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Fascicule VI
Fondations superficielles
Géotechnique – RC 2007
FASCICULE 6
FONDATIONS SUPERFICIELLES
___________________________________________________________________________
Tables de matières
1. INTRODUCTION.................................................................................................5
1.1. Introduction à l’étude des fondations ....................................................................................... 5
1.1.1. Rôle et fonctionnement des fondations ............................................................................... 5
1.1.2. Fondations directes – Fondations indirectes ....................................................................... 5
1.1.3. Conception et calcul des fondations .................................................................................... 6
1.1.4. Dualité du problème : résistance ultime/ déformation admissible ..................................... 8
1.1.5. Remarque générale sur les calculs de stabilité ................................................................... 8
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3.2.4. Contraintes sous une semelle circulaire souple ................................................................ 55
3.2.5. Contraintes sous une semelle rectangulaire souple.......................................................... 56
3.2.6. Semelle souple de forme quelconque - Méthode de Newmark......................................... 58
3.3. Effets de la rigidité de la fondation.......................................................................................... 59
3.3.1. Semelle circulaire souple................................................................................................... 59
3.3.2. Semelle circulaire rigide..................................................................................................... 61
3.3.2. Semelle rectangulaire ........................................................................................................ 63
3.4. Tassement instantané............................................................................................................... 64
3.5. Calcul des tassements.............................................................................................................. 65
3.5.1. Discrétisation du problème ................................................................................................ 65
3.5.2. Calcul des déformations élémentaires............................................................................... 66
3.5.3. Tassement de la fondation ................................................................................................ 67
3.5.4. Influences mutuelles .......................................................................................................... 68
3.5.5. Tassements différentiels.................................................................................................... 68
3.6. Critères de dimensionnement .................................................................................................. 69
3.6.1. Tassements totaux............................................................................................................. 69
3.6.2. Tassements différentiels.................................................................................................... 69
3.6.3. Phénomènes différés ......................................................................................................... 71
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6.2. Calcul organique des éléments de fondations directes ...................................................... 104
6.3. Eléments secondaires relatifs aux fondations ..................................................................... 106
6.3.1. Détails de construction .................................................................................................... 106
6.3.2. Etanchéité ........................................................................................................................ 106
6.3.3. Agressivité des sols de fondation .................................................................................... 107
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Fondations superficielles 6— 5
CHAPITRE 1
INTRODUCTION
Quand cette première solution n'est pas applicable, pour diverses raisons, il peut être
nécessaire de transmettre les charges à des couches résistantes situées à plus grande
profondeur. On parlera alors de fondations profondes, ou indirectes.
Dans ce dernier cas, la fonction des éléments de fondation ne se limite pas à une
répartition des efforts sur une surface suffisante, mais elle comporte aussi la transmission de
la charge en profondeur ainsi que, dans certains cas, le transfert d'une partie des efforts par le
frottement mobilisé entre le sol et la paroi latérale de la fondation.
La distinction entre fondation superficielle et profonde n'est pas fixée par une
profondeur limite définissable de manière absolue. C'est une notion relative, comparant les
dimensions de la construction, ou d'une partie de celle-ci, avec la profondeur d'assise. Elle
s'appréciera, plutôt que sur des critères géométriques, sur la manière dont fonctionnent ces
éléments. A titre indicatif, on limite généralement la dénomination de fondation superficielle
à celles dont l’encastrement (rapport profondeur/largeur) est de l'ordre de 4.
Fondation directe Fondation directe
sur semelle sur radier
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l'ouvrage et le sol qui supporte cet ouvrage. On parlera alors d’interaction entre le sol et la
structure.
Notons immédiatement que, sauf dans des cas assez particuliers, les problèmes de la
structure et de ses fondations seront souvent traités de manière séparée, ou au minimum dans
des étapes successives.
Remarquons qu'il est question de conception et de calcul, et c'est à dessein que ces
deux opérations sont citées séparément. Dans le domaine qui nous occupe, compte tenu des
remarques préliminaires qui ont été formulées dans les paragraphes précédents, l'identification
correcte des problèmes et les choix de base (c'est-à-dire la conception) jouent un rôle bien
plus important qu'un calcul précis. Il faudra notamment tenir compte des particularités
éventuelles du sous-sol et de leur évolution à long terme, des conditions d'exécution, du
voisinage, etc..., et pas uniquement du dimensionnement à proprement parler.
Dans la majorité des cas pratiques, le dimensionnement de la structure de l'ouvrage
fournira les efforts résultants appliqués au niveau des fondations. Dans une approche plus
fine, on précisera éventuellement la déformabilité de l'ouvrage et son influence sur ces efforts.
Ces efforts constituent les sollicitations des fondations. Leur détermination se base sur les
principes généraux de stabilité des constructions ainsi que, pour les efforts dûs au sol lui-
même ou à l'action de l'eau souterraine, sur des méthodes spécifiques applicables dans ce
domaine.
Dans cette étude, c'est surtout le comportement du sol qui constitue le facteur
prépondérant, et il faudra estimer et contrôler à la fois les contraintes et les déformations du
massif de sol sollicité par les fondations. Cet objectif constitue l’objet principal de ce cours.
Mais d'autres aspects de comportement impliquant l'ensemble formé par l’ouvrage et
le sol environnant ne peuvent pas être ignorés, tels que :
• la stabilité vis-à-vis d'une rupture générale,
• les effets à court et à long terme sur le voisinage,
• les actions hydrostatiques, hydrodynamiques, chimiques, électro-chimiques,
• les modifications saisonnières ou à long terme des propriétés des sols, etc...
On ne s'attardera guère sur le calcul organique des éléments de fondation, car celui-ci
fait appel à des concepts et des méthodes vus dans d'autres cours (stabilité, béton, béton armé,
...). Cependant, la détermination des contraintes au contact sol/fondation, contraintes qui
participent aux sollicitations de ces éléments, demanderont des développements particuliers.
Enfin, quelques aspects à caractère plus technologique seront abordés, en particulier
ceux liés aux conditions d'exécution, qui jouent un rôle primordial dans la conception, et
ceux liés à la protection des organes enterrés vis-à-vis de différents agents agressifs. Une
attention spéciale sera accordée aux méthodes d'exécution des fondations profondes, qui ne
peuvent pas être séparées de leur conception et de leur calcul.
Enfin, on notera que, comme dans beaucoup d'autres problèmes de génie civil, il
n'existe pratiquement jamais de solution directe et unique aux problèmes étudiés. On se
contente le plus souvent de rechercher de manière itérative, en variant les hypothèses, une
solution proche d'un optimum. Cette solution optimale est définie sur la base de critères très
divers : techniques, économiques, de durée, d'organisation, d'environnement..., et variables
d’un cas à l’autre.
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Fondations superficielles 6— 8
Ces réflexions à caractère un peu philosophique nous amènent à tirer une conclusion
importante pour les ingénieurs, à savoir qu'il suffit en général d'adapter le niveau de précision
du modèle (la méthode de calcul) au niveau de précision des données disponibles, et vice
versa.
Dans le domaine particulier des fondations qui nous occupe ici, ainsi que pour les
calculs géotechniques en général, il subsiste toujours une forte incertitude sur les paramètres
liés au sol (comportement et même géométrie), car on ne peut en pratique étudier qu'une très
faible proportion du volume de sol concerné par un ouvrage, de l’ordre de 10-6 à 10-7. En
conséquence, il est d'usage courant d'utiliser des modèles de comportement relativement
grossiers, pour autant que l'incertitude (l'erreur) qu'ils sont susceptibles d'introduire dans les
résultats reste inférieur, ou au maximum du même ordre de grandeur que celle due aux
paramètres.
Ces quelques réflexions ne devront pas être perdues de vue dans la suite de l'exposé, et
elles pourraient même utilement être mises en application dans d'autres domaines.
Signalons encore que des travaux récents permettent de tenir compte des incertitudes
affectant les paramètres, voire les lois de comportement elles-mêmes, par des méthodes
basées sur la théorie des probabilités. Cette approche est dans la continuité des travaux
modernes des sciences fondamentales, qui utilisent de plus en plus des modèles probabilistes,
ou stochastiques, laissant un rôle important au hasard. Les résultats de ces méthodes sont
fournis sous la forme de variables aléatoires pour lesquelles il est alors possible d'exprimer
des probabilités d'atteindre certaines valeurs.
Cet ensemble de techniques est connu sous le nom d’approche probabiliste.
Cette approche dans sa forme complète reste actuellement réservée à des projets à
caractère exceptionnel, mais les concepts de base sont dès à présent traduits dans des
recommandations élaborées au niveau européen (EUROCODE) basées sur des principes dits
semi-probabilistes.
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CHAPITRE 2
c ritère de tassement
Tassement
(2) (1)
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{2-1.} τ ≤ c + σ .tanφ
Comme dans plusieurs autres problèmes de mécanique des sols appliquée, les
méthodes utilisées sont de type cinématique. Elles comportent, de manière schématique,
les étapes suivantes :
• CHOISIR un schéma de rupture qui soit géométriquement admissible,
• rechercher, pour ce schéma de rupture, une répartition des contraintes
statiquement admissible, c'est-à-dire qui respecte (en général de manière partielle) les
conditions d'équilibre,
• en déduire la valeur limite de la charge P strictement nécessaire pour que le schéma de
rupture choisi puisse se développer.
On notera bien que ce type d'approche ne peut en aucun cas fournir d'indication
valable sur les déformations, si ce n'est de manière très indirecte, puisque le sol est
supposé totalement indéformable, à l'exception de déformations de cisaillement
d'amplitude indéterminée intervenant à la rupture.
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On peut remarquer aussi que, en ce qui concerne la répartition des contraintes, que
ce soit au contact entre le sol et la fondation, ou à l'intérieur du massif de sol, les valeurs
qui sont supposées et/ou calculées dans cette approche peuvent être très éloignées des
répartitions réelles.
q= γ*D
B B
(γ, c, φ)
Figure 2.3 : Fondation superficielle - Cas fondamental
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Fondations superficielles 6— 14
utilise dans ce but une formulation additive, formée d'une somme de termes ne faisant
chacun intervenir simultanément que deux paramètres de résistance.
