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Premiers réflexes

Spécial survie

Le livre qui pourrait bien vous sauver la peau


Sommaire

PRÉFACE

LES BONS RÉFLEXES POUR ÉVITER DE SE RETROUVER

EN SITUATION DE SURVIE

BIEN PRÉPARER SA SORTIE

BIEN LIRE UNE CARTE, S'ORIENTER ET SE REPÉRER

PRÉPARER UN JOURNAL DE BORD : LA NAVIGATION À L'ESTIME


FAIRE FACE À UNE SITUATION DE SURVIE

GÉRER LA SITUATION

FAIRE UN ABRI DE FORTUNE

FAIRE DU FEU

RÉCOLTER ET PURIFIER L'EAU

TROUVER À MANGER

ALERTER ET SE SIGNALER
EFFECTUER LES GESTES DE PREMIERS SECOURS

DANS LA MÊME COLLECTION

PAGE DE COPYRIGHT
Préface

Depuis 15 ans maintenant que je parcours notre belle nature pour


encadrer mes stages de survie, plusieurs milliers de personnes sont
passées entre mes mains. En emmenant des robinsons apprendre
les bons gestes pour faire face à l’imprévu, j’ai établi un bien triste
constat. En seulement deux ou trois générations, la plupart des gens
ont perdu le savoir-faire que leurs ancêtres maîtrisaient ! Trouver
des plantes sauvages comestibles, s’orienter avec les astres, faire
naître un feu avec deux bouts de bois, fabriquer de l’eau potable leur
est devenu totalement impossible. Pourtant nous venons presque
tous de la terre, avec des ancêtres agriculteurs, pêcheurs ou
maraîchers qui auraient dû nous transmettre leurs savoirs. Mais la
vie que nous menons aujourd’hui, moderne et confortable, nous a
happés. Nous avons oublié l’essentiel de la vie et de la survie en
nature pour nous concentrer sur d’autres savoirs.
Ce petit manuel vous fera découvrir les rudiments de toutes les
techniques indispensables. Vous y apprendrez aussi à découvrir « un
autre soi » plus sauvage et plus primaire qui révélera les ressources
insoupçonnées sommeillant en vous. Au-delà des techniques de
survie parfaitement décrites, Alban, Rémi, Yoann et Robin, que je
connais particulièrement bien, vous démontreront avec simplicité et
efficacité que le bon sens et l’intuition se travaillent et que des
gestes simples vous apporteront des solutions pour ne jamais
tomber en situation de détresse. Ils vous apprendront aussi que nous
ne sommes pas grand-chose devant la puissance de la nature et
qu’il est beaucoup plus intelligent de savoir la comprendre que de la
combattre car à la fin, au petit jeu de la survie… C’est toujours elle
qui gagne !
Denis Tribaudeau
Les bons réflexes pour éviter de

se retrouver en situation de

survie
Bien préparer sa sortie

→ LE LIEU
Quel type de terrain va-t-on parcourir (forêt, plaine, plateau,
montagne…) ? En France ou à l’étranger (jungle, désert, pôle…) ? Le
mieux est d’identifier à l’avance, sur une carte, le parcours à suivre.
La distance, le dénivelé, le terrain, la durée estimée sont autant
d’informations précieuses pour ne pas avoir de mauvaise surprise.
Cela permet de se rassurer sur le parcours et sur la direction, de
connaître le temps qu’il faut pour atteindre un but, d’identifier les
endroits sûrs mais aussi de prendre les bonnes décisions comme
faire demi-tour, s’arrêter ou continuer.
Avec les nouveaux outils GPS on peut même programmer des points
de passage à l’avance et se laisser guider. Mais les outils sont
fragiles, alors avoir une carte est toujours utile. Se renseigner aussi
auprès des autorités locales pour connaître les spécificités des lieux.

→ LE MOMENT
Il faut choisir le meilleur moment pour sa sortie et la préparer
correctement, en se renseignant sur les conditions météorologiques
par exemple. Optimiser le matériel, et prévoir des couches
supplémentaires pour le froid ou la pluie. Ne pas oublier de prévenir
une personne de l’entourage des sorties et des parcours. Toujours
laisser une copie du parcours dans le cas où les secours doivent
intervenir.
→ L’ÉQUIPEMENT
Il est important d’avoir un équipement adapté à la sortie en fonction
du milieu dans lequel on va évoluer mais aussi du temps qu’on y
passera. Penser à prévoir, quelle que soit la sortie, un « fond de
sac » minimum à toujours avoir avec soi. On pourra y retrouver :
• une bâche,
• un petit couteau,
• un peu de ficelle,
• un contenant (gourde, gamelle, etc.),
• un briquet ou tout autre moyen d’allumer du feu.
Bien lire une carte,

s'orienter et se repérer

Plus on anticipe, plus on connaît le terrain, moins on a de surprises.


L’orientation doit être au cœur de toutes les préoccupations lors des
expéditions. On doit systématiquement reporter sur la carte ce que
l’on voit sur le terrain, et ainsi avoir toujours une idée de sa position
sur la carte en fonction des singularités du relief environnant.

