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Thème : numérique
DOCUMENT 1
En réalité, pas grand monde n'est véritablement anonyme sur les réseaux
sociaux. « Il existe des dispositifs qui permettent un anonymat quasiment
absolu, comme des réseaux chiffrés (VPN, TOR) ou des services
d'anonymisation en ligne, mais ça ne concerne qu'une petite minorité de
personnes », nous indique Tristan Mendès France, enseignant au CELSA et
spécialiste du numérique. En réalité, on parle surtout de « pseudonymat », à
savoir se dissimuler derrière un nom de code ou un pseudo pour s'exprimer.
En clair, on s'inscrit avec son e-mail et on peut donc être identifié et
retrouvé par la plateforme, mais on se manifeste ensuite publiquement sous
un nom d'emprunt.
Un internaute peut déjà le plus souvent être identifié par la justice via son
adresse IP ou via des traces laissées sur Internet. « Mais il y a un problème
de moyens et de formation des forces de l'ordre qui sont insuffisants pour
lutter efficacement », pointe auprès du Parisien l'avocat Eric Morain, qui a
notamment défendu la journaliste Nadia Daam. [...]
Tout dépend des motivations. Les individus qui ont des visées malsaines et
veulent insulter ou harceler d'autres personnes, sont évidemment dans la
ligne de mire du gouvernement. Mais l'anonymat peut aussi servir à se
protéger de harcèlement. L'une des victimes de la « Ligue du LOL », Daria
Marx (un pseudonyme), expliquait ainsi que ses harceleurs « sont la cause
de [son] pseudonymat ». « Quand Daria Marx était menacée de mort, je
pouvais me dire que ce n'était pas moi. Je pouvais me détacher du
personnage virtuel malmené. Cela m'a sauvé bien des fois », a-t-elle écrit
dimanche sur son blog. [...]
DOCUMENT 2
Certains diront qu’il ne sert à rien de s’abriter derrière un pseudo, qu’il faut
assumer ses opinions et prendre ses responsabilités. En réalité, ces
personnes qui véhiculent des propos haineux à tout-va ne se cachent pas du
tout et parlent au nom de leur véritable identité. Même dans la société
physique, notamment avec la montée des mouvements populistes, la haine
de l’autre s'est banalisée et les individus ne se gênent donc pas pour donner
leur avis en toute transparence. Au contraire, celui qui voudrait passer pour
anonyme ferait comprendre qu’il ne veut pas être identifié et qu’il n’est
donc pas si convaincu de la validité de ses opinions. Qu’il s’agisse de
groupes Facebook dédiés ou de sites web, les gens se retrouvent dans une
sorte de bulle et n’ont plus conscience de la portée de leurs écrits à cause de
l’aspect communautaire d’Internet, autrement appelé « illusion groupale » :
tout le monde développe les mêmes propos, défend les mêmes convictions,
donc tout semble normal dans le meilleur des mondes. Finalement, la
question n’est pas de savoir qui ils sont, mais comment les bannir.