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Notes sur la géologie et les représentations rupestres du Sahara central

Gallay, Alain

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GALLAY, Alain. Notes sur la géologie et les représentations rupestres du Sahara central. Genève :
Université de Genève, Département d’anthropologie, 1987. (Document du Département d’anthropologie
de l’Université de Genève)

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ALAIN GALLAY

NOTES SUR LA GEOLOGIE ET


LES REPRESENTATIONS RUP ESTRES
DU SAHARA CENTRAL

DOCUMENT DU
DEPARTEMENT D'ANTHROPOLOGIE
UNIVERSITE DE GENEVE,11

GENEVE 1987
ALAIN GALLAY

NOTES SUR LA GEOLOGIE ET


LES REPRESENTATIONS RUPESTRES
DU SAHARA CENTRAL

DOCUMENT DU
DEPARTEMENT D'ANTHROPOLOGIE
UNIVERSITE DE GENEVE

GENEVE 1987
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ............................................................................................................. 1

Première partie

GEOLOGIE DU MASSIF DU HOGGAR

1. Caractères généraux du massif du Hoggar.................................................................. 3


2. Le socle précambrien et cambrien (séries infratassiliennes) ...................................... 3
2.1. Le vieux craton ouest-africain ..................................................................... 5
2.2. La ceinture métamorphique........................................................................... 5
3. Les ceintures tassiliennes. Cambrien supérieur et Paléozoïque ..................................7
3.1. Les principaux dépôts géologiques des Tassili.. ........................................... 7
3.2. Pédiplaine infratassilienne .............................................................................9
3.3. Base du Tassili interne. Cambrien supérieur ............................................... 9
3.4. Tassili interne. Ordovicien............................................................................ 9
3.5. Sillon intratassilien. Silurien ....................................................................... 10
3.6. Tassili externe. Dévonien inférieur ............................................................ 11
4. Les séries supratassiliennes ......................................................................................... 11
5. Le volcanisme tertiaire et quaternaire ...................................................................... 11
5.1. Généralités ................................................................................................... 12
5.2. Le volcanisme miocène ................................................................................ 14
5.3. Le volcanisme plio-villafranchien .............................................................. 15
5.4. Le volcanisme quaternaire .......................................................................... 17
6. La couverture sédimentaire tertiaire et quaternaire .................................................18
6.1. Cycle 1. Phase plio-villafranchienne .......................................................... 19
6.2. Cycle II. Phase Quaternaire ancien ............................................................ 20
6.3. Cycle Ill. Phase Quaternaire moyen et récent ........................................... 20
6.4. Cycle III. Phase épipaléolithique et néolithique ........................................ 21

Seconde partie

UNE NOUVELLE CLASSIFICATION DE L'ART RUPESTRE TASSILIEN

1. Le cadre géographique des gravures et peintures tassiliennes .................................39


2. Définition des principaux styles de représentations ................................................. 40
2.1. Style bubalin naturaliste.............................................................................. 41
2.2. Style bubalin de Tazina .............................................................................. 42
2.3. Style des têtes rondes ...................................................................................43
2.4. Style des têtes rondes : sous-groupes.......................................................... 44
2.5. Style bovidien : groupe de Sefar- Ozanéaré .............................................. 45
2.6. Style bovidien : groupe d'Abaniora............................................................ 46
2.7. Style bovidien : groupe d'Iheren-Tahilahi................................................. 48
2.8. Les gravures de l' Acacus ............................................................................ 49
2.9. Style des têtes rondes de l' Acacus ..............................................................49
2.1 O. Style pastoral de l' Acacus ......................................................................... 50
3. Le classement chronologique des styles .................................................................... 51
3.1. Les difficultés .............................................................................................. 51
3.2. Les anciennes chronologies .....................-.- ..............-..........-........................... 52-
3.3. La chronologie de Muzzolini...................................................................... 53
3.4. Autres possibilités de sériation ................................................................... 56

BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................... 74

GLOSSAIRE .................................................................................................................... 76
INTRODUCTION

A une époque où il est devenu possible d'atteindre n'importe quel point de notre

planète en quelques heures le voyageur, plus que jamais, doit réapprendre à voir. Car

rien ne sert de partir s'il s'agit de retrouver au-delà des horizons, les mêmes décors et

les mêmes conforts, qu'on s'est efforcé de quitter. Voir, c'est découvrir et inventer,

mais c'est aussi d'abord connaître.

Ces notes s'adressent tout particulièrement au voyageur curieux, pour lui dire que le

monde peut être d'une prodigieuse richesse si on sait l'interroger. Il ne s'agit pas de

contributions scientifiques originales, mais d'une présentation simplifiée et

schématisée de ce que l'on croit savoir actuellement sur certains aspects de l'histoire,

au sens géologique et préhistorique du terme, du Sahara central en général, et du

Hoggar en particulier. Les scientifiques n'y retrouveront pas la subtilité de la

démarche et les interrogations dont s'accompagnent habituellement les chemins de la

connaissance. Nous avons en effet simplement tenté de présenter dans les grandes

lignes ce que l'on peut retirer d'une lecture attentive de plusieurs travaux souvent

fort complexes en les présentant d'une façon articulée et accessible. En pratiquant

une telle synthèse nous sommes conscients d'être tombé, plus d'une fois, dans

l'approximation ou même dans l'erreur, mais nous y avons gagné une vue d'ensemble

que nous avons vainement cherchée dans la littérature actuelle.

En deux mots nous avons tenté d'établir dans ces notes de lecture un cadre général

pour ce qui pourrait être un point de départ vers une recherche plus sérieuse, portant

sur tel ou tel problème spécifique.

Deux domaines ont été abordés

1 L'histoire géologique du Sahara central de ses origines jusqu'au Quaternaire,

2. la question des représentations rupestres préhistoriques des régions tassiliennes.


2

Ce travail fait donc suite et complète les Notes sur la préhistoire du Sahara central
(Gallay, 1986) rédigées à l'occasion d'un précédent voyage au Hoggar. Il est né de

notre désir de mieux comprendre ce que nous avions vu alors dans le massif
volcanique de l'Atakor d'une part, de préparer d'autre part notre future visite dans

les hauts lieux de la préhistoire du Tassili.


3

PREMIERE PARTIE

GEOLOGIE DU MASSIF DU HOGGAR

1. Caractères généraux du massif du Hoggar

Le Hoggar constitue, du point de vue géologique, le coeur du Sahara central. Il est

formé d'un socle cristallin et cristallophyllien d'âge précambrien, entouré d'une

auréole de plateaux primaires, les Tassili (ou enceinte tassilienne)(fig.3). On peut y

distinguer les séries suivantes, ordonnées chronologiquement :

1. Le bouclier précambrien, dont le soulèvement est à l'origine du massif du Hoggar,

formant les séries prétassiliennes.

2. Les ceintures tassiliennes d'âge primaire (séries tassiliennes).

3. Les séries supratassiliennes comprenant les unités successives suivantes :

- séries secondaires (Mésozoïque ou Continental intercalaire datant de

l'émersion du continent africain contemporain de la séparation d'avec

l'Amérique),

- séries tertiaires (Cénozoïque ou Continental term.inal) comportant des grès

continentaux,

- séries quaternaires et formations sableuses.

Ces séries se rencontrent le plus souvent à la périphérie de la ceinture des

Tassili (Bassins de Reggane, Taoudeni, bassin du Djado).

4. Un volcanisme récent (Tertiaire et Quaternaire) affectant le centre du Hoggar

(Edgéré, Adrar n'Ajjer, Atakor, Tahalra).

2. Le socle précambrien et cambrien {séries infratassiliennes).

Formé de roches cristallophylliennes et granitiques le bouclier précambrien est

recouvert à sa périphérie par des sédiments paléozoïques bien marqués au Nord et au

Sud (Tassili). A l'Est et à l'Ouest, le socle s'ennoie sous des sédiments secondaires

(Crétacé) et tertiaires (fig.l )


4

Ainsi le Hoggar apparaît-il comme un vaste bouclier débarrassé de la couverture

sédimentaire qui vraisemblablement le recouvrait au Paléozoïque. Ce bouclier est

formé de deux grandes unités structurales coalescentes distinctes l'une de l'autre à la

fois par l'âge, la structure et la nature des roches.

1 . L'unité occidentale correspond au vieux craton ouest africain. Il s'agit d'une

formation très stable dominée par des faciès granitiques. Elle est actuellement

visible dans les affleurements liés à la dorsale Reguibat, soit à l'est dans

l'Eglab, et au coeur de l'Adrar des Iforas. Cette unité est désignée sous le

terme d'Ouzalien.

2. L'unité orientale représente, à l'affleurement, les trois quarts du Hoggar. Elle est

constituée de séries métamorphiques entourant le craton ouest-africain

(Suggarien et Pharusien). L'instabilité de cette ceinture métamorphique est

attestée par de nombreuses fractures (dont certaines sont encore actives depuis

plusieurs centaines de millions d'années), de déformations épirogéniques, et de

formations volcaniques récentes :

- Des failles méridiennes nord-sud, dont certaines dépassent 700km de long,

délimitent des compartiments suggariens et pharusiens; elles correspondent aux

bordures de fossés d'effondrement dans lesquels se sont accumulés les épaisses

formations pharusiennes (conglomérat, flysch, rhyolites et andésites)

contemporaines des soulèvements r.uggariens.

- Un deuxième système d'accidents plus récent est représenté par des failles de

cisaillement de direction dominante NW-SE et SSW-NNE, dont certaines ont

facilité l'accès à la surface de laves tertiaires et quaternaires.

- Par ailleurs l'ensemble du Hoggar a subi des mouvements à grand rayon de

courbure ayant eu pour contrecoup de le débarrasser de la couverture gréseuse

primaire qui le recouvrait à !'Ordovicien et de lui donner la configuration de

bouclier bombé qu'on lui connaît actuellement. L'histoire de ce vieux bouclier

précambrien peut être résumée comme suit (les numéros des séries
5

correspondent aux principales unités distinguées dans la carte structurale de

Beuf et alii, 1 971 ).

2.1. Le vieux craton ouest-africain

Le vieux craton ouest-africain essentiellement granitique est rattaché à l'Ouzalien

(unité 17) et daté de 1 800 MA (millions d'années) ou de plus de 2000 MA (2

milliards d'années).

Il affleure essentiellement à l'est au niveau de la dorsale Reguibat dans le Yetti et

l'Eglab.

On retrouve des affleurements lui appartenant plus à l'est dans la partie occidentale

du Hoggar où le granite a été rendu apparent par le jeu des failles affectant cette

zone (est du Tassili du Timissao, centre de !'Adrar des Iforas).

2.2. La ceinture métamorphique

La ceinture métamorphique correspond à de très vieux sédiments déposés sur les

marges du craton ouest-africain puis transformés par le métamorphisme. Ces séries

sont postérieures à l'Ouzalien.

- Dépôts des séries principales (I 800-650 MA)

On distingue à l'ouest des séries infratillitigues indifférenciées apparentes sur les

marges de la dorsale Reguibat (unité 1 8, Hank).

A l'est, par contre, les séries contemporaines de l'unité 1 8 sont plus complexes et

permettent de distinguer 8 phases, dont quatre appartiennent aux séries principales

(fig. 4 et 5).

Phase 1. Dépôt des sédiments du Suggarien (unité 1 6)

Phase 2. Plissements entrainant des discordances entre Suggarien et Pharusien

et marqués par la formation de conglomérats.

Phase 3. Dépôt des sédiments du Pharusien (unité 1 5).


6

Phase 4. Plissements majeurs et formation des chaînes suggaro-pharusiennes.

Apparition des failles méridiennes nord-sud (750-650MA).

- Dépôts des séries secondaires (650-SOOMA),

Les séries secondaires résultent des évènements qui ont suivi immédiatement la

formation des chaînes suggaro-pharusiennes et ont finalement abouti à la vaste plaine

subhorizontale (pédiplaine infratassilienne) sur laquelle se sont édifiées les séries

tassiliennes.

Phase 5 (620- 570MA). Cette phase est caractérisée par une glaciation marquée

par des tillites (moraines fossiles) et une forte érosion entraînant la formation

de molasses. On distinguera ici également des situations orientales (Hoggar) et

occidentales (dorsale Regnibat).

A l'est les affleurements de cet âge sont peu nombreux et correspondent aux

séries intermédiaires du Hoggar étroitement localisées (unité 13). Il s'agit de

dépôts liés directement aux chaînes suggaro-pharusiennes.

A l'ouest les dépôts sont beaucoup plus épais et étendus. On y distingue des

tillites inférieures, puis des molasses déposées à la périphérie des chaînes

suggaro-pharusiennes (unité 14), séries supratillitiques non plissées et tillite

"éocambrienne".

Phase 6 (550MA). Plissement des séries molassiques notamment en bordure

orientale des chaînes suggaro-pharusiennes. Plissement baikalien tardif

entraînant des dépôts corrélatifs.

Phase 7 (540MA). Les plissements antérieurs entraînent un réajustement tardi­

orogénigue qui est à l'origine d'un nouveau jeu de failles affectant l'ensemble

du massif du Hoggar, mais non le vieux craton oriental. Ces failles plus

jeunes sont orientées NW-SE et SSW-NNE.

