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3.0. INTRODUCTION
Dans ce chapitre, nous allons présenter les différentes perturbations pouvant impacter la fréquence en
commençant par leur classification, la manière dont elles surgissent et les méthodes permettant de les
contrer.
Avant d’aborder les notions de perturbation de réseaux électriques, nous allons avant tout faire un
rappel sur les sortes de stabilité électrique existante.
Les différents types de stabilité d’un réseau peuvent être regroupés en famille. Cette classification de
la stabilité est basée sur les considérations suivantes :
Les notions de stabilité de fréquence étant déjà développées dans le second chapitre, nous ne parlerons
pas de stabilité de l’angle du rotor (angulaire) ou encore celle de la tension.
Au cours de ces dernières années, des progrès ont été réalisés dans le sens d’une minimisation des
effets des perturbations du réseau électrique sur les équipements alimentés par celui-ci.
Malgré les améliorations, il y aura toujours des perturbations qui provoqueront des
dysfonctionnements et/ou des pannes sur les équipements. Selon la nature des composantes qui
caractérisent le courant électrique (fréquence, amplitude, et tension.), il y aura des types de
perturbations dans chaque cas, tel illustrer dans la figure 3-1 :
Figure 3-1 : Classification de la stabilité d’un réseau électrique (www.researchgate.net)
La stabilité d’un réseau peut se diviser selon la nature physique de stabilité résultante (grandeur
électrique perturbée) en trois types : la stabilité angulaire, la stabilité en fréquence et la stabilité de
tension.
Une perturbation est un événement non planifié qui provoque un fonctionnement anormal du système
électrique
Les lignes à haute et très haute tension sont souvent soumises à des nombreuses perturbations, ces
dernières provoquent des déséquilibres en permanence à petite échelle et peuvent induire le système
vers des phénomènes d’instabilité de trajectoire vers un incident généralisé ou communément appelé
BLACK-OUT.
Les diverses perturbations auxquelles peut être confronté un réseau sont regroupées en quatre familles
principales :
Ce sont les variations naturelles de charges, qui se traduisent par une augmentation ou une baisse
naturelle de charges non prévues. On distingue :
- Des variations lentes ;
- Des variations rapides ;
Un système électrique peut être perturbé à cause des agressions climatiques (ou des phénomènes
atmosphériques).
On peut citer :
- Les coups de foudre ; qui sont t des phénomènes naturels, apparaissant le plus souvent en cas
d’orage. C’est l’une des principales origines de courts-circuits dans les réseaux ;
- Les variations importantes de température ; occasionnant des vagues de chaleur ou de froid
exceptionnelles et qui entraînent des pics anormaux de consommation d’énergie électrique,
contraignant ainsi les ouvrages de production et de transport à fonctionner au-delà de leurs
limites constructives, dans des conditions inhabituelles et de grande sévérité ;
- Les tempêtes, et les tornades qui peuvent occasionner la perte d'un certain nombre d'ouvrages
de transport ou de production d'énergie ;
- Le système peut aussi subir des agressions mécaniques ; la neige, la glace et le givre, dont
l’accumulation sur les lignes de transport conjuguée à des vents violents cause un phénomène
d’oscillations des lignes (lignes galopantes), ou pire entrainer la rupture des pylônes,
cependant même si la cause est mécanique le résultat est toujours électrique (courts-circuits) ;
Dans le cas des systèmes automatiques qui ne sont pas encore testé, les perturbations sont d’autant
plus graves que l’on ne peut en général repérer les défaillances que lorsque ces derniers (systèmes)
sont sollicités, c’est-à-dire en régime d’incident (déclenchement inapproprié). L’implication de cette
catégorie de perturbations a déjà été prouvée lors de grands incidents comme facteur « aggravant »
contribuant à la propagation des incidents majeurs.
On peut citer :
Les pertes d’éléments sont considérées comme l’événement le plus grave que peut subir un réseau, la
gravité de la situation dépend principalement de la nature, de la taille et surtout du nombre d’éléments
perdus.
Elles sont appelées oscillations interrégionales ou interzonales, ce sont des oscillations rotoriques qui
se propagent à une vitesse proche de celle de la lumière, à une fréquence allant de 0.15 à 0.30 Hz. Ce
phénomène oscillatoire est considéré comme très dangereux, il se propage à grande échelle, et se
termine très souvent par une perte de synchronisme définitif dans un réseau interconnecté.
