Vous êtes sur la page 1sur 27

GENERALITES FOUDRE

SOMMAIRE

I – ORIGINE DES SURTENSIONS


1.1. PHENOMENE TRANSITOIRE
1.2. SURTENTION
1.3. RESEAU DE DISTRIBUTION D’ENERGIE
1.3.1. Perturbation électromagnétique de manœuvre
1.3.2. Défauts de réseau
1.3.3. Importance des surtensions générées par le réseau
1.4. RESEAU DE TELECOMMUNICATIONS
1.5. FOUDRE
1.5.1. Chute directe sur une ligne
1.5.2. Chute directe sur des masses métalliques
1.5.3. Induction électromagnétique
1.5.3.1. Quelques chiffres
1.5.3.2. Processus
1.5.3.3. Exemples
1.5.3.4. Site exposé ou non exposé
1.5.3.4.1. Facteurs d’accentuation
1.5.3.4.2. Site exposé et niveau kéraunique
1.5.3.4.3 Un site exposé est-il identifiable à priori ?
1.5.4. Couplage capacitif
1.5.5. Remontée de potentiel par la terre

II – EFFETS DES SURTENSIONS


2.1. CLAQUAGES
2.2. DESTRUCTION DES COMPOSANTS ELECTRONIQUES
2.2.1. Sensibilité aux fronts raides
2.2.2. Fragilisation
2.3. DANGER POUR LES PERSONNES

III – PROPAGATION DES SURTENSIONS


3.1. ONDE DE SURTENSION
3.2. ONDE DE MANŒUVRE
3.3. ONDE DE FOUDRE
3.4. ATTENUATIONS
3.5. AMPLIFICATIONS
3.6. TRANSMISSION A TRAVERS LES TRANSFORMATEURS
ET LES PHOTOCOUPLEURS
3.7. TRANSMISSION PAR LES CHEMINS DE CABLE

2
3

3.8. VITESSE DE PROPAGATION


3.9. SURTENSIONS SECONDAIRES
IV - QUALITES D’UNE PROTECTION
4.1. INTRODUCTION
4.2. TEMPS DE REPONSE
4.2.1. Définition
4.2.2. Courbes tensions – courants – fronts
4.3. FORTE RESISTANCE A L’ETAT DE VEILLE
4.4. EVITER QUE LE DISPOSITIF NE PROVOQUE UNE SURTENSION
4.5. POSSEDER UNE FAIBLE CAPACITE
4.5.1. Capacité propre du parafoudre
4.5.2. Ordres de grandeur
4.6. POSSEDER UNE FAIBLE INDUCTIVITE
4.6.1. Compréhension du processus
4.6.2. Effet bénéfique des masses
4.7. ETRE FIABLES
4.7.1. Coup de foudre direct
4.7.2. Cas des varistances
4.8. AVOIR UN GRAND POUVOIR D’ECOULEMENT
4.9. IMPOSSIBILITE DE PLACER LES PROTECTIONS AU NIVEAU
DES CARTES ELECTRONIQUES
4.10. PLACE D’UNE PROTECTION
4.10.1. Effet d’accumulation d’une inductance
4.10.2.Processus de mise en conduction du parafoudre
4.11. COMPATIBILITE DES PROTECTIONS SURTENSIONS SECTEUR
AVEC LES DIVERSES PROTECTIONS RESEAU D’ENERGIE
4.11.1. Disjonctions intempestives des disjoncteurs différentiels
4.11.2. Destruction de la protection en court-circuit
4.12. CONCLUSION

V – MODE COMMUN, MODE DIFFERENTIEL


5.1. DEFINITION
5.2. PRODUCTION DES SURTENSIONS
5.3. SENSIBILITE DES APPAREILS
5.4. PROCESSUS D’ELIMINATION D’UNE SURTENSION

VI – METHODOLOGIE

VII – VALEURS DE TERRE

3
4

transport ainsi que des variations de l’énergie


réactive.

I - ORIGINE DES
SURTENSIONS
Pour que la tension à l’utilisation (basse ten-
sion ou moyenne tension) soit contenue dans
une tolérance acceptable par les appareils, le
1.1. PHENOMENE TRANSITOIRE
distributeur d’énergie est contraint d’adapter
en permanence la tension en tête des lignes de
On définit par phénomène transitoire,
transport. Cette opération s’effectue au niveau
l’évolution des surtensions entre deux états de
des transformateurs en commutant certains
fonctionnement permanent.
enroulements et en commutant des batteries de
condensateurs. L’ importance des surtensions
1.2. SURTENSION qui en découlent est aléatoire et dépend parti-
culièrement de l’angle de phase de déclen-
On qualifie de surtension toute tension fonc- chement.
tion du temps qui dépasse la tension crête de
régime permanent à sa tolérance maximale. Ces surtensions de « manœuvre » sont aussi
appelées surtensions harmoniques (1) car leur
1.3. RESEAU DE DISTRIBUTION fréquence d’oscillation amortie est très sou-
D’ENERGIE vent un multiple de la fréquence du réseau.

1.3.1. Perturbation électromagnétique de Citons, à titre d’exemple, des mesures faites


manœuvre dans les sous-sols de la Tour Elf à Paris la
Défense, en 1991, crête à 12 kV en 15 ns dues
On peut établir une liste d’appareils qui, lors à des harmoniques véhiculées par les lignes
de commutations, peuvent générer des surten- équipotentielles.
sion de manœuvre. Nous ne citerons que quel-
ques-uns de ceux créant des surtensions signi- 1.3.2. Défauts du réseau
ficatives :
Citons quelques types de défauts :
- moteurs puissants
- générateurs à ultrasons - arbre touchant une ligne
- soudure à arc - isolateur encrassé
- four micro-ondes - défaut de connexion
- régulateurs à thyristors ou triacs - défaut de terre
- variateurs de vitesse
- disjoncteurs Ces défauts provoquent des courants élevés à
- transformateurs la terre.
- condensateurs (MT ou BT)
En général, ceux-ci s’accompagnent d’une
Pour ces deux derniers appareils, il est impor- disjonction et d’un réenclenchement en charge
tant de savoir que la charge du réseau est du disjoncteur. Les surtensions sont alors dues
variable au cours d’une journée ou d’une principalement à des phénomènes de réflexion
année. d’onde amplifiés par les charges résiduelles.

Cette variation de charge entraîne des varia-


tions de chutes de tensions dans les lignes de

4
5

(1) ne pas confondre les harmoniques de tension énergies développées sont telles que les
avec les harmoniques de courtant qui ne font pas conducteurs peuvent disparaître. Les dégâts
du tout l’objet de cette étude. sur les appareils de tête d’installation sont
importants (compteurs, disjoncteurs)

1.3.3. Importance des surtensions générées


par le réseau 1.5.2. Chute directe sur des masses
métalliques
En pratique, on constate que les surtensions de
manœuvre d’enclenchement peuvent atteindre Ce cas est relativement fréquent, c’est le pro-
jusqu’à 5 fois la valeur de crête de la tension cessus du paratonnerre sur une masse métalli-
assignée du réseau considéré (6.5.5. M. Aguet que avec des écoulements élevés à la terre. La
et J.J. Morf, Traité d’Electricité, Editions surtension est crée, soit par le rayonnement
Georgi, Suisse). Leur probabilité est très éle- électromagnétique du pylône de la structure
vée puisqu’un grand nombre de manœuvres métallique ou éventuellement du paratonnerre,
s’effectuent journellement et particulièrement soit par la montée en potentiel de la masse
entre 6 h et 9 h, à la remontée en charge du métallique (voir 1.5.4.), soit par le champ
réseau. magnétique rayonné par l’éclair.
Les surtensions sur défaut peuvent être plus Il a été mesuré lors des essais de foudre pro-
importantes, mais leur probabilité est plus voquée à ST PRIVAT D’ALLIER, des ten-
faible (1 par an environ pour un site donné). sions de 200 000 V sur un pylône de 20 mètres
Les parafoudres moyenne tension permettent de hauteur pendant quelques dizaines de mi-
une diminution importante des surtensions sur crosecondes (µs). C’est la variation extrême-
défaut, car ils évitent le déclenchement des ment rapide qui est responsable de surtensions
disjoncteurs. par couplage (voir 1.5.3.)
Ces surtensions sur défaut sont aussi appelées Il faut relativiser le risque de ce type de sur-
surtensions temporaires et leur durée s’établit tension. On sait, sur la France entière, qu’à
entre 300 ms et 5 s. chaque saison d’orage beaucoup de coups de
foudre atteignent des masses métalliques. Mais
en fait, la véritable probabilité pour un mât de
1.4. RESEAU DE TELECOMMUNI- 25 mètres de hauteur en un lieu donné quel-
CATIONS conque, est de Nk/1000 fois par an (Nk =
niveau kéraunique du lieu). En moyenne en
Les surtensions venant du réseau des Télé- France, un coup tous les 100 ans. Toutefois
communications peuvent être provoquées par cette probabilité ne tient pas compte des
la chute d’une ligne d’énergie ou plus fré- concentrations de lignes de champs (voir
quemment par couplage inductif ou capacitif 1.5.3.4.1.).
entre la ligne d’énergie et la ligne
téléphonique. 1.5.3. Induction électromagnétique

