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Le fantas,tique chez Maupassant
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( RESUME
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sont les derni~res créations du genre, comme l'affirme Toda-
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rov. • Afin de distinguer les particularités du fà~tastique.
,tique: i~ montrent
. , l'échec des diverses tentatives pour trou-
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"" populaires et
ver une consolation dans les croyances ~é ~,~e
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de l t insolite. La folie et 'la/mort forment le troisième résea,u
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A la ·lum..f~re de notre analyse, tenterons de mettre ,
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A jour l'i~erd~pendance des divers thêmes ~n rapport avec
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le chemin tnent de Maupassant vers la folie. D'ailleurs
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( ABSTRACT "
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Before' going'deeply
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it shoula'he i~t~re$ting
to g~ë a short historieal account of
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fantastic f.letion J:;>efore ~aupassant. Then, ",·e should consider
after, we' ahatl be :in, a' 1tio~ ttr ~rdceed to our thematie
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l'ntroduction: • 1
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D,EUX;EME PARTiE
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Conclusion: ., 140
:. Bibliographie: 146
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ganisent entre eux et s', insèrent dana une suite logique, qui
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traduit peut-être l'essentiel de la pensée d~ Maupassant ou
de la ~lie. \
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CHAPITRE PREMIER ,
LE FAflTASTIOUE AVANT ~UPASSANT
.
singuli,'~a~-" (1)
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Retracer l'évol~tion du fantastique en-
l , ; " -
, FranCè avant Maupass.nt s'avère'doné une entreprise fort
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vaste nous obligeant a déiigliter/d~ façon précise le champ
, 0
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de ce premier point. i
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~i ' Avec Castex, ~~rov et vax, nous constatons que la
1
~ littérature fantast~que n'a véritablement cdnnu un essor en 1
, 1
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France qu 1 à partir d~ XVIIIe sitcle. L~s lecteurs de cet,te
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époque'cherchent à ~Ombler aut~ement que ~~ la religion
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ginalité d cette oeuvre ne provient pas essentiellement d'é-
,
vénements prodigieux ou du fait qu'Alvare soit amoureux d'une
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2) Pierre-Georges Castex, Le Conte fantastigue ep Frapce de
Nodier a Maupassant, p. 13.
( 3) Ibid., p. 35.
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s.~ 4 se *w
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presaionna éonaidérablement celui qu~all~it devenir le
pêr~ du fan~astique français: E.T.A. Hoffmann.
Maupassant.
chez le lecteur
, une hésitation entre le sens littéral et l'inter-
,.
4) Pierre-George~ Castex, Le Conte f,nta~tiqy7 en France
q( de Nodier à :Maupassant, p. 43. ~ifJJ
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ses mystères et vivre ses ang,oisses~ainte-Beuve a vu juste
en affirmant:
, "Hoffmann a -r~anspos~ l~ merveilleux dans l'âme
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ai cette prétendue infirmité ne serait pas le symptôme
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. dl une sensibilité plus énergique, d'une\\,rganiaation plus
1830.
dant les années 1830-1833, consi4jrées comme son ~ge d'or. No-
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des sO,nges et crée La Fée aux Miettes, en, 1832. 'Ce conte / .
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fai~ partie du cycle des Innocents, dont Michel, le héros,
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représente l'idéal humain de l'au~eur. Ce personnage doit
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affronter des épreuves symbolisant les affres de la vie
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~i8ionnaire. ,(9) Ain~i, Balzac est-il fasdinê par les
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rapp'orts de l'être humain avec les forces du bien et du mal,
.
ale. premi~res enq~ndrant une sorte de mysticisme poétique,
" . comme
,. dans Annette et le criminel Wann-Chlore, en 18231
. . ~
" .. 1
PhiIQsophi~.de l'auteur ~8ée sur un "désir de domination " 1
1
1
de la vie et la veine i~ntastique est sans aucun doute La
j ...,! lM JO,
Peau de chagrin.
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1
9) On oublie souvent que Balzac fut influencé par les
doctrines illuministes et les rechercpes sur le ma-
qnétisme.
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partiendra" (11) ), il re,,~que l'étrange antiquaire,
catégories de Todorov.
l ' Autrement dit, le
, '
~antastique de-
..
personnages-clé de la Comédie humaine cette terrifiante gran-
j
1
Vers 1833, le fantastique connà1t une période de réac,tion
Balzac,
. La Peau qe cbaqriQ. p. 88.
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pàrtie du conte,
, d'on la destruction de l'illusion et la
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12.
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·verselle. La parution des oeuvres d'Edgar Poe (traduites
1
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l'homme et l'inpo~ui Il s'intéresse ". toutes les expê-
"" riences et l toutes les aventures êtranqes qui se trouvent
•
Al liées, aux effets de la curiosité scientifique, de 1 t ivresse,
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dont' ~ls
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d'apral ~dorov.
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corde a largement contribué 1 créer en lui ce llpeslfimisme'
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atroce qui asspmbrit sa pensée Il , (1) et manifeste de ae
façon voilée ou e~plicite dans toute son oeuvre: i'inJl~en t I,
...
Dans aa nouvelle intitulée "Auprès dlun mort·, en 1883,
Il le plua grand .. accaqeur de' rêves 'qui ait ~,~a' sur la 'l'terre."
,
1) Albert-Marie Sehmidt, Mauea,sant par lui-même, p.9.
____ -- _ 1
15.
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tation perçue par l'intel~igence. Cette représentation existe
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en fonction d'Une volonté:,' le "voulolr-vJvre". Autrement dit,
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\
1
v3na, en niant l'existençe de Dieu et en re~onçant aux pas-
ble aprês la mort ou se consoler par la prière ,en gardant l'es- ...
. 1 i
divin qui, selon, lui,' permet la misêr.e h~ine 'et jouit du ma~-
..faut tous les jours ~es ,morts. Il en fait de toutes les façons
même l'ironie jusqu'A imaginer dans l'un de ses ,contes, "L'en- " 1
1
( 3) Cit' dans Maupassant par lui-~me, p. 73.
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16.
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, tres").
projetant une
cert~s, quelques-unes font exception
cependant, ces
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dans "Un cas de d,ivorce"). Ainsi, l'auteur plâce' dana lfa bou-
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che ~'iun de 8es héros ce: qui semble aa propre vision d~ l'amour:
faudrai~ aimer,
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en s'enivrant d'elle pomme on se grise de vin,
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17.
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de façon l ne ptus savoir ce qulon boit. Et boire, boire,
o , "
tout le monde est bête, ~te, bête, ici comme atlleurs.- (5)
,
4) ·Un cas de divorce", p. 251,.
5) "Ci~
Ma~ssant,
da",. Le'p.coote fantastique en France de Nodier.
367-368.
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Les rapports amicaux entre Flaubert et son "disciple"
-
solit carac;:t~risés par la considération' mutJelle et ~a fran- o
..
chise ta plus totale. Enclin l lloisiveté, Maupassant a be-
.e
je suis comme lui, toute tienne, maintenant' et toujours. J'
. : J: .
1r1'Lettre de Flaubert l Maupassant,
() .
18 juillet '1978, cité·
par Castex dans Le Conte f antastl.gue en France de Nodier
l Maupassant, p. 367.
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1
, 19.
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soutien".
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En ce qui concerne l'aspéct in~ellectuel de leurs re-
20. ,,-
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Pour Flaubert, l'objet du roman est la peinture de la vie,
l, {J
8) Prêface de Pierre et Jean, P.• 19-20.
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se, il est d'avis que l'écrivain dbit se soucier' de la c dence
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veut dire".
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22.
