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THÈSE
Présentée devant
L'UNIVERSITÉ MOHAMED 1ER
en vue de l'obtention du titre de
DOCTEUR ES-SCIENCES
Discipline : Géologie
par
Hamid HADDOUMI
SÉDIMENTOLOGIE, STRATIGRAPHIE ET
PALÉOGÉOGRAPHIE
Président :
Mr M. BOUGHRIBA Professeur à l'Université Mohamed 1er, Oujda
Examinateurs :
Mme Kh. BENSHILI Professeur à l'ENIM, Rabat
MM. L. BOUDCHICHE Professeur habileté à l'Université Mohamed 1er, Oujda
M. BOUTAKIOUT Professeur à l'Université Mohamed V, Rabat
A. CHARRIÈRE Maître de conférences à l'Université de Toulouse III
Ch. MANGOLD Professeur à l'Université de Lyon I
M. OUJIDI Professeur habileté à l'Université Mohamed 1er, Oujda
Avant-propos............................................................................................................................................... 1
Résumé........................................................................................................................................................ 3
Abstract....................................................................................................................................................... 4
........................................................................................................................................................... 5
PREMIÈRE PARTIE
GÉNÉRALITÉS
Introduction................................................................................................................................................. 9
1- Problèmes abordés............................................................................................................................. 9
2- Méthodologie..................................................................................................................................... 9
Ch. II - Historique...................................................................................................................................... 15
DEUXIÈME PARTIE
TROISIÈME PARTIE
LITHOSTRATIGRAPHIE ET PALÉOENVIRONNEMENT
DES DIFFÉRENTES FORMATIONS DES COUCHES ROUGES
QUATRIÈME PARTIE
Introduction .............................................................................................................................................157
SIXIÈME PARTIE
CONCLUSIONS GÉNÉRALES
Ch. III - Bilan de la comparaison avec les aires sédimentaires à Couches rouges .................................. 197
Il m'est agréable de remercier ici tous ceux qui ont contribué à l'achèvement de ce
mémoire.
Mr R. du Dresnay a été mon guide expérimenté de la géologie marocaine, c'est lui qui
m'a proposé la région d'Anoual comme terrain de recherche. Qu'il trouve ici l'expression de
ma sincère reconnaissance.
Je remercie infiniment Mme Kh. Benshili qui a bien voulu assurer mon encadrement.
Je lui suis reconnaissant pour ses conseils et critiques et pour la confiance qu'elle m'a
accordée tout au long de ce travail.
Mes vifs remerciements à Mr Ch. Mangold qui m'a initié à la recherche et qui a
continué de me faire profiter de sa longue expérience. Je le remercie vivement des
encouragements et de la critique du manuscrit. Il me fait aujourd'hui l'honneur de participer à
ce jury.
1
Je voudrais également remercier pour leur soutien constant et leurs nombreux
services, mes collègues : D. Khattach, M. Jadid, O. Azzouz, H. Aouraghe, M. Oujidi, H. Rezqi,
Y. Zaghloule, L. Boudchiche, M. Et-Touhami, Y. Khoukhi, A. Torbi, T. Sehbi, B. Ouahhabi, et
les autres.
Mes pensées vont également aux habitants d'Anoual, en particulier à la famille Taïbi
(Bel Rharras), pour leur accueil chaleureux tout au cours de mes compagnes de terrain.
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RÉSUMÉ
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BATHONIAN AND LOWER CRETACEOUS DETRITAL FORMATIONS
"RED BEDS" OF ANOUAL REGION (EASTERN HIGH ATLAS, MOROCCO) :
SEDIMENTOLOGY, STRATIGRAPHY AND PALEOGEOGRAPHY
ABSTRACT
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PREMIERE PARTIE
GÉNÉRALITÉS
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INTRODUCTION
1- PROBLÈMES ABORDÉS
2- MÉTHODOLOGIE
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sur de courtes distances. En plus de la réalisation de lames minces pour l'observation
des microfaciès, l'extraction des microfossiles à partir de roches dures par attaque à
l'acide acétique anhydre s'est avérée souvent très utile dans le cas où les niveaux tendres
faisaient défaut. J'ai fait appel à des spécialistes pour la détermination des microfossiles
(ostracodes, charophytes, foraminifères) et de la macrofaune (brachiopodes,
lamellibranches).
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CHAPITRE I
Le Haut Atlas oriental, prolongement naturel du Haut Atlas central, est limité à
l'Est par la plaine de Tamlelt à substratum paléozoïque et se poursuit en Algérie par
l'Atlas saharien. Il est bordé au Nord par le domaine des Hauts Plateaux et au Sud par
l'Anti Atlas oriental constituant la partie septentrionale du craton saharien. A l'exception
des boutonnières paléozoïques, les montagnes du Haut Atlas oriental sont constituées
essentiellement d'une couverture tabulaire ou plissée jurassique et crétacée. Dans les
chaînons bordiers, les terrains jurassiques affleurent largement à côté des terrains
crétacés.
Il est généralement admis que le sillon atlasique est apparu après une phase de
fracturation initiale intense au Trias, superposée à un canevas hercynien (du Dresnay,
1975 ; Van Houten, 1976 ; Piqué et Laville, 1993a ; 1993b) de direction générale SW-
NE. Cette fracturation qui permet l'épanchement de coulées basaltiques est en relation
avec la phase initiale d'ouverture de l'Atlantique central.
Le Haut Atlas oriental, comme le reste du domaine des chaînes atlasiques, était
le siège d'une sédimentation d'abord essentiellement carbonatée (Lias inférieur et
moyen) puis à dominante marneuse (du Toarcien jusqu'au Bajocien p. p.). Cette dernière
sédimentation correspond à une phase de remplissage du bassin (du Dresnay, 1979)
suivie d'une phase de comblement durant le Bathonien avec des sédiments de moins en
moins profonds et de plus en plus terrigènes. Pendant le Jurassique, le domaine des
chaînes atlasiques était ouvert vers le NE sur la Téthys. De nombreux auteurs (Choubert
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et Faure-Muret, 1960-62 ; Michard,1976 ; du Dresnay, 1979 ; etc.) ont donné en détail
les principaux éléments de la paléogéographie jurassique.
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14
CHAPITRE II
HISTORIQUE
Le Haut Atlas oriental, comparé aux autres régions du domaine atlasique, n'a fait
l'objet que de rares études sédimentologiques et stratigraphiques. Les recherches
géologiques des premiers auteurs concernaient essentiellement la cartographie et la
métallogénie, vu la richesse et les potentialités de cette région en substances utiles. Les
problèmes sédimentologiques et stratigraphiques, entre autres, restent nombreux.
Les travaux plus détaillés de du Dresnay dans le Haut Atlas oriental se sont
soldés par un grand nombre de publications ; c'est à lui qu'on doit la couverture en deux
cartes au 1/200 000 du Haut Atlas oriental (du Dresnay, 1964a ; 1977). Ces cartes
constituent une base précieuse pour toute recherche dans la région. Le même auteur s'est
intéressé également à la stratigraphie des Couches rouges de la région d'Anoual et de
Jbel Houanite (du Dresnay, 1956 ; 1969) et aux relations entre les faciès du sillon
atlasique et les faciès des Hauts Plateaux (du Dresnay, 1963a ; 1965 ; 1967-71). Il
apporta des précisions stratigraphiques et paléogéographiques essentielles, décrit les
phénomènes récifaux jurassiques du domaine atlasique et localise de nombreux
gisements d'ammonites.
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D'autres travaux ont été réalisés au Jbel Mechkakour et son récif dans le cadre de
recherches pétrolières par les géologues de l'A. G. I. P. et de la Société chérifienne des
pétroles (1963-64).
Par ailleurs, les terrains jurassico-crétacés des régions voisines (Hauts Plateaux
méridionaux et Plis marginaux) ont été étudiés par Médioni et Caïa. Les travaux de
Médioni ont aboutit à la publication de quatre cartes géologiques au 1/100 000 avec
notices explicatives (Médioni, 1968 ; 1969). Dans les Plis marginaux et le Rekkame,
Caïa s'est intéressé aux minéralisations et à leur relation avec la sédimentation détritique
jurassico-crétacée (Caïa et Emberger, 1967 ; Caïa, 1969), il est l'auteur d'une carte
géologique au 1/200 000 sur laquelle sont reportés les différentes minéralisations. La
partie SE de cette carte couvre la majeure partie du synclinal d'Anoual et du Jbel
Mechkakour ; Caïa reprend pour cette région les levés inédits de du Dresnay (1963-65)
et ceux de Bouchta (1967). Cette carte complète vers l'W et le NW la carte géologique
au 1/200 000 d'Anoual-Bou Anane (du Dresnay, 1977). Rappelons qu'aucune carte
géologique n'a été éditée à l'échelle 1/100 000 ou 1/50 000 pour le Haut Atlas oriental.
Plus récemment, Monbaron (1988) s'est penché sur la datation des Couches
rouges d'Anoual en se basant sur une étude des matériaux détritiques fins (Monbaron et
Zweidler, 1987). Il apporte des précisions (Sigogneau-Russell et al., 1990) sur l'âge du
fameux gisement de micromammifères, découvert dans les Couches rouges d'Anoual
(Sigogneaux-Russell et al., 1988 ; Sigogneaux- Russell, 1989).
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CHAPITRE III
LA COUVERTURE SÉDIMENTAIRE
DE LA RÉGION D'ANOUAL
Dans les environs d'Anoual et du Jbel Mechkakour, seuls affleurent les terrains
de la couverture (Jurassique et Crétacé). La succession des terrains ainsi que les
découpages stratigraphiques des anciens auteurs seront résumés ci-dessous. Des détails
concernant la sédimentation jurassique marine, précédant les Couches rouges, seront
donnés dans la deuxième partie.
1- "TRIAS"
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2- JURASSIQUE
2-1- Lias
Dans les environs d'Anoual, le Lias débute par des faciès carbonatés (Lias
inférieur et moyen) et se termine par des marnes du Toarcien (du Dresnay, 1963e). Il
affleure essentiellement au Sud d'Anoual (Jel Bou Rharraf) et forme le coeur de certains
anticlinaux (Jbel Skindis, Jbel Bou Khechba, Foum Messaoud, ...) (fig. 2).
2-2- Dogger
Le Jurassique moyen est essentiellement représenté par des marnes et des barres
calcaires.
Ils sont représentés par des barres calcaires bleu-noir à nombreuses empreintes
de Cancellophycus. Les Calcaires à Cancellophycus s'épaississent vers le Nord pour
donner la masse dolomitique du Jbel Mechkakour.
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d- Marno-calcaires à pholadomyes (Bajocien supérieur - Bathonien inférieur)
Ces Couches rouges, déjà annoncées par des passées rutilantes au sein des
Marno-calcaires à pholadomyes, correspondent à une série détritique à dominante
continentale. Leur âge est vivement discuté (historique in du Dresnay, 1956 et 1969).
Les Couches rouges des synclinaux d'Anoual et de Ksar Jilali présentent des
intrusions de gabbro et dolérites attribuées sans arguments au Jurassique supérieur (du
Dresnay, 1977). Ces intrusions recoupent au moins la base des Couches rouges
jurassiques.
f- Pulsations tectoniques
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3- CRÉTACÉ
3-1- Infracénomanien
3-3- Cénomano-Turonien
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jaunes à concrétions siliceuses (Santonien-Campanien?). Le dernier terme du Crétacé
supérieur est un calcaire roux attribué avec doute au Campanien (Médioni, 1960).
4- TERTIAIRE
5- QUATERNAIRE
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CHAPITRE IV
Le tableau I regroupe les symboles et figurés utilisés dans les coupes ou les
cartes, sauf indication contraire, lorsqu'il s'agit d'illustrations empruntées à d'autres
auteurs.
La localisation des principales coupes est donnée par la carte de la fig. 3. Les
principaux lieux cités figurent sur cette carte et sur les deux cartes (fig. 1 et 2) de la
partie "Généralités".
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DEUXIEME PARTIE
LA SÉDIMENTATION JURASSIQUE
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26
CHAPITRE I
1- INTRODUCTION
Le Haut Atlas oriental, comme le reste des sillons atlasiques, présente une
succession lithologique jurassico-crétacée assez diversifiée dont l'épaisseur cumulée
dépasse 3000 m dans les environs d'Anoual.
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Jbel Skindis à l'Ouest d'Anoual (fig. 1). Les formations liasiques correspondent, dans les
environs d'Anoual, aux deux premières mégaséquences (S1 et S2, fig. 4) . Le Lias
affleure essentiellemet au Sud d'Anoual (Jbel Bou Rharraf) et forme le coeur de certains
anticlinaux (Jbel Skindis, Jbel Bou Khechba, Foum Messaoud, ...) (fig. 2).
Une coupe-type a été levée par du Dresnay (1963e) au Jbel Bou Rharraf à
proximité du village d'Anoual. Le Lias débute ici par plus de 500 m de dolomies en gros
bancs et de calcaires dolomitiques, les parties les plus calcaires contiennent des
spiriférines ; au-dessus viennent des calcaires massifs en gros bancs (150 m) et des
calcaires à rognons siliceux en bancs épais (80 m). Cet ensemble, rattaché au
Sinémurien supérieur (Lotharingien), correspond à la mégaséquence S1.
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PALÉOGÉOGRAPHIE
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également le remplissage de fentes ouvertes dans les calcaires massifs récifaux du Jbel
Bou Dahar (filons sédimentaires = dykes neptuniens) ; ces phénomènes sont liés à une
tectonique extensive au Toarcien inférieur (du Dresnay, 1979). Les Marnes toarciennes
sont l'équivalent des Marnes de Skindis, dans les environs du Jbel Mechkakour
(Bouchta, 1967)
PALÉOGÉOGRAPHIE
- dans les environs d'Anoual (synclinaux d'Anoual et de Ksar Jilali, partie SW de la ride
du Jbel Mechkakour), la sédimentation présente les caractères du sillon atlasique (zone
subsidente) ;
- au Nord du Jbel Mechkakour, la sédimentation est réduite ; elle reflète une plate-
forme peu profonde (domaine des Hauts Plateaux);
- ces deux domaines sont séparés par une zone intermédiaire (ride intermédiaire)
matérialisée par le récif du Jbel Mechkakour d'âge aaléno-bajocien.
Les variations de faciès qui s'observent entre ces trois domaines permettent la
compréhension de la stratigraphie des Hauts Plateaux. Elles ont été signalées par
Choubert (1938b) et étudiées par du Dresnay (1963a, 1965, 1967-71) et Bouchta (1967).
L'illustration de ces variations de faciès ainsi que la limite hypothétique entre les faciès
des Hauts Plateaux de ceux du sillon atlasique est donnée par les figures 5 et 6.
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4- MÉGASÉQUENCE S4 (MARNES DE TALSINT ET CALCAIRE CORNICHE)
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CHAPITRE II
LE CALCAIRE CORNICHE
1- INTRODUCTION
Le Calcaire corniche a été défini dans le Moyen Atlas dans les environs de
Boulemane par Termier (1936). Il est également désigné par le terme de Formation de
R'cifa (Colo, 1961-1964 ; du Dresnay, 1963c) et constitue le <<Complexe I>> dans la
subdivision de Choubert et Faure-Muret (1967). Contrairement à ce qu'on peut constater
dans notre région d'étude, le Calcaire corniche peut être dédoublé dans le Moyen Atlas.
Dans le Haut Atlas oriental, le Calcaire corniche est une formation calcaréo-
marneuse "périrécifale" à Flabellothyris (Terebratella) oranensis Flam. et
Psephechinus quoniami Gauthier (du Dresnay, 1963c ; 1977).
2- BIOSTRATIGRAPHIE
Selon du Dresnay (1965), l'âge du Calcaire corniche est mal précisé (Bajocien
inférieur à supérieur). Seuls quelques Strigoceratidés y ont été découverts, qui ne
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permettent pas de lui assigner un âge précis en toutes régions. Du Dresnay (1963a ;
1967-71) propose un âge "Bajocien moyen" (zones à Sauzei-Humphriesianum) (=
Bajocien inférieur élevé dans la nouvelle échelle d'ammonites du Bajocien, Groupe
Français d'Etude du Jurassique, 1991). Une biostratigraphie des brachiopodes du
Jurassique moyen dans le domaine atlasique marocain et algérien (Alméras et al., 1994)
permet d'attribuer le Calcaire corniche au Bajocien supérieur (zone à Flabellothyris
oranensis). Cette zone de brachiopodes correspond dans l'échelle des ammonites à la
zone à Niortense-début de la zone à Garantiana.
