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TOME II
VOILEMENT LOCAL ET
CLASSIFICATION DES SECTIONS
LY Hav
Octobre 2007©
2 Classification des sections
1. Introduction ................................................................................................................................... 4
3.3.4.2. Interaction entre la force transversale, le moment fléchissant et l’effort normal .............. 40
3.3.6.2.5. Soudures......................................................................................................................... 42
5.2. Autres éléments à prendre en compte dans le calcul des sections de classe 4 .................................. 55
5.3. Exigences relatives aux sections pour l’analyse globale plastique ................................................... 56
ANNEXE : EUROCODE 3 (EN 1993-1-5: 2006). Calcul des structures en acier – Part 1.5: Plaques
planes .................................................................................................................................................. 58
1. I NTRODUCTION
Les sections utilisées en construction métallique sont, dans la majorité des cas, formées d’éléments
plans disposés orthogonalement entre eux (Figure1)
C’est certainement là l’un des apports important de l’Eurocode 3 que d’avoir abordé la
plupart des sections rencontrées en construction métallique (EN 1993-1-1 : 2003, EN 1993-1-3 :
2004, EN 1993-1-4 : 2002, EN 1993-1-5 : 2004) et d’avoir donné des règles pour déterminer la
résistance de ces sections en tenant compte de l’éventualité d’un risque de voilement. En effet, les
règles CM 66 et l’additif 80 avaient pris l’option de purement et simplement éliminer tout risque de
voilement local en fixant des limites aux élancements géométriques des parois comprimées des
sections et de façon encore plus restrictive dans l’additif 80 (mais mieux justifiée) pour permettre de
garantir la plastification des parois.
Nous verrons que l’Eurocode 3 procède à une classification des sections transversales en fonction du
risque de voilement que présentent les parois constituant la section. Des règles de calcul de la
résistance des sections liées à cette classification sont également proposées par l’Eurocode 3.
Mais avant d’examiner cette classification, revenons sur le phénomène de voilement des plaques
planes.
2.1. INTRODUCTION
De même qu’il existe une contrainte critique d’Euler pour une barre comprimée idéale ; c’est à
dire, parfaitement rectiligne, sans défaut initial, pour une plaque plane idéale (homogène, isotrope, de
planéité parfaite) de comportement élastique linéaire, il existe également une contrainte critique de
voilement σ dont l’expression générale est :
cr
2
π 2E ⎛ t ⎞
σ cr = kσ ⎜ ⎟
12(1 −ν 2 ) ⎝ b ⎠
où :
ν le coefficient de Poisson,
t l’épaisseur de la plaque,
b la largeur de la plaque,
kσ un coefficient qui tient compte de la distribution des contraintes sur la largeur b de la plaque, des
conditions d’appui de celle-ci au contour et du rapport a/b de la longueur à la largeur de la plaque.
L’Eurocode 3 ne retient que l’influence de la distribution des contraintes sur la largeur de la paroi
pour déterminer la valeur de kσ. Il considère les parois de la section systématiquement articulées à
leur contour et leur longueur a infiniment grande par rapport à la largeur b ce qui fait que l’influence
du rapport dimensionnel a/b n’intervient pas dans la détermination de kσ. Ces deux hypothèses
simplificatrices qui placent en sécurité conduisent à ne plus considérer que la distribution des
contraintes sur la largeur de la paroi pour déterminer kσ. Compte tenu des hypothèses de Navier-
Bernoulli faites pour la détermination de la distribution des contraintes sur la section, cette
distribution reste linéaire et peut donc être caractérisée à partir de deux points ; l’Eurocode 3 adopte
σ2
le rapport algébrique ψ = entre la contrainte maximale de traction σ2 (comptée négativement)
σ1
et la contrainte maximale de compression σ1 (comptée positivement). L’Eurocode 3 propose des
formules pour déterminer le coefficient kσ en fonction de ψ .
