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COLLECTION

MAGELLAN ENSEIGNER Cycle 2


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pro

5
2
01

Enseignement
moral
et civique
33 séquences
● Les savoirs essentiels
● Le déroulé complet de chaque séquence
● Des documents de référence avec leur exploitation pédagogique
● Les indications pour élaborer la trace écrite
● Des pistes pour l’évaluation
● Des propositions de débats et d’activités interdisciplinaires

À DÉCOUVRIR
Feuilletez
www.magellan-hatier.com
3 010000 049555

un extrait
du livre élève
ISBN : 301-0-000-04955-5
40 7787 5



COLLECTION
MAGELLAN ENSEIGNER Cycle 2
CP CE1 CE2

Enseignement
moral
et civique
Sophie Le Callennec
Professeure d’histoire, géographie et éducation civique
Formation continue des enseignants du premier degré

Émilie François, Professeure des écoles


Yann Yvinec, Professeur des écoles
Françoise Martinetti, Inspectrice de l’Éducation nationale
Élisabeth Szwarc, ancienne Professeure en IUFM
avec la contribution d’Isabelle Gros, Artiste peintre


Table des illustrations


21 Ph © Electa/© The Munch-Museum/The Munch-Ellingsen Group © Adagp 2013
22 ph © Ariel Skelley / Blend Images / Photononstop
26 ph © Heide Benser / Corbis
32 ph © Tourneret / Sipa Press

Maquette La Case à livres


Illustrations Aurélie Abolivier
Relecture Geneviève Miral

© HATIER PARIS 2015 – ISBN : 978-2-218-04955


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AVANT-PROPOS

En se lançant dans ce qui devait être le premier tour de la Terre, Magellan, « parrain »
de cette collection, entreprit un exploit en même temps qu’une magnifique aventure
humaine, et changea durablement notre vision du monde.

L’ambition que nous avons pour nos élèves quand nous décidons de les éduquer à la
citoyenneté n’est pas moindre. Il s’agit de leur faire partager des valeurs fondamentales
comme la solidarité, l’égalité entre tous, le respect, l’attention durable à l’environne-
ment, et de leur faire prendre conscience de l’importance qu’il y a à penser par soi-
même et à exercer son esprit critique. Il s’agit également de modifier profondément non
seulement leur vision du monde, mais aussi leurs comportements, pour les amener à
comprendre ce qui motive le « vivre ensemble », à accepter les règles, à intégrer l’idée
de l’intérêt collectif pour construire un avenir commun, dans la classe, au quotidien, et
en tant que futur citoyen.

Comme les autres ouvrages de la collection (Enseigner l’histoire au cycle 3, Enseigner


la géographie au cycle 3, Enseigner l’histoire des arts au cycle 3), ce « manuel de l’en-
seignant » est le compagnon idéal du professeur dans sa pratique de classe, le socle
possible d’un enseignement simple ou plus exigeant couvrant tout le programme.

Il peut être utilisé de manière autonome, mais il trouve son prolongement logique dans
le manuel Enseignement moral et civique cycle 2 de la collection Magellan : l’enseignant
y trouvera les documents préconisés et, sous la forme d’un questionnement adapté aux
élèves, l’exploitation pédagogique proposée ici.

Ce travail inédit, concret, synthétique et efficace a pour objet d’accompagner l’ensei-


gnant dans sa pratique de classe mais aussi de lui faire partager notre goût de cette
transmission fondamentale qu’est l’enseignement moral et civique.

Sophie Le Callennec

3



SOMMAIRE
Les programmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
L’enseignement moral et civique au cycle 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Culture de la sensibilité : soi et les autres


1. Soi et les autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2. Les sentiments et les émotions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3. Se connaître et connaître les autres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
4. Le respect, l’intégrité de la personne, la politesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
5. Les atteintes à la personne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
6. Je m’implique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
7. Le soin : le corps et le langage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
8. Les règles de la communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
9. Le soin : mes affaires, les affaires des autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
10. Le respect de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
11. Les symboles de la République . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
12. Porter secours : se sentir concerné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

Culture de la règle et du droit : des principes pour vivre avec les autres
13. Les droits et les devoirs de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
14. Les droits et les devoirs de l’élève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
15. Les droits et les devoirs du citoyen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
16. L’individu et le collectif : obéir aux règles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
17. Les règles, le règlement, le contrat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
18. Le règlement de la classe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
19. Les sanctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
20. La sécurité à l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
21. La sécurité dans la rue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

Culture du jugement : penser par soi-même et avec les autres


22. L’intérêt personnel et l’intérêt général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
23. Le jugement moral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
24. La résolution des conflits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
25. Le débat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
26. La laïcité à l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
27. Utiliser Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
28. Porter secours : évaluer la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

Culture de l’engagement : agir individuellement et collectivement


29. L’individu et le collectif : la participation démocratique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
30. L’engagement : la confiance, la promesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
31. La coopération, l’entraide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
32. La solidarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
33. Porter secours : prendre ses responsabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

5


LES PROGRAMMES
Le socle commun
Parmi les cinq compétences déployées par le Projet de socle commun de connaissances, de com-
pétences et de culture de juin 2014, la compétence 3 (la formation de la personne et du citoyen)
organise la culture morale et civique autour de quatre dimensions, étroitement articulées entre elles :
– une dimension sensible (culture de la sensibilité) : elle vise l’acquisition d’une conscience morale
par un travail sur l’expression, l’identification, la mise en mots et la discussion des émotions et des
sentiments, de façon que l’élève « vive » cet enseignement ;
– une dimension normative (culture de la règle et du droit) : elle vise à l’acquisition du sens des règles
du vivre ensemble ;
– une dimension cognitive (culture du jugement) : elle permet de comprendre et de discuter les choix
moraux rencontrés par chacun au cours de sa vie ;
– une dimension pratique (culture de l’engagement) : elle permet la mise en pratique de cet ensei-
gnement en insistant sur l’esprit d’autonomie, de coopération et de responsabilité vis-à-vis d’autrui.

Les programmes
Le Projet de programme d’enseignement moral et civique 2014 s’inscrit dans la continuité des ambi-
tions de ce Projet de socle commun, en reprenant, pour chaque cycle (cycles 2, 3 et 4), ces quatre di-
mensions de la culture morale et civique. Pour chacune d’entre elles, sont définies des compétences
communes aux trois cycles (2, 3 et 4), qui se déclinent en connaissances, objets d’enseignement et
exemples de pratiques qui diffèrent en fonction des cycles afin de tenir compte de l’âge des élèves.
Il précise les principes qui ont guidé sa rédaction :
– un principe d’équilibre entre, d’une part, les règles et les valeurs du vivre ensemble, et, d’autre
part, les références culturelles et historiques dans lesquelles ces règles et ces valeurs s’inscrivent ;
– un principe de lisibilité à l’égard des professeurs mais aussi des familles ;
– un principe de cohérence qui repose sur l’idée de culture morale et civique, expression qui désigne
l’ensemble des savoirs, des valeurs et des pratiques grâce auxquels se construisent les relations
à autrui.

C ulture de la sensibilité : soi et les autres

Connaissances Exemples de pratiques en classe,


Compétences
et objets d’enseignement à l’école, dans l’établissement
• S’estimer, être • Connaissance de soi et des autres : respect des • Connaissance de soi et des autres : a rts
capable de prendre différences, interconnaissance, tolérance. visuels (le portrait et l’autoportrait).
soin de soi ; avoir • L’intégrité de la personne : respect des pairs et • L’intégrité de la personne : les ra-
confiance en soi. des adultes ; les atteintes à la personne d’autrui cismes (avec des supports créés par des
• Être capable (racisme, sexisme, xénophobie, homophobie, har- fondations et associations agréées par le
d’identifier et cèlement…). Ministère de l’Éducation nationale) ; la
de nommer ses • Le soin : langage et corps (langage de la politesse, situation de handicap et la pratique de
émotions et ses soin du corps, soin de l’environnement immédiat et l’inclusion scolaire.
sentiments. plus lointain, soin des biens personnels et collectifs). • Le soin : prendre conscience de son
• Être capable • Connaissance et reconnaissance des sentiments et corps à travers la danse.
d’empathie ; savoir des émotions. • Connaissance et reconnaissance
se mettre à la place • Connaissance et structuration du vocabulaire des des émotions de base : apprendre les
des autres. sentiments et des émotions. techniques des « messages clairs » pour
• Être capable • Diversité des expressions des sentiments et des exprimer ses émotions vis-à-vis de ses
d’exprimer en émotions. pairs ; jeu théâtral, mime ; les langages de
les contrôlant ses • Initiation aux règles de la communication. l’art (expression artistique et littéraire
émotions et ses • Sensibilisation aux valeurs et aux symboles de la des émotions).
sentiments. République française : le drapeau, l’hymne national, • Valeurs et symboles de la République :
• Se sentir membre les monuments, la fête nationale. arts visuels (Marianne, le drapeau natio-
d’une collectivité. • Le secours à autrui (sens de l’empathie, en lien nal dans les œuvres d’art).
avec le dispositif et l’attestation APS).

6
Lesprogrammes

C ulture de la règle et du droit : des prinCipes pour vivre aveC les autres

Connaissances Exemples de pratiques en classe,


Compétences
et objets d’enseignement à l’école, dans l’établissement
• Comprendre les principes • Les droits et les devoirs : de la per- • Les droits et les devoirs : discussion
et les valeurs d’une société sonne, de l’élève, du citoyen (initiation). à visée philosophique (les droits et les
humaniste et démocratique. • L’individu et le collectif : les différents devoirs de l’élève) ; les droits égaux
• Comprendre les raisons contextes d’obéissance aux règles, le des garçons et des filles dans toutes les
de l’obéissance aux règles règlement intérieur, les sanctions. situations de la vie scolaire ; conseils
et à la loi dans une société • Les droits et les devoirs de l’enfant et d’élèves (sens des règles, des droits et
démocratique. de l’élève (la charte d’usage des TUIC des obligations, sens des punitions et
• Comprendre que la règle de l’école, B2i-1 ; la CIDE, art.2,6,9). des sanctions) ; participation des élèves
commune peut interdire, • Le fondement de la loi : les droits et à l’élaboration des règles de la cour de
obliger mais aussi autoriser. les devoirs du citoyen (la Déclaration récréation.
• Savoir participer à la défi- des droits de l’homme et du citoyen de • L’individu et le collectif : EPS (jeux
nition de règles communes 1789, art. 1,4,6). collectifs) ; apprendre à partager les
dans le cadre adéquat. • Connaissance du vocabulaire de la tâches dans des situations de recherche
• Être capable de conformer règle et du droit (droit, devoir, règle, rè- (grammaire, conjugaison, mathé-
sa tenue, son langage et glement, loi, sanction, contrat, conven- matiques…), de coopération (EPS,
son attitude aux différents tion, justice). éducation musicale, arts visuels…) ou
contextes de vie. • Le code de la route (initiation au code d’expérimentation (sciences).
• Comprendre qu’il existe de la route et aux règles de prudence, • Le fondement de la loi : discussion à
une gradation des sanctions en lien avec l’attestation APER). visée philosophique (l’égalité de tous –
et que la sanction est édu- élèves ou citoyens – devant la loi).
cative (accompagnement,
réparation…).

C ulture du jugement : penser par soi - même et aveC les autres

Connaissances Exemples de pratiques en classe,


Compétences
et objets d’enseignement à l’école, dans l’établissement
• Être capable de dévelop- • Le jugement moral : le juste et l’in- • Le jugement moral : sensibilisation à
per les aptitudes à la ré- juste ; les raisons qui font juger une la justice, à l’injustice et aux préjugés à
flexion critique pour fonder action bonne ou mauvaise, le choix. partir de récits (mythes, contes, situa-
ses jugements. • L’individu et le collectif (valeurs tions de la vie de la classe) ; dilemmes
• Être capable d’argumenter personnelles et collectives, l’intérêt moraux simples ; connaissance de
et de confronter ses juge- personnel et l’intérêt général). quelques structures simples de l’argu-
ments à ceux d’autrui dans • Valeurs et institutions : la charte de la mentation (connecteurs et lexique).
une discussion. laïcité à l’école. • Valeurs et institutions : la laïcité à
• Être capable de rechercher • Le secours à autrui (sens du discer- l’école (le calendrier, les jours fériés,
les critères de validité des nement, en lien avec le dispositif et leur origine ; quelques grands principes
jugements moraux. l’attestation APS). de la laïcité à travers la Charte).
• Être capable de remettre
en cause et de modifier ses
jugements initiaux après un
débat argumenté.
• Être capable de différen-
cier son intérêt particulier
de l’intérêt général.

7


C ulture de l ’ engagement : agir individuellement et ColleCtivement

Connaissances Exemples de pratiques en classe,


Compétences
et objets d’enseignement à l’école, dans l’établissement
• Être capable de respecter les • L’engagement moral (la confiance, la • L’individu et le collectif : encourager
engagements pris envers soi- promesse, la coopération, l’entraide, la les conduites d’entraide, par exemple,
même et envers les autres. solidarité). le tutorat entre pairs, la coopération ;
• Être capable de prendre en • L’individu et le collectif : la participa- encourager et valoriser l’autonomie
charge des aspects de la vie tion démocratique. et la prise de responsabilité dans la
collective et de l’environnement • La solidarité à l’échelon local (école, classe, l’école ; associer les élèves à
et de développer une conscience commune, quartier). l’élaboration et à la mise en œuvre de
citoyenne et écologique. • Le secours à autrui (prendre des projets.
• Être capable de travailler en initiatives, en lien avec le dispositif et • L’engagement moral : sensibiliser
autonomie et de coopérer. l’attestation APS). les élèves à quelques grandes figures
• S’impliquer dans la vie scolaire • Le code de la route (sensibilisation à féminines et masculines de l’engage-
(actions, projets, instances…). la responsabilité en lien avec l’attesta- ment (scientifique, humanitaire…).
• S’impliquer progressivement tion APER). - Engager la classe dans des actions de
dans la vie collective à différents solidarité ou en faveur de l’environne-
niveaux. ment proposées par l’Éducation
nationale.

Le projet de programme proposé durant l’été


La programmation sur Le cycLe
2014 accorde une large place aux références
culturelles et à une approche philosophique de Les programmes de l’enseignement moral et civique
l’enseignement moral et civique. Il se voit attri- doivent être répartis sur l’ensemble du cycle. La program-
buer des horaires dédiés du primaire au lycée mation est délicate, car il ne s’agit pas d’une discipline
et met en avant l’apprentissage d’une morale comme les autres : plus que toute autre, elle est transversale
laïque. Cette dernière n’est pas antireligieuse, et traverse toute la vie de l’école et du collège.
puisqu’elle « est la morale des protestants, Le choix des thèmes étudiés peut se faire de plusieurs
des juifs, des catholiques et des musulmans » manières.
(Vincent Peillon). Elle a pour objectif de refon- Les enseignants peuvent adopter une programmation
der la République par l’école. « La morale laïque souple en fonction des besoins de la classe (par exemple,
n’est pas là pour exclure ou pour blesser, mais ils étudient la séquence sur les règles de la vie de la classe
au contraire pour rassembler. »
au moment de faire le règlement de la classe), en fonction
Cet enseignement n’est pas davantage l’expres- des événements (par exemple, ils étudient la séquence sur
sion d’une « morale d’État » : non dogmatique, la récréation quand des questions se posent sur ce temps
il permet à chaque futur citoyen de « construire de vie à l’école) et en fonction des interrogations que
librement son jugement » par la pratique des dé-
l’actualité peut soulever (une élection, une catastrophe
bats et de l’argumentation. Il reposera sur l’ap-
naturelle qui relance la question de la solidarité internatio-
prentissage du respect de l’autre et l’acceptation
des désaccords. nale…).
Ils peuvent même « piocher » dans les thèmes en fonc-
Ses principes sont les suivants :
tion des autres matières et des questions qu’elles peuvent
– apprendre à penser et à agir par soi-même soulever (par exemple, on peut étudier la Déclaration des
et avec les autres et à pouvoir répondre de ses
droits de l’homme et du citoyen au moment de l’étude, en
pensées et de ses choix (principe d’autonomie) ;
histoire, de la Révolution française).
– apprendre à comprendre le bien-fondé des
Mais cette souplesse ne peut devenir un mode de pro-
règles régissant les comportements individuels
et collectifs, à y obéir et à agir conformément à grammation en soi, car il ne laisse pas le temps pour
elles (principe de discipline) ; prendre le recul nécessaire face aux événements et ne per-
– apprendre à reconnaître le pluralisme des met pas de structurer l’apprentissage : il risque d’aboutir
opinions, des convictions, des croyances et des à des impasses. Le conseil des maîtres a donc intérêt à
modes de vie (principe de la coexistence des prévoir une répartition des thèmes sur l’ensemble des
libertés) ; trois années, quitte à laisser la souplesse nécessaire
– apprendre à construire du lien social et poli- pour s’adapter aux besoins de la classe ou à l’actua-
tique (principe de la communauté des citoyens). lité.

8
L’ENSEIGNEMENT MORAL ET CIVIQUE
AU CYCLE 2

L’éducation à la citoyenneté L’histoire de L’éducation civique à L’écoLe


L’enseignement moral et civique ne se cantonne L’instruction morale et civique est née en même temps que
pas à un créneau horaire hebdomadaire : c’est l’école de Jules Ferry, en 1882, avec alors pour fonction
une démarche de tous les instants. de construire la Nation autour des idéaux républicains.
Il se heurte au fait que, dans leur vie de tous les Elle ne concernait que l’école primaire et se déployait selon
jours, les élèves constatent, à l’école et surtout deux grands axes : une morale laïque, chargée de fournir,
en dehors, des attitudes contraires à celles que en remplacement de la religion, les bases indispensables
l’on cherche à leur faire adopter : les incivilités à toute vie en société (respect de l’autre, patriotisme,
et le manque de politesse, l’individualisme, la obéissance à la loi…) et une instruction civique, appuyée
violence, le racisme, le sexisme et toutes les sur quatre axes (l’obligation scolaire, l’obligation militaire,
formes de discrimination, etc. Ces constatations l’obligation de payer ses impôts et le vote).
et expériences vécues par les élèves constituent,
Sous le régime de Vichy, l’école fut épurée et réorga-
éventuellement, autant de points d’appui pour
nisée, et l’instruction civique remplacée par l’éducation
montrer les désagréments qu’ils occasionnent
« morale, civique et patriotique », essentiellement un
et insister sur la nécessité de faire évoluer les
comportements. enseignement moral autour de la nouvelle devise : Travail
Famille Patrie.
Dans ce domaine, une large part doit donc être
Après la guerre, l’instruction morale et civique, désor-
accordée au vécu. C’est une des conditions prin-
mais étendue aux classes du secondaire, mit l’accent sur la
cipales de la réussite en matière d’établissement
de règles de vie, de prises de responsabilité et tolérance et les droits de l’homme.
d’acquisition d’un comportement responsable : Dans les années 1960, le passage à la « société de consom-
une règle est d’autant mieux respectée qu’elle mation » fit glisser les centres d’intérêt du politique vers
s’appuie sur des observations concrètes et ré- l’économique : l’intitulé disparut des programmes car le
pond à une nécessité constatée. Discutée et domaine fut intégré aux activités d’éveil, qui mettent en
élaborée en commun, elle n’est pas perçue avant la socialisation ; elle devait permettre l’apprentissage
comme une limitation de la liberté ni comme du civisme.
une contrainte imposée par l’adulte et appliquée Dans les années 1970, l’éducation morale et civique a re-
uniquement dans la crainte de sanctions : elle ap- trouvé sa place, avec pour fonction d’apporter des connais-
paraît comme un élément du respect de l’autre et sances dans le domaine de la vie politique, mais aussi de
de l’égalité de tous.
faire acquérir des savoir-faire (ordre, soin, hygiène, sens
Il en est de même pour les services ou les res- de l’intérêt général) et des attitudes (respect des droits de
ponsabilités exercés dans la classe : on ne distri- l’homme, sens des solidarités et des responsabilités).
bue pas les cahiers ou on n’arrose pas les plantes Dans les années 1980, la crise économique et sociale a
parce que l’enseignant l’exige mais parce que l’on
suscité de nouvelles préoccupations. La France se dé-
s’engage dans la vie de la classe, que l’on partage
couvrait plurielle et devait faire avec des incivilités dans
des responsabilités.
les établissements scolaires. L’éducation civique revint
On évite ainsi l’écueil qui consisterait à ne faire dans les programmes scolaires, centrée sur les valeurs de
de l’enseignement moral et civique qu’une série
la République, la tolérance, le refus du racisme, l’intérêt
de contraintes et d’interdits et l’on met en valeur,
général et le sens des responsabilités.
pas à pas, les avantages de la vie commune : in-
Dans les années 1990, l’éducation civique visa l’acqui-
terdépendance des individus, complémentarité,
relations de camaraderie, etc. sition d’un comportement citoyen au quotidien, y com-
pris sous des aspects nouveaux comme la protection du
L’apprentissage de la civilité et l’acquisition de
patrimoine et de l’environnement et le développement
connaissances particulières (les mots de la po-
durable. En 1995, l’éducation civique devint « éducation
litesse, la façon de les employer selon les cir-
constances : ton et attitude, vouvoiement…) à la citoyenneté » et mit l’accent sur l’apprentissage du
s’effectuent après avoir fait émerger les repré- « vivre ensemble » et sur l’importance du respect. Les
sentations des élèves : c’est à partir des constats instructions officielles de 2008 sont revenues à l’intitulé
effectués que l’on engage des débats argumen- « instruction civique et morale » : l’enseignant dispense des
tés, que l’on fait évoluer ces représentations, que connaissances et amène ainsi les élèves à s’approprier les
l’on permet à l’élève de former son jugement, de principes républicains. Les programmes de 2015 visent
se forger une opinion et une pensée progressive- à donner aux élèves non des savoirs mais bien plutôt une
ment autonomes. culture de pensée et de vie individuelle et collective.
9


La démarche pédagogique Le matérieL nécessaire


Au cycle 2, l’enseignement moral et civique n’est Au cours du cycle, les élèves auront besoin :
pas une discipline théorique qui donnerait lieu n d’observer des photographies présentant les sym-
à des « cours magistraux » : il s’ancre dans le boles de la République : fronton de la mairie avec la devise
concret et les pratiques quotidiennes. républicaine, buste de Marianne, défilé du 14 juillet sur les
L’enseignement moral et civique se prolonge, Champs-Élysées…
pour une bonne cohérence, dans les pratiques n de lire quelques textes : des extraits de la Convention
quotidiennes : référence constante au règlement des droits de l’enfant, le premier couplet et le refrain de La
de la classe ou de l’école, aux conclusions des Marseillaise…
débats, harmonisation avec les autres classes, n d’entendre un ou des enregistrements de La
attitude de l’enseignant (respect des élèves,
Marseillaise.
absence de paroles blessantes, disponibilité,
Pour l’ensemble des autres séquences, qui présentent l’es-
écoute, neutralité en matière d’opinions poli-
tiques ou religieuses…), etc. sentiel du programme, l’enseignement s’appuie sur :
n la vie de la classe, de l’école, du quartier ou encore un