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ment de petits faits desquels 6manera "le sens définttif de
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ans une telle optique, II inipàssibilité de lllécrivain
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face l'objet de' sa description devient une condttion pri-
\ .
mordiale de II impartialité. Ainsi Flaubert éprouve-t-il de
~
la répulsion gour les créateurs "qui étalent leurs émotions
1
dans leurs. oeuvres": "Farceurs! Farceurs! et triples 8a1-
f
timbanques, qui font le saut .du tremplin sur leur propre coeur
"
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~ 'r~' ~-~~.. P'iP~,..,.;y_t ..1f< ,. .... ~ ... ""'*...")''\.I,''~~-.,.,.,
23.
(
Ainsi, le récit suscite davantage l'intérêt du lecteur et y
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24.
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Puisque Flaubert approuve le manuscrit de "Boule de Suif"
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par lui-mime, P. 77.
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( CHAPITRE III
compte d'une certâ'ine actuali té, ma~,. en'core, par l'effet dl une
sorte d'intuition prophétique, indiquent' l'évolution qui doit
+ 1
cIe. If (1)
l~ Albert-Marie
partir ~s~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~o~i~s
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--. 1
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1
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alune époque de transition annonçant l'avênement d'une êre
nouvelle.
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2) .Philippe Jullian, Jean Lorratn ou le Sat&ricon 1900, p. 92.
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; .....12 Sibi2&321 h Ji :
',27.
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9,5néralement peu séduit par le merveilleux divt, on préfère vouer
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culent ,pas devant 1::e crime pour qarder un amour ou assouyir une
de X... Ainsi, le triple meurtre émeut autant les femmes du mon- (i:J
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1 29.
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,alof. des photographies d~ l'assassin dans les sacs de8 dames
Vers 1890, 'il se~le que lea drogues les plus en vogue soient
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chez II artiste, inspir' des visions fanta8tiques. Pt'rmi ces ef- ~,
1
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fets, on remarque s~rtout les t1:oubles de l'oule, d~ la' vue, et
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30.
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les 'angoisse.s noct~rnes, qui modifient la perception se,nsorielle )
.
Les gens cossus de,cette fin -du XIXe siêc1e ne s'évadent s
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~
( , 6), ~lippe Juilian, Jean LQrrain oy le Satiricon 1900, p. 188.
1
\'
§
7) Le Cqnte fantast~e
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J
~
31.
,
,
1sc..... toute, l'esprit fin de siècle découle. des éhangements
1
v~lcan en ébu1ition annonçant le jai11isse~t~'un monde nouveau
i
r~i par la science et la technol09ie.
1
:n~:~1:t:::l:::;nl~::i~:tr=::r:~~v::s~:::o::-
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32.
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geantes et fréquenta ce monde clos surtout dans le but d'ac-
~
politique et les
,
l'autre facette de la situation problématique:
pe~turbations sociales.
(
l'impatt de la
En effet, l'écrivaLn
• <,
nonce les classes dirigeantes, compl;ces de -la ruine des pau-
l!
vres ( ••• ) et l'exaspération des masses". pe~suadé que ~~
"
(,
.. " _ .... ~'((,.wM ."1 ~
, ,1
33.
( .
spé'cialement pour cela". (8)
'\
'\' oil son rejet du co1onia lisme. Ainsi, il désapprouve la' po-
~
connaIt fort bien pour y avoir vécû quelque temps, exploité par
1t
"d'ambitieux cupides".
34.
!
Dès sa jeunesse, Maupassant fréquente la c6te normand~1 il
(10) On n'est donc pas étonné ~e constater qu'entre 1872 et, 1880,
)
1
ceurs. 'Au sein de ce groupe, les élus peuvent donner libre cours
,
1 ~lIeXuali.... qui i l atteint l certa,in.'..,... s son oeuvre.
a.sez., ~rti'cuii~re8Iftout
1 •
en se ~a travers de son époque.
( 1
choses qui n'ait jamais été rév~lé: il pense que l'éther l'ai-
• ..
J '
:,'-~....,..
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, .--
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.
36. /
( , 1
les plus marquants ou les lêgendes les plus pittoresques dans l" "\1,1
l'
.-<iI l,
les contes fantastiques (par exemple: ce fame~ ta;mour des
dunes dans "ta peur", en 1882).
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•
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\
1
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, 1
1
( CHAPITRE IV
/
LA HANTISE DE LA FOLIE
sure cet état d'!me n'a pas engendr~ chez lui une vision singu-
liêre des êtres et des choses, votre même suscitê ce besoin d'ex-
1
Le pessimisme venu d'une'enfance malheureuse,
+
de l'influence
,. '<'l,II"~·r:1,~·"ii~~"~1if"'~",,,.,,.,..,.,,...... _~.,,.._,,,,,,,,,, .. ,., _.,._._
, ~
l'
38.
/
/
, (
de Schopenbauer et de Flaubert, la négation de l'amour, l'im-
1
ra~son, d'une
l
idéologie ou :t'unehilosophie consolatrices,
'
une'
\ '
c,
l'internement de son frère Hervé, il n'en fallait guêre plus pour
..
accélérer sa chute vertigineuse et fatale. Tout critique se pen- .,
chez Maupassant.
1
Mais n'exagérons rien. Le conteur s'en nourrit:.
l '
1
Il le met en scène, le grossit et l'éclaire. Il provoque son lec- 1
teur.· (1)
t ~ 39.
(
si les contes de Maupassant mettent Bouvent en situation
\
des personnages au comportement bizarre ( par exemple: "La
\...."
\ L'examen du dossier médical de Maupassant montre clairement
" ,
l'évolution des symptômes d'une syphilis contractée entre vingt-
r
40.
( ~
'1\'
et de para ~~
yS1e gt:nt::rale future dans 40%." ()
3 - D~s lor~ ~tou-
ne et l'êther ont provoqué chez moi tantOt deux heures de folie ab-
/"
1 3) ,
l ,
1
t
~,
4) Cité dans Ma s n p. 133.
(C'est nous qui soul
~
., \ /
usa &- .,1 .. fte
41.
( \ .
nullement les ~lucubrations d'un d~ent se libérant ainsi de
1 , 1
)
ses ~an~smes morbides, mais plut~t le travail finement cise-
"
lé d'un artiste, â la fois réaliste et soucieux de son style. ,
f
Toutefois, il est évident que la hantise Ide la folie J:éOCèUpa
le conteur toute sa,vie et/de plus en plus dans lés années qui
Î : 1
, , .
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\ J)Et1XIEME PARTIE
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1!IlII1IIi
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"
( 'Il
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A la lumière des informations préalablement recueillies,
vers la fin derniêre. Par ailleurs, les motifs majeurs tels que
/ -.
1 .. (
qard, le ~roir, les ~bjets doués d'une vie propre, les allu-
~
siona ironiques à la femme, l'impuissance de nos sens. Nous
,',
,~ \ 1)
J
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( CHAPJ:TRE PREMIER /
,
'CI '
--
L'EAU, L'AMOUR IMPOSSI~-ET LE REVE
\
"L'@tre vou,é l l'eau est un être en vertige." (1). selon
, 'v "
. BaChel~'à. "Dans plusieurs contes de ~upassant, on remarre
,la présence de l'eau comme élément du décor. Parfois, elle_
ve dans "Sur l'eau Il • Maupassant est fasc iné par l'eau qui ~e-
,
{' Le vieux canotier de "Sur l'eau" explique la distinction en-
rer celui qui se laisse bercer a~-:;~ ses flots: mais e11e
1-
j "'1
...... ~-
--------~~~~~---------- , A
r
_ :t
45.