Une coupe (coupe C1, fig. 3) a été levée dans le compartiment oriental, à
environ 1km à l'ENE d'Anoual. Sur les Marnes de Talsint qui forment une combe
revêtue d'éboulis, apparaissent des bancs irréguliers et noduleux (10 à 20 cm
d'épaisseur) de calcaire lithographique noir. La faune est représentée par de rares
lamellibranches et gastéropodes. Au-dessus de ces bancs de transition appparaissent des
bancs plus épais riches en coraux rameux (branchus) et compacts, associés à des
échinodermes, gastéropodes, lamellibranches, algues (Dasycladales) et foraminifères
benthiques. Ce deuxième ensemble s'achève par un banc massif saillant d'environ 4 m
d'épaisseur (n° 15, fig. 7). Les bancs suivants sont plus minces à la base, séparés parfois
par des joints marneux centimétriques. Les joints marneux peuvent s'épaissir et contenir
des nodules calcaires (niveaux 17a et 17b). Le contenu fossile se compose de
madréporaires (formes coloniales ramifiées et compactes), de térébratules, de
lamellibranches et gastéropodes.
La moitié inférieure de la coupe d'Anoual (fig. 7) montre une nette stratocroissance, les
bancs sont à la base de quelques décimétres d'épaisseur avec parfois des joints ou des
intercalations marneuses, puis commencent à s'épaissir pour passer à des bancs
massifs métriques saillants dans la topographie (pl. 1). Les bancs massifs de la moitié
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inférieure sont plus riches en polypiers par rapport aux bancs massifs et aux barres
pluridécimériques à métriques de la moitié supérieure, avant le passage à la formation
des Marno-calcaires à pholadomyes. Les bancs calcaires de la moitié supérieure sont
lithographiques, irréguliers ou noduleux ; ils ne montrent que des bioclastes très
dispersés de lamellibranches et gastéropodes, les polypiers semblent disparaître.
5- LE CONTENU FOSSILIFERE
5-1- LA MICROFAUNE
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Lenticulina sp., Ichtyolaria lignaria TERQUEM, Citharina harpa ROEMER,
Dentalina intorta TERQUEM, Dentalina pseudocommunis FRANKE.
En lame mince les foraminifères et les algues reconnus (dét. M. Mehdi) sont :
Ammobacculites coprolithiformis, Pseudocyclammina sp., Valvulina sp., Cayeuxia piae.
Parmi les ostracodes (dét. en cours par F. Dépêche) on peut citer les genres
Cytherella et Bairdia.
5-2- LA MACROFAUNE
6- PALÉOENVIRONNEMENT ET PALÉOGÉOGRAPHIE
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Dans la région du Jbel Mechkakour, où le Calcaire à Cancellophycus et les
marnes de Talsint passent latéralement au récif du Jbel Mechkakour puis à la Dalle des
Hauts Plateaux (fig. 6), le Calcaire corniche <<s'épaissit d'abord, présente des
bourgeonnements récifaux et peut même se dédoubler en langues récifales appuyées sur
la masse dolomitique principale, puis il se réduit ; mais il ne se fond jamais dans cette
masse et son contact de base est souligné par un hard-ground ferrugineux qui peut être
suivi pas à pas>> (du Dresnay, 1967-71, p. 152). Le Calcaire corniche se confond, à 2
km à l'Est du Jbel Mechkakour, avec la série calcaire de la dalle des Hauts Plateaux,
Selon du Dresnay (1965), dans la région nord-ouest des Hauts-Plateaux, il n'a pas été
prouvé que la dalle des Hauts Plateaux englobe le Calcaire corniche, il serait représenté
par un hard ground. Par contre, Médioni (1968) considère le niveau marneux à
Flabellothyris oranensis Flam., localisé dans la partie supérieure de la dalle des Hauts
Plateaux, comme étant l'équivalent du Calcaire corniche des Atlas.
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CHAPITRE III
1- INTRODUCTION
2- BIOSTRATIGRAPHIE
Les seuls gisements d'ammonites connus jusqu'à présent dans cette région ont été
découverts par du Dresnay (1963a) qui cite une abondante faune d'ammonites, trouvée
dans les bancs de la partie basale, nettement au-dessous d'un horizon calcaire à
Bothriopneustes galhauseni LAMBERT ; il s'agirait de "Clydoniceras" très plats et de
quelques ammonites de section lancéolée. Dans une publication plus récente (1967-1970),
du Dresnay cite Thambites planus ARKELL et des formes (dont l'appartenance générique
est douteuse) rappelant ?Thambites avus ARKELL. Une révision plus récente des
ammonites du Jbel Mechkakour ( Enay et al., 1987) a permis de rapporter les formes
oxycones à "Clydoniceras" avus au lieu de ?Thambites avus. La formation des Marno-
calcaires à pholadomyes de la région d'Anoual-Jbel Mechkakour, contient donc seulement
des formes arabiques : "Clydoniceras" avus et Thambites planus ; elles sont datées,
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grâce à leur association à des formes européennes du Bajocien supérieur (Enay et al.,
1987). Les ammonites du Jbel Mechkakour marqueraient le sommet du Bajocien
supérieur (zone à Parkinsoni).
L'âge adopté pour cette formation est Bajocien supérieur- ?Bathonien inférieur. La
présence du Bathonien inférieur dans la partie sommitale de la formation reste probable,
comme c'est le cas dans la formation d'Ich Timellaline, dans le Moyen Atlas (du Dresnay,
1963c).
3- SUCCESSION LITHOSTRATIGRAPHIQUE
Malgré la médiocrité des affleurements, des coupes partielles ont pu être levées à
l'Ouest (coupe C4, fig. 3) et à l'Est (coupes C2 et C3, fig. 3) du village d'Anoual. La coupe
C3 existe grâce à l'érosion de l'oued Anoual. Les lithofaciès peuvent être définis et suivis
de bas en haut surtout pour les deux tiers supérieurs de la formation. Sur la coupe C4,
seuls affleurent localement les niveaux indurés. Les bancs calcaires, de faible épaisseur,
sont extraits par l'homme pour la construction. Les niveaux marneux, généralement
cachés par les éboulis, sont verdâtres avec parfois des taches ocres.
3-1-1- COUPE C4
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affleurent localement des marnes à intercalations calcaires et gréseuses centimétriques à
décimétriques (fig. 8).
L'essentiel des bancs indurés est constitué par des bancs calcaires (plus ou moins
argileux) et gréseux.
Les bancs calcaires de très faible épaisseur (rarement plus de 20 cm) peuvent être
superposés en petites barres ou séparés par des joints marneux. Ils sont bioclastiques, de
couleur grise, verdâtre, ocre ou orangé (à taches de dolomitisation). Les surfaces des
bancs sont irrégulières, avec parfois une accumulation de lamellibranches. Plusieurs bancs
présentent un débit en plaquettes centimétriques irrégulières. Des granoclassements de
bioclastes peuvent être observés. Les bancs de la partie supérieure sont remarquables par
leur richesse en rhynchonelles ; ils sont souvent lumachelliques ou à tendance
lumachellique. Le passage progressif entre les niveaux marneux et les bancs calcaires est
très rare. Les bioturbations, représentées par des terriers s'observent sur la face inférieure
de certains bancs.
Les bancs gréseux sont moins fréquents que les bancs calcaires. Centimétriques,
lenticulaires, ils sont isolés au sein des marnes et pélites brunes. Dans certains cas ils
forment des barres gréseuses, dépassant rarement 1m. Une lamination arquée, due à des
rides de courant à crête continue ou linguoïde s'observe dans la majorité des cas. Les
stratifications parallèles sont plus rares. Les rides révèlent un paléocourant E-W.
3-1-2- COUPES C2
Cette coupe (fig. 9) permet de préciser le passage entre le Calcaire Corniche et les
Marno-calcaires à pholadomyes. Le Calcaire corniche est subvertical en raison du
décrochement d'Anoual (conséquence du décalage du compartiment est vers le Nord)
(pl.1, fig.2) ; sa moitié supérieure est formée de calcaire sublithographique séparé par des
dépressions (marnes ou marno-calcaires ?) revêtues par les éboulis. Ces depressions
prennent de l'importance vers le haut de la formation, ce qui dans la topographie se
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marque par une diminution de la pente. Au-dessus des derniers bancs sublithographiques
et après une lacune d'observation métrique, apparaissent des calcaires oolitiques
remarquables par leur enduit ferrugineux. Ils forment le repère de la limite entre le
Calcaire corniche et les Marno-calcaires à pholadomyes. La base de la formation des
Marno-calcaires à pholadomyes, quoique souvent cachée par les éboulis, laisse apparaître
de temps en temps des intercalations calcaires (ou parfois gréseuses). Les calcaires
lithographiques caractéristiques de la moitié supérieure du Calcaire corniche
réapparaissent parmi les intercalations calcaires avant de disparaître dans les deux tiers
supérieurs de la formation des Marno-calcaires à pholadomyes. Les autres intercalations
calcaires de la coupe C2 sont représentées par des calcaires oolithiques et par des calcaires
et des calcaires marneux à lamellibranches. Les niveaux marneux n'affleurent
qu'exceptionnellement comme c'est le cas entre les bancs n° 130 et 131 (fig. 9) où, dans
un petit talweg, s'observent des marnes à rares restes organiques (valves d'ostracodes et
radioles d'échinides). Un peu plus à l'Ouest de la coupe, affleurent des intercalations
calcaires remarquables par leurs surfaces ornées de rides de courant (pl.2 ; pl. 3, fig. 2) ;
ils occupent une position intermédiaire entre la coupe C2 et la Coupe C3.
3-1-3- Coupe C3
Les lithofaciès sont semblables à ceux décrits dans la coupe C4, avec toutefois une
remarquable fréquence de niveaux calcaires dont la surface supérieure est revêtue de rides
de courants (pl. 2, fig.1 ; pl. 3, fig. 1) ; ces bancs centimétriques, sont contigus pour
former de petites barres ou séparés par des joints marneux. Les rides de courant sont très
variés : rides linguoïdes, en croissant, à crête continue, ...etc. Les barres et les bancs
gréseux chenalisés ou à lamination arquée (induite par des rides de courant) sont
fréquents, leur épaisseur varie de quelques centimètres à 2 m. Ces grès brun foncé
(chocolat) ou noirâtres sont encadrés le plus souvent par des marnes ou des pélites de
même couleur. Les rides linguoïdes ou dissymétriques à crête continue, donnent des
directions de paléocourants variées : E-W, N-S. La face inférieure des bancs est
irrégulière, elle présente dans certains cas des moulages de terriers, indiquant une
importante bioturbation. Les laminations obliques dominent par rapport au stratifications
parallèles ou sub-parallèles. Certains bancs gréseux sont localement riches en bioclastes.
On note également la présence de rares niveaux silteux décimétriques, à lamination
arquée et de niveaux de calcaire argileux à rides de courant.
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Comme dans la coupe C4, le sommet de la formation se caractérise par l'abondance
de bancs calcaires centimétriques (rarement décimétriques) irréguliers et plus ou moins
lumachelliques. Ils forment des barres décimétriques, atteignant dans certains cas 2m. Ils
présentent souvent un débit en plaquettes lumachelliques, centimétriques et irrégulières,
dû à la présence de discontinuités au sein du banc.
Les organismes sont surtout des rhynchonelles et des lamellibranches ; ils sont
accumulés sur la face supérieure des bancs où ils forment de véritables lumachelles. Des
échinides réguliers ont été également récoltés ; un banc (n° 150, fig. 10), à la base d'une
barre calcaire d'environ 2m d'épaisseur, montre de belles sections alignées d'échinides,
vraisemblablement en position de vie. Quelques exemplaires plus ou moins complets ont
été dégagés par l'érosion, il rappellent le genre Acrosalenia.
Les niveaux marneux affleurent rarement ; plus ou moins indurés, gris-vert , ils
passent verticalement à des pélites ou à des marnes brun foncé. Leur épaisseur est très
variable : centimétrique à métrique.
Les lames minces réalisées dans les faciès indurés (calcaires et grès) permettent de
distinguer les différents types de microfaciès et de suivre leur évolution verticale. Les
niveaux d'énergie et les environnements de dépôt sont précisés. Plusieurs microfaciès ont
été distingués.
48
(biosparite silteuse). Les autres éléments figurés appartiennent aux échinodermes,
serpulidés et bryozoaires encroûtants. Dans certaines lames, ont été observés de rares
ostracodes et des débris d'os phosphatés.
Ce microfaciès est caractérisé par sa richesse en silts (jusqu'à 15%) et par l'usure
des bioclastes (lamellibranches et brachiopodes). Ces bioclastes, mal classés et plus ou
moins émoussés sont recristallisés en sparite ; ils présentent une enveloppe micritique
ferrugineuse. Les autres bioclastes appartiennent à des échinodermes, gastéropodes, rares
serpulidés. Les lithoclastes micritiques sont de forme allongée ou non ; ils contiennent
parfois des gastéropodes et des ostracodes. Des fragments prismatiques de test de
lamellibranches ou fibreux de brachiopodes constituent une très faible proportion des
éléments figurés. La glauconie est abondante. Les restes de végétaux sont représentés par
des débris de bois silicifié.
49
lithoclastes. L'environnement de dépôt est infralittoral supérieur. Les apports continentaux
sont matérialisés par le quartz silteux et les débris de bois silicifié.
Le microfaciès de ce type est remarquable par l'abondance des grains de quartz (20
à 25 %) finement gréseux (100 à 200 mm). Ces derniers plus ou moins anguleux sont mal
classés. Les quartz polycristallins, les feldspaths et la glauconie sont assez abondants. Les
autres éléments figurés se composent de valves plus ou moins complètes de brachiopodes
et de lamellibranches, de fragments d'échinodermes, d' ostracodes et de bryozoaires
encroûtants. Ce microfaciès renferme également de rares oolithes micritisées et des
lithoclastes (de taille inférieure à 0,5 mm). Le ciment est microsparitique.
Ce microfaciès caractérise des calcaires gréseux trouvés dans les parties moyenne
et supérieure de la formation.
50
4-1-5- Oomicrosparite à texture packstone à grainstone
(pl. 7)
51
fragments d'échinodermes. Certaines lames contiennent des valves de brachiopodes, des
microfilaments, de rares Ophtalmidiidés et des ostracodes. Dans certains bancs, la
silicification est matérialisée par la présence de quartz automorphes néoformés (pl. 6, fig.
1). Les quartz détritiques (silteux) et les quartz néoformés sont très peu abondants ; ils ne
dépassant pas 3% de la roche. Deux sous microfaciès peuvent être distingués en tenant
compte de la silicification. Le premier, sans silicification, caractérise des calcaires fins
lithographiques, gris-bleu. Ces derniers se présentent en bancs irréguliers à débit
noduleux, superposés en barres atteignant 1,5 m ; ils se localisent à la base des Marno-
calcaires à pholadomyes.
52
4-2- Les faciès gréseux
D'après les lames minces réalisées, le microfaciès est un grès quartzeux fin à très
fin à ciment sparitique (calcitique ou dolomitique). Les grains de quartz sont anguleux et
moyennement classés. Les feldspaths, la muscovite, les quartz polycristallins et les
minéraux lourds sont présents. La glauconie est assez abondante. Des bioclastes
indéterminés ont été observés au sein de quelques bancs.
Ce faciès traduit des apports détritiques intermittents (cas des bancs minces)
annonçant en quelque sorte la sédimentation détritique des Couches rouges sus-jacents.
5- LE CONTENU FOSSILE
5-1- LA MACROFAUNE
53
niveaux de base, surtout au Nord d'Anoual et près du Jbel Mechkakour. Par contre, les
rhynchonelles sont très abondantes dans la partie supérieure de la formation où ils forment
le plus souvent des lumachelles. Du Dresnay (1963a) cite également, dans la partie
supérieure, des faunes de lamellibranches saumâtres : corbules, nucules, exogyres et
mytilidés. Les bancs calcaires très souvent fossilifères, présentent une forte concentration
de lamellibranches variés, parfois monospécifiques (cas des ostreidés et des mytilidés)
et/ou de brachiopodes (rhynchonelles surtout).
