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Calcul diérentiel

A. Lesfari
Département de Mathématiques

Faculté des Sciences

Université Chouaïb Doukkali

B.P. 20, El-Jadida, Maroc.

E. mail : lesfariahmed@yahoo.fr

Site Web : http://lesfari.com


A. Lesfari (Calcul Di.) 2

Table des matières


1 Rappel : limite et continuité 3
2 Fonctions partielles, dérivée directionnelle, dérivées partielles 4
3 Fonctions diérentiables 5
4 Matrice jacobienne 14
5 Dérivées partielles d'ordre supérieur 16
6 Formule de Taylor et développements limités 19
7 Théorème d'inversion locale 20
8 Théorème des fonctions implicites et théorème du rang constant 23
9 Fonctions homogènes 26
10 Extremum et méthode des multiplicateurs de Lagrange 28
A. Lesfari (Calcul Di.) 3

1 Rappel : limite et continuité


Soient E et F deux espaces vectoriels normés (sur K = R ou C) de dimen-
sion nie n et p respectivement. Soit Ω un ouvert de E et soit f : Ω −→ F , une
application. Rappelons que dans le cas de dimension nie, toutes les normes
sont équivalentes. Comme dim E = n et dim F = p, on se ramène par choix de
bases à des applications f : Ω ⊂ Rn −→ Rp .
Dénition 1 On dit que f admet pour limite l ∈ F lorsque x tend vers a
dans Ω si
∀ε > 0, ∃δ > 0 : ∀x ∈ Ω, ||x − a|| < δ =⇒ ||f (x) − l|| < ε.
On écrit l = lim f (x).
x→a

Notons que si la limite existe, elle est unique.


Dénition 2 On dit que f est continue en a si x→a
lim f (x) = f (a). On dit que
f est continue sur Ω si elle est continue en tout point de Ω.
Remarques 3 a) Pour prouver la continuité d'une fonction de plusieurs va-
riables en un point a de son domaine, on majore |f (x) − f (a)| par une expres-
sion mieux connue, tendant vers 0 avec ||x − a||.
b)Pour prouver la discontinuité d'une fonction de plusieurs variables en un
point a de son domaine, on prouve que pour x tendant vers a le long d'un
chemin particulier, f (x) ne tend pas vers f (a).
c) Quelques majorations utiles :
p p 1
|x| ≤ x2 + y 2 , |y| ≤ |xy| ≤ (x2 + y 2 ).
x2 + y 2 ,
2
Exercice 1.1 Etudier la continuité des fonctions dénies sur R2 par
a)
x sin y1 , y =

6 0
f (x, y) =
0, y = 0
b) (
x2 y
x4 +y 2
6= (0, 0)
, (x, y)
f (x, y) =
0, (x, y) = (0, 0)
c) (
x3 +y 3
x2 +y 2
6= (0, 0)
, (x, y)
f (x, y) =
0, (x, y) = (0, 0)
d) (
x4 y
x6 +y 4
6= (0, 0)
, (x, y)
f (x, y) =
0, (x, y) = (0, 0)
A. Lesfari (Calcul Di.) 4

Réponse :
a) f est continue sur R2 sauf aux points (α, 0), α 6= 0.
b) f est continue sur R2 sauf au point (0, 0).
c) f est continue sur R2 .
d) f est continue sur R2 sauf au point (0, 0).
Exercice 1.2 Même question pour la fonction dénie sur R3 par
(
xy 3 z 3
x4 +y 6 +z 8
, (x, y, z) 6= (0, 0, 0)
f (x, y, z) =
0, (x, y, z) = (0, 0, 0)

Réponse : f est continue sur R3 .


Exercice 1.3 Pour quelles valeurs de (x, y) l'intégrale

et dt
Z
f (x, y) = ,
−∞ (xet + 1)(yet + 1)

est-elle convergente ? Etudier la continuité de f .

2 Fonctions partielles, dérivée directionnelle, dé-


rivées partielles
Soit a = (a1 , ..., an ) ∈ Ω ⊂ E , f : Ω −→ F . Notons
Ωi = {xi ∈ R : (a1 , ..., ai−1 , xi , ai+1 , ..., an ) ∈ Ω}, 1 ≤ i ≤ n

et considérons l'application suivante :


f i : Ωi −→ F, xi 7−→ f (a1 , ..., ai−1 , xi , ai+1 , ..., an ).

Dénition 4 On dit que f i est la ième fonction partielle de f au point a


(c'est une fonction vectorielle).
Proposition 5 Si f est continue en a, alors chaque f i est continue en ai . La
réciproque est fausse.
Soit a ∈ E , Ω un voisinage de a, f : Ω −→ F , et u ∈ E avec u 6= 0.
f (a + λu) − f (a)
Dénition 6 Si la limite lim existe, alors on l'appelle dé-
λ→0
λ6=0
λ
∂f
rivée de f en a dans la direction u et on la note (a) ou ∂u f (a).
∂a
A. Lesfari (Calcul Di.) 5

Un cas particulier important de dérivée directionnelle est celui de dérivée


partielle. La dérivée partielle de f au point a par rapport à la ième variable,
s'obtient en prenant pour u le ième vecteur ei = (0, ..., 0, 1, 0, ..., 0) de la base
∂f
canonique (e1 , ..., en ) de E . On la note (a) ou fi0 (a). D'après la dénition
∂xi
des dérivées directionnelles, on a
∂f f (a + λei ) − f (a)
(a) = lim ,
∂xi λ→0
λ6=0
λ
f (a1 , ..., ai + λ, ..., an ) − f (a1 , ..., ai , ..., an )
= lim .
λ→0
λ6=0
λ

Au fond, on calcule la dérivée au point ai de la ième fonction partielle de f au


point a :
xi 7−→ f (a1 , ..., ai−1 , xi , ai+1 , ..., an ).
∂f
En d'autres termes, pour calculer la dérivée partielle (a), on xe toutes les
∂xi
variables, sauf la ième , et on dérive la fonction d'une variable ainsi obtenue.
Remarques 7 a) L'existence des dérivées partielles en un point n'assure pas
la continuité de la fonction en ce point, ni l'existence des dérivées direction-
nelles en ce point.
b) L'existence de toutes les dérivées directionnelles en un point n'implique
pas la continuité de la fonction en ce point.

3 Fonctions diérentiables
Soient a ∈ E , Ω un voisinage de a et f : Ω −→ F , une application.
Dénition 8 On dit que f est diérentiable en a s'il existe une application
linéaire L : E −→ F , telle que :
∀h ∈ E, f (a + h) = f (a) + L(h) + ε(h),
ε(h)
avec lim = 0 (c-à-d., ε(h) = o(||h||)). De façon équivalente (il sut de
h→0 ||h||
h6=0

poser x = a + h), s'il existe une application linéaire L : E −→ F , telle que :


f (x) = f (a) + L(x − a) + ε(x − a),
ε(x − a)
avec lim = 0. L'application L si elle existe, est unique et s'appelle
x→a ||x − a||
x∈Ω\{a}

la diérentielle de f au point a. On la note df (a) ou dfa .


A. Lesfari (Calcul Di.) 6

Signalons l'observation triviale suivante : La fonction f à valeurs dans F


est diérentiable en a si et seulement si ses composantes fj sont diérentiables
en a.
Proposition 9 Si f est diérentiable au point a, alors f est continue en a.
(La réciproque est fausse en général).
Remarque 10 Voyons ce qui se passe en dimension innie. Si E et F sont
des espaces de Banach c-à-d. des espaces vectoriels normés complets (ou des
espaces vectoriels normés quelconques). L'espace vectoriel L(E, F ) des appli-
cations linéaires continues de E dans F est un espace de Banach muni de
la norme induite par celles de E et F . Cette norme est dénie, pour tout
f ∈ L(E, F ) par

kf (x)kF
kf kL(E,F ) = sup .
06=x∈E kxkE
En général, une application linéaire de E dans F n'est pas continue (sauf
évidemment en dimension nie). Si f : E −→ F est une application linéaire,
alors on a équivalence entre les trois propositions suivantes :
(i) f est continue en 0.
(ii) ∃C > 0 : kf (x)kF ≤ CkxkE .
(iii) f est uniformément continue.
En dimension innie, il faut ajouter dans la dénition de diérentiabilité de
f , la condition que l'application linéaire L : E −→ F est continue.