Phase 8 (540- 520MA). Une érosion généralisée affecte l'ensemble de la zone.

Elle est à l'origine d'une vaste plaine (pédiplaine infratassilienne).


7

3. Les ceintures tassiliennes. Cambrien supérieur et Paléozoïque (séries tassiliennes).

Les massifs précambriens du Hoggar sont limités au nord, au nord-est et au sud, par

une série de plateaux disposés en auréoles et limités par des falaises d'érosion

(cuestas). Ces plateaux, appelés Tassili sont d'âge paléozoïque (Primaire).

Il est posible de distinguer, du centre vers la périphérie, notamment au Tassili des

Ajjers, trois unités morphologiques concentriques(fig. 6 et 7).

- Le Tassili interne

Un premier escarpement sédimentaire composé de grès repose directement sur

la pédiplaine infratassilienne. Ses unités stratigraphiques se rattachent au

Cambrien supérieur et à l'Ordovicien, premier étage du Paléozoïque.

- Le sillon infratassilien

Un profond sillon creusé dans des sédiments marins, plus tendres, d'âge

silurien, se situe en arrière des plateaux des Tassili externes. Il s'agit d'une

zone de circulation aisée où les affleurements géologiques sont de médiocre

qualité.

- Le Tassili externe

Une seconde falaise moins élevée limite, à l'extérieur, le sillon infratassilien.

Cette falaise borde un plateau composé de grès du Dévonien inférieur

donnant, comme pour le Tassili interne, un paysage ruiniforme riche en abris

sous roche.

3.1. Les principaux dépôts géologiques des Tassili

Les dépôts paléozoïques comprennent des grès, des conglomérats et des argiles dont

les origines sont multiples. On distingue (fig. 8):

- Des grès d'origine fluviatile correspondant à de grands épandages aux multiples

chenaux en tresse. L'écoulement des eaux donne une stratification oblique très

caractéristique.
8

Des faciès de transition où se superposent des influences marines et fluviatiles.

L'élévation relative du niveau de la mer lors d'une phase de transgression est

constamment compensée par des apports sableux continentaux qui

maintiennent la saturation du fond en matériaux détritiques grossiers.

-.Des faciès spécifiquement marins composés essentiellement d'argiles (par exemple

argiles à graptolites du Silurien).


-.Des faciès glaciaires et périglaciaires beaucoup plus hétérogènes où l'on peut

distinguer :
- des sédiments témoignant d'un environnement glaciaire proche: Moraines et tills

continentaux avec remaniements proglaciaires.

- des sédiments témoignant de phases de déglaciation :

Moraine de fond et de fonte.

Comblement de chenaux sous-glaciaires.

Déformation de sédiments liés à l'existence de glaces mortes

- Des sédiments témoignant d'un environnement périglaciaire continental :

Fentes de glace, sols polygonaux, pingo (250-350m de diamètre).

Sédiments déposés par des cours d'eau périglaciaires

Sédiments éoliens (grès feuilletés à rides)

- des sédiments témoignant d'un environnement périglaciaire marin ou lacustre :

Sédimentation fluvio-lacustre ou fluvio-marine

- des sédiments de périodes interglaciaires avec faunes (Brachiopodes, Trilobites,

Scolytes, Graptolites).

D'une manière générale les sédiments paléozoïques ont environ 1 500m d'épaisseur ce

qui, pour la période considérée, ne représente d'une simple pellicule de peu

d'importance recouvrant le socle cristallin. Les lacunes d'érosion et de sédimentation

jouent donc dans cette séquence, qui présente plusieurs phases de déformation (fig.

9),un rôle de première importance.

L'histoire des ceintures tassiliennes peut être résumée comme suit :


9

3.2. Pédiplaine infratassilienne

La discontinuité visible à la base des séries tassiliennes marque la fin des grandes

déformations du socle et le début de l'histoire cratonique du Sahara central.

Il s'agit d'une surface plane provoquée par une érosion intense au détriment de

roches variées (granites, gneiss, schistes). Cette planéité est un trait majeur des

bordures du Hoggar, elle est bien visible en contrebas de l'escarpement tassilien le

long de la piste automobile Amguid-Djanet-Djado. Cette plaine est l'aboutissement

de plusieurs phases d'érosion successives ayant marqué les différents stades de

transformation de la zone mobile en une zone cratonique stable. Cette surface est très

légèrement inclinée vers le nord (fig. 1 0) et présente un bombement tardif lié aux

zones volcaniques du massif du Hoggar (fig. 2) (cf. infra).

Les surfaces du socle présente des altérations en relation avec la formation de sols

anciens dans des conditions climatiques relativement chaudes et des dépôts de peu

d'importance contemporains de la formation de la plaine (dépôts corrélatifs).

La formation de cette plaine, qui a duré fort longtemps entre 540 et 520MA se situe

dans la deuxième moitié du Cambrien.

3.3. Base du Tassili interne. Cambrien supérieur (520-500MA).

La base de la séquence tassilienne est formée de sédiments appartenant probablement

encore au Cambrien. Il s'agit des grès aux stratifications entrecroisées de la formation

des Ajiers. La partie inférieure est composée de dépôts fluviatiles (fig.1 1 ), la partie

supérieure de dépôts de transition témoignant du début d'une transgression marine

liée au basculement du socle.

3.4. Tassili interne. Ordovicien (500-440MA).

La séquence paléozoïque débute par des dépôts marins rattachables à !'Ordovicien

(formation d'In Tahouite et d'In Azaoua).


10

Des phénomènes de soulèvement (épirogénie) entraînent par la suite l'émersion du

continent qui se marque dans la séquence par une discontinuité majeure (Ordovicien
inférieur). Cette discontinuité porte les traces d'une intense érosion glaciaire

(paléovallées, stries et déformations dues à l'avance des glaces, etc.).


La fin de !'Ordovicien est marquée par la formation d'un vaste inslandsis continental

(très comparable aux inslandsis quaternaires d'Europe et d'Amérique), dont le centre


paraît avoir été situé au niveau du Cameroun actuel, le Hoggar se plaçant sur les

marges septentrionales de cette étendue de glace, marges affectées par de nombreuses


fluctuations. Cette position périphérique explique la varié.té des formations glaciaires
de !'Ordovicien supérieur du Hoggar, appelées formations de Tamadjert. L'étude des

surfaces liées à la discontinuité située à la base des formations glaciaires permet de

déterminer le sens de l'écoulement des glaces selon un axe sud-nord (fig. 1 2)

3.5. Sillon intratassilien. Silurien (440-405MA).

La fonte de l'inlandsis ordovicien entraîne à la fois le soulèvement du Sahara central

déchargé du poids des glaces et une transgression marine (transgression glacio­


eustatique, fig. 13).La limite Ordovicien-Silurien se trouve donc marquée par une
nouvelle discordance située à l'articulation de sédiments glaciaires et marins.
Le Silurien est d'abord marqué par des argiles marines, les argiles à graptolites des

formations de l'Imirhou. Ces sédiments relativement meubles ont été facilement

érodés.
A leur emplacement se situe actuellement une dépression parallèle aux falaises des
Tassili qui de tout temps a été utilisée comme axe de circulation privilégié.
Aux dépôts marins des formations de l'Imirhou succèdent les dépôts de transition,

grès et argiles, des formations d' Atafaitafa et de l' Acacus témoignant d'une nouvelle

émersion du continent.
11

3.6. Tassili externe. Dévonien inférieur (405-309MA)

Une série de nouvelles discordances liées à la déformation du craton se situent au


début du Dévonien. Des mouvements épirogéniques répétés entraînent en effet à ces

moments un accroissement du domaine continental.


Cet accroissement se marque à la périphérie du Hoggar par plusieurs discontinuités

lithologiques affectant des formations essentiellement fluviatiles (formation de l'Oued


Samene, formation de l'oued Karkai, etc.).
Le Tassili interne reste donc marqué par la prédominance des grès d'origine

fluviatile.

4. Les séries supratassiliennes

Les séries supratassiliennes s'étendent de la fin du Paléozoïque (Dévonien moyen et

Carbonifère) au Tertiaire ne nous concernent pas ici car elles sont situées dans des

bassins de subsidence situées à la périphérie du massif du Hoggar.

Les principaux bassins sédimentaires où alternent sédimentations terrestres et marines


sont les suivants :
Ouest : bassin de Taoudeni
Nord-Ouest : bassin de Reggane
Nord : bassins de Mac-Mahon et plateau du Tademaït, bassin de Fort Polignac
Nord-Est : bassin de Mourzouk

Est : bassin du Djado


Sud : bassin des Iullimeden et Azawak

5. Le volcanisme tertiaire et quaternaire

Au Tertiaire et au Quaternaire le Hoggar connaît une activité volcanique


essentiellement localisée dans les zones d'affleurement du Suggarien (fig. 1). On peut

y distinguer cinq massifs isolés, l'Atakor, le Tahalra, l'Edgéré, l'Ajjer et l'Anahef.

Les présentes remarques concernent essentiellement le massif de l'Atakor qui a été le

mieux étudié.(fig. 1 4).


12

D'une manière générale ce volcanisme "récent" se situe non pas sur le craton ouest­

africain caractérisé par une grande stabilité, mais sur sa ceinture adjacente de roches

métamorphiques plissées et faillées (fig. 1 ). De plus les massifs volcaniques

apparaissent dans des zones caractérisées par des mouvements épirogéniques

importants et par le rejeu de failles de cisaillement préexistantes.

5.1. Généralités

Caractéristiques du substrat

L e substrat sur lequel s'est édifié le massif volcanique de l' Atakor est composé du

socle précambien débarrassé de sa couverture sédimentaire paléozoïque et marqué par

les nombreuses failles déjà mentionnées, dont certaines ont continué à jouer

jusqu'aux époques les plus récentes.

L'ensemble suggarien est traversé par des granites intrusifs à contours elliptiques

(massif de Taessa par exemple) plus récent que le socle dont l'âge est compris entre

480 et 520MA.
Ce socle accuse un bombement marqué de plus de 1000m par rapport à l'altitude

primitive de la pédiplaine infratassilienne (fig. 12). Il est difficile de fixer l'âge de

cette déformation car certaines contradictions semblent exister entre les observations

effectuées

1. On admet d'un côté que la couverture de grès paléozoïques devait avoir été

continue, notamment à !'Ordovicien. La disparition des sédiments dans le centre du

Hoggar serait dü à ce bombement, antérieurement au premier volcanisme.

2 . On admet d'autre part que les premiers dépôts volcaniques du Miocène se sont

déposés directement sur un socle cristallin, débarrassé de sa couverture paléozoïque,

alors qu'il n'était pas encore soulevé. Dans cette hypothèse la disparition des dépôts

sédimentaires ne peut résulter du bombement épirogénique du Hoggar. Selon Girod

( 197 1) en effet la morphologie anté-volcanique, partout où il est possible de la

reconstituer est une morphologie plane. On explique par contre mal dans cette
13

hypothèse la disparition de la couverture paléozoïque et la disposition en auréole des

Tassili entourant le bombement du Hoggar.

Formations sous basaltiques


Il existe entre les coulées volcaniques les plus anciennes et le socle précambrien des

horizons discontinus, d'épaisseur variable essentiellement composés d'arènes rubéfiées,


de grès et d'argiles compactes provenant de l'altération du substrat cristallin en climat
tropical (fig. 19). La datation de cet horizon reste incertaine. La présence de cette
unité intermédiaire est un argument en faveur de l'hypothèse 2. Il est en effet
vraisemblable que cette pellicule de roches dépourvues de toute consistance aurait été
totalement détruite si le substartum précambrien avait présenté, avant le début de

l'activité volcanique la forme bombée qui le caractérise actuellement. On n'observe,


en effet, sous les premières coulées aucun indice d'une érosion en relation avec un

quelconque relief, lits d'oueds, accidents topographiques, etc.

Types de laves

Les formations volcaniques qui recouvrent le dôme précambrien sont représentés par
des roches diverses soit par ordre d'acidité croissante (teneur en silice, Si02) des
basaltes alcalins, des hawaïtes, des mugéarites, des phonolithes et des trachytes.

Les volcans basaltiques sont des stratovolcans, semblables à ceux de la Chaîne des
Puys, dans le Massif central français. Les coulées qui en sont issues ont des

dimensions variables, mais les plus étendues ne dépassent pas 20km.

Aux phonolites et aux trachytes correspondent des cumulo-dômes, des dômes coulées,
ainsi que des extrusionss caractérisées par un étalement très faible de la lave émise,

trop visqueuse pour s'écouler à longue distance.

Les volumes relatifs des divers types pétrographiques peuvent être estimés ainsi :
Basaltes alcalins 80%

Hawaïtes et Mugéarites 2%

Phonolites 1 3%

Trachytes 5%
14

Répartition des divers types de lave dans l'A takor

La disposition des divers types d'appareils volcaniques répond, dans l'Atakor, à une

certaine cohérence. On peut distinguer :

- de larges épanchements basaltiques anciens occupant une grande superficie et

formant l'essentiel du massif (fig. 1 5). Ces coulées sont parfois surmontées d'hawaïtes

et de mugéarites,

- des appareils trachytiques et phonolitiques très abondants dans la partie sud-ouest

du massif (Assekrem) c'est-à-dire dans la zone où le substratum précambrien est

porté à sa plus haute altitude (fig. 1 5),

- des épanchements basaltiques récents liés à des stratovolcans bien conservés, donc

récents. La plupart de ces derniers sont situés sur le versant nord-ouest du dôme

précambrien. Les coulées sont généralement encaisées dans les vallées creusées au

détriment des coulées basaltiques anciennes (fig. 1 8).

