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Géosciences Sciences de la Terre

Les roches magmatiques : généralités

1 - Définitions :
Dans l'esprit général, il y a confusion entre les termes lave, magma et roche volcanique. On
assimile ainsi la lave au magma et roche volcanique est souvent synonyme de basalte. Pourtant, la
réalité de la pétrographie des roches volcaniques est beaucoup plus complexe. Issu des profondeurs
du manteau, le magma, mélange de roches et de gaz sous pression, remonte en surface par
différence de densité, sous forme de "poches magmatiques". En géologie, on parle de diapirisme et
ces "poches d'ascension" se nomment des diapirs.
Deux phénomènes peuvent alors se produire :
- dans le premier cas, un magma dit "basaltique", vient alimenter une chambre magmatique
et il se produit alors, soit des coulées de laves fluides à partir d'un édifice volcanique, soit
une extrusion (formation d'un dôme ou d'une aiguille à partir de laves visqueuses).
- dans le second cas, un magma dit "granitique", s'infiltre dans les roches environnantes
sans pouvoir parvenir à la surface de la croûte terrestre, mais en formant des massifs
cristallins : c'est le phénomène de l'intrusion.
On parle de roches magmatiques (synonyme : roches ignées) pour les matériaux issus de ces
deux cas de figures. Avec la famille des roches métamorphiques, les roches magmatiques
constituent le groupe des roches endogènes (du grec endon, dans, et gennan, engendrer), car
formées totalement ou partiellement dans les entrailles de la terre. En revanche, ce terme ne
s'applique pas aux roches sédimentaires, dites exogènes (du grec exô, en dehors, et gennan,
engendrer), car formées, quant à elles, à la surface du globe terrestre.

2 - Classification des roches magmatiques d'après leur composition minéralogique.


La classification usuelle des roches magmatiques s'effectue en fonction des minéraux contenus
(quartz, feldspaths alcalins et plagioclases). On les divise alors en trois séries dites effusives,
filoniennes et intrusives. Ces dernières sont à leur tour découpées en fonction de leur teneur en
SiO2 pour devenir :
- des roches ultrabasiques, lorsqu'elles possèdent moins de 45% de SiO2,
- des roches basiques, lorsqu'elles ont un rapport en SiO2 compris entre 45 et 52%,
- des roches intermédiaires, lorsque le rapport SiO2 est compris entre 52 et 66%,
- des roches acides, lorsque le rapport en SiO2 dépasse 66%.
Il existe néanmoins une exception à cette classification en fonction du rapport en SiO2. Ce sont
les roches alcalines, riches en sodium et/ou en potassium.

Chap. 1 – Pétrogenèse magmatique : Généralités 1 1


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2.1 - Les roches magmatiques effusives (synonymes : roches extrusives, roches volcaniques, laves
ou vulcanites).
Directement issues du volcanisme, ces roches ont cristallisé très rapidement à la surface
terrestre. En langage courant, ce sont les laves. Elles sont issues d'un magma relativement fluide
qui prend sa source dans les entrailles de la terre à une profondeur minimale de 40 kilomètres sous
les continents et de 10 kilomètres sous les océans. Selon la classification décrite ci-dessus, elles se
décomposent en :
- roches magmatiques effusives ultrabasiques. On ne connaît dans cette catégorie qu'une
seule roche volcanique relativement rare provenant de Sibérie : la meyméckite ;
- roches magmatiques effusives basiques. Ce sont les roches de la série basaltique,
subdivisée en basaltes alcalins (absence de pyroxènes et présence d'olivine) et en tholéiites
(présence d'augite et de pyroxènes avec verre dévitrifié ou quartz).
Selon leur composition minéralogique, ces basaltes deviennent des océanites ou des picrites
(tholéiites ou basaltes alcalins ayant plus de 50% d'olivine), des islandites (tholéiites à
plagioclases), des ankaramites (basaltes riches en pyroxènes), des basaltes demi-deuil (basaltes à
labradorite et augite), des sakalavites (basaltes sans olivine mais avec au moins 10% de quartz), des
shoshonites ou des absarokites (basaltes riches en potassium et en plagioclases), des paléobasaltes
(basaltes altérés à pyroxènes, olivine, épidote, chlorite, calcite et serpentine) ou des roches alcalines
intermédiaires (syéno-gabbro mieux connu sous la dénomination de "trachybasalte", hawaïte,
mugéarite, etnaïte, benmoréite). Les basaltes correspondent généralement à un volcanisme de
coulées (rifts ou points chauds). La série basaltique représente à peu près 90% des laves émises sur
Terre. Ces laves, très fluides, sont émises à des températures de l'ordre de 1.100°C à 1.200°C. Vers
1.000°C, elles se solidifient formant soit des coulées en blocs scoriacés (ou laves "aa"), soit des
laves cordées ou des "pahoehoe", soit des formations prismatiques perpendiculaires aux coulées
(orgues basaltiques) :

2.2 - Les roches magmatiques effusives alcalines et autres.


