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ANALYSE DES RISQUES SANITAIRES LIÉS À L’ACTIVITÉ

MARAÎCHÈRE AUTOUR DE LA RIVIÈRE DE TÉGUÉRÉ À


KORHOGO AU NORD DE LA CÔTE D’IVOIRE

Résumé
En Côte d’Ivoire, la production maraîchère tient une place importante dans
l’approvisionnement en légumes frais des villes et particulièrement à Korhogo. Depuis
quelques années, Korhogo connait une urbanisation grandissante et une poussée
démographique. Elle a cru sa La demande en produits alimentaires, spécifiquement en
légumineuse a connu une croissance sans précédente à Korhogo. Teguéré, un quartier bordé
par une vallée est également un milieu où se développe de développement de la culture
maraîchère. Pour lutter contre les ravageurs et augmenter les rendements agricoles, les
producteurs maraîchers ont recours aux intrants dont ils ignorent souvent les risques.
L’objectif général de cette étude est d’analyser les risques sanitaires liés à la pratique de la
culture maraîchère dans la vallée de Teguéré. De façon spécifique, elle vise à identifier les
différents intrants utilisés par les maraîchers et relever les effets induits par les intrants
agricoles dans la pratique des cultures maraîchères de la vallée de Teguéré. Pour ce faire,
quatre techniques de collecte ont été adoptées. Ce sont la recherche documentaire, l’entretien,
l’observation. et lL’enquête de terrain qui a porté sur 120 personnes. Cette étude a révélé en
termes de résultats les différents intrants utilisés par les maraîchers et les effets induits par les
intrants agricoles dans la pratique maraîchère de la vallée de Teguéré.
Mots clés : Analyse, risques, sanitaires, maraichère, Korhogo

Abstract
In Ivory Coast, market gardening plays an important role in the supply of fresh vegetables to
towns and particularly to Korhogo. In recent years, Korhogo has experienced growing
urbanization and a demographic surge. She believed in her demand for food products,
specifically legumes. Teguéré, a district bordered by a valley, is also a development
environment for market gardening. To fight pests and increase agricultural yields, market
gardeners use inputs whose risks they are often unaware of. The general objective of this
study is to analyze the health risks linked to the practice of market gardening in the Teguéré
valley. Specifically, it aims to identify the different inputs used by market gardeners and to
analyze the effects induced by agricultural inputs in the practice of market gardening in the
Teguéré valley. To do this, four collection techniques were adopted. These are the
documentary research, the interview, the observation and the field survey which involved 120
people. This study revealed in terms of results the different inputs used by market gardeners
and the effects induced by agricultural inputs in market gardening practice in the Teguéré
valley.

Keywords: Analysis, risks, health, market gardening, Korhogo

Introduction

En Côte d’Ivoire, l’agriculture est le moteur du développement économique et social. En