5.2. Le volcanisme miocène

Les premières manifestations volcaniques du Miocène se sont épanchées sur des

surfaces à peu près planes. Ceci est valable aussi bien pour les basaltes, les hawaïtes

et mugéarites que pour les cumulo-dômes et les dômes coulées qui les surmontent. Le

volcanisme miocène est caractérisé par une dominance basique, par l'absence de

mouvements épirogéniques et par l'altération intense de certaines coulées basaltiques.

On peut y distinguer trois phases successives (fig. 1 4) :

Phase 1 . Immenses coulées basaltiques (trapps) superposées entaillées par des

nombreuses vallées pouvant atteindre le socle. Ces coulées sont ainsi

fragmentées en buttes isolées (mesas) à sommet tabulaire dont certaines

dominent actuellement de plusieurs centaines de mètres les autres formations

du massif.

Ces coulées, empilées les unes sur les autres, sont d'autant plus épaisses

qu'elles sont situées plus près du centre du massif. Les stratovolcans en

relation avec ces épanchements ont généralement disparus. Seules subsistent


15

parfois les cheminées basaltiques (necks). Les datations obtenues par la

méthode du K/Ar pour ces coulées situent ce volcanisme au début du

Miocène: cendres trachytiques interstratifiées dans les coulées d'In Taraïne à

1 9,9MA (± 1 ,9) et 1 6,7MA (± 1 ,2).

Phase 2. Les coulées précédentes sont fréquemment surmontées de quelques

coulées d'hawaïtes et de mugéarites.

Phase 3. Sur les coulées basaltiques ou mugéaritiques terminales reposent, par

endroits, des cumulo-dômes et des dômes coulées de phonolite. C'est

notamment le cas à l'Assekrem, au Tamahagueni, à l'Adallella et au Tahat. La

datation de la coulée phonolithique du Tahat à 1 2,4MA (±2) situe ce

volcanisme à l'extrème fin du Miocène.

Certaines extrusions accompagnées de coulées trachytiques de faible extension

pourraient dater de cette époque (Akar-Akar 1 4,0MA, mesure

approximative).

5 .3. Le volcanisme plio-villafranchien

A la phase miocène succède une phase plio-villafranchienne ( 1 2MA-0,25MA) à

cheval sur la fin du Tertiaire et le début du Quaternaire. Cette phase est caractérisée

par une activité volcanique réduite à dominante trachytique et phonolitique et par

l'existence de mouvements épirogéniques importants aboutisant finalement (au

Quaternaire) à la formation des vallées actuelles.

Les extrusions trachytiques et phonolitiques peuvent être classées en trois types (fig.

1 6 et 1 7). En raison de leur viscosité élevée, les laves acides se présentent souvent

sous forme de dômes ou de pitons et les extrusions sont toujours de faible étendue.

Type 1 . Extrusions accompagnées d'une coulée

Le volcan se présente sous forme d'un édifice circulaire d'un kilomètre de diamètre

et de 1 50m de hauteur. Il est formé d'un niveau inférieur de brèche pyroclastique

incorporant des éléments de gneiss et de granite arraché au substrat. Ces


16

pyroclastiques (soit le 50 à 60% de la matière émise) forment un cône très évasé dont

seule la portion située sous la coulée a été conservée. La partie supérieure du cône est

par contre formée d'un épanchement trachytique. Le cratère proprement-dit, d'une

centaine de m. de profondeur, est occupé par des brèches entourant un piton de

trachyte (conduit volcanique). Dans certains cas (volcan de l'Adriane, 5,7 MA ±0,6)

la lave, au lieu de s'étaler autour de son centre d'émission, peut s'étaler dans une

direction déterminée.

Type 2. Extrusions en forme de dôme

Il s'agit de petits dômes à section circulaire ou elliptique caractérisés par un

étalement très faible de la lave. Ces bulbes, dont les sommets peuvent être érodés,

présentent deux séries de fractures, les unes radiales, les autres concentriques

conférant au dôme une structure analogue à celle d'un bulbe d'oignon. Dans quelques

extrusions de ce type les fracturee radiales, au lieu de découper la lave selon des

plans verticaux, délimitent des prismes dont la disposition en éventail est tout à fait

caractéristique.

Les brèches pyroclastiques situées à la base des bulbes sont généralement

partiellement masquées par des éboulis. Comme dans le cas précédent elles devaient

occuper primitivement une surface beaucoup plus importante et ont été emportées

par l'érosion.

Type 3. Extrusions sans étalement de lave

Les extrusions de type aiguille (llamane) doivent leur originalité à une forte

disproportion géométrique : ce sont des pitons à parois circulaires subverticales dont

la hauteur est le double, parfois le triple du diamètre. La lave émise présente un

étalement presque nul. On peut y distinguer une zone corticale de lave finement

cristallisée ayant résisté à l'érosion et une zone centrale plus tendre caractérisée par

un faisceau de prismes. Ces derniers horizontaux ou faiblement inclinés au contact de

la zone corticale, s'infléchissent jusqu'à devenir verticaux dans la partie supérieure de

l'extrusion.
17

Dans quelques cas (Imadouzène, Tebezet, Tazoulet, Ikomkomen) l'édification du


dôme a été suivie de nouvelles explosions. L'intérieur du dôme, fortement érodé et
limité par une zone corticale partiellement conservée, peut alors être rempli de

matériaux pyroclastiques.
Un volcanisme basaltique persiste pendant cette période. Les coulées plio­

villafranchiennes, contrairement à celles de la phase miocène, ont une extension


faible et ne montrent aucune superposition régulière. Elles reposent le plus souvent
sur des surfaces d'érosion et se sont écoulées dans des directions quelconques sur des
pentes souvent fortement inclinées.

5.4. Le volcanisme quaternaire

Un volcanisme essentiellement basaltique succède à la phase précédente. Des

stratovolcans aux formes bien conservées ont donné naissance à des coulées de faible
étendue qui se sont étalées dans les vallées récentes (fig. 18). La plupart de ces

épanchements reposent sur des alluvions qui constituent des repères chronologiques.

Ces volcans ne dépassent jamais 1km de diamètre et une hauteur qui peut atteindre

300m. Ils sont formés de scories, de lapillis et de cendres qui s'accumulent en lits
superposés d'épaisseurs variables. La plupart sont des appareils monogéniques nés

d'un seul paroxysme et n'ayant émis qu'une seule coulée.

Les laves les plus récentes de l'Atakor se sont mises en place à une époque
préhistorique et peut-être même historique. A Térhénanet et à Idelès une terrasse

attribuée au Néolithique est recouverte par de petites coulées dont l'état de


conservation est tout à fait remarquable.

6. La couverture sédimentaire tertiaire et quaternaire

Le façonnement du masssif du Hoggar débute lors de la première phase épirogénique


postérieure à la mise en place des larges coulées basaltiques du Miocène et se

prolonge pendant le Pliocène et le Quaternaire. L'étude d'anciennes cuvettes lacustres


18

et des terrasses alluviales présentes dans les vallées permet de retracer les principaux
épisodes tectoniques et climatiques ayant affecté le massif jusqu'à nos jours.
Rognon (1 967) reconnaît dans le Hoggar un façonnement alluvial mais également un

façonnement provoqué par un glaciaire de névé (coulées de solifluxion, gélifraction


de blocs, etc.). Cette interprétation a été fortement contestée et nous nous demandons
s'il ne s'agit pas plus vraisemblablement d'éboulis et de coulées thermoclastiques en
relation avec des phases arides. Le tableau chronologique présenté par Rognon ne
comporte en effet aucune unité stratigraphique ni aucun phénomène
géomorphologique attribuable aux phases d'aridité qui devaient séparer
nécessairement les épisodes plus humides mis en évidence au Hoggar. Nous proposons
donc de voir dans les divers phénomènes mis en évidence le reflet de cycles climato­

sédimentaires dont les principales composantes pourraient être:

Phase aride : coulées de solifluxion et gélifraction de Rognon, en réalité


éboulis thermoclastiques formés en période d'aridité, pouvant être entraînés

lors de violents orages.

Transition aride-pluvial : phases de creusement des lits des oueds, puis, avec
un certain décalage dans le temps, formation de glacis.
Phase pluviale : pédogenèse, formation de sols bruns. Profil d'équilibre des

vallées.
Transition pluvial-aride engorgement progressif des vallées et constitution
des terrasses alluviales.

On notera pourtant que ce cycle peut être altéré par des mouvements tectoniques

entraînant la formation et la disparition de cuvettes lacustres ou le surcreusement de

certaines vallées. Une nouvelle "lecture" de la séquence établie pourrait être la

suivante (fig. 1 9).


19

6.1. Cycle I. Phase olio-villafranchienne.

Le cycle I paraît débuter avec les mouvements épirogéniques ayant entraîné un


premier démantèlement des dépôts basaltiques miocènes (4), mouvements
contemporains du développement du volcanisme acide (trachytes, phonolites). Il se

développe essentiellement dans un réseau hydrographique archaïque (5). On peut


distinguer :

1. Argiles grises de Tahag {Miocène).

Dépôts lacustres d'argile grise et de calcaire déposé dans un ancien lac


occupant une cuvette volcanotectonique. Ces dépôts plissés par l'activité

volcanique contenaient des restes d'éléphants ou de mastodontes, du


rhinocéros et des coprolithes de crocodiles. Les pollens appartiennent à la fois

à des espèces tempérées et tropicales (6).


2. Dalle calcaire (Plio-villafranchien)

Dalle calcaire terminant la séquence lacustre de Tahag et se retrouvant dans

d'autres régions du Sahara (7).


3. Diatom ites de l'llamane, sables rouges, glacis supérieur (Villafranch ien moyen)

Une seconde phase humide se marque sur le site de Tahag par la formation
d'un glacis accompagné de sédiments torrentiels (8), puis de sables rouges (9)
contemporains de la formation de sols bruns. Une haute terrasse graveleuse

surmonte la séquence. Dans le cirque de l'Ilamane (cône de l'Arhil) un bassin


lacustre comblé d'argiles et de diatomites pourrait être contemporain des
sables rouges du Tahag (11).
4. Eboulis thermoclastigues de l'Ilamane (Villafranchien supérieur)
Les sédiments du lac de l'Ilamane sont surmontés par des coulées de blocs

thermoclastiques qui pourraient être en relation avec la phase aride terminant

le premier cycle (13)


20

6 .2. Cycle Il. Phase Quaternaire ancien

Les informations sur l'évolution géomorphologique du Quaternaire ancien restent peu

nombreuses. Elles sont associées à la mise en place du réseau de vallées actuelles.

1 . Creus ement de nouvelles vallées et érosion des dépôts lacustres de l'Ilamane.

Cette érosion s'accompagne, à la périphérie du massif, de cônes d'alluvions

grossières ( 1 4).

2. Formation des glacis "moyens" (glacis 2)

3. Formation de sols bruns

4. Terrasse inférieure du site de Tahag ( 1 5)

5. Seconde nappe d'éboulis cryoclastigue de l'Ilamane (16)

6.3. Cycle III. Phase Quaternaire moyen et récent

A partir du Quaternaire moyen la présence d'industries préhistoriques permet de

mieux dater l'âge du dépôt.

1 . Une nouvelle phase de creusement inaugure le cycle et présente des dépôts

d'alluvions grossières à la périphérie du massif (I 7). Cette phase s'accompagne

des premières coulées basaltiques récentes empruntant le réseau fluviatile

actuel ( 18).

2. Formation du glacis "inférieur" (glacis 3) contemporain du lac à diatomées

d'eau tiède de Torak. Cette phase est rattachable à !'Acheuléen supérieur.

3. Terrasse graveleuse moyenne. Un retour à des conditions plus arides

entraîne la formation de la terrasse graveleuse moyenne, principal point de

repère de la séquence quaternaire ( I 9). Cette terrasse, contemporaine de

l'Acheuléen final, est associée à de nombreuses projections volcaniques

stromboliennes (cendres thermoclastiques basaltiques).

4. Formation de sols bruns témoignant du retour de l'humidité contemporaine

du Moustérien puis de l'Atérien.


21

5. Eboulis thermoclastigues contemporains de la dernière phase aride (20,


Ogolien?).

