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COLLECTION NOUVELLE DE LA FRANCE DRAMATIQUE


(Série verte : Théâtre éttangcr)

UNE DEMANDE
EIV MARIAGE
Comédie en un acte

d'AivTOiv Tchékhov
traduite du russe par

A. CHABOiSEAV

1922

F rif^ WMè)É^ffeiifrâTfeM 2 ir»

TROISIÈME EDITION

LIBRAIRIE STOCK
PARIS Ci^, Éditeurs.
Oelamain, Boutelieau et
dkS7

J922
UNE DEMANDE EN MARIAGE
COMÉDIE EN UN ACTE
d'ANTON TCHÉKHOV
TRADUITE DU RUSSE PAR A. CHABOSEAU

PERSONNA GES :

STÉPANE STÊPANOVITCH TCHÉBOUKOF, gentilhomme campagnard, veuf;


NATALIA STÉPANOVNA. sa fiUe, vingt-cinq ans;
IVAN VASSILIÉVITCH LOMOF, autre gentilhomme campagnard, voisin des précédents, trente-cinq ans,
personnage débordant de santé.
LA SCÈNE SE PASSE VERS 189O, CHEZ TCHÉBOUKOF, DANS UN SALON.

SCÈNE PREMIÈRE TCHÉBOUKOF


TCHÉBOUKOF, LOMOF Pas mal non plus, mon ange. Et sûrement, je
le dois aux oraisons que vous multipliez en
(Lomof entre: il est en frac et ganté de blanc.)
ma faveur. Asseyez-vous, mettez-vous à votre
aise. Tout de même, ce n'est pas bien d'oublier
TCHéBOUKOF, s' empressant au-devant de lui
ses voisins comme vous le faisiez, ma colombe.
Enfin, le voici, ce cher Ivan Vassiliévitch ! Mais, dites-moi, vous êtes sur votre trente et un.
Que je suis heureux (Il lui serre les deux mains.)
! Habit, gants blancs... Vous allez à une réception,
C'est ce qui s'appelle une surprise, une char- mon bijou?
mante surprise. Comment allez-vous?
LOMOF
LOMOF Non je ne que pour venir chez vous,
suis sorti
;

Pas^trop^mal, merci. Et vous-même? inestimable Stépane Stépanovitch.


Tous droits réservés.
UNE DEMANDE EN MARIAGE
TCHÉBOUKOF dans cette pièce, alors que... Ce n'est pourtant
Alors,pourquoi diable ce frac? Nous n'en pas le moment de perdre la tête. Je cours cher-
sommes pas encore aux visites du premier de cher Natalia.
l'an. LOMOF, le retenant.

LOMOF
Inestimable Stépane Stépanovitch, pensez-
Vous de quoi il s'agit. (Il lui saisit
allez savoir vous que je puisse espérer d'elle une réponse
le bras). Je me suis rendu ici, inestimable Sté- favorable ?
pane Stépanovitch pour vous importuner
,

d'une prière. A plusieurs reprises déjà, j'ai eu TCHÉBOUKOF


l'occasion de solliciter votre concours, ou plu- Belle question Natalia éconduire un gaillard
!

tôt de faire appel à votre obligeance, et tou- de votre prestance! Je gagerais que déjà elle
jours vous... en somme... pour ainsi dire... raffole de vous. Patientez un instant.
Excusez-moi, je me sens un peu agité... Il faut
que j'avale un verre d'eau, inestimable Stépane (Il sort.)
Stépanovitch.
(Il boit.)

TCHÉBOUKOF, à fart. SCÈNE II


Il y a de l'emprunt dans l'air. Va, va, mon LOMOF
petit, tu n'auras pas un kopek. (Haut.) De quoi
s'agit-il au juste, mon bel ami?
LOMOF, seul.
LOMOF
J'ai froid. Je frissonne de la tête aux pieds,
Voici, inest... Stépanovitch, pardon, Stépane
Stépanovitch... Ohî... Ho! que je suis donc
comme jadis à la veille d'un examen... Le prin-
cipal, c'est de se décider. C'est dur, mais c'est
agité N'est-ce pas que je suis effroyablement
!

agité?... Bref, il n'y a que vous qui puissiez


urgent. A
force de réfléchir, et de se consulter,
et de discuter avec soi-même, et d'attendre son
m'aider en l'occurrence, bien que, je l'avoue, je
idéal et le grand amour, on n'arrive qu'à rester
n'aie rien fait pour avoir droit à avoir, je veux
vieux garçon... C'est égal, j'ai joliment froid...
dire à être...
Natalia Stépanovna est une parfaite femme
TCHÉBOUKOF d'intérieur, et puis elle n'est pas laide, elle a de
Ne tergiversez pas de la sorte, malheureux !
l'esprit.Que puis-je souhaiter de mieux?...
Expliquez-vous une bonne fois. Allons !
D'agitation en agitation, j'en ai des bourdonne-
ments plein les oreilles. (Il boit un verre d'eau.)
LOMOF Il faut absolument que je me range enfin.

