Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
SOMMAIRE
2
3
VI – METHODOLOGIE
3
4
I - ORIGINE DES
SURTENSIONS
Pour que la tension à l’utilisation (basse ten-
sion ou moyenne tension) soit contenue dans
une tolérance acceptable par les appareils, le
1.1. PHENOMENE TRANSITOIRE
distributeur d’énergie est contraint d’adapter
en permanence la tension en tête des lignes de
On définit par phénomène transitoire,
transport. Cette opération s’effectue au niveau
l’évolution des surtensions entre deux états de
des transformateurs en commutant certains
fonctionnement permanent.
enroulements et en commutant des batteries de
condensateurs. L’ importance des surtensions
1.2. SURTENSION qui en découlent est aléatoire et dépend parti-
culièrement de l’angle de phase de déclen-
On qualifie de surtension toute tension fonc- chement.
tion du temps qui dépasse la tension crête de
régime permanent à sa tolérance maximale. Ces surtensions de « manœuvre » sont aussi
appelées surtensions harmoniques (1) car leur
1.3. RESEAU DE DISTRIBUTION fréquence d’oscillation amortie est très sou-
D’ENERGIE vent un multiple de la fréquence du réseau.
4
5
(1) ne pas confondre les harmoniques de tension énergies développées sont telles que les
avec les harmoniques de courtant qui ne font pas conducteurs peuvent disparaître. Les dégâts
du tout l’objet de cette étude. sur les appareils de tête d’installation sont
importants (compteurs, disjoncteurs)
5
6
6
7
U = L di/dt L = 10 –6
di 100 x 10 3
dt 10 x 10 –6
U = 10 000 Volts
7
8
Figure 2
Argile plastique……………………………………………… 50
Marnes et argiles compactes……………………………… 100 à 200
Marnes du jurassique………………………………………. 30 à 40
Figure 3
8
9
Le niveau kéraunique Nk est défini comme Toutefois, le degré d’exposition est moindre
le nombre de jours orageux par année lorsque le réseau est fortement maillé comme
(Météorage donne la densité de foudroiement en zone urbaine. Mais attention, il s’agit d’une
Ng). Un jour est qualifié orageux si l’on peut observation statistique et il existe malgré tout
entendre au moins un coup de tonnerre au lieu des sites exposés en zone urbaine.
d’observation fixé. Exemple en Auvergne, le
Nk est de 25 et en Bretagne de 10. L’analyse du risque proposée dans le guide
pratique NF C 15-443 (1) est une bonne ap-
L’expérience ne montre pas la corrélation proche, il lui manque toutefois un coefficient
absolue entre le niveau kéraunique et les sites de réseau maillé et un coefficient de résistivité
exposés. On trouve beaucoup de sites exposés du sol.
en Bretagne, contre toute attente.
1.5.4. – Couplage capacitif
Les véritables raisons ne sont pas bien éluci-
dées, mais on peut avancer la notion de reliefs Très souvent, la terre est considérée comme
qui concentrent les lignes de champ équipotentielle. Cette affirmation, si elle est
(1.5.3.4.1.) sans que ce soit en rapport avec exacte lorsqu’on observe avec des moyens
l’altitude. limités au 1/10e de seconde, ne l’est pas du
tout en électrocinétique, lorsqu’on observe
La constitution du sol, par ses irrégularités, avec des moyens allant de la milliseconde (ms)
concentre les lignes de champ. Le sol et le à la nanoseconde (ns).
sous-sol sont plus ou moins bons conducteurs
(granit). Tous ces facteurs amplifient ou non Dès qu’un écoulement de courant se produit
les effets de la foudre (figure 3). dans le sol, les différences de potentiel longi-
tudinales entre deux points A et D (figure 4)
Un autre aspect est lui, par contre mieux connu sont régies par des lois où interviennent des
depuis les travaux auxquels nous avons déjà facteurs comme l’intensité et la variation de
fait allusion (1.5.3.1.), c’est la possibilité l’intensité dans le temps (di/dt).
d’avoir d’importantes variations de champ
électrique au niveau du sol avec « un temps Ces chutes de tension longitudinales peuvent
orageux » sans entendre le tonnerre. En alors prendre des valeurs extrêmement impor-
d’autres termes, on recueille les effets pervers tantes si I ou di/dt sont élevés.
de la foudre sans que le coup de foudre se
produise. Or, nous l’avons vu, le niveau ké- L’origine de l’écoulement de terre peut être un
raunique ne compte que les jours orageux avec défaut de la ligne d’énergie, un coup de foudre
tonnerre et Météorage ne compte que les sur le pylône de la ligne d’énergie, le fonc-
impacts au sol. tionnement d’un paratonnerre ou un coup de
foudre proche.
