystérieux inconnu. Il était
venu une première fois sur le campus, il y aurait sans doute opportunité de le revoir
là-bas.
***
- Une chose est sure, Lily n’aura pas à m’embrasser lundi sur le campus,
tenta de plaisanter Antoine comprenant que quelque chose avait déraillé dans le
plan de la capitaine des pom-pom-girls.
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- Je ne veux même pas en parler les filles. Quant à Creth, il a raté le
spectacle de sa vie et toutes ses chances avec moi après ça, souligna Bucky qui
venait d’apprendre de la bouche des filles cet empêchement.
- Non rien de grave, à part une légère humiliation qui sera difficile à digérer
quelques jours pour mon amour-propre.
Les deux amies se regardèrent puis fixèrent Bucky, comme pour lui dire
qu’elle en avait trop ou pas assez dit, en espérant que ce soit la deuxième option
qui soit choisie par leur amie.
Shandrill avait du mal à se retenir et finit par lâcher un petit éclat de rire
malgré toute sa volonté de ne pas le faire. Bucky la fixa immédiatement du regard
et pouffa à son tour, montrant ainsi que rien de bien grave n’était arrivé finalement.
- Il avait des vitres teintées, je suis allé jusqu’au bout, jusqu’à lui demander
de venir enlever ma culotte lui-même… Oh mon dieu ! Finit-elle par lâcher en
souriant de honte avant de cacher son visage avec ses mains.
- Mais comment as-tu fait pour ne pas t’apercevoir que ce n’était pas Creth ?
Continua Nolwenn.
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- Il avait le même véhicule, de la même couleur, je n’ai pas remarqué que
celui de Creth avait trois portes et celui-là cinq, se justifia Bucky.
Ses deux amies finirent par acquiescer, sans doute faussement, avant que
Bucky n’entre dans la salle de bains. Nolwenn et Shandrill redescendirent pour
poursuivre un peu la soirée proposée plus bas. Elles ne croisèrent plus Bucky,
partit se coucher dans sa chambre, tout de suite derrière sa douche, après sa
soirée riche en surprises.
***
- Creth n’étant pas venu, ce qu’elle avait prévu ne s’est pas fait, c’est tout.
46
rejoignit Bucky pour en faire de même. Elle trouva son amie sous sa couverture,
en plein sommeil. Avec un minimum de bruit, elle rejoignit son lit pour enfin se
poser après une journée de cours et d’activités intenses.
***
Le dimanche matin, était très souvent chez les Donerm, comme dans
beaucoup de foyers, une journée de repos. Bucky fut la première à se réveiller.
Après s’être changée et avoir déjeuné avec la mère de Nolwenn, réveillée peu après
elle, elle décida de réviser quelques cours à l’aide de son ordinateur tablette en
attendant que son amie et le reste de la famille ne se réveillent. Elle n’avait pas
pour habitude de faire cela sans y être poussée par Nolwenn, mais aujourd’hui, il
était important pour elle de se changer les idées afin d’éviter de repenser à sa fin
de soirée dernière. Cela lui donnait également une excuse pour ne pas répondre
aux messages, laissés sur son smartphone haut de gamme, de Lily déjà au courant
que Bucky avait échoué dans son défi à propos de Creth. La nouvelle avait sans
doute dû se répandre via sa sœur Anita, pourtant bien occupée en deuxième partie
de soirée par une séance prolongée de bouche-à-bouche avec Erik.
Bucky n’avait pas pour habitude de ruminer sur le passé. Elle possédait une
capacité de résilience incroyable. Sa période de révision lui permit de passer outre
ce malencontreux événement dès la fin de la matinée. Elle ne put cependant
s’empêcher d’avoir une pensée pour l’homme qu’elle avait rencontré la nuit
dernière. Elle souhaitait le revoir sans pouvoir réellement expliquer pourquoi.
- Je ne veux même pas en parler ! Dit Bucky tout en donnant les clés de sa
voiture à Lily. Tu nous ramènes avec, et elle est à toi pour la semaine, lança-t-elle.
- A deux portes près, je perdais sans doute ce pari, c’est bien dommage, dit-
elle pour taquiner son amie.
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Comme anticipé par Bucky, sa petite mésaventure nocturne de la veille avait
déjà fait le tour de toutes les pom-pom-girls de son groupe, en plus de Lily, en
moins de vingt-quatre heures ! Nolwenn et Shandrill avaient dû déjà vendre la
mèche aux autres pom-pom-girls. Elle espérait juste que l’information ne s’ébruite
pas à tout le campus et que sa diffusion ne s’arrête qu’aux pom-pom-girls comme
c’était, fort heureusement, souvent le cas.
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Chapitre 3 : Surprise douce-amère
***
A son arrivée sur le campus accompagné d’une fine pluie et aux côtés de
Nolwenn, Antoine et Erik, Bucky remarqua que tous les yeux étaient rivés sur
l’imposant panneau d’information numérique de l’esplanade d’entrée de
l’établissement d’excellence. Une information unique, indiquée en grands
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caractères, y était indiquée ; le professeur et entraîneur de l’équipe de volley-ball
masculine était officiellement remercié et un nouvel entraîneur et professeur
d’EPS le remplacerait dès aujourd’hui. Les rumeurs coexistant très rarement
quand les gens avaient quelque chose à se mettre en bouche, Bucky comprit que
cette nouvelle lui permettrait de laisser sa mésaventure sous le tapis… pour au
moins quelque temps.
- Je t’écoute Creth, dit-elle impatiente d’en savoir plus, alors qu’elle arrivait
devant son casier pour y déposer son sac de sport en prévision de sa séance de
pom-pom-girl plus tard dans la journée.
- J’ai oublié mon portable dans mon casier, je ne m’en suis aperçu qu’au
moment où j’allais partir du gymnase après le match. Je ne pouvais prévenir
personne et je n’avais pas ton numéro.
- Je suis désolé, je n’étais même pas sûr de l’avoir oublié dans mon casier !
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Bucky le regarda droit dans les yeux, comme pour lui montrer sa rancœur.
Elle savait cependant que Creth n’avait pas tous les torts. Jamais elle ne lui avait
laissé son numéro de téléphone. Si elle avait eu cette présence d’esprit, il aurait pu
la prévenir directement une fois son portable en main. Aussi décida-t-elle de lui
laisser une chance de rattraper ce malencontreux incident.
Elle s’approcha alors au plus près de lui pour lui déposer un léger baiser sur
la joue. Elle avait décidé de lui montrer que rien n’était terminé et que leur liaison
n’est pas encore à mettre aux oubliettes, à condition de s’en sortir correctement
ce soir !
***
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L’ensemble de l’équipe, sous les conseils d’Antoine, décida de mettre ce
temps d’avance à contribution pour se mettre en tenue. Cela ferait sans doute bon
effet de montrer le volontarisme de l’équipe. Ils n’avaient pas la moindre idée de
comment cette première séance allait se dérouler, mais ils préféraient se montrer
sous leurs meilleurs jours. Des changements allaient certainement avoir lieu dans
l’équipe, et les garçons, pour les plus anciens, attendaient cela depuis des années,
même si l’ex-entraîneur n’était pas non plus, l’unique cause des résultats
calamiteux de l’équipe jusque-là.
L’entraîneur qui prit place juste devant les joueurs était âgé d’une trentaine
d’années, plutôt imposant et était habillé de manière assez décontractée ; un jean,
un pull bleu et blanc. Il portait même des lunettes de soleil alors que la météo était
plutôt maussade ce jour. Afin de créer une sorte de protocole officiel, le directeur
de l’E2C serra la main du nouvel entraîneur avant de quitter les lieux.
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- Avec tout mon soutien, dit-il avant une franche poignée de main et de
quitter le gymnase.
Béhuit Ciel, d’une taille d’environ un mètre quatre-vingt-cinq, vint lui serrer la
main avant de lui demander de se présenter ainsi que chaque membre de son
équipe. Antoine trouva la démarche pertinente.
Il fut difficile pour les joueurs avec ce seul entraînement de jauger les
performances de leur entraîneur, mais le premier contact avait été bon ; ils ne
s’étaient pas fait réprimander à la moindre faute et Antoine avait pris de nouvelles
responsabilités ! Ils en sauraient plus le soir même avec un nouvel entraînement.
La seule chose à souligner fut le comportement limite de Creth qui passa un coup
de téléphone durant l’entraînement… pour réserver une table au restaurant Italien
le long du canal de la ville de Cley pour tenter de se racheter auprès de Bucky.
L’entraîneur lui avait demandé calmement d’éviter ce genre de chose durant
l’entraînement à l’avenir.
***
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Les cours de l’après-midi, dans la classe de Bucky, d’anglais, de
mathématiques, voire de musique pour ceux ayant pris l’option, furent plongés
dans de nombreux apartés entre les joueurs de volley et les pom-pom-girls
concernant l’entraîneur. Les filles étaient impatientes de le rencontrer ; elles ne
portaient guère l’ancien dans leur cœur, notamment en tant que professeur
d’éducation physique et sportive. Bucky espérait notamment une bonne entente
avec Meyrie Dharcourt, leur enseignante pour la danse et l’activité de pom-pom-
girl. D’après les garçons, le courant semblait passer entre les deux, ce qui pouvait
laisser présager une saison paisible, particulièrement pour les déplacements lors
des matches extérieurs sur les campus étrangers. Du côté des garçons,
l’impatience était aussi palpable ; ils avaient hâte de faire leur premier
entraînement réel pour voir ce que cela donnerait.
***
54
plus tôt le midi, trouvèrent la démarche louable. Bucky et les autres ressentirent
un léger pincement au cœur. Elles avaient l’impression de rencontrer le président
de la république, plaisanta même Nolwenn. Une chose était sûre, toute avait été
mise en œuvre pour mettre le nouvel entraîneur dans les meilleures dispositions
et tout le monde devait participer à l’effort pour cette intégration. La saison en
dépendait.
Alors que l’équipe de volley des garçons n’avait toujours pas pointé le bout
de son nez. Béhuit fit son entrée. Shandrill, la plus proche de la porte, vit le nouveau
en première :
Les filles découvrirent de plus en plus près le professeur, âgé sans doute
d’une trentaine d’années. Mesurant plus d’un mètre quatre-vingts, les cheveux
courts et blonds, une barbe de quelques jours, des lunettes de soleil sur la tête et
un pull bleu et blanc qu’on aurait pu qualifier de démoder. Il semblait tout droit
sorti d’une pub de surf datée d’une trentaine d’années. Les filles eurent un large
sourire en le voyant. Il était beau garçon et c’était déjà un point appréciable pour
elles qui changeait radicalement par rapport au vieux débris qu’était son
prédécesseur. Pourtant, Bucky ne semblait pas partager l’avis des personnes
présentent, elle avait une mine totalement déconfite et ne put se retenir de lâcher :
- Que se passe-t-il Bucky ? Lui chuchota Nolwenn, juste à ses côtés, alors
que Béhuit était présenté à la capitaine de l’équipe de volley féminine qui n’était
autre que Lily.
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- Je vais avoir le choix entre la mort ou la honte, lui répondit tout aussi
discrètement Bucky.
Béhuit continua à parler aux filles, une à une, et ce fut rapidement au tour
des pom-pom-girls d’être présentées. Bucky n’écoutait qu’à moitié, occupée à
trouver une improbable échappatoire pour éviter la rencontre. Le sursis fut
rapidement terminé lorsque Meyrie lui demanda de s’approcher en tant que
capitaine de l’équipe des filles à pompons pour présenter son équipe. Pour la
deuxième fois en deux rencontres avec Béhuit, elle ne savait pas à quoi s’attendre.
Elle sortit du rang pour se diriger vers Meyrie et, il fallait bien l’avouer, celui
qui avait les cartes en main pour la poursuite de ses études ici. Proposer un strip-
tease sur le campus, à son futur professeur d’EPS qui plus est, n’était pas interdit
en toutes lettres dans le règlement intérieur, mais il y avait peu de chances que la
direction laisse passer un tel comportement. Si l’information venait à être
divulguée, en plus d’être humiliée, elle serait probablement renvoyée pour attitude
non appropriée. Elle avait soudain l’impression d’être la condamnée qui
s’approchait de son bourreau.
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Bucky, tête baissée, n’osait pas le regarder. Pourtant, au plus profond d’elle,
l’étudiante ressentait une agréable sensation de bien-être à retrouver son
chauffeur du samedi soir, malgré la situation. Son cœur se mit à battre bien plus
rapidement, elle eut l’impression qu’elle allait perdre connaissance sous peu
tellement la situation était insoutenable.
- Tu vas bien Bucky ? Enchaîna Meyrie peu habituée à voir sa capitaine sans
aucune répartie. Bucky était bien connue sur le campus pour être quelqu’un de très
démonstrative dans tout ce qu’elle faisait. Le mot qui la qualifiait le plus était
« pétillante », mais aux yeux des autres, pour la première fois, elle semblait avoir
perdu toutes ses bulles.
Elle se décida finalement à regarder Béhuit dans les yeux. Quitte à être
humiliée et renvoyée, autant le faire avec force et honneur. Il lui fit un léger sourire
ainsi qu’un discret clin d’œil comme pour lui confirmer qu’il l’avait bien reconnu,
mais qu’il n’avait aucunement l’intention de lui causer du tort. Elle fut
immédiatement soulagée et pu respirer normalement.
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- Oui, c’est exact, j’ai dix-neuf ans et c’est ma dernière année dans ce
merveilleux campus. Je vais vous présenter l’équipe, proposa-t-elle après
hésitation.
Rapidement, elle fit un pas de côté pour lui présenter sa partenaire la plus
proche, Glaème.
- Veuillez m’excuser, je pensais à une amie qui s’était mise dans une
situation des plus compliquée et je n’ai pas pu me retenir, dit-elle parfaitement
consciente du moment cocasse.
Bucky la fixa droit dans les yeux. Elle voulait lui faire comprendre qu’elle
poussait tout de même un peu loin la taquinerie. Glaème sous-entendait qu’elle
était au courant de ce qui s’était passé entre Bucky et lui.
- Très heureux de savoir que vous êtes une équipe soudée… sans secret je
dirais, c’est important, se contenta-t-il de lui répondre avant de passer à la pom-
pom-girl suivante alors que les joueurs de l’équipe masculine sortaient des
vestiaires pour entrer sur le terrain.
Béhuit fit un geste de la main à Antoine pour lui indiquer d’approcher. Il lui
signifia, une fois plus proche, qu’un entraînement en commun avec l’équipe
féminine aurait lieu ce soir et qu’il était nécessaire, par courtoisie, de vider leur
vestiaire pour qu’elles en prennent possession. Les garçons étant invités à aller
dans les vestiaires d’ordinaire réservés aux visiteurs. Durant cette brève
interruption de la présentation des pom-pom-girls, Bucky avait eu le temps de bien
récupérer de l’ascenseur émotionnel que lui avait procuré sa deuxième rencontre
en trois jours avec son nouveau professeur d’EPS. Elle reprenait ses esprits en
même temps que sa répartie et essayait de préparer, de manière réfléchit, une
petite pique à envoyer, alors même que le moment était venu de présenter
Shandrill :
- Voici Shandrill D’argent, en quatrième année, qui m’a confié qu’elle vous
trouve déjà super… mignon, c’est donc un bon début ! Mais n’ayez crainte, en tant
que capitaine, vous n’aurez à faire qu’à moi, lui dit-elle.
58
- Ravi de vous plaire, répondit Béhuit après une brève hésitation et en lui
serrant la main. Il ne lui posa pas de question, Bucky venait certainement de mettre
Béhuit dans l’embarras. Elle put apercevoir également Shandrill légèrement rougir.
Gêner deux personnes en une seule remarque, Bucky avait retrouvé la répartie qui
la correspondait tant !
Bien que plus âgé, d’au minimum une dizaine d’années, cet homme la
captivait, il n’y avait pas le moindre doute pour elle. Béhuit donna son accord d’un
simple hochement de la tête avec un regard inquiet. Elle allait le rassurer
prochainement. C’était finalement elle qui était bien plus dans l’embarras que lui !
Il n’avait pas lieu de s’inquiéter.
***
L’entraînement du soir n’en fut pas réellement un pour les joueurs de volley.
Il avait été transformé en une sorte de tournoi mixte où joueurs et joueuses de
volley jouaient ensemble. Il y avait durant cette séance très particulière beaucoup
d’échanges à voix basse entre les deux entraîneurs de volley. Béhuit semblait
demander conseils à sa collègue sur certains points. C’était en tout cas une grande
première pour les joueurs et joueuses que de pratiquer cette discipline ensemble,
sans distinction de sexe et absolument pas dans les habitudes du campus ; pour
59
des raisons de puissance physique évidente, les cours d’EPS étaient séparés en
un groupe fille et un groupe garçon ! Ce nouvel entraîneur n’avait rien montré du
point de vue technique et tactique sur cette première journée, mais avait marqué
des points sur tous les autres critères. Une vraie délivrance pour Antoine et son
équipe.
Les deux heures imparties s’achevèrent avec un peu de regret pour tous. Le
temps était passé trop vite. Alors que la majorité des présents se dirigeait vers les
vestiaires pour se doucher et se changer, Creth s’approcha de Bucky pour lui
rappeler qu’il avait tout prévu pour ce soir à propos de leur petit dîner en tête-à-
tête. Elle était heureuse des efforts fournis par le joueur jouant au poste de central
de l’équipe de volley-ball de l’E2C. La pom-pom-girl avait pourtant en partie la tête
ailleurs et ne lui répondit que par un furtif baiser avant de regarder en direction du
couloir donnant dans le bureau de Béhuit, non loin de là. Elle ne pensait plus qu’à
le revoir à l’abri des oreilles indiscrètes. Cette personne dégageait quelque chose
de particulier qui avait piqué sa curiosité. Retourner lui parler en tête à tête était
une envie irrésistible.
- Commence par arrêter tes sous-entendus à chaque phrase avec lui, je sais
que c’est dans ton caractère, mais là, tu dois être prudente, c’est un prof ! Chuchota
Glaème.
Bucky savait que Glaème avait raison, même si son amie ne lui avait pas
épargné, elle non plus, une allusion à peine voilée lors de sa présentation avec
Béhuit.
60
- Je vais freiner un peu, vous avez raison, finit-elle par admettre, avant de
reprendre sa route vers le bureau du nouvel entraîneur, dans le même couloir que
les vestiaires prêtés aux filles à l’occasion de ce tournoi en commun avec les
garçons.
A son arrivée, Bucky remarqua que le bureau de Béhuit était grand ouvert.
Elle y aperçut le nouvel entraîneur en train de faire du rangement, probablement en
triant des documents que son prédécesseur avait choisi de lui laisser avant de
partir. Elle frappa tout de même à la porte pour lui signifier qu’elle était arrivée. Il
s’arrêta pour la fixer du regard :
Une bonne minute passa avant que la voix de Béhuit n’indique à Bucky
qu’elle pouvait entrer. Elle ouvrit la porte et s’aperçut immédiatement que le bureau
n’était pas plus présentable qu’auparavant. Assis confortablement sur son bureau,
Béhuit la fixait avec une télécommande à la main et lorsqu’elle referma la porte
derrière elle, une musique se fit entendre, il venait de la déclencher grâce à une
télécommande. Bucky ne mit pas longtemps à reconnaître cet air qu’elle
connaissait très bien, Birds ; c’était celui de sa chorégraphie lors de leur première
rencontre ! Il n’avait visiblement pas du tout apprécié ses petites remarques durant
l’entraînement ou peut-être pire. Bucky pensait à une tentative de chantage pure
et dure. Inutile d’avoir une grande imagination pour savoir ce qu’un trentenaire
pouvait demander à une jolie pom-pom-girl de même pas 20 ans en échange de
son silence ! S’était-elle trompée sur lui à ce point ?
- Désolé de m’être mal fait comprendre par ce geste… Vous m’aviez promis
de ne pas en parler ! Ce rendez-vous devait rester secret et vous leur avez tout dit !
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Lâcha-t-il pour tenter de faire comprendre son mécontentement. Que dois-je faire
maintenant ? Aller prévenir la direction ? Dit-il tout en éteignant la musique.
- Cela n’arrivera pas ! Je vous serai d’un soutien sans faille sur ce campus,
coupa Bucky. A ma décharge, vous auriez pu me prévenir que vous étiez mon
nouveau professeur lors de notre précédente rencontre, j’aurais peut-être un peu
mieux préparé le terrain !
- Je vous rassure sur ce dernier point, vous ne pourrez pas faire pire que
votre prédécesseur, et je vous annonce que vous avez fait un sans-faute pour le
moment. Concernant votre réputation, je ne souhaite pas vous mettre en difficulté.
Je peux même vous aider si vous le souhaitez. Vous me faites confiance ?
- J’ai le choix ?
- Non… mais vous ne le regretterez pas ! Pour vous montrer ma bonne foi,
je propose de passer vous chercher dès dimanche dans le but d’améliorer votre
popularité, proposa-t-elle alors qu’elle prenait un stylo sur la table du bureau pour
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y inscrire son numéro de téléphone sur un des documents disséminés sur son
bureau.
- C’est-à-dire ?
- Vous m’avez fait fantasmer samedi soir, vous me proposez du rêve pour
Dimanche. A quelle fin ? Demanda Béhuit.
- J’ai oublié de vous dire… excellent choix musical et vous avez bien fait de
me recadrer. J’accumule peut-être les maladresses à votre égard mais je ne vous
nuirai jamais non plus, lui dit-elle avec un rapide clin d’œil avant de repartir.
Bucky ne savait rien de ce que cachait Béhuit. Mais tout le monde avait ses
secrets et elle se promit de tout faire pour le protéger, lui qui en connaissait un sur
son activité nocturne du week-end… Une sorte de donnant-donnant, même si rien
de tel n’avait été formulé.
***
63
Bucky s’était changé rapidement après s’être douchée en profitant des
vestiaires. Le bruit des douches avait couvert la musique pour le moins
embarrassante qui était passée brièvement dans le bureau de Béhuit, si bien que
Nolwenn, Glaème et Shandrill, n’ayant rien entendu, avaient demandé comment
s’était passé l’entretien alors qu’elles sortaient toutes du vestiaire. Bucky leur
annonça que tout s’était passé pour le mieux sans développer et commença à
complimenter son professeur d’EPS en affirmant aux filles qu’il semblait
sympathique, drôle et pro. Il n’était jamais trop tôt pour commencer à faire sa
promotion ! De toute manière, c’est réellement ce qu’elle pensait de lui, donc
aucune raison de taire les qualités que Béhuit Ciel semblait avoir.
Lorsque les filles sortirent du gymnase, elles purent apercevoir Creth qui
patientait près de sa voiture ; il attendait Bucky pour l’emmener au restaurant.
Toujours classe, l’étudiante avait cependant fourni un effort supplémentaire sur le
maquillage et la coiffure pour sa première vraie sortie avec lui. Alors que les autres
pom-pom-girls rentrèrent chacune chez elles en voiture, Bucky et Creth se
dirigèrent vers le restaurant avec la voiture -trois portes- du volleyeur.
***
64
malheureusement pour lui, il ne lui était pas destiné ; Bucky venait de recevoir un
message de Béhuit qui lui disait : « ok pour 10 h 30 dimanche, vous ne m’avez pas
dit ce qui était prévu » avec son adresse personnelle en complément. Elle
s’empressa de lui répondre : « nous allons soigner votre image ! ».
- J’ai passé une superbe soirée… merci, lui dit-elle une fois le baiser terminé.
Tu me ramènes chez moi ? Il est tard et nous avons cours demain, poursuivit-elle
en guise d’argument pour couper court à la conversation et à la soirée.
La maison des Donerm était toute lumière éteinte. Seul le père de la famille
de Nolwenn était encore éveillé devant sa télévision. Il souhaita une bonne nuit à
Bucky, tout en lui faisant remarquer qu’elle rentrait tardivement pour une personne
qui avait cours le lendemain matin. Elle alla rapidement se coucher sans faire de
bruits, Nolwenn dormant déjà à poings fermés, pour essayer de trouver également
le sommeil pour être en forme le lendemain. Selon son planning, il était prévu
qu’elle commence sa journée de cours dès huit heures du matin par un cours…
d’éducation physique et sportive ! Le tout premier qu’elle aurait avec son nouveau
professeur : Béhuit Ciel. L’occasion peut-être pour elle et sa classe de mieux
connaître cette mystérieuse personne qui souhaitait garder secret un rendez-vous
en pleine nuit, avec quelqu’un semblait-il d’important, sur un parking désert.
***
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Le réveil à six heures quarante-cinq du matin fut un véritable calvaire pour
Bucky. S’étant endormie à pas loin d’une heure du matin, elle manquait clairement
de sommeil. Nolwenn consciente de la rentrée tardive de la veille de son amie, lui
laissa un quart d’heure de plus pour récupérer en lui amenant directement au lit un
café au lait et une tartine de pâte à tartiner. Grâce à cette aide bienvenue de son
amie, Bucky ne les comptait plus tout au long de sa scolarité à l’E2C, les filles
n’eurent aucun retard pour partir en direction du campus. Antoine était au volant
et Erik sur le siège passager alors que les filles se contentaient des places arrière
du véhicule de la famille. Bucky, pour cause de défi perdu avec Lily, n’ayant
toujours pas, et ce, jusqu’à la fin de la semaine, son véhicule personnel devait se
contenter avec son amie de ce moyen de transport beaucoup moins tape à l’œil.
Bucky arriva sur l’esplanade du campus en même temps que Creth, qui lui
avait l’air plutôt en forme malgré sa nuit courte. Il se pressa de venir à la rencontre
de sa petite amie pour l’embrasser avec insistance avant de l’emmener en la
prenant par la taille vers les casiers. Le quiproquo du premier match de la saison
avait été définitivement oublié ; Bucky et Creth semblaient bien ensemble, même
si tout le monde savait qu’il fallait rester méfiant avec la capitaine des pom-pom-
girls. Elle ne pardonnait pas facilement les erreurs de ses petits amis et le vent
pouvait facilement tourner pour une futilité. Beaucoup de garçons de sa classe en
avaient déjà fait l’amère expérience !
***
Toute la classe s’était retrouvée sur l’un des gymnases du campus. A leur
arrivée, les élèves purent apercevoir Béhuit Ciel qui les attendait. Trois terrains de
volley-ball étaient déjà installés et prêts à l’emploi. Il n’y avait donc pas trop de
suspense pour les élèves sur le sport qui serait pratiqué ce jour. Personne ne fut
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réellement surpris par ce choix. Pourquoi le professeur d’EPS ne commencerait
pas par ce qu’il maîtrise le mieux ? Bucky aurait fait le même choix à sa place.
- Béhuit, tout le monde ici sait faire du volley-ball, du moins nous avons tous
les bases.
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échauffement de dix minutes avec les ballons. Nous ferons ensuite des petits
matches en dix points gagnants. Des questions ? Demanda Béhuit en guise de
conclusion.
Alors que Béhuit était en train de parler, Glaème, assise juste à côté de
Bucky lui mit un léger et discret coup de pied et lui lança un discret « fayotte ! »
afin de se moquer de son intervention. Cherchant volontairement, mais toujours
gentiment, à la taquiner.
Une main se leva immédiatement parmi les élèves une fois les explications
de Béhuit terminées, pour faire remarquer qu’en temps normal, les filles et les
garçons étaient séparés en sport. Béhuit balaya immédiatement la question en
précisant que ce ne serait pas le cas exceptionnellement aujourd’hui et peut-être
pour d’autres séances. Glaème leva alors la main à son tour :
Les élèves partirent au même moment pour l’échauffement. Les cinq tours
de gymnase à allure modérée, surtout pour les pom-pom-girls, bien moins
sportives que les autres élèves, ne furent qu’un échange de tractations pour créer
les équipes. Béhuit avait intelligemment nommé les capitaines pour que les
équipes s’équilibrent d’elles-mêmes. Il s’agissait des six élèves et joueurs ayant
pris l’option volley. Pourtant, entre les affinités et le niveau théorique de chacun,
les cinq tours de course pour préparer les équipes ne furent pas de trop. La grande
perdante sur cette répartition fut Estelle, sans conteste la plus timide et réservée
du groupe, qui se retrouva avec quatre choix quasiment imposés dans son équipe,
dont Bucky et Nolwenn. Bucky fut un peu blessée par cette répartition. Elle se
doutait bien qu’elle allait, en tant que pom-pom-girl, faire partie des éléments
choisis par défaut, mais le fait que Creth ne la prenne pas dans son équipe l’avait
mise quelque peu en rogne, même si elle voulait ne rien laisser paraître. Il y avait
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tout de même un point positif avec cette répartition, elle se retrouvait dans l’équipe
de Béhuit. Moment privilégié pour mieux le connaître en espérant l’apprécier
toujours autant.
Le deuxième match fut un peu plus compliqué pour l’équipe de Bucky. Face
à l’équipe d’Antoine, possédant des éléments plus doués en sport, seulement deux
filles dans l’équipe et une meilleure organisation, il fut très compliqué de s’en sortir
en obtenant des points, surtout que les consignes de l’équipe adverse étaient
claires ; viser les espaces où se trouvaient Nolwenn et Bucky ! Bien sûr, Estelle et
Béhuit tentèrent d’épauler au mieux, voire de couvrir les « points faibles » de
l’équipe que les pom-pom-girls représentaient, mais cela ne suffisait pas. Il y eut
bien l’idée de la part d’Estelle de jouer également sur les éléments plus faibles
adverses, mais il s’agissait de Glaème, qu’Antoine avait pris avec un plaisir non-
dissimulé dans son équipe, qui possédait un niveau bien meilleur que ses deux
amies d’en face. Tentative avait également été faite par Nolwenn de déstabiliser
son frère durant le match en évoquant ses sentiments pour Glaème, mais ça
n’avait pas donné grand-chose. Le match se termina sur une lourde défaite. Pour
une fois, Bucky aurait bien aimé une victoire dans une séance d’EPS, simplement
pour contrarier Glaème.
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Les matches s’enchaînèrent les uns après les autres sans que Bucky voit le
temps passer. C’était quelque chose de rare chez elle durant les heures d’EPS, pas
trop volontaire sur les efforts physiques hormis pour la danse. Son équipe finit par
gagner un match, certes contre l’équipe d’Yvan qui ne forçait pas trop à cause de
sa cheville encore incertaine due à sa mauvaise réception lors du premier match
de la saison de son équipe, mais jamais Nolwenn et Bucky n’avaient espéré gagner
quoi que ce soit avec cette équipe, Béhuit avait relevé le niveau de l’équipe avec
brio. Plus il jouait, plus il semblait retrouver un niveau intéressant, quasiment
identique à celui des garçons de l’équipe de volley qui l’entraînait. Ce n’est pas
avec son prédécesseur qu’on aurait pu vivre cela !
Le cours se termina sur cette bonne note pour Bucky, mais pas seulement
pour elle. Antoine, durant les matchs, avait réussi à se rapprocher un peu plus de
Glaème. Les quelques contacts physiques qu’elle avait pu remarquer entre ces
deux-là ne semblaient pas que sportifs. Après confirmation que Nolwenn
interprétait ces gestes de la même manière, les deux amies eurent la ferme
intention d’en savoir plus sur les sentiments réels de Glaème qui avait semblé
jusqu’à maintenant complètement hermétique aux garçons en général et à Antoine
en particulier, clairement le garçon qui était le plus sensible à ses charmes.
- Je crois que tout le monde a passé un bon moment, lui dit-elle pour le
rassurer à propos du ressenti général de son tout premier cours d’EPS.
Elle ne savait pas trop comment interpréter ce retour, mais il avait le mérite
d’être factuel. Elle devait partir, car sans doute proche du retard non excusable
pour le prochain cours, mais alors qu’elle ouvrait la porte de sortie du gymnase,
Béhuit l’appela par son prénom. Elle se retourna immédiatement.
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Soulagée, elle lui fit un petit sourire, mais choisit de ne pas lui répondre pour
courir très vite en espérant rapidement retrouver sa classe dans les temps. Elle
avait passé un excellent moment durant deux heures et cela semblait réciproque.
Et prendre du plaisir durant une séance d’EPS pour Bucky Délavigna, c’était un
exploit notable.
***
- Je t’ai trouvé très… ouverte avec mon frère durant ce petit tournoi, dit-elle
à son intention.
71
- Bien évidemment ! Désolée… Se corrigea-t-elle, surprise de sa propre
réaction.
Bucky appréciait réellement Béhuit et ne cherchait pas à s’en cacher. Sans pouvoir
l’expliquer, elle avait une sensation de bien-être quand il était proche d’elle. Elle
était impatiente de le retrouver le soir pour l’entraînement de volley-ball et de pom-
pom-girl, commun en localisation.
***
L’entraînement du soir fut compliqué à gérer pour Bucky. D’une part, elle
commençait sérieusement à sentir le manque de sommeil de la veille et avait, de
ce fait, toujours un temps de retard sur la chorégraphie des pom-pom-girls par
rapport à ses amies. Et d’autre part, la concentration sur ses exercices laissait à
désirer. Elle était captivée par l’entraînement des garçons au centre du gymnase,
si bien qu’elle n’était pas totalement attentive aux directives de Meyrie, présente
ce soir. Bien trop curieuse de savoir comment se déroulait l’entraînement des
garçons sous les ordres de Béhuit Ciel. Elle se surprit elle-même en regardant bien
plus souvent l’entraîneur que les joueurs, y compris Creth.
72
***
***
Ce nouveau cours n’eut plus rien à voir avec le premier ! Les filles et les
garçons furent désormais séparés de part et d’autre du gymnase. Il n’y avait pas
le moindre match de prévu, mais uniquement un entraînement destiné à améliorer
les basiques des moins expérimentés, dont Bucky et Nolwenn faisaient partie, ou
des perfectionnements spécifiques, notamment pour les services, des autres
étudiants maîtrisant mieux la discipline.
73
autonomes. Il semblait aussi quelques fois plongé dans une sorte d’absence d’une
dizaine de secondes totalement inexplicable en alternance avec des phases de
concentrations intenses. Ce n’était pas la première fois que ce type de
comportement se remarquait chez lui ; les joueurs de volley-ball garçons et les
pom-pom-girls avaient pu le découvrir lors de leurs entraînements. Des troubles
évidents de l’attention, suspecta Bucky.
Elle fut agréablement surprise que son professeur prenne du temps pour
s’occuper exclusivement d’elle en tête-à-tête, durant cinq petites minutes des deux
heures que comportait le cours du jour, pour lui expliquer comment mieux
positionner son corps et ses bras afin de tenter d’améliorer un peu son niveau de
jeu, très perfectible. Déjà très maladroite en début d’exercice, la pom-pom-girl
perdit absolument tous ses moyens lorsque Béhuit lui saisit ses bras à l’aide des
siens, puis lui positionna son corps pour lui expliquer le mouvement correct à
effectuer. Ces contacts physiques lui avaient donné l’impression d’une sorte
de "reset" qu’elle était capable d’obtenir des garçons après les avoir embrassés.
Son cœur palpitait inexplicablement du fait d’un simple toucher. Par réflexe, elle
se crispa.
74
Il la lâcha immédiatement, embarrassé et comprenant qu’il avait commis
une bourde en posant ses mains sur les bras et hanches de l’étudiante.
- Non c’est bon ! Lui répondit Bucky. Enfin, c’est bon dans le sens pas de
problème… pas dans le sens j’apprécie… ça ne veut pas dire que je n’apprécie pas
non plus quand tu me touches ! Enfin tu comprends ce que je veux dire, s’empêtra-
t-elle.
***
Béhuit ne remarqua pas tout de suite que Bucky n’avait pas encore quitté
les lieux. Il semblait être plongé dans ses pensées. C’était décidément une
75
habitude chez lui. Un rêveur ? Bucky prit l’initiative de s’approcher un peu plus de
lui afin qu’il puisse la remarquer.
- Ton niveau n’est pas si mauvais. Tu es juste dans une classe très sportive
avec un niveau exigeant. Tu vas t’améliorer, à ton rythme ne t’inquiète pas. Sinon,
comment mes entraînements sont perçus ?
- Tu t’en sors très bien, j’ai l’impression. Vu mon niveau général en sport, on
s’adresse rarement à moi avec ce sujet de conversation, avoua-t-elle en toute
franchise. Mais les échos que j’ai ne sont pas mauvais.
76
Chapitre 4 : Prémices
77
- C’est un rendez-vous avec Creth ? Pourquoi cherches-tu à ne pas en
parler ? Tu as d’ordinaire la langue bien pendue pour ce genre de chose.
Même s’il s’agissait juste d’un rendez-vous qui avait pour objectif de faire
gagner à Béhuit Ciel de la popularité, Bucky souhaitait rester muette sur cette
rencontre. Elle avait même prévu de l’emmener à une quarantaine de kilomètres
d’ici pour éviter toute rencontre fortuite non désirée.
Bucky quitta ainsi le pavillon des Donerm avec son véhicule récupéré la
veille sans donner le moindre indice à Nolwenn. Sa meilleure amie n’était pourtant
pas stupide, Bucky avait un comportement qui sortait de l’ordinaire depuis le début
de cette semaine.
***
En rentrant l’adresse de Béhuit sur son GPS, Bucky s’aperçut que son
professeur de sport habitait tout près de chez elle, à un peu moins d’un kilomètre
et dans le même quartier pavillonnaire de la ville de Cley. Elle arriva un peu avant
l’heure prévue devant les lieux. Dès son arrivée, elle se posa instantanément la
question de savoir comment un simple professeur de sport âgé d’une trentaine
d’années seulement, avait pu se payer, ou même louer, un tel pavillon qui s’offrait
à ses yeux. En effet, depuis l’implantation du campus, tout proche, les prix de
l’immobilier avaient littéralement explosé et le bien dans lequel Béhuit résidait était
flambant neuf, ou plus vraisemblablement très récemment rénové, et surtout
gigantesque ! Au bas mot deux-cents mètres carrés habitables avec un garage et
une petite cour d’entrée piétonne et véhicule. Peut-être vivait-il tout simplement
chez ses parents ou en couple avec une personne à la situation professionnelle
des plus confortables, chose qui la tracassait plus que tout ! Il fallait qu’elle se
l’admette, elle préférait le savoir célibataire, même si elle n’était pas encore
certaine de ses sentiments.
78
Béhuit mit avant de lui ouvrir sa porte d’entrée. Elle le découvrit en train de
s’essuyer les cheveux, avec une serviette uniquement autour du bassin et torse nu,
assurément tout droit sorti de sa salle de bain ! Un moment très sympathique
visuellement parlant pour elle.
- A cette heure-ci, je croyais te voir un peu moins vêtu… heu plus… je voulais
dire plus ! Corrigea-t-elle immédiatement.
Elle avait complètement bafouillé dans ses dires en voyant son professeur
de sport, torse à l’air, qui ne la laissait pas indifférente. Il fallait bien avouer qu’il
était plutôt joli garçon et de surcroît à son goût.
- Pour me voir nu, il aurait fallu passer quelques minutes plus tôt. Là, tu me
vois ni plus ni moins comme je serai sur une plage ! Sourit-il en faisant référence
à leur toute première rencontre. En fait, j’ai dû faire un peu d’exercice ce matin
avant notre rendez-vous, j’ai donc par égard pour toi dû prendre une douche. Je te
laisse entrer le temps que je finisse de me préparer…
- Bucky, tout va bien, assura-t-il. Je sais bien que notre première rencontre
a été quelque peu singulière, mais tu n’as rien à craindre de moi et je te remercie
de m’aider à m’intégrer plus rapidement. Allez, entre… ne reste pas dehors !
79
bien plus sur un niveau de vie équivalent au sien ou pour être exact, à celui de ses
parents. Indice supplémentaire, il fallait ajouter la valeur potentielle de la moto
neuve qui ne devait sans doute pas être donnée non plus question tarif.
Finalement, seul son véhicule semblait en phase avec ses moyens théoriques.
Même si en parfait état, l‘Audi était, en effet, sans doute plus âgé qu’elle. Il avait
dû en prendre soin tout au long de ces années.
- Ta maison est superbe, un vrai piège à filles ! Cria Bucky afin d’être
entendue à l’étage plus haut pour essayer d’ouvrir la discussion sur l’origine de la
fortune de son hôte.
- Ce n’est pas la mienne ! C’est la maison familiale de l’un de mes amis. Elle
vient d’être remise à neuf afin d’être vendue dès que j’aurais trouvé un logement,
lui répondit Béhuit, alors qu’il descendait les escaliers pour la rejoindre, désormais
entièrement vêtu.
- Nous allons aux galeries Lafayette sur Paris pour revoir ton look et
t’acheter un vêtement bien précis pour les matchs. Pour être honnête je n’ai jamais
fait de moto et je pensais que nous irions avec ma voiture pour que je te conduise
là-bas, rétorqua Bucky un peu prise au dépourvu par la proposition.
- Je ne suis pas trop en tenue pour faire de la moto et je n’ai pas de casque,
objecta-t-elle.
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Il est vrai qu’elle s’était habillée en jupe droite et plutôt courte, pas idéal pour
ce moyen de locomotion.
Bucky se mit à frémir un instant. Béhuit avait clairement bien préparé son
coup et les arguments qu’elle avait avancées avaient été balayées d’un revers de
main. Elle n’avait jamais fait de moto et, à son âge, découvrir de nouvelles activités
était quelque chose de très excitant. Pourtant, un paramètre important retenait son
enthousiasme. Le contact prolongé entre elle et lui sur la moto ; s’il avait le même
effet sur elle que durant le dernier cours d’EPS, sa crispation risquerait peut-être
de créer une perte d’équilibre du deux roues.
Béhuit lui tendit l’équipement nécessaire pour une sécurité correcte sur ce
type de véhicule ; un blouson renforcé, un casque et des gants, le tout noir et
fuchsia alors que Bucky n’avait toujours pas esquissé le moindre geste où la
81
moindre réponse. Il prit alors la décision de l’aider à enfiler le blouson en lui tendant
une manche afin qu’elle y glisse son bras.
- J’ai un peu peur, finit-elle par lui dire en ne faisant pas uniquement allusion
au voyage à moto.
Elle se demandait quand elle allait pouvoir récupérer au moins une partie
de ses facultés. Elle n’arriva même pas à attacher la fermeture-éclair du blouson
à l’aide de ses mains encore tremblantes. Heureusement, Béhuit prit l’initiative de
lui fermer et de lui enfiler son casque, le tout parfaitement à sa taille. A croire que
l’équipement avait été acheté pour elle !
Une fois tous deux équipés et prêts à partir, Béhuit démarra la moto. Le
stress des sentiments de Bucky laissa place au stress, bien plus contrôlable pour
elle, de son premier voyage à moto. Une fois Béhuit prêt et la moto démarrée, il lui
fit signe de monter derrière et lui indiqua de bien mettre ses bras autour de son
torse pour ne pas tomber. Bucky savait qu’elle allait devoir bien s’accrocher ; la
moto, sans avoir même avancé, dégageait déjà une puissance impressionnante.
On était loin de la puissance d’un simple scooter, elle chevauchait un véritable
monstre mécanique !
***
La route vers les galeries Lafayette à Paris fut forte en émotion pour Bucky.
Elle prit rapidement un réel plaisir à se laisser pousser par des accélérations de
plus en plus franches au rythme des kilomètres, au fur et à mesure qu’elle indiquait
à Béhuit, via l’intercom des casques, qu’elle était en confiance. Elle était également
dans une situation de bien-être incroyable en le serrant dans ses bras, pour
prévenir toute chute. Le contact physique prolongé avec lui, mélangé à l’adrénaline
de son premier voyage à moto, lui fit perdre toute notion du temps. A leur arrivée,
82
elle fut tout simplement incapable d’évaluer la durée du trajet effectué… trop court
à son goût ! Une chose était sûre, elle avait adoré cette première à moto, qui plus
est avec une personne pour qui elle avait des sentiments aussi intenses.
L’étudiante attendait déjà le chemin du retour avec impatience, prête à renouveler
l’expérience.
C’était désormais à son tour d’impressionner Béhuit. Tout était déjà planifié.
Elle se dirigea avec le trentenaire chez un coiffeur haut de gamme où elle avait pris
rendez-vous. Son professeur de sport, malgré des cheveux déjà coupés courts, ne
posa même pas de question et s’installa avec confiance sur l’un des fauteuils du
salon à la demande de Bucky. Le but n’était pas réellement de couper les cheveux
de Béhuit encore plus courts, mais de lui poser un rajout d’une tresse, couleur bleu
ciel, l’autre couleur du campus de Cley avec le fuchsia, d’une vingtaine de
centimètres sur le côté du crâne juste derrière l’une de ses oreilles, ainsi que de lui
tailler sa barbe irrégulière pour la rendre moins fouillis.
Une fois les coiffures terminées, Bucky avait prévu de manger avec Béhuit
dans un restaurant avec lui. Elle proposa donc de l’inviter, mais elle ne savait
absolument pas quoi lui proposer comme type de restauration. A la trentaine, on
n’avait pas forcément les mêmes goûts qu’à son âge, même si ses parents
l’avaient habitué, aussi, à des restaurants "haut de gamme" voire étoilés. La pom-
pom-girl lui proposa donc de choisir pour ne pas se tromper. L’essentiel était de
lui faire plaisir. Une bonne surprise pour elle, Béhuit appréciait la cuisine Italienne
de manière générale, tout comme elle, et ils prirent donc l’option tous deux d’aller
dans un restaurant de ce type, tout proche. Ils avaient au moins un point commun
concernant les goûts culinaires. Un bon point pour partager des moments
ensemble.
83
***
Bucky fut impressionnée par le plaisir que prenait son professeur d’EPS à
manger une simple entrée tomate mozzarella suivie d’une pizza reine et d’un
banana split pour dessert. A ses dires, il n’avait pas souvent l’occasion de manger
des choses aussi bonnes. La cuisine du restaurant n’avait pourtant rien
d’exceptionnel en soi. Mais elle était heureuse de savoir que Béhuit passait un
agréable moment en sa compagnie et ne chercha pas à en savoir plus sur cet
engouement incroyable pour un menu somme toute ordinaire.
Ce repas fut l’occasion pour tenter d’en savoir un peu plus sur son
énigmatique professeur en le questionnant. Malheureusement, elle n’eut pas
grand-chose à se mettre sous la dent. Béhuit semblait tout faire pour prendre la
direction de leurs échanges, si bien qu’elle avait dit pas mal de choses sur elle et
ne put en savoir que très peu sur lui. Simplement que ses parents étaient décédés
et qu’il revenait tout juste sur la région après avoir vécu un peu partout en province.
Elle était également intriguée par les messages réguliers qu’il recevait sur sa
montre connectée et son portable, tout au long de leur discussion ; ils n’arrêtaient
pas de vibrer !
Elle venait de remarquer, une fois de plus, la montre de Béhuit vibrer alors
qu’il était en train de terminer son dessert ; un énorme banana split qu’elle aurait
été incapable de finir rien qu’en pensant au nombre de calories qu’il contenait !
84
- Rien que tu ne puisses résoudre malheureusement… simplement l’histoire
de ma vie. Je préfère continuer de profiter de ce moment plutôt que de parler de
ça.
- Je vois d’ailleurs que c’est lui qui t’appelle, souligna Béhuit qui pouvait voir
s’afficher le nom de l’appel entrant sur le téléphone de Bucky, posé sur la table.
Une fois apaisée, elle coupa également son téléphone, pour éviter tout
dérangement, puis passa directement au comptoir du restaurant pour régler
l’addition. Béhuit protesta quelque peu. Il voulait au moins régler sa part de la note,
mais Bucky lui fit comprendre qu’elle souhaitait régler intégralement cette journée
qu’elle lui avait organisée en guise de remerciement pour son silence concernant
sa dernière activité nocturne. Ne restait plus pour elle qu’à l’emmener dans un
magasin de vêtements pour homme, haut de gamme bien entendu. Bucky n’avait
pas l’intention de faire les choses à moitié pour l’aider… et l’impressionner !
***
85
Béhuit semblait très surpris de se retrouver devant un magasin des galeries
Lafayette qui ne vendait que des costumes. Avant même de rentrer, il interrogea
immédiatement Bucky :
- Tu as des amis riches. Moi, ce sont mes parents qui ont de gros moyens.
Je refuse que tu paies quoi que ce soit ! Renchérit-elle. Cet achat ne se remarquera
même pas sur mon compte en banque.
- C’est à Creth que tu devrais offrir ce type de cadeau, pas à moi. Il en a déjà
laissé passer un merveilleux le soir du dernier match, souligna Béhuit.
Bucky n’avait jamais clairement indiqué à Béhuit l’identité de son petit ami.
Cela n’avait cependant pas dû être compliqué à déduire étant donné que Creth
était le seul garçon du campus à posséder la même voiture que lui, avec deux
portes en moins ! Elle aurait aimé lui répondre qu’elle préférait sortir avec lui plutôt
qu’avec l’un des joueurs de son équipe, mais il n’en était absolument pas question.
Elle devait d’abord réfléchir sereinement, et donc loin de lui, avant de lui faire part
des émotions qu’il faisait monter en elle.
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plaisir coupable que son professeur ait apprécié. Avait-il une attirance pour elle ?
Il fallait qu’elle se l’avoue, elle avait fait très fort avec son professeur. Elle se
contenta finalement de le faire entrer dans la boutique en acquiesçant les termes
du marché qu’elle avait proposés.
Une fois le but atteint, Bucky et Béhuit rentrèrent ensemble après avoir bu
un café en terrasse. Il la remercia plusieurs fois pour sa gentillesse et lui annonça
qu’il n’oublierait pas qu’il lui devait un service. Elle ne réussit, pas plus qu’au
restaurant à le faire parler de lui. Il était décidément très secret sur sa vie privée.
Elle n’était pas aveugle, malgré ses sentiments pour lui ; il cherchait à garder secret
des pans entiers sur sa vie.
***
87
portions de route où cela était possible fut une agréable découverte, à renouveler
au plus vite. Avec lui aux commandes et personne d’autre.
***
- Je te remercie Bucky, j’ai hâte de vivre mon premier match pour voir
l’image que je renvoie.
- Pro et dans l’ambiance du campus. Les élèves et collègues vont adorer, lui
répondit Bucky, sure d’elle. Grâce à la touche Délavigna, tu vas marquer des
points !
L’étudiante lui serra la main en retour, sans savoir trop quoi lui répondre,
elle préféra rester muette et partir. Cette poignée de main, somme toute logique,
l’avait tout de même déçu.
***
88
Bucky rentra en moins de cinq minutes chez Nolwenn qui ne manqua pas
de l’interroger sur son emploi du temps de l’après-midi dès son arrivée. Elle se
contenta de lui dire qu’elle avait fait une sortie à Paris sans rien mentionner d’autre.
Elle savait qu’elle ne pourrait pas garder secret longtemps ce rendez-vous avec
Béhuit, mais avait décidé de ne rien dire à Nolwenn pour le moment. La priorité
était, pour Bucky, de savoir quoi faire des sentiments qu’elle avait envers son
professeur d’EPS. Elle souhaitait aller plus loin avec lui de façon de plus en plus
claire dans son esprit. Mais cela était risqué pour elle… sans doute plus encore
pour lui !
Elle ralluma son portable pour s’apercevoir que Creth avait tenté de la
joindre par deux fois pour lui proposer une sortie. Elle ne le rappela pas. La nuit
portant conseil, elle serait sans doute quoi faire demain, après les perspectives
qu’ouvraient cette journée.
***
C’était bien la première fois en semaine que Bucky se réveillait avant toute
la famille Donerm, et pour cause, elle était déjà en train de prendre son petit
déjeuner à cinq heures du matin. La nuit n’avait été pour elle que succession
d’insomnies et de micro-siestes. Béhuit avait hanté sa nuit. Bien que plus âgé d’au
moins dix années, bien que cachant des choses à son sujet, et bien qu’il soit son
professeur d’EPS, elle avait pris une décision durant sa nuit agitée ; elle se refusait
de ne pas tenter sa chance avec lui. Pourquoi refouler ses sentiments ? Elle était
consciente qu’elle risquait de se prendre une fin de non-recevoir par l’intéressé,
mais elle se persuadait que le destin avait choisi de les faire se rencontrer le soir
du premier match de volley de la saison. Une simple différence d’âge et de statut
ne bloquerait pas cette envie.
Bucky lui servit une tasse de café avec un bol de céréales préparé à
l’avance. Son amie la connaissait parfaitement et malgré le fait que Nolwenn
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n’avait pas l’expérience en termes de garçon que pouvait avoir Bucky, elle
souhaitait se confier et avoir un avis sur ce qu’elle ressentait.
- En effet, je vais lui dire que je préfère stopper notre relation. Écoute
Nolwenn, le garçon avec qui je suis sorti hier après-midi me fait véritablement
vibrer, je n’arrête pas de penser à lui. Je voudrais tenter de lui annoncer mes
sentiments pour ne pas avoir de regrets. Mais j’ai besoin d’avoir ton avis par
rapport à la situation particulière que nous avons l’un par rapport à l’autre.
Bucky la regarda avec des yeux grands ouverts qui devait sans doute
montrer toute sa surprise. Son amie avait tapé juste, sans laisser paraître la
moindre hésitation !
- Comme le soleil en plein jour ! Lui confirma Nolwenn. Mon père me le dit
souvent ; la pauvreté et l’amour sont les choses les plus difficiles à cacher sur
cette terre.
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surtout du côté du professeur. Si relation il y a entre vous deux, Béhuit risque tout
simplement de se faire renvoyer du campus. Je sais pertinemment que tu
essaieras d’avoir une aventure avec lui, alors je ne te dirai pas de ne pas le faire.
Sache seulement que s’il accepte une relation entre vous, vous devrez rester très
discrets, du moins jusqu’à la fin de l’année. Si vous êtes encore ensemble d’ici là,
tu ne seras plus élève et donc lui plus ton professeur.
- Merci de ne pas me prendre pour une folle Nolwenn, répondit Bucky, très
heureuse de voir son amie la soutenir. Tu peux m’aider à faire en sorte que l’on se
retrouve seul à seul à la fin d’un cours ou d’un entraînement de volley ?
- On va t’aider alors.
- Je ne suis pas la seule à avoir remarqué ton petit manège avec Béhuit. Je
pense que toutes les pom-pom-girls de notre groupe, avec Glaème en tête, s’en
sont aperçues ou ont été mises au courant par les autres. Rassure-toi, comme
d’habitude notre groupe gardera le secret. Mais s’il te plaît, ne fais rien avant que
nous en ayons parlé avec les filles du groupe, tu veux bien ?
Bucky était à deux doigts de sauter de joie. Elle regrettait encore plus de
vivre déjà sa dernière année d’étude avec son groupe de pom-pom. Le soutien
qu’elles avaient les unes envers les autres était indéfectible et passait en premier
plan. Elle était désormais certaine qu’elle pourrait, elle l’espérait rapidement,
avouer ses sentiments en restant discrète grâce à une probable diversion de son
groupe d’amies.
91
***
***
92
- Je suis vraiment touchée les filles que nous soyons, depuis cinq ans pour
certaines d’entre nous, si proches les unes des autres. Cette petite réunion
informelle est une idée de Nolwenn que je remercie, mais concerne en fait ma
personne propre. Je vous demande de prendre soin de ne pas divulguer à qui que
ce soit ce que je vais vous dire. La plupart de vous sont déjà au courant, mais je
souhaitais vous confirmer que je suis sortie hier après-midi avec Béhuit et il
s’avère… que j’ai des sentiments pour lui.
- Stop ! La coupa Shandrill. Qu’as-tu fait exactement avec lui hier et peut-on
avoir des détails croustillants ?
- Je l’ai juste aidé à affiner son image. Je lui ai pris un costume pour ses
matches et je n’ai rien tenté avec lui. Je tenais à y réfléchir de manière posée avant,
répondit la capitaine de l’équipe.
- Je pense que tu es carrément en crush sur lui, cela ne fait pas le moindre
doute. Ton comportement change radicalement quand il est proche de toi,
répondit Glaème. Après je ne suis pas certaine qu’il ressente la même chose pour
toi, les sens uniques existent aussi en amour !
- J’en suis consciente Glaème, mais la question est, est-ce que cela vous
dérange si je tente ma chance avec lui, car cela entraînera peut-être des
répercussions sur notre activité de pom-pom-girls.
Bucky souhaitait être parfaitement transparente avec ses amies sur ses
sentiments. En tant que capitaine responsable, elle voulait leur montrer que leur
passion commune passait avant ses pulsions amoureuses.
- En échange de notre aide Bucky, on veut que tu nous prépares une nouvelle
chorégraphie pour la présentation des garçons lors des matchs. Nolwenn et moi
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avons remarqué que tu étais talentueuse pour cela, déjà l’année dernière en danse
et cette année durant la préparation de ton strip-tease pour Creth… enfin Béhuit, lui
annonça Glaème calmement.
A dire vrai, Bucky y pensait depuis le début de cette année. Elle trouvait la
présentation actuelle un peu trop terne, classique. Un besoin de renouveau se
faisait sentir auprès de la plupart des anciennes. Se savoir poussée par son équipe
dans ce sens la réjouissait.
- J’en parle dès ce soir à Meyrie, annonça Bucky pleine d’enthousiasme pour
ce projet.
- Je sais que mes chances sont minces, mais je veux essayer. Il est
tellement différent des autres garçons ! Insista Bucky. Désolé de vous mettre en
porte à faux les filles.
C’est sur cette remarque que les filles prirent la direction du gymnase.
L’heure de l’entraînement était arrivée. Elles furent piles dans le bon timing
puisqu’elles croisèrent les volleyeurs sur leur chemin. C’était le moment idéal
qu’avait choisi Bucky pour prendre Creth a part, juste avant d’entrer pour lui
expliquer simplement qu’elle ne souhaitait plus sortir avec lui, car son cœur battait
pour un autre. Il prit la nouvelle avec un peu de surprise, mais ne semblait pas
peiner plus que ça. Cette non-réaction lui confirma qu’il ne tenait pas plus que cela
à elle. Tant mieux ! Les deux entrèrent dans le gymnase à leur tour sans rancœur,
ni animosité.
***
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Bucky chercha directement du regard si Meyrie était présente. Elle ne
souhaitait pas perdre de temps pour lui dire que le groupe souhaitait changer la
chorégraphie de présentation des garçons et qu’elle souhaitait en créer une
nouvelle. Ce nouveau défi l’excitait déjà.
Meyrie se trouvait au centre du terrain avec Béhuit. Ils discutaient tous les
deux. Bucky préféra attendre avec le reste des filles sur le côté habituel où leur
entraînement se déroulait. Elle savait qu’elle aurait sa chance avec Béhuit plus tard
et préférait s’entretenir avec Meyrie lorsqu’elle ne serait plus près de lui, de peur
que sa proximité ne lui fasse, une fois de plus, rencontrer des problèmes pour
s’exprimer distinctement. On n’était jamais trop prudente.
- Ce n’est pas avec le prédécesseur que j’aurais pu voir une telle chose, dit
Meyrie arrivée près d’elles.
- Cette année est un renouveau total Meyrie, lui annonça Nolwenn. D’ailleurs
Bucky a quelque chose à vous proposer, on en a parlé ensemble et nous sommes
tombées d’accord.
Les regards de tout le monde se tournèrent vers Bucky qui annonça ses
intentions :
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- Meyrie, on souhaiterait créer une nouvelle chorégraphie pour la
présentation des garçons, j’ai déjà quelques idées.
- Exactement ! Mentit Bucky sans que l’une des filles qui composait son
équipe ne la corrige.
- Je vous suis à cent pour cent là-dessus, mais cela va être terriblement
chronophage. Vous seriez prêtes à fournir un effort supplémentaire au niveau de
votre planning que je sais déjà charger ?
Il avait été rapidement convenu que les pauses du midi pour cette semaine
seraient mises à profit pour discuter de la nouvelle chorégraphie avec Meyrie, afin
d’avancer plus efficacement sur le projet. Une chorégraphie ne se créait pas en un
claquement de doigts. C’était un travail de longue haleine, mais Glaème et
Nolwenn savaient que les talents de chorégraphie de Bucky permettraient
certainement d’accélérer les choses. Elle avait préparé sa chorégraphie sexy,
initialement prévue pour Creth, en moins d’une semaine et le résultat avait été
époustouflant rien que lorsqu’elle avait répété son show avec ses amies. Son
talent avait également déjà été repéré l’année dernière en danse lors de la
prestation libre et lors du bal de début d’année passée.
***
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conscience, montrait des qualités certaines pour élaborer des chorégraphies.
Meyrie et les filles étaient époustouflées par les idées novatrices et originales
qu’elle proposait. Elle avait même en tête de faire participer les garçons à la
chorégraphie de façon, certes succincte, mais suffisante pour les rendre encore
plus acteurs de leur arrivée avant le début des matches. Il fallait bien évidemment
convaincre les garçons d’y participer avec l’accord de Béhuit, rien de tel n’avait
jamais été proposé. La musique n’avait pas encore été choisie non plus, mais les
grandes lignes de la chorégraphie étaient déjà couchées par informatique.
L’utilisation de Shandrill avait déjà été pensée, il était nécessaire qu’elle mette ses
talents de gymnaste, en plus de celle de danseuse, à profit pour rendre le show
encore plus spectaculaire.
***
C’était jour de match ! Le jour que Bucky attendait pour proposer à Béhuit
une liaison amoureuse. Elle n’avait aujourd’hui qu’un unique cours de culture
générale de dix heures à midi. Ce cours, tardif, lui avait permis de profiter d’un
sommeil plus long jusqu’à un peu plus de neuf heures du matin avec Nolwenn.
Les jours de match, qui plus est à l’extérieur, étaient toujours organisés de
manière particulière pour que les joueurs et les pom-pom-girls les accompagnants
puissent arriver le plus sereinement possible sur le lieu de la rencontre. C’était
aujourd’hui à Bruges. L’E2C avait mis à disposition l’un des cars du campus pour
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que le déplacement se fasse pour cette fois par la route, la distance entre les deux
campus n’étant pas excessive. Il y en avait pour un peu moins de cinq heures de
trajet. Avec un départ prévu à treize heures, cela laissait présager à la délégation
de Cley une arrivée seulement une heure avant le match. C’était le temps minimum
nécessaire pour se préparer sereinement pour les garçons et les filles. Une fois le
match terminé, il était prévu de passer la nuit dans un hôtel restaurant avant de
repartir le lendemain matin.
Bucky avait été débordé cette semaine. Cela semblait être également le cas
pour Béhuit. Elle n’avait absolument pas envisagé comment s’y prendre, mais une
chose était certaine, si relation entre eux devait se faire, il fallait qu’elle le soit de
manière discrète. Une liaison au grand jour était trop dangereuse pour la carrière
de Béhuit sur le campus d’excellence. Elle ne souhaitait absolument pas mettre
son emploi en péril.
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doute pour quelque chose. Le courant était semble-t-il bien passé entre eux et il
avait dû le convaincre, lui et son professeur pour cette option, de couvrir pour cette
saison également les matches à l’extérieur.
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- C’est pour moi le premier match avec vous et en déplacement qui plus est.
Je vous demanderai à tous un effort sur le niveau sonore afin de nous éviter une
migraine à notre arrivée, dans cinq heures en comptant les deux petites pauses
prévues sur le trajet. Les majeurs étant responsables de leurs actes, je me
dédouane de toute responsabilité sur vos agissements. En revanche, pour les
mineurs, afin de m’éviter des ennuis, merci de bien suivre certaines consignes
particulières, à commencer par des corps à corps un peu trop proches filles-
garçons. Une distance de sécurité d’une dizaine de centimètres est privilégiée.
Anita et Erik en prendront particulièrement bonne note. Bon voyage à tous.
Béhuit avait remarqué, dès ses débuts, le fort attachement entre Erik et
Anita. Vraisemblablement, il souhaitait tout de suite montrer qu’il ne tolérait pas
de batifolage entre élèves. Un peu déçu, Erik et sa jeune pom-pom-girl prirent un
peu de distance l’un par rapport à l’autre pour ne se toucher plus que par les mains
pour éviter toute remarque supplémentaire de l’entraîneur de volley-ball.
Elle ne sut pas trop quoi répondre pour ne pas paraître trop suspecte, mais
la chance était de son côté ; l’effectif de tous ses camarades réunis correspondait
à l’unité près aux places disponibles à l’arrière du car après le petit salon-
restauration disposé au centre du véhicule.
C’était la situation rêvée ! Il lui proposait de faire le voyage juste à ses côtés
et relativement éloigné des autres étudiants. Elle fit un oui par un mouvement de
tête soutenu, tout en ayant le cœur qui s’emballait. Elle était à nouveau intimidée
par sa présence, car tout proche d’elle, quasiment en contact. Cela lui rappelait
son trajet à moto du week-end dernier, d’une douceur charnelle qu’elle rêvait de
renouveler.
Béhuit s’installa après avoir déposé son sac à dos juste en dessous du
siège et ne dit point mot. La situation crispa Bucky qui souhaitait, le plus tôt
possible, engager la conversation avec lui, mais elle ne le connaissait que
100
relativement peu. Difficile de trouver un sujet d’accroche jusqu’à son déclic en le
regardant, il était habillé en jean avec un t-shirt.
- C’est incroyable ce qu’un détail peut faire, elle a accéléré mon intégration
au campus, on dirait que je fais partie de la famille ! Les élèves me parlent plus
souvent et volontiers. Tu es une fille surprenante, Bucky. Jolie fille, intelligente,
excellente danseuse et une pro du conseil en images, Creth a beaucoup de
chance !
Bucky était plus attentive que jamais. Pour la première fois, Béhuit lui faisait
part de sa vie personnelle, elle ne demandait qu’à en savoir plus :
- Je suis resté très longtemps avec la même fille, alors j’avoue que mon
totale conquête féminine est très faible.
Bucky le fixa de plus près, puis lui fit un signe de la tête avec un léger sourire
pour l’inviter à continuer de parler. Il hésita quelques instants avant de finalement
poursuivre :
- J’ai eu un premier amour, qui a duré deux mois, elle m’a quitté pour un
autre. L’année d’après, alors que je n’avais pas encore dix-huit ans, j’ai rencontré
101
quelqu’un de fantastique, nous sommes restés ensemble environ douze ans, ce
fut la plus belle période de ma vie, mais nos chemins se sont séparés contre nos
volontés. J’ai enfin eu une aventure avec une femme que je connais très bien, car
nous sommes du même milieu, on se voit régulièrement, mais elle semble
finalement prioriser son travail à moi.
Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que Béhuit ne souhaitait
pas en dire plus sur son passé. Avant d’arriver ici en tant qu’entraîneur de volley et
professeur de sport, Bucky comprit que son voisin de siège jusqu’à Bruges n’avait
pas dû avoir la vie facile ces dernières années, mais il semblait avoir repris du poil
de la bête depuis son affectation à l’E2C. Ne cherchant pas à le brusquer, elle lui
présenta avec beaucoup d’enthousiasme son projet en réponse à sa question. Elle
n’en n’apprit pas plus sur lui durant le trajet. Mais il fut très à l’écoute quant à la
nouvelle chorégraphie de la pom-pom-girl et avait promis d’évoquer aux garçons
qu’une petite participation au show grandirait le spectacle. Ils partageaient un
véritable moment ensemble, exactement ce qu’elle désirait.
***
102
toilettes du car pour gagner du temps. Le timing était également serré pour elles,
juste après l’échauffement des garçons, les pom-pom-girls entraient en scène
pour la présentation "classique" de leur équipe en attendant que Bucky et Meyrie
mettent en place le nouveau show. Mais il fallait également qu’elles s’échauffent
et s’étirent avant leur représentation afin d’éviter toute blessure. On ne se lançait
pas dans un grand écart sans avoir préparé son corps, sauf peut-être pour
Shandrill, d’une souplesse supérieure.
Tout fut prêt dans les temps ! C’était le moment pour les pom-pom-girls de
faire l’ouverture en tant qu’équipe visiteuse pour la présentation des volleyeurs de
Cley. Avant même de rentrer sur le terrain, Bucky eut un sourire. Béhuit était parfait
dans son costume pour son premier match. La musique commença. C’était le top
départ pour leur show.
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durant quatre années. Elle était une piètre joueuse et découvrait seulement cette
année ce championnat. La seule chose qui était facile à analyser pour elle, c’était
le score. Et malgré les directives et les conseils donnés de façon très calme par
Béhuit sur le bord du terrain, force était de constater que l’équipe de l’E2C fut
rapidement menée au score de quatre points, et ce, jusqu’à la fin du premier set,
qui fut perdu ainsi.
Le deuxième set fut plus serré, mais tout de même perdu vingt-cinq points
à vingt-trois malgré les encouragements de Bucky et son groupe entre chaque
point. Le troisième set fut en revanche intriguant, même pour la néophyte que
Bucky était. Le placement des joueurs de l’E2C par rapport aux autres sets étaient
différents. Béhuit avait clairement changé de poste certains de ses joueurs et
effectué de nombreux changements. Il avait également de nombreux échanges
avec Mathéo, tout proche dans les premiers rangs des gradins réservés aux
"médias" des deux équipes. Le set fut également perdu vingt-cinq points à vingt-
deux et par conséquent une nouvelle défaite trois sets à zéro avait été actée, mais
Béhuit ne semblait pas si mécontent que cela. Il réconforta ses joueurs avant de
se diriger dans les vestiaires.
***
A leur sortie des vestiaires, après une bonne douche, les garçons
patientèrent dans le car pour y attendre les filles, plus lentes à se préparer. Elles
remarquèrent une mine triste, mais moins marquée qu’au premier match, le score
avait été moins sévère ce soir, c’était déjà un point positif. Béhuit encouragea alors
les garçons à applaudir les filles une fois toutes présentes dans le car afin de les
remercier pour leurs prestations et leurs encouragements. Bucky n’ayant jamais
connu cela jusqu’à maintenant, apprécia profondément le geste, initié par la
personne pour qui son cœur battait. Il cachait clairement des choses, mais elle le
devinait d’une gentillesse et d’un altruisme rare en ces temps. Les autres filles du
groupe semblaient également avoir apprécié l’attention particulière de l’entraîneur
des garçons. Malgré une deuxième défaite de la saison ce soir, l’ambiance était
finalement bonne et la cohésion entre les filles et les garçons pleine de promesse.
Une fois tout le monde installé dans le car, encore une fois dans un joyeux
mix de filles et de garçons, le chauffeur pu se diriger vers l’hôtel restaurant, à
moins de vingt minutes de route. Durant le trajet, Bucky ne pensa qu’à une chose,
104
comment et quand, durant cette soirée, allait-elle pouvoir avouer ses sentiments
pour Béhuit ?
***
L’arrivée à l’hôtel ne fut qu’une formalité. Alors que Bucky n’avait pas ouvert
la bouche une seule fois durant le voyage, Béhuit lui demanda à elle et à Antoine
de venir à l’avant une fois le car stoppé. Il semblait quelque peu perdu par la suite
des évènements. Une chose était sûre, ce n’était pas un cadeau d’avoir laissé
absolument seul le nouvel entraîneur de volley pour gérer un déplacement. Antoine
et Bucky en avaient bien conscience et d’un échange de regards, avaient décidé,
en tant que capitaines de lui porter assistance. Cela faisait après tout partie de
leurs responsabilités.
- A vrai dire, je suis un peu perdu sur la façon de gérer la suite des
évènements, avoua l’entraîneur.
- Et le lendemain, c’est départ du car à neuf heures. Tout le monde doit être
devant à huit heures quarante-cinq, poursuivit Bucky.
- Cela arrive rarement dans les faits, et on ne le fera pas ce soir, s’engagea
Antoine.
- Merci à vous deux pour votre aide. Une dernière chose, pas de chambre
mixte, surtout en ce qui concerne ton frère, Antoine, ajouta l’entraîneur.
105
- C’est impossible, il sait déjà qu’il sera avec moi cette nuit. Si mes parents
apprennent qu’Erik et Anita ont passé la nuit ensemble, ils me tuent moi et
Nolwenn ! Et comme avec ma sœur, nous avons un objectif d’espérance de vie
assez conséquent…
- A quatre, ça risque d’être un peu serré ! Annonça Bucky aux deux intruses.
- Il y a plus urgent que de rejoindre notre chambre, lui indiqua Glaème qui
était binôme de chambre avec Shandrill.
- De ce fait, Béhuit n’aura aucun étudiant à gérer, mise à part toi. Pour le
reste, c’est à toi de t’organiser. On a passé l’âge de faire les entremetteuses et les
messagères, ajouta Nolwenn.
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- S’il accepte de sortir avec moi, je fais quoi les filles ? Cela risque de
rapidement se savoir, dit Bucky dans un sursaut de lucidité, alors que ses amies
faisaient en sorte qu’elle soit le plus agréable possible à regarder.
- Je serais même prête à attendre de finir mes études à l’E2C avant de sortir
avec lui s’il me donne ma chance, avoua Bucky.
Bucky rougit en ne disant mot. Ses trois amies qui en temps normal,
l’auraient sûrement taquinée un peu plus sur son état sentimental, ne firent que
l’aider à soigner son apparence avant de descendre manger. Elle était heureuse
d’avoir des amies aussi géniales à ses côtés. Ne manquait que Lily, restée à Cley
pour un match avec son équipe de volley féminine, pour avoir les amies qu’elle
préférait à ses côtés.
Une fois Bucky maquillée légèrement et coiffée par ses amies avec de jolies
tresses, les filles descendirent au restaurant afin de ne pas être en retard. Nolwenn
s’était rapidement changée alors que Glaème et Shandrill n’étaient même pas
encore entrées dans leur chambre. Ce n’était pas important, leur amie était
présentable, c’est tout ce qui comptait pour le moment.
Les quatre amies arrivèrent les dernières et ne purent donc pas choisir où
s’installer sur la grande table mise à disposition par l’hôtel restaurant. Aucune
n’avait anticipé ce souci pour installer la capitaine des pom-pom-girls près de
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l’entraîneur de volley. Tout le monde avait déjà pris une place et même si quatre
places côte à côte avaient été laissées par leurs camarades, le placement ne les
arrangeaient pas du tout. Elles se trouvaient carrément à l’autre bout de la table.
Difficile avec ces conditions pour Bucky d’entamer la moindre conversation avec
Béhuit, à qui elle souhaitait déclarer sa flamme. Le repas fut donc pour Bucky d’un
intérêt plus que limité. Il aurait pu lui permettre de passer un agréable moment
avec ses amies, car ce n’était pas courant pour les filles d’avoir tout le temps
désiré pour manger, mais elle avait la tête ailleurs. Elle n’attendait qu’une chose ;
que son professeur d’EPS quitte la table pour lui emboîter le pas.
Bucky dut attendre un long moment Béhuit. Elle fut, une fois de plus,
impressionnée par le plaisir et les quantités qu’avait englouties son professeur
lors de ce repas ; un plat de moules frites, à volonté, à trois reprises. Une fois le
dessert passé, il patienta, un temps interminable pour Bucky, cherchant sans
doute à s’assurer que tous les mineurs remontent dans leur chambre pour éviter
tout dérapage. Une fois les derniers mineurs remontés, il quitta sa chaise en
souhaitant une bonne soirée aux quatrièmes et cinquièmes années qui avaient la
possibilité de prolonger un peu l’instant en discutant. Nolwenn signifia
immédiatement le départ de Béhuit à Bucky par un coup de coude.
- Croisez les doigts pour moi les filles, annonça Bucky en se levant pour le
rejoindre.
Avant de quitter la salle pour suivre Béhuit, elle jeta un dernier coup d’œil
vers ses amies. Elles avaient toutes les doigts croisés. Puis, après leur avoir souri
en guise de remerciement, elle accéléra le pas pour rattraper Béhuit.
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annoncer, s’éloigna un peu plus loin pour le laisser poursuivre son appel en toute
discrétion, mais en le gardant à portée de vue pour s’approcher de lui lorsqu’elle
en aurait la permission. Le jardin dans lequel elle se trouvait était plutôt intimiste
accompagné d’un éclairage LED léger. Lui faire sa déclaration ici n’était sans doute
pas le meilleur endroit, mais il avait le mérite d’être un minimum romantique.
L’appel ne dura pas plus de cinq minutes. Bucky aurait pu mettre ce temps
à profit pour préparer ce qu’elle allait lui dire, mais rien à faire, elle était trop
anxieuse pour réfléchir. Elle avait bien la solution "spéciale Bucky mode reset" en
tête qui consistait à s’avancer puis embrasser celui qu’elle souhaitait conquérir
sans le moindre mot, comme elle l’avait fait pour Creth, mais Béhuit était plus âgé,
et donc plus mature que tous les garçons avec qui elle était sortie jusque-là. Pas
sûr que le baiser ne produise l’effet escompté. Peut-être même l’inverse.
Une fois encore, elle se paralysa de peur et resta silencieuse. Elle sentait
même ses lèvres tremblantes, empêchant toutes formes de communication orale.
Comment lui annoncer ce qu’elle ressentait ? Et était-ce le bon moment ?
Béhuit s’aperçut que quelque chose n’allait pas, il l’enlaça d’un bras, ce qui
n’arrangea en rien l’état de stress de l’étudiante, pour la diriger vers un banc du
jardin non loin de là. Elle se laissa diriger, puis asseoir sans la moindre résistance
et toujours muette dans un état entre la peur et le plaisir. Elle, qui d’ordinaire n’avait
pas le moindre mal à proposer une relation à un garçon, était aujourd’hui sans la
moindre solution. La peur d’un « non » la hantait clairement.
Alors qu’elle n’arrivait toujours pas à faire quoi que ce soit de réfléchi, ni à
aligner deux mots de suite. Béhuit sorti ses lunettes de soleil pour les mettre sur
le nez… en pleine nuit ! Cherchait-il à cacher ses larmes qu’elle devinait dans ses
yeux ?
- Ne bouge pas ! Lui demanda-t-il d’une voix douce en posant sa main près
de sa gorge.
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A défaut de pouvoir sortir des mots, Bucky réussit à faire des gestes. Elle prit la
main de Béhuit, posée sur sa gorge pour la serrer dans les siennes.
Avec beaucoup de volonté et en reprenant son souffle, elle put enfin enchaîner
quelques mots :
Béhuit enleva ses lunettes de sa seule main libre, pour fixer Bucky de plus
près. Manifestement, il ne comprenait pas. Rien d’étonnant, Bucky devait se lancer
pour que tout s’éclaire pour lui. Les yeux de l’entraîneur étaient humides. Il avait
sans doute appris une mauvaise nouvelle avec sa conversation téléphonique.
Mais elle décida tout de même de se lancer :
- Tu me plais, finit-elle par avouer juste avant… de coller ses lèvres contre
les siennes ! Faute d’avoir trouvé une meilleure idée.
Béhuit resta silencieux quelque instant qui parut infiniment long pour Bucky.
Il la regardait, probablement surpris des sentiments de la capitaine des pom-pom-
girls à son égard.
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- Si c’est la différence d’âge, on doit avoir une dizaine d’années environ. Il y
a des couples avec des différences bien plus conséquentes qui marchent très
bien, justifia-t-elle.
Béhuit utilisa ses deux mains pour les mettre dans les siennes et les serrer
très fort à son tour. Alors qu’il avait, d’après elle, apprécié sa déclaration et qu’elle
sentit distinctement un retour à son baiser, Béhuit eut les larmes aux yeux encore
un peu plus. Il semblait tout à coup abattu. Avait-elle fait quelque chose de mal ?
- J’ai tellement envie de répondre oui à tes avances. Une liaison amoureuse
me manque cruellement.
- Alors fais-le ! Je sens bien que quelque chose coince, mais que je te plais.
On s’apprécie, pourquoi hésiter ? Peu importe le problème, on trouvera la solution.
Dis-moi ce qui se passe, s’il te plaît, tu as ma parole, je n’en parlerai pas à mon
entourage. C’est en rapport avec ce rendez-vous dont je ne dois pas parler ?
Bucky n’avait pas de doute, ses sentiments pour lui étaient partagés. Elle
aurait compris un simple non de la part de Béhuit s’il n’avait pas eu d’attirance pour
elle. Ce refus lui paraissait totalement illogique. L’envie de son professeur
d’accepter sa proposition était palpable.
Bucky fut surprise par la révélation, mais ne laissa rien paraître. Un poste à
l’E2C s’acceptait clairement dans la durée. Pourquoi devoir éventuellement
repartir ? Elle décida de traiter les problèmes un par un. Sa priorité, c’était qu’il cède
à ses avances, elle était certaine qu’il ne suffisait pas de grand-chose pour le faire
111
basculer. L’étudiante le sentait, il cherchait un réconfort amoureux. Elle était
apparue dans sa vie au moment idéal !
Béhuit déplaça ses mains pour désormais la tenir par le cou. Les larmes qui
se dessinaient sur ses yeux coulaient désormais le long de son visage. Il lui déposa
un rapide baiser sur les lèvres… avant de la quitter.
Il souhaitait cette relation, c’était sûr ! Mais il lui cachait clairement des
choses, sans doute en rapport avec le coup de téléphone qu’il venait de recevoir.
Bucky n’avait pas l’intention de laisser les choses comme cela :
***
112
changea de place. Il ne souhaitait pas rester à ses côtés. Elle aurait pourtant aimé
le rassurer, le réconforter. Déçue, elle se plongea dans la préparation de sa
chorégraphie et jeta un œil de temps à autre vers lui. Il semblait dormir
profondément. Avait-il passé une mauvaise nuit à cause de sa déclaration ou de
son échange téléphonique ? Un mélange des deux, probablement.