6.4. Cycle IV. Phase épipaléolithique et néolithique

Le reJour d'une certaine humidité se marque par la formation d'un dernier glacis
récent (glacis 4) et par des colluvionnements limoneux pouvant recouvrir la terrasse
moyenne (21 ).
Une dernière terrasse (23) antérieure à l'entaille récente (24) des oueds (25) paraît
contemporaine de la fin du Néolithique et des époques historiques. Elle peut
recouvrir les dernières coulées basaltiques (22).

l
22

Tableau 1. Géologie du Sahara central (MA. millions d'années)

1
-
Echelle chronologique Sahara central Séries
- --
MA
l (1)
1,-i
·.-1
1
1 MA 1
Volcanisme basique quaternaire
(stratovolcans, cônes stromboliens)
1
m
0,25 l,-it--------+------+------------------------1
C:
'

(1) 1
� Villafranchien
::l
2
-+-------- 12-0,25 Volcanisme acide (phonolites, trachites)
()1

(1) 1

::i Pliocène Premier soulèvement du Hoggar


12 O"

1,-1
-
12 Cumulo-dômes et dômes ·coulées phonolitiques
0 Miocène
26 20-15 Volcanisme basique (basalte)
N
0
-
C: (1)
Oligocène
1
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37 \(!)
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Eocène
1 t/l
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53 (1)
E-t - ·.-1
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Paléocène ..c::
0, (Continental terminal)
65 i.....____ - ·.-1
1,-i
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p. t/l
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Crétacé
-
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140 ::l H �-
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·.-1
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t/l
(Continental intercalaire) ·.-1
Ul

210 0 0 m
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-
1,-i
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245

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t/l
C
·.-1 t/l

-
Permien t/l Q)
·.-1
290 L-
t/l
CO H
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(1) Il'.!
Cl)
· Carbonifère
-
::l

370 O"

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Q)
- - - --�-

1........Tassili
Dévonien externe
405-390
0

N � 1 1
1,-i

1 1 1
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405 - .,.. _ ,.. _ _ _· _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _____________
llon i ntratassilien
t/l
Q)
$.-1
'aJ P.. Silurien Formation d' Imirhou
C:
C

440 ......
1 1
- Q)
·.-1
ru .-l

Tassili interne : Formation de Tamadjert ·.-1

-
Ordovicien
t/l

Tassili interne : Formation d'In Tahouite t/l

500 L-
co

520-480 Hoggar : granite intrusif


1
520-500 Tassili interne : Formation des Ajjers
l'---'.=-:-..,...=-:-,,-+---,...,..,.-,,-,----,-�---..,..,,.-,------------+--tll-
1
Cambrien 540-520 1 Pédiplaine infratassilienne 1 aJC
Q) 540 Failles NW-SE / SSW-NNE cQ)
::l
1 O" 1 550 Plissement séries molassiques ;:J
570 t,-1-+-------�
i
-i-
0 -.-1
N
0 1 .. 620-570 Tillites et molasses {Il
{Il
� Précambrien 750-650 Chaines suggaro-pharusiennes CO

1
m


0 Failles N-S H
l-l
1800-650 Dépôt séries principales �
1
p..
1 1 1
C
1 ·.-1 _I
23

Fig. 1. Carte géologique simplifiée du Hoggar. D'après Girod, 1971, fig. 1.

1111 Ouziollen (>16�0 MA.) t:;:;-:-l PoliozoTQ11e

f:::;:;� S11t9orflft [==:J Seconr. •1'rflalrl • Oudlrn.


ro

� Falal- des T-111•


[Z] Fallltt

Eda�r�; 2 : Adrar n'Ajjcr; 3 : Alakor; 4 : Tahalra.

Fig. 2. Carte hypsométrique du socle du Hoggar. D'après Girod, 1971, fig. 5.

O s.c1o .,.__
[;'.>.�·1 .-.,_.,..
Aé.c.t11

� c_, ......,_ '" T.....

·-t -·
1
EOLAB TANEZROUF ADRAR HOGGAR AMADROR TASSILI N'AJJERS
(bouclier Regulbat) TAOUDENI DES IFORAS (bouclier Targui)

Atakor

TaHIII
Taaalll externe
Interne

� vieux craton ouest africain marges métamorphiques -----------------

1. aocle précambrien 2. bordures pa"ozoTque Inférieur 3. marges paléozoïque supérieur 4. volcanisme tertiaire et quaternaire
et mésozoïque

b--..d E:jJ baaaltes mlocènea

m
� ouzallen grès et arglles
� grès et argiles
auggarlen
[!] volcanl9me acide

m éb
� pharualen
volcanlame baaaltlque
lntrualons granitiques
pllo-vlnafranchlen
et quaternaire

Fig.3. Structure géologique générale du Sahara central.

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l - 140 M A 111

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lerllll . -HO MA 11

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1 @ lro1fo11 • Olacletlon •

1 D6p6ta postoro16nlquoe

1-120 a -170 MAI

-- Oro1entN ,ne...,,.
ProttroaoJ�u• au�r&.vr
C-750 A -120 MAI .

Y i 1 u i: ctelon Z o n e m o b i l e p l i • • • • I\J
u,

Fig. 4. Sahara central. Histoire géologique du socle cristallin. D'après Beuf et alii, 1971, fig. 17.
EGLAB HOGGAR
(bouclier Regulbat) (bouclier Targui)

Eglab Adrardea
Iforas
OUEST EST

·e

� + + ... +
+
._ne• occidentale sé�uence orientale

+
!+ +! 17 ouzaNen (dorsale Regulbat) I+ + +j 11 ouzalien (Hoggar)

discordance discordance

§ 18 phase• 1-4 aérlea lnfratlNltlques � 16 phase 1 auggarien

phase 2 pllssement

� 15 phase 3 pharuslen

- discordance phase 4 (A) failles N-S

� 14 phase 5 aérte supratlllltlque � 13 phase 5 (B) séries intennêdlalrea


tlllltea et molasse•
phaae e (C-D) plissement (balkallen majeur et tardH )
phase 9 pluement série mollaulque

lm
phaN 7 (E) failles NW-SE et SSW-NNE (balkallen tardif)
phaae 8 Mdlmentatlon contemporaine
de la formation de la pédiplaine -E- phaae 8 (F) érosion et formation de la
lntrataeslllenne pédiplaine lnfrataaallenne l'v
(j\

Fig. 5. Structure du socle cristallin du Sahara central.


-
majeurs

=/-

-�:;-;:;
+ -- Tran,grmion

* --
glacioeuttatique
Glaciltion
SILLON z
w
contintntlle
-Q___ Epiroginit

...

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lnterm�iaires �
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Socle
�allin
<=>-Orogénie
8111talitnnt
majeura

Assyntiqut Katanguienne
Baikalienne J)f!toœ N
--i

Fig. 6. Le Paléozoïque inférieur du Sahara central. D'après Beuf et alii, 1971, fig. 2.
Stratigraphie des Taaslll

EST
NORD
OUEST
SUD Tassili
externe

dévonien
dépota fluviatiles
inferleur
Tassili sillon
lntre te ssllien

dépota marins
silurien
argile a graptolites

ordovicien dépota glaciaires


ordovicien dépota marina
cambrien dépots de transition
cambrien dépots fluvlatlles

socle cristallin

Fig. 7. Stratigraphie des Tassili.

N
(X)
For1nt1t1on (Il;' 1 Oued SJ1ne�
06p6ts - - --- - -
2 For111a1,o,, <I Format,on
Fotrn..ihOfl cil' ��� du
------ fluviatiles
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F d" Efe1ma1erta

Formation cfp I' lnurhou


Dépôts marins

-----1 --- ---------- 1


Funn,1t1on tic lt1macl1crt

Formation d ln Ti1howle For01at1on d ln A1aoua

Formation des A11ers

-- --------- --- -- ----- ------ -------- ------- ----- -- j


Fig. 8. Stratigraphie générale des séries tassitiennes. D'après Beuf et alii, 1971, fig. 116.

Les caractères dominants de la sédimentation pendant le Paléozoïque inférieur au Sahara.

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Ph1111 ucondaires
de dêlorm1tion
, o•to,m11ion1
-- i1ost11iqu11 0 Erosions
1u111 phHH de dHormttion1

Fig 9. Situation des principales phases de déformations dans la série tassilienne. D'après Beuf et
alii, 1971, fig. 10.

w
0
31

Fig. 10. Inclinaison de la surface infratassilienne vers le nord d'après les reconstructions de
paléocourants. D'après Beuf et alii, 1971, fig. 27.
Chaque fl èche représente la grande movenne vectorielle pour
chaq ue région délimitée par des traits discontinus, la longueur
de la flèche est proportionnelle au nombre de stations de
mesu res dans la région .

Fig. 11. Reconstitution d u réseau fluviatile des grès d e base d e l a formation des Ajjers. D'après
Beuf et alii, 1971, fig. 144.
32

Fig. 12. Ecoulements glaciaires anciens en Afrique. D'après Beuf et alii, 197 1, fig. 57.
. - Comparaison de l'extension des écoulements glaciaires
de l'inlandsis ordovicien d u Sahara (A) et de la calotte glaciaire
du Carbonifère d'Afrique australe (B) .
A. La carte est limitée aux zones étudiées par les auteurs,
l'extension réelle est plus grande.
B. La carte est tirée de la reconstitution de A. L. Du TOIT,
1 954, p. 27 7.

• 7 P01ition hypoth,tique
du p61e dea glacH

7 Po1ition1 hypoth6tiquea
6 7
A du p61e gondw1nien

--.:-_-- Mer9 circumPoltirH


� E111en1ion de le celotte
:-
' gl1ci1ire

� hten1ion eppro1im1tlve
dH marge, dl l'inl1nd1i1
. ,'\,

- Domaine envahi
B par 11 mer 11iuri1nn1

Fig. 13. La transgression silurienne sur le craton africain, modification paléogéographique après
la fonte de l'inlandsis. D'après Beuf et alii, 1971, fig. 59.
réseau de drainage ancien vieux trapps
neck 7

vallées actuelles

�-�·

1. socle précambrien soulevé volcanisme pllo-villafranchien

2. intrusion secondaire de granites 6. creusement réseau de drainage ancien

7. volcanisme acide (phonolites,trachvtes)

B. neck résultant d'un cône strombolien basaltique

volcanisme miocène 9. coulées basaltiques de faible amplitude

3. cOIJées basaltiques du Miocène (trapps) volcanisme quaternaire

4. coulées d"hawaïte et de mugéralte (Miocène) 1 0. creusement des vallées actuelles

5. cumulo-dOmes et dOmes, coulées de phonolites (miocène) 1 1 . cônes strambotlens périphériques et


coulées baHlflquea des vallées

w
Fig. 14. Volcanisme tertiaire et quaternai re. w
34

5 ° 30'

(1

•••
l

0
______,_ ·-· -·- -- --��....
23

••

• ••

Tomon rossel
• 0� I O i<m

c::::J Socle
Phon o l i t es et
Tro c h y l e s
� A u t re s l o v e s

Fig. 15. Répartition des volcans trachytiques et phonolitiques dans le massif de l'Atakor, D'après
Girod, 1971, fig. 10.
35

, .... ----
•+ + +
- + ++ + + + + + + + + + + + + + + + ++ + + + + + + + + + +
1 + � ',
'....'' ,
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0 eom

Coupe schématique de l'Akar-Akar


granite; 2 : pyroclastites; 3 : coulée trachytique ; 4 : piton trachytique.

N
s

0 S00 111

Coupe schématique de !'Adriane.


gneiss suggariens; 2 : pyroclastites stratifiées; 3 : coulée trachytique; 4 : piton tracbytique .

... ------------

coupe de
l'Essa indiquant l 'orientation et l'incl inaison des fractures
concentriques.

Il b
a
Blocs-diagrammes indiquant la structure interne des dômes volcaniques.

Fig. 16. Principales formes du volcanisme acide au Hoggar. D'après Girod, 1971, fig. 37,38,40 et
42.
36

,,
,'
,,•

'
- Coupe schl!matique d e l'Ilamane

t
N

100m
1

- Projection sur un plan horizontal et coupe schématique de l'lmadouzène.


1 : pyroclastites stratifiées; 2 : trachyte quartzifère à arfvedsonite; 3 : brèches d'explosion.

Fig. 17. Principales formes du volcanisme acide au Hoggar. D'après Girod, 1971, fig. 43 et 46.
37

&\j,_,
• · :'t 't
-t

• . .. . .
•• 2 -·-·-·-·-·-·-· '3

l : coulées basafliques quaternaires; 2 : axes d u dôme précambrien; 3 : ue charnière de part et d'autre duquel se sont épanchés
les basaltes miocènes; 4 : direction et pendage des coulées miocènes. Explication dans le texte.

Fig. 18. Esquisse structurale du massif de l'Atakor. D'après Girod, 1971, fig. 8.
38

baaain du T ahag

c ycle N cycle 1

,
,,

cycle IV cycle Ill - IV cycle 11 cycle 1

bH•ln d' Arhll-llaman

Fig. 19. Tertiaire et Quaternaire du Hoggar.

1. Inselberg de granite intrusif dans le socle précambrien.


2. Couverture de grès et d'argile.
3. Sables et arènes provenant de la dégradation du socle.
4. Coulées basaltiques miocènes.
5. Epirogénie et formation d'un premier réseau hydrographique.

