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Qualité des eaux usées traitées réutilisées

en agriculture
Suivi physico-chimique et bactériologique sur le périmètre
maraîcher du Sebkha à Nouakchott (Mauritanie)
■ A.D. N’DIAYE1, 2, *, M.B. EL KORY2, M. EL K.O. CHEIKH2, M.O. SID’ A.O. KANKOU3, K. IBNO NAMR1

Mots-clés : eaux usées, qualité physico-chimique et microbiologique, Sebkha, Nouakchott, Mauritanie

Keywords: wastewater, physicochemical and bacteriological quality, Sebkha, Nouakchott, Mauritania

Introduction
L’utilisation des eaux usées en agriculture est une
pratique vieille de plusieurs siècles. Conséquence
d’une urbanisation rapide et de l’augmentation des
volumes rejetés, l’utilisation des eaux usées à grande
échelle en irrigation s’est présentée comme une
alternative pour contourner la problématique de
Figure 1. Planches de cultures maraîchères du périmètre maraîcher du Sebkha
l’eau. Plusieurs techniques existantes de traitement
des eaux résiduaires sont chères pour les pays en voie souvent très intense. Dans l’artère nord se trouvent
de développement et la réalité est que pas moins des des institutions sanitaires comme le Centre national
deux tiers de l’eau usée produite dans le monde ne d’hygiène, l’hôpital national et l’hôpital Sabah. À
reçoivent aucun traitement [1]. Dans une étude
l’ouest, le site est délimité par deux usines : la Société
menée au Pakistan, les fermiers ont mentionné la
de boisson de Mauritanie (Soboma) et la Ciprochimie.
fiabilité de l’offre d’eau usée, sa valeur en engrais et
La première produit des boissons gazeuses destinées
la proximité des champs irrigués par ces eaux avec
au marché local. La seconde fabrique des produits
les marchés urbains locaux, comme étant les raisons
chimiques, des insecticides notamment qui, eux
principales pour l’usage d’eau usée en agriculture [2].
aussi, sont vendus sur le marché local. Entre les deux
Le site de maraîchage de Sebkha (figure 1) est situé usines se trouve la station de traitement des eaux
au cœur de la concentration urbaine de Nouakchott polluées (STEP) dont les effluents sont utilisés comme
(Mauritanie), dans la moughataa de Sebkha. Trois
source d’eau pour le site de maraîchage du Sebkha.
artères principales goudronnées longent le site sur ses
Le périmètre maraîcher de Sebkha a fait l’objet de
côtés nord, ouest et sud. Le trafic routier y est
plusieurs études. Des analyses microbiologiques des
eaux et des sols, les études hydrogéologiques en
1 Unité sciences du sol & environnement (LGMSs, URAC45) – Département de
géologie – Faculté des Sciences, Université Chouaib Doukkali – BP 20 – saison sèche et en saison des pluies pour évaluer les
El Jadida 24000 – Maroc.
2 Laboratoire de chimie de l’eau – Service de toxicologie et de contrôle
potentialités hydriques, des études sur des techniques
qualité – Institut national de recherches en santé publique – BP 695 – agricoles et des pratiques culturales et des études de
Nouakchott – Mauritanie.
* Courriel : abdouldemba@yahoo.fr réseau d’irrigation ont été effectuées sur le périmètre
3 Laboratoire de chimie de l’eau et environnement – Département de chimie
– Faculté des sciences et techniques – BP 5026 –Nouakchott – Mauritanie. maraîcher du Sebkha [3-6].