Généralement assimilées aux roches magmatiques effusives basiques, il s'agit de la seule
catégorie de roches magmatiques à ne pas être classifiées en fonction de leur teneur en silicium,
mais en fonction de leur teneur en sodium et en potassium. Parmi elles, on trouve les phonolites et
une série de roches très proches les unes des autres (les néphélinites, les leucitites, les téphrites et
les basanites). Dans cette classification, figurent également des roches originales : ce sont les
carbonatites. Il s'agit, en fait, de roches magmatiques ultrafémiques, qui appartiennent à la fois au
monde des roches magmatiques effusives et à celui des roches magmatiques intrusives. Un seul
volcan actif, fournit à ce jour ce type de laves, riches en carbonates : il s'agit de l'Ol'Doyno Lengaï
en Tanzanie. Parmi les roches ultrafémiques, citons également les mélilites. :

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- roches magmatiques effusives intermédiaires. Cette série comprend les laves visqueuses,
émises entre 700°C et 900°C. Ce sont les andésites, trachyandésites, dacites, latites et
trachytes (voir aussi dômite). Ces roches se trouvent généralement sur les zones de
volcanisme de subduction, donc sur des volcans de type explosif. Ainsi, les andésites,
proviennent de la fusion d'éclogites ou d'amphibolites situées à une profondeur variant
entre 30 km et 100 km :
- roches magmatiques effusives sialiques ou acides. Ces roches sont émises à une
température d'environ 950°C à partir d'un magma tholéiitique ou granitique : il s'agit alors
de porphyres et de rhyolites (avec ses variétés hyperalcalines : pantéllérite et comendite).
Entre également dans cette classification, la série des obsidiennes, rétinites et ponces.

2.3 - les roches magmatiques filoniennes (synonyme : roches hypoabyssales).


Ce sont des roches intermédiaires entre les roches effusives et les roches intrusives. Elles se
sont mises en place à des profondeurs terrestres moyennes, sous une pression magmatique
suffisante permettant un dégazage partiel et généralement une forte minéralisation. Les roches
filonniennes sont dites hypovolcaniques lorsqu'elles s'apparentent aux roches effusives ou
périplutoniques lorsqu'elles se rapprochent des roches plutoniques. Elles sont également classées en
fonction de leur teneur en SiO2. On distingue ainsi :
- les roches filoniennes basiques qui comprennent la série doléritique (dolérites, ophites,
variolites, …), les lamprophyres et les lamproïtes. La série doléritique est généralement
plus connue sous la dénomination de roches dites "en peau de serpent" (en raison de leur
aspect ressemblant à des écailles de reptiles : les ophites pyrénéennes, par exemple) ou
"roches vertes" (en raison de leur couleur). Il convient également de noter que les dolérites
sont fréquemment appelées diabases.
- les roches filoniennes intermédiaires qui se composent essentiellement des microdiorites.
- les roches filoniennes sialiques qui comprennent les porphyres granitiques, les
granophyres, les pegmatites et les aplites. Ces roches, généralement fortement
minéralisées, sont souvent exploitées pour leur potentiel minier (uranium, phosphates, …).
On regroupe sous le terme général d'ophiolites d'anciens pillow-lavas doléritiques et
basaltiques, et autres roches métamorphisées, serpentinisées, et de couleur verte, ou de radiolarites,
lorsqu'elles prennent une teinte rougeâtre. Les véritables ophiolites sont des roches magmatiques
(dolérites, lamprophyres, diorites, péridotites, lherzolites, euphotides et autres gabbros, …).
Pourtant, par extension, ce terme s'applique également à des roches métamorphiques ou
sédimentaires ayant été en contact avec la lave. Il s'agit alors des amphibolites, éclogites, schistes à
glaucophane, chloritoschistes, prasinites, serpentinites et serpentine-roche pour la partie
métamorphisme ou de certaines ophicalcites pour la partie sédimentaire.

