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AVANT – PROPOS

Ce cours destiné à l’élève de la première année du cycle d’ingénieur,


représente un contenu nécessaire pour sa formation. Il constitue le module I du
traitement du signal. Je me suis forcé ici de faciliter la compréhension d’outils
mathématiques pour les besoins de la physique et surtout pour la théorie du signal.
J’ai introduit un chapitre pour les rappels afin de familiariser l’élève avec la
terminologie des fonctions analytiques. Aussi un bagage minimal d’analyse
fonctionnelle reste nécessaire pour l’abord de ce cours. Ceci fait l’objet du chapitre 3.
Pour un plus grand confort des élèves nous terminons ce cours par un chapitre 6 où
nous montrons les limites de la notion de fonction et nous introduisons un outil
puissant: les distributions.

J’ai essayé ici sachant que je m’adresse à l’ingénieur, d’abréger parfois


certaines notions trop théoriques, tout en veillant à ce que ce cours ne devienne pas
un recueil de recettes mathématiques. Faute de temps, il n’est pas toujours facile de
balayer l’ensemble des besoins. J’ai décidé ici d’omettre le développement du cours
en espérant un meilleur épanouissement de l’élève en classe. Les démonstrations et le
complément de ces chapitres seront l’objet d’un travail collectif. Chaque chapitre est
bordé d’une série d’exercices d’applications directes (sans solution) pour illustrer le
contenu de celui-ci, afin que l’élève fournisse une recherche personnelle et mesure
ainsi ses connaissances. J’espère par conséquent que le lecteur saura utiliser ce cours
à bon escient.

Je termine ce travail par un annexe où je montre que la transformée de


Fourier discrète n’est qu’une approximation. On expliquera aussi, entre autre,
comment échantillonner un signal en s’appuyant sur la théorie de Shannon.

Un deuxième fascicule fera l’objet de l’étude des probabilités et


statistiques et constituera le deuxième module pour les Mathématiques.

1
Enfin, je remercie mes anciens élèves qui, par leurs réactions, m’ont
amené à aborder autrement que prévu ce travail.

Prof: N. LHALOUI

2
SOMMAIRE

Avant-propos

Quelques rappels de topologie et d’analyse …………………………...4


I. Connexion …………………………………………………………………... 4
II . Arc paramétré et intégration sur un chemin ………… …………………....... 5
Exercices …………………………………………….……................................... 9

Variable complexe ………………………………………………… 10

I . - Dérivabilité …………………………………………………... 11
II . Théorème et formule de Cauchy …………………...……………… 17
III . Analycité des fonctions holomorphes ………………….. ………20
IV. Théorème des zéros isolés et séries de Laurent……………..……….29
V. Logarithmes complexes, puissances………………………………... 33
VI. Fonction méromorphe et théorème des résidus …………. ………… 40
Exercices …………………………………………………….………… ……….48

3
QUELQUES RAPPELS

1. CONNEXION

1.1 Définitions :
● Soit d une distance définie sur un ensemble E. On appelle ouvert de
l’espace
métrique (E,d) toute partie A qui est voisinage de chacun de ses points. Une
topologie de E notée (E,d) est l'ensemble des ouverts de E.

● On dit qu'un espace métrique (E,d) est connexe s'il n'est pas réunion
de deux
sous ensembles ouverts non vides disjoints. Il revint au même de dire que  et E
sont les
seules parties de E qui sont à la fois ouvertes et fermées :
En effet, si V est à la fois ouvert et fermé, non vide, et différent de E, V et
C
V constituent une partition de E en deux sous ensembles ouverts non vides
disjoints.

● On dira qu'une partie A d'un espace métrique E est connexe si le sous


espace
métrique A de E (muni de la métrique induite par celle de E) est connexe.

● On rappelle que A'  A est ouvert de A    ouvert de E tel que


A' =  A, c'est à dire que A' est la trace sur A d'un ouvert de E.
4
1.2 Proposition:
● L'image d'un ensemble connexe par une application continue est un
ensemble connexe.
● L'adhérence d'un ensemble connexe est un ensemble connexe.

1.3 Définitions :
● On appelle composante connexe d'un point a d'un espace métrique E,
la réunion de
tous les sous ensembles connexes de E contenant a. C'est aussi le plus grand sous-
ensemble connexe de E contenant a.
● Une partie A d'un espace métrique E est dite connexe par arc, si pour
tout
(x,y)  A², il existe une application f continue du segment [0,1] de R dans A tel
que,
x = f (0) , y =f(1).
● E est dit simplement connexe signifie au plutôt implique que E est
sans "trous".

Exemples :
* Le disque D = z  tq  z   1 est connexe. Il est simplement
connexe.
* La couronne C = z  tq 0<rzR / r < Rest connexe
par arc mais
pas simplement connexe.

2. ARC PARAMETRE ET INTEGRATION SUR UN CHEMIN :


2.1 Définitions :
Soit U un ouvert connexe de :

a- Un arc dans U est une fonction  : [a,b]  U, où [a,b] est un intervalle


de R, et 

5
de classe C1 : (a) (resp (b)) est l'origine (resp l'extrémité) de , et   Im( ) est
appelé support de .

1
(a). 2
(b) 3

b- Un chemin dans U est une juxtaposition d'un nombre fini d'arcs. Plus
précisément, c'est une application d'un intervalle [a,b] dans U, continue et C1 par
morceaux.
n n
On notera :     i ou  1 ,..., n  . Alors le support, Im     U  i est un
i 1 i 1

compact de .
c- On dit qu'un chemin  est fermé ou un lacet si (a), origine de ,
coïncide avec l'extrémité (b).
d- Chemin (-). - Soit  un chemin [a,b]  U. Soit 1 : [a,b]  U,
1(t) =  (b+a-t),
alors 1(a) = (b) et 1(b) = (a). On circule sur  1 dans le sens opposé à celui de
 , et on a  1 =  . On note 1 le chemin opposé (-) à .
e- Chemin orienté  de classe C 1 - Il sera une classe de représentations
paramétriques
de classe C1 toutes équivalentes 1, 2,..., n. Considérons 1 et 2 définis
respectivement sur
[t0, t1] et sur [u0 ,u1] elles seront dites équivalentes s'il existe un homéomorphisme
h: [u0, u1]  [t0, t1] qui vérifie: h'(u)  0 et 2 = 1  h
On vérifie aisément les axiomes d'une relation d'équivalence.

Remarque :
Si  est un chemin orienté, (-) possède l'orientation opposée.
f- Chemin non orienté ~ . Si 1 est une paramétrisation d'un chemin

6
orienté  , ~ sera définie par une classe d'équivalence: 1 et 2 définies
respectivement sur
[t0, t1] et [u0,u1] équivalentes :
 h: [u0,u1]  [t0, t1] tel que 2 = 1oh et que h'(t) soit continue et non nulle
(donc de signe constant + ou -). ~ est définie aussi par une classe
d'équivalence contenant une représentation de (-). On a donc un chemin sans
orientation ~ . Autrement dit à ~ correspond deux chemins orientés
d'orientations opposées.

