LES TECHNOLOGIES DE LABORATOIRE - 2013, Volume 8, N°30

Article original

Qualité bactériologique et physique des eaux de l’Oued Hassar (Casablanca, Maroc):

Caractérisation et analyse en Composantes principales

PHYSICAL AND BACTERIOLOGICAL QUALITY OF WATER OF RIVER HASSAR (CASABLANCA,

MOROCCO): CHARACTERIZATION AND PRINCIPAL COMPONENT ANALYSIS
FOUAD S.1,2, CHLAIDA M. 2, BELHOUARI A.2, HAJJAMI K.1 et COHEN N. 1

1
Division de Microbiologie et d’Hygiène des Aliments et de l’Environnement, Institut Pasteur du Maroc,
Casablanca
2
Laboratoire d’Ecologie et d’Environnement (LEE), Université Hassan II-Mohammedia-Casablanca, Faculté des
Sciences Ben M’sik, BP 7955-Sidi Othmane, Casablanca, Maroc.

Résumé
La présente étude consiste à évaluer la qualité
bactériologique des eaux d’Oued Hassar en
relation avec les effluents de la localité de
Mediouna et d’appliquer une méthode statistique
d’Analyse en Composantes Principales (ACP)
pour corréler les données de la variabilité spatio-
temporelle des indicateurs bactériologiques à
ceux des paramètres physiques (température, pH,
conductivité électrique et turbidité). Les valeurs
moyennes obtenues révèlent que les eaux de ce
cours d’eau présentent une charge très importante
en bactéries indicatrices de la contamination
d’origine fécale. Les teneurs en coliformes
totaux, coliformes fécaux et streptocoques fécaux
atteignent des valeurs importantes supérieures à
sept log10. De ce fait, la qualité bactériologique
des eaux d’Oued Hassar est classée dans la
catégorie mauvaise à très mauvaise. L’ACP a
révélé que les bactéries indicatrices de la
contamination fécale présentent des corrélations
négatives avec le pH et la conductivité électrique
et des corrélations positives et fortement
significatives avec la turbidité.
Mots clés : Bactéries d’origine fécale, eau, Oued
Hassar, physicochimie, qualité.
Abstract
The objective of this study is to evaluate the
bacteriological quality of water of Oued Hassar in
relation to the wastewater of Mediouna’s location
and also to apply a statistical analysis using the
Principal Component Analysis (PCA) to correlate
data of spatio-temporal variability of bacterial
indicators with those of physical parameters
(temperature, pH, electrical conductivity and
turbidity). The average values obtained indicate
that the water of this river contains a lot of
amount of bacteria that indicates a faecal
contamination. These values, for total coliforms,
faecal coliforms and faecal Streptococci were
hight and more than seven log10. Then the
bacteriological quality of water of oued Hassar is
classified in poor to very poor category. The
Principal Component Analysis revealed that the
indicator bacteria of faecal contamination
presents negative correlations with the pH and the
electrical conductivity, and positive correlations
that are highly significant with turbidity.
Keywords: Faecal bacteria, water, Oued Hassar,
physical chimical, quality.

