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Chapitre 10.

Intégration

Jean-Michel Ferrard

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c Jean-Michel Ferrard Chapitre 10 : Intégration www.mathprepa.fr 1 / 83


Table des matières du chapitre 10

Table des matières du chapitre 10

10.1. Intégration sur un segment


10.2. Intégrales généralisées
10.3. Fonctions intégrables
10.4. Suites et séries de fonctions intégrables
10.5. Intégrales à paramètre

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10.1. Intégration sur un segment

10.1. Intégration sur un segment

10.1.1. Fonctions continues par morceaux


10.1.2. Intégrale sur un segment d’une fonction cpm
10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.1. Fonctions continues par morceaux

10.1.1. Fonctions continues par morceaux


Dans ce chapitre, on considère des fonctions f : I → K (R ou C).
Définition (subdivisions d’un segment)
Soit [a, b] un segment de R, avec a < b.
On appelle subdivision de [a, b] toute suite finie σ = (xk )0≤k≤n , avec
x0 = a < x1 < . . . < xn−1 < xn = b.
L’ensemble Sσ = {xk , k ∈ J0, nK} est appelé le support de σ.
La quantité hσ = max (xk+1 − xk ) est appelée le pas de σ.
0≤k<n

Finesse d’une subdivision


Soit σ et σ 0 deux subdivisions de [a, b].
On dit que σ 0 est plus fine que σ (on note σ 0 < σ) si Sσ0 ⊃ Sσ .
La subdivision σ ∪ σ 0 , de support Sσ ∪ Sσ0 est plus fine que σ et σ 0 .
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10.1. Intégration sur un segment 10.1.1. Fonctions continues par morceaux

10.1.1. Fonctions continues par morceaux

Subdivisions régulières
On considère souvent des subdivisions régulières de [a, b].
Une telle subdivision en n + 1 points est définie par :
b−a
∀ k ∈ J0, nK, xk = a + kh, avec h =
n
La fonction linspace de numpy forme de telles subdivisions :
>>> import numpy as np # importe numpy
>>> np.linspace(2,5,11) # I=[2,5], 11 points, h = 0.3
array([2., 2.3, 2.6, 2.9, 3.2, 3.5, 3.8, 4.1, 4.4, 4.7, 5.])

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.1. Fonctions continues par morceaux

10.1.1. Fonctions continues par morceaux


Définition (fonction continue par morceaux sur un segment)
On dit que f : [a, b] → K est continue par morceaux sur [a, b] si il existe une
subdivision σ = (xk )0 ≤ k ≤ n de [a, b] (dite adaptée à f ) telle que, pour tout k de
{0, . . . , n−1} :
• La restriction de f à chaque ]xk , xk+1 [ est continue.
• Cette restriction est prolongeable par continuité en xk et xk+1 .
L’ensemble de ces fonctions est noté Cm ([a, b], K).

Remarques et propriétés
Si σ est adaptée à f , toute subdivision σ 0 < σ est adaptée à f .
f ∈ Cm ([a, b], K) ⇐⇒ f n’a au plus qu’un nombre fini de discontinuités (avec
limites finies à gauche et à droite).
Si f dans Cm ([a, b], K), alors f est bornée sur [a, b].
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10.1. Intégration sur un segment 10.1.1. Fonctions continues par morceaux

10.1.1. Fonctions continues par morceaux


Définition (fonctions continues par morceaux sur un I quelconque)
On dit que f : I → K est continue par morceaux sur I si elle l’est sur tout
segment de I.
L’ensemble de ces fonctions est noté Cm (I, K).

Remarques et propriétés
On a évidemment C(I, K) ⊂ Cm (I, K) (un seul morceau !).
Soit f, g ∈ Cm (I, K). Alors αf + βg et f g sont dans Cm (I, K).
On a f ∈ Cm (I, C) ⇐⇒ Re (f ) et Im (f ) sont dans Cm (I, R) .


Si f ∈ Cm (I, K), alors |f | ∈ Cm (I, R+ ).


Soit f : I → R. On pose f + = max(f, 0) et f − = max(−f, 0).
On a f = f + − f − et |f |= f + + f − .
Alors f ∈ Cm (I, R) ⇐⇒ f + et f − sont dans Cm (I, R+ )).
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10.1. Intégration sur un segment 10.1.2. Intégrale sur un segment d’une fonction cpm

10.1.2. Intégrale sur un segment d’une fonction cpm

La notion d’intégrale d’une fonction continue sur un segment figure au


programme de première année. On se propose ici de l’étendre au cas des
fonctions continues par morceaux sur un segment.

Définition (intégrale d’une fonction cpm sur un segment)


Soit f : [a, b] → K (avec a < b), continue par morceaux.
Soit σ = (xk )0≤k≤n une subdivision adaptée à f .
Soit fk le prolongement par continuité à [xk , xk+1 ] de la restriction de f à
]xk , xk+1 [. Z n−1
PZ
Avec ces conventions, on définit : f= fk .
[a,b] k=0 [xk ,xk+1 ]

(cette valeur est indépendante de la subdivision σ adaptée à f ).

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.2. Intégrale sur un segment d’une fonction cpm

10.1.2. Intégrale sur un segment d’une fonction cpm

Définition (extension aux fonctions continues sur un intervalle)


Soit I un intervalle de R, et f dans Cpm (I, K). Z
b
Soit a et b quelconques dans I.Si a = b, on note f = 0.
Z b Z Z b Z a

On pose f= f si a < b, et f =− f si a > b.


a [a,b] a [b,a]

Remarques Z b
On a donc défini f pour deux points quelconques de I.
Z b a Z a
On a bien sûr l’égalité f =− f pour tous a et b de I.
Z b a b

On note souvent f (t) dt (t = variable muette).


a
Cette notation est adaptée aux changements de variable.
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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

En 1ère année, on voit l’intégration des fonctions continues sur un segment


(pcsi) ou continues par morceaux sur un segment (mpsi).
On étend ici brièvement (sans démonstration) les résultats au cas de l’intégrale
sur un segment [a, b] ⊂ I d’une fonction continue par morceaux sur un intervalle
quelconque I.
Proposition (linéarité de l’intégrale)
Soit f et g dans Cm (I, K), et soit α, β dans K.
Z b Z b Z b
2
∀ (a, b) ∈ I : (αf (t) + βg(t)) dt = α f (t) dt + β g(t) dt.
a Z b a a

L’application f 7→ f (t) dt est donc une forme linéaire sur Cm (I, K).
a

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment


Proposition (relation de Chasles)
Soit f dans Cm (I, K). Soit a, b, c quelconques dans I.
Z b Z c Z b
Alors on a l’égalité : f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a c
On peut généraliser à une suite finie (ck )1≤k≤n de points de I :
Z cn n−1
P Z ck+1
f (t) dt = f (t) dt
c1 k=1 ck

Proposition (positivité et croissance, pour les fonctions réelles)