Cette fois, il s’agit de la production de surten-


1.5. FOUDRE sions, la plus fréquente, la plus pernicieuse
(effets à distance), la plus destructrice (fronts
1.5.1. Chute directe sur une ligne très raides).

C’est un processus extrêmement rare (1 fois Note liminaire :


tous les 100 ans en un lieu déterminé) ; Les

5
6

Il est important de souligner que la connais- l’électrodynamique. La loi d’ohm


sance dans ce domaine est extrêmement ré- (U = RI) ne s’applique plus, il ne s’agit que
cente (1982) et que la compréhension des d’équations différentielles introduisant les
phénomènes est loin d’être complète. variations de grandeur.

1.5.3.1. Quelques chiffres


Nous sommes obligés d’insister sur la nou-
Les mesures de ST PRIVAT D’ALLIER sur veauté de cette analyse. Nous lisons encore
une ligne d’énergie de 260 m de long située à trop souvent que des ondes de choc à front
50 m de l’impact de foudre en son point le raide (10 kV/µs à 100 kV/µs) n’existent pas
plus près, ont révélé des surtensions de sur les réseaux, qu’ils soient d’énergie ou de
74 000 V, et un courant de 86 ampères avec un télécommunications, considérant que la résis-
temps de montée de 1,2 µs (front 60 kV/µs). tance des conducteurs, l’inductance linéique,
Les mesures sur une ligne téléphonique de 2 les capacités parasites atténuent ces fronts et
fois 100 m de long située à 1 400 m de leur font perdre leur raideur avant qu’ils
l’impact de foudre en son point le plus près, n’arrivent aux appareils électroniques.
ont révélé des surtensions de 680 V à 820 V, et
un courant de 1 Ampère environ avec des Nous devons souligner le caractère totalement
temps de montée de 0,4 µs à 10 µs (front de 68 erroné de ces affirmations. Elles reposent sur
V/µs à 2 kV/µs). l’hypothèse que les ondes à front raide vien-
nent de très loin.
Des mesures faites par l’équipe du C.N.R.S. de
Grenoble rapportées lors d’une conférence à Il n’en est absolument rien, car les variations
l’Université de Paris VII le 24.04.85, ont fait de champ magnétique et de champ électrique
état de variations de champ électrique au se produisent sur une très grande surface
niveau du sol de – 10 kV/m à + 100 kV/m le autour et dans la zone orageuse. Ces variations
temps de la variation pouvant aller jusqu’à la se produisent donc tout près des habitations,
nanoseconde (ns). Ces variations n’apparais- entre deux bâtiments agricoles, en ville, etc...
sent pas toujours synchronisées avec le coup
de foudre, et le plus souvent le précèdent. L’exemple des feux de signalisation avec leurs
Elles accompagnent particulièrement les boucles de détection de véhicule est très signi-
éclairs intra-nuages extrêmement fréquents. ficatif de ces phénomènes : c’est très souvent
le premier composant en contact avec la bou-
1.5.3.2. Processus cle qui meurt lors des orages, et il s’agit de site
urbain en principe moins exposé. On a observé
L’induction électromagnétique engendrée par le même phénomène en ville pour des boucles
des champs magnétiques, par des variations de de transmission d’information, dans une sta-
champ électrique, par des variations de cou- tion-service, entre les volucompteurs.
rant, est complexe mais bien connue. On a les
moyens de calculer les effets à partir de don- 1.5.3.3. Exemples
nées précises en utilisant les Equations de
Maxwell (Gardiol, Ianovici, Zücher, Ecole Pour illustrer la formule U = L di/dt avec une
polytechnique Fédérale de Lausanne). D’une inductance L très faible, nous citerons un fait
manière simple, ce qu’il faut retenir, c’est la bien connu des installateurs de paratonnerre :
notion de temps. Plus celui-ci est court, plus pose de la descente de cuivre qui relie le para-
le processus est dangereux. C’est la varia- tonnerre à la terre
tion rapide qui engendre l’effet à distance et
cela surprend. En d’autres termes, c’est de

6
7

Cette tension très élevée oblige l’installateur à


éloigner son câble de la corniche pour éviter le
claquage.

De même dans le cas de la figure 1b, il percera


le balcon.

1.5.3.4. Site exposé ou non exposé

1.5.3.4.1. – Facteurs d’accentuation

Les aspérités au niveau du sol (végétation,


construction, relief sous-sol…) concentrent les
lignes de champ, et les électrons libres évo-
luant sous l’influence des champs très intenses
atteignent une énergie cinétique suffisante
« pour ioniser l’air ».
Sans aller jusqu’à ioniser l’air (processus du
coup de foudre) il est certain que les concen-
trations des champs apportées par les aspérités
du sol, concentrent également les variations
des champs qui sont les acteurs des surtensions
(1.5.3.2.).
Exemple : une personne avait des détériora-
tions très fréquentes d’appareils électroniques
(télévision, téléphone). Elle a constaté que ses
ennuis avaient disparu le jour ou s’est érigée
une maison d’habitation un peu au-dessus de
Figure 1 la sienne à flanc de colline.
Tous ces phénomènes sont assez mal connus.
L’installateur est obligé de contourner des On utilise la méthode statistique ou empirique
corniches (figure 1). S’il s’agissait d’un câble (figure 2) et la simulation sur ordinateur.
électrique classique, celui-ci épouserait tout
naturellement la forme des corniches. Dans le
cas de la descente de paratonnerre,
l’installateur prend soin de passer les corni-
ches en posant des supports éloignant le câble
de l’édifice. Essayons de comprendre :
l’inductance de contournement est de l’ordre
de 1 µH.

Ainsi, lors de l’écoulement d’un courant de


100 kA pendant 10 µs, la tension au point A
entre le conducteur et l’édifice peut atteindre :

U = L di/dt L = 10 –6
di 100 x 10 3
dt 10 x 10 –6
U = 10 000 Volts

7
8

Figure 2

Statistiques de surtension de foudre.


La surtension de foudre étant liée au courant de foudre
par l’impédance caractéristique de la ligne, on a établi
des statistiques de surtension de foudre.

