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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION …..............................................................................................1

1. La présentation de la situation
a) Contexte de la situation..............................................................................2
b) Description de la situation..........................................................................2
2. Le questionnement et la question de départ…………………………………..
3. Le cadre de référence théorique……………………………………………….
4. 3.1 L’urgence
a) Définition de la situation d’urgence ...................................................
b) Les connaissances requises par l ’IDE dans les soins d’urgence..........
c) La prise en charge de l’IDE d’un patient en situation d’urgence............

3.2 Le stress
a) Définition .................................................................................
b) Les facteurs de stress en situation d’urgence ................................
c) La physiologie du stress........................................................................
d) La gestion du stress ….........................................................................

3.3 Les émotions


a) Définition.......................................................................
b) Les différentes émotions en situation d’urgence..................................
La peur et la surprise
c) La physiologie de l’émotion..............................................................
d) La gestion des émotions..................................................................
3.4 Coping...................................................................................................
4. La méthodologie de l’enquête

a) Construction de l’outil d’enquête.............................................................

b) Le choix de la population interrogée et le lieu......................................


c) Déroulement des entretiens...................................................................

1
d) Les limites de l’enquête………………………………………………..12
5. L’analyse des entretiens……………………………………………………..12
a) L’analyse descriptive..............................................................................
b) La synthèse des entretiens.......................................................................
6. La problématisation et la question de recherche.................................
Conclusion...................................................................................................
Bibliographie
Annexe I : Guide d’entretien
Annexe II : Entretien n° 1
Annexe III : Entretien n° 2
Annexe IV : Entretien n° 3
MEMOIRE DE FIN D’ETUDES
VERSION n°1

“La gestion du stress en situation d’urgence “

U.E 3.4 S6 INITIATION A LA DEMARCHE DE RECHERCHE

Date de restitution : le 23 octobre 2023


GERMANY Carole
Promotion 2021/2024
Directrice de mémoire : Mme Peireirra Nathalie

1
NOTE AUX LECTEURS

“Ce mémoire est un ouvrage personnel, il ne peut faire l’objet d’une


publication en tout ou partie sans l’accord de son auteur et de l’IFSI”.
REMERCIEMENTS

A Mme Peireirra , ma Directrice de mémoire qui m’a accompagné tout au long


de ce travail.
A Mme F. Maury, sans qui je ne serai peut-être pas là aujourd'hui...
A mes filles, Chloé et Marion qui m’ont soutenu et encouragé durant ces 3 ans
et qui sont fières de leur maman je crois.
A ma mère qui a toujours cru en moi et à ma détermination sans faille.
A ma famille, collègues et amies qui n’ont jamais douté de moi.
Et enfin, merci à…la vie d’avoir mis sur mon chemin toutes ces âmes
bienveillantes qui ont contribué à ce que mes études se soient déroulées dans
de bonnes conditions.

1
LISTE DES ABRÉVIATIONS

U.E : unité d’enseignement


IDE : infirmière diplômée d’état
ESI : étudiante en soins infirmiers
EHPAD : établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes
AVS : auxiliaire de vie sociale
AS : aide-soignante
HENRIETTE : nom modifié
ETIENNE : nom modifié
STEPHANIE : prénom modifié
ANDY : prénom modifié
MARIE : prénom modifié
KIM : prénom modifié
OMS : organisation mondiale de la santé
RCP : réanimation cardio-vasculaire
SNA : système nerveux autonome
FC : fréquence cardiaque
FR : fréquence respiratoire
HSD : hématome sous dural
INTRODUCTION

Dans le cadre de la fin de mes études en soins infirmiers, je dois réaliser un


mémoire qui est la concrétisation de ces 3 années d’études en lien avec l’U.E
3.4 Initiation à la démarche de recherche et l’U.E 5.6 Analyse de la qualité et
traitement des données scientifiques et professionnels.

Le thème de mon mémoire est : “La gestion du stress en situation


d’urgence”
J’ai choisi ce thème car j’ai été confronté à une situation qui m’a interpellé lors
de mon stage du S3P1 face à un résident en situation de crise d’épilepsie.

C’était la 1ère fois que je me retrouvais seule devant cette expérience aussi
soudaine qu'inattendue, et je souhaitais comprendre ce qu’il s’est passé car
cette situation peut se reproduire au cours de ma carrière professionnelle.

Afin de mener à bien mon travail, j’ai effectué des recherches dans le but de
comprendre et d’améliorer ma posture professionnelle et personnelle qui me
permettra de moins appréhender ce type de situation dans l’avenir.

Dans un premier temps, je vais exposer la situation d’appel ensuite je parlerai


du cadre conceptuel en développant les concepts en lien avec cette situation.
Puis dans un second temps, j’évoquerai l’analyse que j’ai menée à l’issue des
entretiens réalisés sur le terrain.
Dans un troisième temps, la problématique et la question de recherche seront
abordées en confrontant le cadre conceptuel et le terrain.

1
Enfin je terminerai ce travail par une conclusion suivie d’une bibliographie.

1.Présentation de la situation
a) Le contexte de la situation
Je suis étudiante en soins infirmiers de 2e année lorsque j’effectue mon
stage S3P1 de psychiatrie dans un EHPAD parisien pendant la période
du 06/09/21 au 08/10/21. La résidence où je suis accueille des
personnes âgées autonomes, dépendantes, seules ou en couples pour
des séjours temporaires ou permanents.
La structure est composée de 5 étages qui hébergent divers publics
dont 2 sont réservés à l’EHPAD. Au 1er étage se trouve “l’unité de vie
protégée” pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer avec
portes closes et sécurisées. Il accueille 8 résidents.
A cet étage, j’ai la charge d’un seul résident et au 2e une quarantaine
de résidents cohabitent. 3 sont également à ma charge.
Le poste infirmier est situé au 1er étage. Je suis encadrée par
1
Stéphanie avec qui je travaille en 7h et 2Andy qui est en 12h.
L’équipe se compose de 2 IDE, 4 AS et 2 AVS qui travaillent
majoritairement au 2e. Une seule AS est affectée au 1er car la plupart
des résidents sont semi-autonomes.

b) Description de la situation
La scène se déroule à la fin de la 1ère semaine de stage au 1er étage
dans le salon où mangent les résidents, celui-ci est à proximité du poste
de soins infirmier. Il est environ 12h quand les résidents commencent à
affluer pour déjeuner.

1
IDE
2 IDE
Dans le salon se trouvent 3Marie et Kim, qui s’occupent de servir les
repas des résidents et moi je me trouve à l’opposé du salon qui est
séparé par un mur. Je n’ai pas de vue sur ce qui se passe de l’autre côté
de la pièce néanmoins je perçois les sons. Stéphanie et Andy sont au
2étage en train d’administrerlestraitements.J’’aide Mme HENRIETTE à
prendre son repas et son traitement ; les autres résidents mangent seuls
mais toutefois nécessite une surveillance en raison de risques de
pneumopathie d’inhalation dont sont sujets certains résidents. Au bout
de 15 minutes environ, j’entends un bruit assez conséquent suivi de cris
qui paraissent affolés de Marie et Kim.
Je me lève brusquement et me dirige de l’autre côté du salon et découvre
Mr ETIENNE face contre terre, la tête ensanglantée : il vient de faire une
crise d’épilepsie et a chuté de sa hauteur en venant heurter sa tête sur
le bahut qui se tient à sa gauche.
Il est fâcheusement blessé à l’arcade sourcilière et saigne
abondamment. Mr E. a 67 ans, il est atteint de la lèpre depuis son
adolescence et a été amputé de sa jambe gauche. Je lui viens en aide
immédiatement en le mettant sur le côté, le rassure et saisit une paire de
gants et un drap afin de comprimer sa plaie car il saigne abondamment.
A cet instant, je me sens totalement démunie et impressionnée car Mr E.
est très agité et je n’ai jamais vu de crise d’épilepsie auparavant. Je
garde toutefois mon sang froid afin de ne pas perturber davantage les
résidents et pour rester efficace dans ma prise en charge. Je lui parle
calmement et lui dit qu’il va être pris en charge rapidement.

Je suis seule depuis 25 minutes, les 2 AVS étant parties prévenir les IDE
et je dois gérer Mr E. en situation de crise et les autres résidents. Mon
cœur s’emballe davantage, j’éprouve de l’empathie pour Mr E car les
secours mettent du temps à arriver. Je ressens un sentiment d’abandon
m’envahir.

3 AVS

1
Mr E. reprend ses esprits au bout de 15-20 minutes et enfin j’aperçois
mes collègues IDE qui prennent le relais avec le SAMU. Ils me suggèrent
alors d’aller m’isoler ; ce que je fais et pars souffler et me décharger de
ce trop plein d’émotions.

