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DOCUMENT RÉSERVÉ AUX EXAMINATEURS

LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

4 Production orale 25 points

Préparation :
60 minutes
Le candidat choisit un sujet parmi deux tirés au sort. Il devra présenter une réflexion ordonnée à partir Passation :
du thème indiqué et des documents qui constituent le sujet. Son exposé sera suivi d’un débat avec 30 minutes environ
le jury.

SUJET 1

Thème de l’exposé :

Jusqu’à quel point les écrans modifient-ils nos


comportements sociaux ?

DOCUMENT 1
Nos écrans nous coupent-ils vraiment la parole ?
Ce sont des scènes banales et troublantes de l’âge Des lycéens postent sur Facebook des textes cruels
numérique. Une famille, deux parents et deux ados, et vengeurs sur leurs camarades sans penser faire
se retrouve au restaurant : pendant tout le repas, ils mal : le fait de passer par un écran, sans avoir à se
pianotent sur leurs portables en se parlant à peine. confronter émotionnellement aux autres, les a rendus
Cinq collègues déjeunent ensemble : ils consultent plus insensibles. Dénués d’empathie. « L’empathie,
leurs écrans toutes les deux minutes, envoient des la capacité de se mettre à la place d’une personne
messages, discutent de façon décousue. Nous avons et d’imaginer ce qu’elle ressent, a des fondements
tous été témoins ou acteurs de ces scènes où nos pra- neurologiques », rappelle la psychosociologue. « Or,
tiques numériques rivalisent avec notre vie familiale dans un environnement numérique où nous ne nous
et amicale. regardons plus dans les yeux, nous la faisons dispa-
raître. Rivés à notre écran, il devient difficile d’expé-
La psychosociologue Sherry Turkle, professeure à rimenter physiquement ce que les autres éprouvent. »
l’Institut de technologie du Massachusetts, mène de- Pour Sherry Turkle, loin d’être un support de com-
puis vingt ans un travail sur l’influence des technolo- munication neutre, le téléphone portable, devenu
gies sur les comportements. « l’architecte de notre intimité », la façonne en privi-
Avec l’arrivée des smartphones, des réseaux sociaux légiant des relations disparates, distanciées, intéres-
et des applications de réalité augmentée, la cher- sées et rapides. Il renforce une forme de narcissisme
cheuse fait le point sur cette crise d’identité dans un et de « solitude à plusieurs ».
ouvrage qui fait du bruit, « Reconquérir la conver- La plupart des chercheurs qui analysent, depuis une
sation ». S’appuyant sur des centaines d’entretiens, quinzaine d’années, les enjeux sociaux, comporte-
elle observe que les conversations en face-à-face se mentaux et anthropologiques des nouvelles technolo-
réduisent du fait de l’omniprésence des téléphones gies et des réseaux sociaux, saluent le travail pionnier
mobiles : d’après une étude récente, 92 % des adultes de Sherry Turkle, mais ils ne se reconnaissent pas
américains en possèdent un, 80 % disent que leur tous dans sa critique radicale.
dernière relation sociale est passée par lui et 44 % le
gardent à proximité quand ils dorment. Le téléphone En France, le philosophe des technologies Stéphane
mobile est toujours là, posé entre nous et les autres. Vial évoque une véritable « incompréhension » des
pratiques réelles de la génération numérique. « À
D’autres travaux vont dans ce sens : d’après une étude, toutes ses conférences, Sherry Turkle montre des pho-
les consultations et les sollicitations permanentes des tos de ses filles et de leurs amies tapotant sur des por-
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portables induisent des « habitudes inconscientes de tables sans se parler. Mais est-ce qu’elle s’interroge
connexion » qui nous poussent à interrompre « auto- sur ce qu’elles sont en train de faire ? » Stéphane
matiquement » toute activité en cours, conversation Vial donne un exemple frappant des idées biaisées sur
comprise, pour nous replonger dans le flux informa- l’usage des mobiles par les adolescents.
tif. Nous croyons contrôler le portable, mais c’est lui
qui nous contrôle.

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Le quotidien britannique The Telegraph a publié une D’autres recherches, comme celles des sociologues
contre-enquête sur une photo représentant un groupe Barry Wellman et John A. Bargh, soulignent que
de lycéens dans un grand musée d’Amsterdam : de- Sherry Turkle dévalorise les relations distanciées
vant un tableau de Rembrandt, tous regardaient leurs – ces liens légers, cordiaux, de camaraderie, de loi-
téléphones. « Cette image est devenue le symbole de sirs, prétendument inauthentiques et induits par les
la déculturation des jeunes, rappelle-t-il. Or, il s’est portables. Or ces liens « faibles », estiment-ils, sont
avéré que les lycéens consultaient une application en fait fondamentaux pour nourrir nos vies. Ils com-
éducative du musée. » plètent, étoffent, renouvellent parfois nos relations
« fortes », familiales et parentales.
Le premier biais consiste à penser que seule la conver-
sation en face à face serait satisfaisante et authentique. D’après http://www.lemonde.fr
« Or, toutes les formes de communication – par télé-
phone, par Internet, par envoi d’images ou de liens –
peuvent être enrichissantes », avance Stéphane Vial.

