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Enseigner les communications par satellites avec la radio-logicielle

Laurent Franck, Huyen Chi Bui et Marine Campedel


{laurent.franck, huyen.bui}@telecom-bretagne.eu, marine.campedel@telecom-paristech.fr
Institut Mines-Télécom ; Télécom Bretagne
Institut Mines-Télécom ; Télécom ParisTech ; CNRS LTCI
RESUME : Nous proposons un témoignage d’exploitation d’une plateforme de radio-logicielle pour l’enseignement
des communications par satellites. Cette plateforme permet, à un coût raisonnable, de proposer un cadre d’apprentissage
stimulant et riche, à nos étudiants ingénieurs. Nous détaillons la plateforme et son usage pédagogique, en nous appuyant
également sur une enquête récente effectuée auprès des élèves de deux années précédentes.
Mots clés : dispositif pédagogique, retour d'expérience, radio-logicielle, apprentissage actif, compétences.
pement numérisant la réception des signaux RF et
1 INTRODUCTION transférant les échantillons vers un PC et (b) logiciel
Depuis plus de trente ans, le cursus Space Communica- (environnement de développement intégré et librairies)
tions Systems (SCS) [6] situé à Toulouse forme des permettent de traiter les signaux numérisés.
futurs spécialistes des techniques des communications
spatiales. Ce cursus animé conjointement par l’INPT- Dans le cadre du cursus SCS, nous utilisons depuis
ENSEEIHT, l’ISAE et Télécom Bretagne se décline deux ans la radio-logicielle pour (a) développer des
sous plusieurs formes (filière ingénieur, mastère spé- terminaux de réception satellite et (b) reproduire fidè-
cialisé) et accueille des élèves internationaux provenant lement en laboratoire (émuler), les conditions de
d’horizons académiques variés. L’approche système transmission au travers d’un canal satellite géostation-
promue dans la formation permet d’aborder la concep- naire.
tion de satellites et services de télécommunications en Cet usage de la radio-logicielle présente plusieurs
partant du traitement du signal jusqu’à la commerciali- avantages. Les solutions mises en œuvre sont – par
sation des services. Cette approche soutient la visée définition – instrumentées et permettent une observa-
professionnalisante du programme. Elle permet de tion facile des techniques et phénomènes. Elles sont
former des spécialistes des télécommunications spa- également modulaires et économiques partageant
tiales rapidement opérationnels auprès de grands toutes la même plateforme matérielle. Enfin, elles favo-
groupes tels que Airbus Defence & Space, Thalès Ale- risent la mise en place d’une équipe pédagogique
nia Space, des agences spatiales nationales et euro- transdisciplinaire autour d’une plateforme matérielle
péenne (p.ex. CNES, DLR, ESA) et des PME du tissus mutualisée. Cet aspect constitue également un chal-
industriel spatial. lenge de la radio-logicielle : les domaines couverts par
sa mise en œuvre sont transverses.
Le développement des compétences d’élèves provenant
de viviers hétérogènes dans un cadre complexe et riche Dans cet article, nous présentons tout d’abord le cadre
en apprentissages variés (traitement du signal, commu- pédagogique dans lequel nous exploitons la radio-
nications numériques, réseaux) n’est pas sans présenter logicielle. Puis nous exposons deux exemples
des défis. Pour cette raison, un laboratoire expérimental d’applications « élèves », afin de mesurer l’impact pé-
a été développé, qui met des équipements de communi- dagogique de notre approche. Enfin nous concluons et
cation (modems satellites, antennes) et des instruments offrons quelques perspectives de ce travail. En outre
de mesure à disposition des élèves. Cette mise à dispo- une enquête en ligne a été menée en avril/mai 2014
sition est réalisée de manière libre ou dirigée via des auprès des étudiants des 2 dernières années, avec un
