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Chapitre 1 Introduction à la qulité de l’energie electrique

1.1 Qualité de l’énergie électrique


Les problèmes de la qualité de l’énergie sont liés à un grand nombre de phénomènes. Environ
les deux tiers d’entre eux sont de source naturelle, telle la foudre. D’autres causes de la dégradation de la
qualité de l’énergie proviennent des manœuvres avec des appareils à grandes puissances (p. ex.
l’enclenchement des condensateurs) dans l’industrie ou dans le réseau lui-même, où des défauts peuvent
provoquer des chutes de tension au niveau des consommateurs.

La qualité de l’électricité est devenue un sujet stratégique pour les compagnies d’électricité, les
personnels d’exploitation, de maintenance ou de gestion de sites tertiaires ou industriels, et les construc-
teurs d’équipements, essentiellement pour les raisons suivantes:

− la nécessité économique d’accroître la compétitivité pour les entreprises,


− la généralisation d’équipements sensibles aux perturbations de la tension et/ou eux-mêmes généra-
teurs de perturbations,
− L’ouverture du marché de l’électricité. La nécessité économique d’accroître la compétitivité pour les
entreprises
− La réduction des coûts liés à la perte de continuité de service et à la non-qualité Le coût des perturba-
tions (coupures, creux de tension, harmoniques, surtensions atmosphériques...) est élevé. Ces coûts
doivent prendre en compte le manque à produire, les pertes de matières premières, la remise en état
de l’outil de production, la nonqualité de la production, les retards de livraison. Le dysfonctionnement
ou l’arrêt de récepteurs prioritaires tels que les ordinateurs, l’éclairages et systèmes de sécurité peu-
vent mettre en cause la sécurité des personnes (hôpitaux, balisage des aéroports, locaux recevant du
public, immeubles de grande hauteur…). Ceci passe aussi par la détection par anticipation des pro-
blèmes par une maintenance préventive, ciblée et optimisée. On constate de plus un transfert de res-
ponsabilité de l’industriel utilisateur vers le constructeur d’appareillage pour assurer la maintenance
des sites ; le constructeur devient fournisseur du produit électricité.
− La réduction des coûts liés au surdimensionnement des installations et aux factures énergétiques
D’autres conséquences plus insidieuses de la dégradation de la QEE sont :
− la réduction du rendement énergétique de l’installation, ce qui alourdit la facture énergétique,
− la surcharge de l’installation, d’où son vieillissement prématuré avec le risque accru de panne qui
conduit à un surdimensionnement des équipements de distribution

1.1.1 Qualité de la tension

Dans la pratique, l’énergie électrique distribuée se présente sous la forme d’un ensemble de ten-
sions constituant un système alternatif triphasé, qui possède quatre caractéristiques principales : ampli-
tude, fréquence, forme d’onde et symétrie.

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1.1.2 Amplitude

L’amplitude de la tension est un facteur crucial pour la qualité de l’électricité. Elle constitue en
general le premier engagement contractuel du distributeur d’énergie. Habituellement, l’amplitude de la
tension doit être maintenue dans un intervalle de ±10% autour de la valeur nominale. Dans le cas idéal,
les trois tensions ont la même amplitude, qui est une constante. Cependant, plusieurs phénomènes pertur-
bateurs peuvent affecter l’amplitude des tensions. En fonction de la variation de l’amplitude on distingue
deux grandes familles de perturbations :

− Les creux de tension, coupures et surtensions. Ces perturbations se caractérisent par des variations
importantes de l’amplitude. Elles ont pour principale origine des courts-circuits, et peuvent avoir des
conséquences importantes pour les équipements électriques.

− Les variations de tension. Ces perturbations se caractérisent par des variations de l’amplitude de la
tension inférieure à 10% de sa valeur nominale. Elles sont généralement dues à des charges fluc-
tuantes ou des modifications de la configuration du réseau.

1.1.3 Fréquence

Dans le cas idéal, les trois tensions sont alternatives et sinusoïdales d’une fréquence constante
de 50 ou 60 Hz selon le pays. Des variations de fréquence peuvent être provoquées par des pertes impor-
tantes de production, de l’îlotage d’un groupe sur ses auxiliaires ou son passage en réseau séparé, ou d’un
défaut dont la chute de tension résultante entraîne une réduction de la charge [Bor-93]. Cependant, ces
variations sont en général très faibles (moins de 1%) et ne nuisent pas au bon fonctionnement des équi-
pements électriques ou électroniques. Pour les pays européens dont les réseaux sont interconnectés, la
norme EN 50160 précise que la fréquence fondamentale mesurée sur 10s doit se trouver dans l’intervalle
50HZ ±1% pendant 99,5% de l’année, et − 6%÷ 4% durant 100% du temps. Il faut également remarquer
que les variations de fréquence peuvent être bien plus importantes pour les réseaux autonomes.

1.1.4 Forme d’onde

La forme d’onde des trois tensions formant un système triphasé doit être la plus proche possible
d’unesinusoïde. En cas de perturbations au niveau de la forme d’onde, la tension n’est plus sinusoïdale et
peut en général être considérée comme une onde fondamentale à 50Hz associée à des ondes de fréquences
supérieures ou inférieures à 50 Hz appelées également harmoniques. Les tensions peuvent également
contenir des signaux permanents mais non-périodiques, alors dénommés bruits.

1.1.5 Symétrie

La symétrie d’un système triphasé se caractérise par l’égalité des modules des trois tensions et
celle de leurs déphasages relatifs. La dissymétrie de tels systèmes est communément appelé déséquilibre

1.1.6 Qualité du courant

La qualité du courant est relative à une dérive des courants de leur forme idéale, et se caractérise
de lamême manière que pour les tensions par quatre paramètres : amplitude, fréquence, forme d’onde et
symétrie. Dans le cas idéal, les trois courants sont d’amplitude et de fréquence constantes, déphasés de
2π/3 radians entre eux, et de forme purement sinusoïdale. Le terme « qualité du courant » est rarement
utilisé, car la qualité du courant est étroitement lié à la qualité de la tension et la nature des charges. Pour
cette raison, « la qualité de l’énergie électrique » est souvent réduite à « la qualité de la tension ». C’est

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l’hypothèse que nous ferons dans la suite de ce document, où le terme de « qualité de l’énergie »
s’applique uniquement à celle de la tension

1.2 Classification des perturbations électriques


En se basant sur les paramètres caractérisant la tension et énumérés au paragraphe précédent, on
distingue quatre familles de perturbations électriques :

− les variations de l’amplitude (creux de tensions, coupures brèves et surtensions, flicker),


− les fluctuations de la fréquence autour de la fréquence fondamentale,
− les modifications de la forme d’onde (harmoniques, interharmoniques, bruits),
− la dissymétrie du système triphasé : déséquilibre.

