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1. INTRODUCTION............................................................................................ 4
C) L’auto-observation ....................................................................................31
B) Notre attention ne peut pas être à deux endroits en même temps ............................38
7. ET APRÈS ? + F.A.Q.......................................................................................69
Bonjour à tous !
Dans les semaines qui ont suivi, je me suis retrouvée dans un état d’anxiété
permanente tellement j’avais peur de revivre un tel épisode. Petit à petit, j’ai commencé à
développer une hyper vigilance face à mes sensations corporelles : je surveillais en
permanence chacune de mes sensations, de peur qu’elles annoncent le début d’une nouvelle
crise.
Au fil du temps, j’ai perdu ma légèreté, ma joie de vivre, ma sérénité, mon estime
de moi… jusqu’à perdre mon autonomie. En effet, fin 2017, la déréalisation /
dépersonnalisation est devenue tellement intense que je n’osais plus du tout sortir de chez
moi tant le monde extérieur me paraissait irréel. Pendant 6 mois, j’ai dû dépendre
entièrement de mon entourage pour faire mes courses et mes tâches administratives. Je peux
vous dire que j’ai vécu un véritable enfer.
A travers ce guide, je vais vous partager toutes les clés qui vont vous permettre,
à vous aussi, de développer vos armes contre la déréalisation / dépersonnalisation.
J’aimerais aussi insister sur le fait que si vous voulez guérir, le fait
d’appliquer les conseils et exercices donnés est absolument
indispensable !!! Comprendre comment votre trouble fonctionne est une première
étape très importante, mais la théorie à elle seule ne suffira pas à vous sauver. Si vous
souhaitez voir votre condition s’améliorer, c’est surtout sur la pratique qu’il vous faudra
compter. C’est grâce à l’exercice quotidien que vous parviendrez à reconfigurer votre
cerveau de manière à ce que progressivement, il n’ait plus besoin de la déréalisation /
dépersonnalisation. Pendant toutes ces années où j’ai souffert de troubles anxieux, je n’ai fait
que me renseigner à ce sujet : j’ai lu un nombre incalculable de livres, d’articles de blogs, de
témoignages,… Ceux-ci m’ont provoqué plusieurs déclics « enfin, j’ai compris de quoi je
souffre réellement ! » et à chaque fois, je pensais que cela suffirait à ce que ma situation
s’améliore… Finalement, ce n’est que quand j’ai commencé à mettre en pratique les
exercices proposés que j’ai pu obtenir des résultats concrets.
De même, tous vos témoignages et retours d’expérience sont les bienvenus, en privé
ou sur le groupe ☺
Dans la déréalisation, c'est la perception du monde extérieur qui est altérée. Cela peut
se traduire par :
• Un sentiment d’étrangeté, d’irréalité ou de détachement par rapport à l’entourage,
aux objets et lieux connus.
• Une perte de sentiment de familiarité par rapport à l’entourage, aux objets et lieux
connus.
Dans la dépersonnalisation, c'est la perception de soi-même qui est altérée. Cela peut se
traduire par :
• Un sentiment d’étrangeté, d’irréalité ou de détachement par rapport à son propre
corps, ses pensées, sentiments ou actions.
• Une perte de sentiment de familiarité par rapport à son propre corps, ses pensées,
sentiments ou actions.
• Modification de la vision
Les gens, l’environnement, les objets,… tout parait flou, lointain, étrange. C'est comme si le
monde extérieur avait perdu de sa substance : il semble moins consistant, moins solide,
moins « réel » en quelque sorte.
Sans aller jusqu’à parler d’hallucination, il peut arriver que les perceptions sensorielles
s’altèrent de manière temporaire. Ces altérations peuvent toucher aux cinq sens, ainsi qu’à la
notion du temps et de la distance.
« Parfois, les objets que je regarde m’apparaissent visuellement comme distordus : ils ont
l’air plus grands ou plus petits qu’ils ne le sont réellement. »
« Il arrive que mon ouïe se modifie soudainement, tous les sons me paraissant alors lointains
et déformés »
« Parfois, mes notions de distances sont altérées : quelque chose peut me paraitre plus
proche ou plus éloigné qu’il ne l’est réellement ».
« Par moments, le temps semble soudainement se ralentir ou s’accélérer »
L’entourage, les lieux, les objets, notre propre corps,… nous paraissent étrangers. C’est
comme si on les voyait pour la première fois, même si on sait intellectuellement que non.
« Quand je regarde mes amis ou ma famille, je n’arrive plus à ressentir la connexion affective
qui me reliait autrefois à eux. Je les reconnais avec la tête, mais pas avec le cœur. »
« J’ai l’impression que les gens autour de moi sont des acteurs qui jouent un rôle. C’est
comme si ce n’était pas vraiment eux. »
« Je me promène dans ma ville et plus rien ne me semble familier. Je connais ces rues par
cœur et pourtant, j’ai l’impression d’être dans un lieu inconnu. »
« Je regarde mes mains bouger mais j’ai l’impression qu’elles ne m’appartiennent pas. Je sais
intellectuellement que ce sont les miennes, et pourtant elles me semblent étrangères. »
« Je ne reconnais pas ma voix quand je parle, c’est comme si c’était celle de quelqu’un
d’autre »
« Quand je me regarde dans le miroir, je sais que c’est moi, et pourtant je ne me reconnais
pas vraiment. »
Impression d’être déconnecté de soi-même, d’être devenu une entité séparée du corps. La
sensation de n’être plus qu’un observateur extérieur de sa propre existence est très
fréquente.
« J’ai l’impression de flotter au-dessus de mon corps, c’est comme si je me regardais d’en
haut »
« J’ai la sensation d’être un spectateur de ma vie, plutôt que l’acteur principal. Je m’observe
de l’extérieur, comme si je regardais un film de moi en train de vivre sa vie »
« Je me sens en décalage par rapport à mon corps : je me regarde agir, parler, bouger, mais
je ne suis plus réellement cette personne qui agit, parle et bouge »
« J’ai l’impression d’être là, mais sans être là »
« J’ai l’impression d’être juste une tête qui pense, c’est comme si je n’étais plus dans mon
corps »
Les souvenirs du passé semblent appartenir à quelqu’un d’autre ou ne pas avoir été
réellement vécus.
« Parfois, je ne sais plus vraiment si mes souvenirs sont réels ou si je les ai imaginés. »
« Quand je regarde mes photos de vacances, cela parait tellement flou, je n’ai pas
l’impression que ces souvenirs m’appartiennent »
« Cela me parait tellement flou quand je repense à mon dernier voyage à l’étranger, je
n’arrive plus à ressentir les émotions positives qui y étaient associés. »
• Questionnements permanents
Le sentiment d’irréalité et/ou d’étrangeté conduit souvent à des doutes, des réflexions, des
remises en question permanentes.
La capacité à ressentir du plaisir et des émotions semble faire défaut : plus rien ne touche
comme avant. Les choses que l’on appréciait auparavant laissent maintenant indifférent.
Dans notre vie quotidienne, nous passons spontanément par divers états de
conscience pour nous adapter aux situations, en fonction de nos ressources et de nos limites.
Cette aptitude innée nous permet d’écarter momentanément le stress. Le simple fait d’« être
dans la lune », par exemple, constitue une légère modification de notre état de conscience
qui nous permet de nous extirper un moment des contraintes de notre vie.
Lorsque nous sommes face à une situation menaçante, ce mécanisme est poussé à
son maximum et nous pouvons aller jusqu’à nous « déconnecter », ce qui se traduit par des
sensations de déréalisation / dépersonnalisation. Cette déconnexion est une capacité
naturelle dont nous disposons pour nous protéger en nous « coupant » de nos
émotions douloureuses. C’est ainsi que les victimes d’abus sexuel racontent souvent s’être
sentie « en dehors de leur corps » pendant l’agression : c’est comme si elles étaient
spectatrices ce qui leur arrivait, plutôt que de le vivre réellement.
Seulement, dans certains cas, cette aptitude que nous avons à nous « déconnecter »
se prolonge au-delà de la situation qui l’a déclenché.