2. Le questionnement et la question de départ

Cette situation m’a perturbé car en tant qu’étudiante en soins infirmiers


je n’avais jamais été confronté à une situation d’urgence. Je n’ai pas
compris pourquoi je me suis retrouvée seule pendant plus de 30
minutes à devoir gérer Mr. E. et les autres résidents. Mr E. en plus
d’être sujet aux crises d’épilepsie est aussi porteur de la lèpre qui est
une maladie infectieuse due à une bactérie : le Mycobacterium leprae
qui laisse des lésions dermatologiques et neurologiques ainsi que des
séquelles invalidantes. Il est globalement autonome mais nécessite une
aide pour mettre sa prothèse de jambe et pour la prise de ses
traitements.

La relation soignant-soigné est importante dans ce contexte car elle


implique que le soignant face preuve de bienveillance dans la prise en
charge de ces patients. En effet, les personnes atteintes de la lèpre
subissent très souvent le regard désapprobateur de la population et
sont mis systématiquement à l’écart de la société et sont victimes de
très fréquentes agressions physiques et verbales.

Mon rôle auprès de M.E est de l’avoir pris en charge relativement


rapidement tout en restant calme afin de le rassurer et de ne pas lui
transmettre mon stress. Tout au long de mon intervention, je lui ai
parler doucement mais aussi de manière non verbale avec le toucher
ce qui l’a mis en confiance avec moi et l’a apaisé et lui a permis de
verbaliser ses émotions tels que la peur et la gêne.
L’empathie, l’écoute et le sang-froid auprès de lui ainsi que ma
constante réassurance témoigne de la nécessité dont le soignant doit
faire preuve constamment auprès des patients en situation d’urgence.
Toutes ces réflexions m’ont dirigé vers une question de départ :
Comment l’infirmière peut-elle gérer son stress en situation
d’urgence ?
3. Le cadre de référence théorique
4. Suite à ma question de départ, je vais développer des thématiques en relation
avec la situation vécue telles que la situation d’urgence, les connaissances
requises et la prise en charge du patient. J’aborderai aussi des concepts
comme le stress, les émotions, la relation soignant/soigné.
5. 3.1 L’urgence
a) Définition
L’urgence pour l’IDE est une situation où le pronostic vital et/ou fonctionnel du
patient est engagé à très court terme si aucune prise en charge infirmière
immédiate n’est mise en œuvre. Cette définition se situe dans le contexte où
l’IDE se trouve seul(e) face à cette situation, en l’absence de tout médecin.
D’après l’article R4311-14 du code de la santé publique : “En l’absence d’un
médecin, l’infirmier ou l’infirmière est habilité(e) après avoir reconnu une
situation comme relevant de l’urgence ou de la détresse psychologique, à
mettre en œuvre des protocoles de soins d’urgence, préalablement écrits,
datés et signés par le médecin responsable”.

b) Les connaissances requises par l’IDE dans les soins d’urgence


Reconnaître les signes de difficultés/ Actions
Reconnaître l’urgence vitale ou l’urgence vitale nécessitant une
intervention rapide :
-Avoir la maîtrise parfaite des gestes de 1ers secours
-Être en possession de l’attestation de formation à l’utilisation du défibrillateur
semi-automatique

1
-Connaître la procédure d’alerte propre à chaque service de soins
-Maîtriser l’observation clinique du patient
Répondre à l’urgence :
-Connaître l’emplacement du chariot d’urgence (pas dans un local fermé à
clef)
-Connaître son organisation et son contenu
-Faire preuve de sang-froid, connaître les procédures d’alerte et de 1ers
gestes de secours
-Apprendre par la simulation avec des organismes spécialisés ou à l’intérieur -
du service par la mise en place de formation
Avoir un chariot disponible et complet :
-Maintenir le chariot scellé (mais pouvoir l’ouvrir rapidement et aisément...)
-Respecter son intégrité en dehors de l’urgence
-Le vérifier régulièrement

c) La prise en charge par l’IDE d’un patient en situation d’urgence


L’IDE joue un rôle crucial dans la prise en charge des situations d’urgence,
elle est souvent la 1ère personne à intervenir auprès du patient en détresse et
doit être capable de réagir rapidement et efficacement pour sauver des vies.
La prise en charge de l’infirmière en situation d’urgence commence par une
évaluation rapide de la situation, elle doit observer les signes vitaux du patient
tels que la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la fréquence
respiratoire et la saturation en oxygène, évaluer l’état de conscience du
patient et sa douleur. Une fois l’évaluation initiale terminée, elle doit mettre en
place les mesures appropriées. Cela peut inclure la réanimation cardio-
pulmonaire (RCP), l’administration de médicaments, la mise en place d’une
perfusion intra-veineuse, la gestion de la douleur, etc. Elle doit être capable de
donner des informations précises et pertinentes sur l’état du patient au
médecin et au reste de l’équipe soignante et suivre les protocoles de soins
établis.

3.2 Le stress
a) Définition
Le stress est la réponse de l’organisme aux facteurs d’agression physiologiques
et psychologiques ainsi qu’aux émotions (agréables ou désagréables) qi
nécessitent une adaptation (élément de la théorie de l’adaptation).
D’après la définition de l’OMS, “le stress est un état d’inquiétude ou de tension
mentale causé par une situation difficile. Il s’agit d’une réponse humaine
naturelle qui nous incite à relever les défis et à faire face aux menaces auxquels
on est confronté dans notre vie”.
Selon 4Hans Selye, il définit le stress comme : “l'ensemble des moyens
physiologiques mis en œuvre par une personne pour s’adapter à un évènement
donné”.
Le changement brutal survenant dans les habitudes d’une personne, jusque-là
bien équilibrée, est susceptible de déclencher un bouleversement dans sa
structure psychique et même somatique.
Pour les soignants, il existe une forte exposition au stress car la profession de
soignant est particulièrement génératrice de stress, elle est soumise à de
nombreux facteurs de tension comme la surcharge de travail, la confrontation à
la souffrance morale et physique des patients, les horaires de travail, les
relations au travail, les incivilités des patients et de leurs familles ou encore les
changements (réorganisations de service, changement de direction, etc....).

Le stress peut être une source de détresse importante qu’il est important
d’identifier. La reconnaissance et la gestion de ce stress peuvent soutenir le
soignant de manière durable. Si une souffrance est identifiée, l’écoute, le
soutien et les encouragements entre collègues sont précieux.

Selon 5Christine Quancard-Stoïber, les soignants sont fréquemment confrontés


au stress. Il est pour eux, “indispensables de prendre du recul afin de gérer ce
stress de manière efficace, de vivre avec et même d’en faire une ressource.
Pour éviter d’en arriver à l’épuisement professionnel, ou burn-out, il est

4 Hans Selye, médecin et physiologiste canadien


5 Christine Quancard-Stoiber, formatrice à l’IFSI de Bordeaux Nord

1
important de connaître les causes et l’impact de cet excès afin de proposer une
prévention adéquate”.

b) Les facteurs de stress en situation d’urgence


Selon 6Claudine Carillo, “il est important de comprendre le processus du
stress, pour prévenir ses effets négatifs de mieux se connaître pour faire face
aux pressions de son environnement et d’agir en accord avec ses valeurs afin
de donner le meilleur de soi. En effet le bien-être de l’IDE est le prérequis de
la qualité des soins. Le stress a plusieurs facettes qui peuvent être tout aussi
néfastes que bénéfiques”.
La surcharge de travail, l’imprévisibilité, la précision des gestes exigée,
l’amplitude et les changements d’horaires mais aussi le fait de devoir
interrompre pour répondre à une urgence, se concentrer pour analyser et
décider rapidement, réaliser un soin prescrit que l’on sait douloureux à un
patient en fin de vie...
c) La physiologie du stress
Par le biais de mécanismes d’adaptation qui sont nécessaires à notre survie,
notre organisme gère les changements corporels et émotionnels imposés par
les stimuli extérieurs. Ces mécanismes sont instaurés pour rétablir les
équilibres physiologiques de façon inconsciente. CANNON (1871-1945) de
cette façon proposera le concept de l’homéostasie. L’équilibre de l’organisme
est assuré par le système nerveux sympathique qui lui est associé à la glande
médullosurrénale qui libère l’adrénaline qui ira au contact des organes. Le
stress crée un syndrome général d’adaptation (SGA) qui fut théorisé par Hans
SELYE. D’après lui, il s’agirait d’un phénomène évoluant en 3 phases qui sont
la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement. Au cours
de la 1ère phase, l’organisme se conditionne de sorte à assurer notre survie :
en effet le stress sert de signal d’alarme. L’organisme, pendant la 2e phase
tente de se défendre face aux stimuli extérieurs en se régulant et ce en se
servant du mécanisme d’homéostasie pour réguler nos hormones, la tension,

