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Sujet ) Vous ferez des quatre documents suivants, qui


s'interrogent sur I'influence des nouvelles technologies sur
les relations, une synthèse objective, concise et structurée.
- Documents, pages 182 à 185
- Plan, page 185
- Synthèse rédigée, page 1 86

E@tr
I
Document 1 : Entretien avec Philippe Breton, propos recueillis par Claude Vincent, « Ce ne sont pas
I ,es nouvelles technologies qui expliquent l'individualisme.», Enieux, juillet-août 2005.
I Document 2 : Pascal Lardellier, « Le cæur Net », Problèm es politiques et sociaux, n' 91 1, avril 2005
I
Document 3 :lsaac AsimovFace aux feux du soleil, J'ai \u,197O.
I
I Do.rr"nt 4 :Dessin de Hubert Blatz,sotitudes partagées, 2006.
I

:--

a Document 1
P. B. [ ..] Nous avons un rapport ambivalent à la communication à distance, à la fois nous
l'aimons et nous nous en défions. Le succès d'lnternet est lié à des difficultés apparues
dans le lien social, que i'on connaît et que l'on mesure. Il aide à contoumer celles qu'éprou-
vent certains à entrer en contact direct : prise de parole, phobie, timidité sociale... I1 peut
donc trouver un écho dans une partie de la population. La question reste à savoir si Inter-
net est un bon porte-parole », qui garantit i'intégralité et l'intégrité du message.
"
Je suis réservé sur ce point. Entrons-nous, dès lors, dahs une société de communication
à distance ? Cela reüent à se demander si les constantes anthropologiques sont boulever-
sées. Je ne vois pas là de révolution, même s'il faut se garder de jouer les prophètes. Un
noyau de personnes pense que le point ultime de l'individualisme est la séparation physi-
que, la n défusion
". On touche au cceur du projet des sociétés individualistes qui montent
en puissance depuis la Renaissance, phénomène qui s'est accru depuis un demi-siècle.
Certains, très favorabies à la communication indirecte, prônent une société sans contacts
physiques s,.nonyme de moindre violence sociale. Pour ma part, je pense que la perte
serait plus grande que le gain. Nlais je ne peux l'exclure, auquel cas nous serions bien
dans un renversement des tendances qui, depuis deu-x cent mille ans, privilégient la com-
munication directe et orale. Si nous basculions vers un modèle sans contact physique et
sans communication de uisu, les nouvelles technologies se trouveraient en situation très
favorable.[...]
C, Y, lnternet est également présenté comlne l'outil-clé de la démocratie clirecte. ..

O LE5 ÉPREUVEs DU BTS


P. B. Plus de pouvoir à l'individu donc plus de liberté, plus de démocratie... Cette promes-
se s'est effectivement installée, même si on l'entend un peu moins. On allait tout faire de
chez soi, sans être confronté à toutes les üolences potentielles des autres. La web-cam, Ies
sites, les blogs vont m'informer, sans que j'aie besoin de personne pour m'en faire le com-
mentaire. Fantasme. Sous une apparente modemité, cette instrumentalisation de notre
râpport à la présence directe, sans médiation, est porteuse de démagogie et de populisme.
Depuis cinquante ans, on est en panne de futur et on nous vend Ia « société de I'informa-
tion " comme seule issue. Ce concept va disparaître rapidement, j'en fais le pari.

o ce ne sont pas res nouve,e. ,..ff"','.ii:lil::,ïirimffi::ir',Tffr:::ï,,j:X",Îili:I;:;"g: il

a Document 2
I
Le " §en1'eut-bonsoir » avec ]es voisins que i'on connaît sans les connaître, les conversa-
tions de comptoir, Ies soirées convenues avec collègues, n anciens amis , et " vieilles con-
naissances » sont-ils plus profonds et plus authentiques qu'une relation nouée sur Internet :

et qui, investie autrement, par-delà les coqps, les convenances et les habitudes, n'en existe
pas moins, digne d'intérêt et de respect à ce titre... ?
Une relation, c'est de l'estime et des souvenirs partagés, mais aussi la qualité d'une ex-
pression et d'une écoute. C'est ùa ce prisme que les rapports dewaient sans doute être Li

évalués. Les " solitudes interactives » produites par le Net ne valent-elles pas nombre de
(, ces relations empesées par les habitudes, Iestées de rancceurs ou de civilités creuses, et qui
existent encore sans exister waiment ? Mais il convient de se garder de tout manichéisme
en versant dans la " technolâtrie » et en aÊÊrmant avec les zélateurs de la Toile que sur le :l

Net, c'est mieu,x, puisqu'on s'y trouve précisément affranchi des pesanteurs du corps, et
l''
des fastidieuses contraintes imposées par les bienséances obligées par Ia üe sociale.
Mark Granovetter a très finement souligné Ia force des liens faibles. En substance, ce cher-
'il
cheur explique que les liens épisodiques entre des personnes évoluant dans des cercles ''I

différents ou distants sont au moins aussi importants que les liens forts qui nous relient à j

nos proches. Internet ceurryerait précisément à produire ces liens faibles qui, multipliant i
)

les contacts et ces amitiés numériques fugaces et denses à la fois, paliient I'indiüdualisme, i

pour accroître le ., capital social " des urbains (mais pas seulement) esseulés. Car, sur le
Net, nombreux sont ceux qui avouent se permettre ie luxe de la légèreté, de la gentiilesse,
de Ia bonne humeur, de ia franchise et de l'écoute, Ioin des intérêts, des stratégies, de I