Un autre type de classification des perturbations électriques peut également être élaboré en se
basant sur leur durée [Hey-98] :
− les perturbations transitoires,
− les perturbations de courte durée,
− les perturbations permanentes.

Les perturbations électriques transitoires ont une durée de moins d’une demi période fondamen-
tale.Elles ont pour principale origine les manoeuvres d’ouverture et de fermeture sur le réseau de trans-
port et de distribution, mais également des phénomènes naturels tels que la foudre. Les perturbations de
courte durée sont les creux de tension, les coupures brèves et les surtensions, qui sont généralement pro-
voquées par la présence de courts-circuits. Elles se caractérisent par des variations importantes de
l’amplitude de la tension, et peuvent avoir des conséquences néfastes et coûteuses sur les équipements
électriques. Dans la catégorie « perturbations permanentes » on retrouve les harmoniques, le bruit, le dé-
séquilibre et les variations de tension et de fréquence. Elles sont généralement provoquées par la présence
de charges non linéaires et fluctuantes au sein du réseau électrique. Elles se caractérisent par de faibles
variations de l’amplitude, et sont à l’origine d’échauffement, de pertes supplémentaires, de vieillissement
prématuré des équipements électriques et de dysfonctionnements sur certains appareillages de contrôle-
commande. On peut également remarquer que les origines des perturbations électriques peuvent être clas-
sées en deux grandes catégories :

− les défauts au sein des réseaux électriques,


− la présence de charges non-linéaires ou fluctuantes.

Enfin, les effets des perturbations électriques peuvent eux aussi être divisés en deux grandes
familles :

− les effets à court terme (déclenchement des appareils, dégâts matériels, …),
− les effets à long terme (pertes supplémentaires, échauffements, vieillissements).

Le tableau 1.1 récapitule les remarques précédentes en présentant les principales perturbations,
leurs origines ainsi que leurs conséquences. L’amplitude de la tension est également indiquée en pu (pe-
runits) pour les perturbations importantes au niveau de l’amplitude et en % pour les variations faibles
d’amplitude.

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Type de
Durée Amplitude Origine Conséquences
perturbations

Déclenchement des
Transitoires
appareils, enclenchement Dysfonctionnements
(impulsions et
<10ms

des condensateurs, gênants


oscillations)
commutations

Courts-circuits, démarrage
Arrêts d’équipements,
Creux de tension 0.1 – 0.9 de gros moteurs, saturation
pertes de production
pu des transformateurs

Arrêts d’équipements,
Coupures brèves <0.1 pu Courts-circuits
pertes de production
10ms – 1min

Déclenchements, dangers
Courts-circuits,
1.1 – 1.8 pour les personnes et
Surtensions débranchement des charges
pu pour
importantes
les matériel

Echauffements des
Charges asymétriques ou
Déséquilibre machines tournantes,
monophasées
vibrations

Charges fluctuantes (fours à


Variations rapides de arc, moteur à démarrage Papillotements
0.1 – 7 %
tension (Flicker) fréquent, soudeuses, de l’éclairage
éoliennes)
Régime établi

Echauffements,
Charges non linéaires
vieillissements, pertes
Harmoniques 0 – 20% (structures d’électronique de
supplémentaires, troubles
puissance, arcs électriques
fonctionnels

Charges non linéaires et


Papillotements
Interharmoniques 0 – 2% fluctuantes (fours à arc,
de l’éclairage
soudeuses, éoliennes)

Fours à arc, charges non Echauffements, pertes,


Bruit 0 – 1%
linéaires vieillissements

Déséquilibre entre la
Variations de la Dysfonctionnements des
production et la
fréquence équipements électriques
consommation

Table 1.1 Vue de l’ensemble des principales perturbations electriques.

10
1.3 Les perturbations et la qualité de l’electricité
Depuis toujours, le fonctionnement - voire l’intégrité - de certains équipements électriques et
électroniques est affectée par des “perturbations”. Ces perturbations peuvent pénétrer dans les équipe-
ments sensibles par diverses voies :

- l’alimentation électrique : problème général considéré ici,


- les entrées et sorties de signaux, les connexions de terre, couplage inductif ou capacitif, rayonne-
ment... : problèmes plus localisés de compatibilité électromagnétique dans les sites industriels.
L’alimentation électrique consiste en un système triphasé d’ondes de tension qui se caractérise
par la fréquence, l’amplitude, la forme d’onde sinusoïdale et la symétrie du système triphasé. Une alimen-
tation parfaite n’existe pas et, dans le langage courant, on dit que les quatre caractéristiques sont affectées
de “perturbations”, même si ces dernières restent limitées à des niveaux n’impliquant aucun dérangement
pour les équipements sensibles. En 1985, une Directive Européenne “relative au rapprochement des dis-
positions des Etats membres en matière de responsabilité du fait des produits défectueux” stipulait expli-
citement que “l’électricité est aussi un produit”. On parle beaucoup depuis lors de la “qualité du produit
électricité”, même si le concept est discuté : l’électricité ne pouvant être aisément stockée, la production
doit suivre la consommation en temps réel. La tension est d'excellente qualité à la sortie des centrales et le
système entier contribue à consolider cette qualité (stabilité d'amplitude et de fréquence, puissance de
court-circuit…), mais elle subit nombre d’altérations au cours de son transport, principalement sous
l’influence des installations perturbatrices de la clientèle ou d’incidents fortuits. L’électricité pose par
conséquent des problèmes de qualité spécifiques,différents des autres grands produits industriels.L’air du
temps veut que l’on parle maintenant de “qualité de l'électricité” (souvent via l’expression anglosaxon-
nede “power quality”) ou de “compatibilité électromagnétique” là où l’on parlait naguère de “perturba-
tions” et d'"interférences".

