See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/301204948

ÉVALUATION DES PERFORMANCES DE LA STATION D’ÉPURATION PAR

BOUES ACTIVÉES DE NADOR (MAROC ORIENTAL)

Article · January 2008

CITATIONS READS

0 3,304

6 authors, including:

Zerrouqi Zahra Mohamed Sbaa

Centre Régional des Métiers de l'Education et de la Formation de l'Oriental (CRMEF) Université Mohammed Premier
18 PUBLICATIONS 118 CITATIONS 51 PUBLICATIONS 599 CITATIONS

SEE PROFILE SEE PROFILE

Chafi Abdelhafid
Université Mohammed Premier
47 PUBLICATIONS 312 CITATIONS

SEE PROFILE

All content following this page was uploaded by Mohamed Sbaa on 12 April 2016.

The user has requested enhancement of the downloaded file.

 ÉTUDES & MÉMOIRES

ÉVALUATION DES PERFORMANCES

DE LA STATION D’ÉPURATION PAR BOUES
ACTIVÉES DE NADOR (MAROC ORIENTAL)

ZERROUQI Z.1,2*, SBAA M.1,2, CHAFI A.1,2, EL HOUADI B.3, FAKIRI M.4, EL KHARMOUZ M.1,2

1 Laboratoire d’Hydrobiologie et Ecologie générale, Département de Biologie,

Faculté des Sciences, BP/717 - Université Mohamed Premier, Oujda, Maroc.
2 COSTE (Centre de l’Oriental des Sciences et Technologies de l’eau).
3 Agence du Bassin Hydraulique de la Moulouya (ABH).
4 Office Nationale de l’Eau Potable de Nador (ONEP).
*Auteur correspondant : Zahra Zerrouqi
Tel : + 212 010 522 565 ; Fax: (00212) 36 56 06 03 - Adresse e-mail : zenviron@yahoo.fr

RÉSUMÉ
La station d’épuration de Nador (STEP) est une STEP par boues activées localisée au Nord Est du
Maroc et dont les rejets sont évacués dans la lagune de Nador. Dans le but d’évaluer ses performan-
ces épuratoires, un suivi de douze mois a été réalisé et des échantillons d’eaux usées ont été préle-
vés à l’entrée et à la sortie de la STEP.
Les débits les plus élevés ont été notés en période hivernale et estivale. Les résultats du suivi de la
qualité des rejets démontrent un mauvais fonctionnement de la STEP de Nador. En effet, les rejets
sont caractérisés par une Demande Biochimique en Oxygène (DBO5), une Demande Chimique en
Oxygène (DCO), des matières en suspension, un taux d’azote total Kjeldhal et de phosphore total qui
sont supérieurs aux normes et des rendements épuratoires faibles. Ce fait est attribué d’une part, à
la sous aération permanente des bassins d’aération et d’une autre part, à la recirculation insuffisante.
A ces causes, s’ajoute en hiver l’extraction irrégulière des boues en excès. Par ailleurs, la sous aéra-
tion des bassins d’aération qui inhibe le processus de nitrification est à l’origine de l’accumulation de
l’ammonium dans les rejets, favorisant ainsi le phénomène d’eutrophisation de la lagune de Nador.
Mots clés : STEP, rejets, sous aération, boues activées.