I'orgueil et des humeurs des relations de la waie üe. Internet serait le lubrifiant social qui
tisserait de nouveaux rapports, nouerait des relations inattendues et parfois improbables, :r

liant par-delà les clivages sociaur et les cercles de sociabilité ordinaires, et à wai dire im-
posés. Appliqué à sa mise en réseau planétaire, a t'ortiori,l'ordlnateur produit des aventures
et des histoires d'amour.
Après celui très discutable de la sociabilité au rabais évoqué plus haut, un autre reproche
souvent fait à Internet serait de favoriser ia réclusion : tout un chacun a désormais accès au
monde et aux autres dans une douce quiétude domestique, sans les aléas de la rencontre et
les dangers de la réalité. Certes... Mais ceci est propre à une époque plus qu'à un outil, et
cette critique fut adressée à d'autres médias en leur temps. qui auraient fragilisé le lien so-
ciai. Ii est au contraire admis maintenant que la téIéüsion, puisque c'est d'elle dont il s'agit,
est un vecteur qui produit ce lien. Le Net justiciable de nouveailx * autismes sociaux ?
"
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f,, chapitre 15 - Rédiger la synthèse a 1 83
Il peut et doit aussi être ÿu comme une formidable machine Permettant des brassages so-
ciaux extraordinaires, que la waie üe et ses cloisonnements n'autoriseraient pas. Beaucouo
d'internautes mettent I'accent, quand ils témoignent, sur le caractère extraordinaire des
rencontres amicales ou amoureuses qu'ils ont faites sur ia Toile.
La Toile permet aussi aux introyertis d'adopter des stratégies et d'inventer des ruses, pour
être à même d'entrer en contact avec moins de douleur et de diffrculté qu'auparavant. Le
Réseau favorise alors des relations qui n'auraient pu exister, sans guérir les timides, mais en
leur permettant des possibles relationnels, impossibles socialement hier encore.
Internet est une matrice sociale qui, à l'instar des rites ou des fêtes, génère du lien.
Pascal Lardellier, . Le cceur NET ",Problèmespolitiquesetsociauxn" 9ll, La Documentation française, awil 2005.

a Document 3
L'inspecteur Elijah Batq,, un Terrien, est appelé à faire une enquête sur Solaria dont il décou-
vre les étranges rnæurs. Il s'adresse ici à Daneel, un robot qui reût Ltfie a?paîettce hwnaine.
- La planète n'est pas inoccupée, répondit Daneel. Elle est diüsée en domaines, dont
chacun dépend d'un Solarien.
- Si ;e comprends bien, chaque Solarien vit sur son domaine. Il y a donc üngt miile domai-
nes, autant que de Solariens.
- Il y a moins de domaines que cela, Elijah. Les épouses participent en communauté avec
leur mari dans Ie domaine.
- Il n'y a pas de ülle, dit Baley, un frisson dans le dos.
- Pas une seule, Elijah. Ils vivent totalement séparés les uns des autres et ne se rencontrent
en personne que dans les circonstances les plus extraordinaires.
- Mais ce sont des ermites.
- Oui et non.
- Qu'est-ce à dire )
- Hier, l'inspecteur nous a rendu üsite par télévision tridimensionnelle. Les Solariens se
rendent ainsi très souvent üsite, mais jamais en personne'
Baley regarda Daneel, les yeux dans les yeux, et proféra :
- Nous compris ? Va-t-il falloir que nous üüons de cette façon ?
- Ce sont les us et coutumes d'ici.
- Mais alors, comment mener une enquête ? Si j'ai besoin de voir quelqu'un.. .
- À partir de cette maison, Elijah, vous pouvez obtenir une liaison par stéréo-üsion avec
n'importe gui sur cette planète. Il n'y a pas Ie moindre problème. En fait, cela vous épar-
gnera l'ennui de quitter la maison pour le dehors. C'est là la raison pour laquelle je vous
avais dit, à votre arivée, que vous n'auriez pas l'occasion de devoir vous habituer à sortir au
grand air. Et ceci est très bien. Toute autre solution n'eût pu que vous être désagréable.
- Je suis encore capable de juger, tout seul, de ce qui m'est désagréable ou pas, répondit
Baley. Bon, la première chose à faire ce matin, Daneel, est que j'entre en contact avec cette
femme, Gladia, I'épouse de la üctime. Si la liaison stéréo ne me donne pas satisfaction,
j'irai personnellement la voir chez elle. Ceci relève du domaine de ma seule appréciation.
- Nous verrons bien ce qui est le mietx et aussi le plus faisable, Elijah, dit Daneel, sans
s'engager. Je vais demander le petit déjeuner.
Et il touma le dos.
Isaac Asimov, Face ar;a feux du soleil, J'u lu, coll. Science-fiction, 1970.
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t Document 4

Dessin de Hubert Blatz,


Solituàes part agé e s, 200 6

J)

l. Les effets négatifs des nouvelles technologies sur les relations


1. La perte de la qualité des échanges
2. La séparation
ll. Les effets positifs des nouvelles technologies sur les relations
1. La valeur des liens qu'elles permettent de nouer
2. L'amélioration des échanges
3. Le rôle de l'outil dans les formes nouvelles de relation

chapitre 15 - Rédiger Ia synthèse ,) 1 85

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