Les premières minutes d’une séance élément d’actualité qui constituent souvent des entrées en
matière dynamiques ;
Les premières minutes d’une séance sont es-
n des photographies qui rendent les sujets d’étude
sentielles. Elles permettent d’annoncer le sujet,
concrets ; disposer d’un manuel permet de proposer des
mais surtout de focaliser l’attention des élèves et
d’éveiller leur intérêt. photographies en couleur et de qualité, bien plus attrac-
tives et parlantes que des photocopies en noir et blanc, pas
Plusieurs manières de commencer s’offrent à
toujours lisibles.
l’enseignant :
n des textes (textes classiques, littérature de jeunesse,
n Partir d’un événement survenu dans la vie de

la classe ou en dehors et rapporté par les élèves, journaux pour enfants…) qui servent également de sup-
d’une question posée par un élève dans les jours ports enrichissants ;
qui ont précédé. n quand l’enseignant en a la possibilité, le recours à des

n Faire le lien avec une séquence précédente documents audiovisuels (vidéo, CD-Rom…) et des
en effectuant un rappel du contenu de cette sé- sites Internet (mis à la disposition des élèves) qui permet
quence (ou en demandant aux élèves de le faire). de varier le mode d’enseignement et de susciter la curiosité
Soit la séquence à venir se situe dans le prolon- des élèves ;
gement de la précédente, soit, au contraire, elle n un compte rendu de visite, le résultat d’un travail de
s’en éloigne franchement. Ce travail permet, no- recherche, le récit d’une expérience vécue par les élèves,
tamment, de faire le point sur les acquis et les etc. qui viennent diversifier le mode d’enseignement.
prérequis.
n Commencer par un recueil des représentations
Le recueiL des représentations
des élèves, ce qui permet d’introduire la séance
par une question, de susciter la curiosité des Le début d’une séance est l’occasion de faire émerger les
élèves mais aussi de travailler sur les représen- représentations mentales des élèves par un rapide ques-
tations mentales. tionnement, qui peut s’appuyer sur un support ou sur un
problème soumis à la classe et prend des formes variées :
Les débats à l’oral, avec prise de notes au tableau ; par écrit, à partir
d’un questionnaire simple, sous réserve de la maîtrise de
Le débat est une pratique ancrée dans les
classes. Concernant l’enseignement moral et l’écrit, ou par le dessin (lequel peut être parasité par des
civique, il est aussi fortement lié à la pratique de détails qui n’ont pas de rapport avec la question). Il peut
la langue orale. À l’école élémentaire, le débat être organisé individuellement ou par petits groupes.
est dit « réglé ». Il constitue un moyen d’établir La mise en commun permet aux élèves de confronter
une communication et des échanges entre les leurs représentations à celles de leurs pairs : on veille alors,
individus, d’éveiller les élèves aux valeurs de la dans l’application des règles du respect acquises, à ce que
civilité, de leur permettre de s’initier à la démo- les formulations soient écoutées avec tolérance et ne
cratie et à l’exercice de leurs responsabilités. Il donnent lieu à aucune moquerie.
devient « argumenté » au collège puis au lycée La confrontation des représentations débouche sur un
où il continue d’être pratiqué. Les élèves peuvent
questionnement qui sert de fil conducteur au déroulement
alors faire valoir les connaissances acquises
de la séquence. Le travail à partir des représentations des
dans des disciplines telles que l’histoire, la géo-
élèves permet donc à la fois de définir et de défaire des re-
graphie, etc.
présentations erronées, de travailler ensuite par hypothèse.
Il importe de garder la trace des représentations
initiales pour les comparer aux conclusions auxquelles
on aboutit tout au long de la recherche. À cette condition,
chaque élève construit son savoir, mais aussi mesure le
chemin parcouru.
10
L’enseignementmoraletciviqueaucycle2

le Choix des sujets du débat Les règLes du débat


Le sujet soumis au débat doit être à la portée des Un débat ne s’improvise pas. Pour qu’un débat soit
élèves, les questions doivent être suffisamment efficace et utile, il est nécessaire de l’organiser et d’en
ouvertes pour susciter des réactions riches, mais apprendre les règles aux élèves. Avant de commencer
assez ciblées de façon à circonscrire les discus- la discussion, l’enseignant énonce le sujet. Le débat est
sions dans un cadre précis et à permettre, le cas animé par l’enseignant, éventuellement par un président
échéant, une prise de décision. Il doit susciter de séance, chargé de distribuer la parole (par exemple,
l’intérêt des élèves, faire appel à leurs connais- en donnant aux élèves un « bâton de parole »), de veiller
sances, à leur réflexion, mais ne pas être l’occa- à ce que chacun s’exprime et à ce que le reste de la classe
sion, pour les élèves les plus cultivés, d’écraser
écoute en silence.
les autres de leur savoir. Il doit être fertile, pour
L’organisation spatiale de la classe n’est pas anodine :
permettre une vraie discussion, non un simple
pour débattre, il faut pouvoir se regarder et s’écouter. La
échange de vérités qui déboucherait très vite sur
un accord, du fait de l’évidence de la réponse à la référence aux institutions de la démocratie peut susciter la
question posée. Idéalement, il permet l’expres- réflexion : les députés et les sénateurs sont disposés en demi-
sion de réponses argumentées et d’opinions cercle, les membres du conseil municipal ou du conseil des
variées. ministres en cercle. Les élèves comprennent peu à peu l’in-
térêt qu’il y a à disposer les tables et les chaises de manière
Parfois, des personnes extérieures à la classe
à se voir et à se sentir égaux dans le débat.
participent aux débats : le directeur de l’école à
Pendant le débat, des règles précises doivent être observées
l’occasion de l’élaboration du règlement de la
classe ou pour parler du règlement de l’école, le par celui qui parle et par les autres.
personnel d’entretien au sujet de la propreté de Quand c’est mon tour de parler…
l’établissement, l’infirmière ou le médecin sco- Je participe au débat, même si cela m’intimide.
laire si l’on parle de santé, un agent de police ou Je donne mon opinion pour faire avancer le débat.
un gendarme ou encore l’agent de la circulation Je prends la parole pour donner une idée nouvelle, pas
présent à la sortie de l’école lorsqu’on travaille pour répéter ce qui a déjà été dit.
sur la sécurité routière, etc. Je prends la parole parce que j’ai quelque chose à dire,
parce que j’ai réfléchi.
C onClure un débat Je cherche des arguments pour convaincre.
Certains débats débouchent sur une prise de Je donne mon avis personnel, je ne me contente pas de
décision (le choix d’une sortie de classe, d’une répéter les avis que j’ai entendus à la maison ou ailleurs.
nouvelle règle pour la classe…) : il y a alors un Je cherche de bons arguments.
vote, comme dans toute instance démocratique. Je parle distinctement et à toute la classe.
Le vote peut s’effectuer à main levée, ou plus so- Je ne parle pas trop longtemps, je ne monopolise pas la
lennellement dans le secret, avec un isoloir et parole.
une « urne » fermée. Je n’en profite pas pour parler d’autre chose.
D’autres débats restent au stade de l’échange Quand ce n’est pas mon tour de parler…
philosophique (sur la vie, la mort, la liberté…), Je laisse les autres parler et, si je veux dire autre chose,
qui n’aboutit pas à l’harmonisation des opinions j’attends que ce soit à nouveau mon tour (pour cela, je lève
mais permet d’approfondir sa réflexion, de déve- le doigt).
lopper l’argumentation et de s’enrichir d’autres J’écoute celui qui parle ; chacun a le droit d’être écouté.
opinions. Je ne fais pas de bruit, je ne coupe pas la parole.
Dans tous les cas, il est bon de terminer par une Je ne fais pas autre chose.
synthèse orale rapide, qui peut être faite par l’en- Je ne fais pas de commentaire, je ne me moque pas, je ne
seignant. Elle permet notamment de rappeler ricane pas : chacun est libre de son avis, chacun a le droit
que les opinions ont été diverses (donc écoutées, d’être respecté dans ce qu’il dit.
même si elles n’ont pas emporté l’adhésion) et J’écoute ce qui se dit pour ne pas répéter ce qui a été dit.
de recentrer la classe autour de la décision prise J’écoute pour essayer de comprendre le point de vue de
ou des voies ouvertes par la discussion. l’autre.
À tout moment
é valuer un débat
Je peux lever la main pour poser une question, demander
Le débat peut donner lieu à une évaluation col- une explication.
lective : les élèves apprécient si les règles ont Je n’injurie pas, je ne crie pas, je renonce à toute forme de
été respectées ; ils disent s’ils ont le sentiment violence verbale ou physique.
d’avoir pu s’exprimer et d’avoir été écoutés et Je comprends que, même si les autres ne sont pas du
respectés. L’enseignant peut donner son avis même avis que moi, cela ne me dévalorise pas ou ne rend
sur le climat dans lequel le débat s’est déroulé,
pas les autres « nuls » : chacun est libre de ses opinions.
la qualité des arguments avancés, les progrès
Je respecte la décision du groupe
que le débat a permis d’effectuer sur la question
… même si ce n’est pas celle que j’avais choisie.
posée.

11


Le bâton de paroLe La pLace de L’enseignant dans Le débat


Pour aider les élèves à gérer l’écoute et la prise de parole, L’enseignant est là pour apprendre aux élèves à débattre.
certaines classes utilisent un bâton de parole qui circule, Il rappelle, en début de débat et pendant celui-ci, chaque
voire un microphone factice. Cet artifice offre plusieurs fois que nécessaire, les règles à respecter : il rend le débat
avantages. D'une part, la classe gère mieux la prise de possible, il est le garant de la qualité des échanges et veille
parole : on ne peut s’exprimer que lorsque l’on obtient le à ce que les élèves ne « dérapent » jamais, en tenant des
bâton de parole ; on évite les réactions spontanées et simul- propos contraires aux principes républicains ou en usant
tanées qui s’effectuent sans levée de main et sans demande de la violence verbale pour s’exprimer. Il n’intervient pas
de parole. D’autre part, les élèves identifient la personne dans le débat pour donner son opinion, mais peut prendre
qui s’exprime. En outre, les élèves se trouvent dans des la parole pour aider un élève à préciser sa pensée, à se faire
situations proches de celles qu’ils voient habituellement comprendre ou pour relancer le débat, le remettre dans la
(réunions publiques, débats télévisés où l’on se passe le ligne de l’objectif poursuivi ou le faire avancer en propo-
micro…). L’enseignant désigne la personne à qui le bâton sant d’explorer un nouveau champ. L’enseignant met fin
doit être transmis et, éventuellement, le transmet lui-même. au débat en cas de dérapages verbaux ou physiques.

Si des conflits ont surgi, il prend le temps de rappeler les règles et d’engager tout le monde à les
suivre. Si des élèves sortent du débat frustrés, mécontents, il replace la discussion dans son contexte
pour les aider à prendre du recul, rappelle l’importance de la diversité des opinions, mais aussi
sollicite le reste de la classe pour envisager un meilleur débat la fois suivante.
Le débat donne également lieu à une autoévaluation individuelle, qui peut être personnalisée (voir
page 102).

La trace écrite Les formes de La trace écrite


Chaque séquence donne lieu à une trace écrite, La trace écrite peut prendre de nombreuses formes selon
qui comporte notamment : les cas :
n le titre de la séquence ;
n un cahier individuel ou un classeur ; au cycle 2, il peut
n éventuellement, les représentations initiales ;
être plus simple d’avoir des cahiers différents pour les
n une éventuelle copie des documents utilisés :
savoirs, pour les exercices ;
un texte lu en classe, une photographie étudiée…
n des panneaux réalisés par les élèves et affichés en classe ;
n les productions réalisées dans le cadre des

activités : un schéma, des données chiffrées (ta- ils concernent les règles de vie de la classe, les tableaux
bleau, graphique, tableau de classement, orga- de services, des mises en garde concernant la sécurité
nigramme…), le résultat d’une enquête, la copie domestique, les symboles de la République, les panneaux
d’un travail (affiche, page Web, dossier)… de signalisation routière présents dans le quartier, les mots
n le vocabulaire : définition des notions de la politesse, etc.
essentielles ; n des maximes, illustrées par les élèves ;
n la synthèse de la séquence. n un cahier de classe, qui sert de trace collective des acti-

vités réalisées en classe ; il est réalisé par l’enseignant ou,


la synthèse mieux, par les élèves (rédigé par chacun, à tour de rôle, ou
Même si l’activité prend du temps, l’élaboration confié à la charge d’un groupe de volontaires) ; il permet
collective d’une synthèse (à partir d’un canevas, à chacun de retrouver l’ordre des séquences, d’identifier
d’un questionnaire) convient mieux qu’une syn- un élément manquant dans son propre cahier, de recopier
thèse distribuée : d’une part, la mise en commun une page perdue, de rattraper une leçon manquée ou mal
permet de vérifier les acquis et la compréhen- comprise ; à la fin de l’année, il est transmis au professeur
sion ; d’autre part, la synthèse est mieux mémo-
du niveau supérieur ;
risée par les élèves quand ils ont participé à sa
n un cahier collectif de débats dans lequel sont consignées
conception.
les conclusions auxquelles les élèves et l’enseignant sont
Plusieurs méthodes, dans lesquelles les parvenus et les décisions qui ont été prises ; sous forme
élèves sont acteurs de leur apprentissage, sont
de dictée à l’adulte en CP, il peut être tenu par les élèves
possibles :
en fin de cycle (titre, contenu ou thème de la séance et
n pendant la séquence, l’enseignant note au

tableau les éléments importants ; à la fin de la éléments importants, notés sur sollicitation de l’enseignant,
séquence, ces informations sont sélectionnées, au début).
classées puis mises en forme en deux ou trois
phrases ;
n à la fin de la séquence, l’enseignant pose des questions (préparées à l’avance) dont les réponses,

complètes, forment une synthèse ;


n à la fin de la séquence, l’enseignant demande aux élèves d’énoncer ce qu’ils ont retenu puis, avec

eux, sélectionne les informations essentielles, les classe (en regroupant les informations de même
type) et les met en forme en rédigeant quelques phrases ;

12
L’enseignementmoraletciviqueaucycle2

n à la fin de la séquence, l’enseignant note au tableau les thèmes abordés et confie à différents
groupes la charge d’écrire une phrase courte sur un thème (plusieurs groupes peuvent travailler
sur un même thème, auquel cas on conserve la meilleure phrase ou on en crée une nouvelle en
reprenant les meilleurs éléments de chaque proposition).
Ce travail, qui peut se commencer durant la séquence elle-même, peut se prolonger sur le temps de
français, dans le cadre de la production d’écrit, voire pendant la leçon d’orthographe, de grammaire
ou de conjugaison s’il s’agit d’en corriger les erreurs.

la mémorisation
La mémorisation est plus aisée lorsque les élèves sont acteurs de la synthèse. Pour les activités
réalisées en petits groupes, les élèves mémorisent mieux le travail effectué par leur groupe.
Une bonne mémorisation passe par le réinvestissement des acquis sous différentes formes, par
exemple :
n un questionnaire sur l’activité menée en classe, avec réponse individuelle puis autocorrection (ce

qui favorise l’apprentissage) et reprise par l’enseignant ;


n l’analyse d’un document prolongeant une activité (par exemple, les élèves peuvent, les uns après

les autres, être des reporters commentant une situation), ce qui permet une réappropriation des
connaissances.
Le travail de mémorisation se fait essentiellement en classe. Le travail à la maison, qui se limite à
une reprise de notions vues en classe, s’avère inutile pour certains, indispensable pour d’autres mais,
dans tous les cas, doit être limité pour ne pas accroître les différences entre les élèves, notamment
entre les lecteurs et les non-lecteurs.

L’évaluation La question de L’évaLuation


L’évaluation est partie intégrante de l’apprentis- On distingue :
sage. Elle relève de la restitution (l’élève recon- n l’évaluation des connaissances : moins importante au
naît et restitue les connaissances) ou de l’appli- cycle 2 qu’au cycle 3, elle concerne essentiellement
cation (l’élève emploie les compétences acquises quelques domaines comme la sécurité routière, ou encore
pour réaliser un travail). les symboles de la République ;
L’évaluation permet à l’enseignant, à chaque n l’évaluation des attitudes : essentielle, au cycle 2
étape, de mesurer si les compétences visées lors comme au cycle 3, elle est la principale évaluation à
de la préparation des séquences et des activi- mener ; l’analyse est ici souvent plus difficile à conduire, la
tés sont acquises et de remédier aux difficultés notation ou le système d’appréciation employé en d’autres
constatées.
cas n’offrant plus la même pertinence. Il appartient à l’en-
L’évaluation se fait au fur et à mesure des sé- seignant de mettre au point ses propres systèmes d’évalua-
quences, mais une évaluation par période (après tion, adaptés à ses pratiques quotidiennes : évaluation ou
plusieurs séquences) permet de faire le point sur autoévaluation en ce qui concerne les attitudes qui ont fait
l’ensemble des acquis et de situer chaque élève l’objet du règlement de la classe (savoir écouter, demander
dans la progression.
la parole, aider les autres, respecter les modes de déplace-
Différentes formes d’évaluation sont possibles ment, adopter un comportement adapté dans la cour…),
mais, dans tous les cas, il convient d’éviter les comptabilisation des comportements sujets à sanctions,
évaluations du type QCM, qui peuvent conduire mise en place d’un permis à points ou d’un système de
les élèves à répondre « au hasard ».
points ou de cartons de couleur (vert, orange ou rouge
Pour remédier à une difficulté, plusieurs pistes selon le comportement par rapport aux règles de vie de la
sont à explorer : classe), etc.
n évaluer ce qui, précisément, pose problème

(défaut d’investissement, défaut de compréhension, problème de vocabulaire, déficit de prérequis…) ;


n revenir sur l’activité qui a posé problème en remédiant la stratégie qui n’a pas été efficace ou en

proposant une autre approche (questionnaire, exercice…) ;


n proposer une autre situation d’apprentissage ou un autre document ;

n solliciter les autres élèves (travail en petits groupes : l’approche par les pairs favorise l’interaction) ;

n individualiser le travail pour prendre en compte les besoins différents des élèves et différencier la

pédagogie…

13
Séquence24

MODE D’EMPLOI DE L’OUVRAGE

24 LE TITRE DE LA SÉQUENCE
Pour les enseignants qui utilisent le manuel, le numéro de séquence et le titre
correspondent à ceux du manuel.

Lessavoirs

Les savoirs essentiels pour que l’ensei- Des encadrés avec des mises en perspectives histo-
gnant aborde la séquence en toute riques, des éclairages philosophiques, des repères pra-
quiétude.
tiques…

Laséquence

Activités préalables
Une ou plusieurs propositions pour introduire la séquence et mettre les élèves en activité.

Les objectifs de la séquence


la référence du document dans le manuel Magellan
ou la description du document à utiliser pour cette partie de la séquence,
et quelques informations sur le document.
1. Les questions numérotées correspondent à celles du manuel.
n Les questions non numérotées complètent le questionnement.

Constituer la trace écrite


Organiser un débat. Une proposition de débat et
n Des questions permettant quelques repères pour le mener à bien.
l’élaboration collective de la synthèse
n Une proposition de synthèse
n Quelques indications pour l’évaluation

Prolongements

n Des activités pour prolonger la séquence : lecture, arts visuels, musique,

EPS, liens avec les programmes dans les autres disciplines…

14
Moded’emploidel’ouvrage

Culture de la sensibilité

Soi et les autres

15
Séquence1

1 SOI ET LES AUTRES


Lessavoirs Les « enfants sauvages » sont des cas isolés d’enfants
ayant vécu sans liens avec d’autres êtres humains : c’est le
mythe du petit Mowgly élevé par une louve, dans Le Livre
Un animal social
de la jungle de R. Kipling. Il existe moins d’une cinquantaine
L’être humain ne peut vivre seul, il a besoin des de cas réels, recensés et étudiés, dans le monde, depuis le
autres. Depuis l’origine, il vit au sein d’un groupe, xive siècle, d’« enfants sauvages » (l’expression a été adop-
ne serait-ce que pour assurer sa survie : en- tée par les milieux médicaux au xixe siècle, après l’étude
semble, les humains parviennent mieux à chasser,
d’un enfant trouvé dans l’Aveyron). Ces cas réels prouvent
à pêcher, à se nourrir et à se protéger. Les com-
que l’être humain ne peut pas se développer sans d’autres
munautés d’humains tissent alors des réseaux
complexes de relations sociales, de rites, humains. Ces enfants n’avaient pas acquis la marche ni la
d’usages, de coutumes, puis élaborent des lois. parole et ne savaient pas communiquer. Un long travail de
rééducation ne leur a pas toujours permis de retrouver leur
L’apprentissage du « vivre ensemble » place parmi les humains. Leur cas confirme l’importance du
groupe pour que s’épanouisse l’humanité qui est en nous.
Puisqu’on ne vit pas seul, chaque membre du
groupe doit apprendre à vivre avec les autres.
Depuis sa naissance, l’enfant apprend, dans le Robinson Crusoe. En 1719, l’écrivain anglais Daniel
cadre familial puis dans un espace plus large (la Defoe publia LaVie et les aventures étranges et surprenantes de
famille élargie, les amis, le jardin public, la rue, Robinson Crusoe de York. On pense aujourd’hui que Daniel
la crèche…), à partager l’espace, à respecter des Defoe s’est inspiré d’une histoire vraie, celle d’un marin
codes, notamment pour obtenir sa nourriture et écossais nommé Alexandre Selkirk qui aurait choisi volontai-
être protégé. Il adapte son comportement de ma- rement, après une dispute avec son capitaine, de débarquer
nière à vivre le mieux possible avec les autres. sur une île inhabitée au large des côtes chiliennes. Il y au-
Cette expérience s’enrichit avec l’entrée à l’école rait vécu quatre ans et demi (1704-1709) en domestiquant
maternelle, qui marque une étape importante des chèvres et aurait été récupéré en 1709 par l’expédition
dans la compréhension des règles de la vie en de Woodes Rogers, qui raconta son histoire. En hommage
commun. Centré sur lui-même, l’enfant prend au roman de Defoe et à son modèle, l’île chilienne Mas-a-
progressivement conscience que le groupe im- Tierra, située dans l’archipel Juan Fernández, a, en 1966,
pose des règles. L’effort porte alors sur l’arti- été rebaptisée « île Robinson Crusoe ». Le roman de Daniel
culation entre la construction de la personne
Defoe raconte une tout autre histoire. Le héros, Robinson
et l’acceptation du caractère collectif de la vie
Crusoe, après plusieurs péripéties, fait naufrage et se re-
scolaire. Au cycle 2, les élèves apprennent à
trouve sur une île qui semble déserte. Au fil du temps, il finit
accepter un autre point de vue que le leur et
commencent à prendre conscience des valeurs par découvrir qu’elle reçoit périodiquement la visite de can-
qui fondent la vie collective. nibales qui viennent y manger leurs prisonniers. Lorsque
l’un d’entre eux parvient à s’échapper, Robinson décide
L’apprentissage de la vie commune : de s’en faire un serviteur et un compagnon. Il le nomme
un domaine transversal « Vendredi » puisqu’il l’a rencontré un vendredi et le conver-
tit au christianisme. Robinson est finalement récupéré par
Il revient aux enseignants de cycle 2 de conti-
un navire anglais et rentre en Angleterre.
nuer à structurer la vie collective. Les élèves
commencent à accepter de considérer leurs actions du point de vue de leurs camarades. Ils dé-
couvrent qu’ils appartiennent à une communauté, que les échanges sont source d’enrichissement
et que les contraintes de la vie collective sont les garants de leur liberté. Ils comprennent que la
sanction, lorsqu’elle intervient, ne relève pas de l’arbitraire mais de l’application des règles édictées
dans l’intérêt de tous. Si certains principes ne se discutent pas, d’autres relèvent du débat et de la
négociation dans un groupe.
Comme la maîtrise du langage et de la langue française, le domaine du « vivre ensemble » concerne
tous les champs disciplinaires et toutes les activités scolaires. La lecture, l’ouverture au monde
extérieur par les disciplines de la découverte du monde, l’EPS, la pratique des arts visuels et de
la musique sont autant d’occasions de comprendre ce qu’est la vie collective et la signification des
contraintes qu’elle impose : s’approprier les règles du groupe, dialoguer avec ses camarades et les
adultes, écouter l’autre et accepter de ne pas être entendu tout de suite, coopérer.

16
 Soietlesautres

Laséquence

Activités préalables
n Partir d’une situation concrète : la réflexion d’un enfant affirmant qu’il serait mieux

tout seul, un conflit entre élèves…


n Commencer par un recueil des représentations : pourrait-on vivre totalement isolé ?

Est-ce toujours facile de vivre avec les autres ? Faire évoquer des situations quotidiennes
dans lesquelles les enfants se trouvent avec d’autres enfants et/ou avec des adultes,
des situations dans lesquelles ils ont besoin d’un adulte, les difficultés rencontrées dans la vie
avec les autres. Ne pas pousser trop loin sous peine de « faire la leçon avant la leçon ».

Prendre conscience que l’on vit entouré par les autres


Manuel p. 8 ou visuel mettant en scène l’interaction entre les personnes dans la vie
quotidienne. Sur cette image, tous les enfants sont en interaction avec d’autres personnes.
Même la fillette seule est, en réalité, en conversation avec un tiers au téléphone.
1. Décrire l’image : en identifier les différentes situations.
2. Inventorier les situations où des personnes se trouvent seules sur l’image : constater
que toutes les personnes sont en contact avec d’autres.
3. Puis inventorier les moments où les élèves se trouvent seuls : dans la cour, dans leur
chambre… Comprendre qu’il s’agit d’une solitude provisoire et partielle. Inventorier les
situations de la vie quotidienne dans lesquelles les élèves se trouvent avec d’autres personnes :
enfants ou adultes, à l’école, à la maison, à l’extérieur… Nommer les personnes avec lesquelles
ont lieu des contacts : autres élèves et enseignants, parents et famille, amis, entraîneur de judo,
professeur de musique… Comprendre que les autres aussi sont en contact les uns avec les
autres : dans leur famille, au travail, dans la rue, dans les magasins…
n Conclure que l’on vit essentiellement en contact les uns avec les autres et que nous avons

besoin les uns des autres.

Accepter que le contact avec les autres peut être source de tensions
Manuel p. 9 ou visuel montrant un cas de tension entre des enfants.
Ces deux fillettes manifestent clairement leur hostilité, sans que l’on connaisse la raison
de cette animosité : les élèves peuvent laisser libre cours à leur imagination et proposer des interprétations.
4. Décrire la photographie : dans un premier temps se cantonner à une description factuelle,
sans interprétation.
n Imaginer les causes de la tension entre ces deux personnes.
5. Faire le lien avec son propre vécu : énoncer des cas de tension avec les autres.
6. Identifier des cas où l’on trouve la présence des autres pesantes : envie de rêver seul,
de jouer tranquille sans un petit frère ou une petite sœur, de dire des secrets à ses copains
et copines…
n Conclure que la présence des autres n’est pas toujours agréable : parfois, nous préférerions

qu’ils ne soient pas là ou qu’ils nous laissent tranquilles.

Comprendre que l’on a fondamentalement besoin des autres


Manuel p. 9 ou visuel montrant un enfant qui en aide un autre pour ses devoirs.
Ces deux enfants peuvent être des élèves de la même classe ou, plus vraisemblablement,
des frères qui s’entraident pour les devoirs de vacances (présence d’une piscine à l’arrière-plan).
7. Décrire la photographie.
8. Imaginer le contexte : un enfant vient en aide à un plus jeune pour lui permettre de faire
ses devoirs.
9. Identifier des situations dans lesquelles on a besoin des autres : adultes ou enfants.
Par exemple, pour les devoirs, pour faire réciter une poésie, pour attraper quelque chose,

17
Séquence1

pour comprendre ce que l’on n’a pas compris, mais aussi pour la vie quotidienne
(avoir à manger, faire son lit, laver ses vêtements…).
n Conclure que la vie serait difficile si nous étions seuls.
10. Chercher dans quelles situations on vient soi-même en aide aux autres :
évaluer l’intérêt que l’on peut avoir pour les autres.
n Conclure que nous avons besoin des autres pour parler, jouer, obtenir de l’aide

et avoir le plaisir d’aider.

Constituer la trace écrite


Questions pour l’élaboration de la synthèse
Vivons-nous seuls ?
La présence des autres est-elle nécessaire ?
Proposition de synthèse
À l’école, à la maison, pendant nos loisirs, nous vivons avec les autres. Parfois,
c’est pénible, mais le plus souvent, la présence des autres nous est nécessaire.
Évaluation
L’évaluation se fait au quotidien, en vérifiant que les élèves se respectent les uns les autres,
et ont compris pourquoi cela est nécessaire.

Prolongements

n Arts visuels : effectuer une réalisation collective (fresque, panneaux…) et remarquer


comme les autres peuvent nous empêcher de faire ce que nous voulons mais aussi réaliser
des choses que nous ne saurions pas faire.
n Atelier de lecture CP CE1 CE2 : Grégoire Solotareff, Toute seule (je ne sais pas),

L’École des loisirs, 1998.


n Atelier de lecture CE2 : Susie Morgenstern, Joker, L’École des loisirs, coll. Mouche, 2006.

Un enseignant offre à chaque élève un jeu de cartes ne contenant que des jokers
(pour rester au lit, faire le clown…). Il passionne ses élèves en les initiant tant à la vie
qu’aux matières scolaires.