{2-2.} q = γ .D
B
P
surcharge q (ou γ.D)
I I
S S
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B/2
p= P/B
O E
(I) A /2)
(S) °-(φ
45
°-(φ 45
/2)
Les zones triangulaires sont supposées en état d'équilibre limite inférieur (I) ou
supérieur (S) de Rankine. Ceci ne serait applicable, en toute rigueur, qu'à un massif de sol
semi-indéfini sans perturbation locale, ce qui n'est pas le cas ici; mais il s'agit d'une hypothèse
nécessaire pour la modélisation.
p
A
KA KP
1
1
Ri
Rs
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{2-3.}a φ
(rI + c.cotgφ ) = (vI + c.cotgφ ).tan 2 (45° − ) = (vI + c.cotgφ ).K p−1
{2-3.}b 2
φ
(rS + c.cotgφ ) = (vS + c.cotgφ ).tan 2 (45° + ) = (vS + c.cotgφ ).K p
2
{2-4.} B φ B
AC = tan(45° + ) = Kp
2 2 2
{2-5.} vI , A = p et vS , A = q
{2-6.} B B
vI ,C = p + γ . Kp et vS ,C = q + γ . Kp
2 2
Les résultantes des contraintes horizontales agissant à gauche et à droite sur la hauteur
AC, sont des forces horizontales notées respectivement RI et RS, et on s'imposera uniquement
de respecter l'équilibre horizontal de translation :
{2-7.} RI = RS
Notons que dans cette approche simplifiée, les contraintes de part et d'autre de AC ne
s'équilibrent pas, et que l'équilibre de rotation n'est donc pas respecté. Il s'agit là d'un type
d'approximation de la statique propre à la plupart des méthodes cinématiques.
Ces deux résultantes horizontales s'écrivent :
{2-8.} rI , A + rI ,C B rS , A + rS ,C B
RI = KP et RS = KP
2 2 2 2
{2-9.} rI , A + rI ,C = rS , A + rS ,C
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ce qui permet ensuite de remplacer les contraintes horizontales r par des expressions utilisant
les contraintes verticales, selon {2-3.} :
Enfin, on peut remplacer ces contraintes verticales par leurs valeurs respectives
aux points A et C, selon {2-6}, ce qui donne :
{2-13.} B B
2. p + γ K P + 2.c.cotgφ = (2.q + γ K P + 2.c.cotgφ ).K p2
2 2
{2-14.} B 2
p = q.K p2 + γ ( K p − 1) K P + c.cotgφ .( K p2 −1)
4
On note que cette expression est formée de l'addition de trois termes qui sont chacun le
produit de c, ou de q, ou du produit γ.B, par une fonction de 1'angle φ.
On va tenir compte de cette particularité pour introduire la forme canonique additive
qui sera utilisée pour exprimer la capacité portante limite des fondations superficielles. Cette
forme canonique utilise trois coefficients sans dimension N, affectés chacun d'un indice
rappelant le paramètre concerné :
{2-15.} B
p = q.N q + γ N γ + c.N c
2
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1
Über die Eindringungsfestigkeit (Harte) plastischer Baustoffe und die Festigkeit von Schneiden, 1921
2
Theoretical soil mechanics, 1943
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q q
A’ (I) A C
(S) (S)
O
(T) (T)
B
P P
A’ A A C
45°-(φ/2)
45°-(φ/2) (S)
(I)
φ σi tss φ
ti σss
B
O
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τ
ti
φ Ri C
O σi σ
{2-17.} q
tS = (1 + K p ).cos φ
2
{2-18.} p
σ I = t I .cos φ = (1 + K p−1 ).cos 2 φ
2
{2-19.} q
σ S = tS .cos φ = (1 + K p ).cos 2 φ
2
La zone de transition (T) est limitée par une ligne de rupture en forme de spirale
logarithmique de centre A, avec un angle α (obligatoirement exprimé ici en radians) variant
de 0 à π/2, et un rayon r variant entre AO et AB, selon 1'expression générale :
{2-20.} r = r0 exp(b.α )
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A
α NS
r0 Ni
r
O (T) B
t
φ
{2-21.} B φ
AO = / sin(45° − )
2 2
{2-22.} π B φ π
AB = AO.exp( tanφ ) = / sin(45° − ).exp( tgφ )
2 2 2 2
{2-23.} N I = σ I . AO
{2-24.} p B φ
NI = (1 + K p−1 ).cos 2 φ . / sin(45° − )
2 2 2
{2-25.} N S = σ S . AB
{2-26.} q B φ π
NS = (1 + K p ).cos 2 φ . / sin(45° − ) . exp( tgφ )
2 2 2 2
Les contraintes sont constantes le long des faces AO et AB (massif sans poids), et ces
forces résultantes s'appliquent donc au centre des segments AO et AB, ce qui permet
d'exprimer l'équilibre de rotation autour de A :
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{2-27.} N I . AO / 2 = N S . AB / 2
{2-28.} 2
p ⎧B φ ⎫
(1 + K p−1 ).cos 2 φ ⎨ / sin(45° − ) ⎬ =
4 ⎩2 2 ⎭
2
q ⎧B φ π ⎫
(1 + K p ).cos 2 φ ⎨ / sin(45° − ).exp( tan φ ) ⎬
4 ⎩2 2 2 ⎭
On remarque que :
Puis la valeur p, qui est la valeur cherchée de la contrainte limite sous la fondation, est
alors donnée très simplement par :
{2-32.} φ
N q = K p exp(π .tan φ ) = tan 2 (45° + ) exp(π .tan φ )
2
On notera que cette formule reste conforme à la forme canonique que nous avons
présentée plus haut, car elle est une fonction (croissante) de l'angle φ uniquement.
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D q= γ*D
45°-(φ /2
)
(γ, c, φ)
φ
W
Γ Γ
φ φ
V V
avec W le poids du coin de sol et Γ la résultante des contraintes de cohésion, valeurs données
par :
{2-34.} γ .B 2 c.B
W= tan φ et Γ=
4 2.cos φ
{2-35.} γ .H 2
V = Vγ + Vc + Vq = Kγ + c.H .K c + q.H .K q
2
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φ φ
re
op
* tan φ
pr
n
sio
s
id
hé
B
po
co
H=
φ φ
Vγ Vc
e
rg
ha
rc
su
φ
Vq
A titre d'exemple, tous calculs faits, le terme de surcharge (ou de profondeur) prend la
forme :
Les valeurs fournies par cette formule sont un peu supérieures à celles données par
la formule de Prandtl, ce qui est physiquement compréhensible puisqu'un facteur de
résistance supplémentaire (le frottement sous la semelle) a été ajouté.
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Fondations superficielles 6— 25
p*
p
q*
q= 0
c= 0 c> 0
(massif fictif de Caquot) (massif réel)
Si l'on veut s'imposer que seule la cohésion intervienne dans la capacité portante
calculée (la valeur p) , la surcharge réellement appliquée doit être annulée (soit q = 0), ce qui
conduit immédiatement à :
{2-38.} q* = c.cotgφ
Or, comme nous venons de le voir dans le cas d'un massif sans cohésion, non-pesant,
soumis simplement à une surcharge uniforme q*, la contrainte limite sous la fondation peut
s'exprimer sous la forme :
{2-39.} p* = q* .N q
{2-42.} N c = ( N q − 1).cotgφ
On notera que dans cette formule, le terme Nq qui intervient peut être celui obtenu
par un modèle idéalisé quelconque (Prandtl, Terzaghi, ...), et que le schéma cinématique
de rupture choisi n'a aucune influence sur la forme du résultat. On peut vérifier, par
exemple, que cette forme était déjà bien celle obtenue par le modèle de Rankine (voir
formule {2-14}).
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Fondations superficielles 6— 26
A’ A
(Ι)
γ> 0
O
Ils font appel, pour le calcul des contraintes, aux coefficients de poussée (ELI) et de
butée (ELS) qu'ils ont calculés en intégrant les équations de Résal. Les valeurs numériques de
ces coefficients, largement utilisés en particulier pour le calcul des ouvrages de soutènement,
sont fournies dans des tables (Tables de Caquot-Kérisel). Ces coefficients de poussée
expriment le rapport entre la contrainte exercée sur une paroi et la contrainte "naturelle" γ.z, et
cela en fonction de différents paramètres, parmi lesquels l'angle que forme la contrainte avec
la normale à la paroi. Il s'agit d'une extension de la théorie de Rankine à des massifs limités
par une paroi rugueuse, avec apparition d'une zone de transition à proximité de la paroi.
P
RV
R
2
45°-(φ/2)
45°+(φ/2)
W
φ φ
R
R’
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Fondations superficielles 6— 27
Pour l'étude du massif pesant ils supposent que, le long des surfaces de rupture AO et
A'O, les contraintes tI forment un angle φ avec la normale, et qu'elles correspondent dans le
massif refoulé à un état de butée (ELS).
Cet état de butée, pour un massif à surface libre horizontale, sans surcharge, et sur une
face inclinée d'un angle (45°-φ/2) sur la verticale, est caractérisé par un coefficient de butée
Kp donné dans les tables citées.
Les contraintes sur la face AO, à une profondeur z (mesurée ici, selon les conventions
adoptées par les auteurs cités, le long de AO) sous la surface libre, valent :
{2-43.} t I = γ . z .K p
{2-44.} 2
R = γ .K p . AO / 2
{2-45.} 2 φ
Rv = γ .K p . AO .cos(45° − )
2
{2-46.} B φ
AO = / sin(45° − )
2 2
{2-47.} B2 φ φ
Rv = γ .K p . .cos(45° − ) / sin 2 (45° − )
4 2 2
{2-48.} B2 φ
W = γ . .tan(45° + )
4 2
{2-49.} B2 ⎧ φ φ φ ⎫
P = γ. ⎨ K p .cos(45° − ) / sin (45° − ) − tan(45° + ) ⎬
2
4 ⎩ 2 2 2 ⎭
La capacité portante limite p, exprimée sous la forme plus habituelle d'une contrainte
uniformément répartie sur la largeur B de la semelle, vaut encore :
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Fondations superficielles 6— 28
{2-50.} B⎧ φ φ φ ⎫
p = γ. ⎨ K p .cos(45° − ) / sin (45° − ) − tan(45° + ) ⎬
2
4⎩ 2 2 2 ⎭
ce qui peut encore s'écrire, en revenant à la forme canonique que nous avons choisie pour
exprimer le capacité portante (les autres termes, surcharge et cohésion, sont supposés nuls) :
{2-51.} B
p = γ . .N γ
2
{2-52.} 1⎧ φ φ φ ⎫
Nγ = ⎨ K p .cos(45° − ) / sin (45° − ) − tan(45° + ) ⎬
2
2⎩ 2 2 2 ⎭
Un développement semblable peut être mené pour le cas d'une semelle rugueuse, et il
conduit à une formulation légèrement différente.
Il ne faut pas perdre de vue que le coefficient Kp qui intervient dans cette dernière
formule n'est pas le coefficient de butée de Rankine, dont la formulation est assez simple,
mais une valeur tirée des tables citées plus haut, ce qui complique un peu l'application de la
formule.
