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Protection des réseaux électriques

CHAPITRE I (4 SEMAINES)
INTRODUCTION A LA PROTECTION

La protection des réseaux électriques désigne l'ensemble des appareils de surveillance et de protection
assurant la stabilité d'un réseau électrique. Cette protection est nécessaire pour éviter la destruction
accidentelle d'équipements coûteux et pour assurer une alimentation électrique ininterrompue. Elle doit
également garantir la stabilité des réseaux électriques.
La Commission électrotechnique internationale (C.E.I) définit la protection comme l’ensemble des
dispositions destinées à la détection des défauts et des situations anormales des réseaux afin de commander
le déclenchement d’un ou de plusieurs disjoncteurs et, si nécessaire d’élaborer d’autres ordres de
signalisations.
La plupart des systèmes de fourniture d’énergie électrique sont interconnectés et doivent bénéficier de telles
protections. Elles doivent être réglées en fonction de nombreux paramètres: architecture du réseau, régime
de neutre, courant de court- circuit, quels sont les capteurs de mesure en place, sélectivité. Une étude réseau
est donc nécessaire.
La sélectivité est une qualité très importante pour la protection électrique, différentes méthodes existent pour
la réaliser. Pour la protection, on divise le réseau électrique en zones délimitées par les disjoncteurs. Chaque
zone doit être correctement protégée. Les zones se recouvrent pour ne laisser aucun point du réseau sans
protection. Les protections électriques mettent en œuvre différents éléments : des capteurs, des relais, des
automates et des disjoncteurs. Elles fonctionnent typiquement en l'espace de quelques centaines de
millisecondes.
Chaque composant du réseau nécessite des types de protections spécifiques.

1. Objectifs

Les défauts électriques et en particuliers les court-circuits font courir un danger : aux personnes, aux
équipements électriques présent sur le réseau et à la fourniture d'électricité en termes de stabilité et de
continuité.
En effet, en cas de court-circuit, un courant très important circule dans le réseau : nettement plus grand que
celui nominal, tandis que la tension chute fortement. S'il n'est pas rapidement éliminé, les générateurs
électriques qui alimentent le réseau peuvent s’emballer, les pertes joules causées par le courant peuvent
provoquer des dommages importants sur les équipements électriques par échauffement des conducteurs. Par
ailleurs, la baisse de tension qu'ils causent nuit à la qualité de l'électricité.
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Les surtensions, permanentes ou transitoires, mettent quant à elles en danger les personnes se trouvant à
proximité d'installations électriques. Les surcharges sur les lignes à haute tension dilatent les conducteurs,
provoquant un abaissement de la flèche entre les pylônes. En clair, la distance entre les conducteurs et le sol
diminue, sans protection un court-circuit peut survenir, mettant également en danger les biens et les
personnes.
2. Défauts électriques
Comme son nom l'indique une protection électrique permet de protéger contre les défauts électriques. Il
convient de les identifier correctement afin de définir correctement la protection adéquate. Les défauts
possibles sont :
• court-circuit phase-phase.
• court-circuit phase-terre.
• choc de foudre.
• choc de manoeuvre.
• surtension.
• défaillance d'un disjoncteur.
• défaut à la masse.
• surcharge thermique.
• surfluxage.
• perte de synchronisme.
• baisse de fréquence importante.

Les défauts les plus rencontrés dans les installations électriques.


1/Les surcharges.
Ce défaut provient d'une charge qui appelle une puissance trop importante pour la ligne d'alimentation. Ceci
se traduit par un appel de courant tel que l'installation voit sa température augmenter au delà ses limites
normales de fonctionnement. On observe alors une usure des isolants pouvant conduire à la longue à d'autres
défauts (courts-circuits…). Ce type de défaut est bien entendu d'autant plus grave que le courant appelé
dépasse fortement les limites définies pour l'installation. En effet, les échauffements provoqués seront alors
de plus en plus importants et entraîneront une usure de plus en plus rapide des isolants.
Pour éviter les effets de ce type de défaut, il va falloir couper le courant dès que celui-ci va dépasser les
limites autorisées. Pour cela, on peut utiliser des fusibles (gG ou gI), des contacteurs avec relais thermique
ou encore des disjoncteurs (à coupure d'autant plus rapide que l'intensité est importante).
Exemple de surcharge: excès d'appareils électriques fonctionnant en même temps sur la même phase
(radiateur + machine à laver + un appareil branché occasionnellement sur un prise + …).
2/ Les courts-circuits.