1. INTRODUCTION STEP de Nador et de Béni Enzer. La problématique de

L’évolution démographique et les activités urbaines
exercent une pression anthropique considérable sur
l’environnement, en particulier sur le milieu aquatique
récepteur. Ce milieu aquatique est un milieu vivant qui
abrite une biocénose riche et adaptée qu’il faut s’effor-
cer de ne pas perturber afin de maintenir les mécanis-
mes naturels qui s’y déroulent et préserver leur équili-
bre. Parmi les manifestations de la pression anthropique
sur la lagune côtière de Nador située au Nord-Est du
Maroc existent l’eutrophisation, la pollution bactériologi-
que et l’existence de teneurs parfois élevées en métaux
lourds (MOTIA et AL MADANI, 2006). La lagune de
Nador, de par son confinement et les rejets des eaux
usées qui s’y déversent se trouve bien vulnérable à ces
différentes formes de pollution, particulièrement l’eutro-
phisation qui constitue une pollution en extension qui
atteint aujourd’hui toute la planète (BARTH et FEGAN,
1990). La lagune de Nador reçoit des eaux usées brutes
et des effluents de sortie des stations d’épuration
(STEP) installées sur ses berges, principalement les
l’assainissement des eaux usées, telle qu’elle se pose
avec acuité dans les villes de Nador et de Béni Enzer,
nécessite que des études soient réalisées pour que des
solutions adaptées soient prises. Dans ce contexte,
notre étude a été réalisée en vue d’évaluer les perfor-
mances épuratoires de la STEP de Nador et d’appréhen-
der la pollution apportée par cette STEP ainsi que ses
variations dans le temps.
La ville de Nador est dotée d’un réseau d’assainissement
de type unitaire. Le taux de raccordement à ce réseau
est de 71 % (MATEE, 2006). Les eaux de ruissellement
produites lors des épisodes pluvieux sont également
entraînées vers la STEP de Nador.
La station d’épuration de Nador qui a pour but final la
protection du milieu aquatique récepteur, a été mise en
place en 1980 pour traiter un débit de 5 000 m3/j. Vu la
croissance démographique, cette STEP a été élargie en
1990 pour traiter 10 000 m3/j d’eaux usées (soit 5400
kg/j de DBO5, 10800 kg/j de DCO et 9000 kg/j de

2
 ÉTUDES & MÉMOIRES
matières en suspension). Elle est située en bordure de
la lagune de Nador (Figure 1) en rive gauche de l’oued
Caballo. La filière de traitement comprend deux étapes :
un traitement primaire avec un dégrillage, un dessa-
blage et un déshuilage et un traitement secondaire par
boues activées destiné à traiter la matière organique
(Figure 2). Partout dans le monde, le processus d’épu-
ration par boues activées est le plus utilisé (WONG et
al., 1997). L’épuration des eaux résiduaires par boues
activées est principalement basée sur l’activité métabo-
lique de cultures bactériennes maintenues en suspen-
sion en présence d’oxygène dans un bassin d’aération
alimenté par l’eau usée. En plus des bactéries hétérotro-
phes présentes dans la STEP par boues activées et qui
assurent la dégradation de la matière organique, il peut
exister des bactéries nitrifiantes qui transforment l’azote
ammoniacal des eaux usées en nitrate (REN, 2004).
Après un court séjour dans les bassins d’aération, une
séparation solide-liquide est assurée par décantation
dans un clarificateur. Une partie des boues extraites du
clarificateur est retournée au bassin d’aération. Les
boues en excès sont extraites et évacuées vers les
épaississeurs puis étendues sur les lits de séchage.
Cette étape permet la déshydratation par évaporation
des boues, tout en réduisant leur volume.
Notre étude a pour objectif d’évaluer les performances
épuratoires de la STEP de Nador et de déterminer ses
principaux dysfonctionnements ainsi que les conditions
d’exploitation les plus efficaces.
2. MATÉRIELS ET MÉTHODES
Afin d’apprécier les concentrations et les charges trai-
tées et rejetées par la STEP de Nador et de dresser un
bilan assez précis de son fonctionnement, un échantil-
lonnage d’eaux usées a été effectué pendant douze mois
(de Février 05 à Avril 06). Les échantillons d’eaux usées
ont été prélevés à l’entrée et la sortie des STEP puis
transportés dans une glacière au laboratoire pour être
conservés au réfrigérateur à 4°C.
Figure 1 - Localisation de la STEP de Nador.
3
TRIBUNE DE L’EAU · No 646
Les échantillons prélevés ont fait l’objet de plusieurs
analyses : la Demande Chimique en Oxygène (DCO) (NF
T90-101), les matières en suspension (MES) (NF T90-
105), le phosphore (NF 90-023) et l’azote Kjeldhal
(NTK) (NF T90-110). La Demande Biochimique en
Oxygène (DBO5) a été déterminée en incubant à 20°C
pendant 5 jours et à l’obscurité, un volume d’eau usée
approprié. La mesure est faite par appareils Oxytop®.
Les analyses ont porté également sur l’ammonium NH4
(NF T90-015), les nitrates NO3 (RODIER, 1984), l’oxy-
gène dissous (O2), les coliformes fécaux (CF) et totaux
(CT) (NF T90-414) et les streptocoques fécaux (SF)
(RODIER, 1984). Les métaux lourds solubles dans l’eau
ont été analysés après filtration, par Inductively
Coupled Plasma emission spectrometry (ICP- AES).
3. RÉSULTATS ET DISCUSSION
3.1. LE DÉBIT
En se basant sur les contrôles à la sortie de la STEP, un
volume de 3 271 914 m3 d’eaux usées a été traité en
2005, avec une augmentation d’environ 9 % en 2006.
En considérant les débits moyens journaliers pour cha-
que mois (Figure 3) ; cinq dépassements de la capacité
nominale de la STEP ont été notés durant la période
d’étude. Des débits importants sont enregistrés pour les
mois d’octobre 05, de novembre 05 et de décembre 05,
ce qui pourrait être expliqué en partie par la présence
des eaux de pluie dans les réseaux d’assainissement
(59,5 mm en octobre et 75,8 mm en novembre). Une
production importante d’eaux usées a également été
enregistrée durant les mois de jul-05 et aout-05. Elle
peut être essentiellement attribuée au retour estival des
émigrés. Dans l’avenir et pendant la période estivale
s’ajoutera à ce flux migratoire un flux touristique dont il
faudra tenir compte.
 ÉTUDES & MÉMOIRES

