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Île-de-France, Yvelines (78)

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 1 | 33


Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet d’après l’étude des
archives
(Extrait du rapport de fouilles de l’INRAP :
Rambouillet ZAC de la Louvière lieu-dit « Le Petit Parc » p. 163-178, 206-213)
Philippe-Jean Vallot

La découverte en 2003 d’un habitat gallo-romain dans l’ancien verger du domaine de « La Louvière »
situé dans le « Petit Parc » par une équipe de l’INRAP sous la direction de Vanessa Rouppert est
l’occasion d’essayer de préciser quelques éléments historiques relatifs à cette partie du terroir
rambolitain et connus grâce aux archives.
Les deux premières mentions du « Petit Parc », datent de 16061 et 16362. En 1606 le « Petit Parc » est
près d’un verger situé à la « Villeneufve », en 1636 il est au « terroir de la Villeneufve champtier3 du
petit parcq », de 1651 à 1682 il est au champtier des « Eveuzes ». Ces variations reflètent l’évolution du
périmètre des champtiers et la situation du « Petit Parc » en limite de la Villeneuve et des Éveuses. En
1681 il est précisé qu’il s’agit d’un bois4 et en 1687 l’on apprend la vente par la duchesse d’Uzès5 à
Claude Guestard « marchand demeurant à la Villeneuve » d’une coupe dans une pièce de bois
« contenante deux arpens trois quartiers appellée le petit parcq près la Villeneuve tenant des deux costées
aux terres labourables, d’un bout au chemin ou sente qui conduit à la Villeneuve et d’autre aux hoirs du
s(ieur) de la Chapelle »6.

1 Arch. dép. Yvelines 3E 32 145.


2 Arch. dép. Yvelines 3E 32 150.
3
Un champtier désigne un ensemble de parcelles. Ce terme, pour Rambouillet, apparait dans la seconde moitié du XV e siècle
dans le registre des minutes de Rambouillet (Arch. Dép. Yvelines 3E 32 139). Pour autant il n’est pas utilisé dans le terrier de
1502. Par contre la seigneurie de Rambouillet est divisée en 29 champtiers dans le terrier de 1541. Chaque champtier portant
le nom d’un ancien lieu-dit. Le contenu de chacun est visiblement d’ordre fiscal. En effet chaque champtier regroupe un
ensemble de parcelles loties : maisons, granges, estrizes une « Etrize » désignant l’ensemble « Maisons, bâtimens, cours jardins
et clos attenans ».(Arch. Dép. Yvelines 13F8) ou non : terres, prés, aires, bois, taillis soumises à cens.
4 Arch. dép. Yvelines 3E 32 173.
5 Marie-Julie de Crussol, née en 1647, fille de Charles duc de Montausier et marquis de Rambouillet, mariée le 16/08/1664
avec Emmanuel II duc d'Uzès et décédée le 14/04/1695.
6 Arch. dép. Yvelines 60J 33 liasse 21.

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Les cartes du XVIIIe s. relatives à Rambouillet7 nous montrent ce « Petit Parc » comme aujourd’hui dans
une prairie à l’angle du bois des Éveuses et de la Villeneuve.
Mes recherches ne m’ont pas permis de trouver des textes nommant le « Petit Parc » antérieurs à 1606.
Pour autant le terrier de Rambouillet dressé en 1541 mentionne un « pre clos de palits ou y a une petite
monstre de bois de haute futaye apartenant à Denis Cheureau iceluy pré et bois demeurant en lad(ite)
limitte (de Rambouillet) »8 dont la localisation au champtier des Éveuses pourrait correspondre.
Cette situation amène à s’interroger sur le contexte forestier de proximité entre 1200 et 1500. Pour ce
faire les différents bois qui le composent seront successivement examinés dans l’ordre chronologique
d’apparition dans les textes puis nous aborderons la terre des moines des Vaux-de-Cernay. Enfin nous
essaierons de rapprocher ces données des données archéologiques, de rapprocher les traces écrites et les
traces du sol.

7 la « carte particulière de la Forest de Saint-Léger et de Rambouillet avec leurs environs» dressée par le « sieur d’Hivert » en
1708, la « Carte de la Forest de Saint-Léger et du Duché-pairie de Rambouillet avec leurs environs» dressée vers 1715 par
Marchand, la carte relative à Rambouillet contenue dans le registre de la réformation générale des bois dressée entre 1714 et
1741, la carte attribuée à Cassini mais plus probablement de Berthier et exposée à l’hôtel de ville de Rambouillet, la carte des
chasses dressée sous les ordres de Berthier à partir de 1764, le plan terrier de Rambouillet dressé entre 1781 et 1783 où il est
indiqué en trois pièces de bois chacune entourée de fossés. Seules les deux pièces les plus importantes sont appelées le « Petit
Parc ».
8 Arch. dép. Yvelines 60J 7.

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Fig. 123 Extrait du terrier de Rambouillet en 1781-1783 (Source: Archives nationales NII Seine-et-Oise 203).

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Essai d’évaluation du couvert forestier de proximité.
Pour situer ces bois nous nous appuierons sur l'aveu et dénombrement de Rambouillet rendu par
Regnault d'Angennes à Jean de Craon en 1399. En effet cet acte nous est parvenu complet9, il reprend
et précise les localisations indiquées dans les actes de vente de la seigneurie de Rambouillet en 136810
et 138511. Ces données topographiques seront complétées par les partages du comté de Montfort de
124912 et 131713. Les chartes de l'abbaye de Saint-Magloire14 et de Saint-Benoît-sur-Loire15 ainsi que le
Scriptum feodorum du comté de Montfort16 viendront préciser des points d’histoire de ces bois.

 Les Bois de Saint-Benoît


[boscis Sancti Benedicti - 1167, boys saint benoist - 1317]
Correspondent aux actuels bois de Sonchamp. Avant le creusement puis l'agrandissement de
l'étang d'Or17(vers 1500-1505) ces bois étaient limités au nord d'une part par la Drouette18 et au
nord est par l'ancien ru des Boissières19. Ils étaient la propriété de l'abbaye de Saint-Benoît -sur-
Loire en raison de leur seigneurie foncière de Sonchamp où le fondateur de l’abbaye, Leodebod,
acheta des terres mentionnées en 640 ou 65120 et Pépin le Bref leur fit don d’une villa entre 751

9 Arch. nat. O1 3869.


10 Vente par Girart de Tournebu de la seigneurie de Rambouillet à Jehan Bernier le samedi 6 mai 1368, copie du vidimus du
bailli de Gazeran par Adolphe de Dion, (Arch. dép. Yvelines 5F15 folios 267 à 269).
11 Vente par Guillaume Bernier de la seigneurie de Rambouillet à Regnault d’Angennes le dimanche 12 mars 1385 (1384 a.s),
copie de l'original aujourd'hui disparu par Adolphe de Dion, (Arch. dép. Yvelines 5F15 folios 270 à 274).
12 Arch. dép. Yvelines 60J 172.
13 Arch. dép. Yvelines 60J 172 liasse I.
14 Terroine (Anne) et Fossier (Lucie), Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Magloire.
15 Prou (Maurice) Vidier (Alexandre), Recueil des chartes de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire.
16 Dor (Marc-Antoine), Seigneurs en Île-de-France occidentale et en Haute-Normandie. Contributions à l'histoire de Montfort-
l'Amaury des comtes d'Évreux et de leur entourage au XIIe siècle et au début du XIIIe.
17 Acte de 1505 au sujet de l'agrandissement de « certain estang quil (Charles d'Angennes) a encommence en ses boys de
Rambouillet joignant ceulx de Sainct Benoist » (Arch. dép. Yvelines 60J 2). En 1541 mention de « l'étang d'Or » dans les
limites de la seigneurie de Rambouillet (Arch. dép. Yvelines 60J 7).
18 « Rivum de Droca » 1238-1239, Merlet (Luc) Moutié (Auguste), Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame-des-Vaux-de-
Cernay, p. 351-354, n° CCCLXXXV. « Rivus de Droa » 1285, Merlet (Luc), Dictionnaire topographique du département
d'Eure-et-Loir, p. 61, article Drouette d'après une charte du chapitre de Chartres. Le passage de « Droa », Droue au diminutif
Drouette, appliqué à partir de 1463 au cours inférieur puis au cours supérieur, est peut-être l’indice d’une baisse du débit du
cours d'eau ou d’un cours rendu plus inégal avec des périodes d’étiage particulièrement marquées en raison des défrichements.
19 Arch. dép. Yvelines 60J 2.
20 Prou (Maurice), Vidier (Alexandre), Cartulaire de St-Benoit-sur-Loire, Paris, 1908, n°1. Cet acte est daté de 650 par les
éditeurs du cartulaire de St-Benoît mais l’année 640 est retenue par Josiane Barbier. “La reine fait le roi. Une révision de la
date du ‘testament’ de Leodebodus ”, dans Retour aux sources. Textes, études et documents d’histoire médiévale offerts à

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et 76821. En 1160 les moines y concédèrent des droits d'usage aux moniales de Saint-Rémy-des-
Landes à Clairefontaine22. Ce faisant ils précisèrent que ces droits s'entendaient dans tout
l'espace boisé en dehors des haies et de la forêt23. Ici forêt était pris dans son sens originel pour
désigner une partie des bois (« Nemus ») réservée au seigneur24. Les maires de Sonchamp
avaient également des droits dans ces bois. Une sentence arbitrale de 1219 précisa, entre autres,
que le maire (qui à l'époque était une femme) pouvait prendre le bois vif pour les constructions
de son fief et réclamer à chaque vente le sixième denier pour le bois mort25.
 la Haie de Bléron
[Haya de Blaron, 1224-1227, Haya de Blarini 1230, haie de Blairon 1249]
Ce bois aujourd’hui disparu apparaît dans les textes pour la première fois entre 1224 et 122726
au sujet de droits d’usage qu’un vassal du comte de Montfort27 tient dans la haie de Blaron. Le
toponyme est latinisé28 en haya de Blarini en juin 1230. Puis dans le cadre du partage du comté
de Montfort en 1249 ce bois est nommé haie de Blairon. Comme tous les toponymes il peut
avoir une origine liée à la topographie, à l’évocation d’un évènement, ou à un nom de personne.
On peut faire une relation avec le gaulois blaros : « gris » ou qui désigne une tache claire et
moins probablement avec le nom de personne * Blarius ou Blarinus dérivés de Blarus
latinisation du gaulois Blaros29. En tout cas il y accord des linguistes pour attribuer une
étymologie gauloise à la Drouette30 qui prend naissance dans la haie de Bléron. En France on ne

