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Processus d’Ornstein-Uhlenbeck
Xt ∼ N (xe−t , 1 − e−2t ).
Xt = Xs e−(t−s) + Yt
Soit A l’ensemble des fonctions de classe C ∞ sur R dont toutes les dérivées
sont à croissance lente 1 . Le semi-groupe d’Ornstein-Uhlenbeck sur R est la
famille (Nt )t∈R+ d’opérateurs de A dans A définis pour tous t 0, f ∈ A par
25
20
15
10
-5
0 200 400 600 800 1000 1200
Nt f (x) − N0 f (x)
lim+ = (Af )(x) où (Af )(x) = f (x) − xf (x).
t→0 t
Plus généralement, pour tout f ∈ A et tout t 0, les équations aux dérivées
partielles suivantes ont lieu :
∂t Nt f = A(Nt f ) = Nt (Af ).
Cette équation aux dérivées partielles (ÉDP) est parfois appelée équation
de la chaleur avec dérive. L’opérateur A est le générateur infinitésimal du
semi-groupe d’Ornstein-Uhlenbeck. Il est important de penser à la formule
formelle Nt = etA , qui fait apparaître que N0 = I et ∂t Nt = ANt .
Démonstration. Si f ∈ A, alors la formule de Taylor à l’ordre 2 avec reste
borné au voisinage de x donne
h2
f (x + h) = f (x) + hf (x) + f (x) + O(h3 ).
2
Remarquons dans un premier temps, que pour h = (e−t − 1)x + σt y, on a
h γ(dy) = (e−t − 1)x,
h2 γ(dy) = (e−t − 1)2 x2 + σt2 ,
3
|h| γ(dy) = O(t3/2 ).
1 −t
Nt f (x) = f (x) + (e−t − 1)xf (x) + (e − 1)2 x2 + σt2 f (x) + O(t3/2 ).
2
On a donc bien la limite annoncée :
1
lim (Nt f (x) − f (x)) = f (x) − xf (x).
t→0t
Ce résultat s’obtient aussi avec la formule d’Itô : si X0 = x et t 0, alors
t √ t
f (Xt ) = f (x) + Af (Xs ) ds + 2 f (Xs ) dBs ,
0 0
Il reste à utiliser que Ns (Af )(x) → Af (x) quand s → 0 pour obtenir la pre-
mière propriété du théorème. La seconde se déduit de la première en utilisant
la propriété de semi-groupe.
D’après la formule de Mehler, pour tout x ∈ R et f ∈ A,
Nt f (x) −→ f dγ.
t→∞
pour tout n 1, où (εn )n0 sont des v.a.r. i.i.d. de loi N (0, 1), indépendantes
de Z0 . Ce processus est une chaîne de Markov à temps discret d’espace d’état
R, et de loi invariante N (0, 1). Cette observation fournit une manière de si-
muler les trajectoires du processus d’Ornstein-Uhlenbeck, illustrée par la figure
25.1. Conditionnellement à Z0 , le vecteur aléatoire (Z1 , . . . , Zn ) est gaussien,
et la décomposition de Cholesky de sa matrice de covariance fournit une autre
manière efficace de simuler la trajectoire du processus.
Les propriétés ci-dessus permettent de voir que la loi de Xt est absolument
continue avec une densité régulière dès que t > 0, quel que soit X0 .
Théorème 25.7 (Équation d’évolution de la densité de la loi). Soit νt la loi
de Xt . Quelle que soit ν0 , pour tout t > 0, la loi νt admet une densité de
classe C ∞ par rapport à la mesure de Lebesgue. De plus, si ν0 est absolument
continue de densité v0 par rapport à la mesure γ alors νt l’est aussi et sa
densité vt par rapport à γ est solution de l’équation aux dérivées partielles
Cette équation aux dérivées partielles est parfois appelée équation de Fokker-
Planck. Elle exprime l’évolution temporelle d’une densité spatiale, tout comme
l’équation d’Euler en mécanique des fluides, et l’équation de Boltzmann en
théorie cinétique des gaz.
∞
sx− 12 s2 sn
G(s, x) = e = Hn (x),
n=0
n!
2
En particulier, Hn et √ Hm sont orthogonaux dans L (γ) dès que 2n = m. Pour
voir enfin que (Hn / n!)n0 est bien une base orthonormée de L (γ), on peut
utiliser la formule de Plancherel
∞
s2n 2
2
H n 2
L (γ) = G(s, x) 2
γ(dx) = exp(−s2
) e2sx γ(dx)
n=0
n!
∞
s2n
= exp(s2 ) = ,
n=0
n!
2
qui donne la valeur de Hn L2 (γ) = n! en identifiant les deux séries.
25.2 Décomposition spectrale et inégalité de Poincaré 333
On a donc
β (s) = 2Ns (Nt−s f )2 .