Tout de suite. M'y voilà. (Précipitamment.) D'abord, j'ai trente-cinq ans, et c'est un âge
critique entre tous. Ensuite, j'ai grand besoin
Je suis venu vous demander la main de votre
fille Natalia Stépanovna. d'une existence soigneusement réglée. J'ai une
maladie de cœur, avec des palpitations à propos
TCHÉBOUKOF, exultant de joie. de tout et de rien. Je suis presque constamment
agité. Ainsi, en ce moment, mes lèvres tremblent,
O le plus délicieux des amis, répète ce que et j'ai un battement de la paupière supérieure
tu as proféré là, répète-le, car je crains d'avoir droite. Mais ce qu'il y a de plus atroce, c'est
mal entendu. mon sommeU. Ou plutôt, mon insomnie quasi
LOMOF, gravement. perpétuelle. A peine suis- je installé dans mon
lit, à peine commencé-je à m'assoupir, et, tic !

J'ai l'honneur de vous demander... un lancinement me prend dans le flanc droit,


pour me remonter dans la tête en passant par
TCHÉBOUKOF, l'interrompant.
l'épaule gauche. Je me lève comme un fou, je
Cher, très cher, vous me voyez transporté fais les cent pas. Au bout d'un quart d'heure,
d'aise. (Il lui donne accolade sur accolade.) souvent davantage, quand je crois mes nerfs
Aussi bien, il y a longtemps que je désirais matés, brisés, écrasés, je me recouche... et,
cette union. Que dis-je, elle a toujours été mon tic! cette fois, c'est dans le flanc gauche, et
rêve secret. Je vous ai toujours aimé comme un cela me remonte dans la tête en passant par
fils. Que le ciel vous accorde à tous deux... l'épaule droite. Et il y a des nuits où cela se
Bon qu'est-ce que je fais là, moi, à rester planté
! renouvelle jusqu'à vingt fois de chaque côtél
UNE DEMANDE EN MARIAGE
mère. La lignée des Lomof et celle des Tché-
boukof ont toujours entretenu les meilleures
SCÈNE III
relations. Sans compter que ma terre est con-
LOMOF, NATALIA tiguë à la vôtre. Vous ne l'ignorez pas, j'ai im pré
qui confine à votre bois de bouleaux.
NATALiA, entrant.
NATALIA
Ah! vous? Et papa qui me dit
c'est « Va :
Pardonnez vous interromps. Vous dites
si je :

au salon, tu y trouveras un négociant en je ne « J'ai un pré qui... » Comment l'entendez-vous?


sais quoi, qui tient à t'offrir ses services. » Bon-
jour, Ivan Vassiliévitch. LOMOF
LOMOF Hé ! il me semble que...

Bonjour, inestimable Natalia Stépanovna. NATALIA


NATALIA Il vous semble peut-être, en effet. Seulement,
ce pré est nôtre, et non pas vôtre.
Pardonnez-moi de me présenter en tablier.
J'étais à écosser des petits pois. Pourquoi LOMOF
êtes-vous resté si longtemps sans nous rendre Permettez, il est mien, inestimable Natalia
visite? Asseyez-vous donc. Vous allez goûter Stépanovna.
avec nous, n'est-ce pas? NATALIA
LOMOF Voilà du nouveau, par exemple 1 Et depuis
Non, merci je ne pr... mmmmmmnmi... entre
quand, s'il vous plaît, est-il à vous?
;