9
10
zaines de mètres), tandis que la distance entre gaine, dans les capacités, a une influence sous
B et C est de plusieurs kilomètres. forme inductive.
10
11
11
12
12
13
En d’autres termes, c’est la masse de l’appareil C’est le même phénomène qui se produit pour
qui assure le retour du courant et non plus la les imperfections de fabrication qui font que
terre. Plus la masse est importante (cuivre et tout composant actif électronique a un taux de
fer) et complexe (aspérités), plus le courant défaut décroissant durant les 500 premières
peut être grand. heures.
Nous retrouverons en 5.4. l’obligation pour Pour les composants haute impédance, la
une surtension de créer un courant pour dispa- fragilisation ne s’effectue pas tout à fait de la
raître. même manière. La description précédente
Note : sur une carte électronique, tous les concernant les composants de puissance donne
condensateurs reliés à la masse servent égale- tout de même une idée du processus.
ment à écouler les courants baladeurs.
2.3. – DANGER POUR LES
2.2.2. – Fragilisation PERSONNES
Une constatation bien simple nous donne une Les pics de surtensions de durées très courtes
bonne idée de la fragilisation. Notre calcula- sont totalement inoffensifs, tout au plus, ils
trice de poche ne sera jamais en panne, ou plus sont assimilables à une décharge d’électricité
exactement, le circuit intégré de celle-ci ne statique désagréable mais inoffensive (portes
sera jamais en panne, car la calculatrice est des voitures).
alimentée par une pile et aucun fil reliant le
circuit intégré n’est assez long pour être le Les écoulements à la terre élevés, suite à des
siège d’une surtension induite par variation de décharges de foudre, peuvent introduire un
champ électrique ou rayonnement électroma- certain danger pour les personnes (tension de
gnétique. En conséquence, elle n’est jamais pas, élévations de potentiel de certaines mas-
soumise à une surtension. ses métalliques). Nous ne pouvons dans ces
lignes, décrire ces phénomènes, mais on re-
La fragilisation, c’est le processus de destruc- tiendra que ceux-ci sont plus dangereux dans –
tion d’une jonction après avoir été soumise à les zones à sol et sous-sol de forte résistivité
une succession de surtensions répétitives. Pour (figure 3).
bien comprendre ce phénomène, on peut pren-
dre le cas de la destruction d’une pastille d’un
composant de puissance. Les premiers pics de
surtension vont réaliser un ou plusieurs micro- III – PROPAGATION DES
claquages de la pastille, c’est-à-dire qu’en SURTENSIONS
certains endroits microscopiques, la pastille
n’a plus ses caractéristiques d’homogénéité, de 3.1. – ONDE DE SURTENSION
pureté du cristal.
Pour étudier le cheminement d’une surtension,
En cet endroit précis, le courant ne circule plus nous sommes obligés de l’assimiler à une onde
et de ce fait, le courant est plus fort aux alen- qui se propage sur des conducteurs et qu’il est
tours de ce microclaquage, un échauffement possible de décomposer en séries de Fourrier.
local va en résulter, ainsi qu’une plus grande Compte tenu du type de génération des ondes
fragilité pour les prochaines surtensions, si de surtension dangereuses, nous considérerons
bien que chaque microclaquage a tendance à que l’onde est véhiculée par un seul conduc-
s’agrandir. teur. Elle est en effet toujours produite par
rapport à la terre ou par rapport à une masse
(voir V).