113
Chapitre 5 : Montagnes émotionnelles
114
à une autre discipline. C’était le moment des évaluations des élèves. Impossible
durant ces séances, importantes pour le diplôme de fin d’année, pour Bucky d’être
seule avec son professeur pour pouvoir échanger sur des choses d’ordre privé. Le
stress ambiant était trop important et les questions d’élèves trop nombreuses.
***
Alors que le cours touchait à sa fin, Bucky s’avança près de lui, devant toute
la classe. Elle ne supportait plus qu’il l’évite et avait décidé d’agir :
Hormis Bucky, tous les élèves se dirigèrent vers la sortie du gymnase une
fois changés, le cours et les évaluations étaient terminés. La capitaine des pom-
pom-girls se dirigea directement dans le bureau de Béhuit. Il l’attendait
visiblement, debout, les bras croisés, dans un coin de son bureau. La brune à la
mèche fuchsia entra dans la salle en s’assurant d’avoir correctement fermé la
115
porte derrière elle. Cette discussion ne devait absolument pas filtrer pour des
raisons évidentes.
- Ce baiser, tu me l’as bien rendu, je l’ai bien senti ! Lui répondit l’intéressée.
- Nos deux mondes différents ont pourtant permis notre rencontre ! Lui
rétorqua la pom-pom-girl. Écoute, je te propose simplement d’essayer en toute
discrétion. Si cela ne fonctionne pas, j’admettrai mon erreur ! Mais je suis sûre de
moi ! Je suis la personne qu’il te faut, je suis persuadée que nous ne nous sommes
pas rencontrés par hasard. Je crois au destin et le nôtre est lié, je le sens, continua-
t-elle d’un ton plus calme et sûr de ses dires.
- Bucky, j’ai un objectif clair ici et tu… n’en fais pas partie. Une fois que je
l’aurai atteint, je disparaîtrai et tu n’entendras plus jamais parler de moi.
- Une attirance ne se contrôle pas et je te prouverai qu’on est fait l’un pour
l’autre, que nous sommes complémentaires. Tu caches des choses, je le sais, et
ce, depuis notre première rencontre, mais ça ne m’empêche pas de vouloir être
avec toi. La raison de ta venue t’empêche-t-elle de sortir avec moi ?
- Il ne va pas réjouir les foules en tout cas. Le problème est que j’ai peur de
te mettre en danger ou de devoir te quitter sans même te dire en revoir. Je ne veux
pas te blesser ou te donner de faux espoirs. Je suis déjà passé par là et je refuse
de le revivre.
- Laisse nous une chance ! Insista-t-elle. Je suis encore jeune, mais je sais
reconnaître un homme à qui je plais, le regard posé sur moi est bien différent. A
l’instant même tu as ce regard, tes pupilles se dilatent, ajouta-t-elle en souriant.
116
- J’arriverai à te convaincre, lui assura-t-elle avant de quitter les lieux.
***
117
situation pour quelques extravagances. Mais point plus important pour elle, elle
ne verrait pas Béhuit avant le début du match, si tout se passait comme prévu, en
sachant qu’il existait une probabilité pour que le match commence sans lui ! Ne
restait plus à Bucky pour lui parler que l’hôtel, une fois le match terminé, et le
voyage retour en avion pour tenter de le faire craquer. Elle ne souhaitait pas que la
situation s’enlise entre eux et voulait profiter de ce match à l’étranger pour que
tout soit déballé. Elle était faite pour lui. Elle devait juste lui ouvrir les yeux !
***
Le trajet entre les campus Français et Allemand en avion fut une formalité.
Meyrie, habituée aux déplacements avait parfaitement bien géré les contraintes
particulières liées au transport aérien. A l’arrivée à l’hôtel, elle avait également
organisé les chambres des élèves et leur répartition. Elle avait même mis le
bagage de Béhuit dans la chambre qui lui était destinée, afin qu’il n’ait pas à la
promener durant le match, et ainsi être plus léger pour être plus rapidement sur le
lieu du match.
Pour les élèves, tout s’était également passé pour le mieux. Le fait d’arriver
à l’hôtel avant de se rendre au match avait permis aux filles de s’habiller et se
maquiller plus sereinement dans leurs chambres pour cette nuit à la place de le
faire dans les vestiaires du gymnase de l’équipe locale ; pas toujours très pratique.
Les vestiaires n’étaient pas vraiment conçus pour se maquiller même si les filles
avaient pris l’habitude de faire avec.
Une fois arrivées au gymnase, les filles, déjà prêtes, firent un échauffement
en commun avec les pom-pom-girls de l’équipe jouant à domicile alors que les
garçons avaient rejoint leur vestiaire pour se changer puis commencer également
leur échauffement.
118
***
***
119
L’arrivée tardive de l’entraîneur de l’E2C avait clairement créé des soucis
dans l’équipe, d’autant que Béhuit avait fait des ajustements sur le terrain par
rapport au dernier match. Certains joueurs avaient modifié leur placement de
départ par rapport aux autres, et Erik, contrairement aux autres matchs,
commença titulaire, à la grande joie d’Anita. Ces différents facteurs ne laissèrent
pas la moindre chance aux visiteurs lors du premier set, assez largement perdu.
Ce retour dans la partie eut pour effet de galvaniser les troupes. Les filles
étaient totalement déchaînées et ne cessaient de gigoter leurs pompons entre
chaque point en encourageant avec le plus de bruit possible. Pour couronner le
tout, une partie du public, venu nombreux, encourageait l’E2C. Un contingent de
français était sur place et malgré leur infériorité numérique, ils ne cessaient pas
d’encourager l’équipe de volley française et… ses pom-pom-girls. Bucky avait
même remarqué que deux d’entre eux tentaient des approches via des
compliments sur son physique et celui des autres filles de son équipe. Elle ne prêta
que peu d’attention à ces commentaires, pourtant élégants et courtois. Ce n’était
pas forcément toujours le cas, certains supporters avaient des approches bien
plus frontales et grossières. Heureusement, ou malheureusement selon les
garçons rencontrés, se faire draguer était assez courant. Être pom-pom-girl attirait
indéniablement. Bucky avait appris à gérer et ignorer ce comportement avec ses
amies, même si cela lui apportait beaucoup d’amour-propre. Il ne fallait pas se
mentir, elle adorait être désirée comme la plupart des filles et des garçons de son
âge. Mais elle avait des vues sur l’entraîneur de l’E2C et son attention était fixée
sur lui dès que c’était possible. Lui, ne la regardait pas, il était concentré sur son
120
équipe. Il était véritablement passionné par ce sport, cela se remarquait. Une
chance pour l’E2C et pour Bucky que ce professeur de sport soit venu sur ce
campus. Il était pétri de qualités sportives… et pas seulement.
Les garçons avaient pour la première fois de la saison le sourire aux lèvres
et ils étaient prêts et surmotivés pour remporter le troisième set. Un fait de jeu
changea cependant défavorablement la physionomie du match. Sur une défense
encore brillante d’Antoine, Djurek et Erik se rentrèrent dedans violemment sur un
manque de communication et durent être remplacés. Djurek avait reçu un énorme
coup au visage et s’était ouvert l’arcade alors qu’Erik souffrait du coude. Sans ces
deux joueurs clés sur le terrain, Djurek étant le passeur de l’équipe et la plaque
tournante de la distribution du jeu, et malgré le retour d’Erik en toute fin de match,
l’E2C perdu les deux sets suivants qui signifia une nouvelle défaite. Tout le monde
était déçu, mais il n’y avait pas pour autant d’abattement. Sans ce fait de jeu, la
victoire aurait été à portée et même les pom-pom-girls, novices dans ce sport,
l’avaient compris.
Après que les deux équipes se furent serré la main, Béhuit remercia
chaleureusement, dans un anglais très approximatif qui fit rigoler Bucky, son
homologue allemand et l’entraîneuse des pom-pom-girls de Munich pour avoir
décalé le match et avoir accompagné les élèves de l’E2C de l’hôtel au gymnase.
Profitant de toutes ces apartés, elle se dirigea vers Béhuit pour aller à sa
rencontre. Tout comme Anita avec Erik, elle souhaitait montrer à Béhuit qu’elle
était présente pour lui, mais sur ce court chemin, elle fut stoppée avec Nolwenn et
Shandrill. Deux hommes de la délégation des supporters français, membres du
public ce soir, poursuivaient leur tentative d’approche de façon plus claire.
- Salut les filles, je voulais vous dire que mon ami et moi, nous sommes
tombés sous votre charme et on ne voulait pas partir sans avoir tenté notre
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chance. Nous allons continuer notre soirée dans une discothèque toute proche et
l’on souhaitait savoir si vous étiez intéressées pour poursuivre la soirée là-bas ?
Nolwenn, comme d’habitude, assez timide avec les garçons n’osa pas
répondre. Bucky pouvait remarquer que Shandrill, elle, s’en moquait complètement
et était prête à leur indiquer une fin de non-recevoir ; elle était en couple avec un
homme de vingt-cinq ans qui habitait en Dordogne et malgré la distance qui les
séparait, elle en était très amoureuse. Une soirée, et encore moins une aventure,
avec d’autres garçons ne l’intéressait pas.
Bucky comprit qu’elle devait prendre la parole pour mettre les choses à plat.
Les deux hommes étaient plus âgés qu’elle et probablement un peu moins que
Béhuit. Ils semblaient sympathiques et plutôt beaux garçons.
- Nous devons passer à notre hôtel d’abord pour nous changer, vous pouvez
nous donner l’adresse de la discothèque, au cas où, certaines d’entre nous
souhaiteraient venir ? Questionna Bucky pour se laisser toutes les possibilités.
L’un des deux hommes avaient peut-être tapé dans l’œil de Nolwenn et
Bucky avait surtout remarqué que Béhuit la regardait. Quel meilleur moyen que la
jalousie pour l’obliger à se révéler !
- Bien sûr, répondit un des deux hommes en envoyant d’un simple contact
l’adresse de la discothèque de son téléphone à celui de Bucky grâce à une sorte
de QR code amélioré.
Les deux garçons quittèrent les lieux, sans doute pour se préparer et se
rendre dans ce night-club en espérant y retrouver les filles.
- Ça sera sans moi les filles, ça ne m’intéresse pas, dit Shandrill D’argent à
ses deux amies.
- Ils ont l’air plus âgés que nous, répondit Nolwenn un peu timidement.
- D’accord, tu attends là ! J’ai une idée pour qu’on fasse d’une pierre deux
coups, annonça Bucky, avant de se diriger vers Béhuit.
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La capitaine des pom-pom-girls s’approcha d’un pas sûr vers l’entraîneur de
l’E2C pour l’interpeller. Avant même son arrivée, Béhuit la remarqua.
- J’ai peur de ce que tu vas me dire, lui dit le professeur à la tresse bleu ciel.
- Je t’écoute…
- Il y a une discothèque non loin de notre hôtel, je voudrais m’y rendre pour
décompresser un peu avec Nolwenn et peut-être d’autres majeurs si cela les
intéresse.
- Je préférerais que vous restiez à l’hôtel, surtout si c’est pour y voir les deux
mecs du public qui vous ont accosté.
Son plan, pas très subtil, semblait fonctionner. Béhuit prit Bucky par le bras
pour l’accompagner dans un coin du gymnase, afin d’être plus à l’abri des oreilles
indiscrètes. La pom-pom-girl se laissa guider, ils allaient tous deux pouvoir se
parler franchement.
- Bucky, je ne peux rien te dire, sache juste que je ne veux pas te faire du
mal.
- … et ils en sont morts ! Écoute, j’ai commis une erreur, je la regrette. Bucky,
tu es jolie, intelligente, perspicace, tu as un destin exceptionnel qui s’offre à toi
grâce à l’E2C. Tu trouveras d’autres hommes bien mieux que moi.
123
que tu me caches des choses ; tu m’as parlé d’un objectif que tu tiens secret, si tu
as été choisi, c’est que tu as des talents que tu me caches pour le réaliser !
- Embrasser ? Crois-moi, le faire avec moi, c’est tout à fait dans tes cordes !
Répondit-elle.
Béhuit tourna la tête de droite à gauche pour lui exprimer son refus.
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le creux de sa hanche afin qu’il puisse la tenir plus fermement. Non pas qu’elle
cherchait à s’échapper, elle voulait simplement lui montrer de manière plus claire
qu’elle était particulièrement détendue et sereine avec lui. La magie semblait
opérer comme la première fois ! Elle ne s’était pas trompée.
Béhuit la serra avec le bras qui l’enlaçait tout en partageant le baiser afin
qu’ils se rapprochent encore un peu plus. Bucky était aux anges ! Jamais les
baisers qu’elle avait échangés auparavant dans sa vie, et il y en avait quand même
eu un bon échantillon représentatif, n’avaient été aussi intenses. Elle eut l’espace
d’une seconde cette sensation étrange que leurs deux esprits s’étaient connectés,
une sorte de fusion physique et psychique. Mais tout stoppa d’un coup !
Bucky aurait bien voulu le retenir, mais son corps était encore sous l’effet
de leur étreinte. Elle n’avait de toute façon pas d’autre choix que de le laisser partir,
il y avait encore du monde sur le terrain, même si les gens se dirigeaient tous
lentement vers les vestiaires ou la sortie. Elle ne souhaitait pas poser plus de
problème à son professeur en lui sautant dessus pour lui arracher à nouveau un
baiser. Elle avait de toute façon prouvé à Béhuit qu’elle avait raison ; il avait des
sentiments aussi forts pour elle, qu’elle pour lui, ce qui expliquait sa colère
soudaine. Clairement, elle l’avait mis à défaut. Pourtant, l’entêtement de Béhuit la
contrariait. Comment allait-elle faire pour le convaincre qu’il y aurait des bons
côtés à sortir avec elle ?
125
puisse enfin s’ouvrir à elle. Cette sortie dans le night-club tout proche était une
opportunité pour les deux amies pour des raisons différentes, même si elles ne s’y
rendraient qu’à deux. L’effectif était le minimum pour une soirée de ce type avec
des inconnus niveau sécurité, il allait falloir rester prudente ! Les drogues de
dernière génération étaient monnaie courante dans ce type de lieu.
***
Le retour en car pour l’hôtel, et le repas tardif qui suivit, permit à Bucky de
voir que l’élu de son cœur n’était pas au mieux. Il limitait ses échanges avec ses
élèves au strict minimum et ne prit même pas la peine de répondre à Bucky
lorsqu’elle osa une tentative pour communiquer avec lui. Il semblait à la fois en
rogne et triste. Il ne fallait pas aller chercher bien loin pour comprendre que les
événements du local technique du gymnase de l’excellence campus de Munich
l’avaient en partie chamboulé. Béhuit avait certainement d’autres problèmes, mais
cette petite entrevue avec elle en faisait partie. Elle préféra laisser faire tout en
voulant mettre fin à cette situation complexe entre eux. Son idée était désormais
simple ; se rendre à la discothèque toute proche pour ne pas laisser Nolwenn y
aller seul, par sécurité. Cela devait obliger Béhuit à se déplacer pour les rejoindre.
Les deux hommes rencontrés à la fin de la rencontre de volley-ball serviraient à le
rendre jaloux. Elle avait clairement remarqué que l’entraîneur de volley masculin
l’était un minimum, une preuve de plus des sentiments qu’il éprouvait pour elle.
Elle n’avait pas la moindre intention de commencer quelque chose avec ces
garçons d’au moins cinq ans plus âgés qu’elle. Ils serviraient juste d’appât. Pour
Nolwenn, c’était sans doute différent, ne pas avoir de petit-ami la perturbait de plus
en plus et cette soirée était une opportunité d’une aventure bienvenue, même
succincte.
Avant de partir avec sa meilleure amie, elle ne manqua pas d’avertir Béhuit
en lui indiquant son départ en frappant à la porte de sa chambre. Il n’y eut point de
réponse, mais il ne dormait pas, elle avait remarqué de la lumière passant par le
pas de la porte de la chambre. Il était prévenu. Elle espérait qu’il viendrait les
rejoindre rapidement. L’adresse exacte lui avait été envoyée par messagerie. Elle
ne respecterait pas le couvre-feu normalement admis. Raison de plus pour lui de
venir la chercher !
126
***
***
Le courant semblait bien passer entre Nolwenn et le jeune homme alors que
le petit groupe de quatre s’était posé pour prendre un rafraîchissement. Ils étaient,
lui et son ami, étudiants en sixième année de pharmacie à la faculté de Munich et
originaires de l’ouest Parisien. Alors que l’un des deux jeunes hommes tenta un
premier baiser rapide avec Nolwenn couronné de succès, Son comparse tenta la
même chose avec Bucky, qui le stoppa immédiatement dans son élan !
Le temps passait et Bucky était de plus en plus déçu que Béhuit ne vienne
pas. Son compagnon du soir, malgré plusieurs fins de non-recevoir de sa part,
chercha plusieurs fois à l’embrasser. Elle commençait à se sentir fatiguée et les
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derniers verres alcoolisés qu’elle avait pris, pour tenter de faire passer sa
déception n’aidaient pas. Peu habituée à consommer de l’alcool car elle
n’appréciait pas, les effets ne tardèrent pas à se faire sentir. Les breuvages forts
avaient chez elle la somnolence pour effet secondaire.
Pour Nolwenn, tout se passait pour le mieux. Elle était en corps à corps ou
bouche-à-bouche permanent avec l’étudiant en pharmacie pour qui elle avait un
faible. C’était un véritable plaisir pour Bucky de voir son amie passer du bon temps,
elle qui avait eu peu d’aventures dans sa vie jusqu’ici. Bucky aurait bien aimé lui
laisser passer un peu plus de bon temps. Elle lui demanda de rentrer à l’hôtel, quitte
à prendre les coordonnées de ce garçon. Il était près de quatre heures du matin et
le départ pour l’aéroport était prévu pour huit heures quarante-cinq, ce qui ne leur
laissait pas présager un long sommeil réparateur. Un autre souci existait ; il y avait
en principe pour les étudiants en déplacement un couvre-feu fixé à minuit, qu’elles
n’avaient déjà que trop dépassé. Nolwenn, déçue de devoir quitter le garçon,
accepta d’accéder à la demande de son amie, mais seulement après un ultime
verre sur l’insistance des deux étudiants en pharmacie. Elle acquiesça. Son amie
méritait bien un tout dernier moment de bien-être.
Bucky choisit de commander un alcool léger. Même si l’hôtel n’était pas très
loin, il fallait qu’elle arrive à rentrer à pied et elle commençait à avoir un léger doute
sur sa capacité à le faire. Nolwenn de son côté était restée quasiment sobre,
n’ayant pris que des cocktails de fruits très légèrement alcoolisés. La meilleure
amie de Bucky n’était, tout comme elle, pas une grande fan d’alcool et aimait
garder tous ses esprits lorsqu’elle approchait quelqu’un.
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Durant le court instant où elle se retrouva seule, Bucky somnola quelques
minutes. Elle ne fut réveillée que par le retour des garçons avec les boissons.
Nolwenn n’était pas encore revenue de son côté. L’étudiante s’empressa de boire
d’un trait son verre pour en terminer au plus vite, sans même le savourer. Elle ne
remarqua que trop tard Nolwenn qui revenait précipitamment en lui faisant des
signes.
- On part ! Dit Nolwenn dès son arrivée à la table en aidant son amie à se
lever, sans avoir même touché à son cocktail de fruit.
- Vous n’êtes que des salauds ! Lança-t-elle avec un ton suffisamment fort
pour que les plus proches personnes encore présentes entendent, même si
probablement aucune autre personne dans ce club ne maîtrisait la langue de
Molière.
Bucky comprit immédiatement. Elle, qui d’ordinaire était très vigilante sur
ce fléau des night-clubs dans le monde entier, ne l’avait pas été sur ce dernier
verre. Elle venait d’ingérer, selon toute vraisemblance, une substance qui la
rendrait bien plus docile avec les deux étudiants. Heureusement que Nolwenn
avait été, elle, suffisamment sur ses gardes malgré ce bon moment passé jusqu’ici
avec les deux jeunes hommes. Bucky l’avait accompagnée pour justement la
protéger de ce type de mésaventure et c’était finalement elle qui était tombée dans
le traquenard !
***
129
Après une petite centaine de mètres, Bucky ne pouvait plus faire un pas
devant l’autre et évita une lourde chute uniquement grâce à son amie qui lui permit
d’amortir le choc avec le sol en la retenant un maximum de ses bras. Cette fois, il
n’y avait plus de doute, c’était bien le produit qui entrait en action, il devenait très
difficile pour elle de bouger les membres. Nolwenn se tenait au-dessus d’elle très
inquiète, Bucky était désormais incapable de faire quoi que ce soit. Ce produit était
d’une efficacité terrible.
***
Bucky était totalement amorphe et elle était bien trop lourde pour que
Nolwenn puisse la porter ou même la déplacer. Et pas un rat dans les rues à cette
heure tardive. La situation tournait à l’urgence, aussi Nolwenn prit la décision
d’appeler à l’aide, selon les règles internes aux campus qu’on leur rabâchait en
permanence en cas de déplacement sportif : appeler l’encadrant accompagnant
qui n’était autre que… Béhuit ! Bucky avait souhaité qu’il vienne durant toute la
soirée, elle allait être exaucée.
Elle mit la main sur son téléphone et chercha le numéro de son professeur
d’EPS dans son répertoire. Il lui avait été fourni justement pour ce type de situation
avant son premier déplacement à Bruges. A son grand soulagement, Béhuit
décrocha rapidement son combiné en cette heure plus que tardive.
- Béhuit, on vient de sortir du club avec Bucky, mais elle est tombée au sol,
je ne peux plus la relever. Je pense qu’elle a ingéré de la TTX, dit Nolwenn de façon
totalement décousue.
- C’est une drogue utilisée pour abuser des filles lors des soirées.
Elle s’arrêta de parler tout à coup. Une voiture grise venait de s’arrêter non
loin d’eux, les deux étudiants en pharmacie qui avaient drogué Bucky étaient
dedans !
- Les hommes qui l’ont droguée sont là, dit-elle à Béhuit paniquée.
Les deux étudiants n’étaient pas sur leurs traces par hasard. Ils avaient
clairement de la suite dans les idées sachant Bucky incapable de faire quoi que ce
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soit. La ruelle où elles se trouvaient était sombre et déserte en cette heure tardive.
Malheureusement le coin idéal pour une agression, pensa Nolwenn.
- Nolwenn, écoute-moi, j’arrive ! Ne suis que ces deux consignes, laisse ton
téléphone allumé le plus longtemps possible et cours à l’hôtel si on tente de s’en
prendre à toi. Tu peux tenter de gagner du temps pour Bucky, mais sans prendre
de risque. Je pense qu’ils l’emmèneront quoi qu’il arrive.
- Partez ! Cria Nolwenn en espérant que quelqu’un puisse les entendre pour
les secourir ou pour les faire paniquer.
Nolwenn savait qu’elle devait fuir en courant, l’hôtel ne devait être qu’à cinq-
cents mètres environ, mais elle refusait de laisser Bucky entre les mains de ces
deux individus. Dans un geste désespéré, elle tenta de traîner Bucky, à demi-
consciente en direction de l’hôtel, mais après même pas un mètre d’avancée, son
flirt du soir lui mit le couteau sous la gorge alors que l’autre homme attrapait Bucky
afin de la porter pour la déplacer dans son véhicule.
- Toi, tu étais docile, mais ta copine non, et on vous veut toutes les deux.
Maintenant tu vas monter gentiment dans la voiture avec moi.
Nolwenn cria, une fois de plus, le plus fort possible ce qui décontenança
totalement son agresseur. Par réflexe, elle appliqua ce que Béhuit lui avait
demandé ; courir à toutes jambes en direction de l’hôtel. Elle s’arracha de l’emprise
de son ravisseur avec une force qu’elle ne se connaissait pas en le bousculant
131
pour se frayer un chemin en direction de l’hôtel. Sans doute surpris de sa réaction,
son agresseur tomba, fesses sur le sol, laissant ainsi quelques foulées d’avance à
l’étudiante.
- Je suis désolé, ils ont Bucky, lui dit-elle, à moitié en pleurs et tremblante.
- Y a déjà au moins cinquante pour cent de l’effectif qui est sauf ! Répondit-
il avec un calme incroyable, alors qu’il en profitait pour la regarder de la tête aux
pieds, avec ses lunettes de soleil sur la tête, en pleine nuit. C’était à se demander
comment il pouvait y voir correctement avec la noirceur ambiante.
- Ô mon dieu ! Finit-elle par dire, alors qu’elle commençait seulement à sentir
la douleur.
132
D’un geste rapide, il enleva ensuite son t-shirt pour le rouler en boule et le
plaqua fortement sur la blessure de la pom-pom-girl.
Béhuit semblait être sûr de lui, alors que la voiture qui transportait Bucky
était peut-être déjà loin, mais il dégageait une telle certitude dans ses dires qu’on
ne pouvait que le croire. Nolwenn se contenta de se diriger à pas rapide vers l’hôtel
alors que Béhuit partait en courant dans le sens opposé. Visiblement, il savait
précisément où il se dirigeait.
***
Son corps fut traîné et sorti de la voiture dans une ruelle. Alors qu’elle
sentait les mains de ses assaillants parcourir son corps, laissant présager le début
133
de son chemin de croix. Elle comprit que finalement, les deux jeunes hommes
étaient en train de la fouiller et finirent par récupérer ce qu’ils cherchaient : son
portable !
Elle avait compris que le seul moyen de la suivre à la trace allait être anéanti.
Ses deux ravisseurs étaient bien organisés. Le visage de son courtisan du soir
s’approcha du sien. Elle lui aurait bien craché dessus, mais elle ne réussit qu’à
légèrement baver. Elle souhaitait montrer au jeune homme à travers son regard
qu’il ne la briserait pas, même si elle se sentait de plus en plus mal sous l’effet de
la drogue.
- Tu n’as pas voulu de moi et ta copine s’est enfuie, alors tu en auras deux
pour le prix d’un ! Lâcha-t-il.
***
134
- Je vous entends, lui confirma Bucky qui bougea la tête de droite à gauche.
Elle avait, au moins en partie, récupéré ses capacités physiques et chercha du
regard des indices visuels pouvant lui indiquer où elle se trouvait.
Dès sa réponse positive, la personne arrêta de lui éclairer les yeux pour
l’aider à se surélever légèrement afin qu’elle soit quasiment en position assise
grâce à plusieurs oreillers mis délicatement sous son dos et sa tête.
- Tout va bien Bucky, vous rappelez vous ce qui s’est passé ? Demanda-t-
elle.
La trentenaire qui lui faisait face portait une blouse et avait une grosse
mallette avec divers équipements médicaux à ses côtés. Bucky finit par fixer son
regard sur elle.
- Deux hommes m’ont mise dans leur voiture. M’ont-ils violée ? Demanda-t-
elle sans détours et clairement à celle qui lui faisait face.
- Béhuit est arrivée à temps. Vous pourrez lui dire merci, lui annonça
Mélanie.
135
vie pour la sauver étant donné la situation dans laquelle elle se trouvait. Une preuve
de plus qu’il tenait très fort à elle.
- Et vous, je crois deviner que vous êtes médecin, mais pourquoi ne pas
s’être occupé de nous à l’hôpital ?
- Béhuit vous a ramené ici et je suis venue sur place. Par chance, je n’étais
pas loin. Lui et moi, on se connaît depuis un petit moment maintenant, alors quand
il m’a demandé de venir ici, je l’ai fait. Si vous aviez eu quelque chose de plus
sérieux, je vous aurais emmenée à l’hôpital, mais ce n’est pas le cas. Vous allez
toutes les deux bien… du moins physiquement. Concernant le psychologique, vous
allez peut-être devoir faire preuve de patience pour vous remettre complètement.
Une thérapie sera peut-être nécessaire.
- Bucky, je ne vous connais pas, mais je vais aller droit au but. Je suis tenue
au secret et cela ne me permet pas de vous en dire beaucoup, mais il est impératif
que vous sachiez que Béhuit ne va pas bien en ce moment et vos péripéties
nocturnes n’ont rien arrangé. Il va bien physiquement, tout comme vous, c’est
psychologiquement que je m’inquiète pour lui ; il est dans une passe compliquée
qui me préoccupe fortement.
136
- Il ne vous dira rien Bucky, pas plus que moi, surtout que je suis loin d’en
savoir autant que lui. Je vous confirme simplement que lui aussi vous apprécie
beaucoup, il vient de me le confier. Il est important qu’il sache que vous
n’abandonnerez pas. Je ne devrais pas vous le dire, mais il faut impérativement
qu’il se trouve quelqu’un d’extérieur à son entourage habituel avec qui partager,
qu’il ait une relation solide, c’est une personne qui a besoin de sentir une forte
empathie autour de lui. J’espère seulement que vous ne me décevrez pas, que
vous ne le décevrez pas, une désillusion amoureuse l’anéantirait moralement. Il
faut que vous réussissiez à percer l’armure au plus vite, sinon je crains le pire pour
lui, vous n’imaginez même pas ce qu’il a traversé et ce qu’il traverse encore. Sa vie
n’est pas aussi simple et paisible qu’elle ne le suggère.
- Elle va bien ? Demanda Béhuit à Mélanie, une fois entrée, remarquant que
Bucky avait repris connaissance.
Il s’était improvisé une poche de glace avec une serviette en tissu de l’hôtel-
restaurant dans lequel ils étaient, qu’il appliqua sur le coin de sa lèvre une fois sa
question posée. Sa lèvre avait quelque peu enflé, mais comme Mélanie l’avait
annoncé à Bucky, cela ne semblait pas bien grave, mais la légère blessure était la
preuve que Béhuit s’était battu avec ses deux agresseurs.
- Je te confirme encore une fois que tout va bien pour elle, mis à part une
alcoolémie modérée mais en décroissance, je te conseille plutôt de t’occuper de
ta lèvre. Je vais vous laisser discuter seuls et revoir Nolwenn avant de retourner
chez moi. On reste en contact, lui répondit Mélanie qui cherchait de manière à
peine voilée à quitter les lieux le plus rapidement possible pour laisser Béhuit et
Bucky, seuls.
Après que Mélanie eut fait un signe de tête à Béhuit qui lui rendit la pareille,
le tout sans le moindre mot, la médecin quitta la chambre avec tout son matériel.
Ces deux-là se connaissaient très bien ! Une bonne amie, sans aucun doute.
Bucky se retrouva seule avec Béhuit dans un silence pesant, elle ne savait
pas trop par où commencer. Elle espérait que Béhuit prenne les devants, mais il
n’en fut rien, il se contenta d’avancer jusqu’au bord du lit où se trouvait Bucky pour
137
s’y asseoir, le tout en maintenant sa poche de glace sur sa lèvre endolorie. La pom-
pom-girl savait qu’elle devait dire quelque chose pour engager la conversation :
- Merci et… je suis désolée. J’ai été idiote, mais tu es finalement venu à ma
rencontre, c’est tout ce qui compte pour moi, trouva-t-elle à dire pour tenter de
débloquer le mutisme de son professeur.
- Il va bientôt être l’heure du départ, j’ai amené tes affaires ici, je te propose
de mettre autre chose que mon pull, lui dit-il en enlevant sa poche de froid pour
être plus facilement compris.
Bucky ne tint pas compte des dires de Béhuit. Elle se contenta de poser la
main sur sa lèvre qui était légèrement ouverte et enflée. Puis elle prit la poche de
glace de son sauveur du soir pour l’appliquer elle-même sur la lèvre endolorie.
- Je suis épuisé, Bucky, dit-il d’un ton qui en disait long sur son état physique,
mais surtout moral.
Avec une énorme délicatesse, Bucky allongea Béhuit à ses côtés, dans le
lit. Elle posa la tête sur le torse de celui qui venait de la sortir d’une très mauvaise
passe pour ne plus la bouger. Entendre le cœur de la personne pour qui elle s’était
138
éprise l’apaisait. Elle espérait que c’était également le cas pour Béhuit. Ils restèrent
là, silencieux plusieurs minutes, avant que Bucky ne finisse par se rendormir.
***
Finalement, tout le monde comprit que le pire avait été évité grâce à la
vigilance de Nolwenn et à l’intervention de Béhuit, qui restait en retrait de tout cela.
Antoine et Djurek tentèrent bien de questionner leur entraîneur sur ce qu’il avait
exactement fait pour retrouver Bucky et la tirer des mains de ses agresseurs, mais
il se contenta de répondre que c’étaient les forces de l’ordre sur place qui avaient
surtout agi. Bucky n’en croyait pas un mot. Mélanie lui avait dit le contraire et des
éléments le prouvaient ; c’était bien le pull de Béhuit qu’elle portait encore sur elle
qu’il avait probablement enlevé pour ne pas la laisser poitrine à l’air et la lèvre de
son professeur d’EPS portait encore les stigmates d’une rixe, il avait forcément dû
arriver avant les forces de l’ordre sur place.
Le groupe fut ramené sur le campus de Cley afin que chacun puisse rentrer
chez soi de son côté. Béhuit entra dans sa voiture après avoir dit rapidement en
revoir d’un signe de la main à tout le monde, puis quitta les lieux. Bucky ne
souhaitait absolument pas en rester là avec lui. Elle demanda à Nolwenn de rentrer
139
avec ses frères dans la voiture familiale des Donerm. Son amie lui répondit par
l’affirmative, sans même lui poser de question. Elle savait pertinemment que
Bucky souhaitait retrouver Béhuit. Jamais elle n’avait vu son amie aussi
déterminée à suivre un garçon. Avec ce qui venait de se passer, Nolwenn aurait
également aimé pouvoir se réconforter auprès de quelqu’un, mais sa vie
sentimentale était décidément un désastre ces derniers temps, preuve en était la
nuit dernière.
***
Lorsqu’elle se gara, elle ne fut pas surprise de voir le véhicule de Béhuit déjà
rangé sur son emplacement et les lumières d’ambiance de la maison déjà
allumées. Malgré un trajet très court entre le campus et son domicile, Béhuit était
arrivé depuis plusieurs minutes. Il avait vraiment dû y aller fort sur la vitesse pour
rentrer chez lui !
- Il n’y aura, de cette façon, plus de relation prof-élève entre nous. Cela
évitera toute complication pour ton travail. J’attends maintenant de savoir ce qui
t’empêche de sortir avec moi !
140
- Je te l’ai déjà dit, même si j’apprécierais entamer quelque chose avec toi,
nous deux, c’est voué à l’échec. Nous deux, ce n’est pas possible, je devrai te
quitter un moment ou un autre !
Béhuit lui ferma la porte au nez sans plus d’explications. Mais elle était
déterminée, elle ne bougea pas malgré le froid et l’humidité qu’elle commençait à
sentir, la pluie doublant d’intensité. La porte se rouvrit au bout de quelques
secondes. Béhuit avait récupéré le haut jeté et le tendit à Bucky.
141
- Je refuse ! Si tu ne veux pas que j’attrape froid, laisse-moi entrer !
Bucky ne fit pas le moindre geste, malgré une envie pressante de se mettre
à l’abri. Elle laissa volontairement les cartes en main à Béhuit… qui finit par céder
en se poussant de son entrée, lui signifiant qu’elle pouvait pénétrer dans la villa.
Elle s’engouffra immédiatement dans la maison avant de fixer à nouveau son vis-
à-vis. Béhuit referma sa porte d’entrée pour, à son tour, regarder Bucky. Elle
remarqua dans son regard qu’il ne la fixait pas droit dans les yeux, mais la
parcourait dans son ensemble. Elle ne fut ni surprise, ni gênée. Pour la deuxième
fois, elle donnait à Béhuit l’occasion de voir le haut de son corps sans le moindre
artifice pour le cacher.
- Remets ça ! Renouvela-t-il.
Pour la première fois, c’était lui qui avait pris l’initiative de coller ses lèvres
contre les siennes. Bucky s’empressa de placer ses bras autour du cou de Béhuit
comme pour mieux le tenir afin qu’il ne se défile pas, une fois de plus. Après un
long et tendre baiser, les choses s’accélérèrent sur l’initiative de Bucky qui
accompagna Béhuit pour enlever le t-shirt qu’il portait. Une fois torse nu, elle le tira
vers l’énorme canapé d’angle qui se trouvait non loin de là et s’allongea dessus,
sur le dos, en l’invitant à venir par un geste du doigt. Il s’allongea tout près d’elle
afin de l’embrasser à nouveau, tout en lui caressant le ventre puis en remontant
doucement et sensuellement jusqu’à sa poitrine. C’est à ce moment que Bucky
ressentit… un mal-être ! Cela n’avait rien à voir avec Béhuit, mais elle s’arrêta
immédiatement de l’embrasser et retira la main que Béhuit avait posé sur son sein.
C’était une catastrophe ! Elle qui n’avait jamais autant déployé d’énergie
avec un garçon pour en arriver là était désormais mal à l’aise. Le contact physique
de Béhuit sur son corps lui rappelait… son agression de la nuit dernière ! Bucky
142
avait finalement quelques séquelles psychologiques et elle le découvrait au pire
moment. Ce n’était pourtant pas le plus grave pour elle. Bucky se connaissait bien
et savait qu’elle était douée d’une résilience au-dessus de la moyenne et d’une
fabuleuse force de caractère qui lui permettrait d’oublier vite la tentative de viol de
la veille. Le vrai problème était de faire comprendre à Béhuit qu’elle désirait
finalement remettre à plus tard ce qu’ils faisaient alors qu’elle avait tout fait pour
le déclencher ! La crainte de le laisser dans une totale incompréhension après
avoir soufflé le chaud et le froid était réelle. Impossible pourtant pour elle d’aller
plus loin. Impensable de continuer avec Béhuit avec une arrière-pensée de dégoût !
- C’est affreux… dit-elle en le regardant alors qu’il s’était allongé à côté d’elle
comprenant que quelque chose n’allait pas.
Béhuit était vraiment un homme hors norme. Loin de tout ceux qu’elle avait
côtoyé jusqu’ici. Il avait immédiatement compris ce qui se passait en elle, sans
qu’elle ne lui dise le moindre mot. Il lisait en elle comme si toutes ses pensées et
ses ressenties étaient à voix haute.
- Tu hantes mes pensées Bucky, depuis le premier baiser que nous avons
échangé la semaine dernière. Je veux juste te dire que notre relation se fera
obligatoirement au jour le jour, je ne peux rien te garantir de plus.
- J’y compte bien, ça fait deux fois que tu te déshabilles devant moi et qu’il
ne se passe rien, c’est assez frustrant, je dois avouer.
- La troisième sera la bonne, compte sur moi. Là, je suis juste perturbée et…
très fatiguée. Pour me faire pardonner, je te propose que l’on se fasse livrer à
manger, à mes frais, pour ensuite faire une bonne sieste récupératrice.
143
- Pour rien au monde ! Lui répondit Bucky.
***
Le sommeil fut de plus en plus pesant au bout d’une petite heure. Bucky ne
tenait plus et alla s’écrouler sur le canapé du salon. Béhuit la couvrit avec un plaid
sorti d’un meuble afin de s’assurer qu’elle n’ait pas froid, alluma le poêle à bois,
puis s’allongea non loin d’elle pour s’assoupir aussi. La distance n’était pas assez
proche pour Bucky, qui lui fit comprendre dans l’instant qu’elle n’était pas restée
dormir ici pour ne pas être en contact physique avec lui. Elle se blottit avec son
plaid dans les bras de Béhuit qui se laissa approcher. A son contact, elle se sentait
en sécurité et heureuse.
Ils passèrent une grosse partie de l’après-midi à dormir, l’un contre l’autre.
Bucky était heureuse d’avoir proposé à Béhuit de rester chez lui ; dormir à ses
côtés était bien plus agréable que seule dans son lit chez Nolwenn.
***
Bucky ouvrit doucement les yeux. Elle se sentait déjà beaucoup mieux. La
sieste qu’elle venait de faire avait été réparatrice. Elle remarqua, dès son éveil,
qu’elle n’était plus blottie dans les bras de son nouveau petit ami. Il avait quitté le
canapé. Elle le chercha rapidement du regard. Il ne se trouvait pas bien loin ; il
revenait de la cuisine ouverte avec un plateau qu’il déposa sur le canapé. Bucky
pût sentir une odeur de café provenant du plateau. Béhuit lui avait préparé de quoi
s’hydrater et quelques biscuits au chocolat.
144
- Attention ! Si c’est tout le temps comme cela, je risque de passer très
souvent chez toi, fit-elle remarquer, heureuse que Béhuit prenne soin d’elle.
- Disons que je me suis posé la question, mais comme tu t’es toujours bien
débrouillé. Tu maîtrises parfaitement les choses, que ce soit en EPS ou en Volley.
J’ai juste entendu dire que tu n’étais pas très à l’aise pour prendre l’intérim de
l’équipe de basket.
Bucky lui sourit. Béhuit se confiait à elle, enfin ! Cette première révélation la
décontenança quelque peu, mais elle comprit pourquoi le changement de classe
qu’elle proposait n’était pas nécessaire. Elle voulait poser une multitude de
questions à son professeur. Mais elle décida de mettre à plat les choses
calmement, les unes après les autres.
Béhuit secoua la tête pour lui signifier que ce n’était pas le cas.
- Je ne demande qu’à t’aider, mais tu l’as sans doute remarqué, je suis une
calamité en sport… à moins que tu ne proposes la danse comme prochaine
145
activité ! Je pourrais te guider en préparant les cours à ta place ? Pensa à voix
haute Bucky.
- L’idée est bonne Bucky, mais préparer des cours prend du temps et tu as
déjà tes propres cours et la préparation de la chorégraphie des pom-pom-girls pour
la présentation des garçons. Je refuse que tu prennes un risque dans tes études
pour moi.
- Bucky, stop ! Coupa Béhuit. La seule chose que je peux te dire, c’est que je
dois faire partie intégrante du campus, c’est réellement important. Je ne peux
vraiment rien te dire de plus.
Bucky ne comprenait pas exactement comment elle lui avait fait trouver son
activité d’EPS pour mardi matin, mais elle était heureuse pour lui. Elle s’approcha
un peu plus pour lui déposer un rapide baiser sur la bouche.
146
- De me faire confiance.
Ils se souriaient. Bucky ne demandait qu’à en savoir plus sur Béhuit, mais
elle décida de ne pas lui poser de question trop indiscrète, il lui avait déjà fourni
des informations surprenantes et il avait probablement de très bonnes raisons de
ne rien lui dévoiler.
***
L’étudiante rentra chez elle avec le t-shirt de Béhuit sur le dos pour réviser
un peu avec Nolwenn qui sortait elle aussi d’une sieste tardive.
Les parents de Nolwenn et ses frères étaient aux petits-soins avec Nolwenn
après les évènements nocturnes qu’elle avait traversés avec Bucky. Ils
souhaitaient aller voir Béhuit pour le remercier en personne, mais Bucky leur avoua
qu’elle revenait de chez lui et qu’elle l’avait déjà fait au nom de tous.
Les deux pom-pom-girls montèrent dans leur chambre, assez tôt dans la
soirée, une fois le dîner passé. Elles souhaitaient pouvoir discuter entre elles dans
leur chambre commune avant de se coucher pour être suffisamment en forme
pour la dernière semaine de cours qui les attendait avant la semaine de vacances
de la Toussaint précédée de la fête d’Halloween qu’organisait le campus, comme
tous les ans.
147
D’après les dires de Mélanie, elle ne garderait même pas de cicatrice. Une fois
l’histoire du drame, où elles avaient eu toutes deux la peur de leur vie, évacuée,
Nolwenn poursuivit la discussion pour savoir ce qui s’était passé chez Béhuit et
s’ils sortaient ensemble ou pas. Bucky ne préféra pas répondre pour protéger
Béhuit, même si Nolwenn se doutait grandement des choses ; Bucky s’était rendue
chez Béhuit avec son sweat flashy pour en revenir avec son t-shirt ! Elle s’était, de
plus, bien évidemment changée en rentrant chez les Donerm, mais elle l’utilisait de
nouveau ce soir en tant que chemise de nuit. Le fait d’utiliser à nouveau le t-shirt,
sans même l’avoir lavé prouvait que son amie Bucky était devenue carrément
accro à cet homme. Aussi loin que la mémoire de Nolwenn remontait, elle n’avait
jamais connu Bucky aussi amoureuse. Sans essayer d’obtenir plus d’informations
en lui énonçant les faits, Bucky se trahit par un sourire gêné. Son amie avait raison
et il n’était pas possible de lui mentir, d’autant plus qu’elle envoya un message
souhaitant une bonne nuit à Béhuit. Elle était déjà impatiente de le retrouver le
lendemain soir à l’entraînement dans le gymnase commun aux volleyeurs garçons
et aux pom-pom-girls qui leur étaient affiliées. Quand elle n’était pas avec lui,
c’était systématique, il lui manquait. Et c’était encore pire maintenant qu’ils étaient
ensemble.
148
Chapitre 6 : En attendant les vacances
" Bonjour mon professeur préféré, tu as un moment de libre pour que l’on se
voit seuls ? Je t’embrasse fort"
149
"J’irai jusqu’au bout de la nuit pour toi. Il faudra que tu me ramènes pour ne
pas éveiller trop de soupçons, c’est ok ?"
***
150
le fait de sortir ses étudiants avec un diplôme mondialement reconnu en fin de
cursus, le but était de les rapprocher afin qu’ils puissent être solidaires les uns des
autres dans leurs vies professionnelles futures et rien de tel que ces fêtes pour le
faire. Pour l’occasion, les trois gymnases étaient utilisés pour organiser une soirée
musicale où il était nécessaire de venir déguiser, de la façon la plus originale
possible, afin de faire de nouvelles rencontres pour les premières années et tenter
de remporter le trophée du meilleur déguisement de l’année pour la totalité des
étudiants. Le campus se couvrait traditionnellement de toiles d’araignée, de
squelettes phosphorescents, de pierres tombales lumineuses, de citrouilles
sculptées ou encore de rats en résine pour ces festivités. Bucky et Nolwenn
appréciaient cet évènement et le moment était venu de trouver un costume digne
de ce nom. Il fallait juste être précautionneux pour Bucky et éviter de se déguiser
en agresseur au couteau à cran d’arrêt pour cette année !
151
- Tu ne t’en doutes pas ? Lui répondit Béhuit.
- Entrons dans le vif du sujet, Nolwenn Donerm et Bucky Délavigna, une fois
le match terminé et votre retour à l’hôtel, qu’avez-vous fait ?
Bucky voyait Nolwenn totalement perdue. Elle ne disait mot, se sachant bien
moins éloquente que sa meilleure amie. Bucky comprit immédiatement que c’était
bien elle qui devrait prendre la parole.
- Nous avons décidé de sortir dans une discothèque toute proche. Nous
avions rencontré deux garçons durant le match et on devait se retrouver là-bas,
répondit Bucky tout en comprenant qu’elle et son amie allaient bientôt être prises
à défaut.
- Oui, j’ai frappé à sa porte pour lui signaler, il devait être un peu plus de
vingt-trois heures, je pense.
- J’ai autorisé Bucky et Nolwenn à revenir plus tard qu’à minuit étant donné
le chamboulement sur le planning de déplacement à l’extérieur. Comme vous le
savez, la situation était délicate et le match ayant fini plus tard que d’ordinaire, je
me suis dit que décaler les horaires du couvre-feu semblait cohérent, mentit-il, afin
de couvrir les deux étudiantes.
- Je pense que c’est une erreur de votre part, lui répondit le directeur. Quelle
limite horaire leur avez-vous donnée ?
152
- Aucune, je leur ai juste dit qu’elles pouvaient revenir plus tard pour cette
fois, répondit l’entraîneur de volley.
- On n’a pas vu l’heure passer, on comptait revenir vers une heure du matin,
mais on n’a pas fait attention, intervint Bucky.
- J’aurais dû les rappeler, mais je me suis endormi. Il faut dire que j’étais le
seul accompagnant et que j’ai été très sollicité durant cette journée pour dépanner
le campus. Les filles ont clairement commis une erreur en rentrant très
tardivement. J’ai commis une erreur en leur laissant une flexibilité sur le couvre-
feu et en m’endormant, et si je puis me permettre, Monsieur le directeur, malgré
toute votre bonne volonté, vous m’en avez demandé beaucoup trop. Je devais
gérer deux évènements sportifs seul, ou quasiment, dont un en Allemagne, alors
que je suis en poste ici depuis environ un mois, c’est un petit miracle que tout ce
qui avait été prévu ait été fait. Il faut convenir ensemble d’une chose, dans cette
situation particulière, nous avons tout fait au mieux avec des erreurs sur
l’ensemble de la chaîne, mais je trouve que nous nous en sommes tous
remarquablement sortis, y compris les filles qui ont superbement réagi face à leurs
agresseurs ! Argumenta Béhuit.
- Vous ne pouvez pas, à vous et à moi, nous reprocher des erreurs sur des
imprévus de dernière minute, rétorqua le directeur.
153
un sourire en coin. Elle appréciait profondément son aide. Quel dommage qu’elle
ne puisse se jeter dans ses bras pour l’embrasser !
- Pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé au juste durant votre escapade,
très tardive, en discothèque ?
Bucky expliqua avec le plus de détail possible cette nuit-là. Elle ne manqua
pas de souligner, les bons réflexes de Nolwenn et la prise en main de la situation
par Béhuit. Une fois son long discours terminé, le directeur se contenta
simplement de proposer, à tout élève le souhaitant, un soutien psychologique avec
l’une des personnes assises à la table. Un psychologue était présent pour
l’occasion. Pour le reste, ils devaient discuter du reste entre eux. Bucky n’était pas
totalement sereine pour elle et son amie, mais Béhuit avait été pour elle un
merveilleux avocat !
- Merci d’avoir pris notre défense, lui dit Bucky une fois seule avec lui sur le
chemin du cours d’expression écrite.
- Le seul problème que je risque d’avoir, c’est que maintenant cela va être
compliqué de retourner voir le directeur pour lui expliquer que nous sommes
ensemble. On va devoir faire profil bas un petit moment et cela me contrarie,
j’aimerais pouvoir crier à tout le monde que nous nous fréquentons.
- Cette convocation ne change rien, Bucky. Notre relation doit rester secrète
le plus longtemps possible. On devra aviser au moment où elle éclatera au grand
jour, mais je te demande de faire en sorte que cela remonte à la direction le plus
tard possible.
154
- Tu devras attendre au moins ce soir après l’entraînement, une fois tout le
monde parti.
- J’ai hâte, lui dit-elle arrivée devant sa salle de cours. Vivement ce soir !
Bucky frappa à la porte puis entra dans sa salle de cours. Elle vit Béhuit
s’éloigner en direction de son gymnase. Le voir plus tôt que prévu, même pour une
convocation, lui avait donné de l’énergie pour la journée.
***
155
- Il y a beaucoup de chambres de disponibles ? Demanda Lily.
- N’y pense même pas ! C’était juste pour vous faire comprendre que je serai
dans sa chambre avec lui et que vous aurez cinq chambres à disposition, bécasse !
Lui répondit-elle sur un ton léger.
156
- Absolument pas ! C’est juste par pur souci d’équité dans la famille Donerm,
se défendit Glaème. Il dormira dans la même chambre qu’Erik pour l’avoir à l’œil.
- Jamais entendu une excuse aussi pitoyable, lui répondit Lily en rigolant.
- Je sens que l’on va bien rigoler avec la répartition des chambres, dit
Shandrill, montrant qu’Antoine était également le bienvenu.
- Je peux toujours lui proposer… finit par dire Bucky. Allez-y les filles, lâchez-
vous ! Sauf toi, Glaème, sinon je te reprends de volée avec Antoine ! Avertit la
capitaine de pom-pom-girls se sachant démasquée.
Alors que ses amis étaient en train de procéder pour certaines à des
virements bancaires sur le compte d’autres via leur téléphone, sans doute pour
cause de paris lancés entre elles sur sa relation avec Béhuit, elle préféra prévenir
ses amies :
- Propose-lui d’abord, lui répondit Glaème. S’il vient, on saura faire taire les
garçons, mais ils risquent d’être surpris de votre relation.
157
pour le cours tactique hebdomadaire de l’équipe de volley-ball, avec notamment
Antoine et Erik. Bucky se demandait, tout de même, si c’était une bonne idée de
mettre les deux frères Donerm dans la confidence.
***
"on ne serait qu’en couple ou avec d’autres ?" s’afficha sur le smartphone de
Bucky durant l’intercours de quinze heures, seul moment possible pour elle de
consulter son téléphone. Elle choisit de lui répondre sans attendre : "On en parle ce
soir après l’entraînement, réfléchis-y, je m’occupe du reste !". Elle avait encore des
cours derrière et était prise par le temps. Elle fut cependant heureuse de constater
que Béhuit ne fermait pas la porte à cette invitation. Elle allait tout faire pour qu’il
accepte et que les participants à cette escapade tiennent leur langue. Il fallait
qu’elle trouve un moyen de pression sur les garçons avant de leur avouer la relation
qu’elle entretenait avec leur entraîneur de volley et professeur d’EPS.
***
Bien que distant l’un de l’autre et chacun plongé dans leurs activités
respectives, Glaème, Nolwenn et Shandrill aperçurent durant l’entraînement les
regards fréquents que lançaient leur amie en direction de l’entraîneur de volley.
Elles n’avaient jamais connu Bucky aussi captivée par un garçon. On était loin du
comportement habituel qu’elle avait avec ses précédentes conquêtes qui ne lui
servaient que de variables d’ajustement quand elle avait du temps libre. Elle était
cette fois clairement demandeuse. Sa productivité en fut décuplée concernant la
nouvelle chorégraphie à préparer pour la présentation de l’équipe des garçons.
Sans avoir réellement commencer à le fréquenter, Béhuit lui donnait déjà des ailes.
158
L’entraînement fut prolifique et permis de poser sur ordinateur les
premières idées de mouvements en s’aidant de l’intelligence artificielle en
complément. Il manquait encore la musique à trouver et savoir comment faire
participer les garçons à la chorégraphie, mais Bucky était sur la bonne voie. Elle
allait pouvoir laisser sa patte à l’E2C avant de le quitter en fin d’année scolaire.
***
159
- Je crois que je devrais laisser la porte de mon bureau plus souvent ouverte,
dit Béhuit, une fois l’intense baiser achevé.
Elle positionna, toujours en restant assise sur Béhuit, ses mains dans le dos,
sous son haut de pom-pom-girl afin d’y dégrafer son soutien-gorge.
- Et c’est bien ce qui m’inquiète ! Bucky, je vois que ça va mieux pour toi et
j’en suis ravi, mais dans mon bureau… je ne suis pas très chaud, lui annonça Béhuit
tout en continuant à l’embrasser.
160
Béhuit la souleva par les hanches pour la mettre debout afin qu’il puisse se
lever à son tour.
Béhuit fit une grimace. Bucky compris qu’il y avait également un hic pour
aller chez lui.
Béhuit lui fit un signe de la tête pour lui montrer qu’il était tout à fait sérieux.
L’ami qui lui avait prêté le pavillon était sans doute revenu chez lui. Sachant qu’il
était impossible pour Bucky d’amener Béhuit chez les Donerm, avec notamment
Nolwenn dans la même chambre qu’elle, la capitaine des pom-pom-girls comprit
les choses. Ce n’était visiblement pas ce soir qu’elle pourrait assouvir ses envies
161
coquines avec lui. Elle prit l’initiative de rattacher son soutien-gorge, quelque peu
frustrée tout de même.
- A toi, jamais. En revanche tu diras à ton ami que je n’ai jamais rencontré,
que je le déteste déjà ! On essaiera juste de ne pas être trop bruyant dans la
chambre ? Osa-t-elle, afin de faire en sorte qu’il l’emmène tout de même chez lui.
Elle s’empressa de reprendre son sac pour se changer avec une tenue plus
adéquate pour la moto. Elle enleva rapidement sa jupe droite et son shorty pour y
enfiler un jean, le tout devant Béhuit. Elle l’aurait sans doute fait de façon plus
sensuelle et aguichante, mais vu ce que lui avait révélé Béhuit sur de possible
caméras, elle préférait rester prudente. Elle compléta sa tenue avec un épais pull
qu’elle mit directement par-dessus son haut de pom-pom-girl en l’agrémentant
d’un petit foulard. Additionné du blouson et des bottines noires et fuchsia que lui
fournissait son petit ami, elle était bien au chaud pour le voyage même en se
sachant frileuse. Ils purent quitter, tous deux, le gymnase pour rejoindre la moto
de Béhuit. Elle était impatiente de faire sa première véritable sortie en couple avec
lui, même si la soirée allait être courte. Il était déjà quasiment vingt-trois heures et
ils avaient tous deux cours d’EPS ensemble le lendemain à huit heures. Il était
nécessaire de ne pas se coucher trop tard pour pouvoir étudier dans de bonnes
conditions.
162
***
Béhuit se gara tout près du village Disney. Tous deux se baladèrent bras
dessus, bras dessous, en véritable amoureux, avant de se poser dans un
restaurant tex-mex. Juste après que la commande soit passée, Bucky se rappela
qu’elle devait parler de la soirée d’Halloween et des vacances à Béhuit. Elle
espérait le voir pour les deux évènements afin de profiter de sa présence, bien
décidée à passer un maximum de temps à ses côtés.
- Béhuit, je voulais que l’on parle des vacances que je t’ai proposées de
passer avec moi.
- Ah mince ! Elle est donc déjà prise. Je ne peux donc pas lui proposer des
vacances en tête à tête. Tu me proposes donc de me rabattre sur toi ? Plaisanta-
t-il.
- Tu es bête ! Lui dit-elle en rigolant tout en lui mettant un léger coup sur son
épaule pour lui faire payer le fait de tenter de la rendre jalouse. Non, son petit ami
a une immense propriété là-bas, celle de ses parents pour être exact. Ils partent
eux-mêmes en vacances et acceptent que Shandrill vienne avec ses amis. C’est
en Dordogne à Sarlat-la-Canéda.
163
- Bucky, si jamais tu proposes à tes amies que je vienne, il n’y aura plus de
doute pour elles concernant notre relation.
Bucky fit un rictus de visage, facilement interprétable pour Béhuit, qui faisait
comprendre que ses amies étaient déjà au courant d’une relation entre eux deux.
- Elles nous permettront de rester discrets plus longtemps. Elles m’ont déjà
permis de m’assurer que nous étions bien seuls dans le gymnase ce soir. Elles
seront plus des atouts pour nous qu’un handicap, je n’ai pas de doute là-dessus.
C’est même elles qui m’ont plus ou moins suggéré que tu viennes avec nous !
- Shandrill, Nolwenn, Glaème, Anita, sa sœur Lily et… deux autres personnes
qui ne sont pas au courant de notre relation pour le moment et qui risquent d’être
particulièrement surpris.
- Je fais entièrement confiance à ces deux personnes, ils sont comme des
frères pour moi !
- Je veux simplement être avec toi et te faire découvrir mes amis, hors de
l’E2C. Tu ne seras ni notre professeur, ni un entraîneur de volley là-bas, simplement
la personne avec qui je sors. C’est une occasion trop belle pour être ensemble, loin
du campus. S’il te plaît, dis oui ! Je me charge de tout.
Béhuit était en plein dilemme et fixa Bucky. Elle avait l’impression, une fois
de plus, qu’il entrait dans sa tête, mais cela ne la gênait pas. Elle se faisait sans
doute des idées ou bien ce sont les sentiments qu’elle éprouvaient pour lui qui lui
164
faisaient imaginer des choses insensées, sorte de connexion amoureuse. Elle
aimait l’imaginer.
- Je vais le regretter, fini par dire Béhuit d’un ton montrant une réponse
positive.
- Quoi ?
- Bucky, là, c’est non ! Il est impossible que l’on prenne le risque de se faire
remarquer ensemble à cette fête !
- Rien de plus, juste pour que tu t’amuses et tu t’intègres encore mieux, c’est
aussi dans ton intérêt !
165
Béhuit ne déposa Bucky chez les Donerm qu’à deux heures du matin avec
une distance de sécurité pour éviter d’être repéré, notamment par les parents de
Nolwenn. La jeune étudiante ne serait sans doute pas très en forme pour son cours
d’EPS, dans quelques heures, et tout au long de la journée, mais elle n’en avait
cure. Pour rien au monde, elle n’aurait écourté cette soirée qui l’avait comblée de
bonheur.
***
Son amie tenta bien de lui tirer un peu les vers du nez pour savoir ce qu’elle
avait fait exactement de sa première sortie avec Béhuit, mais elle ne répondit
point. Elle préférait garder pour elle ce moment passé avec son petit ami. Elle
confirma simplement à sa meilleure amie que leur professeur d’EPS serait bien
avec eux, à Sarlat.
***
166
discrètement à Bucky si elle avait des infos à ce propos en ayant obtenu des
confidences sur l’oreiller, mais la capitaine des pom-pom-girls se contenta d’un
mutisme. Elle connaissait parfaitement Lily qui, par cette question, cherchait plus
à savoir si Bucky avait couché avec Béhuit la nuit dernière, qu’autre chose. La
laisser dans le flou sur ce genre de chose n’était pas dans ses habitudes, mais
avec Béhuit, les choses étaient différentes ; elle préférait ne pas trop en dire à Lily
par sécurité. Elle savait déjà que le professeur d’EPS les accompagnerait à Sarlat-
la-Canéda, c’était amplement suffisant.
Le gymnase avait été recouvert de tapis joints pour former un tatami sur
une large partie centrale. Béhuit les attendait au centre, bras croisés, en
chaussettes. Tout le monde se regardait parmi les élèves et se posait la question
de la discipline sportive, en avançant un peu plus vers leur professeur. Bucky, elle,
s’en moquait totalement. Elle était simplement heureuse de le revoir pour deux
heures, même en sachant que rien de bien croustillant ne se passerait entre eux
du fait de la situation. Elle voulait cependant faire bonne figure. Quelle idée avait-
elle eu de fréquenter un professeur dans la discipline où elle excellait le moins ! Sa
dernière note en volley-ball en attestait, un lamentable sept sur vingt. Béhuit et elle,
n’avaient rien échangé sur ce sujet. Il était probablement gêné de lui mettre une
note aussi mauvaise, mais somme-toute logique. Elle ne bénéficiera pas de
traitement de faveur de ce côté. Il était finalement mieux de dissocier plaisir et
études.
- Jeunes demoiselles, jeunes hommes, vous n’êtes pas sans savoir qu’un
évènement déplaisant s’est produit le week-end dernier lors d’un déplacement
sportif, commença Béhuit.
- Les consignes de sécurité ont été bien respectées, mais je me suis dit
qu’on n’est jamais trop préparé face à une agression physique. En conséquence,
les prochaines séances d’EPS seront une initiation à la self-défense ! Poursuivit le
professeur.
Après avoir invité les élèves à se déchausser pour entrer sur le tatami.
Béhuit demanda immédiatement une volontaire pour commencer un exercice
pratique. Bucky s’engouffra dans la brèche et leva le bras ! Malheureusement, elle
ne fut pas la seule. Lily et Glaème en avaient fait de même. Cela devait être
167
clairement par curiosité pour Glaème mais pour Lily, c’était autre chose ; elle
cherchait clairement à embêter son amie !
- Lily ! Tu es sûr de toi ? Lui demanda Bucky avec un regard qui en disait
tellement long que même Glaème baissa le bras de peur de s’attirer les foudres de
son amie.
Bucky se tourna vers sa meilleure amie, elle n’avait même pas levé le bras !
Nolwenn ne comprenait pas et se trouva terriblement embarrassée par la
situation.
- Celle qui lève la main, c’est Bucky. Nolwenn, c’est celle juste à côté, tu
confonds encore les deux élèves ! Souligna Lily, sarcastique sur ce coup-là.
Afin d’éviter tout incident diplomatique avec sa meilleure amie, Nolwenn prit
la parole :
Bucky avait compris que Béhuit prenait ce cours très au sérieux. Elle
comprenait le choix de Nolwenn qui venait de subir un évènement de ce type, tout
comme elle, mais sa meilleure amie avait été bien plus affectée. La choisir pour
cet exercice était une bonne idée pour lui donner un peu plus confiance en elle,
mais Bucky ne put s’empêcher d’être déçue et son amie embarrassée par la
situation.
***
168
avait eu que très peu de combat à proprement parlé. Béhuit avait surtout axé ces
deux heures sur la meilleure manière de réagir. Bucky et ses camarades, avaient
effectué des exercices de respiration pour apprendre à rester calme face à une
situation de stress, à crier pour désorienter un adversaire ou encore à prendre la
fuite de la meilleure façon. Il passa toute la séance avec Nolwenn comme binôme
de démonstration. A la fin de la séance, Bucky avait apprécié le geste. Son petit
ami avait rassuré Nolwenn en lui montrant qu’elle avait correctement agi, il y a
quelques jours, et lui donna des astuces supplémentaires pour encore mieux faire.
Béhuit était quelqu’un de bien et un bon professeur… avec ou sans diplôme
officiel ! Le cours avait fait mouche et tout le monde était impatient de voir le
contenu des prochains, beaucoup plus axé sur la lutte physique à priori.
L’étudiante à la mèche fuchsia n’eut que peu de temps pour discuter avec
Béhuit, même à la fin du cours. De nombreux élèves, en particulier les filles,
cherchaient à lui poser des questions complémentaires. Elle se contenta de lui
faire un discret clin d’œil en lui mimant un baiser du bout des lèvres. Elle n’avait
pas pu profiter de lui, même un minimum, mais elle savait qu’elle aurait plus de
temps le soir même après le nouvel entraînement de volley et des pom-pom-girls
dans ce même gymnase.
***
Comme durant toutes les journées à l’E2C, Bucky n’eut pas une minute
d’oisiveté après son cours avec Béhuit. Entre la biologie, les maths, l’informatique,
le cours de danse néo-classique et la nouvelle chorégraphie de présentation
d’équipe des pom-pom-girls à avancer, elle n’avait même pas vu passer la journée
avant de devoir retourner au gymnase pour son entraînement de pom-pom-girl de
dix-neuf heures. Heureusement pour elle, Glaème et Nolwenn avaient un peu
avancé sur le sujet des frères Donerm et les vacances à Sarlat. Il n’allait pas bien
être compliqué de les faire venir, mais il fallait impérativement leur annoncer la
relation entre Béhuit et Bucky, qui devait rester discrète. Les deux amies de Bucky
avaient prévu de faire une petite réunion avec tous les participants pour ce voyage
juste après l’entraînement du soir en restant dans le gymnase. Lily était également
conviée et avait simplement à se rendre dans le gymnase à la place d’attendre la
sortie de sa sœur, toujours pas mise au courant du projet, pour qu’elles puissent
ensuite rentrer toutes les deux en voiture. Glaème s’était même permis d’envoyer
un message à Béhuit pour le mettre au courant, toutes les pom-pom-girls et les
169
joueurs de volley ayant le numéro de l’entraîneur en cas de situation d’urgence lors
d’un problème durant un match en extérieur. Chose qui s’était récemment révélé
utile.
A leur arrivée, les filles furent surprises de constater que Béhuit était en
conversation avec Mathéo et Ethan Spidze, le frère de Glaème, en troisième année
à l’E2C. Ils étaient tous trois si captivés par leur discussion, qu’ils ne remarquèrent
même pas les filles entrer dans le gymnase. Sans réfléchir, Glaème s’approcha
pour aller à la rencontre de son frère. Elle s’interrogeait sur sa présence ici, Ethan
étant un joueur de basket-ball, sa venue ici n’avait rien de logique.
Bucky ne se mêla pas de cette discussion. Elle avait bien trop à faire pour
sa chorégraphie et s’y attela immédiatement. Elle s’aperçut cependant que la
conversation stoppa dès l’arrivée de Glaème. Visiblement, Ethan, Mathéo et Béhuit
ne souhaitaient pas que Glaème assiste à la discussion. Elle revint quelque peu
frustrée ; son frère n’avait pas voulu lui dire ce qu’il était venu faire ici, mais elle
s’était déjà jurée de questionner Béhuit plus tard, peut-être durant les vacances de
la Toussaint.
***
Une fois l’entraînement terminé, Nolwenn se précipita vers ses frères pour
leur demander de rester dans le gymnase après leur douche. Shandrill fit de même
en prévenant Anita pour la même raison. Il s’agissait officiellement de parler entre
eux. Bucky conseilla à Béhuit d’attendre dans les gradins jusqu’à ce qu’elle lui
170
fasse signe pour s’immiscer dans la conversation. Il appliqua sans un mot. La
pom-pom-girl appréciait la confiance qu’il lui faisait.
Alors que Bucky et Shandrill prirent soins que seuls les membres conviés à
ce petit aparté étaient encore présents tout en accueillant Lily, Nolwenn et Glaème
firent approcher Antoine, Erik et Anita près du filet de terrain de volley. Elles
n’attendirent plus que Bucky et Shandrill pour commencer.
- On vous écoute les filles, on dirait une réunion secrète ! Va falloir nous
expliquer, dit Antoine.
- Oui… et ?
- Voilà, cette année, mon petit copain m’invite chez lui et il dispose de cinq
chambres de deux places, alors on a pensé que comme Anita faisait maintenant
partie de notre groupe de filles, lui proposer de venir avec nous, annonça Shandrill.
- Je suis content pour Anita, mais quel rapport avec Erik et moi ? Interrogea
Antoine.
- Si j’ai bien compris les filles, vous nous demandez de passer les vacances
de la Toussaint, mon frère et moi, avec votre groupe de pom-pom-girls ? Demanda
Antoine avec un large sourire.
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- C’est un programme que je cautionne à cent pour cent, dit Antoine en
regardant Glaème du coin de l’œil. En revanche on aurait très bien pu en parler
ailleurs qu’ici, souligna-t-il.
Tous les regards se tournèrent alors vers Bucky. Le moment pour elle était
venu d’avouer qu’elle sortait avec leur entraîneur et qu’elle souhaitait qu’il les
accompagne également.
Bucky n’osa plus trop parler. Elle craignait un peu la réaction des deux frères
Donerm à l’annonce de l’heureux élu ou de la malheureuse nouvelle victime selon
les avis de chacun.
- Toutes les filles ici sont au courant et ont promis de ne rien dire, vous
devrez en faire de même les garçons ! Si cette relation arrive dans les mauvaises
oreilles, Bucky et le petit-ami en question risquent d’avoir des soucis, dit leur sœur.
Bucky fit un léger signe de la main à Béhuit, installer un peu plus loin dans
les gradins, pour lui signifier d’avancer. Lorsque l’entraîneur de volley s’approcha,
les frères comprirent immédiatement et restèrent sans dire mot jusqu’à ce que
Béhuit arrive à leur niveau.
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- Béhuit ? C’est une blague ? Demanda Antoine à son entraîneur.
- Et moi qui croyais que tu tentais le célibat ! Tu as déjà fait le tour des
élèves, donc tu passes aux profs ? Dit le capitaine de l’équipe de volley.
Bucky lui prit instinctivement la main pour la mettre dans la sienne, comme
pour confirmer à tout le monde qu’elle et Béhuit étaient bel et bien ensemble.
Bucky regarda Antoine, Erik, Anita, Lily, Shandrill, Glaème et Nolwenn. Sans
exception, ils firent un signe du pouce ou de la tête à leur amie signifiant qu’ils
étaient d’accord pour partir en vacances avec l’entraîneur de volley et de garder le
silence sur cette relation.
- Plus qu’à prévenir les parents qu’on part ensemble, dit Nolwenn en
direction de ses frères.
- Parfait, je vous envoie tous les détails via une messagerie de groupe,
conclue Shandrill.
Nolwenn signifia au groupe que tout avait été dit. Tout le monde plia bagage
à l’exception de Bucky qui ne semblait pas pressée de partir. Nolwenn comprit tout
de suite que son amie ne rentrerait pas encore avec elle ce soir, et se contenta de
173
lui demander les clés de sa voiture. Bucky et Béhuit restèrent rapidement seuls. La
pom-pom-girl serra Béhuit dans ses bras, elle était tellement heureuse de partir en
Dordogne avec lui et ses amis.
***
Avant la soirée fêtant Halloween sur le campus, Bucky ne put revoir qu’une
seule fois Béhuit lors du cours d’EPS de self-défense du vendredi matin.
Évidemment, elle n’avait pas pu passer un moment agréable avec lui afin de garder
leur relation secrète. Ce cours avait cependant été très instructif pour elle ; Béhuit
leur avait appris à réagir face à un étranglement et une tentative d’immobilisation.
En le voyant donner ce cours, il lui paraissait de plus en plus évident qu’il avait un
passé en lien avec l’armée ou la sécurité et qu’il avait probablement suivi un
entraînement poussé dans ce domaine. C’était parfait pour lui, impossible dans
ces conditions de déduire que leur professeur de sport n’était pas diplômé, comme
il lui avait confié.
***
174
Dès le début de l’après-midi du samedi, Bucky et Nolwenn se préparèrent
pour la fête d’Halloween. Cette année, la fille unique Délavigna avait choisi de se
déguiser en diablesse d’un rouge intense. La tenue était plutôt moulante avec un
joli décolleté qui mettait en valeur ses courbes. Le costume possédait également
un serre-tête montrant deux jolies cornes noires, une cape rouge et se terminait
par une longue queue, rouge également, de plus d’un mètre, complétée d’un long
trident noir et rouge pailleté. Son amie Nolwenn avait opté pour une tenue plus
classique de sorcière aux couleurs rose et noire avec un balai.
En descendant dans le salon, les filles purent voir les costumes des frères
Donerm ; Antoine était en pirate accompagné d’un joli perroquet en peluche sur
l’épaule, alors qu’Erik était un prisonnier qui traînait un boulet au bout d’une chaîne.
Une fois encore, comme tous les ans, les parents Donerm s’étaient démenés pour
les déguisements de cette fête. Adorant les évènements costumés, ils avaient une
jolie panoplie de déguisements et d’accessoires qui grandissait année après
année. Les étudiants avaient tout eu à disposition pour laisser libre cours à leur
imagination. Peut-être l’un d’entre eux allait enfin remporter le titre du plus joli
déguisement. Ils l’espéraient tous, ne serait-ce que pour rendre hommage aux
parents Donerm qui multipliaient les efforts dans ce sens chaque année, mais la
concurrence était toujours rude et les imaginations fertiles chez les autres
étudiants.
Béhuit avait prévenu Bucky par messagerie qu’il était sur place depuis treize
heures afin de préparer l’arrivée des élèves. Elle avait fortement insisté auprès de
la fratrie Donerm pour ne pas arriver en retard. Impatiente de revoir son professeur.
***
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Même en arrivant un peu avant l’heure, une petite queue s’était déjà formée
pour accéder au secteur sport du campus. Pour l’évènement, les trois gymnases
de l’établissement d’excellence avaient été décorés avec soin. Rien que pour y
rentrer, il fallait écarter des rideaux toile d’araignée et des squelettes suspendus.
Tout avait été fait pour que l’immersion soit totale. Il y avait même des projections
3D totalement bluffantes et des sons d’ambiance incroyables.
Après un petit moment d’attente, Bucky dirigea ses amis vers le gymnase
du volley-ball. Les trois centres sportifs avaient été décorés à l’identique, mais
Bucky savait que Béhuit surveillait son propre gymnase avec l’aide d’autres
professeurs dont Meyrie.
Dès l’entrée du gymnase, ils furent de nouveau stoppés, par Meyrie cette
fois, pour les prendre un à un en photo. Cette année, l’entraîneuse de danse et des
pom-pom-girls s’était déguisée de la même manière que l’année précédente ; en
fée. Une fois l’étape photo, cause de la file d’attente, terminée, le groupe se sépara
rapidement pour le goûter buffet à disposition ; Antoine avait repéré des
coéquipiers de son équipe de volley-ball alors qu’Erik attendait tout près de
l’entrée, Anita allait sans doute très prochainement arriver. Bucky et Nolwenn
profitèrent de leur côté du buffet à disposition pour le goûter. Gâteaux et boissons
aux couleurs vertes, roses, noires, bleues ou fuchsias remplissait les tables. Elles
furent instantanément servies par Béhuit qui leur tendit des verres.
176
- Le malin n’a jamais eu autant d’effets sur moi que sous vos traits, vous
êtes étincelante ! Lança Béhuit à Bucky, une fois laissés seuls.
- Je n’ai, de mon côté, jamais été aussi impatiente de corrompre l’âme d’un
preux chevalier pour mes vils projets, répondit-elle, entrant dans le jeu de son bien-
aimé.
***
177
Pour Bucky, tout se passait pour le mieux. Même s’il n’était pas possible de
parader en vrai couple avec son professeur. Il resta avec elle et ses amies. Il
participait de temps à autre dans les diverses discussions des filles pour émettre
un avis ou faire preuve d’humour. Les filles semblaient réellement l’apprécier.
C’était une bonne chose en vue du séjour en commun, prévu dès le lendemain
matin. La capitaine des pom-pom-girls fut malheureusement contrariée lorsque
Béhuit annonça qu’il avait un tour à faire pour vérifier que tout allait bien. Elle en
avait presque oublié qu’il était ici pour surveiller les étudiants et qu’il ne pouvait
pas rester en un lieu fixe pour le faire efficacement. Malgré sa promesse de revenir
au plus vite, Bucky ne put cacher sa tristesse auprès de ses amies, surtout que
Glaème était au bras d’Antoine et qu’il en fut de même pour Anita et Erik. Bien sûr,
Nolwenn, Lily et Shandrill n’étaient pas accompagnées non plus pour cette fête,
mais elle ne pût s’empêcher une pointe de jalousie. Elle aurait tellement aimé
rester avec lui et dans ses bras durant la totalité de la fête, mais ce n’était
malheureusement pas concevable.
Encore une fois, l’E2C avait mis les petits plats dans les grands pour
Halloween, comme pour la totalité des fêtes répertoriées durant l’année scolaire.
A la tombée de la nuit, un éclairage spécifique s’était mis en route en même temps
que des machines à fumée pour créer une ambiance sombre, opaque et
inquiétante. Des sons d’épouvantes sortaient de la totalité des enceintes
disponibles dans les gymnases. Tout avait été fait pour être dans le thème sans la
moindre faute de goût ! L’instant passé par le groupe composé des Donerm, Lily,
Anita, Shandrill, Glaème et bien évidemment Bucky présageait de bons moments
en perspective pour les vacances. Tout le monde s’entendait à merveille, semblait
détendu et il n’y eut même pas de déception dans le fait de ne pas être élu meilleur
déguisement de la soirée ; titre décerné à une étudiante de troisième année,
déguisée en mariée-zombie !
178
Malgré trois gymnases et leurs annexes intérieures et extérieures à
disposition, la foule d’étudiants était relativement compacte. Il était difficile pour
Bucky de se déplacer et encore plus de repérer quelqu’un en particulier. Retrouver
Béhuit allait s’avérer une tâche des plus compliquées, elle ne savait même pas par
où commencer entre les gymnases et les parties extérieures. La diablesse du soir
se demanda même un moment si Béhuit ne les avait tout simplement pas
retrouvées ! Elle questionna les étudiants croisés de-ci de-là qu’elle connaissait
personnellement pour leur demander s’ils ne savaient pas où se trouvait
l’entraîneur de volley et professeur de sport. Par chance, elle croisa une camarade
pom-pom-girl de son groupe de volley qui lui indiqua l’avoir vue dans un des petits
parcs extérieurs à quelques mètres du gymnase d’où elle sortait. Elle bénissait la
température clémente du soir en cette fin octobre pour cette recherche nocturne
en extérieur. Frileuse de nature et malgré son manteau par-dessus son
déguisement, elle trouvait déjà les quinze degrés limite.
Sans comprendre réellement ce qui lui arrivait, Bucky l’aida à s’asseoir sur
un banc, tout proche, puis chercha du regard si un autre professeur était à portée
de vue pour lui demander assistance.
179
La pom-pom-girl n’avait pour ainsi dire pas le choix, Béhuit la retenait
fermement par le bras. Elle le fixa de nouveau. Cette fois, il la regardait également.
Son regard avait changé du tout au tout, ses pupilles étaient redevenues comme
elle les avait connues jusqu’ici.
- Tu ne veux pas qu’on appelle ton amie Mélanie par sécurité ? Lui suggéra-
t-elle, afin d’obtenir un premier avis médical par visio.
Le repas dura une bonne heure avant de faire place à la partie musicale. Le
centre de chaque gymnase fut rapidement modifié pour laisser place à une piste
de danse pour que les étudiants puissent s’y trémousser. Le groupe de Bucky se
lança sans retenu par une petite chorégraphie préparer entre danseuse, heureuses
de pouvoir décompresser un peu après ce début d’année scolaire, particulièrement
180
pour les danseuses aguerries qu’étaient Nolwenn, Glaème, Bucky et dans une
moindre mesure Shandrill. Béhuit vint les rejoindre au bout d’un moment
accompagné de Meyrie. La capitaine des pom-pom-girls était rassurée, Il allait
mieux et elle profitait pleinement de la fête avec lui. Elle ne pouvait pas faire de
danses trop subjectives ou collées à son professeur afin d’éviter tout soupçon,
mais elle s’en contenta. Vivre ces instants avec lui étaient déjà incroyable.