DOCUMENT 2
Comment le smartphone a révolutionné nos vies, pour le meilleur…
et surtout pour le pire !
Vous souvenez-vous de votre vie avant l’explosion de compte que, derrière lui, tout le monde avait sorti
l’internet à grande vitesse ? Cette époque n’est pour- son smartphone pour filmer l’artiste et avait les yeux
tant pas si lointaine que ça… Un monde où Google, fixés sur les écrans. « Nous étions en train d’assister
YouTube, Wikipedia, Skype et iPhone n’existaient à l’un des plus beaux concerts de l’un des plus grands
pas encore ! Vous étudiiez attentivement une carte musiciens en activité. Selon moi, cela devait être un
routière avant de partir en voyage ; vous gardiez des moment d’intense communion entre le public et l’ar-
pièces de monnaie dans votre poche pour passer un tiste, mais personne ne le regardait réellement, tout le
appel d’une cabine téléphonique. monde était absorbé par son téléphone ».
L’accélération du développement des nouvelles tech- Désormais, la grande question existentielle est la sui-
nologies et l’avènement du digital ont modifié de vante : « Si je vis une expérience mais que je ne la pu-
manière drastique notre vie professionnelle et per- blie pas sur internet, a-t-elle réellement existé ? » […]
sonnelle, souvent pour le meilleur. Nous avons désor- Nous nous reposons de plus en plus sur la technologie
mais un accès illimité à l’information au bout de nos et de moins en moins sur nos semblables. Combien
doigts, nous pouvons nous connecter avec des incon- d’entre nous envoient des messages ou publient une
nus vivant à l’autre bout de la planète, nous avons une information sur un réseau social pendant un dîner en
meilleure compréhension du monde qui nous entoure, famille ? Combien emportent leur ordinateur portable
etc. en vacances ou lors du match de foot du dimanche de
leur enfant ? Ce sont autant d’occasions perdues de
Mais ces progrès technologiques, qui sont l’essence parler avec de vraies personnes. Nous sommes deve-
même de la nature humaine, ont également profon- nus esclaves de notre smartphone.
dément bouleversé notre manière de communiquer
les uns avec les autres. C’est là le grand paradoxe du Bref, le smartphone a radicalement changé notre ma-
XXIème siècle : nous possédons une quantité incalcu- nière d’appréhender le monde qui nous entoure. Nous
lable d’outils et d’applications qui nous permettent de l’utilisons comme un « cerveau externe » qui nous
rester en contact de façon permanente mais, dans le permet de communiquer, de stocker de l’information,
même temps, nos relations humaines se sont rarement voire de vivre des vies secondaires. Mais au passage,
portées aussi mal. nous avons sacrifié l’interaction humaine pour la
J’aimerais, pour illustrer mon propos, prendre en connexion.
exemple le téléphone portable. Plus qu’un simple D’après www.markentive.fr
téléphone, notre smartphone favori est une extension
de nous-même. Dans un entretien télévisé, l’éditeur
associé du célèbre magazine Rolling Stone déclarait : * Leonard Cohen : poète, chanteur et musicien canadien.
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« Les smartphones sont en train de ruiner les


concerts. » C’est lors d’une représentation de
Leonard Cohen* auquel il assistait qu’il se rendit

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SUJET 2

Thème de l’exposé :

Quelle place accorder aux médecines alternatives ?