mes repas. LOMOF


NATALIA Vous confondez, je crois. Il s'agit du pré qui
Vous pouvez fumer, vous savez. Tenez, voici s'enfonce comme un coin entre votre bois et le
des allumettes. Le temps est splendide, aujour- marais.
d'hui. Ce n'est pas comme hier. Il a plu tant NATALIA
et tant. Que nos gens n'ont rien pu faire de la Eh bien ! oui, c'est cela. Ce pré est notre pré.
journée. Et chez vous, a-t-on eu beaucoup à
faucher? Moi, pendant qu'on y était, j'ai voulu LOMOF
que l'on couchât la prairie entière, et mainte- inestimable, que ce pré est
Je vous certifie,
nant j'ai peur que le temps... Il eût peut-être mon pré.
mieux valu attendre. Mais, à propos, vous êtes NATALIA
en habit. Qu'arrive-t-il? Vous allez au bal?
Soit dit en passant, vous êtes vraiment bien, Ivan Vassiliévitch, je fais appel à votre cons-
cience. Rentrez en vous-même, et dites-moi
ainsi.
depuis quand ce pré est à vous.
LOMOF, énormément agité.

Écoutez-moi, inestimable NataJia Stépanovna. LOMOF


Je voudrais que vous m'écoutiez, m'écoutassiez... Hé ! il a toujours appartenu à ma famille.
Vous allez sûrement vous étonner, sans doute
vous mettre en colère du même coup... Je... NATALIA
(A Ho j'ai un froid C'est trop fort !
fart.) I !

LOMOF
NATALIA Des actes sont pour l'établir. Je n'ignore

Je vous écoute. (Un silence.) Eh bien? pas que, dans le temps, il y a eu des histoires
au sujet de ce pré mais à présent, tout le
;

LOMOF monde sait qu'il est à nous. Nulle contestation


Je tâcherai d'être bref. Vous ne
l'ignorez pas, n'est admissible. Suivez-moi bien. La grand'mère
inestimable Natalia Stépanovna, il y a long- de ma tante avait donné ce pré aux paysans
temps, très longtemps, que j'ai l'honneur de du grand-père de votre père pour que le foin
connaître votre famille. Ma défunte tante et leur en servît à se faire des matelas. Les paysans
son mari, de qui, vous ne l'ignorez pas, j'ai du grand-père de votre père, ayant ainsi joui
hérité ma terre, professaient une estime sin- de ce pré durant une quarantaine d'années,
gulière pour votre père et pour votre défunte s'étaient habitués à le considérer comme leur
UNE DEMANDE EN MARIAGE
propriété, alors qu'il s'agissait d'un simple ne pas perdre un iota de ce qui est mien. Je
usufruit. Mais quand sonna l'heure de l'éman- suis comme ça, moi.
cipation...
LOMOF
NATALIA
Au fait, Natalia Stépanovna, ce pré ne me
Cela ne s'est point du tout passé ainsi que tient pas à cœur, et je vous l'offre volontiers,
vous le racontez. Non seulement mon grand- s'il vous agrée tant. Ce que j'en disais n'était
père, mais aussi mon arrière-grand-père, con-
que pour le principe.
sidéraient leur terre comme limitrophe du marais,
et comme englobant, par conséquent, le pré en
NATALIA
question. Il n'y a donc pas à discuter là-dessus,
et je ne comprends pas que... C'est exaspérant, Ne vous gênez pas, disposez de ce qui ne vous
à la fin des fins ! appartient point, faites -moi cadeau d'une
mienne propriété !... Tout cela est pour le moins
LOMOF étrange, Ivan Vassiliévith. Jusqu'à ce jour,
Je vous produirai les actes, Natalia Stépa- nous vous avions considéré comme un bon
novna. voisin. L'an dernier, nous vous avons prêté notre
batteuse, et il en est résulté que notre blé a
NATALIA dû attendre novembre. Et en guise de remer-
ciement, voilà que vous agissez avec nous en
Avouez plutôt que vous vous moquez de moi, Tatar, oui, en vrai Tatar. Oh non, vous n'êtes
!

ou que vous mentez. Est-il possible Voilà !


pas un bon voisin !

trois cents ans, pour le moins, que nous sommes


en possession de ce pré, et tout à coup on vient LOMOF
nous dire qu'U ne nous appartient pas Par- !

donnez-moi, Ivan Vassiliévitch, mais c'est à Courage, traitez-moi d'imposteur, pendant


n'en pas croire ses oreilles. Ce n'est pas que j'y que vous y êtes Sachez donc, mademoiselle,
!