( ,
cadavres, c'est le fleuve éternel de la mort, le lieu des
1
puissances maléfiques.
1
pIe: L i
I F fantastique natt de la manière même dont le narrateur
re~ient
l~
tente de repartir, Lais quelque chose l'ancre: en vain, f 1
1
,-
il essaie de la dêqager. Constatant son impuissance, il doit
~
46.
,
les nuances de la peur. Il sent qu'un "malaise horrible"
cre, car elle tr'a.tne -un p?~ds considérabl~ •• ". l'le cadavre d'urw
, 1
Dans l'introduction, Maupassant suggère le caractère étrange
1 1
,
'" et mystérieux de la rivière. Cependant, le récit du, canotier
f t
t
,;
; s'ouvre de manière fort na~elle1 aucun élément particulier. 1
t
C-; 3) "Sur ~. eau", P. 9S.
(, 4t'
,/
,. • ~ }'l''
'_'1 ~.~~.
J
f
47.
(~
ne permet de prévoir les événements extraordinaires, qui vont ~
~ ~ /
se dérouler: "la lune resplendissait t le fl~uve brillait, / /
/'
l'air était calme e~,doux." (4) Par contre, les btté-s d'eau,
//
/
qui se taisent au début de la vision fantas~g6rique et qui se
\
réveillent lorsque le brouillard dispara1t, constituent une
1
crus qu'un @tre ou une force invisible l'attirait ••• " (5), ces
~
5)
~Sur l'eau", P. 91.
~8.
.( "
"j'~tais comme enseveli jusqu'à la ceinture dans une nappe
\
Dans ce conte, Maupassant est déjà hanté par la présence de
\
deux entit~s opposées à l'intérieur de l'homme: le "l?ra~e" et~
t
l. 69 "Sur l' e~u", ,P. 92 •
'"
iJA
\ ,
1
)
49.
$'
véri tab1ement peser sur lui la menace d'une' mort par immer8~on,
,
j-
( .
8) "Sur l'eau", p. 93.
1
9) Le Conte fMtastique en de NOdie, l Maupas8an~, P. 371.
l
1 1 J
r""'-------...----------..-----I!!'.IIl't1_""!'-_
\
~--.~.-
50.
.,.ft
emparé de son &me et boit sa vie peu l peu.
(10) Dans les deux p~emiers contes déjà mentionnés, les eaux
,
1
.
j, le départ sur l'eau: "L'eau qui s'écoule est amère invitation
j f
Il \,
.... _ _-_ ----------_. •...
.... .. _ ,~-----
r, ...,110....... ' 1It,-~,f' ..- "~'''''''''h'! 1't+-~M'. '""7~\Zi; S2Q:aS;p-lC i dt SWL 3 et la';! )JaIL)iQ ..~ ~,~.... ln:tId""",1' $p '''''''
51. \
(
Lieau qui coule est la figure de l'irrévqcable." (11)
'V
"~ un désir s.uicidaire inavoué:
1
la hantise de la vésanie •••
,f
11) Les structures anthropoloqigues de l'im!ginaire, P. 104.
( ':. '.'
1
!,
renalt aussitÔt dans son Ame et il cd~ence son long cheminement
( j 1
14) ~A vendre" , p. 21$-219.
/ 1
r .',
-
~>I'I'/l~"L.~f.i1.~~)f'.~~À~.~t.o!rè,,,*~OI,I""""'V-"~1F ~. r".... «>...,,_ ....~,~-........w,.;...,.~ ..... ,
53.
(
vers l'être cher, source de vie et de,.,félicité. Or, dans sa
/
Dès qu'il perturbe le repos de la mer, l'homme risque de
lisse de "1 'eau toute blanche" et projette dans le ciel "un gros
~I,
surnaturel.
J
-------~~--~--- -,-- -
54.
(
, mort par dissolution, selon le terme de Bachelardr 'cause
terribles souvenirs ohez ces hommes qui ont déjà frOlé la mort.
.
connu, le surnaturel •
k
(
" -~~- _ _ _ _ _ _'''-'''l_"- - - - - - -_ _ _-.b:.,.o\'i
1 1
--------~~-~----~---- ,-
r :-'"'''''~--,_.~...._ . . ,-''' ""OU' ""'" --"' •• ~ .. -- ,,,,",, --_.-.~-- --"', .~
-1
1
1
55.
(
/
penc~nt
,
excessif pour lui-m~me l'emp~chait d'aimer une femme,
• + ~
fier ces deux essences engendre alors une profonde angoisse, voire
mort. Dans IILettrt!lll d'un fou" et -Le Horla", deux passages simi-
1 ~ires ,
déèrivent l'hallucination ou la vision fantastique
.,/"" t
~'un
1 ~
personnage aux/prises avèc un @tre invisible qui le harcelle et
f
" s' interpose en'tre lJi et la glace, proVOCN.ant l'absence du reflet.
i j.
...
o 56.
. "
(
__1 ' \
lentement, me rendant plus précis de seQDDde en seconde." ~ (16)
"
r ,
Le miroir dont la substance se liquéfie deviênt la porte ouverte
, /
cauch~mardesque.
•
16~
/
-Lettres ~'un fou", p. 239. (Dans "Le HQrla", p. 306, on
retrouve presque 1:a mAme phrase mot pour mot, sauf que
1 l'aJteur '='emplace ",me rendant plus précis" par "rendant
plus prêcise mon imâge".
\
..
a
57.
c 1
~ 1
b
1
~
Comme un ruisseau qui s'écoule éternell~nt, la chevelure
~
en assumant les réalités de l'existenc~ Cette angoisse méraphy-
exemple: "les yeux bleus des fenmes ( ••• ) profonds conne ~, mer"
(
(19): ..d'âutres sont plus complexes, par exemple celle qu'on re-
T' ''\
, (, <0
trouve dans "Madame Hermet". Le narrateur conçoit ~a folie qomme
..
" 1. (_\ 1
un bienfait de la nature qui permet ~'échapper à la décevante
18) "La
.!
, 1
1
58.
(
idée à l'aide d'une comparaison suivie: "J'aime à "me pencher
• f
sur leur espr1t, cOmme on se pencbe sur un gouffre o~ bouillonne
0q ne sait d'oÙ et va
, . '.
on ne sai' oÙ. I • (20) L'image du gouffre suggêre la descente dans
~
1
ver cé mon dei inusi té. En effet, il ne sert à rién de s'interr~ger
sur les idées des fous car elles ne procêdent pas de la lo~que,
t 1 ~
vêre généralement une source de vie, lun élément q~i rassure l'être
t
( 20) "Madame Hermet", P. 309-310. (c'est nous qui soulignons.)
\
J 59.
•
t( ,!
~.
,..~~ ..
~ ~~
,
.,.Y
)
- ....
_
" ...
ristique, elle cause parfois de sombres pensées, d'autant plus
l,
comme de l'encre~-se dessine une menace A peine voilée: la
~la
'1
l'
peur de l'inconnu, de la mort pu' fOliet Ce climat est
t
propice à la création d'un ~~ntastique'des plus trbublants
,$
wBalottés sans cesse sur l'oç6an des incertitudes-, les
60.
(
('
\
" , mais sans jamais goQter les délices d'une relation amoureuse
".
1
pourra't les déterminer ainsi: les amours pqres, sensuelles
1
\
62. ,,
\
,
,
\
( ,
\
Louise et Ulrich expriment leurs sentiments récipro-
\
ques à travers ce langage non verbal qui contribue A en-
possibilité de sa réalfBation.
1
l
(')
"L'auberge", p. 259.