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Il s'agit de la mise en contact de deux conducteurs portés à des potentiels différents. Ceci provoque alors une
brutale augmentation du courant et donc des échauffements importants conduisant à la dégradation des
isolants (ce qui risque de provoquer d'autre courts circuits…). On peut également observer des arcs
électriques, si les conducteurs n'étaient pas strictement en contact.
Pour se protéger des courts-circuits, on pourra utiliser des fusibles (gI, gG ou aM), ou un disjoncteur à relais
magnétique (coupure plus rapide que l’échauffement…).
Exemple de court-circuit: deux fils dénudés ou deux fils dont l'isolant à été usé (par exemple par des
surcharges); deux phases qui se touchent (oiseau touchant deux phases d'une ligne électrique).
3/ Les surtensions.
La surtension est souvent d'origine inductive. Elle peut être provoquée par des phénomènes de résonance sur
le réseau électrique, par la foudre… Une surtension importante peut provoquer un claquage des isolants de
l'installation (diélectriques), ce qui risque de provoquer des courts-circuits.
Pour éviter ce genre de défaut, on peut séparer les conducteurs portés à des niveaux de tensions différents
dans les canalisations. Dans les zones ou les installations à risque, on installe des parafoudres…
4/ Les baisses de tension.
Elles sont souvent provoquées par des déséquilibres dans les réseaux triphasés et elles entraînent un mauvais
fonctionnement des récepteurs (mauvais éclairage par exemple). Pour palier à ce genre de défaut, on utilise
des relais à minima de tension.

Par ailleurs, il faut les différentier en fonction de leur nature :


a. fugitif : nécessitent une coupure très brève du réseau. Par exemple : balancement des conducteurs
sous l'effet du vent, objets divers charriés par le vent, brouillard givrant, pluie en zone polluée,
branche d'arbre proche d'une ligne, et brûlée par l'arc.
b. permanent : nécessitent une intervention humaine pour remettre en route le réseau. Par exemple :
rupture d'un câble, ou de sa pince d'ancrage, et chute sur le sol, chute d'un arbre, ou d'une grue, sur la
ligne, acte de malveillance conduisant, par exemple, à la ruine d'un pylône, détoronage d'un brin de
conducteur, qui s’approche d'une autre masse métallique.
c. auto-extincteur : disparaissent spontanément rapidement.
d. semi-permanent : nécessitent une coupure longue, de l'ordre de quelques dizaines de secondes, pour
disparaître.
Chaque année en France, on estime à 10 000 le nombre de défauts électriques, défaut isolement pour être
précis, apparaissant sur le réseau.

3. Qualités fondamentales d'une protection électrique


Une protection électrique se doit de posséder les qualités suivantes :

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▪ Rapidité : Les court-circuits sont donc des incidents qu’il faut éliminer le plus vite possible, c’est le
rôle des protections dont la rapidité de fonctionnement et des performances prioritaires. Le temps
d’élimination des court-circuits comprend deux composantes principales :
➢ Le temps de fonctionnement des protections (quelques dizaines de millisecondes).
➢ Le temps d’ouverture des disjoncteurs, avec les disjoncteurs modernes (SF6 ou à vide), ces
derniers sont compris entre 1 et 3 périodes.
▪ Sureté : la protection déclenche lors d'un défaut, on la mesure en nombre de défaillances sur
commande.
▪ Sécurité : la protection ne déclenche pas de manière intempestive.
▪ Fiabilité : elle combine les notions de sureté et de sécurité.
▪ Sélectivité : Elle consiste à ne mettre hors tension que la partie du réseau concernée par un défaut et
seulement celle-ci.
▪ Sensibilité : la protection doit détecter tous les défauts, même les plus faibles.
▪ Disponibilité : la protection doit toujours être en opération (temps total moins panne et
maintenance). Concrètement une bonne protection doit être conçue de sorte à parer à tout défaut
électrique grâce à au moins deux types de protections différentes (principe de redondance) : celle
déclenchant en fonctionnement normal, on parle de déclenchement instantané, et celle déclenchant
en cas de défaillance de la première, on parle de déclenchement temporisée et de protection de
secours.
✓ Consommer peu d’énergie.
✓ Être insensible aux composantes apériodiques.
✓ Facile à mettre en œuvre et à maintenir.
Cependant, il faut être conscient des limites de la protection les défauts doivent tout d’abord se produire
pour qu’elle agisse. La protection ne peut donc empêcher les perturbations ; elle ne peut que limiter leurs
effets et leur durée. De plus, le choix d’une protection est souvent un compromis.

4. Zones de protection

Pour la protection, on divise le réseau électrique en zones délimitées par les disjoncteurs. Chaque zone doit
être correctement protégée. Les zones se recouvrent pour ne laisser aucun point du réseau sans protection.