5-2- LA MICROFAUNE
54
Les bancs calcaires appartiennent à plusieurs types : calcaires lumachelliques,
calcaires bioclastiques, calcaires oolithiques, calcaires argileux, calcaires
sublithographiques. Les épisodes de forte agitation sont matérialisés par des calcaires
oolithiques à stratification oblique et par le grand nombre de niveaux lumachelliques. La
grande fréquence des surfaces à rides de courant confirme la faible profondeur du milieu.
Du point de vue analyse séquentielle, la formation des Marno-calcaires à
pholadomyes consiste en une succession de séquences élémentaires de comblement
entrecoupées parfois par des apports terrigènes. Ces séquences débutent par des marnes
plus ou moins fossilifères auxquelles succèdent des termes calcaires bioclastiques,
oolithiques ou lumachelliques, rarement sublithographiques (cas de la base de la
formation) ; ces termes présentent plusieurs discontinuités irrégulières qui indiquent que
le taux de sédimentation compense largement ou dépasse celui de la subsidence. Les
calcaires oolithiques, bioclastiques et lumachelliques sont des dépôts de haute énergie
(infralittoral supérieur), tandis que les calcaires bioclastiques à ciment micritique
(biomicrite) et les calcaires sublithographiques et argileux qui les accompagnent
témoignent d'un milieu relativement calme (infralittoral inférieur). Aucune structure
indicatrice d'une dynamique tidale (flot et jusant) comme les "flaser bedding " et les
"wavy lenticular bedding " n'a été observée, seuls des inversions des paléocourants (de
direction E-W) laissent supposer une évolution épisodique vers des conditions
intertidales.
55
terrigènes proviendraient d'un soulèvement et d'une érosion (changements climatiques?)
du côté de la source des apports.
Des observations faites plus à l'W des trois coupes, au NW d'Anoual et à Jbel
Mechkakour apportent des renseignements supplémentaires.
A Aïn Mellouk, au Sud du Jbel Mechkakour, un troncon de coupe a été levé sur 4
m au sommet de la formation, dans un petit affluent de l'Oued Chakhourt. Les bancs
calcaires ou gréseux de cette coupe sont centimétriques, plus ou moins riches en
bioclastes et en rhynchonelles (bancs lumachelliques). Les bancs calcaires présentent de
nombreuses discontinuités irrégulières. Les bancs gréseux montrent des rides linguoïdes.
Les interlits marneux sont exceptionnellement riches en rhynchonelles.
56
l'échelle des synclinal d'Anoual, seul un épaississement et une augmentation de la
fréquence des grès s'observe à l'W d'Anoual.
A plus grande échelle, dans le Moyen Atlas plissé, Haut Atlas à l'Ouest de Tamlelt,
et dans la partie occidentale des Hauts Plateaux, la formation des Marno-calcaires à
pholadomyes présente des variations de faciès et d'épaisseur ; peu puissante aux abords
des Hauts Plateaux, cette formation atteint 1000 m dans les zones subsidentes (bassin d'El
Mers, région de Taourirt, couloir d'Oujda) (du Dresnay, 1967-71). Dans les régions les
moins profondes, une interruption de la sédimentation s'observe à sa base, comme c'est le
cas au NW des Hauts Plateaux (du Dresnay, 1965) et dans le bassin d'El Mers au début de
la subsidence. Des ammonites de la province arabique (Enay et al., 1987) sont présentes
dans cette formation.
57
58
TROISIEME PARTIE
LITHOSTRATIGRAPHIE ET PALÉOENVIRONNEMENTS
DES DIFFÉRENTES FORMATIONS
DES COUCHES ROUGES
59
60
CHAPITRE I
BIOCHRONOLOGIE ET DIVISIONS
1- BIOCHRONOLOGIE
61
62
Plus récemment, les Couches rouges de la région d'Anoual ont été d'abord
rattachées au cycle sédimentaire crétacé, à la suite d'une étude statistique des matériaux
fins (Monbaron et Zweidler, 1987), puis considérées comme une série compréhensive
continue allant du Bathonien au Crétacé inférieur (Infracénomanien) (Monbaron, 1988)
sur la base d'arguments paléontologiques (nannofossiles) et sédimentologiques
(Sigogneau-Russell et al. 1990). D'après les nannofossiles, l'extrême base des Couches
rouges est d'âge bathonien, alors que la partie supérieure du <<complexe inférieur>>
(au-dessous de la discordance "infra-crétacée") serait d'âge crétacé inférieur (Berriasien
?). Monbaron (1988 ; in Sigogneau-Russell et al., 1990) rapporte également au
Jurassique supérieur des niveaux à invertébrés marins, localisés à une dizaine de mètres
sous une lentille calcaire à micromammifères. Quant au <<complexe supérieur>>
discordant, aucun argument ne permet de préciser son âge ; il est généralement attribué
à l'Infracénomanien (Choubert, 1939 ; 1948 ; du Dresnay, 1977).
En plus des problèmes stratigraphiques, les Couches rouges n'ont jamais fait
l'objet d'investigations sédimentologiques détaillées.
2- DÉCOUPAGE ADOPTÉ
63
64
CHAPITRE II
LA FORMATION D'ANOUAL
2- SUCCESSION LITHOSTRATIGRAPHIQUE
Dans les environs d'Anoual, des tronçons de coupes de détail ont été levés dans de
petits affluents de l' oued Anoual mais avec des lacunes d'observation. Ces coupes ont
permis toutefois de préciser l'agencement des différents lithofaciès et d'affiner les
paléomilieux. Des observations complémentaires ont été faites dans d'autres secteurs
des synclinaux d'Anoual et de Ksar Jilali. Les figures 11 et 12 donnent une idée des
différents lithofaciès et leur importance relative.
65
66
2-1- LE MEMBRE INFÉRIEUR
Les lithofaciès détritiques rencontrés sont surtout gréseux et pélitiques, les faciès
silteux étant relativement très peu abondants.
67
68
a- Les faciès gréseux
Dans ce qui suit, on présentera les principales formes de fond rencontrées et les
facteurs influençant leur formation, voire leur modification, comme c'est le cas des
stratifications obliques à déformations synsédimentaires (overturned cross
stratification). Les différentes formes de fond rencontrées sont les suivantes :
Ces structures sont de loin les plus fréquentes et les plus remarquables sur le
terrain ; elles correspondent à la structure interne de mégarides tridimensionnelles (3D
dunes ). Les faisceaux de stratification traduisent le remplissage de dépressions
allongées à grands axes parallèles à l'écoulement régional et se présentent sous forme de
feuillets courbés en auge, inclinés vers l'aval et souvent tangentiels à la surface d'érosion
sous-jacente. Les feuillets plongent de 25 à 30°. Les barres gréseuses de la formation
d'Anoual sont formées par une succession de faisceaux décimétriques à stratification
oblique arquée ; elles atteignent des épaisseurs plurimétriques (jusqu'à 30 m). Leur
extension latérale est plus ou moins importante, certaines barres sont d'extension
kilométrique. Les chenalisations et les migrations latérales créent, chaque fois, des
dépressions en auge, remplies par des grès fins à moyen.
69
Elle correspond à des faisceaux tabulaires à feuillets horizontaux ou presque et à
surface inférieure plane horizontale. Les surfaces internes montrent des linéations de
délit (parting lineation ). Les faisceaux à stratification horizontale correspondent le plus
souvent à des courants unidirectionnels (écoulement rapide stable). Pour des sables plus
grossiers que 0,6 mm, les stratifications horizontales apparaissent à bas régime
d'écoulement. Les bancs observés présentent une épaisseur réduite.
A plusieures reprises, l'érosion des faciès gréseux laisse apparaître des sphéroïdes,
partiellement ou totalement dégagés par l'érosion. Leur diamètre est de l'ordre du
centimétre. Dans de rares cas (Guelb el Ahmar) il atteint 10 à 15 cm, ils se présentent alors
comme des boules gréseuses partiellement ou totalement dégagées. Les sphéroïdes ou les
boules gréseuses diffèrent de la roche encaissante par un enrichissement en carbonates par
rapport à la roche encaissante, ils sont vraisemblablement d'origine diagénétique. Ce
phénomène a été décrit dans l'Albien du Hautes Plaines oranaises par Flamand (1911) dans
des grès qu'il désigne <<grès à kerkoubs>> ou <<grès à sphéroïdes>>. Médioni (1960) avait
constaté une augmentation du diamètre des kerkoubs, appelés également <<pustules>>,
depuis la base jusqu'au sommet de l'Infracénomanien des Hauts Plateaux méridionaux.
70
b- Les faciès pélitiques
Les barres gréseuses de la formation d'Anoual sont séparées par des pélites brunes
ou rouges d'épaisseur plurimétrique, souvent cachées par les éboulis. Ces faciès présentent
parfois des intercalations calcaires ou dolomitiques lacustres (décrits dans le paragraphe 2-
1-2) et des intercalations silteuses de couleur rouge, ocre ou gris, à lamination oblique
induite par des rides de courant.
L'abondance des pélites par rapport au grès est variable selon les secteurs ; elles
dominent dans les secteurs de Garet ed Debaâ, Metlili Sahel et Guelb el Ahmar (W et NW
d'Anoual). Cette dominance concerne essentiellement les parties inférieures et moyennes de
la formation d'Anoual, elle s'inverse dans la partie supérieure marquée par l'apparition de
barres gréseuses plurimétriques. Dans d'autres secteurs, par exemple dans les environs
d’Anoual, les faciès gréseux et pélitiques présentent en moyenne des proportions voisines,
les barres gréseuses d'épaisseur plurimétrique et d'extension kilométrique apparaissent
depuis la base jusqu'au sommet des Couches rouges ; elles forment des falaises alignées
E-W.
71
c- Les bois fossiles
La grande abondance des bois fossiles et des troncs de grande taille dans la formation
d'Anoual indique la proximité de forêts voire même sa présence dans le milieu de dépôt ;
ces bois sont trop abondants pour provenir d'une région très lointaine. Il semble que des
conditions climatiques à humidité certaine (non désertiques) existaient lors du dépôt des
formations d'Anoual et de Ksar Metlili.
La plupart des bois fossiles examinés ne montrent pas de structure nette à cause de
l'intensité de la silicification ; un seul morceau oxydé et peu silicifié récolté aux environs
de la localité type dans la formation d'Anoual a pu être étudié par Philip (Lyon). Les
conclusions de ce dernier sont les suivantes : << L'échantillon correspond à un bois de
Gymnosperme, de conservation moyenne. Il appartient à un groupe (ponctuation radiale
araucarienne à tendance mixte et champs araucarioïdes) difficile, d'affinité incertaine.
Il n'a pas d'affinités avec les bois décrits des "Couches rouges" du Moyen-Atlas
(Protopodocarpoxylon teixeirae et P. subrochii, Protocupressinoxylon choubertii). Le bois
le plus proche est sans doute Protopodocarpoxylon dantzii (POTONIÉ) ATTIMS connu
du "Sénonien" .... du Haut Atlas oriental et du Crétacé supérieur de Tanganyika. Il faut
noter aussi des affinités nettes avec Dadoxylon septatum BOUREAU 1951 du "Continental
intercalaire" du Sahara soudanais et Dadoxylon termieri du Lias du Moyen-Atlas.
Au bilan on note donc : 1) de grandes similitudes avec des bois déjà décrits de cette
région du Haut-Atlas oriental ; 2) pas d'affinités avec ce qui est connu des "Couches
rouges" du Moyen-Atlas" ; 3) un groupe difficile où les affinités n'ont pas de grande
signification ; 4) en toute rigueur l'âge ne peut être précisé au delà de "Mésozoïque">>.
La première étude des bois fossiles de la région d'Anoual a été faite par Boureau
(1951). Elle a été suivie d'une autre étude concernant les bois fossiles mésozoïques du
72
73
Maroc, réalisée par Attims (1965a et 1965b), Cremier (1965) et Gazeau (1966). Ces études
n'ont pas conclu à une attribution stratigraphique précise. Du Dresnay (1969) discute
largement, entre autres, les problèmes stratigraphiques posés par ces bois fossiles et
l'emplacement du premier gisement marocain à Protopodocarpoxylon teixeirae découvert
par G. Choubert au Nord d'Anoual et étudié par Boureau (1951), ce qui a suscité un débat
qui s'est achevé par une note de Choubert (1973).
d- Les paléocourants
Méthode utilisée
Les Couches rouges d'Anoual, de Ksar Jilali ou du Jbel Houanite (fig.1) ont subi
des basculements postérieurs à leur dépôt, le pendage et la direction des couches sont
variables selon les endroits. Pour la recherche des paléocourants à partir des
stratifications obliques (basculement connu) la méthode utlisée est une méthode
préconisée par Wurster (1963) pour une série horizontale et adaptée par Durand (1978)
aux stratifications obliques en terrain basculé du Buntsandstein des Vosges
méridionales. La méthode de P. Wurster consiste à multiplier les mesures de pendages
des feuillets sur un même affleurement afin d'atteindre une valeur limite de la dispersion
des azimuts, voisine de 180° ; la bissectrice de cet angle indique la direction locale des
paléocourants. Cette méthode, dite de la bissectrice de la dispersion maximale, est
applicable à beaucoup de formations fluviatiles. Durand (1978) l'a adaptée aux
stratifications obliques en terrain basculé après quelques modifications. Les feuillets
faiblement pentés sur le terrain ne sont pas négligés. Le travail se fait à l'aide d'une
projection stéréographique des pôles des feuillets. Après restitution de l'orientation
initiale des feuillets à l'aide du canevas de Wulff, les donnés sont traitées par la méthode
74
de la bissectrice de la dispersion maximale ; les pendages inférieurs à 10° après
restitution pourront ne pas être pris en compte (Durand, 1978). Cette méthode à été
également appliquée pour les Couches rouges d'Aït Attab (Haddoumi, 1988).
Résultats
Les paléocourants mesurés à Anoual et à Ksar Jilali dans les grès de la formation
d'Anoual, sont dans leur majorité dirigés vers le N et le NNW ; seules quelques mesures
faites à l'Ouest d'Anoual et à Metlili Sahel (fig. 14) ont donné des directions vers l'Est
ou vers le SW. La tendance générale des paléocourants de la formation d'Anoual est
vers le Nord, la présence de certains paléocourants de direction différente peut être
expliquée par la présence de pentes locales aux environs de Garet ed Debaâ ou par celle
d'une quelconque sinuosité des chenaux.
75
76
Parmi les intercalations carbonatées rencontrées dans les faciès pélitiques, on peut
citer : le calcaire à restes de poissons du Guelb el Ahmar, le calcaire dolomitique à
charophytes à l'W d'Anoual et le niveau dolomitique à valves pyriteuses du Dekkar.
D'autres intercalations de très faible épaisseur et d'extension latérale métrique à
plurimétrique se rencontrent très rarement au sein des barres gréseuses.
La surface supérieure du niveau à restes de poissons présente une croûte (n° G16,
fig. 15) irrégulière imprégnée de fer dont la base moule localement des terriers du
sommet du calcaire (n° G15) sous-jacent, témoignant d'un ralentissement de la
sédimentation. La croûte G16 (dont l'épaisseur ne dépasse pas quelques centimètres) est
formée d'un grès grossier ou d'un microconglomérat imprégné de fer dont les éléments,
dans leur majorité, sont des débris d'os et de rares dents de poissons, des ostracodes et
des gyrogonites de charophytes. Cette croûte se charge latéralement en fer pour former
une veritable croûte ferrugineuse.
Le niveau calcaire (n° G15) et surtout sa croûte (n° G17) sont exceptionnellement
riches en restes de poissons (ossements et écailles). D'après Capetta (Charrière in litt.),
il s'agit d'une faune classique de Lepidotes sp. dont la répartition stratigraphique s'étend
du Trias au Crétacé supérieur ; ce genre est connu dans les faciès marins ou dans les
dépôts dulçaquicoles comme ici à Guelb el Ahmar ; au vu de la dimension des écailles,
ce poisson peut atteindre 2m de longueur. De part et d'autre de G15 et G16 (fig. 15)
affleurent des marnes rougeâtres (n° G14) et des marnes calcaires gris-vert (n° 17). Ces
deux niveaux ont fourni des ostracodes et des gyrogonites de charophytes. Des
gyrogonites provenant de G14 ont été confiées pour détermination à N. Grambast, il
77
s'agit de <<représentants du genre Porochara à faciès du Jurassique moyen sans plus
de précision>> (in litt. à A. Charrière).