Q'.f!tl
6. Argiles grises miocène de Tahag.
7. Dalle calcaire (Plio-villafranchien).
8. Graviers torrentiels.
9. Sables rouges.
10. Terrasse supérieure de Tahag.
11. Argiles et diatomites du bassin d'Arhil-Ilamane.
12. Coulées de pentes basaltiques empruntant l'ancien réseau de drainage et contemporaines du
volcanisme acide.
13. Eboulis thermoclastiques supérieurs de l'Ilamane.
Cycle Il
14. Creusement du système de vallées actuelles.
15. Terrasse inférieure de Tahag.
16. Eboulis thermoclastiques inférieurs de l'Ilamane.
Cycle Ill
17. Creusement.
18. Premières coulées basaltiques des vallées.
19. Terrasse alluviale moyenne (Acheuléen final).
20. Eboulis thermoclastiques récents (Ogolien?).

Cycle IV
21. Colluvionnement limoneux de la dernière phase humide (Epipaléolithique, Néolithique).
22. Coulées basaltiques holocènes.
23. Terrasse néolithique.
24. Entaille actuelle des oueds.
25. Dépôts sableux des oueds actuels.
39

SECONDE PARTIE

UNE NOUVELLE CLASSIFICATION DE L'ART RUPESTRE T ASSILIEN

Les quelques données présentées complètent le précédent travail (Gallay, 1 986) que
nous avons consacré à la préhistoire du Sahara central et concernent essentiellement
l'art rupestre du Tassili auquel nous n'avions précédemment accordé qu'une attention
marginale. On se reportera donc à ce travail pour tout ce qui touche le cadre général
climatique et culturel de cette préhistoire.

Nous nous consacrerons essentiellement à la présentation du travail d'A. Muzzolini,


l'art rupestre préhistorique des massifs centraux sahariens (1986) qui constitue à la

fois la première synthèse approfondie sur l'art rupestre de ces régions et une remise
en question radicale de la chronologie habituellement admise pour ces manifestations
artistiques que nous jugeons donc utile de faire connaître aux amateurs d'antiquités

sahariennes.
Nous nous limiterons d'autre part ici aux seules phases précédant la diffusion du
cheval au Sahara, les périodes protohistoriques récentes ayant été traîtées avec

suffisamment de détails dans notre précédente mise au point.

1. Le cadre géographique des gravures et peintures tassiliennes

L'art rupestre tassilien est essentiellement concentré dans l'enceinte tassilienne

interne, au nord et au nord-ouest de Djanet. Dans cette zone centrale les formations,

paléozoïques s'ordonnent comme suit (fig. 20):

Tassili interne :

1. Une zone bordière essentiellement constituée par des affleurements, des

formations, des Ajjers et d'In Tahouite.

2. Un large arrière pays formant une zone triangulaire avec des affleurements

exceptionnellement étendus des formations de Tamadjert présentant un vaste


40

réseau de drainage orienté vers le nord conformément au pendage général du

cadre structural.

Sillon intratassilien

1 . Une bande occidentale axée sur l'oued Tarai et s'étendant dans la région de

Tihemboka.

2. Une bande orientale axée sur l'oued Tanezrouft (ne pas confondre avec

l'erg Tanezrouft) et Rhat, limitant, à l'ouest, le Tadrart Acacus.

Tassili externe
1 Une zone bien développée au nord-ouest correspondant à la région située

au sud du Fort Polignac, le Fadnoun.

2. Une zone orientale correspondant au Tadrart Acacus situé en territoire

lybien (fig. 21 ).

L'art rupestre se concentre essentiellement dans les Tassili internes au niveau des

formation des Ajjers et en bordure des formations de Tamadjert. On y distingue en

gros deux concentrations : un groupe nord-ouest (Abaniora, Iheren, Tahilahi,

Ikadnouchere) et un groupe sud-est centré sur Djanet (Tassili central, Sefar,

Jabbaren, Tamrit). On mentionnera en outre l'oued Djerat situé dans l'enceinte

tassilienne externe au sud de Fort Polignac, et l'Acacus formant une province

spécifique bien individualisée sur le plan géographique (Uan Muhuggiag, Uan Amil,

Ti-n-Torha, Uan Tabou, etc.).

Quelques sites de première importance se situent enfin dans le prolongement

méridional du Tadrart Acacus mais dans le contexte géologique du Tassili externe, il

s'agit d'In-Djaren et de Ti-n-Hakaten.

2. Définition des principaux styles de représentations

On donnera tout d'abord une définition succinte des principaux groupements

stylistiques identifiés par Muzzolini. Ces groupements correspondent aux ensembles

les plus caractéristiques. Le Tassili et l'Acacus seront traîtés successivement.


41

2.1 . Style bubalin naturaliste

Technique et style

Gravures naturalistes au trait large et profond, poli ou piqueté

Patine

Patine sombre.

Thèmes animaux

Essentiellement faune sauvage présentant un caractère archaïque certain : éléphants,

grands buffles, hippopotames, crocodiles. Girafes et autruches présentes par contre à

toutes les époques (fig.22). L'oryx, animal tardif, n'est pas représenté. Muzzolini

admet dans ce groupe la présence de bovidés domestiques. Dans l'Atlas, où ce style

est également présent, on rencontre des moutons et notamment des béliers la tête

ornée d'un disque. Ces béliers présentent toutes les caractéristiques de la

domestication

- Chanfrein au museau très busqué

- queue longue

- oreilles pendantes

- cornes courbes basses (cornes de type Amon).

Ce mouton domestique reste un mouton à poils (et non à laine) et diffère

apparemment des plus anciens moutons domestiques à poils égyptiens de l'Ancien

Empire , Ovis longipes pala eoaegyptiaca aux cornes longues torsadées horizontales.

Le style bubalin du Tassili ne présente par contre aucune figure de mouton alors que

cet animal paraît connu dans les sites de l'époque (Uan Muhuggiag dès 4000BC).

Thèmes anthropomorphes

Présence de quelques représentations anthropomorphes malhabiles. Armes comportant

essentiellement des arcs, pas de lances ni de javelots.

Compositions

Figures essentiellement isolées.


42

Aire d'extension du style

Style présent dans une zone continue au nord et à l'est de la zone des grands ergs

mais absent dans l'Ennedi et le Borkou. Au Tassili les sites bubalins sont limités au

débouché des vallées et sur les piémonts, mais sont absents des zones centrales.

On les rencontre à l'Oued Djerat, sur le flanc sud-ouest (Ti-n-Terirt, In-Debiren,

Terarart, Oued Arrechin), et dans l'extrémité algérienne du Tadrart Acacus (ln­

Djaren, Ti-n-Merzouga). Le style bubalin est également absent de l'Aïr et de !'Adrar

des Iforas où la pénétration europoïde est plus tardive.

Appartenance ethnique

L'aire d'extension du style concorde avec l'aire d'extension du bloc lybico-berbère.

Les quelques représentations anthropomorphes semblent appartenir à des types

europoïdes. Au Tassili les sites bubalins s'opposent aux zones ocupées par les pasteurs

négroïdes de Sefar-Ozanéaré.

2.2. Style bubalin de Tazina

Technique et style

Le style de Tazina est un style schématique plus que semi-naturaliste. Les corps sont

étirés selon des modes conventionnels, les cornes et les queues, démesurément

allongées, présentent des excroissances fantaisistes.

Il s'agit de gravures au trait poli (souvent plus mince que le bubalin naturaliste). Les

surfaces internes sont parfois polies, jamais piquetées.

Patine

Patine sombre

Thèmes animaux

Buffle antique et éléphant rare, lion, rhinocéros très rares. Abondance des girafes,

antilopes et bovidés. Apparition de l'Oryx.

Thèmes anthropomorphes

Absents.
43

Compositions

Figures essentiellement isolées.

Aire d'extension

Large extension du groupe depuis l'Atlas jusqu'au Mathendous et au Djado. Au

Tassili le style de Tazina est absent des zones occupées par des groupes europoïdes

(groupe d'Iheren Tahilahi, groupe des chars à galop volant).

Appartenance ethnique

Aucune donnée. Aire d'extension générale correspondant plutôt à une population

europoïde.

2.3. Style des têtes rondes

On donnera tout d'abord une définition générale du groupe puis on envisagera un

certain nombre de sous-ensembles.

Technique et style

Peinture avec un contour presque toujours ocre et un remplissage en aplat, soit clair

soit ocre. Figures semi-schématiques allant du schématisme au figuratif.

Patine

Couleurs moins vives que les couleurs des styles bovidiens.

Thèmes animaux

Animaux peu nombreux toujours liés à des personnages, présence de bovidés

domestiques.

Thèmes anthropomorphes

Essentiellement personnages à tête le plus souvent rondes ou arrondies, présentée le

plus souvent de face, souvent dépourvue de notations d'organes sensoriels. Les armes

se limitent à des arcs.

Compositions

Personnages apparaissant souvent en composition dans des scènes religieuses ou

magiques très différentes des scènes de la vie quotidienne évoquées dans les styles

bovidiens.
44

Aire d'extension

Groupe limité au Tassili et à l'Acacus s'opposant à l'aire d'extension du Bubalin

classique mais occupant les mêmes zones que le bovidien final europoïde (lheren­

Tahilahi et Uan Amil).

Appartenance ethnique

La plupart des auteurs admettent, sur la base d'arguments stylistiques, qu'il s'agit

d'un art en relation avec une population négroïde (Lhote, Camps, Mori). Muzzolini

reconnaît par contre sur certains profils très schématiques des traits typiquement

europoïdes. Sa démonstration n'emporte pas totalement notre adhésion.

2.4. Styles des têtes rondes : sous-groupes

L'ensemble des têtes rondes présentent diverses variantes stylistiques fondées

notamment sur le degré de schématisme, la technique picturale, les types de coiffure

ou d'ornements corporels.

Les noms donnés aux groupes sont purement anecdotiques et trouvent notamment

leur origine dans les travaux de Lhote.

Martiens primitifs

Silhouettes au naturalisme sommaire avec corps boudiné et cou peu marqué. Dessin

des extrémités très frustre. Attitudes statiques avec genoux repliés.

Rendu avec contour ocre épais et remplissage en aplat de teintes claires. Corps

présentant peu de détails vestimentaires (fig. 23).

Martiens évolués

Silhouettes moins raides, attitude de profil ou de face. Rendu avec contour ocre

moins épais et remplisssage plus diversifié : aplats gris ou ocre clair, verdâtre,

bleuâtre. Ornements plus riches : anneaux de section circulaire ou demi-circulaire,

bracelets sphériques, ornements d'épaule ou de coude (fig. 24).

Petits schématiques à plumes

Petits personnages de l O- l 5cm au schématisme allant jusqu'à des personnages

filiformes. Surfaces corporelles sans détail. Pagnes volumineux avec souvent

projections horizontales (fig. 27).


45

Géométriques

Petits personnages schématiques représentés de face, les jambes écartées

symétriquement. Têtes rondes sans plumes. Ornements pendants aux coudes et aux

genoux.

Semi-naturalistes communs

Personnages à aplat ocre sans détails internes. Têtes rondes. Attitudes plus

naturalistes, profils plus fins avec membres s'allongeant. Bracelets ronds au poignet

gauche, ornements de coude et d'épaule. Plumes non systématiques. Corps

généralement nus (fig. 25).

Personnages type Dame Blanche

Personnages proches du groupe précédant mais détails corporels internes plus

nombreux : lignes parallèles de points et de cercles en blanc sur fond ocre. Parure

abondante : bracelets sphériques, ornements d'épaule, de coude, de genoux, pagnes à

retombées bifides ou trifides. Coiffure en bandeau compartimenté sur le front (fig.

26).

Juges de Paix

Personnages proches du groupe précédant se distinguant par de volumineuses

coiffures (fig. 27).

Masques

Personnages masqués présents dans tous les groupes précédants.

2.5. Style bovidien: groupe de Sefar-Ozanéaré

Muzzolini est le premier auteur à avoir proposé de distinguer plusieurs styles dans

l'ensemble des peintures dites bovidiennes. Le groupe de Sefar-Ozanéaré est le seul

ensemble pour lequel tous les auteurs admettent une origine négroïde.

Technique et style

Peintures naturalistes traitées en aplat ocre avec de rares détails internes. Seuls les

bovidés présentent des robes tachetées blanches et ocre


46

Patine

Patine ocre rouge un peu sombre moins brune que la patine des têtes rondes.

Peintures généralement mieux conservées que les peintures des têtes rondes.

Thèmes animaux

Faune essentiellement constituée de boeufs domestiques de type Bos primigenius à

grandes cornes. Quelques rares boeufs à cornes en avant ( 1 0%). Pas de Bos

brachyceros ni de représentations de caprinés. Faune sauvage pratiquement non

représentée.

Thèmes anthropomorphes

Personnages naturalistes (fig.28 et 29). Pratiquement pas de représentations

vestimentaires, quelques pagnes et quelques coiffes. Présence d'archers (carquois avec

six flèches superposées porté à la ceinture). Représentation d'enclos (fig. 29).

Compositions

Le style est un style "anecdotique"représentant volontiers des scènes de la vie

quotidienne : personnages conversant devant des enclos, grands troupeaux de bovidés,

scènes regroupant plusieurs archers, etc.

Aire d'extension

Groupe limité au Tassili central. Quelques rares représentations au nord et à l'ouest

du Tassili (Abaniora, Issalamon). Extension vers l'est jusqu'au Wadi Ertan. D'autres

styles bovidiens négroïdes existent au Hoggar, au Tibesti et au Djebel Ouenat.

