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LAKESTONE

Sarah Rivens.

Published: 2022
Source: https://www.wattpad.com
Coming soon...

🐍Ne faites pas attention à moi. Je prépare doucement le terrain pour


monsieur. 💀
On se retrouve après la fin de CAPTIVE tome 2 pour l'avant-propos et le
prologue de cette dark romance !
Si je fais une bande annonce (ce qui n'est pas prévu pour l'instant) vous la
retrouverez sur mon instagram (sarahrivens)
Aller salut salut !

🦋With love. S
Avant propos / NDA

nouveau bébé ? 💃🏻
Devinez qui est de retour pour une nouvelle saison sur Wattpad avec un

On se retrouve ENFIN (ou vous me découvrez pour la première fois si


c'est le cas bonjour je m'appelle Sarah enchanté) avec...
LAKESTONE!
(Sarah du passé qui écrit à votre présent : A l'heure où j'écris cette NDA

pour écrire le 26 🤡
nous sommes au chapitre 25 du tome deux de captive et j'ai 0 motivation
mais bon j'imagine que lorsque je vous lirais ça, le
tome 2 sera bouclé ou du moins il ne manquera plus que l'épilogue.
J'espère que vous allez/avez aimé j'avais prévu de terminer avec un
dialogue j'espère que j'ai gardé cette idée bref)
Je suis impatience et excitation.
Je parle de cette dark romance depuis le tome deux de CAPTIVE i can't
help myself and ITS HAPPENING ENFIN !
- Avertissement/ trigger warning -
Cette dark romance aura un contenu adulte, toxique, des scènes
explicites, des thèmes sombres et troublants ainsi que de la violence et un
language vulgaire. (mes personnages ne sont pas des gentils voila voila en
même temps c'est une dark quoi MDR) Certaines scènes peuvent heurter la
sensibilité des plus jeunes.
Si tu es sensible à ces thèmes alors. Please don't read it. Ce n'est pas pour
tout le monde.
Petite séance d'information :
— CAPTIVE et LAKESTONE ne sont pas liés, vous pouvez lire cette
dark romance sans avoir lu CAPTIVE. Même si on retrouve Kai dans le
tome 2 de CAPTIVE.
— Je suis plus active sur Instagram (Sarahrivens) et sur Twitter
(Sarahrivens) que Wattpad parce que je ne reçois pas les notifications des
messages !
— Je ne connais pas du tout la fréquence des publications on va faire au
feeling comme d'hab, mdr je sais à peine de quoi va parler l'histoire donc
bon.
— Mon sadisme n'a pas bougé si vous vous demandez mdr.
— Cette idée d'histoire est dans ma tête depuis un bon moment, et ça sort

documentaires criminels (je ne lis pas d'histoires en général that's why


donc si vous trouvez des scènes qui vous rappellent une histoire please
🤡
de mon imagination, je ne m'inspire pas d'autres histoires mais plutôt de
)

please please ne comparez pas cette histoire a une autre en mode « on dirait
trop ... » flemme.

KIND. We're nice here. 🤍


— Last but not least ! TREAT PEOPLE WITH KINDNESS and BE

Ok maintenant que cette séance est terminée il est temps de vous dire...
Bienvenue dans...LAKESTONE.
A très vite. With love. Sarah.
Prologue

Les autres.
C'était toujours pour les autres.
Mais jamais pour eux.
La vie était injuste. Elle s'attaquait au plus pures et épargnait les plus
ingrats.
— J'aurais dû tuer ta mère pour que tu ne naisses jamais, Garçon.
Il n'avait que 6 ans.
— Ton père est parti à cause de toi Iris. Je suis la seule qui reste, ne me
force pas à partir moi aussi.
Elle n'avait que 10 ans.
– Ton père restera toujours ton père, et tu dois l'accepter et le respecter,
Kai.
– Ta mère restera ta mère, alors soit patiente avec elle. Elle souffre plus
que toi, Iris.
Ils avaient tous eu un rôle sur leurs cerveaux, leurs prisons. Leurs mots
tournaient en boucles dans leurs têtes même après des années.
Ces deux enfants qui n'avaient rien demandé, étaient à présent,
éternellement traumatisés.
Mais chacun y faisait face...à sa façon.
Et c'en était presque ironique de le dire mais...ils y trouvaient toujours un
certain réconfort.
— Je vais t'arracher les os un a un et les broyer, j'espère que tu seras
encore en vie pour les entendre craquer fils de pute.
Kai. Lakestone.
— J'aimerais toujours les personnes qui ne m'aiment pas en retour,
parce que je ne pourrais jamais accepter le fait que je serais aimé par
quelqu'un.
Iris. Simones.
Deux enfants qui n'avaient grandit que trop vite. Et trop mal.
« Pourquoi »
C'était la seule question qui n'avait jamais cessé de résonner dans leurs
têtes dès l'instant où leurs yeux s'étaient ouverts sur le monde.
Et maintenant, c'était au monde de se poser la même question...parce
que...
Ses deux âmes errantes étaient sur le point de se rencontrer, et ils
n'avaient que deux choix.
Se sauver...ou mourir tous les deux.
– Sauve-moi si tu peux, princesse.
– Je vais devoir me perdre pour te sauver, Kai
_____________
Hey !
FIRST NDA DE LA SAISON OMG OMG OMG.
I guess it's my time to shine like a sl*t. HI KIDS AND WELCOME
BACK HERE.
Omg l'excitation je chiale. BUT ANYWAY SO.

Le prologue vient d'être écrit mdr je suis au taff, et bref, il est temps d'entrer
dans le monde de LAKESTONE. J'ai hâte que vous rencontrez iris, qui est
le personnage qui se rapproche le plus de ma personne.
Je le répète, cette histoire pourrait toucher la sensibilité de beaucoup
(dont moi), it's about daddy issues, mommy issues, toxic household,
violence, self harm, mental health, traumas, PTSD ect...

J'ai trop parlé but still. Il est temps d'apprendre à connaître les

💃🏻
personnages...et pour le premier chapitre, nous allons avoir une invitée
d'honneur.
Iris Simones !

🤍
A très bientôt pour le premier chapitre de cette dark romance.
Prenez soin de vos petites frimousses !
🐨
📸With love. S
sarahrivens
00. Past thoughts.

« Pourquoi il est méchant ? »


« Pourquoi je ne suis pas assez ? »
« Pourquoi ils me détestent ? »
« Pourquoi il est parti ? »
« Je ne suis qu'un enfant... »
« Je suis sa fille pourtant... »
01. Après-midi Iris

23 heures 55. Hydewood, États-Unis.


Le silence de cette petite ville me faisait un bien fou à cette heure tardive.
L'air froid qui annonçait le début de l'automne me fit frémir alors que je
m'allongeai sur le toit de ma maison.
Mes yeux rivés vers les étoiles partiellement cachées par les nuages, je
laissai un petit soupir s'échappait de mes lèvres en fermant les yeux.
Quel journée de merde.
— J'étais sûr de te trouver ici.
Un petit sourire étira mes lèvres froides et je gardais les yeux clos en
sentant le corps de ma petite sœur s'asseoir près de moi.
— Plus que cinq minutes, murmura-t-elle le ton enthousiaste.
— Tu vas vraiment me faire un compte à rebours ? L'interrogeai-je le
ton blasé.
— Oui ! Tu sais combien de temps j'ai économisé pour cette journée
?
Je ne répondis rien et blâmais intérieurement l'ancienne moi pour avoir
eu cette idée de faire de nos journées d'anniversaire des jours où nous nous
goinfrerions de donuts et de milkshakes au chocolat chez Corns avec Théa,
ma demi-sœur.
Et dans à peine trois minutes, j'allais avoir 22 ans.
Même si j'adorais les moments avec ma petite sœur, j'étais moins fan des
donuts chez Corns...vraiment moins fan.
Mais si ça rendait Théa heureuse, je pouvais faire un effort.
Le temps d'une journée.
— On devrait peut-être faire un tour au parc d'attractions ?
— Ton père ne sera sûrement pas d'accord, lui rappelai-je en me
tournant vers elle.
— Oui, mais si tu es avec moi il sera peut-être d'accord ?
Le père de Théa n'aime pas le parc de ville, elle pensait que c'était à
cause du monde ou des junkies qui se piquaient derrière la grande roue.
Seulement, je penchais pour le fait que des filles de son âge se faisaient
violer ou kidnapper. Parce que ça arrivait plus souvent qu'on ne le pensait.
Théa n'avait que 13 ans et son père s'inquiétait beaucoup pour elle.
Pas comme le mien.
D'ailleurs, je me demandais s'il allait m'envoyer un message
d'anniversaire la semaine prochaine.
— Joyeux anniversaire, Iris.
— Merci, soufflai-je en comprenant qu'il était minuit.
Je me redressais et elle me prit dans ses petits bras, son étreinte me
réchauffait le cœur et je fermai les yeux en appréciant le quatrième câlin de
cette année.
Mon corps se rallongea sur le toit et Théa suivit.
— Tu es triste ?
Sa question me coupa le souffle. Avais-je l'air triste ? Pourquoi elle avait
cette impression ?
— Pas vraiment, pourquoi ?
— Je ne sais pas, tu n'es pas aussi heureuse que moi, murmura-t-elle
en haussant les épaules.
— À ton âge, j'étais heureuse de fêter mon anniversaire, mentais-je en
souriant afin de la rassurer.
— Non...je t'ai entendu pleurer hier soir, me confia-t-elle en coupant
mes battements de cœur.
— Je regardais un film, et le personnage principal avait tué son
chien.
Elle hoqueta d'effroi et se tourna vers moi, les yeux écarquillés et la
bouche grande ouverte. Sa réaction me fit éclater de rire et je haussai les
épaules à mon tour.
— Les animaux qui meurent me font pleurer plus que les humains,
terminai-je avant de me lever, tu viens ? On rentre. Il commence à faire
froid.
Elle acquiesça et se leva, je la vis pénétrer la maison en passant par la
fenêtre de ma chambre qui était grande ouverte et je la suivis.
Théa maintenu la chaise que j'avais placée juste au-dessus de la fenêtre
pour pouvoir monter et je la gratifiais avec un sourire avant d'entrer.
La maison était silencieuse, Marc, le mari de ma mère dormait sûrement
depuis au moins deux heures.
Ma mère quant à elle, n'allait pas rentrer avant une heure.
Travailler comme infirmière à l'hôpital prenait autant de temps que
d'énergie.
Une chose était sûre, je n'allais jamais finir ma vie comme infirmière, ni
même médecin.
En vérité, j'espérais ne jamais finir comme ma mère.
Sur tous les plans.
— Bonne nuit, murmura ma demi-sœur en quittant ma chambre.
— Fais de beaux rêves, soufflai-je avant de me fermer la porte.
Silencieusement, je me retournai face à ma chambre et poussa un soupir
avant de me diriger vers mon lit.
Mon téléphone vibra contre le matelas et je fronçai les sourcils avant de
le retourner, l'écran affichait le numéro de ma mère, et j'esquissai un petit
sourire avant de décrocher :
— J'étais sûr que tu ne dormais pas encore, commença-t-elle le ton
moqueur.
— Bien vu docteur, répondis-je le ton sarcastique.
— Tu as bien vérifié la voiture ? Et tes affaires ?
— Je le ferais demain matin, je ne partirais pas avant ce soir,
soupirai-je en fixant le plafond de ma chambre, tu reviens bientôt ?
— Peut-être dans une heure ou deux, je dois te laisser j'ai du boulot,
termina-t-elle rapidement.
— D'accord, bonne nuit.
Elle raccrocha et je laissai mon téléphone tomber près de mon oreille.
J'étais resté dans cette ville pourrie jusqu'à la moelle depuis presque un
mois, et honnêtement, même si ma sœur allait me manquer.
J'avais très hâte de reprendre l'université.
Et être loin d'ici.
Je n'appartenais plus à cette maison, ni même à ce quartier dans lequel
j'avais pourtant grandi, encore moins à cette ville.
L'université était à 5 heures de route d'ici, je n'avais pas assez d'argent
pour me payer des allers-retours par avion, alors je me contentais de me
conduire jusqu'à là-bas en évitant au maximum d'y aller le soir.
Les routes étaient beaucoup plus effrayantes à 2 heures du matin.
Et les stations de gaz, encore plus.
Je devrais peut-être faire ma valise maintenant ?
Je n'avais pas sommeil, la caféine coulait encore à flots dans mes veines
et je n'avais même l'ombre d'une fatigue passagère.
Une lourde expiration quitta mes lèvres, j'allais prendre la route vers 17
heures et dans le meilleur des cas ; j'allais arriver vers 23 heures.
°°°°
14 heures.
Théa était en train de manger son quatrième donut alors que j'avais du
mal à terminer mon deuxième, je coinçai la paille entre mes lèvres et bus le
café glacé que j'avais commandé pour tenir le coup.
Bordel, j'avais vraiment sommeil.
— Tu veux manger le mien ? Je n'ai plus faim, avouai-je en grimaçant.
Je vis ses yeux bleus briller soudainement et elle balaya ses cheveux
blonds avant d'acquiescer et tirer mon assiette près d'elle.
Un sourire étira mes lèvres en la regardant sauter sur mon donut alors
qu'elle n'avait même pas terminé le sien, à son âge je n'avais pas autant
d'appétit.
Je n'avais pas du tout d'appétit.
Théa et moi étions complètement opposées l'une de l'autre, à son âge je
n'étais pas aussi bien dans ma peau qu'elle, je n'avais pas autant de
confiance en moi et je détestais aller en cours.
Théa était le genre de fille qui faisait rire ses amies, le genre d'amie qui
donnait de bons conseils et qui aimait beaucoup les câlins.
Je n'étais pas Théa, je n'avais pas vraiment d'amis et je n'étais pas
familière avec les contacts physiques.
Théa avait des cheveux blonds, quant à moi, ils étaient marron.
Elle était grande de taille, à son âge j'étais plus petite.
Mais nous avions une seule chose en commun. La seule couleur qu'on
avait en commun.
Un iris bleu.
— Tu pars à quelle heure ? M'interrogea ma sœur en secouant son
milkshake.
Je regardais mon téléphone et l'informai :
— Dans...3 heures.
— Tu es sûr que tu ne peux pas rester une semaine de plus ?
Un petit sourire étira mes lèvres et je répliquai :
— Les cours Théa, je ne peux pas rater mes cours.
Elle exprima son mécontentement en croisant les bras et fit une moue
boudeuse qui m'arracha un gloussement.
Son téléphone vibra sur la table et elle répondit rapidement :
— Salut papa !
Un petit sourire étira mes lèvres, Théa était proche de Marc.
Ils avaient cette relation père-fille que je rêvais d'avoir quand j'étais plus
jeune.
Je n'avais pas parlé à mon père depuis quelques mois, pas parce que nous
nous étions disputés non.
Simplement pas nous n'avions pas eu besoin de se parler.
Je ne l'appelais que le jour de son anniversaire, où lorsqu'il fallait payer
mon université.
Même si dans les deux cas, il ne me répondait que très rarement.
Les autres jours, je n'avais pas de père.
Mon père était ma source financière pour payer mes études, mais il ne
payait rien d'autre que mes études. Même s'il était très riche, c'était le genre
à mentir sur sa fortune pour ne pas payer la pension alimentaire qui lui avait
été demandé lors du divorce.
Est-ce que j'étais proche de mon père ? Aucunement.
Est-ce que j'aimais mon père ? J'aurais voulu.
Deux mois après leur divorce, mes deux parents avaient refait leur vie
chacun de leur côté. Et je les voyais se reconstruire.
Enfin...en quelque sortes.
Ma mère avait rencontré Marc bien des années après son divorce, et
comme de destin faisait bien les choses, mon beau-père était devenu veuf la
même année du divorce de mes parents.
La mère de Théa était morte pendant l'accouchement.
Et Marc l'avait élevé seul.
Pour moi, l'arrivé de Marc dans la vie de ma mère était une bénédiction.
Pour bien des raisons.
— Papa a dit qu'ils nous attendent pour fêter ton anniversaire,
m'informa-t-elle en raccrochant avec son père, tu viens ? On y va ?
Je revenais à mon esprit et acquiesçai avant de me lever, nous quittâmes
Corns avec l'estomac bien trop lourd.
J'avais envie de gerber.
Rapidement, je démarrai la voiture et quittai le lieu en direction de ma
maison d'enfance. Théa avait mis sa musique et je laissais mon esprit se
perdre en restant silencieuse.
Fêter mon anniversaire.
C'était sûrement une idée de Marc, ma mère n'aurait jamais eu cette idée,
elle déteste les anniversaires.
Mon beau-père voulait être plus proche de moi, sauf que même après
toutes ces années, je ne savais pas comment me comporter avec lui, et donc
on restait au point mort.
Il était le père de Théa, et le mari de ma mère.
Je n'étais pas sa fille.
Il n'était pas mon père.
— Oh Iris ! m'interpella Théa.
— Oui ?
Je tournai à gauche et lança un regard interrogateur à ma sœur, son
expression malicieuse au visage me fit froncer les sourcils, perplexe.
— Tu as déjà eu un petit copain ?
— Quoi ? Je...oui ? Pourquoi cette question, enfin, pourquoi cette
question maintenant ? L'interrogeai-je en esquissant un petit sourire et en
gardant mes sourcils froncés.
— Pourquoi pas ?
— Ça ne répond pas à ma question, Théa.
Elle poussa un soupir avant de me répondre doucement, le ton triste :
— Les sœurs de mes copines leur parlent de leurs petits copains,
mais tu ne m'en as jamais parlé...c'est parce qu'on est demi-sœur ?
— Je-...non, bien sûr que non, répliquai-je rapidement, tu es ma sœur
Théa, c'est juste que je n'ai fréquenté personne depuis mes...15 ans ?
Et c'était partiellement vrai.
Je n'avais pas eu de relations sérieuses depuis très longtemps, que des
conneries sans lendemain.
Éphémère.
— Même à l'université ? Je te trouve jolie pourtant, me complimenta-
t-elle en se tournant vers moi.
— Je ne me mélange pas à la fac, souriais-je en secouant la tête, je
préfère être seule.
Nous arrivâmes près de ma maison d'enfance et je garai ma voiture, Théa
ouvrit la portière et je fis de même avant de verrouiller le véhicule et
monter les marches en regardant ma petite sœur taper énergiquement contre
la porte d'entrée verte de sa maison.
Marc arriva dans mon champ de vision, un gros sourire aux lèvres en
ouvrant la porte. Il prit sa fille dans ses bras et je souriais en les regardant.
— On vous attendez ! s'exclama Marc en cédant le passage.
— On est là, soufflai-je avant d'entrer chez moi.
Je tournai ma tête à gauche et aperçus un gâteau d'anniversaire sur l'ilot
central de la cuisine, ma mère esquissa un petit sourire en me voyant arriver
et déclara :
— Enfin !
Et ce moment gênant arriva.
Ils me chantèrent joyeux anniversaire en cœur, Marc et sa fille, tandis que
je les regardais sans trop savoir quoi faire dans ce genre de moment.
Je comptais les secondes et attendais impatiemment que cet instant
horriblement gênant se termine puis m'approchai enfin du gâteau.
Mais alors que j'allais souffler sur les bougies qui menaçaient de fondre
sur le nappage, Théa m'arrêta dans mon élan et cria :
— FAIS UN VŒU !
Un petit rire s'échappait de mes lèvres et je fermai les yeux en faisant ce
qu'elle me demandait.
Faites que cette année sera moins chiante que les autres.
Je soufflai enfin sur ces bougies et Théa poussa un petit cri de joie avant
de me prendre dans ses bras encore une fois, Marc riait joyeusement et ma
mère regardait ma petite sœur en souriant.
— Merci, soufflai-je en esquissant un petit sourire.
— Bon anniversaire, Iris, répéta Marc en venant me prendre dans ses
bras.
Je le laissai faire et posai mes mains sur son dos sans répondre à son
étreinte, ce sentiment intérieur qui me submergeait face à son contact était
toujours le même.
Cette impression de déjà-vu. Et mes pensées étaient toujours les mêmes.
Papa me prenait dans ses bras lui aussi quand j'étais petite.
Enfoiré de mes deux.
Je me raclai la gorge et rompis notre étreinte sous le regard triste de ma
mère, elle savait intérieurement que je ne considérais pas Marc comme il
me considérait.
Et ça la mettait mal à l'aise. Avec sa nouvelle famille.
La reste de la journée se passa calmement, Marc et ma mère m'avait
offert une machine à café que j'allais prendre avec moi dans mon
appartement et j'étais vraiment heureuse parce que, j'en avais vraiment
assez de dépenser mon argent au Starbucks du coin.
Il était à présent 16 heures 45, Marc venait de faire sortir mes valises près
de l'entrée et je terminai de ranger ma chambre que je n'allais pas retrouver
avant au moins cinq mois.
Ma mère m'attendait au hall, près de son mari et sa belle-fille.
Sa nouvelle famille.
Une famille dont je ne me sentais pas membre.
Peut-être parce que j'avais quitté la maison à 17 ans, je n'avais jamais
vraiment vécu avec eux. Du moins, pas plus de deux mois par an.
— Et voilà, soufflai-je en dévalant les escaliers, je vais y aller.
— Fais attention à toi, d'accord ? Me demanda ma mère en posant ses
mains sur mes épaules, ne roule pas trop vite.
J'acquiesçai et elle me souriait, Théa enroula ses mains autour de ma
taille alors que je m'avançai vers l'extérieur, m'implorant de rester encore un
peu et m'arrachant un rire par la même occasion.
Marc resta près de ma voiture, vérifiant si tout marchait correctement. Un
truc de père sûrement.
— Tout est bon, déclara-t-il en sortant de ma voiture, tes affaires sont
dans le coffre, mais je t'ai mis ton sac à l'arrière.
— Merci, répondis-je simplement avant de me tourner vers ma sœur, je
dois y aller Théa.
Ses yeux larmoyaient et ma gorge se noua, je détestais les au revoir avec
elle.
Avec ma mère c'était simple, Marc aussi.
Mais Théa voulait souvent que je reste, et c'était plus dur.
— Je te promets que je reviendrais très vite, murmurai-je en balayant
ses mèches blondes de son visage.
Et comme à chaque fois que je lui promettais quelque chose, je lui
montrais mon petit doigt et elle suivit mon geste avant de verrouiller nos
doigts.
Un sourire étira ses lèvres et elle me prit une dernière fois dans ses bras.
Plus longtemps que les autres fois.
— Aller viens trésor, lui dit finalement Marc en me lançant un petit
regard complice, Iris doit partir maintenant.
Je souriais et lui mimais un petit « merci » avant de voir ma petite sœur
se détacher de moi et s'éloigner de ma voiture.
Je contournai mon véhicule et leur fis un petit au revoir de la main avant
d'entrer, un souffle quitta mes lèvres alors que je connectais mon téléphone
à la voiture puis bouclai ma ceinture.
Je me tournai vers ma maison et voyais que Marc et Théa étaient encore
près de l'entrée à m'attendre partir. Ma mère était sûrement rentrée.
Un petit sourire se dessina sur mes lèvres et je leur fis un dernier au
revoir avant de démarrer la voiture et m'éloignais enfin de la maison.
Je quittai enfin cette ville. Dieu savait à quel point elle m'avait brisée.
— Au revoir, Hydewood, brûle en enfer.
_____________
Hey !
First chapter. First POV. Et vous connaissez à présent Iris Simones !
Bon. Je dois avoir que ce premier chapitre est assez court mais pour un
début d'histoire c'est soft, everything is good.
BUT WE'RE HERE FOR A GOOD TIME NOT A LONG TIME.
A tout moment ça va partir en couilles. Watch me.

On se retrouve très vite pour le deuxième chapitre de cette nouvelle


Darkromance.
A très bientôt !
Prenez soin de vos petites frimousses !

📸
With love. S
Sarahrivens
02. Bon retour en ville

_____________
NDA Pré-chapitre : Song recommendations
"From the dining table" - Harry Styles.
"Xanny" - Billie Eilish.
"Slow dancing in the dark" - Joji.

Bonne lecture
_____________
🦋
"Jocelyn Flores" - Xxxtentacion.

Une heure du matin. Route 7. À quelques centaines de kilomètre du New


Jersey.
Mon cœur commençait à battre à vive allure lorsque je vis l'heure en
sachant pertinemment que je n'allais pas arriver à destination avant 2 heures
à cause de ces putains d'embouteillages.
Et il fallait que je m'arrête pour l'essence.
Ça, c'est vraiment pas cool.
Vraiment pas cool du tout.
— Tu penses qu'on va se faire kidnapper ce soir Rufus ? Interrogeai-
je ma petite peluche en forme d'hamster.
Je tournai et expirai lourdement en regardant la station d'essence à
quelques mètres plus loin. Je n'avais jamais fait cette route pendant la nuit,
et je me chiais dessus à cause du manque d'êtres humains autour.
La ville était encore très loin, et mon angoisse ne faisait que monter alors
que je m'approchais de la station.
Allez Iris, qu'est-ce qui pourrait arriver de pire à une fille seule au milieu
de nulle part à une heure du matin, dans une station d'essence ?
Tout.
Absolument tout.
Je m'approchai de la station lugubre, un des néons qui illuminaient le lieu
clignotait et je déglutis.
Un décor digne des plus grands films d'horreur.
— Dans le pire des cas on mourra, mais on sera tous les deux c'est ça
le principal, non ? Me rassurai-je en regardant ma peluche.
Je grimaçai, pas un chat dehors, seulement moi et ma caisse qui faisait
trop de bruit.
Je garai à côté d'une pompe à essence et sortais de la voiture en direction
du magasin de la station, je poussai la porte qui fit sonner une petite
clochette, alertant ma venue.
Une expression fermée, je m'approchai du caissier qui jouait sur son
téléphone.
— Le plein, l'informai-je froidement.
— Ça fera 23 dollars 46, annonça la voix ennuyée du caissier.
Je hochai la tête et décidai de prendre une barre chocolatée qu'il encaissa,
il me rendit la monnaie et je quittai le magasin en sentant mon cœur battre à
vive allure.
Horrible. C'était horrible.
Je déballai à moitié la barre chocolatée d'une main et enroulai l'autre sur
le pistolet que j'insérai à l'intérieur du réservoir.
Le bruit d'une moto alerta mes sens, et mon regard se posa sur un motard
qui s'approcha de la station, son casque sur la tête m'empêchait de voir son
visage et mon angoisse n'était que plus folle.
Et si c'était un meurtrier ?
J'avais vu trop de documentaires criminels pour rester sainte d'esprit.
D'ailleurs je suis sûr d'avoir été au moins une fois dans ma vie en
présence d'un meurtrier sans le savoir, je suis sûr qu'on l'a tous été.
Le motard se mit à côté de la pompe à essence face à moi, et mes yeux
virent enfin son visage lorsqu'il enleva son casque noir.
Son regard me dévisagea alors que ses cheveux lui retombèrent sur le
front, je me sentais intimidé par son regard dur, mais maintenait le contact,
ne lui donnant pas l'occasion de voir que je suis à deux doigts de la
syncope.
Il détourna son regard et s'éloigna en direction du magasin, mais
j'entendis son téléphone sonner.
Puis sa voix :
— Avant que tu ne me menaces, j'ai mis une feuille pour te prévenir
que j'ai emprunté ta moto...n'en fait pas tout un drame...
Il avait pris un ton moqueur, et je poussai un souffle de soulagement.
Il fallait que je me calme, si je prenais tous les hommes pour des
meurtriers, je n'allais même pas pouvoir sortir de chez moi.
En même temps...ils ne faisaient rien pour paraitre moins dangereux.
Une nuit dans ce monde sans les hommes, juste une seule nuit pour sortir
le soir sans avoir peur de me faire violer parce que je porte une foutue jupe.
Pourquoi les filles qui aiment les filles ne sont pas dangereuses comme
les mecs ?
Peut-être que le problème ne vient pas de la jupe.
Mon téléphone vibra à l'intérieur de ma poche, je le tirai et un petit
sourire étira mes lèvres lorsque l'écran illumina mon visage.
Rox.
Roxanna Rider.
— Mon chiffre préféré ? commença-t-elle par la question secrète.
— Bleu, répondis-je en souriant.
C'était mon idée, Rox était le genre à trainer dans des bars miteux et des
maisons un peu trop louches, elle était constamment exposée au danger.
Alors c'était une manière de nous rassurer, si la réponse était un chiffre et
non pas une couleur, alors l'une de nous était en danger.
C'était l'alerte.
— Tu es encore loin ? M'interrogea-t-elle d'un ton enfantin, j'ai préparé
ton retour, et le diner va être encore plus froid que les messages que
j'envoie à Matty.
— Il existe encore lui ? Demandai-je à mon tour avant d'entendre des
bruits de pas derrière moi, je vais bientôt arriver.
Je me tournai vers le motard qui ne semblait pas me regarder, plus
occupé sur son téléphone en train de parler lui aussi.
— J'ai donné à manger à Rufus, m'informa ma meilleure amie
fièrement, tu veux que je reste au téléphone avec toi le temps que tu
arrives ?
— Ouais et moi je vais faire ma carrière de chanteur, entendais-je le
motard dire à son interlocuteur en levant les yeux au ciel.
— Non, ma batterie va être bientôt à plat, il ne me reste pas
beaucoup de trajet, la rassurai-je en écoutant la conversation du motard, à
tout de suite.
Je raccrochai et retirai le pistolet de ma voiture avant de le remettre à sa
place initiale, je sentais le regard du motard sur moi, ce qui me força à me
tourner en sa direction.
Et sans surprise, nos regards se croisèrent.
— Je ne ferais rien à ton petit bébé, je garde ta chérie à l'œil, rassura-
t-il son interlocuteur en me suivant du regard, et tu sais que je suis très
fort pour surveiller.
J'entrai à l'intérieur de ma voiture et verrouillai les portes sans perdre une
seconde, je bouclai ma ceinture, puis démarrai, mais au même moment la
voix du motard m'interpella, mais je fis semblant de n'avoir rien entendu et
accélérai rapidement.
J'étais sûr qu'il allait me parler.
Mon cœur battait à une vitesse folle, je détestais lorsqu'un inconnu me
parlait.
Cette terreur comprimait ma cage thoracique.
Des gouttelettes vinrent se poser sur le pare-brise de ma voiture, ils
avaient annoncé de la pluie pendant la nuit.
Et j'étais en plein dedans.
C'est gé-nial.
Je connectai mon téléphone à la voiture et décidai de mettre une playlist
calme, pile ce qu'il fallait avec ce temps.
Les premières notes de la chanson « From the dining table » retentirent à
l'intérieur de l'habitacle, et un sourire étira mes lèvres.
J'aimais beaucoup Harry Styles.
En vérité, je n'avais pas de chanteur préféré, ni de livre préféré, ou encore
de couleur préférée.
La seule couleur que j'avais élue comme « préférée » était le noir.
Mais Rox m'avait dit que le noir n'était pas une couleur.
Alors je n'ai plus de couleur préférée.
Mais j'avais un genre de musique préféré, et un genre de livre que je
favorisais aux autres, et des nuances de couleurs que j'aimais porter.
Les musiques tristes, les romances et les nuances de couleurs sombres.
J'aimais l'ambiance autour des musiques tristes, comme si elle me faisait
ressentir quelque chose, alors que j'étais très loin de pouvoir ressentir toutes
mes émotions.
Les romances sombres parce qu'elle reflétait plus la réalité que tous les
autres genres, parfois la vie n'était pas aussi belle comme sur les bouquins,
et souvent les fins réelles n'étaient pas aussi heureuses.
...Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...c'est rigolo.
Et enfin, les couleurs sombres parce que je n'aimais pas me faire
remarquer, il était très rare de me voir avec des vêtements de couleurs
jaunes, orange ou encore rose.
C'était le délire de Rox.
Je préférais le gris, le noir, le blanc et le vert olive.
Le marron parfois et le beige.
Et comme si ce n'était pas évident, la pluie était ce que j'aimais le plus.
Quelqu'un m'avait dit une fois que la pluie était en réalité, les larmes des
anges qui veillaient sur nous, et qui pleuraient à notre place pour nous
soulager de notre peine.
Alors peut-être que c'était pour ça que j'étais heureuse de voir la pluie, de
l'entendre, de la sentir.
Heureuse.
Une moto alarma mes sens lorsqu'elle me dépassa, et je pouvais jurer que
c'était le gars de la station d'essence, je me demandais ce que lui faisait là-
bas, à cette heure aussi tardive.
Il avait l'air inoffensif, mais c'était aussi l'un des critères d'un bon tueur.
Bon aller je vais me calmer deux minutes, et si je pensais à Rufus ?
Mon hamster me manquait, à la différence du motard qui prétendait très
bien surveiller, Rox elle, était très loin du compte.
Je commençais même à penser que mon hamster était mort la première
semaine et qu'elle avait ramené un autre qui lui ressemblait.
— Ne penses pas à la mort de Rufus, tu vas pleurer pour rien, dis-je
pliant mon bras sur le bord de la fenêtre avant de poser ma tête contre ma
main.
Je commençais à être fatigué, le GPS annonçait encore une heure au
moins avant d'arriver à la maison.
J'avais hâte de retrouver mon appartement.
C'était un petit studio, avec une chambre et une salle de bains
ridiculement petite, une cuisine que j'aimais beaucoup et un mini salon où je
passais peut-être le plus clair de mon temps.
J'aimais mon canapé vert, il m'avait coûté une cheville.
Je m'étais tordu la cheville pour lui.
Je l'avais trouvé jeté dans une ruelle à New York, il y avait deux ans.
Cette ville était un Ikea géant, les gens jetaient vraiment tous leurs meubles.
À mon plus grand bonheur.
Il y avait aussi des magasins qui vendaient des pièces de décorations
vintages, et pas vraiment cher.
Les seules choses que j'avais achetées dans mon appartement étaient ma
télé, la cuisinière et la machine à laver.
Je refuse de laver mes vêtements dans une laverie.
Je secouai la tête en sentant la fatigue enveloppait mon corps, il fallait
que je me réveille. Et il fallait que j'accélère, je voulais rentrer.
Et vite.
°°°°
Deux heures plus tard. Ewing. New Jersey.
— Donc résultat ?
— Résultat je dois appeler mon père pour qu'il paie le premier
semestre, répondis-je en regardant Rox se teindre les cheveux en mauve, et
je dois me trouver un nouveau job.
— T'as pensé au centre commercial ?
— J'ai envoyé mon CV à plusieurs magasins pas très loin d'ici, je
n'ai pas eu de réponses pour l'instant, soufflai-je en m'approchant de ma
meilleure amie.
Elle me sourit avant de se concentrer sur son téléphone, ses faux ongles
claquaient contre l'écran alors qu'elle écrivait un message à son huitième
date Tinder de la semaine.
Rox était une fille très jolie, et elle le savait. Elle en jouait tout le temps.
Les hommes flattaient son ego, et étaient de bons chiens pour elle.
— Tu comptes laisser tes lentilles sur tes yeux encore combien de
temps, Simones ?
Un petit sourire moqueur étirait ses lèvres tandis que je levai mes yeux au
ciel.
Si seulement je pouvais les garder toute ma vie.
Je poussai un petit souffle fatigué et pris ma trousse contenant l'étui de
mes lentilles de couleur.
Je poussai Rox sur le côté pour libérer l'évier et me lavai les mains en
l'écoutant me parler des petites histoires qui se passaient au campus.
— Donc il a couché avec sa meilleure amie, me rapporta-t-elle en
prenant une mine faussement choquée.
Je nettoyai l'étui avec une solution en l'écoutant puis regardai mon reflet
une dernière fois avec mes lentilles.
Je vous remettrai bientôt c'est promis.
— La meilleure amie de sa copine ? interrogeai-je comme si ça
m'intéressait en tirant ma paupière inférieure vers le bas et la supérieure
vers le haut.
Je pinçai légèrement ma lentille de couleur marron et l'emprisonnai entre
mon index et mon pouce avant de la plonger dans l'étui, puis je fis de même
pour le deuxième œil.
Je clignais des yeux à plusieurs reprises avant de les hydrater.
Chasse le naturel et il revient au galop.
Une pupille bleue...et une pupille verte.
Je n'avais jamais aimé mes yeux, ils avaient été la cause de tous les
malheurs et toute la haine que j'avais eus au primaire et au collège.
« Ça fait peur »
« Tu dois faire de la chirurgie »
« Maman m'a dit que c'est contagieux, ne reste pas avec moi ! »
« C'est pas beau ! »
« Tu dois t'arracher les yeux Iris c'est immonde »
— ...Tu m'écoutes ?
— Non désolé, j'avais la tête ailleurs, m'excusai-je en reprenant le
contrôle de mon cerveau qui n'arrêtait pas de me faire vivre un enfer depuis
que j'ai dix ans.
Me faisant sournoisement me rappeler de ces souvenirs que je voulais
effacer, que je voulais oublier.
Comme si ça l'amusait de me rendre mal.
— Je t'ai demandé si tu aimerais m'accompagner demain à une
soirée, c'est le pote d'un mec que j'ai connu sur les réseaux y a un mois,
tu sais celui dont je t'ai parlé la dernière fois ?
— Oui, je m'en rappelle.
Alors là, pas du tout.
Je haussai les épaules et hochai la tête pour répondre à sa proposition, il
était rare que je refuse les soirées avec Rox.
Il y avait de l'herbe gratuitement, pourquoi m'en priver ?
Même si, je n'étais pas fan des maisons contenant trop de personnes, qui
pour la plupart, n'étaient pas aussi innocentes.
On avait déjà essayé de me droguer pendant une soirée l'année dernière,
heureusement que Rox m'avait jeté le verre au bon moment.
Elle était plus éveillée que moi, elle était habituée à ce genre de soirée.
J'avais connu Rox quand j'étais au collège, mais nous nous sommes
vraiment rapproché lorsque nous avions toutes les deux étaient prises à la
même fac.
Elle avait deux ans de plus que moi, une jeune blonde avec un visage
rond et des yeux magnifiquement verts, un sourire qui faisait tomber plus
d'un et un esprit aussi tordu que le mien.
Rox aspirait à être modèle photo, mais en attendant, la seule chose qui
remplissait son temps était ses études en journalisme, comme moi.
— Apparemment, il y aura des gens sympas, continua Rox en
regardant ses ongles.
— Je ne vais pas dans les fêtes pour me faire des amis, j'y vais pour
les joints, avouai-je très honnêtement.
— Et le Xanax.
Je secouai la tête en souriant, je n'étais pas fan des drogues, et je ne
buvais que très rarement.
Je prenais le Xanax pour soulager mon anxiété, mais quelques années en
arrière, j'en prenais aussi pour...m'amuser.
Mais j'avais arrêté le jour où une fille de ma fac était retrouvée morte
dans la salle de bains où je dormais avec Rox, d'overdose.
Le combo de différentes drogues et l'alcool l'avait fait convulser, je
l'avais entendu.
Mais j'étais trop arrachée pour être consciente de ce qui se passait.
Mais je me rappelais encore de la scène lorsque Rox avait alarmé toute la
villa.
Cette soirée était l'une des pires que j'avais passée cette année-là, son
corps sur le sol vert de cette salle de bains où j'avais dormi avec Rox dans
une baignoire.
« APPELEZ LES URGENCES...tu crois qu'elle est consciente ? »
« Non elle n'a pas l'air de respirer les gars, on doit se barrer ! »
« Il faut appeler sa sœur, putain cherchez sa sœur ! CODY-»
— Je vais dormir, annonçai-je en me frottant les yeux, si je ne me
réveille pas avant 14 heures, appelle-moi. Ferme la porte d'entrée avant
de partir, je ne veux pas me faire cambrioler.
— Bonne nuit ! s'exclama mon amie alors que je m'éloignai de la salle
de bains et me dirigeai dans ma chambre.
Les petites lumières bleues que j'avais accrochées l'année dernière
apaisaient mes yeux, j'aimais cette couleur sur ma chambre, sombre.
Je me déshabillai avant d'envelopper mon corps avec la couverture, je
n'aimais pas dormir en pyjama, la sensation de confort que je ressentais à
l'instant où ma peau touchait ma couverture était ce que j'aimais le plus.
Je branchais mon téléphone et mis le mode « ne pas déranger », j'avais un
sommeil trop léger pour me permettre de le laisser en sonnerie.
Les rideaux étaient fermés, la pièce était plongée dans l'obscurité, et je
me faisais bercer par la voix de mon amie qui chantonnait doucement en se
lavant les cheveux, laissant mes yeux se fermer doucement.
Bon retour à la maison.
°°°°
Le lendemain. 22 heures. Ewing. New Jersey.
Le silence massait mon cerveau, c'était calme. Apaisant.
Je m'étais réveillé à 16 heures, mon corps avait vraiment besoin de
dormir.
Et à présent, j'étais à ma troisième tasse de café avec un peu d'extrait de
vanille.
Un régal.
Rufus, mon hamster, faisait du bruit avec la roue. Et je le regardais en
souriant.
Ce rongeur était mon confident préféré, il connaissait toutes mes
histoires.
Et comme je n'aimais pas le faire sortir partout avec moi, Rox m'avait
offert la peluche en forme d'hamster que je pouvais faire sortir à sa place.
Rufus deuxième du nom était toujours dans ma voiture.
Mon téléphone vibra et mes yeux virent le visage de Rox sur l'écran.
Merde.
Je ne m'étais pas encore préparé.
— Je vais bientôt terminer, mentais-je en me levant rapidement.
— Ouf ! Ok, j'arrive chez toi dans 5 minutes, m'informa-t-elle en
haussant la voix à cause de la musique dans sa voiture.
— À tout de suite !
Je courais vers ma chambre et sortis de mon armoire une salopette en
jean et un haut blanc, j'enfilai ma tenue à l'arrache et partis vers la salle de
bains où je me lavai les mains avant de tirer mes lentilles de couleur.
Je clignai des yeux après les avoirs et mis et soufflai.
J'étais enfin normal.
J'entrepris de mettre un peu d'anticerne et mon mascara, puis lâchai mes
cheveux en essayant de les arranger, un minimum.
Et puis merde, j'en ai rien à foutre.
Je n'allais pas faire d'effort pour une fête à la con.
Je me regardais une dernière fois dans la glace avant de recevoir un appel
sur mon téléphone, et je savais déjà que c'était Rox.
— Rider, je suis prête, déclarai-je en décrochant.
— Aller descend je suis en bas.
Je coupai et pris mon petit sac à dos noir, j'éteignis les lumières et
verrouillai la porte d'entrée avant de descendre les marches de mon
bâtiment lugubre.
L'air à extérieur fouetta mes cheveux, et ma peau se recouvrit de chair de
poule. Je n'avais pas senti qu'il faisait si froid.
— T'as une veste ? demandai-je en m'engouffrant à l'intérieur de la
petite voiture de Rox.
— Oui, dans le coffre, aller on y va.
Le trajet fut court, où peut-être était-ce juste moi qui ne l'avais pas senti.
Je n'en savais rien, mais en l'espace d'une vingtaine de minutes, nous
étions arrivés chez cet inconnu qui avait invité Rox.
Mon amie gara sa voiture à quelques mètres de la grande villa, et je
quittai le véhicule en regardant les alentours, constatant qu'il y avait
quelques têtes qui m'étaient familières.
Peut-être qu'ils sont à la fac. J'en sais rien.
C'était une petite ville, il était fréquent de voir les mêmes têtes. On
fréquentait pratiquement les mêmes endroits, les mêmes cafés, les mêmes
parcs, les mêmes fêtes.
— On est arrivé ! s'exclama la voix de Rox en marchant à mes côtés
vers la grande maison qui laissait la musique sortir de ses fenêtres.
Dans trois heures, nous allions sûrement avoir droit à la visite de la
police pour tapage nocturne.
Ça arrivait à chaque fois.
Très vite, nous arrivâmes à l'intérieur de la baraque de ce blaireau qui
voulait sauter mon amie, ce dernier pointa le bout de son nez, les yeux
brillants en voyant la robe que portait Rox.
Ne cachant pas son regard qui la déshabillait ouvertement.
Écœurant.
Les faibles lumières bleues et rouges rendaient la vision très limitée, il
n'y avait que la cuisine qui était bien éclairée, du moins, c'était tout ce que
j'avais vu.
La musique était partout, les rires et les voix qui criaient pour s'entendre.
Des filles montaient à l'étage, se tenant par la main.
Certains avaient les mains baladeuses, d'autres avaient des sourires
aguicheurs, quelques-uns s'éclipsaient à l'étage dans l'espoir de trouver une
chambre vide où ils allaient enfin pouvoir se vider. Ou sniffer.
Ou peut-être les deux.
Bon retour à Ewing.
— Je te présente Iris, mon amie, déclara Rox en me présentant à son
toutou en chaleur qui arriva en courant vers nous.
— Salut Iris, je m'appelle Travis, me salua ce con à la coupe ridicule,
tu viens ? Je vais te présenter à mes potes.
Rox hocha la tête et prit sa main avant de s'éloigner avec lui, me laissant
seule au milieu de cette foule.
La chaleur m'étouffait, l'odeur du tabac et du cannabis étouffaient mes
poumons.
En parlant de tabac, j'avais bien envie d'une clope...et d'une cannette.
Un garçon de mon âge m'offrit un verre que je refusais gentiment avant
de m'éloigner, ne jamais accepter un verre dans les soirées, jamais.
— ...et on a vu sa sex-tape !
— ...j'étais déchiré mec, je ne savais pas...
— ...il est tellement canon !
Les discussions remplissaient mon cerveau, faisaient bourdonner mes
oreilles autant que la musique qui semblaient beaucoup trop fortes pour moi
qui m'étais habituée au calme de ma maison d'enfance ces dernières
semaines.
Je partis en direction de la cuisine et trouvai des canettes de coca dans un
grand bol pleins de glaçons, magnifique.
Maintenant la clope.
Du regard, je cherchais une tête qui pouvait me sembler soit sympa, soit
trop bourré pour savoir ce qui se passait autour.
Et bingo.
— Hey, t'as une clope ? demandai-je à un inconnu qui semblait être
complètement défoncé.
— Ouais, me dit-il en fouillant dans ses poches.
Il me tendit une clope et je le remerciais, mon téléphone vibra dans la
poche de ma salopette et un sourire étira mes lèvres en voyant le nom de la
personne qui venait de m'envoyer un message.
De Cody :
Tu veux te défoncer avec moi, Simones ?
Je levai ma tête et me tournai pour chercher mon compagnon de défonce,
et mon regard s'illumina en le voyant près des escaliers de cette baraque qui
nous était tout les deux inconnue.
J'avais connu Cody à une soirée, il y avait trois ans.
C'était d'ailleurs lui qui avait appelé les pompiers le soir où nous avions
trouvé le cadavre de cette fille morte d'overdose.
Cody était drôle, et il n'avait pas beaucoup de mémoire quand il se
défonçait.
Je pouvais lui raconter mes problèmes et lui aussi.
Mais aucun de nous deux n'allait se rappeler.
— Bon retour en ville ma vieille, me dit-il en me prenant dans ses bras,
et bon anniversaire en retard.
— Ça m'avait presque manqué, avouai-je resserrant mon étreinte,
merci.
Je n'étais pas très contact physique avec tout le monde, seulement Rox,
Cody et Théa. Je n'aimais pas l'idée d'être touché par les autres.
Mais mon affection se manifestait par le toucher. L'ironie.
Cody était étudiant en photographie, et dealer la nuit. Il vendait les
meilleures drogues, lui et son frère.
— Il y a une salle de bains avec des néons rouges, en plus on entend
la musique de loin, tu viens ?
J'acquiesçai et le suivais à l'étage, je me fis bousculer à plusieurs reprises
par des jeunes de mon âge beaucoup trop bourrés pour savoir ce qu'ils
faisaient.
Les respirations lourdes, le manque d'oxygène, le bruit assourdissant de
la musique mélangée aux paroles et aux voix d'une trentaine de personnes.
Et là.
La salle de bains.
Une petite pièce, sombre et rouge grâce aux néons collés sur les murs.
Cody referma la porte derrière nous et soupira de soulagement.
Le bruit était étouffé, et ça nous donnait quelques secondes de pur
bonheur.
Je posai mon sac sur le lavabo, Cody monta sur la baignoire et ouvrit la
petite fenêtre qui fit rentrer de l'air frais, enfin.
Un peu d'oxygène.
— Alors les vacances, Simones ?
— Pas si mal, j'ai revu ma demi-sœur, lui dis-je en m'asseyant à
l'intérieur de la baignoire où il me rejoignit.
Nous posâmes nos jambes sur le rebord de la baignoire et soufflâmes en
même temps, le calme.
Enfin.
Au loin, nous entendîmes une chanson calme, et j'étais à présent détendu.
La lumière rouge, la musique étouffée, rien que moi et la présence de
Cody autour, l'air frais qui entrait dans la pièce sombre.
Il ne manquait plus qu'une chose.
— Tiens.
Un sourire étira mes lèvres et je remerciai Cody en prenant le joint qu'il
venait de m'offrir avant de le griller et inhaler la première taffe.
Je fermai les yeux en appréciant chaque seconde qui détendait mon
corps, la soirée n'était pas si mal.
— Et toi alors ? L'interrogeai-je en regardant le mur face à nous.
— Je n'ai pas quitté Jersey, mais j'ai bronzé, t'as pas remarqué ?
Cody avait le teint mat, mais la faible lumière de la maison ne m'avait pas
laissé remarquer le changement sur sa couleur de peau.
— Pour l'instant, tu es juste rouge.
Il ria et fit sortir un comprimé que je reconnus par la forme.
Les soirées m'avaient appris à reconnaitre les drogues rien qu'à leurs
formes et leurs couleurs.
— T'en veux ?
Je lui montrai mon joint et il haussa les épaules avant d'avaler le
comprimé et le faire passer avec une bouteille d'alcool.
Il fit balancer ces cheveux bruns en arrière et souffla en regardant le
plafond, je pris une nouvelle taffe silencieusement.
— T'as vu ton père ?
Je secouai la tête, je ne l'avais pas revu depuis des mois. Et je n'avais pas
cherché après lui non plus.
— Et toi ? lui demandai-je sans le regarder, ta mère ?
La relation qu'il entretenait avec sa mère était aussi toxique que vide.
Mais je ne me rappelais pas de toutes les discussions qu'on avait à son
sujet.
— Non plus, elle est avec sa nouvelle famille.
— Tu l'as appelé ?
— Pourquoi j'appellerais une salope qui me renie depuis que j'ai 8
ans Iris, marmonna-t-il d'un ton blasé, je n'ai pas besoin d'elle.
Je hochai la tête, j'aurais voulu ne pas avoir besoin de mon père moi
aussi.
J'aurais voulu ne pas chercher après lui seulement quand j'en avais
besoin.
J'aurais voulu avoir une relation avec lui.
— Je déteste avoir besoin de mon père, murmurai-je en crachant la
fumée de mon joint.
— Ouais, ça craint-
La porte de la salle de bains s'ouvrit brutalement sur un mec dont le
visage était partiellement caché par sa capuche, quelques mèches de
cheveux retombaient juste au dessus de l'arête de son nez alors qu'il
s'approchait du lavabo.
Je restai silencieuse, l'observant ouvertement, et lui faisait comme si nous
n'étions pas là.
Il n'avait pas regardé vers notre direction une seule fois, même pas une
fraction de seconde.
Sans un mot, il quitta la pièce aussi rapidement qu'il était venu et je me
tournai vers Cody qui avait gardé ses sourcils froncés.
— Tu le connais ?
— Pas vraiment non, souffla-t-il en secouant la tête, mais je connais
des gens qui le connaissent.
— C'est un nouveau en ville ? L'interrogeai-je curieusement, je ne l'ai
jamais vu.
En même temps, sa capuche ne m'avait pas aidé. Mais Cody semblait
savoir qui c'était.
— La dernière fois que je l'ai vu trainer dans le coin, c'était y a six
ans, c'est bizarre qu'il soit revenu, m'informa Cody en buvant une gorgée
de sa bouteille en prenant un air perplexe, tout ce que je connais, c'est son
nom.
— Il s'appelle comment ?
Cody se tourna vers moi, un petit sourire malicieux aux lèvres et je lui
tapai gentiment l'épaule.
Cody aimait l'idée qu'un gars ou une fille m'intéresse, mais je n'avais que
très peu d'intérêt pour les hommes et zéro pour les femmes.
À la différence de Cody qui lui, aimait les deux.
— On dit qu'il s'appelle Lakestone.
_____________
Hey !
J'ai un arrêt maladie de trois jours pour cause de maladie.
Alors je viens d'écrire ce chapitre à cinq heures. Et omg j'aime trop
l'ambiance de cette histoire, je la trouve nettement plus réaliste.
J'ai hâte d'écrire la suite, maintenant vous avez rencontré les amis de Iris.
Cody et Rox. Vous pouvez les visualiser comme vous voulez, je ne les avais
pas prévu mdr sinon je les aurais mis dans le cast (je suis une sous merde je
sais hahahaha)

Prenez soin de vos petites frimousses !


With love. S
❤️
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
03. The Box

Le lendemain. Ewing. New Jersey. 18 heures 45.


— T'as pensé à vendre les photos de tes pieds sur Etsy ?
– Bof.
Elle haussa les épaules et se reconcentrait sur ses ongles qu'elle couvrait
d'un vernis lavande.
Réfléchissant à un véritable moyen pour moi de remplir mon compte en
banque qui allait bientôt passer à découvert.
Dans trois jours. Plus exactement.
Mais ce n'était pas aussi angoissant que le mail que j'avais reçu de la part
de ma fac, me prévenant que si je ne payais pas les frais de réinscriptions et
le premier semestre à temps, je ne serais tout simplement pas accepté.
Et bien sûr, mon enfoiré de père a décidé de faire le mort, comme s'il ne
l'est déjà pas assez.
— T'as reçu des réponses au moins ?
— Aux annonces ? Non, rien du tout, soufflai-je en me laissant tomber
sur mon canapé vert, je vais devoir demander de l'argent à ma mère.
Je grimaçai déjà à cette idée.
Je détestais lui demander de l'argent, pour la simple raison qu'elle me le
rappellerait aussi longtemps qu'elle le pourrait.
Tout en mentionnant que mon père, lui, n'avait rien fait pour moi.
Un véritable plaisir.
« Donc je te nourris, je te loge, je t'habille et maintenant je dois payer
pour tes études ? Ton père est riche, mais c'est moi qui prends tout en
charge ! »
Encore...et toujours, mon père.
Evan Simones.
Ma mère disait la vérité, mon père était riche. Je ne savais pas à quel
point, mais je savais qu'il l'était.
Mais, il ne l'avait pas toujours été.
Il avait connu ma mère à l'hôpital, il avait fait un accident et elle s'était
occupée de lui.
Mon père vivait les premières années de sa carrière dans
l'entrepreneuriat, tandis que ma mère commençait tout juste le métier
d'infirmière.
Quel hasard.
Mon père aimait les femmes, et ma mère, l'attention des hommes.
Deux personnes vouées à tromper leur partenaire.
Apparemment, ils s'étaient aimés. Enfin...je ne connaissais pas vraiment
la définition de l'amour dans ce cas.
J'avais grandi avec eux, et pendant les huit premières années de ma vie à
leur côté, tout ce que je voyais c'était les hurlements de ma mère, les
rabaissements de mon père, leurs infidélités et leurs mensonges.
C'était ça l'amour peut-être.
Mon père était assoiffé d'argent, et devenait de plus en plus absent. Ma
mère ne lui faisait pas confiance, et parce qu'elle pensait qu'il la trompait
alors...elle le trompait de son côté.
C'était open-bar chez les Simones.
Mes parents n'étaient pas faits pour être « parents », mais bien sûr qu'ils
n'allaient jamais l'avouer.
Pour eux, ils étaient parfaits.
Alors qu'ils m'avaient tous les deux détruit.
J'étais une fille à papa, j'aimais l'attention de mon père, et je me rappelais
l'avoir préféré à ma mère pendant les premières années de mon existence.
Mais il avait tué cette fille qui ne demandait que lui, et maintenant, il ne
restait plus que les souvenirs.
Des souvenirs qui parfois, n'avaient jamais existé.
Quand mes parents avaient enfin divorcé, j'étais assez grande pour savoir
ce qui se passait autour de moi, et je me rappelais de tous les mots qu'ils
avaient prononcés en ma présence.
Pensant que j'étais trop jeune pour comprendre.
Laissez moi rire doucement.
« Sache que je ne me sacrifierai jamais pour Iris, Laura. »
Pourquoi avait-il dit ça ?
Pourquoi avoir un enfant et ne pas vouloir se sacrifier pour lui ?
Laura, ma mère, avait très mal vécu le divorce. C'était un cauchemar,
pour elle comme pour moi. Cette période était la pire que j'avais passée,
avant qu'elle ne rencontre Marc.
De mes huit ans jusqu'à mes quatorze ans, je voyais ma mère se soulager
avec l'alcool.
Dès qu'elle revenait de son boulot, c'était la première chose qu'elle faisait.
Je faisais à manger, je nettoyais la maison, les courses, le linge.
Je faisais tout à sa place.
Mais ce n'était jamais assez.
« POURQUOI TA CHAMBRE EST AUSSI BORDÉLIQUE IRIS !
POURQUOI TU NE FAIS PAS CE QUE JE TE DEMANDE MERDE ! »
Elle était violente, et abusive. Elle ne se gênait pas pour cracher son
venin, pour me blesser.
« Ne laisse pas tes cheveux bouclés, c'est moche, ça fait négligé. Va les
brosser. »
Elle détestait les boucles, elle préférait les cheveux raides.
Parce ses copines aimaient les cheveux raides et soyeux.
« Mets tes lentilles si tu ne veux pas qu'on se moque de toi à l'école
comme hier. »
Elle savait que je me faisais harceler, elle savait que les enfants prenaient
un malin plaisir à me rabaisser, jusqu'en être violent.
Mais n'avait rien fait pour changer quoi que ce soit.
« Arrête de manger, tu vas grossir et plus personne ne voudra de toi. »
Elle était la cause de mon anorexie quand j'étais préadolescente, je ne
pensais qu'à mon poids.
« Mange, tu vas avoir la peau sur les os, et ce n'est vraiment pas joli
pour une fille. »
Ce n'était pas elle qui me disait de ne pas manger ? Si si.
« IRIS, POURQUOI TU N'ÉCOUTES PAS ! TU ES TELLEMENT
STUPIDE »
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Je ne supportais pas me faire hurler dessus, je ne savais jamais comment
j'allais réagir.
Ma mère m'avait tout bonnement traumatisé, et je n'arrivais pas à me
calmer quand une voix me criait dessus.
Angoisse était l'une de mes meilleures amies.
« Je suis ta mère, tu n'as aucun droit de me reprocher quoi que ce soit,
avait-elle aboyé en collant son front contre les miens, et contrairement à
ton père, j'ai un peu de compassion pour toi, je suis resté. »
Je ne lui avais jamais demandé de rester pourtant. Cette envie malsaine
de reconnaissance, comme si j'avais demandé à naitre.
J'entendais très souvent ma mère pleurer le soir, et je pleurais aussi.
Je pleurais parce que je ne supportais plus rien, je ne supportais pas ma
présence de ma mère, l'absence de mon père, les cours, les élèves de mon
école qui me manipulaient.
Parce que j'étais trop bête, trop...naïve.
Trop stupide.
Je faisais des crises d'angoisses peut-être trois à quatre fois par semaine.
Mais je n'avais jamais vu de psychologue.
Tout ce que je voulais, c'était avoir une adolescence normale. Et me
soucier des problèmes de mon âge.
Sans me poser les mêmes questions sans réponses depuis toutes ses
années.
Pourquoi il est parti ?
Pourquoi je n'étais pas assez pour qu'il se retourne ?
Pourquoi ne voulait-il pas garder de contact avec moi ?
Est-ce que je lui faisais honte à lui aussi ?
Est-ce qu'il m'a déjà aimé ?
Mais je peux l'aimer, je veux l'aimer.
Pourquoi il ne veut pas de moi dans sa vie comme moi je veux de la
sienne ?
Est-ce qu'il allait se remarier ? Avoir des enfants ? Avoir une fille ?
Bien sûr qu'il s'était remarié, à peine quelques mois après le divorce. Et
comme si ce n'était pas assez, son premier enfant était une fille.
Et pendant un moment, je rêvais d'être Lizzie Simones.
Ma demi-sœur que je n'avais vue que trois fois.
Quand j'étais au collège, chaque soir avant de dormir, je regardais les
publications Facebook de mon père.
Il postait très souvent des photos de lui et elle, et je les regardais en
espérant que peut-être, moi aussi, il m'accorderait ça.
Pourquoi il ne m'avait jamais accordé ça, pourquoi elle et pas moi ?
Qu'est-ce qu'elle avait de mieux que moi ?
Je l'enviais, j'étais jalouse de la relation qu'elle avait. De la relation que
j'avais supplié pour, mais que je n'avais jamais eue.
« Si tu veux de l'argent, je peux t'en donner. Mais si tu cherches une
relation père et fille, je n'ai pas le temps Iris. »
J'avais à peine 18 ans quand il m'avait dit ça, alors que je pleurais dans sa
voiture. Je l'avais supplié de vouloir de moi, et c'était la réponse que j'avais
eu.
Peut-être que je n'en valais pas la peine.
Peut-être que je n'allais jamais être à la hauteur de ce qu'il voulait.
— ...Iris ?
Je fus arraché de ma prison, et tournai la tête vers mon amie qui venait de
m'interpeller.
— Quoi ?
— Ton téléphone sonne depuis tout à l'heure, me fit remarquer Rox, tu
ne l'as pas entendu ?
Je me levai sans lui répondre, non je ne l'avais pas entendu. Mes pensées
criaient trop fort. Comme à leur habitude.
Mon téléphone était sur le petit comptoir qui séparait la cuisine du salon,
je fronçai les sourcils en regardant l'écran qui affichait le numéro de mon
beau-père.
Pourquoi Marc m'appelait ?
— Allô ?
— Iris ! T'avais promis de m'appeler ! s'exclama soudainement la
petite voix de Théa.
Mon cœur faiblit face au ton de sa voix, elle était tellement mignonne.
J'avais oublié de l'appeler, je lui avais promis de le faire dès mon arrivé en
ville.
Je suis tellement stupide.
— Désolé...j'étais rentré tard, me justifiai-je d'une petite voix, et
j'avais eu des...trucs à faire ensuite.
— Pourquoi tu m'oublies à chaque fois que tu vas à l'université ?
M'interrogea-t-elle d'un ton triste.
Et voilà.
Je détestais le sentiment qui venait d'envelopper mon corps à l'instant où
elle me posa cette question.
La culpabilité.
— Je suis désolé, m'excusai-je encore une fois en me tapant le front, je
suis désolé princesse.
Putain je suis tellement nulle.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Théa me parlait, et j'écoutais à peine ce qu'elle disait.
Je ne pouvais pas m'empêcher de passer outre ses reproches, à vrai dire,
je n'arrivais simplement pas à enlever la culpabilité de ma peau même si les
reproches n'étaient pas fondés.
Comme si mon cerveau ne voulait tout simplement pas que je vive en
paix avec moi-même.
Cette sournoise envie de me torturer matin et soir, me forçant à me
rappeler de mots, de phrases, de mes insécurités, mes angoisses, des scènes
que je voulais oublier.
Une anesthésie du cerveau serait idéale pour moi.
— Je vais te laisser, maman m'appelle, m'informa-t-elle en soupirant,
tu reviens bientôt ?
— J'espère en tout cas, répondis-je naturellement alors que je savais
pertinemment que ce n'était que mensonge, bonne soirée Théa.
— Bye Iris ! Je t'aime !
Je t'aime...
Elle raccrocha et je posai mon coude sur le comptoir de la cuisine,
laissant mes lèvres pousser un léger soupir en regardant l'écran de mon
téléphone.
Je devais appeler mon père.
Il fallait qu'il paie mon année.
L'anxiété me guettait, je savais qu'elle n'allait pas me laisser ni cette nuit
ni les prochaines. Angoisser pour mon avenir, c'était ce que je savais faire le
mieux.
Merci papa.
— Je vais dormir, annonçai-je en posant mon téléphone sur le comptoir.
Dormir pour éviter ma réalité, ça, c'était la solution à tous mes
problèmes.
Je les gère aussi bien que Stiles dans Teen Wolf.
— Tu veux que je te ramène quelque chose à diner plus tard ? me
demanda la voix de Rox.
— Non, je n'ai pas faim. Verrouille la porte quand tu pars.
Une boule se formait à l'intérieur de mon ventre alors que je sentais mon
cerveau noyer mon sang-froid de pensées plus angoissantes les unes que les
autres.
Et s'il ne comptait pas payer cette année ?
Comment allais-je faire ?
Et si je ne trouvais pas l'argent avant trois jours ?
Qu'est-ce qui se passerait quand mon compte sera à découvert ?
Comment allais-je payer le loyer ?
Est-ce que j'avais assez d'argent pour ce mois ?
Un nouveau souffle quitta mes lèvres alors que je fermai les yeux en
espérant dormir, et ne plus penser à ça.
Il fallait que j'appelle mon père, mais ce dernier ne voulait pas répondre à
son putain de téléphone de merde.
Fait chier.
Il fallait que je demande de l'argent à ma mère, je n'avais pas d'autres
solutions pour l'instant.
Ça, c'était vraiment la pire chose.
J'entendais les pas de Rox sur le parquet, elle allait partir. La porte
s'ouvrit et se referma doucement, j'entendis le verrou et une partie de moi
était soulagée de savoir que j'étais seule.
J'avais besoin d'être seule.
J'aimais beaucoup l'être. La solitude ne me dérangeait pas, je m'y sentais
plus en sécurité.
Réfléchis...réfléchis...réfléchis...
La vente des photos de pieds commence à être envisageable non ?
Non.
Je sentais mon cœur battre plus fort, et j'inspirais profondément. Et la
revoilà encore aujourd'hui.
Bonjour Anxiété...tu ne m'avais pas manqué.
°°°°
22 heures. Ewing. New Jersey.
— T'es sérieuse Simones ?
— Bien sûr que oui, tu ne vas quand même pas me faire croire que tu
as peur de ce club alors que tu vends tes merdes aux habitués ?
L'interrogeai-je en me retournant vers lui.
Il me fusilla du regard et marmonna :
— Ce qui me fait peur c'est ta présence avec moi dans ce club
justement.

« Une heure plus tôt. Banchoff Park. Ewing.


— Donc c'est pas lui ?
Il secoua négativement la tête et rétorqua :
— Quand il est rentré à la salle de bains j'étais presque sûr que c'était
lui, mais après on m'a dit qu'il était en prison, alors c'est impossible.
Cody me parlait du gars d'hier. Celui qui avait fait comme si on existait
pas.
Ce con avait confondu un simple étudiant à un mec qui faisait
actuellement de la prison.
— N'empêche maintenant que j'y pense, je ne sais pas comment j'ai fait
pour le reconnaître alors que j'avais à peine vu son visage.
— Tu fantasmes à l'idée de le revoir sûrement, murmurai-je en souriant
malicieusement.
Il hocha la tête et répliqua :
— Je n'ai vu ce mec qu'une fois, je crois que mon subconscient se
rappelle encore de lui. Il était vraiment canon.
Un petit rire s'échappa de mes lèvres, et il me suivait. Je me demandais
pourquoi le fantasme de Cody était en prison.
En même temps, les fréquentations de ce dernier étaient tous déjà passé
par la case prison.
— Tiens.
J'acceptai la bouteille de bière que venait de me donner Cody, les yeux
levés vers les étoiles au-dessus de ma tête, mes jambes m'aidant à me
balancer doucement sur la balançoire.
Je commençais à me plaindre de ma situation à mon ami, parler de mes
problèmes financiers avec beaucoup de sarcasme était ma façon de me
rassurer.
— Je pourrais aussi vendre mes ovules pour le coup.
— Donc, c'est ça le problème ? Me demanda mon ami en prenant le sujet
un peu plus sérieusement que moi.
— ...Oui.
Cody hocha la tête en fumant son joint, sa tête au-dessus de son avant-
bras, le corps allongé sur l'herbe et le regard rivé vers le ciel sombre.
— Tu as encore combien de temps ?
— Une semaine peut-être je n'en sais rien, soufflai-je, je l'ai appelé
trois fois tout à l'heure, il ne m'a pas répondu.
Ce n'était pas surprenant. Il ne répondait jamais.
— Je crois que je connais un endroit où tu peux postuler, c'est un petit
poste, mais...l'endroit n'est pas vraiment ouf, me dit-il en me lançant un
regard, je dois y aller pour vendre des trucs après.
— À ce stade, Cody, j'accepte tous les boulots, marmonnai-je en me
tournant vers lui, c'est quoi le taf ?
— Serveuse dans un club pas très loin d'ici, m'informa Cody d'un ton
hésitant, la plupart des gars là-bas ne sont pas fréquentables, le club est
assez restreint. Je connais le gérant, il s'alimente chez moi. Je n'aime pas
ce type, mais je peux lui parler si c'est la seule solution qui reste ?
L'idée de travailler dans un club était pas mal, mais l'absence
d'enthousiasme dans la voix de Cody me fit grimacer, comme si ce lieu ne
l'enchantait pas du tout.
Mais j'étais quand même curieuse.
— Tu comptes y aller ce soir ?
Il hocha la tête et inhala la fumée avant de regarder sa montre.
— On y va.
Ma déclaration le fit toussoter et il écarquilla les yeux en tournant la tête
vers moi :
— Hein ?
— On va au club, annonçai-je en me levant de la balançoire,
maintenant. »
Cody avait raison, ce club n'avait rien de fréquentable, rien qu'à voir les
groupes qui entraient à l'intérieur du bâtiment, me laissant comprendre que
c'était forcément un club souterrain.
« The box »
C'était le nom du club d'après Cody.
— C'est une mauvaise-
— Idée ? Oui, comme toutes les autres que je vais avoir si je ne
trouve pas un boulot à temps, le coupai-je en détachant ma ceinture, tu
viens ? Il ne faut pas faire attendre tes clients.
J'avais déjà lu sur internet que ce genre d'endroit était un puits à fric, et
du fric, c'était ce dont j'avais besoin en ce moment.
Je poussai la portière de la voiture et Cody fit de même, le regard rivé sur
le bâtiment.
Il y avait des gens à l'extérieur, ils étaient tous aussi louches les uns que
les autres.
Je commençais à me dire que c'était peut-être une mauvaise idée de
l'avoir accompagné.
Ouais bah on s'en branle maintenant c'est trop tard.
— Attends.
Je me tournai vers mon ami qui ouvrit le coffre de sa voiture et tira un
petit carton, je fronçai les sourcils en lisant « fragile ».
Fragile ? Il se fout de la gueule de qui c'est juste des comprimés ?
— Mets ta capuche, m'ordonna-t-il sèchement, ne parle à personne et
surtout, reste à côté de moi.
Le ton de sa voix me fit tressaillir, je ne comprenais pas pourquoi il était
aussi angoissé à l'idée que je sois avec lui.
Ce n'est pas comme si c'était un club pour les tueurs en séries.
— ...Il n'y a pas marqué « meurtre » dans mon agenda aujourd'hui,
entendais-je une voix passer à côté de nous.
— Il n'y a marqué « meurtre » dans l'agenda de personne, Jacob.
— Si, le mien. Et ce n'est pas avant mardi prochain !
J'avais l'impression d'avoir déjà entendu cette voix, mais je n'arrivais pas
à voir le visage de cet homme qui était dos à nous, sa conversation avec la
personne qui marchait à ses côtés me laissait perplexe.
Ils rigolent hein ?
Cody souffla en regardant les deux hommes s'éloigner de nous.
Peut-être qu'il les connaissait.
Je mis ma capuche sur la tête puis pris la main de Cody, me laissant tirer
avec lui à l'intérieur de ce bâtiment qui allait bientôt être soit mon meilleur
moment de ce mois.
Soit le pire.
Les odeurs des cigarettes, de l'alcool et d'autre chose se mélangaient à
l'intérieur de mes narines. Me laissant grimacer alors qu'on descendait les
marches illuminaient par des néons rouges.
J'entendais la musique depuis les escaliers et mon ventre se serra alors
qu'on s'approchait de la porte qui nous séparait du lieu.
Le couloir était très humide, il faisait terriblement chaud. Ou peut-être
était-ce moi et ma peur qui se transformait en crise de panique.
Il ne fallait surtout pas que je montre à Cody que j'avais peur.
J'étais celle qui lui avait forcé ma compagnie alors.
Je devais garder mes couilles en marshmallows encore quelques minutes.
Cody toqua contre la porte en fer, des tocs qui me faisaient penser à un
code.
Chaque toc n'était pas au même rythme que le précédent.
Et c'était sans surprise que la porte s'ouvrit dès l'instant où mon ami
termina, laissant les lumières rouges du club colorer notre champ de vision
déjà assez limité.
— Salut Ian, fit mon ami au videur.
— Tu nous as ramené un échantillon gratuit ? Interrogea l'homme en
me jaugeant du regard avec un petit sourire au coin.
— Non, où est Rico ?
Il pointa du doigt un espace en bas et nous céda le passage. Me laissant
voir enfin ce club dont Cody me parlait.
Et ma bouche s'entrouvrit en même temps que mes yeux qui
s'écarquillaient.
C'était gigantesque.
Le lieu se divisait en deux étages ouverts, deux étages aussi spacieux que
sombre.
Nous étions encore près du garde-corps en fer, en bas, je voyais une piste
de danse, un immense bar sur le côté avec une dizaine de personnes, il y
avait aussi plusieurs carrés VIP.
Ils avaient tous des canapés en cuirs noirs capitonnés, et sur les tables, de
fausses bougies qui éclairaient à peine le meuble.
Avec les lumières rouges, cet endroit donnait l'impression d'être dans un
club en au fond des enfers.
Il y avait des lustres aussi, et un décor très gothique, moi qui m'attendais
à voir un bar miteux, ce n'était pas du tout ce que j'avais en tête.
C'était très sinistre.
Déviant.
Je voyais des danseuses en bas bougeant lentement à l'intérieur de
grandes cages au rythme de la musique, vêtues de lingeries en dentelles
noires et des masques de la même couleur. Les chaussures qu'elles portaient
me firent grimacer.
Comment elles peuvent danser avec ça bordel ? C'est de la torture !
Elles aimaient peut-être avoir mal qui sait. Chacun son truc.
Des néons rouges étaient présents dans chaque coin, même sous le bar et
les canapés. Sans oublier les marches sur lesquelles nous étions en train de
descendre.
Ma main tenait fermement celle de Cody à l'instant où je commençais à
sentir le monde autour de moi, j'avais peur de perdre le seul repère que
j'avais et me retrouver au milieu d'une foule qui m'était trop inconnue.
La musique était forte, mais pas assourdissante. C'était très noir.
Le décor était impressionnant, je me surprenais à trouver ça joli.
Mes yeux allaient un peu partout, passant des visages aux objets sur les
tables, mais je sentais aussi les regards sur moi.
Je sentais que quelqu'un me regardait.
Me forçant donc à chercher autour de moi alors que je m'éloignais de la
piste. Mais je ne voyais rien, trop de monde brouillait mon champ de vision.
— Par ici.
Sans me laisser une seconde, Cody me tira avec lui dans d'autres
escaliers. Nous montâmes d'autres marches jusqu'à arriver face à une porte
capitonnée où il y avait marqué « Privé ».
Je constatai qu'il y avait d'autres portes plus loin, mais mon regard
s'abaissa encore une fois vers la grande piste juste au-dessous de nos pieds.
Moi travailler ici ? Iris...ne te surestimes pas.
La porte s'ouvrit et un homme nous fit face, le visage fermé et le regard
dur.
— Cody.
— Il est là ? interrogea mon ami.
L'homme hocha la tête puis me lança un regard avant de secouer la tête.
— Elle reste en bas.
Je sentis mon cœur faire un bond à l'intérieur de ma cage thoracique, il
venait de m'interdire d'entrer avec Cody.
Putain excellent Iris, bordel c'est la pire chose qui pouvait arriver.
Cody allait parler, mais se tut à l'instant où l'homme le fusilla du regard,
et j'enlevai ma main de la sienne en le rassurant :
— T'inquiètes, je te retrouve en bas.
C'était au tour de Cody de me fusiller du regard, et je souriais timidement
en haussant les épaules, faussement innocente.
Il voulait me faire bouffer les talons des meufs c'était sûr.
L'homme céda le passage à mon ami en me toisant sans gêne, Cody se
tourna une nouvelle fois vers moi et me mima :
— Va te faire foutre.
J'esquissai un nouveau sourire gêné en le regardant entrer, puis la porte se
referma derrière lui et je me retrouvais seule.
Je regardais en bas et grimaçai en laissant mes pas hésitants descendre les
marches. Je voulais m'enterrer, je n'aimais pas les espaces avec trop de
mondes, ça m'angoissait.
Je restais sur mes gardes, mais la chaleur du lieu me força à enlever ma
capuche. Certains regards se posaient sur moi, sur mes vêtements.
Je portais une petite robe noire qui m'arrivait à mis-cuisses, peut-être que
j'étais trop habillé pour eux.
Ou peut-être que c'était mes Dr Martens.
Je regardais autour, cherchant un coin où rester en attendant le retour de
Cody. Mais il n'y avait aucun coin de libre, et je me sentais minuscule face à
tous ces gens.
Ma main fit sortir mon téléphone de ma poche, il était 22 heures 45.
Et je remarquai qu'il n'y avait pas de réseau ici.
Gé-nial.
Qui a besoin d'avoir du réseau dans un club souterrain trop suspect ?
Certainement pas moi.
Je devais rester dans les parages, si Cody sortait et qu'il ne me trouvait
pas, il allait paniquer. Je ne comprenais pourquoi il avait peur, les personnes
qui étaient présentes ne semblaient pas si dangereuses.
C'est ce que les mecs disaient dans l'émission « Crimes » aussi
championne.
Rox allait sûrement me faire un bordel, elle me maternait beaucoup.
Savoir que j'ai été dans un endroit sans elle me fit déglutir.
Elle va me défoncer.
Mais soudain. Quelque chose me fit pester et je me mordrais la lèvre
inférieure.
Ça par contre, je n'allais pas pouvoir le contrôler très longtemps.
J'avais besoin de pisser.
Il fallait que je pisse avant le retour de Cody.
Putain, il faut que je trouve les toilettes.
Plus j'avançais à l'intérieur de ce club, plus je me rendais compte qu'on
manquait affreusement d'air. Je regardais autour de moi.
Je vis un homme sniffer sa coke sur la table avec un sourire imbécile au
coin.
Une femme au dessus de lui...non, deux femmes.
Il avait l'air de bien s'amuser.
Mais mon envie pressante m'empêchait de me concentrer davantage. Et je
n'arrivais tout simplement pas à trouver ces foutus toilettes.
Je devais peut-être demander au barman, j'étais sûr que lui au moins, il
n'allait pas me dire une connerie.
— Salut désolé, est ce que vous pouvez me dire où sont les toilettes ?
Demandai-je en sentant mon cœur battre très vite comme à chaque fois que
je parle a des inconnus.
L'introverti en moi est en train de faire une crise cardiaque.
— Deuxième étage au fond du couloir gauche, me dit-il sans me
regarder.
Je le remerciais et m'empressai de rejoindre l'étage en question, me
faisant bousculer au passage par au moins six personnes sur les escaliers.
Mes pas s'avancèrent et j'essayai de ne regarder nulle part ailleurs sauf le
couloir en question.
Je ne me sentais pas en sécurité maintenant que j'étais sans Cody, il ne
fallait pas que j'attire les regards.
Le but c'est de pisser.
Je vis des filles sortir d'une pièce que je présumais être celle que je
cherchais, et en entrant, c'était exactement comme je l'avais imaginé.
Encore et toujours des néons rouges.
Un grand miroir accroché au mur près de l'évier était pleins de phrases
écrites au rouge à lèvres.
J'avais l'impression que ces lumières m'avaient rendu stone, cet endroit
n'était clairement pas fait pour moi.
Enfin, ce n'est pas comme si t'avais le choix.
J'entrai a l'intérieur d'une cabine et m'empressai de soulager ma vessie,
poussant un faible soupir.
J'avais bu trop d'eau aujourd'hui.
La musique faisait vibrer mes oreilles, la lumière me rendait défoncé,
c'était ça les effets que plusieurs recherchaient ici.
Le Box leur faisait perdre la notion du temps.
Je terminai et me tournai vers les phrases écrites sur le mur de cette
cabine, et grimaçais d'exaspération.
" A la fille qui m'a donné ses clopes : tu es trop sexy mama."
" Tu as de jolies fesses miaaam."
"Si Kai passe par là, saches que je veux aussi que tu me baises ici."
Mes sourcils se froncèrent alors que je tirai la chasse d'eau en continuant
à lire les petits mots laissées par des inconnues trop déchiré et en chaleurs.
" Personne ne touche à Kai, il est à moi :) "
— Gênant.
Je quittai la cabine et partis me laver les mains, il y avait une autre fille à
l'intérieur de la pièce, allongé par terre, une bouteille à la main, elle
fredonnait la musique qui détruisait nos oreilles.
— Il est arrivé y a dix minutes ! Entendais-je des filles qui venaient
tout juste d'entrer.
Je me regardais dans le miroir, ne prêtant pas attention à la conversation
que je devais écouter malgré moi.
— Tu crois qu'il va nous ignorer cette fois ?
— Parle pour toi, moi il m'a regardé.
— Je pense que Kai regarde tout le monde, termina la première fille en
haussant les épaules.
Certainement pour faire redescendre sa copine sur terre.
J'imaginais qu'on parlait du même Kai que celui des toilettes, je ne savais
pas qui c'était mais il avait un fan club.
Les deux autres filles levèrent leurs yeux au ciel et je commençais à me
sentir de trop ici, il était l'heure pour moi de rejoindre Cody.
Putain je suis sûr qu'il est sorti.
Je revins sur mes pas, encore un peu déboussolé à cause des personnes
autour de moi, mais je ne devais pas me perdre.
J'aperçus le garde-corps de cette étage et m'empressai de rejoindre les
escaliers qui allaient me mener vers la piste en bas.
Je sentais des regards sur moi, encore une fois.
Je me tournai du côté des carrés vip, et mon regard se posa presque
instantanément sur des yeux qui me suivaient.
Et mon cœur se figea.
Comme si le temps s'était gelé, je ne voyais rien d'autre que ces pupilles
glaciales.
J'étais presque certaine que c'était elles qui m'avaient donné l'impression
d'être observé.
Ce mec.
Il m'était familier.
Peut-être que c'était ce mec à la soirée ?
Je n'en savais rien, il portait une capuche ce soir là et je n'avais presque
pas vu son visage.
Mais ça pourrait expliquer ce que m'avait dit Cody.
« Je connais des gens qui le connaissent. »
Seulement, mon ami m'avait dit qu'il l'avait confondu. Que le mec dont il
parlait était en prison à l'heure actuel.
Celui que j'avais en face était assis entre quatre personnes, la lumière
rouge sur son visage le rendait presque...démoniaque.
Ces mèches de cheveux noirs retombaient sur son front, sa mâchoire
contractée, ses sourcils étaient froncés comme s'il était concentré.
Les bras tendus des deux côtés du canapé comme si le lieu lui
appartenait, sa chemise noir entrouverte laissait apercevoir les tatouages sur
le haut de son torse.
Un air insolent, une position arrogante.
Comme s'il était le maître de ce club.
Il n'avait pas cligné des yeux une seule fois, et moi non plus.
Une personne lui parlait mais il ne semblait pas l'écouter, trop occupé à
maintenir son regard sur moi. Je le vis passer lentement sa langue sur ses
lèvres.
Mais quelque chose venait de se produire et je venais de sentir tous mes
sens s'embrouiller violemment.
Sourire.
Il venait de me sourire.
Un petit sourire au coin qui me fit défaillir si fort que je crus avoir fait
une arrêt cardiaque.
La peur me retourna l'estomac, l'angoisse faisait vibrer les entrailles alors
que je détournais rapidement le regard en descendant le reste des marches à
un vitesse folle.
Ce type était diablement beau, mais horriblement flippant.
Ce n'était pas normal. Ressentir cette peur alors que tout ce qu'il avait fait
c'était sourire.
Son sourire était mauvais.
Putain il fallait que je retrouve Cody. Et me tirer d'ici.
Comme un petit chiot dans une soirée, je revins dans mon coin en priant
tous les Dieux et la chance pour que Cody ne soit pas encore sorti du bureau
où je l'avais laissé une dizaine de minutes plus tôt.
Je sentais un regard sur moi, encore une fois.
Et je savais que c'était celui de ce mec dont les yeux venaient de marquer
mon esprit.
Je ne voulais pas lever la tête vers le garde-corps du deuxième étage par
peur de le revoir.
C'était insensé.
— J'espère que t'as pas bougé.
Je sursautai violemment à la voix de Cody au creux de mon oreille, ce
dernier me fusillait du regard avant de me prendre par la main et
m'annoncer sèchement :
— On doit rentrer. Je viens d'avoir un appel de Rox.
Rox.
Je sentais que quelque chose n'allait pas, je l'avais vu dans le regard de
Cody.
Et ça n'avait fait qu'augmenter mon angoisse.
Et si quelque chose était arrivé à Rox ? Et qu'elle n'avait pas pu me
joindre ?
Oh mon Dieu.
— Qu'est ce qui se passe Cody ? L'interrogeai-je d'un ton inquiet en le
laissant m'entrainer avec lui vers la sortie du Box.
— Le mec qui avait organisé la soirée d'hier à été retrouvé mort chez
lui, Iris.
_____________
Hey !
Actuellement en train de mourir de chaud. Ceux qui disent que l'été c'est
trop bien c'est des menteurs. Pire période de l'année.
But chill anyways so !
J'aimerais remercier mon imagination pour ce chapitre. Sah je ne sais pas
ce qui va se passer au prochain mais j'ai juste hâte de revoir Kai...d'ailleurs,
vous savez maintenant ce qu'il faisait à la soirée.
Ou pas.
Aller bizou je m'anvol.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
04. Preuve

Minuit. Ewing. New Jersey.


Je regardai la voiture de police à côté de la maison dans laquelle je fêtais
mon retour en ville avec Cody quelques jours plutôt.
Invité par l'homme qui était actuellement mort sur le brancard près de
l'ambulance.
Il y avait beaucoup de personnes, il était connu.
Il était aimé.
Je voyais des membres de son groupe d'amis, adossé contre leurs
voitures, le regard vide. Encore englouti par le choc d'avoir perdu une
personne importante.
C'était dingue, on passait du temps avec quelqu'un, on s'attachait à lui, on
créait des souvenirs.
Et puis d'un coup, sans y être préparés, nous étions forcés à nous rappeler
de ces souvenirs.
Seuls.
Je n'avais jamais vécu la mort de quelqu'un qui m'était cher, je ne pouvais
pas comprendre ce qu'ils traversaient.
Mais je compatissais.
Parce que c'était tout ce qu'il restait à faire, compatir et espérer qu'ils s'en
remettent.
— Ils l'ont retrouvé mort dans sa chambre, nous informa Rox d'une
faible voix, la police pense qu'il s'est suicidé...
— Suicidé ?
Elle hocha la tête et se retourna vers l'ambulance où était le corps, le froid
me fit frémir et je me couvris davantage avec ma veste.
Je n'avais pas prévu de terminer la soirée comme ça.
Je voyais au loin sa petite amie pleurer près des policiers, je ne
comprenais pas, et visiblement personne n'avait compris.
Jack est mort.
— Pourquoi ils pensent qu'il se serait suicidé ?
— Parce qu'il a fait une overdose de cocaïne, répondit Rox en se
tournant vers Cody, une trop grosse quantité pour penser que c'est juste
une overdose.
Une trop grosse quantité. Ça me rappelait la fille retrouvée morte à la
salle de bains.
Elle avait une trop grosse quantité elle aussi.
Ce dernier fronça les sourcils et nous lança un regard.
La réaction de Cody me fit froncer les sourcils à mon tour, je secouai la
tête, lui demandant à quoi il pensait et il déclara :
— Les filles...ce gars n'a jamais touché à la cocaïne.
Mon cœur fit un bond à l'intérieur de ma poitrine, et je ne comprenais
plus rien.
Comment il avait fait une overdose s'il n'avait jamais touché à la cocaïne
?
Peut-être que Cody ne le connaissait pas vraiment.
Je voyais ce mec très souvent à l'université, il était vraiment
populaire...grâce à sa richesse.
Sa maison en était la preuve.
— Venez, on n'a plus rien à faire ici, nous dit Cody soudainement en
passant son bras autour de mes épaules, je vous ramène chez vous.
— On peut s'arrêter pour manger un morceau ? Je crève la dalle.
Cody hocha à tête en guise de réponse à Rox et je soupirai en regardant
une dernière fois le brancard où était allongé le corps couvert de Jack.
Nous nous engouffrâmes à l'intérieur de la voiture de Cody et je croisai
les bras en laissant un nouveau souffle s'échapper de mes lèvres.
Cette soirée virait au drame et personne ne s'y attendait.
Mort d'une overdose.
C'était bizarre, mais je n'avais pas l'impression que Cody n'était pas sûr
de ce qu'il avançait.
Je savais seulement qu'il n'allait certainement pas en parler à la police.
Il détestait les interrogatoires.
Surtout depuis l'accident avec la fille, Summer.
« — Ça va ? Ils t'ont dit quoi ?
— Je déteste les interrogatoires merde, cracha-t-il en sortant du poste
de police, je ne veux pas être lié à cette affaire. Et toi non plus, elle est
morte d'overdose je ne vois pourquoi ils interrogent tous les élèves depuis
deux semaines ! »
Je comprenais pourquoi Cody angoissait à chaque fois. Il avait peur que
les policiers fouillent un peu trop dans ses affaires.
Cody vivait seul, son père était mort quelques années en arrière et sa
mère elle, avait décidé de le laisser tomber pour quelqu'un d'autre.
Je comprenais ce sentiment, de voir la personne qui t'a ramené au monde,
te tourner le dos.
Comme si nous ne valions pas la peine.
Des erreurs.
Mais Cody n'était pas comme moi, non, il détestait sa mère.
S'il pouvait, il la tuerait pour la peine qu'elle lui avait causée.
Moi, comme une désespérée, j'attendais encore que mon père se rende
compte de ma valeur et se retourne.
J'espérais encore cette relation avec lui, j'espérais qu'il m'aime comme je
voulais l'aimer.
Le fantôme de cette petite fille en moi le suppliait encore de revenir, et je
savais qu'elle n'allait jamais partir.
Qu'elle allait me hanter.
Je savais que dans quelques jours j'allais surveiller mon téléphone dans
l'espoir de recevoir un message de sa part me souhaitant un joyeux
anniversaire.
Il le faisait parfois avec une semaine ou deux de retard.
Mais c'était mieux que rien.
Il ne répond pas à tes appels pour payer, tu penses qu'il va t'envoyer un
joyeux anniversaire ?
J'espérais.
— Vous pensez que ses parents réagiront comment ? Ils sont en
voyage d'affaires...
— Comment tu penses que des parents réagiront lorsqu'ils
apprendront que leur fils est mort d'overdose Rider ? L'interrogea Cody
d'un ton las.
— Bah je ne sais pas je demande justement Wilson, rétorqua Rox avec
le même ton.
Je me tournai vers Cody qui semblait préoccupé par l'affaire, à vrai dire,
il l'était depuis qu'il avait su pour l'overdose.
— À quoi tu penses ? demandai-je en me tournant vers mon acolyte de
fête.
Il secoua négativement la tête, ne voulant pas m'inquiéter ou peut-être ne
voulant pas me dire.
Cette histoire était encore floue, et j'avais l'impression qu'elle allait le
rester encore un moment.
— Je peux vous poser une question ?
Je fronçai les sourcils et tournai la tête en direction de Rox assise derrière
:
— Oui ?
— Vous étiez où ? Quand je vous ai appelé ?
Immédiatement, une boule de terreur se forma à l'intérieur de mon ventre
lorsque Rox posa sa question, et Cody me fusilla du regard en répondant :
— Bah oui aller, dis-lui où est-ce que tu étais Simones ?
Rox arqua un sourcil et je déglutis, elle allait me faire ma fête.
En résumé : nous étions à quelques secondes d'un bordel sans merci.
— Je...euh...je vais tout t'expliquer, bafouillai-je en évitant son regard,
tu vois Cody m'avait parlé...d'un job, tu sais je cherche...un job ?
Et...tu vois il m'a parlé d'un poste dans un club...le Box-
— EXCUSE-MOI ?
Je sursautai violemment sur ma chaise lorsque sa voix explosa en me
coupant dans ma réponse.
Mon cœur commençait à pomper très fort à l'intérieur de ma poitrine et
Cody me lança un regard inquiet.
— TU ES ALLÉ OÙ ? cria Rox.
— Ne lui crie pas dessus Rider, dit Cody en regardant Rox depuis le
rétroviseur.
Mon amie fulmina en m'assassinant du regard, les poings serrés et l'envie
de me tuer sur mon siège.
— Combien de fois je t'ai dit de ne JAMAIS partir dans des endroits
comme ça SANS MOI ?
— Je n'avais pas prévu, me justifiai-je en levant les bras, mais j'étais
curieuse.
— En plus avec Cody ! Le mec louche qui vend à d'autres mecs
encore plus louches ! Tu ne sais pas à quel point cet endroit est
dangereux Iris !
Je ne répondis rien, je savais qu'elle avait raison. Je l'avais vu de mes
propres yeux pour le confirmer.
Mais je savais aussi que c'était ma peur qui rendait l'endroit encore plus
terrifiant.
— Et toi tu as accepté !
— Ne te retourne pas contre moi, tu sais que c'est une tête de mule
quand elle s'y met, se défendit Cody en regardant Rox par le rétroviseur.
Rox me lança un regard noir et je soupirai et me retournant vers la route,
c'était bien parti pour une leçon de morale autour de burgers et de nachos.
Youpi.
°°°°
Deux jours plus tard. Ewing. New Jersey. 17 heures 36.
— On va bientôt partir trésor.
Un petit sourire étira mes lèvres en même temps que ma gorge qui se
noua en regardant un père et sa fille jouer à quelques mètres de ma position.
On veut que ce qu'on n'a pas.
J'étais assise sur cette même balançoire, mais sans Cody. Sans personne à
vrai dire.
J'avais décidé de rester seule pour aujourd'hui, depuis la fameuse nuit,
Rox cherchait très souvent à savoir où j'étais.
C'était assez drôle.
Cody lui, était absent, je ne savais pas où il était ni ce qu'il faisait. On
pouvait passer des jours sans se parler, mais on finissait toujours par se
revoir d'une manière ou d'une autre.
Je regardais mon téléphone et soupirais, toujours aucun signe de mon
père. J'avais essayé de l'appeler encore aujourd'hui.
Mais toujours rien.
Je décidai donc de lui envoyer un message.
Et d'activer le mode avion.
À Papa :
Salut, papa, j'essaie de t'appeler depuis quelques jours, mais tu ne
réponds pas...j'espère que tu vas bien, toi et ta famille. Moi je vais bien,
j'ai fêté mes 22 ans il y a une semaine, j'imagine que tu as oublié parce
que tu es trop occupé. Je comprendrais.
Les larmes me montèrent automatiquement aux yeux alors que je laissais
ma peine prendre le dessus et contrôlait mes doigts contre le clavier.
À Papa :
J'espère que tu me souhaiteras un joyeux anniversaire, ça me ferait
plaisir. Même si tu ne le penses pas réellement, je veux juste que tu
l'écrives. J'aimerais beaucoup lire tes messages. Je t'aime.
Je t'aime.
Sans surprise, aucun de mes messages ne s'envoya, ma lèvre inférieure
trembla et les larmes coulèrent doucement sur mes joues refroidies par la
température extérieure.
À Papa :
Tu me manques. S'il te plait, je ne demande pas beaucoup. Le
minimum me suffit énormément, je ne demande pas la même attention
que Lizzie, je n'oserais jamais. Mais j'en demande juste un tout petit peu,
que tu m'appelles pour demander après moi...ou non, juste envoyer un
message tu n'es pas obligé de me parler de vive voix, juste quelques mots
me suffisent.
Un sanglot quitta mes lèvres, puis un autre.
Supplier pour le minimum.
C'était ce que j'avais toujours fait.
À Papa :
J'aimerais que tu me rendes heureuse. Je suis fatigué d'être triste à
cause de toi et maman...je serais tellement plus heureuse grâce à toi, je ne
sais pas comment te l'expliquer. Tu peux me rendre heureuse, mais est-ce
que tu voudrais ? Je voudrais que tu me rendes heureuse comme tu rends
heureuse Lizzie, même si je ne suis pas elle...j'aimerais beaucoup l'être
pour avoir ce qu'elle a.
Pourquoi elle et pas moi ?
Pourquoi papa la préfère à moi ?
Pourquoi maman a changé pour Marc et Théa, mais pas pour moi ?
Pourquoi ils ont donné le meilleur d'eux même aux autres, mais pas à
moi ?
— Pourquoi ?
Ma vue était embuée, et mes larmes ne voulaient pas s'arrêter. Ils auraient
pu me rendre heureuse.
Tellement heureuse.
Ma main tremblait, et mon téléphone tomba contre l'herbe. Mes mains
couvrirent mon visage et je laissais ma peine couler hors de mon corps.
Ressentir cette peine était le seul sentiment que je ressentais
profondément. Rien ne pouvait me faire ressentir une émotion aussi
fortement que la peine que j'éprouvais à cause de mes parents.
Pourquoi ?
Tous ces soirs, toutes ces disputes, tous ces cris, toutes ses larmes.
Tout ça pour quoi ? Je ne méritais pas cette peine.
Je ne méritais pas tous les ravages qu'ils avaient causé dans mon cerveau.
Ils étaient tellement égoïstes.
Ils avaient de nouvelles familles, mais je n'avais qu'eux.
Putain je n'avais qu'eux.
Je sentis quelque chose me tirer une mèche de mes cheveux, me forçant à
relever la tête. Et mes yeux virent la petite fille qui jouait à côté depuis tout
à l'heure.
Un mince sourire se dessina sur mes lèvres et je passai rapidement ma
main sur mon visage pour essuyer mes larmes.
— Salut...princesse.
Elle ne me répondit rien, mais à la place, je la vis tendre sa main vers la
mienne. Je fronçai les sourcils et posai ma main sur la sienne.
Qu'est-ce que-
Mon cœur fit un bond lorsque je la vis l'attraper et déposer un petit bisou
sur le dos de ma main avant de me lâcher et courir vers son père qui
regardait la scène.
Un sourire aux lèvres.
— Désolé, elle fait comme sa mère lui fait quand elle pleure,
m'expliqua-t-il en souriant et en prenant sa fille dans ses bras, dis au revoir
on va partir.
Mon cœur se réchauffa et je lui fis un au revoir de la main, la remerciant
d'une petite voix en la regardant partir aux bras de son père.
Mes yeux se posèrent sur le dos de ma main en me rappelant de la
sensation, de la chaleur de son geste.
Affamé de toucher affectif.
Après quelques minutes, c'était à mon tour de me lever de la balançoire.
Je devais faire les courses, il n'y avait plus rien dans mon frigo.
Il fallait que je demande de l'argent à ma mère, et ça, c'était indéniable.
Je la rembourserai, dès que je trouverai du travail.
Je pris mon téléphone de l'herbe et commençais à m'éloigner du parc, un
frisson s'empara violemment de mon corps pour aucune raison particulière.
Je pensais au départ que c'était à cause du vent mais je savais que ce
n'était pas lui.
J'avais lu sur internet que c'était un des symptômes de l'anxiété, ce qui
pour être honnête ne m'avait pas étonné plus que ça.
Je flirtais avec elle depuis mes 12 ans, comme une relation toxique, une
amitié que je ne voulais pas.
L'anxiété me rendait malade, il y avait des jours où elle était égoïste, elle
ne me laissait pas dormir. Elle voulait toute mon attention.
Et elle réussissait à chaque fois. Je n'arrivais pas à lui tenir tête.
Mes sens s'alarmèrent et instinctivement, je regardais derrière moi.
J'avais l'impression d'être suivi, je sentais un regard sur moi.
Je regardais autour de moi, mais il n'y avait rien, même pas une personne
aux alentours.
La peur emprisonna mon estomac et je commençais à marcher plus vite,
un rush d'adrénaline se déferla violemment à l'intérieur de mes veines, je
me sentais en danger.
Par réflexe, je déverrouillai mon téléphone et supprimais les messages
que j'avais envoyé à mon père avant de désactiver de mode avion.
Puis à peine quelques secondes après, je reçus un appel.
Je fronçai les sourcils, ce numéro m'était inconnu.
Peut-être que c'est papa ? Il a peut-être changé de numéro ?
— Allô ? commençai-je rapidement après avoir décroché.
Je n'entendais rien, il y avait un bruit parasite à l'autre bout du téléphone.
Mais aucune voix n'avait encore parlé.
– Papa ? C'est toi ?
J'avais l'impression que c'était lui, enfin c'était pathétiquement ce que je
voulais. Mais encore une fois aucune voix, seulement des bruits externes.
Comme du...vent.
Je répétais encore une fois ma question puis décidai de couper et de
ranger mon téléphone à l'intérieur de mon sac en sortant vite de ce parc.
Je pense que je vais éviter de venir ici sans Cody.
°°°°
Une semaine plus tard. Ewing. New Jersey.
— Il faut trouver une solution mademoiselle Simones, vous pouvez
faire un prêt bancaire et rembourser au fur et à mesure, me dit l'un des
membres de l'administration de ma fac.
Je ne voulais pas faire de prêt à la banque, c'était horrible, je savais que
j'allais être enchaîné pendant très longtemps.
De plus avec le problème de mon compte, je ne pensais pas qu'ils
accepteraient de me donner cette somme.
Ni-ckel.
— J'ai encore combien de jours avant le dernier délai ? L'interrogeai-
je en jouant nerveusement avec mes doigts.
— Je vous accorde encore une semaine, il est clair que vous ne
pouvez pas payer demain, répondit-elle en se levant, mais les
réinscriptions s'arrêteront le début de la semaine prochaine.
Elle ouvrit la porte de son bureau, signe que nous avions terminé. Je me
levai et hochai la tête, la remerciais avec un petit sourire et quittai la pièce.
— Mademoiselle Simones !
Je me retournai en sa direction et fronçai les sourcils d'interrogation.
— Vous êtes une brillante élève, n'abandonnez pas vos
études...pensez au prêt bancaire.
— J'y penserais, merci.
Je quittai rapidement les bureaux de l'administration de ma fac, un soupir
fatigué s'échappait de mes lèvres alors que je m'aventurais dans les couloirs
en me dirigeant vers l'allée principale où m'attendait Rox.
— Alors ? M'interrogea-t-elle en me regardant arriver au loin.
— Elle me donne encore une semaine, je n'ai pas le choix, je vais
essayer d'appeler mon père encore ces quelques jours qui restent, mais
s'il ne me répond pas...je vais devoir faire un prêt à la banque. Et pour
ça, il faut que je remplisse un minimum mon compte.
— Et donc tu vas demander à ta mère, conclut-elle en marchant avec
moi vers ma voiture.
Je grimaçai, la situation dans laquelle j'étais me rendait terriblement
anxieuse. Je ne voulais en aucun cas écouter les remarques désobligeantes
de ma mère.
Je ne les supportais plus.
— Dans tous les cas, je devrais lui demander de l'argent. Je n'ai reçu
aucune réponse de la part des endroits où j'ai déposé mon CV, soufflai-
je en entrant dans mon véhicule.
Il ne me restait plus que ce club, c'était le seul endroit où je n'avais pas
encore déposé mon CV.
Je me demande si c'est comme ça qu'ils embauchent, en examinant les
CV.
— N'y pense même pas je te préviens, me gronda Rox en me fusillant
du regard.
— De quoi tu parles ?
— Pas de dépôt de CV dans ce club, détailla mon amie en croisant les
bras, c'est beaucoup trop dangereux.
— Mais j'y suis déjà allé, et ce n'est pas aussi dangereux que tu crois,
défendais-je le lieu certes louche.
— Bien sûr que si ! Iris même moi j'évite d'y aller, c'est rempli de fou
furieux et de drogués qui n'ont rien à perdre ! s'exclama-t-elle en gardant
son regard sur moi, chaque soir il y a des mecs qui sortent soit blessés,
soit complètement arrachés, soit morts. Les clients préférés de ce club
baignent dans des affaires trop bizarres, et merde tu vois bien que
Cody est leur fournisseur ça ne te met pas la puce à l'oreille ?
— Mais depuis quand tu connais le Box ?
— Depuis assez longtemps pour confirmer qu'il ne changera jamais,
tout le monde connait l'endroit.
J'étais ici depuis quatre ans et demi maintenant, et je n'en avais jamais
entendu parler.
Mais si c'était aussi dangereux, les autorités l'auraient sûrement fermé.
Rox avait simplement peur, elle écoutait beaucoup les rumeurs, mais moi,
je ne croyais que ce je voyais.
Et ce que j'avais vu ce soir-là n'était certes pas commode, mais ce n'était
pas aussi flippant.
Sauf lui.
Sauf ce mec que j'avais vu, et qui ressemblait vaguement à celui qui avait
fait comme si nous n'existions pas à la fête.
Peut-être qu'il nous avait pas vus, même si c'était bizarre.
Comment tu peux rater deux idiots assis dans une baignoire vide à fumer
?
— Et si on allait ce soir ? Je peux te prouver que ce n'est pas aussi
dangereux.
— Pardon ?
Je démarrai en esquissant un petit sourire au coin, alors qu'elle
commençait déjà à paniquer face à ma proposition.
— Mais t'as pété les plombs Iris ?!
...bien au contraire, Rox.
°°°°
23 heures. The Box.
— Écoute-moi attentivement, si jamais il se passe quoi que ce soit, je
te fais la promesse de changer les serrures de ta maison pour que tu
n'en sortes plus, me promit mon amie d'un ton menaçant.
— Elle est toujours aussi violente ? m'interrogea Cody en descendant
les marches rouges.
— La plupart du temps, oui.
— Parce que tu es de son côté toi ! Mais t'es sérieux ?
— Rider, moi non plus ça ne m'amuse pas d'être dans cet endroit et
encore moins avec vous, lui confia Cody, mais tu vois, toi aussi tu n'as
pas pu lui tenir tête.
Je souriais fièrement et ils me lancèrent un regard noir que je fis mine de
ne pas voir. Cody toqua contre la porte, et Rox arqua un sourcil.
— Ils ont un code mainte-
La porte s'ouvrit sur le même type de la dernière fois, il lança un regard
interrogateur à Cody puis ses yeux avides se posèrent moi, et son petit
sourire s'élargit.
— Tu as ramené deux échantillons aujourd'hui ?
— Mon poing dans ta gueule sera le troisième, grogna Cody en
entrant.
Le videur pervers laissa échapper un petit rire et nous céda le passage, la
musique faisait vibrer nos cerveaux alors qu'on descendait les marches en
acier.
Je voyais la grimace réticente de mon amie qui semblait un peu trop
collée à moi, signe qu'elle avait vraiment peur de cet endroit.
Je me demandais pourquoi elle en avait autant peur.
Je lâchai un rire assez fort pour que Rox me lance un regard noir.
— Arrête de te foutre de moi Iris, je suis sérieuse, cet endroit est
dangereux.
— Je suis d'accord avec elle, nous dit Cody en posant ses bras sur nos
épaules alors qu'on arrivait en bas, mais on est là maintenant. Ça tombe
bien parce que j'ai un truc à régler avec Rico. Je n'ai pas peur pour toi
Iris, Rox est un véritable pitbull quand il s'agit de ta sécurité.
— Contente de voir que tu avoues enfin que j'ai plus de couilles que
toi Wilson, rétorqua-t-elle en levant les yeux, va faire ton travail de
pharmacien des rues, moi je vais m'occuper de ma fille.
Elle posa ses mains sur mes épaules dénudées et me poussa avec elle vers
le bar bondé.
— Saches que dès que Cody aura terminé son truc, on dégage d'ici,
me prévenu-t-elle sèchement.
Mon regard curieux vagabondait dans le club, essayant peut-être de
chercher un visage familier, mais je n'en voyais aucun.
— ...pourquoi c'est toujours moi qui lui cherche ses boissons !
— Je les connais déjà, ria le barman en direction de la personne qui
venait de râler.
Et à l'instant où mon regard se posa sur l'individu derrière moi, mon
corps se figea instantanément.
C'était le motard.
Le motard que j'avais croisé à la station la dernière fois.
Putain sa voix, c'était lui qui avait parlé de meurtre et de calendrier la
dernière fois !
— Oh merde...si ça, c'est pas un hasard, crus-je entendre de sa part
alors qu'il me détaillait sans permission, on s'est déjà croisé non ?
— Non, je crois pas, répondit Rox à ma place d'un ton agressive.
— Tu ne m'apprends rien joli cœur, c'est pas à toi que je parlais, lui
dit-il en souriant, mais à ton amie.
— Elle est muette, riposta-t-elle sous le même ton, et sourde aussi.
J'aspirai l'intérieur de mes joues pour ne pas rire face à mon amie qui
venait de se transformer en garde du corps.
— Permets-moi d'en douter j'ai déjà entendu sa voix, je suppose que
c'est toi, Rox.
Mon cœur tomba près de mes pieds et je vis Rox blêmir à l'instant où il
évoqua son prénom. Le motard me lança un regard avant d'exploser de rire.
Comment il-
— Oh putain la tête que tu fais ! Ria-t-il en prenant les boissons que
venait de lui donner le barman, ne t'inquiète pas mon chat je l'ai su
seulement parce que tu l'avais dit au téléphone à la station-service.
Rox me lança un regard de détresse, ne sachant pas si ce mec disait la
vérité ou non. Et moi non plus.
Avais-je évoqué son prénom pendant l'appel ? Possible, mais je ne m'en
rappelle pas.
— Mais comme le hasard fait bien les choses, je t'ai retrouvé ici, me
dit-il joyeusement, la dernière fois je pense que tu ne m'as pas entendu,
mais tu as fait tomber un collier.
Mon collier.
Je pensais l'avoir laissé chez ma mère.
C'était un collier que m'avait offert mon père, j'avais 12 ans. Et je ne m'en
étais jamais séparé.
Sauf que cette fois, j'étais sûr de l'avoir laissé dans mon ancienne
chambre chez ma mère.
Je m'étais rendu compte qu'il n'était plus autour de mon cou lorsque
j'étais rentré chez moi, mais je ne voulais pas appeler ma mère pour lui
demander, je savais déjà qu'elle allait me dire que c'était débile que je la
porte encore.
Et la flemme.
Mais le fait qu'il soit tombé à la station venait de me retourner l'estomac.
Parce qu'il y avait une chance que je ne le retrouve plus jamaisw
Comme celui qui me l'avait offert. Lol.
— Elle est chez toi ? Tu l'as récupéré ? lui demandai-je rapidement.
— Oui, elle était jolie pour le coup ça aurait été con de la laisser là-
bas, fais-moi signe avant de partir je te la remettrai elle est dans ma
voiture, sinon je vais oublier.
J'acquiesçai rapidement et lui répondis :
— Merci beaucoup... ?
— Jacob ! Je m'appelle Jacob ! me sourit-il, je suis au deuxième étage
si tu me cherches !
Il me pointa du menton l'étage au-dessus et je levai la tête.
Mon cœur arrêta tout battement à l'instant où mes yeux se posèrent sur la
même personne qui avait fait de mon corps une statue gelée la première fois
où j'avais posé mes pieds dans ce club.
Son regard était sur nous, ses bras sur le garde-corps et son expression
était concentrée, je sentais mes veines refroidir à l'intérieur de mon corps.
Ce mec me faisait flipper.
Comme si mon subconscient se mettait en alerte à chaque fois qu'il était
dans les parages.
— Et toi ?
Je secouai la tête rapidement, reprenant mes esprits et détachant mon
attention sur ce mec à l'aura diabolique.
Mais incroyablement beau ceci dit...bon meuf arrête de fantasmer sur des
mecs comme ça !
— Iris.
Jacob esquissa un petit sourire au coin puis leva la tête vers le deuxième
étage, l'homme en haut se redressa et nous toisa du regard avant de
disparaitre dans la foule.
— J'y vais, on m'attend ! À plus tard Iris ! À jamais, Rox.
Sa phrase me fit lâcher un petit rire alors que mes yeux se posèrent sur
Rox qui serra les poings en regardant le motard s'éloigner du bar.
— J'vais t'arracher la gorge Iris, on verra si tu peux rire encore.
J'aspirai l'intérieur de mes joues pour ne pas la voir mettre sa menace en
exécution et elle commanda nos boissons.
Pendant presque vingt minutes, Rox et moi n'avions pas bougé de nos
places. Mon amie ne voulait pas danser et c'était une première, elle espérait
simplement que Cody arrive vite et qu'on sorte d'ici.
Mais...même dans ce cas, nous devions aller voir Jacob pour mon collier.
C'était très gentil de sa part, de l'avoir gardé.
Enfin, il avait dit qu'elle était jolie alors j'imaginais qu'il ne l'avait pas fait
pour la garder jusqu'à ce qu'un jour, nos chemins se recroiseraient peut-être.
Le hasard fait bien les choses comme il l'a dit.
Il avait l'air gentil, très gentil même.
Il portait des vêtements sombres et des bagues sur presque la totalité de
ses doigts, un style que je trouvais assez classe moi qui aimais bien les
vêtements sombres.
— J'espère qu'il y a des toilettes ici, fulmina Rox en se levant du
tabouret, viens avec moi et ne va ni à droite ni à gauche.
— Oui maman, acceptai-je en lui lançant un regard pervers, le ton
faussement innocent.
Elle secoua la tête d'exaspération et j'éclatai de rire avant de me faire tirer
par mon amie, cette dernière se tourna vers moi en pointant du doigt les
escaliers et j'acquiesçai.
Rox allait là où je lui disais et nous arrivâmes à l'étage, mon cœur palpita,
la sensation d'être surveillé vint se coller à ma peau une deuxième fois.
Je savais que c'était lui.
Cet homme.
Je savais qu'il était quelque part, qu'il m'avait vu. Je sentais son regard
sur moi, du moins, je sentais un regard et je supposais que c'était le sien.
Tu l'espères plutôt.
Non. Tais-toi.
Nous entrâmes très vite à l'intérieur des toilettes et virent déjà le petit
monde qui s'était regroupé face aux miroirs. Je grimaçai à la vue d'autant de
personnes dans un petit espace et Rox le vit.
— Simones, si je te laisse attendre dehors, tu me promets de ne pas
bouger de la porte.
— Je te le promets.
Elle plissa les yeux et me menaça du doigt tandis que je levai les bras,
j'avais promis.
J'essayais toujours de tenir mes promesses quand je les faisais.
C'était Théa qui me l'avait appris, avant elle, je m'en foutais des
promesses.
Elles n'avaient pas de sens.
Parce que tous ceux qui m'avaient promis quelque chose n'avaient pas
tenu promesse.
« Je te promets de revenir bientôt, princesse »
« Je te promets de t'emmener au parc après le boulot, Iris. »
« Je te promets qu'on fêtera ton anniversaire »
« Je te promets que je ne te parle pas pour te baiser, Iris. »
Je quittai les toilettes en vitesse, je n'aimais pas les petits espaces avec
beaucoup de monde. Ça me stressait.
Qui aimerait être stressé ? Pas moi.
Je stressais assez à cause de mes problèmes financiers et scolaires, ça
serait me faire du mal volontairement si je rajoutais un autre stress.
Mon regard se posa sur les carrés VIP occupés, mais ce n'était pas ma
curiosité de voir de nouvelles têtes, simplement de recroiser son regard.
J'avais encore cette sensation d'être observé.
Où est-ce que tu es assis...putain imagine si Cody a terminé ?
Mes sens s'alertèrent rapidement et mes jambes venaient de rompre la
promesse que je venais de faire à Rox, il n'y avait pas de réseau ici, si Cody
avait terminé et qu'il nous cherchait ?
Je posais mes mains sur le garde-corps, le regard activement à la
recherche des cheveux bruns de Cody.
Il portait des vêtements trop décontractés, ça ne pouvait pas être si
difficile de le trouver étant donné que tous ici étaient sur leur 31.
Il n'y avait aucun signe de Cody Wilson au bar, sa tête n'apparaissait pas
dans la piste de danse non plus.
Il était peut-être encore occupé.
— ...Tu as perdu ton collier ?
Mon corps sursauta face à la voix grave et masculine trop proche de mon
oreiile, je me tournai et je sentais que chaque cellule de mon corps venait de
recevoir un violent électrochoc à l'instant où mes pupilles se scellèrent à
celles que j'avais face à moi.
Des pupilles bleus.
— C...comment vous savez ? bégayai-je en regardant son petit sourire
au coin.
Son corps était imposant, une posture droite et des muscles qui se
voyaient très bien même sous sa chemise sombre, c'était le mec de la
dernière fois.
Et putain, il était vraiment magnifique.
Ses mèches noires retombaient sous ses yeux bleus polaires, je remarquai
qu'il avait un minuscule tatouage sous l'œil.
Un tatouage d'une hirondelle sur un côté de son cou et un autre sur sa
main me laissait comprendre qu'il aimait cet oiseau.
Il avait de très beaux yeux, mais un regard menaçant. Une cicatrice sur
l'arête du nez qui semblait nouvelle, une mâchoire incroyablement bien
défini et des traits fins.
Aussi fin que ses doigts. Je remarquai aussi qu'il avait des veines très
visibles sur le dos de sa main et ses avant-bras.
Baise-moi s'il te plaît.
Son index et son pouce me firent face, emprisonnant mon collier et mes
yeux s'ouvrirent soudainement. C'était vraiment mon collier.
— Jacob allait sûrement oublier, m'informa-t-il simplement en me
rendant lentement mon collier, essaie de ne pas le faire tomber la
prochaine fois, parce que...ça serait dommage de laisser nu un si joli
cou.
Mes veines tremblèrent à l'instant où il prononça ses mots en regardant
mon cou, sa voix chaude créait en moi une pulsion que je n'avais que très
rarement eue avec les hommes parce qu'ils étaient tous sans intérêt.
Ses yeux remontèrent doucement sur mon visage, me laissant sentir ses
pupilles contre ma peau avant de se sceller aux miens, magnétisant et
électrique.
— M...merci... ? le remerciai-je difficilement en essayant de connaitre
son prénom.
Il avait l'allure d'une personne à avoir un prénom tellement sexy.
Du genre Kayden.
Ou Noah.
Ou encore Asher.
— Tu n'as pas besoin de connaitre mon prénom pour l'instant,
mais...je te promets que tu le connaitras. Bientôt.
Et au ton de sa voix je comprenais que, cette promesse elle.
Allait être tenue.
_____________
Hey !
Je suis heureuse, j'ai mangé une pizza pour soulager ma peine à cause des
gens sur Instagram. Bitches were mean to me. And I could be way meaner, I
just choose to not to.

sont sur discord où vous pouvez leur parler ! ❤️


Tous les personnages de mes histoires ont des comptes Instagram, et ils
(les personnages de

comme moi. Happy ! )


But anyway....
🥰
LAKESTONE teasent sur leurs comptes les prochains chapitres de l'histoire

LETS TALK ABOUT LA RENCONTRE LES GARS. LA PREMIÈRE


CONVERSATION MAIS CERTAINEMENT PAS LA DERNIÈRE
HAHAHAHAHAHA.
J'ai hâte.
A très bientôt pour un nouveau chapitre écrit par la droguée à la caféine
de Wattpad.
❤️
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
(Suivez moi sur les réseaux, je suis drôle.)
05. Dangereuse soirée

Une heure du matin. Ewing. Appartement d'Iris.


« ...Ça serait dommage de laisser nu un si joli cou. »
Un frisson se déchargea le long de mon échine et un souffle s'échappa de
mes lèvres, je me tournais le côté en sentant la chair de poule se former sur
mon épiderme nu, le regard sur la fenêtre qui laissait la lumière de la lune
pénétrer ma chambre.
Il m'avait parlé.
Sa voix grave et masculine résonnait encore dans ma tête, comme si mon
cerveau voulait en faire une obsession.
« Mais...je te promets que tu le connaitras. »
Il ne voulait pas me donner son prénom, mais il m'avait promis que
j'allais le connaitre bientôt.
Mais comment champion ? Il est bête lui.
Je n'avais pas parlé de cette mini conversation avec Rox et Cody, je ne
voulais pas signer mon arrêt de mort. Je savais comment mon amie allait
réagir.
Je ne voulais pas me faire crier dessus.
...Mais en même temps, l'idée de retourner là-bas me tentait vachement.
Non.
— Tu dors ? me demanda la voix de Rox.
J'enlevai un de mes écouteurs et levai la tête en direction de mon ami qui
mangeait des nouilles chez moi.
— Non, mais je vais bientôt le faire, annonçai-je en la regardant, si je
m'endors avant que tu partes, enlève mes écouteurs de mes oreilles.
Elle hocha la tête et me sourit, je reposais ma tête sur l'oreiller. Mes
doigts jouaient avec le collier, je repensais à ce motard.
Moi qui avais peur de lui à la station, je me retrouvais à le remercier
intérieurement pour avoir gardé le collier que m'avait offert mon père.
Comment avais-je fait pour ne pas m'en rendre compte ?
De plus, je me demandais comment j'avais pu être certaine de l'avoir
laissé chez ma mère ?
Comme si mon cerveau avait créé un faux souvenir pour ma stabilité
mentale. C'était fou.
Mon doigt toucha l'écran de mon téléphone et la musique que j'écoutais
quelques heures plus tôt revint dans mes oreilles, parfois j'écoutais une
seule musique en boucle jusqu'à m'en dégoûter.
D'après Rox, c'était bizarre. Mais elle le faisait aussi.
Je regardais Rufus bouger à l'intérieur de sa cage, un petit sourire aux
lèvres. Puis décidai de mettre une nouvelle fois la musique sur pause.
Et de lui raconter.
— Tu sais Rufus, maman a trouvé un très beau garçon dans un club
bizarre, commençai-je dans un murmure en regardant sa cage sur ma table
de chevet, et elle aimerait beaucoup le revoir, bien sûr c'est une très
mauvaise idée parce que c'est dangereux, mais...c'est quand même une
idée.
Ce mec m'intriguait, je n'avais jamais ressenti autant d'intérêt pour un
inconnu. Je me demandais vraiment comment il s'appelait, peut-être que je
pouvais le trouver sur les réseaux.
D'ailleurs, je me demandais s'il était sur les réseaux ? À voir son allure, je
ne pensais pas.
Sa voix tournait dans ma tête et faisait vibrer mon cerveau, je ne pensais
pas que je pouvais être autant attirée par une simple voix.
En même temps, il a une voix trop sexy...
Je secouai la tête et inspirai profondément, si ça continuait, le morceau
que j'écoutais plus tôt n'allait pas être la seule chose qui m'obsédait.
Mes paupières devinrent lourdes et je remis la musique en fermant les
yeux, sentant le sommeil m'emporter sous les notes de la chanson.

— Iris elle a une maladie des yeux madame !


Je les regardais me pointer du doigt, la gorge nouée et la gêne faisant
chauffer mes joues tandis que les enfants se moquaient ouvertement de moi,
je lançai un regard à la prof, mais elle m'ignora et répondit :
— Elle va arranger ça quand elle va grandir.
Mes yeux, pourquoi tout le monde détestait mes yeux ?
Pourquoi ils sont tous méchants avec moi ?
Papa disait avant que j'avais de jolis yeux pourtant...
Je grimaçais de douleur en sentant quelqu'un me tirer par les cheveux,
un camarade de ma classe étira un sourire sadique avant de jeter une paire
de ciseaux sur moi, frôlant mon visage.
— Professeur...vous pouvez leur demander d'arrêter ? L'implorai-je
discrètement en sentant d'autres enfants me tirer par les cheveux.
— Ils jouent seulement avec toi Iris, ne soit pas stupide.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— TU ES TELLEMENT STUPIDE IRIS ! hurla subitement la voix de
ma mère.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Je crois que quelqu'un t'a laissé un mot dans ton casier, ria une fille
de mon collège.
Le collège, j'étais à présent au collège.
Je me dirigeai vers mon casier, la boule au ventre. Je sentais mes mains
trembler alors que je le déverrouillai puis.
Une photo tomba sur mes pieds.
C'était moi. Mais il y avait deux trous sur la photo.
Sur mes deux yeux.
Soudain, des mains me plaquèrent contre le mur, et ma panique prit
possession de mon corps. Je me débattu du mieux que je pouvais, mais il y
avait beaucoup trop de personnes autour de moi.
Trop de monde.
C'est à ce moment précis que je hurlais de terreur lorsque je la vis.
La cuillère.
Je me réveillai en sursaut, une violente envie de vomir me prit aux tripes
et je me levai d'un coup pour me vider à la salle de bains.
Une cuillère.
Un simple objet que j'utilisais presque tous les jours depuis quelques
années, mais pas ceux d'avant.
Mes cauchemars ne venaient que lorsque je réfléchissais trop. Et il fallait
dire que j'avais beaucoup réfléchi pendant la soirée.
Je me lavai la bouche et revins sur mes pas, mes sourcils se froncèrent en
remarquant que mes écouteurs étaient enroulés autour de mon téléphone qui
était sur la table de chevet.
Et je me rappelais d'avoir demandé à Rox de me les enlever avant qu'elle
parte.
Elle avait fermé la porte hein ?
Ma question me fit sortir de ma chambre, l'obscurité me rendait anxieuse.
Je n'aimais pas la sensation de marcher chez moi dans le noir.
Parce que comme la sensation qui enveloppait mon corps en ce moment,
j'avais toujours l'impression que je n'étais pas seule chez moi.
Et parmi mes pires cauchemars, que quelqu'un entre par effraction.
— Pourquoi me faire rêver du collège alors que tu peux me faire
rêver du beau mec du club ? demandai-je à haute voix à mon cerveau.
Je me rallongeai sur mon lit et refermai les yeux, espérant que
maintenant, mon cerveau allait me laisser passer une nuit paisible.
°°°°
Le lendemain. 18 heures.
— Je te rembourserai dès que je trouve du travail, implorai-je ma
mère en regardant par la fenêtre avec une grimace sur les lèvres.
— Tu as plutôt intérêt à appeler ton père pour la fac Iris, me rappela-
t-elle comme si je ne le savais pas, parce que ne penses pas que je vais le
faire à sa place.
Je fermai les yeux et inspirai profondément en sentant ma colère monter
doucement le long de mon corps.
— Je ne comptais pas te demander de le faire, je te demande
seulement de me faire un virement pour vivre le temps que je trouve un
boulot ici, répliquai-je d'un ton fatigué, ne mêle pas mon problème avec
papa à ça.
Mon poing se serra, je détestais avoir ce genre de conversation avec elle
parce qu'elle arrivait toujours à mettre mon père sur le sujet.
Toujours.
— Non je te préviens seulement, je sais que tu vas y penser et la
réponse est non, continua ma mère, je suis ta mère, je te connais par
cœur.
J'aspirai l'intérieur de mes joues pour ne pas lâcher un rire de colère, je
détestais l'entendre avoir cette prétention de me connaitre alors qu'elle ne
savait rien.
Ne dis pas des trucs comme ça Laura, c'est embarrassant.
— Bref, tu peux faire le virement ?
— Je n'ai pas le choix, dit ma mère dans un soupir, tu me les rendras
dès que tu seras payé, je dois acheter un cadeau à ton beau-père, et je
vais devoir repousser à cause de toi.
À cause de moi.
Comme si c'était machinal, et comme à chaque fois depuis que j'avais ce
collier autour du cou, mes doigts se glissèrent sur le pendentif.
Cherchant un peu de réconfort.
— Je suis désolé, m'excusai-je en regardant Rufus alors que la
culpabilité me rongeait, je te les rendrai le plus tôt possible.
— C'est d'accord, bon, je dois y aller. Théa m'attend pour qu'on
fasse ses devoirs, passe une bonne fin de journée.
Ma gorge se noua en une fraction de seconde, la petite fille en moi venait
de se réveiller. La rancœur se déferlait à l'intérieur de mes veines et je
raccrochai en répondant un « vous aussi » à peine audible.
« Théa m'attend pour qu'on fasse ses devoirs »
Elle ne voulait jamais faire les devoirs avec moi.
Pourquoi elle n'avait jamais voulu m'aider ?
Mais Théa si ?
« Je regardais ma mère assise sur le canapé de notre salon, un verre à la
main et le regard rivé sur l'écran de la télévision.
Mon ventre était noué, en même temps, j'avais peur de sa réaction pour
ce que j'allais lui demander.
Mais je n'arrivais pas à comprendre les questions...
Et je n'avais pas vraiment d'amis pour m'aider à réviser.
— M...Maman ?
Elle se tourna vers moi, le regard noir qui ne l'avait pas quitté. Elle
arqua un sourcil, je n'avais pas bougé du cadre de la porte.
— Tu as fait la vaisselle ? Si non, ne m'adresse pas la parole jusqu'à ce
que tu la fasses.
— Si, je l'ai fait-...faites, m'exprimai-je rapidement en bafouillant, j'ai
terminé...mais j'ai besoin de toi pour...um...je- j'ai besoin que...que
tu...que tu m'aides ? S'il te plait...
— Appelle ton père, et regarde si lui peut t'aider, pourquoi tu cherches
toujours mon aide, mais jamais le sien ! s'exclama-t-elle à m'en faire
sursauter.
Ma respiration se saccada et je commençai déjà à paniquer.
Ne me crie pas dessus s'il te plait.
— Je...non-...je veux juste que...tu m'expliques quelque chose je...je
n'ai pas compris en cours et-
— C'est parce que tu es simplement trop stupide pour comprendre quoi
que ce soit Iris, cracha-t-elle ses mots comme elle savait si bien le faire, tu
as douze ans et tu es toujours aussi bête ! Pourquoi tu viens à chaque fois
gâcher mes soirées avec tes problèmes !
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Je suis trop stupide.
— Je...je suis désolé maman.
— Encore heureux que tu le sois, pour tes devoirs je ne peux rien y
faire. Je n'ai plus la force de t'expliquer, réfléchis toute seule, fais
travailler le peu de cerveau que tu as.
Je sentais les larmes me monter aux yeux, mes doigts se glissèrent sur le
collier que m'avait offert mon père quelques jours plus tôt.
C'était un collier très joli, un pendentif en boule de couleur or et une
chaîne fine de la même couleur.
Maman ne l'aimait pas...mais je l'aimais bien...il me réconfortait.
— D'accord, je vais essayer...maman, je-...je sais que c'est pas
im...portant pour toi, mais...mais c'était la fête des Pères tout à-
— Jette la carte que tu as faite pour lui. Je ne la veux pas, je ne
remplacerai pas l'absence de ton père. Va faire tes devoirs. »
Les souvenirs qui refaisaient surface dans ma tête intoxiquaient ma
stabilité mentale, je secouai la tête en essayant d'oublier.
J'avais besoin de me changer les idées.
Et je ne connaissais qu'une seule personne à pouvoir le faire, je composai
son numéro et la tonalité retentit. Je m'approchai de la cuisine et décidai de
me faire un peu de café le temps que Rox réponde.
Ma situation me rendait angoissé, et je devais impérativement m'occuper
l'esprit si je voulais les crises d'angoisses par jour.
Mon père ne répondait toujours pas, et c'était gé-nial.
— Tu as toujours ton ouïe ? Me demanda Rox à l'instant où elle
décrocha.
Je fronçai les sourcils en souriant avant de répondre :
— Tu t'inquiètes pour mes oreilles maintenant, c'est un nouveau code
pour savoir si je suis en vie ?
— Non parce que j'ai fermé la porte de chez toi, mais j'avais oublié
d'enlever les écouteurs de tes oreilles c'était pas dans ma To-do List
habituelle.
J'étais presque certaine d'avoir senti mon estomac tomber au sol dès
l'instant où elle prononça ces mots.
Quoi ?
— Mais qu'est-ce que tu racontes Rox, bien sûr que tu l'as fait, j'ai
trouvé mes écouteurs et le téléphone sur la table de chevet, dis-je en
laissant échapper un léger rire, essayant de me rassurer du mieux que je
pouvais.
— Quoi ?
Le ton de sa voix me donna envie de m'évanouir, j'avais la sensation que
le temps venait de s'arrêter autour de moi.
Comment-
— Iris, je te jure que ce n'est pas moi, jura-t-elle d'un ton hébété, je
n'étais pas rentré dans ta chambre parce que même, j'avais oublié ma
veste. Elle est sur la chaise.
D'un pas de course, j'entrai dans ma chambre et mon souffle se coupa
brutalement lorsque je vis la veste rouge de Rox.
Mes yeux s'écarquillèrent et j'entendais la voix de Rox au téléphone, mais
j'étais incapable de me concentrer.
Trop d'informations et de théories criaient dans ma tête.
Et si quelqu'un était rentré ?
Et s'il allait revenir ce soir ?
Est-ce qu'il a volé quelque chose ?
D'où était-il rentré ?
— IRIS ! S'écria la voix de Rox en me ramenant à la réalité.
Je sursautai et bafouillai :
— Ou...oui, ta veste est...ici- je...oh putain Rox dis-moi que tu me fais
une blague parce que ce n'est vraiment pas drôle.
Je tremblais comme une feuille, penser que quelqu'un était rentré chez
moi me retournait l'estomac.
Attends...
J'avais senti que quelqu'un était chez moi hier...
Non Iris, tu te sens toujours comme ça quand il fait noir.
NON ! j'ai vraiment senti une présence cette fois-ci j'en suis sûr !
— Écoute, c'est possible que tu les aies enlevés sans t'en rendre
compte ! Même moi parfois je fais des trucs pendant mon sommeil sans
m'en rendre compte ! Calme-toi !
Mes pieds collés contre le sol, je n'osais même plus bouger.
Et s'il était encore ici ?
— Rox...j'ai vraiment peur, murmurai-je en sentant des larmes de
terreurs couler le long de mes joues.
— Ok, je vais me changer j'arrive tout de suite.
— Ne coupe pas ! m'exclamai-je soudainement, s'il te plait, ne coupe
pas.
°°°°
Trois heures plus tard. Ewing. Appartement d'Iris.
— Il n'y a visiblement aucun signe d'effraction, me dit l'agent de
police après avoir tourné chez moi pendant quelques minutes, si quelqu'un
était rentré, il y aurait au moins quelque chose qui pourrait le trahir.
Votre amie a raison, peut-être que vous avez enlevé vos écouteurs sans
vous en rendre compte.
Il me sourit doucement, je sentais la main de Rox frotter mon dos tandis
que j'essayais tant bien que mal de me rassurer avec les paroles du flic.
— Est-ce que vous avez une clé de secours que vous gardez à
l'extérieur ? M'interrogea-t-il en me regardant.
— Oui, l'informai-je en écarquillant les yeux.
Je gardai toujours le double dans le pot de fleurs à l'extérieur de chez
moi, enterré entre deux cailloux.
J'étais presque certaine qu'une personne était rentrée chez moi la nuit
dernière.
Je le sentais.
— Est-ce que vous l'avez utilisé récemment ?
— Moi oui, hier soir. J'ai verrouillé la maison.
Rox n'avait pas les doubles chez elle tout le temps, c'était la seule qui
utilisait les clés du pot.
La seule qui connaissait la cachette.
— Il faut faire attention, mademoiselle, me prévenait-il, la ville est
tranquille, mais personne n'est à l'abri du danger. Vérifiez que vous
êtes en sécurité chez vous avant de dormir, vérifiez vos portes et vos
fenêtres. Vous pouvez installer des caméras de surveillances pour plus
de sécurité. Et faites rentrer le double de vos clés.
Je hochai la tête, bien sûr que je n'allais pas installer des caméras de
surveillances.
Je n'avais pas les moyens de m'offrir ce confort.
Cody se racla la gorge, les bras croisés et les sourcils froncés. Je l'avais
appelé à l'instant où Rox était rentrée chez moi, je ne me sentais pas en
sécurité.
La présence masculine de Cody m'aidait.
— Merci beaucoup, fis-je après quelques minutes, je suis désolé de
vous avoir dérangé.
— Ne vous excusez pas, c'est mon boulot. Faites attention encore une
fois, bonne soirée.
Je regardai le flic sortir et refermer la porte derrière lui, Cody se précipita
pour la verrouiller avant de revenir.
— Meuf arrête d'être parano, soupira Cody en s'allongeant sur le
canapé, c'est sûrement toi.
— Mais oui, approuva Rox en me regardant, tu as sûrement dû les
enlever pendant ton sommeil.
— Et je les ai enroulés autour du téléphone ? Vraiment ? leur
demandai-je en grimaçant face aux absurdités que j'entendais, ça ne me
ressemble pas...
J'étais très brouillon et bordélique, je ne pensais pas être capable de faire
une chose pareille. J'aurais pu croire que je les avais enlevés si j'avais
retrouvé mes écouteurs par terre avec mon téléphone.
Même si mes amis me disaient qu'il n'y avait personne, que j'étais
simplement parano.
Mon instinct me disait autre chose.
— Allô ? fit la voix de Rox, salut maman...oui pourquoi ...quand ?
Aujourd'hui ?
Le ton de sa voix était plus joyeux, je savais que Rox était proche de sa
mère et la voir sourire à cause de l'appel me fit chaud au cœur.
Parfois, sa mère était aussi mauvaise que la mienne quand elle était en
colère, seulement, la mère de Rox était jeune...et aussi très drôle.
— J'ai hâte de te revoir ! D'accord ok ok, à ce soir !
Et je comprenais que Dalilah allait venir rendre visite à sa fille.
Aujourd'hui. Les yeux brillants de Rox me le montraient.
— Maman arrive en ville dans une heure ! nous annonça-t-elle
joyeusement, je ne l'ai pas vu de tout l'été !
Rox était restée ici cet été, Dalilah faisait des travaux chez elle et Rox
détestait les travaux.
Le bruit, la poussière, le ménage à faire à chaque fois. C'était pas son
truc.
« C'est mauvais pour mes mains ! »
— J'imagine que tu ne vas pas dormir toute seule ce soir, conclut
Cody en me lançant un petit regard amusé.
— Viens dormir chez moi, en plus il y a maman ! me proposa Rox
avec une pointe d'excitation.
— Comme tu peux venir chez moi, proposa Cody en levant le bras.
Je les regardais en faisant une moue attendrie par les deux propositions,
ils prenaient en compte ma peur.
— Tu veux qu'elle fasse quoi chez toi Wilson ? lui demanda Rox en
levant les yeux au ciel, elle sera mieux avec moi.
Même si l'idée de passer la nuit avec Rox m'enchantait beaucoup, je ne
voulais pas m'immiscer dans ses retrouvailles avec sa mère.
Je ne voulais pas déranger leur complicité avec ma présence.
— Je pense qu'il est préférable que j'aille chez Cody ce soir,
choisissais-je entre les deux, je sais que Dalilah a hâte de te revoir et toi
aussi, mais promis je passerais le lendemain.
Cody pouffa de rire en direction de Rox qui fulmina en me fusillant du
regard.
— Je te jure Wilson-
— « S'il lui arrive quoi que ce soit tu me pourrirais l'existence », oui je
connais la chanson Rider, soupira Cody en reprenant les menaces que lui
faisait Rox à chaque fois qu'il était amené à rester avec moi, t'inquiète, je
ne suis peut-être pas proche de toi, mais je suis proche d'elle. Prends tes
affaires Simones, on va préparer notre petite soirée pyjama.
°°°°
Une heure du matin. Studio de Cody.
— Non je ne veux pas.
— Mais Iris s'il te plait ! Je ne t'ai jamais vu sans tes lentilles !
Mes mains encore sur mes yeux, j'avais la boule au ventre à l'idée
d'ouvrir mes paupières. Seules ma famille et Rox connaissaient la véritable
couleur de mes iris.
Mes parents avaient beaucoup d'humour en m'appelant « Iris ».
— Tu vas te moquer de moi.
— Bien sûr que non t'es taré ? Jamais je ne ferais une chose pareille,
me rassura Cody.
— C'est ce qu'ils disaient tous ! m'exclamai-je dramatiquement.
La pression montait en flèche, je sentais la peur comprimer ma cage
thoracique alors que mes mains se dégageaient lentement de mon visage,
même si je faisais passer ça avec de l'humour.
J'avais quand même vraiment peur.
Je gardais les yeux fermés et il souffla de frustration avant de lâcher un
petit rire.
— J'étais assez bourré pour que tu m'en parles mais pas assez pour
oublier que t'en avais, me confia la voix de mon ami encore assit par terre
face à moi, aller Simones. Je te jure que je ne te ferais aucun mal si tu
me les montres.
Il n'allait pas me faire de mal.
— Et tu ne rigoleras pas ?
— Promis.
J'inspirai un bon coup, sentant mon estomac se tordre alors que je
commençais à desserrer la pression de mes paupières.
Cette peur me faisait trembler comme une malade, et un nœud se forma à
l'intérieur de ma gorge.
— Pourquoi tu as autant peur ?
— Parce que peu sont ceux qui aiment mes yeux, avouai-je en faisant
papillonner mes paupières à l'instant où je les ouvris.
Je vis sa réaction, ses yeux s'écarquillèrent en regardant les miens, sa
bouche s'entrouvrit et je me sentis tout à coup ultra gêné.
— MAIS COMMENT TU PEUX RESTER AVEC DES LENTILLES
!
Je sursautai violemment lorsque sa voix explosa mes tympans, il semblait
offusqué.
Ahuri que je cachais la véritable nature de mes yeux.
Il exagère ce n'est pas vrai. Ils ne sont pas beaux et il le sait.
— Tes yeux sont irréels Iris, me dit-il plus calmement, merde je sais
que beaucoup rêveraient d'être comme toi !
— Et moi je rêverais d'être comme eux, répondis-je en haussant les
épaules.
— Pourquoi tu ne les aimes pas ?
Encore une fois, je haussai les épaules et lui dis :
— Je te raconterai quand tu seras bourré, et moi défoncé.
Il ria et passa sa main sur ses cheveux avant de se redresser, je serrais les
poings en essayant de calmer mes tremblements et ma jambe qui bougeait
nerveusement.
Cody connaissait ma plus grande vulnérabilité.
Mes yeux.
Je commençais à devenir de plus en plus anxieuse, me disant que Cody
mentait peut-être.
Qu'il ne voulait juste pas me blesser, qu'il ne trouvait peut-être pas mes
yeux aussi beaux qu'il le prétendait.
Peut-être ? Mais c'est sûr ça ne soit pas stupide.
J'essayai d'occuper mon esprit en le regardant ranger les boites de ses
merdes qu'il revendait.
M'attardant ensuite sur les posters qui étaient collés dans la petite pièce
qui était le salon, mais aussi sa chambre.
J'aimais beaucoup la maison de Cody, j'étais déjà venue ici auparavant, et
c'était toujours très douillé.
Il aimait beaucoup ranger, alors comparé à chez moi, sa maison était très
propre.
Nous commençâmes à parler de la Fac, et de l'année chargée qui nous
attendait. J'allais passer mon master cette année, et honnêtement.
J'angoissais déjà.
Même si ce n'était pas la seule de mes angoisses en ce moment. Encore
moins la plus importante.
— Donc ?
— Donc je sais pas mec, soufflai-je en me laissant tomber sur le canapé,
il ne reste que quelques jours avant le dernier délai, et ça m'angoisse
énormément.
— T'as essayé de l'appeler ?
Je lui lançai un regard blasé et il haussa les épaules avant de marmonner :
— Je ne fais que demander, c'est tout.
— Bien sûr que je l'ai appelé, une trentaine de fois, mais jamais il n'a
fait la faute de me répondre, lui confiai-je en écrasant le reste de ma clope
sur le cendrier à côté, j'ai envoyé des tonnes de messages, je lui ai même
envoyé un mail !
Il ria et rangea les dernières boites sur la table avant de revenir près du
canapé où j'étais allongé, il releva mes jambes et s'assit à côté de moi en
reposant mes jambes sur ses cuisses.
— La salope qui me sert de mère a essayé de m'appeler, me confia-t-il
dans un souffle, mais comme ton père je n'ai pas fait l'erreur de lui
répondre.
— Tu ne sais pas ce qu'elle voulait ?
— J'en ai rien à branler, j'espère que c'était une question de vie ou
de mort et que cet appel était la seule chance pour elle de rester en vie.
Je secouai la tête en souriant. Cody détestait vraiment sa mère.
Elle l'avait abandonné, elle l'avait abandonné lui et son frère ainsi que
son père malade.
Cody se retrouvait à s'occuper de son seul parent, en plus de son frère.
Même si Finn était plus vieux que lui de trois ans.
Ce n'était qu'un enfant.
Sa mère avait refait sa vie, avait un nouveau mari, de nouveaux enfants à
aimer.
Un peu comme mes parents.
Cody avait 24 ans à présent, il avait refait deux années scolaires à cause
des problèmes qu'il avait avec son père.
Son père souffrait d'un cancer du côlon, Cody m'avait raconté que
pendant de très longues années, Finn et lui passaient plus de temps à
l'hôpital que chez eux.
Et je trouvais ça tellement triste.
Il avait 19 ans quand son père fut emporté par la maladie, d'un commun
accord, lui et son frère avait décidé de vendre la grande maison familiale,
non seulement pour s'acheter deux petits appartements, mais aussi pour
payer les dettes qu'ils avaient avec l'hôpital.
Finn n'était pas d'accord au départ, mais ce n'était pas lui qui décidait. Il
avait toujours été beaucoup moins débrouillard que son frère.
Et comme moi avec mon père, il attendait que sa mère revienne.
— Tu es en train de t'endormir Simones.
Je sentais le sommeil brûler mes yeux, et Cody le remarqua.
Je le vis soulever l'assise avant de la rabaisser, nous allions dormir sur le
clic-clac.
En même temps, c'était un tout petit studio, il n'y avait pas de place pour
un lit.
Il éteignit les lumières et verrouillait la porte d'entrée et les fenêtres, tira
les rideaux et nous voilà plonger dans le noir total.
Je le sentis s'allonger à côté de moi et pousser un soupir d'aise, me faisant
rire doucement.
— Je peux te poser une question ?
— Mhm ?
— Pourquoi tu penses que quelqu'un est rentré chez toi ?
M'interrogea-t-il.
— Cody, je me connais, répondis-je honnêtement, je ne suis pas du
genre organisé, j'aurais jeté mon téléphone comme une sauvage, mais
jamais je n'aurais eu la présence d'esprit de le poser sur la table de
chevet...en plus hier, je m'étais réveillé pendant la nuit et...j'avais senti
qu'il y avait quelqu'un chez moi.
— Sérieux ?
— Oui, mais...je sais pas, j'ai toujours cette sensation quand je
marche seule dans le noir, et honnêtement mec, même s'il y avait
quelqu'un, je ne serais jamais parti le chercher t'es fou, avouai-je mon
manque de courage qui fit rire Cody, la vie c'est pas les films d'horreur,
s'il y avait quelqu'un, j'aurais fait la morte jusqu'à demain matin et
c'est exactement ce que j'ai fait. Je n'ai même pas comment me
défendre !
Il ria de plus belle et je continuai et me tournant vers lui :
— T'as vu mon corps s'il te plaît ? Je fais 55 kilos mouillé, je sais à
peine tenir un couteau sans me couper et quand j'ai peur je pleure,
mais il est con lui aussi il a pris la plus pauvre du quartier !
— Qui te dit que c'est un cambrioleur ? Me questionna Cody en riant.
— C'est ce que j'espère hein parce que si c'est moi qu'il veut voler, on
appelle ça dans un langage courant « un Kidnapping ».
Rigole c'est bien, cache ta terreur derrière l'humour.
— T'avais raison quand t'avais dit que Rox n'allait pas chercher
après toi ce soir.
— Elle ne m'a même pas appelé pour notre code secret c'est fou !
— J'ai jamais compris votre concept de code, me dit Cody exaspéré.
— Pour faire court, l'une de nous demande quel est son chiffre
préféré, si on répond par une couleur alors nous sommes en sécurité...si
on répond par un chiffre alors, on signale qu'on est en danger,
expliquai-je le plus facilement possible.
— Je suis impressionné, je vous pensai plus bête.
Je lui tapai gentiment l'épaule et il ria avant de me dire :
— Je crois que ça fait longtemps qu'elle n'a pas vu sa mère c'est pour
ça.
Je hochai la tête, elle avait besoin de temps avec sa mère. Elle n'allait pas
chercher après moi.
Rox méritait de passer une soirée rien qu'avec sa mère.
Qu'on s'occupe d'elle, parce qu'elle s'occupait de moi comme si elle était
ma mère.
— Bonne nuit Simones.
— Bonne nuit Cody.
J'enveloppai mon corps du drap sous mes pieds en fermais les yeux en
inspirant profondément, maintenant, je me sentais assez en sécurité pour
dormir.
°°°°
Deux jours plus tard. 22 heures. Appartement d'Iris.
— Pourquoi maman ne peut pas te payer l'année ? me demanda Théa
au téléphone.
— Parce que c'est mon père qui doit le faire, pas elle, soupirai-je en la
regardant dessiner, elle m'a donné de l'argent le temps que je trouve un
travail, je ne peux pas lui demander plus.
Marc avait acheté un nouveau téléphone à Théa, et la première chose
qu'elle avait faite : m'appeler sur facetime en dessinant.
De mon côté, je souriais sur mon canapé en la regardant faire. Sa
présence me manquait, c'était la seule personne en qui j'avais confiance, car
elle était aussi pure que moi quand j'avais son âge.
Mais beaucoup plus jolie, avec beaucoup plus d'amis.
— Et il reste combien de temps avant le dernier délai ?
— Peut-être deux ou trois jours, maximum.
Elle écarquilla les yeux et je hochai la tête en fermant les miens.
C'était tout ce qui restait, deux ou trois jours.
— M'enfin bref, plus je vais en parler, plus je vais angoisser, bouclai-
je le sujet rapidement, ne t'inquiètes pas, ça va se régler. Je dois te laisser,
je vais acheter à diner.
Je la vis réfléchir puis elle hocha la tête avant de me saluer une dernière
fois avant de raccrocher.
J'étais revenu chez moi depuis quelques heures, après avoir passé la nuit
chez Cody, il m'avait déposé chez Rox et j'avais revu Dalilah qui avait un
don pour rassurer.
De ce fait, j'avais eu assez de courage pour revenir ici. Seule.
J'avais vérifié tout l'appartement, Rufus était heureux de me revoir. Rox
était passée le nourrir ces deux derniers jours.
Faut vraiment que je fasse le ménage par contre.
La bouffe d'abord.
Je ne pris même pas le temps de me changer, je décidai de garder mon
pyjama et enfilai mes pantoufles et me lavai les mains avant de mettre
rapidement mes lentilles de couleur.
Une allure de clocharde...c'est parfait.
Je pris les clés de ma voiture et fermai les fenêtres et la porte d'entrée à
double tour avant de descendre et démarrai vers ma quête de bouffe.
Et si je dinais au lac ?
Il y avait un lac pas très loin du centre, à vrai dire c'était à l'extérieur de la
ville. Je l'avais découvert par hasard il y avait deux ans de ça, caché par de
petites collines, des arbres autour couvraient parfaitement l'endroit.
C'était très paisible.
— On va diner au lac Rufus ? me tournai-je vers ma peluche en forme
de mon animal de compagnie, j'étais sûr que tu serais d'accord avec moi.
Après quelques minutes, j'arrivais près d'un diner qui était réputé pour
vendre de très bons burgers. J'entrai et commandai, l'attente ne fut pas très
longue étant donné l'heure qu'il était.
Je récupérai ma bouffe et payai avant de sortir, un gros sourire aux lèvres
et démarrai en direction de ce lac.
J'espérai ne pas trouver de psychopathe en chemin. Ou même là-bas.
De toute manière, je ne comptais pas descendre de la colline, juste diner
au sommet parce que c'était un lieu paisible. C'était une partie que très peu
de personnes connaissaient.
Lorsque je partais là-bas, le spot était toujours vide.
J'appelai Rox et mis le haut-parleur :
— Mon chiffre préféré ? me demanda-t-elle directement.
— Rouge, riais-je avant de me racler la gorge et parler plus sérieusement,
meuf, je pense vraiment que je vais déposer mon CV dans ce club.
— Hors de question. Ce n'est pas les endroits pour bosser qui
manquent à Ewing.
— Je dois rembourser ma mère Rox, et je sais que si je perds du
temps, elle va me coller au cerveau, soupirai-je déjà fatigué de sa future
pression continuelle, Cody m'a dit qu'il pouvait s'arranger pour que
j'aie une période d'essai afin de voir si ça allait me plaire ou non.
Rox insulta Cody de tous les noms et je riais, elle qui voulait qu'il soit de
son côté pour une fois, ce n'était pas encore gagné.
— Enfin, je vais manger, lui dis-je sans mentionner que j'étais à
l'extérieur, je te rappelle après.
— Ok.
J'arrivais sur les lieux et garais en marche arrière avant d'arrêter le
véhicule, je vis plus bas le lac vide et les branches d'arbres qui bougeaient
lentement à cause du vent de l'automne.
Cette colline était parfaite, pas trop haute, pas trop basse. Juste ce qu'il
fallait pour regarder le paysage sans être dérangé.
De plus, les arbres la cachaient très bien.
J'étais déjà venue nager ici, et je pouvais être certaine qu'on ne voyait pas
les petites collines autour d'en bas à cause des arbres, mais ceux qui étaient
sur les collines pouvaient tout voir.
D'ailleurs, il y avait une autre route qui menait vers le lac. Un sentier
quelques mètres plus loin fait exclusivement pour les voitures qui veulent
descendre.
Sauf que je ne voulais pas.
C'était la raison pour laquelle je n'aimais pas nager en bas seule, j'étais
trop exposé aux dangers.
Les deux fois où j'étais allé, c'était avec Cody.
Et il était midi.
Je m'extirpai à l'extérieur du véhicule, pris mon burger avant d'ouvrir le
coffre de la voiture et m'assis en tailleur à l'intérieur.
Autour de moi, il n'y avait aucun bruit de ville. Seuls le vent, les arbres,
l'eau du lac.
Tout autour m'apaisait.
J'espérais que personne ne vienne ici pendant mon diner, je voulais juste
écouter le silence. En espérant que mon cerveau suive mes envies lui aussi.
Mais il n'en faisait rien, et je me retrouvais encore à penser à mon père.
À ma mère qui me devait de l'argent.
À la fac que je n'avais pas encore payée.
Au boulot que je n'avais pas encore trouvé.
J'avais l'impression que tout m'échappait, que je n'avais plus aucun
contrôle sur ma vie. Je n'étais plus maitre de mon avenir.
Mon père l'était pour les études, les endroits où j'avais postulé l'étaient
pour mon salaire.
Tout ce que je faisais c'était attendre que quelqu'un veuille bien m'enlever
un peu d'angoisse qui me rendait malade.
Mes sens s'alarmèrent lorsque j'entendis le moteur d'une moto
s'approcher de l'endroit. Et mon corps se figea lorsque je sentis que la moto
n'allait pas vers le sentier, mais là où j'étais.
Parce que le moteur était beaucoup trop bruyant pour me laisser penser
qu'il s'était éloigné.
J'avalai difficilement mon burger sans oser une seule seconde me tourner
derrière, j'entendais le moteur s'arrêter à quelques mètres de moi.
Et un frisson de terreur s'empara de mon échine.
D'une vitesse de l'éclair, j'envoyais un message à Rox.
A Rox :
Appelle moi dans une heure. Si je ne réponds pas appelle la police. Je
suis parti au lac.
Je savais que même si je n'allais me faire tuer par l'inconnu qui venait de
se garer à côté de ma voiture.
J'allais me faire tuer par Rox.
Les pas de la personne se rapprochèrent de ma voiture et je sentais mon
cœur battre à une vitesse terrifiante, je n'osais même pas bouger.
J'étais pétrifié.
En plus, j'étais en pyjama et qu'il était 23 heures passé.
Peut-être même que cette personne était celle qui était rentrée chez moi ?
Oh putain.
Je n'osais pas me retourner vers l'inconnu qui était à présent à quelques
mètres de moi, mais du peu que mon champ de vision me permettait de
voir.
Et d'après la carrure imposante que je voyais vaguement sans pivoter la
tête.
Je savais déjà que c'était la dernière soirée de mon existence.
RIP moi.
Et soudain, mon cœur sursauta brutalement et je me crispai violemment
lorsqu'il prit la parole.
— Je ne pensais pas que quelqu'un d'autre connaissait cette partie
du lac...
Cette même voix qui était bloquée dans ma tête depuis quelques jours.
C'était le gars du club.
Merde merde merde...oh putain.
— C'est dangereux pour une fille comme toi de trainer ici, seule la
nuit, dit sa voix grave et masculine que je reconnus.
Je t'en supplie ne dit pas de la merde meuf.
— Il faut croire que le danger ne dérange pas une fille comme moi,
répondis-je faiblement après quelques minutes silencieuses en essayant
d'éviter son regard.
Laisse-moi rire, tu es en train de pisser dessus depuis 10min et tu oses
dire ça ?
Je sentais mes entrailles se tordre dans tous les sens, un mélange de peur
et d'excitation face à ce gars qui hantait mes nuits.
Putain ce mec faisait ressortir toutes mes pulsions sexuelles, de ce que je
me rappelais il avait un corps et un visage absolument parfait.
Parfaitement diabolique.
Je me demande comment sonnerait mon prénom dans sa bouche si un
jour il le gémirait...
– Ah oui ?
Sa voix chaude caressa mes oreilles en murmurant sa phrase, il se tourna
vers moi et je sentais mon corps se geler une nouvelle fois.
Il était terriblement sexy certes.
Mais aussi très flippant
J'étais intimidée par sa présence, mon visage se baissa machinalement
vers mon burger pas encore finit, et ma respiration se rompit soudainement
lorsque je sentis ses doigts emprisonner mon menton.
Relevant ma tête pour me forcer à confronter ses yeux.
Je sentais que chaque cellule de mon corps venait de s'électriser lorsque
mes yeux se lièrent aux siens.
Des iris d'un bleu polaire dénués de toute innocence, ses mèches de
cheveux ébènes qui retombaient sur son front brouillait notre jeu de regard
qui venait de s'installer
Mais le rendait encore plus sexy.
J'avais la sensation que mon esprit était entièrement retourné depuis qu'il
était là, je n'arrivais simplement pas à garder la tête froide.
Ni même à réfléchir normalement.
Sa tête au dessus de la mienne ne faisait qu'augmenter l'intimidation que
je ressentais depuis que je l'avais vu la toute première fois.
Intimidé, effrayé mais...terriblement attiré.
Je vis ses pupilles quitter mes yeux, descendant dangereusement vers mes
lèvres qu'il dévorait du regard ouvertement.
Sa langue passa lentement sur ses lèvres et il releva son regard vers moi,
remarquant que je l'avais vu à l'œuvre.
Et là.
Il esquissa un simple petit sourire au coin en guise de réponse.
Comme pour dire qu'il voulait que je le vois faire.
Me faisant défaillir lentement à cette pensée.
Sa voix masculine me fit l'effet d'un électrochoc à l'instant où il rompit
notre silence par une question.
— Si le danger ne te dérange pas, murmura-t-il près de mon visage,
pourquoi tu n'es pas revenu au club, princesse ?
Et un surnom qui figea brutalement mon esprit.
_____________
Hey !
Mon sadisme :
Mdr vous allez avoir votre dose dans cette dark romance je vous
préviens.
J'ai hâte mais genre HÂTE de ce qui va se passer ensuite parce que
ohhhhh god ça va été incroyable.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
📸With love. S
Sarahrivens
06. Nouveau boulot

Iris
Quelques heures plus tard. Appartement d'Iris.
— Je te jure Iris ne me refait plus jamais ça, répéta Rox encore blême
à cause du message que je lui avais envoyé.
— Quand Rox m'a envoyé le message, je pensais vraiment qu'on
n'allait pas te retrouver, renchérit Cody le regard dur.
— Qu'est-ce que tu faisais là-bas toute seule ! Et pourquoi tu ne me
l'as pas dit quand on était au téléphone !
— Je voulais sortir de chez moi, admettais-je en haussant les épaules,
j'étouffais.
Mes deux seuls amis me fusillaient du regard, ils m'en voulaient de les
avoir inquiétés peut-être.
Mais je n'arrivais pas à rester concentré sur la conversation, je n'arrivais
pas encore à ressentir la culpabilité de les avoir rendus comme ça.
Tout ce que je sentais, c'était mon cœur qui battait et la peur qui faisait
trembler mes veines.
Mon cerveau était encore bloqué au lac.
Mes pensées étaient encore bloquées sur lui.