2.2 Intégration :
a- Soit f : [a,b]  , une application continue, Soit f1 = Re (f) , f2 = Im (f).
On pose :
b b b
a f (t )dt  a f1 (t )dt  i a f 2 (t )dt
b- Soit  : [a,b]  U, un arc dans l'ouvert U de , et f :   continue.
On pose :
b
 f   f ( z ) dz  a ( f o )(t )  ' (t ) dt
n
c- Soit  un chemin dans U,     i ( = arc). On pose :
i
i 1
n
 f    f
i 1
On a :
b
y f ( z ) dz  a ( fo  (t ) )  ' (t ) dt

2.3 Propositions :
Soit f : [a,b]  , continue, alors :

7
b b
1- a f (t ) dt  a f (t ) dt .

s
2- L'application [a,b]  , s a f (t ) dt est dérivable et de dérivée f.
2.4 Définitions :
Soit  un arc : [a,b]  U, alors  '(t ) est une fonction continue de t. On
pose
b
 ( )  a  '(t ) dt c'est la longueur de .
Si  est un chemin, somme des arcs i, on a :
( )  ( i )
i
2.5 Corollaire :
Soit  un chemin dans U, et f continue sur  , on pose f   Sup f (z )
z 
, alors :

 f  f  ( )

2.6 Théorème :
Soit  un chemin dans U, et soit (fn) une suite de fonctions :  , qui
converge uniformément vers une fonction f sur . Alors :

 f n converge vers  f
On a la même chose avec les séries de fonctions.

2.7 Intégrale sur le chemin (-).


On a :

 f   f

8
EXERCICE 1 :
Montrer que E connexe par arc  E connexe.

EXERCICE 2 :
Montrer que E est connexe   f continue, f : E  {0 , 1} est constante.

EXERCICE 3 :
Soit  un ouvert non vide de . Montrer que si  est connexe alors 
est connexe
par arc. .

EXERCICE 4 :
Exhiber un exemple de connexe qui ne soit pas connexe par arc.

EXERCICE 5 :
Montrer que les parties connexes de R sont les intervalles de R.

EXERCICE 6 :
L'intervalle I= [0,1]  R et l’ensemble V = {z  tq z = 1} sont-ils
homéomorphes ?

EXERCICE 7 :
Montrer que la réunion d'une famille d'ensembles connexes dont
l'intersection n'est pas vide est un ensemble connexe.

9
CHAPITRE I
VARIABLE COMPLEXE

10
I- - DERIVABILITE

1.1 Quelques Notations :


désignera le corps des complexes; pour z  , Re(z) et Im(z) seront
*
les parties réelle et imaginaire de z. = - {0} désignera le groupe
*
multiplicatif des nombres complexes non nuls, si z  son argument défini à
2k  près sera noté arg z tandis que la notation Arg z sera utilisée lorsqu'on
conviendra de prendre arg z dans un intervalle
]  ,  + 2  [. L'argument de zéro est indéterminé. Si z  x  i y   e i    0 , le
réel    x ²  y ²   z z   z avec z  x  i y conjugué de z. Enfin, on définit
1/ 2 1/ 2

classiquement le disque ouvert par :


D  a , r   z  / z a r , D a,r  sera sa fermeture.

1.2 Fonction complexe d'une variable complexe :


C'est une application z f (z) d'une partie A de dans . On
associe classiquement à la fonction f de z  x  i y  A les deux fonctions réelles P et
Q des variables réelles x et y, bien définies par :
P ( x , y)  Re  f ( x  iy )  et Q ( x , y )  Im  f ( x  iy ) i. e
f ( x  iy )  P ( x, y )  i Q ( x , y )  F ( x , y )
1.3 Continuité :
Les définitions relatives aux limites et aux continuités sont les mêmes que
dans le cas d'une variable réelle. Une fonction f définie dans un disque de centre
z0, est continue au point z0 si :
   0 ,   0 tq z  z0    f ( z)  f ( z0 )  

On vérifiera que f ( x  iy)  P ( x, y)  iQ ( x, y) est continue en z0  x0  iy0 si et


seulement si les deux fonctions P ( x, y) et Q ( x, y) sont continues au point ( x0 , y0 ) .
1.4 Différentiabilité :
Les dérivées partielles de la fonction f par rapport aux variables réelles x
et y seront définies (si elles existent) par :

11
f P Q F
( x  iy)  ( x, y )  i ( x, y )  ( x, y )
x x x x
f P Q F
( x  iy)  ( x, y )  i ( x, y )  ( x, y )
y y y y

k
Si P et Q sont différentiables de classe C on dira que f est R-
différentiable de classe C k .

1.5 - Dérivabilité (ou holomorphie) en un point :


Soit U un ouvert de et z 0 U , pour w  0 tel que z 0  w  U . On dit
1
que f admet une dérivée au point z0 si le rapport
w
 
f ( z0  w)  f ( z0 ) tend vers
une Limite ne dépendant que de z0, lorsque w tend vers 0. Cette dérivée est un
df
nombre complexe noté f ' ( z0 ) ou ( z ) . Elle est aussi appelée - dérivée. Si
dz 0
d P f d  d P 1 f 
toutes les - dérivées de f existent, on a :    . Une fonction -
d z P d z  d z P1 
dérivable en z0 est évidemment continue en z0 .
On dira plutôt fonction holomorphe au lieu de - dérivable. Notons
aussi qu'une fonction holomorphe est une condition très forte imposée à la
fonction puisque w, peut tendre d'une infinité de façons, vers zéro.
1.6 Remarque fondamentale :
L'existence des dérivées partielles par rapport à x et y n'entraîne
nullement l'existence d'une dérivée par rapport à z. En effet, la fonction
f ( z)  z  x  i y  P( x , y )  x ; Q( x , y)   y est R-différentiable de classe C
puisque P et Q sont linéaires. Et pourtant, si w  0 et si  est un argument de w :
f ( z  w)  f ( z ) w 2 i
 e
w w

Donc si w 0 le long d'une demi-droite d'argument  la limite e 2 i existe


mais elle dépend de  donc de la manière dont w 0 . Cette fonction n'est donc
holomorphe en aucun point.

12
1.7 Algèbre des fonctions - Dérivables en un point :
Appelons EC l'espace des fonctions complexes définies dans un ouvert
connexe U de et holomorphes en un point c de U ; EC possède une structure
évidente d'espace vectoriel et, de plus, pour f E C , g E C et   on a :
d ( f  g) df dg
(1) (c)  ( c)  ( c)
dz dz dz
d ( f ) df
(2) (c)   ( c)
dz dz

EC possède une structure d'algèbre du fait que f E C , g E C entraîne


f .g  EC .