→ LA CARTE
Nous avons la chance en France d’avoir des cartes très détaillées de
tout le territoire grâce à l’IGN. Attention, ce n’est pas toujours le cas
à l’étranger. On y retrouve tous les éléments, d’origines humaines ou
naturelles (routes, bâtiments, villes, forêts, rivières…) et on identifie
les mouvements du terrain (montagnes, vallées, surplombs, collines,
talwegs…). Le nivellement est représenté sur la carte par des
courbes de niveaux, qui sont des lignes reliant tous les points de
même altitude et définissant la forme du relief : voir le dessin qui
suit.
→ DÉCRYPTER UNE CARTE
Pour utiliser une carte efficacement, il faut regrouper plusieurs
informations :
• des repères remarquables et sûrs qui permettent de se
situer sur la carte,
• la direction à suivre entre les points de départ et d’arrivée,
• la distance qui sépare ces deux points,
• les spécificités du terrain, la pente et les altitudes des divers
points présents sur la carte.
Toutes les cartes sont pourvues d’une légende très complète. Les
couleurs, par exemple, ont une signification importante :
• vert : végétation,
• bleu : hydrographie du terrain,
• noir : éléments artificiels type constructions, et parfois les
petits chemins forestier ou montagneux,
• rouge : éléments liés au tourisme (sentiers de grandes
randonnées, refuges, gîtes, camping…),
• bleu marine : éléments liés à des activités de nautisme,
• jaune : route forestière ou route secondaire.
Chaque carte est représentée selon une échelle bien précise, à
choisir en fonction du niveau de précision recherché. L’échelle est le
rapport entre la distance mesurée sur la carte, et la distance
mesurée sur le terrain. Par exemple, 1/25 000e signifie que 1 cm sur
la carte correspond à 25 000 cm (250 m) sur le terrain. Plus l’échelle
est grande, plus la carte est précise.
• grande échelle : 1/10 000e – 1/25 000e
• moyenne échelle : 1/25 000e – 1/100 000e
• petite échelle : 1/100 000e
La carte est accompagnée d’une représentation graphique sous la
forme d’une ligne divisée en parts égales et suivant une unité de
mesure. Il suffit de prendre un bout de ficelle, un morceau de papier
ou autre, de le mesurer en se servant de cette ligne graduée, et de
reporter la mesure sur la carte pour connaître la valeur d’une
distance.
La différence d’altitude entre deux courbes de nivellement est
indiquée dans la légende de la carte, elle est souvent de 5 ou 10 m.
Plus les courbes sont resserrées sur la carte, plus la pente est forte.
Plus les courbes sont espacées, moins le relief est important.
Attention, sur certains reliefs très doux, comme une plaine ou un
plateau, certaines courbes intermédiaires peuvent être en pointillé.
Les lignes de crêtes, situées tout en haut d’un relief, séparent en
général les deux versants du relief en question. Les lignes de talweg
relient les points les plus bas d’une vallée, indiquant des lieux
propices à l’écoulement des cours d’eau.

→ UTILISATION DE LA BOUSSOLE
La boussole est un outil indispensable à maîtriser pour avoir une
chance de toujours se repérer. On va parler ici des modèles de
boussoles les plus complets, que l’on trouve partout dans les
boutiques de sport.
Une boussole est composée de plusieurs éléments. Avec la
boussole, on cherche à prendre un cap, c’est-à-dire une direction à
suivre, couramment appelée azimut.

Voici comment prendre un cap.


• Identifier un point de repère visible (montagne, colline,
structure, forêt, etc.).
• Viser ce repère avec la flèche de visée (on peut utiliser un
bout de ficelle tendu comme viseur).
• En continuant de viser, faire tourner le cadran rotatif jusqu’à
ce que la flèche d’orientation se place sous l’aiguille aimantée.
Cette manœuvre s’appelle « placer le nord dans la maison du
nord ». Une fois que c’est fait, ne plus toucher au cadran.
• Avancer vers le point de repère avec la boussole posée à plat
(dans la main par exemple), de manière à ce que l’aiguille
aimantée reste toujours alignée avec la flèche d’orientation.

→ UTILISATION DE LA BOUSSOLE AVEC LA


CARTE
Première étape : orienter la carte. Tourner le cadran rotatif pour
aligner la flèche d’orientation et la flèche de visée. Poser la boussole
sur la carte à plat (attention aux surfaces métalliques comme les
capots de voiture, qui peuvent démagnétiser la boussole), avec la
flèche de visée qui pointe le nord de la carte. Tourner ensuite la
carte avec la boussole posée dessus jusqu’à ce que l’aiguille
aimantée de la boussole se superpose à la flèche d’orientation. On
obtient un alignement de l’aiguille, la flèche d’orientation, la flèche
de visée et le nord de la carte. Et ce qui est représenté sur la carte
est exactement ce que vous avez sous les yeux.
Une fois la carte orientée, identifier l’endroit où l’on se trouve et
poser la boussole dessus. Identifier ensuite le point où l’on veut
arriver, et tourner la boussole pour que la flèche de visée pointe vers
ce point d’arrivée. La dernière étape consiste à tourner le cadran
rotatif jusqu’à ce que l’aiguille aimantée soit superposée à la flèche
d’orientation. On appelle cette manipulation « fixer le cap ».
Une fois le cap fixé, on ne touche plus au cadran rotatif. Il ne reste
plus qu’à reprendre la boussole, ranger la carte, tourner sur soi-
même avec la boussole à plat dans la main pour bien superposer
l’aiguille aimantée avec la flèche d’orientation et suivre la flèche de
visée !
Préparer un journal de

bord : la navigation à

l'estime

Un roadbook, ou journal de bord, permettra de calculer à l’avance


l’ensemble des caps mais aussi de prévoir les itinéraires d’évitement
et les points de repères à atteindre. Chaque itinéraire est mesuré en
fonction de la distance entre deux points et de leur direction. À pied,
il est important d’étalonner la distance de ses pas pour connaître les
distances parcourues. Il faudra néanmoins être attentif aux éléments
de reliefs (dénivelé, pente), climatiques (vent, brouillard, neige,
glace), de terrain (sable, marécage, boue) qui peuvent grandement
impacter cette distance.

→ NAVIGATION D’URGENCE
Le Soleil
Il se lève à l’est et se couche à l’ouest. À midi il se trouve au sud dans
l’hémisphère nord et au nord dans l’hémisphère sud.
On peut utiliser une montre pour s’orienter grâce à lui, à condition la
passer à l’heure solaire. En France il faut faire -1 heure en hiver et -2
heures en été. Quand la montre est bien réglée, pointer la petite
aiguille sur le Soleil. Visualiser l’angle formé par la petite aiguille
d’une part et le 12 de la montre d’autre part. La droite passant au
centre de cet angle donne l’axe nord-sud. Entre 6 heures et 18
heures solaires, l’intérieur de l’angle pointe le sud et l’extérieur le
nord. Autrement c’est l’inverse. Sans montre à aiguilles, il suffit de
dessiner un cadran de montre au sol en positionnant les aiguilles
sur la bonne heure.