Comme elle ne parvient pas à expliquer ces symptômes très déconcertants, mille
questions vont commencer à surgir dans son esprit : « Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? »,
« Suis-je en train de devenir fou ? », « Et si je ne revenais jamais à la normale ? ». Elle va
commencer à se focaliser excessivement sur ces sensations étranges et va nourrir beaucoup
d’angoisse à ce sujet. Et c’est précisément à ce moment-là que les symptômes
commencent à s’installer de manière chronique, car toute cette inquiétude crée une
dose d'anxiété supplémentaire qui freine le retour à l’équilibre du cerveau. L’épisode de
déréalisation / dépersonnalisation, qui à la base était censé être temporaire, se transforme
alors en trouble de déréalisation / dépersonnalisation.
Face à un stress trop intense, notre cerveau préfère se déconnecter pour éviter le
surmenage. Mais si cette « déconnexion » se prolonge au-delà de l’événement
déclencheur, ou apparait spontanément sans déclencheur évident, elle devient
rapidement elle-même source d’inquiétude. Le cerveau, déjà surchargé, reçoit ainsi
une dose d’anxiété supplémentaire, ce qui l’empêche de trouver le repos dont il
aurait tant besoin. Il décide alors de maintenir son mécanisme de protection, ce qui
fait que les symptômes perdurent. On parle alors de trouble de déréalisation /
dépersonnalisation.
Ce qu’il est important de comprendre, c’est que dans tous les cas, c’est l’anxiété qui
fait perdurer votre trouble.
Pour réussir efficacement à diminuer l’anxiété, il est essentiel de bien comprendre son
système de fonctionnement. Je vous explique.
Ces deux points définiront les deux axes sur lesquels il vous faudra travailler pour
guérir :
Même si cela peut être difficile à admettre, la première étape dans votre processus de
guérison sera de reconnaitre que VOUS participez à entretenir votre trouble de
déréalisation / dépersonnalisation. Même si vous n’en êtes pas conscient, même s’il ne
s’agit pas d’un choix délibéré, prenez bien conscience que si vos symptômes persistent, c’est
que, d’une manière ou d’une autre, vous continuez à entretenir un terrain anxieux en vous.
Attention, je ne suis pas en train de dire que vous avez choisi votre trouble ou qu’il est
facile de se débarrasser de ses pensées anxieuses. Je suis bien consciente que la guérison
n’est pas un simple choix que l’on fait un jour en se levant le matin, sinon je suis persuadée
S’il me semble si indispensable d’insister sur le fait que vous soyez en grande partie
responsable de la persistance de votre trouble, c’est parce que c’est le fait de reconnaitre
votre part de responsabilité qui va vous permettre de reprendre du pouvoir sur votre
condition.
De cette manière, vous n’allez plus considérer votre trouble comme quelque chose
que vous subissez et sur lequel vous n’avez aucun contrôle, vous n’allez plus attendre
désespérément ce fameux matin où vous allez vous réveiller miraculeusement guéri, vous
n’allez plus espérer tomber sur un remède miracle…
Nous avons vu que la clé pour guérir, c’est de diminuer votre niveau d’anxiété. Pour
l’instant, votre principale source d’anxiété, c’est votre trouble lui-même. Pour briser le cercle
vicieux " déréalisation/dépersonnalisation ⇒ anxiété ⇒ déréalisation/dépersonnalisation ", il
va vous falloir apprendre à ne plus réagir avec anxiété face à vos symptômes. Autrement
dit, il va vous falloir arrêter d’appuyer sur la pédale d’accélérateur de votre organisme.
Pour guérir, vous aurez donc besoin de vous déprogrammer en éliminant toutes les
mauvaises habitudes que vous avez acquises avec le temps autour de votre trouble et
qui génèrent de l’anxiété.
Nous allons les passer une à une en revue afin que vous puissiez comprendre en quoi
elles sont néfastes pour vous, et ce que vous devez faire pour vous en débarrasser.
Une des premières étapes de la guérison consiste donc à bien comprendre ce qu’est
le trouble de déréalisation / dépersonnalisation : un symptôme d’anxiété TEMPORAIRE,
totalement REVERSIBLE et NON-DANGEREUX.
Nous allons passer ensemble en revue ces mauvaises interprétations, et les démonter
une à une. Cela devrait déjà vous permettre de vous délester d’une bonne couche d’anxiété
superflue.
Je vous rassure tout de suite, toutes ces choses n’arriveront pas ! Même si vos
symptômes sont parfois effrayants, vous ne risquez absolument rien. J’ai souffert de
déréalisation / dépersonnalisation pendant des années, j’ai fait face à une multitude de
symptômes tous plus terrifiants les uns que les autres… et il ne m’est jamais rien arrivé. Il n’y
a donc aucune raison pour que quelque chose vous arrive à vous. D’ailleurs, combien de fois
avez-vous cru qu’il allait se passer quelque chose ? Au final, rien ne s’est jamais s’est
produit. Et croyez-moi, rien ne se produira jamais !
Le problème avec toutes ces mauvaises interprétations, c’est qu’elles vous créent
beaucoup d’anxiété, ce qui perpétue le cycle de la déréalisation / dépersonnalisation.
Pour éviter cela, il vous faudra donc apprendre petit à petit à remplacer ces fausses
interprétations par la véritable explication : toutes ces sensations ne sont pas graves du
tout, ce sont simplement des symptômes de déréalisation / dépersonnalisation, rien d’autre !
Elles sont désagréables, certes, mais elles sont inoffensives et temporaires.
Entre ces deux pensées : « ma vision est floue, je pense que la réalité va s’écrouler »
ou « ma vision est floue, c’est juste un symptôme temporaire et inoffensif de la
déréalisation / dépersonnalisation », vous voyez déjà un peu la différence de niveau
d’angoisse que cela va générer en vous.
Coire que l’on est fou (ou en train de le devenir) est extrêmement commun
quand on souffre de déréalisation / dépersonnalisation. Notre perception de la réalité
change, on remet en cause notre identité, ce qui nous paraissait si familier auparavant ne l’est
plus, le temps semble parfois se distordre,… Avec toutes ces modifications dans nos
perceptions, il en effet difficile de ne pas remettre en question notre santé mentale. La seule
explication qui nous semble valable à ce changement d’état est que l’on soit en train de
basculer dans la folie.
Mais ici aussi, il s’agit de fausses interprétations dues à une mauvaise connaissance du
trouble. Rassurez-vous, vous n’êtes absolument pas en train de devenir fou !
La plus grosse différence entre les deux, c’est que dans la psychose, il y a présence
de délire. La personne psychotique a perdu le contact avec la réalité. Elle peut par
exemple être persuadée qu’une célébrité lui envoie des messages d’amour à travers ses
chansons, que son voisin la persécute et tente de l’empoisonner, que des extraterrestres lui
ont implanté une puce dans le cerveau pour la contrôler, etc. Le délire psychotique a souvent
un thème bien précis, et celui-ci est complètement déconnecté de la réalité.
Le psychotique ne sait plus faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne
l’est pas. Il croit complètement à son délire et d’ailleurs, il n’est même pas conscient
d’être en train de délirer.
D’ailleurs, ce qui vous fait souffrir dans votre trouble, c’est justement le fait de
prendre conscience de ce décalage qui existe entre vos perceptions et la réalité. Même
si ces perceptions semblent parfois très réelles, vous savez bien que ce n’est pas comme ça
que vous êtes censés percevoir les choses. Autrement dit, vous restez conscient que votre
perception N’EST PAS la réalité. Chez une personne psychotique, il n’existe plus ce
décalage : ses perceptions sont devenues sa réalité. Ainsi, elle ne remettra pas en cause ses
perceptions et ne souffrira pas de ne pas pouvoir revenir à la réalité, puisque pour elle, ce
qu’elle voit EST la réalité. Ainsi, elle pensera vraiment vivre dans un film ou être entourée de
robot. C’est pour cette raison qu’on dit toujours qu’un fou ne sait pas qu’il est fou.
Une autre différence entre les deux troubles est que les altérations de la perception
propres à la déréalisation / dépersonnalisation sont plus proches d’illusions d’optique
ou de légères distorsions, que de réelles hallucinations. Une hallucination se définit
comme une perception sensorielle en l’absence de stimulus externe. Autrement dit, un
psychotique qui a une hallucination perçoit quelque chose qui n’existe pas. La personne qui
souffre de déréalisation / déréalisation peut vivre quelques altérations dans sa perception
(voir un objet plus lointain ou plus petit qu’il ne l’est réellement, par exemple), mais elle ne
verra pas vraiment apparaitre un objet ou une personne qui n’existe pas. De même, elle ne
construira pas toute une histoire imaginaire autour de quelque chose qui n’existe absolument
pas dans la réalité.
