REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

SCIENTIFIQUE

FACULTE DES SCIENCES DE L’INGENIORAT

Université Badji Mokhtar Annaba
Département d’électrotechnique

cours
Qualité de l'énergie et compatibilité
électromagnétique

Rédigé par :
Ksentini Abdelhamid

Enseignant au département d’Electrotechnique

2020-2021
Résumé du cours :
La qualité de l’électricité est devenue un sujet stratégique pour les compagnies
d’électricité, les personnels d’exploitation, de maintenance ou de gestion de sites tertiaires ou
industriels, et les constructeurs d’équipements. L’une des propriétés particulières de
l’électricité est que certaines de ses caractéristiques dépendent à la fois du producteur et
distributeur d’électricité, des fabricants d’équipements et du client. Parmi les principaux
phénomènes qui dégradent la qualité de l’énergie électrique du client, on trouve les
distorsions harmoniques. La problématique des harmoniques dans le réseau électrique,
également appelée pollution harmonique, n’est pas un phénomène nouveau. La distorsion
harmonique est générée par les charges non linéaires connectées au réseau et qui absorbent
des courants non sinusoïdaux. Ces harmoniques de courant vont à leur tour générer des
tensions harmoniques aux différents points de connexion au réseau.
Dans ce cours nous avons abordé le sujet de la qualité d’énergie et l’influence des
harmoniques, les creux de tension, et les flickers sur le réseau électrique.
Nous avons aussi illustré l’impact de leur perturbation sur le plan technique et les
différentes solutions traditionnelles et modernes de dépollution.

Mots clés :
Qualité de l’énergie, perturbations, déséquilibre, harmoniques, filtres,normes, compatibilité
électromagnétique.
Introduction générale
 L’énergie électrique est produite par des centrales réparties surtout le territoire
(Figure.1).Ces centrales sont reliées au réseau de transport qui couvre des distances
importantes sous des tensions de 225 kV ou 400 kV.

Figure.1-Répartition de l’énergie électrique sur le territoire Algérien.

A l’échelle des régions, il existe plusieurs types des réseaux : de 30 kV à 400kV.

Les entreprises ayant une forte consommation sont directement alimentées sous ces
tensions.Enfin, le réseau de distribution sous 230/400 V alimente les particuliers.
Des normes de conception et d’utilisation existent pour les différents domaines de tension
(tableau.1).
Table.1 – Domaines de tension U concemant les installations en courant alternatif
TBT U ≤ 50 V Très Basse Tention
BT 50V< U≤ 1000 V Basse Tension
HTA 1000 V < U ≤ 50 000 V Haute Tension A
HTB U > 50 kV Haute Tension B

L'industrialisation et la croissance de la population sont les premiers facteurs pour

Lesquels la consommation de l'énergie électrique augmente régulièrement [1]. Ainsi, pour
avoir Un équilibre entre la production et la consommation, il est à première vue nécessaire
d’augmenter le nombre de centrales électriques, de lignes et de transformateurs etc. Ce qui
implique une augmentation de coût et une dégradation du milieu naturel. En conséquence, il
est aujourd'hui important d'avoir des réseaux bouclés et de travailler d’une façon proche des
limites de stabilité afin de satisfaire ces nouvelles exigences. L’utilisation croissante dans
l’industrie de systèmes commandés à base d’électronique de puissance entraîne de plus en
plus de problèmes de perturbation au niveau des réseaux électriques. Ainsi, on assiste à une
augmentation régulière, de la part des utilisateurs, des taux d’harmoniques et de déséquilibre
des courants, ainsi qu’à une importante consommation de la puissance réactive. La circulation
de ces mêmes courants perturbés va également provoquer des harmoniques et des
déséquilibres de tension, lesquels vont se superposer à la tension nominale du réseau
électrique [2]. La perturbation harmonique est due pour l’essentiel, au développement de
charges alimentées à partir de dispositifs à caractéristiques courant-tension non linaires. Ces
charges génèrent des courants ou des tensions harmoniques qui se propagent sur l’ensemble
du réseau et engendrent des perturbations harmoniques en tout point du réseau. Leurs effets ne
se manifestent de façon appréciable qu’à partir d’un certain niveau de leur amplitude, niveau
qui peut d’ailleurs être variable selon la sensibilité des appareils susceptibles d’être perturbés.
La principale source de déséquilibre est l’alimentation des charges monophasées à travers un
réseau triphasé et/ou l’alimentation de charges triphasées non équilibrées. Ces perturbations
qui augmentent au fil des années risquent d’être gênantes, par exemple elles provoquent
l’échauffement des machines et des claquages des condensateurs. Donc, il est important de
prévoir cette évolution dans le temps. La prédiction des tensions et des courants harmoniques
ainsi que la dissymétrie de système triphasé a reçu une grande attention ces deux dernières
décennies. L’impact de ces perturbations sur le fonctionnement optimal des réseaux
électriques de distribution représente un défi majeur pour le chercheur et l’exploitant. Le
problème consiste à :
- déterminer l’emplacement et les tailles des condensateurs à installer aux différents
accès du système électrique pour minimiser les pertes.
- Maximiser le transfert de puissance et de renforcer la fiabilité sous des contraintes
techniques.
- Réduire le coût de l’investissement total du système.
 Dégradation de la qualité de l’énergie électrique (QEE)