18
 Lessentimentsetlesémotions

2 LES SENTIMENTS ET LES ÉMOTIONS


Lessavoirs

Le travail sur les sentiments et les émotions, leur Quelques émotions. La joie, la tristesse, la peur, la colère,
identification et leur manifestation, se fait en in- la surprise, la honte, le dégoût…
terdisciplinarité avec le français, les arts plas-
tiques, la musique et l’EPS.
Quelques sentiments. Le bonheur, le malheur, l’agace-
Les émotions sont des réactions individuelles ment, l’angoisse, la culpabilité, le mépris, l’amour, l’amitié,
de courte durée face à un déclencheur extérieur. la solidarité…
Les sentiments sont des élaborations complexes
faites à partir des émotions et qui s’expriment dans la durée. Au niveau des élèves de l’école élé-
mentaire, on ne fera pas la distinction entre émotion et sentiments.
Les enfants ont souvent du mal à identifier leurs émotions et leurs sentiments, ce qui contribue à ce
qu’elles puissent parfois les déborder. À l’école, dans le cadre de l’éducation civique et morale, les
élèves travaillent à identifier leurs émotions et leurs sentiments. Les plus introvertis apprennent à
s’exprimer. Les plus extravertis et les plus spontanés apprennent à se maîtriser. Tous apprennent
que des émotions comme la colère sont normales, mais qu’il faut maîtriser leurs manifestations,
notamment au sein de l’école et dans la vie en société, en général.

Laséquence

Activités préalables
n Partir d’une situation concrète : un enfant qui fait une colère, qui pleure ou qui expose

bruyamment sa joie.
n Partir d’une lecture : une histoire mettant en scène la joie, la tristesse, la peur, la colère…

Identifier des sentiments et des émotions désagréables


Manuel p. 10 ou visuel d’un enfant qui pleure.

1. Identifier les larmes puis l’émotion ou le sentiment ressenti : la tristesse, le chagrin.


n Identifier les causes qui peuvent avoir suscité cette émotion ou ce sentiment.
2. Faire le parallèle avec des situations vécues par les enfants : les aider à identifier l’émotion
ou le sentiment alors ressenti, l’impression d’abattement, de solitude, de désespoir, de colère
parfois mêlés.
3. Nommer d’autres sentiments et émotions désagréables : la peur, la colère… Identifier
ce que l’on ressent alors, le fait d’être tétanisé ou, au contraire, d’avoir envie de tout casser…

Identifier des sentiments et des émotions agréables


Manuel p. 10 ou visuel d’un enfant qui rit.

4. Identifier le contexte, la cause de l’émotion puis l’émotion ou le sentiment ressenti :


le plaisir, la joie (le terme « bonheur » est inapproprié car davantage caractéristique
d’un état durable que d’un simple sentiment ou d’une émotion qui peut être fugace).
5. Faire le lien avec des moments de joie vécus par les élèves : énoncer le contexte
puis surtout identifier les sensations, l’excitation, la plénitude…
6. Nommer d’autres sentiments et émotions agréables : l’amour, l’amitié, l’impatience
quand elle est tournée vers un événement joyeux… Dire ce que l’on ressent : la joie,
le plaisir, l’envie d’être avec la personne…

19
Séquence 2

Constater la variété des manifestations des sentiments et des émotions


Manuel p. 11 ou visuel d’un enfant qui saute de joie.

7. Commencer par identifier l’émotion ou le sentiment ressenti : la joie.


8. Décrire la manière dont l’enfant l’exprime : en sautant, peut-être avec des cris.
9. Faire le lien avec le vécu des élèves : leur propre manière d’exprimer la joie.
Puis évoquer les manifestations de la tristesse, de la peur… Interroger des élèves
extravertis et des élèves plus introvertis pour bien montrer les différences
de manifestation d’une personne à l’autre.
■ Conclure que tout le monde ne manifeste pas ses sentiments et ses émotions

de la même manière : certains sont expansifs et s’expriment clairement,


parfois bruyamment ; d’autres sont plus discrets et gardent leurs sentiments
et leurs émotions pour eux. Insister sur le fait que cela ne signifie pas qu’ils ressentent
moins les choses.

Apprendre à maîtriser
Le message clair. La technique du « message clair » per-
les manifestations les plus fortes met de régler bien des conflits. Le « message clair » consiste
Manuel p. 11 ou visuel d’un enfant en colère. à utiliser le langage pour faire entendre à quelqu’un la dou-
leur physique ou morale qu’il a causée. Cela permet un
10. Identifier la situation : une enfant
travail sur l’expression des émotions en même temps que
qui se met en colère et en vient à déchirer
cela met un terme au malentendu et permet à l’auteur de la
son nounours.
souffrance de comprendre ce qui s’est passé et de réparer.
11. Chercher ce qui peut provoquer une telle – demande d’attention : J’ai un message clair à te faire pas-
colère : les élèves mobilisent leur vécu.
ser, es-tu prêt à m’écouter ?
■ Identifier l’ampleur du sentiment ou de – mise en disponibilité : Oui, je suis prêt à t’écouter.
l’émotion : on n’en vient pas tous les jours à – message clair : Voilà, tu as fait cela et ça m’a fait mal, ça
casser ses affaires. m’a fait de la peine, ça m’a fait peur…
12. Faire le lien avec les propres manifesta- – reformulation et question : Si j’ai bien compris, j’ai fait
tions de colère des élèves : éventuellement, cela et ça t’a fait mal. Que puis-je faire pour réparer ?
faire décrire des situations concrètes. – demande : Je souhaite que tu t’excuses, tu répares, la pro-
■ Comprendre que l’on doit apprendre à sur- chaine fois tu…
monter les manifestations excessives de ses – réponse à la demande : D’accord, je te présente mes ex-
sentiments et de ses émotions : en particulier cuses et je vais…
se retenir quand la colère donne envie de tout Cette technique un peu formelle permet de développer un
casser, voire de frapper. Savoir que la violence climat calme et serein entre les protagonistes et facilite le dé-
est interdite, à l’école comme en dehors. Bien nouement des tensions. Après quelque temps d’adaptation,
comprendre que le sentiment de colère n’est
les élèves la pratiquent de façon très naturelle.
pas interdit : c’est sa manifestation qui l’est.
■ Apprendre la technique des messages clairs et s’y entraîner.

Constituer la trace écrite


Organiser un débat. Que se passerait-il si nous ne res-
Questions pour l’élaboration de la synthèse sentions aucune émotion et aucun sentiment ?
Quels sentiments et quelles émotions
ressentons-nous ?
Comment les manifestons-nous ?
Avons-nous le droit d’être en colère ?
Proposition de synthèse
Nous ressentons des émotions et des sentiments différents, comme la joie, la peur
et la colère. Chacun les exprime à sa façon, mais il faut apprendre à maîtriser sa colère.

20
 Lessentimentsetlesémotions

Prolongements

n Atelier de lecture CP : Claude Boujon, L’Apprenti-loup, L’École des loisirs, 1999.

L’ouvrage apprend à repérer et nommer ses émotions.


n Atelier de lecture CP : Isabelle Carrier, La Petite mauvaise humeur, Bilboquet, 2011.

Sur les sentiments, le conflit.


n Atelier de lecture CP : Rémi Courgeon, Gros chagrin, Éd. Talents hauts, 2014.

Noémie voudrait être blanche comme son papa.


n Atelier de lecture CP CE1 : Mireille d’Allancé, Grosse colère, L’École des loisirs, 2001.

L’ouvrage montre comment la colère peut submerger un enfant, au point de tout lui
faire casser, avant qu’il ne parvienne à la surmonter.
n Atelier de lecture CP CE1 : Virginie Aladjidi, Laurent Kling, J’aime, j’ai peur, j’ai envie,

Albin Michel Jeunesse, coll. Humour en mots petits, 2005. 15 émotions et sentiments
à partir de petites histoires.
n Atelier de lecture CE1 CE2 : Toon Tellegen, Marc Boutavant, N’y a-t-il personne

pour se mettre en colère ? Albin Michel Jeunesse, 2013. De courtes histoires pour apprendre
à débrouiller la colère et l’apprivoiser.
n Atelier de lecture CE1 CE2 : Olga Sedakova, Gabriella Giandelli, Les métamorphoses d’Olia,

Actes Sud junior, 2014. Olia se transforme en animal pour cacher ses peurs, ses déceptions,
ses colères…
n Atelier de lecture CE2 : Yvan Pommaux, La Fugue, L’École des loisirs, 1996. Repérer et

nommer ses émotions et ses sentiments.


n EPS : identifier les sentiments et les émotions que l’on peut ressentir pendant le cours d’EPS,

par exemple au cours d’une performance ou d’un jeu collectif : trac, peur, déception,
découragement, joie, satisfaction, honte, colère…
n Musique : identifier les sentiments et les émotions provoquées par certaines

œuvres musicales, par exemple différents passages des Quatre Saisons de Vivaldi.
n Arts visuels : identifier les sentiments
et les émotions provoquées par cer-
taines œuvres d’art : Le Cri de Edvard
Munch, des œuvres de Keith Haring ou
d’Arcimboldo, des photographies de
Robert Doisneau (La Rue Lepic, La dent),
l’Autoportrait aux singes de Frida Kahlo,
des portraits cubistes de Picasso, des
tableaux de Pierre Soulages…
nArts visuels : peindre différentes
émotions, en utilisant pour chacune
un minimum de couleurs.
n Mime : mimer une émotion, un

sentiment.

21
Séquence3

3 SE CONNAÎTRE
ET CONNAÎTRE LES AUTRES

Lessavoirs

Connais-toi toi-même
« Connais-toi toi-même et tu connaîtras les dieux et l’Univers » : telle est la phrase célèbre du phi-
losophe Socrate à ses étudiants au ve siècle av. J.-C., citation dont on ne retient généralement que la
première partie « Connais-toi toi-même ». La connaissance de soi est à développer chez les enfants
jeunes, qui ignorent souvent que leurs hésitations, leurs craintes, leurs choix aussi relèvent d’une
méconnaissance de leurs propres possibilités, de leurs propres limites, de leurs goûts et de leurs
idées.

Tous différents

Même si l’ensemble des êtres humains appartient à la même espèce, chaque individu est unique.
Il y a entre nous des différences de sexe, de couleur de peau, de taille, de poids. Il y a aussi des dif-
férences de talents, de caractères et de goûts. Enfin, les êtres humains n’ont pas tous les mêmes
idées, les mêmes croyances, les mêmes manières de vivre. Sans compter qu’il existe plus de 6 000
langues dans le monde.
Chaque être humain est unique également à cause de son histoire, de son parcours, de son éducation,
de ses interactions avec les autres, qui ont forgé ses goûts, son caractère, ses compétences et ses
talents… C’est ce qui explique que les jumeaux puissent être si différents.
Si cette diversité n’existait pas, tous les hommes seraient identiques et le monde serait peuplé de
clones sans qu’aucune identification ne soit possible, pas plus que les conversations ou les échanges.
C’est la diversité qui enrichit et permet les découvertes.
La différence fait pourtant parfois peur. L’ignorance et les préjugés alimentent alors le repli sur soi :
hier, le rejet des roux, des personnes ayant une autre couleur de peau ; aujourd’hui, celui des per-
sonnes qui ont d’autres croyances ou qui sont porteuses d’une maladie ou d’un handicap…

Tous égaux
Depuis le siècle des Lumières et plus encore depuis la Deuxième Guerre mondiale, la communauté
humaine a reconnu le principe de l’égalité entre tous et tente de l’appliquer : la Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen de 1789 et la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948
affirment le principe de l’égalité entre tous les êtres humains, que l’on peut élargir à tous les do-

22
 Seconnaîtreetconnaîtrelesautres

maines de différences : le sexe, l’origine, la couleur de peau, la nationalité, la religion, la taille, l’état
de santé… Ces textes fondateurs, tout comme la devise de la République (Liberté Égalité Fraternité),
affirment le refus de toutes les discriminations. Cette égalité entre tous accorde à chacun les mêmes
droits mais aussi les mêmes devoirs.
Cet état de fait s’applique à la classe, dans laquelle les élèves ont les mêmes droits (droit au respect,
droit de donner son avis, de prendre la parole, droit même de se tromper…) et les mêmes devoirs
(obéissance aux règles, obligation de travailler pour apprendre, devoir de respecter les autres…).
La différence est un appel au droit. Les différences naturelles comme la force physique ou les dif-
férences sociales comme l’argent créent des inégalités entre les individus : l’égalité de droit est la
seule solution pour que le plus fort ou le plus riche ne domine pas le plus faible ou le plus pauvre.

La tolérance : une façon de penser Les limites de la tolérance. La tolérance n’est pas l’ac-
La tolérance consiste à accepter l’autre avec ceptation de tout. Certains actes sont intolérables car ils
ses différences, quelles qu’elles soient, et à portent atteinte à la dignité des personnes : l’esclavage, la
se comporter de manière à témoigner qu’il torture, le racisme, l’antisémitisme sont de ceux-là ; ils nient
reste notre égal. Elle se définit notamment par la part d’humanité qui est dans chaque personne. Les élèves
contraste avec l’intolérance, qui consiste à reje- apprennent que l’intolérable commence au quotidien, avec
ter les autres, à les mépriser ou à les détester les paroles et les gestes qui servent à rejeter quelqu’un parce
pour leurs différences.
qu’il est différent du fait de son apparence, de la couleur de
La tolérance est une notion politique et juridique sa peau, de sa religion, de son mode de vie ou de ses idées.
élaborée par les philosophes (l’Anglais John
Locke, le Français Voltaire…) à partir des xviie et xviiie siècles, à une époque où, en Europe, sévissaient
des guerres de religion. Elle a été développée pour aboutir à des règles qui permettent la diversité
des idées, opinions et croyances sans que celles-ci mettent la société en danger.
L’intolérance, aussi ancienne que l’humanité, trouve ses fondements dans la méconnaissance et les
préjugés, qui génèrent la peur : on a peur de ce que l’on ne connaît pas, de ce que l’on ne comprend
pas. Elle se fonde également sur un sentiment de supériorité : notre manière d’être, de vivre et de
penser serait supérieure à celle des autres.

La tolérance : une façon d’agir


La tolérance n’est pas seulement une manière de penser mais également une façon de se compor-
ter. Elle se manifeste par le respect de l’autre mais aussi par la curiosité, l’envie de connaître et de
comprendre, le dialogue. La tolérance ne peut pas être de l’indifférence. La tolérance considère que
la diversité est une richesse.
L’intolérance, au contraire, se manifeste par le mépris, la moquerie, l’exclusion, qui mènent souvent
aux insultes, voire à la violence, mais elle se manifeste aussi par l’indifférence, qui est souvent une
forme de mépris.
Les élèves découvrent que la tolérance est une garantie pour chacun : si l’on tolère les différences,
les manières de vivre et de penser des autres, on est en droit d’exiger d’eux qu’ils tolèrent notre
manière d’être, nos manières de vivre et de penser.

Laséquence

Activités préalables
n Commencer par un jeu de portrait : faire trouver le nom d’un ou plusieurs élèves de la classe
en répondant à des questions. Pour rendre le jeu plus complexe, on peut charger un élève de
répondre et ajouter aux questions des élèves d’autres questions plus pointues sur ses goûts,
ses qualités…

Progresser dans la connaissance de soi


Manuel p. 12 ou sans document.

1. En lien avec la séquence précédente, demander aux élèves s’ils identifient facilement
leurs sentiments et leurs émotions.
2. Leur demander s’ils connaissent leurs qualités et leurs défauts.

23
Séquence3

3. Identifier des moments où l’on ne sait pas très bien ce que l’on veut : hésitation,
notamment quand un facteur tiers entre en jeu (faire plaisir à quelqu’un, par exemple).
nEn conclure qu’il est important de se connaître soi-même : savoir quels sont nos goûts,
nos envies personnelles, pour pouvoir les exprimer et ne pas toujours être influencé
par les autres.

S’intéresser aux autres


Manuel p. 12 ou visuel d’enfants s’intéressant à un plus jeune

4. Face au document, identifier la situation : des enfants qui s’intéressent à un autre.


Éventuellement, imaginer ce qui a pu se passer pour susciter cet intérêt.
5. Faire le lien avec soi-même et se demander si l’on s’intéresse aux autres : la réponse
risque d’être très généralement oui, d’où l’intérêt de la poursuite du questionnement.
Si un élève affirme ne pas s’intéresser aux autres, le faire parler, essayer de comprendre
sa volonté d’isolement, lui montrer qu’il s’intéresse au moins à ses amis.
6. Montrer aux élèves qu’ils connaissent souvent mal leurs camarades : les mettre en dialogue
avec leur voisin ou voisine de table pour trouver une information qu’ils ne connaissaient pas.
7. Constater que l’on connaît plus de choses sur nos amis que sur les autres camarades
de classe.
nConclure que c’est important de connaître les autres, de s’intéresser à eux : cela nous permet
de mieux les comprendre, donc de mieux vivre avec eux.

Constater les différences entre les personnes


Manuel p. 13 ou visuel présentant des enfants avec des différences visibles.
Ces enfants présentent des différences d’âge, de taille, de sexe, d’origine, de couleur de peau,
de couleur de cheveux, de manière de se coiffer, de s’habiller, d’exprimer sa joie.
Un enfant porte des lunettes.
8. Décrire l’image : le lieu, la situation, les enfants.
9. Constater les différences et établir la liste des différences visibles : sexe, taille, corpulence,
couleur des cheveux, des yeux, de la peau, etc.
10. Chercher d’autres différences, pas nécessairement visibles : nom, goûts, mode de pensée,
habitudes, histoire personnelle, idées, émotions et sentiments…
n Conclure de l’infinie diversité des personnes.

Pratiquer la tolérance
Manuel p. 13 ou conte du menuisier et ses outils, d’après Jean Vernette,
Paraboles d’Orient et d’Occident, fleurs de sagesse pour découvrir le Royaume intérieur,
Droguet et Ardant, 1999.
« Un jour que le menuisier était absent, ses outils se réunirent. Il s’agissait d’exclure
ceux dont l’aspect ou le caractère ne convenait pas à tout le monde.
– Il nous faut exclure notre sœur la scie, car elle mord et elle grince des dents.
Et nous ne pouvons pasconserver notre frère le rabot qui a le caractère tranchant
et qui épluche tout ce qu’il touche.
– Quant au frère marteau, il cogne toujours et nous tape sur les nerfs. Excluons-le.
– Et les clous ? Peut-on vivre avec des gens aussi longs et maigres ?
Et à la fin de la séance, tout le monde se trouvait exclu. On se tut lorsque l’on vit
le menuisier approcher. Il se servit de tous les outils au méchant caractère pour
fabriquer un berceau. Pour accueillir l’enfant à naître. »
11. Lire le texte et reformuler l’histoire.
12. Nommer les outils que les autres veulent exclure : expliquer les motivations de chaque
exclusion (le physique ou le caractère).
13. Identifier ce que le menuisier construit : relever le fait qu’il a besoin de tous les outils.

24
Se connaître et connaître les autres

14. Chercher la morale de l’histoire : malgré les différences, tout le monde a son rôle à jouer
dans le groupe.
15. Faire le parallèle avec la vie quotidienne en classe et constater qu’il n’est pas toujours
facile de supporter les autres : donner des exemples.
■ Conclure qu’il ne faut exclure personne du groupe et comprendre l’égalité entre tous :

notamment le fait que tout le monde a les mêmes droits.


■ Admettre que les différences ne peuvent donner lieu à des moqueries.
■ Comprendre que chacun s’enrichit au contact de l’autre.

Constituer la trace écrite


Organiser un débat. Peut-on exclure un élève d’une
Questions pour l’élaboration de la synthèse équipe de jeu ? Faire prendre conscience aux élèves qu’au-
Qui devons-nous chercher à connaître ? delà de la compétition, le but de l’école est de permettre
Comment devons-nous nous comporter avec à tous de s’épanouir. Donc, à l’école, tout le monde peut
les autres ? participer aux jeux et faire partie d’une équipe. En re-
Proposition de synthèse vanche, en dehors de l’école, quand on est dans le cadre
Nous cherchons à nous connaître nous- strict de la compétition, il est normal de sélectionner les
mêmes et à nous intéresser aux autres. Nous meilleurs, ce que font toutes les équipes sportives.
acceptons les autres avec leurs différences.
Évaluation
Évaluer l’investissement des élèves au cours des débats, puis les comportements individuels au
fil du temps et la capacité des élèves à accepter l’autre, malgré ses différences. Rappeler
la séquence quand on constate l’exclusion d’un élève du groupe.

Prolongements

■ Atelier de lecture CP : David McKee, Elmer, Kaléidoscope, 1989. Elmer, l’éléphant multicolore,

voudrait bien être comme les autres.


■ Atelier de lecture CP : Yann Kebbi, Choco et Gélatine, Éd. Sarbacane, 2014. Une histoire

pleine d’humour sur la différence et le rejet de l’autre.


■ Atelier de lecture CP CE1 CE2 : Anne Marchon, Helen, la petite fille du silence et de la nuit,

Bayard poche, 2003. L’histoire véridique d’Helen Keller, petite fille sourde et aveugle, à laquelle
une institutrice apprend à communiquer.
■ Atelier de lecture CP CE1 CE2 : Thierry Dedieu, Yakouba, Seuil Jeunesse, 2007. Un enfant ose

affirmer sa différence.
■ Atelier de lecture CE1 CE2 : Marie-Aude Murail, Le Hollandais sans peine, L’École des loisirs,

2010. La différence de langue.


■ Atelier de lecture CE2 : Agnès Desarthe, Je veux être un cheval, L’École des loisirs, 2006.

Sentiment d’être différent et acceptation de soi.


■ Atelier de lecture CE2 : Tomi Ungerer, Flix, L’École des loisirs, 2000. Un couple de chats attend

un enfant ; mais à la naissance, surprise : le bébé est un chien.


■ Atelier de lecture CE2 : Gilberte Niamh Bourget, Aude Poirot, Auguste, Casterman,

coll. Romans Casterman, 2004. Auguste a deux passions, le tennis qu’il regarde
à la télévision et les gâteaux. Un jour, il remporte un concours d’écriture.
Un livre léger et simple sur l’affirmation de soi.
■ Atelier de lecture CE2 : Quint Buchholz, Le Collectionneur d’instants, Milan, 1998.
■ Musique : Les Enfantastiques, « On est tous pareils », album De Mon École Solidaire, 2007.
■ Arts visuels : travail sur le portrait et l’autoportrait.
■ B2i : explorer le site www.vinzetlou.net, regarder les vidéos concernant les filles

et les garçons.

25
Séquence4

4 LE RESPECT, L’INTÉGRITÉ
DE LA PERSONNE, LA POLITESSE

Lessavoirs Le mot « respect » vient du latin respectus, « regard en


arrière ». Dans la définition donnée par le Petit Robert, le
respect est « l’égard, la considération, et la révérence », le
Le respect des camarades
« sentiment qui porte à accorder à quelqu’un une considé-
Les élèves de cycle 2 sont progressivement ration admirative, en raison de la valeur qu’on lui reconnaît,
capables de considérer leurs actions du point
et à se conduire envers lui avec réserve et retenue, par une
de vue de leurs camarades, de tenir compte
contrainte acceptée », ou encore la « considération que l’on
de l’autre, de respecter les enfants qu’ils fré-
porte à une chose jugée bonne avec la résolution de n’y pas
quentent. Ils apprennent à dialoguer avec eux, à
adhérer à des valeurs partagées par un groupe. porter atteinte, de ne pas l’enfreindre ». Le respect impose
Ce faisant, ils se trouvent confrontés en per- donc un sens moral.
manence à des situations où ils doivent affron- Le respect est le contraire de l’humiliation et du mépris. Il
ter des difficultés : gérer un conflit, prendre sa est un droit reconnu à toute personne humaine (Déclaration
place dans un groupe, faire face à l’énervement des droits de l’homme et du citoyen, 1789, et Déclaration
ou à la mauvaise foi, etc. Il leur faut petit à petit universelle des droits de l’homme, 1948).
affirmer leur personnalité tout en apprenant la Le respect est une valeur morale. Pour Kant, « les objets
négociation et le compromis et en acceptant les ont un prix, les hommes ont une dignité ». L’être humain
décisions de la majorité. Ils doivent aussi per- reconnaît inconditionnellement l’autre comme son égal et
cevoir que le respect des autres s’inscrit dans
s’impose de traiter également les hommes et les femmes,
des principes supérieurs que l’on ne discute pas
qu’ils soient jeunes ou vieux, riches ou pauvres, quelle que
(égalité de tous, règlement de l’école…), alors
soit leur couleur de peau ou leur religion. En ce sens le res-
que d’autres règles ou d’autres comportements,
se rapportant à l’organisation du groupe classe, pect est au cœur de la démocratie.
peuvent être l’objet de discussions.

Le respect des adultes


Si les élèves, pour la plupart, parviennent en cycle 2 à intégrer le respect envers l’enseignant ou le
directeur de l’école de façon satisfaisante, il arrive à certains de ne pas se comporter de la même
manière vis-à-vis d’autres adultes côtoyés au cours de la journée : auxiliaire de vie scolaire, person-
nel de service de l’école, chauffeur de car, intervenants (EPS, musique, piscine…). Une réflexion est
entreprise à ce sujet : raisons pour lesquelles les adultes doivent être respectés ; respect réciproque
enfant/adulte et adulte/enfant ;
nécessité de l’obéissance en-
vers les adultes, quelle que soit
leur fonction ; conséquences du
manque de respect ; obligation
de faire évoluer les comporte-
ments ; sanctions possibles.

La violence
« La violence » page 98

La politesse
« La politesse », page 38

26
 Lerespect,l’intégritédelapersonne,lapolitesse

Laséquence

Activités préalables
n Partir d’une situation concrète : un cas de manque de respect entre élèves ou envers

un adulte, un cas de manque de politesse.


Ou encore profiter de l’accueil du matin et des salutations pour introduire la leçon.