Un autre point qui pourrait vous rassurer : l’âge du début de la schizophrénie se situe
vers la fin de l’adolescence. Si vous avez déjà passé ce stade, il est donc plus que probable
que vous n’en développiez jamais.
Le problème avec ces mauvaises interprétations, encore une fois, c’est qu’elles
génèrent beaucoup d’anxiété. En effet, quoi de plus angoissant que de se croire en train de
devenir fou, voire de s’imaginer finir enfermé à vie dans un hôpital psychiatrique ! Or vous
avez bien compris maintenant que chaque dose d’anxiété que vous vous infligez fait perdurer
votre trouble. Il est donc essentiel pour votre guérison d’apprendre à poser la bonne
étiquette sur votre trouble.
L’événement qui est à l’origine de votre trouble n’est pas important non plus, la
procédure à appliquer pour guérir ainsi que les chances de guérison seront les mêmes. Que
les symptômes aient fait leur apparition suite à un choc émotionnel ou à un surmenage
importe peu, ce qui fait qu’ils se soient installés de manière chronique, c’est le climat anxieux
dans lequel vous baignez. Les symptômes de déréalisation / dépersonnalisation engendrent
beaucoup d’anxiété, cette anxiété empire les symptômes, ce qui augmente l’anxiété, etc.
Vous voyez, le trouble finit par se nourrir de lui-même, et de manière totalement
indépendante à l’événement qui l’a déclenché. Pour guérir, c’est sur votre anxiété qu’il faut
travailler, et plus précisément sur les habitudes qui génèrent cette anxiété.
B) LES FORUMS
Ainsi, le fait de fréquenter les forums risque d’introduire un biais dans votre
esprit. Vous avez plus de chances de tomber sur le témoignage désespéré d’une personne
qui souffre de déréalisation / dépersonnalisation depuis des années, que sur un témoignage
de guérison qui va vous donner plein d’espoir. Ainsi, vous pourriez facilement croire que
la guérison est vraiment compliquée à obtenir, que le trouble dure souvent des années,
que peu de gens s’en sortent, etc.
Même si vous ne lisiez que des informations positives, il suffirait que vous tombiez sur
un seul témoignage négatif pour que cela vous entraine dans une spirale négative. En fait,
quand on souffre d’un trouble anxieux, notre cerveau est dans un état d’hyper-vigilance où la
priorité est d’identifier rapidement une menace pour s’en protéger. Ainsi, vous pourriez lire
neuf témoignages positifs, contre un seul de négatif, c’est ce dernier que votre cerveau
va retenir en priorité.
De plus, cela resterait du temps que vous consacrez à votre trouble. Or rappelez-vous
bien qu’à chaque fois que vous focalisez votre attention sur votre trouble, vous
confirmez à votre cerveau que quelque chose ne va pas. A l’inverse, en apprenant à vous
concentrer uniquement sur le positif, sur des pensées agréables, sur des activités qui vous
Pour toutes ces raisons, je vous conseille vivement d’arrêter absolument toute
recherche au sujet la déréalisation / dépersonnalisation. Je sais que ce n’est pas évident
car bien souvent, on se dit qu’il doit y avoir une solution miracle quelque part, et qu’il suffirait
d’enfin la découvrir pour guérir. Mais croyez-moi, ça ne fonctionne pas ainsi. La seule façon
de guérir de ce trouble est de stopper l’anxiété qui le nourrit. Et en essayant à tout prix de
rechercher cette solution miracle, sans jamais la trouver, vous nourrissez cette anxiété.
C) L’AUTO-OBSERVATION
En fait, c’est cette analyse constante qui signe souvent l’entrée dans le trouble de
déréalisation / dépersonnalisation. Un homme m’expliquait la manière dont son trouble
avait commencé. Alors qu’il était en train de regarder sa série préférée, il a été soudainement
été pris d’une étrange sensation : les personnages ne lui paraissaient plus familiers. Il est
alors entré dans la spirale de la vérification. Il a d’abord été recherché un souvenir
rapporté d’un voyage à l’étranger, et se demandait s’il était déjà réellement parti dans ce
pays. Ensuite, il a regardé sa veste et n’était plus capable de se remémorer le moment où il l’a
achetée. Finalement, il a été jusqu’à sortir ses vieux albums photos pour vérifier s’il se
reconnaissait lui-même sur ses photos d’enfance. Ainsi, à chacune de ses vérifications, il
s’enfonçait un peu plus dans une sensation d’angoisse qui venait empirer ses
symptômes. Alors que s’il s’était dit dès le départ « oh je dois être un peu trop fatigué », il
est fort à parier que les premières sensations étranges se seraient spontanément dissipées.
Je refais un parallèle avec les crises d’angoisse pour vous aider à mieux
comprendre. Quand on souffre de crises d’angoisse à répétition, on finit souvent par
surveiller chacune de nos sensations corporelles parce qu’on a peur qu’elles annoncent le
début d’une crise. Ainsi, face à la moindre petite sensation un peu anormale, comme un
battement de cœur irrégulier, on va se focaliser obsessionnellement dessus, on va
l’interpréter comme quelque chose de grave, toute cette anxiété augmente le symptôme, et
hop la crise d'angoisse se déclenche ! Là où, dès le départ, une personne « normale » se
serait simplement dite face à l’accélération de son cœur « oh, j'ai peut-être bu trop de café ».
J’ai appris à ne plus avoir peur de ces symptômes, et surtout, j’ai appris à diriger
instantanément mon attention ailleurs – ce qui, avec le temps, est devenu un réflexe.
De cette manière, je ne suis plus constamment en train de nourrir un climat anxieux en moi,
et les perceptions étranges disparaissent d’elles-mêmes aussi vite qu’elles sont
apparues.
Si vous êtes dans ce cas, il est important que vous compreniez que tous ces
questionnements sont une conséquence directe du trouble. Ce sont les symptômes de la
déréalisation / dépersonnalisation qui nous amènent à douter comme ça. Lorsque nos
perceptions sont ainsi modifiées et que tout autour de nous parait soudainement étrange, il
est normal de commencer à se poser toutes ces questions.
Certes, la vie est très bizarre, mais elle est ce qu'elle est ! Même si cela vous parait très
compliqué pour le moment, faites de votre mieux pour accepter qu’elle comporte son lot de
mystère. Plutôt que de la questionner, essayez au maximum de la vivre, exactement
comme vous le faisiez avant que votre trouble apparaisse. Dès que vous vous sentez
repartir dans des questionnements angoissants, stoppez-lez en reportant votre attention
ailleurs (nous verrons plus loin comment faire).
En effet, comme vous l’avez bien compris maintenant, l’anxiété est la cause profonde
de votre trouble. Souvenez-vous du cercle vicieux caractéristique du trouble de déréalisation
/ dépersonnalisation :
a) A chaque fois que vous mettez la mauvaise étiquette sur votre trouble (folie, lésion
cérébrale, changement permanent dans le cerveau, etc.)
b) A chaque fois que vous allez sur un forum pour chercher une solution ou lire des
témoignages
c) A chaque fois que vous vérifiez où en sont vos perceptions
d) A chaque fois que vous vous laissez entrainer dans des questionnements existentiels
Imaginez-vous qu’à chaque fois que vous cédez à un de ces réflexes, cela revient
à vous injecter directement une dose d’anxiété dans le sang. Finalement, la persistance de
votre trouble n’est due qu’à la somme de ces mauvaises habitudes qui se sont ancrées en
vous avec le temps.
Heureusement, vous avez le pouvoir de faire marche arrière. Tout ce que vous avez à
faire pour guérir, c’est de rompre avec ces habitudes problématiques.
Pour cela, il vous faut apprendre à repérer le moment où vous vous apprêtez à
céder à une de ces habitudes, et puis agir différemment, jusqu’à ce que, à force de
répétition, une nouvelle habitude s’installe. La guérison consiste en fait en un
réapprentissage : il s’agit de remodeler votre cerveau en lui apprenant inlassablement à
réagir différemment. Voyons comment faire.
Finalement, en y regardant de plus près, on peut constater que toutes les habitudes
néfastes que nous venons de passer en revue pourraient être résumées en une seule : c’est le
fait de porter une attention anxieuse à votre trouble.