- Si c’est pour me dire que Creth te fait des avances, je crois que je ne suis
pas la seule à l’avoir vue, lui fit immédiatement remarquer Nolwenn, alors que Lily
et Glaème s’approchaient également, sans doute curieuse de la cause de ce
conciliabule.
181
slow sans que cela paraisse trop suspect, mais inviter un professeur à danser, je
n’ai pas le souvenir d’avoir déjà vu un précédent !
- Je veux bien danser un slow avec Béhuit, dit Nolwenn. Mais mon frère
refusera d’inviter Meyrie !
- …Sauf si Glaème lui demande et lui promet les danses suivantes ! Rétorqua
Lily en lançant un regard à la concernée.
- Tout le monde n’est pas comme Bucky à sauter sur un garçon pour
l’embrasser alors qu’elle ne le connaît même pas ou encore à effectuer un strip-
tease devant son futur professeur d’EPS. Moi j’ai besoin de temps pour être sûre
de mes sentiments, répondit Glaème.
182
- Je n’ai jamais eu de petit copain, j’ai en fait un peu peur de me lancer, finit-
elle par admettre.
- Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour une amie, répondit Nolwenn. Mais tu
sais que tu nous devras un service en échange ?
- Tout ce que vous voulez les filles, répondit Bucky sans hésiter.
- Tu m’as dit que Béhuit disposait d’une superbe maison avec piscine
chauffée, jacuzzi et vue sur le lac du campus. On veut être invitées là-bas !
Demanda Nolwenn, qui avait déjà semble-t-il prévu la contrepartie avec les autres.
- On peut dire que vous avez de la suite dans les idées ! La maison ne lui
appartient pas et la personne qui y habite est présente depuis le début de la
semaine d’après ce que j’ai compris… Je ne peux rien vous promettre, mais je vais
voir ce que je peux faire ! Répondit-elle.
183
Antoine vers Meyrie et se dirigeait désormais vers le professeur de physique et Lily
était en train de parler avec Djurek et Shandrill. Tout avait l’air d’être prêt lorsque
le DJ annonça la fin de soirée avec cinq musiques douces et romantiques pour
tous les amoureux du campus en guise de conclusion pour cette soirée.
Dès le début du premier slow, Bucky jeta un coup d’œil global sur la
situation. Nolwenn était dans les bras de Béhuit, ce qui encouragea Meyrie à
accepter l’invitation d’Antoine pour faire la même chose. Glaème avait également
réussi son coup en dansant avec son professeur de physique, finalement très
heureux de danser avec son élève chouchoute. Pour Djurek, cela fut plus
compliqué ; l’entraîneuse de l’équipe féminine de volley semblait plus réticente à
danser avec un étudiant. Heureusement, Lily la poussa physiquement vers Djurek
pour qu’elle accepte et finit par la convaincre.
- Cette rupture a été une erreur, je me disais que cette soirée pourrait
permettre de nous donner une nouvelle chance. Tu m’intéresses énormément.
- J’en suis flattée, mais je suis passée à autre chose, j’ai des vues sur
quelqu’un d’autre, finit-elle par lui dire.
- Quelle importance ! Je débute une aventure avec cette personne, c’est tout
ce que tu as à savoir. Je suis tombée sous son charme.
- Je vois, mais je suis sûr que tu retomberas sous le mien, lui affirma-t-il
avec une expression du visage laissant apparaître une pleine confiance en lui qui
mit mal à l’aise l’étudiante de dernière année.
184
Bucky sortit rapidement de l’étreinte de son cavalier à peine la musique
achevée. Creth l’avait mise profondément mal à l’aise. Elle n’avait encore jamais
senti quelqu’un d’aussi sûr de lui. Lui qui paraissait timide à son arrivée à l’E2C
avait bien changé en quelques semaines et pas forcément en bien selon l’avis de
la pom-pom-girl. Rien de bien méchant en soi, mais elle n’appréciait pas ce
comportement.
Immédiatement, elle se dirigea vers Béhuit pour danser avec lui, mais
Glaème la devança, proche de se jeter dans les bras de son professeur de sport.
Les cavaliers avaient beaucoup tourné les uns par rapport aux autres. Lily
dansait désormais avec Creth, Djurek avec Meyrie, et Antoine avec l’entraîneuse
de volley féminine. Nolwenn, quant à elle, s’était fait inviter par Yvan de l’équipe de
volley. La seule chose immuable restait Erik et Anita qui n’avaient même pas pris
la peine de se lâcher durant le petit interlude entre les deux musiques.
La troisième danse douce fut la bonne pour Bucky. L’idée d’inviter les
professeurs avait fait des émules ; Nolwenn avait pris la place de Bucky avec le
professeur de physique alors qu’Yvan se permettait sans que rien ne lui soit
demandé d’inviter Meyrie ! Il était désormais certain pour Bucky que le fait qu’elle
danse avec Béhuit n’attirerait absolument pas l’attention, bien que pour un œil
attentif, il était perceptible malgré la faible lumière des spots et autres
stroboscopes que la pom-pom-girl était beaucoup plus proche de ce partenaire
qu’avec ses précédents cavaliers.
185
- Et il va se prolonger plus longtemps que tu ne le crois, lui répondit Béhuit.
Glaème m’a dit que je danserais avec Meyrie à la prochaine et que l’on dansera à
nouveau ensemble pour la dernière. Elle a tout prévu m’a-t-elle dit !
Glaème n’avait donc pas irrité son amie en dansant avec Béhuit
innocemment. Elle avait tout simplement tout fait pour que Bucky danse deux fois
avec Béhuit au lieu d’une. Elle la chercha du regard pour lui faire un signe de
remerciement, mais elle était confortablement blottie dans les bras d’Antoine, la
tête sur ses épaules avec les yeux fermés pour cette danse. Glaème semblait
profiter du moment autant qu’elle. Quoi de plus agréable que d’être au contact de
celui qu’on aime ! Le plus discrètement possible, elle en fit de même un court
instant, mais dû se raviser. Il pouvait y avoir du monde qui les observe !
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- Tu l’invites à la prochaine danse et tu l’embrasses ! Lui dit-elle fortement
près de son oreille pour être certaine qu’il ait bien entendu dans le vacarme
ambiant.
- J’en ai très envie, mais je ne sais pas trop si elle est d’accord.
- Tu es sûre ?
- Antoine, c’est elle qui a eu l’idée de te faire venir avec nous demain !
Bucky lui fit signe que oui d’un mouvement de tête. Elle avait atteint son but
et mit Antoine en confiance pour la prochaine danse. Elle était désormais
optimiste sur le dénouement entre une de ses amies et celui qu’elle considérait
comme un frère.
Bien que très heureuse de danser de nouveau avec son professeur de sport,
elle ne put s’empêcher d’épier Glaème et Antoine et elle n’était vraisemblablement
pas la seule ; Shandrill, Lily et Nolwenn, tout en dansant avec leurs cavaliers
respectifs scrutaient le couple de la même façon que Bucky.
Après une attente insoutenable, Antoine se pencha enfin vers Glaème pour
déposer un timide et doux baiser sur les lèvres de la fille qu’il cherchait à séduire
depuis deux ans. Ce premier baiser en appela rapidement un second bien plus
intense, moment où Lily et Shandrill crièrent de joie. Bucky et quelques autres
suivirent le mouvement pour manifester leurs approbations. Le volleyeur et la
pom-pom-girl ne s’en préoccupèrent pas, comme si pour eux le monde extérieur
avait disparu.
- Rappelle moi de ne pas t’embrasser en public avec tes amis à côté, fit
remarquer Béhuit à Bucky.
187
Ils se regardèrent, tous deux, avec un large sourire alors que le dernier
morceau s’arrêta. La soirée avait été une réussite. Il fallait désormais rentrer, la
fête était terminée et un voyage de près de six heures attendaient Bucky et ses
amis. Avant de partir, elle ne put faire qu’un geste discret de la tête à Béhuit pour
lui dire en revoir afin, encore une fois, de ne rien laisser paraître. Lui, devait rester
pour remettre un peu d’ordre dans les gymnases. Elle le verrait demain sans qu’elle
ait à cacher ses sentiments pour ses vacances de la Toussaint avec lui. Elle était
plus qu’impatiente, surtout en voyant Antoine et Glaème s’embrasser une dernière
fois avant de se quitter au niveau du parc de stationnement des véhicules.
188
Chapitre 7 : Break à Sarlat.
L’heure convenue du réveil n’était pas encore arrivée que Nolwenn et Bucky
s’affairaient déjà. L’excitation du voyage, pour ce premier jour de vacances, leur
avaient fait perdre le sommeil. Bucky avait déjà prévenu le groupe de messagerie
créé pour ces vacances qu’elle partait immédiatement chercher avec Nolwenn
l’immense SUV haut de gamme à hydrogène de location qu’elle s’était permis de
réserver en lieu et place de son véhicule pour effectuer le trajet. Il était en effet
nécessaire d’avoir, au moins, un plus gros véhicule pour le voyage à Sarlat. Bucky,
Nolwenn, Shandrill, Glaème, Lily, Anita, les frères Donerm et bien évidemment
Béhuit étaient prévus pour ce voyage, un véhicule aussi imposant n’était pas que
bling-bling et fioritures. Un deuxième véhicule était également prévu pour ce
voyage, celui de Béhuit. Son Audi coupé disposait de cinq places avec un large
coffre et était taillé pour la route, et contrairement aux véhicules des étudiants, il
était le seul à pouvoir tenir la cadence du SUV haut de gamme qu’elle venait de
louer. Avec les bagages de chacun, et neuf personnes en tout, ces deux gros
véhicules allaient se trouver bien remplis !
189
plus. Bucky préféra ne pas entrer tout de suite dans le jeu de l’organisation des
chambres avec les parents Donerm. Elle savait pourtant que cela allait rapidement
devenir un sujet. La seule chose qui était certaine, c’est que Shandrill serait dans
la chambre de son petit ami. Pour le reste de la répartition, personne n’était entré
dans les détails et même Bucky n'avait pas évoqué le sujet avec Béhuit. Elle-même
hésitait à savoir quoi faire avec son tout nouveau petit ami ; ils n’avaient même
pas encore couché ensemble ! Elle avait simplement prévu quelques nuisettes
sexy pour ne pas être prise au dépourvu dans l’éventualité forte d’une chambre
commune avec lui. La pom-pom-girl en avait en tout cas très envie et ne voulait
pas se trouver à court de munitions pour sa première fois.
Par souci de discrétion, les étudiants s’étaient donné tous rendez-vous près
de chez Béhuit. Ni la fratrie Donerm, ni Bucky n’avaient parlé aux parents Donerm
de leur professeur d’EPS et de sa présence pour ses vacances, il n’était donc pas
question de se rejoindre ailleurs que chez l’entraîneur de volley-ball. Bucky et la
fratrie Donerm avaient juste à passer chercher Anita et Lily Klébel avant de se
rendre chez leur professeur. Shandrill et Glaème devaient quant à elles se rendre
chez leur professeur d’EPS directement par leur propre moyen grâce à un véhicule
d’autopartage à disposition des étudiants du campus.
Après avoir réparti plus convenablement les bagages entre les deux
véhicules, il fallait maintenant y répartir les passagers. Bien que Bucky soit la
locatrice légale de l’énorme SUV couleur noire grâce au virement "spécial
vacances" de ses parents, elle confia les clés du véhicule à Antoine. Elle n’était pas
très à l’aise pour conduire un véhicule aussi imposant et souhaitait par-dessus tout
190
faire le voyage avec Béhuit, conducteur du deuxième véhicule, cause de sa toute
première rencontre avec lui sur un quiproquo bien particulier.
Bien que l’adresse de destination eût été entrée sur les GPS, Béhuit prit la
tête du convoi sur demande de Bucky. Shandrill connaissait bien la route et aurait
sans doute des suggestions à proposer pour arriver à bon port plus rapidement.
Six heures de route étaient prévues avec sans doute quelques pauses pour
changer de conducteur, si nécessaire, ou pour profiter du pique-nique qu’avaient
préparé les parents Donerm pour limiter un peu les frais des étudiants. Tous
n’avaient pas les moyens financiers des parents de Bucky.
***
Après pas loin de six cents kilomètres d’une route relativement longue, mais
agréable passée entre amis, les deux véhicules arrivèrent ensemble tout proche
de la destination. Béhuit, à l’avant du convoi, avait tout au long du chemin été
particulièrement vigilant à faire en sorte que le SUV noir de location ne le perde
pas de vue, particulièrement lorsque Glaème eut remplacé Antoine au volant afin
qu’il prenne une pause salutaire. Béhuit, lui, avait fait l’intégralité de la route au
volant. Bucky n’avait même pas pris la peine de proposer à Béhuit de le remplacer.
Tout comme à moto, il semblait très à l’aise pour la conduite et faisait preuve d’une
endurance beaucoup plus importante que des étudiants encore "jeunes
conducteurs" ou qu’ils l’étaient encore il y a peu. Bucky ignorait de toute façon le
fonctionnement d’une boîte de vitesse manuelle. Elle n’avait encore jamais
rencontré une voiture qui en possédait une jusqu’au coupé blanc de Béhuit. On ne
lui avait montré que la théorie lors de son apprentissage à la conduite. Et pourquoi
proposer au chauffeur de prendre sa place alors qu’il lui caressait la jambe, tout
en conduisant, avec sa main droite après chaque passage de vitesse.
191
Le corps de ferme de la famille du petit ami de Shandrill était un peu à
l’extérieur de la ville, dans un endroit relativement isolé, en hauteur. Mais entre le
GPS et la mémoire de Shandrill, il fut rapidement identifié.
- Je suis ravi que ma Shandrill ait pu amener ses amis avec elle ici pour les
vacances. Depuis le temps qu’elle me parle de vous ! Dit Karim dont la joie se lisait
aisément sur son visage.
- Merci de nous avoir invités, répondit Lily, c’est immense chez vous, fit-elle
remarquer.
C’est à ce moment que Bucky se rappela qu’elle n’avait même pas discuté
avec Béhuit, ni avec qui que ce soit d’ailleurs, de la répartition des chambres ! Et, à
la vue de la tête de Glaème, elle n’était pas la seule à se poser des questions. Elles
se rapprochèrent l’une de l’autre pour une discussion privée :
192
- J’aimerais bien lui proposer, mais j’ai peur de lui faire passer un mauvais
signal. Je ne suis pas certaine de vouloir faire le grand saut avec lui aussi
rapidement, même si j’apprécierais dormir à ses côtés et toi ?
Le corps de ferme avait été décoré avec goût par de nombreux tableaux et
des sculptures en bois. Les pierres étaient apparentes sur tous les murs, donnant
au lieu un aspect plus authentique. Passé la découverte visuelle, Lily mit les pieds
dans le plat en montrant une des portes qui donnait sur une chambre :
- Moi, je vais prendre cette chambre avec Anita. Pour le reste, je vous laisse
vous débrouiller entre adultes et… selon vos affinités !
Anita, regarda directement Erik. Les deux jeunes étaient clairement déçus,
mais il était convenu que les deux étudiants de première année ne fassent pas
chambre commune. Nolwenn et Antoine avaient l’air d’acquiescer. Glaème, elle, ne
lâchait pas du regard Bucky, comme pour lui montrer sa détresse et son embarras
face à la répartition. La capitaine des pom-pom-girls devait prendre les choses en
main avant que la tension augmente encore un peu plus, alors que Lily traînait sa
sœur dans leur chambre.
- Ok, il reste donc quatre chambres et pas mal de non-dits à éclaircir. Charité
bien ordonnée commençant par soi-même, je me lance pour ma part. Béhuit, je
souhaiterais qu’on partage la même chambre afin de pouvoir être un maximum
ensemble… si tu es d’accord, bien entendu !
193
Soulagée, Bucky prit immédiatement son bagage pour le confier à Béhuit
avant de lui demander de choisir une chambre encore vacante pour s’y poser,
pendant qu’elle gérait la suite de la répartition.
- Antoine ! Glaème n’ose pas te le dire, mais elle aimerait bien te proposer
de faire chambre commune. Elle voudrait cependant s’assurer que tu ne lui sautes
pas dessus une fois la porte de la chambre refermée. Elle souhaiterait se donner
un peu plus de temps pour… enfin… tu sais quoi, je ne vais pas te faire un dessin !
Arriveras-tu as contrôler tes hormones ?
- Attendez ! Anita et moi, on peut aussi se contrôler, intervint Erik alors que
Glaème était en train de rougir et Antoine restait muet.
Erik prit son sac, un peu vexé et mécontent, pour se diriger vers une
chambre.
- J’ai fait tout ce que je pouvais faire, bonne chance pour la suite les
amoureux, lança Bucky en rejoignant la chambre choisie par Béhuit. Il était
maintenant préférable de laisser Glaème et Antoine seuls pour faire le point entre
eux.
La chambre dans laquelle entra Bucky était relativement grande, une bonne
vingtaine de mètres carrés, sans compter la salle de bain et les WC sur un côté.
Tout était décoré avec goût en gardant le cachet de la demeure fermière. Béhuit
était déjà allongé sur le lit avec son smartphone à la main.
194
- Tu ne vides pas ton sac pour mettre tes vêtements dans l’armoire à
disposition ? L’interrogea Bucky, voyant son bagage plus au moins déjà mis sous
le lit.
Elle soupçonnait fortement que Béhuit cherchait à cacher une partie des
choses qu’il avait prise avec lui. Ils allaient partager pour la première fois une
même chambre et elle ne voulait pas gâcher ces vacances avec lui. Elle préféra ne
pas insister et commença à ouvrir son sac pour y ranger ses vêtements sans lui
faire de remarques supplémentaires sur le sien.
***
A la fin du repas, les filles en surent beaucoup plus sur la personne qui les
avait invité pour ce séjour. Cet homme de vingt-cinq ans aux origines sud-
méditerranéennes était venu s’installer ici avec sa famille car ses parents et lui-
même étaient tombés sous le charme de la région. Rapidement, ils décidèrent de
195
racheter un élevage de canard pour en faire leur activité. Shandrill et lui s’étaient
rencontrés il y a deux ans et demi, alors qu’elle participait à une compétition de
gymnastique à Sarlat pour le compte de l’E2C, tandis que lui profitait de
l’évènement pour y faire sa publicité en proposant de goûter ses produits locaux.
A leurs dires, le courant était tellement bien passé entre eux que Shandrill resta
deux journées de plus à Sarlat en se faisant passer malade vis-à-vis du campus.
Depuis, ils se voyaient au maximum en fonction de leurs disponibilités. La plupart
du temps durant les vacances. C’était la toute première fois que le producteur de
foie gras rencontrait des amis de Shandrill. Il n’avait, jusqu’ici, rencontré que les
parents de la gymnaste et personne d’autre de sa vie. Il était visible qu’il cherchait
à bien se faire voir de l’entourage de sa petite amie en mettant les petits plats dans
les grands, afin de lui montrer qu’il était capable de bien faire les choses pour elle.
Bucky devinait chez lui un léger manque de confiance en soi, probablement le fait
qu’il avait en face de lui quasiment uniquement des étudiants de l’E2C, réputés
dans toute la France et à l’international comme la future élite planétaire.
Inconsciemment, il devait penser que Shandrill méritait mieux que lui. Bucky
reconnaissait en lui la même façon de penser que Béhuit ; la peur de ne pas être
assez bien pour les filles qu’elles étaient. Elle allait sans doute avoir besoin d’une
petite discussion en privé avec Shandrill pour en parler et élaborer un plan pour
rassurer leurs petits amis de ce côté-là. Ces deux hommes méritaient l’intérêt que
les pom-pom-girls leur prêtaient même si d’extérieur, on pouvait les considérer
comme des filles inaccessibles.
Bucky proposa de payer l’addition pour tout le monde, mais ce ne fut pas
nécessaire. Karim s’était déjà arrangé avec son ami, gérant du restaurant.
Probablement en lui promettant une prochaine fourniture de foie gras, gésier ou
noix à un prix défiant toute concurrence !
Une fois rentrée et avant de se coucher, Shandrill proposa un petit jeu à tout
le monde afin de mieux se connaître, jeu très ludique et connu de tous faisant
fureur en soirée. Il permettait en composant des équipes de deux joueurs, de se
poser des questions pour en savoir plus les uns sur les autres. Personne ne refusa
la proposition. La plupart se connaissaient très bien, mais le jeu allait permettre
d’en savoir plus sur Karim et Béhuit et ils leur permettraient de mieux s’intégrer au
groupe.
196
Très rapidement, le jeu eut l’effet escompté. Le groupe d’étudiants en surent
encore un peu plus sur Karim, ses loisirs, ses défauts ou encore… le lieu de sa
première fois avec Shandrill ! Lorsque le tour du questionnement arriva à Bucky et
à Béhuit, la capitaine des pom-pom-girls comprit qu’il allait falloir être vigilante.
Non pas sur elle qui n’avait rien à cacher, mais sur Béhuit qui cacherait
probablement, voire mentirait sur certaines questions. Il fallait qu’elle l’assiste au
cas où. Rapidement les premières questions fusèrent, ce fut Antoine qui était
chargé de les poser :
- Pas la moindre idée, je l’ai quitté avant même de lui avoir demandé, mais
il parlait Français… enfin je crois ! Plaisanta-t-elle.
- Française, il parait que c’est celles qui embrassent le mieux non ? Dit-il en
jouant le jeu.
- Je ne tiens pas les comptes, mais vu que j’ai le droit à une marge d’erreur,
je dirais une petite vingtaine et je peux répondre pour Béhuit, c’est trois, lâcha-t-
elle afin d’obtenir des jokers dans le jeu permettant de ne pas répondre à certaines
questions pouvant s’avérer trop indiscrète à son goût.
Béhuit confirma les dires de Bucky. Glaème prit la main pour la suite :
Sans même avoir à confirmer, la réponse de Béhuit fut validée pour son
amourette avec Creth. Bucky ne put s’empêcher de réfléchir immédiatement sur
l’utilisation du joker par Béhuit. Elle savait que sa dernière petite amie en date
travaillait dans le même milieu que lui, ou que ce fut le cas, il y a encore peu. Béhuit
devait donc faire globalement la même chose qu’elle et il ne souhaitait pas le
197
divulguer. Soit la profession était particulière, soit Béhuit voulait garder cette
information secrète pour qu’elle ne fasse pas de rapprochement sur les raisons de
sa venue sur le campus. Cela confirmait une fois de plus l’importance du secret
qu’il ne voulait pas divulguer, même à elle.
A peine la porte de la chambre fermée que Bucky sauta dans les bras de
Béhuit pour l’embrasser en l’invitant à passer les grandes mains de son partenaire
sous ses vêtements.
- Les murs sont épais, et promis je tenterai de ne pas crier trop fort ! Lui
répondit-elle en souriant, tout en lui soulevant son pull et son tee-shirt ensemble
afin de les retirer d’une traite, très appliquée sur son objectif.
Bucky était décidée à ne pas attendre plus longtemps pour s’offrir à lui.
Contrairement à ce que pas mal de monde pouvait penser sur le campus, elle
n’avait couché qu’avec trois hommes dans sa vie. Ses relations précédentes
n’avaient pour la plupart pas suffisamment duré longtemps pour en arriver jusque-
là. Elle avait pourtant choisi de ne pas se poser cette question avec Béhuit. Plus
âgé qu’elle, il devait sans doute s’attendre à ce que les choses se fassent vite et
malgré les secrets qu’il gardait, elle avait une confiance absolue en lui. Elle sentait
un lien solide, une connexion, rien de comparable avec ce qu’elle avait vécu avant.
S’offrir à lui paraissait presque… naturel !
- Bucky, je voudrais te dire avant que cela ne soit plus sérieux… alors qu’il
tenta délicatement de la ralentir.
198
- Je t’écoute, lui répondit-elle le sentant posé et réfléchi.
- Je sais, tu me l’as déjà dit et je t’ai déjà répondu que je l’acceptais, même
si je ne le comprends pas. Je veux juste que tu me répondes en toute franchise.
Tu tiens à moi ?
199
de plaisirs supplémentaires obligèrent Béhuit à lui mettre la main sur la bouche
pour limiter les décibels sans qu’il s’arrête pour autant dans ses mouvements de
plus en plus rapides. Elle avait du mal à garder les idées claires. Jamais elle ne
s’était abandonnée comme cela pour quelqu’un…
***
Bucky se sentait apaisée et heureuse. Elle s’était très vite endormie une fois
les flots de Béhuit contre son corps, terminés. Tout s’était merveilleusement bien
passé, du moins comme elle l’avait imaginé. Quelques tremblements involontaires
de plaisirs, encore en elle, l’attestait. Délicatement, elle leva sa tête du torse de son
professeur pour s’apercevoir qu’il dormait profondément. Ignorant totalement
l’heure qu’il était, elle préféra ne pas le réveiller. Son sommeil semblait si serein.
Tout l’inverse de son comportement, parfois si inquiétant. Seul indice tangent, la
lumière du soleil se levant par la fenêtre. Ni lui, ni elle, n’avaient pris l’initiative de
fermer les volets, bien trop occupés dans leur tâche commune.
Décidée à lui montrer encore un peu plus ses sentiments, Bucky se leva le
plus discrètement possible afin de s’habiller avec ses vêtements de la veille,
disséminés un peu partout autour du lit pour rejoindre la cuisine avec une seule
idée en tête ; préparer un petit-déjeuner à Béhuit pour lui servir au lit !
Karim, avant de partir s’occuper de son élevage, avait tout préparé pour ses
invités. Du café, du chocolat chaud, du thé, des viennoiseries, du pain, de la
confiture, des noix ou encore de la brioche. Rien ne manquait à l’appel, il y en avait
pour tous les goûts. Après avoir tout de même demandé la permission à Shandrill
de faire un plateau petit-déjeuner pour Béhuit, à défaut d’avoir Karim en visuel,
200
Bucky retourna vers sa chambre avec toute la nourriture nécessaire pour deux ;
elle en avait suffisamment pris pour qu’ils puissent se restaurer à leur faim.
- J’ai rarement eu réveil aussi agréable, lui indiqua-t-il tout en ouvrant les
yeux avec un large sourire.
Désormais réveillé, elle lui approcha le plateau pour qu’il puisse déjeuner,
en énumérant tout ce qu’elle lui avait mis à disposition en picorant également des
choses de-ci de-là sur le plateau. Elle n’avait pas très faim, au contraire de Béhuit
qui montrait toujours un appétit aussi féroce. Elle le regarda principalement
manger, serrée contre lui sans dire le moindre mot. Elle hésitait à évoquer avec lui
leur toute première nuit. Étant bien moins âgée que lui, elle espérait ne pas avoir
déçu son partenaire de sa fragile expérience. Elle avait été loin d’être active, de
peur de mal faire.
Bucky fut une fois de plus surpris par son compagnon. C’était à se
demander s’il n’avait pas des pouvoirs de télépathie pour la comprendre.
- Non, simplement j’ai apprécié notre première fois et je voulais juste savoir
si cela était réciproque.
Bucky se figea d’un coup et ne sut quoi dire. La réponse avait été franche.
Elle avait simplement espéré un peu plus de tact de la part de son partenaire. Elle
était très déçue d’elle.
Béhuit posa le plateau par terre et commença à passer la main sous les
vêtements de sa petite amie en souriant.
201
Bucky fut soulagée ! Béhuit plaisantait et profitait désormais de la situation.
Elle lui mit une petite tape sur l’épaule pour lui montrer qu’elle trouvait son humour
quelque peu cruel sur ce coup, même si c’était en partie pour cela qu’elle l’aimait
aussi. Elle l’assista tout de suite après, le plus efficacement, pour enlever les
quelques vêtements, qu’elle avait remis à peine une demi-heure plus tôt, avant de
repartir dans une nouvelle ivresse. Le courant passait entre eux charnellement, un
énorme soulagement ! Rassurée, elle allait pouvoir se montrer un peu plus
entreprenante en passant sa main sur son bas ventre. Il était déjà prêt. Les
préliminaires n’allaient pas être trop longs…
***
La capitaine des pom-pom-girls savait que sa relation avec Béhuit était bien
différente de ce qu’elle avait connu auparavant. Sans comprendre pourquoi, elle
était gênée de parler avec ses amies de sa relation amoureuse dans les détails,
202
surtout en sa présence bien qu’elle fût prête à le complimenter devant tout le
monde sur ses exploits de chambrée.
- Je te signale que moi je ne t’ai pas posé de question, lui répondit Glaème.
Shandrill guida, après quelques petites discussions, tous ses amis vers
l’élevage de canards pour y retrouver Karim. Il était au travail avec quelques
employés de ses parents, mais coupa court à son activité pour présenter
l’exploitation familiale à ses invités dès qu’il les repéra.
***
Cette matinée fut une agréable découverte pour Bucky. Main dans la main
avec Béhuit ou carrément dans ses bras, elle écouta avec attention les
explications prodiguées par Karim pour leur expliquer le fonctionnement de
l’exploitation. Il semblait réellement apprécier son métier et avait pris soin de le
mettre en avant, même s’il était visible que cette présentation le stressait.
Probablement de peur de passer pour quelqu’un digne de peu d’intérêt et donc se
dévaloriser vis-à-vis de Shandrill auprès de son groupe d’amis. Bucky chercha à le
rassurer plusieurs fois en lui indiquant qu’elle appréciait fortement la visite avec
l’appui de tous les autres, mais rien n’y faisait. Être en face des amis de l’élue de
son cœur et se faire bien voir d’eux était un objectif important pour lui. Shandrill
avait pourtant également tout fait pour l’aider, Bucky n’était pas dupe, une
présentation orale aussi poussée provenait au moins en partie d’elle. Les
présentations orales étaient hebdomadaires à l’E2C et elle en reconnaissait la
patte de certains de ses professeurs dans plusieurs tournures de phrases de
Karim.
203
La visite se termina par la petite boutique de l’exploitation, flambant neuve.
Karim fut fier d’annoncer que l’idée venait de Shandrill, afin de compléter les
revenus de l’exploitation en y développant la touche tourisme. Il lui laissa même le
privilège de la présenter elle-même à ses amis tandis que Karim la regardait, rempli
d’admiration pour elle. Il en était fou. Bucky se demandait si ses sentiments envers
Béhuit transparaissaient autant que chez Karim ; des regards appuyés avec un
sourire continue.
Pour remercier leur hôte de toutes ses attentions depuis le début du séjour,
les étudiants ne lésinèrent pas sur la carte bleue, gold ou infinite dans le cas de
Bucky et Béhuit, via leurs smartphones, pour acheter de nombreux produits dans
le magasin. Shandrill poussa même un peu plus à l’achat avec une excellente idée ;
il était un peu plus de midi et elle proposa à ses amis un apéritif et repas avec des
produits du magasin dans une des annexes du corps de ferme dans laquelle se
trouvait une piscine chauffée. Bucky fit en sorte, grâce au budget confortable que
lui avait procuré ses parents, de dévaliser la boutique pour que cet apéritif-repas
soit grandiose. La connaissant parfaitement, aucun de ses amis ne se risqua à lui
proposer de participer. Ils se contentèrent chacun de prendre de quoi ravir les
parents. Béhuit fut le seul à proposer de participer financièrement pour le midi,
mais elle s’y refusa ; elle souhaitait offrir ce cadeau à ses amis et particulièrement
à l’homme qu’elle fréquentait, même si une incohérence de plus lui sautait aux
yeux. Aucun professeur, même de l’E2C, n’était en mesure de pouvoir prétendre à
une carte de paiement infinite, très haut de gamme et aisément reconnaissable,
même sur une application smartphone pour un œil averti comme le sien, qui
possédait un moyen de paiement identique. Elle ignorait tout des raisons réelles
de la venue de Béhuit à son campus, sous un alibi de professorat, mais il disposait
d’un puissant soutien pécunier !
Après être rapidement repassé par les chambres pour enfiler des maillots
de bains, Béhuit et le groupe d’étudiants se retrouvèrent à la piscine de l’annexe
du corps de ferme. Elle n’était pas particulièrement grande, ni profonde, mais était
chauffée et taillée semblait-il à même la pierre ce qui lui conférait un cachet
exceptionnel, d’autant que les contours disposaient d’une cuisine ainsi qu’un
espace repas, bienvenu pour ce qu’il était prévu de faire. Karim profita de sa pause
de midi dans son travail pour participer avec le groupe et préparer avec attention
les mets : foie gras, magrets et gésier de canard, vin blanc, noix, charcuterie et
divers légumes. Une bouteille de champagne avait même été ouverte. Le repas fut
apprécié.
204
Shandrill resta un long moment avec Karim dans un coin de la piscine,
tantôt à s’embrasser, tantôt à se nourrir avec du gésier de canard, péché mignon
de l’étudiante de quatrième année avant que l’éleveur ne soit dans l’obligation de
retourner travailler.
De leur côté, les frères Donerm s’amusaient dans la piscine avec leurs
petites amies respectives sur leurs épaules en tentant de se faire tomber. Nolwenn
et Lily faisaient, quant à elles, quelques longueurs en les poussant à chaque fois
qu’elles passaient par leur route.
***
205
Une fois ce haut lieu de la visite touristique du coin qu’était Lascaux
achevée, le petit groupe de l’E2C rentra chez Karim. Alors que certains rejoignirent
la piscine, Bucky emmena Béhuit en le tirant par la main dans leur chambre. Elle
souhaitait un nouveau moment d’intimité avec lui et ne s’embêta pas plus que cela
à amener les choses de façon subtile et discrète. Désormais en confiance, elle
poussa Béhuit sur leur lit en lui demandant de patienter juste un instant, le temps
de mettre la main sur un stylo et un post-it dans son sac pour y inscrire de la façon
la plus grosse possible MIAM avant de le coller sur le côté extérieur de sa porte de
chambre et de la verrouiller.
- Pour ne pas être dérangée dans mon élan lui dit-elle, tout en lui soulevant
son pull. MIAM : Moment Intime Avec Mec, lui précisa-t-elle.
Rarement utilisé, cet acronyme avait été inventé par Nolwenn et Bucky qui,
partageant leur chambre, voulaient pouvoir avertir l’autre qu’elle était avec un
garçon afin qu’elle n’entre pas, ni ne dérange. Cette idée avait tellement été
appréciée que bon nombre de pom-pom-girls l’adoptèrent. Pour la première fois,
Bucky était fière de l’utiliser pour bien montrer à ses amies qu’il ne fallait pas la
déranger. Elle ressortirait quand elle l’aurait décidé !
206
Béhuit ne protesta pas le moins du monde. Bucky s’appliqua du mieux
qu’elle savait le faire en se plaçant confortablement sur lui.
Elle termina finalement exténuée, une bonne vingtaine de minutes plus tard,
mais encore une fois aux anges. Il semblait qu’il en avait été de même pour
l’homme qui partageait son lit. Sans même bouger, elle resta couchée en amazone
sur lui, un moment fort de plus avec lui.
***
L’étudiante à la mèche fuchsia fut réveillée par un doux baiser sur le front.
Elle rouvrit les yeux brusquement pour s’apercevoir qu’elle s’était assoupie sur
Béhuit, juste après son exercice charnel.
- Moi j’en suis sûr, j’ai attendu au maximum, mais je crois que tout le monde
a commencé à manger. Par politesse, je te propose de les rejoindre.
D’un petit signe en le regardant, elle le conforta dans ses pensées. Elle se
leva pour chercher du regard ses sous-vêtements pour les remettre et ensuite
mettre la main sur les vêtements suivants. Béhuit en fit de même. Ils purent sortir
rapidement de la chambre. Bucky aurait pu prendre un peu plus de temps pour se
recoiffer et paraître un peu plus présentable, mais elle ne voyait pas l’intérêt de
tenter de cacher ce qu’elle faisait dans la chambre avec Béhuit, d’autant qu’avec
le post-it MIAM suspendu à la porte de sa chambre, qui avait bien fonctionné
d’ailleurs en les laissant sans le moindre dérangement, tout était clair.
207
- Bonjour ma chérie, lui dit sa mère à peine l’appel accepté.
Elle était accompagnée à l’image par son père qui faisait des gestes de la
main pour la saluer. Elle répondit également de la main.
- Les vacances se passent bien ? Où es-tu et avec qui ? Interrogea son père.
- Oui, je le fais. Comme on était beaucoup à partir, j’ai loué une grosse
voiture pour toutes les vacances et j’ai déjà payé quelques spécialités locales. Je
ferai en sorte de repayer certaines choses.
- Oui, il y a des garçons et oui je sors avec l’un d’entre eux, mais c’est tout
nouveau entre lui et moi et je préférerais ne pas développer.
- Heureuse pour toi, sois juste précautionneuse si tu vas plus loin avec lui !
Souligna sa mère.
Ne voulant absolument pas lui dire qu’elle avait déjà couché avec lui, et
encore moins trois fois en moins de vingt-quatre heures et le tout sans protection,
elle préféra acquiescer. Elle s’était bien fait implanter une pilule contraceptive
microdosée sous le bras à ses dix-sept ans, comme beaucoup de jeunes femmes
désormais, pour éviter toute grossesse, mais elle n’avait même pas soulevé la
question d’une éventuelle précaution supplémentaire avec Béhuit. Sa dernière
relation sexuelle à elle remontait à plus de six mois et elle avait subi une prise de
sang depuis, automatiquement demandée à chaque rentrée à l’E2C, ne signalant
rien de particulier. Quant à Béhuit, il avait probablement dû subir également une
prise de sang pour sa prise de poste et il ne semblait pas avoir eu de relations
208
sexuelles non plus depuis un moment d’après ce qu’il lui avait confié de sa vie
sentimentale avant elle !
Elle resta une petite dizaine de minutes avec ses parents. Durant la
conversation, sa mère tenta plusieurs fois d’en savoir plus sur son nouveau petit
copain, mais elle ne lui donna pas la moindre indication, même pas son prénom,
de peur qu’un rapprochement soit fait avec un minimum de recherches sur son
identité ; Béhuit était loin d’être un prénom courant. Elle finit par raccrocher.
D’habitude, heureuse d’échanger avec ses parents, elle préféra clore un peu plus
vite que d’accoutumer, la discussion. Pour la première fois, elle leur cachait des
choses et elle était impatiente de retrouver ses amis et surtout celui avec qui elle
allait encore partager sa chambre cette nuit.
Après, une fois de plus, un excellent repas, Shandrill et Glaème eurent l’idée
de déplacer une partie du mobilier sur le côté afin de laisser une place
conséquente au centre du salon. Elles souhaitaient organiser une soirée musicale
et dansante. Bucky fut emballée par l’idée. Elle n’avait pas perdu de vue qu’elle
devait élaborer la chorégraphie de présentation de l’équipe masculine de volley-
ball des garçons et qu’elle souhaitait les faire participer activement à ce projet.
Erik et Antoine feraient de parfaits cobayes pour leur apprendre dès ce soir
quelques pas de danse. Elle voulait même aller plus loin en faisant participer
Béhuit. Il semblait volontaire également pour danser, elle en profiterait pour jauger
son niveau aussi.
209
cependant un peu ennuyée pour Lily et Nolwenn, les deux seules célibataires du
groupe. Heureusement qu’elles étaient deux pour ne pas se sentir trop exclues.
Une fois la musique des Blues Brothers prête, les deux jeunes étudiantes
rejoignirent leur partenaire respectif pour profiter avec eux des deux dernières
musiques douces que Karim avait prévues.
Arrivée dans les bras de Béhuit, Bucky posa la tête sur son torse durant
l’enchaînement des deux chansons romantiques à souhait. Ils ne se parlèrent
même pas. Elle dansait, il la serrait dans ses bras et elle pouvait sentir les
battements de son cœur avec sa tête posée sur le haut de son torse, que pouvait-
elle demander de plus ?
Les deux musiques pour couples achevées, Bucky prit un petit instant pour
expliquer la suite du programme aux garçons :
- Antoine, Erik, avec les filles, nous sommes sur l’élaboration d’une nouvelle
chorégraphie pour présenter votre équipe. Cherchant à faire dans l’originalité, on
a eu l’idée de vous faire participer activement.
- Il n’y aura rien de bien compliqué, promis, juste des bases de pas de
Madison qu’on vous propose de vous montrer tout de suite. Karim, tu peux
évidemment te joindre à nous si tu le désires. Béhuit, tu es avec moi pour mes
qualités et mes défauts, je ne te laisse pas le choix, dit-elle en souriant.
210
un refus, cause évidente d’une dispute. Béhuit suivi également le mouvement par
égard pour sa compagne, mais avec un atout dans sa manche ; Bucky s’aperçut
immédiatement qu’il connaissait les pas, fort simples, de cette danse dès le début
de son apprentissage. C’était une bonne chose, car en fait, ni Shandrill, ni Glaème
ne savaient danser sur ce type de musique non plus, même si cela n’inquiétait pas
Bucky. Les filles, danseuses expérimentées, allaient très vite assimiler les pas.
***
211
quelques semaines maintenant se confirmait ; elle en était complément folle ! Que
ce soit lors d’une randonnée dans les alentours, une partie de pêche, un moment
piscine ou encore la visite un peu plus lointaine du gouffre de Padirac ou des
châteaux à deux pas de l’élevage, absolument tout semblait magique avec lui.
Le jour du retour arriva après une dernière soirée dans le corps de ferme où
les filles se déchaînèrent littéralement sur la piste de danse improvisée du salon
central de la demeure. Les garçons furent subjugués et totalement sous le charme,
les filles, non-célibataires, n’hésitant pas à jouer la carte de la séduction sexy
profitant du fait d’être en comité restreint. Le réveil avait, du coup, été compliqué
et au lieu de partir le matin comme cela était prévu, Bucky et son groupe ne
partirent qu’en début d’après-midi. Il allait falloir rapidement rentrer, les cours
reprenaient le lendemain.
212
avait été prévenue, Béhuit risquait de disparaître du jour au lendemain, et elle
n’était vraiment pas sûre de pouvoir tenir le choc ce jour-là ! Une fois encore,
Béhuit, en conduisant et sans même la regarder, posa sa main sur la sienne et la
serra, il avait compris ce qui la tracassait. Il l’embrassa ensuite rapidement sur la
joue, en quittant un minimum la route des yeux avant de lui chuchoter à l’oreille :
Une fois Béhuit remis en position pour une conduite optimale, Bucky se
pencha pour poser sa tête, sans geste brusque, sur son épaule afin de profiter de
l’instant présent. Dès le lendemain, ces démonstrations d’amour ne seraient plus
possibles. Il allait de nouveau falloir cacher cette relation aux yeux du campus.
***
Sans doute peu habitué à conduire un tel véhicule, avec une telle puissance
sous le capot et la fatigue jouant, Antoine ne s’aperçut pas qu’il roulait à une
vitesse supérieure à cent soixante-dix kilomètres par heure. Béhuit, par précaution
et en le suivant tout de même de près demanda à Bucky de l’appeler pour lui
suggérer de baisser sa vitesse. Mais la malchance leur joua un tour. Alors
qu’Antoine était en train de lentement diminuer sa vitesse pour retourner vers les
cent-trente kilomètres par heure réglementaire, averti par Bucky, Béhuit vit
213
rapidement apparaître un gyrophare dans ses rétroviseurs. Un véhicule de
gendarmerie les doubla, puis leur indiqua de s’arrêter sur la prochaine aire
d’autoroute. Bucky s’inquiéta, elle pouvait payer l’amende pour les deux véhicules,
mais craignait que les forces de l’ordre leur retirent sur le champ leur permis de
conduire pour grand excès de vitesse.
- Je m’en doute.
- Mes papiers sont dans le coffre, nous revenons de vacances, puis-je sortir
pour les prendre et vous les présenter ?
Bucky était de plus en plus inquiète. Les forces de l’ordre n’avaient pas la
réputation d’être tendres avec les délits routiers, contrairement à pas mal d’autres
choses. Se faire confisquer le permis serait une catastrophe pour Béhuit, plus de
voiture possible, ni de moto, elle qui aimait tant en faire avec lui !
214
un autre encore un peu plus tard. Ils discutèrent un court instant avec Béhuit avant
de retourner à leurs véhicules. Béhuit, au lieu de revenir, se dirigea vers le véhicule
d’Antoine pour lui glisser quelques mots et retourna rejoindre Bucky pour y
redémarrer la voiture.
- J’ai fait preuve de diplomatie, j’ai simplement trouvé les bons mots.
Bucky ignorait totalement ce que pensaient ses deux amies à l’arrière, mais
elle était certaine d’une chose ; la diplomatie n’était pas suffisante pour se sortir
de cette situation sans le moindre PV. Béhuit cachait, encore une fois, quelque
chose qui lui avait permis de leur suggérer, voire obliger, à oublier l’infraction, le
tout en prenant soin de ne pas le divulguer aux filles. Capable de faire face à deux
hommes, dont un armé, de rentrer en tant que professeur d’EPS sans le moindre
diplôme à l’E2C dans un but secret, possédant une carte de paiement "Infinite"
absolument pas en cohérence avec ses revenus théoriques, être suspicieux avec
les caméras du campus au point même de suspecter qu’il y en ait dans le vestiaire
des filles et faire oublier à des gendarmes une infraction, l’homme qu’elle aimait
comme personne, qui disait risquer de la quitter à tout moment était quelqu’un qui
amenait à se poser toujours plus de questions. Que pouvait-il bien cacher et
surtout que savait-il à propos de l’E2C qu’elle ignorait ? Il n’était certainement pas
arrivé sur ce campus par hasard.
Moins d’une heure plus tard, les deux véhicules arrivèrent à bon port. Béhuit
ramena Shandrill à son logement étudiant avant de ramener Nolwenn et Bucky à
une centaine de mètres de chez elles, afin d’éviter d’être repéré par les parents
Donerm. Il était très tard, Bucky et Béhuit ne prirent pas trop le temps de parler et
se quittèrent sur un doux baiser. Ils devaient se revoir le lendemain en cours, mais
en reprenant soin de ne rien dévoiler de leur relation. Les contacts physiques
prolongés étaient terminés.
215
Chapitre 8 : Perte de contrôle.
Mis à part Antoine, tout le monde était relativement en forme chez les
Donerm pour cette journée de reprise. Bucky avait pour sa part refait le plein
d’énergie et était fin prête pour une nouvelle période de cours et d’examens jusqu’à
Noël. Elle savait qu’elle avait énormément de travail pour les prochaines semaines.
Hormis les cours, déjà très chronophages, elle devait terminer sa chorégraphie
pour son groupe de pom-pom-girls afin qu’elle puisse être présentée au moins
deux fois en cas d’élimination prématurée des garçons dans leur championnat de
volley-ball, ce qui avait des chances non négligeables de se produire. Une nouvelle
tâche pour elle se présentait également ; en tant que danseuse, elle et ses amies
devaient s’entraîner pour une représentation spectacle traditionnelle de fin
d’année. Elle espérait simplement pouvoir dégager encore un peu de temps pour
passer des moments avec Béhuit, afin de profiter de sa présence.
216
du campus. Personne parmi les élèves n’avaient la réponse. Même Bucky et
Nolwenn, en dernière année d’étude et fréquentant les lieux depuis cinq ans
n’avaient connu jusqu’ici que cet unique directeur. Y allait-il avoir des
changements dans le fonctionnement et le règlement intérieur ou voire dans la
politique générale du campus ? Cette nouvelle annonce ne laissait personne
indifférent.
***
217
permettre de les juger outre mesure étant donné sa relation avec son professeur
d’EPS. Elle avait bien craqué pour lui !
***
218
- Entrez Mesdemoiselles et refermez la porte derrière vous, leur demanda
Céssix Sky.
- Des pom-pom-girls vives d’esprit, rien n’est donc perdu ! Même s’il faut
admettre que votre comportement là-bas ne transpirait pas la finesse intellectuelle
et la maturité.
- Ce que vous faites de vos deux jolis minois avec les membres du sexe
opposé vous regarde, Mademoiselle Délavigna. Ce que je ne supporte pas dans
cette affaire, c’est que vous avez profité de la gentillesse d’un entraîneur
inexpérimenté, isolé, et dans une situation compliquée compte tenu de son
planning, pour parader à une heure non prévue dans un night-club. Vous n’êtes pas
les seules à vous être mise en danger, lui aussi l’a été, car vous avez
consciemment profité de la situation. Je vous le demande donc, laquelle de vous
deux lui a forcé la main pour autoriser cette sortie ? Coupa-t-elle, clairement en
colère.
Nolwenn cherchait à défendre son amie. Mais elle devait se souvenir, tout
comme Bucky, que la demande n’en avait pas vraiment été une, mais plutôt une
sorte de chantage affectif que son amie avait tenté sur Béhuit pour le rendre
jaloux.
219
et se sachant responsable, d’après les dires de la nouvelle directrice, elle protégea
son amie. Inutile qu’elles soient toutes deux dans l’œil du cyclone.
Nolwenn hésita à se lever. Elle savait qu’elle s’en sortirait sans le moindre
blâme, mais cela n’allait sans doute pas être du même acabit concernant sa
meilleure amie, clairement dans la ligne de mire.
- Bucky… dit-elle.
- Je n’ai pas réfléchi sur les tenants et les aboutissants lors de notre dernier
déplacement, je l’admets, mais il serait plus judicieux de me donner les vraies
raisons de tant d’acharnement à mon encontre, rétorqua Bucky, pleinement
consciente qu’on ne lui ferait pas de cadeau.
220
- Vous ne pouvez pas faire ça ! Rétorqua Bucky, totalement sous le choc et
voyant sa vie si parfaite s’écrouler comme un château de cartes sous un coup de
vent.
- Non, elle ne le fera pas ! Lâcha une puissante voix juste derrière Bucky.
Béhuit venait d’entrer dans le bureau ! Sans y être convié, d’après ce qu’elle
pouvait comprendre des dires de la secrétaire, juste derrière lui, qui tentait
désespérément de le faire sortir. Bucky était très heureuse que Béhuit vienne,
encore une fois, prendre sa défense de manière très ferme. Il se mettait de
nouveau clairement en danger pour elle.
221
- S’il te plaît Bucky… se contenta de dire Béhuit, pour l’inciter à quitter les
lieux immédiatement sans poser de questions.
***
Bucky, qui ne mangeait déjà pas énormément ces derniers temps, n’avait
rempli son estomac qu’avec une minuscule part de carottes râpées et un verre
d’eau, bien trop tracassée par son entrevue avec la nouvelle directrice de l’E2C.
Ses amies avaient du mal à trouver les bons arguments pour la rassurer. Elle avait
annoncé son exclusion probable des pom-pom-girls, complètement anéantie. Son
seul espoir résidait dans l’entrevue entre Béhuit et la directrice dont elle ne
connaissait pas le lien, mais qui existait sans l’ombre d’un doute. Elle scrutait sans
arrêt l’entrée de la cafétéria en espérant y voir Béhuit débouler, mais rien n’arriva
jusqu’à un envoi par messagerie téléphonique :
"Je ne peux pas te rejoindre à la cafétéria, je suis déjà en retard pour mon
cours tactique de volley-ball avec l’équipe. Les choses se sont arrangées pour toi, tu
es juste privée de l’entraînement de ce soir et tu devras faire ton mea-culpa devant
tout le monde avant le début de l’entraînement de mardi et ensuite tu reprendras les
entraînements normalement, si tout le monde est OK."
Bucky s’empressa de répondre à Béhuit après avoir pleuré de joie. Elle allait
pouvoir continuer l’option pom-pom-girls avec ses amies !
222
Elle partit en direction du cours d’Anglais, soulagée, tout comme ses amies.
Perdre Bucky aurait été une catastrophe pour les pom-pom-girls. Elle voulait
cependant revoir Béhuit rapidement, pour le remercier de vive voix… et le
questionner à propos de Céssix Sky.
***
***
"Des choses à faire après l’entraînement, mais personne chez moi cette nuit.
Si intéressée, je t’appelle pour te dire quand je pars de l’E2C, vers minuit j’espère, pas
trop tard pour toi ?"
223
dans un bikini sexy était une récompense amplement méritée. Elle profiterait
également de ce moment seul à seul avec lui pour le questionner sur Céssix Sky
en espérant qu’il veuille bien lui répondre. La nouvelle directrice faisait peut-être
partie des secrets qu’il ne souhaitait pas lui révéler. Il commençait à y avoir
beaucoup trop de zones floues à son goût autour de lui.
***
Après avoir tout de même accompagnée son amie dans la cuisine pour son
repas avec ses deux frères et le reste de la famille pour discuter principalement de
sa sanction, Bucky décida de partir pour se rendre chez Béhuit en précisant aux
parents Donerm qu’il était possible qu’elle dorme chez son nouveau petit ami ce
soir et donc qu’elle ne rentre chez les Donerm que le lendemain. Les parents de
Nolwenn semblaient un peu réticents, mais la fratrie Donerm les rassura en
indiquant que le petit ami en question avait passé les vacances de la Toussaint
avec eux et insistèrent sur le fait qu’il soit très mature et responsable. Le tout sans
le nommer, bien évidemment.
***
224
Afin de ne pas être repérée avec son véhicule aux couleurs ciel et fuchsia
peu communes, Bucky décida de se garer à distance de la villa où Béhuit résidait
afin que la surprise soit totale. A un peu plus de vingt-trois heures en semaine, sa
rue, en impasse, était plongée dans un calme profond. Comme l’était également la
rue de la maison des Donerm, beaucoup d’impasses de ce type existaient dans
cette ville connue pour sa tranquillité. Sans même se poser de question, elle entra
dans la magnifique villa par le portillon d’entrée piéton qui n’était pas verrouillé.
Toutes les lumières étaient éteintes, preuve que le propriétaire des lieux n’était pas
présent ce soir et que Bucky allait donc pouvoir profiter des lieux uniquement avec
son petit ami.
225
passe ; éclairage, mise en température de la piscine et du jacuzzi, hauteur d’eau,
tout était disponible en accès libre. La piscine n’était qu’à dix degrés Celsius, la
passer à vingt-huit comme le souhaitait Bucky, éternelle frileuse, allait mettre un
temps trop conséquent vu la grande taille et profondeur de l’édifice, estimé à six
heures par l’IA, aussi abandonna-t-elle l’idée. Cependant, régler le jacuzzi sur trente
degrés ne mettrait qu’une demi-heure, la quantité d’eau à chauffer étant beaucoup
moins conséquente, parfait pour l’arrivée de Béhuit. La jeune étudiante prit aussi
un malin plaisir à faire un nombre conséquent d’essais de lumières du lieu,
réglables à volonté. Elle s’arrêta sur un éclairage extérieur fuchsia et sur une
couleur "blanc chaud" concernant la piscine et le jacuzzi afin de les rendre très
lumineux. Ne manquait plus pour elle que de se mettre en bikini et de se presser
dans le jacuzzi pour ne pas attraper froid, il faisait neuf degrés à l’air en cette nuit
de mi-novembre. Elle patienta donc une vingtaine de minutes avant d’ôter ses
vêtements qu’elle dissémina sous forme d’un jeu de piste en partant de l’accès au
salon-cuisine de la propriété qui menait jusqu’à la terrasse et notamment le
jacuzzi. Elle commença par y déposer ses bottes et son manteau au plus près de
la porte fenêtre menant au salon, puis ses collants, son pull, son débardeur et ainsi
de suite jusqu’à son soutien-gorge et sa culotte en se dirigeant vers le jacuzzi. Un
message poussant à la curiosité Béhuit espérait-elle, lorsqu’il reconnaîtrait les
vêtements ou sous-vêtements de sa petite amie. Elle pouvait maintenant l’attendre
tranquillement dans un jacuzzi à bonne température, vêtue uniquement d’un bikini
fuchsia et ciel pour ne rien changer de ses habitudes de couleur.
***
226
interpréter. L’étudiante ne chercha même pas à tourner la tête pour tenter
d’identifier la personne qui la menaçait.
En réfléchissant un peu, la voix qui lui parlait lui paraissait familière. Bucky
savait qu’elle avait déjà rencontré cette personne, mais ne parvenait pas
clairement à l’identifier. Difficile de faire preuve de discernement dans une telle
situation. Pourtant, cet accent, elle le connaissait.
Plus de doute pour Bucky, elle connaissait son assaillante. Son petit accent
canadien venait de la trahir. La lame s’ôta doucement de sa gorge, à son grand
soulagement. Débarrassée du danger, elle se risqua à tourner la tête, puis le reste
de son corps, toujours plongé dans l’eau du jacuzzi, chauffée à une température
des plus confortables. Elle put enfin identifier clairement la personne qui se tenait
un genou à terre juste à côté d’elle ; Céssix Sky ! Sa nouvelle directrice.
- Je savais bien que vous n’étiez pas claire ! Ça vous arrive souvent de
menacer les gens dans leur jacuzzi avec un couteau ? L’interpella Bucky.
Bucky resta silencieuse. Elle s’était prise au piège toute seule ! Comment
une étudiante allait pouvoir justifier le fait de se rendre chez son professeur d’EPS
en pleine nuit, seulement vêtue d’un bikini et dans le jacuzzi sans que la directrice
ne découvre la relation amoureuse qui les liaient ?
227
Le visage de Madame Sky lâcha une mimique montrant clairement une
sorte de dégoût. Elle venait de deviner seule la finalité de cette rencontre nocturne.
La directrice était désormais clairement au courant de la liaison que Bucky
entretenait avec son professeur !
- Délavigna, économisez votre salive, je suis déjà au fait pour vous deux !
Béhuit ne vous a encore rien dit ?
- Béhuit est célibataire, enfin… il est avec moi ! Protesta la pom-pom-girl qui
comprenait clairement que Béhuit, en plus de garder des choses sur sa vie secrète,
lui avait menti.
Il ne vivait pas seul en ces lieux. Enfin du moins pas avec le propriétaire des
lieux comme il lui avait annoncé, à moins que ce ne soit elle ? Comment Béhuit
avait-il pu lui mentir à ce point ? Était-il en couple avec Céssix Sky ? Des tas de
questions se bousculaient dans sa tête.
- Je vais vous apprendre quelque chose jeune fille, ça ne durera pas, il finira
par vous quitter. Mais je vous rassure, nous vivons simplement ici en colocation et
nous travaillons ensemble.
Bucky remit toutes les pièces du puzzle dans l’ordre grâce aux souvenirs de
ses précédentes discussions avec Béhuit. Céssix ne pouvait-être que sa
précédente petite amie, sa fameuse collègue du même milieu avec qui il avait eu
une brève relation et dont il ignorait si leur histoire était belle et bien terminée.
- C’est pour cela que vous m’en voulez autant ? Vous voulez le récupérer !...
Votre chance est passée ! Protesta avec véhémence Bucky, décidez à ne pas se
laisser faire.
228
- Vous avez commis une grossière erreur à Munich, votre renvoi des pom-
pom-girls était parfaitement justifié ! J’ai adouci la peine uniquement pour faire
plaisir à Béhuit. Quant à ma relation avec lui, vous ne la connaissez en rien, lui et
moi, on est plus proches que vous ne le serez jamais !
- C’est pourtant avec moi qu’il a choisi d’être ! Je lui apporte sans doute des
choses que vous n’arrivez pas à lui procurer.
- Vu que votre relation n’a été qu’éphémère, je présume que vous n’êtes tout
simplement pas doué au lit et pour le reste ! Vous vous méprenez sur moi,
Madame la directrice. J’ai bien plus de qualités que vous semblez le subodorer.
En premier lieu, je ne l’ai jamais laissé dans le flou concernant notre relation ! Je
ne vis pas une simple amourette avec lui.
- Vous ne savez rien sur moi… et sur lui, et je vous trouve bien sûre de vous.
Désolée de vous annoncer qu’il finira par vous quitter, à un moment ou un autre.
Je n’ai pas besoin d’entraver votre liaison, elle finira indubitablement par s’arrêter.
Vous vous donnez beaucoup trop d’importance.
- Votre jalousie vous fait perdre votre discernement, il m’aime plus que ce
que vous pensez !
- Un couple solide se dit tout, non ? Vous connaissez donc les raisons de sa
venue ici ?
- Arrêtons ce petit jeu malsain, stoppa Céssix Sky. J’ai passé l’âge d’éduquer
les ingénues. Sachez simplement que votre immunité vis-à-vis de moi ne durera
qu’un temps. Le jour où il ne sera plus avec vous, vous serez à ma merci. Je vous
prodigue donc un unique conseil, ne lui faites pas de mal sous peine d’un terrible
retour de flamme…
- Ce n’est pas mon intention, j’ai des sentiments forts pour lui.
- Alors profitez-en ! J’attendrai simplement qu’il revienne vers moi une fois
votre relation terminée.
229
- Je n’avais pas tous les paramètres, conclut-elle avant de partir par le côté
du jardin après avoir jeté un œil à sa montre connectée et lancé une toute dernière
phrase : Je vous ai à l’œil ! Ajouta-t-elle.
***
- Je t’avais bien dit que cette maison était un piège à filles ! Lui dit-elle.
- Entre notre toute première discussion de ce matin et celle qui vient d’avoir
lieu, je suis incapable de te dire laquelle a été la pire…
Béhuit s’approcha tout près d’elle pour finir par s’asseoir juste au bord du
jacuzzi. Elle n’allait pas avoir besoin de lui tirer les vers du nez, il semblait prêt à
tout lui déballer sur la nature de sa relation avec Céssix Sky.
230
- Bucky, juste avant de commencer à sortir ensemble, je t’ai annoncé que je
devrais te cacher des choses sur moi. Il faut que tu saches que Céssix fait partie
intégrante de ce pan de vie secret…
- Béhuit, aucun garçon ne m’a jamais fait autant d’effet que toi. Je pense à
toi en continu quand nous ne sommes pas ensemble, tu envahis mes pensées, je
n’aurais jamais cru devenir si dépendante de quelqu’un. J’ignore pourquoi tu ne
peux pas me dire grand-chose sur toi et sur Céssix Sky mais je t’en prie, ne me
brise pas le cœur, se livra-t-elle en le coupant, terriblement inquiète de ce qu’il allait
lui révéler.
- Pour Céssix, sache juste que des liens très particuliers nous unissent. Elle
est venue vivre avec moi ici lorsqu’on a commencé à sortir ensemble toi et moi,
sans qu’il y ait le moindre rapport entre sa venue et notre relation. Oui, Céssix et
moi sommes sortis ensemble il y a peu. Oui, elle vit avec moi ici, mais j’ai été clair
avec elle, c’est avec toi que je suis. Elle ne dormira pas ici ce soir, c’est pour cela
que j’ai souhaité t’inviter. Je n’avais simplement pas prévu qu’elle repasse ici avant
de partir.
- Je ne parviens même pas à être rationnelle avec toi. Je prends tout ce que
dit comme parole d’évangile. Je devrais être méfiante, te poser plus de questions,
mais j’ai trop peur de te perdre ! Promets-moi simplement que tu n’as plus de
sentiments pour elle ?
Béhuit lui fit signe de la tête pour lui confirmer, puis se leva. Bucky le
regarda, attentive et toujours confortablement assise dans le jacuzzi pour ne pas
avoir froid. D’un seul geste, il enleva son sweat et son t-shirt pour se retrouver torse
nu, puis continua ainsi pour n’être plus qu’en boxer avant de rejoindre Bucky dans
l’eau chaude et l’embrasser.
La pom-pom-girl savait qu’elle devait lui poser plus de questions… mais elle
abandonna tout de suite l’idée à son contact. Tout ce qui comptait pour elle, c’était
d’être une fois de plus dans ses bras. Et même si la nouvelle directrice de l’E2C
ferait sans doute tout pour lui rendre la vie impossible, elle sentait que Béhuit serait
là pour la protéger. La meilleure des preuves d’amour.
Sans surprise, son joli bikini termina rapidement dans le fond du jacuzzi.
Béhuit ne s’était pas gêné pour le lui enlever. Ce qui était clairement le but
recherché par la jeune fille. Délicatement, il la porta jusqu’à l’étage de la propriété
pour l’emmener dans sa chambre. C’était la première fois qu’elle y entrait, mais
bien trop occupée à profiter de cet instant charnel avec Béhuit, elle n’y prêta pas
231
la moindre attention. Son lit semblait confortable et était pour deux personnes,
l’essentiel était là. Sans même se sécher, elle finit allongée sur le matelas avant
qu’il ne la caresse plus intensément encore. Ils étaient repartis pour faire l’amour
une fois de plus.
***
Une fois de plus, Bucky avait apprécié cet instant avec Béhuit. Elle ne se
lassait pas du contact physique à la fois apaisant et torride qu’il lui prodiguait sur
la totalité de son corps durant ses moments. Elle en frissonnait toujours encore
de longues minutes après leur étreinte.
232
coucher auprès de lui avec toujours plus d’interrogations. A ce rythme, elle allait
pouvoir écrire une thèse entière sur les zones d’ombres de la vie de son faux
professeur d’EPS.
***
Bucky fut la première à se réveiller dans le couple. Il était encore assez tôt
et il faisait encore nuit, mais la pom-pom-girl souhaitait profiter un peu plus encore
de son professeur d’EPS avant qu’ils ne doivent se rendre à l’E2C pour le cours de
self-défense dont il était l’enseignant. Elle estimait qu’il lui restait une bonne heure
avant de devoir quitter les lieux.
Elle mit ensuite la main sur son sac pour descendre et avancer au mieux le
service du petit-déjeuner.
233
Ils profitèrent tout deux d’un petit déjeuner seul à seul. Bucky utilisa ce
moment pour le remercier d’être intervenu auprès de Céssix Sky afin d’alléger sa
sanction, même si la directrice avait une dent contre elle indirectement à cause de
lui. Le reste de la discussion ne porta que sur une chose ; quand allaient-ils pouvoir
se retrouver à nouveau seuls dans la semaine. La réponse restait en suspens. Il
fallait surtout espérer que Céssix découche encore pour que Béhuit puisse l’inviter
de nouveau pour la nuit.
Après un dernier baiser devant la porte d’entrée, chacun prit sa voiture pour
se rendre au même endroit. Béhuit avait demandé de continuer une discrétion
maximum sur cette relation, même si la directrice était au courant…
***
Dès son arrivée au gymnase, elle ne fut pas réellement surprise de voir
Céssix près du terrain de volley-ball. Elle souhaitait probablement s’assurer, et
peut-être prendre un malin plaisir, que le discours d’excuses de Bucky ait bien lieu.
Consciente de son erreur, ce mea-culpa ne la gênerait pas. Si Céssix pensait la
mettre à mal avec ce discours, elle se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude !
Elle était bien plus furieuse de la voir discuter en tête à tête avec Béhuit, à voix
basse. Elle aurait, à cet instant, tout donné pour savoir ce qu’ils se racontaient. Elle
allait devoir en prendre l’habitude.
234
Arrivée tout près d’elle, Céssix lui lâcha une petite remarque d’un ton bas :
Bucky lui aurait bien répondu via une petite réplique bien sentie, mais elle
se retint. Inutile d’envenimer les choses et puis, après tout, c’était bien elle, simple
étudiante, qui sortait avec Béhuit et la savoir enrager à ce propos lui suffisait. En
position pour parler devant tout le monde, elle s’exprima sans la moindre
hésitation, afin de montrer à la directrice qu’elle était parfaitement détendue pour
l’exercice.
- Bonsoir tout le monde. Si je prends la parole ce soir, c’est pour revenir sur
ce qui s’est passé à Munich lors du déplacement du dernier match de volley-ball.
Par mon comportement sortant des règles établies, j’ai mis en danger ma
meilleure amie Nolwenn, l’entraîneur de volley-ball et ma propre sécurité. Pour ces
fautes, je vous présente à tous et toutes mes plus plates excuses en vous
promettant qu’à l’avenir, je ferai preuve de plus de maturité et de vigilance. Soyez
sûrs que cet évènement m’a permis une profonde remise en cause. Merci donc de
me permettre de rester dans ma fonction de capitaine des pom-pom-girls jusqu’à
la fin de la saison. Je m’en remets à votre compréhension et votre jugement.
235
du coup dans une bonne humeur notable. Ne lui manquait plus que de pouvoir
officialiser sa liaison et tout serait parfait.
***
236
cours allaient dans ce sens. Elle n’avait probablement pas été assez claire lors de
la fête d’Halloween. Cette discussion devait mettre fin à tout espoir de sa part ;
elle était avec Béhuit et ne cherchait absolument pas à changer de partenaire,
comblée de bonheur avec son professeur, malgré les voiles d’ombres sur sa
présence ici. Elle se rendit donc sans sa meilleure amie à l’E2C afin de faire
comprendre à Creth qu’elle était belle et bien prise, même si elle ne comptait pas
donner l’identité de son petit-ami.
***
A son arrivée du côté sport du campus, Bucky ne remarqua pas Creth alors
que la nuit prenait définitivement le pas sur le jour. Il était pourtant bel et bien
arrivé. Son véhicule garé non loin du sien en attestait, désormais capable de bien
différentier le véhicule du joueur de celui de son entraîneur. On ne la reprendrait
plus à confondre les deux véhicules ! Faute de le trouver, elle se dirigea dans le
gymnase encore désert à cette heure-là, même si les premières arrivées ne
tarderaient plus. Creth était là, assis sur son banc de touche et déjà en tenue. Il ne
serait pas en retard pour le match, à coup sûr.
- J’ai accepté de venir pour mettre rapidement les choses au clair, Creth.
J’ai sans doute dû mal me faire comprendre à la soirée d’Halloween et je m’en
excuse.
Bucky ignorait pourquoi, mais elle se sentait mal à l’aise avec son ex depuis
qu’elle était avec Béhuit. Peut-être de peur de créer un conflit interne dans l’équipe
de volley. Elle ne devait pas se mentir, elle avait quitté un joueur de l’équipe pour
se mettre avec l’entraîneur, il y avait un risque non négligeable de créer quelques
tensions au sein du groupe et l’équipe n’avait pas besoin de ça ! Cette mésaventure
lui était déjà arrivée au handball en enchaînant une liaison avec deux joueurs de
l’équipe successivement.
237
- S’il te plaît, insista-t-il. Nous serons plus tranquilles, continua-t-il en
s’approchant plus près d’elle.
Les deux étudiants arrivèrent rapidement à l’un des espaces verts adjacents
au gymnase. Creth avait bien pris soin de choisir le plus tranquille, à l’arrière du
complexe sportif. Seul un fiable éclairage leur permettait de se distinguer.
- On est bien mieux là pour discuter, qu’en penses-tu ? Lui demanda Creth.
- Je m’en moque totalement Creth. Ecoute, c’est terminé entre nous deux et
il n’y a pas de retour en arrière possible. Je suis avec quelqu’un d’autre et je tiens
particulièrement à lui. J’en suis désolé pour toi.
- Creth, ça suffit ! Lui ordonna-t-elle en le fixant avec un regard noir pour bien
lui montrer qu’il allait trop loin.
Doucement, Creth se colla à elle pour la tenir par le bassin, elle se laissa
faire avant de l’entourer de ses bras également. C’était comme s’il était devenu
irrésistible. Une attirance puissante pour lui naissait chez la pom-pom-girl.
238
Attirance totalement impossible pour elle à réfréner et lorsqu’il l’embrassa, elle ne
réussit même pas à lui montrer la moindre once de désapprobation. Il n’y en avait
pas ! Bien au contraire, elle l’accompagna dans son baiser.
- Je suis navré, on s’est isolés avec Bucky pour être tranquilles. Nous
cherchions juste un petit moment de plaisir commun avant le match, tenta-t-il de
manière inconcevable d’ironiser !
239
se le confirma. Elle n’avait pas le moindre sentiment amoureux envers l’étudiant
de cinquième année et camarade de classe. Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer
par la tête pour qu’elle le laisse agir et l’encourage en plus dans ce sens ?
- Pas quelques minutes avant l’échauffement d’un match sur le côté d’un
gymnase. Va rejoindre les autres, redemanda-t-il.
Alors que sans rien ajouter, Creth se mit en direction du gymnase, Béhuit se
tourna pour le suivre du regard. Il ne lâchait pas son attention sur lui, bien que ne
changeant pas de position pour rester non loin de Bucky qui remettait son
débardeur. Elle entreprit de remettre son pull, mais elle stoppa net en voyant son
professeur diriger désormais son attention sur elle. Creth avait rejoint le gymnase.
ils étaient maintenant seuls. Les ennuis allaient commencer.
Bucky réfléchit un cours instant. Certes elle ne lui avait pas dit oui, mais elle
ne lui avait pas dit non également et l’avait même accompagné dans ses avances.
Faire passer cela pour une agression aurait-été un mensonge. Elle s’était
sciemment laissée faire une fois plongée dans son regard.
240
- On en parlera plus tard, j’ai un match de volley. J’ai besoin de réfléchir, je
souhaite simplement ne pas te voir sur le terrain. On aura une explication à la fin
de la soirée, tu n’imagines même pas le mal que tu me fais.
***
- Je ne pourrai pas faire le match de ce soir avec vous, dit-elle à toutes ses
équipières en pleurant.
- Béhuit me l’a demandé. J’ai tout gâché avec lui. J’ai si honte.
241
Bucky parvint à retrouver un semblant de calme et d’apaisement après un
bon quart d’heure. Aucune fille ne trouva les mots pour la réconforter. La seule
lueur d’espoir était venue de Glaème qui lui avait fait remarquer que Béhuit n’avait
pas mis fin à leur relation. Peut-être l’excuserait-il ?
Alors que les filles quittaient les vestiaires pour le début de la rencontre,
Nolwenn, restée avec Bucky, lui conseilla de prendre une douche. Son amie était à
ce moment le seul réconfort qui lui permettait de ne pas se remettre à pleurer. Une
chance d’avoir une amie comme elle, prête à sacrifier un soir de match pour la
soutenir.
Elle suivit son conseil. Après s’être dévêtue, elle se mit sous une douche,
mais lorsqu’elle aperçut les impressionnantes marques laissées par Creth sur sa
hanche, elle s’écroula en pleurs sous la douche. Pourquoi avait-elle laissé faire
sans même se débattre ou se plaindre de la douleur que lui avait infligé ses mains
d’une force prodigieuse. Elle ne put ressortir des douches qu’avec la complicité de
Nolwenn, venue lui porter assistance.
***
242
offert, il ne le portait plus désormais. Il était vêtu d’un sweat et d’un jean noir
accompagné de baskets et de ses indéboulonnables lunettes de soleil qu’il ne
quittait que rarement. Il ne s’était certainement pas changé juste avant le match
pour rien. C’était un message limpide à destination de Bucky. Il devait lui en vouloir
terriblement, comment lui reprocher ?
Les points défilaient les uns après les autres et les choses ne se passaient
pas bien pour l’E2C. Béhuit prit très rapidement deux temps morts pour tenter de
rectifier le tir. De là où elle était, et malgré la présence de maximum cinquante
personnes dans les tribunes pouvant en contenir facilement vingt fois plus, elle ne
parvint pas à entendre ce qu’il disait, mais son regard était clairement insistant sur
Creth.
Le premier set fut perdu assez largement. Même en tant que novice de la
discipline, Bucky avait observé que Creth n’y était pas du tout aujourd’hui. La
tension avec son entraîneur était de plus en plus palpable.
Bucky était anéantie. En plus d’une probable rupture avec Béhuit, elle avait
sabordé l’équipe. C’en était trop, elle se remit à pleurer. Sa dernière année ici, en
tant qu’étudiante, qui s’annonçait pourtant grandiose se transformait en une
véritable descente aux enfers.
Tant bien que mal, la partie put reprendre son cours avec deux points de
pénalité pour l’E2C et sans trop de solution pour remplacer Creth. Antoine jeta un
coup d’œil rapide dans les tribunes pour y chercher sa sœur du regard. Ni Bucky,
ni Nolwenn n’étaient présentes avec les autres pom-pom-girls et l’une d’elles était
243
en pleurs. Le capitaine de l’équipe de volley devait en déduire un lien avec
l’altercation incompréhensible entre son entraîneur et son coéquipier.
Très peu de temps après la reprise du match, Céssix Sky entra dans le
gymnase avec deux membres de la sécurité du campus pour se rendre
immédiatement vers les vestiaires. Sans même prêter attention au match, elle
s’engouffra par la porte donnant accès aux vestiaires et une bonne partie du
gymnase.
Nolwenn, avec sa meilleure amie en larmes sur son épaule, serait bien
rentrée chez ses parents afin d’avoir du renfort pour s’occuper d’elle, mais l’accès
à la sortie du gymnase était désormais bloqué par un agent de la sécurité, alors
qu’un autre interdisait l’accès au vestiaire. Aussi loin que sa mémoire puisse
remonter, elle n’avait jamais connu le service de sécurité de l’E2C dans l’action.
Une première dont tout le monde se serait bien passé et qui montrait une situation
qui sortait totalement de l’ordinaire.
***
Sans la moindre surprise, l’équipe de volley de l’E2C perdit par trois sets à
zéro. Bucky n’y prêta pas la moindre attention. Ni Creth, Ni Béhuit, Ni la directrice
de l’E2C n’étaient réapparus dans le gymnase.
- Pour la faire courte, Creth a fait des avances très entreprenantes à Bucky
qui y a cédé et Béhuit les a surpris, juste avant le match.
244
La liaison entre Bucky et son professeur de sport étant toujours inconnue
pour l’équipe de volley, mis à part pour les frères Donerm, Antoine fit signe à sa
sœur d’aller continuer cette discussion dans un endroit plus discret. Nolwenn le
suivit après avoir assise Bucky sur le banc de touche, la confiant à Glaème et
Shandrill, en lui demandant de l’attendre ici. Ils ne reprirent la discussion qu’une
fois sûrs de ne pas être entendus en se mettant dans un coin du gymnase.
- J’ai dû rater un épisode. Bucky n’était pas avec Béhuit ? Elle avait l’air de
l’apprécier ? Poursuivit Antoine.
- C’est pour cela que vous n’avez pas participé ce soir avec les autres pom-
pom ?
- Je ne pense pas, mais peu importe, Bucky a mis une sacrée pagaille dans
l’équipe !
245
Les hommes qui étaient entrés dans les vestiaires en ressortirent pour
redonner les sacs de sport de chacun et chacune en faisant plusieurs allers-
retours. Interdiction formelle était toujours faite de pénétrer dans des lieux autres
que le terrain. Ce qui se passait était incroyable ; comment un simple conflit
amoureux avait pu donner un tel déferlement de violence ?
La sortie des lieux pour le parking figea net Bucky. Béhuit était tout près, en
train de discuter avec Céssix, la sécurité et une autre femme habillée d’une très
longue tunique accompagnée d’une capuche qui laissait à peine deviner son
visage. Il semblait bien aller. En revanche, il n’y avait aucun signe de la présence
de Creth. Séchant au mieux ses larmes et contre l’avis de Nolwenn et Antoine, elle
se dirigea vers Béhuit plutôt que de se diriger vers sa voiture avec laquelle sa
meilleure amie devait la raccompagner chez les Donerm.
Béhuit la fixa du regard avec une lueur dans les yeux qu’elle n’avait encore
jamais rencontrée chez lui, mélange de déception, de tristesse et totalement vide.
Il ne lui répondit pas.
- Je tiens énormément à toi, Béhuit ! Dit-elle plus fort alors qu’il commençait
à s’éloigner avec Céssix Sky.
246
- Béhuit, rentrons ! Lui demanda la directrice avec insistance, le voyant
hésiter.
- Je veux simplement en parler avec toi, je ne sais pas ce qui m’a pris, lui
répondit-elle.
***
Toute la nuit. Bucky avait pleuré toute la nuit malgré les tentatives de
réconfort de toute la famille Donerm. Ne sachant que faire avec sa meilleure amie,
Nolwenn s’était décidée à dire toute la vérité à ses parents. Plus expérimentés
qu’elle, ils pourraient peut-être être force de proposition. Il n’en fut rien. Lors des
peines de cœur, on était définitivement seul. L’unique début de solution qu’ils
proposèrent fut de contacter ses parents au plus vite qui vivaient depuis
maintenant plusieurs années en Arabie Saoudite en tant que promoteur immobilier
pour The line-Néom. Dès les premières heures de la matinée, les parents Donerm
demandèrent à Bucky d’appeler au plus vite. Ils ne semblaient pas du tout juger
Bucky malgré ce qu’ils avaient appris. Il y avait pourtant matière. Bucky entretenait
une liaison avec son professeur d’EPS et elle avait été motif d’une rixe en plein
match de volley de leurs fils. Mais ils la considéraient un peu comme leur
deuxième fille et ne cherchèrent qu’à la réconforter. Ils avaient prévu de se rendre
dès le lundi à l’E2C pour savoir exactement ce qu’il en était afin de mieux l’aider.
247
Les parents Délavigna comprirent tout de suite à l’autre bout de la ligne que
leur fille n’allait pas bien. Elle se contenta simplement de leur dire qu’elle avait tout
gâché avec son nouveau petit copain et qu’en plus de cela, elle avait été la cause
d’une bagarre au sein de l’équipe de volley. Elle préféra ne pas souligner que le
petit ami en question était son professeur d’EPS et l’entraîneur de volley des
garçons, cherchant avant tout du réconfort. Après même pas quelques minutes de
discussion, ses parents lui proposèrent de tenter de nouvelles excuses vis-à-vis de
son petit ami. Peut-être lui pardonnerait-il à froid. Pour le reste, ils la rassurèrent
au mieux. Pas de quoi s’inquiéter, on ne pouvait tout de même pas la tenir
responsable d’une rixe entre deux étudiants submergés de testostérone. C’est du
moins ce qu’ils comprenaient de la situation, même si elle était un peu plus
complexe.