4-1. Principe
Le principe de sélectivité assure que seules les lignes défectueuses soient ouvertes, tandis que les lignes
saines restent connectées. Toutefois, il faut pouvoir parer à la défaillance d'une protection, ainsi des
protections de secours sont utilisées.

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En pratique la première zone déclenche au bout d'un ou deux cycles, ce qui représente 20 à 40 ms dans un
réseau 50 Hz. La zone 2 au bout de 300 à 400 ms. Les relais électromécaniques ont des temps de réaction
dépendant de la valeur de l'impédance, au plus celle-ci est faible au plus le relais est rapide.
Les protections de distance servent parfois également de protection de secours pour les transformateurs de
puissance et les générateurs, bien que des protections bien plus adaptées existent comme les protections
différentielles.

4.2 Téléaction
La téléaction est le fait que deux protections, de distance généralement et situées à chaque extrémité d'une
ligne, échangent des informations entre elles afin d'augmenter leur performance.
De nombreux schémas de téléaction différents existent.
Toutefois, on peut distinguer deux types de stratégie : les schémas à déclenchement et les schémas à
blocage. Dans les schémas à déclenchement la protection à une extrémité de la ligne envoie un autre de
déclenchement rapide à l'autre extrémité. L'autre disjoncteur déclenche alors immédiatement. Dans le cas
des schémas à blocage, la protection à une extrémité de la ligne envoie un autre de blocage à l'autre
extrémité, le disjoncteur ne va donc pas déclencher intempestivement. Diverses variantes existent en
fonction de la zone surveillée par chaque protection et des conditions appliquées au déclenchement. Les
schémas à déclenchement ont une sécurité accrue : si la liaison entre les protections défaille, il n'y a pas de
déclenchement intempestif par contre une sureté moindre : dans ce cas, la téléaction ne fonctionne plus et les
déclenchements ne sont plus rapides. À l'opposé, les schémas à blocage ont une sureté accrue : si la liaison
entre les protections défaillent les déclenchements rapides ont tout de même lieu, par contre leur sécurité est
moindre : il n'y a plus de blocage sans la liaison et donc des lignes saines peuvent déclencher.
La rapidité exigée des téléactions ne permet pas de mettre en place des protocoles de vérification des erreurs
de transmission

5. Réglage
Chaque fonction de protection est à régler afin d’obtenir les performances optimales dans l’exploitation du
réseau et pour tous les modes de fonctionnement. Les valeurs de réglage adaptées sont issues de calculs
complets basés sur les caractéristiques détaillées des éléments de l’installation.
Ce type d’étude s’effectue maintenant couramment à l’aide d’outils logiciels spécialisés ; le comportement
du réseau sur anomalie est ainsi expliqué, et les valeurs de réglage sont données pour chaque fonction de
protection concernée.
Une étude de réseau est effectuée pour déterminer les réglages. Les informations suivantes sont analysées :
architecture du réseau, régime de neutre, courant de court-circuit, quels sont les capteurs de mesure en place,
sélectivité. Ensuite, les solutions possibles sont étudiées.
5.1 Différents types de Sélectivité

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La sélectivité a pour but d'isoler le plus rapidement possible la branche en défaut, et d'éviter de couper
injustement des branches saines. Différents types de stratégies existent pour mettre en place techniquement
cette exigence.
Les différents moyens qui peuvent être mis en œuvre pour assurer une bonne sélectivité dans la protection
d’un réseau électrique, les plus importants sont les trois types suivants:
_ Sélectivité ampèremétrique par les courants,
_ Sélectivité chronométrique par le temps,
_ Sélectivité par échange d’informations, dite sélectivité logique.

5.1.1 Sélectivité ampèremétrique


La sélectivité ampèremétrique repose sur le fait que le courant de défaut est d'autant plus faible que celui-ci
est éloigné de la source. Le réglage de courant de déclenchement décroissant vers l'aval du réseau. Son
avantage est sa simplicité. Son inconvénient est en conséquence que les protections situées en amont, proche
de la source, ne secourent pas celles situées en aval. Par ailleurs, il est difficile de régler convenablement
deux protections en cascades afin d'obtenir une bonne sélectivité car le courant de défaut n'est pas forcément
notablement différent entre deux zones adjacentes. En haute tension notamment, les lignes ayant une faible
impédance, elle ne peut être utilisée.
Elle peut par contre être utilisée de part et d'autre d'un transformateur, le courant étant très différent des deux
côtés. Elle l'est également en basse tension.

