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Chapitre 4.

Magma et roches magmatiques

I- Le magma
I.1- Définition et caractéristiques
Un magma est un bain naturel de roches en fusion localisées au sein du globe
terrestre et contenant une proportion variable de gaz dissout et parfois des fragments
de roches en suspension. Il se forme principalement dans l’asthénosphère et quelque
fois par fusion partielle de certaines régions de la lithosphère. Il se caractérise par : sa
composition essentiellement silicatée, sa température élevée (1200°C à 1500°C) et
par sa viscosité.
La viscosité du magma dépend de :
- La teneur en silice SiO2 : plus elle est élevée, plus la viscosité l’est également ;
- La température : plus la température est élevé plus le magma est fluide ;
- La teneur en gaz (H2O, CO2, H2S,...) : la perte de gaz provoque une
augmentation de la viscosité ;
- La teneur en eau : l’augmentation de la teneur en eau diminue la viscosité du
magma.

I.2- Les différents types de magmas


De manière générale et fortement simplifiée, on distingue principalement deux
types de magmas suivant la teneur en silice.
• magma hypersiliceux : lorsque la teneur en silice est élevée (75%), le magma en
fusion est très visqueux et s’écoule donc lentement à travers l’écorce terrestre. Il
cristallise alors quasi entièrement lors de son ascension vers la surface et seuls
subsistent les minéraux stables en présence d’un excès de silice. Ce type de magma
engendre les roches granitiques qui représentent près de 95 % des roches d’intrusion
au sein des roches préexistantes.
• magma hyposiliceux : lorsque la teneur en silice est faible (50%), le magma en
fusion est fluide et traverse rapidement l’écorce terrestre pour couler en surface. En
raison de la rapidité de l’ascension, seuls quelques minéraux cristallisent et ceux qui
sont formés à haute température restent stables compte tenu de la faible teneur en
SiO2. Ce type de magma engendre les roches basaltiques qui représentent près de 95 %
des roches effusives à la surface de l’écorce terrestre.

I.3- Différenciation magmatique


On appelle différentiation magmatique le processus permettant la formation de
magmas secondaires, le plus souvent enrichis en silice et en éléments alcalins, à partir
d’un magma primaire basaltique d’origine mantellique et ce au cours de son séjour

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dans une chambre magmatique crustale. La cristallisation fractionnée et la
contamination sont les principales modalités de différenciation.

I.4- Les suites réactionnelles de Bowen


Une suite réactionnelle est une succession d’équilibre chimique entre les minéraux
en cours de cristallisation dans le magma et ce magma. Il existe deux types de suite
réactionnels de Bowen :
- La suite réactionnelle continue où les minéraux ont des structures semblables,
les réactions s’effectuent de manière continue c'est-à-dire par échange d’ions
entre les cristaux et les magmas. Exemple : la série des plagioclases (figure 2.1)
- La suite réactionnelle discontinu : les minéraux ont des structures différentes et
cristallisent par étape bien distincte et espacée. Exemple suite des minéraux
ferromagnésien (figure 2.1).

Figure 2.1 : les suites réactionnelles de Bowen

II- Les roches magmatiques


II.1- Définition
Les roches magmatiques se forment au cours du refroidissement plus ou moins
rapide d’un liquide silicaté, le magma. Toutes les roches de cette catégorie sont
passées, à un moment de leur histoire, par l’état fondu, ce qui, pour des roches,
signifie des températures de 700 à 1500 °C (moins les magmas sont riches en
silicium, plus leur température de fusion est élevée, celle d’un magma basaltique est
de 1000 °C, celle d’un granite, de 700 à 800 °C). Différents magmas prennent

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naissance par la fusion partielle d’une portion de croute et /ou de manteau. Par
différentiation progressive au cours de leur refroidissement, ils donnent naissance
aux différentes variétés de roches dénommées par les pétrographes suivant leur
structure, leur composition chimique, leur minéralogie. Si la cristallisation se fait en
profondeur (plus de 2 km), elles appartiennent au groupe des roches plutoniques
(Pluton était le roi des Enfers pour les Romains). En revanche, quand le magma
arrive en surface, les produits de son refroidissement sont des roches volcaniques,
dédiées à Vulcain, le dieu romain du feu.