78
b- Le calcaire dolomitique à charophytes de l'W d'Anoual
Elles sont rares au sein des barres gréseuses ; ce sont des niveaux d'épaisseur
centimétriques et d'extension latérale métrique à plurimétrique ; l'une de ces
intercalations, observée à l'W d'Anoual, montre une lamination fine.
a- faciès détritiques
Il est souvent admis que les Couches rouges d'Anoual se sont déposées dans un
milieu proche du niveau de la mer (du Dresnay, 1956 ; Sigogneau-Russell et al., 1990) ;
un tel milieu est attesté par l'alternance de témoins continentaux (os de dinosauriens,
micromammifères, ...), saumâtres (lamellibranches) et marins (polypiers, échinodermes,
brachiopodes, ...). Ces conclusions sur le paléomilieu sont donc essentiellement fondées
sur des données paléoécologiques ; aucun argument sédimentologique (séquences et
79
évolution des paléomilieux, nature des structures et figures sédimentaires, niveau
d'énergie et dynamique sédimentaire) ou paléogéographique n'a été avancé auparavant
pour les différents faciès (détritiques et carbonatés).
L'hypothèse d'un dépôt des faciès détritiques dans un milieu marin peu profond
(estran) semble difficile à accepter, puisqu'aucune structure sédimentaire caractéristique
de la dynamique tidale (stratification en arêtes de poisson, double mud drap, wavy
bedding,....) n'a été observée dans les faciès détritiques, ce qui exclut le rôle des marées
(flot et jusant) et des vagues dans la distribution et la morphologie des corps gréseux.
Les paléocourants mesurés sont unidirectionnels à l'échelle des barres gréseuses, voire à
l'échelle de la formation dans certains secteurs. Une mise en mouvement d'une
éventuelle décharge détritique sur le fond marin en présence d'une pente donnerait
naissance à des corps gréseux granoclassés, caractérisés par une base érosive à figures
de courant (flute cast, groove cast, ...) ; or, de telles structures sont absentes dans la
formation d'Anoual.
Régime hydrodynamique
Il est bien connu que le transport des sédiments des plaines alluviales peut se faire
soit en nappes (sheet flow ) ou être chenalisé. Pour les faciès gréseux du membre
inférieur de la formation d'Anoual, le transport des sédiments se faisait essentiellement
dans des chenaux créant des formes de fond (bed forms ) diversifiées, avec une
géométrie et une structure interne caractéristiques.
Lors des écoulements dans les chenaux, les sédiments transportés peuvent donner
naissance à différentes structures. Les études théoriques effectuées dans des chenaux de
laboratoire (flumes ) ont permis d'établir des diagrammes qui font intervenir trois
paramètres : vitesse, profondeur et taille des éléments (Southard, 1971). Les
diagrammes les plus utilisés (Reineck et Singh, 1980 ; Harms et al., 1982) permettant
de suivre l'évolution des formes de fond sont : diagramme granulométrie-vitesse et
80
diagramme vitesse-profondeur (Harms et al., 1982). La succession des formes de fond,
qui dépend de la vitesse du courant, est la suivante : absence de mouvement - rides -
mégarides bidimensionnelles (2D sandwaves) - mégarides tridimensionnelles (3D
dunes) - lits plats - antidunes (pour des sables plus fins que 0,5 mm). Pour des sables
plus fins que 0,6 mm (Simons et al., 1965), les rides se forment dans une grande
fourchette de petites vitesses. Simons et al. (1965) distinguent deux types de régimes
d'écoulement : le bas et le haut régime ; les lits plats supérieurs de haut régime et les
antidunes sont des formes de haut régime, tandis que les autres formes sont
caractéristiques du bas régime.
Dans notre cas, le remplissage des chenaux se fait par des sables fins à moyens.
Le rapport largeur/hauteur des corps gréseux est souvent élevé. Au sein des corps
gréseux, les chenalisations sont assez profondes. A chaque chenal individuel correspond
un faisceau de stratification arquée, produit par des mégarides tridimensionnelles. Les
remplissages des chenaux individuels successifs sont délimités par des surfaces
d'érosion, souvent assez profondes. C'est donc le groupement des différents faisceaux
qui est à l'origine de la plupart des corps gréseux de la formation d'Anoual. D'après les
structures sédimentaires rencontrées, les corps gréseux traduisent une dynamique
fluviatile. Les écoulements sont faibles (bas régime) lors du comblement des chenaux
individuels ; ils sont certainement précédés par des courants plus importants,
responsables du creusement des gouttières dans les remplissages antérieurs (faisceaux
sous-jacents).
81
82
La grande extension latérale des corps gréseux serait due à une divagation des
chenaux dans une plaine alluviale côtière (plaine deltaïque) dominée par les dépôts
pélitiques. Aucune divagation ordonnée n'a été observée.
La relation dans l'espace des paléochenaux avec leur plaine d'inondation permet de
rapprocher le réseau fluviatile de la formation d'Anoual d'un réseau de chenaux
parallèles indépendants. Le choix de ce type de réseau est argumenté par la grande
83
abondance, dans le membre inférieur de la formation d'Anoual, de faciès de plaine
inondable entre les remplissages de chenaux. Il faut rappeler qu'à l'échelle du réseau
(fig. 17), deux catégories peuvent être distinguées (Plaziat et al., 1987) : la première
concerne des chenaux occupant tout le domaine alluvial (chenaux en tresse ou braided
river) ; la deuxième concerne des chenaux isolés dans une plaine d'inondation plus ou
moins large, où ils peuvent constituer trois types de réseaux de chenaux :
1- parallèles et indépendants,
2- confluents et hiérarchisés,
3- anastomosés.
La plaine alluviale occupée par ce type de réseau se trouverait dans une position
distale non loin des rivages (plaine alluviale côtière ou plaine deltaïque).
Ces différents critères nous permettent de faire les interprétations suivantes : les
intercalations carbonatées d'extension kilométrique correspondraient dans notre cas à
des lacs importants qui naissent, loin des grands axes d'alluvionnement, dans la plaine
deltaïque ; l'hypothèse d'une formation à partir de lagunes par un cordon ou par la
progradation de l'appareil deltaïque, comme c'est le cas dans le delta du Danube
(Plaziat, 1984) (fig. 18), peut être avancée. Le niveau de calcaire dolomitique à l'W
d'Anoual, décrit plus haut, serait à l'origine un niveau calcaire ayant subi une
84
dolomitisation plus ou moins intense, alors que le niveau dolomitique de Dekkar serait
d'origine lagunaire, les valves pyriteuses de ce niveau témoignent d'un certain
confinement ; les intercalations carbonatées des barres gréseuses, considérées dans leur
contexte lithologique, correspondent à des petits lacs (mare ou étang) éphémères qui
naissent dans des chenaux individuels abandonnés. Dans l'actuel, les petits lacs sont
85
fréquents depuis l'amont des cônes alluviaux (fluvial fans) jusque dans la plaine
d'inondation et les deltas des fleuves importants (inter-distributary lakes ). La présence
de petits lacs dans la plaine d'inondation, à côté des lacs kilométriques, n'a pas été mise
en évidence, les faciès pélitiques séparant les barres gréseuses sont souvent cachés par
les éboulis.
Monbaron (1988) réalisa une coupe à l'Ouest d'Anoual, près de Ksar Metlili
(coupe C16, fig. 3) ; il confirma les observations de du Dresnay par la localisation de
niveaux calcaires à faune d'invértébrés marins qu'il rapporte au Jurassique supérieur,
dans le tiers supérieur du <<complexe inférieur>> de l'ancienne subdivision. A moins
d'une dizaine de mètres au-dessus de ces niveaux (dans la formation suivante) se trouve
une lentille calcaire à micromammifères (Sigogneau-Russell et al.,1990) et à restes de
vertébrés que Monbaron et De Kaenel (in Sigogneau-Russell et al.,1990) attribuent au
Berriasien à l'aide de nannofossiles.
86
a- Coupe C6
Une coupe de détail levée dans un petit ravin à l'Ouest du village d'Anoual (fig. 19
et 20) montre une succession dominée par des niveaux marneux gris-ocres et pélitiques
rouges, avec intercalation de niveaux calcaires bioclastiques ou lumachelliques et
parfois des niveaux gréseux, d'épaisseur centimétrique à décimétrique.
- Les marnes
87
88
89
Niveaux laminaires (pl. 16, fig. 1)
Pour le premiers cas, les deux faciès sont séparés par une discontinuité ondulée,
moulant le plus souvent la concavité des valves de la partie lumachellique ; cette
dernière, d'une épaisseur de 0,5 à 2 cm, est constituée de valves disjointes, plus ou
moins complètes, entassées les unes sur les autres et plus ou moins déformées. Les
valves sont lamellaires et appartiennent à des Ostréidés de petite taille. La partie
supérieure, épaisse de 0,5 à 2 cm, remplace brutalement la partie lumachellique ; elle
présente un microfaciès beaucoup moins riche en valves entières de lamellibranches.
Les éléments figurés sont surtout des pelletoïdes, des bioclastes, des lithoclastes et des
quartz silteux. Les pelletoïdes proviennent le plus souvent de la micritisation des
Ophtalmidiidés. La microfaune est composée d'ostracodes et d'Ophtalmidiidés. Le
ciment est micritique à microsparitique. La face supérieure de ces niveaux présente de
nombreux lamellibranches du genre Eomiodon en position de vie. De rares gastéropodes
et Ostréidés se rencontrent parfois à côté de ces derniers.
90
La faible fragmentation des valves de la partie lumachellique suppose un faible
transport et un dépôt non loin du milieu de vie. Il s'agit d'un assemblage d'Ostréidés à
classement unimodal, faiblement remanié par des courants agités (tempêtes
occasionnelles, par exemple), dans un milieu d'agitation faible à moyenne.
91
fort. Les éléments figurés, assez usés et de nature variée proviennent du remaniement de
plusieurs assemblages avant leur dépôt.
A côté de la coupe C6, plusieurs coupes ont été levées dans le synclinal d'Anoual ;
certaines seront seulement décrites dans les paragraphes suivants, les autres sont
représentées par les figures n° 21 à 24.
Ces trois coupes ont été levées à l'Ouest (C9 et C11) et à l'Est d'Anoual (C7) (fig.
3), elles permettent de vérifier les variations latérales des faciès et des épaisseurs (fig. 21).
Une étude des différents niveaux de la coupe C11 est résumée par la figure 22.
A partir de la coupe C6, en se dirigeant vers l'Est, les différents faciès carbonatés se
retrouvent, avec toutefois des épaississements de certains niveaux, mais avec la même
92
93
94
faune et les mêmes microfaciès. Dans la partie équivalente à la partie moyenne de la coupe
de détail, on peut parfois rencontrer deux lentilles gréseuses au lieu d'une seule (fig. 12,
coupe C7) ; l'inférieure contient des bois fossiles. En se rapprochant du Dekkar, et après un
net épaississement, le niveau sommital plus ou moins dolomitisé, devient relativement
mince (30 cm) et se charge en quartz détritique ; il est totalement dolomitisé et imprégné
d'oxydes de fer. Dans la partie moyenne apparaît une épaisse lentille de grès tendre, à
cassure gris-vert, patine blanchâtre et à stratification oblique. Son extension latérale est
d'environ 60 m.
Le terme inférieur est dominé par les niveaux à deux microfaciès et les niveaux
laminaires, les niveaux à microfaciès uniforme et les interbancs marneux existent
95
96
97
également dans certaines coupes. Ce terme se caractérise par la très faible diversité des
bioclastes et des organismes et la présence de formes saumâtres et euryhalines ; la salinité
varie constamment.
Le terme moyen est dominé par des pélites rouges à intercalations gréseuses souvent
cachées par les éboulis ; les bancs gréseux dépassent parfois le mètre. Seuls des fragments
de bois fossile ont été observés. Ce terme régressif s'est déposé dans un milieu supratidal.
Le terme supérieur est représenté par un ou deux bancs très bioclastiques (texture
packstone ou grainstone) ou à tendance lumachellique séparés dans certains cas par des
marno-calcaires. La stratification est irrégulière et très peu nette. Les bioclastes et les
organismes sont variés, indiquant des conditions franchement marines. Des brachiopodes,
récoltés (en compagnie de A. Charrière et Y. Zaghloule) dans le secteur de Metlili Sahel
(WNW d'Anoual) dans des niveaux appartenant à ce terme, donnent un âge Bathonien
inférieur (dét. Y. Alméras).
Cette trilogie se retrouve dans la quasi-totalité des affleurements visités (mis à part le
secteur du Guelb el Ahmar) avec toutefois des variations dans le nombre, l'épaisseur et
parfois le contenu faunique des bancs et interbancs. Le niveau le plus constant est un
niveau stromatolithique localisé au sommet du terme inférieur (pl.15, fig.2).
a- Les microfossiles
Ils sont présents dans la majorité des niveaux calcaires, associés à des
Ophtalmidiidés. Deux niveaux marneux (M7 et M11, fig. 15 et 16) ont fourni des
ostracodes associés ou non à des gyrogonites de charophytes.
98
douces ce qui est confirmé par la présence de Darwinula cf leguminella, Cypridea cf
postelongata et Cypris sp.. Elle est associée à des gyrogonites du genre Porochara hians
FEIST & GRAMBAST-FESSARD (dét. Feist et Grambast-Fessard).
Les ostracodes de ces deux niveaux marneux, séparés par une quarantaine de
centimètres seulement, témoignent d'une fluctuation de la salinité, le milieu est tantôt à
salinité très faible (eau douce à saumâtre), tantôt marin. La présence des charophytes et
l'absence de restes d'échinodermes dans M7 par exemple semble confirmer la très faible
salinité des eaux. Le milieu recevait des apports d'eau douce, peut être intermittents,
causant ces fluctuations de salinité. De tels milieux sont très littoraux (lagune, estuaire,
baie,...).
Les foraminifères
99
Les charophytes
Aux environs d'Anoual, les charophytes sont représentés dans un seul niveau
marneux (M7, fig. 20) par des gyrogonites de l'espèce Porochara hians FEIST &
GRAMBAST-FESSARD (dét. Feist & Grambast-Fessard), associés aux ostracodes
d'eau douce. Ce taxon a été créé récemment dans le Moyen Atlas, dans la Formation
d'El Mers, d'âge Bathonien supérieur-Callovien inf. (Charrière et al., 1994a). Dans le
membre inférieur de cette formation, les populations de charophytes sont abondantes.
Des dents et des écailles de poissons (fig. 25) ont été trouvés dans un niveau
marneux à l'extrême base du terme inférieur (n° K6, fig. 24), dans le secteur de Metlili
Sahel (WNW d'Anoual). Les écailles et les dents déterminables appartiennent à des
poissons pycnodontes (Sigogneau-Russell, in litt.) ; ils sont associés à des gyrogonites
de charophytes (Porochara hians FEIST & GRAMBAST-FESSARD ), à des
ostracodes, à des gastéropodes de petite taille et à des lamellibranches.
b- La macrofaune
Lamellibranches et gastéropodes
Quant aux gastéropodes, ils s'observent en lame mince ou sur la face supérieure de
certains niveaux calcaires. Certaines formes sont spiralées coniques (costulées ou non),
les autres présentent un enroulement presque planispiralé, rappelant les planorbes d'eau
douce. Monbaron (1988) cite le genre Pterocera.
100
101
Les brachiopodes
Les différents niveaux marins et saumâtres présentent dans le détail des variations
latérales de faciès en allant vers l'Est ou vers l'Ouest et le Nord-Ouest, mais les
différents termes du membre marin restent bien individualisés.
102
103
Des reconnaissances dans les secteurs ouest et nord-ouest d'Anoual, l'analogie des
faciès et la ressemblance des microfossiles et de la macrofaune ainsi que la cartographie
du membre marin (fig. 27) permettent de corréler les niveaux datés par les microfossiles
et brachiopodes de mes coupes avec la coupe (coupe C16, fig. 3) de Sigogneau-Russell
et al. (1990) (fig. 26). Les conclusions sont les suivantes :
-les niveaux marneux datés du Bathonien par les ostracodes dans les environs d'Anoual
font partie de l'équivalent latéral des niveaux de la base (calcaire à huîtres) de la coupe
de Sigogneau-Russell et al. (1990). Le niveau stromatolithique surmontant le calcaire à
huîtres trouvé dans toutes les coupes levées confirme cette corrélation.