A la différence d’une barre où le phénomène de flambement entraîne une ruine plutôt soudaine, la
ruine par voilement d’une plaque s’effectue de façon progressive du fait d’une possible
redistribution des contraintes sur la largeur de la plaque. En effet, le début d’instabilité des fibres de
la plaque les plus sollicitées en compression va entraîner un report des efforts vers les fibres voisines
moins sollicitées qui à leur tour atteindront l’instabilité et ainsi de suite en allant vers les bords de la
plaque les mieux maintenus. La ruine complète de la plaque n’intervient donc que dans un état dit
post-critique pour une contrainte moyenne sur la largeur de la plaque supérieure à la contrainte
critique théorique σcr .
La forme concave prise par la plaque conduit à une redistribution des contraintes comme indiqué sur
la figure 4 ; les contraintes étant maximales le long des bords appuyés. La ruine de la plaque est
atteinte lorsque les bords appuyés se plastifient.
Von Karman (1932) a proposé de décrire le comportement d’une plaque dans le domaine post-
critique en introduisant la notion de « largeur effective beff » sur laquelle la contrainte de
compression maximale distribuée uniformément peut atteindre la limite d’élasticité fy . Pour la
plaque fictive, de largeur beff , de même épaisseur t que la plaque réelle, de même rapport de forme
et subissant la même distribution de contraintes, le voilement interviendra pour la contrainte critique
:
En identifiant les termes restant constants entre les expressions de fy et σcr , on obtient :
f y beff 2 = σ cr b 2
b
fy fy
b t
= =
beff σ cr E
π kσ
12(1 − v 2 )
b
b fy 235
t t 235
λp = = = avec ε =
beff σ cr E fy
t π ε kσ
12(1 − v )
2
Soit :
b b0 235 b0
= = ε
t t0 fy t0
Les élancements établis pour la nuance courante S235 sont donc tous corrigés par le rapport ε
lorsqu’une autre nuance, de limite d’élasticité fy , est utilisée.
Avec les valeurs usuelles E = 210 000 N/mm2 et ν = 0,3, on obtient l’expression simplifiée :
b
λp = t
28.4ε kσ
La valeur de λ p renseigne directement sur les risques de voilement local d’une paroi. Si λ p est
inférieur à 1, le voilement local n’est théoriquement pas à craindre ; dans le cas contraire, il y a
voilement pour une contrainte moyenne ultime dans la plaque réelle :
fy
σu =
λp
ou ce qui revient au même de dire pour une largeur effective de la plaque fictive égale à :
b
beff =
λp
En réalité, aucune plaque ne répond aux critères de plaque idéalement parfaite et il y a donc lieu de
tenir compte :
Tous ces facteurs agissent en principe dans le même sens pour diminuer la résistance au voilement
local.
Construction Métallique LY Hav
Voilement local 31
L’Eurocode 3 a pris en compte cette réduction de la résistance au voilement local d’une plaque
réelle en adoptant une expression modifiée de la formule de Von Karman de façon à prendre en
compte les défauts.
Nous verrons au paragraphe suivant comment l’Eurocode 3 a pris en considération les différentes
situations de sollicitations pour définir beff .
Si l’on soumet une plaque rectangulaire à une compression uniforme sur deux côtés opposés,
parallèlement à son plan moyen, on observe que la plaque, au-delà d’une certaine charge, se déforme
transversalement.
Il s’agit du phénomène de voilement, qui se manifeste par des ondulations, qui ne sont pas sans
rappeler le phénomène de flambement pour des pièces à une dimension, à la différence près que le
voilement se développe plus progressivement, les grandes déformations n’apparaissant pas
brutalement et ne conduisant généralement pas à la ruine de la pièce.
Le phénomène de voilement peut également apparaître sous un effort de cisaillement simple. Il est,
dans ce cas, attaché à la diagonale comprimée.
Les âmes des poutres utilisées en construction métallique sont généralement minces et donc
susceptibles de se voiler sous des efforts de compression ou de cisaillement excessifs.
Les essais montrent que les déformations des âmes de poutres par voilement se conduisent non pas
par des ondulations régulières (comme une plaque mince libre), mais par des cloques et des
boursouflures (zones d’acier plastifiées), localisées dans les zones surcomprimées, comme le montre
dans la figure.