II.2- Critères d’identification des roches magmatiques


Les roches magmatiques s’identifient par leur texture, leur couleur, et leur
composition.
II.2.1- Texture ou pétrofabrique
On appelle texture ou pétrofabrique d’une roches l’organisation des minéraux
tel qu’on peut les déceler à l’œil nu, à la loupe ou au microscope.
La texture d’une roche magmatique est définie par les paramètres suivant : la
forme, les dimensions et le mode d’agencement des minéraux constitutifs. La vitesse de
refroidissement du magma est à l’origine de la texture des roches magmatiques. Et
suivant la texture on distingue deux grands groupes de roche magmatique : les roches
plutoniques et les roches volcaniques
II.2.1.1- Texture des roches plutoniques
Les roches plutoniques sont des roches holocristallines (entièrement
cristallines) résultant d’un refroidissement lent du magma en profondeur.
Dans une roche grenue, les cristaux peuvent être automorphes, et donc être
reconnaissables à leur forme, ou bien xénomorphes, sans forme bien définie. Le
premier cas correspond aux minéraux qui cristallisent précocement, ils peuvent alors
développer leurs formes propres ; le second aux minéraux plus tardifs qui remplissent
les espaces laissés libres par les premiers. Suivant la taille des minéraux, on distingue
plusieurs variétés de textures :
- Texture grenue normale (ou équante) dont les éléments sont de même
dimension, sensiblement celle d’un grain de blé ;
- Texture grenue porphyroïde : dans une masse grenue, formée de minéraux de
même dimension, sont dispersés quelques gros cristaux appelés phénocristaux. Ce
type de texture est généralement le résultat d’un refroidissement magmatique qui se
déroule en deux grandes phases. La première phase de refroidissement, très lente,
permet la cristallisation des phénocristaux. Ensuite la deuxième phase de
refroidissement, moins lente que la précédente, permet la cristallisation des cristaux
de taille inférieure.
- Texture aplitique : c’est une texture grenue à grains fins à très fins (˂2mm). Elles
sont rencontrées dans les aplites, qui sont des roches magmatiques à composition

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granitique ou syénitique affleurant généralement dans les massifs granitiques sous
forme de filon ;
- Texture pegmatitique : les minéraux présentent une taille semblable mais
importante (parfois décimétrique). Ces roches sont le produit d’un refroidissement
très lent. Même si leur composition minéralogique est semblable à celle des roches
grenues (granites principalement), on parle en général de pegmatites ;
II.2.1.2- Texture des roches volcaniques
Les roches volcaniques sont des roches partiellement cristallisées. Elles
contiennent des cristaux et une pâte amorphe vitreuse qui traduit une phase de
refroidissement rapide ou brutale. Parfois, elles peuvent contenir des pores appelés
vacuoles correspondant aux loges de bulles de gaz qui étaient présentes dans le
magma. Leur quantité permet d’évaluer la quantité de gaz du magma à l’origine de la
roche. Les magmas visqueux, riches en gaz sont à l’origine de mécanismes éruptifs
explosifs contrairement aux magmas pauvres en gaz ou aux magmas fluides qui
dégazent facilement.

Les textures des roches volcaniques sont :


- Textures microlitiques
Dans le cas d’un refroidissement rapide du magma, à la surface, la roche se
montrera (au microscope polarisant) constituée d’un assemblage de microlites
(microcristaux en forme de baguette allongé) emballés dans une matrice vitreuse plus
ou moins abondante. La texture de la roche est dite microlitique. Lorsque celle-ci
contient aussi des phénocristaux, qui ont cristallisés en profondeur ou le
refroidissement (lent) a permis un meilleur développement, on parle de texture
microlitique porphyrique.
Remarque : les microlites ne s’observent qu’au microscope.
- Texture vitreuse
Lorsque le refroidissement du magma à été très rapide la roche montre, aussi bien
au microscope qu’a l’œil nu, une matrice vitreuse dépourvue de minéraux. Exemple :
obsidienne
- Texture pyroclastique
Elle est caractérisée par l’abondance de fragment de roches et minéraux (enclave)
unies par une mésostase vitreuse ou microcristalline.
Exemple : tufs volcaniques

II.2.1-3 Texture des roches de semi- profondeur


Une roche de semi-profondeur est une roche qui a cristallisée dans une zone
relativement proche de la surface de l’écorce terrestre. Elle peut présenter l’une des
textures suivantes :
- Texture microgrenue

