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Cours d’Instrumentation

PARTIE 1 : Diversité de la mesure, conseils pour faire une bonne


mesure, mode opératoire de mise au point d'une manip, anecdotes...

I. DIVERSITÉ DE LA MESURE.

A. TYPES DE MESURES.

Les mesures à effectuer en milieu industriel ou dans des laboratoires de


recherche universitaire sont extrêmement variées. On peut en distinguer
plusieurs catégories :

mesures simples , exécutées à la main avec un appareil transportable : elles se


font sur le site de l'élément ou du paramètre à mesurer. Exemple : mesure de
tension à l'aide d'un multimètre.

mesures complexes , nécessitant un appareillage lourd : on les fait (quand on


le peut !) dans un local aménagé pour recevoir ce matériel spécifique.
Exemple : mesure de consommation spécifique d'un moteur à combustion
interne sur un banc moteur. Plus généralement, c'est le cas de nombre de
mesures faites dans des labos de recherche fondamentale.

mesures multiples , nécessitant l'acquisition simultanée de plusieurs


paramètres : on fait appel à une centrale d'acquisition portable pour des
mesures sur site, ou à des appareils indépendants fédérés par un micro-
ordinateur (pilotage des appareils et traitement des mesures) en labo.
Exemple : mesure de plusieurs paramètres de fonctionnement d'un véhicule
(vitesse, régime moteur, consommation instantanée...) à l'aide d'une centrale de
mesure embarquée.

B. DOMAINES D'APPLICATION.

La finalité de ces mesures peut être très variée. On retiendra notamment :

mesures en laboratoire  : indispensable à tout organisme de recherche


(fondamentale ou appliquée), à tout service d'étude..., ceci afin de pouvoir
élaborer des théories et les vérifier, de concevoir et tester des nouveaux
matériaux, composants, produits...

mesures de qualification de produits de grande consommation : avant de


lancer un produit en production et sur le marché (automobile, électroménager,
Hi-Fi, vidéo...), on doit s'assurer qu'il va bien fonctionner sans problèmes
pendant une durée de vie minimum, dans divers environnement (chaud, froid,
humidité...), et qu'il respecte les normes en vigueur. On fait alors fonctionner
un échantillon de ces produits (quelques dizaines d'unités dans les cas
courants) dans des laboratoires avec du matériel susceptible de les piloter
(marche/arrêt, plus vite/moins vite...), de générer des ambiances climatiques
extrêmes (froid, chaud, humidité...), et de mesurer divers paramètres. Les
mesures sont parfois faites dans un autre laboratoire après un nombre
déterminé d'heures de fonctionnement. Les bancs de mesure sont alors
complexes à mettre au point, du fait des ambiances extrêmes, et des parasitages
induits par les appareils environnants (enceintes climatiques chaud/ froid,
compresseurs, ventilateurs, alimentations électriques de forte puissance...).

mesures de tests en production  : à toutes les étapes de la fabrication d'un


produit, les divers éléments le constituant sont testés, c'est à dire mesurés et
comparés à des valeurs mini et maxi (les tolérances). Le problème est le même
que précédemment : les mesures sont faites dans une ambiance très perturbée.
Il faut aussi faire face au stockage d'un très grand nombre de données et à leur
exploitation, en direct ou en différé.

contrôle de processus industriels  : beaucoup de processus de fabrication


industriels sont asservis, c'est à dire contrôlés par une ou plusieurs variables, et
ce, en temps réel. Il est alors nécessaire de mesurer et de traiter au fur et à
mesure de leur acquisition plusieurs paramètres répartis tout au long du
processus pour pouvoir agir en conséquence et garantir la qualité et la
conformité du produit final.

C. GRANDEURS À MESURER.

Toutes ces mesures sont de plus applicables à un très grand nombre de


paramètres physiques, qui peuvent être :

mécaniques  : longueur, vitesse, débit, pression, viscosité, état de surface,


puissance, couple...

électriques  : tension, intensité, puissances...

thermiques  : température, résistance thermique...

chimiques  : Ph, concentration, salinité...

La liste est très longue ! Mais, toutefois, beaucoup de ces mesures présentent
des points communs :

d'une part, l'élément servant à mesurer les grandeurs désirées (capteur, palpeur,
sonde...) délivre très souvent (de plus en plus) un signal électrique qu'il faudra
récupérer, amplifier et adapter sans déformation (ou alors avec une
déformation maîtrisée : linéarisation par exemple). On se ramène donc
quasiment tout le temps à des mesures de tension.
d'autre part, il faudra transmettre ce signal à un dispositif de mesure électrique
ou à une centrale d'acquisition. C'est une des raison pour laquelle on utilise de
plus en plus des capteurs délivrant des signaux électriques : il est facile ensuite
de stocker les signaux, de les traiter et de les restituer à l'aide d'un ordinateur.

D. MESURES MANUELLES ET AUTOMATIQUES.

Nous allons maintenant donner une autre classification des mesures, qui va
nous permettre de distinguer deux méthodologies de travail différentes :

les mesures faites au coup par coup, avec du matériel piloté manuellement.

les mesures à grande échelle, fortement répétitives, obligatoirement faites à


l'aide de bancs de mesure informatisés permettant l'acquisition, le traitement et
le stockage d'un grand nombre de données.

En fait, nous allons voir que ces deux catégories ont une bonne partie de leur
mode opératoire en commun, et que la mise au point d'un banc de mesure
automatique passe par un déverminage en mode manuel.

II. QU'ES-CE QU'UNE CHAÎNE DE MESURE ?

La chaîne de mesure est l'ensemble des éléments nécessaires pour connaître la valeur
ou l'évolution de paramètres d'un système physique.

En pratique, et dans le cas des capteurs délivrant un signal électrique, une chaîne de
mesure sera constituée des éléments suivants :

le capteur.

un câble de liaison.

une interface servant d'adaptateur d'impédance entre le capteur et l'étage


amplificateur.

un étage amplificateur (faible bruit) destiné à amplifier les signaux généralement très
faibles issus du capteur. Cet étage amplificateur aura aussi une fonction de conversion
de mode (mode différentiel à mode commun) dans le cas d'une mesure en mode
différentiel.

on peut trouver un étage conditionneur (ex : linéarisateur) si le capteur ne délivre pas


une tension proportionnelle à la grandeur à mesurer. Il y aura aussi très souvent un
système de compensation des dérives thermiques du capteur.

ensuite, on trouve quelquefois des filtres destinés à supprimer les signaux parasites
issus du couple capteur/câble.
dans certaines chaînes, une interface réalise l'isolation galvanique entre le capteur et
l'élément de mesure.

dans tous la plupart des cas, on mesure une tension : on trouve donc un voltmètre
derrière l'amplificateur ou les conditionneurs.

enfin, il faut un système d'affichage pour donner la valeur de la mesure.

dans le cas d'un banc de mesures automatique, on trouvera en plus un micro-


ordinateur servant à piloter les instruments, à faire l'acquisition des paramètres et leur
traitement.

Il va de soi que tous ces éléments troubleront le moins possible la mesure : ils devront
être précis, fidèles, le plus linéaire possible (faible distorsion), ne pas apporter de
signal parasite (faible bruit), et avoir une dérive minimum en température, en
hygrométrie...

Un instrument de mesure est un appareil qui va réunir tout ou partie de la chaîne de


mesure. Souvent, il comprend toute la chaîne à l'exception du capteur et des câbles.

Il existe tous les degrés de modularité entre l'instrument monobloc (toute la chaîne y
compris le capteur) et le système complètement éclaté.

Par exemple, le système d'affichage ne sera peut-être pas inclus : on aura juste une
sortie en tension haut niveau (quelques volts ou centaines de mV) qu'il faudra
brancher sur un voltmètre ou bien un oscilloscope.

On trouve maintenant sur le marché de plus en plus de capteurs "intelligents" : ce sont


généralement des capteurs dont l'élément sensible est en silicium (exemple : capteur
de pression piezo-résistif, constitué d'un pont de résistances diffusées dans du silicium
micro-usiné), ce qui permet d'intégrer sur ce cristal de silicium, et juste à côté de
l'élément sensible, les fonctions d'adaptation d'impédance, amplification,
compensation thermique, linéarisation... Le capteur délivre alors directement un signal
de tension haut niveau proportionnel au paramètre à mesurer. L'intégration permet en
plus de diminuer les coûts et augmenter la miniaturisation, ce qui est intéressant pour
les systèmes de mesure embarqués (aviation, spatial, automobile...)

Pour une même mesure, on va trouver sur le marché divers appareils qui seront soit
monoblocs, soit modulaires : il faudra choisir celui qui convient le mieux, et le critère
principal ne sera pas forcément la qualité de mesure, mais aussi la modularité,
l'ouverture (veut-on accéder à des paramètres intermédiaires, sous quelle forme...), la
compacité, le coût...

La modularité peut être un avantage si la chaîne n'est pas utilisée en permanence par
une expérimentation particulière : on peut alors réutiliser des éléments pour plusieurs
types de mesures.

Bien choisir un appareil de mesure n'est pas une tâche aisée, et nécessite une bonne
réflexion préliminaire !
III. MESURES MANUELLES.

Nous allons traiter la chaîne de mesure suivante :

Ce cas est relativement répandu, et ce qui va être dit ci-après est facilement
transposable aux autres cas de figure.

Lors de mesures électriques directes (tensions), il n'y a pas de capteur.

Tous ces éléments (y compris les câbles, souvent négligés !) devront être choisis avec
soin pour répondre convenablement au besoin : gamme de mesure, précision,
rapidité...

Par exemple, si on propose de mesurer la température ambiante dans une pièce avec
un thermocouple de type K ayant une plage de mesure de -270 à 1250°C et une
précision de ±3°C, on va faire beaucoup rire, surtout si on donne toutes ces
indications.

Pourtant, dans le milieu industriel, et derrière des baies de mesures impressionnantes


de professionnalisme, il n'est pas rare de trouver ce genre de choses ! Et puis, qui
oserait remettre en cause la valeur indiquée au 1/10ème de °C sur un afficheur de
marque réputée ?

Dans tous les choix de matériel et toutes les mesures, une règle d'or s'impose : ne pas
se laisser impressionner par une débauche de matériel. Il faut toujours être critique, et
bien vérifier que toute la chaîne de mesure est homogène.

Il est tout à fait possible, avec de l'expérience, des idées et le sens du travail bien fait,
de faire des mesures de bien meilleure qualité et pour beaucoup moins cher que si on
se laisse happer par les sirènes du matériel "hi-tech".

A. CHOIX DU MATÉRIEL

Bien souvent, en mesure, on fait ce qu'on peut, et non toujours ce qu'on veut !
Ceci pour une excellente raison : le matériel de mesure coûte cher, très cher...

On essayera alors de faire un compromis acceptable entre performances et


coût.

1. Choix du capteur.

Autant que possible, il faudra adapter le capteur à la mesure, en termes


de :
sensibilité

plage d'utilisation

répétabilité, hystérésis, fidélité

dérive en température, pression, humidité...

Dans la pratique, on disposera peut-être d'un capteur moins performant


que ce qu'on avait spécifié à priori dans le cahier des charges, mais qui
peut faire l'affaire tout de même. Cela évitera l'achat d'un nouveau
capteur, et va dans le sens d'une plus grande standardisation de
l'instrumentation disponible dans le laboratoire.

Par contre , il faudra faire la mesure en connaissance de cause, et tenir


compte de la dégradation des performances dans les conclusions à tirer
de l'expérimentation.

Pour reprendre l'exemple précédent, on peut mesurer la température


d'une pièce avec un thermocouple de type K si une précision de ± 3°C
suffit. Il sera alors inutile de mettre un afficheur ayant une résolution de
0,1°C, et surtout de consigner dans le rapport des valeurs de
température avec des décimales...

2. Choix de l'instrument.

Nous avons déjà parlé des différents types d'instruments existants. On


verra donc ce qui est déjà disponible dans le labo et si un compromis
est réalisable sans acheter trop de matériel.

Il faudra néanmoins faire usage d'un instrument compatible avec le


capteur :

sensibilité, gamme d'utilisation.

mode de câblage : capteur isolé, avec une borne reliée à la masse du


montage, sortie en 1 fil + blindage, 2 fils, 2 fils plus blindage, montage
en pont...

type d'entrée (sensible à la tension, au courant, à la charge électrique, à


la résistance...), impédance.

3. Choix du câble.

Le câble est un maillon de la chaîne qui est souvent négligé, à tort, car
un câble mal adapté peut apporter beaucoup de perturbations dans les
mesures, les principales étant :

impédances parasites chargeant le capteur (capacité parasite d'un


câble coaxial par exemple). Ces impédances parasites forment un
diviseur de tension avec l'impédance de sortie du capteur et modifient
la sensibilité annoncée par le constructeur : la chaîne ne sera plus
étalonnée convenablement. En plus, pour compliquer, ce défaut variera
souvent avec la fréquence du signal...

bande passante inadaptée  : pour des signaux rapides, il faut prévoir


un câble permettant de transmettre des fréquences bien supérieures à
celles constituant le signal afin de ne pas le déformer.

génération de bruit  : la mesure d'un signal très faible dans une


ambiance bruitée avec un câble non ou mal blindé peut être
complètement faussée par des signaux parasites.

couplages  : si on a plusieurs capteurs sur un équipement à mesurer


reliés à une seule centrale de mesure, il faudra veiller à éviter des
couplages parasites et minimiser les effets des boucles de masse.

Parfois, le fabricant de certains capteurs (par exemple des


accéléromètre piézoélectriques) fournit un câble spécifique (souvent
fort cher !) destiné à les relier à un conditionneur spécifique lui aussi. Il
est impératif de respecter l'homogénéité de la chaîne, et ne pas faire de
mesquines économies sous peine de déboires sévères. Lors de l'achat, il
faudra considérer la chaîne de mesure dans sa globalité, c'est à dire
câble compris  : on pourra ou non se l'acheter, mais dans tous les cas,
il faut proscrire le bricolage.

4. Attention au vocabulaire...

Une erreur courante consiste à confondre résolution et précision.

La résolution est la variation mini du paramètre à mesurer qui


introduira une modification dans l'affichage. Sur un afficheur
numérique, ce sera un digit.

La précision va quantifier l'erreur maxi de mesure, à savoir la


différence maximum entre ce qu'indique l'affichage et la valeur vraie du
paramètre mesuré.

Pour reprendre l'exemple de mesure de température ambiante avec un


thermocouple, on pourra avoir une résolution de 0,1°C et une précision
de ±3°C : l'afficheur donne le 1/10ème de degré, mais l'affichage
pourra être différent de ±3°C par rapport à la vraie température de la
pièce.

L'afficheur peut par exemple indiquer 23,6°C pour une température


vraie de 26,1°C.

Les afficheurs numériques actuels ont un effet intimidant dû au nombre


impressionnant de digits affichés. Il ne faut jamais perdre de vue que
souvent, les derniers digits sont complètement faux. Il est alors inutile
de les consigner dans un rapport, et pis, il est aberrant de tirer des
conclusions sur l'évolution d'un paramètre si les variations enregistrées
sont inférieures à la précision de la chaîne de mesure.

Là encore, ce propos risque de faire sourire ; et pourtant...

5. Attention au matériel...

Grâce à l'électronique, il est tout à fait possible de protéger des


équipements de mesure contre des fausses manœuvres : par exemple, il
faut être vraiment très maladroit pour endommager un oscilloscope !

Par contre, pour du matériel à très grande sensibilité, ces protections ne


sont pas faisables, car elles introduiraient des perturbations trop
grandes vis à vis des signaux à mesurer (courants de fuite, tension
parasites...).

Ce matériel sensible est donc très fragile. Et en général, il est aussi très
cher... Il faut donc se poser toutes les bonnes questions avant de
brancher !

B. MODE OPÉRATOIRE.

On pourrait se demander quelle est l'utilité d'un tel paragraphe : pour mesurer
un paramètre d'un système donné, il suffit de mettre le capteur en place, de le
relier à l'instrument de mesure, on branche le tout, on relève la valeur, et c'est
fini...

Hé bien non ! C'est pourtant ce qu'on voit très souvent.

En mesure, il existe un principe de base  : il faut rester critique vis à vis de


son montage et des résultats observés.

Souvent, plutôt que de se contenter d'une seule mesure, il faudra la répéter


dans diverses conditions pour se faire une idée de l'influence de chaque
maillon (capteur, câble, instrument...), de l'environnement (parasitage,
température, hygrométrie...), et essayer de déterminer la configuration donnant
les résultats les plus vraisemblables.

On peut tomber sur deux cas de figure :

soit on "connaît" le résultat qu'on doit obtenir, et alors, il sera aisé d'éliminer
les configurations donnant des résultats fantaisistes. Ce cas se présente en
général quand on a déjà fait des mesures similaires. Sinon, il ne faudra pas
hésiter à aller consulter un collègue ayant de l'expérience dans le domaine
considéré. La confrontation des idées et des résultats peut ainsi être bénéfique à
tout le monde.
le deuxième cas est beaucoup plus critique : on ne sait pas du tout où on va. Le
mode opératoire indiqué ci-après est alors très fortement conseillé !

1. Essayer plusieurs combinaisons de matériel.

Lorsque c'est possible et que cela n'entraîne pas des dépenses


prohibitives (penser au prêt ou à la location de matériel), on peut faire
des mesures avec des capteurs différents, associés à des câbles
différents et des instruments différents. La technique des plans
d'expériences pourra ici apporter un plus, notamment pour ce qui est
des interactions entre les maillons de la chaîne : en effet, un câble
pourra donner d'excellents résultats avec un capteur donné et perturber
complètement un autre capteur. Ce n'est pas la valeur intrinsèque du
câble qui est à mettre en cause, mais son association avec le capteur.

Pour les capteurs sensibles au positionnement (capteurs de température,


accéléromètres...), il faudra tester l'influence de l'emplacement et de la
fixation de ces capteurs.

Certains appareils possèdent des réglages concernant la bande passante


du signal : on pourra tester ici leur effet : réduction de bruit et
stabilisation de la mesure, ou alors modification importante du signal
(amplitude, phase, forme...)

Si tous les résultats convergent, c'est très bien : on retiendra les outils
qu'on maîtrise le mieux, ou bien les moins chers...

Si les résultats sont différents, il faudra étudier tous les cas un par un,
essayer d'expliquer les résultats obtenus, et détecter les sources
d'erreurs.

Cette phase d'analyse ne représente que trois lignes dans ce cours ; mais
il ne faut pas se leurrer : sur une "manip" un peu pointue, cela peut
prendre des semaines...