effet, le binôme café-cacao est à l’origine du rayonnement du pays sur la scène internationale.
Depuis la chute des coûts de ces produits au début des années 1980, la Côte d’ivoire est
confrontée à de nombreuses difficultés. La croissance démographique observée induit Les
villes se multiplient, la population augmente et cela provoque à la fois l’augmentation dles
besoins alimentaires et provoquant la diminution des espaces agricoles autour des villes. Par
conséquent, les espaces agricoles intra-urbains se transforment et jouent un rôle de plus en
plus important dans les nouvelles dynamiques et de nouveaux systèmes de productions
agricoles apparaissent tels que l’activité maraîchère (Moustier, 2000, p.4). A l’instar des
autres pays de l’Afrique de l’Ouest (Parrot et al, 2015) cité par P. Q. Oula et al, 2010, p. 2, la
production maraichère est en pleine croissance en Côte d’Ivoire pour faire face à la demande
des grands centres urbains (Parrot et al, 2015 cité par P. Q. Oula et al, 2010, p. 2). Selon les
statistiques du rapport (FIRCA / CIRAD, 2019, page citée svp), la production nationale de
légumes était estimée à 637 000 tonnes en 2016. Celle-ci a doublé au cours des deux dernières
décennies. Cependant, l’offre de fruits et légumes ne suffit pas pour satisfaire la demande de
consommation estimée à 920 000 tonnes par an. La production maraichère nationale couvre
donc 80% des besoins de la consommation. Celle-ci est complétée par les importations
évaluées à environ 100 000 tonnes en provenance des pays de la sous-région ouest africaine et
de l’union européenne (P. Q. Oula et al, 2010, p. 2). Cette augmentation de la production
s’accompagne d’une consommation importante d’eintrants agricoles produits chimiques.
Malgré ces performances de développement en Côte d’Ivoire, l’on constate que le phénomène
de risques sanitaires persiste toujours dans l’agriculture périurbaine. LaDans la ville de
Korhogo se situe dans le Nord de la Côte d’Ivoire où la pratique maraichère est récurrente
dans certains quartiers. Ainsi, pour garantir des rendements économiquement rentables et faire
face aux exigences croissantes de la population en matière de qualité commerciale des
produits (fruits non perforés), les producteurs ont recours à une application importante, et
souvent excessive, de produits phytosanitaires, parfois plus toxiques pour faire face à des
ravageurs dont la résistance augmente avec la répétition des traitements ou à des espèces
invasives plus difficiles à combattre. Ainsi, on observe l’emploi sur les cultures maraîchères
de pesticides parmi les plus toxiques normalement destinés à la protection du cotonnier
(IFDC, 2007; Oyono Ele, 2008; Congo, 2013; Ohui, 2014), un manque de respect des doses
prescrites (augmentation des dosages en dépit des recommandations des fabricants) et du
calendrier de traitement (spécialement du délai avant récolte), un non-respect des règles de
protection des utilisateurs et d’hygiène conseillées lors des traitements (absence de port
d’Equipements de Protection Individuelle (EPI) adaptés aux risques) ou encore une
élimination inadéquate des restes de produits et des emballages vides (Congo, 2013; Ohui,
2014; Lehmann et al., 2016 cité par D. Son, 2018, p. 3). Les conséquences sont, entre autres,
l’augmentation des coûts de production, l’intoxication des utilisateurs et des animaux,
l’exposition des consommateurs aux résidus présents dans les produits récoltés, la pollution de
l'environnement (contamination des eaux, sols et air) et l’apparition de souches résistantes de
bioagresseurs.
Ainsi, la question centrale que pose cette étude est de savoir comment la pratique de la culture
maraîchère impacte-elle la santé des producteurs et consommateurs ? De cette question
principale découle les questions secondaires suivantes : Quels sont les caractéristiques des
maraîchers et les différents intrants utilisés dans la vallée de Teguéré ? : Quels sont les effets
induits par les intrants agricoles dans la pratique maraîchère de la vallée de Teguéré ?

2. La mMéthodologie

2.1-CadreZone d’étude
Située dans la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire, Korhogo est le chef-lieu de la région
du Poro. Elle est limitée au Nord par le 10° parallèle, au Sud par le 5° parallèle, à l’Est et à
l’Ouest par le 5° et 6° de longitudes ouest (A. G. Beaudou et al, 1980, p.8). La ville de
Korhogo couvre une superficie de 12 500 Km 2, soit 3,9% du territoire national. Sa population
est estimée à 536 851 habitants (268499 hommes et 268 352 femmes), soit une densité
moyenne de 32,6 habitants/Km² (RGPH, 2014). Au cours de ces dernières années, elle
dispose des espaces hydrographiques favorables au développement des cultures maraîchères.
La figure ci-dessous localise la vallée de Téguéré dans la ville de Korhogo.
Figure 1 : Localisation de la zone d’étude

2.2 Techniques de et collecte des données


La technique deet la collecte des données s’est appesantie se sont appuyées sur quatre
techniques de collecte de données à savoir la recherche documentaire, l’entretien,
l’observation et l’enquête de terrain.
La recherche documentaire s’est déroulée dans les bibliothèques de l’Institut de Géographie
Tropicale (IGT), de l’Université Péléforo Gon Coulibaly (UPGC) et de l’Alliance Franco-
Ivoirienne de Korhogo. Cette recherche documentaire nous a permis de recueillir des
informations secondaires nécessaires sur les questions liées aux risques sanitaires dans la
pratique du maraîchage.
Il y a eu la phase d’entretien avec les Responsables de la Direction Régionale du Ministère de
l’Agriculture et Développement Rural (……..) et l’Agence Nationale d’Appui au
Développement Rural (ANADER) dans le but de recueillir les avis sur les effets des intrants
agricoles dans la pratique de la culture maraîchère.
L’observation du terrain nous a permis d’être en contact avec l’espace d’étude et mieux
observer les effets des intrants sur les producteurs et l’environnement.
Quant à l’enquête, des questionnaires ont été administrés aux maraîchers à travers une
enquête par sondage. C’est la méthode non probabiliste qui a été utilisée vu que nous n’avons
pas une base de données concernant les exploitants agricoles. A cet effet, nous avons utilisé
l’échantillon accidentel qui consiste à choisir les agriculteurs au fur et mesure qu’il se
présente jusqu’à obtenir le nombre souhaité. Cette technique nous a permis d’enquêter 120
personnes dans la vallée de Téguéré.
Vous devez présenter les outils et matériels de collecte des données, le traitement des
données et l’analyse des résultats.

