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CONTINUITÉ PAR MORCEAUX

1) Définitions
La notion repose sur celle de subdivision d'un segment, déjà étudiée lors de la définition des
intégrales de fonctions continues.
Une fonction f est continue par morceaux sur un segment [ a , b ] si et seulement si il
existe une subdivision a 0 = a < a1 < ... < a n = b telle que sa restriction à tout intervalle ouvert
] a i−1 , a i [ coïncide avec une fonction g i continue sur le segment [ a i−1 , a i ] .
Dans le cas particulier où les fonctions g i sont constantes, on dit plus précisément que f est
une fonction en escalier.
Remarques : ⊙ les valeurs aux points de la subdivision importent peu. Dans certains contextes
on préfère leur imposer d'être des valeurs de continuité à droite, comme pour la fonction partie
entière, dans d'autres ce serait à gauche, comme pour ( x → −E (−x ) ) : la fonction "partie
entière supérieure", mais pour les séries de Fourier que vous étudiez en physique, on préfère
prendre la moyenne entre les valeurs de continuité à gauche et à droite.
⊙ toute subdivision α 0 = a < α1 < ... < αm = b plus fine, c'est-à-dire telle que
{ a 0 , a 1 , ... , a n } ⊂ { α 0 , α1 ,... , α m } fournit une autre subdivision qui convient à la définition.
En clair : il n'y a aucune obligation à ce que les points de la subdivision se restreignent aux points
de discontinuité. Les démonstration obligent même à prendre souvent des subdivisions plus fines
(voir les preuves ci-dessous ! ).

Une fonction est continue par morceaux sur un intervalle quelconque si et seulement si elle
l'est sur tout segment de cet intervalle.
Remarques : ⊙ cela ne change rien si l'intervalle est un segment.
⊙ la fonction peut avoir une infinité de discontinuités, mais pas sur un segment.

Exemple : la dérivée de la fonction valeur absolue est continue sur ℝ * , n'admet aucun
prolongement continu sur ℝ , mais ses prolongements sont tous continus par morceaux.

2) Propriétés
a) une définition équivalente.
f est continue par moreaux sur un segment [ a , b ] si et seulement si il existe une subdivision
a 0 = a < a1 < ... < a n = b telle qu'en tout point a i de la subdivision autre que a la fonction
admette une limite finie à gauche, et qu'en tout point autre que b elle admette une limite finie à
droite.
On reconstitue les fonctions g i de la définition précédente à l'aide de ces limites.

{
1 si x ⩽ 0
Remarque : ainsi la fonction définie par "morceaux continus" f (x ) = 1 n'est donc par
si x > 0
x
continue par morceaux sur [ -17 ; +89 ] . On retrouve ce résultat avec la propriété du d)

b) un espace vectoriel sur K ( K = ℝ ou ℂ ).


L'ensemble des fonctions continues par morceaux sur [ a , b ] et à valeurs dans K est un
sous-espace vectoriel du K- espace vectoriel de fonction définies sur ce segments et à valeurs dans
ce même corps.
Preuve : seule la stabilité par addition demande un effort. Plus précisément, si on a associé à
f une subdivision s et à g une autre σ , il faut les reconsidérer avec une subdivision
commune, plus fine que s et σ .
c) et même une algèbre.
L'espace précédent est aussi stable par produit.
Preuve : mêmes arguments que pour la somme. T.S.V.P.
d) une fonction continue par morceaux sur un segment y est bornée.
Preuve : prendre le maximum des valeurs aux points de la subdivision et des maxima des
fonctions g i .
e) une fonction à valeurs complexes est continue par morceaux si et
seulement si ses parties réelle et imaginaire le sont. Son module est continu par morceaux.

Remarque : la composition peut ne pas conserver la continuité par morceaux.


exercices (niveau approfondissement) pour illustrer ce propos :
⊙ si f est continue sur un segment contenant l'image de g , continue par
morceaux, mais aussi ses limites à droite et gauche, alors f ∘ g est aussi continue par morceaux, .

⊙ si f (x ) =
x sin
x
{ si x ≠ 0
0 sinon
( 1)
et g la fonction partie entière, alors f est

continue, mais g ∘ f n'est pas continue par morceaux. Indication : comparer les limites des

( ) ( )
1 1
suites suivantes : f π +2 n π et f π
− +2 n π . Rappel E (−0,1789) =−1
2 2

{ ( ) 1
⊙ f (x ) = x sin E ( x) si x ≠ 0 ( E est la fonction partie entière ) est le
0 sinon
prolongement par continuité en 0 d'une fonction continue par morceaux sur ℝ * , mais ce n'est pas
une fonction continue par morceaux ! . Considérer le nombre de discontinuités sur [ 0 , 1 ] .

3) Extension de la notion d'intégrale.


Quelle que soit la définition que vous a donnée votre professeur de math sup, la notion d'intégrale
sur un segment de fonction s'applique aussi aux fonctions continues par morceaux. Elle s'applique à
des types plus généraux de fonctions qui ne sont pas aux programme et que même les spécialistes
pratiquent rarement.
Les propriétés sont les mêmes à l'exception des deux suivantes :

( x →∫ )
x
⊙ La fonction f (t) d t n'est dérivable en x que si f y est continue.
c
Preuve : il suffit de se restreindre à un segment autour de x où f est continue pour se ramener
au cours de math sup (quitte à utiliser Chasles pour avoir une valeur de c dans ce segment).
Remarque : la dérivée de sa restriction au segment [ a i ; a i+1 ] de la définition du 1) n'est rien
d'autre que la fonction g i , ce qui garantit tout de même l'existence d'une dérivée à droite et à
gauche aux points de la subdivision. Ainsi, cette pseudo-primitive reste continue. On rejustifie plus
simplement la continuité en remarquant qu'elle est lipschitzienne sur les segments.
b
⊙ Si a < b , on peut avoir ∫a f (t )d t = 0 avec une fonction positive ou nulle qui ne
soit pas la fonction nulle.
Exemple : a = 0 , b = 1515 et f = 1ℤ la fonction indicatrice de ℤ . Le fait que cette
intégrale soit nulle découle facilement de la définition de l'intégrale, mais il vaut mieux l'oublier et
procéder pragmatiquement avec la règle de Chasles comme ci-dessous.
Une propriété supplémentaire très pratique :
On ne change pas la valeur d'une intégrale en modifiant la valeur de la fonction en un
nombre fini de points.
2 1 2 1 2
Illustration : ∫0 E ( t)d t Chasles
= ∫0 E ( t) d t+∫1 E (t)d t = ∫0 0 d t+∫1 1 d t
. Dans la première
intégrale on a changé la valeur de la fonction en t = 1 et dans la deuxième en t = 2 .
Remarque : on intègre donc en pratique les fonctions g i évoquées dans la définition.

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