En réfléchissant un peu, j’ai réalisé que ce qui m’apaisait dans le fait de prendre
une douche, c’était simplement le fait que mon attention se dirige ailleurs que sur mes
symptômes. Pendant les quelques minutes où je suis occupée à régler la température de
l’eau, à me savonner, à faire attention à me rincer correctement les cheveux, … mes pensées
sont accaparées par autre chose que mon trouble. Résultat : mon angoisse diminue de
manière significative. Alors que si je reste dans mon lit à essayer de combattre
mentalement mes pensées anxieuses, cela ne fait que renforcer mon angoisse et intensifier
mes symptômes.
Ainsi, il m’est apparu de manière de plus en plus claire que tant quand je focalisais
mon attention sur mes symptômes, mes symptômes perduraient. A l’inverse, à chaque
fois que je parvenais à focaliser momentanément mon attention ailleurs que sur mes
symptômes, cela avait pour effet de réduire l’intensité de mes symptômes.
Nous ne pouvons pas stopper toutes ces pensées anxieuses du jour au lendemain
juste parce que nous l’avons décidé. Et évidemment, cela ne servirait à rien de se dire
mille fois sur la journée « Ne pense pas à ton trouble ! », car cela ne serait qu’une manière
détournée de lui accorder de l’attention. Vous connaissez bien l’histoire : s’efforcer de ne pas
penser à un éléphant rose, c’est s’assurer que la première image qui surgisse dans notre
esprit soit celle de cet éléphant rose.
Pour apprendre à arrêter de nourrir une pensée, je vous partage une règle qui m’a
énormément aidée :
C’est une règle très précieuse parce que c’est elle qui va vous servir d’outil principal
pour vous débarrasser de votre trouble. Je vous explique pourquoi.
En fait, cette règle implique que vous ne pouvez pas à la fois penser anxieusement
à votre trouble ET penser à autre chose. C’est impossible, parce que votre attention ne
peut être dirigée que vers un endroit à la fois.
Parfois, vous pouvez même vous faire la réflexion « Hey mais je ne pensais plus du
tout à mon trouble ! C’est comme s’il avait disparu pendant ce laps de temps ! ». En fait,
pendant l’espace d’un instant, vous avez expérimenté ce que c’est que d’être guéri.
Pensez-y, chaque moment pendant lequel vous arrivez à vous distraire est un
moment pendant lequel vous n’angoissez pas au sujet de vos symptômes. Pendant ce
temps, votre cerveau peut enfin se reposer.
Vous voyez, c’est très simple : à chaque fois que vous arrivez à faire en sorte que
votre attention soit absorbée par autre chose que votre trouble, cela revient à faire un
pas vers votre guérison.
Dans votre état actuel, peut-être que votre attention est anxieusement focalisée sur
vos symptômes 90 % du temps, et que les moments où vous parvenez à penser à autre chose
constituent seulement 10 % de votre temps. Finalement, pour guérir, tout ce que vous
avez à faire, c’est d’inverser petit à petit cette tendance.
Comme vous l’avez bien compris maintenant, à chaque fois que vous vous laissez
entrainer dans des questionnements existentiels, dans des doutes concernant la possibilité de
guérir, dans votre peur de devenir fou, dans une auto-observation compulsive,… cela ne fait
que renforcer votre anxiété.
Ainsi, vous ne pouvez pas contrôler vos pensées anxieuses pour les empêcher de
surgir. Par contre, comme je vous l’ai expliqué précédemment, vous pouvez apprendre à
arrêter de les nourrir, et une première clé pour cela, c’est de faire en sorte de rester le plus
possible occupé. En effet, au plus vous remplissez vos journées, au moins vous laissez de
temps libre à votre esprit pour ressasser des pensées génératrices d’anxiété.
Car rappelez-vous, chaque instant où votre attention est absorbée par autre chose
que votre trouble, c’est un instant où votre cerveau peut se reposer, et c’est
absolument tout ce dont il a besoin pour guérir. Chaque minute pendant laquelle vous
réussissez à vous concentrer sur une activité est une minute de gagnée dans le
processus de votre guérison.
Alors à partir de maintenant, considérez que vous êtes dans la période idéale pour
perfectionner vos talents de cuisine, pour apprendre à coudre ou pour faire du jardinage.
Vous pourriez également en profiter pour relire tous les romans de votre auteur préféré, pour
enchainer les mots croisés, pour faire de la peinture, de la photo ou du bricolage. Toute
activité qui requiert du temps et de la concentration est à privilégier. Peu importe de
quoi il s’agit, l’important est de parvenir à focaliser le plus souvent et le plus longtemps
possible votre attention sur une tâche qui n’a absolument aucun lien avec votre
déréalisation / dépersonnalisation.
Pour ma part, j’ai profité de cette période pour apprendre à jouer de la guitare, et
cette activité m’a été franchement salutaire. Même si j’étais carrément nulle à cet exercice,
cela me prenait 4 heures dans ma journée, 4 heures pendant lesquelles la déréalisation /
L’idée, c’est vraiment de ne plus vous autoriser à rester des heures à ressasser. Dès
l’instant où vous vous surprenez à vous laisser embarquer dans un flot de pensées
anxieuses, un « STOP » déterminé doit retentir dans votre tête. A ce moment-là, faites le
choix d’arrêter immédiatement le processus et lancez-vous dans une activité en vous
efforçant d’y mettre toute votre attention.
Le fait de chercher à s’occuper au maximum est une déjà une première clé très
importante à appliquer pour guérir, mais par moments, elle s’avèrera insuffisante. En
effet, parfois les pensées anxieuses sont tellement envahissantes qu’elles s’obstinent à revenir
à la charge même lorsque nous nous efforçons de rester occupés. De plus, malgré notre
détermination à remplir le plus possible nos journées, celles-ci comporteront toujours des
temps-libre, ne fut-ce qu’au moment du coucher par exemple. Alors que faire dans ces cas-
là ?
C’est ici qu’intervient la deuxième clé, que j’ai nommé l’art de rediriger son
attention. Laissez-moi vous expliquer en quoi consiste cet art : à chaque fois que vous vous
surprenez à penser à vos symptômes, vous devez détourner immédiatement votre
attention ailleurs.
Même si elle parait très simple, je vous assure qu’il s’agit de LA CLÉ ULTIME
pour guérir. J’irai même jusqu’à dire que l’essentiel du processus de guérison passe par là.
Si vous parvenez à devenir maitre dans l’art de rediriger votre attention, vous pouvez
dire adieu à la déréalisation / dépersonnalisation. Ce guide vous présente plusieurs voies
de guérison qui, si elles sont combinées, démultiplient vos chances de guérison. Mais si vous
ne deviez intégrer et appliquer qu’une seule astuce, ce serait celle-ci. Tout le reste ne sert
qu’à mettre encore plus de chances de votre côté.
Imaginons que vous soyez en train de lire, dès l’instant où vous prenez conscience
que vous avez laissé votre trouble monopoliser votre attention, dites-vous
mentalement STOP et redirigez immédiatement votre attention sur votre lecture en
essayant de vous replonger pleinement dans l’histoire. Que vous soyez en train de
regarder un film, de manger ou de discuter avec un ami, reportez simplement votre attention
sur votre tâche en cours. L’exercice est à répéter autant de fois que nécessaire.
Dans le cas où vous n’êtes pas en train d’accomplir une tâche particulière, la
technique reste tout à fait applicable. Imaginons que vous vous surpreniez à angoisser au
sujet de votre sensation d’irréalité alors que vous êtes simplement en train de marcher dans
la rue. De la même manière, vous devez immédiatement arrêter le processus en mettant un
STOP à vos pensées anxieuses. Ensuite, reportez votre attention sur ce qu’il se passe
autour de vous. Trouvez quelque chose dans votre environnement qui soit susceptible
de capter suffisamment votre attention de manière à vous détourner de vos pensées. Il
pourrait s’agir, par exemple, de l’architecture des bâtiments, du style vestimentaire des
personnes qui croisent votre route, des oiseaux qui volent dans le ciel, des produits présentés
dans les vitrines des magasins, etc. Vous pourriez également choisir de vous reconcentrer sur
la musique qui passe dans vos écouteurs.
Une autre façon de faire est de reporter votre attention sur votre respiration.
L’avantage de cette méthode étant qu’elle peut s’utiliser à n’importe quel moment, dans
n’importe quel lieu et contexte, car vous n’avez besoin d’aucune stimulation extérieure pour
la pratiquer. Elle peut notamment se révéler très utile au moment du coucher, par exemple,
lorsque nos sens sont moins stimulés par ce qu’il se passe dans notre environnement.