On montre que si f est diérentiable en a, alors f est dérivable suivant


tout vecteur u de E et
∂f
(a) = df (a)u,
∂u
pour chaque u de E . Cette formule implique que si L est l'application linéaire
intervenant dans la dénition de la diérentiabilité de f en a, alors
∂f
L(u) = (a), ∀u ∈ E
∂u
d'où l'unicité de L.
Proposition 11 Si f est diérentiable au point a, alors les dérivées partielles
∂f
(a) existent et on a
∂xi
n
X ∂f
df = dxi .
i=1
∂x i

(La réciproque est fausse en général).


A. Lesfari (Calcul Di.) 7

Exercice 3.1 Quelle est la valeur approchée de (1, 02)3,01 ?


Réponse : (1, 02)3,01 ≈ 1, 06.
Remarque 12 La seule existence des dérivées partielles ne sut pas à assurer
la diérentiabilité. Par contre, on a le théorème suivant très utile en pratique.
∂f
Théorème 13 Si les dérivées partielles (1 ≤ i ≤ n) de f existent dans
∂xi
un voisinage de a et sont continues en a, alors f est diérentiable en a. (La
réciproque est fausse en général).
Dénition 14 On dit que f est continûment diérentiable ou de classe C 1 sur
∂f
Ω lorsque les dérivées partielles de f existent et sont continues sur Ω.
∂xi

Si f est de classe C 1 sur Ω, alors f est diérentiable sur Ω.


Le théorème suivant (voir [6]) donne une condition susante sur les dérivées
partielles de la fonction f pour que celle-ci soit diérentiable en a.
Théorème 15 On suppose que :
(i) l'une des dérivées partielles ∂x
∂f
,..., ∂x
∂f
de la fonction f existe au point
a = (a1 , ..., an ).
1 n

(ii) les n − 1 autres dérivées partielles existent dans un voisinage de a et


qu'en outre elles sont continues en a.
Alors la fonction f est diérentiable en a.
Dans le cas particulier d'une fonction f (x, y) à deux variables la condition
susante de diérentiabilité de cette fonction consiste à utiliser la continuité
d'une des dérivées partielles mais pas les deux ! La continuité de toutes les
dérivées partielles intervient seulement pour montrer que f est de classe C 1 .
En dimension deux le résultat devient [6] :
Proposition 16 si l'une des dérivées partielles ∂f
∂x
et ∂f
∂y
de la fonction f existe
au point a = (a1 , a2 ) et si l'autre dérivée partielle existe dans un voisinage
de a et que de plus cette dernière est continue en a, alors la fonction f est
diérentiable en a.
Notation (dans le cas de deux variables) :
∂f f (x0 + h, y0 ) − f (x0 , y0 )
(x0 , y0 ) = lim ,
∂x h→0 h
∂f f (x0 , y0 + h) − f (x0 , y0 )
(x0 , y0 ) = lim .
∂y h→0 h
A. Lesfari (Calcul Di.) 8

On va maintenant étudier deux exemples d'applications.

Exemple 17 Etudions la diérentiabilité de la fonction dénie sur R2 par


(
xy 3
x4 +y 2
, (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) =
0, (x, y) = (0, 0)
A. Lesfari (Calcul Di.) 9

(Surface de l'équation z = f (x, y))

La fonction f est diérentiable sur R2 \{(0, 0)} comme quotient de fonctions


diérentiables sur R2 \{(0, 0)} dont le dénominateur ne s'annule pas. Le seul
point problématique est à l'origine. On a
∂f y 3 (y 2 − 3x4 ) ∂f xy 2 (3x4 + y 2 )
(x, y) = , (x, y) = ,
∂x (x4 + y 2 )2 ∂y (x4 + y 2 )2
et
∂f f (h, 0) − f (0, 0)
(0, 0) = lim = 0,
∂x h→0 h
∂f f (0, h) − f (0, 0)
(0, 0) = lim = 0.
∂y h→0 h
Puisque f est une fonction à deux variables, il sut donc (d'après la proposi-
tion précédente) de prouver que l'une de ces dérivées partielles est continue en
(0, 0). On a

∂f (x4 + y 2 )1/4 .(x4 + y 2 ).3(x4 + y 2 )


(x, y) ≤ = 3(x4 + y 2 )1/4 ,
∂y (x4 + y 2 )2
et
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0).
(x,y)→(0,0) ∂y ∂y
Dès lors, la fonction ∂f
∂y
est continue en (0, 0) et on en déduit que f est dif-
férentiable en (0, 0). Par conséquent, f est diérentiable sur R2 . (Dans cet
exemple la fonction f est de classe C 1 car la dérivée partielle ∂f
∂x
(x, y) est aussi
continue en (0, 0), mais on n'est pas obligé de le vérier pour montrer que f
est diérentiable).
A. Lesfari (Calcul Di.) 10

Exemple 18 Etudions la diérentiabilité de la fonction dénie sur R2 par


y 2 sin xy ,

6 0
y=
f (x, y) =
0, y=0

(Surface d'équation z = f (x, y))

La fonction f est diérentiable sur R2 \{(a, 0)}, a ∈ R, comme produit et


composée de fonctions diérentiables. On a
∂f x ∂f x x
(x, y) = y cos , (x, y) = 2y sin − x cos ,
∂x y ∂y y y

et ∂f
∂x
(0, 0) = ∂f
∂y
(0, 0) = 0. En outre, ∂f
∂x
(x, y) ≤ |y|,

∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0),
(x,y)→(0,0) ∂x ∂x

ainsi ∂f
∂x
est continue en (0, 0). Donc la fonction f est diérentiable en (0, 0).
De même, la fonction f est diérentiable en (a, 0), a 6= 0 car ∂f ∂x
et ∂f
∂y
existent
au point (a, 0) ; ∂x (a, 0) = ∂y (a, 0) = 0, et ∂x est continue en (a, 0) ;
∂f ∂f ∂f

∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (a, 0).
(x,y)→(a,0) ∂x ∂x

(Notons que pour ce dernier cas, si a 6= 0, la dérivée partielle ∂f∂y


(x, y) n'est pas
continue en (a, 0) puisque lim(x,y)→(a,0) ∂y (x, y) n'existe pas). Finalement f est
∂f
A. Lesfari (Calcul Di.) 11

diérentiable sur R2 .

∂f
(Discontinuité de )
∂y
Exercice 3.2 Etudier la diérentiabilité des fonctions dénies sur R2 par
a) p
f (x, y) = x2 + y 2
b) (
(x2 + y 2 )2 sin √ 1
, (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 +y 2
0, (x, y) = (0, 0)
c) ( 4 4
xy xx4 −y
+y 4
, (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) =
0, (x, y) = (0, 0)

Réponse :
a) f est diérentiable sur R2 sauf au point (0, 0).
b) f est diérentiable sur R2 .
c) f est diérentiable sur R2 .
Exercice 3.3 Montrer que la fonction f de R2 dans R dénie par
|x|y 3
f (x, y) = ,
x2 + y 2
admet un prolongement continue à l'origine. Etudier la diérentiabilité en tout
point de la fonction prolongée.
Réponse : Il sut de poser f (x, y) = 0 si (x, y) = (0, 0). La fonction ainsi
prolongée est diérentiable sur R2 \{(0, b) : b ∈ R}, n'est pas diérentiable aux
points (0, b), b ∈ R∗ et diérentiable à l'origine.
A. Lesfari (Calcul Di.) 12

Exercice 3.4 Etudier la continuité et la diérentiabilité de la fonction f dé-


nie sur R2 par

 sin4 x
, (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
0, (x, y) = (0, 0)

Réponse : En utilisant le fait que : ∀x ∈ R, | sin x| ≤ |x|, on montre que la


fonction f est est continue et diérentiable sur R2 .
Exercice 3.5 Soit f une fonction de classe C 1 de R dans R. On pose
 f (x)−f (y)
x−y
, x 6= y
g(x, y) = 0
f (x), x=y

a) Etudier la continuité de g sur R2 .


b) Si f 00 (a) existe, g est-elle diérentiable en (a, a)?
Réponse :
a) g est continue sur R2 .
b) oui.
Exercice 3.6 Etudier la continuité et la diérentiabilité de la fonction dénie
sur R2 par
sin x sin y sin x1 sin y1 , xy =