Michel Parisse, Paris, 2004, p. 31-42 ; “A propos du ‘testament’ de Leodebodus ” (réédition et étude historique du document)
[en préparation].
21 Dans un diplôme confirmatif des biens de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire en date du 24 août 835, Louis le Pieux (814-
840) rappelle que la villa de Sonchamp avait été donnée à l'abbaye par son grand-père (Pépin le Bref 751-768). Prou (Maurice)
– Vidier (Alexandre), Recueil des chartes de l'abbaye de SaintBenoît sur Loire, n° 19 p. 43-46; Migne, Patrologia latina, 104,
c. 1264-1265 n° 203; Sickel, Regesten, II, n° 335 p. 187, 349-350; Depreux, Prosopographie, p. 263-264. Le diplôme original
de Pépin le Bref auquel ce diplôme confirmatif fait référence est perdu. Il est mentionné dans Prou (Maurice) - Vidier
(Alexandre), ibid, I, n° 6 p. 22. Par suite la donation de Pépin le Bref en septembre 768 de la forêt Yveline à l'abbaye de Saint-
Denis n'incluait donc pas ces bois.
22 Abbaye de Bénédictines fondée vers 1160 par Robert II évêque de Chartres.
23 « Concesserunt etiam ipsis monialibus in toto nemore suo extra haias et forestam quantum sufficere illis poterit ad agnem
et ad omnen usum earum…». Prou (Maurice) – Vidier (Alexandre), Recueil des chartes de l'abbaye de Saint Benoît sur Loire,
I, n° 172 p. 396 (« ils concédèrent encore à ces mêmes religieuses, dans tout leur bois, en dehors des haies et de la forêt, ce qui
pourra leur suffire pour le feu et tout autre usage… »).
24 Bechmann (Roland), Des arbres et des hommes, la forêt au Moyen Âge, p.111
25 Prou (Maurice) Vidier (Alexandre), Recueil des chartes de l'abbaye de Saint Benoît sur Loire, II, p. 233-235, n°348.
26 Blaron dans le Scriptum feodorum du comté de Montfort.
27 Guido de Foinard : Guy de Foinard.
28 Au Moyen Âge les scribes latinisèrent fréquemment les toponymes dont la signification initiale leur échappait.
29 Morlet (Marie-Thérèse), Les noms de personne sur le territoire de l'ancienne Gaule, p. 39a.
30 Albert Dauzat et Charles Rostaing dans leur Dictionnaire étymologique des noms de rivière et de montagne donnent une
étymologie gauloise à la Drouette avec une racine *dor devenue prétonique dr-. De même Guy-Marie Claise dans son

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relève que 10 lieux-dits Bl(é/ai)ron, non comptés les 3 Bléron de Rambouillet. Avec ces derniers
cela fait 13 toponymes répartis sur 5 sites. Il est remarquable que tous, soient situés en domaine
de langue d'oïl, localisés en limite de commune31 (en moyenne à moins de 500 m), tous liés à
une source ou rivière et pour au moins deux d’entre eux situés dans un ancien bois. Aussi peut-
on faire la relation avec le radical blar- à l'origine de Blaros et le suffixe -onna qui est lié aux
sources et cours d'eau. Précisément le prieuré de Bléron (Cher - Canton de Saint-Martin-
d'Auxigny) situé dans une clairière et à proximité d'une source est Blairone en 1193 puis Blerone
(1202-1230).
La Haie de Bléron est un des deux défrichements médiévaux documentés32 sur l’actuelle
commune de Rambouillet 33, en raison notamment, des contestations relatives à la perception
des dimes novales. Novales désignant à la fois les dîmes dues sur les terres nouvellement mises
en culture et ces dernières. Ces actes relatifs à la Villeneuve de Bléron éclairent son essor et son
déclin au Moyen Âge. Vers 1211-30, la Villeneuve connaît une première vague de

Dictionnaire de Seine et Oise étymologique topographique archéologique mais avec un radical dubra- ou dubro-. Xavier
Delamarre dans son Dictionnaire de la langue Gauloise confirme dubra « les eaux » pluriel d'un neutre *dubron.
31 Les limites de commune sont assez souvent les limites des anciennes paroisses qui ont été fixées au cours du Moyen Âge.
Dans le cas de Rambouillet cette remarque ne s’applique pas en raison des remaniements de limites de commune notamment
au sud avec Gazeran en 1827-28 (Arch. dép. Yvelines 8M 26). Par ailleurs la limite de la paroisse de Rambouillet au nord telle
qu’elle peut être précisée grâce aux plans de la généralité de Paris (Plan de Poigny, du Perray-en-Yvelines et de Vieille-Église)
montre une paroisse de Rambouillet moins étendue que l’actuelle commune.
32 Il y a eu peut être d’autres défrichements que la Villeneuve de Bléron et La Pommeraie sur le territoire de l’actuelle commune
de Rambouillet. Ainsi en limite de Rambouillet l’actuelle remise de Batonsard (commune de Gazeran) est un toponyme qui
indique un essart également situé à proximité d’un établissement antique, comprenant au moins deux bâtiments avec galerie et
qui a été mis au jour par une équipe de l’INRAP en bordure nord-ouest d’emprise (« ZAC Bel-Air / La Forêt, phase 1 & 2 »,
Brutus 2010). Le parcellaire radio concentrique du clos du Verger (commune de Gazeran) est significatif d’un défrichement
circulaire (peut-être s’agit-il de « la terre en ront » (en rond) de l’aveu et dénombrement de Cutesson donné le 27/04/1380 par
Perrinet de Cutesson à Philippe de Guyencourt seigneur de Gazeran, (Arch. dép. Yvelines 60J 292).
33 Vers 1250 la paroisse de Rambouillet comprenait le village de Rambouillet : quelques masures avec leur jardin derrière,
groupées autour de l’église et du cimetière y attenant. Le futur château de Rambouillet n’est qu’un manoir seigneurial non
fortifié au milieu des marais. Au loin deux hameaux : Groussay à proximité de l’étang éponyme avec sa motte féodale et la
maladrerie à l’écart. Grenonvilliers, plus important, sous la protection de la maison forte tenue par Gui de Foinard vers 1230.
En limite de paroisse et à l’opposé l’une de l’autre, deux zones de défrichement. La Villeneuve de Bléron à l’est, plus récente.
Village rue où les masures des défricheurs, petits lots à bâtir d’un arpent de terre ou environ s’alignent le long de la voie qui
mène de Rambouillet aux Vaux de Cernay et rognent la lisière forestière. La Pommeraie : une centaine d’arpents trouant la
forêt à l’ouest de Rambouillet, dans l’actuel grand parc, et donnés par Louis VII entre 1140 et 1147 à l’abbaye d’Yerres (Arch.
dép. Essonne 63H 40).

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défrichements à l'initiative34 de nombreux35 cadets36 des familles rambolitaines37. Sa forme en
village rue lisible dans la carte de Marchand comme dans la carte des chasses levée à partir de
1764 est à cet égard représentative des hameaux de défricheurs en lisière de forêt. Essor de la
Villeneuve qui s’inscrit dans le cadre de la croissance démographique et de l’essor économique
de la période. Les dîmes novales, donnent lieu à contestation entre l'abbaye de Saint-Magloire
et le prieuré Saint-Thomas-d'Épernon dépendant de l'abbaye de Marmoutier38. A partir de 1300
les ravages de la peste noire et la guerre de cent ans se traduisent par une recrue des bois et des
broussailles. Les dîmes ne sont plus perçues. Dans la déclaration des biens de l'abbaye en 1385
elle ne figure plus que pour 8 septiers39, soit entre 10 et 15% de sa valeur de 124240.
Le point de stabilité a peut-être été atteint vers 1230 quand le comte de Montfort, Amaury VII,
a proposé un arpent de terre à ceux qui voulaient bâtir à la haie de Bléron pour 12 sous41 et 7

34 Les actes de février 1226 et 1229 des Montfort (cf. notes 40 et 41) proposant des conditions avantageuses pour ceux qui
s'installeraient à la haye de Bléron tendent à montrer qu'il n'y avait pas à l'origine de contrat de fondation d'une villeneuve.
Comme la majorité des défrichements, ceux-ci furent l'œuvre d'initiatives individuelles (vers 1200-1220) encadrées par les
comtes de Montfort à postériori (1220-1230).
35 On peut, sur la base du pouillé du diocèse de Chartres vers 1250, des aveux et dénombrements relatifs à la seigneurie de
Rambouillet de 1368 à 1399 (principalement les aveux et dénombrement de Grenonvilliers, Groussay et Rambouillet effectués
en 1399) puis du terrier de Rambouillet de 1502 (Arch. dép. Yvelines 60J 65), estimer la population de 1250 de la Villeneuve
dans une fourchette de 14 à 26 paroissiens sur les 150 paroissiens de Rambouillet. Autrement dit, vers 1250, la Villeneuve
comptait entre 60 et 120 habitants sur les 650 à 700 habitants compris dans la paroisse de Rambouillet. Cette fourchette de 14-
26 paroissiens est à rapprocher du chiffre traditionnel de 50 hôtes nécessaire pour fonder une communauté rurale équilibrée.
Ce qui explique en partie que la Villeneuve ne s'est jamais développée.
36 Chédeville (André), Chartres et ses campagnes XIe XIIIe siècles, p. 99.
37 Dans le terrier de Rambouillet de 1502 au chapitre de La Villeneuve sur 15 noms de famille différents 8 noms de famille
sont communs avec les déclarations de Rambouillet (6 sur Rambouillet, 2 sur Grenonvilliers). L'analyse individuelle montre
également que 16 censitaires de la Villeneuve parmi les 27 censitaires déclarés au total en 1502 ont un nom de famille également
porté à Rambouillet (Arch. dép. Yvelines 60J 65 liasse 50 folios 1 à 72 v°).
38 Accord passé entre l’abbaye de Marmoutier et de Saint-Magloire actant le partage par moitié de la dîme des novales de la
haye de Blairon. Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Magloire, I, n°108.
39 « …et sur le curé de Rambouillet par an à la mesure de Montfort, huit septiers de grain » Arch. dép. Yvelines 5F 1 fol. 179.
Par ailleurs l’acte de partage de la succession du Cardinal de Rambouillet en date du 24/01/1592 indique encore : « le quatrième
lot est le fief de la Villeneuve (…), les cens 24 escus 7 sols au denier 25 attendu que le revenu est maigre et de peu de valeur ».
Arch. dép. Yvelines 5F 15 p.349
40 En avril 1242 l’abbaye de Saint-Magloire recevait une rente de six muids de grain moitié blé, moitié avoine soit 72 septiers
sur les novales en contrepartie de l’affermage de celles-ci au curé de Rambouillet. Chartes et documents de l’abbaye de Saint-
Magloire, I, n°137.
41 « Lettres du conte Amaury de Montfort par les quelles il accorde à ceux qui vouldront bastir à la Haye de Blaron un arpent
de terre pour XII s. en février 1225 » Extrait du Cartulaire de Montfort : BN. fr. 20691 p. 573 (31). Dor (Marc-Antoine),
Seigneurs en Île-de-France occidentale et en Haute-Normandie. Contributions à l'histoire de Montfort-l'Amaury des comtes
d'Évreux et de leur entourage au XIIe siècle et au début du XIIIe, I, p. 355, n°60.