Un court-circuit se produit généralement lors de la fermeture d’un circuit électrique quelconque sur
une impédance nulle ou de faible valeur, c’est une mise à la terre accidentelle d’une ou de plusieurs
phases d’un réseau ou d’un matériel électrique, menant à un fonctionnement anormal du système et de
ces équipements.
On distingue :
Les chutes de tension sont des baisses de la tension en dessous de la valeur nominale, elles sont
principalement causées par l’augmentation de l’appel de charge. Elles traduisent l’inaptitude du réseau
et de ses dispositifs de compensation d’énergie réactive à combler un déficit en puissance réactive aux
niveaux des zones consommatrices et sur les lignes de transport d’énergie électrique.
Les surtensions sont des tensions appliquées sur les divers équipements ou composants d’un réseau et
dont les valeurs de crête sortent de certaines limites d’exploitation prédéfinies [27].
Un creux de tension est une baisse significative et brutale de la tension en un point du réseau, à une
valeur comprise entre 90% et 10% d’une tension de référence (tension nominale) s’ensuit un
rétablissement de la tension après un court laps de temps pouvant aller jusqu’à une minute. Un creux
de tension est dû principalement à des phénomènes menant à l’apparition de courants élevés dans un
réseau.
Les fluctuations de fréquence sont observées le plus souvent sur des réseaux non interconnectés. Dans
des conditions normales d’exploitation, la valeur moyenne de la fréquence fondamentale doit être
comprise dans l’intervalle 50 Hz +/- 0.5Hz.
Lorsqu’une région entière, voire un pays, est totalement privé d’électricité pendant plusieurs heures,
les conséquences sur la vie sociale et économique sont telles que l’événement défraye la chronique et
fait la une des journaux. Les électriciens parlent alors de « grand incident ».
Que son origine soit constituée par des fluctuations de consommation, des perturbations climatiques,
des pannes ou agressions extérieures, voire des erreurs humaines, et de défaillance des dispositifs de
protection, la dégradation d’un système électrique autrement dit un incident de grande ampleur se
matérialise par une série de phénomènes qui se succèdent, s’associent ou se conjuguent jusqu’à
provoquer une dislocation complète du réseau. Ces quatre grands phénomènes d’instabilité sont :
- Surcharges en cascades ;
- Ecroulement de la tension ;
- Ecroulement de la fréquence ;
- Rupture du synchronisme.
Il est à noter que ces phénomènes d’instabilité peuvent être liés les uns aux autres. L’apparition d’un
de ces quatre phénomènes peut provoquer celle des trois autres.
Dans cet ouvrage, nous ne nous intéresserons qu’aux phénomènes ayant une influence directe sur la
stabilité de la fréquence dont : l’écroulement de la fréquence et la rupture du synchronisme.
La perte de synchronisme est le fait que les rotors des alternateurs d’un réseau ne tournent plus à la
même vitesse, ce phénomène est un processus par lequel le couple synchronisant entre les différents
groupes de production du réseau vient à rompre, menant à des glissements importants des angles
internes, autrement dit à des variations des écarts entre ses angles.
Parmi les conséquences que peuvent causer la perte du synchronisme, on peut citer :
Sur tout groupe de production, il existe un certain nombre de protections destinées à le protéger contre
tout fonctionnement susceptible de l’endommager.
Toutefois, il importe que ces protections, lorsqu’elles ne concernent pas des critères physiques
purement « process » (températures, pressions, etc.) permettent à la machine de continuer à
alimenter le réseau électrique.
Dans le cadre de notre travail, les protections suivantes, impactant directement la sûreté des systèmes,
ont été retenues :
Une vitesse trop basse peut conduire à un fonctionnement non approprié du groupe de production, de
ses auxiliaires, et/ou de son transformateur.
Les groupes de production sont donc en général dotés d’une protection de « sous-vitesse », dont
l’action est en général un déclenchement général de la tranche. Cette fonction de protection est le plus
souvent intégrée au contrôle-commande de la machine.