1.4 Les perturbations du réseau de distribution basse tension


Les problèmes liés à la qualité de l’énergie électrique impliquent l’ensemble des partenaires du
distributeur d’énergie à l’utilisateur. Ils concernent les imperfections de la tension électrique ayant pour
origine les perturbations électriques. Ces perturbations électriques font l’objet d’une norme européenne
EN 50160 élaborée par le Cenelec (Comité européen de normalisation électrotechnique) et traitant des
caractéristiques du produit électricité en basse et moyenne tension.

La plage de variation nominale de la tension réseau est généralement fixée par le distributeur
d’énergie à +/– 10 % de la tension composée, conformément à la norme EN 50160. Toute variation de la
tension au-delà du seuil haut ou bas de la plage nominale de la tension, génère une perturbation de la qua-
lité de l’électricité distribuée. [1].

1.5 Origines des perturbations de la qualité de l’énergie électrique Notion de charges linéai-
res et non linéaires
Les perturbations de la qualité de l’énergie électrique distribuée sont principalement provoquées
par les phénomènes suivants :
– Creux de tension et coupures
– Surtensions
– Variations rapides de la tension – Flicker
– Déséquilibre du système triphasé de tensions
– Harmoniques et inter-harmoniques

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1.5.1 Creux de tension et coupures

Un creux de tension est une chute brutale de l’amplitude de la tension en dessous du seuil
inférieur de la plage nominale comme l’illustre la figure 1.1. Ils sont provoqués par l’apparition de dé-
fauts sur le réseau électrique.La coupure brève est un cas particulier du creux de tension. Une coupure est
dite brève si elle n’excède pas trois minutes, sa profondeur est supérieure à 90 %. Audelà de trois mi-
nutes, la coupure est dite longue.Au cours d’une année :
– le nombre de creux de tensions peut aller de quelques dizaines à un millier.
– Le nombre de coupures brèves peut varier de quelques dizaines à plusieurs centaines, et n’excède pas
une durée d’une seconde (bien souvent, les coupures brèves sont provoquées lors de la manoeuvre des
automatismes liés aux réseaux de distribution).

Figure 1.1 Creux de tensions.

Lorsque la variation de tension apparaît en tant que défaut sur le réseau électrique, il est difficile
de mesurer exactement la durée et l’amplitude de celle-ci. Particulièrement quand celle-ci intervient sur
les trois phases avec des durées et des amplitudes différentes.L’utilisation d’analyseurs de réseaux tripha-
sés s’avère indispensable afin d’analyser les trois phases simultanément (voir le chapitre 6 à ce sujet).

1.5.2 Surtention temporaires ou transitoires

Les surtensions de durée inférieure à 10 ms sont appelées surtensions transitoires.Les analyseurs


de réseaux triphasés, de part leur technologie numérique permettront ici aussi de mesurer les surtensions
transitoires en offrant une fréquence d’échantillonnage élevée. Les surtensions sont mesurées en ampli-
tude et en durée lorsque le seuil supérieur de la plage nominale est dépassé comme illustré par la figure
1.2.

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Figure 1.2 Surtensions..

La norme EN 50160 fixe les niveaux de surtensions selon le schéma de liaison à la terre de
l’installation :
– réseaux à neutre à la terre (raccordé directement ou avec une impédance) : la surtension ne devra pas
dépasser 1,7 Un ;
– réseaux à neutre isolé ou résonant : la surtension ne devra pas dépasser 2 Un.Les surtensions appa-
raissent selon deux modes :
– mode commun (entre conducteurs actifs et la masse ou la terre)
– mode différentiel (entre conducteurs actifs, phase – phase ou phase – neutre)

Les surtensions sont de trois natures :


 Surtensions à la fréquence industrielle (50 Hz) : les surtensions à la fréquence industrielle prennent
naissance suite à un défaut d’isolement entre phase et terre,lors d’une surcompensation de l’énergie
réactive ou encore lors d’une ferrorésonance provoquée par un circuit inductif et un condensateur.
 Surtensions de manoeuvre : les surtensions de manoeuvre découlent d’une modification de la struc-
ture du réseau : mise en service de gradins de condensateur, d’une ligne à vide.
 Surtensions atmosphériques : les surtensions atmosphériques sont provoquées par la foudre soit
directement, soit indirectement par augmentation du potentiel de la terre.

1.5.3 Variations rapides de la tension – Flicker

Les variations d’intensité lumineuse de l’éclairage à incandescence provoquent un papillonne-


ment qui est ressenti comme une gêne par le système visuel humain dès que la tension varie de 1 %. Cette
gêne se concrétise par des maux de tête, une irritabilité et peut même parfois déclencher des crises
d’épilepsie. Ce papillonnement est mesuré par la valeur du Flicker. Le Flicker résulte d’un calcul statis-
tique issu de la mesure des variations de tension, défini dans la norme IEC 61000-4-15.

De telles variations de la tension sont en général causées par la propagation sur les lignes du ré-
seau d’appels de courants importants à la mise en service ou hors service d’appareils dont la puissance
absorbée varie de façon rapide : fours à arcs, machine à souder, moteurs à démarrages fréquents, impri-
mantes laser, micro-ondes, système d’air conditionné, etc. La figure 1.3 illustre une représentation de
variation rapide de tension.

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Figure 1.3 Variation rapide de tension.

1.5.4 Déséquilibre de système triphasé de tensions

Le déséquilibre de récepteurs électriques (triphasés ou monophasés) alimentés par un réseau tri-


phasé s’observe lorsque les trois tensions ne sont pas égales en amplitude et/ou lorsqu’elles sont dépha-
sées de 120° les unes par rapport aux autres, comme illustré par la figure 1.4.

Figure 1.4 Déséquilibre de systèmes triphasés.

Ces déséquilibres sont essentiellement dus à la circulation de courant non équilibré par les im-
pédances de réseau et ont pour conséquence des couples de freinage parasites et des échauffements qui
conduisent à une dégradation prématurée des équipements tels que des moteurs ou toute autre machine
asynchrone. La norme EN 50160 fixe le taux de déséquilibre inverse admissible à 2 % sur les valeurs
efficaces calculées sur dix minutes pour 95 % du temps d’une semaine. Il est généralement convenu
qu’un déséquilibre inférieur à 2 % ne suscite au problème. La quantification du phénomène fait appel à
une méthode dite des composantes symétriques directes, inverse ou homopolaires.