I.1. Introduction
L'étude du régime non-sinusoïdal dans les systèmes électriques constitue un débat ouvert il
y a plusieurs décennies et dynamisé pendant la dernière décennie par augmentation des causes
de pollution dans ces systèmes. Le phénomène de la pollution qui est devenu synonyme de la
recherche d'un compromis technico économique entre les moyens à mobiliser pour le limiter
et les effets négatifs qu'il provoque.
Plusieurs consommateurs produisent une pollution électrique harmonique et nécessitent des
solutions pour améliorer l’énergie électrique, qui peuvent, entrer en résonance avec les
inductances du réseau et amplifier les perturbations harmoniques. Ainsi, tout installateur et
exploitant d’un réseau industriel peut être confronté à de telles difficultés techniques.
L’énergie électrique est généralement distribuée sous la forme de trois tensions constituant
un système sinusoïdal triphasé. Un des paramètres de ce système est la forme d’onde qui doit
être la plus proche possible d’une sinusoïde.
La correction de la forme d'onde est rendue nécessaire si la déformation dépasse certaines
limites, souvent atteintes dans les réseaux possédant des sources de perturbations
harmoniques tels que : fours à arc, convertisseurs statiques de puissance où encore certains
types d'éclairage, etc.
L'augmentation du niveau de pollution harmonique dans le réseau a commencé à prouver
ses effets négatifs. Cela a demandé des mesures pratiques pour limiter les conséquences. Dans
ce but il y a deux types d'actions à prévoir : la limitation des émissions polluantes et
l'élimination des courants harmoniques en excès. Il est évident que ces actions doivent être
développées conjointement, car le succès de la première détermine l'envergure de la seconde.
Dans ce but, ce chapitre est une contribution pour aborder les connaissances scientifiques
de bases utiles pour traiter les problèmes de qualité et de maitrise de l’énergie électrique. La
baisse de qualité de l’électricité est identifiée par l’apparition d’un ou de plusieurs
phénomènes parmi lesquels nous citons :
Les surtensions qui se manifestent par le dépassement de la tension aux limites définies par
la réglementation.
Les creux de tensions c’est la situation opposée : la valeur efficace est en dessous de la
valeur nominale de (10 à 90) % pour une durée de 0,5 cycle à 1 minute.
Le papillotement qui se traduit par les variations aléatoires et répétitives de la valeur
efficace, variation de la fréquence, le déséquilibre, et la variation de la forme l’onde causée
par les harmoniques et inter-harmoniques.
Le terme harmonique devient très courant dans les systèmes d'alimentation, petits, moyens
ou grands. Au fur et à mesure que l'utilisation des dispositifs électroniques de puissance se
développe, la nécessité de comprendre Les effets des harmoniques et l'application de
méthodes d'atténuation. Heureusement, les harmoniques au sens strict ne sont pas des
phénomènes transitoires. Leur présence peut être facilement mesurée et identifiée. Dans
certains cas, les harmoniques peuvent être vécu indéfiniment, mais dans d'autres cas elles
doivent être minimisées ou éliminées. L'une ou l'autre de ces approches éxige une
compréhension claire de la théorie des harmoniques.
Les harmoniques présents sur les réseaux électriques proviennent de l'utilisation de charges
non linéaires qui sont soumises à une tension sinusoïdale absorbant un courant non sinusoïdal.
Dans de nombreux cas, ces charges se comportent comme des sources de courants
harmoniques, le courant harmonique étant fixé par la charge et non par la tension ou
l'impédance du réseau. On peut définir aussi en tout point d'un réseau une impédance
harmonique qui dépend du rang harmonique ; elle représente la mise en parallèle de toutes les
lignes qui convergent vers ce point. On parle également d'une source de tension harmonique
pour décrire l'état d'un réseau perturbé par une forte charge non linéaire ; le produit des
harmoniques de courant par l'impédance harmonique du réseau en un point crée des
harmoniques de tension selon la loi d'ohm.
La pollution harmonique est considérée comme étant un des problèmes majeurs qui
dégrade la qualité d'énergie électrique dans les systèmes de distribution.
Les effets des harmoniques les plus connus sont : la destruction de condensateurs ou des
disjoncteurs sous l'effet de forts courants harmoniques amplifiés par des résonances,
l'échauffement des transformateurs et des conducteurs de neutre et les effets à long terme qui
se traduisent par une fatigue accélérée du matériel. [3,4]
En effet, les filtres passifs peuvent altérer d'une manière indirecte la propagation des
harmoniques mais leur comportement dépend fortement de la structure du réseau. Les filtres
actifs, avec un comportement plus autonome, peuvent réagir directement sur le courant ou la
tension harmonique dans le réseau ; comme compensateurs d’harmoniques autonomes, leurs
avantages par rapport aux filtres passifs ont été démontrés dans de nombreuses applications.
Cependant, l’utilisation des dispositifs comme les filtres actifs pour le contrôle de la
propagation des harmoniques n'a été abordée que récemment par un nombre limité de
chercheurs. Plus d'études de cas sont indispensables afin de développer des solutions efficaces
et viables économiquement [5].