,.
r --------- ." - - -~
,
- \
··~""'~~~-"';.:"7l~ilt'fj~~~..~ ......... ~ ... j,.." ~r~_- ....
.... __ I~ \:
63.
((
tuel. "La mêre \ aux monstres" ..t l' histoire- d'une paysanne
\ \
normande qui, 'aprês avoir succombé a la tentation "comme \el-
Ion le~
a sa quise la forme de ces êtres hideux se-
-..J
pressions qu'elle exerce sur son ventre •
Î
1
•
"La mère aux monstres" conte. fantastique au
n,'·es~ pas ~
"
...J ,ens de Todorov, puisque le. phénomêne est donnê comme r~e11
lecteur qu'il
.,JI
produit une impression aussi forte que ai nous
/
ture: "C"tait une ~rande pers~nn~ aux traits durs, mais bien
,, faite, vigoureuse et saine, le vrai 'tyPe de' la paysanne1robus-
r
1
de sa per Bonne.
1
# En examinant at~entivement le texte, on rêalise que le
p~ojette.
des paysans,' accentue
l' /
\
, ~
/'
~
1
1
i
... 66.
formule clairement
l',
ses griefs a cet '
égard dans le conte !n-
r' Ain? il se platt l décrire les tortures que subit l' homme
\ .
victime d'une passion sensuelle qu'il ne peut assouvir par la
1
posaessioh.
li>
67.
-_._--
ment dès qu'il aperçoit entre les épaules de la dame une
me pileux. \
'Î
.. >
/
"
68.
((
vide", ·'trange et l'OOrt", "lo\fZd et vaque· ()2) • Ces A--
"
Q
!
'/
par ses charmes.
(
La cbevelu~e' et le systhle' pileux de l'étrange inconnue
,j
'1
, 1
---------~~--~- --~-~-- ,-" - ~-'\~~' -'-.-,,-~--~ .. -- ~ ,.
~~iI""'_""""iI\IIII!1:~ 'LllS •. liiJlII "lM_ IIU•• li! aUA .M: J ......... i ,•••• r • p .,
-~--r-~--'--
• 1
69.
'/
r(
contribuent l attiser le d6sir et l déCUPj.er l'atttait
front, et des sourcils liant lei deux yeux sous leur grand
arc allant d'une tempe a 1-' autre" (34),' soulignent l' inten-
,,
- 1
1".1 '\.,.
1
\1
34) "Lt inconnue", 0 p,~ 226.
\
,---,
~ 1
"~
~. .'j ~.
/
70.
. Une Asiatique, peut-etre? Sans doute une juive d' 6r~ent? Oui,"
~ ">.
uhe juive~ J'ai dans l'id6e'que c'est une juive. Mais pour-
t ~
quoi? Voill~ Pourquoi? Je ne sai~ pas~" (35) Cf! conte ma-
, "
-<> ~
nifeste aussi une constante ~n ce qui concërne l'fnac~~ssibili-
t6 de l'être qui
.
a~rai t pu concr6tiser l'
l
iq,~al.,..,tiIl\i.J\J,
----....-/, "J
que ré-
"
: Le hth'os de/ "La chevelure" est pr'sent6 comme un fou; at.....
, \>~
,
.,
f'
r;
,
~,
.
, . ____ "n,
__i _ _ _""'-''''''''''''_lh.t_A!IIII'\I •••tUtl'iIII!
",,~.
1! •
71.
,1
, ',1
sentimelJt amou ux, fait l'acquisition a'un meuble ,italien du
" ! ....
" .xvIIe siêcle qu' il cont~mple avec une tendresse d'amant: "pen-
,t >1 1
• • la
dant 'l'iùit jours', j ' adorai c~ meuble. Jjouvrai~ chaque instant
/
ses f9~tes, ses tiroirs: je le maniais avec 'ravissement, ~-
" :' '-la$t toute. le~ iiOies intimfs de lp po~g~~ion.N ( 36) Un soir,
" \ ..
,1 •
(37) A f-orce, de caresser ce flot-,
/
'. rJ
"
'de cheveux morts; il parvient a faire revivre sa propriétaire.
l
" v
-Une nuit; elle lui appara!t et il connatt la joie sublime de
,,~ , 1
, 0
1
n'
"
" . la possession. A~prês de cette adorable aorte, il al' impr9s""" i
, -
( , ..' 1
,,'
" 1
-
~'
36) '''La cltevelure-,< p. 199. (C'est noull qui souliqnons ... )
1
(
..
" .
~
-,1
r. \
'",
, -~
\ .
\
\ ...-- 72 • 1
1 \1-
1
, '
?
(
sion de npOssêder l'Insaisissable, l'Invisible". Cependapt
,
des êtres jaloux de son bonheur le jettent dans une prison
~ •
j'
Déçu de ne pouvoir concrétiser,8on rIve d'amour, Maupas-
1
sant et certains de sea ~r80nnaq:;ftrouVent une compensation
rassurante dans la caresse, de chêveux
t
f6minins ou de leur "sub-
\
( Il l! •. _ "".P i . __ . ASl. .51 . , .
r; " JI }.!.}..~~-~----~--
L ..... Y"~~-~II'".... ~~ .......~~ '~"""nf.....,4~1" LUlb'llt_' 0 "• •4['$ «*db2. Id $"'_;_,_ _ .. __ ...
.t!.~"",'U""'!'_ltI","l4
...... ~-~----- ..... ~-
'"
73.
p ~
1
,
•
.
se un s,ntiment éprouvé depuis l'enfance: NJe me souviens
, t.-
,J .qu' étant. enfant, j'aimais déjl les chats avec de brusques dé-
-sirs de les -étrangler dans mes ~Petités main)'
l"~
1.. (3'8) f Ce dl-
pessimisme foncier.
. ,,
' . A '. , /
'l' ..
o 38) ·Sur-l~s chats", P. 242.
.. " 1
_.--"
._. ~--- .
74.
0'
~
....
\.
.q: ',C> •
,
1
1
~
,. \ (j •
1
. .. « tt . . . .JIt# ~ __...... __ ....
) 75.
('J
morte". Un honune déplore le dêcès/ de sa bien-aimé'e. Il d~-
.",
cide de passe~ la nuit sur sa~tombe. Soudain, il entend un
,
Somme toute, Méiupassant est persuadê que les ~tres humains
~s bras, ellJ! ne' fut plus que l'@tre dont la nature s',était
. i
~;
servie pour tromper toutes- mes espérances. •
n ,-
(41) Aussi: fait-
)
~, '
111
; J
1
1
i
.40) "La morte", P. 322.
1
Ci 41) ~
-On ca. de divorce", P. 252.
"
,
't f
76.
d'une imaq inat ion. débridée, n'offrent pas toujours une image ré-
J '
43) -A ven4re", p; 21s.
r
.,
77.
j
" r
amères qui accompagnent d~sormais la démystifiante lucidité
\
. ) . ~~verie
\ natt de \ la méditation d' une "pensée qui vaqabonde"~.
"
(4:4),
,
le r~ve surgi pendant le sommeil
. échappe totalement'
passant t~nte
•
d'élucider la question dans nR~ves".
.!
grémente des existences trop paisibles. L'un des convives avoue
qu'il déairerait surtout "dormir sans r~ves", ear ceux-ci ne sont
1.
1 pas toujours plaisants: ~ussi pense-t-il qu'il faudrait, Ldéa-
, "
;
\ lement, "r@ver éveillé". Un médecin soutient qu'il faut un
1 .' /' ~
qrand travail dé la volonté pour réaliser cela
.
et que "cette ~
1
prome~~de ~i notre pensée l travers des visions charmantes" (45)
1) ,
dO~t venir naturelle~nt, sanl être provoquêe. ,En revanche, il
~ .