Tableau de résistivités types

NATURE DU TERRAIN RESISTIVITE


(en Ω/m)

Terrains marécageux……………………………………… de quelques unités à 30


Limon………………………………………………………… 20 à 100
Humus………………………………………………………. 10 à 150
Tourbe humide……………………………………………… 5 à 100

Argile plastique……………………………………………… 50
Marnes et argiles compactes……………………………… 100 à 200
Marnes du jurassique………………………………………. 30 à 40

Sable argileux……………………………………………….. 50 à 500


Sable silicieux……………………………………………….. 200 à 3 000
Sol pierreux nu………………………………………………. 1 500 à 3 000
Sol pierreux recouvert de gazon…………………………… 300 à 500

Calcaires tendres……………………………………………. 100 à 300


Calcaires compacts…………………………………………. 1 000 à 5 000
Calcaires fissurés……………………………………………. 500 à 1 000
Schistes………………………………………………………. 50 à 300
Micaschistes…………………………………………………. 800

Granits et grès suivant altération………………………….. 1 500 à 10 000


Granits et grès très altérés…………………………………. 100 à 600

Figure 3

1.5.3.4.2. – Site exposé et niveau kéraunique

8
9

Le niveau kéraunique Nk est défini comme Toutefois, le degré d’exposition est moindre
le nombre de jours orageux par année lorsque le réseau est fortement maillé comme
(Météorage donne la densité de foudroiement en zone urbaine. Mais attention, il s’agit d’une
Ng). Un jour est qualifié orageux si l’on peut observation statistique et il existe malgré tout
entendre au moins un coup de tonnerre au lieu des sites exposés en zone urbaine.
d’observation fixé. Exemple en Auvergne, le
Nk est de 25 et en Bretagne de 10. L’analyse du risque proposée dans le guide
pratique NF C 15-443 (1) est une bonne ap-
L’expérience ne montre pas la corrélation proche, il lui manque toutefois un coefficient
absolue entre le niveau kéraunique et les sites de réseau maillé et un coefficient de résistivité
exposés. On trouve beaucoup de sites exposés du sol.
en Bretagne, contre toute attente.
1.5.4. – Couplage capacitif
Les véritables raisons ne sont pas bien éluci-
dées, mais on peut avancer la notion de reliefs Très souvent, la terre est considérée comme
qui concentrent les lignes de champ équipotentielle. Cette affirmation, si elle est
(1.5.3.4.1.) sans que ce soit en rapport avec exacte lorsqu’on observe avec des moyens
l’altitude. limités au 1/10e de seconde, ne l’est pas du
tout en électrocinétique, lorsqu’on observe
La constitution du sol, par ses irrégularités, avec des moyens allant de la milliseconde (ms)
concentre les lignes de champ. Le sol et le à la nanoseconde (ns).
sous-sol sont plus ou moins bons conducteurs
(granit). Tous ces facteurs amplifient ou non Dès qu’un écoulement de courant se produit
les effets de la foudre (figure 3). dans le sol, les différences de potentiel longi-
tudinales entre deux points A et D (figure 4)
Un autre aspect est lui, par contre mieux connu sont régies par des lois où interviennent des
depuis les travaux auxquels nous avons déjà facteurs comme l’intensité et la variation de
fait allusion (1.5.3.1.), c’est la possibilité l’intensité dans le temps (di/dt).
d’avoir d’importantes variations de champ
électrique au niveau du sol avec « un temps Ces chutes de tension longitudinales peuvent
orageux » sans entendre le tonnerre. En alors prendre des valeurs extrêmement impor-
d’autres termes, on recueille les effets pervers tantes si I ou di/dt sont élevés.
de la foudre sans que le coup de foudre se
produise. Or, nous l’avons vu, le niveau ké- L’origine de l’écoulement de terre peut être un
raunique ne compte que les jours orageux avec défaut de la ligne d’énergie, un coup de foudre
tonnerre et Météorage ne compte que les sur le pylône de la ligne d’énergie, le fonc-
impacts au sol. tionnement d’un paratonnerre ou un coup de
foudre proche.

1.5.3.4.3. – Un site exposé est-il identifiable à


priori ?
Expliquons le phénomène pour une ligne de
La réponse est non. transmission formée d’un câble multibrins
entourés d’une enveloppe métallique (figure
Seules, les destructions fréquentes peuvent 4), câble téléphonique blindé par exemple.
donner la mesure de l’exposition aux surten-
sions. Les couplages à la terre A et B d’une part, et C
et D d’autre part, sont proches (quelques di-

9
10

zaines de mètres), tandis que la distance entre gaine, dans les capacités, a une influence sous
B et C est de plusieurs kilomètres. forme inductive.

Au moment de l’écoulement, la différence de Il en résulte le passage d’une surtension sur les


potentielle longitudinale entre A et D va être conducteurs actifs, celle-ci est souvent appelée
voisine de celle de B à C. Le câble possède improprement «remontée de terre».
une capacité entre conducteurs et enveloppe
uniformément répartie que l’on représente
pour moitié à chaque extrémité, de même (1) version juillet 96
qu’une infinité de conductances représentées
également à chaque extrémité (celles-ci sont
de très grande valeur et interviennent peu). Il
apparaît donc aux bornes de chaque capacité
représentée, une tension Vbc/2. Celle-ci
charge la capacité avec un courant qui a une
variation di/dt. Ce courant de charge se re-
trouve sur les conducteurs actifs. Les phéno-
mènes sont en réalité fort complexes car cha-
que di/dt que ce soit dans la terre, dans la

10
11

1.5.5. – Remontée de potentiel par la terre

11
12

2.2. – DESTRUCTION DES


Lors d’un écoulement important à la terre dû : COMPOSANTS ELECTRONIQUES
- à la foudre (sur un arbre ou autre) Il s’agit de phénomènes nouveaux dus aux
- au fonctionnement d’un paratonnerre nouvelles techniques de fabrication des com-
- au fonctionnement d’un parafoudre posants électroniques. Ces composants sont de
- à la foudre sur une masse métallique plus en plus performants, de plus en plus
(pylône) rapides, de plus en plus microscopiques et de
plus en plus sensibles aux surtensions.
il se produit des différences de potentiel entre
les différents points de la terre. Si une prise de 2.2.1.- Sensibilité aux fronts raides
terre se trouve dans le gradiant d’élévation, les
masses des appareils reliés à cette prise de Dans notre esprit, les fronts raides se situent
terre se trouvent portées à un potentiel élevé entre 5 000 V/µs et 100 000 V/µs.
par rapport à leur environnement et particuliè-
rement par rapport aux réseaux (énergie, télé- Pour simplifier, l’évolution de la sensibilité
communications) qui ont un potentiel fixe à des circuits actifs aux fronts raides est liée à
l’infini (figure 4). l’augmentation de l’impédance des entrées.
Ainsi, les transistors à effet de champ sont plus
sensibles que les transistors bipolaires. Ceci
II – EFFETS DES s’explique par l’obligation pour la surtension
SURTENSIONS d’écouler son énergie en créant un courant.
Lorsqu’elle rencontre une impédance élevée,
elle ne peut créer le courant, même infime,
2.1. – CLAQUAGES
nécessaire à son amortissement et elle
s’applique donc en totalité à la première jonc-
Le phénomène de claquage se produit chaque
tion qu’elle rencontre. Ces jonctions ont des
fois qu’une tension dépasse la tension
dimensions de plus en plus petites (micromè-
d’isolement.
tre) et leurs tensions de claquage ont considé-
rablement diminué ces dernières années.
Très souvent, le claquage se produit entre un
conducteur actif et des masses métalliques
Ces explications sont simplistes et la réalité est
reliées à la terre.
beaucoup plus complexe, mais elles permet-
tent aux concepteurs de prévoir certains phé-
Le claquage dans l’air qui se manifeste par
nomènes.
l’amorçage d’un arc est, conformément à ce
qui précède, le dépassement de la tension de
En particulier, nous pouvons expliquer le
l’isolant air. C’est le cas pour deux pistes
fait qu’une surtension par rapport à la terre
voisines de circuit imprimé.
est dangereuse pour tout appareil connecté
au seul et unique fil qui véhicule la surten-
Les tensions d’isolement et de claquage sont
sion, même si l’appareil en question n’est
nécessairement supérieures à 1 500 V (voir
pas connecté à la terre : la surtension va
Normes).
écouler son énergie en traversant les jonctions
qu’elle va détruire et en créant un courant de
Les phénomènes sont très facilement identifia-
charge de la masse de l’appareil comme dans
bles. Les protections classiques sont efficaces.
un condensateur.

12
13

En d’autres termes, c’est la masse de l’appareil C’est le même phénomène qui se produit pour
qui assure le retour du courant et non plus la les imperfections de fabrication qui font que
terre. Plus la masse est importante (cuivre et tout composant actif électronique a un taux de
fer) et complexe (aspérités), plus le courant défaut décroissant durant les 500 premières
peut être grand. heures.