Les essais montrent également que les âmes, bien que voilées, résistent encore à des efforts
additionnels. Autrement dit, le voilement ne conduit pas à une ruine rapide et brutale des pièces, ce
qui en fait un phénomène finalement peu dangereux.
Pour éviter le voilement des âmes des poutres, deux moyens sont possibles :
Le choix est dicté, cas par cas, par une comparaison des coûts.
Expérience montre cependant que cette théorie est insuffisante, car les contraintes critiques
calculées ne correspondent que rarement aux contraintes de ruine expérimentales.
Cela s’explique, en autres, par les effets de membrane, à savoir des tractions stabilisatrices
générées par les déformations transversales, que la théorie ne prend pas en compte.
→ D’autre part, parce que les profilés laminés normalisés (IPE, HEA, …) sont
peu ou pas sensibles au voilement ; leurs âmes étant surdimensionnées.
En revanche, les âmes des profilés reconstitués soudés sont très sensibles au voilement. Il s’agit des
poutres ou caissons d’ouvrages d’art, des parois de réservoirs, de silos,…
La résistance au voilement par cisaillement des âmes de poutres est définie à l’Eurocode 3 partie 1-
5. Elle prend du rapport hauteur-épaisseur d/tw ainsi que de l’espacement des éventuels
raidisseurs d’âme intermédiaires.
La résistance au voilement par cisaillement doit être vérifiée lorsque le rapport hw/t de l’âme vaut :
72
hw / t ε pour des âmes sans raidisseurs (exceptés ceux sur appuis)
η
31
hw / t ε kτ pour des âmes comportant des raidisseurs transversaux intermédiaires
η
L’Annexe Nationale définit η. La valeur η = 1,20 est recommandée pour les nuances d’acier jusqu’à
S460 compris. Pour les nuances d’acier plus élevées, la valeur η = 1,00 est recommandée.
Ces bornes sont fixées par 5.3. de l’Eurocode 3 partie 1-5, qui définit l’élancement λ w de l’âme :
hw
λw =
86.4tε
hw
λw = t
37.4ε kτ
Avec
Pour les plaques avec raidisseurs transversaux rigides et sans raidisseurs longitudinaux ou avec plus
de deux raidisseurs longitudinaux, le coefficient de voilement par cisaillement kτ peut être calculé
avec les formules suivantes :
2 3
⎛h ⎞ ⎛ Isl ⎞ 2.1 I sl
Où kτ sl =9 ⎜ w ⎟ 4
⎜ 3 ⎟ mais sans être inférieur à 3
⎝ a ⎠ ⎝ t hw ⎠ t hw
a est la distance entre les raidisseurs transversaux (voir Figure 5.3 EC3 1-5) ;
Isl est l’inertie du raidisseur longitudinal par rapport à l’axe z-z, voir Figure 5.3 (b) EC3
1-5. Pour les âmes comportant deux raidisseurs longitudinaux ou plus, non
nécessairement également espacés, Isl est la somme des inerties des raidisseurs
individuels.
NOTE Aucun raidisseur transversal intermédiaire non rigide n’est pris en compte
dans l’équation de kτ.
I sl
6.3 + 0.18 3
t hw I sl
kτ = 4.1 + + 2.2 3
α 2 3
t hw
Pour les âmes raidies ou non, il convient d’évaluer la résistance de calcul de cisaillement
comme suit :
η f yw hwt
Vb , Rd = Vbw, Rd + Vbf , Rd ≤ (3.1)
3γ M 1
χ w f yw hwt
Vbw, Rd = (3.2)
3γ M 1
Il convient que les raidisseurs soient conformes aux exigences énoncées en 9.3 et que les
âmes satisfassent l’exigence énoncée en 9.3.5 de l’Eurocode 3 partie 1-5 2006.
Il convient, pour les âmes comportant des raidisseurs transversaux au droit des appuis
uniquement et pour les âmes comportant des raidisseurs intermédiaires, transversaux, longitudinaux,
ou les deux, de déterminer le coefficient χw pour la contribution de l’âme à la résistance au
voilement par cisaillement à partir du Tableau 3.1 ou de la Figure 3.2.