Vesic3 a montré que les valeurs de Nγ ainsi obtenues pouvaient être approchées par une
formule beaucoup plus simple:
{2-53.} Nγ = 2 ( N q + 1) tan φ
dans laquelle la valeur de Nq est celle obtenue par Prandtl {2-32}. Meyerhof4 (1963) propose :
3
Vesic, Analysis of ultimate loads on shallow foundations, 1973
4
Meyerhof, Some recent research on the hearing capacity of foundations, 1963
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Fondations superficielles 6— 29
B
p = aq .bq .... q.N q + aγ .bγ .... γ . Nγ + ac .bc .... c.N c
{2-55.} 2
Les produits a.b.... comportent les éventuels coefficients correctifs a, b... relatifs aux
paramètres A, B..., et correspondant à chacun des trois termes de capacité portante.
2.4.1. Profondeur
On a jusqu'à présent utilisé indifféremment les dénominations terme de surcharge ou
terme de profondeur pour désigner le coefficient Nq .
D (1) (2)
{2-56.} B
p = d q .q.N q + dγ .γ . Nγ + d c . c.N c
2
Les coefficients correctifs proposés par différents auteurs sont généralement des
fonctions du rapport sans dimension D/B (appelé encastrement relatif de la fondation) .
Selon certains, ils peuvent aussi dépendre de φ.
On trouvera ci-après quelques exemples de tels coefficients correctifs.
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Fondations superficielles 6— 30
dq dc dγ
⎧ D φ
⎪1 + 0,1 tan(45° + ) si φ > 10° D φ
⎨ B 2 1 + 0, 2 tan(45° + ) dq
⎪⎩ B 2
1 si φ = 0°
D D
1 + 0,35 1 + 0,35 1
B B
⎧ ⎛D⎞
⎛D⎞ 1 − dq ⎪1 + 0, 4 G ⎜ ⎟ si φ = 0°
1 + 2(1 − sin φ ) G ⎜ ⎟ tan φ
2
dq − ⎨ ⎝B⎠
⎝B⎠ N q tan φ ⎪
⎩ 1 si φ > 0°
⎧ ⎛D⎞ ⎧D ⎫
⎪ arctan ⎜ B ⎟ pour ⎨ > 1⎬
⎛D⎞ ⎪ ⎝ ⎠ ⎩B ⎭
avec G ⎜ ⎟ = ⎨
⎝B⎠ ⎪ D ⎧D ⎫
pour ⎨ ≤ 1⎬
⎪⎩ B ⎩B ⎭
{2-57.} B
p = sq .q.N q + sγ .γ . Nγ + sc . c.N c
2
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Fondations superficielles 6— 31
sq sc sγ
B B B
1 + 0, 2 1 + 0, 2 1 − 0, 4
L L L
⎧ B φ
⎪1 + 0,1 tan (45° + ) si φ > 10°
2
B φ
⎨ L 2 1 + 0, 2 tan(45° + ) sq
⎪⎩ L 2
1 si φ = 0°
sc − 1 B 3 − sc
sc − 1 + 0, 2 tan 2 φ
Nc L 2
B B B
1 + 0,3 1 + 0,3 1 − 0, 4
L L L
B B ⎛ Nq ⎞ B
1+ tan φ 1+ ⎜ ⎟ 1 − 0, 4
L L ⎝ Nc ⎠ L
Pour une semelle circulaire de diamètre B, les valeurs suivantes sont proposées :
Auteur sq sc sγ
Terzaghi & Peck 1,3 1,2 0,6
⎛ Nq ⎞
Vesic 1 + tan φ 1+ ⎜ ⎟ 0,6
⎝ Nc ⎠
On notera que, dans toutes ces formules, les termes de surcharge et de cohésion sont
majorés par rapport à une semelle filante, mais que le coefficient de correction relatif au terme
de surface est inférieur à l'unité.
On détermine ainsi la part de la force portante limite due aux contraintes effectives
exercées par la fondation sur le sol.
• On tient compte de la poussée d'Archimède agissant sur la partie immergée de la
semelle elle-même, ce qui se calcule aisément.
On notera que dans certaines circonstances, cette poussée, qui agit de bas en haut, peut
constituer un des modes de sollicitation prépondérant de la construction !
~B
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Fondations superficielles 6— 33
B’
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 34
(1) H
sable dense
sable dense
(2)
sable lâche sable lâche
Dans le cas équivalent relatif aux sols argileux (φ = 0), les formules se simplifient et
leur expression analytique devient, pour le cas assez courant d'une semelle rectangulaire de
largeur B et de longueur L :
{2-58.} B B H
p = (1 + 0, 2 ).c2 .N c + (1 + ).2. .ca + γ 1.D
L L B
5
Ultimate bearing capacity of foundations on layered soil under inclined load, 1978
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 35
dans laquelle Nc vaut 5,14 (φ = 0) et ca est l'adhésion le long du plan (ab) , valeur qui varie de
0,6 c1 à c1 en fonction du rapport c2/c1.
argile
(1) D
résistante
H a b
sable dense
(2)
argile plus
faible
Le troisième cas concerne les fondations dans les sols sableux, mais avec une couche
de sable lâche au-dessus d'une couche de sable dense. Quand l'épaisseur H de sable dense
sous la semelle est importante comparée à B, (partie droite de la figure), la courbe de rupture
passe entièrement dans cette couche et les formules habituelles sont d'application.
Quand H est inférieur à Ho, la ligne de rupture recoupe la couche (2) inférieure. En
première approximation, on néglige souvent l'amélioration de résistance qui en résulte, ce qui
est une attitude conservatrice.
Les auteurs cités proposent une prise en compte progressive de l'influence de la
couche (2) par la formule :
{2-59.} H 2
p = p (1) + [ p (2) − p (1) ] (1 − )
H0
dans laquelle p(i) représente la capacité portante calculée par la méthode de base pour un sol
homogène de type (i) . En pratique, dans les sables, on peut adopter H 0 ≅ 2.B .
Remarquons que les diverses propositions précédentes sont raisonnables quand on les
applique à des terrains à stratification horizontale, mais des couches inclinées peuvent parfois
se présenter, qui vont entraîner de grosses difficultés de modélisation. Ces situations
particulières devront être bien identifiées et elles seront examinées avec la plus grande
prudence. En effet, elles peuvent conduire à d'autres formes de rupture (glissements sur les
interfaces obliques) ou encore entraîner des déformations non uniformes souvent indésirables
(tassements différentiels).
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 36
(1)
H
sable lâche H0
sable lâche
(2)
sable dense sable dense
{2-60.} 2 2
tan φ * = tan φ et c* = c
3 3
Notons que cette remarque ne concerne que la résistance vis-à-vis de la rupture et que
les critères de déformation, qui seront étudiés plus loin, devront aussi être considérés.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 37
eB
P
L’
eL
L
Meyerhof6 a proposé une règle simple pour estimer la capacité portante d'une semelle
chargée d'une force excentrée. Pour le cas courant d'une semelle rectangulaire (B x L)
recevant une charge P, il considère une semelle fictive de dimensions réduites (B' x L') telle
que la charge appliquée soit centrée sur cette semelle fictive. Pour une charge excentrée de eB
et eL, la semelle fictive aurait des dimensions :
Une charge inclinée, appliquée au centre d'une semelle horizontale modifie aussi la
symétrie du schéma de rupture. Il est possible de développer des modèles semblables à ceux
qui ont été décrits plus avant mais, dans le cadre de cet exposé, on se contentera de fournir
quelques résultats utiles.
6
The bearing capacity of foundations under eccentric and inclined loads, 1953
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 38
δq δc δγ
2 2 2
⎛ ϑ ⎞ ⎛ ϑ ⎞ ⎛ ϑ⎞
⎜1 − ⎟ ⎜1 − ⎟ ⎜1 − ⎟
⎝ 90° ⎠ ⎝ 90° ⎠ ⎝ φ⎠
H H
1 − 0, 2 1− δ q2
V 2c B L
H 1− δq
1− δq − δ q2
V + c B L tan φ Nq −1
1− δq
2
⎛ H ⎞
⎜1 − ⎟ δq − δ q3/ 2
⎝ V + c B L tan φ ⎠ N c tan φ
Ces coefficients correcteurs notés δ sont à introduire dans la formule générale qui
devient ainsi (pour ce seul facteur de correction) :
{2-62.} B
p = δ q .q.N q + δ γ .γ . Nγ + δ c . c.N c
2
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 39
{2-64.} 1 + sin φ
N qi = exp ⎡⎣(π − i − β ) . tan φ ⎤⎦
cos i − sin φ cos β
avec tous les angles exprimés en radians pour le calcul de l'exponentielle, et l'angle β défini
par :
{2-65.} sin i
sin β =
sin φ
Le terme de cohésion s'obtient ici encore par l'application du principe des états
correspondants de Caquot :
{2-66.} ⎛ φ ⎞
N ci = ⎜ tan 2 (45° + ) exp ⎡⎣(π − 2i ) . tan φ ⎤⎦ − 1⎟ cotgφ
⎝ 2 ⎠
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 40
Enfin, le terme de surface a la même forme que dans le cas d'un terrain horizontal,
mais le coefficient Kp (voir tables de Caquot et Kérisel) est réduit pour tenir compte de
l'inclinaison i de la surface du sol ;
{2-67.} 1⎛ φ φ φ ⎞
Nγ i = ⎜ K p .cos(45° − ) / sin (45° − ) − tan(45° + ) ⎟
2
2⎝ 2 2 2 ⎠
La forme de la zone de rupture choisie (toutes ces méthodes sont des méthodes
cinématiques, qui font un choix préalable du schéma de rupture) est dirigée vers l'aval de la
pente, mais qu'elle est d'extension limitée, imposée par les hypothèses.
Mais, dans la configuration particulière d'un terrain en pente, cette forme de rupture
d'extension limitée pourrait ne pas être la plus défavorable. Il conviendra toujours d'analyser
la possibilité d'une rupture d'ensemble plus étendue. Cette étude sera alors menée par les
méthodes générales, légèrement modifiées si nécessaire, d'analyse de la stabilité des pentes.
2.4.8. Remarque sur les caractéristiques de résistance
L'angle de frottement interne φ, qui intervient dans les différentes expressions de
calcul de la capacité portante des fondations, est généralement déterminé en laboratoire par un
essai de cisaillement triaxial. Pour rappel, l'essai triaxial en laboratoire est plus précisément
un essai biaxial à symétrie de révolution, avec σ2 = σ3.
Meyerhof7 a fait remarquer que l'état de contraintes sous une fondation filante se
rapproche plus d'un état plan de déformation, avec une contrainte σ2 intermédiaire entre σ1,
et σ3. Or, divers travaux ont montré que l'angle de frottement interne dépendait de la valeur de
cette contrainte intermédiaire, et que, pour l'état plan, cette différence atteignait environ 10 %
par rapport à la valeur obtenue par l'essai triaxial8.