projets encadrés. Dans ce contexte d’activités pratiques taux de réponse de 21/25 ; les résultats publiés dans [6]
deux constatations sont faites : (a) l’usage sont exploités au cours de l’article afin de mesurer
d’équipements et d’instruments disponibles sur étagère l’écart entre les attentes des enseignants et les ressentis
n’est pas suffisant pour satisfaire pleinement aux be- des élèves.
soins pédagogiques et (b) accéder en émission à un
satellite présente un coût trop élevé pour un établisse- 2 CADRE PEDAGOGIQUE
ment académique. Et pourtant, cet accès est nécessaire
2.1 Développement d’une approche « programme »
afin tester des chaînes de communication en réception
basée sur les compétences
et émission.
Le cursus SCS s’adresse à des (futurs) ingénieurs, en
L’émergence depuis 5 ans de produits abordables de fin de parcours ou à des personnes déjà diplômées
radio-logicielle répond à ce constat par des perspec- choisissant de se spécialiser dans les communications
tives intéressantes. La radio-logicielle consiste à réali- spatiales ; il est donc important qu’il propose un cadre
ser en logiciel (p.ex. sur un PC de bureau) des fonc- pédagogique permettant le développement de compé-
tions de télécommunications (modulation, filtrage) tences promues par la CTI (Commission des Titres
jusque là traditionnellement implantées dans des cir- d’Ingénieurs), mettant chaque étudiant au cœur de son
cuits intégrés dédiés (ASIC). Les produits de radio- apprentissage, ainsi que cela est conseillé dans [2].
logicielle sont souvent composés d’un couple (a) équi-
Nous rappelons ci-dessous les 5 compétences présen- en binôme. Les sujets sont proposés par les enseignants
tées dans le rapport de la CTI [3]. et les partenaires industriels, choisis par les étudiants,
« D’une manière générale la CTI considère que le mé- qui doivent les réaliser en 10 semaines environ, en
tier d’ingénieur comporte cinq compétences essen- autonomie. Quelques rendez-vous réguliers permettent
tielles : de suivre la méthodologie de gestion de projet et
• la maîtrise des sciences de base et de leur utilisation, l’avancement des étudiants. Dans notre enquête, 18/21
socle commun des connaissances et garantie de la ri- étudiants répondent qu’il est indispensable d’avoir des
gueur d’analyse et du pouvoir d’adaptation, à long projets avec une composante pratique, expérimentale.
terme, aux exigences évolutives des métiers, La radio-logicielle présente ainsi une opportunité de
• la maîtrise des sciences de l’ingénieur formant au projets qui n’étaient pas possible auparavant, ainsi que
métier visé, garantes de l’efficacité et du pouvoir le confirment les étudiants ayant utilisé ces équipe-
d’adaptation, à court terme, du jeune ingénieur, ments (8/8). A la question duale de savoir si la radio-
• la capacité à s’impliquer dans la recherche et à être logicielle apporte plus de complexité que d’avantages,
un vecteur d’innovation, aucun étudiant n’a répondu positivement.
• l’assimilation de la culture d’entreprise et la compré-
2.3 Installation matérielle
hension du contexte économique, social, humain, envi-
ronnemental, éthique, philosophique, ... permettant Les équipements de radio logicielle sont répartis en
notamment de s’intégrer dans un groupe et de le diri- deux pôles correspondant aux différents types de plate-
ger efficacement, formes satellites : géostationnaire et en orbite basse.
• la capacité à communiquer dans un contexte culturel
international, sans se limiter à la langue anglaise, ce Pour le pôle « géostationnaire », nous disposons
qui permet l’exercice du métier et de la relation sociale d’USRP NI-29201 qui sont positionnés entre des mo-
en tout lieu. » dems au standard DVB-S2 pour les aspects émulation
de canal (Figures 1 et 5). L’émulateur dont le logiciel
Par l’intermédiaire d’une plateforme de radio-logicielle est installé sur un PC annexe (Figure 6), permet de mo-