3. Résultats

3.1 Caractéristiques des maraîchers et types d’intrants agricoles utilisés


3.1.1 Caractéristiques sociodémographiques
3.1.1.1 Répartition des acteurs par sexe
L’effectif des maraichers de la vallée reste toujours inconnu. Au total, 120 maraîchers ont été
nous avons interrogés 120 maraîchers. Cet effectif nous a permis de savoir le genre le plus
impliqué dans la pratique maraîchère. Ainsi, la figure 2ci-dessous présente la répartition des
maraîchers en fonction du sexe.
Figure 2 : Répartition des acteurs selon le sexe

Source : Nôtre enquête de terrain, 2022

L’analyse de la figure 2 montre clairement que l’activité maraîchère est majoritairement


assurée par les femmes. Ces dernières représentent 91,8% de l’effectif contre 8,2%
d’hommes. Cette forte présence de la gente féminine s’explique par le fait que les hommes
sont orientés vers les cultures d’exportations (mangue, anacarde et coton). Aussi, semble-t-il,
les femmes sont attirées par les activités génératrices de revenus à cycle court pour assurer les
besoins familiaux.

3.1.1.2 Répartition des maraîchers par tranche d’âge


Les maraîchers rencontrés pour cette étude ont l’âge compris entre 20 et 80 ans. Le tableau 1
suivant présent la tranche d’âge des maraîchers.
Tableau 11 : Tranche d’âge des maraîchers
Tranche d’âge Effectifs Fréquences (%)
[20-35[ 22 18,3
[35-50[ 69 57,5
[50-65[ 28 23,3
[65-80] 1 0,9
Total 120 100
Source : Nôtre eEnquête de terrain, 2022

L’analyse du tableau I1 montre que les jeunes, les adultes et les personnes âgées sont
impliquées dans le maraîchage. En effet, 18,3% des acteurs du maraicher ont un âge compris
entre 20 et 35 ans. Il y a 57,5% qui ont un âge compris entre 35 et 50 ans. Quant à ceux de 50
à 65 ans, ils ne représentent que 23,3%. Seulement 0,9% sont âgés de 65 ans et plus. Il
importe de souligner que la présence de ces personnes est due à la pauvreté de certaine famille
et au manque d’emploi. Quel est son implication pour le sujet ?

3.1.1.3 Niveau d’instruction des maraîchers


Les maraîchers enquêtés sont généralement des analphabètes (88,30%). Pour le niveau
primaire, il n’y a que 10,0% et seulement 1,7% ont un niveau secondaire. La figure 2ci-
dessous présente cette réalité.
Figure 3 : Niveau d’instruction des maraîchers
100.00% 88.30%
80.00%
Producteurs

60.00%
40.00%
20.00% 10.00%
1.70%
0.00%
Analphabète Primaire Secondaire
Mode d'accès

Source : Nôtre enquête de terrain, 2022


L’analyse de la figure 3 montre que le faible taux de scolarisation des maraîchers et leur bas
niveau d’étude pourraient s’expliquer par le fait que l’école n’était pas obligatoire en son
temps et par le faible taux de scolarisation de la jeune fille dans le nord ivoirien. Aussi, le
maraîchage est une activité qui n’exige pas de compétences particulières et les enfants sont dès le bas
âge orientés vers les travaux champêtres car la main d’œuvre est essentiellement familiale.
Que faut-il retenir ?