Une vitesse de rotation trop élevée peut détériorer les parties tournantes d’un groupe de production
(rotor alternateur, ligne d’arbre et paliers, attelages mobiles, etc.).
Les groupes de production sont donc systématiquement équipés d’une fonction de protection de «
survitesse » provoquant un déclenchement général de la tranche.
Par ailleurs, il importe que la fréquence de fonctionnement d’un système électrique ne risque pas de
provoquer des détériorations de matériels de la clientèle, en cas de fréquence haute, liée par exemple à
un passage en réseau séparé.
Afin d’assurer la sûreté de fonctionnement des systèmes électriques, il importe donc qu’une protection
à « maximum de fréquence » intervienne au-dessous du seuil de fonctionnement de la protection
machine de « survitesse », et effectue un îlotage.
Par ailleurs, afin de laisser passer les régimes transitoires qui peuvent se produire, par exemple lors
d’un passage en réseau séparé, il convient que cette protection maxi-fréquence soit temporisée.
NB - 2 : dans la mesure où l’îlotage supprime tout couple résistant, cette action peut transitoirement
amplifier la survitesse du groupe. Toutefois, la régulation de vitesse prend généralement en compte la
position des disjoncteurs de la tranche : dès l’ouverture du disjoncteur HTB, la régulation se fera par
rapport à la référence de 50 Hz (marche à vide), et non plus par rapport à la consigne affichée.
C’est donc bien l’îlotage qu’il faut privilégier, avec les mêmes avantages que dans le cas de la
protection précédente (gain de temps pour le recoupler ou le renvoi de tension). En complément, il
peut là aussi être envisagé un deuxième niveau de protection : soit un deuxième stade provoquant un
déclenchement général, soit un deuxième seuil, réglé au-dessus du seuil d’îlotage, mais en dessous de
la survitesse machine.
NB - 3 : les groupes hydrauliques ont généralement des protections à maximum de fréquence réglées
entre 54 et 55 Hz, en raison de leurs caractéristiques spécifiques.
La défense des systèmes électriques contre les incidents majeurs a pour rôle d’éviter, de contrôler, et
de contenir l’évolution des principaux phénomènes qui peuvent conduire aux effondrements de ces
systèmes ; qu’ils soient partiels ou totaux [4] [30]. Il existe :
L’objectif des actions préventives dans un réseau est de faire en sorte que les phénomènes tant
redoutés à l’origine des blackouts ne s’amorcent pas, elles englobent un certain nombre d’actions et de
coordinations entre les différents éléments du réseau, les actions préventives consistent :
Le réglage de la fréquence se base sur l’utilisation des réserves d’énergies cinétique et tournantes des
groupes de production, en effet ces dernières sont mobilisables en des intervalles de temps courts. On
distingue :
- Le réglage primaire ;
- Le réglage secondaire ;
- Le réglage tertiaire.
L’ensemble de ces actions dites « curatives » sont des parades ultimes consistant à freiner, et à
endiguer les mécanismes à l’origine de l’écroulement du réseau, ces ensembles d’actions sont adaptées
selon la nature du phénomène, et surtout à sa dynamique. On distingue :
Ces parades consistent en des contre-mesures pour stopper des dégradations à dynamique lente du
réseau typiquement l’écroulement de tension, et le phénomène des surcharges en cascade. Ces moyens
sont :
Cela consiste à établir des contre-mesures contre des dégradations à dynamique rapide tels que les
phénomènes de rupture de synchronisme et de l’écroulement de fréquence. Ces moyens sont :
On donnera ici quelques exemples des incidents généralisés dans le monde par type de phénomènes à
l’origine illustrer dans ce travail :
3.8. Conclusion
Dans ce troisième chapitre, nous nous sommes tournés vers les différentes perturbations qui peuvent
altérer le bon fonctionnement d’un réseau électrique et le conduisent ainsi directement vers des
situations très critiques, conséquence d’une mise hors tension à grande échelle. C’est ainsi que ce
chapitre nous a permis de passer en revue et de comprendre les divers incidents, et ainsi de connaitre
les différentes techniques pour les contrer.
Le prochain chapitre sera consacré aux méthodes de calcul du statisme d’un groupe en tenant compte
des données recueillies pour calculer celui de la centrale hydroélectrique de Nseke.