Le fait de tester plusieurs configurations différentes aide beaucoup dans


cette phase de recherche. Par exemple, si une cause d'erreur est la
capacité parasite d'un câble, on peut la cerner en faisant un test avec un
câble beaucoup moins capacitif. On essayera avec des calculs simples
et d'après les spécifications du matériel testé de quantifier (au premier
ordre) les erreurs et de voir si ce calcul corrèle avec les mesures.

On pourra ainsi petit à petit trouver toutes (soyons optimistes !) les


sources d'erreur, et surtout, se faire une expérience des problèmes
rencontrés qui sera bien utile à la prochaine expérimentation.

2. Tester la répétabilité des mesures.


Cette deuxième phase se fera en fait en même temps que la précédente,
car tout est lié.

Pour chaque configuration testée, on va s'assurer que la mesure est


reproductible.

Le premier point trivial à vérifier est la stabilité de la mesure : si


l'afficheur varie en permanence, ou si la courbe d'un signal tangue sur
l'oscilloscope, il faut tout de suite en chercher les raisons avant d'aller
plus loin. Il faudra vérifier notamment la bonne mise à la masse des
capteurs, des câbles et des instruments.

Ensuite, on devra répéter la mesure un certain nombre de fois sur une


pièce témoin et juger de sa dispersion à l'aide d'outils statistiques
simples comme la moyenne, le mini, le maxi, l'écart type, et
éventuellement tracer la courbe de distribution des valeurs obtenues.

Il ne faudra bien entendu pas oublier de faire des test dans des
conditions climatiques différentes : par exemple, mesurer précisément
des résistances ayant un coefficient de température important nécessite
des précautions. Le labo peut être froid le matin, mais bien ensoleillé
l'après midi. Quelques degrés d'écart peuvent rendre caduques bien des
digits d'afficheur...

De même, sur des montages à très haute impédance (mesure d'isolation


par exemple), une humidité non contrôlée peut avoir une incidence
importante : il faut y penser... et y remédier si possible.

On pourra (si les conclusions ne sont pas à rendre pour la veille,


comme on le voit fréquemment dans l'industrie !) tester la répétabilité
dans le temps et quantifier les éventuelles dérives.

A ce titre, quand on fait régulièrement des mesure avec le même


matériel, le premier test à faire est de remesurer l'élément qui a été
passé sur le banc lors de la campagne précédente. Normalement , le
résultat doit être le même... Si ce n'est pas le cas, il faut passer tout le
banc de mesure au peigne fin jusqu'à ce qu'on trouve les sources de
divergence.

3. En conclusion

Ne jamais se fier aveuglément aux indications d'un appareillage


sophistiqué . Dans la mesure (si on peut dire !) du possible, on devra
essayer plusieurs types de manipulations permettant de corréler les
résultats, et comparer autant que possible ces résultats ainsi que les
protocoles d'expérimentation avec des collègues ayant une expérience
similaire.

Et surtout, si nos essais nous amènent à des conclusions "bizarres",


révisons notre copie avant de la publier.
Par exemple, si nos résultats nous entraînent à remettre en cause le
principe d'attraction universelle, pensons d'abord à l'erreur de mesure,
et ensuite au prix Nobel...

J'en voit qui sourient... La fusion froide, ça vous dit quelque chose ?

P.S : il ne pas se sous-estimer quand même, ni laisser de côté sa


créativité. Parfois, c'est vraiment le prix Nobel qui attend au bout des
mesures...

 BANCS DE MESURE.

Lorsqu'on doit faire toute une série de mesures sur un échantillon de grande taille, il
est nécessaire de passer au banc automatique pour plusieurs raisons :

gain de temps.

on évite l'ennui de refaire plusieurs fois la même chose.

une fois que le banc est au point, l'automatisation garantit une bonne répétabilité dans
les mesures, et évite les erreurs de manipulation.

Par contre, la mise au point de ce banc devra être faite avec le plus grand soin, et on
fera en parallèle avec le banc des mesures manuelles dans diverses conditions pour
vérifier la fiabilité des résultats obtenus.

A. MATÉRIEL NÉCESSAIRE

Le matériel de base sera le même que pour les mesures manuelles, auquel on
va rajouter :

des instruments de mesure télécommandables par un ordinateur, via une liaison


série ou un port GPIB (ou autre...).

un ordinateur qui servira à commander les instruments et à récupérer les


données mesurées. Il servira ensuite soit à faire du traitement des données en
différé (traitement mathématique, affichage de courbes...), soit à les traiter en
temps réel dans le cas d'un contrôle de processus. Dans ce dernier cas,
l'ordinateur va aussi servir à piloter le processus industriel.

souvent, on remplace l'instrument de mesure traditionnel par une carte


d'acquisition de données qu'on fixe dans l'ordinateur. Ces cartes sont très
utilisées quand on a beaucoup de mesures à faire en parallèle, car elles
possèdent un grand nombre d'entrées configurables par logiciel depuis
l'ordinateur (réglage de la sensibilité, du type de mesure simple ou
différentielle...). Quelquefois, ces cartes incluent des conditionneurs de
capteurs à l'entrée (notamment pour les thermocouples).

certains bancs de mesure (pour la qualification de produits notamment)


comportent des machines climatiques (chaleur, froid, humidité...) qu'on
choisira de préférence pilotables par l'ordinateur.

B. MISE EN GARDE !

De plus en plus, on trouve dans les labos des bancs de mesures avec un
ordinateur de pilotage. C'est très pratique, mais il faut faire très attention :

Le problème de ces bancs, c'est que rien n'est accessible simplement ; s'ils ont
été mis au point par une tierce personne, la documentation est généralement
déficiente (quand elle existe), et en particulier, on ne connaît pas trop les
limites de validité des mesures.

On donne donc quelque chose à mesurer en pâture à la machine qui recrache


un résultat aseptisé et emballé à l'autre bout. Et on ne sait rien de ce qui s'est
passé dans les entrailles de la machine.

Là encore, il ne faut surtout pas se laisser impressionner par une machine haut
de gamme fournissant à la vitesse de l'éclair des résultats avec 18 décimales et
des courbes en 3D et en couleur !

Derrière ces résultats rutilants se cachent parfois des erreurs de mesure


grossières. De plus, les gens mettant au point ces bancs sont plus souvent
informaticiens qu'électroniciens ou spécialistes en mesure. Ils privilégient
souvent l'interface au détriment de la partie instrumentation ou traitement des
résultats (du point de vue mathématique ou statistique). La plus grande
prudence s'impose donc !

C. MISE AU POINT D'UN BANC.

Mettre au point soi-même un banc de mesure est par contre quelque chose de
passionnant. Il faudra s'armer de patience et de ténacité, mais le résultat en
vaut la chandelle.

Si ce banc doit servir à d'autres utilisateurs, on soignera particulièrement la


documentation, et notamment la description des traitements effectués, et les
limites de validité de la précision annoncée.

1. Choix du matériel.
Pour toute la partie instrumentation, revoir ci-dessus. La seule
différence proviendra de l'aptitude des instruments à être pilotés par
ordinateur.

On choisira le type de pilotage en fonction des ressources disponibles


sur l'ordinateur (carte GPIB, liaison série disponible, autre carte...) et
du flux de données qu'on aura à gérer (temps réel ou pas, fréquence
d'acquisition élevée ou faible, un ou plusieurs paramètres à mesurer
simultanément...).

2. Méthodologie.

 Attention aux couplages.

Le plus gros problème qu'on rencontrera lors de la mise au point


du banc sera dû aux phénomènes de couplage par impédance
commune. En effet, tous les appareils composant la chaîne de
mesure et de traitement sont reliés à la même masse qui est
généralement la terre (ce sont des normes de sécurité imposées
aux fabricants de matériel de mesure). On sera parfois obligés
d'isoler certaines parties de la chaîne à l'aide d'amplis d'isolation
ou de travailler en différentiel.

 Cartes d'acquisition.

Si on utilise des cartes d'acquisition à mettre dans l'ordinateur,


on se rappellera que celui-ci est un milieu extrêmement
perturbant : fréquences de fonctionnement élevées,
commutation, alimentation à découpage, ventilateur...

Bref, il vaudra mieux pré-conditionner les faibles signaux (les


amplifier, filtrer et délivrer sous faible impédance) avant de les
envoyer sur ces cartes d'acquisition.

 Mesures chaud/froid.

Si ce banc doit utiliser un équipement climatique (enceinte


thermique chaud/froid par exemple), on fera très attention aux
phénomènes de condensation et de givre. Si on doit faire des
mesures à chaud et à froid, il faut commencer par le chaud : le
matériel testé va sécher convenablement ; ensuite, on fera le test
à froid : pas de problème de givre. Ne jamais ouvrir l'enceinte
climatique à froid : givrage instantané garanti dû à l'humidité de
l'air ambiant ! Lors d'un retour à température ambiante, ce givre
va fondre et "noyer" le montage, provocant des courants de fuite
importants, et pouvant endommager certains équipements sous
test.
Il faudra aussi tenir compte de l'hystérésis en température du
matériel testé, et donc faire un cycle thermique complet avant
toute mesure de façon à toujours se trouver dans les mêmes
conditions de mesure. On évitera ainsi des écarts difficiles à
interpréter.

 Répétabilité du banc.

C'est un des aspects essentiels de la mise au point du banc : il


est évident que lorsqu'on mesure deux fois la même pièce sur un
banc, le résultat doit être le même. Eh bien une fois de plus, ce
n'est pas toujours le cas !

L'ordinateur de pilotage va nous être ici d'un grand secours : il


va pouvoir faire seul un grand nombre d'acquisitions du même
paramètre, et nous aider à traiter statistiquement les données.

Dans la majorité des cas, la distribution des résultats obtenus


aura la forme suivante (exemple de mesures d'une résistance) :

Fig. 1. Distribution des mesures d'une résistance

C'est la loi normale ou loi de Gauss. Elle est entièrement


caractérisée par deux paramètres :

la moyenne, qui est égale à l'abscisse de l'axe de symétrie de la


courbe : sur l'exemple, c'est 420 .

l'écart type, qui est représentatif de la dispersion des valeurs.


Dans l'exemple donné, il est de 5 .

Ces deux paramètres se calculent à l'aide de toutes les valeurs


obtenues par la mesure.

On remarque qu'on a très peu de mesures en dessous de 405


(valeur de la moyenne moins 3 écarts type) et au dessus de 435
(moyenne plus 3 écarts type).
La théorie de la loi normale nous dit que la probabilité de
trouver des valeurs hors de cet intervalle de ±3 écarts type est
inférieure à 3‰.

Dans la pratique, il faudra faire en sorte que la dispersion des


mesures (à ± 3 écarts type) soit inférieure au dixième de la
précision désirée pour faire la mesure.

Par exemple, si on veut mesurer des résistances à ±3%, il faudra


que l'écart type de la mesure soit inférieur ou égal à 0,1% de la
valeur de la résistance mesurée.

Si on reprend l'exemple de la figure 1, la répétabilité du banc est


de ±3,5%. Il serait illusoire de prétendre faire des mesures de
précision avec une telle dispersion !

Cette notion de répétabilité est importante surtout pour les


équipements de test en production : il ne faut pas que
l'incertitude de mesure du banc soit importante vis à vis des
tolérances des produits mesurés. Si tel est le cas, une pièce
testée plusieurs fois pourra être tantôt bonne, tantôt mauvaise.
C'est ce que l'on nomme les DNR (défauts non reproductibles).
Plus la distribution des mesures est étroite, moins on aura de
DNR.

Attention  : il ne faut pas confondre répétabilité et précision.


Une mesure peut être imprécise mais très répétable : la mesure
d'une résistance de 420 sur un banc peut être comprise entre
440 et 440,4 . La précision est de +5%, mais la répétabilité est
de 1‰.

En règle générale, la précision va être déterminée par les


caractéristiques du capteur et de l'instrument de mesure.

La répétabilité dépendra de paramètres tels que l'hystérésis des


appareils constituant la chaîne, du câblage (bruit issu de sources
de perturbation extérieures), et encore des tensions de mode
commun mal maîtrisées, des résistances de contact fluctuantes
et non prises en compte dans la mesure...

Il vaut mieux avoir une mesure imprécise mais très répétable


que l'inverse. Les causes d'imprécision sont plus faciles à
identifier, et éventuellement pourront faire l'objet de
compensations par l'informatique de traitement du banc : auto-
zéro, auto-calibration de la chaîne de mesure...

Une non répétabilité dénote un ou plusieurs paramètres très mal


maîtrisés. Se lancer dans des mesures à grande échelle dans ces
conditions est hasardeux, car des dérives supplémentaires sont
prévisibles.
 En conclusion :

On procédera de la même manière que pour les mesures en


mode manuel pour ce qui est du choix des instruments.

On se rappellera que l'ordinateur de traitement est perturbant :


on ne lui confiera pas de signaux "fragiles" (bas niveau et/ou
haute impédance).

On apportera un soin particulier à la répétabilité des résultats en


s'aidant d'outils statistiques. Une mauvaise répétabilité n'est pas
bon signe : la chaîne de mesure est mal maîtrisée, et tôt ou tard,
on va le payer.

On soignera d'abord la qualité de la mesure, et ensuite, on


peaufinera l'aspect informatique (ergonomie, présentation...).
On ne peut faire du bon travail qu'avec des données saines !

B. EN PRATIQUE...

Toute cette énumération protocolaire et toutes ces mises en garde vont peut-
être paraître superflues, voire rebutantes.

Il est clair qu'il s'agit là d'un exposé un peu académique, et que dans la
pratique, on n'aura peut-être pas le temps ni les moyens de le mettre en œuvre.

Il faudra aussi faire le tri en fonction de la difficulté de la mesure à faire, et


cette aptitude à savoir faire l'impasse ou non sur telle procédure viendra avec
l'expérience ; on ne traitera pas de la même manière la mesure d'une résistance
de 1k et celle d'un courant de fuite voisin du nA à -30°C...

Toutefois, la prudence reste un excellent conseiller du spécialiste en mesure, et


il faudra se garder de sous-estimer la difficulté : des manips paraissant simples
à priori à un débutant pourront en fait être très délicates.

On ne le répétera jamais assez : dans tous les cas, on aura intérêt à aller
consulter les personnes ayant une expérience dans le domaine qu'on va aborder
!

Note :Technique qui consiste à faire une matrice d'essais spécifique permettant de voir
toutes les influences possibles (y compris les interactions entre les différents
constituants de la chaîne) avec un nombre réduit d'essai
PARTIE 2 : Perturbations dans les mesures : les couplages et leurs
effets, étude de cas concrets, remèdes

I. INTRODUCTION.

Les plus gros soucis que devra affronter le spécialiste en mesures lors de la mise au
point de manips ou de bancs de mesures viendront des nombreuses perturbations
extérieures qui affecteront le résultat.

L'objet de ce cours est de répertorier les principaux modes de perturbations électriques


; pour chacun de ces modes, on donnera une définition théorique (donc assez large), et
pour ne pas rester dans le flou, on passera tout de suite à un exemple concret,
représentatif de ce qu'on trouve fréquemment dans la pratique de la mesure.

Il ne faudra bien entendu pas se borner à cet exemple, et garder à l'esprit qu'il est
seulement représentatif d'une famille de perturbations.

Ce cours est très simplifié. En effet, on rentre dans le domaine plutôt complexe de la
Compatibilité ÉlectroMagnétique (CEM) des équipements électriques. Ce domaine est
assez mal maîtrisé, car jusqu'à présent, il est resté confiné dans des domaines pointus
(spatial, militaire, radiodiffusion...).

L'émergence de nouvelles normes en matière de CEM visant à réduire les parasites


émis par les équipements électriques augmente actuellement de façon considérable le
champ d'action de cette discipline.

Il n'est pas question dans ce cours de rentrer dans le détail des notions complexes de ce
domaine ; le but est juste de sensibiliser de futurs spécialistes en mesure aux plus gros
problèmes qu'ils devront affronter, et leur permettre :

d'éviter les pièges les plus grossiers.

de " flairer " les pièges plus subtils ; il feront alors appel à un spécialiste de la CEM
qui les aidera à mettre le montage de mesure au point. Quelquefois, des conseils
simples suffiront.

II. NOTIONS DE COUPLAGE ÉLECTRIQUE.

Pour qu'il y ait couplage, il faut au moins deux équipements en présence : un qui va
générer des signaux parasites (le coupable ), et un autre qui va subir la perturbation (la
victime ).
Dans notre cas, le coupable pourra être quelconque (alimentation, ventilateur,
ordinateur, câble véhiculant des forts courants pulsés...), et la victime sera l'ensemble
composé du système à mesurer, de l'équipement de mesure, et bien sûr, encore et
toujours des câbles.

A noter que dans le cas d'un banc de mesure complexe, certaines parties de ce banc
peuvent devenir des coupables pour d'autres parties qui en seront victimes...

Le couplage est la liaison physique (au sens de phénomène physique) qui va permettre
au coupable de polluer la victime.

Les six modes de couplage recensés sont les suivants :

couplage par impédance commune

couplage par diaphonie inductive

couplage par diaphonie capacitive

couplage carte à châssis

couplage de champ à fil

couplage de champ à boucle

Les quatre premiers sont des couplages par conduction (à travers une résistance, une
inductance, une mutuelle inductance, un condensateur, ces éléments étant parasites), et
les deux derniers, des couplages par rayonnement de champs électromagnétique.

Nous allons voir ces six couplages en détail et étudier des exemples concrets pour
chacun d'eux.

III. COUPLAGE PAR IMPÉDANCE COMMUNE.

Quand on rencontre des problèmes de parasitage des mesures, on va souvent chercher


des explications compliquées mettant en cause des champs électromagnétiques ou pis,
des démons inconnus...

Très souvent, nous sommes seulement ( ! ) victimes de couplage par impédance
commune.

A. DÉFINITION.

Dans une boucle de mesure, on a un couplage par impédance commune


lorsqu'une impédance parasite faisant partie de la boucle est parcourue par un
courant étranger à la boucle de mesure. La chute de tension créée par ce
courant dans l'impédance parasite va s'ajouter à la tension à mesurer et la
fausser.
En général, l'impédance parasite sera résistive (99% des cas), et parfois
inductive. Les inductances parasites des câbles étant faibles, le phénomène sera
gênant en HF et lors de commutation rapide de courants importants.

Le couplage par inductance est plus problématique pour le concepteur de


circuits électroniques rapides que pour le spécialiste en mesures.

B. EXEMPLES.

Les cas les plus critiques seront toujours les mesures de signaux de faible
niveau : le niveau relatif des perturbations devient alors gênant pour qu'on
puisse garantir la précision. Nous allons donc insister sur ces cas.

1. Cas d'école.

Dans la littérature, ce mode de couplage est présenté de la façon


théorique suivante :

Fig. 1. Couplage par impédance commune.

Considérons une impédance Zm aux bornes de laquelle on désire


mesurer une tension Vr.