Toutefois, aprês avoir d'cri~ une exp6rience qu'il a lui-Jlême
"
.'
v'eue" il refuse de prescrire A sea compagnons eet élixir de
tk. """r~~
f
~ _. ________ ,_. __ . __ '
,,
,
.
i
:
\
\
, (
-~d' autres~"
,
Il
i
_.
la perception sensorielle poussée l l'extrême limite des possi-
l
bil~tés humaines.
" .. "
~
\, Pendant la durée de l'effet, l'éthéromane se crpit doué d'une
"
extraor4inaire puissance: "Ma t~te était devenue le champ de
~
lutte de~ idées. J'étais un @t~e supérieur. armé d'une intel-
~iqence ;llwincij?le lt • (47) La drogue remédie alors a l'impuis-
W ~
sance de noa "sens qrossiers", d6ficien~e~ déplore les héros
d'au moins trois contes: ilLettres d'un fou". "Le BorIa" et
l
\
- .(
/
.79 •
, r •
On se souvient que l'auteur chercha non seulement l
nbtoni~\~e l'exist~nce. !
\
\
Il'
En défirtitive, ce conte n"appartient au genre fantastique
['
que par 'la perception sensorielle accruè de l'expérimenta~eur
me trouvais sous l" empire d' une logique nouvelle, étJ;"ange" ir-
, /
( 80.
iJ
Présentée comme un cauchemar, wLa nuit W donne lieu l une
.
du narrateur pour la nuit est l'élément moteur qui déclenche la
'\
vision cauchemardesque. Èn effet, si on le cultive l outrance,
1
tation'de panique
o
soudaip~.
• 1'"
"
rose APrèi diner, il a~ ~a~tlle'~ '~~s les rues ~ tariS. Ce
" retrouve au bord' des quai~ d, la Seine qui semble 1;-attirer vers
..J
...
o
'
..
81.
('
conte un. cauch~mar, une sorte d'hallucination ou un ph~no-
\0
mène v~ritablement surnaturel. "La nuit" montre dans foute 1\
l -
1
\
son horreur le ~.rroi d'un homme auX prises avec les ~is-
J
1/
:
.
1,1
'."\
l'
r~ __"'( ...~ _....-..._ - _....._-~---....._ _.....J--.;...:.-.;..~ :"_,'ll .....
1~'
82.
r
- i
(49)- • •
si le coeur vous en dit?"
..
:/ ~
,, '
(
'1, :' r ,(
./
t,
,1..
( ~
~
0
( J
Toll
l
-f
1
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l' 1
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, ,,-
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,,-
\
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~,
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"" :# .
®...
t
•
...."..., ~' .
'
rI'
49)
, p. 106.
-f
/
./ ,,-
' -
\ .-
'~I,. . .
:!t
l"
l'
,.
Cl
~ .,
-. ", .• ~ .~,~' ...O~'I',:".:,., .... q ..... t·~ .. t~~~ ....~~.l ...', ~ ~ . ! ~ ~
\
1\
(( l CHAPITRE II
"
<,),. 'l.t..
Si Maupassant n 1 exploite pas tellement du rêve,
~
plus ,ouvent terrifiant. Qu'ils prêsentent un ton ironique ou
.. - 1
,,' /
-
pi:; Au moyen de deux rêclta portant le Dl~ titre, "La ~ur"
l, \,..."
-1
.:
J
'J
tr,
il<
('J
'i-,f
. 1)
2)
·La peur"(1882), P. 110 ..
...
,-'
'i
1 ,
~",Ul·,~"l""". 1'~M/i'I\!IlI""".!IJW_._ .11.Ut•••tI.t.llk _II 1 L1111'••• -
_ ......._~- __
~
~---..._., ...... ___ ......
,
, J
: 6 84.
((
!
(parus en 1882 et 1884),
, Mau~ssant tente d'âlucider le ph6-
"
nom~ne l l'é~r~ il appuie son argumentation sur d~~ ex-
emples puisés dans
,
des croyances populaires
. ou des expérien-
.'
Ainsi l'auteur nJ s'efforce pius de vaincre l'angoiss~ éprou-
monde inconnu. w
-#JI
l ,'_
r s 1 "La peur ft , da,t.~e de l882~ le nar~ateur. raconte deux
,
•
, 3) -La'" peur" (,1884), p. 202.
1
,
f
..
r. ............... _-_.- -. ~-- , ,
f
o.
t , 85.
(
"~
aventures qui montrent comment-un individu l l'esprit rat1on- ,'.
le nord-ouest, de la France.
,-"')
~ar une soirée 'd'hiver sombre
, et
lr , !
"glaciale, le héros se 'l rend chez un garde forestier, qui le re-
. l ,
"'çoit a;-mé d'un fus'!,l. " Le vieil homme, ~edoute la venue du spec-
,
1
tre d'un br~connier, qu'il a tu'. D'abord, le narrateur sourft
l'
;
r • devant cette "terre~r superstitieuse": ~ia peu a peu, certains
.( ~l
1t t'
aibl,e"," un être "glissant contre l~ mur") II impre'ssionned"t vi-
~
l,
, vement, si bien qufil frissonne de peur.
7
!
,(
, A l'aide de les anecdotes/ Maupassant démontre que, dans une
! 1f
,l'
1 1 /'
/
l'
\
)
1j ;'
"
-
i'
atmo8ph~rè de superstitions l
.
~aquelle
,""
s'ajoutent de trou-
. ,
!
t
,
intére.san~
\' .
dU spectre et il .st "comme hanté d'une vision"
.,
4) "La peur~ (1882), p. 112.
6)
~
On r~marque l·ex~e
.
•• ion modalisante qui,*ug9êre l'exis-
,\
f
tence de l' ftre fantastique au lieu de l' aff irtner ouver-
--'--. C-' tement. (C' est noua qui soulignons.) (,
,
..
f
• t t
..if.... ___.} •
.
... , q;;:.,.".Utl.,J..... ij IJ ~--.._
!'
87.
r
(
"
qu'~ trav~rs les r~actions de la b~te. Cpmme l'animal di.~
quoi
fJ"
ne d~tecterait-il PllS ~galemènt les myst~rieux fluides
, 'î
fait d'employer 1e mot "bouche" a~in de désigner la gueule sûf-
près de la porte.
.
~d'~tres
.'
. ,
1
.,..
'~
1, r
.z~ • ..l:t>"' ...... .
~ "1l.,1l')I~~ _~ ..,"h.: '~"\\...1+
,
-~~
.••i,,;1JWti~$]i""t"
-,- - ~
...............___... ~.:w;
..
... f. _. .
.
88. '"
fabuleux" ou de phênomênes
, .
surnattire~s. Or; si l'évolution
. . .'
de la science menace d'abolir leè croyan~es magiqu~, cbmment
tionl originales".
lement 'quelque chose d' un peu vague et d'un peu troublant." cg)
J
Désormais, l'auteur se livre plus que jamais a de véritables exer-
1 , 1 c·
t' 1,ficel littéraires et Si exerce a ~éécri.t;e certains contes. Ainsi
-
"
1 ~
r,
"La main 'd'écorché" devient "La main": "te Horla"
, fait suite à
,
"Lettres dl un fou· et comporte deux versions. J)ês lors, le thème
, 1
t
1 1
89.
(
" '
de la peur joue un rOle capita.l daris l'élaboration de son
tant .. Il
(10) '\'
.'
La seconde versiob" de "La peur" offre deux anecdotes dU type
, .
