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Aurélien DINH
Composition du Jury
Thèse de doctorat
Laurence MEYER
Présidente
PU-PH, Hôpital Bicêtre, APHP
Florence ADER
Rapportrice & Examinatrice
PU-PH, Hôpitaux Civils de Lyon
Muriel FARTOUKH
Rapportrice & Examinatrice
PU-PH, Hôpital Tenon, APHP
Muriel VRAY
Examinatrice
Directrice de recherche, Institut Pasteur
Direction de la thèse
NNT : 2021UPASR016
Didier GUILLEMOT
Directeur de thèse
PU-PH, Institut Pasteur, UVSQ
Anne-Claude CREMIEUX
Co-Directrice de thèse
PU-PH, Hôpital Saint-Louis, APHP
Remerciements
Je tiens à remercier mon directeur de thèse, Didier Guillemot, et ma codirectrice de thèse, Anne-
Claude Crémieux, qui ont accepté d’encadrer ce travail de recherche clinique et qui m’ont soutenu
Je remercie les membres de mon jury de thèse qui, malgré leur agenda surchargé, ont accepté d’en
faire partie : Laurence Meyer en tant que présidente, Florence Ader et Muriel Fartoukh en tant que
rapportrices, et Muriel Vray en tant qu’examinatrice. Leurs expertises respectives sont d’une grande
Je tiens à remercier aussi tout particulièrement Frédérique Bouchand, Christian Brun-Buisson, Clara
Duran, Jacques Ropers et Laurence Watier pour les nombreux échanges tant sur le fond que la forme
Je remercie également les personnes qui m’ont donné goût et m’ont encouragé sur la voie de l’in-
Enfin, merci aux membres de l’équipe EMAE : Lulla Opatowski, Bich Tram Huynh, ainsi que les étu-
diants : Marion, Mélanie, Louison, Salam, Felix, David, Jonathan, Audrey et tous les autres….
Je remercie aussi : l’École Doctorale de Santé Publique, pour son accompagnement et soutien (Flo-
rence Ménégaux, Fabienne Renoirt et Lucie Penda) ; ainsi que l’Institut Pasteur.
Production scientifique
Articles publiés :
- Factors associated with failure for CAP: post hoc analysis of a randomized controlled trial. A.
Articles soumis :
- Honey, I shrunk the antibiotic therapy. A. Dinh et al. Clinical Infectious Disease 2018
ture et perspectives. Q. Philippot, A. Dinh, G. Voiriot. Revue des maladies respiratoires 2020
Conférences :
- Communication affichée
3
- Communications orales
o Court c’est mieux : place des traitements courts de la pneumonie bactérienne. Nou-
30 mars 2019)
novembre 2018)
4
Sommaire
Remerciements ...................................................................................................................................................................... 2
Sommaire ................................................................................................................................................................................ 5
1. Introduction........................................................................................................................................................ 12
3. Résultats .............................................................................................................................................................. 46
3-1. Patients................................................................................................................................................................. 46
5
4-3. Facteurs de risque d’échec ........................................................................................................................... 77
4-5. Limites................................................................................................................................................................... 81
7. Conclusion .......................................................................................................................................................... 91
Bibliographie ........................................................................................................................................................................ 92
6
Liste des figures
Figure 1 - Pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline (PSDP) en France d’après les données
Figure 2 - Distribution des souches isolées de bactériémies en 2017 (n=738) en fonction de leur CMI
Figure 3 - Distribution des CMI des souches isolées de prélèvements respiratoires chez l'adulte (n =
Figure 4 - Antibiothérapie probabiliste des PAC de l'adulte prise en charge en ambulatoire, sans signe
Figure 5 - Antibiothérapie probabiliste des PAC non graves, hospitalisées (service d'urgence ou de
Figure 6 - Consommation d’antibiotiques (DDJ) en secteur de ville pour quelques classes d’âge en
France (41)............................................................................................................................................................................. 19
Figure 7 - Motifs en pourcentage de prescription des antibiotiques en ville (en pourcentages, d’après
Figure 17 - Comparaison des CAP scores de la population ITT des groupes 3 jours et 8 jours en
fonction du temps (CAP score global, CAP score pour la dyspnée, CAP score pour la toux, CAP score
Figure 18 – Analyse post-hoc selon l’âge des patients à J15 (ITT et PP) ....................................................... 59
Figure 19 - Analyse post-hoc selon l’âge des patients à J30 (ITT et PP) ....................................................... 60
Figure 20 - Analyse post-hoc selon le PSI score des patients à J15 (ITT et PP) .......................................... 60
7
Figure 21 - Analyse post-hoc selon le PSI score des patients à J30 (ITT et PP) .......................................... 61
Figure 22 - Analyse worst-case scenario en Per-Protocole (PP) pour les J15 et J30 ................................ 64
Figure 26 - Guérison en fonction du PSI score à J0 à J15 (analyses ITT et PP) ........................................... 66
Figure 27 - Guérison en fonction du PSI score à J0 à J30 (analyses ITT et PP) ........................................... 67
Figure 28 - Comparaison des CAP scores de la population guérie et en échec à J15 en fonction du
temps ...................................................................................................................................................................................... 70
8
Liste des tableaux
cours du temps.................................................................................................................................................................... 23
Tableau 3 - Motifs de non inclusion sur l'ensemble des patients screenés ................................................. 46
Tableau 7 - Bêta-lactamines reçues par les patients durant les 3 premiers jours avant randomisation
Tableau 8 - Répartition des événements indésirables (EI) et événements indésirables graves (EIG)
Tableau 11 - Évolution du CAP Score en fonction du temps dans la population analysée en ITT ..... 57
Tableau 12 - Consommation antibiotique totale dans les 2 groupes jusqu’à J30 .................................... 58
Tableau 15 - Taux de guérison des patients avec 1 jour d’antibiothérapie préalable ............................. 62
Tableau 16 – Taux de guérison en fonction des antibiothérapies reçues entre J0 et J3 selon les
groupes .................................................................................................................................................................................. 63
Tableau 17 – Taux de guérison en fonction des voies d’administration des traitements antibiotiques
reçus de J0 à J3.................................................................................................................................................................... 63
Tableau 20 - Analyses univariée et multivariée des facteurs associés à l’échec à J15 ............................. 70
9
Liste des abréviations
EI : Événement indésirable
ET : Ecart-type
IC : Intervalle de confiance
ITT : Intention-de-traiter
IV : Intraveineux
OR : Odds ratio
PCT : Procalcitonine
PO : Per os
PP : Per-protocole
RR : Risque relatif
UI : Unité internationale
11
1. Introduction
La pneumonie aiguë bactérienne est une infection du parenchyme pulmonaire d’évolution aiguë.
Cette infection respiratoire basse est dite communautaire si elle survient en milieu extrahospitalier
L’incidence annuelle globale des PAC varie de 68 à 7 000 pour 100 000 habitants et augmente avec
l’âge (2). Elle est plus élevée aux 2 extrêmes de la vie : chez les personnes âgées et chez les enfants.
Aux États-Unis, environ 5,6 millions de PAC sont diagnostiquées chaque année, dont 1 million sont
hospitalisées (3). En Europe, l’incidence des PAC hospitalisées varie de 16 à 3 581 pour 100 000
habitants selon les études (2). La conférence de consensus française de 2006, rapportait 500 000 cas
Les infections respiratoire sont, selon l’OMS, la première cause de décès par maladies infectieuses
dans le monde, et la troisième toute cause confondue, avec 3,5 millions de morts chaque année (5–
7).
Elles recouvrent différentes entités cliniques, de la pneumonie aiguë peu sévère prise en charge en
De nombreux pathogènes peuvent être responsables de PAC, mais il s’agit en premier lieu de
Streptococcus pneumoniae (S. pneumoniae) qui représente environ 50 % des cas. Les autres agents
12
pathogènes potentiellement impliqués sont Haemophilus influenzae (H. influenzae), Moraxella
catarrhalis, Mycoplasma pneumoniae, Chlamydophila pneumoniae, Legionella spp., mais aussi les
Malgré les progrès technologiques récents, notamment la possibilité de réaliser des diagnostics
moléculaires rapides (PCR respiratoires), un agent causal est identifié dans moins de la moitié des
cas de PAC, et le traitement antibiotique est donc le plus souvent probabiliste (15).
céphalosporines de 3ème génération sont efficaces dans 95 % des cas alors que la résistance aux
Il s’agit dans la majorité des cas d’une résistance de type MLSB. La résistance par efflux (qui n’affecte
que les macrolides en C14 et C15) est stable et concerne moins de 5% des souches résistantes à
l’érythromycine (17).
Les modifications des sérotypes de pneumocoques, induites par la vaccination, sont à l’origine d’une
bien qu’une tendance à la hausse soit observée depuis 2014, comme le montre la Figure 1. Cette
hausse peut être expliquée par l’augmentation des infections à sérotypes non vaccinaux présentant
une sensibilité diminuée à la pénicilline (24F, 15A, 23A, 23B, 35B) dans un contexte de hausse de la
13
Figure 1 - Pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline (PSDP) en France d’après les données du
CNRP (17)
En 2017, le Centre National de Référence (CNR) Pneumocoques a étudié 738 souches viables isolées
d’hémocultures au cours de pneumonies ou de bactériémies sans porte d’entrée précisée (173 chez
(concentration minimale inhibitrice (CMI) > 0,064 mg/L) était de 27%. Dans le cadre des pneumonies,
98% des souches isolées de bactériémies étaient sensibles à l’amoxicilline (CMI ≤ 2 mg/L).
Figure 2 - Distribution des souches isolées de bactériémies en 2017 (n=738) en fonction de leur CMI de
pénicilline, amoxicilline et céfotaxime (17)
La distribution des CMI, selon le CNR Pneumocoques, de pénicilline, amoxicilline et céfotaxime pour
les souches isolées de prélèvements respiratoires en 2017 est indiquée sur la Figure 3 (17). Les
souches de sensibilité diminuée à la pénicilline représentent 46 % (comme lors des otites de l’enfant),
avec pour celles-ci une CMI modale d’amoxicilline égale à 2 mg/L et 21 souches résistantes (CMI
14
d’amoxicilline > 2 mg/L). Les CMI maximales observées en 2017 sont de 4 mg/L pour la pénicilline
Figure 3 - Distribution des CMI des souches isolées de prélèvements respiratoires chez l'adulte (n = 392)
pour la pénicilline, l’amoxicilline et le céfotaxime (17)
Les recommandations émises par les sociétés savantes prônent une antibiothérapie probabiliste
initiale rapide. Le choix des molécules est fonction du terrain, du tableau clinique et de la sévérité.
Les recommandations françaises (Figure 4 et Figure 5) prônent l’amoxicilline en première ligne, sauf
s’il y a une suspicion d’infection à bactéries intracellulaires (sujet jeune et début progressif le plus
souvent), ou que le patient est âgé et/ou présente des comorbidités (20).
céphalosporines de 3ème génération injectables. Ce sont ces prescriptions d’antibiotique qui sont les
15
Figure 4 - Antibiothérapie probabiliste des PAC de l'adulte prise en charge en ambulatoire, sans signe de
gravité (20)
Figure 5 - Antibiothérapie probabiliste des PAC non graves, hospitalisées (service d'urgence ou de médecine),
situation générale (20)
Le suivi des recommandations concernant le traitement empirique est associé à une meilleure survie
(22,23).
16
Une étude espagnole de 2004 a montré que le risque d’inefficacité microbiologique du traitement
empirique des PAC était de 15% et que dans ce cas, le risque de mortalité était multiplié par 11 (24).
Certaines études ont montré qu’un traitement empirique par une association bêta-lactamine +
macrolide ou fluoroquinolone était associé avec une moindre mortalité, comparativement aux autres
ne prennent pas en compte les facteurs confondants liés aux patients. De plus, le problème de la
En 2014, un essai randomisé suisse n’a pas pu montrer la non-infériorité d’un traitement par bêta-
lactamine seule versus combiné à un macrolide dans les pneumonies modérément sévères en
particulier lors des infections à bactéries atypiques et/ou des pneumonies avec un score de Fine à 4
(26).
Dans les pneumonies communautaires sévères prises en charge en réanimation, la bithérapie initiale
Il est recommandé d’administrer les antibiotiques rapidement après le diagnostic de PAC (30).
Une revue de la littérature a montré que l’administration d’antibiotiques dans les 4 à 8 heures après
admission à l’hôpital, essentiellement chez des patients pris en charge en réanimation, était associée
Mais des travaux récents viennent nuancer cette hypothèse. Une étude de cohorte de 2264 patients
17
hospitalisés pour PAC n'a pas retrouvé d'impact d'un délai d'administration de l'antibiothérapie
supérieur à 4 heures sur le pronostic (32). En outre, dans une analyse post hoc d'un essai randomisé
portant sur les PAC hospitalisés, les auteurs n'ont pas mis en évidence d'association significative
Cette discordance peut s’expliquer par la différence de gravité initiale des patients hospitalisés pré-
1-2-5. Corticoïdes
L’utilisation de corticoïdes chez les patients atteints de PAC non sévère n’a pas montré de bénéfices
en termes de mortalité ou de défaillance d'organe, bien qu’une différence ait pu être observée
concernant le délai d’apyrexie et les critères de stabilité. Par ailleurs, les données en faveur de la
En effet, deux essais randomisés sur les corticoïdes au cours du traitement des PAC n'ont pas
démontré de différence significative si on considère les critères cliniques (34,35). Une différence a
été observée concernant le délai de résolution de la fièvre ainsi que les autres critères de stabilité
clinique mais sans impact sur la mortalité, la durée de séjour ou une défaillance d'organe.