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deniers de cens annuel42. A la même époque ce que nous pouvons savoir du prix de l'arpent de
terre dans le pays chartrain amène André Chédeville43 à l'estimer en moyenne à 2 livres 13 sous
soit 53 sous. Certes se sont des terres situées en Beauce. Par ailleurs nous savons que le cens
annuel était en moyenne de 12 deniers par arpent. Il est clair qu'Amaury VII offre des conditions
nettement attractives qui indiquent déjà un certain essoufflement des défrichements et une
relative stagnation démographique et économique. A cet égard il est à noter qu'en 1262 Guy de
Chevreuse, dans son testament, lègue pour six ans 10 livres parisis annuelles aux pauvres de
Maincourt, des Layes, de la Villeneuve, de Bléron, de Noisement et de Chevreuse si tout n'est
pas distribué pour acheter des vêtements et des souliers : « Item notum sit omnibus quod ego,
lego (...) , centum solidos parisienses, (...) et (...) centum solidos annuatim percipiendos usque
ad sex annos, ad emendum pannos et sotulares pauperibus de Media-Curia, de Lacubus, de
Villanova, de Blaron, et pauperibus de Noisement erogandis, et si residuum fuerit de Caprosia
pauperibus erogetur. »44
Enfin une deuxième période de défrichements eut lieu au XVIe siècle. En effet au XIVe siècle
les actes donnent 140 arpents pour la haie de Bléron qui ne représente plus que 40 arpents en
1562.
Ainsi à s'en tenir aux textes la haye de Bléron ne fut jamais complètement défrichée. En 1368,
1385 et 1399 les actes précisent : 140 arpents de bois assis à la haye de Bléron. Soulignons la
formule. Autrement dit la haye de Bléron au XIVe siècle ne contient pas que ces 140 arpents de
bois mais sans doute des terres contiguës. Probablement celles qui ont été défrichées au XIIIe
siècle et qui ne sont pas retournées en bois au cours du XIVe siècle45. Pour essayer de situer plus
précisément la haie de Bléron on peut retenir l’hypothèse que la lisière forestière de la
Villeneuve est restée relativement stable entre 1562 et 1700. Par suite les vestiges boisés de la
haie de Bléron couvrent encore au XVIIIe siècle les 40 arpents de bois désignés au XVIe siècle.
Par ailleurs les bois de la haie de Bléron doivent s'inscrire entre le bois de fosse Bérard, le
hameau de la Villeneuve, qui intégrera la seigneurie de Rambouillet en 140846, et les petits

42 Dans les extraits du cartulaire de Montfort d’une écriture du XVIIIe siècle (copie antérieure à 1737) l’on trouve la mention
suivante : « la haye de Blaron lettres du comte de Montfort par lesquelles il accorde à ceux qui voudront bastir aud(it) lieu un
arpent de terre pour 7 d(eniers) de cens en février 1228 au reg(istre) de Montfort et Dreux fol. 10-78 » (Arch. dép. Yvelines
60J 172 liasse 3).
43 op. cit. p. 150-152.
44 Merlet (Luc) Moutié (Auguste), Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame-des-Vaux-de-Cernay, p. 574, n° DCXV.
45 « (...) la plupart des défrichements connus portent sur des surfaces comprises entre 50 et 100 arpents - ou une charruée – soit
au plus entre 25 et 50 hectares. » Chédeville (André), Chartres et ses campagnes XIe XIIIe siècles, p.113.
46 Le 27 mars 1408, (Arch. dép. Yvelines 60J 85).

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étangs47. Ils sont en bordure, c'est bien une haie, du bois de la Villeneuve48. Ce dernier point est
cohérent avec la notion de haie49 car celle-ci devait être délimitée pour que les usagers des bois
en respectent le caractère singulier. On faisait appel à des bornes, on dressait des clôtures :
plessis et treillages, mais plus simplement les limites en étaient des limites naturelles : rivière(s),
chemin(s)50.
 Bois de Louppendu
[bois de Loupendu, bois de Louppendu – 1249]
Ces bois aujourd’hui disparus ne sont mentionnés qu’en 1249 et font sans doute allusion à la
capture et à la pendaison d’un grand loup et dont l’objectif était de rassurer les populations de
proximité (cf. notamment le lieu la Louvière à proximité, le carrefour du chêne aux loups
anciennement chêne du loupendu d’après A. de Dion, dans le bois des Vindrins et l’écart de
Pinceloup dans la commune de Sonchamp). Le texte les localise dans la châtellenie de Rochefort
contigus à la terre de la haye de Blairon et la terre aux moines des Vaux-de-Cernay. Cette
situation correspond aux bois dans lesquels l’étang de la tour51 a été creusé. Nous ne connaissons
pas la superficie de ces bois de Loupendu.
 Bois des Éveuses
[Bois de Noyveuse 1317, le bois de Neneute dans le texte de 1385 (n.s) qui correspond bien aux
actuels bois des Éveuses résulte visiblement d'une erreur de copiste, bois Deneveuse 1399]

47 « 60 arpents de terre, et pasture en plusieurs pièces le long des estangs vers le Pasty » Aveu de 1562 (Arch. dép. Yvelines
60J I fol. 132).
48 Dans une note marginale à l'état des bois appartenant à SA le duc de Penthièvre au sujet des bois d'Yvelines on lit : « il
semble que le bois de la Villeneuve soit celui a 140 arpents nommé la haie de Bléron tenant aux fief de la Villeneuve et au bois
au Fauconnier ». Arch. dép. Yvelines 60J 33 liasse 21.
49 Le terme haia, haie, désigne ici un bois formant frontière sur les limites d’un domaine ou d’un terroir et dont le caractère
essentiel est d’être réservé à la jouissance du seigneur, notamment la chasse. Les droits coutumiers et les usages, pour l’essentiel
ceux relatifs aux provisions de bois (pour la construction et ou le chauffage) et au pâturage des animaux principalement les
porcs (le « pasnage ») exercés par les dépendants du seigneur y sont limités et strictement réglementés. Le scriptum du comté
de Montfort rappelle que les droits d’usage dans la haie de Bléron sont tenus par le vasseur du comte de Montfort : Gui de
Foinard, seigneur de Grenonvillliers
50
On trouve ainsi des mentions de bois clos à propos des haies.
51 L’étang de la Tour, partagé par moitié sur les communes de Rambouillet et de Vieille-Église, dans sa configuration actuelle
a été creusé au XVII° s. dans le cadre des travaux visant à drainer les eaux du plateau vers les bassins du château de Versailles.
L’étang de la Tour devait servir de zone de dépôt aux vases que le canal de l’Eure aurait pu charrier. Pour autant en 1565 le
compte rendu du receveur de Rambouillet indique : « le lieu de la tour du moullin a vant de Vielz esglises (..) pres les taillis
dudit lieu de la tour sont tenus par Vallentin Furan a present garde des boys taillis (…)» (Arch. dép. Yvelines 60J 65 f°45). En
1592 il est précisé dans le partage de la succession du Cardinal de Rambouillet : « sur le lieu de la Tour ou souloit loger le
garde des bois » (Arch. dép. Yvelines 5F 15 p. 348). De plus l’on note dans le terrier de Rambouillet dressé en 1502 au chapitre
de la Villeneuve 4 mentions de « l’étang du moullin a vent ». Il semble donc que l’étang de la Tour n’a pas été une création
mais l’agrandissement au XVIIes. de l’étang de la tour du moulin à vent.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 10 | 33


Correspond pour l'essentiel à l'actuel bois des Éveuses. Le nom de ce bois est évocateur d'une
zone humide52. Une enceinte quadrilatérale, probablement de l'âge du fer, a également été
identifiée dans ces bois53. Ne faisait pas partie de la seigneurie de Rambouillet en 1399.
 Bois des Roziers
[bois des Roziers - 1368, bois des Rosiers – 1385, bois des Roussiers - 1399]
Aujourd'hui disparus. Tenant aux bois de Saint-Benoît et des Éveuses ils couvraient une
superficie significative : 260 arpents au XIVe siècle soit environ 134 hectares54. Ces bois étaient
dans la réserve du seigneur de Rambouillet depuis 1368 au moins. Ils s'étendaient à l'ouest du
bois des Éveuses. Charles d'Angennes fera creuser, vers 1500, dans ces bois marécageux55
l'étang d'Or56 qui drainera cette zone. Pour terminer cet étang il obtint 3 arpents et demi quartier
soit 1,6 hectare des bois de Saint-Benoît contre l'équivalent situé dans ses bois de la Boissière
(les Buis) et situés du côté du bois de la Droue. Ces bois donnés en contrepartie à l’abbaye de
Saint-Benoît-sur-Loire seront appelés bois de la Récompense dans le sens classique de
compensation.
 Le Buisson
[le Buisson - 1368, 1385, le Bisson 1399]
Les textes nous situent ces bois aujourd’hui disparus entre le « chesne destine » en 1368 et 1385
qui devient « chesne de lescume » en 1399 et l’étang Tesson57. Si nous ne connaissons pas la
localisation du chêne en question, les cartes du XVIII° nous situent l’étang Tesson. Le nom
médiéval de ce bois évoque non seulement les buis, qui ne sont pas ou plus représentés
actuellement sur ce lieu, mais également toute variété végétale touffue et de petite taille voire
de la broussaille dont l'étymologie se rapporte également à Buxus. Au XVIe siècle un bois tenant

52 Éveux : « plein d'eau, terrain boueux », von Wartburg (Walther), Französisches étymologisches Wörterbuch, XXV, 76a. Ce
mot n'est pas dérivé du latin « Aqua » mais sans doute d'un primitif *Avia d'origine germanique « prairie humide » car cette
forme est attestée en Belgique et dans les Ardennes et ne l'est pas dans les régions à dominante latine. Ce primitif *Avia est à
rapprocher du germanique commun *Ahwjô « aqueux » rendu par « Auia » et « Augia » en latin mérovingien.
53 Site Zuber n° 159 enceinte n°53.
54 « Item le bois des Roziers contenant treize vingt arpens » samedi 6 mai 1368, Arch. dép. Yvelines 5F15 folios 267 à 269
; « Item les bois des Rosiers contenant treize vins arpens tenans d'une part au bois de Neneute et d'autre au bois Saint Benoit »
dimanche 12 mars 1385, Arch. dép. Yvelines 5F15 fol. 270 à 274 ; « la première pièce contenant treize vingt arpents de bois
ou environ apellée le bois des Roussiers jouxte le bois de S(ain)t Benoist d’une par et les bois Deneveuse d’autre. » vendredi 6
juin 1399, (Arch. Nat. O1 3869).
55 « Rosière, rousière, roussière s.f : lieu couvert de roseaux, marécage » Godefroy (Frédéric), Dictionnaire de l'ancienne langue
Française, VII, p. 241c.
56 Or comme contraction de Orée.
57 « item le buisson de 30 arpens tenant audit estang <Tesson> et d’autre au chesne destine » dimanche 12 mars 1385, Arch.
dép. Yvelines 5F15 fol. 270 à 274 ; « la troisième pièce apellée le bisson de Rambouillet contenant trente arpens de bois ou
environ jouxte led(it) estang Tesson d’une part le chesne de lescume d’autre » vendredi 6 juin 1399, (Arch. Nat. O1 3869).