6 0
f (x, y) =
0, xy = 0

Réponse : f est continue et diérentiable en (x, y) ∈ R2 sauf peut-être en (x, y)


tels que : xy = 0. f est continue en (x, y) tels que : xy = 0. f n'est pas
diérentiable en (a, 0), (0, a) avec a ∈/ {kπ : k ∈ Z} ∪ { kπ1 : k ∈ Z∗ }. f est
diérentiable en (0, 0), (kπ, 0), ( kπ1 , 0), (0, kπ), (0, kπ1 ), k ∈ Z∗ .
Proposition 19 Soient
f, g : Ω ⊂ E −→ F, h : Ω ⊂ E −→ R,

des fonctions diérentiables au point a ∈ Ω. Alors f + g et f h sont diéren-


tiables en a et on a
d(f + g)(a) = df (a) + dg(a), d(f h)(a) = h(a)df (a) + f (a)dh(a).
f
Si de plus, h(a) 6= 0, alors est diérentiable en a et
h
 
f (df (a))h(a) − f (a)dh(a)
d (a) = .
h h2 (a)
A. Lesfari (Calcul Di.) 13

Proposition 20 (Diérentiabilité d'une fonction composée) : Soient a ∈ E ,


Ω un voisinage de a et f : Ω −→ F . Posons b = f (a) et soit ∆ un voisinage
de b et g : 4 −→ G (G evn. de dim. q ). On suppoe que f est diérentiable en
a et g est diérentiable en b. Alors g ◦ f est diérentiable en a et

d(g ◦ f )(a) = dg(b).df (a).

Exercice 3.7 On considère une fonction f de R3 dans R appartenant à C 1 (R3 ).


On pose,
∀(x, y) ∈ R2 , g(x, y) = f (cos x2 , xy, f (y, y, y)).
Calculer les dérivées partielles d'ordre 1 de g par rapport à x et à y en un point
(a, b) ∈ R2 . On exprimera les dérivées partielles de F en fonction de celles de
f.

Réponse : En désignant par ∂x


∂f
i
(x1 , x2 , x3 ) la dérivée première par rapport à la
i-ème composante xi , on obtient
∂f ∂f ∂f
(a, b) = −2a sin a2 cos a2 , ab, f (b, b, b) + b cos a2 , ab, f (b, b, b) ,
 
∂x ∂x1 ∂x2
et
∂f ∂f
cos a2 , ab, f (b, b, b)

(a, b) = a
∂y ∂x2
 
∂f ∂f ∂f ∂f
cos a2 , ab, f (b, b, b) .

+ (b, b, b) + (b, b, b) + (b, b, b)
∂x1 ∂x2 ∂x3 ∂x3

Exercice 3.8 Même question pour la fonction


∀(x, y) ∈ R2 , g(x, y) = f (cos x2 , xy, f (x, y, x)).

Réponse : En désignant par ∂x


∂f
i
(x1 , x2 , x3 ) la dérivée première par rapport à la
i-ème composante xi , on obtient
∂f ∂f ∂f
(a, b) = −2a sin a2 cos a2 , ab, f (a, b, a) + b cos a2 , ab, f (a, b, a)
 
∂x ∂x1 ∂x2
 
∂f 2
 ∂f 2
 ∂f 2

+ cos a , ab, f (a, b, a) cos a , ab, f (a, b, a) + cos a , ab, f (a, b, a) ,
∂x3 ∂x1 ∂x3
et
∂f ∂f  ∂f  ∂f
(a, b) = a cos a2 , ab, f (a, b, a) + cos a2 , ab, f (a, b, a) (a, b, a).
∂y ∂x2 ∂x3 ∂x2
A. Lesfari (Calcul Di.) 14

Exercice 3.9 Soit E un R-evn et Φ l'application x 7→k x k. L'objet de cet


exercice est d'étudier la diérentiabilité de l'application Φ.
a) Montrer que Φ n'est pas diérentiable en 0.
b) On munit F de sa structure euclidienne usuelle et on note
v
u p
uX
k x k= t x2 . i
i=1

Montrer que Φ est C 1 sur F \ {0F } et préciser sa diérentielle.


c) On munit R2 de k . k∞ . L'application Φ est-elle diérentiable ?
d) On considère l'espace
( ∞
)
est absolument convergente ,
X
a = (an ) ∈ RN :
n=0

muni de la norme k x k= | xn |. L'application Φ est-elle diérentiable ?
X

n=0

Exercice 3.10 Calculer la dérivée de


Z v(x)
g(x) = f (x, t)dt,
u(x)

où f est continue et u, v sont de classe C 1 .


Réponse : g0 (x) = f (x, v(x))v 0 (x) − f (x, u(x))u0 (x) + .
R v(x) ∂f
u(x) ∂x
(x, t)dt

Exercice 3.11 Soit Mn (n, K) l'ensemble des matrices n × n. Montrer que


l'application :
Mn (n, K) −→ Mn (n, K), A 7−→ Ap , p ∈ N∗ ,
est diérentiable en tout point. Quelle est sa diérentielle ?
p−1
Réponse : ∀B ∈ Mn (n, K), df (A)(B) = Ak BAp−k−1 .
X

k=0

Exercice 3.12 Montrer que pour tout opérateur linéaire A : Rn −→ Rn , ona


det(I + tA) = 1 + t.trA + o(t2 ), t→0
n
où I est la matrice unité et trA = aii est la trace de la matrice associée
X

i=1
à l'opérateur A par rapport à une base quelconque. En déduire que la trace ne
dépend pas de la base.
A. Lesfari (Calcul Di.) 15

4 Matrice jacobienne
Considérons l'application f : Ω ⊂ E −→ F , x 7−→ y = f (x). On a
y1 = f1 (x1 , ..., xn ),
y2 = f2 (x1 , ..., xn ),
..
.
yp = fp (x1 , ..., xn ).
∂f
On suppose que les dérivées partielles i (a), 1 ≤ i ≤ p, 1 ≤ j ≤ n, a ∈ Ω,
∂xj
existent.
Dénition 21 On appelle matrice jacobienne de f en a, la matrice d'ordre
p × n suivante :  ∂f1 ∂f1 
∂x1
(a) ... ∂xn
(a)
∂f2 ∂f2

∂x1
(a) ... ∂xn
(a) 
Jf (a) =  .. ..
 
. .

 
∂fp ∂fp
∂x1
(a) ... ∂xn
(a)

Si p = 1, Jf (a) se réduit à un vecteur de E ,


 
∂f ∂f
grad f = (a), ..., (a) , (f ≡ f1 ),
∂x1 ∂xn
appelé gradient de f ; (On le note grad f ou ∇f ).
Si n = p, le déterminant de la matrice Jf (a) s'appelle jacobien de f en a
et on écrit
∂(f1 , ..., fn )
det Jf (a) = (a).
∂(x1 , ..., xn )
Exprimé en terme de matrice jacobienne, la proposition précédente (sur la
diérentielle d'une fonction composée) fournit le résultat suivant :
Proposition 22 On a
Jg◦f (a) = Jg (f (a)).Jf (a).

Supposons de plus que f est bijective avec g = f −1 . D'où det Jg◦f (a) = 1,
et par conséquent
∂(f1 , ..., fn ) 1
= .
∂(x1 , ..., xn ) ∂(x1 , ..., xn )
∂(f1 , ..., fn )
Cette formule est très utile car permet souvent d'éviter l'inversion explicite
d'une fonction.
A. Lesfari (Calcul Di.) 16

Proposition 23 (théorème des accroissements nis) : Soient Ω un ouvert de


E et f : Ω −→ R une application, a ∈ Ω, h ∈ Rn tels que le segment [a, a+h] =
{a + th : 0 ≤ t ≤ 1} soit inclus dans Ω. On suppose que f est diérentiable
sur Ω. Alors, il existe un réel θ ∈]0, 1[ tel que :
n
X ∂f
f (a + h) − f (a) = hi (a + θh),
i=1
∂xi

avec h = (h1 , ..., hn ) ∈ E .