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 Qualité des eaux usées traitées réutilisées en agriculture
Suivi physico-chimique et bactériologique sur le périmètre maraîcher du Sebkha à Nouakchott (Mauritanie)
La présente étude se propose de faire une évaluation
de la qualité physico-chimique et microbiologique
des effluents de la STEP utilisés en agriculture maraî-
chère dans le périmètre maraîcher de Sebkha.
1. Matériels et méthodes
1.1. Milieu d’étude
La ville de Nouakchott est une ville côtière, située
vers 18°07 de latitude nord et 16°01 de longitude
ouest (figure 2). La ville de Nouakchott se situe dans
la partie méridionale de la Sebkha de Ndramcha où
se localise une nappe subaffleurante et son niveau est
en relation directe avec celui de l’océan. Nouakchott
est alimenté en eau potable par le champ captant
d’Idini, situé sur la route de l’Espoir à environ 60 km
de la ville [7].
À l’instar des autres villes d’Afrique, Nouakchott
connaît aujourd’hui une croissance démographique
et une industrialisation rapide. Les nombreuses acti-
vités industrielles et domestiques constituent sans
doute un véritable danger pour l’environnement
urbain. Les différents quartiers ne disposent pas tous
de dispositifs adéquats d’évacuation des eaux usées.
La ville de Nouakchott ne bénéficie qu’à hauteur de
4 % du système d’évacuation des eaux usées par
le biais des égouts. Ces eaux usées sont acheminées
jusqu’à la STEP et subissent des traitements avant
d’être déversées dans le périmètre maraîcher du
Sebkha. Le reste de la population a recours à des
latrines, des fosses et puits perdus, des fosses
septiques ou n’a pas de système d’évacuation du tout [8].
Le site du prélèvement est la STEP où l’ensemble des
eaux usées brutes drainées par certains quartiers de
la ville de Nouakchott et de quelques unités indus-
Figure 2. Localisation de la ville de Nouakchott
Oxygène
Eau clarifiée
Eau brute
Bassin d'aération Clarificateur
Boues activées recirculées
Boues
en excès
Traitement des boues
Figure 3. Principe du traitement secondaire par boue activée
trielles connectées aussi à la STEP (la Soboma et une
société de pêche spécialisée dans le domaine de vente
de céphalopodes et de poissons). Le débit actuel-
lement traité par la station est de 458 m3/jour estimé
à partir des mesures disponibles auprès du service
d’exploitation de la Société nationale de l’eau (SNDE).
La STEP utilise comme méthode de traitement un
système d’oxydation « aérobie » (figure 3). Les
effluents passent par un décanteur primaire, puis par
le chenal d’oxydation aéré par une turbine qui
permet aux bactéries de se développer et éliminent
ainsi une partie des effluents. Ensuite les eaux
passent par un décanteur secondaire qui est muni
d’un pont roulant à basse vitesse qui frôle la surface
de l’eau en séparant l’eau purifiée. Celui-ci permet
d’accélérer la décantation gravitationnelle en entas-
sant les suspensions solides au fond du bac. Ces
suspensions solides forment une boue grisâtre qui
sera enlevée à la pelle puis entassée dans des lits de
séchage afin d’en faire des engrais utilisés dans
l’agriculture dans le périmètre maraîcher du Sebkha.
1.2. Prélèvements et analyses des eaux usées
Les prélèvements ont été effectués au niveau de
l’exutoire de la STEP (après la clarification) entre
février 2008 et décembre 2009, et se sont organisés
en campagnes de prélèvements bimensuels entre
février et décembre 2008 et en campagnes de prélè-
vements mensuels entre février et décembre 2009.
Les échantillons d’eau usée sont prélevés dans des
flacons en polyéthylène de 1 litre. Les analyses ont
lieu immédiatement après prélèvement, au labora-
toire de chimie de l’eau de l’Institut national de
recherches en santé publique (INRSP) de Nouakchott.
Les paramètres physico-chimiques et bactériologiques
étudiés sont : la température, le pH, la conductivité
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 Étude