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 11 | 33


à l’étang Tesson est nommé « les Boyssières », la carte des chasses de 1764 indique une « mare
de la Boissière » et à proximité une « petite mare de la Boissière » situées au sud du « carrefour
des Buits ». Par suite nous pouvons localiser ce bois dans les bois de Sonchamp et contigus à
l'ancien étang Tesson58 dont le souvenir est rappelé par l’actuel carrefour Taisson situé à la
même hauteur et à 1680 m à l’est de l’ancien étang éponyme et comprenant la mare des buis.
Ils couvraient une superficie de 30 arpents en 1385 et 1399 soit 15 hectares. Une vaste villa
gallo-romaine avec hypocauste et bâtiments à absidioles a été identifiée dans ces bois par
François Zuber59.
 Bois de la Villeneuve
[bois Mme de la Villeneufve 1368, bois Madame de la Villeneuve 1385, bois de la Villeneuve
1399]
Ce bois est décrit en 1399 comme adjacent au bois du Chatillon et du Boullois. Il est sans doute
le plus proche possible du hameau de la Villeneuve et forme le bois limité par la Haie de Blairon.
Le nom de ce bois est évidemment postérieur à la création de la Villeneuve au XII/XIIIème s.
Nous ignorons son nom précédent. Peut-être le bois de Blairon ? Quant au bois de Mme de la
Villeneufve faute d'autres documents nous ne pouvons élucider ce point. En effet dans la famille
de la Villeneuve (près Épernon) qui nous est connue60 l'on ne trouve pas trace de biens ou de
droits relatifs à Rambouillet. En tout cas ce bois n'entrait pas dans la réserve du seigneur de
Rambouillet en 1399.
 Bois du Chatillon et le Boullois
[Chastillon61 1368, 1385, 1399 – Brulais 1368, Brulés 1385, Boullois 1399]
Ce bois aujourd’hui disparu est situé entre le bois d’Yveline et le bois de la Villeneuve. Le nom
du premier bois évoque le chatillon à savoir l'enclos trapézoïdal du parc du Chatillon qui a été

58 Première mention en 1368. Sans doute en relation avec la famille Tesson seigneurs d'origine normande liés aux Montfort par
alliance familiale et vassaux du comte de Montfort pour Rambouillet. S'il en est ainsi l'étang aurait été vraisemblablement édifié
entre 1239 (Raoul Tesson se marie avec Perronelle de Bigorre nièce d'Amaury VI comte de Montfort) et 1314 (décès de leur
fils et seigneur de Rambouillet : Guillaume Tesson).
59
Site SADY n° 78 19 601 H 02. Une prospection pédestre en 1991 (Marc Langlois) a permis, notamment, de découvrir de la
céramique médiévale : 29 tessons à pâte rouge sableuse dont 16 d’un même vase type Dourdan, 1 tesson décoré à la molette
peut être datable du Haut Moyen Âge. Une dernière prospection pédestre en 2004 (Thomas Vigneau) a permis de découvrir de
la céramique commune (1er, IIIe siècle), un tesson d'amphore de Narbonnaise (1er, IIIe siècle) et de nombreuses tegulae et
imbrices. Ce site occupé dès la Tène finale et jusqu'au IIIe siècle a été réoccupé au cours du Moyen Âge.
60 Maquet (Adrien), de Dion (Adolphe), « Nobiliaire et armorial du comté de Montfort-l'Amaury », Mémoires et documents
publiés par la société archéologique de Rambouillet, p. 465-467.
61 Un « Hubertus de Chatel » est vasseur de Rochefort vers 1217-1228. Dor (Marc-Antoine), Seigneurs en Île-de-France
occidentale et en Haute-Normandie. Contributions à l'histoire de Montfort-l'Amaury des comtes d'Évreux et de leur entourage
au XIIe siècle et au début du XIIIe, II, p. 476, n°251.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 12 | 33


occupé entre le 1er et IIIe siècle62 après JC. Par suite le bois du Chatillon doit correspondre en
grande partie à l'actuel parc du Chatillon.
Le Boullois de 1399 désigne un bois où dominent les bouleaux alors que les dénominations de
1368 et 1385 désignent un bois brulé. En effet une déforestation temporaire, favorise certaines
essences telles que l'aulne et le bouleau. Très exigeant en lumière, les semis de ce dernier
envahissent les sols nus, les forêts dégradées. C'est un colonisateur qui, après la déforestation
comme ici par le feu, prépare le terrain pour la forêt à venir.
Ces bois sont d'après les textes de 1368, 1385 et 1399 d'un seul tenant et représentent 240 arpents
soit environ 12,4 hectares.
 Bois des Yvelines

[bois d’Yveline 1368, 1399]


Le nom de l'Yveline est mentionné dès le début du VIIe siècle63. Elle désignait à cette époque
tout le massif forestier qui dans la donation de Pépin le Bref à l'abbaye de Saint-Denis en
septembre 76864 était comprise entre Coignières65 et Moutiers66, Epainville67 et Rambouillet68,
Hermeray69, Adainville70 et Vitry71, Montpinçon72 et Villiers73. Par la suite les seigneurs puis
comtes de Montfort ont nommé cette forêt dont ils étaient gruyers depuis 1204, forêt Aquiline.
Morcelée en plusieurs massifs ceux ci se sont mieux individualisés dans les textes suite à la
multiplication des donations, des défrichements réalisés aux XIIe et XIIIe siècles et enfin des
partages entre les Montfort (1249, 1317).

62 Site SADY n° 78 18 517 H 04. Ce site a été découvert par André Rabourdin (1934-36) qui a collecté de la céramique sigillée
du IIIe siècle (bol, coupe, assiette). Par ailleurs des prospecteurs clandestins (1985-91) semblent y avoir trouvé une monnaie
carolingienne.
63 « Sequalina sylva » dans le testament de Bertram, évêque du Mans vers 615. Busson (G.) et Ledru (A.), Actum pontificum
Cenommanis in urbe degentium, p. 112-113.
64 Original : Arch. nat. AE/II/33, (anciennement Arch. nat K 5), édité dans Monumenta Germaniae Historica, diplomatum
Karolinum, I, n° 28 ; édité et traduit dans Lorin (Félix), Rambouillet, la ville, le château, ses hôtes 768-1906, p. 8-12.
65 « Cotonarias », Coignières (canton de Maurepas).
66 « Vetus Monasterii », Moutiers (canton de Bullion) correspond géographiquement mieux que Vieille-Église (canton de
Rambouillet).
67
« Epanevilla », Epainville (écart de Sonchamp, canton de Rambouillet).
68 « Rumbelitto », Rambouillet.
69 « Helmoritum », Hermeray (canton de Rambouillet).
70 « Adtanevilla », Adainville (canton de Rambouillet).
71 « Vitriaco », Vitry (écart de Gambais, canton de Houdan).
72 « Pincionomonte », Montpinçon (lieu-dit de Millemont, canton de Montfort l'Amaury).
73 « Villare », Villiers-le-Mahieu (canton de Montfort-l'Amaury) proposé par les éditeurs des Monumenta Germaniae Historica
ou plus probablement Villiers-Saint-Frédéric (canton de Montfort-l'Amaury). Par ailleurs Adolphe de Dion proposait un ancien
Villiers entre Galluis et La-Queue-lez-Yvelines dont le souvenir se serait maintenu dans les anciennes mares de Villé à la
Minotière (commune de Galluis, canton de Montfort-l'Amaury). Toutes ces identifications ne sont pas décisives.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 13 | 33


Dans la mesure où le dernier partage du comté de Montfort en mai 1317 nomme la plaine entre
les étangs de la Villeneuve et le bois de Saint-Benoît « plaine yvellyne », il est probable que les
bois contigus ont du porter ou portaient ce nom depuis peu.
 Bois de la Fosse Berard
[fosse Berard 1368, fosse Herard 1385, fosse Bernart 1399]
Ce bois aujourd'hui disparu, il a du être défriché au XVIe siècle74, tenait à la haye de Bléron et
à l'étang Tesson. Le nom de ce bois évoque une personne75. La localisation de ce bois dont
aucun toponyme actuel ne garde la trace peut être effectuée indirectement. En effet dans le
terrier de 1541 de Rambouillet nous trouvons un champtier de « fosse billard » ou « bellard »
qui évoque clairement la fosse Berard. Ce champtier représente 11,25 arpents soit 5,81 hectares
soumis à cens. Parmi les censitaires figure Jean Symard et un bail à cens du 17 avril 1583 à Jean
Lamy nous confirme qu'au lieu dit la mare simard il y avait une maison appartenant à Jean
Symard. La carte des chasses indique une mare « simare » à l'ouest du petit parc. Par suite nous
pouvons inscrire le bois de la fosse Berard entre l'étang Tesson, la haye de Bléron et la mare
Simard.
 Bois de Penoncel
[Bois de Penoncel – 1368, 1385, 1399]
Ce bois dont le nom évoque un écriteau plaqué sur un arbre est aujourd’hui disparu. Il est décrit
en 1385 comme « contenant huit vins arpens, tenant audit seigneur (Monsieur de la Rivière) et
à l’abbé des Vaux de Cernay » en 1399 il contient « huit vingts arpens de bois ou environ jouxte
les bois Mons(ieur) de la Rivière qui furent du Comté de Roucy d’une par et l’abbé des Vaux
de Cernay d’autre ». Mr de la Rivière est Charles dit Bureau III de La Rivière (?-16 août 1400),
premier chambellan de Charles V le Sage, et conseiller de Charles VI le Bien-Aimé. Il épousa
avant 1367 Marguerite d’Auneau, dame d’Auneau et de Rochefort (+ 1429 ?). Ces bois de Mr
de la Rivière sont donc les bois compris entre la terre aux moines des Vaux, et les bois de
Louppendu. La carte de 1724 nous indique ce bois qui est entré dans la châtellenie de Rochefort
depuis le partage 1249 et parvenu à Charles III de Rohan, prince de Guémené (mort en son
château de Rochefort le 10 octobre 1727). Ce bois nommé « les Invellaines à Mr le Prince de
Guéméné » dans la carte du registre de réformation des bois de 1724, est rappelé aujourd’hui
par le carrefour de Rochefort.

74 En 1399 c’est un bois. En 1541 il n’y a plus de bois de Fosse Berard mais un champtier dans lequel aucun censitaire ne
mentionne des bois.
75 Bérard est un anthroponyme d'origine germanique formé sur le radical ber- « ours » et le suffixe -hard « dur, fort ». Importé
par les Francs il fut progressivement adopté par les populations locales, d'abord citadines puis rurales. Ainsi l'onomastique
germanique domina en Île-de-France à partir du VIe siècle et devint quasi exclusive au IXe siècle. Aujourd'hui ce toponyme est
concentré dans le sud-est de la France. Belard est une forme dissimilée de Berard.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 14 | 33


 Bois du Fauconnier

[bois de fauconnier 1385, bois au fauconnier 1399]


Ce bois aujourd'hui disparu qui attenait à la haye de Bléron est sans doute en relation avec le
fief « au faulconnier à Ramboillet » mentionné en 1317. Sa localisation sur la carte est faite au
nord à la pointe de la Haie de Bléron. Au sud il aurait été plutôt décrit comme tenant entre un
des nombreux bois qui sont au sud de la Haie de Bléron alors qu’au nord l’espace est moins
occupé. Un autre bois au Fauconnier76 existait sur la commune de Gazeran à proximité de la
haie de Batonceau.
 Terre aux moines des Vaux-de-Cernay
[la terre aux moines de Vaux 1249]
Ces terres situées à l’est de l’actuel étang de la Tour au lieu-dit actuel des Hogues étaient la
propriété de l’abbaye des Vaux-de-Cernay depuis 1238 au moins. En effet en juillet 1238 les
moines sont autorisés par Amaury, comte de Montfort, à prendre leurs forfaits (amendes)
jusqu’à la rivière de la Droue.77 Cette terre est délimitée dans un acte de 151178 et la carte de la
réformation générale des bois relative à Rambouillet indique les bornes de ces terres qui sont
les mêmes.