Meyerhof propose dès lors de corriger, pour une semelle rectangulaire, les valeurs de
l'angle φ obtenues par l'essai triaxial en utilisant une valeur modifiée selon la formule
d'interpolation :
{2-68.} ⎧ B⎫
φrec = ⎨1,1 − 0,1 ⎬ φtriaxial
⎩ L⎭
On doit aussi veiller à utiliser les caractéristiques de résistance déterminées dans des
conditions expérimentales correspondant le mieux possible aux conditions de sollicitation
réelles :
• conditions non-drainées pour une sollicitation rapide, en contraintes totales (cu, φu),
• conditions drainées pour une étude en contraintes effectives (c', φ').
7
Meyerhof, Some recent research on the hearing capacity of foundations, 1963
8
Bishop, Discussions on "Soil properties and their measurements", 1961
7
Bjerrum & Kummuneje, Shearing resistance of sand samples with circular and rectangular cross
sections, 1961
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Fondations superficielles 6— 41
{2-69.} p
pab =
SF
WS W WS
surfac e = A
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Fondations superficielles 6— 42
{2-70.} p 1 ⎡ p + W + WS ⎤
pab = =
S F S F ⎢⎣ A ⎥
⎦
{2-71.} p − γ .D
pan =
SF
Comme les poids volumique γ du sol et γb du béton sont généralement assez proches,
on peut admettre que :
{2-72.} W + WS
γ .D
A
et on voit que cette deuxième définition conduit, par comparaison avec la définition
précédente à n'appliquer le coefficient de sécurité que sur la partie utile P de l'effort sollicitant
la fondation :
{2-73.} p
pan =
A.S F
La capacité portante admissible avec une sécurité sur la rupture par cisaillement est
calculée en estimant d'abord la cohésion et l'angle de frottement mobilisables, définis par :
{2-74.} c tan φ
cm = et tan φm =
SF SF
puis en calculant la capacité portante admissible en introduisant ces paramètres dans les
formules donnant la capacité portante limite :
{2-75.} B
pac = q.N q (φm ) + γ . N γ (φm ) + cm .N c (φm )
2
ce qui revient à appliquer le concept de coefficient de sécurité aux propriétés des sols et non
pas au résultat global du calcul. Ce type d'approche, faisant usage de coefficients de sécurité
"partiels", est devenue d'usage dans certains domaines (voir § 2.6).
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 43
2.5.2. Dimensionnement
Le dimensionnement à la rupture d'une fondation consiste à vérifier que la capacité
portante admissible permet de supporter les efforts P appliqués à la fondation. Il s'agit
généralement d'un calcul de vérification, dans lequel on s'approche de la solution par
approximations successives.
Le coefficient de sécurité SF appliqué au calcul de la capacité portante admissible
brute ou nette vaut habituellement 3 (jusqu'à 4 selon certains auteurs) pour les fondations
superficielles. Pour le calcul avec une sécurité sur la rupture par cisaillement, on prendra
plutôt des valeurs de l'ordre de 2 à 3 pour les coefficients de sécurité partiels.
Ces fourchettes de valeurs proposées pour le coefficient de sécurité sont le résultat de
l'expérience accumulée dans ce domaine particulier : le calcul à la rupture, par la méthode
classique, des fondations superficielles. Elle n'est pas applicable dans un autre cadre.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 44
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 45
φ Nq Nc Nγ
(°) Rankine Prandtl Terzaghi Rankine Prandtl Terzaghi Rankine Meyerhof Vesic
(*) (*) (*) (Caq / Ker)
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 46
1000
Terzaghi
100
Prandtl
Nq
(Rankine)
10
1
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
φ (°)
Terme de cohesion Nc
1000
Terzaghi
100
Prandtl
Nc
(Rankine)
10
1
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
φ (°)
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Fondations superficielles 6— 47
Terme de surface Nγ
1000.0
100.0
(Caquot - Kérisel)
Vesic (Rankine)
Nγ 10.0
1.0
Meyerhof
0.1
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
φ (°)
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 48
CHAPITRE 3
3.1. Introduction
Le chapitre précédent était consacré au dimensionnement des fondations superficielles
vis-à-vis de la rupture, par la méthode dite classique. Cela ne constituait que la première
phase du dimensionnement et il faut toujours vérifier, en plus, que les critères de
déformabilité sont satisfaits. C'est ce qui va être examiné dans ce chapitre, par la méthode
également qualifiée de classique, ce qui signifie simplement qu'elle est basée sur des
propriétés des sols déterminées en laboratoire, particulièrement par l'essai oedométrique dans
ce cas-ci.
On peut remarquer que, pour beaucoup de cas d'application habituels, le
dimensionnement à la rupture fait usage d'un coefficient de sécurité (voir chapitre précédent)
tel que l'on peut a priori être assuré que les déformations resteront admissibles.
En effet, les valeurs utilisées pour ce coefficient sont le résultat de l'expérience acquise
sur un grand nombre de cas. Au cours de ces expériences, le comportement des fondations n'a
pu être jugé satisfaisant que si les tassements observés sont restés dans des limites acceptables
tant pour les constructions que pour leurs utilisateurs.
Mais on ne peut que rarement être assuré a priori que l'on se trouve bien dans un tel
cas (type de construction, nature et propriétés du sol, ...) et ainsi se permettre de ne pas
vérifier les déformations. En pratique, il est toujours conseillé de procéder à la vérification
directe des déformations.
3.1.1. Définitions
On parle des tassements, notés S (de l'anglais Settlement) pour désigner les
mouvements, principalement verticaux, subis par les fondations des constructions, Ces
mouvements sont définis à partir de la position initiale du sol de fondation, c'est-à-dire avant
toute mise en charge. Le symbole S peut être affecté de différents indices pour préciser la
nature et/ou l'origine du tassement.
On considère que les tassements totaux résultent de l'addition de trois composantes :
{3-76.} ST = Si + S + S s
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 49
avec :
• ST le tassement total
• Si le tassement instantané
• S le tassement primaire résultant de la consolidation primaire du sol
• Ss le tassement secondaire résultant des divers phénomènes à long terme connus sous le
terme général de consolidation secondaire ou de fluage.
On distingue encore les tassements différentiels notés ∆S, qui désignent les
différences de tassement entre deux points de la construction. Ces derniers sont souvent les
plus dangereux, car ils entraînent des inclinaisons et/ou des distorsions des structures. Les
tassements totaux ne sont généralement à prendre en considération que lorsqu'ils atteignent
des valeurs importantes.
Le tassement instantané est la déformation se produisant immédiatement, dès
1'application de la charge. Le tassement différé est un phénomène évolutif lié à la
consolidation primaire (hydrodynamique), et éventuellement secondaire, des couches
compressibles.
On se limitera dans ce chapitre aux déformations attribuables aux deux causes
principales habituellement mises en jeu dans ce type de problème, à savoir :
• les déformations mécaniques résultant de la modification de l'état de contraintes ou du
réarrangement des particules dans le squelette solide du sol par suite de l'action des
charges appliquées par la fondation,
• les écoulements hydrodynamiques en liaison directe avec les pressions interstitielles
induites par les charges de la fondation (consolidation primaire).
D'autres phénomènes peuvent intervenir, et on évoquera plus loin certaines autres
causes de déformation que l'on appellera causes externes, telles que, par exemple des
altérations physico-chimiques de la nature ou de la structure du terrain, des actions
climatiques particulières, des effondrements, des subsidences minières, ...
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 50
Cette approche peut introduire d'importantes erreurs par rapport au comportement réel,
mais les incertitudes qui affectent les propriétés mesurées (ou estimées) du sol sont telles qu'il
n'est guère utile d'utiliser pour les problèmes de routine des techniques beaucoup plus
sophistiquées. On le voudrait même qu'on ne dispose que très rarement des données
suffisantes.
z α
σZ
9
Applications des potentiels à l'étude de l'équilibre et du mouvement des solides élastiques, 1883
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 51
{3-78.} 2.Q.cos 6 α
σz =
π .z 2
On voit que cette formule donne une diffusion latérale des contraintes moins étalée
que dans le premier cas (sixième au lieu de cinquième puissance pour le cosinus). Par la suite,
Fröhlich a généralisé cette formule en introduisant un paramètre de diffusion n :
{3-79.} n.Q.cos n + 2 α
σz =
2.π .z 2
Avec n=3, on retrouve la formule initiale de Boussinesq et avec n=4 celle de Buisman.
D'une manière plus générale, on peut constater que plus le paramètre n est élevé, plus les
contraintes restent concentrées à l'aplomb de la charge.
On admet que les valeurs à utiliser en pratique pour les sols peuvent varier de 2 à 5.
Comme règles simples d'application, on peut proposer :
• des valeurs élevées de n si la rigidité des couches de sol augmente avec la profondeur;
• des valeurs moyennes de n si la rigidité des couches est à peu près constante;
• des valeurs faibles de n si on a affaire à une couche résistante surmontant une couche
plus molle.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 52
σz
n=5
n=4
n=3 Buisman
n=2 Boussinesq
-2 -1 0 1 2
x/z
On peut remarquer aussi que les fondations réelles sont rarement posées directement
sur la surface du sol, mais qu'elles sont toujours enterrées à une certaine profondeur. Mindlin
a développé une formule similaire à celle de Boussinesq, mais considérant une charge Q
verticale appliquée en un point intérieur du massif, à une profondeur D sous la surface libre
horizontale (voir les notations sur le schéma) :
Q
D ρ1 z1
h1
ρ σZ z
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 53
Ces diverses formulations alternatives sont cependant d'une utilisation pratique assez
rare. Compte tenu des approximations et des incertitudes, la plupart des cas pourront être
traités en faisant appel aux hypothèses simples de Boussinesq. En effet, en comparant les
contraintes ainsi calculées avec les (rares) résultats expérimentaux disponibles, on constate
que l'erreur relative ne dépasse pas 25 à 30 %, ce qui est faible dans le domaine qui nous
occupe.
Dans toutes les formules qui viennent d'être développées ci-dessus, on note qu'une
charge concentrée produit une contrainte infinie immédiatement sous le point d'application,
ce qui est physiquement impossible dans un matériau. D'autre part, dans une construction
réelle, une charge n'est jamais appliquée ponctuellement sur le sol, mais elle transite par un
système de fondation, dont le rôle est précisément de répartir les charges pour n'exercer sur le
sol que des contraintes d'un niveau admissible pour ce dernier (le problème de la capacité
portante a été traité dans le chapitre précédent)
Les solutions élastiques précédentes, traitant d'une charge ponctuelle Q, servent de
point de départ pour l'étude d'une charge répartie (contrainte) sur une surface de dimensions
finies, ce gui permet alors de traiter les applications réelles. Il suffit de remplacer la charge
concentrée Q par une charge infinitésimale dQ = p.dΩ, correspondant à une contrainte p
appliquée sur une surface élémentaire dΩ. En intégrant la solution selon dΩ sur toute la
surface chargée Ω, on obtient les quelques résultats décrits ci-après.