Adopter une attitude respectueuse envers ses camarades


Manuel p. 14 ou visuel ou situation d’irrespect entre élèves.
Dans la cour de récréation : un garçon a bousculé une fille, elle est tombée par terre,
toutes ses affaires sont répandues par terre, une autre l’aide à se relever ; un groupe d’enfants
se moque d’un autre enfant, lequel pleure.
1. Décrire le document et expliquer la situation.
2. Identifier l’attitude du ou des enfants envers leurs camarades.
3. Identifier en quoi leurs attitudes sont irrespectueuses.
4. Faire le lien avec son propre vécu : des situations où l’on vous a manqué de respect.
n Identifier d’autres attitudes irrespectueuses possibles vis-à-vis d’un camarade : se moquer,
exclure, couper la parole, bousculer, prendre, frapper, crier, se moquer…
n Identifier ce que l’on ressentirait si l’on était victime de ces formes d’irrespect.
n Montrer que les règles de vie de la classe incitent au respect de tous.
n Prendre conscience que la vie en société ne peut pas se passer de ces règles

que l’on doit appliquer en permanence.

Renoncer à toute forme de violence


Manuel p. 14 ou tout document sur la violence entre élèves.

5. Observer le document : le décrire.


6. Émettre des hypothèses sur les causes d’une telle dispute : en profiter pour faire ressortir
les cas de tensions éventuels entre les élèves de la classe.
7. Comprendre que la violence ne permet pas de résoudre les problèmes : elle donne envie
de se venger et de recourir encore à la violence.
n Savoir que c’est pour cela qu’elle est interdite.
8. Chercher d’autres solutions possibles pour régler un conflit : par exemple, dialoguer
calmement, faire appel à un tiers, un « médiateur ».

Adopter une attitude respectueuse envers les adultes


Manuel p. 15 ou visuel sur l’irrespect envers un adulte.
Dans la cour de récréation, un élève refuse de donner le ballon à la maîtresse,
un autre regarde en ricanant ou faisant une grimace pour se moquer de la maîtresse,
d’autres regardent la scène perplexes.
9. Décrire le document et expliquer la situation.
10. Identifier l’attitude du ou des enfants envers le ou les adultes.
n Identifier en quoi cette attitude est irrespectueuse.
n Identifier d’autres attitudes irrespectueuses possibles vis-à-vis d’un adulte : contester,
couper la parole, bousculer, refuser d’obéir, se moquer, sourire quand on est réprimandé…
11. Comprendre que les enfants doivent se montrer respectueux envers les adultes comme
les adultes se montrent respectueux envers les enfants : pas de moquerie, de violence…
n Identifier l’attitude qui montre le respect que l’on a des adultes : parler poliment, obéir…

27
Séquence4

Connaître et respecter les règles de la politesse


Manuel p. 15 ou visuel ou toute situation sur les règles de politesse.
Un enfant qui, non seulement, ne salue pas la maîtresse, mais en plus la bouscule
pour pouvoir entrer dans l’établissement, tandis qu’un autre semble saluer courtoisement.
12. Décrire le document.
13. Identifier les règles de politesse appliquées ou non appliquées.
n Chercher différentes façons de se saluer.
n Dire les circonstances dans lesquelles on salue les autres : ses parents au lever, le chauffeur
en entrant dans le car ou le bus, son maître/sa maîtresse et ses camarades en arrivant à l’école,
les gens qui viennent en visite à la maison, la boulangère quand on entre dans la boutique…
n Constater que l’on ne salue pas toutes les personnes que l’on rencontre : personnes croisées

dans la rue, par exemple.


14. Chercher la signification du mot « bonjour » : l’écrire au tableau, le séparer en deux parties.
n Identifier ce que l’on ressent quand on rencontre une personne qui ne vous salue pas :

manque d’attention, manque de respect, indifférence, mépris…


15. Comprendre l’intérêt des salutations, le matin et le soir.
n Comprendre que la politesse est une manière de montrer le respect que l’on a

pour les autres.


16. Identifier d’autres situations dans lesquelles on doit faire preuve de politesse :
se quitter, demander quelque chose, le recevoir…

n Éventuellement, revenir sur les règles d’usage du tutoiement et du vouvoiement.

Constituer la trace écrite


Organiser un débat. Faut-il n’être poli qu’avec les gens
Questions pour l’élaboration de la synthèse qui le sont avec nous ? Le débat permet de retrouver le
Qui faut-il respecter ? pourquoi de la politesse, les circonstances dans les-
À quoi la politesse sert-elle ? quelles l’on se doit d’être poli, les conséquences de l’im-
Proposition de synthèse politesse, les raisons qui peuvent pousser une personne
Chacun respecte les autres : les adultes mais à être impolie (distraction, négligence, comportement
aussi les enfants. La politesse est une forme vindicatif…), les réactions possibles de la personne qui
de respect : dire bonjour, merci… Si je res- en est victime. Il peut permettre d’établir l’importance
pecte les autres, ils me respecteront à leur qu’il y a à rester poli en toutes circonstances et le fait que
tour. la politesse peut amener l’autre à changer son attitude et
à en revenir aux règles de la politesse.
Évaluation
Évaluer l’investissement des élèves au cours
des débats.
Évaluer les comportements individuels et collectifs au fil de l’année :
usage des règles de politesse, respect vis-à-vis des adultes et entre élèves…

Prolongements

n Arts visuels : utiliser différentes techniques graphiques pour écrire le mot « bonjour »,
jouer sur les couleurs, utiliser différents outils. S’aider de l’observation de différentes
formes de graphie dans l’art (la lettre et le mot dans la peinture et la sculpture, les lettres
calligraphiées, les enluminures, les abécédaires, le lettrisme, le graffiti, etc.).
n Maîtrise de la langue : jouer quelques saynètes de salutation selon des tonalités différentes
(une personne polie, une autre grossière, une autre énervée, sans regarder la personne,
en souriant, sur un ton agressif, chaleureux, etc.) et travailler sur le niveau de langue
et sur les intonations. Constater que l’attitude est aussi importante les paroles.
n Atelier de lecture CP CE1 CE2 : Eva Janikovszky, Moi, si j’étais grand, Éd. La Joie de lire, 2011.
n Musique : Les Enfantastiques, « On est tous pareils », album De Mon École Solidaire, 2007.
n B2i : explorer le site www.vinzetlou.net, regarder les vidéos concernant la violence.

28
 Lesatteintesàlapersonne

5 LES ATTEINTES À LA PERSONNE


Lessavoirs Le terme « racisme » vient du mot « race » qui apparaît
dans la langue française à la fin du xve siècle. Il vient de
l’italien rassa que l’on emploie, à cette époque, dans deux
Le racisme
acceptions :
Le racisme est l’idée que les hommes appar- n l’une péjorative (bande d’individus qui se sont concertés
tiennent à des catégories différentes, fondées pour comploter),
sur l’apparence, notamment la couleur de peau n l’autre laudative (lignée, naissance) : on parle, par exemple,
et la forme des yeux (des « races »), entre les-
d’une « noble race ».
quelles il y aurait une hiérarchie naturelle (cer-
Au xviie siècle, l’écrivain français Bossuet emploie l’expres-
taines seraient supérieures à d’autres). C’est
aussi l’attitude qui consiste à traiter de manière sion « race humaine » pour désigner l’espèce humaine. À ce
inégale les personnes selon cette apparence moment-là, le mot « race » traduit à la fois l’idée de discrimi-
physique ou selon leur mode de vie : certains in- nation et l’idée que l’ensemble de la communauté humaine
dividus considèrent que la civilisation à laquelle forme une unité.
ils appartiennent est la seule référence. Les premières théories racistes apparaissent au Moyen Âge
En réalité, on le sait aujourd’hui, les êtres hu- dans l’Espagne catholique de l’Inquisition : ainsi, en 1449,
mains appartiennent tous à la même race. En à Tolède, on définit le statut de limpieza de sangre (pureté
outre, les législateurs ont interdit le racisme de sang), qui interdit l’accès à certaines fonctions officielles
mais également toute forme de discrimination. aux juifs convertis.
Au quotidien, la lutte contre le racisme passe par La classification des races prend corps au xixe siècle avec
la découverte de l’altérité : découvrir des points l’Essai sur l’inégalité des races humaines d’Arthur de Gobineau
communs et des différences entre les individus, (1853) et se concrétise de la manière la plus abjecte avec
accepter les différences dans la manière d’être, les lois de Nuremberg de 1935 qui, dans l’Allemagne nazie,
de penser, dans les idées et les croyances, com- définissent la citoyenneté sur la base du sang et interdisent
prendre que la différence enrichit.
notamment les mariages entre juifs et non-juifs.
De nos jours, les chercheurs s’accordent pour dire que les
Le sexisme
races n’existent pas au sein de l’espèce humaine. Cette no-
Le sexisme est l’idée que les femmes seraient tion, qui n’est pas biologiquement définie (les scientifiques
inférieures aux hommes, mais aussi l’attitude lui préfèrent les notions plus précises de « variété » et de
de domination des hommes envers les femmes
« sous-espèce »), sert à distinguer des types d’individus au
et de mépris envers elles. Le sexisme se fonde
sein d’une espèce animale domestique (par exemple, au
sur le droit du plus fort à assujettir le plus faible.
sein de l’espèce « chat », on parle de la « race » des siamois,
Combattu par tous les grands textes de référence
concernant les droits de la personne humaine, de celle des persans…).
il subsiste dans les mentalités et les pratiques Mais cette distinction entre des « races » ne peut s’appliquer
sociales. En France, la loi affirme l’égalité des à l’espèce humaine car la simple différence de couleur de
femmes et des hommes et leur accorde les peau ou de forme des yeux, voire l’origine géographique
mêmes droits : se marier, divorcer, accéder à – contrairement, par exemple, à la différence entre les la-
tous les métiers et se présenter aux élections… bradors et les yorkshires, qui peut avoir un sens – ne for-
La loi interdit de tenir des propos sexistes ou de ment pas de différences génétiques suffisantes pour avoir
refuser un droit aux femmes spécifiquement. une valeur scientifique. C’est pourquoi, en 1967, l’Unesco a
En France, les femmes n’ont pas toujours été déclaré l’unité de l’espèce humaine.
les égales des hommes. Autrefois, beaucoup
n’allaient pas à l’école, n’exerçaient pas de mé- Le sexisme : une forme de racisme
tier, étaient mariées contre leur gré ; aucune Si le racisme existe chaque fois qu’un groupe humain af-
ne pouvait demander le divorce ou voter. La firme sa puissance sur un autre, alors le sexisme est un ra-
lutte contre ces inégalités a commencé pen- cisme. Tout le monde sait ce qu’est le racisme mais bien
dant la Révolution, avec Olympe de Gouges.
peu savent que le sexisme est synonyme de discrimination à
Elle s’est poursuivie au xixe siècle avec George
l’égard des femmes et qu’il n’y a encore aucun domaine de
Sand, Flora Tristan, Louise Michel… La partici-
pation des femmes à l’effort de guerre pendant la vie quotidienne où les femmes ne soient pas diminuées
la Première Guerre mondiale et à la Résistance par la loi ou par les comportements sexistes.
(Lucie Aubrac…) pendant la Deuxième Guerre a Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme,
contribué à faire évoluer la société : le droit de Rapport officiel de la commission des droits de la femme, 1981
vote leur a été reconnu en 1944.

29
Séquence5

Mais les inégalités demeurent. Les femmes sont moins payées et plus nombreuses dans les emplois
non qualifiés ou à temps partiel. Malgré la loi sur la parité, peu sont élues (107 femmes députées
pour 470 hommes). Dans certaines familles, des pratiques anciennes demeurent : violence, do-
mination par le mari ou par les frères, mariages forcés, études arrêtées… L’école a pour mission
de lutter contre le sexisme (loi d’orientation pour l’avenir de l’école de 2005). Elle doit corriger les
discriminations liées au sexe dans la représentation sociale des métiers, faciliter l’accès des jeunes
filles aux métiers scientifiques et techniques et encourager l’accès des garçons aux métiers dans
lesquels ils sont peu représentés. Les manuels scolaires doivent promouvoir l’égalité. La parité doit
être encouragée aux élections des délégués.

Les discriminations La lutte contre les discriminations. En France, la dis-


Discriminer consiste à faire des différences entre crimination sous toutes ses formes est interdite : la loi af-
les groupes humains ; cela consiste à séparer firme l’égalité entre tous les êtres humains (ils ont la même
certaines personnes du reste du groupe pour valeur, les mêmes droits et les mêmes devoirs). Les actes
les traiter différemment. Généralement, la dis- discriminatoires (racisme, antisémitisme, sexisme, homo-
crimination a pour but d’exclure et de maltraiter. phobie…) sont donc punis par la loi. La Haute Autorité de
La discrimination revêt de multiples formes : lutte contre les discriminations et pour l’égalité est chargée
le racisme, l’antisémitisme, le sexisme sont de lutter contre toutes les discriminations.
des formes de discrimination, mais ils ne sont Le respect de l’égalité implique parfois d’aider certaines
pas les seuls. Par exemple, les personnes por- personnes à faire valoir leurs droits : c’est le cas lorsque l’on
teuses d’un handicap sont victimes de discrimi- procède à une discrimination positive, qui consiste à « don-
nation quand les équipements nécessaires pour
ner plus à ceux qui ont moins » (par exemple, en accordant
leur permettre d’accéder aux lieux publics sont
des logements, des emplois de manière prioritaire aux per-
manquants.
sonnes handicapées, aux femmes, aux personnes d’origine
Chacun peut avoir une attitude discriminatoire. étrangère…). En France, l’apport à la théorie et la pratique
Regarder avec mépris quelqu’un qui n’est pas
de la discrimination positive concerne quatre domaines :
bien habillé, se moquer d’une personne âgée
l’emploi, la parité entre les sexes dans la sphère publique,
qui marche difficilement ou insulter quelqu’un à
la discrimination positive territoriale et la place des handi-
cause de son métier (les éboueurs, les balayeurs)
sont des formes de discrimination. Porter un re- capés dans la société. Les femmes sont concernées essen-
gard respectueux sur l’autre quel qu’il soit est tiellement par les deux premiers domaines, le troisième est
une manière de se souvenir de l’égalité en droit mis en place notamment dans l’Éducation nationale avec la
et en dignité des êtres humains. création des zones d’éducation prioritaire (ZEP) en 1982
et, plus récemment, des réseaux ambition réussite (2006) ;
La scolarisation des élèves handicapés le quatrième fait l’objet de lois spécifiques en matière d’em-
La loi du 11 février 2005 précise : « Tout enfant, ploi et d’accueil dans les écoles.
tout adolescent présentant un handicap ou un
trouble invalidant de la santé est inscrit dans Des mesures pour permettre l’égalité. Les enfants ont
l’école ou l’établissement secondaire le plus parfois du mal à accepter ce qu’ils considèrent comme des
proche de son domicile, qui constitue son éta- privilèges accordés à certains : le fait que le maître accorde
blissement de référence. » plus de temps à un élève qui éprouve des difficultés, le droit
Si la scolarisation en milieu ordinaire a été pour un élève qui se trompe souvent de répondre avant ce-
décidée mais qu’elle est impossible en raison lui qui a souvent raison… En dehors de l’école, il en va de
des conditions d’accès, la loi prévoit que « les même : des places assises prioritaires sont prévues dans les
surcoûts imputables au transport de l’enfant ou transports en commun pour les personnes âgées qui ont
de l’adolescent vers un établissement plus éloi- du mal à rester debout, les femmes enceintes qui doivent
gné sont à la charge de la collectivité territoriale protéger leur santé et celle de leur bébé à naître ; un accès
compétente… » facilité pour les personnes en fauteuil roulant est mis en
Le parcours de formation de l’enfant s’inscrit place dans les lieux publics comme les salles de cinéma. Il
dans un « plan personnalisé de compensation du ne s’agit pas d’un privilège mais, au contraire, d’une me-
handicap », élaboré au sein de la Maison dépar- sure prise pour permettre l’égalité.
tementale des personnes handicapées (MDPH)
par une équipe pluridisciplinaire qui entend les
parents et « dès lors qu’il est capable de discer-
nement, l’enfant handicapé lui-même ».

30
Les atteintes à la personne

Le harcèlement Quelques exemples de harcèlement :


Le ministère de l’Éducation nationale a fait de la ■ des coups, pincements, tirage de cheveux…
prévention du harcèlement entre élèves l’une de ■ des bousculades, jets d’objets
ses priorités. Le harcèlement se définit comme ■ des bagarres organisées par un ou plusieurs harceleurs
une violence répétée, qui peut être physique, ■ des vols et du racket
verbale (exemples : insultes répétées) ou psy­ ■ des dégradations de matériel scolaire ou de vêtements
chologique (exemples : humiliation, chantage,
■ des enfermements dans une pièce
ostracisme, provocations sexuelles verbales,
■ des violences à connotation sexuelle : voyeurisme dans les
gestes déplacés) à l’encontre d’une victime qui
toilettes, déshabillage et baisers forcés, gestes déplacés…
ne peut se défendre. Il se fonde sur le rejet de la
■ des « jeux » dangereux effectués sous la contrainte
différence et sur la stigmatisation de certaines
caractéristiques. En milieu scolaire, le harcè­ ■ l’utilisation de surnoms dévalorisants

lement revêt trois caractéristiques : la violence, ■ des moqueries, insultes, menaces

la répétitivité, et l’isolement de la victime. Quand ■ des humiliations, chantages

un cas de harcèlement se manifeste à l’école, ■ des propagations de fausses rumeurs


il ne concerne pas seulement la victime et les ■ des pratiques de discrimination, d’exclusion et de mise à
responsables mais l’ensemble de l’école : car le l’écart
harcèlement se développe davantage quand le ■ des cas de cyber-harcèlement : moqueries en ligne, pro-
climat de l’établissement scolaire s’est dégradé pagation de rumeurs par mobile ou sur Internet, publica-
pour une raison ou une autre.
tion d’une vidéo de la victime en mauvaise posture, envoi
de messages injurieux ou menaçants par SMS ou courrier
électronique.
La séquence

Activités préalables
■ Partir d’une situation concrète : l’exclusion par ses pairs d’un élève pour des motifs

discriminatoires, l’intégration d’un enfant porteur d’un handicap dans la classe, une fête
religieuse ou culturelle qui pointe une différence entre les modes de vie des élèves…
■ Faire le lien avec une séquence de sciences ou de découverte de l’espace : observation

de la variété du monde du vivant, observation de la diversité des paysages et des modes de vie.
■ Commencer par une fable : Les chameaux et le dromadaire.

Les chameaux et le dromadaire. Il était une fois… des chameaux qui marchaient dans le désert,
roulant dignement leurs deux bosses. Un des leurs s’approcha pour se joindre à eux. Mais au lieu
de deux bosses, l’animal n’en possédait qu’une. C’était un dromadaire ! Comment se passa la rencontre ?
Le rejet
Devant le drôle d’animal à une seule bosse, le troupeau de chameaux partit d’un seul et énorme éclat
de rire moqueur ! Triste et rouge de honte, le petit dromadaire repartit, solitaire, dans le désert…
Ou alors… accepter la différence
Les chameaux, curieux et intéressés par le dromadaire à une bosse, l’entourèrent amicalement :
« Quel est ton nom ? Qui es-tu ? D’où viens-tu ? » Ils écoutaient les récits magnifiques du dromadaire
sur son pays. Une chamelle en fut charmée et le dromadaire tomba amoureux. Ils furent heureux
et eurent beaucoup d’enfants… à une et à deux bosses !
Ou alors… être tous différents
Les chameaux regardaient, étonnés et craintifs, cet animal à une bosse. Le petit dromadaire demanda
au plus fanfaron d’entre eux de le suivre. Ils arrivèrent devant un troupeau de dromadaires qui avaient
tous une seule bosse sur le dos… et le chameau, avec ses deux bosses, ne faisait plus le fier ! Et oui,
le monde est plein de « différents » !
Sylvie Girardet, Puig Rosado, Silence la violence, Hatier, « Citoyens en herbe », 2004.

Combattre toute attitude raciste


Manuel p. 16 ou visuel d’enfants d’origines différentes.

1. Identifier les différences visibles entre les enfants.


■ Éventuellement, s’interroger sur d’autres différences, invisibles : goûts, idées,

compétences, talents, qualités…

31
Séquence5

2. Proposer aux élèves de s’identifier à l’un ou l’autre enfant du document : remarquer


comme spontanément ils peuvent le faire sur la couleur de la peau ou l’origine visible.
n Identifier le comportement habituel face aux personnes d’origine différente de la sienne :

si des attitudes négatives émergent, ne pas couper trop vite la parole mais tenter de faire
réfléchir l’enfant sur ses propos (pourquoi tu dis cela ? Est-ce que tu crois vraiment que ?).
nDéfinir le racisme : une attitude de mépris vis-à-vis des personnes différentes de nous
par la couleur de leur peau, l’allure de leurs cheveux, la forme de leurs yeux, parfois
aussi la manière d’agir, de vivre.
n Condamner toute attitude raciste : expliquer que le racisme nie que nous avons tous

droit au respect. Préciser que même se moquer un peu, pour rire, est du racisme.

Combattre toute attitude sexiste


Manuel p. 16 ou visuel mettant en scène un clivage entre garçons et filles.

n Constater le clivage qui s’est opéré entre garçons et filles.


3. Ouvrir la parole sur le thème des querelles entre garçons et filles : dans la cour de récréation
par exemple, pour des motifs d’espace, mais aussi des moqueries (des garçons vers les filles,
mais aussi des filles vers les garçons).
n Définir le sexisme : une attitude de mépris vis-à-vis des filles, parfois vis-à-vis des garçons.
n Condamner toute attitude sexiste : expliquer que le sexisme nie que nous avons tous droit

au respect.
n Le cas échéant, profiter de la séance pour rappeler : quelques règles (les filles et les garçons
ont les mêmes droits), l’égalité entre tous (les filles aussi ont le droit de jouer au football)
et le poids que peuvent représenter les moqueries.

S’engager contre toute forme


de discrimination
Manuel p. 17 ou visuel sur l’intégration
d’un élève handicapé dans la classe.
Un élève handicapé dans une classe,
avec le chien qui l’aide à réaliser
certains gestes de la vie quotidienne.
4. Décrire la situation et identifier l’enfant
présentant une « différence ».
n Définir le handicap : tout empêchement
physique (cécité, surdité) ou intellectuel
(trisomie 21) empêchant de mener facilement
la même existence que les autres et, généra-
lement, nécessitant une aide.
5. Identifier l’attitude que devraient avoir
les élèves d’une classe face à un élève en
situation de handicap : accueil, bienveillance,
attention, traitement à égalité avec les autres,
respect…
nDéfinir la discrimination : toute forme de mépris envers une personne à cause
de son apparence ou son caractère.
n Identifier d’autres formes de discrimination : parce qu’ils ont un handicap, qu’ils portent

des lunettes, qu’ils sont petits ou ronds.


6. Profiter de la séquence pour mettre à jour d’éventuels cas de discrimination dans la classe.
n Condamner toute attitude discriminatoire : expliquer que cela nie le droit de tous au respect.
n Le cas échéant, évoquer l’existence de la loi de 2005 : elle autorise chaque enfant, même

handicapé, à venir à l’école pour avoir la chance d’apprendre et de préparer son avenir.

32
COLLECTION
MAGELLAN ENSEIGNER Cycle 3
r a mm
g

es
pro
2

5
Enseignement
01

moral
et civique
68 séquences
● Les savoirs essentiels
● Le déroulé complet de chaque séquence
● Des documents de référence avec leur exploitation pédagogique
● Les indications pour élaborer la trace écrite
● Des pistes pour l’évaluation
● Des propositions de débats et d’activités interdisciplinaires

À DÉCOUVRIR
Feuilletez
3 010000 049555

un extrait www.magellan-hatier.com
du livre élève
ISBN : 301-0-000-04955-5
40 7787 5



COLLECTION
MAGELLAN ENSEIGNER Cycle 3
CM1 CM2 6e

Enseignement
moral
et civique
Sophie Le Callennec
Professeure d’histoire, géographie et éducation civique
Formation continue des enseignants du premier degré

Émilie François, Professeure des écoles


Françoise Martinetti, Inspectrice de l’Éducation nationale
Élisabeth Szwarc, ancienne Professeure en IUFM
avec la contribution d’Isabelle Gros, Artiste peintre


Table des illustrations


21 Ph © Electa/© The Munch-Museum/The Munch-Ellingsen Group © Adagp 2013
22 ph © Ariel Skelley / Blend Images / Photononstop
26 ph © Heide Benser / Corbis
32 ph © Tourneret / Sipa Press

Maquette La Case à livres


Illustrations Aurélie Abolivier
Relecture Geneviève Miral

© HATIER PARIS 2015 – ISBN : 978-2-218-04955


Sous réserve des exceptions légales, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite, par
quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants-droit, est illicite et constitue
une contrefaçon sanctionnée par le Code de la Propriété Intellectuelle. Le CFC est le seul habilité à délivrer des
autorisations de reproduction par reprographie, sous réserve en cas d’utilisation aux fins de vente, de location,
de publicité ou de promotion de l’accord de l’auteur ou des ayants-droit.


AVANT-PROPOS

En se lançant dans ce qui devait être le premier tour de la Terre, Magellan, « parrain »
de cette collection, entreprit un exploit en même temps qu’une magnifique aventure
humaine, et changea durablement notre vision du monde.

L’ambition que nous avons pour nos élèves quand nous décidons de les éduquer à la ci-
toyenneté n’est pas moindre. Il s’agit de leur faire partager des valeurs fondamentales
comme la solidarité, l’égalité entre tous, le respect, l’attention durable à l’environne-
ment, et de leur faire prendre conscience de l’importance qu’il y a à penser par soi-
même et à exercer son esprit critique. Il s’agit également de modifier profondément
non seulement leur vision du monde, mais aussi leurs comportements, pour les ame-
ner à comprendre ce qui motive le « vivre ensemble », à accepter les règles, à intégrer
l’idée de l’intérêt collectif pour construire un avenir commun, dans la classe, au quoti-
dien, et en tant que futur citoyen.

Comme les autres ouvrages de la collection (Enseigner l’histoire au cycle 3, Enseigner


la géographie au cycle 3, Enseigner l’histoire des arts au cycle 3), ce « manuel de l’en-
seignant » est le compagnon idéal du professeur dans sa pratique de classe, le socle
possible d’un enseignement simple ou plus exigeant couvrant tout le programme.

Il peut être utilisé de manière autonome, mais il trouve son prolongement logique dans
le manuel Enseignement moral et civique cycle 3 de la collection Magellan : l’enseignant
y trouvera les documents préconisés et, sous la forme d’un questionnement adapté aux
élèves, l’exploitation pédagogique proposée ici.