« — Si le danger ne te dérange pas, murmura-t-il près de mon visage,


pourquoi tu n'es pas revenu au club, princesse ?
Le surnom qu'il venait de me donner figea tous les muscles de mon corps
et je me crispai à l'entente de ses lettres.
Princesse.
— Ne m'appelez pas comme ça, murmurai-je en fronçant les sourcils
alors que l'agacement commençait à prendre le dessus sur mon attirance
envers ce mec.
D'ailleurs, pourquoi il était ici ?
Et pourquoi il me parlait ?
Il regardait ma réaction, un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Je ne
comprenais pas ses expressions, je ne savais pas ce qu'il avait derrière la
tête.
— Pourquoi pas ?
J'éloignai mon visage du sien, je détestais me faire appeler comme ça. Et
il venait de me dégoûter en à peine quelques secondes.
Tu avais toutes tes chances, maintenant va te faire foutre.
— Ce ne sont pas vos affaires, terminai-je en me levant du coffre de ma
voiture avant de la refermer, pourquoi vous êtes ici ? À me parler ?
Il observait mes expressions du visage sans enlever son petit sourire au
coin.
Il inclina sa tête sur le côté et me demanda :
— Je pourrais te poser la même question, pourquoi tu es ici...à parler à
un inconnu...
Je le vis s'approcher une nouvelle fois de moi, et je reculais aussi
lentement que le rythme de ses pas.
Je sentais mon cœur tambourinait violemment à l'intérieur de ma
poitrine alors qu'il continuait :
— En sachant qu'il est très tard...et qu'il n'y a personne autour...
Mon dos se colla contre le coffre de ma voiture, pétrifié par ses paroles et
ses yeux sur moi.
Comme si l'ambiance venait de changer soudainement, je me sentais en
danger.
Terriblement en danger.
Et comme si on venait de m'injecter un shoot immense d'adrénaline.
Mon genou heurta brutalement son entre-jambes.
Et à l'instant où il grogna de douleur, je courus rapidement à l'intérieur
du véhicule et démarrai le plus vite possible.
Oh bordel.
La panique fit couler mes larmes, alors que mon ventre se serrait.
J'avais envie de vomir mes tripes.
Je sentais tout mon être trembler violemment alors que j'accélérai, par
peur qu'il me rattrape avec sa moto.
Mais après plusieurs minutes, je ne vis aucun signe de lui.
— Oh putain de merde...
Je soufflai en essayant de faire baisser la pression, mes mains
tremblaient sur le volant.
Mon téléphone vibrait depuis tout à l'heure, je savais que c'était Rox.
Elle m'appelait depuis qu'elle avait reçu le message.
Je passai l'une de mes mains sur mon visage qui transpirait de terreur, ce
gars était vraiment flippant. Je ne savais pas ce qu'il aurait pu faire si je
n'avais pas pris mes jambes à mon cou.
Je l'avais toujours trouvé dangereux, depuis la première fois.
Ce sentiment d'être en danger lorsqu'il était là, mon instinct me le criait
dès l'instant où je croisai ses yeux bleus.
C'était surréel.
Avait-il de mauvaises intentions ou essayait-il seulement de me faire peur
?
Pourquoi m'avait-il appelé comme ça ?
Pourquoi il voulait me faire peur ?
Je n'arrivais plus à réfléchir normalement, j'étais beaucoup trop en
panique pour savoir ce qui était mauvais ou pas.
Je pris mon téléphone et appelai rapidement Rox. Il fallait que je la
rassure si je ne voulais pas trouver des avis de recherches avec ma gueule
dans toute la ville.
— Je vais bien-
— MAIS T'ES COMPLÈTEMENT MALADE MA PAROLE IRIS JE
VAIS TE SÉQUESTRER CHEZ TOI !
Je sursautai une nouvelle fois à l'entente de sa voix qui explosa mes
tympans. Je n'allais sûrement pas lui raconter la discussion que je venais
d'avoir avec ce mec.
Hors de question. Jamais. Plutôt mourir.
— TU VEUX FAIRE UN PIQUE-NIQUE AU LAC A CETTE HEURE
? EN PLUS SEULE ? TU VEUX ÊTRE LE DESSERT D'UN ASSASSIN
?
— Il n'y avait personne Rox, mentais-je en sentant mes mains trembler
encore, je vais rentrer chez moi.
J'avais besoin d'aller quelque part où je me sentais en sécurité, comme si
j'avais peur que le mec de tout à l'heure puisse me suivre et me faire payer
de lui avoir briser les couilles.
Littéralement.
Lui aussi fallait pas me faire peur je sais jamais anticiper mes réactions !
»
J'étais plus calme que tout à l'heure, même si je sentais encore le danger
je savais que ce n'était que passager.
Mes deux amis me parlaient encore mais pour être tout à fait honnête,
j'étais incapable de me concentrer.
Tout ce que je faisais était machinal, je m'excusais et hochais la tête sans
trop le penser.
Après encore quelques minutes à me sermonner, Cody boucla le sujet en
m'interrogeant :
— Tu aimerais que je reste ici pour la nuit ?
Je relevai la tête vers lui, ils étaient comme deux parents.
Tous les deux debout, les bras croisés face à moi qui étais assise sur mon
canapé au salon. J'étais anxieuse et ils étaient fâchés.
Maintenant que j'y pense...
Je les verrais bien ensemble...
— Iris ?
— Ah ? Euh...non non, reprenais rapidement mes esprits, je vais gérer
ne t'inquiète pas. Je suis en sécurité maintenant, regardez je suis bien et
je vous parle. Tout va bien.
Je tentai de les rassurer et Rox leva les yeux au ciel, la panique l'avait
épuisé cela se voyait à son visage.
— Ne sors plus jamais la nuit seule dans des endroits comme ça Iris,
cette ville est trop calme pour être vraie, me prévint Cody dans un
souffle, j'ai vécu ici trop d'années pour savoir que beaucoup de morts
ont été couverts par des événements tiers.
— Comme les overdoses ?
Il me lança un regard puis acquiesça finalement.
— Avec le boulot que j'ai, les bruits courent toujours, nous dit-il en
regardant le sol, et souvent, ce n'est pas ce que les autorités disent.
— Tu veux dire que c'est des meurtres couverts ?
— Je veux dire que les autorités n'ont pas assez de pièces à
conviction pour pouvoir suspecter des cas d'assassinats, répondit mon
ami en se tournant vers Rox, il y a des périodes où le nombre de morts
augmente rapidement et avec des raisons encore floues.
— Tu penses qu'un meurtrier vient ici chaque année ? L'interrogeai-je
en sentant mon ventre se nouer de peur.
Le regard de Cody en disait long, je ne savais si c'était un oui ou bien
c'était un regard pour me dire que le meurtrier n'avait jamais quitté la ville.
Cette pensée me donna la chair de poule.
— J'ai déjà entendu des rumeurs comme ça à la fac, nous avoua Rox
en passant nerveusement sa main dans ses cheveux, comme quoi des gangs
s'en prennent aux enfants de certaines personnes avec qui ils ont eu des
problèmes.
— Des gangs ?
Je fronçai les sourcils, cette ville me paraissait beaucoup trop paisible
pour avoir des histoires pareilles.
T'as vu combien de saisons de Criminal Minds meuf ? Et MindHunter ?
Assez pour savoir que les psychopathes et les meurtriers étaient partout,
je n'ai rien dit.
— Bon, ne parlons plus de ça, de toute manière on n'en est pas là,
termina Cody, toi tu viens je te dépose chez toi, et toi.
Il me pointa du doigt avant de continuer :
— Ne refait plus ça si tu ne veux pas te retrouver bloqué chez toi sans
tes clés et ton téléphone à cause d'elle.
— Ne me tente pas Simones, tu sais que je n'ai pas toute ma tête.
J'aspirai l'intérieur de mes joues pour ne pas rire en regardant le visage
menaçant de Rox et hochai la tête en levant les bras.
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais-moi signe.
— Si tu n'arrives pas à dormir, appelle-moi, me dit Rox à son tour,
bonne nuit.
— Bonne nuit, les saluai-je en les regardant partir de chez moi.
Je me levai et fis entrer mon pot qui contenait le double de clés avant de
verrouiller la porte d'entrée après que mes amis quittèrent mon appartement.
Je voulais prendre une douche.
Je sentais encore ses doigts froids sur mon menton, comme si ma peau
avait enregistré le bout de ses doigts.
Son odeur me frottait encore les narines, un parfum masculin mélangé à
une forte odeur de cigarette et de...chewing-gum à la menthe.
Sa bouche sentait la menthe.
La mienne sentait le poulet et l'oignon caramélisé.
Le contraste me fit échapper un petit rire alors que je ramenai la cage de
Rufus à la salle de bains, je me déshabillais, enlevai mon collier et mes
boucles d'oreilles puis entrai à l'intérieur de la douche ou je laissai l'eau
chaude couler sur mes membres.
À chaque fois que j'étais sous la douche, j'avais la sensation que
quelqu'un me regardait.
Je me sentais tellement vulnérable que j'avais cette horrible impression
que quelqu'un était dans la pièce.
Ça, c'est parce que t'as vu trop de thrillers et de documentaires criminels.
— Tu te rappelles du gars du club dont je t'ai parlé la dernière fois
Rufus ? demandai-je à mon animal en me nettoyant le corps, et bah figure
toi que je l'ai revu toute à l'heure ! Mais il était encore plus flippant !
Je terminai de me lavai et quittai la douche en continuant à me confier à
lui en me séchant le corps et les cheveux :
— Et du coup, maman a fait un truc archi badass ! l'informai-je
presque fière de ce que j'avais fait, je ne pensais pas que je pouvais le
faire avec lui, mais un coup de pied dans les couilles m'a sauvé ! Le truc
moins cool c'est que maintenant, j'ai vraiment moins envie d'aller
travailler au club.
J'allais forcément le revoir, et j'avais un très mauvais pressentiment.
Imagine il va te faire payer quand il te reverra espèce de génie ?
Maintenant que j'y pense...je suis curieuse de voir comment...
IRIS !
...Pardon j'arrête.
— Est-ce que tu penses que je devrais accepter de travailler au moins
pendant une courte période et décider ensuite ?
L'animal mangeait sans prêter attention à ce que je disais et je souriais en
répondant :
— J'étais sûr que t'allais dire oui, tu es toujours d'accord avec moi
c'est dingue !
On dirait une folle laisse tomber.
— Mais tu sais Rufus...il m'a appelé « Princesse »... comme Papa.
°°°°
Le lendemain. 17 heures. Appartement d'Iris.
— Attends attends...quoi ?
Je regardais mon téléphone, les yeux écarquillés en relisant le mail que je
venais de recevoir de mon école.
Le message de bienvenue pour cette année.
Papa avait payé ? La totalité du premier semestre ?
Bah oui t'es stupide ou quoi ? Tu crois que c'est un essai gratuit Master ?
J'étirai mes lèvres dessinant une expression blasée sur mon visage face à
ma voix intérieure, je relisais une centième fois le mail, confirmant bien
qu'il s'agissait de moi et pas d'une autre personne.
Il y avait mon nom.
Incroyable.
Comme si l'énorme poids qui compressait ma cage thoracique depuis des
semaines entières venait tout simplement de s'écrouler au sol.
Cette sensation de légèreté me fit trembler, ma vue s'embua et je soufflai
pour évacuer la pression qui m'animait.
Merci papa.
Soudain, je reçus un appel de Théa et répondis aussitôt :
— Tu ne devineras jamais ! m'exclamai-je d'un ton joyeux.
— Ta fac ? Oui !
Je fronçai les sourcils en gardant mon sourire, ne comprenant pas
comment elle avait pu le deviner aussi facilement.
— Je n'aime pas te cacher des trucs, mais...j'ai parlé de ton problème
à papa et il était d'accord pour payer le premier semestre ! m'annonça-t-
elle joyeusement alors que je sentais mon cœur tomber près de mes pieds.
Mes lèvres s'entrouvrirent et mon regard se baissa au sol, ce n'était pas
mon père qui avait payé. Mais le mari à ma mère.
Le père de Théa.
Pas le mien.
...pas papa.
— Iris ?
— Je-...oui, oui je suis encore là...je ne sais pas quoi dire, répondis-je
noyé de honte d'avoir pensé que c'était mon père, maman est au courant ?
Je grimaçai et mon ventre se noua, je connaissais assez bien ma mère
pour savoir qu'elle allait me faire un bordel monumental.
Elle n'allait pas montrer son mécontentement à Marc, mais elle n'allait
pas se gêner pour me faire la remarque.
Mais je n'ai pas demandé à Marc, pourquoi elle viendrait me casser les
couilles ?
— Oui ! au départ, elle n'était pas d'accord à cause des dépenses
qu'on a, mais papa préférait mettre cet argent pour tes études plutôt
qu'autre chose !
Les larmes me montèrent aux yeux, j'étais tellement touché par le geste
de Marc.
Un inconnu venait de sacrifier ses économies pour moi.
Alors que mes parents refusaient de le faire.
— Iris, tu pleures ?
Je n'avais pas pu étouffer un sanglot qui s'était échappé lorsque mes
pensées commencèrent à s'amasser à l'intérieur de mon cerveau.
— Non je-...c'est rien, riais-je en essayant de camoufler ma voix brisée,
j'ai vu une scène triste à la télé.
Quelle menteuse.
— Je vais appeler Marc...le remercier p-pour...ce qu'il a fait,
l'informai-je en sentant encore mes larmes couler.
— Ouiii ! s'enthousiasma ma demi-sœur, je suis tellement heureuse
d'avoir pu t'aider, toi tu m'aides tout le temps alors...je voulais faire la
même chose.
Mes lèvres tremblèrent et je pleurais silencieusement face à la phrase de
Théa qui me fit chaud au cœur.
— Merci beaucoup princesse, murmurai-je contre mon téléphone.
— Je t'aime.
Je souriais et elle m'informa qu'elle devait y aller. J'en profitais pour
appeler Marc juste après avoir raccroché avec Théa.
Marc avait payé mes études. Ma mère refusait catégoriquement de le
faire par principe et fierté, alors qu'elle savait que j'étais dans la merde et
qu'elle avait l'argent pour.
Sa haine envers mon père avant dépassé tout logique.
Marc décrocha au bout de la troisième tonalité, et je le remerciai pour
tout ce qu'il venait de faire.
Je me sentais terriblement mal de ne pas pouvoir me rapprocher de lui
alors que tout ce qu'il faisait c'était essayé de créer un lien.
Sauf que j'en étais incapable.
Je n'en serais jamais capable.
— Je serais toujours là pour toi Iris, souffla le mari à ma mère, ne
pense pas à me rembourser. Si ton père ne paie pas le second semestre,
je le ferais à sa place. Concentre-toi sur tes études, c'est le plus
important.
Je hochai la tête et souriais, mon visage inondé de mes larmes.
Je reniflais et il ria avant de me dire :
— Je t'ai aussi fait un virement, je sais que Laura ne t'a envoyé
qu'un petit montant, j'imagine que tu n'as pas encore trouvé de boulot.
— Si si, je compte commencer très bientôt, annonçai-je rapidement
sans une seconde de réflexion.
Pardon ?
Oui. Je vais demander à Cody.
Maintenant que j'avais ce poids en moins, je me sentais prête à affronter
le seul boulot qui pouvait m'accorder un peu d'argent pour rembourser ma
mère.
Au pire, si ça ne me plait pas c'est toujours une période d'essai.
...tu vas revoir le mec à qui t'a défoncé les couilles.
Aussi. Mais ce n'est pas un problème.
Je discutais un peu avec Marc et le remerciai une onzième fois avant de
raccrocher.
Mon dos glissa sur le mur de mon salon et je me laissai tomber, un gros
sourire aux lèvres.
Mon année était sauvée.
À moitié calme ta joie.
N'empêche, elle l'était pour l'instant. Et je comptais bien sauver mon
niveau de vie. Et vite.
°°°°
Une heure plus tard. Coffee club. Ewing.
— Alors là, hors de question.
— J'ai déjà pris ma décision Rox, je dois rendre cet argent à ma
mère, répondis-je en buvant mon café, très rapidement.
J'avais appelé Rox et Cody juste après Marc, leur demandant de me
rejoindre dans mon café favori afin de leur annoncer que j'avais pris ma
décision.
J'allais travailler au Box.
— Tu es sûr de toi ?
— Totalement.
PTDR. Non. Pas du tout.
Je regardais mes deux amis, l'un me lançait un regard qui m'implorait
presque de renoncer à l'idée...et l'autre m'assassinait littéralement avec ses
yeux.
Inutile de préciser qui et qui.
Je bus une nouvelle gorgée de mon café en regardant ailleurs, leur
laissant le temps d'accepter ma nouvelle prochaine connerie.
— Tu iras avec elle.
— Excuse-moi ?
— Tu lui as donné l'idée, tu assumes, déclara Rox en croisant les bras.
Je riais doucement et secouai la tête négativement.
— Non, je vais gérer, je t'enverrai des messages pendant mon service
comme ça tu ne te diras pas qu'on m'a tué entre deux commandes.
Je la vis lever les yeux au ciel, des rires attirèrent mon attention. Des rires
que je connaissais.
Oh, seigneur, les blaireaux de ma fac. Ou comme j'aime les appeler : les
ploucs d'Ewing.
— Simones ! On pensait que t'avais quitté la ville pour de bon, fit l'un
d'eux ton moqueur.
Je bus mon café en levant les yeux au ciel et un autre me demanda en
continuant son chemin :
— On m'a dit que ta langue fait des merveilles, Simones.
Je vis Cody froncer les sourcils d'agacement et Rox posa sa main sur son
torse alors que je répliquai d'un ton faussement déçu :
— Oh...ta copine m'avait pourtant promis de garder le secret,
comme moi j'avais promis de ne pas dire que j'étais son premier
orgasme.
Je terminai ma phrase en levant mon majeur et l'affichai derrière moi
sans me tourner vers ses ploucs qui riaient comme des cons, se moquant de
leur pote le blaireau de service.
Bienvenue à Ewing.
Je n'étais pas le genre à contredire les rumeurs qui tournaient autour de
moi, je m'en fichais de ce qu'ils pouvaient penser, mais pour une raison qui
m'échappait, j'étais énormément sexualisé.
Par les mecs comme par les filles.
Beaucoup s'interrogeaient sur ma sexualité, pensant que j'étais
certainement bi tellement que même moi j'avais commencé à me poser des
questions.
Est-ce que je pouvais éprouver des sentiments pour une femme ? Non.
Est-ce que je pouvais être sexuellement attirée par une femme ? Non
plus.
Est-ce que je trouvais le corps des femmes absolument magnifiques ?
Oui.
Est-ce que je pouvais embrasser une fille ? Ça ne me dérangeait pas.
Baiser avec elle ? Non.
Au final, je ne pense pas être bi. J'aime juste regarder les filles pour la
beauté.
Un peu comme les beaux tableaux.
Ou les belles sculptures.
Ou les beaux mecs.
...comme lui hein ?
Un peu comme le beau mec à qui j'avais brouillé les bijoux de famille. Il
était quand même magnifique.
Je me demandais s'il avait déjà pensé à faire mannequin ou modèle photo,
son visage et son corps étaient magnifiques.
Dieu a pris du temps pour lui c'est sûr.
Même le motard était vraiment mignon, d'ailleurs je me rendis compte
que c'était avec lui qu'il parlait lorsqu'on s'était vu à la station-service.
Parce que c'était la même moto.
« ...je ne ferais rien à ton petit bébé, je garde ta chérie à l'œil... »
Il avait emprunté sa moto.
— Donc, j'appelle Rico ?
Je hochai la tête, alors que mon cœur commençait à battre vite à
l'intérieur de ma poitrine. Les seules fois où j'étais allé à l'intérieur de ce
club, c'était avec Cody...et Cody et Rox.
Mais jamais seule.
À présent, j'allais y aller seule...et j'allais devoir parler à des inconnus
louches pour le fric.
Le glow down du siècle ça.
— Iris, ça ne serait pas mieux si tu attendais encore un peu ? Essaya
de me dissuader Rox, en plus quand les cours reprendront tu vas être
épuisé.
— On a encore deux semaines avant la reprise des cours, d'ici là,
j'aurais peut-être trouvé mieux ailleurs, la rassurai-je du mieux que je
pouvais, si tu veux, tu peux venir au club avec moi et inviter Cody ?
Elle fronça les sourcils alors que je lui lançai un petit regard malicieux.
— Non, répliqua-t-elle en me menaçant du doigt, je sais ce que t'essaies
de faire Simones et n'y penses même pas. C'est non.
— Mais oui, c'est ce que tu m'as dit la première fois quand je t'ai
parlé de bosser au club, et regarde-nous maintenant, répondis-je en
levant les bras avec un sourire triomphant aux lèvres, il ne te plait même
pas un peu ?
— Oh tais-toi, souffla-t-elle en se levant, je vais payer.
...elle n'a pas dit non, intéressant.
Cody était encore à l'extérieur en train de négocier avec ce Rico, je
présumais qu'il était le propriétaire du club.
Une boule se forma à l'intérieur de mon ventre alors que je voyais les
choses se concrétiser. J'allais bosser dans un club louche, avec des gens
encore plus louches.
Une merveilleuse raison pour acheter cette bombe lacrymogène en forme
de rouge à lèvres que j'avais vu sur Amazon.
Elle était très mignonne.
Je me redressai lorsque je vis Cody revenir sur ses pas, je me levai
lorsque Rox revint.
— Madame la serveuse, s'exclama mon ami, vous commencez ce soir.
Prépare-toi psychologiquement Simones, tu vas en avoir besoin.
Qu'est-ce qu'il est rassurant c'est fou.
...Meuf, tu vas bosser dans ce club ce soir, genre ce soir.
Et puis merde.
_____________
Hey !
Ok that's a surprise ! Cadeau de la sarahcorp parce que vous êtes la
meilleure communauté.
Au passage, les lecteurs qui habitent à alger ou en Algérie en général (hi
besties!) s'il vous plaît restez en sécurité, le feu se propage partout c'est
horrible please please stay safe et faites des dons.
But anyway chile so !
I guess this is the new era...boys Gyals and my non binary pals : l'histoire
va prendre un tout nouveau virage. Et eux aussi.
Did you just say enemies to lovers ?
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram : Sarahrivens
07. Goût fraise

(NDA pré-chapitre : A strawberry taste...)


Iris
22 heures. The box. Ewing. New Jersey.
— Donc tout ce que tu auras à faire c'est de prendre les commandes,
m'expliqua ce Rico alors que je sentais mon cœur battre tellement fort que
j'eus pensé qu'il allait exploser à tout moment, et de les faire monter au
deuxième étage. Tu seras chargée de cette partie du club, les clients se
plaignent de monter et redescendre à chaque fois.
Mon estomac se noua violemment, le deuxième étage.
Sur tous les espaces de ce foutu club, j'allais être responsable de celui que
j'aimais le moins.
Rico m'avait fait la visite, et c'était beaucoup plus grand que ce que je
pensais.
J'avais su qu'il y avait plusieurs sorties, mais seulement deux entrées. La
principale que je connaissais, et une autre derrière le bar qui était interdite
au grand public.
Il y avait les deux étages que je connaissais déjà ainsi que le bar en bas,
Rico m'avait aussi montré les différents bureaux qui était au deuxième
étage, mais les escaliers pour y accéder n'étaient pas les mêmes.
Cela permettait d'avoir une certaine sécurité, personne d'autre que le
personnel ou les contacts de Rico n'avait accès à ces escaliers.
C'était la raison pour laquelle ils m'avaient demandé de rester en bas la
dernière fois.
Parce qu'il y avait tous les bureaux du club, dont celui de Rico qui abritait
forcément beaucoup de merdes dont je ne voulais pas vraiment connaitre
l'existence.
Même si ma curiosité me rongeait.
En parlant de son bureau, il y avait deux autres pièces à côté, l'une était
les vestiaires pour les danseuses et les serveuses, l'autre...il ne me l'avait pas
montré.
C'était juste « privé ».
— Ces trois prochains jours, tu seras aidé et guidé par Jessy, la
serveuse du premier étage. Si tu as des questions, tu peux lui demander,
elle travaille ici depuis presque un an.
Je hochai la tête alors que l'anxiété rendait ma respiration saccadée, la
pression qui formait la boule à l'intérieur de mon ventre me fit grimacer.
Nous étions en ce moment dans son bureau, mon nouveau boss me
souriait avant de coincer son cigare entre ses lèvres fines, il était assez petit
de taille, un léger accent mexicain me confirmait qu'il n'était pas d'ici, son
prénom m'avait déjà mis la puce à l'oreille.
Rico avait plusieurs bijoux en or, ainsi deux dents de devant couverts par
le même métal.
Un crâne rasé et énormément de tatouages.
Un peu comme lui.
Il portait un costume, je me disais qu'il en portait tous les soirs. Peut-être.
— Tu as des questions ?
— Non...non, merci beaucoup.
Il hocha la tête et tira quelque chose de son tiroir, je vis des vêtements
noirs qu'il posa sur la table avant de les glisser vers moi.
— Ce sont tes tenues, deux robes et une combinaison, tâche de les
garder intacts.
Je hochai la tête et récupérai les tenues, une légère grimace aux lèvres.
J'avais l'impression qu'elles étaient trop...osées.
Même trop petites.
— Si tu as un problème avec un client, tu diras à Brandon, le
barman. Si ça part en couilles, demande à l'un des gars de la sécurité.
Il se leva et honnêtement, je ne voyais pas vraiment la différence.
Qu'est-ce que t'es mauvaise meuf.
Je sais pardon, Rico... mais il fait la taille d'un Oompa Loompa lui aussi
là.
Je me pinçai les lèvres pour ne pas rire à mes pensées et me levai à mon
tour, il me serra la main et me sourit avant de me dire :
— Va te changer maintenant, Jessy t'attend pour ce soir.
Je hoquetai de surprise lorsque sa main claqua mes fesses et écarquillai
les yeux alors qu'il sortait de son bureau comme si de rien n'était.
Je grimaçai de dégoût en sortant à mon tour, me dirigeant vers les
vestiaires. J'ouvris la porte et découvris la grande pièce vide...mais
bordélique.
Des vêtements par terre, des sacs pleins de liasses de billets, des talons
plus hauts que la taille de Rico.
Tu vas faire ça encore longtemps ?
Oui.
Il y avait aussi des cigarettes, des bouteilles de champagne, du
maquillage...beaucoup de maquillage.
— Bon, grouille-toi.
Je fermai la porte et enfouis mes affaires à l'intérieur de mon sac, ne
sortant que la robe. Et mes yeux quittèrent presque leurs orbites en voyant
la taille...c'est un t-shirt !
Elle était ridiculement petite, des bretelles aussi fines que mes files
d'écouteurs, et terriblement serrée.
Un rire sarcastique s'échappa de mes lèvres lorsque je constatai qu'elle
était aussi décolletée et comme si ce n'était pas suffisant, elle était
échancrée au milieu de l'une de mes cuisses.
Il est sérieux ?
— ...j'y penserai !
Je me tournai vers la voix féminine derrière moi, mon regard se posa sur
la personne qui venait de pénétrer la pièce.
— Oh tu t'habilles déjà, c'est parfait ! me sourit-elle en s'approchant
de moi, tu dois être la nouvelle.
Son sourire était gigantesque...presque faux.
— Oui, je...je m'appelle Iris, répondis-je en essayant de garder un
minimum d'assurance face à elle alors qu'elle me détaillait ouvertement du
regard.
Jessy était très jolie, une peau brune, des traits fins et des yeux en
amandes, des pommettes très visibles et une mâchoire magnifiquement bien
définie.
Son nez était petit, parfait.
Comme la totalité de son visage.
— Ok super, moi c'est Jessy enfin ça tu le sais déjà, Rico t'a sûrement
parlé de moi !
Oh merde non...pas ce genre de meufs s'il vous plait.
Elle ne manquait pas de détailler mon sac ainsi que mes chaussures puis
son regard se reposa sur moi et elle me dit :
— Je te laisse te préparer je serais au bar avec les mecs ! Rejoins-moi
là-bas ! Oh et au passage, tu devrais mettre un peu d'anticernes, tu en
as besoin.
Elle ne me laissait pas le temps de répondre que je la vis déjà tourner les
talons et claquer la porte, je levai les bras en secouant la tête, encore pleine
d'incompréhension face au comportement de ma nouvelle collègue.
Donc après le Oompa Loompa, nous avons Paris Hilton...qui s'est teint
les cheveux en noir et a un peu forcé sur l'autobronzant.
Je me changeais rapidement, et difficilement, même avec ma taille fine,
cette robe était importable. Elle était tellement serrée que j'avais peur de la
déchirer.
C'était un bout de tissu qui m'arrivait presque au ras des fesses, le
décolleté ne faisait pas vulgaire. Et heureusement.
Je relâchai mes cheveux bruns pour couvrir la peau de mon cou et ma
poitrine, ça servait d'avoir les cheveux longs.
Ces derniers m'arrivaient jusqu'au milieu du dos, ma mère les préférait
courts, mais.
Je les adorais comme ils étaient.
De toute façon, ma mère n'aimera jamais ce que j'aime chez moi.
...je devrais mettre de l'anticernes ?
J'inspectai mon visage, ne pensant pas que j'avais particulièrement besoin
de maquillage. Pourquoi elle m'avait dit ça ?
Elle avait une peau parfaite, j'imaginais qu'elle m'avait dit ça parce
qu'elle n'aimait pas les cernes.
J'hydratai mes yeux et me regardai une dernière fois dans le miroir...ok.
Ok Iris, tu peux le faire meuf.
Je serrai les poings et secouai mes mains pour diminuer le stress qui
descendait sur mes doigts en les faisant trembler puis ordonnai à mon
cerveau de faire sortir mon corps de la pièce.
Je fermai la porte derrière moi, et la musique tambourina à l'intérieur de
mes oreilles, si fort qu'elle faisait vibrer mon cerveau.
La lumière rouge rendait la vision plus difficile, je descendais les
escaliers en métal, la main sur la rampe et les yeux vagabondant sur la piste
de danse sous mes pieds.
Plus loin, je croisai le visage de Jessy, elle était au bar. Exactement
comme elle me l'avait dit.
Il y avait deux barmans, Brandon et Jamie, je savais qu'il y avait aussi
quatre ou cinq gardiens. Je ne me rappelle pas de leurs noms ceux-là.
J'arrivais au bar et l'un des barmans me vit, il détailla ma tenue et me
demanda :
— C'est toi la nouvelle c'est ça ? Passe par ici !
— Merci de te concentrer sur ce que je dis, fit sarcastiquement Jessy
en direction du jeune homme.
Jessy me regardait de haut en bas alors que j'essayai de faire baisser ma
robe pour ne pas qu'on voie mon cul en full HD, je passais derrière le bar et
les deux hommes me sourirent.
— Moi c'est Brandon, fit celui qui venait de me parler en souriant, c'est
quoi ton prénom ?
— Ir-
— T'as des clients qui attendent, me coupa Jessy avant de me prendre
la main, tu viens la nouvelle ? Je vais commencer ta formation.
— C'est Iris, lui rappelai-je dans un souffle en la laissant me prendre
avec elle.
Je me faisais bousculer de tous les côtés alors que Jessy me tirait avec
elle vers le deuxième étage. Nous montâmes les marches et mon cœur
tambourinait à l'intérieur de ma poitrine.
Les deux fois où j'étais monté ici, il était là.
Je priais intérieurement pour ne pas le voir, ni même avoir à lui parler.
Putain imagine il va me faire un bordel, ou me faire virer ?
Non non non non putain ! Oh bordel.
Mon estomac se noua alors qu'on arrivait au deuxième étage, très vite
j'inspectais l'espace du regard, cherchant ses yeux.
À chaque fois, je me sentais observé à l'instant où mes pieds se posent
dans ce club.
Mais pas ce soir.
— Bon ! T'as déjà travaillé comme serveuse ?
— O...oui, après le lycée, répondis-je en posant ma main sur mon bras.
— Au moins, je n'aurais pas à te faire les bases, souffla-t-elle en
posant ses mains sur ses hanches, donc ! Bon pour ne rien te cacher Rico
t'a donné cette partie parce que les personnes d'ici sont très
dangereuses, tu sais...
Elle me lança un regard, examinant ma réaction.
Je rêve où elle veut me dissuader ?
— Ce n'est pas grave, répondis-je esquissant un sourire faux, je pense
que je pourrais gérer.
— Si tu le dis, bref.
Elle commença à me montrer les carrés VIP, les tables et leurs numéros
que je devais apprendre rapidement si je voulais me retrouver dans les
commandes.
Avec ma mémoire sélective, c'est bien parti.
Des regards se posaient sur moi, des hommes me souriaient en laissant
leurs yeux dévorer mes jambes et mes cuisses dénudées.
Ils pouvaient avoir l'âge de mon père ces cons.
Plusieurs minutes passèrent et les explications de Jessy commençaient à
se répéter, comme si on bouclait autour des mêmes choses.
Mais pendant tout le long, elle ne semblait pas concentrée avec ses
paroles...son regard était aussi vagabond que le mien.
Comme si elle attendait quelqu'un...ou qu'elle cherchait quelqu'un en
particulier.
— Jessy ? l'interpellai-je après avoir constaté qu'elle s'était tut depuis
trois bonnes minutes, regardant autour d'elle en oubliant complètement mon
existence.
— Ah oui quoi ? me demanda-t-elle rapidement en reprenant ses esprits,
j'en étais où ?
— Les clients, lui dis-je en croisant les bras, tu parlais des clients de
cet étage.
— Oui voilà, les clients sont tous des habitués ici, ils ne changent
jamais de tables alors tu pourras te retrouver, ils commandent le plus
souvent à leurs arrivés, me répéta-t-elle pour la troisième fois, tu n'auras
qu'à prendre les commandes de ceux qui t'appellent où attendre que
ton bipeur sonne pour récupérer les commandes au bar. Brandon et
Jamie t'aideront si c'est nécessaire.
Je hochai la tête en regardant autour de moi, et soudain.
Mon sang se glaça instantanément lorsque je vis un visage familier.
Le motard.
Jacob.
Mais mon cœur venait de s'écraser contre le sol à l'instant où mes yeux
croisèrent ceux qui me hantaient depuis des jours.
Lui.
— Reste ici, je reviens.
Mes yeux quittèrent les siens et je regardai Jessy qui s'approchait d'eux,
le mec d'hier ne m'avait pas lâché du regard, je sentais ses pupilles sur ma
peau.
Alors je décidai de le regarder moi aussi.
Ses yeux regardaient mes jambes, remontant doucement vers mes
cuisses...puis le bas de ma robe...arrivant jusqu'à ma poitrine.
Mes mains se posèrent sur mes cheveux que je ramenai devant pour
cacher mon décolleté et son regard remonta rapidement vers mon visage.
Je vis sa langue toucher l'intérieur de sa joue, faisant légèrement décaler
sa mâchoire sur le côté, sa bouche s'entrouvrit et il esquissa un petit sourire
en secouant lentement la tête.
Je savais qu'il m'insultait intérieurement pour lui avoir gâché la vue.
Je haussai les épaules en guise de réponse et croisai les bras près de ma
poitrine.
Jessy lui parlait, mais il ne semblait pas l'écouter et elle le remarquait.
Elle chercha discrètement où son regard était tout en parlant avec Jacob.
Et là.
Ses yeux noisette croisèrent les miens, et elle comprit pourquoi il n'était
pas concentré avec elle. Les sourcils de ma collège se froncèrent,
contrariée.
Je tournai rapidement la tête, les regards sur moi me gênaient. Je me
sentais soudainement de trop et mal à l'aise.
Mon ventre se noua à l'idée que le mec bizarre dise à Jessy que je l'avais
castré.
Et que donc j'étais violente, ce que je n'étais pas hein...mais Jessy ne
pouvait pas le savoir.
Elle dira à Rico et il allait me virer. Je n'ai même pas bossé une heure.
Oh bordel.
Je devrais m'excuser ?
Jacob me vit aussi, et fronça les sourcils en souriant avant de se retourner
vers le mec qui me fixait depuis son arrivée, je le vis s'approcher de lui et
lui murmurer quelque chose près de son oreille.
Le mec n'avait pas lâché mon regard, et ses lèvres s'étirèrent une nouvelle
fois.
Putain qu'est-ce qui se passe ? Il me fout la trouille !
— La nouvelle ! m'interpella Jessy en s'approchant de moi, une chose
aussi. C'est interdit de faire copain-copain avec les clients, tu m'entends
?
Soudainement plus agressive, Jessy me lança un regard noir en terminant
sa phrase et je hochai la tête, muette.
— Bon, je te donne ton bipeur, dès qu'il sonne descend en bas
récupérer les commandes, m'ordonna-t-elle en me donnant brusquement
mon bipeur, si tu as des questions descends me voir. Encore une fois, pas
de rapprochement avec les clients la nouvelle.
— C'est Iris, répétai-je plus agacé.
Elle me regarda un instant puis haussa les épaules avant de tourner les
talons. Je la vis s'arrêter près de Jacob et du mec bizarre, le motard dit
quelque chose et elle ria en posant sa main sur le torse du mec bizarre avant
de me lancer un regard.
Laissant ma bouche s'entrouvrir à l'instant où je compris son petit jeu.
Le mec lui plait forcément, c'est pour ça qu'elle est devenue comme ça !
Quelle conne.
Je n'avais pas remarqué que mes yeux étaient encore sur la main de Jessy
jusqu'à ce qu'une main tatouée enveloppa son poignet.
Mon regard se releva vers lui et il enleva la main de Jessy de son torse
sans me lâcher du regard.
Puis il incurva un coin de ses lèvres.
Oh putain il fait vraiment chaud...ou c'est juste moi ?
Je sursautai lorsque le bipeur vibra et sonna à l'intérieur de ma main.
Ok iris. À toi de jouer.
Jessy descendit et je la suivis pour aller au bar, Brandon me fit un signe
de la main et je passai derrière le bar.
— Table 3, me dit-il en me donnant un plateau avec des verres remplis,
essaie de ne pas te faire bousculer par les gens surtout.
J'hochai la tête et lui rendit son sourire et tenais fermement le plateau
avant de reculer puis quitter le bar en direction des escaliers.
Je priais intérieurement pour ne pas faire tomber les verres non seulement
à cause des gens qui semblaient s'en foutre totalement de moi.
Mais aussi mes talons qui ne m'aidaient pas à garder l'équilibre.
Tu vas te ramasser comme une merde meuf.
Je sais putain dis pas ça je vais stresser encore plus.
—Pardon...excusez-moi...désolé...merci...pardon...
Je n'avais jamais utilisé autant de formules de politesse en si peu de
temps.
Mais j'étais très fière de moi lorsque j'arrivais au deuxième étage avec les
commandes intactes.
Du regard, je cherchais la table trois que je retrouvais sans beaucoup de
difficulté étant donné qu'il y avait les numéros collés contre les pieds
centraux des tables.
— Bonsoir, commençai-je en arrivant près d'un groupe d'hommes qui
fumaient en regardant mon décolleté, voilà vos commandes.
— Merci bébé, fit l'un d'eux en me souriant et regardant ouvertement
l'ouverture de ma robe.
J'acquiesçai et mon bipeur sonna une nouvelle fois. Putain, c'était
vraiment parti pour une séance de cardio.
Je redescendais à toute vitesse, mes talons commençaient déjà à me faire
mal et ma vision devenait de plus en plus fatiguée à cause des néons rouges
qui aidaient les plus défoncés à l'être encore davantage.
Mon téléphone vibra entre mes seins où je l'avais caché, je savais déjà
que c'était Rox.
Mais malheureusement, j'étais incapable de lui répondre pour le moment.
— Table 2, m'informa Jamie le deuxième barman en me tendant un
plateau plus rempli cette fois, moi c'est Jamie.
— Iris, répondis-je en lui rendant son sourire avant de prendre le plateau.
Je revenais sur mes pas et j'avais sentis qu'il y avait du monde un peu
plus chaque minute, putain comment j'avais fait pour ne pas connaitre ce
lieu ?
Ewing entière est ici !
...alors ça je crois pas.
J'arrivais difficilement à l'étage à cause des personnes sur les escaliers et
je n'avais même pas encore déposé le plateau que déjà mon bipeur sonna
une nouvelle fois.
Génial.
— Bonsoir, soufflai-je en arrivant près de la table en question.
Le nombre de personnes expliquait le nombre de commandes, ils étaient
dix.
— Merci ma belle, lâcha une des filles en posant sa main sur la mienne
alors que ses yeux plongeaient sur ma poitrine.
J'enlevai rapidement ma main et souriais avant de m'en aller vite au bar,
le cœur battant à la chamade.
Je détestais les contacts physiques avec les gens que je ne connaissais
pas.
Mais il t'a touché lui non ?
C'est pas pareil.
D'ailleurs, la chair de poule enveloppait ma peau à chaque fois que je
montai à l'étage.
Je sentais son regard sur mon dos, mais je ne pouvais pas chercher ses
yeux.
Trop occupé à garder ma concentration sur où je marchais pour ne pas
me ramasser comme la merde que j'étais.
J'ai envie de faire pipi en plus.
J'avais droit à 30 minutes de pause, mon shift allait se terminer à 2 heures
du matin.
Ça promettait d'être très...très long.
— Iris ! Table 6 ! Me dit Brandon en me donnant un plateau ne
contenant que trois verres.
Ça change des 18 verres et trois bouteilles par table.
— Ça va là-haut ? M'interrogea-t-il en me souriant, tu t'en sors ?
— Pour l'instant oui, répondis-je en étirant mes lèvres.
Il hocha la tête et repartit vers les autres commandes et je fis de même
avec les miens.
Mes jambes montèrent pour millième fois ces marches et je cherchais du
regard la table 6.
Mon souffle se rompit brutalement lorsque je vis qui était en possession
de cette table.
Jacob, le motard.
Oh merde.
Assis avec un autre mec que je n'avais jamais vu, ce dernier avait le crâne
rasé et un tatouage au visage. Ils avaient l'air proches.
L'inconnu passa sa main sur les épaules de Jacob et il ne m'en fallut pas
plus pour comprendre que ça devait être son copain.
C'était mignon.
Mais alors que je m'avançai vers eux, quelqu'un me bouscula violemment
et je hoquetai d'effroi lorsque le plateau tomba à terre.
Et les boissons se retrouvèrent directement contre une chemise blanche à
côté de moi.
Mes yeux s'écarquillèrent et ma bouche s'ouvrit, mon visage perdit toutes
ses couleurs lorsque mes yeux virent à qui appartenait cette chemise.
La tête baissée sur la tâche qu'il avait, son index et son pouce
emprisonnèrent le tissu pour le garder loin de sa peau, sa tête se releva en
ma direction et ses cheveux couvrirent une partie de ses yeux.
Mais j'étais sûr qu'ils étaient en train de tuer du regard.
— Je suis désolé, je suis désolé...oh merde...
Je récupérai du papier sur une des tables et tentai d'essuyer sa chemise,
sous son regard obscur.
Le cœur battant si vite que je crus qu'il allait exploser et les jambes aussi
tremblotantes que l'entièreté de mon corps.
— Je suis désolé, répétai-je encore sans le regarder, c'est un accident je
vous le promets.
Je relevai difficilement la tête vers lui, une grimace sur les lèvres et les
yeux légèrement plissés.
Redoutant le moment où j'allais me faire hurler dessus par la personne
que j'avais castré la veille et à qui j'avais tâché la chemise le lendemain.
Génial putain.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
« TU ES STUPIDE IRIS »
— Qu'est-ce que tu as fait la nouvelle ? s'exclama une voix féminine
derrière moi.
Je tournai la tête et vis Jessy, les yeux écarquillés vers le mec.
— Oh putain ! Est-ce que ça va ? Merde elle est nouvelle, viens avec
moi on va laver ta chemise-
— C'est elle qui la lavera, déclara-t-il en me faisant rater un battement.
Quoi ?
— Quoi ? répliqua-t-elle en le regardant d'un air ahuri.
Il lui lança un regard noir qu'elle me rendit, me mettant trois fois plus mal
à l'aise et terrifié à l'idée de perdre mon job.
— Je suis tellement désolé, dis-je à Jessy, c'était un accident.
— Putain tu dois faire attention, on n'a pas besoin d'une serveuse
avec deux pieds gauches.
— Elle t'a dit que c'était un accident, appelle quelqu'un pour
nettoyer cette merde et retournes en bas, cracha le mec en lui lançant un
regard dur, toi suis-moi.
La fin de sa phrase m'était destinée.
— O....oui.
Je regardai les gens autour et personne ne semblait s'être préoccupé de ce
qui venait de se produire juste sous leurs yeux.
Tous semblaient être ailleurs, ou peut-être était-ce le manque de lumière
qui m'avait aidé à passer inaperçue.
Tous...sauf Jacob. Lui regardait la scène de prés.
Très près.
Je hoquetai de surprise lorsque je le vis entrer à l'intérieur des toilettes
pour femmes où étaient déjà un groupe de trois filles.
— Sortez. Maintenant.
J'écarquillai les yeux en même temps qu'elles et les virent quitter la pièce
sans poser ne serait-ce qu'une seule question.
Wow.
Je le vis pousser brutalement les portes des cabines de toilettes pour
s'assurer qu'il n'y avait personne avant de se tourner vers moi.
— Enfin seuls...
— Je suis désolé...c'était un accident je-
— Je sais, c'est moi qui ai demandé au mec de te pousser en ma
direction, me dit-il naturellement alors que je venais de sentir mon cœur
rater un battement.
Mes sourcils se haussèrent et je le regardai avant de demander d'un ton
hébété :
— Pourquoi...pourquoi vous avez fait ça ?
Je le vis s'approcher de moi, déboutonnant lentement sa chemise alors
que je reculai jusqu'à heurter mon dos contre la porte, les yeux écarquillés.
Mon cœur tremblait et je me sentais prise au piège. Il avait fait ça pour
me faire payer j'en étais certaine.
Il voulait se venger.
— Parce que...j'avais besoin d'un autre tête à tête, murmura-t-il près
de mon visage alors que sa main verrouillait la porte, le premier était
assez...violent.
Assez violent pour tes couilles oui je suis d'accord.
Sentir sa main aussi près de moi me fit frémir, il recula en continuant à
déboutonner sa chemise puis mon souffle se coupa lorsqu'il l'ôta de son
corps.
Oh bordel.
...Ça, tu peux le dire...miam.
Son dos était la plus belle chose qui m'était donné de voir, comme
l'intégralité du haut de son corps tatoué, ses muscles paraissaient encore
plus tracés à cause de la lumière rouge sang des toilettes tout comme ses
veines sur ses bras.
Non son corps est vraiment impressionnant par contre.
Il avait énormément de tatouages, sur les bras, le ventre, le haut de son
torse, sur sa clavicule et ses côtes ainsi que les deux côtés de sa ceinture
d'apollon.
Incroyable.
— Tu vois, je ne suis pas égoïste, je te laisse me mater, moi.
Je relevai rapidement la tête vers lui, son sourire au coin me fit secouer la
tête.
Je m'approchai de lui et tendis la main pour récupérer la chemise qu'il me
donna sans me lâcher du regard.
Je sentais mes mains trembler légèrement à cause de la peur ou bien de
l'excitation d'être dans cette même pièce que lui.
Le miroir me permettait de regarder son reflet me fixer, adossé contre
l'une des portes des cabines de toilettes.
— Je ne savais pas qu'une fille dans ton genre pouvait travailler ici,
me dit-il sans manquer de regarder mon cul ouvertement, la tête inclinée le
côté avec ce même air insolent.
— C'est quoi, une fille dans mon genre ? l'interrogeai-je en regardant
son reflet par le miroir.
Il releva son regard vers moi et me fixa avant de répondre dans un
murmure que j'arrivais à entendre :
— Innocente.
Mon regard qui s'était verrouillé au sien m'empêchait de lui répondre.
Comme si nous étions dans une bulle, la musique était étouffée comme les
voix à l'extérieur.
Putain Iris reprends-toi.
Mes mains frottaient la chemise et je me reconcentrai dessus en mettant
du savon.
— Je ne le suis pas, rétorquai-je en essayant de lui enlever cette image
qu'il avait de moi dans sa tête.
Innocente ? Moi ? Je ne pense pas ? Peut-être ?
— Ah oui ?
Sa voix me fit une nouvelle fois lever les yeux vers lui alors qu'il se
redressa, mon cœur qui battait déjà vite redoubla sa vitesse lorsque son
corps commençait à s'avancer en ma direction.
Je frémis lorsque je sentais son corps à moitié nu très près du mien, me
déconcentrant dans ma tâche que je terminai vite avant d'arrêter l'eau.
Par instinct, je me tournai et me mis face à lui.
Ses yeux se posèrent sur mon visage alors que je murmurai à mon tour :
— Pourquoi je suis ici ?
— Je me demande quel goût ont tes lèvres, murmura-t-il comme si je
n'avais pas posé de questions.
Une décharge électrique parcourut ma colonne vertébrale à l'entente de sa
pensée qu'il dit un peu trop fort.
— Le...chewing-gum à la fraise, répondis-je naturellement en regardant
ses lèvres entrouvertes.
Ses yeux remontèrent vers mon visage et il esquissa un petit sourire.
— De la fraise...
Il me regardait alors qu'il venait de répéter ma réponse, puis murmurait :
— Tu es si innocente...
Je fronçais les sourcils face à son petit sourire moqueur puis, ses yeux
revinrent sur mes lèvres et il me demanda doucement :
— Est-ce que je peux confirmer ça ?
Oh putain de bordel de merde.
OH PUTAIN DE BORDEL DE MERDE.
Mon cœur venait de rater un unième battement alors que mon souffle se
coupa face à sa question.
Je sentais une explosion à l'intérieur de mon ventre alors que ses yeux me
fixèrent dans l'attente d'une réponse.
Putain Iris qu'est-ce que tu fous ? EMBRASSE-LE.
NON C'EST UN INCONNU TERRIFIANT.
MAIS PUTAIN DE BEAU T'ATTENDS QUOI ?
En déglutissant, je hochai la tête lentement.
Je me sentais tellement intimidé par son corps imposant et sa beauté qu'il
m'était impossible de me dire que ce gars-là voulait m'embrasser.
Il pouvait avoir mieux que moi.
— J'ai besoin de tes mots, princesse.
— Ne m'appelle pas comme ça, murmurai-je alors que je sentais la
colère monter en moi, mais ne dépassant pas mon envie de l'embrasser.
Son visage se rapprochait du mien, ses lèvres frôlaient les miennes, mais
il reculait à chaque fois :
— Tu ne peux pas faire une exception pour cette fois ?
Mes yeux remontèrent vers les siens alors qu'il gardait la bouche
entrouverte, aussi avide que moi.
La lumière rouge sur son visage le rendait encore plus diabolique,
l'atmosphère était lourde, nos deux corps se réchauffaient par les mots qu'on
se disait.
Ses deux mains se posèrent sur chaque côté du lavabo, tout près de mes
hanches. M'emprisonnant presque, ne pouvant échapper à cette tentation
que je sentais beaucoup trop lourde.
Dépassant ma raison.
— Tu me laisses confirmer, princesse ? répéta-t-il d'une faible voix
avide.
Mon cœur tambourinait, mes veines tremblaient comme l'entièreté de
mon corps alors que je murmurais :
— Oui.
Un petit sourire incurva ses lèvres et il se rapprocha de moi, je sentais
mon cœur bientôt sortir de ma cage thoracique et mes yeux se fermèrent à
l'instant où ses lèvres brûlantes rencontrèrent les miennes pour la première
fois.
Alourdissant sa respiration et la mienne à cet instant.
Créant une explosion de picotement à l'intérieur de mon ventre.
Je me perdais face à ses lèvres chaudes ainsi que son contact hargneux,
ses grandes mains pressèrent mes hanches alors qu'il rapprocha son corps
du mien, je me sentis être soulevé sur le lavabo et très vite, le baiser
s'approfondit.
Devenant plus avide...plus bestial.
Il écarta mes cuisses brutalement et se positionna entre elles alors que ses
dents tirèrent sur ma lèvre, j'ouvris la bouche et laissai sa langue rencontrer
la mienne.
Ses mains glissèrent de mes hanches jusqu'à ma taille et mon souffle se
rompit en sentant une bosse contre mon intimité.
Oh putain.
Mes doigts se posèrent sur sa mâchoire alors qu'il m'embrassait encore
plus hargneusement, voulant dominer ce baiser, et un souffle bruyant quitta
mes lèvres et s'étouffa lorsque je sentis ses doigts enrouler mon cou.
— Est-ce que je peux faire ça ?
Ses doigts se pressèrent davantage contre mon cou et je me sentis
défaillir, je hochai la tête en guise de réponse, mais il reprit :
— Tes mots, princesse.
— ...oui.
— Parfait.
Sans perdre une seconde, il s'attaqua une nouvelle fois à mes lèvres, plus
brutalement. Mes mains se posèrent sur sa nuque alors que ses doigts
pressèrent ma gorge.
L'euphorie me montait au cerveau et mon corps s'enflammait face a lui.
Sa langue valsait sensuellement avec la mienne, ne me laissant aucun
contrôle sur mes envies et mes pulsions envers ce mec qui puait la luxure.
Un goût de terreur et d'envie, mes veines frémissaient à chaque fois que
ses lèvres touchaient les miennes, à chaque fois que sa respiration
s'entendait.
Que son souffle s'écrasait contre ma peau.
C'était déviant, interdit.
Interdit.
— Interdit, murmurai-je rapidement en rompant notre contact, c'est
interdit.
Putain de merde. C'était interdit.
Il me regarda un instant, un sourire se dessina sur ses lèvres puis il
répondit en prenant sa chemise mouillée du lavabo :
— Peut-être, mais...j'aime beaucoup les choses interdites.
Il recula et posa sa chemise sur son épaule en s'approchant de la porte
d'entrée et déclara en me regardant par-dessus son épaule :
— Prends ça comme une manière de t'excuser pour le coup que tu
m'as mis aux couilles, et au passage.
J'entendis le clic du verrou, signe qu'il avait déverrouillé la porte alors
que je descendais rapidement du lavabo alors que mes sourcils se froncèrent
d'agacement face au baiser qu'il venait de prendre comme excuse de ma
part.
— Tes lèvres sont délicieuses, princesse.
_____________
Hey !
NOT ME WRITING THIS WHILE SHAKING YOU GUYS.
SHE KISSED- HE KISSED- GOOD BYE THEY KISSED-
OMGGGGGGGGGGG IM EXCITED AS A MF !
Si vous pensez que c'est trop tôt...ça ne l'est pas. Tout ce passe comme
prévu.

❤️
A très bientôt pour un nouveau chapitre.
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : Sarahrivens
08. Numéro dangereux

Iris
Quatre heures du matin. Appartement d'Iris. Ewing.
« Prends ça comme une manière de t'excuser pour le coup que tu m'as
mis aux couilles »
Enfoiré.
J'avais terminé mon service il y avait de ça deux heures, et j'étais rentré
depuis maintenant une heure.
En route, j'avais appelé Rox, pour la rassurer. Alors que mon cœur battait
encore à la chamade à cause de ce qui s'était passé.
Ma main se porta doucement sur mon cou alors que je pouvais encore
sentir ses doigts autour, sa peau brûlante tellement près de la mienne et ses
lèvres dévorant ma bouche comme si j'étais son festin.
C'était interdit.
Interdis de ressentir autant d'attirance physique pour un inconnu.
Et putain ce n'était pas de mes habitudes de me laisser faire par les
hommes.
Encore moins des hommes que je ne connaissais pas.
— Eh bah putain Rufus, murmurai-je à mon animal en regardant le
plafond au-dessus de ma tête, je ne m'attendais pas à ça.
Et c'était vrai.
Je m'attendais à ce qu'il me fasse un bordel pour lui avoir brisé les
couilles la dernière fois, mais il n'avait rien fait.
Non...il avait pris ce baiser pour des excuses, et l'insolence de son sourire
m'avait fait fulminer toute la soirée.
Ce bouffon ne s'est pas excusé pour m'avoir foutu la trouille de ma vie,
par contre il a pris ce bisou pour des excuses.
« Prends ça comme une manière de t'excuser pour le coup que tu m'as
mis aux couilles »
Cette phrase qui tournait en boucle dans ma tête me fit froncer les
sourcils d'agacement, ce ton hautain qu'il avait pris fit chauffer mes nerfs
pour la centième fois dès l'instant où je m'en rappelais.
D'où j'allais m'excuser déjà ? Qui lui avait dit que je voulais le faire ?
Mais ce n'était pas juste ça non, en vérité, j'étais énervé toute la soirée
parce que son sourire ne l'avait pas quitté.
Et ma peur que Jessy se rende compte de ce qu'on avait fait aux toilettes
alors qu'elle m'avait clairement dit quelques minutes plutôt que c'était
interdit n'était que plus grande chaque seconde.
Je me sentais en position de faiblesse, et j'avais l'impression qu'il tenait
mon poste entre ses lèvres.
Il ne lui suffisait que de dire quelques mots et me voilà viré.
Et pour encore plus de fun parce que ce n'était pas assez drôle, mon
cerveau me murmurait qu'il pouvait maintenant me faire du chantage, parce
que contrairement à moi, il n'avait rien à perdre.
Mes poings se serrèrent et ma mâchoire se contracta alors que mon
ventre se nouait violemment.
Quel enfoiré.
— Je dois le dire à Rox, je ne peux pas garder le secret plus
longtemps.
Mais qu'est-ce que j'allais lui dire ? Qu'un inconnu m'avait sauvagement
embrassé dans les toilettes du club parce que je lui avais taché sa chemise ?
Une tâche qu'il a lui-même voulu avoir en demandant à un mec de me
bousculer ?
Tout ça pour avoir une autre tête à tête avec moi parce que le premier
qu'on avait eu lui a valu un coup dans les couilles au lac ?
Le lac où j'étais censé être seule ?
Je secouai la tête en grimaçant et me dis à moi-même :
— On va éviter d'en parler pour l'instant.
Très bon choix.
— Bonne nuit, Rufus, murmurai-je en me tournant sur côté et en
fermant les yeux.
S'il te plait cerveau, laisse-moi rêver de ce qui s'est passé...en boucle, et
fait moi oublier les conséquences.
Juste cette nuit.
°°°°
Trois semaines plus tard. L'université d'Ewing. New Jersey. 14 heures.
— Je vous demanderai de m'envoyer vos devoirs avant ce mardi, à
minuit.
Je me levai de mon siège en même que les autres élèves, que je
connaissais pour la plupart.
Je ramassai mes affaires en écoutant Rox se plaindre de son téléphone.
Nous avions repris les cours depuis plus d'une semaine maintenant, et
Dieu savait à quel point ça ne m'avait pas manqué.
Les cours, les élèves cons, les profs, le stress des examens finaux.
Mais mon nouvel emploi du temps n'était pas très chargé, c'était la
dernière année et il n'y avait pas beaucoup de modules.
Heureusement d'ailleurs.
— Où est Cody ?
— Sûrement à l'atelier, il a un devoir à rendre demain, l'informai-je
en quittant l'amphi, je crève la dalle.
— Moi aussi, on va manger ? Ou tu aimerais qu'on attende Cody ?
Je lui lançai un regard malicieux et ses yeux me fusillèrent avant de
déclarer :
— Tu vas faire ça encore longtemps ?
— Jusqu'à ce que tu me dises ce que j'aimerais entendre, répondis-je
en souriant.
— Tu travailles ce soir ?
Je hochai la tête, j'avais gardé ce boulot au final. J'avais des pourboires
chaque soirée et ça m'aidait grandement à payer ma dette avec ma mère.
De plus, depuis cette fameuse soirée, le bouffon n'était plus revenu.
Pas même une seule fois, il avait complètement disparu du club.
Ni lui, ni Jacob, ni même le supposé copain de Jacob.
Trois semaines qui m'avaient aidé à oublier ce qui s'était passé, et ne plus
avoir à m'inquiéter des conséquences...surtout si Jessy l'apprenne.
D'ailleurs en parlant de Paris Hilton goût caramel, ces trois dernières
semaines ne m'avaient que prouvé qu'elle bavait sur le bouffon.
Elle était tout le temps frustrée, son cerveau qui fonctionnait à peine ne
fonctionnait plus, me demandant chaque soir si l'un d'eux était là.
Brandon et Jamie étaient toujours aussi gentils avec moi comparé à elle,
je me disais qu'elle voulait peut-être travaillait au deuxième étage et qu'elle
me prenait comme une menace parce que c'était moi qui travaillais là-bas.
Enfin, c'était ce que m'avait aussi dit Rox quand je lui racontais mes
histoires avec Jessy.
Elle avait d'ailleurs essayé de saboter mes commandes une fois.
Pétasse.
— ...Simones est de retour en ville on dirait.
Je levai les yeux au ciel dès l'entente de cette voix, un autre bouffon de
ma classe.
Avec ces bouffons de potes.
L'université d'Ewing était comme un lycée géant, avec des cons
immatures qui passaient leurs journées à dormir et à se foutre de la gueule
des autres élèves.
Ce n'était pas une fac très réputé, et la plupart des élèves se connaissaient.
C'était une petite ville, rien d'étonnant.
— Tyler si tu t'occupais un peu de ton cul ça serait génial, lâchai-je en
continuant mon chemin.
— Je préfère m'occuper du tien, ria-t-il avec ses potes.
Un sourire étira un coin de mes lèvres, il est temps de casser l'ego fragile
de monsieur.
— Même ça tu n'as pas su le faire.
Ses amis s'esclaffèrent et il fronça les sourcils d'agacement, son sourire
avait disparu et le mien commençait à étirer davantage mes lèvres puis je
l'entendis me dire sèchement :
— Ne fait pas la meuf avec moi Simones alors que je t'ai parlé
seulement pour ton corps.
Oh le pauvre.
Je fis mine d'être profondément blessé par ses paroles, dramatiquement,
ma main se porta sur ma poitrine alors que je répondis d'une voix
faussement triste au départ :
— Mais...mais, bafouillai-je faussement avant de prendre un ton et une
expression plus sérieuse en inclinant le tete sur le côté, pourtant...je
m'étais épilé ce soir-là, qui d'entre nous deux a utilisé l'autre, Tyler ?
Je lui montrai mes deux majeures et Rox pouffa de rire lorsqu'il dit
rageusement :
— Va te faire foutre.
J'affichais mon plus grand sourire et répliquai d'un ton assez fort en
tournant les talons :
— Sûrement pas par toi !
Ah l'université de cette ville est mon terrain de jeu à cause des étudiants
aussi cons que des cailloux.
Je fronçai les sourcils d'interrogation en voyant une voiture de police
stationnée au parking de la fac, Rox m'avait dit qu'une élève était portée
disparue depuis une semaine et demie.
Et ce n'était pas la première disparition.
Depuis la mort de Jack, il y avait eu plusieurs autres disparitions de ce
genre, trois autres pour être plus précises.
De quoi alarmer les autorités qui avaient demandé aux policiers de se
concentrer sur la ville et de rester très vigilant.
Et qui m'avais rendue anxieuse à l'idée qu'un tueur puisse errer dans les
rues de cette ville pourtant réputée pour être calme.
— Tu m'attends ici ?
Je hochai la tête en regardant Rox partir en direction de l'administration,
je m'assis sur l'herbe et mon téléphone sonna.
J'expirai lourdement en regardant le nom de Rico s'afficher sur mon
écran.
— Oui ?
— Iris ! Salut, tu es occupé ?
— Euh non, pourquoi qu'est-ce qu'il y a ?
— J'ai besoin que tu remplaces Jessy ce soir, elle est malade et elle ne
peut pas venir. Il faut que tu viennes préparer le club avant l'ouverture,
m'annonça-t-il simplement.
Je fermai les yeux et me pinçai l'arête du nez. Génial.
— Mais tu termineras ton service à minuit, et tu seras payé pour les
taches supplémentaires, me rassura mon boss, tu dois être au club à 19
heures.
Tout ce que j'avais entendu était « tu termineras à minuit ».
Mon sourire s'afficha rapidement sur mes lèvres, j'avais besoin de dormir
en plus.
— Ça marche, j'y serais.
Rico raccrocha et j'en profitais pour répondre à Théa qui m'avait envoyé
un message ce matin.
De Théa Brooker :
Coucou Iris ! Depuis que t'es parti maman a verrouillé ta chambre et je
veux dormir dans ton lit :( tu pourrais m'aider à faire en sortes qu'elle
m'ouvre ? Bisou !
A Théa Brooker :
Salut princesse ! Tu peux lui dire que je t'ai demandé de vérifier si je
n'ai rien oublié, elle t'ouvrira ! Bisou !
Un flash me fit lever la tête et le petit sourire de Cody étira mes lèvres, je
le vis regarder son appareil photo et me dit :
— Depuis le temps que je n'ai pas utilisé mon appareil photo ! Où est
Rider ?
Ouh la la l'un cherche après l'autre...
— L'administration ! L'informai-je avec un sourire malicieux.
— Non Iris, crois-moi, je peux avoir le béguin pour toi, mais
certainement pas pour elle.
— Oui oui aller, à d'autres Cody, pas à moi.
Il leva les yeux au ciel et secoua la tête en souriant avant de s'asseoir sur
l'herbe à mes côtés, je regardais autour, la fac se remplissait un peu plus
chaque année, un peu comme la ville qui était de plus en plus connue.
Peut-être à cause de ce qui se passait en ce moment.
Ou peut-être pas.
°°°°
18 heures 45. Parking du Box. Ewing.
— Ouais j'y suis, lâchai-je en quittant mon véhicule, t'inquiètes pas
Rico je ne vais pas brûler ton club.
— J'espère ma petite, ce club c'est toute ma vie !
Je secouai la tête en souriant et raccrochai en m'avançant vers le bâtiment
où se trouvait le club.
Il faisait encore jour dehors, j'avais l'habitude de venir ici pendant la
soirée.
Et vers 21 heures, le monde commençait déjà à arriver alors je devais à
chaque fois passer par la deuxième entrée qui était de l'autre côté du
bâtiment.
Je descendais les marches rouges et toquai contre la porte principale. Je
ne me rappelais pas de ce foutu code et j'espérais que Dan le videur n'allait
pas me faire chier.
— On ouvre dans deux heures, fit sa voix de l'autre côté de la porte.
— Ouvre, c'est Iris, lâchai-je en levant les yeux au ciel.
— Iris ?
Il ouvrit la porte à moitié et j'entrai en sentant qu'il n'avait pas envie de
dégager son corps de la porte, mes nerfs chauffèrent mais j'arrivais à passer
tandis qu'il me lança un regard interrogateur sans refermer la porte.
Il semblait...stressé.
— Ton service com-
— Je remplace Jessy, l'informai-je sèchement en allumant les lumières
rouges des différentes salles du club, il n'y a personne ?
— Euh-
Une porte qui s'ouvrit me fit tourner la tête, et je venais de sentir mon
corps se geler à l'instant où mes yeux croisèrent une silhouette que je
reconnus.
Venant tout juste de sortir de la pièce « privé ».
Ma bouche s'entrouvrit et je le vis ralentir le rythme de ses mains qu'il
essuyait avec un torchon noir. Semblant lui aussi surpris de me voir.
Mon cœur battait à la chamade et je fis mine de ne pas m'intéresser à sa
présence même si mon cerveau bourdonnait de questions.
Putain il est revenu ?
Qu'est-ce qu'il fout ici à cette heure ?
Pourquoi il était dans cette pièce ?
C'est censé être « privé » ?
— Je t'avais demandé de ne laisser personne entrer, cracha-t-il
violemment en direction de Dan.
Je fronçai les sourcils d'agacement, mais pour qui il se prenait ce bouffon
?
— Je travaille ici et mon boss m'a demandé d'être ici à 19 heures,
répondis-je à mon tour en descendant les marches.
Il ne répondit rien, ne laissant que sa mâchoire se contracter pour me
montrer son énervement.
Je traversai la piste de dance et m'avançai vers les escaliers qui menaient
à l'étage où il était encore, montant les marches et faisant le seul bruit
autour de nous.
Arrivé à sa hauteur, son corps ne voulait pas bouger, me barrant la route.
— Je peux passer ?
Sans dire un mot, ses yeux me transperçaient alors qu'il se dégageait
lentement de mon chemin.
Je sentais son regard sur mon dos tandis que mes pas me guidèrent
jusqu'aux vestiaires vides et bien rangés.
Merci aux agents de nettoyage parce que le soir c'est juste un énorme
bordel à l'intérieur.
J'entendais l'écho de sa voix parler, mais la porte étant fermée, je ne
pouvais rien comprendre.
Je me changeais rapidement et enfouis mes affaires à l'intérieur de mon
sac.
J'avais déjà fait l'ouverture, les taches n'étaient pas vraiment chiantes,
j'avais surtout besoin de force physique pour déplacer les meubles.
Et de force mentale pour ne pas penser à lui qui était là.
Putain il est là meuf.
OUI JE SAIS.
Trois semaines qu'il n'avait pas donné signe de vie, maintenant c'était la
première personne que je croise.
D'ailleurs qu'est-ce qu'il faisait ici ? Cette partie de l'étage n'était pas
réservée aux clients.
Ce n'était certainement pas un client comme les autres, je supposais qu'il
avait un lien particulier avec Rico, ce dernier aimait beaucoup satisfaire ses
clients les plus importants.
Je me demandais ce qu'il avait d'aussi important aux yeux de Rico pour
avoir cet avantage.
Ne fouine pas trop meuf...c'est pas ouf d'être trop curieuse ici.
Je sais...mais je veux savoir.
Je quittai les vestiaires et fronçai les sourcils en le voyant se servir au bar,
mes yeux cherchaient du regard Dan, mais je ne le vis pas à l'entrée.
Je m'avançai vers les escaliers, mes talons claquaient contre les marches
en fer, le regard rivé sur lui comme il le faisait sur moi tout en buvant
l'alcool qu'il venait de prendre.
Il a le droit de faire ça ?
Mêle-toi de ton cul Iris je te préviens si tu-
— Le bar n'ouvre pas avant 21 heures, l'informai-je en commençant
par faire descendre les chaises du comptoir du bar.
T'es la reine des putes.
T'inquiètes je gère.
Ses yeux se posèrent sur mon cou et reluquèrent ma robe sans prêter
attention à ce que je venais de dire, me faisant froncer les sourcils.
— Si tu veux garder mon attention, princesse, ce n'est sûrement pas
avec cette robe.
— Je vous ai déjà dit de ne plus m'appeler comme ça, grinçai-je en
continuant ma tache.
— Et comment tu aimerais que je t'appelle ?
Je relevai la tête vers lui. Et un sourire étira mes lèvres.
— Appelez-moi par votre prénom, comme ça je pourrais le connaitre.
Il but une nouvelle gorgée en souriant, faisant mine de réfléchir. Mon
cœur battait à la chamade à cause l'attraction que j'éprouvais envers cet
homme qui me terrifiait autant qu'il me donnait envie de lui.
Je le vis prendre un post-it et il écrivait quelque chose, un petit sourire au
coin. Il plia le petit papier avant de le mettre sous la paume de sa main.
Il posa son verre sur le comptoir en se raclant la gorge. Je vis son corps
contourner le meuble en laissant sa main glisser dessus, faisant accélérer
mon rythme cardiaque en entendant ses bagues se frotter lentement contre
le meuble.
Je regardai autour, Dan n'était pas là, et mon ventre se noua davantage.
Mon souffle se faisait de plus en plus irrégulier à l'instant où il arriva près
de moi, sa main qui glissait sur le comptoir toucha la mienne avant de se
lever du meuble, montrant le bout de papier.
Son corps derrière le mien me rendait terriblement nerveuse, un souvenir
de ce qui s'était passé aux toilettes me revint en mémoire.
Puis un frisson se déchargea le long de ma colonne vertébrale lorsque sa
voix masculine susurra près de mon oreille :
— Je m'appelle Kai...mais tu peux m'appeler ce soir.
La chair de poule enveloppa mon épiderme en le sentant s'éloigner après
sa phrase, comme si on venait d'électriser chaque cellule de mon corps qui
faiblissait à cause de sa présence.
— Maintenant que tu connais mon prénom princesse, j'espère que je
pourrais l'entendre de ta bouche...très bientôt.
Oh putain je vais m'évanouir.
Sans me tourner, je savais qu'il était en train de monter les marches pour
partir, j'attendais qu'il quitte les lieux pour me précipiter sur le bout de
papier à côté de ma main.
Mais quelque chose me revint en tête très rapidement à l'instant où il
quitta le club en claquant la porte d'entrée.
Kai.
C'était sûrement lui.
Il sait que c'est une star aux toilettes pour femmes ? Non parce qu'il ne
pouvait pas y avoir plusieurs Kai dans ce club.
À vrai dire, ce prénom ne courrait pas les rues, alors que je supposais que
c'était lui. Et en même temps, c'était sûr.
Mais ça voulait dire qu'il avait déjà baisé des filles à l'intérieur, comme il
m'avait embrassé, ce n'était pas nouveau pour lui, pas original...pas
particulier.
Alors que pour moi, je ne pensais pas avoir autant de courage et aussi peu
de self contrôle avec un inconnu, c'était une première.
J'avais affaire à un joueur on dirait...
Peut-être même qu'il y avait eu quelque chose entre Jessy et lui, ça
pourrait expliquer le comportement de ma collègue envers lui.
Je pense qu'il a sauté toutes les meufs de ce club, et il veut te rajouter
dans son tableau.
C'est triste parce que...je n'aime pas être un trophée.
°°°°
23 heures 45. The Box. Ewing.
La soirée était très chargée, j'avais l'impression d'avoir travaillé deux
jours sans arrêt. Alors que ce n'était que mes heures qui avaient changé.
Je servis mes dernières commandes sous le regard attentif de ce Kai qui
était revenu depuis à peine quelques minutes.
A sa table, il y avait Rico et les deux hommes à ses côtés, mais aucun
signe de Jacob et son présumé copain.
— Iris ! fit la voix de mon boss alors que je déposai la commande que je
venais tout juste de ramener, ramène nos commandes.
Je hochai la tête et souriais aux clients que je venais de servir puis
descendais rapidement à l'étage au-dessous où étaient Brandon et Jamie.
— Rico demande ses boissons, les informai-je en soufflant de fatigue.
— Mais il est sérieux ? Il vient de passer les commandes ! s'exclama
Jamie en fronçant les sourcils.
Je haussai les épaules et jetai à coup d'œil à l'écran de mon téléphone qui
affichait 23 heures 50, plus que dix minutes avant la fin de mon shift.
Les garçons firent passer la commande de Rico en premier et Brandon
me donna le plateau qui je transportai jusqu'en non sans difficulté étant
donné que la marée humaine dans ce club allait m'étouffer.
Je voulais aller au lac, j'avais besoin d'un endroit paisible. Loin du monde
et du bruit.
Juste moi, les étoiles et le silence.
— Messieurs, commençai-je en me penchant pour déposer les
commandes.
Les yeux de Kai plongèrent instantanément sur mon décolleté puis ils
remontèrent sur mes lèvres...et enfin mes yeux.
Je le vis passer le bout de sa langue sur ses lèvres puis il esquissa un petit
sourire que j'ignorais même si mes battements cardiaques prouvaient que
mon corps ne l'ignorait pas du tout.
Mais alors que je me retournai, je sentis la main de Rico claquer mes
fesses comme la toute première fois.
Je hoquetai de surprise et me tournai rapidement vers lui, prête à le
remettre à sa place.
Mais mon souffle se coupa à l'instant où je vis le poing de Kai cogner
violemment la mâchoire de mon boss, les yeux écarquillés et le regard plein
de colère.
Laissant mon hoquet de surprise se transformer en un hoquet d'effroi.
— Ne pose plus jamais tes mains de gros porc sur elle, grinça-t-il en
sortant un flingue et le presser entre ses deux yeux, où je te fais la
promesse de t'exploser toi et tous tes hommes.
J'écarquillai les yeux, mon corps venait de se figer en le regardant pointer
l'arme sur le visage blême de Rico qui saignait de la lèvre.
Ce dernier s'était gelé sur le canapé, ses hommes n'avaient rien fait.
Et j'avais l'impression que tout tournait autour de moi.
— Je m'excuse Iris, fit Rico en gardant ses yeux sur Kai qui l'assassinait
ouvertement du regard.
Son expression me fit froid dans le dos, sa mâchoire était contractée et
ses sourcils étaient froncés, son flingue encore pointé sur le visage de Rico
me fit frémir.
La violence de son geste, les traces du sang de Rico sur ses phalanges,
son visage baignant dans la colère et le mien dans la peur.
— Est-ce qu'on peut reprendre la disc-
— Tu la fermes, cracha-t-il en se levant, la discussion est terminée,
remballe ton merdier je ne veux rien entendre.
Le ton de sa voix me fit trembler, je savais qu'il était en colère. Mais une
partie de moi me murmurait qu'il n'avait pas atteint son niveau de colère.
Qu'il pouvait faire pire.
Et ça, c'était terrifiant.
— M...merci, bégayai-je en le regardant s'éloigner de la table.
— Enfoiré, pesta-t-il comme s'il ne m'avait pas entendu.
Il descendait les marches, et tout de suite gênée, je m'excusais et
m'éloignai vite de la table à mon tour.
Encore complètement terrifiée par l'arme et par ce qui venait de se passer,
mes pas rapides montèrent les escaliers qui menaient aux vestiaires.
Je tremblais comme une dingue en entrant, une danseuse se changeait et
me souriait.
— Ça va ?
— Euh...o...oui oui, ça va, bafouillai-je en passant ma main dans
cheveux et cherchant du regard mon sac.
La panique rendait mes mouvements brusques et rapides, j'enlevai ma
robe et mes talons avant d'enfiler mon jean et mon sweat-shirt sous le
regard perplexe de la danseuse.
— Ralentis tes mouvements Iris, tu vas te casser un membre, blagua-
t-elle en retouchant son maquillage.
Comme Rico qui vient de se faire casser la mâchoire haha.
C'est pas drôle.
J'esquissai un petit sourire forcé, la respiration irrégulière tandis que je
mis mes chaussettes et mes chaussures.
Mes affaires rangées, je fis un petit signe d'au revoir à la danseuse avant
de quitter d'un pas de course les vestiaires.
La peur me prenait aux tripes, son visage tournait en boucle dans ma tête,
comme si maintenant je le sentais comme un réel danger alors qu'il m'avait
défendu.
Il m'avait défendu.
La chose qui m'avait le plus surprise était les hommes de Rico qui
n'avaient pas bougé d'un cil. Ils étaient censés le protéger, mais ils n'avaient
rien fait.
Et les gens autour, ils ne semblaient pas être aussi terrifiés que moi.
Certains avaient vu la scène j'en étais certaine, mais c'était comme si c'était
normal.
Frapper quelqu'un était une chose, mais le menacer avec un putain de
flingue était tout autre.
Comme s'ils étaient beaucoup trop bourrés pour se rendre compte de la
gravité...ou seulement habitués.
— Salut les gars, fis-je à Brandon et Jamie sans attendre leur réponse.
J'avais besoin de sortir d'ici, je voulais juste rentrer chez moi et me sentir
en sécurité loin d'ici.
Parce qu'à présent, ce club venait de me prouver quelque chose que je
refusais de croire.
Son danger.
°°°°
Une heure du matin. Appartement d'Iris. Ewing.
— Et donc tu vois là le Oompa loompa de service me claque le cul
encore et BOOM, le beau mec du club lui fout une droite, racontai-je à
mon animal de compagnie pour essayer de calmer mon angoisse, d'ailleurs
il s'appelle Kai !
« Je m'appelle Kai, mais...tu peux m'appeler ce soir »
J'enlevai mes lentilles de couleur et mon regard se posa sur le petit papier
qui contenait son numéro de téléphone.
— Et il m'a donné son numéro, murmurai-je en sentant mon cœur
tambouriner à une vitesse monstrueuse.
Mes doigts emprisonnèrent le bout de papier et je mémorisai les chiffres,
avec ce qui s'était passé ce soir, je ne voulais pas trop m'approcher de lui.
Cette facilité qu'il avait de menacer la vie d'un autre me glaçait le sang.
Je n'avais jamais été confronté à ce genre de violence, enfin...seulement
dans les films et les séries.
Nouveau traumatisme déverrouillé ?
Non, ça va.
Dommage, on était bien partie...et si on l'appelait ?
— Certainement pas, répondis-je à ma petite voix intérieure qui ne
connaissait pas la définition du danger.
En plus d'être un mec impulsif et trop à l'aise avec les armes, c'était un
joueur qui aimait se faire les filles du club pour son plaisir personnel.
Et je refuse de flatter l'ego des hommes en faisant office de trophée, c'est
embarrassant.
...mais qui te dit qu'il allait t'avoir comme trophée...on peut simplement
jouer un peu, non ?
Il a menacé Rico.
Mais il est terriblement beau.
Mais il est dangereux.
Mais il doit être vachement baisable meuf.
J'inclinai ma tête sur le côté en haussant les sourcils, c'était vrai.
Il avait l'air d'être vachement baisable.
Meuf, il veut t'avoir dans son lit pour te rajouter sur la liste. Imagine la
frustration qu'il va ressentir quand il verra qu'il a perdu.
— Elle est en train de gagner, dis-je à Rufus en parlant de ma voix
diabolique.
En plus, il t'a défendu, c'était terriblement sexy.
Jouer avec un joueur, j'avais déjà fait ça. Les laisser penser qu'ils étaient
si près du but me faisait rire parce qu'au final, ils n'arrivaient jamais à
m'avoir.
Mais avec lui...c'était plus compliqué, parce que d'un côté je voulais le
frustrer à cause de son assurance à deux balles.
Mais de l'autre...je voulais qu'il me possède comme il avait l'intention de
le faire.
Et si je l'appelais, ça signerait le début d'un jeu que j'allais volontairement
accepter.
Un jeu où pour la première fois, je n'étais pas sûr de gagner.
Ce bout de papier entre mes doigts n'attendait plus que je l'enregistre sur
mon téléphone et que je l'appelle.
— Si Rox apprenait tout ce que je faisais derrière son dos, elle allait
m'en vouloir à vie pour lui avoir caché tout ça, déclarai-je en prenant
mon téléphone.
La boule au ventre déverrouillant mon téléphone pour enregistrer son
numéro, je fronçai les sourcils lorsque je vis que Théa m'avait laissé un
message sur ma boite vocale il y avait quelques heures.
J'étais au club, il n'y avait que très peu de réseau.
— Coucou Iris ! J'essaie de t'appeler depuis tout à l'heure, mais je
n'arrive pas à te joindre, fit sa petite voix qui réchauffait mon cœur, le
plan a marché, maman m'a laissé entrer dans ta chambre et devine
quoi ! Il y avait bien un truc que t'avais oublié, j'ai trouvé un collier
que tu as laissé ici ! Du coup, elle m'a cru ! C'est le collier que tu portes
souvent ! Voilà ! Bisou je t'aime !
Et à ses mots, je pensais que mon âme venait de sortir de mes lèvres, mes
veines se glacèrent sur place et mon cœur tomba près de mes pieds en
regardant le collier que je portai.
Q...quoi ?
_____________
Hey !
Rien écrire pendant trois jours à cause des mental break-down et des
depresso épisodes ? Fait.
But ! It's out now ! And I'm proud of me. J'espère que vous avez aimé ce
chapitre OMG ! Hâte de lire vos retours !
Mais est ce que ON VA BIENTÔT AVOIR UN NOUVEAU VIRAGE
POUR CETTE HISTOIRE? HELL YEAH !
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram : sarahrivens
09. Feu de joie

(NDA pré-chapitre : VOILÀ J'AI POSTÉ PTDRRRRRR it's Show time !)


(Ps : Vous retrouverez la bande annonce de cette histoire sur mon
instagram (sarahrivens) bonne lecture !)
Iris
Mes doigts emprisonnaient le collier que j'avais enlevé à l'instant où
j'avais entendu le message de Théa, les sourcils froncés et le cerveau pleins
de questions.
Comment ça se fait ?
Peut-être que Théa parlait d'un autre collier ? Mais à part celui-là, je n'en
portais d'autres que très rarement.
J'étais sûr de l'avoir laissé chez ma mère à Hydewood, mais ensuite, ce
motard m'avait prouvé que non.
Il m'avait dit que je l'avais fait tomber à la station, à ce moment, je
n'avais pas encore remarqué que je ne le portais plus.
J'avais su dès que j'étais rentré dans mon appartement. Et en fouillant
dans mes souvenirs, j'étais certaine de l'avoir laissé chez ma mère, dans ma
salle de bains.
J'avais pris ma douche et je l'avais enlevé, c'était le jour de mon
anniversaire. Théa était si pressée d'aller chez Corns que j'étais sorti à
l'arrache.
Ensuite, les événements s'étaient enchainés et je l'avais zappé de ma tête.
Mais celui-là...ressemble comme deux goutes d'eau...
Et si c'était un faux ?
Mais même comme ça, comment pouvait-il savoir que j'avais un collier
de cette forme ?
Et pourquoi me donner un faux ?
Je ne pouvais même pas remarquer la différence parce que je la nettoyais
à chaque fois. C'était une perle noire emprisonnée par une cage en or blanc
en forme d'arbre de vie et accroché à une chaine super fine du même métal.
J'avais peur de ce que mon cerveau commençait à penser, des
imaginations plus sordides les unes que les autres me virent à l'esprit.
Et s'ils me traquaient ? S'ils me surveillaient ? Il y avait peut-être un
traceur GPS à l'intérieur ? Un micro ? Ou même une caméra ?
Non arrête meuf t'es pas si importante j'te jure.
Mon ventre se noua en regardant la chaine, je mis le flash de mon
téléphone en l'examinant de plus près.
— Tu ressembles beaucoup trop pour être une fausse, murmurai-je en
approchant mon visage du bijou.
Et si je la jetais ?
Certainement pas. Imagine c'est le cadeau de papa championne ?
Mes doigts se posèrent sur le clavier de mon téléphone et j'écrivais un
message à ma demi-sœur.
À Théa Brooker :
Coucou princesse, est-ce que tu peux m'envoyer une photo du collier ?
Il n'y avait qu'un moyen de le savoir.
Si le collier était chez ma mère, celui-ci était forcément faux.
Et à ce moment, je pouvais commencer à paniquer.
Et le dire à Cody et Rox...du moins, une partie.
Je décidai de la remettre, n'étant pas sûr de ce que ma paranoïa me
murmurait. D'ici demain, j'allais avoir la réponse.
°°°°
Le lendemain. 17 heures. Bibliothèque de l'université d'Ewing.
— T'as séché ?
Cody s'assit face à moi, un petit sourire moqueur aux lèvres. Je relevai la
tête vers lui et lui remarquai dans un murmure :
— On dirait bien que toi aussi.
— Tu ressembles à un personnage dans les Noces funèbres de Tim
Burton avec tes cernes, me compara-t-il en examinant mon visage rongé
par la fatigue.
— Je n'ai pas assez dormi, et en même temps, ce devoir me donne
envie de tout plaquer pour devenir une danseuse au Box, soufflai-je en
passant ma main dans mes cheveux et en lançant un regard à mon
téléphone, elles gagnent vraiment beaucoup de fric.
— Bah oui tu m'étonnes. D'ailleurs, tu travailles ce soir ?
— Non c'est mon jour off, l'informai-je en gribouillant sur ma feuille
pour ne pas laisser mon esprit angoisser à cause de l'attente du message de
Théa.
Elle ne m'avait toujours rien envoyé.
Je regardais mon téléphone encore une fois, mais aucun signe de ma
demi-sœur.
— Parfait, j'ai un bon plan pour nous deux.
Ma tête se releva en sa direction, je fronçai les sourcils et plissai les yeux
en regardant mon ami qui esquissait un petit sourire malicieux.
— Le feu de joie Simones, me rappela Cody cet événement qui se faisait
tous les ans par les étudiants de ma fac, c'est ce soir. À la forêt pas loin du
lac d'Ewing.
— J'aime beaucoup ce que tu proposes.
Il me sourit et croisa les bras en s'adossant contre le dos de sa chaise et fit
semblant de tirer une latte, m'arrachant un sourire au coin.
Mon regard se posa une centième fois sur l'écran de mon téléphone.
Encore rien.
— Tu attends encore un message de ton géniteur ?
— Non, celui de Théa.
— Ça doit être important alors, sourit-il en tirant son téléphone de sa
poche, parce que tu n'arrêtes pas de regard ton téléphone.
Je voulais lui dire, je voulais lui expliquer pourquoi j'étais autant
angoissé, mais je ne voulais pas l'alarmer lui non plus.
Pas si je n'étais pas sûr que le collier était bien le même.
En vérité, j'avais peur que ça soit le même.
J'étais effrayé à l'idée de laisser ma paranoïa avoir raison.
— Je peux te poser une question ? Commençai-je après quelques
minutes silencieuses.
— Mhm ?
Il releva la tête vers moi et je pris mon téléphone pour éviter son regard
en l'interrogeant :
— Est-ce que...genre...est-ce que c'est possible de mettre un traceur
dans un collier ?
— Bah oui, enfin sa dépend de la taille du collier, mais de nos jours
c'est très possible, me répondit-il naturellement en déclenchant des frissons
qui traversèrent mon corps, par exemple le tien est très bien pour foutre
un traceur.
Tu ne crois pas si bien dire mon p'tit pote haha !
Ferme-là.
Roh, ça va on ne peut même plus rigoler.
— Pourquoi ?
— Pourquoi quoi ?
— Pourquoi le mien est très bien pour ? détaillai-je ma question en
regardant mon téléphone comme si je faisais quelque chose d'intéressant
dessus.
Alors que pas du tout.
— Bah déjà, rien qu'avec la forme, c'est assez grand pour un
traceur, me dit Cody en s'approchant pour détailler mon bijou, de plus la
perle est noire, ça camoufle tout. Mais pourquoi toutes ces questions ?
Tu veux surveiller quelqu'un ?
Je secouai la tête négativement, j'allais répliquer mais mon téléphone
vibra entre mes mains et je sentais mon cœur sursauter lorsque je vis que
Théa venait d'envoyer une photo.
— Je te laisse bosser, on se capte ce soir ?
— Euh...o- oui, ça marche, appelle-moi, bégayai-je rapidement en
relevant la tête vers lui.
Son sourire fut sa réponse et il se leva en prenant son sac avant de sortir
de la bibliothèque.
Je sentais mes mains trembler nerveusement, mon ventre prit d'assaut par
la peur alors j'appuyais sur la photo masquée pour la charger.
Et mon souffle se saccada instantanément lorsque mes yeux virent mon
collier, dans la main de Théa.
Ma cage thoracique se comprima et je sentais que tout commençait à
tourner autour de moi, comme si j'allais m'évanouir d'une minute à l'autre.
La peur me donnait une folle envie de vomir, je sentais que mon corps
tremblait de terreur.
D'un coup sec, j'arrachai le collier autour de mon cou et me levai
précipitamment de ma chaise. Je devais en parler à Rox. Et Cody.
Cody d'abord.
Ou Rox.
Les deux, championne ?
Rapidement, je pris mes affaires et quittai la BU, Rox allait sortir d'une
minute alors j'en profitais pour l'appeler et lui demander de m'attendre au
parking.
— Pourquoi qu'est-ce qui se passe ? Me demanda-t-elle d'un ton
inquiet.
— Juste, attends-moi là-bas, lui dis-je en raccrochant.
La panique se déferlait dans mes veines à une vitesse folle, les couloirs
vides de cette partie de l'université me firent frémir, comme l'impression
qu'à tout moment quelqu'un pouvait m'attraper.
Jacob.
C'était insensé, pourquoi me donner un faux collier qui ressemble comme
deux gouttes d'eau au mien.
Kai.
Est-ce qu'il savait ? Lui et Jacob avaient l'air proches alors j'étais sûr que
oui.
Pourquoi ?
Mon cœur battait à la chamade alors que j'appelai Cody, lui demandant
de nous rejoindre au parking et il le fit sans poser de question.
— Salut Simones !
— Oui salut.
Alors là je ne sais même qui venait de me saluer.
Mes pas accélérèrent alors que je m'approchais du parking de la fac, au
loin je voyais la voiture rouge de Rox et constatai qu'elle était à l'intérieur.
Et avec Cody.
Parfait.
Mon regard se posa sur la voiture de police garé quelques mètres plus
loin de la voiture de Rox, la portière de cette voiture s'ouvrit et là.
j'étais certaine d'avoir senti mon cœur arrêter tout battement l'espace
qu'une seconde.
Q...Quoi ?
Je ne pouvais pas détourner mon regard de l'agent qui venait de quitter le
véhicule, lui qui ne semblait pas être concentré par mon regard à cause de
son téléphone.
C'est pas possible...c'est un policier.
C'était...je le reconnaissais.
C'était lui.
Le présumé copain de Jacob...putain de merde.
C'était un flic ? Un vrai flic ?
Il ne porte pas l'uniforme Iris, c'est possible ?
Rox klaxonna et me fit sortir de mes questions, elle me pointa du doigt et
Cody se tourna en ma direction, je courrais comme une dingue avec mon
sac sur l'épaule et mon collier dans ma main en essayant d'oublier ce que je
venais de voir.
Mon choc ne se faisait que plus grand, déjà le collier, maintenant le
copain de Jacob qui était flic.
J'allais tomber dans les pommes.
Vraiment.
J'entendis la voiture se déverrouiller et ma main tira très vite sur la
portière que j'ouvris avant d'entrer à l'intérieur du véhicule, sous les yeux
écarquillés de mes amis.
J'étais essoufflé.
— T'as vu le fantôme de Jack ?
— Ou la meuf qui a disparu ?
— Ou peut-être un cor-
— MAIS FERMEZ-LA ! hurlai-je complètement paniqué avant de me
tourner vers Rox, tu te rappelles du mec qui m'avait dit que j'avais laissé
mon collier à la station ?
— Quoi ? nous demanda Cody dans l'incompréhension totale.
— Oui le guignol au Box ?
— Vous avez parlé à un gars a Box ? continua Cody en nous regardant.
Je montrai le collier à Rox qui me lança un regard interrogateur, puis je
tirai mon téléphone avant de le retourner vers eux en leur montrant la photo
que m'avait envoyée Théa.
Rox fronça les sourcils, ne comprenant pas et je racontai à Cody :
— Sur la route du retour, je m'étais arrêté dans une station de
service pas loin d'ici pour l'essence, et un motard s'est arrêté, j'avais
peur de lui du coup je me suis taillé dès-
— Pourquoi t'avais peur ? M'interrogea Cody en me lançant un regard
perplexe.
— Parce que je suis une fille ? Au milieu de nulle part ? À 2 heures
du matin ? énumérai-je les raisons comme si ce n'était pas évident, toute
seule ? Même le poteau serait suspect !
— OK ça va, j'ai compris.
Je soufflai pour évacuer le stress et continuai mon récit :
— Donc j'ai revu ce motard au Box, et c'est là que j'ai su grâce à lui
que j'avais fait « tomber » mon collier, et il me l'a rendu...enfin c'était-
Je me tus l'espace d'une seconde, je n'allais certainement pas dire que
c'était Kai.
Ja-mais.
— C'était gentil, rectifiai-je rapidement, sauf que dans ma tête, je
l'avais laissé chez ma mère. Du coup, c'était bizarre t'as vu ?
Rox hoqueta de surprise en comprenant pourquoi j'étais cet état et me
rejoignis très vite dans ma panique.
Elle est lente par contre.
— Théa est rentrée dans ma chambre hier, et elle a trouvé le collier.
Le même collier.
— T'en a pas deux ?
— BIEN SÛR QUE NON ? Explosai-je en écarquillant les yeux.
Il regardait le collier avant de me demander de le lui donner, avec mon
téléphone.
Il commença à le détailler, zoomant sur la photo et ensuite poser son
regard examinateur sur le collier qu'il avait en main.
— Comment s'appelle le mec qui t'a donné le collier ? m'interrogea-t-
il sans me regarder.
— Jacob, lui répondis-je en rongeant mes ongles.
Cody fronça les sourcils en secouant la tête avant de nous dire :
— Je n'aime pas connaitre trop de monde dans ce club, je déteste me
mêler des affaires louches et de la vie des personnes qui trainent là-bas.
Je ne connais que quelques noms pour des raisons de sécurités.
— Des raisons de sécurités ?
Il hocha la tête avant de nous dire :
— Les noms des plus dangereux...et heureusement, certains sont en
prison. Malheureusement, je ne les connais pas par leurs prénoms ni ce
qu'ils font pour être dangereux.
— Moi je pense que tu devrais jeter ce truc, bordel c'est quoi cette
merde ! s'exclama Rox en regardant le collier encore chez Cody.
— Bon, écoutez, ça ne sert à rien de paniquer, nous rassura notre ami
en me rendant le collier, tu le portes depuis plus d'un mois et il ne t'est
rien arrivé jusqu'à présent, s'il y avait un traceur tu te serais fait
kidnapper depuis longtemps, et un micro ne pourrait pas rentrer à
l'intérieur, la perle prend trop de place.
Je hochai la tête en regardant le bijou, le ventre qui allait bientôt exploser
à force d'être noué.
L'angoisse jouait avec mon corps, la chair de poule sur ma peau, les
muscles crispés et la gorge sèche.
La sensation de toucher la paranoïa me rendait complètement malade.
— Et puis même comment un inconnu pouvait savoir que tu avais
exactement ce même collier ? C'est insensé, reprit notre ami en essayant
de nous calmer, je n'ai pas d'explication qui pourrait faire le lien entre
les deux, mais si tu as autant peur bah jette le et on en parle plus.
Je hochai la tête, en reprenant le collier.
Je ne comprenais rien, comment était-ce possible ? Je n'avais jamais eu le
même collier deux fois.
Et Cody avait raison, comment Jacob aurait su que j'avais un collier qui
ressemblait exactement au mien ?
Peut-être qu'il te surveille comme un bon serial Killer ?
Non arrête je jure-
— Qu'est-ce que tu décides ? Me demanda Rox en me faisant sortir de
mes pensées.
— Je vais le laisser chez moi, jusqu'au jour où je repartirais à
Hydewood et je comparerais les deux.
Je ne voulais pas jeter celui que j'avais entre les mains, en vérité, une
partie de moi tenait à l'idée que celui-ci était le cadeau de mon père.
Alors je n'arrivais pas à me défaire entièrement de cette image.
— T'inquiètes pas Simones, c'est juste le hasard qui se fout de ta
gueule en ce moment, sourit Cody, chauffeur, tu démarres ?
Elle lui montra son majeur et je soufflai en bouclant ma ceinture.
— Moi je pense qu'on devrait le brûler, nous dit Rox en démarrant.
Cody lui lança un regard avant de me regarder en mimant « elle est
timbrée », Rox lui montra son majeur une nouvelle fois et il gloussa alors
qu'elle continua :
— Ou mettre de l'acide, ou le geler, ou le jeter au lac ce soir.
— Si on doit jeter quelque chose au lac, c'est bien ton cerveau parce
que tes idées sont encore pires qu'un enfant qui n'a pas peur du danger.
J'aspirai l'intérieur de mes joues pour ne pas rire tandis que mon amie lui
montra son majeur pour la troisième fois en quelques minutes.
La route promettait d'être longue.
°°°°
Le lendemain. 20 heures. Lac d'Ewing.
— Tiens. Je reviens.
J'acceptai le gobelet que venait de me donner Cody et jugeai du regard
tous les étudiants près du feu, encore une fois je n'aimais les fêtes que pour
les joints.
Mais le monde autour de moi me faisait grimacer, le bruit des étudiants
bourdonnait à l'intérieur de mes oreilles, les conversations, les rires, la
musique.
Éprouvant.
— Simones !
Je roulais des yeux avant de me tourner vers le blaireau qui venait
constater que j'étais là. Il m'invitait chaque année au feu de joie, mais je
n'avais jamais accepté.
Aucune confiance en ce mec, il ressemblait à Bryce dans 13 reasons why.
Tu te rappelles de la scène du balai-
NON. Je ne veux pas me rappeler merci.
...t'es nul.
— La fête vient à peine de commencer que t'es déjà bourré Steven,
remarquai-je en grimaçant face au con qui s'approchait de moi.
— Je sais m'amuser, répliqua-t-il en titubant.
Meuf j'te jure que c'est légal si tu le pousses sur le feu.
Je secouai la tête en effaçant les idées meurtrières que j'avais à cause de
l'étudiant qui me collait depuis la deuxième année.
Il devait y avoir une centaine de personnes, peut-être un peu plus. Le lac
était derrière moi, à quelques mètres d'ici.
— Aller viens danser avec moi.
— Non ça va, je suis très bien assise, refusais-je en regardant les
flammes plus loin, en plus Jenny est jalouse, elle te regarde.
Je pointai du doigt sa copine qui le fusillait du regard au loin, les bras
croisés. Je m'exclamai :
— Viens récupérer ton mec !
— T'es vraiment une connasse Simones, grogna-t-il en fronçant les
sourcils d'agacement alors que ses doigts se crispèrent autour de son peut-
être quatrième gobelet.
— À ce qu'on dit oui, soufflai-je en cherchant Cody du regard.
...c'est ce que tu leur fais croire.
Pour me protéger.
Steven me lança un regard noir et repartit vers sa copine, un rire s'arracha
de ma bouche que je camouflai en prenant une gorgée de mon alcool
lorsque je la vis le gifler et serrer les poings.
Pathétique.
— Qu'est-ce que j'ai raté ? M'interrogea la voix de Rox en s'asseyant
sur la chaise de Cody.
— Jenny à gifler Steven parce qu'il est venu me parler, l'informai-je
en secouant la tête d'exaspération.
Elle ouvrit grand les yeux et je hochai la tête, quelques minutes plus tard
Cody revint vers nous et s'assit par terre, m'offrant un joint que je ne refusai
pas et profitant de ce moment entre moi et ma future défonce.
Et comme si je venais de rentrer dans ma propre bulle, mon esprit venait
de couvrir les sons extérieurs, comme s'ils étaient à présent étouffés par mes
pensées.
Le collier était encore autour de mon cou, je ne l'avais pas enlevé, je
n'avais pas eu le courage de le faire.
C'était l'unique chose que mon père m'avait offerte en 22 ans d'existence,
c'était la chose qui me réconfortait tous les jours, même quand personne ne
pouvait le faire.
J'espérais intérieurement que ce n'était qu'un hasard, que peut-être ma
mère avait acheté le même collier pour me prouver que ce n'est qu'un objet
sans aucune originalité.
Elle ferait tout pour effacer l'image que j'avais de mon père.
Mais elle ne comprenait pas, elle ne comprendrait jamais ce que je
ressentais.
Ce vide en moi qui n'arrêterait jamais de grandir, elle avait grandi avec
ses deux parents, elle avait eu deux figures, elle avait eu la protection de
son père et l'amour de sa mère.
Mon père m'avait laissé me débrouiller seule, il ne s'était pas retourné
même quand je le suppliais de le faire.
Et à cause de lui, je ne me sentais jamais en sécurité.
Je n'avais pas eu d'amour plus jeune, alors je m'accrochais à tous ceux qui
pouvaient m'en donner. Mais je ne connaissais que trop bien ce côté de ma
personnalité.
Alors je me protégeais de la dépendance affective en repoussant tout le
monde qui s'approchait un peu trop près de mon cœur.
Car il était affamé. Et donc ne réfléchissait pas.
Je ne faisais confiance à personne, Rox et Cody ainsi que Théa étaient les
seules exceptions.
Je ne faisais pas confiance à mes propres parents, parce que chacun
pensait pour lui et leurs familles.
Mais qui pensait à moi ? Qui était ma famille ?
Qui voulait mon bien ? M'aimer ? Me protéger ?
Je me demandais pourquoi c'était si difficile de m'aimer, je ne demandais
rien d'impossible.
Je ne voulais que leur amour.
C'était tout ce que j'avais toujours voulu.
Je sentais ma gorge se nouer, et je levai la tête en regardant les étoiles au-
dessus de ma tête.
Un petit sourire aux lèvres en me rappelant d'un soir de mon anniversaire,
la première fois où je m'étais allongé sur le toit.
J'avais 13 ans. Et une de mes peluches me tenait compagnie.
« Et tu vois, là c'est la Grande Ourse, montrai-je du doigt l'étoile à ma
peluche, c'est papa qui me l'a appris. »
C'était complètement faux, je l'avais vu à la télé.
Mais je voulais juste dire ces mots. Même si elles étaient fausses.
Je voulais simplement dire que mon père m'avait appris quelque chose.
« Je veux juste qu'ils me disent qu'ils m'aiment, même s'ils ne le
pensent pas »
Petite moi rêvait tellement d'entendre un « je t'aime », juste un seul.
Ils étaient tout pour moi, mais je ne l'étais pas pour eux, je voulais qu'ils
me rendent heureuse, mais à part la tristesse, ils n'arrivaient à rien me faire
ressentir d'autre.
Qu'est-ce que je détestais ce qu'ils m'avaient fait.
C'était tellement injuste.
Tellement injuste.
Ils m'avaient abandonné, tous les deux.
Et je ne leur pardonnerai jamais.
— Je reviens.
J'avais l'impression que j'allais pleurer, et je n'aimais pas pleurer devant
ces ploucs. Il me fallait un endroit isolé.
J'avais besoin d'être seule.
— Ne t'éloigne pas trop ! entendis-je Rox me dire alors que je laissai
mes jambes trainer loin du feu.
Mes doigts s'accrochaient au collier et je sentais mes larmes couler
lentement sur mes joues, comme à chaque fois que je me rappelais de
comment je suppliais mes propres parents de faire le minimum pour moi.
Me rendant compte que maintenant, ils étaient la meilleure version d'eux
même, mais pas pour moi.
Parce que je ne le méritais peut-être pas.
Mais au fond de moi, et ce qui me rongeait le plus, était que je ne
pourrais jamais les détester.
Ma haine pouvait être immense, mais il suffisait que ma mère me sourie
ou que mon père se rappelle de mon existence pour que j'oublie tout et me
concentrai seulement sur les bonnes choses.
C'était un sentiment horrible.
Je voulais tellement leur en vouloir, leur montrer que j'étais détruite.
Mais...ce n'était pas important pour eux.
Parce que je ne faisais pas partie de leurs nouvelles familles, alors c'était
à moi de me sentir chanceuse qu'ils puissent encore s'intéresser à moi.
Plus je m'avançai dans les bois, moins j'écoutais le brouhaha
assourdissant que faisaient les étudiants et j'en voulais plus.
Je voulais ne plus rien entendre du tout.
Mais le problème dans les bois d'Ewing, c'était l'obscurité. Heureusement
que la lune éclairait moyennement, parce que je ne savais pas où je mettais
les pieds.
Et si on allait au lac ?
...Bonne idée.
J'avais besoin de me retrouver seule dans le calme, pour mon cerveau.
Quelques minutes s'écoulèrent et maintenant, la fête n'était que très
lointaine. En vérité, je devais me concentrai pour entendre un faible bruit
d'humanité.
Et plus je m'avançai, plus le bruit du lac s'intensifiait et apaisait mon
esprit. C'était parfait.
— ...T'as vraiment envie de faire ça maintenant ? entendis-je une voix
au loin, y a des gens à même pas 30 mètres d'ici !
— Jacob, ils sont trop bourrés pour venir jusqu'ici, on doit le jeter
maintenant.
Je fronçai les sourcils et mon souffle commençait à disparaitre tandis que
je m'avançai près du lac d'un pas silencieux.
J'avais reconnu la voix de Jacob.
Je m'abaissai pour rester couverte par les buissons en laissant mon regard
examiner les lieux.
C'était bien Jacob.
Et avec lui, son copain.
Le flic.
Ils étaient près du sentier, au bord du lac. Le coffre de leur voiture était
grand ouvert et Jacob avait une grimace au visage en regardant à l'intérieur.
— Il n'est vraiment pas allé de main morte par contre.
— Raison de plus pour le jeter et se barrer, fit le flic en mettant quelque
chose par terre.
Comme une...bâche ?
— Votre plan est foireux, moi je ne prends aucune responsabilité,
déclara-t-il en tirant quelque chose du coffre.
Et je venais de sentir toute la bouffe que j'avais mangée me monter à la
gorge.
Mon cœur s'écrasa au sol alors que mes yeux n'arrivaient pas à se
détacher de cette image.
Un bras découpé.
Qu'il venait de sortir d'un gros sac en plastique.
— MAIS IL L'A DÉCOUPÉ ? ON EST DANS HANNIBAL LA ?
Jacob avait l'air aussi surpris que moi, mais il n'avait pas peur, comme s'il
était habitué.
Il était juste surpris.
— Creuse.
Le flic lui tendit une pelle et Jacob, d'un geste dramatique, mit la main du
bras découpé sur son torse, l'air indigné.
Comme si c'était tout à fait normal.
Je ne savais pas si c'était bien ce que je croyais, mais j'étais certaine que
ce n'était pas normal d'avoir un bras découpé dans sa voiture et de creuser
des trous dans un lac à 23 heures.
Je vis Jacob jeter le bras par terre et commencer à creuser en parlant de
l'album de Madonna comme si de rien n'était.
Il parlait de l'album de Madonna en creusant.
L'album de Madonna.
Alors que moi, j'étais pétrifié et je voulais vomir mes tripes.
Je me sentais en danger, j'avais l'impression que je ne devais pas être ici.
Mais je savais que si je bougeais, j'allais me faire repérer.
Et on ne veut pas terminer découpé hein meuf ?
Découpé.
Un bras découpé.
Il y avait flic qui enterrait un cadavre découpé.
— Bébé je me posais une question ! Tu crois qu'il va réussir sa
mission ? Non parce que tuer trois personnes la même soirée c'est assez
chiants...pour nous.
Et à ce moment précis.
Je venais de sentir comme un immense poids qui venait s'écrouler sur
mon corps, ne tenant plus sur mes deux jambes presque.
...tuer trois personnes ?
Mon souffle se coupa lorsque j'entendis un téléphone sonner, ce n'était
pas le mien.
C'était celui de Jacob.
— Service « je m'occupe de votre cadavre découpé » j'écoute ?...je suis
avec Vernon, et y a- ...Quoi ?
Alors son copain s'appelait Vernon.
Jacob lui fit un signe pour attirer son attention, je commençais à trembler
davantage à cause du froid de la forêt.
En plus de la terreur qui m'abritait. Ils étaient en train d'enterrer un
cadavre au milieu des bois de la ville.
Et si c'était eux qui étaient la cause des disparitions ?
Oh mon Dieu.
— Donc qu'est-ce qu'on fait ?...je sais pas moi j'ai-...on ne peut pas
savoir maintenant ?...oh...il me reste une personne...d'accord.
J'essayai de m'abaisser encore plus derrière le buisson pour ne pas me
faire repérer et Jacob déclara :
— Je crois que la petite mission de K-
Mon cœur fit un bond terrifiant à l'intérieur de ma poitrine lorsque le
silence autour de nous se fit exploser par des voix lointaines.
Je tournai la tête derrière moi en tremblant davantage lorsque je me
rendais compte que je connaissais cette voix.
Rox.
— IRIIIIIIS ?!
Oh putain de merde non pas ça. Tout sauf ça.
Jacob écarquilla les yeux et Vernon se redressa rapidement en regardant
en ma direction, me forçant à me baisser encore plus.
— Je rêve ou quelqu'un vient d'appeler Iris ?
— Fait chier ! S'exclama la voix de Vernon, elle n'est sûrement pas
loin.
Mon cœur battait à la chamade et ma bouche s'entrouvrit, si Rox me
trouve avant qu'ils ne partent j'étais foutu.
— Oh merde, on remballe vite !
Je me redressai un peu pour voir ce qu'ils faisaient. Le souffle presque
inexistant et les mains moites.
J'étais complètement terrorisée.
Les deux hommes remplissaient les trous qu'ils venaient de creuser à une
vitesse folle avant de fermer le coffre.
— Tu crois que...?
— On le saura demain.
Je commençais à reculer lentement en gardant mes yeux sur eux, puis, je
devins aussi inerte qu'un carillon lorsque Jacob déclara :
— Je vais quand même vérifier.
_____________
Hey !
Je mange ma meilleure pizza en regardant Modern family...c'est pas vrai
j'ai plus de PC à cause de ce chapitre.
Je dois en acheter alors mais jsp quand. So pour l'instant on va dire que

qu'un au revoir.✌🏻😗
c'est le dernier chapitre avant l'achat d'un nouveau pc MDRRRR. Ce n'est

But anyway chile so !


Ce chapitre contient beaucoup de détails pour nous, mais certainement
pas pour Iris ptdr. Hâte.
Je dois avant de m'en aller, remercier tous ceux qui partagent des tiktok
sur mes histoires, I'm so happy to see you guys talking about my stories I'm
gonna cry omg merci infiniment.
I love you.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
10. Appel

Iris
Mon cœur pompait très fort à l'intérieur de ma poitrine et je reculais en
m'enfonçant sur le côté, essayant d'éviter d'être dans le champ de vision de
Jacob qui s'avançait sans écouter Vernon, ce dernier lui disait de lâcher
l'affaire.
Merde pourquoi il n'écoute pas son copain !
— IRIS ? PUTAIN T'ES OÙ !
Je vais la tuer avant même que Jacob ne pense à le faire.
Rox m'appelait encore et encore, et je m'enfonçais entre deux buissons
pour échapper aux yeux examinateurs de Jacob qui continuait à marcher
droit devant.
— Jacob, on n'a pas le temps là...
Mais oui Jacob vous avez un bras à enterrer.
— Non attends, répondit-il en s'avançant dangereusement de mon côté.
— Fait chier, murmurai-je en grimaçant.
Ses pas se faisaient de plus en plus bruyants, aussi bruyants que mes
battements de cœur qui pouvait s'entendre jusqu'au feu de joie.
L'âme près des lèvres alors que je vis sa silhouette, me forçant à changer
de direction lentement, la sensation de me faire repérer était en train de faire
frémir mon corps entier.
C'était le pire scénario.
Ma cage thoracique comprimait mes poumons et rendait ma respiration
encore plus difficile qu'elle ne l'était déjà, c'était horrible.
J'avais les mains si moites et le front si mouillé que je pensais qu'il
pleuvait, comme si j'étais prise au piège, je n'osais même pas respirer.
Et alors que je reculais, mon pied s'appuya sur une branche qui craqua.
J'allais m'évanouir, ou faire la morte.
J'étais à deux doigts de l'explosion cardiaque. La terreur de me faire
repérer me donnait la chair de poule et le nœud à l'intérieur de mon estomac
se serrait davantage.
— Attends...
Je vis sa silhouette s'arrêter, la tête qui venait de pivoter en ma direction
et mon souffle se coupa radicalement.
Putain merde merde merde merde.
— Qu'est-ce que tu as trouvé ? demanda la voix lointaine de Vernon.
Ma respiration se saccada, puis mon instinct de survie prit le dessus sur
ma panique.
Et une idée complètement folle me vint en tête.
Ça ne pouvait pas être pire de toute façon.
Je me laissai tomber au sol et versai le gobelet sur ma bouche et mon
pull, grimaçant un peu à cause de l'odeur alors que Jacob s'avançait vers
moi, j'ébouriffais mes cheveux et tachais mon pull avec de la terre.
Ma main arracha rapidement une fleur à côté et je fis mine de rire en la
regardant.
On m'avait toujours dit que j'étais bête quand j'étais bourré.
— On dirait bien que ta copine te cherche...je l'ai trouvé ! s'exclama
Jacob en regardant derrière lui, par contre elle a l'air sacrément bourrée.
Je tournai la tête en sa direction et fis mine d'ouvrir plus grand les yeux,
faisant comme si sa présence m'avait étonné.
Natalie Portman qui ? Non...Iris Simones.
— Bourré ? Moi ? Non j'...j'ai bu un tout petit peu, je souriais de
toutes mes dents en le regardant puis fronçai les sourcils en essayant de me
relever, mais je te connais, toi !
— IRIIIIIS !
Il m'examina tandis que j'exerçai mon rôle d'actrice, même si
intérieurement, j'étais au bord de la crise de panique.
— Jacob, on n'a pas le temps là !
— IRRRIIIIIIIS ! Entendais-je la voix de Cody qui se rapprochait.
Je fis mine de froncer les sourcils et regardant autour de moi, cherchant
faussement les voix qui m'appelait depuis bientôt 5 minutes, je ne cillai pas
lorsque Jacob se rapprocha de moi et me tendit sa main :
— Aller debout trésor, tes amis sont en train de te chercher comme
des fous, il me sourit en m'aidant à me relever, mais je remarquai que ses
yeux étaient sur mon collier.
Laissant mon cœur s'emballer davantage.
— Tu ne l'as toujours pas perdu, me dit-il en pointant du menton mon
collier me tirant loin du sol où j'étais allongé.
Je souriais, mais ne répondis rien, regardant autour de moi et faisant mine
de laisser mon regard se bloquer dans chaque objet que je voyais.
Je le sentais poser ses doigts sur mes cheveux, d'un geste doux, il enlevait
les feuilles entremêlées dans mes mèches et je combattais mes pulsions
pour ne pas balayer sa main loin de moi.
— Ok trésor, maintenant tu vas attendre tes amis sagement ici, on est
d'accord ?
Je hochai la tête en souriant de toutes mes dents et lui tendis la fleur que
j'avais entre les mains, je fis mine d'avoir le hoquet et il me proposa :
— Tu veux de l'eau ?
Je secouai négativement la tête puis entrepris de marcher en titubant
légèrement, mon cœur pompait beaucoup trop fort alors qu'il me dit :
— À bientôt alors, fais attention ne reste pas ici la nuit...tu peux te
mettre en danger.
Je ne répondis rien et voyais au loin les silhouettes de mes amis qui
étaient en panique, j'entendais les pas de Jacob s'éloigner et je continuai
mon chemin et grelottant, enlevant ce masque faussement ivre et cédant à
celui de la peur et du soulagement.
Des larmes quittèrent mes yeux lorsque j'entendis la voiture démarrer
loin d'ici, et un souffle de soulagement s'échappa de mes lèvres.
J'étais en sécurité.
— IRIS ! s'écria Rox en me faisant grand signes avant de courir vers
moi.
Mon amie était au bord de la crise de panique, comme moi quelques
minutes plutôt. Elle hoqueta d'effroi en regardant mon t-shirt et m'interrogea
du regard.
— J'ai fait tomber mon gobelet, haussai-je les épaules en me justifiant,
mais là je veux rentrer. S'il te plait.
Elle hocha la tête et Cody s'approcha de moi, ses sourcils se froncèrent et
il grimaça de dégoût. M'arrachant un petit rire dans un souffle, même moi je
me dégoûtais.
— Comment tu t'es fait ça ?
— J'ai vu un reportage qui disait que la terre c'était bon pour les
cheveux, lâchai-je sarcastiquement, je suis tombé gros débile.
Absolument pas.
Mais je n'allais pas leur dire que j'étais en train d'espionner deux mecs
qui enterraient un corps dont les membres étaient arrachés.
Je me demande à qui ce bras appartenait.
Et qui l'avait tué.
°°°°
Le lendemain. 20 heures. The Box. Ewing.
— Donc ça veut dire qu'il y aura des jours où je ferais l'ouverture et
d'autres non ?
Rico m'avait appelé encore aujourd'hui pour remplacer Jessy qui était
encore malade, ce qui n'était pas pour me déplaire.
Mais j'étais horriblement fatigué à cause de la veille.
Je n'avais pas du tout dormi, Jacob et Vernon occupaient toutes mes
pensées...ainsi que ce corps découpé.
De ce j'avais compris, ce n'était pas eux les auteurs de ce massacre, mais
c'était eux qui l'enterraient.
J'avais toujours envie de vomir à cause de ce bras.
— Tu évolues vite, et Jessy a besoin de se reposer un peu aussi, tu
ferais trois ouvertures par semaine.
Je hochai la tête, d'un côté ça m'arrangeait, même si c'était plus fatigant,
je pouvais rentrer à minuit trois jours par semaine au lieu de deux heures du
matin.
Je me sentais sous pression, je sentais la crise d'anxiété qui menaçait de
pointer le bout de son nez pendant la nuit.
Ou même ce soir.
— Ça marche, je vais y aller.
— Bon courage, soit à la hauteur, me dit-il avant de raccrocher.
J'inspirai profondément, et secouai mes mains qui tremblaient.
Je sentais que mon cœur commençait à battre très vite, et de violents
frissons emprisonnèrent mon corps.
Ce soir ? Haha. Maintenant, tu veux dire.
Je n'arrivais pas à parler, l'impression qu'on m'étouffait, je n'arrivais pas à
respirer et ma panique augmenta et se mélangea à mon anxiété.
Je m'assis par terre, le corps tremblant et impossible à contrôler, un
sanglot s'échappa de mes lèvres.
Tous mes membres étaient tendus, mon corps était crispé et tremblait
d'une façon terrifiante.
Je fermai les yeux et tentai de calmer ma respiration trop saccadée,
comme si tout l'air que j'essayai de récupérer n'était pas suffisant.
Cette sensation que j'allais mourir étouffé, j'avalai difficilement ma salive
et levai la tête vers le plafond en essayant de me calmer, mes mains
tremblotantes tirèrent sur mes cheveux alors que mon cerveau hurlait des
pensées de plus en plus angoissantes.
Les bouffées de chaleur me forcèrent à m'attacher les cheveux, je
commençais à prendre de grandes inspirations en me levant, faisant les cent
pas près du bar vide.
Comme l'entièreté du club.
Je dois bosser...je dois aller bosser...
Ils sont dangereux...ils vont te tuer et te découper...ils n'attendent que ça.
Des larmes quittèrent mes yeux et j'étouffais un sanglot bruyant, ma tête
menaçait d'exploser et j'avais très mal, je sentais que tout tournait autour de
moi.
Papa a disparu...il ne te paiera pas le deuxième trimestre...elle veut que
tu la rembourses.
Le collier contient un traceur tu vas te faire kidnapper et personne ne
cherchera après toi.
Mes sanglots de terreur se firent plus bruyants et je n'arrivais pas à me
calmer. Après plusieurs jours à accumuler événement sur événement, ce
n'était que maintenant que mon anxiété avait décidé de venir me rendre
visite.
Personne n'était au club, c'était le jour off du videur, et me savoir seule
me rendait encore plus anxieuse.
Soudain, la porte d'entrée s'ouvrit et je me crispai près du bar. Mes yeux
figèrent mon corps lorsqu'ils virent les iris bleus de celui qui hantait mes
pensées tard la nuit.
Ma respiration saccadée était la seule chose audible au milieu du grand
espace, ses yeux me fixèrent alors qu'il fermait la grande porte d'entrée.
— Prends un glaçon.
Sa voix explosa le silence dérangé par ma respiration bruyante et je
fronçai les sourcils sans pouvoir parler.
Il connaissait la technique du glaçon.
— Elle ne marche...pas, sanglotais-je en posant mes mains sur le bar
tout en essayant de me calmer rapidement.
J'entendais ses pas descendre les escaliers en métal et s'approcher de moi,
son regard examinait mon visage que j'évitais de montrer à chaque fois que
je faisais une crise d'anxiété.
Je me sentais trop vulnérable.
— Je peux essayer autre chose ? Me demanda-t-il en n'étant plus qu'à
quelques centimètres de moi, tu me laisses essayer quelque chose pour
toi, princesse ?
Je déglutis difficilement et hochai la tête, lorsque j'avais des crises
d'anxiété ça se passait très souvent le soir, je n'avais jamais eu d'aide.
Même si Rox me demandait de l'appeler lorsque ça arrivait.
— Ouvre la bouche.
Je le vis tirer un petit glaçon et il le mit dans sa bouche, puis son visage
s'approcha dangereusement du mien, mon souffle se saccada davantage
avant de se rompre lorsque ses lèvres se pressèrent contre les miennes.
Puis, il ouvrit la bouche et je fis de même, sa langue poussa le glaçon à
l'intérieur de ma bouche et je frémis.
Il continua à m'embrasser et très vite je comprenais ce qu'il faisait.
Kai essayait de distraire mon cerveau.
Et ça fonctionnait.
Ma respiration saccadée commençait à devenir plus contrôlable et j'en
profitais pour rompre notre baiser afin de prendre de grandes inspirations.
Je vis sa langue passer autour de ses lèvres dont le coin s'incurva en me
regardant devenir plus calme.
— Soda à la framboise.
Je fronçai les sourcils d'incompréhension et il murmura :
— Ils ont le goût du soda à la framboise aujourd'hui.
Mes yeux s'ouvrirent plus grands, mais il ne me laissait pas le temps de
répliquer qu'il tourna les talons, s'avançant vers les escaliers dédiés au
personnel.
Je le vis déverrouiller la porte « privée » avant d'entrer à l'intérieur en
refermant la porte derrière lui, la pièce était noire alors aucun moyen pour
moi de voir quoi que ce soit.
Il avait les clés de cette porte.
Mon dos se colla contre le comptoir du bar, mon corps était pris d'une
fatigue immense, affaiblie par la crise que je venais d'avoir.
Mon cœur semblait lui aussi être fatigué, laissant mon cerveau penser
pendant quelques secondes qu'il était en train de lâcher.
Mes mains tremblaient encore, je déglutis difficilement et me redressai
en m'avançant vers le deuxième étage où j'entrai à l'intérieur des toilettes,
passant un peu d'eau sur mon visage.
Je regardais mon reflet dans la glace, et laisser échapper un petit souffle
en fermant les yeux.
Il m'a aidé.
Il m'avait aidé.
Mes sourcils se froncèrent d'incompréhension, comment il connaissait ça
? Comment il avait eu la présence d'esprit de m'embrasser pour distraire
mon cerveau ?
J'inspirai profondément en haussant les sourcils, il fallait que je me
reprenne et vite.
L'ouverture n'était que dans une heure et demie et j'avais beaucoup de
choses à faire.
Rapidement, je quittai la pièce et m'en allais préparer les salles du club,
savoir qu'il était ici me rendait un peu nerveuse, je me retrouvais à regarder
la porte en attendant qu'il sorte.
Mais il était encore à l'intérieur.
Je m'attaquais aux tables du premier étage que je positionnais au milieu
des canapés, ma fatigue était gigantesque, je savais que cette soirée allait
être la plus éprouvante.
Mon téléphone sonna, et je le fis sortir de mon soutif, Rox.
— Je peux t'app-
— Meuf meuf meuf ! me coupa-t-elle rapidement, là je suis au centre-
ville, pour acheter des trucs et je suis rentré dans une boutique de bijou
d'accord ? Il y a ton collier enfin le même modèle ! Ensuite, je me dis
que c'est une coïncidence, je vais dans une autre boutique et ils
vendaient la même chose !
Je fronçai les sourcils et mes doigts se posèrent sur mon collier, je
l'examinais du regard et lui demandai :
— Je n'ai jamais vu ce modèle se vendre depuis des années, tu l'avais
croisé en été ?
— Non enfin, je n'étais pas parti au centre pendant l'été, mais j'ai
demandé à l'un des vendeurs et il m'avait dit qu'ils étaient là depuis au
moins deux mois, je pense que quelqu'un avait fait tomber le sien et
Jacob pensait que c'était le tien, supposa Rox, donc on a paniqué pour
rien.
Et voilà. Maintenant, je me sentais complètement bête d'avoir pensé à ça
toute la journée.
Et d'avoir pensé qu'un traceur était dans le mien.
Pour le coup, c'est con j'avoue.
On était d'accord ta gueule.
— Merci de me rassurer, je dois y aller, j'ai encore plein de trucs à
faire, souriais-je en regardant le collier qui n'était finalement pas le mien.
J'écarquillai les yeux lorsqu'elle dit :
— D'accord à plus tard ! ...Cody ne prend pas ça !
Ma bouche s'ouvrit en même que mes lèvres s'étirèrent, ils étaient
ensemble en train de faire un shopping.
C'est trop mignon !
Mais ils ne m'avaient rien dit, ils savaient que j'allais en rajouter des
tonnes et des tonnes. Ils savaient que j'avais raison au fond.
Bah oui c'est clair.
Le bruit d'une porte qui s'ouvrit me fit tourner la tête et je voyais au loin
Kai sortir de la pièce privée.
Je fronçai les sourcils en le regardant descendre les escaliers, remarquant
qu'il portait un pull à manches noir.
Il en portait un blanc à son arrivée.
Je quittai l'espace du premier étage et commençai à monter les marches
pour arriver au deuxième, sous le regard de Kai qui venait de passer
derrière le bar pour peut-être se servir.
Je mourais d'envie de savoir pourquoi il avait autant de liberté.
Pourquoi Rico le laissait faire comme il voulait.
Il l'avait frappé, et il n'avait rien fait.
Ni lui ni ses hommes.
L'espace du deuxième étage était plus rapide à faire, je terminai en à
peine quelques minutes avant de redescendre, mon regard se posa sur Kai
qui semblait écouter quelque chose sur son téléphone.
L'air concentré.
Je m'avançai et contournai le bar, il recula en regardant ce que je faisais
tandis que ma main tira une boisson énergisante, j'en avais besoin si je
voulais terminer la soirée sans tomber dans les pommes au bout de 30
minutes.
Il posa son téléphone et se tourna vers moi alors que je bus ma boisson
silencieusement.
— On m'a dit que tu errais dans les bois la nuit dernière...
Je manquais d'avaler ma boisson de travers alors que mes yeux
s'écarquillèrent, Jacob lui avait sûrement dit.
— C'est dangereux de trainer là-bas...tu peux te retrouver piégé...au
mauvais endroit...au mauvais moment...
Sa voix baissait à chaque phrase qu'il venait de dire alors que son corps
pivota pour faire face au mien, il examinait mon visage qui était à ça de
laisser la panique peindre le sang-froid que j'essayai de garder.
— Tu pourrais voir des choses...que tu devras garder pour toi...
Il s'avança jusqu'à moi et je n'osais pas bouger, pas même respirer
convenablement.
Son visage s'approcha de mon oreille, je sentais son souffle s'écraser très
près de ma tempe alors qu'il murmura :
— Mais une chance pour toi...tu étais bourrée...n'est-ce pas ?
Mon souffle irrégulier trahissait mon calme, et je hochais faiblement la
tête en guise de réponse, évitant son regard concentré sur mon visage depuis
le début.
Il lâcha un infime rire dans un souffle, presque inaudible.
— Tu n'as toujours pas perdu ton collier à ce que je vois, remarqua-t-
il toujours aussi près de mon visage.
Je hochai la tête et mon souffle se rompit lorsque ses doigts pressèrent
doucement ma mâchoire, faisant relever ma tête pour forcer mes yeux à le
regarder.
— Regarde-moi.
Ok daddy.
Il étira légèrement ses lèvres, ses doigts levèrent davantage mon visage et
je me laissai faire tandis que je sentais déjà mon âme s'embraser face à ses
yeux.
Il était démoniaque.
— Je préfère quand tu me regardes...
— Je le ferais alors, murmurai-je d'une voix à peine audible.
Sa bouche s'entrouvrit au son de ma voix, et ses yeux brûlaient d'une
intensité si flagrante que je me rappelais d'une chose.
Qu'il aimait jouer.
Et moi aussi.
— Merci de m'avoir aidé, chuchotai-je dans un souffle qui s'écrasa près
de ses lèvres.
— Tu peux me remercier autrement...
Ses doigts levèrent encore plus ma tête et il inclina son visage sur le côté,
menaçant de s'attaquer à mon cou, laissant ses lèvres effleurer le creux de
mon cou.
Mon souffle devint encore plus irrégulier, la tension montait d'un cran et
je savais qu'il m'en fallait beaucoup pour ne pas être à sa merci comme une
partie de moi le voudrait.
Il ne fallait pas que je me brûle avec son feu.
Même si je le voulais.
— Comment je pourrais le faire ?
Je sentis sa respiration se rompre alors que je murmurai ma question, le
cœur battant à milles à l'heure lorsque chaque mot sortait de ma bouche
sous un même murmure lent.
— Tu pourrais me dire...ce que tu as vu au lac.
Et soudainement.
Ses doigts sur ma mâchoire emprisonnèrent mon cou et un hoquet de
surprise s'arracha de mes lèvres alors que la panique me gagna, faisant
tomber ma boisson au sol.
Son visage me fit face et son regard me fit frissonner de terreur, ma
respiration se saccada et ma main se posa sur son bras lorsque je sentis ses
doigts s'enfoncer dans sur ma peau.
Terrifiant. Il était terrifiant.
— Parce que je le sais princesse...je sais que tu as menti...je t'ai
entendu quand tu es parti avec tes amis...
Mon cœur tombait au sol.
Il était là-bas, il était à la forêt ce soir là.
Et je me sentais vulnérable à présent. Comme prise au piège et terrifié
par son emprise sur moi.
Et ce qu'il était capable de faire.
— Je ne dirais rien à personne, lâchai-je dans un murmure
complètement paniqué, je vous jure que je ne dirais rien.
— Jouer la comédie pour amadouer Jacob, tu es futée, murmura-t-il
en approchant son visage du mien, mais ne me mens jamais, pas à moi,
parce que je peux devenir très agressif.
Il serra encore plus mon cou et un sanglot de panique quitta mes lèvres.
— Tu n'aimerais pas que je m'attaque à toi, pas vrai princesse ?
— S'il vous plait...je ne dirais rien, je n'ai rien vu.
Il esquissa un petit sourire, et murmura au creux de mes lèvres :
— Tu me le promets ?
— Je vous le promets, susurrai-je effrayé par ce qu'il pouvait faire, je
vous le promets je ne dirais rien à personne.
— Bonne fille.
Et il releva sa tête en même temps qu'il desserrait son emprise sur mon
cou, et je me figeai lorsque ses lèvres se posèrent son front, puis il murmura
:
— Fais attention, ne romps pas cette promesse parce que...je le
saurais. Et je ne voudrais pas abimer ton petit corps, du moins...pas de
cette façon.
Je frémis au ton de sa voix et hochai la tête, absolument pétrifié par lui.
Sa présence me faisait me sentir en danger à présent.
Il était là, il m'avait vu.
C'est pour ça qu'il m'avait posé la question, il voulait me laisser le
bénéfice du doute en me demandant si j'étais bourrée ou non.
Il savait que non.
Dans un geste doux, ses doigts emprisonnèrent une mèche de cheveux
qu'il bloqua derrière mon oreille, puis son index me fit lever le menton et
encore une fois, me força à le regarder.
— N'aies pas peur de moi, je ne te ferais aucun mal si tu ne me forces
pas...sauf si c'est ce que tu aimes.
— Je ne dirais rien, répétai-je une nouvelle fois en l'implorant du
regard.
— J'espère pour toi princesse, je prends les promesses très à cœur.
Comme Théa.
Son corps recula et je commençai à respirer plus normalement, je
grimaçais en regardant ma boisson par terre et il tira une autre canette du
mini-frigo qu'il me tendit.
— Mets ça sur ma note plus tard.
J'acceptai en le regardant, et doucement, j'ouvris la canette sans le lâcher
du regard.
Son aura qui empestait le danger me fit frémir et comme si mon corps
était le spectre de ma peur, mon ventre se nouait et ma respiration était
irrégulière.
Il m'avait menacé.
Il venait de me menacer si jamais je disais quelque chose sur ce que
j'avais vu.
Alors il savait ce que faisaient Jacob et Vernon hier soir, ce qui le rendait
encore plus dangereux.
Imagine c'est lui qui l'a découpé en morceau ?
Arrête je vais vomir.
— Je n'ai jamais goûté.
Je fronçai les sourcils, il regardait ma canette. Il parlait de la boisson hein
?
— C'est très sucré, décrivais-je après m'être raclé la gorge.
— Je peux goûter ? m'interrogea-t-il en se redressant.
Je hochai la tête et lui tendis la canette, je ne comprenais pas comment il
pouvait passer d'un type effrayant à un autre aussi calme...presque doux,
aussi rapidement.
Où était-ce juste moi qui le voyais comme ça ?
Délicatement, je le vis me prendre la canette avant de s'approcher de moi,
ses yeux fixaient mes lèvres puis il murmura :
— Ouvre la bouche.
Un frisson se déchargea le long de ma colonne vertébrale et mon cerveau
se déconnecta automatiquement, comme s'il s'en fichait que l'homme que
j'avais en face de moi venait de me menacer si jamais je disais que j'avais
vu son ami enterrer un corps mutilé.
Et mes lèvres s'entrouvrirent, obéissant à sa demande.
Sa main emprisonna ma mâchoire qu'il releva avant de verser la boisson
à l'intérieur de ma bouche.
— N'avale pas.
Il maintenu ma mâchoire levée, je l'entendis déposer la canette à côté de
moi avant de presser violemment ses lèvres sur les miennes.
Et mon souffle s'alourdit.
Une explosion d'émotions fit vibrer mon estomac et il pressa sa main sur
ma mâchoire, la boisson se mélangea à notre baiser hargneux et sa langue
brûlante caressa lentement la mienne.
Suçotant mes lèvres mouillées par le liquide sucré, et j'étais au bord de
l'extase.
À cause d'un simple baiser.
L'effet que cet homme me faisait était terrifiant. C'était interdit et
complètement déviant.
Il rompit notre contact et se lécha les lèvres en gardant ses doigts sur ma
mâchoire, comme s'il dominait encore mon corps même après ce baiser.
— Oui, j'aime beaucoup.
Ses doigts quittèrent ma mâchoire et le bout de son index essuyait
lentement le fil de liquide qui avait quitté ma bouche et descendait jusqu'à
ma mâchoire.
Mes yeux s'écarquillèrent un instant lorsque je le vis lécher le bout de son
index, esquissant un petit sourire au coin.
— J'attendrais ton appel ce soir, princesse.
Et j'étais à ça de lui demander de me baiser sur ce bar, maintenant.
Je le voyais s'éloigner de moi, son corps se rapprochant de l'entrée. Et un
souffle quitta mes lèvres, encore complètement chamboulée par ce qu'il
m'avait fait.
Putain.
Comme le dit reine Doja Cat...
That dick was a ten out of ten.
_____________
Hey !
Mon nouveau PC me rends heureuse Sah il est trop cool.
Me today :
BUT ANYWAY CHILL !
Kai and Iris be like :

Prenez soin de vos petites frimousses !