{3-82.} ∞
3.P.dy.z 3
σz = ∫
( )
5/ 2
−∞ 2.π . z 2 + x 2 + y 2
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 54
B
p (= pression uniforme)
r dr
z
δ
β
σZ
x
{3-83.} z 2 + x2 + y 2
t2 =
y2
t −4 − t −2
{3-84.} 1
3.P.z 3 3.P.z 3 2 2.P.z 3
σz = ∫ dt = =
π (x ) π ( ) π .( x2 + z 2 )
2 2 2
−∞
2
+ z2 3. x 2 + z 2
On considère ensuite des bandes de largeur infinitésimale dr, appliquant une charge P
= p.dr par unité de longueur, et l'effet global de toutes ces bandes est obtenu en intégrant sur
la largeur B de la semelle filante, ce qui se traduit par :
{3-86.} p
σz = [ β + sin β cos( β + 2.δ ) ]
π
Les résultats obtenus par l'application de cette formule sont transcrits sous forme
graphique sur le diagramme qui suit.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 55
σz/p
1
x/B=0
x / B = 0.25
x / B = 0.50
0.5
x / B = 0.75
x / B = 1.0
x / B = 1.5
0
0 1 2 3 4 5
z/B
{3-88.} t2 = z2 + r2
{3-89.} 2π z 2 + R2 z 2 + R2
3.z 3 . p 3.z 3 . p
σz = ∫ ∫ t dt dϑ = 2.π ∫
−4
t −4 dt
2.π 0 z
2.π z
{3-90.} ⎧ z3 ⎫
σ z = p ⎨1 − 2 3/ 2 ⎬
⎩ (z + R ) ⎭
2
σz/p
1
0.5
0
0 1 2 3 4 5
z/R
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 57
(1) (2)
(3)
Pour chaque rectangle de longueur L et de largeur B, chargé par une pression uniforme
p, la contrainte σz à une profondeur z à la verticale d'un coin peut être exprimée par :
{3-91.} L B
3.( p.dx.dy ).z 3
σz = ∫∫
( )
5/ 2
0 0 2.π . x 2 + y 2 + z 2
{3-92.}
p ⎡ ⎪⎧ 2.m.n. m2 + n 2 + 1 ⎪⎫ ⎧ m 2 + n 2 + 2 ⎫ ⎛ m.n ⎞⎤
σz = ⎢⎨ 2 ⎬ ⎨ ⎬ + 2.arctan ⎜ ⎟ ⎥
4.π ⎢⎣ ⎪⎩ m + n + m .n + 1 ⎪⎭ ⎩ m + n + 1 ⎭
2 2 2 2 2
⎝ m + n + 1 ⎠ ⎥⎦
2 2
0.2
0.15
L / B = 1.5
L/B=2
0.1
L/B=5
L/B=1
L/B=
8
0.05
0
0 2 4 6 8 10
z/B
{3-93.} −2 / 3
⎛ σz ⎞
R/z = ⎜1 − ⎟ −1
⎝ p ⎠
Si l'on choisit une série de valeurs croissantes de σz /p variant par pas égaux, chaque
pas valant par exemple 10 % de la contrainte en surface p, on obtient 9 valeurs successives de
R/z correspondant aux surfaces circulaires successives permettant d'obtenir ces contraintes
croissantes.
Le tableau suivant donne les résultats de ces calculs :
σz/p 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
R/z 0,270 0,400 0,518 0,637 0,766 0,918 1,110 1,387 1,908 ∞
En subdivisant ensuite ces cercles concentriques en une série (par exemple 20) de
secteurs égaux, on obtient l'abaque de Newmark.
Une charge appliquée sur chaque petit quadrilatère de cet abaque provoque, à la
profondeur z et à l'aplomb du centre, un accroissement de contrainte valant 1/200 de la
contrainte appliquée en surface. L'échelle de l'abaque est donnée par la longueur du segment
représentant la profondeur z considérée.
Notons encore que l'emploi de tels abaques est devenu quelque peu désuet si l'on tient
compte de l'usage de plus en plus répandu des ordinateurs, qui permettent de résoudre
rapidement ce type de problème pour une fondation de forme quelconque.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 59
1/200
z
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 60
z α ρ
S
M
r
{3-94.} Q ⎛ z 2 2.(1 −ν ) ⎞ Q
S= ⎜ 3+
4.π .G ⎝ ρ
⎟=
ρ ⎠ 4.π .G.r
(
2 − 2.ν + cos 2 α .sin α )
Dans cette formule, la déformabilité du massif est caractérisée par le module de
E
cisaillement (ou de glissement) G =
2.(1 + ν )
En partant de cette solution, on peut étudier le tassement dS d'un point M situé à la
profondeur z sous l'effet d'une contrainte uniforme d'intensité p agissant en surface sur un
anneau circulaire compris entre deux rayons r et r+dr. Il suffit pour obtenir cet effet de
remplacer Q par p.dr.r.d ϑ et d'intégrer ensuite la solution sur ϑ entre 0 et 2π, ce qui conduit
à:
2.π .r.dr. p p
( 2 − 2.ν + cos 2 α ) .sin α = ( 2 − 2.ν + cos 2 α ) .sin α .dr
{3-95.}
dS =
4.π .G.r 2.G
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 61
{3-97.} α0 α0
p.z ⎛ sin α ⎞ p.z ⎛ 2.(1 −ν ) ⎞
S= ∫
0
⎜ 2.(1 −ν )
2.G ⎝ cos α
2
+ sin α ⎟ .dα =
⎠
⎜
2.G ⎝ cos α
− cos α ⎟
⎠ 0
p.z ⎛ 2.(1 −ν ) ⎞
= (1 − cos α 0 ) ⎜ + 1⎟
2.G ⎝ cos α 0 ⎠
p (= pression uniforme)
SR
S0
{3-98.}
2. p.R 2.Q. (1 −ν 2 )
S0 =
E
( ) π .E .R
1 − ν 2
=
On s'aperçoit que sous le bord de la surface chargée on obtient une valeur différente du
tassement, qui vaut 2/π=0.63 fois la précédente :
{3-99.} 4.Q. (1 −ν 2 )
SR =
π .E .R
On observe ainsi que, sous une charge uniformément répartie et avec l'hypothèse du
massif homogène élastique linéaire de Boussinesq, le tassement est plus important au centre
que sous la périphérie.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 62
p
p0 p
Pour une plaque circulaire rigide de rayon R, chargée par un effort vertical total centré
Q, la contrainte verticale p immédiatement sous la semelle, soit en z = 0, est donnée par :
{3-100.} Q
p=
2.π .R R 2 − r 2
{3-101.} Q
p0 =
2.π .R 2
et on constate que cette contrainte au centre n'est que la moitié de la contrainte moyenne :
{3-102.} Q
p=
π .R 2
Sur l'axe vertical passant par le centre de la plaque, c'est-à-dire à l'aplomb de la charge
Q, les contraintes verticales dans le massif valent :
Q 1 + 3. ( z / R )
{3-103.} 2
σ z0 =
(
2.π .R 2 1 + ( z / R) 2 2 )
Le tassement S, identique par hypothèse (semelle rigide) en tout point de la plaque, est
donné par :
Q
( )
{3-104.}
S= 1 −ν 2
2.E.R
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 63
On note que ce tassement est plus faible (d'un facteur π/4=0.78) que le tassement du
centre d'une semelle parfaitement souple chargée de la même charge moyenne, mais qu'il est
supérieur (d'un facteur π 2/8=1.23) à celui calculé à la périphérie.
On a observé que les contraintes mesurées sous les fondations réelles suivent
généralement une allure intermédiaire entre ces deux situations extrêmes. En effet, une
semelle ne pourra jamais être considérée comme parfaitement souple, sauf peut-être dans le
cas des grands réservoirs circulaires posés directement sur le sol. D'autre part, le sol ne pourra
jamais accepter des contraintes infinies comme celles que le modèle indique à la périphérie
d'une semelle rigide. On observera plutôt l'allure suivante :
On remarque encore, dans la réalité, que la répartition des contraintes est liée non
seulement au caractère plus ou moins souple ou rigide de la fondation, mais qu'elle dépend
aussi de la nature du sol :
• dans un sol de type cohérent (argile), la répartition des contraintes est assez proche de
celle qui vient d'être déterminée par le développement théorique (semelle rigide), avec
un tassement maximum au centre;
• dans les sols pulvérulents, par contre, la distribution des contraintes est plus uniforme,
et cela entraîne un tassement plus important à la périphérie qu'au centre (semelle
légèrement bombée vers le haut).
Ces comportements observés ne sont reproductibles par un développement théorique
que moyennant l'utilisation de modèles décrivant de manière plus sophistiquée le
comportement du sol que le simple modèle élastique linéaire utilisé dans ce chapitre.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 64
SEMELLE SOUPLE
Forme de la fondation Centre Angle ou Moyenne SEMELLE RIGIDE
bord
Circulaire 1,00 0,64 0,85 0,79
Carrée 1,12 0,56 0,95 0,82
Rectangle L/B=1,5 1,35 0,68 1,20 1,06
2 1,53 0,77 1,31 1,20
5 2,10 1,05 1,83 1,70
10 2,52 1,26 2,25 2,10
100 3,38 1,69 2,96 3,40
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 65
En l'absence de telles données, les fourchettes de valeurs données dans le tableau ci-
avant peuvent être utiles pour une première approximation.
Pour en terminer avec ce point, il faut être conscient que ces tassements instantanés se
produisent généralement de manière insensible au fur et à mesure de la construction de
l'ouvrage, et qu'il est souvent impossible de les dissocier des tassements différés. Dans
quelques cas pratiques cependant, il sera nécessaire de rechercher une valeur précise des
tassements instantanés, comme par exemple pour la construction de grands ponts avec
mobilisation progressive des charges.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 66
SOL A
1
2
3
4
5
SOL B
6
7
8
9
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 67
δε
On veillera dans cette phase des calculs à utiliser correctement les données relatives au
sol, en particulier en tenant compte de comportements différents au-dessous et au-dessus de la
pression de préconsolidation.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 68
Influence mutuelle
Effet de radier
Les tassements devront être calculés en additionnant pour chaque semelle les effets
(modifications des contraintes verticales) provoqués par toutes les semelles voisines
susceptibles d'exercer leur influence. Ceci conduira toujours à des tassements plus importants
que ceux calculés pour une semelle considérée isolément.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 69
L'étude des tassements différentiels entraînés par les variations des propriétés et de la
géométrie interne (stratigraphie) des sols devrait logiquement prendre en considération la
dispersion (au sens statistique) de ces paramètres et procéder au calcul par la voie
probabiliste. Des méthodes de calcul existent, mais les données expérimentales sont rarement
disponibles en nombre suffisant pour permettre une telle approche.