Lorsque la résistance des semelles n’est pas entièrement utilisée dans la résistance en flexion (MEd <
Mf,Rd), il convient de déterminer comme suit la contribution des semelles :
b t2 f ⎛ ⎛ M ⎞
2
⎞
Vbf , Rd = f f yf ⎜1 − ⎜ Ed ⎟⎟ ⎟ (3.3)
cγ M 1 ⎜ ⎜⎝ M f , Rd ⎠ ⎟
⎝ ⎠
M f ,k
M f , Rd = est le moment résistant de calcul de la partie efficace de la section
γM0
transversale composée uniquement des semelles,
⎛ 1.6b f t 2f f yf ⎞
c = a ⎜ 0.25 + ⎟⎟
⎜ thw2 f yw
⎝ ⎠
En présence d’un effort normal NEd, il convient de réduire la valeur de Mf,Rd par le coefficient
suivant :
⎛ ⎞
⎜ ⎟
⎜1 − N Ed ⎟
⎜ (A + A ) f ⎟ (3.4)
⎜ f1 f2 yf
⎟
⎜ γ Mo ⎟
⎝ ⎠
où Af1 et Af2 sont les aires des semelles supérieure et inférieure respectivement.
VEd
η3 = ≤ 1, 0 (3.5)
Vb , Rd
où VEd est l’effort tranchant de calcul y compris l’effort tranchant ramené par la torsion.
• Il convient de déterminer la résistance de l’âme des poutres laminées et des poutres soudées
conformément à 3.3.3.2, à condition que la semelle comprimée soit maintenue latéralement
de manière appropriée.
a) par l’intermédiaire d’une semelle, la charge étant équilibrée par les efforts tranchants dans
l’âme, voir Figure 3.3 (a) ;
b) sur une semelle, ladite charge étant transmise par l’intermédiaire de l’âme directement à, voir
Figure 3.3 (b) ;
c) par l’intermédiaire d’une semelle, à proximité d’une extrémité non raidie, voir Figure 3.1 (c).
f yw Leff tw
FRd = (3.6)
γ M1
Leff est la longueur efficace pour la résistance aux forces transversales, qu’il convient de
déterminer à partir de :
Leff = χF ly (3.7)
Lorsque plusieurs forces concentrées ont un espacement réduit, il convient de vérifier la résistance
pour chaque force individuelle ainsi que pour la somme des forces, ss étant pris égal à la distance
entre points d’application des charges extérieures.
Lorsque la surface qui transmet la charge est inclinée par rapport à la semelle, voir Figure 3.4, il
convient de considérer ss nul.
3.3.3.4. COEFFICIENT REDUCTEUR Χ F DE LONGUEUR EFFICACE POUR LA RESISTANCE
Il convient de déterminer le coefficient réducteur χF comme suit :
0.5
χF = ≤1 (3.8)
λF
où
l y tw f yw
λF = (3.9)
Fcr
tw3
Fcr = 0.9k F E (3.10)
hw
NOTE L’Annexe Nationale peut fournir des informations concernant les âmes avec
raidisseurs longitudinaux. Les règles suivantes sont recommandées :
Pour les âmes avec raidisseurs longitudinaux, il convient de déterminer kF comme suit :
2
⎡h ⎤ ⎡ b ⎤
k F = 6 + 2 ⎢ w ⎥ + ⎢5.44 1 − 0.21⎥ γ s (3.11)
⎣a⎦ ⎣ a ⎦
où Isl,1 est l’inertie du raidisseur le plus proche de la semelle sous la charge, y compris les
parties collaborantes de l’âme selon la Figure 3.5.
b1 h
0.05 ≤ ≤ 0.3 et w ≤ 0.3
a a
f yt b f
m1 = (3.13)
f ywtw
2
⎛h ⎞
m2 = 0.02 ⎜ w ⎟ si λ F > 0.5
⎜ tf ⎟ (3.14)
⎝ ⎠
m2 = 0 si λ F ≤ 0.5
Pour les cas (a) et (b) indiqués à la Figure 3.3, il convient de déterminer ly comme suit :
( )
l y = ss + 2t f 1 + m1 + m2 , avec ly ≤ à la distance entre raidisseurs transversaux adjacents (3.15)
Pour le cas c), il convient de déterminer ly comme étant la plus petite des valeurs obtenues à
partir des formules (3.16), (3.17) et (3.18).