Cet élément à mesurer est relié à un amplificateur de mesure de gain Av


par 2 fils, dont l'un présente une impédance parasite Zp.

La boucle de mesure, schématisée figure 1 comprend l'impédance aux


bornes de laquelle on mesure une tension, l'entrée de l'ampli
d'instrumentation, et les fils aller (point chaud) et retour (masse) du
câble.

Dans le cas où l'impédance Zm est interconnectée avec d'autres éléments


(circuit électronique), ainsi que l'ampli de mesure (par exemple à un
oscilloscope), il peut exister un courant parasite Ip indépendant de la
mesure et circulant dans le fil d'impédance Zp liant l'élément à mesurer
à l'amplificateur.

Le courant de mesure proprement dit est conditionné par l'impédance


d'entrée de l'ampli, qui est (sauf en HF) en général très élevée (> 1M )
pour ne justement pas perturber l'élément à mesurer. Ce courant étant
infime, on va le négliger.

Nous étudierons dans les exemples suivants d'où peut provenir le


courant Ip. Pour l'instant, on va admettre qu'il existe et analyser les
perturbations induites.

Si on applique la loi d'ohm dans la boucle de mesure, on trouve une


tension à l'entrée de l'ampli égale à :

En effet, l'entrée de l'ampli " voit " tout ce qui compose la boucle de


mesure, à savoir la tension à mesurer plus la chute de tension dans
l'impédance parasite Zp.

 Application numérique.

Si le signal Vr est de l'ordre de 100mV (ce qui est déjà, en


mesure, une valeur " importante "), Ip = 1A et Zp = Rp = 10m ,
le signal d'erreur représentera 10% du signal à mesurer... et le
résultat sera inexploitable !

 Cause fondamentale.

Le point de départ de toutes ces perturbations est une remise en


cause d'un postulat de l'électronique théorique : la masse n'est
pas une véritable équipotentielle , surtout lorsqu'on a
plusieurs équipements interconnectés. C'est le problème de base
de la CEM, et c'est dû à un phénomène non pris en compte dans
les cours d'électronique de base : tout conducteur, quel qu'il soit,
présente une impédance à ses bornes. C'est donc vrai pour
toutes les liaisons, et en particulier celles entre masses.

 Dépasser la mise en équation.

Ces éléments théoriques ne sont pas suffisants pour permettre


au néophyte de les mettre en évidence sur une manip, et de voir
les branchements et mécanismes concrets qui ramènent à ce cas
d'école.

Passons donc au concret : nous allons voir sur 3 cas


extrêmement répandus en mesure le mécanisme de couplage par
impédance commune.

2. Exemple de mesure de courant à l'aide d'un shunt.


L'illustration la plus proche du cas théorique précédent est la mesure
d'un courant à l'aide d'un shunt sur un équipement électronique.

 Description du montage.

Le montage est composé des éléments suivants :

un montage électronique comprenant le shunt de mesure d'un


courant, un des pôles du shunt étant relié à la masse du montage
électronique.

une alimentation stabilisée fournissant l'énergie au montage


électronique.

un oscilloscope permettant de visualiser et mesurer le courant


du montage électronique.

un câble coaxial liant le montage à l'oscilloscope.

Le montage réel sera le suivant :

Fig. 2. Mesure sur shunt.

Il est très important de noter que chaque appareil possède sa


masse électrique, que ces masses sont reliées entre elles par les
câbles de liaison, et que les masses de l'alimentation et de
l'oscilloscope sont reliées à la terre.

A ce titre, dans tous les laboratoires, les prises de courant sont


toutes équipées de terre, et tous les appareils électriques et
électroniques d'alimentation, de génération et transformation de
signaux, et ceux de mesure sont équipés de prises de terre, ceci
afin de mettre ces appareils à un potentiel très voisin de celui
des humains qui les utilisent : on évite ainsi les chocs
électriques et on assure la sécurité des personnes qui
manipulent.

Le respect de ces règles est obligatoire, et les circuits de mise à


la terre sont régulièrement contrôlés.
 Schéma équivalent.

Fig. 3. Schéma de câblage équivalent.

A partir du schéma de branchement, on va bâtir le schéma


électrique équivalent en tenant compte des impédances
parasites des câbles (Fig. 3.).

Dans ce schéma, nous n'avons mentionné que les résistances


parasites. Le raisonnement serait strictement le même si on
incluait les selfs parasites.

Si dans un premier temps on supprime l'oscilloscope, le


fonctionnement est le suivant : tout le courant Is circulant dans
le shunt est fourni par le pôle + de l'alimentation et revient par
le pôle - de cette alimentation, ainsi que les autres courants
circulant dans le module électronique.

La prise de terre sert uniquement à mettre le montage au


potentiel de la terre : aucun courant ne circule dans cette
connexion (sauf gros problème !).

Si maintenant on rajoute l'oscilloscope avec sa prise de terre, et


le câble de liaison avec le montage électronique, la règle
précédente reste valable : aucun courant ne " disparaît " dans la
terre. Par contre, le courant Is circulant dans le shunt a
maintenant 2 circuits possibles pour retourner vers
l'alimentation :

le circuit direct prévu à cet effet, à savoir le câble de masse


reliant l'alimentation au montage (courant I1).

un circuit parasite, composé du fil de masse du câble de mesure,


du fil de terre reliant l'oscilloscope au secteur, et du fil de terre
reliant le secteur à l'alimentation (courant I2).

Les courants I1 et I2 peuvent être aisément calculés par la loi du


diviseur de courant :
On retrouve ici le cas d'école, avec l'impédance parasite qui est
Rcbl et le courant parasite I2 circulant dans la boucle de mesure.
On en déduit alors facilement la valeur du signal d'erreur Verr :

Ces équations sont données à titre indicatif : dans la pratique, on


ne connait pas les impédances parasites avec précision, ni
surtout les résistances de contact des câbles aux borniers. On ne
saura donc pas faire un calcul précis. On se bornera à estimer un
ordre de grandeur de l'erreur qu'on corrèlera à l'aide de la
mesure d'une pièce étalon pour voir si on ne fait pas fausse
route dans le diagnostic des sources d'erreur de la mesure.

 Discussion.

Ce cas typique (et surtout ses variantes) se présente assez


souvent ; il permet de faire le lien avec le cas d'école, et surtout,
de voir le mécanisme de bouclage des courants par des circuits
dérivés, et donc d'interpréter la présence d'un courant parasite
dans la boucle de mesure (le diagnostic étant fait, il sera plus
facile d'éliminer ce courant ou ses conséquences).

Il faut noter un aspect extrêmement vicieux du phénomène de


" parasitage " de la mesure dans ce cas particulier : le signal
d'erreur a exactement la même forme que le signal utile ; il ne
va affecter que son amplitude, et le résultat de mesure paraîtra
" propre ". Il sera alors difficile de détecter l'erreur si on ne
connaît pas exactement le résultat attendu (on a intérêt dans ce
cas à mesurer une pièce étalon pour valider la mesure).

Le piège est plus grossier et facilement détectable quand le


courant parasite n'est pas celui qu'on désire mesurer :
l'oscilloscope montre alors un " vrai " bruit.

La principale parade existant pour contrer la circulation de ces


courants parasites consiste à faire une mesure différentielle :
ceci fera l'objet d'un cours spécifique.
Remarque : ce type de perturbation se rencontre plus
généralement pour toute mesure faite en mode commun (mesure
d'un point chaud par rapport à la masse).

Il est clair que si dans l'exemple précédent le shunt était flottant


(aucun pôle à la masse), il serait hors de question de faire une
mesure de mode commun en mettant un des pôles du shunt
directement à la masse de l'oscilloscope par exemple : on court-
circuiterait une partie du montage électronique, avec tous les
dégâts que cela peut engendrer. Dans ce cas, la mesure en
différentiel est impérative .

 Extension à d'autres cas.

En pratique, les mesures sur shunt sont (presque) toujours faites


en mode différentiel : il n'y aura donc pas de problème dans ce
cas.

Par contre, il est plus fréquent qu'on ait à mesurer une faible
tension par rapport à la masse sur une carte électronique où
circulent des forts courants. Les perturbations seront strictement
les mêmes : les forts courants auront souvent (au moins) deux
chemins possibles pour retourner au pôle - de l'alimentation, et
un de ces chemins est en général le fil de masse du câble de
mesure.

Si les courants sont pulsés (présence d'une alimentation à


découpage par exemple), il faudra prendre en compte les
inductances parasites pour expliquer des surtensions brèves
mais parfois de forte amplitude au moment des commutations
du courant parasite. Ces surtensions peuvent être dangereuses
pour certains équipements de mesure fragiles.

3. Mesure simultanée d'une tension et d'un courant par sonde.

Cet exemple particulier va nous montrer que même si la sonde de


mesure est " isolée " du montage à mesurer, on peut avoir des
couplages parasites venant fausser les résultats.

 Description du montage.

On se propose de mesurer un courant sur un montage


électronique par l'intermédiaire d'une sonde de courant, ainsi
qu'une tension (sonde reliée à l'oscilloscope).

Pour ce faire, on dispose :


d'un montage électronique.

d'une alimentation stabilisée fournissant l'énergie au montage.

d'un oscilloscope.

d'une sonde d'oscilloscope standard.

d'une sonde de courant et de son amplificateur, celui-ci


délivrant une tension proportionnelle au courant mesuré. Cette
tension doit être analysée à l'oscilloscope positionné sur le
calibre 10mV/div (faible signal).

Fig. 4. Mesure de courant par sonde.

Le principe de la sonde de courant est basé sur des phénomènes


de couplage par mutuelle induction (transformateur de courant)
ou sur l'effet hall, celui-ci permettant de mesurer des courants
continus. Dans tous les cas, il n'y a pas besoin de couper le
circuit pour mesurer le courant comme dans le cas d'un shunt.
La sonde de courant se présente sous forme d'une pince
entourant le câble où circule le courant à mesurer : il y a donc
isolation parfaite entre la sonde et le circuit à mesurer.

 Schéma équivalent

Fig. 5. Schéma équivalent

Si on fait le schéma équivalent du montage comme dans


l'exemple précédent, on pourra constater les choses suivantes :
si on mesure uniquement le courant, la sonde de tension étant
débranchée, il n'y a aucun problème. Dès que l'on rajoute la
sonde de tension, et surtout, sa connection de masse sur le
montage, on ouvre la voie à deux chemins parasites pour le
courant de retour du montage électronique : un va transiter par
le câble de masse de la sonde de tension, l'autre par le câble de
masse liant l'ampli de sonde de courant à l'oscilloscope. On
pollue d'un seul coup deux signaux !

4. Application à la mesure de faibles résistances : mesure 4 points.

Une mesure de résistance est faite selon le principe suivant : on injecte


un courant calibré dans la résistance à mesurer, et on mesure la chute
de tension induite aux bornes de cette résistance.

Dans ce cas, l'instrument de mesure (un multimètre) va comporter à la


fois le générateur de courant et le voltmètre (qui est, rappelons le,
l'instrument de mesure de base).

Dans les multimètre à bon marché, il n'y a que deux bornes de sortie
permettant de faire cette mesure : les cordons de mesure vont donc
servir à véhiculer le courant et recueillir la tension.

Fig. 6. Principe de mesure d'une résistance.

Or, ces câbles, ainsi que leur contact avec le composant à mesurer sont
résistifs. Le courant de mesure va donc provoquer des chutes de tension
parasites dans ces résistances, et au lieu de mesurer Rtest, on va mesurer
Rtest + Rcord1 + Rcord2 :

Fig. 7. Perturbation de la mesure de résistance.

Le phénomène sera plus gênant pour les mesures de faibles résistances,


car les résistances parasites ont une valeur sensiblement constante :
plus la résistance mesurée a une valeur élevée, plus l'erreur sera faible.
Là encore, on est en présence de couplage par impédance commune.
D'aucun objecteront que le courant " parasite " est le courant de mesure.
En fait, on peut considérer que l'instrument de mesure est le voltmètre,
et qu'il est perturbé par le courant I qui est pour lui un courant parasite !

La parade à cet inconvénient consiste à faire une mesure dite " 4


points " : on amène le courant de mesure et on lit la tension avec deux
jeux de câbles différents. On lit alors vraiment la valeur de la résistance
à mesurer :

Fig. 8. Mesure de résistance " 4 points "

Les multimètres de précision possèdent 4 bornes de sortie pour la


mesure 4 fils :

2 bornes notées " force " qui injectent le courant.

2 bornes notées " sense " qui mesurent la tension.

Attention à la précision ! 1k n'est pas une faible valeur, certes, mais si


on veut mesurer une telle résistance avec une précision de 1 pour
10000, il faudra passer par une mesure 4 points, alors que ce ne sera
pas nécessaire pour mesurer 100 à 1%. Tout est relatif !

5. Conclusions.

Ces petits exemples de tous les jours ont permis de mettre en évidence
les mécanismes de couplage par impédance commune. Les éléments
essentiels à retenir sont :

les " équipotentielles " ne sont jamais parfaites.

il convient de bien faire le schéma équivalent de tout le montage, en


prenant en compte tous les chemins possibles (mises à la terre, mises à
la masse multiples...) pour arriver à détecter les problèmes et y
remédier.

on aura d'autant plus de problèmes qu'un des appareils consommera ou


générera des forts courants.

il faut se rappeler qu'un câble de masse supplémentaire mal placé sur


un montage de mesure peut fausser toutes les mesures : il faut réfléchir
à deux fois avant de modifier quelque chose qui marche !
ces exemples illustrent l'ampleur des problèmes potentiels qui se posent
lors de la conception d'un banc de mesure automatisé, réalisant la
commande, la mesure et le traitement d'un grand nombre de
paramètres, et comprenant plusieurs appareils interconnectés !

C. REMÈDES.

Il n'y a pas de remède miracle universel et possédant toutes les qualités. Très
souvent, un simple toilettage du montage suffira (câblage rationnel des
appareils, pas de câbles superflus, câbles courts...).

Ensuite, en fonction des résultats désirés et des moyens disponibles, on pourra


piocher dans les méthodes proposées ci dessous.

1. " Flottement " d'un appareil.

Nous avons vu que la source de tous nos problèmes venait souvent de


couplages dûs aux liaisons à la terre des divers appareils interconnectés.

Pour éviter ces problèmes à peu de frais, on peut être tentés de couper
ces liaisons avec la terre.

Mais alors, attention ! ! ! Ce genre de manipulation peut être


extrêmement dangereux, et ne devra pas être fait à la légère. Dans tous
les cas, il faudra qu'il subsiste au moins un appareil à la terre pour
assurer la sécurité des personnes qui vont manipuler les appareils.

Il faudra que toutes les liaisons entre appareils restent en place (et
notamment les masses).

De plus, on risque de se retrouver avec des couplages autres (carte à


châssis par exemple) qui ruineront les gains obtenus, surtout s'il existe
des courants ou tensions HF dans le montage. Cette méthode est donc
fortement déconseillée dans la plupart des cas.

Tout au plus, dans certaines manips, on pourra désolidariser


l'alimentation stabilisée de la terre. Certaines alimentations possèdent
d'ailleurs des bornes de masse et de terre séparées en face avant. On
pourra ou non les relier en fonction des besoins. On constatera alors le
résultat sur l'oscilloscope : si le flottement donne de bons résultats, on
laissera tel quel, sinon, on remettra la connexion de terre.

Cette méthode peut être efficace dans les exemples de mesure sur shunt
ou avec la sonde de courant cités plus haut. A proscrire si les tensions
mises en jeu sont élevées !
Il est très déconseillé de flotter des oscilloscopes : certains sont alors
dangereux. De plus, les potentiels atteints par le châssis peuvent
l'endommager.

2. Mesure en différentiel.

C'est une méthode quasi universelle pour la résolution de ce genre de


problème. Nous allons l'étudier en détail au chapitre suivant :
" L'amplificateur d'instrumentation ".

Elle n'est pas utilisée systématiquement, car elle est plus complexe à
mettre en œuvre et plus chère qu'une mesure simple par rapport à la
masse.

De plus, les amplificateurs différentiels ont aussi des limitations qui


empêchent leur utilisation partout.

3. Amplification " à la source ".

Si on conçoit soi-même la carte électronique dont on veut mesurer un


faible signal, il est possible d'amplifier ce signal sur la carte même.
Dans ce cas, la réjection du signal d'erreur sera multipliée par le gain de
l'amplificateur.

Par exemple, si on a un signal utile de 100mV et un signal d'erreur de


10mV dû au câblage, un ampli de gain 10 va permettre de monter la
tension utile à 1V, et le signal d'erreur ne fera plus que 1% du signal
utile au lieu de 10%. L'ampli " local " étant référencé à la masse du
montage, il n'y a pas de problème local de couplage par impédance
commune (à condition que le routage du montage électronique soit fait
convenablement !).

Le câble de mesure va alors véhiculer un signal de fort niveau et à


basse impédance, donc " robuste ".

Cette méthode peut être très bon marché et efficace. Elle évite une
mesure en différentiel, plus lourde à mettre en œuvre et plus chère.

IV. COUPLAGE PAR DIAPHONIE INDUCTIVE.

A. DÉFINITION.

Tout courant variable circulant dans un conducteur va créer un champ


magnétique autour de lui. La variation de flux ainsi produite va créer des
tensions induites parasites dans les boucles formées par les câbles conducteurs
contigus au câble perturbateur.
En pratique, cela revient à considérer la mutuelle inductance entre le câble
perturbateur et le câble victime.

Parmi les perturbateurs, on fera attention aux câbles d'alimentation des


convertisseurs statiques, des moteurs électriques, des relais, et aussi aux câbles
véhiculant des signaux logiques à front raide.

En mesure, on aura des problèmes avec les convertisseurs statiques, et aussi


avec des câbles en nappe dans le cas de bancs informatisés : ces câbles sont
pratiques pour véhiculer beaucoup de signaux sans avoir une forêt de fils, mais
ils posent des gros problèmes de diaphonie.

B. REMÈDES.

Les remèdes peuvent être simples :

dans la mesure du possible, on éloignera les câbles à courants pulsés (dI/dt


élevés) des câbles véhiculant des signaux faible niveau à mesurer.

surtout, il faudra se garder de faire courir le câble source et le câble victime


parallèlement sur une grande distance.

Si le câble source et le câble victime doivent se croiser, il faudra le faire à


angle droit (couplage nul, même si les deux câbles se touchent).

on évitera de faire circuler dans un câble en nappe des signaux logiques (fort
dI/dt) et des signaux analogiques bas niveau.

afin de réduire la boucle formée par les conducteurs aller et retour d'un signal
bas niveau, on rapprochera ces deux fils au maximum.

dans la mesure du possible, on torsadera ces deux câbles : le champ


perturbateur va créer des effets qui vont s'annuler grâce à l'inversion des câbles
induite par le torsadage.