étrange (au s:ns, ~e 'l'odorov) qui émeuvent le lecteur ,sfrtout 11
,,
"
10) Le Conte fantastique en France de ,Nodier à Maupassftnt, p .. 3130. "II;
( .
11) "La peùr" (1884), p. 205.
,
'12) Ibid. (1884), p.o 2D7.o
,
\ '
i
i .\
.' .
90.
ils le con.'? idêrint comme un~ sorte de puissance démoniaqUe, "l' Es-
~Ift ,
't ~,
',.
; ~" Ar
prit qui tue" (13), dont il leur faut conjurer les effets nê-
mort postlhle obs~de ces gens qui se divértissent pour anesthé- ,~'
tt~'
. )
( ~3r "La peur" (l884), p. 208.
.... t'y
r
.~
<
1
• J
91.
(
sier leurs craintes. Aus'si, le Chol~ra (14) èst-il person-
t 1
Le premier groupe de motifs comprend l'animal fantastique,
\
\
(
l
~
~--~--~--...,_
, -
...~,...,,,.-"'*"_.:iI'*.. = 2 _' = JNrt:P!. .
-.
92.
(
~
'que la science explique~a un jour ces faits étrange. ' (15), com-
~ \ ~
me il est parvenu 'A fair~ la part ~ mystère et de la·vérité au
, \
sujet d'un loup diabolique.
/'
u \
\
. "
" .
93.
,r , '
1
, 1
,( , 1
1
1 1
bé' d'une population én proie l une paniqUe collective (comme
.
dans "Le loup") ou d'un sûnple concours de circonstances (corn-
1
l'
,1
,-
16) Gilbert Durand, Les structures antN;opologigues 4e
l'ima2inaire, p. 91.
1
1 .l" " '
. ,
r
.j ,
\ 1
, 1
\
.
". de 'raisonner': r "C.ette bt!te-ll n'est point ordinaire,. ~ On di-
,..
, rait q.u· elle 'pense comme un hormte." (20) Une terrible mal~
~
,diction semble peser sur les héros intrépides qui s· éiancenlt
plaie". (22)
lI>
Malgré leur bravoure habituelle de chasseurs émérites, Jean
'Songent & "faire, b~nir une balle" (24) etlà faire appel aux
t
20) "Le loup", p. 119.
f
l
, 21) Ibid. , p. 120. , 4'
i ~
U
..
. 9~ •
•
( .
avant de chasser l'animal meurtrier. Toutes ces pratiques
la ~te aux yeux dee gens terrorisés, l'auteur utilise des ex-
.1
~
-•
----.:....- __ ..-- _.- _-_..
- ..............---;:-'.... "'' ' '
96.
(
hantées par l' ima~e de la bête." (27) Par ailleurs, il use
habilement de
. i
tournures dramatiques pour envelopper d'un nua-
1
, '
ge d'étranget~ les apparitions du loup:' "Et brusquement, dans
1
orale: il ti~t le lecteu~ e~ haleine et se plalt'à retarder'
"
,,,'v ~.,I~"'~~~~,,,"1~""z~"''''J''''''',~~,
~
--.. ~ ~f '~~~
." ~'-.~""""'~H:'~"""""""'---""':"_"_'
',-_.. ~ ~
.--~-Y'
., .. ,--
1
1
"
97.
, ,
dans,la
, "
nuit, au milieu de ma chambre a la hauteur d'une tête
de disparattre â ',sOO
'.
9r~? L' hôte lui révèle l'existence de
.
notnbr.euses chatières "qui font du chat le roi et mattre de cêans".
J
98.
,{
Dans les deux premiers récits, une ,méprise enqendre la peur-"'"'"'_
p
du surnaturel, alors que les 'protagonistes croient apercevoir
ture d'un ~re éploré qui, après avoir enterré sa fille, voit
• .1
".
Si elle atteint l'ultime degré de la résistance humaine, une
/
99.
~I
( 1
~
, . l
une .;atmosl;>hè're bizarr,e en raison du caractère singulier, bien ,.
f
qu~ ~clatant jJt. réalisJ.!le, de,s personnage::,. c"· est c~mme si ces
/'-
Comme dans "Le tic", le h~ros de "L'auberge" se croit en pr~-
Le' jeune guide est persuad~ que le fant~mê continûera ,de hanter
~ D ' ~
.
;l
l,'auberg" "~ant que le corps du vieux guide,
(31)
psychiques de 'la peur 's~ l'êtr~ huma~. Construit avec une 10-
'\.
:{ la civilisation et isol~ au coeur de la, montagne hostile en p1eih
,.,'
,
hiver.
1 ..,
C- " 11) "L'auberge", p. 266.
"
.1
,,'
U ), '
100.
( \ 1
1
32) -L'apparition", p. 163-164.
rtllll:
Il
_.q..... s:.SIIIS_U"".2'84"4~,""'-I!J!II,IIb$II!4!111J.",,'IJIOlli4#i_Il!I.....,.,_.lIa_a_i2"EtJli&~I\iijiij,;_;;i;IiW..,-
'."IIIIIISIIIS••• li ...;.~.....,-I~,;.....
___ , ............,..."........_ . __
A~
_
'. 101.
entier devient mou comme un~ éponge, on dirait que tout 1' inté-
amoureux, et Hoffmann
,. dans "La Nuit de la sa~nt-Sy1vestre", pour
n'en citer que deux, avaient déjà e~ploit~ ce motif dans une in-
'~
/'
t \ 1 /
1t
33) "L'apparition", .p. 164.
J~' ~
! :.
f
~
li
r
•
102.
'1
ce point.
, ,
,
34). Pierre-Georges Castex, Le Conte fantasti~e en France
( de Nodier l Maupas8an~, p. 376.
u \
1
103. 'li
,.,.
te ur parait d'abord corroborer la version du prêtre.. qui exor-
tations du magnétisme.
104.
<
( ,
bIe:' la POss~ssion. Aussi, "ce qui a été c~é~"7 per/,ua-
sion ou suggestion peut disparattre par la ~~stion~ (36),
~~ " ~
Cl est précisément ce qui accomplit ~exorcisme.
,
La !'contemp1a-
:
' r
1
105.
t '
1
'railleriès de leurs semblables ou pour se fuir eux-m~mes, a~
, p
le rapproche des charlatans ou des 0ccultistes, sans accorde~
~ '" .~ . f,
If
la moindre crédibi~it~ à ses découverteSt ~l cite, deux exe~
."
1
r
.
,
Jacques Parent, le héro's de "Un fou?", est véritablement , .
effrayê, voire m~me traumatis~ par son pouvoir magn'tique sur I
.jeune obsédé aux "yeux d' halluciné" '(42) ne /,setait-il pas vic ...
so~es deux dans mon pauvre corps~ et c'est lui, l'autre 'qui est
/
39) On note l'interrogation qùi laisse planer le doute et
permet de supposer l'existence de ce formidable, pouvoir.
41)
. . "Un fou 1", p. 209 •
\
,
....__________________
,
__
~
~
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.
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r
~
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-,_ ~ _____. . ~ ,~._""'_4A' .... llIi ••q,• •;. t ••
""
l07~
, i
\
(
, le moins inusités ~i effarent le narratéur tendraient A prou-
•
v,er l'existence
, ,
d'un univers inconnu, que certains hommes d'une
J
tat-ion du thème, de la possession et de l'un des premiers cbntes
"
44) La main 'de gloire était une "main de pendu desaéchée suivant
un proc~dé compl~xe, dans laquelle on metta{t une bougie fai-
te de graisse humainé. (Elle était utilisée Pour découv'rir
les tr~sors et permettait aux voleurs de ne pas être décou-
. ( verts.) " (Grand Larousse Encyclopédique, tome 6, p~983.)