I.2. Dégradation de la qualité de l’énergie électrique

La qualité de l’énergie électrique est considérée comme une combinaison de la qualité de
la tension et la qualité du courant .Nous allons donc définir ces deux notions dans la suite de
ce paragraphe [4] :
I.2.1. Qualité de tension
Dans la pratique ,l’énergie électrique distribuée se présente sous la forme d’un ensemble de
tensions constituant un système alternatif triphasé, qui posséde quatre caractéristiques
principales : amplitude, fréquence, forme d’onde et symétrie.
I.2.1.1.Amplitude
L’amplitude de la tension est un facteur crucial pour la qualité de l’électrité. Elle constitue
en général le premier engagement contractuel du distributeur d’énergie. Habituellement ,
l’amplitude de la tension doit etre maintenue dans un intervalle de ±10% autour de la valeur
nominale (Un).
Dans le cas idéal, les trois tensions ont la même amplitude, qui est une
constante.Cependant, plusieurs phénoménes perturbateurs peuvent affecter l’amplitude des
tensions.
I.2.1.2.Fréquence
Dans le cas idèal, les trois tensions sont alternatives et sinusoidales d’une fréquence
constante de 50 ou 60 Hz selon les pays [6]. Des variations de fréquence peuvent être
provoquées par des pertes importantes de production, de l’îlotage d’un groupe sur
sesauxiliaires ou son passage en réseau séparé, ou d’un défaut dont la chute de tension
résultante entraine une réduction de la charge.
Cependant, ces variations sont en général très fiables (moins de 1%) et ne nuisent pas au
bon fonctionnement des équipements électriques ou électroniques.
I.2.1.3.Forme d’onde
La forme d’onde des trois tensions formant un système triphasé doit être la plus proche
possible d’une sinusoide. En cas de perturbations au niveau de la forme d’onde , la tension
n’est plus sinusoidale et peut en général être considérée comme une onde fondamentale à
50Hz associée à des ondes de fréquences supérieures ou inferieures à 50Hz appelées
également harmoniques. Les tensions peuvent également contenir des signaux permanents
mais non-périodiques, alors dénommés bruits [5].
I.2.1.4.Symétrie
La symétrie d’un système triphasé se caractérise par l’égalité des modules des trois
tensions et celle de leurs déphasages relatifs. La dissymétrie de tels systèmes est
communément appelé déséquilibre.
Trois grandeurs de même nature et de même pulsation forment un système triphasé
équilibré lorsqu’elles ont la même amplitude et lorsq’elles sont déphasées de ±120°.
Lorsque les grandeurs ne vérifient pas ces conditions de phase et l’amplitude, on parle d’un
système triphasé déséquilibré ce qui est bien démontré dans la figure I.1
Va,Vb,Vc

Figure I.1 Déséquilibre du système triphasé de tensionunité d’ordonné

 N.B : Les défauts monophasés ou biphasés provoquent des déséquilibres jusqu’au
fonctionnement des protections.

I.2.2. Qualité du courant

La qualité du courant est relative à une dérivée des courants de leur forme idéale, et se
caractérise de la même maniére que pour les tensions par quatre paramtéres : amplitude ,
fréquence, forme d’onde et symétrie.Dans le cas idéal , les trois courants sont d’amplitude et
𝟐𝛑
de fréquence constantes, déphasés de 𝟑 radians entre eux et de la forme purement sinusoidale
[3].
Le terme « qualité du courant » est rarement utilisé , car la qualité est étroitement liée à la
qualité de la tension et la nature des charges. Pour cette raison « la qualité de l’énergie
électrique » est souvent reduite à « la qualité de la tension ».