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INTRODUCTION
Il est communément admis que la détérioration
de la qualité des ressources en eau due aux
activités humaines constitue une menace aussi
importante que celle liée au déséquilibre
quantitatif provoqué par la surexploitation des
ressources hydriques. En effet, en plus de sa
rareté, l’eau est sujette à des pressions croissantes
et continues des besoins de développement
industriel, de l’extension de l’agriculture et de
l’amélioration du cadre de vie de la population
sur le plan hygiénique et sanitaire. Comme les
autres pays du monde, le Maroc n’échappe pas au
fléau de toutes les formes de pollution des
ressources en eau, mais l’activité anthropique
reste la principale cause de la dégradation de leur
qualité.
Au cours des dernières décennies, le rythme de
développement du pays s’est accéléré et diverses
activités anthropogéniques se sont installées dans
plusieurs régions et zones à proximité des
grandes villes et aussi en plein milieu rural. Il en
résulte une production excessive d’eaux usées qui
entrainent des déséquilibres sérieux des
écosystèmes aquatiques et notamment les
principaux cours d’eau [1].
Dans la zone périurbaine du Nord Est du grand
Casablanca (Province de Mediouna), le cours
d’eau d’Oued Hassar était alimenté naturellement
par des sources d’eau saumâtre et jouait un rôle
important dans l’irrigation des cultures,
l’abreuvage du bétail et l’animation éco-
touristique de la zone des cascades. Mais, depuis
quelques années, le cours d’eau reçoit à ciel
ouvert, les rejets d’eaux usées de Mediouna dont
les impacts écologiques et sanitaires sont
multiples et le rôle qu’il assurait sur le plan
agricole se trouve compromis et même très
risqué.
La présente étude consiste à caractériser la qualité
bactériologique des eaux d’Oued Hassar et
d’appliquer la méthode statistique d’Analyse en
Composantes Principales (ACP) pour corréler les
données de la variabilité spatio-temporelle de la
qualité bactériologique aux paramètres physiques
2
(température, pH, conductivité électrique et
turbidité).
MATERIEL ET METHODES
Milieu d’étude et description des stations de
prélèvement
L’Oued Hassar coule dans la zone Nord Est du
grand Casablanca (Province de Mediouna). Cette
dernière fait partie de la grande région du sahel de
Mohammedia-Ben Slimane correspondant à un
plateau incliné vers la mer et traversé par les deux
longues et larges vallées des Oueds Mellah et
Nfifikh [2].
Oued Hassar est un affluent de l’Oued Mellah
(Figure1) qui drainait une partie de la nappe
phréatique de Berrechid, au Sud Ouest, sous
forme de sources. La principale source de l’Oued
est située à 3 Km au Nord-Est de la municipalité
de Mediouna à une altitude de 155 m, les autres
sources se localisent plus en aval tout au long du
cours d’eau. Depuis quelques années et suite aux
effets de sécheresse qui frappe le Maroc depuis
des années, ces différentes sources ont connu un
assèchement important et la plus grande partie
des eaux de l’oued correspond aux effluents
liquides de Mediouna qui se déversent, à
quelques dizaines de mètres de la source
principale, au niveau de la zone de Sidi Brahim
(SBR).
Juste après cette zone de Sidi Brahim, l’Oued
Hassar est canalisé sur une distance d’environ 4
Km où la vallée est légèrement encaissée. Il
arrive ensuite dans une zone plus ouverte où il
déborde de sa canalisation pour former une
première zone marécageuse riche en petites
résurgences et en végétation abondante formée
essentiellement de touffes de Joncs. A la sortie de
cette première zone marécageuse, l’Oued Hassar
reste sur sa canalisation jusqu’à l’entrée de la
région de l’hôpital psychiatrique (HPS) avant de
former une deuxième zone marécageuse plus
petite au point de la confluence avec son affluent
Oued Mouilleh. A l’approche du village de Sidi
Hajjaj (SHJ), l’Oued Hassar revient à sa
canalisation qu’il ne va plus quitter jusqu’à la
retenue du barrage Hassar.
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Figure 1: Situation géographique de la zone d’étude et localisation des stations de prélèvements
A la lumière de ce trajet et des impacts auxquels
le cours d’eau est soumis, trois stations ont été
choisies au niveau du lit de l’Oued Hassar (Figure
1) afin de suivre l’évolution de la qualité de ses
eaux. Ces points de prélèvement sont de l'amont
vers l'aval:
- La station « Sidi Brahim, SBR », située près
du marabout Sidi Brahim, au point de rejet
des eaux usées produites par la localité de
Mediouna. Les principales sources d’eau de
l’Oued sont très proches (300m) mais elles
sont à sec.
- La station « hôpital psychiatrique, HPS » est
localisée près de l’hôpital psychiatrique juste
après la première zone marécageuse. La
station est entourée de quelques habitations
rurales hébergeant des animaux d’élevage
pouvant prendre contact avec les eaux de
l’Oued.
- La station « Sidi Hajjaj, SHJ », située en
amont de la commune Sidi Hajjaj juste au
point de sortie des eaux de la deuxième zone
marécageuse. Le prélèvement a lieu au
3
niveau de la canalisation de l’Oued dans une
zone plate, dépourvue de bordures et servant
de lieu de traversée des habitants entre les
deux rives de l’Oued.
Méthodologie et matériel utilisés
Durant notre étude, nos mesures in situ et nos
prélèvements ont été effectués mensuellement
durant un cycle annuel allant du mois de Mai
2010 jusqu’en Avril 2011. Les mesures in situ de
la température, du pH et de la conductivité
électrique ont été réalisées à l’aide d’un multi-
paramètre portatif (Consort, type C 535) alors que
celles de la turbidité est faite à l’aide d’un
Turbidimètre (EUTECH TN 100).
Pour l’analyse bactériologique, les échantillons
d’eau sont prélevés dans des flacons en verre
stériles et transportés en glacière réfrigérée (4°C)
jusqu’au laboratoire. Le dénombrement des
bactéries indicatrices de la contamination fécale
est réalisé selon la méthode du Nombre le Plus
Probable (NPP). Les normes d’essai adoptées
sont, pour les Coliformes Totaux (CT) V08-
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020/ISO7251, pour les Coliformes Fécaux (CF) Ces valeurs restent inférieures à la valeur limite
V08-021/ISO7402 et pour les streptocoques des 12000 µS/cm fixées par les normes
fécaux (SF) NF EN ISO 9308-3. Pour la marocaines des eaux destinées à l’irrigation [5].
numération des Coliformes, le milieu utilisé est le Les valeurs moyennes de la turbidité (figure 2, d)
Bouillant Lactosé Bilié au Vert Brillant (BLBVB) varient entre 19,4 NTU enregistrée à SHJ et 346,7
avec cloche de Durham, la température NTU signalée à SBR. Les valeurs maximales,
d’incubation est à 37°C pour les CT et à 44°C quand à elles, sont comprises entre 599 NTU au
pour les CF. Pour les SF, le milieu de culture niveau de SBR et 42,8 NTU au niveau de SHJ
utilisé est le milieu Rothe (test présomptif) et le montrant ainsi un gradient de turbidité
milieu Litsky (test confirmatif), l’incubation est à décroissante de l’amont vers l’aval.
37°C. La lecture finale s’effectue selon les
prescriptions de la table de Mac Grady [3].
L’étude statistique a été basée sur l’ACP. Les
matrices de corrélation inter-élémentaire, la
projection des variables et des individus dans
l’espace des axes F1et F2 ont été obtenues avec le
Logiciel R [4].