't
J CJ
pJtI'lift>,-.
.. '
> . . ." , . , . .
-,6 l '
;;;;;;;;;;;:;;;;;;;;;;;;;;;;:;:==.:. &1 iIJI ; d'iii N 4,
}
108.
, ,
( "cette main ~tait affreuse, noire, sèche, très longue et co~
\.
•
rit du fétiche qu'il suspend à son cordon de
L'~tud~ant
---S'
sonnette: pourtant,. la têrreur se l~t sur le visage de l' incr~-
t
li
tian de la puissance sauvagement meurtrière de la main d'écorché,
1
109.
1
1 -~A
1
( ment de son terrible pouvoir, rendent plausible l'événement
s' a;ttarde plu~ôt à décrire méticuleusement les effets de' son ex-
et des traces de sang ancien, de sang pare il à une crasse, sur ..'
1.
les os coupés nets, comme d'un coUP de hache, vers i~ milieu de
cet homme eUt vécu dans la crainte constante d'une attaque". (49)
i
1
!
!,
47) "La main", p. 180. (C'est nous qui sou'lignons.)
L 7 '=rnrs1'l'M"'t ft
~ fff' ~ -- • ,,",v •
Ill.
( 1
et les tenta~ives d'explications s6us la forme interroga ti ve ~,
,~ ,
\
1 (tlEst-ce un fOu, ou un mauvais plaisant.l" (50) ) , il n'en
plus sophis~iquées.
)
Comme le motif de la main, celui de~ objets qui se meuvent
J
t A un ~vénement inexplicable sans douter de ce qu'il voit~ ~'in-
t
1 ,.
"
----.,...
_ ....._0011....' ........
, 4':'
,.1 {,
113.
,
magnétisme,4a main sépar:ée du corp J,'.
Ii!) les obJets animés par una
f . (
l , . P-
1
..
114. '
f
(
lb
que ce qui nous demeure \loilé~ ( ••• ) A10~S j'ai co~priS l'é-
1
~ouvante.
.
Il m'a semblé que je touchais sans cesse \ la ,décou-
l'
t
~lS.
J
1 A l' ~poque o"ù il ~cr~vait "Lui?", Maupassant avait déjà
JA
qu'il aperçoit
,
fréquemment
"
son ~ouble, assis dans son propre
J
fauteuil. Néanmoins, il ne faut pas conclure trop hâtivement
l'homme dans une glace, son ombre et la vision d'un aut~e "lui-
,,~ .
même- constituent des~rmes du double qui s'ap~ren:ent au nar-
~
cissiame. Pour celui qui s'interroge sur sa prop~e nature et les
l
r
1
116.
(
mystêres de son intériorité, ces éléments sont des instruments
Il,.
(
~
suivi par la redoutable crainte "dé ~le revoir,' lui" (55), car
l'existence du double,
}
done"la pose est d6crite avec une telle
/
~r~cision qu'il parait dou~ d'une vie r~ell~: i l 'I?,e chau'ffe' les
) n'en est pa s vra imen t conva incu. En effet, Maupassant fait sui-
vre le titre ,du conte d'un pqint d'interrogation, comme s'il re-
,.,
mettait en\qu~~tion l'existence de l'être désormais invisible.
"
1
r
55)
.
"Lui 111 , p. 175 /
' ..
r
118.
.
derrière, il ne peutrs'agir uniquement d'un trouble de la vue ••• •
l
lubIe.
)
une profonde angoisse et une situa-
(,.
une (ou des) créature(s} imperceptible(s) à l'homme dont les sens '1
•
ne sont pas assez aiguisés. Dans le premier conte, le héros est
1
persuadé d' avoir ~erçu un êtr,e invisible, mais ,il doute de son
119.
(
se rêfugié dans un asile d' ,aliénés pour échapper au jju9 d'un
r) \.
Dès qu'ils posent le problèm, de l' ex±tftence d' un. ê~re -in-
, .
si le héros de "Lui?" était bouleversé en voya~ouble, les
du miroir.
1
,,
1· 1
--------------.......... ~~
\ 1
- - - j
" . l
120.
(
ble" le p~nêtre, "noyant son âme dans une épouvante atroce et
-
"corps imperceptible" a véritablement "dévoré son reflet" (59)
[
581 ·Lettres dlun fou", p. 238. (C'est nous qui soulignons.)
Il 1
•
·1
.> 1
'Î >
,1
121.
(
ve, le somna~ulisme, la folie et le magn~tisme)
r ~
s'effondrent'
d' une bell~ rose qui se casse toute seule "corrane -,si une main in-
'"
visible ( ••• ) l'eût cueillie" (60), et enfin le livre dont les
, '~
/
1""
['
122.
( ,
,
bles sens, incomplets, infirmes". (61) Le protagoniste de
\
j
ture immatérielle utilise la douêe caresse des cheveux, une sen-
123 •.
"lêgende de
invisible:
, , et peut-~tre lèvera-t-elle le voile sur les ~tres
/
,,t bizarres et immatêriels qui l'habitent. De plus, le magnêtis-
,
,,
, me est l'arme dont se sert le Horla pour dominer l' homme: il
~
sa tentative,
,., le protagoniste de flQui sait?" abandonne toute idée
-
que l'exp'rience dêmontre l'indéniable pouvoir de la créature
1
. 124 •
(
qu~, et subit la ronde des objets qui s' imposen~. Àinsi.. "A la
i ( .>
le réel et l'imaginai~e.
i
9 li :p, j; ,
• 125.
(
fa~on d'accr~diter l'existenee de l'~tre invisible par le
,
biais des découvertes scientifiques et des recherches sur le
1
,i\ i
.. 1
1
,1
..... ~
•
•
,,'<-:
(.
> é '~
/,,~
\
~
"
l' to
., , .
;,
i \. ~I
l,
1 () 67) Louis Vax, "L'art et la littérature fantastig;ws, p. 114.
,
/
1
( CHAPITRE III
tbire de' héros jugés anormaux par la société. Les fous, ou plu- .
ont franchi °1' obstacle de la logique et,que pour eux, "tout arri- I
;~
..
;-
la folie, on touche,au dra'me fondamental de la vie de l'écrivain
J
~
Les singul~res
croyances, la peur, l'échec de la qu@te de
, t
l'amour absolu., la ~ision du double' et de l' ~·tre invisible sont
ils constituent en fait le fil d'Ariane 'qui nous permet de, dé-
,
1) . -Madame
. Hermet" t p. 309. •
1
1 - 1 !
U /
"
tr
." ,-
~~- - - - ---,.. . ~... .-... ......-.
)
./
r- 127
(
.. ~..r"'-
b1ème.~ 'L
l'incommunicabilité,
d~ l'apathie de la bourgeoisie
1
r~ac-
. ~
,
1
., ( )
2) ~ "Madame Hemet", p. 30".' ~
r- i
t
i
(,
d •
..
128.
joint une opinion que Maupassant nous livre dans "Madame Hermet"
. ..
par le truche~ent du narrateur: "Eux seuls, (Cl est-'à-dire les
fous) pe~ve~ être heureux sur ).a terre, carl~ur eux, la Réali-
1·-
1
Monsieur, je ne suis pas fou, mais j'ai l'air fou des hommes
0,
2) "Madame Hermet", p.,309~
1 1-
- {
t .~.~~~~~~~~_::.:'":~:~_.~,~~.._-~. ~~----~.,~,._._-
4
129 .. /
~
( •
compagnon, mort accidentellement sans ,les'secours 4e la re-
t
Comme le h"OS d"~n cas de diV~rC~", Maupassant n'a ?amais
/
pu aimer une seule fe~e, car il refusait d'~tre Pris dans les
, ~:
t
,
/
( /~
son incurable misogynie. Par ~ill~urs, de même que le rnalatl~
• ,1
S'inspirant de ses propres hallucinations, oq plutôt de son
r~ 1
, .