With love. S
❤️
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
11. Témoin

Iris
Une semaine plus tard. Appartement d'Iris. Ewing.
Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis ce soir, ce fameux soir où Kai
m'avait embrassé et menacé en l'espace de cinq minutes.
Plusieurs jours que je n'arrivais pas à trouver le sommeil, où mes
cauchemars étaient pleins de lui et de ce qu'il pouvait me faire si je disais
quoi que ce soit.
Des cauchemars où je me retrouvais à la place de cet inconnu au corps
découpé.
La nausée me prenait dès que je me rappelais de son bras, un vrai bras
mutilé.
Mais ce n'était pas ce qui me faisait le plus flipper.
En vérité, c'était trois choses...ou plutôt, trois personnes.
Il y avait déjà Jacob, lui qui semblait inoffensif, il tenait ce bras comme
si c'était un jouet, avec une indifférence ahurissante.
Comme si c'était tout à fait normal.
Jusqu'à parler de l'album de Madonna en creusant.
Aussi, Vernon. Ce mec avait facile 35 ans, et ce qui me rendait
complètement folle c'était de l'avoir vu sortir de la voiture de police à
l'université.
C'était un putain de flic qui creusait des trous pour enterrer des cadavres.
Un putain. De. Flic.
Et enfin...Kai.
Il me hantait depuis très longtemps, mais encore plus depuis que nous
nous étions embrassés, à plusieurs reprises.
Mais c'était comme si une grosse partie de moi avait très peur de lui.
Animé par un très mauvais pressentiment sur ses intentions.
En vérité, surtout depuis sa menace, je n'osais même pas lui parler.
Je l'évitais comme la peste et il l'avait remarqué.
Enfin, je crois.
Comme si cette partie de moi se sentait en sécurité loin de lui, j'avais des
sentiments mélangés.
D'un côté, je voulais rester loin de lui parce qu'il me fichait la trouille.
Et de l'autre, je voulais qu'il me baise jusqu'à ce que je ne puisse plus
marcher.
Ça, j'en savais qu'il était capable. Je ne savais pas pourquoi, mais je le
savais c'est tout.
J'avais l'impression que cette partie de moi qui étais terrifié par lui
s'évaporait à l'instant où il me parlait et laissait place à l'intrigue.
Le mec t'a carrément menacé meuf.
Bah oui, je sais.
Ça défiait toute logique, ressentir encore de l'attirance pour lui alors qu'il
me terrifiait, qu'il avait menacé de s'en prendre à moi si jamais je disais
quoi que ce soit à qui que ce soit sur ce que j'avais vu au lac.
Et ça, ça le rendait encore plus dangereux à mes yeux parce que je savais
qu'il savait ce que faisait Jacob.
Qu'il était là ce soir-là.
Ils étaient dangereux.
Je me demandais si Cody les connaissait, je devais connaitre leurs noms
de famille, mon ami ne connaissait que les noms de famille des gens au
Box.
Du moins, des plus dangereux.
— Un corps, murmurai-je en donnant à manger à Rufus, ils enterraient
un putain de corps.
Je tremblais encore, la nausée me prenait dès l'instant où je me rappelais
de cette vision.
Cette image de ce bras, de Jacob qui faisait comme si c'était normal.
Me faisant comprendre que ce n'était pas la première fois.
— Putain un corps ! m'exclamai-je en regardant Rufus, tu te rends
compte ? Bien sûr que non t'étais pas là toi, putain...
C'était comme ça chaque jour, depuis le feu de joie, j'y repensais, je
laissais mon cerveau me rappeler ces minutes angoissantes.
Invitant mon anxiété chaque nuit.
Mais je ne pouvais pas m'empêcher de me rappeler de la crise que j'avais
faite au box il y avait une semaine de ça.
De la façon dont il m'avait aidé.
J'en avais encore des frissons rien qu'en me rappelant des émotions
mixées, de la chaleur de sa langue avec le froid du glaçon, de ses lèvres
contre les miennes.
Peut-être que lui aussi faisait des crises d'anxiété.
Le mec il enterre des corps comme son pote si ça se trouve, de quelle
anxiété tu parles toi ?
J'ai dit peut-être.
La porte de mon appartement sonna, et je savais que c'était Cody. Je
l'avais appelé plus tôt dans la journée parce que j'avais besoin qu'il répare la
porte de ma salle de bains.
J'allais en profiter pour lui demander les noms de famille des personnes
dangereuses au Box.
— Madame, commença-t-il alors que j'ouvris la porte de mon
appartement.
— Réparateur, répondis-je en souriant avant de me dégager de la porte
pour le laisser entrer et la refermer derrière lui.
Il s'approcha de la porte et commençait à l'examiner du regard avant de
m'interroger :
— À quelle heure je te dépose au Box ?
— 21 heures, répondis-je en le regardant forcer sur la porte, tu sais le
but de la réparer c'est justement de l'arranger...pas de la niquer encore
plus.
— On m'appelle Bob le bricoleur Iris, répliqua-t-il en me faisant un
clin d'œil.
— Ouais bah appelle moi Twisty le Clown si tu casses encore plus ma
porte, il me lança un regard étonné par la référence et je continuais, j'aime
beaucoup Twisty.
— T'as pas peur des clowns à la base ?
Je hochai la tête et répondis sarcastiquement :
— Ironique n'est-ce pas ?
— Où est ton collier ? m'interrogea Cody en regardant mon cou nu, j'ai
remarqué que tu ne le portes plus depuis hier soir.
J'acquiesçai et répondis en posant ma main sur mon cou :
— Je n'arrive plus à porter quelque chose qui ne m'appartient pas
en me disant que c'est à moi, il est à l'intérieur de mon tiroir, tu veux
du café ?
Il secoua négativement la tête et commençait à me raconter sa journée,
pendant que moi je me rendais à la cuisine ouverte pour faire du café.
J'ai besoin de ma dose.
— Cody ? J'ai envie de savoir un truc, commençai-je à plonger dans le
vif sujet en sentant mon cœur battre plus vite.
Il fallait que je connaisse les noms de famille, je ne pouvais pas rester
comme ça.
Travailler dans un milieu pareil sans savoir à l'avance à qui j'avais affaire.
— Ouais ?
L'odeur du café chatouillait mes narines et je fis une petite danse en
regardant la caféine couler à l'intérieur de mon mug.
Happy Iris !
— Tu...tu m'as dit la dernière fois que tu connaissais les noms des
personnes au Box...enfin, les plus dangereuses, continuai-je en essayant
de paraître la plus naturelle possible, et je me demandais si tu pouvais me
dire...genre pour avoir une idée ?
— Une idée de ? Tu sers des boissons, t'as pas besoin de savoir,
refusa-t-il sans me regarder.
Mon agacement fit presser mes doigts contre le mug qui contenait mon
café, et je répondis :
— Ok, imagine-
— Non, pas un nouvel épisode de Iris Tarantino s'il te plait,
m'implora-t-il en me lançant un regard blasé.
— Imagine si, un jour, un mec me parle mal ou a eu un geste déplacé
envers moi ! Et que je me défende ! Et que c'est un tueur en série ! Et
qu'il me tue ! Tu vas t'en vouloir toute ta vie Wilson ! créai-je un
scénario en fronçant les sourcils.
Il leva les yeux au ciel et se redressa avant de pousser un soupir fatigué,
ses yeux m'examinèrent et je croisai les bras, attendant sa réponse.
— Je vais en parler jusqu'à ce que tu me dises, épargne-toi des jours
de refus pour le bien de ta santé mentale.
— Ma santé mentale est partie en couilles le jour où je t'ai connu,
Iris, souffla-t-il en secouant la tête d'exaspération, ok...
Je me redressai, l'air beaucoup plus intéressé, un sourire triomphant
scotché aux lèvres alors que je sentais mon cœur battre à milles à l'heure
tant l'excitation et la soif de savoir me prenaient.
Il commençait à me citer des noms de famille que j'enregistrai dans ma
tête plus vite que l'intégralité de mes cours.
— Il y a aussi Peters, c'est le chef d'un gang pas loin d'ici, mais il est
sympa...seulement quand il est défoncé, me dit Cody en réparant ma
porte, mais il ne vient pas souvent au Box, ce n'est pas un habitué
comme certains.
— Qui sont les habitués ? L'interrogeai-je curieusement.
Il me lança un regard puis s'arrêta quelques secondes avant de reprendre :
— Tu te rappelles de la fois où on était à la salle de bains de Jack ? Et
un mec est arrivé ?
J'acquiesçai, je me rappelais de comment il nous avait ignorés surtout.
J'avais douté de mon existence tellement c'était irréel d'ignorer deux
personnes complètement défoncées à l'intérieur d'une baignoire.
— J'étais complètement défoncé ce jour-là, mais son air m'était
familier au départ, je t'avais donné un nom et je me demandais ce qu'il
faisait là, reprit Cody en se redressant et me regardant, ce n'est pas un de
mes clients, je ne l'ai vu que très peu de fois au Box ces dernières
années, mais je sais qu'il est important ici, enfin...les gens dangereux le
connaissent tous.
Je ne me rappelais plus de son nom de famille, je savais qu'il commençait
par un L...enfin dans mes souvenirs.
— Je n'avais pas envie d'en connaitre plus sur lui, on m'avait montré
des photos de lui et même s'il est terriblement beau, il y avait quelque
chose d'effrayant dans son regard, me décrit-il la personne qu'il avait cru
voir à la soirée, et je savais qu'il était très dangereux le jour où les
personnes que je jugeais dangereuses commençaient à avoir peur de
son arrivée en ville, des rumeurs courraient y a pas longtemps disant
qu'il était là, mais je n'y crois pas, parce qu'on m'avait dit qu'il était en
prison.
— Mais pourquoi faire courir une rumeur pareille ? lui demandai-je
beaucoup plus intrigué, et s'il était si dangereux, pourquoi tu n'as pas
réagi en le voyant, tu avais l'air normal.
— Oh tu sais, les rumeurs sont les choses favorites des gens à Ewing,
soupira Cody en posant son épaule contre le cadre de la porte, et pour ma
défense je te rappelle que j'étais complètement défoncé et bourré donc
excuse-moi hein, mais mes émotions étaient très limitées.
Je secouai la tête et buvais mon café en lui demandant :
— Et...enfin, comment il s'appelle ? Est-ce que tu sais pourquoi il est
en prison ?
— On m'a dit qu'il s'appelle Lakestone, mais je ne sais pas ce qu'il
fout en prison pour être honnête, je ne cherche pas à en savoir plus sur
lui, moins j'en sais, plus je suis en sécurité. Tout ce que je sais, c'est
qu'il est dangereux, il est très discret aussi d'après ce qu'on m'a dit, il
ne parle pas beaucoup non plus apparemment et il est très facilement
en colère.
Je hochai la tête, Lakestone.
C'était ça, le nom que m'avait dit Cody ce soir-là. Il était bien défoncé
pour penser qu'un mec aussi dangereux pouvait venir squatter la villa d'un
étudiant.
Il était en prison.
Je me demandais à quoi il ressemblait, connaissant les goûts de Cody
j'étais sûr qu'il était vraiment très beau, mais à l'écouter parler, j'avais aussi
l'impression que les criminels de la ville et ses alentours le fuyaient comme
la peste.
Qu'est-ce qu'il était capable de faire pour arriver à avoir ce statut, ces
rumeurs et ses peurs qui entouraient son nom.
Une vision me revint à l'esprit, Jacob.
Et si c'était lui Lakestone ?
De là à être aussi indifférent à un corps me faisait encore frémir, peut-être
que c'était lui ?
Peut-être que les rumeurs disaient vrai et qu'il était revenu ?
— Mais bon, encore une fois Iris, ne fouille pas trop de ce côté du
Box, ça peut te mettre en danger.
Me mettre en danger.
« Tu pourrais voir des choses...que tu devras garder pour toi »
Un frisson s'empara de mes membres en me rappelant de sa voix
murmurant cette phrase pleine de menaces.
Ses yeux d'un bleu polaire transperçant les miens, à ce moment précis,
j'étais complètement tétanisé.
Mais ensuite, t'as voulu le baiser, oui madame.
C'est qu'un détail.
— Tu penses qu'il y a une chance qu'il sorte de prison ?
Cody haussa les épaules et marmonna :
— Pas vraiment, on m'a dit qu'il avait une très lourde peine enfin de
ce que j'ai compris, j'imagine qu'il a sûrement tué quelqu'un ou pire
encore, je ne sais pas ce qu'il ni ce qu'il fait au juste, tout ce que je
connais c'est son nom de famille au cas où.
Je hochai la tête ne posant pas plus de questions au sujet de ce mec et il
reprit son travail de Bob le bricoleur.
Je savais que Cody n'aimait pas se mélanger aux affaires des gens à qui il
vendait ses merdes, ni même s'intéresser à leur monde, et je le confirmais
encore aujourd'hui.
Il connaissait le danger, et savait que s'il commençait à créer des liens
même très lointains, il pouvait dire au revoir à sa sécurité.
Mais de mon côté, c'était plus fort que moi.
L'intrigue et la curiosité dépassaient de loin ma peur et mon envie de
sécurité.
— T'as remboursé ta mère ? M'interrogea Cody en vérifiant s'il avait
réussi à réparer ma porte.
— Une moitié oui, l'autre moitié le mois prochain, soufflai-je en
regardant mon téléphone.
En regardant le numéro de Kai qui attendait au fond de mes contacts je
l'appelle, et ça depuis qu'il m'avait donné ce post-it avec sa phrase digne
d'un charmeur bourré.
Qui sort des phrases comme ça même.
Oui oui, aller fait pas genre, t'étais à deux doigts de t'évanouir comme
une collégienne.
— Et ton père ?
— À ce stade, il doit être mort quelque part, répondis-je en me sentant
soudainement abattu, il m'a déjà fait ce coup une fois, et j'ai eu l'idée de
génie de l'appeler via un autre numéro...ce jour-là, il m'avait répondu,
parce qu'il ne pensait pas que c'était moi.
— Tu veux l'appeler avec mon téléphone ? Juste pour confirmer
qu'il n'est pas mort.
Je secouai la tête, je savais qu'il ne l'était pas. Tout simplement parce que
s'il l'était, ma belle-mère aurait cherché après moi pour l'héritage.
Un héritage que je pensais ne même pas avoir droit, maintenant que
Lizzie existait dans la vie de mon père.
Je me demandais s'il pensait à moi, rien qu'en la voyant. Qu'il se rappelait
qu'il avait une fille avant elle et qu'il ne l'a pas traité comme il traitait celle-
ci.
Je savais que Lizzie et moi n'avions pas le même caractère et pas la
même vision de père.
Elle avait un père entier, qui s'inquiétait pour elle, qui la protégeait, qui
jouait avec elle, qui voulait passer des moments avec elle.
Qui l'appelait princesse.
De mon côté, j'avais un père absent, qui n'avait jamais porté d'intérêt à ce
que je faisais, qui n'aimait pas me parler très longtemps, qui ne voulait pas
de lien avec moi.
Qui ne m'appelait pas.
C'était fou de se dire qu'au final...c'était la même personne.
Je me rappelais encore de comment je faisais n'importe quoi pour avoir
son attention, je mentais pour l'attention, je voulais créer des liens avec lui
au point où je prétendais aimer la même musique et les mêmes films que lui
pour qu'il me porte de l'intérêt.
Mais bien sûr, il s'en fichait.
Sauf que je ne le voyais jamais comme ça, je lui trouvais des excuses à
chaque fois. Uniquement pour accepter la réalité que je construisais dans
ma tête et rester dans le déni.
Parce que le déni était plus cool.
Je me rappelais encore de comment j'étais heureuse lorsqu'il venait me
chercher à l'école, enfin, il ne l'avait fait que trois fois, mais même, j'étais
tellement contente de ne pas rentrer toute seule.
Je voyais les parents venir chercher leurs enfants et j'avais tellement
honte de rentrer toute seule que je faisais semblant d'attendre les miens,
même si au fond, je savais qu'ils n'allaient pas venir.
Même pendant la fête des Pères, même si je savais que j'allais jeter la
lettre, je l'écrivais comme s'il allait la lire.
Mais à part moi, personne ne la lisait.
— C'est bon ! s'exclama la voix de Cody en me sortant de mes pensées,
ta porte est réparée.
Je le remerciais et le regardais ranger ses affaires avant de se rendre au
salon et s'affaler sur mon canapé vert.
— T'as prévu un truc pour ces prochains jours ?
— Réviser à la bibliothèque, lâchai-je en m'affalant à mon tour sur mon
canapé, les premiers examens sont prévus pour bientôt et je suis très
loin, de plus, travailler au box me bouffe l'intégralité de mon énergie
alors même mon jour off ne me sert pas à réviser, mais seulement à
récupérer.
— T'as déposé autre part ?
Je hochai la tête, j'avais déposé mon CV dans une cafétéria, et un
supermarché.
Bien sûr, personne ne m'avait rendu de réponse.
Mais je savais que ça n'allait pas durer très longtemps puisque j'allais
devoir trouver une alternance dans quelques mois.
Ça, c'était un autre problème, Ewing n'avait pas beaucoup de grandes
entreprises et pour nous les étudiants en sociologie, les choix étaient
minces.
Voilà pourquoi on aurait dû faire psychologie.
J'y pense encore.
J'avais toujours voulu faire psychologie, mais j'étais plus intéressé par les
modules de sociologie à cette période...je regrettais encore.
Je me levai et parti voir mon animal de compagnie qui réclamait encore à
manger, j'ouvris mon tiroir et lui donnait sa nourriture alors que mon regard
fixait le collier encore à l'intérieur.
Depuis que je l'avais enlevé, je me sentais comme vulnérable, comme si
quelque chose manquait.
À force de porter ce collier depuis des années, son absence se ressentait
très vite.
Mes doigts tirèrent sur la chaine et j'examinais le bijou qui ressemblait
exactement à celui qui était chez ma mère.
C'était bizarre de savoir que ce collier était vendu partout, depuis quelque
temps.
Je ne l'avais jamais croisé auparavant, et je n'étais pas allé en ville pour
confirmer ce que Rox m'avait dit la semaine dernière.
Mais elle avait pris des photos, et elles étaient identiques à mon collier.
— Viens voir !
Je fronçai les sourcils et quittai ma chambre en direction du salon où était
installé Cody, ses yeux rivés sur la télévision alimentaient ma curiosité.
— Quoi ?
— Ils ont trouvé un cadavre pas très loin du lac, m'annonça Cody
d'une voix étonné alors que je sentais mes membres se figer.
Je m'approchai de la télévision et écoutais la présentatrice nous informer :
— ... l'étudiante portée disparue depuis des semaines a été trouvée très
tôt ce matin pas loin du lac d'Ewing, cependant, les recherches sont
toujours en cours puisqu'ils n'ont trouvé que trois membres, en effet, son
corps a été sauvagement mutilé...
J'avais une folle envie de vomir mes tripes, la peur fit vibrer mon corps
alors que je me rendais compte que j'étais témoin de ce meurtre...enfin de
qui l'avait camouflé.
C'était l'étudiante.
C'était forcément ça que j'avais vu au feu de joie, tout collait.
Et à présent, c'était comme si ce secret devenait de plus en plus pesant à
gérer.
Je regardais mon collier, cherchant du réconfort sur ce bout de métal
alors que je murmurai :
— Cody...je crois que je dois te dire quelque chose.
Mon cœur battait à la chamade dès l'instant où je prononçais ces mots, je
savais que c'était devenu beaucoup trop dangereux.
Beaucoup trop dangereux pour le garder pour moi.
°°°°
Quelques heures plus tard. The Box. Ewing.
— Voilà, bonne soirée.
Je servais ma dernière commande avant ma pause et descendis les
marches, je cherchais du regard Jessy pour la prévenir que j'allais faire un
break, je voulais sortir et souffler.
Mes poumons imploraient pour avoir un peu d'air frais et de nicotine.
Comme si je voulais fumer quelques lattes afin de décompresser, le box
était le parfait endroit pour ses clients de décompresser.
Mais un lieu de pression pour ceux qui y travaillaient.
Je ne m'étais pas arrêté depuis 21 heures, et il était minuit et quart.
J'avais l'impression de ne plus sentir mes pieds à cause des talons et ma
peau collait à cause de l'espace qui certes même spacieux, était renfermé et
bondé de monde.
Je la vis parler à un client et je m'approchai d'elle en attendant qu'elle
finisse de prendre la commande.
— Quoi ? me demanda-t-elle en se retournant finalement.
— Je vais prendre une pause, l'informai-je simplement, toutes les
tables ont leurs commandes, je reviendrai dans 15 minutes.
Elle hocha la tête, un petit sourire aux lèvres. Je savais qu'elle adorait
lorsque je prenais ma pause, car cela signifiait qu'elle devait me remplacer à
l'étage, donc revoir Kai si ce dernier venait aujourd'hui.
Pour l'instant, ce n'était pas le cas, et c'était mieux comme ça.
Je l'évitais, pour deux raisons.
La première, parce qu'il m'avait menacé si je disais quoi que ce soit à
quelqu'un sur ce que j'avais vu au lac.
La deuxième...parce que je l'avais dit à Cody, et une partie de moi
n'arrivait pas à lui mentir maintenant que je savais qu'il pouvait savoir
lorsque je mentais.
Il pouvait lire panique et la culpabilité dans mes yeux tellement ce n'était
pas difficile.
Cody m'avait demandé de rester loin de l'affaire, les autorités ne me
protégeront pas autant que mon silence, il m'avait dit que quoi que j'avais
vu, je ne devais dire à personne d'autre, pour la sécurité de tout le monde.
Je n'avais pas précisé que c'était Jacob et Vernon que j'avais vus, j'avais
juste dit que c'était deux hommes qui enterraient des restes d'un cadavre
près du lac.
J'avais expliqué avec quelques mensonges blancs de pourquoi j'étais
taché de terre ce soir-là, en disant que je m'étais préparé à jouer la comédie
dans le cas où ils me verraient, le rassurant en lui disant que je n'avais pas
eu à jouer cette carte.
Même si en vérité, je connaissais non seulement les deux hommes, et que
l'un d'eux m'avait vu.
Mes talents d'actrice m'avaient sauvé la vie.
Enfin...presque.
Si Kai ne m'avait pas vu ce soir-là, je m'en serais tiré comme une
championne, mais malheureusement je n'avais jamais eu ce genre de
chance.
Y devait toujours avoir une couille quelque part.
Je contournai le bar où se trouvaient les deux Barmans, récupérai un
cendrier qui trainait et une petite canette de boisson énergisante puis ouvris
la porte secrète qui était la deuxième entrée du club réservée uniquement au
personnel.
Le long couloir rouge était vide et un souffle s'échappait de mes lèvres
lorsque le bruit assourdissant de la musique était étouffé dès l'instant où je
fermais la porte derrière moi.
Mes oreilles sifflaient, mes pieds me faisaient atrocement mal.
Je me collais contre le mur et me laissais tomber par terre en fermant les
yeux, j'étais épuisé.
J'avais hâte de rentrer chez moi, dans une heure et demie, ou un peu plus.
Mes doigts emprisonnèrent la clope et le briquet que j'avais dans mon
soutien-gorge et je coinçai la cigarette entre mes lèvres avant de la griller.
Enfin.
Mes muscles ne se détendirent pas vraiment, la clope ne me faisait pas
beaucoup d'effet et je n'aimais pas vraiment la fumer non plus.
Mais parfois, j'en avais envie.
— ...tu ne peux pas me dire que mes disquettes ne fonctionnent pas !
Je fronçai les sourcils en écoutant l'écho de voix familières, comme si
quelqu'un allait passer par ce couloir.
— Elles ne fonctionnent pas sur les humains en tout cas, fit une autre
voix qui me fit frémir.
Kai.
Et Jacob.
Je me levai rapidement du sol, ma main emprisonna mes talons et je
fumais plus rapidement ma cigarette en écoutant leurs pas se rapprocher,
accélérant les battements de mon cœur.
Mon estomac se noua, et la chair de poule se forma le long de mon
épiderme alors que je me rappelais de ce que j'avais fait, essayant par tous
les moyens de cacher ma terreur et ma panique.
Mon regard s'abaissa vers le sol et j'essayai de garder une respiration
calme, même si celle-ci était agitée à cause de leur présence à l'intérieur du
couloir.
Et lorsque leurs voix devenaient de plus en plus nettes, ma respiration se
coupa et je n'arrivais plus à fumer.
Mon champ de vision me permit d'apercevoir deux silhouettes à quelques
mètres de moi, et leurs paroles s'arrêtèrent à ma vue.
Les deux hommes se rapprochèrent et je me tournais vers eux, scellant
mon regard à celui de Kai comme à chaque fois que mes yeux croisaient les
siens.
Comme si chaque seconde était multipliée par cent, le temps ralentissait
autour de moi et je ne détournais pas le regard un instant.
Et lui non plus.
Jacob me fit un petit sourire et un signe de la main et la voix de Kai
explosa la bulle silencieuse qui nous entourait :
— Monte, je te rejoins.
Mon cœur était la chose la plus bruyante qu'on pouvait entendre alors
qu'il se mit face à moi, il n'était pas trop proche, mais pas trop loin.
Juste assez pour faire vibrer mes veines, avec ce même mélange
d'angoisse et d'excitation.
Je pouvais sentir ses yeux retracer mon visage, comme si ses iris
brûlaient mon épiderme. Sa tête s'inclina sur le côté, ce même sourire
insolent scotché sur son visage.
Aussi insolent que sa position face à moi.
Mon souffle devint moins régulier alors que sa voix chaude et masculine
murmura :
— J'imagine qu'elles ont le goût de la clope aujourd'hui.
Je m'électrisais sur place en le fixant, regardant mes lèvres avec cette
même avidité immanquable.
Je fumais une dernière latte et écrasai le mégot sur le cendrier que j'avais
pris au bar, sans le lâcher du regard.
Puis, je m'abaissai lentement en récupérant la canette de boisson
énergisante que j'avais laissée au sol.
Mes yeux encore sur lui alors que je me redressai, j'ouvris la canette et
bus une gorgée en le regardant me fixer, comme si un clignement des yeux
n'était pas permis tant la scène était plaisante pour lui.
— Elles ont le goût de la boisson, je pense.
— Tu n'es pas sûr ? m'interrogea-t-il en me regardant intensément.
Je me léchai les lèvres, laissant ses yeux quitter les miens pour fixer ma
langue passer le long de ma bouche.
Me faisant brûler de l'intérieur comme s'il était une étincelle et que j'étais
constitué d'essence.
Oubliant en quelques secondes ce côté dangereux qui me faisait
angoisser tous les soirs depuis une semaine, encore plus maintenant que
j'avais brisé sa promesse.
— Il me faut un deuxième avis, murmurai-je en faisant un pas vers lui.
— Tu voudrais avoir mon avis ?
Mes yeux regardaient ses lèvres que je pouvais sentir encore contre les
miennes grâce à toutes ces fois où elles avaient capturé ma bouche
hargneusement.
Je hochai la tête et il fit un pas en avant de murmurer dans un souffle :
— Tes mots.
Son odeur magnétisait tous mes sens, le mélange du parfum pour homme
et de la cigarette rendait sa présence face à moi encore plus enivrante.
Il est dangereux Iris.
Tu as rompu sa promesse.
Il va te tuer.
— J'ai besoin de votre avis, murmurai-je afin de faire taire mes pensées
et ma petite voix qui avait encore une part de raison.
Et de terreur.
Il fit un autre pas en avant, son visage près mien et son souffle chaud
caressait ma peau.
— Pourquoi tu ne portes plus ton collier ? Me demanda-t-il en laissant
ses lèvres frôler lentement les miennes sans les sceller comme je le voulais,
ton cou est trop nu à mon goût...
Mon souffle s'alourdit et mes lèvres ne demandaient que les siens,
l'arrière de mon crâne se collait contre le mur, et mon dos suivit en sentant
son torse frôler ma poitrine.
Mes yeux levaient vers lui, la différence de taille était plus flagrante
maintenant que je ne portais plus mes talons.
Sa carrure était aussi impressionnante que terrifiante.
— Je pourrais le remplacer avec mes doigts, princesse ?
— ...Oui.
Et mes émotions explosèrent lorsque ses lèvres s'écrasèrent contre les
miennes, mon souffle s'alourdit et le sien devint plus bruyant alors que ses
doigts s'enroulèrent autour de mon cou.
Dominant ce baiser comme il le faisait à chaque fois.
Son corps se colla contre le mien et son autre main se pressa contre ma
hanche en me rapprochant davantage contre lui.
Mes mains sûres posèrent sur sa nuque et je me laissai faire, sa langue
entra en contact avec la mienne et je me perdais une nouvelle fois face à lui,
et à son contact.
Comme une vague qui heurtait chaque cellule de mon corps, je sentais
ses lèvres aspirer les miennes alors que ses doigts se pressèrent un peu plus
contre mon cou.
Étouffant mes pensées et mes peurs dont il était l'obsession.
Son index sur ma mâchoire fit pivoter ma tête sur le côté et ses lèvres
rompirent notre baiser alors qu'il murmurait :
— Je peux donner mon avis sur ton cou, princesse ?
Je détestais l'entendre m'appeler par ce prénom, mais j'étais incapable d'y
penser. Trop avide de ses lèvres contre moi.
— ...Oui.
Ses doigts qui étaient sur mon cou retrouvèrent ma nuque, caressant ma
peau avec le bout de ses doigts que je ne sentais plus à un moment.
Puisque, en quelques secondes à peine, il enroula la longueur de mes
cheveux autour de sa main et les tira doucement vers le bas.
Forçant ma tête à fixer le plafond et laissant mon cou à sa merci.
Sa bouche s'écrasa contre ma peau et mes lèvres s'entrouvrirent alors que
je fermais les yeux en appréciant chaque baiser qu'il parsemait contre mon
cou.
La chair de poule se forma sur ma peau en sentant sa langue lécher
lentement mon épiderme, avant de laisser ses lèvres suçoter une partie de
mon cou.
— Pas de suçon, murmurai-je entre deux respirations bruyantes, pas sur
mon cou.
— Ne t'inquiète pas princesse, je n'aime pas en faire sur le cou non
plus, chuchota-t-il en continuant à malmener mon cou, ce n'est pas ma
partie préférée.
Mon pouls s'accéléra lorsque son visage me fit face, ses doigts
relâchèrent mes cheveux et il déposa un doux baiser contre mes lèvres.
— Je suis malpoli, bonsoir princesse.
— Bonsoir...Kai.
Il esquissa un petit sourire au coin avant de reculer puis me dit :
— Je t'attends en haut, avec mes commandes. Et ton joli cou. Ne
m'évite pas.
Mon cœur fit un bond en écoutant la fin de sa phrase qui sous entendait
qu'il était conscient de ce que j'avais fait toute cette semaine, je le regardai
tourner les talons tandis que j'essayai de me rappeler de mon prénom à
cause de toutes ces minutes passaient avec lui.
Le bout de mes doigts toucha mes lèvres encore avides des siennes alors
qu'il ouvrit la porte du Box, me laissant seule à l'intérieur de ce couloir dont
les murs avaient assisté à notre petit moment.
Un moment qui devait rester secret.
Putain...je ne sais pas si je pourrais m'accrocher à son jeu encore
longtemps.
Tu as déjà perdu meuf.
— On n'a pas baisé...alors je n'ai pas encore perdu.
°°°°
Deux heures plus tard. The Box. Ewing.
J'étais encore à l'extérieur, insultant Rox intérieurement pour avoir pris
ma voiture alors que je cherchais un Uber qui pourrait me déposer jusqu'à
chez moi.
Je grelottais, le temps était froid et je sentais qu'il allait pleuvoir à cause
des nuages qui rendaient la nuit en plus obscure.
La soirée s'était bien terminée pour moi, en d'autres termes, je n'avais pas
parlé à Kai...je l'avais complètement évité.
Je ne voulais pas qu'il me parle ni qu'il trouve l'occasion pour me
demander si j'avais toujours tenu ma promesse.
J'acceptais uniquement ses baisers, car je savais qu'il ne pensait à rien
d'autre, comme moi.
Ma raison bataillait avec mes envies, comme si j'étais partagé entre l'idée
de ne plus l'approcher et celle de lui demander de faire de moi tout ce qu'il
voulait le temps d'une nuit.
Cody m'avait envoyé un message pour me demander si j'allais bien,
depuis qu'il savait pour ce que j'avais vu, il était très inquiet pour ma santé
mentale, s'il savait que la réalité était encore pire que ce j'avais raconté.
Et qu'il me restait un fond de sang-froid pour ne pas sombrer dans
l'angoisse constante.
De quelle angoisse tu parles Iris, tu te jettes sur celui qui t'a menacé !
On a tous nos faiblesses, écoute.
Je savais que ce que je faisais se rapprochait de la folie, mais j'avais
éprouvé cette attirance pour cet homme depuis la toute première fois.
Et même s'il m'avait menacé, je ne pouvais pas m'empêcher d'étouffer
cette attirance.
Jusqu'à ce qu'on aille plus loin.
— C'est dangereux de rester ici seule.
Je sursautai et tournai en voyant sa silhouette encore à l'intérieur du
bâtiment, tout près du cadre de la grande entrée ou j'étais caché pour
échapper au froid de l'extérieur.
— Je vais bientôt rentrer, l'informai-je en regardant mon téléphone.
— Tu attends quelqu'un ?
Mon regard se releva et ma tête tourna en sa direction alors qu'il
s'approchait un peu plus de moi, je ne me lassais pas de son visage pâle et
toutes ses couleurs que je ne pouvais pas voir au club à cause de la lumière
rouge.
Il était encore plus beau.
— Un Uber, répondis-je en attendant qu'un Uber accepte ma demande.
Mais personne n'était dans les parages. Et je commençais à stresser.
C'est lui qui te fait stresser pas le Uber.
Mais mon cœur frôla l'explosion lorsque sa voix derrière moi, me dit d'un
ton bas :
— Laisse-moi te raccompagner ce soir.
_____________
Hey !

YOU CAN HATE ME FOR THIS I DESERVE IT BUT C'ÉTAIT TROP


TENTANT IM WEAK.

Comme je l'ai déjà dit sur Instagram, j'ai repris le boulot, alors plus de

A très bientôt pour un nouveau chapitre !


Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
chapitres aussi régulièrement haha j'ai envie de mourir.

With love. S
Instagram : Sarahrivens
12. Première promesse

(NDA pré-chapitre : it's my time.)


Iris
Je le regardais, mes battements de cœur faisaient vibrer mon corps qui
était déjà pris par de lourds tremblements tandis que mon cerveau essayait
d'assimiler ce qu'il venait de me proposer.
— Quoi ?
Je murmurai ma question comme si je n'avais pas compris ce qu'il venait
de me dire.
— Tu m'as entendu. Laisse-moi te raccompagner ce soir, répéta-t-il en
examinant mon visage, tu me connais plus qu'un inconnu, pense à ta
sécurité.
— La sécurité est débattable, rétorquai-je encore ahuri en fronçant les
sourcils.
Il a zappé sa menace ce fou ou quoi ?
— Je te fais la promesse de te faire aucun mal ce soir.
— Qui me dit que vous ne mentez pas ?
Je vis son regard s'assombrir en l'espace d'une seconde avant de revenir à
la normal et me dire d'un ton sérieux :
— Parce que je ne mens jamais.
Je le fixais sans un mot, ne comprenant pas son changement d'humeur
soudain.
Et mes questions s'évaporèrent lorsqu'il incurva le coin de ses lèvres.
Mes yeux se détachèrent de son visage et regardèrent l'écran de mon
téléphone, il était deux heures du matin, il pleuvait à torrents dehors et je
n'avais pas de voiture.
Si je devais faire mes calculs, Kai était plus dangereux qu'un Uber, je
devais envoyer un message à Rox pour lui dire de me poser la question dans
une vingtaine de minutes.
Juste pour l'alerter au cas où.
On n'est jamais trop prudent.
— Et ne me vouvoie pas, je n'ai pas l'habitude qu'on m'accorde
autant de respect.
Je relevai la tête vers lui et verrouillai mon téléphone alors que je sentais
chaque cellule de mon corps être emprisonnée par l'adrénaline.
Une partie de moi était en train de supplier mon cerveau d'arrêter, ce
dernier me demandait de ne pas écouter mes envies et de penser à ma raison
qui me hurlait de ne pas y aller.
Il ne faut pas que tu dises oui, résiste !
Non ! dis oui !
— Pourquoi vous voulez...tu veux me rendre ce service ?
— Parce que j'en ai envie, pourquoi tu hésites ? M'interrogea-t-il à son
tour.
— Parce que tu m'as menacé, qu'est-ce que tu veux en échange ?
— Je ne t'ai pas menacé, je t'ai seulement demandé de me promettre
quelque chose, me répondit-il d'un ton faussement innocent, et je ne veux
rien en échange princesse.
— Arrête de m'appeler comme ça, lui demandai-je encore une fois.
— Tu préfères « Kai » comme tu me l'as demandé la dernière fois ?
— Je préfère « Iris », comme tout le monde m'appelle.
Il étira un coin de ses lèvres avant de répliquer d'un ton bas :
— Mais ce n'est pas tout le monde qui t'embrasse comme je le fais.
Mon cœur rata un battement à l'entente de sa phrase et mes yeux
s'écarquillèrent soudainement, il poussa un petit rire dans un souffle, fier de
ce qu'il venait de dire avant de faire un pas en avant.
— Pas vrai, princesse ?
Sa démarche assurée et son ton confiant me rendaient faible, cette
faiblesse qu'il me procurait me donnait envie de riposter pour détruire son
ego que j'avais laissé gonfler.
Ah les hommes.
Son corps s'approcha du mien et je reculai lentement en essayant
d'échapper à ses pupilles qui m'électrisaient en me fixant avec ce même
regard sournois et fier.
Mon dos se colla contre le mur et seulement quelques centimètres
séparaient nos deux corps, et je me sentais comme une petite souris face à
lui.
Comme prise au piège par sa question, et par lui.
— Seulement parce que je le veux, murmurai-je finalement.
Prise par une soif immense de détruire son ego qui gonflait à cause de
moi, c'était mon petit plaisir personnel.
Et je n'allais manquer ça pour rien au monde.
Flatter ton ego n'est pas mon job.
— Tout ce que tu fais, tu le fais uniquement parce que je te laisse le
faire. Ne sois pas fier de quelque chose que tu ne contrôles pas.
Ses lèvres s'étirèrent et il examina mon visage, je vis ses lèvres
s'entrouvrirent et j'attendais sa réponse qui vint quelques secondes plus tard
:
— Et pourtant, même si je ne contrôle pas ça...j'arrive quand même
à te faire perdre le contrôle.
— Ta confiance en toi me fatigue, murmurai-je en le fixant alors que je
savais qu'il pouvait m'avoir dans son lit avec de simples mots.
— C'est comme ça que tu t'adresses à un client ? murmura-t-il à son
tour.
Je poussai un petit rire dans un souffle avant de répondre :
— C'est comme ça que tu parles à une serveuse ?
— On dit que le client est roi, princesse.
— Seulement s'il paie avec des couronnes, ripostai-je en le fixant avec
un petit sourire au coin, mais vu que tu ne paies pas alors...tu ne peux
pas avoir ce titre.
Je ne l'avais jamais vu payé, même si Brandon et Jamie me disaient le
contraire, mes yeux n'avaient jamais vu cette action de la part de Kai.
— En plus, et si on parle de maintenant...je ne suis pas serveuse, et tu
n'es pas client, continuai-je en le regardant me dévorer du regard, ma
façon de te parler dépendra uniquement de la tienne.
Son sourire narquois n'avait pas quitté ses lèvres, alors que je laissais les
miens s'étirer.
— Première promesse, Iris, je serais ton meilleur coup.
Je restai silencieuse, comme s'il venait de faire disparaitre toute la
répartie que j'étais prête à mettre en scène, et ma frustration ne se fit que
plus grande.
— Et je serais très fier le jour où je contrôlerai bien plus que tes
battements cardiaques.
— Ne t'en fait pas, je ne te laisserai pas cette satisfaction, murmurai-je
à mon tour, pas à toi.
— À qui dans ce cas ?
Un sourire étira mes lèvres et mon visage s'approcha du sien alors que je
chuchotai près de ses lèvres :
— La liste est variée au Box, je verrais en fonction de mes
préférences. Et tu n'es pas sur ma liste.
Ceci est un mensonge.
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour briser son ego.
Ses doigts effleurèrent les miens et la chair de poule naissait sur mon
épiderme, nos regards ne s'étaient pas quittés.
Ses iris bleus brulaient la peau de mon visage, et son sourire me rendait
faible.
— Personne n'oserait t'approcher, ils tiennent plus à leur vie qu'à
l'idée de te baiser princesse, ou même t'embrasser.
Son index se posa sur ma mâchoire qu'il retraça lentement, avant de
descendre à la naissance de mon cou puis, soudainement et d'un coup sec.
Son doigt glissa sur mon cou, comme une lame qui venait de trancher ma
gorge alors qu'il murmura :
— Je prendrai à malin plaisir à trancher toutes les peaux qui
toucheraient la tienne.
Me coupant la respiration.
— Mais pour revenir à nous, et encore une fois, je serais très fier de
contrôler ton corps qui me nargue tous les soirs.
Je sentais mon cœur pomper beaucoup trop violemment à l'intérieur de
ma poitrine alors que ses yeux examinaient mon visage.
Ses paroles étaient trop confiantes, comme si tout ce que je pouvais dire
ne faisait pas le poids avec ses mots à lui.
Je fronçai les sourcils de frustration, et il me lança un petit sourire
triomphant en haussant les épaules, l'air fier.
Il recula d'un pas puis me demanda simplement :
— Alors, tu as fait ton choix ?
— J'espère que tu ne vas pas me kidnapper, soufflais-je ma phrase.
Sa simple réponse fut de rire dans un souffle et je secouais la tête.
Et au même moment, nous entendîmes une personne monter les marches
quelques mètres plus loin et un jeune homme arriva dans l'espace où nous
étions.
C'était un gars qui avait commandé beaucoup trop de trucs simplement
pour avoir mon numéro.
Parfait.
Il me sourit, un sourire que je lui rendis avant de m'approcher de lui.
Ce mec m'avait fait des avances à plusieurs reprises pendant la soirée et
honnêtement.
C'était exactement ce qu'il me fallait.
Au bon endroit au bon moment.
Mes lèvres s'écrasèrent brutalement contre les siennes et il étouffa un
hoquet de surprise face à ce que je venais de faire.
Ma main derrière mon dos, j'affichai mon majeur en direction de Kai qui,
je savais d'avance, regardait la scène sans un mot.
Je sentais ses yeux sur moi, sur nous.
Je m'éloignai de l'inconnu qui essayait encore de comprendre se qui
venait de se passer et tournai les talons en direction de Kai qui me fixait.
La mâchoire contractée et le regard sombre, son sourire fier avait disparu
et le mien ne se fit que plus grand.
J'inclinai ma tête sur le côté et lui déclarai simplement :
— Appelle-moi Iris, comme tout le monde. Parce que tout le monde
peut m'embrasser si je le veux. Et tu n'as pas ton mot à dire.
— Eh chérie tu-
Mon souffle se coupa en même temps que la phrase de l'inconnu lorsque
Kai pointa rapidement son arme sur lui avant de tirer sans aucune
hésitation.
Me faisant violemment sursauter en hoquetant d'effroi.
Je me tournai rapidement vers l'inconnu et vis que la balle avait
transpercé le mur près de lui.
— EH ! Mec pose ton arme-
— Bouge de là maintenant avant que je ne t'arrache la langue et te
fais avaler une balle, enfoiré.
L'homme quitta le bâtiment à toute vitesse et mes lèvres s'entrouvrirent,
cette violence je l'avais déjà vu le soir où Rico avait posé sa main sur moi.
Son regard polaire m'assassinait alors qu'il rangeait son flingue et je
déglutis, mon ventre se tordait dans tous les sens puis il déclara à son tour :
— Ne joue pas à ce jeu avec moi, je suis un très mauvais perdant.
Suis-moi, je te dépose chez toi.
Il ne me laissa pas le temps de répliquer que je le voyais déjà sortir du
bâtiment, il pleuvait à torrents et je grimaçais, je ne pouvais même pas lui
dire non.
Ok Iris. Meuf, ton appartement est à 20 minutes d'ici.
C'est beaucoup en compagnie d'un mec qui vient de presque tirer sur un
gars.
Mais est-ce que tu penses qu'il t'a laissé le choix là ? Non !
Je grimaçai en sentant mon estomac se tordre lorsque je l'entendis
klaxonner d'impatience, puis rabattais ma capuche en inspirant
profondément avant de sortir du bâtiment à mon tour en direction de la
berline noire.
Ok meuf, t'as pas trop le choix.
C'était la nouvelle Jaguar, je me rappelais que Cody m'en parlait depuis
des semaines tellement il était obsédé par cette voiture.
Qui d'ailleurs, coûtait une blinde.
J'accourus jusqu'au véhicule et il m'ouvrit la voiture de l'intérieur, j'entrai
et refermai la portière avant d'enlever ma capuche.
Il démarra dès l'instant où je bouclais ma ceinture silencieusement, mes
yeux avaient faim de lui et de sa présence sur mon champ de vision.
Cette intrigue que j'éprouvais pour cet homme frôlait la folie.
Ce n'était pas censé, même après ce que je venais de voir, je voulais
encore le regarder exister pendant des heures sans me lasser.
Une main sur le volant, sa tête contre l'appuie-tête et son regard
concentré m'embrasait en quelques secondes, les veines sur le dos de sa
main mélangé à ses tatouages m'empêchaient de détourner le regard.
Mais, quelque chose avait dépassé cette soif de lui.
Et c'était la terreur.
Mon cœur battait à milles à l'heure, mon cerveau se rappelait encore du
son qu'avait fait l'arme.
Il avait menacé ce mec.
Cette même peur qui m'avait abrité la première fois qu'il m'avait menacé,
s'était dupliqué par cent à l'instant où il avait sorti son arme et avait tiré sans
une seule once d'hésitation.
Comme s'il n'avait pas peur de blesser qui que ce soit.
Sanglant.
À présent, ma peur de lui avait dépassé mon envie de lui, c'était même
une poussière en comparaison.
Et au fond de moi, je sentais qu'il était capable de bien plus.
De bien pire.
Il avait cette aura menaçante autour de lui, ces yeux étaient dénués de
toute émotion, sa peau pâle comme si le sang ne passait pas sur son corps.
Mais son regard était dangereux, ses cheveux aussi sombres que tous ses
tatouages, son sourire mauvais qui ne quittait jamais ses lèvres qui
connaissait les miennes que je ne le connaissais lui.
Parce qu'au final, nous n'étions que des inconnus.
Il s'appelait Kai, et c'était tout ce que je savais.
Même si en vérité, nous savions tous les deux les choses qu'on ne devait
dire à personne.
Comme le corps.
Et comme nos rapprochements.
— Ta jambe va bientôt ne plus fonctionner à force de la bouger
comme tu le fais.
Sa voix chaude m'arracha de mes pensées et mes yeux se posèrent sur ma
jambe que je bougeais nerveusement sans m'en rendre compte.
— Tu es nerveuse, princesse ?
Le ton bas de sa voix me fit frémir et je secouai la tête en guise de
réponse même si intérieurement, je savais que c'était à cause de lui que
j'étais comme ça.
Il me rendait nerveuse.
Faible.
Effrayé.
J'avais toujours ce mauvais pressentiment avec lui, depuis le début,
j'avais cette impression qu'il était dangereux et rien de ce qu'il faisait ne me
portait à croire le contraire.
Il me le confirmait à chaque fois.
Avec Rico, ses menaces, Jacob.
Dangereux.
— Maintenant, il faut que tu me donnes ton adresse, m'arracha-t-il de
mes pensées une nouvelle fois.
Nous nous rapprochions du centre-ville et il me tendit son téléphone, je
tapai l'adresse de Cody, comme instinctivement et soudain, son téléphone
vibra entre mes mains.
Et c'était un appel de Jacob.
— Ne lui réponds pas, me dit-il après avoir vu l'écran, raccroche.
J'acquiesçai et fis ce qu'il me dit avant de continuer à taper l'adresse de
Cody, mais je fus encore une fois coupé par un deuxième appel de Jacob.
Kai claqua sa langue contre son palais d'agacement et me demandait de
raccrocher une deuxième fois, ce que je fis sans broncher.
— J'espère que c'est la bonne adresse, fit Kai en regardant ce que
j'avais écrit avec un petit sourire moqueur aux lèvres.
— Oui, c'est là-bas.
Je gardais son téléphone entre mes mains et il vibra, mon regard se posa
sur l'écran et en une fraction de seconde.
Mon cœur venait de s'arrêter alors que mes yeux lisaient le message de
Jacob.
Et je venais de sentir mon âme quitter mon corps.
De Jacob :
KAI LAKESTONE TU VAS RÉPONDRE À CE PUTAIN DE
TÉLÉPHONE ???!!!!! C'EST URGENT ! C'EST FOUTU MEC !!!!!!!!
Une soudaine envie de vomir de peur me prit aux tripes, comme si je
venais de voir le fantôme de ma grand-mère, ma gorge devint sèche et mes
membres tremblèrent de terreur.
Tout venait de s'écrouler autour de moi lorsque je répétais ce nom.
Kai...Lakestone.
Mes mains qui tenaient le téléphone devinrent moites alors que ce nom
tournait en boucle dans ma tête, se cognant contre mon cerveau si
violemment qu'il m'était impossible de ne pas y penser.
Et de rester indifférente.
Mes tremblements devinrent flagrants et j'essayai de me calmer au
maximum en le guidant, alors que je n'avais qu'une hâte, c'était de sortir de
sa voiture et de ne plus jamais rester à proximité de ce...
Criminel.
Il avait fait de la prison, il était le cauchemar de beaucoup de personnes
d'après Cody.
Cody.
S'il apprenait que les rumeurs étaient vraies, s'il savait que je connais
celui dont il ne me parlait que très vaguement parce qu'il ne voulait rien
savoir de lui.
Il m'obligerait à arrêter mon travail et à éviter tout contact avec le monde
extérieur pendant au moins trois mois.
Je sentais que mes palpitations cardiaques rendaient mon souffle saccadé
alors que j'essayai tant bien que mal de cacher ma panique face à
l'information que je n'arrivais pas encore à accepter.
Lakestone.
Lakestone.
Lakestone.
Kai Lakestone.
...Lakestone.
Des sueurs froides perlaient sur mon front et je tirais mon téléphone
lorsque ce dernier sonna, c'était Rox.
Elle avait vu mon message de tout à l'heure.
— Mon chiffre préféré, me demanda-t-elle à l'instant où je décrochai.
— Bleu, mentais-je pour la rassurer.
Je l'entendis pousser au gros soupir de soulagement avant de me
demander :
— Tu es rentré ?
— Oui, bientôt, je dois raccrocher je suis en route...avec un Uber.
Kai pouffa de rire et je raccrochai à Rox avant de me pincer l'arête du
nez, me rendant compte du mensonge que je venais de prononcer.
— Donc je suis un Uber ? Ça me va aussi.
Je n'étais pas d'humeur à rire, ni même à lui sourire. Tout ce que je
voulais, c'était sortir de cette putain de voiture.
Ce type est dangereux.
Il a fait de la prison.
On s'est embrassé. Beaucoup trop de fois.
Ces menaces étaient maintenant beaucoup plus flippantes qu'elles ne
l'étaient à la base, elles étaient carrément insoutenables.
— C'est la rue à droite, déclarai-je d'une petite voix en tenant
fermement mon sac.
Nous allions arriver dans deux minutes, et je reconnaissais le quartier de
Cody, je voyais les sourcils froncés de Kai, comme concentré sur la route et
sur le quartier.
— C'est ici que tu habites ? me demanda-t-il simplement.
— Oui, affirmai-je alors que ce n'était pas du tout ici.
Il me lança un regard, mais ne répondit rien puis regardait l'écran de son
téléphone encore dans ma main avant de tourner à quelques mètres du
studio de Cody.
— Tu peux me laisser ici, ce n'est pas très loin, lui demandai-je en
enlevant ma ceinture.
Il hocha la tête et se mis sur le bas-côté, je lui rendis son téléphone et un
frisson s'empara de mes membres lorsque ses doigts touchèrent les miennes
pendant l'espace d'une fraction de seconde.
Ces mêmes doigts qui avaient peut-être tué quelqu'un.
Qui m'avait touché.
Il fronça les sourcils lorsqu'il vit le message de Jacob et j'ouvris
rapidement la porte en le remerciant, il ne me répondit rien et j'en profitais
pour quitter le véhicule et prendre mes jambes à mon cou.
La pluie s'écrasait sur mes cheveux alors que je courais loin de lui, me
rapprochant du studio de Cody en laissant mon cœur frôler l'explosion
lorsque j'entendis sa voiture se rapprocher de moi.
La peur s'empara de mes tripes et j'entrai dans une ruelle sombre, me
cachant derrière une benne à ordure pour échapper à sa présence qui,
quelques heures plus tôt à peine, embrasait mon âme entière.
Tout comme mon corps.
Je vis sa voiture accélérer à vitesse grand V et disparaitre de mon champ
de vision, m'arrachant un soupir de soulagement et me laissant sortir de ma
cachette.
Ok...Cody.
Une dizaine de minutes plus tard et trois rues plus loin, je rejoignais le
studio de Cody en espérant intérieurement qu'il était là, qu'il ne dormait pas
et qu'il n'était pas défoncé.
Je toquai contre sa porte et grelotais à cause de la pluie qui avait mouillé
l'entièreté de mon corps et mes cheveux.
La porte s'ouvrit quelques minutes plus tard et je sentais qu'un poids
venait de s'écraser sur mes épaules lorsque je vis Cody.
Les yeux rouges, et un sourire scotché aux lèvres.
— Soit je suis vraiment arraché, soit tu es vraiment chez moi à 3
heures du matin.
Je fermai les yeux et inspirai profondément, il était complètement
défoncé.
— Je dors ici, annonçai-je en entrant chez lui.
Je l'entendis fermer la porte derrière moi et il me pointa du doigt avant de
m'interroger :
— Tu es tombé au lac ?
— Non imbécile, il pleut dehors, soufflai-je en enlevant la veste et mon
sac, où est mon pyjama ?
— Dans le tiroir.
J'avais toujours un pyjama d'urgence chez Rox comme chez Cody, pour
des soirs comme ça.
Où je venais à l'improviste.
Je vidai mon sac et fis sortir mon téléphone ainsi que mon chargeur, et
mes yeux se posèrent sur le collier que j'avais prit avec moi ce matin.
Comme si je me sentais protégé, je n'arrivais pas à m'en détacher.
Mais je ne le portais pas, je l'avais juste à proximité.
Je le fis sortir et le déposai a côté de mon téléphone.
— Je vais prendre ma douche, fis-je en m'avançant vers la salle de
bains avant de m'arrêter lorsque mon ami m'interpella.
Je me tournai en fronçant les sourcils et il me demanda :
— Tu n'es plus allé au lac...hein ?
Le ton de sa voix montrait son inquiétude et je secouai la tête pour le
rassurer avant de lui dire :
— Tu sais, pour ce que j'ai vu la dernière fois-
— Tu es sûr que c'était un corps Iris ? Me coupa-t-il avec sa question.
— Non...non je ne sais pas ce que j'ai vu, c'était sur le coup de la
panique, mentais-je en le regardant, j'avais juste vu des silhouettes ça
pouvait être n'importe quoi.
Je voulais protéger Cody de Kai, et de ma connerie.
Maintenant que je savais que Kai était Lakestone, il était hors de question
que j'embarque Cody dans cette histoire.
Lui qui ne voulait jamais être lié à lui.
— Ouais...c'est ce que je me disais aussi...
Cody ne me croyait pas, et lorsqu'il était défoncé, il ne mentait pas.
Même si c'était la meilleure chose à faire, il y avait cette partie de moi
qui était blessée parce qu'il ne m'avait pas cru.
J'avais toujours cette frustration en moi quand on ne me croyait pas,
parce que ma mère ne me croyait jamais quand j'étais petite.
J'étais une petite menteuse, je mentais surtout pour l'attention.
Mais plus je grandissais, moins je leur mentais...mais même comme ça
ma mère ne me croyait que très rarement.
— Rufus a à manger ? m'interrogea Cody depuis le salon.
— Oui je lui ai donné une grosse quantité avant de sortir, répondis-je
en entrant à l'intérieur de la douche où je me lavais rapidement.
J'enfilai des vêtements propres après avoir terminé puis démêlai mes
cheveux au doigt avant de sortir quelques minutes plus tard de la pièce.
— Tu veux fumer ?
Mon téléphone vibra sur la table et je m'approchai du meuble tout en
répondant à Cody :
— Non je n'ai-
Et mon souffle se coupa lorsque mes yeux virent le nom de la personne
qui venait de m'envoyer un message.
De Papa :
Salut Iris. J'étais très occupé ces derniers temps et j'ai fait beaucoup de
voyages, c'est pour ça que j'étais injoignable, malheureusement je n'ai
pas la somme pour le premier semestre de ta fac, je touche le fond et je
suis incapable de payer tes études pour l'instant, demande à ta mère de
payer ce semestre et je me débrouillerai pour payer le second. Joyeux
anniversaire au passage.
Ma gorge se noua et un sourire s'afficha sur mon visage alors que ma vue
s'embuait tandis que mes doigts lui écrivaient :
À Papa :
Salut papa, j'espère que tout ce passe bien pour toi et ta famille, je suis
désolé je sais que c'est difficile pour toi de me gérer, je te promets d'en
parler à maman et on trouvera une solution. Merci, j'espère qu'on pourra
un jour le fêter ensemble.
Envoyé.
Je ravalai mes larmes et remontai mon regard vers Cody qui me
regardait, encore dans l'incompréhension.
— Papa m'a envoyé un message, murmurai-je d'une petite voix en
gardant mon sourire.
— Il t'a dit pourquoi il a fait le mort ? M'interrogea Cody en fumant le
joint qu'il m'avait proposé quelques minutes plus tôt.
— Il a des problèmes financiers en ce moment, l'informai-je en
verrouillant mon téléphone après avoir remarqué que mon père avait lu mon
message.
Il n'y répondra pas, je le savais.
— Il était très occupé et n'a pas eu la somme pour payer le semestre
à temps, heureusement que Marc l'a payé, mais il paiera le second.
— Tu es sûr ?
— Je le crois, il le fera. Il me l'a dit.
Il haussa les épaules et je m'avançai vers le canapé où je m'allongeai, un
gros sourire aux lèvres et le cœur réchauffé par les mots de mon père qui
n'avait pas oublié mon existence.
Joyeux anniversaire.
Si je pouvais, j'aimerais imaginer sa voix me le dire, mais j'étais
incapable de faire ça.
J'étais incapable de le visualiser dans ma tête ou d'écouter sa voix lorsque
je lisais ses messages.
Parce que je ne le voyais pas souvent.
Et je lui parlais encore moi.
— Tu veux dormir ?
— Oui, baillai-je en sentant mes yeux me piquer, je vais réviser à la
bibliothèque demain, il faut que je sois en forme parce que la flemme
de passer aux rattrapages.
°°°°
Le lendemain. 23 heures 30. Bibliothèque d'Ewing.
Un frisson s'empara une centième fois de mes membres et la fatigue
pesait lourd sur mes membres qui n'avaient pas bougé depuis des heures.
Après mon réveil, j'étais passé chez Rox pour récupérer ma voiture.
Et on avait parlé du message de mon père.
« — Donc il t'a juste dit ça ?
Je hochai la tête en souriant encore comme une enfant, et Rox grimaçait
en me regardant.
Elle ne partageait sûrement pas mon bonheur.
— Et tu le crois ?
— Oui, affirmai-je sans une once d'hésitation, il ne me ment pas, jamais.
— Il s'agirait d'aller voir un psychologue pour tes dysfonctionnements
psychologiques Iris, souffla-t-elle en s'allongeant sur son lit à côté de moi,
ce n'est pas normal d'effacer toutes ces semaines d'angoisses et d'être
aussi heureuse à cause d'un message.
— Rox, il ne m'envoie que maximum 12 messages par an, soit un
message par mois en moyenne, m'agaçai-je en fronçant les sourcils, si tu
penses que je vais me disputer avec lui tu te trompes, il va s'énerver et ne
plus me parler du tout.
— Donc tu acceptes tout ce qu'il fait pour qu'il te parle ? C'est tout ?
Je hochai la tête.
— Je ne vais pas gâcher mes seuls messages avec lui, je sais qu'il
n'aime pas quand on lui reproche des choses-
— Mais c'est ton droit, Iris !
Je la regardais s'emporter et elle continua :
— C'est ton droit de demander ta part, c'est ton droit de lui demander
de payer tes études, c'est son devoir d'être là pour toi !
— Oui, mais-
— Il n'y a pas de « mais » ! Arrête de penser que le minimum est lourd
pour eux, c'est ta famille !
Je secouai la tête et regardai mes doigts avant de déclarer :
— Mes parents ne sont pas ma famille, ce sont les personnes qui m'ont
ramené au monde, maintenant ils ont chacun leur propre famille Rox, je
suis l'intruse dans les deux. Donc oui, le minimum est lourd pour eux
parce qu'au final, ce minimum est destiné à leurs familles, pas à moi.
Elle me regardait sans dire quoi que ce soit et je soufflai en continuant :
— On m'a toujours appris à ne pas trop demander, à toujours me taire,
« arrête de pleurer Iris », « arrête de parler Iris », « va dans ta chambre
Iris », « je n'ai pas le temps pour toi Iris », continuai-je en sentant ma
gorge se nouer, et si je ne le fais pas alors ils ne m'adressent pas la parole
pour me punir. Si je ne veux pas qu'ils partent alors je dois faire ce qu'ils
veulent parce qu'ils n'ont rien à perdre, pas comme moi.
— Tu as déjà pensé à...aller voir ton père ?
Je hochai la tête et fermai les yeux.
— J'ai toujours peur de ne pas être la bienvenue, je suis déjà allé chez
lui à une période quand j'étais au collège, c'était pas ouf je n'avais pas le
droit de quitter ma chambre parce qu'à cette période j'avais des notes de
merdes, racontai-je à mon amie, ma mère n'arrivait pas à me gérer alors
mon père qui, pendant cette période habitait en ville avec sa femme pour
les affaires, m'avait demandé de venir. Je n'avais pas accès au salon, je
devais faire la vaisselle pour ne pas que ma belle-mère le fasse, je ne
mangeais pas beaucoup parce que mon père était obsédé par la diète à
cause de ma belle-mère, et au final ! il m'a chassé de chez lui parce qu'on
s'était disputé.
Je me rappelais de cette nuit, c'était une dispute normale pour moi, mais
une magnifique excuse pour lui pour me ramener chez moi.
Je lui en avais voulu pendant une longue période, et il m'avait acheté un
nouveau téléphone au lieu de s'excuser.
Mon père m'achetait des choses pour combler le manque, j'étais baisé
psychologiquement à cause de lui et de tout ce qu'il faisait.
— Mais si un jour je pars, j'irais sur un coup de tête et je ne le dirais à
personne. »
Je riais à mes propres souvenirs, partir voir mon père sur un coup de tête
pour lui dire quoi ?
Salut, papa, je suis venue pour rien.
— On va bientôt fermer madame, fit une voix derrière moi.
— Oh d'accord, je vais sortir tout de suite, souriais-je en enlevant mes
écouteurs.
Je me levai et m'étirai avant de prendre mes affaires, l'homme qui m'avait
parlé venait d'éteindre les lumières et je sortais de la bibliothèque, je décidai
d'aller aux toilettes rapidement.
Mon cœur battait à la chamade, j'avais un très mauvais pressentiment.
C'est surtout parce qu'il était presque minuit et qu'il n'y a plus personne à
la bibliothèque à part les gardiens.
Oui aussi.
De plus, finalement Rox avait gardé ma voiture encore aujourd'hui. Alors
je devais trouver un Uber.
« Donc je suis un Uber ? Ça me va aussi. »
Je secouai rapidement la tête, essayant d'oublier sa voix et sa présence
dans mon esprit.
Comme si je ne voulais plus être approché par lui.
Cette peur depuis que je connaissais son nom.
Kai Lakestone.
Cette pensée me retourna l'estomac et je sortais de la bibliothèque, mon
téléphone en main et le vent qui venait de balayer violemment mes cheveux
en arrière.
Dehors il faisait froid, très froid.
C'était le début de l'hiver, et ça se sentait déjà.
Le silence faisait un bien fou à mes oreilles qui écoutaient de la musique
depuis au moins deux heures à cause de mes révisions.
Je m'avançai vers le parking à la recherche de plus de réseau et fronçai
les sourcils en restant sur mes gardes, des psychopathes ce n'était pas ce qui
manquait en ville.
On va se faire kidnapper j'le sens.
Arrête de dire n'importe quoi.
Il n'y avait que trois voitures garées, dont deux qui étaient là depuis mon
arrivée.
Alors que je m'avançai pour rejoindre l'extérieur, je sentais quelque chose
derrière moi.
Puis en un instant, tout se passa très vite.
La peur envahit mes membres lorsque des bras me bloquèrent par
derrière, et un tissu couvrit ma bouche et mon alors que je me débattais de
toutes mes forces.
Je criais et m'agitais jusqu'à me fatiguer physiquement.
La panique, la terreur et l'adrénaline coulaient à flots dans mes veines,
tous mes cauchemars et mes angoisses devenaient ma réalité.
Mon cœur frôlait l'explosion, mais je sentais que mon corps devenait de
plus en plus lourd, le tissu m'étouffait.
Comme si j'étais en train de perdre le contrôle.
De perdre ma conscience.
Ma vie s'embuait, tout tournait autour de moi, et comme si en quelques
minutes.
Je n'étais plus là.
_____________
Hey !
Il est 6h du matin, j'ai la dalle. J'ai besoin de quatre grosses tasses de café
aujourd'hui.
MAIS J'ÉTAIS TELLEMENT EXCITÉ POUR CE CHAPITRE QUE JE
ME SUIS RÉVEILLÉ TÔT POUR LA RELECTURE OMG OMG
OMFGGGGGG.
YOU KNOW WHAT TIME IT IS KIDS.
ENFIN L'HISTOIRE PEUT COMMENCER.
Let me be your woman for this story.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
13. Couleur absorbante

Iris
— Tu crois qu'elle...réveillée ?
— Il a dit...sous...72 heures...
Mes yeux s'ouvrirent et se plissèrent à cause de la lumière qui éblouissait
mes pupilles, je n'arrivais pas à bouger ma tête.
Comme si mon corps était endormi, comme s'il pesait une tonne, mon
cerveau était engourdi comme l'entièreté de mes muscles qui semblaient
encore anesthésiés.
Je n'arrivais pas à me concentrer.
Les deux voix lointaines parlaient et les mots étaient détachés à cause de
mon esprit qui était encore sonné, je sentais mes oreilles siffler encore mais
ce brouillard dans ma tête se dissipait peu à peu.
Putain de merde.
Très vite, la réalité frappa mon cerveau et je me rappelais des événements
qui avaient précédé mon réveil.
La panique augmenta mon rythme cardiaque et je sentais que mes
membres s'étaient violemment crispés.
— Donc là on doit attendre encore combien de temps ?
Ma respiration se rompit soudainement lorsque la voix se fit plus nette
dans mon oreille, et que je reconnus très vite la personne qui parlait.
Jacob.
Je n'avais aucun doute la dessus c'était sa voix.
— Ça va bientôt faire 26 heures qu'elle est assommée, il va s'énerver.
Cette voix, Vernon.
Je ne l'avais entendu qu'une seule fois, c'était au lac. Il ne me parlait
jamais au Box, mais j'étais sûr que c'était lui.
Et mes tremblements se firent plus violents.
— Bah il assume ses décisions, elle fait 54kg et il a demandé à Casey
de lui fournir une dose de cheval ! Elle doit frôler la mort là, et je
l'avais dit.
— Évite de lui dire « Je te l'avais dit », j'ai enterré deux corps ces
trois derniers jours je n'ai pas envie que tu sois sur la liste, fit la voix de
Vernon dans un souffle.
— Ouais bah, il s'énerve de rien du tout, rien à foutre.
Je regardais autour de moi et essayais de bouger mes membres qui
fourmillaient, ma vue était encore floue, mais j'apercevais de faibles détails
comme les murs en béton, et la commode en bois à côté de ma tête.
Il y avait une espèce de fenêtre tout en haut du mur, comme une demi-
fenêtre. Seulement, il y avait la moitié d'un carton qui couvrait la vitre.
A part les voix des deux hommes, il n'y avait aucun bruit autour, mais il
faisait très froid.
Trop froid.
Mais c'était en bougeant ma main que je créais alors le seul bruit à
l'intérieur de la pièce qui depuis quelques minutes n'était animée que par
l'écho des voix de Jacob et Vernon.
Putain.
Très vite, je relevai lentement la tête et l'inclinai sur le côté avant
d'exploser en sanglots lorsque je vis que l'un de mes poignets était menotté
à une partie du lit.
Je tirais et remarquai très vite que la chaine était plus longue que des
menottes basiques, la peur me prenait aux tripes et me donnait envie de
vomir mes organes.
Et s'ils savaient que j'avais dit à Cody ?
S'ils voulaient me tuer ?
M'arracher les membres ?
— Tu as entendu ?
Des pas s'approchèrent de la pièce dont la porte en fer était grande
ouverte, mais je fermais les yeux et fis comme si je ne m'étais jamais
réveillé.
La terreur saccadait mon souffle, mais j'essayais de garder mon calme au
maximum.
Mon corps entier vibrait, mes muscles étaient crispés et mes sanglots
étaient incontrôlables. J'étais à deux doigts de la crise de panique, comme si
mon cerveau voulait extérioriser toutes mes craintes.
Parce que mon pire cauchemar était ma réalité.
On m'avait kidnappé.
La peur jouait avec mes organes et chaque sphère de mon cerveau,
comprimant ma cage thoracique et accélérant mon rythme cardiaque.
Je ne comprenais ce qu'ils attendaient de moi, je ne connaissais pas la
raison qui les avait poussés à m'enlever.
Je voulais rentrer chez moi.
C'était un cauchemar.
Je suis en train de faire un cauchemar, rien de plus.
Mes yeux me brûlaient à cause de mes pleurs. Mais cette sensation de
sécheresse me démangeait si fort que je manquais difficilement de grimacer.
— Elle va se réveiller dans quelque temps, il faut le prévenir.
Pourquoi m'avaient-ils kidnappé ? Qu'est-ce qu'ils attendaient de moi ?
Qu'est-ce qu'ils voulaient ?
Est-ce que Cody et Rox avaient remarqué mon absence ? Est-ce qu'ils
avaient appelé la police ?
Est-ce que mes parents le savaient ?
— Je vais l'appeler en route, déclara la voix de Vernon en quittant la
pièce lorsque son téléphone commençait à sonner.
L'impression que je pouvais m'évanouir à tout moment, comme si je
n'avais pas de force et de raison pour faire face à la réalité.
C'était un cauchemar.
Je sentais le regard de Jacob sur moi, je savais qu'il était près de moi.
Je pouvais sentir son parfum.
Et c'était les minutes les plus angoissantes de mon existence, devoir faire
comme si je dormais profondément sous le regard examinateur de mon
ravisseur alors que j'étais aux bords de la crise de panique.
— On a besoin de moi au poste, déclara la voix de Vernon qui
s'approchait de la pièce, je ne sais pas à quelle heure je reviendrais, donc
rejoins-moi là-bas quand je t'appelle.
— Personne n'a déposé un avis de recherche ?
— Non, les recherches sont prises en considération si la disparition a
dépassé les 48 heures, expliqua l'homme qui semblait être un putain de
flic, et je m'occupe de son cas si jamais quelqu'un dépose pour elle.
Je me sentais à présent comme prise au piège, comme si on venait de
m'arracher toute ma vie en l'espace d'à peine quelques minutes.
Des minutes qui étaient à présent des heures, des heures qui
n'appartenaient plus à ma liberté.
Parce que j'en avais plus.
Ma gorge se noua, la terreur enveloppa mon corps avec l'impuissance.
Cette sensation d'angoisse qui nouait violemment mon ventre me donnait
envie de vomir.
On m'avait enlevé.
— N'oublie pas de me ramener un Burrito !
Un burrito.
Putain ils me font une blague.
La panique n'avait pas quitté mon corps et n'avait pas laissé une seconde
de répit à mon cœur qui n'arrêtait pas de battre d'une manière mortelle.
J'étais à deux doigts de faire une syncope.
C'est pas si mal de mourir maintenant.
Après tout oui...
J'avais l'impression que mes membres crispés allaient bientôt se geler, et
mon souffle se saccada une nouvelle fois à force de repenser à la situation.
J'entendais des pas monter des escaliers, c'était ceux de Vernon.
Je savais que Jacob était toujours dans la pièce, il n'avait pas fait de bruit
qui pouvait me faire croire le contraire.
Un téléphone sonna, et je savais que c'était celui de Jacob qui répondit
aussitôt en commençant :
— Est-ce que ça t'arrive de répondre au téléphone ?...Je ne sais pas,
j'ai entendu la chaine bouger...non elle dort encore...vérifier
?...Ramène-moi un happy meal avec toi !
Il a un problème avec les happy meal lui.
Alors ils étaient trois.
Jacob et Vernon mais aussi une autre personne. Peut-être ce Casey dont il
parlait au début.
— Vu que tu dors et que je m'ennuie, je vais te raconter ma journée !
commença la voix de Jacob en s'asseyant sur une chaise, ma journée déjà
a commencé hier, quand on t'a enlevé, ensuite je me suis disputé avec
Casey parce que la dose était trop forte pour toi et j'en savais rien !
Mais bien sûr parce que c'est monsieur qui a décidé alors je n'ai rien à
dire ! J'ai acheté des trucs à manger, d'ailleurs j'ai découvert une
marque de lait de coco incroyable !
Je l'entendais me parler, ne réalisant pas ce qui se passait.
Mon ravisseur me racontait sa journée comme si de rien n'était, comme si
je n'étais pas enchainé à un lit par sa faute.
Il était complètement dérangé.
C'était pas possible.
A quoi tu t'attendais ? Le gars enterre des corps en parlant de l'album de
Madonna.
— Mais du coup il m'a engueulé parce que je t'ai laissée toute seule
alors que bon, qu'on se le dise, un cadavre avait l'air plus vivant que toi
hein ne le prends pas mal, souffla-t-il d'un ton exaspéré, j'aimerais bien
le voir moi enchainer des nuits blanches et faire baby-sitter les journées
!
Le bruit d'une porte coupa son monologue et je l'entendis inspirer
profondément avant de murmurer :
— Mais heureusement pour moi, pas de baby-sitting ce soir.
Je l'entendis se lever et des pas lourds faisaient écho à l'extérieur de la
pièce où j'étais, ses pas se rapprochaient et augmentaient mon rythme
cardiaque par la même occasion.
— Tu-
— Couvre-la, il fait froid la nuit.
Je venais de sentir mon cœur presque sortir de ma cage thoracique
lorsque sa voix masculine explosa le silence qui s'était installé à l'instant où
la porte avait coupé la parole de Jacob.
Kai.
Les pensées tourbillonnaient violemment à l'intérieur de mon cerveau,
emportant tout le sang-froid que j'essayai de garder en moi.
— Elle est « morte » depuis 26 heures, remarqua Jacob, Casey dit que
c'est normal.
Ce Casey était sûrement le mec qui m'avait drogué.
26 heures...
Si je comptais les heures qui avaient suivi mon kidnapping, alors il devait
être deux heures ou une heure du matin du lendemain.
Putain de merde.
— Si Casey dit que c'est normal, alors ça l'est, répondit Kai d'un ton
neutre avant de s'asseoir au bas du lit, pourquoi son visage est mouillé ?
Mes larmes venaient de me trahir. Et ma respiration se saccada en une
fraction de seconde.
Fais chier !
— Euh... ?
— Sors.
— Elle...?
— Dehors, ordonna la voix de Kai sèchement.
Mon souffle se rompit à l'entente de sa voix et du ton dur qu'il venait de
prendre avec son ami, j'entendais des pas puis la voix de Jacob demanda :
— Je ferme la porte ?
Un nouveau silence s'en suivit, mais très vite j'entendis la porte se fermer.
Signe que Kai avait sûrement donné sa réponse en hochant la tête.
Mon rythme cardiaque était si bruyant que j'étais certaine qu'il pouvait
s'entendre à l'intérieur de cette espace où j'étais retenue prisonnière.
Prisonnière.
Et soudain.
Je sentis un doigt frôler mes narines, c'était le doigt de Kai.
Et mon rythme cardiaque s'affola. Je ne comprenais pas pourquoi le bas
de son doigt s'était positionné sous mon nez.
Ma respiration s'accéléra à l'instant où je sentis son autre main caresser
lentement mon bras et il murmura finalement :
— Je savais que tu étais réveillé...
Un hoquet de surprise me trahit au moment où ses doigts emprisonnèrent
brutalement ma mâchoire.
Mes yeux s'ouvrirent soudainement et la lumière agressa mes pupilles
une deuxième fois, son visage près du mien terrifiait chaque cellule de mon
corps, la panique fit vibrer mes membres crispés et de nouvelles larmes de
terreur s'échappèrent de mes yeux.
Je sanglotais, l'angoisse compressait ma cage thoracique alors qu'il
chuchota :
— Bonjour, princesse.
— Pourquoi...po-
Il secoua lentement la tête de droite à gauche en me coupant dans mes
questions rapides :
— Ne pose pas de questions tout de suite, j'aime faire durer le plaisir.
Je déglutis, complètement impuissante et terrifié par lui.
Ses yeux d'une couleur glaciale transperçait les miens, et son sourire
mauvais dessiné sur les lèvres me terrorisé.
Je n'arrivais pas à savoir ce qu'il voulait, je ne savais pas pourquoi j'étais
ici.
Ce qu'il cherchait en m'enlevant.
Tout ce que je voyais, c'était un sourire mauvais et un regard assassin.
Et ça c'était effrayant,
— Si tu restes gentille, je penserais à l'enlever, me dit Kai en allant
s'asseoir sur la chaise en métal près de mon lit, mais bon, j'ai changé la
chaine pour une plus longue pour que tu puisses avoir un minimum de
confort.
Ma peur se mélangeait à ma colère, la sensation d'impuissance me collait
à la peau.
A cause de lui.
— Quelle délicate attention, crachai-je en le fusillant du regard alors
que ma peur de lui ne cessait d'augmenter.
Il esquissa un petit sourire au coin, fier de ses menottes puis répliqua d'un
ton bas :
— Je ne serais pas toujours aussi délicat...surtout pas avec toi,
menotté sur un lit.
Son regard aurait pu faire ressortir violemment mes pulsions sexuelles en
temps normal, mais ma peur de lui et mon dégoût envers lui avaient créé en
moi une folle envie de vomir mes tripes.
— Redresse-toi, il faut que tu manges.
Il se leva et quitta la pièce en laissant la porte ouverte, j'entendis la voix
de Jacob qui semblait être proche de cette pièce.
— Trésor ! Tu ne dormais pas !
Mon cœur fit un bond en voyant Jacob arriver et je m'affolais lorsque
mes yeux virent sa main qui jouait naturellement avec un couteau.
Je me redressai et mon dos se colla rapidement contre la tête de lit en fer,
comme pour m'échapper et rester loin de lui.
La peur se lisait dans mes iris qui me brûlaient et un sanglot s'arracha de
ma bouche lorsque je me rendis compte de la raison.
Mes lentilles.
Je ne les avais pas enlevés depuis plus d'un jour.
— Sors ! s'écria Kai depuis une autre pièce, Vernon te demande de le
rejoindre au poste !
— Je ne voulais pas te faire peur, s'empressa de me dire Jacob en
cachant son couteau dans sa poche alors que je paniquais comme une folle à
cause de mes yeux, j'y vais !
Il quitta la pièce aussi rapidement qu'il était rentré et la panique
comprima ma cage thoracique encore une fois.
Mes lentilles.
Je tremblais comme une tarée, la sensation d'être vulnérable face à des
gens que je ne connaissais pas.
Des pas alertèrent mon esprit et je relevai la tête vers celui qui venait
d'entrer, un plateau rempli de nourriture entre ses mains.
Son visage semblait indifférent à ma panique, mais ses yeux
m'examinaient longuement. Son corps n'avait pas bougé du cadre de la
porte et je murmurai :
— J'ai besoin de me laver les mains.
Mes yeux étaient affreusement secs et me brûlaient terriblement, j'avais
besoin de les enlever. Et la crise de panique commençait déjà à pointer le
bout de son nez à cette idée.
Il déposa le plateau sur mon lit et s'approcha de mon visage avant de
murmurer simplement mais sournoisement :
— Non.
— S'il te plait...je-...je dois enlever mes lentilles, murmurai-je en
sanglotant, mes yeux vont me tuer.
Son visage s'approcha du mien et ses yeux examinèrent les miens qui me
démangeaient et me brûlaient affreusement.
— Je ne savais pas que tu portais des lentilles, chuchota-t-il en gardant
ses yeux sur les miens.
— Je ne peux pas les enlever sans me laver les mains sinon ça va
s'infecter, répondis-je en le suppliant du regard, je ne vais rien essayer,
j'ai besoin de les enlever.
Son visage s'éloigna du mien et il examina mes traits sans un mot,
comme s'il voulait confirmer la sincérité de ma phrase.
Les minutes de silences avec lui étaient comme des heures, et je n'arrivais
pas à faire autre chose que le supplier du regard.
Même si intérieurement, j'aurais préférée ne jamais les enlever.
Ma jambe bougeait nerveusement et pendant près de cinq ou dix minutes,
son silence était sa seule réponse.
Et je commençais à abandonner.
— Je te promets que si tu tentes quoi que ce soit, je te laisserai ici, et
avec tes lentilles.
Je hochai énergiquement la tête, le cœur battant a la chamade, puis il
termina sèchement :
— Comparé à toi, je tiens toujours mes promesses.
Mon cœur sursauta à l'entente de sa phrase et il me fusilla du regard en
tirant une petite clé de sa poche avant de l'insérer à l'intérieur de ma
menotte qui se détacha de mon poignet avant de tomber au sol.
Se faisant vite remplacer par les doigts de Kai qui emprisonna ma main et
me tira hors du lit.
— Suis-moi, marmonna-t-il d'un ton dur.
Nous quittâmes la pièce où j'étais et je n'arrivais pas à concentrer mon
regard sur quoi que ce soit, tout ce que je voulais, c'était les enlever et vite.
Son corps derrière le mien me poussa jusqu'à l'intérieur d'une salle de
bains étonnement propre. Mes jambes s'avancèrent très rapidement vers le
lavabo où je me lavais les mains.
Mais très vite, je m'exclamai lorsque Kai alluma la lumière :
— NON !
Mes doigts près de mes yeux, mon cœur battant à la chamade alors qu'il
regardait mon reflet paniqué dans le miroir, Kai arqua un sourcil avant de
répliquer :
— Tu veux te crever les yeux ?
— Éteins...la lumière, s'il te plait.
— Tu ne vas rien voir, remarqua-t-il en fronçant les sourcils
d'incompréhension.
Oui...et toi non plus.
— Je sais. S'il te plait, le suppliai-je en sentant ma gorge se nouer.
Il me regarda encore quelques secondes, ses doigts collés contre
l'interrupteur sans pour autant faire ce que je lui demandais, examinant mon
visage noyé dans la honte et la vulnérabilité.
Puis en l'espace d'une seconde, je me retrouvais dans le noir.
Un souffle de soulagement quitta la barrière de mes lèvres et j'essayai
d'enlever mes lentilles, mais elles étaient collées, sèches et impossibles à
enlever sans sérum.
J'essayai de masser mes paupières pour le décoller et clignai plusieurs
fois des yeux, mais rien n'y faisait.
— Il me faut du sérum, murmurai-je en me tournant vers lui.
— Ouvre le tiroir sur ta gauche, tu trouveras.
Mes doigts cherchèrent le tiroir en question et la lumière s'alluma une
nouvelle fois, m'aidant à retrouver ce que je cherchais à l'intérieur.
Kai éteignit la lumière dès que j'attrapai le sérum, et je le remerciais
intérieurement.
Il respectait ce que je demandais.
T'as déjà vu un kidnappeur gentil ? Arrête.
Je retirais mes lentilles et appliquais beaucoup de sérum sur mes yeux
pour les hydrater, mes doigts tremblaient encore, la peur d'attraper une
infection et celle que la lumière s'allume à n'importe quel moment étaient la
cause de mes frémissements.
— T'as terminé ?
— O....oui, murmurai-je en clignant les yeux, mais je dois cacher mes
lentilles.
Il souffla d'agacement et très vite mon cœur fit un bond à l'intérieur de
ma poitrine et mes yeux se fermèrent automatiquement à l'instant où la
lumière éblouit la pièce.
Les lentilles sur chaque bout de mes deux index, j'entendis ses pas se
rapprocher de mon corps, puis son odeur arriva jusqu'à mes narines, signe
qu'il était très proche.
— Ce sont des lentilles de couleurs, constata-t-il en un murmure à peine
audible.
Son souffle s'écrasa contre le haut de mes pommettes, et mes
tremblements ne voulaient pas s'arrêter, mes veines et chaque cellule de
mon corps vibraient au même rythme.
Je me sentais tellement faible, tellement vulnérable à cause de la lumière.
— Pourquoi tu caches tes yeux ? Me demanda-t-il dans un souffle en
ouvrant le tiroir.
Un frisson envahit mes membres qui se crispèrent à l'entente de sa
question, mon silence fut ma seule réponse.
Je l'entendis refermer le tiroir et poser quelque chose près du lavabo où
mon dos était collé, je n'avais pas bougé d'un millimètre.
Comme si j'avais peur de faire un seul mouvement.
— Éteins la lumière...s'il te plait.
— Réponds à ma question, m'ordonna-t-il sèchement.
Ma lèvre inférieure trembla et j'étais à deux doigts d'éclater en sanglots
alors que je secouai la tête puis murmurai une nouvelle fois :
— Éteins la lumière s'il te plait.
— Je le ferais quand tu répondras à ma question.
Un sanglot incontrôlé quitta mes lèvres, je me sentais tellement
impuissante.
Comme si on me demandait pourquoi je gardais des vêtements, ou
pourquoi je ne montrais pas une partie intime de mon corps.
Cette sensation était horrible et je n'étais pas prête à la supporter.
— Je t'en supplie, murmurai-je alors qu'une partie de moi s'avouait
vaincue face à lui.
Il ne dit rien puis j'entendis ses pas reculer, ma respiration saccadée était
incontrôlable. Je n'arrivais pas à me calmer.
— Je te promets d'éteindre la lumière si tu réponds à ma question,
me dit-il une dernière fois.
Je déglutis, et mes tremblements se firent plus violents alors que je
prononçais ces faibles mots qui constituaient ma seule réponse :
— Je n'aime pas qu'on voie mes yeux.
Et il éteignit la lumière dès l'instant où je terminais ma réponse.
J'ouvris lentement les yeux et tournai la tête, la faible lumière du couloir
m'aidait à voir ce que Kai avait déposé sur le lavabo.
Un étui. Pour les lentilles.
— Tu remercieras Jacob pour avoir eu l'idée de génie d'acheter des
lentilles rouge Halloween dernier, souffla-t-il en croisant les bras.
Je ne voyais que sa silhouette dans le noir, adossé contre le cadre de la
porte. Je sentais ses yeux analyser mes mouvements sans un mot et je
rangeais les lentilles à l'intérieur de l'étui.
J'espérais que la solution à l'intérieur n'était pas périmée.
— Je veux pisser, déclarai-je en regardant sa silhouette.
Il soupira et sans un mot, se dégagea de la porte qu'il ferma.
Puis sa voix me dit derrière la porte :
— Deux minutes.
J'inspirai profondément, ne réalisant pas encore tout ce qui se passait
autour de moi, les événements s'enchainaient dans ma tête, les unes plus
angoissantes que les autres.
Ils m'avaient kidnappé.
Ils m'avaient kidnappé et je ne savais pas pourquoi.
Est-ce que c'était à cause de ma promesse ?
Savait-il que j'avais rompu la promesse ? C'était la raison ?
« Comparé à toi, je tiens toujours mes promesses. »
C'était sûr. Il savait que j'avais rompu la seule promesse qu'il m'avait
demandé de lui faire.
Je soulageais ma vessie en réfléchissant, comment pouvait-il savoir que
j'avais dit à Cody ?
Est-ce que Cody avait dit quelqu'un ?
— Je vais ouvrir, fais vite.
Je terminai vite et partis me laver les mains, mes pensées se remplissaient
tandis que j'entendis la porte s'ouvrir.
La silhouette de Kai apparut dans mon champ de vision et mon rythme
cardiaque s'affola. La lumière s'alluma et très vite, je fermai les yeux.
Ne lui donnant aucune chance de voir mes iris.
J'entendis ses pas se rapprocher de moi et sa main emprisonna mon
poignet puis il me tira avec lui loin de la salle de bains, je baissais ma tête et
ouvris les yeux.
Du coin de l'œil, je vis au loin des escaliers, signe que c'était une maison
avec au moins deux étages.
On était sûrement dans un sous-sol, il n'y avait pas non plus de fenêtre à
la salle de bains, la seule lumière qui éclairait le couloir provenait de l'étage
supérieur.
Kai me fit entrer à l'intérieur de la pièce où je m'étais réveillé quelques
minutes plus tôt et brutalement, menotta mon poignet.
Comme s'il pensait que j'étais assez folle pour tenter quoi que ce soit
alors qu'il avait une arme coincée dans son jean.
Mais la chose qui avait changé à présent était la lumière de la pièce, qui
n'était plus blanche, mais rouge.
Il y avait des lampes rouges dans chaque coin de la pièce.
— Si tes yeux sont clairs, tu peux les ouvrir, je ne verrais pas leur
véritable couleur.
Je fronçai les sourcils, et m'assis sur le lit sans ouvrir les yeux. Le rouge
absorbait beaucoup de couleur et il le savait.
Et il disait vrai, il ne verrait pas les vraies couleurs de mes yeux grâce au
rouge.
Je l'entendis faire glisser la chaise en métal, le bruit me fit grimacer et il
s'assît dessus.
Mes yeux s'ouvrirent lentement alors que mon cœur battait à la chamade,
puis doucement, mon visage remonta vers le sien.
Ma respiration se saccadait, même si je savais qu'il ne pouvait pas voir
leurs véritables couleurs, j'avais toujours cette peur qu'il les voie.
« Tes yeux sont dégoûtants »
« Va voir un médecin »
« Je vais te les arracher si tu me regardes encore Simones »
« C'est tellement moche »
C'était tellement moche.
Dégoûtant.
Horrible.
— Alors ils sont clairs, murmura-t-il en examinant mes iris de loin, je
n'avais jamais remarqué que ce n'était pas tes vrais yeux.
— Pourquoi je suis ici ? Pourquoi vous m'avez kidnappé ? Qu'est-ce
que vous me voulez ! M'exclamai-je alors que mon souffle s'accélérait.
Il esquissa un sourire et secoua la tête en répondant :
— Au départ, j'avais refusé de te kidnapper, je ne suis pas du genre à
kidnapper des filles et surtout pas des filles qui n'ont rien demandé
comme toi.
« J'avais refusé de te kidnapper. »
Quelqu'un l'avait engagé ? Pour me kidnapper ? Pourquoi Kai voudrait
me kidnapper ? Qui le voudrait ?
Son regard me fixait et je sentais mon ventre se nouer, je voulais savoir,
mais en même temps j'étais complètement terrifié par ce qu'il attendait de
moi.
— Je t'observe depuis des mois, depuis le début de cette année
presque, me confia-t-il en retournant mon estomac, mais j'avais besoin
d'entendre tes conversations et ta jolie voix. J'ai vu que tu avais oublié
ton collier chez ta mère, Jacob t'avait dit que tu l'avais fait tomber à la
station, mais c'était faux, en vérité il avait juste improvisé quand il
t'avait vu au Box.
Je fronçai les sourcils, son honnêteté me fit froid dans le dos, et mes
lèvres s'entrouvrirent à ses confidences.
Il m'observait depuis des mois, depuis le début de l'année.
Je ne l'avais jamais vu.
Pourquoi moi ? Qu'est-ce qu'il cherchait ? Pourquoi mettre autant de
temps à m'observer ?
— Ce soir à la station, il voulait mettre un traceur dans ta voiture
pour savoir où tu allais, mais entendre tes conversations était plus
avantageux pour ma mission...et pour ma curiosité aussi au passage.
Je le regardais, comme si je n'arrivais pas à croire à ses mots tellement il
les disait d'une façon naturelle...presque irréelle, fausse.
Comme s'il se foutait de moi.
— J'ai vu que tu ne portais pas ton collier, c'était la seule chose que
tu n'enlevais jamais, j'en ai fait un qui lui ressemblait...avec un petit
truc en plus.
Mes mains tremblaient comme l'intégralité de mon corps alors qu'il
informait simplement et presque fièrement :
— La perle est en réalité un micro, ça m'aidait à avoir toutes tes
discussions. Et toutes les informations que je veux.
Des larmes glissaient sur mes joues et ma vue s'embua, l'angoisse glaçait
mes muscles et j'étais incapable de prononcer un seul mot, mes sanglots
étaient violents et j'avais l'impression que j'allais y laisser ma vie.
— Malheureusement, je n'avais les enregistrements que des heures
après tes conversations, c'était ça le côté négatif, mais il vaut mieux
tard que jamais, dit-il avant de rire à la fin de sa phrase.
Ce même rire qui me faisait froid dans le dos.
— Tu as dit à Cody et je l'ai su, j'allais tuer Cody, mais tu avais
arrangé ton cas en lui disant que tu ne savais pas ce que t'avais vu,
répéta Kai ce que j'avais dit à Cody avec un petit sourire au coin, je lui ai
d'ailleurs envoyé un message à lui et à ton amie la blonde pour les
rassurer, je ne veux pas les avoir dans les pattes, ça serait dommage de
tuer tes seuls amis.
— Ne leur faites pas de mal, je vous en supplie, murmurai-je en sentant
ma lèvre trembler et ma gorge se nouer.
— Je ne leur ferais rien, sauf si tu m'y oblige.
Je manquais de m'évanouir face au ton menaçant, mais joyeux de sa voix.
En vérité, je n'arrivais même plus à garder un minimum de calme
maintenant.
Dans une pièce rouge, menotté à un lit dans une maison complétement
inconnu, porté disparue depuis plus de 26 heures.
Par l'inconnu qui occupait mes pensées depuis que je l'avais rencontré.
Kai Lakestone était l'un de mes ravisseurs.
Et visiblement.
Il préparait son coup depuis des mois.
Puis.
Mon cœur faillit tomber sur le matelas alors qu'il prononçait ces mots
avec cette même manière sournoise :
— Maintenant, tu as rompu notre promesse...alors, j'ai le droit de
m'amuser un peu avec toi, princesse.
_____________
Hey !
Il est encore 6h56 du matin mais aujourd'hui et honnêtement je suis
MORTE DE FATIGUE.
But anyway !
Je vais être honnête avec vous, ce chapitre ne me plaît pas vraiment,
genre j'aime pas ptdr mais c'est tout ce que j'ai pu écrire alors on croise les
doigts pour un meilleur chapitre la prochaine fois !

exactement pour ça que j'ai signé 😎


Iris va devoir se coltiner Kai tout le temps maintenant, et voilà c'est

A très bientôt pour un nouveau chapitre ! 🤍


Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : Sarahrivens
14. Jeu de lame

(NDA pré chapitre : merci pour votre patience et tout vos messages sur
Instagram. Ily. Bonne lecture <3)
Iris
Je regardai le plafond, la gorge nouée et les pensées noyées dans la
terreur et l'incompréhension.
Mes sens étaient constamment en alerte, le premier bruit m'alarmait et je
ne pouvais pas fermer l'œil.
J'avais froid, je tremblais comme une feuille, mes mains et mes pieds
étaient gelés, chaque mouvement que je faisais provoquait le tintement de la
longue chaine qui emprisonnait mon poignet, créant alors encore plus de
fureur en moi.
Tous mes sentiments étaient mélangés, la terreur, la colère, l'angoisse, le
désespoir, l'incompréhension.
Je n'arrivais pas à rester calme, les questions se déversaient et
s'amassaient dans ma tête, s'accumulant à l'intérieur de mon crâne sans
pouvoir en sortir.
Kai avait disparu depuis peut-être plusieurs heures, je ne savais pas
combien de temps j'avais passé à l'intérieur de cette pièce rouge.
La couleur des lampes rendait mes yeux fatigués, mais je n'arrivais pas à
m'endormir.
Ma nourriture était au sol près de mon lit, depuis je ne savais combien de
temps.
Peut-être, une heure était passée, peut-être un jour.
Je n'en savais rien.
Personne ne voulait rien me dire, personne ne voulait me donner
d'explication.
Pourquoi j'étais enfermé avec eux ? Est-ce que c'était à cause de ce que
j'avais dit à Cody ? Pourquoi me surveiller depuis aussi longtemps ?
Ce souvenir me fit frémir de terreur, l'idée que Kai me surveillait depuis
le début de cette année sans que je ne le sache me donnait envie de vomir
d'angoisse.
Le nœud à l'intérieur de mon ventre se resserra une nouvelle fois.
J'ai flirté avec celui qui m'avait kidnappé, celui qui me surveillait.
Est-ce que mes amis avaient appelé la police ?
Est-ce qu'ils étaient à ma recherche ?
Est-ce que mes parents étaient au courant de ma disparition ?
Mon père ?
Est-ce qu'il était en ville ? Est-ce qu'il me cherchait lui aussi ?
Est-ce qu'il regrettait ?
Pourquoi me kidnapper ? Pourquoi me surveiller ? Pourquoi faire autant
d'effort pour moi ?
Des pas me firent lever la tête vers le plafond et m'arrachèrent de mes
pensées entremêlées, la rage faisait bouillonner mon sang, mais la peur me
glaçait les membres.
Je serrai les poings et fronçais les sourcils, quelqu'un était au-dessus.
Alors nous étions au sous-sol, c'était certain.
Mon ventre criait famine, mais la peur m'empêchait de manger. Et s'ils
avaient mis du poison ?
Et s'ils comptaient me tuer et me découper comme ils l'avaient fait avec
le corps la dernière fois ?
Est-ce que Cody allait bien ? Est-ce qu'ils s'en étaient pris à lui ?
Non.
Sinon Kai se serait donné à cœur joie pour me l'annoncer.
Je ne le connaissais pas encore, mais je savais qu'il était terriblement
sadique, mais pas physiquement, je voyais déjà sa préférence pour la
destruction psychologique.
Ce qui le rendait à mon sens, beaucoup plus sanguinaire et dangereux.
Des pas attirèrent de nouveau mon attention, le silence me permettait de
me rendre compte rapidement des sons autour de moi.
Puis, un sifflement.
Non.
Comme si quelqu'un sifflotait une chanson, cette même personne
descendait les marches et s'approchait de la pièce où j'étais retenue
prisonnière.
Ce sifflement me faisait froid dans le dos, gelant mes membres et me
bloquant le corps contre le matelas, je n'osais même terminer mon
expiration.
J'entendis un bruit contre la porte, quelqu'un avait inséré une clé à
l'intérieur du verrou, puis un click se fit entendre.
Ma respiration coupée, mes battements de cœur s'entendaient aussi
nettement que le grincement de la porte qui s'ouvrit, laissant alors l'un de
mes ravisseurs entrer.
Mon champ de vision se fit plus net à l'entrée de Kai, et je me redressai
rapidement, je le vis fermer la porte derrière lui puis lança un regard à mon
repas encore nouveau.
— Tu devrais manger.
Je ne répondis rien et restai là à le fusiller du regard, il ignora mes yeux
assassins et tira la chaise en créant un bruit qui me fit grimacer.
Je le vis tourner la chaise de sorte à la placer à l'envers puis, il s'assit
dessus.
Le dos de la chaise entre ses jambes et ses bras dessus, me regardant avec
ce même sourire narquois alors que je voulais sa mort.
— C'est un sandwich, mais si t'en veux pas, je crève la dalle.
Je regardais mon repas encore enveloppé dans du papier et me penchai
sur le côté, l'emprisonnant dans ma main avant de le lui jeter à la figure.
Mais il l'attrapa de justesse et sourit en me disant :
— Merci princesse.
Ma mâchoire se contracta, et mes nerfs chauffèrent rapidement. Je sentais
la colère glisser sur ma peau et emprisonner mon cerveau, me faisant
cracher :
— Arrête de m'appeler comme ça.
— Pourquoi pas ?
Je ne répondis rien et ma gorge se noua, je me sentais tellement
impuissante face à lui, comme si ma rage ne pouvait pas quitter mon corps
de la même façon que je ne pouvais pas quitter cette chambre rouge.
— Pourquoi pas ? Répéta-t-il sa question en déballant son sandwich et
prenant une bouchée.
Je secouais la tête, une grimace de dégout déformait mes lèvres gercées.
Je me penchais une nouvelle fois près du plateau plus bas et pris une
gorgée d'eau dans l'espoir de rendre ma gorge moins sèche.
Je frémis à cause du froid de la pièce et il le remarqua, mâchant son diner
silencieusement avant d'avaler et de déclarer simplement :
— Il fait froid ici.
Il est perspicace en plus c'est fou. Bouffon.
— Pourquoi je suis là ? L'interrogeai-je pour la vingtième fois depuis
mon réveil.
Il sortit un couteau de poche de sa veste, et semblait faire comme si je
n'avais rien dit. S'amusant avec la lame qui me faisait peur en mangeant son
sandwich.
— Tu as rompu notre promesse...
Ma mâchoire se contracta une nouvelle fois, c'était ce qu'il me disait à
chaque fois qu'on se retrouvait seuls lui et moi.
Comme une torture psychologique continuelle.
— Je t'ai déjà expliqué, répliquai-je sèchement, je suis désolé.
— Les excuses ne veulent rien dire pour moi, m'avoua-t-il simplement
en regardant sa lame.
Un souffle d'agacement quitta mes lèvres et mes yeux croisèrent les
lampes rouges qui me rappelaient le Box.
Mon ancienne vie.
Rico va déclarer mon abandon de poste.
Et la fac aussi.
Ma gorge se noua une nouvelle fois et l'agacement se transformait peu à
peu en colère qui me fit encore une fois serrer les poings contre les draps du
lit.
Ma vue s'embua et ma lèvre grimaça, l'impuissance me collait à la peau
et les larmes coulaient silencieusement sur mes joues refroidies par la
température de la pièce.
Je sentais ma bouche se remplir de dégout, le nœud à l'intérieur de ma
gorge était de plus en plus douloureux alors que j'avalai ma salive.
La frustration de ne rien savoir me rendait complètement folle, j'étais à
deux doigts d'exploser. Mais lui.
Lui il en profitait, il savait que je n'arrivais pas à rester calme et il adorait
ça. Ça se voyait.
Il dégustait son sandwich doucement, savourant chaque instant sans
enlever son sourire moqueur.
Comment avais-je pu tomber dans les bras de ce type ? Il est horrible
putain.
Il ne répondait à aucune de mes questions, tout ce que je posais
s'accompagnait d'un silence terrifiant et terriblement frustrant.
Je fermai mes yeux qui me brûlaient encore et me laissai tomber contre le
matelas, inspirant profondément pour garder un minimum de calme.
Mais c'était plus difficile que je le voulais.
— Tu as rompu notre promesse...
Mes poings se serrèrent une nouvelle fois à l'entente de sa voix, cette
torture qui ne faisait qu'intensifier ma culpabilité et ma colère allait bientôt
me mettre à bout.
Je ne répondis rien et inspectai du regard chaque fissure au plafond.
Espérant une ouverture assez grande pour m'échapper.
Mais même Rufus ne passerait pas.
Rufus.
Mes yeux se remplirent de larmes en repensant à mon animal de
compagnie qui devait sûrement m'attendre depuis tout ce temps, mais qui
n'avait peut-être que Rox.
Et ma main se porta brutalement sur ma bouche lorsque je réalisais.
Rufus.
Kai.
Je me redressai rapidement et collai ma tête contre le mur derrière moi,
les yeux écarquillés et le souffle coupé.
Kai me lança un regard rapide avant de se concentrer sur son sandwich,
les yeux rivés sur son couteau de poche, admirant la lame sans un mot.
— Tu as entendu...toutes mes co-...conversations ? Avec Rufus ?
Il s'arrêta de mâcher et releva son regard vers moi, je le regardais avaler
sa nourriture avant de voir ses lèvres s'incurver lentement dans un sourire
narquois en murmurant :
— Oui.
Mon cœur fit un bond terrifiant et mes joues chauffèrent violemment,
j'étais plus rouge que la pièce dans laquelle nous étions et il poussa un petit
rire dans un souffle avant de m'enfoncer encore plus en chuchotant :
— C'était mes parties préférées je dois l'avouer.
Comme si l'on venait d'ouvrir mon journal intime, je me sentais
complètement honteuse et gênée de m'être confiée à mon animal de
compagnie.
Un micro.
Un putain de micro.
— C'est quoi l'intérêt de me kidnapper ? répétai-je plus agacée, c'est
quoi l'intérêt de me surveiller ? Et merde, c'est quoi l'intérêt de mettre
un micro dans mon collier pour savoir ce que je dis à la fin !
Mon sang bouillonnait, comme un volcan en éruption je commençais à
faire ressortir ma rage et ma frustration qui étaient étouffées par ma peur.
Mais encore une fois, son regard se détacha du mien face à ma question
et il reprit son couteau de poche en jouant avec, comme si je n'avais rien dit.
Accentuant ma colère.
— Pourquoi tu ne dis rien ! Pourquoi je SUIS-
— Crie-moi dessus, je n'attends que ça.
Une lueur traversa ses iris et je me glaçais, ses mots menaçants venaient
de couper court ma phrase et mon souffle entier.
Il se reconcentra sur sa lame, détaillant chaque centimètre comme s'il ne
la connaissait pas. De mon côté, je bouillonnais, j'étais incapable de rester
aussi calme que lui.
J'étais en train de perdre tout mon sang-froid.
— Réponds-moi...
— Qu'est-ce que tu es bavarde ce soir, lâcha-t-il dans un souffle
d'exaspération, je t'ai laissé trois heures ici, je pensais que tu allais te
fatiguer tôt ou tard.
Trois heures.
Ça ne faisait que trois heures depuis qu'il était parti, depuis mon réveil.
Que...trois heures.
J'étais en train de devenir complètement dingue.
— Pourquoi je suis ici Kai ? Murmurai-je d'un ton épuisée, j'ai besoin
que tu me répondes.
Comme si je n'avais pas parlé, comme si son sandwich était plus
important que ma question, il regardait son couteau de poche tout en
mâchant le reste de son diner.
— Pourquoi vous me surveillez ? Qu'est-ce vous cherchez ?
Encore un silence en guise de réponse, il m'ignorait ouvertement.
Mes membres tremblaient, mais je ne savais pas si c'était le froid ou la
rage qui animait mes sens, je déteste qu'on m'ignore comme il le faisait.
Je détestais qu'on m'ignore.
« — Réponds-moi à la fin ! Je suis désolé ! MAMAN ARRÊTE DE
M'IGNORER !
Ma mère me toisa du regard et tourna le dos en montant dans sa
chambre, me laissant seule au salon et refusant de m'adresser la parole
depuis trois jours parce que j'avais fait tomber son verre préféré.
— Maman s'il te plait ! Je ne l'ai pas fait exprès ! Parle-moi ! Je suis
désolé !
Mais elle ne prit pas la peine de soulager ma tristesse et ma frustration,
bien au contraire, elle l'alimenta encore plus et disparut de mon champ de
vision, ne me laissant qu'avec ma culpabilité et ma rage envers moi.»
Un bruit m'arracha de mes pensées et mes sourcils se froncèrent
d'agacement en le regardant froisser l'emballage de son sandwich.
Encore en train de m'ignorer royalement.
— Réponds-moi à la fin ! Je suis désolé ! KAI ARRÊTE DE
M'IGNORER !
Et en une fraction de seconde, ma respiration se rompit soudainement et
j'arrêtai tout mouvement dès l'instant où le bout de la lame traversa le mur
sur lequel j'avais ma tête collée.
Le couteau coinça une mèche de mes cheveux, et mes muscles se
crispèrent violemment en me rendant compte que l'arme blanche n'était qu'à
quelques millimètres de mon visage.
Les yeux de Kai m'assassinaient ouvertement, et sa mâchoire était aussi
contractée que les muscles de son avant-bras.
— Ne lève jamais le ton avec moi, Iris, je ne sais pas me contrôler.
Je restai muette, complètement tétanisée.
Ma lèvre inférieure commençait à trembler et ma vue s'embua, je me
sentais tellement impuissante face à lui et à la situation dans laquelle il
m'avait mise.
— Qui t'as demandé de me kidnapper, réponds-moi...
Il ne me répondit rien et se leva de sa chaise, puis d'un pas lent, il
s'approcha de moi en regardant le couteau qui emprisonnait encore ma
mèche de cheveux.
— J'ai besoin de réponses Kai, murmurai-je en sentant mes larmes
couler sur mes joues, j'ai besoin de réponse...
Il ne répondit rien et tira d'un coup sec sur l'arme blanche avant de
tourner les talons et quitter la pièce.
Sans un mot.
Et je fondis en larmes pour la sixième fois au moins depuis mon réveil,
mes pensées s'amassaient dans ma tête, la terreur faisait trembler mon corps
fébrile, j'avais faim et j'avais froid.
J'étais épuisé, complètement perdu et frustré.
Je voulais sortir d'ici, je voulais retrouver l'extérieur, ma maison, mes
amis, mon boulot.
Ma vie.
En l'espace d'une seconde, j'avais tout perdu.
À présent, je me retrouvais menotté à un lit, coincé entre quatre murs en
bétons avec trois mecs qui en savaient beaucoup plus sur moi que je ne
l'aurais jamais pensé.
Dont l'un paraissait beaucoup plus violent que les deux autres.
Mes chances de sortir d'ici étaient minces, mais pas impossibles.
Seulement, je savais que personne n'allait me retrouver.
Vernon était un putain de flic, il avait déjà prévu de détruire peut-être
toutes les dépositions que feraient Rox et Cody.
Ma gorge se noua une nouvelle fois à cette idée et je me laissai tomber
une nouvelle fois sur le matelas, je me tournais sur le côté et me
recroquevillai sur moi-même pour protéger mon corps du froid qui se faisait
de plus en plus tranchant.
Mes larmes salées coulaient sur mes joues et touchaient mes lèvres, je me
sentais tellement impuissante.
Je détestais ce sentiment, mais pour l'instant, il me collait à la peau.
Les minutes qui s'écoulaient ici passaient comme des heures, aussi
lentement que les jours de septembre.
L'attente était insoutenable, mais l'attente de quoi ?
Rien.
Ou plutôt, je n'en savais rien.
Je ne savais pas ce qu'il cherchait, ce qu'il attendait de moi.
« Depuis le début de l'année »
Il me surveillait depuis le début de cette année, quelqu'un l'avait
forcément engagé pour me surveiller et me kidnapper, mais il avait refusé
de le faire.
Sauf que, il l'avait fait quand même.
Mais j'étais l'unique cause de ce kidnapping, c'était ce que je sentais.
Mais même, pourquoi me surveiller ? Pourquoi faire autant de choses
pour moi ? Ils étaient sûrs d'eux ? Peut-être qu'ils s'étaient trompés de
personne depuis le début ?
Je n'avais rien pour n'attirer ce genre de personne.
Après quelques minutes, la porte s'ouvrit une nouvelle fois et du coin de
l'œil, je vis les cheveux sombres et la tête de Kai.
Sa présence anima mes sens et accéléra mes battements cardiaques.
Il se racla la gorge puis referma la porte derrière lui.
— Tu as un sommeil léger ?
Je déglutis, mais ne répondis rien, comme si je n'arrivais plus à émettre
un seul mot avec lui. Pas avant d'avoir mes réponses.
Il me toisait du regard, attendant peut-être une réponse alors que je
fermais les yeux, ignorant sa question comme il faisait avec moi depuis
longtemps.
J'espère que tu sais ce que ça fait de se faire ignorer pauvre crétin.
Il poussa un soupir et j'ouvris les yeux, son corps s'approcha du côté du
lit où je dormais, et il y déposa un autre sandwich, emballé.
— Il y aura bien un moment où tu vas manger, souffla l'assassin en
haussant les épaules.
Une voix sourde alerta mes sens, appelant le prénom de mon ravisseur
qui fronça les sourcils puis murmura :
— Qu'est-ce qu'il veut encore, je le vis me lancer un regard rapide
avant de se tourner vers la porte, descends je suis bas !
Il ouvrit la porte de la pièce et des pas dévalèrent les marches, puis une
voix masculine inconnue emplit l'extérieur de la chambre.
Kai était face à la porte et l'homme, de l'autre côté, m'empêchant de le
voir.
— J'ai ce que tu m'as demandé, fit la voix de l'homme.
— Il y en a combien ?
— Six, j'ai pas réussi à en faire plus, mais je pense que ça va suffire.
Le tintement des chaines se fit entendre à l'instant ou je bougeais, faisant
tourner la tête de Kai en ma direction puis la voix inconnue demanda :
— Elle est réveillée ?
— Depuis quelques heures oui, répondit Kai en me fixant, la dose était
forte, Jacob avait raison.
— Elle a encore toute sa tête ?
À cette question, Kai étira ses lèvres dans un sourire moqueur avant de
murmurer simplement :
— Elle n'a jamais été plus elle-même qu'en ce moment même, je peux
te l'assurer Casey.
Kai lui céda le passage en collant son dos contre le mur face à moi, et le
fameux Casey entra dans la pièce rouge, le regard curieux et détaillant mon
visage ouvertement.
Ses yeux n'avaient pas quitté les miens, et je l'examinais à mon tour.
Il avait le même style que Jacob, du moins, il paraissait un peu plus
décontracté.
Des cheveux clairs je supposais et une peau un peu plus brune que celle
de Kai, la lumière n'arrangeait pas mes yeux qui examinaient cet inconnu.
Ce même inconnu qui avait concocté la drogue que j'avais violemment
inhalée.
Enfoiré.
Comparé au corps imposant et grand de Kai, Casey paraissait plus
maigre. Il avait quelques centimètres en moins de taille.
Mon regard quitta celui de l'inconnu et se posa sur Kai qui semblait fixer
Casey sans un mot. Adossé contre le mur, les bras croisés et le regard
sombre sur lui.
Une expression dure qui me fait froncer les sourcils.
— Ton silence est flippant Kai, dit Casey sans me lâcher du regard, j'ai
un mauvais pressentiment.
— Ton pressentiment est bon Casey, répondit Kai en posant son regard
vers moi.
Kai me détaillait à son tour et Casey se tourna vers lui, les yeux glacials
de Lakestone quittèrent mon visage et il dit :
— J'ai besoin que tu me ramènes sept micros, pas comme celui de la
dernière fois, lui demanda mon ravisseur en regardant ses chaussures, avec
enregistrement en temps réel.
— Sept petits ?
— De préférence.
Casey hocha la tête avant de se tourner vers moi puis Kai le fixa une
nouvelle fois avant de déclarer quelques secondes après :
— Tu as du boulot maintenant, sors d'ici.
Casey émit une expression étonnée puis se tourna vers lui avant
d'acquiescer, il tourna les talons et quitta la pièce, obéissant à l'ordre de Kai.
Ce dernier regardait le sol, les bras encore croisés contre son torse, le dos
collé au mur.
Je restai muette, et détournais le regard avant de me laisser tomber une
nouvelle fois sur le matelas.
— Tu as faim ?
Je secouais négativement la tête, tout ce que je voulais c'était sortir d'ici.
— Tu as décidé de ne plus parler ?
Mon silence fut ma seule réponse, j'étais bien décidé à lui montrer ce que
ça faisait de se faire ignorer, de ne pas avoir de réponse.
La frustration et l'agacement.
Je comptais bien jouer avec ses nerfs, moi qui ne faisais rien d'autre que
m'allonger sur ce lit de merde et attendre.
Je comptais bien remplir mon temps libre.
Et dans le meilleur des cas il verra qu'il ne gagnera rien avec moi et me
rendra ma liberté.
— Qu'est-ce que ton hamster mange en général ?
La chatte à ta mère.
Je soupirai et fermai les yeux, il était en train d'essayer de me faire par
tous les moyens.
Jusqu'à utiliser mon fils.
D'où il se permettait de parler de Rufus ?
— Tu as perdu ta langue, princesse ?
Un autre soupir s'échappa de mes lèvres et j'entendis ses pas lourds
marcher contre le sol dur, puis le grincement de la porte se fit entendre et je
déglutis lorsque je compris qu'il venait de la fermer.
Et un click du verrou s'en suivit.
Mon rythme cardiaque s'accéléra et ma respiration se saccada à l'entente
de ses chaussures contre le sol, chaque pas me faisait l'effet d'un shoot
d'adrénaline.
Et la peur s'emparait de mon corps qui commençait à trembler.
Sa présence se rapprochait de la mienne, comme si je pouvais sentir la
chaleur de son corps alors qu'il était loin de moi.
— Tu as peur ?
Je restai sur ma décision et ne dit rien, même si j'avais l'impression
d'affronter le diable, je ne voulais pas lui montrer que j'avais peur de lui.
De ce qu'il pouvait me faire.
— Tu ne veux pas me répondre par des mots, alors...
Ses pas se rapprochaient davantage de mon lit et un frisson de terreur
s'empara de mes membres lorsque je sentis le bout de la lame de son
couteau de poche effleurer mon épiderme.
— Je prendrais la réponse autrement.
Le bout de la lame me fit trembler comme une feuille et ma respiration
devint tellement irrégulière que je pensais faire une crise d'angoisse.
Elle remonta le long de mon bras et toucha ma clavicule, j'étais toujours
avec les vêtements que je portais peu avant mon kidnapping.
Et être en demi-manche n'arrangeait rien.
Je sentais le bout retracer ma peau, comme si elle retraçait mes veines, et
chaque centimètre traversé créait la chair de poule qui enveloppait ma peau
froide.
— Alors princesse ? Tu veux bien me répondre ?
Sa lame remonta sournoisement le long de mon bras, retraçant encore
une fois ma clavicule avant d'arriver à la naissance de mon cou.
— Ma partie préférée pour l'instant, je n'aimerais pas l'abimer de
cette façon...
Il murmura sa phrase en appuyant un peu plus la lame sur ma peau,
coupant mon souffle et m'arrachant un sanglot de terreur.
— Je n'aime pas qu'on m'ignore, sois une gentille fille pour moi...et
réponds moi.
« Sois une gentille fille pour moi »
Mes palpitations cardiaques s'accélérèrent davantage, et mes membres
tremblaient violemment, je sentais que mon estomac voulait faire sortir le
peu que j'avais mangé à cause d'un nœud qui s'était formé.
J'ouvris lentement les yeux, laissant quelques larmes d'angoisse et de
désespoir répondre à sa question.
Une réponse qu'il comprit puisqu'il éloigna sa lame, un petit sourire
triomphant aux lèvres.
— Obéissante.
Je le fusillai du regard et regardai son couteau qu'il tenait entre ses doigts,
puis, prise d'une montée surhumaine d'adrénaline et de rage.
Je bondis soudainement sur l'arme blanche et tentai de la lui prendre des
doigts.
D'un coup sec, je tirai sur la lame et ma main trembla lorsque je la
récupérai avant de la rediriger face à lui en me levant de mon lit.
Un cri de rage s'échappa de mes lèvres et je le menaçai du regard avant
de grincer :
— Qu'est-ce que je fais ici ? PUTAIN QU'EST-CE QUE JE FAIS LÀ
?!
Ses yeux détaillaient mon corps et mon visage, sa langue passa sur ses
lèvres qu'il mordilla l'espace d'une seconde avant de me regarder dans les
yeux.
— Doucement...
Il leva les bras en regardant ma main qui saignait à cause de la lame que
j'avais arrachée des mains de mon ravisseur.
La douleur n'était rien comparée à la rage que j'éprouvais en ce moment
même.
— RÉPONDS-MOI !
— Ton agressivité fait tout sauf me faire peur, princesse.
Un autre cri de rage s'échappa de mes lèvres et je m'approchai davantage
de lui, il reculait et mon corps le suivait, ma respiration bruyante et
irrégulière pouvait s'entendre dans toute la pièce rouge.
Mais il semblait très calme, me narguant presque en laissant ses mains
levées.
Son dos se colla contre le mur et le mien se rapprocha du sien, ma
poitrine se colla contre son torse et j'apportai la lame près de la peau de son
cou, ses yeux qui pétillaient examinaient mon visage sans un mot alors que
je crachai dans un murmure, la voix pleine de rage et le ton moqueur :
— Tu regrettes d'avoir rallongé la chaine des menottes n'est-ce pas ?
Il secoua la tête et décala légèrement sa mâchoire sur le côté en souriant,
laissant apercevoir sa langue avant de murmurer :
— La prochaine fois, j'opterai pour une plus petite chaine, je t'en
fais la promesse.
— Réponds-moi maintenant, qu'est-ce que je fous ici ? crachai-je une
nouvelle fois en n'oubliant pas mon objectif.
Il ne répondit rien et j'appuyai la lame contre son cou, il remonta sa tête
et me lança un regard en esquissant un sourire mauvais.
Soudain.
Et en à peine quelques secondes.
Son corps me poussa violemment contre le matelas et il se mit
brutalement à califourchon sur moi, bloquant tous mes mouvements et
pressant sa main contre ma blessure.
Je criais de douleur et relâchai la lame qu'il reprit avant de la poser juste
sur mon cou.
— Jouer avec une lame c'est excitant, mais plus quand l'un est
blessé, murmura-t-il approchant son visage du mien, fais un seul
mouvement et je te découpe la gorge.
Ma respiration se rompit, et les larmes me montaient aux yeux, son ton
froid et menaçant me fit frémir.
— Ou plutôt...tes yeux.
Le bout de la lame quitta mon cou et la panique me gagna lorsqu'il mit
l'arme blanche juste au-dessus de mes yeux, à peine quelques centimètres
loin de mon œil droit.
— Toi qui ne les aimes pas, tu vas apprendre peut-être à les regretter.
— Arrête...
— Je me demande ce qu'ils ont de si particulier pour nourrir ton
dégout, souffla-t-il en essayant de les examiner, dommage que la lumière
rouge me masque cette réponse...mais je le saurais tôt ou tard.
Son corps imposant au-dessus du mien, ses jambes bloquant les
mouvements de mes hanches et l'une de ses mains emprisonnaient ma main
blessée tandis que l'autre menaçait ma vue.
J'étais à deux doigts de l'évanouissement.
— C'est moi qui pose les questions ici, me rappela-t-il en laissant la
lame effleurer le haut de ma pommette droite, mais j'aime bien te voir en
colère...je te frustrerai plus souvent.
Il se leva et ma respiration se saccada une nouvelle fois alors que
j'explosai en sanglots, la peur et le désespoir s'explosèrent à l'intérieur de
mon corps alors que je le regardais disparaitre de la pièce.
Je regardai ma main qui saignait encore, l'entaille n'était pas profonde,
mais le sang qui coulait me fit pleurer davantage.
C'est un cauchemar.
°°°°
Le lendemain.
Un bruit strident me réveilla en sursaut, mon cœur faillit sortir
violemment de ma cage thoracique à l'instant où je vis Kai face à moi, une
arme à la main.
Paniqué et encore complètement déboussolé, je regardais autour de moi
en m'exclamant :
— Mais ça va pas !
Je remarquai très vite la présence de Jacob qui arriva dans mon champ de
vision, semblait tout aussi étonné que moi à cause du bruit qui venait de
m'exploser les tympans.
— Je pensais que tu l'avais tué ! déclara-t-il en me regardant.
Kai désigna du menton le sol et je me redressai, une tâche de noir me fit
entrouvrir la bouche puis, mon regard descendit sur le côté et je vis le
cadavre d'une souris.
Du moins, ce qu'il en restait.
Une forte envie de vomir me prit aux tripes et je me levai d'un bond.
— Je t'avais dit Whitfield, ma technique est plus efficace.
Je le regardais, les yeux écarquillés et tremblants comme une dingue à
cause du bruit qu'avait fait l'arme, il avait tiré sur une souris.
Une souris.
— Dis-moi champion, dans ta technique, le nettoyage est inclus hein
? L'interrogea Jacob en regardant la tache.
— J'ai une équipe d'entretien t'inquiètes, déclara Kai en me regardant,
Iris s'en chargera. Iris et moi.
Il termina sa phrase en esquissant un sourire mauvais et je déglutis.
Je détestais ce genre de sourire.
Ce mec était démoniaque.
_____________
Hey !
Did you guys missed me ?
HELLO BESTIES ! Your fav hoe IS BACK on Wattpad again !
Bordel j'ai l'impression j'ai rien posté depuis des mois. Mdr Instagram
savent why.
ANYWAY.
Bref ! Je crois que l'histoire s'installe peu à peu et j'ai vraiment hâte de
poster la suite omg Kai ily.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
15. Mauvais(e) perdant(e)

Iris
— Je crois qu'on ferait mieux de la faire sortir d'ici.
— À cause d'une souris ?
Jacob grimaçait en regardant le cadavre de la souris puis me lança un
regard avant de déclarer :
— On a surtout besoin de l'éclairage de la pièce, ce n'était pas une
chambre à la base hein...
Kai poussa un soupir et je les regardais sans prononcer un mot, ce n'était
pas une pièce normale. C'était une chambre noire.
D'où l'éclairage rouge.
Je comprenais mieux à présent.
Mais pourquoi m'avoir laissé ici alors ? Pourquoi m'avoir emprisonné à
l'intérieur ?
— Elle n'est pas hystérique, on peut la faire monter, continua Jacob
en regardant Kai qui me fixait, c'était le plan à la base.
Kai ne répondit rien et me regardait silencieusement, après quelques
secondes il répliqua à son tour :
— Vide la chambre à côté de la mienne, elle ira là-bas.
Je fronçai les sourcils en regardant Jacob hocher la tête et quitter la
chambre rouge, Kai me toisa du regard et je fis de même avant de me lever.
J'avais besoin de pisser.
— Je veux aller aux toilettes.
— Et moi je veux dormir, me dit-il comme si j'en avais quelque chose à
foutre de ce qu'il voulait.
Il fit comme si je n'avais rien demandé et quitta la pièce en prenant bien
soin de laisser la porte ouverte.
La chaine qui me retenait prisonnière était certes assez longue pour me
permettre de faire les cent pas dans cette pièce sans issue possible, mais
assez courte pour en sortir.
Je poussai un souffle d'agacement en sentant ma vessie qui commençait à
devenir de plus en plus douloureuse.
Je m'assis sur mon lit et tapais nerveusement mon pied contre le sol froid,
et plus les minutes passaient, moins je sentais qu'il allait revenir.
J'étais tellement faible que je laissais chaque émotion prendre le dessus
sur mon sang-froid. Comme si mon corps était la marionnette de toutes mes
émotions.
La peur.
La colère.
La haine.
Le dégout.
Je ne cachais rien, c'était impossible de le faire.
Je n'arrivais pas à me contenir, j'étais fatigué, j'étais complètement
épuisé.
Je sentais que mon corps était beaucoup trop lourd à porter.
Et mon cerveau encore plus.
Mes mains et mes pieds étaient plus froids que d'habitude, j'avais soif et
j'avais terriblement faim.
Mais plus le temps passait, moins j'étais capable de résister.
J'entendis des pas descendre des escaliers, des pas que je reconnaissais
puisqu'ils étaient lourds et lents, c'était Kai.
Depuis que j'étais enfant, je pouvais savoir qui marchait, qui allait rentrer
dans ma chambre.
Qui était à la maison.
Et maintenant.
Qui allait venir dans la chambre noire.
Sans grande surprise, Kai entra avec un plateau rempli de nourriture et le
posa sur le lit.
Je le vis s'approcher des menottes et il tira une petite clé qui me libéra.
Je me levai rapidement et le laissa me tirer hors la pièce.
La lumière de l'extérieur m'aveuglait presque, j'étais habitué au rouge de
la chambre.
J'entrai à l'intérieur de la salle de bain et il referma la porte derrière lui
avant de dire :
— Tu as cinq minutes.
Rapidement, j'allumais la lumière et partis me soulager la vessie en
grimaçant de douleur.
Je me sentais tellement faible.
Tellement sale.
Tellement impuissante.
Pourquoi ça m'arrivait à moi ? Comment avais-je fait pour me retrouver
dans cette situation ?
Je relevai la tête en regardant autour de moi, cherchant une fenêtre où
quelque chose pour sortir d'ici, mais rien.
Il n'y avait de plus qu'une douche et un lavabo.
Je fronçai les sourcils lorsque mes yeux virent quelque chose de familier.
Je terminai et tirai la chasse avant de me lever, mes yeux s'écarquillèrent
lorsque je constatais que l'étui de mes lentilles était sur le lavabo.
Un sanglot de soulagement quitta mes lèvres et je me lavai les mains
rapidement avant de l'ouvrir, des larmes quittaient la barrière de mes
paupières et très vite, j'entrepris de les mettre.
L'excitation et le soulagement me faisaient trembler les doigts, rendant
alors ma tâche plus difficile qu'elle ne l'était déjà.
Je mis le deuxième et j'entendis la voix de mon ravisseur dire :
— Je vais ouvrir.
Et il le fit dès l'instant où il termina sa phrase.
Son regard croisait le mien à travers le miroir, et il détaillait mes yeux
sans un mot puis il tendit le bras, je me tournai et vis qu'il venait de me
donner des vêtements.
— Prends une douche, et change-toi. Tu fais peine à voir, déclara-t-il
alors que je m'approchai de lui pour prendre ce qu'il venait de me donner.
Je fronçai les sourcils en le regardant entrer à l'intérieur de la pièce et
fermer la porte derrière lui, mon rythme cardiaque s'accéléra en le suivant
du regard alors qu'il s'assit sur le lavabo, mon souffle se coupa lorsque je
pensais qu'il s'était assis sur l'étui où je mettais mes lentilles, mais très vite,
mes yeux me rassurèrent en voyant l'étui entre ses jambes.
Mais attends...qu'est-ce qu'il fout ici ? Il me n'a pas demandé de prendre
une douche ?
— Sors ?
Il releva la tête vers moi et fronça les sourcils avant de me répondre sous
le même ton :
— Non ?
Il me fait une blague ?
— Je ne vais pas me foutre à poil à côté de toi, répondis-je en gardant
mes sourcils froncés.
— Ça ne me dérange pas, souffla-t-il en gardant ses yeux sur moi, je
peux me tourner si ça te dérange, mais je ne sortirai pas de là.
J'écarquillai les yeux en regardant son air complètement détaché, mes
affaires dans mes mains alors que je n'avais pas bougé de ma place.
Je me tournai vers la douche et remarquai que le verre de la cabine était
opaque, ma tête pivota à nouveau et je croisai les iris glaciales de Kai qui
me fixait silencieusement.
Un petit sourire narquois dessiné sur ses lèvres.
Mes nerfs chauffèrent et je le fusillais du regard et me rapprochais sur
lavabo où s'était assis, ses yeux ne me quittaient pas une seconde alors que
mes jambes s'avançaient doucement vers lui, et je le vis se redresser
doucement lorsque mon corps n'était plus qu'à quelques centimètres du sien.
Je sentis son souffle s'arrêter au moment où ma main libre se posa entre
ses jambes, mes doigts emprisonnèrent l'étui de mes lentilles alors que mes
yeux n'avaient pas quitté les siens.
Je reculai d'un pas et il inspira profondément, un sourire moqueur étira
mes lèvres en le regardant essayer de rester impassible.
Sachant pertinemment que je ne le laissais pas indifférent.
Toi non plus tu ne l'es pas.
Va te faire foutre il me répugne.
À d'autres Iris, a d'autres.
— Ferme les yeux, lui ordonnai-je en fronçant les sourcils d'agacement à
cause de ma voix qui essayait de me faire croire des choses.
Des choses que je ne voulais pas entendre.
Ce mec était un criminel doublé d'un meurtrier qui m'avait kidnappé et
qui m'avait volé ma liberté.
Ma colère et ma haine envers lui étaient plus grandes que l'attirance
physique que j'éprouvais depuis que je l'avais rencontré.
Il ferma les yeux et les battements de mon cœur se firent plus rapides, je
m'approchais du miroir en gardant mes yeux sur lui, surveillant le moindre
mouvement de ses paupières.
— Promets-moi de ne pas ouvrir les yeux avant de que je ne te le
demande.
Il se crispa et j'attendais sa réponse en me lavant les mains, mais plus les
secondes passaient, moins j'arrivais à attendre.
— Prom-
— Je te le promets, me répondit-il finalement en fronçant les sourcils.
Gentil garçon.
J'esquissai un sourire satisfait et enlevai mes lentilles tout en gardant un
œil su lui, je voulais savoir s'il disait vrai.
S'il tenait vraiment toutes ses promesses.
Je me rappelais qu'il m'avait dit un jour qu'il ne mentait jamais, je me
demandais s'il était sérieux ou s'il n'aimait simplement pas mentir.
Mais qu'il le faisait lorsque c'était nécessaire.
Il garda ses yeux fermés tout le long, n'avait pas bougé ne serait-ce une
seconde, j'en profitais pour me rapprocher de la cabine et me déshabiller
hâtivement.
Et là encore, il n'avait pas ouvert les yeux.
Ils étaient restés parfaitement fermés.
J'entrai à l'intérieur de la douche et lui dis avant de refermer les portes :
— Tu peux les ouvrir.
Un soupir de soulagement quitta la barrière de mes lèvres lorsque je fis
couler l'eau chaude sur mes membres froids et tendus, mais mon angoisse
n'avait pas quitté mon corps.
Je n'étais à l'aise avec l'idée qu'il soit aussi près de moi, nue et
complètement vulnérable.
L'idée qu'il me viole me traversa l'esprit, mais je secouai énergiquement
la tête tout en lavant mes cheveux.
C'était du shampoing pour homme, sûrement le sien ou celui de Jacob.
D'ailleurs, même les vêtements qu'il m'avait apportés semblaient être
pour homme, cependant, je n'avais pas eu le temps de bien voir tout ce qu'il
m'avait ramené.
Je ne comprenais pas leur démarche, ils n'étaient pas violents et agressifs
avec moi, du moins pas Jacob.
Kai semblait être très patient avec moi, j'osais me dire qu'il ne prévoyait
peut-être pas de me tuer.
Mais dans ce cas, putain qu'est-ce qu'il voulait de moi ? Pourquoi me
kidnapper ?
Je ne sers à rien vraiment, très mauvais investissement demandez à mes
parents !
Mes parents.
Est-ce qu'ils savaient que j'avais disparu ? Est-ce qu'ils s'inquiétaient pour
moi ?
Je me demandais s'ils me cherchaient, j'espérais qu'ils me retrouvent, je
voulais qu'ils angoissaient à l'idée de ne plus jamais me revoir.
C'était toxique et complètement violent, mais au moins comme ça je
pouvais être sûr qu'ils allaient s'intéresser à mon existence.
Du moins, c'était ce que j'espérais.
Et Théa.
Elle devait être terriblement inquiète, Rox et Cody aussi.
J'espérais que Cody fasse le lien, entre mon kidnapping et ce que je lui
avais dit, j'espérais qu'ils arrivent à me faire sortir d'ici.
Parce que pour l'instant, c'était impossible pour moi de le faire.
J'étais dans un sous-sol, j'avais dormi pendant peut-être deux jours ou
trois dans une chambre noire aménagée pour moi et je n'avais pas vu les
rayons du soleil depuis mon kidnapping.
De plus, Kai me collait au cul depuis mon réveil.
Et si ce n'était pas Kai, c'était Jacob qui errait dans la maison.
— Tu es morte ?
— J'aurais voulu, m'exclamai-je sèchement en répondant à sa question
alors que je me rinçai le corps qui sentait à présent le gel douche pour
homme.
J'arrêtai l'eau et inspirai profondément, me sentant enfin mieux. Mes
membres étaient détendues et je me sentais enfin propre.
Mais très vite, quelque chose fit accélérer mon rythme cardiaque.
Je n'avais pas de serviette.
Je pestais dans un murmure avant de me mettre face à la porte, mon cœur
cognait à l'intérieur de mon cœur alors que je demandais sèchement :
— Donne-moi la serviette.
Il émit un petit rire avant de me répondre d'un ton amusé :
— C'est pas avec ce ton que je vais te la donner.
Mon poing dans ta gueule va suffire gros bouffon.
J'essayai de garder mon calme, mais son existence rendait la chose plus
difficile. Surtout qu'à présent, il me cherchait.
Clairement.
— J'ai besoin que tu me donnes la serviette, répétai-je plus gentiment
alors que mes yeux fusillaient sa silhouette du regard.
Heureusement que la cabine était opaque.
— Oh princesse...tu peux faire mieux que ça j'en suis sûr...
Mes poings se serrèrent et ma mâchoire se contracta, il jouait avec mes
nerfs sournoisement et je savais déjà qu'il souriait comme un psychopathe.
Il adorait me voir vulnérable et je le savais.
— Est-ce que tu peux me donner la serviette, s'il te plait ? grinçai-je
en sentant mon corps avoir de plus en plus froid.
J'entendis ses pas atterrir au sol avant de faire du bruit dans la pièce
silencieuse, je vis sa silhouette se rapprocher de la cabine et je me cachais
les seins avant de me mettre sur le côté en ouvrant faiblement la porte.
— Jouer avec tes nerfs est devenue mon activité préférée, princesse.
Je vis sa main entrer dans la cabine et me tendre la serviette blanche que
je lui arrachai rapidement des mains.
— Va te faire foutre.
— De rien, me répondit-il d'un ton narquois.
J'enroulai la serviette autour de mon corps et fermai les yeux avant
d'ouvrir la porte et quitter la cabine.
— Ferme les yeux, lui demandai-je en essayant de garder un minimum
d'assurance dans ma voix.
Alors qu'intérieurement, je le suppliais.
— Pourquoi tu n'aimes pas tes yeux ?
C'était la même question à chaque fois que quelqu'un comprenait que
mes iris n'étaient pas marron, et je ne pouvais pas sortir sans mes lentilles.
Que je ne pouvais pas laisser le monde regarder mes yeux.
Simplement parce que le monde détestait mes yeux lorsque je les
affichais.
Jusqu'à devenir violent avec.
Un frisson de terreur s'empara de mes membres lorsque je me rappelais
de la lame sous mon œil, la lame avec laquelle Kai m'avait menacé la veille.
Comme la cuillère.
— S'il te plait...ferme les yeux.
Le ton de ma voix avait changé, ce souvenir venait de me détruire toute
l'assurance que j'avais essayé d'accumuler.
J'étais devenue faible.
Encore.
J'entendis quelques secondes, je sentais déjà mon cerveau chuchoter des
souvenirs que je voulais étouffer, des mots dont je ne voulais pas me
rappeler.
Des gestes que je voulais effacer.
— J'ai fermé mes yeux, Iris.
Sa phrase me ramena à la réalité, et lentement, j'ouvris un œil pour le voir
et il n'avait pas menti. Ses paupières étaient closes.
Rapidement, je m'approchais du lavabo et tirais mes lentilles qui venaient
couvrir mes véritables iris. Un souffle de soulagement s'échappa de mes
lèvres et je clignais des yeux à plusieurs reprises pour m'habituer au corps
étranger qui me protégeait.
— Merci.
Ses yeux s'ouvrirent une nouvelle fois, et il pivota sa tête vers moi. Ses
yeux plongèrent dans les miens puis quittèrent mes fausses iris, examinant
mon visage et mes cheveux alourdis par l'eau qui tombaient sur ma peau par
de fines gouttelettes.
Ses yeux bleus regardaient les gouttes descendre le long de mon cou
jusqu'à la naissance de ma poitrine, ne cachant pas une seule seconde la
lueur qui faisait briller son regard froid.
Je me raclai la gorge et il releva son regard vers moi, je croisai les bras et
arquai un sourcil alors qu'il esquissa un petit sourire au coin, puis mon cœur
fit un bond à l'intérieur de ma poitrine au moment où son corps se leva du
lavabo.
Avant de se mettre face à moi.
Et ses yeux redescendirent encore une fois vers mes jambes mouillées,
comme pour me provoquer.
Comme s'il s'en foutait que je sache qu'il me matait
Comme s'il voulait que je le voie le faire.
Ses yeux détaillaient mon corps ouvertement et il remonta son regard de
mes jambes jusqu'à mon visage une nouvelle fois.
Un coin de ses lèvres s'incurva et il murmura :
— Si tu savais tout ce qui se passe dans ma tête maintenant...
Mon rythme cardiaque ainsi que mon souffle s'accélérèrent, mais
j'essayai de rester impassible, et une idée malsaine me vint en tête alors que
je me rappelais de ses mots qu'il avait prononcés quelques minutes plus tôt.
« Jouer avec tes nerfs est devenue mon activité préférée, princesse »
Laisse-moi te montrer mon nouveau passe-temps préféré Kai...
Je m'approchai de lui, et mon souffle devint plus court, plus irrégulier.
Son regard noyé dans le mien, je sentais la chaleur émaner de son corps
face à moi, et mon visage se rapprochait du sien.
Ses lèvres s'entrouvrirent au moment où les miens les frôlèrent, son
souffle devient lourd et ses yeux dévoraient ma bouche.
— Qu'est-ce qui se passe dans ta tête, Kai ? lui demandai-je en le
regardant avec un air faussement innocent.
Regarde-moi bien jouer avec ta tête enfoiré, je vais te brûler.
Il ne me répondit rien et regardait mes lèvres avec insistance en relevant
quelques fois son regard sur moi, sa bouche entrouverte laissait son souffle
mentholé s'écraser près de mes lèvres, et il murmura :
— Je suis un très mauvais perdant Iris, ne joue pas ça avec moi.
— Jouer à quoi ?
Ma main se posa sur son torse et son souffle s'alourdit davantage, ses
muscles se crispèrent et je vis ses poings se serrer, se forçant à ne pas me
toucher comme son cerveau le voulait sûrement.
— À ça, souffla-t-il en regardant ma main sur son torse musclé.
— Je ne vois pas de quoi tu parles...
Ses yeux regardaient mon corps, analysant mes courbes ouvertement.
Je sentais que la pièce était devenue brûlante.
Ou était-ce juste l'atmosphère que je venais de créer ?
La tension était montée, mon envie de l'affaiblir par ses émotions comme
il m'affaiblissait par mes peurs se faisait de plus en plus forte.
Ma main caressa lentement son torse et mon corps se rapprocha encore
une fois du sien, jusqu'à sentir son torse contre le mien.
Ses yeux regardaient ma poitrine et ma main quitta son torse pour venir
emprisonner sa mâchoire, le forçant à remonter son regard sur mon visage.
Ses mains se forçaient à rester près de lui, mais je sentais son envie de
marquer ses doigts contre ma peau, je voyais son regard qui me bouffait
d'une façon presque interdite.
Je me demandais ce qu'il pouvait me trouver.
— Ne joue pas avec mes nerfs, je suis une mauvaise perdante moi
aussi.
Son souffle se coupa et soudainement, je hoquetai lorsque ses mains se
pressèrent brutalement sur mes hanches.
Il colla mon dos contre la paroi du lavabo et ses yeux brûlaient mes
lèvres si fort que je pouvais les sentir caresser ma bouche.
— Sinon quoi ? me dit-il à son tour.
La tension était montée encore plus, mes doigts n'avaient pas quitté sa
mâchoire et son corps contre le mien venait de faire sécher le peu d'eau qui
perlait encore sur ma peau à présent brûlante.
— Alors je jouerai à mon jeu moi aussi.
Il regardait mon visage, mes lèvres entrouvertes montraient à quel point
mes émotions avaient pris le dessus sur mon sang-froid et mon
impassibilité.
— Et il n'y aura plus qu'un seul perdant, terminai-je en le regardant
dans les yeux.
Oh Lakestone...ça ne sera pas moi, je t'en fais la promesse.
°°°°
Deux heures plus tard.
Je regardais la chambre sans un mot, après ce qui s'était passé avec Kai à
la salle de bains, ce dernier avait quitté la pièce, me laissant seule pour
m'habiller.
Je portais un sweat gris pour homme et un bas de survêtement qui était
ridiculement trop large pour moi.
Après avoir terminé, Kai m'attendait près de l'entrée et m'avait emmené
dans la chambre noire qui n'avait plus les lumières rouges.
Mais les agressives blanches.
« — Mange.
Le ton de sa voix était neutre, son dos était contre le mur en béton de la
pièce alors que je m'assis sur le matelas en regardant le plateau.
Il y avait du café et un cookie, et un verre d'eau.
La caféine m'appelait et je tirais la tasse à moi avant de boire une
gorgée, je grimaçais à cause de l'amertume.
L'intensité était beaucoup trop forte, je le sentais.
— J'hésitais à mettre de la vanille comme tu as tendance à le faire, dit-
il d'un ton moqueur.
Je frémis à l'entente de sa phrase, il me confirmait un peu plus à chaque
fois qu'il m'avait observé. Qu'il savait ce que j'aimais.
Qu'il connaissait même mes habitudes.
Jusqu'où me connaissait-il ?
Jusqu'où il connaissait des détails de ma vie ?
Ce qui était sûr, c'était qu'il ne connaissait pas la véritable couleur de
mes yeux. Il ne serait pas gêné de le mentionner autrement.
— Tu sais combien de fois je pisse par jour aussi ? Je suis curieuse,
c'est pour ma connaissance personnelle, répliquai-je d'un ton froid et
sarcastique.
Il étira un coin de ses lèvres, mais ne répondit rien puis des pas nous
coupèrent et la tête de Jacob arriva dans mon champ de vision à l'instant
où il entra dans la pièce.
— Je peux démonter le matelas ?
Kai secoua la tête en me regardant puis déclara :
— Démonte-le quand elle terminera, je dois y aller. Garde un œil sur
elle, je reviendrais plus tard. »
Il était parti depuis plus d'une heure, et je le savais parce qu'après avoir
terminé, Jacob m'avait fait monter en haut.
Pour la première fois, j'avais accès à la suite de la maison.
Je ne savais pas encore où j'étais, mais ce qui était sûr, c'était que la
maison n'était pas grande.
Alors qu'en bas il y avait une salle de bains et deux chambres, dont la
chambre rouge, à l'étage c'était différent.
Il y avait la petite cuisine face à la salle de séjour, il y avait aussi une
petite table avec quatre chaises près de la cuisine.
Au fond sur la droite, il y avait deux chambres et sur la gauche j'avais vu
une seule pièce.
Jacob m'avait fait la visite, avec un ton si enthousiaste que c'en était
terrifiant.
Terrifiant d'être aussi détaché de la situation et faire comme si j'étais
devenue leur colocataire.
Il m'avait dit que la chambre du côté gauche de la maison était la sienne
et celle de Vernon.
Celles du côté droit étaient à Kai...et moi.
Génial.
— Voilà ta nouvelle demeure, fit la voix surexcitée de Jacob, je l'ai
appelé « Level 2 » tu évolues très vite !
Il ria à sa propre blague et je regardais la chambre sans un mot, je ne
comprenais pas pourquoi j'étais traité comme ça.
Putain pourquoi ils m'avaient kidnappé à la fin ?!
— Pourquoi je suis ici, Jacob ?
Je n'avais que très rarement eu des interactions avec lui, mais je pensais
aussi qu'il était moins coriace que Kai.
Il fallait que je sache.
— Parce que je dois utiliser la chambre noire trésor, mais si tu
préfères en bas je peux-
— Non, qu'est-ce que je fais ici ? Avec vous ? l'interrogeai-je plus
agacé.
Il se gratta la nuque en gloussant, l'air gêné puis me répondis :
— Hum...Kai m'avait dit que tu allais forcément me poser la
question, mais tu vois, je n'ai pas très envie de me faire décapiter si tu
vois ce que je veux dire...
Sa phrase me ramena rapidement à cette soirée au lac, à cette scène qui
était peut-être la cause de mon kidnapping.
Je commençais à être certaine du bras que j'avais vu dans les mains de
Jacob, j'étais certaine que c'était Kai derrière ce massacre.
Mais une partie de moi refusais encore à le croire.
Comme si je n'arrivais pas à me mettre en tête que cet homme pouvait
être aussi sanguinaire.
Il avait fait de la prison.
Il m'avait kidnappé.
Ouais, mais c'est sûr il arrache pas des bras, non bien sûr Iris.
Je levai les yeux à cause de ma voix intérieure et secouai la tête, Kai était
décidé à garder toutes les réponses pour lui ce qui avait tendance à me
mettre hors de moi.
Jacob ne comptait rien dire lui non plus.
Nickel.
Même mes kidnappeurs se font désirer nickel.
— Bon, moi je ne suis pas très fan des menottes du coup on va faire
sans ce soir, me sourit Jacob, mais j'ai une surprise pour toi !
Mon ravisseur me regardait avec des yeux brillants, puis il ne quitta pas
la pièce.
Je l'entendais me dire de ne pas bouger alors que mon cœur commençait
à battre très fort à l'intérieur de ma poitrine.
L'envie de quitter cette baraque se fit de plus en plus immense.
J'avais vu la porte d'entrée, mais elle était trop loin pour le moment.
Jacob pouvait très facilement me rattraper.
Et si je sortais d'ici, Kai pouvait me retrouver. Et il pouvait être beaucoup
plus agressif. Je devais choisir le bon moment.
La seule fenêtre qu'il y avait dans cette chambre était emprisonnée par
des barreaux à l'extérieur, rendant ce sentiment d'être prisonnière encore
plus fort dans ma tête.
D'être captive.
— REGARDE CE QUE J'AI PRIS LA DERNIÈRE FOIS ! s'exclama
la voix de mon ravisseur d'un ton trop joyeux.
Et mon souffle se rompit brutalement lorsque mon regard se posa sur
Jacob, sur une cage que je reconnus très vite.
Rufus.
Mon animal de compagnie.
Mes lèvres s'entrouvrirent et mes yeux s'écarquillèrent alors que je me
m'approchais de lui, il s'agitait et des larmes venaient de s'échapper de mes
yeux.
Ma vue s'embua très vite et je sanglotais en ouvrant la cage avant de
prendre l'animal entre mes doigts.
—Rufus...
J'apportais mon hamster près de ma poitrine en sanglotant comme une
gosse, et mon regard se posa sur Jacob qui souriait fièrement avant de
déclarer :
— Il était là en même temps que toi, mais je ne savais pas quoi lui
donner à manger, j'ai demandé à Kai de te demander, mais d'après lui
tu ne voulais pas répondre. Il aime bien les carottes j'espère que je n'ai
pas foiré...
Je le regardai ahurie, il s'était occupé de Rufus.
Rufus a été kidnappé lui aussi.
— Non tu as bien choisi pour...les carottes..., murmurai-je en caressant
la tête de mon fils.
Comme si j'avais trouvé un repère, la présence de Rufus me soulageait
tellement à présent que je ne pensais à rien d'autre que lui.
Je vis Jacob sourire avant de me confier :
— J'ai toujours voulu avoir un hamster, mais ma grand-mère avait
peur des souris et tout ce qui pouvait y ressembler haha.
Je relevai la tête une nouvelle fois vers lui, il avait l'air si pur.
Comparé à Kai, Jacob paraissait si doux.
— Je pourrais donc...euh...continuer à m'occuper de lui ?
Enfin...avec toi ?
Sa question me fit sourire et je hochai la tête, son sourire s'élargit et je
m'approchai de la cage pour remettre Rufus à l'intérieur.
— Kai aussi aime les animaux, me confia-t-il en regardant l'animal,
c'est lui qui le surveillait quand tu dormais, il avait menacé de me tuer
si je ne le nourrissais pas.
Mes sourcils se froncèrent à l'entente de sa confidence, Kai avait pris soin
de Rufus. Il avait menacé Jacob s'il arrivait quelque chose à Rufus.
— Tu veux manger quelque chose ? M'interrogea-t-il en déposant la
cage sur mon lit, je ne vais pas t'empoisonner hein, mais j'ai ramené des
burritos pour ce soir !
Je hochai la tête, je me sentais plus à l'aise avec Jacob que Kai.
Il était plus gentil.
Jacob me tira avec lui hors de ma chambre et nous nous approchâmes de
la cuisine où se trouvait le dîner de Jacob.
Et le mien aussi.
L'horloge murale montrait qu'il était 20 heures, j'avais complètement
perdu la notion du temps avant aujourd'hui.
Dans la chambre noire, il n'y avait rien pour m'aider à savoir si on était le
soir ou le matin.
Même la nourriture que je manger dépendait uniquement de ce que je
venais de faire, par exemple ce matin enfin quelques heures plus tôt, je
croyais qu'on était le matin parce que Kai m'avait donné un plateau avec du
café.
Mais il l'avait fait uniquement parce que je m'étais réveillé de mon
sommeil.
Il était 17 heures.
Nous nous sommes assis sur les chaises de la cuisine et Jacob prit la
télécommande du salon à quelques mètres de nous avant d'allumer la
télévision.
— Qu'est-ce que tu aimes regarder ?
Je mangeais une bouchée de mon burrito et haussai les épaules, il hocha
la tête et me dit :
— J'aime beaucoup regarder « Modern family » tu connais ?
Je hochai la tête, j'aimais beaucoup trop cette série aussi. Les
personnages et les dialogues étaient si drôles.
Il me sourit une nouvelle fois, son téléphone vibra sur la table et il lança
un coup d'œil à l'écran avant de chercher la série sur netflix avant de
répondre.
— Quoi ?...Elle est vivante et en bonne santé...oui oui
t'inquiètes...mhm...ouais...
Il mangeait son dîner, l'air détaché de la conversation avec son
interlocuteur. Puis mes sens s'alarmèrent lorsque des tocs provinrent de la
porte d'entrée un peu plus loin.
Jacob se leva et dit :
— Il est là c'est bon, je te rappelle.
Il déverrouilla tous les verrous que contenait la porte et céda le passage à
une personne que je reconnus, Casey.
Il me lança un regard étonné puis dit :
— Lakestone a accepté de la faire sortir, c'est un bon début.
— Il a aussi dit qu'il te crèverait les yeux si tu la regardes trop
longtemps, t'as oublié ça ou pas ? gloussa Jacob en prenant la boite
qu'avait l'homme entre ses mains.
Casey émit un petit rire dans un souffle et me lança un nouveau regard
avant de continuer :
— Il était trop silencieux la dernière fois, j'avais flippé quand il m'a
dit que j'avais raison de flipper.
Jacob ria au souvenir de Casey et je me rappelai de cet instant. Je n'avais
pas compris sur le coup, mais à présent tout devint plus clair.
« — Ton silence est flippant Kai, dit Casey sans me lâcher du regard,
j'ai un mauvais pressentiment.
— Ton pressentiment est bon, Casey, répondit Kai en posant son regard
vers moi »
Même les gens qui le connaissaient avaient peur de lui.
Mais pas moi.
Roh je viens de voir une menteuse je m'assois tellement c'est trop.
Va te faire foutre.
— Iris, m'interpella Jacob alors que j'étais sur le point d'insulter ma voix
intérieure, tu dois te préparer après ton dîner, tu vas accompagner Kai
quelque part.
— Déjà ?
Jacob haussa les épaules alors que je fronçai les sourcils
d'incompréhension et il termina :
— Il a un truc à faire ce soir, je crois qu'il a juste besoin de
compagnie...enfin, j'espère du moins.
Attends attends attends...quoi ?
_____________
Hey !
SALUT LES GARS ! SUPRISE !
J'avais écrit toute l'après-midi et j'avais dit à mon mec « je vais poster ce
soir watch me » and I did !
J'AIME BEAUCOUP TROP CE QUI SE PASSE DANS CE CHAPITRE
ET LE PROCHAIN OMG HÂTE.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram : Sarahrivens
16. Bonne cause

(NDA pré chapitre : vous allez me détester...and i kinda like it)