3.2. CONCENTRATIONS ET CHARGES DBO5 DCO MES NTK PT

3.2.1. DBO5, DCO, MES, NTK ET PT Min 290 692,1 232,5 38,7 5,1
Max 520 982,2 1225 89,2 13,8
Le tableau I récapitule le minimum, le maximum, la Moy 428,8 799,2 718,7 70,3 7,3
moyenne et l’écartype des concentrations entrantes Ecartype 84 92,4 309,5 18,2 2,4
mesurées sur les eaux brutes. La charge journalière
Tableau I - Caractéristiques des eaux brutes (mg/l).
moyenne d’entrée en DBO5 est de 3939 kg/j contre
7300 kg/j pour la DCO et 6484 kg/j pour les MES. Par Au Maroc, ce n’est qu’en 2006 que la loi fixant les
ailleurs, la charge entrante en NTK vaut 648 kg/j et 69 valeurs limites spécifiques des rejets domestiques a vu
kg/j pour le phosphore total (PT). le jour. Notons que ces valeurs ne sont applicables que
Les concentrations d’entrée en DBO5 varient de 290 à pendant la septième année de la date de publication de
520 mg/l, celles de la DCO oscillent de 692 à 982 mg/l cette loi. Cette loi ne concerne pas le NTK et le PT et ses
et celles des MES de 232,5 à 1225 mg/l. Ponctuellement, valeurs limites sont assez larges en comparaison avec
des surcharges importantes en DBO5 sont observées. Il les normes européennes (300 mg/l pour la DBO5, 600
peut s’agir des rejets d’abattoirs, seule activité dans l’ag- mg/l pour la DCO et 250 mg/l pour les MES). Pour tou-
glomération de Nador pouvant introduire des affluents tes ces raisons nous avons choisi d’adopter les normes
très chargés en pollution organique. européennes dans notre étude (Tableau II).

Figure 2 - La filière de traitement des eaux usées par boues activées à la STEP de Nador.

Figure 3 - Évolution des charges hydrauliques et des précipitations mensuelles.

