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Droite (mathématiques)

En géométrie, la droite désigne un objet géométrique formé de points alignés. Elle est illimitée des
deux côtés, et sans épaisseur. Dans la pratique, elle est représentée sur une feuille par une ligne
droite ayant bien entendu des limites — celles de la feuille — et une épaisseur —celle du crayon.

Pour les Anciens, la droite était un concept « allant de soi », si « évident » que l'on négligeait de
préciser de quoi l'on parlait. L'un des premiers à formaliser la notion de droite fut le Grec Euclide
dans ses Éléments. Avec le développement du calcul algébrique et du calcul vectoriel, d'autres
définitions vinrent s'ajouter. Mais c'est la naissance des géométries non euclidiennes qui a conduit
à la découverte de nouveaux types de « droites » et, par là-même, nous a forcés à éclaircir et
approfondir ce concept.

Sommaire
Point de vue concret
L'approche euclidienne
Définition formelle
Applications
Approche algébrique
Motivations
Géométrie vectorielle
Géométrie affine
Applications
Logique et géométrie
Motivation
Rôle de Hilbert
Géométries non euclidiennes
Géométrie analytique
Espace affine de dimension 2
Espace affine de dimension n
Notes et références
Articles connexes

Point de vue concret


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« La ligne droite est le plus court chemin pour aller d'un point à un autre » . On définit ainsi le
segment de droite limité par ces deux points. Ensuite on dit que trois points sont alignés si et
seulement si l'un de ces trois points appartient au segment déterminé par les deux autres. Et enfin
on appelle droite définie par deux points A et B l'ensemble des points alignés avec A et B, y
compris ces points A et B.

Cette définition simple suffit à certaines applications concrètes. Elle permet par exemple au
jardinier de tracer ses lignes de semis : en tendant une corde entre deux piquets, il matérialise une
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ligne « tirée au cordeau ». Une autre image habituelle est celle du fil à plomb . C'est-à-dire, dans
les deux cas, un fil tendu dont on néglige l'épaisseur.

Différentes limitations de cette définition ont conduit les mathématiciens à lui en préférer d'autres.
Par exemple, si on assimile la Terre à une sphère, le chemin le plus court entre deux points n'est
plus une ligne droite, mais un arc de cercle. Cependant, à l'échelle d'un être humain, ce cercle est si
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grand qu'une ligne droite en est une bonne approximation . La notion de « chemin le plus court »
est étudiée sous le nom de géodésique.

L'approche euclidienne

Définition formelle
Dans ses Éléments, Euclide définit les objets relevant de la géométrie dite euclidienne (point,
droite, plan, angle) et leur affecte un certain nombre de postulats. À l'aide de ces éléments de base,
il construit, par des démonstrations rigoureuses, l'ensemble des autres propriétés.

Pour Euclide :

une ligne est une longueur sans largeur ;


et une ligne droite est une ligne également placée entre ses points.

Il part d'une droite finie qu'il définit comme un segment. Il a besoin d'un postulat pour la
prolonger au-delà de ses extrémités, d'un autre pour en prouver l'existence (par deux points
distincts passe une droite) et d'un autre appelé le cinquième postulat d'Euclide pour traiter des
positions relatives des droites (si deux lignes sont sécantes avec une troisième de telle façon que la
somme des angles intérieurs d'un côté est strictement inférieure à deux angles droits, alors ces
deux lignes sont forcément sécantes de ce côté).

Applications

L'approche d'Euclide est féconde, elle permet de démontrer de nombreux théorèmes considérés
comme élémentaires au regard des mathématiques au sens moderne du terme. On peut citer le
théorème de Thalès, le théorème de Pythagore ou encore le problème de Napoléon.

Approche algébrique

Motivations

La définition axiomatique d'Euclide apparaît trop pauvre pour résoudre plusieurs familles de
problèmes. On peut citer historiquement ceux associés à la construction à la règle et au compas,
par exemple la trisection de l'angle, la duplication du cube ou encore la construction d'un polygone
régulier. Une approche algébrique est utilisée pour pallier cette faiblesse. À l'aide de la notion de
polynôme cyclotomique, Gauss réalise une percée majeure dans ce domaine en 1801 qu'il publie
dans son livre Disquisitiones arithmeticae.

Les progrès de la physique engendrent une nouvelle branche des mathématiques, initialement
appelée calcul infinitésimal et maintenant calcul différentiel. Elle obtient comme premier succès la
compréhension de la mécanique céleste. Une fois encore, la modélisation d'Euclide est insuffisante
pour formaliser convenablement ce domaine.

Une nouvelle construction est alors proposée, elle se fonde sur des structures algébriques. Les
groupes abéliens et les corps commutatifs sont utilisés pour définir un espace vectoriel puis un
espace affine.

Géométrie vectorielle

En géométrie vectorielle, une droite vectorielle est un espace vectoriel de dimension 1.

Si v est un vecteur non nul, la droite vectorielle engendrée par est l'ensemble des vecteurs pour
lesquels il existe un scalaire k (un réel pour un espace vectoriel sur ℝ) k tel que

On dit alors que les vecteurs et sont colinéaires.

Géométrie affine
En géométrie affine, une droite est un espace affine de dimension 1, c'est-à-dire dont l'espace
vectoriel associé est une droite vectorielle.