Iris
— De toute façon, Kai t'a demandé de rester ici ce soir, informa Jacob
son ami qui me regardait silencieusement.
— Oui, je sais, soupira Casey en se tournant finalement vers Jacob qui
examinait les gadgets.
Je m'assis sur ma chaise, le cœur qui battait à une vitesse presque
effrayante alors que les paroles de Jacob tournaient en boucle dans mon
esprit.
« Il a un truc à faire ce soir, je crois qu'il a juste besoin de
compagnie...enfin, j'espère du moins »
Je ne voulais pas rester seule avec lui, il était aussi dangereux
qu'énervant.
S'il prévoyait de me torturer ?
Me découper comme le corps que j'avais vu la dernière fois après m'avoir
tué ?
La panique me gagna et se déferla à l'intérieur de mes veines en les
gelant comme l'intégralité de mes muscles.
Mon ventre et ma gorge se nouèrent, je tremblais comme une feuille en
regardant Jacob et Casey qui semblaient plus concentrés à examiner des
gadgets.
Mais alors que j'ouvris ma bouche pour parler, la porte d'entrée se
déverrouilla et s'ouvrit sur la personne que je ne voulais pas voir.
Kai Lakestone.
Un frisson se déchargea le long de ma colonne vertébrale lorsque son
regard glacial croisa le mien, son visage était fermé, ses sourcils étaient
froncés et sa mâchoire était si contractée que je grimaçais en ressentant la
douleur qu'il pouvait avoir à force de la serrer ainsi.
Je fronçai les sourcils lorsque mon regard se posa sur ses mains, ses
poings étaient serrés jusqu'à devenir blanche, mais ce n'était pas ça qui
m'avait fait froncer les sourcils.
C'était les blessures sur ces dernières.
Le silence qui venait de s'installer était aussi froid que la couleur de ses
yeux, et je me sentais toute petite face à lui.
Jacob le regardait, et s'attarda sur les blessures avant de remonter son
regard sur le visage de son ami qui avait l'air irrité.
En colère.
Jacob n'avait pas l'air alarmé par ses poings en sang, du moins, pas autant
que le visage fermé de Kai.
Casey quant à lui, n'avait pas bougé d'un centimètre.
Comme nous tous.
Comme si un seul mouvement pouvait causer notre perte.
Kai tourna légèrement la tête et toisa du regard Casey, ce dernier
détourna les yeux et se concentra sur ses gadgets, Jacob n'avait pas émît un
seul mot depuis le début.
Il ne faisait que regarder Kai.
Puis il murmura après plusieurs minutes :
— Tu...tu veux voir les gadgets que t'as demandé à C-
— Non. Je la prends avec moi, c'est moi qui me charge de sa
surveillance ce soir.
Son ton froid et sec me fit frémir, son regard dur se posa sur moi et je
grimaçais.
La peur me prenait aux tripes et je me crispai contre mon siège.
— Jacob donne lui des vêtements, ordonna Kai sous ce même ton qui
faisait trembler chaque cellule de mon corps, Vernon va passer déposer
ses affaires.
Je déglutis en regardant Kai, je remarquai que ses blessures étaient
encore fraiches, mais ce qui me rendait nerveuse était les tremblements de
ses mains.
Ses poings qui étaient serrés tremblaient et je comprenais vite que ce
n'était pas la douleur, ni même le froid.
Mais la colère.
« ...Iris, je ne sais pas me contrôler. »
Il ne mentait pas, je le voyais. Il avait beaucoup de mal à dissimuler sa
colère, car même s'il n'était pas en train de crier, le ton de sa voix me faisait
l'effet d'un coup de froid.
Et son corps nous montrait qu'il était à un cheveu d'exploser.
Et comme on a peur pour notre vie, on va se lever et suivre très gentiment
Jacob, hein Iris.
Totalement.
Il me regardait me lever et ma respiration devenait de plus en plus
saccadée, mais de moins en moins bruyante.
Jacob me fit un signe de tête et je le suivais en sentant les yeux de Kai
derrière moi, je savais qu'il n'avait pas quitté son regard de mon corps, je
pouvais sentir ses pupilles brûler mon dos.
Ton cul aussi.
Nous entrâmes à l'intérieur de la chambre qui m'avait été attribuée et
Jacob referma la porte derrière nous en allumant la lumière.
Puis il me murmura en s'approchant du placard :
— Ne fait rien qui pourrait te tuer ce soir.
Sa phrase me glaça le sang et il ouvrit les portes du meuble, il tira un
sweat-shirt gris et un jean qui ressemblait étrangement à un que j'avais chez
moi.
Attends...
Je pris le vêtement entre mes mains et écarquillai les yeux en remarquant
que c'était le mien.
Il balança des sous-vêtements sur le matelas et je les regardais, ahurie.
— On a kidnappé aussi quelques trucs de ta garde-robe, blagua Jacob
alors que j'étais encore glacé par l'idée qu'ils étaient entrés chez moi pour
prendre mes affaires.
Il me lança un regard interrogateur et je secouai la tête en passant
nerveusement ma main dans mes cheveux, mon cœur tambourinait à
l'intérieur de ma poitrine alors que le temps jouait contre moi.
J'allais rester avec un Kai, complètement et terriblement, en colère.
Jacob quitta la chambre et je m'activai, m'habillant comme si quelqu'un
allait ouvrir la porte d'une seconde à l'autre.
J'inspirai un bon coup et enfilai mes chaussures. Doucement, je me
redressai en sentant mon cœur frôler l'explosion.
Plus je m'avançai vers la porte de ma chambre, plus l'envie de m'enterrer
six pieds sous terre se faisait sentir dans ma tête.
Je voulais être un meuble et ne plus jamais bouger.
Un meuble en particulier ?
Le lit.
Mes doigts tremblèrent alors que je tournais la poignée, une grimace se
dessina sur mes lèvres lorsque la porte grinça.
J'entendis la voix de Jacob, ainsi que celle de Casey que je supposais être
encore à la cuisine, je restai près de la porte sans pouvoir bouger du cadre.
Je me sentais protégé par le couloir sombre, comme si le fait qu'on ne
voyait pas me faisait me sentir en sécurité.
Loin de leurs yeux.
Loin de ses yeux.
— T'as fini ?
Je sursautai et hoquetai bruyamment, mon cœur venait de faire un bond à
l'intérieur de ma poitrine lorsque la voix grave et masculine de Kai emplit
mes oreilles.
Il se tenait là, adossé contre le cadre de la porte de sa chambre, les bras
croisés en me toisant du regard, sa tête appuyée contre le cadre lui donnait
un air hautain qui jouait avec mes nerfs, mais je me calmais vite en me
rappelant de cette image de lui qui tremblait de colère.
À peine quelques minutes plus tôt.
— On s'en va.
Il se redressa et s'avança vers le hall, j'emboitai le pas silencieusement et
croisai le regard de Jacob qui me lança un petit sourire, de son côté Casey
me regardait sans un mot.
— Où sont les clés de ma voiture ?
Jacob haussa les épaules et Casey fit mine de balayer la pièce du regard
afin de l'aider, Kai se mit à chercher ses clés à la cuisine et je restai dans
mon coin en l'attendant.
— Il fait froid dehors, me dit Casey en regardant mon sweat, je ne vais
pas sortir tu veux ma veste ?
Jacob tourna la tête presque automatiquement vers Kai qui s'arrêta et fixa
Casey, ce dernier attendait ma réponse, mais en voyant le regard de Kai, les
mots n'arrivaient pas à sortir de ma bouche.
— Occupe-toi de ton cul, cracha Kai en retrouvant finalement ses clés.
Il s'avança vers la porte et Casey répondit d'un ton innocent :
— Si elle tombe malade, tu seras obligé de la surveiller deux fois
plus, on ne peut pas l'emmener à l'hôpital et-
Ma respiration se rompit en voyant Kai enlever sa veste en cuir et me la
tendre, le regard assassin braqué sur Casey et la mâchoire contractée
exactement comme tout à l'heure.
Je remarquai qu'un de ses poings s'était serré, forçant ses jointures à
blanchir tant la pression était forte.
— Dans tous les cas, elle ne portera pas ta veste.
Jacob poussa un petit gloussement qu'il rattrapa très vite en se raclant la
gorge à l'instant où Kai le fusilla du regard.
— On s'en va.
Mon cœur palpita alors qu'il déverrouillait la porte, comme si je touchais
la liberté du bout de mes doigts sans pouvoir la prendre.
Comme si j'étais en cage.
Le vent froid fouetta mes cheveux et je frémis en croisant les bras, Casey
avait raison, il faisait vraiment très froid.
Et la veste en cuir de Kai ne réchauffait pas plus ça.
D'ailleurs en parlant de lui, il ne portait qu'un haut fin, je me demandais
comment il pouvait autant supporter le froid.
Il ne tremblait même pas comme moi.
Je regardais autour de moi, remarquant que nous étions dans un lieu aussi
vide qu'effrayant, il n'y avait pas de lampadaire, j'arrivais à peine à voir où
je marchais grâce à la lumière de la lune.
J'entrai rapidement à l'intérieur de la voiture et sentis le corps de Kai
s'écrouler sur le siège juste après moi.
Je bouclai ma ceinture et il fit de même avant de démarrer la voiture, et je
demeurai silencieuse pour ne pas qu'il m'arrache la langue.
Ce soir, j'avais peur de lui, de ce qu'il pouvait faire.
Je ne l'avais que très rarement irrité, c'était d'ailleurs peut-être la
deuxième ou troisième fois, et en repensant aux paroles de Jacob.
Je savais déjà que je pouvais me faire tuer ce soir sur un malentendu.
Ou une mauvaise réponse.
Ou un regard de travers.
Ou une respiration de trop.
Roh la ferme.
Son téléphone sonna et il claqua sa langue contre son palais en signe
d'agacement avant de répondre d'un ton froid :
— Quoi ? ...j'en sais rien...tu lui diras que Kai espère te voir mort
avec ta tête entre ses mains...j'en ai rien à branler, il peut aller se faire
foutre lui et sa proposition de merde.
Je sursautai lorsque je l'entendis balancer son téléphone brutalement, je
me crispai de terreur et déglutis, pour une fois.
Je voulais rester dans la chambre rouge, j'étais plus en sécurité.
Je sentais que la vitesse que la voiture avait augmentée, je me tournais
timidement et le détaillai du coin de l'œil.
Ses sourcils étaient froncés, sa mâchoire aussi serrée que ses doigts
autour du volant, la rage se déferlait dans ses veines alors que ses yeux
fixaient la route, le regard concentré.
Je demeurais silencieuse, ne voulant pas émettre un seul bruit pour ne pas
animer davantage sa colère.
Mais intérieurement, je me chiais dessus.
Des gouttes d'eau s'écrasaient contre le pare-brise et je comprenais vite
que la pluie était au rendez-vous ce soir, mais cela voulait aussi dire que la
route allait être glissante.
Avec l'autre qui pense qu'on joue à Mario Kart dans la vraie vie, c'est
pas gagné.
On va mourir dans tous les cas.
J'aurais voulu une mort plus dramatique, le kidnapping était bien parti.
Je levai les yeux au ciel en écoutant ma voix intérieure banaliser la
situation dans l'espoir de me rassurer en faisant de l'autodérision.
Je le vis s'arranger sur son siège, me forçant à me tourner en sa direction.
— Quoi ?
Mon souffle se coupa et je me tournai face à la route en bafouillant
d'angoisse :
— R...rien.
Mon rythme cardiaque s'accéléra et mes mains tremblaient, la peur nouait
mon estomac alors que je me laissais prendre avec mon ravisseur dans un
lieu qui m'était pour l'instant totalement inconnu.
Je devais l'accompagner quelque part.
La route était pour moi affreusement longue, mais en réalité, elle n'avait
duré que quelques minutes.
Durant tout le trajet, j'avais essayé de reconnaitre les rues, ou un
quelconque panneau qui pouvait m'indiquer où j'étais.
Mais la pluie avait joué contre moi, et les gouttes de plus en plus
nombreuses embrouillaient ma vue. Je ne devais pas me la jouer trop
curieuse non plus, sinon Kai pouvait le remarquer.
Et je pouvais me faire tuer.
Un rien pouvait raccourcir mon espérance de vie.
Après des minutes interminables, je sentis Kai garer à l'intérieur d'une
ruelle sombre. Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas et appréhendant
affreusement la raison pour laquelle il m'avait ramené avec lui.
Je n'osais même pas lui demander, son état me faisait peur.
Il arrêta le moteur, et nous étions à présent plongés dans l'obscurité de
cette ruelle que je ne connaissais pas, seul le bruit de la pluie contre la
voiture dissipait le silence glacial qui régnait autour de nous.
Kai détacha sa ceinture et rabattit son siège en arrière, je fronçai les
sourcils en le regardant croiser ses bras derrière son crâne comme s'il était
en vacances près d'une piscine.
Son téléphone vibra et il poussa un léger grognement de mécontentement
en décrochant :
— Quoi encore ?...Oui je sais...j'irais plus tard...elle viendra avec
moi...On verra bien...
Mon rythme cardiaque s'accéléra lorsque son index et son pouce sur
posèrent sur ma cuisse où il tira un cheveu contre mon jean.
Très vite, il raccrocha et se tourna vers moi avant de remarquer d'un ton
sarcastique :
— La chute de cheveux montre que tu ne manges pas assez.
— À qui la faute ? l'interrogeai-je sous le même ton.
Il gloussa et rétorqua :
— Sûrement pas moi, je te donne de la bouffe, c'est toi qui ne manges
pas.
— C'est ce que tu disais quand Rufus ne mangeait pas ? lui
demandai-je.
Et il se crispa soudainement. Je fronçai une nouvelle fois les sourcils en
remarquant sa réaction, ne comprenant pas pourquoi il contracta la
mâchoire et répliqua d'un ton froid :
— Non. Comparé à toi, il obéit vite.
— Comparé à moi, il n'a pas été drogué et séquestré.
— C'est vrai, il ne doit pas sentir la différence étant donné qu'il est
dans sa cage depuis sa naissance, répliqua-t-il en tournant sa tête vers
moi, comparé à toi.
Je ne répondis rien alors qu'il esquissa un sourire narquois, me forçant à
le fusillait du regard. Il m'avait enlevé ma liberté et il me narguait
ouvertement.
Comme si ça lui plaisait de me voir enfermé.
De savoir qu'il avait ma liberté entre ses doigts.
— Tu as froid ?
Il désigna du menton mes doigts qui tremblaient à cause de la
température.
— Ou peut-être que tu as peur, murmura-t-il en regardant mes doigts.
— Non, j'ai froid, répondis-je en sentant mon agacement prendre le
dessus sur mon sang-froid, il faut croire que ta veste ne réchauffe pas,
j'aurais dû accepter celle de Casey.
Ses doigts se crispèrent violemment sur son genou et il détourna le
regard,
Je relevai la tête lorsque mon champ de vision remarqua un mouvement à
l'extérieur, deux hommes s'approchaient de la ruelle obscure dans laquelle
nous étions cachés.
Kai expira lourdement alors que sa mâchoire se contractait de plus en
plus fort, laissant ma respiration se saccader tandis que je me rappelais très
vite que je jouais avec ses nerfs qui étaient déjà brûlants.
Et que je pouvais me faire calciner à tout moment.
Les deux hommes s'approchèrent davantage et leurs silhouettes me
faisaient déglutir.
Ils étaient terrifiants.
Un frisson s'empara de mes membres lorsque Kai tira son arme de la
boite à gant avant de baisser la fenêtre de son côté, et plein d'idées virent
noyer mon cerveau.
Et si Kai allait me livrer à eux ?
Et s'ils avaient prévu de me tuer ?
Et s'ils comptaient m'envoyer dans un pays pour utiliser mon corps ?
Ma gorge se noua et la terreur pouvait se lire dans mes yeux alors que
mon corps entier tremblait violemment.
— Lakestone, commença la voix grave d'un des deux hommes.
— Vous l'avez ? Interrogea Kai sans les regarder, ses yeux fixaient la
ruelle et son visage fermé montrait l'arrogance que cet homme pouvait
avoir.
— Le plan ne s'est pas passé comme-
Je sursautai et apportai ma main sur ma bouche, mes yeux
s'écarquillèrent lorsqu'une balle quitta le flingue de Kai pour se loger
directement dans le corps de l'homme qui parlait.
Et un second.
Puis un troisième.
— Le plan se passera comme prévu demain, déclara Kai à l'autre
homme qui semblait tout aussi glacé que moi en regardant le corps du
premier au sol, je repasserai ici à la même heure.
Il ne laissa pas le temps à l'homme d'argumenter qu'il remonta la vitre et
démarra la voiture.
Je le regardais, encore gelée par la scène qui venait de se produire sous
mes yeux. Ma gorge devint sèche et mes oreilles sifflaient encore.
Je demeurai silencieuse, encore sous le choc alors que cette scène
tournait en boucle dans ma tête. Mais en regardant Kai, je vis le froid et
l'indifférence totale dans ses yeux.
Comme s'il ne venait pas de tuer quelqu'un.
— On vient de tuer un mec, lâchai-je en le regardant, on vient de com-
Il augmenta le volume de la radio et accéléra, alors que mon dos se colla
contre le siège tant la vitesse qu'il exerçait était grande.
Il zigzaguait entre les voitures, il pleuvait à torrents et mon rythme
cardiaque me terrifiait.
Ma main sur mon siège alors que je me cramponnais du mieux que je
pouvais, manquant de crier en sentant mon heure arriver.
La pression que j'éprouvais me fit l'effet d'un coup de chaud, j'étais à
deux doigts de la crise d'angoisse, des sueurs froides perlaient sur mon
front.
Les bouffés de chaleur et l'envie de vomir me faisait tourne la tête alors
qu'une seule chose dansait en boucle dans mon esprit.
Je venais d'assister à un meurtre commis par Kai Lakestone.
Puis, son téléphone sonna et émit un petit rire dans un souffle avant de
répondre à son interlocuteur alors que je me laissais emporter par la vague
d'angoisse qui emprisonnait chaque cellule de mon corps.
— Bonsoir, je viens de tuer un de tes incapables...tu n'avais qu'à me
ramener de meilleures personnes, je t'avais prévenu, je ne suis pas
patient...oui c'est ma façon de me détendre...fais en ce que tu veux j'en
ai rien à foutre...oh et avant que j'oublie, je ne vais pas la relâcher, elle
m'a vu le tuer.
Et il raccrocha, un sourire satisfait au coin.
Quoi ?
°°°°
— TU AS FAIT QUOI ?! Entendais-je la voix de Jacob depuis ma
chambre.
Je regardais encore le plafond, comme si mon corps était dissocié de mon
esprit. Cette sensation de n'avoir plus aucun contrôle sur ma vie.
Nous étions revenues depuis moins de 20 minutes, mes cheveux étaient
mouillés à cause de la pluie et mes pensées emplissaient mon cerveau de
questions et de scènes angoissantes.
J'avais déjà vu un cadavre, mais je n'avais jamais assisté à une scène de
meurtre.
Je n'avais jamais senti les secondes qui suivaient des coups de feu, où une
personne passe de la vie à la mort.
Voir son corps tomber au sol, comme s'il n'avait jamais été en vie.
Mon ventre se noua une nouvelle fois, et ma peur de Kai Lakestone
augmentait un peu plus chaque seconde.
Il avait un détachement et une indifférence terrifiante, comme s'il n'avait
rien fait.
Comme s'il était habitué à le faire.
Il était forcément habitué, ses réflexes pouvaient le prouver. Il avait
d'autant plus été incarcéré. Ce n'était pas pour rien.
Mais la question qui revenait le plus dans mon esprit était la même.
Qu'est-ce qu'il attendait de moi ?
D'ailleurs, son appel téléphonique augmenta mes questions, je ne savais
pas à qui il parlait, mais visiblement, l'inconnu me connaissait.
« Je ne vais pas la relâcher, elle m'a vu le tuer. »
Il comptait me relâcher ? Ou était-ce l'homme qui l'avait engagé pour me
tuer ?
Me tuer pour ?
À cause de quoi ?
J'expirais lourdement, je détestais ce sentiment de ne rien comprendre,
qu'on me dise rien. Que personne ne m'explique ce qui se passe autour de
moi.
Que je devais uniquement subir mon présent sans comprendre pourquoi
je le subissais réellement.
— Même toi tu t'es fait kidnapper alors que t'as rien demandé mon
vieux, soufflai-je en regardant Rufus.
Des cris explosèrent à l'extérieur de ma chambre et je me redressai
rapidement, à vrai dire, une seule personne criait.
C'était Kai.
Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il disait, ni même pourquoi il criait
comme un taré.
Mais mon cœur commençait à battre fort dans ma poitrine et des images
similaires à mon présent se jouèrent dans ma tête.
Mes parents criaient aussi comme ça.
Et je restais dans ma chambre.
Est-ce qu'il se dispute à cause de moi ?
Un grand claquement de porte me fit sursauter, puis un silence s'en suivit.
Un silence qui me rendait perplexe et qui m'angoissait intérieurement.
Qu'est-ce qui venait de se passer ?
Je me levai du matelas, et m'approchai de la porte sur la pointe des pieds,
essayant de minimiser les bruits que je pourrais faire.
Je posai mes mains sur la porte et tournai la tête pour coller mon oreille
près de la minuscule ouverture entre la porte et le cadre de cette dernière.
Je percevais faiblement des pas, quelqu'un était encore à l'intérieur de la
maison.
— Chuut, murmurai-je à Rufus qui m'empêchait de bien écouter à cause
de la roue dans sa cage.
Je me collais un peu plus contre la porte et mon rythme cardiaque monta
en flèche à l'instant où les pas que j'entendais faiblement se rapprochaient.
Comme si quelqu'un allait arriver près d'ici.
Je reculai rapidement et entendis la porte se déverrouiller, une silhouette
que je reconnus atterrit dans mon champ de vision.
Vernon.
— Toujours en vie ?
Il esquissa un petit sourire, essayant peut-être de paraître doux même son
corps baraqué montrait le contraire.
— Tu veux manger quelque chose ? M'interrogea-t-il alors que je restai
muette.
Je secouai la tête en guise de réponse et il arqua un sourcil en regardant
mes yeux avant de déclarer :
— Tes yeux commencent à devenir rouges, tu devrais penser à
enlever tes lentilles.
Il était vrai que mes yeux me brûlaient depuis quelques minutes, et je
savais que j'allais faire une infection si ça continuait.
— Finalement, c'est moi qui vais rester avec toi le temps que Kai et
Jacob reviennent, m'informa-t-il en essayant de me sourire, je ne suis pas
très bavard, mais si tu veux parler tu peux me trouver au salon.
Il attendit ma réponse et, mais je ne dis rien, je le vis hausser les épaules
et tourner les talons, mais je l'interrogeai au dernier moment :
— Vous êtes policier ?
Il s'arrêta et me regarda par-dessus son épaule avant de m'interroger à son
tour :
— Tu attends une confirmation ?
— Je vous ai vu à la fac la dernière fois, vous étiez sorti d'une voiture
de police...et vous portiez un uniforme.
Il étira un coin de ses lèvres et souffla :
— Il a raison, tu remarques vite.
— Pourquoi je suis ici ? L'interrogeai-je avec une pointe de désespoir
dans ma voix.
Ma gorge se noua, j'en avais marre de voir que toutes mes questions
étaient ignorées, que personne ne me disait rien.
— J'aimerais beaucoup tout te raconter, mais je tiens à ma vie et
celle de Jacob, m'avoua-t-il en se grattant la nuque, Kai pourrait nous
assassiner tous les deux, on lui a promis.
Ma mâchoire se contracta et ma colère monta en flèche, qu'est-ce que je
donnerai chère pour faire parler ce fils de pute de Lakestone.
Enfoiré.
Sale merde.
Je le hais.
À quoi ça servait de ne rien me dire à la fin !
Pourquoi me cacher la cause de mon kidnapping et de faire comme si de
rien n'était ?
Son téléphone sonna et je relevai la tête en sa direction, il me sourit une
dernière fois avant de sortir de ma chambre en commençant :
— Toujours vivant bébé ?...Oh...tu penses que c'est une bonne idée
?...S'il le dit...d'accord, on démarre dans quelques minutes...moi aussi à
toute.
Je l'entendis revenir et il déclara d'un ton perplexe :
— Je ne sais pas ce qui s'est passé encore, mais...il veut t'avoir sous
sa surveillance 24 heures sur 24, m'enfin, soupira-t-il finalement, habille-
toi Iris, on va à ton ancien boulot.
Et mon cœur tomba près de mes pieds.
Au Box ?
°°°°
Une heure plus tard. Minuit. Box. Ewing.
— Enfin ! Vous en avez mis du temps !
— Il y avait un accident sur la route, souffla Vernon en s'affalant sur le
canapé du club avant d'embrasser son copain.
Je regardai autour de moi, comme si je n'étais jamais venue ici.
Recherchant une personne que je pouvais reconnaitre et demander de l'aide.
Mais rien.
Personne ici n'allait pouvoir m'aider, et celle que je détestais du plus
profond de mon être n'était pas là.
Je n'avais pas vu un cheveu de Jessy pour l'instant.
Ou Rico.
Je tournai la tête face à mes ravisseurs, et croisai très vite le regard de
Kai qui n'avait pas quitté mon corps une seule seconde.
Depuis notre arrivée, ses yeux restaient figés sur moi. Et il esquissait un
sourire narquois à chaque fois que je le regardais avant de détourner le
regard.
Cet endroit me rappelait notre rencontre, et ça me rendait terriblement
nerveuse.
Mais cette fois-ci, je le fixais plus longtemps. Et il ne détourna pas le
regard lui non plus.
Oh bordel comme j'ai envie de t'arracher les membres Kai.
Et les vêtements aussi.
Non.
Un frisson embrouilla ce contact qu'on avait et se déchargea le long de
mes membres lorsque je le vis passer doucement le bout de sa langue sur
ses lèvres, alors que ses yeux venaient de quitter mon visage pour admirer
mes jambes nues à cause de la jupe.
Je remerciais intérieurement Vernon pour avoir pensé à me donner un
rasoir pour m'épiler après m'avoir forcé à mettre une jupe puisque d'après
lui :
« Je ne peux pas rentrer au Box en jogging »
Bien sûr, il y avait un heureux dans cette histoire.
Et il était affalé sur ce canapé à détailler mes jambes, les yeux pleins de
pensées qui pouvaient se lire aussi facilement qu'un livre pour enfants.
Et j'étais là, debout comme un clown, à l'insulter dans ma tête.
Quel bel enfoiré.
Ses yeux remontèrent sur mon visage et il écarta les jambes, augmentant
alors son air arrogant qui ne l'avait pas quitté puis il esquissa un petit
sourire au coin.
Jacob remarqua que j'étais debout et se tourna vers Vernon en lui
demandant :
— Bébé fait de la place à-
— Viens sur moi, m'ordonna la voix masculine de Kai.
Je me tournais vers lui et remarquai vite que son regard n'était plus sur
moi, mais sur trois mecs au fond du club qui me mataient ouvertement en
me faisant des clins d'œil.
Ils avaient l'air beaucoup trop bourrés.
Cette situation fit remonter des angoisses que j'éprouvais à chaque fois à
cause d'hommes comme eux et doucement, je m'assis sur les genoux de
mon ravisseur.
Et mon souffle se rompit en sentant son bras s'enrouler autour de ma
taille, forçant mon dos à se presser contre son torse.
Les hommes se calmèrent soudainement et changèrent de coin. Un
sentiment de sécurité enveloppa mon corps et je restai sur les genoux de
Kai.
Mais très vite, je le sentis se redresser sur le canapé et sa voix arriva près
de mon oreille en susurrant :
— Je ne laisserai personne d'autre que moi te regarder comme je le
fais.
Mon cœur s'accéléra, mais je poussai un faux soupir d'exaspération et
répliquai :
— Tu le fais seulement parce que je te laisse le faire.
— Tu éprouves sûrement un certain plaisir à me voir le faire, dans le
cas contraire tu ne me laisserais pas.
Gagné. Enculé.
— Ce n'est pas comme si tu m'écoutais non plus, sinon tu m'aurais
dit pourquoi tu m'as kidnappé, crachai-je d'un ton mauvais.
— C'est la seule chose que je ne peux pas te dire pour l'instant,
murmura-t-il près de mon oreille, mais j'accepte de répondre à tout ce
que tu veux...sauf ça.
Et il en fallait peu pour piquer ma curiosité.
— Est-ce que c'est quelqu'un qui t'a envoyé ? commençai-je dans ma
série de questions.
— Je ne répondrais à aucune question autour de ce sujet, me
répondit-il au creux de mon oreille.
Je fulminais silencieusement, mes yeux étaient aussi rouges de colère que
l'espace du club.
Je frémis lorsque le bout de ses doigts effleura la peau de mon cou tandis
qu'il dégageait mes cheveux sur le côté.
— Est-ce que...quand tu m'as rencontré...tu savais que j'allais venir ?
L'interrogeai-je en sentant son souffle s'écraser contre ma peau.
— Non.
— Est-ce que tu savais que tu allais me kidnapper ?
— Je n'étais pas sûr, me répondit-il en laissant ses lèvres effleurer mon
oreille alors que je me sentais défaillir lentement.
— Est-ce que tu vas me tuer ?
Mon cœur accéléra son rythme et j'attendais sa réponse qu'il me donna
après quelques secondes de réflexion :
— Pas si tu ne m'y obliges pas, et par ça je veux dire...pas si tu
n'obéis pas.
Mon cœur fit un bond à l'intérieur de ma poitrine en entendant sa
réponse, et mon ventre se noua d'angoisse.
— Est-ce que tu avais prévu de le faire ?
— Non.
— Est-ce que tu comptes me faire du mal physiquement ? continuai-
je en regardant les gens autour de moi.
— Pas si c'est ce que tu aimerais que je fasse, murmura-t-il
simplement.
Ses pensées perverses pouvaient s'entendre même depuis ma position, et
je levai les yeux au ciel même si une partie de moi lui criait de faire de moi
ce qu'il voulait.
Non. Il est dangereux.
C'est ton ravisseur.
Il t'a kidnappé.
...tu t'intéressais à lui avant toute cette histoire.
— Est-ce que tu vas me relâcher ?
— Pas pour l'instant.
Un nœud se forma à l'intérieur de ma gorge, je savais à présent qu'il
n'allait pas me tuer, mais qu'il ne comptait pas me laisser ma liberté.
Putain qu'est-ce qu'il voulait à la fin !
— Qu'est-ce que tu veux Kai ?
— J'ai la dalle, Iris.
— Il y a des trucs à manger au bar, soufflai-je en remarquant qu'il
venait d'éviter cette question.
Un hoquet s'étouffa entre mes lèvres lorsque son bras me rapprocha un
peu plus de lui et il murmura :
— Je n'ai pas faim de bouffe.
Oh putain.
— À moi de poser les questions princesse, reprit-il près de mon oreille,
est-ce que tu as peur ?
— Oui.
— Est-ce que je te fais peur ?
— Je t'ai vu tuer un homme, tu te poses encore la question ?
L'interrogeai-je en répondant à sa question.
— C'était pour la bonne cause, me dit-il simplement, c'est égoïste de
ma part je dois l'avouer. Je ne sais pas faire autrement.
Bah oui bien sûr que c'est pour la bonne cause, d'ailleurs elle s'appelle «
traumatiser Iris ».
Imbécile.
— Est-ce que tu es toujours attiré par moi ?
— Je ne l'ai jamais été, mentais-je du tac au tac.
Il poussa un petit rire près de mon oreille et répliqua :
— Tu agis comme si je ne t'avais jamais écouté parler à ton rat
pendant des semaines.
Mon rat.
Va te faire foutre enculé.
— Est-ce que tu es attiré par moi, Kai ?
Et il ne répondit rien.
Puis après quelques secondes où le seul bruit autour était cette chanson
gothique, je décidai de prendre la réponse moi-même.
D'une autre façon.
Je me cambrais contre sa jambe et pressai mes fesses contre son entre-
jambes, sentant alors son corps se crisper tandis que je me frottais lentement
contre lui.
— Arrête.
Un sourire satisfait étira mes lèvres, mais je fis comme si je n'avais rien
entendu et continuai, puis après plusieurs minutes, je le sentis durcir et mon
sourire s'élargit.
Je décidai d'arrêter et me levai, mais très vite je sentis son bras presser
davantage ma taille et il murmura :
— J'ai besoin de quelques minutes.
— Réponds-moi et je resterai, lui dis-je tout en regardant face à moi.
Il prit quelques secondes, quelques secondes de trop. Et je tentais de me
relever une nouvelle fois, mais il me pressa davantage contre lui avant de
me dire :
— Oui.
— Bon garçon, dis-je tout haut une de mes pensées qui revenait à chaque
fois qu'il faisait ce que je voulais.
Et son corps se crispa contre moi. Mon sourire satisfait ne m'avait pas
quitté.
Mais soudainement, il se redressa et je me levai. Il se leva à son tour, son
regard avait changé...comme déterminé.
Je hoquetai de surprise lorsqu'il me prit la main et me tira avec lui, et je
lui demandai en fronçant les sourcils :
— Où est-ce qu'on va ?
Ceux à quoi il e répondit d'un ton aussi déterminé que son regard :
— Je vais te montrer à quel point je peux être un bon garçon.
_____________
Hey !
Je sais que vous allez m'insulter mais DÉSOLÉ C'ÉTAIT PLUS FORT
QUE MOI MDRRRR.
WANNA GET DRUNK AND NASTY? WANNA GET DRUNK AND
NASTY?
Bref omg omg j'ai déjà hâte d'écrire le prochain chapitre ça fait
longtemps qu'on a pas eu du Kai-Iris content I CANT WAIT !

Prenez soin de vos petites frimousses !


With love love love. S
❤️
A très bientôt pour un nouveau chapitre !

Instagram : Sarahrivens
17. Poupée

Iris
Il me tira avec lui à l'intérieur du couloir bondé de têtes inconnues, son
pied ouvrit avec brutalité la porte des toilettes pour femmes et je hoquetai
de surprise en même temps que trois jeunes femmes.
Ces dernières écarquillèrent des yeux, mais je ne pouvais pas savoir si
elles étaient choquées de le voir ici.
Ou si elles le dévoraient ouvertement du regard.
— Dehors.
Son ton ferme et froid me fit frémir, et elles s'empressèrent de sortir de la
pièce, et je ne pouvais que les comprendre.
Même moi à leur place, je prendrais mes jambes à mon cou.
Pourquoi tu ne le fais pas maintenant ?
Parce qu'il me tuera.
Je déglutis alors qu'il se mit face à moi, son corps imposant me faisait
mon sentir toute petite tandis qu'il s'approchait de moi.
Je me collais contre la porte d'entrée et mon souffle se rompit en sentant
son bras s'approcher de mon corps.
Le clic du verrou se fit entendre et je ne voyais rien de plus que son
visage près du mien, n'osant pas détourner le regard.
Comme si j'avais peur de baisser ma garde le temps ne serait-ce d'une
seconde.
Comme si j'avais peur d'être sa proie.
Je hoquetai lorsque sa main s'enroula fermement autour de mon cou, ses
yeux me dévoraient avidement du regard et je m'embrasais d'un côté.
Et étais terrifié de l'autre.
— À quoi tu t'attendais ? M'interrogea-t-il dans un murmure lent alors
que ses doigts se pressèrent contre mon cou.
Je remontais la tête et sa tête s'inclina sur le côté, admirant ma faiblesse
avec cette même arrogance qui m'insupportait au plus haut point.
Son autre main empoigna ma hanche et la pressa alors que son corps se
colla contre moi.
Je pouvais sentir son souffle chaud s'écraser près de mon oreille avant de
l'entendre murmurer :
— Que je sois indifférent à toi ?
Et dès la fin de sa phrase.
Mon souffle se rompit en le sentant me tirer avec cette même brutalité
loin de la porte, et un gémissement de douleur s'étouffa entre mes lèvres
lorsque mon dos heurta le rebord de l'évier.
Ma main s'enroula autour de sa nuque au moment où je commençais à ne
pas avoir le contrôle sur mon équilibre, mais ses doigts s'enroulèrent autour
de mon poignet et il dégagea mon étreinte.
Comme pour me contrôler entièrement.
Mon corps était aussi chaud que les lampes rouges qui éclairaient la pièce
et je sentais ses pupilles enflammer chaque parcelle de la peau de mon
visage.
Putain. Il fait trop chaud.
Ses gestes brusques pour me maintenir à sa merci rendaient ma
respiration encore plus irrégulière, même haletante.
— Que j'en ai rien à foutre de sentir ton cul sur ma bite, Iris ?
Vraiment ?
Comme si mon corps était son jouet préféré, il me retourna violemment
et son torse se colla contre mon dos.
Son entrejambe contre mes fesses.
— Regarde-moi.
Sa main s'enroula une nouvelle fois à la naissance de mon cou et remonta
mon visage face à son reflet dans le miroir.
Ses mèches de cheveux noir camouflaient une partie de ses yeux bleus,
les lumières rouges sur son visage le rendait affreusement diabolique.
Diablement beau.
Il colla l'arrière de mon crâne contre sa clavicule et son visage se
rapprocha du creux de mon oreille alors qu'il murmura sans me lâcher du
regard à travers le miroir :
— Tu veux voir à quel point je peux être un bon garçon, Iris ?
Mes lèvres s'entrouvrirent et mes battements de cœur s'accélèrent en
regardant ses yeux me bouffer à travers la glace.
J'ai besoin d'air.
Des frissons faisaient vibrer mes membres en sentant la dominance de ses
gestes et de son corps derrière le mien.
Comme si une partie de moi l'implorait de faire de moi ce qu'il voulait.
— C'est ce que tu avais dit, non ? Que j'étais un bon garçon, tu te
rappelles ?
Un gémissement s'échappa de mes lèvres en écoutant sa voix chaude et
masculine au creux de mon cou enroulé par sa main.
Mon corps le demandait, le suppliait.
Sa lèvre inférieure glissa lentement à l'arrière de mon oreille et je fermai
les yeux, puis il murmura d'un ton ferme :
— Réponds-moi.
— O...oui.
Il se colla davantage contre mes fesses et je sentais que son contact faisait
monter une partie de ma jupe, je sentais le tissu de son jean contre la peau
de mes fesses et intérieurement.
Il me faisait perdre tout contrôle, comme il me faisait perdre la tête.
— Et les bons garçons reçoivent des récompenses...tu n'es pas
d'accord ?
— Qu'est-ce que tu veux ? murmurai-je en regardant son reflet dans le
miroir.
Un sourire se dessina au coin de ses lèvres et il chuchota à son tour sans
me lâcher du regard :
— Te détruire contre cet évier en te regardant jouir si fort pour moi
à travers le miroir, jusqu'à ce que tu tiennes plus l'équilibre.
L'oxygène me manquait en écoutant ses mots crus et il pressa davantage
ses doigts contre la peau de mon cou en continuant avec sa voix brûlante :
— Je veux que chaque centimètre de ta peau se souvienne de moi, je
veux laisser ma trace.
Je sentais que tout mon être était en feu, les lumières rouges sur son
visage démoniaque et froid alors qu'il me confiait toutes ces choses me
rendaient si faible.
Tellement faible pour lui.
À cause de lui.
— Je veux te voir à genoux, t'entendre me supplier...oh ça oui j'en
rêve...et j'aimerais beaucoup...
Sa main libre s'approcha de mon visage et son index caressa lentement de
gauche à droite mes lèvres entrouvertes alors qu'il murmurait :
— Goûter tes lèvres une nouvelle fois...mais je sais que si je le fais, je
ne pourrais plus rien arrêter...je ne pourrais plus m'arrêter du tout,
princesse.
Les mots ne sortaient pas de ma bouche, comme si je lui laissais le droit
de dire ce qu'il voulait, comme si j'étais d'accord.
— Et je voudrais alors sentir ta jolie bouche autour de ma-
Et je sursautai violemment lorsque quelqu'un frappait brutalement la
porte de l'extérieur, me ramenant très vite à la réalité.
Putain à quoi je joue ?!
Je me défis rapidement de son étreinte et il me fixait avec un petit sourire
au coin, comme s'il se sentait gagnant dans ce jeu qu'on n'avait pas voulu
commencé.
Ce jeu où nos deux corps s'attiraient, et où nos deux cerveaux se créaient
des scénarios avec l'autre.
Des scénarios qui ne demandaient qu'à être réalisés.
Il fallait que je reprenne le contrôle.
Il faut que je sorte d'ici.
C'est ma seule chance.
Ma seule chance.
— Alors tu aimerais avoir une poupée ? L'interrogeai-je d'un ton
faussement innocent, tu aimerais que je sois ta poupée ?
Je devais le distraire.
Ma question effaça très vite son sourire narquois et je continuai en
m'éloignant de lui de quelques pas :
— Tu aimerais posséder mon corps ? Jouer avec moi comme
personne d'autre ne le ferait ?
Il entrouvrit la bouche et je vis sa langue passer lentement sur le rebord
de sa lèvre inférieure alors qu'il hochait la tête doucement.
Excellent.
Ses yeux n'avaient pas quitté mes lèvres alors que je continuai lentement
tout en reculant vers la porte :
— Dommage que tu ne sois pas un assez bon garçon pour avoir ces
récompenses.
Un sourire se dessina sur mes lèvres en regardant son visage se refroidir
totalement, ses yeux ne brillaient plus de désir et ses traits s'endurciraient un
peu plus chaque seconde.
Et je dégustais sa frustration.
MAINTENANT.
Attends...
— Sors maintenant, ou baises une autre fille si tu veux te vider les
couilles ici, après tout, tu es la star de cette pièce. Même les murs
peuvent le confirmer.
Un gloussement moqueur s'échappa de mes lèvres en le regardant me
fixer depuis tout à l'heure, je n'arrivais jamais à comprendre les faibles
émotions qui peignaient son visage.
Mais il était tout, sauf heureux.
Maintenant. Barre-toi maintenant.
Je tournai les talons et me précipitai rapidement vers la porte que je
déverrouillai en quelques secondes alors que je sentais mon rythme
cardiaque s'accélérer.
VITE VITE VITE.
J'entendis très vite ses pas se rapprocher de moi et j'ouvris la porte avant
de la lui claquer au nez.
Mes jambes à mon cou loin du couloir où je l'entendis crier mon prénom
et accourir à ma recherche.
La chair de poule envahit ma peau lorsque je me rendis compte de la
chance que j'avais en ce moment.
Personne n'était avec moi.
Je dois sortir du Box.
Très vite, j'accourus loin du couloir et m'enfonçai entre les groupes,
cherchant un endroit où me cacher et sortir d'ici le plus vite possible.
Le bar.
Il y avait une issue de secours au bar en bas.
La peur cognait mon cœur contre ma cage thoracique alors que je me
glissais entre les personnes trop bourrées pour se rendre compte du danger
auquel j'étais exposé.
De l'aide que je criais à travers mes yeux.
Et en une fraction de seconde, j'entendis des coups de feu qui alarmèrent
mes sens et me forcèrent à me tourner derrière moi.
Des gens criaient autour de moi et la foule commença à s'agiter au
deuxième étage.
La musique s'arrêta soudainement et une voix masculine explosa :
— Je mettrais une balle dans le crâne au premier qui bouge !
La peur se lisait très vite dans le visage des gens qui, à cause du danger,
revenaient peu à peu à leur esprit.
Je tremblais comme une feuille en sentant le corps de Kai se rapprocher,
je pouvais le voir à travers le mouvement de la foule qui s'était formé au
deuxième étage.
Doucement, je m'éloignai en espérant ne pas me faire tirer dessus, mais à
chaque pas que je faisais, j'avais l'impression qu'une balle allait bientôt
s'écraser contre mes membres.
Je bousculai un homme à côté de moi afin de me faufiler et un nouveau
coup de feu strident explosa mes tympans et je hoquetai d'effroi lorsque
l'homme que je venais de pousser tomba à terre.
Il lui avait tiré dessus.
— J'ai dit, ne bouge pas.
Des murmures emplissaient l'espace, mais personne ne faisait rien alors
que mes yeux criaient à l'aide. Des sanglots s'échappèrent de mes lèvres
lorsque je sentis une main s'enrouler autour de ma nuque avant de déclarer :
— Vous pouvez remettre la musique et faire ce que vous faisiez,
s'exclama Kai en me fusillant du regard, la partie d'un, deux, trois, soleil
est terminé.
Je n'osais même plus respirer, le regardant en sentant mes larmes couler
de détresse. Mon corps entier était crispé et glacé face à lui, puis il murmura
en me tirant avec lui :
— Je cherchai juste ma poupée.
°°°°
Des heures.
Des heures que j'étais enfermé dans ma chambre. Des heures que je
regardais le plafond dans cette pièce obscure et froide.
Nous étions revenus depuis des heures et il m'avait enfermé ici, après
m'avoir laissé enlever mes lentilles.
Uniquement sous l'imploration de Jacob qui savait que je pouvais avoir
une infection.
Et depuis.
J'avais pleuré pendant la moitié de ces heures, à présent, j'étais
complètement vide.
Je ne comprenais pas, je n'arrivais pas à comprendre la raison pour
laquelle il m'avait kidnappé, la raison pour laquelle j'étais enfermé ici.
Des heures que je remuais cette question ma tête en cherchant ne serait-
ce une raison débile. Mais rien.
Mes parents étaient sûrement en train de faire leur possible pour me
retrouver, papa était sûrement revenu en ville pour moi.
Il était sûrement en train de me chercher, avec Rox et Cody.
Il les connaissait sûrement maintenant, il savait sûrement où j'habitais à
présent.
J'avais hâte de le retrouver.
J'avais hâte qu'il me prenne dans ses bras en me disant que tout était
terminé, je voulais me sentir en sécurité.
Je voulais qu'il fasse des pieds et des mains pour pouvoir me retrouver et
qu'il se rende compte de tout ce que j'avais enduré pendant son absence.
Je voulais tout lui raconter, je voulais qu'il me donne son attention.
Parce que pour une fois, ce qui m'arrivait valait son attention.
Merde pourquoi j'étais encore bloqué ici ?
Pourquoi la police ne m'avait pas encore retrouvé ?
Pourquoi j'étais obligé de rester en présence d'un fou furieux comme Kai
Lakestone ?
Un assassin.
Il avait tué un homme, un homme était mort par ma faute. Parce que je
n'avais pas obéi.
Il est mort à cause de moi.
Un frisson de terreur envahit mon corps, je me rappelais encore du corps
de cet homme qui se vidait de son sang juste sous mes yeux.
Je me rappelais des regards accusateurs et des bouches entrouvertes, des
visages pâles et des réactions effrayées de toutes ces personnes à l'étage.
Pourquoi personne n'avait rien fait ?
Pourquoi personne n'avait appelé la police ?
Tout le monde avait fait exactement ce qu'il voulait qu'ils fassent : ne plus
bouger.
Au premier étage comme au deuxième, personne n'avait fait un seul
mouvement, personne d'autre que moi.
Les plus bourrés s'étaient arrêtés, les dangereux étaient restés contre leur
canapé, les filles se retenaient de crier.
La musique s'était arrêtée.
Plus aucun mouvement.
Hormis moi.
Peut-être que je ne me rendais pas compte du danger, peut-être que j'en
étais inconsciente.
Mais comment eux en étaient-ils conscients ?
Est-ce qu'il avait déjà fait ça ?
Est-ce qu'ils savaient qu'il ne rigolait pas ?
Un dieu.
Ils l'avaient vu comme un Dieu qui avait leurs vies entre ses mains.
Un diable.
Des voix alertèrent mes sens, après plusieurs heures plongées dans le
silence, j'entendais des voix sourdes provenir de l'extérieur de ma chambre.
Je reconnus très vite celles de Vernon et Jacob.
Mon cœur démarra dans une nouvelle course, accélérant ses battements
un peu plus chaque seconde tandis que je déglutissais en sentant l'arrivé
imminente de Lakestone qui ne m'avait pas adressé la parole depuis qu'il
m'avait enfermé ici.
En parlant de lui, je tentai de percevoir sa voix, mais bizarrement, je ne
pouvais rien entendre d'autre que Jacob et Vernon.
Je n'avais pas bougé de mon lit, seule ma tête avait pivoté vers la porte.
Je savais que les deux n'allaient pas venir m'ouvrir, j'avais entendu Kai le
crier et les menacer de les tuer si jamais ils le faisaient.
Mes poings se serrèrent, j'étais furieuse, terrifiée et complètement
désespérée.
Je n'aurais jamais dû m'échapper, c'était trop facile pour lui de m'avoir,
j'aurais dû attendre encore plus.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Ma gorge se noua et ma lèvre trembla, j'étouffais un sanglot en pressant
ma main contre ma bouche alors que mes larmes salées venaient mouiller
mes joues avant de tomber de part et d'autre de mon oreiller.
J'étais tellement stupide.
Ma mère avait raison.
J'étais faible.
Si faible.
Si stupide.
« Je cherchai juste ma poupée. »
Mon cerveau se rappelait de ces mots glacés qu'il avait prononcés au
Box, et je commençais à me considérer comme tel.
Je me sentais entièrement à la merci de cet homme, comme si ma vie et
ma personne entières lui appartenaient maintenant.
Les premiers jours, beaucoup d'émotions m'avaient traversées, je me
rappelais de l'incompréhension, du choc, du désespoir, de la rage, de la
frustration.
À présent, la rage et le désespoir étaient ce que je ressentais le plus.
L'incompréhension se faisait étouffer par son silence, il me forçait à
accepter mon sort sans que je ne sache pourquoi.
Ce qui me rendait complètement folle.
Mais je savais que je n'étais pas la seule à ressentir des choses à cause de
lui, bien qu'il ne le cachait pas, il ne le montrait pas toujours non plus.
Mais je savais que je ne le laissais pas indifférent, et je savais que je
pouvais utiliser ça contre lui.
Je savais qu'il n'était pas aussi indifférent à ma personne et que je pouvais
m'en sortir d'une quelconque façon.
Il voulait me voir à sa merci et ça, je refusais de lui donner.
Ça sera ma parole contre la sienne.
Ça sera ma force contre la sienne.
Ça sera moi contre lui.
Lui qui avait l'habitude d'effrayer tous ceux qui le connaissaient, qui avait
tendance à jouer avec la peur des autres pour flatter son ego et faire ce qu'il
voulait qu'ils fassent.
Moi je voulais avoir ce pouvoir sur lui.
Je voulais le rendre faible comme il rendait faible tout le monde.
Comme il me rendait faible moi.
Je savais intérieurement que je n'aurais jamais eu cette assurance si je ne
l'avais pas connue avant, si je n'avais pas partagé avec lui le peu de choses
que nous avions partagé.
Peut-être que ces choses étaient insignifiantes pour lui.
Et elles peuvent l'être pour moi...elles ne le sont pas, mais elles peuvent
l'être.
Mes yeux me brûlaient à force d'avoir pleuré et je sentais peu à peu que
mon corps se donnait à la fatigue.
J'avais faim, mais je savais que je n'allais rien pouvoir manger avant au
moins demain.
Je me couvris et me mis sur le côté en inspirant profondément avant de
fermer les yeux.
Dormir allait m'aider à faire passer le temps.
J'étais dans une pièce que je reconnaissais très vite. Ma chambre.
La chambre que j'avais chez ma mère.
Je ne comprenais pas ce que je faisais ici, je regardais autour de moi
puis décidai d'ouvrir la porte. La peur s'empara de mon estomac que je
sentis se tordre.
Le silence dans ma maison, je n'entendais que le bruit de la télé suivi du
bruit de mes pas alors que je descendais les marches, faisant grincer le
bois.
— Tu ne te réveilles que maintenant, cracha la voix de ma mère au loin.
Un nœud se forma dans ma gorge, je savais qu'elle était bourrée.
Je pouvais le sentir à sa voix.
— Ou peut-être que tu t'es réveillé parce que tu sais que ton connard de
père va passer prendre ses affaires.
Je sentais mon cœur s'emballer, papa.
Mon père allait passer.
— Tu as fait ta chambre ?
— Non, pas encore, j'étais fat-
— Tu ne peux pas être plus fatigué que moi Iris ! Et pourtant j'ai fait le
diner ce soir, tu es tellement égoïste et inutile !
Je n'osais pas la regarder, je voulais partir avec papa. Je voulais qu'il
m'emmène avec lui loin d'elle et ses excès de colère.
Pourquoi il ne me prenait pas avec lui ?
Quelqu'un sonna à la porte et je m'empressai d'ouvrir, je ne pouvais pas
voir son visage, mais je savais que c'était mon père.
Il était là.
Je vis une petite fille dans ses bras, c'était Lizzie.
— Papa...
Je voulais le prendre dans mes bras, mais je le voyais s'avancer vers ses
affaires sans se tourner vers moi.
Faisant comme si je n'existais pas.
— Papa ?
Ma mère regardait la scène, un sourire moqueur aux lèvres alors que je
suppliais mon père du regard, lui demandant de me remarquer.
— C'est tout ce qu'il y a ?
— Papa emmène-moi avec toi s'il te plait.
J'essayai de lui prendre la main, mais il l'éloigna à chaque fois, j'attrapai
sa veste, mais il la tira à lui. Comme s'il me fuyait.
Je le vis prendre la main de Lizzie qui regardait ses affaires en silence,
elle lui sourit et se défit de son étreinte en s'approchant d'un meuble.
— D'accord...princesse viens on s'en va.
Mon cœur rata un battement, il me parlait à moi ?
Lizzie se retourna et accourut vers lui, des larmes coulaient sur mes
joues en le regardant sortir de la maison et je le suivais à l'extérieur en
pleurant :
— S'il te plait papa, prends-moi avec toi, JE VEUX ÊTRE AVEC TOI !
PAPA JE VEUX VENIR AVEC TOI !
Je sursautai violemment en me réveillant, ma respiration haletante était
incontrôlable et je remarquai très vite que mon visage était mouillé, la
lumière agressa mes yeux qui étaient plongés dans le noir depuis plusieurs
heures.
Nerveusement, je passai ma main dans mes cheveux en reprenant peu à
peu mes esprits.
Je détestais rêver de mon père.
— Iris ?
Une voix alerta mon cerveau et je vis le corps de Jacob près du lit, son
regard fixait mes yeux et je sentais des larmes couler le long de mes joues.
— Oh...
Je fronçai les sourcils en le regardant me fixer et mes yeux
s'écarquillèrent soudainement en me rendant compte de ce qui était en train
de se produire.
Mon corps pris de panique commençait à trembler et mes paupières se
fermèrent instantanément.
— Arrête de les regarder ! m'exclamai-je soudainement sans me retenir.
Je sentais ma respiration se saccader et des flashs animèrent ma terreur, je
me sentais en danger.
Je me sentais terriblement vulnérable.
Je sursautai lorsqu'il posa sa main sur mon épaule et m'éloignai
rapidement de son corps, mais mon dos heurta quelque chose à l'autre bout
du lit.
Je gardais les yeux fermés et explosai en sanglot, je n'arrivais plus à
rester calme.
Comme si j'étais complètement dépassé par les évènements qui
s'accumulaient.
Les émotions battaient mon sang-froid et je ne pouvais plus gérer.
Putain pas ça. Tout sauf ça.
Je posais mes mains sur mes yeux, les couvrant des regards qui se
trouvaient dans la pièce et murmurai :
— Arrête de me regarder, je vais mettre mes lentilles bientôt je te le
promets.
— Mais POURQUOI FAIRE ?
La voix de Jacob me fit sursauter une nouvelle fois, et la voix de Kai me
fit comprendre que c'était lui qui était derrière moi.
— Ne crie pas.
— Mec elle a-
— Sors.
Des sanglots s'échappèrent de mes lèvres, je me sentais tellement
vulnérable. Pourquoi il avait fait ça ?
Pourquoi il avait vu mes yeux ?
Pourquoi je n'avais pas dormi avec mes lentilles ?
Stupide.
Stupide.
Stupide.
« TU ES TELLEMENT STUPIDE IRIS »
J'entendais des pas, Jacob allait sortir de la chambre.
Puis, j'entendis la porte se refermer.
Je sentais encore les cuisses de Kai contre mon dos, mon corps ressentait
encore cette panique qui faisait danser ses cellules.
— Tu fais beaucoup de rêves ?
Je ne répondis rien, essayant de reprendre peu à peu mes esprits et me
remettre de toutes les émotions.
Jacob avait vu mes yeux.
Jacob avait vu mes iris.
La peur se forma dans mon ventre, j'avais peur de lui. J'avais peur qu'il
s'en prenne à mes yeux.
Il s'en prendra à mes yeux.
Le corps de Kai s'éloigna du mien et mon cœur rata un battement lorsque
j'entendis l'interrupteur, doucement, j'enlevai mes mains de mes yeux et les
ouvrit lentement.
Il avait éteint la lumière.
Kai avait éteint la lumière de la chambre.
— Tu te sens mieux maintenant ? M'interrogea-t-il d'un ton las.
— Je veux...je veux mettre mes lentilles...
— Il est à peine 7 heures du matin, me répondit Kai sous le même ton,
Jacob ne va pas revenir. Il est venu parce qu'il m'a vu ici.
Je fronçai les sourcils, il était venu parce qu'il l'avait vu ici ?
— Les murs sont fins, je t'ai entendu, je pensais que tu parlais toute
seule, mais...j'ai compris que tu rêvais.
Mes yeux se remplirent de larmes en me rappelant de mon rêve.
Pourquoi il ne m'avait pas remarqué ?
Lizzie...princesse.
Pourquoi elle et pas moi ?
Pourquoi il ne m'avait pas pris la main ?
Un sanglot s'échappa de mes lèvres, je n'avais jamais fait ce rêve. Je
n'avais jamais laissé mon cerveau me torturer autant.
Je me recroquevillai sur moi-même et laissais mes larmes quitter mes
yeux, pourquoi il ne voulait pas de moi ?
Pourquoi c'était toujours Lizzie ?
Pourquoi toujours Théa ?
Pourquoi pas Iris ?
Pourquoi pas moi ?
Qu'est-ce que je n'avais pas bon sang !
Pourquoi je ne pouvais pas être sa princesse ?
Je veux tellement être sa princesse.
Mes sanglots étaient la seule chose autour de ce silence, j'en avais oublié
la présence de Kai.
Très vite, je repris mes esprits et reniflai en essuyant mes joues
mouillées.
— C'est rien, déclarai-je d'une voix que je voulais neutre, mais qui se
brisa à la fin de ma phrase.
— Tu as rêvé de ton père ?
Le nœud dans ma gorge était douloureux, et mes yeux se remplirent de
larmes une nouvelle fois.
— Non, mentais-je en secouant la tête.
— Et pourtant c'est lui que tu appelais, souffla-t-il faiblement, arrête
de pleurer maintenant, ça ne sert à rien. C'est inutile.
Je fronçai les sourcils, sous le choc de ses paroles froides et détachées.
Rien ne l'attendrissait, rien ne le dégelait.
— Comment tu fais pour être comme ça ? Aussi...indifférent à tout...
Il resta silencieux face à ma question qui était une pensée à haute voix, je
n'arrivais pas à comprendre comment il arrivait à être aussi glacial.
Comme si rien ne le faisait bouger.
Pas un mort.
Pas une larme.
Rien.
— C'est juste comme ça.
Sa phrase me fit l'effet d'une douche glacée, et mes membres se figèrent à
l'entente de ses mots.
Je voulais savoir ce qui s'était passé dans sa vie pour que son seul moyen
de s'en sortir fût de ne plus rien ressentir du tout.
Son indifférence.
Sa patience.
Les promesses qui étaient plus importantes pour lui que n'importe quoi
d'autre.
Ses tatouages que je ne comprenais pas.
Je savais qu'ils avaient une signification. Je savais qu'ils avaient tous des
significations.
— Rendors-toi et arrête de pleurer...enfin pleure si ça t'aide j'en sais
rien, souffla-t-il alors que je le sentais s'éloigner vers la porte, mais
réveille-toi avant 22 heures, on doit faire quelque chose toi et moi ce
soir.
_____________
Hey !
Il est actuellement 4 heures du matin et je bosse dans trois heures. Me is
about to die.
Je vais raconter ma vie sur theblurredgirlspam (sur Instagram ptdr pas
Wattpad) pour ne pas sombrer.
Anywayyyyyy.

🙃 ❤️
Je sais vous me détestez parce que y a pas eu de lemon mais let me tell
you something : C'est encore très tôt
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : Sarahrivens
18. Mason

Iris
23 heures.
Je grelotais en regardant Kai fumer sa cigarette, admirant le bout
enflammé de cette dernière sans un mot.
Il faisait peut-être 10° tout au plus, et nous étions sur une espèce de
falaise.
Peut-être que je tremblais à cause du froid, du silence ou tout simplement
à cause du lieu qui me faisait froid dans le dos.
Il n'y avait aucun bruit autour, à part je dirais le vent qui soufflait
fortement et qui faisait balancer mes cheveux en arrière.
Et la rivière en bas.
Mes mains gelées à l'intérieur de mes poches et je bougeais nerveusement
contre la portière de la voiture avant de demander :
— Qu'est-ce qu'on fait ici ?
Kai prit son téléphone et agissait comme si je n'avais rien dit, depuis 7
heures du matin il ne m'adressait pas la parole.
Comme s'il était furieux contre moi à cause de ce que j'avais fait au Box.
Et qu'il avait fait une pause sur cette fureur lorsque je m'étais réveillé de
mon cauchemar.
D'ailleurs, je ne m'étais pas endormie depuis ce réveil, et je n'avais pas
quitté ma chambre.
Vernon était resté à l'intérieur de cette maison et m'avait donné mes repas
sans trop me parler.
Sans me parler du tout.
— T'es où ?...Oui...parfait.
Je fronçai les sourcils en le regardant parler au téléphone, fumant sa
cigarette avec cette même arrogance dans ses gestes.
Quelqu'un allait venir ici.
La panique s'empara de mes tripes et comprimait ma cage thoracique, des
scénarios angoissants commençaient à se jouer dans mon esprit et je
regardais autour de moi une nouvelle fois.
Déglutissant difficilement à cause du calme qui y régnait.
C'était un endroit parfait pour se faire tuer.
Et jeter mon corps depuis la falaise.
J'entendais l'eau qui coulait en bas, les rapides créaient un bruit sourd,
mais bien présent et j'imaginais déjà mes membres se heurter aux rochers.
— Pourquoi on est là ?
Il ne me répondit pas, encore.
— Tu t'es réveillé aujourd'hui et tu as choisi d'ignorer toutes mes
questions ?
Sa tête baissée vers son téléphone alors qu'il écrivait un message, il ne
bougea pas, mais releva ses yeux bleus vers moi.
Et je déglutis.
Putain qu'est-ce qu'il fait flipper.
Je soufflai et il baissa ses yeux une nouvelle fois sur son téléphone, sans
pour autant me répondre.
Je ne sentais presque plus le bout de mes doigts à cause du froid, je ne
savais pas ce qu'on faisait ici et surtout pourquoi on était à l'extérieur de la
voiture.
C'est rien il pense qu'on est des manchots.
Il n'avait pas froid, il ne grelotait pas comme moi. Je pouvais même dire
que la température ne le dérangeait pas.
Comme s'il était habitué à ce genre de temps.
Un lointain bruit de moteur se fit entendre et je me tournai vers la route
plus loin, qui était vide depuis peut-être une vingtaine de minutes.
C'était d'ailleurs la raison de mes angoisses.
Pourquoi il n'y avait personne ? Est-ce qu'on était loin de la ville ?
Le bruit du moteur grondait de plus en plus fort et mon souffle se
saccada, l'envie de crier au secours lorsque cette personne allait arriver était
immense.
Mais j'étais en présence d'un fou qui tuait comme si c'était une formule
de politesse.
Je ne pouvais gérer une autre mort sur ma conscience, le gars du Box
hantait mon cerveau depuis son dernier souffle et ma culpabilité
s'intensifiait à chaque fois que j'y repensais.
Putain il l'avait tué.
À cause de moi.
— Fais-moi confiance, avais-je cru entendre le murmure de Kai qui
s'était redressé alors que les phares d'une voiture étaient visibles de loin.
M'avait-il parlé à moi ? Est-ce que c'était ce que j'avais entendu ?
Je n'avais pas osé lui demander de répéter, tellement son murmure avait
été à peine audible, une partie de moi pensait que je l'avais halluciné.
Peut-être qu'il s'était parlé à lui-même.
Sûrement.
Mon cœur rata un battement lorsque je me rendais compte que la voiture
n'était pas de passage, elle était là pour Kai.
Pour moi aussi, éventuellement.
Ma respiration se saccada une nouvelle fois, et je vis la voiture foncer
vers nous avant de se garer négligemment près de la voiture de Kai.
Les vitres fumées m'empêchaient de voir l'inconnu qui conduisait le
véhicule, et mon corps se retrouvait à reculer.
Reculer vers Kai.
La portière s'ouvrit et un homme quitta la berline, un homme qui devait
peut-être avoir la soixantaine. Propre sur lui, il portait un manteau noir et le
bas d'un costume de la même couleur.
Son visage m'était complètement inconnu, et mes sourcils se froncèrent
alors que mes questions s'amassaient par milliers dans ma tête.
— Iris Simones
Mon cœur fit un bond à l'intérieur de mon corps lorsque j'entendis sa
voix grave prononcer mon nom et mon prénom.
Je me tournai vers Kai et tressaillis en regardant son visage fermé, ses
yeux aussi obscurs que le ciel au-dessus de notre tête, je voyais que sa
mâchoire était aussi contractée que la veille.
Sa colère était très facilement remarquable sur lui.
— Abrège qu'on en finisse, cracha la voix de Kai qui le fixait depuis
que cet inconnu avait quitté sa voiture.
L'inconnu lança un regard à Kai avant de reposer ses yeux sur moi, puis il
lança un autre regard sur Kai et je pouvais voir ses sourcils se froncer, il
avait l'air...contrarié.
— Je vois que tu traites bien ta victime, remarqua l'inconnu en me
regardant une nouvelle fois, aucune trace de blessure physique...c'est
nouveau, venant de toi.
Je lançai un regard furtif vers Kai qui n'avait pas quitté l'inconnu des
yeux, mais sa mâchoire se serrait davantage et ses sourcils se froncèrent.
— Tu n'as plus peur on di-
— Ferme ta gueule Mason, aboya soudainement Kai d'un ton tranchant.
Un rictus mesquin s'afficha sur le visage de cet homme qui s'appelait
Mason, ma peur faisait grandir la boule à l'intérieur de mon ventre et mes
membres étaient complètement congelés.
Cet homme avait l'air mauvais, je pouvais le voir sur son visage.
Je pouvais l'entendre à ses mots.
— J'imagine que tu ne lui as pas dit pourquoi tu l'as kidnappé,
supposa Mason en esquissant un petit sourire moqueur, laisse-moi le faire-
— On n'est pas là pour ça-
— Je veux savoir, coupai-je Kai en le fusillant du regard.
Kai se tourna vers moi et me rendit le même regard, puis j'entendis ce
Mason pouffer de rire en nous regardant.
Je pouvais lire dans son regard qu'il dégustait l'impuissance et la colère
de Kai, ce qui me laissait perplexe quant à ces réelles intentions.
Pourquoi était-il si heureux ?
Pourquoi Kai semblait être si en colère ?
— Je veux te tuer, déclara Mason simplement, mais avant, je veux
mon fric.
Mon sang se glaça et je n'arrivais pas à réaliser ce qu'il me disait. Il
voulait me tuer.
Il veut me tuer.
Mes membres tremblaient soudainement à l'entente de sa phrase qui
tournait en boucle dans mon esprit, et je me tournais vers Kai qui ne faisait
que le regarder en silence.
— Tu vois, je n'avais jamais entendu parler de toi, m'informa-t-il en
faisant un pas un vers moi, je pensais qu'il n'avait qu'une fille...mais tu
étais une surprise pour moi.
Il ?
— Il m'a volé près de 79 millions de dollars, et je ne savais pas où ils
étaient, me raconta Mason en faisant des gestes sarcastiques, rien n'était
sur son compte, ni à son nom ou encore même à celui de sa fille...Lizzie.
Papa.
Ma gorge se noua instantanément, et ma vue s'embua. Mon père.
Il parlait de mon père.
— J'ai même fouillé dans tous ses autres comptes, ceux de sa femme,
les millions qu'il a en réserve pour sa petite Lizzie, mais il n'y avait
aucun dépôt avec une somme aussi astronomique.
Un sanglot s'étouffa entre mes lèvres et je l'écoutais continuer son
monologue :
— Puis je t'ai découvert, toi. La fille cachée de Evan Simones,
enfin...grâce à Kai bien sûr, détailla Mason alors que je sentais mon cœur
s'écraser près de mes pieds, ta tête est actuellement mise à prix d'ailleurs.
Mon rythme cardiaque s'accéléra en le s'avancer rapidement et je
reculais, mais en une fraction de seconde.
Un cri de terreur s'échappa de mes lèvres lorsque Kai me poussa en
arrière, mes pieds dans le vide alors que je hurlais comme une folle. Sa
main tenait fermement la mienne et je m'agitais.
Kai venait de pousser hors de la falaise.
Mon corps se balançait au-dessus de la rivière à des mètres plus bas, la
panique rendait mes mains moites et je sentais que j'allais tomber à tout
moment.
Des sanglots bruyants quittaient mes lèvres et Mason dit :
— Bien ! Maintenant, tu vas me dire où est ce putain de fric qui est à
ton nom.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez ! m'exclamai-je en tenant la main
de Kai comme si ma vie en dépendant.
Parce que c'était le cas.
Je sentais l'angoisse glaçait mes veines et des bouffées de chaleur
envahissait mon corps tremblant, j'avais l'impression que j'allais mourir.
La sensation que j'allais tomber d'une seconde à l'autre.
— Tu mens.
— JE NE MENS PAS JE VOUS LE JURE !
Kai me fixait sans un mot, ses sourcils froncés alors que je l'implorais du
regard, les larmes coulaient sur mes joues.
Je me sentais entièrement à sa merci.
Puis il murmura en serrant les dents :
— Fais-moi confiance, Iris.
— POURQUOI TON PÈRE T'A DONNÉ MON ARGENT ! OÙ
EST MON FRIC !
— J'EN SAIS RIEN S'IL VOUS PLAIT FAITES MOI MONTER !
hurlai-je à mon tour d'un ton paniqué.
Des sanglots de terreurs quittèrent une nouvelle fois mes lèvres lorsque
mon cerveau jugea intelligent de regarder le vide au-dessous de mes pieds.
Je haletai, la crise de panique emprisonnait mon cerveau et chaque
seconde durait comme des heures.
— Je t'avais dit, elle-
— Alors, tue-la, ordonna Mason d'un ton tranchant, on retrouvera ce
fric avec ou sans elle.
La panique me gagna une nouvelle fois lorsque je vis Kai serrer la
mâchoire, et mes sanglots reprirent encore.
— Elle peut retrouver ce fric, déclara Kai en me tenant fermement.
Mason me lança un regard alors que mon visage se noyait de larmes de
détresse, mes sanglots et mes cris étaient les seules choses qu'on pouvait
entendre autour de nous.
La rivière criait elle aussi en bas, n'attendant que mon corps pour
l'engloutir.
— Je te laisse le choix Iris, finit-il par déclarer après des secondes
interminables, 79 millions de dollars, soit tu me les retrouves et je te
laisse en vie...soit je te tue, et je les retrouverai moi-même.
Je hochai énergiquement la tête, comme si j'étais certaine de pouvoir
faire ce qu'il me disait.
Mon père avait volé 79 millions de dollars, et avait élu pour cachette ma
tête.
J'étais mise à prix à cause de lui.
Papa.
— Remonte-la.
La main de Kai tremblait alors qu'il me remontait et je m'accrochai au sol
à l'instant où j'arrivais à le toucher, mon souffle rapide sécha ma gorge et
mon corps remonta très vite au sol sale et humide.
Je me recroquevillai sur moi-même en reprenant mon souffle, mes
sanglots toujours aussi incontrôlables que ma respiration me rendait encore
plus épuisé physiquement.
C'était un cauchemar.
Un véritable cauchemar.
Cet homme mentait, mon père ne pouvait jamais faire une chose pareille.
J'étais sa fille et il m'aimait à sa façon.
Il ne pouvait jamais me mettre en danger.
— Pourquoi tu ne t'attaques pas à son père directement je
comprends pas, cracha la voix de Kai.
— Parce qu'il est complètement introuvable, et je ne vais pas
l'attendre...les enfants paient toujours les conneries de leurs parents,
n'est-ce pas Kai ?
Un silence s'en suivit et mes larmes ne s'arrêtaient plus, j'avais froid et
j'étais terrifié, putain qu'est-ce que j'avais fait pour mériter tout ça ?
Pourquoi ça m'arrivait à moi ?
— Si elle ne me retrouve pas ce fric, tu la descends, au mois il ne sera
plus à son nom, dit la voix de Mason d'un ton froid.
J'entendais des pas contre le sol, comme si une personne s'éloignait.
Je relevai la tête doucement et remarquai que Mason s'avançait vers sa
voiture, il me lança un dernier regard puis releva les yeux vers Kai en lui
disant :
— Reprends ta cure, tu n'as plus les idées très claires.
— VA TE FAIRE FOUTRE !
Je sursautai lorsque la voix de Kai explosa et mon souffle se coupa
lorsque je le vis tirer sur la voiture qui démarra.
Je me redressai, prise de panique en le voyant exploser à cause de ce qu'il
venait d'entendre. Je n'avais pas compris ce coup de rage qu'il avait, mais.
Il était terrifiant.
Kai fit tomber son flingue à terre, sa respiration était saccadée et
bruyante, ses mains tremblaient comme l'intégralité de son corps alors qu'il
regardait la voiture de Mason s'éloignait du lieu.
Kai prenait des médicaments.
J'avais l'impression que ce Mason et lui se connaissaient depuis
longtemps.
Du peu que j'avais vu de Kai, je trouvais ça étonnant que ce dernier
n'avait pas tué ce vieux con.
Lui qui se laissait très vite prendre par sa colère.
Je revenais très vite à la réalité lorsque Kai déclara après plusieurs
minutes silencieuses :
— Lève-toi, on s'en va.
Le ton de sa voix était aussi glacial que la température du lieu, et je me
relevai sans un mot, terrifié par cette partie de Kai.
Je le vis s'avancer d'un pas décidé vers la voiture, et il ouvrit la portière
puis entra avant de la claquer brutalement.
Je déglutis et entrai à mon tour sans un mot, une partie de moi était
encore chamboulée par ce qui venait de m'arriver, mon esprit était
complètement retourné par les informations que j'avais en tête, ce trop-plein
de réponse était arrivé dans ma tête comme un tsunami qui retournait
encore mes neurones.
Je n'arrivais pas à concevoir l'idée que mon père puisse faire ce que
Mason avait dit sur lui, c'était impossible, il mentait.
Et Kai.
Kai m'avait kidnappé, c'était lui qui m'avait trouvé.
C'était lui qui m'avait dévoilé à tout le monde, lui qui m'avait kidnappé et
lui qui allait me tuer si je ne trouvais pas ce fric dont l'autre taré parlait.
Ma gorge se noua, je me sentais tellement faible et tellement impuissante.
Je n'avais rien demandé, je n'avais rien fait à personne.
Je me retrouvais piégé dans une histoire de fric qui ne m'appartenait pas,
et que je n'avais même pas utilisé.
Merde si je savais qu'il y avait 79 millions de dollars à mon nom j'aurais
pu les utiliser pour payer mes études ? Changer d'appart ? Changer de
téléphone ? De voiture ?
C'est complètement absurde.
Je n'arrivais pas à réaliser ce qui se produisait actuellement, comme si
mon corps et mon cerveau étaient détachés de l'autre.
Encore sous le choc.
Je me tournai vers Kai, ce dernier semblait concentré sur la route, l'esprit
rempli à en voir ses sourcils froncés et ses doigts crispés contre le volant.
Il paraissait furieux, je pouvais le voir et le sentir rien qu'à sa respiration
saccadée.
Une vingtaine de minutes s'étaient écoulées avant que Kai ne gare là où il
me retenait prisonnière depuis peut-être une semaine ou plus.
Sûrement plus.
L'air froid fouetta mes joues et je suivais Kai sans un mot, il me tira avec
lui et se mit derrière moi pour déverrouiller la porte.
M'empêchant de m'échapper, comme si j'avais quelque part où aller en
sachant que je ne savais pas où j'étais.
Quel abruti.
Nous entrâmes à l'intérieur de la maison qui semblait vide et sombre,
Jacob et Vernon n'étaient sûrement pas là.
Kai ferma la porte et alluma la lumière, j'enlevai mes chaussures et le
regardais retirer sa veste en cuir sans un mot.
Toujours aussi concentré et perdu dans ses pensées.
Comme s'il n'était plus maitre de son cerveau.
Je le voyais s'avancer à l'intérieur de la maison et je me redressai avant de
l'interpeller doucement :
— Kai ?
Il s'arrêta et tourna la tête, me regardant par-dessus son épaule.
— Comment tu m'as trouvé ? osai-je demander à mon ravisseur.
— Je ne veux pas parler Iris, grogna-t-il en me fusillant du regard.
Mes sourcils se froncèrent, contrariée par sa réponse et par le manque
d'informations que je ressentais à chaque fois que je lui posais la question.
— Mon père ne ferait jamais ça, déclarai-je en gardant mes yeux sur
lui, il m'aime et il ne me mettrait pas en danger pour l'argent !
Son corps pivota et il était à présent face à moi.
— Il t'aime tellement qu'il t'ignore depuis des mois et refuse de te
voir, cracha Kai d'un ton tranchant.
Ma gorge se noua et ma bouche s'entrouvrit, je sentais mes yeux se
remplir doucement de larmes alors que chacun de ses mots transperçait
violemment mon cœur.
— Tu parles d'amour, marmonna-t-il froidement avant de tourner les
talons.
— Qu'est-ce que t'en sais ! m'exclamai-je en colère alors que je fis
quelques pas en avant, mon père ne ferait jamais une chose pareille ! Je
suis sa fille !
Un ricanement mauvais s'échappa de ses lèvres et il répliqua en se
tournant une nouvelle fois vers moi :
— Et pourtant il l'a fait, ton père t'a nommée héritière d'une fortune
qu'il a volée alors qu'il savait que tu pouvais être en danger, et tu
penses qu'il t'aime ? Arrête tes conneries un peu.
— Il ne l'a pas fait !
— BIEN SÛR QU'IL L'A FAIT ! hurla-t-il en s'avançant vers moi, ET
TU VEUX SAVOIR UN TRUC ? IL N'A MÊME PAS PENSÉ À TOI !
Je me figeais, mon corps se crispa et mon cœur battait à la chamade en le
regardant me hurler à la gueule.
Ne me crie pas dessus s'il te plait.
— Il...il n'est pas comme ça, répondis-je en sentant mon angoisse
pointer le bout de son nez.
— Arrête un peu tu veux, t'en sais rien, répliqua-t-il d'un ton las et
méchant.
Ma colère montait peu à peu et je m'exclamai rageusement :
— Toi non tu n'en sais rien à la fin ! Arrête de faire comme si tu le
connaissais !
— TU NE LE CONNAIS PAS NON PLUS IRIS ! JE PEUX MÊME
DIRE QUE JE LE CONNAIS PLUS QUE TOI ! ARRÊTE DE
PENSER QUE TON PÈRE EST BIEN ! AUCUN PÈRE N'EST BIEN
PARCE QUE SI C'ÉTAIT LE CAS JE NE SERAIS PAS MOI ET TU
NE SERAIS PAS AVEC MOI AUJOURD'HUI ! TU PENSES QUE
TON PÈRE CHERCHES APRÈS TOI LÀ ? IL N'EN A RIEN À
FOUTRE DE TA GUEU-
Et mon souffle se rompit lorsque ma main gifla violemment sa joue, mes
yeux s'écarquillèrent et sa mâchoire se serra brutalement.
Ma colère venait de prendre possession de mon corps et je venais de
gifler Kai.
Ou était-ce peut-être ma réponse face à l'angoisse qu'il me procurait en
criant.
Sa main toucha sa joue rougit par ce que je venais de faire, et il frotta
doucement la zone avant de remettre son visage face à moi.
Ses yeux m'assassinaient du regard et il murmura en s'approchant
dangereusement de moi :
— Ose recommencer et je te fais la promesse de rayer ta misérable
existence en une fraction de seconde.
Sa main tremblait et son souffle saccadé s'écrasait près de mon visage,
mon corps tremblait tout autant, un mélange de colère et de peur se déferlait
à l'intérieur de mes veines.
— Ne me crie plus dessus.
— Ne me force pas à te parler quand je te dis que je ne veux pas le
faire, cracha-t-il en me regardant.
— Ne me laisse pas sans réponse, crachai-je sous le même ton en le
fixant.
Il me détailla sans répondre, et mon souffle se rompit lorsque ses doigts
prirent mon visage en coupe, le remontant légèrement vers lui.
— Je ne sais pas si j'ai envie de te culbuter ou de te tuer, mais je sais
que si je reste ici avec toi maintenant, je vais devoir choisir l'une des
deux.
Je déglutis et il me relâcha avant de m'ordonner froidement :
— Enlève tes lentilles et va dans ta chambre, je ne veux pas te voir
trainer ici ce soir.
°°°°
Une heure plus tard.
Je reniflais, ma tête me faisait atrocement mal à cause de mes larmes qui
n'avaient pas cessé. À cause de mes sourcils qui étaient restés froncés.
Je me rappelais de toutes les minutes de cette soirée, qui était
interminable et qui d'ailleurs n'avait toujours pas touché à sa fin.
Il devait être deux heures du matin, tout au plus.
Et je pleurais comme une gosse à cause de tout ce que j'étais en train de
subir.
À cause des menaces de cet homme.
À cause des choix de mon père.
À cause des mots de Kai.
Ces mots tranchants me firent sangloter une nouvelle fois, comme des
gifles que mon cerveau se prenait.
Lui qui préfère tellement le déni pour que je survive.
À présent, j'étais forcé à affronter la réalité et pourtant, il y avait toujours
une partie de moi qui refusait de croire à ce que ce Mason disait.
Mis en même temps, Kai l'affirmait.
Il semblait être sûr de lui que je pleurais une nouvelle fois, me forçant à
admettre que peut-être mon père était capable de faire ça.
« TU PENSES QUE TON PÈRE CHERCHES APRÈS TOI LÀ ? IL
N'EN A RIEN À FOUTRE DE TA GUEULE. »
Mon père n'était pas à ma recherche ?
Bien sûr que non.
Pourquoi m'infliger tout ça ? Pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre ?
Pourquoi pas Lizzie ?
Pourquoi mettre à mon nom fortune volée ? Une fortune qui pourrait me
mettre en danger ?
Pourquoi autant de détachement lorsqu'il s'agissait de moi ?
Est-ce que ma mère était au courant ? Est-ce que ma belle-mère l'était ?
Ma belle-mère l'était sûrement, je pouvais même me dire qu'elle était le
cerveau de cette histoire. Ne pas perdre l'argent et le mettre au nom d'Iris.
La fille cachée de Evan Simones.
Je n'étais pas cachée, il ne parlait simplement pas de moi autant qu'il
parlait de Lizzie.
Autant qu'il affichait Lizzie.
Des bruits à l'extérieur me firent tourner la tête vers la porte, puis des
voix effacèrent le silence qui était présent depuis très longtemps.
Je me demandais ce que faisait Kai pendant que moi je remettais toute
ma vie en question.
Mes sourcils se froncèrent une nouvelle fois et je m'approchais de la
porte, Jacob et Vernon semblaient en train de parler dans le couloir.
Le ton de voix de Jacob paraissait inquiet, et ma curiosité me piqua.
— Qu'est-ce qu'on fait ? On fait sortir Iris ?
— Tu crois qu'elle l'a entendu ?
Entendu quoi ?
— Non, je pense pas, je crois qu'elle dort, fit la voix de Vernon, du
moins j'espère.
— J'ai vraiment envie de le fumer, cracha la voix de Jacob, je suis sûr
que c'est de sa faute.
— Forcément, il est comme ça à chaque fois qu'il le revoit, Mason est
un enfoiré de première c'est pas étonnant.
Je collais mon oreille davantage contre la petite ouverture entre la porte
et le cadre, essayant de comprendre toute la conversation.
Si je ne pouvais pas avoir de réponses, alors j'étais celle qui allait les
prendre d'une autre façon.
— On n'aurait pas dû l'écouter et le faire, dit la voix de Jacob, on doit
l'enlever de là, il doit trouver un autre moyen, pas comme ça.
Quoi ?
— C'est tellement malsain, fit la voix de Vernon.
— C'est son seul moyen pour l'instant, il peut très bien aussi nous
faire un remake de Micheal Myers, mais c'est pas ouf, souffla Jacob,
enlève-lui les clés de la porte d'Iris...on ne sait jamais, la nuit va être
longue.
Mon cœur rata un battement à l'entente de sa phrase, je me sentais
soudainement en danger.
Mes membres tremblaient et je commençais à être prise d'une panique
violente.
— Il ne va rien lui faire, pour une raison qui m'échappe, il n'est pas
violent avec elle.
— Je crois que le fait qu'il l'observe depuis le début de l'année en est
pour quelque chose, supposa Jacob, Kai ne s'est jamais intéressé aux
filles, c'est la première qu'il surveille et ça depuis un moment. Prends la
clé et on s'en va, en espérant qu'il peut se gérer.
— En espérant qu'Iris n'entende rien.
Quoi ?
_____________
Hey !
J'ai commencé ce chapitre ce matin, et je l'ai fini il y a quelques minutes.
Truth is I'm not good at all, C'est pour ça que je ne suis pas très active sur
Instagram.
Sorry guys, I'm just a mess.
Anywayyyyyy let's talk about the 18 !!!!
Certaines le savaient, d'autres s'en doutaient but OUI ! LE PÈRE D'IRIS
A AVOIR AVEC SON KIDNAPPING.
Et maintenant vous connaissez Mason.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram : Sarahrivens
19. Cure

Iris
Les battements de mon cœur n'arrêtaient pas de monter en flèche après la
phrase de Jacob, et ne voulaient pas se calmer après leur départ.
Putain de merde.
Le danger vint glacer mes muscles et je me sentais soudainement prise au
piège.
La peur portait mon corps, secouant mes membres et claquait mes dents
contre elles.
Putain qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que je ne dois pas entendre ?
Pourquoi ils étaient si inquiets ?
Où est Kai ?
Je m'éloignai de la porte, je voulais me cacher sous le lit et ne plus en
sortir jusqu'à leur retour.
Je ne comprenais pas, de quoi avaient-ils peur ?
Pourquoi tout ce cinéma ?
Est-ce que Kai allait me faire du mal physiquement ? Pour lui enlever la
clé ? Qu'est-ce que je risquais ?
Est-ce qu'il va me tuer ?
Est-ce qu'il va me torturer ?
Me violer ?
Mon estomac se retourna, la peur bloquait ma respiration. La présence de
Rufus me rendait moins terrifiée, comme s'il était ma bouée de sauvetage
dans un océan où un requin rodait.
J'avais peur, mais je ne savais pas de quoi je devais avoir peur.
Cependant, les paroles de Jacob et Vernon m'avaient fait l'effet d'un
électrochoc.
Forçant mon cerveau à se mettre en alerte.
Mon ouïe s'était décuplée, et j'osais à peine respirer pour pouvoir
entendre tout ce qui pouvait se passer autour de moi.
J'avais l'impression que la chambre était soudainement plus petite, que
les murs se rapprochaient entre eux.
Je voulais sortir d'ici et partir loin de cette maison.
Mes pas s'approchaient doucement de la fenêtre fermée, mais un souffle
d'agacement quitta mes lèvres lorsque je confirmais encore une fois qu'il
m'était impossible de sortir d'ici par la fenêtre.
Doucement, je m'approchai de la porte et collai mon oreille contre elle.
...Click.
Mon souffle se coupa brutalement, et mes membres se crispèrent
violemment lorsque j'entendis quelque chose à l'extérieur de la chambre.
Putain faite qu'ils ont pris la clé avec eux.
Je compris que Kai venait de déverrouiller sa porte, et mes sourcils se
froncèrent quand mon oreille collée contre la porte entendit une sorte de...
Musique ?
Cela avait l'air d'une très vieille musique.
Une musique qui provenait de sa chambre. Je n'arrivais pas à bien
entendre les paroles pour savoir si je pouvais la reconnaître, seulement, je
savais que Kai était encore dans sa chambre.
Je l'entendais marcher.
Ses pas étaient lourds et irréguliers, comme s'il faisait quelques pas avant
de s'arrêter et recommençait.
C'est quoi ce bordel à la fin !
Je sursautai violemment lorsque j'entendis quelque chose se fracasser
contre le mur qui séparait nos deux chambres.
Putain de merde.
— Cure...je dois reprendre...
Ma respiration était saccadée alors que je l'entendais parler tout seul dans
sa chambre, pourquoi il était comme ça ?
Le ton de sa voix avait l'air tellement désespéré, tellement perdu.
Comme s'il n'était plus lui-même.
— Encore.
Je l'entendis s'avancer puis claquer la porte, je fronçais les sourcils, ne
comprenant pas ce que je venais d'entendre.
Le son de la porte paraissait plus loin.
Des médicaments. Une cure.
Il avait des médicaments à prendre.
Est-ce que c'était de la drogue ? Potentiellement.
Je suis sûr que c'est de la drogue, il a un passé de toxico c'est certain.
Après une dizaine de minutes à attendre un autre signe de vie de sa part,
je décidai de m'éloigner après n'avoir rien entendu depuis le claquement de
la porte.
Mon cœur pompait d'une façon effrayante à l'intérieur de mon corps, et je
tremblais comme une feuille à cause de ce qui pouvait se passer à l'extérieur
de cette chambre qui me protégeait.
Je ne savais ni ce qu'il avait ni de quoi il était capable.
Il avait l'air comme complètement drogué.
De nature violente, j'étais sûr qu'il était capable de me tuer sous ces
substances. Ou peut-être pire.
Je m'allongeai sur mon lit, la tête tournée vers la porte et mon cerveau
concentré sur tous les bruits qui m'entouraient.
Je pouvais énumérer tout ce que je pouvais entendre.
La cage de Rufus.
Le vent dehors.
Les branches d'arbres qui se touchaient entre elles dehors.
Le bruit sourd de cette musique des années 50 que j'entendais dans la
chambre de Kai.
Mais rien d'autre.
Il n'y avait rien de plus que ça depuis plusieurs minutes.
— Arrête de faire du bruit toi ça me déconcentre, murmurai-je en
grondant mon animal de compagnie qui s'était mis à courir dans la roue.
Le bruit de la porte qui s'ouvrit brutalement me fit me redresser avec la
même brutalité.
Et je me levai doucement pour coller encore mon oreille contre ma porte.
L'estomac noué et la cage thoracique comprimée.
— Tu es tellement stupide...
Mon cœur rata un battement et j'écarquillai les yeux. Il se parlait à lui-
même ?
Mon souffle s'arrêta lorsque j'entendis ses pas, il était en mouvement. Et
le pire.
Il sortait de sa chambre.
Mon cœur frôlait la tachycardie lorsque je l'entendais se rapprocher de
ma chambre, la musique rendait l'atmosphère terrifiante.
J'avais l'impression d'être dans un film d'horreur avec un psychopathe
tueur.
Je l'entendais partir vers la cuisine ou le salon, il ne disait rien. Comme
s'il était complètement à l'Ouest. Ses pas étaient irréguliers et lents.
J'avais l'impression que son corps était trop lourd pour lui tellement
j'entendais très bien ses pieds contre le sol.
J'étouffai un hoquet lorsque j'entendis des choses se fracasser plus loin,
encore une fois. Mais cette fois-ci.
C'était plus violent.
Je m'éloignai très vite de la porte lorsque son cri de rage explosa mes
tympans, la peur m'envahit et jouait avec mes cellules.
L'impression qu'il allait forcer la porte de ma chambre pour se défouler
sur moi se fit sentir dans mon cerveau.
Et des larmes de terreur quittèrent mes yeux.
De nouveaux pas lourds se firent entendre, il s'approchait une nouvelle
fois de nos chambres. Très vite, je l'entendis rentrer dans sa chambre sans
fermer la porte.
Puis un nouveau silence s'en suivit.
Putain c'est glauque.
Et plus les minutes passaient, plus je sentais qu'il s'était peut-être
endormi. Il ne disait plus rien, ne bougeai plus pendant près de 10 minutes.
Je ne comprenais pas ce qui se passait, je n'arrivais pas à comprendre
pourquoi il était aussi...bizarre ?
J'avais peur, j'étais terrifiée, j'avais l'impression qu'il était drogué et qu'à
tout moment un autre excès de violence allait faire vibrer les murs de la
maison et faire fracasser d'autres objets.
Tout ce qui pouvait être sur son chemin.
Même ma porte.
Même moi.
Je m'approchai une nouvelle fois de la porte et collai mon oreille contre
elle dans l'espoir d'entendre quelque chose.
Je me glaçais lorsque de nouveaux pas dans sa chambre se firent
entendre, il ne s'était donc pas endormi.
Il était encore debout.
La terreur faisait trembler mon corps entier au moment où ses pas se
rapprochaient de ma chambre, et mon souffle se coupa.
Il était juste derrière la porte.
— ...Iris ? m'interpella-t-il d'une petite voix.
Mon cerveau se mit très vite en alerte, mais le ton de sa voix me noua la
gorge.
Il avait tellement...perdu.
J'essayai de percevoir encore un bruit ou un fracas, ou même des mots
qu'il pouvait dire mais rien.
Il m'avait appelé, et ensuite plus rien.
Comme s'il avait complètement disparu.
Je décidai de me lever lentement et de m'éloigner de la porte en
retournant dans mon lit, essayant de faire le moins de bruit possible en
sachant pertinemment qu'il n'y avait que cette porte qui nous séparait.
Putain de merde qu'est-ce qui venait de se passer ?
Je n'entendais plus rien, plus aucun signe de Kai après ça. Je ne savais
pas s'il était encore derrière ma porte ou s'il était parti.
Je n'avais pas entendu ses pas.
L'impression qu'il n'était plus lui-même, qu'il était sous substance illicite.
Je sentais que c'était ça ses médicaments.
La drogue.
Le ton de sa voix se jouait encore dans ma tête, moi qui avait l'habitude
d'entendre sa voix chaude et masculine, le ton affirmé et charismatique.
Il avait l'air complètement paumé.
Complètement désespéré.
Mason le connaissait, la réaction de Kai et le voir à présent comme ça me
laissait comprendre qu'il savait peut-être que Kai avait des problèmes avec
la drogue.
Je me demandais qui était cet homme pour lui, je savais que Jacob et
Vernon le connaissaient aussi.
Ils ne l'aimaient pas vraiment.
Cet homme paraissait tellement malsain.
Tellement mauvais.
Je me tournai sur le côté et mon cerveau essayait encore de me faire
croire que Kai allait entrer d'une façon ou d'une autre.
Je me retournais alors vers la porte, pour surveiller.
Mes pensées noyaient mon cerveau d'explications aux évènements,
essayant de justifier tout ce qui s'était passé ce soir.
Mais ma seule conclusion logique était que Kai se droguait.
Ce qui, en soi, n'était pas étonnant.
Mes paupières commençaient à s'alourdir et je sentais le sommeil
envelopper mon corps encore tremblotant à cause des minutes effrayantes
qu'avait orchestré Kai.
Mais tout ce que je retenais et qui tournait en boucle encore et encore.
C'était sa voix.
« ...Iris ? »
°°°°
Plusieurs heures plus tard.
Je fus réveillé par le bruit de la porte qui venait de grincer. La peur
s'empara très vite de moi à cause des évènements de la veille et je gardais
les yeux fermés.
Sentant mon cœur pomper très fort à l'intérieur de ma poitrine.
— Iris ?
Jacob.
— Iriiis ? murmura sa voix une nouvelle fois.
Je me tournai vers la porte sans ouvrir les yeux et répondis encore sonnée
par le sommeil :
— Mmmh ?
— Je crois que j'ai...un peu besoin d'aide là...
Je fronçai les sourcils sans ouvrir les yeux, j'avais l'impression que Jacob
avait l'air à court de mots. Comme s'il ne savait pas quoi faire.
— Fais chier.
J'ouvris lentement les yeux et très vite ces derniers s'écarquillèrent en
regardant Jacob près de ma porte, le regard baissé au sol.
Le corps de Kai recroquevillé près de ma chambre.
Mes yeux fixaient le corps de Kai, mes lèvres s'entrouvrirent en regardant
son visage assommé. Ses cheveux noirs ébouriffés couvraient la grande
partie de ses yeux, il était blessé sur son avant-bras ainsi que ses doigts.
Il avait dormi au sol ?
— Tu peux venir m'aider à le porter ?
Mon cœur s'emballait, savoir que ma chambre était plongée dans
l'obscurité m'aidait à ne pas être angoissé à l'idée que Jacob revoit mes yeux
encore.
Mais maintenant.
Jacob se leva et fouilla dans sa poche avant de me balancer quelque
chose sur mon lit.
Des lunettes de soleil.
— Madame, « j'ai pas envie de montrer mes yeux » peut sortir
maintenant ? M'interrogea-t-il d'un ton blasé, j'ai pas envie de le laisser
dormir ici.
Mon cœur se réchauffa et je portais les lunettes avant de me lever,
m'approchant du corps de Kai encore au sol.
— Le bon côté, c'est qu'il est encore vivant, fit Jacob en enroulant ses
doigts autour des jambes de son ami, enroule tes bras autour des siens, ça
sera plus simple.
Je fis ce qu'il me dit, mon souffle se coupa lorsque je vis son torse
parsemé de bleus. Comme s'il s'était battu.
Son teint était plus pâle que d'habitude, il avait tellement épuisé.
— 1, 2, 3, maintenant !
Et je le portais en même que Jacob, son corps était terriblement lourd à
soulever et je grimaçais. Jacob me guidait alors que je marchais à reculons
en direction de sa chambre.
J'entrai puis Jacob pivota sur le côté et je suivais le mouvement avant de
poser Kai sur son lit.
— Merci, fit Jacob alors que j'essayai de reprendre ma respiration.
Je ne répondis rien et regardais autour de moi, une grimace sur mes
lèvres en voyant le bordel de cette chambre, des débris de verre par terre
plus loin, des flaques que je présumais être de l'alcool ainsi que des
comprimés éparpillés sur la commode.
Des sachets qui contenaient sûrement de la cocaïne à en voir la couleur
de la poudre.
Des bouteilles d'alcool vides et des vinyles au sol.
— Je vais ranger plus tard, viens on sort.
Jacob déposa sa main sur mon épaule et me tira avec loin de la chambre
bordélique de Kai, il ferma la porte et poussa un soupir.
— Il s'est drogué, c'est ça ?
Je l'interrogeai en le regardant détailler des yeux la porte un instant avant
de se tourner vers moi, il haussa les épaules et s'éloigna en me disant :
— J'espère qu'il n'a pas cassé la télé, j'ai pas envie d'en acheter une
autre, ça fait beaucoup là.
Il venait d'ignorer ma question ouvertement.
T'es un clown meuf c'est pas nouveau.
— Pourquoi tu n'aimes pas tes yeux Iris ? M'interrogea-t-il à son tour
en inspectant la télé qui semblait encore vivante et en bonne santé.
— Il s'est drogué ? Répétai-je ma question.
Je n'allais vraiment pas répondre à sa question en sachant qu'il n'avait pas
répondu à la mienne.
— Dieu soit loué la télé marche encore, souffla-t-il de soulagement
avant de se tourner vers moi, et pour répondre à ta question trésor,
évidemment. Qui ne se drogue pas ?
— Je l'ai entendu hier, admettais-je en regardant son visage qui
changea d'expression dès la fin de ma phrase.
Soudainement plus sérieux.
— Ah oui ? Qu'est-ce que tu as entendu ? M'interrogea-t-il en essayant
de camoufler son changement de comportement avec son envie soudaine de
ranger la cuisine.
— « Je dois prendre ma cure », c'est ce qu'il disait, l'informai-je
simplement, c'est des médicaments, c'est la drogue, pas vrais ?
Il me lança un regard rapide en nettoyant puis souffla à son tour :
— En quelque sorte.
J'étais sûr qu'il était sous l'effet de quelque chose hier, je pouvais encore
me rappeler de sa voix qui m'avait interpellé.
— Il a essayé de rentrer dans ta chambre ?
Je secouai négativement la tête, il n'avait pas voulu entrer, il n'avait
même pas essayé. J'étais surprise de le voir en train de dormir près de ma
porte.
— C'est une bonne chose, murmura-t-il en jetant les débris de verres au
sol, pourquoi tu n'aimes pas tes yeux, mon chat ? Je les trouve
vraiment magnifiques !
— Chuuuut, fis-je en sentant l'angoisse me prendre l'estomac à cause du
ton de sa voix qui avait augmenté, ne crie pas.
— Je ne criais pas, murmura-t-il en souriant malicieusement, aller
réponds-moi au lieu d'éviter ma question c'est ridicule, d'autant plus
que tu portes des lunettes de soleil à l'intérieur d'une maison plongée
dans le noir.
Le ridicule ne tue pas heureusement.
Tu serais morte au primaire.
Mon cœur battait à la chamade alors que j'essayai de trouver les mots à
mes maux.
Je détestais expliquer pourquoi je n'aimais pas mes yeux.
Qui aimait expliquer ces traumatismes ? Sûrement pas moi en tout cas.
J'inspirai doucement puis commençai en essayant de trouver les bons
mots :
— Je...enfin, on m'a...toujours dit que mes yeux n'étaient...ils étaient
pas très beaux, enfin la couleur- les couleurs...je veux dire, bafouillai-je
en essayant de garder un minimum de calme, et j'aime pas...enfin, je ne
supporte pas qu'on voie mes yeux...enfin pas sans mes lentilles.
— Oh toi aussi on se moquait de toi à l'école ? M'interrogea Jacob en
tirant un sac en plastique pour jeter les bouteilles sur le comptoir, moi
c'était à cause de mes vêtements parce qu'on n'était pas très riches
avant et je n'avais pas beaucoup de choses, je me faisais harcelé tous les
jours.
Il scanda sa phrase d'un ton faussement dramatique, essayant de banaliser
ses souvenirs.
Je souriais en le regardant imiter ces anciens camarades de classe,
passant plus gros au plus baraqué, des filles qui se foutaient de sa gueule
jusqu'à l'intello de la classe qui ne lui donnait pas les réponses aux
contrôles.
— C'était à cause de tes yeux alors ?
— Je...oui, enfin c'était l'un des sujets, lui confiai-je en sentant ma
gorge se nouer, il y avait aussi le fait que j'étais maigre, et je ne parlais
pas beaucoup aussi enfin, je me laissais faire parce que j'avais peur
d'eux.
Il buvait mes phrases, se concentrant sur chaque mot que je lui disais, très
peu de personnes accordaient autant d'intérêt à ce que je disais.
— Et ta mère, tu lui en as parlé ? me demanda-t-il en fronçant les
sourcils, moi je n'avais pas de parents enfin...j'avais ma grand-mère
hein ? Mais je la voyais très mal venir avec sa canne, la honte !
Il commençait à imiter sa grand-mère et je riais doucement en secouant la
tête d'exaspération.
Jacob n'avait pas du tout l'allure d'un mec dangereux, et pourtant.
Il tuait et il enterrait des corps à longueur de journée.
Incroyable.
— Ma mère savait...mais elle est occupée on va dire, lui dis-je en
détournant le regard vers la télé, comment tu as fait pour que ton
harcèlement s'arrête ?
Il émit un petit rire et répondit :
— Je me battais avec ces ploucs, j'aimais beaucoup les voir perdre ça
m'amusait, et toi ?
Je ne répondis rien pendant quelques minutes puis il souffla :
— Tu n'as jamais vraiment pu.
— Est-ce qu'ils s'en prenaient à toi physiquement ?
Je hochai la tête.
— Donne-moi les noms, je vais faire la liste de la semaine à Kai, ça
tombe bien.
Un rire s'échappa de mes lèvres et je secouai la tête en guise de refus
avant de répondre :
— C'est du passé maintenant, ils m'ont sûrement oublié depuis.
— Mais pas toi visiblement, souffla-t-il en regardant ses lunettes sur
mes yeux, tu es en sécurité ici tu sais, enfin...je ne moquerais jamais de
tes yeux, honnêtement je les trouve magnifiques je te le promets.
Il ment.
Il te ment.
C'est pas vrai.
— Merci, souriais-je en étouffant mes pensées intrusives et faisant
comme si de rien n'était.
— Tu peux enlever les lunettes, c'est pas comme si je ne t'ai pas déjà
vu sans, d'autant plus que Vernon bosse toute la journée et que Kai ne
va pas se lever avant 20 heures, m'informa-t-il en haussant les épaules, il
n'y aura que toi et moi aujourd'hui.
Mon cœur palpita et je refusais, préférant mettre mes lentilles pour
pouvoir me sentir un minimum plus humaine.
Plus normal.
Il était 11 heures du matin, mais tous les volets de la maison étaient
fermés aujourd'hui alors c'était comme s'il faisait nuit.
Jacob ne voulait rien ouvrir, il disait qu'il était épuisé et que la lumière
allait agresser ses yeux.
Ce dernier m'accompagna jusqu'à la salle de bains au sous-sol et me
détaillait en train de préparer tout mon petit matériel pour mes lentilles.
Doucement, j'enlevai mes lunettes et gardais ma tête baissée vers l'étui, je
fermai mon œil gauche et relevai la tête.
— J'ai acheté une fois des lentilles rouges pour Halloween, me raconta
ce dernier en me regardant prendre une des lentilles à l'intérieur de l'étui,
mais je n'ai jamais su les mettre, comment tu as appris ?
— YouTube, lui dis-je simplement en posant la première lentille sur mon
œil droit.
Je clignais plusieurs fois des yeux et me retenais de rire en regardant le
visage admiratif de Jacob, il avait l'air d'un enfant.
— Ça fait mal ?
— Non pas vraiment, tu peux par contre sentir une gêne si tu les
poses mal, répondis-je posant la deuxième lentille, alors il faut refaire.
Je clignais encore des yeux afin de m'adapter à la présence de mes
lentilles et me lavai les mains encore une fois, je rangeais l'étui à l'intérieur
du placard et me tournai vers Jacob qui regardait mes lentilles de couleur.
— Honnêtement, je préfère le bleu et le vert. Les yeux marrons c'est
trop surcoté y a ça partout.
Je gloussai et haussai les épaules avant de répliquer :
— J'ai choisi cette couleur parce qu'elle est banale.
Il soupira d'exaspération et leva les bras, ne sachant pas quoi me
répondre.
Nous remontâmes a l'étage et une grimace se dessina sur mes lèvres
lorsque mes yeux croisèrent les débris de verres au sol.
— Bon, on va faire le ménage parce que là...
Il grimaça en regardant tout le bordel qu'avait fait Kai la nuit dernière et
je bâillai, je manquais terriblement de sommeil et en regardant la tête de
Jacob.
Je savais que lui aussi.
— Tu as mal dormi ? M'interrogea-t-il en me regardant bâiller une
nouvelle fois.
— Remercie ton pote, lançai-je sarcastiquement, et toi ?
— J'ai pas dormi du tout, gloussa-t-il en haussant les épaules, je
remercie Vernon.
Il me lança un regard malicieux et j'écarquillai les yeux lorsque je
compris très vite la raison de son insomnie.
Jacob explosa de rire et je souriais en secouant la tête.
— Non en vrai, j'étais en train de surveiller quelqu'un, m'avoua-t-il
naturellement dans un souffle, heureusement que Vernon était avec moi
pour le coup j'étais à ça de m'endormir.
Il me lança un nouveau regard malicieux et je m'exclamai en souriant :
— Je ne veux pas savoir comment il t'a gardé éveillé, Jacob !
Un nouveau rire s'échappa de ses lèvres puis il répliqua d'air ton
faussement innocent :
— Je n'ai rien dit ! Aller, viens m'aider au lieu de me regarder.
Un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres et je m'approchai de lui,
commençant à l'aider à ranger la cuisine.
Jacob alluma la télé et fredonnait une chanson d'Ariana Grande qui
passait, ce qui me rappelait cette nuit qui restera marquée dans ma
mémoire.
La nuit où il enterrait un bras en parlant de l'album de Madonna.
Une partie de moi était encore choquée par cette discussion, par le
contexte et la situation entière.
Une heure était passée, et nous avions rangé l'intégralité de la cuisine et
du salon. Jacob avait reçu l'appel de Vernon entre-temps, et le programme
avait donc changé.
Il devait le rejoindre.
— Je reviens, me dit-il en allant vers le couloir qui menait aux
chambres.
J'analysais une nouvelle fois les pièces, cherchant un moyen pour pouvoir
sortir d'ici, mais en même temps la réalité me frappa.
Sortir pour aller où ?
Et Mason ?
Je n'arrivais pas encore à réaliser que je devais des millions à un gars que
je ne connaissais même pas, tout ça à cause de mon père.
Papa.
Est-ce que Kai allait m'aider ? Il lui avait dit que je pouvais lui ramener
son fric, mais comment ?
Et si je sortais d'ici, et tout dire à la police, mon père serait peut-être mêlé
à cette affaire, alors qu'il n'avait peut-être pas volé cet argent.
Putain.
— Bon, fit la voix de Jacob en revenant, Kai est vraiment mort là, je
vais appeler Casey.
Je ne dis rien et le regardais retourner à la cuisine, il colla son téléphone
contre son oreille et me demanda :
— Je vais faire du café, t'en veux ?
Je hochai la tête et il fit de même puis sa voix envahit la pièce silencieuse
alors qu'il commença :
— Ramène ton cul chez nous tu vas jouer la nourrice...bah je lui
aurais bien proposé, mais tu vois là il est dans le coma...je t'attends,
traine pas Kai m'a demandé de faire un truc et je ne l'ai toujours pas
fait...l'un de nous devra mourir et ça sera sûrement pas moi.
Il raccrocha dès la fin de sa phrase et se reconcentra sur le café qu'il
faisait, la machine fit un bruit qui augmenta ma sérotonine, la caféine était
définitivement devenue une drogue.
Après quelques minutes, je vis Jacob s'approcher de la table avec deux
verres à la main, je le gratifiai avec un sourire en prenant celui qui me tendit
et nous nous assîmes sur les chaises.
Le silence à l'intérieur de cette maison était aussi apaisante que
terrifiante, mais les murs pouvaient encore témoigner des bruits de la nuit
dernière.
— Alors c'est ça, commençai-je doucement en regardant mon café, vous
me kidnappez, je suis emprisonnée ici jusqu'à nouvel ordre et j'ai droit
à un baby-sitter tous les jours.
Jacob étira un coin de ses lèvres et hocha la tête avant de répondre :
— Tu es plus en sécurité ici que nulle part ailleurs trésor, crois-moi.
— Mason m'a dit que ma tête était mise à prix, je remontai mon
regard vers lui, est-ce que c'est vrai ?
Jacob but une gorgée de son café sans me répondre puis après quelques
secondes, il hocha la tête en guise de réponse.
— Et qu'est-ce qu'il t'a dit d'autres ? M'interrogea-t-il en me lançant
un regard.
— Que mon père lui avait volé beaucoup d'argent, répondis-je d'un
ton bas, et qu'il les a mis à mon nom.
— Pour une fois qu'il ne ment pas, souffla Jacob en regardant son café,
ton père s'est cru malin en mettant ce fric à ton nom, mais il a fait le
malin avec un gars qui connait Kai. C'est lui qui t'a trouvé.
— Comment Kai m'a trouvé, mon père ne parle pas souvent de moi,
admettais-je en fronçant les sourcils, enfin pas autant que ma demi-sœur.
Jacob me lança un petit regard désolé et m'avoua :
— Kai est rentré par effraction chez lui et a installé des micros, il a
enregistré une conversation entre lui et sa femme où ils parlaient de
toi...c'est comme ça qu'il a découvert ton existence.
Mes yeux s'écarquillèrent, mon père et ma belle-mère avaient parlé de
moi ? Il parlait forcément de l'héritage.
Ou un truc en relation avec l'argent puisque ma belle-mère ne connaissait
que ça.
— De quoi ils parlaient ? lui demandai-je faiblement.
— J'en sais rien, Kai ne m'a pas vraiment dit, me répondit Jacob en
regardant sa montre, on est allé à Hydewood et on pensait que ton autre
demi-sœur était toi, mais Kai était catégorique, tu avais l'âge d'être à la
fac.
La fac.
Il avait sûrement entendu une conversation ou mon père et ma belle-mère
parlait de moi et de la fac. C'était certain.
— Puis c'était facile de te trouver, on remercie Casey pour cette fois,
gloussa-t-il en me lançant un regard, d'ailleurs il m'avait même dit que
t'avais les yeux vairons, mais je ne l'avais pas cru, surtout lorsque nous
nous étions rencontrés la toute première fois...enfin je devais te
surveiller, les ordres de Kai.
Je buvais ce qu'il me disait en sentant mes veines se glacer. Cette
sensation qu'on m'espionnait depuis le début me retournait l'estomac et me
donnait envie de vomir de peur.
— Kai voulait aussi te-
Quelqu'un toqua contre la porte et coupa la phrase de Jacob qui se leva en
marmonnant :
— C'est pas trop tôt putain.
Il ouvrit la porte et fit entrer une silhouette que je reconnus, des boucles
claires et des lunettes de vue, un style décontracté et un corps mince, c'était
Casey.
— Aller j'y vais, tu pourras être libre quand Kai se réveillera, déclara
Jacob en buvant le reste de son café d'une traite.
— Ça veut dire pas avant 20 heures, souffla Casey d'un ton sarcastique,
c'est noté.
Jacob me lança un petit sourire avant de sortir en claquant la porte, nous
laissant seuls.
Casey regardait autour de lui et me lança un petit sourire timide, je le vis
poser ses affaires négligemment sur le canapé avant de revenir à la cuisine
où j'étais assise.
— Je t'aurais bien proposé un café, mais...tu en as déjà un,
commença-t-il d'un air amusé.
— Merci quand même, répondis-je en esquissant un petit sourire.
— Je m'appelle Casey, se présenta-t-il en se grattant la nuque.
— Ou le mec qui m'a drogué et qui est sûrement le génie derrière
l'idée du micro, lançai-je sarcastiquement.
Il émit un petit rire dans un souffle avant de me répondre :
— Je ne suis que l'outil qui a donné vie aux idées de Kai, il voulait un
micro dans un collier et un truc pour t'assommer alors. Je ne peux rien
lui refuser.
Il haussa les épaules en prenant son café et s'adossa contre le comptoir.
— Pourquoi ? L'interrogeai-je en fronçant les sourcils.
— Parce que c'est Kai, me dit-il simplement.
Un léger bruit provint du couloir où se trouvait ma chambre et celle de
Kai, un bruit si faible que j'eus pensé que j'étais la seule à l'avoir entendu
puisque Casey me questionna juste après :
— Vous vous étiez déjà croisé avant ton kidnapping ?
Il me lança un regard insistant et je ne répondis pas sur le coup, ne
comprenant pas sa question et son regard.
Comme s'il attendait une réponse en particulier.
— Pourquoi ? lui répondis-je finalement par une autre question.
— Hum je sais pas, simple curiosité, j'ai l'impression qu'il t'accorde
de l'intérêt-
Des pas nous coupèrent et Casey se redressa rapidement, je me tournais
vers le couloir derrière moi et mes yeux s'écarquillèrent lorsque mon regard
croisa celui de Kai.
Son torse nu laissait voir l'intégralité de ses tatouages et de son corps
époustouflant, ses mains étaient blessées et de légers hématomes pouvaient
se voir sur la peau de son torse.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
Le ton de sa voix était mauvais, son regard assassin fixait Casey, il
semblait en colère.
Très en colère.
— Jacob m'a appelé par ce que tu dor-
— Je suis réveillé, sors de chez moi, cracha Kai en le fusillant du
regard, je t'interdis de la surveiller.
Casey maintenu son regard un instant puis posa son café à moitié terminé
sur le comptoir avant de prendre ses affaires et quitter la maison aussi
rapidement qu'il y était arrivé.
Les yeux de Kai étaient rouges, il avait l'air épuisé.
Je grimaçais en regardant ses mains tachées de son propre sang qui s'était
asséché, il toussa en posant sa main sur son torse nu.
Il était malade ? Lui ?
Je restai silencieuse en le regardant s'approcher du placard et tirer un
verre qu'il remplit d'eau, dos à moi, je pouvais voir les muscles de son bras
et de son dos se contracter au fur et à mesure qu'il bougeait.
Ses veines visibles me rappelaient la toute première fois où je l'avais vu
au Box, me rappelaient de cette attraction que j'avais éprouvée pour lui dès
les premières secondes.
Qu'est-ce que j'étais naïve.
Je me rappelais de comment j'avais eu peur de lui, de son air insolent et
de sa carrure.
J'ai encore peur de lui.
A ce moment, je ne le connaissais pas comme maintenant, mais j'étais
entièrement attirée par lui, par sa présence.
Alors qu'il ne m'avait même pas parlé.
Il m'avait juste souri.
C'était inexplicable et complètement fou de ressentir autant d'attraction
pour un homme comme lui, lui qui laissait émaner un sentiment dangereux.
Une aura maléfique.
Je savais qu'il était dangereux, Cody me l'avait dit. Et je pouvais voir le
pouvoir qu'il avait sur Rico.
Il m'avait même menacé.
Et pourtant, j'avais continué à flirter avec cette personne qui pouvait me
tuer en une fraction de seconde.
Laissant mon corps sans vie près du lac d'Ewing et retournait faire la fête
au Box comme s'il n'avait rien fait.
Il est complément fou.
Mais je savais que je l'attirais aussi, je ne savais pas pourquoi je l'attirais,
je n'avais pas énormément de formes et je n'étais pas aussi belle que les
filles au Box.
Elles qui se jetaient à ses pieds et le voulaient comme s'il était
inaccessible.
— Je te laisse me mater si toi aussi tu me laisses le faire, princesse.
Son corps pivota et il me fit face, je sentais mes joues chauffer et mes
yeux s'écarquillèrent alors que je répliquai rapidement :
— Je ne te matais pas.
— Je sentais tes yeux sur moi, ne me mens pas.
— Pourquoi tu as chassé Casey ? l'interrogeai-je en changeant de sujet.
L'expression de Kai changea et il devint plus fermé, un silence s'en suivit,
mais il me répondit finalement :
— Je n'aime pas partager.
Mes sourcils se froncèrent et il ne prêta pas attention puis continua :
— Je vais dormir, viens dans ma chambre. Hors de question que tu
restes sans surveillance ici.
_____________
Hey !
Je suis actuellement en route pour chez moi et il est 23h. Je vais mourir.
Hâte de démissionner omg.
BUT ANYWAAAAAY.
Honnêtement je sais plus ce que j'ai écris à cause de ma fatigue mais je
crois que la fin est drôle ! Attendez je vais vérifier......
OMG OUIIII C'EST BON CANT WAIT OMG OMG.
Sarah concentre toi un peu.
Tqt tqt je gère.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram : Sarahrivens
20. Sous surveillance

Iris
Je grimaçais en regardant sa chambre entièrement retournée, même
plongée dans le noir je pouvais voir le bordel qui résidait encore à l'intérieur
de la pièce.
Kai m'avait laissé ramener Rufus et avait verrouillé la porte, je
remarquais que sa chambre était comme la mienne.
Les fenêtres étaient condamnées.
Je regardais autour de moi puis remarquai très vite que l'un des murs était
habillé par des...feuilles ?
Je n'arrivais pas à bien voir depuis ma position et j'étais incapable de
bouger du lit de Kai.
— Si tu te lèves, je t'enfonce une balle dans la tête.
Je levai les yeux au ciel face à son rappel, le silence laissait la parole à
mon cerveau qui me forçait à me souvenir de la veille.
Me rappelant de ce qui c'était passé ici, quelques heures en arrière.
Quelle ironie de voir que ce silence n'était pas présent dans cette même
pièce pendant la nuit.
Mais plus le temps passait et plus l'obscurité s'évaporait peu à peu, la
lumière du jour pénétrait lentement entre les volets, m'accordant alors une
vision de cette chambre.
Je plissais légèrement les yeux et remarquai après plusieurs minutes que
les feuilles qui couvraient une partie des murs ressemblaient à des dessins.
Des dessins.
Kai dessinait peut-être.
La curiosité me rongeait, je voulais voir ces dessins de plus près.
Mais ceux que j'arrivais à distinguer étaient bizarres.
Je n'arrivais pas à les comprendre.
Il y avait un dessin d'un cœur tranché en deux par une lame, je pouvais
voir des yeux et des lèvres partout autour de ce cœur, couvrant l'intégralité
du blanc de la feuille.
Un autre dessin sur un autre mur pouvait bien se voir depuis ma position,
car il était entièrement noirci par le crayon.
Il y avait au milieu, une silhouette assise, comme si elle était au sol, et
des points blancs, comme des étoiles.
J'entendis Kai soupirer, et compris qu'il ne dormait pas, ce qui me laissait
l'interroger :
— C'est toi qui dessines tout ça ?
— Laisse-moi dormir, grogna-t-il en s'enfonçant davantage contre son
oreiller, et demande à ton rat d'arrêter ce qu'il fait s'il ne veut pas se
retrouver comme son semblable que j'ai buté la dernière fois.
Je me tournais vers Rufus qui jouait dans sa roue et marmonnai d'un ton
sarcastique :
— Arrête Rufus, tu déranges le sommeil de Picasso.
— Va te faire foutre, Iris.
Un sourire satisfait étira mes lèvres et je m'adossais contre la tête de lit,
un petit soupir s'échappait de ma bouche.
— Je veux sortir d'ici.
— Et Mason veut son argent, grogna Kai sans se retourner, tu seras
libre quand tu trouveras son fric, sinon tu vas te faire buter.
— Je me ferais buter par le grand Kai Lakestone même si je respire
trop fort alors, soupirai-je en laissant ma tête s'appuyer contre le mur.
— Et pourtant ça ne t'a pas empêché d'essayer de t'enfuir et de
parler à Mason en sachant que je ne voulais pas.
Je restai silencieuse à l'instant où je sentis le froid et la colère dans sa
voix endormie, il m'en voulait encore pour m'être enfui, ou du moins avoir
essayé.
Et pour avoir eu des réponses aux questions que je lui posais depuis un
moment maintenant.
— Pourquoi tu ne voulais pas que je le sache ? À quoi bon me cacher
ça ?
Il se tourna vers moi, ses yeux plissés et son air fatigué montraient les
ravages de la veille, il me fusillait du regard.
Peut-être parce qu'il voulait dormir.
Forcément.
— Tu ne veux pas te la fermer et me laisser dormir ?
— Tu ne m'as pas laissé dormir hier, j'en fais autant, marmonnai-je
en croisant les bras.
Je vis très vite les effets de ma phrase sur lui, ses muscles se crispèrent
violemment et son corps se tendit contre le matelas.
Ses yeux clairs me fixaient comme si j'avais dit quelque chose d'horrible,
mais aucun mot ne quitta sa bouche légèrement entrouverte.
Et en quelques secondes à peine, son visage devint plus expressif, son
corps gelé se contracta et la colère dessinait les traits de son visage fatigué.
— Tu commences vraiment à me faire chier, Iris, cracha la voix chaude
et profonde de mon ravisseur.
Je restai silencieuse et le fixai comme il le faisait, je déglutis en
remarquant qu'il ne cachait même pas son envie de me démembrer sur le
champ.
Un hoquet s'arracha de ma bouche lorsqu'il tira un flingue de son oreiller
et le pointa sur mon front, des tremblements d'effroi secouaient mon corps
qui s'était refroidi en deux secondes à cause du danger.
Bordel.
— Et je n'ai vraiment plus aucune patience quand je suis fatigué,
alors tu vas fermer ta gueule ou je me chargerai de le faire, et ça
éternellement.
Ma respiration saccadée était incontrôlable et mes tremblements
montraient à quel point la terreur enveloppait mon corps avec rapidité.
Mais la colère faisait bouillir mon sang à l'intérieur de mes veines, je
voulais lui faire bouffer son arme et toutes ses balles de merde.
Je restai silencieuse et mes yeux n'avaient pas quitté les siens, son arme
encore pointée contre mon front créait des sueurs froides sur ma peau et
rendait ma respiration faible et irrégulière.
— Voilà je te préfère comme ça...gentille fille.
— Va te faire foutre, Kai, crachai-je dans un murmure sans pouvoir
m'empêcher.
Il émit un rire moqueur à peine audible dans un souffle et éloigna son
arme de moi avant de la cacher sous son oreiller.
Il s'allongea une nouvelle fois puis ferma les yeux comme si de rien
n'était tandis que je l'insultais de tous les noms dans ma tête.
Des envies meurtrières planaient dans mon esprit et je rejetais la faute sur
lui et son influence.
— Tu peux me regarder tant que tu veux, du moment que tu ne
l'ouvres pas, murmura-t-il en gardant les yeux clos.
— J'ai une folle envie de t'envoyer en enfer, répondis-je d'un ton
tranchant.
Il ouvrit les yeux et esquissa un petit sourire au coin avant de répliquer
dans un souffle :
— Oh princesse...j'y suis déjà, et tu l'es avec moi.
Ma mâchoire se contracta en regardant son petit sourire moqueur qui me
rendait complètement dingue.
— J'espère que tu pourriras en taule comme tous les psychopathes
de ton genre, sans pouvoir en sortir cette fois-ci.
Ma phrase le fit sourire encore plus et il tourna la tête vers moi avant de
m'interroger :
— Tu sais autant de choses sur moi que j'en sais sur toi, on dirait...
— Je n'ai pas eu besoin de mettre de micro pour le savoir, crachai-je
en le fusillant du regard, ce n'est un secret pour personne.
— Tout ce que je retiens, c'est que tu as sûrement posé la question à
quelqu'un pour le savoir princesse, sourit-il avant de me tourner le dos, je
suis flatté.
— Va te faire foutre.
Il gloussa faiblement et ne répondit rien d'autre, les draps noirs sur son
corps couvraient une partie de son dos, mais mes yeux pouvaient voir
plusieurs nouveaux tatouages sur sa peau.
Le haut de son dos était couvert de tatouages aléatoires, mais un
m'interpella en particulier, c'était le serpent tout le long de sa colonne
vertébrale.
Du moins, je supposais qu'il descendait jusqu'à la fin de sa colonne.
C'était un cobra, la gueule ouverte, menaçant et effrayant.
Mes sourcils se froncèrent légèrement lorsque je vis des marques
semblables à des cicatrices sur le haut de son dos, près de son épaule.
Ces mêmes marques étaient présentes sur une partie de son dos, comme
des coups de couteau qui avaient cicatrisé au fil des années.
Je grimaçais, me rendant compte qu'il avait forcément eu des blessures
pareilles. En même temps, sa peau était très pâle et en voyant les
hématomes qui coloraient son épiderme.
Je savais qu'il marquait vite.
Mais il n'avait pas autant de tatouages sur son dos comme il en avait sur
son torse et ses bras. Je n'avais pas de tatouages, j'aimais beaucoup les voir
chez les autres.
Mais j'avais peur d'en avoir sur moi.
La douleur de l'aiguille, j'avais peur de la ressentir.
La respiration de Kai avait l'air calme et régulière, signe qu'il s'était
endormi. J'en profitais pour bouger un peu, confirmant mes suppositions.
Il n'avait pas parlé, il n'avait émis aucun mouvement.
Il s'était endormi.
Je le fixais et fis glisser un pied hors du matelas, mon rythme cardiaque
s'accéléra, mais j'essayai de garder mon calme.
Putain c'est ma seule chance.
Je devais sortir d'ici, je devais tout dire à la police. Quitte à ce que mon
père y passe.
Je devais connaitre la vérité.
Il fallait que je me tire de là.
Lentement, je fis glisser mon deuxième pied qui toucha le sol froid et
avec ce même rythme, me levai du lit en prenant bien soin de presser mes
mains contre le matelas pour donner l'impression que mon poids était
toujours sur ce dernier.
Doucement, je levai mes mains en espérant qu'il ne remarque pas la
différence. Lui qui était dos à moi et normalement endormi.
Ce que j'espérais.
Sur la pointe des pieds, je regardais autour en cherchant la clé qui avait
verrouillé la porte de la pièce.
Je me rapprochai du meuble face à lit, le miroir fissuré montrait le reflet
de la pièce derrière moi, du lit en grosse partie.
Des tremblements vibraient mes muscles, mais je ne m'arrêtais pas, c'était
ma seule chance de m'en sortir.
Il n'y avait que lui et moi dans la maison, les clés de sa voiture étaient sur
le comptoir près de la cuisine.
Si j'arrivais à trouver les clés de cette chambre, je pouvais l'enfermer à
l'intérieur et me barrer d'ici en prenant sa voiture.
Il faut que je trouve ces foutues clés.
Je relevai la tête vers le miroir en retenant mon souffle, la pression de ces
secondes me rendait terriblement nerveuse.
Je remarquai qu'il n'avait pas bougé
Excellent.
Tout en observant son reflet, une grimace se dessina sur mes lèvres alors
que j'ouvris le premier tiroir.
Pitié faite qu'il meurt pendant son sommeil, pitié...
Je baissai le regard et vis des objets à l'intérieur, notamment des balles et
de la poudre blanche dans un petit sac en plastique, une trousse avec des
crayons noirs et des feuilles gribouillées. Comme un enfant qui avait
dessiné par ennui.
Il y avait aussi une boite d'anxiolytiques, et mon cerveau comprit très
vite.
Kai avait sûrement des troubles anxieux. Ce qui me ramenait à cette fois
au Box où il m'avait calmé avec un glaçon.
Tu n'es pas si différent de moi finalement...
Très vite, mon cœur accéléra son rythme à l'instant où mes yeux se
relevèrent vers le miroir, un pic d'adrénaline me traversa, mais son corps
encore allongé me calma aussitôt.
La pression se ressentait à l'intérieur de mon ventre noué, j'avais hâte de
retrouver les clés.
Et vite.
Je refermai lentement le premier tiroir en gardant mes yeux sur la glace,
je me crispai lorsque je le vis bouger légèrement.
J'ouvris le deuxième tiroir tout en gardant un œil sur Kai qui dormait
encore et après quelques secondes, baissai ma garde pour me concentrer sur
les objets sous mes yeux.
Et mon souffle se rompit lorsque mon regard croisa quelque chose de
familier.
Mon téléphone.
Mes lèvres s'entrouvrirent et doucement, ma main tremblante le tira.
J'essayai de le déverrouiller, mais constatai qu'il était éteint.
Excellent.
Une autre chose m'interpella, c'était une photo...non plusieurs photos.
De moi.
Mon souffle se coupa lorsque je vis le nombre de photos entassées dans
un coin du tiroir, je posais doucement mon téléphone sur le meuble et tirai
les photos en questions.
La première montrait mon université, et en me concentrant dessus, je
pouvais me voir...avec Cody et Rox.
Les larmes me montèrent aux yeux et ma gorge se noua, la seconde
affichait ma maison d'enfance à Hydewood.
Mais ce n'était pas moi sur la photo, c'était Théa.
Elle sortait de la maison.
La troisième, mon appartement à Ewing.
Un frisson de terreur s'empara de mes membres en remarquant ô combien
ils étaient proche de mon bâtiment.
Je sursautai violemment et un hoquet d'effroi s'arracha de ma bouche qui
fut très vite couverte par une main froide.
Le reflet de Kai s'afficha dans le miroir fissuré et taché de sang, son
regard menaçant et la lame de son couteau près de mon cou me fit sangloter
de terreur alors qu'il murmurait :
— Tu n'as pas peur on dirait...
Mon visage se mouilla très vite à cause de mes larmes et je n'émis aucun
mouvement de peur de me faire trancher la gorge.
La lame glacée contre ma peau me rendait faible et terrifiée, l'impression
que mon épiderme allait être coupé en deux me nouait le ventre.
Et j'osais à peine déglutir.
— Je pourrais tellement te tuer, et te voir souffrir, murmura-t-il contre
mon oreille en me regardant dans le miroir, inciser d'une oreille à l'autre
de façon à sectionner la tranchée et la jugulaire...tu t'étoufferas et
perdras ton sang en même temps.
Kai laissa la lame tracer mon cou, de droite à gauche alors que je pleurais
de terreur, son regard noir et effrayant ne l'avait pas quitté et il me
maintenait fermement contre lui.
— Mais ce n'est pas ce que tu voudrais n'est-ce pas, princesse ?
Je secouai lentement la tête et il répliqua :
— Tes mots.
— ...N...non, bégayai-je contre la paume de sa main, je suis...je
suis...désolé...
Mon cœur frôla l'explosion à l'instant ou ses lèvres se posèrent sur ma
tempe et il murmura contre mon crâne :
— Ne me force pas à rapprocher ta mort, Iris.
Un sanglot s'échappait de mes lèvres et je ne répondis rien, Kai n'éloigna
pas son couteau aiguisé de ma peau et je l'implorai du regard, le corps
tremblant comme une feuille en le fixant à travers le miroir.
— Sois une gentille fille pour moi, et ne bouge pas de ce lit. D'accord
?
Doucement, je hochai la tête et il ne bougeait pas, attendant une réponse
de ma part. Puis je soufflai :
— D'accord.
Ses lèvres s'étirèrent doucement dans un petit sourire satisfait et il
termina :
— Bien.
Sans me lâcher, je me sentais lentement tirer en arrière par la force de
Kai. Il me força à m'allonger sur le matelas et me dit :
— Ne fais aucun mouvement.
Son couteau me menaçait encore alors qu'il s'approchait du tiroir près de
son lit et je ne bougeais pas d'un poil, comme une poupée qui venait d'être
posée sur le lit.
« Je cherchais juste ma poupée »
J'étais à sa merci, entièrement à lui.
Et je le confirmais à chaque fois. Je ne faisais pas le poids face à Kai
Lakestone.
Ça me rendait complètement folle de rage.
Sentir que je n'avais ni le contrôle de ma vie ni de mon existence me
donnait envie de lui enfoncer ce couteau dans le cœur et me barrer d'ici.
Mais il m'effrayait plus que n'importe qui, mon corps entier était gelé dès
l'instant où ses yeux traversaient les miens.
Où son regard profond aspirait mon âme.
Mon rythme cardiaque frôlait l'explosion et je me crispai lorsqu'il se mit
à califourchon sur moi, il posa la pointe de sa lame près de mon cou, je la
sentais piquer mon épiderme alors qu'il tira sur un chatterton en l'enroulant
sur mes poignets.
Collant mes mains entre elles.
Ses lèvres se rapprochèrent de mes poignets et il arracha l'adhésif avec
ses dents, un air satisfait de me voir prise au piège.
— Tu es parfaite comme ça, princesse.
Je le fusillai du regard alors que mes larmes de détresse montraient ma
faiblesse face à lui, Kai resta sur moi et ses yeux fixèrent mon visage.
— Tes yeux doivent être magnifiques.
Mon cœur fit un bond face à sa phrase et la sincérité de sa voix, il retira
son couteau de mon cou et le déposa près de mon oreille.
Ses doigts se rapprochèrent de mes cheveux et il retira une mèche de
cheveux près de mon visage, je le sentais se pencher en avant en gardant ses
yeux sur moi.
— Pourquoi tu me forces à te traiter comme ça, alors qu'on peut
s'entendre autrement.
— Je ne veux pas rester ici Kai, murmurai-je en sentant les larmes me
monter aux yeux, je veux rentrer chez moi...
Il fronça les sourcils en examinant mon visage rongé par la détresse et la
colère, puis me répondit :
— C'est dangereux, princesse.
— Ce qui est dangereux c'est toi, et toi uniquement, répondis-je
froidement sans pouvoir m'en empêcher, ce qui est dangereux c'est ce
couteau à côté de moi, c'est l'arme sous ton oreiller, ce qui est
dangereux c'est ton existence dans ma vie.
Il me fixa, ses yeux devinrent vides d'émotions alors que je parlais et il
resta silencieux.
— Je suis prisonnière ici depuis des semaines, j'ai peur...je suis
terrifiée, j'avais une vie avant tout ça, j'avais des amis et des études à
terminer...j'avais un boulot, et une famille. J'avais une vie normale
avant toi.
Il fronça les sourcils et sa mâchoire se contracta, mes larmes et mes
sanglots étaient incontrôlables, j'étais entièrement prise par mes émotions.
Par la rage et la terreur.
— Alors tu vois, le danger je ne le connaissais pas avant toi, et mon
erreur c'était de t'avoir laissé m'embrasser ce soir-là au Box.
— C'est pas de ma faute si ton père n'en a rien à foutre de ta gueule,
tellement que tu as croisé mon chemin, répliqua-t-il d'un ton tranchant.
— Va te faire foutre.
— Tu idéalises tellement ton père que c'est impossible pour toi qu'il
te fasse du mal, alors qu'il t'en fait plus que quiconque sur cette foutue
planète, pourquoi toi et pas Lizzie, Iris ? Parce que tu n'es pas
importante pour lui, et tu auras beau faire tout ce que tu peux pour
l'impressionner, il ne t'accordera de l'importance que lorsqu'il aura
besoin de toi.
Ma gorge se noua et ma colère se déferla dans mes veines, je grinçai des
dents en le fusillant du regard tandis que ses mots tranchaient mon cœur
d'une façon violente.
— Ferme ta gueule, crachai-je la respiration saccadée.
— Et toi comme une pauvre conne, tu attends son message, tu
pleures dans ton coin en espérant qu'il t'accorde autant d'importance
et tu supplies pour le minimum alors qu'il a mis un héritage volé à ton
nom, me rappela Kai d'un ton glacial et colérique, il sait que ça peut te
tuer, mais il l'a fait quand même parce que devine quoi ? Te savoir
morte l'arrangerait plus qu'autre chose.
— Va te faire foutre ! m'exclamai-je rageusement.
— La preuve, tu es avec moi, piégée entre quatre murs. Tu as raison,
je suis dangereux, certains disent que je suis monstrueux, mais crois-
moi, ce n'est pas ce baiser au Box qui t'a attiré jusqu'ici Simones, me dit
Kai en me fusillant du regard, la seule personne à orchestrer ta mort est
celle qui t'a ramené sur terre.
— Mon père ne ferait jamais une chose pareille.
Un petit rire moqueur s'échappa de ses lèvres et ma colère monta encore
plus :
— Tu peux te mentir à toi-même j'en ai rien à foutre, c'est toi qui
souffriras de ce déni, pas moi. Je savais que tu avais ce truc en toi, je
t'ai observé depuis longtemps, je vois comment tu regardes des petites
filles avec leur père, comme tu souris en regardant Théa et Marc. Parce
que tu regardes un de tes rêves se jouer sous tes yeux.
Ma vue s'embua et des sanglots s'arrachèrent violemment de ma bouche,
tous ces mots me faisaient mal, tellement mal.
Toutes ces fois où je voyais Théa et Marc me revinrent en mémoire, ou je
regardais des enfants avec leur père ou même leur mère.
Tout ce que je n'avais pas.
— Si tu n'aimes le surnom « princesse », pourquoi tu surnommes
toutes les petites filles que tu croises de cette façon ?
— Tais-toi...
— Simplement parce que la petite fille à l'intérieur de toi rêverait
que ses parents l'appellent comme ça, termina Kai sans prendre en
considération ce que j'avais dit.
Mes larmes s'accumulaient et devinrent de plus en plus nombreuses alors
que je sanglotais comme une folle, je sentais ses mots transpercer mon cœur
et mon âme.
Me forçant à admettre l'affreuse réalité que je maquillais avec le déni.
Cette sensation d'être mise à nue et vulnérable face à Kai Lakestone.
Comme s'il me connaissait autant que je me connaissais, lui qui avait
silencieusement observé ma vie pendant des mois.
À cause de mon propre père.
— Ton père t'a laissé tomber et tu le cherches partout, tu aimerais te
faire à l'idée qu'il est occupé alors que tu sais qu'il trouverait tout le
temps du monde pour ta demi-sœur, tu pourrais tout faire pour lui,
mais ça ne sera jamais assez, tu n'en vaudras rien à ses yeux-
— ARRÊTE DE PARLER ! hurlai-je en pleurant.
— IL EN A RIEN À FOUTRE DE TOI QUE TU LE VEUILLES OU
NON IRIS, TON PÈRE T'A ATTIRÉ DANS MON MONDE, hurla-t-il à
son tour, IL T'A POUSSÉ A CROISER LE CHEMIN DU MEC LE
MOINS HUMAIN SUR CETTE PLANÈTE ET TU PENSES QUE
C'EST DE MA FAUTE ?!
Je pleurais à chaudes larmes, mes émotions étaient incontrôlables et je
me sentais peu à peu noyé par ma peine et ma détresse.
— Ce n'est pas moi qui t'ai gâché la vie, si ce n'était pas ton père je
ne me serais jamais intéressé à une fille de ton genre, je t'aurais tué
pour du fric sans aucune hésitation, cracha Kai en prenant mon visage en
coupe avant de terminer en me regarder droit dans les yeux, et si tu
regrettes de m'avoir embrassé, sache que je regrette moi aussi.
°°°°
Plusieurs heures plus tard.
Je regardais le plafond, l'esprit à la fois rempli et complètement vide.
Mes larmes avaient cessé, peut-être parce que j'en avais plus.
Les mots de Kai me heurtaient encore, se cognaient contre la paroi de
mon crâne et tournaient violemment dans ma tête.
Ce dernier dormait, après notre violente dispute, il avait fumé plusieurs
clopes et ne m'avait plus parlé.
« Et si tu regrettes de m'avoir embrassé, sache que je regrette moi
aussi. »
C'est pour ça que tu dévores mes lèvres des yeux, imbécile.
J'étais en colère contre lui, contre ce qu'il m'avait dit. Il n'avait aucun
droit de se mêler de ma vie privée et de ma relation avec mon père.
Je le déteste.
La rage me picotait la peau, l'envie de le trucider se faisait sentir depuis
tout à l'heure. Encore plus lorsque je sentais que mes mains étaient encore
attachées entre elles.
Pendant que monsieur lui, dormait comme un gosse à côté de moi.
Allongée sur le ventre, son visage pâle partiellement couvert avec ses
cheveux ébène, sa joue contre son oreiller était légèrement remontée et sa
bouche entrouverte lui donnait vraiment l'air d'un enfant qui faisait sa sieste.
Son corps imposant par contre, trahissait très vite son visage plus doux
grâce au sommeil.
Un bruit se fit entendre à l'extérieur de la chambre, me forçant à tourner
la tête vers la porte verrouillée, et des voix qui ressemblaient à celles de
Jacob et Vernon emplirent le silence de cette maison.
Le corps de Kai bougea, ma tête pivota en sa direction et son regard
croisa le mien.
Il s'était réveillé.
Sa bouche entre ouverte se referma rapidement et il ferma les yeux puis
pressa son visage contre l'oreiller, un grognement s'étouffa contre le coussin
lorsque Jacob dit derrière la porte :
— Kai, rassure-moi, ta chérie est toi là, hein ?
Il ne répondit rien et s'étirait lentement, faisant contracter les muscles de
son dos et de ses épaules larges.
— Kai ?
— Elle est avec moi, marmonna-t-il d'une voix profonde et endormie.
— J'ai plus besoin de ta surveillance, grognai-je en lui lançant un
regard noir.
— Ferme-là, cracha Kai la tête encore enfoncée dans son oreiller.
— Va te faire foutre.
— Je vais te foutre une balle dans la bouche ça t'évitera de l'ouvrir
pour rien, me menaça-t-il d'un ton froid.
Il se redressa et me fusilla du regard, un regard que je lui rendis sans
gêne, je le vis se lever à moitié et s'approcher de moi. Je ne bougeais pas
puis sentis ses doigts emprisonner mes poignets.
Kai déroulait l'adhésif d'une façon agressive et je grimaçai en le sentant
se rapprocher de ma peau, d'un coup sec il tira sur le bout collé contre ma
peau et j'émis un gémissement de douleur en l'assassinant du regard.
— Je t'ai fait mal, princesse ? M'interrogea-t-il d'un ton sournois.
Je me défis de son étreinte et me relevai de ce lit sur lequel j'étais depuis
trop longtemps, avec cette personne qui me donnait des pensées
meurtrières.
Kai glissa sa main dans ses cheveux ébouriffés et les rejeta en arrière,
quelques mèches retombèrent sur son front alors qu'il s'approchait du tiroir
que j'avais ouvert avant de me retrouver piégée.
— Ta copine est très bavarde, me dit-il en prenant mon téléphone.
Je le fusillai du regard et il continua :
— Comment vous faites pour rassurer l'autre déjà ? Ah oui...une
couleur pour un chiffre.
— J'ai une folle envie de t'étrangler histoire que tu la fermes un peu,
crachai-je en serrant les poings.
Une lueur éclaircit ses iris bleues et il étira ses lèvres en répliquant :
— Je suis tout à toi, si c'est ce que tu veux princesse.
Sa connotation sexuelle me fit serrer les dents et il me nargua en allumant
mon téléphone, mon cœur battait à la chamade en le regardant pianoter
quelque chose dessus.
Et l'idée folle de lui arracher des mains me traversa l'esprit.
Mais j'avais fait trop de merde aujourd'hui, je pouvais me faire tuer trop
rapidement si je continuais.
— Elle dit que tu lui manques, me dit Kai avec un petit sourire au coin.
— Dis-lui que j'ai hâte de crever pour ne plus jamais voir ta gueule,
répondis-je en croisant les bras.
Il releva la tête en ma direction et répliqua :
— Ça peut s'arranger-
— Kai ! T'es encore mort ?
Je me tournai vers la porte et Kai fit de même puis lui répondit
simplement :
— Non, prépare-moi les plans du manoir de Kwingt, on y va ce soir.
Je me retournai vers Kai en arquant un sourcil, comment ça « on » ?
°°°°
Une heure plus tard.
— Alors c'est ça ton idée de génie pour que je trouve ce fric à Mason
? M'emmener tuer des gens et voler des maisons ? L'interrogeai-je en
sentant mon cœur sortir de ma cage thoracique alors que mes yeux fixaient
ce manoir.
— Ça reste un moyen oui, tu peux toujours implorer ton parfait petit
papa-
Je soufflai d'agacement en le coupant et il émit un petit gloussement
moqueur, nous étions dans sa voiture en train d'attendre que les lumières
s'éteignent, ce qui signifierait que les propriétaires dormaient ou comptaient
le faire.
— Estime-toi heureuse que j'ai trouvé un truc pour que tu puisses
t'en sortir, souffla Kai en fumant sa cigarette, et que je t'aide à le faire.
— Woah, tu es mon héros, Kai, marmonnai-je sarcastiquement.
Il étira ses lèvres en tirant une latte de sa clope et me lança un regard
avant de cracher la fumée de ses poumons.
Je croisai les bras, l'odeur de la cigarette me donnait envie et j'entrouvris
la bouche. Puis il me tendit une clope en murmurant :
— Je n'aime pas partager mes clopes, ne t'habitue pas.
Je pris la clope entre ses doigts et il me tendit son briquet, j'inspirai la
première bouffée de nicotine et fermai les yeux
Putain je suis en train de faire un cauchemar c'est pas possible.
Le regard de Kai se fit sentir sur moi, je savais qu'il me regardait cracher
la fumée de ma clope et mes yeux s'ouvrirent en sa direction.
— Tu veux ma photo pour la rajouter à ta collection peut-être ?
Il émit un petit rire dans un souffle et tira une deuxième clope avant de
me prendre le briquet des mains.
— Je ne dirais pas non.
Je levai les yeux au ciel et secouai la tête, mes mains tremblaient
nerveusement. Je m'apprêtai à cambrioler un manoir.
Du moins, c'était ce que je me disais.
Le téléphone de Kai se mit à vibrer dans sa poche et il le tira, il
emprisonna sa clope entre ses lèvres qui s'étirèrent dans un petit sourire et
répondit :
— Je te manque déjà, Scott ?
Au même moment, les lumières du manoir s'éteignirent et mon cœur
frôla l'explosion. C'était le moment.
_____________
Hey !
Cette semaine a été la plus difficile de cette année, j'ai perdu ma grand-
mère et j'ai quitté mon taff (oui omg ça par contre c'est trop bien) but still,
merci pour votre patience.
Anywayyyyyyy HI SCOTT I MISSED YOU LOVE ! HOW ARE YOU
BESTIE ?
Maintenant que j'ai quitté mon taff je peux écrire beaucoup plus de
chapitres omg i cant wait for this.
(Au passage si y a moyen que je devienne riche grâce à mes bouquins je

❤️
ne dirai pas non, les ME venez on discute Sah.)
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : Sarahrivens
21. Lampe torche