Pour les cas d'application courants, on pourra utilement faire appel à l'expérience
acquise dans ce domaine. Par exemple, Bjerrum a observé que ∆S pouvait être grossièrement
estimé, à partir du tassement maximum Smax, par :
• Smax pour les sols sableux;
• Smax / 2 pour les sols argileux.
Les valeurs indiquées correspondent à des tassements qui peuvent être considérées
comme sensiblement uniformes. Le contrôle vis-à-vis des tassements différentiels doit
toujours être effectué séparément.
Notons encore que les tassements totaux admissibles cités ci-dessus ne sont relatifs
qu'au comportement propre des ouvrages concernés. Il faut encore vérifier que ces
mouvements restent compatibles avec d'autres impératifs, par exemple les raccordements aux
divers fluides (eau, égouts, gaz, ...), les communications avec des ouvrages voisins, ...
{3-105.} δ = ∆S / L
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 70
D'après ces mêmes auteurs, les distorsions locales admissibles devraient rester
limitées à :
Distorsions locales admissibles Types d'ouvrages
0,0005 – 0,0010 Murs en briques élevés et continus
0,0010 Fissuration des plâtres
0.0020 Ossatures métalliques continues
0,0025 – 0,0040 Ossatures en béton armé
0,0030 Murs-rideaux en béton armé
0,0050 Ossatures métalliques simples
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 71
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 73
CHAPITRE 4
___________________________________________________________________________
4.1. Introduction
On rappellera d'abord que les forages de reconnaissance, avec prélèvements
(remaniés et non-remaniés) pour essais en laboratoire, restent toujours irremplaçables à
l'heure actuelle pour se faire une idée fidèle de la composition et de certaines propriétés des
sols en profondeur. C'est en se basant sur les résultats obtenus par de tels essais que la
méthode classique de dimensionnement des fondations superficielles a été développée dans
les chapitres 2 et 3 qui précèdent.
Mais cette manière de réaliser la reconnaissance géotechnique présente un certain
nombre de désavantages, parmi lesquels on se bornera à citer :
• la difficulté de prélever et de tester en laboratoire des échantillons réellement non-
remaniés, correspondant bien à l'état du matériau en place,
• les modes de sollicitation parfois différents entre le laboratoire et la réalité, ce qui
peut conduire à des erreurs systématiques sur les caractéristiques de comportement
prises en compte,
• la faible représentativité des échantillons prélevés par rapport aux volumes de
sols intéressés par la future construction,
• le coût élevé de ce type de reconnaissance.
Pour pallier un certain nombre de ces désavantages, des méthodes de mesure
applicables in situ ont été mises au point. Elles ont procédé au départ d'un certain empirisme,
mais des efforts de normalisation ont été entrepris, tandis que les méthodes de
dimensionnement utilisant les résultats de ces essais se développaient. Cette catégorie
d'essais présente les avantages principaux de solliciter le sol en place, sans trop le perturber
au préalable, et de faire appel à des modes de sollicitation proches de ceux mis en jeu par les
fondations réelles. En outre, le nombre de mesures, et donc leur représentativité
relativement aux volumes de sol, est généralement plus élevé.
Les principaux essais servant à déterminer en place des caractéristiques utiles
pour le calcul des fondations sont :
• les chargements à la plaque,
• les essais pressiométriques,
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 74
{4-1.} 2
⎛ ⎞
S = S0 ⎜ 2B ⎟
⎝ B + B0 ⎠
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 75
Cette formule n'est valable que si le rapport des diamètres n'est pas trop grand,
et surtout si les couches de sol intéressées peuvent être considérées comme homogènes.
Des coefficients de forme, qui ne sont pas donnés ici, permettent de passer des plaques
circulaires aux semelles de forme quelconque.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 76
{4-2.} ∆p
EM = K
∆V
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 77
Ces deux principales grandeurs caractéristiques (EM et pl) peuvent être déterminées à
différents niveaux dans un forage, en principe tous les mètres. On peut alors tracer un profil
pressiométrique au droit de chaque forage d’une manière synthétique, la nature des différentes
couches traversées et éventuellement des indications sur la résistance à l’avancement du forage
dans ces couches, en particulier si le fonçage de la sonde a été réalisé par battage.
Une telle présentation des résultats permet de visualiser globalement le profil des
terrains, de s'en faire une image synthétique et d'y repérer d'éventuelles anomalies. Dès que
la reconnaissance du site fait appel à plusieurs forages pressiométriques, ce qui est toujours
souhaitable, il y a lieu de prendre en considération non seulement les valeurs moyennes des
caractéristiques, mais aussi leurs variations en plan et en profondeur, ainsi que leur
dispersion.
Les caractéristiques pressiométriques (EM et pl) ne sont à utiliser que dans le cadre des
méthodes spécifiques initialement mises au point par Ménard, vérifiées et éventuellement
affinées sur des ouvrages réels depuis plusieurs décennies. Ces méthodes, brièvement
exposées ci-après, sont extraites des publications originales de cet auteur et de quelques
travaux plus récents. On soulignera encore que l'utilisation de ces méthodes ne fait appel
qu'aux caractéristiques qui viennent d'être définies, sans plus faire appel aux notions
classiques d'angle de frottement interne, de cohésion, de module oedométrique, ...
Précisons encore que nous nous limiterons dans le cadre de cet exposé au
pressiomètre de type Ménard et aux méthodes de dimensionnement qui y sont applicables.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 78
Cette simplification n'est cependant plus admissible pour les terrains mous, sous
eau, ni quand la profondeur devient importante. Il faut alors tenir compte des effets de la
poussée d'Archimède tant sur la fondation que sur la sonde lors des essais, avec la
formulation plus complète :
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 79
Pression limite
Nature du sol Catégorie
pl (MPa)
moins de 1,2 Argile
I
moins de 0,7 Limon
1,3 - 4,0 Argile raide et marne
1,2 - 3,0 Limons compacts
II
0,4 - 0,8 Sable compressible
1,0 - 3,0 Roche tendre ou altérée
1 - 2 Sable et gravier
III
4-10 Roche
3-6 Sable et gravier très compact III bis
ENCASTREMENT CRITIQUE
Forme de la fondation
Catégorie Circulaire Filante
de sol ou carrée
I 4 6
II 10 12
III 16 18
III bis 20 22
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 80
Usuellement les essais pressiométriques sont exécutés à des intervalles réguliers (un
mètre) dans les forages, et les trois valeurs des pressions limites à prendre en compte
seront elle-mêmes des moyennes géométriques correspondant aux tranches de terrain ainsi
définies :
• pour p’l1 entre 3R et R au-dessus du niveau de la fondation,
• pour p’l2 entre R et -R de part et d'autre du niveau de la fondation,
• pour p’l3 entre -R et -3R au-dessous du niveau de la fondation.
Notons encore que ces formules de calcul d'une valeur moyenne équivalente
supposent toutefois que l'on a affaire à un seul type de terrain (ou à des types de sols
voisins), homogène "en grand", dans lequel les variations des pressions limites considérées
restent modérées (de l'ordre de 30% de la moyenne).
Si ce n'est pas le cas, le problème devra être examiné plus en détail, comme dans
un milieu stratifié, en tenant compte de l'hétérogénéité et de la géométrie des couches du
sous-sol.
On définit encore, en respectant les mêmes critères d'homogénéité "en grand", une
profondeur d'encastrement équivalente, qui se calcule entre la surface et la profondeur H
de la base de la fondation par :
{4-8.} H
he = 1 ∫ p'l (z) dz
p'le 0
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 81
fois du type de sol (selon le tableau reproduit plus haut) et de la forme de la fondation, en
interpolant graphiquement entre les courbes relatives à la fondation carrée et celles
relatives à la fondation filante.
On notera que la valeur minimum vaut 0,8 et qu’elle correspond à une fondation posée
en surface. Les valeurs de k augmentent ensuite jusqu’à un maximum correspondant à
l’encastrement critique, qui n’est pas atteint sur ce diagramme applicable aux fondations
superficielles, mais que l’on voit apparaître sur le diagramme équivalent relatif aux fondations
profondes.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 82
• une modification de l'appareillage et/ou des modes opératoires, dans le but d'obtenir
des caractéristiques de comportement supplémentaires (essais cycliques) ou jugées
plus "réalistes" (pressiomètres autoforeurs, foncés, battus ...),
• une révision des méthodes de dimensionnement, par un ajustement des premières
propositions de Ménard sur les résultats des observations sur ouvrages réels, à la fois
pour la capacité portante et pour les tassements.
Des ouvrages récents10 proposent des courbes de k "adaptées" et simplifiées,
constituant une sorte de "moyenne inférieure" des valeurs observées, résumées dans l'abaque
de la figure 4.5 (les points représentent des observations réelles).
10
Briaud, Pressuremeter and foundation design, 1986, The Pressuremeter, 1992
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 83
{4-9.}
qa ≤ k p'le + q0
3
et, comme on l’a déjà noté plus haut, q0 peut parfois être négligé devant le premier terme.
Cette valeur du coefficient de sécurité, et la manière de l’appliquer, ont été confirmées par les
travaux récents.
{4-10.}
k <1 + L
R
On considère que cette condition ne devient effective que lorsque les semelles
sont suffisamment rapprochées pour que l'on ait L < 2R.
Les semelles chargées de manière excentrée exercent sur le sol une contrainte
variant de qm pour le bord le moins chargé à qM pour le bord le plus chargé. Ménard
impose alors le respect des deux conditions suivantes, vérifiant :
• la stabilité vis-à-vis d'un enfoncement généralisé :
{4-11.} qm + qM
< qa
2
• la stabilité au déversement :
Cette deuxième condition n’est à prendre en considération que si h/R > 1. Sinon, un
nouveau calcul de la force portante sera mené en considérant une fondation fictive constituée
par le tiers le plus chargé de la fondation réelle, ce qui conduira bien entendu à un
encastrement relatif supérieur, et donc à une valeur de k plus élevée.
Ménard traite encore du cas des fondations voisines établies à des niveaux
différents, ainsi que du voisinage des fouilles et des terrains en pente, et il émet des
considérations sur les radiers. On se référera le cas échéant à ses publications, ces cas
n'étant pas traités dans le cadre du présent exposé.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 84
On signalera encore que des travaux plus récents11 ont réexaminé ces différentes
questions, ainsi que les problèmes posés par les fondations établies sur, ou à proximité, d'un
terrain en pente. Leurs conclusions suggèrent plutôt d’appliquer les règles introduites par
Meyerhof (1953), dont on a donné un aperçu dans le chapitre 2.