électrique, les chlorures, la demande chimique en
oxygène (DCO), les nitrates, les nitrites, l’ammo-
nium, les orthophosphates, les coliformes fécaux et
les streptocoques fécaux. En revanche, la demande
biochimique en oxygène sur 5 jours (DBO5), l’azote
Kjeldahl et le phosphore n’ont pas pu être mesurés à
cause de l’absence d’instruments analytiques pour ces
paramètres au sein du laboratoire de chimie de l’eau
du service de toxicologie et de contrôle qualité de
l’INRSP de Nouakchott.
Le pH et la température ont été déterminés par un
pH-mètre de type Hanna muni d’une sonde mesurant
la température. La conductivité électrique a été
mesurée par un conductimètre de type Hanna. Les
chlorures sont mesurés par méthode volumétrique
de Mohr en présence du nitrate d’argent [9]. Les
nitrates, les nitrites, l’ammonium et les orthophos-
phates sont analysés par des méthodes colorimétriques
à l’aide d’un spectrophotomètre UV-Visible de type
722 S (Pékin). Les nitrates sont dosés par la méthode
de salicylate. Les ions nitrites par la diazotation de l’acide
sulfanilique et sa complexation avec ␣-naphtylamine.
L’ammonium par le réactif de Nessler. Pour le dosage
des orthophosphates, on utilise un réactif molybdique.
La DCO a été déterminée avec un spectrophotomètre
DR 5000 de modèle Hach.
Pour le dénombrement des coliformes fécaux (CF)
et des streptocoques fécaux (SF), nous avons utilisé la
technique des dilutions-étalements. Le milieu de
culture utilisé pour les coliformes fécaux est la gélose
Mac Conkey et le dénombrement des colonies est
effectué après 24 heures d’incubation à 44 °C.
L’isolement des streptocoques fécaux est effectué par
la même méthode, mais sur le milieu de culture
(gélose Slanetz) incubé à 37 °C pendant 48 heures.
Les résultats sont exprimés par unité formant colonie
(UFC) par 100 mL (UFC/100 mL).
2. Résultats et discussion
Le tableau I donne les résultats des paramètres
physico-chimiques et bactériologiques des effluents
de la STEP enregistrés à partir des dix-huit prélè-
vements effectués, entre février 2008 et décembre 2009,
dans des flacons en polyéthylène de 1 litre.
2.1. Température
Les valeurs moyennes de la température enregistrées
au niveau des effluents de la STEP oscillent entre

Paramètres Maximum Minimum Moyenne Écart type Valeurs limites

T (°C) 28,7 26,3 27,8 0,6 35

pH 7,9 7,3 7,6 0,5 –

CE (μS/cm) 3 300 1 500 2 300 610 2 700

Cl – (mg/L) 1 262,1 682,7 950,1 58,4 50

NO 3 – (mg/L) 2,51 0,51 1,01 0,30 50

NO 2 – (mg/L) 0,029 0,022 0,025 0,002 –

NH 4 + (mg/L) 92,6 65,1 75,8 13,3 –

PO 4 3– (mg/L) 20 14,1 18,1 12,2 10

DCO (mg/L) 561,8 378,2 466,1 74,4 500

CF (UFC/100 mL) 2,7·103 1,5·103 2,5·103 2 218 103

SF (UFC/100 mL) 3·103 1,8·103 2,4·103 2 389 103

CE : conductivité ; CF : coliformes fécaux ; DCO : demande chimique en oxygène ; SF : streptocoques fécaux ; UFC : unité formant colonie.
Tableau I. Résultats des paramètres physico-chimiques et microbiologiques étudiés