Rappelez-vous de cette règle infaillible : votre attention ne peut pas être à deux
endroits en même temps. Et tout ce qui vous parvient à travers vos 5 sens peut
constituer un sujet d’accroche pour votre attention et vos pensées.
La seconde possibilité consiste à rediriger vos pensées sur un sujet qui vous plait
et qui vous fait du bien.
Le plus important est que vous choisissiez une image qui soit assez forte pour
accrocher immédiatement votre attention. Dans l’idéal, cette image devrait vous
donner le sourire aux lèvres dès que vous y pensez. Par exemple, vous pouvez penser à
votre prochain voyage, au rire de votre enfant, au dernier moment que vous avez passé en
amoureux, etc. Vous pourriez même envisager de créer à l’avance une collection mentale
d’images positives à évoquer dès que vous en ressentez le besoin.
Dans le cas où vous vous ne parvenez vraiment pas à vous connecter à vos
émotions positives, ne désespérez-pas. Le but est simplement de trouver un moyen
d’occuper vos pensées, et cela peut également très bien se faire avec un sujet neutre. Ainsi,
vous pourriez vous efforcer à réviser mentalement vos cours, tenter de retrouver
l’entièrement des paroles d’une chanson que vous appréciez, élaborer votre liste des choses à
faire pour le lendemain, réfléchir à la façon dont vous allez accomplir au mieux une tâche
d’ordre professionnel, etc.
Tous les moyens sont bons pour distraire votre mental, faites appel à votre créativité.
Vous pouvez par exemple lui donner un exercice : compter à l’envers, trouver tous les
animaux qui commencent par la lettre A, etc.
Cette question doit devenir cruciale pour vous. Si vous prenez conscience
que votre attention est au mauvais endroit, vous la redirigez immédiatement au
bon endroit.
Devenir maitre dans l’art de rediriger son attention demande de développer une
certaine vigilance par rapport à vous-même. Au début, il vous faudra constamment
surveiller où est située votre attention, pour pouvoir la rediriger si nécessaire. Le fait de
constater une élévation de votre niveau d’anxiété ou de ressentir du mal-être doit
constituer un signal vous indiquant que votre attention est au mauvais endroit.
Je ne vous cache pas qu’au début, il s’agit d’un combat de tous les instants. Pour
le moment, vous pensez constamment à votre trouble. Mais en apprenant encore et encore
à refocaliser votre attention ailleurs, cela commencera à se faire automatiquement.
Ainsi, dans un premier temps, peut-être que vous devrez le faire 50 fois par jour, et puis
quelques jours plus tard, peut-être que vous ne devrez plus le faire que 30 fois, etc.
A force de répétition, vous n’aurez plus à maintenir cette vigilance des premiers
jours, car cela sera devenu une nouvelle habitude. A ce moment-là, votre attention se
détournera naturellement de vos symptômes sans même que vous ayez à y penser. A
peine la pensée apparaitra, qu’elle sera déjà chassée. Félicitation, vous êtes en train de
guérir !
Le plus important est que vous soyez confiant dans la méthode, car acquérir de
nouveaux réflexes demande une certaine patience. Même en appliquant méticuleusement
tous ces conseils que je vous donne, vous pourriez être déçu de constater que vos
symptômes ne disparaissent pas d’un seul coup. Les résultats peuvent être maigres les
premiers jours et vous pourriez être tenté d’abandonner en pensant que cela ne fonctionne
pas. Pourtant, il est très important de ne pas baisser les bras et de s’accrocher aux petites
améliorations, puis aux plus grandes. Dites-vous bien qu’il faut un peu de temps pour que
votre cerveau commence à retrouver son équilibre normal.
Peut-être que le premier jour, vous n’allez réussir à offrir qu’une seconde de
repos à votre cerveau, et pourtant, ce sera une seconde de gagnée. Restez confiant et
positif. Une nouvelle habitude ne peut s’acquérir qu’à force de persévérance et je peux vous
assurer qu’à force de répéter cet exercice, vos symptômes prendront de moins en moins de
place dans votre vie.
C’est à cela que vous devez arriver. Le but n’est pas d’empêcher le surgissement des
pensées anxieuses, vous n’avez pratiquement aucun pouvoir là-dessus, mais de les rediriger
encore et encore jusqu’à ce qu’elles soient de nouveau accaparées par un sujet neutre ou
positif. Au début, vous y arrivez seulement l’espace de quelques secondes. Mais
progressivement, ces secondes deviendront des minutes, et puis des heures, jusqu’à ce que
cela redevienne votre normalité !
o Etape 1 : je prends conscience que mon attention est au mauvais endroit (une
élévation de mon niveau d’anxiété ou un mal-être peut en constituer un signal)
o Etape 2 : je me dis à moi-même un « STOP ! » franc
o Etape 3 : je choisis de rediriger mon attention sur un sujet neutre ou positif
A répéter autant de fois que nécessaire ! (Au début, 20x par heure s’il le faut)
5.1 INTRODUCTION
C’est ce que vous avez appris à faire dans la première partie de ce guide en
rompant avec les mauvaises habitudes qui nourrissent votre anxiété et en apprenant à
refocaliser votre attention ailleurs que sur votre trouble.
Pour multiplier vos chances de guérison, vous pouvez emprunter une seconde
voie. Vous vous souvenez des deux divisions de notre système nerveux ? Il se divise en deux
branches :
1. Arrêter d’envoyer des signaux de stress à votre cerveau en évitant d’appuyer sur
la pédale d’accélérateur (1ère partie du guide)
2. Envoyer un maximum de signaux de détente à votre cerveau en activant le plus
possible la pédale de frein.
Appuyer sur la pédale de frein, cela revient à envoyer un signal au cerveau qui
dit : « ok, je suis en sécurité, tout va bien, je peux me détendre ». Simultanément, toute
trace de stress ou de tension est évacuée de votre organisme. Normalement, il s’agit d’un
processus automatique : la pédale de frein s’active d’elle-même lorsque nous ne sommes
plus en présence d’aucune menace. Malheureusement, dans votre état actuel d’anxiété
chronique, cette opportunité est plutôt rare. C’est pour cela qu’il va vous falloir apprendre à
activer cette pédale par vos propres moyens.
Appliquer une technique de relaxation est une excellente façon d’appuyer sur la
pédale de frein de votre organisme.
La méthode Jacobson
J'ai beaucoup utilisé la méthode Jacobson, car c’est celle que j’ai trouvé la plus
pratique et efficace.
Le gros avantage que j’ai trouvé à cette technique de relaxation est que l’on reste
relativement actif. Ainsi, même si nous sommes fortement déréalisé / dépersonnalisé, cela ne
nous laisse pas trop le temps de nous focaliser sur nos sensations désagréables.
La technique est très facile à apprendre. Pour vous familiariser avec elle, vous pouvez
commencer par suivre des relaxations guidées sur YouTube. Ensuite, il vous sera très facile de
la reproduire seul.
La méditation
Quand on souffre d’un trouble anxieux, nous sommes, en quelque sorte, « trop
dans notre tête ». Nous avons tendance à nourrir des obsessions au sujet de nos
symptômes, nous anticipons à outrance tout ce qui pourrait mal se passer, nous nous
inquiétons pour tout et n’importe quoi, etc. Toutes ces pensées anxieuses tournent en boucle
et peuvent s’emballer, créant ainsi un cercle vicieux qui vient nourrir l’anxiété de base.
Le but de la méditation est justement de calmer ce mental trop actif. Vous avez
certainement déjà entendu parler du principe de « la pleine conscience » : le simple fait de
porter son attention vers ce qu’il se passe dans l’instant présent (la chaleur de ma tasse
de thé, le bruit de la pluie qui tombe à l’extérieur, la sensation de mes pas lorsque je marche,
etc.) permet de sortir automatiquement du domaine de la pensée. (Tiens, tout ceci me
rappelle ce que vous ai appris précédemment sur le détournement de l’attention ;-))
Petite note intéressante : si vous choisissez de porter votre attention sur votre corps,
le fait remettre de la conscience dans vos membres inférieurs peut être
particulièrement bénéfique. En effet, comme je vous l’ai expliqué, quand on souffre de
trouble anxieux, nous sommes trop dans notre tête. C’est un peu comme si nous
étions « décentrés » vers le haut : toute notre énergie est investie dans notre tête, tandis
qu’elle déserte le bas de notre corps. En apprenant à porter à nouveau notre attention vers
nos pieds, nos jambes, notre bassin, notre ventre…cela nous permet de nous rééquilibrer, de
nous recentrer.