-le terme supérieur du membre marin de mes coupes est l'équivalent du calcaire à
coraux de la coupe de Monbaron. C'est ce terme supérieur qui nous a fourni au Nord de
Metlili Sahel des rhynchonelles (dét. Y. Alméras) du Bathonien inférieur. Il faut
rappeler que Monbaron (1988) et Sigogneau-Russell et al. (1990) rapportent ce terme au
Jurassique supérieur.
104
que par une incursion des eaux marines dans la plaine deltaïque (peut-être à la suite
d'une élevation du niveau marin, d'une subsidence rapide ou de la rupture d'une barrière
?). Cette incursion au cours du Bathonien inférieur se fait en deux étapes :
105
106
CHAPITRE III
107
108
109
vers le NE du niveau dolomitique de la formation d'Anoual. Elle est due à une
deuxième discordance (D7, ch. V, p. 123).
110
CHAPITRE IV
2- SUCCESSION LITHOSTRATIGRAPHIQUE
Des coupes (fig. 29) levées le long des versants sud et sud-ouest du synclinal
d'Anoual permettent d'avoir une idée sur la nature, la succession des lithofaciès et leurs
111
112
variations latérales. En particulier, une variation de l'épaisseur de la formation de Ksar
Metlili a été mise en évidence.
Les figures sédimentaires les plus remarquables dans la formation de Ksar Metlili
sont : stratification oblique (arquée et tabulaire), microstratification arquée et
overturned cross-stratification .
- Stratification oblique
113
114
115
décimétres à plusieurs décimétres, ceux de très faible épaisseur sont rares (fig. 31 ; pl.
18). Les overturned cross stratification indiquent une déformation à la suite d'un
raccourcissement latéral débutant par de faibles ondulations (fig. 31C) passant
latéralement à des plis en Z pour aboutir à des plis couchés. Il est généralement admis
que ces déformations sont liées à un début de liquéfaction impliquant un état
hydroplastique. Certains auteurs (Allen, 1984 ; Allen et Banks, 1972) les interprètent
comme des déformations dues à des entraînements par la base d'un courant de traction
(fluid drag ) lorsque le dépôt oblique sous-jacent est rendu plastique par un début de
liquéfaction. Il est actuellement démontré (Plaziat et Poisson, 1992 ; Plaziat et al.
,1994) que le passage des niveaux sableux par un état fluide (hydroplastique) se fait
sous l'action des ondes sismiques. Guiraud et Plaziat (1993) ont distingué dans les grès
fluviatiles de Bima (Crétacé, Nigeria) trois types de structures de déformation liés à une
activité tectonique synsédimentaire :
- Microstratification arquée
116
microstratifications se rencontrent également dans la formation d'Anoual, dans des
remplissages de chenaux secondaires.
b- Les paléocourants
Une recherche des paléocourants à été réalisée pour la formation de Ksar Metlili.
Ils ont été déduits à partir des faisceaux à litage oblique.
Les paléocourants (fig. 14) mesurés dans les grès de la formation de Ksar Metlili
présentent une direction générale vers le Nord. Cependant à Garet ed Debaâ des
paléocourants moyens sont dirigés vers l'Est et le Sud-Est ce qui s'explique par la
persistance d'une éventuelle pente locale aux environs de Garet ed Debaâ depuis le
dépôt de la formation d'Anoual.
Il semble que les paléocourants présentent la même tendance vers le Nord pour les
formations d'Anoual et de Ksar Metlili, ceci est bien visible aux environs d'Anoual et de
Dekkar (Est d'Anoual). Dans le secteur de Garet ed Debaâ, cette tendance ne se vérifie
pas.
Les bois fossiles (fig. 13) se trouvent surtout au sein des barres gréseuses de la
formation de Ksar Metlili, partiellement ou totalement dégagés par l'érosion. La
silicification est plus ou moins intense ; elle peut être parfois absente ou négligeable
lorsque les bois sont tendres et oxydés. La grande abondance des bois fossiles a été
constatée dans la formation d'Anoual et dans la formation de Ksar Metlili. Elle
témoigne également de la proximité de forêts voire de leur installation dans le voisinage
immédiat du milieu de dépôt ; les conditions climatiques à humidité certaine (non
désertiques) existant lors du dépôt de la formation d'Anoual devraient se perpétuer lors
du dépôt de la formation de Ksar Metlili.
117
2m. L'une d'elles contient des bois fossiles. Deux lentilles calcaires alignées s'observent
également plus à l'Ouest. Entre les deux affleure, dans une position stratigraphique plus
basse, une lentille gréseuse à bois fossile et à stratification oblique. Les mesures des
plans de stratification donnent un paléocourant vers le Nord.
A Metlili Sahel, une lentille de calcaire fin grisâtre, d'épaisseur variable (plusieurs
centimètres à quelques décimètre) s'est révélée assez riche en gyrogonites de
charophytes (pl. 12, fig. 1). Elle correspond à la <<lentille de dolomie grise>> qui se
trouve au sommet de la coupe de détail (fig. 26A) de Sigogneau-Russell et al., (1990).
Certaines gyrogonites, extraites à l'aide de l'acide acétique anhydre, n'ont pas permis
d'obtenir des précisions stratigraphiques, il s'agit d'après Feist et Grambast-Fessard de
petites formes de Porochara.
Les coupes levées près d'Anoual (fig. 29) permettent de rendre compte des
variations latérales des faciès et des épaisseurs. La formation de Ksar Metlili débute
dans certains secteurs par des barres gréseuses plurimétriques déposées par des
écoulements, dirigés vers le Nord, dans les entailles causées par la discordance de
ravinement D6 (fig. 28). Du Guelb el Ahmar jusqu'aux environs de Dekkar à l'Est
d'Anoual, s'observe une nette variation de l'épaisseur de la formation de Ksar Metlili :
l'épaisseur maximale se situe à l'W d'Anoual (fig. 29). En se dirigeant vers l'Est et l'W
de la coupe C10, la formation de Ksar Metlili diminue d'épaisseur avec rapprochement
progressif du membre marin de la formation d'Anoual des calcarénites et calcirudites de
la formation de Dekkar 1 (base de l'Infracénomanien). Au NE du Dekkar la formation
de Ksar Metlili disparaît totalement : la formation de Dekkar 1 repose alors directement
118
sur le membre inférieur de la formation d'Anoual (discordance cartographique D7, p.
123).
En se dirigeant cette fois depuis Ksar Metlili jusqu'au Guelb el Ahmar, on peut
constater un important amincissement de la formation de Ksar Metlili. A Guelb el
Ahmar, son épaisseur ne dépasse pas 6 m. Ce sont ici des pélites dans lesquelles
s'intercalent une barre gréseuse et une lentille calcaire à stratification diffuse et à débit
noduleux rappelant les nombreuses lentilles calcaires rencontrées surtout au sommet de
la formation de Ksar Metlili dans les autres secteurs. Au delà de cet amincissement et en
se dirigeant vers le Nord, il n'a pas été possible, à cause des atterrissements, de suivre
les contacts. Il semble toutefois que la formation de Ksar Metlili disparaît vers le Nord
en direction de Jbel Mechkakour. Cet amincissement confirme la discordance
cartographique signalée par les anciens auteurs (Choubert et du Dresnay en particulier)
et minimisée par d'autres (Sigogneau-Russell et al.,1990).
119
120
celle du calcaire à restes de poissons de la formation d'Anoual (Guelb el Ahmar). Il
s'agirait de dépôts dans de petits lacs d'interfluves de la plaine deltaïque.
121
122
CHAPITRE V
LA DISCORDANCE CARTOGRAPHIQUE (D7)
Dans la région d'Anoual, les Plis marginaux et les Hauts Plateaux méridionaux
(fig. 1), une discordance cartographique sépare les formations de Dekkar 1, Dekkar 2 et
Dekkar 3 des terrains (essentiellement jurassiques) sous-jacents (fig.13 ; fig. 39a et
39b). A l'W d'Anoual, dans le synclinal de Ksar Jilali (=Ksar Djilali), une légère
discordance angulaire d'environ 10°, a été mise en évidence par du Dresnay (1956) entre
la formation de Dekkar 1 et les formations sous-jacentes désignées respectivement par
<<grès transgressifs>> et <<grès jurassiques sup.>> sur la figure 33. Cette discordance
est soulignée par les calcarénites et conglomérats de la formation de Dekkar 1 (fig. 11,
p. 66). Aux environs du Jbel Mechkakour (fig. 13, p. 73 ; fig. 39a, p. 149), la formation
de Dekkar 1 repose directement sur les Marno-calcaires à pholadomyes, les formations
sous-jacentes s'amincissent puis disparaissent et les conglomérats de la formation de
Dekkar 1 sont remplacés par un calcaire lacustre (Calcaire d'Aïn Mellouk) (Choubert,
1939). Latéralement, la formation de Dekkar 1 repose directement sur le membre
inférieur de la formation d'Anoual puis sur la formation de Ksar Metlili. A Guelb el
Ahmar et aux environs de Dekkar (fig. 39b, p. 150), l'amincissement ou la disparition
de la formation de Ksar Metlili confirme cette discordance cartographique, minimisée
récemment par Sigogneau-Russell et al. (1990).
Dans les Hauts Plateaux méridionaux, les Plis marginaux et au Jbel Houanite, la
formation de Dekkar 1 repose en discordance sur des terrains jurassiques. Les
formations rouges sous-jacentes à cette formation disparaissent dans la plupart de ces
régions, mis à part les Plis marginaux (Caïa,1969) et vraisemblablement la région de
Tendrara où Médioni (1969) attribue une trentaine de mètres de grès du sommet des
Marno-calcaires à pholadomyes au Jurassique continental (fig. 34).
123
124
CHAPITRE VI
LA FORMATION DE DEKKAR 1
Cette formation a été distinguée sur la carte de la région des Plis marginaux au
1/200 000 (Caïa, 1972) sous la désignation de <<conglomérats et grès blancs>>. Sur
cette carte, la formation de Dekkar 1 est limitée à un liseré parallèle à la limite
supérieure de la formation de Ksar Metlili. En réalité, mes observations montrent que
cette formation affleure largement dans le synclinal d'Anoual. La formation de Dekkar 1
correspond dans les environs du Jbel Mechkakour aux <<Conglomérats et grès de
Tahtania>> et au <<Calcaire lacustre d'Aïn Mellouk>> distingués par Bouchta (1967).
125
126
1- LES LITHOFACIES
Cette formation, bien reconnaissable sur le terrain, est dominée par des
calcarénites et des conglomérats séparés par des grès fins à moyens et des siltites (fig.
29 et 35). Des bancs de calcaire et de calcaire marneux ou dolomitique affleurent
souvent à leur base, aucun fossile n'y a été trouvé.
127
1-2- Les grès et les siltites
128
129
grossiers sont émoussés à subarrondis. La matrice rougeâtre ou noirâtre montre des
quartzs inframillimétriques. Le conglomérat se caractérise par : la grosseur des galets, le
mauvais classement et l'absence d'imbrication, de granoclassement, de chenalisation et
de stratification au sein des bancs. La base des bancs n'est pas érosive.
3- PALÉOMILIEU
La différence concernant la taille des éléments peut être expliquée par la position
qu'occupent les différents secteurs par rapport à la source des éléments. Les
conglomérats du Jbel Houanite, à éléments grossiers, occupaient une position
relativement proximale, alors que ceux d'Anoual, de Ksar Jilali, voire une grande partie
des Hauts Plateaux méridionaux et des Plis marginaux (Médioni, 1960 ; Caïa, 1969), se
trouvaient dans une position distale. Dans les parties proximales, prédominent les
coulées de débris (debris flow). Par contre, dans les parties plus distales dominent des
calcarénites chenalisées de la partie distale des cônes, séparées parfois par des grès et
des siltites également chenalisés ou à rides de courant. Ces faciès distaux sont déposés
par un système fluviatile en tresse comme en témoignent les structures sédimentaires et
l'agencement des lithofaciès. Dans la région d'Anoual, la strato-croissance observée
dans la formation de Dekkar 1 serait due à une accentuation des reliefs et une
augmentation des apports en éléments calcaires.
130
4- PROVINCES DISTRIBUTRICES ET EMPLACEMENT DES PALÉORELIEFS
Après le dépôt des formations d'Anoual et de Ksar Metlili, les reliefs étaient
assez prononcés pour permettre l'épandage conglomératique sur les bordures et de part
et d'autre du sillon atlasique où les conglomérats de la formation de Dekkar 1 reposent
en discordance sur les terrains jurassiques. Les éléments des conglomérats et des
calcarénites de cette formation proviennent du démantèlement de reliefs essentiellement
jurassiques, émergés lors d'un épisode de structuration postérieur au dépôt de la
formation de Ksar Metlili. Cette phase correspondrait à un début de la surrection de
l'Atlas, vraisemblablement durant le Crétacé inférieur (phase éocrétacée et non anté-
crétacée, Choubert et Faure-Muret, 1960-62) puisque la formation de Dekkar 1 est
attribuée (Sigogneau-Russell et al. 1990) au Crétacé basal (Berriasien?).
131
132
CHAPITRE VII
LA FORMATION DE DEKKAR 2
1- SUCCESSION LITHOSTRATIGRAPHIQUE
Cette formation, dominée par les faciès pélitiques et marneux, peut être
subdivisée, dans le secteur de Dekkar, en deux membres : un membre inférieur et un
membre supérieur. Dans les environs du Jbel Mechkakour, où les faciès gréseux
prédominent, cette subdivision est impossible.
Les seuls affleurements s'observent dans de petits affluents de l' oued Anoual. Le
membre inférieur est dominé par des pélites à intercalations de bancs centimétriques à
décimétriques de gypse et de rares niveaux gréseux. Des niveaux calcaires
centimétriques gris clair fossilifères s'observent localement dans le secteur du Dekkar
133
(NE d'Anoual) (fig. 27), ils ont fourni pour la première fois des lamellibranches et des
ostracodes.
Ils sont essentiellement fins (pélites, siltites et grès fins) ; les niveaux gréseux,
très peu fréquents, montrent parfois des laminations arquées (pl. 22). Dans la partie
sommitale de ce membre affleurent parfois des niveaux silto-gréseux bioturbés. Au
Nord d'Anoual, des niveaux de siltites marmorisées, de couleur rose clair et à taches
verdâtres témoigneraient de la présence de paléosols ; on y observe une importante
bioturbation (pl. 22, fig. 2). Certaines traces rappellent les striotubules (Plaziat, 1971 ;
1984), alors que d'autres montrent un manchon sombre autour d'une partie centrale plus
claire.
Il s'agit d'une succession de 5 niveaux plus ou moins poreux, séparés par des
faciès tendres (pélites ou marnes ?) cachés par les éboulis (fig. 27 et 35). Ces niveaux
ont été localisés dans la partie supérieure du membre inférieur dans le secteur du
Dekkar (NE d'Anoual) (pl. 21, fig. 1). Certains sont richement bioclastiques
(lamellibranches et ostracodes) ou à tendance lumachellique. En plus des ostracodes, de
très rares fragments de gyrogonites ont été dégagés de la roche par une attaque à l'acide
acétique anhydre. La présence d’ostracodes et de fragments de gyrogonites a été
signalée auparavant (Haddoumi, 1996). Les niveaux calcaires sont localement
vacuolaires, le microfaciès (pl. 23, fig. 2) est une bio-intramicrite à ostracodes. Les
bioclastes appartiennent surtout à des lamellibranches ; ils sont micritisés ou
recristallisés en sparite. La texture est packstone.
a- Les ostracodes
Ils ont été obtenus par lavage d'un niveau de marne calcaire et par l'attaque à
l'acide acétique anhydre d'un niveau calcaire. Malgré leur mauvaise conservation, B.
Andreu (in litt.) a reconnu dans le niveau marneux les taxons suivants : Cypridea sp.,
Ilyocypris ? sp. et des Cyprididae indét. Il s'agit de formes lacustres (vraisemblablement
du Purbeckien-Wealdien ?), n'apportant aucune précision stratigraphique. Les
ostracodes extraits du niveau calcaire appartiennent à des genres indéterminés.
134
b- Les lamellibranches
Les valves de lamellibranches les mieux conservées sont lisses, de petite taille et
à contour arrondi. Elles forment dans certains cas des horizons à tendance
lumachellique. Les valves les mieux conservées (dét. Freinex) sont des représentants
soit de Eocallista (Hemicorbicula)? du Purbeckien d'Europe, soit de Filosina ? du
Wealdien-Albien d'Europe, Liban. Ce sont des Corbiculacea GRAY, 1847 (= Cyrenacea
GRAY, 1840), famille des Corbiculidae GRAY, 1847 dont les espèces actuelles vivent
en eau douce ou saumâtre (oligohaline). D'après Freinex, les valves de l'échantillon
examiné constituent une <<paléocommunauté monospécifique à Corbiculidae,
d'environnement fluvio-lacustre, peu profond, agité par des courants>>.
c- Les charophytes
Ce membre (70 m environ) est formé par des barres silteuses et gréseuses (fig.