En effet : on a, pour z  U, z  c
( f g ) ( z )  ( f g )(c) g ( z )  g ( c) f ( z )  f ( c)
 f ( z)  g ( c)
zc zc zc

et lorsque z  c le second membre tend bien vers une limite donc le premier
aussi et
l'on a :
d ( f g)
(3) (c)  f ( c) g '(c)  f '(c) g (c)
dz

Une fonction g inversible dans U est une fonction sans zéros, et son
inverse 1/g est, comme on le vérifie encore par la même méthode que pour la
dérivation ordinaire, une fonction holomorphe en c, avec :
d  1 g ' ( c)
( 4)   ( c)   2
d z  g g ( c)

d'où
d f f '(c) g (c)  f (c) g '(c)
(5)   (c) 
d z g g 2 ( c)

On en déduit que l'ensemble E noté H(U) des fonctions holomorphes en


tout point de U, possède une structure d'algèbre et les relations de (1) à (5) sont
vérifiées en tout point c
de U.
En particulier pour p > n la dérivée p-ième de zn est nulle et pour p 
n on a :

13
dP n dn n
z  n(n  1)...(n  p  1) z n  p donc z  n!
dz P dz n
On définit aussi la fonction composée comme dans le cas réel.
f g
z w Z

et on a : ( gof )' ( z)  g '  f ( z )  f ' ( z)

1.8 Conditions de Cauchy-Riemann :


Problème : Y-a-t-il donc une relation (simple) entre l'holomorphie de
f ( z )  P ( x , y)  i Q ( x , y) et les fonctions P et Q ?

Théorème :
f étant supposée R-différentiable de classe C 1 et défini, comme plus haut,
pour z  x  i y U , par :

(1) f ( z )  P( x , y )  i Q ( x , y )  F ( x , y ) 
Pour que f soit holomorphe en z il faut et il suffit que soient vérifiées les
conditions de Cauchy-Riemann
 P Q
  x ( x, y)   y ( x, y )

( 2) 
  P ( x, y)    Q ( x, y)
  y x

1.9 Forme complexe des conditions de Cauchy :


Les dérivées partielles :
f f
f x' ( z)  ( z) et ( z)  f y' ( z)
x y
 P Q  P Q
existent en un point z si et seulement si , , , existent au point (x,y).
x x y y
On a :
  
f x' ( z )  i f y' ( z )  Px' ( x , y )  Q y' ( x , y )  i Py' ( x , y )  Q x' ( x , y ) 

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cette quantité est nulle si et seulement si les conditions de Cauchy sont vérifiées.
Donc les conditions de Cauchy sont équivalentes à la condition suivante (forme
complexe des conditions de Cauchy) :
f x' ( z )  i f y' ( z )  0

1.10 Fonctions harmoniques de deux variables réelles :


Soit g une fonction R-différentiable de classe C 2, à valeurs réelles ou
complexes, définie dans un ouvert connexe U de . Son Laplacien est la
fonction continue :
²g ²g
g (x, y)  (x , y)
 x²  y²
g est dite harmonique dans U lorsque  g y est nul.
Notons que toute constante, toute forme linéaire est harmonique; Les
fonctions harmoniques dan U forment un espace vectoriel sur .
Théorème :
Toute fonction f holomorphe dans U y est harmonique ainsi que ses
parties réelle et imaginaire pure. Inversement d'ailleurs, soit P(x,y) une fonction
harmonique dans un ouvert

U simplement connexe. Alors P(x,y) est la partie réelle d'une fonction


holomorphe f définie sur U, de plus f est unique à une constante imaginaire pure
près.
1.11 Remarque :
Contrairement aux fonctions d'une variable réelle, on montrera plus loin
qu'une fonction holomorphe dans un ouvert connexe est automatiquement
indéfiniment - dérivable en tout point de ce domaine. C'est sûrement la
propriété la plus remarquable des fonctions holomorphes.
1.12 Fonctions méromorphes. Holomorphie à l'infini :
On dit qu'une fonction f à valeurs dans =    , définie au
voisinage d'un point z0  est méromorphe en z0 si l'une au moins des
1
fonctions f et est holomorphe en z0 ; f est alors holomorphe en z0 si f ( z0 )   ;
f
Si f ( z0 )   on dit que z0 est un pôle de f.
15
EXERCICE 1 :
Etudier la - dérivabilité de la fonction f de la variable z = x + iy
définie par :
 x3  y3 x3  y3
 i si z 0
f : z   x2  y2 x2  y2

0 sinon
Que remarque - t -on?

EXERCICE 2 :
Montrer que les conditions de Cauchy en coordonnées polaires (r,)
s'expriment par :
 P 1Q
 r ( r , )  (r, )
 r 
f (r, )  P(r, )i Q(r, ) 
1  P (r, )    Q (r, ) r 0
 r   r
Trouver alors les fonctions holomorphes de la variable complexe z = x + i
y dont la partie réelle ne dépend que de r  z .

EXERCICE 3 :
Montrer qu'il existe une fonction holomorphe f dont la partie réelle est
P( x, y)  x ²  y ² .
Expliciter f.

EXERCICE 4 :
Soit f une fonction R-différentiable de classe C1 en z0. Montrer que f est
f
holomorphe en z0 si et seulement si ( z )0
z 0

16
2. THEOREME ET FORMULE DE CAUCHY

Dans le cas d'une fonction f : [a,b]  R, continue, on sait que f admet


une primitive F sur [a,b], c'est à dire, F' = f sur [a,b]. Nous verrons qu'il n'en est
pas de même si f est à valeurs non réelles.
2.1 Lemme :
Soit f une fonction continue : U  où U est un ouvert connexe de .
Si f admet une primitive F sur U, alors pour tout chemin  dans U,  f ne

dépend que des extrémités de . Plus précisément :

 f  F ( z1 )F ( z0 )

où z0 est l'origine de , et z1 est son extrémité.

2.2 Proposition :
Soit f continue sur un ouvert connexe U de . Les conditions suivantes
sont équivalentes :
1) Pour tous chemins  1 , 2 de même origine et même extrémité, on a
 1 f  f.

2

2) Pour tout lacet  dans U, on a  f 0 .

2.3 Exemple :
* F ( z )  z ² est une primitive de f ( z )  2 z sur tout .
* f ( z )  1 z n'a pas de primitive autour de z = 0.
En vertu du lemme 2.1 et de la proposition 2.2, on a :
2.4 Corollaire
Il n'existe pas de logarithme défini dans *.
2.5 Théorème
Soit U un ouvert connexe de , f :U continue. Alors les
énoncés suivants sont équivalents

17
a) Pour tout lacet  dans U,  f0

b) f admet une primitive dans U.

