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ANALYSE DE LA STABILITE DES TUNNELS PAR LE CALCUL À LA RUPTURE

Conference Paper · March 2003

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Mohamed Khemissa
Université de M'sila
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Séminaire International de Géomatériaux
GEOMAT’02
Université Mohamed Boudiaf de M’sila - Algérie, les 10-11 Mars 2003

ANALYSE DE LA STABILITE DES TUNNELS


PAR LE CALCUL À LA RUPTURE
Mohamed KHEMISSA
Département de Génie Civil, Université Mohamed Boudiaf,
B.P. 166 Ichbilia, 28000 M’sila (Algérie)

Résumé : Cette communication traite de la stabilité d’un tunnel en forme de voûte


creusé dans un massif constitué de trois couches de sols, puis revêtu d’une couche
de béton non armé. L'analyse a été effectuée par le calcul à la rupture pour un
revêtement constitué d’un matériau obéissant aux critères de traction-compression et
de frottement sec. Les résultats obtenus ont été comparés à ceux des calculs en
plasticité avec un critère de type Mohr-Coulomb. Ces deux approches conduisent à
des résultats concordants.

Mots-clés : stabilité - tunnel - calcul à la rupture – plasticité – coefficient de sécurité.

1. Introduction

La stabilité des tunnels dépend notamment de la résistance du revêtement utilisé.


Les revêtements de tunnels sont souvent réalisés en béton non armé. Leur
vérification à partir des méthodes de calcul des milieux continus est délicate. L’étude
présentée dans cette communication a pour objet d’analyser par le calcul à la
rupture, à l’aide du logiciel VOÛTE-SETRA de calcul à la rupture des voûtes en
maçonnerie, la stabilité d’un tunnel en forme de voûte revêtu d’une couche de béton
non armé. Elle vise à confronter, pour un massif encaissant constitué de trois
couches de sols de caractéristiques différentes, les résultats du calcul à la rupture
aux résultats du calcul en plasticité avec un critère de type Mohr-Coulomb obtenus à
l’aide du code de calcul par éléments finis CESAR-LCPC.

2. Approche théorique du calcul à la rupture

Les fondements théoriques du calcul à la rupture sont expliqués dans la littérature


spécialisée (Delbecq, 1982 ; Salençon, 1983). Leur développement sort du cadre de
cette étude. Aussi, n’exposera-t-on ci-après que les principes de résolution
intéressant l’objet de cette communication.

2.1 Position du problème

Il s’agit d’étudier la stabilité d’une voûte de géométrie donnée, encastrée à ses


extrémités et constituée d’un matériau homogène isotrope obéissant au critère de
traction-compression défini par l’expression suivante :

35
Sup {σi (σi − σo )} ≤ 0 , (1)
i =1 à 3

où σi, i=1 à 3 désignent les contraintes principales du tenseur des contraintes en un


point quelconque de la voûte et σo la résistance à la compression simple du matériau
constitutif du revêtement ; la résistance à la traction de celui-ci étant nulle. La figure 1
représente ce critère dans le plan de Mohr.

La résistance du matériau constituant le revêtement n’étant pas nécessairement


constante, les joints (ou interfaces) sont caractérisés par un critère d’interface global
de Coulomb ou critère de frottement sec, défini par l’expression suivante :

{ }
Sup τ − σ tgϕ ; τ − σ (σo − σ ) ≤ 0 , (2)

où ϕ est l’angle de frottement sec du matériau ; sa cohésion étant en pratique très


faible, donc négligeable. La figure 2 représente ce critère dans le plan de Mohr.

τ τ

ϕ
0 0
σο σ σο σ

Figure 1. Critère de traction-compression. Figure 2. Critère de frottement sec.

Le calcul à la rupture permet de donner un encadrement du chargement provoquant


l’instabilité de la voûte. Si un chargement est à l’extérieur du domaine des
chargements potentiellement supportables, la voûte est instable. Par contre, s’il
appartient à ce domaine, la voûte est potentiellement stable.

2.2 Notion de stabilité potentielle

Si l’on découpe la voûte en un nombre fini de blocs délimités par des joints, chaque
bloc doit être en équilibre grâce à l’effet des contraintes normales et tangentielles qui
lui sont appliquées ; ces contraintes devant rester compatibles avec le critère de
traction-compression du matériau constitutif des blocs et avec le critère de frottement
sec au niveau des joints.

Si le chargement est potentiellement supportable, le point d’application des efforts


intérieurs (moment fléchissant M, effort normal N et effort tranchant T) induits en
toute section de la voûte se trouve à l’intérieur d’un domaine convexe, qui constitue
le domaine de stabilité potentielle. Ce domaine est défini :
• vis-à-vis du critère de traction-compression, à partir de M et N respectant
l’inéquation (figure 3) :

36
M ≤ N h (1 − N ) , (3)
σoS

où h désigne la demi-hauteur de la section considérée et S son aire ;


• vis-à-vis du critère de frottement sec, à partir de T et N respectant l’inéquation
(figure 4) :

T ≤ N tgϕ . (4)

M
M* =
σoSh T
M* =N*

ϕ
0 0
1/2 1 N -ϕ N
N* =
σoS

M* =-N*

Figure 3. Domaine de stabilité défini Figure 4. Domaine de stabilité défini


par le critère de traction-compression. par le critère de frottement sec.