6 Claudine Carillo, psychologue et psychothérapeute, consultante en relations humaines


etc. Or tant que l’agression extérieure persiste, notre corps entretien ce
processus de façon inconsciente. Or si cette phase dure de manière durable,
les organes comme le cœur ou l’estomac se mettent à souffrir. La tension
s’insinuant de façon permanente dans notre organisme, use celui-ci en
l’obligeant à résister ce qui engendre une faiblesse du système immunitaire
amenant à une altération de l’état général. Et pour finir, la 3e phase
correspond à la rupture de l’organisme. Soumis au stress constant, l’individu
fini par craquer du fait de l’épuisement psychologique et physique chronique ;
“c’est la phase terminale de la lutte que l’homme engage contre le stress”.
d) La gestion du stress
Étymologie :
Le mot stress trouve ses origines dans l’ancien français”estrece” ou “estresse”
du verbe “estrecier”.
Selon 7Anne-Marie Pronost,”le stress est lié à un processus d’envahissement
émotionnel, conséquence d’une pression externe ou interne, ressentie comme
une tension à réduire”.
C’est être conscient de ses limites et les accepter.
3.2 Les émotions
a) Définitions
Selon Lydia Fernandez, les émotions est “une réaction affective brusque et
momentanée agréable ou pénible souvent accompagnée de manifestations
physiques ou de troubles physiologiques.
Selon la théorie de l’émotion de James LANGERS : “une émotion est
déclenchée chez un individu lorsque celui-ci perçoit dans son corps un pattern
spécifique de changements”. Ainsi selon cette théorie, le procédé émotionnel
se caractérise par un ensemble d’évènements précis comme tout d’abord un
stimulus puis suivi d’une réponse corporelle avec une sensation de cette
réponse qui pour finir abouti à une émotion.

7 Anne-Marie Pronost, auteur

1
Selon 8N. Sillamy,”l’émotion est une réaction globale, intense de l’organisme à
une situation inattendue accompagnée d’un état affectif de tonalité pénible ou
agréable”.
Les émotions sont des ressentis agréables ou désagréables, négatives ou
positives qui s’accompagnent de modifications physiologiques et ou
somatiques telles que des palpitations, rougeurs, augmentation de la
sudation, de la respiration, etc...

b) Les émotions en situation d’urgence


La peur
“La peur est une émotion d’anticipation. Elle nous informe du danger, d’une
menace potentielle et/ou réelle et nous prépare à fuir ou à agir, en ce sens
elle est utile. Elle peut également être liée à une appréhension et peut alors
s’avérer stimulante ou inhibante”.
Définition
La peur est une émotion dite primaire. Selon Olivier NUNGE et Simone
MORTERA, elle serait nécessaire à notre s survie. En effet “la peur est une
bonne chose, car elle nous permet de prendre conscience d’un danger et de
ce fait d’adapter son comportement en conséquence afin de pouvoir nous
protéger”.
La surprise
“La surprise est provoquée par un évènement inattendu et soudain en lien avec
un changement imminent ou par une révélation allant à l’encontre de notre
perception de nos représentations. Généralement brève elle s’estompe ou
laisse place à une autre émotion”.
c) La physiologie de l’émotion
L'émotion est une réponse complexe qui implique des processus
physiologiques, cognitifs et comportementaux.
d) La gestion des émotions

8 Norbert Sillamy, psychologue et psychanalyste


La gestion des émotions est la capacité d’une personne à reconnaître,
comprendre et réguler ses propres émotions ainsi que celle des autres. Cette
capacité est essentielle pour maintenir des relations interpersonnelles saines,
gérer le stress et prendre des décisions éclairées.
Quelques stratégies de gestion des émotions :
1- Reconnaître et accepter ses émotions :
Prendre conscience de ses émotions et les accepter comme faisant partie de
soi est une étape importante pour les réguler, prendre le temps d’identifier les
émotions que l’on ressent et de le nommer.

2- Identifier les déclencheurs émotionnels :

Les déclencheurs émotionnels sont des évènements, des situations ou des


personnes qui peuvent déclencher des réactions émotionnelles qui peuvent
en résulter.
3- Utiliser des techniques de relaxation :
La relaxation peut aider à réduire les niveaux de stress et d’anxiété. Des
techniques telles que la méditation, la respiration profonde, le yoga et le taichi
peuvent aider à calmer l’esprit et le corps
4- Développer des compétences en communication :
La communication efficace est essentielle pour gérer les émotions dans les
relations interpersonnelles. Apprendre à écouter activement, à exprimer ses
émotions de manière claire et à gérer les conflits de manière constructive peut
aider à éviter les situations émotionnellement chargées.
5- Chercher du soutien :
Parler à un ami, des collègues, un membre de la famille ou à un professionnel
peut aider à réduire les niveaux de stress et à améliorer le bien-être
émotionnel.

La gestion des émotions est une compétence importante pour la santé mentale et
émotionnelle. En utilisant des stratégies de gestion des émotions, on peut apprendre
à reconnaître, comprendre et réguler ses propres émotions ainsi que celles des
autres.

1
4. La méthodologie de l’enquête
L’objectif de mon enquête est de recueillir des données qualitatives et
quantitatifs sur le thème de la gestion du stress en situation d’urgence.
Afin d’y parvenir, j’ai construit un outil d‘enquête sous la forme d’un
guide d’entretien avec dix questions et quelques questions de relance.
a) Construction de l’outil d’enquête

Afin de pouvoir mener mon enquête auprès de 3 soignants dans le but


de recueillir des informations sur la gestion du stress en situation
d’urgence, j’ai élaboré un guide d’entretien (annexe I) de 10 questions
qui ont été validées par ma directrice de mémoire. Ce questionnaire
semi-directif aborde des questions ouvertes avec quelques questions
de relance si nécessaire afin de clarifier davantage leurs réponses.
Avec le consentement des soignants qui ont chacun un profil différent,
j’ai eu l’autorisation de les enregistrer tout en préservant leur anonymat
et en leur garantissant le secret professionnel. D’une manière générale,
ces entretiens ont duré 30 minutes minimum. Suite à ces échanges
enrichissants, il m’a fallu retranscrire leurs informations en annexe I, II,
III afin de les analyser et de les comparer entre eux et le cadre
théorique. Cette expérience m’a permis d’avoir des pistes sur la façon
dont je dois gérer mon stress dans ma pratique professionnelle.

b) Le choix de la population interrogée et le lieu


Pour réaliser mes entretiens, j’ai choisi d’interroger 3 IDE dont 1
homme pour avoir un regard “masculin” et avec une certaine
expérience, exerçant chacun dans le milieu hospitalier et dans des
services différents parisiens (bloc, REA, oncologie médicale). Mon
choix a été motivé par le fait qu’ils soient plus exposés que les autres à
l’urgence. Cela me permet d’avoir un aperçu global de leurs ressentis
et expérience face à l’urgence. J’ai postulé par téléphone afin d’obtenir
des rendez-vous et nous avons pu échanger facilement car les
soignants se sont montrés disponibles et assez coopérant. Enfin j’ai pu
effectuer ces entretiens sur le terrain en étant isolée dans une pièce de
leur service sans y être déranger.

d) Les limites de l’enquête


Je dois dire que même si les soignants ont accepté d’emblée de
participer à mon enquête, cela n'a pas été simple au niveau du temps
car au moment où j’étais libre eux ne l’étaient pas forcément et
inversement. Et puis il y a les contraintes de la vie personnelle, familiale
et étudiante (stages, présence à l’IFSI, stress) qui s’y sont rajoutées.

5. L’analyse des entretiens


Dans ce chapitre, je vais conduire une analyse descriptive comprenant
les réponses des trois infirmiers interrogés que je vais classer par
thème. Ensuite je vais présenter une synthèse des réponses obtenues.

1) a) L'analyse descriptive
Dans un 1er temps je vais présenter brièvement le profil de chacun des
trois infirmiers interrogés, puis je vais aborder la gestion du stress en
situation d’urgence suivi de la représentation des concepts de stress et
des émotions, de la relation soignant-soigné. Pour finir, mon analyse
portera sur les leviers et la formation continue.

La 1ère question aborde la présentation et le parcours


professionnel des IDE afin de mieux les connaître et d’entrer en
contact.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

1
Mathilde : Je m’appelle Mathilde, j’ai de 47 ans, j’ai été suis diplômée
en 2001, j’ai travaillé 9 ans de REA, puis en ORL depuis 2005, et là au
bloc opératoire depuis octobre 2022.

Philippe : Alors Philippe, j’ai 58 ans, en fin de carrière, 18 ans en


neurologie un peu de psychiatrie et 18 ans en REA

Sophie : Je m’appelle Sophie, j’ai 22 ans, diplômée depuis juillet 2022


et en poste depuis 8 mois en oncologie médicale

La 2e question porte sur la situation d’urgence et sur la


représentation qu’ils s’en font

Mathilde : Elle précise qu’elle est au bloc depuis quelques mois


(octobre 2022) seulement mais a travaillé 9 ans en REA. Pour elle,
une urgence “c’est un patient qui se dégrade d’un coup et qu’il faut
prendre en charge tout de suite du style épistaxis ou qui perd
connaissance, qui ne peut plus respirer”. Dans ces moments-là ce qui
est important sait de savoir que tu peux compter sur tes collègues et
passer la main si nécessaire.