2
m1 ⎛ le ⎞
l y = le + t f + ⎜ ⎟ + m2 (3.16)
2 ⎜⎝ t f ⎟⎠
l y = le + t f m1 + m2 (3.17)
k F Etw2
le = ≤ ss + c (3.18)
2 f yw hw
3.3.3.6. JUSTIFICATION
Il convient d’effectuer la justification comme suit :
FEd
η2 = ≤ 1.0 (3.19)
f yw Leff tw
γ M1
Leff est la longueur efficace pour la résistance aux efforts transversaux, voir (3.7) ;
3.3.4. INTERACTION
⎛ M f , Rd ⎞ M f , Rd
( )
2
η 1 + ⎜1 − ⎟⎟ 2η 3 − 1 ≤ 1.0 pour η 1 ≥ (3.20)
⎜ M pl , Rd ⎠ M pl , Rd
⎝
où Mf,Rd est le moment résistant plastique de calcul d’une section composée uniquement des
semelles efficaces ;
Mpl,Rd est la résistance plastique de la section composée de l’aire efficace des semelles et de
la totalité de l’âme quelle que soit la classe de celle-ci.
M Ed
η1 =
M pl , Rd
VEd
η3 =
Vbw, Rd
En outre, il convient de satisfaire aux exigences énoncées en 4.6 et 5.5 de l’Eurocode 3 partie 1-5.
Il convient d’évaluer les sollicitations en tenant compte s’il y a lieu des effets globaux du second
ordre.
3.3.4.2. INTERACTION ENTRE LA FORCE TRANSVERSALE, LE MOMENT FLÉCHISSANT
ET L’EFFORT NORMAL
Lorsque la poutre est soumise à une force transversale concentrée agissant sur la semelle
comprimée, associée à une flexion et à un effort normal, il convient de vérifier la résistance en
utilisant 4.6, 6.6 de l’Eurocode 3 partie 1-5 2006 et le critère d’interaction suivant :
Si la charge concentrée agit sur la semelle tendue, il y a lieu de vérifier la résistance selon la
section 6 de l’EN 1993-1-5 2006. En outre il convient de satisfaire 6.2.1(5) de l’EN 1993-1-1 2005.
Pour prévenir le voilement des semelles comprimées dans le plan de l’âme, il convient que
le rapport hw/tw de l’âme satisfasse le critère suivant :
hw E Aw
≤k (3.22)
tw f yf Afc
Lorsque la poutre est courbe en élévation, la semelle étant comprimée du côté concave, il
convient de satisfaire le critère suivant :
Construction Métallique LY Hav
Voilement local 41
E Aw
k
hw f yf Afc
≤ (3.23)
tw h E
1+ w
3r f yf
3.3.6.1. GÉNÉRALITÉS
Cette section donne les règles applicables aux raidisseurs des structures en plaques, en
complément des règles relatives au voilement énoncées dans les sections 4 à 7 de l’EN 1993-1-5
2006.
Il convient qu’un montant d’extrémité rigide comporte deux doubles raidisseurs transversaux
symétriques constituant les semelles d’une poutre courte de longueur hw, voir Figure 3.1(b). La
bande d’âme entre les raidisseurs forme l’âme de la poutre courte. Un montant d’extrémité peut
également se présenter sous la forme d’un profilé laminé, assemblé à l’extrémité de l’âme pleine
selon la Figure 3.6.
Lorsque des raidisseurs transversaux intermédiaires sont considérés comme souples, il convient
de prendre en compte leur rigidité dans le calcul de kτ décrit en 3.3.1.
