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Batholite

Le terme batholite (du grec « bathus »,


profond et « lithos », roche), appelé aussi
massif intrusif ou massif discordant
désigne une masse de roches magmatiques
roches plutoniques (en majorité des
granitoïdes) de quelques km à plus de 100
km qui ne respecte pas les lignes de forces de
son encaissant. Un batholite est un pluton
allochtone qui se forme lorsque le magma est
piégé et refroidit à l'intérieur de l'écorce
terrestre. Il est fréquemment bordé par une
zone de métamorphisme de contact, Bloc diagramme schématique, modélisant les différents
types d'intrusions. Le batholite (A) peut émettre dans
donnant, en plan, une auréole de
l'encaissant des prolongements irréguliers ou
métamorphisme, et accompagné en surface
apophyses. Par opposition, les rentrants de l'encaissant
par un volcanisme explosif.
sont appelés pendentifs.
Le batholite est formé le plus souvent de
plusieurs intrusions qui se sont mises en
place successivement en profondeur dans un
contexte orogénique. Ce modèle d'injections
magmatiques successives dans des fractures
de l'encaissant (dont elles provoquent
éventuellement la formation par fracturation
hydraulique) est plus souvent proposé dans
la littérature que le modèle de genèse par
différenciation magmatique in situ d'une
chambre magmatique. « Si chaque intrusion
cristallise en quelques milliers d'années, la
formation de l'ensemble peut s'étaler sur une Modélisation, en rouge, d'un batholite. Les autres
dizaine de Ma, voire près d'une centaine de couleurs correspondent à l'encaissant, ici des strates
Ma. Les batholites construits précocement sédimentaires.
lors des orogenèses anciennes ont été le plus
souvent déformés et métamorphisés, ce qui
n'est pas le cas des batholites tardi-orogéniques formés lors de l'effondrement gravitaire (en)
1
marquant la fin de ces orogenèses ».

Les protubérances ou coupoles des batholites sont souvent entourées, à quelques centaines ou
milliers de mètres de la périphérie de leurs affleurements, de filons ou dykes généralement de
faible épaisseur (métrique à pluridécamétrique) qui qui incorporent des minéraux extraits de la
croûte terrestre grâce aux gaz concentrés (H2O, CO2, H2S, HCl) issus des magmas en fin de
cristallisation, et au fort pouvoir dissolvant de l’eau supercritique qui s'enrichit en ces éléments
hygromagmatophiles. Lorsque l'exploitation de ces éléments a du sens (selon les conditions
techniques, économiques, environnementales), les géologues parlent de gisements
2
péribatholitiques .
3
Un massif de roches plutoniennes qui occupe une surface inférieure à 40 km2 s'appelle stock .

Composition
Les batholites sont généralement constitués de roches felsiques ou de roches intermédiaires
telles que le granite, la monzonite quartzique ou la diorite (voir aussi dôme de granite).

Formation géologique
Bien qu'ils semblent à première vue assez homogènes, les batholites sont en réalité des
structures dont l'histoire et la composition sont relativement complexes. Ils sont constitués de
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masses multiples, ou plutons (originellement du magma provenant d'une zone de fusion
partielle à la base de la croûte terrestre) qui se sont rapprochées de la surface.

Lorsqu'ils sont encore en déplacement, on appellera ces plutons de magma assez léger des
diapirs plutoniques. Grâce à leur température élevée et leur consistance visqueuse, ces diapirs
vont s'élever en se frayant une voie à travers la roche environnante qu'ils contribuent à faire
fondre au passage. La majorité des diapirs ne parvient pas à la surface sous forme de volcan,
mais voient leur progression se ralentir au fur et à mesure que leur température baisse et qu'ils
se solidifient, généralement à une profondeur de 5 à 30 km, pour former des plutons.

On parlera de batholite lorsqu'un certain nombre de plutons auront fini par fusionner pour
former une masse suffisamment importante de roche plutonique.

Exemples
Certains batholites sont de taille gigantesque, s'étendant le long de zones de subductions
passées ou présentes ou d'autres sources de chaleur de la croûte continentale sur des centaines
de kilomètres. On pourrait citer par exemple, le batholite mancellien (Massif armoricain)
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(caractérisé par ses granodiorites, ses granites monzonitiques et sa cordiérite) , le mont Viso, le
bloc corso-sarde. En Amérique du nord, le batholite de la Sierra Nevada (en) est une formation
granitique continue qui constitue la majeure partie de cette chaîne de montagnes en Californie.
Un batholite encore plus gigantesque, dont la plus grande partie forme les montagnes de la côte
ouest du Canada, s'étend jusqu'au sud-est de l'Alaska sur 1800 kilomètres. Au Pérou, le
batholite côtier s'étend sur plus de 1000 km et celui de la Cordillère Blanche, plus court et plus
élevé qui porte le point culminant du Pérou (le mont Huascarán).

Géographie

Définition du terme en géographie

Le terme de batholite est également utilisé en géographie lorsqu'une masse de roches


plutoniques se retrouve exposée à la surface sur plus de 100 km² ; si la superficie d'exposition
est inférieure à 100 km², on parle de stock. Ces roches ont été exhumées par l'érosion, aggravée
par le processus de soulèvement des continents sur des dizaines voire des centaines de millions
d'années. Ce processus a eu pour effet de décaper le couvert de roches supérieures sur des
dizaines de kilomètres, révélant ainsi la présence de batholites jadis profondément enfouis sous
la surface.

Érosion des batholites

Les batholites ainsi découverts sont exposés à des conditions


tout à fait différentes de celles qu'ils connaissaient sous terre.
Leur structure cristalline va se dilater légèrement au fil du
temps, pendant leur décompression. Ceci cause une érosion de
la surface par un processus d'exfoliation. Cette érosion va
détacher de vastes éclats de roches convexes et assez fins de la
surface des batholites. Ce processus est d'ailleurs accéléré par
des intempéries telles que le gel.
Batholite dans le Parc
Un des exemples les plus célèbres de ce phénomène est le d'Augrabies, en Afrique du Sud
demi-dome de la vallée du Yosemite dans l'ouest des États-
Unis.

Notes et références
1. Alain Foucault, Jean-François Raoult, Bernard Platevoet, Fabrizio Cecca, Dictionnaire de
Géologie, 2020, dunod, p. 116.
2. Eugène Raguin, Géologie des gîtes mínéraux, Masson, 1949, p. 14.
3. (en) John Whittow, Dictionary of Physical Geography, Penguin, 1984, p. 513.
4. En référence à Pluton, Dieu romain des enfers souterrains.
5. Max Jonin, Un batholite fini-précambrien : le batholite Mancellien, Universite de Bretagne
Occidentale, 1981, 638 p.

Voir aussi
Pluton
Diapir
Anorthosite
Sill
Dyke
Laccolite
Lopolite

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