Iris
— Figure-toi que je ne suis pas aussi loin, informa Kai son
interlocuteur du nom de « Scott », ne compte pas sur moi...oh tu sais que
ça m'intéresse...je verrais...Ewing, c'est une petite ville au New
Jersey...je l'attendrais.
Il raccrocha et se tourna vers moi, son petit sourire ne l'avait pas quitté
puis il déclara :
— Ils sont partis dormir.
Je déglutis et hochai la tête, mon rythme cardiaque s'accéléra et plus les
secondes passaient, plus la boule à l'intérieur de mon ventre grandissait.
Oh putain.
On va braquer un manoir.
— Je ne veux pas y aller, lui confiai-je en grimaçant.
— Tu as une préférence pour la couleur de ton cercueil ? m'interrogea
Kai d'un ton neutre, non parce que c'est ce qui t'attend si tu ne trouves
pas ce fric.
— Et merde, comment vous pouvez dire que mon père a volé ce fric,
est-ce t'as une preuve ?
Il émit un petit rire moqueur et sa main se rapprocha de la boite à gant,
son bras touchait mon genou alors qu'il fouillait à l'intérieur, je vis un
pistolet et une nouvelle grimace se dessina sur mes lèvres.
Je pense que je ne m'habituerai jamais à ça.
— Tu veux une preuve ? Je te donne même sa signature.
Il laissa une feuille, sur mes cuisses et mes yeux commencèrent à lire les
lignes sur cette dernière. Mes lèvres s'entrouvrirent lorsque je lisais les
phrases.
« Je soussigné, Evan Simones, lègue cet héritage à ma fille, Iris
Simones...d'une valeur de 77 000 000 dollars... »
Ma vue s'embua lorsque je vis sa signature, c'était bien celle de mon père.
Il avait écrit ce...testament. Ce faux testament juste pour couvrir ses
arrières.
Cette lettre...il avait écrit chaque mot.
La réalité venait de me donner une énorme gifle, et ma gorge se noua.
J'étais réellement en train de payer pour les conneries de mon père.
J'étais en train de payer ses dettes, pendant que lui avait écrit cette lettre
sans remords.
Il m'avait mis en danger, ma tête était apparemment mise à prix à cause
de lui et il m'avait collé ses dettes sur le dos.
Dans le seul but de s'enrichir.
— Ton père pensait que Mason n'allait rien faire pour reprendre son
fric, commença la voix de Kai, il l'a mis à ton nom pour ne pas le perdre,
et pour ne pas qu'on le retrouve à son nom. Le mettre au nom de ta
petite demi-sœur était dangereux, personne ne se doutait qu'il avait une
autre fille, et pourtant.
— Il l'a mis à mon nom parce qu'il sait que personne n'allait se
douter de mon existence, soufflai-je en relisant la lettre.
— Exactement, princesse. Tu es comme une protection, mais ce qui
m'étonne le plus c'est que la banque ne t'a rien envoyé, murmura-t-il à
son tour, il possède une partie dans un compte en banque à ton nom.
Mais je n'avais rien trouvé.
— C'est un compte épargne, répliquai-je en hochant la tête, c'est le seul
compte que j'ai qui est encore accessible par mon père, c'est là-bas où il
me reversait l'argent de la pension. Mais je ne l'utilise jamais, parce
qu'il est souvent vide.
Mon père utilisait ma pension pour ses achats personnels, alors c'était
comme si je n'avais rien. Souvent lorsque je voulais retirer un peu d'argent,
je trouvais le compte presque vide.
Alors je l'avais laissé à l'abandon.
— Il les a sûrement déposés et retirés, supposa Kai en détachant sa
ceinture, il pourrait te faire porter le chapeau étant donné que le
compte est à ton nom. Mais tu n'as jamais reçu de mail ? Ou de lettre ?
Je secouai la tête.
— Mon père a beaucoup de contact, et parmi eux, celui des PDG des
banques. Alors c'est facile pour lui de détourner du fric s'il le veut.
Depuis toujours, mon père avait des contacts qui ne jouaient qu'en sa
faveur, il avait un excellent avocat et plein de connaissances avec qui il
entretenait de bonnes relations.
À mon plus grand malheur.
Mon père était connu, surtout dans le monde des affaires.
C'était très facile de se trouver un poste dans la ville où il était, il fallait
seulement évoquer son nom.
Et j'étais sa fille.
— Tu sors ?
Je regardais le manoir, la rage en moi à cause de mon père.
À cause de lui, j'étais loin de ma vie, en train de trouver un moyen pour
payer ses dettes.
Ma mâchoire se contracta, moi qui n'avait rien demandé de plus que son
attention.
J'étais en train de payer pour lui.
Encore.
— Oui.
Je détachai ma ceinture et ouvris la portière sous le regard de Kai, ce
dernier quitta la voiture et me fixait.
— Quoi ? Le questionnai-je froidement.
— La colère te rend affreusement sexy, princesse.
Mon cœur palpita et un frisson s'empara de mes membres, je lui affichais
mon majeur et il émit un petit sourire au coin avant de verrouiller le
véhicule.
— Tu es déterminé à ce que je vois, me dit-il en voyant que je fonçais
tout droit vers cette immense maison.
— Déterminé à trouver ce fric et ne plus jamais entendre parler de
toi, c'est le cas oui.
Le froid me faisait claquer des dents alors qu'on s'avançait vers le manoir,
je vis au loin des barreaux qui protégeaient la propriété privée.
Elle est vraiment immense.
Il y avait un comme un lecteur d'empreinte près du portail et je grimaçai
en regardant les caméras de surveillances à quelques mètres plus loin.
— Comment on va faire ? l'interrogeai-je en pointant du doigt le portail
en fer plus loin, tu vas faire le Spider-Man et monter sur le mur ?
— T'es vraiment bête ma parole, soupira-t-il d'un ton exaspéré.
Je fronçai les sourcils en le suivant, il contournait la maison en silence et
j'emboitai le pas.
Je voyais qu'il gardait toujours une distance entre nous et les murs qui
protégeaient la propriété.
C'est l'expérience de monsieur le mercenaire qui parle.
— Je vais t'enterrer ici si tu l'ouvres encore pour la même chose, me
menaça Kai en se tournant vers moi, il n'y a que deux caméras qui
fonctionnent, et elles sont au portail principal. C'est des modèles avec
visions nocturnes seulement, elles enregistrent par heure alors...si on
arrive à couper le courant avant qu'une heure passe...
J'écarquillai les yeux en le regardant sa montrer puis le poteau électrique
plus loin.
— Mais t'as complètement pété les plombs ! m'étranglai-je en
l'imaginant monter couper les fils, personne ne va monter en haut !
— Oh tais-toi un peu...
Il ne me laissa pas le temps de répliquer que je le vis s'éloigner du mur, le
regard droit devant lui.
Il n'allait quand même pas sauter ?
— Ouais, ça peut le faire, dit-il en se parlant à haute voix, viens.
Il s'approcha du mur et je m'approchai de lui, un sourcil arqué et le regard
interrogateur.
— Quoi ?
— Je vais te porter, et tu vas escalader le mur, me dit-il simplement,
tu m'attendras de l'aut-
— Mais jamais t'es complètement taré !
Un hoquet de surprise s'arracha brutalement de ma bouche en sentant
mon corps s'éloigner du sol, mes mains tapaient ses épaules et il grogna en
me menaçant :
— Je vais t'arracher les membres et les balancer de l'autre côté Iris,
me cherche pas.
— Je ne veux pas monter sur le mur, m'étranglai-je complètement
paniquée.
— T'as pas le choix, maintiens tes mains sur le sommet, me dit-il en
relevant la tête vers moi, aller putain l'heure va passer et on va se faire
repérer !
Nos murmures étaient à peine audibles, mais le silence ne protégeait pas
nos voix, même fines.
Après quelques secondes, mes mains s'accrochèrent au rebord et mon
souffle devint court, je le sentais me relâcher un peu et me força à escalader
le mur.
Putain je n'aurais pas dû faire une dispense de sport.
J'arrivais enfin à escalader le mur, le corps tremblant de peur et de
fatigue. Je grimaçai en regardant la hauteur et entendit la voix de Kai me
dire doucement :
— Ne saute pas encore, attends.
Je reprenais mon souffle peu à peu, et en quelques secondes, le corps de
Kai me rejoignait sur le haut du mur, je grimaçai et dis :
— On dirait que t'as fait ça toute ta vie.
Il esquissait un petit sourire au coin et répondit :
— Une grosse partie oui, attends-moi là.
Je le vis sauter de l'autre côté et mon cœur palpita, nous étions en train de
nous introduire par effraction chez des inconnus.
Je déglutis en le regardant se redresser en bas, Kai releva sa tête et passa
sa main sur ses cheveux qui lui tombaient sur les yeux avant de murmurer :
— Saute.
— Je vais me casser un truc, lui dis-je en secouant la tête.
— Je vais te rattraper.
— Je n'ai aucune confiance en toi, lui rappelai-je en m'asseyant sur le
rebord.
Sa mâchoire se contracta et ses sourcils se froncèrent d'agacement, je
grimaçais puis m'avouai vaincu en disant :
— T'as intérêt à me rattraper, enfoiré.
— Je t'ai entendu, cracha-t-il en me fusillant du regard.
— C'est le but.
Et je me laissai tomber en retenant mon souffle.
Mais très vite, ses deux bras m'encerclèrent et me maintenaient
fermement contre son torse, mes mains s'enroulèrent autour des siens dans
l'espoir de garder l'équilibre.
Mon regard croisa le sien et ses pupilles aspirèrent mon âme d'une façon
presque interdite. L'emprise qu'il avait sur moi venait de faire ralentir les
secondes qui s'écoulaient.
Ralentir la réalité qui nous entourait.
— Je t'ai dit que j'allais te rattraper, me dit-il sans me lâcher du
regard.
Je hochai la tête timidement et me défis rapidement de son étreinte à
l'instant où je sentis mes battements de cœur s'accélérer au son de sa voix.
M'interdisant ce genre d'attraction pour cet homme qui me retenait
prisonnière.
Une attraction que j'éprouvais depuis que mon regard avait croisé le sien
des mois plus tôt.
— Viens.
Il s'avança et je le suivais en silence, encore tremblante à cause de ce
qu'on faisait. L'adrénaline et la peur faisaient crisper mes membres et geler
mes veines d'une manière terrifiante.
Je voyais Kai, à mon contraire, faire comme si de rien n'était.
Il n'avait même pas l'air préoccupé.
Je vis une porte et grimaçais, puis mes yeux s'écarquillèrent en le voyant
tirer quelque chose de sa poche.
Une clé ?
Mes lèvres s'entrouvrirent et il se tourna vers moi, l'air interrogateur. Puis
murmura :
— Tu penses vraiment que j'allais me faire à chier à entrer par la
fenêtre ?
— Comment...comment tu...
Il leva les yeux au ciel et inséra la clé dans la serrure en me répondant :
— J'ai juste demandé à Jacob de me faire la copie, rien
d'exceptionnel.
Kai tourna la clé et nous entendîmes un petit « click », il retira la clé et la
rangea à l'intérieur de sa poche avant d'ouvrir la porte doucement.
La faisant légèrement grincer, et accélérant alors mon rythme cardiaque.
J'accourus vers lui et me collai contre son dos, il esquissa un petit sourire
moqueur et secoua la tête d'exaspération.
Nous entrâmes à l'intérieur de la maison silencieuse et je déglutis, des
sueurs froides perlaient sur mon front et je tremblais comme une dingue.
Mon cerveau se mettait à me hurler qu'on allait se faire repérer, et je
sentais que j'allais m'évanouir à tout moment.
Putain je suis en train de braquer une maison.
Instinctivement, je me collai encore plus conte son dos et ma main tint le
bas de sa veste.
Il me regardait par-dessus son épaule et murmura :
— Ta peur est ridicule.
— Ton idée l'est tout autant, crachai-je dans un murmure en le fusillant
du regard.
Son regard s'abaissa sur ma main qui tenait fermement le bas de sa veste
et il détourna le regard après quelques secondes puis s'avança à l'intérieur
des couloirs sombres.
Comme s'il connaissait l'endroit.
Il ouvrit une porte et je grimaçais lorsqu'il alluma le flash de son
téléphone. Cette porte donnait sur des escaliers, et c'était sûrement pour
aller au sous-sol.
Les sous-sols dans les manoirs sont souvent louches rappelle toi de
American Horror Story.
Chut.
— Tu es déjà venu ici ? chuchotai-je en marchant sur la pointe des
pieds.
Un frisson s'empara de mes membres lorsqu'il me dit :
— Non, j'ai juste appris les plans. Tu pensais que j'allais m'amuser à
faire des urbex avec toi ? Certainement pas.
— Tu pouvais arrêter ta réponse à « J'ai juste appris les plans »,
grognai-je en le laissant me tirer avec lui à l'intérieur de ce sous-sol.
— C'était beaucoup trop tentant, répondit Kai en descendant les
escaliers, et je suis si faible, princesse.
Il émit un petit sourire narquois et je levai les yeux au ciel, le flash de son
téléphone nous permettait d'avoir une vue potable, je le vis s'approcher de
quelque chose ressemblant étrangement à un compteur électrique.
Non, ça l'était.
Et je comprenais qu'il avait réellement coupé le courant.
Il y avait un autre boitier avec des fils électriques, il ouvrit les deux et
commençait à les examiner en silence.
Kai fronçait légèrement les sourcils, puis après quelques minutes, tira son
couteau et entreprit de couper quelques fils.
Je grimaçais, mon cœur allait bientôt quitter ma cage thoracique, je
sentais que mes mains étaient moites et la peur provoquait en moi des
tremblements qui ne s'étaient pas calmés depuis mon arrivée ici.
— Surveille les machines ici, regarde si elles s'éteignent, murmura-t-il
en pointant du doigt deux machines qui faisaient un bruit sourd.
J'entendis plusieurs « click » en même temps qu'il appuyait sur les
boutons du compteur et après quelques secondes, le silence terrifiant du
couloir plus haut arriva à sous-sol.
La maison était plongée dans le noir complet.
Sans sécurité.
Le flash de son téléphone m'avait permis de voir son sourire au coin, fier
de ce qu'il venait faire.
— On dirait bien qu'on peut s'amuser un peu maintenant...
Il se tourna vers moi et ma grimace ne m'avait pas quitté, je lui demandai
doucement :
— Et s'ils se rendaient compte ?
— Comment ?
— Je sais pas, haussai-je les épaules en le suivant, imagine si l'un d'eux
se réveille ?
Il claqua sa langue contre son palais en signe d'agacement et je demeurais
muette, de toute façon on allait faire comme il le sentait.
Au pire, la police va nous retrouver et je serais sauvé.
Kai referma la porte aussi doucement qu'il l'avait ouverte et je restai
collée contre lui, incapable d'être à l'aise avec ce qu'on s'apprêtait à faire.
— On va récupérer deux choses, la première se trouve dans le
bureau à l'étage, m'informa-t-il en partant vers les escaliers, et la
deuxième dans la chambre principale.
Mon cœur tomba près de mes pieds lorsqu'il termina sa phrase.
Chambre ?
— Traduction ? L'interrogeai-je en écarquillant les yeux.
— Nella stanza principale, murmura-t-il naturellement avec un accent
italien.
Mes yeux s'écarquillèrent davantage et il émit un petit sourire moqueur
en montant les marches.
Il était italien ?
— Et ça veut dire quoi ?
— Dans la chambre principale, répéta-t-il alors que j'essayais de garder
fermement ma main contre sa veste en cuir.
Nous nous engouffrâmes à l'intérieur du deuxième étage aussi silencieux
que l'intégralité de la maison, l'obscurité me rendait encore plus nerveuse.
Je voyais à peine où je marchais, mais heureusement que Kai lui, savait
où on allait.
Au fond d'un des couloirs que nous avions empruntés se trouvaient des
pièces fermées, puis nous arrivâmes face à une porte.
C'était la première pièce qu'on devait cambrioler.
La respiration saccadée et le corps crispé, je me collais comme un animal
apeuré contre le dos de Kai en regardant autour de moi.
Mon cerveau et mon corps entier en alerte, l'impression que l'un des deux
propriétaires allait nous voir à tout moment.
Je me figeais lorsque Kai ouvrit la porte, la faisant légèrement grincer au
passage.
— Mais qu'est-ce que tu fais putain ! M'étranglai-je d'un ton paniqué.
— J'ouvre une porte ? répondit-il comme si c'était évident, rentre tu
vas faire un arrêt si ça continue.
Il entra et je me laissais tirer avec lui à l'intérieur, et ma main s'éloigna
finalement de sa veste.
Je sentais son corps derrière le mien tandis qu'il poussait la porte sans la
fermer.
La fenêtre face à nous était la seule chose qui faisait entrer un peu de
lumière, montrant alors la nature de la pièce dans laquelle nous étions.
C'était un bureau assez grand, contenant une table de bureau en bois et
une grande chaise en cuir paraissant ridiculement cher.
Des étagères contre le mur, installées de manière minimaliste et
contenant des petites sculptures et trophées.
Mon corps se raidit en sentant le torse de Kai très près de mon dos puis
sa voix profonde me dit d'un ton bas :
— Tu vois le stylo à l'intérieur de la bibliothèque ? Ce truc coûte 700
000 dollars, princesse.
— Ils vont remarquer qu'il a disparu champion, t'es bête.
Il claqua sa langue contre son palais et je tournai la tête sur le côté, le
regardant par-dessus son épaule.
Puis je le vis prendre des gants de sa poche, je fronçai les sourcils et le
regarder enfiler ces gants avant de tirer autre chose de sa veste.
Mon cœur s'arrêta presque lorsque je vis une copie identique du stylo,
enfermé à l'intérieur d'un sachet hermétique.
— Ça, c'est la copie conforme...qui coûte 100 dollars, à peine.
Il s'avança d'un pas assuré vers la vitrine et ouvrit la petite porte
tranquillement, je le vis faire entrer sa main doucement, concentré à la
tache.
Tandis que je retenais mon souffle.
La peur jouait avec mes pensées, je n'arrivais pas à rester calme, la
panique me figeait.
Comme si j'avais peur de respirer et de réveiller les propriétaires qui ne
se doutaient pas encore de ce qui se passait.
Kai se tourna vers moi et me dit d'un ton moqueur :
— Je peux entendre ton cœur battre d'ici, je ne sais pas si c'est à
cause de moi ou du fait qu'on soit chez des gens, mais...je penche pour
la première raison.
— On est en train de voler, lui rappelai-je comme s'il ne le savait pas.
— Oh arrête un peu, c'était soit ça soit tuer un mec, c'est soft un
cambriolage.
Je le vis s'approcher de moi et termina :
— En plus, c'est moi qui fait le travail, toi tout ce que tu fais c'est me
coller et avoir peur.
Je le fusillais du regard, mais il m'ignora et ouvrit la porte en me cédant
le passage.
— Toi vas-y en premier.
Il se pinça l'arête du nez et je croisai les bras, bien décidé à ne pas sortir
d'ici en premier.
— Tiens ma veste. Et reste derrière moi.
Il ne fallait pas plus d'une seconde pour que j'obéisse et Kai sorti du
bureau.
Mes yeux cherchaient du regard une silhouette humaine autour de nous,
mais heureusement.
Il n'y avait personne.
Un miracle.
Kai restait loin des endroits lumineux, se faufilant entre les couloirs et
restant près du mur comme si nous n'étions que l'ombre de nous-mêmes.
Puis après quelques minutes, je sentais mon rythme cardiaque s'accélérer
dès l'instant où il se mit face à une porte.
— Nella stanza principale...
C'était la fameuse chambre principale.
Lentement, Kai commença à ouvrir la porte et instinctivement, sans
même avoir réfléchi.
Ma main quitta le bas de sa veste pour se glisser rapidement contre la
sienne.
Il se crispa violemment.
Et je fis de même.
Mais lorsque je tentai de me défaire de sa main, mon souffle se rompit
lorsque ses doigts bloquèrent mon geste, retenant ma main contre la sienne.
Et je défaillis.
Kai ouvrit la porte et je retenais mon souffle, mes yeux s'écarquillèrent
lorsque je vis le couple dormir au fond de l'immense chambre.
C'était une gigantesque pièce avec des fenêtres partiellement cachées par
des rideaux, il y avait un petit salon à quelques mètres plus loin, avec une
cheminée et une télévision éteinte.
Kai me tira avec lui à l'intérieur et referma doucement la porte.
Je sentais mes poumons se comprimer tant la pression pesait lourd à
l'intérieur de mon corps, le stress tordait mes entrailles et l'envie de me
cacher loin d'ici me faisait trembler de hâte.
Je marchais à la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit, mais lorsque
je voyais la manière dont Kai s'avançait à l'intérieur de la pièce.
Je déglutis.
Ses pas étaient silencieux alors qu'il ne faisait pas d'effort pour, sachant
parfaitement à quel moment il devait lever son pied et la pression qu'il
devait exercer sur le sol.
Mon cœur tomba près de mes pieds à l'instant où l'un des deux
propriétaires se tourna sur le côté, je grimaçais en retenant mon souffle.
Mais il dormait profondément.
Kai n'y prêtait même pas attention et continua son chemin, regardant
autour de lui, comme s'il cherchait quelque chose en particulier.
Il ouvrit un des tiroirs de la coiffeuse, et l'examina du regard avant de le
refermer. Je le vis ouvrir un deuxième, puis enfin le dernier.
Kai se tourna vers moi, inspectant mon visage avant de détourner le
regard vers le troisième tiroir rempli de vieilles boites.
Il en tira quelques-unes qui étaient vides et finalement, piocha une autre.
Contenant une petite clé.
Non, deux petites clés.
L'une d'elles était plus petite que l'autre.
— Bingo.
Sa main enveloppée encore autour de la mienne me tira doucement avec
lui, j'étais à ça de m'encastrer contre son dos alors qu'il se mit face à une
autre porte.
Mon nez enfoncé contre son dos venait de se faire prendre d'assaut par
son odeur masculine, mes yeux fixaient les deux propriétaires
profondément endormis et j'entendais un minuscule « click ».
Kai ouvrit cette porte et me fit entrer avec lui.
Il alluma son flash et murmura :
— La deuxième chose...
Kai dirigea son téléphone face à nous et je compris que nous étions à
l'intérieur d'un grand dressing, mon regard tomba sur le meuble en verre qui
contenait une vingtaine de bijoux.
Tous aussi brillants les uns que les autres.
— Cette Rolex vaut 2 millions de dollars, me dit-il en pointant du doigt
la montre, il l'a gagné aux enchères, et ce collier...
Kai me tira avec lui près du meuble en continuant doucement :
— Ce collier vaut à lui tout seul, 3,80 millions de dollars.
Je déglutis face à ces sommes astronomiques, et Kai fit exactement la
même chose que tout à l'heure.
Tirant deux modèles identiques enfermé dans un sachet hermétique de sa
poche.
— Cette montre m'a value peut-être 10 000 dollars, m'informa-t-il en
déverrouillant la petite ouverture du meuble, mais ils ne verront même pas
la différence.
Je le regardais faire.
Remarquant qu'il n'avait pas enlevé sa main de la mienne tout le long.
Préférant le faire avec une seule main.
Les minutes s'écoulèrent comme des heures alors qu'il remplaçait les
vrais par les faux.
Mon regard se tournait chaque seconde vers la porte encore fermée,
espérant que jamais elle ne s'ouvrirait.
Putain je vais me pisser dessus.
— Arrête de trembler ça me déconcentre, me dit-il sans lâcher ma
main.
Il redéposa les bijoux à leur place et cacha les vrais dans sa poche, puis
referma la petite ouverture.
Et je venais de sentir mon cœur s'écraser au sol lorsque des voix se firent
entendre à l'extérieur de la pièce.
Je me raidis et Kai se tourna vers moi, sa main se pressa davantage contre
la mienne et il me tira contre lui en murmurant d'une voix à peine audible :
— Surtout, ne dis rien.
Lentement, je hochai la tête et le laissa me guider. La panique monta en
moi lorsque je le vis s'avancer vers la porte.
— À quoi tu joues ?! chuchotai-je en sentant mon cœur frôler
l'explosion.
Il me fusilla du regard et je grimaçais de douleur lorsque sa main serra la
mienne, me forçant à fermer ma bouche.
Et au même moment, nous entendîmes des pas se rapprocher du dressing.
Et mon cœur faillit lâcher.
— Les placards.
Il murmura cette phrase en tira rapidement la porte un des placards avant
de me tirer avec lui à l'intérieur.
Kai referma de justesse la porte coulissante du placard, laissant une toute
petite ouverture pour voir.
Son corps collé derrière le mien, ma respiration saccadée ne pouvait pas
se calmer.
L'impression que nous étions foutu et en danger.
Nous entendîmes la porte s'ouvrir et mon cœur s'arrêta. Le bras de Kai
s'enroula autour de ma taille et me pressa davantage contre lui, m'éloignant
de la porte du placard.
— Je suis sûr d'avoir laissé lampe torche ici, fit une voix féminine.
J'entrouvris la bouche, c'était une vielle dame.
— T'as pas honte de voler des vieux, murmurai-je en sentant ma gorge
devenir sèche et mes tremblements s'intensifièrent.
Il ne me répondit rien, restant aussi silencieux et inerte que les vêtements
à l'intérieur de ce placard.
Je sentais que la vielle dame tournait à l'intérieur de la pièce, cherchant
désespérément sa lampe torche.
J'étais à deux doigts de sortir et de chercher avec elle.
Y a pas à être aussi conne.
Tais-toi un peu.
Mon corps contre celui de Kai, mon dos collé contre son torse qui n'était
pas aussi agité que le mien, je grimaçais lorsque je l'entendais tirer les
autres portes coulissantes des placards plus loin.
Je me crispai en sentant le bras de Kai se dérouler de ma taille puis, sa
main se posa sur ma hanche et il me décala légèrement sur le côté en
murmurant :
— Je n'arrivais pas à rester concentré.
Mes joues chauffèrent rapidement en comprenant très vite pourquoi il
était déconcentré et je restai muette, ce n'était vraiment pas le moment.
Je retenais mon souffle court, priant tous les Dieux pour que cette vielle
n'arrive pas à nous puis après quelques minutes sa silhouette se fit voir près
de notre placard.
Mon cœur flancha et je sentais pour la toute première fois.
Le torse de Kai qui s'agitait, sa respiration commença à se saccader.
Tout autant que la mienne.
Kai tira les vêtements accrochés aux cintres afin de nous cacher et après
quelques secondes à peine, j'entendis la porte coulissante s'ouvrir.
Et mon souffle se coupa, mon corps se crispa et mon cœur s'arrêta.
Putain de merde.
— Elle est là, fit la voix lointaine d'un homme au même moment
— Tu l'as trouvé ? demanda la voix de cette vielle femme en refermant
la porte.
— Oui, je vais voir le compteur.
— C'est sûrement les souris, je t'avais dit d'appeler une compagnie
pour s'occuper de ça ! s'exclama-t-il d'une voix fine en s'éloignant de la
pièce.
Comme si une pression venait de s'ôter de ma cage thoracique
comprimée, je commençais à avoir le tournis à cause de l'enchaînement des
évènements et du stress qui m'abritait.
J'étais essoufflé, l'impression que mon corps pesait une tonne.
Ma tête se jeta en arrière, s'appuyant sur la clavicule de Kai.
Ma bouche entrouverte à cause du manque d'oxygène, je tirais les
vêtements sur le côté pour pouvoir respirer mieux.
— Tu peux revenir à ta position de départ si tu veux, Simones,
murmura Kai.
— C'est vraiment pas le moment, Lakestone.
Il émit un léger rire dans un souffle avant de murmurer au creux de mon
oreille :
— Justement.
Parce que ce n'était pas le moment, que ça l'était.
Je vois qu'il aime bien les espaces publics lui.
— Maintenant princesse, on va attendre sagement qu'ils se
rendorment et nous tirer de là.
°°°°
Deux heures plus tard.
— Ça me rappelle mes toutes premières fois où je braquais des
maisons, me dit Jacob d'un air nostalgique.
Je mangeais le Happy Meal que m'avait donné Jacob en le regardant d'un
air dégouté, un regard qu'il ignora, plus occupé à se rappeler de sa tendre
jeunesse à voler des maisons.
Nous étions revenus depuis à peine quelques minutes, je m'étais changé
et Jacob nous attendait pour voir ce qu'on avait volé.
Près de 6 millions de dollars étaient en notre possession. Cette idée me
glaçait le sang.
Il manquait au moins 70 millions de dollars.
C'est léger.
Ferme-là.
— Une fois, j'ai volé la maison de Kai, c'est comme ça qu'on s'est
rencontré !
Kai pianotait sur son téléphone, esquissant un petit sourire sans regarder
son ami qui me racontait les yeux brillants :
— J'avais 13 ans ! Et c'était les nouveaux du quartier !
— Vous avez quel âge au juste ? L'interrogeai-je en fronçant les
sourcils.
Je ne connaissais pas leur âge, et c'était une question que je ne m'étais
jamais posée auparavant.
— Moi j'en ai 28, Kai en aura bientôt 27 ! me dit joyeusement Jacob,
et Vernon en a 35 !
J'écarquillai les yeux face à ses informations, Vernon en avait 35, et Kai
bientôt 27.
Ce qui signifiait que son anniversaire était proche.
Je me sentais comme une enfant à côté d'eux à présent, moi qui en avais à
peine 22.
— Mais bon j'ai pas l'air aussi vieux que ça on est d'accord ? J'ai
tout fait pour-
Des tocs qui provinrent de la porte coupèrent la phrase de Jacob. Ce
dernier se tourna vers Kai qui acquiesça une fois en disant :
— Bouche-toi les oreilles, Simones.
Il ne bougea pas de sa place et pianotait encore contre le clavier de son
téléphone pendant que Jacob lui, étira ses lèvres dans un gros sourire en
déverrouillant la porte.
— SALUT LA COMPAGNIE ! cria une voix inconnue.
_____________
Hey !
Moi sur Instagram depuis quelques jours :
Anyway chile ! So !
On continue ?
❤️
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : sarahrivens (omg on sera bientôt 10k)
22. Phobie(s)

Iris
Je vis un jeune homme entrer...non, il y avait une fille aussi.
Et un autre gars.
Ils étaient trois.
— Je pensais que t'étais toujours en train de pourrir en taule !
s'exclama l'inconnu en prenant Jacob dans ses bras.
Ils se connaissaient. Est ce que c'était surprenant même ?
Vraiment pas.
— Ton cousin ne t'a pas dit qu'on a fait une mission avec lui à Las
Vegas ? Ria Jacob en resserrant son étreinte, j'étais sorti quelques mois
avant !
Ils avaient tous fait de prison ou quoi ?
Je me demande s'ils ont purgé leur peine ou se sont évadés...
J'avais pas envie de le savoir.
— Kyle arrête de crier ma migraine va me tuer, grogna la seule fille du
groupe.
Elle était vraiment jolie par contre.
— Tu vois quand je te dis que j'ai tout le temps mal à la tête parce
que je suis avec lui, souffla le troisième gars en entrant à l'intérieur.
La jeune femme souriait en secouant la tête d'une manière exaspérée, des
yeux bleus et des cheveux bruns qui tombaient en cascade sur ses épaules,
elle avait une allure confiante.
Elle était vraiment très jolie.
Il est temps de questionner son orientation sexuelle.
Haha très drôle. Ta gueule.
Leurs regards se posèrent sur moi, le brun qui avait crié à leur arrivé
s'appelait Kyle.
Je me sentais soudainement toute petite face à eux, j'osais à peine
continuer mon diner.
Kai continua à pianoter sur son téléphone sans donner de l'attention à ce
qui se passait autour de lui.
Comme s'il s'en fichait.
Ou peut-être par arrogance, j'en savais rien.
— Iris, m'interpella Jacob en souriant, je te présente Ben, Kiara et
Kyle.
La fille qui s'appelait Kiara me sourit de toutes ses dents et Ben me salua
de la main, Kyle quant à lui me lança un petit regard en souriant charmeur
avant de dire :
— Salut.
Kai releva instantanément la tête en sa direction et je demeurai muette,
leur souriant que faiblement. J'étais complétement intimidée par leur
présence.
Je détestais les inconnus.
— Venez parler ici, ordonna Kai froidement en gardant son regard sur
Kyle, et toi regarde ailleurs.
Kyle souriait malicieusement en direction de Kai, mais l'inconnu fut vite
calmé par la fille qui grogna en lui donnant une tape sur la tête :
— Ash m'a demandé de vous garder vivant, avance imbécile.
— Roh ça va on peut même plus rigoler...
Kai le suivait du regard, soudainement plus menaçant.
Comme s'il venait de passer de l'indifférence à la colère en un
claquement de doigts.
Le groupe s'avança près du canapé et Jacob prit place à côté de moi par
terre, je sentais la pression de leurs regards, comme s'ils me dévisageaient.
Où peut-être était-ce juste moi et mon anxiété.
Non ils me regardent manger.
J'avais l'impression qu'ils me jugeaient du regard, si intimidée par leur
présence et leur confiance en eux.
Je jouais nerveusement avec mes doigts, mon appétit s'était coupé
soudainement et j'avais même du mal à terminer ma nourriture.
J'ai envie de tout vomir.
— C'est quoi votre plan alors ?
Je lançai un regard à Kai, que je surpris en train de me fixer
silencieusement.
Il me regardait depuis longtemps ?
Puis, il se leva et déclara simplement :
— On vous laisse. Viens avec moi.
Je lui lançai un regard interrogateur et me levai du sol sur lequel j'étais
assise depuis plusieurs minutes, la pression descendait doucement alors
qu'on entrait dans sa chambre.
Je le remerciais intérieurement même si je ne savais pas pourquoi on était
parti.
Mon regard croisa le petit corps de Rufus qui était encore dans sa cage.
Kai referma la porte derrière moi et je le regardais marcher en direction
de son lit, je restai debout alors qu'il se laissait tomber sur le matelas.
— Pourquoi on est là ?
Il tira des feuilles et des crayons, son dos contre la tête de lit et me
répondit naturellement sans me regarder :
— C'était facile de voir que tu étais mal à l'aise. J'aime pas être trop
entouré non plus.
Mes lèvres s'entrouvrirent et mon cœur rata un battement.
Nous étions dans sa chambre parce qu'il avait vu que j'étais stressé ?
Oh...
Il plia un genou et posa son grand carnet que je supposais être dédié aux
dessins, son air concentré sur le crayon me laissait sans voix.
Il m'avait ramené ici simplement parce que j'étais pas bien dehors et
maintenant il dessinait.
Comme si de rien n'était ?
Le silence commençait à planer à l'intérieur de la pièce illuminé par une
lampe d'une faible intensité.
C'était la deuxième fois que j'étais ici, mais je pouvais plus clairement
voir sa chambre et surtout, ses dessins.
Certains paraissaient beaucoup plus sombres que d'autres.
Quelques uns avaient l'air dessiné à l'arrache, d'autres étaient un peu
déchirés, mais ils étaient pour la plupart collés contre les murs.
Comme une sortes de musée géant dont Kai était le seul artiste.
— Qu'est-ce que tu ressens...quand tu es stressé ?
Je fronçai les sourcils face à sa question qui me tira de mes pensées et
remarquai que le ton de sa voix paraissait presque...gêné ?
Il était gêné ?
— Comme tout à l'heure, précisait-il sa question en me lançant un
regard curieux.
Je ne comprenais pas cette question soudaine, et surtout l'intérêt qu'il
portait à ça.
Je gardais le silence quelques secondes avant de me racler la gorge,
glissant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.
Son regard sur moi me rendait terriblement nerveuse.
Un sentiment que je n'arrivais pas à contrôler mais que j'arrivais très
difficilement à cacher face à lui.
Ou étais-je encore plus nerveuse parce que nous étions ici simplement car
j'étais stressé à l'extérieur ?
Il avait pensé à moi.
Putain.
— Hum...en vérité, ça dépend des endroits, plus l'endroit contient
des personnes que je ne connais pas, plus j'ai l'impression qu'ils me
jugent du regard...qu'ils m'observent.
Kai me fixait sans un mot et je m'approchai du lit, puis m'asseyais sur le
bord en continuant après avoir vu qu'il attendait plus de détails :
— Donc c'est comme si j'avais le trac, j'ai la boule au ventre et
parfois je tremble des mains, je bégaie quand on me pose des questions
aussi, expliquai-je en laissant un petit rire gêné s'échapper de ma bouche, je
sens que toute l'attention est sur moi.
Il hocha la tête, essayant peut-être de comprendre ce que je lui disais.
Je le vis reprendre son dessin comme si de rien n'était.
— Pourquoi tu me poses cette question ?
Kai haussa les épaules puis souffla en prenant un autre crayon qu'il
glissait doucement sur la feuille :
— Je veux juste savoir.
— C'est toi qui as dessiné tout ça ? Le questionnai-je en pointant du
doigt toutes les feuilles collées sur les murs.
— Mhm, me répondit-il vaguement en restant concentré sur le papier
face à lui.
— Ça a une signification particulière ?
Il s'arrêta et releva la tête en ma direction, ses sourcils étaient légèrement
froncés et son air sérieux ne l'avait pas quitté.
— Le trac, c'est comme la peur ? Me demanda-t-il sans prendre la
peine de répondre à ma question.
Toutes ses questions sur les émotions me rendaient perplexe, je ne
comprenais pas cette soudaine curiosité sur les sentiments humains.
Un truc de psychopathe sans doute.
— Un peu oui, enfin c'est plus du stress. Tu vois quand tu as un
examen oral à passer ?
Kai fit mine de réfléchir quelques minutes et secoua la tête négativement
en guise de réponse, j'arquai un sourcil en lui demandant d'un ton étonné :
— T'as jamais fait d'examen oral ?
— Peut-être, que j'en ai fait, mais je ne me rappelle pas vraiment,
m'avoua ce dernier en regardant le dessin qu'il venait à peine de
commencer.
Il ne se rappelle pas de son passé ?
Ou de sa scolarité ?
— Ok alors, on va utiliser les souvenirs d'il y a pas longtemps, lui dis-
je en m'asseyant en tailleur face à lui, tu te rappelles quand on était dans
le placard ?
— Comment oublier, murmura-t-il en étirant ses lèvres dans un sourire
pervers.
Je levai les yeux au ciel et continuai mon explication très sérieusement :
— Quand la vielle a commencé à ouvrir la porte, ta respiration
s'était saccadée-
— Non, ça c'est parce que je me préparais mentalement à tuer une
vielle, me coupa la voix profonde de Lakestone d'un ton las, j'aime pas
tuer les vieux qui n'ont rien demandé.
— Ouais bah ça reste du stress, le trac c'est la même chose, y a juste
la durée qui change. Quand t'as le trac ça ne dure que le temps de
quelques minutes, le stress ça dépend.
Il hocha la tête et reprit son dessin, je l'avais ennuyé.
Sûrement.
Putain on est dans sa chambre parce qu'il avait vu que j'étais mal à
l'aise.
On a comprit arrête.
Il disait la vérité ?
Il ne mentait jamais.
Qui te dit qu'il ne ment jamais ?
Personne.
Je soupirai et restai silencieuse puis me tournai vers Rufus qui jouait à
l'intérieur de sa cage, les voix du groupe à l'extérieur arrivaient dans notre
chambre comme un bruit lointain qui troublait le silence de la pièce.
Mon animal de compagnie me fit sourire, et la voix profonde de Kai me
fit tourner la tête en sa direction lorsqu'il m'interrogea curieusement :
— Tu ne le fais jamais sortir ?
— Si, lui dis-je simplement.
Il lança un regard à la cage puis détourna son regard vers moi.
Je me retenais de sourire en comprenant ce qu'il voulait.
— Tu veux que je le fasse sortir, Kai ?
Ma question le fit écarquiller légèrement les yeux un instant puis il
détourna une nouvelle fois le regard vers Rufus, exprimant un air hésitant
que je ne comprenais pas.
Je pris les devants et apportais la cage de Rufus sur le matelas.
Kai observait l'animal sans un mot alors que j'ouvris la petite porte me
permettant de le faire sortir.
Je le vis faire une petite grimace en fixant mes doigts qui attrapaient le
petit corps de Rufus.
— Tu le serres trop, non ? Me questionna Kai dans un souffle en
regardant mes doigts.
— Non non, lâchai-je en secouant la tête.
Un sourire se dessina sur mes lèvres en regardant mon animal de
compagnie et mon doigt caressa son dos, Rufus reniflait ma main et resta
calme.
Kai s'approcha de moi, son regard braqué sur Rufus. Comme un enfant
qui découvrait les hamsters pour la toute première fois.
Un léger sourire amusé étira mes lèvres en le regardant admirer l'animal
de plus près.
— Tu veux le tenir ? murmurai-je en levant légèrement ma tête vers lui.
— Non, s'empressa-t-il de répondre en secouant rapidement sa tête, je ne
sais pas le porter-
— Essaie, le coupai-je dans un souffle en gardant Rufus dans ma main,
essaie au moins.
Il fronça les sourcils et regardait l'animal comme si je lui avais demandé
de le tuer, la peur pouvait se lire dans ses yeux.
Sa réaction me rendait perplexe et je l'interrogeai :
— De quoi tu as peur ?
— Je ne suis pas doux, je pourrais le tuer.
Un sourire étira mes lèvres alors que je sentais mon cœur fondre face à
son aveu.
Comment un mec aussi sanguinaire, aussi brutal et aussi sadique que lui.
Pouvait être autant apeuré à l'idée de tenir un animal trop fort ?
— Donne-moi ta main, commençai-je en le regardant.
Ses yeux bleus croisèrent les miens, puis il baissa son regard vers
l'animal. Je voyais l'hésitation dans son regard, pour la première fois, je
pouvais lire dans ses iris comme dans un livre ouvert.
Elles qui n'étaient peintes que par très peu d'émotions, j'arrivais à en voir
une.
— S'il te plait, murmurai-je en remarquant qu'il n'avait pas bougé.
Il me lança un nouveau regard et doucement, je vis sa main déposer son
crayon contre le matelas avant de s'approcher de la mienne, une grimace
s'afficha sur ses lèvres et je lui lançai un petit regard amusé.
— Si tu te fous de moi, je te tue, murmura-t-il en me fusillant du regard.
Je me retenais de sourire davantage et secouai la tête d'exaspération.
Ma main se rapprocha de la sienne et doucement, je fis glisser Rufus sur
sa paume de main.
Kai se crispa et entrouvrit la bouche, il respirait de façon irrégulière,
comme s'il retenait son souffle un instant et expirait d'un coup.
Je gardais mes mains autour de la sienne au cas où Rufus voudrait faire
une tentative de suicide.
Non parce qu'il aime beaucoup sauter ce con.
Kai regardait Rufus marcher sur sa main nettement plus grand que la
mienne, et un petit sourire se dessina sur ses lèvres.
Ses mèches de cheveux retombaient sur son front alors que son visage
s'était abaissé pour se concentrer exclusivement sur l'animal entre ses doigts
fins.
Je voyais les muscles de son avant-bras se tendre à chaque fois que Rufus
bougeait, et mon sourire ne me quittait pas.
Kai avait l'air tellement...inoffensif.
Mais la réalité est tout autre.
— Je peux le caresser ?
Je hochai la tête en réponse à sa question et sa deuxième main se posa
délicatement sur le corps de Rufus qui semblait très calme.
Les bagues sur ses doigts touchaient lentement le pelage de mon animal
de compagnie, Kai le caressait silencieusement, un léger sourire aux lèvres.
— Tu...tu as déjà eu un animal de compagnie ?
Il ne répondit rien pendant quelques secondes puis, secoua doucement la
tête en guise de réponse négative.
Est-ce qu'il mentait ?
— Tu aimerais en avoir ?
— Je ne pourrais pas m'en occuper, chuchota-t-il doucement, je ne
suis pas du genre stable.
Je commençais à éloigner mes mains après avoir vu qu'il était plus à
l'aise, mais il s'exclama rapidement :
— Non ! S'il te plait reste...reste.
Mon cœur palpita, et mes mains revinrent autour de la sienne
instantanément. Le ton de sa voix était tellement vulnérable, tellement pur.
Finalement, lui et Jacob n'étaient pas si différents.
J'avais l'impression qu'ils avaient tous les deux une âme d'enfant.
« Une fois, j'ai volé la maison de Kai, c'est comme ça qu'on s'est
rencontré ! »
C'était donc comme ça qu'ils s'étaient connus, Jacob avait 13 ans.
J'imaginais que Kai en avait 11 alors, ou presque 12.
Jacob avait cambriolé la maison de Kai, il avait dit qu'ils étaient
nouveaux.
Kai n'avait jamais évoqué sa famille, comme me l'avait fait Jacob.
Et honnêtement, je n'osais pas lui demander.
J'avais un très mauvais pressentiment sur ce sujet.
— Tu veux que je le reprenne ? questionnai-je Kai en voyant qu'il
n'avait pas bougé.
— O...oui.
Je joignais mes mains entre elles et il fit glisser Rufus sur ma paume. Je
remis l'animal à l'intérieur de sa cage avant de la déposer sur la table de
chevet.
Je me tournai et croisai le regard de Kai qui me fixait silencieusement, un
petit sourire étira un coin de mes lèvres et je murmurai :
— Tu vois ce que tu viens de ressentir avant de le prendre, ça
s'appelle le stress, Kai.
Ce dernier hocha doucement la tête, ses yeux encore encrés dans les
miens et je terminai en esquissant un petit sourire :
— Tu peux être doux quand tu veux finalement.
Et en quelques secondes à peine.
Son regard se vida de toute émotion et ses yeux quittèrent les miens,
s'abaissant vers le matelas sans qu'il ne bouge la tête.
Comme s'il venait soudainement de se perdre dans ses pensées.
Comme si son cerveau s'était mis à lui parler.
Wow...c'est aussi vite pour lui ?
— J'aime bien tes bagues, tentai-je de le ramener à la réalité en
désignant ses bagues du menton.
Je savais ô combien notre cerveau pouvait être une prison, je le vivais et
j'en souffrais tous les jours.
Et parfois, j'aimerais que quelqu'un me sauve de lui.
Parce qu'il était toxique pour moi.
Et j'étais toxique pour les autres.
— Oh euh...Merci ? Je crois, murmura la voix de Kai en regardant ses
bagues, je ne les aimais pas avant.
— Elles te vont bien pourtant, pourquoi ?
Il haussa les épaules en guise de réponse et reprit son carnet de dessin,
s'adossant contre la tête de lit comme au début et continuant ce qu'il avait
entamé.
Je remarquai que monsieur adorait éviter les questions.
C'est pas drôle.
— Tu es italien ? lui demandai-je en me rappelant de la phrase qu'il
m'avait dite tout à l'heure.
En vérité, je voulais faire la conversation. C'était presque irréel de vouloir
faire la conversation avec son kidnappeur.
Mais il m'intriguait.
Et j'avais l'impression de ne rien savoir sur lui, alors qu'il me connaissait
du bout des doigts.
Il dégageait cette aura mystérieuse qui piquait la curiosité de tous ceux
qui croisaient son chemin, je savais que toutes ses réactions et explications
vagues de sa personne n'étaient pas dites ou faites juste comme ça.
Il y avait des fragments de son passé collé contre sa peau.
Ils composaient la personne qu'il était.
— J'ai quelques origines oui, souffla-t-il en dessinant, mais rien de
ouf.
— Tu y es déjà allé ?
Il secoua négativement la tête sans me regarder une seule fois, puis après
quelques minutes alors que j'essayai de trouver un nouveau sujet qui
impliquait son point de vue, il me posa une question sorti de nulle part :
— Tu es déjà tombée amoureuse ?
Sa question fit arrêter les battements de mon cœur pendant un court
instant, mes yeux s'écarquillèrent et mon souffle se stoppa.
Quoi ?
— N...non, bafouillai-je étant prise de court par sa question, pourquoi ?
— Mais est-ce que tu peux savoir quand tu l'es ?
Pourquoi il cherchait à savoir ?
— Hum...je crois oui enfin...c'est pas vraiment difficile de savoir si tu
es amoureux tu sais, commençai-je en le regardant me fixer, tu penses
souvent à la personne, tu aimerais passer du temps avec elle même si tu
as l'impression que le temps est cent fois plus rapide à ses côtés, tu as
juste envie que le monde s'arrête...pour pouvoir vivre toutes ses
secondes.
Kai me regardait sans un mot, soudainement intéressé par toutes les
explications que je lui fournissais.
Je me demandais pourquoi il s'interrogeait sur le ressenti des sentiments.
Pourquoi était-ce aussi intéressant pour lui ?
Peut-être qu'il ne l'avait jamais ressenti, c'était peut-être pour ça qu'il
s'interrogeait.
Sûrement.
— Tu as des papillons dans le ventre dès qu'elle te regarde, ton cœur
bat vite aussi.
— Comme avec le stress ? Me demanda-t-il très sérieusement en
fronçant les sourcils.
Comme s'il cherchait à comprendre avec ce qu'il connaissait.
Un sourire se dessina sur mes lèvres, et je hochai la tête en murmurant :
— Comme avec le stress oui, mais c'est une autre sensation.
— Jacob m'avait dit aussi pour les papillons, m'avoua Kai en
regardant son dessin, donc quand tu ressens des papillons dans le ventre,
tu es en train de tomber amoureuse ?
— En partie oui, mais ça ne fait pas tout, répliquai-je en essayant de
trouver des mots qu'il pourrait comprendre, c'est comme une explosion
d'émotions qui te fait vibrer au moment où cette personne ouvre la
bouche, c'est ce que j'ai lu dans les livres. Tu te retrouves à chercher la
présence de cette personne partout, à vouloir lui parler constamment,
t'attacher à elle et lui montrer ce que ton cœur éprouve. Tu ressentiras
aussi un immense désir physique.
Ses yeux s'écarquillèrent soudainement pendant qu'il écoutait mon
monologue puis il m'interrogea en fronçant les sourcils encore une fois :
— Mais si je veux tout le temps la baiser, ça veut dire que je suis
amoureux ?
Je secouai la tête négativement et lui répondis :
— Si tu peux avoir toutes les personnes à tes pieds, prêtes à se
donner à toi, de la plus belle à la plus bonne, et que tu n'as d'yeux que
pour une personne en particulier...là, tu es amoureux d'elle. Mais tu ne
dois pas confondre entre l'attirance physique et l'amour, il est clair que
tu peux avoir envie d'une personne comme jamais tu as eu envie de
quelqu'un, mais...la différence entre l'attirance physique et l'amour est
que l'une est influencée par le corps, l'autre par le cœur.
— Et comment je peux faire la différence ? M'interrogea-t-il très
sincèrement.
Ce côté de sa personne me rendait complétement perplexe et attendrissait
mon cœur, le voir aussi perdu face à mes explications sur les sentiments
humains me fit sourire.
Kai avait vraiment l'air d'un enfant parfois.
Un gosse qui peut te buter en deux secondes oui.
— Et bien, l'attirance physique c'est ton idéal, on est plus de 7
milliards de personnes sur terre, tu trouveras toujours une personne
physiquement mieux qu'une autre, commençai-je en le regardant jouer
avec ses bagues, l'amour par contre, c'est que même si tu as le monde
entier à tes pieds, tu n'es à genoux que pour une seule personne, et elle
te fera bander plus que toutes les autres parce que tu as des sentiments
pour elle.
Il hocha la tête et resta silencieux, alors je lui demandai :
— Tu n'es jamais tombé amoureux ?
— Non non, me dit-il simplement, sinon je ne te demanderai pas.
Jacob n'est pas très fort pour les explications...les livres et internet non
plus.
Un petit rire s'échappa de mes lèvres à l'entente de sa phrase et il me
lança un regard noir, je m'excusais en souriant face à son visage qui s'était
fermé et lui demandai :
— Tu as cherché "ça fait quoi de tomber amoureux" sur internet et
dans des bouquins ?
— Je cherche pleins de trucs sur internet, entre autres sur le dark
web, rigole encore et tu te retrouveras à l'intérieur, cracha-t-il blessé par
ma réaction.
Je levai les bras, l'air faussement innocent et il secoua la tête lentement
avant de reprendre son dessin.
— C'est toi qui as dessiné tous tes tatouages ?
— Oui, me dit-il en gardant ses yeux sur le carnet, je peux te poser une
question ?
J'acquiesçai et il m'interrogea juste après :
— Rufus, c'est ton animal de compagnie préféré ? C'est celui que tu
voulais à la base ?
— Non, en vérité je voulais un chat, j'ai toujours aimé les chats, mais
ma mère détestait ça alors je n'étais pas autorisé à en avoir, répondis-je
honnêtement, mais l'entretien d'un chat demande du fric, alors que
Rufus lui, se contente de peu.
Un sourire étira mes lèvres et je pouvais voir que l'animal me jugeait du
regard.
Désolé mon vieux, tu n'étais pas premier choix c'est vrai.
Mais maintenant, je ne te remplacerai par personne pour rien au monde.
— Pourquoi elle n'aimait pas les chats ?
— Elle en avait peur, l'informai-je en souriant.
Il hocha la tête une nouvelle fois puis garda le silence pendant plusieurs
minutes avant de m'informer doucement :
— Je connaissais quelqu'un qui avait peur des serpents, mais c'était
pas une peur normale, c'était genre...
— Une phobie ? continuai-je en lui donnant le mot qu'il cherchait.
— Voilà, oui c'est ça. C'était une phobie. Même les dessins lui
faisaient peur, les documentaires et les images avec les serpents
l'effrayaient vraiment...c'était drôle.
Je hochai la tête puis lui confiai faiblement :
— J'ai la phobie des clowns, et des profondeurs...j'ai aussi très peur
des rats.
— Mais tu as un hamster, souffla-t-il en levant ses yeux vers moi, c'est
ironique.
— Les hamsters sont mignons ! T'as jamais vu Hamtaro ?
Il secoua négativement la tête en guise de réponse et me questionna :
— Tu as peur des profondeurs ?
— Je n'aime pas ne pas avoir pied et ne pas savoir ce qu'il y a sous
l'eau, ça m'angoisse.
— Tu...tu as peur de l'eau ? Me demanda-t-il en haussant les sourcils.
— Non pas de l'eau, des profondeurs seulement.
Ses yeux s'abaissèrent et il fronça les sourcils, comme s'il réfléchissait.
Comme si son cerveau lui parlait encore, il regardait autour de lui puis
détourna le regard vers la petite bibliothèque collé contre une partie du mur.
— Et toi tu as des phobies ?
Kai se tourna vers moi, me détaillant du regard sans un mot alors que
j'attendais sa réponse.
Je me demandais qu'est-ce que pourraient être les phobies d'un mec qui
n'avait aucun scrupule comme lui.
Quelles étaient ses faiblesses ?
Ses craintes ?
Ses angoisses ?
Quels étaient les cauchemars d'une personne qui était le cauchemar de
tous ?
— L'eau. Aussi.
L'eau ?
Mon souffle se rompit et je fronçai les sourcils en écarquillant les yeux.
Comment ça l'eau ?
— Tu as peur de l'eau ?
— Enfin...je...j'ai peur de me noyer...dans l'eau.
— Tu t'es déjà noyé ? Lui demandai-je en essayant de comprendre sa
phobie, ou tu as vu quelqu'un d'autre ?
Il se tut un instant avant de hocher la tête et me confia :
— Ça m'est arrivé quelques fois, oui.
Quelques fois ?
Des tocs qui provenaient de la porte nous coupèrent et je me tournais vers
elle, la voix de Jacob s'exclama :
— Juste pour vérifier si Iris est toujours vivante.
Un sourire étira mes lèvres et je répondis d'un ton assez fort :
— Malheureusement.
Kai émit un petit rire dans un souffle et Jacob termina :
— Ok parfait, on va bientôt finir de toute façon.
Je me tournai vers Kai et surpris ses yeux sur moi, mon cœur allait vite à
chaque fois que ses iris gardaient leur contact sur moi, même si je le
surprenais en train de me fixer.
Comme s'il n'était pas gêné par l'idée de se faire surprendre.
Comme s'il était confiant.
— Quand est-ce que tu m'autoriseras à voir tes yeux, princesse ?
Et ma respiration se coupa brutalement, mon corps se figea et mes
pensées s'embrouillèrent face à sa question.
Je me raclais la gorge et secouai négativement la tête avant de dire :
— Je te les montrerai quand tu seras mort.
Il ria dans un souffle et chuchota simplement :
— On en a pour longtemps alors.
— Tu pourrais mourir demain qui sait ?
Kai esquissa un petit sourire et posa son carnet sur la table basse, il s'étira
et se tourna vers moi avant de s'allonger et dire :
— En temps normal, je l'aurais sûrement espéré, mais pour le
moment...je pense ça peut attendre encore un peu.
°°°°
Le lendemain. 8 heures 45.
Je regardais la télé avec Jacob, encore somnolente. La soirée d'hier s'était
terminée dès que le groupe avait quitté les lieux.
Kai m'avait fait sortir de sa chambre avant de m'enfermer dans la mienne,
heureusement avec Rufus.
Et...j'avais fait une crise d'anxiété.
Parce que lorsque tout était plongé dans l'obscurité, et que le silence
régnait autour de moi.
C'était le moment parfait pour elle pour revenir faire du bruit et briller
comme pas permis.
Me forçant à penser que j'allais mourir, que je n'allais jamais retrouver
cet argent, que j'allais rester enfermée ici tout le reste de ma vie.
Faisant trembler mon corps et accélérer mes battements cardiaques,
comme si j'étais sur le point de mourir, cette sensation horrible de sentir des
fourmillements sur la mâchoire.
Je ne savais pas que c'était de l'anxiété, les fourmillements.
Je pensais même que je faisais un AVC, mais il s'était avéré que c'était
bien l'anxiété qui jouait encore plus avec mon corps.
Les tremblements, les bouffées de chaleur, les frissons, le rythme
cardiaque qui s'accélérait jusqu'à presque frôler l'explosion, l'impression
d'être en danger.
Les poumons qui se comprimaient, nous laissant croire que l'air
manquait.
Et bien sûr, le rush des pensées.
Comme si tout allait très vite, comme si notre corps était sur le point
d'exploser. Tout comme notre cerveau.
Le souffle court, la peur intense.
Je détestais ce genre de nuits.
À vrai dire, depuis que j'étais là, je n'avais pas énormément fait de crises
d'anxiété. Peut-être parce que mon cerveau était plus occupé à surveiller un
quelconque danger plutôt qu'en créer un dans ma tête.
J'étais en constante alerte, et j'étais épuisé.
Mon anxiété ne revenait que lorsque tout était calme, que lorsque je me
reprenais en main.
Comme si elle prenait un malin plaisir à briser cette fausse stabilité que
j'avais.
Me montrer que je serais toujours aussi faible face à elle.
Je n'avais jamais vu de psy, c'était trop cher et je savais déjà ce qu'il allait
me dire.
En même temps, avec un passé comme le mien, je m'estimais heureuse
d'avoir un minimum de bon sens.
Un bon sens qui s'en allait dès que je croisais le regard de Kai.
Lui qui était tellement troublant.
Tout me troublait chez lui, depuis la première fois, depuis le premier
baiser, le premier intérêt.
La partie la plus censée de ma personne le haïssait, pour ce qu'il était et
pour ce qu'il me faisait subir. Mais il y avait l'autre partie.
Cette autre partie faisait pencher la balance, voyant qu'à travers son aura
dangereuse et sa facilité à tuer, se trouvait une personne.
Une personne peut-être détruite.
Mais détruite par quoi ?
Par qui ?
Je n'en savais rien encore. Mais je voulais le savoir.
Il y avait des choses chez lui que je ne comprenais pas, des réactions, des
mots et des gestes qui étaient encore incompréhensibles.
Ce fameux soir avec ces « médicaments ».
C'était presque irréel à dire, mais, cette partie de moi pensait que Kai
Lakestone...n'était peut-être pas mauvais.
Du moins, il n'était pas aussi démoniaque comme il en avait si facilement
l'air.
C'est tes daddy issues qui parlent là.
Je suis sérieuse ! peut-être que c'est un mec bien !
Arrête un peu, un mec bien qui tue des gens ? On est où là ? C'est la
faucheuse dans les Sims ?
— Iris ?
Je me tournai vers Jacob qui m'arracha de mes pensées et il me dit d'une
petite voix déçue :
— Tu ne m'écoutais pas.
— Oh je suis désolé, lâchai-je en sentant la culpabilité m'envelopper,
pardon...
Tu es stupide putain.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Je te demandais si tu savais que ce soir on a un petit truc à faire,
me répéta Jacob en regardant la télé.
Mes sourcils se froncèrent et je secouai négativement la tête, il soupira en
déclarant :
— C'est pas étonnant, on est invité à une soirée et...on doit te trouver
une robe, parce qu'on refuse que tu restes ici seule. Enfin par « on » je
veux dire Kai.
_____________
Hey !
Jack Harlow is my new celebrity crush oh boy this man is so funny and
cute I can't-
J'ai beaucoup trop adoré ce chapitre, et j'ai vraiment hâte de voir vos
réactions quand vous allez tous relier but anyway...
Les choses sérieuses commencent pour moi...accrochez vous on va aller
très vite !

rapprochements...physiques non ? 🙃
D'ailleurs...ça fait longtemps qu'il n'y a pas eu de

A très bientôt pour un nouveau chapitre !


Prenez soin de vos petites frimousses !
With love love love. S
❤️
Instagram: Sarahrivens
23. Shopping et promesse

Iris
— On est aussi loin du centre-ville ? Interrogeai-je Jacob qui chantait à
tue-tête « Act My Age » des One Direction.
Nous avions démarré depuis au moins une heure et j'avais l'impression
que la route était encore longue.
Cependant, cette dernière me disait vaguement quelque chose.
Même si Jacob rendait le trajet moins ennuyant avec différentes chansons
qui faisaient monter ma sérotonine depuis le début.
J'aime beaucoup ce qu'il écoute.
— Kai voulait rester à l'abri des regards, la maison dans laquelle
nous sommes n'est pas très loin du Box...mais très loin d'Ewing. Mais
bon, on ne va pas à Ewing, trésor, pour qui tu me prends ?
Je me tournais vers lui et lui lançai un regard interrogateur, Jacob
regardait encore la route en chantant puis se tourna rapidement vers moi
avant de se reconcentrer sur la route.
— Tu crois qu'on va s'acheter des fringues dans les rues d'Ewing,
alors qu'il pourrait y avoir tes potes dans les parages ? Kai
m'assassinerait avant même que je ne cligne des yeux.
— Où est-ce qu'on va alors ?
Un sourire étira ses lèvres et il me déclara joyeusement :
— Dans les rues bondées de New York ! Je dois passer récupérer les
costumes et aussi te trouver une jolie robe pour ce soir !
J'écarquillai les yeux et mes lèvres s'entrouvrirent, c'était pour ça que la
route m'était familière.
On allait partir à New York.
La ville n'était pas aussi loin d'Ewing, c'était deux heures de route
environ et je n'y étais allé que quelques fois.
C'était beaucoup trop cher pour moi.
Mais mon canapé vert venait de là-bas.
Le stress fit très vite accélérer mon rythme cardiaque, me rappelant que
ce soir nous n'allions pas rester dans cette maison qui me retenait
prisonnière.
Mais nous allions à une soirée.
— C'est quoi cette soirée ? lui demandai-je en sentant des frissons
parcourir mes membres.
L'idée d'être entouré de personnes aussi dangereuses que Kai et Jacob me
faisait frémir, je ne sentais pas du tout ce type d'événements.
— On travaille souvent avec un réseau qui s'appelle « L'organisation
», tu te rappelles de Mason ? C'est lui le patron, enfin...ils sont
plusieurs, mais c'est Mason qui tient la grande majorité de l'activité,
m'expliqua Jacob en regardant la route, parfois ils font des soirées, et si on
est invités alors...on est un peu obligé d'y aller.
— Pourquoi ?
— Parce que souvent il y a des annonces, des changements et des
trucs qui se passent, tu le verras par toi-même, me répondit
naturellement l'ami de Kai.
Mes battements cardiaques augmentèrent rapidement, et la peur
s'emparait doucement de mes cellules.
Être entourée de meurtriers dans une maison, j'arrivais à peine à gérer.
Mais là. C'était un appel au meurtre.
« L'organisation. »
Rien que le nom me donnait la chair de poule. Je savais que ce Mason
n'était pas net, j'avais compris qu'il était dangereux.
Et mon père s'était frotté contre le risque, sans penser qu'il y avait une
chance pour qu'il m'entraine avec lui.
Putain.
C'est quoi ce bordel ?
— Vous appartenez à ce gang ? lui demandai-je en grimaçant.
Jacob fredonnait « Televised » de Hunny qui se diffusait et secouait la
tête à l'entente de ma question avant de me répondre en diminuant le son :
— On n'appartient à aucun gang, Kai n'aime pas travailler pour
quelqu'un, il peut travailler avec, mais pas pour.
— Donc c'est quoi votre boulot ? Vous kidnappez les gens et enterrez
des corps ?
Il émit un petit rire moqueur et me lança un regard en me confiant :
— En parlant d'enterrer des corps, c'était très malin de me faire
croire que t'étais bourré. Alors que j'avais reçu un appel de Kai
quelques minutes avant pour me prévenir que tu savais que ce collier
était un faux.
Mon cœur rata un battement à l'entente de sa phrase qu'il sortit
naturellement.
Je me rappelais très bien de ce moment, c'était Théa qui m'avait envoyé
un message la veille.
M'informant que mon collier était dans la salle de bains à l'intérieur de
ma chambre.
À Hydewood.
Je me rappelais très vite de ce qui s'était passé par la suite, de la
conversation que j'avais eue avec Cody et Rox dans la voiture, la panique
qui s'était déferlée en moi et les pensées qui n'arrêtaient pas de fuser dans
ma tête.
Sans parler des questions idiotes de Cody.
« — Théa est rentrée dans ma chambre hier, et elle a trouvé le collier.
Le même collier.
— T'en as pas deux ? m'avait interrogé Cody.
— BIEN SÛR QUE NON ? »
— Le collier contenait un micro, c'est le cas oui, mais on ne recevait
les données qu'après quelques heures d'intervalle, m'informa Jacob sans
, c'était ça le point négatif de la perle...mais Kai avait quand même
accepté.
Je ne répondis rien, ne sachant quoi dire face à toutes ces explications qui
me faisaient frissonner de terreur.
L'idée que j'étais sous surveillance pendant tout ce temps me retournait
violemment l'estomac.
— Est-ce que...est-ce que tu peux me dire pourquoi...enfin comment
toute cette histoire a commencé, comment vous vous en êtes mêlé ? Lui
demandai-je en le suppliant du regard, je te promets de ne rien dire à Kai,
j'ai besoin de comprendre Jacob.
Ce dernier resta silencieux, semblant réfléchir alors que je priais
intérieurement pour qu'il m'explique.
J'avais l'impression que j'étais en train de vivre une réalité qui n'était pas
la mienne, un présent que je n'arrivais pas à cerner.
Merde comment tout ça a commencé ?
Comment Kai est arrivé à croiser mon chemin ?
Pourquoi il me surveillait autant au départ ?
Un geste m'arracha de mes pensées et mes questions sans réponses, je vis
Jacob me montrer son petit doigt, un geste qui me transporta très vite à
Hydewood.
Théa.
La promesse du petit doigt.
— Promets-moi que tout ce que je vais te dire crèvera à l'intérieur de
cette voiture, murmura-t-il d'un ton très sérieux.
J'avais l'impression que comme Kai et Théa, Jacob accordait énormément
d'importance aux promesses.
Je croisai mon petit doigt autour du sien en soufflant très sincèrement :
— Je t'en fais la promesse.
Et j'étais très sérieuse.
J'étais prête à garder le silence si je pouvais avoir réponse à mes
questions et enfin comprendre tout ce qui se passait à l'extérieur de ma vie
depuis des mois.
— En vérité, tu n'allais pas être kidnappé, commença finalement
Jacob en laissant mon cœur aller plus vite, à la base Kai ne voulait pas te
kidnapper, Mason ne connaissait pas ton existence avant que Kai ne te
découvre. Mason voulait te tuer parce qu'il pensait que c'était toi la
voleuse de sa fortune. Mais Kai pensait le contraire et voulait le lui
prouver.
Je fronçai les sourcils en écoutant ses confidences, j'avais enfin droit à
des explications.
Je buvais ses paroles comme si j'étais assoiffée de réponses et restai
muette tout le long.
— Alors il t'a observé, il voulait savoir si tu utilisais vraiment ce fric,
il te surveille depuis janvier ou février je ne m'en rappelle plus. Puis
très vite, les rumeurs commençaient à courir « Mason s'est fait voler
plus de 70 millions de dollars », la chasse avait commencé à cet instant.
Tout le monde cherchait ce fric parce qu'il était hors de portée. C'était
des millions qui pouvaient être n'importe où et surtout...à n'importe
qui.
Je déglutis, ma cage thoracique se comprimait à l'intérieur de mon corps
et je sentais mon cœur battre à vive allure en écoutant ce qui s'était passé
derrière mon dos pendant tout ce temps.
La chair de poule se forma sur mon épiderme et je commençais à voir les
choses tourner autour de moi.
— Pendant ce temps, ton père avait fait un genre de faux testament
pour couvrir cet argent par toi. Et Kai avait confirmé que tu n'en
savais rien parce que tu avais des problèmes financiers avec la fac, et
que tu attendais encore que ton père paie tes études, me rappela Jacob
une période très angoissante de ma vie, l'idée du kidnapping n'était que
très vague...mais Kai s'était embrouillé avec Mason qui voulait ta mort
parce qu'il voulait son fric, il avait même engagé une autre personne
pour te tuer. Et devine quoi ? Le lendemain, grâce au micro, on avait
aussi appris que tu avais raconté à Cody ce que tu avais vu au lac.
Mes mains tremblaient, comme tout mon corps en voyant la situation du
point de vue de Jacob.
— Et cette info, c'était moi qui l'avais eu, ria-t-il en se grattant la
nuque, j'étais en panique et il ne répondait pas au téléphone je ne savais
pas pourquoi, je lui avais envoyé un message pour lui dire qu'on était
foutu.
Mon souffle se rompit brutalement lorsque je me rappelais de ce
message.
Il n'avait pas répondu parce qu'il était avec moi.
« KAI LAKESTONE, TU VAS RÉPONDRE À CE PUTAIN DE
TÉLÉPHONE ???!!!!! C'EST URGENT ! C'EST FOUTU MEC !!!!!!!!
»
Ce soir-là, Kai avait proposé de me raccompagner.
Tout ça parce qu'un mec avait été engagé pour me tuer.
Tout commençait à se coller dans ma tête, c'était pour ça que Kai m'avait
dit qu'il n'était pas sûr lorsque je lui avais demandé s'il savait qu'il allait me
kidnapper lorsqu'il m'avait vu la première fois.
Oh putain.
Sa mission n'était pas de me kidnapper, ce n'était pas son plan de départ.
Seulement une option.
— Le plus drôle c'est qu'ensuite toi tu avais dit à Cody que tu n'étais
plus vraiment sûr de ce que t'avais vu, mais c'était déjà trop tard, Kai
savait ce qu'il voulait.
Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux, une boule se forma
à l'intérieur de ma gorge et je voulais vomir mes tripes.
Tout se jouait autour de moi, et comme si tout mon présent prenait enfin
un sens.
— Tu commençais à être en danger, quelqu'un s'était infiltré chez toi
et ce n'était pas nous.
A ce moment précis.
Mon cœur bondit et mon souffle se saccada.
Me rappelant de ce soir-là.
— Q...qu...quoi ? bégayai-je en écarquillant les yeux, ce n'était pas
vous ?
Mon cœur battait si fort à l'intérieur de mon corps que je pensais qu'il
allait exploser d'une seconde à l'autre.
Je savais qu'il y avait eu quelqu'un chez moi cette nuit-là.
— C'était le seul soir où Kai n'avait pas gardé un œil sur toi, et
lorsqu'il a su que quelqu'un était rentré par effraction, il avait compris
que ce n'était plus un jeu. Il savait qu'ils allaient te prendre tôt ou tard
et Mason ne comptait changer d'avis, mais à ce moment encore, le
kidnapping était une idée vague...mais c'était une bonne chose pour ta
protection.
— Donc en me kidnappant...
— On a pensé à notre sécurité et la tienne, termina Jacob en me
souriant, donc jusqu'à ce que cette histoire ne soit qu'un vague souvenir
pour tout le monde, tu resteras avec nous. En plus, c'est pas si mal, Kai
n'est même pas mauvais avec toi.
— Il me retient prisonnière et me menace ?! Lui rappelai-je alors qu'il
faisait comme si tout était normal.
Il pouffa de rire et répliqua :
— Oh je t'en prie trésor, Kai a déjà kidnappé des filles avant toi,
mais très peu ont eu le traitement que tu as.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? murmurai-je en déglutissant
difficilement.
Les rues qui s'affichaient sous nos yeux nous montraient que nous étions
enfin arrivés à New York, et surtout, les embouteillages.
Je détestais conduire à New York juste à cause de ça.
— Je veux dire que le Kai que tu vois n'est pas Kai Lakestone, me
confia Jacob en me lançant un regard, Kai Lakestone est un mercenaire
qui n'hésitera pas à te démembrer et envoyer chaque membre dans les
différentes maisons de tes proches si c'est sa mission. Déjà rien que le
fait qu'il t'ait embrassé, Kai ne se lie jamais avec ses cibles, et si Mason
l'apprend il pourrait te tuer.
Mon cœur rata un battement, Jacob savait.
Il le disait avec un tel naturel que je n'arrivais pas à rester calme.
Les larmes de terreur me montaient aux yeux alors que cette situation
angoissante me rendait complètement dingue.
Surtout en voyant les réactions et en écoutant les paroles de Jacob.
Comme si tout était tout à fait normal.
Ils avaient rendu une situation terrifiante, complètement normale.
— Kai sait qu'il a risqué gros en se liant à toi, je ne sais pas ce qui lui
a pris ce n'est pas son genre, gloussa Jacob en secouant la tête
d'exaspération, en plus il t'a laissé rentrer dans sa chambre !
Je fronçai les sourcils et lui lançai un regard interrogateur, comment ça «
il m'avait laissé rentrer dans sa chambre » ?
— Personne d'autre que lui ne rentre dans sa chambre, je ne dois pas
rester là-bas plus de 5 minutes et Vernon ne doit même pas penser à
franchir le seuil, me confia Jacob d'un ton exaspéré, je peux te poser une
question ?
— Euh...oui ?
— Tu as vu ses dessins ?
Je hochai la tête simplement et il me lança un regard, incurvant le coin de
ses lèvres sans pour autant dire quoi que ce soit d'autre.
— Il t'a expliqué la signification ?
Je secouai la tête en guise de réponse et il acquiesça sans un mot.
— Ouf...je pensais vraiment qu'on nous avait volé Kai et remplacé
par un autre. Ça va.
Des milliers de questions tournèrent très vite dans ma tête, mais je
demeurai muette.
Encore sous le choc et entièrement tétanisé par les informations que
j'avais reçues.
Toute cette histoire était horriblement tordue.
Kai me surveillait pour prouver à Mason que j'étais innocente, des
inconnus voulaient le fric dont j'étais l'héritière et je m'étais fait kidnapper
pour ma sécurité et celle de mes ravisseurs que j'avais surpris en train
d'enterrer un corps.
Mais attends...
— J'ai une question, déclarai-je en me tournant vers Jacob qui
acquiesça, Kai m'a dit que j'étais prisonnière pour rendre l'argent à
Mason, il m'a menti ?
— Kai ne ment jamais, ça je peux te l'affirmer, il peut cacher des
choses, mais ne mentira pas, commença son ami, et oui, comme je te l'ai
dit, tu es prisonnière jusqu'à ce que cette histoire de fric sera réglée, si
Mason s'impatiente et qu'il ne retrouve pas son argent, il pourrait
demander à Kai de te tuer et ensuite de tuer ton père.
— L'argent sera alors libre de tout héritier, soufflai-je en comprenant
les intentions de Mason.
— Kai t'aide à trouver ce fric, mais on sait tous que tu ne vas pas
atteindre les 77 millions aussi rapidement, il réfléchit à plein de plans,
mais en attendant...il t'aide seulement à assouvir l'impatience de
Mason.
Je hochai la tête, voyant plus clair sur tout ce qui se passait autour de
moi.
C'était complètement fou.
C'était un putain de cauchemar.
— Eh oui trésor, termina Jacob en stationnant la voiture, bienvenue
dans le monde de Lakestone...enfin, bienvenue dans notre monde.
°°°°
Deux heures plus tard. New York.
— Vous avez menti à mes amis j'y crois pas...
— C'est l'idée de monsieur hein, c'est lui qui a entendu une
conversation entre toi et ta copine là comment elle s'appelle déjà...
— Rox, lâchai-je en sentant ma gorge se nouer alors que mes yeux
balayaient du regard les robes présentes à l'intérieur de ce magasin qui avait
l'air beaucoup trop cher pour moi, mais j'avais dit ça pour rire !
« Mais si un jour je pars, j'irais sur un coup de tête et je ne le dirais à
personne »
J'avais dit ça à Rox lorsqu'on parlait du jour où j'allais avoir assez de
couilles pour partir voir mon père et lui demander mon fric.
Mais je ne pensais pas que Kai allait l'utiliser pour faire passer mon
kidnapping en road trip à la recherche de mon père.
Quel fils de pute.
— Je te verrais bien à l'intérieur de celle-ci, fit la voix de Jacob alors
qu'il me montrait une petite robe bleue.
Je secouai la tête en grimaçant, je n'aimais pas les couleurs trop tape-à-
l'œil.
Nous avions déjà les costumes de Jacob, Vernon et Kai.
Et c'était à mon tour de me trouver une tenue pour cette soirée à laquelle
je ne voulais pas assister.
Plus les heures passaient, plus on se rapprochait de cet instant que je
voulais éviter à tout prix.
D'après Jacob, la soirée allait commencer à 21 heures, mais nous allions
nous présenter à 22 heures 30.
Parce que d'après lui :
« Les reines du bal ne sont jamais en retard, c'est les autres qui sont en
avance »
Gé-nial.
— Et celle-là ?
Je grimaçais, elle était aussi petite que la robe que je devais porter au
Box.
— Trop courte.
— Et ?
— On va dans un endroit très problématique Jacob, tu crois que je
vais risquer de mettre un truc pareil ?
— Trésor tu vas venir avec nous, personne n'osera s'approcher de
toi, me rassura ce dernier en agitant la robe avec un gros sourire.
— Si je ne savais pas que tu étais gay, je douterais de tes
intentions...surtout avec la tête que tu fais, grimaçai-je en le pointant du
doigt.
— Si je n'étais pas gay, je ne serais pas là avec toi, à choisir une robe
non plus.
— L'un n'empêche pas l'autre, je faisais du shopping avec Cody
alors qu'il n'est pas gay...enfin, il est bi, mais-
— Moi mon empêchement c'est Kai, ria-t-il en me coupant, tu crois
que si j'étais hétéro il me laisserait ? Avec le peu que je découvre de sa
personne depuis que tu es dans nos vies...il me tuerait.
— Vous avez la mort facile vous, marmonnai-je en me tournant vers les
autres robes.
— Tu ne crois pas si bien dire, entendis la voix de Jacob murmurer.
Une robe attira ma curiosité, et je la tirais pour la voir de plus près.
C'était une robe noire en satin, des bretelles fines et un peu plus longues
que celle qu'avait Jacob.
Je me tournais vers lui et il inclina la tête sur le côté en la jaugeant du
regard avant de dire :
— Jolie, mais trop simple à mon goût.
— C'est une soirée dans un gang, pas un mariage, marmonnai-je en la
regardant.
— Justement, il faut un truc plus..., je voyais son regard balayer le
magasin en silence, plus classe...un peu comme elle.
Il tira une nouvelle robe, les yeux plus brillants que le miens.
C'était une robe longue avec la même matière satinée que la noire, mais
je voyais une fente sur le côté, de couleur rouge foncé avec des bretelles
très fines.
Elle était simple et en même temps...classe.
— En plus, la couleur est ouf, renchérit Jacob les yeux brillants, va
l'essayer...et les autres aussi !
Il me balançait plusieurs autres robes à la figure que j'attrapais de
justesse, mais je m'étais vite retrouvé avec une montagne de tenues dans les
bras.
Je sentis les mains de Jacob me pousser à l'intérieur de l'espace essayage
vide et le vit s'installer sur le siège luxueux à l'extérieur de la cabine où
j'étais.
Très vite, j'essayai les robes et sans surprise, j'étais mal à l'aise dans la
grande majeure partie.
Soit elles étaient trop courtes, soit trop transparentes, soit avec un
décolleté trop plongeant.
Soit tout simplement pas jolie sur moi.
Jacob s'amusait à me faire le remake d'une émission de télé de relooking
sans prendre au sérieux mes questions par rapport à l'allure que j'avais avec
ces robes, et émettait des critiques aussi ridicules et drôles les unes que les
autres avec un faux accent espagnol.
Mais bon, c'était Jacob.
— Je peux te poser une question ? lui demandai-je derrière le rideau de
la cabine en me changeant pour la neuvième fois.
— Oui !
— Pourquoi Kai a accepté cette « mission » ? Qu'est-ce qu'il avait à
gagner ?
— Ça trésor je ne peux pas te le dire, ça concerne Kai seulement.
Je fronçai les sourcils, agacé et frustré par la non-réponse que j'avais
reçu.
Je ne comprenais pas pourquoi Kai avait accepté, pourquoi il avait
accepté de me surveiller ?
Qu'est-ce qu'il y gagnait ?
Le connaissant un minimum, je ne pensais qu'il le faisait pour remplir son
temps ou seulement pour mes beaux yeux.
Beaux yeux ?
C'est une expression.
Il y avait sûrement quelque chose derrière. Et je devais savoir ce que
c'était.
— Mais tu le sais ? lui demandai-je en enfilant la robe rouge.
— Trésor, Kai est comme mon petit frère bien sûr que je connais la
raison, souffla-t-il en répondant à ma question, tu sais ce qui me soûle ?
c'est que je ne vais pas regarder les « Bachelorette » ce soir à cause de la
fête, d'ailleurs j'ai adoré le dernier épisode...
Je grimaçais en regardant l'ouverture qui était à quelques centimètres de
ma hanche, laissant apercevoir l'intégralité de ma cuisse fine, Jacob parlait
encore des Bachelorette, mais honnêtement, mon cerveau faisait trop de
bruit.
Et j'étais incapable d'écouter autre chose que lui.
Ce genre de robe ne va pas avec ton corps.
Tu es trop maigre.
Le décolleté lui, était parfait par contre, mais...ce n'était pas fait pour
moi. Je n'avais pas le corps pour.
Tu n'as pas assez de seins.
Cette robe ne t'ira pas.
Elle n'est pas faite pour toi.
Les gens vont te regarder à cause du rouge.
Tu as l'air trop provoquante.
Mes poings se serrèrent face à mon cerveau qui parlait autant que ma
mère, jugeant chaque centimètre de ma peau qui n'était pas aussi parfaite
que les mannequins sur Instagram.
Mes cuisses et mes jambes étaient fines, il y avait des cicatrices qui
avaient très mal guéri, mes bras étaient fins, j'avais l'air d'un squelette.
« Tu seras plus jolie avec des kilos en plus »
« Ne mange pas trop, tu pourrais prendre des kilos et c'est moche »
Va te faire foutre maman.
Bon...quand il faut y aller...faut y aller.
— Et quand elle lui a donné la rose je voulais TELLEMENT qu'ils
se-
Je tirai le rideau et sa phrase se coupa lorsque ses yeux se déposèrent sur
moi, il ouvrit exagérément la bouche et écarquilla les yeux.
— Quoi ? paniquai-je en regardant sa réaction avant de baisser mon
regard vers la robe, elle est trop ouverte ? C'est à cause du décolleté ? Tu
crois que-
— ON PREND CELLE LA ! cria-t-il en se levant d'un bond, oh merde
Iris tu vas me faire douter de mon orientation là ! Si je n'aimais pas les
mecs, je te-
— Ok j'ai compris, le coupai-je en levant les bras et un sourire se colla
sur mes lèvres à cause de ses paroles.
Il ment.
Il te dit ça pour ne pas te blesser.
Cette robe ne te va pas.
Je me regardais une nouvelle fois dans le miroir, tentant de ne pas écouter
mon cerveau qui me martelait de pensées intrusives.
— Tu es splendide, murmura la voix de Jacob en s'approchant de moi, je
comprends maintenant.
— Ça fait trop j'ai l'impression, lâchai-je en regardant la robe.
Et plus je la regardais sur moi, moins je l'appréciais.
Putain.
Je secouai la tête et grimaçais de dégoût en la regardant sur moi une
nouvelle fois puis entendis la voix de Jacob derrière moi qui fixait mon
reflet.
— Non non non non, c'est non négociable, tu vas prendre cette robe-
— Elle ne me va pas je vais prendre autre chose, terminai-je en
repartant vers la cabine.
— C'est mort ! s'exclama-t-il en entrant à l'intérieur de la cabine, tu vas
garder cette robe !
Je le fis tirer le rideau et croisai les bras en me fusillant du regard,
j'écarquillais les yeux et m'étranglai en lui disant :
— Putain sors les gens vont croire qu'on est en train de baiser sur
leur robe !
— Oh s'il te plait, je suis à ça d'essayer toutes les robes avec toi et je
parle des Bachelorette depuis tout à l'heure ! Prends cette robe qu'on se
casse d'ici !
Ma grimace ne me quitta pas tandis que je regardais la robe en question
et me tournais vers Jacob en soupirant.
Il étira ses lèvres dans un sourire vainqueur et déclara :
— Aller change toi, je vais payer !
°°°°
Plusieurs heures plus tard. 20 heures 45.
Kai dormait encore profondément, je ne comprenais pas comment il
pouvait dormir autant.
Nous avions eu le temps de sortir, aller à New York, faire un shopping et
revenir.
J'avais eu aussi le temps de déjeuner, m'épiler et de prendre une douche,
et maintenant.
J'attendais que Jacob sorte de sa douche pour pouvoir le coiffer.
Pendant l'attente, je restais dans la salle de bains principale avec son
copain, assise sur une chaise en regardant Vernon se raser le crâne en me
racontant des anecdotes sur son boulot.
Je n'arrivais pas encore à réaliser que c'était un flic.
Un vrai.
— Et ensuite je suis resté comme un tocard sous la pluie pendant
trois heures !
Un petit rire s'échappait de mes lèvres en l'écoutant me raconter comment
il avait coincé un meurtrier qui tournait un peu trop en ville.
— Putain y a plus d'eau chaude ! s'exclama la voix de Jacob à la salle
de bains au sous-sol.
Vernon étira ses lèvres dans un petit sourire moqueur et j'entendais les
pas de Jacob monter les escaliers.
Ses pas se rapprochèrent de la salle de bains dans laquelle nous étions et
je vis son visage boudeur fusiller du regard son copain, son corps vêtu
seulement d'une serviette autour de sa taille.
Je remarquai qu'il avait autant de tatouages que Kai.
C'était impressionnant.
— C'est toi !
— Je n'ai rien fait, se défendit Vernon en examinant son crâne sans
prendre au sérieux Jacob.
— Justement ! Tu sais que je déteste la plomberie t'as promis de la
faire, grogna Jacob en tremblant de froid.
— Tu as besoin que je te réchauffe ?
Mes yeux s'écarquillèrent et mon souffle se rompit, puis je m'exclamai :
— N'oubliez pas que je suis là hein !
Vernon ria et Jacob le fixait, soudainement moins en colère. Un sourire
malicieux étira ses lèvres et il secoua finalement la tête :
— Tu joues trop bébé, ne t'étonnes pas si je joue moi aussi, souffla ce
dernier avant de se tourner vers moi, Kai dort encore ?
— J'ai dû vérifier qu'il n'était pas mort quand je suis arrivé en
toquant plusieurs fois et il m'a hurlé dessus ça m'a rassuré, nous confia
Vernon en se tournant vers nous, je pense que c'est parce qu'il a enchaîné
plusieurs jours avec un sommeil irrégulier.
— Il a l'habitude ça, je crois qu'il a juste un peu trop forcé sur la
drogue.
Je me tournais vers Jacob qui s'approcha de moi, puis je le vis s'assoir par
terre devant moi en passant sa main sur ses cheveux humides.
Il releva sa tête vers moi et me sourit de toutes ses dents en me disant :
— Je veux un truc rapide et simple, j'ai du gel-
Des tocs qui provinrent de la porte d'entrée le coupèrent et mon cœur
commençait à battre fort à l'intérieur de ma poitrine.
Qui était-ce ?
Il y avait déjà tout le monde ici ?
Jacob lança un regard à Vernon qui se redressa, son corps imposant me
faisait toujours autant grimacer.
Vernon se sécha les mains et quitta la salle de bains, nous entendîmes ses
pas lourds contre le sol et Jacob se leva.
J'entendis la porte s'ouvrir et une voix que je reconnus arriva à mes
oreilles, celle de Casey.
— Vous êtes prêts ?
— Non, c'est encore tôt, fit Vernon d'un ton neutre, tu n'es pas venu
seul on dirait.
— J'vous ai manqué avoue V', fit une voix féminine qui m'était
inconnue.
Jacob étira ses lèvres dans un petit sourire et se tourna vers moi en me
disant :
— C'est Casey et Stella, une fille qui travaille pour l'organisation.
Elle a souvent travaillé avec nous quand Mason nous demandait des
trucs. Tu viens ?
Je le regardais, hésitante et paniquée intérieurement. Je me levai
doucement et le suivais à l'extérieur de la pièce.
Tombant nez à nez sur les deux personnes qui venaient d'entrer.
Stella.
Des cheveux blonds qui tombaient en cascade, lui arrivant juste au milieu
des bras, des yeux noisette et un petit nez.
Des lèvres charnues couvertes par un rouge à lèvres brique.
Elle était très jolie.
Physiquement, elle était grande de taille, plus grande que moi en tout cas.
Elle avait de très jolies formes.
Elle est vraiment très belle.
— Où est Kai ? Nous demanda-t-elle curieusement, oh...c'est donc elle
la nouvelle meuf que vous avez kidnappée ? Mason m'en a vaguement
parlé.
Je restai muette, et la fixai sans un mot. Laissant Jacob répondre :
— Il dort dans sa chambre, si Mason t'en a vaguement parlé c'est
pour une raison, termina-t-il d'un ton malicieux, elle s'appelle Iris.
— Moi c'est Stella, ravie de faire ta connaissance !
Elle me sourit chaleureusement et se tourna vers Casey qui me souriait
avant de lui dire en claquant des doigts près de son visage pour attirer son
attention :
— Aller grouille, on a pleins d'autres trucs à déposer, t'as entendu
Mason il nous veut avant 22 heures.
Casey détourna le regard et déposa une boite sur le comptoir en déclarant
:
— C'est les plans que vous avez demandés à Mason, on se retrouve à
l'organisation.
— Je peux aller réveiller Kai ? Interrogea Stella d'un air joueur en
souriant malicieusement.
— Si tu as envie de mourir, je t'en prie, répondit Jacob en ouvrant le
bras comme s'il l'invitait, tu sais que personne d'autre que lui n'est
autorisé à entrer dans sa chambre, pas même moi et Vernon.
...Sauf moi.
Elle émit une petite mine boudeuse et se fit tirer par Casey qui nous salua
une dernière fois avant de quitter la maison, puis nous entendîmes Stella
s'exclamer joyeusement :
— À ce soir les mecs !
Jacob se tourna vers moi, un sourire étirait es lèvres fines puis il me dit
simplement :
— Bon, je vais t'attendre à la salle de bains trésor, va réveiller
Lakestone.
_____________
Hey !
Je sais pas si vous aussi ça vous arrive d'avoir une motivation DE FOLIE
pour faire quelque chose mais ça dure que quelques secondes et ensuite...

Moi très souvent, avec les cookies.


Fuck I don't do shit. Wtf. Envoyez moi vos meilleures recettes de cookies
i need some comfort food.
Je poste beaucoup trop ces derniers temps mdr m'y mental health is so
bad im impressed.
(This gif got me screaming)

Lakestone ? 😎
BUT ANYWAAAAAAAAAY let's talk about...

J'ai vraiment envie d'avoir vos avis sur l'histoire, d'avoir ce que vous
voyez à travers les chapitres, le développement, l'évolution ect ect so please
write here tout ce que vous pensez de LAKESTONE by far ! (Oui j'ai
besoin d'être rassurer I'm scaréd)
J'ai vraiiiiiiiment hâte d'être à la soirée...de l'organisation ! J'ai
l'impression qu'on commence enfin à rentrer dans le monde de
LAKESTONE et FUCK IM SO EXCITED OMGGGGGG.
A très bientôt pour un nouveau chapitre ! ❤️ 🦋🐍
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram: sarahrivens
24. Kai...et Kai Lakestone

(Trigger Warning: Ce chapitre contient des passages à caractère violent.)


Iris
— Tu veux ma mort ? m'étranglai-je en écarquillant des yeux.
— Tu veux la mienne peut-être ? répliqua-t-il d'un ton dramatique,
regarde, Vernon l'a déjà réveillé, ça fait un joueur en moins. Il reste
nous deux, moi je l'ai déjà réveillé la semaine dernière, c'est ton tour.
— Comment ça « la semaine dernière » ? Jacob, il va m'assassiner !
— T'as un collier d'immunité, pas moi, termina ce dernier en passant
sa main dans ses cheveux, mes cheveux vont sécher là fais vite !
Je le fusillais du regard et il étira ses lèvres dans un sourire angélique et
mit ses deux mains juste au-dessous de sa mâchoire, exprimant un air
faussement mignon.
— Si je meurs, sache que je ne te pardonnerai jamais, grognai-je en
l'assassinant des yeux.
— Alors là, rien à foutre.
Il me poussa jusqu'à la chambre fermée de Kai, je grimaçais et sentais
mon cœur tambouriner à l'intérieur de ma poitrine.
Des frissons secouaient mes membres alors que je regardais Jacob
s'éloigner de la chambre, me laissant seule à l'intérieur du couloir sombre.
Face à la porte de celui qui me hantait.
Et qui me terrifiait.
Et que tu voulais baiser aussi.
Mais ta gueule putain.
Aller ouvre la porte on dirait tu vas affronter ton créateur là.
À ce stade, je préfère.
Pourquoi c'est qui ce bouffon même ? Au pire, il va crier.
T'as raison...ouais t'as raison
Au pire, il allait crier.
Ce n'était pas comme si on ne m'avait jamais crié dessus.
HAHAHAHAHA oui c'est vrai.
Je grimaçais et posais doucement mes doigts sur la poignée, la tournant
légèrement tout en sentant que mes battements cardiaques allaient
s'entendre à des kilomètres.
J'espérais intérieurement que la porte soit verrouillée et qu'il m'était
impossible d'entrer.
Mais putain à quoi je joue ?
Je détestais sentir que j'avais peur face à lui, une partie de moi était
terrifiée par lui, et mes nerfs chauffèrent contre moi-même.
Je détestais avoir peur de quelqu'un.
Je ne savais que trop bien ce que ça faisait, comme si j'étais faible face à
des personnes qui étaient faites d'os et de chair comme moi.
Des personnes qui allaient être six pieds sous terre, comme moi.
Comment je pouvais avoir peur de personnes comme moi ? D'humains ?
Au pire, imagine-le à poil.
Je- NON !
— Bon, aller porte tes couilles meuf..., murmurai-je à moi-même en
tournant la poignée.
Mais un hoquet s'arracha de mes lèvres lorsque je sentis ma main se faire
tirer en avant, sa porte venait de s'ouvrir brutalement, et je fis un pas en
arrière.
Kai arriva dans mon champ de vision.
Et je me figeai.
Son regard glacial se posa sur moi, les cernes sur son visage ravagé par la
fatigue me firent grimacer. Il ne portait qu'un bas de survêtement gris, sa
peau pâle et fine laissait parfaitement voir les veines de son corps.
Surtout sur ses bras et son bas ventre.
Ses muscles étaient tendus et contractés, comme s'il venait de faire des
heures de sport.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
Mon souffle se rompit face à sa voix profonde et endormie, je bégayai :
— Euh...Jacob t'a...il faut que...faut que tu te réveilles, on va bientôt
partir.
— On partira quand je le voudrai, grogna-t-il froidement.
Le sang dans mes veines se glaça à l'entente du ton de sa voix, il ferma la
porte derrière lui et s'éloigna de la pièce sans me dire autre chose.
Je le vis s'approcher de la porte d'entrée et il tira un trousseau de clés de
sa poche, verrouillant la porte de tous les côtés.
Qu'est-ce qu'il fout ?
Kai s'approcha des fenêtres et les verrouillait à leur tour sans un mot
avant de retourner au couloir dans lequel j'étais.
Le silence vint s'installer à l'intérieur de la maison, la conversation
qu'entretenaient Jacob et Vernon s'était arrêtée à l'instant où Kai entra dans
la salle de bains principale.
Mon souffle se rompit lorsqu'il referma la porte de la salle de bains,
restant à l'intérieur avec eux.
L'enflure, c'est pour ça qu'il a tout fermé.
J'entendis leur voix sourde et lointaine puis grimaçais, ne comprenant pas
ce qui se passait.
Ils se faisaient une mini réunion à la salle de bains ?
Pourquoi était-il aussi froid ?
Il a la gueule de bois c'est sûr.
Jacob avait raison, il avait forcé sur la drogue.
C'est un putain de toxico.
Soudainement mal à l'aise et me sentant complètement mise de côté, je
retournais dans ma chambre où je retrouvais Rufus.
Je fermai la porte et soupirai en sentant mon angoisse monter, comme si
mon estomac se nouait un peu plus chaque seconde alors qu'on s'approchait
de l'heure où nous devions quitter la maison.
Pour aller à cette soirée.
Je posais la main sur mon ventre en respirant profondément.
Mon cœur bat trop vite non ?
Si, il bat trop vite.
Je fais une crise d'angoisse ?
Un frisson rapide secoua mon corps, ce genre de frisson qui arrivait sans
le froid : c'était de l'anxiété.
Je frissonnais souvent sans raison, quelques années en arrière je pensais
que j'étais peut-être frileuse, mais très vite je compris que c'était l'un des
symptômes d'une personne avec des troubles anxieux.
Mes mains tremblaient légèrement et je me sentais étouffé.
Et la revoilà encore.
Les pensées tourbillonnaient dans ma tête, mon anxiété venait de prendre
le contrôle de mon corps.
Je m'assis sur le matelas et ma jambe bougeait nerveusement et trop
rapidement, je passais ma main dans mes cheveux en soufflant, tentant de
calmer ma respiration saccadée.
Secouant mes mains par réflexe.
Soudainement englouti par la sensation que mon corps était en train de se
noyer dans l'angoisse.
Je vais mourir.
Je crois que je vais mourir maintenant.
Je vais mourir.
Je vais mourir.
Je suffoquais et commençais à être étourdie, comme si j'allais m'évanouir
d'une seconde à l'autre.
Mes mains devinrent moites et je transpirais.
Tremblante comme une dingue comme si quelque chose d'horrible allait
m'arriver.
Mon corps va exploser.
Je vais mourir.
Je vais mourir.
Non je vais mourir.
Je suis en train de faire une crise cardiaque.
Des fourmillements se firent sentir et les larmes me montèrent aux yeux,
ma cage thoracique se comprimait de plus en plus et j'avais l'impression que
mes poumons ne voulaient plus faire rentrer l'oxygène.
Mes entrailles se nouaient entre elles, la panique broyait chaque cellule
de mon corps.
Je me recroquevillai, tenant ma tête qui me faisait atrocement mal entre
mes mains, tirant sur mes cheveux comme une folle.
Je veux quitter mon corps.
Je vais mourir.
Mon anxiété m'étranglait, j'allais m'étouffer, j'allais mourir.
Je vais mourir.
Je n'arrivais plus à respirer, mon souffle était trop saccadé, l'oxygène ne
pouvait pas rentrer.
— C'est rien...c'est rien, je n'ai rien...il n'y a rien...
Je me pressais la peau si fort pour revenir à la réalité, les secondes
paraissaient comme des heures, c'était interminable.
Invivable.
Mes ongles contre ma chair laissèrent échapper du sang de mon
épiderme, et je grimaçais de douleur.
Tu n'as rien...tu ne vas pas mourir...il n'y a rien...
Ma voix intérieure fut plus audible dans ma tête, comme si l'angoisse lui
avait laissé place.
J'étais essoufflée, une fatigue immense s'écroula sur mon corps comme si
j'avais escaladé des montagnes.
Je prenais de grandes inspirations, sentant que mon souffle se saccadait
encore à quelques moments, mes sanglots s'arrachaient de ma bouche et des
larmes quittèrent mes yeux.
Je déteste ça.
Les paumes de mes mains se pressèrent contre mon crâne qui me
martelait de coup, une migraine horrible siphonnait mon cerveau.
L'anxiété me tuait. Tout le temps. À chaque fois.
Parfois, c'était des crises internes. Comme si mon corps ne m'appartenait
plus, je ne bougeais pas, je disparaissais dans mes pensées et la laissais
prendre possession de mon corps en détachant ma réalité de mon cerveau.
D'autres fois comme celle-ci, elle jouait avec mes émotions. Me faisant
croire que j'allais mourir, que mon cœur battait trop vite, que mes poumons
ne fonctionnaient plus, me forçant à respirer plus rapidement.
Me forçant à laisser mon cerveau prendre le contrôle en me mettant en
instinct de survie.
Me laissant paniquer et angoisser.
Je me laissais tomber sur le matelas, ma vision se remplissait de petites
taches blanches et mes lèvres s'entrouvraient afin de respirer par la bouche.
Plusieurs minutes s'écoulaient et je me calmais enfin.
Je passais doucement ma main encore tremblante sur mon visage froid et
fermai les yeux, j'avais encore le tournis, mais ça n'allait pas durer.
Imagine ça revient ?
Non, stop.
Je me redressai, et mon regard se posa sur Rufus qui mangeait.
— La plus belle des vies, murmurai-je en regardant mon animal de
compagnie.
— IRIS MES CHEVEUX !
Je sursautai face à la voix sourde de Jacob qui provenait de l'extérieur et
me relevai rapidement, j'inspirai profondément et essuyai mon visage à
l'aide de ma main avant de secouer mes doigts.
J'expirai lourdement et abordai une mine neutre sur mon visage que je
savais encore ravagée par ma crise.
J'ouvris la porte et déglutis, ma gorge était sèche et je sentais encore des
frissons sur ma peau.
— IR-
— J'arrive ! m'exclamai-je en sortant de ma chambre.
Mon cœur rata un battement en voyant Kai sortir de la chambre, son
regard se posa sur moi un instant puis il détourna les yeux en allant vers la
chambre de Vernon et Jacob.
Je m'avançai et entrai à l'intérieur de la salle de bains où était Jacob,
m'attendant face au miroir et assis sur la chaise que j'avais posé ici.
Vernon était dans un coin de la pièce, son regard se posait sur moi, mais
j'avais l'impression qu'il était perdu dans ses pensées.
Un petit sourire trahissait son air sérieux.
Je m'approchai de lui et commençai à faire ses cheveux en l'écoutant me
dire ce que je devais faire sur ces dernières.
Mon regard se posa très vite sur quelque chose près de l'évier, une chose
qui m'était très familière.
Ma trousse de maquillage.
— Je me suis dit que t'en aurais sûrement besoin, déclara Vernon en
pointant du doigt cette dernière lorsqu'il vit que je m'étais arrêté de faire les
cheveux de son copain.
Je vis son reflet à travers le miroir et il étira ses lèvres davantage, un
sourire qui fut contagieux, car je lui souriais en retour.
— Merci...
Je continuai à faire les cheveux de Jacob et Vernon nous prévenait qu'il
allait se changer, une dizaine de minutes plus tard, Jacob et moi avions fini.
Heureusement.
— Merci trésor, me remercia-t-il pour la cinquième fois en admirant ses
cheveux, ok maintenant maquille-toi et va te préparer, Kai va sûrement
se changer dans quelques minutes et il déteste attendre.
Je hochais la tête et le vis sortir de la pièce, allant dans sa chambre à
quelques mètres plus loin. Un souffle s'échappa de mes lèvres et je passais
ma main dans mes cheveux.
Ok...c'est ton tour maintenant.
— IRIS !
La voix de Jacob m'interpella et je me tournai vers la porte avant de
quitter la pièce, ce dernier était près de la porte de sa chambre, avec quelque
chose dans la main.
— Pour tes cheveux.
C'était un fer à lisser.
— Tu préfères un sèche-cheveux ? m'interrogea-t-il d'un ton hésitant,
j'en ai un si-
— Non c'est parfait, merci, le remerciai-je en prenant le fer à lisser.
Il me sourit et tourna les talons, mes pas me guidèrent vers ma chambre
où je tirais la robe que j'avais achetée et repartis vers la salle de bains,
verrouillant la porte.
Le stress commençait à jouer dans ma tête et je sentais que je
commençais à être en retard, j'ouvris ma trousse de maquillage qui me
rappelait tous les moments que j'avais partagés avec Rox.
Les soirées.
Les cours.
Les tutos makeup sur FaceTime.
Je ne me maquillais que très peu, je n'avais pas l'habitude, et ma mère ne
se maquillait pas.
Elle n'aimait pas vraiment le maquillage, elle disait que c'était trop, pas
assez naturel.
Mais j'aimais le mascara et l'anticerne.
Rox m'avait appris à me maquiller, et m'avait aidé à acheter à la grosse
majeure partie des produits.
Les larmes me montèrent aux yeux alors que les souvenirs me revinrent
en mémoire, elle me manquait terriblement.
Sa présence, sa joie de vivre, je me sentais protégée avec elle.
Aimée.
Elle était comme la grande sœur que j'avais toujours voulu avoir, c'était
l'une des personnes qui comptaient le plus à mes yeux, parce qu'elle me
faisait me sentir importante à ses yeux.
Elle était parfois surprotectrice, elle me grondait même.
Mais je savais qu'elle ne faisait que me montrer à quel point elle voulait
me protéger.
Comme une mère.
Un rire s'échappait de mes lèvres, si elle apprenait que j'étais en train de
faire mon meilleur make-up pour aller dans une soirée d'un gang.
Elle pouvait faire un arrêt cardiaque.
— Tu me manques Rider, murmurai-je en prenant mon anticerne, j'ai
hâte de te retrouver.
Quelques minutes plus tard, j'avais fini de travailler mon teint et très vite
m'attaquai à mes yeux. J'appliquai des couleurs neutres et estompai
légèrement les couleurs plus sombres.
Je mis un peu de blush et légèrement de bronzer, pouvant entendre Rox
me dire de ne pas en mettre trop ou en rajouter davantage.
— Tu serais fière de moi Rox, vraiment.
Je regardais mon reflet dans le miroir après avoir mis mon trait d'eye-
liner et mon mascara, me trouvant assez jolie.
— N'oublie pas le Highlighter, pouvais-je entendre la voix de Rox dans
ma tête.
Je soufflais et appliquai très peu de produit sur le coin de mes yeux et le
bout de mon nez, puis enfin, couvrais mes lèvres avec un rouge à lèvres
bordeaux que j'avais.
De la même couleur que la robe que j'allais porter.
En quelques minutes, je m'arrangeais les cheveux et fis de légères
boucles sur mes pointes, puis enfilai ma robe.
Je grimaçai en regardant le décolleté et l'ouverture sur le côté de ma
cuisse, puis tentais de laisser quelques mèches à l'avant pour couvrir ma
peau que je sentais trop...visible.
Je passais ma main sur mes cheveux, les arrangeant puis tirai sur la robe
comme si ça allait changer quelque chose.
Je mis mes talons et me sentis soudainement plus grande, et une partie de
moi me trouvait jolie.
Je posais ma main sur mon ventre, la boule à l'intérieur ne m'avait pas
quitté et j'inspirai profondément.
Tu as mis trop de maquillage.
Les poils de tes bras commencent à repousser.
Tu vas tomber avec tes talons.
Tes cheveux ne sont pas assez bien faits.
Cette robe ne te va pas.
— J'en ai rien à foutre, grognai-je en fermant les yeux et étouffant
toutes les paroles de mon cerveau.
Je tournai les talons et déverrouillai la porte de la pièce avant de sortir de
la salle de bains, mes talons claquaient contre le sol alors que je
m'approchai de ma chambre.
Je fronçai les sourcils en remarquant qu'il n'y avait aucun signe de Jacob,
ou même Vernon.
La chambre de Kai était fermée et je ne savais pas s'il était à l'intérieur.
Ils étaient partis ?
— Vernon !
Je sursautai lorsque la voix sourde de Kai explosa dans ce silence, mais
Vernon ne répondit pas.
J'entrai dans ma chambre et ouvris le placard en cherchant une veste
chaude à cause de la température et sa voix masculine fit écho une nouvelle
fois.
— Vernon !
J'hésitai à lui dire qu'il n'était peut-être pas là, mais son impatience était
plus rapide. Je l'entendis ouvrir la porte à la recherche de Vernon.
Ses pas se rapprochèrent de ma chambre et mon souffle se rompit
lorsqu'il arriva face à ma porte ouverte.
...putain.
— J'ai besoin que tu fasses le nœud de ma crava-
Le bas de son costume noir taillait parfaitement ses jambes, il portait une
chemise de la même couleur dont il retroussa les manches, laissant
apercevoir les tatouages sur sa peau.
Le col de sa chemise était fermé et je vis une cravate encore défaite.
Son regard croisa le mien, et je le surpris en train de détailler de haut en
bas exactement comme je le faisais.
Ses iris me brûlaient délicatement, affichant ouvertement le regard dénué
d'innocence qui exprimait, retraçant ma silhouette silencieusement.
Je me raclai la gorge alors que je sentais mon cœur quitter la cage
thoracique en lui disant doucement :
— Vernon n'est pas là, tu veux que je fasse le nœud ?
Son regard remonta vers moi, et très vite je vis toutes ses émotions
quitter ses yeux bleus, devenant vides alors qu'il fit glisser la cravate avant
de la retirer de sa chemise.
— J'en ai rien à foutre de cette merde.
Je le vis déboutonner le col et quelques autres boutons, laissant entrevoir
le haut de son torse tatoué.
Et la cravate fut très vite remplacée par la fine chaine qu'il avait
constamment autour de son cou aussi tatoué que l'intégralité de son corps.
Et pour la première fois, je remarquai parmi les tatouages, un serpent qui
s'enroulait autour de sa nuque.
Les muscles de son torse furent très vite à ma vue et il tourna les talons,
comme s'il n'était jamais arrivé.
Je soupirais et refermai le placard après avoir tiré une veste que j'avais
l'habitude de porter. Toute ma garde-robe n'était pas là, mais je remerciais
l'un d'eux de l'avoir ramené.
Deux minutes plus tard, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir et la voix de
Jacob demanda :
— Vous êtes prêt ?
— On y va, fit la voix profonde et masculine de Kai depuis sa chambre.
J'inspirai un bon coup, et vérifiais que Rufus ne manque de rien puis
soufflai.
Je déteste déjà cette soirée.
°°°°
23 heures. L'organisation.
— VODKAAA ! Entendais-je Jacob crier suivi d'une dizaine de
personnes autour de lui.
Je grimaçais en regardant le nombre de personnes à l'intérieur de cette
fête, me collant contre le mur de cet immense hangar aménagé pour
l'occasion.
Il y avait un bar avec boissons à volonté, la musique était assourdissante
et les voix créaient un gros brouhaha aussi fort que les chansons qui
passaient.
Nous étions là depuis 20 minutes à peine, le trajet était animé par les
blagues de Jacob et les anecdotes de Vernon.
J'étais assise derrière avec Kai, qui regardait par la fenêtre tout le long de
la route sans se tourner vers nous une seule seconde, mais je voyais sa
jambe bouger.
Comme s'il était nerveux.
À notre arrivée, Jacob avait déclaré que j'allais rester près de lui.
Et j'avais l'interdiction formelle de parler de moi, de donner mon nom ou
encore de discuter de ma vie avec ces gens-là.
Ce qui en soi, m'arrangeait énormément.
Ne pas faire la conversation était ce que je savais faire de mieux.
Et me voilà, dans un coin, près du canapé où Jacob était assis à se bourrer
la gueule avec ses potes de l'organisation.
Vernon était sobre, j'avais remarqué qu'il carburait à l'eau depuis le début.
Je comprenais que c'était lui qui allait conduire.
Quant à Kai.
Il était assis sur un autre canapé face au mur près duquel j'étais, quelques
mètres plus loin. Son regard balayait le hangar, des gens lui parlaient, mais
je le voyais plus concentré sur ses pensées que sur les paroles autour de lui.
Parfois, son regard tombait sur le mien, mais ça ne durait que quelques
secondes avant qu'il ne détourne les yeux sur son verre.
— ...Tu t'amuses ?
Je me tournai vers la voix qui me parlait et croisai les cheveux blonds et
les yeux marron que j'avais vus une heure plus tôt.
Stella.
Je ne répondis rien et lui montrai mon verre en souriant, un sourire
qu'elle me rendit avant de croiser les bras et se tourner vers le monde qui
nous faisait face.
— Les soirées comme ça sont souvent mouvementées, m'informa
Stella d'un ton ennuyé, les mecs adorent se battre et faire les forts, c'est
embarrassant.
Un petit rire s'échappa de mes lèvres et elle sourit davantage avant de
continuer :
— Donc quand il y a des bastons, reste dans un coin et admire la
stupidité de l'homme. Et ne reste pas seule, tu es magnifique avec cette
robe...et tous les yeux sont sur toi, petite star.
Je me crispai et regardais très vite autour de moi, certains regards
dévoraient mon corps ouvertement, mais d'autres ne faisaient pas attention à
moi.
Mon regard tomba une nouvelle fois sur celui de Kai, qui me fixait.
Pour la première fois depuis le début de la soirée, ses yeux ne s'étaient
pas détournés.
Je maintenais son regard et mon cœur battait à vive allure, sentant
l'adrénaline couler aussi rapidement que le sang dans mes veines.
Pourquoi il me regardait maintenant ?
Peut-être qu'il regardait Stella ?
C'est marrant elle a le même prénom que la chienne de Jay dans Modern
Family.
Je me pinçai les lèvres face à la propre réflexion de ma voix intérieure et
gardais mes yeux sur Lakestone.
Je le vis détourner le regard vers Vernon qui n'était qu'à quelques mètres
plus loin, Stella ne regardait pas la scène qui se déroulait face à nous,
préférant se moquer de personnes passagères avec des réflexions qui étaient
assez drôles.
— Le mois dernier, elle est venue avec une robe qui s'est brûlée en
cours de route, heureusement qu'elle a opté pour un jean là, pouffa la
blonde.
Vernon se tourna vers Kai et ce dernier me désigna du menton en buvant
une nouvelle gorgée de son verre, un geste si discret que je commençais à
douter de ma propre vue.
Le flic se tourna vers moi et maintenu son regard sur Stella qui était plus
occupé à critiquer les tenues des gens, Vernon s'approcha de nous et
esquissa un petit sourire en nous disant :
— Vous vous amusez bien on dirait.
— Je fais mon one man show, elle est ma spectatrice, répliqua Stella
en souriant de toutes ses dents.
Elle me rappelait un peu Rox. Cette pensée me noua la gorge, ma
meilleure amie me manquait affreusement.
— Tu m'accompagnes ? Je dois récupérer quelque chose de la
voiture, me demanda Vernon gentiment.
Je hochai la tête et le suivis, Kai avait toujours son regard sur nous alors
qu'on s'avançait vers la sortie du hangar aménagé, ses yeux me détaillaient
sans retenue, mais je voyais qu'il n'était pas aussi...confiant.
Il ne souriait pas, la lueur perverse qui avait l'habitude de faire briller ses
yeux n'était pas là.
Quelque chose avait changé en lui.
Ce soir.
Des regards inconnus se posèrent sur moi et me dévoraient tout cru, l'air
frais entra en contact avec ma peau réchauffée par la température intérieure
et je frémis.
— N'oublies pas, ne parle pas de ta-
— Personne, de ton passé, ne donnes pas ton nom et n'accepte pas les
verres qu'on te propose, répétai leur consigne d'un ton ironique en
souriant, oui je sais.
Vernon me sourit en retour et je le vis ouvrir le coffre de cette dernière et
mon souffle se rompit en le voyant tirer deux flingues cachés à l'intérieur
d'une boite à chaussures.
— On n'est jamais trop prudent, déclara-t-il en voyant mon visage,
cette soirée n'est pas la plus sûre.
— Loin de moi l'idée de penser qu'elle l'était à la base, grimaçai-je
alors qu'il verrouillait le véhicule.
Il émit un petit rire dans un souffle et je le devançai avant de sentir ses
deux mains sur mes épaules, me guidant doucement jusqu'à l'intérieur, très
vite, mon cœur se réchauffa face à ce geste.
Mon père posait souvent ses mains sur mes épaules quand on sortait.
Enfin...quand j'étais plus jeune.
Nous revînmes à l'intérieur du hangar où la fête battait son plein, et je me
tournais vers le canapé où était assis Kai quelques minutes plus tôt.
Et ses yeux se posèrent sur moi instantanément.
Puis sur Vernon.
Son regard s'assombrit et sa mâchoire se contracta l'espace d'une seconde
avant qu'il ne détourne le regard, l'air de rien.
Je fronçai les sourcils face à sa réaction, mais décidai de ne pas trop
réfléchir, je revins près du mur où j'étais et remarquai très vite que Stella
n'était plus là.
Elle était drôle quand même.
Ça ne m'étonnait pas que Jacob l'aime bien.
Soudain, des petits tintements se firent entendre, et je vis les barmans
claquer énergiquement et en même temps, des cuillères contre les bouteilles
d'alcool.
Un geste que plusieurs avaient suivi, couvrant alors le brouhaha que
formaient les paroles dans le hangar.
Je les vis former un gros cercle autour de quelqu'un, et me redressai en
essayant de voir la personne au milieu.
Puis très vite, les personnes commencèrent à se coller aux murs, certains
s'asseyaient sur les chaises et les canapés autour du hangar.
— Excusez mon retard...bonsoir à tous !
Mason.
Des cris joyeux se firent entendre, et je me tournai une nouvelle fois ver
Kai qui abordait une expression ennuyée, nonchalante.
Son regard se posa rapidement vers moi lorsque je sentis une présence à
côté de moi.
Me forçant à tourner la tête et voyant que cette présence m'était familière.
Casey.
Il me sourit, un sourire que je lui rendis et il se rapprocha de moi en me
disant près de l'oreille :
— Cette robe te va très bien...elle est très jolie sur toi.
Mon cœur bondit et je le remerciai, extrêmement gênée. Je détestais
recevoir des compliments.
Je n'arrivais jamais à les accepter dans ma tête.
Comme si je ne les méritais pas.
Mon regard tomba une centième fois sur celui de Kai et frémis en voyant
son air ennuyé se changer en un air furieux.
J'avais deviné que la présence de Casey en était pour beaucoup.
Plusieurs minutes s'écoulaient et Mason parlait des problèmes qu'ils
avaient eu à l'organisation.
Félicitant les personnes qui l'avaient aidé cette semaine par la même
occasion.
Je sentais que je cherchais le regard de Kai, comme si je ne supportais
pas le fait qu'il ne me regardait pas autant qu'avant.
Pourquoi il ne me regarde pas ?
Son comportement avec moi avait complètement changé, il était froid et
détaché.
Comme indifférent ou essayant de montrer qu'il l'était.
— ...Pour l'heure, je ne cherche pas à ce que vous vous mêliez de mes
affaires, entendais-je la voix de Mason, la personne qui a volé mon
argent est toujours en cavale, mais j'arriverais à la retrouver.
Mon corps se raidit et se secoua de tremblements lorsque cette phrase me
fit sortir de mes pensées, il parlait de mon père.
Il parlait de moi.
— Cette tâche est réservée à Kai Lakestone ici présent.
Les gens se tournèrent automatiquement vers mon ravisseur, comme s'ils
savaient tous où il était assis. Ce dernier émit une expression sérieuse et ne
bougea pas, laissant son regard sur Mason qui continuait :
— Il est et restera mon allié dans cette bataille, je ne fais confiance à
personne d'autre que lui.
Le silence demeura la seule réponse de Kai qui ne remerciait pas Mason,
se concentrant sur son verre en fusillant du regard les gens qui le fixaient.
Je cherchais son regard, mais ses yeux ne se tournèrent pas une seule
seconde en ma direction.
— Par ailleurs, j'ai entendu des bruits de couloirs, des personnes
sont en train de remettre en question mes décisions. Et j'aimerais
savoir pourquoi.
Alors c'était ça, le but de cette soirée.
Je sentais une tension planer, et les personnes se regardaient en silence.
Certains grimaçaient, d'autres étaient dans l'incompréhension.
Puis une voix retentit.
— Je suis l'une des personnes à avoir parlé de cette histoire. Parce
que je ne comprends pas pourquoi tu as choisi Kai et pas l'un de nous,
Mason. Et j'aimerais parler au nom de tous.
L'homme qui avait l'air d'avoir l'âge de Jacob s'approcha de Mason,
sortant du lot. Kai se tourna vers lui, et sa mâchoire se contracta.
L'homme fusilla du regard Kai, un regard que Kai avait depuis le début.
Mason déclara :
— Je t'écoute-
Et en une fraction de seconde, un coup de feu terrifiant retentit et je
sursautai en voyant le corps de cet homme tomber au sol.
— Pas moi.
Cette voix profonde qui faisait vibrer mon corps, c'était celle de Kai.
Kai venait de tuer cet homme, sous les yeux de tous.
Mon corps se secoua de tremblements et mon estomac se retourna. Je
voulais vomir mes tripes.
Putain c'est quoi ce bordel ?
Kai se leva du canapé pour la première fois de la soirée en déclarant d'un
ton tranchant :
— Je ne vous connais pas, mais vous me connaissez. J'en ai rien à
foutre de ce que vous pouvez penser de moi, autant que j'en ai rien à
foutre de vous tuer un par un jusqu'à ce que l'organisation n'ait plus de
personnel.
Mason se rétracta, laissant Kai prendre place au milieu.
Un verre à la main et son arme de l'autre. Son regard sévère et menaçant
me fit déglutir et je voyais son corps imposant se contracter à cause de la
colère qui se déferlait dans ses veines.
Ses veines qui étaient de plus en plus visibles sur ses avant-bras et son
cou alors qu'il continuait à haute voix :
— Ne me prenez pas pour l'un des vôtres parce que je ne le suis pas,
et je refuse d'être associé à vous. En tout point de vue.
— Tu te sens meilleur que nous, Lakestone ?
Une voix retentit, et Kai se tourna vers cette personne. Un rictus mauvais
sur son visage et en une fraction de seconde, son arme se pointa sur elle et il
tira sans hésitation.
Encore une fois.
— Je me sens plus vivant surtout.
Mes lèvres s'entrouvrirent et ma main se porta près de ma bouche en le
voyant se tourner en une personne dénuée de toute humanité.
Volant les âmes des autres en guise de réponse à leurs questions.
— ENFOIRÉ !
Kai se tourna vers la voix qui venait d'exploser et rangea son arme en
disant d'un ton mauvais :
— Je commençais à m'ennuyer.
Un homme bondit sauvagement sur Kai, un hoquet d'effroi s'arracha de
ma bouche couverte par mes lèvres en le regardant tirer un couteau de sa
poche, prêt à planter mon ravisseur.
Kai balança violemment son verre sur l'homme qui s'éclata en mille
morceaux sur son visage.
Et très vite, la scène devint sanglante et terriblement brutale.
L'homme au visage en sang criait de rage en essayant de blesser Kai,
mais ce dernier éloignait sa main de toute éventualité. Il arriva quand même
à frapper le visage de mon ravisseur et du sang quitta un coin de ses lèvres
ainsi que son nez.
Personne n'osait se mêler de la bagarre, tous regardaient en silence.
Comme un spectacle.
Kai asséna un coup de poing violent contre la mâchoire de l'homme et le
jeta rapidement à terre, je le vis trembler de rage en se jetant sur lui, le
martelant de coup plus violent les uns que les autres.
Soudain.
Kai rapprocha la main de l'homme qui contenait son couteau près de la
gorge de ce dernier.
L'inconnu fou de rage essayait de se débattre et d'éloigner le couteau de
sa gorge, mais la force de Kai, alimenté par sa fureur, ne le laissait pas faire.
— Je serais la dernière chose que tu verras, fils de pute.
Et là.
La lame traversa brutalement sa gorge.
L'homme s'étouffa dans son propre sang et je me sentais violemment
nauséeuse face à la scène qui se jouait sous mes yeux.
Kai se leva et cracha le sang accumulé dans sa bouche sur le visage de
l'inconnu qui mourrait à petit feu.
Après quelques secondes, il se pencha et tira d'un coup sec le couteau de
sa gorge et je voyais que l'homme agonisait au sol.
Le visage de Kai était en sang, et un sourire mauvais étira ses lèvres, je
voyais que ses mains étaient blessées et son corps était tendu, les taches de
sang étaient nombreuses, son costume venait de se remplir de poussière à
cause du sol.
D'un geste de la main, il balança en arrière les mèches de ses cheveux
humides qui retombèrent une nouvelle fois sur son front et regardait le
monde autour de lui.
— A qui le tour maintenant, hein bande d'enfoirés ? PARCE QUE
JE PEUX FAIRE ÇA TOUTE LA NUIT !
Sa voix explosa dans ce silence, et à ce moment précis.
J'étais complètement tétanisée.
Le silence fut la réponse de tous alors qu'il tournait autour de lui, défiant
les personnes présentes du regard et prêt à arracher de nouvelles âmes.
Comme si c'était la meilleure partie de sa soirée.
Son passe-temps favoris.
— Voilà, je préfère, dit-il plus calmement en laissant ses lèvres en sang
s'étirer dans un sourire mauvais.
En quelques minutes, il avait tué trois personnes. De sang-froid. Comme
si ce n'était rien. Ce côté sanglant de sa personne venait de me donner une
gifle.
Me rappelant de sa véritable nature.
Je tremblais, j'avais envie de vomir et j'avais mal au ventre. Ma cage
thoracique s'était comprimée et je me sentais en danger.
Le voir à l'action était en train de me traumatiser.
Son cou et sa mâchoire étaient tachetées du sang de a victime. Tout
comme ses mains et ses bras.
Il avait rendu cette soirée en un bain de sang à lui tout seul.
— Alors aux prochains qui se mêlent de ce qui me concerne ou de ce
qui m'appartient, déclara-t-il en regardant autour de lui l'air défiant, je vous
promets de vous faire vivre l'enfer avant de vous y envoyer vraiment.
Puis il jeta le couteau droit sur le corps encore chaud de l'homme qui
avait essayé de l'affronter, la lame entra parfaitement sur le côté de son
cœur et je frémis de terreur.
— Et je tiens toujours mes promesses.
Un frisson s'empara de mes membres lorsque son regard se posa sur
nous.
Sur Casey plus précisément.
Putain de merde.
°°°°
Une heure plus tard.
— J'en ai rien à foutre, ferme ta gueule, cracha rageusement Kai en
regardant par la fenêtre de la voiture.
— Jacob arrête c'est bon, fit Vernon en conduisant.
J'étais en train d'assister à une dispute entre Jacob et Kai, ce dernier s'était
très vite dessoûlé après avoir la baston entre Kai et l'homme qu'il avait tué.
Et à présent, il était en train de lui crier dessus pour avoir assassiné autant
de personnes.
En quelques minutes.
En une seule soirée.
Je demeurai muette, n'étant plus qu'un corps encore tremblant avec un
cerveau qui s'était figé, la scène tournait en boucle dans ma tête.
Le sang.
Les secondes qui passaient alors que l'homme s'étouffait à cause de la
lame.
La rage de Kai qui créait des frissons tout le long de mon corps.
Le regard assassin.
Il n'était pas humain. Ce n'était pas humain de tuer avec autant
d'assurance.
Avec aussi peu d'empathie et de retenue.
Il n'hésitait pas, pas une seule seconde il avait hésité. Chaque geste qu'il
avait fait était comme s'il le voulait, comme si c'était la raison de son
existence.
Comme si c'était sa véritable nature.
Tueur.
Assassin.
Meurtrier.
J'avais envie de vomir, plus je me rappelais de ces moments, plus mon
estomac se retournait.
C'était irréel.
Ce n'était pas mon monde. Pas ma réalité.
La sienne était trop sanglante pour moi, trop terrifiante et impossible à
gérer.
Comment une personne comme lui pouvait passer d'un monstre à...à un
enfant qui avait peur de faire du mal à Rufus.
Ces deux images étaient complètement à l'opposé.
Alors c'était donc lui, la personne dont Jacob me parlait.
Kai Lakestone.
Il avait raison, il n'était pas la même personne. Le Kai que j'avais vu était
très loin de celui qui était à la soirée.
La rage qui émanait de lui me brûlait presque la peau et je sentais qu'il
pouvait me transperçait la gorge à n'importe quel moment.
Terrifiée et nerveuse à côté de lui, cette histoire frôlait la folie.
Mes pensées tourbillonnaient dans ma tête et je sentis la voiture s'arrêter,
avant même que Vernon n'éteigne la voiture, Kai en sortit avant de claquer
la porte violemment.
Vernon soupira et se tourna vers Jacob qui avait la mâchoire contractée.
— Je vais le défoncer. Putain il-
— Iris, coupa la voix de Vernon en se tournant vers moi, tu devrais
rentrer, tu es fatigué.
Je le vis se tourner vers son copain et déclarer :
— Reste là, j'emmène Iris à l'intérieur et on s'en va. Vous allez vous
entretuer et je ne suis pas prêt à enterrer ton corps.
Attends une minute...ils vont quand même pas me laisser et se barrer là ?
_____________
Hey !
Est-ce que j'adore couper mes chapitres au meilleur moment parce que je
sais que c'est frustrant ? C'est ma faiblesse.
Am I playing with your feelings ? Totally. Don't be angry...I kinda like it.
Nous a chaque fois que Stella parle :
Please j'ai hâte d'écrire le prochain chapitre HAHAHAHAHAHAHAHA
IRIS VA AFFRONTER SEULE LE OUF QUI LUI SERT DE
SURVEILLANCE ET IM LIVING FOR THIS.
Note qui n'a rien à voir : c'est bientôt mon anniversaire. Genre le 19
décembre. Et chaque année je fais en story une FAQ avec tous les
personnages de mes histoires, préparez vos questions on se retrouve sur
Instagram pour fêter mon anniversaire !
God je vais avoir 23 ans mdr. You can call me mommy at this point.
BUT I'm aging well...

A très bientôt pour un nouveau chapitre !


Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
I'm getting meaner, bitter and bitchier. I like it tho.

With love. S
Instagram: sarahrivens
25. Vue et toucher

(NDA pré chapitre : on est 10k sur Instagram. Je vais pleurer merci pour
tout. J'espère que ce chapitre vous plaira, bonne lecture. S.)
Iris
— Bande de lâches, marmonnai-je en regardant Vernon et Jacob partir à
travers la fenêtre de la cuisine.
Mon cœur battait à la chamade et je tremblais comme une folle à l'idée
d'être ici avec ce fou furieux qui s'était pris pour un cowboy à la fête en
tuant tout le monde.
Mes entrailles se retournaient lorsque j'entendais des bruits provenir de sa
chambre, comprenant qu'il était à l'intérieur.
Ma gorge se noua et j'allais pleurer de terreur, me rappelant de tout ce
j'avais vu.
Me rappelant de lui entrain de transpercer la gorge de cet homme sans la
moindre hésitation.
Sans la moindre humanité en lui.
La panique se lisait sur mon visage en voyant qu'il n'y avait plus la
voiture du couple, ils ne blaguaient pas.
Ils m'avaient laissée seule avec lui.
Il va me tuer.
...Click.
Mon cœur tomba près de mes pieds en entendant la porte de sa chambre
s'ouvrir, et je me tournais face à l'entrée de la cuisine, aucunement prête à
affronter sa personne.
J'entendais ses pas, il marchait silencieusement. Puis très vite, je
l'entendais descendre les escaliers qui menaient au sous-sol.
J'en profitais pour prendre mes jambes à mon cou et me réfugiai dans ma
chambre en fermant la porte derrière moi.
J'avais du mal à avaler ma salive, du mal à calmer ma respiration
saccadée et mon cœur qui tambourinait comme un fou à l'intérieur de ma
cage thoracique.
Kai Lakestone.
Mes mains tremblaient alors que je reculais de la porte, j'étais épuisé.
Mon cerveau tournait à mille à l'heure, ne s'arrêtant pas de parler. Animé
par la panique et l'angoisse de me faire tuer.
Les secondes à la fête tourbillonnaient dans mon esprit, comme si je
pouvais revoir en boucle chaque instant.
Chaque coup de feu.
Chaque gémissement de douleur.
Chaque cri.
Chaque goutte de sang.
C'était comme si j'avais assisté à une boucherie dont le seul acteur était
celui qui m'avait kidnappé, celui qui me gardait ici.
Celui qui était à l'intérieur de cette maison avec moi en ce moment
même.
J'allais me chier dessus.
La chair de poule sur ma peau froide, je claquais des dents,
complètement terrorisé.
C'était un cauchemar.
La boule à l'intérieur de mon ventre devenait de plus en plus intense,
comme si mon corps se préparait au pire.
Mes jambes tremblaient tandis que je retirais la robe, le froid de la pièce
entrait en contact avec ma peau et je frémis une nouvelle fois.
Putain de merde, c'est irréel.
Comment pouvais-je encore me dire qu'il pouvait avoir un bon fond en
voyant ce qu'il venait de faire ?
Comment une personne comme lui pouvait être aussi douce avec les
animaux et aussi...aussi inhumaine avec ses semblables ?
Il passait du calme à la colère en un claquement de doigts, comme si
c'était sa deuxième nature.
Comme s'il était lui-même en étant en colère.
Comment pouvait-il être aussi sanguinaire et barbare ?
Une folle envie de vomir me souleva l'estomac lorsque je me rappelais de
cette scène qui était gravée dans ma tête et je sortis de ma chambre en
accourant vers la salle de bains.
Rejetant mes tripes.
Le dégoût, la peur, l'angoisse.
Le sang qui avait coulé, les gémissements de l'homme qui s'étouffait dans
son propre sang.
Les gémissements d'agonie.
Je vomis une deuxième fois et tremblais comme une folle en revoyant sa
tête dans mon esprit, son sourire mauvais taché de son sang et de celui qu'il
avait tué.
Ses mains meurtrières qui avaient tiré sur deux personnes, et qui avaient
tranché la gorge d'un troisième.
Sa voix profonde qui avait fait vibrer les murs du hangar tout autant que
les âmes des personnes invitées.
Dont moi.
À bout de souffle, je m'adossais contre le mur et fermai les yeux, j'avais
l'impression que mon cœur allait me lâcher, j'avais le vertige et je me
sentais étourdie.
Putain qu'est-ce que j'ai regardé.
Très vite, je me penchais une nouvelle fois et vomis encore, mon corps
n'arrivait pas à supporter ce qui venait de se passer.
Les images défilaient dans ma tête comme un film d'horreur.
Je me crispai en sentant quelqu'un tenir mes cheveux, les remontant vers
le haut pour les protéger et très vite la panique me gagna alors que je
m'exclamai :
— Non ne me touche pas !
Mon souffle se saccada et je me relevai, sa présence près de la mienne
me terrifiait.
J'osais à peine le regarder, l'angoisse rendait mes mouvements rapides et
irréfléchis, je tirais la chasse d'eau et m'avançais jusqu'au lavabo où je me
lavai énergiquement la bouche et les mains.
Je sentais ses yeux me fixer à travers le reflet du miroir, mais je n'arrivais
pas à l'affronter.
Mes tremblements étaient violents, aussi violents que ma respiration.
La panique se déferlait et se voyait sur mon corps.
Et là.
Mes yeux remontèrent vers lui, et je vis l'horreur sur son torse.
Mon souffle se coupa et mon regard le fixait.
Il avait enlevé sa chemise, laissant à l'air libre les blessures qu'il avait au
torse et les hématomes qui commençaient à se former sur sa peau.
Du sang avait séché sur ses bras et ses mains.
Mais quelque chose de plus rouge attira mon attention, et c'était une
entaille sur son bras. Moi qui pensais que l'homme qu'il avait tué ne l'avait
pas touché.
J'avais mal vu.
Cette blessure paraissait plus profonde que les autres, plus douloureuses.
— Ne regarde pas si ça te rend mal.
Le ton neutre de sa voix me força à remonter la tête vers son visage. Il
avait une blessure assez visible sur l'arête de son nez et le coin de sa lèvre.
Mes sens étaient complètement embrouillés, aussi embrouillés que mon
cerveau et ma vision en le regardant.
Son corps était tendu, je savais qu'il avait mal, sa respiration saccadée me
le montrait.
La blessure était sûrement en train de le brûler.
— Ça va ? m'interrogea-t-il en me regardant passer nerveusement ma
main dans mes cheveux.
Et un rire sarcastique s'arracha de ma bouche dans un souffle.
Ça va ?
— Tu me poses vraiment la question ? lui demandai-je en écarquillant
les yeux face à sa question absurde.
J'étais en train de frôler la folie et l'arrêt cardiaque alors que je lui parlais,
tout ceci était un cauchemar.
— Tu as vomi alors, je crois que c'est ce qu'il faut poser, me dit
simplement Kai en s'adossant contre le mur face au miroir.
Ma bouche s'ouvrit, mais aucun mot ne quitta la barrière de mes lèvres,
c'était insensé.
Il me posait la question parce que j'avais vomi ?
Il me posait la question parce que j'ai vomi ?
PAS PARCE QU'IL A TUÉ TROIS PERSONNES DEVANT TOUT LE
MONDE ?!
J'étais en train d'halluciner, tout ceci n'était qu'un horrible cauchemar.
Rien ne collait, il n'y avait aucune logique.
— Bon, si tu ne comptes pas me répondre, souffla-t-il en se redressant,
pousse-toi, je dois me laver les mains.
Je le regardais sans pouvoir dire quoi que ce soit, le détachement qu'il
avait me glaçait.
Mon cerveau hurlait, mes membres tremblaient et j'arrivais à peine à
assimiler ce qui se passait autour de moi.
Je ressentais tellement de choses que j'avais l'impression de ressentir les
siens et les miens en même temps, peut-être était-ce la cause de son
détachement à ce stade, je l'espérais.
Il se lava les mains en silence, ne prenant pas la peine de me regarder
alors que je le fixais, encore ahurie par tout ce qui se passe.
Mes sentiments étaient mixés, la colère, l'incompréhension, le dégoût, la
terreur, l'angoisse la panique.
Les personnes qu'il avait tuées avaient peut-être des familles, des
proches, des amis, des enfants.
Il les avait arrachés de leurs vies, il avait tué plus que trois personnes ce
soir.
— Pourquoi tu ne veux plus que je te touche ? C'est à cause du sang
?
Alors ça, c'est la blague de l'année.
Je le regardais, choquée et dans l'incompréhension. Je voyais dans son
visage que sa question n'était pas sarcastique, il avait l'air très sérieux.
— Tu trembles beaucoup, remarqua Kai en se mettant face à moi.
— Peut-être parce que j'ai vu un mec tuer trois personnes devant
mes yeux ?! répliquai-je après plusieurs minutes où mon mutisme était ma
réponse.
— Jacob et Vernon t'avaient prévenu, me répondit-il en laissant son
regard s'assombrir et sa mâchoire se contracter, et je te l'ai dit Iris, je ne
suis pas doux.
Ma respiration se saccada et son regard se posa sur mon bras, il fronça les
sourcils et me demanda dans un souffle :
— Qu'est-ce que c'est ?
Mon regard se baissa et je vis les ravages de ma crise d'anxiété, c'était
mes ongles qui avaient blessé ma peau pour me ramener à la réalité.
— Tu dois nettoyer-
— MAIS ARRÊTE DE FAIRE COMME S'IL N'Y AVAIT RIEN !
explosai-je complètement terrifié, tu...tu as...
Mes tremblements étaient incontrôlables, l'angoisse tétanisait mes
muscles et le voir aussi indifférent à ce qu'il avait fait n'arrangeait rien.
Ma respiration se saccada et mon cœur commençait à battre à la
chamade, me faisant mal.
Aussi mal que mes poumons qui se comprimaient.
Un rire mauvais s'échappa de ses lèvres, et je relevai la tête vers lui.
Qu'est-ce qui le faisait rire ?
Pourquoi il avait ri ?
— Tu agis comme si tu ne savais pas que j'étais comme ça, cracha-t-il
alors que je voyais ses yeux m'assassiner, oui Iris, j'ai tué ces blaireaux
uniquement parce qu'ils m'avaient cassé les couilles ce soir. Mais tu
veux savoir le plus marrant ? C'est que j'en ai tué des dizaines et des
dizaines avant eux, et j'en tuerais beaucoup d'autres après.
Ma respiration se coupa en le voyant serrer les poings, la colère montait
très vite et je le voyais trembler de rage.
— Et tu vois ça ? Je peux le faire encore, encore et encore, ça ne fera
rien.
— Tu es monstrueux, lâchai-je en écarquillant les yeux et en l'écoutant
parler comme s'il était fier.
Et son corps se figea dès la fin de ma phrase.
Je sentais des larmes de détresse quitter mes yeux et ma gorge se noua, il
ne dit rien et me regardait, ses yeux se vidèrent de toutes émotions et son
corps resta glacé face à moi.
Il cligna des yeux sans rien dire, ses sourcils se froncèrent et je terminai
par tourner les talons, n'arrivant plus à supporter d'être face à lui.
D'être près de lui.
J'entrai dans la chambre qui m'avait été attribuée et fermai la porte avant
de me changer, ne supportant plus cette robe.
Plusieurs minutes s'écoulèrent alors que je tournais en rond dans ma
chambre, essayant d'accepter ce qui venait de se passer afin de ne plus y
penser.
Mais c'était plus fort que moi, cette image tournait sournoisement dans
ma tête.
Il faut que j'enlève mes lentilles.
Je commençais à sentir mes yeux me brûler et je soufflais d'agacement
avant de quitter ma chambre en direction de la salle de bains.
Le silence régnait à l'intérieur de la maison et mon cœur palpita lorsque
je vis le corps tendu de Kai près de l'évier, le regard fixe sur ses blessures
qu'il n'avait pas encore nettoyé.
Une petite grimace sur les lèvres.
Son regard ne se releva pas vers moi, je le regardais faire en grimaçant
tout autant. Ne comprenant pas pourquoi il ne voulait pas les nettoyer.
Ma respiration se rompit lorsque je le vis ranger les produits, décidant de
ne pas nettoyer ses plaies. Mes sourcils se froncèrent et je lui dis :
— Tu vas laisser ça comme ça ?
— Qu'est-ce que t'en à foutre ? cracha-t-il d'un ton tranchant.
J'émis une expression blasée avant d'ouvrir le tiroir et de refaire sortir
tout ce dont j'avais besoin. Silencieux, il me regardait faire tandis que je
fulminais de l'intérieur alors que mon cerveau faisait jouer la scène de ce
soir en boucle.
J'avais envie de trucider Kai pour ça.
— Assieds-toi.
— Non.
— Je ne t'ai pas posé la question, répliquai-je en le fusillant du regard.
En vérité, j'en avais rien à foutre de nettoyer ses blessures, seulement,
Vernon m'avait supplié de le faire avant de partir.
Il m'avait dit que Kai négligeait beaucoup ses blessures, et m'avait fait
promettre de le faire à sa place si jamais ce dernier décidait de ne rien faire.
Alors me voilà, face à ce monstre qui venait de tuer trois personnes,
examinant ses blessures et grimaçant en me rappelant de comment elles
étaient formées sur sa peau pâle.
Mon souffle se rompit lorsque je le vis s'asseoir sur la chaise, obéissant à
mon ordre en me fusillant du regard.
J'imbibais une compresse de l'antiseptique sans alcool et commençais à
nettoyer autour des plaies, je sentais son regard sur moi alors que je me
concentrai à la tâche sans un mot.
Intérieurement, ça m'aidait à me concentrer sur autre chose que les
souvenirs qu'il m'avait forcé à avoir.
Je tremblais en regardant les blessures, essayant peur de ne pas aggraver
les choses et je l'entendis dire dans un souffle :
— N'aies pas peur, je ne sens rien.
Je relevai mon regard vers lui et il fixa mes yeux avant de continuer :
— Je pense que tu devrais enlever tes lentilles, tes yeux sont rouges.
Mon cœur bondit à l'entente de sa remarque et je me tournais rapidement
vers ses le miroir derrière moi.
Il avait raison.
Putain.
Fais chier !
— Je fermerai les yeux, entendis-je sa voix grave.
Kai me regardait, attendant ma réponse alors que je pesais le pour et le
contre dans ma tête. L'idée que je sois aussi proche de lui et aussi
vulnérable m'angoissait.
Mais je ne pouvais pas éteindre la lumière, et mes yeux allaient bientôt
me dire « va te faire foutre meuf ».
— Promets-le, lui demandai-je en le fixant.
Il me regardait sans un mot, et je croisai les bras, attendant sa réponse en
arquant un sourcil.
— Je te le promets.
Il m'avait prouvé la sincérité de ses promesses à plusieurs reprises, je
savais qu'il ne mentait pas.
Je jetais la compresse et me démaquillai rapidement avant de me laver les
mains et me concentrer sur mes yeux.
Kai ferma les yeux à l'instant où je lui lançais un regard à travers le
miroir et je soufflais.
Mon cœur battait à la chamade alors que j'enlevais ma première lentille,
mes doigts tremblaient et mon souffle se saccadait.
La boule au ventre s'alourdissait dans mon ventre alors je retirais la
seconde lentille, j'appliquais une solution pour hydrater mes yeux et
grimaçais de dégoût en regardant les couleurs de ses dernières.
Dieu que je les déteste.
Je me tournais vers Kai qui avait les yeux fermés et m'approchais de ses
blessures, avec une nouvelle compresse entre les doigts.
Je repris mon attention sur ses blessures et le sentis très vite
plus...nerveux.
Son souffle était irrégulier et sa jambe bougeait nerveusement. Je vis
aussi ses sourcils se froncer légèrement.
Les miens firent de même, ne comprenant pas ce qu'il avait.
Comme s'il était stressé.
Je me concentrai sur son visage, plissant les yeux légèrement au cas où
les siens s'ouvriraient.
Mon cœur battait d'une manière terrifiante à cause de ce contact et de ma
vulnérabilité.
— Iris ? m'interpella-t-il doucement.
J'écarquillai les yeux au son de sa voix et le sentais trembler légèrement,
comme si à présent, il avait peur.
Je regardais ses mains devenir de plus en plus tremblantes, ne
comprenant pas ce qu'il avait.
— Est-ce que...est-ce que je peux tenir ta main ?
Ma respiration se rompit brutalement à l'entente de sa phrase, et je me
crispai.
Quoi ?
Je sentais son souffle devenir de plus en plus bruyant, comme s'il était en
train de faire un début de crise d'angoisse comme je l'avais fait quelques
heures plus tôt.
— Je dois savoir que c'est toi ! me dit-il subitement en gardant ses yeux
fermés, je dois...s'il te plait, je dois sentir ou voir que c'est toi.
Son corps tremblait de plus en plus et j'écarquillai les yeux en le voyant
devenir complètement paniqué.
Il avait promis de garder les yeux fermés, même sous la panique il avait
tenu sa promesse.
Kai devait savoir que c'était moi qui nettoyais ses plaies, et comme il ne
pouvait pas le voir ses propres yeux, il voulait le sentir.
Je grimaçais à cette pensée.
Putain qu'est-ce qui s'est passé dans ta vie pour que tu deviennes ainsi,
Kai ?
Doucement, je glissais ma main froide sur la sienne et il se figea.
Ses doigts touchèrent rapidement les miens, comme s'il voulait vérifier
que c'était bien moi. Et il expira lourdement après quelques secondes.
Dans ma tête, tout se mélangeait, mais la culpabilité venait couvrir ma
peau.
« Tu es monstrueux »
Ces mots qui étaient sorti de ma bouche alors qu'il disait avec
détachement qu'il s'en fichait de tuer des gens venaient de se retourner
contre moi.
J'avais cette malsaine impression qu'il a été forcé à être ce qu'il était, son
détachement était terrifiant, mais c'était comme si...
Son passé était pire.
— Putain..., pesta Kai dans un souffle en laissant sa tête se balancer en
arrière, comme s'il était soulagé.
Je le fixais, les mots me manquaient.
Puis quelque chose de nouveau se fit ressentir en moi : le protéger.
J'avais l'impression que Kai était un encore un enfant au fond de lui, un
enfant qui avait besoin d'être rassuré, qui avait vécu au milieu de personnes
dénuées d'humanité.
Qui vivait à l'intérieur d'une réalité cauchemardesque.
Je surpris mon pouce caresser lentement son index et continuais à
nettoyer ses plaies silencieusement, mon cerveau se noyait de pensées aussi
contradictoires les unes que les autres.
Certaines le détestaient, d'autres avaient de la peine pour lui.
Je détestais Kai Lakestone pour tout ce qu'il avait fait à la soirée, pour
tout ce qui m'avait traumatisé.
Mais j'avais de la peine pour le Kai qui était assis sur la chaise de cette
salle de bains à 2 heures et demie du matin, le corps plein de blessures et le
besoin d'être rassuré sur qui était en train de nettoyer ses plaies.
— Je peux te poser une question ?
— Mhm, répondis-je en examinant les blessures sur son visage.
— Tu penses que je suis monstrueux ?
Mon souffle se coupa face à sa question et la culpabilité me rongeait
intérieurement, je détestais dire des choses sous le coup de la colère.
J'essayais de ne jamais le faire, seulement, cette fois-ci était différente.
J'étais terrifié et complètement folle de rage.
C'était sorti tout droit de ma bouche, à cause de tout ce qu'il m'avait dit.
— Aujourd'hui j'ai...j'ai vu un côté de ta personne que je n'avais
jamais vu, commençai-je en passant la compresse sur l'arête de son nez, ce
que t'as fait aujourd'hui était monstrueux, et ce que t'as dit et...le
détachement que tu avais pour les deux cas était...terrifiant.
— Tu n'as pas répondu à ma question.
— Aujourd'hui, tu l'as été, Kai. Redresse-toi.
Il resta muet et hocha la tête en guise de réponse avant de se redresser,
silencieuse moi aussi, je continuai à faire mon travail.
— C'est quoi les couleurs ?
— De quoi tu parles ? lui demandai-je en fronçant les sourcils.
— Les couleurs de tes yeux, c'est quoi ?
Mon cœur pompa très vite à l'intérieur de ma poitrine et je venais de
sentir ma respiration se rompre une nouvelle fois.
Ma cage thoracique se comprima rapidement, et je sentais mon corps se
glaçait. Ne m'attendant pas à cette question.
— À défaut de les voir...je pourrais les imaginer.
Ce mec...putain.
Je le regardais, ne sachant pas quoi dire face à ça. Il était presque irréel.
Mon corps entier était gelé, je n'arrivais pas à émettre la moindre réponse
pendant plusieurs minutes.
Et Kai avait pressé sa main contre la mienne, m'incitant à lui donner une
réponse.
Sa main était aussi froide que la mienne, mais le contact
était...réchauffant.
Putain de merde.
— B...bleu, et...euh...bleu et...vert, bégayai-je en répondant à sa
question avec un souffle court.
— Oh...ça doit être...très joli.
Il ne le pense pas.
Il ne les a pas vus.
Ce n'est pas vrai.
C'était difficile.
C'était difficile pour moi d'accepter les compliments, difficile de me dire
que ces mots avaient un sens alors que pendant toute l'immense période de
ma vie où je grandissais, je n'étais pas assez pour ces mots.
Pas assez belle.
Pas assez grosse.
Pas assez mince.
Mes cheveux n'étaient pas assez bouclés.
Pas assez lisse.
Ma peau n'était pas aussi nette.
Pas aussi parfaite.
Je n'étais pas assez grande de taille.
Pas assez petite.
Les couleurs de mes yeux n'étaient pas les mêmes.
Trop différentes.
Entendre ces choses, pendant des années et des années en boucle, dans
différentes situations, de différentes voix, par différentes personnes.
Entendre que je n'étais pas assez bien toute ma vie, et que d'un seul coup
j'étais bien sonnait presque...non, sonnait entièrement faux pour moi.
« Tu es jolie »
« Tes yeux sont beaux »
« Ton corps est parfait »
Il m'était impossible de les accepter réellement, parce que ce n'était tout
simplement pas ce qu'on me disait lorsque je grandissais.
— J'ai terminé, murmurai-je en examinant une nouvelle fois toutes ses
blessures nettoyées.
Sa main encore enroulée autour de la mienne, il ne se détacha pas.
Et je ne le fis pas non plus.
Ce contact était doux, presque impossible à croire qu'il venait de la même
personne qui avait tué de sang-froid trois personnes en l'espace de quelques
minutes.
Je m'accroupis, fatigué. Et nous restâmes comme ça, sa main sur la
mienne, ses doigts enroulés autour des miens, pendant plusieurs minutes.
Je regardais le dos de sa main, et mes sourcils se froncèrent à la vue de
ses tatouages.
Il y avait un serpent enroulé sur son poignet.
Non, sur ses deux poignets.
Il en avait combien des comme ça ?
Il en avait un immense le long de sa colonne vertébrale, qui d'ailleurs
était le plus menaçant, je me rappelais de la gueule grande ouverte de cet
animal dessiné sur la peau de son dos.
Il en avait un enroulé autour de sa nuque, et sur ses poignets.
Maintenant qu'il avait les yeux fermés, je pouvais me permettre de voir
ses autres tatouages.
Il avait aussi des hirondelles, je voyais des squelettes et des dates en
chiffres romains.
— Je vais ouvrir les yeux, me prévenait-il doucement, tu devrais aller
dormir.
Je hochai la tête et détachai ma main de la sienne, je remarquai qu'il serra
le poing et je décidai de m'éloigner avant qu'il n'ouvre les yeux.
— Hum...merci, Iris...enfin pour...
— C'est rien, soufflai-je sans le regarder.
Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux et entrai dans ma
chambre avant de refermer la porte derrière moi.
Un souffle s'échappait de mes lèvres et très vite, mon cerveau vint
embrouiller les petites secondes silencieuses dans ma tête.
Les images de la soirée défilaient dans mon esprit alors que je
m'allongeai sur le lit, j'entendis des bruits à l'extérieur de ma chambre.
Il était encore en train de trainer à la salle de bains.
Ses pas lourds se rapprochaient de sa chambre, c'était fou comment je
commençais à reconnaitre ses pas.
Je fermai les yeux en poussant un soupir long et lourd, me
recroquevillant sur moi-même en espérant oublier ces images horribles, le
temps d'un soir.
Le temps d'une nuit.