76 Juin 1273, « nemori Johannis le Fauconnier », Novembre 1282, « nemori Johannis, dicti le Fauconnier » Merlet (Luc)
Moutié (Auguste), Cartulaire de l'abbaye de Notre Dame des Vaux de Cernay n° DCCLIII et n° DCCCXXXIX. Le « Rôle de
la taille des contribuables de Paris pour l'année 1292 », ms. Bibl. nat. fr. 6220 publié par Géraud (H.) dans : Paris sous Philippe
le Bel, d'après des documents originaux, liste environ 120 à 130 métiers officiellement reconnus. Ils représentent un total de
15 200 contribuables. L'on n'y dénombre que 6 fauconniers. Aucun élément ne permet d'identifier un de ces fauconniers avec
des biens à Rambouillet.
77 Cartulaire des Vaux-de-Cernay, n° CCCLXXXV.
78 Cartulaire des Vaux-de-Cernay, II, p. 313-328 : « état de la circonscription du domaine de l'abbaye en 1511». « Durant la
longueur duquel fossé jusques au coin dudit fossé qui fait la séparation des bois du costé de devers ladite Villeneufve, qu'on dit
appartenir à Charles d'Angennes, seigneur de Rambouillet, et des terres labourables dudit monastère, y a six belles bournes de
grais. Et au coin duquel fossé y a une grande bourne de grais, tirant au long dudit fossé ancien jusques à la fin d'iceluy tirant
vers Rambouillet. » (p. 324).

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 15 | 33


Fig. 124 Proposition de localisation des bois de la lisière sud-est de Rambouillet vers 1400 sur fond de
plan topographique simplifié.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 16 | 33


Une exploitation médiévale
Nous avons identifié le bois de fosse Bérard en 1368, en 1385 il contient 50 arpents entre l’étang Tesson
et la Haie de Bléron, puis dans l’aveu et dénombrement de Grenonvilliers en 139979 le lieu-dit « fousse
belart » pour 4 arpents. La même année l’aveu et dénombrement de Rambouillet situe ce bois entre
l’étang Tesson et la Haie de Bléron. En 1541 le champtier de « fosse Billard » ou « fosse Bellart »
représente 11 censitaires pour 11,2 arpents soit 5,8 hectares de terres cultivées. Dans la mesure où Bérard
est un anthroponyme courant « fosse Bérard » renvoie soit à une mare située à proximité d'une
exploitation (l'exploitation de Bérard) soit aux fossés entourant la propriété de Berard ou à leurs vestiges.
Par ailleurs nous trouvons mention d’un lieu nommé Hébelard dans le terrier de Rambouillet en 1502
qui est situé en limite est de Rambouillet dans le terrier de 1541. Ce champtier est important. Dans le
terrier de Rambouillet en 1502 il figure avec 4 censitaires pour 27,7 arpents soit 14,3 hectares. En 1541
il représente 23 censitaires et 48,1 arpents soit 24,8 hectares témoins de l'expansion démographique du
XVIe siècle et de la mise en valeur de nouvelles terres. Ce toponyme peu courant évoque une haie-Belard
devenue par agglutination : Hebelard. Ce champtier ne serait-il pas la trace d’une ancienne haie qui
aurait clôturé le domaine de Belard ? Une haie, un bois, une fosse autant d’éléments pour une
exploitation rurale antérieure à 1368. En raison de la grande dépression médiévale entre 1300 et 1460 et
étant donné qu'une telle exploitation n'est pas mentionnée dans les actes relatifs à la Villeneuve entre
1200 et 1300, a priori le nom Berard évoque donc plutôt une exploitation entre le Ve s. et le XIe s.
Nous pouvons émettre l'hypothèse, somme toute raisonnable, d'une exploitation d'un Bérard entre le Ve
et le XIIIe siècle et située entre le bois de fosse Berard, la Louvière, la Villeneuve de Bléron. La limite
au sud se situant au nord de la mare Simare.
En parallèle les traces du sol80 nous laissent également supposer une possible exploitation alto-médiévale
/ début du Moyen Âge central (853-1020) abandonnée tout au long du Moyen Âge puis ré exploitée à
partir du XVe et surtout du début du XVIe siècle dont le terrier de 1541 est le témoin.

79 « [...] la IIIIe piece conten(ant) quatre {arpens de terre} ou envir(on) ass(is) a fousse belart ║11 (jouxte) Jehan grignon [...] »
Aveu de Grenonvilliers 1399 (Arch. dép. Yvelines 60J 75).
80 D’après les résultats des fouilles on peut situer ces traces supposées de mise en cultures soit à une période comprise entre
l’abandon du site d’époque romaine et la première partie du Moyen Âge (Haut Moyen Âge jusqu’à la fin de la période des
grands défrichements au XIIIe s.), soit à partir de la période moderne. « La confrontation de l’ensemble des données laisse donc
supposer, à proximité (du Petit Parc) ou sur une partie des parcelles concernées par l’aménagement, un possible champ cultivé
ou une possible prairie du Haut Moyen Âge et/ou du début du Moyen Âge central (dont témoigneraient les traces agraires
observées ?), vraisemblablement abandonné(e) par la suite, au moins jusqu’au XV e s. et au plus tard jusqu’au début du XVIe
s., à partir de quand une nouvelle exploitation a lieu, un bois (celui dit du Petit Parc ?) étant progressivement constitué sur une
autre partie des terrains soumis à l’aménagement, au moins à partir de la moitié du XVI e s., ce que laissent entendre le terrier
de 1541 et l’enregistrement du spectre pollinique. » Rouppert (Vanessa), Rapport de fouilles, p. 151.

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Fig. 125 Proposition de localisation de la possible exploitation de Berard sur fond de plan topographique
simplifié.

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Pièces justificatives

-1-

Vers 1224-1227

Scriptum feodorum du comté de Montfort, dénombrement des fiefs, droits et devoirs des vassaux du comté de
Montfort.

Tradition
Amaury V fit rédiger le Scriptum Feodorum du comté de Montfort entre 1224 et 1227. Il a été recopié vers 1290
et inséré dans le cartulaire de Montfort sur les feuillets 57 à 78. Celui-ci suivit en Bretagne Yolande de Dreux et
resta dans les archives de Nantes. Transféré de Nantes à Paris il brûla le 27 octobre 1737 dans l’incendie qui
détruisit la majeure partie des archives de la cour des comptes à Paris.
Des pièces de ce registre, celles qui offraient un intérêt permanent pour l’administration du pays, ont été extraites,
en 1513, des archives de la cour des comptes, à la demande du procureur d’Anne de Bretagne, reine de France et
comtesse de Montfort-l’Amaury. Regroupés dans la Pancarte de Montfort, ces textes ont été souvent recopiés
depuis comme preuves d’anciens droits.
Cette Pancarte a été perdue et ne nous est parvenue que par une troisième ou quatrième copie exécutée au XVII e
siècle « avec une telle négligence, que la plupart des noms sont méconnaissables et quelquefois figurés par un
nombre approximatif de jambages de lettres »81. Ce document se retrouva au XIXe siècle en possession de Mr
Robert Franville notaire à Montfort-l'Amaury qui la prêta à Adolphe de Dion pour en faire une copie. Aussi pour
le texte cité je m’appuie sur la transcription réalisée avec prudence par Adolphe de Dion 82. Cette transcription
latine resta incomplète en raison principalement de la difficulté à identifier un nombre important de noms de lieux.
Aussi A de Dion ne publia ni ne traduisit sa transcription.
Marc-Antoine Dor dans sa thèse sur les Montfort retravailla cette transcription. En la comparant notamment à tous
les actes connus des Montfort, aux cartulaires des abbayes et prieurés qui avaient des biens ou des droits dans le
comté de Montfort, au Nobiliaire et armorial de Montfort et grâce à une copie inédite de la Pancarte de Montfort,
il offre un texte qui corrige nombre d'imprécisions géographiques 83. Aussi le texte suivant est annoté par les
corrections issues de cette thèse.
La « haie de bléron » est citée pour la première fois dans le scriptum feodorum du comté de Montfort dans la
châtellenie d’Epernon.

81 de Dion (Adolphe) « les fiefs de Montfort » Mémoires Société Archéologique de Rambouillet, I, p.291
82 Arch. dép. Yvelines 5F 4.
83 Dor (Marc-Antoine), Seigneurs en Île-de-France occidentale et en Haute-Normandie. Contributions à l'histoire de Montfort-
l'Amaury des comtes d'Évreux et de leur entourage au XIIe siècle et au début du XIIIe ; thèse école des chartes, 1992.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 19 | 33


Châtellenie d'Épernon article 36 dans la copie d’Adolphe de Dion.
A- Original perdu.
B- Arch. dép. Yvelines 5F 4 fol. 30 : Pancarte de Montfort, copie du XVIIe siècle, recopiée au XIXe par Adolphe
de Dion.
a. Dor (Marc-Antoine), Seigneurs en Île-de-France occidentale et en Haute-Normandie. Contributions à
l'histoire de Montfort-l'Amaury des comtes d'Évreux et de leur entourage au XII e siècle et au début du XIIIe,
II, chapitre II, p. 433, n°118.
« Dominus Guido de Foinard(a) est homo ligius Domini Comitis et tenet de ipso quidquid habet apud
Guerinville(b) et quidquid ibidem de ipso teneatur, excepto feodo Gilberti de Nova Villa ; et quidquid
ibidem tenet de ipso Philippus et Gillanus(c) et Johannes de Capella.
Item tenet quidquid habet apud Goulet, et illud quod ibidem tenet de ipso liberi Domini Guillelmi de
Menhendeboust(d) ; et domos de Guernonvilliers(e) et de stagno, et stagnum et suam consuetudinem
qualem solelsat et debebat habere in Haya de Blaron, in deffensu (f) de Housseya(g) et in foresta ; et hoc
quod Johannes de Bescheraulle(h) tenet de ipso apud Guernonvilliers(e) et apud Groule(i) et hoc quod
Simon de Guernonvilliers tenet de ipso ibidem. »

Traduction
« Le Seigneur Gui de Foinard est homme lige du Seigneur comte et tient de lui ce qu’il a à Guerinville et
ce qui est tenu de lui en ce même lieu excepté le fief de Gilbert de Neuville ; et ce que tiennent de lui en
ce même lieu Philippe et Gillain et Jean de la Chapelle.
De même il tient ce qu’il a à Goulet et ce que tiennent ici même de lui les enfants du Seigneur Guillaume
de Menhendeboust ; et les maisons de Guernonvilliers et de l’étang, et l’étang et leur coutume telle qu’il
avait l’habitude d’avoir à la haie de Blaron, le deffens de Housseya et dans la forêt ; et ce que Jean de
Bescheraulle tient de lui à Guernonvilliers et à Groule et ce que Simon de Guernonvilliers tient de lui en
ce même lieu ».

Notes
(a) Foynart, Dor. ― (b) Guerinviller, Pancarte de Montfort. En 1160 un Mathieu de Gueñvilla que l'on peut transcrire
Guen(er)villa est chevalier et sergent du Roi et Sévin de Guen(er)villa du seigneur de Montfort. Avec d’autres chevaliers et
sergents ils « jurent et « s’accordent » sur les coutumes de l’Yveline. « Registre A » de Philippe Auguste, Bibl. Vaticane, fonds
Ottoboni, lat. 2796, fol. 51 v°b-52 r°a [vers 1201-1202], « Inquisitio juris quod habet rex in Aquilina. » Publ. : Registres de
Philippe Auguste, p. 50-52.― (c) Goelinus, Dor. ― (d) Menheudeboust, Pancarte.― (e) Guernonvillier. Dor.― (f) deffensa,
Dor. ―(g) Hausseio, Dor― (h) Becheraulle, Dor.― (i) Goulet, Dor. Pour Adolphe de Dion « Groule » pouvait renvoyer à
Groussay (Rambouillet). La question reste ouverte.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 20 | 33


-2-

1230, juin

Accord passé entre l’abbé Guérin et les religieux de Marmoutier d’une part, l’abbé et les religieux de Saint
Magloire de l’autre, décidant le partage par moitié de la dîme des novales de la Haie de Blarini à Rambouillet et
de tous les futurs essartages de cette paroisse.