Ce travail inédit, concret, synthétique et efficace a pour objet d’accompagner l’ensei-


gnant dans sa pratique de classe mais aussi de lui faire partager notre goût de cette
transmission fondamentale qu’est l’enseignement moral et civique.

Sophie Le Callennec

3


SOMMAIRE
Quelques pistes pour l’enseignement moral et civique au cycle 3 . . . . . . . . . . . . . . . . .6

Culture de la sensibilité
Soi et les autres
1. Soi et les autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2. Les sentiments et les émotions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3. Se connaître et connaître les autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4. Le respect de la personne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
5. Se respecter, se faire respecter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
6. Les atteintes à la personne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
7. Le harcèlement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
8. La violence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
9. Porter secours : faire attention aux autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
10. Les règles de la communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
11. La République française et ses valeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
12. Les symboles de la République française . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
13. Les valeurs et les symboles de l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Culture de la règle et du droit


Des principes pour vivre avec les autres
14. L’individu et le collectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
15. La règle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
16. Le règlement de l’école : les droits et les devoirs de l’élève . . . . . . . . . . . . . . . 67
17. Le règlement de la classe : les droits et les devoirs de l’élève . . . . . . . . . . . . . 70
18. Les droits et les devoirs de l’élève pendant la récréation. . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
19. Les droits et les devoirs de l’élève à la cantine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
20. La sanction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
21. La politesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
22. À moi, à toi, à tous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
23. Une société humaniste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
24. Les droits et les devoirs de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
25. Une société démocratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
26. L’égalité des droits et la discrimination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
27. Le racisme, une forme de discrimination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
28. Le sexisme, une forme de discrimination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
29. Le handicap . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
30. La citoyenneté municipale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
31. La citoyenneté nationale et la citoyenneté européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
32. Les institutions françaises et les institutions européennes . . . . . . . . . . . . . 130

4
Sommaire

33. Le code de la route : le piéton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132


34. Le code de la route : le cycliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
35. Le code de la route : le passager d’un véhicule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
36. Les panneaux du code de la route . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
37. La sécurité et le service de tous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

Culture du jugement
Penser par soi-même et avec les autres
38. Les valeurs collectives : la vérité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
39. Les valeurs collectives : la justice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
40. Les valeurs collectives : le courage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
41. Les valeurs de la République : la liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
42. Les valeurs de la République : l’égalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
43. Les valeurs de la République : la fraternité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
44. Le sens républicain de la nation et la laïcité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
45. Les valeurs de l’Union européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
46. Les valeurs collectives et les valeurs personnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
47. L’intérêt personnel, l’intérêt général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
48. Le jugement critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
49. Le débat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
50. Le vote. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
51. L’organisation d’un vote, d’une élection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
52. L’usage responsable du numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
53. Porter secours : évaluer la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215

Culture de l’engagement
Agir individuellement et collectivement
54. Travailler en autonomie et coopérer en équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
55. L’engagement moral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
56. L’engagement dans la vie collective à l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
57. La participation démocratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
58. Quelques grandes figures de l’engagement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
59. S’engager pour l’environnement : lutter contre la pollution . . . . . . . . . . . . . 233
60. S’engager pour l’environnement : éviter le gaspillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
61. S’engager pour l’environnement : consommer de façon responsable . . 238
62. S’engager pour l’environnement : gérer ses déchets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
63. S’engager pour l’environnement : préserver le patrimoine. . . . . . . . . . . . . . 242
64. La solidarité à l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
65. La solidarité nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
66. la solidarité internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
67. Porter secours : prendre des initiatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
68. Le code de la route : la responsabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254

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QUELQUES PISTES POUR L’ENSEIGNEMENT


MORAL ET CIVIQUE AU CYCLE 3

Qu’est-ce que l’enseignement L’histoire de L’éducation civique à L’écoLe


moral et civique ? L’instruction morale et civique est née en même temps que
Malgré la place mouvante qui lui a été accor- l’école de Jules Ferry, en 1882, avec alors pour fonction
dée au fil de l’histoire, l’enseignement moral de construire la Nation autour des idéaux républicains.
et civique est l’un des domaines fondamentaux Elle ne concernait que l’école primaire et se déployait selon
de l’école. Il répond à l’une de ses deux voca- deux grands axes : une morale laïque, chargée de fournir,
tions : instruire, mais aussi former des citoyens en remplacement de la religion, les bases indispensables
conscients, « éclairés », ouverts, responsables, à toute vie en société (respect de l’autre, patriotisme,
capables d’esprit critique, qui connaissent et dé- obéissance à la loi…) et une instruction civique, appuyée
fendent leurs droits, exercent leurs devoirs, qui
sur quatre axes (l’obligation scolaire, l’obligation militaire,
savent vivre ensemble en acceptant et en res-
l’obligation de payer ses impôts et le vote).
pectant les règles nécessaires à la vie commune,
et qui adossent leur vie à la défense des valeurs Sous le régime de Vichy, l’école fut épurée et réorga-
fondamentales de notre société : la démocratie, nisée, et l’instruction civique remplacée par l’éducation
l’égalité entre tous, la liberté de chacun, la tolé- « morale, civique et patriotique », essentiellement un
rance, l’engagement, le refus de la violence, la enseignement moral autour de la nouvelle devise : Travail
solidarité… Famille Patrie.
Dans le parcours de l’élève, puis celui du col- Après la guerre, l’instruction morale et civique, désor-
légien, l’enseignement moral et civique est un mais étendue aux classes du secondaire, mit l’accent sur la
domaine spécifique. Contrairement aux autres tolérance et les droits de l’homme.
matières objets d’enseignement (les sciences, Dans les années 1960, le passage à la « société de consom-
l’histoire, la littérature…), il ne s’appuie sur aucun mation » fit glisser les centres d’intérêt du politique vers
référent universitaire (hormis en ce qui concerne l’économique : l’intitulé disparut des programmes car le
le fonctionnement des institutions, objets de re- domaine fut intégré aux activités d’éveil, qui mettent en
cherche du droit constitutionnel et des sciences avant la socialisation ; elle devait permettre l’apprentissage
politiques), donc il se trouve privé d’une « vul- du civisme.
gate » sur laquelle appuyer son enseignement.
Dans les années 1970, l’éducation morale et civique a re-
En outre, l’enseignement moral et civique n’est trouvé sa place, avec pour fonction d’apporter des connais-
pas seulement un moment dans l’emploi du sances dans le domaine de la vie politique, mais aussi de
temps hebdomadaire, au cours duquel les élèves faire acquérir des savoir-faire (ordre, soin, hygiène, sens
doivent assimiler un ensemble de connais-
de l’intérêt général) et des attitudes (respect des droits de
sances : il n’est presque jamais un savoir abs-
l’homme, sens des solidarités et des responsabilités).
trait. Il s’agit bien davantage d’une pratique quo-
Dans les années 1980, la crise économique et sociale a
tidienne, qui est l’affaire de tous les instants de
la vie scolaire (dans la classe, dans les couloirs, suscité de nouvelles préoccupations. La France se dé-
dans la cour de récréation, à la cantine, à l’étude, couvrait plurielle et devait faire avec des incivilités dans
à l’entrée et à la sortie de l’école et même en les établissements scolaires. L’éducation civique revint
dehors), puisqu’il s’agit d’instruire, d’éduquer dans les programmes scolaires, centrée sur les valeurs de
et de socialiser. Il couvre un large champ d’ap- la République, la tolérance, le refus du racisme, l’intérêt
prentissage et de réflexion et vise avant tout à général et le sens des responsabilités.
l’acquisition de comportements. Il est l’affaire de Dans les années 1990, l’éducation civique a visé l’ac-
tous les membres de la communauté éducative, quisition d’un comportement citoyen au quotidien, y
les enseignants, bien sûr, mais aussi les autres compris sous des aspects nouveaux comme la protection
adultes présents dans l’établissement.
du patrimoine et de l’environnement et le développement
L’enseignement moral et civique permet, d’une durable. En 1995, l’éducation civique devint « éducation
part, d’apprendre les règles essentielles de la vie à la citoyenneté » et mit l’accent l’apprentissage du « vivre
sociale, depuis les règles élémentaires de la po- ensemble » et sur l’importance du respect. Les ins-
litesse, de la civilité et du savoir-vivre, jusqu’aux
tructions officielles de 2008 sont revenues à l’intitulé
pratiques de la coopération, de la solidarité, de
« instruction civique et morale » : l’enseignant dispense des
la défense de la vérité ; il leur donne du sens,
connaissances et amène ainsi les élèves à s’approprier les
en explicite le bien-fondé, permettant ainsi une
mise en pratique éclairée et volontaire. principes républicains. Les programmes de 2015 visent
à donner aux élèves non des savoirs mais bien plutôt une
Il fournit, d’autre part, un référentiel de connais-
culture de pensée et de vie individuelle et collective.
6
Quelquespistespourl’enseignementmoraletciviqueaucycle3

sances nécessaires pour se situer en tant que citoyen à tous les niveaux de l’engagement et de la
solidarité : dans sa famille, sa classe, son école, dans son quartier, sa commune, son département,
sa région, dans la société française et la République, mais aussi dans l’Union européenne et, plus
largement, en tant que « citoyen du monde ».
Il ouvre, enfin, la réflexion sur tous les grands thèmes de discussion et de débat dans la société
contemporaine : l’égalité entre les hommes et les femmes, le racisme, le chômage, la liberté indivi-
duelle, les limites de la science et ses interactions avec l’éthique, la sécurité routière, les inégalités,
la société de consommation, le développement durable, le commerce équitable…
Il stimule chez les élèves la capacité à la réflexion personnelle, au débat, à la constitution du juge-
ment personnel. Il est, de ce fait, un enseignement transversal riche de bien des interactions pos-
sibles avec les autres domaines d’enseignement : l’histoire, la géographie, le français, les langues
vivantes, l’éducation physique et sportive, les arts visuels…

Pourquoi faire de l’enseignement moral et civique au cycle 3 ?


L’école puis le collège sont un creuset par le-
Les concepts sont des idées générales, des représentations
quel passe la quasi-totalité des enfants vivant en
mentales abstraites. La liberté, la tolérance, la démocratie,
France. Ils ont pour fonction de leur faire acqué-
l’État, la citoyenneté… sont des concepts.
rir un socle de connaissances et de compétences
nécessaires pour, ensuite, leur permettre de se Les concepts sont rarement isolés : ils fonctionnent en ré-
projeter dans la vie d’adulte, mais aussi de leur seau. Ainsi, le concept de citoyen croise celui d’État, celui
procurer une culture commune et les valeurs de droit politique et celui de représentativité.
indispensables pour exercer leur mission de ci- On pense parfois que les concepts sont des abstractions
toyens et vivre ensemble au sein de la société hors de portée des élèves de primaire. Il n’en est rien :
française. En ce sens, tout son enseignement le défi de l’enseignement moral et civique est justement
procède de l’enseignement moral et civique. d’amener les élèves à quitter les représentations partielles
L’école puis le collège prolongent le travail réa- acquises par l’expérience pour approcher des significations
lisé par la famille, qui demeure le lieu premier de générales et raisonnées.
l’apprentissage de la vie en société et de l’éduca- Les notions sont des connaissances ébauchées et impré-
tion morale et civique. Ils confrontent les élèves cises. L’acquisition des notions est une première étape vers
à un groupe plus grand, qui se compose de per- l’apprentissage des concepts.
sonnes ne partageant pas nécessairement les Les notions sont des connaissances et des contenus que
références, les idées, les croyances, les modes les enfants doivent maîtriser (la Constitution, les élections,
de vie de leur famille, et qu’ils n’ont pas choisi.
la commune, le département…), qui sont en référence
Ils offrent un support en termes de savoirs sur avec un concept et qui génèrent une valeur. Par exemple,
des notions pas toujours bien connues du « grand la Déclaration des droits de l’homme met en œuvre le
public » (les domaines de compétence de la com- concept de liberté et la valeur universelle de liberté.
mune, l’adoption et l’application des lois, le droit
Les valeurs. Une valeur est une qualité, un idéal reconnu
de vote, les droits de l’enfant, par exemple). Ils
par la société et pour lequel on a envie de s’engager.
sont le lieu d’exercice des premières responsabi-
lités élargies (élaboration des règles de la vie en L’existence de valeurs est spécifique à l’espèce humaine et
commun, coopération et solidarité, élection des la distingue des animaux : par exemple, les êtres humains
délégués de classe…). ont pour valeur la défense des plus faibles, alors que les
animaux pratiquent la loi du plus fort.
L’enseignement moral et civique poursuit des fi-
Chaque société a ses valeurs, et la question se pose de
nalités civiques, intellectuelles et sociales :
savoir si certaines valeurs sont préférables à d’autres, s’il
n des finalités civiques : l’école puis le collège

sont chargés de transmettre une conception de existe une hiérarchie des valeurs. Mais certaines valeurs
la citoyenneté qui s’enracine dans une histoire, sont « universelles », c’est-à-dire applicables à toute société
dans des textes de référence, dans un territoire, et à toute époque : c’est le cas du « vrai » ou du « bien »,
dans un régime politique ; considérés comme des valeurs fondamentales.
n des finalités intellectuelles : l’enseignement L’enseignement moral et civique a pour objet d’enseigner
moral et civique participe à la construction de quelques grandes valeurs universelles, notamment celles
l’intelligence de l’enfant puis du jeune, il est l’oc- affirmées dans la Déclaration des droits de l’homme et du
casion d’initier les élèves et les collégiens au citoyen de 1789 : la liberté, l’égalité, la fraternité, l’égale
raisonnement, à la réflexion, à la critique, à la dignité de la personne humaine…
liberté d’opinion et à la liberté de jugement ;
n des finalités sociales : l’enseignement moral et civique permet aux élèves de se situer dans la

société, d’intégrer le patrimoine collectif que sont l’identité et la mémoire nationales, mais aussi
européennes et, plus largement, mondiales, ce patrimoine commun à l’humanité tout entière ; il leur
offre l’occasion de prendre leur place dans la société en développant les comportements sociaux et
civiques nécessaires dans leur vie sociale et politique future.

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Le socle commun
Parmi les cinq compétences déployées par le Projet de socle commun de connaissances, de com-
pétences et de culture de juin 2014, la compétence 3 (la formation de la personne et du citoyen)
organise la culture morale et civique autour de quatre dimensions, étroitement articulées entre elles :
– une dimension sensible (culture de la sensibilité) : elle vise l’acquisition d’une conscience morale
par un travail sur l’expression, l’identification, la mise en mots et la discussion des émotions et des
sentiments, de façon que l’élève « vive » cet enseignement ;
– une dimension normative (culture de la règle et du droit) : elle vise à l’acquisition du sens des règles
du vivre ensemble ;
– une dimension cognitive (culture du jugement) : elle permet de comprendre et de discuter les choix
moraux rencontrés par chacun au cours de sa vie ;
– une dimension pratique (culture de l’engagement) : elle permet la mise en pratique de cet ensei-
gnement en insistant sur l’esprit d’autonomie, de coopération et de responsabilité vis-à-vis d’autrui.

Les programmes
Le Projet de programme d’enseignement moral et civique 2014 s’inscrit dans la continuité des ambi-
tions de ce Projet de socle commun, en reprenant, pour chaque cycle (cycles 2, 3 et 4) ces quatre di-
mensions de la culture morale et civique. Pour chacune d’entre elles, sont définies des compétences
communes aux trois derniers cycles, qui se déclinent en connaissances, objets d’enseignement et
exemples de pratiques qui diffèrent en fonction des cycles afin de tenir compte de l’âge des élèves.
Il précise les principes qui ont guidé sa rédaction :
– un principe d’équilibre entre, d’une part, les règles et les valeurs du vivre ensemble, et, d’autre
part, les références culturelles et historiques dans lesquelles ces règles et ces valeurs s’inscrivent ;
– un principe de lisibilité à l’égard des professeurs mais aussi des familles ;
– un principe de cohérence qui repose sur l’idée de culture morale et civique, expression qui désigne
l’ensemble des savoirs, des valeurs et des pratiques grâce auquel se construisent les relations à
autrui.

C ulture de la sensibilité : soi et les autres

Connaissances Exemples de pratiques en classe,


Compétences
et objets d’enseignement à l’école, dans l’établissement
• S’estimer, être ca- • Connaissance de soi et des autres : • Respect des différences, tolérance :
pable de prendre soin respect des différences, interconnaissance, discussion à visée philosophique sur le
de soi ; avoir confiance tolérance. thème de la tolérance ou sur le thème de la
en soi. • L’intégrité de la personne : respect des moquerie ; sensibilisation par les arts à la
• Être capable d’iden- pairs et des adultes ; les atteintes à la per- diversité des cultures et des religions.
tifier et de nommer sonne d’autrui (racisme, sexisme, xéno- • L’intégrité de la personne : le respect du
ses émotions et ses phobie, homophobie, harcèlement…). corps entre les filles et les garçons en EPS ;
sentiments. • Le soin : langage et corps (langage de la les mécanismes du harcèlement et leurs
• Être capable d’empa- politesse, soin du corps, soin de l’environ- conséquences.
thie ; savoir se mettre à nement immédiat et plus lointain, soin des • Connaissance et reconnaissance des
la place des autres. biens personnels et collectifs) sentiments et des émotions : jeu théâtral,
• Être capable d’expri- • Connaissance et reconnaissance des mime ; jeux de rôle ; activités de langage
mer en les contrôlant sentiments et des émotions. (langage de situation, langage d’évoca-
ses émotions et ses • Connaissance et structuration du voca- tion) ; les langages de l’art (expression
sentiments. bulaire des sentiments et des émotions. artistique et littéraire des sentiments et des
• Se sentir membre • Diversité des expressions des sentiments émotions).
d’une collectivité. et des émotions.
• Valeurs et symboles de la République
française et de l’Union européenne.
• Maîtrise des règles de la communication.
• Le secours à autrui (l’empathie, en lien
avec l’attestation APS).

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Quelquespistespourl’enseignementmoraletciviqueaucycle3

C ulture de la règle et du droit : des prinCipes pour vivre aveC les autres

Connaissances Exemples de pratiques en classe,


Compétences
et objets d’enseignement à l’école, dans l’établissement
• Comprendre les principes • Les droits et les devoirs : de la per- • Les droits et les devoirs de l’enfant et
et les valeurs d’une société sonne, de l’élève, du citoyen. de l’élève : conseils d’élèves (sens des
humaniste et démocratique. • L’individu et le collectif : les différents droits et des obligations, des punitions
• Comprendre les raisons contextes d’obéissance aux règles, le et des sanctions, débat démocratique) ;
de l’obéissance aux règles règlement intérieur, les sanctions. les valeurs et les règles (dilemmes
et à la loi dans une société • Les droits et les devoirs de l’enfant moraux).
démocratique. dans sa famille et dans l’éducation. • L’individu et le collectif : jeux collectifs
• Comprendre que la règle • L’égalité des droits et la notion de en EPS ; la notion de discrimination (le
commune peut interdire, discrimination. handicap : discussion à visée philoso-
obliger mais aussi autoriser. • Le fondement de la loi et les grandes phique, la loi sur le handicap de 2005).
• Savoir participer à la défi- déclarations des droits. • Le fondement de la loi : réflexion et
nition de règles communes • Les principes de la démocratie repré- débats sur les articles 1,4,6,9,11 de la
dans le cadre adéquat. sentative en France et en Europe. Déclaration des droits de l’homme et
• Être capable de conformer • La notion de citoyenneté nationale et du citoyen de 1789 ; les institutions à
sa tenue, son langage et européenne (l’identité juridique d’une travers leurs textes fondateurs et leur
son attitude aux différents personne). histoire.
contextes de vie. • Le vocabulaire de la règle et du droit. • La citoyenneté municipale : com-
• Comprendre qu’il existe • Le vocabulaire des institutions. prendre les différents domaines d’ac-
une gradation des sanctions • Le code de la route (initiation au code tion de la commune.
et que la sanction est édu- de la route et aux règles de prudence,
cative (accompagnement, en lien avec l’attestation APER).
réparation…).

C ulture du jugement : penser par soi - même et aveC les autres

Connaissances Exemples de pratiques en classe,


Compétences
et objets d’enseignement à l’école, dans l’établissement
• Être capable de dévelop- • Le jugement moral : le juste et l’in- • Exercice du jugement moral : à partir
per les aptitudes à la ré- juste. Les raisons qui font juger une de dilemmes moraux.
flexion critique pour fonder action bonne ou mauvaise, le choix. • Exercice du jugement critique : à par-
ses jugements. • Le jugement critique : traitement de tir de faits issus de la vie de la classe, de
• Être capable d’argumenter l’information et éducation aux médias. l’école et hors l’école en vue de lutter
et de confronter ses juge- • Connaissance et reconnaissance de contre les préjugés (racisme, sexisme,
ments à ceux d’autrui dans différents types de discours (récit, homophobie…) ; analyse des faits,
une discussion. reportage, témoignage). confrontation des idées, à travers la dé-
• Être capable de rechercher • Responsabilisation à l’usage du numé- marche de résolution de problèmes et la
les critères de validité des rique en lien avec la charte d’usage des démarche d’investigation (par exemple,
jugements moraux. TUIC (B2i – 2). en EPS, en sciences, dans les ensei-
• Être capable de remettre • L’individu et le collectif : valeurs per- gnements et l’éducation artistiques) ;
en cause et de modifier ses sonnelles et valeurs collectives. entraînement à l’argumentation et au
jugements initiaux après un • L’intérêt personnel et l’intérêt général. débat argumenté : maîtrise de la langue,
débat argumenté. • Valeurs et institutions : la devise maîtrise des connecteurs et du lexique ;
• Être capable de différen- de la République (Liberté, Égalité, participation à la Semaine de la presse
cier son intérêt particulier Fraternité). Le sens républicain de la et des médias (CLÉMI).
de l’intérêt général. nation. Les libertés fondamentales. La • Valeurs personnelles et valeurs collec-
laïcité. Les valeurs de l’Union euro- tives : la diversité des valeurs (méthode
péenne. de clarification des valeurs) ; les conflits
• Le secours à autrui (sens du discer- de valeur (discussion à visée philo-
nement, en lien avec le dispositif et sophique) ; pluralité des regards sur
l’attestation APS). l’enfance dans l’espace et le temps.

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C ulture de l ’ engagement : agir individuellement et ColleCtivement

Connaissances Exemples de pratiques en classe,


Compétences
et objets d’enseignement à l’école, dans l’établissement
• Être capable de respecter les • L’engagement moral (la confiance, la • L’engagement moral : confiance/pro-
engagements pris envers soi- promesse, la coopération, l’entraide, la messe à travers la discussion à visée
même et envers les autres. solidarité). philosophique.
• Être capable de prendre en • L’individu et le collectif : la participa- • La participation démocratique : les
charge des aspects de la vie tion démocratique ; le vote. principes du vote démocratique dans
collective et de l’environnement • La solidarité individuelle et collec- les conseils d’élèves.
et de développer une conscience tive. • L’individu et le collectif : l’engage-
citoyenne et écologique. • Les acteurs locaux et la citoyenneté. ment, sensibiliser les élèves à quelques
• Être capable de travailler en • Le secours à autrui (prendre des grandes figures féminines et mascu-
autonomie et de coopérer. initiatives, en lien avec le dispositif et lines de l’engagement (scientifique,
• S’impliquer dans la vie scolaire l’attestation APS). politique, humanitaire…).
(actions, projets, instances…). • Le code de la route (sensibilisation à • La solidarité collective : étude du
• S’impliquer progressivement la responsabilité en lien avec l’attesta- préambule de la Constitution de
dans la vie collective à différents tion APER). 1946 ; comprendre le rôle des asso-
niveaux. ciations.

Le projet de programme proposé durant l’été queLLe programmation sur Le cycLe ?


2014 accorde une large place aux références Les programmes de l’enseignement moral et civique
culturelles et à une approche philosophique de doivent être répartis sur l’ensemble du cycle. La program-
l’enseignement moral et civique. Il se voit attri- mation est délicate, car il ne s’agit pas d’une discipline
buer des horaires dédiés du primaire au lycée comme les autres : plus que toute autre, elle est transversale
et met en avant l’apprentissage d’une morale
et traverse toute la vie de l’école et du collège.
laïque. Cette dernière n’est pas antireligieuse,
Le choix des thèmes étudiés peut se faire de plusieurs
puisqu’elle « est la morale des protestants,
des juifs, des catholiques et des musulmans » manières.
(Vincent Peillon). Elle a pour objectif de refon- Les enseignants peuvent adopter une programmation
der la République par l’école. « La morale laïque souple en fonction des besoins de la classe (par exemple,
n’est pas là pour exclure ou pour blesser, mais ils étudient la séquence sur les règles de la vie de la classe
au contraire pour rassembler. » au moment de faire le règlement de la classe), en fonction
Cet enseignement n’est pas davantage l’expres- des événements (par exemple, ils étudient la séquence sur
sion d’une « morale d’État » : non dogmatique, la récréation quand des questions se posent sur ce temps
il permet à chaque futur citoyen de « construire de vie à l’école) et en fonction des interrogations que
librement son jugement » par la pratique des dé- l’actualité peut soulever (une élection, une catastrophe
bats et de l’argumentation. Il reposera sur l’ap- naturelle qui relance la question de la solidarité internatio-
prentissage du respect de l’autre et l’acceptation nale…).
des désaccords. Ils peuvent même « piocher » dans les thèmes en fonction
Ses principes sont les suivants : des autres matières et des questions qu’elles peuvent
– apprendre à penser et à agir par soi-même soulever (par exemple, on peut étudier la Déclaration des
et avec les autres et à pouvoir répondre de ses droits de l’homme et du citoyen au moment de l’étude, en
pensées et de ses choix (principe d’autonomie) ; histoire, de la Révolution française) ou du calendrier
– apprendre à comprendre le bien-fondé des civique ( page 16).

règles régissant les comportements individuels Mais cette souplesse ne peut devenir un mode de pro-
et collectifs, à y obéir et à agir conformément à grammation en soi, car il ne laisse pas le temps pour
elles (principe de discipline) ; prendre le recul nécessaire face aux événements et ne per-
– apprendre à reconnaître le pluralisme des met pas de structurer l’apprentissage : il risque d’aboutir à
opinions, des convictions, des croyances et des des impasses. Le conseil des maîtres et les enseignants
modes de vie (principe de la coexistence des
du collège ont donc intérêt à prévoir ensemble une ré-
libertés) ;
partition des thèmes sur l’ensemble des trois années,
– apprendre à construire du lien social et poli-
quitte à laisser la souplesse nécessaire pour s’adapter
tique (principe de la communauté des citoyens).
aux besoins de la classe ou à l’actualité.