37, pl. 21, fig. 2) séparées par des pélites et des marnes rouges à intercalations de gypse
et de niveaux dolomitiques. Vers le sommet, apparaissent des passées marneuses
verdâtres. Dans certains ravins ou au niveau des petites collines on peut observer une
succession de barres gréseuses ou silteuses plus ou moins tendres, de couleur rouge
brique ou ocre séparées par des pélites et marnes brun-rouge avec des intercalations de
bancs de gypse (fig. 37). Les niveaux dolomitiques sont fréquents vers le sommet. Ces
différents faciès sont couronnés par une barre dolomitique crème facilement repérable
sur le terrain, coiffée par un banc de grès tendre ferrugineux, intensément bioturbé.
135
136
Cette barre dolomitique est formée par la succession de bancs centimétriques réguliers à
débit en plaquettes, le microfaciès est une dolomicrite ; aucun bioclaste n'a été observé.
La barre dolomitique et les grès ferrugineux bioturbés marquent le passage de la
formation de Dekkar 2 à la formation de Dekkar 3 (Marnes versicolores) du
Cénomanien (fig. 37).
Les pélites et les marnes séparant les barres gréseuses et silteuses sont souvent
de couleur rouge brique, plus rarement verdâtres ; elles sont métriques à plurimétriques
avec parfois des intercalations de bancs de gypse ou de dolomies. Elles ne révèlent
aucune structure sédimentaire. Les lavages réalisés apparaissent azoïques.
137
décimètres. Les niveaux dolomitiques et les gypses de ce membre seraient d'origine
laguno-lacustre.
Ce membre supérieur diffère de celui d'Anoual par une prédominance des faciès
gréseux.
Les faciès gréseux, de couleur rouge brique, sont localisés surtout dans la partie
supérieure; ils se présentent sous forme de bancs pluridécimétriques superposés, séparés
rarement par des niveaux calcaires centimétriques. Les structures sédimentaires les plus
remarquables sont : les stratifications obliques tabulaires et arquées auxquelles sont
associées de belles stratifications retournées (overturned cross stratification) rappelant
celle décrites dans la formation de Ksar Metlili (fig. 31), ainsi que les rides de courant
et d'oscillation et des convolutes (séismites). Ces dernières ont été observés dans un seul
banc. D'après les lames réalisées, il s'agit d'un grès mal classé à ciment sparitique assez
abondant, la taille des quartz atteint 400 µm.
138
2-2-2- Faciès carbonatés
les faciès pélitiques et les passées de gypse sont très rares. Seules des marnes
violettes à gypse apparaissent au sommet du membre (n°11, fig. 36)
3- PALÉOMILIEU
Dans les Plis marginaux et les Hauts Plateaux méridionaux, le milieu est
comparable à celui de la région d'Anoual, avec une succession d'un milieu à cônes de
139
déjection et d'un milieu laguno-lacustre. Caïa (1969) avait aboutit à la même conclusion
pour l'Infracénomanien des Plis marginaux.
140
CHAPITRE VIII
FORMATION DE DEKKAR 3
141
Les calcaires cénomano-turoniens correspondent dans les environs du Jbel Mechkakour
au <<Calcaire de Ras Maadid>> (Bouchta, 1967).
Paléomilieu
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QUATRIEME PARTIE
CADRE GÉODYNAMIQUE
REGIONAL
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CHAPITRE I
EVOLUTION TECTONO-SÉDIMENTAIRE
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Après le rifting et les dépôts détritiques et les coulées doléritiques du Trias,
se déposent des carbonates <<post-rift>> du Lias inférieur et moyen (Piqué et Laville,
1993a). Le dépôt des carbonates liasiques reflète un milieu de plate-forme restreinte qui
s'ouvre progressivement vers le sommet du Lias inférieur (S1, fig.4). L'ouverture
s'accentue lors du dépôt des calcaires rythmés du Lias moyen (S2). Cette évolution est
interrompue par une pulsation tectonique entre S1 et S2, responsable d'un changement
fondamental dans la nature de la sédimentation (passage des dolomies et calcaires massifs
vers des calcaires rythmés). Des zones à sédimentation réduite et récifale existent au milieu
des sédiments de la chaîne bordière (Dubar, 1948 ; du Dresnay, 1971 et 1975-77) et au
coeur même du Haut Atlas oriental, comme c'est le cas de la ride du Bou Dahar, au Sud
d'Anoual . Cette ride de direction WSW-ENE, est bordée au Nord par une importante faille
(fig. 38) qui part du bord sud de l'Atlas dans la région de Kerdouss, traverse la chaîne par
le Jbel Bou Dahar, pour se perdre vers l'Est dans le Paléozoïque de Tamlelt.
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le Jbel Ourkhsas se trouvait dans une zone relativement moins profonde (haut-fond). Cette
variation des faciès s'expliquerait par la présence d'une ride à l'emplacement du Jbel
Mahref, juste au Nord du Jbel Ourhksas. La ride du Jbel Mahref serait ébauché
antérieurement au dépôt du Dogger (du Dresnay, 1962 et 1975). A l'échelle d'Anoual, il n'a
pas été possible de mettre en évidence d'importantes variations d'épaisseur ou de faciès
dans la formation des Marno-calcaires à pholadomyes.
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matérialisée par une discordance de ravinement et une surface durcie ferrugineuse
(discontinuité D6, fig. 39a et 39b) séparant les dépôts bathoniens et les dépôts crétacés. La
reprise de la subsidence permet le dépôt de la formation de Ksar Metlili. Les variations de
l'épaisseur de cette formation restent difficiles à interpréter surtout à l'Est et au NW
d'Anoual où on assiste à un biseautage (fig. 39a et 39b) par les calcarénites et les
conglomérats de la formation de Dekkar 1. La phase d'érosion précédant les dépôts de
l'Infracénomanien ne semble préserver la formation de Ksar Metlili qu'au SW d'un axe qui
passe approximativement par Guelb el Ahmar et Dekkar ; au Nord de cet axe et aux
environs du Jbel Mechkakour, la formation d'Anoual disparaît également. La formation de
Dekkar 1 et les formations sus-jacentes, reposent ici directement sur la formation des
Marno-calcaires à pholadomyes.
Le cadre de la genèse des bassins crétacés de la région d'Anoual reste à affiner par
des observations à plus grande échelle (Plis marginaux et Hauts Plateaux méridionaux).
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CHAPITRE II
INTERPRÉTATION GÉODYNAMIQUE
Bloc d'Anoual
Ce bloc est limité au Nord et au Sud par les accidents A1 et A2 et à l'Ouest et à
l'Est par les accidents A3 et A4. Il présente un axe de basculement orienté sensiblement
NW-SE ; le sens de basculement est vers le SW.
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Bloc de Ksar Jilali
Situé au SE du bloc précédant, le bloc de Ksar Jilali est limité par les accidents A2,
A4 et A7. Il présente le même axe et sens de basculement que le bloc d'Anoual.
Blocs de Talsint
Il s'agit de deux blocs limités par les accidents A2, A6, A7 et le prolongement vers
le SW de A3. L'accident A6 sépare les deux blocs. Les blocs de Talsint présentent le même
axe et sens de basculement que les blocs d'Anoual et de Ksar Jilali.
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(1985) propose un modèle de bassin sur décrochements senestres orientés E-W en
multiples relais distensifs et compressifs (fig. 41a). D'après El Kochri et Chorowics 1996),
le Jurassique se caractériserait par des failles normales-obliques (SW-NE) développées en
bordure de blocs basculées, associées à un régime de paléocontraintes extensives avec une
composante minimale orientée WNW-ESE. Les failles parallèles à cette direction (bien
visibles dans la région d'Anoual) sont interprétées comme des failles de paléotransfert,
actives durant la subsidence du sillon haut atlasique (fig. 41b) ; cette activité est démontrée
par les variations de l'épaisseur durant les dépôts du Jurassique inférieur et du Jurassique
moyen. Les failles SW-NE, étaient très actives durant le Jurassique précoce.
Dans le Hauts Atlas central, les effets de la tectonique au Jurassique sont attribués
soit à une phase distensive (Laville, 1979 ; Jenny et al., 1981 ; Monbaron 1982 ;
Bernasconi, 1983), soit à une phase compressive (Laville, 1978 ; Studer, 1980 ; Studer et
du Dresnay, 1980). L'importance de la sédimentation et le magmatisme sont à l'origine de
la première interprétation, alors que les failles inverses et stylolithes sont à l'origine de la
deuxième hypothèse. Monbaron (1982) considère que l'évolution géodynamique du Haut
Atlas central se résume en un paroxysme médio-jurassique, suivi d'une structuration
majeure au Tertiaire. Jenny (1984) admet que durant le Jurassique moyen une grande partie
du Maroc était soumise à une compression ESE-WNW.
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CINQUIEME PARTIE
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INTRODUCTION
Dans cette partie, un essai de comparaison sera tenté entre les Couches rouges du
Haut Atlas oriental et celles des Hauts Plateaux méridionaux, Plis marginaux, Moyen
Atlas, Haut Atlas central et Atlas saharien. Les Couches rouges, quoique réputées très
pauvres en fossiles, n'ont cessé ces dernières années de fournir des microfossiles forts
intéressants par les renseignements stratigraphiques et paléoécologiques fournis, comme
c'est le cas dans le Haut Atlas central (Haddoumi et Mangold, 1987 ; Haddoumi, 1988) et
dans le Moyen Atlas (Andreu et al., 1988 ; Charrière, 1990 ; Charrière et Vila, 1991 ;
Charrière et al., 1994). Lorsque les corrélations sont délicates à établir, seuls les plus
importants résultats sédimentologiques, stratigraphiques et tectoniques, acquis récemment,
seront présentés.
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CHAPITRE I
Sur les Hauts Plateaux méridionaux, au NE d'Anoual, les Couches rouges sont
limitées à l'Infracénomanien (équivalent des formations de Dekkar 1 et Dekkar 2) et au
Cénomanien (équivalent de la formation de Dekkar 3). Les formations rouges sous-jacentes
sont absentes (érosion ou non dépôt) dans la plupart des secteurs des Hauts Plateaux
méridionaux. Les Couches rouges de l'Infracénomanien et du Cénomanien reposent ici en
discordance cartographique sur le Bajocien ou sur le Bathonien, rarement sur le Jurassique
continental. Ce dernier (équivalent de la base des Couches rouges d'Anoual ?) est
représenté par une trentaine de mètres de grès à l'extrêmité SW du synclinal de Tendrara
(Médioni, 1960 ; 1968 ; 1969) (fig. 34). Les dépôts de l'Infracénomanien, équivalents des
formations de Dekkar 1 et Dekkar 2, sont formés essentiellement de conglomérats et de
grès. Le passage vers les marno-calcaires du Cénomanien (équivalent de la formation de
Dekkar 3) se fait d'une manière continue. Cependant, dans certains secteurs (Foum Aggaï,
N de la Chebka Tioudadine), un niveau très siliceux (banc de calcédoine) constitue une
coupure nette (Médioni, 1969).
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Les grès (= formation de Dekkar 2) sont de couleur rouge ou violette, à
stratification entrecroisée, passant parfois à des faciès plus grossiers et même à des
conglomérats. Certaines barres gréseuses présentent des kerkoubs. Les autres faciès cités
par Médioni sont : calcaire probablement lacustre, silex et gypse dans la partie supérieure
de la série et des passées dolomitiques comparables à celles du sommet de
l'Infracénomanien du Jbel Houanite.
La zone des Plis marginaux est située à l'Ouest et au Nord-Ouest de notre secteur,
elle s'étend du Sud au Nord depuis la bordure septentrionale de la chaîne atlasique
jusqu'aux plateaux de Rekkame. La zone des Plis marginaux est affectée de plis droits, peu
accentués en général, de direction atlasique ENE, qui s'adoucissent progressivent vers le
Nord ; ils sont limités au Sud par le chevauchement nord atlasique des terrains liasiques
(Caïa, 1969). Les terrains qui affleurent sont essentiellement du Crétacé moyen et supérieur
reposant sur des formations du Jurassique moyen (Choubert, 1939).
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partie septentrionale des Plis marginaux, les premières formations des Couches rouges
(=Jurassique continental dans la subdivision de Caïa) et l'équivalent de la formation de
Dekkar 2 sont absents (tabl. IV).
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CHAPITRE II
1- MOYEN ATLAS
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Les mégaséquences S3 et S4 (depuis les Marnes toarciennes jusqu'au Calcaire
corniche) correspondent en grande partie à l'étape de comblement (étape 3) (Fedan, 1989)
ou aux mégaséquences J5 et J6 (Charrière,1990) qui marquent la différenciation tectonique
d'un sillon marneux suivi de l'ennoyage des différents blocs basculés.
Dans la région d'Anoual, le passage des dépôts jurassiques à ceux du Crétacé se fait
au sein des Couches rouges entre la formation d'Anoual et la formation de Ksar Metlili, où
il est matérialisé par une discordance de ravinement et/ou une surface durcie ferrugineuse ;
ce passage pourrait correspondre à la discordance cartographique (phase 1 de la tectonique
éocrétacée) mise en évidence par Charrière (1990 et 1992). Cette discordance sépare les
couches d'El Mers du Conglomérat inférieur de l'Oued el Atchane dont la majorité des
éléments proviennent de l'érosion de roches calcaires micritiques à ostracodes (fig. 43) ; ce
conglomérat reflète le caractère <<épidermique>> d'un premier cycle d'érosion
(Barrémien?) qui n'a touché que certaines assises terminales du Dogger
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(Charrière, 1992). L'équivalent du Conglomérat inférieur de l'Oued el Atchane pourrait être
la formation de Ksar Metlili dans la région d'Anoual (fig. 44), dont la base ravine
localement ou totalement le membre marin de la formation d'Anoual ; les produits
d'érosion se seraient déposés au loin des secteurs d'érosion (vers le Nord, d'après les
paléocourants). On peut donc parler également ici d'une érosion <<épidermique>>. A
Anoual ce sont les indices (ravinements importants) de cette érosion qui sont visibles, alors
que dans le Moyen Atlas se sont plutôt les produits d' une érosion (locale) semblable qui
sont déposés.
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La deuxième discordance (=D11 dans le Moyen Atlas ou D7 à Anoual) marque une
structuration régionale éocrétacée (anté ou intra-barrémienne). La suite de l'évolution
sédimentaire se fait dans le Moyen Atlas par des dépôts crétacés, disposés dans des bassins
méridiens, recouvrant en oblique les structures jurassiques de direction SW-NE (Charrière,
1996). Les formations de Dekkar 2, Dekkar 3 et la barre cénomano-turonienne de la région
d'Anoual correspondent respectivement à la Série rose, à la Série jaune (Cénomanien) et à
la formation d'Aït Ben Ali, avec toutefois un diachonisme à la base de la dernière
formation qui débute au Turonien inférieur dans le Moyen Atlas central et non au
Cénomanien supérieur. Pour les terrains postérieurs à la barre cénomano-turonienne aucune
corrélation ne sera tentée, faute d'études de détail dans notre région.
2- HAUT ATLAS
Le Haut Atlas central se trouve à l'Ouest du Haut Atlas oriental, séparé de l'Atlas
occidental par le Massif ancien haut atlasique. Comme le reste des sillons atlasiques, le
Haut Atlas central est né d'un bassin mésozoïque comblé du Lias au Crétacé par des séries
carbonatées et détritiques rubéfiées. Une importante phase tectonique médio-jurassique,
accompagnée de manifestations magmatiques (Monbaron, 1982) est connue dans cette
partie du sillon atlasique. Elle a fait surgir des rides (=anticlinaux pincés du Lias) contre
lesquelles les couches du Lias et du Dogger se terminent en biseau avec des discordances
syntectoniques (Riba, 1975) ou discordances progressives (Jenny et al., 1981) ; ces
discordances sont particulièrement bien marquées au Bathonien.