2.6 Théorème :
Soit D un disque ouvert non vide, a un point de D, f une fonction
holomorphe sur D   a . On suppose ( z  a) f ( z )0 quand za , z a .
Alors pour tout lacet  dans D   a , on a :

 f 0

2.7 Théorème : (Formule intégrale de Cauchy)


Dans les conditions du théorème 2.1, On suppose de plus que f est
holomorphe sur tout D. Alors :
dz f (z)
1- f (a )   dz
 z a  z a

2- Si  est un cercle contenant a dans son "intérieur" alors :


1 f (z)
f (a )  
2i  z a
dz

2.8 Remarques :
a) Les théorèmes 2.6 et 2.7 sont équivalents, pour les fonctions
holomorphes sur tout l'ouvert D.
b) La formule de l'intégrale de Cauchy révèle une propriété
remarquable des
fonctions holomorphes.
A ce stade, on pourra aussi énoncer :
2.9 Proposition : (Formule de Cauchy pour les dérivées)
Si f est holomorphe dans un ouvert U, Si  est un cercle de centre a

orienté positivement et dont "l’intérieur" est aussi dans U, alors pN f (o)  f ,
on a :
P! f ( z)
f ( p ) (a )   dz
2i  ( z  a) p 1
La démonstration sera faite dans le paragraphe suivant.
18
EXERCICE 1 :
Soit f holomorphe dans le disque z  R avec R > 1. Montrer que :
2 2  ei  
a- I  
 0
f ( ) cos ² d   2 f (0) f ' (0)
2
2 2 ei 
 0
b- J  f ( ) sin ² d   2 f (0) f ' (0)
2

EXERCICE 2 :
cos z
Calculer I ( z 0 )  d z où  est un lacet.
 (z z ) 6
0

EXERCICE 3 :
f g
Les fonctions z  e1 / z et z  e1 / z  1 z admettent-elles des primitives
sur
*
? Justifier.

19
3. ANALYCITE DES FONCTIONS HOLOMORPHES

3.1 Anneau des séries entières :


Une série entière f sur , est une expression formelle  a n z n , avec
n0
z indéterminée sur . Les an sont appelés les coefficients de f , dans . On

notera f ( z ) :   an z n . Soient f ( z ) :   a n z n et g ( z) :   b z n deux séries


n0 n0 n0 n

entières, on définit :
1/ La somme f + g par  f  g  ( z ) :   a n bn  z n
n0

2/ Le produit f . g par  f .g  ( z ) :   cn z n avec cn   a p bq


n0 p  q n

Proposition :
L'ensemble [[z]] des séries entières sur , muni des opérations ci-
dessus, est une - algèbre. Les éléments invisibles de l'anneau [[z]] sont les
séries avec terme constant non nul.

3.2 Définitions :
N
Soit z  A  , on note S N ( z )  a n z n (somme partielle). Si
n 0
n
f ( z ):  a n z , on dit que f converge en z (resp. converge absolument en z) si la
n 0
N
suite SN converge (resp.  an z n converge absolument en z). On note alors f(z)
n 0

la somme  a n z n et on écrit f ( z)   an z n .
n0 n 0

La série est dite simplement convergente sur A si elle converge en tout z


 A.
La série est dite uniformément convergente sur A si elle est simplement
convergente sur A et si :
 0 ,N ( ) tq N N ( ) et zA, f ( z)S N ( z)  RN ( z)  
La série est dite normalement convergente sur A si :

20
 zA, a n z n   n ( à partir dun certain rang) et  n est le terme général
d'une série convergente.
3.3 Exemples :

z 2 n
e z z
 1 z  ... ...
2 n!

2 4 2n
z z n z
cos z  1   ...  (  1)  ...
2 4! ( 2 n )!

3 5 2n  1
z z n z
sin z  z    . ..  (  1)  . ..
3! 5! ( 2 n  1)!

3 5 2n  1
z z z
sh z  z    ...   ...
3! 5! ( 2 n  1)!

2 4 2n
z z z
ch z  1    . ..   ...
2 4! ( 2 n )!

  ( 1)  ( 1)...( n  1) n
(1 z )  1 z  z ²  ...  z  ...
2 n!

3.4 Proposition :
a) Une série normalement convergente dans A est absolument et
uniformément convergente dans A.
b) La réciproque est fausse.

3.5 Théorème d'Abel (1802-1829):


Soit f ( z ) :   a n z n . Si f converge en z0 ( z0  0) , alors f converge
n0

normalement sur tout disque D (o, r ) avec o  r  z0 .


3.6 Théorème (rayon de convergence) :
Soit f ( z ) :   a n z n et R  R 
n0

1- Il existe un élément unique R de 0,  , tel que :


i) z  R  la série diverge en z
21
ii) z  R  la série converge normalement en z.

2- On a :
 
RSup r  0 tq  an z n converge 
 n 
1

lim  a n n 
1

 
an
 lim , si cette limite existe
n  a
n 1

Le nombre R (ou + ) est appelé rayon de convergence de f, et noté R(f).


Le disque (ouvert) D (o, R ( f )) est appelé disque de convergence. Si R ( f )  0 on dit
que la série entière f est convergente.
Donc une série entière est ou bien converge normalement (sur tout disque
contenu dans D(o, R) ) ou bien diverge (à l’extérieur de D(o, R) ). La convergence
simple ne peut être envisagée que sur le bord du disque.

3.7 Lemme : On a
R ( f )  R  D( f ) où D( f ) est la série dérivée de f.

3.8 Théorème :
Soit f (z )   an z n , de rayon de convergence R > 0. Soit  avec
n0

0   R .

Soit f la fonction : z   a n z n , de D(o,  ) dans .


n0

1- f est continue
2- f est dérivable, et on a f ' ( z )D( f )( z )
3- La fonction f est nulle si et seulement si la série f est nulle, ie
n, a n 0

4- Si f (0)  0 , il existe un réel s, avec 0s R tel que z , z s  f ( z )0 .

22
3.9 Corollaire :
Sous les hypothèses du théorème ci dessus, la fonction f est indéfiniment
dérivable en
z = 0, et on a :
(n)
f (0)
n, an 
n!
3.10 Fonctions analytiques :
Soit f une fonction définie dans un voisinage de z z0 . On dit que f est
analytique
en z0 , s'il existe une série de Taylor  an z  z 0 n , convergente dans un voisinage V
n0

de z0 , et de somme f(z) dans ce voisinage.


Ceci signifie que la série  a n z  z 0 n est unique. De plus f est
n0

indéfiniment dérivable en z0 , et l'on a :


n, f ( n ) ( z 0 )  n! an

On notera qu'une fonction R-dérivable de classe C  n'est pas forcement


analytique
 
1 
 x 2 
x  e  . Nous allons voir que dans le cas complexe c'est totalement
 
 
différent puisque la seule existence de la -dérivée en chaque point entraîne
l'analyticité.