Par la formule de Mehler, le semi-groupe vérifie la relation de commutation
(Nt f ) = e−t Nt (f ),
2. En physique Ent(μ | γ) est une énergie libre si μ et γ sont des mesures de Gibbs.
336 25 Processus d’Ornstein-Uhlenbeck
⎧
⎨ dμ1 log dμ1 dμ si μ1 ) μ2 ,
2
Ent(μ1 | μ2 ) = dμ2 dμ2
⎩
+∞ sinon.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une distance, elle est positive, et nulle si et seule-
ment si μ = ν (ceci découle de l’inégalité de Jensen pour la fonction stricte-
ment convexe x ∈ R+ → u log(u) avec 0 log(0) = 0). La distance de Wasser-
stein d’ordre 2 entre μ1 et μ2 est donnée par
8
2
W2 (μ1 , μ2 ) = inf E |X1 − X2 | ,
X1 ∼μ1
X2 ∼μ2
où l’infimum porte sur les couples (X1 , X2 ) de variables aléatoires dont les
lois marginales sont μ1 et μ2 . Les distances de Wasserstein de tous ordres sont
définies dans le chapitre 17. Ces deux quantités Ent(μ1 | μ2 ) et W2 (μ1 | μ2 ) ont
une expression explicite si μ1 et μ2 sont deux mesures gaussiennes.
Théorème 25.14 (Distances entre lois gaussiennes). Si μ1 = N (m1 , σ1 ) et
μ2 = N (m2 , σ2 ) sur R alors
et
e−2t (x1 − x2 )2
Ent(Nt (·)(x1 ), Nt (·)(x2 )) = 0.
2(1 − e−2t ) t→∞
Ces résultats s’étendent à des lois initiales plus générales. Le cas de la distance
de Wasserstein est simple, celui de l’entropie fait l’objet de la section suivante.
On en déduit que
|Xt − Xt | = e−2t |X0 − X0 | .
2 2
g 2
A(Φ(g)) − AgΦ (g) = Φ (g)g 2 = .
g
On a donc
(Nt−s f )2
β (s) = Ns .
Nt−s f
Par la formule de Mehler, le semi-groupe vérifie la relation de commutation
(Nt f ) = e−t Nt (f ),
Notons que réciproquement, tout comme nous l’avons fait pour l’inégalité
de Poincaré (preuve du corollaire 25.13), on peut déduire l’inégalité de So-
bolev logarithmique de la convergence exponentielle de l’entropie relative, en
considérant la dérivée en t = 0 de la différence des deux membres.
Démonstration. Notons vt la densité de μt par rapport à γ. On a alors
Ent(μt | γ) = vt log(vt )dγ.
25.5 Pour aller plus loin 341
Ag g 2
A(1 + log(g)) = − 2.
g g
D’après la propriété d’invariance de γ, on a Ag dγ = 0. On a donc
d (∂x vt )2
Ent(μt | γ) = − dγ,
dt vt
Son générateur infinitésimal L est donné pour une fonction f de classe C 2 par
Lf = Δf − ∇U, ∇f .
−U
Si e est intégrable alors la mesure de probabilité
1
μ(dx) = e−U (x) dx avec Z = e−U (x) dx,
Z
est la loi invariante associée à X. L’opérateur L est même auto-adjoint dans
L2 (μ). La décomposition spectrale du semi-groupe associé n’est pas explicite
au-delà du cas gaussien, mais il est encore possible d’obtenir des analogues
des théorèmes 25.10 ou 25.19 en procédant par comparaison au cas gaussien.
On peut par exemple montrer que s’il existe λ > 0 tel que
∀x ∈ Rd , Hess U (x) λI,
ce qui revient à dire que μ a une densité log-concave par rapport à la mesure
de probabilité gaussienne centrée de covariance λ−1 Id , alors pour tout t 0,
Ent(μt | μ) e−2λt Ent(μ0 | μ)
où μt est la loi de Xt . C’est un cas particulier du critère dit de Γ2 établi par
Dominique Bakry et Michel Émery [BÉ85]. Les processus de Kolmogorov sont
étudiés en détail dans les livres de Gilles Royer [Roy99], de Dominique Bakry,
Ivan Gentil, et Michel Ledoux [BGL14], et dans l’ouvrage collectif [ABC+ 00].
Signalons que le théorème 25.14 possède une extension au cas multivarié.
Plus précisément, si μ1 = Nd (m1 , Σ1 ) et μ2 = Nd (m2 , Σ2 ) sur Rd alors
1/2 1/2
W2 (μ1 , μ2 )2 = m1 − m2 22 + Tr(Σ1 + Σ2 − 2(Σ1 Σ2 Σ1 )1/2 ).
Lorsque Σ1√et Σ2 √ commutent le dernier membre de la formule ci-dessus se
résume à k Σ1 − Σ2 k2HS , ce qui ressemble bien à la formule de dimen-
sion 1. D’autre part, si les matrices de covariance Σ1 et Σ2 sont inversibles
alors
1 det Σ2
Ent(μ1 | μ2 ) = log
2 det Σ1
+ Tr (Σ2−1 Σ1 ) − d + (m1 − m2 )T Σ2−1 (m1 − m2 ) .