DOCUMENT 1
Les médecines non conventionnelles s’invitent à l’hôpital
Du qi gong* sur les pelouses, des huiles essentielles hospitalier universitaire de Lyon. Il achève un di-
dans les couloirs et des « coupeurs de feu » qui gué- plôme universitaire à Paris et utilise déjà les aiguilles,
rissent les brûlures par téléphone : à l’hôpital, temple notamment pour contrer l’anxiété préopératoire, ou
de la biomédecine, les médecines non convention- encore pour pallier les pertes de sensibilité de ses pa-
nelles sont présentes, avec plus ou moins de discré- tients : « C’est tellement efficace que j’aimerais m’y
tion, à tous les étages. Ces soins « alternatifs », peu ou consacrer au moins la moitié du temps, mais ce n’est
pas reconnus par les autorités de santé, mais qui font pas possible car actuellement l’offre dans mon ser-
leurs preuves dans la pratique, entrent par la petite vice n’est pas standardisée. »
porte. Patrice Cohen, anthropologue et coauteur de Cancer
« C’est amusant, constate le docteur Alain Baume- et pluralisme thérapeutique, une enquête sur l’usage
lou, néphrologue à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris, des soins non conventionnels, fait aussi remarquer
si vous cherchez un acupuncteur dans le registre de l’influence des médias, des familles ou encore de
l’hôpital, rien. Par contre, plusieurs médecins le pra- quelques soignants charismatiques, qui encouragent
tiquent au quotidien dans leurs services respectifs. » l’introduction de certains protocoles. Quitte à ce que
ces soins ne s’appuient sur aucune preuve scienti-
Sur les quelque 6 115 médecins français qui, selon fique. « L’expérience prend parfois le pas sur le sa-
l’Ordre des médecins, ont déclaré un titre ou une voir scientifique, remarque Patrice Cohen. On ne sait
orientation de médecine alternative et complémen- pas “comment” ça fonctionne, mais on voit que ça
taire, un sur cinq exerce à l’hôpital. fonctionne. »
L’acupuncture est un bon cas d’école. Cette pratique « Rien ne me programmait à m’intéresser aux mé-
consiste à stimuler des points d’énergie en piquant decines chinoises, témoigne le docteur Baumelou.
de fines aiguilles à la surface de la peau. Issue de la Comme tous ceux de ma génération, je pensais et je
médecine traditionnelle chinoise, elle est utilisée no- disais que ce n’était pas sérieux. Mais le regard que
tamment pour soulager les douleurs chroniques, lutter je porte sur le soin a changé après quarante ans de
contre le stress ou encore les troubles du sommeil. pratique. Aujourd’hui je me dis que la bonne question
Enseignée dans plusieurs diplômes universitaires à se poser, c’est celle de la satisfaction du patient :
(DU) en France, elle a fait l’objet d’un rapport de “Est-ce qu’on répond vraiment à son désir ?” ».
l’Institut national de la santé et de la recherche médi-
cale (Inserm). Mais l’étude ne se prononce pas sur D’après www.lemonde.fr
son efficacité selon les critères scientifiques clas-
siques. En effet, l’évaluation des thérapeutiques dites
« non conventionnelles » est en général rendue diffi-
cile voire impossible du fait d’un manque de données. * qi gong : gymnastique traditionnelle chinoise.

Plusieurs soignants franchissent le pas malgré tout.


« J’ai été fasciné par le fait de pouvoir faire quelque
chose pour soulager les patients », témoigne par
exemple Carmelo Maniaci, anesthésiste au centre
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DOCUMENT 2
Philippe Even : « Tout cela relève de la magie ! »
Philippe Even est pneumologue et président de l’Institut Necker Enfants Malades. Il livre son avis sur les
médecines alternatives.

Le Point : Que pensez-vous des médecines alterna- Le Point : Ces « magiciens » peuvent-ils être dange-
tives et complémentaires ? reux ?
Philippe Even : Comme je ne les ai pas étudiées par- Philippe Even : Bien évidemment, le thérapeute
ticulièrement, je réagis en citoyen ordinaire. Elles se consulté peut ne pas percevoir la pathologie grave
répartissent en deux catégories. D’abord les méde- d’un patient. D’où le risque d’une absence de traite-
cines traditionnelles anciennes, dérivées notamment ment, ou d’un retard, qui peut parfois être très pré-
des végétaux. Elles nous ont appris beaucoup de judiciable. Cependant, l’engouement pour de telles
choses, comme fabriquer des médicaments extrê- activités reflète aussi autre chose : les médecins d’au-
mement puissants tels que la morphine, l’aspirine et jourd’hui ont souvent abandonné la relation avec le
l’artémisine contre le paludisme. De simples plantes à malade. La médecine est devenue automatique, tech-
l’état de décoction peuvent avoir, éventuellement, une nologique. Les traitements d’hôpital sont déperson-
certaine efficacité. Dans ce domaine, je serais plutôt nalisés. C’est scandaleux. Le malade ignore pourquoi
curieux. Et puis, il y a ce qui relève véritablement de on lui a fait ceci ou cela. Surtout, il ne sait pas quel
la magie. Que ce soit l’acupuncture, l’hypnose, le médecin dans le service est vraiment responsable de
qi gong et bien d’autres techniques. Il n’y a pas de lui. Il n’y a plus de contact humain. Les médecins ont
limite dans ce domaine. On pourrait en inventer tous abandonné ce qui était leur devoir principal, alors il
les jours. Tout cela ne peut avoir qu’un effet objectif faut bien que ce manque soit assuré par d’autres.
mineur sur la santé. Sauf s’il s’agit d’hygiène de vie
ou d’exercices sportifs dont on peut accepter qu’ils Le Point : Même l’ostéopathie ne trouve pas grâce à
aient un effet sinon durable, du moins ponctuel. vos yeux ?
Le Point : Comment néanmoins comprendre le suc- Philippe Even : Chaque fois que des écoles d’ostéo-
cès de ces médecines ? pathie ont voulu s’implanter dans une faculté dont
j’avais la responsabilité, j’ai été très négatif. Pour
Philippe Even : Elles apportent sans doute une ré- moi, tout cela relève de la magie. Je ne me sens pas
ponse à l’angoisse des patients. On est dans un monde, l’âme d’un défenseur de la médecine officielle mais
dit-on, de plus en plus difficile et les patients ont donc je pense que même si toutes ces pratiques alternatives
besoin de sentir que l’on prend soin d’eux, qu’on leur peuvent être utiles dans certaines situations, elles
fait du bien. En tant que médecin, j’ai toujours été doivent faire l’objet de la plus grande méfiance.
frappé de voir à quel point certains patients, dont la
vie était souvent terne, changent du tout au tout à par-
tir du jour où ils tombent malades - ou s’imaginent D’après www.lepoint.fr
l’être - et se mettent à raconter tout ce qu’ils ressentent
à leurs amis, à leurs parents. Et ils s’en sentent bien
mieux ! De la même façon, ils consultent ces théra-
peutes aux noms exotiques et trouvent auprès d’eux
une écoute, des gestes, des paroles qui les rassurent.
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SUJET 3