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Suivi physico-chimique et bactériologique sur le périmètre maraîcher du Sebkha à Nouakchott (Mauritanie)
26,3 °C et 28,7 °C avec une moyenne de 27,8
(tableau I). Les valeurs moyennes de la température
enregistrées sont inférieures à 30 °C [10] et très infé-
rieures à 35 °C considérés comme valeur limite de
rejet direct dans le milieu récepteur [11].
2.2. pH
La valeur du pH altère la croissance et la repro-
duction des micro-organismes existants dans une
eau, la plupart des bactéries peuvent croître dans une
gamme de pH comprise entre 5 et 9, l’optimum est
situé entre 6,5 et 8,5, des valeurs de pH inférieures
à 5 ou supérieures à 8,5 affectent la croissance et
survie des micro-organismes aquatiques. Le pH de
l’eau dépend de l’équilibre carbonique et de l’activité
photosynthétique des écosystèmes. Le déversement
des eaux usées domestiques ou industrielles peut
influencer le pH du milieu malgré son pouvoir
tampon [12]. Il est rappelé que les effluents de la STEP
sont constitués par les eaux usées provenant de
quelques quartiers de la ville de Nouakchott et de
quelques unités industrielles connectées aussi à la
STEP. La Soboma utilise la soude caustique pour le
nettoyage des bouteilles, qui est caractérisée par des
valeurs de pH très basiques (> 11). Les valeurs
moyennes de pH des effluents de la STEP varient de
7,3 à 7,9 (tableau I).
2.3. Conductivité électrique
La conductivité électrique est probablement une des
mesures les plus simples et les plus importantes pour
le contrôle de la qualité des eaux usées. Elle
traduit le degré de minéralisation globale, elle nous
renseigne sur le taux de salinité. La salinité de l’eau
est un critère important pour la réutilisation et doit
être par conséquent un critère de choix pour évaluer
l’opportunité d’un traitement. Par ailleurs, une sali-
nité excessive des eaux d’irrigation peut provoquer
des dommages vis-à-vis des sols et des plantes [13].
La valeur maximale de la conductivité enregistrée au
niveau des effluents de la STEP est de 3 300 μS/cm et
la valeur minimale est de 1 500 μS/cm avec une
moyenne de 2 300 μS/cm (tableau I). Ces résultats
pourraient être expliqués par le rejet des eaux usées
résiduaires des unités industrielles connectées à la
STEP. Les valeurs de la conductivité enregistrées au
niveau de la STEP sont supérieures à celles qui sont
rencontrées sur le lac de Fouarat à Kenitra au Maroc
par EL GOUAMRI et coll. [14], mais sensiblement
proches de celles trouvées à Chabat Roba, Messdour
et Wadi Z’ommor en Algérie par LYNDA et coll. [15].
Les valeurs moyennes de la conductivité enregistrées
au niveau de l’effluent de la STEP sont légèrement
inférieures à 2 700 μS/cm [11].
2.4. Chlorures
Les chlorures existent dans la quasi-totalité des eaux
à des concentrations très variables. La valeur maxi-
male en chlorures atteinte enregistrée au niveau de
la STEP est de 1 262,09 mg/L et la valeur minimale
est de 682,65 mg/L (tableau I). On note une forte
teneur en chlorures apportée par la société de pêche
utilisant en grande partie de l’eau de mer pour le
traitement des poissons, des poulpes et des seiches.
Les concentrations trouvées au niveau des eaux usées
de la ville de Nouakchott dépassent largement la
concentration limite de rejet direct dans le milieu
récepteur (50 mg/L) [11].
2. 5. Ammonium
Les ions ammonium (NH4+) subissent une nitrifi-
cation par action des bactéries nitrifiantes. L’azote
nitreux (NO2–) provient d’une oxydation incomplète
de l’azote ammoniacal ou par une réduction de
nitrates par dénitrification. Les nitrites sont instables
et sont rapidement transformés en nitrates. L’azote
nitrique (NO3–) est produit par nitrification de l’azote
ammoniacal. Les ions ammonium proviennent de la
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dégradation des protéines animales (cycle de l’azote),
des effluents domestiques (urée) et des ruissellements
urbains [16, 17]. Les teneurs en ammonium varient
entre 65,12 mg/L et 92,56 mg/L NH4+ (tableau I).
2.6. Nitrates
Les nitrates, qui permettent de fournir de l’azote à la
plante, sont les plus problématiques. En effet, appor-
tés en excès, ils peuvent avoir plusieurs impacts néga-
tifs sur les cultures : ils entraînent des retards de
maturation, une altération de la qualité, etc. Sur le
milieu naturel : les nitrates sont les principaux
responsables de l’eutrophisation des milieux aqua-
tiques. Les concentrations des nitrates varient entre
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 Étude
0,51 mg/L et 2,51 mg/L NO3– (tableau I). La compa-
raison des concentrations enregistrées au niveau de
la STEP avec la norme de qualité des eaux destinées à
l’irrigation montre que ces concentrations sont très
inférieures à 50 mg/L, ce qui permet de déduire que
ces effluents sont acceptables pour l’irrigation des
cultures [11].
2.7. Nitrites
Les concentrations des nitrites sont très faibles et elles
varient entre 0,021 28 mg/L et 0,028 5 mg/L NO2–
(tableau I). Les faibles concentrations en nitrites
rencontrées au niveau des eaux usées de l’effluent
étudié pourraient être expliquées par le fait que l’ion
nitrite (NO2–) est un composé intermédiaire, instable
en présence de l’oxygène, dont la concentration est
généralement très inférieure à celle des deux formes
qui lui sont liées, les ions nitrate et ammonium [18].
2.8. Orthophosphates
La grande partie du phosphore organique provient
également des déchets du métabolisme des protéines
et de son élimination sous forme de phosphates dans
les urines par l’homme [19]. Les effluents de la STEP
sont caractérisés par des teneurs en orthophosphates
oscillant entre 14,1 mg/L et 20 mg/L PO43– (tableau I).
La concentration de 10 mg/L en orthophosphates est
une valeur limite acceptable d’un rejet direct dans le
milieu récepteur [11].
2.9. Demande chimique en oxygène
La DCO permet d’apprécier la concentration en
matières organiques ou minérales, dissoutes ou
en suspension dans l’eau, au travers de la quantité
d’oxygène nécessaire à leur oxydation chimique
totale [9]. Les valeurs de la DCO varient entre
378,2 mg/L et 561,8 mg/L avec une moyenne de
466,1 mg/L (tableau I). Les valeurs moyennes de la
DCO sont légèrement inférieures à 500 mg/L, consi-
dérée comme valeur limite de rejet direct [11].
2.10. Coliformes fécaux et streptocoques
fécaux
Dans les effluents de la STEP, la charge microbienne
en coliformes fécaux et streptocoques fécaux est
très importante. Les concentrations varient respec-
tivement entre 1,5·103 et 2,7·103 UFC/100 mL pour les
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coliformes fécaux et entre 1,8·104 et 3·103 UFC/100 mL
pour les streptocoques fécaux (tableau I). Aussi, cette
charge bactérienne dépasse celle préconisée par
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour
les eaux d’irrigation et qui est de l’ordre de
103 UFC/100 mL [20].
Ces bactéries, indicateurs de la pollution fécale,
sont présentes à des concentrations élevées et sont
documentées dans des études épidémiologiques
comme étant associées à un grand risque de contrac-
ter des maladies gastro-intestinales et respiratoires
après contact avec de l’eau polluée [21, 22]. Les
risques sanitaires de la réutilisation des eaux usées
sont liés essentiellement à deux éléments, la conta-
mination de l’environnement et le comportement des
personnes à risques, les exploitants maraîchers, les
enfants des exploitants, les revendeurs et les consom-
mateurs [21].
Conclusion
La qualité et la quantité des eaux usées urbaines
dépendent essentiellement du volume d’eau consom-
mée (dotation journalière par habitant), du pourcen-
tage de cette quantité qui est rejeté à l’égout et qui est
fonction des conditions climatiques, du niveau de vie
de la population raccordée au réseau d’assainis-
sement, des habitudes sociales et du type d’habitat.
Les effluents de la STEP du périmètre maraîcher
du Sebkha présentent des valeurs des paramètres
physico-chimiques (conductivité électrique, chlo-
rures, orthophosphates et DCO) et bactériologiques
(coliformes fécaux et streptocoques fécaux) qui
dépassent les valeurs limites générales pour les eaux
destinées à l’irrigation. Globalement, il apparaît que
sur l’ensemble des formes de pollutions observées
dans les eaux d’irrigation, seule la pollution
bactériologique peut constituer un handicap pour
une réutilisation en agriculture, en plus de la salinité
(exprimée par des valeurs très élevées en conducti-
vité électrique et en chlorures). La réduction de la
salinité pourrait se faire par dilution des effluents
[23]. Mais la dilution pourrait être un inconvénient,
car elle revient à l’utilisation de l’eau potable que l’on
souhaite économiser. La salinité de l’effluent pourrait
être diminuée par osmose inverse, mais ce traitement
 Qualité des eaux usées traitées réutilisées en agriculture
Suivi physico-chimique et bactériologique sur le périmètre maraîcher du Sebkha à Nouakchott (Mauritanie)
est onéreux [24]. Enfin, on pourrait arroser les
plantes de façon sélective, de sorte à n’appliquer
l’effluent que sur les espèces qui tolèrent le sel
[25, 26].
Les risques de maladies peuvent être limités, comme
l’indique l’étude de MARA et CAIRNCROSS [27],
lorsque les eaux sont utilisées en arboriculture par
un certain nombre de mesures, notamment : la
protection des arboriculteurs (gants, bottes,
masques). Cette étude démontre le risque sanitaire
des eaux usées utilisées pour l’irrigation et vient
compléter les autres études qui ont mis en évidence
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usées en agriculture urbaine en Afrique de l’Ouest
[22, 28].
Les campagnes d’analyses physico-chimiques et
bactériologiques qui ont été réalisées ont démontré
que ces eaux usées provenant de la STEP et utilisées
en irrigation dans le périmètre maraîcher du Sebkha
sont intéressantes pour l’agriculture à condition
qu’elles soient correctement traitées. Pour cela, il faut
tenir compte des caractéristiques physico-chimiques
et bactériologiques de ces effluents afin de mettre en
place un modèle de traitement de ces eaux usées.
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la santé publique. OMS, Genève.
[28] NIANG S. (1996) : « Utilisation des eaux usées domes-
tiques en maraîchères périurbaines à Dakar (Sénégal) ».
Sécheresse ; n° 3, vol. 7 : 212-223.