détaillée ci-après, le cursus propose donc différents difier le rapport signal à bruit du signal transmis en
dispositifs d’apprentissage actif, c’est-à-dire de dispo- fonction de la configuration du système satellite émulé
sitifs dans lequel l’étudiant agit explicitement pour (taille des antennes, présence ou absence de pluie sur le
apprendre. La radio-logicielle devient ainsi un support lien montant/descendant, produits d’intermodulation
à l’apprentissage de concepts transdisciplinaires et à la dans le transpondeur du satellite etc.). Pour un coût
résolution de problèmes complexes, qui permettent aux matériel de 8 k€, il permet de traiter à la volée des por-
étudiants de développer leurs connaissances scienti- teuses modulées de 2 Mbaud en bidirectionnel.
fiques, de les mobiliser sur des problèmes réalistes, à
l’aide de matériels/logiciels exploités dans l’industrie.
En outre, le programme est proposé en anglais et les
étudiants sont invités à écrire des rapports et faire des
exposés de leurs travaux dans cette langue; ces li-
vrables sont pris en compte dans l’évaluation du cur-
sus.
2.2 Différentes propositions pédagogiques
La plateforme est essentiellement exploitée dans deux
contextes différents : Figure 1 : Principe de fonctionnement du banc
• Les bureaux d’étude (BE), assimilables à des dis- d’émulation de transmission satellite géostationnaire
positifs d’apprentissage par problème
• Les projets, généralement en binômes. Une autre installation du pôle « géostationnaire »
comprend un USRP NI-2920 qui est directement relié à
une antenne parabolique de 1.2 m installée sur le toit
Pendant un BE, le matériel est mis à disposition des
du laboratoire. Cette installation est utilisée pour rece-
élèves, sous la supervision de leur enseignant. Un pro-
voir des signaux de référence appelés « balises » en-
blème est soumis aux élèves, qui doivent observer des
voyés par les satellites et permettant d’évaluer à chaque
phénomènes, en faisant varier expérimentalement des
instant les conditions de propagation entre le satellite et
paramètres, et les expliquer. Une conférence discipli-
la Terre (p.ex. l’atténuation liée à la pluie). Ce banc de
naire peut ensuite être proposée, afin de consolider les
test, développé par les élèves, n’est pas détaillé dans la
apports conceptuels de la séance. Dans notre enquête,
présente contribution.
14/21 étudiants disent que cette façon de procéder (un
BE puis un cours transmissif) les a aidés à mieux com-
prendre le cours. 1
Numériseur National Instruments couvrant de 50
MHz à 2.2 GHz avec une bande passante de 20 MHz, un port
En outre, deux sessions de projets sont proposées au
TX et deux ports RX. Les échantillons sont transférés par
cours du cursus (en plus du stage), à effectuer seul ou Ethernet.
Le pôle « orbite basse » est constitué d’une station sentons dans les sections suivantes deux exemples
satellite incluant des antennes (VHF/UHF) orientables d'applications : la réception d’images météo NOAA et
en azimut et élévation (Figure 2), une chaîne de com- l’émulation d’un canal de propagation géostationnaire.
munication « historique » basée sur du matériel ra-
3.1 Réception d'images météo par satellite
dioamateur (émetteur/récepteur et modem à base de
DSP) et une chaîne entièrement numérique articulée Cette application consiste à recevoir, démoduler et dé-
autour d’un USRP NI-2920 (Figure 3). Un PC vient coder les images météo diffusées par les satellites en
compléter cette installation afin de piloter les antennes orbite basse opérés par la National Oceanic and At-
pour le suivi de satellite et traiter le signal numérisé mospheric Administration (NOAA). Ces satellites fil-
provenant de l’USRP. ment la surface de la terre dans le spectre visible et
infrarouge et diffusent à la volée chaque ligne de pixels
capturés. Dans le mode le plus simple, la résolution est
de 1 pixel pour 16 km2.