3.1.3.4 Mode d’acquisition des parcelles


La majorité des maraîchers installés dans la vallée de Teguéré exploite la parcelle pour un
temps plus ou moins déterminé. IlL s’agit d’une occupation temporaire et limité dans le temps
sur la base d’un arrangement entre le propriétaire et le maraîcher. D’autres sont installés à la
faveur d’un don ou de l’héritage d’un parent. Le tableau 2ci-dessous présente le mode
d’acquisition de parcelle par les maraîchers.
Tableau 2 : Mode d’acquisition des parcelles
Mode d’acquisition des parcelles Producteurs Fréquence (%)
Héritage 32 26,70
Location 5 4,20
Don 10 8,30
Prêt 73 60,80
Total 120 100
Source : Nôtre Eenquête de terrai, 2022
L’analyse du tableau 2ci-dessus montre que 60,80% des maraîchers sont installés sur des sites
octroyés par une tierce personne. Cela signifie que les maraîchers enquêtés exercent librement
leur activité jusqu’à ce que le propriétaire décide de récupérer sa parcelle. Aussi, les parcelles
sont constituées de lots appartenant à des particuliers ou des terres communautaires. Il faut
noter que sur un effectif de 120 acteurs enquêtés, seulement 32 soit 26,7% ont hérité de leurs
terres et donc d’où sont propriétaires tandis que 10 maraîchers, soit 8,3% l’ont obtenu par don
d’un parent. Toutefois, 4,2% soit 5 maraichers sont en location. Ces derniers payent en nature
ou en espèce selon le besoin du propriétaire.

3.1.2 Types d’intrants agricoles utilisés dans le maraîchage


3.1.2.1 Intrants naturels
Ce sont les déchets de toutes sortes que les maraîchers utilisent pour enrichir la terre afin que
la production soit élevée. Certains excréments sélectionnés sont ceux des poulets, des bœufs,
et des moutons qui, selon les maraicherseux sont les plus efficaces pour rendre le sol fertile.
Ils rassemblent des mauvaises herbes désherbées dans un seau pour y ajouter de l’eau.
Ensuite, ils utilisent le compost qui est le mélange de plusieurs déchets d’animaux. Enfin, ces
maraichers utilisent les résidus de bois rabotés comme intrants naturels. La planche 1es
photos ci-dessous présentent les excréments de mouton et bœuf déposés au sol.
Photo 1 : Excrément de mouton Photo 2: Excrément de bœuf

Prise de vue : NOMSource: Notre enquête, 2022 Prise de vue : NOM Source: Notre enquête, 2022

Ces images sont des déchets utilisés par les maraîchers. Ils sont ramassés par les femmes
dans les fermes ou enclos et déposés au sol pendant un certain temps avant d’être évacué sur
les billons. Ils permettent de faciliter la germination des plantes, d’améliorer la fertilité du sol
et le rendement.

3.1.2.2 Engrais chimiques


L’engrais est l’élément nutritif qu’on apporte à la plante pour accélérer sa croissance et
augmenter sa productivité. L’engrais chimique que l’on apporte à la terre doit donc renforcer
ces composantes. C’est pourquoi, il est essentiellement composé d’Azote (N), de Phosphore
(P) et de Potassium (K). Les engrais chimiques les plus utilisés par les producteurs de cultures
maraîchères à Teguéré sont l’Urée et le NPK. D’autres maraîchers utilisent de l’engrais
simple c’est-à-dire qui contient un seul élément nutritif comme l’Azote (N), le Phosphore (P)
ou le Potassium (K) et binaire ou tertiaire. Les photos de la planche 2 illustrentations ci-
dessous présentent quelques engrais chimiques en sachets utilisés dans le maraîchage.
Photo 3 : Engrais NPK Photo 4: Urée

Prise de vue : NOM Source: Notre enquête, 2022 Prise de vue : NOMSource: Notre enquête, 2022

Les photos images 3 et 4 de la planche 2 montrent les types d’engrais utilisés par les
maraîchers dans la production maraîchère. L’engrais NPK est appliqué à la volée sur les
planches jusqu’à ce que les grains soient sur toutes les planches. Quant à l’Urée, deux coups
de poignets sont mélangés dans un bidon de quatre litres puis mis dans un arrosoir pour
appliquer sur les planches. En effet, les maraîchers affirment que l’usage d’engrais chimique
n’a pas de conséquence sur le sol et la santé humaine.
Quel est le coût de ces intrants et engrais chimiques
3.1.2.3 Intrants chimiques
Les intrants chimiques sont des pesticides ou encore produits phytosanitaires. Ce sont de
puissants poisons souvent très concentrés qui ont pour but d’éliminer les ravageurs. Ces
matières phytosanitaires sont appliquées le plus souvent sous la forme de liquide pulvérisé sur
la plante et sur le sol. Dans certains cas, elles sont incorporées au sol ou y sont injectés ou
encore déposées sous forme de granulés appelés à se dégrader ou à se mêler en un temps
record à la terre. Il existe trois types de pesticides que sont les insecticides utilisés contre les
insectes ravageurs, les fongicides utilisés pour détruire les champignons qui poussent souvent
sur les tiges et feuilles des plantes et enfin les herbicides pour détruire les mauvaises herbes.
Les types de produits phytosanitaires utilisés selon les maraîchers sont présentés par la figure
4.