La seule chose qui soit vraiment importante, c'est que vous appliquiez une
technique de relaxation au minimum 1 FOIS PAR JOUR. J’insiste vraiment sur ce point, car
ce n’est qu’en forçant votre corps à se détendre de manière quotidienne que vous
parviendrez à contrebalancer toute l’anxiété créée par votre trouble de déréalisation /
dépersonnalisation.
SERENITE ANXIETE
ANXIETE SERENITE
Prenez un moment pour identifier les facteurs qui vous stressent au quotidien, et
voyez ensuite si vous ne pourriez pas les éliminer facilement. Voici quelques idées qui vont
dans ce sens :
- Réduisez le contact avec les personnes qui sont toxiques pour vous (celles qui ne font
que de se plaindre, qui abusent de votre gentillesse, qui vous jugent, qui vous
critiquent constamment, etc.). Parallèlement à cela, rapprochez-vous des personnes
qui vous font du bien.
- Faites une dette médiatique. Violence, épidémies, crise économique, scandales
alimentaires, catastrophes écologiques… les médias ne diffusent que des informations
négatives et insécurisantes. Vous n’avez vraiment pas besoin de cela pour le moment.
Pensez également à faire un tri dans votre fil d’actualité Facebook et abonnez-vous à
des pages dédiées à la pensée positive et au bien-être.
- Sélectionnez les films que vous regardez. Evitez les films d’horreur et les thrillers, car
ils ont tendance à mettre le corps sous tension. Privilégiez-leur les films inspirants (les
feel good movies), les comédies ou les romances.
- Apprenez à refuser ou à déléguer certaines tâches quand il vous est possible de le
faire. Lorsque vous vous sentez fatigué (physiquement ou mentalement), n’ayez pas
honte de le dire. Respectez vos limites et prenez soin de vous.
Vous en avez certainement déjà fait le triste constat : l’anxiété affecte le sommeil en
provoquant des insomnies, des réveils nocturnes, des cauchemars,… Le problème étant
qu’une mauvaise qualité de sommeil nous rend ensuite plus sensible à l’anxiété. Un cercle
vicieux s’installe alors.
Pour mieux dormir, le plus important est d’adopter une routine qui permette de
ralentir progressivement le rythme avant le moment du coucher. Vous pourriez
commencer par vous préparer une tisane de plantes qui favorisent la détente et
Pour vous préparer au sommeil, vous pouvez également miser sur certaines huiles
essentielles réputées calmantes du système nerveux : le petit grain bigarade, la lavande, la
camomille romaine, la marjolaine à coquilles. Une goutte sur les poignets ou sur votre plexus
solaire vous permettra d’harmoniser toute votre sphère nerveuse et d’améliorer la qualité de
votre sommeil.
Des études scientifiques ont démontré que les personnes qui faisaient une activité
physique modérée ressentaient deux fois moins de stress que les personnes qui n’en
faisaient pas du tout. Le fait de bouger régulièrement son corps permet de diminuer le taux
de tension générale, de stabiliser et d’améliorer l’humeur, d’augmenter l’estime de soi
et de favoriser une bonne qualité de sommeil. Rien que ça !
Faire du sport n’a pas besoin d’être laborieux ou complexe : vous pouvez faire 30
minutes de marche ou danser au milieu de votre salon, c’est amplement suffisant. Vous
pouvez également suivre des vidéos fitness sur YouTube, c’est toujours plus motivant d’être
guidé par un coach ☺
Misez sur les aliments riches en omégas-3. En effet, les omégas-3 jouent un rôle
essentiel dans le bon fonctionnement du cerveau et ont prouvé leurs bienfaits dans
l’amélioration des troubles anxieux. On les retrouve principalement dans le poisson et dans
certaines huiles végétales (colza, lin, noix,…)
Le magnésium diminue les hormones de stress dans l’organisme, tandis qu’un déficit
de magnésium augmente la vulnérabilité au stress (j’ai écrit un article entier sur ce minéral
tant il joue un rôle important dans l’anxiété). Veillez donc à prendre des suppléments de
magnésium ou d’en avoir des apports suffisants via votre alimentation. On le retrouve
principalement dans le cacao, le chocolat noir et les fruits secs (amandes, noix du Brésil, noix
de cajou, cacahuète).
Cependant, ce soulagement n’est que de courte durée, car le problème majeur lié à
l’alcool est la gueule de bois. En effet, certains symptômes de la gueule de bois ressemblent
à ceux de la déréalisation / dépersonnalisation : vision floue, vertiges, malaise, anesthésie des
sensations corporelles, etc. Ainsi, ces symptômes seront interprétés par un esprit anxieux
comme des symptômes de déréalisation / dépersonnalisation, ce qui augmentera encore
l’anxiété.
Par conséquent, gardez bien en tête que même si le fait de boire de l’alcool peut
vous apporter un certain apaisement sur le moment, les choses seront encore pire après !
Si vous aviez l’habitude d’être un fetard qui adore sortir avec ses amis, ne
vous inquiétez pas, cela possible une fois que vous serez guéri.
Je comprends que dans votre état actuel, il soit plus facile de décliner une invitation et
de rester seul chez vous. Pourtant, avec le temps, je vous assure que c’est le plus mauvais
choix à faire. Ce dont vous avez besoin pour guérir, c’est de ne plus succomber à votre
anxiété. C’est de laisser tomber toutes les techniques que vous avez mis en place dans
le but de vous rassurer et qui n’ont fait que vous enfoncer toujours plus dans la spirale
de la déréalisation / dépersonnalisation.
Gardez bien en tête que même si vos premières sorties sont pénibles, elles le seront
de moins en moins avec le temps. Quand on évite une situation qui nous stresse, on fait
le choix qui est le plus confortable pour nous dans l’instant. Malheureusement, ce
soulagement n’est qu’immédiat. En effet, à moyen et à long terme, l’évitement ne fait
qu’augmenter notre peur : nous nous sentons de moins en moins capable d’affronter la
situation redoutée.
Alors même si vous avez l’impression que plus rien n’a de sens, que vous ne prenez
plus de plaisir à rien, faites-votre possible pour reprendre une vie normale. N’attendez pas
que l’envie vous revienne naturellement, commencez par agir et l’envie reviendra
d’elle-même. C’est ainsi que vous retrouverez petit à petit goût à la vie.
La règle d’or est : soyez actif et sociable. Dites « oui » à tout. Essayez de garder
votre esprit occupé et diverti tout le temps, c’est cela qui fera reculer vos symptômes au plus
vite. L’anxiété et la déréalisation / dépersonnalisation fonctionnent comme des mauvaises
herbes : elles prolifèrent rapidement si vous les laissez faire. Considérez votre esprit comme
un jardin dont vous devez prendre soin : remplissez-le au maximum d’images colorées et
positives de manière à ce que les mauvaises herbes n’aient plus de place pour se multiplier.
Le but est de constamment garder des informations positives circuler devant vos yeux et vos
oreilles.
Pour rééquilibrer votre système nerveux et guérir au plus vite, il va vous falloir
essayer de ressentir le plus d’émotions positives possible. En effet, à chaque fois que vous
ressentez une émotion positive, la pédale de frein de votre organisme s’enclenche, ce qui
induit un état de relaxation dans votre corps tout en chassant le stress.
Se sociabiliser et faire des activités agréables est une excellente manière de s’offrir des
occasions de ressentir des émotions positives. En plus de reprendre ces excellentes
habitudes, il existe une autre façon de booster toujours plus la fréquence de vos émotions
positives.
Prenons un exemple : vous êtes sur la plage, les pieds dans le sable, en train de siroter
un délicieux cocktail. Votre cerveau va libérer des hormones de bien-être (endorphine,
dopamine, sérotonine, etc.) et vous ressentirez ainsi un sentiment profond de sérénité et de
bien-être. Mais si vous êtes chez vous, confortablement installé dans votre fauteuil, et
que vous prenez un moment pour vous imaginer sur cette plage, votre cerveau va
libérer exactement les mêmes hormones, exactement comme si vous y étiez vraiment.