Il convient que la section efficace des raidisseurs intermédiaires agissant comme supports rigides
des panneaux d’âme présente l’inertie minimale Ist suivante :
NOTE Il est loisible de vérifier la résistance des raidisseurs rigides intermédiaires pour un effort
normal égal à
VEd −
1
2
λw
f yw hwt / ( 3γ M 1 )
selon 9.2.1(3) de l’EN 1993-1-5 2006. En cas d’effort tranchant variable, la vérification est effectuée
pour l’effort tranchant à la distance 0,5 hw du bord du panneau soumis à l’effort tranchant maximal.
3.3.6.2.5. SOUDURES
Les soudures entre l’âme et la semelle peuvent être calculées pour le flux de cisaillement
nominal VEd/hw si VEd n’excède pas χwfywhwt / (√3 γM1). Pour des valeurs plus élevées de VEd, il
convient de dimensionner la soudure pour le flux de cisaillement η fywt/ (√3 γM1).
Dans tous les autres cas, il convient de justifier les soudures pour la transmission des efforts
perpendiculaires et parallèles aux cordons, compte tenu de la méthode d’analyse
(élastique/plastique) et des effets du second ordre.
Si les rappels de théorie du voilement exposés précédemment s’appliquent à des plaques isolées, la
classification proposée concerne la totalité de la section transversale. Il est un fait que les parois qui
composent une section, compte tenu de leurs caractéristiques géométriques et des sollicitations
qu’elles subissent, ne présentent pas toutes la même sensibilité au voilement. Aussi, l’Eurocode 3
adopte deux principes de base :
1°/ la classe d’une section est relative au type de sollicitation que celle-ci transmet : compression
simple, moment positif, moment négatif, flexion composée…
2°/ C’est la paroi la moins résistante au voilement local qui définit la classe de la section entière. On
peut également définir la classe d’une section en mentionnant la classe des différentes parois qui la
compose ; ainsi, une poutre PRS pourra être d’âme de classe 3 en flexion pure et semelle de classe 1
en compression.
4.2. CLASSIFICATION
La classe 2, où la section tout en étant capable de développer un plein moment plastique présente
des déformations plastiques limitées du fait de l’apparition du voilement local après que la capacité
plastique de la section ait été atteinte. Ces sections présentent donc une capacité de rotation limitée.
La classe 3, où la contrainte calculée sur la fibre comprimée extrême de la section, en supposant que
la distribution des contraintes est élastique sur la hauteur de la section, peut atteindre la limite
d’élasticité, mais pour lesquelles le voilement local est susceptible d’empêcher le développement du
moment résistant plastique.
La classe 4, sont les sections pour lesquelles le voilement local se produit avant d’atteindre la limite
d’élasticité dans une ou plusieurs parois de la section.
L’Eurocode 3 fournit plusieurs tableaux (5.2) où la classe de section peut être déterminée en
fonction de l’élancement géométrique des parois. Ces tableaux sont reproduits aux figures 9 à 12
suivantes.
On peut signaler qu’une grande partie des profilés laminés courants en acier S235, S355 et S460
sollicités en flexion pure rentrent dans la Classe 1. Ce sont les sections HEA et surtout HEAA qui
font le plus exception à cette règle générale. Les catalogues récents de produits sidérurgiques
apportent aujourd’hui toutes précisions sur cette classification en distinguant les sollicitations de
flexion pure et de compression simple. En ce qui concerne les sollicitations de flexion composée
rencontrées dans les constructions courantes, les niveaux de compression rencontrés sont
suffisamment faibles pour que la classification de ces profilés vis-à-vis de la flexion pure soit
conservée En définitive, il apparaît que l’examen de la Classe de section à l’aide des tableaux 5.2 de
l’Eurocode 3 concerne surtout les profilés reconstitués soudés.
A signaler que si des défauts de cohérence apparaissent entre le classement des sections et les
calculs d’élancement réduits effectués par ailleurs, notamment pour les sections de Classe 3 et 4, le
classement effectué à partir des tableaux 5.2 doit rester prioritaire.
Des exemples de sections efficaces sont donnés aux tableaux 4.1 et 4.2 de l’EN 1993-1-5 (Figure
13).
Pour permettre de définir la section efficace, les largeurs efficaces des parois comprimées (et
comprimées-fléchies) sont définies aux tableaux 4.1 de l’EN 1993-1-5 (figure 14) pour les éléments
comprimés intérieurs et au tableau 4.2 (figure 15) pour les éléments comprimés en console.