Thème de l’exposé :

Quel rôle pour les enseignants à l’heure


du numérique ?

DOCUMENT 1
Le blog comme outil pédagogique
Les élèves qui sont aujourd’hui au collège, qui ont Tout d’abord, le blog incite à une écriture hyper-tex-
entre 10 et 15 ans, ont grandi avec internet. Avec le tuelle. On fait des liens vers des vidéos, des sites, des
média numérique, qui est devenu son média de réfé- images. C’est une démarche très classique. De tous
rence, toute une génération s’est construit un rapport temps, les professeurs ont étayé leur cours avec des
particulier à l’information et des nouveaux modes documents, des cartes et des textes. Le professeur
de socialisation. Dans ce contexte, la question qui se n’est pas le seul producteur mais il est aussi le passeur,
pose au corps enseignant n’est plus « utiliser internet celui qui connaît, bien au-delà de Google, des sources
en classe ou pas ? », mais « comment en faire bon multiples d’informations, qui les a triées et qui montre
usage ? ». Pour des adultes qui n’ont pas grandi dans des documents pertinents.
cet univers, comment s’adapter et comment faire évo-
luer ses pratiques pédagogiques ? De nouvelles pers- Ces liens vont lui permettre de renouveler sa disci-
pectives apparaissent. pline, de la rendre plus attirante. Quand, en langue
vivante, vous utilisez un extrait de film américain en
Il faut d’abord souligner que l’équipement n’est plus version originale et que vous demandez aux élèves
un réel problème. Il l’était il y a quelques années d’y mettre un commentaire, vous avez une approche
mais il ne l’est plus. Les conseils régionaux ont fait très attractive, votre cours s’inscrit dans la réalité.
des efforts pour les lycées, les conseils généraux pour
les collèges (le mouvement est moins évident dans le Ensuite, le blog apporte d’autres canaux au rapport
primaire, mais ce n’est pas très grave, car là, il faut professeur-élève. Soit qu’on leur demande, soit qu’ils
d’abord apprendre à lire et écrire). Il y a en tout cas un le fassent volontairement, les élèves peuvent poster
niveau suffisant de matériel dans les écoles pour que des commentaires, poser des questions, réagir. Les
ce ne soit plus un prétexte à ne pas utiliser l’informa- échanges dans la classe sont quelquefois complexes,
tique en classe. C’est encore plus vrai à la maison, où intimidants. Sur le blog c’est naturel, l’élève maîtrise
les jeunes se débrouillent, quel que soit leur niveau sa prise de parole sans la pression de ses pairs. Le pro-
social. C’est vrai aussi pour les professeurs qui, en fesseur voit donc l’interactivité avec ses élèves accrue
tant que catégorie socio-professionnelle, sont plus et son rôle renforcé, tout en étant le maître du choix et
équipés que la moyenne de la population française. de la validation des documents.
Les difficultés relèvent plus du développement des Autre avantage : le site est ouvert aux élèves, aux pa-
usages. Comment faire un usage pédagogique de rents, aux anciens élèves et... aux curieux. Certains
l’internet et le mettre au service de la formation des professeurs ont 20 ou 30 000 visites par mois sur leur
citoyens ? blog. On est dans une logique de classe ouverte, de
Une des approches possibles pour le professeur est partage de connaissances. Les professeurs ont ainsi le
d’utiliser un outil simple : le blog. Les blogs pédago- plaisir de trouver d’autres élèves !
giques fonctionnent bien car ils sont dans le prolonge-
ment naturel de la relation que le professeur a avec sa D’après www.lemonde.fr
classe. Cela reste une relation entre un individu et un
groupe, pas une relation entre deux individus.
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DOCUMENT 2
Ce que cache la numérisation de l’école
Le numérique va tout changer ! À lire articles et com- « faire moderne », et d’imiter les autres collectivités
mentaires, le rapport au numérique semble à la fois qui font de même. Or, à ma connaissance, jamais au-