Cela fonctionne également pour les émotions négatives. Si vous avez une phobie,
vous connaissez probablement bien le phénomène : il suffit que vous pensiez à l’objet de
votre phobie pour qu’un sentiment de malaise s’installe déjà en vous, que votre corps se
contracte, que votre cœur s’accélère, etc. Rien que par la force de la pensée et de
l’imagination, votre cerveau libère déjà des hormones de stress (cortisol, adrénaline,…).
Ainsi, lorsque vous imaginez ou pensez à quelque chose de positif, votre cerveau croit
que vous êtes en train de le vivre et cela déclenche en vous une émotion positive. Vous
pouvez faire le test tout de suite : essayez de trouver une image qui vous fait du bien – le
sourire d’un proche, le rayonnement du soleil, vos dernières vacances – et faites-la vivre un
instant dans votre esprit. Comment vous sentez-vous ?
Maintenant, répétez l’exercice, mais en choisissant avec une image négative cette fois.
Comment vous sentez-vous à présent ? Vous voyez, rien que par la force de votre
imagination, vous pouvez choisir d’appuyer sur la pédale d’accélérateur ou sur la
pédale de frein de votre organisme. Pourtant, aucune de ces images n’existe dans votre
réalité au moment où vous faites l’exercice.
Le problème est que pour le moment, vous utilisez cette merveilleuse capacité
de votre cerveau d’une manière qui est néfaste pour vous. A chaque fois que vous vous
imaginez que vous allez finir en hôpital psychiatrique, que vous allez disparaitre, que vous ne
guérirez jamais, etc. comment vous sentez-vous ? Toutes ces images angoissantes que
vous faites danser en permanence dans votre esprit ne sont pas sans conséquences.
Si vous pensez constamment à tout ce qui va mal dans votre vie, si vous vous projetez
sans cesse dans un futur angoissant, alors vous ressentirez principalement de l’anxiété et du
mal-être. Si au contraire, vos pensées se dirigent principalement vers des images positives,
vous ressentirez forcément beaucoup plus de joie et de détente au quotidien.
Vous commencez à comprendre tout ce que cela implique pour vous ? En dirigeant
vos pensées vers un sujet positif plutôt que négatif, vous pouvez déclencher des
émotions positives sur commande. Et à chaque fois que vous ressentez une émotion
positive, cela suffit à enclencher la pédale de frein. Votre corps se détend. Donc, plus vous
vous entrainerez à ressentir des émotions positives, au plus votre anxiété va perdre du
terrain.
Une pensée positive = une émotion positive = la pédale de frein s’enclenche = détente =
recul de l’anxiété = guérison.
Pour mettre toutes les chances de guérison de votre côté, il va donc vous falloir
essayer de bombarder au maximum votre cerveau d’émotions positives. Et comme vous
l’avez bien compris maintenant, vous n’avez pas besoin d’attendre qu’on vous annonce une
bonne nouvelle pour ressentir une émotion positive. Grâce à la force de votre pensée et de
votre imagination, vous pouvez être autonome dans votre capacité à vous créer des
émotions positives par vous-mêmes.
Je vais vous donner deux exercices puissants pour vous aider à créer des
émotions positives par vous-mêmes au quotidien.
A chaque fois que vous pensez anxieusement à votre trouble, c’est comme si vous
envoyiez directement un signal de détresse à votre cerveau, et tous ces signaux répétés
finissent par créer un état interne d’anxiété totalement défavorable à votre guérison. Pour
contrecarrer cela, vous avez besoin de bombarder votre cerveau de messages de bien-être.
Chacune de vos pensées créent un état interne spécifique. Refaisons un petit test :
Dites tout haut : « Je me sens trop bien ! » Essayez de prononcer cette phrase avec le
sourire et en utilisant une intonation enjouée, comme si vous ressentiez pleinement toute
l’émotion de joie qui est censée accompagner ces mots.
Maintenant, dites tout haut : « Je me sens vraiment mal ». Laissez vos épaules
s’affaisser et vos yeux se diriger vers le bas lorsque vous prononcez la phrase. Soupirez
comme si vous vous sentiez réellement au bout du rouleau.
Vous voyez maintenant le pouvoir que peut avoir une simple phrase sur la façon
dont vous vous sentez ? Quand vous pensez « Je me sens trop bien ! », cela revient à
envoyer un signal à votre cerveau qui dit : « Tout va bien, il n’y aucune menace dans mon
environnement, je suis parfaitement en sécurité et je peux me détendre ». Simultanément,
votre système nerveux enclenche la pédale de frein, ce qui envoie une vague de détente et
de bien-être dans votre corps.
Répéter chaque jour des affirmations positives est un excellent moyen pour
créer cet état interne de détente propice à votre guérison. En effet, même si vous vous
sentez anxieux, le fait de déclarer avec conviction que vous vous sentez calme et détendu,
suffit à enclencher la pédale de frein. Il s’agit, en quelque sorte, de tromper le cerveau en le
saturant le pensées positives.
La seule chose qui importe, c’est que vous utilisiez des phrases qui résonnent en
vous, qui vous font vous sentir bien quand vous les prononcez, qui vous redonnent de
l’espoir,… . Ainsi, faites attention à utiliser des phrases qui soient « raisonnablement »
positives. Par exemple, pour une personne qui se sent vraiment au fond du trou, cela aurait
probablement plus d’effet de dire « chaque jour, je me sens de mieux en mieux », que de dire
directement « je vais merveilleusement bien ». En effet, cette dernière formulation risque de
lever une résistance chez cette personne car elle n’y croira absolument pas. Fiez-vous à
votre ressenti pour sélectionner ou créer vos affirmations, le but est que vous
ressentiez un sentiment agréable quand vous les prononcer.
En plus de vous aider à créer un état interne favorable à votre guérison, les
affirmations positives ont un avantage plus profond encore. A force de vous répéter dans
votre tête que vous n’allez pas bien, qu’il est compliqué de guérir, que vous ne retrouverez
peut-être jamais votre vie d’avant,… ces pensées finissent par s’ancrer en vous et devenir
votre réalité. Il devient difficile alors d’imaginer qu’il puisse en être autrement. Grace aux
affirmations positives, vous pouvez déprogrammer ces fausses croyances que votre
subconscient a fini par enregistrer comme étant des vérités.
En quelque sorte, les affirmations positives vont vous permettre d’ouvrir une
nouvelle porte dans votre cerveau. A chaque fois que vous affirmez avec confiance que
vous êtes en train de guérir, que vous vous sentez bien, que vous reprenez du plaisir dans
votre vie, etc. c’est comme si vous offriez une nouvelle perspective à votre esprit : celle
de redevenir normal. En prononçant ces mots, cela active automatiquement de nouvelles
images dans votre esprit : des images de vous souriant, libre et serein. Et comme vous le
savez maintenant, ce que votre cerveau imagine, il le croit réel. Ainsi, à chaque fois que vous
vous visualisez guéri, vous rendez cette vision un peu plus réelle.
Le journal de gratitude est un autre outil efficace pour vous aider à cultiver un
état intérieur positif au quotidien. Il est très simple et agréable à mettre en place.
Le principe est le suivant : chaque soir, vous allez prendre un petit moment pour noter
5 à 10 choses que vous avez appréciées au cours de la journée (ou de la veille si vous
préférez faire l’exercice le matin). Décrivez ensuite pour chacune de ces choses pourquoi elles
vous ont fait du bien. Pour finir, dites « merci » en essayant de ressentir un sentiment de
gratitude sincère.
Par exemple :
Aujourd’hui, j’ai reçu un coup de fil de mon papa. Je suis contente d’avoir pu échanger un
moment avec une personne importante pour moi. Merci ☺
Aujourd’hui, j’ai trouvé le courage de ranger tout mon appartement. J’ai un sentiment de
fierté, de travail accompli. De plus, j’ai l’impression d’avoir les idées plus claires maintenant
que mon environnement propre. Merci ☺
Ne négligez pas cet exercice à cause de son apparente simplicité. Se remémorer les
petits bonheurs quotidiens et exprimer de la reconnaissance pour ceux-ci constitue un
excellent entrainement pour la pensée positive.