L’ombre
Une autre technique, tout aussi efficace, consiste à planter un bâton
dans le sol et à observer son ombre.
• planter dans le sol un bâton droit d’au moins 50 cm de long.
• dans un premier temps, poser une pierre sur son ombre.
• attendre ensuite une vingtaine de minutes que l’ombre se
déplace et marquer avec une autre pierre le nouvel
emplacement.
• relier par une ligne les deux pierres (avec un bâton ou de la
ficelle) pour obtenir l’axe est-ouest : la première pierre indique
l’ouest et la seconde l’est.
• on déduit l’axe nord-sud en traçant une ligne perpendiculaire
à celle qui relie les deux pierres.
Note : si on a un peu plus de temps, après avoir posé la première
pierre, on peut éventuellement tracer un cercle dont le centre est le
bâton et dont le rayon est la longueur de l’ombre. Pour tracer le
cercle, on peut s’aider d’une corde tendue. Puis on attend assez
longtemps pour que l’ombre rétrécisse et grandisse à nouveau pour
toucher un autre point du cercle. Ensuite on trace la ligne est-ouest
entre les deux pierres. C’est un procédé plus long et plus compliqué,
qui fonctionnera bien s’il est mis en place aux alentours de midi,
mais qui donne un résultat plus précis.
Les étoiles
• Ciel boréal
Dans l’hémisphère nord (ciel boréal) pour se guider avec les étoiles,
il faut réussir à repérer l’Étoile polaire qui indique toujours le nord.
Pour cela on s’aide de deux constellations qui sont toujours visibles
par nuit claire, la Grande Ourse et Cassiopée, car elles se trouvent
dans des directions opposées par rapport à l’Étoile polaire. Elles
tournent autour d’elle dans le sens des aiguilles d’une montre et
sont facilement repérables.
La première méthode consiste à tracer une ligne entre l’étoile située
à la base du manche de la casserole de la Grande Ourse et l’étoile
centrale de Cassiopée. l’Étoile polaire se trouve au milieu de cette
ligne. La seconde méthode consiste à repérer les deux étoiles qui
forment le bord de la casserole opposé au manche. Tracer une ligne
entre ces deux étoiles et prolonger cette ligne de quatre à cinq fois
sa longueur pour déterminer l’emplacement de l’Étoile polaire.

• Ciel austral
Dans l’hémisphère sud (ciel austral) il n’existe malheureusement
pas d’étoile fiable pour indiquer le sud céleste. Cependant on peut
s’orienter grâce à la Croix du Sud : c’est une constellation de cinq
étoiles, dont quatre sont réellement visibles et forment une croix
penchée dans le ciel. On utilise ici la distance entre les deux étoiles
qui forment les « sommets » de la croix, sur le plus grand axe. On
prolonge quatre fois environ cette distance. On trouve un point
imaginaire qui représente le pôle Sud céleste. Il suffit alors de tirer
un trait vers l’horizon à partir de ce point et de le marquer au sol
pour avoir la direction du sud.
Faire face à une situation de

survie
Gérer la situation

→ GÉRER L’IRRUPTION DE LA SITUATION DE


SURVIE
Se retrouver perdu ou blessé, loin de toute civilisation, n’a rien
d’enviable. Il faut s’en sortir le plus vite possible. Dans le meilleur
des cas, il faudra attendre que les secours viennent vous chercher.
Dans le pire scénario, il va falloir s’en sortir seul ou attendre que la
disparition soit remarquée.

→ COMBATTRE LE CHOC PSYCHOLOGIQUE


Seul ou en groupe, la tâche s’annonce à première vue plutôt difficile
et les dangers nombreux. Le premier danger, c’est soi-même : sous
l’effet du stress, l’adrénaline se répand très rapidement dans les
veines, les pupilles se dilatent, la respiration s’accélère et une
pellicule de sueur se forme sur la peau. La vision se focalise, les
oreilles n’entendent plus, et le cœur bat de plus en plus fort. Tout
cela dans le but de se préparer physiquement à un effort important.
En contrepartie, lire, s’orienter, manipuler des petits objets,
communiquer avec les autres et comprendre la situation devient
plus difficile.
Avant toute chose, il faut prendre le temps de se poser et de respirer
profondément par le nez afin de ne pas rester en hyperventilation, de
faire redescendre la tension artérielle, et surtout de sortir le cerveau
du brouillard. Il est important de s’occuper l’esprit et de rester actif,
ce sera la meilleure façon de bien réagir avec les bons gestes et de
garder le contrôle sur les émotions.

→ ÉVITER LE SURACCIDENT
La priorité absolue est d’éviter un suraccident.
• Rassembler le matériel, il est primordial et c’est grâce à lui
qu’on survit plus longtemps.
• Se placer en sécurité : s’éloigner de toutes les sources
potentielles de danger.
• Penser également à placer en sécurité ses compagnons
d’infortune s’ils n’ont pas le réflexe de le faire d’eux-mêmes.

→ ÉTABLIR DES PRIORITÉS


Les priorités en survie sont les suivantes :
• se mettre au sec,
• se mettre au chaud,
• s’hydrater.
Une façon de résoudre ces trois premières priorités est d’allumer un
feu. En plus de signaler votre présence et de vous réchauffer, il
permet de rester actif et est d’un grand réconfort psychologique. Au
final, les autres besoins comme celui de manger sont relativement
facultatifs. Il y a plus de 140 000 Kcal stockés dans un corps, la faim
est donc bien la dernière des priorités.

→ ÉLABORER UNE STRATÉGIE


En groupe, penser à inclure tout le monde et à énoncer clairement
les idées et les différentes solutions. En situation de survie trois
décisions s’offrent en général :
• évacuer la zone si elle est dangereuse (tempête, sables
mouvants…) et si c’est possible,
• aménager le coin où l’on se trouve si on ne peut pas le quitter
(blessure, île déserte…),
• aller chercher des secours (compagnon blessé, égarement
dans la jungle…).
Il s’agit de prendre la moins mauvaise des décisions. Vu la situation,
il n’y en aura de toute façon pas de « bonne ». Les militaires vous
diraient de simplement retenir le mot P.L.A.N.
Protection : se placer en sécurité.
Localisation : décider vers où aller ensuite. Continuer d’avancer,
faire demi-tour, ou se dérouter vers un autre itinéraire.
Approvisionnement : faire l’inventaire du matériel, des ressources
humaines et matérielles.
Navigation : se mettre en route en suivant la stratégie.
Une fois la stratégie élaborée, s’y tenir. Une seule stratégie est
adoptée collectivement et ne se remet pas en cause tant qu’il n’y a
pas d’éléments nouveaux susceptibles de compromettre fortement
sa réalisation. On part du principe que la dernière information
partagée est celle qui restera en vigueur dans le groupe. Dernière
information = bonne information.