Appartenance ethnique

Le caractère réaliste des figurations permet de reconnaître sans doute possible une

population négroïde parmi laquelle on peut distinguer des individus au port

relativement lourd et massif (notamment personnages associés aux enclos) et des

personnages plus élancés (notamment archers).

2.6. Style bovidien : groupe d'Aban iora

Le plateau d'Abaniora se présente sous forme d'une vaste zone compartimentée

comprenant une multitude de défilés avec plusieurs centaines d'abris, soit une
47

topographie proche de celle de Sefar. Les peintures bovidiennes de cette zone

présente une i ncontestable originalité (fig. 3 1 ).

Technique de style

Peintures naturalistes traitées en aplat ocre et apparition de traits blancs ou noirs

permettant de définir des détails internes. Apparition d'une polychromie discrète

(jaune, bleus, ocre gris). Les robes des bovidés sont souvent très bigarrées et les

cornes traitées en blanc.

Patine

Comme pour le groupe de Sefar-Ozanéaré .

Thèmes animaux

Présence de nombreux bovidés domestiques et apparition de quelques rares moutons.

Faune sauvage rarement représentée : girafes, éléphants, autruches, plus rarement

rhinocéros et antilope.

Thèmes anthropomorphes

Figurines humaines naturalistes pouvant porter des vêtements : pagne noué à l'avant,

jupes longues chez les hommes, robes chez les femmes. Arc à double courbure et

bâtons de jet. Pas d'enclos.

Compositions

Scènes de la vie pastorale.

Aire d'extension

Style limité du Tassili central, plus fréquent au nord dans la région d'Iherir.

Représentations épisodiques dans le Fadnoun, absentes dans l'Acacus.

Appartenance ethnique

Muzzolini reconnaît la coexistance de plusieurs types anthropologiques, souvent dans

les mêmes scènes. Il y signale des types europoïdes et négroïdes peu nombreux et une

dominance de "noirs non négroïdes"aux caractères négroïdes peu marqués.


48

2. 7. Style bovidien : groupe d'Iheren-Tahilahi

Ce groupe peut être défini à partir des deux abris peints d'Iheren et de Tahilahi à

20km d'Iherir.

Technique et style

Le groupe d'Iheren-Tahilahi présente, parmi les styles bovidiens, le naturalisme le

plus évolué. Les sujets sont traités au trait. Les espaces intérieurs sont remplis par

aplat légers. De nombreux détails internes précisent les silhouettes (fig. 32).

Patine

Style bovidien présentant les patines les plus claires comparables aux patines de la

pèriode du cheval.

Thèmes animaux

Bovidés domestiques abondants, notamment Bos primigenius à longues cornes.

Quelques individus sans cornes. Boeufs porteurs. Nombreux moutons et chèvres. La

faune sauvage témoigne d'une certaine ariditification du milieu : l'hippopotame a

disparu, les éléphants et les rhinocéros sont rares. Les girafes et les autruches sont par

contre bien représentées.

Thèmes anthropomorphes

Nombreuses figures humaines aux corps élancés et à la taille mince portant souvent

des peintures corporelles (rayures, traits parallèles). Le port des vêtement se

généralise, hommes avec jupe courte et peau de bête suspendue, femmes avec robe

trois-quart et châles. Tous les vêtements présentent des bords intérieurs arrondis

parfois ornés de franges et de festons. Parmi les armes les lances et les javelots

apparaissent et le bâton de jet courbe devient fréquent. Plusieurs scènes présentent

des enclos-habitations.

Compositions

Scènes de la vie pastorale. Nombreuses scènes avec personnages en files.


49

Aire d'extension

Style bien représenté à l'ouest jusqu'au Fadnoun et au sud jusque dans la vallée de

l'I-n-Djaren et à Ti-n-Hanakaten. Plus rare au Tassili central il est remplacé par le

style équivalent d'Uan Amil dans l'Acacus. Il est absent du Tibesti, du Hoggar et de

l'Ouenat.

Appartenance ethnique

Tous les personnages représentés paraissent appartenir à des types europoïdes.

Aux divers styles précédents s'ajoute une série d'ensembles propres au massif de

l'Acacus et décrits par Mori. Muzzolini retient, pour les désigner, la terminologie de

cet auteur mais conteste la chronologie proposée par ce dernier. Comme pour le

Tassili peintures et gravures forment des groupes distincts.

2.8. Les gravures de l'Acacus

L'Acacus présente de nombreuses gravures que Mori avait tenté de répartir dans les

étages chronologiques définis pour les peintures. Muzzolini conteste la possibilité

d'établir de tels parallélismes de détail et considère que les gravures de cette zone

sont pour l'essentiel contemporaines des peintures bovidiennes. Tout au plus peut-on

distinguer deux groupes. Le plus ancien paraît caractérisé par des gravures

naturalistes au trait poli et à patine sombre où domine une faune sauvage. Le plus

récent présente des gravures piquetées plus frustres.

2.9. Style des têtes rondes de l'Acacus

Le style des têtes rondes est bien représenté dans l'Acacus mais y présente une moins

grande variété de styles.

On y remarque notamment des personnages traités en aplat ocre et quelques figures

polychromes considérées par Mori comme plus récentes. Les figures dites martiennes

sont par contre absentes, de même que les "juges de paix". Les figures d'Uan

Tamauat présentent des traits originaux, personnages à corne, personnages vêtus de


50

tuniques courtes serrées à la taille avec manches à mi-bras qui paraissent

particulièrement tardifs.

2 . 1 O. Style pastoral de l' Acacus

Mori distingue dans les peintures bovidiennes trois groupes qualifiés de "pastoral"

ancien, moyen et récent, termes repris par Muzzolini.

Le Pastoral ancien (ou Pastoral d'Uan Amil) est une variante du bovidien final du

TIDisili, groupe d'Iheren-Tahilahi, dont il présente toutes les caractéristiques (fig. 33) :

- même technique picturale (contours ocre, aplats et traits pour les détails

internes),

- patines relativement fraîches,

- population europoïde exclusive,

- présence de moutons et de chèvres,

- scènes de chasse au mouflon et au lion,

- armes "évoluées" comme bâtons de jet, lances, javelots,

- détails vestimentaires des manteaux, jupes et tuniques,

- enclos réniformes,

- Femmes peu représentées,

- boeufs montés,

- abondance des représentations de girafes.

Le Pastoral moyen (ou Pastoral d'Uan Tabu), représenté notamment à Uan

Muhuggiag, reste par contre plus difficile à classer bien que certaines scènes

évoquent le groupe de Sefar-Ozanéaré.

Le Pastoral récent (ou Pastoral de Ti-n-Anneuin ou Ti-n-Lalan) correspond quant à

lui à une phase bien connue au Tassili-central et jusqu'au Tassili du nord-ouest. Ses

caractéristiques, personnages à tête en bâtonnet, association avec des représentations

de chevaux, nombreuses représentations de girafes et d'autruches en font un groupe

très tardif contemporain de l'époque caballine (fig. 30).


51

3. Le classement chronologique des styles

3.1. Les difficultés

Les groupements stylistiques proposés devraient permettre d'établir un premier


classement chronologique des représentations et au-delà des concordances avec les
cultures préhistoriques décrites dans les mêmes régions.De nombreuses difficultés

subsistent néanmoins. Peut-être est-il utile de les rappeler avant d'exposer les
résultats obtenus par Muzzolini. Retenons essentiellement trois ordres de faits.

L'imprécision des données culturelles


- Comme nous l'avons déjà dit dans un précédent travail le cadre chronologique et
culturel de la région concernée est loin d'être établi
Les difficultés liées à une datation directe des représentations

- L'échelle chronologique établie sur la base des patines doit être maniée avec
précautions car les conditions géoclimatiques locales peuvent entraîner de sérieuses

distorsions.

- La faune sauvage représentée n'est pas obligatoirement le reflet exacte de la faune


vivante. Il est donc toujours délicat d'extrapoler le contexte bio-climatique de

l'époque (plus ou moins aride, plus ou moins humide) à partir du cortège animal
figuré. On soupçonne que la faune saharienne a subi une lente évolution pendant la

période holocène, évolution qui a vu la disparition de certaines espèces archaïques et


une lente adaptation à des conditions de milieu de plus en plus aride, mais les
représentations rupestres ne reflètent pas toujours fidèlement cette évolution

- Les marqueurs culturels permettant de situer les représentations dans le temps

restent encore peu nombreux et encore très grossiers faute de références


archéologiques locales précises. L'apparition du cheval et des armes de jets manuelles,

le développement de l'élevage des caprinés au détriment de l'élevage des bovidés sont

des caractéristiques utilisables mais les découpages qu'elles permettent d'obtenir

restent extrêmement grossiers.


52

- Nous ne sommes pas non plus persuadé qu'il soit toujours possible de décider du

caractère domestique des bovidés représentés comme le suggère Muzzolini. Cette

imprécision est fort regrettable car l'apparition de la domestication marque dans le

développement culturel de la région une coupure de première importance.

Le problème des concordances représen tations-données archéologiques

Plusieurs abris sous roches décorés ont été fouillés et ont livré des vestiges

archéologiques qui ont pu être datés au carbone 1 4. On ne sait malheureusement

jamais si les vestiges découverts iw piP.ci ciP.s parois sont contemporains des peintures

et des gravures. Il est d'autre part extrêmement rare de découvrir dans les niveaux

archéologiques des fragments de paroi décorés et tombés au sol.

On comprend dès lors les divergences constatées au niveau des datations présumées

des divers styles. En ce sens le système proposé par Muzzolini ne se distingue pas

qualitativement des chronologies anciennes et n'est pas totalement exempt de

présuppositions théoriques dont il est difficile de proposer une démonstration

cohérente.

3.2. Les anciennes chronologies

Nous ne retiendrons ici que les classifications qui ont encore une influence sur notre

conception actuelle de la chronologie des représentations sahariennes.

1 . Flamand ( 1 92 1 ) introduit pour la première fois la distinction entre des gravures

préhistoriques ou néolithiques caractérisée par des représentations animales avec

Bubalus antiquus et des gravures libyco-berbère.

2. Monod (1932) dans son travail sur l'Adrar Ahnet propose une classification basée

sur les faunes représentées

- Epoque précameline. Faune sauvage à Bubalus antiquus

- Faune à boeuf domestique

- Epoque cameline et équine. Groupe libyco-berbère

- Groupe arabo-berbère.
53

3 . Dans les années 1950 Monod (1951), puis Lhote ( 1953) et Breuil ( 1954) distinguent

une phase caballine (ou équidienne) précédant le camelin. Ces grandes divisions vont

rester à la base des distinctions classiques actuelles. Lhote les conservera dans son

analyse des représentations du Tassili mais éprouvera certaines difficultés à situer le

style des têtes rondes dans cette séquence.

4. A la suite de cet auteur, la plupart des préhistoriens admettent actuellement que

les gravures bubalines et le style des têtes rondes peuvent appartenir à des phases

prénéolithiques antérieures au développement de l'élevage saharien du 4e millénaire.

L'originalité de Mozzolini est de s'inscrire en faux contre cette position dominante.

3 . 3. La chronologie de Mu zzolini

Dernière hypothèse en date, le cadre chronologique de Mozzolini bénéficie des

progrès considérables obtenus dans la reconstitution de l'évolution des conditions

climatiques des derniers 10.000 ans. Nous résumerons donc d'abord ces données.

Un cadre de référence extérieur : l'évolution des cond itions cli matiques

Les périodes suivant la grande phase aride contemporaine de la glaciation de Würm

(Ogolien) sont les suivantes :

1. Grand humide (Tchadien, 10.000-6000BC)

2. Phase aride de milieu de l'Holocène (6000-4000BC)

3 . Phase néolithique (4000-2000BC)

4. Aride post-néolithique (2000- 1OOOBC)

5. Troisième humide post-néolithique ( 1000-200BC)

6. Aridification actuelle (à partir de 200BC).

Des présupposés théoriques

Mozzolini retient dans son travail une série d'hypothèses et de présupposés théoriques

plus ou moins explicites qu'il est utile de connaître. Nous pensons que les données

actuelles de l'archéologie saharienne ne permettent pas de les discuter en détail. En ce

sens la chronologie proposée ne présente pas un meilleur statut épistémologique que


54

les propositions antérieures bien qu'elle soit incontestablement basée sur un travail de

comparaisons et d'analyse beaucoup plus étendu et détaillé que les études précédentes.

1 . Tendance générale au rajeunissement. La présence de gravures en relation avec des

populations prédatrices ou avec les populations de collecteurs antérieures à la

diffusion de l'élevage est niée.

2. Préférence pour une chronologie très courte. De nombreuses variantes stylistiques

n'ont pas de signification chronologique et sont en fait contemporaines.

3. Présence de boeufs domestiques dans tous les ensembles, principal argument

fondant le rajeunissement des phases considérées comme anciennes.

4 . Possibilité d'identifier le "type" anthropologique des populations d'après les

représentations ou du moins de distinguer, négroïdes, noirs non négroïdes et

europoïdes.

5 . Utilisation de quelques marqueurs chronologiques permettant de distinguer dans les

représentations précaballines des composantes archaïques et des composantes récentes.