1.5.5 Harmoniques et inter-harmoniques

Les phénomènes de perturbations harmoniques sont décrits dans les trois premiers chapitres, et
les différentes techniques à mettre en oeuvre pour leur trouver des solutions sont décrites dans le chapitre
5.Pour résumer, les harmoniques sont des perturbations introduites dans le réseau par des charges non
linéaires provenant d’équipements intégrant des redresseurs et des électroniques de découpage. Ces con-

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figurations de réseau et la concentration de tels équipements pollueurs déforment les courants et créent
des variations de tension sur le réseau de distribution, comme illustré en figure 1.5. Les harmoniques con-
sistent donc en une superposition sur l’onde fondamentale de 50 Hz, d’ondes également sinusoïdales mais
de fréquences multiples de la fréquence fondamentale.

Figure 1.5 Effets d’une pollution harmonique.

Lorsque la fréquence superposée n’est pas multiple de la fréquence fondamentale, on parle


d’inter-harmonique.Les conséquences des harmoniques peuvent être instantanées ou à long terme.Les
effets instantanés se manifestent par des troubles fonctionnels de synchronisation ou de commutation, des
disjonctions intempestives, erreurs de mesure sur des compteurs d’énergie, voir même la destruction
d’équipements (condensateurs, disjoncteur). Les effets à long terme se manifestent par une fatigue préma-
turée du matériel, des lignes et amènent un déclassement des équipements.Les normes EN 50160, CEI
61000-2-2 et CEI 61000-2-12 fixent respectivement :
– les niveaux de tensions harmoniques jusqu’au 25e rang et indique que le taux global de distorsion
harmonique ne doit pas dépasser 8 %.
– Les niveaux maxima rang par rang pour les réseaux basse tension.
– Les niveaux maxima rang par rang pour les réseaux moyens tension.

1.6 Notion de charges linéaires et non linéaires

1.6.1 L’origine des charges déformantes

Hier, la majorité des charges utilisées sur le réseau électrique étaient des charges dites linéaires.
Les charges linéaires appellent un courant de forme identique à la tension, c’est-à-dire quasi sinusoïdal,
comme les convecteurs électriques ou encore les lampes à incandescence (figure 2.1).

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Figure 1.6 Signaux relatifs à une charge linéaire.

Aujourd’hui, avec l’apport de l’électronique intégrée dans de nombreux dispositifs électriques,


les charges produisent des courants déformés dont l’allure n’est plus sinusoïdale. Ces courants sont alors
composés d’harmoniques, multiples de la fréquence du fondamental de 50 Hz (figure 2.2). Aussi, il est
impératif de bien faire la distinction entre les charges linéaires et les charges non linéaires. Cette identifi-
cation peut s’effectuer :
− soit par reconnaissance du type de charge lorsque la technologie intégrée est connue,
− soit par la mesure afin de vérifier les caractéristiques du courant appelé par la charge.

Pour vous aider à déceler les charges susceptibles d’être génératrices d’harmoniques,nous allons
enrichir d’exemples à partir de différents types de charges dites non linéaires ainsi que par une liste
d’équipements identifiés en tant que pollueurs.

Figure 1.7 Signaux relatifs à une charge non linéaire.

La valeur efficace d’un signal s’avère aujourd’hui insuffisante pour apprécier la déformation de
ce signal. Elle n’est, dans le cas d’un courant, que l’image des effets thermiques de celui-ci mais ne ren-
seigne pas sur la forme du signal qui est un critère d’appréciation indispensable actuellement pour une
analyse précise de la qualité de l’énergie électrique sur un réseau de distribution basse tension.On peut
citer, dès à présent, quelques exemples d’équipements responsables de la déformation des signaux :
− les convertisseurs de l’électronique de puissance,
− les machines à souder, fours à arc,
− la généralisation des alimentations à découpage dans l’informatique des secteurs tertiaire et industriel
aussi bien que dans les appareils électroménagers,
− tous les équipements comportant des dispositifs à semi-conducteurs.Les équipements pollueurs sont
nombreux dans le secteur industriel et répartis sur différents postes d’équipements électriques (figure
2.3).

16
Figure 1.8 L’électronique intégrée au coeur d’une armoire d’équipement électrique.

1.6.2 Une application de charge dite linéaire

Revenons à notre charge dite linéaire correspondant à un type de charge connue des utilisateurs
du domaine de la distribution électrique. Cette catégorie de charge se retrouve au travers des récepteurs
classiques tels que les convecteurs électriques, les lampes à incandescence ou encore tout simplement des
récepteurs comportant des éléments purement résistifs. Mais cela peut-être aussi une charge comprenant
des éléments inductifs ou capacitifs telle qu’un moteur électrique. Aussi, la charge linéaire, lorsqu’elle est
soumise à une tension sinusoïdale, absorbe un courant de même allure. Il y a ainsi, à tout instant, propor-
tionnalité entre tension et courant (figure 2.4).

Figure 1.9 Proportionnalité entre tension et courant pour une charge dite linéaire.

La puissance absorbée correspondante à ces deux grandeurs électriques, tension et courant, est
le simple produit de ces composantes pour une charge dite linéaire associant de simples éléments pure-
ment résistifs. Un déphasage existe lorsque l’on observe entre deux signaux sur un même circuit, un déca-
lage de l’un par rapport à l’autre dans le temps (figure 2.5).

17
18
Chapitre 2 Dégradation de la qualité de l’énergie
2.1 Déformation de l’onde de tension et de courant
Les perturbations électromagnétiques susceptibles de perturber le bon fonctionnement des
équipements et des procédés industriels sont en général rangées en plusieurs classes appurtenant aux
perturbations conduites et rayonnées :

 basse fréquence (< 9 kHz),


 haute fréquence (u 9 kHz),
 De décharges électrostatiques.

La mesure de QEE consiste habituellement à caractériser les perturbations électromagnétiques


conduites basse fréquence (gamme élargie pour les surtensions transitoires et la transmission de signaux sur
réseau) :

 creux de tension et coupures (voltage dips and interruptions),


 harmoniques (harmonics), interharmoniques (interharmonics),
 surtensions temporaires (temporary overvoltages),
 surtensions (swell),
2.1.1 Creux de tension et coupure
2.1.1.1 Definitions
Un creux de tension est une baisse brutale de la tension en un point d’un réseau d’énergie
électrique, à une valeur comprise (par convention) entre 90 % et 1% (CEI 61000-2-1, CENELEC EN 50160),
ou entre 90 % et 10 % (IEEE 1159) d’une tension de référence (Uref) suivie d’un rétablissement de la tension
après un court laps de temps compris entre la demi-période fondamentale du réseau (10 ms à 50 Hz) et une
minute.