Lorsqu’on néglige les effets de l’effort tranchant (de l’ordre de 2 à 3 %


approximativement), la stabilité potentielle de la voûte peut être analysée par rapport
au critère de traction-compression. La voûte est stable en traction lorsqu’il existe au
moins une ligne des centres de pression (constituée par l’ensemble des points
d’application des efforts intérieurs) interne à la voûte et partout compressive.
Toutefois, comme la résistance à la compression simple du matériau constitutif des
blocs a une valeur finie, la condition précédente n’est pas suffisante pour assurer la
stabilité de la voûte par rapport au critère de traction-compression. Aussi, faut-il
qu’une ligne des centres de pression optimale, correspondant au taux de
compression maximal, doive exister pour assurer la stabilité de la voûte vis-à-vis du
critère de compression.

2.3 Définition du coefficient de sécurité

On caractérise la stabilité potentielle de la voûte par un coefficient de sécurité défini


par l’expression :

F = Qext Q , (5)

où Qext désigne le chargement extrême pour lequel la voûte est à l’état limite
d’instabilité et Q le chargement réel. Si F>1, la voûte est potentiellement stable ; si
F<1, la voûte est certainement instable.

Compte tenu des incertitudes propres à la détermination des paramètres relevant de


la stabilité de l’ouvrage, un coefficient de sécurité F=3 est choisi comme critère de
stabilité potentielle. En dessous de cette valeur, le tunnel est instable.

37
3. Conditions retenues et mise en œuvre des calculs

3.1 Données des calculs

Le tunnel est assimilé à une voûte en béton non armé. Il est creusé dans un massif
constitué de trois couches de sols. Le tableau 1 donne les caractéristiques
géotechniques de ces trois couches.

Tableau 1. Caractéristiques géotechniques des couches de sols.


Couches de sols alluvions anciennes marne calcaire
Épaisseur h (m) 6,50 6,50 6,68
3
Poids volumique γ (kN/m ) 20 20 22
Module d’Young E (MPa) 50 50 1000
Coefficient de Poisson ν 0,3 0,3 0,3
Angle de frottement interne ϕ (°) 35 30 30
Cohésion c (kPa) 0 20 0

La voûte est constituée d’une arche


circulaire reposant sur deux piédroits
6,50 m

encastrés à leur base. Elle est Alluvions anciennes


caractérisée par une résistance à la
compression simple σo=35 MPa, un
poids volumique γ=25 kN/m3, un module
d’Young E=3.104 MPa et un coefficient
6,50 m

de Poisson ν=0,2. Marne

Compte tenu des symétries géométrique


et de chargement du cas considéré, les
calculs intéressent seulement une demi-
6,68 m

section du tunnel (figure 5). 6m


R=3 , Calcaire
O
Les actions considérées comprennent le 1,88 m
poids du revêtement, le poids du massif
encaissant et une surcharge uniforme en 3,60 m 0,90 m
surface q=200 kPa.

Figure 5. Coupe transversale analysée.

3.2 Calculs à la rupture à l’aide du logiciel VOÛTE-SETRA

Le tunnel est supposé encastré à sa base. Il est découpé en blocs délimités par des
joints interceptant l’intrados et l’extrados (figure 6). La zone d’application des charges
est délimitée par un plan issu du piédroit du tunnel et orienté d’un angle α=π/4+ϕ/2
par rapport à l’horizontale (figure 7).

38
Extrados Zone d'influence

Intrados

6,68 m
α =π/4+ϕ/2

Figure 6. Discrétisation du tunnel. Figure 7. Zone d'application des charges.

3.3 Calculs en plasticité à l’aide du code CESAR-LCPC

Le maillage est préparé à l’aide du pré-processeur MAX-2D du code CESAR-LCPC.


Il est divisé en quatre groupes, représentant le revêtement du tunnel et les trois
couches de sols. Ces quatre groupes sont constitués chacun d’éléments
triangulaires à six nœuds (figure 8).

Figure 8. Maillage du tunnel et du massif encaissant.

39
Les conditions aux limites imposées sont définies par des déplacements horizontal
sur les bords latéraux et vertical sur la base inférieure du maillage nuls.

L’état initial est caractérisé par des contraintes de type géostatique. Les contraintes
servant à générer les forces de déconfinement sont calculées par la méthode
convergence-confinement (Panet, 1995), pour un taux de déconfinement λd compris
entre 0 et 1 et appliqué par incréments de 10 % (chaque valeur de λd correspond à
une valeur donnée de l’instant de pose du revêtement).