Soit f et g dans Cm (I, R). Soit a, b dans I, avec a ≤ b .
Z b
• Positivité : si f ≥ 0 sur [a, b], alors f (t) dt ≥ 0.
aZ b Z b
• Croissance : si f ≤ g sur [a, b], alors f (t) dt ≤ g(t) dt.
a a

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment


Proposition (rappel : intégrale de f continue de signe constant)
Soit f dans Cm (I, R). Soit a, b dans I, avec a 6= b.
On suppose que f est continue sur [a, b], et de signe constant.
Z b

Alors on a l’équivalence : f (t) dt = 0 ⇔ ∀ t ∈ [a, b], f (t) = 0 .
a

Conséquences immédiates
Soit f : [a, b] → R+ (avec a < b) une fonction
Z continue.
Si f n’est pas identiquement nulle, alors f > 0.
[a,b]
Soit f, g continues sur [a, b], avec a <
Z b. Z
Si f ≤ g sur [a, b] mais f 6= g, alors f< g.
[a,b] [a,b]

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment


Exercice
√ 1 1 1
Montrer que Sn ∼ 2 n, avec Sn = 1 + √ + √ + · · · + √ .
2 3 n

Exercice
Soit f une application continue et positive sur [a, b].
p Z b
Montrer que lim n
In = max f (x), avec In = f n (x) dx.
n→+∞ x∈[a,b] a

Exercice
Z b Z b
Soit f ∈ C([a, b], R), telle que f (x) dx = |f (x)| dx.
a a
1 Montrer que f garde un signe constant sur [a, b].
2 Reprendre l’exercice avec f dans C([a, b], C).
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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment


Proposition (inégalité de la moyenne)
Soit f dans Cm (I, K). Pour tous a, b dans I, avec a ≤ b :
Z b Z b
f (t) dt ≤ |f (t)| dt ≤ (b − a) sup |f (x)|
a a [a,b]

Si on abandonne l’hypothèse a ≤ b, on doit écrire :


Z b Z max(a,b)
f (t) dt ≤ |f (t)| dt ≤ |b − a| sup |f (x)|
a min(a,b) [a,b]

Définition (valeur moyenne d’une fonction)


Soit f dans Cm (I, K). Soit a et b deux éléments de I.
Z b
1
On dit que f (t) dt est la valeur moyenne de f sur [a, b].
b−a a

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment


Remarques sur la valeur moyenne Z b
1
Si f est à valeurs réelles, on a : inf f ≤ b−a f (t) dt ≤ sup f .
[a,b] a [a,b]
Z b
1
Si f ∈ C([a, b], K), ∃ c ∈ [a, b], b−a f (t) dt = f (c).
a Z b Z b
La valeur moyenne λ de f sur [a, b] vérifie f (t) dt = λ dt.
a a
Proposition (sommes de Riemann Rn (f ) de f continue sur [a, b])
Soit f ∈ C([a, b], K). Soit n dans N∗ .
n−1 
b−a P b−a

On pose Rn (f ) = n f a+k n .
k=0 Z b
Avec ces notations, on a lim Rn (f ) = f (t) dt.
n→+∞ a
n−1
P n
P n
P
NB : si on remplace par ou , ça ne change pas la limite.
k=0 k=0 k=1
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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

Exercice
1 Soit f ∈ C ([0, 1], K).
0
Z 1
Montrer que lim n xn f (x) dx = f (1).
n→+∞ 0

2 Soit f ∈ C ([0, 1], K), Z


1
avec f (1) = 0.
1
Montrer que lim n2 xn f (x) dx = −f 0 (1).
n→+∞ 0

Exercice
1  (2n)! 1/n
Calculer lim Sn , avec Sn = .
n→+∞ n n!

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

Exercice
Soit f ∈ C3 ([a, b], R), et soit n dans N∗ .
Z b
(3)
On pose M3 = sup f , et I = f (t) dt.
[a,b] a
n−1
b−a X  b − a
Soit Sn (f ) = f a+k et, de même, Sn (f 0 ) et Sn (f 00 ).
n n
k=0

Montrer que :
b−a (b − a)2 4
00 ) ≤ (b − a) M
I − Sn (f ) − Sn (f 0 ) − Sn (f 3
2n 6n2 24n3
Prouver que :
b−a  (b − a)2 0 0 (a) + O 1
  
I = Sn (f ) + f (b) − f (a) − f (b) − f
2n 12n2 n3

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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment


Utilisation d’une translation, de la parité, de la périodicité
Soit f : I → R, continue par morceaux.
Soit a, b dans I et α ∈ R tels que [a, b] ⊂ I et [a + α, b + α] ⊂ I.
On a la propriété d’ invariance de l’intégrale par translation  :
Z b Z b+α
f (t) dt = f (t − α) dt
a a+α
On suppose que I est symétrique par rapport 0. Soit a un dans I.
Z a Z a
Si f est paire (resp. impaire) : f (t) dt = 2 f (t) dt (resp. 0)
−a 0

On suppose ici que I = R, et que f est T -périodique.


Z a+T Z b+T
Pour tous a, b de I, on a : f (t) dt = f (t) dt.
a Z b+kT b Z b
2
Pour (a, b) ∈ I , et k ∈ Z, on a : f (t) dt = f (t) dt.
a+kT a
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10.1. Intégration sur un segment 10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

10.1.3. Propriétés de l’intégrale sur un segment

Exercice
1 On suppose x 6= ±1. Z π
Justifier l’existence de I(x) = ln(1 − 2x cos(t) + x2 ) dt.
0
n−1
Y  kπ  
2n 2 2
2 Montrer que X − 1 = (X − 1) X − 2X cos +1 .
k=1
n
3 Calculer I(x) pour |x| < 1 et pour |x| > 1.

Exercice
Z 3π
Calculer l’intégrale I = sin(x) sin(2x) sin(3x) dx.
0

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10.2. Intégrales généralisées

10.2. Intégrales généralisées

10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[


10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert
10.2.3. Intégrales de référence
10.2.4. Propriétés des intégrales généralisées
10.2.5. Calcul des intégrales généralisées

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[

10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[

Définition (intégrale de f continue par morceaux sur [a, +∞[)


Soit f : [a, +∞[→ K une fonction continue par morceaux.
Z x
Soit F : [a, +∞[→ K définie par : ∀ x ≥ a, F (x) = f (t) dt.
a

• Si F possède une limite finie ` dans K quand x → +∞ :


Z +∞
On dit que l’intégrale généralisée f (t) dt converge
Z +∞ a
On pose alors f (t) dt = ` (intégrale généralisée en +∞).
a
• Si F n’a pas de limite finie quand x → +∞,
Z +∞
On dit que l’intégrale généralisée f (t) dt diverge
a

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[

10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[

Remarques
On parle d’intégrale convergente ou divergente.
On ne donne pas de valeur à une intégrale divergente.
On détermine en général la nature (convergente ou divergente) de l’intégrale,
puis (en cas de convergence) sa valeur.
Z +∞ Z +∞
Si c > a les intégrales f (t) dt et f (t) dt ont même nature.
a c
Z +∞ Z c Z +∞
En cas de CV, on a alors : f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a c
Le choix de a n’est donc pas très important pour la nature de l’intégrale, mais
il l’est pour sa valeur !