...Mes yeux fixaient quelque chose, mon corps tremblait. Le corps de cet
homme sans vie était face à moi, le sang giclait et j'avais une folle envie de
vomir.
— Pourquoi tu as fait ça, murmurai-je encore tétanisé par la panique.
Kai se tenait là, près de lui, admirant son travail avec un mince sourire
mauvais sur les lèvres. Je le vis relever la tête vers moi, puis se redressai
doucement.
— Parce qu'il m'a énervé, princesse...
Il jouait avec son couteau, et j'essayai de reculer, mais je n'arrivais pas à
bouger. Ma respiration était saccadée alors qu'il s'avançait vers moi.
Le pas sournois et le regard fixe sur moi.
— Et tu sais qui m'énerve aussi ?
Je sanglotais de panique, la terreur me prenait aux tripes et j'étais à deux
doigts de sentir mon corps exploser.
J'entendais des chaines, et compris très vite que mon corps entier était
enchainé, j'étais à sa merci.
— Toi.
Il bondit vers moi avec un couteau et je criai en ressentant déjà la pointe
de la lame sur ma gorge.

— Iris !
Je me levai d'un bond en hoquetant, ma respiration était saccadée et je
sentais que mon cœur allait bientôt exploser.
Mon cerveau encore bloqué dans mon cauchemar.
La panique agita mon corps en sentant quelque chose retenir mon poignet
et un cri s'arracha de mes lèvres alors que je me levai du lit, m'éloignant de
cette prise.
— Iris, c'est moi, Kai, me dit sa voix grave dans l'obscurité, tu es
réveillé, il n'y a rien.
Un sanglot s'échappait de mes lèvres, il était mon cauchemar. Je
tremblais comme une feuille, pouvant encore sentir la mort et la douleur qui
rôdait autour de moi à l'intérieur de mon cauchemar.
Kai était mon cauchemar.
Cette soirée l'avait été.
— C'est Kai, me répéta-t-il doucement.
Je l'entendis se rapprocher, il m'était impossible de le voir à cause du
manque de lumière, mais je pouvais le sentir se rapprocher.
— Pourquoi tu es ici ? Lui demandai-je en sentant ma gorge sèche.
Mon visage transpirait et je claquais des dents, je ne savais pas si c'était
de froid ou de peur.
— Je t'ai entendu crier, me dit-il simplement, je ne dormais pas
encore.
Nerveusement, je passais ma main dans mes cheveux et essayai de
reprendre une respiration normale, je tentai d'effacer ses souvenirs et ce
cauchemar que j'étais incapable.
À chaque fois que je voyais ou entendais Kai, il me rappelait à quel point
il pouvait être aussi...
Aussi...inhumain.
— De quoi tu as rêvé ? L'entendais-je m'interroger.
Je restai silencieuse, et revins sur mon lit. Je passais une nouvelle fois ma
main dans mes cheveux puis sur mon visage en prenant de grandes
inspirations.
Même si dans ma tête tout ce que j'entendais c'était le dernier souffle de
l'homme et la voix profonde de mon ravisseur avec ses paroles sournoises.
— Bon...si, enfin si tu veux...tu peux venir dormir dans ma chambre,
un peu...enfin si t'as peur que ça revienne.
— Dormir avec l'acteur de mon cauchemar ne va pas m'aider,
répondis-je froidement.
Il demeura silencieux et je soupirais avant de dire :
— Désolé, merci...pour la proposition.
— Je dirais à Jacob de ne plus te ramener à l'Organisation, déclara la
voix de Kai d'un ton neutre, si tu es trop fragile-
— Fragile ? Kai tu as tué des hommes et tu me traites de fragile
parce que je n'ai pas supporté ?
— Jacob et Vernon dorment bien le soir et moi aussi, alors je ne
pense pas que le problème vient de nous, me dit-il simplement.
Je ne pouvais m'empêcher de rire de nerfs face à ses absurdités, il ne
voyait pas où était le problème et c'était là le plus gros problème.
Je l'entendis soupirer dans un souffle puis il déclara d'un ton autoritaire :
— Je sais que tu vas rêver de ça toute la nuit et j'ai pas envie de faire
des aller-retour dans ta chambre pour vérifier si tu es toujours vivante,
tu dormiras dans ma chambre.
_____________
Hey !
YALL ON EST 10k SUR INSTAGRAM OMG OMG OMG-

le monde de l'écriture avec vous 🥺


Thank you so much y'all j'ai hâte de continuer toutes mes aventures dans

Well that been said...let's talk more seriously 🙃


AAAAAAAAAAH. Voilà. Je fangirl. Écoutez vraiment, les petits
rapprochements comme ça là mon cœur fond.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram: Sarahrivens
26. Accord

retard du coup
Iris
🥲
(NDA pré-chapitre : Joyeux noël à ceux qui fêtent ! Voici mon cadeau en
Bonne lecture mes princesses. With love. S)

Je tournai sur le côté pour la huitième fois au moins, incapable de dormir


dans sa chambre.
Du moins...incapable de dormir du tout.
Ce cauchemar me hantait, autant que les images de la soirée.
Et l'homme qui dormait près de moi n'arrangeait rien, sa présence me
ramenait constamment à cette scène sanglante qui tourbillonnait dans mon
esprit.
Pourquoi devais-je subir tout ça ?
Pour qui ?
J'avais l'impression que ma vie m'avait été arrachée, et qu'à présent,
j'étais prisonnière dans une réalité qui ne m'appartenait pas.
Avec un démon qui tuait de sang-froid, presque fier de redorer son image
qui faisait trembler les âmes de ceux qui le connaissaient.
Je me demandais s'il était connu, si sa personne était connue autre qu'à
Ewing, j'imaginais que oui.
C'était un mercenaire après tout, ils se connaissaient entre eux et les plus
sanglants avaient une réputation.
Comme Kai.
Je me demandais ce qui l'intéressait, pourquoi m'avait-il kidnappé ?
Qu'est-ce qu'il avait à y gagner après tout ?
Je savais que ce n'était pas l'argent, du moins, j'avais entendu dire que les
mercenaires gagnaient beaucoup.
Je me demandais comment allait Rox, est-ce qu'elle s'inquiétait pour moi
? Est-ce qu'elle et Cody étaient à ma recherche ?
Et maman ? Le savait-elle ? Est-ce qu'elle était inquiète ? Est-ce qu'elle
dormait le soir ? Peut-être qu'elle était à Ewing avec Cody et Rox ?
Thea.
Ma princesse.
Ma demi-sœur me manquait terriblement, son petit sourire et ses cheveux
blonds revinrent dans mon esprit tourmenté et ma gorge se noua.
Pourquoi mon père avait fait ça ? Pourquoi il me faisait subir tout ça ?
Je ne voulais rien de ça, c'était bête, mais tout ce que je demandais c'était
son attention, son amour. Je ne voulais pas le détester.
Je ne veux pas le détester, j'en suis incapable.
Pourquoi me faire subir toute cette merde, pourquoi me mettre en danger
juste par égoïsme ?
Il m'utilisait, mais avait-il la force d'utiliser Lizzie ?
Pourquoi avoir protégé Lizzie et pas moi ?
Pourquoi sa vie était plus importante que la mienne ?
Pourquoi je n'étais pas assez à ses yeux ? J'avais toujours tout fait pour
lui plaire et être à la hauteur.
Pourquoi est-ce qu'il faisait le choix de ne pas me voir comme il voyait
Lizzie ?
Je ne comprenais pas ce que j'avais de moins qu'elle.
Des larmes coulèrent le long de mes joues et mes lèvres tremblèrent,
j'étais tellement triste.
Je me sentais tellement seule.
Mes deux parents étaient devenus la meilleure version d'eux-mêmes pour
leurs nouvelles familles, une version que je n'osais même pas rêver.
Ils avaient été ignobles avec moi, absents, égoïstes.
Je me rappelais de toutes ces fois où je n'étais qu'un dommage par
ricochet, je me rappelais lorsque j'allais dans les maisons de mes rares
amies et voyaient ce que voulait dire une famille.
La réalité me frappait et je ne comprenais pas.
Je ne comprenais pas pourquoi je n'avais pas le droit à ça.
Lorsque j'étais plus jeune, j'avais quelques amies qui étaient très proches
de leurs pères et...je les enviais tellement.
J'avais tellement envie de rentrer le soir, de retrouver mon père et de lui
raconter ma journée, discuter avec lui, être complice.
Je voulais qu'il me protège de ceux qui me harcelaient à l'école, une fois
j'avais même menti en leur disant que j'allais leur ramener mon père.
Mais ils savaient que je n'en avais pas.
Et c'était un nouveau sujet de blague.
Les enfants étaient horribles avec moi, et j'étais beaucoup trop peureuse
pour les affronter.
Je n'avais pas l'assurance qu'ils avaient, je rentrai en cours avec une boule
au ventre immense.
Je devenais même parano parfois, en me disant que tous les sourires
moqueurs et les blagues m'étaient destinés.
J'avais tellement peur de tout le monde, de ma mère, de mes camarades,
de la rue.
Peut-être que si mon père était dans ma vie, je n'aurais jamais eu cette
peur ?
Peut-être que si mes parents avaient divorcé lorsque j'avais eu un an ou
deux, je n'aurais jamais eu ce vide parce que je ne saurais jamais vraiment
ce que voulait dire une famille avec les deux parents.
Et puis merde pourquoi ils étaient aussi bien avec leurs nouvelles
familles, mais pas avec moi ?
Pourquoi mon père oubliait mon anniversaire ?
Pourquoi ma mère préférait l'idée de ne pas payer mes études pour laisser
mon père se démerder plutôt que me soulager de ce stress ?
Pourquoi j'étais si invisible ?
Qu'est-ce que je n'avais pas que Théa et Lizzie avaient ?
Je n'étais pas aussi jolie peut-être, ou pas assez intelligente, ou peut-être
pas assez forte de caractère ? Peut-être que c'était mes troubles mentaux ?
Peut-être à cause de mon anxiété ?
Peut-être parce que j'avais un passé anorexique ?
Peut-être parce que je faisais tout de travers ?
Est-ce que je fais tout de travers ?
Si j'étais importante pour eux, pourquoi j'étais encore là ? Sur le lit de
mon ravisseur ?
Pourquoi je n'étais pas avec eux, pourquoi ils ne m'avaient pas retrouvé ?
Me rassurer en me disant que tout était terminé ?
Tout est fini princesse, tu es à la maison maintenant...
J'étouffais des sanglots en posant ma main sur mes lèvres et fermais les
yeux en laissant de nouvelles larmes s'écraser sur l'oreiller.
Je voulais tellement qu'ils me rassurent, je voulais tellement qu'ils
viennent, qu'ils m'aident.
Tu es sécurité ma chérie tout ira bien maintenant...
Je te promets de passer plus de temps avec toi, princesse...
— Tu pleures souvent avant de dormir ?
Mon souffle se coupa et ma tête tourna vers Kai qui venait de parler, dos
à moi.
— Q...quoi ? lui demandai-je en fronçant les sourcils alors que la
panique me gagnait.
— Je t'ai demandé si tu pleurais souvent avant de dormir, me répéta-
t-il simplement.
Il savait que j'étais en train de pleurer ?
Je ne répondis rien puis il se tourna vers moi et je fermai instantanément
les yeux, même si je savais que la pièce n'était que très faiblement éclairée.
Il y avait quand même une chance pour qu'il les voie.
Et mon estomac se nouait à cette idée.
J'avais l'impression que ma peur s'était décuplée, que je sentais qu'il
pouvait s'en prendre à mes yeux s'il les voyait.
Je ne ressentais pas cette peur avec Jacob, peut-être qu'il ne s'était jamais
montré violent avec moi. Même s'il avait vu mes yeux sans vraiment que je
ne le veuille, la seconde fois je n'avais pas peur.
Pas peur de lui comme de Kai.
— Tu fais vraiment semblant de dormir là ?
— Non je ne veux pas que tu voies mes yeux, répliquai-je d'un ton
fatigué.
— T'as cru que j'ai l'ADN d'une chouette ? Je ne peux pas voir dans
le noir, souffla-t-il exaspéré.
J'ouvris les yeux et soufflai d'exaspération à mon tour, je ne savais pas
quelle heure il était, mais j'étais sûr d'une chose.
Mon sommeil s'était barré depuis un moment.
Et mes pensées m'avaient retenues prisonnière, à trop réfléchir j'avais
l'impression que je perdais tous mes neurones et mon énergie, ce qui
m'agaçait.
Pourquoi je devais toujours réfléchir pour tout le malheur qu'on me
faisait alors que ceux qui étaient les auteurs dormaient paisiblement ?
Pourquoi c'était toujours moi qui devais me rendre malade et me laisser
ronger par la peine alors que j'étais la seule victime ?
— Pourquoi tu pleurais ?
— Parce que je suis prisonnière dans une maison, complètement
arraché de ma vie et je vis constamment avec un mec qui tue de sang-
froid. Tout ça à cause de mon père qui a préféré son fric plutôt que moi,
qui a préféré me balancer moi dans la gueule du loup au lieu de
quelqu'un d'autre. T'as déjà vu toi des parents sacrifier leurs enfants ?
On m'a toujours dit que les parents se sacrifiaient pour leurs enfants,
pour les miens ne font pas ça ?
Je regardais le plafond, la gorge nouée et la colère qui faisait chauffer
mon sang.
— Et merde pourquoi toi tu as cette mission ? Qu'est-ce que tu y
gagnes ? l'interrogeai-je d'un ton excédé, en quoi me retenir prisonnière
ici va changer-
Il grogna et me balança son oreiller à la gueule avant de me dire :
— C'est moi qui pose les questions, pas toi.
Je lui balançai son oreiller en retour en crachant :
— C'est surtout toi qui les crées.
— Ferme-là un peu, souffla ce dernier en me tournant le dos.
— C'est quoi l'intérêt que tu as Kai, pourquoi tu ne vas pas voir mon
père direct-
— Parce que ton père a disparu de la circulation depuis des mois,
grogna-t-il d'un ton agacé, s'il était là je ne t'aurais jamais prise pour
cible, ça tu peux en être certaine. Tu ne m'aurais jamais intéressé.
— C'est pour ça que tu m'as embrassé dans les toilettes du Box ?
Il se crispa et mes nerfs chauffèrent davantage face à ses mots qui me
rappelèrent très vite une phrase qu'il avait dite.
« Je regrette de t'avoir embrassé »
— Moi aussi je regrette de t'avoir laissé m'embrasser, crachai-je en
me rappelant une nouvelle fois de ce qu'il m'avait dit, ton attention ne
valait pas la peine finalement.
— C'est pour ça que tu me regardais toute la soirée, princesse ?
Je me crispai à mon tour et ma colère brûlait les cellules de mon corps
alors que je répliquai :
— Je regarde ceux qui me regardent, la preuve je t'ai regardé toi,
puis Casey.
Un silence terrifiant fut son unique réponse et je sentais son corps se
tendre, mais je n'en avais rien à foutre.
Je détestais les mecs qui faisaient comme s'ils n'avaient rien fait.
— Si tu veux jouer à ça, je regardais Stella, pas toi.
Mes sourcils se froncèrent et une vague d'agacement se fit sentir en moi.
Il mentait.
Même s'il disait qu'il ne mentait jamais.
Je voulais qu'il mente.
Fils de pute.
— Ça me va, lâchai-je d'un ton faussement détaché, au moins
maintenant on a tous les deux de l'intérêt pour différentes personnes.
Kai émit un petit rire dans un souffle puis me répondit :
— J'ai toujours eu un faible pour les blondes de toute façon.
— Et moi pour lui.
— Tu lui diras de trouver autre chose que les glaçons pour calmer tes
angoisses, j'aime pas qu'on me copie.
— Tu lui diras de trouver autre chose que les robes rouges pour te
faire bander, j'aime pas qu'on me copie non plus, répliquai-je du tac au
tac.
Il allait parler, mais de gros tocs qui provinrent de l'extérieur de la
chambre nous firent arrêter cette conversation absurde Kai se redressa et je
vis sa silhouette se lever.
Et je fis de même.
Je vis sa silhouette s'avancer vers la porte qu'il déverrouilla avant
d'ouvrir, puis il me dit d'un ton sévère :
— Ne sors pas de là, même si je t'appelle.
— Mais peut-être que c'est juste Jacob, non ? Tentai-je de me rassurer
alors que la panique me gagnait à cause de ce qu'il venait de me dire.
— Il a les clés, et son mec aussi.
Mes mains tremblèrent légèrement et je voyais sa silhouette sortir de la
chambre en poussant la porte, sans la fermer.
Ses pas lourds s'avancèrent jusqu'à la porte d'entrée où l'inconnu venait
de toquer encore une fois et après quelques secondes, j'entendais Kai
déverrouiller cette dernière.
— Bonsoir, Kai.
Cette voix, c'était celle de Mason.
— J'espère que la raison de ta venue est importante, grogna Kai en
fermant la porte.
— Tu as créé une grande tension dans l'Organisation, mes collègues
sont en colère, l'informa Mason alors que j'entendais sa canne contre le sol.
— Oh, j'ai froissé l'Organisation ? Je suis flatté. Qu'est-ce que tu
veux ? Il est pratiquement 3 heures 45 du matin, et j'ai vraiment
sommeil.
— Ne mens pas je sais que tu ne dors jamais, garçon.
Et en à peine eux secondes, je venais d'entendre un gros boum.
Comme si quelqu'un venait de se faire plaquer au mur, suivis du bruit de
la canne qui tomba au sol.
Kai venait peut-être de plaquer Mason contre un mur.
— Appelle-moi comme ça encore une fois et je t'enfonce ta canne
dans la gorge, t'as compris ?! cracha rageusement Lakestone.
Un rire mauvais s'échappa de la bouche de Mason puis il répondit :
— Ne sois pas aussi sensible, Kai, ce n'est qu'un surnom.
— Crois-moi Mason, tu paieras. Je t'en fais la promesse.
— Je ne suis pas venu pour me battre avec toi, reprit l'homme d'un
certain âge plus sérieusement, où est la fille ?
— Elle dort dans sa chambre.
J'écarquillai les yeux face à son mensonge et écoutais la conversation
sans un mot.
Je ne comprenais pas la relation qu'entretenaient les deux hommes à
quelques mètres plus loin.
J'avais l'impression qu'ils étaient plus que « associés ».
— Pourquoi tu l'as ramené à la soirée ?
— Parce qu'elle ne doit pas rester sans ma surveillance, c'est tout.
— J'espère que c'est juste pour ça, n'oublie pas qu'on a passé un
accord toi et moi, lui rappela Mason d'un ton neutre, je ne veux pas que tu
hésites à la tuer si je te le demande de le faire.
« Un accord »
Mon cœur palpita à l'entente de sa phrase et mon estomac se noua.
J'entendis Mason récupérer sa canne du sol tout en continuant :
— Elle est ta mission, mais je n'ai pas peur pour elle, les mecs comme
toi ne l'intéressent pas. Elle a une âme pure, tu as les mains sales.
Je fronçai les sourcils d'agacement face aux mots de Mason envers Kai
qui resta muet, sans prendre la peine de se défendre.
— Elle te voit comme celui qui lui a arraché sa vie d'avant, et ce soir,
tu lui as montré que tu pouvais être monstrueux. Peut-être que c'est
pour ça que tu l'as ramené finalement.
« Tu es monstrueux »
— Non, c'était pour la surveiller, cracha Kai après avoir été silencieux
tout le long.
— J'espère pour toi, je n'aimerais pas confier cette petite à
quelqu'un d'autre, qui sait tout ce qu'on pourrait lui faire...
— Je t'ai dit qu'il n'y avait rien, répliqua Kai sous le même ton face
aux paroles vicieuses de Mason qui me donnaient envie de vomir.
Ce mec était l'incarnation du diable, ses paroles étaient tellement
mauvaises.
— Ou encore pire...imagine qu'il l'apprenne ? Ça sera dommage...
— Sors d'ici, grogna Kai d'un ton tranchant.
— Ne sois pas si en colère, je ne fais que te rappeler tous les dangers
auxquels elle pourrait être exposée par ta faute.
— J'en ai rien à foutre, t'entends ça ? Je pourrais la baiser autant de
fois que je le voudrais, mais je ne ressentirais jamais rien. Cette fille ne
m'intéresse pas, c'est trop facile pour moi.
Mon cœur tomba près de mes pieds et mes lèvres s'entrouvrirent à
l'entente de ses paroles crues qui venait de me donner comme des coups de
poing violents dans mon esprit.
— J'espère pour toi, termina Mason et j'entendis la porte s'ouvrir.
Des pas se firent entendre et une voix familière fit irruption :
— Qu'est-ce qu'il fait là, lui ?
Le ton de Jacob était dur et sérieux, quelque chose que je n'avais jamais
vu chez lui avant ce soir.
Peut-être qu'il ne l'aimait pas non plus.
En même temps, il a l'air d'être horrible.
— Bonsoir à toi aussi Jacob, fit Mason d'une voix neutre avec une
pointe de sarcasme, je suis juste de passage enfin...je voulais discuter
avec ton ami.
— On ne discute pas avec les gens à 4 heures du matin, cracha Jacob,
et sur-
— Jacob, gronda Kai, on a terminé.
Mason émit un petit rire dans un souffle et répéta :
— On a terminé, oui...
J'entendis la canne de ce dernier taper contre le sol et la porte se refermer
lentement, le silence était la seule chose qu'on pouvait entendre pendant
plusieurs minutes.
— Il t'a dit quoi ?
— Rien, va dormir.
J'entendais encore ses mots dans ma tête alors que je l'entendais
s'approcher de sa chambre, je vis la porte s'ouvrir et une silhouette noire fit
son apparition.
Sans un mot, il referma rapidement la porte et je l'observais faire, le
dégout se faisait sentir dans ma bouche.
Tout ce qu'il avait dit, ça me donnait envie de le gifler.
Je l'entendis ouvrir un tiroir et farfouiller à l'intérieur, je n'arrivais pas à
voir ce qu'il faisait.
Tout ce que je voyais, c'était sa silhouette dans le noir près de la
commode en train de faire je ne savais quoi.
Puis après quelques, il referma le tiroir et s'approcha du matelas.
Kai s'allongea, dos à moi et je le regardai sans un mot, encore pleine de
rage et d'incompréhension face à la discussion qu'il venait d'entretenir avec
Mason.
Ils avaient passé un accord tous les deux. Kai avait l'air très sincère dans
ce qu'il avait dit à Mason, ce qui remettait en question plein de choses dans
ma tête.
« Je pourrais la baiser autant de fois que je le voudrais, mais je ne
ressentirais jamais rien. Cette fille ne m'intéresse pas, c'est trop facile
pour moi. »
La confiance qu'il avait en lui lorsqu'il avait dit ça me donnait envie de
vomir, comme si c'était un jeu déjà gagné pour lui.
Comme si j'étais déjà acquise s'il le voulait.
Je regrettais de l'avoir laissé m'embrasser, je me détestais pour ça.
D'avoir laissé mes envies diriger mes décisions au lieu d'y réfléchir à
deux fois.
Quelle enflure.
Je venais de lui donner le pouvoir de penser que j'étais facile à attirer.
Mon ego venait de prendre un coup immense, et la rage faisait trembler
mes pensées.
On verra si tu peux me baiser, Lakestone.
On verra la facilité, enfoiré.
°°°°
Le lendemain. 11 heures.
Je n'avais pas dormi de la nuit, je bouillonnais de l'intérieur et de
nouvelles questions dans ma tête s'étaient créé, à commencer par cet accord
qu'ils avaient.
Une partie de moi disait que Mason avait demandé à Kai de ne pas
s'attacher à moi, mais une autre partie disait que c'était plus que ça.
Que c'était autre chose.
En vérité, j'avais l'impression que Mason tenait Kai, quelque chose le
protégeait parce que sinon, et connaissant le tempérament de Lakestone.
Il l'aurait tué depuis longtemps.
J'essayais d'assembler les pièces du puzzle dans mon esprit, mais il
manquait toujours des vides.
Même si je remerciais Jacob pour avoir donné les premières pièces, je ne
retrouvais pas les plus importantes encore.
Kai était beaucoup trop secret.
En parlant de lui, il dormait profondément à côté de moi. Je pensais
même qu'il était mort, car, il n'avait pas bougé toute la nuit.
Ou du moins que très peu.
Je savais que tout le monde dormait, sauf moi. Même Rufus dormait.
Mon ventre criait famine, et j'avais envie de pisser. Mais bien sûr, j'étais
bloqué dans cette chambre à attendre que l'un d'eux se décide à se réveiller
pour m'ouvrir la porte.
La lumière à l'intérieur de sa chambre me rendait nerveuse, mais elle me
permettait de voir ses dessins, plus nettement.
Je ne pouvais le nier, il dessinait bien. Très bien même.
Mais je ne comprenais pas la signification de tous ses dessins, certains
avaient l'air tristes, d'autres étaient presque...terrifiants.
Il y en avait qui étaient bâclé, mais très vite, je me rendais compte qu'ils
avaient tous quelque chose en commun, il y avait un serpent à chaque coin
en bas des feuilles.
Peut-être était-ce sa signature ?
Peut-être que c'était lui qui avait peur des serpents ? Et donc il essayait de
vaincre sa peur en les dessinant partout.
Même sur son corps.
Le cobra menaçant à la gueule ouverte me faisait face toute la nuit,
dessiné sur son dos large, je grimaçais à chaque fois en le regardant.
C'était tellement bien fait qu'il suscitait des émotions que je ne ressentais
pas pour des tatouages.
— Iris ?
Je me tournais vers la porte, la voix de Jacob se fit entendre et je me levai
doucement.
Mes pas s'approchèrent de cette dernière puis je murmurai :
— Oui.
— Oh putain t'es là-dedans, je pensais que tu t'étais enfui, souffla
Jacob de soulagement, bon attends, je vais te faire sortir d'ici, Kai dort
encore ?
Je me tournai vers le concerné et lui répondis :
— Comme un bébé.
J'entendis Jacob rire et ses pas s'éloignèrent de la porte, puis je vis le
corps Kai pivoter, se mettant sur le ventre, la tête face à la porte.
Ses cheveux noirs tombaient sur ses yeux et sa bouche était légèrement
entrouverte.
Ses bras étaient relevés, ses mains sous son oreiller, laissant les muscles
de ses épaules se contracter.
Mon souffle se rompit lorsque je vis sa main sortir de son oreiller avant
de se passer sur le lit, allant et revenant à plusieurs reprises comme s'il
cherchait quelque chose.
Comme s'il me cherchait.
J'entendis la porte se déverrouiller et Kai se leva brusquement, je lui
tournais rapidement le dos et Jacob me fit face.
— C'est moi, mec. Elle va rester avec moi.
J'entendis Kai grogner derrière moi et Jacob me lança un petit sourire, ses
yeux brillaient alors qu'il murmura :
— Je suis amoureux de tes yeux, trésor.
Mon cœur palpita et je le repoussai gentiment, il ria avant de dire :
— Moi aussi j'ai du mal à accepter les compliments, mais si ça peut
t'aider, dis-toi que je ne fais qu'une remarque, tu l'accepteras mieux.
« Je ne fais qu'une remarque »
Un sourire étira mes lèvres et je murmurai faiblement :
— Merci...
Même si moi, je ne les aimais pas.
Jacob n'avait fait qu'une remarque, il ne me complimentait pas.
— J'ai besoin de prendre une douche, l'informai-je en le voyant me
tirer avec lui à la cuisine.
— Vas-y, je vais faire le petit déjeuner.
Je le remerciai et partis dans ma chambre prendre des vêtements propres
avant de rentrer dans la salle de bains, arrivé à l'intérieur je sentais que mon
bas ventre venait de se contracter.
Et je grimaçais de douleur.
Oh putain non...
J'espérais intérieurement que c'était une fausse couche, même si je savais
que ça n'en était pas.
Mes règles.
J'avais des cycles longs, mais avec tout ce qui s'était passé dans ma vie
pendant toute cette période avait bloqué mon cycle.
Je ne savais même pas depuis quand j'étais là.
Peut-être un mois, peut-être trois semaines.
Je n'en savais rien.
Je n'avais plus la notion du temps, je savais que beaucoup de jours étaient
passés, mais je ne savais pas combien.
Et honnêtement, j'attendais la fin de cette période comme une folle.
Mes pas quittèrent la salle de bains et je retrouvais Jacob qui fredonnait
une musique de Katy Perry en faisant du Bacon.
Avec un tablier marqué dessus :
« Daddy's here to spice you up »
Papa est là pour t'épicer.
Ok Jacob.
— Vous avez pensé à m'apporter des tampons ? Ou des serviettes ?
Il se tourna vers moi, ses yeux s'écarquillèrent et son regard était brillant.
Me laissant grimacer.
— Bien sûr ! s'exclama-t-il joyeusement, ils sont dans le placard sous
l'évier, Kai a pris pleins de trucs ! Enfin, il ne savait pas ce que tu
utilisais alors il a pris un de chaque produit.
Pardon ?
J'écarquillai les yeux face à cette information, Jacob semblait être
heureux de savoir que j'avais mes règles et je ne comprenais pas pendant un
moment jusqu'à ce qu'il me dise :
— J'ai toujours voulu avoir une petite sœur et m'occuper d'elle
quand elle a ses règles, tu vas réaliser mon rêve Iris !
Son sourire angélique et son air innocent me firent fondre, mais très vite,
je grimaçais de douleur en sentant que mes règles allaient me faire chier.
Je détestais avoir mes règles.
Mes émotions changeaient à chaque fois, et la douleur n'arrangeait rien.
— Tout va bien se passer, dit-il avec une pointe d'excitation, je vais
m'occuper de toi et Kai n'a pas son mot à dire !
°°°°
Quelques heures plus tard. 19 heures 30.
— Jacob, je sais très bien manger toute seule, lui dis-je en grimaçant
alors qu'il était en train de me gaver de soupe et voulant me donner à
manger comme une enfant.
— Chuuuut, c'est les hormones qui parlent là, lâcha Vernon d'un ton
paternel.
— Oui tu as raison bébé, renchérit Jacob, aller Iris mange !
Et c'était comme ça depuis ce matin.
En tout, j'avais ingurgité la moitié du frigo à cause de lui qui faisait de la
bouffe à répétition.
Nous avions regardé les bachelorette et j'étais bloqué sur le canapé à
cause de trois couettes afin de diminuer la douleur.
À ce stade, ce n'était plus des couvertures, il avait mis une dalle sur mon
corps tellement j'avais du mal à bouger.
Pour être honnête, j'étais incapable d'être énervé, Jacob était beaucoup
trop mignon et aux petits soins.
Il était plus heureux que n'importe qui.
Vernon était rentré depuis quelques minutes et s'amusait à se prêter au jeu
de Jacob. Comme si c'était mes parents gays.
Comme si j'étais leur petite poupée.
« Je cherchais juste ma poupée »
La voix de l'autre enfoiré arriva dans ma tête, monsieur dormait encore,
peut-être qu'il était mort qui sait.
J'avais entendu sa voix plus tôt, il était en train de parler au téléphone
dans sa chambre, mais ne l'avait pas quitté une seule fois.
Ce qui n'était pas pour me déplaire honnêtement, j'étais à deux doigts de
le trucider.
« Je pourrais la baiser autant de fois que je le voudrais, mais je ne
ressentirais jamais rien. Cette fille ne m'intéresse pas, c'est trop facile
pour moi »
Enfoiré de mes deux.
J'espère que tu mourras aussi vite que les mecs que t'as tué hier.
Sale merde.
— Je n'ai plus faim, lui dis-je en grimaçant et en sentant que j'allais
vomir à force d'avoir mangé.
— Mais tu n'as rien mangé !
— J'ai mangé plus que je n'ai respiré aujourd'hui Jacob, blaguai-je
en lui lançant un regard gêné.
Il émit une moue boudeuse et déposa le bol sur la table basse, puis
quelques secondes plus tard, des tocs se firent entendre sur la porte d'entrée.
Je lançai un regard interrogateur à Vernon qui se leva du canapé et
s'approcha de cette dernière, il l'ouvrit et je me redressai.
Deux fois en même pas 24 heures.
C'était Mason.
Son regard se posa sur moi et Jacob se leva du canapé, l'homme d'un
certain âge me sourit faussement et j'entendis une porte plus loin s'ouvrir.
Kai venait de sortir de sa chambre.
— Bonsoir, tout le monde, commença Mason, bonsoir Iris.
Je ne répondis rien et me levai du canapé, mon bas ventre me faisait mal
et tout ce que je voulais c'était resté loin de cet homme qui voulait me tuer.
Il avait ma vie entre ses mains et pour me l'enlever à tout moment.
Mon cœur palpita et je ressentais très vite le danger dans ses yeux qui
examinaient mon visage.
Des pas lourds et nonchalants se firent entendre et le corps de Kai arriva
au salon où nous étions.
Il s'adossa contre le mur et je remarquai qu'il tenait un verre de l'alcool,
l'air insolent.
Cet air ne le quittait jamais.
— Je commence à croire que tu ne peux pas te passer de moi, cracha
Kai en le fixant.
— Tu ne crois pas si bien dire, Lakestone, répliqua Mason avec un
petit sourire moqueur sur les lèvres, plus sérieusement, je suis venue te
prévenir qu'il y aura une réunion demain soir avec l'Organisation. Et
vous devez venir.
— Mais on n'en fait pas partie, lui rappela Jacob en fronçant les
sourcils d'incompréhension.
Je remarquai que Jacob avait changé d'expression, soudainement plus dur
et menaçant. Depuis que Mason était là, il ne paraissait pas aussi inoffensif.
Comme si cette personne qui se tenait à côté de moi n'était pas la même
qui me donnait à manger comme une enfant.
S'ils avaient tous une dent contre lui, pourquoi travailler avec lui dans ce
cas ?
Ils avaient peut-être une dette ?
— Je sais bien, mais, les autres membres réclament votre présence,
rétorqua Mason sans lâcher Kai du regard, et quand je dis les autres
membres, je parle de moi, et de moi.
Jacob soupira d'exaspération, son insolence me donnait envie de rire,
mais le moment n'était pas le meilleur.
— Jure-moi que tu viendras, lança Mason en regardant Kai.
Ce dernier émit un petit rire moqueur dans un souffle et but de son verre
avant de répondre :
— Je ne suis pas religieux.
— Tes promesses n'ont aucune valeur à mes yeux, alors jure-moi que
tu viendras.
Kai se redressa, un sourire moqueur aux lèvres puis leva son verre en sa
direction avant de jurer simplement :
— Au nom du père, du fils...et de mon verre de whiskey.
La mâchoire de Mason se contracta et Kai émit un rire moqueur avant de
boire son verre d'un trait, ne grimaçant même pas.
— Ferme la porte quand tu sors, dit-il à Mason avec cette même
insolence dans ses paroles.
L'homme me lança un regard et tourna les talons, il quitta la maison et
Vernon verrouilla la porte avant de se tourner vers nous :
— Réunion...je n'assiste pas aux réunions du poste de police il veut
que je vienne à celle de l'Organisation.
— On n'est pas obligé d'y aller, ils veulent la présence de Kai pas-
— On ira, on ira tous y compris Iris, entendais-je la voix de Kai, parce
que juste après, elle et moi avons quelque chose à faire...et on a de la
route.
Mes yeux s'écarquillèrent face à son annonce et mon cœur bondit à
l'intérieur de ma poitrine.
De la route ?
Je le vis revenir sur ses pas et entrer au salon au nous étions, tous aussi
perdus face à ce qu'il venait de dire.
Je lançai un regard interrogateur à Jacob qui haussa les épaules, lui non
plus ne savait pas.
— Stella va venir dans quelques minutes, je lui ai demandé de
récupérer une robe que j'avais commandée pour Iris, nous informa-t-il
naturellement alors que je haussai les sourcils en lui lançant un regard, on a
une petite soirée dans moins de deux heures, prépare-toi parce qu'il y a
4 millions de dollars à la clé.
Et pour la première fois depuis le début.
J'avais hâte de me retrouver seule avec lui. Cette envie malsaine de
fracasser son ego comme il l'avait fait pour le mien hier soir.
« Je regardais Stella, pas toi. »
« Cette fille ne m'intéresse pas. C'est trop facile pour moi »
Cette soif de lui rappeler qu'il a joué avec la mauvaise personne.
« Je regrette de t'avoir embrassé »
Foutaise.
Il cherchait à me faire croire qu'il en avait rien à foutre, que j'étais la
seule a être dans ce petit jeu.
Que le pire d'entre nous gagne, Lakestone.
_____________
Hey !
Internet me donne envie de me foutre en l'air tellement c'est pourri.
Fun fact chapitre : la discussion de Kai et Iris ou il avait dit « c'est pour
ça que tu me regardes » et où elle a répondu « je regarde ceux qui me
regardent » a été inspiré de ma discussion avec mon crush mdr enfin c'était
littéralement ça le dialogue THIS MAN IS SO ARROGANT AND I LOVE
crushing his ego. My own guilty pleasure.
But anywayyyyyyy...ce chapitre...il y a tellement de choses à dire omg-
LET MY SLOW BURN BEGIN !
J'ai besoin de lire vos théories sur tout maintenant je suis curieuse, LET
ME KNOW EVERYTHING !
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
🤍
With love. S
Instagram: Sarahrivens
27. Fausse(s) identité(s)

Iris
— Donc on fait comment ? demanda Jacob en ouvrant la fenêtre de la
voiture pour parler à Kai.
— Iris et Vernon attendront dehors, et nous on monte à la réunion.
Nous étions près d'un grand bâtiment un peu trop protégé par des gardes
armés jusqu'aux dents.
C'était ça...l'Organisation.
Nous avions fait presque deux heures de route, Kai avait pris sa voiture,
tandis que j'étais à l'intérieur de celle de Vernon avec lui et Jacob.
Cet endroit était complètement perdu au milieu de nulle part.
Il n'y avait même pas de réseau d'ailleurs, je le savais parce que Jacob
râlait depuis vingt bonnes minutes.
Il regardait les Bachelorette en direct.
— Sors, plus tôt on terminera, plus vite on partira d'ici, dit la voix
grave de Kai depuis sa voiture en regardant Jacob avant d'ouvrir la portière.
Je grimaçais en voyant les hommes braquer leurs armes sur lui, tandis
qu'il refermait la portière et arrangeait sa veste comme si de rien n'était.
Comme s'il n'y avait pas au moins douze armes pointées sur lui.
— C'est Lakestone baissez vos armes ! Entendais-je l'un d'eux
s'exclamer à pleins poumons.
— Tu viens ? me dit Jacob d'un ton doux, c'est bon il a ouvert le bal.
Jacob désigna Kai du menton et je hochai la tête en quittant à mon tour la
voiture, la boule au ventre et me collant contre Jacob à cause de tout ce qui
était juste devant moi.
C'était comme un immense quartier général protégé, entièrement sombre
comme si c'était fait pour être camouflé.
Je me demandais ce qu'ils faisaient à l'intérieur, ce qu'ils cachaient.
— Les visiteurs ne sont pas admis, déclara l'un d'eux en me jaugeant du
regard, Mason est au courant ?
Kai le fusilla du regard tout en restant muet, les deux hommes
s'affrontaient du regard pendant quelques secondes puis l'homme dit
finalement :
— ...Ouvrez le portail.
Je déglutis en voyant l'expression de Kai, cette aura dangereuse qui
émanait de lui me rappelait la soirée dernière et je frémis.
Cet homme était démoniaque.
Les gardes me regardaient sans un mot alors qu'on entrait à l'intérieur de
cette forteresse qui hurlait la mort.
Je vis une grande allée avec des voitures garées, il y avait des escaliers
qui menaient au bâtiment et une autre entrée qui, je présumais, était l'entrée
principale.
Je me demandais vraiment ce qu'ils devaient bien faire à l'intérieur.
Et si c'était un réseau de trafic ?
Ça n'avait pas l'air, c'était trop calme.
Il y avait des personnes qui fumaient à quelques mètres de nous, le regard
braqué en notre direction. Je me sentais très vite intimidée par
l'environnement.
Nous passâmes à côté d'un groupe et j'entendais un murmure :
— C'est Lakestone...c'est lui qui a tué Lewis.
Je déglutis en avançant avec les trois hommes et nous entrâmes à
l'intérieur du bâtiment, nous pouvions entendre l'écho de quelques voix,
signe que des personnes trainaient à l'intérieur des étages immenses de cette
bâtisse.
Sur les murs, il y avait un plan de l'Organisation. Je pouvais aussi voir
des notes et des annonces, il y avait même une réception.
Cependant vide.
— Restez là, nous dit Kai en regardant Vernon avant de se tourner vers
Jacob, toi monte avec moi.
— J'aime pas les réunions, pleurnicha Jacob alors que Kai commençait
déjà à s'avancer vers les marches.
— J'aime pas vivre et pourtant j'y suis obligé, monte et arrête.
Vernon émit un petit rire dans un souffle face à la réponse de Kai et
secoua la tête avant se tourner vers moi et me dit :
— Assieds-toi, ça ne sera pas très long de toute façon.
— Ça dure combien de temps des réunions comme ça ?
Il fit mine de réfléchir et je m'assis sur l'une des chaises près du mur
avant de l'entendre me répondre :
— Si Kai ne tue personne, et si Jacob ne pose pas de questions alors
ça prendra 20 minutes tout au plus.
— Pourquoi assister à des réunions si vous ne travaillez pas pour
eux, soufflai-je en regardant autour de moi.
— Parce que Mason est une enflure qui saute sur les occasions,
souffla Vernon à son tour.
Je fronçai les sourcils d'incompréhension et me tournai vers lui, le regard
interrogateur.
Comment ça, il sautait sur les occasions ?
— Mason est la personne la plus malsaine et vicieuse qui m'était
donné de voir, et j'en sais quelque chose, murmura Vernon en regardant le
sol, il n'a pas demandé Kai pour rien...il a sûrement quelque chose
derrière la tête.
— S'il est si mauvais, pourquoi travailler avec lui ?
Un soupir s'échappa des lèvres de Vernon et il me lança un regard en
souriant faiblement, puis il me répondit simplement :
— Parfois, on fait des choses parce qu'on n'a pas le choix, trésor.
— Il vous force à travailler avec lui ? L'interrogeai-je en sentant la
curiosité me ronger, avide d'informations.
— Il nous a toujours laissé le choix, figure toi, ria-t-il d'un ton presque
sarcastique.
Je ne comprenais, ils faisaient le choix de travailler avec lui, mais il ne
l'aimait pas pour autant.
Mason les tenait sûrement par quelque chose.
— C'est quoi « L'Organisation » ? lui demandai-je curieusement.
— Alors ici, c'est comme une grande entreprise dont les salariés sont
des mercenaires et des tueurs à gages m'informa le policier très
sérieusement, je ne peux pas t'en dire plus parce que c'est risqué,
mais...ce n'est pas un réseau de drogue ou de trafics. Ce n'est pas la
spécialité.
Un réseau de mercenaire et de tueurs à gages.
L'Organisation était un réseau de mercenaire.
Ce qui expliquait pourquoi les personnes qui travaillaient ici n'avaient
pas aimé que Mason choisisse Kai au lieu d'eux.
En sachant que Kai ne travaillait pas à l'intérieur de l'Organisation.
Je comprenais la haine et la frustration de tous ceux qui voulaient la place
de Kai aux yeux de Mason, qui, comme je l'avais compris, faisait partie des
patrons de ce réseau.
— Je peux te poser une question ?
— C'est ce que tu fais depuis tout à l'heure, remarqua-t-il en souriant,
vas-y.
Mes joues chauffèrent et j'émis un petit rire gêné, sentant la honte
envelopper mon corps, je parlais trop.
Je posais trop de questions.
Je pose trop de questions ?
Oui.
— Comment...comment tu as rencontré Jacob ? lui demandai-je en
sentant mes joues chauffer, enfin je veux dire-
— Je l'ai arrêté, me coupa-t-il en voyant que je commençais à bafouiller
mes mots et mon souffle se coupa a l'entendre de sa phrase ce qui le rire,
non vraiment, j'ai l'ai arrêté. Il était bourré et conduisait comme un fou
dans sa voiture, ce soir-là il m'avait dit « c'est mon fantasme de me faire
arrêter par un flic sexy comme toi ».
Il ria à sa phrase et j'en faisais de même alors que j'écoutais son anecdote
complètement folle, ce n'était même pas étonnant de la part de Jacob.
Putain il l'a arrêté et maintenant ils sortent ensemble.
— À cette période, je le surveillais, lui et Kai, enfin...c'était Kai que
j'avais à l'œil, m'avoua Vernon en regardant le mur face à nous, il y avait
quelque chose de louche chez lui et je ne savais pas encore ce que
c'était. J'étais déjà dans la police depuis plusieurs années, je n'aimais
pas vraiment ce que je faisais mais ça m'a permis de très vite voir le
danger et j'avais un mauvais pressentiment...
Je hochai la tête en l'écoutant alors qu'il continuait son récit avec un petit
sourire :
— Mais Jacob c'était autre chose...il était drôle, très drôle. Et il est
audacieux, je pense que c'est ça qui me plaisait le plus chez lui, ria
Vernon en parlant de son copain, il faisait tout pour attirer mon attention,
jusqu'à braquer une supérette.
J'écarquillai les yeux et il hocha la tête en souriant, ses souvenirs le firent
rire et moi aussi.
Jacob avait braqué une supérette pour avoir l'attention de Vernon.
Et bah putain si ça c'est pas un signe a faire à son crush.
— Même s'il était catégorisé comme dangereux dans ma tête parce
qu'il était souvent en compagnie de Kai, il y avait cette chose en lui qui
me laissait voir le contraire. Et puis une fois, j'étais dans un resto à
l'extérieur de la ville, j'étais épuisé à cause affaire que je n'arrivais pas
à résoudre.
Des personnes passèrent et nous coupèrent dans notre discussion, nous
jaugeant du regard ouvertement.
Je baissais le regard et me tournai vers Vernon qui maintenait ses yeux
sur eux, changeant complètement d'expression.
Me faisant grimacer.
Ils avaient tous ce visage ferme et sévère qu'ils affichaient presque...sur
commande.
Et moi j'étais peinte par la peur.
Les personnes montèrent à l'étage et nous nous retrouvions une nouvelle
fois seuls à l'intérieur de ce hall immense.
— Où en étais-je ? M'interrogea-t-il en se grattant la nuque.
— Le resto à l'extérieur de la ville, lui dis-je en écoutant son histoire
comme la plus intéressante des séries Netflix.
Ils devraient en faire une histoire sur Wattpad, ça ferait un carton.
Putain tais-toi.
— Ah oui voilà, c'est alors qu'il rentre...seul. Et c'est ce soir-là que
nous nous sommes vraiment rencontrés.
— Vous avez couché ensemble c'est ça ? lui demandai-je d'un ton
amusé.
— T'as tout compris, ria Vernon en hochant la tête, et c'était comme ça
pendant plusieurs jours, on se retrouvait dans ce diner à l'extérieur de
la ville et on baisait jusqu'à l'aube...et on parlait de nous, on avait
pleins de points en communs.
Je l'écoutais, complètement émerveillée par la relation et de leur histoire.
Trouver la personne avec qui on partageait tellement de choses, qui nous
comprenait.
Cette personne qui était autant attiré par nous que nous par elle.
Qui nous voulait autant que nous la voulions.
— Et...il m'a aidé, pour l'affaire qui me brûlait le cerveau, m'avoua
Vernon en me regardant, je devais trouver un fils de pute qui s'amusait à
kidnapper des petits enfants à la foire, Jacob l'avait retrouvé...et Kai
l'avait tué...enfin il l'a torturé pour savoir où il cachait les enfants et
ensuite l'a tué.
Mon souffle se rompit et leur réalité me frappa. C'était comme ça depuis
le début.
Ils avaient toujours eu ce mode de vie.
Kai torturait des gens...j'avais envie de vomir.
L'angoisse me prenait au tripes alors que j'imaginais ce dernier torture
des personnes, n'osant même pas pouvoir imaginer le summum de sa
violence.
— On avait donc conclu un marché, ils gardent le secret sur tout ce
qui s'était passé et...je les aide en échange s'ils ont besoin de moi, souffla
Vernon en souriant l'air pensif, enfin...chacun y trouve son compte...
Je me demandais comment Vernon avait aidé les deux jeunes hommes,
j'avais l'impression que ce n'était pas juste le fait de les protéger des
autorités.
En voyant son visage, j'avais l'impression qu'il y avait plus que ça.
— Et me voilà...quatre ans plus tard, à l'intérieur d'une organisation
de mercenaires avec une fille portée disparue depuis presque un mois et
demi.
Mes lèvres s'entrouvrirent, un mois et demi.
Cela faisait un mois et demi qui j'étais bloqué avec eux, et mon cœur
palpita.
Un mois et demi.
Un mois et demi que ma vie avait complètement basculé.
Un mois et demi que je payais pour les merdes de mon père, alors que ce
dernier était porté disparu.
Putain...c'est complètement dingue.
— Au départ, Kai ne me faisait pas confiance, me fit sortir Vernon de
mes pensées qui commençaient à s'embrouiller, enfin il ne me fait toujours
pas confiance, mais avant...c'était plus extrême, j'avais droit à des
menaces de mort si jamais j'utilisais Jacob, et il m'avait même collé une
droite une fois.
Il émit un petit rire et continua :
— Ma mâchoire me fait toujours mal rien qu'en me rappelant.
Il se frotta la mâchoire et je l'interrogeai en écarquillant les yeux :
— Pourquoi il t'a frappé ?
— On s'est disputé à cause d'une affaire que j'avais sur le dos, et je
ne faisais pas confiance au côté impulsif de Kai, me raconta-t-il
sincèrement, je pensais qu'il avait tué le mec que je cherchais et qu'il me
mentait et je le lui avais dit...résultat, ma mâchoire en avait pris un
coup énorme.
— Il avait menti au final ?
Vernon secoua la tête en souriant.
— Il me l'avait promis, et Kai ne ment jamais...enfin, dit-il après avoir
entendu mon rire moqueur, s'il ment c'est qu'il n'a pas d'autres choix que
de le faire.
Je fronçai les sourcils, et ces paroles la nuit dernière avec Mason me
revenaient en mémoire.
Je ne pouvais pas dire que c'était la vérité, ni même que c'était un
mensonge.
Il avait l'air tellement...
Tellement sincère.
— Mais il déteste mentir, ça je peux te le dire, souffla Vernon en
regardant sa montre, ils ont en mis du temps...
Et au même moment, des échos lointains de plusieurs voix se firent
entendre.
Je me tournais vers Vernon lorsque ce dernier soupira en disant :
— Du Kai Lakestone tout craché.
Je percevais la voix de Jacob qui s'approchait de nous et nous nous
levâmes des chaises, la tête de ce dernier arriva dans mon champ de vision,
et celle de Kai.
Je remarquai que les jointures de sa main droite étaient en sang, et
comprenais très vite qu'il avait frappé quelque chose.
Ou quelqu'un.
— Alors le bilan ? demanda Vernon en les regardant dévaler les
escaliers.
— Zéro mort et trois blessés, annonça Jacob d'un ton soulagé, dont
Mason. Cet enfoiré nous a ramené pour nous forcer à accepter une
mission, comme si-
— On dégage, je suis déjà sur une mission je vais pas m'amuser à en
faire d'autres, grogna Kai d'un ton sec, enfoiré j'ai envie de le saigner.
Jacob me lança un regard en s'approchant de nous alors que Kai sorti en
trombe du bâtiment.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Murmura Vernon à Jacob.
— Kai n'a pas accepté de tuer la gosse d'un membre du
gouvernement, murmura Jacob à son tour en gardant ses yeux sur Kai qui
était à quelques mètres plus loin, Mason lui a dit qu'il devait songer à
reprendre sa cure parce qu'il commençait à devenir « mou »...
Sa cure ?
Comment ça « sa cure » ? Une cure de quoi ?
— L'enflure, cracha Vernon en marchant.
— Il lui a collé une droite, deux personnes voulaient s'attaquer à lui
mais Kai avait tellement la rage qu'il a cassé des mâchoires, nous
raconter Jacob d'un ton bas, au moins maintenant il a extérioriser sa
colère...enfin pour la soirée du moins.
Nous quittâmes les lieux sombres sous le regard curieux de quelques
personnes encore à l'extérieur du bâtiment.
Je détestais cet impression d'être le centre de l'attention.
— Nous on y va de notre côté, on a une longue soirée, annonça Jacob
en gardant ses yeux sur Kai qui s'approchait de la voiture, je te dirais
quand tout sera prêt.
Je restais silencieuse et le regardais prendre mes affaires de la voiture de
Vernon avant de les faire monter dans sa voiture.
— Ouais. N'oublie pas de t'occuper de son rat pendant notre
absence.
Je le fusillais du regard et il m'ignora, Jacob me fit un petit signe d'au
revoir en souriant et je sentais mon cœur pomper fort à l'intérieur de ma
poitrine alors que je m'assis sur le côté passager.
Je bouclai ma ceinture et déglutis, une grimace s'affichait sur mes lèvres
alors que je sentais la douleur dans mon bas ventre s'intensifier.
Le froid de l'extérieur avait juré que s'en prendre à mon corps.
La vitesse qu'exerçait la voiture me faisait tressaillir, je savais qu'il était
en colère. Cela se voyait à son visage, ses traits étaient durs et ses sourcils
froncés.
Sa mâchoire était contractée et ses doigts pressés contre le volant de sa
voiture.
Je me tournais vers la fenêtre en soupirant, la fatigue alourdissait mon
corps et j'avais froid. Tout ce que je voulais, c'était rester dans mon lit et ne
pas sortir pendant une semaine.
Je sentais son regard sur moi à l'instant où nous avons commencé à être
bloqué par les embouteillages.
— Tu as décidé de m'ignorer pour encore combien de temps ?
Je ne répondis rien, mais un sourire mauvais étirait un coin de mes lèvres.
Je savais qu'il l'avait remarqué, ce n'était pas difficile pour lui.
— Je te parle, me dit-il d'un ton froid.
— Je sais, il n'y a que ta voix qui m'agace autant, crachai-je à mon
tour.
Un rire moqueur s'échappa de ses lèvres et après quelques minutes de
silence je l'entendais me dire presque malicieusement :
— Oh c'est vrai...tu as tes règles.
Mes nerfs chauffèrent, et mes poings se serrèrent alors que je me rendais
compte du jeu auquel il voulait jouer.
J'en étais sûr.
— Alors ça fait quoi de perdre du sang à chaque fois et ne pas en
mourir ?
— Cherche sur Google toi qui aimes bien t'informer dessus,
marmonnai-je en lui rappelant qu'il avait cherché ce qui ça faisait de tomber
amoureux.
— Pour ta gouverne, je ne l'ai fait qu'une fois et ça ne m'avait pas
vraiment convaincu, je préfère demander aux personnes que je
connais, me répondit-il en haussant les épaules, les informations sont plus
fiables.
— Demande à Stella alors, terminai-je en regardant face à moi.
Il pouffa de rire.
Et ma colère s'amplifia. Mais il ne fallait pas que je lui montre qu'il
m'atteignait, parce que sinon, il continuera toute la soirée.
Et je risquais fortement de commettre mon premier meurtre.
— Madame est jalouse...
Et c'était à mon tour de pouffer de rire avant de répliquer :
— C'est ton fantasme ça, pas la réalité.
— Dans ma réalité, tu es mon fantasme, me dit-il simplement.
Et je me sentais défaillir à l'entente de ses mots.
Très vite, je secouai la tête en essayant d'oublier ce qu'il venait de me dire
et ne répondit rien.
Plusieurs minutes s'écoulaient et le silence était notre seule discussion, je
remarquais que la route m'était familière et après quelques instants.
Je vis la maison dans laquelle j'étais retenu prisonnière.
— On a 15 minutes pour nous changer et reprendre la route,
m'informa Kai en sortant de la voiture.
Je fis de même et m'avançai jusqu'à l'intérieur presque en courant à cause
du froid. Kai verrouillait la porte d'entrée et j'entrai dans ma chambre.
Il y avait la robe rouge sang qu'avait apporté Stella une heure plus tôt,
elle était en soie et m'arrivait à mi-cuisses, aussi serrée que la robe que je
portais au Box.
Les goûts de Kai me faisaient grimacer.
Je me dirigeais en direction de la salle de bains avec la robe et vis Kai à
l'intérieur, qui examinait ses blessures.
Sans prendre attention à lui, je posai la robe dans un coin et tirais ma
trousse de maquillage.
Il me lança un regard amusé tout en m'observant avant de murmurer :
— Tu vas mettre du rouge à lèvres ?
Je commençais à me maquiller sans lui répondre et il resta là comme une
décoration en train de me regarder pendant plusieurs minutes.
— C'est quoi ça ? M'interrogea-t-il en pointant du doigt la poudre libre.
— Demande à Stella, j'ai entendu dire qu'elle adore le maquillage.
Il émit un rire franc et mon cœur palpita, je ne l'entendais pratiquement
jamais rire.
Il avait un joli rire.
— Mais c'est à toi que je demande, me dit-il d'un ton faussement
innocent.
— Et je t'ai redirigé vers une autre personne, plus à ton goût
d'ailleurs, répondis-je en regardant mon maquillage.
« J'ai toujours eu un faible pour les blondes de toute façon. »
— Elle n'est pas à mon goût, j'ai juste joué au même jeu que toi. Et
je le ferais autant de fois que tu le feras.
Il me fixait et je l'ignorais en tirant un rouge à lèvres rouge que je
n'aimais pas mettre à cause de la couleur trop tapante.
Mais je ne voulais pas jouer la discrétion.
Pas pour l'instant.
Je passais une couche sur mes lèvres et Kai resta silencieux en examinant
ce que je faisais, je sentais ses yeux polaires sur moi ce qui me donnait
envie d'étirer mes lèvres dans un sourire victorieux.
Ce n'est que le début de la soirée, Lakestone...que le début.
Je le vis de mettre derrière moi, faisant alors accélérer mes battements
cardiaques tandis que je restai muette.
Ses mains se posèrent sur les deux côtés de l'évier, m'emprisonnant entre
ses bras sans pour autant me toucher.
Et la chair de poule enveloppait mon corps en regardant ses iris fixer mon
reflet, avide de luxure.
— Va te préparer sinon on va être en retard, lui dis-je en effaçant le
surplus avec mon doigt et en essayant d'être la plus neutre possible.
Je me tournais et il ne bougea pas, son corps a quelques centimètres du
mien, je sentais son odeur et son souffler s'écrasait contre ma peau.
Il avait ce pouvoir sur moi, ce magnétisme que je détestais au plus au
point et ça depuis notre rencontre.
— Est-ce qu'il s'enlève vite ce truc ? M'interrogea Kai dans un
murmure en dévorant mes lèvres du regard.
Mon cœur palpitait et je commençais à avoir chaud, mes hormones en feu
et des spasmes sur mon corps alors que sa voix qui venait de murmurer sa
question tournait en boucle dans ma tête.
Mais je me reprenais vite, n'oubliant pas mon objectif de vue.
Un sourire incurva un coin de ma bouche rouge et je m'approchais de son
oreille où je murmurai d'un ton chaud :
— Tu demanderas à Casey quand je l'embrasserai...
Son souffle se coupa et j'enlevai l'un de ses bras de mon passage afin de
m'éloigner de lui, pendant l'espace d'un instant son regard s'était assombri,
mais très vite, je vis sa colère se faire remplacer par la malice et il étira les
lèvres.
...Quoi ?
Je ne comprenais pas sa réaction et haussai les épaules en prenant mes
affaires, finalement j'allais me changer dans ma chambre.
Je ne voulais pas lui montrer que j'en avais quelque chose à foutre de ce
qui lui passait pas la tête.
Je ne voulais pas lui montrer que je m'intéressais à lui.
Je ne voulais pas qu'il pense qu'il m'avait.
Et je comptais bien lui prouver.
Je me dirigeai vers la cuisine où je tirai la bouffe de Rufus avant de le
retrouver, un sourire étira mes lèvres alors que je lui donnais à manger puis
je fermai la porte de ma chambre.
Rapidement, je me changeai et grimaçais à cause du peu de tissus que je
portais.
Il allait faire froid je le sentais.
Et mes règles n'arrangeaient rien.
Après plusieurs minutes, j'étais enfin prête. Je me regardais dans le miroir
et grimaçais une nouvelle fois, cette robe était trop osée.
Trop tape à l'œil.
Trop courte.
Elle ne m'allait pas.
Je secouai la tête en sentant le dégout contre moi-même me ronger, je
n'allais pas faire ça ce soir.
Je ne voulais pas faire ça aujourd'hui.
Mes jambes me guidèrent jusqu'à l'extérieur de ma chambre et je
repartais vers la salle de bains, sans surprise, mon regard croisa le corps de
Kai.
Face au miroir, il portait une chemise blanche et un bas de costume noir.
Ses yeux fixaient la cravate autour de sa nuque, encore défaite.
Je m'approchais et me mis à côté de lui puis branchai le fer à lisser que
m'avait donné Jacob, mon regard se posa une nouvelle fois sur Kai qui
n'avait pas bougé.
Mais je vis une grimace sur ses lèvres.
Il ne savait pas faire de nœud.
C'était sûr.
Mais alors que je le vis vouloir la retirer, je me tournais vers lui et
l'arrêtai en retenant la cravate avant de lui dire :
— Ne baisse pas les bras si tu ne sais pas faire quelque chose, tu peux
juste demander de l'aide.
Il resta silencieux alors que son corps se crispait violemment, je ne pris
pas en considération sa réaction et commençais à faire le nœud de sa
cravate.
Ses yeux fixaient mes mains, puis mon visage et encore mes mains qui
faisaient rapidement ce qu'il n'arrivait pas à faire.
Je me demandais comment cela se faisait qu'il ne sache pas faire de
cravate.
La dernière fois, il avait demandé à Vernon.
Enfin...il avait cherché Vernon.
Ses yeux quittèrent mes mains à l'instant où je terminais et se posèrent
sur ma robe, très vite je vis une lueur dans ses pupilles briller ouvertement,
ne se cachant pas derrière l'impassibilité qui était constamment présente sur
ses iris.
Je me retournais et sentais qu'il me matait, comme si j'étais un dessert et
qu'il avait la dalle.
Ma main empoignait le fer à lisser et je commençais à arranger quelques
mèches de mes cheveux, sentant que ses yeux étaient plus brûlants sur ma
peau que le fer sur mes cheveux.
— Mon fantasme...
« Elle ne m'intéresse pas. C'est trop facile pour moi. »
Un fantasme que tu ne pourras pas avoir, Lakestone.
— Si je reste ici encore quelques secondes, on devra annuler la
soirée, souffla-t-il en me regardant de haut en bas, je t'attends dans la
voiture, fait vite.
°°°°
23 heures 20. Parking près de l'évènement.
— Mais t'as complètement perdu la tête ! m'exclamai-je en regardant
la foule de riches entrer à l'intérieur d'un chapiteau.
— Ce diamant sera exposé toute la soirée et ils l'emmèneront dans un
endroit « sûr » avec toutes les autres créations avant de le rendre au
bijoutier, m'informa-t-il une nouvelle fois en crachant sa fumée, et le
lendemain il ira au musée, qui sera présent ce soir d'ailleurs...
— On va voler un diamant Kai ?!
Il hocha la tête. Et mon cœur se mit à battre très rapidement à l'intérieur
de ma poitrine. La panique commençait à faire trembler mes membres et je
n'arrivais pas à rester calme.
Alors que lui fumait sa troisième cigarette comme si de rien n'était.
— Mais ne sois pas bête, on ne va pas le voler ici...on va juste
préparer le terrain et faire du repérage pour l'instant... et s'amuser un
peu.
Mes sourcils se froncèrent et il ouvrit la portière sans me laisser le temps
de lui poser d'autres questions, je quittai la voiture et il me lança quelque
chose.
Une carte.
Une fausse pièce d'identité.
— Tu t'appelles Amira O'Connell, m'annonça Kai alors que je lisais la
carte en écarquillant les yeux, et tu as 25ans.
Amira ?
Pourquoi ce prénom ? Je ne l'avais jamais entendu auparavant.
— Amira veut dire « Princesse » en arabe, m'informa Kai en me
faisant un clin d'œil, je sais c'est original-
— Ferme-là, Kai.
Il émit un petit sourire malicieux et m'informa d'un ton moqueur et
victorieux :
— Ce soir, Amira, je ne m'appelle pas Kai...mais Casey...Casey
O'Connell.
Et sa réponse me fit l'effet d'une douche froide, me rappelant directement
à l'instant où nous étions à la salle de bain et où sa réaction suspecte m'avait
rendue perplexe.
Il savait dès le début.
— Et nous sommes...mari et femme pour la soirée, princesse.
— Je te demande pardon-
Il prit l'une de ses bagues et tira ma main jusqu'à lui, puis laissa la bague
se glisser sur mon annulaire gauche, un sourire moqueur aux lèvres tandis
que mon souffle s'était coupé en le regardant faire.
Mon cœur pompait très fort à l'intérieur de ma poitrine lorsque sa main se
glissa doucement autour de ma taille, et il me poussa avec lui, un petit
sourire satisfait scotché sur sa bouche.
De mon côté, mes informations étaient bloquées dans ma tête.
Et je bouillonnais de l'intérieur.
— Bonsoir, commença Kai en regardant la jeune femme installée à
l'extérieur de l'entrée, O'Connell.
— Monsieur O'Connell ! s'enthousiasma-t-elle en tirant la liste près
d'elle, pourrais-je avoir vos pièces d'identités je vous prie ?
Je lui tendis la mienne et Kai fit de même avec un faux sourire scotché
aux lèvres, la jeune femme me lança un regard en examinant ma carte et fit
la même chose avec Kai avant de sourire et nous inviter à entrer.
— Passez une merveilleuse soirée ! l'entendais-je nous dire alors que
Kai me poussait avec lui à l'intérieur.
Je grimaçais en regardant le monde et l'extravagance des invités, puis très
vite, mon regard croisa des bijoux qui avaient l'air d'être d'une valeur
inestimable.
— Ma princesse voudrait boire quelque chose ?
« Ma princesse »
Je l'assassinais des yeux et il me lança un regard malicieux, profitant de
la situation comme si c'était la meilleure soirée de son année.
Enfoiré j'ai envie de te foutre une droite et coincer ta bague dans les
dents.
— Ne soit pas si en colère, les mariages arrangés ne sont pas toujours
si mal.
— Pas quand tu es la femme d'un mercenaire qui t'a kidnappé,
crachai-je en regardant autour de moi.
— Tu es toujours aussi grincheuse quand tu as tes règles ? murmura-
t-il en s'approchant de mon oreille, si tu veux...on m'a dit que l'orgasme
aidait beaucoup à diminuer la douleur.
Une grimace de dégout s'afficha sur mes lèvres et je me défis de son
étreinte, un serveur me tendit une coupe de champagne et je l'acceptai en
regardant Kai.
— Vous désirez autre chose ? M'interrogea le serveur et je me tournai
vers lui.
Un sourire étira mes lèvres alors que je regardais l'opportunité s'offrir à
moi.
Les yeux de Kai se braquèrent sur l'homme à l'instant où je lui dis d'un
ton faible :
— Peut-être plus tard...
Le serveur lança un regard à Kai qui regardait la scène et j'étirais mes
lèvres dans un sourire innocent au serveur et la voix de mon faux mari
déclara d'un ton tranchant :
— Elle n'a besoin de rien, allez faire votre travail autre part.
Le serveur blêmit en regardant Kai le fusiller du regard, et je bus mon
champagne en dégustant sa colère.
L'homme s'éloigna rapidement de nous et je finis par dire en souriant :
— Mes parents adoraient avoir des conquêtes, j'espère que ça ne te
dérange pas que je suive ce schéma pour la soirée, Casey.
_____________
Hey !
Le bookstagram me donne envie d'acheter des livres et faire des posts
trop jolies. Mais je ne lis exactement jamais parce que j'aime pas (aussi
imprimés help 🥲
parce que j'ai pas le temps et que je lasse vite). Ni sur Wattpad ni de livres

Anywayyyyyy je fais comme si j'avais pas fait de post surprise


MDRRRRRR I HOPE YOU ENJOYED ! Mr et Mme O'Connell vont
passer une merveilleuse soirée et j'en sais quelque chose...
Moi a chaque fois que vous pensez que j'ai un plan pour cette histoire

A très bientôt pour un nouveau chapitre !


Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
alors que je fais au feeling depuis le début :

With love love love. S


Instagram: sarahrivens
28. Première partie

Iris
Je tournais, regardant les magnifiques pièces en sentant les yeux de Kai
sur mon dos à quelques mètres plus loin.
Des hommes mariés jaugeaient ouvertement ma tenue du regard,
dévorant mes jambes des yeux et me faisant grimacer de dégoût.
J'espère que vos femmes vous tromperont avec vos idoles bandes de sous-
merde.
J'étais en colère à cause de Kai, et mes douleurs. Mais j'avais cette envie
qui me démangeait, cette envie de dominer à son propre jeu et lui rappeler
qu'il ne m'avait jamais gagné.
« C'est trop facile »
Ma coupe entre les doigts, je bus une gorgée et me tournais pour faire
face au mercenaire qui parlait à une personne, faisant comme s'il était
intéressé alors que ses yeux s'étaient liés aux miens.
Ce jeu de regard qu'on avait a chaque fois qu'on était entouré d'étrangers.
Du Box jusqu'à présent, rien n'avait changé.
— Bonsoir...
Je tournais la tête vers la voix masculine qui vint me parler et mon regard
se posa sur lui, des boucles brunes et un sourire à faire tomber, une barbe
parfaitement bien tracée et un costume qui lui allait comme un gant.
Mon cœur battait plus vite, même si je voulais jouer, il y avait toujours
l'introverti en moi qui hurlait d'aller me cacher aux toilettes et attendre que
Kai me récupère.
— Hum...bonsoir ?
— Vous êtes là pour faire du repérage ?
Mes yeux s'écarquillèrent et mon cœur tomba près de mes pieds à
l'entente de sa question, je sentais que je commençais à trembler et je lui
demandai nerveusement :
— Du...du repérage ?
Il ria et détailla :
— Toutes les personnes ici sont venues pour repérer les prochains
bijoux qu'ils ajouteront à leur collection, alors je présumais que vous
aussi...je m'appelle Dean.
L'homme qui s'appelait Dean me tendit sa main et timidement, je posais
sa main sur la sienne.
Mon souffle s'arrêta lorsque ses lèvres vinrent se poser délicatement sur
leur dos de ma main, et mon regard quitta l'inconnu pour chercher Kai.
Je le voyais fixer la scène au loin, la mâchoire contractée et le regard
braqué sur l'inconnu.
...Facile.
— Amira, me présentai-je à l'homme en lançant un regard à ce dernier.
— Amira...c'est joli, me complimenta Dean, un prénom aussi joli que
la personne qui le porte.
« Bleu et vert...ça doit être joli »
Je secouai la tête en essayant d'effacer les souvenirs qui reliaient des
mots à lui et souriais pour remercier cet inconnu.
Je sentais que Kai regardait attentivement la scène et cela me faisait
sourire encore plus, et je commençais à discuter avec ce Dean.
Ce même Dean qui regardait plus mes seins que mon visage.
Des seins que je n'avais pas beaucoup.
Il les cherche t'inquiètes.
— Alors vous venez d'où ? M'interrogea-t-il alors qu'on marchait en
regardant les bijoux présents à l'intérieur de l'exposition.
— Pas très loin d'ici, lâchai-je vaguement en me penchant vers l'avant
pour regarder les pièces et relevai mon regard vers Kai qui nous fixait
toujours dans un coin du chapiteau.
A présent seul.
Son verre entre les doigts allait bientôt se briser.
Et ma satisfaction n'était que plus grande.
Nos regards se lièrent et il but une nouvelle fois de son verre sans me
lâcher du regard, un sourire étira mes lèvres et je me redressai.
Kai secoua lentement la tête en contractant davantage sa mâchoire et je
fronçai les sourcils d'un air faussement innocent, le regard interrogateur
comme pour lui demander pourquoi il était fâché.
Alors que je connaissais déjà la réponse.
Ma main se posa sur le verre qui protégeait toutes les pièces et j'entendais
Dean me parler des bijoux, malheureusement faire chier Lakestone était
plus intéressant pour moi à ce moment précis.
— Et si vous voulez, j'ai une demeure pas loin-
— Tu ne penses pas à lâcher cette jolie demoiselle Dean ? fit un
homme en s'approchant de nous avec un sourire au coin, ta fiancée va
bientôt arriver...
Je lui lançais un regard blasé, et un énorme dégoût vint envelopper mon
corps. Que je détestais les tromperies.
Et pourtant c'est ce que tu fais là.
Je ne suis ni mariée ni fiancée, je n'ai pas de copain et surtout, je ne
m'appelle pas Amira.
— Hâte de la rencontrer, murmura-je à Dean en buvant une gorgée de
mon champagne alors qu'il blêmissait à vue d'œil.
Aucun regret sauf si elle l'apprend, quel chien.
— Bébé ! entendais-je une voix féminine au loin.
Mon regard croisa la femme qui accourait vers nous et je voyais la tête de
Kai un peu plus loin, un sourire moqueur scotché aux lèvres.
Je le vis pouffer de rire et mes nerfs chauffèrent, il leva son verre en ma
direction.
L'insolence de son geste et son regard amusé face à la situation me
rendaient complètement dingue.
Dean tira sa femme avec lui et je me tournais vers eux, le couple
s'embrassa et la femme se tourna vers moi en souriant, je lui souriais en
retour puis très vite, je vis ce Dean éloigner sa femme de moi.
Pris par la peur que je le balance.
L'homme qui l'avait prévenu que sa femme allait bientôt arriver n'avait
pas bougé, il resta là à côté de moi en regardant le couple partir plus loin.
— Je peux vous offrir un autre verre ?
Je me tournai vers lui et remarquai que j'avais terminé le mien, quelque
chose attira mon attention. Et c'était la bague sur son annulaire.
— Vous offrez des verres à des inconnues dans quel but ?
l'interrogeai-je en regardant sa bague puis remontant mon regard vers lui.
Ils me dégoûtaient au plus haut point.
— Platonique seulement, me dit-il d'un air faussement innocent.
— Ce n'est pas ce que je cherche ce soir, merci d'avoir proposé,
lâchai-je finalement avant de m'éloigner de lui.
Kai regardait la scène, son sourire l'avait complètement quitté en
regardant l'homme et je soupirai en m'approchant de lui.
Je me mis à côté de lui et regardai les invités sans un mot, Kai émit un
petit rire moqueur dans un souffle sans se tourner vers moi et je marmonnai
d'un ton froid :
— Ne dit pas un mot parce que je vais m'énerver.
— À mon plus grand bonheur, me dit-il à son tour en souriant contre
son verre.
Je soupirais d'exaspération et Kai m'interrogea toujours les yeux rivés sur
les gens face à nous qui admiraient les bijoux :
— Pourquoi tu n'es pas resté avec l'autre blaireau ?
— Il voulait m'offrir un verre, pour un but platonique seulement,
grognai-je en me rappelant de ces mensonges vicieux.
— C'est le fait que ça soit platonique qui te dérange ?
Je me tournai vers lui et il me lança un regard suivi d'un sourire moqueur
et je répliquai froidement :
— Les relations platoniques ne me dérangent pas, la preuve j'ai cette
relation avec toi.
Son sourire s'élargit et il émit un petit rire moqueur dans un souffle et
termina :
— Avec la robe que tu portes ce soir, permets-moi alors de te
platoniquer sur le sol quand on sera seuls.
— Tout ce que tu vas platoniquer, c'est mon cerveau à force de sortir
des conneries comme ça, répondis-je en grimaçant de dégoût et
d'exaspération, pourquoi on est là déjà ?
— Tu sais princesse, je ne le montre peut-être pas, mais...je suis très
en colère, déclara-t-il alors que je sentais mon souffle se rompre, et là je
vais faire ma partie du plan parce que si je reste encore là avec toi, je te
fais la promesse de tacher le chapiteau avec le sang des deux chiens qui
t'ont parlé, et le thème de la soirée sera au couleur de ta robe.
Et il but son verre d'un trait avant de s'éloigner de moi, alors que je
venais de sentir mon âme presque sortir de mon corps.
La détermination dans ses yeux et la haine qui venait d'émaner en
quelques secondes de sa personne me fit frémir.
Je ne bougeais pas de ma place, et je me glaçais en le voyant s'approcher
de Dean, interrompant la conversation qu'il entretenait avec une personne et
je le vis arrêter un serveur en prenant deux coupes de champagne.
Mon sourcil s'arquait et je les observais discuter et rire, comme si de rien
n'était.
L'angoisse que j'avais dans mon ventre commençait peu à peu à se
dissiper et je terminai ma coupe de champagne, une grimace sur les lèvres
en sentant la douleur de mes règles revenir.
Le froid de cet endroit n'arrangeait rien, et je me sentais très mal à l'aise
avec les talons que je portais.
La douleur se propageait jusqu'à l'intérieur de mes cuisses et je soupirai
en posant ma main sur mon bas ventre.
— Je connais quelqu'un qui ne passe pas sa meilleure soirée, fit une
voix inconnue près de moi.
Je sursautai en voyant un homme peut-être un peu plus jeune que Kai à
côté de moi, un sourire amusé aux lèvres en regardant ma main et mon
visage pâlit par la douleur.
Des yeux noisette, des cheveux courts et un visage angélique.
Ses lèvres fines étaient toujours étirées et je répondis en grimaçant :
— Ça ne passe pas inaperçu en même temps.
Mes lèvres s'étirèrent et les siennes le firent davantage puis il répliqua
gentiment :
— Il y a des produits à l'intérieur des sanitaires pour femmes,
hum...enfin, je le sais parce que je suis l'organisateur de la soirée.
Je le vis rougir et passer nerveusement sa main sur sa nuque, un petit rire
s'échappait de mes lèvres et je lui demandai :
— Où est que je peux les trouver ?
— Permettez-moi de vous accompagner, c'est juste à l'extérieur,
mais...vos talons ne vont peut-être pas tenir avec la pelouse.
Je hochai la tête et le suivais, nous passâmes à côté de Kai et Dean puis
très vite, je sentais le regard du meurtrier sur moi.
Aller va te faire foutre enfoiré.
Je le déteste.
« Avec la robe que tu portes ce soir, permets-moi alors de te platoniquer
sur le sol quand on sera seuls. »
C'est tes ancêtres qui vont te platoniquer en enfer, imbécile.
— Voilà c'est là-bas, me montra l'organisateur en souriant.
Je vis deux grandes cabines au loin et le remerciai avant d'entrer à
l'intérieur de celle dédiée aux femmes, je fermai la porte et mon regard se
stoppa sur la seule personne à l'intérieur des toilettes.
La fiancée de Dean.
Elle arrangeait son maquillage et me sourit à l'instant où elle se tourna
vers moi, un sourire que je lui rendis en retour.
Alors que l'envie de balancer son mari me démangeait affreusement.
— Vous connaissez mon mari ?
Je m'arrêtai net, et mon souffle se rompit à l'entente de sa question.
— Enfin...mon fiancé m'a dit que vous étiez une vieille connaissance
à lui, vous êtes aussi bijoutière ?
Mes lèvres s'entrouvrirent en comprenant qu'il lui avait menti et mes
nerfs chauffèrent, je sentais l'innocence et la naïveté dans sa voix,
complètement aveuglé par l'amour et la confiance qu'elle portait pour son
fiancé.
— Non...seulement invitée pour l'exposition, lui dis-je en ouvrant un
des tiroirs sous l'évier.
L'organisateur ne m'avait pas menti, il y avait plusieurs choses à
l'intérieur comme des lingettes et des serviettes, des tampons et des
médicaments.
J'ouvrais la petite boite d'anti-inflammatoire et je l'entendis me dire :
— Il a tellement travaillé pour cette exposition, vous avez vu toutes
les pièces, elles sont très jolies !
Mon cœur tomba près de mes pieds, c'était lui le bijoutier.
Lui seul le créateur de toutes ces pièces.
Qu'on allait voler.
— Votre fiancé trouve beaucoup de choses jolies, lui aussi, soufflai-je
après avoir avalé une gélule et en essayant de garder mon calme.
Elle me lança un regard interrogateur en gardant son sourire et je souriais
avant de me regarder une dernière fois dans le miroir.
Putain de merde c'est la fiancée de la cible.
Reste calme Iris, ne laisse rien paraître, ce n'est pas comme si t'allais
voler des bijoux d'un gars.
— Vous...que voulez-vous dire ? Me demanda-t-elle toujours en me
regardant.
Concentre-toi sur ça.
Je secouai la tête en m'arrangeant les cheveux, mes battements cardiaques
s'accélérèrent lorsque je sentais que cette situation m'étais familière.
Que je me rappelais des paroles de ma mère, alors que je n'étais encore
qu'une enfant.
« C'est Iris qui m'a dit que tu me trompais ! Elle t'a vu en train
d'embrasser une femme ! »
Pendant une longue période de ma vie, je pensais que j'étais la cause de
l'échec de leur mariage. Que c'était à cause de moi qu'ils avaient
divorcé...mais pas à cause de mon père qui avait trompé ma mère.
Et ma mère qui l'avait trompé en retour.
Je me disais que c'était moi qui avais gâché leur mariage, c'était de ma
faute.
Mais plus je grandissais, plus je me rendais compte que je n'avais rien
fait de plus qu'être honnête.
— Je veux dire qu'il trouve beaucoup de choses jolies...
Et en quelques secondes à peine, son visage joyeux perdait toutes ses
couleurs.
Laissant mon cœur se briser et la culpabilité me rongeait lentement les
tripes.
Putain t'aurais jamais dû lui dire.
Tu es tellement stupide.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Je...je dois y aller, lâchai-je en évitant son regard et tournant les
talons rapidement.
— Non attendez !
Mon ventre se serra et l'angoisse me rattrapa très vite, je n'osais même
pas l'affronter. Comme honteuse, alors que je n'étais pas celle qui devait
avoir honte.
— Vous...vous ne le connaissez pas, c'est ça ?
Je me tournai sur le côté et lui lançai un regard désolé avant de secouer
lentement la tête, retenant mon souffle face à ma réponse.
— Je le savais ! s'exclama-t-elle d'un ton colérique, je le savais j'en
étais sûr !
Elle tapait rageusement l'évier et je m'approchais d'elle en sentant sa
fureur prendre le dessus sur son déni, ses mouvements étaient rapides et
brusques.
Puis des sanglots quittèrent ses lèvres et je grimaçais avant de la prendre
dans mes bras. Je me crispai face à mon geste, mais elle ne se crispait pas.
— C'est la troisième fois que ça arrive, pleura-t-elle contre mon épaule
alors que je grimaçais, trois en deux semaines...alors...alors que...il a
demandé ma main le mois dernier...
— Ça va aller, tentai-je de la rassurer alors que j'étais certaine que ces
mots étaient loin d'être soulageants.
— Pourquoi il va voir d'autres femmes ? Qu'est-ce que je fais de mal
? Me demanda-t-elle d'un ton désespéré.
— Eh...eh regardez-moi, lui demandai-je en prenant sa tête entre mes
mains, vous ne faites rien de mal.
— J'ai toujours été loyale, toujours été romantique, aimante,
gentille...j'ai toujours tout fait pour lui plaire.
« J'ai toujours tout fait pour lui plaire »
Et même si elle faisait absolument tout pour lui plaire, il ne s'intéressait
pas à elle.
Une impression de déjà-vu....
— Et si au lieu...au lieu de lui plaire, devenez vous-même, murmurai-
je en la regardant, laissez-le foirer et vous perdre à jamais, parce que
vous ne perdez rien en restant avec une personne qui vous montrera à
chaque fois que vous ne lui suffisez pas. Laissez-le vous perdre et
devenez la meilleure version de votre personne...pour vous-même.
Elle pleurait à chaudes larmes et ma gorge se noua, la trahison se lisait
dans ses yeux aussi nettement que le vice sur les iris de son fiancé.
— Croyez-moi, vous ne serez jamais heureuse en jouant un rôle...,
murmurai-je en essuyant ses larmes, ne l'empêchez pas de vous perdre,
parce que si lui a la volonté de le faire alors...laissez-le. C'est sa
responsabilité, pas la vôtre.
Elle hocha la tête, en laissant échapper quelques sanglots. J'avais déjà vu
à quel point la tromperie pouvait être ravageuse, je l'avais vu chez mes
parents.
Chez quelques anciennes amies.
Jamais chez moi, parce que je n'avais jamais eu une vraie relation.
Et pourtant, j'avais l'impression de m'y connaitre plus que certains.
Peut-être parce que j'avais vu les pires côtés de l'amour et de
l'attachement, et j'avais vu comment les victimes avaient noyé leur chagrin.
Dans mon idéal, j'aimerais une personne qui veuille m'aimer et me
protège de tout, qui me dise qu'elle est fière de moi et qui ne m'abandonnera
jamais malgré tous les défauts que je pouvais avoir.
Qui me ferait me sentir en sécurité.
Me ferait me sentir aimé.
— Merci...
Je souriais et lui dis simplement :
— Les femmes doivent se soutenir entre elles, pas vrai ?
Elle hocha la tête et ria, son rire était innocent et angélique. Il me
rappelait le rire de Théa.
Ma gorge se noua à cette pensée.
La jeune femme se détacha finalement de moi, son mascara avait coulé et
son visage était encore rongé par la peine et la trahison qui lui avait infligé
son fiancé.
Le chien.
Je la vis retirer sa bague en me regardant et ma bouche s'ouvrit lorsqu'elle
partit la jeter à l'intérieur de la cuvette des toilettes tout en me disant :
— Je vais l'obliger à m'en faire une nouvelle, ma mère m'a toujours
dit de profiter de lui...le moment est venu !
Un petit rire s'échappait de mes lèvres et je la voyais se regarder dans le
miroir tout en effaçant le mascara qui venait de couler.
Elle tira du rouge à lèvres de son petit sac et s'appliqua une nouvelle
couche sur sa bouche.
Voir les femmes se reconstruire et devenir la meilleure version d'eux
même après un cœur brisé, je ne m'en lasserai jamais.
Des reines.
— Passez une bonne soirée ! m'exclamai-je en tournant les talons une
nouvelle fois.
— J'espère qu'on se reverra...
— Amira, je m'appelle Amira, lui mentais-je en souriant, et vous êtes ?
— Lily !
Mon sourire chaleureux s'élargit et lui je terminai en lui disant :
— Ravie de vous avoir rencontré, Lily.
Je quittai la cabine et mon regard tomba directement sur une silhouette
que je reconnus, et mon cœur s'emballa très vite.
Kai, à quelques mètres de ma position avec Dean, en train de fumer des
clopes tout en discutant.
— Je pensais que je devais appeler quelqu'un pour vérifier si vous ne
vous êtes pas évanouie, entendais-je une voix plus loin.
Je me tournai et vis l'organisateur, toujours avec son sourire aux lèvres il
me demanda :
— Ça va mieux ?
— Les médicaments ne font pas effet directement vous savez, lâchai-
je d'un ton amusé, merci beaucoup pour votre aide.
Il acquiesça et me sourit encore puis m'invita à le suivre vers le
chapiteau, et durant ma petite marche avec lui, j'avais remarqué deux
réactions.
La première qui était celle de Kai, toujours aussi agacé et sur les nerfs en
fusillant du regard l'organisateur alors qu'il essayait de garder la
conversation avec Dean.
Et celle du bijoutier qui avait très vite blêmi, je comprenais que sa
fiancée était sortie de la cabine, peu après moi.
J'espère que tu vas avoir la boule au ventre toute la soirée, enfoiré.
— Vous vous intéressez aux bijoux ?
— Je...un peu, mentais-je en sentant mes membres trembler légèrement,
et vous ?
— Pas vraiment, non, ria-t-il simplement en entrant à l'intérieur du
chapiteau, je ne fais qu'organiser. D'ailleurs, ça va bientôt être la
fin...hum...votre visage me dit vaguement quelque chose...
Quelle phrase de drague vue et revue.
— Non je ne pense pas, riais-je faiblement alors qu'il venait de me
tendre un cocktail, merci beaucoup.
— Peut-être que je confonds, mais votre visage m'est familier, est-ce
que je peux vous demander comment vous vous appelez ?
— Amira, répondis-je en souriant alors que je savais très bien que ce
n'était pas mon prénom.
Il secoua la tête et souffla :
— Je n'ai jamais entendu ce prénom, vous avez raison je ne pense
pas que nous nous sommes déjà croisé.
Soudain, mes yeux s'écarquillèrent lorsque je vis Kai entrer avec Dean.
Et une femme accrochée à son bras.
Des cheveux blonds et un sourire aussi blancs que les draps de ce
chapiteau.
Une robe bleue et une taille parfaite, elle balança ses mèches en arrière et
je le vis lui offrir une coupe de champagne.
Ses yeux brillèrent aussi fort que les bijoux présents dans cette exposition
et mon dégoût vint se déferler dans mon corps.
Enfoiré.
Nos yeux se lièrent un court instant et il me lança un clin d'œil malicieux,
comme s'il était fier de ce qu'il faisait.
Jouant à mon propre jeu d'une manière vengeresse.
Je la vis mettre ses doigts sur sa mâchoire et mon souffle se rompit en la
voyant l'embrasser à pleine bouche.
Ma mâchoire se contracta et je secouai la tête d'exaspération en le voyant
me lancer un dernier regard et sourire, fier de lui.
Un gosse.
Un putain de gosse.
— Il y en a qui s'amusent déjà, me dit la voix de l'organisateur alors
qu'il regardait Kai au loin.
— Oh ça...vous pouvez le dire, lâchai-je en le fixant et buvant mon
cocktail.
— Mais peut-être que c'est sa femme, non ? Me demanda
l'organisateur en les fixant se bécoter au loin.
Mes sourcils se froncèrent et la jalousie malsaine emprisonna mon corps.
Alors que je ne devais pas être jalouse, moi-même je jouais à ça.
Et puis j'en avais rien à foutre qu'il embrasse d'autres filles.
Ce n'était pas mes affaires il pouvait faire ce qu'il voulait.
J'ai envie qu'elle lui morde la langue et la coupe en deux.
— Non, soufflai-je en les regardant moi aussi se donner en spectacle
dans un coin du chapiteau, ce n'est pas sa femme.
— Comment vous pouvez en être si sûr ?
Parce que ce soir, c'est moi sa femme.
— Mon instinct, c'est tout.
— Je reviens tout de suite, fit l'organisateur alors qu'on venait de
l'appeler.
Le regard de Kai se lia une nouvelle fois au mien et d'un geste discret, il
leva son verre en ma direction. Et je lui répondis avec mon majeur.
Je sentais que la colère n'avait pas quitté mon corps, mais je me redressai,
et ne laissais plus rien paraître.
Comme indifférente alors que je bouillonnais de l'intérieur.
Je le vis s'éloigner de la jeune femme, et s'approcher de moi. Me laissant
afficher une grimace de dégoût face à son culot.
— Le schéma de tes parents est exquis, princesse.
— Tu veux une récompense peut-être ? Lui demandai-je d'un ton las en
croisant les bras.
— Pour avoir été un bon garçon ? J'en rêverais.
Je levai les yeux au ciel alors qu'il vint se poser à côté de moi, comme si
de rien n'était.
La jeune femme lui lança un regard interrogateur et me fusillait des yeux,
un regard que j'ignorais.
La flemme.
— Va retrouver ta poupée, tu pollues mon air, lui dis-je en m'éloignant
de quelques pas.
— C'est exactement ce que je fais pour le coup.
« Je cherchais juste ma poupée »
— Où est ton nouveau prétendant ? Me demanda-t-il en buvant de son
verre.
— En train de vider la cabine des toilettes, tu sais à quel point j'adore
les endroits publics.
Sa mâchoire se contracta violemment et un sourire satisfait étira mes
lèvres alors que je buvais de mon cocktail, même si c'était faux, je savourais
ces instants de contre-attaque.
Jouer avec les joueurs était ce que j'aimais faire le plus.
— Ne me fais pas perdre mon sang-froid, princesse...j'en ai très peu.
— Te faire perdre ton sang-froid alors que je joue au même jeu que
toi ? C'est pas très fair-play.
Il émit un petit rire sarcastique et murmura :
— C'est toi qui vois, fais ce que tu veux. Tu as sa vie entre tes doigts.
— Va te faire foutre, crachai-je en sentant mon sang se glacer.
Il mordilla sa lèvre, faussement excité par ma phrase et tourna la tête un
instant sur le côté puis, en une fraction de seconde, sa main s'enroula autour
de ma taille et il me tira brutalement vers lui.
Sa tête se rapprocha de la mienne et un sourire étira ses lèvres alors que
mon rythme cardiaque s'accélérait face à son toucher.
Sa main sur mon corps me faisait frissonner.
— Lâche-moi, grognai-je en essayant de le repousser, va t'amuser-
— Je crois qu'elle n'aime pas votre contact là, fit une voix familière et
mon cœur s'arrêta.
Oh non.
Le visage de Kai était à quelques centimètres du mien, son souffle chaud
s'écrasait près de ma peau et un sourire mauvais étira ses lèvres
dangereusement proches des miennes.
Et je commençais à connaitre ce sourire.
— Au passage princesse, j'ai une folle envie de dévorer tes lèvres
depuis tout à l'heure, murmura Kai en faisant sauter mon cœur avant de se
tourner vers l'homme.
— Je suis-
— L'organisateur ? demanda Kai en se détachant de moi, je sais très
bien qui vous êtes.
Je lançai un regard l'organisateur, l'implorant de ne pas continuer à
provoquer la colère de Kai. Mais je savais que c'était ce qu'il cherchait.
Je savais que Kai voulait qu'il le provoque.
Il n'attendait que ça.
Je le vis s'approcher dangereusement de l'organisateur tout en disant d'un
ton tranchant :
— Et je sais aussi que ça n'est pas dans votre boulot de vous mêler de
mes affaires.
Quelques regards curieux se posèrent sur nous et je me faisais toute
petite, la culpabilité me rongeait en sachant que l'organisateur était à ça de
sentir sa mâchoire se décrocher.
— Oh que si, souffla ce dernier en s'approchant de Kai d'une manière
provoquante.
NON !
Je retins très vite Kai par le bras en sentant qu'il dégustait les derniers
instants de cet homme, son sourire mauvais ne l'avait pas quitté et il toisait
l'organisateur du regard.
L'animosité qu'il y avait dans l'air me fit grimacer et je déclarai en
direction de l'organisateur :
— C'est bon, on se connait.
— Ah vous connaissez cet enfoiré ? me demanda-t-il sans le lâcher du
regard.
Kai étira ses lèvres davantage et ria. Un rire qui me glaçait le sang,
sincère, moqueur et froid.
Et la seconde qui suivit.
Son poing frappa violemment le visage de l'homme et un hoquet
s'échappa de mes lèvres face à la brutalité de son geste.
L'organisateur tomba au sol, le nez qui saignait et des gémissements de
douleur s'échappèrent de ses lèvres, Kai ne bougea pas, son sourire ne
l'avait pas quitté alors qu'il déclara sèchement :
— Son enfoiré de mari.
Des gens accoururent vers nous et Kai me prit par la main en me disant
simplement :
— La première partie est terminée, on s'en va.
°°°°
Une heure plus tard. À quelques mètres de la bijouterie de Dean.
— Où vous en êtes ?...Je suis à côté, quand c'est prêt envoie-moi un
message.
Mes sourcils froncés, les nerfs chauffés et les bras croisés. Je n'avais pas
dit un mot depuis notre départ.
Je ne comprenais pas en quoi la partie du plan était terminée, je ne savais
pas ce qu'il avait fait. Mais je savais que nous n'étions pas partis à cette
soirée pour rien.
Mais je ne voulais pas lui poser la question, je ne voulais pas lui adresser
la parole.
Je le sentais se tourner vers moi, et un petit gloussement moqueur se fit
entendre.
— Tu vas vraiment bouder parce que j'ai touché à ta proie de la
soirée.
Je demeurai silencieuse et regardai les alentours, il était tard et personne
n'était dans la rue. Pas une vie dans les parages.
Ce qui avait tendance à me faire grimacer.
— C'est lui qui m'a provoqué, se justifia Kai d'un ton faussement
innocent, je n'ai rien fait moi...
Je ne dis rien et soupirai en fermant les yeux, j'avais une immense
migraine et la fatigue alourdissait de plus en plus mon corps.
Et sa voix n'arrangeait rien.
— Je peux te faire parler autrement, tu sais...
Je levai les yeux au ciel et tournai la tête vers ma fenêtre dans l'espoir de
lui faire comprendre que je ne voulais pas qu'il me parle.
J'allais perdre ma patience très vite.
— Je pourrais d'abord...t'enlever le rouge à lèvres que tu as...avec
ma bouche, commença-t-il dans un murmure provocateur, et descendre le
long de ta mâchoire...
Je sentais ses doigts dégager mes cheveux et des frissons s'emparèrent de
mon corps en l'écoutant :
— Et puis...je me pencherais pour ton cou, je sentais la chaleur de ses
doigts près de ma peau sans pour autant la toucher, goûter ta peau comme
je l'avais fait la dernière fois.
Je frémis en me rappelant de ce soir où il avait embrassé mon cou, c'était
au Box et je prenais ma pause.
La veille, j'avais dit à Cody ce que j'avais vu au lac.
— Ensuite...je presserai mes doigts sur ta gorge, comme j'aime le
faire...et toi aussi, ses doigts ne me touchèrent pas, mais je sentais qu'il le
voulait, n'est-ce pas princesse ?
J'avais de moins en moins du mal à rester neutre, ses paroles provocantes
me donnaient envie de lui cracher toute ma colère à la gueule.
Mais je voulais rester impassible.
— Je t'arracherai cette-
Et la sonnerie de son téléphone le coupa, et au même moment je vis des
lampadaires près de la bijouterie s'éteindre, il claqua sa langue contre son
palais en signe d'agacement et marmonna :
— Toujours au mauvais moment...
Il répondit au téléphone en éloignant sa main et un souffle s'échappa de
mes lèvres.
— C'est bon ? Non je n'ai pas vu j'étais occupé...bon travail, il l'a
fumé il y a une heure...ça prendra effet dans moins de trente minutes
alors...la soirée s'est terminée depuis 10 minutes, et il viendra ici...j'y
veillerais.
Kai éloigna son téléphone de son oreille et je commençais à comprendre
le plan qu'il avait eu en tête.
Peut-être qu'il avait donné une cigarette à Dean.
Une cigarette qui contenait quelque chose qui allait nous aider à faire
cette deuxième partie du plan.
Je grimaçais, la boule au ventre.
— Où en étais-je ?
Mon rythme cardiaque s'accéléra et au même moment, je vis deux
voitures s'approcher de la bijouterie.
— On continuera notre discussion plus tard...
Je tournai la tête vers eux et ma cage thoracique se comprima en
regardant au loin Dean sortir d'une voiture, s'en allant ouvrir la bijouterie.
Deux hommes quittèrent le deuxième véhicule avec des boites que je
présumais être les bijoux de l'exposition.
Je les vis entrer à l'intérieur et Kai murmura :
— Dommage qu'il n'y ait plus d'électricité dans le quartier...prépare-
toi princesse, on attaque dans quelques minutes.
_____________
Hey !
Je suis fatigué à cause de mon anxiété. At this point its ending me. I was
like her ALL NIGHT tf ?!
But let's talk about something more...joyful ?
La vérité j'adore cette histoire. LA RELATION DES DEUX LÀ MAMA
I CANT- LA TENSION GOT ME LIKE
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram: sarahrivens
29. Question de survie

(NDA pré-chapitre : il s'agirait de dormir il est 1h du matin ! Please lisez


ma NDA à la fin.)
(Tw : This chapter contain anxiety/panic attack scene)
Iris
— Voilà ce qui va se passer, commença Kai en se concentrant sur la
bijouterie d'un ton très sérieux, la drogue que j'ai mise dans sa clope va
faire effet dans quelques minutes. Il n'y a plus de courant, je
t'attendrais dehors-
— Mais jamais !
Mes yeux s'écarquillèrent et je commençais à trembler comme une folle à
l'idée de rentrer à l'intérieur toute seule.
— C'est soit ça, soit je te tue.
Le ton très sérieux de sa voix et son indifférence me coupèrent
brutalement le souffle.
« C'est soit ça, soit je te tue »
Ses mots me firent froid dans le dos et mon rythme cardiaque s'accéléra
davantage.
Je regardais Kai, complètement tétanisée par son plan.
J'allais rentrer à l'intérieur de cette bijouterie, et voler des pièces qui
faisaient des millions de dollars.
Mon estomac se noua violemment et je commençais à être nauséeuse.
La peur jouait avec les cellules de mon corps et la chair de poule apparut
très vite sur mon épiderme.
— Donc tu vas rentrer à l'intérieur, et prendre ces merdes. Tu as
exactement, 10 minutes...et on est en train de perdre du temps.
La deuxième voiture qui était venue avec Dean avait déserté les lieux
quelques secondes avant la panne de courant, et le bijoutier était encore à
l'intérieur de sa boutique.
La porte était entrouverte, signe qu'il n'avait pas pensé à la fermer.
— Sors.
Je le fusillais du regard et il fit de même, mes mains tremblaient et je
grimaçais avant de regarder l'heure qui s'affichait sur son téléphone.
Il ne restait que 9 minutes.
— Mais je remplace avec quoi ? lui demandai-je en fronçant les
sourcils.
Ma respiration ralentit lorsque son bras s'approcha de mes jambes, avant
de voir sa main ouvrir la boite à gants et de sortir un petit sac noir.
— Tu as 9 minutes, bouge-toi.
Je regardais le sac et il me tendit des gants, ainsi qu'un aussi un petit
flash, je n'arrivais pas à bouger et j'avais l'impression que je faisais une
grosse crise de panique interne.
Mon souffle était court et saccadé et ma jambe bougeait nerveusement.
Puis, c'était à ce moment précis, que je sentis quelque chose se coller
contre ma tempe et mon souffle rapide se rompit soudainement.
Et sa voix menaçante me dit :
— De-hors. Maintenant.
Je n'osais pas me tourner vers lui, encore ahurie par son geste et la
violence qu'il employait face à ma peur.
J'ouvris la portière et quittai le véhicule, et pendant un instant, mes sens
s'étaient décuplés, mes talons claquaient contre le sol goudronné et je
grimaçais en marchant très vite, essayant de courir à l'intérieur et voler ces
bijoux avant le retour du courant.
Fais chier.
Mon cœur battait à la chamade et mes tremblements se faisaient de plus
en plus intenses, la peur animait mes mouvements brusques et rendait ma
respiration terriblement saccadée.
Et si la police arrivait ?
Et si j'allais en prison ?
Je claquais des dents et regardais autour de moi alors que j'arrivais près
de la boutique mais je ne voyais absolument rien, doucement je poussai la
porte qui grinça légèrement et sentais que mon cœur allait lâcher.
Putain de merde.
Je ne veux pas faire ça...
Je ne veux pas faire ça...
Je ne veux pas faire ça...
Je regardais derrière moi à plusieurs reprises et vis au loin la silhouette de
Kai sortir du véhicule, un frisson de terreur s'empara de mon corps et
j'entrai à l'intérieur.
Ayant plus de peur de lui que de ce que j'allais faire.
J'avais encore la sensation de son flingue contre ma tempe, comme si
pendant quelques instants, j'avais pris à la légère sa personne et sa violence.
— Il y a quelqu'un ? Lily c'est toi ?
Oh putain de merde...
Oh putain de merde.
J'entendais ses pas descendre les escaliers, et compris qu'il y avait deux
étages.
Très vite, je me collais contre un mur, je ne voyais rien.
Mais je pouvais entendre son corps arriver là où j'étais.
— Il y a quelqu'un ?
Je tremblais comme une feuille, ma main pressée sur ma bouche alors
que je sentais la panique me gagner, peur que des sanglots pouvaient quitter
mes lèvres.
Je l'entendis fermer la porte, ses pas s'éloignèrent doucement et il
grognait.
— Putain qu'est-ce qui m'arrive là ?
Je ne comprenais pas, pourquoi il n'était pas dans les pommes ?
Pourquoi il était toujours conscient ?
Est ce que c'était l'effet recherché ?
— Où est cette foutue torche ! l'entendais-je s'exclamer en ouvrant des
tiroirs.
Je me baissais, me recroquevillant dans le coin comme la grosse merde
que j'étais actuellement.
Je voulais sortir d'ici, je ne voulais pas le faire.
Ma respiration se saccadait lorsque je le sentais s'approcher de la zone
que j'occupais, puis il revint sur ses pas et montait les marches de façon
irrégulière...comme s'il était étourdi.
J'en profitais pour allumer le flash que Kai m'avait tendu, sans bouger de
ma place.
J'étais dans un coin de la pièce à côté de la porte.
Je remarquais qu'il y avait un meuble avec un placard ouvert face à moi,
complètement vide.
J'inspirais profondément, essayant tant bien que mal de me calmer face à
la situation dangereusement stressante.
Je sentais que mon bas ventre était en train de me lâcher, comme mon
cœur et mes poumons.
J'étais en train de me perdre.
L'angoisse m'emprisonnait et crispait mes membres froids.
Ok meuf...Ok, vas-y. vite.
Lentement, je me redressais en grimaçant, les larmes aux yeux en
cherchant du regard les bijoux qui ressemblaient à celles que j'avais en
main.
Je l'entendais chercher des choses en haut, faisant saccader ma
respiration.
Très vite, j'aperçus une pièce similaire à celle que j'avais et je portais les
gants avant de la prendre.
Mes mains tremblaient si fort que je manquais de faire tomber le bijou à
plusieurs reprises, et la panique me gagnait au moment où je l'entendis
s'approcher des escaliers.
Je couvris le flash et m'empressai de m'enfermer à l'intérieur du placard
que j'avais vu avant de sortir de ma cachette.
Mon souffle court allait me tuer, la situation m'angoissait tellement que je
commençais à être étourdie.
La terreur glaçait mon sang et l'envie de sortir d'ici au plus vite était de
plus en plus forte.
Et ma respiration se rompit lorsque la porte s'ouvrit.
Le petit grincement se fit entendre et mes tremblements secouaient mon
corps entier.
— Lily ?
Aucune réponse.
Était-ce Kai ?
Des pas lents se firent entendre. Plusieurs.
Puis des murmures arrivèrent à mes oreilles à côté du placard où j'étais
recroquevillée et enfermée comme un cornichon à l'intérieur d'un bocal.
Qui était là ?
J'ouvris légèrement la petite porte à l'instant où je vis de la lumière et
mon regard croisa deux silhouettes qui m'étaient inconnues.
Laissant mon cœur tomber au sol.
Un hoquet s'étouffa dans ma bouche lorsque j'entendis deux coups de feu,
la lumière explosa et nous plongeâmes une nouvelle fois dans le noir
complet.
Les larmes me montèrent très vite aux yeux et le danger figea mes
membres.
Je veux partir d'ici.
Je veux rentrer chez moi.
— JE SUIS ARMÉ !
Un rire cynique se fit entendre face à la menace de Dean, un rire qui ne
ressemblait pas à celui de Kai.
Un autre coup de feu retentit et je sursautai violemment, frôlant l'arrêt
cardiaque.
Des sueurs froides perlaient sur mon front et mes lèvres tremblèrent.
— Donne-nous le diamant, cracha un des inconnus d'un ton menaçant.
— Je n'ai rien ! Il n'est pas là, d'accord ?!
— C'est pas ce que nous a dit ta fiancée, enfin...ex-fiancée, ria l'autre
d'un ton moqueur.
— Ma femme...OÙ EST-ELLE ? QU'EST-CE QUE VOUS LUI
AVEZ FAIT !
Très vite, j'entendis des verres se briser et mon corps sursauta encore une
fois.
Ils étaient en train de tout casser.
J'assistais à un braquage, et j'allais peut-être y laisser ma vie.
— Nous rien, c'est elle qui nous a appelé, l'informa le braqueur d'un ton
sincère, et c'est aussi elle qui nous a demandé de te tuer juste après,
depuis le temps que je voulais me débarrasser de ta salle gueule de mon
quartier !
Et un autre coup de feu retentit, je me couvrais les oreilles et me
recroquevillai davantage sur moi-même, la faible ouverture me donnait
l'opportunité d'avoir une vue sur ce qui se passait à l'extérieur et je
remarquais que quelqu'un était juste à côté.
Je pouvais voir sa jambe.
Oh mon dieu.
Je voulais mourir, à ce moment précis, je voulais ne plus exister du tout.
Être un objet.
La peur dans mon corps allait m'assassiner, je n'arrivais pas à rester
calme, mais en même temps, j'étais incapable de faire sortir cette peur.
Comme si mon corps était complètement bloqué.
Je ne bougeais pas, respirais à peine, je pouvais sentir que chaque
battement de mon cœur faisait vibrer mon corps entier, pouvant l'entendre
très nettement et presque le sentir au bord de mes lèvres.
Le danger décuplait mes sens et les larmes coulaient silencieusement le
long de mes joues froides.
— OÙ EST LE DIAMANT !
La voix de l'inconnu explosa à l'intérieur de la pièce et de nouveaux
coups de feu retentirent puis, en quelques secondes, j'entendais quelque
chose tomber lourdement sur le sol.
Juste à côté du placard.
Je ne voyais pas le visage de la personne qui venait de tomber, une forte
envie de vomir m'envahit.
Et à peine j'eus le temps d'inspirer, que de nouveaux coups de feu se
firent entendre.
Deux, plus exactement.
Puis un silence terrifiant s'en suivit.
— Iris ?
Un sanglot bruyant s'échappait de mes lèvres et mon corps tremblait
violemment à l'entente de la voix de Kai.
Je n'arrivais pas à bouger, j'étais tétanisée.
Je voulais sortir de là et rentrer.
— T'es à l'intérieur ?
Un nouveau sanglot bruyant fut l'unique réponse que je pouvais donner,
j'étais incapable de parler.
La porte s'ouvrit et j'aperçus sa silhouette, me laissant exploser en sanglot
de terreur alors qu'il me disait :
— Ne regarde pas, ferme les yeux.
Mon souffle bruyant et saccadé était la seule chose qu'on pouvait
entendre et je le sentais me tirer à l'extérieur du meuble, puis il me surprit
en portant mon corps rapidement.
Ses mains tenaient fermement mon corps et il déclara :
— On se tire d'ici, et vite.
°°°°
Plusieurs heures plus tard. Quelque part aux États-Unis.
J'étais restée silencieuse pendant des heures, tout le long de notre trajet.
La tétanie était encore présente dans mon corps, j'arrivais à peine à
réaliser ce qui s'était passé.
Dean...
Lily...
Le soleil commençait à montrer quelques rayons, il était presque 5 heures
du matin.
Et nous étions sur la route depuis très longtemps.
Le silence demeurait notre seule conversation, ma conscience bataillait
entre la peur et la colère.
J'étais terrifiée et pleine de rage contre Kai, c'était à cause de lui si j'étais
piégée à l'intérieur.
Lily avait laissé ces deux hommes tuer son ex-fiancé, et une partie de
moi se sentait coupable pour ce que je lui avais dit.
Exactement la même culpabilité que celle que j'avais eue au Box
lorsqu'une personne avait perdu la vie à cause de moi.
Comme si j'étais la cause de leur mort.
Ces hommes ne me connaissaient pas, mais j'avais attiré leur mort.
J'étais coupable de ce qui leur était arrivé.
J'avais pleuré silencieusement pendant plusieurs minutes, j'étais épuisé et
je sentais que mes yeux commençaient à devenir secs.
— Ouais...demande à Vernon de s'en charger...elle portait des gants,
et je l'ai porté pour minimiser ses traces...on verra...d'accord.
Ma tête me faisait affreusement mal, et des larmes s'échappaient encore
de mes yeux, je me collais contre la fenêtre et fermai les yeux.
J'étais complètement terrifiée.
Je voulais rentrer chez moi.
Que tout s'arrête.
Je ne voulais plus faire ça, je voulais retrouver ma vie d'avant.
Je voulais retourner à la fac, reprendre mon job et rester loin de tout ça.
Je n'avais rien fait pour mériter tout ça, pour subir tout ça.
Mon chemin avait croisé celui de Kai et tout avait changé depuis.
Je trouvais quand même le moyen de jouer avec le feu alors que...alors
qu'il était dangereux.
Cette attraction que j'éprouvais envers lui me donnait envie de vomir.
Je me dégoutais.
Comment pouvais-je trouver le moyen de banaliser la violence et le
danger qui émanaient de ses gestes ?
Parce que je l'avais embrassé.
Parce que j'avais vu un côté vulnérable en lui.
Parce que je m'étais attaché à son attention depuis le tout début.
Lui.
Lui qui...n'avait pas hésité à pointer son arme contre moi pour que je
sorte voler des choses.
Il n'avait pas hésité.
Je le détestais, je le détestais pour tout ce que je faisais, tout ce qui
tournait en boucle dans ma tête.
Je le détestais pour me faire subir toutes ces merdes de son monde.
Je n'avais jamais volé.
Je n'avais jamais vu un corps...du moins, pas comme ça.
Je n'avais jamais vu autant de violence autour de moi.
Autant de meurtres.
Autant de sang versé.
À chaque fois, je sentais que mon humanité devait me lâcher pour que je
ne devienne pas folle.
Pour que je ne perde pas la tête dans le seul enfer réel où j'étais bloquée
depuis un mois et demi.
Un mois et demi.
Je n'avais plus la notion du temps, j'avais l'impression que c'était une
éternité...comme si ma vie passée n'était que des souvenirs.
Des souvenirs que j'avais même peur de perdre.
— On va dormir ici et reprendre la route après, déclara Kai d'un ton
neutre.
J'ouvris les yeux et regardai les alentours, c'était un motel qui paraissait
tellement vieux que j'eus pensé qu'il était abandonné.
Kai quitta la voiture et j'en fis de même, mes pieds me faisaient
atrocement mal et je sentais que mon corps pesait une tonne.
Je le vis ouvrir le coffre de la voiture et en tirer deux gros sacs qui
contenaient nos affaires, je le suivais sans un mot et nous entrâmes à
l'intérieur du motel vide.
Il y avait une vieille télé qui affichait les infos du matin et je vis une
dame aussi vieille de cette télé à la réception.
— Une chambre, commença Kai en fixant la dame, deux lits.
Cette dernière nous lança un regard et nous demanda nos pièces
d'identité, Kai lui tendit et je demeurais silencieuse.
Mon ventre était encore noué, les événements tournaient en boucle dans
mon esprit, comme s'ils aimaient me tourmenter.
Elle nous tendit une clé et Kai paya avant de s'éloigner, je la remerciais
doucement et le suivais sans un mot.
Nous montâmes les marches à l'extérieur de la réception et retrouvâmes
la chambre qui nous avait été attribuée.
Kai déverrouilla la porte et j'entrai la première, puis il referma la porte
derrière nous.
La chambre était plongée dans le noir, je vis Kai poser négligemment nos
affaires sur nos lits respectifs et j'ouvris mon sac silencieusement en prenant
mes affaires avant de partir à la salle de bains.
Je grimaçais à la vue des murs jaunâtres et de la baignoire dont l'état
n'était pas le meilleur, puis sortis mes affaires.
Je verrouillai la porte et m'empressai d'enlever mes lentilles et mettre une
solution hydratante à mes yeux avant de me démaquiller.
Rapidement, je pris une douche comme si ça pouvait m'aider à effacer les
souvenirs que j'avais de la veille, même si honnêtement, tout ce que je
voulais c'était de sortir de cette baignoire.
C'est dégueulasse ici.
Je me rinçais et enveloppais mon corps tremblant avec ma serviette puis
quittai cette baignoire comme si j'allais attraper la peste si je restais une
minute de plus.
Je m'habillais avant de sortir, puis remarquai que la chambre était
plongée dans le noir complet.
Kai était sur son lit, tout ce que je voyais c'était l'écran de son téléphone
qui illuminait son visage alors qu'il pianotait dessus.
Peu confiante de sa vue, je m'approchais de mon lit qui n'était qu'à
quelques centimètres du sien et rangeais ma robe et mes affaires à l'intérieur
du sac avant de m'allonger sur le matelas.
Mon corps tremblait encore, peut-être à cause du froid de la chambre ou
seulement à cause des coups de feu que je pouvais encore entendre dans le
silence.
Je me recroquevillai en fermant les yeux, inspirant profondément en
essayant de ne pas laisser la crise d'angoisse prendre le dessus sur mon
sang-froid presque inexistant.
Mais je n'arrivais pas à rester calme, je n'étais pas forte, je n'étais pas
celle qui allait pouvoir supporter la vue de toutes ces choses.
Ce n'était pas moi, ce n'était pas fait pour moi.
J'étais en train de me perdre, j'étais en train de perdre la Iris d'il y a
quelques mois.
Et si je ne pouvais jamais retrouver ma liberté ?
Et si j'allais me faire tuer ?
Et si quelqu'un d'autre me kidnappait ?
Et si Kai me torturait ? Pour une quelconque raison ?
S'il me tuait sous les ordres de Mason ?
Si mon père recommençait ?
Et s'il était mort ?
Ma respiration se saccada et la panique me gagna une nouvelle fois alors
que mes pensées se mélangeaient entre elles.
Je n'arrivais pas à rester calme, je n'arrivais pas à faire partir cette boule
d'angoisse intense dans mon ventre.
Mes poings se serrèrent, mes ongles se pressèrent contre les paumes de
mes mains, ma mâchoire se contracta et mes membres se crispèrent
douloureusement.
Je sentais que mes battements cardiaques allaient de plus en plus vite.
De plus en plus fort.
Je vais mourir.
Ils vont me tuer.
Je vais mourir ce soir.
Je ne vais plus jamais revoir ma famille.
Je vais mourir.
Je haletai et me redressai, le corps tremblant et les bouffées de chaleur
me firent passer nerveusement ma main dans mes cheveux avant de les
attacher négligemment.
Un sanglot s'échappait de mes lèvres alors que mes poumons se
comprimaient à l'intérieur de ma cage thoracique.
Je vais mourir.
Je vais mourir.
Je sentais qu'un côté de mon visage fourmillait, comme si j'étais en train
de faire un AVC.
Je suis en train de faire un AVC.
Je suis en train de mourir.
Mes tremblements faisaient bouger mon corps et mon matelas, je
n'arrivais même pas à parler.
Je me recroquevillai et tirai violemment sur mes cheveux.
Je vais mourir.
— Iris...
Un nouveau sanglot d'effroi s'échappa de mes lèvres en sentant la main
de Kai se poser sur mon épaule et je me levai d'un bond.
Mes mouvements étaient rapides et irréguliers, et plus je bougeais plus je
sentais que ma respiration n'arrivait plus à contenir un peu d'oxygène.
J'étouffais.
Il allait me tuer.
Il va me tuer.
Mes mains tremblaient violemment et je me recroquevillai sur le sol en
pleurant comme une folle, comme si je sentais ma fin.
Mon souffle était bruyant et rapide, j'avais mal à la poitrine, Kai me
parlait, mais je n'arrivais pas à l'écouter. J'étais incapable de l'écouter.
Il m'effrayait.
Tout me rendait complètement terrorisée.
Et puis d'un seul coup.
Je sentais quelque chose d'extrêmement froid sur mon visage et un
hoquet bruyant s'échappa de ma bouche tremblante.
Kai venait de me balancer de l'eau gelée au visage.
— Tu fais une crise d'angoisse, tu ne vas pas mourir, entendais-je sa
voix grave alors que je revenais peu à peu à la réalité en respirant toujours
aussi vite.
Et ma respiration se coupa lorsque je sentis une nouvelle fois l'eau sur
mon visage puis je m'écriai :
— Arrête !
— Bon retour.
Je passai ma main sur mes cheveux, mes doigts tremblaient et je revenais
à moi.
Mon cœur battait encore très vite, mais le choc de l'eau venait de
reconnecter mon cerveau à mon corps.
À ma réalité.
Cette même réalité qui m'avait fait faire une crise d'angoisse.
Des sanglots s'échappèrent une nouvelle fois de mes lèvres, le désespoir
enveloppa mon corps qui se recroquevilla au sol, mon dos collé contre un
coin de la pièce.
— Je veux rentrer chez moi...
Je murmurai d'une voix tremblante, incapable de faire la forte après ce
que j'avais vu ce soir, et tous les jours d'avant.
« C'est soit ça, soit je te tue »
— Qu'est-ce que tu dis ?
— Je veux rentrer chez moi...
« A qui le tour maintenant ? PARCE QUE JE PEUX FAIRE CA
TOUTE LA NUIT ! »
— Iris, je comprend pas ce que tu essaies de-
— JE VEUX RENTRER CHEZ MOI ! hurlai-je en pleurant, je ne
veux plus vivre ça, je ne veux plus voir ça ! POURQUOI TU ME
LAISSES VOIR ÇA ! JE NE VEUX PAS VOLER, JE NE VEUX PAS
VOIR DES GENS MOURIR !
Je tremblais comme une folle, mes pleurs étaient incontrôlables.
Aussi incontrôlables que mes sanglots bruyants.
— Pourquoi tu me fais subir tout ça ! m'exclamai-je en voyant sa
silhouette à quelques mètres de moi dans le noir.
— Ce n'est pas à moi que tu dois en vouloir, cracha-t-il dans
l'obscurité.
Et ma colère prit possession de ma langue.
— SI ! TU AS TUÉ DES GENS ET TU ME KIDNAPPES PARCE
QUE MON PÈRE A VOLÉ DU FRIC À UN GARS QUE JE NE
CONNAISSAIS PAS ! TU M'ENLÈVES MA LIBERTÉ ET TU ME
GARDES PRISONNIÈRE AVEC TOI ET À CAUSE DE TOI JE SUIS
OBLIGÉE DE VIVRE AVEC TOUTES CES MERDES QUE TU FAIS
POUR LE RESTANT DE MES JOURS !
J'étais incontrôlable, j'étais complètement submergée par mes émotions et
par la terreur.
Tous ces corps sans vie, j'en gardais l'image à cause de lui.
A cause de lui.
— Je veux rentrer à la maison...laisse-moi rentrer chez moi...
De nouveaux sanglots s'échappèrent de ma bouche, j'étais totalement
déboussolé.
C'était un cauchemar et à chaque fois j'entrais dans une nouvelle porte.
— Tout est de ta faute...
— C'est de la faute de ton père pas moi-
— C'EST TOI QUI M'AS KIDNAPPÉE PAS LUI ! je me redressai
dans le noir, C'EST TOI QUI M'AS OBLIGÉE À VOIR DES
MEURTRES-
Quelque chose se brisa et me coupa.
Très vite, la peur s'empara de mon corps et au même moment je sentais
ses doigts s'enrouler autour de ma gorge.
La panique me gagna en sentant sa ferme emprise alors qu'il grogna d'un
ton cinglant :
— Tu as raison Simones, c'est moi qui t'ai kidnappé. Et c'est moi qui
t'ai obligé à voir tous ces meurtres...mais c'est certainement pas moi qui
t'ai ramené dans mon monde.
Mon souffle était coupé, je n'arrivais pas à parler. Tout ce que je faisais,
c'était pleurer en écoutant ses mots, mes yeux fermés et les tremblements
qui secouaient mes membres.
— Mais tu sais quoi ? Je vais te donner le choix, et je ne le referai
plus jamais. Tu peux partir comme tu peux rester, commença Kai alors
que ses mots firent secouer mon cœur, tu peux rentrer chez toi
maintenant et retrouver ta petite vie, mais je te donne maximum deux
jours avant que d'autres personnes bien plus malveillantes te
kidnappent, et crois-moi, tu n'auras pas le même traitement de faveur
que tu as avec moi.
Plus j'écoutais ses mots, moins j'avais cette confiance de partir d'ici.
— Je te promets que dès qu'ils te retrouveront, ils te tortureront
jusqu'à ton dernier souffle, ils profiteront de ta faiblesse, de ton
innocence et de ton corps...parce qu'ils sont tous assoiffés d'argent et de
chair fraiche. Et tu as les deux.
Ses doigts n'avaient pas quitté ma gorge, je sentais encore son odeur près
de la mienne alors que je sanglotais face à ses confidences.
— Je te promets que je ne serais pas celui qui viendra t'aider parce
que ça fera partie de tes choix, murmura Kai près de mon visage, et je
ferais à ce moment partie de ceux qui voudront ta peau.
Mes sourcils se froncèrent et mon corps se crispa à l'entente de sa phrase.
Quoi ?
— Les raisons pour lesquelles je t'ai kidnappé sont nombreuses...
mais c'est principalement pour assurer et protéger mon investissement
parce qu'au cas où tu l'aurais oublié, ton père a mis à ton nom 77
millions de dollars...seulement, rappelle-toi que Mason t'en demande
79...parce que deux millions sont à moi.
Et un souvenir de ce soir à la falaise me frappa brutalement.
« Il m'a volé près de 79 millions de dollars, et je ne savais pas où ils
étaient... »
Mon père avait mis à mon nom 77 millions de dollars...mais Mason m'en
demandait 79.
Mon père avait aussi volé Kai.
Mon père avait aussi pris deux millions de dollars à Kai.
— Alors je te laisse le choix, sois tu pars de cette chambre, tu te
trouves à taxi et tu retournes à Ewing et faire ta petite vie le temps de
quelques jours avant que tu ne disparaisses pour l'éternité...soit tu
restes avec moi, et personne ne t'atteindra, je ne te ferais aucun mal si
tu ne m'obliges pas et tu paieras les dettes de ton père avec mon aide.
Mes larmes n'arrêtaient pas de couler, j'étais complètement désespérée.
— Toutes les personnes que j'ai kidnappées avant toi n'ont jamais eu
la chance de choisir, toutes les personnes que j'ai enlevées n'ont pas eu
le traitement de faveur que tu as, personne ne me parlait comme toi tu
le fais et personne ne m'a menacé avec mon propre couteau comme toi
tu l'as fait, grogna-t-il contre ma peau, ne me force pas à te traiter
comme ceux avant toi, parce que je suis facilement capable. Je suis
capable de te frapper, de te traiter comme de la merde, comme une
putain d'objet, je peux te brûler et te torturer seulement pour te
montrer que j'en suis capable. Ne surestimes pas ma patience avec toi,
ne me prends pas pour un gentil parce que je ne le suis pas.
Un hochement de tête fut ma seule réponse.
J'étais faible.
J'étais complètement faible face à lui, et je ne pouvais pas faire
autrement.
Tout simplement parce que je tenais à ma vie.
— Ferme la porte quand tu partiras, termina-t-il d'un ton glacial avant
de me relâcher.
J'inspirai un bon coup et me laissai glisser le long du mur, puis mon corps
tomba au sol une nouvelle fois.
Des sanglots s'échappèrent une dernière fois de ma bouche gercée.
Bordel.
Toutes les informations qu'il venait de me donner bataillaient dans mon
esprit.
Même si la réponse était déjà dans ma tête, je n'arrivais pas à faire un
choix.
Je pouvais très bien me barrer d'ici, prendre un taxi et retrouver ma
famille.
M'enfermer chez moi et tout raconter à la police.
Qu'ils protègent ma propriété.
Mais pourraient-il protéger mes proches ?
Kai avait dit qu'il voudrait ma peau lui aussi parce que mon père lui
devait 2 millions de dollars, et je savais qu'à ce moment, cela serait la
descente aux enfers.
Il n'allait pas me lâcher.
Il allait devenir sanguinaire et violent.
Parce qu'à présent, son « investissement » n'était plus à sa portée.
Alors il allait forcément faire en sorte de prendre sa part avant qu'on ne
me tue.
« Pour assurer et protéger mon investissement »
Jacob m'avait dit qu'il m'avait kidnappé pour se protéger et me protéger,
et je savais que ce n'était pas la seule chose.
Et à présent, j'apprends qu'il y avait encore une dette à payer.
Et c'était pour Kai.
Evan Simones, je te déteste du plus profond de mon âme.
Toutes ces merdes...tout ça à cause de lui. Tout ce que je subissais était à
cause de lui.
Lui qui était quelque part, je ne savais où. Peut-être qu'il avait acheté une
île et qu'il s'était enfermé à l'intérieur.
Je ne comprenais pas où il pouvait être, pourquoi personne ne l'avait
retrouvé ?
Où était tout ce fric à la fin !
Ma tête pivota vers la porte, je grimaçais en la regardant.
Kai m'avait donné un choix, il m'avait laissé choisir entre ma liberté...et
ma sécurité.
Est-ce que ma liberté allait être éternelle ?
Est-ce qu'il disait vrai ?
Est-ce qu'il mentait ?
Étais-je en sécurité avec lui ?
Allais-je l'être tout le long ?
Allait-il me laisser partir quand tout sera terminé ?
Allais-je être en sécurité après ça ?
Allais-je me reconstruire ?
Les questions sans réponse me donnaient des vertiges et je soupirai,
j'avais une migraine atroce et mon corps tremblait encore.
J'avais froid et j'étais épuisé.
Partir et risquer de me faire kidnapper une nouvelle fois, par des
personnes bien plus malsaines et psychopathes ?
Ou rester et continuer à plonger dans son monde au risque de me noyer ?
Étais-je assez forte pour le supporter ?
La question n'était plus question de confort, mais de survie.
Et je savais que ma décision penchait ridiculement sur l'option deux :
rester sous la protection de Kai.
Je savais qu'on pouvait me prendre pour une folle, mais je n'avais pas le
choix.
Plus les minutes passaient et plus je me rappelais des éventualités que
m'avait données Kai.
Des éventualités qui paraissaient bien trop réelles pour être fausses.
Et qu'on se le dise, c'est pas ton poids plume qui va te défendre.
Encore moins la police parce que Vernon peut très bien tout faire foirer
sous les ordres de Kai qui voudra son fric.
Ne parlons pas des risques que tu apporteras par la suite à Rox, Théa,
Cody...
Si je passais la porte et décidai de partir d'ici, je serais au milieu d'une
chasse à l'homme des plus violentes.
Et je serais la proie de tout le monde.
Un frisson s'empara de mes membres et je soufflai, la boule au ventre et
l'angoisse qui coulait à flots dans mon corps.
C'était horrible.
Reste avec l'autre là.
Faut rester avec lui.
Je levai la tête au plafond, de nouvelles larmes s'échappèrent de mes yeux
alors que commençait à confirmer mon choix.
Continuer à plonger dans son monde au risque de me noyer.
Me perdre pour me sauver.
J'essuyai mes larmes après quelques secondes, et soufflai une dernière
fois. Je me redressai et m'avançai vers mon lit.
Les vertiges m'embrouillaient la vue et je me laissai tomber sur le
matelas.
J'avais fait mon choix.
Aucun retour en arrière possible à présent.
_____________
Hey !
...Je vous ai manqué ?
Cette petite pause m'a genre TELLEMENT aidé omg for the ones who
don't know :
J'ai pris une pause des réseaux sociaux et de Wattpad (l'écriture de
Lakestone est très difficile pour moi) parce que mes pensées m'étouffaient,
and i felt so overwhelmed by everything around genre je faisais des crises
d'angoisses et de grosses périodes d'anxiété a cause de tout ça ce qui m'a
d'ailleurs bloqué pour l'écriture. Alors j'ai préféré m'éloigner juste pendant
une petite période histoire de me calmer.
But It's okay.
Bon stop on a trop parlé de moi là
PARLONS DE LA TOURNURE QUE VA PRENDRE CETTE
HISTOIRE FUCK IM SO DOWN FOR THIS.
Iris a fait son choix maintenant 😏
Aussi avant de partir je voulais parler de la phrase "au nom du père..." que
Kai avait dite quelques chapitres plus tôt. Je sais que c'est irrespectueux
envers la religion mais comprenez que mon personnage est loin d'être une
personne respectueuse et religieuse (très loin) de plus vous allez
comprendre sa réaction (il faut voir le contexte les gars) et cette phrase va
prendre un autre sens quand vous comprendrez aussi pourquoi il n'est pas
religieux, mais ne me reliez pas à Kai mdr je respecte toutes les religions
and you all know that.
Je suis désolé pour l'offense par ailleurs, ce n'était pas le but ni l'objectif
de cette scène.

the son and the house of gucci" 🥲


And fun fact : je me suis inspiré de la scène « in the name of the father,

A très bientôt pour un nouveau chapitre ! ❤️


Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram: sarahrivens
30. Enfer à deux

(Warning : Ce chapitre contient une scène avec différentes drogues.)


Iris
Je grimaçais en sentant mon t-shirt mouillé à cause de l'eau que m'avait
jeté Kai au visage, et qui s'était propagé rapidement sur mon cou et mes
vêtements.
Je n'avais pas d'autres vêtements de rechange, je n'avais pas pris autre
chose.
Je suis bête putain.
C'est pas nouveau.
La ferme.
Le froid de la pièce me faisait trembler davantage et je me redressai,
pensant que peut-être j'avais eu l'idée de ramener quelque chose d'autre
dans mon sac.
Je me levai du lit, le corps lourd à cause de la fatigue et du stress qui
faisait encore vibrer douloureusement mes veines.
— Aïe ! murmurai-je en grimaçant de douleur lorsque je sentis quelque
chose sous mon pied.
Je m'assis sur le bord du matelas, et très vite je me rendis compte que
c'était un bout de verre.
La douleur était légère et mes mains tremblèrent tandis que j'enlevai le
petit bout de ma peau.
J'entendis Kai bouger derrière moi, dos à lui et dans le noir complet je ne
pouvais pas le voir.
Un hoquet de surprise s'échappa de mes lèvres lorsque je sentis le lit se
faire tirer brutalement en arrière.
N'étant plus qu'à quelques centimètres de lui.
Il venait de tirer mon lit près du sien.
Je me tournais et vis la silhouette de Kai qui n'avait pas fait beaucoup
d'effort pour rapprocher mon lit en disant d'un ton froid :
— Fais attention aux bouts de verre.
Et en quelques secondes, je compris que ce que j'avais entendu se briser
plusieurs minutes plus tôt n'était autre que l'objet qui avait servi à me
réveiller de ma crise d'angoisse.
Sûrement un verre.
Doucement, je descendis du matelas et me rendis jusqu'à mon sac.
Je gémissais de douleur à cause de la blessure que je m'étais faite sous le
pied, je savais que je saignais.
Je tentai de toucher les tissus à l'intérieur de mon sac, et j'entendis sa voix
grave me demander sèchement :
— Qu'est-ce que tu fous ?
— Je cherche des vêtements de rechange vu que tu as mouillé les
miens, grognai-je sous le même ton.
Je tremblais de froid, et la seconde qui suivit, quelque chose heurta
doucement l'arrière de mon crâne, avant de tomber au sol.
Mes sourcils se froncèrent et je me tournais.
— Dors maintenant.
Je sentis quelque chose près de mon pied, et très vite je comprenais que
c'était le haut qu'il portait quelques secondes plus tôt.
Il venait de me donner son pull.
Kai venait d'enlever son pull pour me le donner.
Lentement, je m'abaissai pour le prendre. La chaleur émanait encore du
vêtement.
Je me mis de dos, l'obscurité m'aida à me changer sans avoir peur de son
regard.
— Tu as des pansements ? L'interrogeai-je d'un ton froid en grimaçant
de douleur.
Je l'entendis se lever puis il m'ordonna simplement :
— Assieds-toi.
Je sentais son corps se rapprocher du mien, ses pas lourds se faisaient
entendre sur le parquet.
Je me raidis brutalement lorsque je sentis sa main se poser sur ma
hanche, pour me décaler doucement sur le côté.
Un geste qui me rendait faible.
Je suis faible.
Kai alluma le flash de son téléphone et je fermai les yeux instantanément,
je reculais et me posais sur le matelas en l'entendant chercher quelque chose
dans son sac.
Sûrement des pansements.
Je frissonnais en sentant sa main froide prendre mon pied, je savais qu'il
venait de s'asseoir par terre.
Kai le faux infirmier : saison 1 épisode 1.
— Tu saignes, je vais nettoyer. Mais je vais garder le flash allumé,
sinon je ne verrais rien.
Je hochai la tête, déglutissant doucement. Kai m'avait prévenu, et j'allais
garder les yeux fermés.
J'inspirais profondément, sentant mon cœur battre vite alors qu'il venait
de poser un coton imbibé sur la blessure.
Puis à la seconde qui suivit.
J'entendis sa voix me demander doucement, d'un ton hésitant :
— Tu...veux que...je te prenne la main ? Je sais pas...enfin...
Mes lèvres s'entrouvrirent à l'entente de sa question, me rappelant de
cette fois où il m'avait demandé de lui prendre la main.
Comme s'il venait de se mettre à ma place.
— Je...oui, s'il te plait...
Je sentais sa main se glisser lentement sur ma cuisse, puis ses doigts
froids s'entrelacèrent aux miens.
Créant alors une décharge électrique le long de ma colonne vertébrale.
Et mon cœur rata un battement lorsque son pouce caressa lentement mon
doigt, exactement de la même manière que moi la dernière fois où je l'avais
soigné.
Comme s'il s'était rappelé de toutes ces secondes.
De tout ce que j'avais fait pour le rassurer.
Après quelques secondes silencieuses, où je me perdais de plus en plus
dans mes pensées à cause de lui, il murmura :
— J'ai terminé.
Mais il ne me lâchait pas.
Alors je le fis.
Je l'entendis soupirer et l'obscurité revint, signe qu'il avait éteint son
flash.
J'ouvris doucement mes yeux et vis sa silhouette contourner son côté du
lit, un lit qui n'était qu'à quelques centimètres du mien à ce moment.
Mon corps et mes narines s'étaient emplis de l'odeur de Kai à cause de
son haut que je portais actuellement.
Pouvant encore sentir la chaleur de son corps sur le tissu.
— Dors Iris, l'entendais-je me dire d'un ton las, on repart dans
quelques heures.
Un souffle s'échappait de mes lèvres.
J'étais complètement épuisée.
Psychologiquement et physiquement incapable de fonctionner
correctement.
A cause de tout ce qui se passait autour de moi.
Trop de choses se passaient dans ma tête, trop de paroles en boucle, trop
de scènes qui se répétaient de façon sadique et malsaine.
Les secondes qui suivaient ma décision étaient uniquement constituées de
remise en question perpétuelle, l'idée de n'avoir pas fait le bon choix, de ne
pas être assez forte pour cette décision.
De causer ma propre perte.
Un énième sanglot quitta mes lèvres, j'étais en train de me noyer dans un
monde qui n'était pas le mien, et j'étais terrorisée.
Complètement tétanisée par toutes ses choses qui allaient constituer mon
quotidien.
Le danger.
Le sang.
La mort.
Les meurtres.
La torture.
La violence.
Le vice.
La terreur.
Le sadisme.
La boule d'angoisse dans mon ventre me faisait grimacer, elle était là
depuis des heures et avait décidé de me coller à l'estomac.
Mes pensées qui ne s'arrêtaient pas de crier dans mon esprit.
Une partie de moi me hurlait de partir, d'un coup impulsif.
Mais une partie de moi me répétait que j'avais fait le bon choix, plus
réfléchi.
— Tu...tu as dit que les raisons étaient nombreuses, murmurai-je
n'étant plus qu'à plusieurs centimètres de lui, j'ai besoin que tu me dises
toutes les raisons-
— Dors, Iris.
Mes sourcils se froncèrent d'agacement et ma mâchoire se contracta,
j'avais une folle envie de meurtre à ce moment précis.
Puis je crachai d'un ton amer :
— Arrête d'éviter cette foutue de question à chaque fois, j'en ai assez
de devoir te demander la même chose depuis le début. C'est quoi toutes
ces raisons que tu as eues ? Je suis en train de faire le choix de rester
avec toi, mais je veux tout savoir.
Ma respiration se saccada, j'étais au bord de la folie.
Je me tournais face au plafond, la gorge nouée en me rendant compte que
c'était la seule solution. Rester avec lui.
Mais j'avais besoin de savoir, je devais savoir quelles étaient toutes ses
raisons.
Je voulais l'entendre de sa bouche.
Je voulais tout savoir.
Une bonne fois pour toutes.
J'en avais assez de partir à la chasse aux informations et essayer d'établir
des liens pour me faire mes propres raisons, une fois chez Jacob, une fois
chez Vernon, une fois chez Mason.
Je voulais que le premier et le seul concerné me dise toute la vérité.
Un souffle lourd s'échappa de ses lèvres et mes yeux se levèrent au ciel.
Attendant impatiemment d'avoir enfin mes réponses à mes questions.
Je lui fais la promesse qu'il ne dormira pas avant de m'avoir donné ses
raisons.
Et mon cœur rata un battement lorsque sa voix emplit le silence de la
pièce.
— Raison numéro 1, tu étais en danger de mort. Et tu étais ma
mission.
Un frisson s'empara de mes membres et mon corps entier tremblait de
manière ridicule alors que l'euphorie faisait vibrer mes neurones.
Il était en train de me dire ce que j'attendais depuis des semaines.
Mon cœur battait à la chamade en l'écoutant, mangeant ses mots comme
si j'étais affamée d'informations.
Putain enfin !
— Plus les jours passaient et plus les risques que tu te fasses tuer
étaient de moins en moins négligeables, continua le mercenaire d'un ton
sérieux, ma mission était de te surveiller...enfin je devais te surveiller et
retrouver ton père, je me disais que tu en savais quelque chose alors j'ai
fait installer des micros, j'en ai même fait vendre des milliers au centre-
ville parce que j'avais su que tu avais des doutes.
Mes lèvres s'entrouvrirent en me rappelant de ce soir-là, j'étais au Box et
ma meilleure amie m'avait appelé pour m'annoncer qu'il y avait des colliers
identiques aux miens au centre-ville.
Quel chien.
— Quand j'ai compris que tu n'avais pas ce fric, j'ai voulu prouver à
Mason que tu n'en savais rien pour cette histoire, et j'ai réussi rien
qu'en lui faisant écouter des audios de toi qui prouvaient que tu n'avais
pas d'argent. Et heureusement que tu n'en savais rien parce que j'avais
pour mission de te tuer dans le cas où tu aurais utilisé ce fric.
Je déglutis difficilement face à ses aveux, doucement il répondait à mes
questions et je commençais à avoir de nouvelles pièces du puzzle.
— Je savais que tes yeux n'étaient pas marron, c'était pour ça que
Jacob t'avait demandé ton prénom la première fois, je n'avais su que
bien après qu'ils étaient vairons.
Mon hétérochromie était un secret que seules les personnes les plus
proches connaissaient, et à présent, Jacob et Kai en faisaient partie.
Enfin...Kai ne les avait jamais vus.
Et c'était mieux comme ça.
— Plus tard, j'ai appris que tu m'avais balancé à Cody, j'envisageais
déjà de te kidnapper à cause du danger que tu encourais et que
j'encourais avec toi...Raison numéro 2 : me protéger. Je savais qu'avec
moi, rien n'allait t'arriver, et que tu n'allais rien dire à personne qui
pourrait me foutre dans une merde sans nom...Raison numéro 3 : mon
fric. Ton père a volé des millions à Mason, et les miens ont font partie.
Je ne veux pas jouer à qui prends le plus avec les gens de mon monde
aux dépens de ta vie, j'ai bien mieux à faire. Tout ce que je veux, c'est
mon fric.
Techniquement...les deux millions restants n'étaient pas à mon nom...
Mais c'est ton enfoiré de père qui les a. Payer pour les autres c'est ce que
tu sais faire de mieux.
Va te faire foutre.
— Raison numéro 4 : Te protéger. J'avais de la pitié pour ton cas, que
tu subisses les merdes de ton père, surtout que tu ne voyais pas ce que
je voyais, tu n'étais pas au courant de tous les risques qui t'entouraient,
tu es putain d'innocente et je ne voulais pas que ça se tourne contre toi.
« Tu es putain d'innocente »
— Dans mon monde, Iris, l'innocence est la pire chose. On l'utilise,
on l'arrache, on se fout de ça continuellement parce que c'est l'une des
plus grandes faiblesses. Je voulais te protéger de ton innocence dans
mon monde, parce que je savais que tu étais vouée à rentrer à
l'intérieur, je le savais quand ton chemin avait croisé le mien. C'était
une question de temps.
Jacob disait donc vrai.
L'une des raisons pour laquelle Kai m'avait kidnappé était pour me
protéger.
— Voilà les raisons pour lesquelles je t'ai kidnappé, Iris. Tu voulais
des réponses, tu les as.
Je restai silencieuse, essayant d'assimiler toutes ses paroles, la gorge
nouée et le regard encore fixe sur le plafond.
Ses paroles tournaient dans ma tête comme un tourbillon qui venait tout
saccager, Kai me protégeait parce qu'il avait pitié de moi.
Il me protégeait parce qu'il ne voulait pas faire la course avec tout le reste
pour son fric.
— Tu viens de faire le choix de rester, Iris, je t'ai donné toutes les
raisons de ton kidnapping. Maintenant, tu n'as aucun droit de rejeter
la faute sur moi, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Et à ton père.
Je l'entendis se tourner, remarquant qu'il venait de se mettre face au
plafond lui aussi.
— Tout ce que je peux te promettre maintenant, c'est de te protéger
de mon monde. Mais pas de moi.
Cette phrase me heurta directement et mon souffle se rompit
soudainement.
Mais pas de moi.
Nous étions différents. Trop différents.
— Je ne suis pas quelqu'un de bien, je te tuerai si tu foires ma
mission. Ne discute pas mes ordres et fais ce que je te demande, en
contrepartie je couvrirais tes arrières.
Très vite, je me rendis compte qu'il parlait de ce qui s'était passé tout à
l'heure.
Le moment où il n'avait pas hésité à pointer son flingue sur ma tempe.
Tout simplement parce que j'étais en train de foirer sa mission.
Et enfin, le moment où il avait tué les deux braqueurs, pour me protéger.
— Tout à présent sera une question de collaboration.
Collaboration.
— Et dès que toutes ces merdes seront terminées, chacun repartira
dans le monde auquel il appartient.
Je hochai la tête, approuvant ses paroles comme pour m'accrocher à l'idée
que je puisse enfin reprendre ma vie sans aucun danger.
« Chacun repartira dans le monde auquel il appartient. »
— Tu penses appartenir à ce monde ?
Ma question était bête, mais c'était irréel pour moi de se dire qu'une
personne pouvait ressentir une quelconque appartenance à un monde avec
aussi peu de moral.
Aussi peu d'humanité.
— Je suis né dans ce monde, oui.
— Mais ça ne veut pas dire que tu y appartiens, Kai.
— Je n'appartiens pas au tien, Iris, souffla-t-il près de moi, je vis dans
un monde où la torture est une forme légale de punition, la mort et la
violence sont l'essence même des âmes. Il n'y a pas de bonnes personnes
dans mon monde, il y a les menteurs, les vicieux, les violeurs, les
hypocrites, les sadiques, il y a ceux qui tuent pour l'argent, et ceux qui
tuent par plaisir. Il y a ceux qui se prétendent être des dieux, et ceux
qui prétendent être le père du diable.
Un froid terrifiant s'installa dans mon corps alors que j'entendais Kai me
décrire la réalité dans laquelle il vivait avec un naturel beaucoup trop
terrifiant.
Comme si c'était tout à fait normal.
— Les plus dangereux sont ceux qui n'ont rien à perdre, ceux qui
attendent la mort patiemment, les plus faibles sont les empathiques,
ceux qui éprouvent des émotions, ceux qui sont humains. Je baigne
dans un monde où l'humanité est une faiblesse, et je n'en ai pas. Alors
j'y appartiens.
Je restai silencieuse pendant quelques instants, mais je n'étais pas
d'accord.
J'avais vu un côté de Kai, un côté humain.
— Tu as éprouvé de la pitié, Kai, murmurai-je après quelques minutes
en sentant mon ventre se nouer, tu as éprouvé de la pitié pour moi, et
c'est une forme d'humanité.
Et il demeura silencieux.
Je ne savais pas s'il se rendait compte que la pitié était un trait qui faisait
partie de l'humanité, que c'était normal.
Certains pensaient que la pitié était un signe de condescendance, mais
dans la définition générale, la pitié était une sensibilité aux souffrances
d'autrui.
Souvent, on changeait la pitié par la compassion pour enjoliver la chose,
mais au final c'était la même chose.
La sensibilité était intacte.
Mais...parfois les gens mariaient mépris et pitié, rendant alors le mot
condescendant...faisant sentir la personne en face d'eux, pathétique.
Lamentable.
Est-ce que Kai me trouvait pathétique ?
Est-ce qu'il me trouvait lamentable ?
— Je ne voulais pas que tu paies pour les erreurs de ton père, les
enfants sont toujours en train de payer pour les merdes de leurs
parents et ça me dégoûte.
Puis, un souvenir me frappa brutalement dans ma tête.
« Parce qu'il est complètement introuvable, et je ne vais pas
l'attendre...les enfants paient toujours les conneries de leurs parents,
n'est-ce pas Kai ? »
C'était les paroles de Mason, le soir de notre rencontre.
Au sommet de cette falaise où Kai m'avait poussé.
Je me demandais pourquoi il m'avait poussé, ce que j'avais vu quelques
secondes avant, c'était Mason qui fonçait tout droit dans ma direction.
Peut-être que Kai savait, peut-être que c'était pour ça qu'il m'avait poussé.
Comme s'il voulait le faire à sa place.
Peut-être...
« Fais-moi confiance »
C'était certain, il le savait.
Il connaissait les intentions de Mason depuis le début.
Je le sentis bouger, et je restais là à fixer le plafond alors que mon souffle
se saccader doucement, mon cœur palpiter en le sentant proche de moi.
Nos lits pratiquement collés près de l'autre.
— Je trouvais ça injuste, souffla-t-il en reprenant ses mots de tout à
l'heure, et à cause de lui tu te retrouves dans mon monde.
— Je n'aime pas ton monde...
— Je trouve le tien beaucoup trop faux, m'avoua Kai d'un ton bas.
Faux ?
En quoi vivre normalement était faux ?
— Pourquoi ? lui demandai-je encore dans l'incompréhension, la voix
fatiguée, mon monde est normal Kai, il n'y a rien de faux.
Je sentais mes yeux se fermer tous seuls, je sentais que la fatigue prenait
peu à peu possession de mon corps qui commençait à se réchauffer.
Se sentant moins angoissé.
— Dans mon monde Iris, on ne passe pas par quatre chemins, on est
tous mauvais et on le sait. Dans le tien, vous enjolivez votre réalité, vous
mentez pour vous donner une bonne image...alors que certains de ton
monde sont plus monstrueux que ceux dans le mien.
Le ton de sa voix avait changé, comme s'il se remplissait doucement de
rancœur.
Je pouvais donner n'importe quoi pour connaître son passé, mais je savais
que je n'allais jamais arriver à ce stade.
J'avais même trop peur de connaître son passé.
— Je pense qu'il y a de bons et de mauvais côtés dans chaque
personne, soufflai-je en reprenant la conversation alors que je sentais que le
sommeil me prenait, c'est ce qui...fait de nous des êtres humains...nous
sommes le juste milieu.
Pendant plusieurs minutes, je sentais que mon corps tombait doucement
dans le sommeil.
Kai demeurait silencieux et mon esprit commençait à se vider de toutes
mes pensées.
Le silence dans ma tête et dans la pièce.
— Comment tu peux voir le bon partout...
Ma respiration se coupa brutalement à l'entente de sa voix grave qui
murmurait près de ma tête :
— ...même en moi.
°°°°
12 heures plus tard.
— Où est-ce qu'on est ?
— À Cleveland, souffla Kai en quittant la voiture avant de rabattre
rapidement sa capuche sur sa tête, j'ai des trucs à faire ici.
Je restai muette et sortais de la voiture à mon tour, nous étions garés dans
un quartier terriblement silencieux.
J'entendais des aboiements d'un chien plus loin et quelques moteurs de
voitures, mais aucun signe de vie humaine.
Mon cœur au bord de mes lèvres lorsque je vis Kai prendre son arme et
regarder les alentours, comme sur ses gardes.
Nous étions à côté d'un bâtiment aussi vieux que le monde, et il y avait
des escaliers de secours à l'extérieur du bâtiment, chose que j'avais déjà vue
auparavant à New York.
— Je suis là, fit Kai en parlant au téléphone, ouvre la fenêtre.
Pardon ?
Je le vis monter les marches en fer et je n'eus pas d'autre choix que de le
suivre sans un mot, toujours perplexe.
Je ne savais pas ce qu'on faisait ici, ni même pourquoi Kai était autant sur
ses gardes, nos pas contre l'acier des marches étaient la seule chose qu'on
pouvait entendre nettement ici et ça me foutait la chair de poule.
Kai ouvrit une fenêtre et très vite, de la chaleur émana de la maison dont
laquelle nous étions en train d'entrer.
Une forte odeur de Weed emplit mes narines et un trop plein de fumée
était dispersé autour de nous. Il y avait de la musique d'ambiance et
beaucoup de néon violet et vert.
C'est quoi cet endroit ?
— NEELAM !
Je restai près de Kai alors qu'il venait de crier ce prénom et j'entendis une
voix grave et féminine crier des choses incompréhensibles...comme une
langue étrangère.
Putain où est-ce qu'on est ?
— Je t'ai déjà dit de ne pas crier comme un taré, merde !
Kai émit un petit rire dans un souffle et une silhouette arriva dans mon
champ de vision, la fumée se dispersait vite à son arrivée et je croisais enfin
le visage de la femme.
Neelam.
Un visage absolument époustouflant, des lèvres charnues et un regard
perçant, un piercing sur son nez et une grosse partie de ses oreilles, une
peau foncée et des dreadlocks qui lui allaient merveilleusement bien.
Cette femme était magnifique.
— Oh tu as ramené quelqu'un avec toi ?
Je la vis apporter un joint entre ses lèvres en me toisant du regard et Kai
déclara simplement :
— Elle va me servir pour la soirée.
La jeune femme me regardait de haut en bas et murmura :
— Elle a une allure innocente, c'est une couverture solide.
Une couverture solide ?
Je lançai un regard à Kai et Nelaam pouffa de rire avant de le prendre
dans ses bras, ils devaient sans doute se connaître depuis longtemps.
Kai esquissa un petit sourire en mettant ses bras autour d'elle, puis
demanda :
— Où est Tayco ?
— Il est sorti acheter un truc, venez, ne restez pas à côté de la fenêtre
je dois aérer avant le retour de Tayco, nous invita Neelam, Lisa va venir
dans quelques minutes elle aussi.
Kai déposa nos affaires sur le canapé violet, et j'entrepris de regarder
autour en restant proche du mercenaire.
Je me sentais toute petite face à ce nouvel environnement, la fumée était
sûrement là à cause des joints qu'elle fumait, c'était un appartement plutôt
vieux, du moins, les meubles paraissaient vieux.
Les néons donnaient une touche de lumières supplémentaires, étant
donné que les lumières au plafond étaient pratiquement inexistantes.
Je vis Kai s'affaler sur le canapé, et je m'assis près de lui sans un mot.
Il y avait sur la table basse de l'herbe, pleine de petits sacs avec de la
beuh...et d'autres drogues en tout genre, il y avait même de la cocaïne.
Kai se redressa et s'approcha de la table en examinant du regard tout ce
qu'il y avait sur la surface, du bout de ses doigts, je le vis tirer un petit sac
contenant la cocaïne.
Neelam revint avec des bouteilles de bière et lui tendit une, je la
remerciai près avoir refusé sa bouteille pour moi et elle me sourit en
haussant les épaules.
— Et comment je dois l'appeler ?
— Iris, répondit Kai d'un ton détaché en regardant les autres drogues,
donne-moi des feuilles.
Je la vis ramener des poufs qu'elle posa négligemment face à nous, et elle
tira de sa poche quelque chose qu'elle lui lança.
Des feuilles à rouler.
On était là pour qu'il se défonce ?
— Où est-ce que tu l'as trouvé, elle n'a pas l'air d'être habituée...par
contre, tu vas prendre tout ce dont t'as besoin parce que Tayco va
ramener ses gosses.
Kai hocha la tête et prit de la weed et un sachet de cocaïne, Neelam
récupéra le reste et nettoya rapidement la table.
Elle ouvrit les autres fenêtres et je compris qu'elle essayait de rendre la
maison plus...acceptable, pour les enfants.
Des enfants.
— Pour répondre à ta question, souffla Kai en ouvrant le sachet de
cocaïne, ne pose pas de question.
— Heureuse de voir que tes principes n'ont pas changé, ria Neelam en
s'affalant sur le pouf face à nous, et bien si monsieur ne veut pas nous
présenter, je m'appelle Neelam...bienvenue chez toi, Iris.
— Merci, murmurai-je complètement tétanisée par la timidité.
Neelam lança un regard vers Kai et je me tournai de son côté, ses yeux
croisèrent les miens et il détourna le regard en une fraction de seconde.
Je le vis prendre quelque chose de sous la table et vis une planche, il
déposa une petite quantité de la drogue et tirai une carte.
— Alors on en est où ?
— J'ai réussi à pirater le système informatique il y a à peine
quelques heures, l'informa Neelam en fumant et le regardant prendre un
billet de dollar qu'il roula, mais c'est ultra protégé c'est ce qui est plus
chiant.
— On sait où la réunion va se faire ? demanda-t-il en s'approchant de
la planche.
Et il inspira d'un coup la poudre blanche avant de se laisser tomber en
arrière sur le canapé.
Il balança la planche par terre et Neelam répondit :
— Dans un entrepôt au Wisconsin, j'ai pu trouver la liste et il y sera.
Il me faut encore un peu plus de temps pour pouvoir rajouter tes
coordonnées, la taupe s'occupe de propager ton existence, personne ne
doutera de toi.
Kai hocha la tête et Neelam se tourna vers moi avant de dire :
— Surtout pas avec elle.
Nous entendîmes la porte se déverrouiller, Kai fermait les yeux et trois
nouveaux visages arrivèrent dans mon champ de vision :
— Lam' !
— Tata !
Les deux enfants accoururent vers la jeune femme qui les prit dans ses
bras et un homme referma la porte avant de nous lancer un regard.
— Lakestone, content de te revoir à la maison.
Kai se leva et l'homme qui paraissait aussi jeune du mercenaire le prit
dans ses bras, il me lança un regard interrogateur avec un petit sourire en
disant :
— Et tu es ?
— Iris, c'est la « ne pose pas de question » de Kai, répondit Neelam en
caressant les cheveux de la petite fille près d'elle.
— C'est rassurant ça, enchanté, moi c'est Tayco.
Je lui souris faiblement puis acquiesçai, intimidée et pétrifiée sans bouger
de ma place.
Tayco ressemblait à Neelam, ils avaient le même teint et les mêmes traits
du visage.
Ils étaient peut-être de la même famille.
— Papa regarde !
La petite fille montra à Tayco la bague que venait de lui donner Neelam
et un sourire étira mes lèvres en regardant ce dernier s'accroupir à côté de sa
fille.
Faisant semblant d'être émerveillé par ce qu'elle lui montrait.
Mon sourire ne m'avait pas quitté, et mon cœur brûlait.
Pourquoi je n'avais pas eu droit à ça ?
Tayco se tourna vers son fils et lui disait quelque chose, je vis Neelam se
lever et déclarer :
— Venez-vous changer, ensuite on passe à table. Le dîner va bientôt
être prêt.
Je me tournais vers Kai qui semblait perdu dans ses pensées, le regard
droit vers le père et son fils.
Tayco déposa un petit baiser sur le front du garçon qui se dirigea vers
Neelam, pendant que la petite restait encore près de la table en regardant la
bague.
— Princesse, va avec Neelam.
Et ma gorge se noua instantanément à l'entente de ce surnom.
Mon sourire devint très vite faux, et je savais que mes yeux à présent
dégageaient l'envie.
J'étais envieuse.
Mon cœur se compressait de jalousie, je le regardais prendre sa petite
fille par la main et sentis quelque chose près de moi.
— Je déteste venir ici, content de voir que je ne suis pas le seul,
princesse.
Je me tournais vers lui et le vis en train de regarder le petit garçon avec
Tayco, il tira une cigarette et la grilla.
Kai inhala la nicotine et fermai les yeux puis, pris une gorgée de sa bière.
— Qu'est-ce qu'on fait là ?
— J'ai des trucs à faire, me répéta le mercenaire sans trop
d'informations supplémentaires.
— Tu veux jouer à ça, ok très bien...qu'est-ce que moi je fous là ?
Un sourire étira ses lèvres alors qu'il fumait puis, murmurait en crachant
la fumée :
— On collabore, tu t'en rappelles pas ?
Ma mâchoire se contracta en voyant le jeu qu'il jouait.
Comme s'il allait profiter de ma décision à cent pour cent.
Ce mec est démoniaque putain de merde.
Dans tous les cas, j'étais obligé d'être enchaînée à lui. Mais à présent, je
ne pouvais en vouloir qu'à moi-même.
Parce que j'avais choisi de plonger.
Mes yeux l'assassinèrent, mais mon cerveau n'était pas étonné.
C'était Kai.
Je le vis me tendre sa clope que je regardais depuis le départ et il me dit
en esquissant un sourire au coin :
— Je déteste partager ce qui m'appartient, mais je peux faire une
exception pour toi, princesse.
Nous entendîmes quelqu'un toquer contre la porte d'entrée, Kai se tourna
et je fis de même.
Je vis Tayco se diriger vers la porte qu'il ouvrit et une jeune femme
débouler en s'exclamant joyeusement :
— Neelam m'a dit que mon amoureux est revenu !
_____________
Hey !
Actuellement il est 4h45 du matin, et j'ai cours dans quelques heures. Je
viens RIEN assumer.
Anyway let's talk about Lakestone.
Tout ce que je retiens c'est qu'il a tiré son lit à côté du sien et qu'il lui a
donné son pull.
Et qu'il l'a soigné...de la même façon qu'elle.