Fig. І.1 - Fonctionnement d’une sélectivité ampèremétrique.

5.1.2 Sélectivité chronométrique


La sélectivité chronométrique agit indépendamment du courant. Elle consiste à donner des temporisations
différentes aux protections à maximum de courant échelonnées le long du réseau. Ces temporisations sont
d’autant plus longues que le relais est proche de la source. La temporisation augmente de l'ordre de 300 ms
par relais sur le réseau. Ainsi, on attend à chaque niveau que les niveaux avals aient le temps de couper le
défaut, avant de couper une plus grande partie du réseau. Un tel écart temporel est nécessaire pour tenir

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compte des tolérances des temps de réponse des éléments de la chaîne de protection ainsi que du temps d’arc
du disjoncteur aval.
Sa simplicité est avantageuse. Son inconvénient est que lorsque le nombre de relais est grand, la
temporisation devient extrêmement longue. La protection n'assure alors plus son rôle pour éviter
l'endommagement des équipements électriques en cas de court-circuit. Elle est utilisée dans le cas des
réseaux en antenne.

Fig. І.2 - Principe de la sélectivité chronométrique.

5.1.3 Sélectivité logique


La sélectivité logique a été développée pour remédier aux inconvénients de la sélectivité chronométrique.
Elle requiert un échange d'informations entre les différents organes de protection. L’échange d’informations
logiques entre protections successives permet la suppression des intervalles de sélectivité, et donc de réduire
considérablement le retard de déclenchement des disjoncteurs situés les plus près de la source.
En effet, dans un réseau en antenne, les protections situées en amont du point de défaut sont sollicitées,
celles en aval ne le sont pas ; cela permet de localiser sans ambiguïté le point de défaut et le disjoncteur à
commander.
Chaque protection sollicitée par un défaut envoie :
➢ un ordre d’attente logique à l’étage amont (ordre d’augmentation de la temporisation propre du
relais amont),
➢ un ordre de déclenchement au disjoncteur associé sauf s’il a lui-même reçu un ordre d’attente
logique de l’étage aval.
Un déclenchement temporisé est prévu en secours.
Son inconvénient est de nécessité de mettre en communication les différents relais. Elle est utilisée pour les
réseaux en antenne moyenne tension composée de nombreux étages de sélectivité.

5.1.4 Sélectivité par protection directionnelle

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Dans un réseau bouclé, où un défaut est alimenté par les deux extrémités, il faut utiliser une protection
sensible au sens d’écoulement du courant de défaut pour pouvoir le localiser et l’éliminer de façon sélective.
La protection directionnelle agit lorsque simultanément le courant ou la puissance dépasse un seuil et que
l’énergie se propage dans une direction anormale.
Sa simplicité est un avantage. Elle nécessite cependant d'employer des transformateurs de courant et de
tension afin de mesurer le déphasage entre les deux. Ce principe est utilisé pour protéger des arrivées en
parallèle, des réseaux en boucle fermée.

5.1.5 Sélectivité par protection différentielle

Fig. I.3. Fonctionnement d'une protection différentielle.


❖ En cas de défaut interne, le courant différentiel n'est pas nul
Une protection différentielle mesure la différence entre les courants entrant dans une zone et ceux en sortant.
Toute différence d’amplitude et de phase entre ces courants signale la présence d’un défaut : la protection ne
réagit qu’aux défauts internes à la zone couverte et est insensible à tout défaut externe. Elle est donc
sélective par nature.
Les transformateurs de courant doivent alors être dimensionnés de manière à ne pas être source de biais. La
protection ne doit notamment pas déclencher à cause du courant magnétisant de transformateur, du courant
capacitif de ligne, en cas de saturation des transformateurs de courant ou tout autre élément transitoire «
normal ».
Son avantage est d'être sensible à des courants de défaut inférieur au courant nominal de l'élément protégé.
En outre, elle peut déclencher instantanément. Par contre, elle est relativement coûteuse, nécessite une
communication entre les éléments et sa mise en place n'est pas triviale.
Enfin, il faut prévoir une protection à maximum de courant en secours. Elle est utilisée pour les composants
de forte puissance stratégiques pour le réseau : moteur, générateur, transformateur, jeu de barres, câble, ligne

6. Éléments mis en œuvre dans une protection électrique


Le système de protection se compose d’une chaîne constituée des éléments suivants :

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Fig. І.4 - Chaîne principale de la protection électrique.

6-1Capteurs et réducteurs de mesures

Pour agir, les protections doivent pouvoir détecter le défaut. Elles ont donc besoin de capteurs pour mesurer
les différentes mesures physiques nécessaires à l'évaluation de la situation ou au moins de réducteurs de
mesures qui permettent d'abaisser l'amplitude des valeurs à mesurer pour les rendre lisibles par des capteurs
électroniques.