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[

10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[


Exercice
Z +∞
dt
Montrer que converge et calculer sa valeur.
0 (t+1)(t+2)(t+3)

Exercice
Z +∞
ln(t)
Existence et calcul de In = dt, avec n ≥ 1 et a > 1.
a tn

Exercice
Z +∞
dt
On pose Fn = , avec n ≥ 1.
0 chn (t)
1 Pouver l’existence de F1 et F2 , et calculer leurs valeurs.
2 Pouver l’existence de Fn pour n ≥ 1 (relation de récurrence).
3 Calculer F2n (pour n ≥ 1) et F2n+1 (pour n ≥ 0).
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[

10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[


Proposition (cas des fonctions à valeurs réelles positives)
Soit f : [a, +∞[→ R, positive Zet continue par morceaux.
Z +∞ x
f (t) dt converge ⇐⇒ x 7→ f (t) dt est majorée sur [a, +∞[.
a a
Z +∞ Z x
Dans le résultat précédent, on a : f (t) dt = sup f (t) dt
a x≥a a

Proposition (cas des fonctions à valeurs complexes)


Soit f ∈ Cm ([a, +∞[→ C. Soit u = Re (f ) et v = Im (f ).
Z +∞ Z +∞ Z +∞ 
Alors f (t) dt CV ⇐⇒ u(t) dt CV et v(t) dt CV .
a
Z +∞ a Z +∞ a
Z +∞
En cas de CV, on a : f (t) dt = u(t) dt + i v(t) dt
a a a

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[

10.2.1. Intégrales généralisées sur [a, +∞[


Un exemple d’intégrale généralisée complexe
1
Posons f (x) = x sur R+ .
e −i
1 et 1
f (t) = t = u(t)+i v(t), où u(t) = 2t et v(t) = 2t
e −i e +1 e +1
Z x h ix π π
u(t) dt = arctan(et ) = arctan(ex ) − −→ .
0 0 4 x→+∞ 4
Z x Z e2x
dt dy 1 h  y ie2x ln(2)
2t
= = ln −→ .
0 e +1 1 2y(y + 1) 2 y + 1 1 x→+∞ 2
Z +∞ Z +∞
π ln(2)
Ainsi u(t) dt = et v(t) dt = .
0 Z +∞ 4 0 2
π ln(2)
On en déduit f (t) dt = + i .
0 4 2
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert

10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert

Définition (intégrale de f continue par morceaux sur ]−∞, b ])


Soit f : ]−∞, b] → K, continue par morceaux (avec b dans R).
Z b Z b
Si lim f (t) dt = ` ∈ K, on dit que f (t) dt converge.
x→−∞ x −∞
Z b
On pose alors f (t) dt = ` (intégrale généralisée en −∞)
−∞

Définition (intégrale de f continue par morceaux sur [ a, b [ )


Soit f : [a, b[ → K, continue par morceaux, avec a, b réels et a < b.
Z x Z b
Si lim f (t) dt = ` ∈ K, on dit que f (t) dt converge.
x→b
x<b a a
Z b
On pose alors f (t) dt = ` (intégrale généralisée en b)
a

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert

10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert


Définition (intégrale de f continue par morceaux sur ] a, b ] )
Soit f : ]a, b] → K une fonction continue par morceaux.
Z b Z b
Si lim
x→a
f (t) dt = ` ∈ K, on dit f (t) dt converge.
x>a x Z b a
On pose alors f (t) dt = ` (intégrale généralisée en a).
a

Définition (intégrale de f continue par morceaux sur ] a, b [ )


Soit f ∈ Cm (]a, b[, K), avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞.
Z c Z b
On suppose : ∃ c ∈ ]a, b[ tel que f (t) dt et f (t) dt convergent.
Z b a c

Alors on dit que f (t)dt converge (intégrale généralisée en a et b)


a Z b Z c Z b
Dans ces conditions, on pose : f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt
a a c

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert

10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert


Remarques sur la dernière définition
Z b
L’existence et la valeur de f (t) dt ne dépendent pas de c.
a
On a implicitement supposé que f n’est continue par morceaux ni sur [a, b[, ni
sur ]a, b], ni évidemment sur [a, b] (sinon on est ramené à des définitions
ultérieures).
On a donc supposé qu’il y a une  question de convergence  à la fois en a et
en b. Les deux questions seront traitées séparément (et il n’est pas besoin
d’utiliser le même c dans ]a, b[).
Ce n’est qu’après établi
Z la convergence en a et en b qu’on peut envisager le
b
calcul de la valeur de f (t) dt.
a
Z b
Quand on étudie la convergence de f (t) dt, on suppose a < b.
a
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert

10.2.2. Propriétés de l’intégrale sur un segment

Exercice
Z 2
dx
Justifier l’existence et calculer la valeur de I = p .
0 x(2 − x)

Exercice
Z +∞
dx
Justifier l’existence, et donner la valeur de J = .
−∞ x2 + 2x + 2

Exercice
Z +∞
ln(1 + x)
Calculer la valeur de K = √ dx.
0 x x

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert

10.2.2. Intégrales sur un intervalle ouvert ou semi-ouvert

Proposition (cas d’une fonction positive)


Soit f ∈ Cm (]a, b[, R), avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞.
Z b
Alors l’intégrale f (t) dt converge si et seulement si :
a
Z β
+
∃ M ∈ R , ∀ [α, β] ⊂ ]a, b[, f (t) dt ≤ M
α

Plus précisément, en cas de convergence, on a :


Z b Z β
f (t) dt = sup f (t) dt
a [α,β]⊂]a,b[ α

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.3. Intégrales de référence

10.2.3. Intégrales de référence


Z +∞
dt
Proposition (convergence en +∞ de l’intégrale )
1 tα
Z +∞
dt
Soit α ∈ R. L’intégrale converge si et seulement si α > 1.
1 tα
1
Dans le cas α > 1, la valeur de cette intégrale est .
α−1
Z 1
dt
Proposition (convergence en 0 de l’intégrale )
0 tα
Z 1
dt
Soit α ∈ R. L’intégrale α
converge si et seulement si α < 1.
0 t
1
Dans le cas α < 1, la valeur de cette intégrale est .
1−α

c Jean-Michel Ferrard Chapitre 10 : Intégration www.mathprepa.fr 31 / 83


10.2. Intégrales généralisées 10.2.3. Intégrales de référence

10.2.3. Intégrales de référence

Remarques sur les deux résultats précédents


C’est plus la nature des intégrales qui compte que leur valeur.
Z +∞
On peut aussi énoncer : tβ dt converge ⇔ β < −1
Z 1 1

De même, tβ dt converge si et seulement si β > −1.