Figure 4 : Types de produits phytosanitaires utilisés sur le site production


7.50%
30.80%

61.70%

herbicides insecticides fongicides


Source: Notre eEnquête de terrain, 2022
La figure 4ci-dessus présente les types de produits phytosanitaires utilisés par les maraîchers.
Il ressort du graphique que 61,70 % de maraîchers utilisent les insecticides, 30,80% utilisent
les fongicides et 7,50% utilisent les herbicides. Les producteurs enquêtés justifient l'utilisation
des produits phytosanitaires dans le maraîchage par le fait qu'elle serait la seule alternative
permettant de lutter efficacement contre les ravageurs et les maladies qui menacent leurs
cultures. Ainsi, ils ont tous cité les chenilles, les mouches blanches comme principales
menaces des cultures, et les maladies que ces derniers provoquent tels que l'enroulement, le
jaunissement des feuilles et le pourrissement.

3.1.2.4 Cultures maraîchères pratiquées


Les cultures maraîchères sont très diversifiées dans la vallée de Teguéré. Les principales
spéculations produites par les maraîchers sont la laitue (69,20%), feuilles d’oseilles (65,80%),
feuilles de tchonron (70%), patate douce (39,20%) et chou (27,50%). La dominance de ces
spéculations est liée à la demande des consommateurs et la prédominance des repas à base de
feuilles chez la plupart des populations de la ville de Korhogo. Aucun producteur ne cultive
une seule spéculation. En plus de ces spéculations, la plupart des maraîchers cultivent la
tomate, le persil, la carotte, haricot vert, l’aubergine, le piment et le gombo. Les photos de la
planche 5 suivantes présentent quelques spéculations cultivées dans la vallée de Teguéré.
Photo 5: Parcelle de laitue Photo 6: Parcelle de Chou

Source: Prise de vue : NOMNotre enquête, 2022 Prise de vue : NOM Source: Notre enquête,
2022

A travers ces images, il faut dire que les cultures maraîchères sont inégalement réparties sur
l’espace de production. La laitue, le chou, les feuilles d’oseille et le tchonron sont
majoritairement pratiquées par les maraîchers. En effet, elles permettent d’assurer la sécurité
alimentaire et de subvenir aux besoins des populations.

3.1.2.5 Occupation du sol dans la vallée de Teguéré


L’espace de Teguéré est occupé par les habitats et les cultures maraichères notamment salade,
patate et feuille d’oseille etc. Ces cultures pratiquées permettent d’assurer la sécurité
alimentaire. La figure 5 présente les éléments d’occupation du sol du paysage.
Figure 5 : Mode d’occupation du sol

Vous devez faire l’occupation du sol sur deux périodes (2 différentes


années) pour voir la dynamique de l’occupation du sol

3.2 Effets induits des intrants chimiques dans la pratique de la culture


maraîchère à Teguéré
3.2.1 Problèmes environnementaux liés à l’usage des intrants dans la pratique de la
culture maraîchère
3.2.1.1 Dégradation du sol
La dégradation du sol désigne le résultat de diverses transformations chimiques qui modifient
la composition et la structure du sol. Elle est due à la rétention des résidus de produits et la
décomposition des emballages abandonnés sur le sol. Ce qui entraine sa pollution. Cette
pollution s’explique par l’infiltration des particules d’intrants dans le sol. Ce qui a pour
conséquence la pauvreté du sol et la contamination de la nappe phréatique. En plus,
l’utilisation excessive des intrants peut également provoquer la destruction de la texture du sol
et la mort de certains éléments avec les fuites des produits.
3.2.1.2 Pollution de l’eau
La pollution de l’eau désigne la contamination des eaux par infiltration et diffusion par les
eaux de ruissellement. Les pesticides et leurs résidus se retrouvent dans les eaux de surfaces
ainsi que dans les eaux souterraines. Les eaux de pluies et l’irrigation provoquent le lessivage
de ces produits utilisés pour le traitement phytosanitaire, ce qui entraîne la pollution des
nappes souterraines et des rivières. Aussi, les eaux de puits destinés à la consommation ou
l’irrigation des cultures ne sont pas en majorité protégées, d’où la présence des feuilles
mortes, des herbes, des crapauds et résidus de pesticides chimiques. L’usage de ces eaux
provoquent des maladies telles que la diarrhée, pied d’athlète, les cutanées et le paludisme. Le
non-respect de la distance entre les points d’eau et les champs, augmente les risques de
contamination des cours d’eau. La figure 7ci-dessous présente un puits dans la parcelle de
culture.
Photo 7 : un puits pollué par les maraîchers

