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L’économie de Québec a besoin du tramway

On entend toutes sortes de choses sur le tramway par les temps qui courent. Dans ce
contexte, il m’apparaît utile de vous partager quelques réflexions pour la suite des choses.

Il faut d’abord se rappeler que le projet de tramway répond à un besoin qui a été maintes
fois démontré. Avec la croissance démographique prévue à Québec, sans réseau de
transport structurant nous aurons dans quelques années des problèmes majeurs de
congestion routière, tant pour les personnes que pour les marchandises. Une situation qui
nuira sérieusement au développement économique de la ville et de la région.

Québec est la seule grande ville canadienne à ne pas pouvoir compter sur un réseau
structurant de transport. Ne pas réaliser le tramway, ce serait consentir un avantage
concurrentiel aux autres grandes villes pour attirer des talents et des investissements. Tout
ça, à un moment où on doit s’adapter à une économie qui se transforme rapidement.

La réalisation du tramway représente, à elle seule, des milliards de dollars d’investissements


directs et indirects pour les entreprises d’ici. Ces milliards sont destinés à la réalisation
d’infrastructures et s’ils ne sont pas investis ici, ils le seront ailleurs au Québec et au
Canada. À un moment où on craint un ralentissement économique, ces sommes sont
d’autant plus importantes pour la région.

Il est vrai que le coût des projets de transport collectif est élevé. Et les conditions
économiques mondiales ne sont pas la seule cause. Ça s’explique aussi par une trop faible
concurrence qui est le résultat d’un manque d’ambition dont nous avons fait preuve dans ce
domaine depuis cinquante ans. Le Québec n’a pas développé d’expertise locale et les
grands constructeurs internationaux ne sont pas intéressés par un marché où il n’y a pas de
perspectives pour plusieurs projets, sur plusieurs années.

Et pendant qu’ici on s’interroge, ailleurs le développement de transports collectifs s’accélère.


Même l’Ontario, avec qui on aime se comparer, prévoit investir plus de 60 milliards de
dollars dans les transports collectifs dans les dix prochaines années et continue de livrer des
projets structurants à Toronto, Hamilton et Scarborough. Il n’y a pas de raison que le
Québec ne soit pas capable de le faire aussi.

C’est une illusion de penser que la situation va s’améliorer en laissant passer un peu de
temps. L’inflation continuera à faire son œuvre et dans dix ans, le même projet pourrait
coûter plus de 50% plus cher, voire jusqu’au double. Et pendant ce temps, les problèmes de
circulation continueront de s’aggraver.
Ceux qui souhaiteraient mettre fin au projet doivent être conscients que cela enverrait un
très mauvais signal. Ça indiquerait que le Québec est un marché où les projets
d’infrastructures peuvent être constamment remis en question, même après plus de dix ans
de planification et des centaines de millions de dollars d’investissement en travaux
préparatoires et en acquisition de terrain. Le résultat serait d’avoir encore moins de
concurrence pour les prochains projets, et des coûts encore plus élevés.

Alors qu’en facilitant les déplacements, le tramway va contribuer à favoriser l’attractivité de


la ville et à faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Les secteurs Chaudière et
D’Estimauville en bénéficieront particulièrement. Il y aura là, rapidement, de nouveaux
quartiers et des milliers de nouvelles unités d’habitation pour accueillir des familles, des
étudiants, de jeunes travailleurs et des entreprises innovantes.

Pour toutes ces raisons, il est évident que l’absence d’un tramway à Québec est, à moyen
terme, beaucoup plus coûteuse que sa réalisation. C’est comme pour une entreprise qui
hésiterait à investir dans sa transformation numérique: c’est infiniment plus dangereux de ne
pas le faire.

Le gouvernement a raison de prétendre que le Québec peut jouer un rôle de leadership


dans la transition énergétique. L’électrification des transports est un élément fondamental
de cette transition. Pour cette raison, la mise en fonction d’un tramway dans la capitale
nationale doit aussi analysée comme une décision emblématique de nos ambitions
collectives.

Bruno Marchand

Maire de Qué

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