{4-13.}
9 Ed
( )
B0 9 Ec
α
S = 2 q B0 λd B + α q λc B
11
Shields et al, 1977; Baguelin et al, 1973; Amar et al, 1984
12
L'évaluation des tassements - Tendances nouvelles, 1952
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 85
{4-14.} EM = α E +
Dans les sols, α dépend du type de matériau et du rapport EM /pl, tandis que dans le
rocher, il dépend essentiellement du degré de fissuration et d'altération :
Sable et
Type de sol Tourbe Argile Limon ou silt Sable gravier
On remarquera enfin que, sur le plan des principes, l'approche pressiométrique se base
sur des paramètres de comportement (modules pressiométriques) obtenus par des essais de
courte durée, c'est-à-dire dans des conditions essentiellement déviatoriques, et le calcul de εd
qui en est déduit semble crédible.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 86
{4-15.} n
Ek ∑
n = 1
j =1 Ej
Quand on ne dispose pas de mesures au-delà d'une certaine profondeur, les valeurs
des modules pour les couches plus profondes seront estimées sur la base d'autres données
ou informations disponibles sur le site en question. Si de telles informations ne sont pas
accessibles, mais que l'on peut assez raisonnablement admettre que les propriétés du sol
ne se dégradent pas en profondeur, on peut admettre (c'est une position généralement
conservatrice) que le module reste constant et égal à la dernière valeur connue.
Le module équivalent Ec, dont les effets sont concentrés dans la zone
immédiatement sous la fondation, vaudra simplement :
{4-16.} Ec = E1
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 87
Le module équivalent Ed, relatif à des effets qui se font sentir sur une profondeur
beaucoup plus importante, sera calculé par une formule se basant sur une diffusion élastique
des contraintes en profondeur :
1 = 1 ⎛⎜ 1 + 1 + 1 + ⎞
{4-17.}
1 + 1 ⎟⎟
Ed 4 ⎜⎝ E1 0,85 E2 E3/ 4 / 5 2,5 E6 / 7 /8 2,5 E9 /16 ⎠
avec les valeurs sur plusieurs couches calculées encore une fois par la technique de
la moyenne harmonique, par exemple :
{4-18.} 5
E3/ 4 / 5 ∑
3 = 1
j =3 Ej
La formule {4-13} peut alors être appliquée, avec des coefficients α et, λd et λc obtenus
comme exposé dans le paragraphe précédent. La contrainte q à considérer est la contrainte
nette donnée, à partir de {4-9}, par :
{4-19.} k
q = qa - q0 = p 'le
3
Quand la largeur B de la fondation est inférieure à B0 (ce qui est un cas relativement
peu courant), la formule {4-13} peut se simplifier en :
{4-20.}
S = 2 q B (λd
9 Ed
)α + 9αEc q λc B (pour B < B0)
Quelques corrections peuvent encore être apportées à ces calculs, selon Ménard,
pour tenir compte de situations particulières :
• quand la fondation est faiblement encastrée, avec h < B, la valeur de S serait à
majorer, selon Ménard, de 10 % pour h = B/2 et de 20 % pour h = 0 ;
• en présence d'une couche mince, mais très déformable, située en profondeur ou
proche de la surface, des formulations spécifiques ont été proposées13 ; elles ne
seront pas détaillées ici ;
• Ménard a proposé une méthode de prise en compte (non développée ici) de l'effet
de radier résultant de la proximité des semelles voisines, qui s'ajoute au
tassement calculé pour chaque semelle considérée isolément ;
• les chargements répartis sur de grandes surfaces (remblais, grands réservoirs, ...)
conduisent à des champs de contraintes plus sphériques que déviatoriques.
4.3.7 Remarques finales et conclusions
Pour les sollicitations dynamiques, telles que celles transmises par les machines
vibrantes, les remarques formulées dans le cadre de la méthode classique restent bien
entendu d'application. Dans le cadre de la méthode pressiométrique, les valeurs du
module à considérer pour le calcul des tassements seraient plutôt celles obtenues par des
13
Baguelin et al, The pressuremeter and foundation engineering, 1978
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 88
chargements alternés, voire par des essais réellement dynamiques, et non pas celles
obtenues lors du premier chargement. L'étude des techniques particulières développées à
cet effet sort du cadre du présent exposé.
Signalons aussi qu'il est possible de passer des mesures pressiométriques à celle de
module de réaction de Winckler, ce qui est assez logique, puisque ce paramètre traduit
une relation pression-déformation du sol. Une procédure semblable, physiquement encore
plus proche, peut également être appliquée pour estimer le module de réaction horizontal
intervenant dans le calcul des interactions horizontales entre le sol et les pieux, les
parois, les palplanches,...
Pour le module de réaction kS (vertical), Ménard propose d'utiliser directement la
formule générale {4-13} de calcul du tassement, dans laquelle on remplace le tassement S
par son expression sous une contrainte q unitaire :
{4-21.}
S = 1 = 2 q B0 λd B
kS 9 Ed B0
( ) + 9αE
α
c
q λc B
14
Briaud, The pressuremeter, 1992 ; Amar et al, Etude expérimentale du comportement des fondations
superficielles, 1984
15
Les courbes utilisées pour la détermination de k (facteur de capacité portante) ne sont pas les
courbes originales de Ménard, un peu trop optimistes dans certains cas, mais les courbes revues proposées par
Briaud (Pressuremeter and foundation design, 1986)
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 89
{4-22.} qc = Nq . σ’0v
Dans cette formule, le terme Nq est le coefficient valable pour les fondations
profondes, fonction uniquement de l'angle de frottement interne. Il peut être obtenu par
différentes théories. On peut alors, à partir des valeurs de φ ainsi déterminées à chaque
profondeur de mesure z, calculer les coefficients Nq et Nγ relatifs à la fondation
superficielle étudiée, et enfin la force portante admissible pa.
On s'efforcera d'utiliser, pour la détermination de φ et le calcul subséquent des
coefficients de portance, des théories identiques ou au moins basées sur les mêmes
hypothèses, car il apparaît des différences assez notables entre les différentes théories.
16
Briaud, The pressuremeter, 1992
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 90
{4-23.} pa = 0,1 . qc
Pour les sols cohérents saturés, avec φu = 0, l'interprétation des résultats d'essai se
base sur :
{4-24.} qc = Nc . cu + σ’0v
Dans cette formule, le coefficient Nc est celui des fondations profondes. Pour un
angle de frottement nul, divers auteurs proposent pour ce coefficient des valeurs de
l'ordre de 8 à 10. On peut ainsi calculer la cohésion cu à chaque profondeur de mesure z,
puis calculer la force portante admissible par :
{4-25.}
pa = σ'0v + Nc.cu
SF
Si l'on introduit directement dans cette formule la valeur de Nc valable pour les
fondations superficielles avec φ = 0, soit Nc = 5,14, et la valeur usuelle du coefficient de
sécurité SF = 3, on obtient alors :
∆ε v = 1 + ∆σ'0v
{4-27.}
C σ'0v
{4-28.} qc
C =α
σ'0v
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 91
Sables 1à2
Bachelier & Parez
Sables argileux 2à4
{4-29.} Eoed = α . qc
Le coefficient α qui intervient ici est encore différent des précédents. Les valeurs à
prendre en considération et les conditions d'applicabilité de la formule ont été
soigneusement définies par l'auteur cité, qui propose en outre diverses corrélations entre q
et d'autres paramètres des sols.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 92
CHAPITRE 5
ASPECTS TECHNOLOGIQUES
ET PROBLEMES DE MISE EN OEUVRE
___________________________________________________________________________
On ne peut toutefois pas donner de limite précise pour ce rapport D/B, mais on admet
que cette limite est voisine de 4 à 6. Il faut souligner aussi que l'on peut rencontrer en
pratique toutes les situations intermédiaires, et qu'il ne s'agit donc pas vraiment de deux
catégories nettement distinctes. Un critère plus fondamental pour distinguer entre les deux
serait plutôt le mode de fonctionnement :
• les fondations directes, ou superficielles, transmettent uniquement les contraintes au
sol par leur surface d'appui inférieure (c'est du moins l'hypothèse habituelle), et elles
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 93
sont conçues de manière à diffuser les contraintes pour les rendre compatibles avec la
résistance du sol à la profondeur la plus faible possible;
• les fondations indirectes, ou profondes, vont chercher en profondeur une résistance
permettant si possible de mobiliser pleinement les contraintes admissibles dans le
matériau de structure (béton) ; outre le rôle de transmission des efforts en profondeur,
on ne néglige pas dans ce type de fondation les frottements latéraux du sol (avec leurs
effets bénéfiques ou préjudiciables).
Parmi les fondations superficielles, on distinguera les radiers et les semelles. Ces
dernières ont des dimensions en plan inférieures à celles de l'ouvrage, et elles reprennent les
charges transmises par une colonne ou un poteau. De forme carrée, rectangulaire ou
circulaires, elles prennent alors le nom de semelles isolées.
De plus grandes longueurs, mais avec une largeur limitée, elles peuvent reprendre les
charges d'un mur, d'un voile, de colonnes rapprochées, ... et elles portent le nom de semelles
filantes lorsque leur longueur devient importante en regard de leur largeur (L/B > 10).
Les radiers s'étendent sous la totalité ou sous une grande partie de la superficie des
ouvrages. Leur usage se justifie économiquement en présence de sols de faible résistance,
lorsque la surface des semelles (isolées ou filantes) nécessaires atteint ou dépasse la moitié de
la surface de la construction.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 94
très anciennes, qui ont parfois traversé avec succès plusieurs millénaires, et que nos moyens
technologiques modernes ne permettraient peut-être pas de reconstruire !
sous eau, des bétons d'une qualité tout à fait acceptable et le choix de la technique utilisée
constitue chaque fois un cas d'espèce à étudier.
En raison de la difficulté d'assurer un contact uniforme avec le sol (ou un béton de
propreté), on évitera d'utiliser des éléments entièrement préfabriqués pour les semelles. Même
en cas d'utilisation d'éléments préfabriqués, on s'efforcera au moins de couler en place une
couche de béton destinée à assurer un bon contact avec le sol.
Suivant les cas, on fera appel à du béton armé ou non. Le dimensionnement des
semelles correspondant à ces deux possibilités sera évoquées plus loin.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 96
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 97
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 98
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 99
terrains à excaver est médiocre, ce qui demande des talus à faible pente, ou quand la
profondeur à atteindre est importante, le volume à excaver et l'emprise des talus de déblai
peuvent devenir excessifs. La présence de constructions voisines ou des questions
administratives peuvent aussi limiter la zone d'emprise possible et imposer des conditions de
réalisations différentes.