tienne, moi, à ce pré. Il n'y a là pas plus de que de ma vie je ne me suis approprié les terres
cinq cents déciatines, et qui valent à peine de mon prochain, et que jamais je ne permettrai
trois cents roubles. Mais je ne saurais tolérer à qui que ce soit de formuler contre moi une
l'injustice. Vous direz ce que vous voudrez, accusation qui... (Il se verse précipitamment un
je ne la tolérerai pas !
verre d'eau et l'avale d'un trait.) En un mot
comme en mille, ce pré est à moi.
LOMOF NATALIA
Écoutez-moi, je vous en supplie. Les paysans Ce n'est pas vrai, il est à nous.
du grand-père de votre père, comme j'ai déjà
eu l'honneur de vous l'expliquer, confection- LOMOF
naient des matelas pour la grand'mère de ma A moi.
tante. Cette grand'mère, dans son désir de leur
rendre service... NATALIA

NATALIA Ce n'est pas vrai, et je vous le prouverai. Au-


jourd'hui, et pas plus tard, je vais le faire fau-
Grand-père, tante, grand'mère, c'est à n'y cher.
rien comprendre..., sinon que ce pré est à nous,
et voilà tout.
LOMOF
Qu'est-ce à dire?
LOMOF
NATALIA
A moi.
Oui, je vais y mettre mes faucheurs, et à
NATALIA l'instant même.
A nous. Vous pourriez passer là deux jours LOMOF
encore à tâcher de me le démontrer, vous pour- les chasserai.
Je
riez endosser dix fracs, et ce pré n'en serait
pas moins à nous, à nous, à nous, na Je n'en
! NATALIA
veux pas au bien d'autrui, mais j'entends aussi Vous n'oserez.
UNE DEMANDE EN MARIAGE
LOMOF, les deux mains crispés sur la poitrine. LOMOF
J'oserai. Pardon, à la gr...
NATALIA
TCHÉBOUKOF
Veuillez ne pas crier ainsi, je vous prie. Si
vous tenez à devenir enragé, que ce soit chez Oui, je sais, à la tante de votre gTEind'mère...
vous, au moins. Mais tant que vous serez ici,
je vous invite à rester convenable. LOMOF
Pard...
LOMOF TCHEBOUKOF
Mademoiselle, si je n'avais en ce moment Vous aurez beau faire, je parlerai. Si ces pay-
d'affreuses palpitations de cœur, si je n'éprou- sans ne payaient rien à qui que ce fût, c'était
vais aux tempes des tambourinements prodi- précisément parce que ce pré se trouvait en
gieux, je vous dirais certaines choses... (Criant litige. Mais maintenant, tout le monde sait
soudain.) Je vous dirais que ce pré est à moi. qu'il est à nous. D'ailleurs, reportez- vous au
cadastre.
NATALIA, criant aussi.
LOMOF
Et moi, je vous répondrais qu'il est à nous.
Je vous démontrerai que ce pré est mien.

TCHÉBOUKOF
SCÈNE IV Je vous en défie bien, mon bijou.

Les mêmes, TCHÉBOUKOF LOMOF


Nous verrons.

TCHÉBOUKOF, entrant. TCHEBOUKOF


Qu'y a-t-il? Qu'avez-vous à vociférer ainsi En tout cas, ma colombe, ce n'est pas avec
tous deux? des cris comme ceux que vous poussiez tout à
l'heure... Au reste, faites attention à ce que je
NATALIA vais vous dire. Si vous me contestez ce pré,
je le donne aux paysans.
Papa, explique, je te prie, à ce monsieur, à
qui appartient le pré qui est entre le bois de
LOMOF
bouleaux et le marais. Est-ce à lui? Est-ce à
nous? Il ferait beau voir que vous jouiez au généreux
TCHÉBOUKOF avec le bien d'autrui !

Hé ! ce pré est à nous, mon cher ami. TCHEBOUKOF


Ah mais, dites donc, jeune homme, je ne
!

LOMOF suis pas habitué à ce que l'on me parle sur ce


Permettez, Stépane Stépanovitch. Depuis ton. J'ai trente ans de plus que vous, et je vous
quand est-il à vous? Soyez raisonnable, vous, somme d'avoir à vous comporter à mon égard
du moins. La grand'mère de ma tante a donné avec déférence.
l'usufruit de ce pré aux paysans de votre grand-
LOMOF
père. Ces paysans en ont joui pendant quarante
ans comme s'il leur avait appartenu. Et puis... Décidément, vous me prenez pour un imbé-
cile.Vous déclarez vôtre une propriété qui est
TCHÉBOUKOF mienne, et vous exigez que je garde mon sang-
froid pour en causer avec vous
, Ce n'est pas
!