Composantes archaïques

- Faune sauvage plus "humide" avec éléphants et hippopotames

- Faune domestique ne comprenant pas de caprinés (valable pour le Tassili et

non pour le Sahara septentrional)

- Arc, unique arme représentative

- Nombreuses représentations féminines

Composantes récentes

- Faune sauvage plus "aride", dominance des girafes et des autruches,

apparition de l'oryx.

- Faune domestique dominée par les caprinés.

- Javelots, lances et bâtons de jet se substituant aux arcs.

- Nombreuses scènes de chasse au mouflon.

- Diminution du nombre des représentations féminines.


55

6. Les caractéristiques "caballines" apparaissant sporadiquement dans certains groupes

bovidiens (corps bitriangulaires, etc.) indiquent une contemporanéité avec la période

du cheval.

Regroupements opérés par Muzzolini

D'une manière générale l'art rupestre du Sahara central ne débute qu'avec l'Humide

néolithique; il est, dès les phases les plus anciennes, en relation avec des populations

pastorales.

L'Humide néolithique voit se développer au Tassili central le Bovidien du style Sefar

Ozanéaré qui se prolonge jusqu'au Tassili du nord-ouest. Ce style pourrait avoir

quelque répondant dans le Pastoral "moyen" de l'Acacus du style d'Uan Tabu (scène

de campement de Teshuinat). Le style des têtes rondes reste mal situé par rapport à

cet ensemble mais pourrait être plus ancien. Une phase archaïque (martiens primitifs)

se rencontre uniquement au Tassili central. Les phases évoluées occupent par contre

une aire géographique plus vaste de l'Acacus au Tassili du nord-ouest.

Parallèlement aux peintures on rencontre dans les marges tassiliennes et dans l'Acacus

des gravures bubalines

L' Aride oostnéolithique voit une régression notable de l'art rupestre, notamment des

gravures, alors que ces dernières persistent dans le nord du Sahara moins affecté par

la sécheresse (gravures du style de Tazina).

Le troisième humide voit se développer une nouvelle phase favorable au peuplement

et le développement de deux styles de peintures bovidiens centrés sur le Tassili du

nord-ouest mais se prolongeant au Tassili central : le style d'Abaniora et le style

d'Iheren-Tahilahi. Les relations chronologiques existant entre ces deux styles restent

incertaines. Dans l'Acacus le Pastoral ancien d'Uan Amil est l'équivalent du style

tassilien d'Iheren-Tahilahi. Sur les marges tassiliennes de nouvelles gravures bubalines

apparaissent, liées au style de Tazina.

Avec le début de l'aridification historique les premières représentations de chevaux et

de chars (fig. 34) apparaissent marquant la fin des peintures bovidiennes, sauf peut-
56

être dans l'Acacus où le Pastoral récent de Ti-n-Anneuin paraît déjà pleinement

contemporain de la phase caballine.

3.4. Autres possibilités de sériation

L'avenir dira quelle valeur accorder à cette tentative d'ordination chronologique.

Nous terminerons pourtant par deux remarques :

1 . La première, d'ordre méthodologique, est fondée sur notre propre expérience de la

recherche préhistorique. Nous avons l'impression que Muzzolini sous-estime la durée

réelle des phénomènes. La calibration des échelles chronologiques fondées sur le

carbone 1 4 a, ces dernières années, considérablement allongé cette échelle et toute

une série de phénomènes culturels qui, dans le cadre du Néolithique, paraissaient

contemporains se sont vu placés très normalement les uns à la suite des autres.

Nous nous demandons si une illusion du même ordre d'idée n'affecte pas la vision de

Muzzolini. Nous avons ainsi de la peine à admettre que certaines gravures bubalines

ainsi que les peintures du style des têtes rondes ne soient pas réellement anciennes.

Nous aurions nous-mêmes tendance à placer ces représentations pendant la phase

humide précédant l'Humide néolithique à une époque contemporaine du

développement des civilisations de collecteurs à céramique récemment mises en

évidence par la recherche, donc dans une phase encore nettement prépastorale.

2. La seconde découle directement de cette appréciation. Plusieurs scénarios

historiques paraissent, en l'état actuel de la recherche, également plausibles. Notre

proposition serait ainsi la suivante :

Grand humide (Tchadien). 7500-6000 BC

Civiliation de collecteurs intensifs possédant l'usage de la céramique.

Gravures bubalines et style des têtes rondes ("Martiens primitifs").

Aride holocène. 6000-4000BC

Phase de transition en direction des civilisations pastorales. Suite des gravures

bubalines et style des têtes rondes évoluées.


57

Humide néolithique. 4000-2000BC

Développement des civilisations pastorales néolithiques.

Peintures bovidiennes de type Sefar-Ozanéaré.

Apparition des représentations de boeufs domestiques dans les gravures bubalines.

Aride postnéolithigue. 2000 - 1 OOOBC

Développement d'une métallurgie du cuivre au Niger (Cuivre 1). Après une

interruption de quelques siècles (?) développement des styles bovidiens "europoïdes"

du Sahara central.

Troisième Humide. 1 000-200BC)

Apparition des civilisations du Cuivre II et du Fer I au Niger

Développement des peintures et gravures de la période caballine archaïque

(représentation de chars au "galop volant", fig. 34)).

Dernières peintures bovidiennes "europoïdes".

Début de l'aridification actuelle. 200BC-O.

Apparition dans la zone sahélienne des civiliations du Fer II.

Gravures caballines évoluées au Sahara central (cheval monté et inscriptions libyques).

Suite de l'aridification actuelle. Début de notre ère

Développement dans la zone sahélienne des civilisations du Fer II. Gravures

camelines et inscriptions tifinar au Sahara central (fig. 35).

Le tableau 2 situe cette chronologie par rapport à celle de Muzzolini. Il permet

d'apprécier les incertitudes qui caractérisent encore notre compréhension du passé

saharien.
58

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Fig. 20. Carte des sites à gravures et peintures rupestres du Tassili-n-Aijer. D'après Muzzolini,
1986, p. 195.
59

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Fig. 21. Carte des sites à gravures et peintures rupestres de l'Acacus. D'après Muzzolini, 1986, p.
218.
60

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Fig. 22. Gravure de style bubalin. Oued Djerat, VII. D'après Lhote, 1975, p. 600 (en haut) et 40
(en bas).
61

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Ja b baren-Amaz:ar. Panneau complexe comportant deux ou trois couches de perso nnages


d Utes discordes ; la plus ancienne est (aile de sept personnages en jaune uni ; celui de dro ite avec
cheueuz retombant eri arrière el • bourgeon • de n ei que l'on retrouve sur un autre. La seconde
couche est gtntralement linéaire rouge avec, pour une figure, remplissage jaune, el pour une
autre, intérieur du corps ponctué ; cinq portent un ceinturon d lien retom bant souvent en arrière :
quatre des Utes rondes sont marquées de taches su bcirculaires el deux sont surmontées d' allri /mis
singuliers. Ces groupes sont composés d'hommes, de femmes et d'enfants. Diam. du pa nneau 0,3!1.

Fig. 23. Peintures du style des têtes rondes. Groupe des martiens primitifs. D'après Muzzolini,
1986, fig. 14 et 16 (en haut) et Breuil et Lhote, 1955, fig. 27 (en bas).
62

Fig. 24. Peintures du style des têtes rondes. Groupe des Martiens évolués. D'après Muzzolini,
1986, fig. 14.
63

Fig. 25. Peintures du style des têtes rondes. Groupe des semi-naturalistes communs. D'après
Breuil et Lhote, 1955, fig. 32 (en haut) et Muzzolini, 1986, fig. 22 et 46 (en bas).
64

Fig. 26. Peintures du style des têtes rondes. Groupe de la Dame blanche. D'après Muzzolini,
1986, p. XII et fig. 23.
65

• ...

1 1

\1

Fig. 27. Peintures du style des têtes rondes. Groupe des Juges de Paix (à gauche). D'après
Muzzolini, 1986, fig. 24 et groupe des petits schématiques à plumes (à droite). D'après
Breuil et Lhote, 1955, fig. 43 (en haut) et Muzzolini, 1986, fig. 21 et 28 (en bas).
66

'·. ·
..

)�,f

a ) A gauche, lddo- Tissoukal : archer à grand


arc, marchant d gauch e ; haut. 0, 1 4 . h) Groupe de
quatre archers tirant de concert, de Jab baren-A mazwr ;
haut. 0, 1 4 .

Archers : a ) Ti-n-Bedjedj. b ) Ti-n-Rassoufine, arc d trois courbes. c ) A droite,


. Jabbaren-Amazzar, combat entre archers de divers types. Dim. 0,38.

Fig. 28. Peintures de style bovidien. Groupe de Séfar-Ozanéaré. D'après Muzzolini, 1986, fig. 31
(en haut) et Breuil et Lhote, 1955, fig. 90 et 92 (en bas).
67

Fig. 29. Peintures d e style bovidien. Groupe d e Séfar-Ozanéaré. D'après Breuil e t Lhote, 1955,
fig. 64,65 et 68 (figures hachurées) et Muzzolini, 1986, fig. 32 (figures noires).
68

Fig. 30. Peintures de style bovidien de l'Acacus. Groupe d'Uan Tabu. D'après Muzzolini, 1986,
fig. 51 et 52.

Fig. 31. Peintures de style bovidien. Groupe d'Abaniora D'après Muzzolini, 1986, fig. 36.
Grolle de Tahilahi. Groupe de trois hommes Grolle d e Tahilahi. Personnage d uisage très
étrangers, barbus, tracés en rouge, d lè/e ornée chacun rie prognathe el nez acceri tud, m u 11 i d ' u n arc el d'un boome­
deua: plumes à la mode li bqenne, chacun portant d la main ran g ocre rour,e. Di111e11sfo11 0,23. D'après le releué du
une sorte de plume ou de rameau fu siform e. En arrière, peintre G. Le Poitevin. JI es/ suivi par un autre personnage
deux létes de Moutons ( ?) cornues. Dimension 0,2ô. d nez très sémitique. A u -des ou.� est une {igur.e de Bœu( du
D'après le relevé du peintre G. Le Poitevin . style ha bituel.

Fig. 32. Peintures de style bovidien. Groupe d'lheren·Tahilahi. D'après Breuil et Lhote, 1955, fig.
136 et 137 (en haut) et Muzzolini, 1986, fig. 40 (en bas).
Fig. 33. Peintures de style bovidien de l'Acacus. Groupe d'Uan Amil. D'après Muzzolini, 1986,
4,48 et 49.
71

Fig. 34. Peintures d e style caballin. D'après Breuil et Lhote, 1955, fig. 1 1 0 et 121.
72

Fig. 35. Gravure d e style camelin. Oued Djerat. D'après Lhote, 1975, p. 98 (en haut) et 84 (en
bas).
73

S équence de s représ entations Chronologies proposées

1
Marges Tas s i l i N-W Tass i l i central Acacus Muz zolini Gal lay

Représentations camel ines


Inscriptions tifinar

0
Période du cheval monté
Aridi fication Aridification
Inscriptions l ibyque s

- 2 00 be
1\
Période des chars Pastoral récent Trois ième
Ti-n-Anneuin Humide

1000 be
Bovidien
Iheren-Tahilahi
1 Pas toral ancien
Uan Ami l Troi sième Aride
S tyle de '
Humide postnéolithique
Taz ina Bovidien
Abaniora -

1----.,----.....___________.________�--------+--- 1 000 be -
1
1
1
Aride
1 Interruption de s représentations rupe stres ?
1 postnéolithique
1
1-------...-------....--------+--------1-- 2 000 be -- 2 000 be
I
11\
Bovidien Pastoral moyen
Humide
S efar-Oz anéare Van Tabu
néolithique
1\

- 4000 be
Têtes rondes Humide
� évoluées ' néolithique Aride
holocène

- 6000 b e
Gravures Têtes rondes Gravures Grand
bubalines " Martiens bubalines Humide

1 primitifs"

1 4000 be 7500 be

Tableau 2.
Chronologie des représentations rupestres du S ahara central
74

BIBLIOGRAPHIE

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géomorphologique. Paris, C.N.R.S. (Centre de recherches sur les zones


arides, série : géologie, 9).
76

GLOSSAIRE

Acheuléen

Civilisation préhistorique rattachable au Paléolithique inférieur et liée à la présence

en Afrique de l'Homo erectus. L'Acheuléen occupe une longue période depuis 1

million d'années jusqu'au développement du Moustérien; il est caractérisé par des

outils taillés de type biface.

Atérien

Civilisation préhistorique rattachable au Paléolithique moyen dont l'industrie lithique

est caractérisée par un débitage levalloisien et de nombreux outils sur éclat présentant

un pédoncule. L'Atérien est limité à l'Afrique du Nord et au Sahara et se situe entre

40.000 et 25.000BC.

Basalte

Roche magmatique basique(45% environ de Sio2) cristallisée en surface s'opposant au

gabbro, roche magmatique basique cristallisée en profondeur. Roche à feldspaths

seuls.

Bassin de subsidence

Zone géographique où l'écorce terrestre s'affaisse lentement sous le poids des

sédiments qui s'y accumulent progressivement. Ce phénomène explique comment

certains bassins d'accumulation sédimentaires peuvent conserver une altitude stable

malgré un remblaiement constant s'étendant sur de très longues périodes géologiques.