La tension de référence est généralement la tension nominale pour les réseaux BT et la tension
déclarée pour les réseaux MT et HT. Une tension de référence glissante, égale à la tension avant
perturbation, peut aussi être utilisée sur les réseaux MT et HT équipés de système de réglage (régleur en
charge) de la tension en fonction de la charge. Ceci permet d’étudier (à l’aide de mesures simultanées dans
chaque réseau) le transfert des creux entre les différents niveaux de tension. La méthode habituellement
utilisée pour détecter et caractériser un creux de tension est le calcul de

la valeur efficace « rms (1/2) » du signal sur une période du fondamental toutes les demi-périodes
(recouvrement d’une demi-période) .Les paramètres caractéristiques d’un creux de tension sont donc :

 sa profondeur : ΔU (ou son amplitude U),


 sa durée ΔT, définie comme le laps de temps pendant lequel la tension est inférieure à 90 %.
On parle de creux de tension à x % si la valeur rms (1/2) passe en dessous de x % de la valeur de
référence Uref. Les coupures sont un cas particulier de creux de tension de profondeur, supérieures à 90 %
(IEEE) ou 99 % (CEI-CENELEC). Elles sont caractérisées par un seul paramètre : la durée. Les coupures
16
brèves sont de durée inférieure à 3 minutes (CENELEC), ou une minute (CEIIEEE), elles sont notamment
occasionnées par les réenclenchements automatiques lents destinés à éviter les coupures longues (réglés entre
1 et 3 minutes) ; les coupures longues sont de durée supérieure. Les coupures brèves et les coupures longues
sont différentes tant du point de vue de l’origine que des solutions à mettre en oeuvre pour s’en préserver ou
pour en réduire le nombre. Les perturbations de tension de durée inférieure à la demi-période fondamentale T
du réseau (ΔT < T/2) sont considérées comme étant des transitoires. Les Américains utilisent différents
adjectifs pour qualifier les creux de tension (sag ou dip) et les coupures (interruption) selon leur durée :

 instantané (instantaneous) (T/2 < ΔT < 30 T),


 momentané (momentary) (30 T < ΔT < 3 s),
 temporaire (temporary) (3 s < ΔT < 1 min),
 maintenue (sustained interruption) et sous tension (undervoltage) (ΔT > 1 min).

En fonction du contexte, les tensions mesurées peuvent être entre conducteurs actifs (entre phases
ou entre phase et neutre), entre conducteurs actifs et terre (Ph/terre ou neutre/ terre), ou encore entre
conducteurs actifs et conducteur de protection. Dans le cas d’un système triphasé, les caractéristiques ΔU et
ΔT sont en général différentes sur les trois phases. C’est la raison pour laquelle un creux de tension doit être
détecté et caractérise séparément sur chacune des phases. Un système triphasé est considéré comme subissant
un creux de tension si au moins une phase est affectée par cette perturbation.

2.1.1.2 Origine

Les creux de tension et les coupures brèves sont principalement causés par des phénomènes
conduisant à des courants élevés qui provoquent à travers les impédances des éléments du réseau une chute
de tension d’amplitude d’autant plus faible que le point d’observation est électriquement éloigné de la source
de la perturbation. Les creux de tension et les coupures brèves ont différentes causes :

 des défauts sur le réseau de transport (HT) de distribution (BT et MT) ou sur l’installation elle même.

L’apparition des défauts provoque des creux de tension pour tous les utilisateurs. La durée d’un
creux est en général conditionnée par les temporisations de fonctionnement des organes de protection.
L’isolement des défauts par les dispositifs de protections (disjoncteurs, fusibles) provoquent des coupures
(brèves ou longues) pour les utilisateurs alimentés par la section en défaut du réseau. Bien que la source
d’alimentation ait disparu, la tension du réseau peut être entretenue par la tension résiduelle restituée par les
moteurs asynchrones ou synchrones en cours de ralentissement (pendant 0,3 à 1 s) ou la tension due

a b
Figure 2.1 : paramètres caractéristiques d’un creux de tension ; [a] forme d’onde, [b] rms (1/2).

17
à la décharge des condensateurs branchés sur le réseau. Les coupures brèves sont souvent le résultat
du fonctionnement des automatismes de réseau tels que les réenclencheurs rapides et/ou lents, les
permutations de transformateurs ou de lignes. Les utilisateurs subissent une succession de creux de tension
et/ou de coupures brèves lors de défauts à arc intermittents, de cycles de déclenchement - réenclenchement
automatiques (sur réseau aérien ou mixte radial) permettant l’élimination des défauts fugitifs ou encore en
cas de renvois de tension permettant la localisation du défaut.

 la commutation de charges de puissance importante (moteurs asynchrones, fours à arc, machines à


souder, chaudières…) par rapport à la puissance de court-circuit.

 Les coupures longues sont le résultat de l’isolement définitif d’un défaut permanent par les dispositifs de
protection ou de l’ouverture volontaire ou intempestive d’un appareil.Les creux de tension ou coupures
se propagent vers les niveaux de tension inférieurs à travers les transformateurs. Le nombre de phases
affectées ainsi que la sévérité de ces creux de tension dépend du type de défaut et du couplage du
transformateur. Le nombre de creux de tension et de coupures est plus élevé dans les réseaux aériens
soumis aux intempéries que dans les réseaux souterrains. Mais un départ souterrain issu du même jeu de
barres que des départs aériens ou mixtes subira aussi des creux de tension dus aux défauts affectant les
lignes aériennes.

 Les transitoires (ΔT < T/2) sont causés, par exemple, par la mise sous tension de condensateurs ou
l’isolement d’un défaut par un fusible ou par un disjoncteur rapide BT, ou encore par les encoches de
commutations de convertisseurs polyphasés.