passionnel et irrationnel. Le numérique est présenté cune collectivité locale n’a commandité d’étude sur
comme la seule solution qui pourra résorber tous l’utilité du numérique avant de voter les crédits autori-
les problèmes de l’école, réduire l’analphabétisme sant l’achat des outils incriminés. Cela aurait pourtant
et réconcilier les élèves avec l’apprentissage. Mais été la moindre des choses quand cette dépense n’est
n’étions-nous pas capables d’apprendre à lire et à pas obligatoire, qu’elle se chiffre à plusieurs milliers
écrire avant les années 1980 ? On ne niera certes pas d’euros, voire millions, et qu’elle doit être renouvelée
les avantages que le numérique peut représenter : pro- au moins tous les trois ans pour se maintenir à jour de
jection de cartes, écoute de fichiers audio, communica- la technologie. […]
tion avec les parents via les plateformes de notes, etc.,
mais sans laisser penser que celui-ci résoudra tous les Au XXIe siècle, l’enseignant serait amené à devenir
problèmes. Le décalage entre les discours politiques et un guide, un animateur de communautés d’apprentis-
le travail au quotidien des professeurs semble s’élar- sage et les nouvelles technologies lui permettraient de
gir de plus en plus : plus les maires, les ministres et les passer du rôle d’acteur aux rôles de metteur en scène,
députés présentent le numérique comme la solution d’auteur et de créateur de contenus. Soit… Alors pour-
pour la révolution de l’école, plus les enseignants se quoi pas le numérique à l’école, à condition que l’on
montrent perplexes et dubitatifs. Encore une fois, les dise la vérité ! Que l’on dise clairement que la trans-
acteurs principaux paraissent éloignés de la décision mission des savoirs n’est plus de mise, que l’appren-
éducative. Pourtant, certaines études universitaires tissage de la lecture n’est plus la norme, que ce qui
évoquent l’inutilité du numérique en classe, les cadres compte c’est l’accumulation des compétences. Mais
des grandes entreprises informatiques californiennes cela a-t-il été expliqué aux parents et aux professeurs,
inscrivent leurs enfants dans des écoles sans ordina- aux élus locaux et aux contribuables ?
teur et même le quotidien américain The New York
Times reconnaît que Steve Jobs* interdisait l’usage des
On ne peut que comprendre les réserves des ensei-
tablettes à ses enfants. Et pourtant, le rouleau compres-
gnants vis-à-vis de l’introduction massive du numé-
seur numérique semble inexorable : accepter la numéri-
rique dans leurs cours : outre la perplexité face aux
sation de l’école, c’est aller dans le sens de l’histoire !
sommes d’argent public dépensées pour équiper
Pourquoi un tel décalage entre la pratique et la volonté
toutes les écoles, il y a la crainte de voir le métier se
politique et administrative ? C’est que l’utilisation du
transformer en très grande profondeur, d’autant que
numérique dans les écoles dépasse largement le cadre cette transformation est non seulement subie et impo-
pédagogique… sée, mais aussi camouflée derrière des prétextes sco-
laires vertueux. Le numérique à l’école cache d’autres
L’enjeu est d’abord politique : le numérique permet réalités, dont l’honnêteté voudrait qu’elles soient dé-
de paraître. Ce n’est ni mauvaise volonté ni pensée voilées au grand public.
mauvaise si les communes, départements et régions
dépensent à tout va pour équiper leurs écoles, col- D’après http://blog.soseducation.org
lèges et lycées d’outils numériques. Mais la capa-
cité de dépense est une des dernières choses qui
restent à l’homme politique pour justifier de son * Steve Jobs : entrepreneur américain qui a fondé la marque Apple.
existence. Le numérique a l’avantage d’être visible,
d’assurer une communication de premier ordre, de
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SUJET 4

Thème de l’exposé :

Le partage de bureaux : une pratique à encourager ?