Prise de vue NOM Source : Nôtre enquête, 2022

3.2.2 Risques environnementaux liés à la culture maraîchère


3.2.2.1 Risques sanitaires
Les maraîchers enquêtés perçoivent les risques de santé humaine due au traitement des
pesticides chimiques. Le tableau 3ci-dessous illustre la répartition des différentes affections
ressenties par les producteurs avec leur fréquence.
Tableau 36 : Répartition des maraîchers selon les principaux symptômes.
Symptômes cités Effectif Fréquence relative (%)
Démangeaisons corporelles 36 30,00
Maladies respiratoires 29 24,20
Maux de tête 13 10,80
Vertiges 10 8,30
Pieds d’athlète 1 0,80
Méconnaissance 35 25,90
Total 120 100
Source : Nôtre eEnquête de terrain, 2022
Le tableau 3 montre clairement que la majorité des producteurs enquêtés (74,1%) affirment
avoir ressenti au moins un malaise pendant ou juste après l’utilisation des pesticides. Ceux qui
n’ont jamais rien ressenti sont de 25,9 %. Les principaux symptômes rapportés par les
maraîchers sont par ordre d’importance les démangeaisons corporelles (30%), les maladies
respiratoires (24,20%), maux de tête (10,80%), vertiges (8,30%) et ceux de pieds d’athlète
(0,80%). On note une dominance de démangeaisons corporelles. Ce qui pourrait se justifier
par le caractère irritant de certains produits et la mauvaise protection des maraîchers pendant
les applications.
4.2.2 Risques liés à la manipulation des produits
Les producteurs sont les plus concernés par la contamination et l’exposition des produits
chimiques dans la production maraîchère, parce qu’ils sont en contact direct avec ces intrants
et quelques fois, résidantes à proximité des zones de production. Les résultats des enquêtes
montrent que tous les producteurs maraîchers investis dans le maraîchage, utilisent en grande
quantité les intrants chimiques à cause de leurs actions de protection et d’accroissement des
productions. Nos recherches ont permis relever que les risques d’expositions aux pesticides
quant aux maraîchers et à la population, sont multiples. Les dangers apparaissent dès qu’une
personne manipule ces intrants chimiques. Quant à la manière d’utilisation des intrants
chimiques par les producteurs maraîchers, nous avons constaté un degré élevé de risque
d’intoxication. La manipulation à main nue expose à des risques d’intoxication cutanée. Ainsi,
il existe trois voies d’exposition aux produits phytosanitaires : l’exposition orale, l’exposition
cutanée et l’exposition pulmonaire.
Quelles sont les mesures de protections que les maraichers utilisent ?
4 Discussion
Le maraîchage est l’un des systèmes agricoles les plus productifs d’Afrique et il occupe dans
ce secteur une place de choix pour la nutrition des populations. Notre étude a montré que la
l’activité maraîchère est majoritairement assurée par les femmes. Ces dernières représentent
91,8% de l’effectif des maraîchers contre 8,2% d’hommes. Cette forte présence de la gente
féminine s’explique par le fait que les hommes sont orientés vers les cultures d’exportations
(mangue, anacarde et coton). Aussi, semble-t-il, les femmes sont attirées par les activités
génératrices de revenus à cycle court pour assurer les besoins familiaux. Ce résultat coïncide
avec ceux de Mfoukou Ntsakala A. et al. (2006, p. 3) qui observent une certaine féminisation
du maraîchage, bien que les hommes commencent à s’y intéresser. Aussi, le CNRA (2019, p.
2) précise que parmi les pratiquants de la culture maraîchère, il y a près de 60% de femmes et
de jeunes des zones urbaines et périurbaines. Par ailleurs, des problèmes environnementaux
liés à l’usage des intrants agricoles dans la pratique de la culture maraîchère notamment la
dégradation du sol, la pollution de l’eau et des risques environnementaux liés à la culture
maraichère (risques sanitaires et risques liés à la manipulation des produits) ont été relevés par
l’étude. En ce qui concerne les eaux usées, le contact prolongé de ces eaux apporte
notamment le choléra, la typhoïde, l'hépatite A et E (par ingestion d'eau ou d'aliments
contaminés), la schistosomiase et la diarrhée (Yoro B. et al, 2016, p.12). Quant aux pesticides,
les exploitants du maraîchage utilisent souvent des produits (surtout non recommandés) pour
assécher les herbes des superficies à emblaver et lutter contre les insectes (Abou M. et al.