→ METTRE DE CÔTÉ LA CULPABILITÉ ET LES


REMORDS
Vivre une situation de survie est l’une des pires choses qui peuvent
arriver : on ne sait pas si on s’en sortira, ni quand. Le fait d’être en
groupe est un fort atout mais n’est pas pour autant forcément
agréable.
Le responsable de ce qu’il se passe (en général celui qui tenait la
carte ou ouvrait la marche) culpabilise énormément de ce qu’il est
en train de se passer. Les autres lui en veulent, parce qu’il est
toujours plus facile de choisir un bouc émissaire. Même si c’est plus
facile à dire qu’à faire, il faut mettre les rancœurs de côté et arrêter
de refaire le passé.
Faire un abri de fortune

Dans une situation de survie, il sera souvent nécessaire de monter


un camp. D’abord parce que les secours trouvent plus facilement les
personnes qui restent où elles sont. Mais aussi car l’abri protège. En
effet, il suffit de quelques heures d’exposition à l’eau ou au froid pour
souffrir irréversiblement d’hypothermie. Faire un abri est donc
parfois plus prioritaire que trouver de l’eau.

→ LOCALISATION
Le lieu choisi est souvent plus important que tout le reste. Il faut se
positionner à proximité des ressources - bois pour le feu et la
construction de l’abri, eau pour la boisson et la toilette - et si
possible avec un avantage pour la signalisation.
Il faut aussi éviter tous les dangers liés au terrain. Un dénivelé
important peut présenter des risques d’avalanche ou d’éboulis. La
proximité trop immédiate d’un cours d’eau expose au risque de crue.
L’eau stagnante est l’habitat du moustique, vecteur de maladies. Un
abri ne se fait pas dans une cuvette, car c’est là que le froid va
tomber la nuit. Il ne doit pas non plus être ouvert en direction du vent
dominant (dans le doute, sachez que celui-ci vient souvent de la mer,
ou des hauteurs). S’écarter des sentes animales, car la majorité des
animaux attend la nuit pour se déplacer. Enfin, en forêt, vérifier
alentour la présence de grands arbres morts sur pied : il suffit d’un
peu de vent pour qu’ils s’abattent. Vérifier enfin l’absence de nid
d’insectes.
→ MATÉRIAUX
Le but est d’arranger un endroit pour un repos de quelques heures.
On dépense donc le moins d’énergie possible pour un résultat
optimal. Les meilleurs matériaux sont ceux qui demandent le moins
d’effort.
En forêt, le bois mort suffit pour faire un abri de débris : les grandes
branches feront la structure grossière, les petites branches un
premier niveau de couverture, et les feuilles mortes et épines
serviront à étanchéifier le tout. En montagne ou dans le désert, un
simple muret de pierres pour couper le vent fait gagner les quelques
degrés qui feront la différence. Dans la neige, une simple tranchée et
un matelas de branches de sapins vous mettent à l’abri du vent glacé
et hors de contact du sol gelé. Dans tous les cas faire attention, en
manipulant ces matériaux, aux animaux dérangés. Les serpents sont
souvent dans les pierres chaudes à la fin du jour, les tapis de feuilles
mortes abritent leur lot de rampants. Le mieux est de porter des
gants, ou de faire les manipulations avec précaution : balayer le sol
avec une branche, soulever lentement les pierres en se tenant à
distance, vérifier les branchages avant de les brasser, rester hors de
portée des plantes urticantes, etc.
Pour couper du bois vert, choisir de préférence des essences qui
repoussent vite (bambou, balsa, fougères, feuilles de palmier et de
bananier, etc.).
Dans certains cas on trouve un endroit qui peut servir naturellement
de protection : une grotte (se méfier des autres habitants avant de
s’y installer), ou un gros arbre tombé offrant un trou de souche
(vérifier l’écoulement des eaux pour ne pas vous retrouver dans une
mare au milieu de la nuit).
Enfin, si vous avez une bâche, il suffira de quelques matériaux pour
faire une couche au sol qui isole du froid, et la bâche viendra faire
une protection contre le vent et l’humidité.
→ TYPE D’ABRI
Le type d’abri devra être adapté à l’environnement. Il faut donc
d’abord évaluer le contexte avant de construire : la nuit va-t-elle être
froide ? Le vent est-il un problème ? Est-ce que le soleil va taper
dur ? Risque-t-il de pleuvoir ? Pour se protéger du soleil, du vent ou
de l’humidité, un abri « un pan », ou « simple appentis », est souvent
suffisant. Pour en monter un rapidement avec une bâche, s’entraîner
avant de partir en suivant par exemple une vidéo Lean-to shelter sur
Internet.

Abri un pan.

Pour se protéger de la pluie, il faudra plus probablement un abri


« deux pans », ou « double appentis ». Avec bon entraînement via
une vidéo A frame shelter ou Rain fly tarp shelter cela ne prend que
quelques minutes.
Abri deux pan.

Enfin, dans une zone où rodent des grands prédateurs, penser à faire
un abri qui soit dissuasif, avec des branches couvertes d’épines tout
autour du camp, et un feu en face de l’entrée.
Pour se protéger du froid et de l’humidité du sol, faire
impérativement un matelas de branches, ou une couche surélevée.
En survie on dit souvent « une épaisseur en dessous vaut mieux que
deux au-dessus » car le froid vient plus souvent du sol que de l’air.
Planter quatre piquets en rectangle (aux dimensions de votre lit) qui
permettront de garder les matériaux en place au sol pendant le
sommeil ou même faire un cadre rempli de « paillasse » (herbes,
fougères, bambous, etc.). Ne pas hésiter à nourrir généreusement le
matelas : 30 cm de branchages simplement posés deviennent 3 cm
une fois qu’on a dormi dessus quelques heures… Pour dormir au sol
dans une zone où il peut pleuvoir, creuser tout autour de l’abri fini
une petite tranchée qui permettra de dévier le ruissellement. Pour
passer plusieurs nuits dans l’abri, continuer à le peaufiner chaque
jour pour améliorer la qualité du repos.
Faire du feu

Le feu est une priorité en survie. Il permet de se chauffer, de purifier


l’eau, de se signaler, de faire fuir les animaux. Que ce soit en forêt,
en jungle, dans le désert ou dans la neige il est toujours possible de
faire du feu. L’objectif est donc de créer de la chaleur, puis une
braise, pour ensuite la transformer en flamme.
Il existe cinq grands principes pour arriver à ce résultat : la friction,
la réverbération, l’électricité, les réactions chimiques et le choc. Il
est important de tout bien préparer avant de se mettre à l’œuvre. Le
choix des matériaux est essentiel.