Philippe : Il mentionne qu’il a travaillé 18 ans en neurologie, a fait


un peu de psychiatrie et maintenant en REA. D’après lui, une
urgence est “un patient en détresse qui ne répond plus aux
stimulations, qui désature”. Il mentionne aussi : “un patient inconscient,
comateux, qui chauffe ou un patient épileptique ou en mal épileptique”.
Il précise aussi que ça peut être le patient intubé/ventilé qui arrache sa
sonde d’intubation... les hémorragies par exemple : j’ai vu quelqu’un qui
vomissait du sang. Il rajoute aussi que : “ça peut être des fausses
routes, des chutes (des traumas crâniens ou des HSD), et il termine par
des patients délirants ou auto-agressifs". Quand ça arrive il faut
prendre sur soi et ne pas paniquer, avoir le soutien de ses collègues.

Sophie : Elle précise qu’elle est toute jeune diplômée (juillet


2022). Selon elle, une urgence arrive toujours de façon imprévisible.
Elle précise que : “chez nous, il y a des personnes réanimatoires et non
réanimatoires... pour les non réanimatoires ça se passe de manière
plus calme parce que l’on est au courant que cela va arriver”. Pour les
urgences relatives comme les hypoglycémies, une légère hémorragie
ça se passe toujours simplement très rapidement avec beaucoup moins
de stress puisque l’on a le temps de communiquer avec les médecins
et dans mon service, il y a vraiment beaucoup beaucoup d’entraide”.

Pour les trois infirmiers, la notion de l’urgence est à peu près identique
selon les dires de chacun, cependant pour Sophie elle précise : “qu’il y
a des gens réanimatoires et d’autres pas”. Le fait de pouvoir compter
sur leurs collègues est indispensable, cela revient assez souvent dans
leur propos. Ils mentionnent tous les trois de la nécessité d’avoir une
bonne cohésion d’équipe pour être efficace.

La 3e question est sur la pratique infirmière à savoir s’ils ont déjà


été confrontés à l’urgence ?
Mathilde : Oui, plusieurs fois, elle précise : une vingtaine de fois oui,
pas mal de fois quand même.
Philippe : Je dirais que ça arrive assez souvent, je ne peux pas le
quantifier, mais celle qui m’a le plus marquée au cours de ma carrière,
il précise : ” c’est quand j’ai été confronté à la pendaison d’un jeune
de 16 ans, je l’ai retrouvé à 22h dans la salle de bain”. Je l’ai détaché et
là massage cardiaque tout de suite. C’est très dûr!!! Il y a aussi des
urgences relatives : des patients délirants, hétéro agressifs où il faut
être à plusieurs pour les contentionner”.

1
Sophie : Elle me précise qu’elle est dans son service d’oncologie
médicale depuis 8 mois.
Selon elle, elle a déjà été confrontée à de nombreuses reprises à des
situations d’urgence
D’après les trois infirmiers, ils ont déjà été confrontés à plusieurs
reprises à des situations d’urgence plus ou moins relatives au cours de
leur carrière. Mathilde mentionne par exemple une vingtaine de fois,
Philippe lui en a vécu très souvent mais précise que seule une d’entre
elles l’a vraiment marquée (il fait référence au jeune de 16 ans qu’il a
retrouvé pendu dans sa salle de bain) et Sophie la jeune diplômée
précise que dans son service elle en a déjà vécu une centaine de fois
et ce depuis qu’elle est en poste c’est à dire en 8 mois.

Tous les 3 s’accordent à dire qu’il y des urgences plus ou moins


relatives mais qu’il faut rester concentrer, garder son sang-froid, ne pas
se laisser envahir par le stress ni par ses émotions.

Représentation des émotions


La 4e question aborde la représentation des concepts de stress et des
émotions
Mathilde : “ Ya le bon et le mauvais stress : celui qui te fait perdre tous
tes moyens et celui qui te stimule qui te permet d’assurer, je te donne
un exemple : un jour j’étais en REA puis il y a eu un arrêt cardiaque
dans les étages... on a demandé si une IDE peut se libérer... Elle
précise que : “les IDE n’ouvre jamais les chariots... donc elles ne
savaient pas quoi faire ben moi je suis arrivée, j’ai préparé les
seringues d’adrénaline tout ça... je savais quoi faire donc... En ce qui
concerne les émotions... il y a des trucs que tu ne vas pas gérer
comme la perte d’un enfant, ça te ramène à ta vie personnelle, il faut se
blinder pour ne pas avoir de problèmes.
Philippe : Alors pour moi le stress, il ajoute : “on peut être stressé
mais pas paniqué...faut prendre sur soi... ne pas paniquer et faire
n’importe quoi, avoir le soutien de ses collègues” !! Quant aux
émotions…ça fait partie de l’être humain...
Sophie : D’après elle, le stress est : “c’est un état d'être où tu ne
contrôles pas obligatoirement ce que tu fais”. Il peut y avoir du bon
comme du mauvais stress, généralement moi dans les situations
d’urgence c’est un bon stress parce que je me focalise réellement sur
ce que je dois faire, et tout ce qui est inutile...sors de ma vision. Les
émotions sont un ressenti que tu peux avoir négatif comme positif, elles
sont très fluctuantes, on peut ressentir de la tristesse, de l’impuissance
ou alors quand on réussit à réanimer quelqu’un on a de la satisfaction.

Les 3 infirmiers sont unanimes, pour bien gérer l’urgence, il faut


anticiper ses émotions, être organiser, chaque membre de l’équipe doit
avoir un rôle bien précis afin de coordonner les actions rapidement et
efficacement. Il y a le bon et le mauvais stress par exemple pour
Mathilde et Sophie : celui qui stimule et celui qui te fait perdre tous tes
moyens. Sophie elle, précise que ses émotions sont mises de “coté”
lors d’une situation d’urgence afin de se focaliser sur ses actions et être
efficace. Philippe lui dit que les émotions font partie intégrante de l’être
humain mais qu’il faut “prendre sur soi afin qu’elles ne prennent pas le
dessus sur nous". Tous les 3 précisent qu’il est indispensable de mettre
ses émotions “de côté” de garder la juste distance professionnelle afin
d’être efficace et que l’on ne peut rien faire sans les collègues.

La 5e question est sur le ressenti face à une situation d’urgence

Mathilde : “Je ressens du stress mais devant l’urgence, quand tu es


préparée ... tu sais gérer les coups de stress, après il ne faut pas trop
montrer ton stress pour ne pas le transmettre au patient et aux
collègues”.
Philippe : ”Du stress, de l’effroi... mais on prend sur soi...le stress
déclenche un état de vigilance...

1
Sophie : Je ressens du stress, je ne pense pas que j’ai le temps de
réfléchir sur le moment à mes émotions face à la situation d’urgence.
Mes émotions elles sont rapidement mises à l’écart, je ne vais plus
ressentir de la tristesse pour le patient, j’oubli le reste et me focalise sur
mes actions car mon objectif c’est de sauver la personne, la places des
émotions n’est plus trop là. A la fin de l’urgence oui on a un trop plein
d’émotions qui va revenir en pleine face mais je sais aussi que mes
collègues sont là si je n’arrive pas à prélever un patient par exemple je
peux passer la main.

Les 3 infirmiers ressentent du stress devant l’urgence mais c’est du bon


stress celui qui permet d’agir efficacement sans se laisser envahir par
les émotions. Mathilde précise qu’il est essentiel d’y être préparé en
amont comme savoir où se trouvent par avance le matériel. Philippe lui
déclare que le stress chez lui déclenche un état de vigilance, Sophie
elle précise que l’urgence engendre chez elle du bon stress celui qui lui
permet de rester concentrer sur ce qu’elle fait.

Les leviers pour gérer une situation de stress

La 6e question est sur les facteurs qui aident à gérer une situation de
stress.

Mathilde :
Alors déjà...avoir des collègues qui peuvent te soutenir, de se dire que
tu n’es pas seule, d’être entourée, euh...de connaître le chariot
d’urgence euh...de connaître les numéros d’urgence, voilà...la
respiration, si ce n’est pas une urgence vitale par exemple : “une famille
qui te stress : il faut souffler prendre du recul, passer la main si possible
si t’arrives pas...”, silence.
Philippe : Alors je dirai : “le calme et la détermination, on prend sur soi,
on garde son calme et on agit en professionnel de santé”... il me
rappelle les 3 règles de l’urgence : protéger, alerter, secourir !!
Sophie : Elle me précise que : “Avant l’école d’infirmière, j’étais une
personne extrêmement stressée qui n’arrivait pas du tout à gérer son
stress”. J’ai longtemps fait de la sophrologie où j’ai appris à gérer mon
stress avec des techniques de respiration et il y a l’équipe qui sont à
côté si tu as besoin de matériel et qui pour moi est super important.