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2-1-1- L'Atlas de Béni Mellal et de Demnat
a- Biostratigraphie
Depuis les premiers travaux, les Couches rouges du Haut Atlas central ont connu
des attributions stratigraphiques contradictoires qui ont entrainé de vives discussions
(historique in Jenny et al. 1981). Les Couches rouges de l'Atlas de Béni Mellal et Demnat
(fig. 47) ont été cartographiées (Jenny, 1985 ; Le Marrec, 1985 ; Monbaron, 1985) et
attribuées au Jurassique moyen (Bathonien-Callovien?). Cette attribution est basée sur des
arguments paléontologiques (dinosauriens et palynomorphes), géochronologiques et
lithostratigraphiques, recueillis esentiellement dans la formation de Guettioua (première
formation des Couches rouges). Une liste des éléments de datation a été donnée par Jenny
et al., (1981). L'un des arguments paléontologiques les plus importants a été obtenu grâce à
la découverte par Monbaron d'un dinosaurien (Cetiosaurus moghrebiensis DE
LAPPARENT) dans la cuvette de Tilougguit (Monbaron et Taquet, 1981). Des précisions
tectono-sédimentaires concernant surtout la phase médio-jurassique ont été données (Jenny
et al. 1981a ; Jenny, 1984)
Dans cette région, le terme Couches rouges désigne souvent (Jenny et al., 1981 ;
Haddoumi, 1988) une série continentale gréseuse et pélitique, avec des coulées basaltiques
interstratifiées ; encadrée par la formation de Tilougguit à la base, d'âge bathonien inférieur
(Haddoumi, 1988), et par la Barre aptienne (Rolley, 1978 ; Souhel,1987) au sommet. Dans
le Haut Atlas oriental, j'ai utilisé le terme <<Couches rouges>> pour désigner un ensemble
compris entre les Marno-calcaires à pholadomyes et le calcaire cénomano-turonien.
Les Couches rouges de l'Atlas de Béni Mellal et de Demnat (fig. 44) ont été
divisées en trois formations (Jenny et al., 1981) : formation de Guettioua (ou formation
des Grès de Guettioua) , formation des Iouaridène et formation du Jbel Sidal. . Sur le profil
des Couches rouges d'Aït Attab (fig. 44), seuls sont représentés les fossiles ayant fourni une
datation ; les principaux gisements fossilifères ont été localisés (Haddoumi, 1988) dans la
formation du Jbel Sidal, réputée auparavant comme la plus pauvre en fossiles (fig. 48a et
48b).
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Sidal au cycle crétacé sur des critères paléontologiques (Haddoumi, 1988) et aussi
sédimentologiques et paléogéographiques (Souhel, 1987). Ces données modifient
profondément les attributions de Jenny et al. (1981). Les arguments paléontologiques ont
été obtenus par la découverte, dans le synclinal d'Aït Attab, d'une microfaune à ostracodes
et conchostracés (fig. 48a et 48b) prouvant l'existence du Crétacé inférieur (Wealdien) dans
les Couches rouges du Haut Atlas central. Ceci infirme l'hypothèse d'une importante
discontinuité entre les Couches rouges et la Barre aptienne, comme elle a été avancée par
Jenny et al. (1981). Un premier examen rapide des ostracodes a été fait par Bate (in
Haddoumi, 1988). Vu l'importance de cette microfaune, l'étude des ostracodes a été
poursuivie récemment avec la collaboration de B. Andreu et J.-P. Colin. Les nouveaux
résultats paléontologiques, paléoécologiques et stratigraphiques sont présentés en annexe.
b- Comparaison entre les Couches rouges de l'Atlas de Béni Mellal et de Demnat et celles
de la région d'Anoual
Un essai de comparaison entre le Haut Atlas central et la région d'Anoual a été tenté
(Haddoumi, 1995), il sera repris et précisé ici par nos nouvelles découvertes.
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présentent des incursions saumâtres et marines matérialisées au sommet de la formation
d'Anoual par un membre marin, daté du Bathonien inférieur par des brachiopodes (dét.
Alméras). Il semble que la formation d'Anoual soit l'équivalent de la partie inférieure des
Couches rouges du Haut Atlas central, un diachronisme à sa base reste probable puisque,
du point de vue paléogéographique, le Haut Atlas central se trouvait au fond d'un golfe où
les faciès jurassiques marins passent à des faciès lagunaires et continentaux.
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2-1-2- Région d'Imilchil et bordure sud du Haut Atlas central
Dans cette zone Est et Sud-Est du Haut Atlas central (fig. 49), les Couches rouges
affleurent également dans des synclinaux, comme c'est le cas à Msemrir, Tamtetoucht, et
aux environs d'Imilchil. Dans la zone marginale sud, les Couches rouges ne peuvent être
distinguées des formations sous-jacentes qui sont également détritiques, les sédiments
détritiques apparaissent ici depuis le Pliensbachien et s'étendent jusqu'au Crétacé (Mohr et
Seufert, 1987 ; Seufert, 1988) (fig. 49).
Loin de cette zone, au sein du sillon haut atlasique, la succession des faciès permet
de distinguer les Couches rouges, souvent attribuées au Bathonien-Callovien, des
formations sous-jacentes. Ces dernières sont ici comparables à celles de l'Atlas de Béni
Mellal et de Demnat. Les Couches rouges, non subdivisées ici en trois formations (comme
c'est le cas dans l'Atlas de Béni Mellal et de Demnat), sont comparables à la formation de
Guettioua ; elles sont parfois désignées dans la région d'Imilchil par formatin d'Isli
(Kidmiri et al. 1996). La formation sous-jacente, à caractère littoral, est l'équivalent de la
formation de Tilougguit, cette dernière est désignée ici par formation d'Imilchil dont le
sommet date du Bathonien inférieur ; cet âge est indiqué par des brachiopodes (Kidmiri et
al. 1996).
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Les sédiments se sont mis en place dans des demi-grabens avec parfois des
discordances locales comme c'est le cas le long de la bordure sud du synclinal de
Tamtetoucht. Des épaississements synsédimentaires existent également, causés par des
failles normales synsédimentaires. Il faut rappeler que de tels phénomènes sont
spectaculaires dans l'Atlas de Béni Mellal et de Demnat.
Les Couches rouges des environs d'Imilchil et de la bordure sud du Haut Atlas
central, correspondent donc à des sédiments détritiques non découpés en trois formations
comme c'est le cas dans l'Atlas de Béni Mellal et de Demnat. Près de la bordure sud, le
Crétacé détritique existe, mais sa distinction avec les Couches rouges jurassiques est
impossible aujourd'hui, même la base de ces dernières ne peut être mise en évidence
puisque la sédimentation détritique a débuté très tôt, dès le Lias. Le passage
Jurassique/Crétacé reste encore inconnu. Seuls des critères lithologiques permettent de
distinguer un ensemble supérieur (Infracénomanien?), caractérisé par la finesse de ces
éléments et surmonté par la Barre cénomano-turonienne, et un ensemble inférieur
détritique grossier. Au nord de cette zone, les dépôts du Dogger marin anté-Couches rouges
sont comparables à ceux d'Anoual, avec en particulier la formation des Marno-calcaires à
pholadomyes. Aucune incursion marine ou saumâtre n'est signalée dans les Couches rouges
de cette région, ce qui laisse penser que le Haut Atlas central se trouvait dans une position
relativement éloignée des rivages jurassiques.
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En conclusion, la comparaison entre les Couches rouges du Haut Atlas central et du
Haut Atlas oriental s'avère très délicate. Seules de nouvelles données stratigraphiques et
structurales pourront la rendre possible. Pour les formations du Lias et du Dogger, sous-
jacentes aux Couches rouges, aucune comparaison n'a été tentée, puisque plusieurs travaux
de synthèse ont été réalisés dans ce sens, en particulier par Choubert et Faure-Muret (1960-
62), du Dresnay (1979 ; 1987), Warme (1988), …etc.
3- ATLAS SAHARIEN
Du côté algérien, Bassoullet (1973) donna une description sommaire des Couches
rouges de l'Atlas saharien occidental (côté algérien). Un essai de corrélation (tabl. VII) a été
réalisé par cet auteur, il permet de faire une corrélation des couches détritiques jurassico-
crétacées du SW vers le NE, région atteinte par une incursion marine de l'Aptien. Ce repère
fait défaut dans la région SW (formation de Tiout) et dans les Grès de Béni Smir. La
distinction entre les couches rouges jurassiques et crétacée reste délicate, tout essai de
distinction en l'absence de repères stratigraphiques serait hasardeux. Les formations de
Djara, d'Aïssa et de Tiloula, sous-jacentes à la formation de Tiout (Néocomien-Albien)
sont considérées par Bassoullet (1973) comme de dépôts de la fin du Jurassique.
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Du point de vue paléogéographique, les couches détriques jurassico-crétacées de
l'Atlas saharien sont souvent comparées à des dépôts deltaïques d'un important delta (delta
des Ksour, Delfaud, 1974 ; 1986) qui s'installe durant le Dogger et le Malm et qui prograde
vers la Téthys au Nord. Des travaux plus récents (Tourqui, 1996) ont apporté des
précisions sédimentologiques et paléogéographiques dans la partie Est de l'Atlas saharien
occidental durant le Callovo-Oxfordien. L'auteur précité conclut également à des dépôts
deltaïques et distingue trois domaines : un domaine caractérisé par l'apparition précoce
d'une sédimentation essentiellement détritique (Ouest de Kerdacha et Nord d'El Abiodh),
un domaine oriental en permanence sous influence marine (Nord-Est de Brezina) et un
domaine préatlasique (Nord d'El Bayadh) caractérisé par une sédimentation moins épaisse
que vers le Sud. Ces trois domaines sont séparés par des linéaments majeurs correspondant
à d'anciennes failles dont l'activité synsédimentaire est attestée par des variations
d'épaisseurs et des figures de glissement.
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SIXIEME PARTIE
CONCLUSIONS GÉNÉRALES
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CHAPITRE I
RÉSULTATS STRATIGRAPHIQUES
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Nos données stratigraphiques ont pour conséquence de mieux caler le passage
entre les dépôts jurassiques et les dépôts crétacés souvent recherché dans le domaine
atlasique. Dans le Moyen Atlas, les travaux de Charrière (1990 ; 1992) ont permis de
cerner ce passage (matérialisé par une discordance cartographique). Par contre, dans le
Haut Atlas central ce passage restait inconnu ; il pourrait correspondre à une éventuelle
phase tectonique néocimmérienne (entre le Jurassique et le Crétacé) qui séparerait la
formation du Jbel Sidal et les formations sous-jacentes (Souhel, 1987), les arguments
sont d'ordre paléogéographique et sédimentologique (apparition d'une polarité atlantique
depuis le dépôt de la formation du Jbel Sidal). Cette interprétation n' est pas appuyée sur
le terrain par une discontinuité majeure succeptible de matérialiser cette éventuelle
phase tectonique.
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CHAPITRE II
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S4, de type klüpfélien qui se termine par l'installation d'une plate-forme carbonatée,
jalonnée de petits récifs.
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lamellibranches, gastéropodes, échinodermes ...) mêlée à des ossements de dinosaures et
de crocodiles (fig. 50b-B).
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d'Anoual faisait donc partie, durant cette période, des terres émergées du SW de la
Téthys ; les schémas paléogéographiques classiques (fig. 46) du Jurassique supérieur
restent valables pour la région.
194
marge maghrébine de la Téthys ne sera tentée pour la période qui correspond au dépôt
de la formation crétacée de Ksar Metlili, vu l'imprécision de son âge et de sa durée.
Les formations d'Anoual (moitié supérieure de S5) et de Ksar Metlili (S6) peuvent
être comparées à un ensemble deltaïque formé par l'empilement de deux cycles
deltaïques individuels (cycle deltaïque 1 et cycle deltaïque 2), séparés par une
récurrence marine et une importante discontinuité de ravinement (D6). Cette
discontinuité est causée par une émersion et une érosion de durée prolongée, à la suite
d'un blocage de la subsidence lors d'un premier épisode de stucturation (infracrétacé ou
éocrétacé), la reprise de cette dernière permet le dépôt du deuxième cycle deltaïque.
L'empilement de ces deux cycles est à l'origine d'un ensemble deltaïque globalement
régressif.
INFRACÉNOMANIEN ET CÉNOMANIEN
195
Après l'arrêt des apports calcaires, vraisemblablement à la suite de la disparition
des reliefs et de la pente (au moins localement) s'installent, lors du dépôt de la
formation de Dekkar 2, des conditions laguno-lacustres ; des chenaux à remplissage
silto-gréseux apparaissent localement (fig. 50b-D). Au Jbel Houanite, le membre
supérieur de cette formation est dominé par des grès chenalisés (chenaux en tresse), qui
témoignent de l'apparition d'un système fluviatile après les dépôts laguno-lacustres du
membre inférieur. Les paléocourants mesurés à Anoual, à Jbel Mechkakour et à Jbel
Houanite (fig. 50a-F), présentent un tendance préférentielle vers l'Ouest (polarité
atlantique ?), différente de celle trouvée dans les formations d'Anoual et de Ksar Metlili,
et comparable à celle trouvée à partir de la formation du Jbel Sidal (troisième formation
des Couches rouges du Haut Atlas central, d'âge crétacé inférieur) (Souhel, 1987 ;
Haddoumi, 1988).
196
CHAPITRE III
La comparaison entre les Couches rouges d'Anoual et celles des Hauts Plateaux
méridionaux, Plis marginaux, Moyen Atlas, Haut Atlas central et Atlas saharien n'a pas
toujours été facile à cause de la rareté de repères stratigraphiques, de l'absence de séries
complètes, du manque d'études monographiques (cas des Grès de Béni Smir, dans
l'Atlas saharien), de l'apparition précoce de couches détritiques rouges (bordures sud et
ouest du Haut Atlas central) ou l'existence durant le dépôt d'une histoire tectonique dont
les phases sont ressenties différement selon les régions. Certaines corrélations
proposées restent hypothétiques, seules de nouvelles découvertes d'ordre stratigraphique
pourront les vérifier.
C'est avec les Couches rouges du Moyen Atlas que les Couches rouges d'Anoual
présentent le plus de points communs, du point de vue milieu de dépôt et d'évolution
paléogéographique. Les épisodes de structuration (épisode 1 infracrétacé ou éocrétacé
et épisode 2 éocrétacé) sont enregistrés dans les deux régions.
197
vue paléogéographique, les couches détritiques jurassico-crétacées de l'Atlas saharien
correspondent à des dépôts deltaïques comme c'est le cas des deux premières formations
des Couches rouges d'Anoual, voire les Couches rouges de la région d'Imilchil. Les
Couches rouges de l'Atlas de Béni Mellal et de Demnat se sont déposés dans un milieu
franchement continental : fluviatile pour les formations de Guettioua et du Jbel Sidal, et
milieu de playa évaporitique pour la formation des Iouaridène (Souhel, 1987 ;
Haddoumi, 1988 ; Haddoumi et al., 1989).
198
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
199
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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210
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figures
211
Fig. 16 - Caractéristiques géomorphologiques et sédimentologiques des
chenaux de rivières à charge de fond (bedload channel), mixte (mixed
load channel) et en suspension (suspended load channel), d'après
Galloway, 1981. ..........................................................................................................82
212
Fig. 32 - Environnements marins et continentaux lors du dépôt de
la formation des Marno-calcaires à pholadomyes et des formations
d'Anoual et de Ksar Metlili. ......................................................................................120
Fig. 39a - Discordances et variations latérales des faciès entre le sillon haut
atlasique et le Sud du domaine des Hauts Plateaux ..................................................149
Fig. 41a - Modèle géodynamique proposé par Laville (1985) pour l'évolution
du Haut Atlas pendant la période allant du Bathonien au Jurassique supérieur. .......155
Fig. 44- Essai de corrélation entre les Couches rouges du Haut Atlas central
(synclinal d'Aït Attab), du Moyen Atlas et du Haut Atlas oriental (synclinal
d'Anoual).......................................................................................169
213
dépôts crétacés de la région de Boulemane, d'après Charrière et Vila (1991).