→ LA FRICTION
Le but est de créer la braise en frottant deux morceaux de bois. Cela
fonctionne avec toutes les essences, plus ou moins facilement. Vos
essences doivent être sèches.
• Le matériel pour la technique de l’archet
Il vous faut une planchette mesurant entre 2 et 3 cm d’épaisseur et
qui doit être plus large que le diamètre de la drille.
La drille, ou foret, doit faire environ 25 cm de long pour 2 cm de
diamètre. Plus le diamètre est grand, plus il y a de friction, plus il
faut de force. Mais la force peut être compensée par la technique. Le
lierre pour la planchette et le noisetier pour la drille fonctionnent
très bien ensembles. Tout en noisetier, c’est bien aussi !
La paumelle servira à tenir la drille en contact avec la planchette
pendant sa rotation. Cartouche de fusil usagée, pierre avec un trou,
coquillage… Attention à la pommelle en bois, elle chauffera aussi.
Pour l’archet on utilise un lacet, une cordelette, le cordon d’un pull
ou d’un imperméable, etc. Peu importe le type de bois, seule la
forme légèrement arquée compte. La longueur ne doit pas dépasser
50 cm pour la maniabilité.
• Fabrication de la braise
Le principe : faire tourner la drille sur la planchette pour créer des
filaments de chaleur qui vont s’agglomérer et former une braise.
Pour cela, faire une empreinte, un petit trou sur votre planchette
pour guider la drille. Tailler une encoche en V pour récupérer les
filaments. La pointe du V ne doit pas dépasser le milieu de
l’empreinte. Tenir fermement la planchette avec le pied, elle ne doit
pas bouger et rester horizontale. La drille doit rester droite : pour
s’en assurer, caler son poignet contre son tibia. Faire tourner la
drille jusqu’à remplir l’encoche. Taper légèrement sur la planchette
pour décoller la braise. Résultat : un amas noir fumant.
• Transformation en flamme
Préparer une étoupe sans brindille, sans feuille, sans vert (herbes
sèches, fougères, nid d’oiseau, copeaux de bois, écorce de genévrier,
galle du chêne, miettes de bois pourri…). Emprisonner la braise au
centre en l’enfermant sans l’écraser mais en serrant pour la garder
en contact avec l’étoupe. Souffler légèrement le plus longtemps
possible et progressivement de plus en plus fort. Attention de ne pas
souffler trop près pour éviter la vapeur humide du souffle et pas trop
fort pour ne pas avoir de flammèche qui sort de l’étoupe.
Le point de chaleur grossit, la fumée s’épaissit et l’étoupe
s’enflamme. Quand on a la flamme, ajouter un premier tas de
brindilles, puis un second, préparés à l’avance.

→ LA RÉVERBÉRATION
Le principe consiste à concentrer les rayons du soleil en un point, le
plus petit possible. Il faut un soleil franc, sans nuages, dirigé
directement sur l’amadou ou sur l’étoupe. On obtient un « point » de
façon quasi instantanée avec une loupe, un préservatif rempli d’eau
claire, une lentille de Fresnel ou un four solaire. On obtient une
braise, à transformer en flamme.

→ L’ÉLECTRICITÉ
Avec de la paille de fer ou du papier d’aluminium (chewing-gum), on
relie simplement les deux pôles +/- d’une pile 9 V. Le papier ou la
paille de fer va chauffer jusqu’à devenir incandescent(e). On obtient
une braise, à transformer en flamme.

→ LA RÉACTION CHIMIQUE ET LE CHOC


Ce sont des techniques moins facilement utilisables. Différentes
associations de produits chimiques créent une réaction qui permet
d’obtenir du feu. Le choc est la méthode la plus ancienne. En
choquant dans des directions opposées un silex et une marcassite
ou pierrite (deux silex ensemble ça ne marche pas), des étincelles
apparaissent, qu’on envoie dans l’étoupe.
Récolter et purifier l'eau

Il faut normalement deux litres d’eau par jour et par personne. On


considère qu’en général, on ne peut pas rester plus de trois jours
sans boire. Les premiers symptômes de déshydratation sont les
lèvres et la gorge sèches, des maux de tête et les pupilles qui se
dilatent. Puis les muscles ne fonctionnent plus et c’est la perte de
conscience.
On part du principe que toutes les eaux sont contaminées (bactéries,
traitement chimique…), même en montagne. Or, boire une eau
contaminée peut transmettre des maladies et créer des
vomissements qui augmenteront la déshydratation. Toute eau bue
doit être préalablement décontaminée. L’eau de mer doit aussi être
dessalée.

→ RÉCOLTER DE L’EAU
• Avec un chèche
Accrocher le chèche à une branche, le contenant étant posé au sol
en dessous. L’eau de pluie va ruisseler le long de la branche, imbiber
le chèche puis se déverser dans le contenant. On peut aussi récolter
la rosée du matin en s’accrochant le chèche aux chevilles et en allant
marcher dans les prairies par exemple.
• Le piège à condensation
À l’aide d’un sac type plastique / poubelle ou d’une bâche,
emprisonner une branche hermétiquement pour la nuit. Le matin,
des gouttelettes de condensation se formeront. L’eau récupérée est
directement consommable.
• Le puits solaire
Faire un trou de 50 cm de longueur, de largeur et de profondeur.
Placer des végétaux au fond et un contenant (gourde, gamelle…) sur
les végétaux. Placer une bâche sur le trou et calfeutrer les contours
avec du sable ou de la terre. Poser un poids léger au centre de la
bâche (caillou, coquillage, boule de terre…). La condensation se
forme sur la bâche et se déverse dans le contenant.

• Le bambou
En tapant sur les différents compartiments du bambou, on trouve
lesquels retiennent de l’eau : ils émettent un bruit plus sourd. Faire
un trou pour récolter l’eau qui devra par la suite être purifiée.
Une autre méthode consiste à écorcher le bambou de bas en haut,
afin de décoller une languette que l’on insère dans un bambou
coupé. Comme l’eau monte la journée et redescend la nuit, si on
prépare le dispositif le soir, l’eau va ruisseler le long de la languette
pour couler dans le bambou coupé. Au matin on peut récolter plus
d’un litre d’eau directement consommable.
• L’urine
Boire son urine fonctionne pour gagner quelques heures
d’hydratation mais il faut la boire tout de suite pour éviter la
prolifération des bactéries. Cependant, impossible de tenir sur le
long terme ainsi. On finirait par n’absorber que les toxines.