Mathilde et Sophie affirment qu’une bonne technique de respiration


permet d’affronter le stress, elles précisent aussi que l’entraide et le
soutien de l’équipe est indispensable quant à Philippe garder son
calme et sa détermination reste la base.

La 7e question aborde les conseils éventuels à transmettre à une


nouvelle IDE pour gérer son stress.

Mathilde : Déjà de bien planifier au mieux sa journée, qu’elle ne soit


pas débordée parce qu’elle a à faire dans la journée... : dès le matin,
bien tout planifier... tu vois comment on fait ...comment dire, et puis tu
prends l’exemple sur une collègue, exemple : tu prépares tous les
médicaments, de t’intéresser à la spécialité... connaître les effets
secondaires des médicaments...voilà, respirer un bon coup.
Philippe : Avoir confiance dans sa pratique, dans ses collègues... il
précise : “tu ne peux rien faire tout seul”.
Sophie : “Rester focus sur ce que l’on doit faire, savoir déléguer les
tâches, se dire que l’on n'est pas tous seul”.

Mathilde préconise d’avoir une planification afin de ne pas se sentir


débordée, d’être investi dans son service, Phillipe lui dit qu’il faut se
faire confiance et tous les 3 sont unanimes dans le fait qu’il soit
important d’avoir une équipe solidaire.

1
La formation continue
La 8e question permet de savoir si des formations sont mises en place
afin de permettre un débriefing après une éventuelle situation
d’urgence pour aider à gérer l’urgence.

Mathilde : Je conseille : “de faire un débriefing à chaque fois, ça


permet ...d’évacuer ce que l’on a sur le cœur, çà permet de savoir ce
que l’on aurait pu améliorer...boire un coup si besoin...ça permet de
rentrer plus serein à la maison...de laisser une bonne partie à
l’hôpital...c’est mieux, c’est mieux si ça peut être fait à chaque fois” !
Philippe : “Normalement, non... mais là..., oui (il fait référence au
jeune adolescent de 16 ans qu’il a retrouvé décédé par pendaison
dans la salle de bain de sa chambre).
Sophie :
La 9e question demande s’ils souhaitent ajouter quelque chose ?

Mathilde : « tu te sens utile dans ces moments-là , voilà... beaucoup de


satisfaction, ouais... quand ton patient revient (réanimation réussie),
euh...c’est un métier pas facile, tu ne s’est pas comment va finir ta
journée et il faut être sur ses gardes !!
Philippe : “non”
Sophie : Ben pas spécialement, vraiment la situation d’urgence c’est
quelque chose qui arrive dans tous les services je pense et il faut se
dire que l’on est entouré, que l’on est pas seule et que malgré tout le
possible que l’on peut faire parfois on ne réussit pas et si on ne réussit
pas, c’est pas de notre faute.
5.2 La synthèse des entretiens

Une fois mes entretiens terminés auprès des 3 infirmiers sur le terrain,
j’ai réalisé une synthèse des données recueillies afin d’avoir un regard
différent (ou pas) sur leur pratique soignante et leurs ressentis.
Les soignants que j’ai interviewé ont un profil différend : d’une part leur
âge puis l’expérience professionnel, en effet ils ne se trouvent pas au
même niveau dans leur carrière professionnelle : Mathilde est en milieu
de carrière, Philippe en fin de carrière et Sophie débute sa carrière. Par
ailleurs, ils ont déjà été confrontés à une ou plusieurs situations
d’urgence dans leur fonction.
Tous les trois sont unanimes concernant la gestion du stress en
situation d’urgence à savoir le fait qu’il soit indispensable de pouvoir
garder son calme afin d’optimiser une prise en charge efficace c’est à
dire : ne pas paniquer, bien respirer, rester serein, prendre sur soi et
savoir passer la main si possible. Puis ils évoquent l’importance d’avoir
une bonne cohésion d’équipe et le soutien de leurs collègues : pour
Mathilde, Philippe et Sophie, ils mentionnent qu’il est “indispensable de
savoir qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils peuvent compter sur leurs
collègues et d’être en mesure de “passer la main si nécessaire”.

Pour se faire, les moyens utilisés que préconise Mathilde afin de ne pas
se laisser envahir ou submerger par le stress sont : la respiration afin
de ne pas transmettre son stress aux patients et aux collègues, la
nécessité d’avoir une planification de sa journée, de repérer
l’emplacement du chariot d’urgence et de connaître son contenu (ex :
l’emplacement des ampoules de catécholamines) en un mot : ”être
organisée”.
Pour Philippe, ce qui est facilitant c’est de garder son calme et sa
détermination, prendre sur soi... en un mot “se faire confiance, et
avoir le soutien de ses collègues”.

1
Pour Sophie, jeune diplômée, c’est d’appliquer ses exercices de
respiration appris lors des cours de sophrologie, c’est à dire de bien
respirer, elle insiste aussi sur le fait qu’il faille rester “concentrer” pour
revenir sur son expression elle dit : “rester focus sur sa tâche” c’est à
dire de ne pas se laisser envahir par d’autres préoccupations telles que
le devenir des autres patients, par exemple. Aussi l’importance de
pouvoir compter sur ses collègues infirmiers, aides-soignants et
médecins et de pouvoir passer la main si nécessaire, d’avoir le chariot
d’urgence à disposition rapidement pour elle est un facteur rassurant.

Pour résumer, les trois professionnels de santé interrogés s’accordent


à dire que savoir gérer son stress et ses émotions lors d’une situation
d’urgence est possible mais rien n’est possible sans une parfaite
harmonie et cohésion d’équipe. La respiration revient également
souvent dans leur discours. Tous ces facteurs réunis permettent
d’éviter que le stress ne devienne un élément trop perturbateur et
impacte la bonne prise en charge du patient.

6- La problématisation et la question de recherche


Dans cette partie je vais commencer par mettre en lien les données
théoriques et les résultats obtenus pendant les interviews.

Comment l’infirmière peut-elle gérer son stress en situation


d’urgence ?

A l’issue de mon enquête et de mes recherches sur le terrain, j’ai pu


observer que la gestion du stress lors d’un patient en situation
d’urgence est une expérience commune mais propre à chacun dans la
maîtrise et la gestion de ses émotions.

La gestion du stress
Les trois professionnels que j’ai interrogé de par leur expérience ont
tous les trois déjà vécu au moins une situation d’urgence donc ils sont
unanimes dans le fait que “savoir gérer son stress” lors de situations
d’urgence est déterminant pour une prise en charge rapide et efficace
du patient. En effet, les trois infirmiers sont unanimes sur le fait que
savoir rester calme lors d’une situation d’urgence est indispensable
quant à l’issue de la situation. Cela converge avec la théorie d’Anne-
Marie Pronost, “le stress est lié à un processus d’envahissement
émotionnel, conséquence d’une pression externe ou interne, ressentie
comme une tension à réduire”.
Puis Mathilde et Sophie ont ajouté qu'une bonne technique de respiration
associé à des exercices sont la clef pour réduire les tensions intérieures.
Les trois infirmiers affirment aussi que la présence et le soutien de leur
équipe ainsi qu’une bonne cohésion d’équipe contribue à la gestion des
tensions : “on ne peut rien faire tout seul” m’ont-ils dit. Comme le
confirme Estryn-Béhar et Le Nezet : “une équipe n’est pas un simple
côtoiement hiérarchique de personnes œuvrant dans différentes
disciplines pour délivrer des soins aux patients. Une équipe soignante
est d’abord le fruit d’un fonctionnement collectif”.
Cela converge aussi avec la théorie de CORDIER cette notion
d’équipe qui semble être le socle pour aider à limiter le stress.
CORDIER, "la coordination des professionnels du secteur de la santé
autour du patient requiert une forte et constante collaboration”. Les trois
infirmiers interrogés sont d’accord sur le fait que la notion d’équipe est
le socle et la base de leur métier. C’est le moteur qui leur permet de
gérer le stress à toutes épreuves.

Les émotions
En interrogeant les soignants, j’ai constaté qu’ils ne réagissent pas
forcément de la même manière face aux émotions. Elles font partie

1
intégrante de la personne et sont gérées différemment selon la
personnalité, le caractère, la culture, l’expérience.
D’après Mathilde, il y a il y a des situations qui ne sont pas gérables
comme la perte d’un enfant “cela ramène à la vie personnelle”, me
confie-t-elle et préconise “de se blinder”. Sophie elle, estiment qu’il y a
un bon et un mauvais stress, celui qui stimule et celui qui fait perdre tous
ses moyens. Sophie ajoute aussi que pour qu’elle soit efficace lorsqu’elle
est face à l’urgence, elle met “ses émotions de côté” afin de se focaliser
exclusivement à sa tâche pour être efficace, m’a-t-elle dit.