4
 ÉTUDES & MÉMOIRES TRIBUNE DE L’EAU · No 646

D’après les tableaux II et IIIa, on constate que les
concentrations des rejets d’eaux usées en DBO5, DCO,
MES, NTK et PT durant la période du suivi dépassent les
normes de rejet (Tableau II), exception faite de la
concentration en DCO en mars 06, qui reste conforme à
la norme. Ce fait témoigne du mauvais fonctionnement
de la STEP de Nador.
En outre, le rendement épuratoire pour la DBO5 res-
pecte les normes uniquement pour cinq mois (Tableau
IV). Pour la DCO et les MES, les rendements épuratoires
sur les eaux usées ne répondaient pas aux normes de
rejet dans la majorité des cas.
Par ailleurs, les rendements d’élimination de l’azote
Kjeldhal varient de 1,3 à 28,6 %. De même, l’élimina-
tion du phosphore total dans la STEP se fait avec un ren-
dement plus faible, compris entre 2,3 et 9,5 %.
La diminution de l’efficacité de l’épuration de la STEP de
Nador peut être due essentiellement au dysfonctionne-
ment des bassins d’aération suite à leur sous aération
importante et permanente induite par les pannes régu-
lières des turbines, dues à leur vétusté et au manque
d’entretien. En effet, la mesure de la concentration de
l’oxygène dissous dans ces bassins permet de confirmer
ce fait. Cette concentration, qui est de l’ordre de
0,4 mg/l en moyenne, est très faible et gène le fonction-
nement en conditions aérobies. La matière organique
des eaux usées est alors dégradée par des réactions
anoxiques, voire anaérobies (fermentations) auxquelles
sont associées des odeurs désagréables. A ce fait
s’ajoute le problème de séchage des boues qui s’effec-
tue par évaporation dans les lits de séchage, ce qui
demande trop de temps en hiver. L’extraction des boues
ne peut pas ainsi être réalisée régulièrement ce qui
entraîne une augmentation de la concentration des bac-
téries dans le bassin d’aération qui peut poser des pro-
blèmes de clarification et provoquer des départs de
boues dans l’effluent à traiter (METCALF et EDDY, 1991).
Par ailleurs, la recirculation insuffisante entraîne des dif-
ficultés de séparation solides/liquide et provoque une
remontée des boues dans le clarificateur. Les particules
de boues sont alors entraînées dans l’eau épurée qui
devient plus turbide et dont la DBO5 et la DCO s’accroît.
En effet, à cause du dimensionnement trop faible de la
pompe de recirculation, le taux de recirculation est
insuffisant, de l’ordre de 59, 4 % du débit journalier en
moyenne, au lieu de pouvoir être réglé jusqu’à 150 %,
ce qui peut expliquer d’ailleurs les faibles valeurs de l’in-
dice de Mohlman (31 ml/g) (Tableau IIIb).
Ce problème est accentué par la déficience du raclage,

Paramètre Concentration Rendement minimal DBO5 DCO MES NTK PT

DBO5 25 mg/l 80% fev-05 100 260,2 185 30,8 5
DCO 125 mg/l 75% avr-05 80 230,7 120 70,2 3,1
MES 35 mg/l 90% mai-05 90 240,5 65 56 2,5
NTK 10 - 15 mg/l 70% juil-05 80 220,3 60 67,2 6,1
PT 1 - 2 mg/l 80% aout-05 110 287,3 76 68,6 3,9
oct-05 180 280,8 95,2 55,8 9,5
Tableau II - Normes Européennes de rejet des eaux
nov-05 170 374,4 33,3 67,2 5,3
usées. (Directives N° 91/271/CEE, 1991, CORSIN et dec-05 220 374,4 110 40,6 5,8
LE STRAT, www.revue-ein.com) janv-06 210 259,84 131 71,2 5
fev-06 110 167,2 91 51,8 2,3
mars-06 80 110 76 70,4 6,6
avr-06 90 165,32 82 78 5,6
Moyenne 127 248 94 61 5
Tableau IIIa - Caractéristiques des rejets
de la STEP (mg/l).

Figure 4 - Evolution des charges polluantes du rejet de la STEP.

5
 ÉTUDES & MÉMOIRES

As Cd Cr Cu Fe Ni Pb Se Zn
aout-05 0,002 0,001 0,037 0,01 0,131 0,01 0,084 0,046 0,169
fev-06 0,003 0,00002 0,027 0,007 0,123 0,008 0,025 0,034 0,078
avr-06 0,002 0,001 0,039 0,008 0,146 0,018 0,028 0,038 0,066
Norme de rejet* 0,1 0,2 2 0,5 3 0,5 0,5 0,1 5
Norme d'irrigation** 0,1 0,01 0,1 0,2 5 0,2 5 0,02 2
* Bulletin Officiel marocain N° 5448 (17-08-2006) ** Bulletin Officiel marocain N° 5062 (05-12-2002)

Tableau VII - Teneurs en métaux lourds des eaux usées traitées (mg/l).