Le projet des élèves consistait à concevoir et dévelop-


per sous LabVIEW™ un logiciel permettant de suivre
les satellites NOAA ainsi que de recevoir et décoder les
images météorologiques. Ce projet fait appel à plu-
sieurs disciplines : la mécanique orbitale pour le poin-
tage et le suivi des satellites, les communications radio-
fréquence (RF) pour la réception et la démodulation
des images et finalement le traitement du signal pour le
décodage et le post-traitement des images.

Figure 2 : Equipements extérieurs de la station « satel-


lite en orbite basse » : antennes directives VHF et
UHF, positionneur azimut/élévation et amplificateurs
de mât.

Figure 4 : Parties de l’Europe et de l’Afrique par une


fin d’après-midi d’octobre 2013 (infrarouge à gauche,
spectre visible à droite).

Quelle que soit la discipline abordée, la démarche pro-


posée aux élèves est identique : état de l’art, définition
d’un algorithme à partir des informations récoltées,
mise en œuvre sous LabVIEW™ et validation. En pre-
nant pour exemple le suivi de satellites, cela s’est dé-
cliné de la manière suivante : recherche d’un modèle de
propagation orbitale, prototypage sous MATLAB™
d’un algorithme suivant le modèle, portage sous Lab-
Figure 3 : Equipements intérieurs de la station « satel- VIEW™ et validation en deux temps. Dans un premier
lite en orbite basse » : chaîne historique (étagère du temps, en comparant avec les résultats fournis par
milieu) et numérique (étagère du bas). d’autres outils disponibles sur Internet, ensuite par une
mise en pratique du suivi de satellites et la réception de
3 EXEMPLES D'APPLICATION signaux. Le prototypage sous MATLAB™ a permis
Les avantages de l’utilisation de la radio logicielle dans aux élèves de travailler – dans un premier temps – avec
l’enseignement ont été confirmés lors de plusieurs pro- un outil qui leur est familier. Dans notre enquête, 13/21
jets d’élèves réalisés au sein du cursus SCS. Nous pré- étudiants disent que s’ils ne devaient choisir qu’un seul
outil entre MATLAB™ et LabVIEW™, ce serait MA- Globalement, nous constatons que les élèves apprécient
TLAB™ (et Simulink). Cependant les 8/8 élèves ayant les activités où la radio-logicielle est utilisée. La mé-
véritablement utilisé LabVIEW™ disent le préférer à trique la plus immédiate est leur implication qui dé-
MATLAB™. passe souvent le volume horaire demandé. Nous pen-
sons cependant que cela n’est pas uniquement dû à la
3.2 Emulation de canal satellite géostationnaire
radio-logicielle en tant que nouvelle technologie mais
Le but de cette application est de reproduire en labora- plutôt aux nouvelles portes qu’elle ouvre en termes de
toire les phénomènes affectant la transmission d’un champ applicatif.
signal au travers d’un satellite géostationnaire.
L’avantage de la radio-logicielle dans ce contexte est D’un point de vue pratique, nous constatons également
triple. D’une part, c’est une solution économique lors- que la courbe d’apprentissage de LabVIEW™ est
qu’elle est basée sur des équipements tels que les compatible avec des projets de petite durée (p.ex. 70 h
USRP. Ensuite, les traitements inclus dans l’émulation par binôme), même si les élèves n’ont jamais été con-
peuvent être adaptés en fonction de l’usage. Enfin, frontés à ce langage au delà d’un tutoriel d’une heure
l’émulation opère au niveau RF, ce qui est une condi- délivré par nos soins en début de projet. Ceci est con-
tion nécessaire pour un niveau de représentativité éle- firmé par notre enquête : sur les 16 étudiants initiés à
vé. LabVIEW™, 9 estiment que l’initiation et les res-
sources à disposition leur ont suffi, et 6 de plus disent
Dans ce contexte, cette plateforme soutient les activités avoir été impressionnés très positivement. Un seul étu-
pédagogiques de trois manières. Premièrement en se diant a trouvé la tâche d’apprentissage trop difficile.
substituant à un accès satellite réel. Deuxièmement, en Une raison est la richesse de l’aide en ligne et
proposant un lien satellite fictif dont on peut faire va- l’abondance de ressources pédagogiques disponibles
rier les caractéristiques à volonté, y compris pour simu- sur Internet. Lors d’années précédentes, des projets
ler l’occurrence d’évènements rares : pluie inhabituelle, utilisant GNU Radio2 ont été proposés. Une difficulté
orage magnétique ou forte interférence des canaux ad- majeure constatée était la prise en main de cet environ-
jacents. Troisièmement en accueillant dans l’émulateur nement par les élèves. Cette difficulté est liée aux
des modules additionnels développés par des élèves compétences hétérogènes des élèves en ce qui concerne
tels que l’intégration de modèles ITU d’atténuation liée l’informatique système.
à la pluie. Nous avons eu l’occasion de mettre en
œuvre les deux premières approches. Les remarques suivantes sont spécifiques aux deux
exemples d’application présentés précédemment.
Deux cas d’usage sont détaillés ci-dessous : un bureau
4.1 Réception d’images météo par satellite
d’étude d’introduction à DVB-S2 et un projet d’élèves