V. COUPLAGE PAR DIAPHONIE CAPACITIVE

Ce phénomène est dû au fait que deux conducteurs en regard et séparés par un


diélectrique (l'air, ou un isolant quelconque) forment une capacité qui va les relier.

A. DÉFINITION.

Le couplage par diaphonie capacitive est créé par variation de tension entre
deux conducteurs en regard. La capacité parasite formée par les deux
conducteurs va présenter une impédance faible en HF à cette variation de ddp
et permettre le passage d'un courant parasite.
Remarque : la différence essentielle qu'il y a avec la diaphonie inductive est
que la diaphonie capacitive est provoquée par une variation de tension
(champ électrique), alors que la diaphonie inductive est provoquée par une
variation de courant (champ magnétique).

B. EXEMPLES.

1. Isolation galvanique.

Une méthode a été beaucoup utilisée pendant l'âge d'or de


l'électronique analogique pour résoudre les problèmes de couplage par
impédance commune : c'est l'isolation galvanique, réalisée notamment
à l'aide de transformateurs d'isolement, et plus récemment, par des
isolateurs opto-électroniques.

Les différents éléments d'un système électronique étant isolés, il n'y a


plus de chemin pour les courants parasites.

Fig. 9. Isolation galvanique en HF.

Ce remède était valable à une certaine époque, lorsqu'on travaillait


principalement avec des fréquences relativement faibles, et que la
commutation en était à ses balbutiements.

Aujourd'hui, les choses ont changé : les fréquences de travail sont très
élevées, on a de plus en plus de signaux logiques très rapides (on
dépasse le GHz pour les processeurs), et la commutation est entrée en
force dans l'électronique de puissance.

Il y a donc de plus en plus de signaux HF dans les circuits électroniques


actuels, qui vont mettre en défaut les composants d'isolation
galvanique. En effet, ceux-ci présentent entre les deux parties isolées
des capacités parasites non négligeables : de quelques pF pour les
composants optiques à quelques dizaines de pF pour les
transformateurs.

Si le secondaire du transformateur d'isolement est soumis à des


variations rapides de tension de mode commun, les capacités parasites
vont réinjecter ces signaux au primaire, et pourront perturber par
conduction tout le circuit électronique qui y est relié.

La figure 9 est une illustration d'isolation galvanique par


transformateur. On y remarque deux masses : ces deux masses sont
bien évidemment séparées, sinon, l'isolation galvanique n'aurait pas de
sens ! Ce sont des masses locales. Si une ddp apparaît entre ces deux
masses (tension de mode commun Vmc), les capacités parasites Cp2 et
Cp2 laisseront passer les composantes HF de cette tension, introduisant
une tension de mode commun sur le circuit amont qui peut perturber ce
circuit et les appareils qui y sont reliés.

Il faut noter que les capacités parasites Cp1 et Cp2 n'existent pas
physiquement telles quelles : la capacité parasite est en fait répartie
uniformément sur tout le bobinage. Les deux capacités discrètes
indiquées sur le schéma sont des capacités équivalentes permettant de
raisonner et de faire des calculs simples.

2. Routage des circuits imprimés.

Dans les interfaces de mesure, on trouve presque toujours des signaux


analogiques, souvent bas niveau et/ou à haute impédance voisinant
avec des signaux logiques rapides.

Fig. 10. Câblage d'une carte mixte.

Il ne faudra jamais perdre de vue que si deux de ces pistes sur un tel
circuit imprimé sont routées parallèlement et à faible distance l'une de
l'autre, elles vont être reliées par une capacité parasite non négligeable.
Le signal analogique pourra alors être pollué par les variations rapides
de potentiel inhérentes aux signaux logiques.

Prenons l'exemple de la figure 10 : un capteur est relié à une carte


électronique ; il est équivalent à un générateur de tension Ec en série
avec une résistance Rc. Sur la carte électronique, le signal est
conditionné par un amplificateur à haute impédance d'entrée
(amplificateur opérationnel ou d'instrumentation par exemple).

L'entrée du capteur est voisine d'une entrée logique, et les pistes


cheminent parallèlement sur quelques centimètres : il en résulte une
capacité parasite Cp reliant ces deux pistes.

Pour la suite, on va supposer que le signal logique est délivré par un


générateur de tension à impédance interne faible qu'on va donc
négliger.

On va considérer aussi que ce signal logique de tension Vl est


périodique : il est alors possible de le décomposer en une série de
Fourier :

La pulsation du fondamental est , et correspond à une fréquence fo. En


théorie, la série est infinie ; en pratique, au delà d'une certaine
fréquence, les composantes Vil sont négligeables.

Le schéma équivalent de ce montage électronique est le suivant :

Fig. 11. Schéma équivalent.

La tension à l'entrée de l'amplificateur est égale à :

Dans cette équation, ZCp représente l'impédance complexe de la


capacité Cp, et est égale à :

La pulsation i, égale à i , est celle de l'harmonique i des composantes


de Fourier du signal logique (les harmoniques d'ordre élevé sont les
plus perturbantes), et la pulsation c celle du signal délivré par le
capteur.

On voit clairement (deuxième terme de l'équation [7]) que le terme


perturbateur est proportionnel au pont diviseur formé par la capacité
parasite d'une part, et l'impédance équivalente de Thévenin vue du
point perturbé de la piste sensible.

Ici, cette impédance équivalente est égale à l'impédance interne du


capteur en parallèle avec l'impédance d'entrée de l'ampli, qui est en
général très grande.

Plus l'impédance de la capacité sera faible, plus grande sera la


perturbation. C'est aux fréquences élevées qu'on aura le plus de
problèmes (c'est le cas des harmoniques des signaux logiques).

On pourra noter au passage que la capacité parasite diminue


l'impédance sous laquelle le capteur " voit " le circuit d'entrée (premier
terme de l'équation [7]). Il faudra prendre ce phénomène en compte si
le capteur délivre des composantes à haute fréquence ( c élevée).

On peut tirer deux conclusions de ce rapide calcul :

On a intérêt à diminuer autant que faire se peut les capacités de


couplages en évitant de faire cheminer des pistes sensibles en parallèle
avec des pistes perturbantes. Il convient de noter ici que si l'impédance
de la source perturbatrice est non nulle, elle se rajoute à l'impédance de
la capacité parasite, ce qui a un effet bénéfique. En pratique, il ne faut
pas rêver, les impédances de source des perturbateurs sont souvent
faibles...

Les circuits à haute impédance d'entrée sont particulièrement sensibles


aux couplages capacitifs. On sera en permanence pris entre deux
impératifs : avoir un ampli à forte impédance d'entrée pour ne pas
perturber le capteur, et limiter au maximum l'effet des couplages
capacitifs parasites, donc, avoir une faible impédance d'entrée...

Il y aura donc toujours un compromis à faire. En pratique, on choisira


l'impédance d'entrée la plus basse possible qui soit compatible avec les
impératifs de précision de mesure qu'on s'est fixés.

Si les signaux délivrés par le capteur sont à basse fréquence, un filtre


passe bas disposé à l'entrée de l'amplificateur permettra de résoudre à
bon compte certains problèmes de diaphonie avec des signaux logiques.

3. Câble en nappe.

Comme dans le cas de la diaphonie inductive, les signaux fragiles


circulant dans un câble en nappe vont être pollués par les variations
relatives de potentiel qui existent sur les câbles contigus, et ceci via les
capacités parasites existant fatalement entre ces câbles.

Même remède : ne pas faire circuler des signaux " fragiles " à côté de


signaux à fort dV/dt.

C. CONCLUSION.

Le couplage capacitif sera perturbant uniquement lorsque le montage de


mesure sera entouré de matériel fonctionnant à haute fréquence.

Ce cas sera malheureusement courant, car la logique est présente quasiment


partout, et les fronts raides des signaux logiques sont générateurs de parasites
HF.

Les principaux remèdes sont la séparation des câbles perturbateurs et


perturbés, faire des circuits d'interface à la plus basse impédance possible, et en
dernier recours, filtrer.

Une autre conclusion remarquable est qu'un isolement galvanique ne protège


pas des perturbations de mode commun HF.

VI. COUPLAGE CARTE À CHÂSSIS.

Ce mode de couplage va affecter prioritairement des équipements isolés de leur


châssis (le boîtier protégeant l'équipement considéré) soumis à des tensions de mode
commun HF élevées. Il est finalement un cas particulier de la diaphonie capacitive.

A. DÉFINITION.

Le couplage carte à châssis a lieu lorsqu'une carte électronique est isolée du


boîtier qui l'enveloppe, et qu'il existe une différence de potentiel variable entre
la masse de cette carte et le châssis (variation de tension de mode commun).

Il existe des capacités parasites entre la carte et le châssis. Si le potentiel entre


la carte et le châssis est variable, ces capacités vont former un chemin de
passage pour des courants parasites.

B. EFFETS PRODUITS ET REMÈDES.

Il est nécessaire ici de parler de ce mode de couplage, car, comme il a été dit
précédemment, on peut être tentés de " flotter " certains équipements pour
couper des chemins conducteurs parasites et éviter ainsi les couplages par
impédance commune.
Il faut savoir que quand on fait cela, on s'expose à un autre couplage parasite
qui est le couplage carte à châssis.

Ce type de couplage sera évidemment important si les équipements concernés


sont le siège de courants ou tensions HF.

Sur des équipements uniquement BF, on pourra flotter des cartes électroniques
sans problèmes.

Si on a des composantes HF, il faudra empêcher le flottement des potentiels en


reliant la masse de la carte à son châssis. On évitera alors les couplages par
impédance commune en utilisant des liaisons différentielles entre les
différentes cartes ou appareils.

VII. COUPLAGE CHAMP À FIL.

A. DÉFINITION.

Tout câble conducteur plongé dans un champ électrique variable va être le


siège d'un courant de conduction induit par le champ électrique. Ce phénomène
sera significatif uniquement en HF.

B. EXEMPLES.

L'exemple le plus simple, bien que n'ayant rien à voir avec la mesure, est celui
de l'antenne de voiture pour autoradio. Cette antenne n'est qu'un vulgaire bout
de ferraille qui va collecter les champs électriques HF émis par les stations de
radiodiffusion, et transformer ces champs en courant conduit qui va être
acheminé vers l'entrée de l'autoradio pour y être traité.

En pratique, l'espace qui nous entoure est entièrement baigné d'ondes


radioélectriques : émetteurs radio, TV, talkies walkies, téléphones portables,
ainsi que des parasites d'origine industrielle véhiculés par les lignes électriques
du secteur qui se comportent alors comme des émetteurs.

Il ne faut pas oublier non plus les montages électroniques générant des
composantes HF rayonnées : ordinateurs, variateurs à triacs, alimentations à
découpage...

Ces champs sont inévitables, et il va falloir s'en protéger !

C. REMÈDES

1. Des manips propres !


Première règle simple : pas de fils qui traînent ! C'est facile à dire, c'est
peu souvent bien réalisé.

Sur une manip, on enlèvera tous les cordons non branchés aux deux
extrémités. Un cordon qui pend, connecté à une de ses extrémités à un
montage de mesure se comporte de la même manière qu'une antenne
d'autoradio, et va capter tous les champs parasites qui traînent, les
transformer en courant et les injecter par conduction dans le montage.

Dès qu'on a des signaux bruités lors d'une mesure, la première chose à
faire avant d'investiguer plus loin est de rationaliser le câblage, mettre
les câbles les plus courts possibles, et éviter les fils inutiles qui traînent.

2. Éviter les sources de perturbation.

Il n'est évidemment pas question de saboter les émetteurs de


radiodiffusion pour faire une manip tranquille, mais bien d'éviter, à
l'intérieur du labo toutes les sources rayonnantes qu'on maîtrise et dont
on peut se passer.

Exemples :

une lampe halogène munie de son variateur à triac est à proscrire.

on éteindra les équipements informatiques inutiles à la manip.

on évitera (si possible) de faire dans un même labo une manip


perturbante (électronique de puissance, convertisseur à découpage de
gros calibre) et une manip sensible.

on blindera (si possible) les équipements perturbants, et on évitera là


aussi les fils qui pendent (ils forment de beaux émetteurs). A titre
indicatif, les ordinateurs d'aujourd'hui sont blindés, et sont donc moins
perturbants qu'à l'âge d'or de l'informatique familiale (1985) où ils
étaient simplement habillés de plastique non métallisé. Il était tout
bonnement impossible d'écouter la radio (même en FM) à côté.

3. Blindage des câbles.

Une des principales parades au couplage champ à fil consiste à blinder


les fils véhiculant des signaux sensibles.

C'est pour cette raison que les câbles de liaison des appareils de mesure
sont blindés : le fil " chaud " est gainé par une tresse de cuivre qui
l'enveloppe complètement. Cette tresse est reliée à la masse des
appareils, et donc, est (presque !) une équipotentielle. Cette tresse reliée
à un potentiel fixe sert ainsi d'écran électrostatique vis à vis du fil
" chaud ", et empêche les champs électriques rayonnés de l'atteindre.
 COUPLAGE CHAMP À BOUCLE.

A. DÉFINITION.

Tout champ magnétique variable créé une ddp induite dans une boucle
conductrice. Il en résulte un courant parasite circulant dans cette boucle.

Les boucles sont nombreuses dans les circuits électroniques. On appelle boucle
de masse toute boucle conductrice formée par les conducteurs aller et retour
d'un signal, à savoir le fil " chaud " et le fil de masse. La figure 12 représente
par exemple un capteur relié à une carte amplificatrice.

La boucle sensible comprendra les câbles aller et retour allant du capteur à la


carte, ainsi que les pistes et impédances présentes sur la carte.

Fig. 12. Boucle de masse perturbée.

B. REMÈDES.

Les boucles de masse étant par définition inévitables, il faudra limiter au


maximum les perturbations. On pourra entres autres :

réduire le plus possible la surface de ces boucles en faisant en sorte que les fils
aller et retour d'une boucle soient câblés au plus près l'un de l'autre.

Pour des câbles non blindés, le torsadage est efficace.

 DÉMODULATION DE COURANTS HF.

Nous allons terminer ce chapitre sur les perturbations par un phénomène fréquemment
rencontré et dénommé familièrement " ronflette " par les professionnels.

Ce phénomène est caractérisé par la présence d'un signal vaguement sinusoïdal de


fréquence 50Hz se superposant aux signaux à mesurer.
Le premier réflexe consiste donc à accuser le secteur. C'est vrai, mais indirectement.

Il est en fait issu des couplages précédemment cités. Mais, nous avons vu que ces
couplages étaient surtout gênants avec des perturbations HF. Hors, le secteur est à très
basse fréquence, et il est hors de question de penser une seconde qu'il puisse traverser
de façon significative les quelques picofarads d'un isolement galvanique par exemple.

En réalité, les champs électromagnétiques créés par le secteur modulent les champs
HF issus de diverses sources.

Ces champs HF polluent facilement le montage à mesurer (même basse fréquence) par
tous les modes de couplage vus précédemment.

Ils vont alors toujours trouver un démodulateur parasite complaisant : il suffit d'une
diode (ou la jonction d'un transistor) et d'un condensateur pour démoduler les signaux
HF et en retirer la composante BF (le secteur) qui les modulait.

On se retrouve ainsi indirectement avec des tension parasites à la fréquence secteur


dans les montages.

Un exemple bien connu est le cas des amplificateurs Hifi qui captent la radio sans
tuner ! C'est économique, mais gênant quand ces signaux se superposent à un signal
musical différent.

Ce dernier exemple montre que même avec des montages " normalement " BF, on
peut avoir des problèmes secondaires induits par des composantes HF !

Même pour ces montages, on prendra donc des précautions pour limiter l'influence des
courants et tension HF, et restreindre au maximum tous les modes de couplage.

PARTIE 3 : L'amplificateur d'instrumentation. Notion de mode


commun, calculs

I. LES MESURES DIFFÉRENTIELLES.

On peut se poser la question de ce qui fait la spécificité d'une " mesure différentielle


", car toute mesure de tension est par définition différentielle : il ne faut pas oublier
qu'un potentiel absolu n'existe pas, et qu'on a toujours affaire à une différence de
potentiel.

Les définitions suivantes vont éclairer la notion de mesure différentielle.

A. DÉFINITIONS
On appellera mesure simple une mesure de tension entre deux points dont l'un
est la masse du montage de mesure.

C'est là qu'il faut se rappeler de la définition de la masse : c'est une


équipotentielle du montage (théorique, voir chapitre " perturbations dans les
mesures " !) qui sert de référence de tension à ce montage et dont le potentiel
absolu est fixé arbitrairement à 0V (un potentiel est toujours défini à une
constante près).

Ce potentiel étant fixé arbitrairement, on ne parlera plus de différence de


potentiel pour les autres points du montage, mais simplement de potentiel, sous
entendu, différence de potentiel par rapport à la masse, le potentiel de cette
dernière étant fixé astucieusement à 0V.

Une mesure de tension simple est donc en réalité une mesure différentielle
dont un des points est la masse. Seul nous intéresse le potentiel de l'autre point,
que l'on nomme couramment " point chaud ".

On appellera mesure différentielle une mesure de tension entre deux points


quelconques d'un circuit, aucun d'entre eux n'étant la masse du montage.

B. MODE COMMUN ET MODE DIFFÉRENTIEL.

1. Définitions.

Fig. 1. Montage amplificateur quelconque.

Considérons le montage de la figure 1, à savoir un amplificateur à deux


entrées et une sortie. Dans le cas général, sa fonction de transfert sera
de la forme :

Par définition, on va appeler tension différentielle d'entrée la valeur :

De la même manière, on définit une tension de mode commun  :


On peut voir intuitivement la signification ces définitions : la tension
différentielle est simplement la différence des deux signaux ; la tension
de mode commun est la moyenne arithmétique des deux signaux.

Tout se passe comme si on remplaçait les deux signaux e1 et e2 par un


signal commun (la moyenne) additionné des variations autour de ce
signal commun (la différence).

2. Fonction de transfert d'un ampli différentiel.

Reprenons l'équation [1], donnant la fonction de transfert de l'ampli de


la figure 1. Nous allons mettre cette équation sous la forme suivante :

Pour ce faire, il suffit de procéder à un changement de variables ; on


groupe dans l'équation [4] les termes en e1 et e2, et comme les équations
[1] et [4] doivent être équivalentes pour toutes les valeurs de e1 et e2, on
identifie leurs coefficients entre les 2 équations  :

La résolution du système donne le résultat suivant :

Au final, on retrouve :

La formulation [4] est particulièrement intéressante, car elle met en


évidence deux termes, l'un proportionnel à la tension différentielle (le
gain différentiel du montage AVd), et l'autre proportionnel à la tension
de mode commun (le gain de mode commun AVMc).