Bucky raccrocha avec ses parents. Elle ne retint qu’une chose de cette
conversation ; le conseil de s’excuser à nouveau auprès de Béhuit. S’il existait
même une chance infime pour qu’il lui pardonne pour se remettre ensemble, elle
devait essayer. Elle tenait particulièrement à ce garçon, malgré ce qu’elle avait failli
laisser faire à Creth sans son intervention salvatrice.
***
A dix heures du matin, Bucky n’avait toujours pas déjeuné, trop stressée par
l’enjeu de cette rencontre. Elle s’était préparé un maximum avant de se rendre chez
Béhuit en cherchant ce qu’elle allait pouvoir lui dire pour s’excuser. Faute
d’argument, elle se contenta de sonner à sa porte en se préparant à lui dire qu’elle
était prête à beaucoup pour recoller les morceaux. En attendant que quelqu’un lui
ouvre, elle remarqua que la moto de Béhuit, garée sur le côté était accidentée. Tout
un côté du véhicule avait la peinture rayée et l’état de la carrosserie ne laissait pas
de place au doute. La moto était sûrement tombée à terre en mouvement ! La roue
avant était également sortie de sa jante. Pourvu qu’il ne soit rien arrivé de grave à
Béhuit ! Elle ne s’en remettrait pas.
Céssix Sky venait de lui ouvrir, une bien mauvaise surprise. L’étudiante
aurait clairement préféré ne pas la croiser.
248
- Pour parler sans être prise pour une folle, il faut être au moins deux, et je
ne suis pas certaine qu’il soit d’accord pour communiquer avec vous !
Elle était ravie d’apprendre que sa moto accidentée n’avait pas blessé
Béhuit. Il était bien là, même si Céssix entravait clairement la route jusqu’à lui.
- Je vais prendre le risque de passer pour une folle dans ce cas, donc soit
vous l’appelez, soit je rentre de force pour aller le trouver ! Où est-il ? Dans sa
chambre ?
- Vous ne mettrez pas un pied dans cette maison, lui répondit la directrice
calmement, rentrez chez vous.
Sans réfléchir, Bucky força le passage afin d’entrer dans l’immense salon
de la propriété. Toute directrice qu’elle était, Céssix Sky n’allait pas l’empêcher de
voir Béhuit. Une bien mauvaise idée !
A peine avait-elle mis le pied sur le pas de la porte que Céssix la déséquilibra
d’un habile coup de pied, puis enchaîna en la rattrapant par le bras pour la faire
pivoter sur elle-même avec rapidité afin qu’elle se retrouve en une fraction de
seconde plaquée contre le mur extérieur de la maison. Elle avait échoué pour
entrer et se retrouvait le nez contre un mur sans pouvoir bouger. La directrice ne
lui avait pas lâché le bras et avait possibilité de lui déboîter en forçant un petit peu.
La négociation verbale aurait-été finalement peut-être plus constructive, pensa-t-
elle.
Malgré l’intense douleur, Bucky ne pas céda pas… tout comme Madame
Sky, bien décidée à mettre à exécution sa menace si l’étudiante de dernière année
continuait à s’obstiner de la sorte.
249
- Je peux gérer la situation, lui répondit Céssix Sky sans lâcher sa prise sur
la pom-pom-girl qui ne voyait rien visuellement à part le mur blanc de la villa à pas
plus d’un centimètre de ses yeux.
- Je n’en doute pas, mais je vais tout de même prendre le relais pour éviter
la casse, répondit-il.
La pression sur son bras stoppa et Bucky put enfin décoller le nez du mur.
Son bras lui faisait encore mal lorsque Céssix Sky le lâcha définitivement, mais il
n’avait, fort heureusement, pas été abîmé. Un soulagement pour la pom-pom-girl
qui passait déjà un mauvais moment.
250
- Il fallait y penser avant de te laisser peloter par lui et retourner comme
une… répondit-il avant de s’arrêter probablement de peur que ses mots ne frisent
l’incorrection. J’ai honte pour toi, finit-il par ajouter.
- Béhuit je te le redis, je ne sais pas ce qui m’est passée par la tête, c’est
comme-ci il était entré dans mes pensées.
- Vu la position que vous aviez tous les deux, je ne crois pas qu’il cherchait
uniquement à entrer dans tes pensées ! Comment as-tu pu te laisser emporter de
la sorte, je croyais que nous deux, ça comptait…
- Ça compte énormément.
- Je sais très bien que tu m’en veux et je te comprends. S’il te plaît, je veux
te montrer que tu importes plus que tout pour moi. Tu peux me demander ce que
tu veux, je ferai tout pour te montrer que j’ai des sentiments forts pour toi.
- Je ne veux plus te voir près de chez moi. Je veux que tu m’évites sur le
campus. Je veux que tu fasses la pom-pom-girl ailleurs qu’au volley. Céssix se
débrouillera pour t’obtenir une dispense d’EPS car je ne veux plus t’y voir non plus.
Je veux te rayer de ma vie. Tu m’as blessé, Bucky, tu n’imagines pas à quel point !
Bucky comprit soudain qu’il n’y avait pas de retour possible entre eux. Elle
n’était même pas déçue qu’il ne veuille plus d’elle, c’était parfaitement
compréhensible. Elle était simplement anéantie d’avoir causé autant de tort à une
personne qu’elle avait aimé comme jamais elle n’avait aimé auparavant. Elle
regarda Béhuit, sans lui répondre, mais en faisant en sorte qu’il comprenne qu’elle
acceptait sa requête. C’était le minimum qu’elle pouvait faire pour le décevoir un
peu moins. Comme toujours, il semblait avoir compris ce qu’elle pensait et se
tourna pour entrer à l’intérieur de sa luxueuse propriété. Elle lui parla avant qu’il ne
referme, probablement pour la dernière fois :
- Et moi brisé.
251
La porte se referma. Bucky n’avait plus qu’à rentrer chez les Donerm. La
seule preuve d’amour qu’elle pouvait désormais apporter à Béhuit était de faire en
sorte qu’elle sorte de sa vie. C’était sans doute mieux pour elle aussi, afin de
l’oublier rapidement. Le pourrait-elle ?
***
Nolwenn ne mit pas longtemps à comprendre que son amie n’était pas
revenue couronnée de succès de son passage chez Béhuit. Elle ne disait mot et la
tristesse se lisait sur son visage. D’un instinct protecteur envers sa meilleure amie,
elle la prit dans ses bras pour tenter de la réconforter.
- J’ai des choses à faire avant, mais je veux bien. J’apprécierais que toute
la famille Donerm vienne. Je te laisse gérer.
Bucky avait pris une décision. Dès son arrivée, elle ferma sa porte de
chambre à double tour afin que Nolwenn ne puisse entrer, puis attrapa son
téléphone pour joindre ses parents par messagerie :
Maman, Papa, pas réussi à recoller les morceaux avec mon petit ami. Ma situation
est désormais singulière et j’ai besoin de tourner la page loin de tout ça. Je voudrais
vous rejoindre à Néom pour pouvoir vous expliquer les choses plus en détail, tout n’a
pas été dit par téléphone ce matin.
Bucky, tes parents seront toujours là pour toi, surtout dans les moments difficiles.
Prends un billet d’avion pour nous rejoindre dès que tu le souhaites. Nous te
252
trouverons une solution pour la poursuite de tes cours à l’E2C en attendant que tu y
retournes. Tiens-nous au courant. Nous t’aimons.
- Tout va bien ? On part au restaurant avec mes parents et mes frères quand
tu veux ! Lui annonça Nolwenn pas encore au courant de ses projets.
***
253
La famille Donerm, dans son intégralité, fut aux petits soins pour Bucky
pendant ce repas. Rencontrer et vivre avec toute cette famille plus de quatre ans
avait été une expérience extraordinaire. Les parents, bien que possédant
beaucoup moins de moyens que ceux de Bucky étaient toujours près de ses
enfants et d’elle, prêts à leur rendre service et leur rendre la vie la plus agréable
possible. Erik et Antoine cherchaient la moindre opportunité pour la taquiner dès
qu’ils le pouvaient, comme aurait pu le faire des frères, mais ils savaient quand lui
montrer leur affection, comme c’était le cas aujourd’hui. Ils ne semblaient même
pas lui tenir rigueur de la probable ambiance particulière qu’il y aurait désormais
dans l’équipe de volley, dès demain. Et que dire de Nolwenn, cette sœur qui depuis
toute petite l’accompagnait pour avancer dans la vie. Celle qui l’aidait à garder une
certaine rigueur pour ses études et qui partageait avec elle sa passion des pom-
pom-girls et de la danse. Celle qui avait mis sa vie en danger pour tenter de la
sauver de ses agresseurs à Munich. Elle allait horriblement lui manquer.
- Je voulais vous remercier d’être venus ce midi pour déjeuner avec moi. Je
tiens à payer le repas.
- Pas cette fois. J’ai besoin d’un certain temps pour me reconstruire loin
d’ici et de tout ça, j’insiste pour payer aujourd’hui en guise de reconnaissance
envers vous.
254
- Tu ne peux pas faire cela ! Protesta Nolwenn. Et tes amies, les pom-pom-
girls et la nouvelle chorégraphie, et moi ! Tu ne vas pas m’abandonner maintenant
à un peu plus de six mois du diplôme !
***
255
- Promettez-moi de gagner au moins un match cette année, leur demanda-
t-elle.
Les deux frères ne répondirent pas, sans doute trop émus, ou peut-être était-
ce tout simplement la peur de ne pas pouvoir tenir leur promesse. Après ce
qu’avait fait Creth, il allait au minimum être renvoyé de l’équipe, qui ne marchait
déjà pas fort en sa présence, alors qu’il faisait partie des meilleurs joueurs. Il n’était
pas certain que Béhuit reste aux commandes de l’équipe non plus. La suite de la
saison ne s’annonçait pas radieuse. Bucky s’en voulait terriblement d’avoir anéanti
une saison de volley-ball à l’E2C.
Puis vint le moment de dire au revoir à Nolwenn. Celle avec qui elle avait
tant partagé ces dernières années. Avant une dernière accolade, elle lui donna un
petit paquet.
- Prends en soin et fais rêver les garçons avec ! Lui dit Bucky avant de la
prendre une énième fois dans ses bras.
- Reviens vite, lui intima Nolwenn, avant qu’elle ne les quitte définitivement
pour rejoindre la zone d’embarquement sans se retourner.
***
256
génétique lui permettrait de faire passer le temps qu’il restait avant d’embarquer
plus rapidement.
Lancée dans sa leçon, Bucky fut tout à coup perturbée dans ses révisions.
Quelqu’un criait son nom. Elle reconnut tout de suite cette voix puissante et
portante. Béhuit était là et la cherchait !
- Mais c’est ignoble ce que je t’ai fait, c’est une torture de savoir que tu
souffres à cause de moi !
- …Mais je n’ai aucune excuse ! J’ai été faible. Je ne suis même pas capable
d’expliquer pourquoi j’ai cédé à ses avances alors que…
- Céssix sera sans doute bien plus douée que moi pour te rendre heureux…
et elle te sera plus fidèle.
257
- Céssix est quelqu’un qui fait partie de ma vie, et pour un bon moment. Ça
ne collera sans doute jamais entre vous deux et c’est quelqu’un de génialissime.
Mais la personne à qui je pense sans cesse, c’est toi. Ce que j’ai de mieux en moi,
c’est toi. Tu m’as complètement charmé dès notre première rencontre. J’adore te
voir danser en tant que pom-pom-girl. J’adore ton intelligence, ta façon de voir la
vie de manière positive ou encore quand tu me souris et j’adore te voir rire à mes
blagues, alors qu’une bonne partie provoquerait un lancer de tomates dans un one-
man-show.
Rapidement, elle eut une sensation de bien-être. Le simple fait qu’il lui
caresse les cheveux au niveau de sa mèche colorée l’apaisa.
- Quelqu’un m’a dit un jour qu’un être cher, c’est quelqu’un qui connaît tous
tes défauts et qui t’aime quand même. J’en ai découvert un ce week-end, mais je
veux connaître tous tes autres défauts Bucky Délavigna, reste à l’E2C !
- Bucky, quelle vérité ? Mon conflit avec Creth durant le match n’avait pas
de rapport avec toi, crois-moi !
Béhuit lui fit un léger geste de la tête lui montrant qu’il ne souhaitait pas
s’étendre sur le sujet. Il tenait encore une fois à garder la raison secrète.
Doucement, il approcha son visage du sien pour lui déposer un baiser sur les
lèvres. Elle n’aurait jamais cru revivre une telle chose. Il était si bon de se retrouver
dans ses bras, de sentir ses lèvres contre les siennes et leurs langues chercher
contact.
258
- Soyons honnêtes, je ne mérite pas ta clémence… mais je t’aime bien trop
pour ne pas la prendre. Je te promets de ne plus te décevoir, lui répondit Bucky si
heureuse d’avoir une nouvelle chance avec lui et tentant de sécher ses larmes.
Elle attrapa son sac de voyage, y rangea son ordinateur puis prit la main de
Béhuit.
- Mais nous allons rater les cours ! Répondit Bucky, pourtant très emballée
par la proposition.
Elle sourit, il avait parfaitement raison. Béhuit la tira par la main pour la sortir
de la zone d’embarquement. Elle n’avait pas la moindre idée où il allait l’emmener,
la destination n’avait pourtant aucune importance. Elle était de nouveau avec lui,
c’est tout ce qui importait. Le fait qu’il lui pardonne son écart avec Creth la rendait
encore plus amoureuse de lui. Plus de doute pour elle, il s’agissait de l’homme
avec qui elle passerait le reste de ses jours.
259
Chapitre 9 : Mise au point
Avec courtoisie, Béhuit lui porta son bagage de voyage puis passa à ses
côtés l’espace douanier en faisant un signe à l’un d’entre eux. Bucky ne comprenait
pas, mais se doutait encore une fois qu’il avait réussi à passer cette espace grâce
à cette personne. Qu’avait-il bien pu raconter pour que le douanier accepte de le
laisser passer sans billet ? Elle s’en moquait, du moins pour le moment, d’autant
qu’elle remarqua toute la famille Donerm qui l’attendait.
260
Bucky retrouva l’Audi de son petit ami, très mal garée, au dépose minute.
Une demande d’enlèvement du véhicule était en cours avec une amende en sus.
Béhuit quitta l’aéroport avec elle, sans même s’y attarder. Il allait sans doute faire
sauter cette amende aussi facilement que son infraction au code de la route à son
retour de Sarlat. Il souhaitait l’emmener quelque part le plus rapidement possible….
***
261
- Je ne sais pas où notre relation va nous mener et tu as compris que je suis
dans l’obligation de te cacher énormément de choses à propos de moi et de mon
passé.
- Je veux juste qu’on aille dans un endroit qui a beaucoup compté pour moi
dans mon enfance. Je veux partager au moins cela avec toi.
Elle lui fit un signe de tête pour lui montrer qu’elle était enthousiaste à cette
idée. Bucky ne savait finalement que peu de choses sur lui et en apprendre, même
qu’un peu plus, permettrait peut-être de le comprendre mieux. Elle le savait
simplement très discret sur son passé. Probablement par obligation.
Béhuit sortit de la voiture avec une lampe torche. Bucky le suivit, même si
elle ignorait toujours la destination finale. Son professeur d’EPS la guida jusqu’à
une porte extérieure grillagée et verrouillée dont l’autre côté donnait sur un
immense parc, évidemment fermé à cette heure de la nuit.
- On doit escalader cette porte pour entrer dans le parc, lui indiqua Béhuit
en lui montrant avec les mains jointes qu’il était prêt à l’aider à monter.
- Quel que soit leur âge, les hommes ont toujours leur période de folie !
Pas très adroite pour passer, Bucky fut cependant bien aidée par son
compagnon qui la souleva suffisamment pour lui permettre de basculer de l’autre
côté. Bien plus sportif, lui passa aisément l’obstacle haut de plus de deux mètres.
Il alluma immédiatement sa puissante lampe torche avant de s’enfoncer dans un
parc qui s’avérait être tout simplement immense.
***
Bucky n’était pas très rassurée, d’autant que des bruits d’animaux étaient
perceptibles. Elle tint un peu plus fort la main de Béhuit pour être sûre de ne pas
262
le perdre dans la pénombre ambiante, malgré une luminosité lunaire importante
ce soir. Impossible de retrouver son chemin si elle devait perdre de vue son petit
ami. Durant une dizaine de minutes, ils avancèrent de plus en plus. Son guide
semblait exactement savoir où il se dirigeait. Elle put voir au loin quelques lumières
lointaines de la ville qui se reflétait sur un joli lac. Le coin devait être magnifique
de jour. Ce parc était un véritable trésor caché !
- J’ai passé toute mon enfance non loin d’ici. Les villes aux alentours ne
sont pas réputées alors seuls les gens du coin en profitent, les autres en ont peur.
Nous sommes bientôt arrivés, souligna-t-il en empruntant une nouvelle allée.
Béhuit invita Bucky à s’asseoir avec lui sur le rocher le plus élevé afin de
profiter au mieux du paysage délicatement éclairé par l’éclairage urbain
relativement lointain et de la lune, encore plus belle d’ici. Il faisait relativement
froid, la pom-pom-girl se colla contre lui pour ne pas grelotter. Sentant
probablement que la fraîcheur l’incommodait, Béhuit retira son manteau pour lui
mettre sur ses épaules afin de la couvrir un peu plus.
- Je ne suis pas revenu ici depuis des lustres. Quasiment rien n’a changé.
J’y passais des moments agréables avec mes amis à l’époque. Je voulais y
repasser, mais pas seul, je voulais partager cela avec quelqu’un qui compte pour
moi !
263
Même si l’endroit était particulièrement saisissant visuellement et apaisant
auditivement. Bucky n’y prêta plus attention. Elle contempla Béhuit puis
l’embrassa. Elle était tellement heureuse qu’il lui pardonne son inexplicable erreur
avec Creth.
- Rien n’est perdu ! Que désires-tu manger ? On va se faire livrer par drone !
- Béhuit, les drones ne livrent pas à des endroits non autorisés, lui fit-elle
remarquer.
Bucky cligna des yeux pour lui donner son accord. Il était en principe
autorisé de se faire livrer par drone qu’à des adresses privées exactes, mais son
professeur l’avait déjà surprise tellement de fois que plus rien ne l’étonnait
désormais.
Après quelques minutes à pianoter sur son téléphone à l’abri de son regard.
Béhuit lui annonça que la pizza arriverait dans moins de vingt minutes. Il profita
du temps qui leur était donné pour la faire se lever.
- C’est dans des endroits comme cela que l’on ressent le plus la vie, cette
énergie invisible qui nous entoure. Je vais te montrer, tends légèrement les bras
et ferme les yeux, lui dit-il tout en l’aidant à garder l’équilibre avec ses mains sur
ses hanches pour prévenir de toute chute. Maintenant, ressens cette brise. Elle est
pleine de vie. Elle t’apaise, te renforce en te traversant. Tu ressens quelque chose ?
- Oui…. Tes mains posées sur mes hanches et qu’il fait fichtrement froid !
Lui répondit-elle, en souriant tout en gardant les yeux fermés.
- Ce n’est pas la réponse que j’espérais, rigola-t-il, mais c’est mieux que rien !
Bucky rouvrit les yeux pour se tourner vers son partenaire. Elle n’avait pas
vraiment compris où il voulait en venir avec cette expérience, mais elle passait un
agréable moment avec lui et l’essentiel était là.
***
264
Bucky et Béhuit quittèrent les lieux après avoir mangé leur pizza. Béhuit
avait été un peu plus entreprenant avec elle une fois la pizza reine avalée, mais
l’étudiante lui fit remarquer que malgré également son fort désir de répondre
favorablement à ses avances, elle avait bien trop froid pour se laisser dévêtir.
Aussi avaient-ils finalement opté pour réserver une chambre dans l’hôtel le plus
proche à même pas un kilomètre de leur lieu de stationnement.
Une fois dans la chambre réservée qui s’avérait être loin du haut standing,
ils s’installèrent sur le lit pour repartir ce sur quoi ils s’étaient arrêtés. Lentement,
Béhuit commença à passer une de ses mains sous les vêtements de l’étudiante
pour mieux la sentir. Elle en fit de même tout en continuant à l’embrasser, profitant
un maximum de cet instant qu’elle ne pensait plus jamais revivre… jusqu’à ce que
le téléphone de Béhuit, ainsi que sa montre, ne se mettent à vibrer. L’étudiante
chercha à lui faire rejeter l’appel… en vain ! Il lui faisait comprendre que cet appel
devait être important.
L’appel fut très bref et Béhuit ne parla quasiment pas, si bien qu’il fut
impossible pour Bucky de savoir qui était au bout du fil. Pas bien important, elle
souhaitait reprendre où ils s’étaient arrêtés, mais à la vue de la mimique du visage
de son petit ami, c’était mal parti !
- Céssix ? Tu veux dire une autre amie qui porte le même prénom que ton
ex qui cherche à te remettre le grappin dessus et qui est également la directrice
de mon établissement ? Demanda-t-elle avec humour, mais sans pouvoir
dissimuler une certaine nervosité.
265
légitime que tu sois quelque peu inquiète, mais je t’assure qu’il n’y a plus aucune
relation amoureuse entre Céssix et moi, il faut que tu apprennes à me faire
confiance.
Béhuit se leva et remit son manteau avant de donner sa clé de voiture à son
étudiante. Il était presque trois heures du matin et Bucky avait en principe cours le
lendemain. Elle décida de rentrer tout de suite en descendant en même temps que
lui. Aucun intérêt de rester dans une chambre d’hôtel miteuse pour passer la nuit.
Arrivés en bas, un gros SUV noir attendait déjà son compagnon. Les vitres
du véhicule étaient teintées et elle ne pouvait pas voir qui se trouvait à l’intérieur,
mais il y avait fort à parier que Céssix était dedans.
***
Bucky rentra chez les Donerm non sans difficulté. Au volant de la vieille Audi
de Béhuit, c’était la toute première fois qu’elle conduisait une boîte manuelle et un
véhicule aussi puissant et long de surcroît. Pour rajouter au stress la voiture était
sur la réserve, il ne restait que 70 km d’autonomie. Après quelques sueurs froides
et avoir torturé une bonne dizaine de fois l’embrayage du véhicule, elle finit à bon
266
port par se garer juste devant le pavillon des Donerm avant d’entrer pour rejoindre
la chambre de Nolwenn.
***
Dix heures du matin. Bucky ouvrit enfin un œil. Le cours du lundi matin
d’expression écrite avait déjà officiellement été séché par la jeune fille et même
en se préparant rapidement, elle allait aussi devoir faire l’impasse sur les deux
heures de cours de physique quantique qui suivaient. Nolwenn n’avait même pas
essayé de la réveiller ou elle avait tout simplement échoué à le faire. La capitaine
des pom-pom-girls n’en avait pas le moindre souvenir.
Bucky posa immédiatement la main sur son smartphone. Elle avait reçu un
simple SMS lui indiquant que Nolwenn lui fournirait les cours qu’elle allait manquer
et qu’elle avait pris sa jolie voiture fuchsia et bleue pour se rendre en cours ayant
remarqué que le long coupé de Béhuit était en sa possession, garé juste devant
chez elle.
Il n’y avait en revanche pas de nouvelle émanant de son petit ami. Aussi
tenta-t-elle de lui envoyer un message : "Je viens à peine de me lever et tu me
manques déjà. J’espère que tout va bien pour toi. Je pars bientôt sur le campus, en
espérant t’y voir au moins ce soir. Je t’aime". Le message resta sans retour.
267
***
Elle se posa à la cafétéria avec une bonne longueur d’avance sur ses
camarades puis décida de s’aider de quelques vidéos et de l’intelligence artificielle
pour avancer sur sa chorégraphie pour ne pas rester dans l’oisiveté. Cela lui
permettait d’éviter de penser à Béhuit… qui ne lui avait toujours pas répondu !
***
A un peu plus de midi, toutes les amies de Bucky lui tombèrent une à une
dans les bras. La capitaine des pom-pom-girls était finalement revenue sur sa
décision de stopper ses études. Hormis les pom-pom affiliées et les frères
Donerm, personne n’avait été mis au courant du départ avorté de Bucky et pour
cause, la rixe entre Creth et Béhuit était sur toutes les lèvres ! Et les rumeurs
allaient bon train étant donné qu’il n’y avait rien pour les éteindre ; Creth n’était pas
là et personne n’avait eu de ses nouvelles, Béhuit n’avait pas assuré ses cours de
ce matin et Céssix Sky était également absente du campus.
268
relation avec l’entraîneur de volley et les frères Donerm, mis dans la confidence,
n’avaient également rien dit à leurs coéquipiers de volley-ball. Une très bonne
nouvelle pour Bucky qui n’allait donc pas être accusée de tous les maux de l’équipe
de volley qui avait vu sa séance tactique de ce midi annulée pour cause d’absence
de l’entraîneur. Elle ne pouvait cependant pas s’empêcher une certaine culpabilité
quant à la situation.
***
269
une fois de plus, elle le prouvait. La capitaine des pom-pom-girls accusa un peu le
coup tout au long de son entraînement. Elle n’était clairement plus amoureuse de
Creth. L’avait-elle été un jour ? Mais elle ne lui souhaitait pas tout ce mal. Il avait
certes été très insistant après leur rupture et elle s’était laissé emporter, elle ne
s’expliquait toujours pas pourquoi, lors du dernier match, mais il n’avait jamais
véritablement été malveillant avec elle. Concernant ses pratiques sexuelles, c’était
déjà plus litigieux ! Le seul point positif qu’elle y voyait, c’était d’être certaine de ne
pas se retrouver, mal à l’aise, entre lui et Béhuit à l’avenir. Effacer de sa mémoire
cette erreur allait être plus simple.
Une fois chez les Donerm et sachant qu’elle commençait tard le lendemain,
elle entreprit de rattraper ses cours matinaux auxquels elle n’avait pas assisté. Elle
ne fut dérangée que par ses parents par une visio de dix minutes qui voulaient
savoir si tout allait réellement bien pour elle après sa décision de dernière minute
de ne pas partir. Elle leur répondit par l’affirmative et qu’elle se sentait très
amoureuse de cet homme qui lui avait pardonné son écart de conduite. Elle parla
un minimum de lui en prenant soin de ne pas préciser qu’il s’agissait de son
professeur d’EPS. Elle appréhendait leur réaction.
***
270
Nolwenn secoua vigoureusement son amie pour la réveiller. Il n’était
même pas encore neuf heures et le premier cours de la journée n’était pas prévu
avant un petit moment encore, mais le smartphone de Bucky vibrait et sonnait en
continu. Le nom de la demande de visio entrante était clairement affiché : Béhuit
Ciel.
- Bucky, réveille-toi, c’est Béhuit qui cherche à te joindre ! Lui dit Nolwenn en
lui tendant son téléphone.
Au nom de son petit ami, elle sursauta et prit le téléphone tendu par son
amie.
- Et ?
- Oui, mais on vient de se réconcilier, il est avec Céssix, je n’ai pas envie de
lui montrer un laisser-aller !
Totalement prise au piège par son amie. Nolwenn décrocha avec son plus
beau sourire. Elle ne savait pas du tout comment elle allait pouvoir gagner du
temps afin que Bucky se rende plus présentable. La seule chose qui la rassura
quelque peu, c’était qu’elle s’entendait plutôt bien avec le professeur.
271
- Dans ce cas passe là moi, s’il te plaît.
- Je suis au courant pour Creth, je pense être de retour avec Céssix pour
l’entraînement de ce soir.
- Super nouvelle ! Enfin, je parlais pour toi. Pour Céssix, son absence ne
manque à personne. D’ailleurs où êtes-vous tous les deux et que faites-vous de
particulier ?
Une fois de plus, Bucky prit sur elle et fit un mouvement de tête pour montrer
qu’elle acceptait de ne pas en savoir plus. A l’image, Béhuit était dehors dans un
coin de verdure, très proche de la mer, elle pouvait la voir en arrière-plan.
272
Même si le moment ne s’y prêtait probablement pas, Bucky sourit à pleines
dents. Rien ne lui faisait plus plaisir que de savoir qu’elle lui remontait le moral.
Une preuve supplémentaire des sentiments qu’il portait à son égard. Elle sentit une
intense chaleur émanant de sa poitrine, son cœur battait plus rapidement. Plus
que tout, elle désirait le revoir au plus vite pour lui montrer la réciprocité de ses
sentiments. Les preuves s’accumulaient de plus en plus ; ils étaient faits l’un pour
l’autre !
***
Comme demandé par son petit-ami, Bucky confia une fois de plus sa voiture
à Nolwenn afin de prendre le véhicule de son compagnon pour pouvoir le garer sur
le parking coté sport du campus. Grâce à un aimant fixé à une tige métallique, elle
réussit non sans difficulté à récupérer la clé du véhicule qu’elle avait déposée dans
la boîte aux lettres sous le regard suspicieux d’un des voisins. Elle n’était vraiment
pas à l’aise avec une boîte de vitesse manuelle, la longueur du véhicule et sa
puissance, mais la route pour rejoindre l’E2C n’était pas très longue. Elle s’en était
bien sortie, non sans mal, pour rentrer des environs de l’aéroport du Bourget de
273
nuit ainsi que le lendemain matin. Elle repartit de la maison de Béhuit, toujours
sans vie, un peu anxieuse.
Elle arriva à destination, dépitée. Afin de rester discrète, elle se gara encore
une fois assez loin des gymnases pour éviter de se faire repérer dans le véhicule
de son professeur par d’autres étudiants. En sortant, elle bougea à plusieurs
reprises la portière comme pour mieux contempler son œuvre sur la peinture
blanche. Quelque chose l’intriguait. En plus de la peinture rayée, la portière faisait
un bruit étrange à chaque mouvement de fermeture ou d’ouverture initié par Bucky.
Une pièce semblait avoir cassé de l’intérieur. Elle crut au départ à un objet rangé
dans la portière qui se déplaçait au gré des mouvements, mais il n’y avait rien, mis
à part une bouteille d’eau solidement ancrée dedans qui ne pouvait clairement pas
être à l’origine du bruit métallique qu’elle entendait. Cherchant à en comprendre
l’origine, elle regarda plus en détail. Aucun indice jusqu’à ce qu’elle soulève la
274
bouteille d’eau. La configuration de rangement était clairement bombée, non pas
par le choc ; la carrosserie n’avait de toute manière pas été endommagée, mais
comme si un compartiment supplémentaire était présent sous le premier qui
permettait de ranger une bouteille. Poussée par la curiosité, elle ne mit pas
longtemps à comprendre comment ouvrir cette alcôve dissimulée. Lorsqu’elle la
souleva, elle fut terrifiée de ce qu’elle y trouva. Un pistolet était placée dedans avec
une autre pièce. Bucky ne s’y connaissait pas du tout en arme à feu, mais elle
devinait que la pièce supplémentaire était un chargeur pour l’arme. Béhuit se
baladait donc armer dans sa voiture ! Les étrangetés qu’elle avait découvertes sur
lui et ses secrets ne l’avaient pas inquiétée outre mesure jusqu’à maintenant, mais
cette fois, Bucky entrait clairement sur un terrain glissant. On ne se baladait pas
en France avec une arme létale de ce type par hasard. Comment devait-elle réagir
vis-à-vis de Béhuit ? Le quitter ? Certainement pas, elle en était tombée follement
amoureuse. Lui en parler directement pour en savoir plus ? Lui dirait-il seulement
quelque chose ? Et comment le prendrait-il ? Elle ne voulait pas prendre le risque
de le perdre alors qu’il venait juste de lui pardonner sa faute avec Creth, aussi
préféra-t-elle opter pour faire semblant de ne rien avoir vu et essayer d’en savoir
plus d’elle-même. Après avoir pris quelques photos de l’arme avec son
smartphone, elle la replaça dans le compartiment dissimulé où elle se trouvait et
remit la bouteille d’eau à sa place par-dessus. Bucky referma ensuite le véhicule
et se pressa vers sa salle de cours, elle avait pris du retard.
***
Dans sa tête, elle revisionnait tous les évènements suspects qu’elle avait
vécus avec lui. Un comportement très méfiant de sa part lors de leur première
275
rencontre où il s’attendait à une surprise… qui n’était pas elle et la danse sensuelle
qu’elle lui avait proposé et où il avait donc pensé un moment à menacer Bucky
avec une arme à feu. Un rendez-vous des plus étrange dans un parking désert avec
un individu tout droit sorti du film Men in black. Un train de vie bien supérieur à ce
à quoi il pouvait prétendre. Un faux CV non vérifié qui lui avait permis d’entrer en
tant que professeur à l’E2C. Son mutisme sur ce qui s’était réellement passé avec
les deux agresseurs qui avaient tenté d’abuser d’elle. Sa capacité à faire plier les
forces de l’ordre en discutant simplement avec eux pour un contrôle routier ou le
passage d’un point aéroportuaire. Son étrange relation avec Céssix, son ex,
clairement dans la confidence et agissant probablement de concert avec lui et
récemment arrivée en tant que directrice sur ce campus alors qu’elle semblait bien
jeune pour ce poste. Que lui cachait-il réellement ? Il fallait qu’elle en sache plus.
Béhuit était quelqu’un de profondément bon, elle le sentait. Ce qu’il lui cachait avait
forcément un but louable. Pourvu que ses sentiments ne lui fassent pas perdre
son discernement, pensa-t-elle un moment. La chute serait vertigineuse pour elle.
Elle profita de la fin de son dernier cours avant la danse pour se renseigner
un peu plus sur l’arme qu’elle avait photographiée. Grâce à l’intelligence artificielle
disponible via son smartphone, elle trouva rapidement l’arme que possédait Béhuit
grâce uniquement à la photo qu’elle avait prise ; un Glock-19 de septième
génération. En se renseignant un peu plus, elle apprit que ce pistolet semi-
automatique était considéré comme l’un des meilleurs au monde ; pour preuve, la
police, la gendarmerie et les militaires l’utilisaient, même les agents
gouvernementaux ! Béhuit travaillait-il pour l’une de ces unités ? Un policier en civil
peut-être ? Cela expliquerait partiellement les choses.
Une fois le cours de danse terminé, elle se rua vers le gymnase utilisé pour
le volley pour entrer le plus rapidement possible dans le vestiaire dédié aux filles.
Béhuit n’était pas encore arrivé et c’était tant mieux. Bien que la tenue de pom-
pom-girl soit facultative lors des entraînements, elle était fermement décidée
aujourd’hui à se vêtir, se coiffer et se maquiller comme pour un soir de match.
Béhuit lui avait avoué qu’elle le faisait fantasmer quand elle était dans cette tenue ;
elle était fermement décidée à lui faire assouvir ce fantasme le plus fréquemment
276
possible. Cela permettrait peut-être de mieux faire passer la découverte de son
arme… et son futur devis peinture chez le carrossier.
277
Le sang de l’étudiante ne fit qu’un tour. Elle avait immédiatement compris
ce que cela impliquait entre son petit ami et Céssix Sky.
- Rassure-moi, elle dort dans la baignoire ? Parce que si ce n’est pas le cas,
elle va d’abord te proposer de dormir dans le même lit, t’expliquer qu’elle n’a rien
prévu pour dormir et donc se coucher nue dans les mêmes draps que toi. Elle
prétendra bien évidemment qu’elle a froid et en tissant lentement sa toile telle une
veuve noire, elle va se retrouver…
- Si mal que ça ! Je vais tenter d’arranger les choses avec l’équipe et tout
faire pour me faire pardonner de ma pom-pom préférée !
- Et si je te propose une fin de soirée, seuls, chez moi, avec la villa que pour
nous deux ?
278
- Je te laisserai même choisir la position pour notre corps à corps, inclus
dans le programme ! Lui annonça Béhuit d’un ton plus bas.
Elle l’embrassa de nouveau avant qu’il n’entre dans le gymnase. Elle avait
décidé de ne pas lui parler tout de suite de l’état de son véhicule et de l’arme à feu
qu’elle avait trouvée à l’intérieur. Elle ne voulait pas prendre le risque de gâcher le
programme post-entraînement que lui proposait son professeur de sport.
Bucky signifia à ses amies qu’il était temps de s’y mettre ! Le programme
était encore chargé ce soir et il fallait avancer encore et toujours sur cette
chorégraphie. En regardant une dernière fois le centre du gymnase avant de lancer
le début de la chorégraphie, elle se disait qu’elle était heureuse, entourée de ses
amis, avec Béhuit qui dirigeait son équipe. Elle ne croyait pas pouvoir revivre cela
il y a peine deux jours. Son microcosme était de retour. Ne restait plus qu’à gérer
ce souci de rayures et d’armes à feu.
Pour la première fois en ces cinq années d’études ici, le gymnase n’avait
pas encore éteint son éclairage à vingt-trois heures en semaine. Les
entraînements de pom-pom-girls et de volley avaient largement débordé des
horaires théoriques. Du côté des pom-pom-girls de Meyrie, rien de bien étonnant.
La nouvelle chorégraphie devait absolument être prête pour le prochain match
dans onze jours pour avoir une chance d’être présentée au moins deux fois. Si la
nouvelle présentation de l’équipe des garçons ne se faisait pas à ce moment-là,
elle ne pourrait être "homologuée" par le campus qu’en fonction des prochains
résultats des volleyeurs et il n’y avait pas de quoi être vraiment optimiste, même
avec tout le positivisme du monde. Avec quatre défaites en autant de matches,
279
l’équipe de l’E2C était dernière de sa poule de sept équipes. Du côté des garçons,
Béhuit n’hésita pas à pousser ses troupes jusqu’à leurs limites. Il montrait
clairement à son équipe que malgré le départ de Creth et l’absence de victoire
jusqu’à maintenant, rien n’était encore perdu. En une soirée d’entraînement, il avait
réussi à redonner de l’espoir chez Antoine et ses coéquipiers par cet entraînement
et une livraison de pizzas au gymnase pour tout le monde en cette heure tardive.
Il ne manqua pas d’ailleurs d’inviter les pom-pom-girls et Meyrie pour ce petit
moment. La cohésion devait être la plus large possible et les pom-pom-girls
avaient clairement un effet mobilisant pour les volleyeurs. A dire vrai, c’étaient un
peu leur rôle premier.
Une fois le repas tardif terminé, tout le monde plia rapidement bagage. Il
faut dire qu’il y avait cours demain matin dès huit heures. A quelques mètres d’elle,
Nolwenn fit un signe discret à son amie en lui secouant les clés de la voiture bleue
et fuchsia. Bucky lui répondit par un non de la tête. Sa meilleure amie comprit
rapidement ; elle allait encore garder la voiture ce soir. Bucky rentrerait avec
Béhuit.
280
- Rassure-moi, tu as bien amené ma voiture ici ? Demanda-t-il à Bucky.
- J’ai rayé ta peinture sur une petite dizaine de centimètres… mais je vais te
rembourser les réparations !
Un coup de lampe torche via le smartphone, et Bucky montra les dégâts sur
l’Audi.
281
- A ma décharge, dans des situations bien précises, les garçons n’arrêtent
pas de faire passer des longueurs de 30 centimètres pour à peine la moitié !
Ironisa-t-elle.
- Je refuse d’aborder ce sujet délicat avec toi, sourit-il montrant qu’il aimait
toujours autant la répartie de sa petite amie.
Elle sourit également, la première partie des annonces qu’elle devait lui faire
s’était passée encore mieux que ce qu’elle croyait. Ils montèrent dans la voiture,
Béhuit bien évidemment au volant. Alors qu’il démarrait pour se diriger dans la
magnifique villa dans laquelle il vivait, Bucky réfléchit. Était-ce le bon moment pour
désormais lui parler de son arme, dissimulée dans la portière. Elle opta finalement
pour l’attente d’un moment plus propice où il serait plus détendu, à l’écoute ? Peut-
être tout simplement après avoir fait l’amour avec lui, car nul doute que cette
activité ferait partie du programme de la suite de la soirée. Avec un peu de chance,
les hormones de bien-être produites par les corps à ce moment-là lui éviteraient
quelques remontrances.
***
282
quand je suis habillée en pom-pom, j’ai donc fait le nécessaire pour le plaisir visuel
à mon petit copain. Tu as de la musique ? Lui demanda-t-elle.
Béhuit ne se posa pas plus que cela de question, il ouvrit la baie vitrée et
se retrouva en short de bain en un temps record ! Il avait bien prévu son coup en
ayant des vêtements pour la baignade en guise de sous-vêtement. Bucky, elle
n’avait bien évidemment rien prévu à cet effet, ni sur elle, ni dans son sac de sport.
Ce n’était pas un problème vu ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle était un peu plus
inquiète de la température ambiante de ce mois de novembre. Elle allait devoir
résister un temps, heureusement court d’une chanson, à avoir froid.
Elle mit le son relativement bas, mais suffisant pour que Béhuit puisse
l’entendre distinctement. La musique choisie n’eut rien d’anodine quand elle se mit
à danser en s’approchant un peu plus de la piscine et bravant le froid en tenue de
pom-pom-girl après avoir laissé tomber son épais manteau. Le déclic fut immédiat
chez Béhuit ; il reconnut Birds, le morceau de leur première rencontre.
En deux mois, elle avait oublié quelque peu sa chorégraphie, n’avait pas les
accessoires vestimentaires supplémentaires et il faisait bien plus froid, mais
Bucky savait qu’elle s’en sortirait haut la main dans son exercice d’effeuillage. Il
n’y avait de toute façon que peu de chance que son public de ce soir se plaigne de
la prestation ! Pour la deuxième fois de sa vie, elle effectuait un strip-tease.
Toujours pour le même homme. Elle était prête à le faire autant de fois qu’il le
désire.
283
Contrairement à sa première, Bucky avait cette fois-ci terminée dans les
règles de l’art ; totalement nue. Avant même la fin du morceau du groupe Imagine
Dragons, Bucky plongea à son tour dans la piscine, le froid ambiant étant bien trop
intense pour elle. Elle ne remonta à la surface que près de Béhuit, qui lui tendit son
cocktail.
***
Elle ne pouvait pas lui donner tort. Bucky s’y était mal prise pour introduire
ce qui la tracassait. Béhuit stoppa les caresses et se posa à côté d’elle, assis en
tailleur, sur le lit, confortablement installée sans le moindre vêtement.
284
- Lorsque j’ai abîmé ta voiture, je me suis aperçu que ta portière faisait un
bruit étrange. J’ai simplement voulu vérifier l’origine du bruit…
- Une fois de plus, j’ai commis une erreur. Tu n’aurais jamais dû trouver cette
arme, dit Béhuit.
Bucky le regarda avec attention, ses yeux, qu’elle devinait un peu plus
humide montrant une tristesse, voire de la peur chez lui, la choqua. Elle ne lui
demanda rien de plus. Comme il lui avait rappelé, elle s’était engagée à ne pas
chercher à en savoir plus sur sa venue si elle souhaitait prolonger son histoire avec
lui.
Bucky n’avait pas eu de réponse claire de son compagnon. Mais une chose
était sûre, Béhuit n’était pas serein vis-à-vis d’une menace qu’il ne souhaitait pas
divulguer. Ils finirent par s’endormir dans les bras l’un de l’autre. Elle, sans doute
en première, sous les douces caresses de son petit ami qui parcourait son corps.
285
***
- Délavigna, étant donné que vous n’avez pas cours ces deux prochaines
heures, je vous invite à me suivre dans mon bureau, dit la directrice de l’E2C.
286
- Votre nuit dans la villa a été agréable ? Commença Madame Sky.
- Cette question n’a pas le moindre rapport avec la vie du campus et ne vous
concerne pas ! Se défendit-elle.
- Effectivement…
- Dans ce cas, je suis donc libre de sortir ! Je n’ai pas la moindre envie de
vous parler de ma relation avec Béhuit, dit-elle tout en commençant à se lever de
sa chaise.
- Je continue à penser que vous n’êtes qu’une passade pour lui, même si
j’admets qu’il semble heureux avec vous pour le moment.
- Et donc vous m’avez convoqué pour m’aider à faire en sorte que nous
restions ensemble ? Je n’y crois pas un instant !
Bucky croisa les bras, face à sa directrice, elle ne comprenait pas vraiment
où voulait en venir Céssix, mais cette discussion prenait une tournure intéressante.
287
- Je n’ai rien à vous dire à ce sujet…
-… et cela doit continuer à en être ainsi ! C’est ce que je vous propose. Sans
ça, Béhuit devra disparaître, ce qui mettra évidemment fin à votre relation.
Céssix Sky ne répondit point, mais son regard bleu aquarelle, que Bucky
rêvait de posséder, en disait long. Sans même un mot, elle lui fit comprendre que
Béhuit avait une maîtrise très limitée sur sa propre vie.
Elle se pencha sur son bureau pour y saisir sa tablette tactile pour la tendre
à Bucky. Un document officiel annoté "secret défense" ouvert s’y trouvait.
- Qu’est-ce que c’est ? Demanda Bucky qui avait par ce document sur
tablette confirmation que Béhuit et Céssix travaillaient bien pour le gouvernement
ou quelque chose y ressemblant.
288
- Si je ne signe pas ce document, vous remplacerez Béhuit ? C’est bien ça ?
Demanda-t-elle à Céssix.
- Vous savez que par ce document, vous m’en avez beaucoup plus appris
sur Béhuit par rapport à ce qu’il m’a révélé lui-même ?
- Absolument pas !
289
***
Avec de l’avance sur ses amies, Bucky anticipa quelque peu son cours
théorique du midi de pom-pom-girl. Les révélations sur son petit ami l’avaient
certes en partie soulagé, mais elles amenaient des questions et une
particulièrement ; quelle était la raison de la venue de Béhuit et Céssix à l’E2C ?
Elle tenta de lui envoyer un message pour lui dire simplement qu’une discussion
avec Céssix avait eu lieu et qu’une sorte d’arrangement avait été trouvé entre elles.
Il ne pouvait pas lui répondre pour le moment, probablement en train de donner un
cours de self-défense à une classe de l’E2C. Elle se remit dans ses activités,
sereine pour son avenir avec lui. Elle ne reçut que plus tard la réponse de
l’entraîneur de volley, un simple : j’en suis heureux, tu es une merveilleuse petite
amie.
***
La soirée se termina avec des filles épuisées. Il faut dire qu’avec le cours
de danse de début d’après-midi en plus, les mercredis étaient particulièrement
physiques pour les filles. Il ne restait plus qu’à incorporer les garçons de l’équipe
dans la chorégraphie. Même si Bucky avait déjà théoriquement tout préparé, il
fallait trouver un moment aux garçons pour leur apprendre les quelques pas de
danse de Madison nécessaires. Il en était de même pour Béhuit, que Bucky
290
souhaitait absolument incorporer au show en tant qu’entraîneur, une originalité de
plus. Pour ne pas perdre de temps, elle proposa aux filles de le faire le lendemain
soir à la fin de l’entraînement des garçons du jeudi qui se faisait sans pom-pom-
girls. Un petit cours d’une demi-heure permettrait probablement aux garçons
d’avoir les grandes lignes de cette partie de la chorégraphie à laquelle ils
participeraient activement.
Enthousiaste, Bucky ne se coucha pas tout de suite, elle imaginait déjà les
mouvements de danse qu’elle pouvait effectuer avec Béhuit. Elle se coucha
finalement une grosse heure après Nolwenn, des rêves plein la tête.
***
291
n’avait que très peu pratiqué ce sport jusqu’à maintenant, pas certain que le niveau
affiché soit le même ! C’était cependant toujours mieux que rien et un central en
plus du seul disponible dans l’équipe depuis le renvoi de Creth était obligatoire
pour avoir une équipe de base qui tienne la route.
Simplement huit essais suffirent pour que les garçons arrivent à suivre leurs
deux pom-pom pilotes pour la seule véritable partie dansante qu’ils avaient à
effectuer. Bucky avait réussi ce tour de force de faire quelque chose
d’esthétiquement beau et original avec des danseurs sans la moindre expérience
en un temps record. La demi-heure prévue avait suffi pour cette partie du morceau.
Ne restait plus qu’à leur présenter lors d’une prochaine répétition le moment de
leur entrée sur le terrain juste avant cette partie dansante pour eux et quelques
petits gestes à effectuer durant des tests grandeur nature et on y serait ; l’équipe
de volley-ball masculine aurait sa nouvelle chorégraphie de présentation !
Ne restait qu’un détail à régler pour Bucky. La rentrée de Béhuit vers la fin
du morceau des Blues Brothers. Elle s’y attela dès la fin de la répétition alors que
pom-pom-girls et joueurs de volley partageaient de bon moment ensemble sans
vouloir rentrer chez eux ; cette idée de chorégraphie les rapprochait encore. Durant
ce moment, la capitaine des pom-pom-girls s’approcha de Béhuit. Ils ne s’étaient
pas du tout parlé durant cette demi-heure. L’entraîneur de volley était resté assis
dans une tribune sur le côté, curieux de voir ce que donnerait cet apprentissage de
danse à des non-initiés.
- Heureuse que cela te plaise, car tous les deux nous ne partons pas tout de
suite !
292
- Je crains le pire, lui répondit-il en la contemplant, sans lâcher son regard
sur elle.
- Pourquoi ne pas avoir fait danser l’entraîneur avec les joueurs ? Interrogea-
t-il, circonspect.
- J’ai d’autres ambitions pour lui. Il va entrer plus tard dans la chorégraphie
et aura même le privilège immense de participer en dansant avec la capitaine des
pom-pom-girls ! Dit-elle en souriant.
Elle s’approcha un peu plus près de lui afin de ne pas être entendue par une
oreille extérieure :
Les volleyeurs souriaient, leur entraîneur n’allait pas y couper non plus. Ils
savaient Bucky très persuasive quand elle avait une idée en tête. Même leur
entraîneur avait cédé à la capitaine des pom-pom-girls… s’ils savaient à quel point,
pensa-t-elle. Bucky commença à placer l’entraîneur sous les applaudissements
des filles et des garçons et les explications des pas et placements débutèrent.
293
Hormis Nolwenn, tout le monde partit petit à petit. Il était tard et il y avait
cours le lendemain. Du repos était nécessaire. La meilleure amie de Bucky ne put
cependant faire comme ses camarades. Sa capitaine lui avait demandé de rester
pour rentrer ensemble chez les Donerm, mais surtout pour qu’elle puisse juger,
avec une vision plus distante qu’aurait le public, en d’autres termes des tribunes,
de ce que souhaitait faire Bucky avec Béhuit. En contact permanent pour les
figures de danse avec lui, il lui était impossible de le faire elle-même. Bucky
expliqua dans les moindres détails à l’appui de vidéos et de l’intelligence artificielle
les pas souhaités. Béhuit écouta avec attention toutes les directives ; la partie
danse n’était pas bien longue entre eux deux, mais assez technique. Elle appréciait
qu’il l’écoute et se laisse diriger sans rechigner. Avait-il compris à quel point ce
projet tenait à cœur à l’étudiante à la mèche fuchsia ?
Ils finirent tellement tard que Nolwenn s’était endormie dans les gradins. Il
était presque une heure du matin et indispensable de s’arrêter pour avoir un
minimum les idées claires le lendemain et ne pas se retrouver enfermé dans le
campus. Il n’y avait pas match ce samedi, le couple pourrait se voir le dimanche
pour continuer à avancer.
***
Par deux fois, elle faillit s’assoupir lors d’un moment d’explication
d’exercice de son petit ami. Fort heureusement Nolwenn était beaucoup plus
intéressée par ces cours qu’elle et, en tant que binôme, elle l’a maintenue éveillée.
Ce fut une chance, Nolwenn habituellement s’intéressait autant au sport qu’elle.
Béhuit avait réussi l’exploit de piquer sa curiosité comme finalement une large
294
proportion de la classe. L’idée du self-défense était excellente. Elle espérait qu’à
l’issue de cette séance, Béhuit ne lui en voudrait pas de ne pas avoir suivi son cours
avec assiduité, aujourd’hui elle n’en avait pas le courage. Vraiment pas.
Le reste de la journée fut aussi difficile, mais Bucky réussit à traverser les
cours sans paraître trop absente. Elle profita de deux heures libres l’après-midi
avant les évaluations du vendredi pour se reposer un peu plus. D’ordinaire les
élèves utilisaient ce moment pour réviser les cours de la semaine, mais pas cette
fois pour la capitaine des pom-pom-girls qui le passa à dormir. Rien d’étonnant
donc à ce qu’à la fin des évaluations, elle se retrouve avec un lamentable quatre
sur vingt. Elle allait devoir bûcher les prochaines évaluations pour corriger le tir.
Ces derniers temps, elle avait bien trop privilégié sa chorégraphie et son petit ami,
elle ne regrettait pourtant rien. Il lui restait encore un petit capital de points
d’avance pour obtenir son diplôme en fin d’année. La seule chose qui la dérangeait,
c’était qu’en dessous de six sur vingt, la direction convoquait l’étudiant. Elle aurait
clairement préféré éviter de revoir Céssix Sky…
295
Chapitre 10 : Succès et déception.
Son tour était venu, elle entra avec une tension bien supérieure à la normale.
Céssix était installée à son bureau. Bucky referma la porte derrière elle avant de
s’asseoir à la chaise qui lui était destinée. Décidément, elle voyait beaucoup trop
ce bureau ces derniers temps !
296
- Et donc après ce merveilleux argumentaire et parce que vous fréquentez
Béhuit, je dois vous dire simplement félicitations et vous laisser sortir de ce
bureau ?
- C’est vous qui mettez le sujet de mon professeur d’EPS sur la table, alors
que je ne vois pas bien ce qu’il a à voir là-dedans.
- C’est bien que vous le preniez comme ça, il ne viendra donc pas se plaindre
à mon bureau si je vous sanctionne comme il se doit ?
Bucky se trouva quelque peu coincée, elle prit un temps de réflexion avant
de répondre :
- Je suis certaine d’être sa perle rare, pour reprendre vos propos. Cela étant,
vous savez ce qu’on dit ; pour qu’un homme trouve sa perle rare, il doit croiser
avant pas mal de thons ! Vous étiez le dernier en date, je crois ?
Céssix Sky se contrôla, juste après avoir levé la main dans sa direction,
probablement pour la gifler au mieux… ou lui asséner un coup de poing au pire.
Elle retrouva son calme d’un coup et se mit à sourire.
- Si vous voulez jouer à la plus maline, vous êtes mal tombée. Vous savez
quoi. Je prends mon rôle de directrice tout à coup très à cœur. J’ai un bon moyen
pour vous mettre la pression. Aucune sanction n’est nécessaire à votre encontre
297
pour votre évaluation, juste un avertissement. Si vous avez de nouveau une note
de ce type, c’est le licenciement !
- Nous savons toutes les deux qu’il est indispensable ici pour… ce que vous
avez à faire à l’E2C, quoique cela puisse être !
- Les cimetières sont remplis de gens que l’on croyait irremplaçables ! Vous
voulez vraiment prendre ce risque ?
Bucky ne dit mot, comprenant que Céssix Sky avait gagné cette manche.
Elle se leva de sa chaise pour sortir. Tout était clair. Céssix ne put cependant
s’empêcher d’enfoncer le couteau dans la plaie :
Elle ne répondit toujours point et quitta les lieux. La donne était limpide, elle
allait devoir mettre les bouchées doubles dans ses révisions sous peine de ne plus
voir Béhuit, du moins sur le campus, et par la même occasion perdre l’entraîneur
de volley masculin de l’E2C. L’équipe ne s’en relèverait pas ! Elle ne perdit pas de
temps, dès son arrivée chez les Donerm, elle se replongea dans ses cours avec
Nolwenn à ses côtés.
***
298
La pluie n’avait pas cessé de tomber depuis le samedi après-midi. Combiné
au froid de cette fin novembre, Bucky n’était finalement pas si triste de passer son
week-end dans sa chambre jusqu’au dimanche à 16h. Se sentant vraiment très en
retard dans ses cours, elle n’avait eu d’autre choix que de reculer encore sa venue
chez Béhuit pour profiter un peu de lui et surtout lui apprendre les pas de danse
nécessaires pour la partie couple de la nouvelle chorégraphie.
A son arrivée chez lui, et à son grand désarroi, Céssix Sky était présente à
la villa. Il était décidément difficile d’être seule avec son petit ami. La voyant dans
l’immense coin cuisine de l’imposante pièce à vivre qui servirait de piste de danse
pour s’entraîner, l’étudiante n’hésita pas à narguer sa directrice ; elle embrassa
intensément et longuement Béhuit devant elle. Céssix resta de marbre, au grand
damne de l’étudiante, et poussa le vice à ne pas s’éloigner d’eux alors que son
professeur d’EPS lui proposait de prendre une petite collation avant de
commencer. Tous trois à la même table, l’ambiance était lourde. Les deux femmes
se regardaient avec animosité, en silence.
- C’est quand même moi qui vis ici, pas vous ! J’ai le droit de rester au rez-
de-chaussée si j’en ai envie ! Répondit Céssix, cette fois en direction de Bucky.
- Et c’est tout de même mon petit ami ! Vous ne pensez pas que j’ai le droit
d’avoir un minimum d’intimité avec lui ?
- Attendez les filles, vous n’aviez pas convenu d’un arrangement pour éviter
ce genre de situation ? Souligna Béhuit.
299
- Il va falloir donc ajouter des clauses supplémentaires à cet arrangement !
Céssix, tout est pourtant clair entre nous, tu connais les liens particuliers que nous
avons et je te remercie pour tout ce que tu fais pour moi, mais je te demande de
ne pas interférer dans ma vie sentimentale, demanda Béhuit.
- Je n’aurais pas dit mieux, je pense que c’est très clair, ajouta Bucky, afin
d’enfoncer un peu plus le clou.
- On commence ? Proposa-t-elle.
300
***
- Bon, bah j’aurais tenté, dit l’étudiante à voix haute pour elle-même, le nez
devant la porte close.
301
Alors qu’elle se dirigea vers les escaliers pour redescendre, elle entendit la
porte s’ouvrir à nouveau. Céssix était ressortie avec un prospectus à la main pour
lui tendre.
Bucky sourit à pleines dents. Elles faisaient toutes les deux un effort.
- Ça aurait été avec plaisir, mais j’ai des révisions à continuer, je ne voudrais
pas être convoquée de nouveau dans votre bureau et j’ai déjà suffisamment profité
de votre hospitalité.
Une fois le repas terminé, elle rentra après avoir embrassé son amant une
dernière fois sur le palier de la porte. Céssix avait fait l’effort de remonter à l’étage
pour les laisser tranquilles. Un dimanche idéal avait eu lieu pour se préparer pour
une nouvelle semaine qui s’annonçait tendue. La chorégraphie de présentation
des garçons devait absolument se faire pour le match de samedi, prévu à Lisbonne
au Portugal, et tant de choses restaient à faire…
***
302
fait l’effort de leur laisser. Ce mode de vie caché lui pesait de plus en plus. Béhuit
l’avait pourtant avertie et elle avait accepté cette contrainte en toute connaissance
de cause, l’étudiante n’avait cependant pas prévu un attachement aussi fort vis-à-
vis de son professeur d’EPS sous couverture pour une mission dont elle ignorait
tout, mais elle était suffisamment sensible pour être classée secret défense.
***
303
savait pertinemment que cette partie serait sujet à cautionnement pour les autres
groupes de pom-pom-girls, mais elle s’était refusée de ne pas faire participer son
petit ami à son spectacle, même s’il paraissait clair qu’un individu comme
l’entraîneur de l’équipe de basket-ball refuserait de participer à une danse comme
celle-là avec une pom-pom-girl ! Des adaptations devraient forcément avoir lieu.
Ajouter à cela des mouvements originaux chez les filles et des cabrioles
impressionnantes de Shandrill et on avait tout ce qu’avait imaginé Bucky, qui
comprit immédiatement le bon retour une fois la dernière note de musique
d’Ambiance Madison passée. Les sourires dans les tribunes ne mentaient pas !
304
ne pas avoir fait fausse route. Elle se dirigea à son tour vers le car une fois sa
discussion terminée et y croisa son bien-aimé devant, en train d’envoyer un
message via son portable. La tentation fut trop forte, elle passa tout près de lui
avant de monter dans le transport collectif les menant à l’aéroport afin de jeter un
coup d’œil le plus discret possible sur son portable. Le message avait déjà été
envoyé. Elle avait cependant bien distingué son destinataire : Céssix. Une
confirmation de plus que les deux travaillaient de concert sur quelque chose qui
concernait le campus. Elle ne put s’empêcher d’y penser un court instant. Qu’est-
ce qui venait de se passer à l’instant qui inquiétait autant Béhuit ?
***
***
305
repassée avec son groupe les mouvements de façon mentale, elle ramassa son
pompon bleu et son pompon fuchsia alors que Béhuit retirait sa veste en prévision
de la danse "tonique" qu’il s’apprêtait à faire avec elle. Un dernier regard vers
Mathéo qui lui confirma par un signe du pouce que la séquence d’éclairage avait
bien été fourni à la personne qui s’en occupait ce soir et que tout était prêt pour
filmer la chorégraphie, et le groupe de pom-pom-girls s’avança en prévision du
début de la chorégraphie. Les filles attendirent que le gymnase soit plongé dans
une relative obscurité pour se placer. Bucky prit une dernière puissante inspiration
et Ambiance Madison des Blues Brothers fut lancée.
Heureuses, les filles se jetèrent dans les bras les unes des autres, avec
Meyrie qui vint rapidement les rejoindre pour les féliciter. Elle aussi, s’était
306
terriblement investie dans le projet de la nouvelle chorégraphie. Puis les garçons
vinrent se joindre au groupe de filles. Sans surprise, Glaème et Antoine
échangèrent un intense baiser. Bucky de son côté eut une étreinte avec Yvan, un
de ceux qu’elle connaissait le plus dans cette équipe mis à part les frères Donerm.
Les garçons avaient clairement apprécié de faire partie intégrante de leur
présentation. Bucky, après avoir fait une rapide accolade à Djurek, se dirigea vers
Béhuit. Même sans rien pouvoir montrer de leur relation, elle souhaitait tout de
même partager un minimum sa joie avec lui, alors que Meyrie le remerciait une
énième fois d’avoir accepté que ses joueurs participent et surtout sa propre
participation très active souligna-t-elle. Proche l’un de l’autre, ils se contentèrent
de se serrer la main pour se féliciter. Ni d’étreinte, ni de bise, cette danse entre eux
pouvait déjà soulever suffisamment de questions.
***
Le score était plus que serré sur cette fin de premier set, 22 partout ! Les
deux équipes ne s’étaient pas distancées de tout le set. C’est le moment que
choisit Béhuit pour faire entrer Ethan Spidze pour la première fois du match. Bucky
était curieuse de voir ce que le petit frère de Glaème allait montrer. L’équipe fondait
énormément d’espoir en lui.
307
parfaite de Djurek. L’E2C prenait la tête sous les cris de joie des pom-pom-girls.
Pour la première fois cette saison, l’E2C menait un match !
Le deuxième set partit sur le même tempo que le premier, avec un score
serré de 15 partout, jusqu’à ce que les garçons passent par un trou d’air et ne
perdent contact avec l’équipe adverse. Voyant la situation lui échapper, Béhuit
remplaça Erik par Ethan, tout en donnant des consignes spécifiques à Antoine.
L’hémorragie de points fut stoppée et l’E2C reprit même quelques couleurs lors de
la rotation d’après en refaisant entrer Erik pour le service. L’E2C parvint à revenir à
égalité à 23 partout, mais une mauvaise réception d’Yvan puis une passe
complètement ratée de Djurek enterra les espoirs sur ce set, perdu 25 à 23.
Le troisième set vit l’équipe de l’E2C prendre une petite avance grâce à une
série de services puissants d’Erik dès le début du match. Six services de suites
sous les acclamations de Bucky et ses équipières. Tout comme au premier set,
Béhuit fit entrer Ethan une fois de plus en fin de set. Visiblement l’entraîneur de
l’E2C prenait garde à ce qu’Ethan ne se retrouve jamais sur la ligne arrière du
terrain dans ce match. Le jeune Spidze plaça deux contres et une attaque
monumentale pour permettre de remporter le set 25 à 19. Pour la première fois de
la saison, l’E2C avait remporté deux sets dans un match et ils le menaient de
nouveau. La joie se lisait sur les visages. Bucky tenta de glisser un sourire à Béhuit
qui ne la regarda pas. Pas de raison de lui en vouloir. Il était concentré. Tout
comme elle l’était lors de la présentation de l’équipe ; elle aussi l’avait à peine
regardé alors qu’ils avaient dansé en couple. Ne manquait plus qu’un set pour que
la soirée soit parfaite !
Le quatrième set fut encore une fois serré, mais cette fois, le set leur
échappa malgré une fois encore la rentrée d’Ethan dans les derniers points. Bucky
ne désespérait pas pour autant, l’équipe avait encore une chance de remporter le
match lors du dernier set.
La tension était palpable avant le début de cet ultime set qui se jouait en
quinze points. Toute l’équipe, y compris Béhuit, avait compris qu’un moment
essentiel se jouait. Jamais Bucky n’avait vu l’équipe aussi stressée. L’entraîneur
tenta bien de faire descendre en pression les joueurs, mais il n’y parvint pas.
L’enjeu était trop important.
Pour la première fois, Ethan commença dès le début du set mais l’équipe,
pétrifiée par l’enjeu, rata absolument tout ce qu’elle entreprit. Erik loupa son
premier service qui termina dans le filet, Antoine rata totalement les réceptions
des deux points suivants, pas du tout son habitude. Même Ethan se mit à
308
dysfonctionner en manquant carrément le ballon sur une attaque, puis en contrant
en dehors des limites du terrain adverse. Malgré des tentatives de changement
pour reprendre la main, Béhuit ne put redresser la barre. La perte du cinquième set
15-9, et du match par la même occasion, était acté. Le dépit se lisait sur tous les
visages des joueurs.
D’instinct, Anita se blottit dans les bras d’Erik, terriblement affecté par sa
contre-performance des deux derniers sets. Le jeune joueur de première année
était totalement passé à côté en cette fin de match. Bucky voyait la déception qui
se lisait sur le visage de Béhuit. Elle allait devoir trouver les mots et les gestes pour
le consoler… quand ils seraient seuls.
***
***
Dès son arrivée à l’hôtel, Bucky n’avait qu’une idée en tête ; faire en sorte de
passer la nuit, non pas dans sa chambre d’hôtel qu’elle partageait avec Nolwenn,
mais bel et bien dans celle de son petit ami, un étage plus haut. Alors que Nolwenn
309
lui annonçait un plébiscite de la vidéo de chorégraphie de présentation d’équipe
des garçons sur les réseaux sociaux, elle demanda assistance à sa meilleure
amie :
- Nolwenn, j’espère que tu ne m’en voudras pas trop, mais je voudrais passer
la nuit dans la chambre de Béhuit.
- Tous les prétextes seront utilisés pour qu’il me serre dans ses bras… je
suis totalement folle de lui ! Et là, il me manque alors qu’il est tout près de moi
dans sa chambre, je veux être avec lui !
- En bien j’espère ?
- Je pense qu’il est encore trop tôt pour le dire, mais une chose est sûre. Il
t’a ouvert de nouveaux horizons. Sans lui, cette chorégraphie n’aurait pas existé,
du moins pas sous ce format ! Et je te confirme que c’est quelqu’un qui est fait
pour toi malgré vos différences. Vous vous complétez parfaitement.
- Mon homme est formidable… tout comme moi. En toute humilité bien sûr,
rigola-t-elle.
- Et j’imagine que je vais devoir t’aider à trouver une solution pour que tu ne
te fasses pas repérer en montant le rejoindre ?
- Tu as une idée pour être sûre de ne pas être prise la main dans le sac ?
Les deux filles entendirent toquer à la porte de leur chambre. Il était près de
23h30 ! En principe, les mineurs devaient déjà être dans leurs chambres et les
majeurs ne devaient plus tarder à le faire.
310
- Les filles, c’est Glaème ! Entendirent-elles.
Nolwenn ouvra la porte à son amie pour y découvrir qu’elle n’était pas seule.
Antoine aussi était présent.
- Cela me fera toujours bizarre de voir une amie à moi avec mon frère bras
dessus, bras dessous, dit Nolwenn en les voyant.
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins avec vous, initia Antoine.
Bucky montra toute son attention à Antoine. Sa sœur en fit de même. Après
un petit instant à regarder Glaème, le capitaine de l’équipe de volley reprit :
- Pour toi, c’est simple, tu prends ma place avec Shandrill, répondit Glaème.
- Je sens que l’histoire va être plus complexe pour moi ! Je vous préviens,
productrice de sextape, c’est pas trop mon truc. Et si c’est pour me proposer un
plan à trois… je suis plus pour le faire avec deux garçons ! Plaisanta Bucky.
311
- Tu pourras proposer tes plans salaces à Béhuit ! Il faut que tu arrives à le
persuader pour qu’il t’accueille dans ta chambre cette nuit. Et ne me dis pas non !
Je trouve que j’ai suffisamment œuvré pour ton couple, tu dois me rendre la
pareille, dit Glaème.
***
Elle s’installa sur le lit, le temps que Béhuit referme la porte et prenne soin
de bien vérifier que la serrure était verrouillée. Il se retourna pour la regarder :
312
- Et en plus, tu embarques un innocent dans ton méfait ! Lui dit-il en souriant.
- Pas sûr qu’une fille réfléchie ne prenne le risque d’entrer en douce dans la
chambre de son professeur d’EPS ! Dit-il calmement avec pragmatisme.
- Je voulais simplement partager un peu plus mon bonheur avec toi sur le
succès de ma chorégraphie et puis… tu me manques… enfin… te voir à mes côtés
et ne rien laisser paraître, c’est difficile. J’aurais tellement aimé te sauter dans les
bras et t’embrasser à la fin de la chorégraphie pour partager ma joie ou encore te
réconforter en me blottissant contre toi lorsque nous avons perdu ce match.
- Bucky… j’ai été parfaitement clair dès le début de notre relation. Notre
liaison ne sera jamais… normale.
B8 s’approcha du lit pour s’y asseoir et inviter l’étudiante à s’asseoir sur ses
jambes. Ce qu’elle s’empressa de faire.
313
- Ma pom-pom… nous n’aurons jamais une vie, tous les deux, comme tu le
souhaiterais. Je ne veux aucunement te faire souffrir. Si tu ne supportes pas cette
situation, je comprendrais qu’on se sépare.
- Je pense que si, mais Céssix pense avant tout à la raison de ma venue ici.
Écoute, crois-moi, cela ne me plaît pas non plus, j’essaye de faire au mieux pour
nous faciliter les choses, mais je ne maîtrise pas tous les facteurs.
***
6h29 ! Bucky avait ouvert l’œil pile au bon moment pour annuler l’alarme sur
son portable afin de ne pas réveiller Béhuit. Il dormait profondément. Elle serait
bien encore restée avec lui, mais l’heure de reprendre leur chambre d’origine était
venue pour elle, Antoine, Glaème et Nolwenn. Elle s’habilla rapidement avant
d’embrasser délicatement une dernière fois Béhuit. Même endormie, elle prit
quand même soin de lui chuchoter un "je t’aime" et sortit avec son bagage.
Antoine était déjà là, au bout du couloir alors qu’elle voyait Glaème
discrètement regagner le rez-de-chaussée ; elle l’avait raccompagné le plus loin
possible sans prendre trop de risque. Antoine lui fit signe de venir pour également
descendre. La voie était dégagée et rapidement, elle regagna sa chambre.
314
du chemin de retour. C’était d’autant plus douloureux pour Bucky ; Béhuit lui avait
annoncé qu’il ne pourrait pas se voir à la villa, il avait à faire dès leur retour en
France. Elle n’eut droit qu’à un rapide et furtif baiser en toute fin du trajet, Béhuit
l’avait suivi jusqu’à la résidence des Donerm pour l’embrasser une dernière fois
tout de même avant de la quitter jusqu’au lundi.
***
***
315
allait pouvoir répondre à Mathéo dans moins d’une heure. Elle fut sortie de son
oisiveté quand elle entendit frapper vigoureusement à la porte d’entrée de la
classe.
Nolwenn, assise à côté de Bucky, lui demanda à voix basse si elle savait ce
que Béhuit voulait. Bucky se contenta de hausser les épaules, elle l’ignorait
totalement. Elle commençait à s’inquiéter, presque à paniquer, était-ce le moment
tant redouté où Béhuit devait plier bagage immédiatement et souhaitait lui dire
adieu ? Elle se décomposa. Impossible qu’il la quitte comme cela, de cette
manière. Elle ne le laisserait pas faire, quitte à le lier à elle avec une paire de
menottes pour partir avec lui.
Le professeur laissa entrer Béhuit après une courte discussion entre eux.
"je n’en ai pas pour longtemps" discerna-t-elle.
Bucky était complètement tétanisée, comme elle l’avait été pour lui déclarer
sa flamme. Elle tremblait de tout son corps et il lui était impossible de parler. Allait-
il annoncer qu’il partait après avoir donné des explications quant à son arrivée ici ?
Elle refusait que leur relation s’arrête comme cela. Encore moins aujourd’hui, dans
une journée qui s’annonçait pourtant radieuse pour elle.
316
- Pour quel motif ? Tu ne peux pas abandonner l’équipe ! S’insurgea Antoine.
- La raison est dans cette classe, c’est pour cela que je viens vous voir
spécifiquement, répondit-il en fixant Bucky.
Bucky se sentait gênée, mais quel plaisir d’être encensée devant toute sa
classe ! Elle craignait cependant les suites pour Béhuit. Elle tenta de montrer par
un "non" discret de la tête à Béhuit qu’elle ne l’obligeait à rien. Il n’en tint pas
compte.
317
- Oui, vous pouvez le savoir, je suis venu pour ça ! Répondit-il en s’avançant
tranquillement vers Bucky.
- Je sais, mais je le fais parce que j’ai envie de te montrer que toi aussi, tu
comptes pour moi.
- Maintenant que tout est limpide pour tout le monde, je m’en vais de ce pas
à la direction, annonça Béhuit juste après avoir rompu le contact entre ses lèvres
et celles de Bucky.
- Je crois que n’importe quelle fille présente ici rêverait d’être à ta place !
Nous sommes toutes mortes de jalousie, lui glissa Lily.
- Je devrais sans doute vous dire que je suis désolée que votre cours ait été
interrompu… mais je ne le suis même pas, sourit-elle de bonheur.
318
Toujours assise, elle poussa un petit cri "oui" de victoire tout en levant les
bras. Elle prit sa tablette numérique de travail pour la ranger dans son sac et se
leva. Elle ne voulait pas rester loin de Béhuit une seconde de plus !
- Honnêtement Monsieur, Béhuit à bien plus de valeur pour moi qu’un point
sur une évaluation. C’est l’homme de ma vie !
***
Pourtant pas du tout sportive, Bucky se sentit pousser des ailes dans sa
course folle pour rejoindre Béhuit, même si l’équilibre de course était légèrement
compliqué à garder avec des bottes hautes à talons et une robe très ajustée au
corps. Elle le rattrapa, alors qu’il se dirigeait très lentement vers le bureau de la
direction. Dans un couloir absolument vide, les élèves étant tous en cours, Béhuit
entendit ses pas de course et se retourna pour l’attendre. Sans même décélérer,
elle lui sauta dans les bras, tellement violemment qu’il faillit en perdre l’équilibre
en la réceptionnant.
Ils s’embrassèrent de nouveau sans qu’elle touche le sol de ses pieds. Elle
se cramponnait fermement à lui à l’aide de ses bras.
319
Relâchant doucement son emprise. Elle remit les pieds à terre.
- Je sais bien que ton poste de professeur d’EPS t’importe peu, mais tu es
certain que tu pourras continuer la saison de volley ? S’inquiéta-t-elle.
- Ne te tracasse pas pour cela ma pom-pom, tout est prévu dans les
moindres détails.
Il tourna la tête :
***
Après s’être installée avec Mathéo dans la salle servant à faire les
interviews, Bucky se recoiffa légèrement afin d’apparaître sous un meilleur jour sur
la vidéo. Une brève introduction, en présentant Bucky de façon élogieuse, puis il
posa ses premières questions :
- Disons que j’avais déjà cette idée dans un coin de la tête depuis un
moment. Mais ce sont mes amies et coéquipières pom-pom-girls qui m’ont
320
définitivement poussée dans ce sens. Cette chorégraphie a été avant tout un
projet collectif, son succès repose en grande partie sur cela !
- Je dois avouer que je connais particulièrement bien les joueurs les plus
influents de cette équipe et certains ont même des liens particulièrement proches
avec mes équipières, cela n’a donc finalement pas été compliqué de les faire
adhérer.
Bucky, consciente que sa relation avec Béhuit éclatait au grand jour à ce moment
même, préféra pourtant ne pas trop en dire. Inutile de révéler des éléments
supplémentaires sur sa vie privée qui pourrait la mettre, lui et elle en difficulté.
- Béhuit Ciel est un entraîneur très ouvert d’esprit doté d’un énorme cœur, il
a tout de suite compris que ce projet allait dans le sens de l’équipe !
- Tous les deux nous nous entendons bien. Cela a facilité les choses.
- Absolument pas ! Je crois savoir que les professeurs sont des êtres
humains comme les autres ! non ? Rigola-t-elle.
- Il est vrai que je vois mal l’entraîneur de basket y participer, dit Mathéo en
rigolant.
321
- Toutes les équipes n’ont pas la chance d’avoir un Béhuit Ciel comme
entraîneur, dit-elle en souriant.
L’interview se termina quelques minutes plus tard, tout s’était bien passé.
Mathéo remercia Bucky d’avoir accepté ce tête-à-tête, elle en fit de même.
***
- C’est le prix du succès. Tu penses que je dois m’entraîner pour signer des
autographes et accepter les photos des gens que je croise ? Ironisa-t-elle.
Antoine courut rejoindre Glaème et Bucky. Dès que la jonction fut faite, ils
s’embrassèrent tous deux et bifurquèrent pour quitter Bucky. Ils devaient, soi-
disant, réviser avant l’entraînement. Bucky n’en croyait pas un mot, mais les laissa
partir sans rien dire. Lily et Nolwenn étaient déjà parties vers le conservatoire du
campus pour leurs options musicales. Elle se retrouva seule dans les couloirs
bondés d’intercours. Presque machinalement, elle mit la main sur son smartphone
afin de prendre des nouvelles de Béhuit. Il lui avait dit que tout était plus ou moins
prévu avec Céssix, mais elle ne put quand même s’empêcher de s’inquiéter. Béhuit
ne répondait pas. Elle mourait pourtant d’envie de le voir même si dans l’absolu,
elle n’avait qu’à attendre deux petites heures supplémentaires pour le côtoyer au
gymnase. En relevant la tête de son smartphone, elle remarqua que Céssix Sky
était dans le couloir bondé d’étudiants. Son premier réflexe fut d’aller dans sa
direction pour simplement lui demander des informations vis-à-vis de Béhuit, mais
elle se ravisa. La directrice de l’E2C regardait fixement pour faire un signe de la
tête en direction d’une intersection de couloir. Curieuse, la fille unique des
322
Délavigna se fraya un chemin en direction de ce que Mme Sky pointait des yeux.
A peine arrivée à la jonction des couloirs donnant sur les casiers des élèves qu’elle
remarqua Béhuit, à une dizaine de mètres à peine. Tout comme Céssix Sky, il
semblait extrêmement focalisé sur quelque chose. Il n’avait même pas remarqué
sa petite amie, désormais officielle, toute proche. Ces deux-là étaient clairement
en train d’épier une personne, mais difficile pour Bucky d’identifier clairement la
cible dans la foule. Afin de ne pas paraître suspecte à son tour, d’autant qu’elle
était regardée par pas mal d’étudiants à la suite des derniers évènements de sa
vie, elle se dirigea vers son casier en passant à moins de trois mètres de Béhuit. Il
ne la remarqua même pas. Ses mimiques de visages, qu’elle commençait à
correctement interpréter chez lui montrait une concentration extrême et une
certaine crainte. En regardant de l’autre côté du couloir, Céssix semblait être dans
le même état. Qu’avaient-ils aperçu qu’elle ne parvenait pas à discerner ? Elle
attendit quelques instants, mimant de faire quelque chose dans son casier pour
voir comment évoluait le comportement de son bien-aimé. Les secondes
passèrent jusqu’à ce que Béhuit se décide à se diriger vers l’esplanade d’entrée.
La directrice fit de même. Plus de doutes possibles, ils prenaient en filature un
étudiant. La tentation fut trop forte ; elle décida d’emboîter le pas derrière ces
deux-là. Elle fut malheureusement stoppée nette par trois pom-pom-girls affiliées
au basket-ball.
- On a entendu dire que Béhuit Ciel est venu t’embrasser en plein cours de
physique en disant qu’il t’aimait ! C’est vrai ? Demanda l’une des filles.
- Les filles… je suis assez pressée, je n’ai pas trop le temps d’étaler avec
vous ma vie amoureuse, répondit-elle tout en se frayant un chemin à travers elles,
afin de ne pas perdre de vue Béhuit et Céssix qui s’enfonçaient de plus en plus loin
dans l’esplanade d’entrée du campus en direction du parking et de l’arrêt de bus.