Bien sûr, n’oubliez pas de bien noter les éventuels moments de la journée où
vous ressenti une amélioration – même brève – de votre déréalisation /
dépersonnalisation. Par exemple :
Aujourd’hui, j’ai eu un fou rire avec mon meilleur ami. Ça m’a vraiment fait du bien parce que
pendant ce moment j’ai complètement oublié ma déréalisation, j’étais pleinement dans le
moment présent. Merci ☺
Aujourd’hui, au moment où j’ai senti que j’allais repartir dans des questionnements
existentiels, j’ai réussi à enrayer le processus et à me reconcentrer sur ma lecture. Je suis
contente parce que je sais que c’est un pas que je fais vers ma guérison. Merci ☺
Noter toutes ces petites améliorations est très important parce que cela va vous
permettre de garder confiance en votre processus de guérison. En effet, si nous ne
prenons pas la peine de bien notifier ces moments où tout s’est bien passé, notre réflexe
naturel sera de rapidement les oublier pour nous reconcentrer sur ces 90 % de temps où les
symptômes de déréalisation / dépersonnalisation sont encore présentes. Le problème étant
que cela va automatiquement nous faire replonger dans des pensées négatives de type
« j’essaie de mettre des choses en place mais rien ne fonctionne » ou « je ne m’en sortirai
jamais ». Souvenez-vous, à chaque fois que vous êtes préoccupés par un « ça ne vas toujours
pas ! », vous vous recréez du stress, ce qui fera persister votre trouble.
Ainsi, il est important que vous invitiez vous-même votre cerveau à bien prendre
connaissance de chacune de vos améliorations, même si elles sont minimes ! Cela vous
permettra de voir que vos efforts sont loin d’être inutiles.
Pour plus de facilité, vous pouvez combiner les deux exercices – le journal de
gratitude et les affirmations positives - au même moment. Le soir avant de vous coucher ou
le matin au réveil, par exemple.
Une fois que je serai guéri grâce à votre méthode, y a-t-il un risque pour que la
déréalisation / dépersonnalisation revienne plus tard ?
Il est possible que, même après guérison, vous gardiez une certaine sensibilité à la
déréalisation / dépersonnalisation. C’est un peu comme si, pour faire face aux périodes
difficiles de sa vie, chaque personne avait son système de défense de prédilection : certaines
plongeront dans une addiction, d’autres dans la dépression, d’autres encore développeront
une maladie, etc. Dans votre cas, votre réflexe défensif est la déréalisation /
dépersonnalisation. Ainsi, dans certaines conditions, certains petits symptômes pourraient
refaire naturellement surface.
Pour autant, vous n’avez absolument pas à vous inquiéter de cela, car même si un
symptôme ou l’autre peut revenir occasionnellement, il n’y a plus de risque que vous
développiez à nouveau un trouble de déréalisation / dépersonnalisation. En effet, si vous
avez réussi à guérir en appliquant les conseils de ce guide, cela signifie que votre guérison a
été basée sur un nouvel apprentissage, et cet apprentissage est définitif.
Vous avez appris à dédramatiser vos symptômes et à ne plus en avoir peur. Vous avez
appris à identifier et à éliminer toutes les habitudes néfastes qui permettaient à votre trouble
de persister. Vous avez appris à ne plus vous focaliser anxieusement sur vos symptômes.
Si vous vous sentez complètement submergé par vos symptômes et que vous ne
parvenez pas à les réduire par vous-mêmes, vous pouvez tout à fait envisager une
psychothérapie pour vous aider dans ce travail.
En effet, comme je vous l’ai expliqué tout au long de ce guide, le trouble résulte avant
tout de mauvaises habitudes de pensées et de comportement. Celles-ci créent une anxiété
permanente qui empêche le cerveau de rétablir sa chimie normale. En faisant un réel travail
sur soi, il est possible de modifier toutes ces habitudes et de changer ainsi les conditions qui
permettent à votre trouble de persister.
Mes symptômes réapparaissent dès que j’arrête mon traitement médicamenteux, que
faire ?
Néanmoins, une fois que nous arrêtons de prendre ces médicaments, l’anxiété
réapparait souvent, et avec elle, la déréalisation / dépersonnalisation. Ceci s’explique
simplement par le fait que le traitement n’aura fait que « masquer » temporairement nos
symptômes et que, pendant ce temps, nous n’avons pas appris à développer nos propres
armes pour les gérer.
Prenons le cas d’une personne dépressive : les médicaments pourront certes l’aider à
passer un cap particulièrement difficile, mais comme vous vous en doutez, sans un réel travail
intérieur, il y a de fortes chances pour que la maladie refasse surface dès l’arrêt du traitement.
Pour que ça ne soit pas le cas, cette personne aurait besoin de travailler sur les causes
profondes de sa dépression. Peut-être qu’il lui faudrait entamer une psychothérapie pour
apprendre à mieux gérer ses pensées et ses émotions, pour aller revisiter certains
événements douloureux de son passé, pour changer certains aspects de sa vie qui ne lui
conviennent pas, …
Si vous parvenez à passer une bonne journée où vous vous sentez plus détendu que
d’habitude, cela ne signifie pas que toute votre anxiété sous-jacente a disparu. D’ailleurs, si
c’était le cas, vous ne seriez pas en train de comparer votre niveau de sérénité versus votre
niveau d’anxiété. Le fait que vous soyez en train de vous poser cette question est la preuve-
même que la déréalisation / dépersonnalisation est toujours une source d’inquiétude pour
vous. Vous continuez probablement à vous demander si la méthode va fonctionner pour
vous, si vos symptômes vont disparaitre un jour, si votre trouble n’est pas plus « grave » que
celui des autres puisqu’il persiste malgré le fait que vous ayez atteint un certain niveau de
sérénité, etc. Autrement dit, d’une manière ou d’une autre, vous nourrissez encore votre
anxiété en vous focalisant sur votre déréalisation / dépersonnalisation.
Si vous vous étiez totalement débarrassé de votre anxiété, toutes ces préoccupations
ne feraient plus partie de vos pensées. Vous seriez tout simplement en train de vivre votre vie
à fond, de réfléchir à vos objectifs futurs, de sortir avec des amis, etc.
Même si vous n’avez pas encore atteint ce but, ne vous découragez surtout pas, car le
fait que vous parveniez à vous sentir déjà plus serein prouve que vous êtes sur la bonne voie.
Félicitez-vous et persévérez dans vos efforts. Continuez encore et encore de détourner votre
attention de toutes les préoccupations liées à votre déréalisation / dépersonnalisation, je
vous assure que la guérison n’est pas loin ☺
J’ai profondément cru cela, moi aussi. Pour tout vous dire, le bad trip qui a signé le
début de ma déréalisation / dépersonnalisation a été particulièrement traumatisant : j’ai eu la
sensation horrible que mon esprit se détachait de mon corps. Pendant les années qui ont
suivi, mes sensations corporelles ne sont pas redevenues comme avant. Je ne sentais
pratiquement plus mes membres, un peu comme s’ils avaient perdu de leur consistance. Cela
me provoquait des angoisses terribles car je croyais que, suite à ce bad trip, mon esprit
n’avait jamais tout à fait correctement réintégré mon corps.
Je pensais vraiment que je resterai dans cet état toute ma vie parce que rien ni
personne ne pourrait me venir en aide. Mon cas semblait si rare et particulier que je me disais
qu’aucune thérapie d’aucune sorte ne serait adaptée à mon cas.
Quand je lisais les publications des personnes sur internet, j’avais l’impression que
mes symptômes étaient plus intenses – voire que j’étais la seule à présenter certains
symptômes. Cela me renforçait dans l’idée que mon trouble était plus grave et que j’avais
clairement moins de chances de m’en sortir.
Face aux témoignages de personnes qui avaient réussi à s’en sortir, je ne pouvais pas
m’empêcher de me dire que leur trouble de déréalisation / dépersonnalisation ne devait pas
être si grave que cela, qu’il devait certainement être plus récent, que les circonstances qui
l’avaient créé avaient dû être moins traumatisantes, que leurs symptômes devaient être
moins intenses, etc.
Le problème, quand on croit que notre trouble est plus grave que celui des autres,
c’est qu’on ne se donne pas de chance pour guérir. On part perdant d’avance.
Peu importe le niveau de sévérité de vos symptômes, vous êtes tout à fait capable de
guérir. De même, peu importe les conditions qui ont été à l’origine de votre trouble : il
n’existe pas de bad trip trop intense, pas de crise d’angoisse trop effrayante, pas de réaction
à un événement trop traumatisant, … qui pourrait causer un type particulier et incurable de
déréalisation / dépersonnalisation. Le trouble fonctionne de la même manière chez tout le
monde, et la solution pour en guérir est la même également.