3.11 Théorème :
a- Une fonction holomorphe dans un ouvert U de y est -
analytique.
b- Une fonction f holomorphe dans un disque ouvert D ( z 0 , R ) y admet un
développement en série de Taylor :

(1) f ( z )  a n ( z  z 0 ) n
n 0

23
Avec :
1 f(z)
(2) an 
2i C ( z  z 0 ) n1
dz

où C est un cercle fixe quelconque de centre z0 et de rayon  tq 0   R


orienté
positivement.

3.12 Remarque :
Si f est holomorphe (i.e –dérivable) sur un ouvert U  alors f est
indéfiniment
-dérivable sur U. Voilà une propriété remarquable de la définition de -
dérivée cette propriété est fausse bien entendu dans le cas réel.

3.13 Corollaire : (Formule de Cauchy pour les dérivées)


Si f est holomorphe dans un ouvert U, si C  U est un cercle de centre
z0, orienté positivement et dont l'intérieur et aussi dans U, alors pour tout p N
on a :
p! f(z)
f ( p ) ( z0 ) 
2i C ( zz0 ) p1 dz

3.14 Définition :
On dit qu'une fonction f est entière si elle est définie et analytique sur
tout .

Exemples :
Pn ( z )  a0  a1z ... a n z n
f (z)  e z
eiz  e iz e z e  z
cos z  , sin z , shz  , chz
2 2

3.15 Corollaire : (théorème de Liouville)


Une fonction entière bornée sur est constante.
24
Il en résulte qu'une fonction entière qui n'est pas une constante n'est pas
bornée. Par exemple z  sin z .

3.16 Théorème d'Alembert (1717-1783):


Un polynôme Pn (z) de degré n  1 , a n racines dans ,
chacune est comptée avec son ordre de multiplicité.

25
EXERCICE 1 :
Soit la série de fonctions de la variable complexe z et de terme général :
e inz
un ( z) 
n

1°) Quel est le domaine de convergence absolue de  u n ( z ) ?
n 1

2°) Quel est le domaine de convergence D de cette série. Si zD , on note S (z ) la


somme de la série.
3°) Soient x0 ,y0 deux réels > 0 avec x0  et F ( x0 , y 0 ) le sous ensemble de
défini par les relations :
a) Im z0 ; b) 0Re( z ) ; c) Im z y0 ou Re( z ) x0

Montrer que  u n ( z ) converge uniformément sur F ( x0 , y 0 )
n 1

4°) Montrer que S(z) est continue sur D.

EXERCICE 2 :
Soit a  R , a  1 ,   R
1°) Montrer que  a n cos n converge et trouve sa somme.
n 0

2°) Même chose pour  a n sin n .


n0

EXERCICE 3 :
Soit f une fonction holomorphe dans le disque z R .

a- Evaluer l'intégrale I r 
1 2
2 0
f r e i
2
 
d où r  R

(Ind : écrire f sous forme d'une série entière)


M (r )
b- En déduire la majoration des coefficients a p ( p N) de f : ap 
rp

26
où M(r) = s u p  f (z )
z r

EXERCICE 4 :
(1) n
Montrer que  est continue sur  Z .
n0
zn

EXERCICE 5 :
n
 z 
Déterminer le domaine de convergence de la série   1  z 
n 0

EXERCICE 6 :
Trouver les rayons de convergence des séries U n suivantes :
n 0

n! n
a- U n  z n 1
nn

b- U n  2 n z n!
a n si n pair
n
c- U n  a n z avec a n  
b n si n impair

EXERCICE 7 :
1°) Développer en série entière au V0 la fonction :
1
f ( z)  z ,  R
1  2 z cos   z ²

2°) Rayon de convergence de la série obtenue


EXERCICE 8 :
1
Montrer que si f est analytique en z0 avec f ( z 0 )  0 , alors est
f
analytique en z 0 .

EXERCICE 9 :
 1z²
Etudier l’analycité de la fonction z  e au voisinage de zéro.

27
EXERCICE 10 :

2 d
Calculer I  0 a >1
a  sin 

28
4 .THEOREME DES ZEROS ISOLES
ET SERIE DE LAURENT

4.1 DEFINITIONS :
Soit f une fonction holomorphe dans un ouvert U de. Soit   0 et
D (c,  ) le disque centré en c et de rayon  . Si D (c ,  )  U et :
  n
n ( n) (c ) ( z  c )
(1) f (z)   n
a ( z  c )  f
n!
n0 n0

son développement en série dans D (c ,  ) . Supposons donc que f ne soit pas


identiquement nulle dans D (c ,  ) mais que f (c)  a0  0 ; il existera q  1 tel que :

f ( p ) (c ) f (q )
( 2) pour p  q ap  0 et que aq  (c )  0
p! q!

L’entier q  1 s’appelle l’ordre du zéro c de f.


On dira que c est un zéro isolé s’il existe  0  0 tel que dans D (c ,  0 ) , c
soit le seul zéro de f.
4.2 Remarque :
La fonction non holomorphe f ( x  iy )  x dont les zéros sont tous les
imaginaires purs, cette condition n’est pas vérifiée.
4.3 Lemme :
Si f  H (U ) ; f (c)  0 et si f n’est identiquement nulle dans aucun
disque ouvert D (c ,  ) alors c est un zéro isolé.
On montre en faite :
4.4 Théorème des zéros isolés :
Si f est holomorphe dans un ouvert connexe U, ou bien f y est
identiquement nulle ou bien chacun de ses zéros (s’il y en a) est iso4.5
Corollaire : (Principe du prolongement analytique)
Soient U et V deux ouverts de , V  U , U connexe et V non vide ; si f
est holomorphe dans V, il existe au plus une fonction holomorphe F
prolongeant f dans U, i.e  zV on ait F ( z )  f ( z ) .