DOCUMENT 1
La tendance est aux bureaux partagés
Le salarié moderne est un mutant : son ordinateur Autre avantage de ces nouvelles tendances : elles per-
portable sous le bras, il s’installe à un bureau diffé- mettent d’inventer des espaces inspirants. « Il s’agit
rent tous les jours et passe beaucoup de temps dans d’une révolution culturelle, de faire en sorte que les gens
des espaces collectifs (salles de réunion, cafétéria, changent leurs pratiques, qu’il y ait davantage de réu-
etc.). Cet électron libre, mobile à l’intérieur même de nions de travail, de rencontres informelles, d’activités
son entreprise, n’a plus de poste de travail personnel. de groupes, décrypte Olivier Cros. Mais cela implique
Les réseaux sociaux et le wifi jouent le rôle de cordon aussi de passer d’un management basé sur le contrôle
ombilical avec son responsable et avec ses collègues. à un système qui repose sur la confiance. » Une révo-
Ce mutant est le fruit d’un nouveau mode d’organi- lution dans la révolution. En attendant, les entreprises
sation du travail : le « partage de bureaux », d’une rivalisent d’imagination pour inventer des espaces de
part, et le système du « bureau flexible », d’autre travail inspirants : « Les mètres carrés récupérés grâce
part. Dans le premier cas, les collaborateurs n’ont au partage des bureaux ont permis de créer des zones
plus de bureau attribué et il y a souvent moins de communes : salles de réunion, salles de créativité,
bureaux dans l’entreprise que de salariés. La vision salles de repos, cabines téléphoniques », selon Olivier
induite par le « bureau flexible » est plus large: elle Cros.
inclut des postes de travail partagés, du télétravail et
un allongement des horaires de travail. Cette vague Et puis cela induit de nouvelles façons de travail-
est en train de déferler sur les entreprises françaises. ler : « Il y a des gens qui changent de bureau tous les
« C’est une tendance forte depuis quelques années. jours, pour se pencher sur un projet commun avec un
D’ailleurs, dans la quasi-totalité des projets d’aména- collègue », note Philippe Cuenot, directeur des res-
gements de bureaux que nous suivons, se pose la ques- sources humaines dans une entreprise de télépho-
tion de passer à un système de bureaux partagés… nie. Les salariés sont regroupés par zone de couleur
Et dans un projet sur deux, cela aboutit », constate en fonction de leurs métiers, ils cherchent un bureau
Olivier Cros, directeur d’un cabinet d’aménagement disponible et y installent leur ordinateur portable. « Il
de locaux professionnels. s’agissait à la fois de créer plus d’espaces de travail
collectifs, de profiter des outils digitaux et de répondre
S’agit-il juste d’un phénomène de mode ou d’une aux demandes de télétravail des salariés. Aujourd’hui,
transformation profonde et irréversible de la façon la plupart de nos collaborateurs sont satisfaits de cette
de travailler ? Ce qui est certain, c’est que le par- organisation. », explique Philippe Cuenot. Dans son
tage de bureaux a de beaux jours devant lui et c’est entreprise, il y a 100 bureaux pour 115 salariés. Mais
logique car il résout plusieurs problèmes: d’abord il vrai qu’un millier de personnes sur les 3 600 a opté
les entreprises cherchent toutes à réaliser des écono- pour le télétravail (deux jours par semaine maximum).
mies de mètres carrés. Or les dirigeants font le même
constat : les postes de travail individuels sont de
moins en moins occupés. « Avant un salarié passait D’après www.stratégies.fr
80 % de son temps à son poste. Aujourd’hui il n’y
reste que 50 à 60 % de sa journée », note Olivier
Cros. Car le travail sur différents projets l’oblige à
multiplier les échanges avec d’autres services, des
partenaires. Au fil des années, à mesure que les col-
laborateurs s’équipaient en tablettes, en ordinateurs
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portables connectés et en smartphones, il y a eu une


déconnexion entre les surfaces et les usages: alors
que le travail n’a jamais été aussi collaboratif, les
espaces restent à 90 % individuels.