Plusieurs méta-analyses sur les études portant sur corticostéroïdes au cours de la PAC (36,37), sauf
certaines (38,39), ont montré un bénéfice sur la mortalité au cours des PAC sévères, mais la définition
En France, l’exposition aux antibiotiques en médecine de ville a diminué depuis la mise en place, au
début des années 2000, du premier "Plan national pour préserver l'efficacité des antibiotiques". Au
cours de ces dix dernières années, la consommation s’est stabilisée et les résultats de ces 3 dernières
18
années évoluent avec une légère tendance à la baisse (40). En effet, en 2019, la consommation
globale en secteur de ville était de 22,2 doses définies journalières (DDJ) pour 1000 habitants et par
jour, soit une variation annuelle moyenne inférieure à 0,5% depuis 2009 (Figure 6) (41). La part des
1000 habitants et par jour, soit une baisse de 18,1 % par rapport à 2009. Cette baisse est désormais
observée dans toutes les classes d’âges, à l’exception des patients entre 65 et 84 ans, dont la
Figure 6 - Consommation d’antibiotiques (DDJ) en secteur de ville pour quelques classes d’âge en France (41)
À l’hôpital, les consommations sont stables : autour de 1,7 doses pour 1000 habitants et par jour sur
Selon les données de panel issues de l’Échantillon Permanent de la Prescription Médicale (EPPM-
19
IMS) du rapport de l’ Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM),
les affections des voies respiratoires basses et ORL étaient, en ville, en 2016, à l’origine de deux
prescriptions d’antibiotique sur trois, soit la première cause de prescription (Figure 7) (43). La durée
moyenne de prescription en ville se situe à 9,2 jours avec une durée médiane de 6 jours, d’après les
données EPPM-IMS, ce qui est au-delà des durées couramment recommandées conduisant à une
sur exposition antibiotique inutile. Les pénicillines (seules ou associées), représentent 65,2 % de la
Figure 7 - Motifs en pourcentage de prescription des antibiotiques en ville (en pourcentages, d’après source :
ANSM (43))
1-3-1. Historique
Concernant la durée de traitement des PAC, en 1937, Bullowa JGM avait étudié le pronostic des PAC
avant l’ère de l’antibiothérapie. Dans ce travail la mortalité des patients présentant une PAC sans
traitement spécifique était en médiane de 28,3 % et variait de manière importante selon l’âge du
20
patient et la présence d’une bactériémie (44).
Dans les années 40, on assiste aux premières études sur la durée de traitement des pneumonies
bactériennes. À cette époque, les schémas thérapeutiques, portant sur le traitement des pneumonies
musculaire), en moyenne 30 000 à 40 000 UI par jour, pendant 1 à 4 jours, retrouvaient une évolution
favorable dans 84,4 % à 92,7 % des cas (45–48). En 1970, un essai réalisé en Rhodésie a comparé
21
Tableau 1 - Premières études de durée de traitement des pneumonies
Cette théorie a contribué à prolonger les traitements antibiotiques au-delà de la résolution des
signes cliniques lors des infections respiratoires, comme cela est pratiqué au cours des endocardites
Mais, à la fin des années 90, l’incidence croissante des résistances bactériennes et notamment
22
vont changer la donne. Goosens et al. a montré qu’il existe une corrélation importante entre la
résistants à la pénicilline dans différents pays européens (50), comme Baquero et al. avant lui en
Espagne (51). Ces travaux vont conduire à s’interroger sur l’impact de la durée de traitement sur
l’émergence des résistances bactériennes, non seulement au cours des pneumonies acquises sous
ventilation mécanique, mais également sur le portage pharyngé de pneumocoques chez l’enfant
(52,53). Diminuer l’exposition aux antibiotiques par des durées de traitement courtes devient un
moyen reconnu pour lutter contre les résistances bactériennes. La définition des durées minimales
de traitement antibiotiques pour les infections les plus fréquentes fera ainsi partie de thèmes
prioritaires de recherche identifiés par l’IDSA (Infectious Disease Society of America) pour combattre
PAC sont de 5 jours pour les patients apyrétiques et présentant les critères de stabilité depuis 48
24
Figure 9 – Évolution des recommandations de durée de traitement des pneumonies aiguës communautaires
des sociétés savantes au cours du temps
Les enquêtes de pratique montrent que les patients hospitalisés pour des pneumonies
communautaires bactériennes, y compris sans signe de sévérité, sont traités plus longtemps que
recommandé.
Dans un travail rétrospectif réalisé par Yi et al. sur une base de données hospitalières, la durée
médiane de traitement antibiotique des patients avec une PAC hospitalisée non sévère était de 9,5
Un autre travail réalisé sur la base de données de 43 hôpitaux américains parmi 6 481 patients
hospitalisés pour PAC non graves a montré que 67,8 % recevaient une antibiothérapie plus longue
Plus récemment encore, Vaughn et al. ont réalisé une étude rétrospective de cohorte, sur 46 hôpitaux
(2017-2019) et ont étudié, entre autres, la durée de traitement antibiotique des patients présentant
une PAC hospitalisés sortant à domicile. Au total, 12 445 patients avec une PAC ont été identifiés et
25
63.1 % d’entre eux avaient reçu un traitement antibiotique de durée supérieure à 5 jours (67).
a) Résistances bactériennes
Les microorganismes qui constituent les microbiotes physiologiques (cutanéo-muqueux, ORL, di-
microbiote digestif, après une première dose d’antibiotique évoquant la portée limitée de réduire la
Au cours d’une étude réalisée chez 48 volontaires sains, recevant de la ciprofloxacine de J0 à J14, un
prélèvement de selles était réalisé à J7, J14 et J42. L’abondance relative d’entérocoques résistants
Guillemot et al. ont montré que la prise d’un traitement de plus de 5 jours par bêta-lactamines était
sensibilité diminuée (odds ratio (OR) = 3,5 ; intervalle de confiance (IC) 95 % : 1,3, 9,8) (52).
Par ailleurs, si on considère les cas d’infection, et non de colonisation, Chastres et al., dans leur essai
randomisé double aveugle au cours des pneumonies acquises sous ventilation mécanique
comparant 8 jours versus 15 jours, ont montré, chez les patients présentant une récidive d’infection
dans le bras 15 jours que dans le groupe 8 jours (62,3 % vs 42,1 %; P = 0,04), alors que l’efficacité
était identique (53). Ce résultat démontre l’intérêt individuel d’une durée d’antibiothérapie courte.
26
À l'échelon populationnel, plusieurs modélisations mathématiques ont mis en évidence un effet
l’effet est moins important que la réduction des indications et le délai de prescription depuis
Différentes études, principalement conduites en réanimation, ont montré que des interventions
traitement permettaient de réduire l’incidence de résistance dans ces services (53,70,74–77). Ces
résultats sont principalement visibles en service de soins critiques probablement du fait de la densité
des prescriptions antibiotiques, ainsi que de la prévalence des bactéries multi-résistantes dans ces
Finalement, afin de réduire l’émergence de résistance bactérienne, les programmes de bon usage
aspects de réduction de l’exposition antibiotique : à la fois réduire les indications et les durées de
b) Événements indésirables
L’objectif principal des études sur les durées de traitement est de s’assurer de l’absence d’infériorité
d’efficacité du traitement court, qui est le prérequis indispensable (80–82). Par conséquent, ces essais
ne sont pas conçus pour mettre en évidence la réduction potentielle de fréquence des événements
indésirables, qui est faible. Ils n’ont donc pas l’échantillon et donc la puissance nécessaire permettant
Par conséquent, ce sont les études réalisées sur des bases de données de grande dimension qui
permettent d’évaluer les effets indésirables d’une exposition prolongée aux antibiotiques.
27
Dans une étude multicentrique nationale de cohorte, incluant les patients ayant bénéficié d’une
ayant reçu une antibioprophylaxie planifiée, la durée et le type de prophylaxie ainsi que l’incidence
Parmi les 79 058 patients inclus, le taux d’ISO n’était pas associé à la durée de l’exposition
antibiotique liée à l’antibioprophylaxie. Les OR ajustés (aOR) sur le risque d’insuffisance rénale
chirurgies non cardiaques (24 h - < 48 h, aOR = 1,31, IC95 % : 1,21, 1,42 ; 48 h - < 72 h, aOR = 1,72,
IC95 % : 1,47, 2,01 ; ≥ 72 h, aOR = 1,79, IC95 % : 1,2, 2,53). Le risque d’infection à Clostridium difficile
(ICD) post-opératoire a retrouvé la même association avec la durée de prophylaxie (24 h -< 48 h,
aOR = 1,08, IC95 % : 0,89, 1,31 ; 48 h - < 72 h, aOR = 2,43, IC95 % : 1,80, 3,27 ; ≥ 72 h, aOR = 3,65,
IC95 % : 2,40, 5,53). Ces résultats suggèrent que le risque d’effets indésirables augmente à chaque
Au cours d’une étude prospective de cohorte qui étudiait les effets indésirables liée à l’exposition
aux fluoroquinolones, une étude cas-témoin nichée a été réalisée et concernait 1477 patients avec
un anévrysme de l’aorte et/ou une dissection aortique qui ont été appariés avec 147 700 témoins de
Après réalisation d’un score de propension avec ajustement, la durée du traitement par
d’anévrysme aortique et de dissection avec une incidence de 2,60 % versus 2,92 % et l’effet ajusté
sur le score de propension retrouvait un OR de 1,60 (IC95 % : 1,10, 2,52) versus un risque relatif (RR)
de 1,81 (IC95 % : 0,91, 3,17). Ces résultats témoignent, là aussi de l’augmentation de l’incidence des
effets indésirables liée à la durée de l’exposition antibiotique, retrouvée ici pour les fluoroquinolones.
Afin d’examiner l’évolution des patients traités avec un traitement antibiotique de durée excessive
28
au cours des PAC, une étude rétrospective réalisée dans 43 hôpitaux américains a analysé 6481
patients présentant une pneumonie (66). Les deux-tiers (67,8 %, n = 4391) des patients recevaient
une durée de traitement antibiotique supérieure aux recommandations (> 5 ou 7 jours). Chaque jour
Enfin, les antibiotiques créent une dysbiose et altèrent la flore bactérienne physiologique ou
microbiote. On considère de plus en plus le rôle protecteur des microbiotes physiologiques vis-à-vis
des agressions bactériennes. Les antibiotiques en altérant les flores pourraient être à l’origine de
sepsis ultérieurs (85–87). Ces concepts microbiologiques sont soutenus par des données cliniques.
Dans une étude rétrospective constituée à partir de données hospitalières, les auteurs ont examiné
le risque de survenue de sepsis postérieur à 90 jours après la sortie de l’hôpital pour une infection,
le risque de sepsis postérieur à la sortie a été examinée après contrôle des facteurs confondants par
à la survenue de sepsis ultérieur (plus la durée de traitement était longue, plus le risque de sepsis
En particulier, les patients exposés à ≥4 classes d’antibiotiques et ceux qui avaient eu une durée de
traitement ≥14 jours d’antibiotiques avaient un risque plus de deux fois supérieur de sepsis sévère
(OR = 2,23 ; IC95 % : 2,12, 2,36, et OR = 2,17 ; IC95 % : 2,06, 2,29, respectivement) que ceux non-
29
c) Coûts
Selon plusieurs études, réduire les durées de traitement, au cours des PAC nécessitant une
hospitalisation, n’est pas associé à une diminution de la durée de séjour ce qui aurait permis de
réduire de manière importante les coûts associés à leur prise en charge (89–91). Mais réduire la
consommation d’antibiotique, de quelques jours, au cours des PAC peut conduire à des économies
importantes au niveau national même si les antibiotiques habituellement prescrits, dans cette
indication, sont peu onéreux. Les antibiotiques représentent environ 12 % de l’ensemble des coûts
hospitaliers d’un patient pris en charge pour une PAC (9 à 21 % du coût total de prise en charge) (3),
Par ailleurs, les économies potentielles réalisées par la réduction de la durée de traitement doivent
prendre en compte la diminution des effets indésirables, associés à une exposition prolongée aux
a) Méta-analyses
L’efficacité d’un traitement court, dans cette indication, a été étudiée dans la littérature. Même si la
définition d’un traitement antibiotique « court » varie selon les cliniciens et les études, 3 méta-
analyses ont comparé l’efficacité de traitements dits “longs” à des traitements “courts”.
La première méta-analyse réalisée par Li et al. a inclus 15 essais randomisés réalisés entre 1980 et
juin 2006 (94). La population totale comprenait 2796 patients qui avaient bénéficié d’un traitement
antibiotique en monothérapie soit court (≤ 7 jours), soit long (> 7 jours). La population de cette
méta-analyse était composée de patients hospitalisés mais aussi de patients traités en ambulatoire.
En effet, 2 études s’intéressaient uniquement aux patients pris en charge en ambulatoire (95,96), et
4 aux patients hospitalisés (97–100), alors que 6 études incluaient à la fois des patients ambulatoires
30
et hospitalisés (3 études ne précisent pas le type de population étudiée) (101–106).
Tous les patients inclus avaient une radiographie de thorax confirmant une pneumonie, permettant
chronique obstructive (BPCO). Ont aussi été exclus les patients présentant une pneumonie associée
aux soins.
La définition de l’échec clinique variait selon les études et reposait sur l’évaluation clinique et/ou la
jours de suivi.
antibiotique à demi-vie longue, était le plus utilisé (39 %). Au total, 3 essais utilisaient le même
antibiotique dans les 2 groupes de traitement et 9 la même classe d’antibiotique alors que 3 essais
Aucune différence significative, concernant le succès clinique, n’a été observée entre une durée de
traitement courte (≤ 7 jours) et une durée longue (> 7 jours) (RR = 0,89 ; IC95 % : 0,78, 1,02). La
mortalité (RR = 0,81 ; IC95 % : 0,46, 1,43), l’incidence des effets indésirables (RR = 0,86 ; IC95 % : 0,71,
1,04) et la guérison microbiologique (RR = 1,11 ; IC95 % : 0,76, 1,62) n’étaient pas non plus
Une revue systématique et méta-analyse récente réalisée par Tansarli et al. a aussi étudié l’efficacité
et la tolérance d’un traitement antibiotique de moins de 7 jours versus 7 jours ou plus. Les auteurs
ont identifié 21 essais qui représentent au total 4 861 patients (107). Parmi ces essais, 19 étaient des
essais randomisés. Au total, 9 études s’intéressaient à des patients ambulatoires, 6 à des patients
étaient exclus de 13 études, et les patients présentant une insuffisance rénale et/ou hépatique étaient
31
exclus de 9 études. Les patients présentant une BPCO étaient exclus de 3 études. La molécule utilisée
pour le traitement court était l’azithromycine dans 15 études, les fluroroquinolones dans 3 et les
bêta-lactamines dans 2 études (une utilisait l’amoxicilline et une la ceftriaxone). Enfin, une étude
ont comparé le même antibiotique. La principale bactérie identifiée était le pneumocoque (9 études),
Dans cette méta-analyse le taux de guérison était similaire dans les 2 groupes avec un RR de 0,99
(IC95 % : 0,97, 1,01). Ces résultats étaient identiques quelle que soit la sévérité de la pneumonie (RR
= 1,05 ; IC95 % : 0,96, 1,14]). Aucune hétérogénéité n’était détectée dans cette méta-analyse (P =
0,56, heterogeneity [I 2] = 0 %) et aucun biais de publication n’était détecté par le funnel plot.