On peut formuler plus simplement cette équation, qui est la fonction de


transfert générale d'un amplificateur de différence :
C. NÉCESSITÉ D'UNE MESURE DIFFÉRENTIELLE.

Si certaines mesures différentielles servent uniquement à améliorer la précision


d'une mesure (notamment en évitant des couplages par impédance commune),
d'autres présentent un caractère obligatoire, car dans ces cas là, une mesure
simple est impossible. Nous allons étudier ces deux cas de figure.

1. Remède à un couplage par impédance commune.

Fig. 2. Mesure simple sur shunt.

Nous avons vu au chapitre " perturbations dans les mesures " l'effet


d'une mesure simple sur un shunt traversé par un fort courant. Nous
supposerons ici que l'amplificateur représenté sur les figures 2 et 3 est
une partie d'un appareil de mesure dont la masse est reliée à la terre.

Sur la figure 2, les masses Mm du montage et Ma de l'amplificateur ne


sont pas au même potentiel, car le courant parasite circulant dans Rcbl
créé une chute de tension qui va s'additionner à la tension à mesurer et
la fausser.

Il est possible de résoudre ce problème par une mesure différentielle :

Fig. 3. Mesure différentielle sur shunt.


La figure 3 diffère de la figure 2 par la structure de l'amplificateur : il
est ici monté en différentiel, et va mesurer la différence de potentiel
présente aux bornes du shunt. La tension parasite aux bornes de Rcbl ne
gêne en rien la mesure (dans le cas d'un amplificateur parfait !), car elle
augmente (légèrement) uniquement la tension de mode commun vue
par l'amplificateur, elle ne change en rien la tension différentielle qui
reste celle aux bornes du shunt, quoiqu'il arrive.

Nous avons donc résolu ici le problème de perturbation par impédance


commune sans rendre flottant quelque appareil que ce soit. Le montage
est ainsi précis et sûr.

2. Mesure de tension entre deux points flottants.

Il existe un autre type de mesures nécessitant obligatoirement une


mesure différentielle : c'est lorsqu'on veut mesurer une tension entre
deux points dont aucun n'est la masse. Il est évidemment hors de
question de brancher un de ces deux points à la masse d'un instrument
de mesure (à l'exception notable des multimètres alimentés par piles ou
accus) sous peine de créer des courts circuits fâcheux !

Fig. 4. Mesure sur shunt flottant.

L'exemple de la figure 4 montre quasiment la même chose que celui de


la figure 3 mis à part le fait que le shunt n'est plus relié à la masse.

La mise à la masse d'une des bornes du shunt entraînerait la mise en


court-circuit d'une partie du montage électronique, ce qui entraînerait
des dysfonctionnements, voire sa destruction, et pourrait détériorer
l'instrument de mesure.

En instrumentation, une catégorie très répandue de mesures


" flottantes " est celle du déséquilibre d'un pont de jauges (voir figure
5). Celui-ci est composé de 4 résistances identiques qui vont
légèrement varier sous l'effet d'un paramètre physique à mesurer
(pression, contrainte...). Il apparaît une tension entre les bornes du pont
qu'il va falloir amplifier.
Une des caractéristiques importantes de ce montage est la tension de
mode commun : elle est égale à la moitié de la tension d'alimentation,
soit quelques volts. Cette tension de mode commun est beaucoup plus
grande que le signal utile (quelques mV et parfois moins), et va
perturber notablement la mesure.

Fig. 5. Mesure en pont.

D. L'AMPLI DIFFÉRENTIEL SIMPLE ET SES DÉFAUTS.

1. Réjection du mode commun.

 Amplificateur parfait.

Reprenons l'exemple précédent de la mesure en pont (Fig. 5.), et


calculons la tension de sortie Vs en fonction de e1 et e2 qui sont
les tensions d'entrée du montage différentiel (par rapport à la
masse), et des paramètres de ce montage.

Nous allons considérer que l'amplificateur opérationnel est


parfait, et aura les caractéristiques suivantes :

gain en tension différentiel infini.

gain de mode commun nul.

impédances d'entrée infinies.

Si on tient compte de ces hypothèses, les tensions v+ et v- à


l'entrée de l'ampli sont égales à :
Cette dernière équation est obtenue à l'aide du théorème de
superposition.

L'ampli étant parfait, on a v+ = v- (gain infini). On en déduit


facilement la valeur de la tension de sortie :

Si on pose :

en substituant AVdo à sa valeur dans [12] et compte tenu de la


propriété suivante :

on obtient :

C'est le résultat classique d'un amplificateur opérationnel monté


en différentiel. Il est obtenu en considérant que l'ampli est
parfait, et que les résistances sont rigoureusement appariées
(équation [13]).

Nous allons voir maintenant, toujours en considérant que


l'amplificateur opérationnel est parfait, quel est l'impact de
résistances mal appariées sur le résultat.

Nous supposerons que toutes les résistances R1 à R4 sont


définies à une tolérance près. On a :

où Rin est la valeur nominale de la résistance et e la tolérance


autour de cette valeur nominale (ex : ±5%).

On admettra que l'erreur maximale a lieu pour :


On peut définir les deux coefficients suivants :

On remarquera que les dernières formulations de k1 et k2 sont


des approximations valables uniquement si e est petit. En
pratique, e ne dépassera pas 5%, donc, cette hypothèse est
justifiée. L'équation [12] devient alors :

Cette formulation est un cas particulier de l'équation [1]. Ce qui


nous intéresse, ce sont les valeurs de AVd et AVMC (équation
[6]) correspondantes en fonction de k1 et k2 :

qu'on peut mettre sous la forme condensée :

On peut encore expliciter ces expressions en reprenant les


valeurs de k1 et k2 des équations [18] et [19]. Le gain
différentiel devient :
Le terme 4e2 est un terme du deuxième ordre : on va le négliger
devant les termes en e, d'où :

Si on divise tout par (1+AVdo), et qu'on tient compte du fait que


e << 1, on arrive au résultat suivant :

Si dans ce résultat, on fait e = 0, on retrouve AVd = AVdo. Dans le


cas général, l'erreur relative commise sur le gain différentiel
variera de e pour un gain AVdo = 1 à 2e pour un gain très élevé.
Il faut se rappeler que cette erreur est l'erreur maxi, obtenue
avec les résistances agencées de la pire façon.

Le gain de mode commun est plus simple à évaluer :

On retrouve un gain de mode commun nul pour une erreur e


nulle. Ce gain varie dans le cas général de 2e pour un gain
différentiel nominal AVdo égal à 1, à 4e pour un gain différentiel
élevé. Il reste faible, de l'ordre de grandeur de e, mais si on se
réfère à ce qui a été dit plus haut, il va amplifier la tension de
mode commun, qui peut être, elle, beaucoup plus grande que la
tension différentielle.

La tension de sortie est donnée par l'équation [8] qui fait


intervenir les gains et tensions différentiels et de mode
commun. On peut introduire ici la notion de taux de réjection de
mode commun (TRMC, CMRR en Anglais, pour Common
Mode Rejection Ratio) :
A l'aide de ce terme, on peut expliciter l'équation [8] de la façon
suivante :

Cette formulation est très intéressante, car elle donne la tension


de sortie en fonction du gain différentiel et de la tension
différentielle augmentée d'un signal d'erreur. Ce signal est égal
à la tension de mode commun divisé par le taux de réjection de
mode commun, qui sont deux données connues ou aisément
calculables.

Si on reprend les équations [28] et [31], la valeur du TRMC


devient :

On constate que le TRMC va augmenter quand la tolérance sur


les résistances va se resserrer, et de plus, il va augmenter avec le
gain différentiel AVdo de l'étage. Ce résultat est important, car il
montre que le plus mauvais cas sera celui du gain unité.

Application numérique  : reprenons l'exemple de la figure 5


avec les données suivantes :

AVd = 1000

e1 - e2 = 2 mV

E = 10V

résistances R1 à R4 à 1%

On peut calculer le TRMC à l'aide de l'équation[36] : TRMC =


25025, soit 88dB.

La tension de mode commun est égale à la moitié de la tension


d'alimentation, soit 5V, ce qui nous fait un signal d'erreur
ramené à la tension différentielle égal à 0,2mV, soit 10% du
signal utile !

On peut améliorer le montage en augmentant la précision des


résistances, mais cela va devenir difficile avec des composants
discrets. De plus, l'amplificateur n'est pas parfait : il possède son
propre TRMC, qui va perturber la mesure même si les
résistances sont parfaitement appariées.

 Amplificateur réel.

Les constructeurs de circuits intégrés donnent la valeur du


TRMC pour leurs amplificateurs opérationnels, et fournissent
aussi généralement une courbe de Bode qui représente ce taux
de réjection en fonction de la fréquence (fig. 6 et 7).

Fig. 6. TRMC amplis LF 155/6/7. (Doc. NS).

Fig. 7. TRMC amplis LM 118. (Doc. NS).


Il est possible de calculer le TRMC global d'un montage
différentiel en tenant compte de la tolérance des résistances et
du TRMC propre de l'ampli. Il faut pour cela reprendre les
équations [9] et [10] et prendre pour Vs une formulation telle
que celle donnée en [8]. Après une série de calculs laborieux, on
arrive au résultat suivant :

Attention ! Le TRMC de l'ampli est généralement donné en dB.


Il faut le convertir (ex : 80dB = 10 000) avant de l'injecter dans
l'équation [37] !

Discussion

Si on fait e = 0 dans cette équation, on obtient pour le TRMC


global du montage le TRMC intrinsèque de l'ampli.

Si on fait tendre le TRMC de l'ampli vers l'infini, on retrouve


logiquement le résultat obtenu avec un ampli parfait (équation
[36]).

Le TRMC du montage sera de toutes façons inférieur au plus


petit des 2 TRMC pris séparément, à savoir celui de l'ampli et
celui dû au mauvais appariement des résistances.

Si on reprend l'application numérique précédente, et qu'on


considère que l'ampli utilisé a un TRMC intrinsèque de 90dB,
l'équation [37] nous donne un TRMC global de 14000, ou 83dB
(-5dB dus à l'ampli), ce qui fait une erreur de 0,36mV, soit 18%
du signal utile à amplifier !

2. Impédance d'entrée.

De ce point de vue, le montage différentiel simple est fortement


dissymétrique ; les impédances des entrées + et - ne sont pas égales, ce
qui va nuire à une bonne précision, et surtout, risque de perturber le
capteur : en effet, les courants qui vont sortir des deux bornes de sortie
du capteur (dans le cas où celui-ci n'est pas un dipôle, ce qui est vrai
pour un pont de jauges) vont être différents ; comme les impédances
des deux sorties du capteur sont égales, il va en résulter des chutes de
tension différentes, ce qui va générer un signal d'erreur supplémentaire.

3. Ajustage du gain.
Ce montage possède un troisième inconvénient : même si on réussit à
apparier convenablement les résistances pour obtenir un bon TRMC, si
on veut modifier le gain de l'ampli, tout est à refaire : il faut changer
deux résistances à la fois et les apparier... Il serait plus commode de
n'avoir qu'un composant à changer.

4. Conclusion.

Ce montage différentiel classique va donc être handicapé par la qualité


de l'ampli utilisé (son TRMC), et la dispersion inévitable des
résistances qui l'entourent.

Les impédances des deux entrées sont dissymétriques, ce qui va créer


un déséquilibre fâcheux au niveau du capteur en pont de jauges. Ce
montage est difficilement ajustable.

Pour des mesures délicates, il va donc falloir trouver un montage ayant


une meilleure réjection de mode commun, des impédances d'entrée
égales et élevées, et si possible, des possibilités d'ajustage simplifié.

5. Le montage à éviter...

Pour les forts gains, le plus gros problème qu'on va rencontrer sur un
montage différentiel simple est la faiblesse des impédances d'entrée.

Il existe un montage dit " potentiomètrique " qui permet de résoudre ce


problème, et de plus, autorise l'ajustage du gain avec une seule
résistance !

Le gain est obtenu en câblant la contre réaction d'un ampli différentiel


simple non pas directement sur la sortie, mais sur un pont diviseur
R1/R2 placé sur la sortie, ce qui aura pour effet de multiplier le gain par
le rapport des résistances du pont diviseur.

Le montage différentiel simple peut donc avoir un gain de 1, et les


résistances R pourront être de forte valeur (quelques M ), ce qui
donnera une forte impédance d'entrée au montage. Le gain s'ajustera
simplement en faisant varier R2.

Fig. 8. Montage potentiométrique.


Mais attention  !!! Ce montage n'est pas adapté à l'instrumentation, car
les variations des composants (tolérance initiale, dérive thermique,
vieillissement...) sont multipliées par le gain : il est donc
particulièrement instable.

Il ne faut toutefois pas jeter ce schéma aux orties : pour des applications
ne nécessitant pas trop de précision, il peut donner une réponse simple,
efficace et à faible coût.

II. L'AMPLI D'INSTRUMENTATION.

A. DÉFINITION.

Les amplificateurs d'instrumentation ne sont pas des amplificateurs


opérationnels. Ce sont des circuits complets associant plusieurs amplificateurs
opérationnels et les composants nécessaires à leur bon fonctionnement :
résistances, capacités de compensation...

Ces amplificateurs peuvent être fabriqués à l'aide d'éléments discrets, mais la


plupart du temps, on leur préférera des amplis intégrés, se présentant sous la
même forme que des amplificateurs opérationnels.

Ces composants intégrés auront plusieurs avantages sur les montages à


éléments discrets :

simplicité de mise en œuvre.

nombre de composants limité.

très grande précision, due notamment à un ajustage par laser des résistances sur
la puce. Ce procédé va permettre d'apparier les composants de bien meilleure
façon qu'avec des composants discrets, et autorisera des TRMC beaucoup plus
élevés.

fonctions annexes : réglage simple du gain, circuit de garde, conversion


tension/courant en sortie...

Les amplis d'instrumentation se distinguent notamment des amplificateurs


opérationnels par le fait qu'ils ont un gain " faible " comparé à ces derniers (de
1 à 1000 contre 106 et plus), et qu'ils s'utilisent sans contre réaction.

Il existe aujourd'hui des amplificateurs opérationnels de très grande précision,


présentant des caractéristiques proches de celles des amplis d'instrumentation
(tensions et courants de décalage d'entrée, TRMC, impédance d'entrée...).
Quand on choisira un ampli d'instrumentation dans un catalogue de fabricant
de silicium, on veillera à ne pas confondre les deux types de composants.

On pourra être tentés de fabriquer un ampli d'instrumentation avec ces


amplificateurs opérationnels spéciaux ; dans certains cas (besoin de rapidité,
TRMC élevé à haute fréquence...), on pourra y gagner, mais il ne faudra pas
oublier qu'il sera nécessaire d'apparier les résistances de façon très " serrée ".

B. SCHÉMA À DEUX AMPLIFICATEURS.

Fig. 9. Montage différentiel à deux amplis.

1. Impédance d'entrée.

Par rapport à l'amplificateur différentiel simple, ce montage est très


amélioré du point de vue des impédances d'entrée : elles sont égales et
de grande valeur (impédance d'entrée des amplis-op, soit >106 ).

2. Gain en tension. Ajustage.

Pour simplifier le raisonnement, on peut considérer le montage comme


étant la concaténation de deux amplis :

le premier (1) est un montage non inverseur qui va amplifier la tension


e2.

le deuxième (2) est un montage soustracteur qui va amplifier la


différence entre la tension e1 et la tension de sortie Vs1 de l'ampli 1.

On a :

En remplaçant Vs1 par sa valeur (équation [38]) dans [39], et en posant


AVdo = k+1 on obtient :
Du point de vue du réglage, ce montage n'apporte rien de plus que le
montage différentiel simple : il faut toujours changer deux composants
pour le faire varier.

3. Réjection de mode commun.

On peut refaire un calcul strictement analogue à celui fait pour le


montage différentiel simple. On va retrouver un résultat similaire
(quoique très légèrement différent) : le TRMC sera égal à :

Le résultat est légèrement différent de celui trouvé pour le montage


différentiel simple (équation [36]), mais l'ordre de grandeur reste le
même.

Ce montage est encore plus défavorable dans le cas du gain unité : le


TRMC sera égal à 1/4e contre 1/2e dans le montage différentiel simple.

4. Conclusion.

Ce montage est intéressant du point de vue des impédances d'entrée,


mais il n'apporte rien par rapport au montage précédent pour ce qui est
du mode commun et de la faculté d'ajustage : il faut apparier les
composants de la même manière pour obtenir un bon TRMC, et il faut
changer deux composants pour ajuster le gain.

Toutefois, si on désire un étage à gain fixe et élevé, et qu'on soit


capable d'apparier les résistances avec une précision suffisante, on peut
obtenir un montage correct, ayant une impédance d'entrée élevée, et un
TRMC de l'ordre de 90dB, ce qui est suffisant pour bon nombre
d'applications en instrumentation.

C. SCHÉMA À TROIS AMPLIFICATEURS.

1. Premier étage
Fig. 10. 1er étage différentiel à deux amplis.

La mise en équation est très simple ; on va encore utiliser le fait que les
entrées v+ et v- des amplis sont égales, et que les impédances d'entrées
sont infinies.

Le courant circulant dans r et dans les deux résistances R sera donc le


même, ce qui permet d'écrire :

La tension de mode commun à l'entrée du montage est :

D'autre part, le mode commun en sortie vaut :

On peut calculer les valeurs de Vs1 et Vs2 facilement :

On en déduit la valeur de la tension de mode commun en sortie VMCs :

Pour mieux voir le phénomène, on peut aussi raisonner sur une


" échelle des potentiels croissants " :
Fig. 11. Échelle des potentiels.

L'axe des x n'est pas vraiment un axe ; il représente la référence de


potentiel du montage. Le mode commun étant égal à (e1+e2)/2, il va
arriver au niveau de " la moitié " de la résistance r. Les deux sorties des
amplis vont voir leur potentiel augmenter (Vs1, ampli 1) et diminuer
(Vs2, ampli 2) symétriquement par rapport à ce potentiel (si les deux
résistances R sont égales), car le courant circulant dans les trois
résistances est le même.

Il faut noter ici que si les amplis sont alimentés symétriquement par
rapport à la masse, rien n'empêche Vs2 d'être négatif, et ceci sans que le
raisonnement ne change.

Sur ce graphique, il apparaît donc clairement que le potentiel de mode


commun est le même à l'entrée et à la sortie du montage. On peut se
poser la question de l'utilité de ce dernier...

En fait, il faut remarquer que si la tension de mode commun n'a pas


bougé, la tension différentielle (le signal utile) a été amplifiée du
facteur (2R+r)/r, qui peut être très élevé. Tout se passe comme si la
tension de mode commun avait été divisée (relativement au signal utile)
par le gain de l'étage.