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La roche est entièrement cristallisée mais constituée de microcristaux, invisibles
à l’œil nu.
- Texture microgrenue porphyrique
En plus des microcristaux on observe des cristaux de grande taille
(phénocristaux).
Ces textures caractérisent généralement les roches filoniennes et les zones
périphériques des massifs plutoniques.
NB : Pour la nomenclature des roches de semi-profondeur on ajoute le préfixe
micro- ou nom de l’équivalent plutonique. Exemple : une roche de semi- profondeur
de composition granitique s’appellera microgranite.

II.2.2- Couleur
Pour les roches magmatiques, il est indispensable de préciser leurs couleurs.
Seule la couleur globale de la roche est à étudier : claire à sombre. C’est un indice, dans
certains cas, de la composition minéralogique et chimique. Il faut toutefois rester
prudent quant à son utilisation. Les roches magmatiques plutoniques claires (dites
leucocrates) sont généralement acides donc riches en quartz et en feldspaths et
pauvres en minéraux ferromagnésiens et opaques (moins de 35 %).
On appelle indice de coloration (IC) la proportion des minéraux colorés (olivine,
pyroxène, amphibole, biotite, oxydes…) dans une roche magmatique. Selon cet indice
les roches magmatiques sont classées comme suit :
- roche hololeucocrate IC<10%
- roche leucocrate 10%≤IC<35%
- roche mésocrate 35%≤IC<65%
- roche mélanocrate 65%≤IC<90%
- roche holomélanocrate 90%≤IC≤100%

II.2.3- Composition des roches magmatiques


Une roche magmatique est dite acide lorsqu’elle contient plus de 66 % de SiO2
en masse. Les roches magmatiques sombres (dites mésocrates voire mélanocrates si
elles sont très sombres) ont généralement une composition basique ou ultrabasique,
donc elles sont relativement pauvres en quartz mais riches en minéraux
ferromagnésiens (olivines, pyroxènes, amphibole, biotite) et minéraux opaques.
Une roche magmatique est dite basique lorsqu’elle contient 45 à 52 % de SiO2 en
masse et ultrabasique si elles contiennent moins de 45 % de SiO2 en masse.
Une roche magmatique est dite alcaline lorsque la masse en Na2O et K2O est :
• soit supérieure à la masse en Al2O3 pour les roches saturées et sursaturées (sans
feldspathoïde) ;
• soit supérieure à la masse en SiO2 pour les roches sous-saturées (contenant des
feldspathoïdes).

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Remarque : Dans le langage des géologues, les adjectifs basique, acide et alcalin
n’ont pas le même sens que dans le langage des chimistes. Ainsi, basique et alcalin ne
sont pas synonymes. Il ne faut donc pas confondre roche basique et roche alcaline.
Une roche qui présente des parties ou des minéraux de couleur rouille contient du fer
oxydé à l’état Fe3+ : cela révèle souvent un minéral ferromagnésien (olivine, biotite par
exemple) altéré.
II.3- Classification des roches magmatiques
II.3.1- Classification modale
La composition modale ou mode d’une roche magmatique est la composition
minéralogique effective exprimée en pourcentage volumétrique de ses différents
minéraux. Il peut être déterminé à l’œil nu (macroscopique) ou en lame mince
(microscopique). Lorsque le mode de la roche est déterminé, la roche peut être classée
dans un diagramme de classification, pour déterminer le nom propre de la roche.
Remarque : Cette classification ne permet pas de classer correctement les roches qui
ne sont pas totalement cristallisées car la partie vitreuse, très riche en silice, n’est pas
prise en compte pour le calcul des pourcentages relatifs des groupes de minéraux.

II.3.2- Classification normative


La composition normative ou norme d’une roche magmatique est la
composition théorique minérale qu’aurai acquise la roche, si elle avait complètement
cristallisée, c'est-à-dire si tout les équilibres chimiques avaient pus se réaliser au cours
d’une cristallisation lente.
L’analyse chimique de la roche permet de calculer la composition normative
(norme CIPW) en poids d’oxydes. Les résultats peuvent être classés dans un
diagramme de type Harker (Na2O+K2O/SiO2) afin de donner un nom à la roche.

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