Les lois de comportement adoptées sont les suivantes :


• élasticité linéaire, pour le revêtement et la couche de calcaire ;
• élastoplasticité avec critère de type Mohr-Coulomb, pour les couches de marne et
d’alluvions.

4. Résultats des calculs et discussion

Le calcul à la rupture, effectué à l’aide du logiciel VOÛTE-SETRA, donne


directement le coefficient de sécurité F et le dessin des lignes des centres de
pression pour les critères de traction (figures 9a à 9d) et de compression (figures 9e
à 9g) définis plus haut, ainsi que le dessin de la ligne des centres de pression
optimale (critères de traction et de compression combinés) (figure 9h).

Le calcul en plasticité effectué à l’aide du code CESAR-LCPC ne donne pas


directement le coefficient de sécurité F. La valeur de celui-ci a été déterminée à partir
de l’expression F=σo/σmax, où σmax désigne la contrainte maximale sollicitant le
tunnel. La figure 10 présente l’évolution de σmax et de F en fonction du taux de
déconfinement λd.

4 100 97,65
Pour λd=1, F=∞
3
σmax (MPa)

75
2 50 48,82
F

1 32,55
25 24,41
19,53
0 13,95 16,27
9,76 10,85 12,21
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
a Taux de déconfinement λd b Taux de déconfinement λd

Figure 10. Évolution de la contrainte maximale σmax dans le tunnel (a) et du


coefficient de sécurité F (b) en fonction du taux de déconfinement λd.

Le calcul effectué à la rupture conduit à un coefficient de sécurité F=5,95. Tandis que


le calcul effectué en plasticité, il donne un coefficient de sécurité variant entre F=9,76
(pour λd=0) et F=∞ (pour λd=1).

40
SETRA VO UTE SETRA VO UTE

a - zmin et Hmax : critère de traction e - Hmax : critère de compression


SETRA VO UTE SETRA VO UTE

b - zmin et Hmin : critère de traction f - zmin : critère de compression


SETRA VO UTE SETRA VO UTE

c - zmax et Hmax : critère de traction g - zmax : critère de compression


SETRA VO UTE SETRA VO UTE

d - zmax et Hmin : critère de traction h - Solu. opt. : traction-compression

Figure 9. Position de la ligne des centres de pression pour différents critères de


rupture.

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Ces résultats permettent de constater que le calcul à la rupture, comme le calcul en
plasticité, conduit à la stabilité potentielle du tunnel. Toutefois, le calcul en plasticité
donne des valeurs de F supérieures à celles obtenues par le calcul à la rupture. Ceci
provient vraisemblablement du fait que le modèle de comportement permet au terrain
de reprendre une partie des efforts, le tunnel étant de ce fait moins chargé.

5. Conclusion

Cette étude a permis de comparer les prévisions de stabilité d’un tunnel en forme de
voûte obtenues par le calcul à la rupture, à l’aide du logiciel VOÛTE-SETRA de
calcul à la rupture des voûtes en maçonnerie, à celles données par un calcul en
plasticité avec un critère de type Mohr-Coulomb, à l’aide du code de calcul par
éléments finis CESAR-LCPC.

La comparaison des résultats des calculs à la rupture et en plasticité montre que les
deux approches concluent à la stabilité du tunnel. Le calcul en plasticité permet de
tenir compte de la redistribution des contraintes avant la pose du soutènement et
conduit à des valeurs du coefficient de sécurité F supérieures à celles données par le
calcul à la rupture. Pour λd=0 (ce qui constitue l’hypothèse adoptée implicitement
dans le calcul à la rupture), la valeur de F donnée par le calcul en plasticité est
supérieure à celle obtenue par le calcul à la rupture.

Remerciements

L'étude dont est issue cette communication a été effectuée à la Division de


Mécanique des Sols et Géologie de l’Ingénieur du Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées (France) et a bénéficié de l’appui de M. Leca, Chef de la Section des
Fondations et Soutènements (actuellement à Scetauroute).

Bibliographie

CESAR-LCPC. Mode d’emploi. Section des modèles numériques, Service de


mécanique, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Paris. Version 3.2.1, 3ème
édition, août 1992.
DELBECQ J.M. (1982). Analyse de la stabilité des voûtes en maçonnerie par le
calcul à la rupture. Journal de mécanique théorique et appliquée, vol.1, n°1, pp. 91-
121.
PANET M. (1995). Le calcul des tunnels par la méthode convergence-confinement.
Presses de l’École Nationale des Ponts et Chaussées, Paris, 177 pages.
SALENÇON J. (1983). Calcul a la rupture et analyse limite. Presses de l’École
Nationale des Ponts et Chaussées, Paris, 366 pages.
VOÛTE-SETRA. Manuel de référence. Département des ouvrages d’art, Service
d’Études Techniques des Routes et Autoroutes (SETRA), Bagneux. Version 1.0,
septembre 1993.

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