RESULTATS

Les paramètres physiques : Température, pH,

conductivité électrique et turbidité (Figure 2)

La température des eaux des différentes stations

étudiées (figure 2, a) varie en moyennes entre
19,1°C et 21,7°C. Les valeurs maximales qui
atteignent 28°C en été, enregistrées au niveau des
stations SBR et SHJ, restent donc inferieures à
35°C considérée comme valeur limite préconisée
par les normes marocaines des eaux destinées à
l’irrigation [5].
Les valeurs moyennes du pH montrent des
fluctuations au niveau des stations étudiées
(figure 2, b) allant de 6,5 à 7,6 alors que les
valeurs extrêmes varient en été entre 3,2 mesurée
en amont (SBR) et 8,4 enregistrée en aval (SHJ).
Les valeurs moyennes restent généralement
comprises entre 6,5 et 8,4, considérées comme
intervalle des valeurs limites des normes
marocaines des eaux destinées à l’irrigation [5].
La conductivité électrique de nos eaux (figure 2,
c) enregistre des valeurs moyennes allant de 3220
µS/cm (SBR) à 4420 µS/cm (HPS). Les valeurs
maximales obtenues en été varient entre 5340
µS/cm (SBR) et 5540 µS/cm (SHJ) alors que les Figure 2: Variation spatiotemporelle de la
minimales enregistrées en hiver sont comprises température (a), le pH (b), la conductivité (c) et la
entre 2470 µS/cm (SBR) et 3510 µS/cm (HPS). turbidité (d) au niveau des eaux d’Oued Hassar