2018, p.26). Les effets liés à ces pesticides sont relativement des difficultés respiratoires, une
transpiration excessive, des vomissements, des étourdissements, de la fatigue et une perte
d'appétit, les atteintes liées à la reproduction et au développement ainsi que les cancers
(Samuel et al, 2019, p.5-6). Concernant les effets des pesticides sur l’environnement et la
santé humaine, Mouroufie (2020, p. 631) mentionne les effets des produits phytosanitaires sur
l’environnement (sol, flore) et la santé. Ainsi, les agriculteurs évoquent plusieurs symptômes
dont l’origine serait due aux pesticides. Les déclarations de R.T producteur de culture
maraichère l’attestent si bien : « On constate assez de problème sinon de maladies avec les
produits phytosanitaires, les pesticides ou herbicides. Ces produits-là peuvent entraîner une
phytotoxicité des plantes. L’homme peut tomber malade au contact de ces produits ou par une
mauvaise manipulation. Les animaux ainsi que les plantes ne sont pas épargnées. Le sol peut
aussi se dégrader, mais on fait avec, puisque la culture maraîchère ne peut se faire sans
herbicides sinon le rendement sera mauvais ». Cette réalité ci-dessus est aussi corroborée dans
les propos de G.K., producteur de maraicher en ces termes : « Ces produits-là donnent des
allergies, le rhume, la toux. Disons que L’utilisation de ces produits peut provoquer la mort
des plantes cultivées si on les utilise trop. Les pesticides peuvent entrainer la mort de
l’homme s’il ne respecte pas les conseils donnés. Les animaux aussi peuvent mourir s’ils
boivent de l’eau souillée … ». Ici, les symptômes dus aux produits phytosanitaires et la
disparition des plantes par le dosage excessif de ces produits traduisent les risques des
produits phytosanitaires sur l’environnement et la santé humaine. Abordant dans le même
sens Ahouangninou (2013, p. 171), montre que l’usage des produits phytosanitaires requiert
des moyens de protection pour assurer la sécurité des applicateurs face aux dangers que
peuvent entraîner ces produits. Tous les maraîchers reconnaissent les dangers de ces produits
sur la santé humaine et l’environnement. Certains signes cliniques aigus consécutifs à
l’utilisation des pesticides chimiques ont été recensés chez ces producteurs (maux de tête,
irritation des yeux, irritation de la peau, douleurs abdominales). Très peu de producteurs se
conforment aux règles d’hygiène lors de la préparation et l’application des pesticides.
Certaines parties du corps des producteurs sont exposées aux pesticides lors des traitements
phytosanitaires. Ce défaut de protection les expose à diverses pathologies susceptibles d’être
induites par les pesticides comme les troubles neurologiques, immunologiques,
dermatologiques, les troubles respiratoires et digestifs (Samborn et al, 2004 ; Sousa Passos,
2006). Certaines pratiques comme le stockage des pesticides en chambre et le rejet des
emballages vides de ces produits dans l’environnement constituent des risques pour la santé
humaine et l’environnement (Ahouangninou et al, 2011). G. Chantal (2004, pp. 6-7) se
penche sur la question en nous apprenant que, le suivi des pesticides est surtout orienté selon
le type de cultures. Les plus ciblées sont celles qui utilisent un plus grand nombre de
pesticides, soit la culture du maïs, les cultures maraîchères et la pomme de terre. Les plus
souvent utilisés sont les herbicides. Le problème c’est que l’on retrouve plusieurs pesticides
présents en même temps dans l’eau des rivières. Dans les cours d’eau qui drainent des zones
de vergers on détecte régulièrement des fongicides et ceux les plus souvent identifié sont les
insecticides. En plus d’avoir des effets négatifs sur les espèces aquatiques, la présence de
pesticide dans les rivières a également un impact direct sur la qualité des sources
d’approvisionnement en eau potable.
L’utilisation des produits phytopharmaceutiques constitue aujourd’hui un enjeu majeur de
santé publique tant pour les applicateurs, leurs familles ainsi que les riverains et la population
à travers les modes de contamination par l’air, l’eau, le sol et l’alimentation. En effet,
différentes études épidémiologiques conduites au niveau international auprès de populations
du secteur agricole mettent en évidence des relations entre les expositions aux pesticides et