suite au mauvais état de la lame déversante du clarifi- En effet, le développement des bactéries nitrifiantes et
cateur. A tous ces problèmes s’ajoutent occasionnelle- la nitrification qui consiste en l’oxydation biologique de
ment des surcharges polluantes et hydrauliques. l’azote ammoniacal en nitrate (GUIVARCH, 2001) néces-
sitent des conditions adéquates de pH et de teneur en
Les charges sortantes maximales sont obtenues en août
oxygène dissous. Généralement, la croissance des cul-
05 pour le NTK, en février 05 pour les MES, en octobre
05 pour la DBO5 et le PT et en novembre 05 pour la DCO tures pures de bactéries autotrophes ne se produit pas
(Figure 4). à des valeurs de pH inférieures à 6,5 (CAMPOS et al.,
2007). Le pH dans le bassin d’aération varie de 6,7 à 7,8
IM (ml/g) Recirculation (%) et ainsi se trouve dans la frange tolérée par ces bacté-
févr-06 36,46 55,65 ries. L’oxygène est un réactif essentiel à la réalisation de
janv-06 28,30 74,52 la nitrification, cependant, sa concentration dans les
mars-06 32,45 59,95 bassins d’aération est limitante puisqu’elle est en
avr-06 37,60 60,15 moyenne de l’ordre de 0,4 mg/l. Les bactéries nitrifian-
mai-06 32,48 64,04 tes accèdent alors difficilement à l’oxygène, ce qui
juin-06 34,90 58,78 ralentit leur vitesse de croissance (HENZE, 1995) entraî-
août-06 14,72 42,85 nant ainsi le ralentissement, voire l’arrêt du processus
Tableau IIIb - Indice de Mohlman (IM) et taux de de nitrification. L’accumulation de l’ammonium observée
recirculation. dans notre étude a été également observée par CAM-
POS et al. (2007) avec des taux d’oxygène dissous de
DBO5 DCO MES NTK PT l’ordre de 0,4 et 0,6 mg/l. Le faible taux d’O2 dans les
fev-05 68,8 68,5 65,1 20,4 19,4 bassins d’aération peut être attribué d’une part aux pan-
avr-05 83,3 72,6 80,6 4,7 54,3 nes fréquentes des turbines d’aération associées au
mai-05 79,5 68,4 86,2 28,6 52,6 manque d’entretien et d’autre part au soutirage des
juil-05 84,5 74,5 92,5 24 55,6 boues en excès qui fait défaut surtout en période hiver-
aout-05 65,6 60,1 67,3 14,5 33,2 nale.
oct-05 50 59,4 77,8 18,2 -26
nov-05 67,3 48 96,6 1,3 35,3 La teneur en phosphate (PO4) dans les eaux traitées
dec-05 52,2 51,3 75,8 13,1 17,1 varie de 1 à 5,3 mg/l. Le phosphate rejeté dans la
janv-06 55,3 73,5 88,3 11,9 3,2 lagune est capable de s’adsorber sur les sédiments et
fev-06 62,1 78,4 92,6 -21,9 62,2 peut être relargué par la suite. Les composés azotés
mars-06 82,2 88,2 92,1 21,1 -5,3 ainsi que les phosphates rejetés dans l’environnement
avr-06 82,7 76,6 89,8 11,9 41,4 sont susceptibles d’engendrer l’eutrophisation du milieu
Moyenne 69,5 68,3 83,7 12,3 28,6 récepteur ainsi que la détérioration de la qualité de l’eau
Ecartype 12,8 11,7 10,4 13,3 27,5 (FOGLAR et al., 2005). Ces sels nutritifs, une fois par-
conforme à la norme dépasse la norme venus dans l’eau, favorisent la croissance excessive des
algues et des macrophytes (MENESGUEN, 1990 ; YUNEV
Tableau IV - Rendements épuratoires de la STEP
et al., 2007) qui ne tardent pas à coloniser la surface du
de Nador (en pourcentage).
plan d’eau. Les rejets excessifs des eaux usées dans les
Il est à noter que les charges rejetées par la STEP de eaux marines ont entraîné une augmentation du degré
Nador en DBO5, DCO et MES dépassent largement les d’eutrophisation (SEITZINGER et al., 2002). Ce fait est
charges nominales de cette station et ceci durant toute observé dans la zone de Nador en période printanière et
la période du suivi. estivale et est accentué par le confinement géographi-
3.2.2. LES SELS FERTILISANTS que de la lagune.

La forme prépondérante de l’azote rejeté par la STEP de

Nador est l’ammonium (NH4) (Tableau V), forme réduite
de l’azote. Les concentrations rejetées en ammonium sont
susceptibles d’entraîner une consommation d’O2 dissous
dans le milieu récepteur lors de son oxydation (GUIL-
LAUD, 1992). Les concentrations en nitrates (NO3) sont
trop faibles voire nulles, ce qui prouve que le processus
de nitrification n’a pas lieu dans les bassins d’aération.
3.3. LES MICROORGANISMES
De nombreux microorganismes pathogènes tant pour
l’homme que pour les animaux sont excrétés dans les
matières fécales et peuvent ainsi être rencontrés dans les
eaux usées (JACOB et al., 2002). Ils sont souvent reliés
à la partie solide des eaux usées (KAYSER et al., 1987).