→ PURIFIER L’EAU RÉCOLTÉE


Pour purifier l’eau, on peut trouver des équipements dans le
commerce. La paille filtrante est un filtrage mécanique créé par
l’industrie et constitué de plusieurs membranes. Plonger la paille
dans l’eau impropre, aspirer : l’eau qui sort par l’autre extrémité est
consommable. C’est instantané. Les pastilles de purification sont un
traitement chimique à base d’ions d’argent. Différentes marques en
proposent avec un temps d’attente plus ou moins long (trente
minutes à deux heures en général). Une eau traitée par pastille peut
se conserver six mois. Petit point noir : ce traitement détruit aussi
les bonnes enzymes de l’estomac, ce qui affaiblit légèrement le
système immunitaire.
Si on n’a ni paille ni pastilles, l’ébullition reste le moyen le plus
rapide de décontaminer une eau : la faire bouillir 10 minutes pour
tuer toutes les bactéries. Cependant elle perd ses minéraux il faut
donc impérativement la reminéraliser en y ajoutant des végétaux
(menthe sauvage, aiguilles de pin…). On peut aussi y ajouter des
cailloux qui, en s’entrechoquant, décolleront les sels minéraux collés
aux parois du contenant. Boire de l’eau déminéralisée peut bloquer
les reins sur le long terme.
On peut aussi fabriquer un filtre à charbon. Le charbon fonctionne
comme une éponge. Il absorbe les bactéries. Pour cela, couper le
fond d’une bouteille et placer dans la partie « goulot » un morceau
de tissu (attention aux vêtements propres qui donnent un goût de
lessive à l’eau). Bien tasser au niveau du bouchon. Percer ce dernier
de plusieurs petits trous. Remplir la bouteille d’un tiers de charbon
pilé en poudre, et le reste de charbon plus grossier. Verser l’eau
souillée sur le charbon. Elle doit sortir au goutte-à-goutte par le
bouchon percé, une fois le filtre imbibé. Chaque goutte qui en ressort
est claire et consommable. Cela prend un peu de temps mais on
obtient une eau à température ambiante.
Trouver à manger

→ MANGER N’EST PAS UNE PRIORITÉ


On peut rester plusieurs semaines sans manger si on part du
principe qu’on économise son énergie et qu’on ne parcourt pas des
kilomètres en courant derrière les lapins ! Le corps s’affaiblit mais il
reste en vie. Il entre en jeûne, l’estomac se rétrécit. Le corps puise
ses ressources dans le foie et les reins puis il brûle les graisses.
Quelqu’un de bien portant survivra mieux que quelqu’un de très
musclé. Les femmes, qui ont un corps fait pour enfanter et donc
pour stocker, résistent mieux.
Pour manger, mieux vaut piéger. Faire une lance, un arc, des flèches
demande du temps, de l’expérience et coûte beaucoup d’énergie par
rapport à l’apport nutritif de la prise. Le piège, lui, travaillera pour
vous.
L’idée n’est pas de remplir l’estomac, mais plutôt de trouver ce qui
est nutritif. Par exemple, l’énergie apportée par un lapin est aussitôt
consommée par sa digestion. Donc majoritairement, l’alimentation
se limitera à des soupes, des baies, des fruits… Lors de la récolte,
privilégier les jeunes pousses qui seront plus riches, plus tendres.
On peut manger des champignons (attention il faut bien les
connaître) ; des fruits de saison ; des orties à consommer crues ou
cuites : pincer la feuille par dessous pour la plier en deux, puis la
rouler pour écraser les poils urticants ; des baies d’églantier :
couper la baie en deux, retirer les pépins et les poils urticants,
manger la chair ; les fruits, les jeunes fleurs et les feuilles de
l’aubépine ; des baies de genièvre ; des prunelles en automne ; des
panais ou des carottes sauvages si on en trouve ; des feuilles de
pourprier.

→ LES PIÈGES
La pose d’un piège se fait la veille pour le lendemain. Attention à la
législation : ces pièges sont considérés comme du braconnage.
• Vous pouvez apprendre à utiliser le collet, pour le lapin
principalement, qui est un système de nœud coulant suspendu
près du sol.
• le piège en 4 pour le petit gibier (loir, caille, souris,
gerboise…) qui va permettre de faire chuter un objet lourd sur
l’animal.
• le déclencheur pour le gros gibier, qui est un système de
contrepoids à placer sur le passage de l’animal.
• la tendelle pour les oiseaux, qui est un piège facile à réaliser
et ne nécessitant aucun cordage, simplement une pierre et des
morceaux de bois.
Alerter et se signaler

Il existe de nombreux signaux permettant de communiquer sa


position, mais il suffit d’en connaître quelques-uns pour se sortir
d’affaire dans la majorité des cas.

→ LES SIGNAUX POUR LES ÉQUIPES AU SOL


• Les marques au sol
Afin de faciliter le travail des pisteurs, penser à multiplier les
marques de passage. Par exemple, faire des flèches avec trois bouts
de bois pour indiquer dans quelle direction on avance, à chaque
croisée de chemins, et à chaque fois qu’on quitte un camp.
Également, découper des morceaux de vêtements aux couleurs vives
et les nouer à des endroits visibles.
Quand c’est possible, laisser une note bien visible sur chaque camp
avec un maximum d’information : état de santé, plan, matériel,
rations… Cela permettra aux secours de vous retrouver rapidement
et de pouvoir vous fournir ce dont vous aurez besoin lors de
l’extraction. Dans un milieu très dense, laisser aussi des marques
sur la végétation : coup de machette sur les troncs à hauteur de
visage, branches pliées à hauteur de coude en direction de l’objectif
visé, feuilles balayées aux lieux de pause…
• Les signaux lumineux
Le miroir est la meilleure option. Un miroir de signalisation possède
une marque en son centre qui permet de « viser » une cible donnée :
habitation, véhicule terrestre, groupe de personnes, etc. Pour utiliser
le miroir avec un aéronef, former un V avec deux doigts de la main,
au bout du bras tendu devant soi, et placer le faisceau réfléchi entre
les doigts pour atteindre la cible choisie. Un tel signal est visible à
plus de 15 km, et dans certaines conditions idéales, peut même être
repéré par un pilote à plus de 100 km.