10
Quelquespistespourl’enseignementmoraletciviqueaucycle3

La démarche pédagogique Le matérieL nécessaire


Au cycle 3, l’enseignement moral et civique n’est Au cours du cycle, les élèves auront nécessairement be-
pas une discipline théorique qui donnerait lieu soin :
à des « cours magistraux ». Il s’ancre dans le n d’observer des photographies présentant les symboles de
concret et les pratiques quotidiennes : référence la République : fronton de la mairie avec la devise répu-
constante au règlement de la classe ou de l’école, blicaine, buste de Marianne, défilé du 14 juillet sur les
aux conclusions des débats, harmonisation avec
Champs-Élysées…
les autres classes, attitude de l’enseignant (res-
n de lire quelques textes : des extraits de la Déclaration des
pect des élèves, absence de paroles blessantes,
disponibilité, écoute, neutralité en matière d’opi- droits de l’homme et du citoyen, de la Déclaration univer-
nions politiques ou religieuses…), etc. selle des droits de l’homme, des extraits de la Convention
des droits de l’enfant, du Préambule de la Constitution de
Cet enseignement moral et civique n’est pas un
1946, de quelques textes de loi, le premier couplet et le
simple enseignement visant une accumulation
de connaissances : il s’agit bien d’une véritable refrain de La Marseillaise…
n d’entendre un ou des enregistrements de La Marseillaise
démarche éducative, qui implique les élèves
dans tous les moments de la vie à l’école. Ce do- et de l’hymne européen.
maine inclut :
n le temps dévolu à l’enseignement moral et civique, selon le contenu défini dans les programmes ;

n l’ensemble de l’action éducative dans la classe et hors de la classe (couloirs, cour de récréation,

cantine, sortie de l’école…) visant à transmettre aux élèves des comportements civils et des valeurs
de respect de la règle, de respect de l’autre, d’engagement, de solidarité, visant aussi à développer
l’autonomie, la capacité à réfléchir par soi-même et à se forger sa propre opinion…
n la réflexion qui peut surgir en diverses occasions sur les valeurs, le fonctionnement de la société,

la responsabilité de l’individu.
Dans les nouvelles propositions de programmes, le Conseil supérieur des programmes préconise
« un horaire spécialement dédié », une heure par semaine à l’école élémentaire et au collège.
Enfin, l’intitulé de l’enseignement moral et civique induit des démarches pédagogiques. Le projet
présenté en juillet 2014 demande que les élèves soient mis « dans des situations pédagogiques
et éducatives où elles sont activement impliquées (discussion, argumentation, projets communs,
coopération, etc.) ». Il ne s’agit pas d’enseigner la morale mais bien plutôt le jugement moral, en
s’appuyant sur la confrontation à des dilemmes moraux qui donneront lieu à des débats et formeront
les élèves aux qualités d’écoute, de respect et de reconnaissance de la parole d’autrui.

Les premières minutes d’une séance


Les premières minutes d’une séance sont essentielles. Elles permettent d’annoncer le sujet, mais
surtout de focaliser l’attention des élèves et d’éveiller leur intérêt.
Plusieurs manières de commencer s’offrent à l’enseignant :
n partir d’un événement survenu dans la vie de la classe ou en dehors et rapporté par les élèves,

d’une question posée par un élève dans les jours qui ont précédé ;
n partir d’une situation concrète : un événement dans la classe, dans la cour de récréation, une ac-

tualité nationale ou internationale, une question soulevée par un élève à l’occasion d’un autre temps
de classe. Ce point de départ permet de motiver la classe. L’enseignant commence alors par nommer
ou faire décrire l’événement, en en expliquant le contexte, de manière objective. Il laisse parler les
élèves s’ils ont besoin de s’exprimer, par exemple sur une actualité forte.
n faire le lien avec une séquence dans une autre matière : histoire, géographie, sciences, littérature,

pour s’appuyer sur les acquis ou prolonger la réflexion.


n faire le lien avec une séquence précédente, dans le même grand thème ou dans un autre. Par exemple,

réfléchir sur la liberté, premier mot de la devise française, en rappelant le travail fait sur la liberté dans
la vie de classe.

11


n procéder à un recueil préalable des représen- Le recueiL des représentations


tations : c’est un moyen de faire le point, de re-
Le début d’une séance est l’occasion de faire émerger
pérer les connaissances mais aussi les « obs-
les représentations mentales des élèves par un rapide
tacles » à l’apprentissage : les connaissances
questionnement qui permet de savoir ce qu’ils savent du
inexactes ou simplistes (par exemple, une
République est toujours démocratique), voire les sujet et quelle idée ils s’en font. Ce questionnement peut
« croyances » (la France est un État catholique). s’appuyer sur un support ou sur un problème soumis à
Pour contourner ces inexactitudes et ces er- la classe et prend des formes variées : à l’oral, avec prise
reurs, le maître peut mettre les élèves en re- de notes au tableau ; par écrit, à partir d’un questionnaire
cherche et les confronter à une situation pro- simple, sous réserve de la maîtrise de l’écrit, ou par le des-
blème (par exemple, la présence de signes sin (lequel peut être parasité par des détails qui n’ont pas
religieux dans les services publics et vérifier si la de rapport avec la question). Il peut être organisé indivi-
France est un État catholique ou pas). duellement ou par petits groupes.
Questionner les documents, les vérifier et les La mise en commun permet aux élèves de confronter
confronter leur permet d’émettre des
leurs représentations à celles de leurs pairs : on veille alors,
hypothèses et de faire évoluer leurs
dans l’application des règles du respect acquises, à ce que
représentations.
les formulations soient écoutées avec tolérance et ne
donnent lieu à aucune moquerie.
Les débats
La confrontation des représentations débouche sur un
Les programmes invitent clairement à organiser questionnement qui sert de fil conducteur au déroulement
des débats et des discussions à caractère philo-
de la séquence. Le travail à partir des représentations des
sophique : séquence 49 sur le débat page 193.

élèves permet donc à la fois de définir et de défaire des re-


présentations erronées, de travailler ensuite par hypothèse.
La trace écrite
Il importe de garder la trace des représentations
Chaque séquence d’enseignement moral et initiales pour les comparer aux conclusions auxquelles
civique donne lieu à l’élaboration d’une trace
on aboutit tout au long de la recherche. À cette condition,
écrite, qui permet d’apprendre, de garder en mé-
chaque élève construit son savoir, mais aussi mesure le
moire, de retrouver ce qui a été fait en classe, et
chemin parcouru.
de s’appuyer sur cet acquis pour le prolonger au
cours du cycle.
Il ne peut s’agir d’un résumé rédigé à l’avance par l’enseignant, saisi et photocopié pour être distribué
et collé ou recopié à la hâte dans le cahier. Au contraire, il s’agit de conserver une trace concrète de
ce qui a été fait pendant la séquence :
n le titre de la séquence ;

n une copie des éléments importants étudiés pendant la séquence : un texte à valeur patrimoniale

(des extraits de la Déclaration de droits de l’homme et du citoyen, de la Déclaration universelle des


droits de l’homme, de la Constitution, d’une loi importante…), un visuel (un tableau, une photogra-
phie, un dessin de presse) ;
n les écrits réalisés au fil des activités ;

n un dessin, un schéma permettant de mieux comprendre ;

n une synthèse réalisée collectivement, au cours de laquelle chacun réfléchit à ce qu’il a compris,

découvert, appris, à ce qui est important ; elle porte à la fois sur les connaissances et sur les atti-
tudes à adopter ;
n le vocabulaire : définition des notions essentielles.

Idéalement, la trace écrite est portée dans un cahier ou un classeur unique pour l’ensemble du cycle,
sorte de « carnet de route pour un parcours civique », ce qui permet de reprendre ce qui a été fait et
d’établir la transition entre l’école et le collège.
Le cahier peut comporter différentes parties : l’une consacrée la « vie de la classe », une autre
aux notions et connaissances générales, une autre encore aux débats, voire une partie « ouverte »
pour permettre un enrichissement lié aux occasions rencontrées dans les autres moments de la
vie scolaire (par exemple, une lecture en français peut aboutir à une acquisition en enseignement
moral et civique).

12
Quelquespistespourl’enseignementmoraletciviqueaucycle3

la synthèse Les formes de La trace écrite en cm1 cm2


Même si l’activité prend du temps, l’élaboration La trace écrite peut prendre de nombreuses formes selon
collective d’une synthèse (à partir d’un canevas, les cas :
d’un questionnaire) convient mieux qu’une syn- n un cahier individuel ou un classeur ;
thèse distribuée : d’une part, la mise en commun n des panneaux réalisés par les élèves et affichés en classe :
permet de vérifier les acquis et la compréhen- ils concernent les règles de vie de la classe, les tableaux
sion ; d’autre part, la synthèse est mieux mémo-
de services, des mises en garde concernant la sécurité
risée par les élèves quand ils ont participé à sa
domestique, les symboles de la République, les panneaux
conception.
de signalisation routière présents dans le quartier, les mots
Plusieurs méthodes, dans lesquelles les de la politesse, etc. ;
élèves sont acteurs de leur apprentissage, sont n un cahier de classe, qui sert de trace collective des acti-
possibles :
vités réalisées en classe : il est réalisé par l’enseignant ou,
n pendant la séquence, l’enseignant note au
mieux, par les élèves (rédigé par chacun, à tour de rôle, ou
tableau les éléments importants ; à la fin de la
confié à la charge d’un groupe de volontaires) ; il permet
séquence, ces informations sont sélectionnées,
de retrouver l’ordre des séquences, d’identifier un élément
classées puis mises en forme en deux ou trois
phrases ; manquant dans son propre cahier, de recopier une page
n à la fin de la séquence, soit l’enseignant pose
perdue, de rattraper une leçon manquée ou mal comprise ;
des questions (préparées à l’avance) dont les ré- à la fin de l’année, il est transmis au professeur du niveau
ponses, complètes, forment une synthèse ; soit supérieur ;
il demande aux élèves d’énoncer ce qu’ils ont n un cahier collectif de débats dans lequel sont consignées

retenu puis, avec eux, sélectionne les informa- les conclusions auxquelles les élèves et l’enseignant sont
tions essentielles, les classe (en regroupant les parvenus et les décisions qui ont été prises : il peut être
informations de même type) et les met en forme tenu par les élèves (titre, contenu ou thème de la séance et
en rédigeant quelques phrases ; soit encore il éléments importants, notés sur sollicitation de l’enseignant,
note au tableau les thèmes abordés et confie à au début).
différents groupes la charge d’écrire une phrase
courte sur un thème (plusieurs groupes peuvent travailler sur un même thème, auquel cas on
conserve la meilleure phrase ou on en crée une nouvelle en reprenant les meilleurs éléments de
chaque proposition).
Ce travail, qui peut se commencer durant la séquence elle-même, peut se prolonger sur le temps de
français, dans le cadre de la production d’écrit, voire pendant la leçon d’orthographe, de grammaire
ou de conjugaison s’il s’agit d’en corriger les erreurs.

la mémorisation
La mémorisation se fait essentiellement au moment de la réalisation de la trace écrite. Elle est plus
aisée lorsque les élèves sont acteurs de la synthèse. Pour les activités réalisées en petits groupes,
les élèves mémorisent mieux le travail effectué par leur groupe.
Une bonne mémorisation passe par le réinvestissement des acquis sous différentes formes, par
exemple l’analyse d’un document prolongeant une activité (les élèves peuvent, les uns après les
autres, être des reporters commentant une situation), ce qui permet une réappropriation des
connaissances.
Le travail de mémorisation se fait essentiellement en classe. Le travail à la maison, qui se limite à
une reprise de notions vues en classe, s’avère inutile pour certains, indispensable pour d’autres mais,
dans tous les cas, doit être limité pour ne pas accroître les différences entre les élèves.

13


L’évaluation La question de L’évaLuation au cm1 et cm2


L’évaluation ne se contente pas d’être un contrôle On distingue :
des connaissances, mais porte aussi sur les pra- n l’évaluation des connaissances : importante au
tiques, dans la classe et dans l’école ou le col- cycle 3 ;
lège, et sur l’intégration et la mise en œuvre des n l’évaluation des attitudes : essentielle, elle est la
valeurs comme le respect de soi et des autres, principale évaluation à mener ; l’analyse est ici souvent
le respect des lieux, la tolérance, le respect de
plus difficile à conduire, la notation ou le système d’ap-
l’égalité entre tous, le respect de la laïcité, l’ac-
préciation employé en d’autres cas n’offrant plus la même
quisition des règles de politesse et de civilité, le
renoncement à toutes formes de violence… pertinence. Il appartient à l’enseignant de mettre au point
ses propres systèmes d’évaluation, adaptés à ses pratiques
L’évaluation des connaissances peut se faire de
quotidiennes : évaluation ou autoévaluation en ce qui
manière classique :
concerne les attitudes qui ont fait l’objet du règlement
n lors de l’élaboration de la synthèse, qui est l’oc-
de la classe (savoir écouter, demander la parole, aider les
casion de vérifier que les élèves ont compris la
autres, respecter les modes de déplacement, adopter un
séquence ;
comportement adapté dans la cour…), comptabilisation
n lors d’une séquence suivante, par des questions

orales qui permettent de reprendre ce qui a déjà des comportements sujets à sanctions, mise en place d’un
été vu et de faire le lien avec le nouveau thème, permis à points ou d’un système de points ou de cartons
par la distribution d’un questionnaire qui permet de couleur (vert, orange ou rouge selon le comportement
une évaluation individuelle écrite, ou par l’étude par rapport aux règles de vie de la classe), etc.
collective d’un document qui est l’occasion de
réinvestir les acquis.
L’évaluation peut donner lieu à une note portée dans le bulletin trimestriel.
L’évaluation des comportements se fait au fil de l’année, de manière collective avec la classe ou,
plus individuellement, avec tel ou tel élève, au gré des progrès ou des incidents qui peuvent survenir.
L’évaluation individuelle peut se faire à l’aide d’un tableau d’autoévaluation, sur le modèle ci-dessous,
qui peut être personnalisé pour chaque élève.
L’évaluation des attitudes et des comportements peut donner lieu, dès le CM1 et CM2, à une note,
qui prépare les élèves à la note de vie scolaire pratiquée au collège.

J’ai essayé Je n’ai pas J’ai réussi Je n’ai pas Remarque


essayé réussi de l’enseignant

écouter les autres

écouter
l’enseignant

aider les cama-


rades qui n’ont pas
compris

respecter les opi-


nions des autres

traiter les garçons


et les filles comme
des égaux

respecter les règles


dans la cour de
récréation

exprimer
mon désaccord
sans avoir recours
à la violence

14
Moded’emploidel’ouvrage

MODE D’EMPLOI DE L’OUVRAGE

24 LE TITRE DE LA SÉQUENCE
Pour les enseignants qui utilisent le manuel, le numéro de séquence et le titre
correspondent à ceux du manuel.

Lessavoirs

Les savoirs essentiels pour que l’ensei- Des encadrés avec des mises en perspectives histo-
gnant aborde la séquence en toute riques, des éclairages philosophiques, des repères pra-
quiétude.
tiques…

Laséquence

Activités préalables
Une ou plusieurs propositions pour introduire la séquence et mettre les élèves en activité.

Les objectifs de la séquence


la référence du document dans le manuel Magellan
ou la description du document à utiliser pour cette partie de la séquence,
et quelques informations sur le document.
1. Les questions numérotées correspondent à celles du manuel.
n Les questions non numérotées complètent le questionnement.
Et moi ? Une question amenant une réflexion personnelle,
pas nécessairement partagée en classe.

Constituer la trace écrite


Organiser un débat. Une proposition de débat et
n Des questions permettant quelques repères pour le mener à bien.
l’élaboration collective de la synthèse
n Une proposition de synthèse
n Quelques indications pour l’évaluation

Prolongements

n Des activités pour prolonger la séquence : lecture, arts visuels, musique,

EPS, liens avec les programmes dans les autres disciplines…

15
Calendrier pour un enseignement civique 1942, les policiers français ont arrêté 13 152 juifs parisiens,
n 27 janvier : journée internationale de commémoration des dont 4 115 enfants, pour les livrer aux nazis.
victimes de l’Holocauste ; cette date a été choisie par l’ONU n 29 juillet : journée internationale pour la diversité sociocul-

en 2005 en souvenir du 27 janvier 1945, jour de la libération turelle et pour la lutte contre la discrimination.
du camp d’Auschwitz. n 23 août : journée internationale du souvenir de la traite

n 8 mars : journée de la femme ; la journée a été instituée en négrière et de son abolition ; cette date a été choisie par
1977 par l’ONU. l’Unesco en 1998 en souvenir de l’insurrection des esclaves
n 20 mars : journée de la francophonie ; anniversaire de la de Saint-Domingue de 1791 ; la France commémore la traite
création de l’organisme devenu l’agence intergouvernemen- et son abolition en mai, car l’été, période de vacances, n’est
tale de la Francophonie ; elle vise à promouvoir la langue pas propice à la mobilisation.
française et les valeurs qu’elle véhicule comme la démocratie n 8 septembre : journée internationale de l’alphabétisation,

et la défense des droits de l’homme. établie en 1965 par l’Unesco.


n 21 mars : journée internationale pour l’élimination de la n 3e week-end de septembre : journées du patrimoine ; créées

discrimination raciale ; la date a été choisie en 1966 pour en 1984 à l’initiative du ministère français de la Culture, ces
commémorer le massacre de manifestants pacifiques qui, en journées sont célébrées dans toute l’Europe au cours du mois
1960, ont réclamé l’abolition de l’apartheid à Sharpeville en de septembre.
Afrique du Sud. n 21 septembre : journée internationale de la paix, établie en

n 22 mars : journée mondiale de l’eau, décidée par l’ONU 1981 par l’ONU.
en 1992. n 1er octobre : journée internationale pour les personnes

n 7 avril : journée mondiale de la santé ; elle permet, depuis âgées, instaurée en 1990 par l’Organisation mondiale de la
1950, à l’Organisation mondiale de la santé d’attirer l’atten- santé dans le but de sensibiliser les opinions et les gouverne-
tion sur les grandes questions sanitaires. ments à la situation des personnes âgées dans le cadre d’un
n 23 avril : journée mondiale du livre, créée par l’Unesco en vieillissement de la population mondiale.
1996. n 10 octobre : journée mondiale contre la peine de mort, créée

n dernier dimanche d’avril : journée nationale du souvenir à l’initiative de la Coalition mondiale contre la peine de mort.
des victimes de la Déportation. n 17 octobre : journée mondiale du refus de la misère et

n 1er mai : fête du travail ; cette fête, célébrée désormais dans de l’élimination de la pauvreté ; créée à l’initiative du père
le monde entier, rappelle la répression sanglante d’une grève Wresinski en 1987 et à l’appel d’organisations humanitaires,
ouvrière le 1er mai 1886 à Chicago. et reconnue par l’ONU en 1992, cette journée rappelle que
n 3 mai : journée mondiale de la liberté de la presse, instituée « là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère les
par l’ONU en 1993. droits de l’homme sont bafoués ».
n 8 mai : armistice de 1945, qui permet de commémorer la n 24 octobre : journée de l’ONU ; cette journée est la date

fin de la Deuxième Guerre mondiale. anniversaire de la fondation des Nations unies, le 24 octobre
n 9 mai : journée de l’Europe ; la date a été choisie en mémoire 1945, créées pour préserver les générations futures du fléau
du 9 mai 1950, jour de la déclaration de Robert Schuman, de la guerre et faire triompher les droits de l’homme.
ministre français des Affaires étrangères, qui a marqué le dé- n novembre : semaine de la solidarité internationale.

but de la construction européenne. n 11 novembre : armistice de 1918, qui permet de commé-

n 10 mai : journée française de commémoration de l’escla- morer la fin de la Première Guerre mondiale.
vage et de son abolition. n 16 novembre : journée internationale de la tolérance, créée

n 22 mai : journée internationale de la biodiversité. en 1996 à l’initiative de l’Unesco dans le but de soutenir les
n 5 juin : journée mondiale de l’environnement. actions éducatives destinées à faire triompher l’idée de tolé-
n 8 juin : journée mondiale de l’Océan. rance.
n 12 juin : journée mondiale contre le travail des enfants. n 20 novembre : journée internationale des droits de l’enfant ;

n 15 juin : journée internationale contre la faim. la date est l’anniversaire de la signature de la Convention in-
n 17 juin : journée mondiale de la lutte contre la désertifica- ternationale des droits de l’enfant, le 20 novembre 1989.
tion et la sécheresse. n 25 novembre : Journée internationale pour l’élimination de

n 21 juin : fête de la musique ; popularisée en 1981 par Jack la violence à l’égard des femmes.
Lang, alors ministre français de la Culture, cette fête qui a n 2 décembre : journée internationale pour l’abolition de l’es-

lieu le premier jour de l’été est destinée à promouvoir la mu- clavage ; la date est celle de l’adoption, le 2 décembre 1949,
sique que l’on écoute ou que l’on pratique ; d’abord fran- de la Convention pour l’abolition de la traite des êtres hu-
çaise, cette fête est désormais célébrée dans 110 pays. mains et la prostitution.
n 14 juillet : fête nationale ; ce jour-là, on célèbre non pas, n 3 décembre : journée internationale des personnes handi-

comme on le croit souvent, la prise de la Bastille en 1789, capées ; elle a été créée en 1982 par l’Organisation mondiale
mais la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, qui incarne de la santé pour promouvoir l’intégration et l’égalité des per-
l’unité de la Nation pacifiée après une année de Révolution. sonnes handicapées.
n 16 juillet : journée nationale à la mémoire des crimes ra- n 10 décembre : journée internationale des droits de l’homme ;

cistes et antisémites de l’État ; ce jour-là, on commémore la la date est celle de l’anniversaire de la Déclaration universelle
« rafle du vél d’Hiv » au cours de laquelle, les 16 et 17 juillet des droits de l’homme par l’ONU en 1948.
Quelquespistespourl’enseignementmoraletciviqueaucycle3

Culture de la sensibilité

Soi et les autres

17
Séquence6

6 LES ATTEINTES À LA PERSONNE


Lessavoirs Des mesures pour permettre l’égalité. Les enfants ont
parfois du mal à accepter ce qu’ils prennent comme des
privilèges accordés à certains : le fait que le maître accorde
Tous différents
plus de temps à un élève qui éprouve des difficultés, le droit
Même si l’ensemble des êtres humains appar- pour un élève qui se trompe souvent de répondre avant ce-
tient à la même espèce, chaque individu est lui qui a souvent raison… En dehors de l’école il en va de
unique. Il y a entre nous des différences de sexe, même : des places assises prioritaires sont prévues dans les
de couleur de peau, de taille, de poids. Il y a aussi
transports en commun pour les personnes âgées qui ont du
des différences de talents, de caractères et de
mal à rester debout, les femmes enceintes qui doivent proté-
goûts. Enfin, les êtres humains n’ont pas tous les
mêmes idées, les mêmes croyances, les mêmes ger leur santé et celle de leur bébé à naître ; un accès facilité
manières de vivre. Sans compter qu’il existe plus pour les personnes en fauteuil roulant est mis en place dans
de 6 000 langues dans le monde. les lieux publics comme les salles de cinéma. Il ne s’agit pas
d’un privilège mais, au contraire, d’une mesure prise pour
Chaque être humain est unique également à
cause de son histoire, de son parcours, de son permettre l’égalité.
éducation, de ses interactions avec les autres,
qui ont forgé ses goûts, son caractère, ses com- La tolérance vue par les États membres de l’Unesco.
pétences et ses talents… C’est ce qui explique Art. 1.1. La tolérance est le respect, l’acceptation et l’appré-
que les jumeaux puissent être si différents. ciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre
monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’ex-
Si cette diversité n’existait pas, tous les hommes
primer notre qualité d’êtres humains. Elle est encouragée
seraient identiques et le monde serait peuplé
par la connaissance, l’ouverture d’esprit, la communication
de clones sans qu’aucune identification ne soit
et la liberté de pensée, de conscience et de croyance. La to-
possible, pas plus que les conversations ou les
lérance est une vertu qui rend la paix possible et contribue
échanges. C’est la diversité qui enrichit et per-
à substituer une culture de la paix à la culture de la guerre.
met les découvertes.
Art. 1.2. La tolérance n’est ni concession, ni condescen-
La différence fait pourtant parfois peur. dance, ni complaisance. La tolérance est, avant tout, une
L’ignorance et les préjugés alimentent alors le attitude active animée par la reconnaissance des droits uni-
repli sur soi : hier, le rejet des roux, des per- versels de la personne humaine et des libertés fondamen-
sonnes ayant une autre couleur de peau ; au- tales d’autrui.
jourd’hui, celui des personnes qui ont d’autres Art. 1.3. La tolérance est la clé de voûte des droits de
croyances ou qui sont porteuses d’une maladie l’homme, du pluralisme, de la démocratie et de l’État de
ou d’un handicap… droit.
Art. 1.4. Pratiquer la tolérance ce n’est ni tolérer l’injustice
Tous égaux sociale, ni renoncer à ses propres convictions, ni faire de
concessions à cet égard. La pratique de la tolérance signifie
Depuis le siècle des Lumières et plus encore de-
que chacun a le libre choix de ses convictions et accepte que
puis la Deuxième Guerre mondiale, la commu-
l’autre jouisse de la même liberté. Elle signifie l’acceptation
nauté humaine a reconnu le principe de l’égalité
du fait que les êtres humains, qui se caractérisent naturelle-
entre tous et tente de l’appliquer : la Déclaration
ment par la diversité de leur aspect physique, de leur situa-
des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et la
tion, de leur mode d’expression, de leurs comportements et
Déclaration universelle des droits de l’homme de
de leurs valeurs, ont le droit de vivre en paix et d’être tels
1948 ( séquence 23) affirment le principe de

qu’ils sont. Elle signifie également que nul ne doit imposer


l’égalité entre tous les êtres humains, que l’on
ses opinions à autrui.
peut élargir à tous les domaines de différences :
le sexe, l’origine, la couleur de peau, la nationa- Extraits de la Déclaration de principes sur la tolérance,
lité, la religion, la taille, l’état de santé… Ces 16 novembre 1995
textes fondateurs, tout comme la devise de la
République (Liberté Égalité Fraternité séquences 41 à 43), affirment le refus de toute discrimina-

tion. Cette égalité entre tous accorde à chacun les mêmes droits mais aussi les mêmes devoirs.
Cet état de fait s’applique à la classe, dans laquelle les élèves ont les mêmes droits (droit au respect,
droit de donner son avis, de prendre la parole, droit même de se tromper…) et les mêmes devoirs
(obéissance aux règles, obligation de travailler pour apprendre, devoir de respecter les autres…).
La différence est un appel au droit. Les différences naturelles comme la force physique, ou les dif-
férences sociales comme l’argent créent des inégalités entre les individus : l’égalité de droit est la
seule solution pour que le plus fort ou le plus riche ne domine pas le plus faible ou le plus pauvre.
36
 Lesatteintesàlapersonne

Différentes formes de discriminations


Le racisme, la xénophobie : séquence 27


Le sexisme : séquence 28


L’attitude envers les personnes avec handicap : séquence 29


Toutes les formes de discrimination : séquence 26


La tolérance : une façon de penser
La tolérance consiste à accepter l’autre avec ses différences, quelles qu’elles soient, et à se com-
porter de manière à témoigner qu’il reste notre égal. Elle se définit notamment par contraste avec
l’intolérance, qui consiste à rejeter les autres, à les mépriser ou à les détester pour leurs différences.
La tolérance est une notion politique et juridique élaborée par les philosophes (l’Anglais John Locke,
le Français Voltaire…) à partir des xviie et xviiie siècles, à une époque où, en Europe, sévissaient des
guerres de religion. Elle a été développée pour aboutir à des règles qui permettent la diversité des
idées, opinions et croyances sans que celles-ci mettent la société en danger.
n L’intolérance, aussi ancienne que l’humanité, trouve ses fondements dans la méconnaissance

et les préjugés, qui génèrent la peur : on a peur de ce que l’on ne connaît pas, de ce que l’on ne
comprend pas. Elle se fonde également sur un sentiment de supériorité : notre manière d’être,
de vivre et de penser serait supérieure à celle des autres.