Brachiopodes

Classe d'animaux marins voisins des bryozoaires et des vers annelés, fixés en général

à l'état adulte, et dont le corps est contenu dans une coquille à deux valves.

Calibration

Correction des datations carbone 14 utilisant les données de la dendrochronologie.

Une datation au carbone 14 calibrée peut être considérée comme la meilleure

approximation actuelle d'une date historique réelle. Les dates obtenues après

calibration s'expriment en années solaires avant ou après Jésus-Christ, alors que les
77

dates non calibrées sont désignées par les initiales BP (before present, soit avant 1950

apr. J.-C.) ou BC (before Christ).

Carbone 14

Carbone 14 (datation par le). Le Carbone 14 est l'isotope radioactif du carbone.

Comme tout radioélément il perd la moitié de sa radioactivité au cours d'une période

caractéristique appelée demi-vie, qui dans ce cas est estimée à 5. 730 ans. Le carbone

14 naît dans l'atmosphère sous l'effet du rayonnement cosmique. Il est ensuite

incorporé dons ln matière vivante pnr ln photosynthèse, puis repris le long de la

chaîne trophique. Cette incorporation cesse au moment de la mort de l'animal ou de

la plante. La quantité de C I 4 baisse dès lors régulièrement de telle façon qu'il reste

1/2 du C l 4 après 5.730 ans, 1/4 après 1 1.460 ans, 1/8 après 17.190 ans, etc. La

mesure de la radioactivité du carbone contenu dans des restes organiques (bois, os,

coquillage, etc.) permet donc d'établir leur âge avec une précision approchée à

quelques siècles. La validité de la méthode est fondée sur l'hypothèse que le rapport

carbone radioactif-carbone non radioactif contenu dans l'atmosphère n'a pas varié au

cours des siècles. On sait actuellement que cette hypothèse n'est pas entièrement juste

(voir calibration des datations C l 4).

Conglomérat

Roche détritique solide composée de galets fluviatiles ou fluvio-glaciaires cimentés

naturellement dans un sédiment plus fin argileux ou sableux.

Craton

Fraction des masses continentales formée de roches granitiques (sial) particulièrement

stables peu soumises des déformations tectoniques.

Cristallophyll ien

Roches cristallophylliennes, roches présentant leurs minéraux à l'état de cristaux.

Cuestas

Falaise abrupte bordant un plateau subhorizontal.


78

Cumulo-dôme

Edifice volcanique de type acide. Lorsque la lave est pâteuse, elle ne peut s'étaler à

la sortie de la bouche éruptive et monte alors au-dessus de la cheminée pour donner

naissance à un dôme péléen appelé, selon la forme, cumulo-dôme ou dôme coulée.

Dépôt corrélatif

Dépôts détritiques contemporains d'une phase de nivellement et d'érosion généralisée.

Détritique

Terme désignant les sédiments provenant du démantèlement de roches affleurant en

surface de la croüte terrestre. Approximativement équivalent de sédimentaire si l'on

écarte les roches d'origine chimique.

Diatomite

Sédiment lacustre composé de squelettes silicieux d'algues unicellulaires (diatomées).

Discontinuité

Rupture dans une séquence stratigraphique marquée par une lacune dans la continuité

des dépôts, ou par les traces d'une transformation pédogénétique, ou par une

différence dans l'inclinaison (pendage) des couches successives.

Dôme coulée

Voir cumulo-dôme.

Dorsale

Ligne faîtière d'une chaîne de montagne.

Dyke

Un dyke est le moulage d'une fissure par la lave après dégagement par l'érosion

différentielle et le démantèlement des sédiments encaissants, moins résistants. Il se

présente donc comme un mur de lave plus ou moins vertical.

Epirogenèse

Ensemble des mouvements verticaux, positifs ou négatifs des continents sous l'effet

des forces isostasiques. L'épirogenèse s'oppose à l'orogenèse (voir ce mot).


79

Faciès
Terme utilisé en géologie pour désigner l'aspect particulier pris par les roches d'une

période déterminée en un point donné de l'espace.

Gélifraction
Action du gel sur les roches aboutissant à leur éclatement.
Glacis
Le glacis est une forme d'érosion ou d'accumulation commune aux régions
méditerranéennes, aux zones arides et aux savanes. Il s'agit d' une surfa1.:e d'érosion de
pente longitudinale nette ( l à 5% en moyenne), constante ou légèrement concave,
mais de pente latérale nulle, sur laquelle le ruissellement diffus n'entraîne pas la
formation de lits encaissés individualisés mais peut être à l'origine d'une mince

pellicule d'alluvions (glacis couvert).

Gneiss
Roche métamorphique ressemblant au granite mais en différant par la présence d'une
schistosité importante (orientation parallèle des minéraux).

Granite
Roche magmatique acide cristallisée en profondeur, riche en silice cristallisée sous

forme de quartz (Si02), en aluminium, en potasse et en soude qui se trouve dans les
cristaux de feldspath. Trois minéraux la composent : le quartz, le feldspath et le

mica.
Graptolithe
Coelentéré hydrozoaire fossile ayant laissé ses empreintes dans diverses roches des

terrains paléozoïques.
Hawaïte

Roche magmatique faiblement basique (un peu plus de 50% de Si02) cristallisée en
surface.
Inlandsis
Vaste couverture glaciaire étalée sur un continent entier ou une fraction de continent.

Actuellement ne restent que les inlansis groenlandais et antarctiques ; ils furent plus
80

nombreux au cours du Quaternaire où ils occupaient de vastes territoires au Canada,

en Scandinavie et dans les Alpes. On connaît également des traces d'inlandsis

remontant à des périodes géologiques beaucoup plus anciennes, notamment en

Afrique, au Sahara central (Ordovicien) et en Afrique du Sud (Carbonifère).

Isostasie

Etat d'équilibre hydrostatique des masses continentales de la croüte terrestre

(composée de granites et de basaltes) reposant sur la surface du manteau supérieur,

zone composée de péridotites, roches ultrabasiques présentant une certaine viscosité.

Lapillis

Voir pyroclastique.

Métamorphisme

Changement qui intervient dans les roches par l'intervention, dans le cas général, de

la chaleur et de la pression agissant sur ces dernières lorsqu'elles se trouvent au­

dessous de la surface immédiate du sol.

Molasse

Roche détritique plus ou moins grossière composée de grès ou de conglomérats

provenant de sédiments déposés dans un bassin de subsidence bordant une zone

orogénique. Les molasses peuvent se déposer en contexte marin, lacustre ou fluviatile.

Monogéniaue

Qui n'a qu'une seule origine.

Moustérien

Civilisation préhistorique rattachable au Paléolithique moyen précédant l'Atérien au

Sahara.

Mugéarite

Roche magmatique faiblement basique (un peu plus de 50% de Si02) cristallisée en

surface.

Neck

Pointement rocheux occupant l'emplacement d'une ancienne cheminée volcanique

après démantèlement des sédiments encaissants, moins résistants, lorsque le


81

poi nteme nt est formé de conglomérats d'origine pyroclastique. Le neck s'o ppose au

c u lot formé de lave com pacte.

Orogenèse

Tout processus de plisseme nt, de charriage, d'effondrement ou de surélévation

aboutissant à la formatio n de chaî nes de mo ntagne. L'orogenèse s'oppose à

l'é piroge nèse (voir ce mot) par l'importa nce des déformatio ns tecto niques mises e n

cause.

Pédiplaine

La pédiplaine est le résultat d' une forme d'érosio n commu ne aux régio ns

méditerranée nnes, aux zo nes arides et aux savanes; il s'agit d'une surface de pente

presque nulle e n tous sens. Des cours d'eau temporaires peu ve nt la parcourir mais ne

s'y e nfo ncent pas. Les dé nivellatio ns sont minimes, de l'ordre du mètre.

P édogenèse

E nsemble des processus physico-chimiques liés à la formatio n et à l'évolution des sols

naturels. Les sols pre nne nt naissance et se transforment sous l'action de facteurs actifs

du milieu, tels que le climat et la végétatio n, aux dépe ns de la roche ou du sédiment

sous-jace nt. Au cours de cette évo lutio n, ils incorpore nt u ne certaine quantité de

matière organique dont les propriétés reflètent ces facteurs du milieu et subisent des

a ltératio ns chimiques diverses : oxydations des particules de fer, dissolutio n des

carbo nates, etc.

Pétrographie

Divisio n de la géologie qui étudie les roches et les mi néraux qui les constituent.

P honolite

Roche magmatique acide (60% e nviro n de Si02) cristallisée e n surface et comportant

des feldspaths et des fe ldspathoïdes. Les pho no lites sont des roches vertes c laires à

grises, assez massives, rareme nt bulleuses, qui se débitent e n da lles assez minces.

P ingo

Bombeme nt circu laire pou va nt atteindre plusieurs dizai nes de mètres de diamètre

formé par u n culot de glace morte subistant sous un sol ayant déjà développé une
82

couverture végétale . La couverture sédimentaire qui finit par se rompre à la fonte de

la glace peut présenter un petit cratère occupé parfois par un lac .

Pyroclastiaue

Littéralement, fragmenté par le feu. Les produits pyroclastiques sont des agglomérats

de roches volcaniques, cimentées ou non. D'après la granulométrie des éléments on

définit les termes suivants :

Roches meubles Roches cimentées

Moins de 2mm cendres cinéritt:s

De 2 à 30mm lapillis tufs volcaniques

Plus de 30mm blocs brèches volcaniques

Potassium Argon (datation par le)

Méthode de datation fondée sur le fait que le potassium radioactif (K40) présent dans

certaines roches éruptives se désintègre en donnant de l'argon (Ar40). Lorsqu'une

roche éruptive se solidifie il n'y a pas d'argon et celui-ci n'apparaît que

progressivement avec la désintégration du potassium. La demi-vie (ou période, voir

carbone 1 4) du potassium radioactif est très longue et atteint 1 , 3 milliard d'années. Il

faut 1 ,3 milliard d'années pour que la moitié du potassium radioactif d'une roche

volcanique qui vient de se consolider se transforme en argon. L'estimation du rapport

Ar40/K40 permet donc d'évaluer l'âge de formation des cristaux de la roche et de

dater cette roche .

Schiste

Roche métamorphique finement litée provenant de la transformation d'une argile.

Scolytes
Vers marins dont l ' ac tivité se marque par des formation s tabulaires
enchevê trée s ou verticales traversant les sédiments des faciès de
transi tion du Cambrien supérieur (partie supérieure de la formation
des Aj j ers ) .
83

Sol brun

Variété de sol d'origine essentiellement climatique se développant sous un climat

tropical semi aride à saisons alternées (saison des pluies, saison sèche) sous un couvert

végétal de type steppique.

Solifluxion

Processus qui consiste en un déplacement lent sur une pente d'une masse de matières

terreuses saturées et non gelées se comportant apparemment comme une masse

visqueuse sur une surface de matières gelées. Lorsque le rôle du gel dans ces

p rocessus est évident on parle de gélifluxion.

Stratovolcan

Volcan formé sous un régime d'alternance de phases explosives et de phases

effusives. Si on fait une coupe verticale dans l'appareil volcanique, on remarque une

alternance de strates riches en cendres et en bombes volcaniques et de strates formés

de coulées de laves. Les volcans résultant de ces éruptions, qui présentent

généralement une certaine rythmicité (éruptions stromboliennes), sont des cônes

simples, accolés, emboîtés ou égueulés.

Strombolien, cône

Voir stratovolcan

Tectonique

Etude des mouvements mécaniques de l'écorce terrestre : plisement, failles, etc.,

provenant des déplacements des masses continentales à la surface sur manteau

terrestre.

Terrasse

Portion de nappe alluviale à surface subhorizontale bien conservée mise en relief par

un creusement ultérieur de la vallée.

Tillite, till

Conglomérat d'origine glaciaire témoignant de la présence d'anciennes moraines.


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Trachyte

Roche magmatique acide (plus de 60% de Si02) cristallisée en surface s'opposant à la

syénite, roche magmatique acide cristallisée en profondeur. Roche à feldspaths seuls.

Trangression glacio-eustatigue

Avancée de la mer sur un continent liée aux modifications de volume d'un inlandsis

sous l'influence de facteurs climatiques. Le rapport entre l'altitude du niveau de la

mer et l'altitude du continent commandant ce phénomène dépend de facteurs

complexes, parmi lesquels il fout mentionner : la plasticité des fonds océaniques,

l'équilibre entre le volume de l'eau atmosphérique et de l'eau emprisonnée dans

l'inlandsis, l'isostasie du continent, l'attraction de la masse continentale s'exerçant sur

les marges océaniques.

Tu.lm
Les trapps sont des grands épanchements presque horizontaux de coulées minces de

laves fluides (le plus souvent des basaltes) issues de fissures et alternant en mille

feuille avec des lits de scories fines. Chaque "feuille" a une épaisseur de 50cm à 5m.

Les trapps peuvent former des plateaux subhorizontaux lorsqu'il y a démantelement

des anciennes coulées placées en position dominante par l'érosion.

Trilobites

Ordre de crustacés caractéristiques des terrains primaires. Le maximum de

développement des trilobites correspond au Silurien.

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