Cela concorde avec la théorie de Margot Phaneuf : "se montrer émus


de ce que vit l’autre n’a rien de répréhensible, au contraire, mais si nous
sommes bouleversés, submergés par l’émotion, nous sommes que de
peu d’aide. Pour Philippe, lui évoque le fait que “ les émotions font partie
de l’humain, il faut se faire confiance afin de rester concentré et
déterminé à sa tâche". Cela confirme les dires de MERCADIER,
“l’émotion est une expérience sociale, elles s’expriment essentiellement
dans la gestualité, c’est pourquoi il est difficile de les verbaliser. Elles
interfèrent dans la réalisation des soins et dans la prise en charge du
patient”.
Pour les soignants, l’expérience reste un facteur déterminant elle permet
de se faire confiance, d’agir avec rapidité et efficacité. Elle permet entre
autres d’anticiper ses émotions en les adaptant à la situation en
employant des techniques qui leur sont propres.

CONCLUSION
La gestion du stress en situation d’urgence est un enjeu important pour
les individus et les professionnels de santé confrontés à ces situations.
En effet de par leur profession, les infirmiers(es) sont nombreux à
côtoyer et à devoir gérer des situations d’urgence et il n’est pas rare que
celles-ci engendrent une charge émotionnelle telle que l’on soit
submergé rapidement par ses émotions et nous fasse perdre tous nos
moyens si celle-ci ne sont pas maîtrisées. Des stratégies efficaces
peuvent être mises en place pour préparer mentalement les individus,
leur apprendre à respirer et à se relaxer (sophrologie, yoga par exemple),
à pratiquer la méditation et la pleine conscience, à communiquer
efficacement, à pratiquer de l’exercice physique et à utiliser des
techniques cognitives. Les professionnels de santé peuvent également
bénéficier de stratégies spécifiques pour gérer leur stress en situation
d’urgence, ce qui peut améliorer leur bien-être et leur capacité à fournir
des soins de qualité aux patients. Il est important pour les soignants de
savoir qu’il y a des solutions pour palier à la gestion du stress et qu’ils ne
sont pas seul pour gérer ces situations.

Bibliographie

1
➢ QUANCARD-STOIBER, BOUILLERCE Brigitte, « Stress,
émotions, épuisement chez les soignants”, Pour lutter contre le
burn-out, 2e Edition 03/18 ELSEVIER MASSONMANOUKIAN,
Alexandre : avec la collaboration de MASSEBEUF Anne. "La
relation soignant-soigné”. 3e édition, Paris : Lamarre, 2008., “le
stress d’une vie”, Mathieu-Robert Sauvé, Editions
MULTIMONDES, 2021.
➢ FORMARIER et JOVIC, “les concepts en sciences infirmières, 2e
édition, 2009.
➢ PHANEUF Margot, “la relation soignant-soigné” :
l’accompagnement thérapeutique”.2e Edition, Montréal :
Chenelière Education, 2016.
➢ MERCADIER C, “le travail émotionnelle des soignants à l’hôpital”,
9e édition Paris, Edition Seli Arslan.
➢ FORMARIER Monique,” Les concepts en sciences infirmières”,
2e Edition, 2002, Association de recherche en soins infirmiers.
➢ CARILLO Claudine,” Le stress au travail”, définition et enjeux, La
gestion du stress au travail, Revue Soins, 2011, Elsevier Masson.
➢ PRONOST Anne-Marie, STRESS, “Les concepts en sciences
infirmières”, Revue Cairn.info.2012.
➢ Le bon fonctionnement des services de soins : ce qui fait équipe
Revue Cairn info, numéro 2016/1 (n°20, vol 5).
➢ PHANEUF Margot, infirmière, docteur en didactique, “un outil du
soin”. Revue santé mentale N°177- Avril 2013.
http//www.santementale.fr/boutique/acheter-article/L-intelligence-
emotionnelle-un-outil-du-soin.htlm
FORMARIER Monique et JOVIC Ljijana, “Emotion, les concepts en
sciences infirmières”, (2012), Lydia Fernandez, cairn.info, 2012.
SILLAMY Norbert, “Emotion”, les concepts en sciences infirmières,
Revue Cairn, 2012, Fernandez Lydia.
EKMAN Paul, “la psychologie des émotions, Revue Cairn, 2017,
Jacques Lecan
ANNEXES

1
ANNEXE I
Guide d’entretien

Bonjour, je suis étudiante en soins infirmiers en 3e année à l’IFSI de la


Pitié-Salpêtrière.
Pour mon mémoire de fin d’études, j’ai choisi le thème suivant :
“Comment l’infirmière peut-elle gérer son stress face à
une situation d'urgence” ?
Je vous remercie d’avoir accepté de bien vouloir m’accorder au minimum
30 minutes de votre temps afin de répondre à mes questions. De plus,
je vous rappelle que cet entretien est enregistré avec votre
consentement mais reste anonyme et sans jugement de valeur.
Thèmes Objectifs Question Relances
Présentation Faire Pouvez-vous
connaissance vous présenter
pour établir un ?
1er contact
Connaître Pouvez-vous
contexte me décrire
d’exercice de la votre activité au
personne quotidien ?
Situation(s) Que représente
d’urgence pour vous une
situation
d’urgence ?
Lors de votre
pratique
infirmière,
avez-vous déjà
été confronté à
une situation
d’urgence ?
Représentation Que
du stress et représentent
des émotions pour vous les
termes stress
et émotions ?
Que ressentez-
vous face à
une situation
d’urgence ?

Leviers pour Selon vous, Pensez-vous


gérer une quels sont les que
situation de facteurs qui l’expérience est
stress aident à gérer un acteur
une situation facilitant la
de stress ? prise en charge
?
Formation Quels conseils
continue donneriez-vous
à une nouvelle
IDE pour gérer
son stress dans
les situations
d’urgence ?
Savoir si des Faîtes-vous un
formations sont débriefing
mises en place avant chaque
dans le service situation ?
pour aider à
gérer ces
situations
Souhaitez-vous
ajouter quelque
chose ?

1
ANNEXE II
Retranscription de l’interview de l’IDE n°1

ESI : Bonjour, alors pouvez-vous vous présenter avant de débuter


l’interview...cela nous permettra de faire connaissance ?
IDE 1 : Oui...je m’appelle Mathilde, j’ai 47 ans, je suis diplômée depuis
2001, euh...j’ai passé 4 ans en REA ensuite j’ai intégré le service ORL
en 2005 et là... je travaille au bloc depuis quelques mois depuis
euh...depuis octobre 2022 !

ESI : Pouvez-vous me décrire ce que vous faîtes au quotidien ?


IDE : Euh...alors le matin je vérifie la salle si elle est fonctionnelle, si la
climatisation des locaux fonctionne euh...je vérifie tout le matériel
nécessaire préparé la veille et les machines euh ...je fais rentrer les
patients et les installe. Ensuite, je note tout sur informatique c’est à dire
que je fais un check liste, euh...voilà je note toutes les étapes ; à quelle
heure commence l’anesthésiste, les intervenants : les REA, les IBODE,
etc....sourire.

ESI : Ensuite, que représente pour vous une situation d’urgence ?


IDE : Pour moi, euh...c’est un patient qui se dégrade d’un coup, qu’il faut
prendre en charge tout de suite...du style un épistaxis...qui perd
connaissance, euh..., qui ne peux plus respirer euh..., voilà...

ESI : On continue...lors de votre pratique infirmière, avez-vous déjà


été confronté à une situation d’urgence ?
IDE : Oui, plusieurs fois, une vingtaine de fois...euh...oui, pas mal de fois
quand même !!

ESI : Maintenant, que représente pour vous le concept du stress et


des émotions ?
IDE : Ça dépend...ya le bon et le mauvais stress : celui qui te fait perdre
tous tes moyens et celui qui te stimule euh...qui te permet d’assurer, je
te donne un exemple : un jour j’étais en REA puis il y a eu un arrêt dans
les étages...on a demandé si une IDE peut se libérer ; les IDE n’ouvrent
jamais les chariots d’urgence...euh...donc elles ne savaient pas quoi
faire. Ben moi je suis arrivée, j’ai préparé les seringues d’adrénaline tout
ça...je savais quoi faire.

ESI : Que ressentez-vous face à une situation d’urgence ?


IDE : Devant l’urgence, quand tu es préparée euh...tu sais gérer les
coups de stress, il ne faut pas trop montrer ton stress pour ne pas le
transmettre au patient et aux collègues !!

ESI : On va aborder selon vous, quels sont les facteurs qui aident à
gérer une situation de stress ?
IDE : Alors euh... déjà... avoir des collègues qui peuvent te soutenir, de
se dire que tu n’es pas seule, d’être entourée, euh...de connaître le
chariot d’urgence, voilà...la respiration, si ce n’est pas une urgence vitale
par ex : une famille qui te stress : il faut souffler, prendre du recul, passer
la main si possible si t’arrives pas !