0
Z +∞
dt
(qui est doublement généralisée) ne converge jamais !
0 tα

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.3. Intégrales de référence

10.2.3. Intégrales de référence


Proposition
Soit α un nombre réel. Soit a, b deux réels, avec a < b.
Z b Z b
dt dt
Alors α
et α
convergent si et seulement si α < 1.
a (t − a) a (b − t)

Proposition
Z 1
L’intégrale ln(t) dt est convergente, et sa valeur est −1.
0

Proposition
Z +∞
L’intégrale e−α t dt (avec α ∈ R) converge si et seulement si α > 0.
0
1
Dans ce cas, sa valeur est .
α
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.3. Intégrales de référence

10.2.3. Intégrales de référence


Quelques intégrales généralisées célèbres
L’intégrale
Z +∞ de Gauss :
√ +∞
Z r
−x2 −ax2 π
e dx = π, donc e dx = si a > 0.
−∞ −∞ a
Deux intégrales d’Euler :
Z π/2 Z π/2
π
ln(sin(t)) dt = ln(cos(t)) dt = − ln(2)
0 0 2
Deux intégrales de Lejeune-Dirichlet :
Z +∞ Z +∞
sin(t) sin2 (t) π
dt = 2
dt =
0 t 0 t 2
Deux intégrales de Fresnel :
Z +∞ Z +∞
r
2 2 1 π
cos(t ) dt = sin(t ) dt =
0 0 2 2
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.4. Propriétés des intégrales généralisées

10.2.4. Propriétés des intégrales généralisées


On se place sur un intervalle ]a, b[, avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞.
Proposition (linéarité pour les intégrales généralisées)
Soit f et g dans Cm (]a, b[, K), et soit α et β deux scalaires.
Z b Z b
On suppose que les intégrales f (t) dt et g(t) dt convergent.
Z b a a

Alors l’intégrale (αf (t) + βg(t)) dt est convergente et


Z ab Z b Z b
(αf (t) + βg(t)) dt = α f (t) dt + β g(t) dt
a a a

On s’est placé dans Cm (]a, b[, K). Le résultat reste évidemment vrai si on se
place dans Cm ([a, b[, K) ou Cm (]a, b], K).
Ce qui compte ici, c’est qu’il y ait une intégrale généralisée quelque part (en a
et/ou en b, pour f et/ou pour g).
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.4. Propriétés des intégrales généralisées

10.2.4. Propriétés des intégrales généralisées

Proposition (positivité et croissance pour intégrales généralisées)


Soit f, g dans Cm (]a, b[, R). Z b Z b
On suppose que les intégrales f (t) dt et g(t) dt convergent.
a Z b a

• Positivité : si f ≥ 0 sur ]a, b[, alors f (t) dt ≥ 0.


a Z b Z b
• Croissance : si on a f ≤ g sur ]a, b[, alors f (t) dt ≤ g(t) dt.
a a

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.4. Propriétés des intégrales généralisées

10.2.4. Propriétés des intégrales généralisées

Proposition (relation de Chasles pour les intégrales généralisées)


Soit f dans Cm (]a, b[, R), et soit c dans ]a, b[.
Z c Z b
On suppose que les intégrales f (t) dt et f (t) dt convergent.
Z b a c

Alors f (t) dt converge et on a :


a Z b Z c Z b
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt
a a c

Remarque : si on part de l’hypothèse de convergence de l’intégrale de f sur ]a, b[,


alors la convergence des intégrales de f sur ]a, c] et sur [c, b[ est acquise (et on a
bien sûr l’égalité finale).

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.5. Calcul des intégrales généralisées

10.2.5. Calcul des intégrales généralisées


Utilisation d’un changement de variable
Proposition (rappel : changement de variable, sur un segment)
Soit I et J deux intervalles de R. Soit f : I → K, continue.
Soit ϕ : J → I, de classe C1 . Pour tous α, β de J, on a :
Z β Z ϕ(β)
0
(f ◦ ϕ)(u) ϕ (u) du = f (t) dt
α ϕ(α)

Proposition (chgt de var sur un segment, f continue par morceaux)


Soit f : [a, b] → K, continue par morceaux, avec a < b.
Soit ϕ : [α, β] → [a, b], bijective, strictement croissante, C1 .
Z β Z b
0
Alors : (f ◦ ϕ)(u) ϕ (u) du = f (t) dt.
α a

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10.2. Intégrales généralisées 10.2.5. Calcul des intégrales généralisées

10.2.5. Calcul des intégrales généralisées


Proposition (chgt de var strict. croissant et intégrales généralisées)
Soit f : ]a, b[ → K, continue par morceaux (on suppose a < b).
Soit ϕ, de classe C1 , strict. croissante, bijective de ]α, β[ sur ]a, b[.
• La fonction (f ◦ϕ) ϕ0 est continue par morceaux sur ]α, β[
Z b Z β
• Les intégrales (f ◦ϕ)(u)ϕ0 (u)du ont même nature
f (t)dt et
a α Z
b Z β
• En cas de convergence, on a : f (t) dt = (f ◦ϕ)(u)ϕ0 (u) du
a α

Si le problème de la convergence ne se pose qu’en une extrémité, on réécrit la


proposition (toujours avec ϕ strictement croissante) en remplaçant les intervalles
ouverts ]a, b[ et ]α, β[ par :
Les intervalles [a, b[ et [α, β[ (si aucun problème en a et α)
Les intervalles ]a, b] et ]α, β] (si aucun problème en b et β)
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.5. Calcul des intégrales généralisées

10.2.5. Calcul des intégrales généralisées


Proposition (chgt de var strict monotone et intégrales généralisées)
Soit f : ]a, b[ → K, continue par morceaux (on suppose a < b).
Soit ϕ, de classe C1 , strictement monotone sur ]α, β[.
On suppose que ϕ réalise une bijection de ]α, β[ sur ]a, b[.
• La fonction (f ◦ϕ) ϕ0 est continue par morceaux sur ]α, β[
Z b Z β
• Les intégrales f (t)dt et (f ◦ϕ)(u)ϕ0 (u)du ont même nature
a Z b α Z β
• S’il y a convergence : f (t) dt = (f ◦ϕ)(u) |ϕ0 (u)| du
a α

La nouveauté est ici que ϕ peut être strictement décroissante.