Remarque 24 Le théorème des accroissements nis n'est plus vrai pour les
fonctions à valeurs vectorielles (en particulier à valeurs complexes).
Proposition 25 (Inégalité des accroissements nis) : Soient Ω un ouvert de
E et f : Ω −→ F une application, a ∈ Ω, h ∈ E tels que le segment [a, a + h]
soit inclus dans Ω. On suppose que f est continue sur [a, a + h], diérentiable
sur ]a, a + h[ et que :
∃M, ∀x ∈]a, a + h[, k df (x) k≤ M.

Alors,
k f (a + h) − f (a) k≤ M k h k .

Exercice 4.1 Soit Ω un ouvert convexe de E , f : Ω −→ F une application


diérentiable dans Ω. Supposons qu'il existe
M = sup{k df (x) k; x ∈ intΩ} < +∞

tel que : ∀x ∈ Ω, k df (x) k≤ M. Montrer que f est lipschitzienne sur Ω.


Exercice 4.2 Soit f : Ω ⊂ E −→ F , f ∈ C 1 (Ω, F ), x, y ∈ E tels que :
∀t ∈ [0, 1], x + t(y − x) ∈ Ω.
a) Montrer que :
Z 1
f (y) = f (x) + f 0 (x + t(y − x))(y − x)dt.
0

b) En déduire que :
kf (y) − f (x)kF ≤ sup kf 0 (x + t(y − x))kL(E,F ) .ky − xk.
t∈[0,1]

Indication : Poser ϕ(t) = f (x + t(y − x)) et utiliser le théorème de la dérivée


de fonctions composées.
A. Lesfari (Calcul Di.) 17

Exercice 4.3 Soit Ω ⊂ E , un ouvert et soit (fn ) une suite de fonctions dé-
nies sur Ω à valeurs dans F , de classe C 1 . On suppose qu'il existe f : Ω −→ F
et g : Ω −→ L(E, F ) telles que :

i) (fn ) converge simplement vers f sur Ω.

ii) (fn0 ) converge uniformément vers g sur tout compact de Ω.


1) Montrer que f ∈ C 1 (Ω, F ) et f 0 = g.
2) Montrer que si Ω est connexe, alors on peut remplacer i) par
∃a ∈ Ω, lim fn (a) = f (a).
n→+∞

5 Dérivées partielles d'ordre supérieur


Soient a ∈ E , Ω un voisinage de a et f : Ω −→ F . Si les dérivées partielles
∂f
existent au point a ∈ Ω et sont continues en a, on sait que f est de classe
∂xi
C 1 en a. Si ces dérivées partielles possèdent elles-mêmes des dérivées partielles,
on les appellent dérivées partielles secondes et on note
∂2f
 
∂ ∂
(a) = (a).
∂xj ∂xi ∂xj ∂xi

Si ces dérivées partielles secondes existent au voisinage de a et sont continues


en a, on dit que f est de classe C 2 en a. On dénit ainsi par récurrence les
dérivées partielles kèmes et la notion de fonction de classe C k . On dit enn
qu'une fonction est de classe C ∞ en a si toutes ses dérivées partielles, de tous
les ordres, existent au voisinage de a et sont continues en a.

Exercice 5.1 Soient f : R2 −→ R et g : R −→ R, dénies par



g(xy)

si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = g(x2 )+ g(y 2 ) ,
0 si (x, y) = (0, 0)

e− x2 si x 6= 0
 1

g(x) =
0 si x = 0
Montrer que la fonction f est de classe C ∞ sur R2 \{(0, 0)}.
Réponse : On montre que g ∈ C ∞ sur R et on en déduit que : f ∈ C ∞ sur
R2 \{(0, 0)} (composée et produit de fonctions de classe C ∞ ).
A. Lesfari (Calcul Di.) 18

Soit f la fonction de R2 dans R dénie par f (0, 0) = 0 et


x2 − y 2
f (x, y) = xy , (x, y) 6= (0, 0)
x2 + y 2

(Surface d'équation z = f (x, y))

On a ∂f
∂x
(0, y) = −y si y 6= 0, ∂f
∂x
(0, 0) = 0 et ∂f
∂y
(x, 0) = x si x 6= 0, ∂f
∂y
(0, 0) = 0.
Dès lors,
∂f ∂f
∂2f −
 
∂ ∂f ∂x
(0, h) ∂x
(0, 0) −h
(0, 0) = (0, 0) = lim = lim = −1,
∂y∂x ∂y ∂x h→0 h h→0 h

et
∂f ∂f
∂2f (h, 0) − (0, 0)
 
∂ ∂f ∂y ∂y h
(0, 0) = (0, 0) = lim = lim = 1.
∂x∂y ∂x ∂y h→0 h h→0 h

Par conséquent, ∂y∂x (0, 0). On constate donc que même si les déri-
2
∂ f ∂ f 2
(0, 0) 6= ∂x∂y
vées partielles ∂y∂x et ∂x∂y en un point existent, elles ne sont pas nécessairement
∂2f ∂2f

égales.
Le théorème de Schwarz suivant donne une condition susante sur l'inter-
version des dérivées partielles.

Théorème 26 Si ∂2f
et ∂x∂j ∂x existent dans un voisinage Ω d'un point
f 2

∂xi ∂xj i
a = (a1 , ..., an ) et sont continues en ce point, alors

∂2f ∂2f
(a) = (a).
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
A. Lesfari (Calcul Di.) 19

Remarque 27 Ce théorème s'applique en particulier aux fonctions de classe


C 2 , cas de loin le plus important dans les applications. Par ailleurs, on peut
démontrer une variante du théorème précédent, en supposant que f est deux fois
diérentiable en a. Signalons aussi que la formule ci-dessus d'interversion des
dérivées partielles, signie que la matrice hessienne de f est alors symétrique
en chaque point. Cela signie aussi que la diérentielle seconde d2 f (a) est une
forme bilinéaire symétrique sur E × E , c-à-d. que
d2 f (a)(u, v) = d2 f (a)(v, u), ∀u, v ∈ E

Plus généralement, si f : Ω ⊂ E −→ R est de classe C k sur l'ouvert Ω,


alors l'ordre dans lequel est calculée toute dérivée partielle d'ordre k est sans
importance : si σ est une permutation de {1, 2, ..., k}, alors
∂kf ∂kf
= ,
∂xik · · · ∂xi2 ∂xi1 ∂xiσ(k) · · · ∂xiσ(2) ∂xiσ(1)

sur Ω. Il sut de raisonner par induction.


Remarque 28 Pour désigner les dérivées partielles d'ordre ≤ k d'une fonc-
tion f de n variables de classe C k , on utilise parfois la notation suivante :
∂ |α| f
Dα f = ,
(∂xn )αn ...(∂x1 )α1

avec α = (α1 , ..., αn ) : n-uple d'entiers ≥ 0 et |α| = α1 + · · · + αn ≤ k.


L'importance de ce théorème provient de son utilisation intensive en ma-
thématiques, en physique, en chimie, dans les sciences de l'ingénieur ainsi que
de ses nombreuses applications dans d'autres domaines. Il est d'usage courant
là où les dérivées partielles secondes apparaissent notamment lors de la réso-
lution des équations aux dérivées partielles de la physique mathématique. Il
intervient par exemple dans la construction des formules fondamentales d'ana-
lyse vectorielle, des expressions des fonctions d'état en thermodynamique, dans
l'étude de l'équation des cordes vibrantes et équation des télégraphistes, dans
l'étude des ondes, dans l'obtention des relations de Maxwell, pour ne citer que
ces exemples marquants, il y en a évidemment beaucoup d'autres ! D'autre
part, pour la résolution d'exercices la contraposée de ce théorème permet par
l'absurde de montrer que certaines fonctions ne sont pas de classe C 2 . Au vu de
l'importance de ce résultat, il n'est donc pas inutile de chercher à l'améliorer
en aaiblissant les conditions imposées à la fonction f . Nous allons voir dans
le théorème ci-dessous qu'eectivement, ceci est possible (pour la preuve voir
[7]). Sans restreindre la généralité, on peut se limiter aux fonctions à valeurs
réelles et à la considération de deux variables à la fois.
A. Lesfari (Calcul Di.) 20

Théorème 29 Soit f une fonction de deux variables à valeurs réelles, dénie


dans un voisinage Ω du point (a, b) ∈ R2 . On suppose que :
(i) les dérivées partielles ∂f∂x
et ∂y∂x
∂2f
existent dans Ω.
(ii) ∂y∂x est continue sur Ω.
2
∂ f

(iii) ∂y (x, b) existe pour x dans un voisinage de a.