Nous retrouverons en 5.4. l’obligation pour Pour les composants haute impédance, la
une surtension de créer un courant pour dispa- fragilisation ne s’effectue pas tout à fait de la
raître. même manière. La description précédente
Note : sur une carte électronique, tous les concernant les composants de puissance donne
condensateurs reliés à la masse servent égale- tout de même une idée du processus.
ment à écouler les courants baladeurs.
2.3. – DANGER POUR LES
2.2.2. – Fragilisation PERSONNES
Une constatation bien simple nous donne une Les pics de surtensions de durées très courtes
bonne idée de la fragilisation. Notre calcula- sont totalement inoffensifs, tout au plus, ils
trice de poche ne sera jamais en panne, ou plus sont assimilables à une décharge d’électricité
exactement, le circuit intégré de celle-ci ne statique désagréable mais inoffensive (portes
sera jamais en panne, car la calculatrice est des voitures).
alimentée par une pile et aucun fil reliant le
circuit intégré n’est assez long pour être le Les écoulements à la terre élevés, suite à des
siège d’une surtension induite par variation de décharges de foudre, peuvent introduire un
champ électrique ou rayonnement électroma- certain danger pour les personnes (tension de
gnétique. En conséquence, elle n’est jamais pas, élévations de potentiel de certaines mas-
soumise à une surtension. ses métalliques). Nous ne pouvons dans ces
lignes, décrire ces phénomènes, mais on re-
La fragilisation, c’est le processus de destruc- tiendra que ceux-ci sont plus dangereux dans –
tion d’une jonction après avoir été soumise à les zones à sol et sous-sol de forte résistivité
une succession de surtensions répétitives. Pour (figure 3).
bien comprendre ce phénomène, on peut pren-
dre le cas de la destruction d’une pastille d’un
composant de puissance. Les premiers pics de
surtension vont réaliser un ou plusieurs micro- III – PROPAGATION DES
claquages de la pastille, c’est-à-dire qu’en SURTENSIONS
certains endroits microscopiques, la pastille
n’a plus ses caractéristiques d’homogénéité, de 3.1. – ONDE DE SURTENSION
pureté du cristal.
Pour étudier le cheminement d’une surtension,
En cet endroit précis, le courant ne circule plus nous sommes obligés de l’assimiler à une onde
et de ce fait, le courant est plus fort aux alen- qui se propage sur des conducteurs et qu’il est
tours de ce microclaquage, un échauffement possible de décomposer en séries de Fourrier.
local va en résulter, ainsi qu’une plus grande Compte tenu du type de génération des ondes
fragilité pour les prochaines surtensions, si de surtension dangereuses, nous considérerons
bien que chaque microclaquage a tendance à que l’onde est véhiculée par un seul conduc-
s’agrandir. teur. Elle est en effet toujours produite par
rapport à la terre ou par rapport à une masse
(voir V).

13
14

3.2. – ONDE DE MANŒUVRE En laboratoire, on se borne à simuler la foudre


par des ondes biexpentionnelles, mais cela ne
La forme des ondes de manœuvre d’enclen- correspond pas à la réalité du spectre observé
chement ou de déclenchement dépend essen- sur un site donné et résultant d’une multitude
tiellement des caractéristiques du réseau de couplages (figure 5).
considéré. Le nombre des schémas équivalents
est pratiquement infini, l’étude de la propaga-
tion se fait donc dans des cas simples que l’on
tente de retrouver dans la pratique. Par exem-
ple, lorsqu’une ligne est mise sous tension par
une source de faible impédance interne (cas du
réseau d’énergie), les réflexions du saut de
tension initial créent à l’extrémité ouverte une
onde de tension rectangulaire. Si la ligne est
fermée sur une inductance (transfo MT) et une
capacité en série (capacité de la ligne), ceux-ci
sont soumis à une excitation par chocs répétés.
Par suite des oscillations, la tension aux bornes
du récepteur est susceptible de dépasser la
tension d’excitation. Les surtensions atteignent
des valeurs maximales lorsque la fréquence
propre du circuit oscillant de charge est égale à Exemple d’une onde de laboratoire dite 8/20
la fréquence des ondes rectangulaires se pro-
pageant sur la ligne (5 fois la tension initiale). Figure 5

L’étude de ces phénomènes dépend de la 3.4. – ATTENUATIONS


configuration du réseau. Sa complexité néces-
site le recours au calcul, à la mesure in situ et à La résistivité des conducteurs, les inductances
la statistique. des transformateurs, la saturation des circuits
magnétiques, le grand nombre de branches du
3.3. – ONDE DE FOUDRE réseau sont autant de facteurs d’atténuation
des surtensions. Ces facteurs sont statistique-
Le spectre de l’onde de foudre est beaucoup ment prépondérants et seulement moins de 1
plus large (fréquences très élevées), que celui % des surtensions produites échappent à
de l’onde de manœuvre. Un coup de foudre l’addition de ces atténuations.
comporte plusieurs décharges (4 en moyenne)
et chaque décharge est précédée par des mil- Il est heureux que ces facteurs d’atténuation
liers de précurseurs ou traceurs, créant des soient présents, car la multitude de surtensions
milliers de surtensions, chacune pouvant être qui apparaissent à longueur de journée et
décomposée en série de Fourrier pour former d’année, rendrait impossible l’usage d’appa-
le spectre. La configuration du réseau produit reils électroniques. Celles qui échappent à
des effets encore plus aléatoires sur ces mil- l’effet d’atténuation (bien moins que 1 %) sont
liers d’ondes générées par la foudre. responsables des destructions, et malheureu-
sement, au lieu d’être atténuées, elles peuvent
être amplifiées.

14
15

3.5. – AMPLIFICATIONS
Les photocoupleurs ont également des capaci-
Les circuits oscillants accordés sur une fré- tés parasites. Seul un photocoupleur dont la
quence, amplifient la surtension (3.2.). On fibre optique de transmission aurait une lon-
imagine donc facilement que la combinaison gueur d’au moins une dizaine de centimètres,
inductance capacité des différentes configura- et dont les entrées et sorties seraient également
tions du réseau soit amplificatrice pour certai- séparées par la même distance, pourrait être un
nes fréquences des spectres de surtensions véritable écran aux surtensions.
abordant ces configurations. Cela peut être le
cas dans les filtres ou les transformateurs 3.7. – TRANSMISSION PAR LES
d’alimentation des appareils électroni- CHEMINS DE CABLE
ques.(figure 6)
Deux câbles qui se longent pendant des dizai-
3.6. - TRANSMISSION A TRAVERS nes de mètres et même quelques mètres, peu-
LES TRANSFORMATEURS vent se comporter comme un transformateur.
ET LES PHOTOCOUPLEURS Les variations de tension (dv/dt) sont très
grandes, celles-ci sont susceptibles, par le fait,
Le schéma équivalent d’un transformateur est d’engendrer des variations de courant (di/dt)
celui de la figure 6. 99 % du spectre incident très grandes et par conséquent des surtensions
est absorbé ou écoulé. dans les conducteurs voisins par couplage
électromagnétique.
Approximativement 1 % du spectre incident
est transmis ou amplifié jusqu’à 5 fois la ten- Il faut souligner que les conducteurs de cuivre
sion nominale de la fréquence de résonance. nus d’équipotentialité des masses ou des terres
ne devraient pas utiliser les chemins de câble
Certains transformateurs sont construits spé- car ils sont le siège de di/dt importants lorsque
cialement pour ne pas transmettre les surten- les terres ou les masses se rééquilibrent. Il
sions, mais leur rendement est nettement s’agit d’un couplage inductif dans la boucle
moins bon. formée par le conducteur et la terre (figure 7).
L’effet réducteur d’un blindage ou d’un élé-
ment en fer n’est valable que si le courant
d’équilibrage passe ailleurs, c’est le principe
de l’équipotentialité en mailles.

Figure 6
Figure 7
Les différentes capacités du schéma équivalent
d’un transformateur, associées aux inductances
des bobinages, sont susceptibles de présenter des
fréquences de résonance. Si ces fréquences se
trouvent dans le spectre d’une éventuelle surten-
sion, celle-ci se trouvera amplifiée.