portant sur la qualité de la voix sur IP (VoIP) sur lien Pour les élèves, la réception d’images réelles capturées
satellite. Dans le premier cas, la combinaison de depuis l’espace est une source de motivation impor-
l’usage des modems et de l’émulateur nous a permis de tante. Par ailleurs, un cercle vertueux s’installe où les
balayer des thématiques allant de la visualisation du élèves s’investissent pour améliorer le traitement de
spectre des porteuses, le calcul du rapport signal à bruit « leurs » images. Ce cercle vertueux les incite à
par la mesure et la confrontation avec le calcul théo- s’approprier différentes techniques de traitement du
rique jusqu’à l’analyse du comportement de TCP sur signal. L’usage de LabVIEW™ permet de mettre en
un lien géostationnaire en fonction de différents rap- œuvre très rapidement des « sondes » dans le code afin
ports signal à bruit, y compris pour certaines conditions de visualiser les étapes intermédiaires (formes d’onde
extrêmes. Ce bureau d’étude a été suivi de cours ma- après démodulation FM, AM, filtrages successifs etc.).
gistraux présentant les différents aspects de DVB-S2. Ces sondes illustrent visuellement des concepts sou-
Dans le second cas, un binôme d’élèves a construit en vent enseignés par le biais des mathématiques.
laboratoire un réseau VoIP composé de plusieurs
4.2 Emulation de canal satellite géostationnaire
téléphones et d’un serveur Asterisk. Les téléphones
étaient répartis de chaque coté du lien satellite L’usage de l’émulateur de canal et des moyens associés
reproduit grâce à l’émulateur. Grâce à cela, ils ont pu permet d’aborder les communications par satellite
établir la relation entre la qualité perçue de la voix sur géostationnaire de manière assez complète. Le pro-
IP et les caractéristiques du réseau de transport associé gramme de cours inclut quelques cours magistraux
(délai, gigue, taux de perte). autour de DVB-S2, une norme de transmission. Ces
cours, abordés par le biais de la standardisation asso-
4 IMPACT PEDAGOGIQUE
ciée sont précédés d’un bureau d’étude où une chaîne
Nous disposons de peu de recul sur l’usage de la radio- de communication DVB-S2 est mise en œuvre. Cette
logicielle dans nos activités d’enseignement, puisque le articulation entre bureau d’étude et cours permet une
matériel de radio-logicielle n’est utilisé intensivement meilleure compréhension du lien entre
dans notre cursus que depuis deux ans. Plusieurs points l’implémentation pratique et la théorie. Des concepts
méritent cependant d’être évoqués.
2
http://www.gnuradio.org/
tels que l’efficacité spectrale, le C/N0 (rapport de la radio », IEEE Conference on Metrology and Space, MetroAe-
puissance de porteuse et la densité spectrale de la puis- rospace 2014, May 2014, Italy.
sance du bruit), le codage canal, la surcharge liée à [2] R. Prégent, H. Bernard et A. Kozanitis, "Enseigner à
l’encapsulation protocolaire, ou encore la performance l’université dans une approche programme", http://
www.polymtl.ca/livreeuap/, Presses internationales Poly-
de TCP sur un lien géostationnaire, sont mis en lu-
technique, 2009, ISBN 9782553014352.
mière. L’usage de l’émulateur dans ce contexte permet [3] CTI (Commission des Titres d’Ingénieur),
de faire varier les conditions de transmission et de dé- "Références et Orientations – Tome 1 principes", version
montrer clairement l’impact des différents phéno- 2012-2015, http://www.cti-commission.fr/Nouvelle-version-
mènes. Les élèves arrivent à gagner leurs premières du-referentiel.
expériences en découvrant un système de communica- [4] T.B. Welch, S. Shearman, « Teaching Software Defi-
tion fonctionnel et en observant la transformation des ned Radio Using The USRP And LabVIEW », IEEE Interna-
signaux réels à travers diverses couches de protocoles. tional Conference on Acoustics Speech and Signal Proces-
sing (ICASSP’12), pp 2789-2792, March 2012, Japan.
Ces deux exemples de mise en œuvre nous ont égale- [5] S. Katti, « Designing Hands-On Wireless Communi-
cations Labs With the NI Universal Software Radio Periphe-
ment permis de découvrir les défis que constitue ral and LabVIEW », http://sine.ni.com/cs/app/doc/p/id/cs-
l’usage de la radio-logicielle. Ils peuvent être résumés 13848
dans la maxime suivante : « sachez maîtriser science, [6] http://spacecomm.wp.mines-telecom.fr/ Site web de la
matériels, pilotes logiciels, système d’exploitation et formation Space Communication Systems
langage de programmation ». Dans une certaine me-
sure, la radio-logicielle combine les exigences de
l’instrumentation et de la programmation. C’est ce qui
fait sa force et sa difficulté et donc sa richesse pédago-
gique, dans le cadre du développement des compé-
tences de nos futurs spécialistes.
5 CONCLUSION
Dans cet article, nous avons présenté la radio-logicielle
comme support d’apprentissage des communications
par satellite, et vecteur de développement de compé-
tences essentielles aux ingénieurs. En effet, reposant
sur une plateforme matérielle et logicielle riche, une
palette diversifiée d’activités pédagogiques (problèmes,
projets) peut être proposée, favorisant la professionna-
lisation des étudiants.