∂f

Alors ∂x∂y
∂2f
existe en (a, b) et on a
∂2f ∂2f
(a, b) = (a, b).
∂y∂x ∂x∂y

6 Formule de Taylor et développements limités


Théorème 30 (Formule de Taylor) : Soient a ∈ Rn , Ω un voisinage de a et
f : Ω −→ R. Soit h ∈ Rn , tel que le segment [a, a + h], soit contenu dans Ω.
On suppose que f ∈ C r+1 sur Ω. Alors, il existe θ ∈]0, 1[ tel que :
n n
X ∂f 1 X ∂2f
f (a + h) = f (a) + (a)hi + (a)hi1 hi2 + · · ·
i=1
∂xi 2 i ,i =1 ∂xi2 ∂xi1
1 2
n r
1 X ∂ f
+ (a)hi1 ...hir
r! i ∂xir ...∂xi1
1 ,...,ir =1
n
1 X ∂ r+1 f
+ (a + θh)hi1 ...hir+1 .
(r + 1)! i ,...,i =1 ∂xir+1 ...∂xi1
1 r+1

Remarque 31 Ces résultats peuvent être étendus au cas des fonctions f :


Ω −→ F .

Remarque 32 Le terme d'indice r du théorème précédent, c-à-d.,


n
1 X ∂rf
(a)hi1 ...hir ,
r! i ,...,i =1 ∂xir ...∂xi1
1 r

se note souvent  n
1 ∂ ∂
h1 + · · · + hn f (a).
r! ∂x1 ∂xn

Remarque 33 Pour le cas d'une fonction à deux variables x et y, on utilise


parfois les notations de Monge :
∂f ∂f ∂2f ∂2f ∂2f
p= , q= , r= , s= , t= .
∂x ∂y ∂x2 ∂x∂y ∂y 2
A. Lesfari (Calcul Di.) 21

Exercice 6.1 Quelle est la valeur approchée de (0, 95)2,01 ?


Réponse : (0, 95)2,01 ≈ 0, 902.

Soient Ω ⊂ E , un ouvert, f : Ω −→ F et a ∈ Ω. On dit qu'un polynôme


P : E −→ F , de degré ≤ n est un développement limié de f à l'ordre n au
point a, si
||f (a + x) − P (x)|| = o(||x||n ).
Cela revient à dire que la fonction x 7−→ f (x+a) est n-tangente à P à l'origine.
Si P existe, alors il est unique. Dans le cas où f est n-fois diérentiable au point
a, la formule de Taylor, exprime précisément que f admet un développement
limité P à l'ordre n au point a.
Exercice 6.2 Soit GLn (n, K) l'ensemble des matrices n × n inversibles.
a) Montrer que l'application :
f : GLn (n, K) −→ GLn (n, K), A 7−→ A−1 ,

est diérentiable en tout point. Quelle est sa diérentielle ?


b)Montrer que l'application :
g : GLn (n, K) −→ K, A 7−→ det A,

est de classe C 1 en tout point. Quelle est sa diérentielle ?


Réponse :
a) ∀(A, B) ∈ GLn (n, K)2 , df (A)(B) = −A−1 BA−1 .
b) ∀(A, B) ∈ GLn (n, K)2 , dg(A)(B) = det A.tr(A−1 B).

7 Théorème d'inversion locale


Considérons le système de n équations algébriques à n inconnues suivant :
a11 x1 + a12 x2 + · · · + a1n xn = b1 ,
a21 x1 + a22 x2 + · · · + a2n xn = b2 ,
..
.
an1 x1 + an2 x2 + · · · + ann xn = bn .

D'une façon condensée, ce système s'écrit


n
X
aij xj = bi , 1≤i≤n
j=1
A. Lesfari (Calcul Di.) 22

ou encore sous forme matricielle, Ax = b, avec A = (aij ) une matrice n × n,


b = (bi ) une matrice n × 1 et x = (xj ) une matrice n × 1. La matrice A
dénit une transformation linéaire de E dans E pour laquelle on utilise aussi
la notation A :
A : E −→ E, (x1 , ..., xn ) 7−→ (y1 , ..., yn )
n
X
yi = aij xj , 1≤i≤n
j=1

On sait que le système précédent a une solution unique si et seulement si la


matrice A est inversible, donc si det A 6= 0. Cela revient à dire que l'application
A est bijective.
Qu'en est-il si on considère un système de n équations non-linéaires à n
inconnues :
f1 (x1 , · · · , xn ) = b1 ,
f2 (x1 , · · · , xn ) = b2 ,
..
.
fn (x1 , · · · , xn ) = bn ,

ou sous forme condensée f (x) = b ? A la place de A interviendra le jacobien


de f c-à-d.,  ∂f1  ∂f1
∂x1
(x0 ) ... ∂xn
(x0 )
∂f2 ∂f2

∂x1
(x0 ) ... ∂xn
(x0 ) 
det Jf (x0 ) =  .. .. .
 
 . . 
∂fp ∂fn
∂x1
(x0 ) ... ∂xn
(x0 )
Supposons que f soit de classe C 1 au voisinage d'un point x0 et que f (x0 ) = b0 .
L'équation f (x) = b peut alors s'écrire
f (x) − f (x0 ) = b − b0 ,

ou encore
df (x0 ).(x − x0 ) + ε(x − x0 ) = b − b0 .
Une approximation linéaire de l'équation proposée est donc fournie par
df (x0 ).(x − x0 ) = b − b0 .

Comme la fonction linéaire df (x0 ) : E −→ E , est représentée par la matrice


jacobienne  
∂fj
Jf (x0 ) = ,
∂xi 1≤i,j≤n
A. Lesfari (Calcul Di.) 23

on peut aussi écrire l'équation linéaire approchée sous la forme


Jf (x0 ).(x − x0 ) = b − b0 .
L'équation approchée possède donc pour chaque b une solution unique en x
si et seulement si la matrice jacobienne Jf (x0 ) est inversible et donc si et
seulement si le jacobien de f en x0 (c-à-d. det Jf (x0 )) n'est pas nul. Pourrait-
on espérer que l'équation f (x) = b, elle-même possède une solution unique
si c'est le cas de l'équation linéaire approchée (autrement dit si l'application
linéaire approchant f est inversible) ? Posée globalement, la question appelle
une réponse négative. Mais localement, la réponse est positive. Précisons cela
en examinant un exemple dans le cas n = 1. Soit f : R −→ R, une fonction de
classe C 1 .

La matrice jacobienne de f en x0 se réduit au nombre réel ∂f ∂x


(x0 ) qui n'est
pas nul (la tangente à la courbe en (x0 , b0 ) n'est pas horizontale). On peut faire
les observations suivantes :
(i) négativement : l'équation f (x) = b n'a pas nécessairement de solution ;
c'est la cas par exemple de l'équation f (x) = b1 . De plus si l'équation f (x) = b
a une solution, celle-ci n'est pas nécessairement unique. Par exemple, l'équation
f (x) = b0 admet les deux solutions x0 et x1 .
(ii) positivement : si on considère les voisinages U (x0 ) de x0 et V (b0 ) de b0 ,
la fonction
f : U (x0 ) −→ V (b0 ),
est bijective. En outre, la fonction réciproque
f −1 : V (b0 ) −→ U (x0 ),
A. Lesfari (Calcul Di.) 24

est encore de classe C 1 .