15
16

3.8. – VITESSE DE PROPAGATION IV – QUALITES D’UNE


L’onde de surtension n’est pas un mouvement
PROTECTION
d’électrons. Elle communique à ceux-ci de
proche en proche sur le conducteur, un niveau
d’énergie de « vibration ». Cette communica- 4.1. – INTRODUCTION
tion s’effectue environ à la vitesse c/2 (1) avec
un rendement énergétique plus ou moins grand Laissons à Messieurs AGUET et IANOVICI
suivant la conductivité du matériau. Pour les le soin de définir un parafoudre :
matériaux conducteurs de l’électricité (cuivre,
aluminium, argent, or, fer), ce rendement est « Les parasurtensions sont des appareils de
très bon et l’énergie de « vibration » se pro- sécurité dont le rôle est d’empêcher que la
page loin. Le processus s’arrête lorsque cette tension dépasse un certain seuil en aval de leur
« vibration » des électrons est transmise à un point d’installation ».
élément moins bon conducteur (pastille de
silicium, isolant) et qu’elle se transforme en « Les limiteurs de surtensions doivent :
courant puis en chaleur (destruction de pas-
tille) ou en d’autres formes d’énergie comme - être rapides (quelques ns - µs)
l’ionisation. - posséder une très forte résistance d’isolement
(GΩ - TΩ) à l’état de repos
La vitesse de propagation a beau être très - éviter de provoquer des surtensions lors de
grande (150 000 km/s) il faut cependant 10 ns l’amorçage
à l’onde pour parcourir 1,5 mètre de conduc- - posséder une faible capacité parasite
teur et ceci nous ramène aux ordres de gran- (quelques nF)
deur de la sensibilité des composants électro- - posséder une inductance propre très faible
niques et du temps de réponse des parafoudres (quelques nH) ; (il faut également prendre
(chapitre 4.2.). garde à diminuer au maximum l’inductivité
des connexions et la surface des boucles)
3.9. – SURTENSIONS - être fiables »
SECONDAIRES
4.2. – TEMPS DE REPONSE
En particulier « remontées de potentiel »
4.2.1. – Définition
par la terre
Le temps de réponse d’un système est le délai
Ces surtensions secondaires sont provoquées
entre l’instant où apparaît la surtension (ten-
par un fort courant d’écoulement engendré par
sion supérieure au seuil du dispositif) et
la surtension initiale (dont nous avons vu en
l’instant de mise en conduction (apparition
1.4. le processus de production).
d’un courant de 1 mA).
Malgré leur caractère particulier, nous men-
Rappelons le temps de réponse des compo-
tionnons ces surtensions à ce chapitre, car leur
sants primaires de protection :
mode de transmission ne doit pas être oublié
lorsqu’on examine un site. (voir 1.5.5.).
- éclateur à air : 3 à 10 µs
- tube à gaz rare : 0,1 à 3 µs
(1) pour les câbles isolés, la vitesse est plus petite. - varistance (ZnO) : 1 ns à 10 ns
- diode zener : 2 ps à 0,1 ns

16
17

Tension résiduelle maximum en fonction de la raideur du front et du courant pour une varistance 40 joules,
un tube à gaz ionisé et un FUSADEE

Figure 8

4.2.2. – Courbes tensions – courants – fronts 4.3. – FORTE RESISTANCE A


L’ETAT DE VEILLE
Le temps de réponse ne donne pas en soi
d’indication définitive sur la rapidité d’un Lorsque la tension appliquée au parafoudre est
parafoudre. La qualité de celui-ci est en pre- inférieure à son seuil de fonctionnement, il est
mier lieu sa tension résiduelle. souhaitable qu’aucun courant ne le traverse.
Ainsi, sur le réseau d’énergie, la tension de
Nous noterons, pour expliciter ce point, que service est de 230 V alternatif, il faut que le
les éclateurs sont très longs à amorcer, mais parafoudre puisse supporter cette tension de
qu’après ce cap, le courant les traversant peut service en permanence.
croître très vite sans que la tension aux bornes
monte -elle diminue même- , tandis que les Le parafoudre idéal devrait également
zeners et les varistances ont une courbe retrouver son blocage (aucun courant)
tension-courant ascendante, la tension après avoir écoulé une surtension lorsque
grandissant lorsque le courant grandit. celle-ci a disparu. C’est le cas des zeners et
Cette différence est appelée, dans la norme des varistances, mais ce n’est pas le cas des
CEI 61 643.-1 limitation en tension (zener, éclateurs pour lesquels il faut que le courant
varistance) et coupure en tension (éclateurs, cesse pendant un temps assez long (100 ms)
thyristors). pour qu'’l puisse retrouver sa tension de
service.
Les courbes de tension résiduelle en fonction
de la raideur du front, donnent avec plus Une varistance en vieillissant augmente son
d’exactitude l’indication de qualité de protec- courant de fuite à la terre. Lorsqu’un grand
tion. Le réseau de ces courbes en fonction du nombre de varistances se trouvent en parallèle
courant, est le meilleur diagramme de compa- sur le réseau 230 V, l’addition des courants de
raison (figure 8). fuite peut, soit provoquer l’ouverture des
différentiels sensibles, soit être dangereuse
(4.7.2.).

17
18

4.4. – EVITER QUE LE 4.6. – POSSEDER UNE FAIBLE


DISPOSITIF NE PROVOQUE INDUCTIVITE
UNE SURTENSION
4.6.1. – Compréhension du processus
Cela peut apparaître comme une plaisanterie,
mais non, les faits montrent pourtant que Pour comprendre cette nécessité, il convient de
certaines combinaisons utilisant des induc- se reporter à la figure 9 et d’expliquer. Se
tances, ainsi que certains éclateurs, provo- rappeler aussi les descentes de paratonnerre en
quent une surtension lors de leur amorçage. 1.5.3.3.

Un parafoudre mal installé peut provoquer des A l’intérieur du parafoudre, nous avons repré-
surtensions lors de son amorçage particulière- senté son circuit équivalent avec sa capacité
ment lorsque la ligne qui le relie à la terre propre C, son inductance propre L. P repré-
longe d’autres câbles. Le très grand di/dt des sente l’élément actif débarrassé de sa propre
bons parafoudres crée un couplage inductif capacité et de sa propre inductance. Nous
et donc une surtension sur ces autres lignes l’avons vu, du point de vue fonction écrêtage,
(voir 3.7.). la capacité n’est pas du tout néfaste (4.5.),
mais elle est choisie faible pour ne pas pertur-
4.5. – POSSEDER UNE FAIBLE ber le régime permanent de la ligne. Cette
capacité ne peut donc se charger que par un
CAPACITE
courant très faible. Ce courant, à travers la
capacité, n’a pas de retard, mais, par contre, il
4.5.1. – Capacité propre du parafoudre
n’en est pas de même pour la branche LP du
parafoudre. L’élément actif P du parafoudre
Cette capacité ne gêne pas la fonction
sera retardé dans son action de créer un cou-
d’écoulement d’une surtension, au contraire,
rant rapidement élevé di/dt très grand par
elle diminue le temps de réponse puisque la
l’inductance L
conduction est instantanée à travers cette
capacité. Cette capacité est indésirable uni-
quement lorsque la tension de service est une
tension HF, les signaux peuvent être déformés.

4.5.2. – Ordres de grandeur

Eclateur : quelques picofarad


Varistance : de 0,1 nF à 10 nF
zeners : de 0,1 nF à 2 nF
FUSADEE hauts débits : 20 pF à 100 pF

18
19

Nous comprenons pourquoi il est si important La destruction des varistances est en effet un
que l’inductance propre du parafoudre soit très phénomène non aléatoire, mais, au contraire,
faible. Il est illusoire d’utiliser en P des élé- absolument certain, et cela après qu’elles aient
ments rapides si l’inductance L annule ces absorbé une certaine quantité d’énergie (figure
effets. Par exemple, si la rapidité de P est de 10). Les protections à varistance doivent donc
l’ordre de la nanoseconde, une inductance L intégrer 2 déconnecteurs, l’un thermique situé
de quelques microHenry ramènera cette rapidi- dans la protection, l’autre limiteur de courant
té à la microseconde pour une montée en dans ou hors de la protection.
courant vers 1 000 ampères.
La norme NFC 61-740 exige ces déconnec-
Les constructeurs de parafoudres cherchent à teurs.
combiner les avantages des divers composants
disponibles (éclateurs, varistances, zeners),
mais l’inconvénient majeur de ces « mixages »
est de créer des inductances par la multiplica-
tion des connexions. Ces inductances peuvent
être très néfastes et il est totalement anormal
que l’inductance propre d’un parafoudre ne
fasse pas partie des caractéristiques courantes
annoncées par les constructeurs.