Pour se signaler à une équipe au sol qui cherche de nuit, utiliser un


bâton lumineux en le faisant tourner sur lui-même au bout d’un fil
de 50 cm. Avec une lampe de poche, envoyer un message SOS en
direction des secours à partir du moment où vous pouvez les
entendre : 3 éclairages courts, 3 longs, 3 courts. Ces deux signaux
sont visibles à quelques dizaines de mètres de distance, donc ce
n’est pas la peine de les utiliser trop tôt, personne ne pourrait les
voir.
• Les signaux sonores
Il est parfaitement inutile de se signaler en criant. Le cri humain ne
porte pas loin et est fortement étouffé par les obstacles naturels.
Avec un sifflet, souffler à 3 reprises, à intervalles réguliers. Les
équipes au sol utilisant le même outil siffleront 1 coup pour
demander de se signaler, puis 2 coups pour signifier qu’elles ont
entendu la réponse. Sur un objet en métal, comme une gourde ou
une gamelle, frapper 3 coups à intervalles réguliers avec une pierre
ou un autre objet métallique.

→ LES SIGNAUX POUR LES ÉQUIPES EN VOL


• Les marques au sol
Pour être visibles depuis les airs, les marques doivent répondre à
des critères de visibilité : taille, forme et contraste créé avec
l’environnement. Pour être visible depuis un aéronef passant entre
200 m et 400 m d’altitude, la taille des marques doit être de 8 m de
longueur et d’au moins 1 m de largeur. Les formes géométriques
sont toujours plus faciles à repérer car très rares à l’état naturel.
Pour créer un contraste facilement repérable, il faut que les
marques soient d’une couleur qui se différencie fortement par
rapport au sol. Quant au message porté par les marques au sol, le
plus court sera le meilleur : SOS, HELP, ou juste une grande croix.
• Les feux de détresse
Un signal international de détresse consiste à placer trois foyers en
triangle équilatéral. Il faut dans l’idéal que cela soit fait sur un
endroit isolé et facile à repérer de loin : plateau, sommet d’une
colline, ou a minima une clairière dégagée. Il faut aussi que les trois
feux soient au moins à 10 m les uns des autres, sinon la plupart des
aéronefs penseront qu’il s’agit d’un seul feu. S’il n’y a pas assez
d’espace pour les placer en triangle, les mettre en ligne à 20 m de
distance les uns des autres, par exemple sur une crête.
On peut préparer trois foyers et n’en faire brûler qu’un seul, qui
servira à rapidement allumer les deux autres au moment où un bruit
de moteur se fait entendre. Les deux autres doivent donc être faciles
à enflammer, avec une épaisse base de rameaux secs, et une pile de
verdure par-dessus. On aura prévu une troisième pile de verdure
découpée d’avance à mettre sur le feu déjà allumé au moment
propice car on ne pourra pas couper des branches vertes à la
dernière minute.
La nuit, la seule lumière provoquée par ces trois feux de détresse
sera suffisante pour alerter les secours. Le jour, ce sera la fumée qui
sera remarquée. Encore une fois, c’est le contraste par rapport à
l’environnement qui est important. Donc dans un milieu sombre il
faudra faire une fumée blanche, en utilisant des branchages et des
feuilles vertes. Mais dans un milieu clair il faudra faire une fumée
noire, en utilisant un morceau de plastique, de poubelle, ou dans le
pire des cas un morceau de sa propre semelle de chaussure. Dans
tous les cas, bien surveiller les feux de détresse afin de ne pas créer
un feu de forêt !
• Les signaux lumineux
Le miroir est la meilleure option, car il est visible à grande distance
(voir pages 46-47 la méthode pour viser). On peut éventuellement se
servir du code morse.
Avec une fusée éclairante (pour la nuit) ou fumigène (pour le jour), le
meilleur moment d’utilisation est quand on entend les moteurs : le
véhicule est alors à seulement quelques centaines de mètres. Cela
augmentera grandement les chances que la fusée, montant
généralement à environ 100 m, soit repérée. L’aéronef fera
probablement un vol bas de repérage encore plus près, vous
permettant d’utiliser les signaux corporels.
• Les signaux corporels
Une fois que les secours aériens ont localisé votre position, ils vont
la communiquer aux équipes au sol les plus proches, ou tenter un
vol bas de repérage. En profiter pour leur signaler votre situation par
des signaux corporels.
« Yes, j’ai besoin d’aide » : les jambes droites et les bras écartés (le
corps formant ainsi un grand Y). « J’ai besoin d’une assistance
médicale » : les jambes et les bras écartés (votre corps formant un
grand X).
Pour signifier qu’ils ont bien reçu le message, les secours aériens
vont balancer l’aéronef de gauche à droite. Même s’ils s’éloignent
après, cela signifie qu’ils vont faire venir de l’aide.
• Le code morse
Que ce soit pour les signaux lumineux ou sonores, il y a toujours
intérêt à emmener avec soi un petit rappel du code morse, collé à
l’intérieur du sac à dos ou du kit de survie.
• Un signe « court » vaut 1 unité de temps.
• Un signe « long » vaut 3 unités de temps.
• L’espace entre 2 signes (point ou trait) au sein d’une même
lettre vaut 1 unité.
• L’espace entre 2 lettres vaut 3 unités.
• L’espace entre 2 mots vaut 7 unités.
Effectuer les gestes de

premiers secours

Le but de ces gestes n’est en aucun cas de guérir une personne


blessée. Le but est de préserver au maximum son état de santé
jusqu’à l’arrivée des secours. Certains de ces gestes peuvent
provoquer des traumatismes ou des hémorragies internes mais ils
seront toujours préférables à une lente agonie. C’est pourquoi tout
geste de secours doit obligatoirement être suivi d’un passage à
l’hôpital le plus rapidement possible, même si la personne ne
montre pas de signes extérieurs inquiétants. Pour être formé à ces
gestes n’hésitez pas à passer la formation de Prévention et Secours
Civiques de niveau 1 (PSC1).
Les réflexes à avoir pour toutes les situations de détresse sont :
1. sécuriser le lieu de l’accident pour vous et pour la victime ;
2. prévenir les secours le plus vite possible en composant le
112 et en précisant le lieu de l’accident et l’état des victimes ;
3. procéder aux gestes de premiers secours en attendant les
secours.