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DOCUMENT 2
Vous aviez un bureau ? Vous vous en passerez !
De plus en plus d’entreprises annoncent fièrement l’entreprise. Il n’a plus de sentiment d’appartenance
être parvenues à la pointe de la modernité en n’affec- ni d’appropriation. Il n’est plus qu’un mercenaire de
tant plus un bureau fixe à leurs collaborateurs, qui passage, un travailleur intermittent, à la loyauté pro-
doivent désormais se contenter d’un poste de travail visoire, à qui rien n’interdit de travailler ailleurs. Au
provisoire. Les sièges sociaux deviennent des sortes total, perdre son bureau c’est, d’une certaine façon, se
d’hôtel de passage, où les collaborateurs, incités à préparer à prendre la porte.
travailler de chez eux ou de chez leurs clients, ne
viennent que quand ils ne peuvent vraiment pas faire Il n’est pas certain que l’entreprise y gagne, à long
autrement. Ils laissent alors leurs bagages à l’entrée et terme: il devient presque impossible de réunir les col-
s’installent pour une heure ou une journée à une des laborateurs nécessaires à une discussion et les intermi-
tables d’un espace ouvert, où chacun vient brancher nables réunions sont remplacées de plus en plus sou-
son portable. De plus en plus, même, les entreprises vent par d’inaudibles conférences téléphoniques, tout
exigent de leurs collaborateurs de ne venir sur leur aussi interminables, pendant lesquelles les participants
lieu de travail que deux ou trois jours par semaine, peuvent, en basculant sur le haut-parleur, s’adonner à
à leur choix ou à celui de leur hiérarchie. Seuls les d’autres occupations. Le groupe se défait ; l’entreprise
chefs, de moins en moins nombreux, conservent un y perd en identité ce qu’elle croit y gagner en flexibi-
bureau. Et encore : il devient chic, pour un patron, de lité. Comme ses actionnaires sont de moins en moins
se vanter de ne pas avoir de bureau. longtemps fidèles, ses collaborateurs et ses clients
deviennent, eux aussi, de plus en plus provisoires,
A priori, ceci correspond à un besoin réel : les mobiles, précaires, changeants, instables. La fragilité
cadres n’ont plus besoin d’être rivés à leurs chaises gagne les entreprises les plus solides ; elles-mêmes
et doivent passer de plus en plus de temps en réu- sont, de plus en plus souvent, de passage.
nion ou chez leurs clients. Et les nouvelles techno-
logies permettent de travailler de n’importe où sans Si on ne rend pas aux collaborateurs un sentiment
qu’on puisse être localisé. De plus, de nombreuses d’appartenance et de propriété de l’entreprise, si on ne
entreprises doivent pouvoir mettre à disposition des leur rend pas leur bureau, ou au moins un équivalent
bureaux pour des collaborateurs venus de province symbolique, avec des droits et des devoirs, si on n’y
ou de filiales d’autres pays, ou pour des clients ou réinstaure pas du long terme, de la convivialité, des
fournisseurs de passage. Le coût pour l’entreprise projets, du bon temps passé ensemble, nos entreprises,
d’une telle formule est évidement bien moindre : le nos sociétés, s’effondreront, comme tant d’autres avant
nombre de mètres carrés nécessaires se réduit sou- elles, tout aussi orgueilleuses et convaincues de leur
vent de moitié ! De plus, on licencie plus facilement immortalité.
quelqu’un qui n’a pas de bureau que quelqu’un qui
peut s’accrocher à quelques mètres carrés bien à lui. D’après www.lexpress.fr
Pour le collaborateur, c’est une toute autre affaire :
quand il apprend qu’il n’a plus de bureau fixe, qu’il
doit rapporter chez lui photos, brosse à dents et tasse
à café, il n’est déjà plus d’une certaine façon, dans
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DOCUMENT RÉSERVÉ AUX EXAMINATEURS

SUJET 5

Thème de l’exposé :

Revenu universel : une solution viable contre la


pauvreté ?