13
14
14
15
3.5. – AMPLIFICATIONS
Les photocoupleurs ont également des capaci-
Les circuits oscillants accordés sur une fré- tés parasites. Seul un photocoupleur dont la
quence, amplifient la surtension (3.2.). On fibre optique de transmission aurait une lon-
imagine donc facilement que la combinaison gueur d’au moins une dizaine de centimètres,
inductance capacité des différentes configura- et dont les entrées et sorties seraient également
tions du réseau soit amplificatrice pour certai- séparées par la même distance, pourrait être un
nes fréquences des spectres de surtensions véritable écran aux surtensions.
abordant ces configurations. Cela peut être le
cas dans les filtres ou les transformateurs 3.7. – TRANSMISSION PAR LES
d’alimentation des appareils électroni- CHEMINS DE CABLE
ques.(figure 6)
Deux câbles qui se longent pendant des dizai-
3.6. - TRANSMISSION A TRAVERS nes de mètres et même quelques mètres, peu-
LES TRANSFORMATEURS vent se comporter comme un transformateur.
ET LES PHOTOCOUPLEURS Les variations de tension (dv/dt) sont très
grandes, celles-ci sont susceptibles, par le fait,
Le schéma équivalent d’un transformateur est d’engendrer des variations de courant (di/dt)
celui de la figure 6. 99 % du spectre incident très grandes et par conséquent des surtensions
est absorbé ou écoulé. dans les conducteurs voisins par couplage
électromagnétique.
Approximativement 1 % du spectre incident
est transmis ou amplifié jusqu’à 5 fois la ten- Il faut souligner que les conducteurs de cuivre
sion nominale de la fréquence de résonance. nus d’équipotentialité des masses ou des terres
ne devraient pas utiliser les chemins de câble
Certains transformateurs sont construits spé- car ils sont le siège de di/dt importants lorsque
cialement pour ne pas transmettre les surten- les terres ou les masses se rééquilibrent. Il
sions, mais leur rendement est nettement s’agit d’un couplage inductif dans la boucle
moins bon. formée par le conducteur et la terre (figure 7).
L’effet réducteur d’un blindage ou d’un élé-
ment en fer n’est valable que si le courant
d’équilibrage passe ailleurs, c’est le principe
de l’équipotentialité en mailles.
Figure 6
Figure 7
Les différentes capacités du schéma équivalent
d’un transformateur, associées aux inductances
des bobinages, sont susceptibles de présenter des
fréquences de résonance. Si ces fréquences se
trouvent dans le spectre d’une éventuelle surten-
sion, celle-ci se trouvera amplifiée.
15
16
16
17
Tension résiduelle maximum en fonction de la raideur du front et du courant pour une varistance 40 joules,
un tube à gaz ionisé et un FUSADEE
Figure 8
17
18
Un parafoudre mal installé peut provoquer des A l’intérieur du parafoudre, nous avons repré-
surtensions lors de son amorçage particulière- senté son circuit équivalent avec sa capacité
ment lorsque la ligne qui le relie à la terre propre C, son inductance propre L. P repré-
longe d’autres câbles. Le très grand di/dt des sente l’élément actif débarrassé de sa propre
bons parafoudres crée un couplage inductif capacité et de sa propre inductance. Nous
et donc une surtension sur ces autres lignes l’avons vu, du point de vue fonction écrêtage,
(voir 3.7.). la capacité n’est pas du tout néfaste (4.5.),
mais elle est choisie faible pour ne pas pertur-
4.5. – POSSEDER UNE FAIBLE ber le régime permanent de la ligne. Cette
capacité ne peut donc se charger que par un
CAPACITE
courant très faible. Ce courant, à travers la
capacité, n’a pas de retard, mais, par contre, il
4.5.1. – Capacité propre du parafoudre
n’en est pas de même pour la branche LP du
parafoudre. L’élément actif P du parafoudre
Cette capacité ne gêne pas la fonction
sera retardé dans son action de créer un cou-
d’écoulement d’une surtension, au contraire,
rant rapidement élevé di/dt très grand par
elle diminue le temps de réponse puisque la
l’inductance L
conduction est instantanée à travers cette
capacité. Cette capacité est indésirable uni-
quement lorsque la tension de service est une
tension HF, les signaux peuvent être déformés.
18
19
Nous comprenons pourquoi il est si important La destruction des varistances est en effet un
que l’inductance propre du parafoudre soit très phénomène non aléatoire, mais, au contraire,
faible. Il est illusoire d’utiliser en P des élé- absolument certain, et cela après qu’elles aient
ments rapides si l’inductance L annule ces absorbé une certaine quantité d’énergie (figure
effets. Par exemple, si la rapidité de P est de 10). Les protections à varistance doivent donc
l’ordre de la nanoseconde, une inductance L intégrer 2 déconnecteurs, l’un thermique situé
de quelques microHenry ramènera cette rapidi- dans la protection, l’autre limiteur de courant
té à la microseconde pour une montée en dans ou hors de la protection.
courant vers 1 000 ampères.