certaines pathologies. Parmi les pathologies concernées figurent notamment certains cancers
(cancers de la prostate, hémopathies malignes, tumeurs cérébrales, sarcomes de tissus
mous...), certaines maladies neurologiques, et certains troubles de la reproduction et du
développement. D’autres pathologies suscitent également des interrogations telles que les
maladies respiratoires, les troubles immunologiques, les pathologies endocriniennes (s.
marchand, 2019, p. 5). Dans la même logique, I. Baldi et al (1998), montrent que les
pesticides destinés à prévenir et combattre les ravageurs et les maladies induisent des effets
aigus et chroniques sur la santé humaine notamment des troubles neurologiques,
neurocomportementaux, de la reproduction, du développement et des cancers. Ainsi, ces
produits provoquent dans les milieux ruraux surtout dans les zones cotonnières et maraichères
des brûlures, des intoxications humaines (nausée, vomissement, vertige, décès) et animales,
polluent l’eau et l’air, détruisent la faune et modifient dangereusement leur fonctionnement
(Mbaye et al, 2010 cité par A. Congo, 2013, p. 11).
Pour A. Roy (2009, p. 15), certaines productions en ville présentent des risques pour la santé
humaine dans la mesure où elle expose les citadins à des contaminants ou agents pathogènes
utilisés pour les cultures. Citant Mougeot (2006), elle affirme que les femmes et les enfants
qui travaillent le plus souvent dans les parcelles sont les plus enclins au risque
d’empoisonnement par les pesticides. Cependant, C. Aubry (2013, p. 6) ne partage pas cet
avis. En effet, pour elle quand on parle d’environnement urbain, on fait allusion
immédiatement aux risques de pollution. Elle affirme que : « la production agricole en milieu
urbain est fréquemment confrontée à la suspicion de pollution des produits par divers vecteurs
(air, sol, eau) et donc à des dangers encourus par les consommateurs de ces produits ». Les
risques sanitaires provoqués par la pratique maraîchère sont généralement dus à une
utilisation inappropriée ou excessive d’intrants agricoles (pesticides, azote, phosphore,
matières 22 organiques brutes contenant des résidus indésirables. Il ajoute que l’utilisation
massive des pesticides, l’irrigation par des eaux polluées, la culture sur des sols contaminés
ou bien encore l’utilisation de compost contaminé en métaux lourd peuvent amener les
cultures à être particulièrement impropres à la consommation. Cette idée est aussi partagée
par D. Doucoure et al, (2004, p. 33) lorsqu’ils affirment que : « certaines formes
d’agricultures lorsqu’elles occasionnent des nuisances olfactives (élevages hors sol, petits
élevages familiaux) altèrent fortement l’habilité. La pollution des sols engendre celle des eaux
». Ils ajoutent que l’urbanisation des terres agricoles conduit la pollution des eaux qui a elle
aussi un impact sur la qualité des produits. Mais cette conséquence reste méconnue des
acteurs et du public.

Conclusion
La présente étude à porter sur l’analyse des risques sanitaires liés à l’activité
maraîchère autour de la vallée de Teguéré. Elle a nécessité quatre techniques que sont la
recherche documentaire, l’observation, l’entretien et l’enquête de terrain. L’étude a été menée
sur un certain nombre de producteurs qui s’adonne à cette activité. Ainsi, la majorité des
maraîchers sont analphabètes et utilisent des moyens rudimentaires et une main d’œuvre non
rémunérée. Aussi, elle est confrontée à des difficultés financière, techniques et de pression
parasitaires. Par ailleurs, il ressort de cette étude qu’il existe une diversité d’espèces végétales
dont l’application des intrants chimiques concourt à la pollution de l’environnement et à
l’augmentation du risque sanitaire des populations. Pour faire face à cette problématique, il
faudrait encourager une gestion intégrée de l’usage des pesticides. Cela passe par une forte
implication des structures régionales et locales de préservation de l’environnement, mais aussi
des producteurs maraîchers à travers une prise de conscience et de responsabilité.
La conclusion est à étoffer davantage, pas de nouveaux résultats

Références bibliographiques
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NB : tous les auteurs cités ne sont pas référencier à la bibliographie,

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