Les instruments les plus courants dans les protections électriques sont :

A. transformateurs de courant : qui transforme le courant traversant la ligne en un courant


proportionnel de l'ordre de quelques ampère. Les transformateurs de courant ont deux fonctions
essentielles :
• Adapter la valeur du courant MT du primaire aux caractéristiques des appareils de mesure ou de protection
en fournissant un courant secondaire d’intensité proportionnelle réduite,
• Isoler les circuits de puissance du circuit de mesure et/ou de protection.
La fonction d’un transformateur de courant phase est de fournir à son secondaire (Is) un courant
proportionnel au courant primaire (Ip) mesuré. L’utilisation concerne autant la mesure (comptage) que la
protection.

Fig. I.5-a Schéma de principe d'un transformateur de courant Fig. II. 5-B. Schéma équivalent du circuit secondaire d’un TC.
avec une seule spire au primaire
Avec :
Ip : courant primaire,
Is : courant secondaire pour un TC parfait,
Im : courant magnétisant,
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E : force électromotrice induite,
Vs : tension de sortie,
Lm : self de magnétisation (saturable) équivalente du TC,
Rtc : résistance secondaire du TC,
Rfil : résistance de la filerie de connexion,
Rc : résistance de charge.
Le transformateur de courant est constitué de deux circuits, primaire et secondaire, couplés par un circuit
magnétique. Avec plusieurs spires au primaire, l’appareil est de type bobiné. Avec un primaire réduit à un
simple conducteur traversant le capteur, l’appareil est à barre passante (primaire intégré constitué par une
barre de cuivre), ou traversant (primaire constitué par un conducteur non isolé de l’installation), ou tore
(primaire constitué par un câble isolé).
- Les TC est caractérisés par les grandeurs suivantes (d’après les normes CEI 60044).

1. Niveau d’isolement assigné :


C’est la tension la plus élevée à laquelle le primaire du TC est soumis.
Rappelons que le primaire est au potentiel de la HT et le secondaire a très généralement une de ses bornes à
la terre. Comme pour tout matériel, on définit également :
Une tension maximum de tenue 1min à fréquence industrielle,
Une tension maximum de tenue à l’onde de choc.
Exemple : en 24 kV de tension nominale, le TC doit supporter une tension de 50 kV pendant 1min à 50
Hz et une tension de 125 kV à l’onde de choc.
2. Le rapport assigné de transformation (Ip/Is) :
Il est donné sous la forme du rapport des courants primaires et secondaires Ip/Is.
Valeurs normales des courant secondaire assigné est généralement 5 A ou 1 A. Valeurs normales des
courants primaires assignés (en A) : 10 - 12,5 - 15 - 20 - 25 - 30 - 40 - 50 - 60 -75 et leurs multiples ou sous-
multiples décimaux.
3. Précision (FLP) :
Elle est définie par l’erreur composée pour le courant limite de précision.
Le facteur limite de précision (FLP) est le rapport entre le courant limite de précision et le courant assigné.
4. Puissance de précision :
Puissance apparente en VA, que le TC peut fournir au secondaire pour le courant secondaire assigné pour
lequel la précision est garantie.
La puissance est consommée par tous les appareils connectés ainsi que les fils de liaison.
Si un TC est chargé à une puissance inférieure à sa puissance de précision, sa précision réelle est supérieure
à la précision assignée, réciproquement un TC trop chargé perd en précision.
5. Courant de courte durée admissible :

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Exprimé en kA efficace, le courant (Ith) maximum admissible pendant 1 seconde (le secondaire étant en
court-circuit) représente la tenue thermique du TC aux surintensités. Le TC doit supporter le courant de
court-circuit pendant le temps nécessaire à son élimination. Si le temps d’élimination t est différent de 1
seconde, le courant que le TC peut supporter est Ith / (t).
La tenue électrodynamique exprimée en kA crête est au moins égale à 2,5 x Ith.
Remarques :
❖ Il ne faut jamais laisser le secondaire d’un transformateur de courant ouvert,
❖ On ne peut pas utiliser un transformateur de courant en courant continu,
❖ Dans chaque phase de réseaux électrique en trouve un transformateur de courant
Transformateur de courant à doubles enroulements :

Fig. I.6. TC avec double enroulements secondaires (comptage et protection).