→ LA BRÛLURE
En attendant les secours et quelle que soit la cause de la brûlure,
l’arroser abondamment à l’eau fraîche.

→ LA NOYADE
C’est sans doute le cas le plus dangereux : même si on arrive à
nager jusqu’à la personne qui se noie, les chances d’en revenir sont
minces. La personne en train de se noyer panique et n’hésitera pas à
maintenir quelqu’un d’autre sous l’eau si cela lui permet de
stabiliser sa propre tête hors de l’eau. Elle risque également de
s’accrocher. La solution la plus sûre quand on n’est pas très bon
nageur est d’envoyer une corde, une bouée ou de tendre un bâton. Si
la victime a été ramenée à terre et est consciente, la réchauffer. Si
elle est inconsciente mais qu’elle respire, la mettre en P.L.S (page
58). Si elle ne respire pas, commencer le massage cardiaque (page
62).

→ L’HYPOTHERMIE
L’hypothermie est rarement fulgurante : la victime transie de froid a
un comportement anormal en restant prostrée silencieusement et
en s’isolant du reste du groupe. Il faut y remédier au plus vite malgré
l’engourdissement du cerveau. Pour cela, la victime peut changer de
vêtements s’ils sont humides, allumer un feu, se réfugier dans un
abri ou au fond de son duvet. Dans le pire des cas, elle court en rond
autour d’un arbre ou fait un effort physique ou une série de pompes.

→ L’ÉTOUFFEMENT
La personne victime d’étouffement porte les mains à sa gorge et ne
peut plus ni parler ni tousser ni respirer. Mettre cinq claques dans le
dos de la victime en vérifiant entre chaque si elle va mieux.
Si cela ne suffit pas, passer aux compressions abdominales. Se
placer derrière la victime, positionner le poing légèrement au-
dessus du nombril et avec l’autre main à plat appuyer vers l’arrière
et vers le haut comme pour le rentrer dans la cage thoracique. Faire
ce geste cinq fois et si cela ne fonctionne toujours pas, recommencer
aux claques.
→ L’HÉMORRAGIE
L’hémorragie externe est une perte de sang visible, abondante et
prolongée qui ne s’arrête pas spontanément. Appuyer sur la plaie
avec un linge propre en protégeant ses propres mains et allonger la
victime. Garder la plaie fermement comprimée jusqu’à l’arrivée des
secours. L’idéal est de ne pas être en contact avec le sang de la
victime.
Uniquement en cas d’urgence absolue, faire un garrot. Le garrot se
fait avec une ceinture, une corde, un morceau de vêtement déchiré
ou autre et un objet de type morceau de bois. Placer le garrot à une
vingtaine de centimètres en amont de la plaie. Le garrot est bien
serré lorsque l’hémorragie s’arrête.
Il ne faut jamais enlever un corps étranger d’une plaie. Si le
saignement autour du corps étranger est important, réaliser une
compression manuelle en appuyant immédiatement de part et
d’autre de l’objet et en rapprochant les côtés de la plaie.

→ LA PERTE DE CONNAISSANCE
La victime qui a perdu connaissance ne répond pas à des ordres
simples de type « serre-moi la main » et elle respire. S’il n’y a pas
de respiration, passer immédiatement au massage cardiaque.
En attendant les secours il est impératif de mettre la victime en
Position Latérale de Sécurité, de la couvrir et de surveiller la
respiration.
1. Se placer près de la victime, à genoux. Placer le bras de la
victime perpendiculairement au corps de la victime et le plier à
90°.

2. Se saisir du bras opposé de la victime, et plaquer la main de


la victime contre l’oreille de la victime.
3. Tout en maintenant la main plaquée contre l’oreille, saisir la
jambe opposée de la victime, sous le genou, et la remonter
sans décoller le pied du sol.

4. En utilisant la jambe comme levier, faire pivoter le corps de


la victime vers soi. Le corps de la victime se retrouve couché
sur le côté, en appui sur son genou. Retirer doucement la main
qui est toujours plaquée contre celle de la victime. La tête de la
victime se retrouve calée sur sa propre main.
5. Ajuster la jambe pour assurer la position de la victime et la
sécuriser.

6. Tirer doucement sur le menton pour ouvrir la bouche de la


victime, sans faire bouger la tête.
→ L’ARRÊT CARDIAQUE
La victime en arrêt cardiaque est inconsciente : elle ne répond pas à
des ordres simples de type « serre-moi la main ». Elle ne respire pas
non plus. Une fois qu’on a établi que la victime est bien en arrêt
cardiaque, il ne faut pas perdre une seule seconde. L’arrivée des
secours la plus rapide possible est indispensable à sa survie.
En attendant, placer les mains l’une sur l’autre au milieu du torse,
entre les tétons, en entrecroisant les doigts. Puis, les bras toujours
tendus, comprimer le sternum au rythme de cent compressions par
minute.
Si on sait le faire, alterner 30 compressions avec 2 insufflations. Les
insufflations doivent avoir été apprises lors d’une formation pour
être pratiquées. Ne jamais arrêter les compressions thoraciques
tant que les secours ne sont pas arrivés.
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Direction : Guillaume Pô
Direction éditoriale : Elisabeth Pegeon
Édition : Julie Quillien
Textes : préface de Denis Tribaudeau ; textes de Alban Baldacchino,
Robin Boclet-Weller, Yoann Goncalves et Rémi Vollot.
Direction artistique : Isabelle Mayer
Illustrations : Lorenzo Timon
Fabrication numérique : Fleurus Éditions
ISBN papier: 9791027103232
ISBN numérique: 9791027104208
© Vagnon-Fleurus éditions, 2019
Dépôt légal : avril 2019
www.vagnon.fr
Alban Baldacchino est formateur en techniques de survie et
fondateur de Panter Group Adventure,une structure qui organise et
coordonne des expéditions professionnelles partout dans le monde ;
Robin Boclet-Weller est guide nature et fondateur de ZeHood, une
structure d’initiation à la vie sauvage et de formation à la survie ;
Yoann Goncalves est spécialiste des techniques de bushcraft, il est
pêcheur et piégeur et possède une formation dans le génie civil ;
Rémi Vollot a pratiqué de nombreux treks en autonomie, et a
perfectionné ses notions de survie au contact de pompiers et
militaires.

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