L’aire efficace Ac,eff d’une plaque comprimée d’aire Ac est donnée par l’expression :
Ac ,eff = ρ Ac ;
L’EN 1993-1-5 : 2004, propose pour la détermination du coefficient ρ les expressions suivantes :
λ p − 0, 055(3 +ψ )
ρ= 2
≤ 1, 0 lorsque λ p ≥ 0, 673 ; où 3 +ψ ≥ 0
λp
λ p − 0,188
ρ= 2
≤ 1, 0 lorsque λ p ≥ 0, 748
λp
N.B. Ces expressions remplaçant l’unique formulation semi-empirique de Winter proposée dans les
λ p − 0, 22
versions antérieurs de l’Eurocode 3 : ρ = 2
≤ 1, 0 pour λ p ≥ 0, 673 .
λp
où :
fy b
λp = = t
σ cr 28.4ε kσ
avec :
ψ le rapport de contrainte σ 2 / σ 1 défini aux tableaux 4.1 et 4.2 de l’EN 1993-1-5 : 2004
et déterminé en accord avec la procédure de calcul définie au paragraphe 4.4 de l’EN 1993-
1-5 : 2004 (présentée ci-dessous) ;
235
ε=
fy
1°/ Sur la base d’une distribution élastique des contraintes sur la section, l’inventaire est fait
des parois soumises à des contraintes longitudinales de compression et de la classe d’appartenance
de ces parois à partir de leur élancement géométrique en tenant compte dans certains cas des valeurs
des coefficients ψ et kσ .
2°/ Pour chacune des parois de semelles de cet inventaire qui ne respectent pas les limites
d’élancement géométrique fixées pour la Classe 3, le calcul de la largeur efficace est effectué à
partir du calcul des coefficients ψ , kσ , λ p et ρ .
3°/ En tenant compte des largeurs efficaces de semelles obtenues, les caractéristiques
géométriques de la section sont recalculées et la distribution des contraintes sur la section
réactualisée.
4°/ L’inventaire est alors fait des parois d’âmes qui ne respectent pas les conditions
d’appartenance à la Classe 3. Pour ces parois d’âme les largeurs efficaces sont déterminées à partir
du calcul des coefficients : ψ, kσ, λ p et ρ.
5°/ Les nouvelles caractéristiques géométriques de la section Aeff, Weff (Ieff) sont alors
calculées qui tiennent compte des largeurs efficaces des parois des semelles et des âmes.
Le décalage eN de l’axe neutre de l’aire efficace Aeff par rapport au centre de gravité de la
section brute engendre un moment additionnel :
ΔM Ed = N Ed eN
dont le signe à prendre en compte dépend de son effet sur la combinaison des sollicitations
(paragraphes 6.2.2.5(4), 6.2.9.3(2) et 6.3.1.1(2) de l’EN 1993-1-1 et paragraphe 4.6 de l’EN 1993-1-
5 ; 2004).
Sous sollicitations biaxiales, les caractéristiques et coefficients précédents sont alors calculés
pour les deux directions d’axes principaux de la section..
Figure 14 : Largeurs efficaces des parois internes comprimées (EN 1993-1-5 Tableau 4.1)
Figure 15 : Largeurs efficaces des éléments comprimées en console (EN 1993-1-5 Tableau 4.2)
5.1.3. EXEMPLE
c ≤ 42ε (tableau 5.2 de l’EN 1993-1-1) non, paroi de classe 4 ; Tableau 4.1 de l’EN
t
b
tf
1993-1-5 : ψ = 1.00; kσ = 4.0; λ p = ≥ 0.673; b = c
28.4ε kσ
λ p − 0, 055(3 +ψ )
ρ= 2
≤ 1, 0 avec 3 +ψ ≥ 0
λp
σ2
Tableau 4.2 de l’EN 1993-1-5 : ψ = ; 0 ≥ ψ ≥ 1; kσ = 1.7 − 5ψ + 17.1ψ 2
σ1
hw
Tableau 5.2 de l’EN 1993-1-1 : ≤ 21ε kσ non, paroi de classe 4.