La norme NFC 61-740 exige ces déconnec-
Les constructeurs de parafoudres cherchent à teurs.
combiner les avantages des divers composants
disponibles (éclateurs, varistances, zeners),
mais l’inconvénient majeur de ces « mixages »
est de créer des inductances par la multiplica-
tion des connexions. Ces inductances peuvent
être très néfastes et il est totalement anormal
que l’inductance propre d’un parafoudre ne
fasse pas partie des caractéristiques courantes
annoncées par les constructeurs.
Voir 4.10.2.
Figure 10
4.7. – ETRE FIABLES
La varistance V250HE couramment utilisée
est détruite soit par une impulsion de 5 000 A
4.7.1. – Coup de foudre direct de durée 100 µs, soit par 10 impulsions de
1 000 A de durée 100 µs, soit par 10 000 im-
La fiabilité, c’est la qualité qui consiste à pulsions de 100 A de durée 100 µs.
garantir l’efficacité du dispositif parafoudre
quoiqu’il arrive. Or, en matière de foudre, il Souvent, l’action du ou des déconnecteurs
peut se passer des choses surprenantes et déconnecte le parafoudre et la protection
imprévues, particulièrement des coups de disparaît.
foudre directs qui détruisent le parafoudre.
Tout le monde a vu ces blocs noircis, éclatés, Si la destruction des varistances est certaine,
volatilisés et aucun constructeur ne peut y celle-ci n’est pas prévisible car il est impossi-
échapper. Heureusement, ces cas sont relati- ble de mesurer à un instant donné la quantité
vement rares, mais il est possible de concevoir d’énergie déjà absorbée. Pourtant, ce début de
des parafoudres qui protègent avant destruction s’accompagne d’une légère chute
d’exploser. de tension de seuil et une mesure fine de cette
tension permettrait de prévoir la destruction.
4.7.2. – Cas des varistances
Compte tenu de cette déconnexion aléatoire,
Si la destruction aléatoire d’un parafoudre est certains constructeurs ont eu l'idée de doubler
compréhensible, et doit être considérée comme le dispositif. C’est évidemment une solution,
un risque acceptable, le cas des varistances mais à notre avis, il faudrait au moins le tripler
mérite un examen particulier. et même le quadrupler car la probabilité pour
que les deux dispositifs meurent en même
temps est très élevée.
19
20
En effet, les varistances des deux dispositifs Le grand pouvoir d’écoulement est en fait
ayant absorbé les mêmes surtensions pendant nécessaire dans quatre cas :
une même période, sont à un degré de destruc-
tion voisin et la surtension de plus grande - Coup de foudre très proche ou direct :
amplitude qui surviendra dépassera de loin Dans ce cas, un pouvoir d’écoulement de
l’énergie limite pour chacun des ensembles, la 5 kA (onde 8/20) est bien trop faible.
destruction sera donc instantanée pour les
deux blocs. - Surtension de manœuvre :
lorsque le parafoudre est proche de la
4.8. – AVOIR UN GRAND source. En effet, ces surtensions sont
POUVOIR D’ECOULEMENT produites par des sources d’impédance
très faibles (transformateurs, machines
Cette qualité n’est pas mentionnée par industrielles) et donc peuvent générer
Messieurs Aguet et Ianovici (4.1.) et pourtant, des courants très élevés (jusqu’à 3 kA).
c’est le seul point mis en avant par tous les
constructeurs. Qu’en est-il vraiment ? - Surtensions temporaires :
les courants générés peuvent atteindre
A notre avis, c’est un problème statistique : 10 kA.