2.1.1.3 Les conséquences des creux de tension

Tout creux de tension peut causer l’arrêt imprévu d’équipements et, dans certains cas, entraîner des
dysfonctionnements, selon le type d’équipement et de procédé utilisés. L’impact financier est aussi fonction
du secteur d’activité en cause et du niveau de protection déjà en place

2.1.1.4 Protection contre les creux de tensions

On doit d’abord mesurer et analyser ces perturbations ainsi que leur impact sur le coût
d’exploitation (perte de productivité). Cela permet d’évaluer le degré de vulnérabilité des équipements, pour
ensuite déterminer les mesures d’immunité appropriées :

 Optimisation des protections


 Mise en œuvre de redémarrages automatiques si possible
 Installation de transformateurs de type ferrorésonant
 Emploi de contacteurs équipés d’un dispositif de maintien
 Utilisation de régulateurs automatiques de la tension
 Alimentation sans coupure (ex. : UPS)
 Ajout d’exigences contre les creux de tension dans les devis d’achat

2.1.1.5 Classification des creux de tension

D’après la classification des creux de tension universellement reconnue [5], on distingue 7


principaux types de creux de tension dénotés par les lettres de A à G présentées en figure.2, où d est
l’amplitude de la chute de tension la plus importante, appelée aussi profondeur du creux de tension.

18
Figure 2.2 : Les différents types de creux de tension.

Les expressions des tensions pour chaque cas sont les suivantes:

Type A : Va V , Vb 1/ 2V 3 / 2JV , Vc 1/ 2V 3 / 2JV


Type B : Va E , Vb 1/ 2E 3 / 2J E , Vc 1/ 2E 3 / 2J E
Type C : Va E , Vb 1/ 2E 3 / 2JV , Vc 1/ 2E 3 / 2JV
Type D : Va V , Vb 1/ 2V 3 / 2J E , Vc 1/ 2V 3 / 2J E
Type E : Va E , Vb 1/ 2V 3 / 2JV , Vc 1/ 2V 3 / 2JV
Type F : Va V , Vb 1/ 2V 3 / 2JV , Vc 1/ 2V 3 / 2JV
Type G :Va 1/ 2E 1/ 3 , Vb 1/ 3E 1/ 6V 3 / 2J , Vc 1/ 3E 1/ 6V 3 / 2J v

Les tensions avant la défaillance sont indiquées par les lettres E. Les tensions dans les phases en défaut ou
entre les phases sont indiquées par les lettres V .

2.1.1.6 Propagation des creux de tension dans un réseau industriel

Les creux de tension A , B, C et E sont mesurés au niveau de tension où le défaut se produit. Ils se
propagent en aval du réseau en modifiant leur signature en fonction du type des transformateurs, donnant
naissance à d’autres types de creux de tension qui peuvent être de type: C , D, F et G . La figure.3 et le
Tableau 1 présentent la transformation des creux de tension A , B, C et E , lorsqu’ils se propagent en aval du
réseau, via les transformateurs les plus souvent utilisés: Dy .

Figure 2.3 : Transformation des types de creux de tension.

19
Table 2.1 Propagation des creux de tension

2.1.1.7 Types et caractéristiques des défauts

Les creux de tension sont principalement causés par les défauts du système. Chaque type de défaut
a un effet différent sur les tensions au point de défaut, qui a ensuite définie les types de creux de tension, [6].
a. Types des defaults L’existence de défauts multiples, en particulier les défauts monophasés, engendre des
phénomènes ou d’autres types de défaut en fonction de la localisation et du temps.

 Défaut double: Ce sont deux défauts d’isolement phase terre simultanés entre deux phases différentes
d’un même réseau alimenté par un même transformateur HTB/HTA sur des terres différentes
éloignées géographiquement. Les deux défauts peuvent se trouver sur le même départ HTA ou sur
deux départs HTA différents. Les defaults doubles font circuler dans les terres, à l’endroit des deux
défauts, des courants élevés, provoquant par la même des montées en potentiel importantes, [6].

 Défaut évolutif: C’est un défaut d’un type donné qui évolue vers un nouveau type dans un temps
variable de quelques millisecondes à plusieurs centaines de millisecondes. Les plus fréquents sont: -
Un défaut monophasé qui évolue en défaut polyphasé (bi ou triphasé), - Un défaut monophasé qui
évolue en défaut double.

Les différents types des défauts sont représentés par la figure 2.3.

Figure 2.4 : Différents types de défauts

20
b. Caractéristiques des défauts

Défaut auto–extincteur: Un défaut auto-extincteur monophasé est un défaut qui s’élimine seul, sans
coupure de l’alimentation ou fermeture du disjoncteur shunt. Défaut réamorçant: Un défaut réamorçant est
un défaut monophasé auto-extincteur, qui réapparaît périodiquement (dans environ 90% de cas, le défaut
monophasé auto-extincteur est constitué d’un seul amorçage).Défaut en régime établi à 50 Hz: Un défaut en
régime établi 50 Hz comporte un courant ayant essentiellement une composante à 50 Hz après son
apparition.

2.1.1.8 Types de courts-circuits

Les courts-circuits sont la cause principale des creux de tension. Si on excepte les différentes
variants de courts-circuits entre phases et neutre, on distingue alors quatre types de courts-circuits [Met-05]
:monophasés, biphasés entre phase et terre, biphasés entre deux phases et triphasés (voir figure I.5)

(a) (b)

(c) (d)

Figure 2.5 : Types de courts-circuits : monophasé (a), biphasé entre phase et terre
(b), biphasé entre deux phases(c) et triphasé (d)

Les courts-circuits monophasés représentent 70% des courts-circuits selon [Lim-00] et sont donc
lesplus fréquents. Ils se caractérisent par une chute de tension sur une des trois phases à l’endroit du court-
circuit. En fonction du régime de neutre, les deux autres phases restent les mêmes ou se caractérisent par des
surtensions avec déphasages. Les creux de tension biphasés entre deux phases viennent en seconde position
puisqu’ils représentent 15% des courts-circuits. Ils se caractérisent par des chutes de tensions et déphasages
pour deux des phases à l’endroit du défaut. La phase non affectée par le défaut reste la même qu’avant le
défaut. Les creux de tension biphasés entre phase et terre représentent 10% des courts-circuits. Ils sont à
l’origine des chutes de tension sur deux phases à l’endroit du court-circuit avec ou sans déphasage
supplémentaire. En fonction du régime de neutre, la phase saine peut rester la même ou se caractériser par
une surtension.

21
Enfin, les creux de tension triphasés sont les creux de tension les plus sévères, mais ils ne sont pas
très fréquents et ne représentent que 5% des courts-circuits. Ils se caractérisent par des chutes de tension de
même amplitude sur les trois phases sans déphasages supplémentaires.