Si ϕ est strictement croissante, c’est le même résultat qu’avant.
Si ϕ est strictement décroissante, elle échange les bornes (d’où l’utilisation de
|ϕ0 (u)| pour les  redresser )
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.5. Calcul des intégrales généralisées

10.2.5. Calcul des intégrales généralisées

Proposition (intégration par parties pour les intégrales généralisées)


Soit f et g, de classe C1 sur ]a, b[, à valeurs dans K.
On suppose que la fonction f g possède des limites finies en a et b.
h ib
On pose f g = lim(f g) − lim(f g).
a b a
Z b Z b
0
• Les intégrales f (t)g (t)dt et f 0 (t)g(t)dt ont même nature
a a
• En cas de convergence, on a l’égalité :
Z b h ib Z b
0
f (t)g (t) dt = f g − f 0 (t)g(t) dt
a a a

Remarque : il est souvent prudent d’effectuer l’intégration par parties dans une
intégrale non généralisée avant de passer à la limite (en justifiant l’existence des
limites).
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10.2. Intégrales généralisées 10.2.5. Calcul des intégrales généralisées

10.2.5. Calcul des intégrales généralisées


Exercice
Z +∞ √
Justifier l’existence, et donner la valeur de I = e− x
dx.
0

Exercice
Z +∞ Z +∞
dx x dx
Calculer les intégrales J = 3
et K = .
0 x +1 0 x3 + 1
Exercice
Z +∞
Justifier l’existence, et donner la valeur de Kn = xn e−x dx.
0

Exercice
Z +∞
dt
Calculer les intégrales Ln = (avec n ≥ 1).
0 (t2 + 1)n
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10.3. Fonctions intégrables

10.3. Fonctions intégrables

10.3.1. Intégrales absolument CV, fonctions intégrables


10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison
10.3.3. Fonctions de carré intégrable

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.1. Intégrales absolument CV, fonctions intégrables

10.3.1. Intégrales absolument CV, fonctions intégrables


Dans la suite, on se place sur I = ]a, b[, avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞.
Les énoncés restent valables sur [a, b[ ou ]a, b].
Rappel : si f ∈ Cm (I, K), il en est de même de |f |, f + , et f − .
Définition (intégrale absolument convergente)
Soit f : ]a, b[ → K une fonction continue par morceaux.
Z b Z b
On dit que f (t)dt converge absolument si |f (t)| dt converge.
a a

Proposition (la convergence absolue implique la convergence)

Soit f : ]a, b[ → K, continue par morceaux (−∞ ≤ a < b ≤ +∞).


Z b
On suppose que l’intégrale f (t) dt est absolument convergente.
a Z b Z b
Alors elle est convergente et on a : f (t) dt ≤ |f (t)| dt.
a a

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.1. Intégrales absolument CV, fonctions intégrables

10.3.1. Intégrales absolument CV, fonctions intégrables

Définition (fonction intégrable sur un intervalle)


Soit I =]a, b[, avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞. Soit f dans Cm (I, K).
Z b
Si l’intégrale f (t) dt est CVA, on dit que f est intégrable sur I.
a Z Z
La valeur de cette intégrale est notée f ou f (t) dt.
I I

Par définition : (f intégrable sur I) ⇔ (|f | intégrable sur I).


Si f réelle : (f intégrable sur I) ⇔ (f + et f − intégrables sur I).
Si f complexe : (f intégrable) ⇔ (Re (f ) et Im (f ) intégrables).
Si f complexe : (f est intégrable) ⇔ (f est intégrable).

c Jean-Michel Ferrard Chapitre 10 : Intégration www.mathprepa.fr 45 / 83


10.3. Fonctions intégrables 10.3.1. Intégrales absolument CV, fonctions intégrables

10.3.1. Intégrales absolument CV, fonctions intégrables


Remarques
Si f ∈ C([a, b], K), alors elle y est évidemment intégrable, et il n’y a pas de
contradiction dans les définitions de l’intégrale !
Si f est réelle de signe constant, il n’a aucune différence entre :
L’intégrabilité de f sur I =]a, b[ (ou [a, b[, ou ]a, b]) Z b
L’existence de l’intégrale (éventuellement généralisée) f (t) dt.
a
Un exemple important
Z b
Il arrive que f (t) dt soit CV mais pas ACV.
a
sin(t)
Un exemple est : f : t 7→ , qui n’est pas intégrable sur R+ .
Z +∞ t Z x
sin(t) π |sin(t)|
On montre : dt = et lim dt = +∞.
0 t 2 x→+∞ 0 t
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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

Proposition (intégrabilité par majoration)


Soit f et g dans Cm ([a, +∞[, K).
On suppose que |f | ≤ |g|, et que g est intégrable sur [a, +∞[.
Dans ces conditions, f est intégrable sur [a, +∞[.

Cette propriété est souvent utilisée avec une fonction g positive.


Pour que le résultat soit vrai, il suffit que l’inégalité |f | ≤ |g| soit vraie à partir
d’un certain rang b ≥ a.
Par contraposition, la non-intégrabilité de f sur [a, +∞[ implique celle de g.

c Jean-Michel Ferrard Chapitre 10 : Intégration www.mathprepa.fr 47 / 83


10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

Proposition (intégrabilité par domination)


Soit f et g dans Cm ([a, +∞[, K).
On suppose f = O(g) en +∞, et g intégrable sur [a, +∞[.
Dans ces conditions, f est intégrable sur [a, +∞[.

Le résultat précédent est vrai, a fortiori, si f = o(g) en +∞.

Proposition (intégrabilité et équivalence des fonctions)


Soit f et g dans Cm ([a, +∞[, K).
On suppose que |f | ∼ |g| au voisinage de +∞.
Alors l’intégrabilité de f sur [a, +∞[ équivaut à celle de g.

On peut remplacer |f | ∼ |g| par |f | ∼ λ |g|, avec λ > 0 : cela ne change rien au
résultat.
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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

Adaptation au cas d’un intervalle quelconque.


Les trois propositions précédents (intégrabilité par comparaison), énoncées sur
[a, +∞[, possèdent une réécritue immédiate sur chaque type d’intervalle :
]−∞, a[, ou ]a, b] , ou [a, b[, ou ]a, b[.
De façon informelle, on peut retenir : si f, g sont dans Cm (I, K), et si
f = O(g) aux bornes de I, alors l’intégrabilité de g sur I implique celle de f .
R
Proposition (si f continue intégrable, conséquence de |f | = 0)
Soit f : I → K, continue et intégrable sur I.
Z
Si |f (t)| dt = 0, alors f est identiquement nulle sur I.
I

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

Notation
On note L1 (I, K) l’ensemble des fonctions intégrables sur I.

Proposition (structure d’ev de l’ens. des fonctions intégrables sur I)


L’ensemble L1 (I, K) est un sous-espace vectoriel de Cm (I, K).
Z
L’application f 7→ f est une forme linéaire sur L1 (I, K).
I

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison


Pour juger de l’intégrabilité sur ]a, b]
Soit a et b deux nombres réels, avec a < b.
Soit f ∈ Cm (]a, b], K) (le problème se trouve donc en a)
Les comparaisons indiquées ici se font au voisinage de a.
Si (x − a)α f (x) = O(1) avec α < 1, f est intégrable sur ]a, b].
C’est notamment le cas si lim+ (x − a)α f (x) = 0 (avec α < 1).
x→a

Exemple : x 7→ ln(x) est intégrable sur ]0, 1] car lim
+
x ln x = 0.
0

Si |(x − a)f (x)| ≥ M > 0 en a, f n’est pas intégrable sur ]a, b].
C’est le cas en particulier si lim+ (x − a)f (x) = λ 6= 0.
x→a
ln(x)
Ainsi f (x) = est non intégrable sur ]0, 1] car lim xf (x) = ∞
x 0+