Résumé
A.D. N’DIAYE, M.B. EL KORY, M. EL K.O. CHEIKH, M.O. SID’ A.O. KANKOU, K. IBNO NAMR
Qualité des eaux usées traitées réutilisées en agriculture. Suivi physico-chimique et
bactériologique sur le périmètre maraîcher du Sebkha à Nouakchott (Mauritanie)
Dans le but de suivre la qualité physico-chimique que l’azote se trouve principalement sous forme
et microbiologique des effluents de la station ammoniacale avec une concentration moyenne de
de traitement des eaux polluées (STEP) en vue 75,8 mg/L, tandis que les concentrations des
d’évaluer leur aptitude à l’irrigation maraîchère, formes oxydées de l’azote sont généralement
des campagnes de prélèvements ont été effec- faibles (les concentrations moyennes en nitrates et
tuées entre février 2008 et décembre 2009. en nitrites respectives sont de 1,01 mg/L et
Les résultats des analyses physico-chimiques pré- 0,025 mg/L). Les teneurs moyennes en orthophos-
sentés dans ce travail ont montré que ces effluents phates sont de 18,1 mg/L. La demande chimique
ont des températures atteignant 28,7 °C. Le pH en oxygène présente une teneur moyenne de
oscillant entre la neutralité et la basicité (7,4 et 7,9). 466,1 mg/L. L’analyse microbiologique a révélé de
La salinité des eaux destinées à être utilisées a été fortes concentrations en coliformes fécaux et
déterminée par la mesure de la conductivité élec- en streptocoques fécaux, dont les valeurs dépas-
trique et les chlorures dont les valeurs moyennes sent les normes microbiologiques de l’OMS,
atteignent respectivement 2300 μS/cm et 950,1 mg/L. édictées sur l’usage des eaux usées en agriculture
En ce qui concerne les composés azotés, on constate maraîchère.