Le taux d’échec était non significativement différent dans les 2 groupes de traitement (RR = 0,67 ;
IC95 % : 0,30, 1,46). Une durée de traitement courte était associée à moins d’effets indésirables et
une mortalité significativement plus basse (RR = 0,54 ; IC95 % : 0,32, 0,89).
Ces résultats suggèrent qu’un traitement court (et efficace) est probablement associé à un meilleur
Enfin, Dimitropoulos et al. ont réalisé une méta-analyse s’intéressant uniquement aux essais
randomisés contrôlés comparant 7 jours ou moins de traitement antibiotique versus des durées de
traitement plus longues d’au moins 2 jours, et utilisant le même antibiotique et la même posologie
quotidienne (108). Ils n’ont pu inclure dans leur analyse que 5 essais randomisés contrôlés (ERC)
incluant des adultes suivis en ambulatoires et hospitalisés, et 2 essais concernant une population
pédiatrique (enfants âgés de 2 à 59 mois, vivant dans des pays industrialisés). Tous les essais étaient
réalisés en double aveugle et les PAC étaient de gravité légère à modérée (non pris en charge en
32
réanimation).
Aucune différence n’était retrouvée entre les groupes de traitement court (adultes traités 3 à 7 jours;
enfants traités 3 jours) et long (adultes traités 7 à 10 jours; enfants traités 5 jours) concernant : la
guérison clinique à la fin du traitement (six ERC ; 5107 patients [1095 adultes, 4012 enfants] ; OR =
0,89 ; IC95 % : 0,74, 1,07), la guérison clinique à distance de la fin du traitement, la guérison
microbiologique, les récidives, la mortalité (7 ERC ; 5438 patients ; OR = 0,57 ; IC95 % : 0,23, 1,43), la
fréquence des effets indésirables (5 ERC ; 3214 patients ; OR = 0,90 ; IC95 % : 0,72, 1,13), ou les sorties
en raison d’événements indésirables. Aucune différence n’était mise en évidence dans les analyses
en sous-groupes de patients (adultes ou enfants) traités par 5 jours ou moins versus 7 jours ou plus.
Les effectifs de ces 3 méta-analyses sont importants. Mais les définitions de cas ne sont pas
identiques entre les études, et sont analysés de la même manière des cas de pneumonies et de
bronchites. Enfin, les cas de pneumonies étudiés peuvent être d’origine virale ce qui pourrait
hospitalisés, ce qui peut contribuer à montrer l’efficacité d’un traitement court. En effet, les patients
plus, ils présentent plus souvent des infections respiratoires d’origine virale.
Enfin, très peu d’essais ont comparé le même antibiotique dans les 2 groupes de durée de traitement
et il existe une hétérogénéité des bactéries responsables. En effet, la durée de traitement nécessaire
pour des pathogènes intracellulaires et du pneumocoque sont probablement différentes avec des
Par ailleurs, le mode d’action des antibiotiques est différent selon les classes, contribuant à une
33
efficacité plus ou moins rapide et prolongée en fonction de leur mécanisme d’action. Les bêta-
lactamines ayant une action de destruction de la paroi bactérienne sont plus rapidement bactéricides,
alors que les macrolides, qui inhibent la synthèse ribosomale des protéines bactériennes, sont plus
bactériostatiques.
Enfin, l’utilisation de l’azithromycine (de la famille des macrolides), qui est une molécule à demi-vie
longue (68 heures), ne correspond pas à un traitement court si on considère la durée de son action
(même si la durée de prescription est courte) (109). Son effet prolongé après une prise a les mêmes
conséquences qu’un traitement par un antibiotique de demi-vie courte, comme les bêta-lactamines,
en plusieurs prises et/ou sur plusieurs jours. Aussi, malgré une durée courte d’administration, elle
reste un antibiotique de durée d’action longue avec les mêmes dommages écologiques qu’un
traitement long. En comparaison la demi-vie plasmatique de l’amoxicilline est de 61,3 minutes (110).
Il existe aussi une hétérogénéité importante de la définition de la guérison, ce qui peut limiter la
portée des résultats des méta-analyses (111). En effet, la guérison était souvent définie par
l’investigateur et ceci avec des délais différents selon les études par rapport au début du traitement
antibiotique.
Enfin, dans la plupart des essais, la population gériatrique était sous-représentée, bien qu’il s’agisse
de la population la plus concernée par les PAC, ce qui limite la généralisation des résultats à la
pratique quotidienne.
Malgré ces limites, les 3 méta-analyses convergent toutes vers la non-infériorité d’un traitement de
durée courte, 7 jours ou moins, mais aussi la tendance à la meilleure efficacité d’un traitement court
34
c) Essais randomisés
traitement des PAC de 5 jours chez des patients apyrétiques depuis au moins 48 heures et
Cette attitude est confortée par l’essai récent réalisé par Uranga et al. qui a investigué la possibilité
d’interrompre l’antibiothérapie chez les patients cliniquement stables depuis au moins 48 heures à
partir de J5 de traitement (bras expérimental), en comparaison avec une durée laissée au libre choix
du clinicien (bras contrôle) (112). Les patients participant à l’essai présentaient une pneumonie de
sévérité modérée (hospitalisés hors réanimation) et étaient randomisés à J5. Les patients étaient
traités par l’antibiotique choisi par le clinicien référent. La durée moyenne de traitement dans le bras
expérimental était de 5 jours et 10 jours dans le bras contrôle. Un traitement de 5 jours était non-
de récidive. La guérison clinique à J10 n’était pas significativement différente entre les 2 groupes
(56,3 % dans le groupe expérimental et 48,6 % dans le groupe contrôle). A J30, la guérison clinique
Afin d’étudier une durée de moins de 5 jours de traitement, un essai randomisé en double aveugle
versus placebo a été réalisé par El Moussaoui et al (113). Cet essai a comparé l’efficacité d’une
antibiothérapie interrompue après 3 jours de traitement par amoxicilline versus 8 jours chez des
patients adultes admis à l’hôpital pour une pneumonie légère à modérée avec un PSI ≤110, qui
Les patients s’étant améliorés (l’amélioration était définie par l’apyrexie, l’aptitude à prendre un
après 3 jours de traitement parentéral d’amoxicilline, dans le bras amoxicilline orale (n = 63) ou
35
placebo (n = 56) pendant 5 jours. Les caractéristiques de la population de l’étude à l’inclusion étaient
comparables dans les 2 groupes. Le critère principal était la guérison clinique à J10 qui était de 93 %
différence était de 0,1 %, (IC95 % : -9 %, 10 %), et à J28 de 2,0 %, (IC95 % : -9 %, 15 %). Les 2 groupes
présentaient une évolution des symptômes similaires (mesurée par le CAP score). Au total, 6 patients
(11 %) dans le groupe placebo et 13 (21 %) dans le groupe traitement rapportaient un effet
indésirable (P = 0,1).
Ces données sont en faveur du concept d’interruption de l’antibiothérapie quand le patient présente
une réponse clinique favorable, ce qui pourrait permettre une réduction substantielle de l’exposition
antibiotique chez les patients présentant une PAC. C’est cette hypothèse que nous avons testée dans
notre essai.
Afin d’évaluer l’efficacité d’un traitement antibiotique par bêta-lactamines de 3 jours chez des pa-
tients hospitalisés ayant une PAC et ayant répondu cliniquement, nous avons réalisé l’essai PTC
(Pneumonie Traitement Court). Il se différencie de l'essai réalisé par El Moussaoui et al par la sévérité
36
2. Matériel et méthode de l’essai PTC
Le protocole de cet essai a été déposé à l’appel d’offre PHRC en septembre 2012 et a obtenu un
financement en 2013.
Les inclusions ont débuté le 22 décembre 2013 et se sont achevées le 5 février 2018, avec une fin
L’analyse statistique s’est étendue sur 7 mois et le rapport statistique a été achevé le 15 février 2020.
L’article princeps a été soumis à publication la première fois le 20 mai 2020 et a été accepté
L’essai PTC (Pneumonie Traitement Court) est un essai randomisé contrôlé versus placebo, de non-
des Personnes no.13024), et l’ANSM (no. 130931A-41), a été conduit dans le respect de la
37
méthodologie MR001 de la commission nationale informatique et liberté (CNIL).
L’essai a été surveillé par un Data Safety Monitoring Board (DSMB) qui s’est réuni après l’inclusion
Il a été conduit selon les bonnes pratiques cliniques et en accord avec la déclaration d’Helsinki. Tous
Entre décembre 2013 et février 2018, les patients admis au service des urgences (SAU) d’un des 16
quotidiennement par le personnel de recherche clinique local (à l’aide du logiciel de dossier patient).
Les patients pour être éligibles devaient être âgés de 18 ans ou plus, hospitalisés pour une PAC,
intraveineuse (IV) ou per os (PO)), soit céphalosporine de 3ème génération (C3G) (IV) et avoir présenté,
à 72 heures, une réponse clinique caractérisée par la présence des critères de stabilité.
- au moins un des signes cliniques évocateurs de PAC parmi dyspnée, toux, expectoration
muco-purulente ou crépitants
Les critères de stabilité sont ceux reconnus par l’American Thoracic Society (ATS) et l’Infectious
Disease Society of America (IDSA) : apyrexie (température ≤ 37,8°C), fréquence cardiaque < 100/min,
38
≥90mmHg, et un état de conscience normal (30).
- Signes de PAC sévères et/ou compliquées (abcès, épanchement pleural significatif, insuffi-
lome, lymphome, statut HIV connu et CD4 < 400/mm3, drépanocytose, cirrhose stade C
Child-Pugh)
- Grossesse
- Allaitement
39
2-4. Randomisation et mise en aveugle
Après 3 jours (72 heures) de traitement par une des bêta-lactamines autorisées, les patients
cliniquement stables étaient randomisés (1 :1) après avoir donné leur consentement écrit et
septembre 2017 : Mylan, Canonsburg, Pennsylvania, US ; puis d’octobre 2017 à février 2018 : Sandoz,
Holzkirchen, Germany) ou du placebo (Bertin Pharma, Orléans, France), 2 gélules 3 fois par jour
pendant 5 jours.
Les gélules de placebo étaient similaires à celles de l’amoxicilline acide clavulanique concernant
l’empaquetage/blister, la couleur, le goût et la forme des gélules. Chaque kit de traitement était
délivré à randomisation en fonction de son numéro de lot afin de s’assurer de l’aveugle pour le
Technologies®) et était stratifiée sur le site inclueur et le PSI score (≤ 70 ou > 70).
40
2-5. Schéma de l’étude
2-6. Procédures
Les données démographiques, cliniques, biologiques et radiologiques ainsi que la sévérité définie
par le Pneumonia Severity Index (PSI score) à J0 étaient recueillis rétrospectivement dans le dossier
médical. Nous avons aussi recueilli le CAP score qui est un score validé et qui repose sur un court
questionnaire qui évalue l’intensité des symptômes des PAC chez les patients hospitalisés (114). Il
est composé de 8 items : dyspnée, sévérité de la dyspnée, toux, expectoration, toux productive,
l’aspect muco-purulent des expectorations, l’état général, la fatigue mesurée par une échelle visuelle
analogique (Annexe 2). Plus le score est bas plus les symptômes sont intenses, le score va de -5,91 à
101,2.
Après 3 jours de traitement par bêta-lactamines, les critères de stabilité étaient vérifiés, et les
constantes du patient et le CAP score recueillis. Les examens biologiques et microbiologiques étaient
Les patients étaient randomisés après avoir donné leur consentement et recevaient le traitement
alloué.
41
L’observance du traitement ainsi que les effets indésirables étaient recueillis lors des consultations
de suivi et via le « cahier patient » que le patient devait remplir pendant toute la durée de l’étude
Un appel téléphonique à J8 était réalisé par le technicien d’étude clinique (TEC) pour s’assurer du
suivi et du bon déroulement de la procédure de l’essai et renseigner le CAP score ainsi que tout
événement indésirable.
Les visites cliniques avaient lieu avec le clinicien responsable à J15 et J30 après le début du traitement
antibiotique, étaient alors collectés les données cliniques, dont le CAP score et effets indésirables.
Le critère principal était la guérison à J15 après le début de l’antibiothérapie par bêta-lactamines.
La guérison était définie par l’association des critères suivants : i) apyrexie (température corporelle ≤
37,8°C); ii) résolution ou l’amélioration des symptômes initialement (toux fréquence et sévérité,
dernière visite. Si un seul de ces critères manquait le patient était classé en échec.
- La guérison à J30
- La durée d’hospitalisation
42
- Le temps de récupération (reprise du travail et/ou des activités habituelles)
- L’observance au traitement.
Ont été aussi analysés le taux de réhospitalisation et la consommation antibiotique totale durant les
30 jours de suivi.
patients à l’aide des critères cités ci-dessus (Annexe 3). Ce comité était constitué d’un réanimateur
et d’une infectiologue (N. de Castro et M. Wolff). Chacun d’entre eux a revu les données extraites de
l'eCRF séparément. Si leur conclusion était discordante, le comité revoyait de manière conjointe les
ans
- En fonction de la sévérité initiale de la pneumonie évaluée par le PSI score : PSI < 70, PSI >
43
traitement a été réalisée en ITT et en PP à J15 et J30.
Afin de renforcer la robustesse de notre analyse nous avons réalisé une analyse de type worst-case
scenario : en considérant que tous les patients exclus de l’analyse en PP (patients perdus de vue,
n’ayant pas reçu le bon traitement alloué, ayant interrompu le traitement en dehors d’un échec, ayant
retiré leur consentement) étaient considérés en échec s’ils étaient randomisés dans le bras 3 jours et
Une analyse de sensibilité a été réalisée afin d’évaluer l’efficacité dans les 2 groupes de traitement
lorsque la guérison était définie uniquement par l'absence de fièvre (température > 38°C) et/ou toute
prise d’antibiotique au cours du suivi à J15 et J30. Cette analyse a été réalisée afin de ne pas prendre
en compte l’intensité des symptômes qui peut être subjective. Elle a été réalisée en ITT et en PP à
J15 et J30.
Nous avons réalisé une analyse post hoc sur la population de l’essai afin d’identifier les facteurs de
risque d’échec.
Nous avons réalisé une analyse uni- puis multivariée afin de rechercher une association entre les
PP.
44
2-10. Analyse statistique
L’essai a été construit pour déterminer la non-infériorité de 3 jours d’antibiotique par rapport à une
durée de 8 jours de traitement. Nous avons supposé un taux de guérison de 90 %, en accord avec
les données de la littérature, et choisi une marge de non infériorité de 10 % selon les
recommandations de l’EMA (115) (Annexe 5). Une population de 310 patients était dès lors
inférieure de l’intervalle de confiance de la différence des taux de guérisons à J15 après stratification
sur le centre et le PSI (116). Le plan d'analyse statistique est présenté en Annexe 6.