2.1.1.9 Régime de neutre

L’allure des creux de tension engendrés par les courts-circuits précédents dépend également du
regime de neutre du réseau électrique. On distingue en effet deux régimes de neutre principaux : neutre
isolé(ou fortement impédant) et neutre relié directement à la terre (ou par une faible impédance). Afin
d’illustrer ce point, considérons l’exemple simple d’un court-circuit monophasé.

(a) (b)

Figure 2.6 : Régime de neutre : direct (a) et isolé (b)

Le schéma simplifié d’un système avec neutre relié directement à la terre est présenté en figure
I.6a. La relation entre les courants des trois phases et le courant du conducteur de neutre est la suivante :

ia + ib + ic = in (2.1)

Supposons que la phase a soit affectée par un court-circuit. Le courant ia dans la ligne où le défaut
se produit augmente et entraîne une chute de la tension Va , car Va = ea − iaZa . Les changements dans le
courant de phase ia impliquent des modifications dans le courant du conducteur de neutre in , mais
n’entraînent pas de changements dans les autres courants de ligne i b et i c (voir Eq. 2.1). En conséquence, les
tensions des deux autres phases restent les mêmes, seule la tension de la phase a est modifiée par le court-
circuit (figure 2.7a).

Le schéma d’un système avec neutre isolé est présenté en figure I.6b. La relation entre les courants
de phase et le conducteur de neutre est donnée par :

ia + ib + ic = 0 (2.2)

Si la phase a est affectée par un court-circuit, le courant de ligne augmente et provoque une chute
de tension dans la phase où le défaut se produit. L’augmentation du courant ia entraîne une diminution des
deux autres courants ib et ic , qui à leur tour provoquent des surtensions dans les phases b et c (figure 2.7b).
Ce phénomène est d’autant plus accentué que les neutres côté charge et côté source ont des potentiels
éloignés.

22
(a) (b)

Figure 2.7 : Signatures des creux de tension dus à un défaut monophasé en régime de neutre relié
directement à la terre (a) et à distribution isolée (b)

2.1.2 Variations et fluctuations de tension

Les variations de tension sont des variations de la valeur efficace ou de la valeur crête d’amplitude
inférieure à 10 % de la tension nominale. Les fluctuations de tension sont une suite de variations de tension
ou des variations cycliques ou aléatoires de l’enveloppe d’une tension dont les caractéristiques sont la
fréquence de la variation et l’amplitude.

 Les variations lentes de tension sont causes par la variation lente des charges connectées au réseau.

 Les fluctuations de tension sont principalement dues à des charges industrielles rapidement variables
comme les machines à souder, les fours à arc, les laminoirs.

Comme les fluctuations ont une amplitude qui n’excède pas •± 10 %, la plupart des appareils ne
sont pas perturbés. Le principal effet des fluctuations de tension est la fluctuation de la luminosité des lampes
(papillotement ou flicker) . La gêne physiologique (fatigue visuelle et nerveuse) dépend de l’amplitude des
fluctuations, de la cadence de répétition des variations, de la composition spectrale et de la durée de la
perturbation. Il existe toutefois un seuil de perceptibilité (amplitude en fonction de la fréquence de variation)
défini par la CEI en dessous duquel le flicker n’est pas visible.

23
Chapitre 3 La pollution harmonique
3.1 Harmoniques et inter-harmoniques

Les harmoniques sont des perturbations introduites dans le réseau par des charges non linéaires
provenant d’équipements intégrant des redresseurs et des électroniques de découpage. Ces configurations
de réseau et la concentration de tels équipements pollueurs déforment les courants et créent des variations
de tension sur le réseau de distribution, comme illustré en figure 1.5. Les harmoniques consistent donc en
une superposition sur l’onde fondamentale de 50 Hz, d’ondes également sinusoïdales mais de fréquences
multiples de la fréquence fondamentale.

Figure 3.1 Effets d’une pollution harmonique.

Lorsque la fréquence superposée n’est pas multiple de la fréquence fondamentale, on parle


d’inter-harmonique.Les conséquences des harmoniques peuvent être instantanées ou à long terme.Les
effets instantanés se manifestent par des troubles fonctionnels de synchronisation ou de commutation, des
disjonctions intempestives, erreurs de mesure sur des compteurs d’énergie, voir même la destruction
d’équipements (condensateurs, disjoncteur). Les effets à long terme se manifestent par une fatigue préma-
turée du matériel, des lignes et amènent un déclassement des équipements.Les normes EN 50160, CEI
61000-2-2 et CEI 61000-2-12 fixent respectivement :

 les niveaux de tensions harmoniques jusqu’au 25e rang et indique que le taux global de dis-
torsion harmonique ne doit pas dépasser 8 %.
 Les niveaux maxima rang par rang pour les réseaux basse tension.
 Les niveaux maxima rang par rang pour les réseaux moyens tension.

29
3.2 Notion de charges linéaires et non linéaires
Une charge est dite "linéaire" si le courant qu'elle absorbe est sinusoïdal lorsqu'elle est alimen-
tée par une tension sinusoïdale. Ce type de récepteur ne génère pas d'harmonique.

Figure 3.2 Signaux relatifs à une charge linéaire.

Les charges non linéaires appellent du réseau un courant non purement sinusoïdal (Figure 3.3).
Seul le fondamental à 50 Hz de ce courant déformé contribue, avec la tension, à l’apport de la puissance
active consommée par l’équipement. Les charges non linéaires génèrent des harmoniques

Figure 3.3 Signaux relatifs à une charge non linéaire.

Les harmoniques de courant n’apportent pas cette puissance (car leurs fréquences sont diffé-
rentes de 50 Hz) mais contribuent malheureusement à augmenter inutilement l’intensité efficace du cou-
rant véhiculée par les câbles d’alimentation

3.3 Décomposition en séries de Fourier d’un signal périodique


Un signal périodique de fréquence f peut s’écrire comme la somme de :

 un terme constant qui correspond à la composante continue (c'est-à-dire la valeur


moyenne dans le temps)
 un terme sinusoïdal de fréquence f (c’est le fondamental ou harmonique de rang 1)
 un terme sinusoïdal de fréquence 2f (harmonique de rang 2)
 un terme sinusoïdal de fréquence 3f (harmonique de rang 3)
 etc …
(3-1)
(3-2)

30
Figure 3.4 Signaux relatifs à une charge non linéaire.

3.4 Notions de tensions et courants harmoniques

3.4.1 Valeur efficace (True RMS)

Par définition, la valeur efficace d’un courant périodique i(t) est :

(3-3)

On montre que (3-4)

De même (3-5)

3.4.2 Valeur efficace des harmoniques


On montre que

et

31
3.4.3 Taux de distorsion harmonique
Les courants harmoniques circulant à travers les impédances du système électrique provoquent
des baisses de tension harmonique, observées sous forme de distorsion harmonique en tension. L’une des
solutions destinées à déceler la présence d’harmoniques est le calcul du THD, taux de distorsion harmo-
nique.