La plateforme logicielle exploitée, reposant sur l’usage


d’USRP et de LabVIEW™ permet, à un coût raison-
nable, d’aborder des problèmes transdisciplinaires
(traitement du signal, communications numériques et Figure 5 : Emulateur de canal, partie matérielle : rou-
analogiques) dans une approche système. Ces pro- teur, modems et numériseurs (de haut en bas).
blèmes sont complexes et pourtant les élèves parvien-
nent rapidement à un niveau de compétence suffisant
pour produire des prototypes efficaces et en temps réel.
Nous appliquons cette plateforme dans le cadre de
l’enseignement des communications par satellite, il
peut être appliqué à d’autres contextes [4-5].

L’usage de LabVIEW™ est cohérent avec la dimen-


sion professionnalisante du programme de formation
SCS. Cependant, l’usage d’environnements open
source (p.ex. GNU Radio, Octave) ne remettrait pas en
cause le principe pédagogique. A ce propos, au travers
de l’enquête effectuée, il apparaît que nos étudiants
apprécient ce mode d’enseignement, mêlant situations
pratiques, manipulations expérimentales, probléma-
tiques ouvertes et apport de connaissances théoriques.

Bibliographie
[1] H-C. Bui, L. Franck « Cost effective emulation of Figure 6 : Emulateur de canal, partie logicielle : le
geostationary satellite channels by means of software-defined panneau de contrôle.

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