Les variables continues sont présentées avec leur moyenne, déviation standard, médiane, valeurs
extrêmes et interquartile.
Les critères secondaires ont été évalués par des tests de Chi-2 pour les variables catégorielles et t-
test pour comparer les distributions des variables quantitatives. La fréquence des effets indésirables,
L'analyse des facteurs de risque d'échec a été réalisée en univariée sur la population en PP puis nous
avons réalisé une régression logistique en incluant les variables explicatives associées à l'échec en
analyse univariée dont p < 0,2, ainsi que les variables d’intérêt comme l’âge et le sexe.
Un seuil bilatéral de 5 % a été utilisé comme seuil de significativité pour les tests statistiques.
Les analyses ont été réalisées avec le logiciel R, version 3.6.1 (R Foundation for Statistical Computing)
(117).
45
3. Résultats
3-1. Patients
Au total, 1716 patients ont été screenés, parmi lesquels 310 ont été randomisés, et 1406 n’ont pas
été inclus. Les principaux motifs de non inclusion étaient l’immunodépression (9,8 %), une
antibiothérapie préalable (9,6 %), une pneumonie inhalation (8,7 %), un diagnostic de pneumonie
46
Parmi les 310 patients randomisés, 7 ont retiré leur consentement avant de prendre le traitement de
l’étude. L’analyse en ITT a ainsi inclus 303 participants et l’analyse en PP a inclus, à J15, 291 patients.
47
3-1-1. Caractéristiques de la population de l’étude
Les caractéristiques cliniques et biologiques à l’inclusion des participants en ITT sont similaires dans
Le sexe ratio (M/F) était de 1,5, avec un âge médian de 69,5 ± 18,6 ans. Les principales comorbidités
étaient une pathologie pulmonaire chronique (23,4 %), une insuffisance cardiaque (20,7 %) et un
Les signes cliniques à l’admission étaient une toux (n = 245 ; 80,8 %), des crépitants (n = 233 ; 76,9 %),
une dyspnée (n = 168 ; 55,4 %), et des expectorations muco-purulentes (n = 115 ; 38,0 %). Le score
PSI moyen à J0 était : 82,3 ± 32,0. Concernant les paramètres biologiques, le taux de C-reactive
protein (CRP) moyen, disponible chez 235 patients, était de 143,5 ± 122,4 mg/L, le taux de
procalcitonine (PCT) moyen, disponible chez 107 patients, était de 2,5 ± 6,8 µg/L, et la leucocytose
Les radiographies thoraciques retrouvaient, une infection multi-lobaire dans 51 (16,4 %) cas et un
48
Fréquence respiratoire (/min) 23,5 [18,0, 29,8] 22,5 [20,0, 27,8]
Fréquence cardiaque (battements/min) 100,0 [89,0, 111,0] 102,0 [92,0, 113,0]
Pression artérielle systolique (mmHg) 133,5 [118,0, 149,0] 136,0 [121,0, 152,0]
Pression artérielle diastolique (mmHg) 72,0 [64,0, 82,0] 74,0 [84,0, 65,0]
Saturation en O2 (%) 95,0 [93,0, 97,0] 94,0 [92,0, 97,0]
Signes cliniques à J0 (n, %)
Dyspnée 81 (53,3) 87 (57,6)
Toux 125 (82,2) 120 (79,5)
Expectorations muco-purulentes 58 (38,2) 57 (37,7)
Foyer de crépitants 121 (79,6) 112 (74,2)
Score PSI (médiane, IQR) 80,5 [57,0, 105,0] 83,0 [58,0, 104,0]
Fine 2 (PSI ≤ 70) (n, %) 56 (36,8) 55 (36,4)
Fine 3 (PSI = 71-90) (n, %) 39 (25,6) 34 (22,5)
Fine 4 (PSI = 91-130) (n, %) 45 (29,6) 56 (37,1)
Fine 5 (PSI > 131) (n, %) 12 (7,9) 6 (3,9)
Paramètres biologiques à l’admission (médiane, IQR)
Hémoglobine (g/dL) 12,8 [11,9, 13,9] 13,1 [11,9, 14,3]
Leucocytes (G/L) 11,5 [8,1, 16,0] 11,7 [8,7, 15,2]
Polynucléaire neutrophiles (G/L) 9,8 [6,6, 14,4] 9,7 [6,9, 12,9]
Urée (mmol/L) 6,7 [4,8, 8,8] 5,9 [4,7, 8,0]
Glucose (mmol/L) 6,2 [5,4, 7,0] 6,2 [5,3, 7,5]
Créatinine (µmol/L) 78,0 [65,0, 100,0] 79,0 [63,0, 96,0]
C-Reactive Protein (mg/L) ** 134,0 [59,0, 234,0] 104,0 [46,8, 200,0]
Procalcitonine (µmol/L) *** 0,55 [0,20, 2,23] 0,20 [0,10, 0,60]
Examen radiologique
Épanchement pleural 11 (7,2) 16 (10,6)
* Les patients peuvent avoir plus d’une comorbidité. ** dosée chez 235 patients (groupe 3 jours de traitement : 117 patients ;
groupe 8 jours de traitement : 118). *** Dosée chez 107 patients (groupe 3 jours de traitement : 50 patients ; groupe 8 jours
de traitement : 57). BPCO : Bronchopneumopathie chronique obstructive ; IQR : interquartile range ; PSI : pneumonia severity
index.
Le score PSI médian [IQR] à l’admission à l’hôpital était de 80,5 [57,0, 105,0] et 83,0 [58,0, 104,0]
Le CAP score médian [IQR] à l’admission était de 49,7 [34,9, 60,4] et 46,2 [24,6, 63,3] respectivement
49
3-1-2. Identification microbiologique
Au total, 31 patients ont eu une identification microbiologique de leur PAC sur 260 patients ayant
Si l’on se focalise sur les seuls prélèvements respiratoires, 13 patients ont eu une identification mi-
crobiologique sur 65 testés. Tous les patients ayant bénéficié de lavage broncho-alvéolaire ou
d’une aspiration bronchique avaient bénéficié préalablement d’un examen cytobactériologique des
Au total 43 patients ont reçu un antibiotique dans les 24 heures précédant J0.
50
Pristinamycine 3 3 6
Pivmecillinam 2 0 2
Daptomycine 1 0 1
Métronidazole 0 1 1
Fluoroquinolones 0 2 2
Aminosides 1 0 1
Total 18 25 43
Les antibiotiques les plus utilisés durant les 24 heures (n = 43) précédant J0 sont l’amoxicilline et les
monaire.
b) Patients ayant eu une antibiothérapie par AAC ou C3G pendant les 3 premiers jours (J0-J3)
Au cours des 3 premiers jours (J0-J3) avant inclusion, la plupart des patients (64 %) ont reçu comme
Tableau 7 - Bêta-lactamines reçues par les patients durant les 3 premiers jours avant randomisation
(analyse ITT)
La répartition des bêta-lactamines utilisées dans les 3 jours avant randomisation semble iden-
tique dans les 2 groupes, avec une majorité de prescriptions d’amoxicilline-acide clavulanique.
51
3-1-4. Description des échecs
Le taux d’échec total dans la population analysable à J15 en per protocole était de 26,8 % (78/291).
symptômes (n = 62 ; 79,5 %), une antibiothérapie additionnelle quelle que soit l’indication (n = 8 ;
10,2 %), et la présence d’une fièvre à J15 quelle que soit sa cause (n = 4 ; 5,1 %).
Les principaux symptômes présentés par les patients classés en échec à J15 étaient :
(chaque situation : n = 2 ; 3,2 %), dyspnée et crépitants (n = 2 ; 3,2 %), enfin toux et
Enfin, les patients présentant un échec avaient une durée de séjour significativement plus longue
que les patients guéris (durée moyenne de 10,4 ± 8,7 jours vs 7,9 ± 7,2 jours ; p = 0,0257).
52
3-2. Efficacité d’un traitement de 3 jours
À J15, dans l’analyse en ITT, le taux de guérison était de 77,0 % (117/152) dans le groupe 3 jours de
traitement et de 67,5 % (102/151) dans le groupe 8 jours de traitement. La différence de risque était
L’analyse en PP retrouvait un taux de guérison à J15 de 77,9 % (113/145) dans le groupe 3 jours de
traitement et 68,5 % (100/146) dans le groupe 8 jours de traitement. La différence de risque était
À J30, l’analyse en ITT retrouvait un taux de guérison de 71,7 % (109/152) dans le groupe 3 jours de
traitement et 72,2 % (109/151) dans le groupe 8 jours de traitement. La différence était de -0,47 %
(IC95 % : -11,3 %, -9,98 %). L’analyse en PP retrouvait un taux de guérison de 74,5 % (105/141) dans
le bras 3 jours de traitement versus 75,9 % (107/141) dans le groupe 8 jours de traitement, soit une
différence de -1,42 % (IC95 % : -12,08 %, 9,20 %). Ces résultats sont compatibles avec la non
infériorité.
53
Figure 15 - Critère secondaire : Guérison à J30 (en ITT et PP)
b) Mortalité
Concernant la mortalité à J30, elle était de 1,9 % (3/152) dans le groupe 3 jours de traitement et de
1,3 % (2/151) dans le groupe 8 jours de traitement, sans différence significative (0,60 ; IC 95 % : -
c) Événements indésirables
La proportion de patients ayant présenté au moins un effet indésirable était de 14,5 % (22/152) dans
le groupe 3 jours de traitement et 19,2 % (29/151) dans le groupe 8 jours (Tableau 8).
54
Tableau 8 - Répartition des événements indésirables (EI) et événements indésirables graves (EIG)
entre les 2 groupes de traitements
d) Durée d’hospitalisation
La durée médiane d’hospitalisation était de 5 et 6 jours respectivement dans les groupes 3 et 8 jours
de traitement.
55
e) Durée de récupération
La durée médiane de récupération était de 15 jours et 15,5 jours dans les groupes 3 jours et 8 jours
de traitement respectivement.
f) Observance du traitement
L’observance au traitement antibiotique était identique dans les 2 groupes, par définition les patients
56
g) Évolution du CAP score
L’évolution du CAP score était identique dans les 2 groupes au cours des 30 jours de suivi (Tableau
11).
La valeur du CAP score moyen pour l’ensemble de la population était, à J0, J3 et J8 respectivement :
Tableau 11 - Évolution du CAP Score en fonction du temps dans la population analysée en ITT
J0 J3 J8 J15 J30
N patients 174 216 200 217 211
Groupe 3 jours 44,38 64,50 72,19 76,92 82,84
(Médiane [IQR]) [28,40 ; 55,03] [43,79 ; 76,92] [48,82 ; 82,84] [55,03 ; 88,46] [56,51 ; 91,72]
Groupe 8 jours 46,15 62,72 68,05 68,64 82,84
(Médiane [IQR]) [26,04 ; 60,36] [42,60 ; 76,92] [47,93 ; 82,84] [49,26 ; 82,84] [69,82 ; 95,27]
* un score élevé du CAP score indique un faible nombre de symptômes de pneumonie et une faible sévérité de la
pneumonie.
50 0
-10
0 -20
J0 J3 J8 J15 J30 J0 J3 J8 J15 J30
20 40
3 jours 3 jours
10 8 jours 20 8 jours
0 0
-10 -20
-20 -40
J0 J3 J8 J15 J30 J0 J3 J8 J15 J30
Figure 17 - Comparaison des CAP scores de la population ITT des groupes 3 jours et 8 jours en fonction du
temps (CAP score global, CAP score pour la dyspnée, CAP score pour la toux, CAP score pour les
expectorations muco-purulentes)
57
3-2-1. Autres analyses
Délai médian [IQR] à J0 3,0 [3,0 ; 3,0] 8,0 [8,0 ; 8,0] 8,0 [3,0 ; 8,0]
Au total, 19 patients ont été réhospitalisés au cours de leur suivi et le nombre et les motifs de
Nous avons réalisé plusieurs analyses en sous-groupe concernant les catégories suivantes : âge (<
65 ans, ≥ 65 ans, et ≥ 75 ans), PSI score (< 70, ≥ 70, < 91, et ≥ 91), et en fonction des antibiothérapies
58
a) Âge
Pour l’évaluation à J15 (critère principal) des catégories âge ≥ 65 ans, et âge ≥ 75 ans, les résultats
statistiques démontraient la non-infériorité entre les 2 groupes de durée de traitement. Seuls les
résultats de l’analyse en ITT de la population < 65 ans ne permettaient pas d’exclure la non-infériorité
Figure 18 – Analyse post-hoc selon l’âge des patients à J15 (ITT et PP)
que pour le groupe d’âge < 65 ans dans l’analyse en PP mais les résultats pour les autres sous-
59
Figure 19 - Analyse post-hoc selon l’âge des patients à J30 (ITT et PP)
b) PSI score
À J15, les résultats de l’analyse en sous-groupe selon le PSI démontrent la non-infériorité pour tous
les sous-groupes, excepté pour le sous-groupe PSI ≥ 91 en PP mais le résultat semble compatible.
Figure 20 - Analyse post-hoc selon le PSI score des patients à J15 (ITT et PP)
60
À J30, les résultats de l’analyse en sous-groupe selon le PSI, démontrent la non infériorité pour les
Figure 21 - Analyse post-hoc selon le PSI score des patients à J30 (ITT et PP)
Il n’existe pas de différence significative entres les 2 groupes de traitement dans l’analyse par sous-
Tableau 15).