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

Pour juger de l’intégrabilité sur [a, +∞[


Soit a un nombre réel, et f : [a, +∞[→ K, continue par morceaux.
Les comparaisons se font ici au voisinage de +∞.
Si xα f (x) = O(1), avec α > 1, f est intégrable sur [a, +∞[.
C’est le cas en particulier si lim xα f (x) = 0 (avec α > 1).
+∞ √

Exemple : x 7→ e − x
est intégrable sur R+ car lim x2 e− x
= 0.
+∞

Si |xf (x)| ≥ M > 0, alors f n’est pas intégrable sur [a, +∞[.
C’est le cas en particulier si lim xf (x) = λ 6= 0.
x→+∞
tanh(x)
Ex : f (x) = x non intégrable sur R+ car lim xf (x) = 1.
+∞

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

Les intégrales de Bertrand


1 i 1h
On étudie l’intégrabilité de t 7→ sur 0, ou ]2, +∞[.
tα |ln(t)|β 2
Les résultats ne sont pas au programme mais ils sont utiles.
Z 1/2
dt  
β
converge ⇐⇒ α < 1 ou (α = 1 et β > 1) .
α
0 t |ln(t)|
Z +∞
dt  
converge ⇐⇒ α > 1 ou (α = 1 et β > 1) .
2 tα lnβ (t)

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison


Important : la fonction Gamma d’Euler
Z +∞
+∗
Elle est définie sur R par : Γ(x) = tx−1 e−t dt.
0
Elle vérifie : ∀ x > 0, Γ(x + 1) = xΓ(x) (intégrer par parties).
On a Γ(1) = 1 puis : ∀ n ∈ N, Γ(n + 1) = n! (récurrence).
  √
1
On a aussi Γ 2 = π.
1 Γ(x)
La fonction Γ est convexe. On a Γ(x) ∼ x , et lim x = +∞.
0 x→+∞

Moins important : la fonction Beta d’Euler


Z 1
+∗ +∗
Elle est définie sur R × R par B(x, y) = tx−1 (1 − t)y−1 dt.
0
On montre facilement : B(x, y) = B(y, x),
x m! n!
B(x + 1, y) = x+y B(x, y), B(m + 1, n + 1) = (m+n+1)!
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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

Exercice
Z 1
Étudier l’existence de I = |1 − xα |β dx, avec (α, β) ∈ R∗ × R.
0

Exercice
Z +∞
dx
Étudier l’existence de I = , avec (α, β) ∈ R2 .
0 xα (1 + xβ )

Exercice
Z +∞
ln(x)
Prouver l’existence et donner la valeur de I = dx.
0 1 + x2

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

10.3.2. Intégrabilité et relations de comparaison

Exercice
+∞ −x
−e−2x
Z
e
Prouver l’existence et donner la valeur de I = dx.
0 x

Exercice
Z +∞
Prouver l’existence et donner la valeur de J = e−x sin(x) dx.
0
Pour la valeur de J, on demande trois méthodes !

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.3. Fonctions de carré intégrable

10.3.3. Fonctions de carré intégrable


Définition (fonction de carré intégrable)
Soit f : I → K, continue par morceaux.
On dit que f est de carré intégrable sur I si f 2 est intégrable sur I.
On note L2 (I, K) l’ens. des fonctions de carré intégrable sur I.

Rappelons que l’intégrabilité de f 2 équivaut à celle de |f |2 .


Entre  intégrabilité  et carré-intégrabilité , tout est possible :


1
f ∈ L1 (I, K) et f ∈ L2 (I, K) : comme f (x) = 2 sur [1, +∞[.
x
1
f ∈ L1 (I, K) et f / L (I, K) : comme f (x) = √ sur ]0, 1].
∈ 2
x
1
/ L1 (I, K) et f
f∈ ∈ L2 (I, K) : comme f (x) = x sur [1, +∞[.
1
/ L1 (I, K) et f
f∈ / L2 (I, K) : comme f (x) = √ sur [1, +∞[.

x
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10.3. Fonctions intégrables 10.3.3. Fonctions de carré intégrable

10.3.3. Fonctions de carré intégrable

Proposition (produit de deux fonctions de carré intégrable)


Si f, g sont de carré intégrable sur I, alors f g est intégrable sur I.
Z 2 Z Z
2
De plus, on a Cauchy-Scwharz : |f g| ≤ |f | |g|2 .
I I I

Proposition (ev de l’ens. des fonctions de carré intégrable sur I)


L’ensemble L2 (I, K) des fonctions de carré intégrable sur I est un sous-espace
vectoriel de Cm (I, K).

Proposition (produit scalaire sur L2 (I, R) ∩ C(I, R))


Z
On définit un produit scalaire sur L (I, R) ∩ C(I, R) par : (f | g) =
2
f g.
I

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10.3. Fonctions intégrables 10.3.3. Fonctions de carré intégrable

10.3.3. Fonctions de carré intégrable

Exercice
Soit f : R+ → R, de classe C2 .
On suppose que f et f 00 sont de carré intégrable sur R+ .
1 Montrer que f 0 f a une limite (finie ou infinie) en +∞.
Indication : utiliser une intégration par parties.
2 En raisonnant par l’absurde, montrer que cette limite est nulle.
3 En déduire que f 0 est de carré intégrable sur R+ .

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10.4. Suites et séries de fonctions intégrables

10.4. Suites et séries de fonctions intégrables

10.4.1. Le théorème de convergence dominée


10.4.2. Le théorème d’intégration terme à terme

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10.4. Suites et séries de fonctions intégrables 10.4.1. Le théorème de convergence dominée

10.4.1. Le théorème de convergence dominée

Proposition (théorème de convergence dominée)


Soit (fn )n≥0 une suite d’éléments de Cm (I, K).
On fait les trois hypothèses suivantes :
• La suite (fn )n≥0 converge simplement sur I vers une fonction f .
• La fonction f elle-même continue par morceaux sur I.
• Hypothèse de domination :
Il existe ϕ ∈ L1 (I, R+ ) telle que ∀ n ∈ N, ∀ x ∈ I, |fn (x)| ≤ ϕ(x)
Alors les fonctions fn et f = lim fn sont intégrables sur I et :
Z+∞ Z
lim fn = lim fn
I +∞ n→+∞ I

Il faut insister sur l’importance de l’hypothèse de domination.