B : Paléogéographie de la marge maroco-algérienne de la Téthys à l'Oxfordien
supérieur-Kimméridgien inférieur, d'après Cattanéo (1989). .....................................172
Tableaux
214
ANNEXE
215
216
OSTRACODES DU WEALDIEN DU HAUT ATLAS CENTRAL
*Univ. P. Sabatier, Toulouse III, Lab. Strat. Séq. et Micropal. , 39 allées J. Guesde,
31062 Toulouse Cedex, France.
**ESSO-REP, 213 Cours V. Hugo, 33323 Bègles, Cedex, France.
***Univ. Mohamed 1°, Fac. Sciences, Dpt. Géologie, Oujda, Maroc.
1- INTRODUCTION
Des coupes détaillées, levées dans les Couches rouges du synclinal d'Aït Attab,
avaient permis à l'un de nous (H. H.) de découvrir dans la Formation du Jbel Sidal,
formation détritique considérée jusqu'ici comme très pauvre en fossiles, des gisements à
microfaune et à empreintes de pas de dinosauriens (Haddoumi et Mangold, 1987 ;
Haddoumi, 1988). Le gisement à microfaune qui constitue une nouveauté pour les
Couches rouges contient des ostracodes, des conchostracés et des gastéropodes nains.
Les premiers examens des ostracodes et des conchostracés avaient été confrontés
à plusieurs problèmes d'ordre systématique, auxquels s'est ajouté la médiocrité de
conservation. Les attributions et interprétations stratigraphiques des Couches rouges,
souvent contradictoires, nous ont poussé à poursuivre l'étude de cette microfaune. Le
présent travail est consacré à l'étude des ostracodes (B. A. et J. -P. C.). Les aspects
sédimentologiques et paléoécologiques sont également présentés.
2- CONTEXTE GÉOLOGIQUE
Le synclinal d'Aït Attab, l'un des synclinaux de l'Atlas de Béni Mellal, est situé
près de la bordure nord du Haut Atlas central. Il présente un remplissage jurassico-
crétacé, traduisant le comblement de la fosse atlasique à partir du Bathonien (Du
Dresnay, 1979). Comme dans la plupart des synclinaux de l'Atlas de Béni Mellal, les
Couches rouges intercalées entre la formation de Tilougguit, d'âge Bathonien inférieur
(Haddoumi, 1988) et les marno-calcaires de l'Aptien, ou barre aptienne (Rolley, 1978),
sont divisées en trois formations (Jenny et al.,1981) : F. de Guettioua, F. des Iouaridène
et F. du Jbel Sidal. Deux coulées basaltiques (B1 et B2) visibles le long du versant nord
217
facilitent la distinction des différentes formations (fig. 48a). Sur le versant sud, une
discordance s'observe à la base des Couches rouges, et seules les formations : du Jbel
Sidal, d'Aït Terfeld du Bédoulien-Aptien moyen à supérieur, et de Ouaouizaght de
l'Albien-Cénomanien supérieur, sont représentées. Ces formations sont recouvertes par
la Formation d'Aït Attab dite barre cénomano-turonienne (Andreu, 1991).
Les Couches rouges se sont déposées dans une plaine alluviale, soit par un
système fluviatile (formation de Guettioua et formation du Jbel Sidal), soit dans un
milieu de playa évaporitique (formation des Iouaridène).
L'âge des Couches rouges est vivement discuté (historique in Jenny et al.,1981)
; elles ont été rapportées tantôt au Jurassique moyen, tantôt au Crétacé inférieur, souvent
sans preuve paléontologique.
Les Couches rouges du synclinal d'Aït Attab ont été cartographiées et attribuées
à l'Infra-Aptien (Rolley, 1978). Jenny et al. (1981) ont proposé pour l'ensemble des
Couches rouges du Haut Atlas central un âge Bathonien-Callovien ? ; cette attribution,
qui suppose l'existence d'un hiatus de sédimentation au sommet de la formation du Jbel
Sidal avant les dépôts de l'Aptien, est argumentée par la présence d'un sauropode
(Cetiosaurus mogrebiensis ) localisé à la base des Couches rouges, dans la cuvette de
Tilougguit (Monbaron et Taquet, 1981).
Les travaux récents (Souhel, 1987 ; Haddoumi, 1988 ; Monbaron, 1988) ont
tendance à étendre l'âge des Couches rouges du Jurassique moyen au Crétacé inférieur.
Les arguments de Souhel (1987) et de Monbaron (1988) sont surtout d'ordre
sédimentologique (passage progressif vers la Barre aptienne, stocks de matériaux fins).
Les datations radiochronologiques effectuées sur les basaltes avaient donné des
âges contradictoires (tableau in Jenny et al., 1981).
3- SÉDIMENTOLOGIE
La formation du Jbel Sidal, dans laquelle ont été trouvés les niveaux fossilifères,
est constituée d'une succession de corps lenticulaires (remplissages de chenaux) silteux,
gréseux ou conglomératiques ; ils sont séparés par des faciès pélitiques de plaine
inondable à intercalations de petits niveaux silteux ou finement gréseux, très bioturbés
par des terriers. En surface se rencontrent des empreintes de pas de dinosauriens ou de
218
rides d'oscillation (fig. 48b) ; leur face inférieure moule souvent des fentes de
dessiccation. L'agencement des lithofaciès, la géométrie du remplissage des chenaux,
ainsi que les séquences et les structures sédimentaires s'intégrent dans un modèle
sédimentologique fluviatile : réseau de chenaux droits à faiblement sinueux (Haddoumi,
1988 ; Haddoumi et al.,1989).
Quatre niveaux dolomitiques ont été distingués. Les trois premiers niveaux (a, b
et c) sont gris-vert et se débitent en plaquettes millimétriques. Ils sont moins riches en
microfaune que le niveau d. Le microfaciès dolomitique est assez riche en quartz
détritique (10 à 20%), en muscovite et en feldspaths. Les quartz sont subanguleux et
leur taille est comprise entre 20 et 100 µm. La roche est très dolomitisée ; les cristaux de
dolomite varient de quelques µm à 300 µm. Des fantômes d'ostracodes sont fréquents.
Ces trois niveaux sont séparés du dernier niveau dolomitique (d) par des marnes litées,
également riches en ostracodes, conchostracés et gastéropodes nains.
Le niveau d se caractérise par une couleur ocre avec des taches gris-vert. Il est
remarquable par la présence de micronodules, de gastéropodes, de valves de
conchostracés et d'ostracodes à sa surface supérieure. Le microfaciès dolomitique
renferme 20 à 25% de quartz (10 à 120 µm), plus ou moins anguleux, noyés dans une
matrice dolomitisée.
219
des fentes de dessiccation et des rides d'oscillation. Le niveau D3, à surface
mamelonnée, est d'origine algaire.
4- LES OSTRACODES
Matériel : 3 carapaces.
Dimensions en mm : longueur = 0,50-0,65 ; hauteur = 0,35-0,40. Ces dimensions
correspondent à celles de stades juvéniles.
Milieu de vie : eaux douces des plaines d'inondation et eaux marines (Andreu, 1991) à
saumâtres.
220
Le genre Hourcqia est connu actuellement dans l'Albien du Maroc atlantique
(Andreu, 1991), dans l'Aptien des bassins côtiers anté-salifères d'Afrique de l'Ouest :
Gabon, Nigéria (Grosdidier, 1979) et du Brésil (Krömmelbein et Weber, 1971), et dans
le Barrémien du Gabon, Congo (Krömmelbein, 1965 ; de Klasz et Micholet, 1972 ; de
Klasz et Uliczny, 1975) et Cabinda (Angola ; Colin et Jacobs, 1990, in Andreu, 1991).
Le genre Pattersoncypris Bate 1972, du Crétacé inférieur du Brésil, est un synonyme.
Affinités : nos individus se distinguent des adultes de l'espèce type H. angulata par un
contour latéral externe plus arrondi surtout antérieurement, mais cette différence
s'estompe chez les stades juvéniles (voir Andreu, 1991).
221
Matériel : une cinquantaine de carapaces.
Dimensions en mm : longueur = 0,54-0,62 ; hauteur = 0,26-0,30.
Milieu de vie : eaux saumâtres ; le genre Eoparacypris colonise les eaux saumâtres les
plus salines du Purbeckien-Wealdien anglais (Anderson et Bazlay, 1971), et les eaux
douces, saumâtres et marines de l'Aptien du Portugal (Cabral, 1995).
Répartition générale : le genre est connu dans les facies purbeckiens et wealdiens
d'Angleterre (Anderson et Bazlay, 1971), et dans l'Aptien de l'Algarve, Portugal
(Cabral, 1995).
Diagnose : individus de petite taille caractérisés par une carapace plus courte et plus
arrondie dorso-ventralement que celle des espèces du genre Paracypris.
Affinités : quelques ressemblances morphologiques apparaissent avec Eoparacypris
attenuata Anderson 1971, du Purbeckien basal d'Angleterre ; mais cette dernière est
plus effilée postérieurement.
222
Milieu de vie : lacustre.
Répartition générale : le genre est cosmopolite et connu du Paléozoïque au Récent.
Diagnose : nos individus se caractérisent par une hauteur maximale élevée, située au
niveau ou en arrière de la mi-longueur et par un bord dorsal anguleux ; par une
extrémité antérieure régulièrement arrondie et tournée vers le bas ; par un bord ventral
convexe vers le haut ; par une extrémité postérieure peu acuminée et dirigée vers ce
dernier.
Eucandona sp. 2
Pl. 25 fig. 20 à 25
223
netteté des photographies présentées par l'auteur qui ne nous permettent pas de placer
les deux formes sous la même dénomination.
L'espèce Fabanella cf. F. polita (Martin 1961) in Swain, 1985, du Crétacé
inférieur (Berriasien-Aptien) de Louisiane, U.S.A. , ressemble aussi, en vue externe, à
nos individus, mais , à notre avis, elle se rapproche plus du genre Limnocythere que du
genre Fabanella, la conservation médiocre rendant difficile l'attribution à une espèce
voire à un genre précis.
Metacypris sp. 2
Pl. 254, fig. 19-20
224
Pl. 254, fig. 1
5- CONCHOSTRACÉS ET GASTÉROPODES
Les conchostracés sont fossilisés avec des gastéropodes nains et des ostracodes
sur les faces inférieure et supérieure des plaquettes des niveaux dolomitiques. D'autres
conchostracés de petite taille, avec les deux valves encore en connexion, ont été
recueillis dans un niveau marneux localisé entre D2-c et D2-d. Une première étude des
conchostracés a été réalisée.
6- RÉSULTATS STRATIGRAPHIQUES
Cette faune d'ostracodes ne montre que peu de liens morphologiques avec les
faunes wealdiennes européennes : France, Espagne, Portugal, Allemagne, Angleterre,
caractérisées essentiellement par des espèces de grande taille appartenant aux genres
Cypridea, Theriosynoecum, Bisulcocypris … Cependant, quelques ressemblances
apparaissent avec des associations aptiennes, de milieu saumâtre, décrites par Cabral
(1995), et comprenant, entre autres, les genres Eoparacypris, Paracypris et
Lycopterocypris ? …
225
L'ostracofaune est aussi différente de celles du Crétacé inférieur, Barrémien
surtout, de faciès wealdien, du Brésil et d'Afrique de l'Ouest (Congo, Gabon, Nigeria
…), composées d'espèces des genres Petrobrasia, Reconcavona, Salvadoriella,
Ilhasina, Brasacypris … et de celles récoltées au Maroc, dans le Wealdien du Moyen
Atlas : faunes à Cypridea du Barrémien supérieur (région de Boulmane, Andreu et al. ,
1988 ; Andreu 1991 ; ce Barrémien est d'ailleurs surmonté localement par l'Aptien
marin à foraminifères (Charrière et al., 1991), et dans le Crétacé inférieur (Wealdien) à
moyen de la Haute Moulouya : faunes lacustres et saumâtres à Cypridea, Ilyocypris,
Darwinula, associées à des espèces marines du Cénomanien supérieur (Andreu, inédit).
D'après les ostracodes, la partie supérieure de la formation du Jbel Sidal est donc
considérée comme appartenant au Crétacé inférieur, plus précisément à l'intervalle
Barrémien-Aptien (?).
226
7- RÉSULTATS PALÉOÉCOLOGIQUES
RÉFÉRENCES
ANDERSON F.W. (1971) - The sequence f ostracod faunas in the Wealden and
Purbeck of the Warlingham borehole. Bull. Geol. Survey of Great Britain , 36,
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ANDERSON F.W.& BAZLEY R.A.B. (1971) - The Purbeck Beds of the Weald
(England). Bulletin of the Geological Survey of Great Britain, 34, p.1-175.
227
ANDREU B. (1991) - Les ostracodes du Crétacé moyen (Barrémien à Turonien), le
long d'une transversale Agadir-Nador (Maroc). Strata, 2, 14, p. 1-765.
ANDREU B., CANÉROT J., CHARRIERE A. & FEIST M. (1988) - Mise en évidence
du Wealdien (Barrémien) dans le Moyen-Atlas (Région de Boulemane, Maroc). C.
R. Acad. Sci. Paris, 307, 2, p. 2069-2075.
BATE R.H. (1972) - Phosphatized Ostracods with appendages from the lower
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Couches rouges (Post-Bajocien à Anté-Aptien) du synclinal des Aït Attab (Haut
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Notice explicative. Notes et M. Serv géol. Maroc, 247 et 247 bis.
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Hosston Formations (Lower Cretaceous) of Louisiana (U.S.A.). Revue de
Micropaléontologie, 27, 4, p. 266-294.
230
PLANCHES
PHOTOGRAPHIQUES
PLANCHE 1
Fig. 2 - Panorama vers le Sud des reliefs jurassiques entourant le village d'Anoual. Le
calcaire corniche est disloqué en deux compartiments par le décrochement d'Anoual :
compartiment est (c) décalé vers le Nord et compartiment ouest (d) décalé vers le Sud.
a : Lias de Jbel Bou Rharraf, b : Calcaires à Cancellophycus, c et d : Calcaire corniche.
PLANCHE 2
Fig. 1 - Banc gréseux à surface supérieure ornée de rides à crête rectiligne, formation
des Marno-calcaires à pholadomyes, environs d'Anoual.
Fig. 2 - Traces oxydées de tiges de végétaux (a) dans la barre gréseuse de la figure 1.
PLANCHE 5
Fig. 2 - Calcaire micritique à plages dolomitiques oxydées (d). Formation des Marno-
calcaires à pholadomyes.
PLANCHE 9
Fig. 1 - Surface inférieure d'une barre gréseuse montrant des moulages de fentes de
dessiccation, formation d'Anoual.
Fig. 2 - Surface supérieure à rides de courant d'un banc gréseux, formation d'Anoual.
PLANCHE 10
Fig. 2 - Tronc d'arbre métrique dégagé par l'érosion, formation de Ksar Metlili.
PLANCHE 12
Fig. 1 - Microfaciès d'un niveau calcaire à restes de charophytes, montrant des sections
de gyrogonites (g), formation de Ksar Metlili, WNW d'Anoual (secteur de Ksar Metlili).
Fig. 1 - Microfaciès d'un banc dolomitique à valves pyriteuses (v), formation d'Anoual,
Dekkar (Est d'Anoual).
Fig. 2 - Terriers (Thalassinoïdes ) sur la face inférieure d'un banc calcaire du terme
inférieur du membre marin de la formation d'Anoual, Ouest d'Anoual.
PLANCHE 15
Fig. 2 - Microfaciès d'une plaquette calcaire à base lumachellique avec des valves
lamellaires de lamellibranches (petits Ostreidés) et à sommet pell-biosparitique à
milioles (plus ou moins micritisés) et ostracodes. Terme inférieur du membre marin,
formation d'Anoual.
PLANCHE 17
Fig. 2 - Biomicrite à quartz (q) et foraminifères à test agglutiné (F), sommet du terme
supérieur du membre marin, formation d'Anoual.
PLANCHE 18
Fig. 1 - Microfaciès d'une calcarénite montrant un fragment d'un Lituolidé (F) mêlé à
des débris de roches micritiques et à des grains de quartz détritique ; formation de
Dekkar 1.
Fig. 1 - Bancs de gypse (a) intercalés dans les pélites du membre inférieur de la
formation de Dekkar 2, Nord d'Anoual.
Fig. 1 - Banc finement gréseux montrant des laminations arquées (s) produites par des
rides ; membre inférieur de la formation de Dekkar 2, Nord d'Anoual.
____________
Les photographies ont été prises par l'un des auteurs (B.A.) à l'aide du microscope à balayage
JEOL JSM-T200 de l'Univ. P. Sabatier, Toulouse III. Les grossissements sont donnés à 5-10%
près. Les films ont été développés et tirés par J. Pons et L. Pécoul du Service de la
Communication Multimédia de l'Université.