Pour rendre ce montage utilisable, il va falloir se débarrasser du mode


commun, et référencer le signal de sortie Vsd à la masse. On va le faire
très simplement en ajoutant un montage différentiel classique en sortie
du premier étage.

2. Montage complet
Fig. 12. Montage différentiel à trois amplis.

Attention au câblage de l'ampli différentiel de sortie !!! Il est tel qu'on


va amplifier la différence e1 - e2 .

3. Impédance d'entrée.

Le capteur voit deux entrées d'amplificateurs opérationnels (qui seront


de préférence appariés : on choisira un boîtier contenant deux ou quatre
amplificateurs), soit une impédance élevée et constante.

Le deuxième est attaqué par les sorties des amplis du premier étage, qui
sont très faibles (<1 ) : même si les impédances des deux entrées sont
faibles et de valeurs différentes, cela n'aura pas d'incidence sur le
résultat.

Du point de vue des impédances d'entrée, notre montage est (presque)


idéal !

4. Gain en tension. Ajustage.

Si AVd2 est le gain différentiel du deuxième étage, on va avoir, pour le


montage global :

On remarque qu'il est très simple de faire varier ce gain en modifiant


uniquement la résistance r. Ce montage est donc meilleur que les deux
premiers pour ce critère.

5. Réjection de mode commun.

Nous avons vu que le premier étage laissait intacte la tension de mode


commun (équation [49]).

Regardons ce qui se passe au niveau du deuxième étage. Nous avons


affaire à un étage différentiel simple : on va utiliser les résultats
obtenus plus haut.
En transposant l'équation [33] à notre montage, on obtient :

où AVd2 est le gain du deuxième étage et TRMC2 son taux de réjection


de mode commun global (ampli et tolérance des composants).

Si on remplace (Vs1 - Vs2) = Vsd par sa valeur (équation [44]), et en


posant :

on trouve :

On retrouve ici par le calcul le résultat qui avait été énoncé


intuitivement lors de l'étude du premier étage : tout se passe comme si
le signal d'erreur généré par la tension de mode commun était divisé par
le gain du premier étage.

Cela revient à dire qu'on multiplie le TRMC2 du deuxième étage par


le gain Avd1 du premier étage.

Le TRMC du montage global vaut :

En pratique, dans un tel montage, le premier étage donnera tout le gain,


et le deuxième étage aura un gain unité. Le TRMC global aura alors
une valeur élevée, d'autant plus que lorsque ce schéma sera intégré sur
une puce de silicium, un ajustage par laser des résistances de l'étage de
sortie lui donnera un bon TRMC.

6. Comparaison avec l'ampli différentiel simple.

On peut voir l'impact de l'appariement des résistances du deuxième


étage. Si on reprend les données relatives à ce montage, on a :

Nous avons dit que le gain AVd2 du deuxième étage était en général égal
à 1. Compte tenu de l'équation [54], on aura un TRMC total de :
Ce résultat est à rapprocher de celui de l'équation [36]. La valeur est la
même pour les deux montages dans le cas où le gain différentiel total
est égal à 1, et on tendra vers un TRMC total égal au double (+6dB) de
celui de l'ampli différentiel simple pour les fortes valeurs de gain.

7. Conclusion.

Il faut donc relativiser le résultat trouvé au premier abord, qui consiste


à dire qu'on multiplie le TRMC du deuxième étage par le gain du
premier étage : en effet, le TRMC du montage différentiel est
proportionnel au gain différentiel, et dans le cas de l'amplificateur
d'instrumentation, le deuxième étage a un gain unité, ce qui est
défavorable au TRMC.

On note qu'on gagne tout de même 6dB pour les forts gains (erreur
divisée par 2), et surtout, on a des impédances d'entrée élevées,
indépendantes du gain, et ce gain est réglable par une seule résistance.

Le TRMC restera moyen pour un gain global de 1. En pratique, ce cas


se rencontre rarement. Les amplificateurs d'instrumentation répondent à
un besoin d'amplifier de façon précise et stable de très faibles tensions
continues ou quasi-continues superposées à une tension de mode
commun élevée. Les signaux à amplifier nécessitent souvent un fort
gain, qui va générer un TRMC important.

Si un gain faible est requis, il est probable que le signal utile ne sera pas
petit devant la tension de mode commun, ce qui rend moins gênante la
" faiblesse " du TRMC.

D. PLAGE DE MODE COMMUN.

Dans tous les montages différentiels, il faudra prendre garde à un paramètre :


la plage de mode commun admissible par les composants.

Un ampli d'instrumentation est composé d'amplificateurs opérationnels


alimentés par des tensions continues. La tension d'entrée va en général être
limitée par les tensions positive et négative d'alimentation.

C'est surtout vrai pour les amplis d'instrumentation dont les entrées sont des
entrées d' amplis opérationnels, avec toutes les restrictions que cela impose.
Par exemple, il sera hors de question de faire rentrer un signal ayant une
tension de mode commun de 20V sur un ampli d'instrumentation alimenté en
±15V.

Pour ces montages, on fera aussi attention aux limites imposées par les
tensions de sorties maxi des amplis. Si on reprend l'échelle des potentiels de la
figure 11, il faudra veiller à ce que les tensions S1 et S2 restent dans des
limites acceptables pour l'ampli : cela implique que la somme des tensions de
mode commun et du signal amplifié soit inférieure à la limite de saturation des
amplis.

III. UTILISATION DES DIFFÉRENTS MONTAGES.

Aucun des montages cités dans ce chapitre n'est mieux ni moins bien qu'un autre. Ils
représentent tous des compromis, et certains seront meilleurs sur un paramètre et
moins bon sur un autre...

La solution idéale n'existe donc pas ! Il faudra jauger au cas par cas et utiliser le
montage le mieux adapté.

Nous allons faire ici le tour de groupes d'applications et donner des indications
entraînant le choix le plus judicieux. Tous les cas cités ci-dessous concernent
uniquement la mesure différentielle.

A. Faible signal quasi-statique avec forte tension continue de mode commun.

L'ampli d'instrumentation à 2 ou 3 amplis opérationnels est ici de mise. Si le


montage doit être adaptable (gain ajustable), on choisira le montage à 3 amplis.

Dans le commerce, on trouve ces composants tout intégrés, avec même


certains qui incluent plusieurs résistances permettant de programmer différents
gains (souvent 1, 10, 100 et 1000).

B. Fort signal avec forte tension continue de mode commun.

Ici, un montage différentiel simple de faible gain fera probablement l'affaire,


car son impédance d'entrée pourra être suffisante, et le TRMC ne sera pas
moins bon qu'un ampli d'instrumentation. Pour des forts TRMC requis, on
pourra choisir des amplis différentiels de gain unité intégrés (ex : INA 105 de
Burr-Brown). Les résistances ajustées au laser permettent d'obtenir des TRMC
supérieurs à 80dB.

C. Mesure différentielle permettant d'éviter le couplage par impédance commune.

Dans ce cas, la tension de mode commun est relativement faible. Par contre,
les fréquences mises en jeu peuvent être élevées, autant pour le signal utile que
pour le signal de mode commun.

Il faudra plutôt utiliser un montage différentiel simple bâti autour d'un ampli-
opérationnel rapide, ayant une bande passante étendue et une réjection de
mode commun élevée en fréquence (un LM118 suffira pour des applications
ordinaires et on se tournera vers un OPA627/637 par exemple pour des
applications exigeantes : l'OPA637 a un TRMC supérieur à 100dB à 100kHz,
un produit gain bande passante supérieur à 45MHz, ceci avec une tension
d'offset de l'ordre de 100 V !)

Ces amplis sont des standards de l'industrie, et on les retrouvera chez de


nombreux fabricants (sous des appellations parfois différentes : LM627 chez
NS et OPA627 chez Burr-Brown par exemple).

D. Faible signal rapide avec forte tension de mode commun à composantes haute fréquence.

Les amplis d'instrumentation du commerce sont en général relativement lents


(coût de la précision en statique), car les capteurs délivrent souvent des signaux
variant lentement. Par conséquent, si on doit amplifier des signaux rapides
entachés de tensions de mode commun haute fréquence, il faudra " bricoler "
(très proprement quand même) avec des amplificateurs opérationnels haute
performance (tel celui pré-cité), et apparier les résistances du mieux qu'on
peut.

Il ne faudra surtout pas oublier les capacités parasites (voir chapitre précédent)
qui vont diminuer la réjection de mode commun en haute fréquence. Le circuit
devra être câblé de façon symétrique pour que les capacités parasites soient
égales, et il faudra peut-être rajouter des capacités de compensation... La
mesure devient ici de l'art !

PARTIE 4 : Les convertisseurs analogiques/numériques et


numériques/analogiques

I. INTRODUCTION.

L'électronique est divisée en deux domaines distincts :

- le domaine analogique , où les variables peuvent prendre une infinité de valeurs


différentes ; les signaux varient continûment. Tous les signaux issus des capteurs sont
analogiques, et traduisent des phénomènes physiques qui varient continûment.

- le domaine numérique , où les variables prennent uniquement deux états, un état


haut et un état bas.

Le domaine numérique est maintenant prédominant. Il s'est beaucoup développé grâce


aux progrès faits par les microprocesseurs. Beaucoup de signaux naguère traités de
façon analogiques le sont aujourd'hui par programmation de microprocesseurs.

Le gros avantage apporté par la numérisation des signaux est la possibilité de


stockage, de transformation et de restitution des données sans qu'elles ne soient
altérées. On peut par exemple faire transiter un signal sonore de qualité HI-FI par une
ligne téléphonique sans que la bande passante réduite ni le bruit de cette ligne ne
soient gênants, ce qui aurait été impensable avec le signal analogique de départ !

Le traitement des données par programmation introduit aussi une souplesse dans la
conception de produits à base d'électronique : un même circuit électronique à base de
P pourra traiter des signaux différents ; seul le programme va changer. Cela permet de
réduire les coûts par standardisation, la même carte étant utilisée pour plusieurs
fonctions différentes. L'électronique analogique nécessitait au mieux un changement
des composants, au pire, la conception d'une nouvelle carte.

Mais, à la base, les signaux ont toujours une nature analogique ! Il faut donc les
amplifier et éventuellement les extraire de signaux parasites (tension de mode
commun par exemple). Le domaine analogique va donc toujours exister au moins en
amont de toute chaîne de traitement. Parfois, on a aussi besoin d'un signal analogique
en sortie de cette chaîne de traitement : il faudra alors reconvertir les données
numériques en signal analogique.

Le passage d'un type de donnée à l'autre se fera par des convertisseurs, composants
" mixtes " qui vont manipuler des tensions analogiques en entrée et des signaux
logiques en sortie ou vice versa.

Il existe deux catégories de convertisseurs :

- les Convertisseurs Analogique Numérique (CAN, ADC en anglais, pour analog to


digital converter), qui vont transformer les tensions analogiques en signaux logiques
aptes à être traités par microprocesseur (numérisation des signaux).

- les Convertisseurs Numérique Analogique (CNA, DAC en anglais, pour digital to


analog converter) qui vont convertir les signaux logiques en tension analogique.

Plusieurs types de convertisseurs sont disponibles dans chaque catégorie, qui se


différencient par leur précision, leur vitesse de traitement de l'information, leur prix...

Il n'y a pas " le " convertisseur à tout faire qui soit bon partout : on devra faire un
choix en fonction de ses besoins.

o Exemple de chaîne de traitement.

Un exemple très répandu de conversion et traitement de données est la chaîne


de transformation du son, de l'enregistrement de la musique à sa restitution par
les enceintes acoustiques.

Le son est capté par des micros, dont la très faible tension de sortie est
amplifiée. Le signal peut être numérisé directement à ce niveau, et sera alors
traité de façon entièrement numérique (mixage...). Il peut aussi être stocké de
façon analogique sur bande magnétique, mixé, et ensuite numérisé. L'avantage
du traitement numérique réside dans le fait que les données sont inaltérables,
contrairement aux données analogiques stockées sur bande magnétique : celle-
ci se dégrade lors des passages répétés sur les têtes de lecture.

Le stockage est maintenant presque toujours numérique (compact disc). Le


lecteur de CD contient des convertisseurs numérique analogique qui vont
retransformer les informations numériques en signal analogique qui sera
amplifié avant d'être envoyé aux enceintes.

II. NOTIONS GÉNÉRALES.

o CONVERSION ANALOGIQUE/NUMÉRIQUE.

1. Principe de fonctionnement.

On a vu dans l'introduction que les signaux numériques ne varient pas


de façon continue. En fait, quand on voudra numériser un signal
analogique (donc continu), il va falloir le discrétiser sur deux
dimensions : le temps et l'amplitude.

Il est impensable de décrire un signal avec une infinité de valeurs ; on


va le mesurer à des instants bien déterminés : c'est ce qu'on appelle
l'échantillonnage .

Pour ce qui est de l'amplitude, à un intervalle de tension du signal


d'entrée on fera correspondre une valeur unique : c'est la quantification
(voir figure 1). Cette valeur sera ensuite codée (binaire, binaire signé...)
et restituée sous forme binaire en sortie du convertisseur pour être
traitée par de l'électronique numérique.

Fig. 1. Fonction de transfert d'un CAN.


La figure 1 représente la fonction de transfert d'un CAN, à savoir le
code numérique de sortie en fonction de la tension d'entrée. On y voit
clairement les plages de tension associées à un état numérique de
sortie :

Vlog = 0 pour 0 Ve < 0,1V

V log = 1 pour 0,1 Ve < 0,2V

V log = 6 pour 0,6 Ve < 0,7V ...

L'étape de quantification de la conversion analogique numérique


entraîne une perte d'information.

Un résumé graphique de tout ceci est exprimé sur la figure 2 : on y voit


un signal analogique en entrée (une sinusoïde), et les échantillons issus
de la conversion analogique numérique, avec la double discrétisation
mentionnée.

Fig. 2. Signal analogique et numérisé

2. Définitions.

Nous allons donner ci-dessous plusieurs définitions théoriques ; afin de


bien comprendre à quoi elles correspondent dans la réalité, un exemple
de convertisseur 3 bits est exposé plus loin. Le lecteur est invité à
consulter les deux paragraphes en parallèle.

Toutes ces définitions sont données pour des convertisseurs parfaits ;


en pratique, on est loin du compte, car ces composants intègrent des
comparateurs différentiels, amplificateurs opérationnels et autres
réseaux de résistances qui sont imparfaits. Nous allons lister ensuite les
principaux défauts des convertisseurs.
 Plage de conversion.

Le convertisseur délivrera en sortie un nombre fini de codes


numériques, correspondant à une gamme de tension analogique
d'entrée bornée : c'est la plage de conversion (ou tension de
pleine échelle) du convertisseur. Cette plage de conversion sera
couramment de 0-5V, 0-10V, ou encore ±5V ou ±10V. Il existe
aussi d'autres plages de conversion moins usitées.

 Résolution.

Le signal numérisé sera d'autant plus riche en information que


l'intervalle de tension qui sera codé par le même nombre binaire
sera petit, et ceci à plage de conversion donnée.

La résolution du CAN sera l'intervalle de tension d'entrée à


laquelle correspondra un même nombre binaire.

En théorie, cet intervalle de tension est le même pour tous les


codes binaires ; en pratique, ça ne sera pas toujours le cas (voir
les erreurs de conversion). La résolution correspondra à la
valeur théorique.

 Dynamique.

La dynamique d'un signal est le rapport entre la tension maxi et


la tension mini que pourra prendre ce signal.

Pour un CAN, ce sera le nombre binaire le plus élevé divisé par


le plus faible qui est 1 (et pas 0 qui correspond à un signal nul),
donc, le nombre de codes binaires différents que peut fournir le
convertisseur moins un (le zéro !).

Si on prend l'exemple d'un convertisseur 8 bits, la dynamique


vaut en toute rigueur 28 - 1 = 255.

En pratique, on arrondira ce nombre à une puissance de 2, qui


sera le nombre de bits du convertisseur. Notre convertisseur
aura donc une dynamique de 256, qu'on exprimera plutôt sous
la forme " 8 bits ", ou encore 48db = 20log(256).

 Mise en relation.

Il est possible de relier la dynamique, la résolution et la plage de


conversion d'un convertisseur.

La résolution correspond à la variation d'une unité du code


binaire ; cette unité est égale à la variation du bit de poids le
plus faible (LSB = least significant bit en Anglais). Si on
désigne par VMAX la plage de conversion et N le nombre de bits
du convertisseur, on a la relation :
L'exemple suivant clarifiera cette relation.

3. Exemple : CAN 3 bits

Fig. 3. Fonction de transfert d'un CAN 3 bits

Sur la figure 3, on a représenté la fonction de transfert d'un CAN à 3


bits ayant une plage de conversion de 8V. Il y a 8 états logiques, la
plage de conversion est donc partagée en 8 portions égales
correspondant chacune à un état logique de sortie.

On remarquera que la dernière transition du CAN se fait pour une


tension d'entrée de 7V, correspondant au dernier état logique de sortie
(égal à 7).

Passée cette valeur de 7V, le convertisseur ne changera donc plus


d'état. Toutefois, on considère que la plage de conversion s'étend
jusqu'à 8V, la dernière portion, de 7 à 8V correspondant à l'état logique
" 7 ".

Dans ces conditions, la plage de conversion est de 8V, divisée en 23 = 8


portions correspondant chacune à un LSB valant 8V/8=1V. On retrouve
le résultat de l'équation [1].

4. Erreur de quantification. Amélioration.

On a déjà dit que la double quantification, dans le temps et en


amplitude consistait en une perte d'information du signal. Ceci nous
conduit à la notion d'erreur de quantification, qui est inhérente à la
conversion analogique/numérique (et inverse), et sera présente même si
les convertisseurs sont considérés comme parfaits. Cette erreur
systématique s'ajoute donc aux erreurs décrites plus loin.

Si on numérise une rampe de tension, l'erreur entre la tension d'entrée


et la tension de sortie " reconstituée " (reconvertie en analogique par
passage dans un CNA) aura la forme suivante :

Fig. 4. Erreur de quantification d'un CAN.

L'erreur est toujours négative (valeur par défaut), et oscille entre 0 et -1


LSB (0 à -1V ici).

Il serait souhaitable d'avoir plutôt une erreur centrée autour de 0, de


manière à quantifier tantôt par excès, tantôt par défaut ; en effet, en
quantifiant systématiquement par défaut, on introduit un offset dans le
signal numérisé.

Pour pallier cet inconvénient, on introduit un décalage au niveau du


premier LSB du convertisseur, comme indiqué sur la figure 5 : la
première transition n'a pas lieu pour 1 LSB, mais pour 1/2 LSB
seulement, ce qui fait que jusqu'à une valeur d'entrée inférieure à 1/2
LSB, on quantifie par défaut, et entre 1/2 et 1 LSB, on quantifie par
excès.