Difficilement, elle arriva à suivre son petit-ami, mais vu la foule qu’il y avait
sur l’esplanade, puis bientôt le parking, peu de chance que Béhuit ou Céssix ne la
repèrent. Au fur et à mesure que la foule se dispersait, Béhuit accéléra le pas pour
doubler en courant un groupe d’étudiants. Bucky pensa le perdre rapidement de
vue, mais il stoppa d’un coup… puis fit demi-tour en direction de Céssix Sky pour
lui parler. Trop loin pour entendre la discussion sans se faire repérer, elle ne
comprit qu’un non de la tête, effectué par son probable ex-professeur d’EPS.
Céssix retourna vers son bureau alors que Béhuit rebroussa chemin pour se diriger
vers le domaine des sports du campus. Prudente, pour éviter qu’il déduise qu’elle
le suivait, elle l’appela sur son portable. Elle le vit décrocher.
323
- Oui Bucky !
- Je me dirige vers mon bureau, j’ai quelques trucs à préparer pour tout à
l’heure !
- Pour nous deux, tout est réglé, je devais juste discuter avec un collègue
dans l’espace des professeurs. Je retourne à mon bureau.
- Je peux t’y rejoindre ? Sachant que nous n’avons plus besoin de nous
cacher.
- C’est d’accord, mais j’aurai besoin d’un peu de temps pour travailler ; une
petite trentaine de minutes.
- J’en profiterai pour réviser aussi et on aura donc un peu plus d’une heure
pour d’autres activités ensemble.
324
Chapitre 11 : Que du bonheur.
325
présentation d’équipe faite. Ils étaient officiellement ensemble, même si Céssix
avait expressément demandé un comportement descend au sein du campus.
C’était suffisant pour faire le bonheur de la capitaine des pom-pom-girls.
Quelques instants plus tard, les lumières s’éteignirent pour n’illuminer qu’à
minima le terrain. Les pom-pom-girls visiteuses allaient présenter leur équipe.
Bucky et les siennes se concentraient déjà sur leur chorégraphie, sous la houlette,
encore ce soir, de Meyrie qui n’avait fait aucun reproche à Bucky ou Béhuit sur leur
liaison amoureuse. Le succès allait être clairement là. La semaine avait permis de
corriger les principaux défauts lors des entraînements. Moins de cinq minutes plus
tard, ce fut au tour de l’E2C de présenter son équipe.
***
326
les positions arrières. Ethan Spidze, contrairement à la semaine passée,
commença en tant que titulaire. Bucky espérait que les modifications apportées
par l’entraîneur porteraient leurs fruits. Faire un tournoi principal ou de rattrapage
était un moment intense à vivre le plus de fois possible dans sa vie. Bucky y avait
toujours participé avec le handball jusqu’à maintenant. Mais cette année, elle le
souhaitait encore plus ardemment que les précédentes et elle mettrait tout ce
qu’elle pourrait niveau encouragement pour que son campus y parvienne. Le reste
ne dépendait pas d’elle.
327
avec une cravate et un col fuchsia et sa belle mèche de cheveux couleur ciel. Avant
qu’une seule fille ne puisse lui faire la bise, Bucky le contempla avant de se jeter
dans ses bras pour l’embrasser intensément. Ses équipières n’essayèrent même
pas de reproduire la même chose avec Béhuit qu’elles avaient fait avec Mathéo.
Elles craignaient peut-être les foudres de leur capitaine ou tout simplement la
laissait profiter au maximum de ce moment avec celui qu’elle aimait.
Un dernier tour d’honneur pour remercier le public d’être venu et il n’y avait
plus qu’à trouver un endroit pour fêter l’évènement. Céssix n’était pas à la villa ce
soir. Béhuit avait demandé à Bucky, si elle désirait, de passer la nuit avec lui là-
bas. Pourquoi ne pas continuer la fête là-bas ? Point besoin de supplication ou de
jouer de ses charmes, dans l’euphorie Béhuit accepta. Bucky avait promis, il y a
quelque temps, qu’elle essaierait d’organiser une fête dans la villa de Béhuit à ses
équipières lors de la soirée Halloween du campus, promesse tenue ! Ne restait
plus que les repas à prévoir ; inutile de compter sur la cuisine de Béhuit, Bucky la
savait vide de toute denrée ! Une commande de pizzas et de boissons ferait
parfaitement l’affaire.
***
Grâce à un convoi d’une dizaine de voitures, tout le monde arriva à bon port
à la villa de l’entraîneur de volley. Même l’entraîneuse des pom-pom-girls avait
accepté de venir faire un tour. Bucky mit pour tout le groupe les points sur les "i" ;
il était formellement interdit de monter à l’étage bien que les portes y soient toutes
verrouillées électroniquement. Le rez-de-chaussée était de toute façon déjà bien
suffisant. Malgré la fraîcheur de ce début de mois de décembre, Nolwenn et
quelques autres demandèrent si la piscine et le jacuzzi pouvaient être utilisés.
Béhuit confirma. Elles étaient déjà préchauffées. Probablement en prévision du
tête-à-tête que Bucky et Béhuit avaient initialement prévu ce soir.
328
- J’ai l’impression d’entendre mes parents ! Tu es encore loin de la vieillesse.
A ta place, je profiterai également de ces instants en me détendant, tout en
enlaçant ma petite amie.
- Merci Bucky, lui dit-il tout en la serrant dans ses bras, comme suggéré.
- Pourquoi ?
- La maison n’est pas à moi. La qualification est due à une seule victoire
depuis le début de la saison. Quant à la pom-pom-girl… je pense qu’elle me confond
avec quelqu’un d’autre, une star internationale, je pense, mais ne lui dis rien, elle
risque de s’en apercevoir ! Répondit Béhuit en souriant.
- C’est un garçon formidable, il est donc normal qu’il sorte avec une fille au
moins aussi géniale ! Intervint Bucky en le fixant avec bienveillance.
329
alors que le couple Glaème-Antoine avait privatisé le jacuzzi pour profiter
d’instants torrides. Bucky ne manqua pas d’aller les voir au bout de quelques
minutes :
- Dis-donc les amoureux, il y a dans ce groupe des jeunes qui n’ont même
pas encore 16 ans, je ne suis pas certaine que votre corps à corps sulfureux ne
trouble pas quelques âmes sensibles !
En effet, Bucky avait remarqué une gêne palpable chez Ethan Spidze qui
avait clairement remarqué, malgré l’eau, qu’Antoine avait passé une de ses mains
sous le soutien-gorge de sa sœur. Nolwenn avait, elle, pris l’option de s’éloigner le
plus possible du jacuzzi en allant discuter avec Béhuit, n’ayant également pas
envie d’en savoir plus sur les pratiques érotiques de son frère avec une de ses
meilleures amies. Bucky était heureuse de savoir que l’entraîneur de volley-ball et
la fille unique des Donerm entretenaient une complicité de plus en plus forte. Cela
lui facilitait la vie.
- Désolé Bucky, nous nous sommes laissé quelque peu aller, justifia
Glaème.
- Bucky, nous n’avons pas trop d’endroits pour nous retrouver seuls !
Annonça Antoine.
330
- On ne force personne à nous relooker ! Protesta Glaème. Et puis, ils ne
sont pas dans les parages, poursuivit-elle.
Antoine sortit précipitamment du jacuzzi alors que Lily partait déjà vérifier
si sa sœur se trouvait bien dans le salon-cuisine de la villa. Bucky commença à
suivre le pas, mais se ravisa en regardant Antoine.
- Je crois qu’il n’y a pas qu’Antoine qui avait les mains baladeuses dans ce
jacuzzi. Visiblement Glaème, tu sais très bien utiliser les tiennes aussi !
Heureusement qu’on ne distingue rien dans le fond, rigola-t-elle.
- Pas ici en tout cas, dit Nolwenn qui semblait avoir un comportement
étrange. Oh mon dieu ! Ils ne sont pas quelque part en train de… ?
331
- La salle de sport ? Suggéra Béhuit.
- Faites que ce ne soit pas Anita… faites que ce ne soit pas Anita… Se répéta
doucement Lily.
Anita et Erik étaient bel et bien sous la douche ensemble ! Les derniers
espoirs de non-dérapage entre eux s’évanouirent lorsque Bucky montra du doigt
les sous-vêtements d’Anita et d’Erik.
- Je crois bien qu’il est trop tard ! Il fallait bien que cela arrive à un moment
ou un autre, affirma Bucky à destination de ses deux amies.
- Vous n’avez même pas 16 ans, bon sang ! Cria de plus belle Lily.
- Les filles, on se calme. Nous allons gentiment sortir de la pièce afin qu’ils
se rhabillent et nous allons ensuite calmement discuter à tête reposée de ce qui
s’est passé, proposa Bucky.
Elles ressortirent toutes les trois de la pièce sur insistance de Bucky. Lily
fulminait.
- Ton frère a clairement dépassé les bornes, dit Lily en direction de Nolwenn.
332
- Attendez les filles, il y a peu de doute sur le fait qu’Anita ait été
consentante. Ils s’aiment, voilà tout ! Les interpella Bucky.
- Les filles ! Je le répète, ils n’ont rien fait de mal. Ils se connaissent
quasiment depuis toujours et ils ont simplement grandi, voilà tout. Ils glissent
doucement vers l’âge adulte.
- Vous êtes trop jeune pour faire cela ! Intervint Antoine qui avait tout de
suite compris ce qui était reproché aux deux étudiants de première année.
333
- Le déplacement à Lisbonne la semaine dernière, pendant que mon très
cher frère fricotait avec Glaème dans une autre chambre avec la complicité de ma
sœur ! J’en ai profité pour inviter Anita dans la mienne !
- Le plus important n’est pas là, tempéra Bucky. Vous avez au moins utilisé
un moyen de contraception ?
- Alors le sujet est clos ! On ne peut pas revenir en arrière, ils l’ont fait, tout
le monde ici se doutait que ça arriverait.
- Pas sûr que mes parents sautent de joie quand ils vont l’apprendre, dit
Antoine.
- Alors vous ne leur dites rien, voilà tout ! Quelqu’un ici est-il déjà allé voir
ses parents pour leur annoncer ses prouesses sexuelles ? Antoine, tu comptes leur
parler de ce qui se passait dans le jacuzzi, il y a quelques minutes avec Glaème ?
Lily, tu as parlé de ta première fois à tes parents ? Erik et Anita sont ensemble, ne
cherchez pas à vous immiscer plus.
***
Nolwenn était de plus en plus mystérieuse ces derniers temps. Elle rentrait
quelques fois du campus sans l’aide du véhicule de Bucky et à des heures assez
tardives. Bucky n’y voyait pas d’objection. Elle aurait mal été placée pour en faire,
passant un maximum de temps libre avec Béhuit lorsque leurs emplois du temps
le permettaient. Seulement sa curiosité était trop pressante. Elle fit plusieurs
tentatives pour savoir où, et surtout avec qui, elle passait du temps, mais elle ne
répondit pas. Un garçon devait probablement se cacher là-dessous, mais elle ne
parvenait pas à lui tirer les vers du nez.
Elle ne pouvait pas s’y attarder plus. Tant d’autres choses lui trottaient dans
la tête, à commencer par des comportements chez Béhuit donnant l’impression à
Bucky qu’il épiait certains étudiants. Le bal traditionnel de début d’année trottait
334
aussi dans la tête de Bucky. Elle souhaitait ardemment participer avec Béhuit étant
donné que les cavaliers pouvaient venir de tous les horizons. Son petit ami lui avait
malheureusement annoncé qu’il avait des impératifs ailleurs à ce moment-là. Un
secret de plus et une très grosse déception. Ne pas l’avoir comme partenaire de
danse la contrariait profondément et contrairement aux autres années, les
prétendants ne se jetaient pas sur elle. Ils étaient, bien évidemment, au courant
qu’elle n’était plus célibataire et devaient en plus présumer qu’elle ferait ce bal
avec l’entraîneur de volley. Un peu par dépit, elle accepta la seule invitation qui se
présenta, provenant de Rayan, un étudiant originaire du Moyen-Orient de
cinquième année qu’elle ne connaissait que très peu. Son charme naturel
fonctionnait encore suffisamment pour sauver les meubles pour cette ultime
année.
335
***
- Tu es bien curieuse !
336
Bucky ne comprenait pas. Nolwenn était bien énigmatique ces derniers
temps. Entre sa meilleure amie et son petit copain, elle était décidément servie !
***
Tout l’après-midi et une bonne partie de la soirée furent utiles pour préparer
au mieux le tournoi prévu le lendemain matin avec l’arrivée des garçons. Cela fut
systématiquement le cas les années précédentes où Bucky avait connu ce type de
tournoi avec l’équipe de handball. Elle termina littéralement sur les rotules avec
toutes les autres pom-pom-girls originaires des différentes villes et pays qu’elles
337
représentaient. Le temps imparti avait été court, mais la chorégraphie d’ouverture
donnait satisfaction. Bucky put aller se coucher en même temps que les autres
étudiantes pour récupérer au maximum pour les deux, voire trois prochains jours
qui s’annonçaient éprouvants.
***
Dès 9h00 du matin, les filles étaient habillées, maquillées et sur le pont pour
la cérémonie d’ouverture. Un mélange de tension et d’émotion était palpable,
particulièrement pour les pom-pom-girls de dernières années ; ce tournoi de
rattrapage signifiant leur dernier week-end, certes intense, en tant que pom-pom-
girls, mise à part pour les deux équipes qui parviendraient en finale. Bucky ne se
faisait pas trop d’illusions malgré le dernier match convainquant des garçons. Les
chances qu’ils se qualifient pour la phase finale étaient quasi-nulles. Elle allait
devoir penser durant ce week-end à céder son brassard de capitaine à une
quatrième année selon la tradition des pom-pom-girls lors de leur dernier match…
ou du moins essayer, il n’était pas toujours évident de prévoir quand le dernier
match d’une équipe se déroulait. Elle était cependant certaine de l’identité de celle
qui prendrait la relève ; Shandrill !
Les tribunes étaient pleines à craquer et débordaient même avec des gens
parqués sur le côté contre un des murs, le public venu nombreux complétant la
présence des joueurs de chaque équipe arrivée il y a peu. Le petit jeu de chaque
groupe de pom-pom-girls consistait à repérer son contingent. Bucky identifia tout
de suite le sien grâce aux couleurs ciel et fuchsia qu’ils portaient avec leur
survêtement du campus. Béhuit était évidemment là, avec son costume. Elle ne
fixa que lui qui la repéra sur le côté du terrain. Il lui mima un baiser pendant qu’elle
joignait ses mains en forme de cœur dans sa direction pour lui montrer l’amour
qu’elle lui portait. Elle fut heureuse de voir une Shandrill souriante qui criait "il est
venu, il est venu". Karim, son petit ami qui les avait si bien accueillies chez lui
durant les vacances de la Toussaint, avait fait le déplacement pour la voir. Bucky
fut dans l’obligation de prévenir la gymnaste de son groupe de ne pas pleurer
d’émotion pour ne pas massacrer son maquillage. Elle se retint difficilement,
heureuse de pouvoir montrer à son petit ami qu’elle n’était pas seulement une
excellente gymnaste, mais également une bonne danseuse et pom-pom-girl.
Bucky était très heureuse pour elle.
338
Après un discours d’introduction de la directrice du campus de Madrid,
toujours en anglais, la cérémonie d’ouverture put commencer. Bucky ne prêta plus
la moindre attention aux tribunes, elle était la chef d’orchestre et devait tout faire
pour que l’ouverture soit grandiose.
Qu’elle soit sur la piste de danse ou pas durant le morceau selon les
moments, Bucky était systématiquement en train de donner des consignes ou
faire des signaux de-ci de-là pour éviter le plus de fautes possibles. Gérer 240
danseuses, ce n’était pas rien ! Fort heureusement, elle était particulièrement bien
épaulée par les capitaines des autres équipes. Toutes unies pour un objectif
commun malgré le soutien d’équipes différentes ; on était parfaitement dans
l’esprit pom-pom-girls que Bucky appréciait. Après une chorégraphie achevée
sans trop d’erreurs, avec de jolis effets de pompons et de drapeaux aux couleurs
nationales de chaque équipe, le public exulta, les volleyeurs en premier lieu. Une
preuve du plus que les pom-pom-girls s’étaient révélées être des soutiens
indispensables. Particulièrement dans ce tournoi où elles allaient pouvoir apporter
des points bonus lors de leurs prestations de présentations d’équipes. Après un
nombre incalculable d’accolades de remerciements pour avoir pris en charge la
chorégraphie d’ouverture, Bucky reprit ses esprits. Il fallait déjà se reconcentrer ;
les 24 équipes allaient se séparer en deux poules sur deux gymnases différents
pour que les matches commencent après un bref échauffement des joueurs… et
leurs présentations par leurs pom-pom-girls.
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en année, quel que soit le lieu du tournoi ou la discipline. C’était un peu traditionnel.
Le groupe E2C fut cependant ravi du résultat.
***
340
s’étaient quelque peu vidés à mesure que le temps avançait. Bucky chargea
Glaème et Shandrill de s’occuper d’un groupe, alors qu’elle s’occuperait avec
Nolwenn de l’autre, et il allait falloir particulièrement bien gérer les choses ; à
même pas 16 ans, les premières années, dont Anita faisait partie commençait à
montrer des signes de fatigue évidents. Meyrie gardait un œil sur son groupe sans
intervenir. En cinq années, Bucky commençait à bien la connaître, elle la laissait
gérer ses filles, mais n'hésiterait pas à l’avertir au cas où elle sentirait une des filles
mettant sa santé en péril.
Béhuit fit, de son côté, largement tourner son effectif pour le dixième match.
Ni Antoine, ni Ethan, ni Djurek n’étaient présents. L’entraîneur leur avait demandé
de se reposer, ainsi qu’à Mathéo et deux autres joueurs. Bucky suivit le mouvement
en demandant au groupe de Glaème et Shandrill d’aller également dormir. Ce
n’était pas totalement innocent de sa part ; dormir à même le sol était un peu plus
confortable en s’endormant dans les bras, voire sur, quelqu’un. Naturellement,
Shandrill rejoignit Karim, qui n’avait pas quitté les lieux de la journée et qui avait
prévu un grand sac de couchage pour eux deux afin, qu’ils dorment l’un avec
l’autre. Glaème et Antoine avaient eu la même idée. Un petit moment
supplémentaire de partage et d’intimité entre eux qui leur laisserait des bons
souvenirs à coup sûr ! Bucky, de son côté, n’avait pas encore décidé quand son
demi-groupe et elle-même allaient dormir. Elle faisait confiance à Glaème et
Shandrill pour gérer les choses quand elle se reposerait, mais elle souhaitait vivre
chaque instant avec Béhuit et les entraîneurs ne dormaient que très rarement dans
ce type de tournoi, et pour les plus résistants, il n’y avait pas de sommeil du tout
sur les deux premières journées de tournoi. Bucky ignorait si Béhuit tiendrait ce
rythme, mais elle décida de se caler au sien… autant qu’elle le pourrait.
Malgré une défaite les faisant passer à la huitième place, Béhuit choisit pour
le onzième match de ne pas faire tourner son effectif. Bucky comprit
immédiatement qu’il cherchait à faire se reposer, un peu plus, plusieurs de ses
cartes maîtresses. La brune à la mèche fuchsia décida de suivre le mouvement et
garda son groupe actuel pour encourager les garçons présents sur le terrain. La
période la plus compliquée du tournoi arrivait. Quand elle regarda autour d’elle, elle
vit des centaines de personnes allongées là où elles le pouvaient, souvent dans
les gradins, regroupées par campus. Il ne fallait maintenant plus compter
seulement sur la qualité intrinsèque des joueurs, mais bel et bien sur un autre
facteur ; une gestion rigoureuse et tactique de son propre effectif et de celui de
ses adversaires.
341
Erik et Yvan furent tout simplement sensationnels sur ce onzième match
alors qu’il était aux alentours de minuit. Malgré une fatigue palpable, ces deux
joueurs furent les seuls sur le terrain à avoir encore suffisamment d’énergie pour
frapper avec force et précision dans le ballon, aidé il est vrai par le passeur
remplaçant de l’équipe qui se débrouillait particulièrement bien. Sur une énième
attaque gagnante d’Yvan, l’E2C remporta le dernier match de "la journée"
synonyme de récupération de la septième place. Il n’y avait plus qu’à attendre que
les derniers matches ne se terminent et la deuxième journée allait commencer
avec une nouvelle présentation d’équipe des garçons pour les pom-pom-girls avec
des nouveaux points bonus à la clé. A la différence de la première fois, il s’agissait
cette fois-ci de présenter la chorégraphie dite "de secours", c’est-à-dire avec
seulement sept pom-pom-girls. Bien sûr, cette chorégraphie avait été travaillé par
Bucky et ses équipières, mais elle n’avait encore jamais été utilisé en conditions
réelles.
***
342
secours. Cette fois, une chute de l’une des pom-pom-girls de l’équipe de Madrid,
sans aucun doute liée à la fatigue, ne leur permit même pas de finir dans les trois
premières places. Elles avaient beau danser à domicile, une chute et un public
quasi-inexistant à cette heure tardive ne permirent pas une influence
suffisamment positive sur le jury. Alors que la moitié de l’équipe de volley tentait
de dormir, ainsi que les trois plus jeunes pom-pom-girls, le reste de la team E2C se
congratula. Certes, les joueurs, quasiment que les remplaçants, avaient perdu du
temps de sommeil, mais 6 points bonus pour cette nouvelle journée, cela ne se
refusait pas. La deuxième journée commençait du mieux qu’il fut possible.
Une fois encore, Béhuit choisit de ne pas faire tourner l’effectif et de garder
toujours la même équipe en jeu, sans le moindre joueur sur le banc de touche. Du
côté de Bucky et de son groupe de pom-pom-girls, il était tout simplement
impossible de ne pas "switcher". Sept des dix filles sortaient d’une nouvelle
chorégraphie sur les Blues Brothers particulièrement éreintante. Nolwenn ainsi
qu’une autre pom-pom-girl de troisième année et elle-même n’avaient pas encore
eu de répit pour souffler ou dormir. Voyant son propre état, elle jugea trop risqué
de ne pas mettre au repos Nolwenn. Bucky, bien que ne participant pas aux danses
du match à venir, choisit de ne pas se coucher pour autant. Elle s’installa
simplement sur le banc de touche vide aux côtés de Béhuit. Elle resterait avec lui
jusqu’au bout malgré une fatigue psychique et physique évidente et avancée.
Béhuit semblait de son côté tenir le coup, toujours aussi concentré sur sa tâche et
pédagogue dans ses conseils avec les joueurs. Il ne les incriminait jamais et leur
proposait systématiquement des idées sur les faiblesses adverses. Elle admirait
sa méthode.
***
343
une défaite figeaient un peu plus l’E2C à la septième place de la poule. Pour les
pom-pom-girls, Bucky gérait la fatigue de ses équipières comme elle le pouvait, les
trois jeunes remplaçaient les plus fatiguées des intermédiaires et expérimentées.
Ne dormant pas, Bucky participait quand elle sentait une de ses équipières en
danger. Avec Béhuit, elle était désormais la seule à ne pas avoir fermé l’œil de la
nuit.
Le troisième match de cette seconde phase fut écourté par Béhuit. Antoine
avait remarquablement bien débuté en tant que joueur standard, laissant de côté
son maillot fuchsia et son poste de libéro pour cette rencontre. A cette heure
tardive les attaques et contres étaient bien moins impressionnants et permirent
au petit ami de Glaème d’être moins limité par sa taille lorsqu’il était sur une
position avant. Les points se concluaient plus souvent sur des ballons placés
habilement dans le camp adverse que frappés. L’E2C avait remporté le premier set
du match, mais le deuxième fut bien plus compliqué et alors que l’équipe de Cley
se vit distancé 12 à 9, Béhuit décida d’utiliser ses six points bonus, obtenus par
Bucky et les siennes pour remporter le match, s’évitant ainsi un troisième set à
l’issue incertaine. Cette victoire ne permit pas de gagner de place au classement,
mais les équipes classées cinquième et sixième étaient toutes proches et surtout
donna la possibilité à Béhuit d’envoyer tout le monde au repos, les autres matchs
étant toujours en cours. Un peu de repos ne ferait pas de mal.
Afin de ne pas perdre de temps, tout le groupe chercha une place dans les
gradins non loin les uns des autres pour s’endormir le plus rapidement possible
dans le bruit ambiant. Exténuée, Bucky prit rapidement place, la tête posée sur les
jambes de Béhuit, couchée perpendiculairement par rapport à lui. Il était
impensable pour elle de dormir sans être en contact avec lui. Elle sentit Béhuit
poser sa veste de costume sur son corps afin qu’elle n’attrape pas froid. Peu de
chance. Il faisait une température assez élevée grâce à la combinaison d’un
nombre conséquent de personnes fournissant des efforts physiques importants
dans un lieu clos. Elle apprécia cependant le geste d’attention, il prenait soin d’elle,
avant de s’endormir.
***
Une douce voix qu’elle savait reconnaître entre mille et une bonne odeur de
café au lait réveilla Bucky. Quand elle ouvrit les yeux pour regarder son petit ami
344
qui lui tendait une tasse, elle ne parvint pas à estimer combien de temps elle avait
dormi. Quoi qu’il arrive, pas assez à son goût ! Elle n’était plus la tête posée sur les
jambes de l’entraîneur de volley, il s’était levé avant elle. La capitaine des pom-
pom-girls fixa l’immense horloge numérique, tout en se mettant en position assise
afin de profiter de la boisson chaude que lui avait proposé Béhuit. Il était six heures
du matin, elle avait dormi un peu plus de deux heures.
- Cela veut dire que nous avons encore une chance de nous qualifier pour
les quarts de finale ! Se réjouit-elle.
- Le chemin est encore incertain, mais il nous reste six matchs pour réussir
l’exploit.
***
La lumière du jour pointait son nez par les quelques baies vitrées du
gymnase. Malgré une nouvelle défaite contre l’équipe du campus d’excellence de
Rome, supérieure aux autres, refaisant glisser l’équipe de Cley à la septième place,
345
personne n’abdiqua dans les rangs. Une septième place était un très bon résultat
en soi, mais Béhuit et ses joueurs savaient qu’ils pouvaient aller chercher mieux et
peut-être même une qualification. Le match en cours partait bien avec un premier
set remporté et surtout, tous les joueurs importants étaient de retour dans
l’effectif, notamment Ethan qui avait eu pas mal de temps de sommeil.
L’entraîneur de volley de l’E2C avait ainsi un central en pleine possession de ses
moyens pour passer des attaques en force et placer des contres dévastateurs
dont un incroyable en passant ses mains au-dessus du contre que proposait Yvan
pour empêcher les attaquants adverses de passer ! Le niveau de l’équipe montait
clairement d’un cran.
Bucky ne fonctionnait plus qu’au mental, comme bon nombre de ses amies.
Il en était sans doute de même pour les joueurs. Pourtant, ce qui se passait au fil
des matchs méritait de tels efforts. Parti de la septième place alors qu’il ne restait
que 6 matches, l’E2C passa sixième, puis cinquième, puis troisième. Jamais elle
n’avait vu tourner l’équipe de cette façon, tout était fluide, bien orchestré. La
moindre erreur était immédiatement corrigée et Béhuit prenait toujours des temps
morts qui s’avéraient salvateurs. Ne restaient plus que deux matchs et le calcul
fut très rapidement fait par Mathéo, encore une victoire sur les deux prochains
matches, et la qualification pour le quart de finale était assurée !
Personne n’eut à se ronger les ongles dans un terrible suspense. Dès l’avant
dernier match, Erik s’offrit le luxe de conclure la rencontre par 3 aces de suite sur
son service et ainsi qualifier l’E2C pour une historique troisième journée du tournoi
de rattrapage. Pas la peine d’aller chercher dans les annales du volley-ball de l’E2C,
cela n’avait encore jamais été fait ! Erik se permit une petite danse avant que ses
coéquipiers se jettent sur lui pour le porter en triomphe. Clairement personne
n’avait imaginé un tel résultat. Tout le monde se congratula et Bucky ne loupa pas
l’occasion pour partager sa joie en sautant sur le dos de Béhuit. Elle venait de vivre
quelque chose à jamais gravé dans sa mémoire qu’elle pourrait partager avec son
petit ami. Elle était fatiguée, courbaturée, son maquillage était en bout de course
et elle sentait la transpiration, mais elle venait de vivre quelque chose de fort et ce
n’était pas fini. Shandrill lui fit un clin d’œil complice alors qu’elle était toujours
accrochée à l’entraîneur de l’E2C. Les deux pom-pom-girls ne feraient pas la
passation du brassard sur le prochain match. Un dernier sandwich avec une
boisson énergisante et tout le monde était paré pour le dernier match.
L’E2C put s’offrir le luxe de faire jouer une équipe largement remaniée pour
le dernier match. Inutile de prendre le risque de blesser des joueurs comme Yvan,
Ethan, Djurek ou les frères Donerm. Le seul intérêt de cette ultime rencontre de la
346
journée consistait à savoir si l’E2C terminerait deuxième ou troisième de sa poule.
Une fois de plus, l’équipe sur le terrain prit de court tout le monde. Le dernier match
fut remporté à la surprise générale à l’issue d’un combat serré. Si l’E2C se qualifiait
en finissant à la deuxième place du classement, c’était en partie grâce aux
remplaçants, ils avaient réellement enchaîné les bonnes performances, surtout
durant la nuit. On avait souvent dit à Bucky que cette compétition se remportait
avec la totalité d’une équipe et ses pom-pom-girls ; cela se vérifiait une fois de
plus.
***
Pour elle, il était acquis que Béhuit ferait chambre commune avec sa "pom-
pom". L’occasion était trop belle et elle était officiellement en couple avec
l’entraîneur de volley, aucune raison de mentir sur le sujet. Mais Bucky devinait
aussi les intentions du libéro de l’équipe.
347
- Je t’ai toujours dit que tu avais un entraîneur particulièrement perspicace
et vif d’esprit ! Il est vraiment dommageable qu’il ne soit pas resté notre professeur
de sport, enchaîna Glaème.
Béhuit distribua quasiment toutes les clés au fur et à mesure alors que
Bucky l’attendait patiemment. Ne restait plus qu’Anita, Erik et Shandrill encore
présent devant l’entraîneur. Shandrill semblait très gênée et ne bougeait pas.
Quant à Erik et Anita, ils hésitaient à proposer à Béhuit ce que tout le monde encore
présent pressentait. L’entraîneur s’approcha avec une clé et la donna à Erik :
- Merci coach, dit Erik qui s’empressa d’entrer discrètement avec Anita dans
la chambre qui leur était dédié.
348
- Shandrill, étant donné les problèmes rencontrés par Nolwenn et Bucky à
Munich, je dois bien admettre que je préférerais te savoir ici avec les autres, lui
répondit l’entraîneur de volley, embêté.
- C’est qu’on ne s’est pas vus depuis les vacances de la Toussaint et on doit
déjà se quitter demain…
- Je doute que l’hôtel ait reçu une liste détaillée des participants aux quarts
de finale et je ne suis pas non plus certaine qu’il connaisse le nombre de chambres
nécessaires pour chaque campus ! Meyrie aurait très bien pu rester !
Shandrill sourit immédiatement à son amie, puis jeta un regard appuyé vers
Béhuit. Pendant que Bucky tentait avec son entraîneur un regard de supplication.
Il les regarda toutes les deux plusieurs fois tour à tour.
- C’est vraiment très moche d’abuser de tes charmes pour arriver à tes fins,
répondit-il en regardant l’étudiante de dernière année. Je vais demander si on peut
avoir une chambre supplémentaire en prétextant une erreur de décompte.
Elle appela immédiatement Karim pour lui annoncer que les plans
changeaient. C’était finalement à lui de la rejoindre.
349
- N’en oubliez aucun demain matin ! Se moqua poliment le directeur de
l’hôtel en lui tendant une clé magnétique supplémentaire.
***
La douche commune mit quelque peu en retard Bucky et Béhuit, mais elle
n’eut pas le moindre regret. L’occasion d’être lavée par son partenaire ne se ratait
pas. Aussi arrivèrent-ils bons derniers dans le salon réservé à l’E2C pour une
séance de massage et récupération avec cinq kinésithérapeutes. Ce sont les
garçons qui furent pris en main en priorité, même si les pom-pom-girls avaient tout
de même une des kinés qui leur était spécifiquement dédiée. Sans courbature,
Béhuit se contenta de superviser le tout en regardant l’état de ses joueurs. Bucky,
attendant son tour pour être massé en fit de même pour ses équipières. Elle insista
auprès de la kiné pour qu’elle s’occupe en priorité de Shandrill. Adepte des saltos
et autres sauts périlleux, elle devait être la plus en proie à la fatigue musculaire. Il
fallait lui éviter à tout prix une blessure lors de la troisième journée ; elle participait
au championnat de France de Gymnastique dans quelques mois. Les plus jeunes
furent ensuite sa priorité et elle s’occupa finalement tellement d’autrui, qu’elle
oublia de se mettre sur le planning de massage. Elle se contenta donc des
hydrojets et des instruments à pulsions électriques pour sa récupération jusqu’à
ce que Béhuit ne prenne l’initiative de lui proposer de la masser lui-même :
350
- Vu que tu ne t’occupes pas suffisamment de toi-même, je vais devoir le
faire en personne !
A 19h30, tout s’arrêta pour aller prendre une douche glacée dans les
chambres sur le conseil des professionnels pour une meilleure récupération, ce
que Bucky n’appliqua absolument pas. Personne ne la mettrait sous une douche
sans eau chaude ! Une étape ordinaire pour se rincer suffirait. Puis le moment du
repas. Il était plus qu’attendu pour rééquilibrer le régime alimentaire depuis le
début du tournoi où n’existaient que fruits, séchés ou pas, et sandwichs au
fromage, poulet ou jambon et des boissons énergisantes. Un buffet était à
disposition avec tout ce qu’il fallait pour se refaire une santé, y compris des
spécialités espagnoles comme de la charcuterie, des tapas ou encore de la paella.
Bucky se laissa tenter par cette dernière après quelques entrées piochées de-ci
de-là, tout comme Béhuit, mais dans des proportions beaucoup plus importantes.
Le moment fut encore une fois convivial. La joie se lisait sur les visages,
particulièrement pour Shandrill qui pouvait partager ce moment avec Karim, qui
mangeait avec le groupe sans que personne ne s’en offusque. En cinq années à
l’E2C, le groupe qu’elle avait cette saison était de loin le plus fusionnel et le plus
agréable à vivre. Que ce soit pour les pom-pom-girls, les joueurs de volley-ball ou
même l’entraîneur, tout le monde s’appréciait. Si seulement il était possible de se
glisser jusqu’à la finale demain pour que la compétition se poursuive, se dit-elle.
Elle rêvait, sans doute.
***
351
dernière journée, des points bonus n’étaient pas attribués à la meilleure des 8
chorégraphies d’équipes restantes, l’E2C les aurait probablement décrochés.
Sans surprise, Béhuit aligna l’équipe-type pour les quarts de finale. Avec
notamment Antoine en libéro, Yvan l’attaquant/réceptionneur capitaine, Djurek le
passeur, Erik l’attaquant de pointe et Ethan le central, toutes les têtes d’affiche
étaient sur le terrain pour l’entame du match. Un dernier mouvement
d’encouragement de leurs pom-pom-girls et le premier service fut envoyé.
Dès le deuxième set, Béhuit mit Ethan sur le banc de touche et fit quelques
autres ajustements. D’abord, ce fut l’incompréhension chez Bucky. Pourquoi se
priver de son meilleur joueur ? Mais elle comprit très rapidement où son petit ami
avait décidé d’en venir. En ne plaçant pas volontairement son meilleur joueur sur
le terrain, il avait tout le loisir, dès le deuxième point de faire entrer Ethan à la place
d’un joueur de son choix placé au même poste de départ que la superstar adverse
et ce choix fut tout bonnement gagnant ! Particulièrement performant au contre et
désormais face à lui, Ethan posa d’immenses problèmes au géant d’en face.
Impossible pour lui de taper aussi fort qu’au set précédent en passant au-dessus
du contre adverse sous peine de se faire immédiatement punir par Ethan. Le
meilleur joueur adverse ainsi muselé, permit à Antoine et les siens de prendre un
avantage sur l’équipe adverse les deux sets suivants. L’E2C les remporta 25-20 et
25-22. Au quatrième set, l’entraîneur adverse tenta bien de mettre à mal la tactique
de Béhuit en ne faisant également pas commencer son meilleur joueur, mais peine
perdue, le coup de bluff ne marcha pas ! Béhuit refusa de faire entrer Ethan avant
de savoir où entrait le géant d’en face. Les deux joueurs ne rentrèrent donc qu’au
tout dernier moment, mais comme l’E2C sans Ethan montrait un meilleur visage
que l’équipe adverse sans son joueur vedette, Béhuit pouvait se permettre de jouer
352
la montre. Sans solution adverse, l’E2C remporta le quatrième set synonyme de
victoire 25 à 21. Les joueurs ne se trompèrent pas sur les raisons de cette victoire
et coururent vers leur entraîneur pour le remercier de cette brillante idée. Bucky
avait du mal à cacher son émotion et versa une petite larme. L’E2C était en demi-
finale et en plus, l’équipe le devait à son petit ami. Lui qui se dévalorisait souvent.
Elle avait aujourd’hui un argument lui démontrant l’inverse. C’était quelqu’un
d’incroyable, elle voulait qu’il s’en rende simplement compte ! Elle n’en était pas
tombée amoureuse pour rien.
***
- Jusqu’au bout ! Jusqu’en finale ! Lui dit Shandrill avec fermeté, lui
montrant bien qu’elle n’envisageait pas autre chose qu’une victoire sur ce match !
Bucky remonta le morceau de tissu qui lui entourait le bras et serra le poing.
Si la transmission ne se faisait pas dans les règles de l’art, Shandrill ne lui en
voudrait pas !
***
353
Béhuit ne cessait pas de se gratter sa fine et légère barbe durant tout le
premier set. Bucky analysait cela chez lui comme une mimique de réflexion.
Comme redouté, et même si l’E2C ne déméritait pas, l’équipe d’en face était
malheureusement supérieure ; bien mieux organisée tactiquement qu’Yvan et les
siens. Malgré quelques conseils après la perte du premier set, au moment où les
pom-pom-girls de l’équipe assuraient le show pour ne pas laisser de temps mort
dans les rencontres, le deuxième set repartit sur les mêmes bases et fut une
nouvelle fois perdu. Mais en tout début de troisième set, un Erik déchaîné et
n’ayant plus rien à perdre enchaîna cinq services gagnants bientôt ajoutés à deux
contre d’Ethan et Djurek. 7-0 pour l’E2C ! Cley n’était pas encore définitivement
enterré. Cette avance fondit cependant comme neige au soleil et malgré
l’obtention d’une balle de set, l’E2C ne menait plus que 24 à 23 ! Remporter ce point
était vital pour rester encore en vie dans ce tournoi et accéder à la finale
permettant de se qualifier directement pour la phase finale du championnat des
campus d’excellence ou par un match de barrage contre un mal classé du tournoi
principal. Le passage en finale permettait donc de s’assurer qu’un autre match au
minimum se jouerait en janvier ! L’E2C ne pouvait pas échouer si près du but ! Yvan
était au service et se contenta simplement de s’assurer de ne pas le rater. L’équipe
comptait sur Ethan Spidze, placé à l’avant pour contrer l’adversaire. Il n’eut même
pas besoin de le faire… inexplicablement et après une bonne réception d’un de ses
équipiers, le passeur adverse rata complètement sa passe… avant de s’écrouler
sur le terrain. La passe fut tellement mauvaise qu’elle retourna directement en
direction d’Ethan qui ne se fit pas prier pour smasher puissamment le ballon dans
le camp adverse. Le troisième set fut remporté et l’espoir perdurait, d’autant que
le passeur, clairement la pièce maîtresse de l’équipe adverse, ne se relevait pas.
Le médecin présent sur les lieux, se précipita près du joueur et le couperet tomba ;
asthénie ! Plus connu sous le nom d’épuisement physique. Il y avait eu déjà
quelques cas lors de ce tournoi, comme tous les ans. Rien de grave en soi, il fallait
simplement plusieurs jours de repos pour récupérer, mais une chose était sûre,
son match était terminé sur ordre strict du médecin.
354
tombèrent d’épuisement sur la balle de match, brillamment conclu par un ballon
particulièrement bien placé de Djurek. Bucky, elle-même épuisée, admirait ses
camarades masculins et n’imaginait même pas à quel point leurs muscles
devaient les faire souffrir entre les courbatures et l’acide lactique qui s’accumulait
dans leur corps. Il restait pourtant encore un match ce soir ! La finale ! Si on avait
dit cela à Bucky, il y a encore deux jours et demi, malgré l’optimisme de son
tempérament, jamais elle ne l’aurait crue.
En prenant son sac de sport, Bucky fut interpellée par une personne alors
qu’elle cherchait à rejoindre Béhuit pour partir main dans la main avec lui en
direction du car.
355
La pom-pom-girl vivait un rêve éveillé. On lui proposait ni plus ni moins un
travail dans ce qui la passionnait ! La meilleure école de danse de New-York et
l’une des plus réputées au monde la sollicitait.
- Pas de soucis, prenez votre temps ! Je sais très bien qu’un diplôme dans
un campus d’excellence passe avant tout ! C’est ce qui fait aussi votre valeur.
Concernant le week-end que je vous propose, vous pouvez également venir
accompagnée de la personne de votre choix. L’entraîneur de votre équipe de
volley-ball par exemple. Il me semble que vous êtes en couple.
- Une bonne nouvelle ? Lui demanda l’entraîneur de volley, une fois assis à
ses côtés dans le car.
- Cette journée est sans doute l’une des plus belles de ma vie ! Lui avoua-t-
elle. Je suis encore pom-pom-girl pour encore minimum un match après celui de
ce soir avec mes amies. L’équipe de volley de notre campus a une chance de
participer aux 1/8 de finale des phases finales du championnat pour la première
fois de son histoire, j’ai trouvé un homme que j’aime de tout mon cœur et… on m’a
proposé un poste dans une prestigieuse école de danse à New York une fois mon
diplôme obtenu, ajouta-t-elle avec fierté.
- Je suis heureux pour toi, Bucky, lui dit-il en la serrant dans ses bras.
356
- Ça te dit un week-end tous frais payés à New York ? On me propose de
visiter les lieux et j’ai le droit d’emmener quelqu’un avec moi !
- Je vais tout faire pour tenter de partir avec toi pour ce week-end à New-
York, mais je ne peux rien te garantir.
- Bucky, je n’ai pas la moindre visibilité sur mon avenir. Je n’en suis pas
vraiment le maître. Je suis dans l’incapacité totale de te répondre. Juin, c’est
tellement loin. Te dire où je serai à ce moment-là m’est impossible. Je regrette.
- Bucky, vis ton rêve et ne pense qu’à toi. Si j’avais la possibilité de te suivre,
je le ferais sans doute, mais je ne l’ai pas. J’ai malheureusement un statut
particulier qui m’empêche de prendre des décisions de vie comme tu me le
proposes.
- Béhuit, si je ne peux pas vivre mon rêve avec toi, ça n’en sera pas vraiment
un. Un rêve, c’est quelque chose qui se partage et c’est avec toi que je veux le
vivre…
357
n’y avait encore jamais pensé, mais si elle souhaitait poursuivre sa relation avec
Béhuit, elle allait devoir réfléchir à son avenir en fonction de lui. Les garçons
avaient toujours été une variable d’ajustement pour elle jusqu’ici. Aujourd’hui, c’est
elle qui désirait ajuster ses choix de vie par rapport à un garçon. Un premier pas
vers une réflexion de couple ? Ses priorités venaient en tout cas de changer. Béhuit
prenait de plus en plus d’importance dans sa vie. Elle n’avait pourtant pas peur.
C’était après tout l’homme de sa vie et si elle devait faire des sacrifices pour lui
prouver, elle le ferait. Sans la moindre hésitation.
358
Chapitre 12 : Complicité
- Tu veux dire que ton équipe est en finale ? Je croyais que l’équipe des
frères Donerm était… médiocre.
359
nouvelle chorégraphie fait un malheur et on m’a proposé un week-end à New-York
pour un futur poste à responsabilité dans une école de danse ! Je suis aux anges !
- Je vois que c’est du sérieux avec lui ! C’est la première fois que tu veux
nous présenter un garçon ! Souligna la mère. Mais il ne passe pas Noël avec sa
famille ?
- Être aimée par lui, c’est tellement valorisant. Mais l’aimer, c’est
totalement… déstabilisant et enivrant, je ne suis plus la même. Je pense sans arrêt
à lui, avoua Bucky. Je tiens vraiment à vous le présenter. Vous allez voir, il est
génial !
- C’est un petit plus compliqué que cela, mais il est bien avec moi ce soir.
Je peux donc lui proposer ?
- Nous serons très heureux de l’accueillir, annonça son père. Ce qui compte
pour nous, c’est ton bonheur.
360
- Je lui demande et je vous tiendrai informés. Je dois malheureusement
vous laisser, la finale approche ! Je vous tiens au courant dans les prochains jours,
conclu Bucky voyant le temps avancer doucement.
***
Les deux équipes présentes sur le terrain ce soir n’étaient clairement au top
de leur forme. Il y avait un nombre incalculable de services manqués, d’attaques
très largement en dehors des limites du terrain et de rapidité d’exécution de
mouvement très inférieures à la normale en ce début de match. Malgré un premier
set remporté sans montrer un spectacle incroyable, les filles et garçons de Cley
exultèrent. Il ne leur manquait plus que deux sets pour s’ouvrir les portes d’un
huitième de finale du championnat des campus d’excellence européens.
361
Béhuit fut contraint de sortir Erik au cours du deuxième set. Il n’en pouvait
tout simplement plus. Puis ce fut le tour d’Yvan qui s’écroula sans pouvoir se
relever sans aide après une dernière attaque gagnante pour empocher le deuxième
set. L’équipe d’en face n’était également pas au mieux ; l’entraîneur adverse
multipliait les remplacements. Tous les acteurs encore présents sur le terrain pour
le début du troisième set ne tenaient que par la volonté et à ce petit jeu, c’est
l’équipe adverse qui empocha le troisième, puis le quatrième set. Tout allait se
jouer sur un cinquième set décisif.
Béhuit eut beau se creuser les méninges afin de trouver une idée pour aider
son équipe ; il n’y avait plus rien à faire. Les joueurs, encore sur le terrain, d’un côté
comme de l’autre parvenaient à peine à mettre un pied devant l’autre. Le set fut
extrêmement serré ; 12 partout lors de ce dernier acte de la campagne madrilène.
La tension était à son comble dans le gymnase. L’adversaire, au service, se
contenta de mettre le ballon dans le terrain, mollement, pourtant personne ne
bougea pour la récupérer… un point offert ! Le service suivant fut un peu plus
puissant, mais parfaitement réceptionné par Antoine sur son passeur pour offrir
une super balle d’attaque pourtant complètement manquée et envoyée en dehors
des limites du terrain très largement. 14-12 ; balle de match… manquée par le
serveur adverse en la mettant directement dans le filet ! C’était au tour de l’E2C de
servir pour tenter de revenir à 14 partout. Sur un service très assuré, l’adversaire
enchaîna une réception-passe-attaque que personne ne put remonter. Bucky et
son campus venaient de perdre la finale !
362
- Un peu. Mais restons réalistes, cette médaille est déjà inespérée et nous
offre la possibilité de jouer le match de barrage en janvier.
Béhuit rigola :
- Que je suis une fille formidable, que tu m’aimes et… que tu passerais bien
Noël avec moi et mes parents à Néom. J’aimerais te les présenter !
- Tu es une fille formidable, je t’aime et… es-tu vraiment certaine que c’est
une bonne idée ? Nous sommes ensemble depuis à peine 2 mois !
Elle espérait ne pas faire paniquer sa moitié en lui parlant sans filtre. Être
parfaitement transparente sur ses sentiments lui permettrait de connaître le
ressenti de Béhuit sur leur couple.
- Toi et moi, c’est pour la vie ! Rien de ce que tu pourras me dire ne me fera
changer d’avis !
363
m’entends bien, rien, ne m’éloignera de toi. Je ne te quitterai plus. Tu es condamné
à me subir. Je suis née pour t’accompagner, jusqu’à la fin, répondit-elle.
- Comment peux-tu être aussi certaine que c’est moi et pas un autre ?
- Parce que je sais qu’après la nuit, le soleil finit toujours par repointer le
bout de son nez. Parce que je sais que l’eau qui s’évapore finira toujours par
retomber. Parce que je sais que dès que je m’éloigne de toi, je suis comme
démembrée…
- Bucky… lui dit-il, résigné, avant de l’embrasser, visiblement touché par les
dires de l’étudiante.
Par cette déclaration, qu’elle était prête à faire et refaire si cela était
nécessaire, Bucky espérait avoir touché au plus profondément de son être Béhuit.
Elle n’avait absolument rien préparé. Tout était improvisé. Elle avait simplement
laissé parler ses sentiments. Elle espérait simplement qu’il les partage de manière
aussi intense. L’étudiante ne se lassait pas de son baiser, tellement intense,
tellement sensuel. Sentir sa langue enlacer la sienne était toujours aussi fort et
provoquait un bienfait toujours aussi enivrant. C’était simple, dans ces moments,
pour Bucky, le monde s’arrêtait. Ni elle, ni lui ne semblait vouloir rompre ce
moment.
Elle et Béhuit furent bien obligés, ne serait-ce que par politesse, de stopper
ce baiser qu’elle appréciait tant.
364
- Je vais peut-être vous laisser seul à seul, proposa Béhuit comprenant bien
que Bucky allait sûrement se voir proposer un futur poste.
- Je n’ai rien contre les cabarets comme le vôtre, mais j’avoue avoir une
certaine réticence à me produire poitrine à l’air, dit-elle tout en regardant Béhuit,
comme pour lui demander son aval. Vous me laissez y réfléchir ?
365
et cela ne semblait pas terminé ; une cinquantenaire, habillée de manière très
professionnelle avec un tailleur noir, attendait son tour pour venir lui parler. Ce
qu’elle fit, une fois le directeur artistique du Moulin Rouge parti.
366
***
Les filles n’avaient même pas eu 24 heures de repos qu’elles durent déjà
retourner s’affairer à la tâche avec le spectacle de danse de fin d’année en soirée.
Ce spectacle était important. Un jury était présent pour noter chacune des filles en
vue d’obtenir une note supplémentaire avec un coefficient important pour calculer
la moyenne finale d’EPS comptant pour obtenir son diplôme. Ouvert au public,
Béhuit avait évidemment été invité à assister au spectacle par Bucky. Savoir son
petit ami dans la salle lui donnerait du courage pour faire abstraction des
courbatures encore bien présentes, séquelles du tournoi de rattrapage de volley-
ball. Depuis la rentrée, elle ne préparait que cela avec Nolwenn et Glaème lors des
cours de danse sous la direction, encore et toujours, de Meyrie Dharcourt,
passionnée par son travail. Avec sa chorégraphie et sa prestation en tant que pom-
pom-girl, Bucky Délavigna savait déjà qu’elle avait un 20/20 assuré. Mais un
deuxième 20/20 en danse ne serait pas de refus pour récupérer les notes
présentes et futures de cette année en EPS… qui étaient beaucoup moins à son
avantage, les notes venant pourtant en grande partie de son petit ami. C’était dire
le niveau qu’elle affichait !
367
Danseuse et pom-pom-girl du handball de troisième année. La présence de cette
fille, somme toute ordinaire, semblait le perturber au plus haut point et ce n’était
pas la première fois. Elle avait déjà observé ce même comportement lorsqu’il
l’avait croisé lors de la toute dernière répétition de présentation des garçons avant
la "première" de Lisbonne. Bucky ne connaissait que très peu cette fille de deux
ans sa cadette, mais elle ne comprenait pas une telle inquiétude vis-à-vis de cette
personne. Qu’est-ce qui tracassait Béhuit ? Était-ce en rapport avec le pourquoi de
sa présence ici sous couverture ? Était-il tout simplement tombé sous son
charme ? Non, ça ne pouvait pas être cela ! Cette petite jeune n’arrivait pas à sa
cheville et puis Béhuit l’aimait. Elle s’inquiétait inutilement. Il fallait se reconcentrer
de toute manière, l’éclairage diminuait. Le spectacle commençait. Elle allait
pouvoir l’éblouir de son talent de danseuse et montrer à Béhuit qu’elle était la
meilleure danseuse pour mettre en évidence sa supériorité sur cette Emma, juste
au cas où ! Prudence était mère de sûreté !
***
Tout avait été parfait ! Après une première danse de la totalité de l’effectif
de dernière année réussie. Bucky vogua de succès en succès dans un trio avec
Nolwenn et Glaème, puis un duo avec sa meilleure amie, pour conclure par une
prestation solo, le tout sans le moindre raté malgré la fatigue latente accumulée
de ces derniers jours. Le final ne fit que confirmer le succès global du spectacle
sur le thème cette année des comédies musicales. Une excellente note ne faisait
pas de doute et elle l’avait bien évidemment remarquée, un Béhuit ébloui par son
talent. Il ne regardait qu’elle en applaudissant chaudement ! Ne restait plus qu’à
quitter la scène pour le retrouver après avoir enfilé une tenue un peu plus passe-
partout.
Après que les danseuses se soient félicitées pour leurs prestations. Bucky
ne manqua pas l’occasion de rattraper Emma en sortant des coulisses pour la
rejoindre. Curieuse de nature, elle souhaitait connaître un peu plus la danseuse
pom-pom-girl de troisième année affiliée au handball pour tenter de débusquer une
quelconque piste permettant de comprendre pourquoi Béhuit semblait focalisé sur
elle.
368
L’étudiante s’arrêta avant de se retourner pour identifier Bucky. De taille
comparable à elle, Emma avait une carrure un peu plus imposante malgré ses deux
ans de moins. Elle possédait, comme beaucoup de filles de leur tranche d’âge des
cheveux longs et colorés en blond. Ce n’était pas particulièrement une belle fille.
- Oui Bucky, répondit-elle, sans doute étonnée de se voir appelée par une
étudiante de cinquième année qu’elle ne connaissait que très peu.
Le regard d’Emma montrait clairement que la jeune fille n’était pas tombée
dans le traquenard de son aînée. Elle avait compris que Bucky cherchait à
l’amadouer un maximum. La brune à la mèche fuchsia avait bien évidemment
uniquement l’intention d’en savoir un peu plus sur elle, mais la fausse blonde
n’était pas tombée dans le panneau. Quelques secondes de silence la mirent mal
à l’aise.
- Non pas la moindre ! J’ai cru comprendre qu’il était retourné au Canada.
- Vous êtes pourtant sortis ensemble ? Que s’est-il passé ? Béhuit Ciel à
quelque chose à voir là-dedans ?
Bucky se sentait prise au piège. Ce n’était finalement pas elle qui posait les
questions. Elle se retrouvait empêtrée à devoir raconter sa brève liaison avec Creth
à une quasi-inconnue et ce n’était pas elle qui amenait le sujet Béhuit sur la table,
mais bien son interlocutrice. Sa liaison avec lui, officialisée désormais, était
369
encore aujourd’hui sujet de beaucoup de discussions, principalement des ragots,
mais le fait qu’elle parle de lui ne lui semblait pas être un hasard.
C’était effectivement le cas pour elle, mais pas pour lui. Quelque chose
clochait dans son comportement. Un air inquiet qu’il tentait de dissimuler, et puis
sa main ! Cette sorte de mouvements incontrôlés de ses doigts qui bougeaient.
Son petit ami était très clairement sur ses gardes ! Elle le sentait et le connaissait
suffisamment bien pour être certaine de ne pas se tromper.
- Béhuit Ciel, je suis Emma Nunes, ravie de faire votre connaissance. C’est
la première fois que nous nous parlons l’un avec l’autre me semble-t-il ? Dit
l’étudiante de troisième année en lui tendant la main.
- C’est exact, nous ne nous connaissions que de vue jusqu’ici, lui répondit-
il, en lui serrant la main avant de poursuivre rapidement ; je suis désolé, mais nous
sommes assez pressés Bucky et moi. Nous avons un planning chargé.
Bucky n’ajouta rien, mais comprit clairement que Béhuit mentait ! Ils
n’avaient rien prévu de particulier ensemble ce soir. Béhuit devait juste rentrer à la
villa pour discuter avec Céssix Sky. Sans doute pour lui parler de Noël, que Bucky
espérait toujours passer avec lui, chez ses parents à Néom. Elle ne s’était pas faite
d’idée, Béhuit avait un comportement inexplicable face à cette étudiante.
- Dans ce cas, je vous laisse partir, dit Emma. Nous aurons bien l’occasion
de faire plus ample connaissance une autre fois.
370
- Bucky, tu es sûre que tout va bien ? Tu ne te sens pas faible ou vaseuse ?
Demanda-t-il de façon insistante.
- Délavigna, on ne peut rien vous dire, il est plus sage que vous restiez dans
l’ignorance, enchaîna-t-elle.
La jeune fille se sentait tellement frustrée qu’elle en serra les poings. Elle
abdiqua cependant. En insistant, elle risquait peut-être de mettre Béhuit dans une
situation difficile vis-à-vis de Céssix Sky et ce n’était vraiment pas le moment ;
Bucky devait réserver des billets d’avion pour partir rejoindre ses parents pour les
vacances de Noël et elle avait compris que l’aval de la directrice était nécessaire
pour que son petit ami puisse l’accompagner.
- Je ne négocierai pas, quoi que ce soit, avec vous, pour votre silence !
L’arrêta Céssix.
Bucky comprit tout de suite qu’elle s’y prenait très mal avec son
interlocutrice. Céssix n’était pas femme à céder au chantage. Cette femme était
une meneuse née, sûre d’elle, sans faiblesse apparente et encore particulièrement
belle ce soir dans son tailleur blanc. Le type de femme qui attirait les hommes.
L’étudiante décida d’arrondir un maximum les angles avec elle. La cohabitation
371
n’avait jamais été simple entre elles et ne le serai peut-être jamais, mais il fallait
absolument qu’elle arrive à obtenir un accord de sa part.
- Dites toujours…
- Où ça ? Demanda la directrice.
- Vous voulez qu’il parte avec vous chez vos parents ? Demanda Céssix.
L’étudiante à la mèche fuchsia ne fut qu’à moitié surprise que la blonde qui
lui faisait face en sache autant sur elle. En tant que directrice, elle avait accès à
son dossier personnel et elle avait dû se pencher dessus avec attention étant
donné la liaison amoureuse qu’elle entretenait avec son ex.
Céssix regarda à nouveau Béhuit avec insistance. Sans même parler, ils
semblaient se comprendre parfaitement. Elle se confortait une fois de plus sur le
fait que ces deux-là travaillaient ensemble depuis un bout de temps, même si elle
ignorait toujours leurs activités précises en rapport avec la sécurité intérieure.
- Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée ! Béhuit, ne te fais pas
trop d’illusion, tu sais ce qu’il en est, dit la directrice à l’entraîneur.
372
- Tu es de toute façon officiellement en vacances, tu fais ce que tu veux…
même si je reste convaincue que c’est une très mauvaise idée.
- Si je ne te fais pas souffrir aujourd’hui, j’ai peur de le faire bien plus encore
dans le futur, répondit-il.
Le blond à la mèche ciel prit son temps pour répondre. Temps interminable
pour Bucky. Un "non" de sa part signifierait probablement une rupture. Ce n’était
pas possible ! Ils s’aimaient tellement fort. Inconcevable que leur histoire se
termine ainsi !
***
373
si ses parents ne cautionnaient pas ? Elle allait être fixée sous peu. Elle prit son
smartphone et sortit de la chambre afin de ne pas réveiller Nolwenn qui dormait
profondément, juste à côté. Elle ronflait même légèrement, preuve d’un sommeil
récupérateur et d’une fatigue latente.
Dans un salon encore vide à cette heure avec une famille occupante des
lieux pour la totalité en période de vacances. Bucky lança l’appel en visio,
rapidement accepté. Ses parents devaient être debout avec le jeu du décalage
horaire.
- Bonjour ma fille, répondit son père tout en faisant un signe de la main, sans
doute à sa mère non loin de lui.
- Oui… en fait, avant d’arriver, je souhaiterais vous parler un peu plus de lui,
afin que vous ne soyez pas surpris en le voyant.
374
Les parents se regardèrent.
- Tu sais, du moment qu’il te plaît, l’essentiel est là ! Peu importe s’il a une
couleur de peau différente, une croyance particulière ou un handicap, il sera le
bienvenu. Nous sommes certains qu’il s’agit de quelqu’un de bien. Il est après tout
également étudiant à l’E2C, tout comme toi, il a forcément des qualités d’autant
qu’il a réussi à prendre le cœur de notre fille. C’est donc indubitablement quelqu’un
pétri de qualité, répondit son père.
- Nous avons gardé un temps notre relation discrète, puis il a décidé de tout
révéler. Pour cette raison, il a été renvoyé de son poste de professeur d’EPS. Il
reste cependant l’entraîneur de l’équipe de volley des garçons. Il s’occupe
également de donner des cours de culture générale aux classes.
375
- J’avoue être surprise, et je pense que pour ton père, c’est la même chose.
Mais c’est la première fois que tu nous présentes un garçon. C’est donc sérieux
entre vous deux. Le plus important, c’est qu’il te rende heureuse… dit la mère de
Bucky.
- C’est le cas ! Coupa l’étudiante comme pour appuyer son argumentaire sur
le bienfondé de cette relation.
La fille Délavigna était heureuse. Ses parents semblaient avoir bien ingéré
la nouvelle. Ce Noël s’annonçait particulièrement magique. Son tout premier en
couple !
- Oui, d’ailleurs je voulais vous remercier de ne rien avoir dit à mes parents.
Il était préférable que je leur annonce moi-même.
- Nolwenn, Antoine et Erik ont de la chance d’avoir des parents comme vous.
J’ai de la chance de vous avoir ! Lui dit-elle en toute sincérité.
376
- Bucky, tu n’es peut-être pas de notre famille, mais sache que tu seras
toujours la bienvenue dedans car pour nous, c’est comme si tu en faisais partie.
Toute la famille Donerm est heureuse de t’avoir au sein de son foyer.
***
Valise prête après un dernier entraînement dans le salon des Donerm avec
Rayan en vue du bal de nouvel an. Cadeaux checkés pour ses parents, dans cette
même valise. Passeport ok, billets d’avion numérique bien présents sur son
smartphone, Bucky n’avait plus qu’à attendre que Béhuit passe la chercher pour
l’emmener jusqu’à l’aéroport. Avant de partir, elle croisa Nolwenn, de retour, qui
était également parti s’entraîner avec son mystérieux partenaire de bal dans un
endroit inconnu. Elle ne connaissait toujours pas l’identité de son cavalier et sa
meilleure amie ne lui laissait pas le moindre indice. Une vraie chipie !
377
Ce ne fut pas le coupé blanc de Béhuit qui l’attendait pour partir, mais un
immense SUV noir, rapidement identifié comme celui de Céssix Sky. C’est elle qui
amena le couple à l’aéroport. Il n’y eut pas énormément d’échanges durant le trajet
d’à peine trente minutes. Bucky le percevait, sa directrice n’était pas ravie du
départ en vacances de son colocataire d’autant qu’aucune date n’avait été encore
décidée concernant le retour. Une fois déposé, et après une rapide accolade entre
Céssix et Béhuit, le jeune couple s’enregistra avant de patienter en attendant le
départ de leur avion. Puis enfin l’embarquement dans l’avion. Bucky avait tout fait
pour que, dès le début du voyage, son compagnon se sente à son aise ; ils
disposaient de billets en première classe. Elle lui avait fait la surprise et il ne s’en
aperçut qu’au dernier moment. Il semblait apprécier. Elle voulait qu’il se sente bien.
***
- Mais parents vivent ici. Avec le temps, j’ai fini par me débrouiller, lui dit-elle
sans presque aucune hésitation pour chercher ses mots.
378
qu’elle savait qu’il ne pratiquait que très peu. Les deux amoureux passèrent
finalement la douane après quelques questions basiques.
- D’ordinaire, les gens qui visitent Néom pour la première fois sont éblouis
par la singularité des lieux, souligna-t-elle.
- Et dire que je croyais que c’était moi la bourgeoise du couple qui n’était
pas impressionnable, taquina-t-elle.
379
même en vacances. La jeune fille de 19 ans s’y était habituée. Elle ouvrit donc la
porte de l’appartement elle-même sans sonner. La serrure était verrouillée par
identification vocale et digitale. D’une simple demande de la part de l’étudiante, la
porte se déverrouilla, l’intelligence artificielle l’avait reconnu comme habitante des
lieux.
- Ce n’est pas ta villa, mais j’espère que cela te plaît quand même ?
Demanda-t-elle à la fin de la visite.
Bucky apprécia le compliment. Cela venait de lui donner une idée pour le
cadeau de Noël. Béhuit n’avait pas la moindre photo d’elle à sa connaissance, mis
à part peut-être sur son téléphone. Elle allait faire en sorte qu’il puisse décorer un
peu plus chez lui. Pas une photo ne s’y trouvait, rien d’ailleurs ! Elle avait
parfaitement intégré que la villa de Béhuit n’était qu’un logement temporaire et que
son propriétaire n’était pas un ami, mais bel et bien son mystérieux employeur.
- Quand on est la fille unique d’une famille, bonne danseuse, plutôt jolie et
étudiante dans un établissement d’excellence, je dois bien admettre qu’on peut
rapidement être idolâtré par ses parents.
- Après réflexion, des photos de toi, c’est bien plus joli que moi !
- Détrompe-toi, elles me seront très utiles pour un peu plus penser à toi et
m’aider à fantasmer. Tu es bien plus joli garçon que tu l’imagines.
- Je crois bien que c’est la première fois que je dois être l’objet des
fantasmes de quelqu’un ! dit-il en rigolant.
380
- D’ailleurs, je ne t’ai jamais dit que j’ai toujours rêvé de faire l’amour dans
ma chambre de jeune fille.
Une petite accolade supplémentaire, quelques mots doux avec ses parents
puis le moment qu’elle redoutait était attendu.
- Je vous présente Béhuit Ciel, leur dit-elle, tout en faisant signe à son petit
ami d’avancer.
- Alors c’est vous l’heureux élu ! Dit sa mère en le regardant. J’avoue déjà
que tu as bien choisi l’emballage ! Ajouta-t-elle en direction de sa fille, tout en lui
faisant un geste de la tête.
- C’est bien cela. J’ai pris mon poste quelques semaines après la rentrée,
répondit Béhuit.
381
- Et vous êtes aussi professeur d’EPS à l’E2C, si j’ai bien suivi ? Demanda la
mère.
Bucky voulut prendre la parole pour rassurer son père et lui souligner que
Béhuit avait fait cela pour la protéger, mais son compagnon la devança.
- Je ne suis plus professeur d’EPS pour que votre fille puisse continuer
sereinement ses études. Monsieur, sachez que je ferais tout pour ne pas nuire à
son avenir. Le fait que votre fille me fréquente n’entraînera aucune conséquence
néfaste pour elle au sein de l’E2C. Je m’y engage !
***
382
Après simplement une journée à Néom, c’était déjà le tout premier réveillon
que Bucky passait avec Béhuit ! Ses parents s’étaient encore démenés pour
proposer des plats typiques pour l’évènement alors qu’ils étaient dans un pays qui
ne fêtait pas cette date. Des fruits de mer en entrée, un chapon accompagné de
marrons et de haricots verts, le tout saucé, le fromage, que Bucky ne mangeait
jamais car elle n’aimait pas ça, et la traditionnelle bûche de Noël. Chaque année,
ils réussissaient l’exploit de faire un réveillon à la française. Un sapin avait même
été livré le soir de l’arrivée de Bucky et décoré par tout le monde pour garder une
ambiance du pays natal des Délavigna malgré les 40°C qu’il faisait dehors.
Heureusement que les appartements restaient frais du fait de leur conception
révolutionnaire !
Bucky avait bataillé, mais réussi, à obtenir dans les temps tout ce qu’elle
désirait offrir pour les personnes présentes. Un roman policier dédicacé par son
auteur pour son père, une robe tailleur noire de grande marque, parfaite pour le
travail de promoteur immobilier, pour sa mère et bien évidemment des présents
pour son petit ami. Elle avait dû aviser rapidement pour ce dernier. Il eut été
inconcevable de le laisser sans cadeau à ouvrir sous le sapin des Délavigna. Avait-
il eu le temps de son côté de lui prévoir également quelque chose ? Le délai avait
été court, elle se promit de ne rien lui reprocher. Mais elle devait bien s’avouer
qu’un cadeau de sa part, quel qu’il soit, la comblerait de bonheur. La nature
matérialiste humaine, forte chez elle, elle ne pouvait tout de même pas la renier !
Le moment venu, chacun posa les cadeaux au pied du sapin. Quelle bonne
surprise de voir que même ses parents avaient prévu un cadeau, certes commun,
pour elle et Béhuit en plus d’un autre uniquement pour elle. Joie encore plus
intense de découvrir que son petit ami n’était pas venu les mains vides ; il avait
prévu un cadeau pour chaque membre de la famille Délavigna ! Elle l’avait
décidément bien choisi, son petit ami était parfait !
Comme c’était la tradition dans la famille, tout le monde ouvrit ses cadeaux
en même temps. Impatiente, mais très procédurière et courtoise par rapport à ses
parents, Bucky commença par le cadeau de ses parents… et quel cadeau ! Un
simple bout de papier où était inscrite une promesse de ses parents ; celle de lui
acheter un appartement dans la ville de son choix afin de poursuivre sereinement
ses études ou commencer sa carrière professionnelle ! Plus de question de
383
logement à se poser pour l’après E2C, ses parents lui en achèteraient un. Elle
bondit immédiatement dans les bras de ses parents pour les remercier, se sachant
clairement privilégiée dans sa vie par ce que ses parents lui procuraient ! Elle était
particulièrement chanceuse à ce sujet, bien informée des inégalités de plus en plus
criantes sur cette planète, Néom en était le parfait exemple.
Béhuit en avait profité de son côté pour ouvrir l’enveloppe cadeau commune
venant de ses parents à leur destination ; une visite nocturne "VIP" pour deux de la
tour Eiffel suivie d’un repas au Jules Verne, le restaurant du monument. Un beau
moment en amoureux à passer en perspective. Béhuit remercia chaleureusement
les parents de Bucky. L’idée de ses parents serait un parfait complément des deux
places pour le Moulin Rouge qu’elle avait obtenu et qui faisait partie des choses
que Bucky avait offertes à Béhuit comprenant bien que le seul fait de parler de ce
spectacle lui mettait des paillettes dans les yeux.
Elle prit enfin en main le cadeau de Béhuit à son intention. Une boîte en
carton toute simple de la taille d’un smartphone, pas plus, que son petit ami n’avait
pas pris soin d’emballer, peut-être par manque de temps. Cet emballage était
clairement une boîte de récupération dans laquelle il avait glissé ce qu’il souhaitait
lui offrir dedans. Submergée par sa curiosité, elle s’empressa de l’ouvrir… pour
découvrir une chaîne en or au bout de laquelle pendait une pierre précieuse
sculptée magnifiquement, probablement une émeraude. Sa couleur verte était
magnifique, presque irréelle, sans nul doute l’œuvre d’un artisan de talent.
Bucky ne savait pas quoi dire, ce bijou était une merveille, jamais elle n’en
avait vu de tel, y compris dans les bijouteries haut de gamme qu’elle fréquentait
de temps à autre. Béhuit avait dû payer cela une fortune. Il y avait même fait graver,
au laser sans doute, "Bucky Délavigna" sur le dos de la pierre précieuse en petit.
Sans même lui répondre, elle retira le collier qu’elle portait sur elle pour
l’occasion du réveillon pour mettre celui que Béhuit venait de lui offrir. Il était
même quasiment trop beau pour elle.
384
- C’est une artiste-bijoutière connue ?
- Elle a bien tort ! Intervint la mère de Bucky. Vous pourriez lui demander de
m’en faire un aussi ? Je suis un peu jalouse de ma fille, je dois bien avouer.
- Béhuit, je suis la pire des petites amies, les cadeaux que je t’ai fait n’ont
rien d’aussi merveilleux, j’ai même un peu honte que tu les ouvres. Je suis par
avance… désolée ! Dit-elle, fébrilement.
- Je t’arrête tout de suite Bucky. Crois-moi j’ai aussi bien des défauts ! Lui
répondit-il en lui posant la main sur sa joue pour la réconforter.
Craintive, elle le regarda déballer, il avait commencé par le pire des cadeaux,
une blague pour augmenter le nombre de cadeaux et le faire sourire. Après le
385
cadeau qu’il venait de lui offrir, cette gentille petite pique qu’elle lui adressait était
tout bonnement en dessous de tout.
Bucky baissa légèrement la tête, pas très fière d’elle. Cette blague était
d’une médiocrité affligeante après le cadeau qu’elle venait de recevoir.
Béhuit semblait apprécier le message que sa petite amie avait tenté de lui
faire passer. Elle qui ne comprenait pas comment Béhuit et Céssix faisaient pour
vivre sans quasiment aucune denrée dans leur villa. Elle se rassura en se disant
que le plus dur était passé. Ses autres cadeaux étaient… moins mauvais. Il était
temps de passer à un deuxième paquet qui était en fait une enveloppe. Bucky
s’empressa de commenter le cadeau :
Dans l’enveloppe se trouvaient les deux billets VIP qui lui avait été offert par
le directeur artistique du Moulin Rouge.
- Tu ne vas même pas réfléchir à l’offre qu’ils te font ? Lui demanda Béhuit,
surpris.
- J’ai déjà un peu réfléchi, c’est largement New-York mon souhait. J’aurais
peut-être d’autres propositions, j’attends de voir, disons simplement que le Moulin
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Rouge et le poste à l’excellence campus de Montréal ne sont pas mes premiers
choix. Mais on ne va pas gâcher ces deux places sachant que tu as toujours eu
envie de voir un french cancan en vrai !
- Tu n’as même pas de photo de moi chez toi ! Ça ne plaira pas forcément
à Céssix, mais il sera très bien dans ta chambre, précisa-t-elle.
Finalement, les cadeaux de Bucky semblaient plaire. Ils n’étaient certes pas
à la hauteur du sien, mais au moins ils avaient permis de lui donner le sourire. Elle
ferait mieux une prochaine fois.
***
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Après quelques jours passés chez elle avec ses parents et Béhuit,
essentiellement à visiter ce que proposait Néom afin que son petit ami découvre
les multiples loisirs et activités que l’immense cité proposait, le moment fut venu
de prévoir le retour et le nouvel an.
***
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soins, le tout dans les bras de son bien-aimé, entourée de ses parents et de ses
amis. Ce dernier nouvel an de "jeune fille" pour Bucky resterait à coup sûr, un bon
souvenir. Il fallait pourtant rentrer, les vacances se terminaient ; place au cours à
l’E2C et son bal de début d’année.
Ayant passé 10 jours H24 avec lui, Béhuit manqua pourtant à Bucky dès
qu’ils durent rentrer chacun de leur côté. Nolwenn lui fit remarquer qu’elle avait
vraiment ce garçon dans la peau, elle ne lui donna pas tort ; "L’amour, c’est
emprunter une allée étroite en voiture. Si tu t’y engouffres, il sera difficile de faire
demi-tour" se contenta-t-elle de lui répondre joyeuse.
Malgré la présence de sa meilleure amie, elle se sentit seule dans son lit pour
s’endormir. Un ultime petit message pour dire à Béhuit qu’elle l’aimait en
contemplant son pendentif… avant de fermer les yeux.
***
Bucky enfila plusieurs fois sa longue robe pour s’assurer que tout était
parfait pour la soirée de bal de début d’année de l’E2C. Comme tous les ans, le
thème était principalement axé sur la valse ; "ambiance Viennoise", disait-on.
Costumes pour les garçons et robes longues pour les filles étaient obligatoires.
Seul le code couleur variait de bal en bal. Cette année ; costumes bleu foncé ou
noir pour les garçons et robes noires et or pour les filles étaient demandés pour
cette soirée. Bucky avait opté pour une robe entièrement noire avec des motifs
couleur or faisant penser à des éclairs. Nolwenn avait de son côté misé sur une
389
robe bicolore avec un bustier couleur or, le reste de la robe laissant la place au
noir. Une broche en or dans les cheveux pour les deux amies, achetée à Louxor
lors de la croisière du nouvel an et elles étaient parées pour attendre leurs
cavaliers. Bucky ne manqua pas d’ajuster la taille de son collier afin de mieux
l’adapter par rapport à la hauteur de son décolleté. Comme promis, elle ne l’avait
encore jamais quitté depuis que Béhuit lui avait offert. Il était quelque peu gênant
pour pratiquer la danse, un peu moins pour l’activité de pom-pom-girl à l’aide de
vêtements moulants qui lui permettaient de le plaquer contre sa peau, même s’il
était dissimulé dans cette situation. Elle faisait de toute façon avec, quel que soit
le lieu ou l’activité. C’était le tout premier cadeau que son petit ami lui avait offert !
Elle comptait ne jamais le quitter.
Un rapide coup d’œil sur son smartphone pour se renseigner si toutes ses
amies étaient prêtes. Glaème attendait qu’Antoine passe la chercher, cela n’allait
pas tarder ; Bucky, en jetant un coup d’œil dehors, avait vu que sa voiture prêtée
aux fils Donerm pour l’occasion n’était plus là. Antoine, accompagné de son frère
était sur le chemin pour aller chercher Glaème et Anita. Sans aucune surprise, les
deux garçons s’étaient proposés auprès de leurs petites amies respectives pour
être leurs cavaliers. Shandrill, elle, vivait un rêve ! Depuis le voyage du nouvel an en
Égypte, la gymnaste et Karim ne s’étaient pas quittés et vivaient ensemble depuis
une semaine dans un hôtel haut de gamme ; le manoir de Gressy, tout proche de
Cley et l’E2C. Une sorte d’expérience de vie commune qui allait se conclure par le
bal de ce soir, lui avait-elle confié. Restait Lily, qui pour la troisième fois pour ce
bal avait réussi à se faire inviter par Yvan. Aucune relation amoureuse entre eux,
ils s’entendaient simplement bien, surtout grâce à leur passion commune du
volley-ball. Yvan, d’origine ukrainienne, avait de toute façon une fiancée dans son
pays natal. Ce bal était une première ; toutes ses amies avaient réussi à dénicher
un cavalier, c’est Nolwenn qui en avait fait les frais l’année dernière. C’était une
excellente chose qu’elle ait trouvé un potentiel prétendant pour sa dernière année
ici. Bucky n’était, finalement, que la seule un peu contrariée ; Rayan était quelqu’un
de charmant mais… il n’était pas Béhuit.
390
de dernière minute. Il la rejoindrait directement à l’E2C. A peine le temps de
prendre connaissance du message que la limousine arriva. Elle scruta son amie.
Bucky ne partageait pas le même positivisme que son amie. Elle priait de
tout son cœur que le cavalier à l’identité secrète de sa meilleure amie ne lui pose
pas un lapin. Cela s’était malheureusement déjà vu dans l’histoire des bals de
début d’année de l’E2C.
- Je vais attendre un peu avec toi qu’il arrive, finit-elle par dire dubitative
quant à la situation.
***
Nolwenn avait craint jusqu’à la dernière minute que tout ne se passe pas
selon le plan établi. Deux petites minutes supplémentaires à attendre devant sa
maison et des bruits de sabots se firent entendre tapant contre le sol bitumeux de
la route. Elle avait juste eu le temps de préparer un sac à dos à la hâte. Son cavalier
n’avait pas fait les choses à moitié, c’était une calèche tirée par deux chevaux qui
s’avançait dans sa rue avant de stopper juste devant chez elle. Son cavalier
descendit, extrêmement élégant dans son costume bleu foncé avec une chemise
couleur or pour être raccord avec elle. On lui avait promis un cavalier digne du
prince charmant, c’était pour le moment le cas.
391
- Mademoiselle, je suis votre cavalier et abonné pour cette soirée, lui dit-il
en l’invitant à monter dans la calèche après lui avoir baisé la main.
Une fois monté, avec le sac à dos en supplément fait à la va-vite juste après
le départ de Bucky, Nolwenn eut un pincement au cœur, son cavalier lui passa une
couverture chaude autour de ses épaules nues afin qu’elle n’attrape pas froid en
cette soirée d’hiver avant de lui proposer un Virgin mojito à boire. Il s’était même
renseigné sur son cocktail préféré !
- C’est un peu l’idée, comme cela tout le monde pourra nous voir arriver, tu
seras la vedette, la reine de ce soir !
Nolwenn rougit légèrement, elle appréciait l’idée, alors que le cocher dirigea
son attelage tranquillement vers l’E2C. A cette allure, il y en aurait bien pour 30
minutes de trajet. A coup sûr, ils seraient bons derniers ce qui leur laissaient
l’occasion de siroter tranquillement leurs cocktails et de discuter pour faire plus
ample connaissance, eux qui ne s’étaient jusqu’ici que très peu parlés alors qu’ils
faisaient partie de la même promotion. La seule chose dont elle était sûre, c’est
qu’il était très attentionné et très bien préparé pour les valses de ce soir, sa
professeure avait enchaîné les séances pour qu’il soit au top.