Permettez à votre tour, mon cher. Vous ainsi que se comportent de bons voisins, Stépane
oubliez que, si ces paysans ne payaient rien Stépanovitch. Non, vous n'êtes pas un bon voi-
à votre grand'mère... sin ; vous êtes un imposteur !
UNE DEMANDE EN MARIAGE
TCHEBOUKOF LOMOF, à part.

Hein, hein? qu'avez-vous dit? Je ne sens plus ma jambe gauche. (Haut.)


Vous un
intrigant. Ce n'est un secret pour
êtes
NATALIA personne que, lorsqu'il s'est agi de... (A part.)
Mes yeux se voilent, mon bras droit se... (Haut.)
A ta place, j'enverrais immédiatement fau- Mon chapeau, pour l'amom: du ciel, mon cha-
cher ce pré. peau !

TCHEBOUKOF TCHEBOUKOF
Qu'avez-vous dit, monsieur? Vous n'êtes qu'im faux bonhomme, et le
plus astucieux des individus Oui, vous n'êtes !

LOMOF qu'un individu Et je vous défends de remettre


!

les pieds chez moi


Je dis que vous entendrez parler de moi.
I
Il
y a des juges à
NATALIA
TCHEBOUKOF Allez au tribunal, allez ! Ah ! Ah Ah I !

Il n'y en aura jamais ni nulle part pour vous (Lomof sort.)


attribuer ce pré. Mais je vous reconnais là.
Vous n'atten(Ûez qu'un prétexte pour entamer
une procédure quelconque. Ah vous êtes bien
de votre famille !
!

SCÈNE V
LOMOF TCHEBOUKOF, NATALIA
Je vous défends d'insulter ma famille Tous !

mes ascendantsétaient des gens intègres. Aucun TCHEBOUKOF


d'eux n'a eu de liquidation judiciaire comme
Au diable, l'énergumène !

votre oncle.
TCHEBOUKOF NATALIA
N'empêche que tous étaient des aliénés. Quel scélérat ! Fiez-vous donc à vos voisins !

NATALIA TCHEBOUKOF
Oui, tous, tous, tous !
Le bandit ! Le monstre !

TCHEBOUKOF NATALIA
Votre grand-père buvait comm.e le sable, L'horreur Cela vous dévalise, et puis cela
!

et la cadette de vos tantes, Nastasia Mikhaï- vous insulte par-dessus le marché !

lovna, a pris la poudre d'escampette avec un


commis d'architecte. TCHEBOUKOF
LOMOF Penser qu'un pareil fléau osait se présenter
ici pour faire sa demande !

Vous êtes bien fier, vous, pour un fils de boi-


teuse ! (A part.) Oh! ces palpitations!... et NATALIA
ces bourdonnements dans les oreilles 1 (Haut.)
De l'eau Un verre d'eau
! ! Sa... Quelle demande, Papa?

TCHEBOUKOF TCHEBOUKOF
Voyez-moi ce fils de joueur, de libertin, de... Parbleu, une demande en mariage. Il voulait
t'épouser, cet animal, ce...
NATALIA
NATALIA
Et votre tante, cette vieille pimbêche, ah !

oui, parlons-en ! Ho ! pourquoi ne m'avais-tu pas prévenue?


UNE DEMANDE EN MARIAGE
TCHÉBOUKOF NATALIA
Et cela porte un frac ! Ce marcassin !
Je l'ai voulu, moi?

NATALIA TCHÉBOUKOF
Il voulait... m'épouser... lui... moi? (Elle s'af- Bon ! faut-il que les torts soient de mon côté?
faisse sur un fauteuil et se met à gémir.) Rappelle- (La porte s'ouvre.) C'est lui, je file.
le, rappelle-le ! Vite, vite !

(Il sort avec dignité.)


TCHÉBOUKOF
Qui veux-tu que je rappelle?

NATALIA
SCÈNE VIII
Lui, lui, Ivan Vassiliévitch. Ah ! je défaille !
NATALIA, LOMOF
Rappelle-le Je me sens m'en aller
! !

LOMOF, entrant, blême et chancelant,


TCHÉBOUKOF, prenant la
se tête à part
à pleines mains.
Palpitations... Bourdonnements... Je n'en
Malheureux que je suis Je devrais me pendre ! ! réchapperai pas.
ou au moins me couper la gorge !
NATALIA

NATALIA Nous nous sommes un peu échauffés, Ivan


Vassiliévitch. Pardonnez-moi, la mémoire m'est
Je meurs ! Rappelle-le !
revenue. Ce pré est vraiment vôtre.