Fig. 5. Fonction de transfert d'un CAN 3 bits corrigé.

L'erreur obtenue devient celle de la figure 6 : elle est symétrique par
rapport à 0 et égale à ±1/2 LSB.
Fig. 6. Erreur de quantification symétrique

Il y a juste une exception : le 1/2 LSB tronqué au début va se retrouver


en bout d'échelle (voir figure 5) : le dernier état numérique
correspondra à une plage d'entrée analogique valant 1 1/2 LSB. L'erreur
de quantification sera plus grande sur cette plage, ce qui n'est d'ailleurs
pas très grave !

En pratique, la majorité des CAN ont une fonction de transfert décalée


pour assurer une erreur de quantification symétrique. Il faudra toutefois
s'en assurer en lisant la spécification du constructeur.

Ce détail pourra être important si on fait de la mesure précise avec une


carte d'acquisition de donnée (comprenant un CAN). Pour régler le gain
et l'offset de la chaîne de conversion, il faudra observer la première et
la dernière transition, et la calibration sera différente si le convertisseur
est décalé ou pas ; un biais d'1/2 LSB pourra fausser les mesures si on
se trompe !

o CONVERSION NUMÉRIQUE/ANALOGIQUE.

1. Principe de fonctionnement.

Si on fait l'opération inverse (conversion numérique analogique), à


chaque valeur numérique, on fera correspondre une valeur analogique
(et une seule) ; la tension analogique de sortie variera par " bonds ", et
non plus continûment comme dans le signal d'origine. La fonction de
transfert sera la même que celle de la figure 1 mais inversée. La tension
de sortie aura une forme d'escalier. En pratique, on va filtrer cette
tension pour lisser ces discontinuités et essayer de se rapprocher au
mieux du signal d'origine (Figure 7).
Fig. 7. Conversion numérique analogique.

2. Définitions.

 Résolution.

La résolution du CNA sera la variation de tension de sortie


correspondant à la variation d'une unité du nombre binaire en
entrée. La définition est équivalente à celle du CAN.

 Plage de conversion.

Il y a ici une petite différence avec le CAN (voir figure 8) : la


plage de conversion numérique va de 0 à 2N-1, N étant le
nombre de bits du convertisseur, et à chaque valeur numérique
correspond une valeur analogique de sortie et une seule. Par
rapport à celle du CAN, la plage de conversion s'arrêtera donc
un LSB plus tôt (sur l'échelle analogique du CAN, ceci
correspond à la dernière transition numérique).

Nous sommes ramenés ici au vieux problème des poteaux et des


intervalles !

 Dynamique.

La définition est équivalente à celle du CAN.

 Mise en relation.

Vu ce qui a été dit sur la plage de conversion, la relation entre le


pas de quantification (1 LSB), la plage de conversion VMAX , et
le nombre de bits du convertisseur sera légèrement différente de
l'équation [1]. La figure 8 du paragraphe suivant va éclairer
cette équation :

En pratique, pour un nombre de bits supérieur à 8, l'écart entre


les deux formules reste très faible !

Il n'empêche que dans le cas de mesures précises, ce genre de


détail a son importance pour expliquer un biais inattendu.

3. Exemple : CNA 3 bits.


Fig. 8. Fonction de transfert d'un CNA 3 bits.

La figure 8 montre la fonction de transfert d'un CNA 3 bits ayant une


résolution de 1V, comme l'exemple de CAN donné précédemment.

On voit clairement ici ce qui a été dit pour la plage de conversion : la


plage s'étend de 0 à 7V, et non pas 8V comme pour le CAN, car le
dernier état numérique est " 7 ".

o ERREURS DE CONVERSION.

Les erreurs décrites dans les paragraphes 1 à 3 sont valables pour les CAN
comme pour les CNA. Les illustrations sont faites pour ces derniers, mais sont
facilement transposables.

1. Erreur de gain.

La tension de pleine échelle est toujours légèrement différente de ce qui


est prévu en théorie. L'écart entre les valeurs théorique et pratique est
l'erreur de gain (figure 9).

Pratiquement, le fabricant de convertisseurs Analog Devices définit


cette erreur ainsi : c'est l'écart entre la valeur théorique et la valeur
réelle mesurée sur la dernière transition du convertisseur et exprimé en
LSB. Cette mesure suppose que l'ajustage du zéro soit parfait.
Fig. 9. Erreur de gain.

2. Erreur d'offset.

De même, le code binaire 0 ne correspond pas forcément à une tension


rigoureusement nulle en sortie. Cette tension est la tension de
décalage, ou d'offset .

Fig. 10. Erreur d'offset.

En pratique, Analog Devices définit cette erreur comme étant l'écart


entre la valeur théorique et la valeur réelle mesurée sur la première
transition du convertisseur et exprimé en LSB. En pratique, pour ajuster
un convertisseur, on réglera d'abord l'offset, et ensuite le gain.

3. Erreurs de linéarité.

L'erreur de linéarité est due au fait que la résolution des convertisseurs


n'est pas constante.
On distingue deux formes de non linéarité :

- la non linéarité intégrale

- la non linéarité différentielle

la non linéarité intégrale , exprimée en LSB, est la différence


maximum constatée sur toute la plage de conversion entre les valeurs
théoriques et les valeurs mesurées.

Cette mesure n'a évidemment de sens que si le zéro et le gain sont


correctement réglés.

La fonction de transfert est représentée figure 11.

Fig. 11. Erreur de linéarité intégrale.

La non linéarité différentielle concerne la différence de tension


obtenue lors du passage au code numérique immédiatement supérieur
ou inférieur ; théoriquement, cette valeur vaut 1 LSB. La non linéarité
différentielle sera la différence entre l'écart mesuré et le LSB théorique.
L'illustration est donnée en figure 12.

Fig. 12. Erreur de linéarité différentielle.


La valeur donnée dans les spécifications des constructeurs est la plus
grande valeur constatée sur toute la plage de conversion.

La non linéarité différentielle est plus gênante que la non linéarité


intégrale, surtout dans le cas de mesures comparatives effectuées sur
une faible partie de la plage de conversion.

En général, et pour des causes technologiques bien identifiées, le


maximum de non linéarité différentielle se trouve à la moitié de la
pleine échelle (passage du MSB de 0 à 1), et ensuite à moindre degré à
1/4 et 3/4 de la pleine échelle.

On sera donc vigilant quand on fera des mesures comparatives dans ces
zones là.

4. Monotonicité (CNA).

Ce phénomène est le même que le précédent, mais poussé à l'extrême :


il peut arriver que la pente de la courbe de conversion change de signe.
Pour une tension analogique de sortie, il ne sera pas possible d'attribuer
un nombre binaire correspondant : il y aura plusieurs solutions
possibles.

Fig. 13. Monotonicité.

5. Codes manquants (CAN).

Cette erreur pour le CAN est le pendant de la monotonicité pour le


CNA.
Fig. 14. Codes manquants

Lors de la conversion, la courbe donnée binaire = f(tension analogique)


n'étant pas une fonction (plusieurs codes binaires possibles pour une
même tension d'entrée), le convertisseur choisira la plus faible valeur
binaire parmi celles possibles. Les autres ne seront jamais utilisées, et
formeront des " trous " dans le code binaire : ce sont les codes
manquants.

6. Temps d'établissement (CNA).

Les étages de sortie des CNA sont généralement des amplificateurs


opérationnels. On a vu que la tension de sortie va varier " par bonds "
quand le code binaire d'entrée va changer. De ce fait, l'ampli de sortie
va fonctionner en mode impulsionnel. La stabilisation de la tension de
sortie n'est pas immédiate : elle peut être du type premier ordre ou
oscillatoire amortie (deuxième ordre et plus).

On appellera temps d'établissement (settling time en Anglais) le


temps mis par la sortie pour atteindre un certain pourcentage de la
tension finale stabilisée lorsque l'entrée va varier.
Fig. 15. Temps d'établissement.

7. Temps de conversion (CAN).

Lorsqu'on numérise un signal, on envoie au CAN un ordre de


conversion, et on récupère la valeur binaire en sortie au terme d'un
délai appelé temps de conversion .

8. Précision du convertisseur.

Pour obtenir la précision globale du convertisseur, on cumulera toutes


les erreurs précédemment citées.

En général, ces erreurs sont données soit en % de la pleine échelle (%


FS pour full scale), soit en fraction de quantum (± 1/2 LSB par
exemple).

B. CONVERSION NUMÉRIQUE / ANALOGIQUE.

Il existe principalement deux types de convertisseurs numérique / analogique sur le


marché : les convertisseurs à résistances pondérées, et les convertisseurs à réseau
R/2R. Ces derniers sont prédominants.

Il existe aussi des convertisseurs à réseaux de condensateurs fonctionnant sur le même


principe de base que les réseaux à résistances.

Nous n'exposerons pas ici les convertisseurs / , qui traitent non plus le code binaire
absolu, mais la différence avec l'échantillon précédent. Ces convertisseurs sont très
répandus dans l'audio-numérique (lecteurs de disques compacts), car ils sont précis et
meilleur marché que les convertisseurs traditionnels. Pour l'instant, ils sont peu utilisés
en mesure.

o ARCHITECTURE GÉNÉRIQUE.

Quel que soit le type de convertisseur étudié, on retrouvera toujours peu ou


prou la même structure, constituée des même éléments de base ; seule la
réalisation technologique des blocs de base différera d'un convertisseur à
l'autre et en fera sa spécificité.

Il est donc intéressant d'étudier l'architecture générique mettant en évidence les


points communs à tous les convertisseurs.
Fig. 16. Architecture des CNA.

Sur la figure 16, on distingue 5 blocs :

- un buffer numérique d'entrée : celui-ci est chargé de garder en mémoire la


donnée numérique pendant le temps de conversion ; il sert aussi d'interface
entre les parties numérique et analogique du convertisseur.

- une référence de tension : son importance est capitale pour la précision de


l'ensemble ; c'est elle qui donne le signal de référence servant à la
détermination des tensions de sortie.

- l'arbre de commutation (switching tree en anglais) : il est commandé par le


buffer d'entrée et va déterminer les résistances qui seront alimentées par la
référence de tension.

- le réseau de résistances : c'est un ensemble de résistances, qui, alimentées par


la référence de tension via l'arbre de commutation vont générer des courants
très précis fonction du code binaire d'entrée.

- le convertisseur courant/tension est un ampli servant à transformer les


courants générés par le réseau de résistances en tension de sortie. Il est
optionnel, certains CNA ne l'incluent pas, d'autres l'incluent, mais laissent le
choix de l'utiliser ou non.

On retrouvera donc toujours ces éléments de base, la distinction entre les


convertisseurs se faisant généralement dans le réseau de résistances (et par voie
de conséquences dans l'arbre de commutation).

o CNA À RÉSISTANCES PONDÉRÉES.

1. Principe.
Le principe de fonctionnement de ce montage est extrêmement simple :
il est basé sur un amplificateur opérationnel monté en sommateur
inverseur.

Fig. 17. Schéma de principe d'un CNA à résistances pondérées (4 bits).

Les principaux constituants sont :

- un amplificateur opérationnel.

- une référence de tension qui va définir la pleine échelle du


convertisseur.

- une série de résistances dans un rapport des puissances successives de


2 (1, 2, 4, 8, 16...).

- une série de registres numériques contenant le code binaire d'entrée.

- des commutateurs analogiques (interrupteurs commandés


électriquement par les signaux logiques) reliant les résistances à la
référence de tension.

Le schéma de la figure 17 montre un CNA 4 bits. Par extension, on


peut construire un CNA ayant un nombre de bits quelconque en
augmentant les entrées logiques et en y affectant des résistances de
valeur convenable (toujours dans le rapport des puissances de deux).

On remarque que le LSB est affecté à la résistance de plus grande


valeur, et le MSB à celle de plus faible valeur.

Nous appellerons a0 le MSB, a1 le bit suivant, ..., et aN-1 le LSB d'un


convertisseur à N bits.

Si on applique le résultat de l'ampli sommateur inverseur à ce montage,


on trouve :
soit :

Dans le cas de notre convertisseur 4 bits, la solution est :

Le MSB est affecté du coefficient le plus fort, et les bits successifs


voient leur coefficient divisé par deux par rapport au bit précédent.

On peut calculer la résolution (LSB) de ce convertisseur : c'est la


variation de la tension de sortie lorsque l'entrée numérique varie d'une
unité, soit :

Dans le cas général d'un convertisseur à N bits, on aurait :

L'équation [2] va nous permettre de calculer la plage de conversion. Si


on injecte le résultat de [7] dans l'équation [2], on obtient :

où VMAX représente la plage de conversion, ou pleine échelle du


convertisseur. Pour notre convertisseur 4 bits, cette pleine échelle vaut
donc 15/8ème de Eref. Ceci est dû au fait que le convertisseur de N bits
comporte 2N états différents, dont zéro , ce qui fait que le dernier état
est égal à 2N-1, et pas 2N.

2. Précision.

Le schéma de ce convertisseur nous permet de mieux comprendre les


erreurs citées au paragraphe précédent :

- L'erreur de gain sera directement proportionnelle à l'imprécision de la


référence de tension et de la résistance de contre-réaction.

- L'erreur d'offset sera due à l'offset de l'amplificateur.


- L'erreur de linéarité et la monotonicité seront dues au mauvais
appairage des résistances dans le rapport des puissances de 2.

- Le temps d'établissement sera donné par la réponse de l'amplificateur


à un échelon de tension.

Pour revenir aux erreurs de linéarité, il faut noter que la précision


relative sur chaque résistance aura un impact sur le résultat global qui
va doubler tous les bits en allant du LSB vers le MSB.

En effet, une erreur de 10% de la résistance du LSB ne va fausser le


résultat que de 1,1 fois le LSB.

Par contre, 10% d'erreur sur la résistance du MSB va induire une erreur
égale à 1,1 fois le MSB, soit 2(N-1) fois plus que celle faite sur le LSB
dans les mêmes conditions... Cette erreur peut facilement être
supérieure au LSB et entraîner des non monotonicités dans la réponse
(voir annexe).

3. Avantages / inconvénients.

L'avantage d'un tel montage est la simplicité. C'est un bon outil


pédagogique.

Malheureusement, la réalisation pratique est difficile du fait de la


dynamique des résistances utilisées (2N pour un convertisseur à N bits),
et, on l'a vu, une tolérance nécessaire sur les résistance divisée par 2 à
chaque bit supplémentaire. Pour un convertisseur à 8 bits, la précision
de la résistance du MSB devra être meilleure que 1% pour être en
limite de non monotonicité, et en pratique, on prendra une résistance à
2‰ au minimum.

Le principal problème provient de l'intégration de ces résistances : dans


les circuits intégrés, on sait tenir une telle précision, mais la
proportionnalité des résistances est obtenues en leur donnant des
dimensions proportionnelles à leur valeur. La dynamique élevée requise
ici est vite prohibitive.

Ces défauts font que ce convertisseur n'est pas viable économiquement,


surtout si on le compare au CNA à réseau R/2R, plus facile à intégrer.

o CNA À RÉSEAU R/2R.

1. Principe
Ce type de convertisseur prend en compte les défauts du précédent : il
est bâti autour d'un réseau de résistances composé de seulement deux
valeurs, R et 2R. Il n'y a donc plus le défaut inhérent à la grande
dynamique de valeurs des résistances.

Fig. 18. Schéma de principe d'un CNA à réseau R/2R (4 bits).

Les composants sont sensiblement les mêmes que pour le CNA à


résistances pondérées :

- un amplificateur opérationnel.

- une référence de tension qui va définir la pleine échelle du


convertisseur.

- un réseau de résistances R/2R.

- une série de registres numériques contenant le code binaire d'entrée.

- des commutateurs analogiques (interrupteurs commandés


électriquement par les signaux logiques) reliant les résistances soit à la
masse, soit à l'entrée - de l'ampli.

L'amplificateur va fonctionner ici en convertisseur courant/tension : en


fonction du positionnement des commutateurs, le courant total IT sera
plus ou moins élevé, et sera transformé en tension par l'ampli et la
résistance de contre-réaction. Certains CNA offrent d'ailleurs
simplement une sortie en courant, et c'est à l'utilisateur de l'utiliser tel
quel, ou de le convertir en tension.

Avant d'attaquer la mise en équation, nous allons faire un constat, et


partant de là, étudier certaines propriétés du réseau R/2R.

L'entrée + de l'ampli est à la masse ; si on considère que cet ampli est


parfait, l'entrée - est au même potentiel, soit 0 (masse virtuelle). La
position du commutateur n'influe donc nullement sur le fonctionnement
du réseau : les courants I0 à I3 sont dirigés soit vers le convertisseur
courant/tension, soit dérivés à la masse, mais le potentiel à la borne
commune des commutateurs reste le même, à savoir 0.

Pour simplifier le raisonnement, nous allons donc étudier le réseau


suivant :

Fig. 19. Réseau R/2R.

Les courants I3 et ID sont égaux (diviseur de courant avec deux


résistances égales).

On a donc :

Les branches où circulent I3 et ID sont en fait deux résistances égales


(2R) en parallèle, soit l'équivalent d'une résistance moitié, donc R.
Cette résistance équivalente est en série avec celle où circule IC. Le
courant IC circule donc dans une résistance équivalent à 2R. Le circuit
devient :

Fig. 20. Réseau réduit équivalent.

On retombe strictement sur le même type de réseau que précédemment.


On en déduit facilement :

L'étape finale du raisonnement donne le réseau suivant :


Fig. 21. Réseau final.

On en déduit la valeur des courants :

Le réseau R/2R nous fournit des courant en progression géométrique de


raison 2 : on retombe sur la même chose que le convertisseur à
résistances pondérées.

La tension de sortie Vs du convertisseur sera égale à :

Le résultat est donc du même genre que pour le CNA à résistances


pondérées. On note un facteur 1/4, mais on peut remarquer qu'il suffit
de mettre une résistance égale à 4R en contre-réaction pour retomber
sur le même résultat.

2. Précision.

Pour ce qui est de la précision requise sur les résistances, on retrouve


les mêmes défauts que pour le CNA précédent :

- la référence de tension et la résistance de contre-réaction vont


engendrer la même erreur de pleine échelle.

- une erreur sur la résistance du MSB aura 2(N-1) fois plus d'influence
que la même erreur sur le LSB.

Par contre, l'intégration sera plus aisée, et on sera capables de faire des
convertisseurs précis et à plus grand nombre de bits que le CNA à
résistances pondérées.

En instrumentation, on rencontrera fréquemment des CNA à 12bits de


ce type, notamment sur des cartes d'acquisition de données pour micro-
ordinateurs.