ESI : Quels conseils donneriez-vous à une(u) nouvelle IDE pour


gérer son stress ?
IDE : Euh. Déjà bien planifier sa journée...qu’elle ne se laisse pas
débordée parce qu’elle a à faire dans la journée...dès le matin bien tout
planifier, tu vois comment on fait euh...comment dire...et puis tu prends
l’exemple sur une collègue, exemple : tu prépares tous les médicaments
euh...de s’informer...de s’informer euh...de t’intéresser à la spécialité
euh...connaître les effets secondaires des médicaments...voilà, respirer
un bon coup.

1
ESI : Faîtes vous un débriefing après chaque situation d’urgence ?
IDE : Je conseille de faire un débriefing à chaque fois, ça permet
euh...d’évacuer ce que l’on a sur le cœur, ça permet de savoir ce que
l’on aurait pu améliorer...boire un bon coup si besoin...ça permet de
rentrer plus serein à la maison...de laisser une bonne partie à l’hôpital !
C’est mieux si c’est fait à chaque fois !

ESI : L’interview arrive à sa fin... Souhaiter-vous ajouter quelque


chose ?
IDE : Ben, euh...je...tu te sens utile dans ces moments-là,
voilà...beaucoup de satisfaction, ouais...quand ton patient revient,
euh...c’est un métier pas facile, tu ne s’est pas comment va finir ta
journée et il faut être sur ses gardes !!!
ANNEXE III
Retranscription de l’interview de l’IDE n°2

ESI : Bonjour, pouvez-vous présenter avant de débuter l’interview


IDE : Alors je m’appelle Philippe, j’ai 58 ans je suis infirmier en fin de
carrière, j’ai commencé par faire des études de médecine pendant 2 ans
à l’université puis j’ai travaillé 18 ans en neurologie, un peu de psychiatrie
et là en REA depuis 18 ans.

ESI : Pouvez-vous me décrire votre activité au quotidien ?

IDE : Alors, je prends les transmissions à 7h puis je commence mon tour


à 8h, c’est à dire que je vérifie le matériel s’il est fonctionnel comme le
Bavu, le scope, le chariot d’urgence puis surveillance clinique du patient,
j’effectue la toilette de mon patient avec l’aide-soignant(e), administration
des traitements, les soins techniques : vérification de la sonde
d’intubation si elle est bien en place, pose de sonde vésicale, de sonde
gastrique, prélèvements sanguins etc.… puis toutes les 3h je fais un tour,
soit à 12h/15h/18h après je prépare les traitements pour la nuit, je
contrôle la pharmacie. Euh...fin de la journée 19h : transmissions avec
l’équipe de nuit puis fin de la journée : 19H/19h15.

ESI : Ensuite, que représente pour vous une situation d’urgence ?


IDE : Euh..., c’est un patient en détresse, qui ne répond plus aux
stimulations...qui désature. C’est un patient inconscient, comateux qui
chauffe euh...qui est en hyperthermie ou épileptique ou en mal
épileptique...il y a aussi le patient intubé/ventilé qui arrache sa sonde
d’intubation...des hémorragies par exemple j’ai eu quelqu’un qui
vomissait du sang. Ce sont aussi des fausses routes, des chutes, (des
traumas crâniens ou hématomes s/dural), et pour finir je dirais des
patients délirants ou auto-agressifs.

1
ESI : Lors de votre pratique infirmière, avez-vous déjà été confronté
à une situation d’urgence ?
IDE : Je dirais que ça arrive assez souvent je ne peux pas le quantifier,
mais celle qui m’a le plus marquée au cours de ma carrière c’est quand
j’ai été confronté à la pendaison d’un jeune de 16 ans (long silence) : je
l’ai retrouvé à 22h dans la salle de bain...ben là...euh...je l’ai détaché et
massage cardiaque tout de suite. C’est très dur !! Il y a des urgences
relatives : des patients délirants, hétéro agressifs où il faut être à
plusieurs pour le contentionner.

ESI : Maintenant, que représente pour vous le concept du stress et


des émotions ?
IDE : Alors pour moi le stress...on peut être stressé mais pas paniqué !
Faut prendre sur soi, ne pas paniquer et faire n’importe quoi, avoir le
soutien de ses collègues ! Quant aux émotions...ça fait partie de l’être
humain.
ESI : Que représente pour vous une situation d’urgence ?
IDE : Pour moi du stress et de l’effroi...mais on prend sur soi...le stress
déclenche un état de vigilance.
ESI : On va aborder selon, quels sont les facteurs qui aident à gérer
une situation d’urgence ?
IDE : Alors je dirais : le calme et la détermination, on prend sur soi, on
prend sur on garde son calme et on agit en professionnel de santé :
protéger, alerter, secourir !!

ESI : Quels conseils donneriez-vous à une(un) nouvelle IDE pour


gérer son stress ?
IDE : Avoir confiance dans sa pratique, dans ses collègues...Tu ne peux
rien faire tout seul !
ESI : Faîtes vous un débriefing après chaque situation d’urgence
?IDE : Oui, c’est vraiment nécessaire.
ESI : L’interview arrive à sa fin, souhaitez-vous ajouter quelque
chose ?
IDE : Non.

1
ANNEXE IV
Retranscription de l’interview de l’IDE n°3

ESI : Bonjour, pouvez-vous vous présenter avant de commencer


l’interview ?
IDE : Bonjour, je m’appelle Sophie, j’ai 22 ans, j’ai été diplômée en juillet
2022, euh... du coup j’ai commencé à travailler en septembre 2022 en
oncologie médicale et j’y suis depuis 8 mois maintenant, voilà, voilà...
ESI : Pouvez-vous me décrire votre activité au quotidien
IDE : Mon activité au quotidien, ben, euh... dans mon service on est
réparti en 4 secteurs : on a l’hôpital de semaine, l’hôpital de jour, l’unité
de soins continu et enfin l’hospitalisation conventionnel. Euh..., si je
dois... décrire une journée type, je choisirai plutôt l’hospitalisation
conventionnelle, du coup la journée type c’est... on arrive à 6h40, euh...
on prépare les traitements pour 8h, les bilans, ensuite on a le tour de 8h
où on fait le tour de 8h, du coup les traitements, les bilans, les
constantes. Ensuite de...9h à à peu près 11h, on fait tout ce qui est les
soins techniques donc euh...euh... les changements d’aiguilles de
Huber, les changements de rampes, les pansements, euh … tous ce...
vraiment tous les soins techniques que l'on peut avoir, ensuite à 11h on
commence à préparer la paillasse pour le tour de 12h donc on prépare
généralement les bases, etc. Après le tour de 12h euh..., on commence
à faire nos transmissions et ensuite vient 14h30 euh...vient 14h.… là se
passe les transmissions orales, ensuite la journée c’est relativement la
même chose sauf pour l’après-midi, voilà.
ESI : Ensuite, que représente pour vous une situation d’urgence ?
IDE : Une situation d’urgence pour moi ça représente euh... beaucoup
de stress je dirais euh... une situation d’urgence ça arrive toujours de
façon imprévisible généralement où on se, vu que chez nous on a des
patients qui sont réanimatoires et d’autres qui ne sont pas réanimatoires
pour les non réanimatoires ça se passe d’une manière plus calme je
dirais puisque l’on est au courant on sait que ça va arriver et euh...pour
euh... les situations d’urgence je dirais pour les situations d’urgence
graves parce que les situations d’urgence relatives dans le sens
hypoglycémie euh... ou alors euh... une légère hémorragie ça se passe
toujours très simplement très rapidement et avec beaucoup moins de
stress parce que euh...on a euh... le temps de communiquer avec les
médecins, les médecins sont toujours là et pour les urgences graves
donc euh... un arrêt cardiaque ou alors une désaturation ou euh... ou
euh... un choc septique là c’est une situation beaucoup plus stressante
qui euh... qui nous... Oui pour les situations de stress on est très bien
accompagné par les médecins les autres collègues où euh.. Du coup
euh... ça représente beaucoup de stress.
ESI : Lors de votre pratique infirmière, avez-vous déjà été
confrontée à une situation d’urgence ?
IDE : Alors oui j’ai déjà été confronté à des situations d’urgence,
beaucoup beaucoup de fois...dans mon service on a énormément
d’urgence que ce soit des arrêts cardiaques des désaturations surtout
avec l’unité de soins continu les patients sont très fragiles et... il m’est
arrivé beaucoup de situations d’urgence euh... certaines qui m’ont
marqué plus que d’autres mais....je pourrais pas vous dire combien de
fois parce que vraiment euh... en 8 mois plus d’une centaines de fois...
les situations d’urgence sont très courantes chez nous.
ESI : Que représente pour vous le concept de stress et des
émotions ?
IDE : Pour moi le stress c’est euh...pour moi le stress c’est un état d’être
où tu ne contrôles pas obligatoirement ce que tu fais... il peut y avoir du
bon stress et du mauvais stress : généralement moi dans les situations
d’urgence c’est un bon stress parce que je me focalise réellement sur ce
que je dois faire tout ce qui est euh...inutile sors de ma vision et ça euh...
ça a toujours été quelque chose qui m’a toujours aidé lors des situations
d’urgence parce que on se met focus sur ce que l’on doit faire donc euh...
je dirais le stress est un état d’être qui euh... te fait faire des choses sans
avoir totalement le contrôle et... les émotions, alors les émotions c’est