Par ailleurs, la prescription d’antibiotique durant les 24 heures précédant J0 n’a pas d’impact signifi-
61
Tableau 14 - Taux de guérison des patients sans antibiothérapie préalable à J0
Les taux de guérison dans les 2 groupes de traitement en fonction de l’antibiotique ne sont pas
significativement différents (Tableau 16). Les patients traités par AAC ont une tendance non
significative à présenter un taux de guérison moins important que ceux traités par C3G (p = NS) en
62
Tableau 16 – Taux de guérison en fonction des antibiothérapies reçues entre J0 et J3 selon les
groupes
b) Patients ayant eu des ATB uniquement IV ou PO pendant les 3 premiers jours (J0-J3)
Il n’y a pas de différence significative du taux de guérison entre les 2 groupes de traitement dans
Par ailleurs, l’administration des antibiotiques IV vs PO, lors des 3 premiers jours, n’a pas d’impact
Tableau 17 – Taux de guérison en fonction des voies d’administration des traitements antibiotiques
reçus de J0 à J3
63
PP 40/50 (80,0 %) 39/60 (65,0 %) 0,09 79/110 (71,8 %)
ITT 36/53 (67,9 %) 48/61 (78,7 %) 0,51 84/114 (73,7 %)
J30
PP 36/47 (76,6 %) 47/59 (79,7 %) 1 83/106 (78,3 %)
Afin de réaliser une analyse de type worst-case scenario, tous les patients exclus de l'analyse PP sont
Différence
Groupe 3 jours Groupe 8 jours
IC 95 %
À J15
Nombre de patients exclus de la PP 7 5
Taux de guérison 113/152 (74,3 %) 105/151 (69,5 %) 4,81 % [-5,75 % ; 15,23 %]
À J30
Nombre de patients exclus de la PP 4 5
Taux de guérison 105/145 117/151 8,40 % [-1,80 % ; 18,84 %]
Figure 22 - Analyse worst-case scenario en Per-Protocole (PP) pour les J15 et J30
Cette analyse de sensibilité en worst-case scenario conclut aussi à la non-infériorité entre les 2
groupes de traitement.
64
3-2-5. Analyse de sensibilité avec une autre définition d'échec
Nous avons réalisé de nouvelles analyses en prenant pour définition d’échec : la présence de fièvre
et/ou toute antibiothérapie additionnelle et/ou mortalité toute cause. Cette définition ne prend pas
toux, des expectorations, de la dyspnée) dont l’évaluation peut être sujette à la subjectivité.
65
Figure 25 - Guérison en fonction de la classe d'âge à J30 (analyses ITT et PP)
66
Figure 27 - Guérison en fonction du PSI score à J0 à J30 (analyses ITT et PP)
Ces analyses de sensibilité, en utilisant une définition de guérison ne reposant que sur des éléments
objectifs, confirment la non-infériorité pour la population globale ainsi que l’ensemble des sous-
3-3-1. Population
Parmi les 310 patients randomisés dans l’étude, la population évaluable à J15 pour l’analyse en per
protocole est de 291 patients, sur laquelle nous avons recherché les facteurs de risque d’échec.
67
3-3-2. Analyse univariée
Les facteurs de risque associés à l’échec à J15, dans cette population, en analyse univariée,
sont (Tableau 20) : sexe masculin (OR 1,744 ; IC95 % : 1,013, 3,067), âge par année (OR 1,031 ; IC95 % :
1,014, 1,048), pathologie pulmonaire chronique (OR 1,854 ; IC95 % : 1,029, 3,305), PSI à J0 par point
(OR 1,013 ; IC95 % : 1,004, 1,021), clairance de la créatinine par mL/min (OR 0,9880 ; IC95 % : 0,9767,
Pour l’analyse multivariée, nous avons utilisé dans le modèle les variables significatives avec un seuil
à 5 % (p < 0,2) de l’analyse univariée qui sont aussi les variables d’intérêt de la littérature.
Échec Guéris
P-value
N = 78 N = 213
Sexe masculin (n, %) 54 (69,2) 120 (56,3) 0,0446
Âge (année, moyenne ± ET) 76,2 ± 15,7 67,2 ± 18,9 0,0001
Institutionalisé 4 (5,1) 5 (2,4) 0,2482
Comorbidités (n, %)
Néoplasie 1 (1,3) 5 (2,4) 0,5522
Insuffisance hépatique 1 (1,3) 5 (2,4) 0,5522
Insuffisance cardiaque 18 (23,1) 42 (19,7) 0,5340
Coronaropathie 14 (18,0) 27 (12,7) 0,2684
Pathologie cérébrovasculaire 5 (6,4) 17 (8,0) 0,6482
Insuffisance rénale 8 (10,3) 15 (7,0) 0,3799
Diabète 17 (31,5) 37 (17,4) 0,3960
Pathologie pulmonaire chronique 25 (32,1) 43 (20,2) 0,0401
Tabagisme 13 (16,6) 39 (18,3) 0,7111
Vaccination antigrippale 14 (17,9) 24 (11,3) 0,1585
Signes cliniques à J0 (n, %)
Dyspnée 47 (60,3) 114 (53,5) 0,3046
Toux 65 (83,3) 168 (78,9) 0,3921
Expectoration 29 (37,2) 80 (37,6) 0,9528
Crépitants 59 (75,6) 164 (77,0) 0,8095
Confusion 6 (7,7) 19 (8,9) 0,7298
Pleurésie 2 (2,6) 6 (2,8) 0,9063
Délai entre les premiers symptômes et
5,0 ± 5,0 4,6 ± 5,6 0,6132
l’admission (j, moy ± ET)
Patients traités par 3 jours d’antibiotique (n, %) 32 (41,0) 114 (53,5) 0,0585
68
Signes vitaux à J0
Fréquence respiratoire (/min) 24,8 ± 7,5 24,6 ± 7,4 0,8720
Température (°C) 38,8 ± 0,6 38,9 ± 0,6 0,4844
Pression artérielle systolique (mmHg) 139,5 ± 24,6 135,0 ± 24,0 0,1606
Pression artérielle diastolique (mmHg) 75,4 ± 13,6 73,4 ± 15,1 0,2971
Fréquence cardiaque (battements/min) 102,2 ± 20,1 103,3 ± 19,5 0,6743
Saturation en oxygène (%) 94,0 ± 3,7 94,5 ± 3,9 0,3132
Score PSI à J0 91,3 ± 29,6 78,7 ± 32,2 0,0028
Examens biologiques à J0, (moy ± ET)
Clairance créatinine (mL/min) 73,2 ± 26,1 80,1 ± 23,4 0,0308
Urée (mmol/L) 8,1 ± 4,2 6,9 ± 3,7 0,0342
Natrémie (mmol/L) 137,4 ± 3,7 137,3 ± 3,8 0,7922
Glycémie (mmol/L) 6,8 ± 2,6 6,9 ± 2,6 0,7801
Hématocrite (%) 38,2 ± 5,1 38,7 ± 5,5 0,5240
Leucocytose (G/L) 13,6 ± 10,9 12,5 ± 6,0 0,9849
Polynucléaires neurophiles (G/L) 12,1 ±11,9 10,2 ± 5,3 0,4703
Plaquettes (G/L) 248,3 ± 119,4 223,1 ± 89,2 0,0641
Procalcitonine (µg/L) 1,4 ± 4,0 2,6 ± 7,3 0,3511
CRP (mg/L) 143,1 ± 115,9 145,2 ± 126,1 0,9089
Radiographie à J0 (n, %)
Atteinte multilobaire 17 (21,8) 34 (16,0) 0,2375
Épanchement pleural 8 (10,3) 18 (8,4) 0,6100
CAP score à J0 (moyenne ± ET) 43,8 ± 19,0 45,4 ± 20,7 0,8224
Les facteurs de risque associés à l’échec à J15 dans cette population en analyse multivariée étaient
(Tableau 20) : sexe masculin (OR 1,916 ; IC95% : 1,077, 3,489), âge par année (OR 1,873 ; IC95 % :
0,9726, 3,702), et plaquettes par G/L (OR 1,003 ; IC95 % : 1,000, 1,006).
69
Tableau 20 - Analyses univariée et multivariée des facteurs associés à l’échec à J15
Sexe masculin 1,744 [1,013 - 3,067] 0,0483 1,916 [1,077 – 3,489] 0,0295
Âge (années) 1,031 [1,014 - 1,048] 0,0003 1,024 [1,003 - 1,046] 0,0252
Pathologie pulmonaire chronique 1,854 [1,029 - 3,305] 0,0375 1,386 [0,7415 - 2,555] 0,2991
Clairance créatinine à J0 (mL/min) 0,9880 [0,9767 - 0,9989] 0,0340 0,9922 [0,9783 - 1,006] 0,2721
Pression artérielle systolique à J0
1,008 [0,9970 - 1,019] 0,1610 1,004 [0,9915 - 1,016] 0,5622
(mmHg)
Plaquettes à J0 (G/L) 0,9736 [0,9599 - 0,9871] 0,0002 1,003 [1,000 – 1,006] 0,0225
Les symptômes en rapport avec la pneumonie, évalués par le CAP score, étaient significativement
différents à J8 chez les patients guéris et chez ceux en échec (Figure 28) (57,8 ± 22,5 points vs 69,0
Figure 28 - Comparaison des CAP scores de la population guérie et en échec à J15 en fonction du temps
70
4. Discussion et perspectives
Dans cet essai randomisé mené en double aveugle, incluant des patients hospitalisés pour une PAC,
le taux de guérison lors d’un traitement antibiotique de 3 jours chez les patients présentant une
stabilité clinique à J3, n’est pas inférieur à celui d’un traitement de 8 jours.
4-1. Population
La population de l’essai est identique à la population hospitalisée pour une PAC, décrite dans la
littérature. En effet, l’âge médian de cette population est habituellement compris entre 70 et 74 ans
avec une prédominance masculine et des comorbidités fréquentes comme le diabète, la BPCO,
l’insuffisance cardiaque. La gravité initiale reflétée par un PSI score compris entre III et IV est aussi
habituelle (26,27,34). Il est à noter que, dans notre essai, les patients immunodéprimés étaient exclus.
L’exclusion des patients immunodéprimés est fréquente dans les essais sur les durées courtes de
Évaluer les durées de traitement optimales chez les patients immunodéprimés reste à réaliser.
Les résultats de notre essai ne s’appliquent qu’à la population de l’étude qui excluait donc les patients
immunodéprimés, les patients pris en charge en réanimation, les patients qui présentent un abcès
pulmonaire ou un épanchement significatif et les patients non stables à J3. On ne peut donc
recommander de traiter tous les patients par 3 jours d’antibiotiques au cours des PAC. Dans notre
étude 122 patients ont été exclus pour non obtention des critères de stabilité à J3.
une image radiologique, devant ce tableau clinique les patients sont habituellement traités par anti-
71
Au cours des essais récents, la définition hétérogène des cas des PAC peuvent conduire à des résul-
tats variables (111). Cependant toutes les définitions de cas incluaient une image radiologique, par
contre la fièvre n’était pas toujours exigée contrairement à notre définition (26,63,112).
La non-infériorité entre les 2 groupes de traitement est démontrée à J15, en analyse en ITT ou en PP.
La marge de 10 % préconisée par l’EMA est respectée et une marge plus réduite n’aurait pas été
72
prise en défaut. La tendance à la supériorité non significative est probablement due à une fluctuation
d’échantillonnage. La non-infériorité entre les 2 régimes thérapeutiques est confirmée par l’étude en
worst-case scenario ainsi que les études post hoc de sensibilité qui ont été réalisées avec une défi-
nition de la guérison reposant uniquement sur des critères objectifs (présence de fièvre, prise anti-
biotique quelle que soit la cause et mortalité toute cause). Dans ces analyses, la non-infériorité est
Dans notre essai, chez les patients hospitalisés pour PAC qui présentaient les critères de stabilité à
J3, une durée de traitement de 3 jours par bêta-lactamine se révèle donc être non inférieure à une
Ces résultats sont en faveur de la possibilité d’arrêter précocement un traitement antibiotique chez
les patients présentant une PAC modérément sévère (non pris en charge en médecine intensive)
quand ils présentent une réponse clinique objectivée par l’obtention des critères de stabilité
(112,118). Cette stratégie d’arrêt précoce, devrait permettre une réduction importante de l’exposition
Cependant la proportion de patients présentant des critères de stabilité est aux alentours de 50 %
dans les séries de patients hospitalisés pour PAC (119,120). En effet, dans l’étude princeps
Halm et al. ont montré que le temps médian pour obtenir l’ensemble des critères de stabilité dans la
cohorte de patients était de 3 jours. Dans une autre étude, européenne, réalisée chez 394 patients
hospitalisés pour CAP, 220 (55,8 %) étaient stable à 72 heures. Ceci limite la possibilité d’interrompre
les antibiotiques à 3 jours chez tous les patients présentant une PAC.
Jusqu’alors un seul essai randomisé, à notre connaissance, a comparé 3 jours à 8 jours par
amoxicilline au cours des PAC chez l’adulte. Cet essai s’était intéressé à 119 adultes présentant une
réponse clinique rapide définie à 72 heures de traitement par une diminution des symptômes de
73
pneumonie, l’apyrexie et l’aptitude à prendre un traitement per os (113).
La population de l’essai était moins importante, plus jeune (âge médian à 54 et 60 ans,
respectivement dans les groupes 3 et 8 jours de traitement) et présentait moins de comorbidités que
dans notre essai. En outre, les cas de pneumonie inclus étaient moins sévères (principalement un PSI
score inférieur à 70 et exclusion des patients avec PSI score supérieur à 110). Par conséquent, les
données issues de ce travail ne peuvent être extrapolées aux pratiques hospitalières car la population
hospitalisée pour PAC est plus âgée et présente plus de comorbidités que celle de cet essai (15).
a) Guérison J30
À J30 les résultats sont compatibles avec la non infériorité et confirmeraient ainsi la possibilité de
réduire la durée de traitement à 3 jours sans impact avec un suivi plus long. Le critère principal
d’évaluation a été fixé à 15 jours afin d’éviter que par un critère plus éloigné, la guérison spontanée
b) Mortalité
La mortalité à J30, dans notre essai, était très basse et sans différence significative entre les 2 bras.
Cette très faible mortalité dans une population pourtant âgée et présentant des comorbidités peut
être expliquée par l’inclusion uniquement de patients ayant atteint les critères de stabilité à J3 ce qui
c) Événements indésirables
La proportion de patients ayant présenté au moins un effet indésirable n’était pas significativement
74
différente entre les 2 groupes de traitement.
Ce résultat peut être dû à l’effectif trop faible pour détecter une différence. En effet dans la littérature,
comme démontré récemment dans une étude sur la durée d’antibioprophylaxie chirurgicale (83).
Mais la différence de survenue de ces effets indésirables ne peut être visible que sur de larges
d) Durée d’hospitalisation
La durée médiane d’hospitalisation est de 5 jours pour l’ensemble de la population de l’étude et n’est
pas différente entre les 2 bras. En effet les patients recevaient dans tous les cas 8 jours de traitement
au total dans les deux bras, dont 5 jours de placebo dans le groupe expérimental. Par ailleurs, la
réduction de la durée de traitement antibiotique est associée à une réduction de la durée de séjour
uniquement s’il s’agit d’une antibiothérapie administrée par voie parentérale (123). Enfin, la durée
d’hospitalisation lors des PAC est essentiellement due à l’âge et aux comorbidités (89–91).
e) La durée de récupération
La durée de récupération des activités habituelles était non significativement différente entre les 2
groupes de traitement. La population étant majoritairement âgée, la plupart des patients n’avait plus
d’activité professionnelle en conséquence la durée des arrêts de travail n’a pu être exploitée.