6
 ÉTUDES & MÉMOIRES TRIBUNE DE L’EAU · No 646

NH4 NO3 PO4 Fe (0,316 mg/l) > Zn (0,314 mg/l) > Se (0,046 mg/l) >
fev-05 30,2 0,0 5,0 Cr (0,042 mg/l) > Ni (0,024 mg/l) > Pb (0,019 mg/l) >
avr-05 60,2 2,7 2,2 Cu (0,012 mg/l) > Cd (0,005 mg/l) > As (0,004 mg/l).
mai-05 40,0 0,8 1,8
juil-05 42,1 1,0 1,7 En comparaison avec les normes de rejet marocaines,
aout-05 47,5 0,4 2,2 les effluents de la STEP de Nador sont peu chargés en
oct-05 43,7 1,0 4,2 métaux lourds (Tableau VII). Mais, le rejet dans un éco-
nov-05 54,9 0,2 4,9 système quasi fermé peut rendre cette pollution préju-
dec-05 24,2 0,8 4,7 diciable à long terme à la qualité de la lagune de Nador,
janv-06 32,3 1,8 4,6 notamment les sédiments qui peuvent s’enrichir en
fev-06 34,0 0,3 1,0 métaux lourds.
mars-06 55,9 1,1 5,2 Les métaux lourds contenus dans les eaux urbaines pro-
avr-06 57,8 2,1 5,3 viennent des eaux de ruissellement issues des voiries et
Moyenne 43,6 1 3,6 des toitures, des canalisations et de certaines activités
Tableau V - Teneurs des rejets de la STEP de Nador en économiques (cas d’industries raccordées au réseau
NH4, NO3 et PO4 (mg/l). (MATHEVON, 1991 ; MAKEPEACE et al., 1995) . Le
déversement dans les réseaux d’assainissement de fèces
Les eaux de ruissellement, les crues et les effluents et des produits cosmétiques, constitue mais dans une
d’eaux usées libèrent dans l’eau de mer un bon nombre moindre mesure, une source de métaux lourds (SORME
de microorganismes, incluant les indicateurs fécaux. et LAGERKVIST, 2002). Seulement 1 à 4 % des métaux
Ceci est clairement démontré par les fortes teneurs en sont sous forme soluble. Le reste se retrouve dans la
coliformes fécaux (CF) et streptocoques fécaux (SF) phase particulaire (COUTURIER et GALTIER, 1999).
dans les sites adjacents aux points de rejet.
Les effluents d’eaux usées peuvent contenir des quanti-
L’abondance moyenne des bactéries dans les rejets de la tés variables de métaux lourds qui peuvent limiter l’uti-
STEP de Nador est évaluée à 13 106 unité/100 ml pour les lisation à long terme de ces effluents en agriculture
CT, 1,8 106 unité/100 ml pour les CF et 1,6 105 unité/100 suite à leur possible phytotoxicité et à leur effet environ-
ml pour les SF. L’abattement moyen en CT, CF et SF est nemental (YADAV, 2002). Puisque la charge en métaux
respectivement de l’ordre de 0,8 unité logarithmique (UL) lourds des eaux traitées de la STEP de Nador est bien
pour les CT et les CF et 1 UL pour les SF (Tableau VI). Ce inférieure aux normes d’irrigation fixées par l’état maro-
taux est faible et principalement lié à l’élimination des cain (Tableau VII) et qui sont identiques à celles prescri-
matières en suspension (DUPRAY et al., 1991). tes par l’organisation mondiale de la santé (ENSINK et
L’exposition aux eaux de loisirs contaminées fécalement al., 2004 ), ceci doit susciter la réflexion vers leur valo-
conduit à une augmentation du risque de contracter des risation en agriculture.
gastrœntérites, infection des oreilles, des yeux et de la
peau (CHEUNG et al., 1990). Une grande corrélation
4. CONCLUSION
entre les maladies gastro-intestinales et la densité bac-
térienne dans les eaux marines de loisir a été trouvée La STEP de Nador a eu durant la période du suivi des
(CABELLI et al., 1982). rendements épuratoires médiocres sur les eaux traitées.
Par ailleurs le respect des normes n’a pas été tenu du
CT CF SF
point de vue DBO5, DCO, MES, NTK et PT, témoignant
juil-05 0,7 0,6 1,3
ainsi du mauvais fonctionnement de cette STEP. La
aout-05 0,2 0,5 0,9
oct-05 -0,4 0,8 0,8
cause principale de ce dysfonctionnement est la sous
nov-05 1,6 0,8 1,1 aération permanente des bassins d’aération suites aux
dec-05 1,7 1,0 1,4 pannes fréquentes des turbines et au manque d’entre-
janv-06 0,1 0,4 0,9 tien et qui peut être à l’origine de l’inhibition du proces-
fev-06 0,9 1,5 1,1 sus de nitrification.
mars-06 1,9 0,5 0,8 A ceci s’ajoute la recirculation insuffisante et la faible
avr-06 0,8 1,0 1,0 extraction des boues en excès. Ainsi, et dans le but
Tableau VI - Abattement en unité logarithmique d’améliorer le traitement des eaux usées de la STEP de
des CT, CF et SF. Nador, il est recommandé de :
- maintenir en permanence un taux d’oxygène dissous
3.4. LES MÉTAUX LOURDS adéquat dans les bassins d’aération,
- entretenir régulièrement les installations de la STEP
Malgré les efforts considérables pour réduire la charge en
(turbines, clarificateur),
métaux lourds des eaux usées, ces dernières continuent
- changer la pompe de recirculation par une autre de
à transporter des quantités importantes de métaux
plus grande puissance,
lourds vers l’environnement (BUBB et LESTER, 1991).
- adopter une autre technique de concentration des
Les concentrations moyennes en métaux lourds dans les boues telle que la centrifugation des boues en excès
eaux usées brutes de la STEP de Nador suivent l’ordre en particulier pendant la période hivernale,
décroissant suivant : - et surtout réaliser une étude plus approfondie qui