4.6.2. – Effet bénéfique des masses

Voir 4.10.2.
Figure 10
4.7. – ETRE FIABLES
La varistance V250HE couramment utilisée
est détruite soit par une impulsion de 5 000 A
4.7.1. – Coup de foudre direct de durée 100 µs, soit par 10 impulsions de
1 000 A de durée 100 µs, soit par 10 000 im-
La fiabilité, c’est la qualité qui consiste à pulsions de 100 A de durée 100 µs.
garantir l’efficacité du dispositif parafoudre
quoiqu’il arrive. Or, en matière de foudre, il Souvent, l’action du ou des déconnecteurs
peut se passer des choses surprenantes et déconnecte le parafoudre et la protection
imprévues, particulièrement des coups de disparaît.
foudre directs qui détruisent le parafoudre.
Tout le monde a vu ces blocs noircis, éclatés, Si la destruction des varistances est certaine,
volatilisés et aucun constructeur ne peut y celle-ci n’est pas prévisible car il est impossi-
échapper. Heureusement, ces cas sont relati- ble de mesurer à un instant donné la quantité
vement rares, mais il est possible de concevoir d’énergie déjà absorbée. Pourtant, ce début de
des parafoudres qui protègent avant destruction s’accompagne d’une légère chute
d’exploser. de tension de seuil et une mesure fine de cette
tension permettrait de prévoir la destruction.
4.7.2. – Cas des varistances
Compte tenu de cette déconnexion aléatoire,
Si la destruction aléatoire d’un parafoudre est certains constructeurs ont eu l'idée de doubler
compréhensible, et doit être considérée comme le dispositif. C’est évidemment une solution,
un risque acceptable, le cas des varistances mais à notre avis, il faudrait au moins le tripler
mérite un examen particulier. et même le quadrupler car la probabilité pour
que les deux dispositifs meurent en même
temps est très élevée.

19
20

En effet, les varistances des deux dispositifs Le grand pouvoir d’écoulement est en fait
ayant absorbé les mêmes surtensions pendant nécessaire dans quatre cas :
une même période, sont à un degré de destruc-
tion voisin et la surtension de plus grande - Coup de foudre très proche ou direct :
amplitude qui surviendra dépassera de loin Dans ce cas, un pouvoir d’écoulement de
l’énergie limite pour chacun des ensembles, la 5 kA (onde 8/20) est bien trop faible.
destruction sera donc instantanée pour les
deux blocs. - Surtension de manœuvre :
lorsque le parafoudre est proche de la
4.8. – AVOIR UN GRAND source. En effet, ces surtensions sont
POUVOIR D’ECOULEMENT produites par des sources d’impédance
très faibles (transformateurs, machines
Cette qualité n’est pas mentionnée par industrielles) et donc peuvent générer
Messieurs Aguet et Ianovici (4.1.) et pourtant, des courants très élevés (jusqu’à 3 kA).
c’est le seul point mis en avant par tous les
constructeurs. Qu’en est-il vraiment ? - Surtensions temporaires :
les courants générés peuvent atteindre
A notre avis, c’est un problème statistique : 10 kA.

Le grand pouvoir d’écoulement est nécessaire - Courant de suite sur les lignes réseaux :
pour des probabilités faibles de voir réunies les dans ce cas, il s’agit de pouvoir écouler
conditions de générations de surtensions, de le courant provoqué par le réseau
conditions de transmission et de conditions de d’énergie lui-même (230 V mode com-
réceptions. mun, 400 V en mode différentiel). Lors-
qu’au cours de l’amorçage la tension du
Pour nous en expliquer, nous vous invitons à parafoudre est descendue en-dessous de
reprendre notre chapitre 1 et particulièrement la tension de service, le réseau a ten-
le paragraphe 1.5.3. après avoir précisé qu’il dance à provoquer un courant dans cette
s’agissait de la production de surtension la impédance qui n’est plus infinie. Si le
plus probable. parafoudre n’a pas la capacité d’écouler
le courant du réseau jusqu’à ce que les
Dans ce paragraphe, il est mentionné les mesu- protections fonctionnent, il explose.
res de St Privat d’Allier sur une
ligne moyenne tension située en son point le 4.9. – IMPOSSIBILITE DE PLACER
plus près à 50 m du point d’impact. Le lecteur LES PROTECTIONS AU NIVEAU
averti aura sûrement remarqué que si les ten- DES CARTES ELECTRONIQUES
sions mesurées étaient élevées (74 000 V), les
fronts de montée étaient également élevées Note liminaire
(60 kV/µs) l’intensité en résultant était ridicu-
lement faible (86 ampères), en tout cas sans Fort heureusement, les fronts très raides attei-
commune mesure avec l’intensité de foudre gnent rarement le cœur des gros ordinateurs,
elle-même (maxi mesuré à St Privat = 40 kA). car ils sont atténués par les innombrables
embûches qu’ils trouvent sur leur chemin
Ce grand pouvoir d’écoulement n’est donc pas (transformateur ferrorésonnants, onduleurs,
nécessaire dans le cas le plus probable des longueur de ligne). Ne sont, par contre, pas à
surtensions de foudre, à savoir l’induction l’abri, certains périphériques et interfaces.
électromagnétique.

20
21

Soulignons qu’en utilisant le mot « rarement », Le temps que le courant s’établisse entre A et
nous n’excluons pas la possibilité d’effets plus E (figure 9), le front aura parcouru sur le
profondément destructeurs, cela, en particulier, conducteur en direction de la carte électroni-
sur des sites isolés ou « sensibles » (voir cha- que B une distance non négligeable et souvent
pitre I – Origine des surtensions). même arrivé en B avant que le courant entre A
et T soit établi.
Lorsqu’un front raide de forte énergie atteint
une carte, aucune protection n’est possible. On retrouve l’importance de ne pas placer la
protection près de la carte sensible.
Pourquoi ?
4.10.1. – Effet d’accumulation d’une
Essentiellement parce qu’aucun retour n’est inductance
possible, si bien que l’énergie du front va se
dissiper dans les différents composants en Lorsque le front atteint I (figure 9), cela signi-
réalisant les dommages les plus importants à fie que tous les électrons libres du cuivre entre
ceux qui ont une impédance élevée. A et I sont excités à un certain niveau
d’énergie de « vibration » que l’on peut tra-
Si l’on dispose une jonction zener aux bornes duire par l’existence d’un potentiel entre tous
de l’alimentation de la carte, celle-ci ne se les points du conducteur et la terre. Si un
mettra pas en conduction car l’impédance de courant est créé entre A et T, cet état
retour est infinie pour les fronts raides, la terre d’excitation va disparaître par l’écoulement du
est trop loin. Pour être plus exact, nous dirons courant. Il y aura même un courant non
plutôt qu’un très faible courant peut se créer, conservatif (J.J. MORF EPFL) de retour de I
dû à la charge capacitive des masses de la vers A et donc un effet de disparition de la
carte et des masses de la machine si elles sont surtension ou d’une manière plus imagée, le
très près. Ce courant, bien qu’il puisse contri- conducteur entre A et I va se « vider » de son
buer à diminuer la raideur du front, n’aura pas potentiel à travers l’écoulement de A vers T.
d’effet véritablement significatif. Quant aux
capacités, elles ont également très peu de Par contre, si la surtension a atteint l’induc-
possibilités d’atténuation. Au moment où elles tance I, celle-ci va créer un effet de barrage
se chargent, elles déforment, bien sûr, une pour le retour vers A de l’écoulement et une
partie du front, mais le restituent aussitôt. partie du potentiel va atteindre la carte B.

C’est ainsi qu’elles sont responsables de la


transmission de celui-ci à travers les éléments Il faut donc que le dispositif entre A et T se
d’isolement (transformateurs, photocoupleurs). mette en conduction avant que l’inductance I
Les fortes capacités de part leur construction soit atteinte. L’inductance I a également une
bobinée ont une grande inductance et ne se capacité parasite et les fréquences de réso-
chargent pas du tout sur un front raide. nance sont réjectées vers la carte.