😏😏😏
Also NEW CHARACTERS ALERT ! NEELAM ET TAYCOOOOOOO
! Et...Lisa
A très bientôt pour un nouveau chapitre ! ❤️
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram: sarahrivens
31. Lisa

Iris
Je regardais la jeune femme ouvrir ses bras, un grand sourire scotché aux
lèvres et le regard plein d'étoiles en direction du mercenaire.
Elle doit faire actrice, c'est pas possible d'être aussi heureuse de voir cet
imbécile.
Et soudain, mon cœur rata un battement lorsque je vis un infime sourire
étirer les lèvres de Kai qui secoua la tête d'exaspération, elle émit un cri de
joie en accourant vers lui avant de lui sauter dans les bras.
— Enflure c'est pour ça que tu ne répondais pas à mes messages !
— Non ça c'est parce que tu m'ennuyais, grogna Kai en tentant de la
repousser, bouge tu m'étouffes-
— Je ne t'ai pas vu depuis trois mois Lakestone, laisse-moi profiter !
Elle se colla davantage contre lui et je regardais la scène sans un mot.
Qui était-ce ?
Elle et Kai avaient l'air proches...
— Tu m'avais promis de revenir y a deux mois !
Elle lui fit face, son visage très proche du sien.
Aussi proche que le mien avec lui au Box.
— J'ai eu un imprévu, lève-toi de moi Lisa, grogna-t-il en la fusillant
du regard.
C'est sa copine ?
Ses genoux au sol, le haut de son corps entre les cuisses de Kai et les bras
autour de son cou.
Je fis mine de rester neutre, alors que mes questions se bousculaient dans
ma tête.
Et quelque chose me rongeait de l'intérieur.
Puis, elle se tourna vers moi. Et arqua un sourcil.
— Euh, bonsoir ?
Je lançai un regard à Kai et la seconde qui suivit, ses mains se posèrent
sur les bras de Lisa, défaisant son étreinte.
— Lisa, Iris...c'est ma couverture, souffla Kai en se redressant, va te
changer, tu pues les frites.
— Salut Iris ! me dit-elle joyeusement avant de se lever du sol,
Lakestone je préfère puer les frites que le sang comme toi.
Je la regardai s'éloigner de la pièce, n'arrivant pas à comprendre qui était-
elle pour Kai.
Ils avaient l'air complices, me demandant si c'était sa copine.
Ou son ex ?
Kai ne m'avait jamais dit qu'il n'avait pas eu d'ex.
Seulement qu'il n'était jamais tombé amoureux.
Un petit rire moqueur me fit sortir de mes pensées et je me tournai vers
Kai, ce dernier était encore affalé sur le canapé, à quelques centimètres de
moi.
— Fais gaffe, tu es en train de la tuer des yeux.
Je levai les yeux au ciel, puis émis un air exaspéré en secouant la tête.
Alors qu'intérieurement, mon cœur battait à la chamade.
Je n'en avais rien à foutre d'elle, il disait de la merde.
Il dit toujours de la merde.
— Je suis son amoureux, renchérit-il en me détaillant avec un sourire
narquois.
Mes nerfs commencèrent à chauffer pour je ne savais quelle raison,
pourquoi j'en avais quelque chose à foutre même ?
Ça pouvait être sa femme je m'en fiche.
— Je suis désolée pour elle, soufflai-je en lui lançant un regard désolé,
la pauvre elle ne doit pas avoir toute sa tête.
— Un peu comme toi au Box, me répondit-il du tac au tac avec un
sourire moqueur.
Je le fusillais du regard et il pouffa de rire avant de se lever du canapé.
— Ne sois pas jalouse, un jour peut-être tu pourrais avoir sa place toi
aussi, me dit Kai en s'étirant.
— Je prierai pour que ce jour n'arrive jamais, ne t'en fais pas pour
ça.
Un petit rire dans un souffle s'échappait de ses lèvres et il répliqua :
— Je sais de source sûre que les prières ne fonctionnent pas, mais tu
peux toujours espérer.
Le coin de ses lèvres s'incurva doucement et il recula d'un pas, nous
entendîmes Neelam parler avec Lisa à quelques mètre d'ici.
Kai me toisa du regard et je vis Tayco arriver à la cuisine ouverte, ses
enfants le suivaient et s'asseyaient sur les chaises.
— Les enfants vous vous rappelez de Kai ? demanda le brun à ses
progénitures.
Les deux enfants regardaient Kai et la petite fille dit simplement :
— Moi oui.
Je m'approchai de la cuisine avec Kai et nous nous posâmes près du
comptoir, un petit sourire étira mes lèvres en regardant la petite fille toiser
du regard Kai, comme avec arrogance.
— Il a cassé ma poupée, continua-t-elle d'un ton rancunier.
Tayco ria et Kai haussa les épaules, comme s'il s'en fichait qu'une enfant
lui en voulait.
Alors que mon cœur se fendait en deux.
Je fusillai du regard le mercenaire et il leva les yeux au ciel.
— Tu as cassé ma clope, Jade. C'est du donnant-donnant.
La petite fille tourna la tête vers le plat que venait de poser son père et
entreprit de manger ses lasagnes en silence.
Il lui a cassé sa poupée parce qu'elle a cassé sa clope.
C'est quel genre d'enfoiré ça ?
— Moi aussi je me souviens de lui, lâcha le petit garçon, on a regardé
des dis-
— Mange Kory, le coupa Kai dans sa réponse en contournant le
comptoir.
Tayco lui lança un regard amusé et je secouai la tête face à son
comportement avec les deux enfants, le jeune père m'invita à m'asseoir et je
m'approchai timidement de la pièce.
N'ayant que pour seul repère, Kai Lakestone.
— Les filles venez, la bouffe va refroidir !
Je me mis entre le mercenaire et Jade, Tayco s'assit à côté de sa fille puis
arrivèrent Neelam et Lisa.
— Je suis EXTÉNUÉE ! râla Lisa en s'asseyant sur la chaise face à
nous, y a les restes d'hier ? Je n'aime pas les lasagnes...
Neelam répondit en prenant une bouchée de son diner :
— Regarde dans le frigo, elle se tourna vers moi, mange, Iris, ça va
refroidir.
Je lui souriais doucement et hochai la tête en jouant avec ma nourriture,
ma timidité rendait presque impossible de manger ici.
J'étais beaucoup trop mal à l'aise.
Je me forçais et pris une bouchée de mon diner, et mon autre main se
pressait sur mon genou pour essayer de calmer ma jambe qui bougeait
nerveusement.
Personne ne te regarde, mange.
Lisa me regarde.
— Alors Lakestone, vous ne prévoyez toujours pas de revenir ici ?
demanda Tayco en lui lançant un regard interrogateur.
Vous ?
— Oh oui, Jacob me manque trop ! pleurnicha Lisa en en le suppliant
du regard, en plus il a un copain depuis quatre ans et je ne l'ai jamais
rencontré !
— Tu ne rates rien, soupira Kai en jouant lui aussi avec sa nourriture,
on ne reviendra pas ici. Du moins, pas définitivement, jamais.
— Il a raison, c'est risqué, répliqua Neelam en s'adossant contre son
siège avant de me lancer un regard, et toi Iris, tu viens d'où ?
— New Jersey, fit Kai à ma place sans me regarder, passe-moi le sel.
Lisa lui tendit et je demeurai silencieuse, ne sachant si je pouvais dire
quoi que ce soit sur mon identité ou non.
— Oh ! s'exclama cette dernière, c'est pas la nouvelle ville où vous
avez-
— Si, la coupa Kai en lui lançant un regard noir, mange.
Tayco haussa les sourcils, d'un air étonné.
Et je fronçai les miens, ne comprenant pas la discussion et les réactions.
Des réactions que moi non plus je ne comprenais pas.
Personne n'osait parler ensuite, on avait préféré écouter les enfants
raconter leur journée.
J'avais su que Jade avait quatre ans, et Kory en avait trois.
Et qu'ils n'avaient pas la même mère.
Tayco avait 30 ans, et il faisait partie d'un groupe de musique qui
performait dans des bars.
J'avais aussi appris que Lisa avait 25 ans, elle travaillait dans un
restaurant à plusieurs minutes d'ici, d'où le fait qu'elle empestait les
frites...d'après Kai.
Je me demandais comment il les avait connus, j'avais la sensation qu'ils
étaient des amis de longue date.
Ce qui m'étonnait de la part de Kai.
Je ne pensais qu'il était du genre à avoir des amis.
— Bon moi j'y vais, déclara Tayco en regardant l'horloge accrochée au
mur de la cuisine, je reviendrai très tard. Les enfants vous allez rester
avec votre tante et tata Lisa ce soir, ok ?
Neelam était la sœur de Tayco.
Mais Lisa n'avait pas l'air d'être de la même famille.
Son teint était plus clair, elle avait des boucles brunes qui descendaient en
cascade sur ses épaules. Des yeux noirs et elle avait aussi plusieurs taches
de rousseur sur ses pommettes.
Comparée à moi, Lisa avec un très beau corps.
Elle avait de très jolies formes.
J'étais un bout de bois à côté.
— Ta chambre est prête, vous pouvez mettre vos affaires à
l'intérieur, nous dit Neelam en regardant Kai qui venait de se lever de sa
chaise avec son assiette presque encore pleine.
Il hocha la tête et se dirigea vers l'évier, je le vis jeter le reste de sa
nourriture et laver son assiette.
Le mercenaire partit vers le salon et prit nos affaires qui étaient encore
près de la fenêtre ouverte.
— Les enfants, terminez vite et suivez Lisa, il faut vous coucher.
Il était 21 heures passé, je n'avais pas forcément sommeil.
Comme si j'étais complètement décalé.
Lisa termina son assiette en racontant des anecdotes sur sa journée de
travail et me souriais par moment, parfois elle me demandait mon avis
comme pour ne pas me mettre à l'écart.
Elle était gentille.
Finalement.
— Bon allez, commença Lisa en essuyant sa bouche, levez vos fesses de
la chaise, on va se brosser les dents !
Les enfants se levèrent et suivirent Lisa qui s'éloigna en direction des
chambres.
Et j'étais à présent seule avec Neelam qui soupirait de soulagement en
prenant le reste de son joint qu'elle avait caché à cause des enfants de
Tayco.
Un petit sourire étira mes lèvres en la regardant fumer et fermer les yeux
comme si c'était une bouffée d'air frais.
— Tu n'as rien mangé, remarqua-t-elle en voyant mon assiette encore à
moitié pleine.
— Je...je n'ai pas très faim.
C'était vrai...et partiellement faux.
— Comment tu t'es fait ça ?
Elle pointa du doigt la petite cicatrice que j'avais dans ma paume, c'était
la fois où j'avais arraché le couteau de Kai.
La blessure guérissait encore.
— C'était un accident, soufflai-je en serrant le poing avec un petit
sourire aux lèvres.
Neelam hocha la tête et me sourit à son tour en prenant une nouvelle
latte, plusieurs minutes s'écoulaient et Kai n'avait pas donné signe.
Il était sûrement dans la chambre qui lui avait été attribuée.
Nous pouvions entendre Lisa parler aux enfants, c'était un petit
appartement, les chambres n'étaient pas loin de la cuisine.
Neelam et moi entreprîmes de débarrasser la table et faire la vaisselle.
Et étant donné que je ne pouvais pas vraiment dire beaucoup de choses
sur moi, alors j'en apprenais sur elle.
Elle et Tayco étaient jumeaux.
Et elle était photographe le jour...puis hackeuse la nuit.
— J'aime beaucoup prendre en photos des inconnus dans la rue,
surtout très tôt le matin, m'avoua-t-elle avec un petit sourire, leurs
visages rongés par le sommeil et la fatigue. La plupart sont grincheux,
mais la caféine les rend plus souriants, parfois.
Je hochai la tête en souriant, moi aussi je n'étais pas du matin.
Et la caféine m'aidait grandement à démarrer la journée.
Mon addiction.
Nous vîmes Kai revenir à la cuisine, il ouvrit les placards comme s'il
cherchait quelque chose et mon cœur rata un battement lorsque je le vis tirer
une arme.
Quoi ?
Neelam pouffa de rire en me regardant et lui dit :
— Ne fais pas peur à la couverture comme ça.
Kai me lança un regard et soupira en s'éloignant de la cuisine :
— Ne t'en fais pas pour elle, elle a vu pire.
Ah oui t'en sais quelque chose enfoiré.
Je le vis rabattre sa capuche sur sa tête et ouvrir davantage la fenêtre en
déclarant :
— Je sors.
Je le vis disparaitre de mon champ de vision en deux secondes, ne nous
laissant plus que nous deux...et Lisa qui était encore avec les enfants.
— J'imagine que tu es avec lui depuis quelque temps si tu as vu bien
pire, marmonna Neelam en me lançant un regard, va te changer et reviens,
sa chambre est au fond du couloir à gauche. Je serais au balcon.
Elle me pointa du doigt la fenêtre par où nous étions entrés et
j'acquiesçai.
Doucement, et d'un pas hésitant, je m'engouffrais à l'intérieur du couloir
sans lumière et entrai à l'intérieur de la chambre.
Il y avait un grand lit double, avec de vieux draps gris, et je remarquai
très vite quelques dessins déchirés collés aux murs.
Exactement le même genre qu'il avait sur les murs de sa chambre dans la
maison où j'étais retenue prisonnière.
Je vis un miroir près du placard, fissuré. Me rappelant du miroir de sa
chambre qu'il avait brisé aussi.
Et mon souffle se coupa lorsque je me tournai vers la porte que je venais
de fermer.
Complètement couverte par des draps.
Mes sourcils se froncèrent et je m'approchai une nouvelle fois, les bouts
de mes doigts se posèrent sur les draps, et je sentais que la porte était
abimée.
Je pouvais sentir des fissures, des trous sur cette dernière.
La chair de poule m'enveloppa. Et je reculai à l'entente de bruits à
l'extérieur.
Je me changeais rapidement et quittai la pièce, sentant une forte pression
m'étouffer.
Mes pas me dirigèrent vers la fenêtre ouverte et quittai l'appartement, je
vis Neelam assise sur un oreiller et elle me sourit en tapotant une un autre
oreiller près d'elle.
M'invitant à m'asseoir.
Il y avait une petite couverture à côté et je m'assis puis me couvris
comme elle.
Le froid était terrible ici, surtout en cette période de l'année.
Nous étions en novembre, ça, j'en étais sûr.
— Tiens, elle me tendit une clope et la remerciai avant de griller la
cigarette, tu fumes des joints ?
J'inhalai la nicotine et fermai les yeux en disant :
— Parfois, ça m'arrive.
Avec Cody.
Un petit sourire étira mes lèvres en me tournant vers la vue que m'offrait
le balcon de cet étage, on pouvait voir au loin de la lumière qui provenait
sûrement de la ville.
Je me demandais où était parti Kai.
Pourquoi avait-il pris une arme ?
D'ailleurs, j'avais vraiment l'impression qu'il connaissait cet appartement
comme sa poche.
Peut-être qu'il avait vécu ici pendant un temps.
— C'est calme aujourd'hui, murmura Neelam en regardant elle aussi la
ville au loin, d'habitude on a droit à des bagarres et des cris à droite à
gauche.
— Vous vivez ici depuis longtemps ?
Elle hocha la tête en crachant la fumée qui était dans ses poumons et
murmura :
— Depuis que j'ai 20 ans, ça fait 10 ans maintenant. Avant on vivait
dans un orphelinat jusqu'à nos 16 ans, et laisse-moi te dire qu'avoir son
propre appartement, c'est incroyable.
Un petit rire s'échappait de ses lèvres et je souriais, elle et Tayco étaient
dans un orphelinat.
— Comment vous avez fait pour quitter l'orphelinat ? L'interrogeai-je
curieusement.
Ce n'était pas facile aux États-Unis de quitter l'endroit sans l'accord des
parents ou du tribunal, surtout pas en étant mineur.
— On avait loué une chambre chez une famille de migrants qui n'en
avait rien à foutre des lois, me raconta-t-elle avec un petit sourire aux
lèvres, l'un payait et l'autre économisait pour pouvoir trouver notre
propre appartement, qui est celui-là.
Je hochai la tête en fumant, Neelam et Tayco avaient dû se
responsabiliser très jeunes.
— C'était l'une des moins chères, parce que le quartier est
dangereux. La famille qui vivait ici avant nous se plaignait des odeurs
de cannabis, mon voisin fait sa petite plantation en bas. Le bâtiment est
très sale, et on a très souvent des problèmes d'eau et d'électricité...
Je grimaçais.
— Mais c'était notre petit chez nous, à Tayco et moi...puis Kai et
Jacob sont arrivé, me confia Neelam en souriant, et ensuite Lisa.
Et ma curiosité fut piquée brutalement.
Ils se connaissaient depuis longtemps, maintenant j'en étais certaine.
Je savais que Kai n'avait pas beaucoup d'amis, du moins, ce n'était pas le
genre à fréquenter n'importe qui de bien.
— Ils vivaient ici ?
Neelam acquiesça.
— J'avais 21 ans, quand j'ai rencontré Kai. Il en avait 17 et Jacob 19,
ils avaient loué une chambre et comme on s'en foutait des lois
américaines, on les a hébergés, ria-t-elle en me confiant cette partie de
leur vie, Lisa était venue quelques mois après Kai et Jacob. Elle avait
16, c'était une rebelle qui avait fugué de notre ex-orphelinat, c'était ma
collègue, on bossait dans le même café.
Je hochai la tête, surprise par toutes ces choses qui constituaient leur
passé.
— Vous n'avez jamais eu de problèmes, avec les gens de ce quartier ?
Elle émit un petit rire dans un souffle et me dit :
— Non, on avait Kai. Il aimait beaucoup se battre.
Je vois que les choses ont toujours été comme ça.
— Et il était intelligent, il savait aussi négocier avec les mecs d'ici.
Parfois, il travaillait avec eux.
« Travaillait avec eux. »
Kai avait toujours baigné dans ce milieu, et ça depuis sa jeunesse.
— Comment tu l'as connu ? Me demanda-t-elle curieusement.
Mon cœur commençait à battre vite dans mon corps, et je me demandais
ce que je devais lui dire.
— Euh...je travaillais, dans un club...et il y était.
— Au Box ?
— Tu connais ? L'interrogeai-je écarquillant les yeux.
Elle me lança un regard et resta silencieuse pendant quelques secondes
avant de hocher la tête.
— Ouais je connais, souffla-t-elle en me regardant, c'était un habitué,
j'imagine.
Je hochai la tête. Et un sourire étira ses lèvres.
— Qu'est-ce que faisait une jeune fille innocente comme toi au Box ?
Me demanda-t-elle en souriant.
— C'était un...euh...un travail, en même temps que...les cours.
— Oh tu es à l'université ?
Enfin...j'étais.
Ma réponse fut de hocher la tête simplement, et nous entendîmes
quelqu'un venir au balcon.
C'était Lisa.
— Vous êtes là ! soupira-t-elle en s'asseyant par terre, t'as des feuilles ?
Neelam lui lança des feuilles à rouler et Lisa nous demanda :
— Il est où ?
— Il est parti depuis peut-être 20 minutes, répondit Neelam en
haussant les épaules, tu le connais, il ne dit jamais où il va.
Elle hocha la tête en roulant son joint, un petit soupir aux lèvres.
Après quelques minutes, Lisa grilla son joint et fumait silencieusement,
elle cracha sa fumée en se tournant vers la vue qu'offrait le balcon.
Le silence était étrange, apaisant et effrayant en même temps.
Les enfants dormaient, et les grands étaient dehors en train de se défoncer
sous une température de 2 ou 3 degrés.
Mon cœur sauta à l'instant où j'entendais des tirs lointains, et je me
tournais vers elles.
Elles qui semblaient ne pas être surprises ni dérangées.
— Tu t'y feras vite, souffla Neelam en fermant les yeux, je t'ai dit, c'est
pas l'endroit le plus sûr.
— Peut-être même que c'est mon amoureux, gloussa Lisa.
Un sourire faux étira mes lèvres, je sentais la jalousie jouer avec mon
indifférence.
Je me demandais quel genre de relation ils avaient.
— Arrête elle va penser que c'est vrai, ria Neelam en me regardant.
— C'est mon amour de jeunesse, me confia Lisa en souriant
malicieusement, j'étais très amoureuse de ce con...mais bon, je savais
que je n'avais aucune chance.
Neelam ria et hocha la tête en guise de confirmation, faisant sourire Lisa.
Son amour de jeunesse.
— Et sinon comment tu as connu Kai ? Me demanda Lisa
curieusement.
— Elle était serveuse au Box, répondit Neelam à ma place en se
tournant vers elle.
Lisa la regardait pendant quelques secondes et se tourna vers moi avant
de me sourire puis hocher la tête.
— Tu connais Jacob et Vernon alors ? Supposa la brune en fumant.
Je souriais et acquiesçai, et ma réponse élargit le sourire de Lisa.
Je savais qu'elle aimait beaucoup Jacob, en même temps c'était normal.
Qui n'aimait pas Jacob ?
— Y a de la place pour elle ? demanda Lisa en se tournant vers Neelam.
— Il a déposé ses affaires dans sa chambre, elle dormira avec lui.
Lisa écarquilla les yeux, comme abasourdis par la réponse que venait de
lui donner son amie, cette dernière haussa les épaules.
Lisa me lança un regard, encore dans l'incompréhension.
Ses sourcils se froncèrent et elle grilla son joint une nouvelle fois puis
demeura silencieuse pendant plusieurs minutes avant de demander :
— Genre il va la laisser dormir dans sa chambre ?
— La dernière fois, il avait déposé les affaires de Stella au salon, et
elle avait dormi au salon.
Stella était venue ici ?
— Je ne l'aime pas cette garce, toujours là à coller à Kai puis dire «
Ah non moi, je m'en fous de Kai », grosse menteuse, cracha la brune le
visage plein de dégoût.
— Arrête t'es juste jalouse, elle est gentille et drôle, défendit Neelam
cette blonde que je n'avais vue que très peu de fois, regardez...en parlant
du loup...
Je me tournai vers l'extérieur et remarquais une silhouette s'engouffrer à
l'intérieur du quartier, et je savais que c'était lui rien qu'avec sa démarche.
Même sous sa capuche, je savais que c'était Kai.
Nous l'entendîmes monter les marches en fer et Lisa esquissa un petit
sourire, je pouvais sentir son cœur battre d'ici.
Comme le mien.
Il se rapprochait et sa silhouette arriva dans mon champ de vision, son
regard croisa le mien et il fronça les sourcils.
— Qu'est-ce que vous faites dehors ?
— On fumait.
— Vous devriez rentrer, il fait froid.
Son regard n'avait pas quitté le mien, comme s'il attendait qu'on se lève.
Ce que nous fîmes la seconde qui suivit.
La chaleur de l'appartement me fit un bien fou, mais mon cœur tomba
près de mes pieds en voyant le visage de Kai.
Il avait du sang sur les lèvres et le nez ainsi que sur sa tempe et ses mains
étaient en sang.
Comme s'il s'était battu.
Il s'était sûrement battu.
— C'était toi les coups de feu ? L'interrogea Lisa en regardant son
visage.
— Sûrement, souffla-t-il en allant vers sa chambre, je reviens.
Je me demandais s'il allait nettoyer ses blessures, ou les laisser comme
elles étaient.
Comme le soir où il avait fait ce massacre à l'Organisation.
— Donne lui la boite à pharmacie, fit Lisa en regardant Neelam, au cas
où.
Neelam souffla et se tourna vers moi.
— Viens avec moi, je ne peux pas rentrer dans sa chambre.
Je hochai la tête, sentant le regard de Lisa sur moi.
Alors ici aussi Kai avait strictement interdit à tout le monde de rentrer
dans sa chambre.
...pourquoi avais-je le droit ?
Je ne me sentais pas proche de lui, comme eux l'étaient. Je ne comprenais
pas pourquoi il me laissait, mais pas les gens qui étaient dans sa vie depuis
bien plus longtemps que moi.
Mes pas suivirent Neelam et j'entrai dans la chambre de cette dernière,
elle me sourit et me tendit la boite en me disant :
— Je ne pense pas qu'il va l'utiliser, mais laisse-la-lui à proximité.
Je hochai la tête, elle aussi savait comme Vernon qu'il ne se soignait pas.
Me laissant supposer qu'il ne le faisait pas même lorsqu'il était plus
jeune.
Mes mains prirent la boite et je me dirigeai vers sa chambre au fond du
couloir, le cœur battant à la chamade.
Il avait l'air en colère tout à l'heure.
Je toquai contre la porte trois fois, mais n'entendis rien.
Alors je décidais d'ouvrir cette dernière, le cœur au bord des lèvres à
cause de la peur.
Mes sourcils se froncèrent en voyant une porte dans la chambre ouverte,
et je compris que c'était la salle de bain de l'appartement.
Il y avait accès depuis sa chambre.
— Kai ?
J'entendais l'eau s'arrêter alors que je m'approchais de la pièce, mon
souffle se rompit en le voyant son reflet dans le miroir.
Il avait des bleus partout sur le haut de son corps, ses bras, son torse, et
même son dos qui me faisait face.
Je grimaçais, et il me fusillait du regard à travers le miroir.
— Je vais bien.
— Tu saignes encore, lui rappelais-je en le fusillant du regard à mon
tour.
Je m'approchai, je savais qu'il n'allait pas se soigner. Je commençais à le
connaitre.
Il croisait les bras et s'adossa contre le mur près de la porte alors que je
déposai la boite près de l'évier.
— Je peux le faire tout seul, grogna-t-il en me regardant faire sortir des
compresses.
— Tu peux oui, mais tu ne vas pas le faire, soufflai-je en m'approchant
de lui, comment tu t'es fait ça ?
Il ne me répondit rien et d'un côté, je savais qu'il n'allait pas me donner
de réponse.
C'était du Kai tout craché.
J'imbibai la compresse d'eau oxygénée et commençais à nettoyer ses
blessures, il ne m'avait pas lâché des yeux, examinant mes moindres faits et
gestes.
Je restai silencieuse et m'appliquai à la tache, puis, lorsque je terminai,
mes yeux se posèrent sur les bleus qu'il avait sur son corps.
Et je grimaçais en les regardant.
Son torse tatoué en avait beaucoup, sur ses côtes, son ventre, sa taille.
Ça devait lui faire mal.
Mes doigts effleurèrent les hématomes près du haut de son torse que je
regardais sans un mot, son corps était crispé à cause de la douleur et son
souffle était irrégulier.
Son buste montait et descendait plus vite à cause de sa respiration
saccadée.
— Ça part avec des glaçons, murmura-t-il en regardant mes doigts
contre sa peau meurtrie, ou quelque chose de froid.
Je relevai la tête vers lui, et nos yeux se croisèrent une nouvelle fois,
faisant rompre doucement mes battements cardiaques comme à chaque fois.
Puis lentement.
Je posai ma main froide sur ses hématomes sur son épiderme.
Et ses lèvres s'entrouvrirent, laissant échapper un infime gémissement de
douleur.
— Je peux ramener des glaçons, murmurai-je alors que ma main
tremblait sur sa peau.
Je sentais que je lui faisais mal, je sentais son corps qui se tendait contre
mes doigts.
— Non...attends encore un peu.
Je hochai doucement la tête face à sa réponse et ma respiration se rompit
brutalement lorsque sa main se posa sur la mienne, la pressant sur sa peau.
Et je sentais son cœur battre à une vitesse folle.
Mes lèvres s'entrouvrirent et je relevai la tête vers lui, ses yeux
transpercèrent les miens instantanément et mon âme commençait à frémir à
l'intérieur de mon corps.
Je sentais que mes veines tremblaient doucement, englouties par une
vague d'émotions.
Comme si le temps ralentissait, sa main sur la mienne, ma peau contre la
sienne.
Nos yeux sur l'autre.
Ses battements cardiaques étaient rapides, fort.
Comme les miens.
Ses lèvres s'entrouvrirent et mon cœur commençait à battre de plus en
plus vite alors que je sentais son visage se rapprocher de moi.
Mais quelque chose d'autre heurtait mon esprit.
Et c'était son cœur qui tambourinait contre sa poitrine, que je sentais très
nettement contre ma main.
Putain de merde.
Nos souffles se mélangeaient, nos yeux dévoraient nos lèvres du regard.
La chair de poule se formait sur mon épiderme.
Des sensations palpables sur ma peau, me rappelant les quelques instants
au Box.
Et j'étais incapable de reculer.
Je ne voulais pas reculer.
Sauf que, d'un seul coup.
Cette bulle qui venait de se créer autour de nous explosa lorsque nous
entendîmes la deuxième porte de la salle de bains s'ouvrir.
Et Kai me repoussa brutalement.
— Oh ! Je dérange-
— Non, répondit rapidement Kai en quittant la salle de bains, tu peux y
aller.
Mon cœur battait encore à la chamade, et je posais mes mains sur l'évier
qui était derrière moi avant de très vite reprendre mes esprits.
Putain qu'est-ce qui vient de se passer ?
Lisa me lança un regard que j'évitais et bafouillais avant de sortir à mon
tour de la pièce.
Il m'avait repoussé.
Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux et partis en direction
du salon où il était avec Neelam.
Une poche de glace sur lui.
— Ne garde pas plus de 20 minutes, lui rappela Neelam en le regardant
passer cette poche de glace sur sa peau.
— Je sais, dit-il sans lever les yeux vers moi.
Je m'assis sur le pouf face au canapé où ils étaient et me sentais peu à peu
me perdre dans mes pensées.
Pourquoi il m'avait repoussé aussi brutalement ?
Il avait honte ?
Il voulait cacher à Lisa ?
Ma colère se frayait lentement sur mes veines, mais fut très vite rattrapée
par mon sang-froid, je m'en fichais, ça ne devait pas m'atteindre.
C'est un enfoiré.
Je l'avais aidé et il m'avait repoussé à l'instant où Lisa était rentrée. Fils
de pute.
Je ne m'en fichais pas.
Ça m'atteignait.
Pourquoi ça m'atteignait ?
Je le vis poser la poche de glace au sol, et sentis une présence derrière
moi.
Lisa s'assit sur le deuxième pouf à côté de moi, et je me tournais vers
elle.
Ses yeux noirs regardaient Kai qui venait de sortir une feuille à rouler.
— Comment tu t'es fait ça ? lui demanda-t-elle curieusement.
— C'est pas tes affaires, souffla le mercenaire en commençant à rouler
son joint.
Neelam alluma la télé et une émission qu'elle aimait beaucoup passait,
Lisa et elle commentaient les scènes tandis que je regardais l'écran en
sentant les yeux de Kai sur moi.
Regarde-moi bien imbécile, tu m'as repoussé.
Je ne voulais pas le regarder, je savais que j'étais en colère et je ne
voulais pas qu'il le voie.
Je ne voulais pas qu'il voit ça m'atteignait.
Mais son regard était plus fort, je n'arrivais pas à rester neutre.
Ok...peut-être qu'il ne te regarde pas.
Si ! je sens ses yeux là.
Vérifie.
Mon cœur qui battait fort dans ma poitrine depuis quelques secondes se
rompit soudainement lorsque je me tournai vers lui.
Ses yeux s'ancrèrent sur les miens et ne me lâchèrent pas une seule
seconde.
Tandis que sa langue passait lentement sur la feuille à rouler.
Laissant mon âme s'embraser et l'atmosphère devenir presque brûlante.
En un claquement de doigts.
Un sourire étira ses lèvres et je détournai le regard en sentant mon cœur
me lâcher face à ce qui venait de se passer.
Fils de pute.
— Vous devriez aller dormir tous les deux, fit Neelam en nous
regardant Kai et moi, vous avez fait beaucoup de route et une longue
soirée vous attend demain.
— Ouais...on va y aller, entendais-je Kai marmonner en sentant son
regard sur moi.
Et je déglutis.
_____________
Hey !
Omg j'ai posté sans prévenir personne.
SURPRISE ! Hi babies ! Mama is back !
We have A LOT to talk about !
Déjà déjà ! Maintenant vous connaissez Lisa ! Mais bref on s'en fout, LA
SALLE DE BAINS ????????? HELLOOOOOOOO ??????? LE MOMENT
OÙ IL ROULAIT ??????????
❤️
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram: sarahrivens
32. Chaotiquement réconfortant

(NDA pré-chapitre : distribution d'air 🌬🌬🌬🌬)


Iris
— Quoi t'a perdu ta langue ?
Tu vas perdre aussi tes neurones quand je vais te baffer gros clochard.
Nous étions dans la chambre depuis cinq minutes, il faisait vraiment très
froid ici.
C'était la seule chambre où il n'y avait pas de chauffage, et je grelottais
déjà.
Kai m'avait demandé si j'avais vu son téléphone et bien sûr que j'étais
restée muette, comme depuis qu'il m'avait repoussé.
Mon ego en avait pris un coup.
Je restais dos à lui, mes yeux près de la fenêtre en regardant le quartier.
Mais très vite, je sentais son corps près du mien.
— Tu fais la gueule ?
Sa voix grave murmura près de mon oreille et je sentais ma respiration se
saccader, mais je repris le contrôle de moi-même, ne voulant pas oublier ce
qu'il avait fait.
Il t'a repoussé reprends-toi, merde.
— Ou tu as peur de perdre ton contrôle...comme tout à l'heure...
Oh l'enfoiré.
Ma mâchoire se contracta brutalement et je me tournais pour lui faire
face, le fusillant du regard en voyant son sourire narquois étirer ses lèvres.
Une folle envie de le gifler ce con.
— Ne t'en fait pas pour moi, je n'ai rien perdu du tout.
— Ne fais pas comme si je ne te fais aucun effet, murmura-t-il en
examinant mon visage que je savais être rongé par la rage, tu mens très
mal.
J'émis une expression exaspérée, alors que mes battements cardiaques
s'accéléraient.
— Ne prends pas ton cas pour une généralité, tu n'as aucun effet sur
moi.
Son sourire ne le quittait pas, et il regardait mes lèvres avec insistance en
passant lentement le bout de sa langue sur sa bouche.
Sachant très bien pouvoir il avait sur moi.
Pense pas ça regarde, il ressemble à Hisoka.
Ma voix intérieure était ma façon de banaliser son geste, gardant ainsi
mon sang-froid.
— Vraiment ?
...Et merde.
Mon souffle se saccadait lentement alors que je sentais son corps devenir
de plus en plus proche du mien, et l'atmosphère autour de moi commençait
à s'alourdir.
Il coinça son joint entre ses lèvres, et je sentais le bout de ses doigts
entrer en contact avec le dos de ma main.
Alors que je demeurai impassible.
Ses doigts remontèrent lentement sur ma peau, je sentais mon épiderme
se recouvrir de chair de poule alors que ses doigts fins venaient caresser
mon avant-bras en montant doucement.
Nos regards ne se lâchaient plus, il fumait silencieusement et j'essayai de
garder une expression neutre.
Alors que je brûlais intérieurement face à son toucher.
— Tu mens très mal...ton cœur bat trop vite je peux l'entendre...
Et c'était la phrase qui me ramena vite à la réalité, son ton moqueur fit
chauffer mes nerfs.
Laisse-moi te montrer qui ment à qui Lakestone.
Je me rapprochai de lui, et ses doigts se figèrent instantanément sur ma
peau.
Un sourire mauvais étira mes lèvres, son souffle se mêla au mien et je
regardais son visage.
D'un air faussement innocent.
Le bout de mes doigts se posa sur son flanc et il se crispa face à mon
toucher, je savais qu'il n'était pas indifférent à mes doigts sur sa peau.
Je pouvais encore sentir le battement de son cœur sur la paume de ma
main.
— Comme ton mensonge à Lisa, je me trompe ?
Puis, un sourire étira ses lèvres, ses yeux brillèrent instantanément et il
murmura :
— Oh...tu es frustrée, princesse ?
Oui, je l'étais.
En vérité, j'étais en colère et terriblement frustrée.
Mais je n'allais pas être la seule.
Ça serait pas drôle sinon...on collabore, pas vrai ?
Ma main remontait doucement le long de son torse, et son corps se
raidissait un peu plus chaque seconde sous mon toucher.
Cette sensation de pouvoir sur lui m'arrachait un sourire.
Oh Lakestone...je vais te brûler.
Et son souffle se rompit soudainement lorsque ma main s'enroula
fermement autour de son cou.
Ses lèvres s'entrouvrirent et il fit tomber son joint au sol.
Laissant mon sourire s'élargir lentement.
J'inclinai ma tête sur le côté en fronçant les sourcils face à sa réaction,
d'un faussement interrogateur.
— Ton cœur bat trop vite, je peux l'entendre d'ici...,murmurai-je en
resserrant mes doigts autour de son cou tout en répétant sa phrase.
Sa respiration devint plus bruyante et saccadée, sans le lâcher du regard,
je défis mes doigts de sa gorge et descendais lentement pour récupérer le
joint au sol.
Ses yeux ne quittaient pas les miens et mes doigts se posèrent sur sa
cuisse pour garder un équilibre.
Mes doigts emprisonnèrent le joint et je remontai avec la même lenteur
qu'au départ, ma main sur sa cuisse remontait avec moi et je sentais sa
respiration devenir beaucoup trop irrégulière.
Faisant booster mon ego.
— Tu as fait tomber ça...
Je lui montrai le joint entre mes doigts et l'apportai près de mes lèvres,
tirai une latte en le fixant.
Il me dévorait du regard, ouvertement.
Comme au Box.
Mais je ne devais pas lui montrer que j'étais exactement comme lui à ce
moment précis.
Essayant de garder mon sourire narquois et ma dominance.
Je crachai la fumée sur le côté, effleurant son visage alors qu'il attendait
sûrement que je souffle sur sa bouche.
Oh que non...
Mon visage se rapprochait encore du sien, je pouvais sentir la chaleur de
son corps près de la mienne, et mon ventre se tordait dans tous les sens
alors que j'effleurai mes lèvres aux siennes.
Reculant lorsqu'il s'avançait.
Le frustrant comme il m'avait frustré.
— Tu seras autant frustré que moi, Lakestone.
Et puis, je le repoussai.
De la même manière que lui, un petit sourire victorieux aux lèvres.
Meurs, imbécile.
— On est quitte maintenant, terminai-je alors qu'il me regardait encore
complètement perdu par ce que je venais de faire.
Je passais à côté de lui, mais très vite, sa main s'enroula autour de mon
poignet et il remonta mes doigts près de ses lèvres.
Mon souffle se rompit en le voyant fumer une nouvelle latte de son joint
encore entre mes doigts sans me lâcher du regard.
Puis.
Ses doigts prirent brutalement mon visage en coupe et me rapprochèrent
ma tête de la sienne, laissant mon cœur rater un battement.
Ses yeux brûlaient sur ma peau, et il m'ordonna fermement dans un
souffle :
— Ouvre la bouche, Iris.
Ses doigts se pressèrent davantage sur mes joues, me forçant à ouvrir la
bouche et il souffla sa fumée à l'intérieur de cette dernière.
Et je sentais mon âme trembler.
— Prends le comme tu veux, murmura-t-il en regardant mon visage
avant de passer lentement sa langue sur ses lèvres.
Il me relâcha et s'éloigna de moi en disant :
— Je vais prendre une douche.
Mon cœur battait à la chamade, et un sourire étira mes lèvres à l'entente
de sa phrase.
Mon corps tremblait encore face à ce qui venait de se passer et des
frissons se déchargeaient sur mes membres.
Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux, ce mec me faisait
faire des choses que je ne faisais pas en temps normal.
Je n'étais pas joueuse, je n'étais pas audacieuse.
Je ne flattais pas mon ego comme ça.
Mais avec lui...il y avait cette chose dérangeante et malsaine qui
m'apportait de la satisfaction.
Depuis que je le connaissais, il y avait cette attraction.
Cette envie folle de lui montrer que je pouvais jouer au même jeu que lui.
Et lui tout autant.
La relation qu'on avait était tout sauf normale, je le détestais, j'avais envie
de le tuer, je voulais rester loin de lui.
Mais à l'instant où il était près de moi, sa présence me rendait faible.
Et je combattais pour ne pas le montrer.
Ce jeu auquel on jouait n'était pas normal, ce n'était pas normal de faire
ça.
Et pourtant, on le faisait tous les deux.
C'était malsain.
Mais terriblement addictif.
Peut-être que c'était mes hormones qui parlaient, peut-être que c'était tout
simplement cette même attirance qui prenait le dessus à chaque fois.
Peut-être que c'était ma façon de flatter mon ego parce qu'il l'avait détruit
en me repoussant.
Je flirtais avec le diable, et j'aimais ça.
Depuis le commencement.
— Putain...
Je savais que ce jeu n'allait pas s'arrêter, sauf si l'un de nous allait le faire.
Et je savais que ni lui ni moi n'allions le faire, pour l'instant.
On se rendait jaloux, on jouait avec les nerfs de l'autre.
On se cherchait.
Pour flatter notre ego et montrer à l'autre qu'il était faible.
Je me laissais tomber sur le lit, ma tête se secoua de gauche à droite en
laissant mon cerveau se remplir de pensées par rapport à lui, par rapport à
nous.
C'était un mercenaire.
Il m'avait kidnappé.
Il était monstrueux.
Dangereux.
J'avais fait le choix de rester auprès de lui pour ma protection.
Et je jouais avec lui.
Je jouais avec un mec qui tuait des gens sans raison valable, justifiée. Kai
Lakestone.
Kai Lakestone. Kai Lakestone.
Kai Lakestone.
Kai Lakestone.
Kai Lakestone. Kai Lakestone.
Kai Lakestone.
Kai Lakestone.
Kai Lakestone. Kai Lakestone.
Kai Lakestone.
Kai Lakestone.
Il hantait mes pensées, terrifiait mon innocence et mon humanité, rendait
dingue mon corps...réchauffait mon cœur.
C'était toxique, chaotique.
Cette tension qui s'abritait dans mon corps à chaque fois que ses yeux
glacials se posaient sur moi était ingérable.
Intense.
Mais je n'arrivais pas à l'arrêter.
Un frisson s'empara de mes membres et je me couvris, quelques minutes
plus tard, je vis Kai sortir de la salle de bains.
Enroulé d'une simple serviette autour de ses hanches.
Il grilla une clope et me lança un regard, je sentais son gel douche d'ici.
— Enlève tes lentilles avant de dormir, me dit-il d'un ton neutre en
s'approchant de la fenêtre.
Je le vis tirer les rideaux, nous plongeant dans l'obscurité complète.
Merci...
Je me levai du matelas et cherchais mes affaires dans mon sac, puis me
dirigeai vers la salle de bains qui sentait fort le gel de douche de Kai.
Je fermai la porte et verrouillai la deuxième pour que personne ne rentre,
le miroir n'avait pas de buée.
Et je compris qu'il avait pris une douche froide.
Un sourire narquois étira mes lèvres et j'enlevai mes lentilles, sentant
mon cœur battre à vive allure en écoutant ses pas se rapprocher de la salle
de bains, la peur que Kai n'entre dans la pièce me força à éteindre la
lumière.
Dans le noir, je me brossais les dents et j'entendis :
— Je ne vais pas rentrer Iris, tu peux rallumer la lumière.
Un souffle de soulagement s'échappait de mes lèvres et je rallumai la
lumière en terminant, je me regardais une nouvelle fois dans le miroir.
Une grimace de dégoût s'affichait sur mes lèvres en regardant mes yeux,
ils me donnaient envie de vomir.
Tout mon visage me donnait envie de vomir.
J'étais ravagé par la fatigue, mes cernes étaient effrayants, j'avais perdu
des kilos je le savais, j'avais l'air d'un squelette.
Ma peau était sèche et mes lèvres gercées, mes cheveux étaient terribles
et avaient des nœuds, mon corps était pâle et j'avais encore les traces de
mon anxiété sur ma peau.
Rien ne pouvait dépasser le dégoût que j'avais pour moi-même.
Je levais les bras, examinais ma peau qui contenait des bleus et autres
égratignures, grimaçant.
« Tu es horrible, Simones »
Je suis horrible.
« Tu es trop maigre, Iris »
Je suis trop maigre.
« Tu es trop moche »
Je suis trop moche.
Ma gorge se noua, je regardais mes yeux, les deux couleurs me
répugnaient.
Comme ils répugnaient les autres.
C'était tellement hypocrite.
Me dire qu'ils les aiment alors qu'ils m'avaient fait les détester.
Je détestais tout chez moi, je me sentais trop maigre à cause de certains,
trop grosse à cause d'autres.
Le pouvoir des mots me rongeait de l'intérieur.
Je me détestais à cause d'eux.
— Tu es morte ?
Un souffle s'échappait de mes lèvres, pourquoi lui était attiré par moi ?
— Non.
Qu'est-ce qu'il me trouvait ?
Jessy, Stella et Lisa étaient bien plus jolies, bien plus bonnes, elles
avaient de jolis yeux et elles étaient prêtes à tout pour être avec lui.
Pourquoi il s'intéressait à moi ?
À mon physique ?
Alors que je rêvais d'avoir le leur ?
Je posais ma main sur mon ventre, et pinçais mon épiderme comme si je
voulais couper une partie avec des ciseaux.
Mon poing se serra, et je secouai la tête rapidement, revenant à la réalité
et me détacher de la prison du miroir.
Je me tournais et éteignis la lumière avant de sortir de la salle de bains.
Puis m'approchais du matelas qui, je pus voir de plus près était vide.
Un bruit me fit tourner la tête et je vis la silhouette de Kai près de la
porte, dos à moi.
Je vis sa main se poser sur le drap qui recouvrait la porte alors que je
m'allongeais sur le matelas.
Un frisson s'empara de mes membres à cause du froid et je lui demandai :
— Pourquoi il y a un drap dessus ?
Il ne me répondit rien et je l'entendis expirer bruyamment, et là j'entendis
la porte se verrouiller.
Puis je vis la silhouette de Kai marcher dans l'obscurité.
Mon cœur battait à vive allure alors qu'il s'avançait et contourna lit.
Avant de s'allonger près de moi.
Le lit n'était pas assez grand pour nous deux, nos bras se touchaient et
mon cœur palpitait davantage.
Le peu de fois où j'avais dormi dans le même lit que lui, nos corps ne
s'étaient pas touché.
Mais cette fois, nous étions presque collés.
— T'as pas répondu à ma question, remarquai-je alors que je le vis
prendre son téléphone.
— Venant d'une fille qui n'a jamais répondu à mes questions sur ses
yeux, je trouve ça très culotté.
Mes sourcils se froncèrent et je secouai la tête.
C'était toujours du donnant-donnant avec lui.
Je me tournais, me mettant dos à lui et fermai les yeux, même si
intérieurement, la curiosité me rongeait.
Pendant plusieurs minutes, seul le silence emplissait la pièce glaciale, je
l'entendais pianoter sur son téléphone et ce bruit m'apaisait.
Savoir qu'il ne dormait pas me faisait me sentir moins seule.
— Je dois m'inquiéter avec tous ses appels ?
— On pensait que Rufus était mort putain ! entendais-je la voix de
Jacob s'exclamer au téléphone, ce con a sauté de sa cage et n'a pas bougé
!
Un petit sourire étira mes lèvres en entendant Jacob, Rufus était
suicidaire.
Les hamsters se figeaient lorsqu'ils avaient peur.
Et Rufus m'avait déjà fait le coup.
— Et il va comment maintenant ?
— Il mange, j'ai failli faire un arrêt cardiaque, grommela Jacob,
Mason est passé tout à l'heure, il te cherchait.
— Dis-lui que je suis mort quelque part dans une forêt, souffla Kai
d'un froid et las, qu'est-ce qu'il voulait ?
— J'en sais rien, je ne voulais pas lui parler.
Kai émit un petit rire dans un souffle et l'informa simplement :
— Tu manques à Lisa et Neelam.
— Ohhhh Neelam ! Moi c'est Iris qui me manque.
Mon cœur se réchauffait à l'entente de ses paroles. Ce mec était adorable.
Le contraste entre ce qu'il faisait et qui il était vraiment me rendait
terriblement perplexe.
Un peu comme le changement de comportement du mercenaire allongé à
côté de moi.
— Arrête de crier, elle dort là, je crois.
— Vous dormez ensemble...petit coquin, lâcha Jacob d'un ton
malicieux, tu vas lui chanter Put your legs on my shouuuuulderrrrs, hold
me in your thightsssss...babyyyyy, squeeze me oh so tight-
Son remix de Put Your Head On My Shoulders de Paul Anka m'arracha
un petit rire qui me trahit et je l'entendis dire :
— Ferme-là, grogna Kai en le coupant, va dormir.
Et il coupa sans lui laisser le temps de parler, alors que je me tournais
vers lui.
Confiante grâce à l'obscurité.
— Tu ne dormais pas.
— J'allais le faire, mais Jacob m'a réveillé, soufflai-je avant de faire
face au plafond, Rufus a l'habitude de faire des sauts, la peur fige des
hamsters.
— Ah bon ? me demanda-t-il soudainement plus intéressé, la peur ne
les tue pas ?
— Si, enfin ça dépend, les hamsters sont fragiles.
Et j'en savais quelque chose, je connaissais une fille qui avait tué son
hamster parce qu'elle avait éternué.
Aucun effort pour vivre ces rongeurs.
— Un peu comme toi, murmura Kai dans un souffle.
— Ta définition de fragile et la mienne sont complètement
différentes, marmonnai-je en guise de réponse, je ne me sens pas fragile.
— Mais pour moi, tu l'es.
— Pourquoi ? Parce que je ne supporte pas de voir des gens mourir
sous mes yeux ?
— Ne le prends pas mal...je ne dis pas ça d'une façon mauvaise,
l'entendis-je soupirer avant d'éteindre son téléphone et faire face au plafond
comme moi, je dis juste que tu es fragile, tes réactions me l'ont montré.
Tu es fragile pour moi.
— Je ne comprends pas comment toi tu peux être aussi indifférent à
tout ça, soufflai-je à mon tour, comme si ça ne te dérange pas de tuer des
gens, et de torturer d'autres, sans aucun regret.
— Parce que je suis monstrueux, même toi tu l'as dit alors pourquoi
ça t'étonne.
Mon souffle se rompit, me rappelant de ces paroles que j'avais
prononcées et qui résidaient encore dans son esprit.
Le pouvoir des mots.
— Tu es fragile pour moi, et je suis monstrueux pour toi.
Sa phrase me heurta violemment, me rappelant à quel point nous étions
différents.
Même si on se cherchait, même si nous avions une relation
chaotiquement malsaine et attractive.
Nous étions différents.
Nos réalités étaient complètement opposées de l'autre.
— Je suis fragile pour toi parce que je ne supporte pas de voir des
cadavres et des morts à répétions, alors que je n'ai jamais vu tout ça
avant de t'avoir rencontré.
Et c'était vrai.
La seule fois où j'avais vu un cadavre sans vie c'était cette fois où nous
avions trouvé cette fille qui était morte d'overdose.
Overdose.
Mes sourcils se froncèrent, et un souvenir me revint en mémoire.
Et comme si d'un coup, tout se fit plus clair dans ma tête.
Me figeant instantanément.
— Je suis monstrueux pour toi parce que je tue des gens et torture
des personnes, alors que je n'ai jamais vu autre chose que ça avant de
t'avoir rencontré.
Mon cœur rata un battement à l'entente de sa voix.
« Je n'ai jamais vu autre chose que ça avant de t'avoir rencontré »
— Je ne savais pas que ça pouvait toucher...le fait de voir un corps,
commença sa voix fatiguée d'un ton bas, je n'ai pas été entouré de
personnes comme toi...tu es la première.
— Tu n'as jamais vu une personne se figer parce que t'as tué
quelqu'un ?
— Non, jamais. Toutes les personnes que je fréquente ne sont pas
comme toi.
Fragile...humain.
Ne s'entourer que de personnes indifférentes à la mort et la violence
rendait alors absurde l'humanité et la fragilité.
C'était terrifiant.
— Je peux te poser une question ? Me demanda-t-il doucement.
—Mhm.
— C'est la première fois que tu vois des cadavres ?
Ma gorge se noua face au ton de sa voix, il était sincèrement en train de
me poser la question.
Je ne savais pas comment être avec lui, ce genre de questions ne devaient
même pas se poser.
Mais il le faisait.
Parce qu'il ne savait tout simplement pas que ce n'était pas normal.
De voir des cadavres.
— La première fois, j'étais déchiré dans une salle de bains...dans une
baignoire, et j'avais entendu quelqu'un crier à l'aide, une fille était
morte d'overdose à côté de moi, lui racontai-je en me rappelant de ce jour-
là comme si c'était hier, ça m'avait marqué, de voir son corps sans vie
près de moi. On avait appelé la police, et l'ambulance est arrivée par la
suite. Je n'avais jamais vu de corps après ça...enfin, pas après ce soir.
— Quel soir ?
— Le soir où je t'ai vu à la fête, me rappelai-je en faisant ressortir ce
souvenir, c'était toi qui l'as tué, pas vrai ? Jack ?
C'était ça qui m'avait figé, j'étais sûr que c'était lui. J'étais sûr que c'était
lui qui l'avait tué.
— Ouais.
Un frisson s'empara de mes membres face à sa réponse indifférente, ce
soir-là, nous avions vu le tueur de Jack.
Ce soir-là, j'avais vu mon ravisseur.
Mon kidnappeur.
Kai...Lakestone.
— Pourquoi tu as fait comme si moi et Cody n'étions pas à l'intérieur
? L'interrogeai-je en me rappelant de comment il avait agi.
J'avais douté de ma propre présence.
— Je ne voulais pas vous tuer, marmonna-t-il simplement, et je voulais
sortir vite.
Un autre frisson se déchargea le long de ma colonne vertébrale, et je
hochai la tête en guise de réponse.
Même si je ne comprenais pas vraiment la sienne.
— Et toi ? L'interrogeai-je après quelques minutes silencieuses.
— Quoi moi ?
— C'est quand la première fois que tu as vu un cadavre ? détaillai-je
ma question.
Et un silence terrifiant s'installa ensuite, laissant mon cœur battre plus
vite et mon ventre se tordre.
J'avais peur de sa réponse.
Mais en même temps, j'étais curieuse.
À quel moment de sa vie il avait vu son premier cadavre.
— Trois ans.
Et ma respiration se rompit soudainement à l'entente de sa réponse,
comme si tous mes membres venaient de se figer.
Il n'avait que trois ans.
Trois ans.
— Tu le connaissais ? Osai-je lui demander avant de déglutir.
— Non, me répondit-il d'un ton bas, non je ne savais pas qui c'était...il
était mort, noyé.
« J'ai peur...de me noyer...dans l'eau »
Je me rappelais de ce jour où il m'avait dit qu'il avait la phobie de l'eau, la
phobie de se noyer.
C'était sûrement à cause ça.
Putain...
— J'étais...je jouais, près d'un lac...et...il y avait un cadavre qui
flottait.
Ma main se porta sur ma bouche, c'était horrible de voir ça.
Il n'avait que trois ans.
— C'était la première fois, murmura-t-il.
— Je suis tellement désolé, murmurai-je à mon tour, ça devait être
horrible...
— Peut-être.
Il paraissait tellement...détaché.
Sans émotions.
— Mais où étaient tes parents ? lui demandai-je doucement.
Ce n'était pas normal qu'un enfant de trois ans soit près d'un lac, tout seul.
Sans aucune surveillance à côté de lui.
Un petit rire cynique s'échappait de ses lèvres et je déglutis, je n'aimais
pas ce rire.
Mon souffle s'accéléra, peur de ce qu'il allait me dire, peur de sa réaction
face à ma question.
Peut-être que le sujet de ses parents était délicat.
— Chez eux, murmura Kai après plusieurs minutes silencieuses, ils
étaient chez eux. Et moi j'étais dehors, je passais le temps parce que, il
n'y avait rien d'autre à faire en attendant.
— En attendant quoi ?
— Que le soleil se lève.
Je me glaçais dès la fin de sa phrase.
J'avais peur de ce que j'avais compris.
« Que le soleil se lève »
— C'était la première fois que j'avais vu un cadavre.
Je déglutis face à son air détaché, froid, impassible. Comme s'il était
complètement déconnecté de ses émotions.
— Ensuite je suis revenu, et j'ai attendu, me raconta-t-il toujours d'un
ton détaché mais très vite il commençait à bégayer, quand...quand
mon...père...quand il s'est réveillé, je lui ai dit...et il est parti vérifié,
parce qu'il me prenait pour un menteur, tout le temps. Mais je ne
mentais pas, il avait rejeté la faute sur moi.
Son père avait rejeté la faute sur lui ?
Quel faute ?
— Il disait que c'était de ma faute, que j'avais tué ce mec...mais je lui
ai dit que je n'avais rien fait, je ne comprends pas pourquoi il ne me
croyait pas, pourquoi il pensait que je mentais.
— Tu avais trois ans, Kai. C'est impossible que tu tues quelqu'un,
tentai-je de le rassurer en le sentant encore perdu face à ce souvenir.
Puis un silence s'en suivit.
Et pendant plusieurs secondes, il ne dit rien.
Et là.
— ...T'es sûr ?
Je frémis violemment à l'entente de sa petite voix.
Oh non.
Il pensait qu'il avait tué cet homme.
Il le pensait vraiment.
— C'est impossible Kai, c'est impossible de tuer une grande personne
à un âge aussi jeune, murmurai-je doucement.
Sous la couverture, nos doigts se touchèrent et je le sentais trembler. Ce
qui me fit grimacer.
Je ne voulais pas lui rappeler ce genre de souvenirs.
Son père...
Comment pouvait-on accuser son fils d'avoir tué quelqu'un ? À un âge
aussi jeune ?
De le laisser dehors ?
— Tu ne l'as pas tué, murmurai-je en laissant doucement ma main se
rapprocher de la sienne, tu l'as juste trouvé...tu n'es pas celui qui l'a tué.
Je voulais me tourner vers lui, mais j'avais trop peur.
Peur qu'il voie mes yeux.
Alors tout ce que je fis, était de poser ma main sur la sienne qui tremblait
doucement. J'avais de la peine.
J'avais une immense peine pour lui à ce moment précis.
Et je savais que ce n'était rien, comparé à tout ce qu'il avait vécu.
Son passé me terrifiait, comme si je ne me sentais pas prête à l'entendre.
Mon cœur palpita lorsque j'entrelaçai mes doigts aux siens, et je le sentis
se crisper près de moi.
Lentement, je laissais mon doigt caresser le sien. Tentant que le rassurer
comme je le pouvais et le calmer a cause de ses tremblements.
Mais il n'avait pas bougé, son corps était encore gelé et son silence était
pesant.
Je savais qu'il réfléchissait.
Puis, après plusieurs minutes, j'entendis sa voix à nouveau :
— Le drap sur la porte c'est pour cacher aux enfants toutes les
merdes que j'ai faites, murmura-t-il d'une petite voix.
Il avait répondu à ma question de toute à l'heure.
Je savais que la porte était abimée, je l'avais senti quand je l'avais touché
à travers le tissu.
Et à présent, je connaissais l'architecte.
Un souffle s'échappait de mes lèvres et je fermai les yeux.
Mon cœur tambourinait dans ma poitrine et je murmurai :
— Les enfants se moquaient de moi à l'école...à cause de mes yeux.
Ils étaient méchants et j'étais trop peureuse pour me défendre, parfois
ils étaient violents avec moi. Ils lançaient des trousses dessus, ou
n'importe quel objet.
Ma gorge se nouait alors que je ressortais les démons de mon passé qui
résidaient encore dans mon esprit.
Je savais qu'il voulait savoir, il me l'avait fait comprendre.
Peut-être était-ce la fatigue qui me faisait me rendre vulnérable, ou le fait
d'avoir appris quelque chose de son passé.
Mais je voulais partager ça avec lui.
— Et ça a duré pendant des années, je n'avais pas beaucoup d'amis à
cause de ça, tout le monde avait peur de moi, que mes yeux soient
contagieux, certains avaient honte de trainer avec moi, lâchai-je en me
rappelant de toutes ces personnes qui m'avaient laissé, et puis une fois, en
fin de journée...j'étais parti prendre mes affaires, les couloirs étaient
vides.
Ma respiration se saccada, la panique m'abritait lentement et je
commençais à trembler en me rappelant de chaque seconde de ce jour.
Je tremblais déjà a cause du froid de la pièce, et ce souvenir n'arrangeait
rien.
— J'attendais un garçon qui me plaisait, au collège...Jordan
Wyatt..mais il n'était pas venu, du moins il était venu en retard, mais
pas seul...et tout est allé très vite.
À ce moment précis, Kai tira timidement sur ma main et me rapprocha de
son corps.
Q...quoi ?
Et une explosion d'émotions vint se déferler à l'intérieur de mes veines en
sentant qu'il voulait se coller contre mon corps.
Ne m'attendant pas à ça de sa part.
Il veut me prendre dans ses bras ?
Je me laissais faire par son geste et je sentais doucement ses bras
s'enrouler autour de ma taille, augmentant mon rythme cardiaque si fort que
je pensais qu'il allait exploser dans mon corps.
Oh putain.
Il sentit que je ne bougeais pas, encore sous le choc par son étreinte et
très vite, se défit en bégayant dans un murmure :
— Tu euh...t...tremblais...beaucoup...enfin-
— Non reviens, le coupai-je rapidement, reviens...s'il te plait.
Mon cœur battait à la chamade, et j'enroulais mes bras autour des siens
pour lui faire comprendre que je voulais moi aussi.
Son corps se crispa, mais il remit doucement ses bras autour de ma taille.
Tous deux hésitant par ce qu'on était en train de faire.
Qu'est-ce qui se passe là ?
Mon rythme cardiaque ne voulait pas se calmer au fur et à mesure que je
sentais sa peau près de la mienne, sa chaleur autour de mon corps.
— Je ne sais si...c'est ce qu'il....faut faire, l'entendai-je m'avouer d'une
faible voix, mais c'est ce que...enfin...euh...Jacob m'a dit qu'il faut faire
ça.
Mon cœur fondait intérieurement en le voyant suivre les conseils de son
ami, n'ayant aucune idée de ce qu'il fallait faire de son propre chef.
Je sentais son menton sur le haut de mon crâne, ses bras autour de mon
corps.
Comme s'il voulait me protéger de mes souvenirs.
Un souffle s'échappait de mes lèvres et je continuai :
— Et...ils étaient quatre, trois garçons et une fille...elle filmait, me
rappelai-je de tout ce moment, ils m'avaient poussé, par terre et comme
j'étais maigre...enfin je le suis toujours, je ne faisais pas le poids...et
celui qui était sur moi m'avait tiré les cheveux, je criais, mais on me
tenait mes mains pour que je ne bouge pas.
Je sentais ma gorge se nouer davantage et mon corps tremblait de terreur.
Puis très vite, je sentais Kai resserrer son étreinte autour de moi.
Restant silencieux.
— Et...ils avaient ramené une...cuillère, murmurai-je en sentant ma vue
s'embuer.
Un sanglot s'étouffa entre mes lèvres et mon estomac se retournait alors
qu'un frisson se déchargea sur mes membres.
Je fermai les yeux, la sensation me revenait et j'avais une folle envie de
vomir.
Ma tête se pressa au creux de son cou.
Comme si je voulais rester loin de ce souvenir que je faisais sortir.
— Ils voulaient m'enlever mes yeux, avec la cuillère.
Je le sentais resserrer davantage son étreinte, me pressant contre son
corps alors que mes larmes commençaient à couler sur sa peau.
Mais je le sentis chercher ma main, et il entrelaça nos doigts avant de
laisser son pouce caresser mon index.
Comme lorsque je l'avais fait pour le rassurer lorsque je le soignais.
Comme si c'était tout ce qu'il savait faire.
Mes souvenirs traumatiques étaient intacts, je pouvais me rappeler de
cette scène encore et encore, je pouvais encore tout ressentir, leurs rires, le
flash du téléphone qui filmait, les gifles que je me prenais pour me ne plus
bouger.
Leurs mains sur mes poignets et le corps de ce mec sur moi.
Je pouvais les entendre se marrer alors que je crevais de panique.
— Certains de ton monde sont plus monstrueux que ceux dans le
mien, murmura Kai en caressant timidement mes doigts avec son pouce.
Cette phrase, il me l'avait dite la nuit dernière.
Et je comprenais son sens.
— Je ne ferais jamais du mal à tes yeux, je te le promets.
La sincérité dans sa voix me fit pleurer davantage. C'était ma peur, qu'on
fasse du mal à mes yeux.
Ça me terrifiait.
J'avais tellement peur de montrer mes yeux à cause de ça, de peur de
revivre ce que j'avais vécu.
— Je ne sais pas réconforter, m'avoua-t-il dans un souffle, mais si ça
peut t'aider...quand j'étais jeune, je me faisais harceler aussi à
l'école...parce que je-...je bégayais beaucoup.
Il essayait de me faire sentir moins seule.
Pour m'aider.
— On se moquait beaucoup de moi aussi, me confia Kai dans un
murmure, enfin au primaire.
— Je ne pensais pas que tu bégayais, murmurai-je encore au creux de
son cou.
Il y avait des fois où il bégayait, mais je pouvais les compter du bout des
doigts tellement c'était rare.
Je ne pensais pas qu'il bégayait beaucoup lorsqu'il était jeune.
— Ça ne m'arrive pas tout le temps maintenant, c'est vrai...mais
voilà, moi aussi je me faisais harceler...Jacob m'a dit que c'est
réconfortant quand on est pas seul à avoir vécu un truc alors...
Tout ce que je comprenais là, c'était qu'il voulait me réconforter.
— Oui...c'est réconfortant, confirmai-je en sentant encore son pouce
caresser mes doigts, c'est triste...mais réconfortant. Tu bégayes encore
des fois ?
— Oui, quand je suis stressé ? Ou nerveux...je crois, enfin c'est ce
que Jacob a conclu.
Il ne savait toujours pas ce qu'il ressentait.
C'était Jacob qui l'aidait.
— Toi et Jacob vous êtes amis depuis longtemps, n'est-ce pas ?
Il souffla un petit « oui » près de mes cheveux et murmura :
— C'est ma famille...c'est mon frère.
Je hochai la tête, je savais qu'ils avaient un lien très fort. Je me
demandais tout ce qui s'était passé dans leur vie, pour que ça soit ainsi entre
les deux.
— Mais il est de très mauvais conseil...pour draguer.
Je me figeai.
— C'était lui ?! m'exclamai-je en souriant.
— Ouais, et c'était très nul. Tu ne m'as pas appelé, ça n'avait pas
marché.
« Je m'appelle Kai...mais tu peux m'appeler ce soir »
Un rire moqueur s'échappait de mes lèvres et il grogna :
— Arrête de rire.
— Désolé, riais-je en imaginant Kai aller demander des disquettes chez
Jacob.
Je le sentais secouer la tête d'exaspération et mon rire se calma, puis un
silence s'en suivit.
Et je murmurai laissant son odeur s'enregistrer dans mon cerveau :
— Comment tu peux être aussi doux...mais tout aussi...violent...
Il ne répondit rien.
Et je n'attendais pas sa réponse, parce que ce n'était pas une question.
Je n'arrivais toujours pas à le comprendre.
Comment cette même personne qui tentait comme elle le pouvait de me
réconforter...pouvait tuer de sang froid et me menacer naturellement avec
une arme.
Comment pouvait-il être les deux pôles ?
Je le savais, il était détruit.
Complètement en miette.
Kai...
Je me collais un peu plus contre lui, la chaleur de son corps me
réconfortait, son odeur me réconfortait.
Et nous voilà, dans les bras de l'autre, se protégeant de nos tourments et
essayant de réconforter l'autre comme des enfants.
Des enfants qui n'avaient grandit que trop tôt.
Trop mal.
Sans réconfort.
Le silence autour de nous était apaisant. Alors que d'habitude, on avait
peur du silence a cause de nos pensées.
Pour une fois, le silence était paisible.
Un silence qu'aucun de nous ne voulait faire disparaitre.
C'était doux.
Délicat.
Nos respirations étaient régulières, calmes.
Alors que peut-être une heure plus tôt, elles étaient agitées, bruyantes.
C'était complètement irrationnel, cette attraction qu'on avait, celle de
protéger l'autre. De le rassurer.
Et pourtant, c'était exactement ce qu'on faisait.
Complètement chaotique.
Pour l'instant.
Pour cette nuit.
Je ne voulais plus y penser.
Tout ce qui m'importait, c'était ce sentiment réconfortant.
Ce sentiment que nous ne ressentions pas en temps normal à cause de
tout ce qui se passait autour de nous.
Et ça depuis bien trop longtemps.
Pour la première auprès de lui je me sentais...En sécurité.
Toute cette bulle qui se formait autour de nous, même avec nos démons
et la relation qu'on avait.
C'était...chaotiquement réconfortant.
°°°°
Le lendemain. 21 heures. Cleveland.
— Je ne pensais pas que tu allais être si rapide pour mettre des
lentilles, moi je prends une éternité ! Dit la voix de Lisa en regardant
Neelam arranger ma coupe une dernière fois.
Un sourire étira mes lèvres alors que je sentais mon cœur battre vite.
Si elle savait.
— Voilà, tu es prête ! s'exclama Neelam en ajustant ma perruque
tellement bien faite que pendant une seconde je pensais que j'avais vraiment
les cheveux comme ça
Une coupe carrée, noire.
Je portais des lentilles aussi noires de ma perruque et mon maquillage a
été fait par Lisa.
Kai était sorti toute la journée, en me réveillant, je ne l'avais pas trouvé.
Je savais qu'il n'avait pas dormi de la nuit, du moins, je savais qu'il avait
très mal dormi.
Il s'était réveillé en sursaut, et ça m'avait réveillé.
Puis il ne s'était pas rendormi, tandis que moi, je n'osais pas lui demander
ce qu'il avait.
Et nous n'avions pas parlé de ce qui s'était passé la veille, aucune
occasion ne s'était présentée.
Comme si ce sentiment de vulnérabilité s'était retourné contre moi,
j'avais la boule au ventre et je me détestais de lui avoir confessé tout ça.
D'avoir voulu être dans ses bras.
Il va utiliser mon passé contre moi.
Il va s'en prendre à mes yeux.
Et me voilà, encore en train de psychoter comme depuis mon réveil.
Peut-être que si nous nous étions vus aujourd'hui, rien de tout ça ne serait
dans ma tête.
Peut-être qu'il me détestait pour lui avoir posé toutes ces questions sur
son passé.
D'en avoir su davantage.
Peut-être qu'il était défoncé et c'était pour ça qu'il s'était laissé faire.
Plein de suppositions tournaient dans ma tête, et son absence ne faisait
qu'en rajouter davantage.
Je ne savais pas où il était allé de toute la journée.
Un soupir s'échappa de mes lèvres et Neelam me donna une oreillette que
j'insérai en grimaçant.
Cette soirée était plus stressante que les autres, et je ne savais même pas
encore ce que je dois faire.
Nous entendîmes la fenêtre du salon s'ouvrir et Neelam murmura :
— Il est enfin revenu.
Et mon cœur palpita.
Kai était là.
_____________
Hey !
Moi quand j'ai relu le chapitre à la dernière minute et que mon cerveau
m'a fait croire que c'était merdique :
Anywayyyyyyyys~
J'annonce que nous sommes peut-être (je dis ça parce que j'ai pas de

commence à parler du passé de Kai 🥴🥴🥴❤️


plan) à la moitié de cette histoire...et vous l'avez compris parce que je

A très bientôt pour un nouveau chapitre !


Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : sarahrivens
33. Enchères.

(Warning : ce chapitre contient des scènes violentes)


Iris
Mon cœur battait à la chamade, mes pensées étouffaient mon
indifférence.
J'étais paralysée par le stress et l'anxiété.
Comme si à présent, j'étais entièrement à nue face à lui. Je me sentais si
vulnérable que j'avais envie de me gifler pour avoir laissé cette porte
s'ouvrir.
Laisser mon passé s'afficher.
Il allait l'utiliser contre moi.
Pourquoi j'en avais parlé ? Pourquoi j'avais cherché à savoir ?
Pourquoi l'avais-je laissé me prendre dans ses bras ? Pourquoi l'avais-je
rassuré ?
Je culpabilisais à l'idée d'avoir franchi mes limites avec lui, de lui avoir
posé des questions sur son passé, mais en même temps je me disais que s'il
ne voulait pas en parler, il n'allait certainement pas le faire pour mes beaux
yeux.
Sauf que j'avais un mauvais pressentiment.
J'avais l'impression que j'avais mal fait, je me sentais tellement bête de
lui avoir dit.
Je suis tellement stupide putain.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
J'avais envie de me cogner contre le mur à ce moment précis.
— Changement de programme, l'entendais-je dire d'un ton ferme
depuis le salon, Lisa devra venir avec moi.
Et mon cœur tomba près de mes pieds.
Quoi ?
— Et Tayco aussi.
Je ne comprenais pas encore cette soirée, j'avais la boule au ventre à
l'idée d'être une couverture pour les plans sanglants de Kai.
À présent, j'apprenais que Tayco et Lisa allaient être de la partie.
C'était une réunion importante, avec des personnes bien loin d'être clean.
Neelam m'avait dit que le but était de récupérer toutes les informations de
cette soirée, c'était ça le but de Kai, et je servais de bonne image pour
cacher ses mauvaises intentions.
Mais j'avais l'impression que ça avait changé. Nous n'allions pas juste
enregistrer la réunion.
— Va manger, j'ai fait ton plat préféré ! s'exclama Neelam et
j'écarquillai les yeux.
Son plat préféré ?
Il aimait les Mac'n'cheese ?
J'aime beaucoup les Mac'n'cheese aussi...
Waw quel hasard.
Tais-toi.
Les battements de mon cœur s'accéléraient de plus en plus lorsque
j'entendais ses pas se rapprochaient de la pièce où nous étions, c'est-à-dire
dans la chambre de Neelam.
— Donc moi aussi je dois me préparer ? demanda Lisa d'un ton haut
pour qu'il l'entende.
— Oui, dit sa voix de plus en plus proche de la pièce, fais vite on va être
retard.
Mon ventre se nouait et mon rythme cardiaque frôla l'explosion à l'instant
où je le vis entrer, cherchant son regard.
Un regard qu'il ne m'accorda pas un instant. Comme si je n'étais pas là.
Oh putain de merde.
Il était en train de m'ignorer. Complètement.
— Iris viendra avec moi, tu rentreras avec Tayco, commença-t-il en
s'adossant contre un mur face à moi sans me regarder, ma mission a
changé, j'ai le feu vert, alors restez dans les parages au cas où.
— Ok je vais me préparer, annonça Lisa d'un ton rapide en prenant une
perruque posée sur la table près de laquelle j'étais.
Et elle se leva.
— Va manger, tes affaires sont là, l'informa Neelam en passant sa main
sur mes faux cheveux, Tayco sait qu'il viendra ce soir ?
Kai acquiesça et tira une cigarette de son paquet avant de le griller
silencieusement.
C'était sûr.
Il m'ignorait.
Neelam se leva et se racla la gorge en nous disant qu'elle allait aider Lisa,
puis quitta la chambre en fermant la porte.
Le silence me fit déglutir, je lui lançais un regard et vis ses yeux qui
fixaient le sol en fumant sa clope, comme s'il était dans ses pensées.
J'avais la boule au ventre et le stress me faisait trembler.
Et comme depuis ce matin, les questions et la culpabilité me rongeaient
de l'intérieur.
Qu'est-ce que j'avais fait de mal ?
Pourquoi il ne me parlait pas ?
Est-ce qu'il m'ignorait à cause d'hier soir ?
Pourquoi ne voulait-il pas me parler ?
Je suis désolé...
Mon souffle se rompit lorsque je le vis enlever sa veste noire, puis ôter
son haut.
— Tu comptes rester ici encore combien de temps ? cracha-t-il
soudainement.
Mon cœur rata un battement lorsqu'il m'adressa la parole pour la
première fois, et l'incompréhension pouvait se lire sur mon visage à cause
du ton de sa voix.
Ne comprenant pas son comportement.
Doucement, je me levai de la chaise en le regardant prendre ses affaires
sur le lit de Neelam. Kai enfilait sa chemise, dos à moi.
Ne me laissant qu'avec le cobra menaçant à la gueule grande ouverte qui
était tatoué sur son dos.
— Tu sais...euh...pour hier...
Je n'arrivais pas à trouver les mots, je perdais tous mes moyens à cause
de ce sentiment de vulnérabilité et de culpabilité.
Il ne me répondit pas et ma boule à l'intérieur de mon ventre devint de
plus en plus grande.
Je le vis s'asseoir sur le lit, son téléphone entre ses mains, ne m'accordant
pas un seul regard comme le début.
Un souffle s'échappait de mes lèvres, et cette sensation que je détestais au
plus haut point se collait à ma peau.
Se faire ignorer.
Ma mère avait l'habitude de m'ignorer lorsque je faisais quelque chose de
mal, qui ne lui plaisait pas. Et ça pouvait durer des semaines.
— Kai-
— Dehors, me coupa-t-il d'un ton tranchant sans me regarder.
Je me figeai une nouvelle fois, il était littéralement en train de rejeter une
conversation avec moi au sujet de ce qui s'était passé hier soir.
C'était mon pire cauchemar.
Pourquoi me rejetait-il ?
Qu'est-ce que j'avais dit ? Ou fait de mal ?
Pourquoi il ne voulait pas me parler ?
Est-ce que je le dégoûtais ?
Je suis désolé.
Est-ce qu'il me trouvait bête ?
Pathétique ?
C'est peut-être pour ça qu'il m'avait pris dans ses bras ?
Parce que mon passé est lamentable ? Il avait pitié ?
— Je-
— Tu rien du tout, il n'y a absolument rien à dire, me coupa Kai une
nouvelle fois en posant son regard sur moi pour la première fois depuis hier,
j'étais défoncé et j'ai dit et fait des merdes que je n'aurais jamais voulu
faire en temps normal.
Les mots me manquaient alors que les siens me heurtaient.
Je le regardai, ne sachant pas quoi dire.
Tout ça, c'est de ma faute.
— Donc je ne vais pas t'écouter, cracha le mercenaire en me regardant
droit dans les yeux, ce qui s'est passé hier était une grosse putain
d'erreur, je n'aurais jamais dû te poser des questions ni répondre aux
tiennes. C'était une erreur de t'avoir écouté.
Chaque mot qu'il prononçait transperçait mon esprit, des mots qui
tournaient dans ma tête encore et encore par pur sadisme et haine contre
moi-même.
Ma gorge se noua instantanément.
« C'était une erreur de t'avoir écouté »
— Maintenant tu as ma réponse, Iris, je ne l'aurais jamais fait si je
n'étais pas défoncé. Si j'avais toute ma tête, rien de tout ça ne serait
arrivé, je te le promets. T'as compris ?
Il venait de le promettre.
Mes lèvres s'entrouvrirent, et je ne pouvais rien dire. Seulement l'écouter
me dire tout le fond de sa pensée en regardant ses yeux pleins de dégoût et
de haine envers moi à ce moment.
— T'as compris ?! cracha une nouvelle fois le mercenaire en me
fusillant du regard.
Lentement, je hochai la tête en guise de réponse et il acquiesça puis
désigna la porte du menton.
— Dehors.
— Tu sais quoi, lâchai-je après quelques secondes en prenant mes
affaires, moi non plus je ne voulais pas que ça arrive.
La rage coulait dans mes veines, la peine et la culpabilité avaient créé
cette colère qui faisait trembler mes membres.
Ses mots tournaient dans ma tête.
Une erreur.
Une erreur.
« C'était une erreur de t'avoir écouté. »
— Je ne veux plus parler de ça, grinça-t-il en m'assassinant des yeux.
— Je regrette de t'avoir raconté, Kai. Je regrette de t'avoir laissé me
prendre dans tes bras, crachai-je en le fusillant du regard sans prendre en
considération ce qu'il venait de me dire, mais contrairement à toi, je
n'étais pas défoncé. Je pensais juste que tu pouvais me comprendre.
Encore une fois, je t'ai juste surestimé.
Il ne répondit rien et maintenait son regard sur moi.
« Tu es fragile pour moi, et je suis monstrueux pour toi »
« Si je n'étais pas défoncé, rien de tout ça ne serait arrivé, je te le
promets. »
Je tremblais de colère, j'avais une folle envie de le gifler pour toutes ces
merdes qu'il avait sorties de sa bouche.
Mes pas quittaient rapidement la chambre de Neelam en allant dans celle
de Kai.
Je me changeais et portais cette robe blanche que m'avait apporté Neelam
pour l'occasion.
Je le déteste.
J'enfouis rageusement mes affaires dans mon sac, et dans le silence, la
colère se transformait en peine.
Doucement.
Lentement.
Je sentais que les larmes me montaient au yeux.
Va te faire foutre, Kai.
Cette sensation terrible que je ressentais à chaque fois que je me faisais
rejeter pour m'être mise à nue, pour avoir demandé ce même soutien
émotionnel.
Pourquoi avais-je pu croire une seule seconde qu'il pouvait comprendre ?
Une erreur.
Va te faire foutre.
Ses mots me tranchaient de l'intérieur, encore et encore, j'avais
l'impression qu'il voulait me blesser. Qu'il voulait me voir culpabiliser.
Qu'il voulait me faire du mal.
Va te faire foutre.
Je ne savais pas à quoi je devais penser, tout se mélangeait dans ma tête.
Pourquoi agissait-il comme ça ?
Est-ce qu'il le pensait vraiment ?
Il ne ment jamais, c'est sûr qu'il le pense.
Tu es pathétique.
Stupide.
Tu fais pitié.
Un sanglot s'échappait de mes lèvres et je ravalai mes larmes pour ne pas
gâcher le maquillage que j'avais.
Je détestais ressentir autant de choses.
Réfléchir autant.
Me blâmer autant.
Est-ce que tout le monde était comme ça ?
Ou était-ce juste moi ?
— Va te faire foutre...
Je me renfermais sur moi-même, me promettant que plus jamais de ma
vie je n'allais parler de quoi que soit de mon passé à quiconque.
Comme à chaque fois que je le faisais.
Je m'assis sur le matelas, les événements de la veille dans cette même
pièce me revinrent en mémoire.
Une grimace de dégoût se dessina sur mes lèvres, le regret était tout ce
dont je pouvais penser actuellement.
Comme si tout était de ma faute.
Des voix m'arrachèrent de mes pensées, les voix de Neelam et Lisa qui
étaient dans la salle de bains.
La porte était légèrement entrouverte, et je pouvais les entendre parler.
— Tu penses qu'elle est encore dans ta chambre ?
— Elle t'obsède autant ? Dit Neelam d'un ton moqueur.
Mon souffle s'arrêta lorsque je comprenais qu'elles étaient en train de
parler de moi.
Et la mauvaise curiosité me rendit extrêmement muette.
— Non non...elle et Kai ont l'air proches c'est tout...tu crois qu'ils se
connaissent depuis longtemps ?
— Elle m'a dit qu'elle le connait grâce au Box, mais je ne pense pas
qu'ils sont proches, souffla Neelam, ferme les yeux.
— Je n'ai pas compris pourquoi tu as répondu à sa place lorsque je
lui ai posé la question, rétorqua Lisa d'un ton perplexe, ni même ton
regard.
Neelam resta silencieuse pendant quelques secondes et mes sourcils se
froncèrent.
Elles parlaient de la nuit dernière lorsqu'on fumait près des escaliers de
secours.
— Parce que Kai lui a caché que le Box est à lui, elle ne le sait pas. Et
je ne veux pas qu'elle l'apprenne de la bouche de quelqu'un d'autre.
Et mes yeux s'écarquillaient en une fraction de seconde alors que mon
cœur rata un battement.
Q...quoi ?
— Alors ne t'inquiète pas ma Lisa, ils ne sont pas aussi
proches...mais elle a l'air gentille.
Kai...propriétaire...du Box ?
Je venais de me geler face à cette nouvelle dont je ne devais pas être au
courant.
Mais dans ma tête, tout devenait plus clair.
Toutes ces fois où il faisait tout ce qu'il voulait, les fois où il ridiculisait
Rico et que ce dernier ne faisait rien.
Est-ce que Jessy le savait ?
Cody n'en savait rien, dans le cas contraire, il me l'aurait dit.
Ma main couvrit ma bouche ouverte, mes yeux allaient bientôt sortir de
leur orbite et je sentais que mes muscles venaient de me lâcher.
Propriétaire du Box.
— J'ai vu comment il s'inquiète pour elle, il n'est resté vivre ici qu'un
an, je ne l'ai jamais vu comme ça avec personne.
— C'est vrai, et je suis contente pour lui. Tu devrais en faire autant,
tu te rends malade, lui dit Neelam d'une voix douce, il n'est pas fait pour
toi Lisa, et tu le sais.
— Oui, je sais, souffla cette dernière.
D'un côté, j'avais de la peine pour elle.
Avoir des sentiments pour une personne qui ne les avait pas en retour
pour toi était l'une des pires choses à vivre.
Espérer qu'elle t'aime autant que tu ne l'aimes devenait presque un
fantasme.
Alimenté par ton imagination, et les scénarios que ton cerveau faisait tard
la nuit avant de dormir.
Tous les garçons qui m'avaient plu quand j'étais plus jeune étaient passés
par la période « scénarios » dans ma tête, mais je ne les aimais pas, je les
idéalisais.
Il suffisait qu'ils ouvrent la bouche ou qu'ils s'intéressent à moi pour que
je ne ressente plus rien.
Mais pas avec Kai.
Je secouais la tête, voulant étouffer cette pensée qui vint toquer contre la
porte de mon esprit.
Je ne voulais pas penser à lui.
Qu'il aille se faire foutre.
Putain de merde...c'était le propriétaire du Box.
C'était mon putain de patron.
J'avais explosé les couilles de mon putain de patron.
Et j'avais flirté avec lui.
°°°°
Cinq heures plus tard. Deux heures du matin. Wisconsin. États-Unis.
Je regardais les alentours, épuisée.
Pour la première fois, nous n'avions pas fait de route pour venir jusqu'ici.
Mais un jet.
C'était la première fois que j'avais fait un vol par Jet privé.
Je me demandais qui était la personne qui avait donné cette mission à
Kai. Mais cela avait l'air d'être important pour que ce dernier l'envoie au
lieu par Jet.
Neelam était aussi venue avec nous, Kai avait demandé sa présence.
La boule à l'intérieur de mon ventre ne m'avait pas quitté, ce monde
n'était pas le mien et l'atmosphère autour de moi était oppressante.
Comme si la mort tournait et n'attendait que l'instant de nous prendre
avec elle.
Et intérieurement, je savais qu'elle aimait travailler avec Kai Lakestone.
Car ça ne le dérangeait pas d'ôter des vies.
— Prends ça, et garde un œil sur tout ce qui va se passer. Les
hommes là-bas te suivront au signal.
Tayco portait un costume similaire aux agents de sécurité de cet endroit,
et Lisa portait une robe et allait servir pendant la réunion.
Je comprenais qu'ils allaient jouer un rôle tout en surveillant la soirée.
Nous étions près d'un espèce d'entrepôt aménagé, Neelam était dans un
Van à l'arrière de l'entrepôt, camouflé quelque part à l'abri des regards
curieux et suspicieux.
Je sentais le plan foireux.
Et ça me donnait envie de m'enterrer.
— J'adore jouer les serveuses, lança Lisa sarcastiquement, ce n'est pas
comme si c'était mon travail de tous les jours voyons !
— Arrête de te plaindre, tu vas gagner en une soirée plus que ce que
tu as gagné en trois mois, grogna Kai en regardant les armes qu'il avait
dans le coffre de cette voiture qu'on avait prise de l'aérodrome, n'oublie pas
ce que tu dois faire.
Elle hocha la tête, l'ai plus sérieuse.
J'avais compris que les trois aidaient Kai lorsqu'il avait besoin d'eux, ils
appartenaient à son monde.
Et ils se partageaient l'argent gagné.
— Vous m'entendez ? Dit la voix de Neelam à l'intérieur des oreillettes
qu'on portait ce qui me fit sursauter.
— Ouais, répondit Kai d'un ton sérieux, où est-ce que t'en es ?
— Je les ai repérés grâce aux traceurs, nous informa-t-elle, ils sont en
route, vous ferez mieux de rentrer maintenant pour passer inaperçue.
Kai prit une mallette noire et ferma le coffre de la voiture puis se tourna
vers Tayco et Lisa, les deux acquiescèrent et se dirigèrent vers l'entrepôt.
Le mercenaire se tourna vers moi puis, il posa sa main sur le bas de mon
dos en disant :
— Ne dit pas un mot, c'est moi qui parle.
Je restai silencieuse et me laissai pousser avec lui. Je ne voulais pas lui
parler, et c'était la première fois qu'il le faisait depuis que nous nous étions
disputés dans la chambre de Neelam.
Il y avait ce froid glacial entre nous à présent.
Mais sa mission nous forçait à nous parler.
— Kai, fit l'un des agents de sécurité près de l'entrée de l'entrepôt, c'est
elle ta couverture ?
L'agent me regardait un instant et Kai répondit en déposant une arme sur
la table près de l'entrée :
— Oui, t'as tout préparé ?
L'homme hocha la tête. Je comprenais alors que c'était lui la taupe.
Mais je me demandais pourquoi Kai avait déposé son arme sur cette
table.
Il ne devait pas être armé ?
Il en a une autre à l'intérieur de sa veste.
— Ils feront une réunion générale, ça va parler des affaires des gangs
aux alentours. Et forcément, ils vont passer à autre chose. Il n'y aura
qu'eux et les filles, personne d'autres pendant une heure.
— Ils ont 20 minutes, déclara Kai en s'avançant à l'intérieur, dépassé ce
temps, tu fermeras les portes. Désarme-les, et demande à tes potes de
les fouiller.
Et je compris pourquoi il avait posé son arme sur la table, il voulait faire
croire les prochains arrivés que lui aussi n'était pas armé.
Putain.
L'entrepôt était vide et divisé en deux, la où nous étions, il faisait froid et
il y avait une grande table ronde avec 8 chaises.
Il y avait aussi un grand canapé à quelques mètres de la table.
Je me demandais combien ils allaient être.
La pression me rattrapa. Je déglutis, je sentais le danger et la terreur me
fit frissonner.
— Tout ce que tu auras à faire c'est de t'asseoir sur un canapé et
rester jolie, lâcha Kai en regardant l'entrepôt vide, ne parle pas, ne donne
pas ton avis et surtout, ne répond à aucune question. Ces gens ne sont
pas innocents.
J'avalai difficilement ma salive et partis m'asseoir sur un canapé, après
quelques minutes, je vis Lisa revenir vers nous avant de dire quelque chose
à Kai dans l'oreille.
Ce dernier acquiesça.
Elle repartir vers le deuxième côté de l'entrepôt dont la vue était
impossible à cause de la séparation.
Et après quelques minutes, mon rythme cardiaque s'accéléra lorsque je
vis les premiers hommes entrer.
Avec pour chacun une mallette en main et une femme près d'eux.
Elles avaient toutes l'air...vides.
Leurs visages paraissaient dénués de toute vie, mais elles étaient bien
habillées et maquillées.
— Et bien, on a des gens ponctuels parmi nous ! s'exclama un des
hommes en voyant Kai assis sur sa chaise.
Très vite, d'autres personnes arrivèrent, au total, ils étaient 6 hommes,
avec Kai. Et 6 jeunes femmes.
Dont moi.
Toutes assises près de moi, regardant autour avec une petite grimace sur
les lèvres.
Et je ne comprenais pas ce qui se passait.
Quel était le but de cette réunion ? Pourquoi ces femmes étaient comme
ça ?
C'est pour ça que Kai avait besoin de moi comme couverture.
Chacun avait une accompagnatrice.
Par conséquent, il devait en avoir une.
— Ils sont là, entendais-je la voix de Neelam ce qui me fit légèrement
sursauté.
Kai me fusilla du regard en voyant ma réaction, un regard que je lui
rendis en retour.
Je ne suis pas habituée à avoir une oreillette gros con.
Et là, je vis deux hommes entrer.
Les regards se posèrent sur eux, il n'y avait qu'une seule femme avec eux.
Elle avait l'air d'avoir mon âge.
Kai les toisait du regard, ce même regard insolent qu'il n'essayait pas de
cacher.
Les filles à côté de moi regardaient la scène comme je le faisais, et mon
cœur battait à la chamade en ayant l'impression qu'il n'y avait rien de légal.
Bien sûr qu'il n'y a rien de légal Iris c'est pas une putain de fête
d'anniversaire.
Les deux hommes nous regardaient sans un mot, l'un des deux s'attarda
sur moi et son regard me faisait froid dans le dos.
Ils prirent place et quelques hommes les saluèrent, engageant la
conversation alors que beaucoup étaient muets.
Dont moi.
Lisa arriva avec des bouteilles de whisky et d'alcools en tout genre, les
verres étaient distribués près de chaque homme autour de la table, je vis
deux d'entre eux grillaient des cigares en nous toisant du regard.
Nous, les femmes qui étions habillées comme des poupées.
Il y avait une certaine sensation malsaine derrière.
« Tout ce que tu auras à faire c'est de t'asseoir sur un canapé et rester
jolie »
Mes poings se serrèrent en me rappelant des paroles de Kai.
J'avais envie de lui arracher la gorge.
Les hommes enchainaient les conversations, certains nous regardaient par
moment, d'autres lançaient des regards sévères aux femmes avec qui ils
étaient arrivés.
Et je ne comprenais pas.
Les femmes se redressaient aussitôt, comme si elles devaient toujours
être présentables.
Kai était resté silencieux tout le long, regardant les hommes sans un mot.
Ces mêmes hommes qui discutaient d'importations et d'exportations de
marchandises.
C'était sûrement de la drogue.
Putain de merde.
J'étais dans une réunion de barons de la drogue.
L'atmosphère me rendait anxieuse, je ne me sentais pas à ma place, et je
tremblais comme une feuille.
Ma jambe bougeait nerveusement et je me crispai en sentant une main se
poser sur mon genou.
Je me tournai vers une jeune femme peut-être un peu plus âgée que moi
et celle-ci me sourit.
Un sourire que je lui rendis timidement.
— C'est ta première fois ? me demanda-t-elle dans un murmure.
Lentement, je hochai la tête et elle murmura :
— Ça se voit, calme-toi, on est toutes comme ça au fond.
Je fronçai les sourcils, et elle se tourna vers la table où étaient les
hommes en train de parler affaires. Kai me lança un regard et je demeurai
muette.
« On est toutes comme ça au fond. »
Je tournais la tête vers ces femmes, certaines étaient perdues dans leurs
pensées, d'autres regardaient les hommes face à elles, une jouait avec ses
doigts et une autre paraissait presque aussi stressée que moi.
— Bien ! Parlons de choses plus sérieuses, voulez-vous ? s'exclama
l'homme qui avait parlé à Kai au tout début.
Et puis coup tous les autres se tournèrent vers nous. Je les regardais sans
un mot, ne comprenant pas ce qui se passait.
— Approche Sofia, lâcha l'homme en regardant l'une des femmes assises
près de moi.
Elle se leva et s'approcha de l'homme, ce dernier lui prit délicatement la
main et l'affichait comme un trophée.
Et là.
Et je venais de sentir tout mon être s'écrouler au sol lorsque j'entendis :
— J'ai ramené Sofia du Brésil, elle est magnifique n'est-ce pas ? Je
commence les enchères !
Ils...ils vendaient ces filles.
Toutes ces filles étaient à vendre.
J'étais au milieu d'un trafic humain.
C'était elles...la marchandise.
Mon cœur commençait à battre de plus en plus, et mes mains tremblaient
puis j'entendis Neelam dire :
— Enfoiré de mes deux tu vas voir.
La panique me gagna et mes tremblements se firent de plus en plus
violents, et je sentis le regard de Kai.
Mes yeux noyés dans la panique se posèrent sur les siens et mes lèvres
s'entrouvrirent lorsque je vis ses mains près de sa bouche, la couvrant.
Et son index caressait doucement ses doigts, comme il le faisait pour me
rassurer.
Comme je le faisais pour le rassurer.
Il acquiesça lentement en me regardant et je déglutis. J'étais au milieu
d'un putain de trafic humain.
C'était la raison pour laquelle ces filles étaient bien habillées, mais
paraissaient si vides.
« On est toutes comme ça au fond. »
Ces mots me revinrent en mémoire, et un frisson de terreur se déchargea
le long de ma colonne vertébrale lorsque je compris le sens.
J'avais envie de vomir, je ne me sentais pas bien, les frissons me
parcouraient et la boule d'angoisse se faisait de plus en plus intense dans
mon ventre.
C'était malsain, écœurant.
L'enfer n'était pas sous terre.
Il était ici.
Ces femmes étaient vendues pour faire je ne savais quoi, peut-être des
esclaves sexuelles, il y en avait qui était sûrement dedans depuis des mois.
Des années.
Les hommes commencèrent à donner des nombres aussi grands les uns
que les autres, j'étais sans voix, la peur me prenait aux tripes.
— Vendu !
Et la femme s'approcha de celui qui l'avait achetée, j'avais envie de
vomir.
La peur glaçait mon sang et mes membres se crispaient en restant là à
voir toutes ces atrocités.
Et si Kai me vendait ?
Et si je n'étais pas juste une couverture ?
Mes veines tressaillir, et j'essayai de ne pas penser à ça.
Faire confiance à cet enfoiré assis à quelques mètres de moi était la seule
chose qui me restait à faire si je ne voulais pas sombrer dans la panique et la
crise d'angoisse.
Je lançai un regard aux filles qui demeuraient silencieuses, comme si
elles attendaient leur sort.
Inertes.
Sans émotion.
C'était une putain de jungle ici, aucune humanité. Que des animaux
assoiffés de chair et d'argent.
« Je te promets que dès qu'ils te retrouveront, ils te tortureront jusqu'à
ton dernier souffle, ils profiteront de ta faiblesse, de ton innocence et de
ton corps...parce qu'ils sont tous assoiffés d'argent et de chair fraiche. Et
tu as les deux. »
Je me rappelais des mots de Kai, au motel.
Et à présent, je comprenais de quoi ils parlaient.
Sa réalité me gifla brutalement.
Son monde.
Plus les minutes passaient et je sentais que je me noyais dans ce monde,
cette mascarade ne s'arrêtait pas, les femmes défilaient et se faisaient vendre
comme des voitures.
— Qui a ramené cette poupée ? demanda l'homme en me lançant un
regard.
Et je me gelai sur mon canapé.
Il ne restait plus que moi, et la dernière fille qui était arrivée.
Les autres avaient pris place près des acheteurs.
— Elle est à moi, déclara Kai en se redressant sur son siège, approche,
princesse.
Mon cœur frémit, et je le regardais alors que la panique montait de plus
en plus.
Il acquiesça en me regardant.
— Ce n'est pas pour casser l'ambiance, mais je veux passer à elle,
lâcha un autre en regardant la fille qui était arrivée en dernier.
Je me levai et m'approchai timidement de Kai, sentant les regards pesant
sur moi.
Je tremblais comme une dingue et était à deux doigts de faire un arrêt
cardiaque.
C'était un cauchemar.
Un putain de cauchemar réel.
— Kai, a ton signal je demande à la taupe de fermer la porte, fit la
voix de Neelam dans nos oreillettes, racle-toi la gorge et je comprendrais.
Le stress était à son maximum, les regards sur moi attendaient que Kai
me présente et qu'il lance les enchères.
Sa main s'enroula sur la mienne, et il commença :
— Elle s'appelle Jane, et elle vient d'Angleterre. Elle est de nature
très calme, parfois très innocente et naïve...parfois pas du tout.
Et il se racla la gorge.
— Pour être innocente, elle en a l'air oui, fit un homme les yeux
brillants, je commence avec 20 millions !
— 25, enchaina un autre en me regardant de haut en bas.
Je voulais vomir.
Kai était encore assis sur sa chaise, les enchères continuaient encore et
encore.
Mon cœur battait vite, et je voulais m'enfuir.
Je voulais rentrer chez moi.
Je veux rentrer chez moi.
Un silence s'installa après 73 millions de dollars. Et mon cœur allait
bientôt exploser.
En vrai meuf, à deux millions près et on paye les dettes là.
C'est pas le moment, ferme-là.
— Adjugé pour 73 millions de dollars, souffla Kai avant de se tourner
vers moi.
Il acquiesça discrètement et je le fusillai du regard avant de m'approcher
timidement de l'homme qui m'avait « acheté ».
L'homme me regardait de haut en bas alors que je me posais derrière sa
chaise comme toutes les filles qui venaient d'être vendues.
Je voulais vomir.
— À mon tour, souffla l'homme qui était venu en dernier, approche ma
fille.
La jeune femme qui paraissait apeurée se leva lentement du canapé, tous
les regards étaient sur elle.
Je savais qu'elle était aussi terrifiée que moi, je pouvais le lire dans ses
yeux.
Elle ne le cachait pas.
Elle tremblait.
— Celle-ci...certains la connaissent, d'autres non, commença l'homme
en la présentant, avant elle s'appelait Lia Marcel.
Des hoquets se firent entendre, les visages devenaient de plus en plus
ébahis par ce nom qui m'avait fait rater un battement.
Marcel.
Comme le ministre des Affaires étrangères.
— Mais je préfère l'appeler Maya, sourit l'homme presque fièrement.
Elle lui lança un regard, les yeux remplis de larmes en secouant la tête,
l'implorant.
— Je commence les enchères à 200 millions, déclara-t-il en regardant
autour.
— Lisa, ramène la bouffe, entendais-je la voix de Neelam, Kai va
bientôt commencer.
Aussitôt dit, et après à peine trois minutes, je vis Lisa arriver avec des
plateaux.
Nous demandant à nous les femmes de prendre place sur les canapés
comme au début.
Les hommes étaient occupés à s'arracher Lia Marcel, et ne voyaient pas
tout ce stratagème.
Que moi-même je ne comprenais pas.
Puis après un silence qui dura deux secondes, Kai enchérit :
— 500 millions.
Et ils recommencèrent.
— Kai. C'est quand tu veux, lâcha la voix de Neelam, ton prochain
chiffre sera le signal. Tayco attend.
Et après quelques secondes, la voix de Kai dit très calmement :
— 657 millions.
Puis, d'un seul coup.
Tout se passa très vite.
Et tout ce que je vis, c'était Kai qui s'était levé d'un bond avant de tirer
sur deux personnes face à lui, une balle dans la gorge et au crâne.
Leur sang jaillit, et venait de me tacher le visage et la robe.
Me laissant me geler sur le canapé en écarquillant les yeux.
Tayco arriva et commençait à crier en pointant son arme sur les hommes
qui venaient de se lever de leur chaise.
— POSEZ VOS CULS BANDE DE PUTES OU J'VAIS VOUS
EXPLOSER !
Il y avait les deux autres faux agents de sécurités qui arrivèrent en
renfort, leurs armes sur les acheteurs.
C'était un guet-apens.
Les femmes à côté de moi criaient de peur en se protégeant l'une contre
l'autre.
Lisa criait et leur demandait de ne plus bouger alors que Kai tirait comme
un fou sur les hommes.
Alors que moi, je demeurai glacée, le regard fixe sur les deux hommes
morts encore sur leur chaise.
La tête en arrière et le sang qui coulait sur leur visage.
Je n'arrivais plus à bouger, cette vision m'horrifiait.
Leurs yeux encore ouverts, le sang qui tombait sur le sol.
— LE PREMIER QUI BOUGE JE LUI COLLE UNE BALLE
VOUS M'ENTENDEZ ! Cria Tayco d'un ton menaçant en pointant son
arme sur les cinq hommes encore en vie, ASSEYEZ-VOUS !
— ...Iris, tu m'entends ?
Je me tournai vers Lisa qui essaya de me secouer, son regard inquiet sur
moi.
Je n'avais pas bougé du canapé, j'étais pétrifiée.
— Tout va bien se passer, ne t'inquiète pas, essaya-t-elle de me
rassurer comme elle pouvait, putain tu trembles...
Ses mains prirent les miennes et je ne savais pas quoi dire, anesthésié par
la terreur de la scène.
— Bien ! commença Kai en souriant faussement, quelle merveilleuse
idée de faire une vente aux enchères et de m'inviter ! Laissez-moi me
présenter étant donné que vous n'êtes même pas capable de commencer
par les présentations, mon nom est Kai. Kai Lakestone.
Ma respiration s'arrêta en le regardant dévoiler son identité.
Me laissant comprendre qu'il allait tous les tuer dans ce cas.
Jamais il ne risquerait autrement.
— Fils de pute, cracha l'un d'eux en fixant Kai.
— Oui, c'est mon surnom, répondit le mercenaire en pointant son arme
sur cet homme.
Et il tira sur lui, à plusieurs reprises. Sans le tuer.
Les balles venaient de transperçaient ses jambes et son abdomen.
— PUTAIN ! Hurla l'homme de douleur.
D'autres cris féminins se firent entendre comme à chaque fois qu'il tirait
et mon souffle se coupait en voyant ce Kai sanguinaire et sans humanité
revenir peu à peu à la surface.
Du sang jaillissait violemment de l'homme, ce sang tacha le visage et le
corps de Kai qui esquissa un petit sourire en regardant les autres.
Puis, je le vis s'approcher de lui, il prit son visage en coup et le frappa
violemment le visage avec son arme.
L'homme gémit de douleur et Kai le toisa du regard puis commençait à
s'avancer.
Comme un prédateur autour de ses proies piégées.
— Vous voyez, je n'aime pas être interrompu quand je parle, reprit-il
en commençant à tourner lentement autour de la table, je ne vais pas être
très long, dites-moi où est sa sœur et je vous offrirai une mort
rapide...plus vous tarderez à me donner ma réponse, moins je serais
gentil. Où est sa sœur ?
Il pointa avec son arme sur Lia Marcel qui sanglotait en se collant contre
un coin du mur, taché de sang.
C'était la seule qui était debout lorsque Kai avait explosé.
Elle était tétanisée.
Tout comme moi.
Un silence s'installa, aucun d'eux ne voulait parler. Les hommes restèrent
calmes, une réaction terrifiante et qui me rendait confuse.
— Où est sa sœur ? répéta Kai en enfonçant le bout de son arme contre
les blessures qu'il avait infligeait à l'homme.
Ce dernier cria de douleur sans répondre.
Les autres étaient aussi calmes que des meubles, comme sans vie.
Comment pouvaient-ils être calmes face à un mec qui les menaçait avec
une arme ?
Comme s'ils n'étaient pas terrifiés.
Putain de merde.
La boule d'angoisse dans mon ventre s'était figée, comme l'entièreté de
mon corps en regardant Kai.
— Personne ? D'accord...
Il se tourna vers Tayco et lui ordonna simplement :
— Attache-les, on dirait bien que le consentement n'est pas ce qu'ils
aiment le plus...je peux faire les deux.
Puis je le vis se tourner vers Lisa et moi en nous disant :
— Faites sortir les filles, une par une.
Lisa acquiesça à côté de moi et s'approcha de la fille qui faisait une crise
d'angoisse à quelques mètres plus loin avant de la faire sortir par la porte
secondaire de l'entrepôt.
Tayco attachait les hommes qui demeuraient silencieux puis un nouveau
silence s'installa.
Un silence pesant et terrifiant.
Un silence qui se fut perturbé par la suite par un sifflement.
Kai sifflait une chanson en tournant autour de la table.
Ce même sifflement que j'avais entendu lorsque j'étais encore retenue
prisonnière dans la chambre noire.
— Lia, lève-toi et va avec les filles.
La jeune femme en pleurs n'arrivait pas à bouger, des sanglots
s'échappaient de ses lèvres.
Lisa revint à l'entrepôt et me lança un regard. Machinalement, je me levai
du canapé et m'avançai vers la fille.
Doucement, je marchais près de la table où ils étaient assis, pouvant
sentir le sang de chacun.
Puis au même moment, un tir me fit brutalement sursauter et explosa mes
tympans.
Et je sentais que quelque chose tacha mon visage.
Je ne voulais pas tourner la tête.
J'en étais incapable.
— Regardez-la encore une fois et j'explose vos crânes bande
d'enculés, cracha Kai à côté de moi d'un ton furieux.
Je pris la fille et la tirai avec moi loin d'eux, Lisa la prit dans ses bras et
elle sanglota.
J'étais blême face à ce qui se passait, ma main tremblante se posa sur
mon visage.
Et je vis mes doigts se tacher de sang.
Il y avait du sang sur mon visage.
Le sang de deux personnes était sur mon visage.
— Je fais sortir Lia et quand je reviens tu feras sortir la prochaine,
d'accord ?
Je la regardai, complètement gelée, et hochai la tête.
En réalité, je ne savais pas vraiment ce que je faisais. J'étais encore sous
le choc et pétrifiée.
Mais j'obéissais de façon machinale.
Comme un robot.
— Est-ce que vous connaissez la sensation de recevoir une balle juste
au-dessus des deux genoux ? entendais-je Kai dire derrière moi.
— Ferme ta gueule ! s'exclama la voix de celui qui m'avait « acheté ».
Je me tournai et vis Kai esquisser un sourire mauvais en disant :
— Non...toi je te réserve une sensation encore meilleure, mais si tu
veux je peux te donner un avant-goût.
Et il s'approcha de lui en tirant son couteau, et mon souffle se saccada en
le voyant l'approcher de son visage.
De ses yeux.
Et mon cœur tomba au sol instantanément.
— Iris, vas-y ! Le Van est dehors.
Je me tournais très vite vers Lisa, une forte sensation de vomir me prit et
je m'approchai d'une des filles en la tirant doucement avec moi.
J'ouvris la porte et l'air fouetta mes cheveux, alors que j'entendais un
hurlement de douleur dans mon oreillette.
Je fermai les yeux, cette folle envie de vomir mes tripes se faisait de plus
en plus grande.
— Vous allez nous vendre ? Me demanda la jeune femme en me lançant
un regard terrifié alors que je m'approchais du Van où était Neelam.
Je secouai la tête négativement, incapable de dire quoi que ce soit.
Je la fis entrer à l'intérieur et je revins sur mes pas.
Mon corps était lourd, ma tête tournait et mon cœur battait à une vitesse
si grande que je sentais qu'il allait me lâcher.
Mes oreilles sifflaient, ma cage thoracique était comprimée.
C'était insoutenable.
Pourquoi il me faisait subit ça à chaque fois ?
Pourquoi je devais voir ce côté de lui encore ?
De nouveaux cris de douleurs firent bourdonner mes oreilles alors que
j'entrais à l'intérieur de l'entrepôt, il était en train de les torturer.
— OÙ EST-ELLE !
— J'EN SAIS RIEN ! cria l'homme de douleur.
Je ne voulais pas voir, je ne voulais pas voir comment Kai s'y prenait.
Lisa me lança un regard et me dit :
— Je reste ici, fais-les sortir et reste dans le van ok ?
Je la regardai, et tout ce que je fis était de hocher la tête en guise de
réponse.
Incapable encore de prononcer un seul mot.
Je commençais à faire sortir le reste des filles une par une, je sentais que
j'allais m'évanouir à chaque fois que je revenais à l'intérieur.
Je sentais le sang, j'entendais les cris de douleur, les os qui craquaient, les
coups de feu.
J'avais senti le brûlé à mon quatrième aller-retour, je ne voulais même pas
savoir pourquoi ça sentait comme ça.
Une dernière fois, je revins à l'intérieur pour prendre la dernière personne
et un coup de feu que j'entendis grâce à l'oreillette me fit sursauter, même
loin de l'entrepôt, je pouvais entendre comme si j'y étais.
— Ça c'est pour avoir volé la vie des autres, cracha la voix de Kai dans
mon oreille, et ça c'est pour avoir pu croire une seconde que j'allais te
donner ce qui m'appartient.
Et un nouveau tir me fit sursauter alors que je tirai plus rapidement la
jeune femme qui pleurait à chaude larmes vers le Van.
Je sentais des larmes couler le long de mes joues.
Et tout ce que je voyais c'était le couteau de Kai qui se dirigeait
dangereusement vers les yeux d'un des hommes.
La terreur figeait mes veines et glaçait mon sang. Cette image ne voulait
pas sortir de ma tête.
« Ça, c'est pour avoir pu croire une seconde que j'allais te donner ce
qui m'appartient. »
Je tressaillis au ton de sa voix tranchante et enragé. Ma lèvre tremblait
alors que j'entrai à l'intérieur du Van en fermant la portière.
Et la première cho que je fis était d'enlever l'oreillette qui me forçait à
être présente même de loin.
Neelam me regardait et se leva de son siège en voyant mon visage.
— Oh...viens là, est-ce que ça va ?
Je la regardai, le choc me bloquait.
Complètement paralysée par ce qui se passait.
Un couteau sur ses yeux.
Mais à l'instant où Neelam me prit dans ses bras, je sentais mes larmes
quitter mes yeux et des sanglots s'échappaient de mes lèvres.
Je tremblais comme une tarée.
— Oh merde...tu trembles, entendais-je Neelam dire en frottant mon
dos, va t'asseoir sur le siège, Iris, c'est fini maintenant.
Les filles étaient assises par terre, certaines étaient terrifiées, d'autres
tremblaient encore.
Et à ce moment précis, j'étais comme elle.
Neelam revint vers moi, avec la veste de Kai en me disant :
— Mets là, il fait froid.
— Non je-
— C'est pas moi, c'est lui qui me l'a demandé, me coupa-t-elle en me
tendant la veste, mets la maintenant.
Sans un mot, je pris sa veste et l'enfilai lentement. Mes mains tremblaient
comme la totalité de mon corps et sa veste n'arrangeait rien.
Je ne tremblais pas de froid.
Mais de terreur.
— Lisa, rejoins-nous, ordonna Neelam en s'approchant du micro qui lui
permettait de nous parler.
Je voulais vomir.
— Kai, fais vite, on a plus le temps, dit Neelam au mercenaire encore à
l'intérieur.
Après quelques minutes, la portière s'ouvrit sur Lisa qui tremblait aussi
en disant :
— Putain il fait un froid de pute !
Elle me lança un regard et dit en souriant :
— Jacob disait souvent ça...hum, est-ce que ça va ?
Je ne répondis rien, je ne comprenais pas pourquoi Lisa était indifférente.
Pourquoi moi j'avais aussi peur ?
« Tu es fragile »
C'était son monde, ils faisaient partie de son monde. Il me l'avait dit,
aucune de ses fréquentations n'était comme moi.
Jacob et Vernon en étaient la preuve.
Et Lisa aussi à présent.
— J'ai envie de dégueuler à cause des corps, grogna-t-elle en secouant
la tête.
...ou pas.
Après plusieurs longues minutes, quelque chose attira mon attention à
l'extérieur.
Et c'était la fumée qui sortait de l'entrepôt.
Il...il était en train de brûler.
— Putain de merde il est en train de tout brûler ! S'exclama Neelam.
Puis très vite, plusieurs coups de feu se firent entendre et des cris s'en
suivirent, je me tournais vers Neelam qui écarquillait les yeux.
Je vis au loin Kai et Tayco courir et tirer dans tous les sens, puis très vite
des hommes la poursuivaient.
Mes yeux s'écarquillaient lorsque je remarquai que Tayco portait quelque
chose sur son bras.
Non. Quelqu'un.
— Accrochez-vous !
Neelam accéléra et fonça vers l'entrepôt, Lisa ouvrit la portière et je vis le
corps de Kai rentrer à l'intérieur du Van.
Tayco referma la porte et des cris de firent entendre lorsque le van devint
la cible des coups de feu.
C'était une petite fille. Avec eux.
La sœur de Lia Marcel.
— ON DÉGAGE !
Tous mes sens étaient en alertes, j'étais assise au côté passager et très vite
les coups de feu se faisait de plus en plus nombreux sur le pare-brise.
Menaçant de briser la vitre d'une seconde à l'autre.
— Iris ne reste pas ici, couvre-toi derrière ! S'exclama Neelam en
essayant d'échapper aux hommes qui s'accumulaient autour de la voiture, je
vais les défoncer.
Je me levai en sentant le van allait à tout vitesse, la panique faisait vibrer
mes sens et je commençais à marcher en essayant de ne pas tomber à cause
des secousses.
Puis d'un seul coup.
J'entendais un gros boom terrifiant et me fis violemment propulser en
avant à cause la secousse et du choc que venait d'avoir le Van.
Brutalement, mon corps tomba contre le sol.
Et ma vision devint flou. En quelques secondes.
Incapable de bouger.
J'entendais des cris autour, qui étaient de plus en plus étouffés, de plus en
plus loin.
Et puis.
Plus rien.
_____________
Hey !
Très heureuse d'écrire cette NDA en mangeant mes meilleurs
Mac'n'cheese. My comfort food.
Et c'est aussi le plat préféré de Kai oui oui
En parlant de lui...qui est propriétaire de quoi ?
D'ailleurs vous avez remarqué qu'ils sont très confiants quand ils flirtent
mais dès qu'ils se sentent vulnérables ils deviennent hésitants et...agressifs
je dis ça je rien hein
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram: sarahrivens
34. Souvenirs enchevêtrés

(Warning : ce chapitre contient des passages et des scènes d'harcèlement)


Iris. 6 ans.
— Venez ! s'écria une voix à côté de moi, on ne doit pas rester avec
elle.
Ma tête s'abaissa, je jouais nerveusement avec mes doigts.
Pourquoi elles ne veulent pas rester avec moi ?
Maman a dit que c'est à cause de mes yeux.
Mais papa les aime bien, je ne comprends pas ?
Pourquoi ils ne veulent pas jouer avec moi ?
Si je pouvais leur montrer qu'ils ne feront pas de mal. Pourquoi personne
ne veut pas me croire ?
Ils avaient peur de moi, mais moi aussi j'avais peur d'eux.
J'ai peur de me défendre.
Quelqu'un s'assit à côté de moi, et mon ventre se noua.
— Tu n'as pas de goûter ? me demanda la voix de ma camarade.
Je me tournai vers elle, sans la regarder.
Je ne veux pas lui faire peur...
— Non, marmonnai-je en grimaçant.
Elle avait des chocolats, j'aime beaucoup les chocolats.
Maman ne me fait pas mon goûter tous les jours.
Elle tourna la tête et je relevai les yeux vers elle, c'était une nouvelle.
Elle était venue aujourd'hui. Elle s'appelait Lucy.
Peut-être qu'elle deviendra mon amie ?
Je veux être son amie.
Comme ça, on pourra jouer ensemble.
Je voudrais jouer comme tout le monde...
— Lucy, tu viens ? On va jouer ! Ne reste pas avec elle, lâcha la voix
d'une autre petite fille au loin.
Ma gorge se noua, et je ne dis rien.
...pourquoi ?
Plusieurs minutes passaient, j'avais faim.
Mon ventre commençait à faire des bruits bizarres.
— Iris ?
Mon cœur battait à la chamade, c'était ma maitresse d'école. Je levai les
yeux vers elle, et elle me sourit.
Je lui souris.
— Pourquoi tu es toute seule, ma grande ? Va jouer avec les autres.
« Ma grande »
Je me tournai vers la cour, l'envie de jouer avec eux était forte.
Mais ils ne veulent pas jouer avec moi.
Je ne veux pas les déranger.
— Non, ils sont méchants avec moi, disais-je doucement.
— Mais non, ils jouent avec toi c'est tout. Lucy, princesse, viens !
Mon cœur bondit, papa m'appelait comme ça.
Pourquoi elle ne m'appelle pas comme ça moi aussi ?
Pourquoi papa ne m'appelle plus comme ça ?
Je vis la nouvelle arriver, et ma maitresse lui dit :
— C'est ton nouveau boulot. Prends Iris avec toi, jouez avec elle.
La petite fille me lança un regard. Je sentais qu'elle ne voulait pas. Je
grimaçais, j'avais honte.
— Je vais demander à Zora, si elle veut.
Zora, c'était la chef du groupe des filles.
C'était elle qui décidait.
— Non, Iris lève-toi et va avec elle, déclara la maitresse en se levant
avant de me prendre par la main.
J'aime quand on me prend par la main.
Comme papa le faisait.
Papa et maman se disputent tous les jours, je ne pouvais pas les voir
souvent. Ni rester avec papa.
C'était à cause de moi.
J'avais dit à maman que papa était avec une autre femme.
C'est à cause de moi.
Je suis stupide.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Les filles, laissez Iris jouer avec vous, fit la maitresse en
m'emmenant chez mes camarades de classe, assieds-toi avec elles.
Je grimaçai en regardant les filles me toiser du regard, et mes yeux
s'abaissèrent vers le sol sur lequel je m'assis.
Mon cœur battait fort, et mon ventre me faisait mal.
La maitresse s'en alla, et je sentais tous les regards sur moi.
Je ramenai mes jambes près de moi, mes yeux n'osant pas quitter le sol.
Je les entendis murmurer, je savais qu'elle se moquait de moi.
C'était sûr.
— Si tu veux jouer avec nous, il faut que tu fermes les yeux, me dit la
voix de Zora.
Très vite, le bonheur m'agita et je fermai les yeux instantanément en
relevant la tête vers eux.
Elles acceptent de jouer avec moi.
Je dois garder les yeux fermés.
Je ferais tout pour qu'elles jouent avec moi.
Je ne veux plus rester seule.
— Le jeu, il faut qu'on te tire les cheveux, et tu ne dois pas crier.
...D'accord.
Et je les laissais me tirer les cheveux, parfois elles me faisaient mal, mais
je ne voulais pas perdre.
Je ne voulais pas rester seule encore.
Je veux jouer moi aussi.
...mais pourquoi ça leur plait ce jeu ? Ça me fait mal...

Iris. 12 ans.
— Ce n'est pas parce que t'as tes règles que tu ne vas pas à l'école,
cracha la voix de ma mère derrière la porte, aller sors de là.
Je regardais la porte encore fermée, je grimaçais de douleur.
C'était la deuxième fois que j'avais mes règles.
La première fois, j'étais à l'école.
Les autres se sont moqués de moi, encore. Déjà qu'on se moquait assez
de moi à cause de mes yeux. Si je trouvais un moyen d'acheter des lentilles,
je ne les enlèverais jamais.
Quitte à perdre la vue.
C'était la première promesse que je me faisais.
Mais cette fois, ils s'étaient moqués de moi pour autre chose.
Parce que je me suis tâché.
Mais je ne savais pas que c'était mes règles, personne ne m'avait rien dit.
Cette fille, Roxanna, c'était elle qui m'avait donné des serviettes. On
m'avait dit qu'elle n'était pas fréquentable.
Elle a deux ans de plus que moi.
Mais elle était gentille.
Ce n'était pas une pote, on ne s'était parlé que deux ou trois fois
seulement.
— Oui maman, j'arrive.
Un souffle s'échappait de mes lèvres, ma main pressée contre mon bas
ventre.
J'avais envie de rester dans mon lit toute la journée.
J'avais entendu une fille dans mon école dire que sa mère s'occupait d'elle
quand elle avait ses règles.
Pourquoi maman ne veut pas faire ça aussi ?
J'aimerais tellement...
Est-ce que papa a répondu à mon message ?
Très vite, mon cœur battait à la chamade alors que je pris mon téléphone,
mais aucune notification ne s'afficha.
Ce n'est pas grave...il doit sûrement être occupé.
Il m'avait dit que c'était à moi de chercher après lui, et pas le contraire.
Parce que j'étais l'enfant et lui le parent.
Il avait raison, c'est moi qui dois l'appeler.
Pourquoi il le ferait lui ?
...mais il ne répond jamais.
— Il est occupé, il n'a pas encore vu mon message, me dis-je en me
levant.
Il le fera plus tard.
C'est mon papa, il m'aime. Comme tous les pères aiment leurs filles.

Iris. 14 ans.
Dieu que je détestais les cours.
Dieu que je détestais ce bahut.
Et les gens.
Cette ville. Hydewood de merde.
Mais...ce garçon, c'était la seule chose me faisait me lever pour aller en
cours. Jordan.
Je me préparais tous les jours en pensant à lui, je rêvais d'avoir son
attention. Il était mignon. Mon cœur battait à chaque fois que je le voyais
jouer au basket.
Et s'il me remarquait ?
Il sait que t'existes, les gens te connaissent à cause de tes yeux.
Je détestais mes yeux.
Je ne voulais plus les avoir.
J'avais cherché sur internet un moyen pour changer la couleur, mais...me
mettre du citron sur les yeux n'était sûrement pas la meilleure manière.
Il y avait les lentilles de couleur, je devrais peut-être économiser pour en
acheter.
— Simones, t'as fait tomber ça.
Et à l'instant où je me tournais lorsqu'une voix m'interpella, quelque
chose me frappa au visage.
Et ma gorge se noua.
— La prochaine fois, j'essayerai avec des lames ! ria le garçon, tu vas
adorer le jeu de lame j'en suis sûr !
La boule au ventre s'intensifia dans mon ventre, la peur me faisait
trembler et j'entendais les rires autour de moi dans les couloirs où je
m'avançais.
La honte me collait à la peau.
Et mon regard tomba sur Jordan.
Laissant mon cœur exploser.
Il me lança un petit sourire désolé et mes palpitations augmentaient.
Je tremblais et me tournais en accourant vers les toilettes.
Il...il m'a vu.
— Tu devrais manger un peu ma pauvre, tu fais peine à voir, pouffa
une fille aux toilettes où je venais d'entrer.
Je ne répondis rien, alors que ses mots tournaient en boucle dans ma tête.
Ses deux amies avec elle riaient.
— J'ai vu comment tu regardes Jordan, me dit-elle en s'approchant de
moi alors que mon cœur s'accéléra, c'est mon copain. Ne t'approche pas
de lui, tu m'entends ?!
Son copain ?
Doucement, je hochai la tête en me regardant dans le miroir.
Je ne parlais pratiquement jamais aux gens de mon école.
Ils me faisaient peur.
Je ne les aimais pas.
— De toute façon, il ne s'intéressera jamais à toi, personne ne
s'intéressera à toi.
Pourquoi ?
— Je n'ai jamais vu une fille aussi moche et maigre de toute ma vie,
cracha-t-elle en riant d'un ton mauvais, tu devrais avoir honte de sortir de
chez toi.
Ma lèvre trembla et ma vue s'embua, j'avais peur qu'elles s'en prennent à
moi.
Elles étaient trois et j'étais toute seule.
Elles l'avaient déjà fait une fois.
— Rien ne va, tu te ronges les ongles, tes cheveux sont brûlés à force
de les lisser, pouffa cette dernière en continuant près de ma tête, parce
qu'ils sont moches bouclés, tu es aussi maigre qu'un crayon. Et tes
yeux...tu n'as qu'à voir ton reflet, je ne parle pas. Tu es une erreur de la
nature.
Je frissonnais.
— Dis que tu es désolé.
— Je suis désolé, murmurai-je en sentant ses copines s'approcher
dangereusement de moi.
Elle émit un petit sourire satisfait et déclara :
— C'est la dernière fois que je te vois tourner autour de mon copain,
sinon je t'enfonce un crayon dans tes yeux, tu es stupide.
Je suis stupide.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Elles quittèrent la pièce et je restai là, mon regard sur le reflet, me
rappelant de ces mots que j'entendais tous les jours.
Partout.
À chaque fois.
J'apportais mes doigts près de mon poignet, puis joignais mon majeur et
mon pouce autour de ce dernier, sentant une larme tomber en voyant le peu
de poignet que j'avais.
Je regardais mes cheveux, brûlés et malmenés par le lisseur et les
produits chimiques.
Je regardais mes ongles, que je rongeais à cause de mes pensées la nuit et
de mes angoisses.
Parfois jusqu'au sang.
Mes cuisses qui ne se touchaient pas.
Tu as la peau sur les os.
Tu serais mieux avec des kilos en plus.
Des kilos en moins.
Il y avait des jours où tout ce que je voulais, c'était avoir des yeux
marron. Comme tout le monde, je trouvais ça joli, et personne ne venait
embêter les gens aux yeux marron.
Jordan.
Je savais que je n'avais aucune chance avec lui, je voulais juste rêver d'en
avoir c'est tout.
Comme je rêve que papa partage des photos de moi comme il fait avec
Lizzie sur Facebook.

Iris. 16 ans.
— Je te promets que je ne te parle pas juste pour ton corps, dit le mec
à qui je parlais depuis quelques jours.
Je souriais, une partie de moi s'accrochait à l'idée que je pouvais plaire à
un garçon.
En sachant qu'il y avait plus jolie que moi.
Mais je ne comprenais pourquoi il me parlait.
Je ne suis pas intéressante.
— Mais j'ai très envie de toi, si tu dis non, je vais arrêter de te parler.
Mon cœur battait à la chamade et je le regardais, ne sachant quoi dire.
On se parlait depuis plusieurs jours, il avait dit que je lui plaisais.
Mais il ne me plaisait pas vraiment, sauf que j'avais son attention.
Je n'attirais jamais l'attention de personne.
Je ne veux pas le perdre...
Je le faisais pour la bonne cause.
Je donnerais tout pour garder son affection pour moi. Il m'aimait bien, il
me l'avait dit.
— Tu viens, on monte en haut ?
Nous étions dans une soirée, et j'acceptais en montant avec lui.
Je me demandais pourquoi je devais faire des choses pour avoir l'amour
et l'attention des autres, pourquoi ce n'était pas gratuit ?
Est-ce que tout le monde payait de la même façon dont je le faisais ?
Mais je dois le faire...sinon je le perdrai.
Il ne savait pas que je portais des lentilles, s'il l'apprenait, il ne voudra pas
de moi. Il s'en prendra à mes yeux.
Comme Jordan.
Comme eux.
Papa me manque...je lui manque aussi. C'est sûr.
__________________________
Iris
Je sentais que ma tête allait exploser. Et une douleur se fit sentir dans
mon ventre. Mais je sentais que j'étais complètement lourde.
Étourdie.
— Elle...comment ?
— Qu'est-ce qui s'est passé ? entendais-je des voix au loin.
Mais comme s'ils étaient autour de moi.
Très vite, je commençais à me rappeler de ce qui s'était passé. Je me
rappelais de m'être fait brutalement jeter en avant à cause d'un gros boom.
Mon corps avait heurté le sol dur du gros véhicule.
— C'est de ma faute, déclara une voix féminine que je reconnaissais
vaguement, je lui ai demandé de se lever.
Neelam.
— Ils nous ont défoncé...un van à pleine..., et j'avais freiné
au...moment, entendais-je Neelam, son corps s'est...en arrière...tête
directe sur...pare-brise...elle a saignée...son corps est tombé...sol...quand
j'ai reculé.
J'avais très mal à la tête et je comprenais pourquoi, je savais que j'avais
heurté quelque chose avant d'être tombé au sol, mais tout était allé très vite.
Et je n'avais pas réalisé.
— Ça fait deux heures, souffla une voix masculine à côté, on devrait
peut-être...réveiller ?
— Il ne veut...personne la touche.
Doucement, je revenais peu à peu à moi et un gémissement s'échappait de
mes lèvres lorsque la douleur de ma tête se fit sentir davantage.
— Iris ? Je crois qu'elle se réveille là...
J'ouvris doucement les yeux, et remarquai que la pièce où j'étais, était
complètement lumineuse.
Laissant mon cœur battre à la chamade.
Très vite, je commençais à m'imaginer que mes yeux étaient mis à nu.
Mais mes yeux étaient affreusement secs, je comprenais que je portais
encore mes lentilles.
Doucement, ma main se posa sur mon crâne à cause de la douleur, et je
sentais comme une compresse dessus.
— Ok elle est réveillée, souffla Neelam en me regardant.
Je voyais encore un peu flou, la lumière m'éblouissait.
J'étais allongé dans un lit, il y avait Neelam, Tayco et Lisa à côté de moi.
Où est Kai ?
— Salut, ma grande, dit Neelam en me souriant faiblement, bon retour
parmi nous.
Ce surnom...
Je me rappelais que ma prof en élémentaire m'appelait comme ça.
Tandis qu'elle appelait les autres « princesse ».
Je les enviais beaucoup trop c'était ridicule.
Tu es ridicule, meuf. C'est pas nouveau.
La moi de 6 ans détestait ce surnom. À présent, il était
même...réconfortant.
6 ans.
— Tu t'es cassé la gueule dans le van, mais...Kai t'a soigné, continua
Lisa en me souriant doucement, tu as un gros bleu sur le ventre aussi, ne
t'inquiètes pas, ça s'estompera avec le temps.
— Si tu vomis ou quoi il faut nous le dire et on t'emmènera à
l'hôpital.
Lisa se tourna vers Neelam qui venait de parler et lui dit :
— Il ne veut pas-
— À ce que je sache, il n'est pas médecin. Si elle doit aller à l'hôpital,
elle ira.
— Je...je vais bien, lâchai-je en essayant de me lever.
La douleur sur mon ventre me fit grimacer, c'était terrible. J'avais
l'impression qu'un camion m'avait marché sur le ventre.
— Je vais prévenir Kai, nous informa Lisa en se levant du lit sur lequel
ils étaient tous assis là à me regarder.
Je me redressai sur mes coudes, grimaçant à cause de mes yeux qui
commençaient à brûler.
Je ne voulais pas leur dire que je portais des lentilles, mais en même
temps, je voulais les enlever.
Je risquais ma vue.
Si la moi de 12 ans m'entendait dire que je voulais enlever mes lentilles
pour ne pas perdre ma vue, elle aurait fait un arrêt cardiaque.
12 ans.
Si je pouvais revoir ma petite moi et lui parler, lui dire qu'elle pouvait
être fière d'elle, peut-être qu'elle ne serait pas aussi brisée que moi.
Après quelques minutes, je vis Lisa entrer, Kai derrière elle.
— Venez, on y va.
Je vis Neelam prendre Lisa et Tayco qui ne bronchèrent pas et sortirent
de la pièce sans un mot.
Le regard de Kai fixait une petite partie de mon crâne qui était couvert
par la compresse.
— Comment tu te sens ? Me demanda-t-il après quelques secondes
silencieuses.
— J'ai mal à la tête, lui dis-je en grimaçant à cause de la douleur.
— Tu as envie de vomir ?
Je secouai négativement la tête.
— Des fourmillements ?
— Non plus, répondis-je doucement, j'ai juste mal à la tête.
Et il acquiesça.
...Kai le faux infirmier : saison 1 épisode 2.
Je le vis s'approcher de moi, mon cœur palpita en le voyant s'asseoir face
à moi avant de me dire :
— Je dois voir tes yeux.
Et mon cœur s'arrêta de battre pendant un instant.
Puis c'était au tour de mon corps de se crisper violemment avant de
trembler.
— Non-
— Iris, je dois voir tes yeux, je dois voir tes pupilles, et vérifier
qu'elles ne soient pas dilatée.
Kai me fixait, très sérieux et attendant ma réponse. Alors que cette scène
de lui en train de menacer un homme avec un couteau près de ses yeux me
hanta une nouvelle fois.
« Je t'enfonce un crayon dans les yeux »
Les paroles de cette fille me revinrent en mémoire, j'avais 14 ans.
14 ans.
C'était la pire année de ma vie. Si je pouvais, j'aurais effacé toute ma
mémoire de cette année. Qu'elle n'existerait plus.
C'était cette année qui m'avait rendu tel que j'étais, cette année qui
m'avait traumatisé.
Les larmes me montèrent aux yeux, j'implorais Kai du regard et secouai
la tête négativement.
— Je te promets que je ne m'en prendrais pas à tes yeux, Iris.
Il murmura sa phrase en me regardant, il avait promis.
« Je te promets que je ne te parle pas juste pour ton corps. »
Même lui m'avait promis, mais il avait menti. J'étais encore bête de croire
aux promesses à 16 ans.
16 ans.
Et les gens se demandent encore pourquoi je ne les croyais pas lorsqu'ils
faisaient des promesses.
Kai ne ment pas.
Il pourrait.
— Ils promettent tous-
— Je ne suis pas les autres, me dit-il d'un ton froid, tu sais que je tiens
toujours mes promesses.
— Pas les autres, pas les autres, répétai-je cette même phrase que les
gens disaient dans l'espoir de faire baisser ma garde, je te donne quatre
assiettes de Mac'n'cheese, et te dirais que l'une d'elles est empoisonnée,
est-ce que tu risquerais d'en manger ?
Il me fixait, ses yeux s'écarquillèrent légèrement à l'entente de ma
question.
Mac'n'cheese.
Putain.
C'était le seul exemple qui venait de me passer par la tête.
Il va se dire que je m'intéresse à lui et que je me rappelle des détails...fait
chier.
— Je t'ai dit que j'allais bien, lui dis-je en reprenant le sujet très vite.
Le mercenaire expira lourdement et se pinça l'arête du nez avant de
déclarer en fouillant dans ses poches :
— J'ai besoin d'une clope.
— Moi aussi.
Il pouffa et secoua négativement la tête, il grilla sa clope et tira sa
première latte en fermant les yeux.
Et minutes défilaient sans qu'aucun de nous ne parlait.
J'avais mal à la tête, et mon anxiété me faisait croire que j'avais une
commotion cérébrale.
Mais je n'avais aucun symptôme.
Normal, t'es un clown.
J'avais déjà cherché les symptômes d'une commotion cérébrale, à chaque
fois que je tombais, c'était la première chose à laquelle je pensais.
Alors je les avais apprises.
Un peu comme la crise cardiaque.
L'AVC.
L'œdème de Quincke.
Le cancer du sein aussi.
— Ok.
Il se tourna vers moi une nouvelle fois et me tendit sa cigarette à moitié
entamée.
Comme il commençait à le faire de plus en plus.
— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu allais être à une foireuse
réunion de trafic humain ? L'interrogeai-je d'un ton amer en tirant une
latte.
Il resta silencieux pendant secondes avant de me dire :
— Je ne voulais pas t'effrayer.
— Tu m'as menti-
— Je ne te mentirais jamais, je te cacherais des choses peut-être,
mais je ne te mentirais jamais, cracha-t-il en me fusillant du regard, ne
redis plus jamais ça.
Je voyais dans ces yeux la haine de ses paroles qui venaient de sortir de
mes lèvres.
Ces mêmes paroles que lui disait sûrement son père lorsqu'il était jeune.
Je supposais.
— Je devais sauver les enfants d'un gars qui m'avait embauché, me
dit-il en regardant le sol, je ne pouvais pas risquer leur vie en y allant
seul. Je savais que tu allais paniquer si tu l'apprenais, j'ai préféré le
cacher.
— Où sont les filles ?
— Après l'accident, tu t'es évanouie et on s'est barré, je t'ai caché
sous ma veste parce qu'il y avait des balles partout, deux filles sont
mortes. Mais le reste est en vie, je les ai laissés au gars, il les rendra à
leurs familles.
Je demeurai silencieuse, deux filles que j'avais fait sortir étaient mortes.
Je ne voulais pas savoir qui exactement, je n'avais pas la force.
— Où est-ce qu'on est ?
— On reste ici le temps de nous reposer, on repartira dans quelques
heures, souffla Kai en se levant, t'es sûr que tu n'as rien ?
Je secouai la tête et il pointa du doigt la table de chevet près de moi en
disant :
— Prends des médicaments, ça t'aidera pour ton mal de crâne.
Et il tourna le dos en s'avançant vers la porte.
— Pourquoi tu t'en es pris à ses yeux ?
Et il s'arrêta.
— Je t'ai vu, continuai-je en le fixant toujours dos à moi, pourquoi tu
l'as fait...alors que tu savais ce que j'avais eu.
Son silence était sa seule réponse.
Me forçant à continuant.
— Comment tu veux que je te croie...alors que tu as fait exactement
ce dont j'avais peur, à quelqu'un d'autre.
Plusieurs secondes s'écoulèrent et il ne dit rien, toujours dos à moi.
Je sentais mon cœur battre à vive allure, me rappelant encore de cette
scène que je n'arrivais pas enlever de ma tête.
Et m'imaginer à la place de cet homme me donnait envie de vomir mes
tripes.
— Je trancherais toutes les peaux qui toucheront les tiennes, et
crèverais tous les yeux qui te regarderont...de mon monde.
Mon souffle se rompit, je me rappelais de sa première phrase.
Sa phrase qu'il m'avait dite au Box.
Le Box qui lui appartenait.
Son monde.
— Je refuse qu'une personne de mon monde t'approche, et que tu
l'acceptes ou non je n'en rien à foutre, me dit Kai d'un ton froid,
personne de mon monde ne te regardera, ni te touchera, parce que tous
ceux de mon monde sont mauvais, vicieux. Tu l'as vu hier.
Et pour une fois, je ne pouvais pas nier le fait qu'il avait raison.
Le trafic humain m'avait donné une gifle immense quant à la réalité
dérangeante de son monde.
— Il m'en faut peu pour savoir ce qui se passe derrière la tête des
gens de mon monde, et ils sont tous malhonnêtes.
— Pas tous, lâchai-je en pensant à Jacob et Vernon.
— Alors je te rends ton exemple, Iris.
Et il s'approcha de mon lit.
Ma respiration disparue lorsque je vis ses mains se poser sur le matelas,
ses doigts près de chaque côté de mes hanches, alors qu'il se penchait pour
me faire face.
Ses yeux transpercèrent les miens et je me sentais soudainement intimidé
par son regard.
Sa présence.
Son souffle se mélangea au mien et mon odeur emplit mes narines.
De plus près, je vis les blessures qu'il avait au visage et au bras...ainsi que
son torse dont une partie était visible depuis ma position.
— Je te donne quatre tasses à café, en te disant que l'une d'elles est
empoisonnée. Est-ce que tu risquerais de boire ?
Café.
Il avait pris ma boisson préférée...comme j'avais pris son plat préféré.
Mes yeux s'écarquillèrent et un sourire étira un coin de ses lèvres alors
qu'il murmurait après avoir attendu ma réponse pendant plusieurs minutes :
— Je suis flatté de savoir que tu t'es rappelé de mon plat préféré,
princesse.
— Ne te fais pas d'idées, j'aime beaucoup ce plat aussi c'est tout,
lâchai-je en lui lançant un regard noir.
« C'était une erreur »
— Pourquoi ?
Je fronçai les sourcils, comment ça « pourquoi » ?
— Parce que c'est bon ? lui dis-je comme si c'était évident.
Il se redressa et hocha la tête sans un mot.
Ses yeux devenaient peu à peu vides, comme s'il réfléchissait.
— ...Et parce que mon père disait que j'allais grossir si j'en mangeais
beaucoup.
Ses yeux se reposèrent sur moi une nouvelle fois.
Quand j'étais jeune, mon père était à fond dans le sport et la diète.
À un jeune âge, je devais commencer à surveiller mon poids.
Juste pour lui faire plaisir.
D'ailleurs, je m'étais intéressé à beaucoup de choses uniquement pour
avoir son attention.
Comme le foot.
Ou le café.
Qu'est-ce que je suis stupide.
— Et toi ? lui demandai-je en attendant patiemment sa réponse.
Son silence était présent pendant quelques minutes alors que mon rythme
cardiaque ne faisait qu'augmenter.
Mais contre toute attente.
Il répondit.
En bégayant légèrement.
— Mon...père, détestait...il détestait ce plat. Je n'avais pas le...droit
d'en manger.
On pouvait entendre mon cœur se briser à des kilomètres à l'entente de sa
confidence.
Je le vis me tourner rapidement le dos en allant vers la porte.
— Enlève tes lentilles et change-toi, on rentre dans quelques heures.
Mais avant qu'il ne quitte la chambre, je l'interpellai :
— Kai.
Le mercenaire s'arrêta et me lança un regard par-dessus son épaule, alors
que je murmurai :
— Cette fois, tu n'es pas défoncé.
_____________
Hey !
Je me suis amusé à écrire des indices, sur Twitter et Instagram. Et à
chaque fois je lisais vos théories j'étais comme ça :
6 + 12 + 14 + 16 - 14 (parce que Iris voudrait effacer cette âge) = 34.
Pour ceux qui ont retrouvé les titres des chapitres précédents avec ces
chiffres je vous aimes.
Anywayyyyyy !