29
4.5 Série de Laurent :
Soit f une fonction analytique dans un disque D sauf peut être en son
centre a. On dit alors que a est un point singulier isolé de f. On dit que a est un
point régulier pour f s’il existe une fonction analytique dans D, qui prolonge f.
Pour l’étude des singularités isolés d’une fonction analytique, on introduit
une nouvelle notion : les séries de Laurent.
Nous verrons par exemple que les fonctions log z et z ne relèvent pas de
cette étude.
Considérons une famille de fonctions, indexée par Z,
f :  ck ( z  a) k ck , a 
k Z

On lui associe les séries :



1) f1 :   cn ( z  a) n série entière en ( z  a )
n0

0
1
2) f2 :  c n ( z  a) n série entière en
za
n  

 1 
Soit R1  Resp.  le rayon de convergence de f1 Resp. f 2  ..
 R 2 
4.6 Définition :
Une famille  c ( z  a )n  , sommable sur une couronne
 n  nZ
r  z  a  R , R0

est dite série de Laurent, et notée, ainsi que sa somme,  c n ( z  a) n .


nZ
4.7 Proposition :
a- Si la famille f est sommable sur une couronne
W : r  za  R avec r  R,

r pouvant être nul, et R pouvant être infini, alors


R2  r  R  R1

30
b- Réciproquement si R2 < R1 alors f est sommable sur W : R2  z  a  R1
, et normalement sommable sur tout compact de cette couronne W de
plus sa somme f est continue.
4.8 Théorème :
Soit f une fonction holomorphe dans une couronne W : r  z  a  R .
Alors f est la


somme dans W d’une série de Laurent unique :  cn ( z  a ) n , appelée
n
développement de Laurent de f. Les coefficients cn sont donnés par :
1 f(z)
cn   dz
2 i  C(a,  ) ( z  a) n 1

avec n Z  et C (a ,  ) , le cercle de centre a et de rayon , soumis seulement à la


condition r    R .
4.9 Définition :
Le coefficient c1 est appelé résidu de f en a et noté Res ( f , a ).
4.10 Exemples :
Sin z  z 2n
1- Dans la couronne : 0  z   ,   (1) n
z (2n  1)!
n 0
1
2- Dans la couronne : 0  z  1  1 , la fonction f ( z )  admet le
( z  1)( z  2)
1 n
développement de Laurent , f(z)  
z 1
  ( z  1)
n 0

1  1 0 1
3- Dans la couronne 0  z   , e z   n
  (n)! z n
n 0 n! z 

31
EXERCICE 1 :
 z n 1
a) Déterminer le rayon de convergence de la série entière f ( z )   n .
n 0 2
b) Quel est la valeur du prolongement analytique de f au point 2-3i.
c) Représenter ce prolongement analytique par une série de Taylor convergente au
point 2-3i.
d) Que remarque - t-on ?

EXERCICE 2 :
1
Soit f ( z ) 
( z  1)( z  3)

Déterminer les développements en série de Laurent de f ( z)   an ( z  1) n


nZ
dans les couronnes suivantes :
a) 0  z 1  2

b) z 1  2

EXERCICE 3 :
1 1
Soit f ( z )  e z
( z  1)( z  3)
a) Trouver les domaines de où la fonction f admet un
développement en série de Laurent du type  an z n .
n Z

b) Pour chacun de ces domaines, calculer la série correspondante.


Déterminer la nature des singularités de f et calculer les résidus en ces points.

32
5. LOGARITHMES COMPLEXES, PUISSANCES
5.1 L’exponentielle complexe :
zn
La série de terme général un  a pour rayon de convergence R    ,
n!
u n 1 z 1
puisque pour chaque z ,  tend vers zéro avec . On appelle
un n n
exponentielle complexe z  e z la fonction définie dans par :

z zn zn
(1) ez  1 
1!
 ... 
n!
 ...  
n 0 n!

Si z  x  R , l’exponentielle coïncide donc bien avec e x . De plus


l’exponentielle est - dérivable et on a :
d ez d²ez
( 2) ez    ...
dz dz ²
Ceci résulte du fait que la somme d’une série convergente est - dérivable et
que la dérivation se fait terme à terme.
2
Pour tout couple (a, b) , on a la formule fondamentale
(3) e a  b  e a  eb

En effet, la série produit e a  e b a pour terme général C n z n avec :

a p bq 1 n q n  q q ( a  b) n
Cn   q ! q ! n !  Cn a b  n !

p  qn q 0

5.2 Corollaire :
On obtient immédiatement les formules d’addition en trigonométrie, par
exemple : (a, b) R 2
cos( a  b)  Re(e i (a  b) )  Re(e ia  e ib )

 cos a cos b  sin a sin b

Si z est un complexe, cos z et sin z peuvent être définis à partir des


formules d’Euler :
e iz  e  iz e iz  e  iz sin z
cos z  ; sin z  ; tg z  avec cos z  0
2 2i cos z

33
Les deux premières fonctions sont holomorphes dans tout le plan complexe et on
a:
d d e iz  e  izz  ( e  iz  e iz )
 z , (cos z )  ( )    sin z
dz dz 2 2i
d
 z , (sin z )  cos z
dz

Notons que cos z et sin z sont 2  - périodiques puisque e z a pour période 2i  .


On vérifie aussi à partir des définitions que :
* sin  z   sin z
* cos 2 z  sin 2 z  1
* cos z  i sin z  e i z
* cos ( z1  z 2 )  cos z1 cos z 2  sin z1 sin z 2
* sin ( z1  z 2 )  sin z1 cos z 2  cos z1 sin z 2
5.3 Fonctions hyperboliques :
On définit comme dans le cas réel :
e z  e z e z  e z
ch z  ; sh z 
2 2

Elles ont la même période 2i  que e z et on a les relations :


ch i z  cos z cos i z  ch z
sh i z  i sin z
sin i z  i shz
5.4 Fonctions logarithmes:
La fonction R  R * , x  e x , est bijective, son inverse est t  ln t . Par
contre, la fonction  *, z  e z , n’est pas injective, puisque :
e z  e z'  z  z'  2 i k  avec k  Z

Elle est cependant surjective, car si   * ,    e i avec   0 . L’équation


en z : e z   admet l’infinité de solutions suivantes . On pose z = x + i y, avec x
, y réels, alors : e x   et e iy  e i , d’où z  ln   i (  2 k  ) , avec k Z .

34
Pour inverser la fonction exponentielle, il faut donc se restreindre aux
régions de , où elle est injective. Pour  R , on pose :
U    z /   m z    2  

V   e i  /   0 ,       2  
y y

  2
exp


0 U x f 0
x
V =
- O

V est le plan, privé de la demi-droite O d’équation polaire :


   . Mais il est nécessaire de voir V comme l’ensemble des complexes
z   e i avec

  0 ,       2  . On pose pour z   e i  V f ( z )  ln   i .
Alors :
f : V  U et exp : U   V sont réciproques l’une de l’autre. De plus
f est continue.

5.5 Définition :
Soit  un ouvert connexe de , ne contenant pas z=0. Une branche ou
une détermination du logarithme sur  est une fonction f :   telle
que :
1°/  z   e f (z)  z

35
2°/ f est continue sur 

5.6 Remarque :
Pour tout  R , la fonction : V  U  qui a, z   ei  ln   i
avec      2  est une branche du logarithme. Celle correspondante à    
est appelée détermination principale
5.7 Exemple :

y
c1
i
i

4
x
0 1
c2 0 1
 7        
4 4
i
log i  0 
2
3
log i  0  i
2
Plus précisément, on a :
5.8 Proposition :
Etant donnée une branche f du logarithme sur un domaine  , alors :
1°/ Pour tout k  Z , la fonction g définie sur  par g ( z )  f ( z )  2 i k 
est une branche du logarithme
2°/ Réciproquement, si g est une branche du logarithme sur  , il existe
k  Z , unique tel que :  z  , g ( z )  f ( z )  2 i k  .