A - Original perdu.
B – Grand Cartulaire de Saint-Magloire, Bibl. Nat., lat. 5413, n°199, fol. 152 v° copie de 1331.
a. Terroine (Anne) et Fossier (Lucie), éd., Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Magloire, I, Paris, C.N.R.S.
Éditions, Turnhout, Brepols, 1998, p. 245, n°108.

« Fratres capituli Majoris Monasterii et frater Garinus, divina miseratione minister eorum humilis,
universis tam presentibus quam futuris presentes litteras inspecturis salutem in Domino. Noverit
universitas vestra quod inter nos ex una parte, et religiosos viros abbatem et conventum Sancti Maglorii
ex altera, verteretur contentio super decimas novalium de Haya de Blarini infra fines parochie de
Ramboileto […].Nos in predictis novalibus singulis annis medietatem percipiemus, dicti vero abbas et
conventus Sancti Maglorii aliam medietatem similiter percipient annuatim libere et quiete. »

Traduction
Les frères du chapitre de Marmoutiers et le frère Guérin, par compassion divine son humble ministre à
tous les hommes présents et futurs qui ces présentes lettres verront, salut dans le Seigneur. Sachez tous
que, entre nous, d'une part, l’abbé et les religieux du couvent de Saint-Magloire d'autre, un différend avait
lieu sur les dîmes de la paroisse des novales de la Haye de Blarini, dans les limites de la paroisse de
Rambouillet [..].Nous percevrons chaque année dans les susdites novales, la moitié (des dîmes), ledit abbé
et le couvent de Saint-Magloire, l'autre moitié librement et paisiblement de la même manière qu'ils les
perçoivent chaque année.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 21 | 33


-3-

1249

Partage et dénombrement du comté de Montfort.

Tradition
A - Original perdu. Ce texte, comme le scriptum feodorum faisait partie du cartulaire de Montfort.
B - Arch. dép. Yvelines 60J 172 liasse non numérotée : copie du XVe siècle (manque la partie relative à Montfort).
C - Arch. dép. Yvelines 5F 4 folios 79 à 109 : copie du XIXe par Adolphe de Dion (complète) d'après la pancarte
de Montfort.
D - Bibl. nat., Fr. 9499, p. 18 : extraits du cartulaire de Montfort par Ducange.
D' - Bibl. Ars., ms. 5261, fol. 13 v : extraits du cartulaire de Montfort par Ducange.

Publications partielles : Ledru (Émile), Épernon Notice historique, Paris, Res-Universis, 1993, p. 10-11 p. 214-
215 ; Moutié (Auguste), « Saint-Léger », Mémoires Société Archéologique de Rambouillet, I, Rambouillet, de
Raynal, 1873, p. 289-387.

Contexte
Ce texte fut composé vers 1249-50 par Marguerite et Lore de Montfort après le décès de leur frère, Jean, comte de
Montfort, mort de la peste à Chypre.
Cet acte a pour objectif d’assurer leurs droits dans la succession ainsi ouverte dans laquelle Béatrix de Montfort
fille unique de Jean était héritière universelle à défaut d’enfants mâles. Aussi Marguerite et Lore précisent-elles
dans ce document les limites de chacune des châtellenies qui composent le comté et ne citent des vassaux qu’en
cas de doute éventuel sur le château dont ils relèvent.

Extrait d'après B
fol. 5
Rochefort.
« Toute la ville de Rochefort, et toutes les appartenances et li estans de Hors levé et cinq arpens de terre
à Bleiron ; et dix arpens de bois que Messire Guy de Chevreuse tient ; […] ; et li bois de St Beneoit , et li
bois de Loupendu, et li deffoys de Houlloi <Houssey> ; […]; li manoir de la pommeraye tout ainsi comme
il se comporte ; et cent arpens de bois tenant aux bois le seigneur de gazeran, et seize arpens de bois
exploits derrière la pommeraye ; et tout li terroirs de la pommeraye ; et cinq arpens de prés à la
pommeraye ;
Et s’estant la seigneurie de Rochefort jusques à la bonne qui départ les prés de la pommeraye des
coustumes de Coudrians, et de celle s’en va à la bonne qui sied au gué du Cerizier ; et de celle s’en va
droict à la bonne qui siet el chemin qui va de Ramboillet aux loges de Bussay, et de celle s’en va droit à

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 22 | 33


la bonne qui siet el chemin qui va de St Ligier à Ramboillet ; et de celle à la bonne qui siet el bout de la
Trusse par devers la granche du parc de la Roë ; et de celle s’en va tout ainsi comme la coutume de
Chapelon <Chappellou, Chapelouze> part les champs <se part des estans> du chemin perré jusques à la
bonne qui siet entre les prés des Mareschiers et la coustume de Chapellon ; et de celle s’en va à la bonne
qui siet el bout des Espées de guernonvilliers par devers Viez églises ; et de celle s’en va entre les bois de
Loupendu et la terre de Haye de Blairon ; et de celle s’en va à la bonne qui siet entre la terre aux moines
de Vaus, et les bois de Louppendu ; et de celle s’en va, si comme la terre aux moines de Vaux départ li
terroir de Viez église, de bonne en bonne jusques à la bonne qui siet entre la terre aux moines de Vaux et
la terre des Auffargiez ; »

J’indique entre <> les variantes issues de la copie d’Auguste Moutié (cf. 3) qui est parue dans le tome I des mémoires
de la société archéologique de Rambouillet (article « Saint Léger » p. 104 à 108).

-4-

1317, 27 mai

Partage du comté de Montfort.

Tradition
A - Original perdu. Faisait également partie du cartulaire de Montfort.
B - Arch. dép. Yvelines 60J 172 liasse I : copie non datée mais probablement du XV e siècle (d'après sa graphie).
Elle est de la même main que celle du partage de 1249 ci dessus.
B' - Arch. dép. Yvelines 1H 2 : copie du XVIe siècle. A été réalisée, d'après un commentateur anonyme de la copie,
à la demande de Mathurin de Harville abbé de Clairefontaine (+1583). Cette copie est moins fiable notamment sur
le critère des noms de lieux.

Contexte
A la mort de Béatrix de Montfort ses deux filles Yolande duchesse de Bretagne et Jeanne comtesse de Roussi se
partagent le comté de Montfort.

Extrait d'après B
« Et nous Jehanne Co(m)tesse de Roucy dess(us) d(ite) po(ur) not(re) partie et portion de ladi(te)
success(ion) en lad(ite) conté et es appartenances emporterons et emportons les choses qui ensuive(n)t
cest assavoir le chastel la ville et chastellenie de Rochefort et toutes les appartenances [...] derechef le fief
du s(eigneu)r de Ramboillet, [...], le fief q(ue) mons(ieur) Robert de neufville a à Ramboillet le fief de
guernonvillier, le fief au faulconnier à Ramboillet le fief de grossey les Ramboillet [...] lesquelz fiefz
fure(n)t de la chastelle(nie) de Montfort; [...] Derechef [...] le fief de la Villeneufve de blairon, le fief du
patiz [...] , lesquelz fiefz furent de la chastelle(nie) de Saint-Liger [...] Derechef nous Jehanne [...]

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 23 | 33


emporterons et emportons [...] toute la plaine yvellyne de la les estangs de lavilleneufve jusques au boys
saint benoist les boys de noyveuse [...] tous les espes de grenonvillier»

Commentaires
Comme le souligne Adolphe de Dion dans ses notes personnelles [Arch. dép. Yvelines 5F4] cet acte ne donne
qu’une « liste incomplète des fiefs, ne s’attachant qu’à ceux démembrés de leur châtellenie naturelle ou situés sur
la limite des deux parts. »

-5-

1368, 6 mai

Vente par Girart de Tournebu de la seigneurie de Rambouillet à Jehan Bernier le samedi 6 mai 1368

Tradition
A - L'original semble aujourd'hui perdu.
B - Vidimus du bailli de Gazeran. Ce vidimus qui figurait encore dans les archives du domaine de Rambouillet en
1864 (inventaire de Mr Bing) est aujourd'hui manquant.
C - Arch. dép. Yvelines 5F 15 folios 267 à 269 : copie par Adolphe de Dion au XIX e siècle réalisée à partir du
précédent,

Contexte
Girart de tournebu, chevalier, seigneur d'Auvilliers a par son mariage avec Jeanne de Brucourt hérité de la
seigneurie de Rambouillet. Il la vend à Jehan Bernier.

Extrait d'après C
« … Item l’étang Tesson [ ] séant à la haye de Bléron, tenant d’une part à la Villeneuve [ ] Item le bois
des Roziers contenant treize vingt arpens [ ] Item le bois de fosse Bérard contenant cinquante arpens [ ]
Item le bois appellé le Buisson [ ] d’autre part au chesne destine Item le bois appelé Chatillon et les Brulais
contenant [ ] d’autre part au bois Mme de la Villeneufve [ ] contenant 80 arpens tenant au bois d’Yveline
d’une part [ ] Item une pièce de bois appelée Penoncel, contenant [ ] madame de Roucy et d’autre part
l’abbé des Vaux ; item le bois appellé le Chesne Botru [ ] Item usages ez bois de la dite dame de Roucy
pour clore, pour ardoir, pour [ ] pièges pour les bestes dudit seigneur de Rambouillet ; Item garenne en
tous lesdis bois [ ] toutes bestes, oiseaux et autres choses quelconques que garenne doit avoir.»

nota : les [ ] indiquent des lacunes de longueur indéterminée dans la copie.

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 24 | 33


-6-

1385 (n. st.), 12 mars

Vente par Guillaume Bernier fils et héritier de Jehan Bernier de la seigneurie de Rambouillet à Regnault
d’Angennes.
Tradition
A - Original perdu.
B - Arch. dép. Yvelines 5F 15 folios 270 à 274 : copie réalisée par Adolphe de Dion au XIX e siècle pour Auguste
Moutié à partir d'une copie aujourd'hui disparue et qui figurait aux anciennes archives du domaine de Rambouillet.

Extrait d’après B
« item un estang appellé l’estang Tesson assis ez bois dudit Seigneur de Ramboillet Item sept vins arpens
de bois à la haye de Bléron tenant d’une part à la Villeneuve et d’autre au bois de Fauconnier ; Item les
bois des Rosiers contenant treize vins arpens tenans d'une part au bois de Neneute et d'autre au bois Saint
Benoit ; item les bois de Fosse Hérard contenant 50 arpens tenant à l’étang Tesson et à la Haie de Bléron
; item le buisson de 30 arpens tenant audit estang et d’autre au chesne destine ; Item le bois de Chatillon
et le Brulés contenans 240 arpens tenans au bois d’Iveline et au bois Madame de la Villeneuve ; item les
quatre vins arpens tenant au bois d’Iveline et au bois Monsieur de la Rivière par devers la Villeneuve ;
Item une pièce de bois appellée Penoncel contenant huit vins arpens, tenant audit seigneur et à l’abbé des
Vaux de Cernay ; Item une pièce de bois appellée Chesne Botru de sept vins arpens.
Item par toute ladite terre de Rambouillet justice haute moienne et basse.
Et y a par tous lesdis bois garenne à toutes bestes exepté Chesne Botru là ou Monsieur de la Rivière peut
chasser quand il a premièrement tendu.
Tout ce que dit est tenu et mouvant à une foy et hommaige de noble homme Messire Jehan de Craon à
cause de sa terre des Essars. »

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 25 | 33


-7-

1399, 6 juin

Aveu et dénombrement de la seigneurie de Rambouillet rendu le vendredi 6 juin 1399 par Regnault d’Angennes à
Jean de Craon seigneur des Essarts-le-Roi.