TCHÉBOUKOF LOMOF
J 'y cours, ne hurle pas comme ça I

Ce pré, oui,... ce pré... [A part.) Et ce tic à la


(Il sort en hâte.) paupière supérieure gauche ! Voilà les deux
yeux pinces, à présent !

SCÈNE VI NATALIA
NATALIA, seule. Oui, ce pré est à vous, bien à vous. Asseyez-
vous donc. Les torts sont de notre côté.
Qu'avons-nous fait? Reviendra-t-il?
LOMOF
Mon Dieu, il n'y a là qu'une question de prin-
SCÈNE VII cipe. Ce
principe.
n'est pas à ce pré que je tiens, c'est au

NATALIA, TCHÉBOUKOF NATALIA


TCHÉBOUKOF, rentrant. Entendu. Voulez-vous que nous parlions
d'autre chose?
Le voici, et que le diable soit de lui !
Je te
laisse avec lui, car moi je ne veux plus... LOMOF

NATALIA Je vous amrais d'ailleurs apporté les actes


établissant que la grand'mère de votre père,
Où est-il, où est-il? non, de ma tante, avait donné à votre père, non,
à votre grand-père, c'est-à-dire...
TCHÉBOUKOF
NATALIA
Je te dis qu'il me suit. Ah ! c'est terrible
d'avoir une fille à marier. Nous avons insulté Cela suffit. Nous sommes d'accord. (A part.)
cet homme, nous l'avons chassé, nous l'avons... Comment le ramener à me parler de... (Haut.)
et tout cela parce que tu l'as voulu. Irez- vous bientôt à la chasse?
UNE DEMANDE EN MARIAGE
LOMOF rents de votre Ougadaï, ce vilain vieux je ne
sais quoi.
Je compte aller chasser la gelinotte, inesti-
mable Natalia Stépanovna, mais pas mainte- LOMOF
nant. J'attendrai la fin de la récolte. A propos,
vous avez appris la nouvelle? Mon Ougadaï,
Tout vieux qu'il est, je ne l'échangerais pas
contre cinq Otkataï. C'est un chien, lui, au lieu
vous savez, Ougadaï, il est devenu boiteux !
que votre Otkataï n'est qu'une bête quelconque.
Et puis, à quoi bon discuter Les Otkataï pul-
NATALIA !

lulent. Cela ne vaut pas plus de vingt-cinq


Quel malheur ! Que lui est-il donc arrivé? roubles.

NATALIA
LOMOF
Décidément, Ivan VassiHévitch, vous êtes
Je l'ignore. Il ou il aura été
se sera blessé, tourmenté aujourd'hui par le besoin de contre-
mordu par d'autres chiens. Une si bonne bête dire. Tout à l'heure, vous vous figuriez
!
que ce
Et qui m'a coûté si cher Je l'ai payé à Miranof
! pré était vôtre. A présent, vous prétendez
cent vingt-cinq roubles !
qu'Ougadaï est supérieur à Otkataï. Je n'aime
pas que l'on ne dise pas ce que l'on pense. Vous
NATALIA savez parfaitement qu'Otkataï vaut cent fois
plus que votre espèce d'Ougadaï. Alors, poiiir-
C'était trop, beaucoup trop, Ivan Vassilié- quoi parler en sens contraire?
vitch.

LOMOF
LOMOF
Il valait davantage, au contraire. Il n'a pas
son pareil. Je vois, Natalia Stépanovna, que vous me
prenez pour un être borné, que vous vous ima-
NATALIA gmez que j'ai la berlue. Mais, que diable, per-
sonne n'ignore que votre Otkataï n'a pas de
Mon père a acheté quatre-vingt-six roubles
flair.
son Otkataï, et vous conviendrez qu'Otkataï
est infiniment plus beau que votre Ougadaï. NATALIA

LOMOF Ce n'est pas vrai !