B. transformateurs de tension :
Un transformateur de tension ou potentiel est un « transformateur de mesure dans lequel la tension
secondaire est, dans les conditions normales d'emploi, pratiquement proportionnelle à la tension primaire et
déphasée par rapport à celle-ci d'un angle voisin de zéro, pour un sens approprié des connexions ». On
utilise aussi le terme transformateur de potentiel (TP).
Il s'agit donc d'un appareil utilisé pour la mesure de fortes tensions électriques. Il sert à faire l'adaptation
entre la tension élevée d'un réseau électrique HTA ou HTB (jusqu'à quelques centaines de kilovolts) et
l'appareil de mesure (voltmètre, ou wattmètre par exemple) ou le relais de protection, qui eux sont prévus
pour mesurer des tensions de l'ordre de la centaine de volts.
La caractéristique la plus importante d'un transformateur de tension est donc son rapport de transformation,
par exemple 400 000 V/100 V.
Fonction :

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La fonction d’un transformateur de tension est de fournir à son secondaire une tension image de celle qui lui
est appliquée au primaire. L’utilisation concerne autant la mesure que la protection.
Les transformateurs de tension (TT ou TP) sont constitués de deux enroulements, primaire et secondaire,
couplés par un circuit magnétique, les raccordements peuvent se faire entre phases ou entre phase et terre
Avec m= V2/V1 =: rapport de transformation de TT.

Fig. I.7. Transformateur de tension avec double secondaire.

Les différentes technologies industrielles :


Trois technologies existent pour le transformateur de tension :
- Transformateur de tension inductif :
Il s'agit en fait d'un transformateur assez classique, mais prévu pour ne délivrer qu'une très faible puissance
au secondaire. C'est un véritable transformateur, dont le primaire reçoit la tension du réseau, et le secondaire
restitue une tension image égale à 100 V entre phases lorsque la tension primaire est égale à la tension
nominale. C'est le même enroulement qui fournit la tension aux protections et aux autres équipements
-Transformateur de tension capacitif:
Transformateur de tension condensateur (TTC), ou transformateur de tension avec capacité conjuguée
(CCVT en anglais) est un transformateur de puissance utilisé dans les systèmes de démissionner extra
signaux haute tension et de fournir un signal basse tension, pour la mesure, ou d'opérer un relais de
protection. Dans sa forme la plus basique, l'appareil se compose de trois parties: deux condensateurs à
travers lesquels le signal de ligne de transmission est divisé, un élément inductif pour régler l'appareil sur la
fréquence de ligne, et un transformateur d'isolement de l'activité en aval de la tension pour l'instrumentation
ou la protection de relais.

Fig. I.8. Schémas équivalant d’un TTC (CCVT).

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6.2 Relais et automates
Au départ électromécanique et statique, puis analogique, les relais sont en 2013 principalement de type
numérique. Ces derniers sont basés sur le principe de la transformation de variables électriques du réseau,
fournies par des transformateurs de mesure, en signaux numériques de faible voltage. Ils permettent de
combiner différentes fonction de protection dans le même appareil, de faire du traitement de signal,
d'enregistrer les événements et de diagnostiquer les éléments auxquels ils sont connectés comme les
disjoncteurs.
Quand un relais donne l'ordre au disjoncteur d'ouvrir le circuit, on dit qu'il déclenche. Quand un élément
extérieur vient empêcher le relais de déclencher, on dit qu'il est bloqué.
Les automates sont chargés d'effectuer les manœuvres automatiquement et surtout sans délais. Ils servent
typiquement pour les fonctions de réenclenchement. Les défauts causés par la foudre disparaissent en effet
en général après mise hors tension de l'ouvrage au bout de quelques dixièmes de seconde. L'automate va
donc ouvrir la ligne puis la refermer très rapidement sans intervention humaine afin de maintenir une bonne
disponibilité de l'ouvrage.
Un autre type d'automate essentiel au réseau est celui qui agit sur défaillance du disjoncteur. Sa fonction est
de détecter la non - ouverture d'un disjoncteur en constatant que l'ordre émis n'est pas retombé au bout d'un
intervalle sélectif après le début de son émission. Il émet alors un ordre de déclenchement à tous les
disjoncteurs du même jeu de barres.
L'émission d'un ordre de déclenchement est validée par des relais de courant, qui vérifient qu'un courant
existe toujours dans les phases du départ.
Par ailleurs, lorsqu'une protection différentielle de barres existe, l'automate contre les défaillances de
disjoncteur lui est associé : il utilise les aiguillages de la protection différentielle de barres, qui utilise elle-
même les circuits de déclenchement de l'automate.