On utilisera alors des ouvrages de soutènement provisoires permettant de réaliser des
parois verticales ou subverticales. Ces soutènements, qui feront l'objet d'une étude spécifique
dans le cadre d'un autre cours, peuvent être par exemple des palplanches (ancrées,
étançonnées, simplement fichées, gabionnées, ...), des blindages de conception variable, une
paroi "gunitée" (béton projeté) clouée, ...
Dans certaines situations, les systèmes de soutènement nécessaires pour assurer la
stabilité de l'excavation seront utilisés pour la construction définitive elle-même, soit sous
forme de "coffrage perdu", soit dans le cas des parois moulées comme éléments constitutifs
intégrés.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 100
Enfin, l'eau ne peut parfois pas être rabattue, non à cause de la difficulté de réaliser
cette opération, mais à cause des conséquences que le rabattement pourrait avoir. Dans
certains terrains de qualité médiocre, l'abaissement du niveau de la nappe, qui peut influencer
une zone s'étendant largement autour de la fouille, provoque, par l'augmentation des
contraintes effectives, un tassement parfois inadmissible. Le cas de l'écluse de Zeebrugge
constitue un exemple d'une telle situation, car les pompages ont entraîné des mouvements à
plus d'un kilomètre du chantier, par suite du tassement d'une couche de tourbe très
compressible.
On peut alors parfois se tourner vers des techniques provoquant une modification
minimale du régime de la nappe, par exemple par un système double de pompage et de
réinjection, réservé aux projets de grande envergure.
En dernier recours, on travaillera sous eau ou éventuellement sous boue de bentonite,
soit en coulant directement le béton, soit en fonçant des éléments préfabriqués bloqués en fin
d'opération par coulage ou injection.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 101
CHAPITRE 6
CALCUL ORGANIQUE
DES FONDATIONS DIRECTES
___________________________________________________________________________
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 102
aux résultats obtenus par le modèle de Boussinesq, qui a été vu dans un chapitre précédent, les
mesures sur ouvrages réels indiquent une forte influence de la nature du sol sur la répartition
des contraintes.
Dans un milieu cohérent, c’est-à-dire en pratique les argiles, les contraintes observées
sont proches des valeurs calculées, à savoir des valeurs maximales sous les bords d’une
semelle rigide, valeurs élevées rendues possibles par suite de l’existence de la cohésion, et
une répartition assez uniforme pour une semelle souple.
Dans la plupart des cas réels, on se trouve dans un cas intermédiaire entre une semelle
parfaitement souple ou parfaitement rigide, et les sols ne peuvent pas toujours être classés de
manière aussi tranchée. C'est pour ces raisons que l'on adopte souvent une répartition
uniforme de la pression de contact.
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 103
Lorsque la résultante des charges sur le sol n'est pas centrée, on choisira encore une
répartition linéaire des pressions, facile à déterminer en utilisant la théorie de la flexion
composée. On notera toutefois que lorsque le point d'application de la résultante est situé à
l'extérieur du tiers central (noyau central de la section), un tel calcul fait apparaître des
contraintes de traction. Comme ces contraintes ne peuvent pas physiquement se développer
entre le sol et la semelle, on supposera dans ce cas un décollement entre le sol et la semelle
sur une certaine zone.
{6-1.} pmax
Q = (B −d )
2
B − e = B −d
2 3
{6-2.} d =3.e − B
2
2.Q
pmax =
B −d
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 104
Géotechnique – RC 2007
Fondations superficielles 6— 105
Si l'on utilise du béton armé, deux cas peuvent se présenter suivant que les efforts
transmis possèdent ou non une composante de flexion (différence entre un mur en maçonnerie
simplement appuyé et un élément en béton armé encastré dans la fondation). Sous un mur de
maçonnerie, une semelle filante en béton armé devra être vérifiée en deux sections critiques,
vis-à-vis de la flexion (A-A’) et de l'effort tranchant (B-B’), comme représenté sur la figure.
Sous des éléments en béton armé, avec présence éventuelle de flexion, les semelles
seront conçues de manière à utiliser au mieux la matière et à répartir les contraintes sur le sol
de la manière la plus uniforme possible.
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Fondations superficielles 6— 106
6.3.2. Etanchéité
Dans le cas de fondations sur semelles isolées ou filantes, il n’y a guère de raisons de
rendre étanches les éléments de fondation, puisque l'eau peut contourner ces éléments non-
jointifs. L'étanchéisation des parois extérieures se justifie cependant pour limiter l'absorption
d'eau par les maçonneries ou les bétons, pouvant se traduire du côté intérieur, dans les caves
des bâtiments, par des suintements et/ou des efflorescences. C'est pourquoi en recouvre
généralement les murs et voiles de fondation d'une couche protectrice bitumineuse assurant
une certaine étanchéité vis-à-vis de l'humidité du sol.
Cette protection limite également les effets agressifs de certains sols vis-à-vis des
bétons et/ou des armatures.
Quand on se trouve sous le niveau de la nappe, et que l'on souhaite utiliser le volume
des constructions sous ce niveau, il faut réaliser une étanchéité véritable de toute la fondation.
Celle-ci doit donc être conçue comme un radier général, complété par des parois extérieures
continues remontant au-dessus du niveau supérieur de la nappe.
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Fondations superficielles 6— 107
On évitera une erreur assez courante qui consiste à appuyer la construction sur des
semelles isolées ou filantes, puis à fermer le fond par une dalle mince rapportée. Bien souvent
cette dernière est soit insuffisante pour résister aux sous-pressions hydrostatiques, soit
présente des défauts de liaison et/ou d'étanchéité avec les fondations proprement dites.
L'étanchéisation en elle-même est souvent réalisée par des produits bitumeux, de
préférence placés à l'extérieur, y compris sous la dalle. En l'absence de ce "cuvelage", les
seuls additifs "hydrofuges" dans les bétons ne suffisent pas toujours pour assurer 1'étanchéité
à long terme.
Certains auteurs déconseillent toutefois ces étanchéisations bitumeuses ou autres et
suggèrent de soigner particulièrement la qualité du bétonnage et les joints de reprise. Ils
justifient cette position à première vue paradoxale en s'appuyant sur la difficulté de réparer
une étanchéité défectueuse, alors qu'il est toujours possible d'injecter a posteriori un joint de
reprise ou une zone poreuse de béton.
Pour les constructions en maçonnerie, on n'oubliera pas de disposer dans les murs
immédiatement au-dessus du niveau du sol un écran horizontal (feutre ou carton bitumé,
communément appelé "roofing") évitant la remontée d'humidité ascensionnelle.
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Fondations superficielles 6— 108
CHAPITRE 7
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Fondations superficielles 6— 109
En 1955 à Syracuse (Kansas), lors du premier remplissage d'un silo à grain, celui-ci
s'est enfoncé dans le sol par dépassement de la force portante limite de la couche d'argile
organique très molle de 3 m d'épaisseur sur laquelle les cellules étaient appuyées. Par contre,
la partie centrale qui était fondée plus profondément que le reste de l'ouvrage, à cause de la
présence des fosses des monte-charge, s’appuyait sur des sables et graviers résistants et est
restée debout, tout comme la partie supérieure des cellules qui est restée accrochée à ce noyau
central.
A Transcona (Canada), en 1913, un silo à blé de grande capacité avait été construit
sans examen préalable du sous-sol. Ce dernier était composé d'alluvions récents d'environ 3 m
d'épaisseur recouvrant une épaisse couche d'argile d'origine glacière (ancienne cuvette de lac).
La plupart des bâtiments importants de la région étaient fondés sur les alluvions. Au cours du
remplissage, un tassement de 35 cm se produisit en moins d:une heure, puis le silo tout entier
se déversa. En quelques heures, l'inclinaison atteint 25°, avec un côté enfoncé de 7,30 m sous
le niveau initial et le côté opposé surélevé de 1,50 m.
Grâce à la rigidité de la structure en béton armé, il fut possible de creuser des
galeries sous le radier et de redresser le bâtiment en bloc. Depuis 1916, il continue à se
comporter de manière satisfaisante.
Peck a analysé soigneusement cet accident et a montré que la résistance à la
compression simple de ces argiles variait entre 70 et 120 kPa, avec une moyenne de 100 kPa.
Avec une telle valeur moyenne, l'accident ne devait pas se produire, mais avec la valeur
minimum, soit 70 kPa, il était inévitable. Ceci est exemplatif du danger qu'il y a de ne prendre
en considération que les valeurs moyennes de paramètres, sans analyser les conséquences de
1'hétérogénéité.
7.1.3. Mexico
Un dernier exemple classique est celui de la ville de Mexico, construite à
1'emplacement d'un ancien lac sur un des terrains les plus compressibles du monde, composé
sur une épaisseur de 700 m d'une alternance d'argiles volcaniques et de sable. Ces argiles du
type montmorillonite présentent des teneurs en eau dépassant 300 %, avec une limite de
liquidité pouvant atteindre 500 %. La première couche de sable, de faible épaisseur, se situe à
plus de 30 m de profondeur et c'est sur elle que sont fondés les bâtiments importants.
On essaie en général de fonder les autres constructions sur un radier général en ne
modifiant pas la contrainte initiale, mais la réalisation des ouvrages pose de gros problèmes
car l'argile gonfle de manière importante dès l'ouverture des fouilles (20 cm en une semaine).
Un autre phénomène spectaculaire est l'ampleur exceptionnelle des tassements dus au
rabattement de la nappe phréatique, résultat des pompages nécessités par l'accroissement
rapide de la population. La consolidation des argiles volcaniques a entraîné des tassements
qui atteignent près de 10 m et se poursuivent au rythme de 5 à 10 cm/an selon les quartiers.
Selon le mode de fondation, les constructions peuvent tasser de manière différente et on peut.
observer des immeubles fondés sur pieux dont l'entrée d'origine est à environ 5 m au-dessus
du niveau de la rue.
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7.3. Synthèse
L'ingénieur chargé d'une étude de fondation ne doit jamais hésiter à faire valoir son
point de vue à ce sujet, car un ouvrage, ses fondations et le sol sous-jacent constituent un tout
dont le fonctionnement harmonieux résulte de l'adéquation de ses différents éléments entre
eux. C'est pour cette raison que la reconnaissance du sol doit précéder toute étude d'ouvrage,
et que le géotechnicien doit entrer en jeu dès le début, car la conception doit obligatoirement
inclure le système de fondation.
De cette manière, le type de structure, certaines options constructives, voir même
l'implantation en plan pourraient éventuellement être remis en question si des conditions
particulières ou un accident majeur de sous-sol étaient mis en évidence.
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