Le grand pouvoir d’écoulement est nécessaire - Courant de suite sur les lignes réseaux :
pour des probabilités faibles de voir réunies les dans ce cas, il s’agit de pouvoir écouler
conditions de générations de surtensions, de le courant provoqué par le réseau
conditions de transmission et de conditions de d’énergie lui-même (230 V mode com-
réceptions. mun, 400 V en mode différentiel). Lors-
qu’au cours de l’amorçage la tension du
Pour nous en expliquer, nous vous invitons à parafoudre est descendue en-dessous de
reprendre notre chapitre 1 et particulièrement la tension de service, le réseau a ten-
le paragraphe 1.5.3. après avoir précisé qu’il dance à provoquer un courant dans cette
s’agissait de la production de surtension la impédance qui n’est plus infinie. Si le
plus probable. parafoudre n’a pas la capacité d’écouler
le courant du réseau jusqu’à ce que les
Dans ce paragraphe, il est mentionné les mesu- protections fonctionnent, il explose.
res de St Privat d’Allier sur une
ligne moyenne tension située en son point le 4.9. – IMPOSSIBILITE DE PLACER
plus près à 50 m du point d’impact. Le lecteur LES PROTECTIONS AU NIVEAU
averti aura sûrement remarqué que si les ten- DES CARTES ELECTRONIQUES
sions mesurées étaient élevées (74 000 V), les
fronts de montée étaient également élevées Note liminaire
(60 kV/µs) l’intensité en résultant était ridicu-
lement faible (86 ampères), en tout cas sans Fort heureusement, les fronts très raides attei-
commune mesure avec l’intensité de foudre gnent rarement le cœur des gros ordinateurs,
elle-même (maxi mesuré à St Privat = 40 kA). car ils sont atténués par les innombrables
embûches qu’ils trouvent sur leur chemin
Ce grand pouvoir d’écoulement n’est donc pas (transformateur ferrorésonnants, onduleurs,
nécessaire dans le cas le plus probable des longueur de ligne). Ne sont, par contre, pas à
surtensions de foudre, à savoir l’induction l’abri, certains périphériques et interfaces.
électromagnétique.
20
21
Soulignons qu’en utilisant le mot « rarement », Le temps que le courant s’établisse entre A et
nous n’excluons pas la possibilité d’effets plus E (figure 9), le front aura parcouru sur le
profondément destructeurs, cela, en particulier, conducteur en direction de la carte électroni-
sur des sites isolés ou « sensibles » (voir cha- que B une distance non négligeable et souvent
pitre I – Origine des surtensions). même arrivé en B avant que le courant entre A
et T soit établi.
Lorsqu’un front raide de forte énergie atteint
une carte, aucune protection n’est possible. On retrouve l’importance de ne pas placer la
protection près de la carte sensible.
Pourquoi ?
4.10.1. – Effet d’accumulation d’une
Essentiellement parce qu’aucun retour n’est inductance
possible, si bien que l’énergie du front va se
dissiper dans les différents composants en Lorsque le front atteint I (figure 9), cela signi-
réalisant les dommages les plus importants à fie que tous les électrons libres du cuivre entre
ceux qui ont une impédance élevée. A et I sont excités à un certain niveau
d’énergie de « vibration » que l’on peut tra-
Si l’on dispose une jonction zener aux bornes duire par l’existence d’un potentiel entre tous
de l’alimentation de la carte, celle-ci ne se les points du conducteur et la terre. Si un
mettra pas en conduction car l’impédance de courant est créé entre A et T, cet état
retour est infinie pour les fronts raides, la terre d’excitation va disparaître par l’écoulement du
est trop loin. Pour être plus exact, nous dirons courant. Il y aura même un courant non
plutôt qu’un très faible courant peut se créer, conservatif (J.J. MORF EPFL) de retour de I
dû à la charge capacitive des masses de la vers A et donc un effet de disparition de la
carte et des masses de la machine si elles sont surtension ou d’une manière plus imagée, le
très près. Ce courant, bien qu’il puisse contri- conducteur entre A et I va se « vider » de son
buer à diminuer la raideur du front, n’aura pas potentiel à travers l’écoulement de A vers T.
d’effet véritablement significatif. Quant aux
capacités, elles ont également très peu de Par contre, si la surtension a atteint l’induc-
possibilités d’atténuation. Au moment où elles tance I, celle-ci va créer un effet de barrage
se chargent, elles déforment, bien sûr, une pour le retour vers A de l’écoulement et une
partie du front, mais le restituent aussitôt. partie du potentiel va atteindre la carte B.
Nous avons vu en 3.8. que le front de surten- Entre A et C , il s’agit de parcourir un chemin
sion franchit 1,5 m de ligne toutes les 10 ns, il à la vitesse de 15 cm par nanoseconde. Cette
se propage donc à la vitesse de 15 cm par vitesse est grande, mais comme nous venons
nanoseconde. de le voir, il n’y a pas une nanoseconde à
perdre et cette distance doit être réduite.