C'est là un fait général comme le montre le théorème suivant :
Théorème 34 (d'inversion locale) : Soit Ω un ouvert de E et
f : Ω −→ E,
une fonction de classe C 1 . Soit x0 ∈ Ω, b0 = f (x0 ). Supposons que df (x0 ) soit
inversible (c-à-d., det Jf (x0 ) 6= 0). Alors, il existe un voisinage U (x0 ) de x0 et
un voisinage V (b0 ) de b0 tels que la restriction de f à U (x0 ) soit une bijection
de U (x0 ) sur V (b0 ). En outre, la réciproque
f −1 : V (b0 ) −→ U (x0 ),
est de classe C 1 . (Si f est de classe C k , k ∈ N∗ , alors f −1 est également de
classe C k ).
Remarque 35 En bref, ce théorème signie qu'une fonction est inversible au
voisinage d'un point en lequel sa diérentielle est inversible.
Exercice 7.1 Soit Ω ⊂ E , un ouvert et f : Ω −→ E , une fonction de classe
C . Soit x0 ∈ Ω, b0 = f (x0 ). Supposons que : ∀x ∈ Ω, df (x) est un isomor-
1

phisme. Montrer que :


a) ∆ ⊂ Ω, ouvert=⇒ f (4) ⊂ E , ouvert.
b) f injective au voisinage de chaque point de Ω.
c) f peut ne pas être injective sur Ω tout entier même si Ω est connexe (un
phénomène qui ne peut se produire lorsque n = 1).
Exercice 7.2 Soit f : Ω ⊂ E −→ E , une fonction de classe C 1 sur l'ouvert
Ω et supposons que df (x) est un isomorphisme pour tout x ∈ Ω. Montrer que
f (∆) est ouvert dans E pour chaque ouvert ∆ ⊂ Ω.
Exercice 7.3 Sous les hypothèses de l'exercice précédent, montrer que :
a) f est injective au voisinage de chaque point de Ω.
b) f peut ne pas être injective sur Ω tout entier (même lorsque Ω est
connexe).
Dénition 36 Un bijection f d'un ouvert Ω de E sur un ouvert f (Ω) de E
qui est de classe C k , k ∈ N∗ , ainsi que sa réciproque f −1 s'appelle un diéo-
morphisme de classe C k .
Exercice 7.4 Plaçons nous dans la situation du théorème d'inversion locale
dont nous utilisons les notations : Ω, f, x0 , U, V et f −1 . Montrer que pour tout
voisinage ouvert W ⊂ U de x0 , f (W ) est un voisinage ouvert de f (x0 ), et f
est bijective de W sur f (W ) avec une réciproque de classe C 1 (C k si f l'est).
Indication : Il sut de vérier que f (W ) est un ouvert, la suite résultant alors
directement du théorème d'inversion locale.
A. Lesfari (Calcul Di.) 25

8 Théorème des fonctions implicites et théorème


du rang constant
Considérons une fonction
g : E × F −→ F, (x, y) 7−→ g(x, y)

et soit l'équation
g(x, y) = 0, x ∈ E, y∈F
Le problème qui se pose est de déterminer y comme fonction de x (autrement
dit, trouver les y1 , ..., yp en fonction de x1 , ..., xn ).
On a à ce sujet le théorème fondamental suivant, qui résulte du théorème
d'inversion locale.

Théorème 37 (des fonctions implicites) : Soit Ω un ouvert de E × F et g :


Ω −→ F une fonction de classe C 1 . Soit (a, b) ∈ Ω. Supposons que :
(i) g(a, b) = 0.  
∂gi
(ii) la matrice (a, b) est inversible.
∂yj 1≤i,j≤p
Montrer qu'il existe un voisinage U (a) de a dans E et un voisinage V (b) de
b dans F , avec U (a) × V (b) ⊂ Ω, tels qu'il existe une fonction unique f :
U (a) −→ V (b), avec
(i)' b = f (a).
(ii)' g(x, f (x)) = 0, ∀x ∈ U (a).
Cette fonction f est de classe C 1 . De plus, si g est de classe C k (k ≥ 1), f est
de classe C k .
Exercice 8.1 On considère la relation :
g(x1 , ..., xn , y) = 0,

où g : Rn × R −→ R est de classe C 1 et soit (a, b) ∈ Rn × R avec g(a, b) = 0


∂g
et (a, b) 6= 0. Montrer que qu'il existe f dénie et de classe C 1 au voisinage
∂y
de a dans Rn avec ∂g
∂f (a, b)
(a) = − ∂x
∂g
i
.
∂xi ∂y
(a, b)

Indication : D'après le théorème des fonctions implicites, on a g(x, f (x)) = 0


et il sut d'appliquer la formule de dérivation des fonctions composées.
A. Lesfari (Calcul Di.) 26

Exercice 8.2 On considère deux surfaces d'équations :


x2 (y 2 + z 2 ) = 2,

et
(x − z)2 + y 2 = 1.
Peut-on représenter la courbe intersection de ces surfaces par des équations de
la forme y = f1 (x) et z = f2 (x) au voisinage du point (1, 1, 1) ? Si oui, calculer
f10 (1) et f20 (1).

Réponse : f10 (1) = 0 et f20 (1) = −2.


Exercice 8.3 On considère la courbe d'équation :
g(x, y) = y 2 − 2x3 − x2 = 0.

Peut-on représenter cette courbe√par une équation x = f (y).


a) au voisinage du point (1, 3) ?
b) au voisinage du point (0, 0) ?
Si oui, calculer la dérivée de f au point considéré.
Réponse :
√ √
a) Oui et on a f 0 ( 3) = 4
3
.
b) Non.

Exercice 8.4 On suppose que les variables réelles x, y, z sont liées par la re-
lation f (x, y, z) = 0. Montrer que sous des hypothèses à préciser
∂x ∂y ∂z
= −1.
∂y ∂z ∂x

Exercice 8.5 On considère la surface d'équation :


xy − z ln y + exp xz = 1.

Cette surface peut-elle être représentée,


a) par une équation de la forme z = f (x, y) au voisinage du point (0, 1, 1) ?
b) par une équation de la forme y = h(x, z) au voisinage du point (0, 1, 1) ?
Si oui, calculer les dérivées premières de f et h au point considéré.
Réponse :
a) Non.
b) Oui et on a ∂h
∂x
((0, 1)) = 2, ∂h
∂z
((0, 1)) =0
A. Lesfari (Calcul Di.) 27

Exercice 8.6 Soit f l'application de R2 dans R2 dénie par


(x, y) ∈ R2 −→ f (x, y) = (x2 − y 2 − 2xy, y) ∈ R2 .

1) Montrer que f dénit une bijection de U = {(x, y) ∈ R2 : x > y} sur


V = {(u, v) ∈ R2 : u + 2v 2 > 0}.
2) f est-elle un homéomorphisme de U sur V ?
3) f est-elle un diéomorphisme de classe C 1 de U sur V ?
4) Soit g une fonction continument dérivable de R dans R, et h l'application
(x, y) ∈ R2 −→ h(x, y) = g(x2 − y 2 − 2xy) ∈ R.

∂h ∂h
4.1) Calculer et .
∂x ∂y
4.2) Montrer l'égalité
∂h ∂h
∀(x, y) ∈ R2 , (x + y) + (x − y) = 0. (∗)
∂x ∂y

4.3) On cherche les fonctions de classe C 1 de U dans R vériant l'égalité


(*).

(i) Soit h1 une fonction de classe C 1 vériant l'égalité (*). Montrer


que l'application g1 :
(u, v) ∈ V 7−→ g1 (u, v) = h1 ◦ f (u, v) ∈ R,

∂g1
est de classe C 1 et vérie = 0.
∂v
(ii) On admet que si une fonction H de classe C 1 de V dans R vérie
∂H
= 0 alors H ne dépend pas de la variable u.
∂v
En déduire la forme générale des fonctions vériant l'égalité (*) dans U .
Réponse :
2) Oui.
3) Oui.
4.1) On obtient
∂h ∂h
= 2(x − y)g 0 (x2 − y 2 − 2xy), = −2(x + y)g 0 (x2 − y 2 − 2xy).
∂x ∂y

4.2) Calcul direct et simple.


4.3) h(x, y = H(x2 − y 2 − 2xy) où H : R −→ R est de classe C 1 .
A. Lesfari (Calcul Di.) 28

Exercice 8.7 Soient Ω un ouvert de E et f : Ω −→ E une application dif-


férentiable injective. Montrer que f est un diéomorphisme de Ω sur f (Ω) si
et seulement si le rang de f (c-à-d. le rang de la matrice jacobienne de f ) en
tout point de Ω est n.
Indication : Il sut d'utiliser le théorème d'inversion locale.
Théorème 38 (du rang constant). Soient Ω un ouvert de E et f : Ω −→ F
une application diérentiable de rang constant r. Montrer que pour tout a ∈ Ω,
il existe
(i) un voisinage ouvert U (a) de a dans Ω.
(ii) un voisinage ouvert V (b) de b = f (a) dans F, contenant f (U (a)).
(iii) un diéomorphisme local g : U (a) −→ W de E et un diéomorphisme
local h : V (b) −→ W 0 de F .
tels que l'on ait :
(h ◦ f ◦ g −1 )(x1 , ..., xn ) = (x1 , ..., xr , 0, ..., 0), ∀(x1 , ..., xn ) ∈ W.