4.10. - PLACE D’UNE 4.10.2 – Processus de mise en conduction du


PROTECTION parafoudre (figure 9)

Nous avons vu en 3.8. que le front de surten- Entre A et C , il s’agit de parcourir un chemin
sion franchit 1,5 m de ligne toutes les 10 ns, il à la vitesse de 15 cm par nanoseconde. Cette
se propage donc à la vitesse de 15 cm par vitesse est grande, mais comme nous venons
nanoseconde. de le voir, il n’y a pas une nanoseconde à
perdre et cette distance doit être réduite.

21
22

Elle peut être nulle si le fil conducteur vers L’addition de tous ces temps donne le vérita-
l’appareil est branché directement aux bornes ble temps de réponse d’un parafoudre.
du parafoudre soit A et C confondus.. Cette
connexion est indispensable en téléphonie ou Prenons quelques exemples :
courants faibles.
Si le temps de réponse de P est de 1 µs (écla-
- entre C et D, il s’agit du temps de mise teurs les plus rapides), l’onde de surtension
en conduction de l’élément P augmenté peut parcourir au moins 1 000 x 15 cm, soit
du temps de retard de l’inductance L, la 150 m, avant que le parafoudre s’amorce.
capacité C étant négligeable.
Le temps d’ionisation de la terre (1 µs) laisse-
- entre D et E, il s’agit de parcourir un rait parcourir 150 m à l’onde, s’il n’existait pas
chemin, celui-ci doit être très court et les deux autres modes de conduction cités plus
sans inductance, car celle-ci va augmen- haut.
ter le retard.
Pour réduire le temps de mise en conduction
- entre E et F, la conduction s’effectue en de A vers T, nous ne pouvons agir que sur P, L
trois temps. Dans un premier temps, le et sur la forme de la prise de terre. En effet, la
courant effectue la charge « statique » distance entre D et E, même très courte, pré-
(ou capacitive) des bornes de prise de sente déjà quelques mètres, voire quelques
terre, plus leur masse est importante, dizaines de mètres et c’est autant de dizaines
plus le courant de charge « statique » est de mètres que parcourra l’onde vers I.
élevé. Ce courant s’établit instantané-
ment comme dans un condensateur. Sur Pour augmenter la valeur du courant de charge
chacune des bornes de l’étoile, il capacitive des masses de la prise de terre
s’établit un courant non conservatif (J.J. (phénomène le plus rapide), il faut augmenter
MORF) c’est-à-dire que le courant est la masse de tous les éléments métalliques de la
plus élevé en E (valeur maxi) qu’en F de connexion de terre (fils de grosse section 16
la même barre (valeur nulle). Dans un ou 32 mm²), piquets de terre de gros diamètre
deuxième temps, il va s’établir un cou- plantés en étoile ou en patte d’oie. Cette
rant par conduction galvanique qui ne charge capacitive très rapide n’a plus d’effet
sera retardé que par les inductances pro- au-delà de 5 m d’un conducteur linéaire.
pres des conducteurs et de la terre.
L’addition des masses ne peut donc se faire
L’inductance d’une prise de terre hémis- qu’en étoile au point de raccordement du
phérique est nulle. Les inductances des câble.
prises de terre courantes sont très faibles
et presque négligeables ; par contre, la La connexion d’une masse métallique impor-
conduction galvanique ne permet pas des tante directement au parafoudre accentue le
courants élevés car les matériaux ont de premier écoulement du front (figure 9). En
fortes résistivités. Dans un troisième « captant » le premier di/dt, elle évite une
temps (1 µs), les barres de l’étoile cons- surtension secondaire créée entre D et E
tituant la prise de terre vont transmettre (U = Ldi/dt).
leur excitation à leur environnement par
l’ionisation des solutions de sels dans
l’eau de leur voisinage. Dans un qua-
trième temps, il se produira des micro-
claquages sous l’effet d’un fort courant.

22
23

4.11. - COMPATIBILITE DES


PROTECTIONS SURTENSIONS
SECTEUR AVEC LES DIVER-
SES
PROTECTIONS RESEAU
D’ENERGIE

4.11.1. – Disjonctions intempestives des


disjoncteurs différentiels

Les parafoudres créent des défauts à la terre.


Lorsque ceux-ci ont une durée suffisante (8
ms) et une intensité supérieure au calibre du
disjoncteur différentiel, celui-ci déclenche.

Pour éviter cette action, il est recommandé de


choisir des différentiels légèrement retardés
(45 ms) de type S . Figure 11

4.11.2. – Destruction de la protection en La déconnexion du réseau peut s’effectuer


court-circuit aussi par fusible. La déconnexion par disjonc-
teur différentiel est bien meilleure pour deux
Tout parafoudre ou parasurtenseur meurt tôt raisons. Premièrement, c’est le premier défaut
ou tard. Certains meurent en court-circuit et à la terre qui déconnecte, deuxièmement, le
les protections amont sont sollicitées. Les disjoncteur différentiel laisse passer sans
résistances de court-circuit sont plus ou moins s’ouvrir les forts courants de foudre (5 000 A)
élevées. tant que leur durée ne dépasse pas quelques
millisecondes.
Ces courts-circuits nécessitent une décon-
nexion du parafoudre ou du réseau, la décon- La norme NF C 61-740 exige la déconnexion.
nexion du parafoudre supprime la protection, Le déconnecteur est soit associé en série avec
la déconnexion du réseau interrompt la distri- le parafoudre, soit incorporé au parafoudre,
bution. soit associé au parafoudre dans la ligne
d’alimentation (cas du FUSADEE).
La déconnexion du parafoudre s’effectue par
fusibles ou disjoncteur en parallèle dans la 4.12. - CONCLUSION
ligne du parafoudre(figure 11). Leur courbe de
réponse doit être compatible avec la capacité Pour conclure l’étude des qualités d’un para-
en court circuit du parafoudre. foudre, on se doit de rappeler une nouvelle fois
que les connaissances en matière de foudre
sont extrêmement récentes. On ne saurait donc
s’étonner de rencontrer sur le marché des
dispositifs de protection totalement aberrants
par rapport à la ligne qui se dégage des études
récentes. Parmi ces dispositifs, nous citerons
les prises de courant parafoudre dont
l’inefficacité est certaine du fait de leur liaison
à la terre.

23
24

V – MODE COMMUN, MODE Il est certain que deux surtensions simultanées


en mode commun engendrent une surtension
DIFFERENTIEL en mode différentiel, et inversement une sur-
tension en mode différentiel engendre des
surtensions en mode commun puisque le neu-
5.1. - DEFINITION tre est la terre. C’est le cas des commutations
triphasées.
- Mode commun
Les surtensions issues des défauts de réseau
Surtension entre neutre et terre, (1.3.2.) sont toutes créées en mode commun
Surtension entre phase et terre, sans exception.
Surtension entre conducteur actif télé-
phone et terre, Les « remontées » de potentiel par la terre
Surtension entre deux conducteurs et la (1.5.5.) engendrent par définition des surten-
terre, d’une manière générale, surtension sions en mode commun.
entre conducteurs et la terre ou une masse.
La foudre (1.5.) engendre également, la plu-
- Sollicitation en mode différentiel part du temps des surtensions en mode com-
mun. Seules certaines variations de champs
La surtension apparaît entre deux fils magnétiques dans des boucles isolées peuvent
constituant un circuit d’entrée ou entre créer des surtensions en mode différentiel.
deux fils constituant un circuit de sortie.
On voit donc que les surtensions sont produi-
Réseau d’énergie : entre deux phases ou tes à 99 % en mode commun.
entre une phase et le neutre
5.3. SENSIBILITE DES APPA-
Réseau téléphonique : entre deux conduc-
REILS
teurs actifs.
La masse d’un appareil étant reliée à la terre,
5.2. - PRODUCTION DES c’est son isolation qui doit résister à la surten-
SURTENSIONS sion en mode commun.