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10.4. Suites et séries de fonctions intégrables 10.4.1. Le théorème de convergence dominée

10.4.1. Le théorème de convergence dominée

Exercice
Z π/2
Montrer que lim cosn (t) dt = 0.
n→+∞ 0

Exercice
Z +∞
dt 1
Montrer que lim dx = 1 − .
n→+∞ 0 tn +e t e

Exercice
+∞
tn
Z
Montrer que lim dt = 1.
n→+∞ 0 1 + tn+2

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10.4. Suites et séries de fonctions intégrables 10.4.1. Le théorème de convergence dominée

10.4.1. Le théorème de convergence dominée

Exercice
+∞  √
t2 −n
Z
Montrer que lim 1+ dt = π
n→+∞ −∞ n

Exercice
Z +∞
cos(t)
Donner un équivalent quand n → +∞ de Jn = dt.
0 1 + n2 t2

Exercice
+∞
e−nt
Z
Donner un équivalent quand n → +∞ de Kn = dt.
0 1 + t2

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10.4. Suites et séries de fonctions intégrables 10.4.2. Le théorème d’intégration terme à terme

10.4.2. Le théorème d’intégration terme à terme

Proposition (théorème d’intégration terme à terme)


Soit (fn )n≥0 une suite d’éléments de L1 (I, K).
On fait les trois hypothèses suivantes :
P
• La série fn converge simplement sur I.
• La somme S de cette série est continue par morceaux sur I.
PZ
• La série numérique |fn | est convergente.
I
+∞
P Z P+∞ +∞ Z
P
Alors S = fn est intégrable sur I et : fn = fn
n=0 I n=0 n=0 I

PZ
On insiste sur l’hypothèse de convergence de la série |fn |.
I

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10.4. Suites et séries de fonctions intégrables 10.4.2. Le théorème d’intégration terme à terme

10.4.2. Le théorème d’intégration terme à terme


Exercice
+∞
π2
Z
t dt
Prouver l’égalité = .
0 et − 1 6
Exercice
1
π2
Z
ln(t)
Prouver l’égalité dt = − .
0 1 − t2 8
Exercice
1
dx +∞
Z
P 1
Prouver l’égalité x
= n
.
0 x n=1 n

Exercice
Z 1
P dt
Préciser la nature de la série un , avec un = .
0 (1 + t3 )n
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10.5. Intégrales à paramètre

10.5. Intégrales à paramètre

10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre


10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre
10.5.3. La transformée de Fourier
10.5.4. La transformée de Laplace

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre

10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre

Notations
On considère des fonctions f : I × J → K (I, J deux intervalles).
On note x la variable qui parcourt I, et t celle qui parcourt J.
Ainsi f (x, t) désigne l’image d’un élément quelconque de I × J.
Z
L’objectif est d’étudier sur I la fonction g : x 7→ f (x, t) dt.
J
La fonction g est décrite comme une  intégrale à paramètre .
Certains notions sur les fonctions de deux variables relèvent du chapitre  Calcul
différentiel .
Rappel : la notation L1 (J, K) désigne le K-espace vectoriel des fonctions
f : J → K, continues par morceaux et intégrables sur J.

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre

10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre

Proposition (théorème de continuité des intégrales à paramètre)


Soit I et J deux intervalles de R, d’intérieur non vide.
Soit f : (x, t) 7→ f (x, t), définie sur I × J, àZvaleurs dans K.
On s’intéresse à la fonction g : x 7→ g(x) = f (x, t) dt.
J
On fait les trois hypothèses suivantes :
• pour tout x de I, la fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur J ;
• hypothèse de domination : il existe ϕ ∈ L1 (J, R+ ) telle que :
∀ x ∈ I, ∀ t ∈ J |f (x, t)| ≤ ϕ(t) ;
• pour tout t de J, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur I ;
Z
Alors la fonction g : x 7→ f (x, t) dt est continue sur I.
J

On insiste sur l’importance de l’hypothèse de domination.


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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre

10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre


Avec une hypothèse de domination sur tout segment de I
Le résultat (la continuité de la fonction g) est encore valable si on remplace
l’hypothèse de domination sur I par :
 Pour tout segment K de I, Il existe ϕK ∈ L (J, R )
1 +

telle que : ∀ x ∈ K, ∀ t ∈ J, |f (x, t)| ≤ ϕK (t) 


Dans cet énoncé, la fonction ϕK dépend du segment K de I.
Cet énoncé est dû au  caractère local  de la continuité
On en déduit le résultat suivant, qui constitue un cas particulier courant du
théorème de continuité des intégrales à paramètre :
Proposition (un cas particulier où on intègre sur un segment)
Soit f : I × [a, b] → K, continue.
Z b
Alors la fonction x 7→ f (x, t) dt est continue sur I.
a

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre

10.5.1. Continuité des intégrales à paramètre


Exercice (Continuité de la fonction Γ)
Z +∞
Montrer que x 7→ Γ(x) = tx−1 e−t dt est continue sur R+∗ .
0

Exercice
Z +∞
−t2
Montrer que f : x 7→ e cos(xt) dt est continue sur R.
0

Exercice
Z +∞
+ dt
Continuité et variations sur R de g : x 7→ .
0 1 + x3 + t3

Exercice
x
Existe-t’il ϕ ∈ L1 (R+ , R+ ) tq : ∀ (x, t) ∈ R+2 , ≤ ϕ(t) ?
1 + x2 t2
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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre


Proposition (théorème de dérivation des intégrales à paramètre)
Soit f : (x, t) 7→ f (x, t), définie sur I × J, à valeurs dans K.
On fait les quatre hypothèses suivantes :
• pour tout x de I, la fonction t 7→ f (x, t) est dans L1 (J, K) ;
∂f
• pour tout x de I, la fonction t 7→ (x, t) est dans Cm (J, K) ;
∂x
∂f
• il existe ϕ ∈ L1 (J, R+ ) t : ∀ (x, t) ∈ I × J, (x, t) ≤ ϕ(t) ;
∂x
∂f
• pour tout t de J, la fonction x 7→ (x, t) est continue sur I ;
Z ∂x
Alors la fonction g : x 7→ f (x, t) dt est de classe C1 sur I et :
J
Z
0 ∂f
∀ x ∈ I, g (x) = (x, t) dt (formule de Leibniz)
J ∂x
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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre


Cas d’une hypothèse de domination sur tout segment de I
On peut remplacer l’hypothèse de domination par :
 Pour tout segment K de I, il existe ϕK ∈ L (J, R )
1 +

∂f
telle que : ∀ x ∈ K, ∀ t ∈ J, (x, t) ≤ ϕK (t) 
∂x
On en déduit notamment le cas particulier suivant du théorème de dérivabilité
des intégrales à paramètre :
Proposition (un cas particulier où on intègre sur un segment)
Soit f : I × [a, b] → K. On fait les deux hypothèses suivantes :
• pour tout x de I, la fonction t 7→ f (x, t) est dans Cm ([a, b], K) ;
∂f
• la fonction est définie et continue sur I × [a, b].
Z b ∂x Z b
∂f
Alors x 7→ f (x, t) dt est C sur I et : g (x) =
1 0
(x, t) dt
a a ∂x

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

Exercice (caractère C1 de la fonction Γ)


Z +∞
Montrer que x 7→ Γ(x) = tx−1 e−t dt est C1 sur R+∗ .
0

Exercice
Z +∞
sin(xt) −t
Montrer que : ∀ x ∈ R, e dt = arctan(x).
0 t

Exercice
+∞
1 √ −x2/4
Z
2
Montrer que : ∀ x ∈ R, e−t cos(xt) dt = πe .
0 2

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

Exercice (un calcul de l’intégrale de Gauss)