DOCUMENT 1
Pour un revenu universel de base
Voilà une réforme qui déplaira à tous les conserva- revenu de base restant modéré, l’incitation au travail
teurs, mais qui mériterait pourtant un examen bien- demeurera. Quant à ceux qui choisiront de sortir du
veillant. Résumée, elle a quelque chose d’ébouriffant. marché de l’emploi – où les postes se font de plus en
Il s’agit de distribuer, sans condition aucune, un « re- plus rares – , ils resteront utiles à la société en exer-
venu de base » à tous les résidents d’un pays donné, la çant des activités bénévoles.
France par exemple, quels que soient leur niveau de
rémunération et leur place dans la société. L’idée, qui Pure spéculation ? Non : le gouvernement finlandais
paraîtra loufoque aux non-initiés, est l’aboutissement a annoncé un projet de loi en ce sens. Et le système
d’une longue histoire. du revenu de base a déjà été expérimenté, en Alaska,
où on a affecté à son financement une partie de la
Rousseau, Marx et quelques autres avaient déjà ima- rente pétrolière. L’expérience a montré que les béné-
giné un tel système. La terre est à tout le monde, ont- ficiaires, pour la plupart, ou bien gardaient un travail
ils plaidé. C’est le système de la propriété privée qui rémunéré, ou bien consacraient leur temps à des acti-
a nanti les uns et exclu les autres. Pour corriger ces vités utiles à la société. Moins de 5 % d’entre eux
inégalités, qui font voisiner extrême richesse et dé- choisissaient l’oisiveté intégrale. Il en résultait une
nuement total, on proclame que chacun, par sa simple meilleure satisfaction collective, une diminution du
qualité d’être humain, a droit à une vie décente, se- stress des travailleurs, bien moins inquiets de perdre
rait-elle frugale. Fixé à un niveau raisonnable (à envi- leur emploi, et un accroissement très positif de la
ron 800 euros par mois dans beaucoup de projets), vie associative ou de l’action caritative. Le reste est
ce revenu de base éliminerait d’un coup la grande affaire de modalités et de réglages, lesquels seraient
pauvreté. Il donnerait à chacun les moyens maté- évidemment le fruit d’une délibération collective.
riels, modestes mais suffisants, de choisir avec plus
de liberté son travail (dont la rémunération viendrait Aux Pays-Bas, la ville d’Utrecht vient de décider sa
en supplément) ou bien son activité non rémunérée, mise à l’épreuve auprès d’un échantillon de plusieurs
dans des associations, des organisations non gouver- centaines de familles. Quant au gouvernement fin-
nementales ou encore comme artiste ou créateur. Dis- landais, il l’a inclus dans son programme législatif
tribué sans condition, le revenu de base délivrerait les et envisage une expérimentation à grande échelle.
bénéficiaires de toute démarche humiliante ou ardue, Partout dans le monde, des associations cherchent
ainsi que de tout sentiment de culpabilité, puisque ce depuis de longues années à faire progresser cette
droit serait ouvert sans restriction à chacun, comme idée. Elle prend ainsi l’aspect d’une réforme réaliste,
l’attribut naturel de tout membre de la société. qui a le mérite de bouleverser les fondements mêmes
de l’économie dans un sens humaniste et égalitaire.
On entend d’ici les objections. C’est bien joli, dira- Conservateurs de tous les partis, réfléchissez !
t-on, mais comment pouvez-vous financer une telle
dépense ? Par la réallocation d’une grande partie des D’après www.liberation.fr
aides actuellement distribuées aux chômeurs, par
exemple… On s’écriera : « Mais vous allez inciter
des millions de gens à l’oisiveté ! » Rien n’est moins
sûr, répondent les promoteurs du projet. Le niveau du
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DOCUMENT 2
Les Français plutôt contre l’idée d’un revenu universel
Le chômage est devenu endémique, pour ne pas dire estiment que ce ne serait pas une bonne mesure, 62 %
épidémique, et cela suscite dans nos sociétés des pro- qu’elle ne serait pas juste et 67 % pas réaliste. 64 %
positions parfois empreintes d’une certaine démago- des Français considèrent qu’une telle mesure incitera
gie. On voit par exemple de plus en plus d’hommes à ne plus travailler et à se contenter du revenu uni-
politiques en mal de popularité proposer le « revenu versel. Parallèlement, 85 % pensent qu’eux-mêmes
de vie », le « revenu universel », le « revenu de base » travailleront tout de même pour gagner plus d’argent
avec, pour tous, le même concept, à savoir être payé à parce qu’ils ne s’imaginent pas ne pas travailler…
ne rien faire !
Pour trouver la solution, il faudrait en fait se deman-
Bonne idée ? Mauvaise idée ? Sur ce sujet-là, il va der quel est le problème. Et le problème c’est la créa-
être très difficile de répondre par oui ou par non car tion de richesse et sa répartition. Qui crée la richesse
le débat et la situation sont complexes. À mon sens, et comment va-t-on la répartir ? Doit-on faire évoluer
aussi séduisant soit-il, le revenu universel est une notre conception de la création de richesse ? Doit-on
chimère économique très dangereuse. Pourquoi ? surtout poursuivre dans ce modèle d’hyperconsom-
Parce qu’il implique effectivement une forme d’assis- mation où il est évident que l’homme devient obso-
tanat ou plus précisément le fait de ne pas travailler. lète ou penser au contraire un monde différent où
Or travailler c’est avant tout créer de la richesse. Si l’on va se réapproprier nos territoires, réduire notre
personne ne travaille, il n’y aura, assez rapidement, empreinte environnementale, utiliser les technologies
plus aucune création de richesse et donc plus grand- pour l’homme et pour la planète et aussi pour aller
chose ni à taxer ni à partager. Certains pourraient être dans l’espace, vers de nouveaux horizons ? Bref, nous
tentés de se dire « Oui, mais les robots vont travail- sommes à un moment charnière de notre histoire.
ler à notre place… et se charger de produire de la Produire sans cesse plus n’a aucun intérêt et nous
richesse ». Sauf que cela impliquerait que les robots sommes en train de nous autodétruire. Ce n’est donc
produisent tout de manière totalement autonome et pas le revenu de base qu’il faut penser, c’est la société
assurent les évolutions, les inventions et la progres- toute entière qu’il faut réinventer, à commencer par
sion. Ou alors, cela impliquerait que l’essentiel de la notre rôle à tous.
population serait juste en train de survivre avec un
salaire de misère tandis qu’une petite minorité aurait D’après www.insolentiae.com
tout et encore plus. C’est d’ailleurs plutôt ce vers quoi
nous allons et ce à quoi nous assistons. Dans un tel
cas, le revenu de base n’est là que pour faire de nous
tous des assistés silencieux, obéissants, attendant sa-
gement leurs repas quotidiens.

D’ailleurs, à la question « Que pensez-vous du revenu


universel, qui consisterait à attribuer à tous les Fran-
çais, sans condition de ressource et qu’ils travaillent
ou non un revenu à vie compris entre 500 et 1 000
euros par mois ? », 59 % des personnes interrogées
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