21
22
Elle peut être nulle si le fil conducteur vers L’addition de tous ces temps donne le vérita-
l’appareil est branché directement aux bornes ble temps de réponse d’un parafoudre.
du parafoudre soit A et C confondus.. Cette
connexion est indispensable en téléphonie ou Prenons quelques exemples :
courants faibles.
Si le temps de réponse de P est de 1 µs (écla-
- entre C et D, il s’agit du temps de mise teurs les plus rapides), l’onde de surtension
en conduction de l’élément P augmenté peut parcourir au moins 1 000 x 15 cm, soit
du temps de retard de l’inductance L, la 150 m, avant que le parafoudre s’amorce.
capacité C étant négligeable.
Le temps d’ionisation de la terre (1 µs) laisse-
- entre D et E, il s’agit de parcourir un rait parcourir 150 m à l’onde, s’il n’existait pas
chemin, celui-ci doit être très court et les deux autres modes de conduction cités plus
sans inductance, car celle-ci va augmen- haut.
ter le retard.
Pour réduire le temps de mise en conduction
- entre E et F, la conduction s’effectue en de A vers T, nous ne pouvons agir que sur P, L
trois temps. Dans un premier temps, le et sur la forme de la prise de terre. En effet, la
courant effectue la charge « statique » distance entre D et E, même très courte, pré-
(ou capacitive) des bornes de prise de sente déjà quelques mètres, voire quelques
terre, plus leur masse est importante, dizaines de mètres et c’est autant de dizaines
plus le courant de charge « statique » est de mètres que parcourra l’onde vers I.
élevé. Ce courant s’établit instantané-
ment comme dans un condensateur. Sur Pour augmenter la valeur du courant de charge
chacune des bornes de l’étoile, il capacitive des masses de la prise de terre
s’établit un courant non conservatif (J.J. (phénomène le plus rapide), il faut augmenter
MORF) c’est-à-dire que le courant est la masse de tous les éléments métalliques de la
plus élevé en E (valeur maxi) qu’en F de connexion de terre (fils de grosse section 16
la même barre (valeur nulle). Dans un ou 32 mm²), piquets de terre de gros diamètre
deuxième temps, il va s’établir un cou- plantés en étoile ou en patte d’oie. Cette
rant par conduction galvanique qui ne charge capacitive très rapide n’a plus d’effet
sera retardé que par les inductances pro- au-delà de 5 m d’un conducteur linéaire.
pres des conducteurs et de la terre.
L’addition des masses ne peut donc se faire
L’inductance d’une prise de terre hémis- qu’en étoile au point de raccordement du
phérique est nulle. Les inductances des câble.
prises de terre courantes sont très faibles
et presque négligeables ; par contre, la La connexion d’une masse métallique impor-
conduction galvanique ne permet pas des tante directement au parafoudre accentue le
courants élevés car les matériaux ont de premier écoulement du front (figure 9). En
fortes résistivités. Dans un troisième « captant » le premier di/dt, elle évite une
temps (1 µs), les barres de l’étoile cons- surtension secondaire créée entre D et E
tituant la prise de terre vont transmettre (U = Ldi/dt).
leur excitation à leur environnement par
l’ionisation des solutions de sels dans
l’eau de leur voisinage. Dans un qua-
trième temps, il se produira des micro-
claquages sous l’effet d’un fort courant.
22
23
23
24
En se reportant au chapitre I, on peut noter que Il faut au moins 3 000 V pendant 1 ms pour
les perturbations électromagnétiques de ma- claquer un isolant normalement dimensionné.
nœuvre (1.3.1.) peuvent créer des surtensions Les appareils ne sont donc apparemment pas
en mode différentiel. Il s’agit de celles créées très sensibles aux surtensions en mode
par les récepteurs tels que : moteurs, soudeu- commun.
ses, fours, thyristors (quoique ces appareils
puissent être connectés à la terre et qu’il puisse Remarques
exister une composante à la terre). Ces surten-
sions en mode différentiel apparaissent surtout Les appareils électroniques sont en général
en régime de neutre isolé. branchés entre phase et neutre, et on pourrait
en conclure qu’ils sont sensibles uniquement
Les appareils du réseau (transformateurs, aux surtensions en mode différentiel.