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2.4 - les roches magmatiques intrusives (synonyme : roches plutoniques).


Dans certains cas, un magma de forte viscosité, s'infiltre au travers de roches existantes, mais
ne peut aboutir en surface. La pression empêche alors le dégazage et les roches cristallisent
lentement dans les entrailles de la terre. C'est le phénomène d'intrusion. Il se forme alors des
massifs cristallins plus ou moins gigantesques que l'on nomme, en fonction de leur taille et de leur
forme, batholite, laccolite, lopolite ou filon-couche. Les roches issues de ce phénomène sont dites
"intrusives" ou "plutoniques". Comme les deux séries décrites précédemment, elles sont ensuite
décomposées en fonction de leur teneur en SiO2.
- les roches magmatiques intrusives ultrabasiques. C'est dans cette série que l'on trouve,
les roches intrusives de grandes profondeurs. La moins connue est sans doute la
pyroxénolite, à dominante de pyroxènes, avec ses variétés websterites, diallagites,
ariégites, bronzitites, … Avec une composition de près de 90% d'olivine, vient ensuite la
dunite. Les compositions variant entre 40% et 90% d'olivine donnent les péridotites
(péridotites à pyroxènes ou werhlite, péridotites à orthopyroxènes ou harzburgite,
péridotites feldspathiques, péridotites à grenats, …). Dans la famille des péridotites, on
trouve également les lherzolites, les cortlandites et la célèbre kimberlite, connue pour sa
richesse exceptionnelle en diamants en Afrique du Sud ou en Yakoutie. Figure
également dans cette série la hornblendite, roche riche en hornblende et proche des
gabbros et diorites.
- les roches magmatiques intrusives basiques. Cette série comprend essentiellement les
différentes formes du gabbro (norite, euphotide, troctolite, hypérite, microgabbro,
gabbro orbiculaire) ainsi que les syénites feldspathoïdes, la labradorite et l'anorthosite.
Certaines variétés du gabbro sont classifiées en fonction de leur contenu minéralogique.
Si le gabbro contient de l'olivine, il devient de la théralite. On parle aussi de teschénites
pour les gabbros comprenant de l'analcime ou d'essexites pour les gabbros ayant une
teneur en feldspaths alcalins comprise entre 10 et 40%.
- les roches magmatiques intrusives intermédiaires. On rencontre dans cette série de
roches, la granodiorite, la kentallénite, la monzonite, la tonalite, ainsi que la diorite et les
syénites alcalines.
- les roches magmatiques intrusives sialiques. Dans cette série, on trouve la plus célèbre
des roches magmatiques intrusives : le granite. Les granites sont classés en fonction de
leur teneur en feldspaths alcalins et en quartz. On parle de granites alcalins lorsque la
teneur en feldspaths est supérieure à 90%, d'adamellites lorsqu'elle est comprise entre 33
et 65% et de monzonites quartziques lorsque la teneur en quartz est comprise entre
5 et 20%. Les granophyres et les aplites, classés parmi les roches filoniennes font
également partie de la famille des granites.

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Pour chaque roche intrusive, il existe une roche effusive ou filonienne équivalente comme le
montre le tableau ci-dessous.

Tableau I - Classification des roches magmatiques d'après leur genèse et leur composition chimique

Roches effusives ou filoniennes Roches intrusives


Andésite Diorite
Basalte et Dolérite Gabbro
Dacite Granodiorite
Syéno-gabbro (ou trachybasalte) Kentallénite
Latite et Trachyandésite Monzonite
Leucitite Fergusite
Néphélinite Ijolite
Rhyolite Granite
Téphrite Théralite
Trachyte Syénite

3 - Classification des roches magmatiques d'après leur origine et leur composition chimique.
Entre les années 1950 et 1970, s'est progressivement mise en place une deuxième méthode de
classification des roches magmatiques en fonction de leur origine magmatique et de leur
composition chimique. Trois grandes séries de roches magmatiques (tholéiitique, calco-alcaline et
alcaline) se sont ainsi différenciées auxquelles on adjoint généralement deux séries intermédiaires
(shoshonite et transitionnelle).