B - Copie du XVIIIe Arch. nat. O13899


« Item un estang appellé l’estang Tesson assis au dessous des estangs de la Villeneuve contenant huit arpents
de terre ou environ, Item onze cens arpens de bois ou environ assis en huit pièces la première pièce contenant
treize vingt arpens de bois ou environ apellée le bois des Roussiers jouxte le bois de S(ain)t Benoist d’une
par et les bois Deneveuse d’autre. La deuxième piece contenant cinquante arpens de bois ou environ assis
a fosse bernart jouxte l’estang Tesson d’une par et la haye de Bleron d’autre, la troisième pièce apellée le
bisson de Rambouillet contenant trente arpens de bois ou environ jouxte led(it) estang Tesson d’une part le
(le) chesne de lescume d’autre, la quatrième pièce appellée chastillon et le boullois contenant deux cent (et
quinze) quarante arpens de bois ou environ jouxte les bois d’yveline d’une part et les bois de la Villeneuve
d’autre, la cinquième pièce contenant quatre vingts arpens de bois jouxte les bois d’yveline d’une par et
Mons(ieur) de la Rivière d’autre. La sixième pièce appellée Penoncel contenant huit vingts arpens de bois
ou environ jouxte les bois Mons(ieur) de la Rivière qui furent du comté de Roucy d’une par et l’abbé des
Vaux de Cernay d’autre, la septième pièce apellée Chesne Bouton contenant sept vingts arpens de bois ou
environ jouxte l’abbé de la Ronche d’une par et l’abbé des Vaux de Cernay d’autre, l’autre pièce contenant
sept vingt arpens de bois ou environ assis à la haye de Bleron, jouxte le seigneur de la Villeneuve d’une par
et les bois au fauconnier d’autre et garenne par tous lesdi(ts) bois a toutes bestes et à tous oyseaux qui
garenne doivent avoir.»

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 26 | 33


-8-

1505, 26 juillet

Échange entre Charles d’Angennes et le Seigneur Abbé de Saint-Benoît.

A - Arch. dép. Yvelines 60J 2.


Extraits
« [...] disans lesd(ites) parties mesmes led(it) s(eigneur) de Rambouillet que pour faire et p(ar)achever
certain estang quil a encom(m)encé ║6 en ses boys de Rambouillet joignant ceulx de sainct Benoist
apparten(ant) aud(it) tres révérend à cause de lad(i)te abbaye et sa terre de Sonchamp luy estoit néccessité
davoir ║7 certaine quantité desd(its) boys de saint Benoist [...] ║ 13 le(dit) s(eigneur) de Ramboullet avoir
monstré et exhiber [...] la quantité ║14 desd(its) boys sainct Benoist quil demandoit laquelle a esté arpentée
et mesurée [..] ║15 [...] et estre trouvé quelle contient troys arpens et demy quartier ou environ ║ 22 [...] cest
ass(avoir) [...] ║23 a co(m)mancer par bas depuys la chaussée dud(it) estang enco(m)mancé tirant tout le
long du ru de la droue qui fait la séparacion des boys dud(it) ║ 24 sainct Benoist et de Rambouillet jusquez
à lendroit dun cherme placqué à ceste fin. »

-9-

1562

Aveu et dénombrement de la châtellenie, terre, fief et seigneurie des Essarts et du Perray donné en 1562 à Jacques
de Silly Chevalier seigneur de Rochefort par Jacques d'Angennes.

A - Arch. nat. O13899.


B - Arch. dép. Yvelines 60J I fol. 132 : copie de 1720.

Extrait d’après B

« Le fief, terre, et seigneurie de Bleron assis à la Villeneuve consistant


 en batiment et jardin contenant 3 arpents,
 3 arpents de haut bois devant ledit lieu,
 4 muids de terre labourable en plusieurs pièces,
 60 arpents de terre, et pasture en plusieurs pièces le long des estangs vers le Pasty,
 tous les prez qui estoient en nature d'aire le long de la villeneuve
 40 arpents de bois nommez la haye de Bleron,
 3 estangs l'un de haut levé, l'autre du moulin à vent,
 cens à la Saint Rémy 18 £ 5 s(ols) 8 d(eniers)

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 27 | 33


 91 minots d'avoine, 28 chapons trois quarts et 3 poulles à la Saint Estienne, et 3 poussaints à la
Quasimodo.
Lad(ite) terre encore tenue par le Seigneur de Rambouillet »

Annexe : valeur de l’arpent

Afin de pouvoir situer l’emprise des bois identifiés au Moyen Âge et des champtiers de fosse Belard et d’Hébelard,
il était nécessaire de traduire les valeurs de superficie des textes médiévaux relatifs à Rambouillet.
Dans la France médiévale et de l’Ancien régime l’arpent représentait des valeurs variables suivant les régions et
deux arpents différents pouvaient coexister dans une même châtellenie voire dans une même paroisse.
Généralement l’arpent valait 100 perches carrées, la perche ayant des dimensions variables. Pour déterminer la
valeur de l’arpent à Rambouillet nous pouvons nous appuyer sur deux documents :
• Les réponses faites par le canton de Rambouillet à l’enquête du 22 Pluviôse an VI relative aux anciennes
mesures84. Ce document intitulé « série de questions relatives aux anciennes mesures sur lesquelles les
Administrations municipales voudront bien faire des réponses claires, précises et très exactes » nous renseigne
sur l’ensemble des mesures en usage à la veille de la révolution. Nous nous limiterons ici aux mesures agraires.
• L’arpentage des prés de Rambouillet effectué en 1483 par Michel Dufour « arpenteur et mesureur » « à la
requeste d’ho(nnete) homme m(aistre) Jehan Paré p(ro)cureur fiscal et recepveur a Rambouillet pour
monseigneur dangene ».
Le premier document nous apprend que l’arpent est de 100 perches (réponse n°9) de 22 pieds (réponse n°7) de
douze pouces chacun (réponse n°8).
Le deuxième document85 nous confirme que d’ancienneté les arpentages sont faits à Rambouillet « à la mesure de
douze poulces pour pied, pied du chastelet de paris vingts deux pieds pour perche et cent perches pour arpent le
tout mesure du roy nostre sire ». Nous retrouvons là les valeurs de l’enquête de l’an VI.
Ces valeurs sont celles de l’arpent dit principalement « des Eaux et forêts ». Or nous savons qu’avant la réforme
de 1668-1669 qui révisa la valeur du pied du Roi86 celui-ci mesurait 32,65 cm, la perche linéaire 7,18 m et l’arpent
de cent perches 5 161 m². Pour résumer la valeur de l’arpent à Rambouillet avant 1668-1669 était de : 51 ares 61
centiares (5 161 m²) et après de 51 ares 7 centiares (5 107 m²).

L’expression la plus souvent rencontrée dans les textes médiévaux est l’expression « arpent(s) ou environ ».
Bertrand Boysset qui vivait dans la seconde moitié du XIVe et au début du XVe siècles et opérait en Arles a mis
en forme de doctrine dans son traité d’arpentage les principales notions de son art. Ainsi il nous apprend que « cette
abréviation indique seulement une tolérance de 1/16e ».87

84 Arch. dép. Yvelines 1 LM 471.


85 Arch. dép. Yvelines 60 J 74.
86 Sur cette question cf. Hocquet (Jean-Claude), La métrologie historique, p. 52 et 53.
87 Carpentras Bibliothèque municipale ms. 327, fol. 33 et suivants (texte traduit du provençal dans Brunel - Lalou, Sources
d’histoire médiévale IXe – milieu du XIVe siècle, Paris, Larousse, 1992 p. 275-277)

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 28 | 33


Tableau des valeurs
Pour référence le tableau ci-après permet de retrouver pour la période qui nous occupe les valeurs agraires de
superficie en usage à Rambouillet.

Mesures en usage dans la seigneurie de Rambouillet avant 1668-1669


Superficie
2
m Ares Hectares
Unité 2 2
Dm Hm
Arpent [puis Arpent du Roi (*)] 5 161 51,61 0,516
Un arpent "ou environ" + / - 323 + / - 3,23 + / - ,03
Quartier 1 290 12,90 0,129
Un quartier "ou environ" + / - 81 + / - ,81 + / - ,01
Une perche (**) 51,60 0,52 0,005
Une perche "ou environ" +/-3 + / - ,03
(*) ou des Eaux et Forêts ou d'Ordonnance
(**) l'on devrait dire une perche carrée, cette mesure est parfois appelée "perchée".

Sources

1- Sources manuscrites

a- Archives départementales des Yvelines


 60J I - Inventaire du duché de Rambouillet fait en l'année 1720
Cet inventaire « par extrait des titres et papiers concernant le Duché-pairie de Rambouillet, terres, fiefs, seigneuries
et mouvances » fait sur ordre du comte de Toulouse est divisé en 5 volumes cotés 60J I à 60J V
 60J 2 - Titres généraux de propriété du duché de Rambouillet (1501 – 1592)
Cette cote contient notamment les actes des échanges relatifs aux bois de Saint Benoît
 60J 7 - Acquisition du marquisat de Rambouillet par le comte de Toulouse (1706 – 1709)
Cette cote d'une seule liasse contient une copie partielle du terrier de 1541 de Rambouillet
 60J 33 - Gruerie de Rambouillet, les Essarts-le-Roi et dépendances
La liasse 21 contient notamment « l’Estat des bois apartenans à S.A.S » et « l’estat des bois couppez despandans de
Rambouillet pendans treize anneeéés a compter depuis mil six cens quatres vingt trois jusques et compris mil six cens
quatres vingt quinze »
 60J 42 - Censives de Rambouillet, terrier de ladite seigneurie (1523 – 1702),
Cette cote contient, notamment, la copie partielle, réalisée au XVIIe ou XVIIIe siècle, du terrier de Rambouillet en
1541. Cette copie sur un cahier de 20 feuillets reprend les noms, prénoms, superficies, nature des biens et cens y