Les relais de protection : Sont des appareils qui reçoivent un ou plusieurs informations à caractère
analogique (courant, tension, puissance,… etc.) et le transmettent à un ordre de fermeture ou ouverture d’un
circuit de commande lorsque ces informations reçues atteignent des valeurs supérieures ou inférieures à
certaines limites qui sont fixées d’avance. En effet, le rôle des relais de protection consiste à détecter tout
phénomène anormal pouvant se produire sur un réseau électrique tel que les défauts de court-circuit. Les
relais peuvent être classés en trois familles.

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Fig. I.9.Type des relais

a) Relais électromécaniques
Sont basés sur le principe d’un disque d’induction actionné par des bobines alimentées par les
transformateurs de courant et de tension. Un ressort de rappel réglable détermine la limite de l’action du
disque sur un déclencheur. Les équipements électromécaniques sont des assemblages de fonctions :
détection de seuils et temporisation. Ils avaient l’avantage d’être robustes, de fonctionner sans source
d’énergie auxiliaire et d’être peu sensibles aux perturbations électromagnétiques. Ces relais se démarquent
par leur solidité et leur grande fiabilité, pour cette raison, leur entretien est minime. Ils sont réputés pour leur
fiabilité dans les environnements de travail les plus délicats.

Fig. I.10.Relais électromécanique

b) Relais statiques
La technologie statique analogique, apparue vers 1970, qui utilise des circuits intégrés analogiques et
logiques a fait apparaître les relais analogiques qui sont composés grossièrement de trois blocs:
▪ Un bloc d'adaptation et de filtrage, constitué de petits transformateurs, d'impédances et de filtres
passe-bas destinés à éliminer les composantes transitoires rapides ;

▪ Un bloc de traitement et de détection, composé d'un circuit analogique adapté, transformant la


grandeur surveillée en une tension ou un courant continu proportionnel, et d'une bascule servant à
détecter le passage d'un seuil ;

▪ Un bloc de sortie, comprenant un temporisateur, par exemple un circuit RC, et un relais de sortie
électromécanique.

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Les principaux avantages des relais analogiques sure les relais électromagnétiques sont leur sensibilité, leur
précision, leur faible puissance de fonctionnement (quelques VA), et permettent de réduire les dimensions
des transformateurs de courant. Par contre, ils nécessitent souvent une alimentation auxiliaire et leurs
circuits analogiques sont affectés par les interférences électromagnétiques.

c) Relais numériques
La technologie numérique a fait son apparition au début des années 1980. Avec le dévelo- ppement des
microprocesseurs et des mémoires, les puces numériques ont été intégrées aux équipements de protection.
Les protections numériques, sont basées sur le principe de la transformation de variables électriques du
réseau, fournies par des transformateurs de mesure, en signaux numériques de faible tension. Ces dispositifs
nécessitent une source auxiliaire, offrent un excellent niveau de précision et un haut niveau de sensibilité. Ils
procurent de nouvelles possibilités, comme l’intégration de plusieurs fonctions pour réaliser une fonction de
protection complète dans une même unité, le traitement et le stockage de données et l’enregistrement des
perturbations du réseau (perturbographe). Cette génération intègre des possibilités d’autotest et
d’autocontrôle qui augmente leur continuité de fonctionnement tout en réduisant la durée et la fréquence des
opérations de maintenance.
Principes de fonctionnement des relais de protection
Tous les paramètres d'un réseau électrique peuvent être utilisés pour sa surveillance et la détection de
défauts. Il s'agit le plus souvent de mesure du courant et de la tension du réseau. En général, quand un défaut
de court-circuit se produit le courant augmente et la tension baisse. A travers la variation de ces deux
grandeurs, d'autres paramètres varient également et on obtient des mesures de paramètres plus complexes :
Déphasage par comparaison des phases ;
Puissance apparente en effectuant le produit du courant par la tension ;
Puissances active et réactive à partir de la puissance apparente et du déphasage ;
Impédance en effectuant le quotient de la tension par le courant ;
Composante homopolaire par addition et composante inverse par des circuits déphaseurs.

Le principe de fonctionnement d'un relais est basé sur la détection de ces variations à l'intérieur de sa zone
de protection. Les relais sont caractérisés par leurs grandeurs d'entrée auxquelles ils répondent. La majorité
des relais de protection utilisés dans les réseaux électriques sont décrit ci dessous.