3.1 - La série tholéiitique


Elle s'applique aux roches qui se forment sur le volcanisme de dorsales océaniques, ainsi qu'à
quelques cas de volcanismes continentaux ou d'arcs insulaires. Ces roches sont sursaturées en SiO2
(teneur variant entre 45 et 70%), possèdent une forte proportion d'Al2O3 (entre 12% et 19%) et, au
contraire, une faible quantité de potassium (K2O) et de sodium (Na2O). La série tholéiitique
comprend les basaltes tholéiitiques, les ferro-basaltes, les icelandites, les andésites basaltiques ainsi
que certaines laves de composition rhyolitique. Les gabbros sont les équivalents intrusifs de cette
série ainsi que les dolérites pour les roches magmatiques filoniennes.

3.2 - La série calco-alcaline


Cette série dite également "série à hypersthène" se subdivise en série calco-alcaline de marges
continentales et en série calco-alcaline d'arcs insulaires. Ces roches sont le fruit direct d'un

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volcanisme de subduction et sont produites par la fusion de roches sédimentaires


(argiles, grès, grauwackes, ...) ou métamorphiques (amphibolites, éclogites, ...) lors de
l'enfoncement d'une plaque continentale sous une autre. La série calco-alcaline est représentée en
grande partie par des roches riches en silicium, et plus particulièrement en quartz, soit les dacites,
(entre 62% et 68% de SiO2) et les rhyolites et ignimbrites rhyolitiques, d'une teneur supérieure à
68% de SiO2. Entrent également dans cette série les andésites (teneur en SiO2 comprise entre
53% et 62%), ainsi que des basaltes sursaturés en oxydes d'aluminium (composition chimique en
Al2O3 supérieure à 17% et teneur en SiO2 inférieure à 53%). En outre, il semblerait qu'il existe une
corrélation entre la teneur en potassium de la série calco-alcaline et la profondeur du plan de
Benioff. En effet, le taux en K2O de ces roches augmente avec la profondeur du plan.

3.3 - La série alcaline


Cette série est liée au volcanisme intracontinental et au volcanisme basaltique d'extension
(grabens et tous les cycles géologiques d'ouverture des océans). Les roches de cette série ont une
composition minéralogique à base de feldspathoïdes (analcime, leucite, néphéline, mélilite,
sodalite, noséane et haüyne). Elles sont également classées en fonction d'un rapport
aluminium/silicium et d'un rapport sodium/potassium définissant une séquence sodique
(Na / K > 1) et une séquence potassique (Na / K < 1). La série alcaline comprend les basanites, les
basaltes alcalins, les hawaites, les mugéarites, les benmoréites, les néphélinites, les leucitites, les
mélilitites, les trachy-andésites, les trachytes et les phonolites. Selon cette classification,
s'apparentent également à cette série, deux roches un peu particulières, liées à un volcanisme
intracontinental de dykes ou à base de carbonates. Ce sont les kimberlites et les carbonatites.

3.4 - La série shoshonitique


Les roches composant cette série ne sont pas à ce jour clairement définies. Néanmoins, elles
sont proches de la série calco-alcaline, mais elles en diffèrent par une très forte teneur en
potassium ; le rapport chimique K2O/Na2O de ces roches est proche de 1. Les autres éléments
minéralogiques de ces roches sont variables mais avec toujours une présence de feldspaths
potassiques, de plagioclases, de clinopyroxènes et d'olivine auxquels viennent s'ajouter comme
minéraux secondaires des orthopyroxènes, des feldspathoïdes ou des micas riches en fer et en
potassium (biotite ou phlogopite). Sont considérées comme faisant partie de cette série, les
absarokites (teneur en SiO2 inférieure à 50%), les shoshonites (teneur en SiO2 comprise entre
50% et 57%) et les latites (teneur en SiO2 > 57%).

3.5 - La série transitionnelle


Il s'agit de laves intermédiaires entre la série alcaline et la série tholéiitique. Pour être classées
dans cette catégorie, la roche doit répondre à la formule mathématique : (Na + K) / Al > 1 (teneur

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en sodium et potassium supérieure à la teneur en alumine) et posséder des silicates pauvres en


calcium (amphiboles alcalines et/ou pyroxènes alcalins). Font ainsi partie de cette série
pétrographique, les ferro-basaltes, les basaltes à olivine et hypersthène et les basaltes à andésine.
Cependant, les roches les plus connues de cette série sont, sans aucun doute, les pantéllérites et les
comendites de l'île de Pantelleria en Italie. Pour répondre au critère (Na + K) / Al > 1, la
composition minéralogique des pantéllérites de cette île est la suivante : anorthose, cossyrite
(variété d'aenigmatite titanifère), fayalite, hédenbergite et olivine dans une pâte à base de quartz et
de feldspaths.

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