1
euh...comment expliquer une émotion c’est un ressenti que l’on peut
avoir négatif ou positif, il y a plusieurs émotions euh... une émotion elle
peut te submerger rapidement surtout dans notre métier euh... du coup
il faut savoir très bien gérer ses émotions euh... les émotions peuvent
amener au stress et euh... et peuvent être très fluctuantes surtout dans
les situations d’urgence où euh... on peut ressentir de la tristesse, on
peut ressentir de l’impuissance ou alors quand on réussit à réanimer
quelqu’un ou quand on réussit à gérer parfaitement l’urgence on a de la
satisfaction, on est content euh... voilà.
ESI : Que ressentez-vous face à une situation d’urgence ?
IDE : Ben comme je l’ai dit juste avant... du stress oui je pense pas au
niveau des émotions je pense pas que j’ai le temps de réfléchir sur le
moment à mes émotions face à la situation d’urgence, mes émotions
elles sont rapidement mises à l’écart où je vais euh... je vais plus
ressentir de la tristesse pour le patient etc.… parce que mon objectif
principal c’est de sauver la personne, mon objectif principal c’est de
régler l’urgence donc euh... la place des émotions elle n’est plus trop là...
après à la fin de l’urgence oui là on a un trop-plein d’émotion qui va
revenir fatalement en pleine face et c’est là où on a réellement besoin de
souffler mais face à l’urgence vraiment moi mes émotions sont mises de
côté... vraiment je fais un...je mets une barrière entre moi et mes
émotions où euh... j’aurais pas le dégoût où euh par exemple si jamais
je sais que c’est déjà arriver où euh...... on fais un massage cardiaque et
euh... le patient évacue ses selles par la bouche où ça peut être dans
une situation classique... dégoutant là pas du tout vraiment en situation
d’urgence toutes les émotions sont mises de côté en tous cas pour ma
part. Donc euh... ouais je ressens du stress, c’est sûr après quand je l’ai
dit un peu plus haut du bon stress généralement et euh... je ressens je
ressens ben... je ressens aussi de l’entraide parce que dans l’équipe
dans laquelle on est on a.… beaucoup beaucoup d’entraide et ça.... ça
fait du bien de le ressentir.
ESI : Selon-vous quels sont les facteurs qui aident à gérer une
situation de stress ?
IDE : Euh... ben... je pense que tu es tombée sur la bonne personne...
parce qu’avant l’école d’infirmière j’étais une personne extrêmement
stressée qui euh... qui n’arrivait du tout à gérer son stress et puis euh...
j’ai fait longtemps de la sophrologie où euh... oùj’ai appris à gérer mon
stress avec des exercices de respiration et euh...c’est des exercices
auquel je pense même en situation d’urgence où je gère ma respiration
pour évacuer mon stress... et les facteurs qui aident à gérer une situation
de stress... ben l’équipe... pour moi l’équipe c’est super important quand
tu sens qu’il y a de l’entraide quand tu sens que euh... tu peux laisser
tous les autres patients de la salle que... tu peux te focaliser seulement
sur cette urgence là que... lorsque t’a besoin du matériel et que tes
collègues sont à coté qui peuvent t’aider si jamais tu n’arrives pas à
piquer ou quoi, donc euh... je pense que l’entraide c’est quelque chose
qui... qui aide à gérer une situation de stress euh.. Sinon ben ya plein
de petit truc en soi qui aide : avoir le matériel à proximité, avoir le chariot
d’urgence très rapidement euh... avoir les médecins directement
lorsqu’ils sont là, être bien organisée, avoir chacun une mission lors de
cette urgence, donc voilà.
ESI : Quels conseils donneriez-vous à un(e) ou nouvel(le) IDE pour
gérer son stress ?
IDE : Les conseils que je donnerais c’est de rester focus sur ce que l’on
doit faire, de déléguer les tâches, de... de ne pas se dire que l’on est tout
seul face à la situation de se dire que l’on a des collègues infirmiers, des
collègues médecins, que l’on a des collègues aides-soignants que... que
l’on doit vraiment savoir déléguer, ça, ça aide beaucoup et... euh... ben
de ne pas stresser ou alors d’avoir le bon stress en soi parce que dire
de ne pas stresser c’est super simple... on peut pas dire à quelqu’un de
ne pas stresser c’est pas possible mais euh... de vraiment rester focus
sur ce qu’on fait et de ne pas penser au reste parce que j’avoue qu’au
départ je me disais les autres patients... les patients s’en sortiront, là il

1
faut vraiment rester focus sur la situation si jamais tu n’arrives pas à
perfuser tu appelles une autre collègue, tu délègues euh... et vraiment
d’avoir une mission chacun, nous ont fait les urgences ensemble et euh...
jamais une IDE se retrouve toute seule donc euh... donc voilà.
ESI : Faîtes vous un débriefing après chaque situation d’urgence
IDE : Euh... alors on le fait entres collègues infirmiers, avec les internes
actuels on le faisait aussi... on ne fait pas un débrief euh... comment dire
ce n’est pas quelque de fixé... on va pas faire une réunion pour ça... mais
on va en discuter avec les collègues on va souffler un petit peu on va
parler chacun de son ressenti de comment on se sent je sais que quand
il y a des décès on arrive très facilement à en parler donc oui après on a
des préférences sur les collègues... on parle avec certains collègues et
pas d’autres mais généralement tous les collègues sont présents pour
qu’on puisse parler et qu’on puisse relâcher la pression.
ESI : L’interview arrive à sa fin, voulez ajouter quelque chose ?
IDE : Ben... pas spécialement vraiment la situation d’urgence c’est
quelque chose qui arrive dans tous les services je pense... et euh... où il
faut se dire que l’on est entouré, que l’on n'est pas seul et que euh...
malgré tout le possible que l’on peut faire parfois on ne réussit pas et si
on ne réussit pas c’est pas de notre faute... qu’on a fait tout notre possible
et que … parfois ça se passera très bien et on sera très heureux d’avoir
réussi à gérer en quelques minutes une situation qui paressait
impossible et voilà. Voilà, voilà, merci beaucoup.
ABSTRACT

RESUME ABSTRACT

La gestion du stress en situation Stress management in


d’urgence. emergency situations.
Une situation d’urgence est une An emergency is a situation that
situation qui représente un risque poses an immediate risk to a
immédiat pour la santé, la person's health, safety, property
sécurité, les biens ou or environment. Emergencies
l’environnement d’une personne. require rapid action, but the most
Les situations d’urgence important factor in effectively
requièrent une action rapide mais managing and maintaining
le facteur le plus important afin control of these situations is to...
de pouvoir gérer efficacement Keep one's cool. The objective of
ces situations et d’en conserver my work is to understand "How
le contrôle est de...garder son can the nurse manage her stress
calme. L’objectif de mon travail when dealing with a patient in an
est de comprendre “Comment emergency situation"? First, to
l’infirmière peut-elle gérer son help me answer this question, I
stress face à un patient en developed a survey tool in the
situation d’urgence” ? form of an interview guide to
Tout d’abord, afin de m‘aider à conduct a qualitative survey. As a
répondre à cette question, j’ai result, I conducted semi-
élaboré un outil d’enquête sous la structured interviews composed
forme d’un guide d’entretien afin of open-ended questions
de mener une enquête embellished with follow-up
qualitative. De ce fait, j’ai réalisé questions with three nurses
des entretiens semi-directifs working in the operating room, in
composés de questions ouvertes réanimation and médical
agrémentées de questions de oncology .In addition, in order to
relances et ce auprès de trois complete my research I
infirmiers exerçant au bloc accentuated them by reading
opératoire, en REA et en different books. Thus my field
oncologie médicale. investigations and my theoretical
De plus, afin de compléter mes research have enlightened me
recherches je les ai accentué and allowed me to deepen my
par la lecture de différents knowledge on how "a nurse can
ouvrages. Ainsi mes manage her stress in an
investigations sur le terrain et emergency situation" and this
mes recherches théoriques m’ont with the different means used
éclairé et permis d’approfondir and the use of some concepts.
mes connaissances sur la Keywords: emergency situation,
manière dont” une infirmière peut stress emotion, caregiver/patient
gérer son stress en situation relationship.

1
d’urgence” et ce avec les Insérer
différents moyens utilisés et
l’emploi de quelques concepts.
Mots clés : situation d’urgence,
stress émotion, relation
soignant/soigné.

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