➢ Relais de mesure de courant


Un équipement de protection est généralement composé de plusieurs fonctions élémentaires de mesure,
souvent appelées relais de mesure. Ces relais doivent effectuer une mesure correcte avec une précision
suffisante malgré la présence des régimes transitoires perturbateurs sur les courants et les tensions qui
apparaissent au moment du court circuit. Les relais de courant mesurent un courant ou une combinaison de

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courants (courant direct, inverse, homopolaire). Il en existe une grande variété qui se différencie par la
définition de la grandeur mesurée et du mode de temporisation :
Valeur instantanée, valeur de crête, valeur moyenne ou valeur efficace ;
Valeur mesurée sur une demi-alternance, sur deux demi-alternances successives, sur la valeur moyenne de
plusieurs demi-alternances, à pourcentage, etc. ;
Valeur instantanée ou temporisée.

➢ Relais de mesure de tension


Les relais de tension peuvent être à maximum de tension ou à minimum de tension. La mesure s’effectue sur une
valeur instantanée ou sur une valeur de crête, éventuellement sur une valeur moyenne. Ce type de relais est
habituellement temporisé. La mesure s’effectue sur les tensions simples, les tensions composées, les tensions
directes, inverses ou homopolaires. Dans certains cas, pour rendre ces relais insensibles au niveau général de
tension du réseau, la mesure est réalisée en comparant la valeur de la tension entre phase et neutre et la valeur de
la tension composée entre phases en quadrature (par exemple, comparaison de la tension simple V avec la tension
composée U en repérant par A, B, C les phases et par N le neutre).

➢ Relais de mesure d'impédance


Le relais d’impédance prend en compte en permanence les grandeurs d’une même phase pour évaluer
l’impédance du réseau sur cette phase. Cette évaluation d’impédance est réalisée en général sur les trois
phases, soit entre phase et neutre, soit entre phases. Elle peut être également réalisée sur des grandeurs
symétriques : tensions et courants directs, inverses ou homopolaires. Pour étudier ce type de relais, il est
intéressant d’utiliser le diagramme des impédances (R, X) qui permet de représenter directement la grandeur
mesurée par le relais.

➢ Relais de mesure de puissance


La mesure de la puissance dans un réseau triphasé peut être effectuée par différentes manières
Par des relais de puissance active ou réactive, monophasée ou triphasée ;
Par des relais de puissance dits à angle dont l’angle θ affectant la mesure est obtenu par un raccordement
particulier des grandeurs V et I (alimentation par exemple du relais par le courant de la phase A et la tension
entre les deux phases A et B).

➢ Relais directionnel
Ce type de relais apparaît aujourd’hui comme une excellente opportunité pour améliorer à la fois la puissance
transitée sur un réseau et la qualité de service. Le concept direction est très important dans plusieurs applications
des relais de protection. Ce type de protection fonctionne à partir du courant, de la tension et du sens de
l’écoulement de l’énergie. Il agit lorsque simultanément le courant ou la puissance dépasse un seuil et que
l’énergie se propage dans une direction prédéfinie. Les protections directionnelles sont utiles sur tout élément du
réseau où le sens d’écoulement de l’énergie est susceptible de changer, notamment lors d’un court circuit entre
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phases et/ou d’un défaut à la terre (défaut monophasé). Les protections directionnelles sont un moyen
complémentaire aux protections à maximum de courant, permettant d’assurer une bonne isolation de la portion
du réseau en défaut.

➢ Relais différentiel
La protection différentielle est un principe commun de protection pour les transformateurs, moteurs, et
générateurs. Elle mesure la différence de courant entre deux TC branchés l’un en aval, l’autre en amont d’une
partie du réseau à surveiller (un moteur, un transformateur, un jeu de barres) pour détecter et isoler rapidement
tout défaut interne à cette partie. Elle est basée sur la comparaison du courant d’entée et de sortie d’un élément, si
la comparaison indique la présence d’une différence cela veut dire la présence d’un défaut et le relais doit agir.
La différence mesurée doit être signifiante pour qu’elle soit attribuée à un défaut.

6.3 Disjoncteurs
Dans le cas des protections, les disjoncteurs servent à interrompre le courant, y-compris de court-circuit,
circulant dans le réseau. Une de leur qualité indispensable est une grande fiabilité et une bonne rapidité. En
règle générale, un disjoncteur a besoin de 1 à 3 cycles pour s’ouvrir, ce qui correspond à 20 jusqu'à 60 ms
pour un réseau 50 Hz. La norme IEEE spécifie une coupure en 2 cycles pour les disjoncteurs de tension
assignée supérieure ou égale à 245 kV.
Les disjoncteurs à haute tension sont capables de couper trois fois leur courant de court-circuit assigné en
une ou trois minutes.
6.4 Fusibles
Pour les réseaux moyenne tension, il est également possible d'utiliser des fusibles comme protection
électrique à maximum de courant.

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