7
 ÉTUDES & MÉMOIRES
pourrait déboucher sur un projet de réhabilitation de
cette station.
- Il est en effet important que les efforts qui sont en
cours pour doter le Maroc d’un parc suffisant de sta-
tions d’épuration ne voient pas leur portée réduite par
une gestion insuffisante de ces dernières. Les autori-
tés doivent être conscientes que le travail ne s’arrê-
tera pas une fois l’investissement fait, car commen-
cera alors la gestion d’un parc important de stations.
5. RÉFÉRENCES
BARTH H., FEGAN L., 1990. Eutrophication-related pheno-
mena in the Adriatic Sea and in other Mediterranean
coastal zones: proceeding of a workshop held in Rome,
28-30 May 1990, In Water Pollution Research Report
16, Belgium, 255 p.
BUBB J.M., LESTER, J.N., 1991. The impact of heavy-metals
on lowland rivers and the implications for man and the
environment. Sci. Total Environ., 100, 207-233.
CABELLI V.J., DUFOUR A.P., MCCABE L.J., LEVIN M.A.,
1982. Swimming-associated gastroenteritis and water
quality. Am. J. Epidemiol., 115, 606-616.
CAMPOS J.L., GARRIDO J.M., MOSQUERA-CORRAL A.,
MÉNDEZ R., 2007. Stability of a nitrifying activated sludge
reactor. Biochemical Engineering Journal, 35, 87-92.
CHEUNG W.H., CHANG K.C., HUNG R.P., KLEEVENS J.W.,
1990. Health effects of beach water pollution in Hong
Kong. Epidemiol. Infect., 105, 139-162.
CORSIN P., LE STRAT P., Les effluents des stations d’épura-
tion : comment les rendre aptes à une seconde vie,
L’eau, L’industrie, Les nuisances, 299, 35-40.
(http://www.revue-ein.com)
COUTURIER C., GALTIER L., 1999. Etat des connaissances
sur le devenir des germes pathogènes et des micro-pol-
luants au cours de la méthanisation des déchets et sous-
produits organiques, Contrat ADEME n° 9893024, 98 p.
DUPRAY E., BALEUX B., BONNEFOND J.L., GUICHAOUA C.,
POMMEPUY M., DERRIEN A., 1991. Apports en bacté-
ries par les stations d’épuration. IFREMER Actes de col-
loques 11 « La mer et les rejets urbains ». Bendor 13-
15 juin 1990, 81-88.
ENSINK JEROEN H.J., SIMMONS R.W., WIM VAN DER HOEK,
2004. Wastewater Use in Pakistan : The Cases of
Haroonabad and Faisalabad, 91-100 In SCOTT C.A.,
FARUQUI N.I, RASCHID SALLY L., Wastewater Use in
Irrigated Agriculture, Coordinating the Livelihood and
Environmental Realities, CAB International, 240 p.
FOGLAR L., BRI_KI L., SIPOS L., VUKOVI_ M., 2005. High
nitrate removal from synthetic wastewater with mixed
bacterial culture, Bioresource Technology, 96, 879-888.
GUILLAUD J.F., 1992. Les rejets urbains en mer. Hydroécol.
Appl. Tome 4 Vol 2, 159-172.
GUIVARCH A., 2001. Valeur fertilisante à court terme du
phosphore des boues de stations d’épuration urbaines.
Thèse doctorat. Institut National Polytechnique de
Lorraine. 306 p.
HENZE M., 1990. Capabilities of biological nitrogen removal
View publication stats