Définition du taux de distorsion harmonique:

Ce qui nous donne

Remarque 1: Lorsque le THD est égal à zéro, on peut conclure qu’il n’y a pas d’harmoniques sur le ré-
seau.

Remarque 2: Il existe une autre définition du taux de distorsion se rapportant à la valeur efficace du signal

dans sa globalité ( , soit pour la tension et

pour le courant). L’important est de rester cohérent dans ses calculs

3.5 Puissances en présence d’harmoniques

3.5.1 Puissances actives, réactives et apparentes


 La puissance active P consommée par la charge est la moyenne sur une période de la puissance ins-
tantanée :

(3-6)

On montre que : P = V0 x I0 contribution des composantes continues


+ V1 I1 cos 1 contribution des fondamentales
+ V2 I2 cos 2 contribution des harmoniques de rang 2
+ V3 I3 cos 3 contribution des harmoniques de rang 3
+ ….

 La puissance réactive Q consommée par la charge vaut

Q = V1 I1 sin 1 + (3-7)

3.5.2 Puissance déformante


En présence d'harmoniques,

32
S² ≠ P² + Q² (3-8)

On introduit la notion de puissance déformante D telle que

S² = P² + Q² + D² (3-9)

3.5.3 Facteur de puissance


Par définition, le facteur de puissance vaut :

(3-10)

Ce qu’il faut retenir :


 Dans un milieu purement sinusoïdal : PF = cos
 Dans un milieu harmonique : PF < cos φ

3.6 Cas d’un dipôle non linéaire alimenté par une tension alternative sinusoïdale

3.6.1 Expression de la tension et du courant


On suppose le courant alternatif : I0 = 0
On a donc

(3-11)

(3-12)

Une tension alternative purement sinusoïdale se résume à son fondamental (harmonique de rang 1).

33
Donc V = V1 (Vn = 0 pour n 2)

3.6.2 Expression des puissances


Les expressions de la tension et du courant permettent de simplifier celles des puissances

 Puissance active P = V I1 cos 1


 Puissance réactive Q = V I1 sin 1

 Puissance apparente S=VI=V


 Puissance déformante D² = S² - (P² + Q²)
D = V I1 x THDI
D = V IH

Remarques:
 Les harmoniques du courant (rang 2) ne jouent aucun rôle en ce qui concerne la puissance active
 Les harmoniques du courant (rang 2) ne jouent aucun rôle en ce qui concerne la puissance réactive
 La puissance déformante est directement liée à la présence des harmoniques de courant (rang 2).

3.6.3 Expression du facteur de puissance

(3-14)

(3-15)

Remarques:
 Quand le taux de distorsion harmonique du courant (THDi) augmente, le facteur de puissance dimi-
nue.
 Le terme cos 1 est aussi appelé facteur de déplacement (DPF : Displacement Power Factor).
On a : PF < DPF

THDi Facteur de puissance PF


(pour DPF = 1)
0 % (charge linéaire) 1
10 % 0,995
20 % 0,981
50 % 0,894
100 % 0,707
150 % 0,555
200 % 0,447

34
3.7 Conséquences des harmoniquess
Les courants harmoniques, qui se propage dans les réseaux électriques, déforment l'allure du
courant de la source et polluent les consommateurs alimentés par les mêmes réseaux. On peut classer les
effets engendrés par les harmoniques en deux types [12] :

 Les effets instantanés

 Les effets à terme

3.7.1 Effets instantanés


Ils apparaissent immédiatement dans certains appareillages :

 Défauts de fonctionnements de certains équipements électriques: en présence d'harmoniques,


la tension et le courant peuvent changer plusieurs fois de signe dans une demi-période. Les ap-
pareils, dont le fonctionnement est basé sur le passage à zéro des grandeurs électrique peuvent
être affectés.
 Trouble fonctionnel des micro–ordinateur: les effets sur ces équipements peuvent se manifes-
ter par la dégradation de la qualité de l'image et par des couples pulsatoires , des moteur d'en-
trainement de disque.
 Les perturbations et la dépollution dans les systèmes électrique : certains appareils de mesure
et les compteurs d'énergie à induction présentent des dégradations de mesures et des erreurs de
lecteur supplémentaires en présence des harmoniques.
 Vibrations et bruits: les courants harmoniques génèrent également des vibrations et des bruits
acoustiques, principalement dans les appareils électromagnétiques.

3.7.2 Effets à terme.


Ils se manifestent après une exposition plus ou moins longue à la perturbation harmonique. L'ef-
fet le plus important est de nature thermique, Il se traduit par un échauffement Il conduit a une fatigue
prématurée du matériel des lignes et amènent a un déclassement des équipements :

 Echauffement des câbles et des équipement: ces effets peuvent être à moyen terme (de
quelques secondes à quelques heures) ou à long terme (de quelques heures à quelques années )
et concernent les câbles qui peuvent être , le siège du au sur échauffements du neutre et les
éléments bobinées (transformateurs ,moteur …..ect).

 Echauffement des condensateurs : l'échauffement est causé par les pertes due au phénomène
d'hystérésis dans le diélectrique, les condensateurs sont donc sensibles aux surcharges, qu'elles
soient dues à une tension fondamentale trop élevée ou à la présence d'harmoniques .Ces
échauffements peuvent conduire au claquage.

 Echauffements des pertes supplémentaires des machines et des transformateurs : Echauffe-


ments causés par les pertes dans les stators des machines et principalement dans leurs circuits
rotoriques (cages, amortisseurs, circuits magnétisants) à cause des différences importantes de
vitesse entre les champs tournants inducteurs harmoniques et le rotor.

Les harmoniques génèrent aussi des pertes supplémentaires dans les transformateurs, par effet
joule dans les enroulements, accentuées par l'effet de peau et des pertes par hystérésis et courant de Fou-
cault dans les circuits magnétiques.

35

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