9 Fonctions homogènes
Dénition 39 On dit qu'une fonction f : E −→ F , est homogène de degré α
si, pour λ ∈ ∗+ et tout x ∈ R, on ait
f (λx) = λα f (x).

Si f et g sont homogènes de degré α, alors f + g est homogène de degré


α. Si f est homogène de degré α et g est homogène de degré β , alors f g est
f
homogène de degré α + β et est homogène de degré α − β . Si f est homogène
g
de degré α et s ∈ R∗ , alors f s est homogène de degré αs . Si f est diérentiable
et homogène de degré α, alors les dérivées partielles de f sont homogènes de
degré α − 1.

Proposition 40 Si f est diérentiable en x et homogène de degré α, alors on


a la formule d'Euler :
n
X ∂f
xk (x) = αf (x).
k=1
∂xk

Exercice 9.1 Déterminer la fonction f : (R∗+ )3 −→ R, (x, y, z) 7−→ f (x, y, z)


homogène de degré α en y , z , de degré β en z , x et de degré γ en x, y .
Réponse : f (x, y, z) = Cx .
−α+β+γ α−β+γ α+β−γ
2 y 2 z 2
A. Lesfari (Calcul Di.) 29

Exercice 9.2 Soit E , F deux espaces vectoriels réels normés et f : E −→ F ,


vériant
f (x + y) = f (x) + f (y), ∀x, y ∈ E.
On suppose que f est bornée sur la boule unité de E. Montrer que :
a) ∀λ ∈ Q, ∀x ∈ E, f (λx) = λf (x).
b) f est continue en tout point de E .
c) f est linéaire.
Exercice 9.3 On appelle cône (positif) d'un evn E une partie C de E véri-
ant : ∀x ∈ E, ∀λ > 0, λx ∈ C. Vérier

que C = {(x, y) ∈ R2 : y − x ≥ 0} est
un cône positif et que f : (x, y) 7→ y − x est homogène (préciser son degré).
Réponse : f est homogène de degré 12 .
Exercice 9.4 Déterminer les fonctions ϕ de classe C 1 telles que :
 
x
ϕ = f (x)g(y).
y

Réponse : Les fonctions ϕ de classe C 1 satisfaisant à l'équation ci-dessus sont


ϕ : R −→ R, t 7−→ ϕ(t) = ctβ , (c, β ∈ R)

10 Extremum et méthode des multiplicateurs de


Lagrange
Soient Ω un ouvert de E , f : Ω −→ R et a ∈ Ω.
Dénition 41 a) On dit que f possède en a un maximum (resp. minimum)
local ou relatif s'il existe un voisinage V de a inclus dans Ω tel que :
∀x ∈ V, f (x) ≤ f (a) (resp. f (x) ≥ f (a)).

b) On dit que f possède en a un maximum (resp. minimum) global si :


∀x ∈ Ω, f (x) ≤ f (a) (resp. f (x) ≥ f (a)).

c) Un extremum est un maximum ou un minimum.


Proposition 42 (Condition nécessaire) : Si f est diérentiable en a et pré-
sente un extremum en a, alors df (a) = 0.
Soit Ω un ouvert de E , f : Ω −→ R une fonction de classe C 2 et a ∈ Ω tel
que : df (a) = 0.
A. Lesfari (Calcul Di.) 30

Dénition 43 On appelle matrice hessienne (ou tout simplement hessienne)


de f en a, la matrice suivante :
∂2f ∂2f ∂2f
 
∂x21
(a) ∂x1 ∂xn
(a) ... ∂x1 ∂xn
(a)
∂2f ∂2f ∂2f
(a) (a) ... (a)
   2 
 ∂x2 ∂x1 ∂x22 ∂x2 ∂xn
 ∂ f
H(f, a) =  .. .. ..
= (a) .
. . . ∂xj ∂xi
 
  1≤i,j≤n
∂2f ∂2f ∂2f
∂xn ∂x1
(a) ∂xn ∂x2
(a) ... ∂x2n
(a)

A la matrice hessienne H de f en a (comme toute matrice carée d'ordre


n), on associe la forme quadratique Q : E −→ R, dénie par
n
X ∂2f
Q(h) = (a)hi hj , ∀h = (h1 , ..., hn ) ∈ E.
i,j
∂xj ∂xi

Cette forme quadratique est parfois notée d2 f (a) et sa valeur en h, d2 f (a)(h).


Rappelons qu'une forme quadratique Q est dite
- dénie positive si ∀h ∈ E, h 6= 0, Q(h) > 0.
- semi-dénie positive si ∀h ∈ E, Q(h) ≥ 0.
- dénie négative si ∀h ∈ E, h 6= 0, Q(h) < 0.
- semi-dénie négative si ∀h ∈ E, Q(h) ≤ 0.
- indénie si ∃h, g ∈ E avec Q(h) > 0 et Q(g) < 0.
Proposition 44 (Conditions susantes) : Soit Ω un ouvert de E , f : Ω −→
R une fonction de classe C 2 et a ∈ Ω tel que : df (a) = 0.
1) Si d2 f (a) est une forme quadratique dénie positive, alors f possède un
minimum local au point a.
2) Si d2 f (a) est une forme quadratique dénie négative, alors f possède un
maximum local au point a.
3) Si la forme quadratique d2 f (a) est indénie, alors f n'a pas d'extremum
au point a.
Proposition 45 Si f possède un minimum local (resp. un maximum local) au
point a, alors d2 f (a) est semi-dénie positive (resp. semi-dénie négative).
Remarque 46 On démontre en algèbre qu'une forme quadratique Q associée
à une matrice symétrique H est dénie positive (resp. semi-dénie positive)
si et seulement si toutes les valeurs propres de la matrice H sont strictement
positives (resp. positives).
Proposition 47 (Conditions susantes) : Soit Ω un ouvert de E , f : Ω −→
R une fonction de classe C 2 et a ∈ Ω tel que : df (a) = 0.
1) Si les valeurs propres de la matrice hessienne H(f, a) sont strictement
positives, alors f possède un minimum local au point a.
A. Lesfari (Calcul Di.) 31

2) Si les valeurs propres de la matrice hessienne H(f, a) sont strictement


négatives, alors f possède un maximum local au point a.
3) S'il existe deux valeurs propres λ1 et λ2 de H(f, a) de signe contraire, f
ne possède ni maximum, ni minimum local au point a.
Remarque 48 Comme f est de classe C 2 , on montre que la matrice H(f, a)
est symétrique et toutes ses valeurs propres sont réelles. De plus, toutes ses
valeurs propres sont strictement positives si et seulement si H(f, a) est dénie
positive. De même, toutes ses valeurs propres sont strictement négatives si et
seulement si H(f, a) est dénie négative.
Exercice 10.1 (Conditions nécessaires) : Dans les hypothèses de la proposi-
tion précédente, montrer que :
1) Si f possède un minimum local au point a, toutes les valeurs propres de
la matrice hessienne H(f, a) sont positives ou nulles.
2) Si f possède un maximum local au point a, toutes les valeurs propres de
la matrice hessienne H(f, a) sont négatives ou nulles.
Dans le cas de fonctions de deux variables f (x, y) de classe C 2 , on peut se
passer du calcul explicite des deux valeurs propres de la matrice hessienne et
se contenter du signe du déterminant. Soit a un point critique, c-à-d., tel que :
df (a) = 0. Posons

∂2f ∂2f ∂2f


r= (a), s= (a), t= (a).
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
La matrice hessienne  
r s
H= ,
s t
a pour déterminant :
det H = rt − s2 .
L'équation caractéristique est alors
 
λ − r −s
det = λ2 + (r + t)λ + (rt − s2 ) = 0.
−s λ − t

Si det H < 0, les deux racines sont de signes contraires et la matrice hessienne
est indénie. On n'a donc pas d'extremum en a. On dit dans ce cas que f
admet un point col ou point selle en a. Si det H > 0, les deux racines sont de
même signe et f admet un extremum en a. C'est un minimum local si r > 0
et un maximum local si r < 0. En résumé, on a
A. Lesfari (Calcul Di.) 32

Proposition 49 (Conditions susantes dans le cas de fonctions de deux va-


riables) :
1) Si det H > 0 et r > 0, alors f admet un minimum local au point a.
2) Si det H > 0 et r < 0, alors f admet un maximum local au point a.
3) Si det H < 0, alors f n'admet pas d'extremum local au point a.
Remarque 50 Si det H = 0, il faut faire une étude plus complète de f .
Exercice 10.2 Déterminer les extremums de la fonction :
f (x, y) = x3 + 3xy 2 − 15x − 12y.