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 29 | 33


afférent des habitants de Rambouillet. Les tenants et aboutissants des censitaires ainsi que les limites de seigneurie
n'y figurent pas. Ces dernières ont été copiées au XVIIIe siècle et sont dans la cote 60J 7.
 60J 43 - Censives de Rambouillet, baux à cens (1410 – 1789)
 60J 65 - Comptes des revenus de la terre de Rambouillet (1407 – 1691, 1505 – 1686, 1672 – 1774)
Cette cote contient notamment l'original du terrier de 1502.
 60J 74 - Fief de la Bretonnière (1541)
 60J 75 - Fief de Garnonvilliers (Grenonvilliers) - Titres généraux de propriété (1391 – 1398)
Cette cote contient notamment l'aveu et dénombrement de Grenonvilliers en 1399
 60J 82 - Fief de Groussay
Cette cote contient notamment l’aveu et dénombrement de 1375, 1399 et l’extrait du terrier de Groussay en 1541
 60J 83 - Fief de Groussay : censives - minutes et expéditions de déclarations (1549 – 1559 – 1689)
Cette cote contient le mesurage des terres de la censive de Groussay effectué en octobre 1549 (71 feuillets)
 60J 172 - Châtellenie de Saint Léger - Titres généraux de propriété (1317 – 1709)
La date de 1317 indiquée sur la cote ne correspond pas dans la mesure où nous y trouvons (liasse non numérotée
intercalée entre la liasse 1 et la liasse 2) une copie du partage de 1249 à laquelle il manque la partie de Montfort, et
un extrait des actes du Cartulaire de Montfort et de Dreux (liasse 3)
 60 J 494 – Terrier de Rambouillet
 5F 1 - Fonds d'érudits : Collection Adolphe de Dion,
 5F 4 - Fonds d'érudits : Collection Adolphe de Dion, essai de reconstitution du cartulaire de Montfort
 5F 15 - Fonds d'érudits : Collection Adolphe de Dion
 1H 2 - Abbaye de Clairefontaine
Cette cote contient une copie du XVIe siècle du partage de 1317.
 1LM 471 - Mesures anciennes
 3E 32 145 - Rambouillet Belle-Croix : Charles Grippon et Charles Dutartre, 1606-1607
 3E 32 150 - Rambouillet Belle-Croix : Charles Boutin, 1636-1637
 3E 32 173 - Rambouillet Belle-Croix : Léon Pompée Dumont, 1678-1682
 8M 26 – Limites des communes de Rambouillet et de Gazeran.

b- Archives nationales
 K5 n°9 Carton des Rois : Pépin le Bref donation de 768. Original non accessible. Consultable sous forme
de microfilm au CARAN.
Cette cote est la cote d'origine du diplôme de Pépin le Bref en septembre 768. La cote actuelle est AE/II/33.
 O1 3869 - Maison du Roi : domaine de Rambouillet
Cette cote contient notamment sept copies de l'aveu et dénombrement de la seigneurie de Rambouillet fait en 1399.

2- Sources imprimées

a- Recueil d'actes et de cartulaires

Évolution du couvert forestier du massif sud-est de Rambouillet 30 | 33


 Busson (G.) et Ledru (A.), Actum pontificum Cenommanis in urbe degentium, Le Mans, 1901.
 Merlet (Luc) Moutié (Auguste), Cartulaire de l'abbaye de Notre Dame des Vaux de Cernay, Paris, Henri
Plon, 1857
 Monumenta Germaniae Historica, diplomatum Karolinum, volume I, Hanovre, 1906,
 Moutié (Auguste) de Dion (Adolphe), Cartulaires de Saint-Thomas-d'Épernon et de Notre-Dame-de-
Maintenon, Mémoires Société Archéologique de Rambouillet tome IV, Rambouillet, de Raynal, 1878
 Prou (Maurice) Vidier (Alexandre), Recueil des chartes de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, Paris,
1900-32, volumes I et II.
 Terroine (Anne) et Fossier (Lucie), Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Magloire, tome I, Paris,
CNRS, 1998 (Documents, études et répertoires publiés par l’institut de recherche et d’histoire des textes)

b.
b- Cartes et plans
 Pavillon de la faisanderie (Rambouillet) - « carte particulière de la Forest de Saint-Léger et de
Rambouillet avec leurs environs », 1708
 Arch. nat. NII S&O 144 - Carte de Marchand, 1715
 Arch. nat. NII S&O 203 – Plan terrier de Rambouillet (non daté ni signé). À l’analyse ce plan correspond
aux déclarations passées entre avril 1781 et décembre 1783 qui figurent aux Archives départementales
des Yvelines 60J 493 à 495.
 Arch. dép. Yvelines - cadastre 1830, Rambouillet 3 P2 / 257 / 6
 Arch. dép. Yvelines – 1 MI 388 5 – Plan terrier de Rambouillet dressé entre juillet 1702 et mai 1706 par
Denis Cuquemelle
 Arch. dép. Yvelines - C 97/46 - Plan d'intendance de la paroisse de Le Perray dressé en 1785
 Arch. dép. Yvelines - C 97/48 - Plan d'intendance de la paroisse de Poigny dressé en 1785
 Arch. dép. Yvelines - C 97/62 - Plan d'intendance de la paroisse de Vielle-Eglise dressé en 1785
 ONF Versailles (à partir de 2012) Réformation générale des bois de la Maîtrise de Rambouillet, 1724
 ONF Versailles (à partir de 2012) Réformation générale des bois de la Maîtrise de Rambouillet, 1782

Bibliographie

1- Monographies
 Badaire (Roger), Épernon par le passé, Epernon, BAS d'Épernon, sans date.
 Blécon (Jean), Historique des rues de Rambouillet, Rambouillet, SHARY, 1997.
 Bourgeois (Luc), Territoires, réseaux et habitats : l'occupation du sol dans l'ouest parisien du V e au Xe
siècle, thèse de doctorat sous la direction de Jean-Marie Dentzer, Paris : Université de Paris I, 1995 : 5
vol. (textes, 433 p.; atlas et microfiches; catalogue de sources et bibliographie régionale, 283 p. ; fiches
communales de géographie historique ; inventaire sommaire des sites archéologiques).

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 Brutus (Fabrice), Coussot (Céline), Perrichon (Pierre), Gazeran (Yvelines), ZAC Bel-Air - La Forêt :
Phases 1 et 2 : rapport de diagnostic, Edition Pantin : Inrap CIF, 2010
 Claise (Guy Marie), Dictionnaire de Seine-et-Oise étymologique topographique archéologique,
dactylographié, 1962-1965.
Déposé aux archives nationales (section topographie parisienne) et copie aux archives départementales des Yvelines
(section usuels).
 Dor (Marc-Antoine), Seigneurs en Île-de-France occidentale et en Haute-Normandie. Contributions à
l'histoire de Montfort-l'Amaury des comtes d'Évreux et de leur entourage au XIIe siècle et au début du
XIIIe ; thèse école des chartes, 1992 ; archives départementales des Yvelines cote 9J 183 (1 et 2)
- Jubert (Paul), La forêt d'Yveline et la formation du domaine forestier de Rambouillet, École nationale des
chartes, positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1917. Le manuscrit est déposé aux
archives départementales des Yvelines cote 1F172 et maintenant consultable en microfilm 2 MI 564.
 ONF (Direction territoriale Île-de-France Nord-Ouest, Mission Archéologie), Forêt domaniale de
Rambouillet - Rapport de prospection – 2002, Fontainebleau, décembre 2003.
 Renault (Ingrid), Les voies romaines chez les Carnutes (actuel département des Yvelines), mémoire de
maîtrise sous la direction de monsieur Martin et de madame Joly, Paris : Université de Paris IV, 2003 : 3
vol. (plans et ill.)
 Renault (Ingrid), L'occupation du sol dans la plaine d'Ablis et le massif forestier de Rambouillet (Le sud
des Yvelines), mémoire de DEA sous la direction de monsieur Martin et de madame Joly, Paris :
Université de Paris IV, 2004 : 3 vol.
 Rouppert (Vanessa), Rambouillet « ZAC de la Louvière – Le Petit Parc », rapport de diagnostic 2003,
INRAP, 2003.
 Vigneau (Thomas), La dynamique de l'occupation du sol dans le sud des Yvelines entre le second âge du
fer et le bas Moyen Âge : propositions de recherches et orientations méthodologiques, mémoire de DEA
sous la direction de monsieur Buchsenschutz, Paris, 2003.
 Vigneau (Thomas), Forêt domaniale de Rambouillet - Rapport de prospection pédestre (mars-décembre
2004), février 2005.

2- Autres ouvrages
 Acta Sanctorum, julii, via metrica s. Arnulphi martyris, IV, Anvers-Tongres, 1643-1794
 Barat (Yvan), Carte archéologique de la Gaule, Les Yvelines 78, Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, Paris, 2007
 Bechmann (Roland), Des arbres et des hommes, la forêt au Moyen Âge, Paris, Flammarion, 1984.
 Bourgeois (Luc), « Espaces boisés, pôles d’habitat et occupations marginales de l’Antiquité au Moyen
Âge », dans Ouzoulias (Pierre), Van Ossel (Paul) (dir.), Les campagnes de l’Ile-de-France de Constantin
à Clovis, document de travail n°3. Colloque de Paris 14-15 mars 1996. Rapports et synthèses de la
deuxième journée, Paris, Dioecesis Galliarum, 1997
 Chédeville (André), Chartres et ses campagnes XIe XIIIe siécles, Chartres, Garnier, 1991.

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 de Dion (Adolphe), « les fiefs de Montfort », Mémoires Société Archéologique de Rambouillet, I,
Rambouillet, de Raynal, 1873, p.289-387.
 Delamarre (Xavier), Dictionnaire de la langue Gauloise, Paris, Errance, 2001.
 Depreux (Philippe), Prosopographie de l'entourage de Louis le Pieux (781-840), Sigmaringen,
Thorbecke, (Instrumenta, 1), 1997
 Dufaÿ (Bruno), « La forêt et l’archéologie dans le département des Yvelines », les nouvelles de
l’archéologie n°87, 1 trimestre 2002,
er

 Géraud (H.), Paris sous Philippe le Bel, d'après des documents originaux, Paris, Crapelet, 1837 (réimpr.
Tübingen, Niemeyer, 1991).
 Godefroy (Frédéric), Dictionnaire de l'ancienne langue Française, Paris, 1886-1902, Tome VII.
 Grave (E), « Supplément au Nobiliaire et Armorial du comté de Montfort-l’Amaury », Mémoires et
documents publiés par la société archéologique de Rambouillet, XIX, Versailles, Aubert, 1906
 Higounet (Charles), Défrichements et villeneuves du Bassin parisien (Xe-XIVe siècles), Paris, édition du
CNRS, 1990
 Hocquet (Jean-Claude), La métrologie historique, Paris, PUF, 1995
 Janti (Pierre Villeneuve de), « Esquisse historique de l'Yveline », Pays d'Yveline de Hurepoix et de
Beauce, n°15, 1971, p. 11-18.
 Janti (Pierre Villeneuve de), « Propos sur l'ancien Rambouillet », Mémoires et documents de la SHARY,
XXXIV, Rambouillet, 1977, p.133-165.
 Janti (Pierre Villeneuve de), Forêt chasses et château de Rambouillet, La chapelle Montligeon, 1947
 Lefèvre (Edouard), « Notice sur Epernon », Mémoires de la SAEL, Chartres, Petrot-Garnier, 1876, VI,
p.115-168.
 Lorin (Félix), Rambouillet, la ville, le château, ses hôtes 768-1906, Paris, Alphonse Picard, 1907.
 Maquet (Adrien), de Dion (Adolphe), « Nobiliaire et armorial du comté de Montfort-l'Amaury »,
Mémoires et documents publiés par la société archéologique de Rambouillet, V, Rambouillet, de Raynal,
1881
 Merlet (Luc), Dictionnaire topographique du département d'Eure et Loir, Paris, imprimerie Impériale,
1861.
 Migne (Jean-Paul), Patrologia latina, Paris, 1844-1855
 Morlet (Marie-Thérèse), Les noms de personne sur le territoire de l'ancienne Gaule, Paris, CNRS, 1985
: 3 vol.
 Touati (François-Olivier), Archives de la lèpre - Atlas des léproseries entre Loire et Marne au Moyen
Âge, Paris, éditions du CTHS, 1996
 Von Wartburg (Walther), Französisches étymologisches Wörterbuch, Leipzig, Tûbingen, Bâle, 1922-
1987, XXV.

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