processes from wastewater. Water Science and
Technology, 23, 669-679.
JACOB B., KORSAC N., GROOVEN B., FLAMENT E., DAUBE
G., 2002. Incidence d’une station d’épuration biologi-
que sur le niveau de contamination en salmonellas des
eaux et des boues résiduaires. Ann. Méd. Vét., 146,
303-310.
KAYSER R., BOLL R., MÜLLER H.E., 1987. Quantitative deter-
mination of the elimination of salmonellae by biological
treatment of water. Zbl. Bakt. Hyg., 184, 195-205.
MAKEPEACE D.K., SMITH D.W., STANLEY S.J., 1995. Urban
stormwater quality: summary of contaminant data.
Crit. Rev. Env. Sci. Tec., 25, 93-139.
MATEE, 2006, Etude de pré-investiment pour les Hot Spot
de Nador et Al Hoceima, Développement d’un plan
régional pour l’extension et l’amélioration des services
d’assainissement liquide du grand Nador, Rapport
Définitif, 178 p.
MATHEVON V., 1999. “Les techniques existantes d'élimina-
tion et de traitement des boues”, Journée technique :
station d'épuration Comment maîtriser à la source la
qualité et la quantité des boues, Journée technique
nationale du 29 avril 1999, INSA, Toulouse (France).
MENESGUEN A., 1990. Présentation du phénomène d’eutro-
phisation littorale, La Mer et les Rejets Urbains, Bendor,
13-15 juin. IFREMER, Actes de Colloques 11, 35-52.
METCALF, EDDY, 1991. Wastewater engineering: treat-
ment, disposal, reuse, Third edition McGraw-Hill Inc.,
New York, 1334 p.
MOTIA S., AL MADANI F., 2006. Pollution de la lagune de
Nador : Déchets solides, Rapport de L’Institut National de
Recherche Halieutique, Centre Régional de Nador, 14 p.
REN S., 2004. Assessing wastewater toxicity to activated
sludge: recent research and developments.
Environment International, 30, 1151-1164.
RODIER J., 1984. L’analyse de l’eau. Paris, Septième édi-
tion, 1364 p.
SEITZINGER S.P., KROEZE C., BOUWMAN A.F., CARACO N.,
DENTENER F., STYLES R.V., 2002. Global patterns of
dissolved inorganic and particulate nitrogen inputs to
coastal systems : recent conditions and future projec-
tions. Estuaries, 25, 640-655.
SORME L., LAGERKVIST R., 2002. Sources of heavy metals
in urban wastewater in Stockholm. Sci. Total Environ.,
298, 131-145.
WONG KY., ZHANG MQ., LI XM., LO WA., 1997. A lumines-
cence-based scanning respirometer for heavy metal
toxicity monitoring. Biosens Bioelectron, 12, 125-33.
YADAV R.K., GOYAL B., SHARMA R.K., DUBEY S.K., MINHAS
P.S., 2002. Post-Irrigation impact of domestic sewage
effluent on composition of soils, crops and ground water
– A case study. Environment International, 28, 481-486.
YUNEV O., CARSTENSEN J., MONCHEVA S., KHALIULIN A.,
GUNNI Æ., NIXON S., 2007. Nutrient and phytoplank-
ton trends on the western Black Sea shelf in response
to cultural eutrophication and climate changes.
Estuarine, Coastal and Shelf Science, 74, 63-76.