Réponse : grad f (x, y) = 0 ⇐⇒ (x, y) = (2, 1), (−2, −1), (1, 2), (−1, −2). On
montre que f possède un minimum local au point (2, 1), un maximum local
au point (−2, −1) et ne possède ni maximum, ni minimum aux points (1, 2),
(−1, −2).

Exercice 10.3 Déterminer les extremums de la fonction :


f (x, y) = sin x. sin y.

Réponse : f possède un minimum aux points (kπ + π2 , lπ + π2 ) avec k, l ∈ Z


tels que : k + l est impair. De même, f possède un maximum aux points
(kπ + π2 , lπ + π2 ) avec k, l ∈ Z tels que : k + l est pair.
Les extremums étudiés précédemment sont dites libres. Mais bien des cas,
on cherche à maximiser ou à minimiser une fonction, mais en tenant compte
de certaines contraintes : on parle dans ces cas d'extremums liés.

Dénition 51 Soient f : Ω ⊂ E −→ R et g : Ω ⊂ E −→ F , deux fonctions


données et a ∈ Ω. On dit que f possède au point a un maximum local sous les
contraintes g(x) = 0 si
∃ε > 0, ∀x ∈ A = {x ∈ Ω : g(x) = 0}, ||x − a|| < ε =⇒ f (x) ≤ f (a).

La fonction f possède au point a un minimum local sous les contraintes g(x) =


0 si

∃ε > 0, ∀x ∈ A = {x ∈ Ω : g(x) = 0}, ||x − a|| < ε =⇒ f (x) ≥ f (a).

Si f possède au point a un maximum ou un minimum local sous les contraintes


g(x) = 0, on dit que f possède au point a un extremum local sous les contraintes
g(x) = 0.
A. Lesfari (Calcul Di.) 33

Proposition 52 Soient f : Ω ⊂ E −→ R et g : Ω ⊂ E −→ F , deux fonc-


tions de classe C 1 . Supposons que f possède au point a un extremum sous les
contraintes g(x) = 0 et que la matrice jacobienne Jg (a) de g au point a soit
de rang p. Alors, il existe des constantes λ1 , ..., λp (appelées multiplicateurs de
Lagrange) telles que :
p
∂f X ∂gi
(a) = λi (a).
∂x i=1
∂x

Méthode des multiplicateurs de Lagrange : Si le point a est un extremum


local de f sous les contraintes g(x) = 0, alors les relations suivantes permettent
en général de déterminer a :
p
∂f X ∂gi
i) (a) = λi (a).
∂x i=1
∂x
ii) g(a) = 0.
Exercice 10.4 Chercher un extremum de la fonction :
f (x, y) = x21 + x22 ,

sous la contrainte : g(x1 , x2 ) = x21 − x22 − 1 = 0.


Réponse : Les solutions sont a = (a1 , a2 ) = (±1, 0), λ = 1. On peut vérier
qu'il y correspond des minimums de f .
Exercice 10.5 Chercher les extremums de la fonction :
f (x, y, z) = x ln x + y ln y + z ln z,

sous la contrainte : x + y + z = a, (a > 0).


Réponse : ( a3 , a3 , a3 ) est minimant.
Exercice 10.6 Déterminer les extremums de la fonction f dénie sur R3 par
f (x, y, z) = exp x + exp y + exp z,

lorsque (x, y, z) est soumis à la contrainte : x + y + z = 0.


Réponse : f n'admet pas de maximum mais possède un minimum égal à 3 au
point (0, 0, 0).
Exercice 10.7 Soit f, g ∈ C 1 (R3 , R), S = {(x, y, z) ∈ R3 : g(x, y, z) = 0}. On
suppose que la diérentielle de g est non nulle en tout point de S. Montrer
que si f admet un extremum sur S en a ∈ S, il existe λ ∈ R, tel que :
df (a) = λdg(a).
A. Lesfari (Calcul Di.) 34

Exercice 10.8 Soit A ∈ Mn (R) symétrique dénie positive et f ∈ Rn . On


leur associe l'application
1
ϕ : Rn −→ R, x 7−→ ϕ(x) = < Ax, x > − < f, x > .
2
a) Etudier la diérentiabilité de ϕ.
b) Calculer grad ϕ.
c) Déterminer les extremums de ϕ.
Exercice 10.9 Soit n ∈ N∗ . Dans ce problème, on considère l'espace vectoriel
Rn muni du produit scalaire canonique et on désigne par f une fonction de
classe C 2 sur Rn . On dit que f est convexe sur Rn si :
∀(x, y) ∈ (Rn × Rn ), ∀ ∈ [0, 1], f (λx + (1 − λ)y) ≤ λf (x) + (1 − λ)f (y).

1) Soit g une fonction de classe C 2 et convexe sur R telle que : ∃x0 ∈


R, g 0 (x0 ) = 0. Montrer que g admet un minimum en x0 .
2) a) Montrer que f est convexe sur Rn si et seulement si pour tout (x, y) ∈
(Rn × Rn ), la fonction ϕx,y dénie sur R par :

∀t ∈ R, ϕx,y (t) = f (x + yt),

est convexe sur R.

b) Montrer que pour tout (x, y) ∈ (Rn × Rn ), ϕx,y est de classe C 2 sur
R. Déterminer alors, pour tout (x, y) ∈ (Rn × Rn ), ϕ0x,y et ϕ00x,y en fonction des
dérivées partielles de f .

c) Soient x ∈ Rn et Ax ∈ Mn (R), Ax = (aij )1≤i,j≤n , la matrice dénie


par
∂2f
∀(i, j) ∈ [1, n]2 , aij = (x).
∂xi ∂xj
Soit alors ψx l'endomorphisme de Rn dont la matrice dans la base canonique
de Rn est Ax . Montrer que les valeurs propres de Ax sont positives ou nulles
si et seulement si ∀y ∈ Rn , hψx (y), yi ≥ 0.

d) En déduire que f est convexe sur Rn si et seulement si pour tout


x ∈ R , toutes les valeurs propres de Ax sont positives ou nulles.
n

∂f
3) Soit x0 ∈ Rn . Montrer que si f est convexe sur Rn et si ∀i ∈ [1, n], (x0 ) =
∂xi
0, alors f admet un minimum en x0 .
A. Lesfari (Calcul Di.) 35

Références
[1] T. M. Apostol, Mathematical analysis : A modern approach to advanced
calculus, 1974, Addison-Wesley.
[2] H. Cartan, Cours de calcul diérentiel, 1997, Hermann.
[3] R. Godement, Analyse Mathématique II, Calcul diérentiel et intégral,
séries de Fourier, fonctions holomorphes, Springer, 2ème édition 2003.
[4] B. Hauchecorne, Les Contre-exemples en Mathématiques, Ellipses, 2ème
édition 2007.
[5] J. Dieudonné, Éléments d'analyse, Tome 1, Fondements de l'analyse mo-
derne, Gauthier-Villars, 3ème édition 1979 - tirage 1990.
[6] Lesfari, A. : Fonctions diérentiables, Quadrature, Paris, No. 84, pp.45-47
(2012).
[7] Lesfari, A. : Interversion des dérivées partielles, accepté pour publication,
à paraître dans Quadrature, Paris, EDP Sciences.
[8] J. Mawhin, Analyse. Fondements, techniques, évolution, 1997, De Boeck
Université, Bruxelles.
[9] L. Schwartz, Analyse, tome 2, Calcul diérentiel et équations diérentielles,
1992, Hermann.

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