Metlay et al. ont évalué qu’environ 50 % des patients ayant présenté une CAP rapportait encore une
Plusieurs études ont évalué le délai de disparition des symptômes de pneumonie, entre 2 et 6
semaines après l’épisode, celui-ci varie selon l’âge du patient, le terrain, la gravité initiale et
75
probablement le pathogène responsable (9,124–143).
f) L’observance du traitement
L’observance au traitement antibiotique était identique dans les 2 groupes, les patients dont la
compliance était inférieure à 80 % étaient exclus de l’analyse en per protocole (Tableau 10).
Seulement 13 (4 %) patients n’ont pas été compliants à 100 %. Ce résultat peut s’expliquer par « l’effet
L’évolution du CAP score (score quantifiant les symptômes) était identique dans les 2 groupes au
cours des 30 jours de suivi (Tableau 11). Ceci démontre que, quelle que soit l’intensité des symptômes
à l’admission, si les patients présentent les critères de stabilité à J3 leur évolution est identique même
en interrompant le traitement antibiotique. Ces résultats étaient aussi retrouvés dans l’essai de El
La non-infériorité était démontrée pour les groupes à risque ≥ 65 ans et ≥ 75 ans ainsi qu’en cas de
score PSI ≥ 70 ou ≥ 91. Étonnamment la non infériorité n’était pas démontrée pour les < 65 ans mais
semblait compatible avec le résultat ce qui est probablement lié à un problème de taille d’échantillon
(n = 107).
Nous avons analysé les différents régimes d’antibiothérapie que les patients avaient reçu entre J0 et
J3 et comparé les taux de guérison dans les 2 groupes en fonction ainsi qu’entre les différents
Nous avons réalisé une analyse en worst-case scenario en considérant que tous les patients exclus
de l’analyse en ITT étaient classés en échec dans le bras 3 jours et en succès dans le bras 8 jours.
L’ensemble de ces analyses contribuent à renforcer notre résultat principal, c’est-à-dire la non-
Nous avons réalisé des analyses en ne prenant en compte pour la définition de guérison que des
éléments objectifs (fièvre, mortalité ou antibiothérapie additionnelle). Avec cette définition la non
infériorité est aussi démontrée sur l'ensemble de la population de l'étude ainsi que dans les différents
sous-groupes sauf pour les patients avec PSI ≥ 91 dans les analyses en ITT et en PP à J15, ce qui est
attendu.
Dans la deuxième partie de notre travail, nous nous sommes intéressés aux facteurs de risque
d’échec.
Le taux d’échec des PAC dans la littérature varie de 6 à 40 % (24,62,144–148), notamment en cas de
forme sévère (149). La survenue d’un échec augmente significativement le risque de complication, la
À l’opposé, l’obtention des critères de stabilité est associée avec une probabilité élevée de pronostic
77
favorable (119).
Le taux d’échec des PAC dans la littérature varie aussi en fonction de la définition utilisée et du
moment de l’évaluation. Enfin, les échecs peuvent ne pas être dus à des causes infectieuses.
Une étude prospective multicentrique de cohorte réalisée chez les patients hospitalisés pour PAC
retrouvait un taux d’échec de la prise en charge de 15,1 %, dont 62,3 % survenait précocement (< 72
heures) et 37,7 % tardivement. Les causes de l’échec étaient d’origine infectieuse dans 40 %, non
Ceci souligne la difficulté à définir l’échec et la nécessité d’harmoniser les critères afin de pouvoir
comparer les résultats des études et identifier des facteurs de risque ainsi que mettre en évidence
l’impact de l’antibiothérapie.
Le taux d’échec dans notre étude est plus élevé qu’habituellement rapporté. Ce résultat est
fonctionnels respiratoires sans amélioration et même isolée (comme la toux par exemple) était
considérée comme un échec. En effet, la description des échecs clinique survenus dans l’essai montre
que les principaux motifs sont la persistance des symptômes respiratoires initialement présents. Très
peu de patient avaient de la fièvre ou ont reçu une antibiothérapie additionnelle qui correspondent
Les principaux signes persistants à J15 étaient l’expectoration, la toux et la dyspnée. Il est habituel
de considérer que ces symptômes peuvent persister longtemps chez les patients présentant une PAC
(150).
78
4-3-1. Facteurs de risque d’échec identifiés dans l'essai
Dans notre étude, en analyse univariée, nous avons identifié les facteurs de risque d’échec suivants :
- L'âge, qui est un facteur de mauvais pronostic unanimement accepté. Il s’agit du facteur ayant
- Le score PSI, développé par M. Fine et al. pour évaluer la mortalité associée aux PAC (9)
- Le CAP score, qui reflète l’intensité des symptômes respiratoires liés à la pneumonie.
- L’insuffisance rénale, qui est un facteur souvent associé à l’échec dans la littérature. Il peut
toutefois plus s’agir d’un marqueur que d’un facteur d’échec proprement dit, étant souvent
- l’âge
- le sexe
- la fonction rénale
- le taux de plaquettes
Les facteurs de risque d’échec ont été décrits dans la littérature. Malgré l’hétérogénéité de la
définition de l’échec, l’âge et les comorbidités sont les principaux facteurs de risque identifiés dans
Une revue systématique de la littérature a inclus 29 études dont 44,8 % spécifiquement sur les sujets
âgés de plus de 65 ans (153). Les différents facteurs de risque identifiés étaient : l’âge, le tabagisme,
et les traitements par inhibiteur de l’acidité gastrique. Une partie de ces facteurs sont modifiables et
79
Les facteurs non modifiables sont l’âge et les pathologies pulmonaires sous-jacentes comme dans
notre étude.
Finalement, notre travail n’a identifié que peu de facteurs de risque significativement associés à
l’échec. Ceci est probablement dû à l’inclusion uniquement de patients cliniquement stables à J3. Les
patients présentant une bonne réponse clinique au traitement de leur PAC ont un excellent pronostic
traitement est le meilleur élément pronostic et permet de ne pas tenir compte des facteurs de risque
Par ailleurs, nous confirmons l’absence d’impact de la durée de traitement (3 jours vs 8 jours) sur le
taux d’échec.
Afin de confirmer nos résultats, nous avons réalisé une nouvelle analyse en ne prenant comme
définition d’échec que la fièvre, la prescription d’une antibiothérapie additionnelle ou le décès. Cette
Le CAP score, est un score clinique utilisé pour quantifier les symptômes des PAC, il a été décrit et
validé par Moussaoui et al (114). Il se présente sous la forme d’un court questionnaire reproductible
évaluant l’importance et les modifications des symptômes respiratoires ainsi que la qualité de vie au
Dans notre travail, il est intéressant de noter que le CAP score de J0 n’est pas prédictif d’échec, ce
qu’on peut interpréter comme l’absence d’influence de l’intensité des signes cliniques initiaux si le
Le fait que la définition de l’échec tienne compte des symptômes peut expliquer la significativité du
CAP score.
80
4-3-3. Biomarqueurs
Par ailleurs, les biomarqueurs comme la PCT et la CRP qui étaient réalisés à discrétion du clinicien
n’étaient pas prédictifs de l’échec. Une autre étude a montré que le taux de procalcitonine n’était
associé ni à la guérison ni à la mortalité au cours des PAC (122,154). Ceci souligne l’importance de
En conclusion, chez les patients présentant une PAC qui sont stables à J3, ni les comorbidités, ni la
sévérité initiale de la PAC, ni le taux de procalcitonine n’ont d’impact sur le pronostic. Uniquement
l’âge, le sexe, l’insuffisance rénale et un taux de plaquettes bas sont associés à un sur-risque d’échec.
Ces résultats doivent être pris en compte pour la prise en charge de cette pathologie et soulignent
que la réponse clinique est le meilleur facteur pronostique et donc l’importance de l’évaluation
Les forces de notre essai sont la robustesse de la méthode : double aveugle randomisé, et l’évaluation
en aveugle par un comité indépendant. Par ailleurs, il s’agit d’un des rares essais de durée de
traitement ayant comparé la même classe d’antibiotique (bêta-lactamines) dans les 2 bras.
Enfin l’effectif de 310 patients atteint permet de correctement réaliser une analyse de non-infériorité
avec une marge de 10 % et une puissance de 80 %. Les analyses de sensibilité sont aussi en faveur
4-5. Limites
Une des limites, est l’important nombre de patients screenés non inclus qui peut interroger sur la
Ceci peut être, en partie, expliqué par les modalités de screening, en effet tous les patients se
81
présentant au service d’accueil des urgences avec des signes respiratoires sont généralement
plupart présentent une infection respiratoire sans pneumonie et/ou qui ne correspond pas à notre
Quoiqu’il en soit, nos résultats nous semblent aussi applicables aux cas de PAC suspectées mais non
strictement prouvées et qui sont généralement traités par antibiotique. Dans ce cas, notre stratégie,
permettrait aussi une réduction de la durée de traitement antibiotique dans cette situation fréquente.
En pratique clinique quotidienne, le nombre de cas suspectés de PAC d’origine bactérienne est bien
plus important que le nombre de cas confirmés, ce qui augmente l’impact d’une stratégie de
Par ailleurs, un nombre important de patients n’ont pas été inclus pour des raisons sans rapport avec
leur PAC comme : critères médico-sociaux (1009, 40,5 %), prise d’antibiotiques non autorisés par le
protocole (536, 21,5 %), des raisons logistiques ou de transfert vers un autre hôpital (148, 6,0 %). Il
est intéressant de noter que l’absence de stabilité à J3 est un motif d’exclusion pour 122/578 (21,1 %)
Cependant, nos résultats ne peuvent être extrapolés aux patients ne répondant pas après 3 jours de
traitement, ni à la population qui présente une PAC sévère nécessitant la prise en charge en
réanimation comme lors d’une détresse respiratoire sévère, et/ou un choc septique.
Une autre limite de cet essai est liée à la définition de cas des PAC et de la guérison qui varient de
manière importante dans la littérature et entre les différents essais. Ceci peut conduire à des
La FDA (Food and Drug Administration) propose une définition de réponse au traitement pour
l’évaluation de nouveaux antibiotiques au cours des PAC. Mais la complexité de cette définition en
82
Considérant le traitement, notre essai n’a inclus que les patients ayant reçu une monothérapie de
bêta-lactamines durant les 3 premiers jours, comme prôné par les recommandations européennes
(63). Beaucoup de centres en Europe ainsi que les recommandations américaines recommandent une
présentant une PAC nécessitant une hospitalisation. Cette pratique peut être perçue comme pouvant
limiter la généralisation de nos résultats. Cependant nous pensons que la non infériorité étant
démontrée dans notre essai pour une monothérapie, il est probable que pour une bithérapie les
résultats soient identiques. En outre plusieurs travaux ont montré le faible intérêt d’une bithérapie
systématique pour les patients hospitalisés pour PAC hors soins intensifs (26,27).
Le choix de l’association amoxicilline-acide clavulanique en relais oral, utilisée dans l’essai, peut aussi
être discuté. Il s’agit d’un choix pragmatique compte tenu de l’âge moyen élevé de la population
habituellement hospitalisée pour une PAC. En effet, dans cette situation, les recommandations et les
enquêtes de pratique réalisées au SAU montre que la grande majorité des patients reçoit soit des
C3G parentérales soit de l’AAC, le relais oral étant le plus souvent l’AAC, ce qui pourrait être discuté
d’un point de vue microbiologique, les bactéries anaérobies présentes dans les voies aériennes
Enfin, dans notre étude l’identification d’un agent pathogène bactérien n’était pas exigé car en
pratique quotidienne la disponibilité et la fiabilité des tests PCR rapides ne permettaient pas leur
utilisation en routine avant la pandémie à SARS-CoV2 (15). Notre essai visait à reproduire l’approche
pragmatique des cliniciens sur le terrain, en charge des patients présentant une suspicion de PAC
dans les conditions réelles afin que les résultats de l’essai soient plus facilement généralisables (30).
De ce fait, une étiologie uniquement virale de la PAC ne peut être exclue. Enfin, même en cas
d’infection virale prouvée les traitements antibiotiques sont souvent prescrits, afin de traiter une
83
éventuelle sur/co infection bactérienne (159). L’application d’une durée de traitement antibiotique
courte dans ces situations permettrait aussi de réduire l’exposition populationnelle aux antibiotiques.
En effet, les critères d’inclusion (fièvre, au moins un signe fonctionnel respiratoire et image thoracique
d’antibiotique.
Enfin on peut ajouter que si des patients avec une infection exclusivement virale avaient été inclus,
Déterminer la durée de traitement antibiotique en se basant sur la réponse clinique semble être une
meilleure stratégie que d’utiliser des durées fixes. Identifier des critères d’arrêt de l’antibiothérapie
Habituellement les cliniciens utilisent des critères clinico-biologiques et parfois radiologiques qui
En pratique courante, les cliniciens se réfèrent aux recommandations qui préconisent des durées fixes
selon le site de l’infection et éventuellement le terrain du patient ainsi que la bactérie responsable.
Individualiser la durée de traitement antibiotique au cours des PAC, mais aussi au cours des autres
pathologies infectieuses, en se basant sur la réponse clinique et identifier des critères d’arrêt devrait
Plutôt qu’une « fourchette » de durée de traitement, peu applicable en pratique quotidienne, et qui
84
pragmatique devrait permettre de dégager une règle générale (62,118,160).
5-2. Procalcitonine
La procalcitonine (PCT) est un polypeptide de 116 aminoacides, dérivant d’un précurseur de 141
calcitonine (161).
bactérienne (162,163). Plusieurs études ont tenté de démontrer que la procalcitonine pouvait être
utile afin de limiter les prescriptions antibiotiques (indication et durée) et permettre une
Une méta-analyse de 26 essais randomisés contrôlés a été réalisée afin d’évaluer la possibilité de
guider le traitement antibiotique par le taux de procalcitonine lors des infections respiratoires (164).