***
392
- Elle ne devrait plus tarder… j’espère, lui répondit Bucky montrant toute son
inquiétude.
- Et toi ? Où est ton cavalier ? Sourit Shandrill, main dans la main avec Karim.
Glaème s’approcha d’elle, posa ses mains sur chacune de ses épaules
avant de la faire pivoter de 180 degrés. Une fois le demi-tour accompli, Bucky
manqua de peu de perdre connaissance…
- Tu veux dire que j’ai passé tout mon temps à lui apprendre les
chorégraphies de valse pour rien ?... Et qu’en plus je n’avais en fait aucun
prétendant pour ce bal ! Ajouta-t-elle à voix plus basse pour elle-même.
- Pas exactement, il a une autre cavalière, celle-là même qui m’a appris tous
les mouvements de valses nécessaires pour cette soirée.
- Nolwenn ? Interrogea-t-elle.
- J’ai donc bien fait de me faire belle ce soir pour ne pas décevoir mon
cavalier ! Analysa-t-elle, dans un bonheur indescriptible.
393
Elle prit la rose rouge tendue par Béhuit avant d’écourter la tige en la
cassant pour la glisser dans ses longs cheveux noirs, à l’opposé de sa broche déjà
présente près de sa mèche fuchsia.
- J’espérais ne pas être déçue pour cette soirée, je suis désormais certaine
que ce ne sera pas le cas ! Dit-elle.
- Soit le bal dure beaucoup plus longtemps que ce que je pense, soit tu
m’emmènes quelque part, devina-t-elle avec un sourire.
- Je te signale tout de même qu’il va falloir penser à passer chez les Donerm,
Monsieur l’homme parfait, pour que je récupère quelques vêtements de rechange.
J’adore cette robe, mais je risque d’avoir besoin de vêtements de rechange un peu
plus passe-partout pour la journée de demain. Tu n’as donc pas tout prévu !
- Quelle fille de peu de foi ! Lui dit-il. Tu crois que je n’y ai pas pensé ? Un
sac de change pour toi arrive en même temps que Nolwenn.
Un petit temps d’attente afin de prendre une photo officielle des couples
participant à l’évènement, permettant de voir l’arrivée bien tardive d’une Nolwenn
radieuse, au bras de Rayan, et le groupe put entrer dans le gymnase après
confirmation de la part de la fille Donerm que le sac de change de Bucky avait bien
été mis dans le coffre du coupé blanc de Béhuit garé à une centaine de mètres de
là.
394
- N’y compte pas ! Il a eu la meilleure des professeurs et Béhuit m’a dit que
Rayan serait mon véritable chevalier servant ce soir.
Le gymnase avait été, comme pour toutes les fêtes, décoré avec goût et
dans le style ce soir. Des rideaux noirs et or avaient été posés pour habiller les
immenses murs. Des fausses bougies LED ainsi que quelques lustres avaient été
ajoutés pour créer une ambiance plus authentique… et que dire du sol ! Un parquet
provisoire avait été posé sur la totalité du gymnase. Comble du raffinement ; un
orchestre composé en partie des étudiants trônait à l’autre bout du terrain de
volley. Lily et Nolwenn, joueuses de violon et de harpe, allaient à coup sûr jouer
quelques morceaux durant la soirée sous l’oreille attentive du responsable du
conservatoire de l’E2C qui allait sans doute les évaluer à l’aide de leurs professeurs
du conservatoire, présents ce soir. Chaque année, entrer dans ce bal permettait à
Bucky une sorte de bond dans le temps des traditionnelles valses viennoises. Elle
était émerveillée par les efforts du personnel de l’E2C pour la décoration qui
surpassait tout cette année. Elle savait au moins où partait le demi-million d’euros
que ses parents avaient payé aux enchères pour sa scolarité ici. Céssix, dans le
gymnase pour l’évènement, avait dû prévoir une rallonge budgétaire probablement
conséquente par rapport aux années précédentes. De nombreux éléments de
décor rendaient le bal encore plus immersif ; des faux feux de cheminée au pied
de certains murs, un buffet d’époque, même le plafond avait été modifié pour y
installer les faux chandeliers à LED et des fausses peintures murales ressemblant
à s’y méprendre à des vrais. Bucky devait s’avouer que la directrice n’avait commis
aucune faute de goût pour ce bal. C’était difficile à admettre, mais cette femme
avait des qualités, et lorsqu’elle jeta un œil dans sa direction, elle eut une
inquiétude, jalousie latente au départ qui se transforma rapidement en crainte. Elle
fixait Béhuit qui lui répondit d’un discret signe de la tête. Sa main dans celle de son
compagnon, elle sentit d’un coup une tension musculaire, une inquiétude qui se
lisait par les traits sur son visage en plus de la légère pression contre sa main.
Béhuit bougeottait les phalanges puis tourna sa tête directement sur Emma, à une
bonne quinzaine de mètres d’eux ! Il se crispa même un instant.
395
- Tu ne me diras rien ? Lui demanda-t-elle discrètement lui faisant ainsi
comprendre qu’elle avait déduit qu’une attention particulière pesait sur la pom-
pom-girl de troisième année affiliée au handball.
- Profites de ta soirée Bucky, lui répondit-il en posant ses yeux sur elle.
- Cela va s’avérer compliqué si ce n’est pas ton cas, lui répondit-elle d’un ton
doux. Cette fille ne m’a pas l’air bien méchant, ajouta-t-elle, espérant en savoir plus.
***
L’intégralité des filles prirent soin de ne pas souiller leur robe avec le buffet
présent. Avant les danses qui s’annonçaient, c’eut été une faute impardonnable.
Cette inquiétude ne semblait pas partagée par les garçons présents, si bien que
c’est bien eux qui ingurgitèrent une grande partie des mets présents. Certaines
filles comme Lily et Nolwenn avaient carrément décidé de faire l’impasse et de ne
rien manger pour éviter tout accident.
Visiblement les amies n’étaient pas les seules filles présentes ce soir à
avoir eu la même idée. C’était un peu la foire d’empoigne pour entrer dans les
toilettes surchargées d’étudiantes ayant toutes eu la même idée, mais les pom-
pom-girls avaient un atout en main que les autres filles n’avaient pas. Un accès au
vestiaire des filles du gymnase dont Glaème avait habilement pensé à amener la
clé, mise dans son sac à main, pour en déverrouiller la porte. Elle n’eut cependant
pas la nécessité de l’utiliser, la porte était déjà ouverte. Les clés étant identiques
dans chaque gymnase du campus, les pom-pom-girls du handball les avaient
devancées sur cette idée. Fort heureusement, les vestiaires étaient suffisamment
grands pour accueillir toutes les pom-pom-girls en même temps pour faire la
même chose ; s’arranger une dernière fois de la tête aux pieds. Maquillage,
coiffure, robe, accessoires, tout était vérifié et corrigé si nécessaire une dernière
396
fois. Bucky aida dans un premier temps Nolwenn dont la coiffure en chignon était
à affiner. Tout était ok pour ses amies ! Elle n’avait de son côté plus qu’à mettre
un coup de rouge à lèvres couleur rose, qui s’était un peu estompé entre le
grignotage et les verres de soda, et elle serait parfaite également. Elle conseilla
ses amies de ne pas l’attendre, elle en avait pour moins d’une minute.
Ses jolies lèvres uniformément colorées d’un rose brillant, elle rangea son
maquillage dans son sac à main, assorti à sa robe ; merci papa et maman pour
cette délicate attention. Puis au moment où elle se dirigea vers la sortie, elle se
retrouva nez à nez avec… Emma. Elle ne l’avait pas remarqué parmi les quatre
pom-pom-girls encore présentes ici et qui sortaient également.
La fille Délavigna aurait bien arrêté cet échange de politesse là, mais son
interlocutrice lui barrait le passage. Bien sûr, elle avait possibilité de la contourner,
mais elle décida de ne pas le faire afin de ne pas lui montrer qu’elle cherchait à
l’éviter. Elle avait bien retenu le conseil de Céssix et de Béhuit à ce sujet ; ne pas la
côtoyer ! Même si elle ignorait totalement pourquoi.
Elles se retrouvaient désormais seules dans les vestiaires, les autres pom-
pom-girls avaient toutes quittées les vestiaires. Bucky était de moins en moins
sereine vis-à-vis d’Emma qui semblait être une fille extrêmement sûre d’elle. De
toute évidence, le pendentif de Bucky la captivait et pas pour sa beauté ou encore
sa valeur pécuniaire probablement élevée, voire indécente. C’était pour autre
chose que la brune à la mèche fuchsia n’arrivait pas à cerner. Protéger ;
397
Qu’entendait-elle par-là ? Y avait-il une signification ou cherchait-elle tout
simplement à la déstabiliser avec un sous-entendu qu’elle ne comprenait pas.
- Très bien, ne te fâche pas, c’était juste une question pour faire la
conversation.
- Nous devons sortir, les premières danses vont commencer, lança Bucky
afin de tenter de clore l’échange tout en forçant légèrement le passage.
Après un léger choc épaule contre épaule, Bucky tendit la main pour ouvrir
la porte du vestiaire et ainsi rejoindre la piste de danse, mais elle en fut empêchée
par son autre bras. Emma venait de lui attraper pour l’empêcher de progresser
plus ! Elle commençait sérieusement à s’inquiéter et une pointe de peur s’empara
d’elle. D’autant que cette fille possédait une sacrée poigne ! Cette force physique,
d’une fille deux ans plus jeune qu’elle, lui rappelait de mauvais souvenirs ; lorsque
Creth avait réussi à la troubler et à tenter de profiter d’elle en la retournant au sol
sans qu’elle s’explique encore aujourd’hui pourquoi elle ne l’avait pas stoppé.
Céssix Sky était entrée dans les lieux. Pour le première fois, Bucky était
heureuse de l’avoir près d’elle. Emma desserra immédiatement son emprise du
bras de Bucky.
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- Désolée Madame la directrice, il y avait trop de monde ailleurs, nous
voulions simplement nous remaquiller ! N’est-ce pas Bucky ? Lui dit Emma d’un air
menaçant.
- Oui, c’est bien ça, répondit la brune à la mèche fuchsia, entrant dans son
jeu.
- J’ignorais qu’elle était dans les vestiaires quand j’y suis entrée…
- Non ! Vous m’avez demandé de me méfier d’elle, j’ai préféré ne pas lui
répondre.
399
accéléra le pas pour rejoindre Béhuit. Elle arriva seulement quelques secondes
avant les premiers pas de danse. Inutile de lui parler de ce qui venait de lui arriver,
Céssix était semble-t-il sur le coup et Béhuit devait être concentré sur ses
mouvements de valse. La soirée devait être magique, ce petit incident n’allait pas
tout gâcher. Elle lui en parlerait, peut-être plus tard, à moins que Céssix ne le fasse
avant.
***
- Ôte-moi d’un doute, ce n’est pas le garçon qui doit en principe conduire les
valses ? Sourit Béhuit se sentant de temps à autre accompagné fortement pour
éviter les fautes.
Il sourit jusqu’à ce que Bucky ne sente les doigts de son compagnon exercer
de presque imperceptibles petites pressions sur le bas de son dos de manière
désynchronisée. Il perdit, l’instant d’après, ses pas. Habilement l’étudiante rattrapa
le coup en conduisant la danse quelques secondes avant de lui relaisser la main.
Il avait visiblement des sauts de concentration. Ce n’était probablement pas un
hasard, alors qu’Emma et son cavalier se retrouvaient, du fait des mouvements de
valse entre couples, à proximité direct d’eux. Quelques mouvements et instants
plus tard, alors que la chorégraphie les éloignait d’Emma, Béhuit reprit ses esprits
en même temps que ses crispations totalement incontrôlées des doigts
s’arrêtèrent. Il n’y avait plus de doute possible ; Béhuit avaient ces sortes de crises
400
uniquement lorsque Emma était proche. Que se passait-il entre cette fille et lui
pour que leur proximité ne trouble Béhuit à ce point ?
- Ce n’est pas grave, ça fait cinq fois que je vis la même soirée. Tes fautes,
je les rattraperai. Je te demande simplement si quelque chose ne te perturbe pas,
demanda Bucky en montrant du regard discrètement Emma. Tu veux sortir en
attendant la prochaine musique pour en parler ?
Elle pouvait difficilement être plus claire. Elle espérait de Béhuit au moins
un début d’explication.
Béhuit ne savait visiblement pas quoi lui répondre. Ce fichu "secret défense"
faisait encore des siennes !
- Bien que j’apprécie grandement ton dire et que je t’annonce que tu pourras
m’enlever toi-même cette robe, mais sans me l’abîmer parce que j’y tiens. Tu ne
réponds pas à ma question, mais je comprends bien que je dois m’en contenter.
Tu es certain de ne pas vouloir prendre l’air un instant ? J’ai besoin d’un cavalier
au top pour la prochaine valse, c’est ma préférée !
Une légère pluie fine combinée à une température glaciale de début d’année
gêna grandement Bucky. Robe de bal plutôt fine, épaules quasi-nues seulement
recouvertes d’une fine dentelle couleur noire, rien ne l’incitait à rester avec Béhuit.
Pourtant, elle attendit patiemment que la respiration de Béhuit se normalise. Il
garda ses yeux fermés pas loin d’une minute avant de les rouvrir en déployant
401
légèrement ses bras sur les côtés. Puis, il la fixa. Elle lui répondit par un sourire,
tout en commençant à trembler de froid. Elle était vraiment fragile concernant les
températures fraîches.
Il sourit à son tour, tout en enlevant sa veste bleu foncé pour la poser sur
les épaules de Bucky. Il voyait qu’elle avait froid. Puis il la prit dans ses bras. Sans
le voir, juste en sentant son corps contre le sien, elle comprit qu’il reprenait son
exercice de respiration tout en l’entourant avec ses bras. Elle ne dit rien. Il ne
voulait de toute façon pas en parler, elle le savait. Puis d’un coup, il la
raccompagna à l’intérieur du gymnase. Ils étaient tous deux légèrement humides
par l’ondée extérieure. Pas le temps de se refaire belle pour autant. La chanson
qu’elle attendait arrivait. Béhuit se fraya un chemin en la tenant par la main pour
arriver sur la piste de danse à une place quasi-centrale, réservée aux pratiquantes
de l’option danse. Il fallait une carrure assez imposante pour arriver à se faire une
place à cet endroit stratégique, mais son petit ami avait la largeur d’épaule et le
gabarit pour !
- Cette danse, c’est celle que j’ai le plus préparée avec Nolwenn ! Dit-il.
402
Contrairement à la première danse où elle remarqua quelques doutes chez
son cavalier, elle sentait cette fois Béhuit sûr de lui dans sa conduite. Nolwenn et
lui avaient dû bûcher intensément sur cette valse, pas facile à prendre en main du
fait du rythme et de la chorégraphie assez complexe, avec beaucoup de
mouvements différents qu’elle demandait. Le moment qu’elle vivait était
magnifique. Elle ne remercierait jamais assez son petit ami d’avoir travaillé en
douce avec sa meilleure amie durant des heures et des heures, uniquement pour
lui faire plaisir, avec cette merveilleuse surprise. Heureuse, elle écrasait toute
concurrence dès ses premiers mouvements originaux sous les regards médusés
de plusieurs de ses camarades, dont Erik et Anita qui s’arrêtèrent même à la moitié
du morceau pour les contempler, comme beaucoup d’autres étudiants non-
danseurs. Son cavalier avait simplement à l’accompagner comme pour la
chorégraphie traditionnelle. C’était uniquement elle qui ajoutait des déhanchés ou
des rotations supplémentaires. La star de la soirée, c’était, sans conteste, elle. Elle
frappait un grand coup devant le jury, chargé de la noter dans son option. Une fois
la danse terminée sous les applaudissements de certains étudiants, elle ne put
s’empêcher, une nouvelle fois, de lui parler des sentiments qu’elle avait à son
égard :
403
Chapitre 13 : Firmament
Elle avait passé un week-end inoubliable avec Béhuit qui l’avait emmenée
au château de Montvillargènne à Gouvieux dans l’Oise, une fois le bal terminé. Ils
avaient pu profiter d’une magnifique chambre à l’ancienne dans la continuité de
l’ambiance viennoise, d’un superbe brunch, d’une séance de massage et de la
piscine intérieure chauffée. Ils restèrent une bonne partie de leur dimanche sans
bouger de leur chambre, se contentant de jeux érotiques, de films, voire les deux
en même temps, si bien que Nolwenn avait finalement prévu trop de vêtements
dans son sac : elle était restée nue une bonne partie du temps.
404
- C’est en partie vrai, mais le plus important, c’est que Béhuit ne soit plus
notre professeur d’EPS. Ton niveau en escrime à lui seul pourrait-être motif de
rupture ! Plaisanta-t-elle.
Lily se boucha les oreilles et se déplaça pour son prochain match d’escrime
vers une autre étudiante. Nolwenn la remplaçait pour sa confrontation d’escrime
suivante.
- Je lui ai simplement fait la remarque que certains sports sont bien plus
intéressants à pratiquer que d’autres, ironisa sa meilleure amie.
- Et je présume que le sport dont tu parlais se fait plutôt dans une chambre
que dans un gymnase ?
- Il a été un cavalier de bal génialissime, mais cela n’a pas été plus loin si tu
veux tout savoir. Il m’a simplement raccompagnée chez moi.
- Je le trouve un peu trop sérieux à mon goût. Je sais que je suis difficile,
mais je recherche un garçon qui me fait rire.
405
Bucky était déçue pour son amie, mais sa soirée avec Rayan lui avait au
moins permis de participer au bal cette année et pour cela, elle avait chaudement
remercié Béhuit. Après quelques secondes de silence, la confrontation entre les
deux amies commença pour se terminer une nouvelle fois par une déroute de
Bucky 10 à 3. Comme à son habitude dans tous les sports individuels, elle avait
enchaîné défaite sur défaite, mais cela ne lui fit pas perdre le sourire. Elle était
coutumière du fait.
***
406
- Au diable les traditions ! Tu mérites mille fois de rester notre meneuse
jusqu’au bout. Et puis, je suis confiante, tu pourras tout de même me donner le
brassard lors de la finale !
Bucky lui sourit légèrement ! Shandrill rêvait. Déjà passer le barrage ce soir
pour rejoindre les huitièmes de finale serait tout bonnement incroyable.
Encore une fois, la présentation des garçons souleva les foules. Bucky était
heureuse de constater que ce qu’elle avait créé n’était pas une mode passagère,
mais bien une évolution pour présenter les équipes. Un rapide baiser à Béhuit,
sorte de coutume désormais entre eux, avant le premier service pour lui porter
chance et le match de barrage commença…
***
Dans les bras de ses joueurs, tour à tour, elle voyait quelques larmes
d’émotion couler des yeux du blond à la mèche ciel. Ce job lui donnait une joie de
vivre incroyable. Pourvu qu’il reste jusqu’au bout de la saison. Elle s’approcha à
407
son tour de lui après avoir eu également le droit à des accolades de ses camarades
joueurs et pom-pom-girls.
Il rit avant de la prendre dans ses bras et l’embrasser. Elle était si bien avec
lui, si sereine, comme entourée d’une confiance sans faille que personne ne
pouvait briser.
- Je suis heureuse avec toi, lui avoua-t-elle une fois le baiser achevé. Dès
que je ne suis pas avec toi, je suis déprimé, j’aimerais tellement être en continu à
tes côtés.
- J’adore faire des saletés avec cet homme ! Lui répondit Bucky et crois-
moi, là, on est soft. On fait des choses bien plus dégueulasses en privé, dit-elle en
rigolant.
- J’ai quelque fois honte de t’avoir comme amie, lui répondit sa meilleure
amie en souriant.
***
Après une nuit plutôt agitée pour les étudiants passés à l’hôtel de
Stockholm à fêter le résultat et tout aussi agitée, mais à l’horizontale, ensuite, pour
408
Bucky dans sa chambre avec Béhuit, le départ pour le retour en avion le lendemain
matin pour la France se fit au ralenti. Les cernes étaient visibles chez chacun des
étudiants. La plupart feraient une sieste, une fois rentrés.
Toujours aux côtés de Béhuit, Bucky le sentait dans une profonde réflexion
depuis le réveil. Il la regardait sans cesse, ce qui n’était pas pour lui déplaire, mais
elle sentait bien qu’il se posait des questions, même s’il lui disait que tout allait
bien. Chaque jour supplémentaire qu’elle passait avec lui permettait de le
connaître davantage et un Béhuit relativement silencieux du réveil à la montée
dans l’avion, c’était un Béhuit inquiet !
- C’est assez compliqué. J’ai très envie de faire une chose, mais je ne sais
pas si c’est une bonne idée.
Elle mit sa main dans la sienne, alors que l’avion avançait en vue du
décollage. Elle ignorait ce qui le préoccupait, mais elle voulait lui montrer qu’elle
était présente.
- Sache juste que je suis avec toi, quoi qu’il arrive, je t’accompagnerai pour
toujours, tenta-t-elle de le réconforter.
L’avion décolla alors que Bucky ferma les yeux. Le besoin de dormir
devenait bien trop fort.
***
409
- Il s’est levé il y a environ cinq minutes pour se diriger vers l’avant de
l’appareil. Pourquoi ? Il te manque déjà ?
- Ce n’est pas seulement ça, je le sens plongé dans une sorte de dilemme
depuis ce matin, je ne sais pas ce qu’il a, alors je m’inquiète.
- C’est tout le malheur que je te souhaite ! Il est intelligent, me fait rire, très
câlin avec moi, extrêmement sexy et il m’aime. Est-il nécessaire de te signaler
qu’au lit, il n’y a rien à redire non plus ? Comment veux-tu que je lui résiste ?
- Je suis heureuse que tu aies trouvé chaussure à ton pied. Pour être tout à
fait honnête, jamais je n’aurais cru voir cela un jour ! Il t’a fait t’élever, évoluer, mûrir
en… Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble maintenant ?
- Environ 3 mois que je nage en plein bonheur. Les plus beaux de ma vie.
"Ladies and Gentleman, ce n’est pas le commandant de bord qui vous parle,
c’est l’entraîneur de volley-ball de l’E2C. En premier lieu, merci à l’ensemble des
passagers d’applaudir l’équipe pour sa qualification pour les huitièmes de finale du
continent Européen pour la première fois de son histoire !"
"Je profite également de ma prise de parole pour vous faire une annonce
concernant ma vie personnelle, plus particulièrement de ma petite amie. Désolé à
toutes les demoiselles à bord, mais il s’agit uniquement de celle qui se trouve sur le
siège 30B de cet appareil, la sublime Bucky Délavigna…"
410
Sur l’instant, Bucky chercha de la tête sa place. 30B !
"Voilà 3 mois que je sors avec la fille qui se trouve assise à ce siège, je voulais
lui dire, devant témoins, que depuis que je suis avec elle, elle m’a ramené de l’ombre
à la lumière. De la crainte à l’espoir. De la dépression au… plaisir ! Grâce à elle, je
comprends l’utilité de la voie que je dois prendre. Je voulais lui dire que malgré la
malchance qui a traversé ma vie jusqu’ici, je ne m’en plaindrai désormais jamais. Car
j’ai eu la plus incroyable des chances ; celle de la rencontrer. Bucky, nous sommes
ensemble le plus souvent possible, dès que nos emplois du temps le permettent.
Mais ça ne me suffit pas, ça ne me suffit plus. Alors c’est vrai, tu es encore jeune,
encore étudiante, tu seras peut-être à l’autre bout du monde pour mener la suite de
ta vie dans quelques mois, mais tout comme ce voyage entre Stockholm et Paris qui
nous rapproche chaque instant de notre destination, je veux que l’on se rapproche
petit à petit dans nos vies. Je te veux comme copilote dans le voyage de mon
existence. Je suis conscient que pour une demande au mariage, il est un peu trop
tôt, alors je me contente devant vous, très chers passagers de ce vol Air France, de
proposer à Bucky Délavigna du siège 30B de se fiancer et de venir vivre avec moi
pour montrer à tout le monde à quel point je tiens à elle."
Une nouvelle bronca se fit entendre dans l’avion alors que Bucky utilisait
ses mains pour se cacher le visage. Submergée par l’émotion, elle pleurait de joie !
Elle ne s’attendait absolument pas à cette demande. Glaème et Antoine, tout
proches d’elle la tirèrent pour se lever de son siège afin de se placer dans un des
couloirs de l’appareil. Les yeux humides, elle avait du mal à discerner ce qui se
passait autour d’elle, hormis des cris de joie. Tous les passagers acclamèrent la
demande. Elle tenta de sécher ses larmes pour y voir plus clair avec l’aide d’un
mouchoir fourni par Nolwenn. Béhuit arriva proche d’elle. Il avait quitté le cockpit :
- Tu n’es pas obligée de me répondre tout de suite, lui dit-il alors que les
acclamations baissaient fortement en intensité pour entendre ce que se racontait
le couple.
- Je n’ai pas le temps d’y réfléchir, j’ai bien trop peur que tu reviennes sur ta
folle proposition, répondit-elle en se jetant dans ses bras.
411
- Ça ne dépendra que de toi ! Lorsque tu te sentiras prête, j’irai demander ta
main à tes parents pour faire les choses dans les règles, je te le promets.
Bucky lui aurait bien tendu son téléphone pour qu’il appelle immédiatement
ses parents, mais il avait parfaitement raison. 19 ans, c’était encore trop tôt pour
se marier. Les fiançailles et la vie commune était exactement ce qu’il lui fallait pour
le moment. L’étudiante avait cependant, avec cette proposition, de la suite dans
les idées ; dès qu’elle confirmerait sa voie dans la vie active, elle songerait au
mariage. Elle avait trouvé l’homme de sa vie, inutile d’attendre trop longtemps. Il
lui manquait simplement un peu de maturité et d’indépendance.
***
A l’arrivée sur le campus, ce fut bien la première fois que Bucky n’eut pas
de réticence à quitter Béhuit, bien au contraire. Elle devait simplement prévenir les
parents Donerm et les siens qu’elle allait se fiancer et partait vivre immédiatement
avec Béhuit dans sa villa après avoir préparé ses affaires pour emménager avec
l’élu de son cœur.
- Tu veux dire chez lui et chez Madame Sky. Tu ne crains pas cette
cohabitation ?
- Béhuit doit la prévenir dès qu’il arrive à la villa. Il m’a dit qu’il ne lui laissera
pas le choix.
412
- Tu es sûre que ce n’est pas un peu prématuré comme projet ? Tu n’as
même pas 20 ans !
- Je suis consciente que cela paraît fou, mes parents seront sans doute de
ton avis, mais avec lui, je suis bien, je n’ai aucune appréhension, envisager la vie
avec lui me semble… naturelle. Un peu comme une route à prendre que je connais
parfaitement.
Bucky regarda plus attentivement son amie à son arrivée chez les Donerm.
Nolwenn ne prenait pas très bien le fait de ne plus avoir sa meilleure amie avec
elle. La capitaine des pom-pom-girls l’enlaça de ses bras.
- Ça me plairait bien, mais ton petit ami ou devrais-je dire, fiancé, risque de
mal le prendre, répondit Nolwenn, émue.
- Il comprendra. Je veux que tu saches que même si je pars vivre avec lui,
notre relation restera toujours aussi forte.
Dans les bras l’une de l’autre à l’entrée de la maison, les parents Donerm
approchèrent. Ils avaient remarqué que leur fille était triste. Bucky allait devoir leur
expliquer qu’elle partait vivre avec Béhuit.
***
413
Elle fit un oui enthousiaste de la tête accompagné d’un grand sourire.
- Ce n’est pas uniquement pour cela que je t’appelle… euh, papa est
disponible ?
- Oui, pourquoi ?
Bucky put voir sa mère se déplacer avec son smartphone jusqu’à un bureau
où son père semblait être en train de travailler. Il s’arrêta, comprenant que c’était
sa fille qui était en visio.
- Tu dois être très heureuse… surtout pour Béhuit, je présume. Il semble faire
un excellent travail avec l’équipe des frères Donerm, enchaîna-t-il.
- Pour moi, non. Pour vous, je vais le savoir à l’issue de cette discussion…
414
Sans surprise, ses parents furent sous le choc. Un silence, puis quelques
bégaiements ; ils ne savaient pas quoi répondre à leur fille. Elle préféra reprendre
les devants :
- En fait, je lui ai répondu oui instantanément. Je pars vivre chez lui, dès ce
soir.
- …Papa, je suis la femme de sa vie ! Je sais que cela n’est pas rationnelle,
mais je le sens au plus profond de moi.
- Ça sera une décision à prendre en couple ! Il n’est pas dit qu’il ne me suive
pas là-bas !
- Mais il perdra son emploi ! Il est prêt à ce sacrifice ? Demanda son père.
415
bien, ses parents ne voulaient pas la perdre à cause de sa vie sentimentale. Ils
craignaient clairement un conflit à ce propos. Ils finirent même par proposer à leur
fille une aide pécuniaire pour s’installer avec Béhuit et lui proposer de
l’accompagner pour les préparatifs d’une éventuelle fête pour les fiançailles. Ses
parents n’étaient sans doute pas 100% d’accord avec ce choix, mais au moins
continuaient-ils à l’épauler dans sa vie de jeune adulte. Elle avait encore tellement
besoin d’eux pour être conseillée et orientée. Elle termina la visio soulagée, alors
qu’Antoine la regardait avec insistance. Il était également entré dans la véranda de
la maison des Donerm, peu de temps avant qu’elle raccroche.
- Ils ne sont pas fous de joies, mais ils ne sont pas en colère non plus. On
va résumer en disant qu’ils sont inquiets, mais honnêtement, je les comprends…
- Disons plutôt cette nuit. J’aimerais passer une dernière soirée avec vous.
- Mon départ pour vivre chez Béhuit va te permettre d’en tirer un bénéfice,
je peux savoir lequel ? Analysa-t-elle.
- Disons que j’ai l’intention de ne pas laisser ma pauvre sœur seule dans sa
chambre.
416
- J’y crois pas ! Je ne suis même pas encore partie que tu m’as déjà
remplacée ! C’est du joli !
- Je ne suis pas sûre que Glaème accepte de venir vivre chez toi, tempéra-
t-elle.
- Ses parents ont des soucis financiers, je viens de te dire ! Donc ma petite
amie lâche sa résidence étudiante pour éviter des frais à ses parents, ma sœur a
une nouvelle amie avec qui partager sa chambre pour ne pas se retrouver seule, et
moi j’ai ma petite amie à domicile ! Ne reste plus qu’à convaincre mes parents,
mais je suis optimiste, ils ne vont tout de même pas laisser ma chérie dehors !
- J’ai bien envie de proposer à mes parents d’aider Glaème à payer son
logement étudiant ! Dit-elle avec un large sourire afin d’embêter Antoine dans ses
plans.
- Si tu fais ça, je te décrédibilise sur tes habitudes de vie chez nous auprès
de Béhuit ! Et crois-moi, j’ai de l’imagination !
***
Après une dernière soirée passée autour d’un repas familial et un jeu de
société chez les Donerm, Bucky, avec l’aide de tout le monde mit ses quelques
valises, principalement remplies de vêtements et de chaussures, dans sa voiture
aux couleurs E2C. Béhuit l’avait avertie que la villa était vide de tout occupant ce
soir ; ni lui, ni Céssix n’étaient présents, une urgence d’après ce qu’elle comprenait.
Il lui avait cependant créé un code pour accéder à la villa verrouillée
417
électroniquement afin qu’elle puisse s’installer tranquillement. Elle n’avait plus
qu’à partir.
Il était étrange pour Bucky de rentrer dans une villa sans vie qui n’était pas
la sienne. Elle ne partait cependant pas de zéro, elle connaissait bien les lieux.
Béhuit l’avait invitée, surtout à passer la nuit, un bon nombre de fois ces trois
derniers mois. La domotique IA des lieux n’avait plus aucun secret pour elle et mis
en marche tout ce dont elle avait besoin, dont l’éclairage. Elle remarqua
immédiatement que l’accès aux chambres à l’étage, hormis celle de Béhuit, ne lui
était pas autorisé. Bien dommage, la curiosité l’aurait peut-être poussée à visiter
la chambre de Céssix Sky. Elle monta ses trois valises une à une jusqu’à ce qu’elle
dût désormais appeler sa chambre. Un petit mot doux, scotché à la porte :
Bienvenue dans ta chambre ma pom-pom. Elle ouvrit. Le lit était fait et juste au-
dessus trônait au mur le cadre photo qu’elle lui avait offert, la seule touche
personnelle dans toute la maison ! Elle corrigerait cela. Les trois quarts du
dressing était mis à sa disposition. C’était pourtant juste au niveau place. Comme
toute jeune femme coquette, Bucky avait énormément de vêtements. Elle les
rangea méthodiquement, mais certaines paires de chaussures ne passaient pas.
Heureusement qu’elle connaissait l’existence d’un meuble à chaussures au rez-de-
chaussée proche de l’entrée qui lui permettrait de ranger les bottes, bottines ou
baskets qu’elle utilisait en cette saison de l’année. Elle continua avec son matériel
pour ses études qu’elle posa dans le coin bureau de la chambre. Puis ne restait
plus qu’à poser ses produits d’hygiène et maquillage dans la salle de bains
privative de la chambre. Cela provoqua une sensation étrange de placer sa brosse
à dent électrique à côté de celle de Béhuit. Par ce dernier geste, elle était
définitivement installée. Une nouvelle étape dans sa vie.
Un nouveau coup d’œil à son smartphone pour voir que Béhuit ne donnait
toujours pas de nouvelle. Elle n’était pas loin de commencer à s’inquiéter. Il était
désormais tard et le lendemain était un lundi, jour de cours. Elle se décida à
grignoter quelque chose devant l’immense écran à projection disponible dans le
fond du salon pour profiter d’un film à la demande. Autant se détendre dès à
présent dans son nouveau foyer. Elle opta pour une comédie, elle adorait rire. Pour
le grignotage, ce fut un peu plus compliqué ; mis à part les denrées cadeaux de
Noël pour Béhuit, il n’y avait que très peu de choses à se mettre sous la dent. Le
frigo et les placards étaient d’une tristesse de vide à faire peur. Comment diable
Béhuit et Bucky s’organisaient pour manger ? Elle trouva cependant posé en
évidence sur l’îlot central de la cuisine 3 plaques de chocolat avec son prénom
d’inscrit dessus. Béhuit avait pensé à elle ! Son futur fiancé était formidable.
418
Tranquillement, elle s’installa dans le canapé pour regarder une vieille comédie à
succès, tout en laissant fondre des carrés de chocolat dans sa bouche. Elle
attendait son arrivée…
***
Une soudaine et forte luminosité fit ouvrir les yeux de Bucky. Comme à son
habitude, elle s’était vite assoupie. Elle ne se rappelait que des vingt premières
minutes du film. Béhuit la fixait, plaqué contre la porte d’entrée.
- Dans mon idée, te proposer de venir vivre avec moi, ce n’était pas pour que
tu dormes dans le salon et moi en haut ! Dit-il en la contemplant.
- Je déteste dormir seule dans les grands lits. Je t’attendais donc pour aller
me coucher dans notre chambre. Pour patienter, j’avais le choix entre un film sur
le canapé ou la salle de sport, mais ne sachant absolument pas utiliser les objets
de torture qui s’y trouvent, j’ai opté par ignorance pour le premier choix.
- Comment une aussi bonne danseuse que toi peut détester le sport à ce
point, demanda-t-il en souriant de sa spécificité.
Bucky stoppa le film avant que Béhuit ne finisse par la porter jusque dans
leur chambre. Elle était tellement joyeuse à l’idée de savoir, que désormais, elle
dormirait chaque nuit dans le même lit que lui. Ils prirent leur douche ensemble
avant de se coucher. Un câlin n’aurait pas été de refus, une fois dans le lit, mais il
était tard et Béhuit semblait très fatigué. Elle n’insista pas. Elle aurait désormais
chaque nuit comme nouvelle opportunité. Et puis s’endormir la tête sur son torse,
sentir sa respiration, être en contact avec sa peau, était déjà merveilleux.
419
Chapitre 14 : Vie commune
Bucky vivait un rêve éveillé chaque jour. Elle se levait, tous les matins, aux
côtés de Béhuit avant de descendre prendre le petit-déjeuner apporté par porteur
spécial ; principe curieux mais très appréciable, qui expliquait enfin pourquoi il n’y
avait rien dans le frigo ou les placards. Elle remontait ensuite dans la chambre,
toujours accompagnée de son futur fiancé, pour s’habiller et prendre son sac
d’étudiante avant de partir sur le campus avec un véhicule commun ; l’Audi ou la
moto selon les conditions météorologiques. Une fois ses journées de cours
terminées, elle se dirigeait vers le gymnase de volley soit pour son entraînement
de pom-pom-girl, soit tout simplement pour y attendre Béhuit en révisant dans son
bureau avant de rentrer et terminer les journées avec un repas du soir qui les
attendait, toujours par livreur. La vie avec lui était comme elle l’avait imaginée ;
délicieuse. Seul petit hic, l’ambiance glaciale avec Céssix Sky, que ce soit à la villa
ou sur le campus. L’emménagement de Bucky à la villa avait enterré tout espoir de
relation amicale entre elles. Cela ne lui posait pas de problème, mais était
clairement inconfortable pour Béhuit.
420
réservé pour profiter de ce moment entre filles car les garçons n’étaient
malheureusement pas disponibles. Antoine et Erik étaient restés à la maison
familiale pour aider leur père à rafraîchir la chambre de Nolwenn, principalement
de la peinture, afin que Glaème puisse venir s’installer dès dimanche soir chez les
Donerm. Béhuit n’était également pas disponible, il profitait de l’absence de Bucky
pour organiser une réunion importante à la villa avec Céssix dès le samedi après-
midi. Cela faisait un peu bizarre de se faire mettre quelque peu à la porte de la villa
pour le week-end alors qu’elle y résidait désormais, mais c’était le prix à payer pour
vivre avec Béhuit. Elle s’y faisait doucement.
***
421
Une fois toutes ses amies récupérées, Bucky se lança en direction de
l’Accor Arena de Paris. Le trajet prendrait environ une heure d’après le GPS. Ce
temps fut mis à profit pour échanger entre elles. Évidemment, c’est rapidement
Bucky qui fut la cible de questions. Sa mise en ménage avec Béhuit était bien
l’information la plus croustillante à se mettre à la bouche.
- Alors Bucky, comment se passe cette première semaine de vie avec Béhuit
? Demanda Lily.
- Bien sûr ! Nous sommes devenues les meilleures copines du monde. C’est
tellement fort entre nous deux que je suis à deux doigts de lui proposer une
expérience à trois avec Béhuit, blagua-t-elle à son tour.
- Cette situation est temporaire. Dès juin, on discutera avec Béhuit de notre
vie ensemble. Il faut d’abord que j’obtienne mon diplôme. Dès que ça sera le cas,
je réfléchirai un peu plus aux suites à donner à mes opportunités professionnelles.
J’espère qu’il me suivra, quel que soit mon choix, mais il est de toute façon évident
pour moi que je ne partirai pas loin de lui s’il refuse de me suivre.
- Je veux faire carrière dans le monde de la danse depuis que je suis entrée
à l’E2C et je le ferai, mais j’ai un fiancé et rien ne se fera loin de lui. Il est désormais
ma priorité !
422
- Bucky, ton petit ami est entraîneur de l’équipe de volley et professeur de
culture générale à l’E2C, il ne pourra pas te suivre à l’étranger, notamment New-
York, souligna Glaème.
- Il n’est pas dit qu’il ne donne pas sa démission pour me suivre, rien n’est
acté.
- Il est déjà tombé amoureux d’une pom-pom-girl bien plus jeune que lui, il y
a peut-être un risque de récidive ! Répondit Lily. Et puis il se peut qu’il continue à
travailler avec Madame Sky, qui est, je le rappelle, son ex….
- Merci de me rassurer ! Dit avec second degré Bucky, mais je suis sûre que
Béhuit ne me ferait jamais ça !
- Je voulais simplement dire que repartir de zéro dans un autre pays pour
vous deux serait une bonne idée !
Bucky répondit par un silence. Ses amies n’avaient pas toutes les
informations sur Béhuit dont disposait la capitaine des pom-pom-girls. Bien
évidemment que le poste à New-York était un rêve pour elle. Bien évidemment
qu’emmener Béhuit avec elle éloignerait son fiancé de Céssix et éventuellement
des jolies étudiantes de l’E2C, mais la véritable activité de Béhuit, quelque peu
forcée de ce qu’elle pouvait comprendre, en rapport avec la défense ne lui
permettrait pas d’aller vivre à l’étranger.
- Mon rêve, c’est de rester avec lui jusqu’à la fin de ma vie. Des opportunités
professionnelles, j’en aurai, et j’en ai déjà une en France notamment.
423
- Honnêtement, je ne comprends pas ta décision. Si jamais cela ne marche
finalement pas entre Béhuit et toi, tu auras tout perdu ! Répondit la brillante élève
qu’était Glaème.
- Tu veux dire que pour la suite de tes études, tu ne vas pas prendre en
compte ce que fera mon frère ? Intervint Nolwenn.
- Je n’ai jamais caché mes ambitions de faire une carrière de haut rang.
Vous le savez toutes. Antoine le sait aussi !
- Glaème, tu es mon amie et je ne veux pas me fâcher avec toi pour une
histoire de garçon. Mais s’il te plaît, confirme-lui que tu as de grosses ambitions
professionnelles qui risque d’interférer sur votre vie sentimentale, conseilla
Nolwenn.
- Depuis que nous nous sommes mis tous ensemble dans la même classe
en troisième année, il est fou de toi. Tu l’as déjà rendu si triste en quatrième année
en déclinant son offre d’être ton cavalier pour le bal du nouvel an, lui fit remarquer
Bucky pour qui Antoine comptait énormément.
424
- Mais Léandro était l’un des deux seuls garçons qui faisait option danse, il
était en plus en dernière année, je ne pouvais pas décliner son offre ! Je pensais
qu’Antoine comprenait, se justifia-t-elle.
Glaème fit un oui de la tête avec un rictus de visage montrant son embarras.
Elle n’avait pas mesuré le degré d’affection que lui portait son petit ami. Il était prêt
à tout pour elle alors qu’elle, bien qu’incontestablement éprise également de lui,
ne le faisait pas passer au premier plan. Elle divergeait totalement d’avis par
rapport à Bucky à ce propos. Glaème était une excellente amie et si elle voulait
éviter une dispute avec elle, Bucky allait devoir éviter le sujet "entre l’amour et la
carrière, que doit-on faire passer en priorité ?" Il n’y avait pas réellement de bonne
réponse, personne ne détenait la vérité, elle était propre à chacun…
***
Après avoir trouvé, non sans difficulté, une place où se garer à un prix
proche de l’indécence, les cinq filles entrèrent dans l’Accor Arena. Une fois des
places assises trouvées, elles cherchèrent à localiser Shandrill. La couleur de sa
tenue, ciel et fuchsia, et ses nombreuses mèches de cheveux colorées, également
fuchsia, aidèrent ses camarades à la repérer. Elle s’échauffait tranquillement sur
son agrès de prédilection ; le sol. Cela expliquait en grande partie ses talents
d’acrobate de pom-pom-girls se rapprochant plus du cheerleading. L’étudiante de
quatrième année avait cependant plusieurs cordes à son arc puisqu’elle était
également inscrite à la poutre pour ces championnats de France. Lorsqu’elle
remarqua ses 5 amies, venues la soutenir, elle leur fit un grand sourire
accompagné d’un signe de la main. Facilement repérable par les couleurs de tenue
de gymnastique, Shandrill n’était pas seule. En plus de l’entraîneuse, deux autres
gymnastes de l’E2C étaient présentes pour la compétition. C’était une fois de plus
la preuve que les campus d’excellence ne sortaient pas uniquement de leurs
établissements des têtes bien remplies, mais également des sportifs de haut-
niveau. La compétition allait bientôt commencer. Ce très long après-midi qui se
prolongerait jusqu’en début de soirée n’avait qu’un seul et unique but pour
Shandrill ; terminer dans les 12 meilleures dans un ou deux agrès pour participer
425
à la finale du lendemain. Il y avait énormément d’attente en perspective pour les
filles, supportrices de Shandrill D’argent, mais elles étaient ensemble pour
partager ce moment, entre amies. Le temps passerait vite.
- On aurait manqué cela pour rien au monde. Une copine gymnaste qui
participe au championnat de France, c’est trop la classe ! Répondit Lily alors que
Nolwenn sortait son portable pour prendre une photo de groupe.
Une fois la photo effectuée, Shandrill redescendit pour se préparer pour son
épreuve de sol, dans un peu plus d’une heure. Bucky partagea immédiatement la
photo avec Béhuit pour lui annoncer la nouvelle. Pas le moindre retour de sa part.
Elle espérait que tout allait pour le mieux de son côté. Elle ignorait totalement ce
qu’il faisait avec Céssix, mais elle savait que c’était potentiellement dangereux.
Elle ne put s’empêcher quelques frissons d’inquiétude. Nolwenn le repéra
immédiatement :
426
- Un problème ? Lui demanda-t-elle.
- Il est sans doute occupé, ne t’inquiète pas inutilement, dès demain tu seras
à nouveau avec ton homme !
Bien que beaucoup plus talentueuse au sol qu’à la poutre, les filles ne purent
s’empêcher de stresser pour Shandrill. Cet agrès était clairement son point fort et
objectif pour obtenir une médaille. Ses amies pom-pom-girls le remarquaient à
chaque entraînement ou match de volley. Bucky sourit en repensant à l’idée de
génie qu’avait eu Meyrie Dharcourt de proposer, il y a 4 ans maintenant, de ne pas
ouvrir uniquement l’option pom-pom-girl aux danseuses, mais également aux
gymnastes par mimétisme avec les campus d’excellence nord-Américains. Sans
cette idée, Bucky et les autres filles du groupe n’auraient jamais fait la
connaissance de l’étudiante gymnaste et pom-pom-girl aujourd’hui en quatrième
année. Shandrill fut l’une des deux premières gymnastes à avoir été tenté par
l’aventure et immédiatement, elle avait accroché avec Bucky, Nolwenn et Glaème.
Certes, l’intégration dans les pom-pom-girls n’avait pas été spécialement facile car
la danse était la base de l’activité et elle n’en faisait pas, mais ses amies
l’accompagnèrent et la firent progresser afin de l’intégrer dans le groupe malgré
les réticences des plus anciennes pom-pom-girls de cette époque. Aujourd’hui,
Bucky pensait que c’était un privilège de l’avoir dans son groupe et qu’après son
départ, elle serait une capitaine remarquable. La pratique de cette activité lui
servait clairement aujourd’hui ; Bien que l’agrès du sol soit avant tout une épreuve
de gymnastique, quelques pas de danses et de grâce pour conquérir le jury était
nécessaire et Shandrill D’Argent avait désormais ces qualités. A la fin de sa
prestation, aucune fille n’avait le moindre doute sur sa qualification puisqu’elle
resta un très long moment deuxième pour finir finalement 4ième. Elle était qualifiée
pour la finale du lendemain pour la poutre et le sol. Une fois le résultat connu, elle
fit un énorme câlin à son entraîneuse avant de courir rejoindre Bucky et les autres.
Quelques photos toutes ensemble puis un appel à Karim, suivi de ses parents pour
annoncer la bonne nouvelle de vive-voix avant de proposer à ses amies de
confirmer la réservation de l’hôtel tout proche pour passer du bon temps ensemble
427
à flâner à Paris. Toutes les filles salivaient d’avance sur ce programme. Toutes
sauf peut-être une… Bucky, qui n’avait toujours pas de retour de Béhuit.
***
***
428
préparer au mieux. La compétition reprenait pour elle alors que son groupe de
soutien rejoignit le coin spectateur. Une longue attente commença. Smartphone,
discussions ou révision pour les plus studieuses, tout était bon à prendre pour
passer le temps. Bucky en profita pour envoyer quelques mots d’amour à Béhuit
encore une fois sans retour. Il était décidément très occupé, même pour sa future
fiancée.
Après deux heures d’attente, le moment de passer pour Shandrill au sol était
arrivé. Clairement la discipline où elle avait le plus de chance d’obtenir un excellent
résultat. Les filles la sentaient stressée comme jamais. Bucky comprenait en se
projetant à sa place ; les championnats de France, ce n’était pas rien ! Surtout pour
décider de l’ordre des 12 meilleures du pays dans cette discipline. Les étudiantes
se tinrent les mains les unes des autres pour former une chaîne comme pour
mieux canaliser leurs énergies afin d’envoyer de bonnes ondes à leur amie
gymnaste.
429
C’était connu, le malheur des uns faisait toujours le bonheur des autres. Ce
vieil adage se confirma une fois de plus. Sans doute paralysée par l’enjeu, la
dernière gymnaste se loupa dès le début de sa prestation par une réception sur les
fesses ! Quelques minutes plus tard, la confirmation tomba, la dernière
concurrente avait obtenu une note inférieure à celle de Shandrill qui explosa de
joie ! Elle était médaillée de bronze des championnats de France pour l’agrès sol !
Ses amies lui firent plein de geste de tendresse de leur tribune. Elle ne pouvait
cependant pas venir à leur rencontre. L’étudiante de 4ième année devait se
reconcentrer ; elle participait également à la finale à la poutre dans deux petites
heures.
Une grosse heure plus tard, ce que tout le groupe E2C attendait arriva.
Shandrill monta sur le podium pour recevoir sa médaille pour la spécialité "sol".
Nolwenn, Glaème, Lily, Anita et Bucky étaient toutes sans exception en train de
filmer et prendre des photos de la scène. Bucky n’oublia pas de les partager avec
Karim et Béhuit alors que Nolwenn le faisait pour ses frères. Tous seraient heureux
pour elle. Shandrill serait sans nul doute le sujet d’information principal dès
demain à l’affichage du panneau géant d’information du campus.
Un petit moment supplémentaire et Shandrill put serrer fort ses amies pour
mieux faire part de son émotion de joie. Elle montra fièrement sa médaille à ses
amies alors que son téléphone se mit à sonner ; Karim tentait de la joindre par visio
pour la féliciter de vive voix. Il semblait à la fois si heureux du résultat de sa petite
amie et si déçu de ne pas avoir pu venir. Les relations longues distances étaient
vraiment une chose ardue à gérer. Bucky était heureuse de ne pas avoir à vivre ça
avec Béhuit. Pourvu que la poursuite de ses études ou son passage dans la vie
active ne pose pas ce problème l’année prochaine, pensa-t-elle, anxieuse.
***
430
Bucky avait ramené toutes ses amies une à une dans leurs appartements
ou maisons respectives. Elle termina par Nolwenn et Glaème en profitant de
l’occasion pour faire un coucou aux parents Donerm qu’elle voyait désormais
beaucoup moins. Il était important pour elle de leur montrer qu’elle ne les oubliait
pas malgré son déménagement pour aller vivre avec Béhuit. Antoine et Erik étaient
également présents. La famille était au complet pour accueillir Glaème, en lieu et
place de Bucky. La petite amie d’Antoine emménageait officiellement pour sa
première nuit. Un pot de bienvenue fut organisé et Bucky y participa. Une sorte de
passation.
Elle sourit, les parents étaient en train de débarrasser les verres et donc
suffisamment loin pour ne pas les mettre mal à l’aise par rapport à ce qu’elle
s’apprêtait à répondre :
La capitaine des pom-pom-girls quitta les lieux après avoir dit en revoir à
tous les occupants du foyer. Le moment pour elle était venu de rejoindre Béhuit ;
deux jours et une nuit sans lui, c’était bien trop long.
***
431
Deux grosses cylindrées ; elle devinait qu’elles repartaient de chez elle. Bucky
aurait bien aimé savoir qui se trouvait dedans. Elle avait juste eu le temps de
remarquer que la plaque d’immatriculation du dernier véhicule était particulière et
ne correspondait pas aux standards européens ; des plaques diplomatiques ou
d’état !
- Délavigna, sortez de cette chambre, vous n’avez rien à faire ici ! Vous êtes
dans mes quartiers privés, dit-elle avec un effort non dissimulé.
432
une serviette posée sur le lit venait d’être utilisée pour la sécher. Cette douche
expliquait la raison de sa nudité et son état précaire la raison de la présence de
Béhuit, bien qu’elle n’appréciât pas du tout le fait que son fiancé puisse se rincer
l’œil en servant à son ex d’aide-soignant. Son regard fut attiré vers le bureau ; un
matériel de la forme et la taille d’un demi-pamplemousse d’un acier gris
indéterminé en plus d’un ordinateur très high-tech et d’une pile de dossiers papier
y étaient posés. Une arme y était également présente, la même que Béhuit avait
dissimulé dans sa voiture.
- Bucky, s’il te plaît, sors. J’arrive sous peu, d’accord ? Lui dit simplement
Béhuit, clairement dans l’embarras.
433
Il descendit lentement des escaliers pour s’approcher d’elle.
- Alors tu n’as rien à me justifier… elle est blessée, je l’ai vue. Il est légitime
que tu t’occupes d’elle. C’est simplement que je suis contrariée que tu puisses la
voir nue sans qu’elle ne fasse aucun effort de pudeur et nous savons tous les deux
strictement pourquoi.
- Bucky ! Céssix est mon ex, je l’ai déjà vu dans le plus simple appareil, tenta-
t-il de se justifier calmement.
- C’est le cas ! Céssix avait besoin de prendre une douche et elle rencontrait
des difficultés pour le faire. Je l’ai aidée avec son accord.
- Ma pom-pom, sache que tout est fait pour que ma sécurité soit assurée.
Je te promets que j’ai été très prudent aujourd’hui. Tu remarqueras d’ailleurs que
je suis revenu sans la moindre égratignure. Et concernant notre relation, si je
t’aime, c’est justement parce que nous ne sommes pas du même monde. Toi et
moi, on se complète parfaitement !
434
Il s’approcha pour la prendre dans ses bras. Sans doute avait-il ressenti les
craintes de sa petite amie. Elle se laissa enlacer avant de le serrer à son tour avec
ses bras. Ces moments de tendresse entre eux, elle les adorait.
- S’il te plaît, à l’avenir, si elle est de nouveau nue, quitte la pièce, demanda-
t-elle.
- Je t’assure que tout a été fait pour, mais il lui était impossible d’enlever
ses vêtements et d’en enfiler de nouveaux, seules.
Bucky versa une larme. Céssix avait de nombreux atouts. Elle était plus
expérimenté que Bucky, connaissait bien mieux Béhuit et semblait avoir tellement
plus de points communs avec son petit ami qu’elle ne pouvait en avoir.
- Pour la première fois de ma vie, j’ai peur de ne pas être à la hauteur Béhuit.
Peur de ne pas te mériter. Je me sens tellement perdue par rapport à tes soucis,
de ne pas pouvoir te soutenir comme tu le devrais, se confia-t-elle.
- Bucky, ne cherche pas à faire ce que tu ne sais pas faire par peur de me
perdre. Je t’aime car, toi et moi, nous sommes différents. Je ne te demande pas
de changer pour moi.
435
- J’espère que nos enfants iront également à l’E2C, quand ils en auront l’âge.
- J’ai une pilule microdosée implantée sous mon bras ! C’est seulement une
envie pour un futur loin d’être proche. Tu ne veux pas d’enfant plus tard ?
- Le futur est une chose par nature incertaine. Peut-être bien plus sombre
que la plupart des gens l’imaginent. Un enfant avec toi serait un véritable cadeau
pour moi, mais sera-t-on capable de faire en sorte qu’il ait une belle vie ? Je ne suis
même pas certain de pouvoir te préserver de tout ce qui t’attend en restant avec
moi.
Il se serra un peu plus contre elle, sans rien ajouter. Ses activités inconnues
du week-end ne l’incitaient vraisemblablement pas à la fête. Qu’avait-il fait avec
Céssix d’aussi dangereux et déprimant ? Inutile d’espérer la moindre réponse de
sa part.
- Regarde Béhuit. Cette vue splendide de nuit sur l‘E2C, les pieds au bord du
lac, à tes côtés. Cette villa magnifique que tu m’as proposé de partager avec toi.
Cette proposition de fiançailles. Tu fais mon bonheur, lui dit-elle en le fixant.
436
***
437
denrées pour tenir un véritable siège. L’étudiante n’allait pas s’en plaindre, pour
une fois que les placards allaient être pleins ! La vie à la villa s’annonçait sereine.
Elle rentra, non sans attendre un peu Béhuit, qui fut le dernier à sortir. Il était
ressorti de son bureau avec un sac noir avant de la rejoindre dans l’Audi pour partir.
Elle ne put s’empêcher de le questionner sur ce sac, mais compris rapidement qu’il
ne désirait pas en parler.
***
Bucky était plus inquiète pour ses amies que pour elle-même. Concernant
les Donerm et Glaème, elle les savait relativement en sécurité avec une cheminée
en cas de coupure d’électricité. Mais pour les étudiants comme Shandrill vivant
dans les logements étudiants et sans solution familiale proche, c’était plus
inquiétant ; absolument tout était électrique là-bas alors que des coupures de
courant étaient à prévoir. Il y avait un risque qu’elle se retrouvent sans chauffage !
Elle aurait bien invitée ses amies à venir dormir à la villa, mais Béhuit avait été
catégorique et intransigeant ; il ne souhaitait personne à la villa. L’étudiante à la
mèche fuchsia avait compris pourquoi ; certains équipements livrés en vue des
intempéries pouvaient soulever énormément d’interrogation. Un générateur de
secours ressemblant plus à un prototype high-tech était installé dans le salon. Le
placard à pharmacie était rempli de gélules plus ou moins grosses qu’elle n’avait
encore jamais vues, quant à la nourriture, certains produits lui étaient carrément
inconnus, Bucky n’était même pas sûre, malgré leur rangement dans la cuisine,
que ces produits soient destinés à être consommés. Toute la matinée, Béhuit avait
installé ou déplacé plusieurs caisses. Elle l’aida sans comprendre réellement
parfois ce qu’elle déplaçait. Elle le savait, Béhuit ne lui dirait rien sur tout ça, mais
438
elle était pourtant satisfaite ; il lui faisait désormais suffisamment confiance pour
lui laisser regarder, et cela, c’était une véritable avancé pour elle-même sur son
objectif qui était à plus ou moins long terme que son compagnon n’ait plus aucun
filtre avec elle.
Le midi, tout fut prêt selon les dires de son compagnon. Elle le contempla
durant le repas qu’il avait rapidement préparé sans dire mot.
- Quoi ? Demanda-t-il
- Béhuit, mis à part du matériel grand froid, j’ignore même la fonction des
équipements que nous avons placés de-ci, de-là dans cette villa. Je n’en ai soit
jamais vu auparavant, soit nous avons déplacé de petites caisses opaques ne
laissant rien paraitre.
***
439
déjà mis en route le poêle à bois ; outil de romantisme absolu quand la nuit
commençait à tomber. Ils regardèrent durant plusieurs heures le phénomène
s’intensifier tout en mangeant une quiche que Bucky s’était amusée à préparer
elle-même. Seuls dans la villa, ils en profitèrent pour improviser un matelas avec
plusieurs couvertures et coussins et prirent également la couette de leur lit pour
bien rester au chaud près du feu de bois pour faire l’amour avant de rester là pour
s’endormir. Avant de fermer l’œil, elle repéra qu’elle n’avait plus de réseau
téléphonique… juste avant que l’électricité de la villa ne se coupe ! Pas de panique
pour autant ; dans les bras de Béhuit et près du poêle fournissant une puissante
chaleur, elle était invulnérable…
***
Bucky ouvrit les yeux. C’était probablement le matin, mais elle mit un certain
temps à le confirmer. Les volets étaient fermés du côté cour. La double porte-
fenêtre qui donnait sur la terrasse et le jardin permettait un accès limité à la
lumière. Il faisait un temps exécrable sans soleil avec encore une neige abondante
qui tombait. Il y avait déjà plus d’un mètre de poudreuse au sol. Aucun signe d’un
quelconque rétablissement du courant, tout était éteint y compris le tableau
central de commande de la domotique. Elle n’avait pas froid malgré sa simple
nuisette sous les couvertures, le poêle avait encore du bois qui se consumait pour
engendrer une douce chaleur. Béhuit avait dû probablement se lever plusieurs fois
cette nuit pour entretenir la seule source de chauffage disponible. Elle ne l’avait
pas entendu le faire. Elle se connaissait, elle avait le sommeil assez lourd.
Son fiancé dormait encore paisiblement. Elle se leva avec précaution pour
le laisser dormir. Un coup d’œil rapide sur son téléphone qui indiquait 8h30 et pas
de réseau disponible. Les médias ne s’étaient pas trompés ; la neige, le froid et le
vent combinés avaient endommagé le réseau de distribution EDF. Fort
heureusement, le poêle disposait d’une partie four sur sa partie supérieure. Utile
pour faire chauffer le café du matin pour accompagner les viennoiseries du petit-
déjeuner. Par sécurité, elle remit une bûche de bois dans le foyer et se mit à réviser.
Il n’y avait rien à faire d’autre sans courant. Heureusement que les ordinateurs
portables étaient sur batterie.
440
Après une heure à réviser dans le lit qu’elle avait improvisé avec son
compagnon dans le salon, elle se leva pour servir le petit déjeuner sur plateau à
Béhuit qui se réveillait doucement.
- Petit déjeuner pour l’homme de ma vie ! Dit-elle une fois le plateau déjeuner
préparé.
Il jeta un coup d’œil vers la porte fenêtre pour évaluer l’évolution des
conditions météorologiques.
Elle attendit cinq bonnes minutes le retour de Béhuit qui s’était isolé dans
la salle de sport en remettant juste avant une nouvelle bûche dans le poêle à bois
et en regardant dehors. La hauteur de neige ne devait pas être loin des 1m50 et
l’intensité des chutes de neige ne baissait toujours pas. Elle espérait que tous ses
amis du campus allaient bien. Tout le monde n’avait pas de poêle à bois pour se
réchauffer. Le paysage dehors était féerique malgré la faible visibilité, tout était
blanc. On se croyait dans le grand nord Canadien !
- Oui, rassure-toi. C’était Céssix qui va très bien. Elle revient une fois la
tempête terminée.
- Je suis heureuse pour elle, mais je préfère quand elle ne vit pas sous notre
toit. J’espère que cette tempête va durer !
441
- Elle va baisser doucement en intensité tout au long de la journée. Le pays
est quasiment entièrement paralysé et sans courant. Quelle idée de génie a eu la
France de passer au tout électrique ! Avec le froid ambiant et sans chauffage, il y
a un risque réel qu’une partie de la population meurt de froid !
- Tu as besoin d’appeler tes parents pour les rassurer ? Lui proposa Béhuit
en lui tendant son téléphone.
- Les pouvoirs publics nous ont demandé de rester cloîtrés chez nous !
L’interpella Bucky.
- Reste bien au chaud ici et ne t’inquiète pas, la villa est équipée. Il faut juste
que j’atteigne la cabane sur le côté du jardin, répondit-il.
442
- On est loin de nous avoir laissé sans matériel dans ce blizzard. Il faut juste
pouvoir la sortir de la cabane, je risque de devoir creuser un peu.
- Ça devrait être rapide, le lac est gelé, je vais passer par là pour rejoindre
les résidences étudiantes, l’épaisseur de glace y est suffisante.
Une fois tous les deux chaudement équipés, Béhuit ouvrit la porte fenêtre.
Le couple se retrouva face à un mur de neige et un souffle froid intense.
Heureusement qu’ils étaient correctement équipés, Même des raquettes étaient
prévues pour marcher en surface de l’épais manteau neigeux. Béhuit passa le
premier puis aida Bucky à sortir pour qu’elle enjambe l’immense "marche de neige",
refermant la porte-fenêtre juste derrière elle pour garder la maison au chaud. Au
sommet du tas de neige, la vue était encore plus frappante. La visibilité était très
réduite dans cette intense purée de pois. Sur la terrasse, il était impossible de
distinguer où était exactement la piscine et le jacuzzi, également recouverts par la
neige. Malgré les raquettes, avancer n’était pas simple, le vent glacial ralentissait
énormément les mouvements. Bucky n’avait jamais vu cela de sa vie, elle qui était
pourtant habituée à régulièrement partir aux sports d’hiver avec ses parents !
443
couche de neige, Béhuit alla chercher un gros sac à dos dans la villa afin de se
parer pour le départ. Il y avait clairement suffisamment de place sur le véhicule
pour deux. Une petite remorque était même disponible ! Béhuit la regardait,
comme pour l’enjoindre à venir s’asseoir derrière lui. Elle hésitait. Elle était déjà
pétrie de froid. Béhuit tendit son bras pour l’empoigner et l’approcher de lui. Il
appuya sur un petit bouton sur le côté de sa combinaison qui s’illumina. Quasi-
instantanément elle sentit une douce chaleur. Elle avait des vêtements
chauffants !
444
- On en est proche. Je ne pensais pas que la situation serait aussi
catastrophique. Nous sommes coupés de tout et prisonniers des glaces.
Comment as-tu fait pour venir jusqu’à moi ?
- J’enquêterai plus en détail la chose, mais force est de constater que cela
nous aide bien aujourd’hui. Tout le monde va bien ?
- La sécurité nous a demandé de rester cloîtrés dans nos chambres. Ils nous
ont apporté des couvertures supplémentaires, mais sans courant, pas de
chauffage ni possibilité de se chauffer un repas.
Comme elle s’y attendait, la situation était tendue ici et sans doute à pas
mal d’endroits en France et en Europe. La capitaine des pom-pom-girls entra dans
l’appartement de sa future remplaçante à ce poste après avoir sorti un réchaud à
gaz de son sac à dos. Béhuit avait habilement pensé à en apporter un dans les
sacs. Après avoir invité les quelques autres étudiants présents dans le bâtiment,
tous profitèrent de ce matériel pour manger et boire chaud. Ils en avaient
visiblement bien besoin. Bucky était préoccupé par leur situation ; ils ne tiendraient
pas très longtemps dans ces conditions. Seule bonne nouvelle en regardant par la
fenêtre, la visibilité s’améliorait alors que la neige baissait en intensité.
Bucky passait du bon temps avec le petit groupe d’étudiants avec qui elle
était dans la chambre universitaire de Shandrill. Une manière d’oublier un peu la
situation extérieure. Lorsqu’elle regarda sa montre, elle s’aperçut qu’une heure
était passée. Elle se demandait bien ce que pouvait faire son Béhuit durant ce
temps-là. Elle se décida à prendre de ses nouvelles juste avant que le courant ne
se remette en route sous un hourra général. Personne ne s’imaginait que la
situation s’arrangerait aussi vite. Les convecteurs électriques se mirent
immédiatement en route. Dans quelques heures, les températures seraient douces
dans le village étudiant. Shandrill et Bucky se regardèrent ; le courant n'avait pas
pu revenir par magie comme cela. Aucune équipe EDF ne pouvait encore sortir par
ce temps. Bucky descendit pour confirmer ce qu’elle pressentait. Béhuit devait être
à l’origine du rétablissement du courant. Elle fut confortée dans son idée
445
lorsqu’elle s’aperçut que la motoneige n’était plus là ! Elle se hâta dehors pour
tomber nez-à-nez avec un membre de la sécurité.
- Il est parti avec mon collègue sur le campus pour dérouter une partie du
courant produit par les éoliennes ici. Ils viennent d’y parvenir ! Analysa-t-il.
Bucky lui en voulait un peu de ne rien lui avoir annoncé ses plans. Elle aurait
aimé qu’il la prévienne de ses intentions. Il la surprotégeait bien trop à son goût.
Une discussion devait avoir lieu pour lui faire comprendre qu’elle ne goûtait que
modérément cette absence de communication dans leur couple. Elle n’était plus
une petite fille que l’on devait protéger !
- Ça a mis une heure, sous ce temps exécrable ! Tu ne t’es pas dit que j’allais
me faire du souci pour toi ?
446
- Et c’est pour cela que je ne t’ai rien dit.
- J’ai bientôt 20 ans Béhuit, je ne suis plus une petite chose fragile. J’aurais
préféré être avertie.
- Tu ne t’en sortiras pas aussi facilement, lui dit-elle non sans avoir accepté
avant le doux goût des lèvres pourtant froides de son compagnon.
Bucky accepta. Ils repartirent tous les deux après avoir dit au revoir à
Shandrill D’argent. Sur le retour, ils levèrent la tête au ciel, une brève apparition du
soleil leur donnèrent le sourire. La tempête se terminait.
***
Pour la deuxième fois en deux nuits, Bucky et Béhuit profitèrent d’être seuls
à la villa pour un sulfureux corps-à-corps sur le lit improvisé près du poêle à bois,
malgré la bonne marche du générateur de secours. C’était le coin idéalement
romantique, au chaud et à la lueur d’un feu de bois. Uniquement avec son pendentif
lui couvrant le corps, elle était confortablement installée sur lui ! Ces moments-là,
elle ne s’en lassait pas. Jamais elle n’aurait imaginé devenir aussi accro à cette
activité. Il était tellement adroit, doux, passionné avec elle.
447
- Je sens une présence… lui dit-il.
Les minutes passaient. Trop lentement à son goût. Elle tremblait de plus en
plus dans le noir le plus complet sous le lit. Son cœur semblait se paralyser, elle
avait du mal à respirer. Tout à coup, une détonation ! Elle se força à serrer les dents
pour ne pas crier. Pourvu que Béhuit ne soit pas blessé ou pire ! Il ne s’était pas
trompé. Il y avait bien une présence. Elle attendait, encore et encore. Chaque
seconde supplémentaire semblait durer des heures. De nouveau, des bruits… de
pas à priori. Ils s’approchaient d’une cadence lente et méthodique. Faites que ce
soit Béhuit, faites que ce soit Béhuit, implora-t-elle. Un individu arrivait désormais
tout près de la chambre.
448
- Bucky ? Entendit-elle.
Jamais elle n’avait été aussi heureuse d’entendre la voix de l’élu de son
cœur. Elle se précipita pour sortir de sous le lit alors que la lumière s’allumait. Elle
finit rapidement dans ses bras, soulagée à l’extrême.
Il mentait très mal. Serrée dans ses bras, elle le sentait également tout
tremblant, le cœur palpitant, le souffle rapide. Elle le fixa après avoir décollé la tête
de son torse.
Peine perdue. Elle était en colère de ne rien savoir, plus exactement que
Béhuit ne lui dise rien. Dans un accès de rage, elle le repoussa.
- Alors ça sera toujours comme ça dans notre couple ? Même lorsque nous
serons mariés, tu resteras dans le mutisme ?
- Je crois avoir été parfaitement clair sur le sujet, finit-il par répondre.
J’aimerais sincèrement qu’il en soit autrement…
- Où vas-tu ? Demanda-t-elle.
449
- Il n’y a plus rien à craindre Bucky. Tout est sous contrôle. Je dois échanger
avec Céssix dès son arrivée.
Elle ne voulait pas le quitter. Pas après ce qu’il venait de se passer, mais il
resta, de toute évidence, campé sur ses positions. Il referma la porte de la chambre
derrière lui… et la verrouilla ! Comment pouvait-il lui faire ça ? L’enfermer dans sa
chambre, comme une enfant. Elle était trop troublée pour réagir, mais dès qu’il
remonterait, elle lui ferait payer !
***
Bucky avait très mal dormi cette nuit. Béhuit n’était pas remonté, mais elle
remarqua cependant qu’il avait déverrouillé la porte qui était entrouverte,
probablement tard dans la nuit. Son fiancé avait donc dû dormir en bas et avait
pris au comptant les menaces de l’étudiante. La chambre était lumineuse, un beau
soleil hivernal rayonnait dehors. Un gros bruit de moteur dans la rue l’incita à se
lever pour voir ce qui se passait. La route était en train d’être dégagée du mètre
cinquante de poudreuse par un tracteur faisant office de chasse-neige. Elle
entendit une vibration derrière elle. Son smartphone venait de récupérer du réseau.
Après s’être habillée plus amplement qu’avec sa nuisette sexy pour éviter toute
remarque désobligeante de Céssix, qui était probablement de retour à la villa par
un moyen dont la pom-pom-girl ignorait tout, elle descendit au rez-de-chaussée.
Un petit-déjeuner l’attendait avec du café au lait, du pain et de la pâte à tartiner.
Béhuit lui avait préparé ! Un coup d’œil rapide sur le canapé permit à Bucky de
déduire que son compagnon avait bien passé la nuit dans le salon ; des
couvertures y étaient en vrac. En revanche Béhuit n’y était plus. La porte de la salle
de sport y était ouverte. Elle le voyait au loin, assis jambes croisées dans une
séance de yoga ou de relaxation. Elle s’approcha de lui. Pas de présence de Céssix
qui devait être dans sa propre chambre. Tant mieux, ils allaient pouvoir discuter
de leur accrochage de la nuit dernière.
450
Béhuit n’avait pas remarqué sa présence, elle attendit patiemment en le
regardant torse nu plongé dans une torpeur incroyable. Elle hésitait à le déranger,
il semblait si serein et détendu dans cet état. Il ne détecta sa présence que
lorsqu’elle essaya de se poser sur un banc de musculation en faisant tomber une
gourde d’eau posée dessus qu’elle n’avait pas remarqué ; une maladresse de sa
part. Il ouvrit les yeux. Avant même que Bucky ne puisse lui parler, il la devança :
- J’ai très mal dormi cette nuit. J’avais besoin de mon fiancé… mais il a
dormi sur le canapé !
Inutile d’insister sur le sujet au risque d’envenimer une nouvelle fois les
choses. Elle détestait se disputer avec lui et ne voulait pas recommencer comme
la nuit dernière. Alors, elle lui sourit :
Elle se retourna. Il hésitait à parler. Il voulait lui dire une chose importante.
Allait-elle en savoir plus sur la raison du coup de feu, de la blessure de Céssix Sky
et de cette méfiance envers Emma ?
- Le campus n’est pas aussi sûr que tu pourrais le penser. Je suis ici pour
le sécuriser… mais sois prudente quand même, ça ne coûte rien ! Lâcha-t-il.
451
Enfin, il lui donnait la véritable explication de sa présence à l’E2C ! Une
menace pesait sur son lieu d’études. Rien ne lui avait permis de le remarquer
jusqu’à maintenant. Elle pensait jusqu’à présent que c’était Béhuit qui était visé.
Nul doute qu’elle serait plus attentive là-bas désormais. A la lecture de son visage,
Bucky interpréta un manque de confiance chez son partenaire. Il n’était pas certain
d’avoir fait le bon choix en lui en disant plus sur les raisons de sa présence ici. Elle
décida de lui montrer qu’il avait le bon choix en lui en dévoilant un peu plus. Même
si elle mourait d’envie de lui poser des questions supplémentaires, elle ne le fit
pas. Son objectif immédiat était de le rassurer. Elle se déplaça jusqu’à lui pour le
prendre dans ses bras.
- Avec un garde du corps comme toi, je suis persuadée que le campus est
en sécurité, dit-elle simplement.
- Je n’ai pas de doute à ce sujet. Quelle que soit la menace, tu sauras y faire
face ! J’en suis persuadée ! Mon fiancé est une personne bien plus exceptionnelle
qu’elle ne le pense. Je ne suis pas tombée amoureuse de lui par hasard.
Il sourit.
452
- A vrai dire, comme je ne t’ai toujours pas offert ta bague de fiançailles, je
me suis dit qu’en même temps que ton anniversaire, on pourrait fêter aussi nos
fiançailles officiellement le même jour. Si cela te convient, bien entendu.
- Tu pourrais y inviter tes amies, ta famille… enfin, tous les gens que tu
souhaites. Je te laisse organiser comme tu le désires les choses.
Des tonnes d’idées germaient dans la tête de la jeune étudiante. Elle avait
déjà dans l’idée de faire de ce double évènement quelque chose de grandiose.
- Venir avec moi pour choisir ma bague et me donner les coordonnées des
gens que tu veux inviter, répondit-elle débordante de joie.
453
Chapitre 15 : Idyllique… à quelques détails près !
En seulement quelques jours, Bucky avait déjà bien avancé du côté de ses
fiançailles. Sa liste d’invités était prête et elle avait pris soin de prévenir tout le
monde par messagerie, téléphone ou mail. Tout le monde serait là malgré le fait
que ce jour tombe un jour de la semaine, un mercredi. Bucky aimait fêter son
anniversaire à la date exacte, le 29 avril précisément, une manie bien ancrée en
elle. Ses fiançailles se faisant comme convenu à la même date sur l’idée de
l’homme de sa vie, elle souhaitait tellement lui rendre tout ce qu’il lui apportait
depuis le début de leur relation. Par reconnaissance, elle ne pouvait pas le laisser
sans invités à lui. Béhuit lui avait dit qu’il n’avait plus de famille et pas de personne
proche ; ce n’était pas tout à fait la vérité. Céssix Sky était très proche et
incontestablement quelqu’un d’important dans la vie de l’entraîneur de volley-ball.
Il y avait également la prénommée Mélanie, la médecin qui s’était occupée d’elle
après son agression à Munich. Elle décida de tout faire pour les inviter et lorsque
les cours redémarrèrent dès le samedi, elle se lança, loin de la villa et de Béhuit,
pour discuter avec la directrice de l’E2C.
454
Après s’être annoncée auprès de l’assistante de Céssix Sky, Bucky
demanda à parler à sa directrice. Elle fut rapidement invitée à entrer.
- Bucky, que voulez-vous ? Vous savez que nous vivons sous le même toit.
Me demander à me parler ici m’interpelle… dit la directrice.
- Écoutez Madame Sky, Béhuit n’a pas d’invités pour nos fiançailles. Je veux
que les gens qui lui sont proches y participent et vous faites incontestablement
partie des personnes les plus importantes de sa vie. Je vous demande simplement
d’être présente pour ce moment. Pour lui !
- Sans vouloir vous offenser Délavigna, ces fiançailles ne sont pour moi
qu’une vaste supercherie.
455
- Elle ne viendra pas Bucky… répondit Céssix.
- Vous êtes sûre que ce n’est pas possible ? Ils semblent s’apprécier…
Bucky était déçue. Par cette réponse, sa vis-à-vis lui faisait comprendre qu’il
n’y avait pas de possibilité d’invitation. La seule chose positive dans cette réponse
était d’en apprendre un peu plus sur Mélanie. Elle faisait, selon toute
vraisemblance, partie intégrante de la vie secrète de Béhuit. Au moins il y aurait
Céssix qui viendrait, c’était déjà cela !
***
Elle lui aurait bien répondu de façon osée, voire aguichante, mais elle ne
chercha pas à le mettre en difficulté. Elle se contenta simplement de tourner la
situation à son avantage.
- C’est mieux que ce soit Bucky qu’une autre personne, ajouta Glaème. Pour
éviter toute scène de jalousie de Bucky, d’une part, et tout geste pouvant être mal
interpréter de Béhuit d’autre part.
456
Bucky s’allongea devant Béhuit, déjà accroupi, pour expliquer les premiers
gestes à effectuer en cas de découverte d’une personne inconsciente. Pour la
plupart des étudiants, il s’agissait juste d’une révision, toujours utile pour se
rafraîchir la mémoire.
***
457
de la plage… et avec Béhuit ! Les volleyeurs et certaines pom-pom-girls allaient
connaître cela pour la première fois ! Cette soirée commençait bien et ce n’était
pas terminé pour la capitaine des pom-pom-girls ; il était prévu qu’elle parte avec
Béhuit ce soir à destination de la tour Eiffel pour manger ce soir au restaurant du
monument ; le Jules Verne, pour ensuite aller voir le spectacle du Moulin Rouge.
En plus de la bonne nouvelle de ce stage de préparation, la suite de la soirée
promettait à Bucky de garder le sourire.
Les étudiants quittèrent un à un le gymnase pour rentrer chez eux sur cette
bonne nouvelle, après une bonne douche. Bucky de son côté ne se pressait pas ;
elle attendait Béhuit pour se rendre à Paris à moto. Cela promettait d’être plutôt
rapide avec ce moyen de transport. Aussi, Béhuit avait décidé de préparer le
programme d’entraînement du stage durant une vingtaine de minutes avant de
partir. Largement suffisant pour qu’elle soit la dernière sur place avec lui. Elle
voulait tirer profit de la situation. Elle avait annoncé à Béhuit qu’elle réviserait en
l’attendant, mais ses plans étaient tout autres. L’occasion était trop belle pour
pimenter sa relation de couple avec son compagnon. Il n’avait jamais vraiment été
chaud pour un mélange des corps avec Bucky ici et elle savait pourquoi ; le
gymnase et sans doute une bonne partie de l’E2C était sous surveillance vidéo !
Cependant, à force de côtoyer son compagnon en fin de séance d’entraînement,
elle avait compris qu’une demande de couper la surveillance existait. Béhuit le
demandait de plus en plus régulièrement quand ils se retrouvaient seuls dans son
bureau afin que le couple puisse parler plus librement, en particulier pour la
préparation de leurs fiançailles.
- En revanche, pour toi, je ne suis pas sûr que rester en tenue de pom-pom-
girl soit idéal pour le voyage à moto et la suite de la soirée, même si je ne nie pas
que te voir dans cette tenue est toujours autant un plaisir pour moi.