Otkataï plus beau qu'Ougadaï ! Oh! par LOMOF


exemple ! C'est légendaire.
NATALIA
NATALIA
Certes. Il est encore un peu
jeune, mais cela Ce n'est pas vrai !
n'empêche pas qu'il ait des formes plus élégantes
que votre chien.
LOMOF
LOMOF
De grâce, ne vous emportez pas ainsi, made-
On jurerait qu'il a eu la mâchoire inférieure moiselle.
rognée.
NATALIA
NATALIA
Et VOUS, de grâce, ne continuez pas à dire
L'avez-vous mesurée, cette mâchoire, avant des bêtises. C'est révoltant Oser comparer!

de la déclarer plus courte que celle d'Ougadaï? à Otkataï un chien qui n'est plus bon qu'à être
abattu !

LOMOF LOMOF
Je l'ai mesurée.
Excusez-moi, je ne puis discuter davantage,
NATALIA car mes palpitations me reprennent,
D'abord, notre Otkataï est de race. Son père
était lapriagaï, et sa mère, Stameska, NATALIA
tandis
qu on n'a jamais pu savoir qui étaient les pa- Vous n'aviez qu'à ne pas crier tant.
UNE DEMANDE EN MARIAGE
LOMOF TCHÉBOUKOF
Mademoiselle, par pitié, cessez ! Mon cœur va Ne vous agitez pas, mon ami, et écoutez-moi.
éclater ! Votre Ougadaï a beaucoup de qualités. Il est
de race il a de la prestance, il séduit l'œil...
NATALIA ;

Seulement, vous avouerez qu'il est vieux, et que


Je ne cesserai pas, ou bien, alors, avouez ce défaut-là n'est pas négligeable.
qu'Otkataï vaut cent fois plus qu'Ougadaï.
LOMOF
LOMOF Attendez une minute, je vous prie, car avec
Cent foismoins. Qu'il crève donc, votre chien, mes palpitations... Examinons de sang-froid
votre sale chien Aïe !la paupière !... Les
!
des faits précis. Vous n'êtes point sans vous
tempes!... Le flanc!... rappeler ce qui s'est passé à notre dernière
chasse chez Miranof. Ougadaï allait de front
NATALIA avec le Ramsaï de notre hôte, alors qu'Otkataï
était à une verste derrière eux.
Ougadaï n'a pas à crever, lui I C'est déjà une
demi-charogne. TCHÉBOUKOF
LOMOF Parbleu Le piqueur de Miranof lui avait
!

Au nom du ciel, un peu de donné une fouettée au moment du départ, et


silence !
Je vous
ledit piqueur suivait pas à pas son Ramsaï.
disque mon cœur va éclater !

NATALIA LOMOF

me Admettons. Mais, qu'est-il arrivé ensuite? La


Je ne tairai pas !

meute entière était lancée sur les foulées d'un


renard, la meute entière sauf... Otkataï, qui
courait après une brebis.

SCÈNE IX TCHÉBOUKOF
Les mêmes, TCHÉBOUKOF C'est faux, archifaux Tenez, ami, je sens la
!

moutarde qui me monte au


nez, il vaut mieux
TCHÉBOUKOF, qui entre effaré. laisser là unepareille discussion. Aussi bien, si
le piqueur avait fouetté mon chien, c'était par
Qu'y a-t-il encore? jalousie tout le monde m'envie Otkataï. Oui,
:

tout le monde, y compris vous... Je me souviens


NATALIA parfaitement que...
Papa, réponds-moi loyalement, selon ta cons- LOMOF
cience quel chien est le meilleur, d'Otkataï ou
:

d'Ougadaï? Moi aussi, il y a des choses dont je me sou-


viens parfaitement, et si je ne me retenais...
LOMOF
Stépane Stépanovitch, je vous en supphe, NATALIA
dites-moi un mot, un seul Otkataï a-t-il, oui
:

Ne vous retenez donc pas. Allons, débitez


ou non, la mâchoire inférieure plus courte que
vos histoires !

celle d'Ougadaï?
LOMOF
TCHÉBOUKOF
Et quand même elle serait plus courte, q^u'est- Je me retiendrai, parce que je ne sens plus
ce que cela peut faire? Otkataï n'en serait pas
ma jambe gauche, et que mon cœur est tout
près d'éclater.
moins le meillem: chien du pays.
NATALIA
LOMOF
Ah oui, vos palpitations. Pauvre chasseur
! I

Après Ougadaï, n'est-ce pas? Votre place est dans un fauteuil à oreillettes.
UNE DEMANDE EN MARIAGE
au coin du feu, avec de la tisane à votre portée. NATALIA
Pauvre chasseur î

Voyez-moi ce chasseur Serait-il même ca- !