Z 1 −(1+t2 )x
e
Étudier la dérivabilité de x 7→ g(x) = dt.
0 1 + t2
Préciser g(0) et lim g(x).
x→+∞
Z x
2
Soit h(x) = e−u du. Prouver que h2 (x) + g(x2 ) est constante.
0 Z
+∞ √
2
En déduire que e−u du = π.
−∞

Exercice
+∞
e−t − e−xt
Z
Montrer que : ∀ x > 0, dt = ln(x).
0 t

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre


Pour la notion de fonction de classe Cp de deux variables, on se reportera au
chapitre  Calcul différentiel .
Proposition
Soit f : (x, t) 7→ f (x, t), définie sur I × J, à valeurs dans K.
On fait les trois hypothèses suivantes :
• pour tout x de I, la fonction t 7→ f (x, t) est intégrable sur J ;
• La fonction f est de classe Cp sur I × J, avec p dans N.
• Hypothèse de domination :
∂ kf
∀k ∈ J0, pK, ∃ ϕk ∈ L1 (J, R+ ), ∀x ∈ I, ∀t ∈ J, (x, t) ≤ ϕk (t)
Z ∂xk
Alors la fonction g : x 7→ f (x, t) dt est de classe Cp sur I et :
J Z p
(p) ∂f
∀ x ∈ I, g (x) = p
(x, t) dt
J ∂x

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

10.5.2. Dérivation des intégrales à paramètre

Exercice (caractère C∞ de la fonction Γ)


Z +∞
On rappelle que, pour x > 0 : Γ(x) = tx−1 e−t dt.
0 Z +∞
Montrer que Γ est C sur R , et Γ (x) =
∞ +∗ (k)
lnk (t) tx−1 e−t dt.
0

Exercice (un calcul de l’intégrale de Lejeune-Dirichlet)


Z +∞
1 − cos(t)
00
Calculer g (x) où g(x) = e−xt dt.
0 t2 Z +∞
sin(t)
En déduire g(0) puis la valeur de l’intégrale dt.
0 t

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.3. La transformée de Fourier

10.5.3. La transformée de Fourier

Rappel : L1 (R, C) = fonctions de R dans C, intégrables sur R.

Définition (transformée de Fourier d’une fonction intégrable sur R)


Soit f dans L1 (R, C). Z +∞
1
Pour tout ω de R, on note fb(ω) = √ f (t)e−iωt dt.
2π −∞
La fonction f : R → C est appelée transformée de Fourier de f .
b

Proposition
Soit f dans L1 (R, C). La fonction fb est continue et bornée sur R.

Dans les propriétés suivantes, on commet l’abus de langage qui consiste à noter
f (t) plutôt que f , et fb(ω) plutôt que fb.

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.3. La transformée de Fourier

10.5.3. La transformée de Fourier

Proposition
On a propriétés suivantes (avec des notations évidentes) :
• Linéarité : af
\ + bg = afb + bb
g
1 b ω

• Contraction : f[ (at) = f
|a| a
• Translation : f \(t + h) = fb(ω)eihω

Proposition (dérivée de la transformée de Fourier)


On suppose que t 7→ tf (t) est intégrable sur R.
Alors fb est dérivable sur R et fb 0 (ω) = −i \
t f (t) .
Si t 7→ tn f (t) est intégrable, alors fb(n) (ω) = (−i)n t\
n f (t)

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.3. La transformée de Fourier

10.5.3. La transformée de Fourier

Proposition (transformée de Fourier de la dérivée)


Si f est C1 et f 0 est intégrable sur R, alors c f 0 (ω) = i ω fb(ω).
Si f, f 0 , . . . , f (n) sont intégrables, alors fd
(n) (ω) = (i ω)n fb(ω).

Proposition (transformée de Fourier inverse)


Soit f dans L1 (R, C).
On suppose que fb est aussi dans L1 (R, C). Z
+∞
1
On retrouve f à partir de f par : f (t) = √
b fb(ω)eiωt dω
2π −∞

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.4. La transformée de Laplace

10.5.4. La transformée de Laplace


Pour a réel, soit Ea l’espace des fonctions f : R+ → K telles que :
∀ p > a, t 7→ f (t)e−pt est intégrable sur R+

NB : si f ∈ Ea , les fonctions t 7→ tn f (t) sont aussi dans Ea .


Définition
Soit f dans Ea . Z +∞
Pour tout p > a, on pose L(f )(p) = f (t) e−pt dt.
0
La fonction L(f ) est appelée  transformée de Laplace  de f .

Proposition
Soit f dans Ea .
Alors L(f ) est continue sur ]a, +∞[ et tend vers 0 en +∞.

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.4. La transformée de Laplace

10.5.4. La transformée de Laplace


On note souvent f (t) plutôt que f , et Lf (p) plutôt que Lf .
Proposition
Soit f et g dans Ea . On a les propriétés suivantes :
• Linéarité : L(af + bg) = aL(f ) + bL(g).
1 p
• Contraction : L(f (at)) = L(f )
|a| a
• Théorème du retard : L(f (t − a)) = e−ap L(f )(p).

Proposition (dérivée de la transformée de Laplace)


Soit f dans Ea .
Alors L(f ) est dérivable sur ]a, +∞[ et (L(f ))0 = L(−tf (t)).
En fait, L(f ) est C∞ sur ]a, +∞[ et : (L(f ))(n) = L((−t)n f (t)).

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.4. La transformée de Laplace

10.5.4. La transformée de Laplace

Proposition (transformée de Laplace des dérivées)


Si f est de classe C1 sur R+ et si f 0 est dans Ea , alors :
∀ p > a, L(L)(f 0 ) = pL(f ) − f (0)

Si f est Cn sur R+ et si f 0 , . . . , f (n) sont dans Ea :


n
L(L)(f ) = p L(f ) −
P
(n) n
pn−k f (k−1) (0)
k=1

Proposition (transformée de Laplace d’une primitive)


Z t Z t  L(f )
Si f ∈ Ea , alors f est dans Ea et : L f =
0 0 p

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10.5. Intégrales à paramètre 10.5.4. La transformée de Laplace

10.5.4. La transformée de Laplace


Proposition
f (t)  f (t)  Z +∞
Si lim = ` ∈ K, L(f ) est intégrable et L = L(f ).
0 t t p

Quelques transformées classiques


1 1 n! 1
L(1) = L(t) = 2 L(tn ) = n+1 L(eωt ) =
p p p p−ω
1 p
L(sin(t)) = 2 L(cos(t)) = 2
p +1 p +1
1 p
L(sh(t)) = 2 L(ch(t)) = 2
p −1 p −1
Théorème de la valeur initiale : lim p L(f ) = f (0).
p→+∞
Théo. de la valeur finale : lim p L(f ) = lim f (t) (si la limite existe)
0 +∞
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