Les auteurs ont compilé les données individuelles de patients présentant une infection respiratoire
qui recevaient des antibiotiques dont la prescription était soit guidée par le taux de procalcitonine,
soit à l’appréciation du clinicien sans connaissance du taux de procalcitonine. Le critère principal était
la mortalité à J30 et/ou l’échec clinique. Les objectifs secondaires étaient la consommation
d’antibiotique, la durée de séjour et l’incidence des effets indésirables liés aux antibiotiques. Au total,
990 articles ont été identifiés, parmi lesquels 71 étaient éligibles pour la méta-analyse. Les données
de 6708 patients issues de 26 essais réalisés dans 12 pays ont été colligées. La mortalité à J30 était
significativement plus basse dans le groupe de patients pour lequel le traitement était guidé par le
taux de procalcitonine que dans le groupe contrôle (286/3336 [9 %] décès vs 336/3372 [10 %]
respectivement ; aOR 0,83 [95% CI 0,70 to 0,99], p = 0,037). Cette mortalité significativement plus
basse était retrouvée parmi tous les sous-groupes de patients quels que soient le type d’infection et
le lieu de prise en charge. La mortalité était beaucoup plus basse en soins primaires et chez les
85
patients présentant une bronchite.
Guider l’antibiothérapie par le taux de procalcitonine était associé à une réduction de 2,4 jours
d’exposition antibiotique (moyenne 5,7 vs 8,1 jours ; 95% CI : −2,71, 2,15 ; p < 0,0001) et une
réduction des effets indésirables associés (16 % vs 22 % ; aOR 0,68 ; 95% CI : 0,57, 0,82 ; p < 0,0001).
D’après cette méta-analyse, l’utilisation de la procalcitonine pour guider le traitement des infections
améliorer la survie.
Cependant, nous pouvons argumenter que i) cette méta-analyse s’intéresse à différentes pathologies
dont un certain nombre sont souvent d’origine virale (bronchite par exemple), ii) la durée de
traitement antibiotique dans le groupe procalcitonine est de 7 jours en moyenne (6,4 jours pour les
bronchites aiguës et 7,2 jours pour les exacerbation de BPCO, 8 jours pour les PAC et 10,8 jours pour
les pneumonies acquises sous ventilation mécanique), soit plus longue que les durées
D’après ces données, nous pensons que la procalcitonine agit comme un signal au clinicien qui peut
lui permettre de réduire la durée de traitement par rapport à sa pratique habituelle mais pas par
l’antibiothérapie. Dans 14 hôpitaux nord-américains, ont été implémentés des référentiels pour les
cliniciens issus des recommandations de consensus sur le traitement des infections respiratoires
Secondairement, les patients se présentant au SAU avec une suspicion d’infection respiratoire basse
pour lesquels le clinicien n’était pas certain de la nécessité d’une antibiothérapie, ont été randomisés
soit dans le groupe procalcitonine, dans lequel le clinicien recevait en temps réel les résultats du
86
dans le groupe contrôle où le clinicien utilisait le référentiel.
Au total 1656 patients ont été inclus dans la cohorte finale (826 ont été randomisés dans le groupe
procalcitonine et 830 dans le groupe prise en charge standard), parmi eux 782 (47,2 %) ont été
hospitalisés et 984 (59,4 %) ont reçu des antibiotiques dans les 30 jours (165).
Il n’a pas été retrouvé de différence significative entre le groupe procalcitonine et le groupe standard
de soin concernant le nombre de jours d’exposition aux antibiotiques (moyenne, 4,2 et 4,3 jours,
En conclusion, dans cet essai multicentrique l’utilisation de la procalcitonine comme outil pour guider
l’utilisation d’un référentiel reposant sur les recommandations qui se basent sur les données de
l’examen clinique.
Enfin, l’ATS/IDSA dans ses dernières recommandations stipule que les biomarqueurs, dont la procal-
citonine, permettent de réduire la durée de traitement par rapport à la pratique mais ne permettent
traitement antibiotique.
5-3-1. Historique
Les critères de stabilité ont été historiquement développés par Ethan Halm afin de proposer des
éléments objectifs et reposant sur l’examen clinique permettant d’estimer la durée d’hospitalisation
nécessaire et d’évaluer l’efficacité d’un traitement antibiotique chez les patients hospitalisés (119).
Ultérieurement, il a été suggéré que ces critères pouvaient être utilisés comme critères de sortie de
l’hôpital (166). Plusieurs essais randomisés et des études observationnelles ont validé ces critères
87
comme marqueur pronostique ou de sortie d’hospitalisation (167–173). Ces critères ont aussi été
utilisés comme critères de relais PO de l’antibiothérapie comme rapporté dans une revue
Enfin, il a été proposé par les recommandations internationales de les utiliser comme critère d’arrêt
de l’antibiothérapie au cours des PAC s’ils étaient présents depuis au moins 48 heures (IDSA/ATS
2019) :
“We recommend that the duration of antibiotic therapy should be guided by a validated measure of
clinical stability (resolution of vital sign abnormalities [heart rate, respiratory rate, blood pressure,
oxygen saturation, and temperature], ability to eat, and normal mentation), and antibiotic therapy
should be continued until the patient achieves stability and for no less than a total of 5 days (strong
Un essai réalisé par Uranga et al. supporte cette recommandation (112). Dans le groupe intervention,
les patients traités par antibiotiques durant au moins 5 jours arrêtaient leur antibiothérapie si tous
les critères de stabilité, sauf un, étaient présents depuis 48 heures. Dans le groupe contrôle, la durée
Les résultats montrent que l’arrêt d’un traitement antibiotique reposant sur les critères de stabilité
(médiane à 5 jours) était non inférieur à un traitement reposant sur le choix du clinicien (10 jours).
5-3-2. Applications
Dans notre essai, nous avons montré la possibilité d’interrompre le traitement antibiotique après 3
jours de bêta-lactamine chez les patients présentant les critères de stabilité à J3 au cours des PAC
(174).
Chez l’adulte, un seul autre essai randomisé a montré la possibilité de traiter par 3 jours
d’antibiotique les PAC mais il ne permettait pas d’appliquer ses résultats à la majorité des patients
88
pris en charge à l’hôpital en raison d’une population d’étude plus jeune avec une PAC moins sévère
Dans notre essai, les critères de stabilité des pneumonies ont montré qu’ils pouvaient être utilisés
comme critère d’arrêt de l’antibiothérapie, après 3 jours de traitement antibiotique, dans une
Dorénavant, nous devons identifier et valider des critères de stabilité pour les autres pathologies
Cette approche pourrait ouvrir la voie à l’individualisation de la durée de traitement pour d’autres
pathologies bactériennes, permettant l’arrêt du traitement antibiotique selon des critères cliniques
Une individualisation de la durée de traitement selon des critères objectifs est facilement réalisable
pour les patients hospitalisés. En ambulatoire, l’évaluation et la surveillance quotidienne sont difficiles
à réaliser. Le développement actuel de la télé médecine et des objets connectés devraient permettre
une plateforme de télésurveillance en Ile de France, qui a permis de suivre plus de 900 000 patients.
Cette organisation s’est révélée efficace avec moins de 150 décès. Il s’agit de la première expérience
de télémédecine de cette ampleur développée pour une pathologie infectieuse aiguë (175).
Dans notre prochain projet, nous évaluerons la possibilité d’interrompre l’antibiothérapie dés
obtention des critères de stabilité chez les patients présentant une pneumonie prise en charge en
89
6. Limites du concept de traitement court
Malgré la tendance générale à réduire la durée de traitement des pathologies infectieuses, des essais
randomisés sont nécessaires pour valider les stratégies de durée de traitement courte, en fonction
En effet, récemment, plusieurs essais ont montré les limites des indications au traitement antibiotique
court.
Un essai sur les otites moyennes de l’enfant de 6 à 23 mois a retrouvé un taux d’échec plus important
dans le groupe 5 jours de traitement (34 %) par amoxicilline-acide clavulanique que dans le groupe
Un essai randomisé ouvert de non-infériorité s’intéressant aux infections sur prothèse orthopédique
a retrouvé un taux d’échec significativement plus important lors d’un traitement antibiotique de 6
Un essai de non infériorité, multicentrique, randomisé, réalisé en double aveugle a étudié les cas de
patients hospitalisés pour dermo-hypodermite qui s’amélioraient et étaient apyrétiques après 6 jours
de traitement par Penicilline M intraveineuse. Les patients recevaient alors 6 jours de flucloxacilline
per os ou un placebo. Le taux de récidive était significativement plus important dans le groupe 6
Les critères de stabilité que nous avons utilisés comme critères d’arrêt de l’antibiothérapie ne sont
pas définis pour d’autres pathologies infectieuses que les PAC ne permettant pas leur extrapolation.
Il est important de définir et de valider des critères de stabilité pour différentes pathologies
infectieuses, notamment les plus courantes (infections urinaires et peau et tissus mous).
En outre, ils pourraient différer en fonction du terrain des patients et en particulier chez les patients
âgés et immunodéprimés.
90
7. Conclusion
Dans notre essai, incluant les patients présentant une pneumonie aiguë communautaire
modérément sévère nécessitant une hospitalisation, notre stratégie d’arrêt des antibiotiques après 3
jours de bêta-lactamine chez les patients présentant les critères de stabilité n’était pas inférieure à
Cette stratégie d’arrêt de l’antibiothérapie précoce à 3 jours en cas de stabilité clinique, pourrait être
étendue à l’ensemble des infections respiratoires. Ceci permettrait une réduction importante des
prescriptions antibiotiques bien au-delà des PAC bactériennes qui servent de référence de durée de
la durée standard de traitement des PAC et plus largement des infections respiratoires basses, qui
sont des causes fréquentes de prescription antibiotique, devrait permettre de réduire de manière
bactériennes.
Réduire la durée de traitement antibiotique comporte d’autres intérêts comme réduire l’incidence
Réduire et individualiser la durée en définissant des critères d’arrêt de l’antibiothérapie, pourrait être
un élément essentiel du bon usage antibiotique. Les critères de stabilité clinique peuvent être
proposés comme critère d’arrêt de l’antibiothérapie lors des PAC. Définir des critères d’arrêt clinique
Ce concept de critères d’arrêt pourrait être étendu à l’ensemble des pathologies bactériennes si des
critères d’arrêt (simples, facilement recueillables et objectifs) sont établis. On propose ainsi une règle
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179. Cranendonk DR, Opmeer BC, van Agtmael MA, Branger J, Brinkman K, Hoepelman AIM, et al.
Antibiotic treatment for 6 days versus 12 days in patients with severe cellulitis: a multicentre
https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1198743X1930504X
180. Committee for Human Medicinal Products (CHMP), European Medicines Agency (EMA).
infections, Rev. 3 [Internet]. 2018 [cited 2020 Jan 9]. Available from:
https://www.ema.europa.eu/en/documents/scientific-guideline/draft-guideline-evaluation-
medicinal-products-indicated-treatment-bacterial-infections-revision-3_en.pdf
112
Annexes
France :
Julie ATTAL-BEHAR, Sébastien BEAUNE, Thierry CHINET, Tristan CUDENNEC, Marine DE LAROCHE,
Albane DE THEZY, Jennifer DUMOULIN, Caroline DUPONT, Elise FERCOT, Violaine GIRAUT, Ségolène
GREFFE, Julie GRENET, Caroline GUYOT, Sylvie LABRUNE, Marie LACHATRE, Sophie MOULIAS,
Charlotte NALINE, Marion PEPIN, Elisabeth ROUVEIX, Marine SAHUT-D'IZARN, Abel SEFSSAFI,
Laurent TEILLET
Jean-Pierre BRU, Jacques GAILLAT, Vincent GAUTIER, Cecile JANSSEN, Leonardo PAGANI, Virginie
VITRAT
Marie MENN
Charles BURDET, Ouda DERRADJI, Lelia ESCAUT, Etienne HINGLAIS, Philippe LEBRAS, Edouard
LEFEVRE, Mathilde NOAILLON, Pauline RABIER, Maurice RAPHAEL, Elina TEICHER, Christiane VERNY,
Michèle BEN HAYOUN, Françoise BRUN-VEZINET, Enrique CASALINO, Christophe CHOQUET, Marie-
Christine DOMBRET, Xavier DUVAL, Véronique JOLY, Xavier LESCURE, Manuela POGLIAGHI,
113
Christophe RIOUX, Yazdan YAZDANPANAH
Elsa BARROS, Belinda BEGGA, Sébastien BOUKOBZA, Houria BOUREDJI, Imad CHOUAHI, Isabelle
DELACROIX, Antoine FROISSART, Valérie GARRAIT, Elsa NGWEM, Catherine PHLIPPOTEAU, Sepehr
Marie AMSILLI, Olivier EPAULARD, Patricia PAVESE, Isabelle PIERRE, Jean-Paul STAHL
Caroline APARICIO, Veronique DELCEY, Amanda LOPES, Marjolaine MORGAND Pierre, SELLIER, Guy
SIMONEAU
JOURDAIN
Centre hospitalier universitaire Raymond Poincaré, AP-HP Paris Saclay, Garches, France :
TRUCHIS, Aurore LAGRANGE, Sabrina MAKHLOUFI, Morgan MATT, Guillaume MELLON, Olivia
SENARD
Daniel BENHAMOU, Claire CHAPUZET, Laure CHAUFFREY, Manuel ETIENNE, Luc-Marie JOLY,
114
Bérengère OBSTOY, Mathieu SALAUN, Luc THIBERVILLE, Julie TILLON
Diane BOLLENS, Julie BOTTERO, Pauline CAMPA, Gäelle COSQUERIC, Bénédicte LEFEBVRE, Zineb
Caroline COMPAIN, Hugues CORDEL, Benoit DOUMENC, Elena FOIS, Nicolas GAMBIER, Marie-Aude
115
Annexe 2 : CAP score
Le CAP score (the community-acquired pneumonia score) est un score des symptômes associés à la
PAC, il est calculé à J0, J3, J8, J15 et J30, il permet d’évaluer et comparer l’évolution des symptômes
des PAC dans les 2 groupes de traitement (114). Le score repose sur un court questionnaire destiné
aux adultes hospitalisés pour une PAC légère à modérément sévère. Il comprend 8 items qui évaluent
Items Quantification
1. Etes-vous essoufflé…
- en étant assis ☐ Oui 1
- lors des déplacements dans la chambre/au domicile ☐ Oui 1
- en faisant sa toilette/ en s'habillant ☐ Oui 1
- en marchant dans la rue ☐ Oui 1
- en prenant une douche ☐ Oui 1
- en montant les escaliers ☐ Oui 1
Subtotal (somme) : 0 6
1 -2
2-3 -6
4-6 -8
2. Intensité de la dyspnée actuellement
☐ Pas du tout essoufflé 7
☐ Légèrement essoufflé -2
☐ Assez essoufflé -8
☐ Considérablement essoufflé -11
☐ Extrêmement essoufflé -13
3a. Toux
☐ Non 9
☐ Uniquement le matin au lever -6
☐ De temps en temps tout au long de la journée -6
☐ Fréquemment tout au long de la journée -12
3b. Volume expectoration
☐ Aucune 7
116
☐ Moins de 2 cuillères -8
☐ Plus de 2 cuillères -13
☐ Une demi-tasse -16
3c. Effort expectoration
☐ Aucune 7
☐ Facilement -9
☐ Assez difficilement -10
☐ Très difficilement -10
3d. Teinte expectoration
☐ Aucune / n'a pas prêté attention 8
☐ Transparente -8
☐ Blanche -8
☐ Verte/jaune/rouille -14
4. Se sent en forme
☐ Tout à fait d'accord 12
☐ Plutôt d'accord 4
☐ Indécis 0
☐ Plutôt pas d'accord -6
☐ Pas du tout d'accord -11
5. Etat de santé général perçu
☐ Excellent 14
☐ Bon 8
☐ Moyen -1
☐ Mauvais -9
☐ Très mauvais -15
Sous-total (somme) __________ (A)
CAP Score = (A + 99) / 1,69
117
Annexe 3 : Chartre pour le comité indépendant d’adjudication
Afin de définir/renforcer le critère de guérison une revue des dossiers en aveugle sera réalisée par 2
experts.
les 310 dossiers en aveugle du bras de randomisation mais avec les données renseignées dans l’eCRF
Ils doivent statuer sur l’état de chaque patient (guérison ou échec) à J15 (critère principal) et à J30
En cas de concordance des avis des 2 évaluateurs, le dossier sera classé selon cet avis.