TCHÉBOUKOF pable de se tenir encore en selle, je vous le de-


mande?... Papa, qu'est-ce qu'il a?... Regarde-le,
C'est vrai, aussi, avec vos palpitations Si ! Papa... Ivan Vassiliévitch !.... Il est mort!
seulement vous étiez un vrai chasseur Mais !

vous chevauchez toujours à l'écart, afin de pou- LOMOF


voir contester chaque pièce et de gâter le travail
des chiens d'autrui. Et puis, encore une fois, J'étouffe!... De l'air!...

laissons là cette discussion. Vous n'êtes pas un


vrai chasseur, voilà tout, et n'en parlons plus. NATALIA
Il est mort ! {Elle le secoue par une manche.)
LOMOF Ivan Vassil... Ivan Vass... Qu'avons-nous fait !

Et vous, vous prenez-vous donc pour un chas- Nous l'avons assassiné !

seur? Si vous ne vous écartez pas de Miranof,


(Elle tombe à la renverse sur le fauteuil, qui
c'estpour l'aduler, pour intriguer. Le mot est fait le pendant de celui où Lomof s'est affalé.)
lâché vous n'êtes qu'un intrigant
: !

TCHÉBOUKOF, entre les deux fauteuils.


TCHÉBOUKOF
Qu'est-ce qu'il a? Qu'est-ce que tu as? Qu'est-
Misérable, taisez-vous !
ce que vous avez?

LOMOF NATALIA

Oui, un intrigant !
Il meurt... Je meurs... Nous mourons...

TCHÉBOUKOF TCHÉBOUKOF
Polisson !
De l'air De l'eau Des médecins {Il appuie
! ! !

LOMOF un verre d'eau sur les lèvres de Lomof.) Buvez,


Vieux rat 1 saperlipopette Buvez donc Il ne boit pas. Lui
! !

qui aimait tant les verres d'eau Il ne boira


TCHEBOUKOF !

plus. Malheureux que je suis Pourquoi ai-je


I

Silence, ou je vous tords le cou comme à un attendu jusqu'à ce jour pour me pendre,
poulet ! m'égorger, m'étrangler, m'étouffer, me noyer,
LOMOF m'empoisonner avec le premier revolver venu !

Un poignard Qu'on me donne un poignard


!


!

Personne n'ignore oh mon cœur que — {Lomof remue.) Il ressuscite Tenez, buvez.

!


! !

votre défunte femme oh ma jambe



! !

vous battait oh je meurs ! ! LOMOF

TCHÉBOUKOF Où suis-je? Qui vois-je? Que deviens-je?

Et toi, tu vis sous la savate de ta gouvernante ! TCHÉBOUKOF

LOMOF Mariez-vous, et vite, et puis allez-vous-en


tous les deux au diable (// empoigne leurs !

Voilà, voilà, ça y est, mon cœur a éclaté, quatre mains et les unit.) Elle consent. Je vous
mon épaule se détache, je... je... Un médecin ! bénis. Et à présent, laissez-moi tranquille.

NATALIA LOMOF
Hou, hou, le vilain pistolet I Hein? EUe consent? Qui? A quoi?

LOMOF TCHÉBOUKOF
Un médecin !... un mé... Oui, oui, embrassez-vous, et déguerpissez,
(Il s'évanouit.) que je n'entende plus de pareils vacarmes.
UNE DEMANDE EN MARIAGE
NATALIA LOMOF
Il est vrai, je consens. Permettez, il vaut mieux que votre chien.

NATALIA
TCHÉBOUKOF
Si l'on peut dire I

Ah çà, allez-vous vous embrasser, à la fin des


fins? TCHÉBOUKOF
Continuez, mes
enfants. Mais ne comptez plus
LOMOF, après avoir embrassé Natalia. que m'en mêle. Ce sont là, désormais, des
je
histoires conjugales. Qu'on nous apporte du
Vous êtes bien bon... Mais, de quoi s'agit-il?...
Champagne, pour trinquer à l'harmonie de vos
Aïe, mes tempes et mes jambes!... Oh! je me
caractères
rappelle, je comprends. Natalia Stép... Ah que
!
!

je suis heureux !
LOMOF
Ougadaï...
NATALIA NATALIA
Otkataï...
Et moi aussi, je suis heureuse, Ivan Vassilié-
TCHÉBOUKOF
vitch. Seulement, convenez à présent qu'Ou-
gadaï ne vaut pas Otkataï. Du Champagne, du Champagne !

RIDEAU

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