Une façon d’agir


n La tolérance n’est pas seulement une manière de penser mais également une façon de se

comporter. Elle se manifeste par le respect de l’autre mais aussi par la curiosité, l’envie de
connaître et de comprendre, le dialogue. La tolérance ne peut pas être de l’indifférence. La
tolérance considère que la diversité est une richesse.
L’intolérance, au contraire, se manifeste par le mépris, la moquerie, l’exclusion, qui mènent souvent
aux insultes, voire à la violence, mais elle se manifeste aussi par l’indifférence, qui est souvent une
forme de mépris.
Les élèves découvrent que la tolérance est une garantie pour chacun : si l’on tolère les différences,
les manières de vivre et de penser des autres, on est en droit d’exiger d’eux qu’ils tolèrent notre
manière d’être, nos manières de vivre et de penser.

Les limites de la tolérance


La tolérance n’est pas l’acceptation de tout. Certains actes sont intolérables car ils portent atteinte
à la dignité des personnes : l’esclavage, la torture, le racisme, l’antisémitisme sont de ceux-là ; ils
nient la part d’humanité de chaque personne.
Les élèves apprennent que l’intolérance commence au quotidien, avec les paroles et les gestes qui
servent à rejeter quelqu’un parce qu’il est différent du fait de son apparence, de la couleur de sa
peau, de sa religion, de son mode de vie ou de ses idées.

Laséquence

Activités préalables
n Partir d’une situation concrète : des enfants qui se sont moqués d’un camarade.
n Commencer par un recueil des représentations : demander aux élèves de nommer les diffé-
rences entre eux ; ils commencent par les différences physiques puis parlent de différences de
capacités ou de goûts.
Faire le lien avec une autre séquence : le respect de la personne ( séquence 4), se respecter,

se faire respecter ( séquence 5).


Refuser le racisme et la xénophobie


Manuel p. 22 ou affiche contre le racisme. Le racisme, avec moi il va en voir de toutes les couleurs, 21
mars journée de lutte contre le racisme. Le visuel comporte le quart de quatre visages différents : une fille d’ori-
gine africaine, une autre d’origine asiatique, le nez et la bouche de deux enfants « blancs » de teints différents.

37
Séquence6

1. Décrire l’affiche : les textes, l’image…


2. Caractériser l’impression laissée par la photographie : un puzzle, un personnage à facettes.
3. Expliquer le slogan et identifier le jeu de mots : « en voir de toutes les couleurs » signifie
« subir toutes sortes d’épreuves » ; le racisme fait référence notamment à la couleur de la peau.
4. Expliquer ce qu’est le racisme : lire et reformuler la définition.
n Comprendre que le racisme est une atteinte à la personne et intégrer qu’il est interdit.
n Adopter une attitude tolérante en toutes circonstances.
Et moi ? M’arrive-t-il de rejeter quelqu’un à cause de son allure, de son apparence physique,
de son origine ?

Refuser le sexisme
Manuel p. 23 ou visuel sur le sexisme. Sur leur cabane, ces garçons ont écrit,
en anglais, boys only : « réservé aux garçons ». La fillette en rouge hésite à franchir le pas.
5. Identifier la situation : comprendre que la fille n’est pas autorisée à grimper dans cette
cabane.
6. Émettre une opinion : sentiment d’injustice.
7. Faire le parallèle avec la classe, et l’école : identifier d’éventuelles situations de rejet entre
les garçons et les filles.
n Comprendre que le sexisme est une atteinte à la personne et intégrer qu’il est interdit.
n Adopter une attitude d’égale considération pour tous en toutes circonstances.
Et moi ? Est-ce que mon comportement montre que, pour moi, les garçons et les filles ont au-
tant de valeur ?

Refuser toutes les formes de discrimination et pratiquer la tolérance


Manuel p. 23 ou film Billy Elliot de Stephen Daldry, 2000. C’est l’histoire d’un garçon de 11 ans qui
se prend de passion pour la danse classique, ce qui provoque la colère de son père et les moqueries de ses
camarades. Il parvient à imposer son choix et devient finalement danseur étoile à l’opéra.
8. Comprendre l’intolérance du père et des camarades de Billy : ils n’acceptent pas ses choix.
9. Chercher d’autres exemples d’intolérance : dans la vie de classe, aux nouvelles…
n Adopter une attitude tolérante en toutes circonstances.
Et moi ? Est-ce qu’il m’arrive de trouver ridicules les choix des autres ?

Constituer la trace écrite


Organiser un débat. « Celui qui diffère de moi, loin de
Questions pour l’élaboration de la synthèse me léser, m’enrichit. » (Saint-Exupéry). Évoquer les
Quelles sont les différentes atteintes à la per- différences physiques, les différences de culture, de
sonne ? Qu’est-ce que la tolérance ? croyances, de goûts, de talents (courir plus vite, sau-
ter plus haut, avoir une bonne mémoire…). Évoquer
Proposition de synthèse les différentes formes d’enrichissement : découvertes,
Le racisme, le sexisme et toutes les formes de nouvelles idées, nouveaux goûts, partage des tâches
discrimination sont des atteintes à la per- pour réussir ensemble…
sonne. La tolérance est une façon de penser et
d’agir qui consiste à accepter l’autre comme il
est, quelles que soient nos différences.
Évaluation
L’enseignant évalue la compréhension de cette leçon dans le comportement des élèves : être
capable de donner des exemples pour expliquer ce que sont le racisme, le sexisme, la discri-
mination. Le règlement intérieur de l’école, qui interdit les propos racistes, les injures et les
humiliations, sert de rappel à la loi. En toutes occasions (dans la classe, la cour, lors de la
constitution d’équipes pour un jeu sportif, un groupe de travail), vérifier que les élèves acceptent
les différences et se comportent en égaux.

38
 Lesatteintesàlapersonne

Prolongements

n Arts visuels : chaque élève travaille sur une photocopie de son visage, qu’il découpe en ovale
et colore. Coller une bande de papier ou peindre le signe égal au niveau des yeux et de la
bouche et mélanger les portraits. Assembler les portraits en une guirlande.
n Langue étrangère : la découverte d’une langue étrangère permet de s’intéresser aux diffé-
rences de mode de vie en bannissant les préjugés et le sentiment de supériorité.
n Atelier de lecture : Melvin Burgess, Billy Elliot, Folio Junior, 2007. Billy choisit de faire de la

danse classique plutôt que de la boxe.


n Atelier de lecture : Marie-Aude Murrail, Maïté coiffure, L’École des loisirs, 2004. Louis veut

devenir coiffeur.
n Atelier de lecture : Florence Dutruc-Rosset, Marylise Morel, C’est la vie Lulu ! On se moque de

moi ! Bayard Poche, 2004. Chloé fonde un club pour les exclus.
n Atelier de lecture : Thierry Lenain, Pas de pitié pour les poupées B, Syros, 2008.
n Histoire : travailler sur les actes d’intolérance (massacre de la Saint-Barthélemy, esclavage
et traite des Noirs, Shoah…) et les avancées en matière de tolérance et de respect des droits
humains (édit de Nantes, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen…).
n Géographie : la découverte des différentes manières de vivre dans le monde forge un es-
prit d’ouverture et de tolérance et remet en perspective l’idée que notre manière de vivre est
« normale ».
n Musique : Maxime Le Forestier, Né quelque part, 1987.
n Musique : écouter des enregistrements de styles musicaux différents et constater les diffé-

rences et les enrichissements mutuels (par exemple, le jazz dont le rythme est inspiré de la
musique africaine).
n Musique : Les Enfantastiques, « Y’a pas d’raison (Que l’on soit fille ou garçon) », album

Kaléidoscope, 2012.

39
Séquence10

10 LES RÈGLES DE LA COMMUNICATION


Lessavoirs L’étymologie. Le mot « communiquer » vient du latin cum,
avec, et municarer, être en relation, qui a donné le verbe
communicare, mettre en commun. Le mot est apparu au
La communication orale xive siècle dans la langue française avec, initialement, l’idée
Communiquer, c’est entrer en relation avec ceux d’un partage, d’une participation commune à quelque
qui nous entourent, c’est interagir, c’est trans- chose, avant de prendre davantage le sens d’une commu-
mettre et recevoir. La communication orale est nion, d’un rapport direct avec quelqu’un : il rejoint en cela
l’action de communication la plus naturelle et la le mot « communion » qui, dans la religion chrétienne, défi-
plus fréquente : elle consiste à « parler » et à se nit l’union des chrétiens avec le Christ, lequel se réalise par
tenir à l’écoute de celui qui répond.
l’eucharistie.
La première des communications est celle avec
les personnes qui nous entourent : la famille, à Le message clair. La technique du « message clair » per-
table ; les camarades, dans la cour de récréa- met de régler bien des conflits. Le « message clair » consiste
tion… La communication orale se fait le plus sou-
à utiliser le langage pour faire entendre à quelqu’un la dou-
vent en face-à-face mais, parfois, peut se faire
leur physique ou morale qu’il a causée. Cela permet un
à distance, par exemple quand on dialogue au
téléphone. travail sur l’expression des émotions en même temps que
cela met un terme au malentendu et permet à l’auteur de la
Les enfants apprennent dès le plus jeune âge
souffrance de comprendre ce qui s’est passé et de réparer.
et de manière implicite quelques règles essen-
– demande d’attention : J’ai un message clair à te faire pas-
tielles pour communiquer, notamment pour se
ser, es-tu prêt à m’écouter ?
faire des amis. Mais la séquence est l’occasion
de verbaliser ce premier savoir et d’aller plus – mise en disponibilité : Oui, je suis prêt à t’écouter.
loin encore pour préparer les élèves à l’échange, – message clair : Voilà, tu as fait cela et ça m’a fait mal, ça
au débat, à la discussion à visée philosophique, m’a fait de la peine, ça m’a fait peur…
mais aussi à la résolution des conflits et des pro- – reformulation et question : Si j’ai bien compris, j’ai fait
blèmes au quotidien. cela et ça t’a fait mal. Que puis-je faire pour réparer ?
– demande : Je souhaite que tu t’excuses, tu répares, la pro-
La communication verbale : parler chaine fois tu…
Au cycle 3, on apprendra utilement cinq règles – réponse à la demande : D’accord, je te présente mes ex-
essentielles pour celui qui parle : cuses et je vais…
1. Je dis ce que j’ai à dire : je n’hésite pas à Cette technique un peu formelle permet de développer un
prendre la parole car, comme tout le monde, j’ai climat calme et serein entre les protagonistes et facilite le dé-
le droit de donner mon avis, mais je ne demande nouement des tensions. Après quelque temps d’adaptation,
la parole que si j’ai quelque chose à dire ; les élèves la pratiquent de façon très naturelle.
2. Je le dis clairement : je prépare dans ma tête ce que je vais dire, je parle de manière précise, j’adapte
mon niveau de langage à mon interlocuteur (plus ou moins familier, avec des mots sélectionnés
pour bien exprimer ma pensée ou, au contraire, un vocabulaire simple pour me faire comprendre) ;
3. J’argumente et je prends des exemples : je ne me contente pas d’asséner mon avis, j’appuie mon
propos sur des arguments et des exemples pour être à la fois explicite et convaincant ;
4. Je ne me répète pas : j’évite de réutiliser les mêmes mots, les mêmes phrases, car si elles ne
sont pas entendues une première fois, elles ne le seront pas davantage ensuite ; pour bien me faire
comprendre, je m’explique autrement et quand j’ai été compris, je passe à autre chose ;
5. Je ne parle pas trop longtemps : c’est la politesse essentielle de tenir compte de celui à qui on
s’adresse, de ne pas l’ennuyer avec des propos trop longs, qu’il n’écoute plus, ni de l’empêcher
d’avoir, à son tour, la parole.
Pour les élèves de bon niveau, on peut ajouter qu’il faut :
– choisir le moment de prendre la parole, de façon à ne pas déranger l’autre, à le trouver dans de
bonnes conditions d’esprit ;
– savoir établir le contact : demander l’autorisation de commencer la conversation, capter l’attention ;
– toujours parler avec respect, en utilisant les formules de politesse.

48
 Lesrèglesdelacommunication

La communication verbale : l’écoute active


Au cycle 3, on apprendra utilement cinq règles essentielles pour celui qui écoute :
1. J’écoute celui qui parle : je ne parle pas pendant qu’il parle, je ne regarde pas ailleurs, je ne fais
pas autre chose en même temps ; au contraire, je me concentre sur ce qu’il dit, je tâche de réfléchir,
de comprendre, de retenir, je me mets à sa place pour bien appréhender son point de vue ;
2. Je me montre intéressé(e) : je manifeste à mon interlocuteur que je suis disponible, attentif à ce
qu’il dit ;
3. Je ne coupe pas la parole : je respecte le tour de parole de chacun, je garde ma remarque, ma
question pour la formuler ensuite, je ne montre pas mon impatience par des soupirs, des énerve-
ments, je ne réagis pas trop vite, trop fortement, je ne donne pas l’impression de juger celui qui parle ;
4. Je pose des questions pour comprendre : si je ne suis pas certain d’avoir tout compris ou si j’ai
un doute, je demande à mon interlocuteur de préciser sa pensée ;
5. Je reformule pour montrer que j’ai compris : avant de répondre, je commence par montrer que j’ai
écouté et compris, je répète de manière synthétique avec mes propres mots, j’indique à mon inter-
locuteur que son message est acté avant d’en passer à mes propres idées, sinon chacun discute de
son point de vue pour tenter d’attirer l’attention de l’autre sans jamais avoir le sentiment d’y parvenir.
On pourrait ajouter que l’on continue ensuite la conversation en enchaînant avec l’idée en cours,
quitte à abandonner une idée, la mettre de côté si la conversation est partie sur une autre voie, pour
y revenir par la suite.

L’atmosphère de la conversation
Une bonne conversation ne peut être menée que dans une atmosphère calme, paisible et amicale.
Chacun doit montrer son respect pour l’autre, chacun reste calme et maîtrise ses émotions, même si
la communication débouche sur un désaccord. Chacun se souvient, en toutes occasions, que l’autre
a le droit d’avoir des opinions différentes. Chacun reste bienveillant et apprend à ne pas se sentir
attaqué si l’autre à une opinion différente de la sienne : c’est son droit.
La communication a ses règles de politesse : on évite les grossièretés, les propos choquants, les
idées qui risquent de mettre l’autre mal à l’aise.

La communication non verbale


Les enfants découvrent que l’échange oral se concrétise par le verbe (le fait de parler) mais doit
également beaucoup à tout ce qui est non verbal :
– la posture corporelle, l’attitude, la gestuelle : on ne manifeste pas la même attitude selon que l’on
se met de face, de côté ou que l’on tourne le dos à son interlocuteur, cette dernière position pouvant
être un signe de mépris ou de désintérêt qui ne favorise pas la communication ; les plus grands ap-
prennent notamment que, lorsque des plus petits s’adressent à eux, ils ne doivent pas se redresser,
ce qui donne l’impression de les toiser, mais au contraire tenter de se mettre à leur hauteur, par
exemple en s’asseyant ; les timides doivent apprendre à surmonter leur timidité car une attitude
refermée gêne la transmission du message ;
– l’attitude, les expressions de visage : se montrer à l’écoute, attentif, hocher la tête, sourire, faire
une mimique pour illustrer les propos de l’autre contribue à créer une atmosphère d’empathie ;
ainsi, si l’on parle à quelqu’un ou si l’on veut lui montrer que ce qu’il dit nous intéresse, il importe
de maintenir sans cesse le contact visuel ;
– la communication paraverbale : l’intonation, le rythme de la parole, la tonalité de la voix vont adou-
cir, tempérer ou, au contraire, exacerber les propos ;
– les éventuels silences, dans son propos ou dans l’écoute de l’autre, car nous communiquons même
durant les silences.
Selon Albert Mehrabian, chercheur en psychologie, la communication orale suit toujours la « règle
des 3V » : 7 % du message passent par le verbal (les mots, les idées), 38 % passent par le vocal (l’in-
tonation, la manière de parler) et 55 % passent par le visuel (l’attitude, les expressions de visage).

49
Séquence10

Laséquence

Activités préalables
n Partir d’une situation concrète : un désaccord dans la classe dû à un problème de

communication.
nCommencer par un recueil des représentations : comment faut-il s’y prendre pour bien com-
muniquer entre nous ?

Parler en suivant les règles de la communication


Manuel p. 30 ou photographie « de bouche-à-oreille » :
1. Je dis ce que j’ai à dire.
2. Je le dis clairement.
3. J’argumente et je prends des exemples.
4. Je ne me répète pas.
5. Je ne parle pas trop longtemps.
n Lire les cinq règles d’une bonne expression.
1. Donner un exemple pour expliquer chacune de ces règles.
2. Identifier les conséquences d’un non-respect de chacune de ces règles : risque de garder
sur le cœur ce que l’on a à dire, risque de ne pas se faire comprendre, risque de ne pas être
convaincant, risque de lasser son interlocuteur.
n S’entraîner à une bonne communication.
Et moi ? Est-ce que je respecte ces règles quand je m’adresse à quelqu’un ?
Écouter en suivant les règles de la communication
Manuel p. 30 ou photographie « de bouche-à-oreille » :
1. J’écoute celui qui parle.
2. Je me montre intéressé(e).
3. Je ne coupe pas la parole.
4. Je pose des questions pour comprendre.
5. Je reformule pour montrer que j’ai compris.
n Lire les cinq règles d’une bonne écoute.
3. Donner un exemple pour expliquer chacune de ces règles.
4. Identifier les conséquences d’un non-respect de chacune de ces règles : risque d’agacer son
interlocuteur, de l’énerver, de ne pas comprendre ce qu’il dit, de lui laisser croire que l’on n’a
pas compris ce qu’il dit.
n S’entraîner à une bonne communication.
Et moi ? Est-ce que je respecte ces règles quand quelqu’un me parle ?
Pratiquer la communication dans le calme
Manuel p. 31 ou affiche Communiquer, ça s’apprend tôt ! de Non-Violence Actualités,
L’association Non-Violence Actualités page 43

5. Observer l’affiche : les deux images et le texte (à lire en silence pour éviter le chahut dans la
classe).
6. Caractériser la communication sur l’image du haut : énervement, colère, violence,
incompréhension.
7. Identifier l’absence de respect entre ces enfants.
8. Émettre des hypothèses sur la suite : ils vont difficilement trouver une solution à cause de
l’engrenage de la violence.
9. Caractériser la communication sur l’image du bas : calme, sereine, détendue.
10. Caractériser le respect entre ces enfants.

50
 Lesrèglesdelacommunication

11. Émettre des hypothèses sur la suite : ils vont beaucoup plus facilement trouver une solution
car ils s’écoutent mutuellement et tentent de se comprendre.
n Adopter une bonne communication en toutes circonstances.
Et moi ? Est-ce que je reste toujours calme dans une discussion, même si je ne suis pas d’ac-
cord avec les autres ?

Constituer la trace écrite


Organiser un débat. Plus qu’un débat, la séquence est
Questions pour l’élaboration de la synthèse l’occasion d’un entraînement à la communication.
Quelles sont les règles d’une bonne
communication ?
Proposition de synthèse
Quand je parle :
1. Je dis ce que j’ai à dire.
2. Je le dis clairement.
3. J’argumente et je prends des exemples.
4. Je ne me répète pas.
5. Je ne parle pas trop longtemps.

10 LES RÈGLES DE LA COMMUNICATION


Quand j’écoute :
1. J’écoute celui qui parle.
2. Je me montre intéressé(e).
3. Je ne coupe pas la parole.
4. Je pose des questions pour comprendre.
5. Je reformule pour montrer que j’ai compris.
Savoir
DansAtous les cas :dire
je garde mon calme. B Savoir écouter

1. Je dis ce que j’ai à dire. 1. J’écoute celui qui parle.


2. Je le dis clairement. 2. Je me montre intéressé(e).
3. J’argumente et je prends des exemples. 3. Je ne coupe pas la parole.
4. Je ne me répète pas. 4. Je pose des questions pour comprendre.
5. Je ne parle pas trop longtemps. 5. Je reformule pour montrer que j’ai compris.

Évaluation
1 Donne un exemple pour expliquer 3 Donne un exemple pour expliquer
chacune de ces règles pour bien parler.
L’entraînement et l’évaluation peuvent s’effectuer sousdelaces
chacune règlesde
forme pour bien
jeux deécouter.
rôles.
2 Que se passe-t-il quand ces règles 4 Que se passe-t-il quand ces règles
ne sont pas respectées ? ne sont pas respectées ?
Et moi ? Est-ce que je respecte ces règles Et moi ? Est-ce que je respecte ces règles
Prolongements
quand je m’adresse à quelqu’un ? quand quelqu’un me parle ?

n Arts visuels : réaliser une affiche collective sur les règles d’une bonne communication.
Savoir dire Savoir écouter
n Musique : écouter des morceaux dans lesquels les instruments se répondent sans se concur-

rencer (Le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns),


Communiquer, c’est établir une relation avec
écouter des histoires dans lesquelles
Communiquer, c’est aussi entendre ce que l’autre a
le narrateur dialogue avec les musiciens (Pierre et le Loup de Sergueï Prokofiev). À l’inverse,
quelqu’un pour lui dire quelque chose. Il faut avoir à dire. Il faut écouter attentivement et avec patience.
écouter la cacophonie quand chacun accorde son instrument avant un concert.
quelque chose à dire et le dire clairement. Il faut Il ne faut pas l’interrompre ni reprendre la parole
apprendre à argumenter et donner des exemples tant que l’autre n’a pas terminé, même si l’on n’est 51
pour bien se faire comprendre. Il ne faut pas parler pas d’accord. Pour être certain d’avoir bien com-
Séquence25

25 UNE SOCIÉTÉ DÉMOCRATIQUE


Lessavoirs Traditionnellement, on donne cinq définitions de la dé-
mocratie :
n une définition politique, celle de la démocratie majoritaire
La démocratie
(fondée sur le principe que le pouvoir souverain appartient
La démocratie (du grec demos, peuple, et kra-
au peuple et à lui seul, et qu’il s’impose par la voix de la
tos, pouvoir) est un mode d’attribution du pou-
majorité : la France républicaine est l’incarnation de cette
voir fondé sur le respect de droits individuels et
conception de la démocratie) ;
collectifs :
n une autre définition politique, celle de la démocratie li-
– le respect des droits de l’homme, notamment
les principes de liberté et d’égalité de droits bérale (fondée sur le principe de liberté qui impose que le
entre tous ; pouvoir ne peut porter atteinte à une minorité : les États-
– le principe de la souveraineté de la nation qui Unis incarnent cette conception) ;
s’exprime par la voie du suffrage universel ; n une définition économique fondée sur les théories