t
hw
tw
λ p2 = ≥ 0.748;
28.4ε kσ
λ p − 0,188
ρ= 2
≤ 1, 0 beff 2 = ρ bc = ρ hw (1 −ψ )
λp
Bien qu’au paragraphe 4.1 la présentation ait été limitée au cas de la détermination de la section
efficace en fonction du voilement local des éléments comprimée, l’EN 1993-1-5 2006, au
paragraphe 4, indiquent d’autres facteurs à prendre en compte qui interviennent dans le calcul de la
section efficace d’une section de classe 4.
En premier lieu, l’effet du traînage de cisaillement, défini au paragraphe 3.5 de l’EN 1993-1-5 2006,
doit être pris en compte pour les éléments tendus et les éléments comprimés où il intervient en
combinaison avec le phénomène de voilement. Ainsi, à l’état limite ultime, ceci conduit à adopter
une nouvelle aire efficace Aeff définie par :
où :
Ac,eff est l’aire efficace d’une semelle comprimée compte tenu du voilement,
b0
où κ = α 0 un rapport qui tient compte de la présence éventuelle de raidisseurs longitudinaux à
L0
travers une autre expression de α0 et de la longueur L0 de travée entre points de moments fléchissants
nuls.
(Les mêmes expressions servent également pour les semelles tendues en adoptant dans ce cas l’aire
brute de la semelle à la place de Ac,eff .) Séminaires de formation des formateurs à l’Eurocode 3
(Construction Métallique) Voilement local et Classification des sections Page 24/26 Alain
LACHAL
Le traitement des sections hybrides est prévu au paragraphe 4.3 de l’EN 1993-1-5 : 2006, de même
que la prise en compte de la présence de raidisseurs longitudinaux au paragraphe 4.5 de la même
EN.
La résistance des plaques au voilement par cisaillement (paragraphe 5 de l’EN 1993-1-5 : 2006) et la
présence d’efforts transversaux concentrés appliqués sur le dessus des semelles dans le plan de
l’âme (paragraphe 6 de l’EN 1993-1-5 : 2006) complètent l’étude de la section.
En règle générale, la formation d’une rotule plastique dans une barre requière la présence de
sections transversales de Classe 1, avec la réserve toutefois que l’effort transversal transmis au droit
de la rotule n’excède pas 10% de la résistance au cisaillement de la section. A proximité de la
section où se forme une rotule plastique l’EN 1993-1-1 impose certaines limitations ; c’est le cas
pour les trous de fixation en zone tendue, c’est aussi le cas pour l’âme qui ne doit pas présenter de
réduction d’épaisseur et la semelle comprimée qui doit être de Classe 1. Dans le reste de la barre, il
est recommandé que la semelle comprimée soit de Classe 1 ou 2 et l’âme de Classe 1, 2 ou 3.
Toutefois, si une analyse globale plastique est faite qui prend en compte les effets combinés du
voilement local, du flambement des barres et du flambement global de l’ossature, il n’est alors pas
nécessaire de tenir compte des recommandations précédentes.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[CEN/TC250, 2005] CEN EUROCODE 3 (EN 1993-1-1 : 2005). Calcul des structures en acier –
Partie 1.1 : Règles générales et règles pour les bâtiments, Bruxelles.
[CEN, 2006] CEN EUROCODE 3 (EN 1993-1-5: 2006). Calcul des structures en acier – Part 1.5:
Plaques planes, Brussels.
[CEN, 2001] CEN EUROCODE 3 (EN1993-1-3 : 2001). Design of Steel Structures – Part 1.3:
Supplementary rules for cold-formed members and sheeting, Brussels.
[CEN, 2004] CEN EUROCODE 3 (EN1993-1-4 : 2004). Design of Steel Structures – Part 1.4:
Supplementary rules for stainless steels, Brussels.
[5] J. MOREL – Calculs des Structures Métalliques selon Eurocode 3, Eyrolles, 2004
[7] APK –.Construction métallique et mixte acier-béton (Tomes 1), Eyrolles, 1996.