A b st ra c t
A.D. N’DIAYE, M.B. EL KORY, M. EL K.O. CHEIKH, M.O. SID’ A.O. KANKOU, K. IBNO NAMR
Quality of treated wastewater reused for agriculture. Physicochemical and bacteriological
effluent monitoring in the vegetable farming area of Sebkha in Nouakchott, Mauritania
In order to monitor the physicochemical and bact- 2300 μS/cm and 950.1 mg/L. As for nitrogen comp-
eriological quality of effluent from the wastewater ounds, it is shown that nitrogen is found mainly in the
treatment plant so as to assess their suitability for ammonium form with an average concentration of
vegetable irrigation, the sampling campaigns were 75.8 mg/L, while the concentrations of oxidized forms
carried out between February 2008 and December of nitrogen are generally low (average concentrations
2009. of nitrates and nitrite, respectively 1.01 mg/L and
The results of physicochemical analysis presented in 0.025 mg/L). The mean levels of orthophosphates are
this work showed that these effluents have a temp- 18.1 mg/L. The chemical oxygen demand has an
erature reaching 28.7 °C. The pH stands between average grade of 466.1 mg/L. The microbiological
neutrality and alkalinity (7.4 and 7.9). The salinity of analysis revealed high concentrations of faecal
the water intended for reuse was determined by coliforms and faecal streptococci, values exceeding
measuring the electrical conductivity and chlorides the microbiological standards of the WHO issued on
with the average values reaching respectively the use of wastewater in agriculture gardening.

46 | TSM numéro 11 - 2013 - 108e année

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