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Les paramètres bactériologiques
Les résultats obtenus durant notre période d’étude
(Figure 3) montrent que les concentrations en CT,
CF et en SF enregistrées au niveau de nos eaux
sont très importantes et varient respectivement
entre 7,4.10³ NPP/100ml et 4,6.10¹º NPP/100ml
pour les CT, 9,2.10² NPP/100 ml et 4,6.109
NPP/100 ml pour les CF et entre 2,3.103 NPP
/100 ml et 6,4.108 NPP/100 ml pour les SF. Les
valeurs les plus élevées des CT, CF et SF sont
enregistrées au niveau de la station SBR, alors
que les plus faibles ont été obtenues au niveau de
la station SHJ.
Figure 3 : Variation spatiotemporelle de la
concentration en coliformes totaux (a), en
coliformes fécaux (b) et en streptocoques fécaux (c)
au niveau des eaux de l’Oued Hassar.
5
Détermination de l’origine de la contamination
fécale
L’origine de la contamination fécale est
déterminée par le rapport quantitatif R: CF/SF.
Selon les critères définis par Borrego & Romero
[6], la contamination est d’origine animale si le
rapport R est inférieur à 0,7, elle est d’origine
humaine si R est supérieur à 4. L’origine de la
contamination est mixte à prédominance animale
si R est compris entre 0,7 et 1. Cette origine est
incertaine si R est compris entre 1 et 2 et l’origine
est dite mixte à prédominance humaine si R se
situe entre 2 et 4.
Tableau 1 : Origine de la contamination fécale des
eaux d’Oued Hassar
Stations CF/SF Origine
SBR 5 Strictement humaine
mixte à prédominance
HPS 0,89
animale
SHJ 6,25 Strictement humaine
Etude statistique
Pour le traitement des données par ACP, nous
avons utilisé 7 variables: La température, le pH,
la conductivité électrique, la turbidité, les teneurs
en CT, en CF et en SF et comme individus les 12
prélèvements effectués mensuellement en
fonction des trois sites choisis au niveau d’Oued
Hassar.
Pour faciliter la visualisation des nuages de
points, on les a projetés dans un espace à deux
dimensions. Le pourcentage d’inertie expliqué
par les deux axes formant un plan (F1 et F2) est
de 78,48% de la variance totale. Ces deux axes
sont pris en considération pour la description de
la distribution des variables et des individus sur le
plan principale.
La Figure 4 nous révèle la projection des
variables dans l’espace des axes factoriels F1 et
F2. La Projection des individus dans l’espace des
axes F1 et F2 est présentée par la Figure 5. Les
matrices de corrélations inter-élémentaires sont
données par le Tableau 2.
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DISCUSSION
La température des eaux des stations d’étude de
notre cours d’eau montre une certaine stabilité
spatiale et ne dépasse pas les 28°C. Au même
moment et dans toutes les stations étudiées, la
température des eaux suit des variations
saisonnières similaires. Les minimums ont été
observés en hiver (13°C) et les maximums en été
(28°C). En se référant à ces résultats, nous
pouvons dire que le profil des variations
annuelles des températures de l’eau suit celui des
températures atmosphériques en rapport avec le
climat de la région.
Malgré une certaine stabilité spatiale, l’évolution
Figure 4 : Projection des variables dans l’espace
temporelle du pH montre des fluctuations
des axes F1 et F2
importantes au niveau de la station SBR qui
peuvent parfois atteindre des valeurs d’acidité
extrêmes de 3,2. Ces valeurs sont confirmées par
les données de la turbidité des eaux qui
enregistrent des valeurs importantes
particulièrement en amont et qui auraient
diminuées l’activité photosynthétique des algues
et donc le pH des eaux. Ces fluctuations seraient
dues essentiellement aux déversements des eaux
usées de la localité de Mediouna.
Pour la minéralisation des eaux, les valeurs de la
conductivité électrique restent assez élevées et
dépassent celles enregistrées par Derwich et al.
[7] au niveau de l’Oued Fès et le haut Sebou et
par Lamrani et al. [8] et El Addouli et al. [9] au
Figure 5 : Projection des individus dans l’espace
niveau de l’Oued Boufekrane de la région de
des axes F1 et F2
Meknès. Cette minéralisation élevée de ces eaux
serait partiellement liée à une dissolution des
Tableau 2 : Matrice des corrélations inter- couches salifères locales du trias comme l’ont
élémentaires signalé Fawzi [8] et Oubraim [9] au niveau de
tout le réseau hydrographique de l’Oued Mellah.
T° pH CE Turb CF CT SF L’enrichissement des eaux de l’Oued Hassar par
T° 1,00 la charge bactérienne rejetée par la localité de
pH -0,03 1,00 Mediouna, s’observe nettement au niveau de la
CE 0,32 0,20 1,00 station SBR, la plus proche du point de rejet et où
Turb 0,17 -0,50 -0,44 1,00 sont signalées les valeurs les plus élevées en
bactéries indicatrices de la contamination fécale
CF 0,02 -0,43 -0,61 0,82 1,00
donc d’origine humaine comme il est confirmé
CT -0,04 -0,34 -0,58 0,78 0,91 1,00
par la valeur du rapport R (tableau 1). Ces valeurs
SF 0,00 -0,43 -0,63 0,81 0,89 0,84 1,00 moyennes atteignent respectivement 8,6.109
NPP/100ml pour les CT, 1,1.109 NPP/100ml pour