La structure du réseau et des commutateurs autorise une vitesse de


conversion assez grande, car lors du basculement du commutateur, les
résistances restent au même potentiel : il n'y a donc pas d'influence des
inévitables capacités parasites qui mettraient du temps à se charger et à
se décharger à travers les résistances. Ceci autorise l'utilisation de
résistances d'assez grande valeur, ce qui limite l'erreur due aux
résistances à l'état passant des commutateurs (quelques dizaines à
quelques centaines d'ohms).

o UTILISATION DES CNA.

1. Utilisation " classique "

Les CNA sont bien entendu utilisables tels quels pour faire de la
conversion numérique/analogique.

On les retrouvera en sortie de chaîne de traitement numérique lorsqu'un


signal analogique est requis (commande d'un transducteur, contrôle de
processus...

Ils seront suivis d'un filtre plus ou moins sophistiqué destiné à


supprimer les " marches d'escalier " inhérentes à la numérisation. Dans
le cas de l'audio numérique, le filtrage est d'une importance
fondamentale, et c'est lui qui conditionne grandement la qualité du son.
Cet aspect n'est donc pas à sous estimer.

Il faudra faire attention au filtrage dans le cas où ces convertisseurs


sont inclus dans une boucle d'asservissement : les escaliers peuvent être
néfaste à la stabilité du système.

2. Amplificateurs à gain programmable.

Les montages étudiés peuvent se résumer tous les deux à une chose : ce
sont des amplificateurs d'une tension continue (Eref) dont le gain est
ajustable par une entrée numérique (les codes binaires).

On peut donc penser à une autre utilisation des CNA : si on remplace


Eref par une tension alternative quelconque, on peut utiliser l'entrée
numérique pour faire varier le gain de l'ampli, et donc le signal en
sortie.

Cette application ouvre la porte aux VCA (voltage controlled


amplifier), atténuateurs à commande numérique (donc
télécommandables à distance)...

3. Filtres programmable

De la même manière, on peut intégrer ces réseaux dans certains


schémas de filtres, et obtenir ainsi des filtres à fréquence de coupure
variable et commandée par un signal numérique.
4. Multiplieur.

Une autre application importante est la multiplication de signaux : l'un


sera analogique (en remplacement de Eref), et l'autre numérique. Ce
signal numérique pourra être un signal préalablement numérisé. La
sortie va donner le produit des deux signaux.

5. Attention !!!

Toutes ces applications " spéciales " ne peuvent marcher que s'il est


possible d'appliquer des tensions bipolaires sur l'entrée Eref. Il faut donc
pouvoir alimenter symétriquement le montage, et les commutateurs
analogiques doivent être bidirectionnels, ce qui n'est pas toujours le cas.
On peut toujours polariser le signal pour qu'il soit globalement
unipolaire, mais ces applications perdent de leur intérêt : la tension de
polarisation étant traitée comme le signal, il sera difficile de l'extraire
en sortie du convertisseur.

Les fabricants de convertisseurs indiquent si leurs produits sont conçus


pour fonctionner dans ces applications " dérivées ". Il faudra donc se
reporter à leur documentation.

B. CONVERSION ANALOGIQUE / NUMÉRIQUE.

Parmi les principes de conversion analogique / numérique disponibles, nous en avons


choisis trois particulièrement représentatifs, et qui se différencient très nettement en
terme de compromis vitesse / précision :

- les convertisseurs parallèles (ou flash en Anglais), très rapides, mais limités en
précision. Leur rapidité les destine en particulier aux oscilloscopes numériques, qui se
contentent de convertisseurs à 6 ou 8 bits.

- les convertisseurs à approximations successives , moins rapides que les


précédents, mais avec des possibilités en résolution bien supérieures (8 à 16 bits). Ils
couvrent un vaste champ d'applications en mesure, de la carte d'acquisition de données
pour micro ordinateur aux CAN intégrés dans des micro contrôleurs qui servent à
piloter les applications les plus variées...

- les convertisseurs à comptage d'impulsion sont très précis, et par construction,


sont aptes à filtrer des bruits importants. En contrepartie, ils sont très lents, donc
destinés à faire des mesures de signaux stabilisés.

 ARCHITECTURE GÉNÉRIQUE.

Comme pour le CNA, il peut être intéressant de voir les points communs aux
CAN de technologies différentes (hors convertisseurs à rampe).
Fig. 22. Architecture d'un CAN

La pièce centrale du schéma de la figure 22 est... un CNA !

En pratique, un séquenceur logique va balayer les codes binaires (de façon plus
ou moins astucieuse), ces codes vont être convertis en une tension analogique
par le CNA, tension qui va être comparée à celle d'entrée. Le basculement du
comparateur arrête le processus, et la donnée est basculée et mémorisée dans le
buffer de sortie.

Il ne faut pas oublier ce que cache ce schéma, à savoir la composition du CNA,


et en particulier la référence de tension. Cette référence peut d'ailleurs être
intégrée ou non dans le CAN ; dans ce dernier cas, il faudra en mettre une à
l'extérieur (la remarque est valable pour les CNA).

 CAN PARALLÈLE.

1. Principe.

La tension à mesurer est comparée simultanément à 2N-1 tensions de


référence, N étant le nombre de bits du convertisseur. Le nombre 2N-1
s'explique par la notion de pleine échelle vue précédemment : 0 est
l'état logique supplémentaire qui fait 2N états au total pour un
convertisseur à N bits.

Ce convertisseur est composé des éléments suivants :

- une tension de référence Eref.

- un réseau de 2N résistances montées en série. Elles ont la même valeur


R à l'exception notable de la première et de la dernière qui ont la valeur
3R/2 et R/2 : c'est l'astuce qui permet de faire basculer le premier
comparateur non pas lorsque la tension d'entrée est égale à 1 LSB, mais
1/2 LSB. Au lieu d'avoir une erreur maxi de 1LSB (toujours par
défaut), on aura une erreur de ±1/2 LSB (par excès ou par défaut) : voir
plus haut. La dernière résistance vaut 3R/2 pour équilibrer le réseau, et
pour que le LSB soit conforme à sa valeur donnée dans l'équation [1].

- 2N-1 comparateurs comparent en permanence la tension à mesurer à


une des tensions de référence délivrée par le pont de résistances.

- un décodeur logique permet de traduire l'état des comparateurs en


code binaire de sortie.

Fig. 23. CAN parallèle à 3 bits.

2. Précision.

Dans le principe, ce CAN pourrait être relativement précis. En pratique,


on butte sur un inconvénient de taille : il faut 2N-1 comparateurs pour
un convertisseur à N bits, soit 63 comparateurs pour un 6 bits et 255
pour un 8 bits ! Le procédé devient donc vite limitatif.

La principale source d'erreur provient de l'offset des comparateurs qui


va introduire de la non linéarité différentielle.

La rapidité va être conditionnée par la vitesse des comparateurs et du


décodeur logique. La cadence de conversion est nettement supérieure
au MHz, et peut atteindre des centaines de MHz pour les oscilloscopes
numériques.

3. Utilisation.

De par leur principe, ces CAN sont limités à 6 ou 8 bits, ce qui est
insuffisant pour de l'instrumentation.

Ce handicap est négligeable en oscilloscopie numérique : certains


constructeurs utilisent des convertisseurs 6 bits, ce qui est suffisant
pour décrire l'axe vertical de l'écran avec une résolution supérieure à
2%.

Pour les applications requérant des vitesses élevées mais non extrêmes,
on utilise des convertisseurs semi-parallèles, qui utilisent beaucoup
moins de comparateurs et conservent une vitesse de conversion
intéressante, ceci avec une résolution pouvant atteindre 12 bits.

2. CAN À APPROXIMATIONS SUCCESSIVES.

Ces convertisseurs sont très répandus car performants et bon marché (tout est
relatif quand même !).

1. Principe.

Un schéma de principe est donné figure 24. On y trouve principalement


une référence de tension, un CNA, un comparateur et un séquenceur
logique piloté par horloge.

Le séquenceur logique délivre un code binaire à l'entrée du CNA. La


tension de sortie de ce CNA est comparée à la tension à mesurer, et en
fonction du résultat, le code binaire est modifié de manière à approcher
la valeur à trouver.

L'exemple le plus simple de séquenceur logique est un compteur


binaire qui s'incrémente d'une unité à chaque coup d'horloge (montage
vu en TP). Tous les codes binaires sont successivement comparés à la
tension d'entrée. Quand le signal de sortie du comparateur s'inverse, la
tension de référence vient juste de dépasser la valeur à mesurer : la
conversion est terminée, il ne reste qu'à lire la valeur binaire (donnée
ici par excès).
Fig. 24. CAN à approximations successives.

Ce séquenceur ne présente en pratique aucun intérêt, si ce n'est l'aspect


pédagogique. Pour un convertisseur 12bits, il faudrait entre 0 et 4095
coups d'horloge : le temps de conversion ne serait pas constant, et
surtout, serait beaucoup trop long pour les fortes valeurs de tension
d'entrée.

Les décodeurs fonctionnent en fait sur le principe de la dichotomie


(figure 25) :

- on compare d'abord la tension à mesurer Ex à une tension de référence


correspondant à tous les bits à 0 sauf le MSB à 1 (étape 1). Si cette
tension de référence est inférieure à Ex, on laisse le MSB à 1, sinon, on
le positionne à 0.

- tout en laissant le MSB dans l'état déterminé précédemment, on fixe


le bit suivant à 1 et on applique le mode opératoire précédent (étape 2).

- on procède ainsi de bit en bit, N fois pour un convertisseur à N bits

La conversion est faite rapidement, et le temps de conversion est le


même quelle que soit la tension d'entrée.
Fig. 25. Approximations par dichotomie.

Un exemple plus concret est donné à la figure 26 (principe de base


réduit à 3 bits des ADC 800 et dérivés de chez National Semi-
conducteurs).

Fig. 26. Exemple de CAN à approximations successives.

On retrouve le réseau de résistances du convertisseur parallèle de la


figure 23, mais chaque nœud de ce réseau est connecté non pas à un
comparateur, mais à un réseau de commutateurs de connection
(switching tree) dont le point final est relié à l'entrée d'un comparateur ;
l'autre entrée de ce comparateur est reliée à la tension à mesurer Ex.

Chaque sortie logique du séquenceur actionne simultanément tous les


commutateurs de même niveau (situés sur la même verticale sur le
schéma).

Sur le schéma, a2a1a0 est égal à la valeur binaire 101, soit 5. Si on suit le
chemin des commutateurs fermés, on tombe bien sur la référence de
tension correspondant à la valeur logique 5, soit 101 en binaire.

En appliquant la règle de séquencement précédente, on trouve le code


logique en 3 approximations (CAN à 3 bits).
N.B : l'ensemble composé du réseau de résistances et des commutateurs
est bien un CNA : il suffit de relier le point de sortie du réseau de
connexion à un ampli suiveur pour avoir un type de CNA non étudié
dans le paragraphe précédent mais parfaitement viable ! Il est
seulement coûteux en résistances et en commutateurs si on le compare
aux CNA à réseau R/2R ou à résistances pondérées.

2. Précision.

Ces convertisseurs sont précis : il suffit d'un bon comparateur associé à


un CNA de la résolution voulue pour obtenir la précision désirée.

La rapidité sera limitée par le temps d'établissement du CNA, la vitesse


de réaction du comparateur, et la complexité de la logique.

Les convertisseurs 12 bits courants (qui sont beaucoup utilisés en


instrumentation) ont un temps de conversion de l'ordre de 10 à 200µs,
ce qui fait des cadences d'échantillonnage comprises entre 5 et 100kHz
environ.

Important  : la conversion prend un certain temps ; de plus, vu le


principe utilisé, la comparaison ne se fait pas avec des codes binaires
successifs. Il est impératif dans ce cas de figer la tension d'entrée
pendant la conversion .

Cette fonction va être réalisée par un échantillonneur / bloqueur


(E/B)  : lorsque l'ordre de conversion est donné par le séquenceur
logique, la sortie de l'E/B prend la valeur courante du signal et se fige à
cette valeur (effet mémoire).

L'E/B est nécessaire pour éviter des codes manquants et/ou des erreurs
de conversion. Il est parfois intégré dans le CAN. Si ce n'est pas le cas,
on le placera entre le signal à mesurer et le CAN.

Il faudra veiller à ce que sa précision (offset, erreur de gain) soit


compatible avec le CAN placé en aval : inutile de mettre un CAN 16
bits ultra précis derrière un E/B de deuxième catégorie...

De même, on fera attention au temps d'établissement de ce composant.

3. Utilisation.

On retrouve ces composants un peu partout, de l'audio numérique aux


cartes d'acquisition de données en passant par l'intégration dans des
micro contrôleurs.

Comme les convertisseurs parallèles, ils mesurent des valeurs


instantanées d'un signal ; il faudra donc s'assurer que celui-ci est
exempt de bruit (du moins dans la limite de la résolution du CAN).
Cette fonction sera assurée par un câblage correct de la chaîne de
mesure (revoir les deux premiers chapitres), et un filtrage avant
acquisition (attention à la fréquence de cassure du filtre qui servira par
la même occasion de filtre anti-repliement --loi de Shannon).

3. CAN À COMPTAGE D'IMPULSIONS.

Cette catégorie de convertisseur est très répandue : tous les multimètres " de
poche " fonctionnent sur ce principe. Ils offrent une grande précision pour un
faible coût, mais de par leur principe, ils ne peuvent mesurer que des tensions
statiques ou faire des moyennes, contrairement aux convertisseurs précédents
qui échantillonnent le signal instantané.

On trouve 4 types de convertisseurs à rampe (de simple à quadruple rampe : le


principe reste globalement le même, les rampes supplémentaires venant
compenser diverses erreurs), ainsi que des convertisseurs tension-fréquence.

Tous ces convertisseurs sont basés sur une opération de chronométrage


(comptage d'impulsions) pendant un temps proportionnel à la tension d'entrée.

1. Convertisseur simple rampe.

Fig. 27. Convertisseur simple rampe.

Le schéma de principe d'un tel convertisseur est donné figure 27. Les
principaux éléments le constituant sont :

- un générateur de rampe (intégration d'une tension de référence).

- deux comparateurs comparant la rampe l'un au zéro, l'autre à la


tension à mesurer.
- divers éléments de logique, dont un générateur de porte, une horloge,
un compteur et un système d'affichage.

Lorsque la logique commande le démarrage d'une mesure, il y a remise


à zéro de l'intégrateur (rampe) et des compteurs ; ensuite, la tension de
rampe croît linéairement avec le temps (figure 28).

Quand le premier comparateur bascule à t0, la porte autorise le


comptage des impulsions délivrées par l'horloge.

Quand le deuxième comparateur bascule, il ferme cette porte, et la


valeur contenue dans les compteurs est verrouillée et transmise aux
afficheurs.

Fig. 28. Tension en sortie d'intégrateur et porte.

On a donc fait un chronométrage des impulsions de l'horloge pendant


un temps proportionnel à la tension à mesurer.

Cette tension est égale à :

Si N est le nombre d'impulsions comptées et F la fréquence de


l'horloge, on a :

La pleine échelle sera donnée en nombre de points Nmax, c'est à dire le


comptage maximum autorisé par la dynamique des compteurs. Dans ce
cas, la résolution sera l'inverse de Nmax, et elle sera d'autant meilleure
que Nmax sera grand.

Le résultat montre qu'on aura intérêt à avoir une fréquence d'horloge


élevée à rampe donnée pour avoir une bonne résolution.
Il indique aussi le plus gros défaut de ce convertisseur : la mesure
dépend de la fréquence d'horloge, de la tension de référence, et des
composants R et C de l'intégrateur.

Si on sait faire des horloges à quartz stables et des références de tension


de précision, il en est tout autrement avec les capacités servant dans
l'intégrateur : la précision initiale est moyenne (sauf tri), et les dérives
(vieillissement, température...) difficiles à maîtriser.

L'autre gros défaut est une grande sensibilité au bruit : si la tension


d'entrée varie sous l'effet d'une perturbation quelconque, le deuxième
comparateur peut fermer la porte et arrêter le processus de comptage :
la valeur lue sera fausse.

Il faut noter ici que la tension d'entrée doit impérativement être fixe ,
sinon, on mesure n'importe quoi !

Comme le comptage dure un certain temps, on voit que toutes ces


conditions sont difficiles à réunir.

2. Convertisseur double rampe.

Ce type de convertisseur va pallier les défauts du simple rampe. Le


schéma de principe est le suivant :

Fig. 29. Schéma de principe du convertisseur double rampe.


Fig. 30. Tension en sortie d'intégrateur.

La mesure se fait en deux temps :

- l'intégrateur ayant été remis à zéro, on commute son entrée sur la


tension à mesurer. Le comptage démarre.

- quand il atteint un nombre N1 déterminé, on commute l'entrée de


l'intégrateur sur une tension de référence Eref de polarité opposée à Ex.
On compte les impulsions d'horloge jusqu'à ce que la tension de sortie
de l'intégrateur s'annule, soit N2.

Si F est la fréquence de l'horloge, on peut écrire :

La valeur affichée est directement proportionnelle au comptage, et elle


est indépendante des composants R et C, et aussi de la fréquence de
l'horloge. On pourrait comparer cette méthode à la double pesée avec
une balance...

L'autre gros avantage du montage double rampe est son immunité au


bruit : le signal étant intégré, seule la valeur moyenne du bruit sera
prise en compte, soit une valeur nulle dans la plupart des cas. Si un
parasite perturbe le signal lors de la mesure, seule son intégrale sera
prise en compte ; s'il est bref, elle sera négligeable, et le résultat très
peu modifié.

3. Résolution. Précision.
Pour ce type de convertisseurs, la dynamique n'est plus exprimée en
bits, mais en points, qui correspondent à la capacité maximum du
compteur.

Les multimètres de poche font 2000 ou 3000 points, les plus évolués en
font 20 000 ou 30 000, et les multimètres de laboratoire dépassent
allégrement les 100 000 points.

Il ne faut toutefois pas se leurrer quand à leur précision réelle, qui est
souvent bien en deçà de la résolution.

Par exemple, un multimètre 2000 points (11 bits équivalent à 2048


points) ne dépasse guère une précision de 0,5% de pleine échelle, soit
l'équivalent de 8bits ! Et encore, ceci est valable pour des mesures de
tensions continues ; pour les mesures de courant ou de résistances, la
précision peut tomber à 1 ou 2%. En fait, ce sont les composants
externes au convertisseur (ampli, atténuateur) qui déterminent la
précision.

Il faudra donc bien se garder de prendre pour argent comptant la valeur


de l'affichage, et se rappeler que (au moins) le digit le moins significatif
est faux. Dans tous les cas, il faut consulter la spécification de l'appareil
pour connaître sa précision réelle, et ne pas se laisser impressionner par
l'affichage...

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