458
- C’est bien pour ça que, depuis un certain temps, je m’habille avec même
durant les entrainements ! Répondit-elle.
- Bucky, même si c’est tentant, tu sais qu’une bonne partie de l’E2C est sous
surveillance afin que les étudiants ici soient en sécurité.
- Cela ne me rassure pas totalement, mais mes pensées sont occupées par
autre chose. Tu as quelques fois demandé avec ton smartphone à un dénommé
Darog par messagerie de couper la surveillance dans ton bureau.
- Désolé d’avoir les yeux et les oreilles qui traînent. Je suis une fille très
curieuse. On dit que c’est une preuve d’intelligence ! Se défendit-elle. Tu ne
pourrais pas demander à Darog de couper la surveillance des douches des filles
pour une petite demi-heure ?... Non plutôt 45 minutes, annonça-t-elle.
- Darog me fait déjà une fleur lorsqu’il coupe la surveillance de mon bureau.
459
- Tu as gagné, je demande ! Mais on devra rouler un peu plus rapidement à
moto pour ne pas être en retard ! Finit-il par répondre après hésitation.
- Une heure, pas plus ! Entendit-elle à travers le combiné d’une voix très
rauque. Amusez-vous bien tous les deux, entendit-elle distinctement avant que
l’appel ne cesse.
- Je suis désolée, s’excusa-t-elle. S’il te plaît, ne m’en veux pas, j’ai agi sans
réfléchir !
Ils prirent rapidement leurs affaires pour pouvoir se diriger vers les
vestiaires avant de s’y précipiter. Une relation sexuelle avec un enseignant dans
460
les vestiaires du gymnase de l’E2C, jamais elle n’aurait pensé assouvir ce
fantasme il y a encore quelques mois !
***
Faire l’amour sous la douche d’un gymnase ne fut finalement pas si aisé
que cela. Il fallait faire preuve de souplesse et d’une certaine force qu’elle
n’imaginait pas pour prendre du plaisir en restant fermement cramponnée avec
l’aide de ses jambes à son compagnon, le tout contre le mur et sous une douche
bien chaude afin de ne pas trop épuiser son partenaire qui la portait. Cette position
n’était finalement pas si éloignée, mais plus fatigante, de ce que le couple pouvait
pratiquer en danse pour la présentation de l’équipe des garçons ou le bal de début
d’année. Le plaisir n’en fut que décuplé. Béhuit, malgré le fait de la porter en
continu, semblait bien avoir profité de l’idée de sa future fiancée également. C’était
une expérience à renouveler, excitante, qui sortait de la routine sexuelle qui
commençait à s’installer chez eux. Elle appréhendait énormément cette lassitude
sans renouveau. Surprendre Béhuit, même en vivant ensemble était nécessaire
pour préserver la flamme. A prochainement 20 ans, Bucky qui avait trouvé le bon
partenaire, tenait à vivre des choses marquantes avec lui de ce côté-là. Elle aurait,
à l’opposé, préféré une vie plus conventionnelle du côté de la véritable activité de
Béhuit, mais dans la vie, rien n’était parfait.
Après s’être lavés sans trop de travail supplémentaire, car déjà au bon
endroit, ils s’habillèrent. Béhuit remis son beau costume sans sa veste pour la
ranger dans son sac à dos, correctement pliée ; il souhaitait la préserver pour leur
déplacement à moto. Bucky avait également tout prévu de son côté pour être
classe tout en étant capable de faire la route ; une robe noire et blanche, courte et
moulante, avec des collants sombre et bien épais, accompagnée de ses bottes
noires et or lui arrivant jusqu’au genou. Ils furent rapidement prêts à partir. Les
vêtements inutiles pour ce soir, dont sa tenue de pom-pom-girl, avaient été
soigneusement laissés dans le bureau de Béhuit. Ils les récupéreraient le
lendemain. Alors que Bucky enfilait son casque et ses gants, Béhuit démarra la
sportive deux roues. Elle grimpa derrière lui et s’accrocha fermement à son torse
à l’aide de ses bras avant de se diriger vers la capitale. Un dîner romantique les
attendait au deuxième étage de la tour Eiffel. Ils avaient un peu de retard, mais
Béhuit allait remédier à ça !
461
Le trajet Cley-Paris fut agréable à souhait ! Grâce à un trafic fluide ce soir-
là et une Bucky totalement en confiance sur ce moyen de locomotion, Béhuit avait
pu avaler les kilomètres à une vitesse proche de l’indécence sur certaines portions
de route. Des flashs crépitèrent de temps à autre le long de la route sans que cela
ne provoque le moindre frisson à son conducteur. La plaque d’immatriculation du
véhicule ne permettait sans doute pas au service des amendes de remonter
jusqu’à lui pour lui soustraire des points à son permis, voire carrément lui enlever.
En y réfléchissant, Béhuit avait un nombre de passe-droits assez impressionnant ;
Un homme puissant et/ou important, cela le rendait encore plus désirable aux yeux
de sa passagère. Qu’est-ce qu’elle pouvait l’aimer !
Garé tout près du monument Parisien le plus célèbre de France, ils ne mirent
que peu de temps pour y accéder afin de se rendre au restaurant Jules Verne du
deuxième étage. La vue y était magnifique et le repas promettait de l’être tout
autant. Les parents de Bucky n’avaient pas lésiné sur les moyens pour ce cadeau
de Noël. Il s’agissait de sept plats de dégustation ; dont deux desserts. La cuisine
y était particulièrement raffinée. Ce n’était pas particulièrement le type de
nourriture que Bucky plébiscitait, elle qui préférait les produits plutôt bruts, mais
elle apprécia tout de même. C’était pareil du côté de Béhuit, sauf pour le plat
composé de poisson, du turbot ici en l’occurrence. Il décida de ne pas finir
l’assiette. Elle sourit intérieurement. Elle venait enfin de découvrir quelque chose
que Béhuit ne mangeait pas ! Elle commençait vraiment à le connaître dans ses
moindres détails. En savoir toujours un peu plus sur lui était important pour elle.
Béhuit était un superbe blond assez athlétique et avec un sens de l’humour
prononcé. Il mangeait comme quatre, était une personne particulièrement tactile
au grand bonheur de Bucky qui se retrouvait souvent à être cajolée, caressée, voire
massée. Il était cependant souvent triste ou plongé dans ses pensées. Bucky avait
clairement compris qu’il jouait un rôle très actif dans la protection de l’E2C d’une
menace dont elle ignorait tout. Sa vie avant elle, dont elle connaissait encore très
peu, avait vraiment dû être particulière traumatisante. Qu’est-ce qu’on avait bien
pu lui faire endurer durant cette période ? Bucky ne désirait qu’une chose, lui
donner un peu plus le sourire et voir la vie plus souvent du bon côté.
Une fois le repas absolument exquis terminé, ils reprirent la moto pour se
rendre au Moulin Rouge. Béhuit était impatient de voir ce spectacle et Bucky
heureuse de lui offrir cette opportunité. Le bonheur de son compagnon était ce
soir sa priorité, encore plus que d’ordinaire. En donnant ses invitations à l’agent
d’accueil, malgré leur léger retard, elle fut tout de suite reçue par le directeur
artistique, Monsieur Kaliensky, qui visiblement les attendait.
462
- Mademoiselle Délavigna, c’est un immense plaisir de vous recevoir. Je
vous propose de vous placer aux meilleures places afin que vous puissiez profiter
un maximum du spectacle. Je viendrai, si vous le permettez, vous revoir à la fin
pour vous présenter les coulisses et l’une de nos meneuses de revue. N’hésitez
pas à commander ce que vous désirez boire, c’est offert !
Bucky avait visiblement bien plus tapé dans l’œil du directeur artistique du
Moulin Rouge qu’elle ne le pensait. On lui déroulait carrément le tapis rouge ! On
la fit passer devant tout le monde avec Béhuit afin qu’elle soit placée en première
dans la salle décorée façon Paris du 19ième siècle. Tout comme Béhuit, elle n’avait
jamais véritablement vu ce type de spectacle. Elle était impatiente d’en voir le
contenu. Cela lui permettrait en partie de comprendre pourquoi un emploi lui était
proposé ici avec une possibilité supplémentaire en tant que danseuse.
On installa Béhuit et Bucky assez proche de la scène, mais pas trop non
plus afin d’avoir une parfaite vue d’ensemble. Sans que ni elle, ni son compagnon,
ne leur demandent quoi que ce soit, on leur servit une flûte de champagne à
chacun. Bucky n’était pas très alcool et encore plus depuis la dernière fois qu’elle
avait bu à Munich, cependant elle n’osa pas, par politesse, décliner la flûte qu’on
lui déposa devant elle. Béhuit la boirait peut-être en plus de la sienne. Il n’était pas
un grand fan d’alcool non plus et n’en avait pas pris au deuxième étage de la tour
Eiffel, il y a moins d’une heure ; peu de chances qu’il rencontre des difficultés à
conduire la moto pour le retour une fois les deux flûtes ingérées. Elle le regarda.
L’impatience de voir le spectacle se lisait sur son visage. Bucky, de son côté,
espérait ne pas s’ennuyer.
463
au poste qu’on lui proposait ici. Bien sûr, c’était toujours New-York sa priorité, mais
un plan de repli sur Paris au cas où Béhuit serait dans l’incapacité de la suivre
n’était finalement pas si mauvais. D’autant qu’elle savait que cela plairait
certainement à son compagnon si elle faisait danseuse en prime ici, même si elle
doutait tout de même avoir le niveau requis malgré ses qualités ! Quoi que peut-
être uniquement pour danser le french cancan de très loin ce qu’il préférait dans
le spectacle ; certaines danses avec sa poitrine bien visible devant tout le monde
ne lui plairaient peut-être pas tant que cela si elle faisait partie des danseuses !
Elle n’était pas certaine de le désirer non plus, même si elle ne faisait pas de sa
pudeur un totem infranchissable.
- Ce n’est pas totalement faux, avoua-t-elle sans gêne. Mais ce n’est pas
grave, je finirai ce que je faisais avec mon fiancé plus tard ! Ajouta-t-elle en
regardant affectueusement Béhuit.
- Vous êtes fiancés ? Demanda-t-il, un peu surpris, sachant que Bucky était
encore relativement jeune.
- Je vous félicite ! Cette année va être donc encore un peu plus pour vous
une année charnière dans votre vie. De nombreuses choses vont changer.
464
- C’est en partie pour cela que je suis avec vous ce soir je pense, dit-elle afin
de passer dans le vif du sujet.
- Nous avons besoin d’idées novatrices et dans l’air du temps et puis notre
chorégraphe actuelle arrive doucement à la retraite ! Puis-je vous convier dans
mon bureau pour que nous en discutions ? Je vous présenterai ensuite, si vous
êtes intéressée, les coulisses ainsi que l’une de nos meneuses de revue qui est
américaine et également ancienne pom-pom-girl.
- Monsieur, je vous emprunte votre fiancée pour une courte durée si cela ne
vous dérange pas. En attendant, vous pourrez accéder aux coulisses si cela vous
dit grâce à ce pass. N’hésitez pas à demander quelque chose à boire à l’un des
membres du personnel si vous avez également soif, Dit Monsieur Kaliensky.
Béhuit regarda Bucky qui lui fit un léger signe de la tête pour lui faire
comprendre que la suite de la discussion ne le concernerait pas directement. Il prit
le pass, avant de se faire emmener vers les coulisses par l’un des membres du
personnel.
- Ce n’est pas parce que je possède un avion de chasse que je n’ai pas le
droit d’en regarder d’autres, répondit-il sans doute pour la taquiner en plus de la
complimenter sur son physique.
465
- Les regarder oui, les essayer non ! Souligna-t-elle avant de le laisser
s’éloigner.
L’entretien terminé, elle retourna voir Béhuit dans les coulisses ; il buvait en
compagnie probablement d’une des danseuses, à la vue de son physique
particulièrement bien proportionné. M. Kaliensky qui l’accompagnait, lui annonça
que la danseuse en question était la meneuse de revue qu’elle devait rencontrer
pour un premier échange. Elle sortait selon toute vraisemblance de la douche et
n’avait plus sa tenue de spectacle, mais des vêtements classiques : pantalon
moulant et débardeur.
- Je crois qu’il vous imagine déjà dans cette robe ! Répondit la danseuse
avec un accent trahissant ses origines non françaises.
466
Bucky eut le sourire. Elle ne s’imaginait pas avoir tapé aussi fort avec sa
chorégraphie qui, par les réseaux sociaux, se visionnait même jusqu’à l’étranger !
- Vous avez un talent indéniable en plus d’être une bonne danseuse. Je suis
convaincue qu’une personne comme vous pourrait nous apporter énormément
pour créer le nouveau spectacle que nous souhaitons.
***
Cette fin de mois de mars annonçait officiellement la fin de l’hiver, mais pas
uniquement pour Bucky. Il ne lui restait désormais plus qu’un mois pour préparer
ses 20 ans et ses fiançailles avec Béhuit. Elle avait bien avancé sur le sujet. Une
quarantaine d’invités étaient prévus dû à finalement un certain nombre
d’impossibilités de venir un mercredi soir, jour de semaine. Bucky n’avait pas
choisi de fêter son anniversaire à la date exacte pour rien ! Cela donnait une
excuse aux invitations qualifiées de "diplomatiques" pour ne pas pouvoir venir et
ce n’était en rien gênant pour Bucky et ses camarades de l’E2C. Le vendredi 1 mai
était férié et le jeudi 30 avril traditionnellement chômé à l’E2C pour laisser aux
professeurs une journée pour préparer les ultimes épreuves de fin d’année.
L’occasion idéale de pouvoir prolonger la fête. Le lieu avait également été défini ;
la villa ! Céssix, faisant partie des invités, avait à la grande surprise de Bucky
accepté que la splendide demeure soit utilisée pour l’anniversaire et les fiançailles.
Il restait encore des choses à préparer dont sa bague à aller choisir avec Béhuit,
mais ce n’était pas cela qui la préoccupait aujourd’hui. Elle devait s’assurer qu’elle
n’avait rien oublié pour son départ avec Béhuit à Porticcio pour le stage d’une
467
semaine de volley-ball où leurs pom-pom-girls étaient également conviées. En tant
que capitaine, elle avait dû préparer un programme d’entraînement intensif avec
l’aide de Meyrie. Les filles ne venaient pas à ce stage pour y faire de la figuration
ou bronzette, il avait pour, elles aussi, une vocation de perfectionnement dans leur
activité. Une fois cette semaine achevée, Bucky et Béhuit ne rentraient pas sur Cley
avec les autres. L’étudiante avait habilement placé sa visite de l’école de danse de
New-York pour le week-end. Elle souhaitait se placer rapidement sur ce poste qui
lui était proposé.
Après un dernier check-up, elle referma son sac de voyage. Béhuit le prit en
même temps que le sien, deux fois moins rempli, pour les déposer dans le coffre
de sa voiture. La capitaine des pom-pom-girls monta dans le véhicule, prête à partir
après un discret signe de la main de politesse afin de dire en revoir à sa directrice.
Ce fut un peu plus long pour Béhuit. Il avait visiblement bien plus de choses à dire
à Céssix et de toute évidence, une fois de plus, loin des oreilles curieuses de sa
future fiancée. Elle commençait à prendre l’habitude de ce comportement lié à leur
activité de surveillance de l’E2C.
A leur arrivée, le car du campus les attendait pour les emmener à l’aéroport.
Remonter dans un avion pour la première fois depuis la proposition de fiançailles
de Béhuit lui donnait des frissons ; plus jamais elle ne verrait ce moyen de
transport comme avant.
***
Le lieu de préparation pour les huitièmes de finale était resté comme dans
les souvenirs de Bucky et des autres pom-pom-girls qui avaient déjà vécu cette
expérience avec elle ; magnifique ! Le camp d’entraînement était au bord de la
plage et donnait sur une eau bleu turquoise de carte postale. Tout autour, des
bungalows récents, mais se mariant très bien au lieu, servaient de chambre pour
entraîneurs et étudiants. Elle remarqua également l’immense terrasse de l’espace
restauration qui permettait de manger tout en sentant l’écume de la mer,
seulement deux mètres plus bas. Même si l’objectif de ce lieu était un travail
sportif intense, Bucky se souvenait que lors de sa dernière escapade ici avec
l’équipe de handball, quelques moments de détente y étaient prévus. Cet endroit,
propriété commune des campus d’excellence d’Italie, d’Algérie, de Tunisie et de
468
Suisse en plus de celui de l’E2C, faisait remonter des souvenirs particuliers chez
l’étudiante à la mèche fuchsia.
- C’est un endroit magique pour un stage ici, même les pro en rêveraient !
Souligna Béhuit voyant sa compagne scruter la mer et la terrasse à quelques
mètres alors que les autres étudiants et Meyrie se préoccupaient de la répartition
des bungalows.
- C’est en grande partie grâce à toi que nous sommes ici aujourd’hui.
L’équipe de basket-ball en est verte de rage, dit-elle en invitant Béhuit à mettre ses
bras autour d’elle.
- Je ne crois pas te l’avoir dit, mais j’ai des souvenirs particuliers ici…
- Ma toute première fois… c’était ici. Sur cette plage… sous cette terrasse
même.
- Et vous n’avez donc rien trouvé de mieux qu’ici ? Même si ce n’est en fait
pas si mal comme lieu.
- J’étais incroyablement stressée. Une première fois pour une fille, c’est
beaucoup d’appréhension !
- Disons que je préfère largement être entre tes mains expertes ! Il ne me l’a
jamais vraiment avoué, mais je crois que c’était sa première fois également. Rien
que de mettre le préservatif a été un combat, il avait du mal et je n’osais pas l’aider.
Il n’a pas réussi non plus à enlever correctement mon haut de bikini, j’ai dû le faire
moi-même. Quand je pense à toi qui arrive à me dégrafer mon haut sans même
que je m’en aperçoive, je me dis qu’il manquait quelque peu d’expérience.
469
Bucky n’avait aucune gêne à lui parler de cela. Il était important pour elle
qu’il sache tout d’elle, y compris sa vie antérieure à leur rencontre.
Bucky rigola de nouveau. Son compagnon actuel n’avait rien à craindre. Elle
ne regrettait pas ses quelques expériences passées, mais c’est bien avec lui seul
qu’elle se sentait en osmose dans cette activité et pour le reste. Il ne restait plus
qu’à trouver le moment propice, sans doute en soirée, pour combler ses envies.
A peine les bagages déposés dans les bungalows que les entraînements
commençaient. Bucky se sépara de Béhuit qu’une fois arrivée dans le joli gymnase
avec vue sur la baie d’Ajaccio. Avec l’aide de Mathéo, présent une fois de plus
officiellement pour suivre l’équipe en tant que média mais en réalité surtout pour
seconder Béhuit. L’équipe de volley commença à s’échauffer alors que Bucky et
ses amies dirigées par Meyrie se mirent dans un coin afin de procéder à quelques
étirements tout en parlant du programme de la semaine.
L’objectif pour les pom-pom-girls était très précis ici. Chercher quelques
nouvelles mini-chorégraphies d’une minute maximum afin de divertir le public
durant les temps morts demandés par Béhuit durant les matchs. Régulièrement
d’une année sur l’autre, ces shows express étaient modifiés afin de donner une
sensation de renouveau, mais cela n’avait pas encore été fait cette saison. La
raison en était simple ; la présentation des garçons d’avant-match avait occupé à
100% les dix filles et Meyrie. Ce stage avait pour but d’en inventer une ou deux
nouvelles pour remplacer les plus anciennes et évidemment, on comptait
énormément sur la capitaine pour cela. Bucky était devenue une véritable
référence dans ce domaine depuis le succès viral de la chorégraphie sur le
morceau des Blues Brothers. Elle sentit une attente de ses partenaires qui lui mit
un peu de pression sur les épaules. La capitaine ne voulait pas les décevoir. Elle
allait devoir trouver des idées dignes de son équipe !
470
***
Avec des journées bien remplies, Bucky ne vit pas passer les premiers jours.
On était déjà le mercredi après-midi et la fin du stage était prévue pour le samedi
en début d’après-midi. Si du côté des garçons, les progrès et la cohésion d’équipe
progressaient chaque jour un peu plus malgré une fatigue physique qui
commençait à peser sur les organismes, du côté des filles, cela n’avançait pas
comme le souhaitait leur capitaine ; une seule chorégraphie allait pouvoir être
créée au lieu des deux espérées. Bucky avait tellement cherché à créer quelque
chose de parfait avec son équipe pour la première qu’elle en avait oublié la
seconde. Meyrie rassura les filles en leur disant qu’une mini-chorégraphie parfaite
valait mieux que deux quelconques, mais Bucky vit cela comme un demi-échec.
Elle aurait clairement aimé en faire deux. L’organisation des fiançailles et son
anniversaire lui prenait plus de temps que prévu. Elle voulait que tout soit parfait
et passait de long moment en visio avec ses parents, le traiteur ou les sites de
décoration du net. Temps qu’elle ne passât pas à réfléchir à de nouveaux
mouvements. Personne ne semblait cependant lui en vouloir, elle avait déjà
tellement œuvré pour l’activité de pom-pom-girl.
471
mixité dans les chambres pour les étudiants ! Ce fut uniquement le fait qu’une
relation entraîneur-étudiante n’ait pas été pensée qui eût permis à Bucky de
profiter de ce vide dans le règlement intérieur pour partager la chambre à coucher
de Béhuit.
472
Pour la première fois, Bucky découvrait le karting. Après avoir écouté
beaucoup plus les conseils de Béhuit que le membre du personnel de l’activité
pour les explications, elle se lança sur le circuit qui donnait en partie en extérieur.
Elle se retrouva dès le départ, dernière, mais pas si loin que cela de Nolwenn.
Comme dans toutes activités sportives, la dernière place allait se jouer entre elle
et sa meilleure amie.
- Mes conseils n’étaient pas privés ! Il n’y a simplement que Bucky qui les a
écoutés, rigola-t-il.
473
Antoine et Erik, grands amateurs de ce loisir soulignèrent les excellents
temps de leur entraîneur de volley, très proches des records du circuit. Béhuit
justifia cela par beaucoup de conduite ces dernières années sans développer plus.
Bucky ne chercha pas à creuser plus le sujet. Elle avait toujours remarqué en lui
une sorte de sûreté dans sa conduite pourtant parfois très sportive à moto ou
lorsqu’il conduisait sa voiture. Elle n’en était pas sûre, mais cette maîtrise était
peut-être en lien avec la véritable raison de sa présence ici. Béhuit avait clairement
été formé à la conduite ; ses résultats en karting l’attestaient !
474
Il la prit dans ses bras. Elle comprenait que c’était extrêmement grave et
sérieux. Sa mission refaisait surface à nouveau. Elle repensa immédiatement au
coup de feu lors de la tempête de neige, la blessure de Céssix. Elle commença à
trembler. Elle attendait une réponse.
- S’il te plaît, reste ! Si tu m’aimes, reste ! J’ai bien compris que c’était
dangereux. Ne m’abandonne pas comme cela. Tu m’as demandé d’être ta fiancée
et je t’ai répondu oui, ajouta-t-elle pour étoffer son argumentaire.
- Je dois partir Bucky, c’est vital. Je suis désolé de te mettre dans cette
situation, mais je te promets une chose. Tu es la femme que j’aime et ce que je
fais même si tu en ignores tout, c’est pour toi. Pour que tu aies la vie heureuse et
insouciante que tu mérites et je ferai tout pour la partager, du mieux que je peux,
à tes côtés.
Alors que tout le groupe d’amis de Bucky les fixait avec de plus en plus
d’insistance, Béhuit tourna les talons pour partir avec célérité. Sans bouger, elle le
regarda partir. Pourvu qu’il ne lui arrive rien, se dit-elle…
475
Nolwenn fut la première à se décider à passer la baie vitrée pour aller à la
rencontre de sa meilleure amie qui tentait de sécher ses larmes en la voyant
arriver.
***
La fin de la journée fut des plus étrange. Tout le monde avait été pris au
dépourvu du départ précipité de l’entraîneur de volley. Meyrie tenta d’en savoir plus
en passant des coups de fil, probablement à l’E2C pour prévenir et tenter de
connaître la raison de son départ précipité ; graves problèmes familiaux, lui
expliqua Céssix. Bucky savait que la directrice de son campus d’excellence
mentait à sa professeure de danse et lorsque Meyrie questionna également Bucky
pour tenter d’en savoir plus, la pom-pom-girl fut dans l’obligation de mentir à son
tour en corroborant les dires de Madame Sky. Béhuit n’avait plus aucun lien avec
qui que ce soit dans sa famille. Leur absence à ses fiançailles le prouvait. Du côté
des volleyeurs, on hésitait entre la colère et la tristesse ; comment Béhuit pouvait
les laisser tomber en plein stage alors que des huitièmes de finale historiques pour
l’équipe allaient avoir lieu dans un peu plus de deux semaines ! Le sentiment
d’abandon était palpable. Seul Mathéo ne semblait pas affecté. Il l’était peut-être,
mais trop occupé à revoir ce qu’avait planifié Béhuit pour les prochains
entraînements disponibles sur sa tablette numérique, laissée avec tout le reste de
ses affaires dans son bungalow. Béhuit n’était pas passé rechercher le moindre
vêtement ! A y réfléchir, Bucky se demandait également comment il avait pu partir
sans aucun moyen de locomotion. Un mystère de plus. Elle ne les comptait
désormais plus. La seule chose qu’elle souhaitait, c’était son retour.
Une soirée de repos sans entraînement passée avec ses amis sur le bord
de la plage qui tentaient de la réconforter, et elle rentra, seule et abattue, dans son
476
bungalow pour tenter de trouver le sommeil. Ne parvenant pas à le faire, elle initia
de tracer le téléphone de son compagnon pour au moins le localiser, tentative
évidemment vaine, le téléphone était annoncé éteint. Elle ne put s’empêcher
d’envoyer un message : Nous n’avons même pas eu la possibilité de faire l’amour
sur la plage sous la terrasse. Je t’aime. Message bien envoyé… mais non
réceptionné.
***
Pour les volleyeurs et malgré le fait que Mathéo se sente quelques fois un
peu perdu, les entraînements ne se passèrent pas si mal que cela. Les joueurs les
plus expérimentés, Antoine et Yvan en tête, épaulèrent l’entraîneur de substitution
dans le déroulement des différentes séances. Béhuit avait créé une cohésion de
groupe, une communion excessivement forte. Sa petite amie était fière de voir ce
qu’avait fait l’homme qu’elle aimait de cette équipe.
Bucky, bien que toute la journée avec ses amies, fût d’une passivité
inquiétante. Elle n’arrivait rien à avaler. Le stress du départ précipité de Béhuit lui
avait coupé l’appétit et sa joie communicative des premiers jours de stage. Une
seule chose l‘occupait ; son smartphone. Elle espérait un hypothétique message
de Béhuit lui prouvant qu’il allait bien, elle ne demandait pas plus. Mais rien, aucune
nouvelle. Par dépit, elle tenta de joindre Céssix… même résultat. Sans avoir mangé
du matin au soir, elle eut un gros coup de mou. C’est sur les injonctions communes
de Nolwenn, Glaème et Shandrill qu’elle se décida à manger… un minimum, juste
assez pour reprendre un peu de force. Elle était fatiguée, n’ayant que très peu
dormi la nuit dernière et pas très loin de l’hypoglycémie. Antoine et Erik
l’accompagnèrent jusqu’à son bungalow par prévention. Elle se demanda si elle
devait annuler son voyage à New-York prévu le week-end même. Elle se coucha
477
immédiatement, sans même se changer, pour s’endormir profondément, mais la
main sur son smartphone…
***
- Je suis OK, tout va bien ! Pu-t-elle lire avec une joie indescriptible.
- Je te laisse deux petites heures pour te préparer. Il est dans mon devoir de
futur fiancé de réaliser les désirs de la femme que j’aime. Cette plage va se souvenir
de tes cris de plaisir et montrer à ton ex qu’un volleyeur est bien plus vigoureux qu’un
handballeur.
- Je vais bien Bucky. C’était une fausse alerte ! Dit-il avant même de laisser
parler sa petite amie.
- J’ai eu si peur…
- Je n’étais pas très serein non plus pour être tout à fait transparent. Mais
je reviens à toi et à l’équipe et c’est tout ce qui compte, dit-il. Ton fiancé sera tout
à toi jusqu’à l’aube sous peu !
- Je vais t’attendre au portail, j’ai trop hâte de te serrer dans mes bras.
478
Le simple fait de l’entendre lui avait redonné sa joie de vivre. Il était une
heure du matin, elle avait sommeil et désormais faim, mais son corps avait pris un
coup de fouet émotionnel qui lui permit un regain d’énergie.
- Je ne maîtrise pas assez la discipline pour être sûr d’arriver sur la plage…
et pas dans l’eau ! Répondit-il également avec humour. Attends-moi simplement
sur la plage en dessous de la terrasse. On a de la chance, 18°, il fait bon pour ce
que nous avons à faire ! Je suis désolé, je vais devoir couper.
Dès qu’elle décolla son téléphone de l’oreille, elle se précipita vers le chevet
de la chambre en commun avec Béhuit. Elle se savait en manque d’énergie et fort
heureusement Nolwenn avait eu une idée de génie en lui laissant un sandwich et
quelques barres chocolatées ! L’appétit retrouvé, elle se jeta dessus pour dévorer
la totalité. Les sucres rapides des barres chocolatées firent rapidement leurs
effets, elle se sentit bien mieux. Elle était encore fatiguée, mais pas question de
dormir alors que Béhuit la rejoignait !
Une douche chaude, puis elle enfila son bikini. Elle ne l’avait pas encore
utilisé du séjour. Afin de ne pas attraper froid en attendant que le contact peau à
peau avec Béhuit ne la réchauffe, elle enfila par-dessus son épais et long manteau
avant de se diriger vers la terrasse et la plage du domaine. Personne à cette heure.
Seule une faible lumière éclairait encore les lieux. Tout le monde devait dormir.
Bucky avait évidemment décidé de ne prévenir personne du retour de Béhuit.
Égoïstement, elle ne le voulait que pour elle. Les autres apprendraient son retour
le matin.
479
rester discret sur sa présence ici. Plusieurs personnes étaient sur la petite
embarcation ; Béhuit en faisait probablement partie, même si Bucky ne parvenait
pas à le discerner clairement. L’étudiante fit une tentative d’approche en mettant
les pieds dans l’eau… bien froide encore à cette période de l’année. Elle recula par
réflexe. Ce n’était pas très grave, il était là. Il se jeta à l’eau pour les cinq derniers
mètres alors que le bateau opérait déjà un demi-tour. Elle avait froid pour lui, il
avait de l’eau jusqu’au bassin. C’était lui, plus aucun doute.
- Moi qui croyais que tu me sauterais dans les bras ! Dit-il en continuant son
avancée sur Bucky.
Il finit par poser les pieds sur la terre ferme. Sans en dire plus, ils se
serrèrent l’un à l’autre. Bucky ne perdit pas un instant, elle ôta son manteau pour
le laisser tomber pour n’être plus qu’en bikini, couleur fuchsia bien évidemment.
L’instant d’après, elle accompagna Béhuit pour enlever son haut avant de
commencer à déboutonner son jean. Béhuit avait bien évidemment compris les
intentions de sa partenaire, il bascula Bucky afin de l’allonger sur la plage. Elle le
laissait désormais maître des opérations, elle l’accompagnerait si besoin. Elle ne
souhaitait pas parler. Simplement sentir ses mains parcourir son corps de haut en
bas, puis dans l’autre sens. Un rapide passage par son dos pour dégrafer son haut
de bikini avant qu’il n’embrasse sa poitrine dénudée. Un léger frisson, mélange de
plaisir et de température ambiante fraîche. Elle lui embrassa intensément le creux
du cou, peut-être même un peu violemment sous la passion, elle le mordillait
légèrement alors qu’il utilisait un de ses bras pour désormais se débarrasser de la
dernière matière textile qu’elle avait encore sur elle pour laisser à sa main le champ
libre ! Elle se retint de gémir de plaisir en le mordillant encore plus fort. Elle
comptait sur Béhuit pour que cet instant dure encore un peu. Chaque minute
supplémentaire était une bénédiction…
***
480
sans qu’elle s’en aperçoive dû à un déficit prononcé et naturellement lourd du
sommeil. Il était collé à son dos, contre elle. Elle referma les yeux plusieurs
minutes pour synchroniser sa respiration avec la sienne, un petit exercice pour
encore plus se sentir en phase avec lui. Il était marrant de constater qu’il respirait
naturellement bien moins vite qu’elle. Alors que le soleil gagnait en intensité et
donc en luminosité, il réveilla également Béhuit. Elle se retourna pour lui faire face.
Ils ne s’étaient toujours pas parlé. Il la fixait également avec crainte. Elle apprenait
doucement à interpréter ses mimiques de visage et ses gestes. Elle se décida à
ouvrir la bouche en première :
- Ne dit-on pas que l’amour est plus fort que tout ? Répondit-elle en souriant.
- Allez, nous devons nous lever ! Tu as une équipe à entraîner qui va être
ravie de te revoir !
481
- Qu’y a-t-il ? Demanda-t-il.
- Heureusement que j’ai une écharpe pour le cacher ! Je suis heureux que
tu le prennes comme cela, car je pense que tu en as un aussi !
Elle courut vers le miroir de la salle de bain. Il ne lui avait pas menti ! Une
ecchymose se trouvait juste sous son oreille. Elle se retourna pour se rapprocher
du lit alors que Béhuit rigolait.
D’un geste de la tête et avec un large sourire, Béhuit lui fit signe que non.
Elle attrapa un oreiller pour tenter de lui lancer dessus, mais Béhuit sortit
suffisamment vite pour parer le projectile en refermant la porte du bungalow avant
de la rouvrir. Il avait son écharpe avec lui, bien évidemment.
Elle rigola à son tour. C’était certes disgracieux, mais pas bien grave.
Absolument tout le monde dans ce stage était au courant de la passion folle qui
les animait l’un pour l’autre. Cela n’empêcha pas Bucky de tenter de poursuivre
Béhuit pour mettre la main sur l’écharpe, sans y parvenir, avant d’arriver sur la
terrasse du domaine où le petit-déjeuner était en train d’être servi.
De nombreux étudiants étaient déjà sur les lieux quand Béhuit arriva au pas
de course sur la terrasse, suivi par Bucky. Son retour fut accueilli immédiatement
avec soulagement.
Le retour de Béhuit était savouré tel le retour d’un héros. C’était incroyable
de voir l’affect qu’il avait créé avec ses joueurs. Elle le regarda avec admiration.
Son poste d’entraîneur était un poste de couverture pour elle ne savait quel
objectif, mais il le faisait bien. Il avait cette capacité de transmission et de partage
qu’avait tout bon professeur.
482
Comme depuis le début de ce stage, tout le monde prit le petit-déjeuner
ensemble. Bucky était regardée avec insistance par certains et certaines, elle
savait pourquoi. Le fait de laisser ses longs cheveux noirs détachés n’avait pas
suffi pour camoufler suffisamment ce qu’elle désirait dissimuler.
- A priori, les retrouvailles ont été torrides. Béhuit t’a dévorée au sens large
comme au sens figuré ! Continua la petite-amie d’Antoine.
Il finit par céder en lui mettant lui-même autour du cou, laissant ainsi
apparaître, aux yeux de tous, la marque disgracieuse laissée également par sa
partenaire sur son corps. Un rapide bisou pour le remercier devant tout le monde
avant que Glaème ne décide d’appeler Bucky la "dévoreuse d’entraîneur". Ce petit
surnom risquait de la suivre quelque temps….
***
La fin du stage fut aussi passionnante que son début. Béhuit et Meyrie
avaient même organisé un petit tournoi de volley, deux contre deux et mixte, le
samedi matin avant le départ pour détendre un peu les esprits. Bucky avait
rapidement su convaincre Béhuit d’y participer, avec elle comme partenaire, bien
sûr. Pas vraiment doué de son côté et avec un Béhuit un peu rouillé, ils finirent
483
dans les dernières positions, mais jouer avait eu un tout autre but pour la capitaine
des pom-pom-girls ; lui prouver qu’elle était capable de tout partager avec lui,
même ce qui ne lui plaisait pas spécialement ! Ils partaient pour New-York juste
après pour le week-end. Elle souhaitait aussi montrer à l’homme de sa vie qu’elle
était prête à ne plus penser en célibataire, mais bien en couple.
Un rapide en revoir à l’aéroport à ses amis, puis Bucky traîna par la main
son compagnon jusqu’à leur propre vol. Elle était impatiente de voir le cadre de
travail du poste qui lui était proposé dans la "grosse pomme". Cette escapade en
couple revêtait une importance capitale pour elle. Leur futur était en jeu. Même si
rien n’était sûr, Béhuit lui avait dit qu’il tenterait de la suivre, où qu’elle aille. Encore
une belle preuve d’amour de sa part ! Peut-être également lui offrir la possibilité de
se débarrasser de son activité secrète actuelle qu’il ne semblait pas
particulièrement apprécier. L’étudiante n’était pas stupide ; elle avait bien compris
que cette demande de fiançailles quelque peu précipitée avait aussi pour but de
mettre une certaine pression sur les supérieurs de Béhuit. Si cela aboutissait,
Bucky serait la plus heureuse des femmes !
Durant le long trajet en avion les emmenant jusqu’à New-York, elle chercha
à le questionner un peu plus pour y voir le plus clair possible. Après de longues
heures d’hésitation, elle se lança alors qu’ils étaient l’un contre l’autre à leurs
places d’avion, classe business, gracieusement payée par l’école de danse de
Julliard, en train de regarder un film.
- Je voulais plutôt dire sans pouvoir faire sauter des infractions comme des
grands excès de vitesse, passer la douane sans le moindre billet d’avion, revenir
en stage avec un zodiac en pleine nuit par la mer, ou se balader avec une arme à
feu cachée dans ta voiture, dit-elle sérieusement.
484
- Bucky, si j’ai en partie une vie normale, c’est déjà grâce à toi. Tu en as fait
bien plus que tu ne le crois et penses. Le reste n’est malheureusement pas entre
tes mains, ni les miennes, quoi que nous fassions.
- J’ai l’impression que l’on te fait chanter et qu’on te menace pour continuer
quelque chose que tu ne souhaites finalement pas faire…
- C’est un peu plus complexe que cela. A ton âge, on est persuadé que tout
est blanc ou tout est noir, mais en avançant dans la vie, on constate qu’il faut
souvent choisir entre le gris clair et le gris foncé. Disons simplement que je suis
du côté des… moins méchants dans tout ce merdier, dit-il calmement.
Bucky acquiesça puis reposa sa tête sur le torse de son compagnon pour
continuer à regarder le film. Béhuit n’était pas prêt à lui en dire davantage, comme
d’habitude…
***
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l’aéroport. On était déjà le lundi matin à l’atterrissage et les cours reprenaient ; le
décalage horaire allait être difficile à assimiler.
***
486
- Merci pour tout ce que tu as fait pour moi et les autres, lui dit la capitaine.
- Je le fais pour le plaisir d’avoir fait grandir des filles comme vous ! Bucky,
tu as un potentiel exceptionnel et je suis fière que des gens du milieu l’aient
remarqué. C’est un grand honneur pour moi d’avoir entraîné une fille comme toi et
de voir que la relève est assurée avec Shandrill. Je ne sais pas si j’aurais l’occasion
de te le redire alors je le fais maintenant ; je te souhaite le meilleur pour la suite de
ta vie, notamment avec Béhuit. Ne laisse jamais personne te dire que vous n’êtes
pas faits pour être ensemble. Vous voir tous les deux encore ce soir, c’est la
meilleure preuve que l’amour avec un grand "A" existe. Il n’a pas d’âge, pas de
frontière, pas d’explication, il réunit sans fondement scientifique deux êtres.
- Les filles, quoi qu’il arrive ce soir, cela aura été un honneur de partager ces
moments à vos côtés ! Dit Meyrie.
***
Les garçons étaient un peu moins performants que d’ordinaire pour leur
présentation. Quelques oublis de pas heureusement rattrapés grâce à leurs pom-
pom-girls pilotes. Un enthousiasme moindre. Ils étaient clairement déjà dans leur
match. Du côté des filles de Bucky, elles étaient désormais toutes au point, des
petits rajouts de-ci de-là dans la chorégraphie étaient déjà parfaitement assimilés.
Un poids en moins pour Bucky qui n’avait pu autant à les surveiller qu’auparavant
pouvant ainsi un peu plus se concentrer sur sa prestation, et elle en avait bien
besoin. Au milieu de la musique des Blues Brothers, elle sentait que quelque chose
clochait… une gêne au niveau de son genou droit. A mesure que le show avançait,
487
la gêne se transforma en handicap pour danser puis en douleur. Bucky ne
comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle serra les dents afin de ne rien laisser paraître,
il ne restait plus que la danse avec Béhuit avant les derniers mouvements. Comme
la chorégraphie l’exigeait, elle alla vers le banc de touche pour entraîner par la main
Béhuit jusqu’au terrain de volley. Rapidement la danse entre elle et l’entraîneur de
volley fut beaucoup moins fluide qu’à l’accoutumée, malgré une volonté évidente
de la capitaine des pom-pom-girls à aller au bout. Elle força de plus en plus. Il était
évident qu’elle s’était blessée ; quelle poisse ! Béhuit l’avait compris et fit des
mouvements de danse beaucoup moins amples que d’ordinaire. Impossible pour
elle de tournoyer avec lui. Elle craignait particulièrement le moment où Béhuit allait
devoir la projeter légèrement pour se remettre au même niveau que ses
partenaires une fois leur danse terminée. Fort heureusement, son compagnon
avait été particulièrement vivace sur le coup, il la garda dans ses bras plutôt que
de la lancer légèrement les quelques secondes restantes de la chorégraphie. Sans
lui, elle aurait clairement fini à terre ! La foule malgré le fait de jouer à l’extérieur
exulta littéralement, la blessure de Bucky ne s’était pas trop remarquée.
Sans se poser de question, Béhuit la porta dans ses bras jusqu’au tableau
de marque alors que les pom-pom-girls viennoises s’apprêtaient à présenter leur
équipe. En match officiel, un médecin était toujours disponible quelque part dans
le gymnase. Le professionnel de santé s’approcha de Bucky sans même qu’on
l’appelle ; il avait remarqué que la capitaine des pom-pom-girls de l’E2C s’était
blessée. Il fit comprendre à Béhuit de le suivre à l’infirmerie du gymnase avec
Bucky dans les bras. Son genou la lançait énormément. C’était le pire moment
pour se blesser ! Pesta-t-elle intérieurement.
***
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un supplice ! Béhuit la regardait en lui tenant la main pour la soutenir. Elle le fixa
avec insistance afin de croiser son regard. Une fois fait, elle lui parla :
- Cela peut être une entorse comme une rupture. Avez-vous entendu ou
senti quelque chose se rompre ?
- Il faut vous rendre à l’hôpital pour en savoir plus. Je vais appeler les
pompiers afin qu’ils vous y acheminent !
- Il serait plus judicieux d’y aller tout de suite. Vous n’arriverez pas à marcher
normalement et sans douleur, même s’il s’agit simplement d’une entorse !
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- Je souhaite simplement assister au match, j’irai à l’hôpital ensuite. Vous
pouvez faire quelque chose en attendant ?
***
490
l’équipe d’en face. Elle n’en comprenait pas le but exact, mais elle devait avouer
que le score prouvait le bien-fondé de cette tactique. L’E2C remporta le deuxième
set, puis le troisième avec toujours un petit matelas de points d’avance sur
l’adversaire.
Avant même le début du quatrième set, le sourire sur les visages de toute
l’équipe était palpable malgré l’enjeu. Bucky sentait que l’équipe défendant les
couleurs de son campus se sentait sereine, sûre de ses forces. Tout le contraire
de l’équipe d’en face avec pourtant une salle comble et acquise à sa cause.
L’ascendance psychologique était évidente. Avant l’engagement du set, Béhuit
courut la voir dans la tribune. Elle agitait ses pompons pour montrer que même
avec sa blessure, elle continuait à encourager l’équipe.
- Assise, il n’y a pas de souci et je n’ai quasiment plus mal ! Sans doute ton
baiser… ou peut-être les anti-douleurs, plaisanta-t-elle.
- La capitaine des pom-pom-girls n’a rien à faire dans les tribunes durant un
match.
A une distance d’à peine un mètre de Béhuit, Bucky put voir que les conseils
tactiques fusaient sans cesse entre les points et même durant. L’E2C perdit les
deux premiers points, mais reprit très rapidement le commandement pour finir par
prendre une avance relativement confortable. Le match était gagné, elle le voyait
dans tous les regards. Son genou endommagé ne l’empêchait pas de gigoter ses
pompons à chaque point obtenu. Après un dernier temps-mort demandé par
Béhuit permettant aux filles de tester en conditions réelles la nouvelle
chorégraphie travaillée durant le stage malheureusement sans la participation de
Bucky, le jeu reprit. Une balle de match arriva rapidement, immédiatement
491
convertie par une énième attaque manquée de l’adversaire qui avait totalement
déjoué face au génie tactique de Béhuit.
Dans une salle avec un public quasi-silencieux, sonné par le résultat, les
joueurs se jetèrent tous dans les bras les uns des autres. L’E2C allait jouer un quart
de finale ! Bucky n’espérait qu’une chose, que sa blessure ne soit pas bien grave.
Elle voulait participer activement à la suite du périple de son équipe et être capable
de danser pour ses fiançailles. Il fallait qu’elle se remette vite sur pied se persuada-
t-elle, alors que Béhuit la serrait une fois de plus dans ses bras pour se réjouir de
ce moment avant même qu’il ne le fasse avec ses joueurs.
***
Une radio suivie d’une échographie plus tard, le verdict tomba ; une entorse
ligamentaire du genou fut confirmée. Bucky demanda immédiatement son temps
d’indisponibilité pour la danse et quand il serait possible de remarcher
normalement. La réponse fut mi-figue, mi-raisin, elle allait pouvoir remarcher
rapidement, mais avec une attelle durant quatre semaines et des béquilles tant
qu’elle sentirait qu’elle en aurait besoin, environ deux semaines, d’après le
médecin, soit le jour de ses fiançailles à quelques jours près ! La reprise de
l’activité sportive était, elle, prévue dans quatre à six semaines. Elle ne pourrait
492
participer aux quarts de finale dans trois semaines et peut-être même pas aux
éventuelles demi-finales encore trois semaines plus tard.
- Nous devrons aller en finale, voilà tout ! Tenta de la consoler Béhuit qui
avait un peu de mal à suivre cette discussion tout en anglais.
On lui posa immédiatement l’attelle alors qu’elle appelait ses parents pour
leur annoncer qu’elle s’était blessée. Elle les rassura un maximum ; la blessure
n’était pas si grave et Béhuit était à ses côtés. En tant que parents, ils avaient
toujours eu la fâcheuse habitude de s’inquiéter de manière excessive. Béhuit, de
son côté, était également au téléphone et Bucky comprit rapidement qu’il
s’agissait de Mélanie à l’autre bout de la ligne ; la médecin qu’elle avait rencontrée
à Munich qui l’avait encouragée à encore plus mettre en avant ses sentiments vis-
à-vis de Béhuit et amie de son fiancé prochain. Béhuit tendit rapidement son
smartphone au médecin ; Mélanie demandait qu’on lui envoie la totalité de son
dossier médical. Le médecin devant elle demanda simplement la permission à
Bucky de le faire. Elle répondit par l’affirmative, mais demanda à son tour le
smartphone. Elle y voyait une occasion trop belle pour tenter de faire venir la jeune
médecin à ses fiançailles.
- Bucky, ne vous inquiétez pas, je regarde votre dossier pour m’assurer que
le diagnostic est le bon et que le traitement est le meilleur possible.
- Je vous remercie Mélanie, mais c’est pour autre chose que je voulais vous
parler.
Elle voyait déjà Béhuit commencer à s’inquiéter, sans doute pour ses
secrets. Il avait tout faux. Bucky ne tourna pas plus autour du pot ; l’homme qu’elle
aimait était capable de lui reprendre son smartphone des mains pour mettre un
terme à la conversation de peur que des révélations soient faites. Mélanie devait
savoir des choses sur la raison de sa présence à l’E2C !
493
- Je suis sincèrement heureuse pour vous… mais je suis dans l’obligation de
devoir décliner votre offre… Je dois vous laisser.
- J’aurais vraiment aimé qu’elle vienne, lui dit Bucky. Je suis désolée.
Bucky était prête à quitter l’hôpital. Un taxi les attendait pour les transporter
à l’hôtel afin qu’ils dorment un peu. Ils n’arrivèrent qu’à trois heures du matin, mais
seulement quelques minutes après Meyrie et les derniers étudiants de retour de la
discothèque. La fête avait eu l’air grandiose. Quelle frustration d’avoir loupé cela !
***
C’était le jour J ! Privée de toute activité sportive, Bucky s’était jetée corps
et âme dans la préparation de son anniversaire-fiançailles afin de le rendre
inoubliable. Elle commençait depuis quelques jours à remarcher normalement,
sans avoir besoin de béquilles, mais il était encore trop tôt pour se débarrasser de
son attelle. Elle qui avait opté au départ pour une robe plutôt courte montrant ses
jambes avait dû se résigner à porter une longue robe de cocktail aujourd’hui afin
que personne ne voit ce dispositif médical disgracieux. La météo annonçait un
beau soleil et des températures clémentes. Les invités, en particulier ceux venus
de loin comme ses parents, étaient arrivés la veille. Elle sentait qu’ils ne
cautionnaient pas particulièrement ses fiançailles, même s’ils cherchaient à ne
rien laisser paraître. Peu importe, Bucky savait qu’elle ne se trompait pas, malgré
le caractère précipité de la demande probablement pour montrer aux employeurs
de Béhuit, qu’elle et lui, c’était du sérieux !
494
semblait porter. Une chose était certaine, il ne semblait pas optimiste en l’avenir,
tout comme Céssix qui malgré quelques sourires forcés également tentait de
donner le change. Bucky était la seule personne vivant dans la villa qui apportait
de la joie de vivre. C’était en partie pour cela que Béhuit devait autant l’apprécier.
Alors que les invités arrivaient un à un dans la villa, Bucky les accueillit avec
tendresse. L’ensemble des pom-pom-girls affiliées au volley-ball avaient répondu
présentes ainsi que l’équipe de volley, Lily était bien évidemment là aussi. Meyrie
avait également fait le déplacement avec son mari. Et puis, il y avait les grands-
parents, les oncles, les tantes et les cousins, les parents Donerm, peu de
personnes chères au cœur de Bucky manquaient. Tout le monde avait fourni un
effort vestimentaire important.
Rapidement les gens furent invités à se restaurer grâce au buffet que Bucky
avait commandé alors qu’elle présentait Béhuit, dans son beau costume habituel
d’entraîneur qu’elle lui avait payé, aux membres de sa famille. Il semblait un peu
impressionné par la grandeur de sa famille, mais s’en tira très bien avec chacun
d’entre eux.
L’après-midi fut consacré aux 20 ans de Bucky. Une étape importante pour
celle qui sentait doucement une certaine maturité s’installer en elle. Elle remarqua
que ses parents posaient énormément de questions à Céssix concernant la liaison
entre leur fille et l’entraîneur de volley qui était aussi son colocataire. La directrice
de l’E2C contourna habilement toutes les questions pouvant prêter à
interrogations. Tout comme ses parents, Céssix ne devait pas cautionner ses
fiançailles, mais ne le montra pas. Elle ne cherchait sans doute pas à fâcher Béhuit,
peut-être dans l’espoir de le récupérer dans un futur plus ou moins proche. Le lien
entre cette femme et l’homme de sa vie était réellement particulier. Bucky jalousait
qu’elle sache tout de son Béhuit. Elle espérait sincèrement que cette semi-
officialisation de leur couple encourage Béhuit à se dévoiler un peu plus.
495
Inconsciemment, elle attrapa le pendentif que Béhuit lui avait offert et qu’elle ne
lâchait jamais, même pas sous la douche ou durant la nuit. Elle avait pris l’habitude
de le toucher lorsqu’elle était stressée. C’était incontestablement le cas à ce
moment.
- Alors disons simplement qu’elle a toutes les qualités que je cherche chez
une femme et que pour cette raison, je n’ai pas pu rester insensible à ses charmes
malgré les obstacles qui se dressaient devant nous. J’ignore encore pourquoi,
mais je ne m’en plains pas, elle m’a rapidement fait comprendre que nous étions
faits l’un pour l’autre et que j’étais l’homme de sa vie. D’ailleurs, si quelqu’un a une
explication, je suis preneur, ironisa-t-il.
Bucky l’écoutait sans dire mot, ni bouger. Béhuit avait habilement évité de
rentrer dans les détails de leur première rencontre qui l’aurait forcément mise mal
à l’aise vis-à-vis de sa famille et certains autres invités. Aujourd’hui encore, elle ne
regrettait rien de l’épisode du strip-tease, bien au contraire, mais elle préférait
éviter que l’information ne se répande. Elle le voyait avec la main dans sa poche,
tenant probablement l’écrin qui contenait la bague qu’elle était impatiente de
mettre à l’annulaire gauche. Béhuit poursuivi. Toute l’assemblée l’écoutait
religieusement.
496
- Bref, en résumé, ce que j’essaie d’expliquer, peut-être maladroitement, à
toutes les personnes présentes ici, c’est que Bucky, dans ces ténèbres que sont
ma vie, tu es ma lumière, ma lueur d’espoir, le phare qui me guide, l’étincelle de
bonheur qui me permet d’avancer dans un avenir incertain. Je le craignais
auparavant, aujourd’hui j’ai appris à le dompter, car je sais que tu es et seras à mes
côtés. Je veux simplement que tu saches devant témoins, c’est que ce que j’ai de
mieux en moi… c’est toi ! Tu es la femme de mes rêves ! Bucky Délavigna, s’il te
plaît, désires-tu te fiancer, à un homme plein de tourments, mais qui ne demande
qu’à t’aimer ?
- La première chose qui m’a charmé chez toi, c’est ton humour, ton sens de
la répartie incroyable, ta gentillesse et ta douceur envers moi. Je ne m’en suis pas
rendue compte immédiatement, mais tu as rapidement envahi mes pensées
jusqu’à l’irrationnel. Aujourd’hui encore je passe mes journées à penser à toi quand
nous sommes séparés… et collée à toi quand nous sommes ensemble ! Je suis
consciente d’avoir la chance d’avoir des parents qui peuvent me permettre de faire
mes études à l’E2C. Je suis consciente d’avoir de la chance d’avoir du talent dans
l’activité qui me plaît, la danse et ce qui gravite autour. Je suis consciente d’avoir
la chance d’être plutôt jolie et intelligente en plus d’être entouré de merveilleux
amis. Pourtant, la vraie chance de ma vie, c’est de t’avoir rencontré et que tu
m’aimes. Même contre vents et marées, rien ne pourra m’empêcher de t’épouser.
Dès que je serai totalement insérée dans le monde adulte, je te le ferai savoir et à
ce moment-là nous pourrons nous marier car je te le dis dès aujourd’hui, c’est sans
aucune hésitation que je te réponds oui.
Bucky aida Béhuit à se relever une fois la bague à son doigt pour l’enlacer
fortement et l’embrasser sous des applaudissements nourris. Au cours de sa vie,
rien ne l’avait rendue aussi heureuse que ce moment. Elle le stoppa pour aller
chercher le cadeau qu’elle avait prévu pour lui. Elle ne lui en avait pas parlé, mais
497
il était inconcevable pour elle de ne pas lui offrir quelque chose pour ce qui était
aussi ses fiançailles ! Elle tendit le paquet, sûre d’elle. Il l’ouvrit sans le moindre
commentaire pour y découvrir une chaîne en or avec un discret pendentif sur
lequel on pouvait lire "avec tout mon amour, Bucky". Elle le prit immédiatement
pour lui mettre autour du cou.
- Je croyais que tu n’aimais pas les chats ? Souligna-t-elle, une fois de plus
joyeuse.
- Je ne les apprécie pas plus que cela, mais je t’ai fait la promesse de te
rendre heureuse.
Bucky avait plusieurs fois fait part à Béhuit de sa passion pour la race féline
qui se trouvait dans ses bras. Elle envisageait même de proposer à l’entraîneur de
volley d’en prendre un pour la villa. Il ne semblait pas très ouvert à cette idée, elle
comprenait aujourd’hui pourquoi ! Il lui en offrait un pour ses 20 ans et en plus de
la couleur qu’elle désirait, d’un noir uniforme avec des yeux verts. Le chat typique
des sorcières, qu’elle trouvait si joli.
Son prince charmant avait une fois de plus été fantastique. La seule chose
de cette longue soirée, qui se termina à 4h du matin, où elle eut des regrets fut son
impossibilité de danser dû à sa blessure au genou, même si Béhuit l’avait
carrément prise dans ses bras pour quelques morceaux durant la partie musicale.
Il souriait, rigolait, mais ses yeux montraient une peur latente concernant les
prochaines semaines. Elle avait compris que le dénouement de la raison de sa
498
venue ici approchait à grands pas. Ce n’était pas une mauvaise chose, même si
une crainte sur la sécurité physique de Béhuit la stressait. Céssix semblait
particulièrement sure d’elle, les choses se déroulaient donc dans le bon sens. Une
fois tout cela finie, Béhuit pourrait peut-être partir avec elle pour New-York,
accompagné de Paillette, le nom qu’elle avait décidé pour son chaton noir.
499
Chapitre 16 : Cœur meurtri
500
Avec une démarche encore incertaine et lente, elle eut un peu de mal à se
déplacer de salle de cours en salle de cours. Fort heureusement Nolwenn
l’accompagnait en lui tenant son sac pour l’intégralité de sa journée et même de
sa soirée. Cela pouvait paraître étrange pour certains, mais Bucky souhaitait
encore venir aux entraînements de danse et de pom-pom-girl malgré sa blessure.
Certes, elle n’y participait pas, mais elle était là pour donner quelques conseils ou
avis. Particulièrement pour les séances de pom-pom-girls ; elle souhaitait quelque
chose d’irréprochable pour les ¼ de finale de l’équipe de volley de Béhuit. C’était
sa manière à elle de soutenir encore de manière active le groupe… et de rester un
peu plus avec Béhuit !
Bien que simple participante passive, elle fut physiquement épuisée à la fin
de l’entraînement. Sa jambe fatiguait excessivement vite alors qu’elle n’avait rien
fait de plus que de la marche. Elle allait devoir faire preuve encore de patience et
de courage pour se rétablir complètement. Il était impensable pour elle d’espérer
participer au prochain match dans deux semaines, mais elle espérait réellement
être opérationnelle pour une éventuelle demi-finale même si la probabilité était
faible. L’E2C rencontrait les champions en titre du campus d’excellence de Saint-
Pétersbourg au prochain match ! En attendant d’espérer à cette folle éventualité,
elle dû se résoudre à se faire porter par Béhuit à la fin de la séance jusqu’à la
voiture. Il ne fallait pas, d’après Mélanie qui suivait son état de santé à distance,
trop forcer les choses et s’arrêter de marcher lorsque Bucky sentait son genou
faiblir.
501
- Non, malheureusement pas de travaux pratiques pour ça ! Je pense que
l’ensemble des garçons de ma classe auraient été ravis de devoir se trouver une
binôme dans ce cas précis. Pour les filles, ça aurait été vu de façon bien plus
mitigée.
***
502
rattraper le coup et avait une nouvelle idée pour faire avancer les choses avant son
départ de l’E2C. La nouvelle mini-chorégraphie ne serait peut-être pas prête d’ici
là, mais de bonnes bases auront été laissées pour les pom-pom-girls de l’année
suivante.
***
Même pas le temps de finir de présenter ce qu’elle avait imaginé que tout
le monde arrêta d’y prêter attention pour se regarder. Les alarmes du campus
venaient de se mettre en route ! Meyrie et les pom-pom-girls restaient dubitatives.
Il était étrange d’organiser une alerte intrusion durant le moment du repas ;
quasiment personne ne devait être en cours hormis Bucky et son groupe.
- Je pense qu’il s’agit d’un problème technique, mais nous allons laisser la
porte de la salle close… juste par sécurité.
- Ici votre directrice Madame Sky, c’est une alerte intrusion ! Je demande à
tous les étudiants proches des sorties du campus de le quitter au plus vite et aux
autres de se cloisonner dans une salle !
503
difficilement ouvrable. Pour la suite, le protocole, maintes fois répété, était clair ;
s’accroupir ou s’allonger et attendre dans le silence… qui ne dura que peu de
temps.
Bucky était pétrifiée de terreur, comme toutes ses amies. Elle savait qu’il se
tramait quelque chose à l’E2C grâce à Béhuit, mais elle avait cru que la situation
était sous contrôle. Vraisemblablement pas. Encore plusieurs détonations en
rafale qui semblait provenir de différents endroits, mais toujours proche. Elle ne
voyait qu’une chose utile à faire ! Appelez Béhuit à son secours. Elle chercha à
faire un appel en direct, mais se ravisa ; il fallait être le plus silencieux possible
comme le protocole l’exigeait. Elle ne voulait clairement pas avertir de sa présence
à un intrus tout proche. Elle opta finalement pour un message qu’elle tapa avec
énormément de difficulté. Ses mains tremblaient comme jamais. Enfin, elle parvint
à finir ce qu’elle souhaitait écrire : un intrus dans le campus et tout près, je suis
coincée dans ma classe. Elle n’avait plus qu’à appuyer sur envoi, mais
inexplicablement, le téléphone se mit à grésiller et s’éteignit. Quelques instants
plus tard, elle pouvait voir une légère fumée en sortir. Au même moment, l’alarme
s’arrêta et les sprinklers de la salle se déclenchèrent. Dans un silence mortifère,
elle sentit des gouttelettes d’eau lui tomber dessus. Un coup d’œil vers Shandrill
toute proche pour savoir comment réagissait sa plus proche voisine ;
désemparée ! Son portable venait également de rendre l’âme sans la moindre
explication. Un léger mouvement de tête pour se tourner vers Nolwenn. La
meilleure amie de Bucky tentait d’enlever sa montre connectée. Bucky l’aida au
mieux, la montre avait, tout comme les téléphones, surchauffé et brûlé légèrement
le poignet de Nolwenn. Sous une ondée d’eau par l’intermédiaire des sprinklers,
Bucky orienta le poignet de Nolwenn afin qu’il soit mouillé un maximum.
504
- Vous allez bien ? Demanda-t-elle.
- Nous devons attendre les secours, ils doivent être au courant, ils vont
arriver, tenta de rassurer Meyrie à voix basse.
Lorsque Bucky se décida enfin à décoller les mains de ses oreilles, elle
entendit des pleurnichements ; Nolwenn sanglotait en tentant de le faire le plus
discrètement possible. Glaème n’en était pas loin non plus. Quant à Shandrill, elle
regardait dans le vide en tremblant de tout son corps. Les yeux noisette de la brune
à la mèche fuchsia s’arrêtèrent sur le mur de classe donnant sur le couloir ; Des
trous ! Preuve irréfutable de la proximité des coups de feu et de leurs pouvoirs
destructeurs. Dans un geste protecteur, la professeure fit signe à toutes ses
étudiantes de se coller les unes aux autres pour les entourer de ses bras un
maximum. Toutes se donnèrent la main machinalement. La plupart respiraient
rapidement, comme si elles avaient du mal à trouver l’oxygène nécessaire au bon
fonctionnement de leur corps. Bucky était dans le lot. Elle ne comprenait pas que
personne ne soit encore venu les soustraire au danger. Le bureau de Céssix était
pourtant tout proche ! Elle s’imaginait le pire ; peut-être que la directrice avait été
éliminée !
505
Alors que le calme revint et que toutes les filles se regardèrent, désormais
trempées jusqu’aux os par ce débit d’eau qui ne s’arrêtait pas, tout le monde
s’interrogeait silencieusement. C’est Glaème qui se décida à prendre faiblement la
parole de peur d’être entendu par un quelconque individu à l’extérieur de la salle.
- Il ne l’est pas ! Paniqua Glaème. Les murs sont troués et nous sommes
pour ainsi dire dans une piscine…
Alors que le débat entre filles n’avançait pas. Bucky s’aperçut que Nolwenn
était également silencieuse. Elle la regardait, anéantie, puis s’approcha encore
plus près de Bucky.
- Je ne veux pas quitter ce monde tout de suite. Pas sans avoir rencontré le
véritable amour. Je souhaitais tellement trouver aussi un Béhuit, un homme avec
qui partager, celui qui illuminerait mes yeux comme les tiens s’illuminent quand tu
le regardes, lui dit Nolwenn dans une tentative d’aparté.
Bucky ne sut quoi répondre. Elle se contenta de serrer dans ses bras sa
meilleure amie, la personne avec qui elle avait tant partagé, et peut-être même
aujourd’hui, jusqu’à la mort qui pouvait arriver à tout moment. Elle repensa à
Béhuit, il était peut-être également en danger, voire mort. Des échanges de coups
de feu et de fortes détonations avaient eu lieu, comment croire que Céssix Sky et
Béhuit n’y étaient pas liés.
506
de plus en plus froid. Malgré la coupure d’eau, le sol sur lequel elle était assise et
ses vêtements étaient trempés. A l’image de l’une de ses camarades pom-pom-
girl, elle prit l’initiative d’enlever le pull qu’elle portait pour ne rester qu’en
débardeur. Sa peau sécherait plus vite et elle aurait peut-être un peu moins froid.
- C’est mon frère ! C’est Antoine ! Dit distinctement Nolwenn alors que
Glaème commençait déjà à enlever du mobilier pour pouvoir ouvrir la porte.
507
tranquillement. Voyant Glaème et Antoine en bouche-à-bouche, et Erik serrer
frénétiquement Anita tout en lui parlant doucement pour la réconforter, elle opta
de se rapprocher d’Ethan Spidze pour tenter d’obtenir des réponses à ses
nombreuses interrogations.
- Des personnes armées sont sur le campus ! Il faut fuir au plus vite !
- C’est ce que la plupart des joueurs de l’équipe ont fait, mais Béhuit s’est
mis en tête de venir vous chercher car d’après lui les premiers coups de feu
venaient d’ici et il savait que vous y étiez.
Alors qu’Anita sortait lentement de son état second, tout en restant collé à
Erik, larmoyant de joie de retrouver sa moitié saine et sauve. Bucky remarqua que
les garçons étaient armés. Ethan avait une longue barre de fer à la main, Erik, un
long couteau et Antoine, un pistolet dans sa main droite. Bucky avait
immédiatement reconnu l’arme, un Glock-19 ! L’arme de Béhuit qui était cachée
dans son véhicule.
508
et invita toutes les filles à le faire pour se protéger d’éventuels coups de feu
provenant de la porte et clairement mise en joue par ses soins avec son Glock-19.
Il était prêt à faire feu ! Même si Bucky doutait qu’il sache réellement s’en servir.
Elle se décida enfin à lâcher son étreinte sur lui afin de retoucher le sol et
pouvoir le regarder. Son visage avait du sang coagulé sur la joue. Probablement
pas le sien, aucune blessure de visible sur lui. Même si elle n’y connaissait rien,
Bucky reconnut, grâce au cinéma et aux séries en streaming, qu’il était en
équipement d’intervention. Des vêtements noirs et épais laissant penser à une
tenue pare-balles très high-tech, de l’équipement militaire accroché à lui grâce et
de multiples poches et accroches dont des grenades, un long couteau futuriste
dans un fourreau et un énorme pistolet à la main, toujours avec ses
indéboulonnables lunettes de soleil sur les yeux.
509
Bucky tourna la tête afin d’identifier avec qui parlait son fiancé. Rayan ! Bien
qu’en tenue traditionnelle pour un étudiant, il avait également des lunettes de soleil
posées sur le nez et une arme à feu entre les mains. Contrairement à Antoine, il
semblait très à l’aise en la tenant, tout comme Béhuit qui en tenait une bien plus
imposante ! Si l’arme à feu de Rayan semblait plutôt conventionnelle, celle de
Béhuit ne ressemblait en rien à ce qu’elle connaissait, mais elle se l’avouait
volontiers, son savoir dans ce domaine était plus que limité. Des éléments
l’interpellaient cependant, en premier lieu sa matière qui semblait fait d’un métal
étrange dont la couleur semblait varier. Puis sa forme, pas conventionnelle ; une
arme imposante avec deux gâchettes distinctes et un bout de canon très large par
rapport à la grosseur de l’arme. Rien qu’en la regardant, elle avait l’impression
d’être immergée dans un film de science-fiction !
- Tu sais bien que je n’ai jamais été véritablement professeur, lui dit-il.
510
sorte de cisaille, il était désormais quasiment tranché en deux. Bucky en avait
immédiatement déduit que cette chose étrange avait été tranchée grâce au tout
aussi étrange couteau de Béhuit rangée dans son fourreau, sans prendre
énormément de place. Elle se risqua à regarder un peu plus loin, derrière Rayan,
qui la fixait avec insistance. Manifestement, il tentait discrètement de lui boucher
la vue, mais la pom-pom-girl avait bien été la plus rapide et remarqua à une
vingtaine de mètres une dépouille. Quelqu’un avait été tué juste là ! La couleur à
prédominance noire et blanche avec une manche ciel et fuchsia et le type de
vêtements permit à l’étudiante de déduire aisément qui gisait ici ; un membre de
la sécurité du campus !
- On ne peut plus rien pour lui Bucky ! Il faut partir ! Lui dit Rayan, alors que
tout le monde commençait à avancer prudemment en file indienne avec Béhuit en
tête. Bucky se mit à suivre ses camarades en avant-dernière position suivie de
Rayan qui lui emboîta le pas.
***
511
Pour se rendre au conservatoire du campus, il n’y avait plus qu’à traverser un jardin
long d’une trentaine de mètres en passant par cette porte, ce qui semblait
profondément déplaire à Béhuit. Il fit rasseoir tout le monde et se déplaça jusqu’à
Rayan. Bucky juste à côté, et malgré la discussion à voix basse des deux hommes,
n’en loupa pas un mot :
- Tu vas prendre la tête de convoi ! Lui dit Béhuit avec une intonation de voix
faisant comprendre à Bucky qu’il s’agissait d’un ordre.
- Mon assistance ne m’indique pourtant rien, fit remarquer Rayan dans une
discussion que la fille Délavigna commençait à avoir du mal à comprendre.
- C’est donc qu’il n’y a pas de bots dans le coin, et c’est pour cela que nous
passons par ici pour rejoindre le conservatoire. Il faut que tu mènes rapidement le
groupe de l’autre côté et que tu sécurises les lieux ; prends les garçons avec toi en
tête pour le faire.
- Il faut faire avec ce qu’on a ! Je ne peux pas t’aider sur ce coup-là, je risque
d’avoir du travail en queue de groupe. Il y en a un qui s’approche doucement de
notre position. Il n’y a plus une minute à perdre.
Alors que Rayan gagnait l’avant du groupe, Bucky fixa du regard Béhuit.
Derrière ses lunettes noires, elle ne savait pas s’il la regardait également. Elle
hésitait à lui faire part de ses difficultés inhérentes à son genou. Même pas le
temps d’y réfléchir que Rayan demanda à tout le monde de se lever et ordonna de
le suivre le plus vite possible alors qu’il ouvrait la porte. Tous les garçons hormis
Béhuit étaient devant, comme demandé.
512
C’était peine perdue ! Entre la peur et la douleur, elle fut incapable de se
relever.
De nouveaux échanges de coups de feu, alors que Bucky vit, que mise à part
elle et Béhuit, tout le monde était arrivé au conservatoire de l’E2C sains et saufs.
Maigre consolation. Les coups de feu furent rapidement de plus en plus intenses.
Ce n’étaient plus des tirs isolés, mais bien des rafales qu’elle entendait… Des
armes de guerre étaient utilisées ! Elle serra d’une de ses mains le pantalon de
Béhuit, comme pour profiter de lui une dernière fois. Étant donné le déluge de feu
qui s’abattait sur eux et sans le moindre abri solide, des balles allaient rapidement
les transpercer de toutes parts. Elle finirait au moins dans ses bras, c’était déjà ça,
se dit-elle !
513
Avec un intense effort, Bucky se sentit soulevée puis pendue à l’épaule de
Béhuit. Il la tenait fermement par le haut des jambes. Elle avait le haut du corps à
l’envers contre son dos. Elle se cramponna du mieux qu’elle le pouvait à sa
combinaison, disposant de nombreuses accroches. Béhuit se baissa avant de se
relever pour se diriger vers le conservatoire. Elle ne voyait même plus le bâtiment
d’où elle venait. la fumée redoublait d’intensité. Ils allaient peut-être s’en sortir !
Le haut du corps contre le dos de son fiancé, Bucky n’arrivait pas évaluer la
distance qui restait à Béhuit pour atteindre l’entrée du conservatoire. La seule
chose qu’elle pouvait apercevoir était la fumée toujours plus opaque et désormais
2 petits drones qui semblaient patrouiller autour d’elle. Puis tout à coup, trois
rapides projectiles traversèrent l’écran de fumée pour se diriger droit sur eux.
Bucky n’eut même pas le temps d’avertir Béhuit, dos à la situation, qui chuta avec
elle. Deux des trois projectiles, en forme de petites aiguilles à tricoter avait atteint
Béhuit, un à l’épaule qui ne transportait pas Bucky et l’autre à son mollet, cause
certaine de sa chute. Béhuit face contre le sol se releva lentement. Se faire
transpercer la chair par ces objets non identifiés devait être un calvaire. Bucky,
tenta également, au moins de se mettre à quatre pattes, elle n’avait pas été
atteinte. Elle scruta Béhuit avant de regarder vers l’écran de fumée, quelqu’un
venait de le traverser ; Emma Nunes !
514
de flammes ne se dirige vers Bucky au moment même où Béhuit se jeta sur elle
pour la protéger.
Même l’enfer ne devait pas être aussi chaud ! Les flammes avaient une
intensité folle qui aurait dû consumer le couple en une fraction de seconde.
Pourtant, rien ne leur arriva ! Les flammes les avaient contournés sans la moindre
raison apparente. La pelouse autour d’eux était, elle, carbonisée ! Bucky, dans les
bras de Béhuit, n’était pas pour autant sauvée, Emma s’approchait avec une longue
double lame bleutée. Béhuit sorti immédiatement de son fourreau son couteau et
se leva difficilement pour engager le combat au corps-à-corps. Emma n’avait pas
le physique de son fiancé, mais Béhuit semblait mal en point. La confrontation
était plus qu’incertaine !
Comme elle s’en doutait, la lame de Béhuit était beaucoup plus longue qu’il
y paraissait. Elle s’allongea en une fraction de seconde, accompagné d’un
grésillement. Le compagnon de Bucky para une première attaque d’une violence
surprenante compte-tenu de la carrure d’Emma ; elle avait tout simplement une
force prodigieuse ! Tout n’était cependant pas perdu, Béhuit semblait également
adroit avec son arme, même s’il avait un problème manifeste au niveau de son
mollet qui l’empêchait de prendre correctement appui sur le sol. La blessure de
même origine qu’il avait à l’épaule n’était pas belle à voir non plus, l’étudiante voyait
clairement un mince filet de sang s’en échapper. D’abord paniqué par un
déséquilibre de Béhuit qui l’emporta sur le côté avant de chuter, elle fut ravie de
voir un, puis deux impacts sur le corps d’Emma. Le déséquilibre de Béhuit avait
permis à Rayan de se dégager le champ pour ouvrir le feu. La pom-pom-girl de
troisième année n’abdiqua pourtant pas et, après avoir refait quelques
mouvements de bras, envoya un rayon lumineux en direction de Rayan. Emma
semblait à peine blessée par les deux balles qu’elle avait reçues dans le torse !
Alors que Béhuit se releva pour faire de nouveau face à son adversaire, Bucky
entendit un cri. Ethan venait de passer juste à côté d’elle alors qu’un nouvel impact
de balle à la hanche apparut sur Emma. Le central de l’équipe de volley-ball ne
perdit pas de temps et à l’aide de sa barre de fer, probablement un pied de table,
frappa de toute ses forces, mais la barre fut inexplicablement… projetée avec son
possesseur deux mètres en arrière, juste à côté de Bucky ! Intelligemment, Béhuit
avait profité de cet instant par un mouvement rapide pour planter sa lame dans le
ventre d’Emma qui finit enfin, par s’écrouler, à genoux d’abord, puis au sol, sans
bouger.
515
- Portez Bucky jusqu’à l’intérieur ! Ordonna Béhuit, un genou à terre.
- Rayan ! Prends les garçons avec toi et assure-toi qu’il n’y a pas de bots sur
notre itinéraire, il faut emmener tout le monde de l’autre côté du conservatoire et
de là courir jusqu’au bois.
516
- Je n’en suis pas capable non plus ! Je ne peux même pas poser la jambe
par terre, appuya Bucky toujours occupée à tenter de stopper l’hémorragie de son
fiancé.
- Béhuit, je ne pars pas sans toi ! Protesta Bucky alors que son saignement
commençait à se tarir, la compresse faisant son effet.
- Tu es blessé ! Tu ne pourras pas t’en sortir seul. Je t’en prie, je t’en supplie,
je t’en conjure, reste avec moi !
- Bucky, il est capital que je les retarde en attendant les renforts, mais je
n’arriverai pas à le faire si je ne te sais pas en sécurité. J’ai besoin de te savoir hors
de danger pour me concentrer pleinement à ma tâche. Avec toi à mes côtés et en
danger, je n’ai pas la moindre chance ici, je ne serai pas cohérent, concentré, je ne
penserai qu’à toi !
517
- Il est absolument nécessaire que je reste ici pour les occuper. Il n’y a pas
d’autre solution.
- Tu connais très bien tes limites Bucky ! Ce qui se passe ici dépasse
largement tes capacités, aussi multiples et extraordinaires soient-elles. Tu pourras
m’aider largement plus une fois sortie.
- Parfait, alors ne perdons pas de temps, dit-il après avoir décollé ses lèvres
de celles de Bucky.
Béhuit se releva quelques instants plus tard. Pour vérifier divers points de
son équipement, particulièrement son armement.
518
- Rayan, tu emmènes tout le monde à la sortie et dès que tu entends le
signal, vous foncez jusqu’au bois sans vous retourner !
Elle le regarda fixement en pleurant, mais que très peu de temps finalement.
Béhuit lui planta une seringue dans le cou avant qu’elle ne perde connaissance. Il
l’avait devancée ! Elle s’était décidée à finalement rester avec lui, mais il avait bel
et bien prévu le contraire… pour la protéger…
***
Rayan avançait relativement vite malgré le fait d’avoir Bucky comme poids
mort sur le dos. Il était tout de même bon dernier ; ses camarades avaient une
bonne centaine de mètres d’avance et entraient à l’orée du bois de Cley ou un
nombre impressionnant de véhicules de police, voire de force d’intervention plus
lourde étaient stationnés. BRI, RAID, elle identifia les forces de l’ordre les plus
connues affichées sur certains véhicules. Beaucoup était également annoté U3I,
pour Unité Internationale d’Investigation et d’Intervention, sorte d’Interpol
amélioré.
519
- Je m’exécute ! Cria Rayan. Je dépose à terre simplement la blessée avant,
précisa-t-il.
- Sans geste brusque ! Menaça un homme qui s’approchait déjà d’eux alors
que l’ensemble des pom-pom-girls, Meyrie et les joueurs de volley présent avaient
déjà la figure contre le bitume et les bras attachés dans le dos.
- Identité ? Demanda un homme près d’elle, alors qu’elle ne voyait que le sol.
Cette situation des plus inconfortables l’inquiétait ! Elle était encore peut-
être en ligne de mire depuis l’E2C.
520
- Le message Bucky… rapidement !
- Je suis désolé Bucky, je voulais être bien sûre qu’il s’agissait de vous.
Bucky ne comprenait pas ce que voulait dire Céssix Sky, mais elle n’en était
pas à une bizarrerie près aujourd’hui. La directrice fit immédiatement un geste de
la main avant qu’un brancard n’arrive, puis leva Bucky pour l’aider à s’allonger
dessus.
- Libérez Rayan et amenez le reste du groupe en lieu sûr à l’abri avec l’équipe
de la cellule psychologique, demanda la grande blonde.
- On y travaille, répondit-elle.
Bucky lui confirma qu’elle n’avait rien de plus, même si elle considérait que
les dégâts à son genou avaient dû empirer et que cela n’avait rien d’anodin.
Mélanie la releva pour la mettre en position assise avant de lui sourire. Elle ne
semblait nullement inquiète de son état de santé. Elle tourna légèrement la tête
vers Céssix… avant de perdre le sourire. Intriguée, Bucky regarda également sa
521
directrice. Le débardeur vert foncé qu’elle portait était imbibé de sang au niveau
du haut de sa poitrine, à seulement quelques centimètres du cœur.
- Pas de cuve ! Protesta Céssix. Je n’ai pas le temps pour cela, l’unité sera
bientôt prête pour rejoindre Béhuit.
522
Un léger cri de douleur montrant à Bucky que ce que subissait sa directrice
de campus était des plus déplaisants, puis un silence jusqu’à… un bourdonnement
intense et de plus en plus aigu provenant de l’extérieur de l’algéco. Bucky avait
déjà entendu ce bruit, il y a peu ; lorsqu’elle fut confinée dans sa salle de classe
juste avant qu’Ethan et les frères Donerm ne viennent à sa rencontre.