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les CF et 2,2.10⁸ NPP/100ml pour les SF. Les
charges bactériennes de nos eaux sont supérieures
à celles enregistrées dans les effluents urbains
d’Oujda Abouelouafa et al. [12] et de Meknes El
Addouli et al. [13].
Plus en aval, au niveau de la station SHJ où les
teneurs moyennes en bactéries sont de l’ordre de
1,8.106 NPP/100ml pour les CT, 1.106
NPP/100ml pour les CF et 1,6.10⁵ NPP/100ml
pour les SF, on assiste à une régression de la
concentration de la charge bactérienne, résultat
d’une épuration partielle de l’Oued Hassar. Ces
teneurs bactériennes, qui seraient d’origine
humaine selon le rapport R, restent supérieures à
celles signalées par Kadri et al. [14] au niveau de
l’Oued Za (Maroc oriental) et par Lamrani et al.
[8] et El Addouli et al. [9] au niveau de l’Oued
Boufekrane (région de Meknès). En se référant
aux normes marocaines des eaux de surfaces [15],
nous pouvons classer la qualité bactériologique
des eaux d’Oued Hassar dans la catégorie
mauvaise à très mauvaise. En outre, ces eaux sont
inaptes pour une utilisation en agriculture vu
qu’elles dépassent largement la valeur limite des
1000/100ml fixées les normes des eaux destinées
à l’irrigation [5].
La variation temporelle des bactéries indicatrices
de la contamination d’origine fécale montre des
fluctuations pendant la période d’étude. Les
charges sont peu élevées en automne et en hiver
par rapport au reste de l’année. Les fluctuations
observées au cours de notre cycle d’étude seraient
probablement dues à la composition des effluents
liquides reçus qui est lié aux modifications des
habitudes humaines (nutrition, etc.) et aux
conditions d’hygiène alimentaire et sanitaire qui
s’améliorent en automne et en hiver
contrairement à l’été.
L’origine de la contamination fécale au niveau
des eaux de l’Oued Hassar est strictement
humaine, ceci révèle l’impact majeur des rejets de
la localité de Mediouna. Mais au niveau de la
station HPS, qui est entourée de quelques
habitations rurales, l’origine de la contamination
est mixte à prédominance animale. Ces résultats
peuvent être attribués à la présence des animaux
7
d’élevage pouvant contaminer les eaux de
l’Oued.
L’analyse des données physiques et
bactériologiques en composantes principales
montre que l’arrangement des stations de l’Oued
Hassar dans le plan défini par le premier et le
deuxième axe a révélé l’existence de deux
groupes d’eau (Figure 4 et 5).
- Un premier groupe de stations dans la partie
positive de l’axe F1, caractérisé par des eaux
turbides et fortement chargées en CT, en CF
et en SF localisés en amont de l’Oued Hassar.
- Un deuxième groupe où l’axe F2 range les
stations aval de l’Oued Hassar (HPS et SHJ),
caractérisé par des eaux à minéralisation
élevée.
Cette discrimination des groupes de stations est
liée plus au régime irrégulier et à la composition
des eaux usées de Mediouna qu’à la saisonnalité.
L’étude de corrélation entre les variables
(Tableau 2) a montré une corrélation négative
entre les bactéries indicatrices de la
contamination d’origine fécale et le pH. Ces
résultats corroborent avec ceux rapportés par
N’diaye et al. [16]. En effet, lorsque le pH
s’éloigne de la neutralité la survie des bactéries
semble être affectée négativement [17].
Une corrélation négative a été observée entre les
bactéries indicatrices de la contamination
d’origine fécale et la conductivité électrique qui
traduit le degré de minéralisation globale et
renseigne sur le taux de salinité. En effet,
Bennani et al. [18] et Chedad et al. [19] ont
montré que la salinité est un facteur de stress très
important que subissent les bactéries de pollution
fécale dans le milieu salé.
Une Une corrélation positive et fortement
significative a été observée entre les bactéries
indicatrices de la contamination d’origine fécale
et la turbidité. Ces résultats concordent avec ceux
de N’diaye et al. [16] et peuvent être expliqués
par la présence naturelle des particules en
suspension dans l’eau, comme le limon, l’argile,
les matières organiques et inorganiques en
particules fines, le plancton et d’autres
microorganismes qui protègent les bactéries et les
virus contre la désinfection (Hudson 1962 in
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N’diaye et al. [16]. conductivité électrique affectent négativement la

CONCLUSION
L’étude de la qualité des eaux d’Oued Hassar
nous a permis de mettre en relief l’impact direct
de la pollution globale, générée par le rejet des
eaux usées brutes, domestiques et industrielles de
Mediouna.
L’étude statistique a montré que la turbidité
élevée est à la faveur d’une charge importante en
bactéries indicatrices de la contamination
d’origine fécale, tandis que le pH et la
charge en ces bactéries.
En effet, si la forte minéralisation des eaux
d’Oued Hassar a une origine naturelle, l’étude
bactériologique confirme bien qu’il y a une
dégradation de l’écosystème aquatique et que ces
eaux sont inaptes pour une utilisation en
agriculture. Afin d’améliorer cette situation et
pour une bonne préservation du milieu récepteur,
un projet d’installation d’une station d’épuration
est en cours permettant le traitement des eaux
usées de Médiouna et leur réutilisation en
irrigation agricole.

REFERENCES

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8
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