condensateurs) créent, eux, toujours leurs
surtensions en mode commun puisqu’ils sont Les circuits intégrés des appareils téléphoni-
tous connectés à la terre. ques sont branchés sur une paire téléphonique
avec isolement ou non par photocoupleur et on
24
25
Si cette subdivision était si simple, il n’y aurait Au contraire, si le parafoudre est relié à la terre
pas de casse puisque les surtensions sont (mode commun), les inévitables composantes
produites en mode commun et que les appa- en mode commun de la surtension en mode
reils sont sensibles en mode différentiel. différentiel seront évacuées rapidement à la
terre et il ne subsistera que des restes sans
Notons tout d’abord que le neutre est connecté danger.
à la terre au transformateur, il en découle donc
que toute surtension réseaux a une composante En mode différentiel, il n’est possible
mode commun et une composante phase neu- d’évacuer que des fréquences basses (quelques
tre (mode différentiel). En conséquence, les dizaines de khZ). Ces surtensions sont très
appareils branchés entre phase et neutre sont bien filtrées par les conditionneurs de réseau,
touchés. alimentations stabilisées, transformateurs
ferrorésonnants, et ne font pas partie, à notre
Nous avons vu au chapitre II que la propaga- avis, du domaine des parafoudres.
tion des surtensions s’effectuait sur un seul
conducteur, donc en mode commun, et que les Il s’ensuit qu’une protection efficace est mon-
appareils (4.9.) étaient sensibles à ce pic de tée impérativement en mode commun.
surtension libérant son énergie dans les puces
de circuit intégré, le retour du courant étant N.B. : Deux protections identiques en mode
tout simplement les masses de connexions de commun réalisent une protection au double
« masse ». Dans ce cas, la destruction se fait des tensions de seuil en mode différentiel.
sans retour de l’onde, c’est-à-dire sans conduc-
teur de retour et donc intégralement en mode
commun.
VI – METHODOLOGIE
D’autre part, nous venons de voir (5.2.) que
toute surtension en mode commun a une com-
posante en mode différentiel et vice-versa, il Pour aborder une opération de protection, il
résulte de tout ceci, d’une manière assez sur- faut avoir présent à l’esprit l’ensemble de ce
prenante, que tous les appareils sont affectés qui vient d’être exposé, savoir que le problème
par les surtensions en mode commun. ne se résout pas uniquement en utilisant des
parafoudres performants, savoir que la protec-
5.4. PROCESSUS D’ELIMINATION tion de l’alimentation ne suffit pas toujours.
D’UNE SURTENSION
Il y a un ensemble de précautions à prendre
Nous avons vu qu’il faut créer un courant pour outre veiller aux alimentations, il faut être
évacuer l’énergie de la surtension. En mode attentif au cheminement des entrées et des
différentiel, si une surtension survient par sorties et aux connexions de terre.
exemple entre deux phases du réseau et que sa
raideur est assez grande (plus de 1 000 V/µs), Une autre approche consiste à observer « la
son énergie devrait être dissipée par le para- casse » et à disposer des protections sur les
foudre branché entre les deux phases en ques- conducteurs qui paraissent véhiculer la surten-
tion. Le parafoudre ne dissipe de l’énergie que sion. La casse suivante donnant la preuve ou
si un courant est créé (W = UIt). Compte tenu non du bien-fondé de l’intervention. Cette
de la raideur du front, le courant va mettre approche doit évidemment se faire en ayant
plusieurs dizaines de microsecondes à bien en mémoire les principes précédemment
s’établir, car la ligne de retour va jusqu’au énoncés.
25
26
Figure 13
26
27
Pour éviter cet inconvénient, il y a deux re- D’où l’intérêt d’une bonne Terre ; c’est la
commandations simples à respecter : meilleure certitude dans cet océan
d’incertitudes.
Avoir une bonne terre :
Citons :
- les tuyaux d’alimentation en eau, qui sont
souvent en cuivre (l’installateur a évidemment
raccordé la baignoire à la borne-terre du ta-
bleau, par un fil vert-jaune).
- dans l’agriculture, les installations de traite,
les abreuvoirs, les silos métalliques.
- dans l’industrie, les charpentes métalliques et
les bâtis de machine.
27