En cas de discordance les 2 experts doivent parvenir à une position commune en échangeant
Définitions
disparition ou amélioration (qui pourra être évaluée par le CAP score, la faisabilité de celui-
ci sera évaluer sur les 20 premiers patients puis, en fonction il sera conservé ou abandonné)
des signes cliniques suivants s’ils étaient initialement présents : dyspnée, toux,
Les données de J15 seront prises en compte, quelles que soient les dates réelles des visites.
118
Population
Pour l’analyse en intention de traiter (ITT), seront évalués tous les patients randomisés, inclus à tort
ou à raison, ayant reçu au moins une dose du traitement de l’étude, dont le statut à J15 pourra être
déterminé (quelles que soient les dates réelles des visites). Dans cette analyse, les patients dont le
statut de guérison à J15 ne pourra être établi (visite manquante) seront toujours considérés comme
des échecs. Les patients seront considérés comme des échecs s’ils ont pris un traitement antibiotique
additionnel depuis J3. La compliance ne sera donc pas prise en compte dans cette analyse (dès lors
Pour l’analyse per protocole (PP), l’évolution clinique de tous les patients randomisés, non inclus à
l’étude sauf si l’interruption du traitement est reliée à l’aggravation de leur état et la nécessité d’une
autre prise en charge, dont le statut à J15 pourra être déterminé (quelles que soient les dates réelles
L’analyse exclura les patients n’ayant pas reçu le traitement alloué par la randomisation. Les patients
dont le statut à J15 ne pourra pas être déterminé seront exclus de l’analyse, sauf s’ils ont reçu un
traitement antibiotique additionnel depuis J3. Ils seront alors considérés comme des échecs.
Pour les analyses ITT et per protocole : lorsqu’aucun comprimé n’a été rapporté, il sera considéré
qu’aucun comprimé n’était disponible pour être rapporté et que tous les comprimés ont donc été
consommés. Le nombre de comprimés restants a été recueilli à J8 et à J15 : le maximum des 2 sera
119
Adresse : Département de soins intensifs, Hôpital Saint-Anne , Paris, France
Email : michel.wolff@ghu-paris.fr
Nathalie de Castro, MD
Email : nathalie.de-castro@aphp.fr
120
Annexe 4 : Revue des cas par comité indépendant d’adjudication
Groupe de traitement Groupe 3 jours Groupe 8 jours Groupe 3 jours Groupe 8 jours
121
Annexe 5 : Choix de la marge de non-infériorité
La marge de non-infériorité a été fixée à 10 % en accord avec les recommandations de l’EMA pour
les études des non infériorité portant sur le traitement des infections (180).
Dans le cadre d’un essai de non infériorité où la stratégie de référence (traitement long) produit un
taux de succès TL, la stratégie alternative (traitement court) produit un taux de succès TC et où la
valeur absolue limite de non-infériorité clinique est fixée à I (ici à 10 % en valeur absolue), les
H0 : TL – TC ≥ I
H1 : TL – TC < I
La non infériorité sera considérée comme démontrée (au risque unilatéral de première espèce de
est inférieure à la limite de non-infériorité choisie (soit 10 %). L’analyse statistique sera stratifiée sur
le centre et le PSI score. Le calcul de l’intervalle de confiance sera réalisé selon la méthode de
Klingenberg (116).
122
Annexe 6 : Plan d’analyse statistique (16 avril 2018)
Les analyses statistiques seront celles décrites dans le protocole avec les précisions suivantes appor-
- Analyses ITT et PP : Les données de J15 seront prises en compte, quelles que soient les dates réelles
- Analyses ITT et PP : La prise d’antibiotique additionnelle sera considérée à partir de J3 et non pas à
partir de J8 dans la mesure où les échecs du traitement initial nécessitant un nouveau traitement
antibiotique peuvent évidemment survenir avant J8, possiblement juste après la randomisation de
J3. Elle sera considérée comme un marqueur d’échec du traitement. En raison de la difficulté à établir
l’indication de l’antibiothérapie, tous les traitements antibiotiques seront par défaut considérés
- Analyses ITT et PP : lorsqu’aucun comprimé n’a été rapporté, il sera considéré qu’aucun comprimé
n’était disponible pour être rapporté et que tous les comprimés ont donc été consommés. Le nombre
de comprimés restants a été recueilli à J8 et à J15. Le maximum des 2 sera considéré pour le calcul
- Analyse ITT : le protocole envisageait que les patients consommant moins de 80 % des comprimés
soient considérés comme indéterminés, et que ceux-ci soient considérés comme des échecs dans
l’analyse ITT. Il s’agit manifestement d’une erreur. Dans l’analyse ITT, les patients avec une guérison
à J15 seront considérés comme guéris, sauf ils ont reçu un antibiotique additionnel à partir de J3.
- Analyse en ITT :
L’analyse en ITT inclura tous les patients ayant pris au moins 1 comprimé, inclus à raison ou
123
à tort.
Les patients en échec à J15 seront considérés dans tous les cas comme des échecs.
Les patients dont le statut de guérison à J15 ou J30 ne pourra être établi seront toujours
Les patients guéris à J15 seront considérés comme des échecs s’ils ont pris un traitement ATB
additionnel depuis J3. Dans le cas contraire ils seront considérés comme guéris.
La compliance ne sera donc pas prise en compte dans l’analyse ITT (dès lors que les patients
- Analyse en PP :
l’analyse, sauf si l’interruption du traitement est relié à l’aggravation de leur état et la nécessité
L’analyse exclura les patients n’ayant pas le traitement alloué par la randomisation
Les patients en échec à J15 seront toujours considérés comme des échecs du traitement
Les patients dont le statut à J15 ou J30 ne pourra pas être déterminé seront exclus de l’analyse,
sauf s’ils ont reçu un traitement antibiotique additionnel depuis J3. Ils seront alors considérés
- Enfin, l’analyse finale qui fera l’objet de la publication décrira les résultats après revue aveugle des
124
Annexe 7 : Événements indésirables
Les événements liés au traitement de l’étude dans les 2 bras présentés selon la classification Common
Terminology Criteria for Adverse Events (CTCAE 4.03) classification. Un patient peut avoir présenté
125
Annexe 8 : Analyses univariée et multivariée avec nouvelle définition d'échec
Échec Guéris
P-value
N = 27 N = 264
Sexe masculin (n, %) 20 (74,1) 154 (58,3) 0,1129
Âge (année, moyenne ± ET) 77,0 ± 16,2 68,9 ± 18,6 0,0285
Institutionalisé 0 (0) 9 (3,4) 0,3315
Comorbidités (n, %)
Néoplasie 0 (0) 6 (2,3) 0,4304
Insuffisance hépatique 1 (3,7) 5 (1,9) 0,5301
Insuffisance cardiaque 7 (25,9) 53 (20,1) 0,4759
Pathologie cérébrovasculaire 2 (7,4) 20 (7,6) 0,9750
Insuffisance rénale 2 (7,4) 21 (7,8) 0,9204
Diabète 6 (22,2) 48 (18,2) 0,6085
Pathologie pulmonaire chronique 8 (29,6) 60 (22,7) 0,4280
Tabagisme 5 (18,5) 47 (17,8) 0,9985
Vaccination antigrippale 2 (7,4) 36 (13,6) 0,4713
Signes cliniques à J0 (n, %)
Dyspnée 18 (66,7) 143 (54,2) 0,2147
Toux 23 (85,2) 210 (79,5) 0,4864
Expectoration 11 (40,7) 98 (37,1) 0,7125
Crépitants 22 (81,5) 201 (76,1) 0,5335
Confusion 3 (11,1) 22 (8,3) 0,6297
Pleurésie 0 (0) 8 (3,0) 0,3607
Délai entre les premiers symptômes et
3,9 ± 3,2 4,8 ± 5,6 0,4330
l’admission (j, moy ± ET)
Patients traités par 3 jours d’antibiotique (n, %) 14 (51,9) 132 (50,0) 0,8552
Signes vitaux à J0
Fréquence respiratoire (/min) 24,5 ± 7,1 24,6 ± 7,4 0,9480
Température (°C) 38,8 ± 0,6 38,9 ± 0,6 0,3569
Pression artérielle systolique (mmHg) 140,4 ± 24,4 135,7 ± 24,1 0,3360
Pression artérielle diastolique (mmHg) 76,7 ± 16,6 73,6 ± 14,5 0,3010
Fréquence cardiaque (battements/min) 106,9 ± 19,4 102,6 ± 19,6 0,2804
Saturation en oxygène (%) 94,2 ± 3,4 94,4 ± 3,9 0,7844
Score PSI à J0 93,3 ± 33,4 81,0 ± 31,6 0,0548
Examens biologiques à J0, (moy ± ET)
Clairance créatinine (mL/min) 77,6 ± 26,0 78,3 ± 24,1 0,0886
Urée (mmol/L) 8,1 ± 4,3 7,1 ± 3,8 0,0237
Natrémie (mmol/L) 137,7 ± 3,2 137,3 ± 3,8 0,5511
126
Glycémie (mmol/L) 7,4 ± 3,5 6,8 ± 2,5 0,3795
Hématocrite (%) 38,2 ± 5,4 38,6 ± 5,4 0,7012
Leucocytose (G/L) 12,4 ± 4,5 12,8 ± 7,9 0,7808
Polynucléaires neurophiles (G/L) 10,4 ± 4,4 11,1 ± 9,4 0,7473
Plaquettes (G/L) 252,0 ± 129,5 227,7 ± 95,0 0,2313
Procalcitonine (µg/L) 3,0 ± 7,0 2,3 ± 6,6 0,7516
CRP (mg/L) 141,4 ± 87,5 144,9 ± 126,5 0,8958
Radiographie à J0 (n, %)
Atteinte multilobaire 6 (22,2) 45 (17,0) 0,4894
Épanchement pleural 3 (11,1) 23 (8,7) 0,6645
Sexe masculin 2,041 [0,8704 - 5,353] 0,1129 2,276 [1,2415 - 4,131] 0,0411
Âge (années) 1,029 [1,004 - 1,058] 0,0210 1,040 [1,007 - 1,077] 0,0219
Pathologie pulmonaire
1,425 [1,056 - 3,315] 0,0428 1,8827 [0,7207 - 2,181] 0,7960
chronique
Clairance créatinine à J0
0,9988 [0,9822 - 0,9998] 0,0886 0,9810 [0,9591 - 1,032] 0,3585
(mL/min)
Plaquettes à J0 (G/L) 0,9755 [0,9499 - 0,9983] 0,0235 1,002 |1,001 - 1,007] 0,0255
127
Titre : Durée de traitement des pneumonies aiguës communautaires modérément sévères
Mots clés : pneumonie aiguë communautaire ; antibiotiques ; durée de traitement, résistance bactérienne
Résumé : Les pneumonies aiguës (PAC) représentent Le critère de jugement principal était la guérison
une des infections communautaires bactériennes les clinique à J15 après début de traitement. Au total,
plus fréquentes. Actuellement la durée 310 patients, présentant une PAC modérément
d’antibiothérapie recommandée est de 7 à 14 jours sévère nécessitant une hospitalisation, ont été
(10 jours en moyenne). Réduire la durée de inclus, et la durée de traitement de 3 jours de β-
l’antibiothérapie est un des moyens possibles pour lactamine chez les patients présentant les critères
réduire l’exposition des patients et de la population de stabilité n'était pas inférieure à une durée de
aux antibiotiques et mieux contrôler la résistance traitement de 8 jours.
bactérienne. Une étude multicentrique, contrôlée, Cette stratégie d’arrêt de l’antibiothérapie précoce
randomisée, de non-infériorité, en double aveugle, à 3 jours en cas de stabilité clinique, pourrait être
sur deux groupes parallèles, a été conduite évaluant étendue à l’ensemble des infections respiratoires.
deux durées de traitement antibiotique par β- Ceci permettrait une réduction importante des
lactamine (3 jours versus 8 jours). prescriptions antibiotiques bien au-delà des PAC
bactériennes qui servent de référence de durée de
traitement dans ces situations fréquentes.
Abstract : Community-acquired pneumonia (CAP) is The primary endpoint was clinical cure at D15 after
one of the most common community-acquired initiation of treatment. A total of 310 patients, with
bacterial infections. Currently, the recommended moderately severe CAP requiring hospitalization,
duration of antibiotic therapy is 7 to 14 days (average were included, and a 3-day treatment of β-lactam
10 days). Reducing the duration of antibiotic therapy in patients with stability criteria was non-inferior to
is one possible way to decrease patients and an 8-day treatment duration.
population exposure to antibiotics and to better This strategy of stopping antibiotics early at 3 days
control bacterial resistance. A multicenter, in case of clinical stability could be extended to all
randomized, controlled, non-inferiority, double- respiratory infections. This would allow a significant
blind, two-group parallel study was conducted reduction in antibiotic prescriptions well beyond
evaluating two durations of β -lactam antibiotic the bacterial CAPs that serve as a reference for
treatment (3 days versus 8 days). treatment duration in these frequent situations.
128