En se reportant au chapitre I, on peut noter que Il faut au moins 3 000 V pendant 1 ms pour
les perturbations électromagnétiques de ma- claquer un isolant normalement dimensionné.
nœuvre (1.3.1.) peuvent créer des surtensions Les appareils ne sont donc apparemment pas
en mode différentiel. Il s’agit de celles créées très sensibles aux surtensions en mode
par les récepteurs tels que : moteurs, soudeu- commun.
ses, fours, thyristors (quoique ces appareils
puissent être connectés à la terre et qu’il puisse Remarques
exister une composante à la terre). Ces surten-
sions en mode différentiel apparaissent surtout Les appareils électroniques sont en général
en régime de neutre isolé. branchés entre phase et neutre, et on pourrait
en conclure qu’ils sont sensibles uniquement
Les appareils du réseau (transformateurs, aux surtensions en mode différentiel.
condensateurs) créent, eux, toujours leurs
surtensions en mode commun puisqu’ils sont Les circuits intégrés des appareils téléphoni-
tous connectés à la terre. ques sont branchés sur une paire téléphonique
avec isolement ou non par photocoupleur et on

24
25

pourrait également en conclure qu’ils sont transformateur (plusieurs centaines de mètres)


sensibles uniquement en mode différentiel. et l’inductance linéique est importante.

Si cette subdivision était si simple, il n’y aurait Au contraire, si le parafoudre est relié à la terre
pas de casse puisque les surtensions sont (mode commun), les inévitables composantes
produites en mode commun et que les appa- en mode commun de la surtension en mode
reils sont sensibles en mode différentiel. différentiel seront évacuées rapidement à la
terre et il ne subsistera que des restes sans
Notons tout d’abord que le neutre est connecté danger.
à la terre au transformateur, il en découle donc
que toute surtension réseaux a une composante En mode différentiel, il n’est possible
mode commun et une composante phase neu- d’évacuer que des fréquences basses (quelques
tre (mode différentiel). En conséquence, les dizaines de khZ). Ces surtensions sont très
appareils branchés entre phase et neutre sont bien filtrées par les conditionneurs de réseau,
touchés. alimentations stabilisées, transformateurs
ferrorésonnants, et ne font pas partie, à notre
Nous avons vu au chapitre II que la propaga- avis, du domaine des parafoudres.
tion des surtensions s’effectuait sur un seul
conducteur, donc en mode commun, et que les Il s’ensuit qu’une protection efficace est mon-
appareils (4.9.) étaient sensibles à ce pic de tée impérativement en mode commun.
surtension libérant son énergie dans les puces
de circuit intégré, le retour du courant étant N.B. : Deux protections identiques en mode
tout simplement les masses de connexions de commun réalisent une protection au double
« masse ». Dans ce cas, la destruction se fait des tensions de seuil en mode différentiel.
sans retour de l’onde, c’est-à-dire sans conduc-
teur de retour et donc intégralement en mode
commun.
VI – METHODOLOGIE
D’autre part, nous venons de voir (5.2.) que
toute surtension en mode commun a une com-
posante en mode différentiel et vice-versa, il Pour aborder une opération de protection, il
résulte de tout ceci, d’une manière assez sur- faut avoir présent à l’esprit l’ensemble de ce
prenante, que tous les appareils sont affectés qui vient d’être exposé, savoir que le problème
par les surtensions en mode commun. ne se résout pas uniquement en utilisant des
parafoudres performants, savoir que la protec-
5.4. PROCESSUS D’ELIMINATION tion de l’alimentation ne suffit pas toujours.
D’UNE SURTENSION
Il y a un ensemble de précautions à prendre
Nous avons vu qu’il faut créer un courant pour outre veiller aux alimentations, il faut être
évacuer l’énergie de la surtension. En mode attentif au cheminement des entrées et des
différentiel, si une surtension survient par sorties et aux connexions de terre.
exemple entre deux phases du réseau et que sa
raideur est assez grande (plus de 1 000 V/µs), Une autre approche consiste à observer « la
son énergie devrait être dissipée par le para- casse » et à disposer des protections sur les
foudre branché entre les deux phases en ques- conducteurs qui paraissent véhiculer la surten-
tion. Le parafoudre ne dissipe de l’énergie que sion. La casse suivante donnant la preuve ou
si un courant est créé (W = UIt). Compte tenu non du bien-fondé de l’intervention. Cette
de la raideur du front, le courant va mettre approche doit évidemment se faire en ayant
plusieurs dizaines de microsecondes à bien en mémoire les principes précédemment
s’établir, car la ligne de retour va jusqu’au énoncés.

25
26

L’application de la Norme C 15-100 conduit


Lorsque l’intensité distribuée n’est pas trop l’installateur à connecter la masse de la chau-
importante (moins de 160 A) et que le bâti- dière et, donc, les tuyaux, à la barrette-terre du
ment est assimilable à une cage de Faraday tableau électrique.
avec des dimensions raisonnables (moins de
300 m²), il suffit de protéger toutes les lignes Cet ensemble métallique a un couplage à la
venant de l'extérieur (énergie, téléphone, terre, représenté par l’impédance Z. La valeur
transmissions d’informations, antennes). de ce couplage oscille entre 8 Ohms et 50
Ohms et, donc, reste du même ordre de gran-
deur que la prise de terre (Différentiel à 300 ou
VII – VALEURS DE TERRE 500 mA).

La Figure 1-4 (figure 12) de l’excellent livre


de Alain CHAROY - Tome 2 - ne saurait être
mise en doute. Elle indique bien que, si le
câblage est effectué comme indiqué, la résis-
tance de terre est indifférente pour l’efficacité
du parafoudre (ici représenté par une varis-
tance et une impédance Série Z).

Figure 13

Lors du fonctionnement du parafoudre, un


courant impulsionnel va se diriger à la fois
vers la prise de terre et vers le couplage de la
Figure 1.4. : relier les limiteurs de surtension chaudière, en suivant le conducteur de protec-
au plus court de la masse (la résistance de terre tion vert-jaune, qui va du tableau à la chau-
est indifférente) dière. La longueur de ce conducteur de protec-
tion peut être importante et, comme le retour
Figure 12 de courant se fait dans la terre, la boucle in-
ductive a une très grande surface. On génère,
La plupart des connexions de parafoudres donc, une impulsion sur les conducteurs -
respectent ce câblage et on pourrait penser que phase et neutre- et on met en danger
la valeur de la Terre est indifférente. l’électronique de commande de la chaudière,
du fait du fonctionnement du parafoudre.
Examinons le cas de l’alimentation d’une
chaudière de chauffage central (Figure 13).

26
27

Pour éviter cet inconvénient, il y a deux re- D’où l’intérêt d’une bonne Terre ; c’est la
commandations simples à respecter : meilleure certitude dans cet océan
d’incertitudes.
Avoir une bonne terre :

Une terre de 10 Ohms canalisera 99 % du


courant impulsionnel, du fait de la forte impé-
dance de ligne de l’alimentation de la chau-
dière.

Avoir une ligne directe et courte pour connec-


ter le parafoudre au puits de Terre

Ce qui divise le courant, ce sont les impédan-


ces et, comme il s’agit de courant impulsion-
nel, l’inductance est prépondérante. Une lon-
gueur de fil de quelques mètres en plus, des
coudes pour passer un obstacle sont autant de
facteurs, pour augmenter une inductance.

Si ces longueurs et ces coudes sont utiles dans


la ligne d’alimentation de la chaudière, ils sont
nuisibles dans la ligne qui va du parafoudre au
puits de terre.

L’exemple de la chaudière n’est pas unique.


Les couplages des masses à la terre sont très
fréquents et très nombreux ; ils atteignent
parfois moins d’1 Ohm.

Citons :
- les tuyaux d’alimentation en eau, qui sont
souvent en cuivre (l’installateur a évidemment
raccordé la baignoire à la borne-terre du ta-
bleau, par un fil vert-jaune).
- dans l’agriculture, les installations de traite,
les abreuvoirs, les silos métalliques.
- dans l’industrie, les charpentes métalliques et
les bâtis de machine.

Dans ce dernier cas, on peut « espérer » que le


phénomène est atténué par les liaisons équipo-
tentielles en cuivre nu entre les masses, à
condition qu’elles ne passent pas dans les
chemins de câbles. Comme il n’en est généra- Edition octobre 1998
lement rien, les parafoudres de tête ne servent
pas à grand chose, sauf si le puits de terre de François GIRARD - ADEE
tête fait 1 Ohm.

27

Vous aimerez peut-être aussi