Si A est un point et un vecteur non nul, la droite affine passant par A et de vecteur directeur est
l'ensemble des points M pour lesquels il existe un scalaire k tel que

Si A et B sont deux points distincts, la droite (AB), passant par A et B, est l'ensemble des
barycentres des points A et B.

Applications
La notion de droite est alors largement généralisée.

En algèbre linéaire, l'espace vectoriel est un ensemble qui n'a plus nécessairement de lien avec la
géométrie. L'espace vectoriel peut être une extension de corps comme dans le cadre de la théorie de
Galois, l'ensemble des nombres rationnels dans le corps des réels possède les propriétés
géométriques d'une droite.

Par ailleurs, on peut étendre la notion aux ensembles finis, comme pour les codes linéaires utilisés
dans la théorie de l'information, ou en arithmétique. Une droite est alors elle aussi un ensemble
fini de points.
En analyse, et particulièrement en analyse fonctionnelle une droite est un ensemble de fonctions.
Par exemple les primitives d'une fonction continue réelle de la variable réelle forment une droite.

Logique et géométrie

Motivation
L'approche algébrique permet d'enrichir très largement la géométrie et offre des réponses
satisfaisantes à bon nombre de problèmes. En revanche une vieille conjecture reste ouverte :
comment démontrer le cinquième postulat d'Euclide. Proclos l'exprime de la manière suivante :
dans un plan, par un point distinct d'une droite d, il existe une unique droite parallèle à d.

Déjà, les grecs savaient qu'une sphère semble pouvoir définir une géométrie, les droites seraient
alors les grands cercles de la sphère. En revanche, la connexion entre une sphère et la définition
d'une géométrie reste à cette époque hors de portée.

Rôle de Hilbert
David Hilbert apporte un élément de réponse. La construction d'Euclide n'est pas entièrement
rigoureuse : il manque en effet quinze axiomes pour bâtir les fondements d'un système logique à
même de supporter la géométrie euclidienne. Une telle formalisation existe, on parle par exemple
d'axiomes de Hilbert.

La réponse à la question que pose le cinquième postulat est donc de l'ordre de la logique. La base
axiomatique d'Euclide constituée des quatre premiers postulats est trop faible pour garantir le
cinquième.

Si l'approche de Hilbert permet de résoudre cette question, elle est peu opérationnelle pour bâtir la
théorie de la géométrie euclidienne. On utilise en général la Peano pour construire l'ensemble des
entiers naturels puis les différentes structures algébriques utilisées. L'intérêt des travaux de Hilbert
sur cette question est donc surtout de l'ordre de la logique et peu géométrique.

Géométries non euclidiennes

Bien avant de comprendre la dimension logique de la problématique, dans le courant du XIXe sont
nées d'autres géométries dans lesquelles la droite n'avait plus les mêmes propriétés que dans la
géométrie euclidienne : les géométries non euclidiennes.

En géométrie projective, des droites parallèles se coupent en un point impropre et par deux points
ne passe qu'une seule droite.

En géométrie hyperbolique, par un point donné, non situé sur une droite donnée, il passe au moins
deux droites qui ne coupent pas la droite donnée.

En géométrie elliptique, deux droites sont toujours sécantes. Un exemple classique de géométrie
elliptique est la géométrie sur une sphère où le plus court chemin pour aller d'un point à un autre
est une partie d'un grand cercle. Une droite est alors définie comme un grand cercle. Deux droites
distinctes se coupent alors en deux points diamétralement opposés qui n'en forment qu'un pour
cette géométrie. On retrouve la propriété : par deux points distincts passe une seule droite.
De plus on peut aussi définir une droite comme un cercle de rayon infini.

Cette définition est incompatible avec celle issue de l'algèbre linéaire. Dans ce contexte, on parle en
général de géodésique pour éviter une confusion.

Géométrie analytique
Si l'espace vectoriel est muni d'une base, ou l'espace affine d'un repère, la droite peut être
caractérisée par des équations.

Espace affine de dimension 2


Une droite affine est l'ensemble des points M de coordonnées (x ; y) tels que , où
. Un vecteur directeur de la droite est le vecteur de coordonnées . L'équation
précédente est appelée équation cartésienne de la droite.

Dans cette famille de droites, on rencontre

les droites d'équation associées à des fonctions linéaires de ℝ dans ℝ ;


les droites d'équation associées à des fonctions affines de ℝ dans ℝ ;
les droites d'équation parallèles à l'axe des ordonnées.

La lettre m représente la pente de la droite.

Espace affine de dimension n


En dimension n, la droite passant par et de vecteur est
l'ensemble des points pour lesquels il existe un scalaire k tel que

Ce système d'équations s'appelle un système d'équations paramétrées de la droite.

Cas particulier de l'espace (dimension 3), en :

coordonnées cartésiennes :

coordonnées polaires :
.

Notes et références
1. Eugène Rouché et Charles de Comberousse, Traité de géométrie élémentaire, Paris, Gauthier-
Villars, 1866, lire en ligne (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k996417) sur Gallica.
2. Pascal Dupont (préf. Marcel Berger), Introduction à la géométrie : géométrie linéaire et
géométrie différentielle, De Boeck Université, 2002, 696 p. (ISBN 978-2-8041-4072-4,
présentation en ligne (https://books.google.com/books?id=ytb2JcK5iUUC)), p. 504

Articles connexes
Demi-droite et segment de droite
Droite sécante et droite tangente
Droites concourantes, droites perpendiculaires et droites parallèles
Propriétés métriques des droites et plans

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