5.9 Fonctions puissances :


Pour  N ; z  est défini pour tout z. Pour  0 , z  est défini pour
z  0 . Il n’en est pas de même si   R - Z ; en effet (1)1 / 2 est l’un des nombres
 i . Pour choisir l’un ou l’autre de ces nombres, on passe par les logarithmes.

36
5.10 Définition :
Soit  un domaine de , tel que 0 . Supposons avoir une
détermination du logarithme sur  . Alors pour tout   , z  , on pose :

z  e log z
On notera z  dépend de log z.
5.11 Proposition :
Supposons  , comme la définition précédente. Soient  ,   .

1°) La fonction f
  ,  z  est analytique et
qui à z 
f ' ( z )  z  1 .

2°) Si  est un entier  1 , f coïncide avec la fonction produit :


z 
  z .
z  
 fois

3°)  z , z  z   z  

5.12 Fonctions réciproques de cos, sin, tg, ch, …


Ces fonctions sont périodiques et localement injectives. On peut
déterminer pour chacune de ces fonctions  une région U telle que  soit
injective sur U. Pour inverser ces fonctions localement, on passe par les
logarithmes.
e iz  e  iz
Exemple : cos z 
2

cos z    e 2iz  2 e iz  1  0 , soit U un ouvert ne contenant pas zéro sur


lequel, on a fixé une détermination du logarithme, on a alors :
1  1 
e z    ( ²  1) 2 , d’où : z   i log    ( ²  1) 2 
 
De cette manière, on obtient localement, des déterminations de Arc cos, Arc
sin, Arc tg, Arc ch,Ces fonctions sont analytiques en tant que composées de
fonctions analytiques.

37
EXERCICE 1 :
Donnez une autre démonstration, que celle du cours, de la relation :

cos ( z  z ' )  cos z cos z  sin z sin z ' ( z , z ' ) 2

EXERCICE 2 :
Montrer que les propriétés du logarithme népérien ne se généralisent pas
aux logarithmes complexes. Par exemple si z1 et z2 arbitrairement choisis, on n’a
pas nécessairement :
log z1 z 2  log z1  log z 2

EXERCICE 3 :
Soit U 
f
V 

g
U avec U et V deux ouverts de et tel que :
a) g o f  IdU .
b) g dérivable sur V et  v  V g ' (v )  0 .
c) f continue.
1
Alors f est dérivable sur U et on a :  u U , f ' (u ) 
g '  f (u ) 

En déduire que log z est analytique sur U convenable. Donner une autre
démonstration.

EXERCICE 4 :
Soit    z  /  2  Re ( z )   2 
1) Déterminer  '  sin 
2) On définit la fonction g ( z )  arc sin z de  ' sur  , réciproque de la
fonction
sinus. Vérifier que :
1
g ' ( z )2  z '
1  z²

38
EXERCICE 5 :
Calculer le logarithme des nombres suivants : (1  i )² où le logarithme est :
a) La détermination principale
 
b) La détermination définie sur  0 , A où 0 x , 0 A 
4

EXERCICE 6 :
Ecrire les nombres complexes sous la forme z  z e i
3
2i , ii , i i , (1  i) i , (1  i) 2
On prendra la détermination principale pour le logarithme.

EXERCICE 7 :
Quelles coupures faut-il faire dans le plan des z pour y définir les fonctions
suivantes :
1
a) f ( z )  ( z ²  1) 2

1 1
b) f ( z )  ( z  1) 2 ( z ²  1) 2

c) f ( z )  arc tg z
On prendra la détermination principale du logarithme.

39
6. FONCTION MEROMORPHE
THEOREME DES RESIDUS

Soit f une fonction holomorphe dans le disque D (a ,R) - {a} , R>0.


Alors dans la couronne 0  z  a  R , f admet un développement de Laurent
 cn ( z  a) n . Ce développement ne dépend que de a et non du choix de R>0 :
n z
cela découle de la formule donnant les coefficients.

6.1 Définitions :
1) Ce développement s'appelle développement de Laurent de f, autour de a.
2) La partie régulière de ce développement est  cn ( z  a) n
n 0
3) La partie singulière ( ou principale ) est  cn ( z  a) n .
n  1
4) Le résidu de f, en a, noté Res (f, a) , est le coefficient C-1. On a donc
1
avec 0    R
2i C (a,  )
Re s ( f , a )   f ( z ) dz

5) On dit que a est une singularité apparente de f si pour tout n  -1, on a Cn


= 0.
6) On dit que a est un pôle de f d'ordre p  1 , si la partie singulière du
développement
1
de f est un polynôme en de degré p.
za
7) On dit que a est une singularité essentielle de f, si la partie singulière du
développement de f contient une infinité de termes non nuls.

6.2 Fonction méromorphe, théorème des résidus :


Une fonction f méromorphe dans un ouvert connexe U est définie par
un ensemble
n
de points Ci de U telle que la restriction de f à U - U ci soit holomorphe et
i 1
que chacun des Ci soit un pôle. Cette définition implique donc que les Ci soient
des points isolés dans U. Si f non identiquement nulle, un compact de U ne peut
contenir qu'un nombre fini de pôles
40
de U.
Théorème :
Soit U un ouvert connexe de et D  U disque fermé; soit f une
fonction
méromorphe dans U n'ayant aucun pôle sur le bord de D; soit  D ce bord
canoniquement orienté et c1 , …., cn les pôles de f intérieur à D. Alors Res (
f, c)

désigne le résidu de f en c, on a :
n
D f ( z ) dz  2i  Re s ( f , c j ) pour cj intérieur à D.
j 1

6.3 Méthodes pratiques pour calculer un résidu :


Soit cU un point singulier isolé de f.
1°) Si l'on connaît le développement de Laurent au voisinage de c on connaît
le résidu.
2°) Si l'on connaît l'intégrale de f le long du bord d'un disque contenant c
comme seul point singulier .
1
3°) Si c est un pôle simple, la partie principale de f(z) est Res (f , c)
zc
ou encore
Res (f , c) = lim ( z-c) f(z) qd z c.

4°) Plus généralement si c est un pôle d'ordre N le résidu est donné par la
formule :
1
Re s ( f , c )  h ( N 1) (c ) pour h( z )  ( z  c) N f ( z ) prolongée par
( N  1)!

continuité au point c.
 (z)
5°) Si dans un voisinage de c on a f ( z )  ,  et  étant holomorphes
( z)
avec
 (c )
 (c )= 0 , '(c)  0 ,  (c )  0 , alors : Re s ( f ) 
 ' (c )

41
6.4 Lemmes de majoration de Jordan :
Soit f : R R , continue. On pose
 R
 f ( x)dx  R lim  R f ( x)dx . On suppose que cette limite existe. et que f

soit la restriction à l'axe des réels d'une fonction encore notée f , holomorphe dans
le demi-plan Im z > 0, sauf en un nombre fini de singularités isolées z 1 ,….., z n .
On considère alors le contour suivant, avec R assez grand pour que les z i soit à
l'intérieur de ce contour.