– la séparation des pouvoirs, qui empêche la marxistes, qui réclame la suppression de toute exploitation
confiscation des pouvoirs au profit d’un seul ou économique d’une classe par une autre (ce qui a fait parler
d’un petit groupe ; de « démocraties populaires » à propos de l’Europe centrale,
– l’existence du débat, qui permet de résoudre les de l’Europe de l’Est et de la Chine) ;
contradictions et conflits et permet l’expression n une définition sociale ou sociétale fondée sur le principe

d’une volonté générale réfléchie : la démocratie d’autonomie, d’autogestion étendue dans toutes les sphères
admet et cultive la discussion, la différence. de la société (les idées prônées en mai 1968 relèvent de
Dans des sociétés nombreuses et complexes cette conception) ;
comme les nôtres, la démocratie ne peut être n une définition reconnue au niveau international, selon la-

directe (les citoyens ne peuvent pas tous parti- quelle un État ne doit se montrer ni agressif, ni impérialiste
ciper à la prise de décision). Aussi la démocra- envers les autres.
tie est-elle participative, les citoyens exprimant
leur choix par l’élection de représentants. Mais la L’histoire de la démocratie. La démocratie a été inventée
démocratie participative n’est pas exempte d’un il y a 2 500 ans à Athènes, pour un espace et une population
échange direct entre les citoyens et l’autorité
limités (la cité d’Athènes comptait alors 30 000 citoyens) et
publique : ce dialogue prend la forme de débats
dans un temps court (deux siècles environ). Elle reposait
publics, de référendums locaux, d’enquêtes pu-
bliques, de conférences de citoyens. alors sur quatre principes fondamentaux :
n la source de l’ordre est la loi ;
À l’inverse, une dictature se caractérise par
n les citoyens sont égaux en droits ;
l’exercice de tous les pouvoirs (exécutif, légis-
n ils disposent d’un espace public pour débattre (la parole
latif et judiciaire) par une personne ou par un
n’est pas confisquée par quelques spécialistes) ;
groupe de personnes, sans contrôle et pour une
n les décisions sont prises par l’assemblée de tous les ci-
durée indéterminée. Un État totalitaire va plus
loin encore : il a une ambition « totale », celle de toyens.
former un homme nouveau en englobant toutes L’Empire romain puis le Moyen Âge ont été des périodes
les manifestations de sa vie. Par exemple, l’État sombres pour la démocratie. Il fallut attendre la Renaissance
nazi était un État totalitaire. et surtout la Réforme (Martin Luther et Jean Calvin furent
La France est une démocratie : elle reconnaît la les premiers à réaffirmer que l’individu peut penser pour
liberté de chacun et les mêmes droits à tous ; lui-même) pour la voir réapparaître. Les Révolutions an-
elle attribue le pouvoir par la voie d’élections plu- glaises au xviie siècle et l’ère des Lumières en France, au
ralistes (mettant plusieurs candidats, plusieurs xviiie siècle, ont préparé la Révolution américaine et la
partis en lice), depuis les conseillers municipaux Révolution française, qui ont fondé les démocraties mo-
jusqu’au président de la République, si bien qu’à dernes mais, l’une comme l’autre, ont connu des limites
tous les niveaux de la vie politique, aucune per- (l’inégalité fondamentale que constituait l’esclavage, aux
sonne ou aucun groupe ne peut imposer sa vo- États-Unis, par exemple), et des avancées et des reculs (la
lonté aux autres.
succession des régimes politiques en France, au xixe siècle).
Depuis, la démocratie n’a cessé de s’étendre dans le monde :
selon un rapport du Human Security Center, le monde
comptait 88 démocraties en 2005 (sur un total de 192
pays), contre 20 seulement au lendemain de la Deuxième
Guerre mondiale.
106
 Unesociétédémocratique

La loi, garante de la démocratie L’histoire de la loi. Depuis qu’ils vivent en société, les
Pour vivre en société, les êtres humains ont be- hommes ont établi des règles et codifié les rapports entre les
soin de se mettre d’accord sur des règles et de individus. Le recueil de lois le plus ancien connu à ce jour
codifier leurs rapports pour assurer la sécurité est le Code d’Hammourabi. Il s’agit d’une stèle qui com-
de tous et éviter l’anarchie et la loi du plus fort. prend un recueil de 282 arrêts en écriture cunéiforme et
Dans un pays, il faut définir la famille, gérer le qui a été découverte à Suse (Iran) au début du xxe siècle.
droit de propriété, aménager la circulation, or-
Ce recueil de lois confirme ou modifie une jurisprudence
ganiser l’économie, régler les rapports entre les
antérieure en matière de droit criminel (principe du talion),
salariés et leurs patrons…
de droit commercial, de droit familial (statut de l’épouse,
Dans une société nombreuse comme la nôtre, héritages) et manifeste un souci d’équité individuelle. Il a
les lois orales sont insuffisantes : c’est pourquoi exercé une grande influence sur l’Orient ancien.
elles sont écrites.
Les Romains ont sans doute « inventé » le droit. Le droit
En France, il existe de très nombreuses lois pour romain réuni dans le Corpus Iuris Civilis (littéralement re-
tous les domaines de la vie. Le Code civil re- cueil de droit civil) a été élaboré au vie siècle sous les ordres
groupe les lois relatives à notre vie quotidienne : de l’empereur Justinien : il est le fondement de notre droit
mariage, divorce, responsabilité des parents… Le
civil moderne.
code pénal regroupe les lois concernant les délits
C’est à la fin du xiiie siècle que les juristes, appelés alors les
graves : vols, meurtres…
« légistes », se réfèrent au droit de façon plus systématique.
Seules les lois qui respectent la Constitution L’exemple le plus connu est celui de la loi salique que les
peuvent être votées : par exemple une loi qui in-
légistes du temps de Philippe le Bel invoquent pour des rai-
terdirait certains emplois aux gauchers ne pour-
sons politiques (pour empêcher l’accession du roi d’Angle-
rait être votée, car la Constitution française s’ap-
terre sur le trône de France).
puie sur la Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen, qui prône l’égalité entre tous. Les actes royaux, écrits officiels signés du Roi, ont alors
force de loi. On distingue les édits, qui traitent d’un sujet
Les lois sont proposées par les députés ou les
particulier comme l’ordonnance de Villers-Cotterêts ou
sénateurs (on parle alors de « proposition de
l’édit de Nantes, les ordonnances, de portée plus générale
loi ») ou par le gouvernement (on parle alors de
« projet de loi »). En France, contrairement à ce comme l’ordonnance de Saint-Louis sur la Réformation
qui se passe en Italie ou en Suisse, les citoyens du royaume de 1254 ou le Code noir de 1685, les lettres,
ne peuvent pas eux-mêmes proposer une loi. comme les lettres de cachet, manifestations de la justice du
roi, et les arrêts, décisions prises par le Conseil du roi.
Le projet ou la proposition est examiné par l’une
des commissions de l’Assemblée nationale, qui La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789
peut éventuellement le modifier. Ensuite, il est marque un tournant essentiel : elle proclame les principes
inscrit à l’ordre du jour et présenté aux députés, de souveraineté nationale et d’égalité, définisssant ainsi la
qui en débattent de manière générale, puis ar- loi dans sa conception moderne. Elle énonce que la loi s’ap-
ticle par article. Chaque article et chaque amen- plique à tous et met en évidence les notions de protection
dement proposés sont mis aux voix, puis, lorsque et de sanction.
tous les articles ont été examinés, l’Assemblée En 1800, Napoléon Bonaparte, s’inspirant d’un travail dé-
vote l’ensemble du texte. cidé par l’Assemblée constituante, charge un groupe de ju-
Le projet ou la proposition de loi tel qu’il a été ristes de rédiger un projet de code unifiant le droit pour tout
modifié et voté par l’Assemblée nationale est le pays. Ce recueil qui comprend 36 lois est promulgué le
examiné de la même manière par les sénateurs. 21 mars 1804 sous le nom de Code civil des Français (connu
Il fait la navette entre les deux assemblées sous le nom de Code Napoléon). Il est resté, tout au long du
jusqu’à ce qu’elles se soient mises d’accord sur xixe et de la première moitié du xxe siècle, la base de nos lois
un même texte : sinon, l’Assemblée nationale a, en matière civile.
finalement, le dernier mot.
Quand le texte est ainsi voté, il est promulgué par Différents types de lois
le président de la République et publié au Journal n Les lois ordinaires sont des lois de droit commun.
officiel : de cette manière, tout le monde peut être n Les lois de finances déterminent les ressources et les
informé de son existence. Il est ensuite complété
charges de l’État.
par des décrets d’application.
n Les lois de programme ou d’orientation déterminent les
Les lois indiquent les sanctions à appliquer en objectifs de l’action économique et sociale de l’État.
cas de non-respect : ce sont les juges qui étu- n Les textes réglementaires (décrets, arrêtés, circulaires,
dient les cas de non-respect des lois et mettent
règlements…) émanent du gouvernement ou des autorités
en œuvre les sanctions.
administratives qui lui sont rattachées. Ils n’ont pas valeur
de loi et, bien souvent, permettent l’application des lois.
n Les ordonnances permettent temporairement au gouver-

nement, sous réserve d’une autorisation du Parlement, de


modifier des lois existantes (article 38).

107
Séquence25

Laséquence

Activités préalables
n Partir d’une situation concrète : l’approche d’élections nationales ou locales.
n Faire le lien avec une séquence d’histoire : la Révolution française, le vote d’un texte remar-
quable, comme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la mise en place de la répu-
blique au xixe siècle.
n Commencer par un recueil des représentations : savez-vous pourquoi l’on dit que la France
est une démocratie ? Au besoin, proposer aux élèves de chercher dans un dictionnaire la défini-
tion du mot « démocratie » puis leur demander d’expliquer ce que, pour eux, cela représente.
Faire le lien avec une autre séquence : Une société humaniste ( séquence 23).


n

Savoir que la France est une démocratie


Manuel p. 62 ou revers du grand sceau de l’État.
« Le sceau de l’État » page 53. Sur le revers, on note la présence de :

– un entrelacement de feuilles de chêne, symboles de justice, et de feuilles de laurier, symboles de victoire ;


– une grappe de raisin, symbole de l’agriculture ;
– trois étoiles, symboles des Lumières ;
– la devise républicaine ;
– la mention « Au nom du peuple français ».
n Observer le sceau.
1. Identifier les trois mots de la devise de la France : Liberté Égalité Fraternité.
2. Situer, à droite, les feuilles de chêne, qui symbolisent la justice.
3. Situer, à gauche, les feuilles de laurier qui symbolisent la victoire.
4. Lire le texte au milieu : comprendre que le « peuple français » est le détenteur du pouvoir en
France.
5. Éventuellement, observer également le recto de ce sceau : manuel page 32.
6. Expliquer la notion de démocratie : le pouvoir appartenant aux citoyens et l’égalité entre tous.
n Comprendre que les personnes vivant en France voient leurs libertés fondamentales respec-

tées, et donner des exemples : liberté de vivre où l’on veut, de se marier avec qui l’on veut, de
faire le métier de son choix…
n Comprendre que la France affirme que tous les êtres humains ont la même valeur : elle ac-

corde les mêmes droits et devoirs à tous les citoyens ; donner des exemples.

Comprendre le principe de la démocratie représentative


Manuel p. 62-63 ou photographie de l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

n Observer la photographie et identifier le lieu.


7. Énoncer les pouvoirs des députés : voter les lois.
8. Nommer d’autres représentants du peuple français élus : le président de la République, les
conseillers régionaux, les conseillers généraux (département), les conseillers municipaux mais
aussi, indirectement, les sénateurs, le maire.
9. Comprendre que ces représentants élus n’ont pas tous les pouvoir : ils doivent respecter les
lois, chacun a des pouvoirs que les autres n’ont pas…
n Caractériser la démocratie par le fait que le peuple détient le pouvoir.
n Savoir que le peuple n’exerce pas directement ce pouvoir au quotidien du fait du grand

nombre de citoyens : il désigne ses représentants par le vote.


n Bien comprendre que ni le président de la République, ni le gouvernement, ni quiconque

n’est propriétaire du pouvoir : ils sont élus et désignés pour un temps limité.

108
 Unesociétédémocratique

Identifier la loi comme le rempart de la démocratie


Manuel p. 62-63 ou fable montrant la nécessité des lois : F. Kérisel, Le Glaive de Salomon,
Jeunesse L’Harmattan, 1997. Le roi des chiens tente d’imposer des lois à son peuple.
10. Lire le texte et le reformuler pour s’assurer de sa compréhension.
11. Comprendre en quoi des lois sont nécessaires.
12. Comprendre que les lois ne sont pas faites pour interdire mais pour organiser et protéger.
n Savoir que les lois sont des règles valables pour tous les habitants d’un pays.
13. Comprendre pourquoi les lois sont écrites : plus difficilement contestables.
n Identifier quelques règles définies par la loi : qui a le droit de conduire une voiture, qui est

responsable des enfants, à quel âge l’école est-elle obligatoire, quels produits les magasins
n’ont pas le droit de vendre…
n Chercher les fondements de la loi dans les articles 1, 4, 6, 9 et 11 de la Déclaration des droits

de l’homme et du citoyen de 1789.


n Savoir qu’il existe des milliers de lois en France, dans tous les domaines de la vie.
Et moi ? Est-ce qu’il m’arrive de ne pas respecter une règle dans la vie quotidienne ?
Constituer la trace écrite
Organiser un débat. Pourquoi dit-on que nul n’est
Questions pour l’élaboration de la synthèse censé ignorer la loi ? Cet adage ne signifie pas que
En quoi la France est-elle une démocratie ? tout citoyen est censé connaître les 8 000 lois et plus
À quoi les lois servent-elles ? de 110 000 décrets en vigueur, mais que personne ne
peut prouver son innocence devant un tribunal en ar-
Proposition de synthèse guant de son ignorance. Les élèves comprennent le
La France est une démocratie : elle reconnaît rôle de l’écrit pour garantir la connaissance de la loi.
la liberté de chacun et l’égalité entre tous, et Ils comprennent que la loi s’applique à tout le monde.
le pouvoir appartient aux citoyens qui s’expri- On peut s’appuyer sur le fait que les élèves ne peuvent
ment par le vote. prétendre ignorer le règlement de l’école (qui est si-
Les lois sont les règles écrites qui organisent gné en début d’année) ou celui de la classe (générale-
la vie en société. ment affiché dans la classe).
Évaluation
Au quotidien, l’enseignant rappelle le respect de la liberté de chacun, l’égalité entre tous
et l’importance de prendre des décisions à la majorité.

Prolongements

n Atelier de lecture : Geneviève Brame, Chez toi en France, Hachette Jeunesse, 1995.
n Atelier de lecture : Agnès Rosenthiel, Liberté Égalité Fraternité, Seuil, 2002.
n Atelier de lecture : Michel Piquemal, Les Philo-fables, Albin Michel, 2007.
n Atelier de lecture : Brigitte Labbé, Les Droits et les Devoirs, Milan, « Les Goûters philo », 2008.
n Visite : visite de lieux dans lesquels s’exerce la démocratie (conseil municipal, conseil général,
conseil régional, Assemblée nationale, Sénat).
nHistoire : faire le lien avec les lois votées, au fil du temps, par exemple celle de 1841 qui régle-
mente le travail des enfants dans les usines.
n Recherches : procéder à une recherche sur Internet ou dans un dictionnaire sur ce qu’est une
dictature et en trouver des exemples.
n Arts visuels : choisir un tableau majeur du patrimoine artistique et débattre en classe ;
le juger, le critiquer, l’analyser ; mettre en avant la pluralité des jugements esthétiques,
des points de vue ; distinguer les notions d’unanimité et d’accord.
n Langage : rechercher des proverbes et sentences qui comportent le mot loi, comme « sans foi,

ni loi », « nul n’est au-dessus des lois », « la loi de la jungle », « nul n’est censé ignorer la loi »,
« la loi du plus fort »…
n EPS : élaborer les règles d’un jeu collectif, pratiquer l’arbitrage.

109
Séquence39

39 LES VALEURS COLLECTIVES :


LA JUSTICE
Histoire de la justice. Au Moyen Âge, la justice est
exercée par les seigneurs et par l’Église, jusqu’à ce que les
Lessavoirs Capétiens restaurent l’autorité royale et assoient leur auto-
rité sur la justice : toute justice émane désormais du Roi.
La « justice » est à la fois un concept, un prin- Ils instaurent le droit de grâce, aujourd’hui détenu par le
cipe universel et l’autorité chargée d’arbitrer, président de la République.
selon le droit, les différends qu’engendre toute La réforme de la justice occupe une place essentielle dans
vie en société. les événements révolutionnaires. : la Révolution instaure une
justice qui émane de la Nation, séparée des autres pouvoirs,
Un concept avec une égalité devant la justice devenue gratuite.
Le concept de justice fonde le lien social car il Au xixe siècle, on passe d’une justice-sanction à une justice
se réfère à l’ordre et à l’harmonie au sein de mettant en avant la réinsertion du condamné. La notion de
la société démocratique, ce qui explique que la justice évolue sous la Troisième République avec l’affaire
justice occupe une place fondamentale dans un Dreyfus, qui instaure la primauté de la raison sur l’intolé-
État de droit démocratique.
rance, la primauté de la liberté individuelle et de l’égalité
Le sentiment de l’injustice précède l’établis- juridique.
sement de la justice ; la difficulté de dire où est La Constitution de 1958 consacre son titre viii à « l’autorité
la justice n’a d’égale que la facilité à découvrir judiciaire » afin de marquer que justice et État sont deux
l’injustice dans les cas particuliers. termes inséparables. Elle affirme : « L’autorité judiciaire doit
demeurer indépendante pour être à même d’assurer le res-
L’autorité chargée d’arbitrer
pect des libertés essentielles telles qu’elles sont définies par
La justice garantit les droits de la personne. En le Préambule de la Constitution de 1946 et la Déclaration
France, ces droits sont : des droits de l’homme et du citoyen ».
– le droit d’être jugé par une justice impartiale
et sereine ; Les symboles de la justice. La justice est généralement
– le droit d’être jugé selon un principe d’égalité représentée sous les traits d’une femme portant une balance
(toute personne doit être jugée par les mêmes et une épée. La balance symbolise la pesée des actes par le
juridictions et selon les mêmes règles, sans la
juge et la notion d’équité (équilibre). Le glaive qui tranche
moindre discrimination) ;
représente les sanctions. La Justice porte parfois un ban-
– la présomption d’innocence (un accusé n’a
deau sur les yeux (la justice aveugle), pour signifier qu’elle
pas à prouver son innocence, il faut au contraire
juge chacun avec équité, sans tenir compte des apparences.
prouver sa culpabilité) ;
Au Moyen Âge, la justice était également symbolisée par la
– le droit à un accès à la justice (la justice est
gratuite, et chacun peut obtenir une aide pour main de justice reçue par le roi lors de son sacre à Reims.
recourir à un avocat) ;
– la non-rétroactivité de la loi (une nouvelle loi Les intervenants lors d’un procès
ne peut pas servir à sanctionner un acte com- n Les magistrats (les juges) rendent la justice.
mis avant le vote de la loi) ; n Les avocats défendent les parties : les accusés, la partie

– le principe de la proportionnalité des peines civile…


(on ne peut pas être puni de la même manière n Le procureur de la République représente les intérêts de

pour le vol d’un œuf et pour le vol d’un bœuf) ; l’État, donc de la collectivité : sous l’autorité du ministre de
– le droit à un recours (chacun peut demander la Justice, il donne son interprétation du droit et demande
à être rejugé s’il estime avoir été mal jugé la justice.
première fois : c’est le principe de l’« appel »). n Les greffiers préparent les dossiers et notent tout ce qui se

La justice, monopole d’État (personne d’autre dit pendant le procès.


ne peut rendre la justice que les juges) et ser- n Les personnes qui veulent faire valoir leurs droits pendant

vice public, est rendue « au nom du peuple un procès peuvent se porter « partie civile ». Par exemple, le
français ». Elle est indépendante : elle n’est pas juge peut condamner une personne à de la prison pour vol,
soumise aux pouvoirs législatif et exécutif : le et lui demander d’indemniser la victime de ce vol.
gouvernement ne nomme pas les juges et ne n À la cour d’assises, des citoyens tirés au sort (les jurés) se
peut pas les sanctionner. prononcent, avec les juges, sur la culpabilité de l’accusé et
sur la peine éventuelle à appliquer.

158
 Lesvaleurscollectives:lajustice

Laséquence

Activités préalables
n Partir d’une situation concrète : une situation jugée injuste par des élèves de la classe.
n Commencer par un recueil des représentations : quand peut-on dire que quelque chose est
injuste ?
Faire le lien avec une autre séquence : Soi et les autres ( séquence 1), L’individu et le collectif


n

( séquence 14), les séquences sur les valeurs ( séquence 38 à 46).



Comprendre que la justice est une valeur commune
Manuel p. 92 ou Une de presse sur la dégradation du capitaine Dreyfus. Le Petit Journal, 13 janvier
1895. L’affaire Dreyfus est, à ses débuts, une banale affaire d’espionnage révélatrice de l’antisémitisme de
l’époque : en 1894, un document révèle la présence d’un traître au sein de l’état-major de l’armée française. Une
enquête bâclée conduit à l’arrestation du capitaine Alfred Dreyfus, juif, et à sa condamnation (dégradation et
déportation à vie). L’« affaire Dreyfus » débute réellement en 1897 lorsqu’un nouveau document prouve que
le vrai coupable est un autre officier, qui est finalement acquitté par un tribunal militaire. L’opinion publique
se déchire alors entre dreyfusards (socialistes, radicaux, intellectuels, antimilitaristes) et antidreyfusards (les
antisémites et tous ceux qui veulent combattre la république laïque). L’article de Zola fut le point de départ
de la mobilisation de ceux qu’on appelle désormais les « intellectuels », mais il fallut attendre 1906 pour que
Dreyfus soit réhabilité. Cette affaire a eu d’importantes conséquences politiques car elle a déchiré l’opinion
et creusé le fossé entre la gauche, qui est devenue antimilitariste et a rompu avec l’antisémitisme, et la droite,
qui s’est affirmée militariste, nationaliste, antisémite et cléricale.
1. Décrire la dégradation du capitaine Dreyfus : les décorations arrachées et jetées à terre,
l’épée cassée en deux, le tout en public.
2. Émettre des hypothèses sur ses émotions et ses sentiments : la honte, l’humiliation, le sen-
timent d’injustice, peut-être la colère.
3. Identifier son propre ressenti à la découverte de cette histoire : le sentiment d’injustice.
4. Faire le lien avec son vécu quotidien : une injustice dont on a été victime ou témoin.
n Décrire la réaction et l’attitude que l’on a alors eues.
Et moi ? M’arrive-t-il de comettre des injustices ?
Identifier la double signification du mot justice
Manuel p. 93 ou récit du jugement de Salomon d’après la Bible (1 Rois 3. 16-28) :
« Deux femmes se disputaient et finirent par aller demander justice au roi Salomon. L’une d’elles prit la parole :
– Le bébé de ma voisine est mort, et, dans la nuit, elle l’a échangé contre le mien qui est vivant.
L’autre répondit :
– Elle ment ! Mon bébé est vivant. C’est le sien qui est mort !
Le roi Salomon était embarrassé, car il ne savait pas laquelle des deux disait la vérité. Il eut une idée et dit à un garde :
– Avec ton épée, coupe ce bébé en deux et donne une moitié à chacune de ces femmes.
L’une des deux femmes approuva aussitôt :
– Parfait, comme cela ni elle ni moi n’aurons cet enfant vivant.
Mais l’autre s’écria :
– Laisse-le en vie et donne-le plutôt à ma voisine.
Aussitôt, le roi Salomon reprit :
– Garde, donne ce bébé à celle qui préfère le savoir vivant car elle est la vraie mère de l’enfant.
Tous ceux qui étaient là virent que Salomon était un roi sage et juste. »
5. Lire cette histoire et la reformuler pour en vérifier la bonne compréhension.
6. Comprendre la difficulté de la situation : comment savoir qui était la mère de cet enfant ?
7. Identifier la manière dont le roi Salomon a fait éclater la vérité : en proposant de partager
(donc tuer) l’enfant en deux.
8. Émettre des avis personnels sur cette histoire.

159
Séquence39

Manuel p. 93 ou tableau de Nicolas Poussin, Le Jugement de Salomon, 1649, musée du Louvre, huile
sur toile, 101 x 150 cm.
histoire des arts : Nicolas Poussin (1594-1665) a peint ce tableau pour le banquier lyonnais Jean Pointel en
1649. Soucieux de la composition d’ensemble et des détails, Poussin a effectué plusieurs esquisses et confec-
tionné un théâtre miniature avec des figurines en cire pour peaufiner la composition et étudier les effets de
l’ombre et de la lumière. On peut travailler avec les élèves sur :
– le côté théâtral la scène : la solennité du décor, l’exagération de la gestuelle ;
– la composition du tableau : le triangle composé par le roi Salomon et les deux mères ; les lignes de force
représentées par les bras des deux mères et le mouvement du soldat ;
– le jeu des couleurs : le rouge de la robe de Salomon, les chairs « vivantes » pour la mère à gauche, verdâtre
pour la mère à droite et son bébé mort, intermédiaire pour l’enfant que le soldat s’apprête à trancher, comme
s’il était suspendu entre la vie et la mort.
n Observer et décrire le tableau.
9. Identifier les protagonistes de l’histoire : le roi Salomon sur son trône, en rouge ; la fausse
mère tenant dans son bras le bébé mort ; la vraie mère faisant signe de tout arrêter ; le soldat
tenant le bébé vivant par le pied, prêt à le trancher, le public.
10. Caractériser l’atmosphère de la scène : mouvementée, horrible (une femme à droite se
détourne pour ne pas voir), angoissante (par la présence du bébé mort, verdâtre, au premier
plan)…
11. Faire le lien avec sa propre expérience : des situations où l’on n’arrive pas à savoir où est la
vérité.
n S’interroger sur la manière dont on procède alors pour ne pas se montrer injuste.
n Identifier la justice comme une valeur commune à tous.

Constituer la trace écrite


Organiser un débat. Comment appliquer les règles
Questions pour l’élaboration de la synthèse de la justice lorsqu’éclate un conflit en classe ou dans
Quelles sont les deux significations du mot l’école ? Les élèves retrouvent les règles fondamen-
« justice » ? tales de la justice : respect de la liberté, égalité entre
La justice est-elle une valeur de notre tous, équité, présomption d’innocence…
société ? Organiser un débat. Comment réagir quand on constate
une injustice ?
Proposition de synthèse
La justice est le sentiment qu’une situation est
normale, juste. Le mot désigne aussi les tribunaux et les juges chargés de sanctionner ceux qui
ne respectent pas la loi. La justice est une valeur commune à tous dans notre société.
Évaluation
Demander aux élèves les deux significations du mot « justice ».

Prolongements

n Atelier de lecture : Stéphane Duval, Le Petit Livre de la justice, Bayard Jeunesse, « Des petits

guides pour comprendre la vie », 2006.


n Atelier de lecture : Maud Hoestland, La Justice à petits pas, Actes Sud Junior, « À petits pas »,

2004.
n Atelier de lecture : Michèle Kahn, Contes et légendes de la Bible, Pocket Jeunesse, 2003,

tome ii. Le jugement de Salomon évoque l’appropriation, même s’il convient de rappeler que les
êtres humains n’appartiennent à personne : il s’agit ici du droit à vivre avec sa famille.
n Histoire : faire le lien avec un procès historique, comme celui de Dreyfus au xixe siècle.
n Visite : visiter un tribunal, le palais de Justice.

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