\'
interrogé {sur les croyances et les superstitions populaires, la
~ peur ressentie devant lê surnaturel, les étranges faits 1 la
,(
f> ?, limite du possible et de l'impOssible, l'auteur met tout en
";
a,,~
,
oeuvre pour rendre palpable l'inconnu, lé vrai. "Lui ?"~ "Un
f
fou?" # -Lettres d'un fou", -Le Horla Il et "Qui sai t?" marquent
(
l'·évolution "de ses recherches, en m~me temps que la progression,
,.
r , '
132 •
..
ou l'anticipation de l'évolution de son mal. Ainsi, le fan-
tastique atteint son point culminant dans ces contes qui po-· " ~
,/
; ij. ;;
,.,~ ..)I~"'W~_~~,,.~,. .~,.............~ .. ~~_~,",..........._.
133.
( 1
jouter à la seco~delversion des sc~nes
l'extérieur de la chambre, comme la visite du mont Sint-Michel,
lise le Horla.
,
La seconde version du "Horla" est nettement ,supérieure à la .
. . . première. A l'argumentation trop apparente et à -l'e,sition
u
.: .... ~._-.:_;;:;:_--_.,,,--~-
" '-J > 1
'" 1 l~.
1
• leversante de 1,' au-delà • "\
J
«
t
\
t
135.
(
/ sé au hasard.
~-
-
attentivement le texte, on réalise que Maupassant n'a rien la1s-
\ •
l'irr~el devient tangible et le type de, folie dont eS~ictime
,,'
D'accord avec les idées d'Armand Lanoux dans Maupassant le
que ce conte n~ peut p~s être l'oeuvre d'un fou. Sans le lais-
1
(' ,
sur le plan de l'esthétique fantastique, mais surtout le point
1
"
i
, t
p a * ..
(
{
.--'
)
137. '.
\ ,
culminant dans sa hanti~e ge la folie •
•
i
Dans. ItQui sait?", le héros pén~tre de Plai~r:~ed
,
dans l'u-
/"1
,
soulager la misè;e hUmaine yar un doux anéantissement. Le nar-
< -
" ~
1
rateur voudrait que la (société accorde aux citoyens le droit de
il s'enlever
-- "
.".,
)
1
c~lle de Maupassant lui-même. L'échec de' la qu~te de l'amour,
l' inefficaeit~ à long terme de l' évasion pa~e r~~e ~.o~ ~e char-
1f me envofttant de l'eau consolatrice, l'incapacit de s'intégrer
J "
( 1
10) "L'endormeuse t', p. 337.
139. , .
(
)
,
consi~éré comme injuste, conduisent l'auteur et ses personnages
~ v
A souhaiter la f,in tout en la redouti&nt. Certes, le héros de
mante. Ainsl., on peut déduire de ces deux récits qu'il est inu-
1/
.
t1le de tenter de vaincre la mort en faisant revivfe momentané- \
)
ment le passé: une telle pratique n'offre que des plaistFs ~phé-
1 ,
(
vent vivre heureux sur terre car ils sont rongés par la peur
1
1
~
l ,
140. .
(
qu'Us. sont habith pa~ @tre i~Vi.ible ~,
r
"Lui?"1 "Lettres d'un fou .... "Le llorla ll et "Qui sait'?"). Or
" \
soit de l'Age de vingt-cinq ans, alors qu'il avait contract~ la
,
, . ,
ir
,~
"
"
• l'
!
as i2
. :1,·1
\li
", !
(
- \
" /
'Ci
.(
1
1 ,
r
1:
CONCLUSION
Î
1
/'
l,
:.1
: "- 1
, 1
1
) ~-
.,
141.
i( "If· . ,~
Si on examine l'ensemble des thè~es analys~s ici, on
constate qu'ils d~pendent tous les uns des autres et s' ins-
,
i
r,.,.'
sang" (1), on ne peut douter que ces contes fantastiques soient
..
, r une tra~8position de cette arainte de la folie qui hanta Mau-
II
i
passant tout au long de sa vie. Seulement, il n~ s'identifie
~
pas n~cessairement dans le présent a~~~~ros des contes trai-
~
seulement,
\
'\
,
\J
1) "Le loup", p. 120.
\
\
f _
L ..
'1
1
1
1
142.
(
dès qu'il va au-delà, des apparen~es, il réalise que la fem-,. .
l'
•
me il, n'admettent pas qu'un Dieu puisse
1
~tre infle:dble de- '"
r',
dent de la crédibilité à cis créatures mythiques et aux ter-
.
reurs superstitieuses (-par exemple: le protagoniste de "L'au-
.. ( :\
tre part, ceux qui cherchent trop à explorer l'bnivers in con-
nu se manifest~nt
~
par le magnétisme, la main et les objets ani-
, ~
Il
~r
,
{J
143.
bent dans un état dépres if. une incurable langueur dont l~ mort
1
tique que: constitue' la folie e,t la mort referme la boucle sur UI:}
'(
.
cercle vicieux, ou plutôt sur un piêge monstrueux. D~s lors, la
passant.
1
Si l t on tente de particulariser le fantastiqu·: de Maupas-
'",
,l
sant par rapport aux oeuvres de ses prédécess~urs (c'ëst-à-dire,
t
-1
1
1
;
11
m. • . 'on _t."i.
.~ .~
i
:
J
1
144 •
•
(
Cazotte, Hoffmann,. Nodier, Balzac, Gautier, Mérimée, Nerval,
il s'est servi pour créer des contes comme "La peur" (première
<,'
fa its •••
1
Dans "La peur" dat6e de 1884, il exprime sans l,r6serve_son ad-
1
lj
"p--------------------~-~~~~ -y~'--~-
~ w~_,... .~.."..""" '" "'~n..,..,..!.... ;,...._ ~ .. 1#_". . . . . . . . . . . . .___....._ .....i#é....""""_ _ _~~_ _.... __
,-I~l1'WI""~~r'i"j.if;1"!!l!4i'!11J!NIIl!II_.!WW_!ltli.~1t!PIIIlltlW!l.;II!IiLt*~a:""$mz__""'''''''ItI~q_n6
.. ~
,,.
145.
,
avons déjà révélé les princIpaux procédés utilisés (tels que l',ex-
1/
pression moda1isante, l'affirmation suivie d'une négation, ~es
1(
1
,
. ,
,...~.a:
t
___ 22.2a_s.allll,$.a_•••~ _ZlIi..25_:...."g.SS.Z!I!IJUlIllIISR,.aaa_ _ _J!._lIliiiiiiiiiiiil\iiî;;;;;;;;.;;;;.;;~;;;,;...;.;,;;..,;...;..._.~_•.J.j-----......_. _,' .
(
BIBIlIOGRAPHIE
Al Oeuvres de Maupassant
~ 1
/ {
w J 4'
•
147.
,(
HOffmann, Ernst Theodor ~madeus, Costes. Fantaisies à la ma-
~ e e C' , Paris, ~e Livre de Poche classi-
qué, 1964 (pour le texte) et 1969 (pour la préface) •
'"'
Jullian, Philippe, Jean Lorrain ou le Satiricon 1900, Paris,
Fayard, 1974. '
l,.'
'.