On note SR+ le demi-cercle BCA orienté positivement. Alors :


R n

 R f ( x)dx  S R
f ( z ) dz  2i  Res ( f , zi )
i 1

Dans le cas où Im z  0 avec Im z i < 0 , on sera amené à travailler sur


des contours du type :

42
On a le même résultat.
On veut maintenant tendre R vers l'infini. Les lemmes suivantes sont
souvent très utiles.
Lemme 1 de Jordan :
Soit f holomorphe dans un voisinage d'un secteur U : 1 <  < 2, sauf
en un nombre fini de singularités isolées z1 ,…, z n , qui appartiennent à
l’intérieur de U. On suppose z f ( z )  0 pour z   ( resp. pour z  0 )
et on considère l'arc
SR (1 , 2), du cercle C(O,R) orienté positivement, contenu dans ce secteur.
Alors

S R ( 1 ,  )
f ( z ) dz  0 pour R    ( resp R  0)

Corollaire :
Sous les conditions 4.1 .a Supposons que z f ( z )  0 pour z    .
Alors :

  f ( x) dx  2i   Re s ( f , z j )
Im z j  0

 dx  2
Exemple :   1  x4

2
1
Puisque la fonction f ( z )  admet 4 pôles dans , k=0 , 1 , 2 , 3 et
1  z4
seuls les pôles z0 et z1 sont dans Im z  0.
Remarques :

Si on veut calculer des intégrales convergentes du type I  0 f ( x) dx on a
plusieurs méthodes :

1) Si f est paire, alors I  1
2 

f ( x) dx et on applique la méthode
précédente.

43
2) Si f est impaire ou quelconque, la méthode précédente ne s'applique
plus, en
général. On utilise alors des contours du type :

avec  convenablement choisi.


 dx
Exemple : Calculer 0 1 x n
pour n  2 .

Intégrales trigonométriques :
2
Soit I  0 f (cos , sin  ) d , où f ( x, y ) est une fonction rationnelle de

deux variables , continue sur le cercle unité x 2  y 2  1 . On fait le chargement de


variables z  e i .
2 d
Exemple : Soit I   , avec a réel  1 .
0 a  sin 

Intégrales du type « Transformée de Fourier »


Soit f une fonction réelle, soit a un réel  0. On suppose que :
 
f (a )    f ( x) e iax dx

existe et on veut la calculer.


1er Cas : On suppose f continue sur R

44
On suppose a  0 , et que f se prolonge en une fonction holomorphe sur I
m z  0, sauf en un nombre fini de points singuliers isolés z1 , ...., z n . On suppose
de plus que
lim f (z) = 0 , alors
z + 
Im z  0

 n ia z
  f ( x ) e iax dx = 2i  Re s ( f ( z) e , zj )
j 1
Im z j  0

ia z
On intègre donc la fonction g ( z )  f ( z ) e sur le contour :

Avec R suffisamment grand. Le résultat d’écoule alors immédiatement du


lemme suivant

Lemme 2 de Jordan :
Soit f holomorphe dans un voisinage d’un secteur  1   2 , du demi-plan
Im z  0 , sauf en un nombre fini de singularités , qui appartiennent à l’intérieur
du secteur . Si
lim f ( z )  0 et si a  0
z  

45
Alors, S R f ( z ) e i a z dz  0 qd R  

Où S R est l’arc du cercle C(0,R), contenu dans le secteur orienté positiveme


Remarque : Si a 0 , et si f se prolonge en une fonction holomorphe dans Im z
 0 , sauf en un nombre fini de singularités on a le même
résultat, mais cette fois on utilise un contour dans le demi-plan inférieur Im z  0.
2 éme Cas : On suppose que f admet des pôles simples sur l’axe réel, en
nombre fini .

zn z1

p 1 x

Soient w1 ,……, w n ces pôles. On suppose de plus que les hypothèses du


premier cas sont vérifiées. On utilise alors un contour du type ci haut, en évitant
les wi à l’aide de petits demi cercle de centre w i et de rayon r i  0. Le grand

46
demi cercle S R est choisi tel que les singularités zi dans Im z  0 soient dans
l’intérieur du contour. On utilise alors le lemme suivant :

Lemme 3 de Jordan : Soit S+ ( z0 , r) un arc un arc de cercle de centre z 0 , de


rayon
R  0, d’angle  orienté positivement. Alors :
Lim S  (z , r) g ( z ) dz  i Re s ( g , z0 )
r 0 0

On a ainsi le théorème suivant :

4.10 Théorème : Soit f une fonction holomorphe sur un voisinage de Im z  0


sauf en un nombre fini de singularités de deux types .
z1 , ……, z n avec Im z k  0
w1 , ….., w p avec Im w j = 0 et les w j pôles simples de f.

si f ( z )  0 qd z    , et si a  0 , alors :
n p

  f ( x) e
iax
dx  2i  Re s ( f ( z ) e iaz
, z k )  i  Re s ( f ( z) eiaz , w j )
k 1 j 1

  sin x
Exemple : Calculer I  0 x
dx

47
EXERCICE 1 : Calculer le résidu de f en z0 dans les cas suivants :

e 2 log z 1
f ( z)   avec z 0 1 , z0 2 , z 0  .
( 1  z )2 z2

où log z est la détermination principale du logarithme de z.

EXERCICE 2 : Trouver les résidus à leurs singularités isolées et éventuellement


en l’infini des fonctions :
1
a) f ( z ) 
( z 3  1)( z  1)
sin z
b) f ( z ) 
z

EXERCICE 3 : Calculer
z 3
 dz où  est le cercle : z 
( z  2) 2 ( z 3  1) 2

EXERCICE 4 : En appliquant le théorème des résidus, calculer


 cos x
I dx ; a 0
0 x2  a2

EXERCICE 5 : En appliquant le théorème des résidus, calculer :


 dx
I ; 0  1
0 x ( x  1)
Ind : On prendra pour logarithme la détermination définie sur - 0 ,   .

EXERCICE 6 : Soit

48
 log x
I 0 dx
( x 2  1) 2
Montrer que pour calculer I, on pourra être amené à considérer la fonction
log 2 z
z avec le même contour d’intégration que celui de la fonction
( z 2  1) 2
log z
z .
( z 2  1) 2

EXERCICE 7 : Intégrales de Fresnel

 
I sin x 2 dx ; J  cos x 2 dx
0 0

Calculer I et J à l’aide du théorème des résidus sur le contour

avec  convenablement choisi.

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