Céssix ne tarda pas à sortir à son tour. Très inquiète pour Béhuit, la pom-
pom-girl n’hésita pas à l’interpeller :
L’athlétique femme reprit son chemin après lui avoir fait un signe de la tête.
***
523
Bucky n’était plus qu’avec Mélanie dans l’algéco. La médecin s’occupait de
son genou. Elle avait d’impressionnants outils médicaux pour l’aider.
- Je suis bien plus inquiète pour Béhuit que pour mon problème au genou…
- Calme-toi, sache que tout est fait pour le sortir de ce campus d’excellence
sain et sauf.
***
524
Bucky répondit par l’affirmative mollement de la tête.
- Merci…. Il est triste que tu n’aies pas pu venir pour fêter ça avec nous. Je
pense que Béhuit aurait apprécié. J’ai été contrariée qu’il n’ait que Céssix comme
proche.
Bucky lui fit un léger sourire. Elle ne lui en voulait pas. L’étudiante avait bien
compris que Mélanie regrettait sincèrement sa non-présence.
- Merci cependant pour m’avoir encouragée à insister pour que l’on soit
ensemble…
- Béhuit est un grand romantique qui a besoin d’aimer et d’être aimé. Je suis
heureuse qu’il ait trouvé quelqu’un.
- J’espère seulement que nous pourrons encore partager tellement tous les
deux, s’inquiéta Bucky.
- Crois-moi Bucky, Béhuit est d’une importance capitale. Tout sera fait pour
le ramener ici sain et sauf, dit calmement la médecin.
- Mélanie, prenez votre matériel ! Une équipe vous emmène jusqu’au point
de contact, annonça l’homme.
525
Il ne lui répondit pas et se contenta de refermer la porte derrière lui, une fois
Mélanie sortie. Bucky se retrouva seule, dans une angoisse indescriptible.
***
Elle n’en pouvait plus d’attendre ici. Ses vêtements posés sur des
convecteurs à chaleur étaient désormais secs. Elle se changea pour remettre son
jean et son débardeur avec difficulté à cause de son entorse. Puis une fois vêtue,
elle décida de sortir de l’algéco. Elle ne pouvait pas attendre seule ici plus
longtemps. Il y avait probablement du monde dans les nombreux algécos aux
alentours, mais seulement un petit groupe sur la sorte de cour interne de
l’immense chapiteau lorsqu’elle sortit. Personne ne remarqua qu’elle quittait les
lieux. A l’aide de sa béquille, elle se dirigea vers la sortie de l’édifice à quelques
mètres seulement.
- Un pas de plus et je tire ! Entendit-elle dans son dos alors qu’elle avançait
un peu plus vers son lieu d’enseignement.
- Vous n’allez tout de même pas lui tirer dessus ! Protesta une voix alors
qu’elle pivota de 45° afin d’identifier visuellement la menace.
526
Un homme du groupe qui l’avait repéré en train de sortir du chapiteau la
menaçait de son arme, pointée sur elle. Un jeune homme était juste à côté. Bucky
l’avait identifié ; Rayan !
L’étudiante s’en moquait. Elle s’avança, persuadée que Béhuit faisait partie
du groupe qui se dirigeait vers elle.
527
bientôt Mélanie. La médecin était à cheval sur quelqu’un. Comme Bucky le
craignait, il y avait des blessés !
***
528
Avant même d’ouvrir les yeux, Bucky se remit à pleurer. Une main pourtant
bienveillante lui exerçait une pression sur le bras. Elle était allongée dans un lit.
Nolwenn était là !
Immédiatement elle reconnut la chambre dans laquelle elle avait passé tant
d’années ; celle de sa meilleure amie. Elle était chez la famille Donerm.
- Tes parents ont pris le premier vol disponible, ils arrivent dans quelques
heures ! Annonça Nolwenn avant de la serrer dans ses bras.
- On sait simplement qu’il est gravement blessé et qu’il a été évacué par
hélicoptère, tout comme Madame Sky.
Bucky fut un bref et discret signe de la tête pour montrer qu’elle avait
compris ! Son amie quitta la chambre afin de prévenir du réveil de sa quasi-sœur.
Elle se recroquevilla au mieux, l’attelle posée à sa jambe l’empêchait de le faire
totalement. Puis se balança légèrement d’avant en arrière de manière quasi-
incontrôlée, atteinte au plus profond de sa chair.
- J’aimerais juste que nous nous occupions un peu de vous avant. Je vais
vous poser…
- Je n’ai pas besoin de vous pour le moment ! La personne dont j’ai besoin,
c’est Béhuit ! Je vais donc être claire. Vous n’obtiendrez rien de moi avant d’avoir
pris contact avec Mélanie ! Le coupa-t-elle dans un accès de colère soudain.
529
Devant la colère menaçante de Bucky, Johannes sortit son téléphone afin
de l’apaiser. Il chercha sur son répertoire Mélanie avant de l’appeler. Quatre
sonneries, puis elle décrocha…
***
530
ici ce soir ou chez les Donerm ou bien ailleurs, elle l’ignorait. Elle ressortit des lieux
avec une étrange appréhension ; reviendrait-elle un jour vivre ici avec Béhuit et
Céssix Sky ?
***
Patienter dans une salle d’attente ne fut rapidement pas possible pour elle.
Ressasser à ne rien faire, sans son portable laissé dans la salle de cours théorique
de l’E2C, et sans doute non fonctionnel, Bucky se leva devant la mine surprise de
ses parents. Elle avait remarqué que la boutique de l’hôpital ouvrait et décida de
s’y rendre. Elle revint, une bonne demi-heure plus tard, avec deux sacs bien remplis
devant ses parents qui patientaient avec un café.
- J’ai pris tout ce qui pourrait faire plaisir à Béhuit ! Sourit-elle légèrement.
Du chocolat, des magazines sur les motos et le sport…
Mélanie venait d’arriver ! Elle était dans sa blouse. Les yeux de Bucky se
portèrent involontairement sur son badge ; Dr Pruvost Mélanie, Médecin-
chirurgien, chef urgentiste. La fiancée de Béhuit comprenait désormais pourquoi
il l’avait appelé lors de son agression à Munich. Elle était parfaitement apte et
compétente, malgré son jeune âge pour ce type de poste, pour gérer son agression
ou les blessures de Béhuit aujourd’hui.
531
- Mélanie ! J’ai légèrement dévalisé la boutique de l’hôpital pour Béhuit pour
qu’il puisse s’occuper dans sa chambre… Où est-il ?
- On va parler dans une salle plus au calme avant si tu veux bien, répondit
Mélanie tout en demandant aux parents Délavigna de patienter ici.
Bucky déposa ses achats près de ses parents et leur demanda de bien
prendre soin du cadre photos, cadeau de Noël de Béhuit, qu’elle souhaitait lui
accrocher dans sa chambre. Ne pas pouvoir le voir directement dans sa chambre
montrait à Bucky que l’état de son fiancé devait être très sérieux. Il était sans doute
dans le coma pensa-t-elle et ses blessures atroces à regarder. Elle ne se faisait
guère d’illusion, il avait perdu sa main avec une partie de l’avant-bras de manière
probablement définitive.
- Mélanie, je me doute que Béhuit gardera des séquelles, lui dit Bucky.
Laissez-moi simplement le voir…
- Son état de santé était tellement préoccupant que nous avons été dans
l’obligation de le transférer par hélicoptère vers un autre hôpital, plus spécialisé.
- Mélanie, s’il vous plaît, supplia Bucky qui ne souhaitait pas qu’on lui
annonce ce qu’on s’apprêtait à lui dire.
532
- Bucky, dans l’hélicoptère, les médecins ont tenté de le réanimer durant
plusieurs minutes, mais son cœur n’est jamais reparti…
- Je n’ai même pas pu lui dire en revoir, pleura Bucky. Il est tout pour moi…
comment je vais faire pour continuer sans lui… on était fiancé… fiancé !
533
Chapitre 17 : Derniers hommages
Malgré tous les efforts et trésors d’imagination déployés par ses parents et
la famille Donerm au complet pour essayer de lui rendre un semblant de gaîté,
Bucky sanglotait des dizaines de fois par jour. Elle avait passé ces dernières 72
heures, sans sortir de la maison des Donerm. Glaème lui avait rendu son lit dans
la chambre de Nolwenn pour faire en sorte qu’elle se sente mieux, la petite-amie
d’Antoine aurait très bien pu rester en bas pour dormir dans une partie du salon,
voire proposer à l’aîné des Donerm de faire chambre commune, mais elle retourna
inexplicablement vivre au village étudiant. Le revers financier de ses parents était-
il terminé ? Il y avait sans doute d’autres raisons mais, et c’était horrible pour Bucky
de se le dire, elle s’en moquait. Son monde s’était écroulé et sa vie ne continuait
que sur des bases incertaines. Elle avait perdu tout goût à la vie. Aurait-elle
seulement la force de retourner sur le campus demain ? Les cours n’y seraient pas
assuré, mais un dernier hommage à Béhuit y était prévu, suivi de son incinération.
Céssix avait, elle, survécu et avait averti les étudiants de l’E2C du programme. La
reprise des cours était également déjà actée à la semaine d’après.
Passant l’essentiel de son temps dans son lit avec Paillette, son chaton noir
dernier cadeau de Béhuit, ou dans le jardin de la maison des Donerm, Bucky errait
sans que personne ne sache trop quoi lui dire. Existait-il seulement quelque chose
d’intelligent à dire dans ces moments-là à la personne qui venait de perdre son
grand amour ? Les étreintes et câlins que son entourage lui faisait, suffisait pour
lui montrer qu’ils étaient là. Elle n’avait simplement pas la force de leur dire qu’elle
savait qu’elle devait continuer… sans Béhuit. Elle ignorait déjà si elle tiendrait le
coup, le lendemain, pour les obsèques.
534
Alors qu’elle était dans le jardin, assise sur la terrasse, à regarder dans le
vide malgré la présence de Nolwenn pour la soutenir dans l’épreuve. Monsieur
Donerm la sortit de sa torpeur pour lui parler :
- Bucky… tu as de la visite…
Bucky tourna la tête. Alors qu’elle s’attendait à voir une de ses amies pour
une énième tentative de réconfort et de psychologie, elle fut surprise de l’identité
de la visiteuse ; Céssix Sky attendait à l’entrée de la terrasse ! Elle la regarda sans
rien dire. La directrice semblait bien loin de la forme olympique, mais au moins
marchait-elle sans aucune assistance ou matériel. Elle jeta un coup d’œil insistant
avec son regard bleu aquarelle vers Nolwenn.
- Vous faites toujours aussi peur aux étudiants à ce que je vois… finit par
dire Bucky pour amorcer le dialogue.
- Comme une personne qui a perdu son fiancé et qui ne peut pas marcher
très longtemps sans béquille, répondit-elle.
Bucky hésita un instant. Elle avait toujours voulu apparaître forte devant sa
directrice, sans nul doute pour cause de concurrence pour obtenir le cœur de
Béhuit. Mais aujourd’hui, il n’était plus là. Elle craqua une fois de plus dans la
journée et se mit à pleurer. Céssix lui serra fermement le bras avec sa main.
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- Délavigna écoutez-moi ! Béhuit est mort, mais je sais que là où il est
aujourd’hui, il n’a aucun regret ! S’il a fait ce qu’il avait à faire sans trembler, c’est
parce que son souhait le plus cher, c’était vous, votre sécurité ! Votre chemin ne
s’arrête pas avec sa mort. Il s’est battu pour que vous viviez, il a réussi ! Montrez-
lui que vous méritez le sacrifice qu’il a accepté. Faites-lui honneur en lui montrant
que votre vie, même sans lui, va être fantastique, belle. Vous allez le faire vivre, à
travers vous, tout comme je le ferai également, pour lui montrer qu’il a fait le bon
choix ; celui de rendre ceux qu’il a sauvé heureux. Et vous allez lui prouver que vous
allez commencer, dès maintenant ! En finissant votre cursus à l’E2C pour obtenir
votre diplôme !
Le charisme de Céssix Sky était indéniable et Bucky fut troublée qu’il soit
utilisé pour la première fois pour le bien de la jeune étudiante qu’elle était. Les deux
femmes ne s’étaient jamais vraiment appréciées malgré leur cohabitation à la villa.
Toutes deux avaient toujours été en compétition permanente.
- Béhuit n’est plus parmi nous, nous pouvons arrêter les faux-semblants,
répondit Bucky.
- Bucky, je suis venue vous dire que je suis là pour vous soutenir,
contrairement à ce que vous pourriez penser. Les derniers mots de Béhuit ont été
pour vous. Il m’a demandé de vous soutenir… et je le ferai, avec ou sans votre
accord. Je lui ai promis ! C’est difficile à admettre pour moi, mais il vous aimait
profondément.
- Merci pour votre aide. Vivre après l’avoir rencontré… la vie va me paraître
tellement… vide, répondit Bucky.
Cette journée n’était finalement pas aussi mauvaise que les précédentes.
Béhuit même après sa disparition avait réussi à obtenir quelque chose qu’elle
n’aurait jamais osé imaginer ; le soutien de sa directrice !
536
***
Ce jour allait sans nul doute être l’un des plus sombres et tristes de sa vie.
Bucky s’était habillée en tailleur jupe noire et maquillée légèrement de la même
couleur de deuil. Elle souhaitait se faire belle pour lui… une dernière fois. Elle avait
pris soin de placer ses lunettes de soleil en haut de son crâne afin de pouvoir
masquer ses larmes si nécessaire ; cela se produirait forcément. Sa mère l’avait
aidé à se préparer. Un soutien toujours bienvenu dans ces moments-là.
L’E2C, encore sous le coup de cet attentat terroriste, était très surveillé à
son entrée. Des véhicules de l’U3I, probablement le véritable employeur de Béhuit,
et par ricochet de Céssix, filtrait le passage. Les étudiants étaient nombreux.
Quasiment tous devaient être présents. Des extérieurs étaient également présents
dont le ministre de l’intérieur et celui de l’éducation nationale. Fébrile dès sa sortie,
elle fut accompagnée par Céssix au premier rang. Les joueurs de volley-ball de
l’équipe et les pom-pom-girls y étant affiliées en composaient l’essentiel. Bucky
jeta un coup d’œil avec plus d’attention. Il y avait bien Mélanie qui était là, mais
personne d’autre qu’elle ne connaissait pas était à son rang. Béhuit ne lui avait pas
menti ; il n’avait pas la moindre famille.
537
Un convoi vers le crématorium puis un dernier adieu en petit comité. Les
joueurs de volley-ball souhaitaient transporter son cercueil eux-mêmes jusqu’à
son ultime destination. Ils avaient même pris le soin d’enlever chemises et vestes
pour laisser paraître leur maillot de volley et former un cercle autour de sa
dépouille en se tenant les uns les autres bientôt rejoints par les pom-pom-girls.
Bucky ne put retenir ses larmes ; il aurait sans conteste apprécié le geste. Ce fut
rapidement à son tour de s’avancer en entrant dans le cercle créé par les étudiants
avant que le cercueil ne rejoigne les flammes. Elle s’avança fébrilement,
accompagné de ses parents. Embrassa le cercueil d’un tendre baiser avant de
sortir une paire de ciseaux de coiffure de sa poche. Tout le monde la scrutait avec
attention. Délicatement, elle empoigna sa mèche fuchsia… avant de la couper…
pour la déposer sur le cercueil avant de s’écrouler en larmes. Elle souhaitait qu’une
partie d’elle se consume avec lui. Puis, ne souhaitant pas voir la suite, ses parents
l’aidèrent à quitter les lieux.
***
Alors qu’elle se dirigea vers le véhicule pour tenter de l’interpeller et lui faire
part de sa rancœur vis-à-vis de la mort de son fiancé, la voiture repartit en même
temps que Céssix la stoppa pour qu’elle ne fasse pas une tentative improbable et
dangereuse pour arrêter le véhicule.
- Il n’a même pas le courage de venir me dire en face qu’il est désolé !
Enragea l’étudiante.
538
- Il souhaitait simplement vous donner ceci.
***
Toujours chez les Donerm avec Paillette dormant paisiblement sur son
torse, Bucky n’arriva toujours pas à trouver le sommeil. Il était pourtant trois heures
du matin. Nolwenn dormait profondément. Depuis que Céssix lui avait donné la
clé USB, elle hésitait à la regarder. Un dernier message de sa part avec peut-être
des informations sensibles, ce n’était pas rien ! Elle ne cessait de la malaxer avec
sa main droite, puis se décida enfin à franchir le pas. Son ordinateur n’était pas
loin ; elle le saisit avant de descendre dans le salon. Ses parents y dormaient,
également profondément. A leur compte, ils allaient devoir repartir à Néom pour
retourner travailler dans deux jours. Ils avaient bien proposé à Bucky de la suivre
pour quelques jours, voire plus, mais elle préférait rester auprès de ses amis et de
l’E2C. Elle se dirigea vers le jardin discrètement après avoir enfilé un épais et long
manteau, puis s’installa avec tout son matériel sur le salon de jardin de la terrasse.
Avec anxiété, elle inséra la clé dans son ordinateur puis lança son contenu. Béhuit
y apparut directement en gros plan. A l’aide d’un casque audio, elle mit le son
suffisamment fort pour ne rien rater :
539
car mon amour pour toi est si fort que je suis persuadé que si une vie existe après la
mort, on finira par se retrouver. Je n’ai aucun regret, car tu es en vie et je suis
persuadé qu’avant de me rejoindre, tu auras une existence exceptionnelle, celle que
tu mérites, sans doute dans le milieu de la danse où tu as un talent incontestable. Je
n’ai aucun regret car ça a été un privilège de partager une période de nos vies
respectives, d’être aimé par toi !
Je ne te transmets ce message que dans un unique but ; te dire que des moments
de joie, tu en auras encore plein dans ta vie. Que tu dois continuer à vivre avec cette
bonne humeur qui te caractérise tant. C’est la dernière faveur que je te demanderai ;
continuer à vivre pleinement ta vie… sans moi !
Tu ne rencontreras sans doute pas quelqu’un d’aussi génial que moi, mais tu sauras
à nouveau trouver un garçon qui t’aimera. Tu auras du choix, je ne suis pas inquiet à
ce niveau ! Dit-il avec humour.
De mon côté, sache que lorsque je partirai, lors de mon dernier souffle, mes dernières
pensées seront pour toi, car le plus important dans ma vie, ça aura été toi. Je t’aime
ma pom-pom. Fin d’enregistrement !
Bucky n’avait absolument rien appris de plus sur la vie secrète de Béhuit,
mais ce message la toucha infiniment. Elle commença à pleurer juste avant qu’elle
n’entende la porte du jardin s’ouvrir ! Elle se cacha machinalement les yeux pour
se les essuyer et ferma l’écran de son ordinateur.
- Besoin d’un câlin, sœurette ? Entendit-elle sans encore avoir regardé qui
s’introduisait sur la terrasse.
Antoine était là et déjà habillé… à moins qu’il ne se soit tout simplement pas
encore dévêtu. Elle fit un oui de la tête. Il s’approcha d’elle pour l’étreindre
tendrement, comme l’aurait probablement fait un véritable frère.
- Pour t’apaiser, Glaème sera plus douée que moi. Tu devrais lui demander
de venir te réconforter. Elle en a sans doute besoin aussi.
540
- Glaème fait également partie de mes pensées nocturnes qui m’empêchent
de trouver le sommeil.
- Je crois que tes problèmes sont bien plus embêtants que les miens !
Répondit-il.
- Les problèmes des autres, c’est toujours sympathique pour oublier les
siens, l’encouragea-t-elle.
- Glaème préfère mettre un peu de distance entre nous deux. Elle craint que
cela ne l’entrave dans sa carrière. Comme tu le sais, une place l’attend à l’INSP à
Strasbourg alors que moi, l’école d’ingénieurerie en drone au Futuroscope
m’attend, si j’arrive à obtenir mon diplôme, même si cela semble difficile compte
tenu du probable retrait de notre équipe du championnat de volley-ball.
- Sans Béhuit, on a plus trop le cœur de poursuivre cette saison qui restera
de toute manière exceptionnelle pour tous ses joueurs.
- Ça aura déjà été un rêve éveillé de sortir et même de vivre quelque temps
avec elle. Je ne veux pas qu’elle me reproche un éventuel échec de sa future vie
professionnelle, je l’aime bien trop pour ça. Je ferai ce qu’elle me demande.
541
Bucky ne comprenait pas la façon d’agir de Glaème. Les deux filles
divergeaient totalement de point de vue sur ce point. Privilégier sa future vie
professionnelle au détriment d’une vie sentimentale… que de tristesse !
Cependant, tout comme Antoine, elle se devait de respecter son choix. Elle ne lui
reprocherait rien à ce sujet, même si elle était affectée pour Antoine.
***
La reprise des cours fut finalement salvatrice pour Bucky. Rester chez les
Donerm à broyer du noir toute la journée ne l’aidait pas à avancer. Tout le contraire
des cours qui lui occupaient suffisamment l’esprit pour ne pas penser en continu
au décès tragique de son fiancé. Les entraînements communs entre les pom-pom-
girls et les volleyeurs avaient été remplacés par une cellule psychologique pour
limiter un maximum les traumatismes et mettre des mots pour tenter d’expliquer
l’inexplicable. Les médias parlaient d’attentat terroriste et érigeaient en héros
Béhuit et les deux agents de la sécurité qui avaient perdu la vie pour sauver celles
des étudiants. C’était un peu plus compliqué, savait-elle. Des éléments avaient été
volontairement tus, à commencer par les vraies fonctions de Béhuit.
Céssix n’avait pas fait les choses à moitié pour éviter au maximum les
séquelles à long terme chez les élèves. Quatre psychiatre-psychologues étaient là
dont Johannes qui semblait chapeauter le tout. Même Mélanie était présente pour
un check-up physique des étudiants. Rien à signaler de ce côté, si bien que la
médecin ne se préoccupa quasiment uniquement que de Bucky et son genou. Son
rétablissement avançait dans le bon sens, l’étudiante pouvait désormais marcher
normalement sans la moindre douleur. Dans une semaine, on lui enlèverait son
attelle et elle pourrait doucement recommencer à reprendre la danse. Pour
l’activité de pom-pom-girl c’était beaucoup plus sujet à caution. Des bruits de
couloirs parlaient carrément d’un arrêt pur et simple du championnat. Certains
campus encore dans la course au titre avait en tout cas, par solidarité, déclaré
forfait pour le reste de la compétition. L’équipe de l’E2C n’avait encore
officiellement rien communiqué, mais Bucky savait qu’après un tel choc et sans
entraîneur, l’équipe ne pourrait pas honorer son quart de finale.
542
officialisé de position et fut donc, de fait, déclaré champion. Personne n’avait le
sourire pour autant. Ce titre, l’E2C ne l’avait pas réellement mérité, les garçons
aurait sans doute préféré le gagner dans les règles de l’art.
- Merci de passer nous voir, initia Djurek alors que Mathéo n’était pas revenu
dans le gymnase depuis la mort de Béhuit. Tu souhaitais nous réunir et nous parler,
personne ne manque à l’appel, y compris chez les pom-pom-girls, ajouta-t-il.
- Je suis heureux de voir que tout le monde ici est resté soudé. Voilà, je sais
que je ne suis qu’un étudiant de troisième année et que je ne fais pas réellement
partie du groupe… commença-t-il avant d’être coupé.
- Écoutez, je souhaitais juste vous dire que je suis ravi du titre de champion
de l’équipe, mais j’ai l’impression… d’un sentiment d’inachevé.
- Tu n’es pas le seul dans ce cas, lui répondit Antoine. Mais l’attentat nous
a privés de notre entraîneur et les autres équipes ont déclaré forfait pour la suite.
543
- Nos adversaires des quarts de finale étaient les champions en titre, ils
avaient la possibilité de faire un doublé historique et ils enragent de s’être retirés
par courtoisie.
- Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, Béhuit était quelqu’un qui m’a
ouvert un monde auquel je n’aurais jamais espéré faire partie intégrante. Je ne
veux pas m’arrêter comme ça, alors j’ai pensé proposer au campus de Saint-
Pétersbourg de revenir sur leur décision de déclarer forfait contre nous !
- Ethan, les quarts de finale devaient avoir lieu le week-end dernier ! Souligna
Yvan.
- Le match peut très bien être joué en lieu et place de la finale, prévu dans
deux semaines à l’origine. Je suis sûr que nous pouvons nous arranger entre
campus. Après ce qui s’est passé, nous sommes en droit de demander un dernier
match. Transformer ce quart en finale ! Je suis persuadé que les autres campus
approuveront et les Russes auront la possibilité de conserver leur titre. Je ne sais
pas pour vous, mais réunir notre équipe pour un dernier match vaut bien plus
qu’une coupe offerte à titre posthume.
- Avec le calendrier serré, il n’y a plus qu’un match possible, ils resteront sur
leurs forfaits, affirma Mathéo.
544
- Il va nous falloir l’aval de Madame Sky, rajouta Meyrie. Je vais de ce pas
lui parler. Je crois qu’elle se trouve encore à son bureau pour superviser les
derniers travaux de réparation du campus.
***
545
Bucky analysa immédiatement son comportement comme malsain. Lui et
Béhuit se détestaient depuis l’intérim du second au poste d’entraîneur de basket
du premier. La situation avait bien évidemment empiré avec le cas Ethan Spidze,
passé du basket au volley. Comment osait il reprendre la succession de Béhuit ?
***
546
- Les filles sont qualifiées pour les demi-finales de ce week-end, elle est
dans l’impossibilité de gérer les garçons en même temps !
- Le règlement l’interdit…
Bucky lui fit un large sourire. Cette femme était exceptionnelle et à chaque
fois qu’elle la rencontrait, elle faisait preuve d’une bienveillance incroyable envers
l’étudiante de 20 ans.
547
- Vous voulez bien aller me chercher l’entraîneur de basket, que je lui
annonce la nouvelle, demanda Céssix à Bucky.
***
Du côté de Bucky, les choses étaient moins roses. Son genou se remettait
doucement et Mélanie lui enleva même son attelle, mais la médecin, amie de
Béhuit, qui la suivait de manière quasi quotidienne lui annonça rapidement qu’il
serait difficile pour elle de tenir sa place avec les autres pom-pom-girls à ce match
sans prendre de risque. Terrible désillusion pour elle qui souhaitait participer une
dernière fois avec ses amies à l’évènement qui s’annonçait grandiose. Elle ne
baissa pourtant pas les bras et alla même dans l’optique de faire une chorégraphie
de présentation des garçons légèrement modifié à laquelle elle participerait ! Elle
simplifia simplement les quelques pas de danse avec l’entraîneur afin d’apprendre
les rudiments à Mathéo pour qu’il ne se retrouve pas perdu et que cela soit un peu
moins difficile physiquement pour elle.
548
- Tu ne t’es pas encore suffisamment remise pour pouvoir participer à de
tels efforts sans risque… Je réitère ce que je t’ai dit, tes ligaments du genou sont
fragiles, je te déconseille de participer au match.
***
Pour la dernière fois, Bucky sortit de son sac de sport sa tenue de pom-
pom-girl ciel et fuchsia. Elle était dans les vestiaires du campus d’excellence de
Zagreb. Elle regardait son genou, encore convalescent, pour le masser une
dernière fois comme pour le supplier de tenir le coup, au moins pour la
chorégraphie de présentation des garçons. Elle avait remarqué que les autres filles
lui cachaient quelque chose en étant appelées, une à une, vers les douches sans
en revenir, mais ne s’en préoccupa pas plus que cela. Elle pensa une fois de plus
à Béhuit, il aurait tellement apprécié vivre ce moment et elle danser une dernière
fois avec lui. Elle fouilla dans une des poches de côté de son sac pour y sortir une
boîte de gélules ; des anti-douleurs puissants prescrits par Mélanie pour tenir le
choc. Elle en avala deux à l’aide d’une gorgée d’eau avant de commencer quelques
étirements seule.
Elle ne s’était pas trompée. Ses camarades avaient prévu quelque chose
pour sa dernière.
549
Elle entendit les filles s’approcher doucement d’elle puis stopper à
seulement un ou deux mètres d’elle.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle ne put s’empêcher de verser une larme.
Absolument toutes les filles, sans exception, s’étaient faites une mèche couleur
ciel, identique à celle qu’avait Béhuit.
- Merci les filles… du plus profond de mon cœur, dit-elle sans pouvoir retenir
une larme supplémentaire pendant que Nolwenn se permettait d’utiliser la bombe
couleur bleu ciel pour lui teindre une mèche de cheveux.
Alors qu’elle se laissait colorée par Nolwenn, elle remarqua également que
Shandrill retira son brassard de capitaine pour le mettre à nouveau autour de celui
de son aînée.
- Shandrill, la capitaine, c’est toi désormais ! Répondit Bucky émue par tant
de bonté de la part de ses amies.
N’ayant pas la force de parler, elle se contenta d’un oui de la tête. Les
chemins allaient sans doute se séparer dans les prochains mois, mais jamais elle
n’oublierait ce groupe qui aura fait partie des plus beaux moments de sa vie et du
pire.
***
550
Le gymnase de Zagreb était plein à craquer ! Bucky s’arrêta un instant avant
de mettre un pied sur le terrain pour sortir son émeraude dissimulée sous sa tenue
de pom-pom-girl et plaquée contre sa peau. Elle regarda ensuite sa bague de
fiançailles. Un moment de faiblesse rapidement dissipé par le sourire de ses
amies, qui attendaient le signal de leur capitaine pour pénétrer dans l’enceinte. Un
baiser sur son émeraude avant de le remettre sous son haut et de donner le signal !
551
Les anti-douleurs fournis par Mélanie faisaient des merveilles. Bucky ne
ressentait aucune douleur, même si elle sentait que son genou ne répondait pas
comme elle l’envisageait. Handicapée, elle était bien moins gracieuse que
d’ordinaire, mais elle était heureuse de pouvoir participer. Au fur et à mesure que
la chorégraphie avançait, elle sentait, comme l’avait averti sa médecin, qu’elle ne
pourrait rien faire après le morceau des Blues Brothers. Elle puisa donc dans ses
dernières forces pour danser le plus correctement possible avec Mathéo, terrifié
de ne pas être à la hauteur, malgré une chorégraphie grandement simplifiée par
rapport à ce que devait fournir Béhuit. Gênée dans ses mouvements, mais
expérimentée, elle mit Mathéo sur les bons rails et put finir le morceau sous un
tonnerre d’applaudissements. Ses camarades tombèrent dans ses bras les unes
après les autres. Ayant compris que sa soirée était finie, la capitaine s’empressa
de redonner, dans les règles de l’art cette fois, son brassard à Shandrill. Impossible
pour Bucky de marcher jusqu’à la première rangée des tribunes, sa jambe ne tenait
plus sous le poids de son corps, le tout sans la moindre douleur. Elle fut
transportée par Mathéo et Erik, assise aux côtés de Meyrie qui la félicita, mais
s’inquiéta pour son genou. Bucky s’en moquait, elle avait participé au plus
important à ses yeux…
***
Le premier point montrait encore une fois l’esprit particulier qui régnait
entre les campus d’excellence. Yvan vit son service, très mollasson, se conclure
en ace. Les adversaires du soir qui jouaient pour un doublé historique s’étaient
contentés de rester immobiles et silencieux en regardant vers le ciel et
demandèrent par des signes au public de se taire. L’E2C ne demanda pas le ballon
et se contenta également de ne pas bouger. Bucky avait immédiatement compris.
Une minute de silence en mémoire de Béhuit était en cours. Tout le monde porta
la main à son cœur et regarda vers le ciel. Bucky, elle, malaxa frénétiquement sa
bague de fiançailles sans pouvoir s’empêcher de verser quelques larmes. Puis le
jeu reprit, l’E2C menait un à zéro, un point de soutien laissé volontairement par
l’adversaire.
***
552
Catastrophique ! Il n’y avait pas d’autre mot pour qualifier ce début de
match. Un service raté d’Yvan, trois contre d’Ethan en dehors des limites, deux
réceptions complètement manquées et, il fallait le dire, une équipe en face
surpuissante firent rapidement arriver le score à 10 points à 2 pour les Russes
chez qui Bucky avait remarqué que le passeur regardait avec insistance Nolwenn
entre chaque point. Les pom-pom-girls sous les ordres de Shandrill avaient beau
donner de la voix et agiter leurs pompons, rien n’y faisait, l’équipe française
semblait pétrifiée par l’enjeu. Un temps mort demandé par Mathéo ne changea
absolument rien. Sa seule utilité ? Permettre à Bucky de confirmer ses premières
impressions sur le passeur adverse ; il était sous le charme de Nolwenn alors
qu’elle dansait durant le temps-mort. Pour le reste rien ne changea, deux points
supplémentaires sur deux aces. 12-2 ! Le salut ne vint… que par une panne
d’éclairage qui stoppa le match et renvoya les garçons dans leurs vestiaires en
attendant la réparation du souci technique, laissant les pom-pom-girls et ses
soutiens abattus.
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- Je crois que nous avons bien fait de venir, dit Lily voyant l’ambiance
calamiteuse.
Seul Antoine les fixa, les autres relevaient à peine leur présence.
- Ce n’est en tout cas pas avec votre prestation sportive de ce soir que vous
allez réussir à inviter des filles sous les douches ! Je vous le confirme, répondit
Bucky.
- Vous avez tout faux, les garçons ! Ce soir, vous n’êtes pas venus pour lui
rendre hommage et regarder le ciel en pensant à lui à chaque point perdu. Vous
êtes ici pour quelque chose de plus grand, de plus fort ! Lui faire honneur ! Il n’est
plus présent physiquement avec nous, mais il vous a inculqué cette culture pour
gagner des matches, montrez-moi qu’il a laissé une trace en chacun de vous,
battez-vous ! Ne lui faites pas ça… ne me faites pas ça ! Je ne veux pas qu’on se
souvienne de lui de cette manière, dirigeant une équipe atone qui attend
simplement la fin du match. Honorez-le ! Faites-le vivre en chacun de vous ! Soyez
dignes de lui ! Il vous a appris tant de choses, pleurnicha-t-elle
Les garçons étaient gênés, ils ne savaient plus où se mettre. Voir les larmes
de l’ex-capitaine des pom-pom-girls à propos de Béhuit, encore une fois, n’était pas
simple à encaisser. Chaque membre qui composait l’équipe de volley-ball souffrait
énormément de la disparition de son entraîneur, mais ce n’était rien à côté de ce
que devait endurer son ex petite amie et fiancée. L’étudiante ne se rendait pourtant
pas compte de la supériorité des joueurs d’en face.
- Bucky, cette équipe est beaucoup plus forte que nous ! Lui dit avec une
voix remplie d’émotion et de résignation Mathéo qui semblait dépité.
- Toutes les équipes étaient plus fortes que vous en début de saison ! Vous
avez pourtant remporté énormément de matchs pour arriver jusqu’ici. Certaines
équipes en face de vous étaient largement supérieures, comme lors du tournoi de
rattrapage ou le huitième de finale. Béhuit a pourtant réussi à trouver la faille chez
l’adversaire. J’aime à penser qu’il est en chacun de vous aujourd’hui. Les garçons,
la solution pour ce match vous l’avez ! Demandez-vous comment aurait-il fait pour
554
redresser la barre ce soir ? Je suis sûr que des solutions, il y en a, et vous pouvez
les trouver ! Creusez-vous la tête ! Encouragea Bucky.
- Bucky a raison les garçons ! Ils ont un très bon niveau, mais forcément des
points faibles. Il faut tout analyser. Pour commencer, leur meilleur attaquant, tous
passent par lui dès qu’il est sur la ligne avant. Ne vous laissez plus embarquer au
contre, privilégiez-le. Anticipez sur lui ! Conseilla la capitaine de l’équipe féminine
de volley.
- Il faudrait le perturber un maximum pour qu’il fasse moins les bons choix…
qu’il a toujours fait depuis le début du match, enchaîna Antoine.
- Il n’est pas si concentré qu’il n’y paraît ! Intervint Bucky. Il a très souvent
les yeux qui traînent chez les pom-pom-girls… et pas celle de son équipe !
Développa-t-elle en regardant Nolwenn.
- C’est ça ! Dit Mathéo. On va jouer avec nos armes… Vous savez qu’au
temps des Romains, certains peuples dont les Gaulois demandaient à leurs
femmes de perturber l’adversaire en leur montrant leur poitrine.
555
- En deux millénaires les choses ont évolué, mais on ne change pas la nature
humaine. On te demande simplement de lui montrer que tu n’es pas hermétique à
lui et de jouer de tes charmes dans la limite du raisonnable afin qu’il soit moins
concentré ! Répondit Mathéo.
- Encore une fois, je veux bien aider, mais je n’ai vraiment pas pour habitude
d’allumer les garçons ! Sans vouloir offenser personne, Bucky est bien plus douée
que moi pour cela !
- Nolwenn, je suis blessée au genou et ce n’est pas sur moi qu’il a flashé !
Les garçons sont tous les mêmes sur ce sujet, quoi qu’ils en disent ! Comme tu
l’as dit, les codes, je les maîtrise à peu près. On va faire en sorte qu’il ne regarde
que toi durant tout le reste du match. Tu es d’accord ? Proposa Bucky.
***
556
points ! Bucky avait même poussé le bouchon en gonflant artificiellement la
poitrine de son amie à l’aide de chaussettes en guise de rembourrage dans son
soutien-gorge. Paraître un bonnet de plus, cela pouvait aider dans ses moments-
là !
Sa meilleure amie, bien que gênée appliqua directement les consignes dès
qu’il la regarda. Ce qui arriva rapidement alors qu’elle dansait quelque peu pour
faire patienter le public durant l’échauffement. Nolwenn lui fit un sourire, suivi d’un
clin d’œil. L’étudiant se figea un instant et stoppa le ballon envoyé par son équipier
afin de s’échauffer pour se diriger vers le banc de touche et boire un peu avant à
nouveau de la regarder tout en continuant à boire. Bucky ne s’était pas trompée,
un véritable coup de foudre pour Nolwenn avait eu lieu !
***
557
Émerveillement ! Il n’y avait pas d’autres mots pour définir ce que voyait
Bucky en ce début de deuxième set. Après un service adverse qui finit par un renvoi
de Djurek très subtil sur le coin des limites adverses pour engranger le premier
point du set, Erik enchaîna service surpuissant sur service surpuissant. Il était
incroyable de voir comment un étudiant de premier année âgé de 16 ans depuis
quelques jours pouvait mettre en difficulté une équipe aguerrie. La difficulté à
réceptionner la balle était visible et même lorsque cela était fait, Ethan et Djurek
étaient présents au contre pour empêcher tout salut adverse ! L’affront que l’E2C
avait subi en début de match fut lavé ; l’équipe de Bucky enchaîna 8 points de suite
sans que l’adversaire, jouant en blanc ce soir, ne parvienne à l’éviter.
558
perturber le passeur, du moins sur son niveau dans ce match, elle mettait dans
une colère folle un de ses équipiers qui avait vu clair dans le jeu de la pom-pom-
girl de Cley.
Le score fut extrêmement serré tout le long du set. Les deux équipes se
rendant coup pour coup. Les Russes prirent cependant une légère avance en fin
de set, 24 points à 22. Une balle de set contre l’E2C ne les firent pas trembler ou
douter pour autant ! Ils éliminèrent la première sur une attaque d’Yvan qui se servit
astucieusement du contre adverse afin que le ballon soit rabattu en dehors des
limites de terrain. 24 à 23 ! Ce fut au tour de l’E2C de servir pour tenter d’effacer la
deuxième balle de set adverse. La réception et passe adverse fut parfaite pour une
attaque surpuissante… contrée par Ethan. Une deuxième tentative s’enchaîna pour
leur attaquant star, même résultat même effet, encore un contre d’Ethan qui
atterrit dans les bras d’un défenseur adverse ! Le campus d’excellence de Saint-
Pétersbourg fit une troisième tentative avec toujours le même attaquant, mais qui
parvint cette fois-ci à éviter habilement les mains du dernier de la famille Spidze
d’une attaque surpuissante que Bucky vit remonter très haut avant de redescendre
dans le camp adverse. Antoine avait réussi à sauver le point ! Les pom-pom-girls
exultèrent en même temps qu’une bonne partie du public. L’E2C semblait
infranchissable. Une nouvelle tentative via un autre attaquant encore une fois
sauvée par Yvan et qui permit à Djurek d’envoyer le ballon dans le fond du terrain
adverse, sauvé in extrémis par un joueur adverse. Malgré une très mauvaise
remise le passeur de Saint-Pétersbourg parvint, une fois de plus, à donner un
ballon incroyable à son attaquant principal qui tapa de toutes ses forces avec un
cri qui parvint jusqu’aux oreilles de Bucky. Antoine, encore et toujours sur la
trajectoire du ballon se prit le ballon en pleine figure avant qu’il ne touche le sol.
L’E2C avait perdu le set malgré une bravoure incroyable. Une rage de soulagement
de la part de l’attaquant Russe, accompagné d’un regard provocateur vers Antoine,
qui se contenta de se relever, main sur le nez en le regardant également, avant que
chacun ne regagne son banc de touche. Antoine semblait saigner du nez, pas
vraiment étonnant vu la puissance avec laquelle le ballon s’était écrasé sur sa
figure, mais absolument pas résigné malgré la perte de ce set, tout comme le reste
de son équipe.
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de nouveau à la puissance de frappe de l’adversaire droit sur Antoine qui remonta
le ballon pour Djurek qui distilla une passe extrêmement rapide à Yvan qui planta
un boulet de canon dans le camp adverse. 1-0 ! Le message était clair, l’E2C se
battrait jusqu’au bout !
Béhuit aurait tout simplement été fier de ce match, hormis peut-être son
début, et particulièrement sur ce set. Malgré une fatigue qui commençait
doucement à se voir chez les deux équipes, l’E2C montrait une hargne incroyable
pour défendre chaque ballon. C’était simple, chaque point gagné par l’équipe de
Saint-Pétersbourg ne l’était que sur un enchaînement incessant d’attaques.
Antoine et les siens remontaient absolument tout et ne cédaient qu’après un âpre
échange. Combiné à cela un Yvan, Ethan et Erik des grands jours pour frapper
également comme des mules ou pour placer idéalement des ballons dans le camp
adverse pour les mettre en difficulté et l’adversaire ne parvint pas réellement à se
détacher des joueurs fuchsia et ciel. C’était prodigieux ! Jamais Bucky n’aurait cru
voir un jour l’équipe de son campus à ce niveau. Tellement incroyable que le public,
tout de même très majoritairement Croate et plutôt neutre jusqu’à maintenant
encourageait de plus en plus clairement l’E2C qui ne manqua pas d’haranguer la
foule pour la faire se soulever un peu plus à chaque point remporté.
19 à 18 pour les Russes, le score était une nouvelle fois très serré. Ce fut au
tour de l’E2C de servir avec un engagement que Bucky jugea très tactique, fait pour
gêner l’adversaire plutôt que de tenter de mettre le point directement. Difficilement
le ballon parvint une nouvelle fois au passeur de l’équipe Russe qui fit glisser le
ballon entre ses doigts laissant mollement le ballon tomber à ses pieds. Bucky
pensa à la fatigue dans un premier temps, mais cela ne fut pas le cas de l’un de
ses équipiers qui l’invectiva vigoureusement en Russe en désignant clairement du
doigt Nolwenn. Était-il dans le vrai ? Vraiment difficile à dire. Ce n’était que sa
deuxième véritable erreur du match et pourtant il avait eu énormément de ballons
catastrophiques à gérer sur les réceptions et défenses de son équipe. Le plan de
Bucky n’avait peut-être pas fonctionné pour déconcentrer le passeur adverse, mais
il semblait faire preuve, de façon totalement inattendue, d’efficacité sur l’un de ses
équipiers !
560
vêtu. Mais ce n’était pas le plus grave. Erik s’était carrément retourné l’auriculaire
de la main gauche sur l’affaire. Un léger cri de douleur qui fit se lever des gens de
la foule, dont Bucky qui fut rapidement rappelé à l’ordre par son genou. Mathéo
demanda immédiatement un temps-mort !
Le jeu reprit, sur les mêmes bases qu’il s’était arrêté et c’est immédiatement
le remplaçant d’Erik qui se mit en évidence grâce à une habile attaque gagnante.
20 partout ! Bucky rejeta un coup d’œil sur le banc. Mélanie avait sorti sa trousse
de secours et se hâtait de bander l’auriculaire d’Erik en le joignant à l’annulaire. Un
bandage qu’elle tentait de faire le plus rapidement possible, tout en lui donnant
une gélule, sans doute le même anti-douleur que Bucky, ne pouvait signifier qu’une
seule chose, Mathéo cherchait à remettre le dernier des frères Donerm sur le
terrain et Mélanie lui avait confirmé que cela était possible malgré ce que son doigt
avait subi ! On utilisait de toute manière peu, voire pas du tout, l’auriculaire au
volley-ball, de sa main non directrice qui plus est.
561
à l’arbitre qu’il demandait à nouveau un changement alors qu’Erik n’était encore
visiblement pas prêt. L’entraîneur d’à peine 18 ans mit un temps fou à préciser à
l’arbitre la nature de son changement. L’arbitre le sanctionna logiquement pour un
retard de jeu ! Bucky paniqua, mais Lily juste à ses côtés lui expliqua que c’était
excessivement bien pensé. Un retard de jeu, si c’était le premier, n’engendrait
absolument aucune conséquence sur le score ou le terrain. Mélanie avait fini et
Erik pu entrer pour tenter de convertir la balle de set avec son service.
Le service d’Erik fut un peu moins puissant que d’ordinaire. C’était soit la
blessure, soit pour être sûr que le ballon finisse dans les limites du terrain adverse.
Il mit cependant suffisamment en difficulté l’adversaire pour qu’il soit dans
l’incapacité de terminer son action par une attaque et se contenta finalement de
renvoyer simplement le ballon à l’E2C. Antoine en profita immédiatement pour
s’imposer en criant devant ses équipiers pour envoyer un ballon en or à Djurek qu’il
convertit en offrande pour Ethan qui, malgré un contre à deux en face, ne
l’empêcha pas de transpercer la défense, qui ne dut son salut qu’à un réflexe
exceptionnel de l’un de ses joueurs. Saint-Pétersbourg passa comme très souvent
lors de ce match par son attaquant le plus talentueux pour tenter de conclure le
point, mais leur plan fut contrecarré par Ethan sur un contre qui bloqua la
puissante attaque. Le ballon s’éleva très haut dans le gymnase avant de
redescendre pile entre les deux camps. L’attaquant Russe fut le premier sur le
ballon, mais Ethan, avec son passé de basketteur, bloqua littéralement avec l’une
de ses mains la tentative des Russes de placer le ballon dans le camp adverse.
Une pichenette astucieuse supplémentaire d’Ethan et le ballon échappa des mains
de l’Est-européen pour finir par rebondir dans son camp. L’E2C avait remporté le
quatrième set ! Fou de rage, l’attaquant adverse tapa très fort après rebond dans
le ballon pour finir sa course dans le filet… touchant légèrement Ethan, encore collé
à celui-ci, avec la force mise dedans. Ethan le regarda méchamment, il n'avait rien
eu, le filet ayant largement amorti le choc, mais il n’avait pas apprécié le geste et
en un éclair… tout s’envenima !
562
colère et sûr de sa force du fait de son âge et sa taille supérieure, c’était ne pas
connaître Erik ! Le plus jeune des frères Donerm de première année n’avait pas pris
que l’option volley-ball à l’E2C mais également Karaté ! Activité qu’il pratiquait
depuis ses 5 ans et dont il devait passer la ceinture noire dans 2 semaines… si son
doigt le permettait. Il attrapa le bras de son adversaire avant de le déséquilibrer
pour finir par l’immobiliser face contre terre. Bucky avait l’impression par ce geste
de revivre sa tentative d’intrusion dans la villa afin de s’excuser auprès de Béhuit
qui s’était soldée par un geste quasi identique de Céssix sur elle à la différence
près qu’elle se retrouva plaquée contre le mur en lieu et place du sol pour le joueur
Russe. Grâce à Antoine, Yvan et 2 joueurs de Saint-Pétersbourg dont le passeur,
tout le monde retrouva un semblant de calme, mais les sanctions ne tardèrent pas
à tomber. Les deux joueurs Russes impliqués furent sanctionnés d’un carton jaune
ainsi qu’Ethan Spidze. Alors que tout le monde regagnait son banc de touche,
Bucky demanda les implications concrètes de ses sanctions à Lily.
- C’est plutôt une bonne nouvelle, un carton jaune, c’est un point pour
l’adversaire. Cela signifie que le dernier set qui se joue en 15 points commencera
sur le score de 2-1 pour l’E2C !
Alors que tour à tour, les pom-pom-girls des deux équipes animaient le
terrain en attendant le tout dernier set pour cette saison de volley-ball, Bucky
regarda du côté Russe. Leur entraîneur ne semblait pas content de leur prestation
et le joueur qui avait fini par être neutralisé par Erik au sol ne décolérait pas. Il
invectivait sans cesse son passeur qui tenta de le calmer. Succès pour un temps
très court lorsque sous les yeux de son équipier, le passeur regarda rapidement
les pom-pom-girls de Cley danser. Le joueur de quatrième ou cinquième année,
Bucky ne savait le dire, perdit définitivement la raison et courra en direction des
pom-pom-girls qui dansait pour bousculer violemment Nolwenn qui pourtant,
n’avait cette fois-ci, rien fait de particulier pour perturber le passeur. Nolwenn se
retrouva les fesses à terre. Ses équipiers, passeur en tête, l’empêchèrent de
justesse de porter la main violemment sur la pauvre Nolwenn surprise par cet
accès de violence à son encontre. Du côté de l’E2C, Antoine et Erik étaient arrivés
les premiers près de l’attroupement pour défendre leur sœur. Une deuxième rixe
commença en à peine 5 minutes ! Le calme revint cependant rapidement quand le
Russe fautif fut renvoyé violemment par le passeur et l’entraineur de son équipe
vers son banc de touche. L’équipe arbitrale, n’ayant rien raté et ayant participé au
retour au calme sur le terrain se réunirent rapidement alors que Nolwenn, quelque
peu choquée fut installée par ses deux frères sur le banc de touche. Alors que
l’entraîneur Russe vint personnellement s’excuser auprès de Nolwenn pour le
563
comportement de son joueur. L’arbitre s’approcha de l’agresseur de Nolwenn pour
sans aucun doute possible le sanctionner alors qu’il venait de prendre quelques
minutes plus tôt un carton jaune. Le règlement des campus d’excellence
concernant le sport était clair et Bucky le connaissait parfaitement ; on insultait, et
encore moins, agressait physiquement une pom-pom-girl. Que cet étudiant soit en
quatrième ou en cinquième année, son option sport était terminée. Il y avait même
un risque pour qu’il soit renvoyé immédiatement de son campus ! L’arbitre sortit
un carton rouge, en plus d’un jaune dans l’autre main. Bucky regarda Lily afin de
mieux comprendre.
- Le joueur est exclu du terrain ainsi que du gymnase, je pense qu’il va payer
très cher son geste ! Et ça nous fait 3 à 1 pour l’E2C ! Dit la volleyeuse.
Le joueur exclu évacua les lieux sous les huées de la foule. Un calme relatif
réinvestit le gymnase avant que l’arbitre ne convoque les deux capitaines, leur
signifiant probablement qu’il ne tolérerait plus aucun écart de conduite. Le stress
monta en Bucky. L’E2C était à portée d’un exploit monumental.
Un service bien en dehors des limites d’Erik, puis une attaque dehors
d’Ethan et Saint-Pétersbourg avait déjà rattrapé son retard ! La situation ne
s’arrangea guère à la suite d’une mésentente puis un service gagnant des Russes.
L’E2C était mené 5 à 3. Mathéo n’attendit pas plus longtemps et demanda un
temps mort. Complètement pétrifiée par l’enjeu, Bucky ne fit même pas attention
que ses amies pom-pom-girls faisaient leur toute dernière chorégraphie de la
saison quoi qu’il arrive et tombèrent dans les bras les unes des autres à sa fin. Elle
ne pensait qu’à tendre l’oreille pour essayer de déchiffrer ce que disait Mathéo ;
impossible avec le bruit ambiant, mais ses gestes étaient clairs, il les suppliait de
se reprendre pour ne rien regretter.
564
***
Encore un nouveau point pour Cley ! Plus les points se rallongeaient, plus
les garçons de l’E2C prenaient un ascendant psychologique sur ses adversaires.
C’était totalement fou ! Mené 13-9, ils avaient repris la tête du match 14-13 et
avaient entre les mains une balle de match ! L’ambiance dans les tribunes était à
son paroxysme, la plupart des spectateurs étaient debout.
Yvan respira un bon coup et servi, après un énième conseil de Mathéo, sur
la partie du terrain adverse à cibler sur cette balle d’engagement. Le service fut
plus qu’assuré, Ethan était au contre, prêt à bondir. On misait évidemment sur lui
pour achever l’adversaire. Bucky, assise au premier rang, osait à peine regarder le
point. Certaines de ses amies pom-pom-girls avaient lâché leurs pompons afin de
se tenir les mains, également pétrifiées par l’enjeu.
La réception adverse ne fut pas très haute en altitude, Bucky avait compris
pourquoi ; accélérer le jeu un maximum afin qu’Ethan ne puisse suivre au contre…
et le plan fonctionna. Seul Djurek se retrouva en face de l’attaquant adverse pour
le bloquer. Il échoua… mais toucha suffisamment le ballon pour permettre à
Antoine de courir bien loin des limites du terrain et lever le ballon suffisamment
haut dans les airs pour que Djurek puisse se déplacer jusqu’à lui, mais toujours
très loin du filet. Inutile de tenter une passe à Ethan dans de si mauvaises
conditions, l’option Erik sur la ligne arrière fut tout naturellement choisie. L’étudiant
de première année envoya un véritable boulet de canon sur les lignes adverses qui
fut sauvé avec tellement de difficulté que l’adversaire se contenta en troisième
touche du ballon de renvoyer la balle en catastrophe et facilement à l’E2C. Antoine
ne manqua pas, encore une fois, l’occasion de distiller un ballon en or à Djurek qui
évidemment profita de cette réception idéale pour servir, tout proche de lui, au
centre, Ethan. L’adversaire avait évidemment compris que le plus puissant
attaquant de l’E2C allait être servi et ce n’est pas deux, mais les trois joueurs des
postes avant qui tentèrent de le bloquer, peine perdue ! Ethan se contenta
simplement de taper moins fort que d’accoutumé pour s’assurer de passer au-
dessus de la muraille qui se dressait devant lui. Mais l’adversaire était coriace, un
des défenseurs adverses remonta miraculeusement le ballon avant qu’il ne touche
terre et son passeur, incroyablement habile depuis le début du match, envoya le
ballon en direction de son attaquant vedette que renvoya immédiatement Ethan
par un contre encore une fois à une hauteur folle ! La défense adverse remonta
une nouvelle fois le ballon, non sans difficulté et avec une précision limitée,
565
pourtant le passeur fit encore une fois preuve de son talent en offrant une balle
d’attaque tout à fait potable à nouveau à son attaquant phare qui s’appliqua du
mieux possible pour éviter la muraille Ethan qui se trouvait à nouveau sur son
chemin. Il réussit, mais perdit énormément en puissance ce qui permit à Yvan de
surgir pour remonter le ballon sur Djurek qui retenta une nouvelle fois l’option Erik
en faisant mine de faire une passe pour Ethan et ainsi tromper le contre. Comme
à son habitude Erik ne se posa pas de questions et mit toutes les forces qui lui
restaient dans cette énième attaque malgré sa blessure au doigt. Par un plongeon
sorti des plus dignes mouvements cinématographiques, les Russes remontèrent
une fois de plus la balle, mais avec tellement de difficulté que le passeur fut
contraint de faire une passe pour une attaque d’un joueur sur la ligne arrière
immédiatement contré ! … Par Ethan, décidément infranchissable ! Et sauvé in-
extrémis par un mouvement réflexe du passeur adverse qui engendra tout de
même une panique dans les rangs Russes qui ne purent que se contenter de
repousser le ballon sur Yvan… qui le renvoya immédiatement dans un coin au fond
du terrain voyant l’équipe Russe très mal placée… mais qui parvint tout de même
à récupérer le ballon et se débrouilla pour à nouveau servir son attaquant star…
une fois de plus contré par l’E2C provoquant une envolée du ballon dans le
gymnase et proche de toucher le plafond pour finalement redescendre entre les
deux camps. Le plus prompt pour taper dans la balle fut l’adversaire, mais malgré
la force de l’attaque, il fut remonté, une énième fois, parfaitement par Antoine en
direction de Djurek qui servit son seul attaquant disponible sur la ligne avant
hormis Ethan pour tenter de tromper l’adversaire… mais qui fut suffisamment
ralenti pour permettre un nouveau sauvetage Russe et une nouvelle tentative du
passeur en direction de son attaquant principal qui mit toute l’énergie qui lui restait
dans sa frappe malgré le fait qu’Ethan soit encore une fois sur sa route ! La frappe
fut extrêmement puissante malgré le fait que la passe soit relativement éloignée
du filet, son passeur avait pourtant fait un véritable exploit avec la réception
catastrophe de son équipe. Contre toute attente, Ethan baissa les mains au dernier
moment et cria si fortement "Out" que même Bucky pu l’entendre, malgré le bruit
du public et son relatif éloignement du terrain. La balle traversa rapidement la
surface de jeu jusqu’à Antoine sur la trajectoire du ballon, encore et toujours, qui
sembla se désarticuler non pas pour réceptionner la puissante attaque adverse…
mais pour éviter de la toucher sur les conseils de son équipier ! Le libéro évita d’un
chouia la balle en finissant par une roulade pour ainsi laisser passer le ballon qui
vint mourir dans le fond du terrain ; balle annoncée bonne par l’arbitre !
Toute l’équipe se dirigea d’un seul homme vers l’arbitre, y compris Mathéo,
en faisant des gestes pour demander une confirmation vidéo. Il y avait
566
suffisamment de caméras et drones-caméras dans l’enceinte du gymnase pour
vérifier si le ballon avait bien touché le sol dans les limites du terrain.
Un silence total dans la salle… tout le monde regarda l’écran géant, arbitre
en tête. Le cœur de Bucky crevait tous les plafonds de fréquences de pulsations.
Enfin, l’image arrivait sur l’écran géant où l’on pouvait voir la trajectoire du ballon
au ralenti : de quelques centimètres… out !
Antoine s’écroula sur le dos les bras levés avant que son frère ne vienne se
jeter sur lui pour une étreinte fraternelle. Ethan, Djurek, Yvan et Mathéo se
précipitèrent les uns sur les autres. L’E2C était champion ! Les pom-pom-girls se
dirigèrent également rapidement vers l’attroupement de joueurs. Bucky se leva
également et avança légèrement… avant de s’écrouler sur le bord du terrain. Ce
n’était pas seulement son genou qui l’empêchait de s’avancer, mais bel et bien
l’émotion. Elle se retrouva posée sur le sol du gymnase, à genoux, les larmes aux
yeux, avec ses mains tentant de masquer les multiples sentiments qui se
manifestaient en elle. Elle regarda, les yeux humides, un instant le plafond du
gymnase avant de se les recouvrir avec les mains. Elle espérait que de là-haut,
Béhuit soit informé qu’il avait réussi ! Qu’il avait fait de son équipe les champions
d’Europe 2037 de volley-ball. Bien sûr, certaines mauvaises langues allaient dire
que le championnat s’était arrêté en quart de finale. Mais Bucky s’en moquait.
Béhuit resterait à tout jamais le premier à avoir mené l’équipe de volley de l’E2C au
titre de champion !
Ses mains cachant encore ses yeux noyés par l’émotion, elle sentit
quelqu’un la prendre dans ses bras. Elle retira ses mains de son visage pour tenter
de l’identifier ; Nolwenn !
Bucky regarda sa meilleure amie comme pour lui faire comprendre qu’elle
appréciait sa gentillesse, mais que ce mensonge était bien trop gros. Nolwenn
avait pourtant l’air sûre d’elle.
- La Bucky Délavigna que je connais n’aurait jamais été dans les vestiaires
des garçons pour remettre sur pied une équipe de volley-ball fébrile. Lorsque tu es
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entrée, ce n’était pas toi que j’ai vue… c’était lui ! Justifia Nolwenn. Tu vois
réellement ma meilleure amie donner des conseils dans un match de volley ?
Une fois de plus, Nolwenn montrait à Bucky qu’elle était une fille formidable,
une amie sincère, un soutien indéfectible. Elle était dans le vrai. Jamais la
désormais ex-pom-pom-girl n’aurait pensé un jour conseiller une équipe de volley.
Elle apprécia l’idée de Nolwenn ; c’était Béhuit qui s’était exprimé à travers elle !
Alors que tout le clan de l’E2C était réuni sur sa partie de terrain en
bougeant, dansant et criant de joie pour fêter sa victoire. Bucky remarqua que
Nolwenn regarda un instant dans la direction des perdants où les comportements
étaient tout autres ; la plupart étaient assis ou allongés, prostrés, certains même
pleuraient. L’entraîneur était assis sur son banc de touche, les yeux regardant dans
le vide. Ils étaient passés à côté d’un doublé historique, être champion deux
années de suite ! Nolwenn s’attarda avec insistance sur leur passeur brun,
dépassant le mètre quatre-vingts à la corpulence plutôt fine, tout en aidant Bucky
à se lever.
- Il est très mignon ! Lui fit remarquer Bucky alors que le joueur fixé par son
amie était debout, tête basse à seulement quelques mètres d’elles.
Il releva la tête en direction des filles puis fixa Nolwenn… qui détourna
immédiatement la tête. Bucky, d’un geste de la main l’invita à s’approcher.
- Vu comment il te regarde, c’est soit parce qu’il veut te tuer, soit qu’il est
encore totalement sous ton charme, répondit Bucky qui penchait plutôt pour la
deuxième option.
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- Je devrais être fâché contre vous et pourtant, je ne vous cache pas que j’ai
apprécié vos méthodes à mon encontre. Mon seul regret, c’est que c’était
simplement de la comédie pour vous.
La conversation fut stoppée par Antoine qui serra la main de son adversaire
avant de prendre les deux pom-pom-girls dans ses bras alors qu’Yvan le suivait de
peu pour faire la même chose. Bucky avait remarqué qu’Antoine et Glaème avaient
pris soin de s’éviter jusqu’à maintenant. Elle prit l’initiative de s’éloigner un peu de
Nolwenn et du passeur adverse pour les laisser seuls afin de parler plus
sérieusement avec le libéro de l‘E2C. Elle comptait ouvrir les yeux à Antoine et avait
compris qu’une attirance réciproque existait entre Nolwenn et l’étudiant du
campus Russe, effectivement français ou d’origine. Une possibilité de faire plus
ample connaissance n’était pas tout à fait à exclure ! Antoine et Yvan l’aidèrent à
se déplacer jusqu’au banc de touche afin qu’elle se rasseye. Antoine la serra une
fois de plus dans ses bras :
- On l’a fait ! On l’a fait ! Lui dit-il, ne revenant toujours pas de sa victoire.
Antoine ne comprenait pas ce que voulait dire Bucky. Avec insistance, elle
regarda en direction de Glaème sautillant de joie avec Djurek, une autre pom-pom-
girl du groupe et deux autres joueurs.
- Je suis fou d’elle… mais je ne fais pas partie de son futur, répondit-il.
- Elle est bien moins démonstrative que toi, c’est certain, et soyons clairs,
rien ne l’éloignera de ses ambitions professionnelles, mais elle t’aime. J’étais prête
à tout et n’importe quoi pour Béhuit, alors si tu ne veux pas que cela s’arrête, dis-
le-lui ! Conseilla-t-elle.
Antoine lui fit une tendre bise sur la joue avant de se diriger vers la fille qu’il
avait toujours aimée. Glaème en fit timidement de même et posa sa tête
569
tendrement sur son épaule. Bucky s’approcha un peu plus, en boitillant, pour
entendre la conversation dans ce brouhaha ambiant alors que les couleurs
d’éclairage du gymnase changèrent en ciel et fuchsia.
- Si j’ai un jour besoin d’un rapport parlementaire ou autre sur les drones
dans ma carrière politique, j’espère pouvoir compter sur toi.
- Glaème, mon rêve, ce n’est pas cette école d’ingénieur… mais la femme
qui se trouve en face de moi !
- Tu sais très bien que cela ne fonctionnera pas ! Coupa-t-il. Tout comme
Bucky l’a fait avec Béhuit, je ne veux rien regretter. L’amour de ma vie, c’est toi !
Alors je n’irai pas poursuivre mes études à Poitiers.
- Tu ne m’as pas compris. Je sais très bien que ton destin professionnel est
tout tracé et que tu ne l’abandonneras pas pour moi, alors moi je le fais… Je
viendrai vivre avec toi à Strasbourg !
570
- Et si jamais tu te lasses un jour de moi, tu auras tout perdu ! Je ne suis pas
une fille facile à vivre au quotidien.
- Une égocentrique comme moi ne mérite pas un homme comme toi, lui
avoua-t-elle. Je saurai un jour te rendre tout ce que tu me donnes.
Bucky était heureuse pour eux. Un coup d’œil à sa gauche pour voir qu’Erik
embrassait également de son côté Anita. Cette année de volley-ball se terminait
aussi bien qu’elle le pouvait. Elle savait qu’elle vivait un des faits marquants de sa
vie. Si seulement Béhuit avait pu être là pour le vivre avec elle… avec eux. Encore
des larmes, savant mélange de tristesse et de joie, elle n’arrivait pas à les stopper.
La nouvelle capitaine des pom-pom-girls de l’E2C s’approcha et la serra dans ses
bras.
- Bucky, tu n’oserais pas faire pleurer ta capitaine tout de même ! Lui dit
Shandrill.
571
- Tu as ma parole ! On s’est déjà mises d’accord, tu sais, le groupe de pom-
pom-girls sera le même que cette année. On remplacera uniquement Nolwenn,
Glaème et toi par des premières années. J’ai également échangé avec Djurek,
Ethan et Erik ; ils ne veulent pas d’autres pom-pom-girls que nous l’année
prochaine. Une symbiose s’est créée dans ce groupe, et même si les plus anciens
éléments partent pour entrer dans la vie adulte, une trace indélébile reste et
restera. L’héritage perdurera.
Bucky fut émue d’apprendre que le groupe encore présent à l’E2C l’année
prochaine avait déjà convenu de rester ensemble.
- Bucky, il faut vraiment que tu sois prudente les prochains mois ! L’avertit
Mélanie.
- Antoine Donerm, vous êtes le libéro de l’E2C et vous êtes ce soir champion
avec votre équipe. Quel incroyable match, quelle incroyable saison ! Analysa le
speakeur.
572
- Vous parlez sans doute de votre regretté entraîneur, Béhuit Ciel…
Une fois de plus, Bucky ne put retenir un nouveau sanglot. D’autant que
lorsque Yvan eut la coupe entre ses mains, toute l’équipe de volley se dirigea
naturellement vers elle pour la lui donner. Elle représentait, ni plus, ni moins, leur
entraîneur défunt ce soir. Elle fut même portée par les frères Donerm jusqu’aux
épaules d’Ethan afin qu’elle soulève haut dans le gymnase le trophée. La fête qui
allait suivre promettait d’être dantesque ! La première sans l’homme de sa vie…
***
573
Dès leur retour à l’hôtel, une fête qui s’annonçait grandiose commença. Une
partie de l’hôtel avait été réservée et était utilisée en piste de danse. Bucky de
nouveau avec une béquille et une attelle fournie par Mélanie en profiterait moins
que les autres. Pourtant, elle n’était pas trop contrariée. Même sans sa blessure,
elle n’aurait sans doute pas énormément dansé. Une fête sans Béhuit, surtout ce
soir, c’était un peu trop rude et beaucoup trop tôt. Elle se contenta de rester
installée dans un fauteuil en regardant ses amis, profitant de ces instants qui
resteraient sans doute à jamais gravés dans leur mémoire. Céssix vint s’installer
près d’elle. La directrice épaulait Meyrie pour prévenir tout débordement.
- Mélanie m’a annoncé que vous aviez probablement une rupture partielle
des ligaments croisés ? Demanda la directrice pour avoir confirmation qu’elle avait
bien compris.
- J’en aurai pour plusieurs mois avant de revenir en pleine forme, mais j’ai
tout mon temps.
- Plus tôt vous guérirez, plus tôt vous pourrez réfléchir à votre avenir.
Bucky n’en croyait pas ses yeux. Après l’école Julliard de New-York. Une
nouvelle école de danse prestigieuse située à Saint-Pétersbourg lui proposait
quelque chose, la carte de visite étant celle de la directrice artistique. L’étudiante
était émue de recevoir une nouvelle proposition de qualité. Elle ne sortit de son
état second que par les vibrations de son téléphone. La personne qu’elle espérait
voir ce soir pour participer à la fête était venue !
De nouveau à une vitesse bien faible, Bucky arriva à l’accueil de l’hôtel. Enzo,
le passeur de l’équipe de volley-ball Russe avait accepté l’invitation discrète de la
574
meilleure amie de Nolwenn pour participer à la soirée malgré sa défaite. Une
preuve supplémentaire de son intérêt pour l’étudiante de l’E2C.
- A vrai dire, j’ai été particulièrement surpris par votre proposition. Êtes-vous
sûre que je ne vais pas me faire lyncher par vos camarades ? Demanda-t-il.
- Vous êtes certaine que j’ai réellement une chance avec elle ?
- Elle s’appelle Nolwenn Donerm, elle est en dernière année et je suis sûre
de mon coup. C’est moi qui ai remarqué que vous la trouviez à votre goût, alors
faites-moi confiance quand je vous dis que c’est la même chose de son côté. Elle
n’aurait jamais accepté de faire ce qu’elle a fait durant le match si ça n’avait pas
été le cas.
Enzo fit un mouvement de la tête pour acquiescer. Bucky l’invita à être aidé
pour se déplacer jusqu’à la salle où se déroulait les festivités. Les déplacements
étaient vraiment compliqués pour elle.
La fête battait son plein lorsqu’ils entrèrent dans les lieux. Immédiatement
Enzo chercha du regard Nolwenn qu’il trouva rapidement en train de danser,
encore en tenue de pom-pom-girl tout comme Bucky et Glaème. Les trois filles de
dernière année profitaient encore un peu et pour la dernière fois de leurs
vêtements de scène. Nolwenn ne mit que très peu de temps à l’apercevoir, elle se
figea. Bucky devinait une anxiété naissante chez sa meilleure amie. Alors qu’Enzo
ne bougeait plus non plus, sans doute pour les mêmes causes, Bucky décida de
faire les dix mètres environ qui la séparait de son amie pour lui parler.
- Tu lui plais et il est venu faire la fête avec nous… enfin surtout avec toi !
Répondit-elle avec un clin d’œil.
575
Nolwenn avança timidement, Enzo en fit de même pour finir par aller
s’asseoir avec elle à une table pour boire un verre. Leurs gestuelles ne trompaient
pas ; Bucky était persuadée qu’une romance entre eux débutait. Dans l’incapacité
de danser avec les autres, elle s’installa sur un canapé en les espionnant
discrètement de temps à autre et en regardant les couples du groupe. Antoine et
Glaème qui allaient partir vers Strasbourg, Anita et Erik qui finissaient leur première
année d’étude à l’E2C, Shandrill et Karim… et Lily qui s’avança vers elle.
- Me revoilà dans le club des célibataires avec toi, lui dit Bucky, résignée.
Bucky sourit, encore une fois sans répondre et en tournant la tête vers
Nolwenn et Enzo. Ils n’avaient pas perdu de temps ; ils étaient déjà en train de
s’embrasser !
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Chapitre 18 : La vie continue
C’étaient les derniers moments qu’elle vivait à l’E2C. 5 ans de sa vie qui se
concluaient sous une journée ensoleillée et chaude, au niveau de l’esplanade
d’entrée du campus. Dans sa toge de cérémonie noire avec un large liseré ciel et
fuchsia à la manche droite, Bucky observait l’intégralité de sa promotion dans des
vêtements identiques au sien. Tous ses proches avaient également obtenu leur
diplôme ; Nolwenn, Glaème, Lily, Yvan et même Antoine, grâce à sa note en volley-
ball ! Rayan en faisait également partie. Ce dernier embrassait une carrière
militaire disait-on. Rien d’étonnant pour Bucky ; il suivait la voie qu’avait prise
Béhuit, sans doute une décennie plus tôt, à la sortie de ses études.
Un peu plus loin, Bucky pouvait voir ses parents debout sur le côté,
téléphone à la main, en train de prendre des photos ou filmer un moment
également inoubliable pour eux. Dans quelques minutes, leur fille unique allait
obtenir son Bachelor international d’excellence campus ; un sésame capable
d’ouvrir toutes les portes des études supérieures au niveau mondial. Les parents
Donerm et Erik, accompagnés d’Anita étaient également présents pour voir
Nolwenn, Antoine et Lily recevoir également leur diplôme.
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Un paragraphe un peu plus douloureux pour la fille Délavigna quand la
directrice rendit un hommage de plus à Béhuit Ciel. Voilà environ un mois qu’il avait
été la victime d’une barbarie terrible. Il était toujours difficile pour Bucky
d’admettre que même au sein de ce lieu qu’elle croyait protégée des horreurs du
monde extérieur, des intégristes avaient pu faire cela. Lui avait-on dit simplement
la vérité ou s’agissait-il d’autre chose, que l’U3I notamment, cherchaient à taire ?
Elle avait vu tellement de choses étranges et inexplicables ce jour-là.
Machinalement, elle attrapa son émeraude pour la serrer de sa main droite à
travers sa toge. Voilà six mois que cette pierre précieuse finement taillée ne l’avait
plus quittée ; elle l’apaisait dans les moments stressants et elle avait promis à
Béhuit de ne jamais l’enlever. Selon les doléances posthumes de l’amour de sa vie,
elle continuerait à vivre sa vie, à en profiter au mieux, mais elle sentait pourtant
que la plus belle page de sa vie se tournait… et sans lui !
***
Sa dernière poignée de main officielle fut pour Céssix Sky. D’ordinaire très
bavarde, Bucky ne savait pas trop quel sujet aborder avec elle. Se contenteraient-
elles d’une simple poignée de main ? Les deux femmes ne s’étaient jamais
réellement appréciées, pourtant Bucky avait incontestablement été la plus proche
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d’elle parmi toutes les personnes présentes sur le campus. Elles avaient habité
ensemble quelque mois à la villa.
- Bucky ! Béhuit souhaitait vous offrir quelque chose pour votre diplôme,
ajouta Céssix.
- Je vois que Madame Sky t’a offert quelque chose, lui dit sa mère,
intéressée.
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Elle regarda avec attention le paquet, une inscription était présente ; "Tu
trouveras la suite près du gymnase de volley". L’écriture n’était pas celle de Béhuit.
Bucky l’avait identifié comme celle de Céssix. C’est elle qui avait dû emballer le
cadeau en question. Elle décida de ne pas l’ouvrir immédiatement pour une
accolade avec Antoine et Nolwenn, peu après elle dans l’ordre alphabétique de la
remise. Ils attendirent ensuite Lily, Glaème et Yvan pour se féliciter les uns, les
autres. Bucky n’échappa pas à une tendre bise de félicitations des parents de sa
meilleure amie. C’était fait, ils passaient officiellement anciens élèves de l’E2C. Un
dernier alignement de tous les promus de l’année pour le traditionnel lancer des
coiffes en l’air et chacun quitta l’esplanade plus ou moins rapidement.
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confia les clés de sa voiture électrique à Nolwenn pour qu’elle puisse rentrer chez
les Donerm avec Antoine et Glaème où ils devaient tous se retrouver.
Bucky répondit par l’affirmative d’un signe de tête. Personne n’insista plus.
Ses amies devaient se douter que c’était en rapport avec Béhuit et il ne se trompait
pas. Bucky, pour la première fois, éprouvait le besoin de se rendre où les cendres
de Béhuit avaient été entreposées, dans un caveau du cimetière de Cley. Elle ne
s’y était encore jamais rendue jusqu’ici.
***
- Salut Béhuit… Je suis désolée de ne pas être passée avant. Je n’en avais
tout simplement pas la force. Je suis fraîchement diplômée de l’E2C et je suis
venue avec ton Audi, cadeau supplémentaire de ta part. Cela fait plus d’un mois
que tu nous as quittés et chaque journée est toujours aussi difficile à vivre pour
moi… si tu savais comme tu me manques. J’ai bien reçu ta vidéo posthume à mon
attention. Tu me dis d’y faire de toi mon passé, de continuer en profitant. Mes
parents me disent que le temps permettra de cicatriser. Mes amis me disent qu’il
faut tourner la page et reprendre en main mon avenir, Céssix me dit que je finirai
par oublier… mais… vous vous trompez tous ! Pour moi, la meilleure façon de
passer à autre chose… c’est de connaître la vérité ! Je veux savoir ce qui s’est
réellement passé et pour quelles raisons. Je veux savoir pourquoi et qui t’obligeait
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à faire ce que tu faisais. Je veux comprendre pourquoi l’U3I nous a tous mis au
secret et ce qu’on nous cache. Je veux connaître ta vie avant de me rencontrer et
le meilleur moyen de le faire… c’est d’entrer moi-même à l’Union Internationale
d’Investigations et d’Interventions. Je ne passerai pas à autre chose avant d’avoir
les réponses que je recherche, je ne parviendrai pas à refaire ma vie sans savoir !
***
Bucky Arriva la dernière pour la petite fête chez les Donerm pour clôturer
l’année scolaire et l’obtention des diplômes. Nolwenn se précipita vers elle.
La fille Délavigna fut accueillie par tous les présents ; ses parents, la famille
Donerm au complet, Glaème, Lily et Anita, accompagnées de leurs parents. Elle
était visiblement attendue pour que la fête commence réellement, pourtant elle
s’isola de nouveau rapidement et discrètement pour passer un appel. Elle avait
décidé de complètement changer ses projets pour la rentrée suivante.
Bucky ne réapparut qu’une dizaine de minutes plus tard. Son père se pressa
à sa rencontre. Le comportement de sa fille le tracassait clairement. Bucky s’en
aperçu immédiatement.
- Oui papa, j’ai simplement pris une décision concernant mon avenir.
Son père la regarda avec insistance en plissant les yeux. Il appréhendait les
dires de sa fille. Sans même répondre, il fit comprendre à sa fille de développer le
fond de sa pensée.
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- Bucky, je sais que la mort de Béhuit t’a affectée et c’est tout à fait normal,
mais ne gâche pas ton avenir à New-York pour lui. Ce n’est pas ce qu’il souhaitait.
- J’ai un nouvel entretien prévu au Moulin Rouge, demain. Béhuit rêvait que
je danse dans ce cabaret… je veux lui offrir ce cadeau ! Je sens qu’il fait partie de
moi… et en moi, il est encore un peu en vie.
Le père de Bucky connaissait très bien sa fille qui avait toujours été
indépendante dans ses choix. D’un simple geste de la tête, elle lui fit comprendre
qu’il était inutile d’essayer de la faire revenir sur sa décision.
Elle prit son père dans ses bras. Elle eut le droit à un tendre bisou paternel
en retour.
- Papa, je sais que cela n’était pas non plus prévu, mais je vais peut-être
aussi continuer mes études en plus du Moulin Rouge.
- Et quelles études ?
- Quoi que tu fasses ma fille, ta mère et moi, nous serons toujours fiers de
toi !
Encore une étreinte avant que son père rejoigne sa mère, et qu’elle, se dirige
vers Nolwenn pour lui demander un aparté. Nolwenn semblait intriguée par la
demande de son amie.
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- Je voulais savoir si tu avais des nouvelles pour septembre ? Lui demanda
Bucky.
- L’ENVA n’attendait plus que mon diplôme pour me confirmer une place
directement en troisième année, je leur envoie mon certificat de réussite dès ce
soir, répondit-elle.
- J’en ai bien peur, mes parents me cherchent une voiture pas trop chère,
car j’en ai pour plus d’une heure trente en transport en commun contre moins d’une
heure si je suis véhiculée. J’ai bien essayé de me trouver un studio pour me
rapprocher, mais c’est totalement hors budget familial.
- Je ne t’ai jamais parlé d’argent ! J’ai tout de même le droit d’héberger une
amie à titre gracieux dans mon futur chez moi !
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Nolwenn exulta de joie, voyant son principal souci s’envoler grâce à sa
meilleure amie.
- Paillette va venir vivre aussi avec nous ! Je vais avoir besoin de quelqu’un
pour s’occuper de sa santé.
- Vu les portions que tu lui donnes à manger, je vais avoir intérêt à surveiller
tout ça de près au risque que ton chat finisse rapidement obèse, rigola Nolwenn.
C’était fait ! Bucky avait sa ligne directrice toute tracée, planifiée. Ne lui
restait plus qu’une chose à faire ; savoir comment intégrer l’U3I de manière plus
précise. Elle était déterminée à savoir qui était véritablement l’amour de sa
vie ainsi que les causes réelles de sa mort. Paradoxalement, c’était la seule façon
pour elle de passer à autre chose.
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