🥴
Ok bon j'avais prévu de faire quelque chose pour ça chapitre mais

❤️
finalement je l'ai réservé pour une autre partie
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram: sarahrivens
35. Douleur supportable

(NDA pré-chapitre : coucou Azra jtm kdo)


Iris
Trois jours plus tard. 20 heures 30.
— Trésor, mange quelque chose, me dit doucement la voix de Jacob.
— Je n'ai pas faim, répondis-je dans un souffle.
Allongé sur le canapé, le regard rivé vers la télé qui affichait le nouvel
épisode d'un documentaire criminel. Comme si je n'avais pas assez
criminalité en tête.
Et pourtant, j'aimais ces émissions.
Parce que mon cerveau se concentrait sur autre chose que les souvenirs
de mon passé, les paroles des autres, les évènements que je voulais oublier.
Mon cerveau me détestait, mais il me protégeait. Parce que personne ne
serait aussi mauvais et méchant avec moi...que moi-même.
C'était ma forme de protection.
Réfléchir à tout, me rabaisser, penser au pire.
Tout ça pour amortir les éventuelles chutes.
Et pourtant.
La seule chute que je n'avais pas pu amortir, c'était les paroles de Kai.
Trois jours plus tôt.
Lorsque j'avais prononcé ces mots alors qu'il allait quitter la chambre.
...Cette fois, tu n'es pas défoncé.
« Trois jours plus tôt.
Mon cœur et mon corps sursautèrent au moment où il claqua violemment
la porte, sans m'adresser une seule réponse.
Mes sourcils se froncèrent d'agacement et je grimaçais à cause de la
douleur, j'avais encore cette colère au fond de moi à cause de ce qu'il avait
dit à Cleveland.
« C'était une erreur de t'avoir écouté »
Je n'étais pas le genre de fille à être rancunière. Honnêtement, j'étais
celle qui pensait qu'elle méritait tous ces mots.
La triste vérité.
Mais pour la première fois, j'étais en colère contre son comportement
envers moi.
Parce que je ne le méritais pas.
Je m'étais ouverte à lui, de la façon la plus vulnérable.
Et il m'avait accepté.
Puis m'avait rejeté.
« J'étais défoncé...j'ai dit et fait des merdes que je n'aurais jamais
voulu faire en temps normal »
Mes poings se serrèrent et ma gorge se noua, ma haine montait de plus
en plus alors que je reprenais les souvenirs de la veille.
Je détestais le voir agir comme si de rien n'était.
Me forçant à faire aussi comme si de rien n'était.
Comme mes parents lorsqu'ils me blessaient, ils étouffaient la chose et je
devais l'accepter.
Mais...plus je grandissais, moins j'avais peur de parler.
De montrer que ça m'avait blessé.
Je soupirais en me levant du lit, me dirigeant vers la salle de bains. Mais
au moment où j'allais ouvrir la porte, j'entendis celle de la chambre
s'ouvrir.
Et je me tournais.
Je vis Kai prendre ses affaires, sans m'adresser un seul regard.
J'arquai un sourcil en voyant ses mouvements agités, et il prit mon sac.
— Ça c'est mon sac-
— Tu veux savoir un truc Iris, me dit-il d'un ton tranchant
soudainement, je ne t'ai pas menti. Si je n'étais pas défoncé, je n'aurais
jamais participé à ce qui s'est passé. Accepte-le ou non, ce n'est pas mon
problème. Si j'avais eu toute ma tête, je n'aurais rien fait, et ça, c'est la
vérité. Tu peux rester dans le déni si tu veux ou faire comme si je mentais
et essayer de me prouver le contraire, mais la vérité restera la même, Iris.
Je ne l'aurais pas fait en temps normal. »
Ses mots m'avaient heurté, encore une fois, je l'avais laissé me blesser.
Moi qui me protégeais de tout, j'étais incapable de me protéger de lui.
Comme il était incapable de me protéger de lui.
Ce soir-là, il avait dormi avec Tayco. Nous étions rentrés très tard à
Cleveland et de cette ville, nous avions repris la voiture pour revenir ici.
Mais nous ne nous étions pas arrêtés.
Il avait conduit toute la nuit et ne s'était arrêté qu'une seule fois pour
acheter de la nourriture.
Puis, pendant tout le long, c'était le silence total.
Aucun de nous ne parlait à l'autre, une tension palpable pouvait se sentir
à l'intérieur de l'habitacle. Comme deux ennemis forcés à rester ensemble.
J'étais passé par toute sorte de haine en plusieurs heures.
Il me dégoûtait, je voulais le tuer, je voulais pleurer de colère, je voulais
qu'il s'excuse.
Mais il ne fit rien.
Alors mon silence allait être la seule chose qu'il allait connaître.
— Tu ne veux toujours pas me raconter ce que t'as ?
Depuis notre retour, Jacob était resté avec moi. Parce que Kai avait repris
ses affaires une heure après notre arrivé et s'était barré, je ne savais où.
Et depuis deux jours, il tentait de savoir ce que j'avais puisque Kai n'était
pas là pour lui dire.
Et ne répondait pas au téléphone visiblement.
— Je n'ai rien, le rassurai-je pour la millième fois en souriant alors qu'il
venait remplacer l'oreiller sur lequel j'avais posé ma tête par sa cuisse.
Ses doigts se posèrent sur mes cheveux, et il me dit doucement :
— Tu n'as jamais été aussi silencieuse, même quand tu étais dans ta
phase de pseudo kidnappée...et là, ça fait deux jours, et je m'ennuie.
Il émit un petit rire dans un souffle et mes lèvres s'étirèrent.
— Je sais que c'est Kai, reprit Jacob et je sentis mon cœur bondir,
même lui j'ai vu comment il était en colère, et il ne répond pas à mes
messages. Qu'est-ce qui s'est passé à Cleveland ?
— Ton meilleur ami est un enfoiré, mais ça, tu le sais déjà, lui dis-je
en sentant qu'il jouait avec ma mèche de cheveux.
— Il voulait te cacher la réunion pour ne pas te faire peur, Iris, tenta-
t-il de le défendre en supposant ce qui avait pu causer ce froid entre nous, il
veut juste te protéger.
Un rire mauvais s'échappait de mes lèvres en l'écoutant défendre sa
cause.
Me protéger.
— Il te protège à sa façon, entendais-je la voix de Jacob.
Et mes sourcils se froncèrent d'agacement alors que sa voix me revint en
tête pour la centième fois.
« Je trancherais toutes les peaux qui toucheront la tienne et crèverais
tous les yeux qui te regarderont...de mon monde. »
— Il me protège des autres, mais ne se gêne pas pour me blesser,
marmonnai-je en me rappelant de ses mots, quelle protection.
Je terminai ma phrase avec une pointe de sarcasme dans ma voix et Jacob
ria.
—Ok ! On avance enfin ! s'exclama-t-il fier d'avoir eu ce petit bout
d'informations ce qui m'arracha un sourire, aller raconte à tonton Jacob ce
qui passe avec l'autre con.
Un petit rire s'échappait de mes lèvres et je secouai la tête négativement.
Alors il continuait :
— Je sais qu'il peut être bête des fois en plus, pourquoi je n'y avais
pas pensé plutôt ! Il a dit quoi pour blesser sa princesse ?
— Je ne suis pas sa princesse, tais-toi, marmonnai-je en essayant de
rester en colère.
Même si Jacob ne m'aidait pas.
Au contraire, il essayait de me faire rire.
Comme depuis deux jours.
— Je sais qu'il peut dire des choses crues parfois, reprit-il après avoir
ri à ma réponse, il ne sait pas amortir ses mots.
— Oui, j'ai vu ça t'inquiètes.
« C'était une erreur de t'avoir écouté »
— Mais il n'est pas méchant, pas avec toi en tout cas. Il essaie de ne
pas te faire peur.
Oui oui, aller.
— Bien sûr qu'il ne voulait pas me faire peur, je suis fragile.
Tous ses mots tournaient dans ma tête, je n'oubliais jamais ce qu'on me
disait.
Et c'était l'un de mes plus grands défauts.
Ça restait en boucle dans ma tête, encore et encore.
Chaque lettre me bouffait de l'intérieur, remettant ma personne en
question.
Tout le temps.
— Tu n'es pas fragile, me dit Jacob d'une voix qui se voulait rassurante.
Un nouveau rire s'échappait dans un souffle de mes lèvres.
L'autre là il adore dire ça.
— Ce n'est pas ce que ton enfoiré de pote dit, lâchai-je le ton plein
d'amertume, non, lui il dit que je suis fragile tu vois ? Tout ça parce que
je ne supporte pas de voir des corps et des meurtres comme vous-
— Il ne sait pas se mettre à ta place-
— Non, mais il sait très bien décider pour moi visiblement, le coupai-
je à mon tour en fronçant les sourcils, et tu sais ce qu'il adore faire aussi ?
Ne pas assumer.
Jacob ne dit rien et continua à jouer avec une mèche de mes cheveux sans
un mot, je bouillonnais de l'intérieur, comme à chaque fois que je repensais
à ce qui s'était passé.
J'étais triste et terriblement en colère.
— Je peux te poser une question ? Me demanda Jacob d'une petite voix
hésitante.
—Mhm.
— Vous vous êtes embrassé à Cleveland ?
— Non.
On avait fait bien pire.
— Donc qu'est-ce qu'il n'a pas assumé ?
Ma gorge se noua en se rappelant une nouvelle fois de ses paroles, et
doucement, je me laissais prendre par les questions de Jacob.
Voulant me vider.
Du moins, un peu.
— Je lui ai raconté que les enfants me harcelaient quand j'étais
jeune, et monsieur m'a écouté uniquement parce qu'il était défoncé,
racontai-je le ton plein de rage, « c'était une erreur de t'avoir écouté »
d'après lui.
J'entendis Jacob soupirer lourdement avant de murmurer :
— Oh le con...
— Ça tu peux le dire oui, lâchai-je en gardant les sourcils froncés.
Mais pour la première fois depuis le début, il n'essayait pas de le
défendre.
Jacob n'avait rien dit pour arranger les paroles de Kai.
Ce qui voulait laisser croire qu'il le pensait.
Et que Jacob savait qu'il le pensait.
Plusieurs minutes s'écoulèrent et une partie de moi attendait que Jacob
m'explique, mais il n'en fit rien.
Il continua à jouer avec cheveux, silencieux.
— Tu-
Je me fis couper par les tocs qui provinrent de la porte d'entrée, mon
rythme cardiaque s'accéléra et je me redressai en même temps que Jacob.
Ce dernier fronça les sourcils en se levant puis dit d'un ton perplexe :
— Je n'attends personne. Vernon ne revient que demain soir.
Peut-être que c'était Kai.
Il partit ouvrir et mon souffle se rompit lorsque je vis l'expression de
Jacob qui était pleine d'interrogation passer à l'agacement.
Instantanément.
— Bonsoir, Jacob.
Et je comprenais vite pourquoi.
Mason.
Je me levai rapidement du canapé, et son regard se posa sur moi.
Puis sur mon crâne.
Encore blessé et couvert par des compresses.
Qu'est-ce qu'il me foutait la trouille ce mec.
— Iris, me dit-il en souriant faussement.
Je restai près du canapé, et vis le corps de Casey entrer dans la maison à
son tour.
Il était venu avec Casey.
— Qu'est-ce qu'il veut ? demanda Jacob à Casey comme si Mason
n'existait pas.
Casey resta muet et Mason me demanda curieusement :
— Comment s'est passée la mission, Iris ?
— Ne répond pas Iris, cracha Jacob en fusillant du regard l'homme, si
tu as quelque chose à demander, demande-le à Kai.
Un petit sourire étira ses lèvres une nouvelle fois et il demanda d'un ton
moqueur en regardant autour de lui :
— Bien ! Où est-il ?
— Il est sorti, l'informa Jacob en gardant la porte ouverte, reviens plus
tard, tu le trouveras peut-être.
Mason garde ses yeux sur moi, son regard ne me quittait pas.
Et des frissons parcouraient le corps, j'avais un mauvais pressentiment.
— Appelle-le, Casey.
Jacob maintenait son regard sur Mason qui me souriait sans un mot, et
Casey prit son téléphone et sortit de la maison.
Jacob était en colère, et c'en était presque effrayant.
Ses poings étaient serrés et sa mâchoire était contractée, la porte était
encore grande ouverte tandis que les deux hommes qui venaient d'arriver
restaient près de l'entrée.
Pourquoi ils étaient là ?
— Tu t'es blessé on dirait, me dit Mason en désignant du menton les
compresses sur ma tête.
Jacob me lança un regard et je ravalai tous mes mots, comprenant que je
ne devais pas lui parler ni répondre à ses questions.
Crois-moi, c'est noté et approuvé.
— Il arrive, déclara Casey en revenant à l'intérieur.
— Très bonne nouvelle ! s'enthousiasma faussement Mason, j'ai besoin
d'un café en attendant son arrivée, Iris, tu veux bien être gentille et
m'en faire ?
Il veut clairement me faire souffrir.
Je n'avais pas pris de café depuis deux jours, je voulais faire une sorte de
désintox.
Et honnêtement, l'entendre m'en demander un était très sadique.
Je lançai un regard à Jacob qui acquiesça en guise d'approbation et
décidai de m'approcher de la cuisine ouverte.
— Comment tu t'es blessé ? m'interrogea curieusement la voix de
Mason.
Je savais qu'il me parlait à moi, je ne comprenais pas pourquoi il me
posait ces questions. Il ne le faisait pas quand il venait ici.
Peut-être qu'il s'ennuie...en vrai il a un petit air de monsieur Pingouin
dans Batman.
— Elle est tombée, répondit Jacob à ma place en me coupant le souffle.
Quoi ?
Je n'osais pas me tourner face à eux et continuai à faire ce foutu café,
j'entendais Mason s'approchait de la table avant de s'asseoir, son regard sur
moi était palpable.
Je pouvais le sentir.
— Où ça ?
— Tu poses trop de questions sans la présence de Kai, cracha Jacob
soudainement, mais bon, ça ne m'étonne pas venant de ta part.
Après quelques secondes, je me tournais vers Mason, un verre à la main.
Il regardait mon visage avec un petit sourire faux aux lèvres.
Comme s'il se forçait à paraitre gentil.
— Jacob t'aime beaucoup on dirait, me dit l'homme en prenant ma
tasse.
— Tu peux lui dire de se la fermer un peu ? lâcha Jacob en direction
de Casey qui m'observait sans un mot.
Putain qu'est-ce qui se passait à la fin.
Je ne comprenais pas pourquoi Mason était là ? À attendre Kai ?
En parlant de lui, il n'était toujours pas là. Et son absence créait un climat
bizarre dans cette maison.
Jacob prit son téléphone et pianotait dessus, en prenant bien soin de
garder la porte ouverte.
Comme s'il montrait que leur présence n'était pas la bienvenue et qu'il
leur demandait de sortir.
Du moins, que Mason sorte.
Mais à peine quelques minutes après, nous entendîmes le bruit effrayant
du moteur d'une moto. Et je savais que c'était Kai.
— Il est là...
Mason prit une gorgée de son café, un sourire sournois aux lèvres et le
regard droit sur la porte d'entrée, attendant l'arrivée du mercenaire.
Ce dernier arriva près de l'entrée, son téléphone dans la main.
Ses yeux sur l'écran pendant un instant se relevèrent vers nous.
Vers Mason.
— Kai ! s'exclama l'homme d'un ton faussement joyeux, je pensais que
tu n'allais jamais revenir.
— Qu'est-ce que tu veux ? rétorqua ce dernier d'un ton glacial.
— Où est-ce que vous étiez ? lui répondit Mason par une autre question
en nous pointant tous les deux du doigt.
— À la recherche de son père, répondit Kai en fermant la porte.
Pardon ?
Il lui mentait. Kai était en train de mentir à Mason.
Ce n'était pas la première fois qu'il le faisait avec lui.
Je commençais à croire qu'il était rare qu'il lui dise la vérité.
— Et comment elle s'est blessée ? L'interrogea-t-il encore une fois.
— Elle est tombée, répondit Kai de la même façon que Jacob.
Je les regardais sans un mot, toute cette discussion me troublait.
Je ne comprenais pourquoi ils lui avaient menti.
Alors Mason n'était pas au courant que Kai m'avait emmené dans une
réunion de trafic humain.
Pourquoi tu mens Lakestone...
— Approche, entendais-je Mason.
Je me tournais vers lui, mes yeux s'écarquillèrent lorsque je compris qu'il
me parlait.
Je me tournais vers Jacob et vis que ce dernier fixait Kai.
Le mercenaire ne dit rien, regardant la scène sans un mot, ses yeux sur
Mason qui attendait que j'obéisse.
Mon cœur battait à la chamade, je sentais que quelque chose n'était pas
net.
Rien qu'à voir le regard menaçant de Kai.
— Viens, Iris, me répéta-t-il alors que je ne bougeais pas de ma place.
Je ne comprenais pas ce qu'il me voulait, pourquoi il avait besoin de ma
présence près de lui.
— VIENS ICI !
Je sursautai violemment lorsque sa voix explosa et mon corps trembla
comme une feuille.
Immédiatement, je fis un pas en avant et remarquai que Kai fixait
toujours Mason, il ne bougeait pas d'un centimètre.
Comme bloqué.
— Assieds-toi...près de moi.
Il tira une chaise et la posa à côté de lui, son regard se posa sur Kai et très
vite, la boule se forma dans mon ventre.
Je me sentais en danger.
Hésitante, je m'assis près de lui, mon corps entier tremblait et mon regard
se posa sur Kai. Lui qui n'avait pas fait un seul mouvement depuis que
Mason avait crié.
Il fixait ce dernier, silencieux.
Je vis Jacob s'approcher de lui, son visage colérique s'était vite
transformé.
Paraissant plus...inquiet.
Mon souffle se saccada lorsque je sentis Mason poser sa main sur ma tête
en me disant d'un ton cinglant :
— Ne bouge pas.
Et la seconde qui suit, je sentis ses doigts arracher violemment les
pansements qui maintenaient les compresses contre ma blessure.
M'arrachant un gémissement de douleur que j'étouffais à cause de la
tétanie.
Les larmes me montèrent aux yeux, la panique me gagna et je sentais ses
doigts effleurer ma blessure.
Kai ne bougea pas, regardant la scène sans un mot.
Mais je pouvais voir que son regard n'était pas indifférent, comme s'il ne
voulait pas laisser paraitre ses émotions, mais qu'il trouvait de plus en plus
de difficultés à le faire.
Il fixait Mason, d'une autre façon.
Une façon plus...meurtrière.
Plus sanguinaire.
Il respirait rapidement, je pouvais voir son torse bouger très vite.
Trop vite.
Comme si ses poumons n'arrivaient pas à prendre l'oxygène
normalement.
Comme quand je faisais des crises d'angoisse.
Un cri de douleur s'arracha brutalement de mes lèvres lorsque je sentis
son doigt se presser violemment contre ma blessure, une pression si forte
qui m'avait été impossible d'étouffer mon cri.
Et par réflexe, je tentai de me lever.
Mais très vite, ses doigts emprisonnèrent mes cheveux qu'il tira
violemment en arrière, et d'un coup, sa main me gifla brutalement.
— Je t'ai demandé de ne pas bouger, cracha-t-il en me fusillant du
regard.
J'étais tétanisé, mes tremblements se firent de plus en plus violents et les
larmes coulèrent le long de mes joues alors que j'implorai Kai de faire
quelque chose.
Jacob fit un pas en avant, s'approchant encore du mercenaire qui semblait
être gelé.
Comme si Jacob se préparait à quelque chose.
— Voilà, bonne fille.
Je tremblais de douleur et de terreur, encore sous le choc par sa gifle et
son comportement brutal.
Il continuait à presser contre ma plaie en disant :
— Et vous avez trouvé quelque chose ?
Kai ne répondit rien, son regard le fixait sans un mot. Et Mason me tira
les cheveux davantage, m'arrachant un nouveau gémissement de douleur.
— Non, répondit d'un coup la voix de Kai d'un ton trop calme.
— Ton père te déteste à ce point, ma pauvre fille, lança Mason en riant
doucement, ça ne devait pas être facile pour toi lorsque tu voyais qu'il
donnait plus d'importance à sa fille adorée, Lizzie.
Ses mots me tranchaient le cœur, et ma gorge se serra violemment.
— Pourquoi il te fait subir ça ? me demanda Mason d'un ton sournois,
qui ferait des choses aussi horribles à son enfant...peut-être que ce n'est
pas ton vrai père.
Ferme ta gueule.
— Il ferait tout pour protéger sa petite Lizzie, mais pas toi, c'en est
presque triste.
— Arrêtez, lui demandai-je en grimaçant de douleur.
— Oh, tu es triste ? En même temps, je pourrais comprendre,
murmura-t-il près de mon visage, qui ne le serait pas ici...
— Relâche-la, cracha Jacob en le regardant une nouvelle fois poser son
doigt sur ma blessure.
Il pressa le bout de son doigt et ma tête me faisait atrocement mal, si mal
que je voulais vomir.
Il cherchait à me faire souffrir, c'était tout ce qu'il voulait.
Un nouveau gémissement s'échappait de mes lèvres et il me gifla une
nouvelle fois, et encore une fois.
Et encore une fois.
— Arrêtez ! m'exclamai-je en tremblant alors que la douleur se
propageait partout dans mon corps.
Un rire quitta ses lèvres et il prit mon visage en coupe en me forçant à me
tourner vers lui.
Des larmes coulaient le long de mes joues et je sanglotais en le suppliant
du regard.
Lâchez-moi...
— Où est mon fric, Iris ?
Et la seconde qui suit, un hoquet quitta mes lèvres lorsque je vis un
couteau transpercer l'avant-bras de Mason.
Effleurant presque mon visage avec la lame.
— Tu me poses les questions à moi, pas à elle, cracha brutalement la
voix tranchante de Kai.
Mason grogna de douleur et enleva sa main de moi, le goût du sang
arriva dans ma bouche, signe que mes lèvres étaient blessées à cause des
gifles qu'il venait de me donner.
Mes joues brûlaient, ma blessure et ma mâchoire me faisaient
horriblement mal, si mal que j'en tremblais.
Mason s'éloigna de moi et je ne bougeais pas, encore tétanisée par tout ce
qui venait de se passer.
— Tu pouvais me dire ça sans me blesser...
Il arracha d'un coup le couteau et le jeta en direction de Kai, ce dernier le
prit à la volée en l'assassinant du regard.
Et à ce moment, je remarquai que sa main tremblait.
Non, ses deux mains tremblaient.
Presque autant que moi.
— Je veux mon fric, et ce putain d'Evan Simones, et plus vous allez
tarder, moins je la laisserai intacte.
Ma main se posa sur la blessure que j'avais, et je remarquai que je
saignais.
Il avait rouvert la plaie.
Je le vis se rapprocher de Kai qui n'avait pas quitté son regard de lui,
Mason souriait sournoisement.
Comme s'il était fier de ce qu'il m'avait fait.
Comme s'il voulait la réaction de Kai.
— Tu trembles un peu, non ?
Mason s'approchait de Kai, exerçant des pas lents et sournois, comme s'il
aimait ce jeu.
Cette provocation.
— J'ai une folle envie de t'assassiner depuis tout à l'heure, murmura
Kai à son tour.
Mason haussa les sourcils, visiblement étonné par sa réponse, et lui
demanda curieusement :
— Pourquoi ça ?
Mon souffle disparaissait peu à peu en les voyant se défier du regard, je
voyais la lueur dans mes yeux de Mason.
Dieu qu'il était malsain et sournois.
Mais la réponse de Kai venait de me couper la respiration.
— Tu as bu, dans ma tasse, et je déteste quand on touche à ce qui
m'appartient.
Ce n'était pas vrai.
Kai n'avait pas de tasse précise.
Mason ne dit rien, et examinait son visage pendant quelques secondes.
Je regardais la scène sans un mot, remarquant que les non-dits étaient de
plus en plus présents.
De plus en plus profond.
Il y avait cette tension meurtrière qui émanait de Kai, je pouvais le sentir
depuis ma position.
Mais il avait l'air tellement...calme.
Comme s'il se contenait du mieux qu'il pouvait face à Mason.
— Maintenant, Mason, murmura Kai en le menaçant du regard, tu vas
reculer. Doucement. Tu vas prendre ton enfoiré de Casey avec toi, et
vous allez vous barrer d'ici. Très...très vite.
Et en l'espace d'une seconde, le froid qu'il avait instauré s'intensifiait.
Et son air menaçant montrait la colère qui l'abritait et qui le faisait
trembler.
Ses émotions commençaient à se voir sur son visage, sa mâchoire se
contractait lentement, la veine dans son cou ressortait et ses poings se
serrèrent.
La mort dans ses yeux s'amplifiait de plus en plus, comme s'il préparait
déjà sa manière de tuer Mason.
Jacob observait Kai, puis Mason. Sans participer à la conversation.
Mais restant toujours sur ses gardes.
— Ne touche plus jamais à ce qui est à moi, dit Kai en s'avançant vers
Mason qui reculait, parce que je te fais la promesse de trancher chaque
centimètre de ta misérable peau et te crèver les yeux avant de te les faire
bouffer.
Casey posa sa main sur le torse de Kai pour l'empêcher de s'approcher
encore de Mason et la seconde qui suivit, le corps de Casey se fit propulser
brutalement sur le côté.
Mes yeux s'écarquillèrent et ma main couvrit ma bouche.
Paralysée par la rapidité de ce qui venait d'arriver.
Kai venait de lui assener un violent coup au visage.
— Touche-moi encore une fois et je te promets d'arracher chaque
muscle de ton corps, cracha le mercenaire d'un ton cinglant.
Casey gémit de douleur, ses mains sur son nez et le sang coulaient à flots
sur ses doigts.
Il ne l'avait pas raté.
Je grimaçais en regardant la scène, la peur me prenait aux tripes, cette
violence me faisait trembler.
C'était ce côté violent de Kai qui me terrifiait plus qu'autre chose.
— J'espère que je me suis bien fait comprendre, termina Kai en
regardant Mason.
Ce dernier lança un regard à Casey qui tentait de se relever, ses yeux
fusillaient Kai alors qu'il gémissait encore de douleur à cause de ce que lui a
fait le mercenaire.
Jacob lança un regard à Kai qui semblait avoir de plus en plus de mal à
rester calme face à Mason, puis il se tourna vers moi et s'approcha vite en
murmurant :
— Je vais t'aider à nettoyer ça.
Mason venait de dire quelque chose en même temps que Jacob, mais je
ne l'avais pas entendu.
Puis à ce moment, Kai émit un rire mauvais avant de répondre :
— Tu sais ce qu'on dit après tout, les enfants paient toujours les
conneries de leurs parents.
Mason se tourna vers moi, et Jacob se redressa directement en le fusillant
du regard.
L'homme soupira, son avant-bras saignait depuis tout à l'heure, mais cela
n'avait pas l'air de le déranger.
Il se dirigea silencieusement vers la porte d'entrée suivit de Casey, et en
quelques secondes, quittèrent les lieux.
Laissant derrière eux, un Kai furieusement calme et une atmosphère
terriblement glaçante.
Kai regardait toujours la porte d'entrée à présent fermée, son couteau
encore à la main et ses yeux brûlaient.
Je sentais les doigts de Jacob examiner ma tête, et je frissonnais lorsqu'il
s'approchait un peu trop près de ma blessure.
— Je vais les tuer un jour, cracha Jacob en regardant ma plaie, putain
elle saigne. Tu as mal ?
Kai se tourna vers nous à l'entente de la question de Jacob.
— C'est supportable, soufflai-je en essayant de le rassurer.
Jacob entrouvrit la bouche, et je vis le regard de Kai passer de la colère à
l'incompréhension, ses yeux s'écarquillèrent pendant quelques secondes et il
sembla très vite englouti par ses pensées.
Qu'est-ce qu'il a ?
Mes sourcils se foncèrent en voyant sa réaction si rapide que je n'arrivais
pas a comprendre, ses yeux toujours droits vers moi.
Jacob se tournait vers lui, et Kai ne m'avait pas lâché du regard.
— Je vais m'occuper d'elle, ne reste pas là, lui dit ce dernier en se
redressant, je gère, Kai.
Kai releva son regard vers Jacob, encore gelé, comme tétanisé.
Et mon cœur rata un battement lorsque je vis le couteau qu'il avait en
main, tomber au sol.
Créant seul bruit autour de nous.
— Kai, je t'ai dit que je gère, répéta Jacob en s'approchant de lui, elle
va bien. Tout va bien.
Kai ne dit rien, et le regardait sans un mot.
Jacob leva ses bras tout en lui disant :
— Va te changer, je vais la soigner-
— Non, ne la touche pas, lâcha Kai soudainement en secouant la tête.
Et ma respiration se saccada lorsque je vis que le ton de sa voix avait
changé.
Devenant moins assurée.
— D'accord..., murmura Jacob, je ne vais pas la blesser, tu le sais...
Kai regardait Jacob, et je regardais la scène. Kai pensait que Jacob allait
me blesser lui aussi.
Ces réactions étaient complètement incompréhensibles.
Et là.
Son souffle se saccada, et devenait de plus en plus bruyant.
Ses yeux s'écarquillèrent et je le vis presque haleter, ses mains
tremblaient et son regard fixait Jacob.
Comme s'il faisait une crise de panique...est-ce qu'il faisait une de
panique ?
— Mec, tranquille..., murmura Jacob en levant les mains, tout va bien,
il n'y a rien. Elle n'a rien, regarde ? Tu vois ?
Il me pointa du doigt en gardant ses yeux sur Kai.
Et doucement, je me levai de la chaise en fixant le mercenaire qui était en
train de se laisser diriger par ses émotions.
Sa colère.
— Je vais l'aider-
— NON NE LA TOUCHE PAS ! Explosa brusquement la voix
colérique de Kai en fusillant Jacob du regard, ne la touche pas, personne
ne la touche.
— Personne ne la touchera plus Kai, dit Jacob d'un ton calme,
personne ne va plus jamais la toucher.
Voir Jacob aussi calme face à Kai me prouvait que ce n'était pas la
première fois que ça arrivait.
Kai tremblait si violemment que je pensais qu'il allait tomber d'une
seconde à l'autre.
Il respirait fort, et trop rapidement.
— Personne ne va la toucher, répéta Jacob encore une fois, plus
personne ne va la toucher.
Kai fixait Jacob, comme s'il voulait le tuer.
Ses yeux n'étaient pas aussi indifférents qu'à son arrivée, honnêtement, ils
étaient très loin de l'indifférence.
Ses iris clairs pouvaient montrer à quel point ses pupilles étaient dilatées
de colère.
— Calme-toi mec, souffla Jacob en regardant les mains du mercenaire
qui étaient si serrées que ses jointures allaient exploser.
— Ne la touche pas, murmura Kai une nouvelle fois, plus personne ne
doit la toucher.
— D'accord, plus personne je te le promets, accepta Jacob en gardant
les mains légèrement en l'air, tranquille, tout va bien. N'est-ce pas Iris ?
Mon souffle se coupa en voyant Jacob solliciter ma présence dans leur
discussion.
Ce dernier me lança un regard, et acquiesça discrètement.
— Oui, murmurai-je sans trop de conviction en lançant un regard à Kai.
— Tu vois, elle va juste nettoyer ses blessures, l'informa Jacob
doucement, c'est terminé. Je vais m'habiller pour sortir vérifier les
alentours, tu veux que je te ramène un truc quand je reviens ?
Pardon ?
— Plus personne ne doit la toucher, répéta Kai une nouvelle fois
comme s'il n'écoutait pas les paroles de Jacob.
— Je te le promets, lâcha Jacob encore une fois, tu penses que je
devrais ramener plus de café ?
— Je n'en sais rien...
Il essayait de le ramener à lui.
En lui posant des questions diverses.
— Ça te dit de manger un burrito ? Je vais sûrement en ramener
pour moi.
— Non, souffla Kai en fermant les yeux avant d'inspirer profondément.
Et pour la première fois depuis le début, Jacob posa sa main sur l'avant-
bras de Kai.
D'une manière prudente et presque...hésitante.
Jacob se tourna vers moi et esquissa un petit sourire, voulant peut-être me
rassurer alors que je n'avais pas bougé de ma place, les questions se
heurtaient dans ma tête.
Je ne comprenais pas une seule seconde ce qui venait de se passer.
La réaction de Kai, ses paroles...
Je ne comprenais plus rien.
La même personne qui me disait que c'était une erreur de m'avoir écouté
était la même qui voulait que personne ne me touche.
Qu'est- ce que je donnerais tout pour savoir ce qui se passe dans sa tête.
Je vis Jacob le pousser doucement vers sa chambre, et une grimace
s'afficha sur mes lèvres.
Je voyais la peur dans les yeux de Jacob.
Et ça, ça m'effrayait.
Parce qu'il avait peur.
Et je ne savais pas pourquoi.
_____________
Hey !
L'épisode de euphoria (s2 ep4) est l'épisode le plus chaotique wesh RIEN
NE VA ??????? Et attendre une semaine encore pour la suite-
Anywayyyyyy !
J'ai adoré écrire ce chapitre. Et pour cause, j'aime ce qui s'est passé tout le
long.
Et ce qui se passera ensuite.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram: sarahrivens
36. Curieux

Iris
« Et n'oublie pas, dès que tu termines, rentre dans ta chambre et
attends-moi »
Je grimaçais en me rappelant des paroles de Jacob qui venait de sortir de
la maison.
Kai était enfermé dans sa chambre et un silence terrifiant planait ici.
C'était lourd, froid...angoissant.
L'absence de Jacob n'arrangeait rien, et je ne savais pas quand il allait
revenir.
— Aïe, murmurai-je en commençant à nettoyer ma plaie qui picotait.
Cet enfoiré de Mason l'avait rouvert, et plus le silence s'installait autour
de moi, plus mon cerveau réfléchissait à toute vitesse.
Mais là encore, je ne comprenais rien.
Rien n'était cohérent.
Tout était contradictoire.
Mes pensées étaient embrouillées, je ne savais plus ce que je devais faire
ni comment je devais me sentir vis-à-vis de Kai.
Il avait fait un début de crise de panique, je ne savais pas encore ce qui
avait déclenché son stress.
J'essayai de me rappeler des secondes qui étaient passées avant sa
réaction, mais rien ne me venait en tête.
La réaction de Jacob m'avait prouvé que ce n'était pas la première fois
que ça arrivait, qu'il avait compris dès la première seconde.
« Je vais m'occuper d'elle, ne reste pas là, je gère, Kai. »
Pourquoi il était tétanisé ?
Qu'est-ce qui s'était passé dans sa tête ?
J'avais l'impression qu'il allait être violent avec Jacob, et ce dernier le
sentait.
Il avait gardé les mains levées, comme pour lui montrer qu'il n'allait rien
faire.
Qu'il n'allait rien me faire.
Qu'il n'allait rien lui faire.
Ce n'était pas la première fois qu'il ne voulait pas que quelqu'un me
soigne, mais aujourd'hui, même Jacob n'en avait pas le droit.
« Personne ne doit la toucher »
C'était tout ce qu'il répétait, encore et encore, comme s'il le disait à lui-
même plus qu'à Jacob.
Pourquoi il ne laissait personne me soignait ?
Il ne soignait pas ses blessures non plus, sauf si je le faisais.
Est-ce que c'était en rapport avec son passé ?
Et les réactions qu'il avait eues quelques minutes plus tôt, est-ce qu'elles
avaient un lien avec son vécu ?
Forcément, mais quoi ?
Je sursautai lorsque j'entendis un gros boom provenir de sa chambre, et
un autre bruit étouffé troubla le silence.
Comme si quelque chose venait de se briser au sol.
Ou contre le mur.
La peur s'empara de mes tripes lorsque j'entendis son cri de rage, et
d'autres choses qui explosaient dans sa chambre.
Il était en train de tout casser.
— PUTAIN ! explosa sa voix enragée dans sa chambre.
Mon corps se secouait de tremblement et je me tournais face à la porte de
la salle de bains encore ouverte, sur mes gardes.
Je n'osais plus respirer, la peur comprimait ma cage thoracique et mon
estomac s'écrasait intérieurement en l'entendant tout saccager dans sa
chambre.
Il est violent.
Un bruit de verre explosa, Kai venait sûrement de casser quelque chose
en verre.
Mes sourcils se froncèrent lorsque, après quelques minutes de pure
violence, le silence revint.
Comme s'il avait toujours été là.
De mon côté, je n'avais pas bougé.
Mon corps encore près de l'évier et le regard fixe sur la porte ouverte,
essayant d'écouter un maximum ce qu'il faisait dans sa chambre. Je pouvais
l'entendre marcher, et parler.
J'entendis un meuble se déplacer, il était sûrement en train de se calmer.
J'étais certaine que la bibliothèque et les autres meubles dans sa chambre
étaient au sol.
Sa colère venait de ressortir d'une violente façon.
Encore quelques minutes silencieuses s'écoulèrent, et je soufflais de
soulagement.
Il s'était calmé.
Mais. A la seconde qui suivit ma pensée, je venais de sentir mes
battements cardiaques se rompre brutalement.
Une vieille musique troubla le silence.
La même musique qu'il avait écoutée la fois où il avait fait sa crise.
Sa « cure ».
Il allait sûrement se droguer, j'avais l'impression que les médicaments et
la cure dont Mason parlait n'était t'autre que de la drogue.
C'était tellement malsain...pourquoi mettre de la musique ?
Et celle-ci en particulier ?
Mes yeux s'écarquillèrent lorsque j'entendis quelque chose se fermer,
comme une porte. Mais ce n'était pas la porte d'entrée de sa chambre, le
bruit n'était pas net.
Comme celle d'un placard.
Un placard ?
Doucement, je m'avançais vers la porte de la salle de bains, mon cœur
battant à la chamade alors que je fermais cette dernière.
Le regard de Jacob me revint en tête, j'étais sûr qu'il appréhendait cette
phase de Kai.
Comme s'il savait d'avance que c'était inévitable.
Je fermais la porte et reculais doucement, tentant de garder mon calme
alors que je sentais la crise d'angoisse d'ici.
Mais je devais rester calme.
— Putain...
Je m'approchais du miroir et continuais lentement à nettoyer ma plaie
avant d'appliquer de nouvelles compresses.
J'essayais d'entendre le moindre bruit qui pouvait provenir de la chambre
de Kai, mais, à part cette vieille chanson, il n'y avait rien.
Très vite, j'entendis sa voix exploser une nouvelle fois, me faisait
sursauter violemment alors que j'inspectai un coin de mes lèvres en sang.
Rufus devait sûrement être mort de peur, il n'y avait qu'un mur entre ma
chambre et la sienne.
Je ne savais pas ce que je devais faire, ni même ce que je ne devais pas
faire. J'étais tétanisée par la peur et je tremblais comme une tarée à l'idée de
lui faire face.
Alors qu'il était comme ça.
Englouti par la colère.
Il pourrait être violent.
Très violent.
Cela faisait peut-être 10 minutes qu'il était dans sa chambre, et je
n'imaginais pas le bordel que sa colère venait de faire.
Doucement, je passais ma main dans mes cheveux et essayai de me
calmer, à ce stade j'allais mourir d'angoisse.
Il va se calmer...
Jacob va venir. Il va le calmer.
Encore plusieurs minutes s'écoulaient. J'avais entendu quelque chose se
briser, mais c'était comme lointain.
— Merde...
Je me sentais prise au piège entre quatre murs, avec un fou furieux sous
drogue à l'extérieur. Le temps était lent et angoissant, je sentais mes
entailles s'écrasaient entre elles, c'était atroce.
Et puis.
La musique s'arrêta.
Et la maison plongea dans un silence terrifiant, pendant encore quelques
minutes.
Ma respiration se coupa violemment et je me crispais lorsque j'entendis
une porte se fermer, celle de la salle de bains étant encore fermée, je ne
savais pas quelle porte venait de faire ce bruit.
J'espérais que ça soit Jacob, car le bruit paraissait lointain.
Un autre bruit de porte arriva dans mes oreilles, et je commençais à
croire qu'il avait ouvert la porte de sa chambre cette fois.
Mais aucune voix de Jacob.
Seuls les pas lourds de Kai pouvaient s'entendre autour de la maison.
Mon cœur allait bientôt sortir de ma cage thoracique, je claquais des
dents et mes yeux s'écarquillaient un peu plus chaque seconde en me
rendant compte qu'il rôdait dans la maison.
Comme la dernière fois.
Je l'entendais marcher vers l'autre côté, avant de revenir sur ses pas. Mon
souffle se saccadait, je le savais, je pouvais l'entendre.
Il s'approchait de la salle de bains.
J'avalai difficilement ma salive, et mon ventre se tordait dans tous les
sens en entendant ses pas devenir plus nets, avant de s'arrêter.
Face à la porte.
Mon corps se secoua violemment en regardant la poignée de porte
tourner, et je me rendais compte de la connerie que j'avais faite.
J'avais fermé la porte certes, mais je ne l'avais pas verrouillé.
Merde. Merde. Merde.
Mon cœur tambourinait brutalement, mes battements cardiaques s'étaient
amplifiés dans mes oreilles alors que mon regard fixait la porte qui s'ouvrit
faiblement.
Et l'horreur vint s'afficher violemment sur mon visage en voyant son
corps qui arriva dans mon champ de vision.
Mes lèvres s'entrouvrirent et ma respiration se bloqua.
Des hématomes, ses mains en sang, un fil de sang s'écoulaient sur sa
tempe. Ses yeux étaient rouges, son teint était pâle, plus pâle que
d'habitude.
Son torse nu plein d'ecchymoses et d'hématome bougeait rapidement, me
faisant comprendre que sa respiration était saccadée.
Mes yeux ne quittaient pas ses blessures et ses bleus, il était brutal, même
envers lui-même.
Il demeura muet, son regard me dévisageait, ses yeux étaient aussi
écarquillés que les miens.
Puis, il baissa son regard vers ses blessures, regardant ses mains, puis ses
bleus.
Kai releva une nouvelle fois ses yeux vers moi, ou plutôt vers ma
blessure.
Et son visage blêmit, d'une vitesse fulgurante.
Exactement de la même façon que tout à l'heure. Et mes veines se
glacèrent.
— Je vais bien, me précipitai-je de dire en le regardant perdre toutes ses
couleurs à peine présente.
Son souffle devint de plus en plus irrégulier, il haletait.
Ma respiration se saccada en le regardant entrouvrir la bouche, ne
pouvant plus faire rentrer l'oxygène par son nez.
Puis, je le vis s'avancer vers moi, mais les pas qu'il faisait étaient
maladroit, il titubait.
Comme s'il avait le vertige.
— Iris...je crois que...je-
Et la seconde qui suivit, un hoquet d'effroi s'arracha de ma bouche en le
voyant tomber au sol.
Il venait de faire un malaise près de mes pieds.
— Oh putain, oh putain...merde, merde, merde...
Je me précipitai vers lui, m'agenouillant en prenant sa tête entre mes
mains, le sang coulait encore sur son crâne, je ne savais pas encore
comment il avait pu se blesser autant.
Ses mains étaient en sang, il transpirait.
Mais bonne nouvelle, il respire encore.
Un soupir de soulagement s'arracha de mes lèvres et je hochai
énergiquement la tête, son pouls était faible, mais encore présent.
Faut que tu restes calme meuf reste calme.
Doucement, je le tournai sur le côté, et me relevai.
Tu peux gérer. Tu l'as déjà fait.
—Ok...
Très vite, je me dirigeai vers la cuisine puis remplis un récipient d'eau et
pris une bouteille d'eau avant d'accourir vers la salle de bains.
Je plongeai une petite serviette dans l'eau et essayai de garder mon calme.
Je gère...je gère.
Je me mis derrière le corps de Kai et tentai de le relever, sa tête sur mes
cuisses alors que je le secouai doucement pour l'aider à reprendre
connaissance.
— Kai, l'appelai-je doucement en le secouant.
Je posais la serviette contre son visage, et réfléchissait à une façon de le
réveiller. Les malaises devaient durer au grand maximum deux minutes, il
devait reprendre conscience et se rendormir s'il voulait.
Mais il devait reprendre conscience.
Je grimaçais. Le gifler pouvait être une alternative, mais elle allait attirer
ma mort.
Je continuai à passer une serviette imbibée d'eau sur sa peau et le secouai
de plus en plus fort. Ma grimace ne m'avait pas quitté.
Quand il faut y aller...faut y aller.
Mais alors que je laissai ma main prendre son élan pour prendre la pire
décision de ma vie,je le sentais bouger légèrement.
Reprenant peu à peu conscience.
— Hey...
Oh putain j'ai eu chaud.
J'apportai la bouteille près de lui et l'ouvris pour lui en disant :
— Bois un peu d'eau.
Il ne bougea pas, son corps était très lourd, comme si ses muscles
l'avaient lâché.
Ses yeux se fermaient et s'ouvraient lentement, encore dans les vapes.
Et je remarquai qu'ils étaient rouges.
Oh non...
— J'ai envie de vomir, murmura-t-il en grimaçant.
Il essayait de se lever et je l'aidai du mieux que je pouvais, mais à peine
arriver près des toilettes, je l'entendis vomir toutes ses tripes. Gémissant de
douleur.
Je grimaçais en essayant de rester derrière lui, la bouteille d'eau toujours
dans ma main.
Attendant qu'il se vide complètement.
Son corps se tendait, il respirait vite et bruyamment. Puis son corps
s'affala au sol un instant, épuisé.
Je me levai et tirai la chasse avant de m'approcher de lui en murmurant :
— Redresse-toi contre le mur.
Il me regardait sans un mot, ses lèvres encore entrouvertes et semblant
encore dans les vapes.
Il n'était pas complètement lui-même, je pouvais le voir.
Il avait l'air tellement plus...vulnérable.
Comment pouvait-il passer d'un être détestable et cru...à ça ?
Il avait besoin d'aide, et même si je lui en voulais terriblement, j'allais
l'aider.
Je ne pouvais pas le laisser comme ça, jamais.
Je me levai et me dirigeai vers le récipient d'eau que j'avais ramené, je le
vis se redresser doucement en laissant sa tête se jeter en arrière, je grimaçais
en écoutant le bruit qu'elle venait de faire contre le mur, mais cela ne
semblait pas lui faire mal.
Ses mouvements étaient lents, comme si son corps pesait une tonne.
Doucement, je m'accroupis près de lui et lui tendis l'eau, puis lentement
je lui faisais boire en examinant son visage pâle et humide.
Il avait recraché une bonne partie aux toilettes près de nous, de lavant la
bouche, grimaçant de dégoût.
Même moi je déteste vomir Kai, je te comprends...
Ses yeux s'ouvraient et se refermaient encore et encore, comme s'il luttait
pour rester éveillé.
Mais ses iris me fixaient, à chaque fois qu'il les ouvrait, ils me
regardaient.
Je commençais à essuyer son visage avec la serviette imbibée d'eau, puis
sa bouche.
Et il murmura :
— Pourquoi...
Je fronçais les sourcils en relevant mon regard vers le sien, sa main
passait doucement sur sa peau et il répéta :
— Pourquoi...tu m'aides...je n'ai pas pu...t'aider...
Je pris une longue inspiration en l'écoutant me demander cette même
question à laquelle moi-même je n'avais pas de réponse, silencieuse, je me
terminai de nettoyer son visage et me levai.
J'apportai la boite à pharmacie et revint sur mes pas, je savais qu'il
attendait ma réponse, je le voyais.
Imbécile.
Muette, je pris doucement sa main et commençais à nettoyer ses
blessures, j'enlevai ses bagues et il étouffa un gémissement de douleur :
— Désolé, lui dis-je doucement en enlevant le reste de ses bagues.
J'entrepris de le soigner en sentant son regard sur moi, je sentais qu'il
reprenait peu à peu ses esprits.
— Pourquoi tu ne me réponds pas, me demanda-t-il dans un souffle
avant de boire une nouvelle gorgée de son eau.
Je passais ma mèche derrière mon oreille et me concentrai sur ses plaies
sans un mot, je ne voulais pas lui répondre.
Mes pensées n'arrivaient pas à rester en place, mais je ne laissais rien
paraitre.
Gardant mon calme comme depuis le début, essayant surtout de ne pas
m'énerver face à sa question.
Quel culot.
Ma mèche glissait de mon oreille et je la remettais derrière une nouvelle
fois, j'enroulais des pansements autour de ses doigts et terminai avec des
compresses sur les autres blessures.
— Réponds-moi.
Je ne pus m'empêcher d'émettre un petit rire dans un souffle en secouant
la tête face à ses paroles absurdes, cette même personne qui m'ignorait était
en train de me demander de lui parler.
Cette même personne qui n'avait pas réagi alors que je me faisais frapper
par Mason.
Pourquoi il n'avait pas réagi ?
Lui qui disait me protéger de son monde, pourquoi ne l'avait-il pas fait ?
Des paroles en l'air...
Je terminai sa deuxième main, le silence nous entourait. Je sentais qu'il
voulait garder sa main pris de la mienne, mais je ne le laissais pas.
J'étais en colère, je lui en voulais beaucoup trop.
Je m'approchais de son torse, et une grimace s'afficha sur mes lèvres en
regardant les hématomes de plus en plus nombreux, de plus en plus visibles.
— Iris...
Ma gorge se noua, mais je ne dis rien, passant la serviette froide sur les
parties bleutées puis me concentrai sur les blessures au niveau de son torse.
Ses mains étaient les plus endommagées, comme s'il avait frappé des
objets jusqu'au sang.
Je savais qu'il avait toujours des blessures sur les mains, maintenant je
comprenais que c'était le fruit de sa colère.
— Tu-
— Je ne veux pas parler, lâchai-je très calmement en relevant la tête
vers son visage abimé par les égratignures.
Son corps se crispa au moment où je posais mes doigts sur son menton,
tournant légèrement sa tête sur le côté pour voir la blessure qu'il avait sur la
tempe.
Et mes yeux s'écarquillèrent lorsque je vis un petit bout de verre enfoncé
contre la peau.
Oh putain...
— Ne bouge pas, lui ordonnai-je en me levant en direction de ma trousse
à maquillage.
Je remerciais Vernon pour l'avoir ramené, j'avais une pince à l'intérieur.
Je me demandais comment avait-il pu s'enfoncer un bout de verre sur le
crâne.
Heureusement, il était petit.
Je devais être précise si je ne voulais pas que ce bout rentre entièrement
dans sa peau.
Je fouillais à l'intérieur de ma trousse et récupérai la pince avant de
revenir sur mes pas, son regard examinait mes moindres faits et gestes
comme à chaque fois que je soignais.
Comme s'il voulait à chaque fois surveiller tout ce que je faisais.
Comme s'il n'avait pas confiance.
— Ne bouge pas, répétai-je en approchant la pince de la blessure, ça va
te piquer un peu.
J'emprisonnai difficilement le bout de verre, tremblotant légèrement par
peur de lui faire mal.
Et mon souffle se coupa brutalement lorsque je le sentis replacer ma
mèche de cheveux derrière mon oreille.
Mon cœur palpita, et tirai d'un coup sec le bout de verre de sa peau.
Et il étouffa un léger gémissement de douleur, me laissant grimacer.
Le sang coulait lentement sur sa peau et j'entrepris de nettoyer sa blessure
et la désinfectai.
— Si je n'ai pas réagi, c'est parce que je n'avais pas le choix,
murmura-t-il après quelques minutes silencieuses.
Bien sûr.
Muette, je coupai des compresses et l'écoutai se justifier.
J'avais une folle envie de le gifler comme Mason m'avait giflé, pendant
que lui regardait la scène.
— Je ne pouvais-
— Tais-toi, grognai-je en sentant ses mots faire bouillir mon sang, si tu
n'as pas de raison à me donner, juste tais-toi. Je n'ai pas envie de
t'entendre.
— Je ne peux pas t'en parler, grogna-t-il à son tour.
— Parfait, alors tais-toi. Tu as bien fait ça pendant trois jours, tu
peux continuer aujourd'hui aussi.
Je crachai mon venin en continuant à jouer l'infirmière pour cet imbécile
qui préférait garder toutes ses raisons pour lui.
— Toi aussi tu ne me parlais pas-
J'emprisonnai mes doigts sur sa mâchoire et le forçai à me regarder en
lâchant d'un ton tranchant :
— Je ne parle pas à une personne qui pense que c'est erreur pour lui
de m'avoir écouté, et qui n'assume pas ce qu'il fait.
— Va te faire foutre, Iris, tu ne sais rien, cracha Kai en me fusillant du
regard.
Bien. Tu reprends conscience imbécile.
— Oh ça oui, je ne sais rien avec toi, c'est toujours-
Mon souffle se rompit lorsque ses doigts emprisonnèrent ma mâchoire,
de la même façon que les miens sur la sienne et son regard transperça mes
iris alors qu'il me coupait d'un ton colérique :
— Je ne te dis rien pour te protéger, si tu savais tout ce que je sais, tu
frôlerais la paranoïa-
— Protéger ? Alors que tu l'as laissé me frapper enfoiré-
— JE NE POUVAIS PAS RÉAGIR ! Hurla-t-il en me faisant sursauter,
JE NE DEVAIS PAS RÉAGIR IRIS !
Mes battements cardiaques s'accélèrent et très l'angoisse et la panique
s'emparèrent de moi. Sa voix qui venait d'exploser fit bondir mon cœur et ce
sentiment qui m'était trop familier me revint.
Ne me crie pas dessus...
— Tu crois que ça m'amusait de le voir te toucher ?! Ça me brûlait,
je voulais le tuer, me confia-t-il en m'assassinant du regard, mais j'en suis
incapable, pas maintenant. Si je t'ai dit que c'était une erreur Iris, c'est
parce que je n'ai pas le droit de faire ça, avec toi.
Mes larmes me montaient aux yeux, la colère en moi ne faisait
qu'augmenter.
Toutes ses paroles n'étaient pas les explications concrètes, mais il y avait
une partie.
— J'en ai rien à foutre que ça te plaise ou non, je t'ai dit que je te
protégerai et c'est ce que je fais.
— Il m'a frappé, Kai, IL M'A FRAPPÉ !
— JE SAIS PUTAIN ! Hurla-t-il en approchant dangereusement son
visage du mien, JE SAIS IRIS ! ET SI J'AVAIS RÉAGI, IL L'AURAIT
FAIT ENCORE ET ENCORE !
Nos souffles se mélangeaient, on tremblait de colère, nos respirations
étaient bruyantes et saccadées, la tension s'élevait, nos pulsions meurtrières
se noyaient dans nos cellules.
Ce sentiment de rage nous abritait, nos mains sur la mâchoire de l'autre.
— Pourquoi tu me fais pas confiance ? me demanda-t-il d'un ton
presque désespéré près de mes lèvres en me fusillant du regard, pourquoi
je n'arrive pas à...
Mon cœur rata un battement en l'écoutant parler. Mes pensées fusaient
dans ma tête et mes yeux s'écarquillèrent.
— J'y arrive pas...
Ses yeux se posèrent sur mes lèvres, et les siennes s'entrouvrirent.
Nos bouches pouvaient s'effleurer, un voile de chaleur enveloppa nos
corps, et très vite cette tension chargée de colère commençait à se
transformer.
Mon cœur et mon corps ne suivaient plus, mon cerveau s'était
déconnecté.
— Je vais pas y arriver...
Mon souffle se saccada en sentant ses lèvres se rapprochaient des
miennes et mon ventre se noua, mes veines commençaient à frémir à
l'intérieur de ma peau, la chaleur de son souffle s'écrasait contre mon
visage.
Soudain.
— JE SUIS RENTRÉ ! explosa la voix de Jacob en entrant à l'intérieur
de cette maison.
Très vite, je m'éloignai et Kai ferma les yeux en fronçant les sourcils.
Ses poings se serrèrent et sa tête se posa une nouvelle fois contre le mur.
— Oh bordel, Iris ?
Le ton de sa voix était inquiet.
— Je suis à la salle de bains, informai-je Jacob en me levant du sol où
j'étais assise près de Kai.
Je me raclai la gorge et récupérai tout ce qu'il y avait au sol. Jacob arriva
dans la pièce et ses sourcils se froncèrent dès l'instant où il vit Kai, encore
assis au sol.
Son regard devint plus inquiet lorsqu'il le posa sur moi.
— Ça va ? M'interrogea Jacob en me regardant.
— Oui, je vais bien, lâchai-je en rangeant tout ce que j'avais sorti de la
boite.
Il se tourna vers son meilleur ami qui avait gardé les yeux fermés,
inspirant profondément.
— Mec ?
— J'ai la dalle, souffla Kai en ouvrant les yeux.
Et les posa sur moi. Laissant mon cœur rater un nouveau battement.
Enfoiré. Je te déteste.
Je déteste l'emprise que t'as sur moi.
Jacob étira ses lèvres dans un sourire malicieux et dit d'un ton faussement
naïf :
— Parfait ! J'ai ramené des burritos pour tout le monde !
°°°°
Deux heures plus tard.
— Pourquoi il ne veut pas que je dorme seule ?
Jacob ne dit rien et chargea son téléphone avant de revenir vers le
matelas.
Ce soir, je devais dormir avec Jacob.
Du moins, je ne devais pas dormir seule.
Après notre discussion à la salle de bains, Kai avait pris son diner et était
parti. Encore.
Puis, il avait appelé Jacob pour lui demander de m'enfermer avec lui dans
sa chambre pour ce soir.
— C'est Kai, souffla-t-il en regardant Rufus, je sais pas s'il va revenir
plus tard.
— Ce n'est pas la meilleure des explications, marmonnai-je en le
regardant.
Un petit rire s'échappait de ses lèvres, Jacob non plus n'avait pas
beaucoup parlé depuis que Kai était parti.
Comme dans ses pensées.
Jacob soupira et enleva son t-shirt, mes sourcils se froncèrent en
remarquant pour la première fois un tatouage auquel je n'avais jamais prêté
attention.
Un serpent.
Sur sa nuque.
— Toi aussi tu aimes les serpents, lui dis-je en me rappelant des
tatouages de Kai.
Jacob revint sur le matelas et me fixa avant de me demanda d'un ton très
sérieux :
— Qu'est-ce qui s'est passé pendant mon absence, Iris ?
Mon souffle se rompit, et les mots s'effacèrent de ma bouche. Ne
m'attendant pas à cette question de sa part.
— Euh...non, rien...pourquoi ?
— Parce que j'ai vu l'état de sa chambre, souffla Jacob en guise de
réponse, et je le connais. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je déglutis, le ton de sa voix était différent, frôlant le sévère.
Il attendait ma réponse, je pouvais voir dans son regard qu'il voulait toute
la vérité.
Comme s'il appréhendait ce que j'allais lui dire.
— Il...il a commencé à tout saccagé dans sa chambre, racontai-je en
grimaçant à cause de son regard fixe sur moi, et ensuite il s'est calmé...il
est venu dans la salle de bains et...
— Il a fait un malaise, dit Jacob d'un ton sûr.
Je fronçais les sourcils.
— C'est ça oui...attends...si tu le sais, pourquoi tu me demandes ?
— Tu as entendu de la musique ? m'interrogea-t-il sans répondre à ma
question.
Lentement, je hochai la tête.
Jacob ferma les yeux et soupira.
— Il a été violent avec toi ?
— Non, répondis-je rapidement, non il ne l'était pas.
— Il t'a laissé le soigner, murmura Jacob en étirant un coin de ses
lèvres, il fait des progrès.
Des progrès ?
— De quoi tu parles ?
Il secoua la tête, en gardant son sourire.
Comme s'il était fier...de Kai ?
— Personne n'arrive à le soigner, m'avoua Jacob en me lançant un
regard, avant toi, Vernon et moi devions le plaquer au sol pour soigner
ses plaies.
Il émit un petit rire et j'écarquillai les yeux.
— Pourquoi il ne vous laissait pas ? M'étranglai-je à l'entente de sa
confidence.
— Kai ne veut pas qu'on le touche quand il est blessé, m'avoua-t-il en
regardant ma blessure, il déteste ça. Et il ne se soigne pas non plus.
— Je sais...
Mes yeux se tournèrent vers mon hamster qui jouait dans sa cage.
Jacob voulait le faire dormir avec nous ce soir, et il était sur le matelas
entre nous.
Kai ne soignait pas ses blessures, je l'avais su le soir où Vernon m'avait
demandé de le faire.
Vernon m'avait demandé de le faire...
Attends...
Je relevai mon regard vers Jacob qui examinait mon visage, allongé sur le
ventre et sa tête appuyée contre la main.
— Pourquoi Vernon m'a demandé de le soigner ? L'interrogeai-je en
écarquillant les yeux, s'il était si violent avec vous-
— J'ai demandé à Vernon, c'est moi qui l'ai fait.
— Ça ne répond pas à ma question, remarquai-je en fronçant les
sourcils, pourquoi tu l'as fait ?
— Je voulais savoir jusqu'où tu es dans sa tête.
Mon souffle se coupa soudainement.
Jacob se redressa et esquissa un petit sourire en me regardant.
Tandis que moi, je restais là, crispée et sans voix face à son aveu.
— Je voulais savoir si tu avais ce pouvoir sur lui.
— Quel pouvoir ?
— Celui de le faire sentir en sécurité, termina Jacob en gardant son
regard sur moi, je crois que tu arrives à lui faire sentir que...que tu ne lui
feras pas de mal...enfin ça expliquerait entre autre.
Je déglutis, ses mots heurtaient mon esprit. Je le faisais se sentir en
sécurité ?
Jacob le connaissait mieux que personne, et l'entendre me dire ça me
troublait entièrement.
— Je ne sais pas encore pourquoi tu as ce pouvoir sur lui, il ne veut
rien me dire, enfin je crois que lui-même ne sait pas, dit-il avant
d'émettre un petit rire à la fin, mais je pense qu'il n'a pas peur de toi. Et
c'est bien.
— Il a peur de toi ?
Jacob secoua la tête.
— Ce n'est pas la même chose, je le connais depuis mes 13 ans, c'est
comme mon petit frère. Toi tu ne le connais que depuis quelques mois...
— Mais lui me connait depuis près d'un an, soufflai-je en me rappelant
qu'il me surveille depuis tout ce temps.
— Je commence à croire que c'est pour ça, tu sais. Il a vu ton
comportement dans plein de situations, je crois que c'est ça qui l'a mis
en confiance avec toi.
Je le regardais, je ne comprenais comment Jacob lui-même n'arrivait pas
à cerner le comportement de Kai et le pourquoi du comment il était comme
ça avec moi.
Il n'avait pas peur de moi.
En même temps, je lui avais montré à plusieurs reprises que je ne voulais
pas son mal.
Que je ne voulais pas l'atteindre.
— Tu m'avais dit que...que tu avais parlé de ton harcèlement, est-ce
qu'il t'a dit quelque chose sur lui ?
Sa question me prit de court. Et les mots me manquaient.
— Ton silence en dit long...
— Il ne m'a pas dit grand-chose, avouai-je en me rappelant de cette
soirée qui avait été la pire à cause de notre vulnérabilité.
Jacob écarquilla les yeux en me fixant, comme si je venais de dire
quelque chose d'ahurissant.
— Qu'est-ce que tu sais, Iris ?
Mon souffle se saccada, sa réaction ne me plaisait pas.
Il avait l'air choqué, mais pas heureux de cette information.
Ou était-ce juste mon cerveau qui me faisait croire ça.
— J'ai besoin de savoir ce qu'il t'a dit, murmura Jacob en se redressant.
J'inspirai profondément, sentant le regarde de son meilleur ami sur moi.
Comme s'il appréhendait.
— Euh...hum...il m'a parlé de...de la première fois où il avait vu un
cadavre...
— Il avait quel âge ?
— Trois ans, me rappelai-je de ses paroles cette nuit-là.
Je me rappelais de chaque seconde, chaque instant et chaque mot qu'il
m'avait dit ce soir-là.
J'avais l'impression que ce côté de Kai...ce côté, vulnérable et...brisé, ne
ressortait que tard la nuit.
Lorsque tout le monde dormait.
Lorsque personne ne pouvait le voir.
Il n'autorisait personne à voir ce côté de lui.
Personne d'autre sauf lui-même, la lune...et moi.
Pourquoi moi ? Pourquoi me faisait-il confiance ?
Jacob pensait que c'était à cause de la longue période où il me surveillait,
mais je ne pensais que ça soit juste ça.
Il y avait autre chose, ce n'était pas possible.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit d'autres ?
— Il m'a parlé du...de son harcèlement, il bégayait...beaucoup,
murmurai-je en prenant la cage de mon hamster pour la mettre par terre, je
sais que c'est toi qui l'aide, il écoute tes conseils et tes déductions.
Un sourire étira ses lèvres et il hocha la tête.
— Il t'a parlé de sa famille ?
— Vaguement, répondis-je en m'allongeant et rabattant les couvertures
sur mon corps, il m'a juste dit que son père lui faisait croire qu'il était le
meurtrier du corps qu'il avait vu.
Le souffle de Jacob s'arrêta, et je vis son corps se crisper pendant un
instant, hébété face à ma dernière confidence.
— Il t'a parlé de lui...
Je pouvais déduire que son père était l'une des causes de la personne
qu'était devenu Kai.
Je l'avais confirmé à plusieurs reprises.
Nous n'étions peut-être pas si différents.
Même si je me demandais, jusqu'où son père était traumatique, pour Kai.
Il avait l'air horrible.
— Pourquoi tu es comme ça ? lui demandai-je en regardant son visage
très vite noyé dans ses réflexions.
— Je ne m'attendais pas à ce qu'il te parle de son père, vraiment
trésor, c'est comme si tu m'annonces que les Big Time Rush n'ont
jamais existé.
Un rire s'échappait de mes lèvres et il sourit en gardant ses lèvres
entrouvertes, il hochait la tête lentement.
— Pourquoi vous n'aviez pas réagi, Jacob ?
Ce dernier leva les yeux une nouvelle fois vers moi, il ferma sa bouche
avant de se racler la gorge.
— Tu parles de Mason, pas vrai ?
J'acquiesçai.
— Tu veux fumer ? M'interrogea-t-il en se levant, j'ai envie de fumer.
Je hochai la tête et il souriait avant de se diriger vers sa veste, il fouilla
dans ses poches et tira un paquet de clopes, il me lança une cigarette et
emprisonna la sienne entre ses lèvres.
Il grilla sa clope et me lança le briquet avant d'ouvrir la fenêtre de sa
chambre.
Je me levai et m'approchai de la fenêtre avant de griller ma cigarette et
inhaler ma première bouffée de nicotine.
L'air frais me fit frissonner, et mon regard se posa sur la lune. Et les
étoiles.
Un petit sourire étira mes lèvres, me rappelant de cette fois où j'étais sur
le toit de mon ancienne maison, à regarder les étoiles.
Comme j'adorais le faire étant enfant.
La nuit m'apaisait, la lune était là pendant que je pleurais et les étoiles,
elles, veillaient sur moi.
À leur façon.
— Kai aime aussi la lune, fit la voix de Jacob me forçant à me tourner
vers lui, il dit qu'elle lui tient compagnie, que les étoiles veillent sur lui.
Mon cœur rata un battement.
Ses mots étaient les miens.
— Ouais...
Je sentais mon cœur battre à la chamade, puis j'entendis Jacob dire
finalement :
— Si on avait réagi, Mason aurait pris un malin plaisir à te faire
souffrir, plus souvent. Il est mauvais, très mauvais.
« JE NE DEVAIS PAS RÉAGIR IRIS ! »
— Pourquoi vous avez menti, pourquoi Mason n'est pas au courant
que Kai m'a emmené dans une mission suicide ?
Jacob émit un petit rire dans un souffle.
— Arrête c'était pas si mal que ça...
Je lui lançais un regard et inclinais la tête sur le côté en croisant les bras,
et il sourit :
— Bon j'avoue, c'était un peu risqué, mais regardes, t'as encore toute
ta tête !
— Il est nul ton jeu de mot, marmonnai-je en crachant la fumée dans
mes poumons.
Il me fit un clin d'œil en souriant, m'arrachant un sourire et je détournais
le regard vers la fenêtre.
Plus je regardais les alentours, plus j'avais l'impression qu'il n'y avait
aucune trace de vie humaine.
Nous étions vraiment très loin de la ville.
Il y avait une forêt plus loin, je pouvais la voir d'ici.
La chambre de Jacob et Vernon donnait vue sur le côté arrière de la
maison, ce côté était nettement plus sombre.
— Kai n'est pas autorisé à avoir deux missions en même temps, tu es
sa première mission, me dit-il simplement, d'ailleurs, si un jour tu es
amené à être en compagnie avec Mason, ne répond pas à ses questions,
il n'a pas le droit de t'en poser. Il doit en poser à Kai, et Kai
uniquement.
Et d'un coup.
Tout devint plus clair.
Jacob ne m'avait pas laissé répondre à ses questions, et Kai lui avait
tranché le bras dès l'instant où il m'avait posé la question.
Comme si, à ce moment précis, il s'autorisait à être violent avec lui.
Parce qu'il avait le droit.
« Si je t'ai dit que c'était une erreur Iris, c'est parce que je n'ai pas le
droit de faire ça, avec toi. »
Pas le droit...
Je me rappelais de cet...accord, ce soir où Mason était venu ici, il avait
parlé d'un « accord » qu'il avait passé avec Kai.
Mais je ne me rappelais pas de ce qu'ils s'étaient dit.
Je ne m'étais concentré que sur les paroles crues de Kai, qui m'avaient
blessée intérieurement.
Nous entendîmes un gros bruit à l'extérieur de la chambre, Jacob fronça
les sourcils et mon rythme cardiaque s'accéléra en voyant Jacob prendre son
arme et sortir rapidement de la pièce.
Je le suivais et nous entendîmes un gros bruit sur le sol.
Et mon cœur s'écrasa au sol lorsque j'arrivais au salon. Un corps était au
sol.
— Ton pote adore se frotter aux mauvaises personnes, princesse.
...Cody.
_____________
Hey !
A l'heure où j'écris cette NDA, on est dimanche et je suis en retard pour
mon friendate (oh god je suis encore dans mon lit).
Anyway !
CODY EST DE RETOUR ! ENFIIIIINNN J'ATTENDAIS CE
CHAPITRE AVEC IMPATIENCE !
D'ailleurs, j'avais eu BEAUCOUP de mal à écrire ce chapitre j'espère
qu'il vous a plu, perso je suis encore perplexe. Plus on avance, plus le
comportement de Kai est de plus en plus clair.
Mais pas totalement.
❤️
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram: sarahrivens
37. Contact(s)

Iris
Une heure du matin.
— Il restera là, soupira Jacob en posant le corps de Cody sur le canapé.
Cody.
Mes yeux étaient encore écarquillés, mon cœur battait à la chamade et je
me tournais vers Kai qui ne semblait pas être un brin concerné, fumant sa
cigarette en fusillant du regard mon ami.
Mes yeux se posèrent sur ses mains, et les taches de sang attirèrent mon
attention.
Et très vite, toutes mes questions s'évaporèrent.
Oh l'enfoiré...
— C'est toi...
Kai se tourna vers moi, et ma colère montait en flèche.
Je savais que c'était lui qui lui avait fait tout ça.
Je voyais la haine dans son regard.
— C'est toi qui lui as fait ça, l'accusai-je en me rapprochant de lui.
Il ne répondit rien, examinant mon visage sans un mot.
Je sentais la rage secouer mes membres, et je me tournais vers Jacob qui
émit une expression blasée en lançant un regard à son meilleur ami.
— Il n'avait qu'à pas fouiller dans mes affaires-
— Oh putain, soupira Jacob en fermant les yeux, mec vraiment ?
J'arrive pas à croire que t'as ramené Wilson ici.
— Il m'a accusé d'avoir kidnappé sa pote contre une rançon, j'ai l'air
de kidnappeur ?
Bien sûr que oui ?
Il est complètement ravagé c'est pas possible.
Les mots me manquaient face à lui et à l'absurdité de ses réponses, ses
paroles me laissaient sans voix.
Mes sourcils se froncèrent et ma bouche s'entrouvrit, Jacob inspira
profondément avant de demander :
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
Kai tira une latte de sa clope en toisant du regard le corps de Cody, il
garda le silence pendant quelques minutes et cracha sa fumée.
Créant une atmosphère lourde et glaciale autour de nous.
Et puis, après d'autres secondes silencieuses, il nous informa d'un ton
détaché :
— J'étais au Box, et il y était aussi. Je suis sorti pour récupérer
quelque chose dans la voiture, et il m'a suivi.
Mes nerfs chauffèrent, son ton me donnait envie de lui foutre un coup
dans les couilles comme la dernière fois.
Sale fils de pute.
— Me regarde pas comme ça, j'aurais très bien pu le laisser pour
mort, cracha Kai en me lançant un regard assassin, il s'est frotté à la
mauvaise personne c'est tout. Sa curiosité l'a mené à sa perte.
— Donc quoi ? On va le garder prisonnier, Einstein ? s'exaspéra Jacob
en passant nerveusement sa main dans ses cheveux, on a déjà Iris pour
jouer le rôle.
— Oh non...Iris n'est plus prisonnière, déclara Kai en me fixant, elle a
fait le choix de rester. Alors on collabore.
Je me tournai vers Jacob qui ne semblait pas être surpris par la nouvelle,
je savais que Kai lui avait forcément dit.
Beaucoup trop fier pour ne pas l'annoncer.
La kidnappée a décidé de rester avec moi...que j'ai envie de lui arracher
son ego.
— Bon, Iris, ramène la trousse de secours-
— Elle ne le soignera pas, hors de question, coupa Kai en fusillant du
regard Jacob, elle-
— Je le soigne si je veux, le coupai-je à mon tour en lui lançant un
regard noir, et c'est exactement ce que je veux.
Kai contracta sa mâchoire en se tournant vers moi, nos regards se
défiaient, c'était mon mot contre le sien, ma décision contre la sienne.
Dieu que je voulais l'étrangler.
Il avait frappé mon ami.
— Surtout ne vous précipitez pas hein, c'est pas comme s'il pissait le
sang après tout, marmonna Jacob d'un ton sarcastique.
Je me tournai vers Cody et grimaçai en voyant son visage amoché par les
coups de Kai, cet enfoiré ne l'avait pas raté.
— T'as utilisé une arme ?
— Non, marmonna Kai en s'éloignant, j'en avais pas besoin.
Je le regardais partir en direction de sa chambre et j'entendis Jacob
pouffer de rire.
Me forçant à me tourner vers lui.
— J'en connais un qui ne va pas passer la meilleure des nuits.
Jacob lâcha sa phrase pleine de sous-entendu, et je levai mes yeux au ciel
avant de partir en direction de la salle de bains pour récupérer la trousse de
secours.
Je revins sur mes pas et j'entendis sa voix parler avec quelqu'un au
téléphone. Mes nerfs remontèrent en flèche instantanément.
Il avait frappé Cody.
Il avait dit que Cody l'avait accusé d'être un kidnappeur...est-ce qu'il
savait ?
Kai m'avait déjà dit qu'il y avait des rumeurs qui courraient, que mon
nom était dans les bouches des assoiffés de frics.
Que ma tête était mise à prix.
Mais comment cette information était ressortie au tout départ ?
Sûrement cet enfoiré de Mason. Il voulait ma mort depuis de début.
— Iris infirmier à ses heures perdues, pouffa Jacob en me lançant un
sourire moqueur.
— Arrête, soufflai-je en secouant la tête d'exaspération avant de
m'accroupir près de mon ami, à cette allure, vous devriez acheter plus de
compresses et de biodine...tylenol aussi.
Je regardais la trousse de secours qui commençait à se vider de plus en
plus à cause de toutes les fois où nous l'avions utilisé en si peu de temps.
Je grimaçais, et me tournai vers Cody.
Puis commençais à nettoyer son visage sous le regard de Jacob, ce
dernier examinait ce que je faisais, puis il me demanda curieusement :
— Tu faisais ça depuis longtemps ?
Je fronçai les sourcils et me tournai vers lui en lui lançant un regard
interrogateur :
— Quoi ?
— Soigner, des blessures...je veux dire, détailla Jacob sa question en me
regardant faire.
Je restai silencieuse quelques secondes, à vrai dire, il m'était arrivé de
guérir mes propres blessures, lorsque je tombais ou lorsque je me coupais
accidentellement en faisant à manger.
Parfois lorsque ma mère se blessait.
Théa aussi.
— Quand j'étais petite, ma mère était très occupée, répondis-je en me
concentrant sur les blessures de mon ami, et grâce à internet, je pouvais
me soigner toute seule. Et la soignait elle parfois quand elle ne pouvait
pas.
— Comment ça, quand elle ne pouvait pas ?
J'inspirai profondément, et des souvenirs remontèrent.
Ma mère s'était laissé noyer dans l'alcool pendant plusieurs années avant
de rencontrer Marc.
Pensant peut-être que ça l'aiderait a accepté son divorce.
Je me considérais tellement comme une charge pour mes parents que
j'eus pensée pendant un moment que c'était de ma faute qu'elle était comme
ça, et je faisais tout pour l'aider.
Elle tombait des escaliers, elle faisait des malaises, elle se blessait.
Et je l'aidais.
— Ma maman, elle...elle était...enfin, elle buvait beaucoup quand
j'étais petite, elle était souvent fatiguée à cause du boulot, racontai-je
doucement, je l'aidais parfois quand elle n'était pas capable de se
soigner.
Jacob hocha la tête, et me sourit faiblement.
Un sourire que je lui rendis en retour en haussant les épaules, gênée par
mes confidences.
Je n'aimais pas parler de ça, c'était pathétique.
— Je te trouve très forte, lâcha Jacob en souriant doucement, beaucoup
de personnes auraient perdu la tête à un moment ou un autre.
Sans m'en empêcher, je lâchai un rire dans un souffle.
Mon anxiété était la preuve que je n'avais plus toute ma tête.
J'étais complètement exténuée, comme si je n'avais pas une seconde de
répit.
Il était tard, je sentais les minutes passaient et mon corps puisait le reste
de l'énergie que j'avais
Depuis que je suis ici, je n'avais pratiquement aucune notion du temps.
Parfois, les jours se ressemblaient, et formaient comme une seule et longue
journée.
Parfois je ne savais pas si on était le soir ou le matin, le jour ou la nuit.
Parfois je pouvais faire la différence, comme ces trois derniers jours.
Mais le reste, je savais que j'étais portée disparue depuis un mois et demi,
peut-être plus maintenant.
Cody...
Cody savait exactement depuis combien de temps je n'étais plus là.
Pourquoi tu t'es attaqué à Kai, gros débile.
...alors que tu savais qu'il était dangereux.
— Je suis claqué, souffla Jacob en fermant doucement les yeux,
monsieur Vernon Silvers ne reviendra pas avant demain.
Vernon Silvers.
C'était donc ça le nom de Vernon.
Silvers...silvers...
— Et toi, c'est quoi ton nom de famille ? L'interrogeai-je curieusement
en examinant une dernière fois le visage de Cody.
— Whitfield, me dit-il simplement.
...je crois qu'il me l'avait déjà dit, je n'en suis pas sûr.
Putain je commence à perdre ma mémoire à cause de ma fatigue.
J'avais l'impression que je n'avais pas dormi depuis des mois, un vrai
sommeil réparateur.
Surtout que, j'aimais beaucoup dormir en sous-vêtement lorsque j'étais
chez moi, chose que j'étais incapable de faire depuis.
Je terminai enfin de soigner Cody, et me tournai vers Jacob en lui disant :
— Il faut qu'il se réveille maintenant.
— N'en dit pas plus.
Je le vis se lever et sa main prit son élan et mes yeux s'écarquillèrent
alors que je me m'interposai entre lui et Cody en m'écriant :
— Mais t'es fou ! Je viens de le soigner !
— Roh, ça va, râla Jacob en levant les mains avant de prendre une arme
sur la table basse et tirer vers le haut rapidement.
Je sursautai violemment et au même moment, Cody sursauta à son tour.
Et très vite, la panique le gagna.
À la seconde qui suivit, j'entendis la porte de la chambre de Kai s'ouvrir.
Sûrement alerté par le bruit que venait de faire Jacob.
— Reste allongé Wilson, elle vient de te soigner, menaça Jacob mon
ami en pointant son arme sur lui.
Cody écarquilla les yeux et ne bougea pas de sa place, son regard se posa
sur moi et son visage pâlit soudainement.
— I...Ir...
— Cody, calme-toi, murmurai-je en me rapprochant de lui la gorge
nouée, calme-toi...tout va bien.
Il semblait pétrifié, choqué de voir mon visage.
De me revoir.
Il ne dit rien, sa bouche était entrouverte et les mots lui manquaient.
Je passais doucement sa main dans ses cheveux et d'un coup, il me prit
dans ses bras. Et je manquais de perdre l'équilibre.
— Oh putain t'es vivante...je suis désolé...
L'odeur de Cody emplit mes narines et ma gorge se noua davantage, ma
vue s'embua et je serrais mon ami dans mes bras très fort.
Il m'avait tellement manqué.
Comme si je venais de retrouver un bout de mon ancienne vie, cette vie
moins mouvementée, plus stable.
Mon monde.
Mon regard se posa sur Jacob.
Et ce dernier fixait Kai. Me forçant alors à regarder le mercenaire qui
observait la scène sans un mot.
Son poing était serré jusqu'en trembler, ses yeux étaient noyés dans une
haine qui me faisait frissonner.
Sa mâchoire était contractée et son corps était crispé.
— Enlève tes mains d'elle, il va te sauter dessus, pouffa Jacob en se
tournant vers Cody.
Très vite, je m'éloignai de mon ami et Jacob ria dans un souffle en
gardant son arme pointée sur Cody.
Ce dernier fixait Jacob, ahuri.
— Pourquoi t'as fait ça ? Demanda-t-il d'un ton hébété, pourquoi tu
l'as kidnappé-
— C'est pas ce que tu crois ! S'exclama Jacob en baissant son arme,
c'était pas prévu !
Mes yeux s'écarquillèrent en regardant la scène, me rendant compte qu'ils
se connaissaient.
Ils se connaissaient.
Putain, mais oui.
Le soir où j'étais parti la toute première fois au Box, nous avions croisé
deux personnes.
Cody avait eu une réaction qui m'avait fait supposé qu'il les connaissait
peut-être.
Et c'était Jacob et Vernon.
Cody m'avait toujours dit qu'il connaissait que très peu de monde du Box,
et qu'ils ne connaissaient que leurs noms de famille.
Il n'aimait pas être mêlé aux affaires louches de cet endroit.
Et puis, quelque chose me revint très vite en mémoire.
Wilson.
Jacob connaissait le nom de famille de Cody...il ne l'aurait pas connu
juste comme ça.
...il le savait.
Il m'a menti...
Doucement, je me tournai vers Cody. Ma bouche s'était entrouverte alors
que tout commençait à se dessiner dans ma tête.
Son manque de réaction, ses réponses vagues...il était au courant pour le
collier.
— Je peux tout t'expliquer-
— Tu savais...
Ma confiance en lui venait de s'écrouler, mon corps était devenu lourd et
mon cœur palpitait.
Mes émotions étaient figées, j'avais la nausée.
Il le savait.
Il le savait depuis le début.
— Ce n'est pas ce que tu crois-
Ma respiration se saccada, et ma vision se troubla. L'angoisse me gagna,
incapable de lui dire quoi que ce soit.
Je n'arrivais pas à garder mon sang-froid.
J'en étais incapable.
Comme si on venait de me gifler avec cette information. La vérité.
Pur et dur.
— Iris calme-toi, il n'était pas au courant de ça, tenta de me rassurer
Jacob.
— Tu savais pour le collier...
— Ça oui, dit simplement Jacob en répondant à la place de Cody, je vais
t'expliquer ça ira plus vite. En gros-
— TU ÉTAIS AU COURANT ET TU M'AS LAISSÉE COMME ÇA
! explosai-je en m'éloignant de lui.
— Il n'était pas au courant de tout, on lui a menti sur beaucoup de
choses, fit Jacob en se tournant vers moi, Iris, Vernon et moi, on le
connait depuis longtemps. Oui, il savait pour le collier, mais il était
contre.
Je regardais la scène, encore complètement glacée par ces paroles et cette
histoire que je n'avais pas vu venir.
Jacob défendait la cause de Cody, et mon ami me regardait, les mots lui
manquaient, paralysé par la culpabilité peut-être.
J'en savais rien.
— Alors Vernon l'a menacé de l'emmener en prison s'il n'appliquait
pas ce qu'il lui demandait, fit la voix de Kai derrière moi.
Vernon l'avait menacé.
Bordel.
— Je suis désolé, souffla Cody le ton plein de culpabilité, je ne voulais
pas te faire peur, et je ne voulais pas me foutre en taule.
— C'est pour ça que tu n'as rien dit quand je t'ai parlé du
cadavre...et vous...
Ils l'auraient tué, ou ils l'auraient kidnappé.
S'ils ne le connaissaient pas, ils n'auraient pas pris le risque de le laisser
aussi libre, même s'ils m'avaient entendu rectifier mon information auprès
de Cody.
Putain de merde.
Comme si chaque chose venait d'avoir une explication amère.
Les pièces du puzzle se déposaient doucement dans ma tête.
Ma lèvre trembla, je me sentais tellement bête. Tellement naïve.
Tellement innocente.
Je lui avais fait confiance.
— Oui, aussi, si tu l'avais dit à quelqu'un d'autre, on aurait été
obligé de le tuer, souffla Jacob en se grattant la nuque, mais
heureusement pour toi, c'était Wilson.
Je passai nerveusement ma main dans mes cheveux, incapable de dire
quoi se soit.
Toute cette comédie...
« Ouais...c'est ce que je me disais aussi... »
C'était ce qu'il m'avait dit lorsque je lui avais parlé du cadavre, en lui
disant que je n'étais pas sûr de ce que j'avais vu.
Tout ça pour le protéger.
Et lui...
Enfoiré.
— Tu m'as menti...
— Je suis désolé Iris, s'il te plait comprends-moi, me suppliait Cody
du regard, je ne pensais pas que ça allait prendre ces proportions je-
— Oh ferme-la, souffla Kai d'un ton exaspéré, t'aurais pas été désolé si
elle n'avait pas su...t'y a même pas réfléchi à deux fois, et tu le sais très
bien.
Jacob lança un regard noir à son meilleur ami qui leva les yeux au ciel en
secouant la tête d'exaspération.
— Si j'avais su que tu étais dans le plan, je n'aurais jamais accepté,
cracha Cody en le fusillant du regard.
Kai étira ses lèvres dans un sourire mauvais au coin et fit un pas en avant
vers mon ami.
— Pourquoi ça te choque autant ? Après tout, je ne suis pas le seul
criminel que Verno-
— C'est bon, le coupa Jacob en regardant Kai, ce n'est pas le sujet.
Cody ne savait pas que Kai travaillait avec Jacob et Vernon.
Lui qui pensait que Kai était encore en prison, je commençais vraiment à
croire qu'il n'aimait trop en savoir sur lui.
Moins il en savait, mieux il était protégé.
Trop en savoir sur Kai pouvait mener à la perte, mais était-ce à ce point
dangereux ?
— Je te faisais confiance, soufflai-je le ton plein de dégoût en le
regardant.
Mes larmes coulaient sur mes joues, mon corps pesait une tonne à cause
de cette information.
Moi qui avais une confiance aveugle en Cody.
Je...
C'en était trop pour moi.
Est-ce que Rox savait elle aussi ?
Est-ce que mon père savait lui aussi ?
Est-ce que ma mère était au courant ? Théa ? Marc ? Lizzie ?
— Qui d'autres étaient au courant ? Interrogeai-je Kai en me tournant
vers lui, qui d'autres sait pour cette histoire ?
Kai me toisait du regard, et mes sourcils se froncèrent.
La rage et la peine m'abritaient, la trahison dans ma bouche rendait ma
salive amère.
Tellement amère.
— QUI D'AUTRE ? Explosai-je en regardant Kai qui n'avait rien dit
pendant plusieurs secondes.
Il inspira et me répondit finalement :
— Personne d'autre, Iris.
— Personne n'était au courant de ton existence à part moi, Kai et
Vernon, Mason et Casey, me rassura la voix de Jacob à ma droite, mais on
est sûr que Mason a fait sortir ton nom pour faire pression sur nous, il
voulait le fric à tout prix. Et vu que nous ne sommes pas passés à
l'action, il a sûrement fait en sorte que les gens connaissent ton
existence, et ton nom a été donc mis à prix.
J'avais eu cette même supposition dans ma tête. C'était sûrement ce fils
de pute qui avait fait sortir mon nom et qui avait mis ma tête à prix.
Accélérant le processus pour retrouver son fric.
77 millions de dollars...et deux millions de dollars, pour Kai Lakestone.
C'était un cauchemar.
Un putain de cauchemar où je ne faisais que me noyer un peu plus à
chaque information.
— Oh putain c'est donc vrai, murmura la voix de Cody derrière moi.
Je me tournai vers lui, écarquillant les yeux.
C'était donc pour ça qu'il avait
— J'avais entendu une rumeur comme ça, se justifia Cody en me
regardant, et c'est quand j'ai vu Lakestone que j'ai tout compris.
— Mon poing dans ta sale gueule t'a mis les idées en place, j'espère,
cracha la voix de Kai d'un ton menaçant, on peut refaire ça dès que tu en
auras besoin.
Je me sentais trahie, et dans ma tête, je commençais à douter de tout.
Et de tout le monde.
— Rox...est-ce que Rox savait ?
Cette question, je la posais à Kai. Parce que d'entre les trois, c'était le seul
qui n'avait pas de raison pour me mentir.
Il ne mentait pas.
— Non, me dit-il simplement, non, personne d'autre n'était au
courant.
Un souffle se soulagement quitta mes lèvres. Rox ne savait rien.
Elle n'avait pas participé à ça.
Rox ne savait rien.
— Je suis désolé-
— Tais-toi, coupai-je Cody en sentant ma colère monter en flèche, juste
putain, ferme ta gueule.
Je m'éloignais, ne voulant plus rester avec eux. J'avais senti comme s'il
m'avait poignardé dans le dos, silencieux, il avait joué la comédie pendant
tout ce temps et je n'avais rien vu venir.
Et maintenant, il demandait parler.
S'excuser.
S'excuser après avoir fait de la merde. Pourquoi le faire ?
Ils l'ont menacé...
J'étais en colère, en colère du fait que je ne pouvais pas lui en vouloir.
Ils l'avaient menacé de le foutre en taule si jamais il me racontait tout.
Si jamais il faisait foirer leur plan.
Il avait sauvé sa peau.
En dépit de la mienne.
J'inspirai profondément et fermai la porte de ma chambre, les événements
tournaient en boucle dans ma tête.
Tout se mélangeait, plus aucune idée n'était stable.
Je détestais faire confiance aux gens, je m'imaginais toujours le pire.
Et putain, je n'aurais jamais pu croire que Cody allait trahir ma confiance.
Je n'avais confiance qu'en très peu de personnes.
Et ce soir, je venais de confirmer encore une fois que j'avais raison de ne
pas accorder ma confiance.
Putain de merde, il savait depuis le début.
Et en une seconde, une nouvelle supposition me frappa rapidement
l'esprit.
Le Box.
Il m'avait sûrement mis là-bas parce qu'il savait que Kai était le
propriétaire, il m'avait menti en me faisait croire que c'était Rico.
Peut-être qu'il ne le sait pas ?
Non, il le sait.
Au même moment, Jacob toqua à la porte de ma chambre et je lui
demandais d'entrer.
— Ça va trésor ?
— J'ai besoin de savoir, répondis-je en me levant et le tirant à l'intérieur
de ma chambre avant de fermer la porte derrière nous.
Jacob fronça les sourcils et me lança un regard interrogateur.
— C'est lui qui m'a proposé le poste au Box, est-ce que c'est un pur
hasard ou je dois encore me faire foutre ?
Jacob grimaça et me dit :
— On lui a dit que-
— Donc il sait que Kai est le propriétaire, conclus-je en le coupant.
Et à cet instant.
Jacob écarquilla les yeux.
Son souffle se rompit et sa bouche s'entrouvrit en me fixant. Je fronçai
les sourcils face à sa réaction.
Quoi ?
— Iris...comment tu sais ça ?
Très vite, je sentais le ton de sa voix qui avait changé, paraissant plus
sérieux...plus inquiet.
Et surtout, il l'avait dit à voix basse.
Ses yeux examinaient mon visage, et il continua :
— Parce que je suis certain que c'est pas Kai, et il n'y a que très peu
de personnes qui sont au courant.
Mon rythme cardiaque s'accéléra, je sentais ma respiration se saccader.
Comme si à présent, je venais d'apprendre quelque chose qui pouvait me
mettre en danger.
— S'il te plait Iris, ne me ment pas, dis-moi comment t'as su, c'est
très important.
Je sentais mon ventre se nouer, la peur comprima ma cage thoracique et
je frémis en sentant l'angoisse glacer mon corps.
— J'...j'avais entendu...Neelam et...Lisa, elles...ne savaient pas que
j'étais dans la pièce à côté et...
— Ok...putain ok...Iris, personne, et je dis bien personne ne doit
savoir ça. Cody n'est pas au courant, et personne d'autre hormis nous,
Neelam, Tayco et Lisa le savent. D'accord ?
Je déglutis et hochai la tête.
— Je suis sérieux Iris, promets-moi que tu ne diras rien jusqu'à ta
mort, me dit-il en me fixant.
Sa réaction me fit frémir et je murmurai :
— Je te promets que je ne dirais rien, Jacob.
Pourquoi le cacher ?
Qu'est-ce qu'il y avait derrière cette histoire ?
Jacob souffla lourdement et se tourna vers la porte encore fermée, ses
mouvements étaient rapides, comme s'il était stressé.
Et la culpabilité me gagna.
Tu es stupide.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— JACOB ! s'écria la voix de Kai à l'extérieur.
— J'arrive ! s'exclama ce dernier avant de se tourner vers moi, ne dit
rien à Kai.
Je hochai la tête et il répéta d'un ton très ferme :
— Je suis très sérieux Iris, ne dit rien. Sauf si Kai t'en parle, et
uniquement si lui t'en parle.
Je déglutis, et acquiesçai.
À présent, j'avais l'impression que cette information me mettait en
danger, comme si j'étais exposé à une menace qui me donnait la boule au
ventre.
Putain.
Mon cerveau se remplissait de questions, noyant mon sang-froid et
éliminant par partie toutes mes suppositions en créant de nouveaux trous
dans ma tête.
C'était insensé.
Je ne dois rien dire.
J'inspirai et suivais Jacob à l'extérieur, puis nous revîmes sur nos pas vers
le salon où était Kai et Cody, et le mercenaire pointait son arme sur mon
ami.
Mais je n'étais même pas glacée par la scène.
Encore choquée par tout ce qui vient d'exploser en quelques secondes.
Vernon et Jacob n'avaient jamais insinué une seule fois qu'ils connaissaient
Cody.
Et lui non plus.
Peut-être même qu'ils avaient joué la comédie.
— Je ne dirais rien, souffla Cody en regardant l'arme de Kai, je t'ai fait
la promesse.
— Oh tu as intérêt, parce que je le saurais. Et je te tuerais.
Son ton neutre et monotone me fit frémir, Kai était beaucoup trop
sérieux, c'était du suicide de prendre ses mots à la légère.
Ce n'était pas des menaces en l'air, c'était exactement ce qu'il allait se
passer si jamais Cody disait quoi que ce soit.
— Je pense que...je pense que Cody doit des explications à Iris,
déclara Jacob en s'approchant de nous.
Oh bordel.
Les yeux de Jacob se posèrent sur Kai qui lui lançait un regard assassin et
Jacob inclina sa tête sur le côté en direction de la cuisine afin de lui
demander de nous laisser de l'espace.
Kai s'approcha de la porte et la verrouilla en enlevant la clé.
— Tu bouges de là et je t'arrache le visage, menaça le mercenaire en
direction de Cody d'un ton neutre.
Je levai les yeux au ciel et Cody me lança un regard, presque étonné de
ma réaction.
Jacob tira Kai avec lui vers la cuisine ouverte, ne nous laissant pas seuls
au salon.
Leur présence gênait Cody, et mon cœur battait à la chamade.
Je m'attendais au pire.
Les larmes me montaient aux yeux, et le regard de Cody était noyé dans
la culpabilité en regardant mon visage.
— C'est eux qui t'ont fait ça ?
— Non-
— Il m'a demandé à moi, pas à toi, coupai-je Kai d'un ton froid sans le
regarder, mêle-toi de tes affaires.
— Tu es mon affaire, cracha Kai.
— Laisse les parler, gloussa Jacob derrière moi, tu l'as appelé ?
Tous les deux assis sur les chaises près de la table à la cuisine, nous
toisant du regard.
Je sentais très bien le regard perçant de Kai sur mon dos.
Je m'accroupis face à Cody, puis décidai de m'asseoir au sol.
J'inclinai ma tête sur le côté en regardant Cody qui me fuyait des yeux.
— Explique-moi. Je veux tout savoir.
Cody déglutit et releva son regard vers les deux hommes derrière nous,
me forçant à me tourner vers eux.
— À quoi ça sert de rester à la cuisine si vous allez écouter notre
conversation ? Les interrogeai-je en fronçant les sourcils.
— Elle a raison, on va s'asseoir au salon, déclara Kai en se levant.
— Non, on va juste mettre de la musique, rétorqua Jacob en le forçant
à s'asseoir sur sa chaise avant de prendre son téléphone.
Cody regardait la scène et je soupirai.
Jacob mit la première chanson que je reconnus aussitôt, et c'était Numb
de Linkin Park.
Je me tournai une nouvelle fois vers Jacob qui haussa les épaules en
disant d'une voix haute :
— Ça camoufle votre discussion.
Kai fixait Cody sans un mot, et je me tournai vers ce dernier.
— Tu le savais et tu ne m'as rien dit, l'accusai-je en le fusillant du
regard.
— Je te jure Iris, Vernon m'a dit qu'ils devaient juste te surveiller ils
ne m'avaient pas dit pourquoi et je n'avais pas le droit de leur poser
plus de questions-
— Pourquoi ?
— It's not like you, to say sorry ! entendais-je Jacob chanter la chanson
How you remind me de Nickelback.
Cody grimaça en me regardant et murmura :
— Parce que je ne dois jamais lui poser de questions.
— Tu m'as menti en me disant que tu ne connaissais que les noms de
famille des gens du Box, tu connais le prénom de Vernon, crachai-je en
le fusillant du regard, putain je te faisais confiance.
Cody me lança un regard.
— Iris...je le connais depuis longtemps et-
— It's getting hot in here ! So hot ! so take off all your clothes, chantait
Jacob derrière moi pour camoufler notre conversation, tu veux un titre Kai
?
— Ouais, « ferme-là ou je t'arrache la langue » de moi, répliqua Kai
d'un ton tranchant.
— Connait pas. On va chercher autre chose, souffla Jacob.
Je l'aime.
— Vernon...il est...enfin, c'est...
Il me parle à l'aide de ses connaissances je vais le baffer.
— Parle ! s'exclamai-je d'impatience, et dis-moi toute la vérité Cody.
— C'est...mon oncle, c'est le frère de ma...mère.
Silvers...
Silvers.
Putain j'étais sur d'avoir déjà entendu ce nom quelque part.
Ma mâchoire manqua de se décrocher et mes yeux allaient sortir de leur
orbite alors que tout se figeait autour de moi.
Et puis doucement, les scènes des années précédentes s'expliquaient.
C'était la raison pour laquelle Cody détestait aller au poste de police, la
raison pour laquelle il ne se faisait pas prendre.
Putain de merde.
— Hey mister policeman, I don't want no trouble., chantait Jacob à tue-
tête derrière nous.
— C'est pour ça que je ne pouvais pas refuser, je savais qu'il pouvait
me foutre dans la merde s'il voulait. Il avait cet ultimatum sur moi Iris,
et on avait un accord. On se rend service mutuellement.
Je le regardais, les mots me manquaient, les secrets qui explosaient à la
gueule me coupaient le souffle.
Les mains de Cody se posèrent sur les miens et je sursautai lorsqu'un
coup de feu explosa, je me tournai rapidement vers Kai et il fusillait du
regard Cody en lui disant :
— Touche-la encore une fois je te défie.
La balle avait atterri sur le mur et mes nerfs chauffèrent.
Cody tenta d'enlever ses mains, mais très vite je les retenais.
Je levai mon majeur en direction de Kai, me tournant vers mon ami qui
grimaçait.
— Tu joues avec sa vie, lança Kai en me parlant.
— Attendez, il faut une musique dramatique là, répliqua Jacob
rapidement puis après quelques secondes chanta, I'm jealous of the rain
that falls upon your skin. It's closer than my hands have been...
— Je prendrais la balle à sa place, crachai-je en parlant à Cody, joue
avec la mienne, je te défie.
J'entendis Kai souffler d'agacement et ma mâchoire se contracta.
Qu'est-ce qu'il était culotté de venir me dire des trucs comme ça.
Alors qu'il m'ignorait quelques jours plus tôt.
Imbécile.
— Je t'en supplie Iris, je n'en savais rien crois-moi, si j'avais su je
n'aurais jamais pu te faire, m'implora Cody en gardant ses mains dans les
miennes, c'est quand je l'ai vu que j'ai compris.
Je regardais ses yeux, il avait l'air tellement sincère.
Et lentement, je sentais les larmes embuer ma vue, avant de couler
doucement sur mes joues.
Je me sentais trahie, j'étais en colère, je n'arrivais pas à le croire, c'était
horrible.
C'est un cauchemar.
C'est pas vrai.
— Je t'en supplie Iris, murmura Cody en posant son front contre le
mien, je te jure que c'est la vérité...
— It's too late to apologize, it's too laaaaaate., chantait Jacob
dramatiquement derrière la chanson des OneRepublic, I said it's too-
— Fais chier.
J'entendis Kai se lever et marcher en direction de sa chambre, et Jacob
arrêta la musique en disant fièrement :
— Mission accomplie ! Je reviens, ne bougez pas.
Il se leva et parti en direction des chambres, et à ce moment précis. Je ne
pouvais plus réfléchir à rien d'autre que ce que m'avouait Cody.
Bordel de merde.
Cody est le neveu de Vernon.
–––––––––––––––––––––––––––
Jacob
Je toquai contre la porte de la chambre de Kai, essayant de camoufler
mon petit sourire malicieux alors que je me rappelais de son visage noyé
dans la fureur en fixant le petit Wilson et Iris.
J'essayais de détendre l'atmosphère en mettant de la musique, parce que
je savais qu'il allait repeindre les murs de cette maison avec le sang de
Cody.
Et accrocher ses mains en guise de lustre au salon.
Mais une partie de moi était très heureux de le voir comme ça.
Ressentir des choses.
...Oh trésor, je ne te remercierais jamais assez.
Je devrais peut-être le laisser me parler de ça.
— Je veux pas de concert privé, va les surveiller, cracha Kai en
ouvrant la porte.
Mais pour l'instant, j'avais plus urgent comme discussion à avoir avec lui.
— Laisse-moi entrer, je dois te dire quelque chose.
Kai arqua un sourcil et je sentais l'angoisse former une petite boule dans
mon ventre.
Je devais lui dire, c'était trop important.
Il ne fallait pas le lui cacher.
Kai se mit sur le côté et je grimaçais en voyant l'état de sa chambre.
Il n'avait encore rien rangé.
Mais il l'avait fermé, et c'était le plus important.
— Fais vite.
J'inspirai profondément, et me tournais vers lui en commençant :
— Tout ce que je vais te dire maintenant sera sans danger d'accord ?
Ne panique pas, je gère-
— Qu'est-ce qui se passe Jacob ? Me coupa-t-il en devenant
soudainement plus concerné par la conversation.
— Je te promets qu'il y aura rien-
— Parle merde !
Je pouvais déjà deviner sa réaction, et je commençais déjà à chercher les
mots qu'il fallait.
— Iris sait pour le Box, Kai.
Et en une fraction de seconde, je pouvais voir son visage blêmir
brutalement. Laissant ma grimace s'accentuer.
Je savais très bien à quoi il pensait.
Parce que je l'avais pensé aussi.
Et c'est la merde.
_____________
Hey !
Je m'en vais regarder Criminal Minds. J'enchaîne les saisons alors que j'ai
tellement de choses à faire. Est-ce que j'en suis fière ?
But anyway.
Mon art est enfin là. Que mes explosions commencent ! Cody et Vernon !

A très bientôt pour un nouveau chapitre !


Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram: sarahrivens
38. Obsession mortelle

❤️
(NDA pré-chapitre : COUCOU TOUT LE MONDE !
I missed you ! )
Iris
Le lendemain.
Je n'avais pas dormi de la nuit, mes pensées parlaient trop fort et mon
cœur n'arrêtait pas de battre alors que je remettais en boucle les évènements
de la veille.
Après avoir vu Jacob partir dans la chambre de Kai, Cody et moi étions
rentrés dans la chambre qui m'avait été attribuée depuis deux mois.
Grâce à Cody, je savais que je n'étais pas là depuis deux mois.
La discussion que j'avais eue avec mon ami m'avait aidé à trouver les
réponses aux questions qui tournaient dans ma tête.
« — Et donc ?
— Et donc rien, au départ on pensait vraiment que tu étais parti à la
recherche de ton père, parce que Rufus n'était plus chez toi, me raconta
Cody en regardant le plafond, quand j'ai entendu les rumeurs sur ton
nom, j'ai compris qu'il y avait une couille quelque part. De plus, avec ce
que je savais déjà, c'était même une certitude.
Je hochai la tête, une larme coula le long de ma joue alors que je sentais
ma gorge se serrer davantage.
J'étais allongée dans mon lit avec Cody depuis maintenant une heure,
Jacob était dans la chambre de Kai depuis qu'il nous avait laissés au salon.
Je pouvais les entendre parler.
Je n'avais pas raconté à Cody tout ce qui s'était passé, je ne voulais pas
qu'il en sache trop p sur cette histoire.
J'avais compris que dans ce monde, plus on en savait, moins on était en
sécurité.
Mais ce qui m'angoissait était la discussion que j'avais eue avec Jacob.
Je pouvais encore me rappeler de ses paroles, des réactions qu'il avait eues.
Pourquoi voulaient-ils garder ça secret ?
Quel mal il y avait derrière ?
J'étais totalement perdue.
— Ils ont vu tes yeux ? Me questionna Cody d'une petite voix.
— Jacob oui, Kai non. Pourquoi...pourquoi tu ne m'as jamais dit que tu
avais un oncle en ville, murmurai-je encore perdue par cette information,
putain comment ça se fait qu'il soit ton oncle...
Je n'aurais jamais pensé que Cody pouvait avoir des oncles...aussi
jeunes.
Il ne m'avait jamais parlé de sa famille maternelle.
Il détestait sa mère alors.
— Ma grand-mère n'avait pas prévu d'avoir de gosse après ma mère,
mais elle a eu Vernon. Ma mère avait 9 ans quand Vernon est né, et à 18
ans, elle a eu mon grand frère avec son « amour de jeunesse » c'est-à-dire
mon père. Ils m'ont eu moi deux ans plus tard et se sont mariés, expliqua
Cody doucement, quand je suis né, Vernon n'avait que onze ans.
Maintenant, j'en ai 24 et il en a 35.
— Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?
— Parce que je ne voulais pas que les gens sachent que c'est mon
oncle, qu'ils pensent qu'il me couvre pour mes affaires.
— Mais c'est le cas, soufflai-je en me tournant vers lui.
Un petit sourire étira ses lèvres et il me confia :
— Oui, mais ça, personne ne le sait. Vernon et moi sommes plus des «
contacts » que des personnes liées par le sang. On s'en fout de la famille,
lui n'aime pas sa mère et moi je n'aime pas la mienne.
— Tu te rends compte que ton oncle t'a menacé de te foutre en taule ?
L'interrogeai-je encore ahurie par ces confidences de toute à l'heure.
Cody haussa les épaules et rias avant de me dire :
— On s'est déjà menacé de bien pire, je lui ai tiré dessus une fois...et lui
aussi. C'est pour ça qu'on prend au sérieux nos menaces, on sait qu'on a
les couilles de les appliquer.
Mes lèvres s'entrouvrirent et j'écarquillai les yeux.
— On est proche...à notre façon. D'ailleurs, c'est lui qui m'a aidé à
accepter ma bisexualité. Dans ma famille, ils ne sont pas tous aussi-
Et puis au même moment, nous entendîmes la porte de sa chambre
s'ouvrir.
Des pas se rapprochèrent de la mienne qui était à côté et sans surprise.
Ma porte s'ouvrit.
Plongée dans le noir complet, je fermai les yeux au même moment où la
lumière s'alluma et la voix de Jacob se fit entendre dans la pièce :
— R.A.S MON VIEUX !
— JE VAIS TE TUER ! explosa la voix de Kai depuis sa chambre.
J'ouvris les yeux et Jacob souriait de toutes ses dents en nous confiant :
— Ça le démangeait de savoir ce que vous faisiez, bref ! N'oublie pas
tu dors avec moi Trésor ! »
Et me voilà, une nuit après, dans le lit de Jacob.
Ce dernier dormait profondément, ronflant légèrement. Nous n'avions pas
parlé la veille, j'avais toujours cette angoisse dans le ventre lorsque je me
rappelais de sa réaction face à ce que je savais.
Les mêmes questions tournaient dans ma tête, et les réponses n'avaient
toujours pas décidé de pointer le bout de leur nez.
Comme d'habitude, c'est toujours pareil avec lui.
Je savais que Kai était debout, Cody était encore bloqué dans ma
chambre.
Mieux encore, ils l'avaient menotté.
On passe tous par-là, c'est les règles de la maison.
Je me levai, un soupir quitta la barrière de mes lèvres. J'étais en rogne, je
n'aimais pas les matins, encore moins lorsque je ne dormais pas.
J'avais des envies de meurtres.
Ma cible cependant, n'avait pas changé.
Cet imbécile de Kai Lakestone.
Mes nerfs chauffaient vite, cette rancœur faisait bouillonnait mon sang.
En plus cet enfoiré osait m'interdit de rester avec mon ami, qu'il avait frappé
au passage.
L'Award de l'homme le plus culotté est attribué à Kai Lakestone.
Wouhou.
Doucement, j'ouvris la porte de la chambre de Jacob et sortais de la pièce.
Très vite, l'odeur du café emplit mes narines et je grimaçais.
L'envie se faisait de plus en plus fort. Moi qui voulais me faire une cure
pour diminuer ma consommation de caféine, c'était plus compliqué.
Au pire on n'a qu'une vie, ça serait dommage de ne pas en profiter...
...totalement d'accord.
Mon addiction me murmurait doucement à l'oreille alors que je
m'approchais de la salle de bains où je me lavais le visage et les dents avant
de mettre mes lentilles.
L'odeur du café était partout, ou était-ce juste mon cerveau qui
l'amplifiait pour intensifier mon envie de caféine.
La cure a duré un week-end, c'est ridicule.
Le plus important c'est de participer.
Je trainais des pieds en m'approchant de la cuisine, très vite une odeur de
cigarette arriva dans mon nez et mon regard tomba sur le dos imposant et
tatoué du mercenaire.
Comme s'il m'avait entendu arriver, il tourna la tête et me regardait par-
dessus son épaule.
Sa clope entre les lèvres, me toisant du regard.
Lui non plus n'était pas du matin.
Ou du réveil en général.
— J'ai fait du café, marmonna-t-il d'un ton froid.
Je ne répondis rien et m'approchais de lui, doucement je me mis à côté et
versai le café dans une des tasses que je trouvais près de moi.
— Il y a de la vanille.
Je n'émis aucune réponse, et apportais la boisson chaude près de mes
lèvres.
Mon regard rivé sur la fenêtre face à nous qui nous laissait voir la route
vide, je remarquai la neige qui s'était accumulée sur le sol et la voiture de
Kai.
Je savais qu'il neigeait depuis un moment, mais il était rare que je le
voyais comme aujourd'hui.
Je commençais à prendre l'habitude d'être active le soir plutôt que le
matin.
Le silence nous entourait, parfois je l'entendais cracher sa fumée et il
m'entendait souffler sur mon café fumant.
Aucun de nous ne parlait.
Jusqu'à.
— Je crois savoir où est ton père.
Mon cœur fit un bond à l'intérieur de ma poitrine, et je me crispai
violemment à l'entente de sa confidence en écarquillant les yeux.
Mes veines tremblaient à l'intérieur de mon corps, ma gorge se noua.
Papa...
Intérieurement, je voulais le revoir.
Je voulais le revoir et qu'il m'explique tout, je voulais qu'il me donne ses
raisons, parce que je n'étais pas capable de croire qu'il avait fait tout ça par
pur égoïsme.
Je suis sa fille pourtant...
Je voulais qu'il me dise ce que je voulais entendre, je voulais une raison
pour lui pardonner.
Je voulais qu'il s'excuse, je voulais le frapper, je voulais le haïr.
Pourquoi je n'arrivais pas à le haïr ?
Pourquoi je le détestais pour ce qu'il avait fait, que j'étais incapable de le
détester pour ce qu'il m'avait fait ?
J'étais incapable de garder ma rancune envers mes parents, et c'était mon
plus grand défaut.
Ils pouvaient être les plus horribles avec moi, il suffisait qu'ils fassent
quelque chose de bien et j'oubliais tout.
Et ça recommençait, encore et encore.
La rancune se retournait contre moi, et je ne haïssais personne d'autre que
moi.
Pour être aussi naïve, pour avoir aussi peu d'estime envers moi-même.
Je laissais tout le monde me traitait comme ils le voulaient, c'était les
autres qui me montraient ma valeur.
C'était eux qui montraient comme je devais être traitée.
Et je n'arrivais pas à faire autrement.
Grandir sans attention, sans pouvoir être écouté, interdite.
Forçant alors à tout accepter pour le minimum, se dire qu'on devrait
s'estimer heureux d'avoir ce minimum.
Plaire aux autres, effrayé à l'idée de perdre leur attention.
Devoir supplier parfois, jusqu'à devenir pathétique.
Rox disait toujours que c'était à moi de montrer ma valeur aux autres et
pas le contraire, je savais qu'elle avait raison.
Mais j'en étais incapable.
Je ne m'estimais pas pour prétendre avoir une valeur.
Si mes parents m'avaient montré ma valeur, peut-être que je pourrais la
montrer au monde.
Au final, ma valeur n'était que le reflet de celle que j'avais aux yeux de
mes parents.
Pratiquement inexistante.
— Où...où est-ce qu'il est ?
Je voulais savoir, je voulais le revoir.
Ma gorge se noua, mon cœur brûlait de l'intérieur.
— Ça ne te concerne pas encore, tout ce que tu dois savoir c'est que
ton enfoiré de père n'est pas mort.
Je demeurai muette, ne hochant même pas la tête.
Pourquoi me donner la moitié d'une information ? Imbécile.
— J'ai un de mes contacts qui va peut-être venir ce soir, m'informa
Kai en écrasant son mégot de cigarette sur le cendrier tout en regardant par
la fenêtre.
— Qui sait à part toi que tu sais peut-être où est mon père ?
L'interrogeai-je en revenant sur le sujet principal.
— Mason, me répondit-il simplement, et toi.
Nous vîmes une voiture se garer près de la maison et très je vis le visage
de Vernon.
Il était rentré plus tôt.
J'étais sûr que Kai parlait avec lui au téléphone hier soir.
Pour lui dire que son neveu était ici.
D'un pas décidé, nous le vîmes s'approcher de la maison et après
quelques secondes, nous entendîmes la porte se déverrouiller.
— J'en connais un qui va passer un sale moment, pouffa Kai en se
tournant vers la porte d'entrée où Vernon venait à peine de passer le seuil.
Le policier nous lança un regard en marmonnant :
— Où est-ce qu'il est ?
— Dans la chambre de madame, souffla Kai d'un ton détaché.
Je levai les yeux au ciel avant de me concentrer sur Vernon qui enlevait
ses chaussures, ses sourcils étaient froncés, je pouvais voir qu'il était
contrarié.
En même temps, l'autre con voulait faire le dur avec Lakestone.
Un peu comme toi.
C'est pas pareil.
— Tu sais ce que j'aimerais écouter là ?
Je lançai un regard interrogateur à Kai qui esquissait un sourire mauvais,
ses yeux rivés sur le couloir qui donnait aux chambres.
— Les os de ses mains se broyer...et son front aussi.
— Tu sais ce que j'aimerais écouter là ? répétai-je en prenant une
gorgée de mon café.
— Mes gémissements ?
— De douleur de préférence, crachai-je en guise de réponse, et ton
dernier souffle.
Je l'entendis émir un petit rire dans un souffle et murmurer :
— C'est pas plus mal, je pourrais voir tes yeux.
« Tu les verras quand tu seras mort »
— Eh, Iris, tu sais ce que je veux entendre là ?
Je secouai négativement la tête, appréhendant sa réponse même si je
savais déjà qu'elle n'allait pas être intelligente.
Rien de ce qu'il dit ne l'est de toute façon.
— Approche.
— Je t'entends très bien de là où je suis, refusai-je en prenant une
gorgée de mon café.
Sans surprise, je le sentais se pencher vers moi. Laissant mon rythme
cardiaque s'affoler comme à chaque fois qu'il était un peu trop proche de
moi.
Ses doigts éloignèrent les mèches de mes cheveux qui cachaient mes
oreilles et je sentais son visage se rapprocher, un frisson se déchargea le
long de ma colonne vertébrale en sentant son souffle s'écraser sur ma peau.
Et je sentis ses doigts contre la peau de mon cou, s'enroulant délicatement
autour de ma gorge, sans aucune force.
Me coupant le souffle.
Ses lèvres effleuraient mon oreille et il murmura lentement dans un
souffle :
— Que tu me promettes de ne jamais parler de tout ce que tu sais à
propos de moi, parce que sinon je te tuerais.
Mon sang se glaça instantanément, et les évènements de la veille me
revinrent en mémoire.
J'avalais difficilement ma salive et regardais droit devant moi.
Des bruits troublèrent le silence qui nous entourait, et c'était la voix de
Vernon qui criait sur Cody.
— D'accord princesse ?
— Je ne sais rien de toi, tentai-je de camoufler la réalité de la chose.
S'il apprenait que je savais pour le Box, je ne donnerais pas cher de ma
peau.
Mais au fond de moi, je savais que Jacob allait le lui dire tôt ou tard, sa
réaction était tout sauf normale.
Ce n'était qu'une question de temps avant qu'on me raye de la liste des
vivants.
Un petit rire s'échappait de ses lèvres près de mon oreille, son souffle
chaud chatouillait lentement ma peau alors qu'il chuchotait :
— Tu en sais beaucoup trop, tellement que j'envisage de te tuer après
avoir retrouvé l'argent de Mason. Je sais que tu sais, et je sais comment
tu le sais. J'espère que tu ne prends pas mes paroles pour des menaces,
parce que c'est juste des plans que je compte vraiment faire si tu te
poses la question.
Son ton monotone, sérieux, calme me faisait froid dans le dos.
Il était littéralement en train de me dire qu'il allait me tuer.
Attends...
« Je sais que tu sais, et je sais comment tu le sais... »
Putain. Mais c'était sûr en fait.
Jacob putain.
Je fermai les yeux et tentai de garder mon calme face aux paroles
meurtrières de Kai près de moi.
Le danger qui émanait de ses mots, la sincérité de sa voix.
C'était si angoissant que je regrettais d'en savoir autant sur lui.
Pourtant aussi peu.
— Je te le promets, je ne dirais rien sur toi à personne, murmurai-je
en frémissant après quelques secondes de silence.
Mon cœur fit un bond à l'intérieur de ma poitrine lorsque d'un coup.
Ses lèvres s'écrasèrent sur ma tempe.
Puis il murmurait d'un ton aussi calme que au départ :
— Si tu romps cette promesse, je le saurais. Et je te tuerais toi, et la
personne à qui tu as dit. Tu comprends, princesse ?
Je ne répondis rien et hochai la tête, encore gelé par ses paroles calmes.
Je sentais que mon corps se secouait légèrement de tremblements à cause
de ce qu'il me disait.
Je n'étais pas prête psychologiquement à être menacée de mort dès le
matin.
Et malheureusement, je ne pouvais pas ne pas le prendre au sérieux.
C'était les paroles de Kai Lakestone.
Il ne mentait pas.
Et ça, putain ça me donnait la chair de poule.
Jacob t'avait un truc à faire, c'était de fermer ta gueule.
Dit-elle. Quelle audace.
— Change tes draps quand Pablo Escobar partira, je n'ai pas envie
que tu sentes lui.
Mes sourcils se froncèrent lorsque je le vis changer de sujet comme si de
rien était.
Reprenant son ton possessif.
Toujours là à reparler de Cody.
— Tu feras avec, lâchai-je froidement en haussant les épaules même si
intérieurement je me chiais dessus à cause de ses menaces.
— J'ai un odorat très développé princesse, je ne ferais pas avec.
°°°°
Plusieurs heures plus tard. 20 heures.
Je regardais la télé seule au salon. Cody, Vernon et Jacob étaient partis je
ne savais où et l'autre enfoiré était en bas.
Un soupir légèrement saccadé s'échappait de mes lèvres que je mordillais
nerveusement.
Mes pensées s'embrouillaient et je ne savais pas comment calmer mon
anxiété qui me faisait trembler de l'intérieur.
Cette constante boule au ventre, comme si mon corps se sentait
constamment en danger.
Comme si à chaque seconde, quelque chose d'horrible allait arriver.
Les paroles de l'autre taré n'arrangeaient rien, ses murmures au creux de
mon oreille, son ton monotone et froid, ses mots qui glaçaient mes cellules.
Je posais ma main sur mon ventre, je voulais que cette boule disparaisse,
même le temps d'un instant.
Je veux respirer.
J'avais toujours l'impression que mon cœur battait trop vite, ou trop
lentement.
Que ma gorge fourmillait, que mes membres tremblaient un peu trop.
Comme si je sentais constamment la mort rôder autour de moi, moi qui ai
si peur de mourir. Parfois, je n'en dormais pas la nuit.
De peur de mourir pendant mon sommeil.
Putain c'est ridicule.
Ça me contrôlait, c'était là, autour de moi, à l'intérieur de moi. Ça
contrôlait mon cerveau, me forçant à tout le temps réfléchir au pire chaque
seconde. Me faire cent mille scénarios dans ma tête et en faire des
cauchemars.
M'excuser, encore...et encore...et encore...et encore.
Pardon.
Pardon.
Désolé.
Désolé.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Ne pas être capable de me rassurer, cette voix anxieuse qui murmurait
toutes mes angoisses était bien plus forte.
Me rappeler de tout ce que j'avais dit ou fait pendant la journée, angoisser
à l'idée d'avoir été gênante, ridicule, déplacée.
C'était fatigant.
La fatigue.
Cette fatigue constante, oh putain cette fatigue. Mon corps était incapable
de se relaxer, mon cœur battait vite, fort, qui me faisait mal.
Je frissonnais sans raison, je tremblais sans raison aussi.
Mes muscles étaient tendus, ma cage thoracique qui se comprimait.
Et le sommeil.
Oh seigneur.
Le sommeil partait, ou il ne restait pas très longtemps, la compagnie de
l'anxiété n'était pas ce qu'il appréciait le plus alors...il cédait sa place.
Et je me laissais torturer pendant des heures.
Un peu comme maintenant.
— Je dois m'occuper.
Je me levai et au même moment, entendis des pas lourds.
Kai était en train de monter.
Et je me laissais tomber sur le canapé que je venais à peine de lâcher.
J'ai changé d'avis.
— Ouais...j'y suis là...ça me va...dans combien de temps ? ...ça
marche.
Je l'entendais soupirer lourdement en s'approchant du salon, dos à lui tout
en regardant la télé qui affichait un nouvel épisode de Criminal Minds, je
pouvais sentir son corps derrière le canapé.
Me toisant du regard comme à chaque fois.
Concentre-toi sur la télé...concentre-toi sur Spencer Reid.
— Tu aimes les séries criminelles ?
— Ça me détend, marmonnai-je en regardant l'écran.
— Tu sais qu'il y a forcément des gens dérangés qui se sont inspirés
de ces scènes pour leurs propres meurtres-
— J'ai pas envie de penser à ça, le coupai-je en essayant de garder mon
indifférence face à sa présence derrière moi, laisse-moi regarder tu me
déranges.
— J'ai toujours eu un faible pour J.J.
Je fronçai les sourcils et mes yeux s'écarquillèrent, il avait déjà regardé
Criminal Minds.
Attends une seconde...
— Tu t'es inspiré de quel épisode pour tes meurtres, Lakestone ?
— Aucun, je ne tue pas par plaisir. Je tue seulement si on me le
demande, me répondit-il simplement, va t'habiller, on sort dans quelques
minutes.
Je ne répondis rien, je ne savais pas où on allait.
Mais je commençais à m'habituer aux rendez-vous inconnus, et je
commençais même à me préparer psychologiquement au pire.
Parce que en ce moment, le pire ne faisait qu'augmenter.
— T'as mangé ?
— Arrête de faire comme si tu n'avais pas menacé de me tuer y a à
peine quelques heures, crachai-je en sentant mes nerfs chauffer, j'ai pas
faim.
Je l'entendais s'éloigner vers la cuisine tout en me disant d'un ton neutre :
— Je ne te tuerais pas si tu ne romps pas la promesse, c'est du
donnant-donnant. Rappelle-toi, on collabore.
— J'ai collaboré pour me sauver la vie, pas pour la mettre en danger
davantage.
Un petit rire s'échappait de ses lèvres et je l'entendis revenir sur ses pas,
son corps se mit derrière le canapé une nouvelle fois et il répliqua :
— La curiosité est vilain défaut princesse, et dans mon monde, elle
est même mortelle.
— Tu sais ce qui est mortel, Kai ?
Je me levai et me tournais vers lui.
Mon regard se posa sur le sien, je remarquais que ses yeux étaient
légèrement rouges, mon corps se mit face à lui.
Seul le canapé nous séparait. Mes nerfs chauffèrent, la colère brûlait mon
sang alors que ma rancœur reprenait peu à peu sa place dans ma tête.
Son petit sourire narquois me donnait des envies de meurtres.
Il croisa les bras et me demanda :
— Pour toi ou pour moi ?
— Ta présence dans ma vie, terminai-je en le regardant, c'est mortel
pour moi.
Il hocha la tête, comme s'il était complètement d'accord.
— Ma présence n'est pas la plus mortelle...tu sais ce qui est mortel,
princesse ?
Je le vis contourner le canapé, et ma respiration se saccadait en le
regardant s'approcher de moi.
Son corps imposant me fit face, n'étant plus qu'à quelques centimètres de
moi.
Je maintenais mon regard vers lui, levant la tête légèrement à cause de la
différence de taille.
— Mon obsession.
Ses yeux se posèrent sur mon visage en détaillant mes traits, regardant
mes lèvres puis mes iris cachés par mes lentilles de couleur.
— Et tu vois...quand tu me regardes comme ça, quand tu es en
colère...quand tu me parles, quand tu m'écoutes, murmura-t-il près de
mon visage, tu ne fais qu'augmenter mon obsession.
Mon cœur battait à la chamade en l'écoutant parler.
— Et ça, ça, c'est mortel. Ça peut te tuer.
— Tu comptes me tuer par obsession ? L'interrogeai-je en essayant de
comprendre ses mots qui étaient très loin d'être neutres.
Ma question me fit frémir.
— Non, jamais...ce n'est pas moi qui te tuerais. Je dis juste que ça
peut te tuer, murmura-t-il en examinant mon visage, alors arrête de me
regarder comme ça, parce que je suis à deux doigts de rompre mes
promesses pour faire ce que je veux depuis trop longtemps.
— Qu'est-ce que tu veux faire, Kai ?
Je sentais l'atmosphère s'alourdir de plus en plus, et ses yeux me brûlaient
le visage.
Son souffle chaud effleurait ma peau, et je le sentis faire un pas en avant
sans me lâcher du regard.
— Ce que je veux princesse ?
Mon rythme cardiaque s'affolait en le fixant me détailler du regard.
Dévorant chaque centimètre de ma peau avec ses yeux glacials.
Et il s'avança, tandis que je reculais en sentant que mon âme s'embrasait a
l'intérieur, se yeux me fixaient, affichaient ses pulsions ouvertement.
Mon dos se colla contre le mur et je maintenais mon regard sur lui,
l'adrénaline coulait dans mes veines brûlantes.
Puis, son corps se rapprocha davantage et il murmura dans un souffle à
peine audible, et d'un ton presque désespéré :
— T'embrasser, encore...et encore...et encore...
Je sentais mon cœur cogner contre ma cage thoracique en l'écoutant me
parler ouvertement de ce qu'il y avait dans sa tête à mon sujet.
— Posséder chaque centimètre de ta peau...tes lèvres encore plus...
Je frémis lorsque son pouce se posa sur ma lèvre inférieure, l'envie
pouvait se lire si clairement sur son regard.
Et je bataillais pour garder ma raison et ma haine dans ma tête.
Sa bouche s'entrouvrit délicatement, et il passait lentement sa langue sur
la barrière de ses lèvres avant de continuer :
— J'en suis obsédée, princesse, c'est ma drogue préférée...mais...je ne
peux pas.
— Pourquoi ? L'interrogeai-je en sentant mon souffle se saccader à
cause de sa présence.
Je savais que ce que je faisais était mal, je pouvais voir dans son visage
qu'il était n'avait pas toute sa tête, je savais qu'il était défoncé.
Mais si c'était le seul moyen pour moi d'avoir des réponses à mes
questions alors...
— Parce que j'ai promis de ne rien faire...et pour la première fois,
j'ai vraiment envie de rompre une promesse.
Mon cœur palpitait en voyant son regard qui m'affaiblissait
intérieurement, je détestais cette emprise qu'il avait sur moi.
Comme si mes pulsions dépassaient ma rancœur et ma haine envers ce
qu'il m'avait fait, comme si elles voulaient se mélanger aux siennes.
Des pulsions qu'on étouffaient tous les deux, par promesse et par fierté.
C'était chaotique.
Mortel.
Je m'approchais de lui, n'étant plus qu'à quelques millimètres de son
visage :
— Tu l'as promis à Mason, n'est-ce pas ?
Il était plus concentré sur mes lèvres que sur mes paroles, je pouvais le
voir.
J'effleurais mes lèvres au siennes, une décharge électrique parcouraient
mes membres en sentant ses lèvres brûlantes tout près des miennes.
— Tu rends la chose encore plus difficile...c'est du sadisme
princesse...
— Pourquoi tu as fait cette promesse à Mason ? L'interrogeai-je en le
fixant, c'est quoi cette promesse ?
Ses yeux se posèrent sur les miens, sa bouche encore entrouverte me
donnait l'impression qu'il était affamé.
Et puis.
Un sourire étira ses lèvres.
— Tu sais Iris...je suis peut-être défoncé, murmura-t-il en me
regardant, mais j'ai dû apprendre à garder un certain contrôle de mes
paroles...sous tous les effets possibles.
Puis il recula.
Et ma mâchoire se contracta.
— Ne sois pas en colère princesse, me dit-il en regardant mon visage
noyé dans la frustration de n'avoir rien eu comme information, ce n'est pas
comme ça que tu arriveras à avoir des réponses, malheureusement
pour toi, j'aime bien te frustrer.
Je ne savais pas qu'on pouvait détester autant une personne.
Et pourtant c'était exactement ce que je faisais.
« Ce n'est pas comme ça que tu arriveras à avoir des réponses »
Il savait ce que je voulais faire, et ça me foutait la haine de toujours le
voir avoir une avance sur mes plans.
Comme s'il s'amusait à me laisser sans réponse juste pour la frustration
que ça m'apportait.
Enfoiré.
C'était un putain de démon.
Mais il y avait une chose que je supposais à présent. Et dont j'étais de
plus en plus sur.
Il avait promis des choses à Mason à mon sujet.
Et pour une raison que je ne comprenais pas encore.
Il ne pouvait pas rompre ses promesses.
Pourquoi je me demande ça ?
Parce qu'il ment à Mason. Et Kai ne ment jamais.
Alors je ne voyais pas pourquoi il ne romprait pas les promesses qu'il
faisait à Mason.
— Habille-toi, on sort dans une heure, déclara-t-il en tournant les
talons.
— On ne devait pas sortir dans quelques minutes ?
Il me regardait par-dessus son épaule avant de déclarer :
— J'ai changé d'avis, je vais prendre une douche.
Oh Lakestone...crois-moi même si c'est dangereux d'en savoir sur toi...
...Ma curiosité causera ma perte.
°°°°
Une heure plus tard.
— Mais t'as perdu la tête ? Il fait au moins -5 degrés là !
Je regardais la moto alors qu'il enfilait son casque en marmonnant :
— Tu me fais perdre mon temps Iris, montes.
Une grimace s'affichait sur mes lèvres en regardant la moto, cette même
moto que j'avais vue la toute première fois à la station-service.
Je déglutis et m'approchais.
— Si on crève, sache que j'ai très hâte de te retrouver en enfer,
crachai-je après quelques secondes de réflexion sous son regard noir.
Je m'assis derrière lui et il me dit sans prendre en considération mes
paroles :
— Mets tes mains dans mes poches, tu vas tomber sinon. Et mets ton
casque.
Je tremblais en mettant le casque, n'ayant aucune confiance en sa
conduite.
Déjà que dans la voiture il allait un peu trop vite, mais alors là.
Je le sentais se crisper au moment où j'enroulais mes bras autour de sa
taille avant d'enfouir mes mains dans ses poches.
— Accroche-toi, me dit-il en faisant gronder le moteur avant d'accélérer
rapidement.
Et je me cramponnais à son corps comme si ma vie en dépendait,
intérieurement je sentais que ça allait être mon dernier soir sur terre.
L'adrénaline se déferlait dans mes veines et mon estomac se retournait
dans tous les sens en sentant la vitesse qu'il exerçait, je n'avais jamais monté
sur une moto.
C'était terriblement angoissant.
Et sa conduite n'arrangeait rien.
— RALENTIS ! criai-je en essayant de m'accrocher autant que je
pouvais à lui.
Il ne répondit rien, et comme pour me narguer, il accéléra davantage.
Roulant entre les voitures, ces dernières klaxonnaient fortement à chaque
fois que monsieur s'amusait à passer entre elles, à un cheveu de les
effleurer.
Zigzaguant entre les fils, me donnait envie de vomir.
Putain de merde.
Je sentais mon cœur tambouriner à l'intérieur de ma poitrine, mon
estomac allait bientôt tomber sur la route alors qu'il allait de plus en plus
vite.
Et puis après quelques minutes, où mon âme avait failli sortir de mon
corps.
Nous nous arrêtâmes près d'une maison totalement blanche.
Le silence était troublé par le moteur de sa moto qu'il arrêta avant
d'enlever son masque.
Je fis de même et le virent passer ses mains dans les cheveux qui
retombaient sur ses yeux.
— Où est-ce qu'on est ?
— Chez mon contact, ne lui parle pas.
Il prit le casque que j'avais en main et s'approcha de la porte d'entrée
avant de sonner.
Et après quelques secondes à peine, cette dernière s'ouvrit sur un homme.
À peine plus petit de taille que moi.
Des cheveux courts, des yeux bruns, un petit sourire malicieux sur ses
lèvres fines.
— Lakestone !
— Isaiah, marmonna Kai.
Le fameux contact du nom d'Isaiah me lança un regard étonné et son
visage semblait perdu, ne s'attendant peut-être pas à voir une autre personne
que Kai.
Puis pendant quelques secondes, ses yeux ne quittaient pas les miens et il
demanda d'un ton interrogateur :
— Oh...tu nous as ramené une invitée ?
— Je n'ai pas le temps, grogna Kai en le poussant légèrement pour
entrer, dis-moi ce que tu veux.
Isaiah secoua la tête d'exaspération et me sourit en me laissant entrer
avant de dire :
— Enlève tes chaussures par contre.
L'intérieur est parfaitement propre, tout était rangé. Si seulement j'étais
aussi ordonnée.
Kai fit comme s'il n'avait rien entendu et parti vers le salon ouvert, et
s'affala sur le canapé.
— Qu'est-ce que tu me veux ?
— Tu ne veux pas nous présenter ? interrogea Isaiah en me lançant un
regard.
— Non, t'as pas besoin, grogna Kai d'un ton froid, qu'est-ce que tu
veux, Isaiah ?
Ce dernier soupira et alluma l'écran de sa télé. Affichant des plans et
plusieurs points qui clignotaient.
— Voici les derniers points où étaient les enfoirés qui ont capturé ma
sœur.
— J'ai tué celui que j'avais, il ne voulait rien dire, informa le
mercenaire d'un ton neutre en plissant légèrement les yeux alors qu'il
examinait la carte.
Je restais muette et restai debout près du salon.
— Et je crois qu'ils vont vers Las Vegas.
— ...ou Los Angeles.
Kai se tourna vers lui en continuant :
— Est-ce que tu sais si elle est encore vivante ?
— Oui, ils m'ont reproposé l'échange avant-hier. Ils veulent toujours
me faire payer pour avoir hacké leur base de données, expliqua Isaiah
en regardant le mercenaire, mais sont prêts à passer l'éponge si je trouve
une personne comme ma sœur, ou l'argent qu'elle pourrait leur
rapporter. C'est des putains d'enfoirés, ils m'envoient des vidéos d'elle
et...
— Ne fait pas ça, ils bluffent pour avoir ce qu'ils veulent, souffla Kai
en fronçant les sourcils, ne cède pas à la pression, je vais voir ce que je
peux faire.
— Tu m'as promis de m'aider quand j'en aurai le plus besoin,
Lakestone...ça fait des mois que ça dure...
Isaiah regardait Kai, l'implorant presque du regard alors que le
mercenaire se levait du canapé.
Je regardais la scène sans un mot, je pouvais voir que cet homme était
désespéré.
Sa sœur avait été enlevée.
Il posa la télécommande sur la table où encore une fois, tout était rangé.
Ce mec était peut-être maniaque.
— Je vais faire un tour à Los Angeles, déclara Kai d'un ton neutre, je
connais quelqu'un qui pourrait t'aider.
_____________
Hey !
Regarder les winx pour Riven parce que c'est mon crush alors que ce mec
est un red flag ambulant ? Totalement. Déjà son nom est badass c'est trop.
Anyway ! Parlons de ce chapitre...DÉJÀ ON PARLE DE QUOI PARCE
QUE Y A EU TROP DE CHOSES OMG OMG-

👀
Je suis amoureuse de cette tension malsaine-
Et de la suite.
A très bientôt pour un nouveau chapitre !❤️
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram: sarahrivens
39. Parole et promesse

(NDA pré-chapitre : CAPTIVE VA ÊTRE ÉDITÉ ALORS ON FÊTE ÇA


DANS LAKESTONE OMG)
Iris
— Pourquoi tu veux l'aider ?
— Parce que je lui avais promis, et je me méfie de Isaiah, souffla Kai
en répondant à Jacob alors qu'il venait de griller son troisième joint, je suis
sûr qu'il travaille avec Mason parfois, ça ne m'étonnerait pas qu'il
veuille se venger de moi à travers lui à un moment où un autre.
— Ouais c'est sûr que Mason et lui se connaissent, souffla Jacob d'un
ton blasé.
Nous étions revenus depuis à peine quelques minutes, ce Isaiah avait
demandé à Kai de l'aider à sauver sa sœur qui avait était kidnappée.
Et le mercenaire avait accepté.
— T'as pas peur qu'Isaiah lui dise que tu fais une mission avec lui ?
Alors que t'en a déjà une ? L'interrogea Jacob en fumant.
— C'est lui le perdant, pas moi, Isaiah pensera à lui alors il ne dira
rien.
Je demeurai muette, assistant à leur discussion sans y participer.
Alors ce Isaiah travaillait avec Mason parfois, c'était pas si étonnant, ce
mec avait des allures d'un très bon hackeur.
Je me rappelais des plans qu'il avait montrés à Kai, il y avait des photos
des ravisseurs et aussi leur nom dans un coin de l'écran.
— Donc c'est quoi ton plan ? questionna Jacob.
— Simple, je vais voir Scott. Je ne pourrais pas complètement faire
cette mission et pourchasser ces mecs, Mason se doutera de quelque
chose, répondit Kai en regardant Rufus qui jouait dans la cage sur la table
du salon, je vais voir si ses hommes pourront le faire.
— Ils lui font la pression ?
Kai acquiesça en guise de réponse, ses yeux se posèrent sur son verre de
Whisky qu'il avait entre les doigts, il cracha la fumée de son joint en
réfléchissant, puis fini par dire :
— Même si c'est du bluff, Isaiah n'est pas fort psychologiquement.
Ça fait plusieurs mois que ça dure et je sais qu'il va craquer à un
moment où un autre.
— Et le mec que tu torturais, il a rien dit ?
Ma respiration se saccada légèrement à l'entente de sa question.
Et puis très vite, une parole de Kai me revint en mémoire.
« J'ai tué celui que j'avais, il ne voulait rien dire »
Mon estomac se tordait, encore incapable d'être indifférent à ces
informations.
Et soudain, quelque chose gifla violemment mon esprit.
Le Box.
La salle privée.
J'avais déjà vu Kai entrer et sortir avec des vêtements différents, peut-être
qu'il les torturait là-bas ?
— Non, j'ai fini par m'en débarrasser, marmonna Kai d'un ton neutre
en buvant une nouvelle gorgée de son alcool.
— Débarrassé ? Où ? demanda Jacob en écarquillant légèrement les
yeux.
Il semblait appréhender sa réponse, sa réaction me laissait supposer qu'il
ne s'attendait pas à ces paroles venant de Kai.
Kai secoua négativement la tête en lançant à regard a son meilleur ami et
jouait avec son verre.
— Il est encore là-bas, il est juste mort. Vous irez le chercher et le
jeter au lac d'Ewing demain.
J'avais une folle envie de vomir en l'écoutant parler.
Jacob se tourna vers moi, comme s'il avait ressenti mon dégoût et me
sourit, je grimaçais en affichant mes émotions sur mon visage et sentis
rapidement le regard perçant du mercenaire sur moi.
J'étais assise sur le canapé à côté de Jacob, tandis que Kai était sur un
autre siège, face à nous. Vernon et Cody devaient arriver d'une minute à
l'autre, mais je ne savais pas quand exactement.
— Iris viendra avec moi, déclara Kai et mon cœur sursauta, toi tu as tes
trucs à faire demain avec Vernon. Je ne vais pas risquer de la laisser ici
toute seule, si Mason t'appelle, tu lui diras qu'on cherche d'autres
pistes pour son père.
— Attends...t'en as déjà trouvé une ?
Kai acquiesça et but une dernière gorgée de son alcool, Jacob ouvrit
grand les yeux, ahuri par l'information.
Je le regardais sans un mot et il maintenait son regard sur moi, mon cœur
battait à la chamade alors que mon cerveau se rappelait que Kai avait peut-
être une piste pour retrouver mon père.
— Tu devrais aller dormir-
La porte d'entrée s'ouvrit, coupant Kai dans ses mots en ma direction.
Les têtes de Cody et Vernon arrivèrent dans mon champ de vision, et
Jacob esquissa un sourire en voyant son copain s'approcher de lui.
Cody vint se poser à côté de moi et passa sa main autour de mes épaules
en me souriant doucement, un sourire que je lui rendis alors que son geste
me réchauffait intérieurement.
Il m'avait manqué.
Mais très vite, mon sang se gela lorsque mes yeux croisèrent ceux de Kai.
Un voile glacial et meurtrier couvrait son regard, et en une fraction de
seconde.
Son verre explosa de ses mains.
Et ses yeux ne quittaient plus Cody.
— Ok...on va se calmer, souffle Jacob en se redressant et lançant un
regard à son meilleur ami.
Je déglutis et Cody fixait Kai, la respiration du mercenaire se fit de plus
en plus bruyante et je vis ses mains trembler.
— Enlève. Ton bras.
Son ton était bas, menaçant.
Et Cody commença à se défaire, mais très vite je l'arrêtai. Retenant son
bras autour de mes épaules.
— Il n'enlèvera rien du tout, ripostai-je en le fusillant du regard.
Et tu vas rien dire, et tu vas rien faire.
Je détestais son comportement envers Cody, sa possessivité mal placée
qu'il faisait ressortir en essayant de lui faire peur de quelconque façon.
Je voulais lui foutre une bonne baffe.
Il m'assassinait des yeux, et je maintenais mon regard sur lui. Kai
contracta sa mâchoire, sa colère pouvait se voir de plus en plus sur son
visage, et la mienne faisait trembler mes veines de l'intérieur.
— Je vais le tuer, lâcha Kai en gardant ses yeux sur les miens.
— Si tu tues ceux qui me touchent, tu aurais dû tuer Mason en
premier parce qu'il m'a frappé. Mais tu es lâche, alors tu tueras Cody,
crachai-je d'un ton tranchant alors que la rancune revenait peu à peu.
Et son visage se décomposa.
Instantanément.
— OK je pense que-
— Va te faire foutre Iris, grogna Kai en me fusillant du regard.
— Va te faire foutre Kai, grognai-je à mon tour en lui rendant son
regard.
Je sentais Cody se crisper à côté de moi et lentement, il éloignait sa main
de moi.
Me forçant à me tourner vers lui en l'assassinant des yeux.
Et il répliqua :
— T'as peut-être oublié que c'est Lakestone, pas moi.
J'inspirai profondément, j'étais à deux doigts d'exploser lorsque je vis le
sourire victorieux de Kai, incurvant un coin de ses lèvres en me narguant du
regard.
Enfoiré.
Il lança un regard à Vernon qui était encore près du canapé, voyant la
scène comme Jacob. Silencieux et observateur.
Et puis, comme s'il lui avait ordonné quelque chose sans avoir dit un mot,
le policier déclara :
— Cody, on s'en va.
Je me tournai vers mon ami qui hocha la tête simplement, laissant ma
gorge se nouer.
Comme si on m'enlevait ma bulle d'oxygène, je ne voulais pas que mon
ami parte.
Mais j'étais déjà préparé psychologiquement à le voir partir.
Je savais qu'il n'allait pas rester, je savais qu'ils l'avaient menacé, et je
savais qu'il n'allait rien dire.
Par peur de mourir.
Ou d'aller en taule.
Il me lança un sourire triste et je le pris dans mes bras, ma colère revint
en sentant qu'il n'avait pas rendu mon câlin.
Sûrement à cause de l'autre là.
Je veux le tuer.
— Prends soin de Rox, ok ? murmurai-je près de son oreille en
resserrant mon étreinte autour de lui comme si ma vie en dépendait.
— Tu lui manques beaucoup, entendais-je Cody.
— Elle me manque aussi, je reviens bientôt c'est promis.
Malheureusement, je ne savais pas si j'allais un jour tenir cette promesse.
Des larmes coulèrent le long de mes joues et je sentais ma vue s'embuer
davantage, la boule dans ma gorge me fit mal et je ne voulais pas le lâcher.
Je détestais les au revoir.
— S'il te plait...prends-moi dans tes bras.
Avide de touchers.
De contact réconfortant.
Affamée de sentiment de sécurité, d'affection.
Mon cœur se réchauffait instantanément en sentant ses bras se resserrer
sur ma taille. Et un sanglot quitta mes lèvres alors que je me nichais sur son
cou.
— Promets-moi de faire attention à toi, murmurai-je en fermant les
yeux.
— Depuis quand les promesses sont devenues importantes pour toi,
Simones ? murmura-t-il en riant dans un souffle.
Et la seule image que j'eus à ce moment, c'était celle de l'autre enfoiré.
Kai.
— Depuis...deux mois, peut-être.
Je m'éloignais de lui et passai ma main sur mon visage inondé de larmes,
et Jacob dit :
— Ooooohhh trésor, pleure pas ! On le verra au Box !
Cody me sourit et hocha la tête puis, il me dit au creux de mon oreille :
— Promets-moi de ne pas oublier que tu es avec Lakestone, et que tu
peux te faire tuer avec ton comportement. Parce que moi, je ne l'ai pas
oublié, et ce mec me fait flipper.
Je secouai la tête d'exaspération, même s'il me faisait peur, cet imbécile
me donnait surtout de folles envies meurtrières.
Cody se leva et je le regardais s'avancer vers Vernon, lui et Jacob se
dirigèrent vers la porte d'entrée et le meilleur ami de Kai demanda :
— Je vais acheter des burritos, qui en veut ?
Je secouai la tête et Kai ne répondit rien, Cody me lança un regard
sourire avant de quitter la maison.
Nous laissant seuls, Kai et moi.
Le silence laissa un froid s'installer rapidement, et mon regard noir
n'avait pas quitté le corps du mercenaire face à moi.
— Quoi ? M'interrogea-t-il d'un ton narquois en me voyant le fixer.
— J'ai une folle envie de te tuer, lâchai-je en secouant la tête.
— J'ai une folle envie de te baiser, mais on n'a pas toujours ce qu'on
veut.
Une décharge électrique emprisonna mes membres et mon cœur fit un
bond à l'entente de sa réponse, un sourire étira ses lèvres en regardant mon
visage passer de la colère au choque.
Mais très vite, cette colère revint.
Fausse, mais assez réelle pour camoufler l'impact de ses paroles sur moi.
Le mercenaire se leva, ses yeux froids toujours sur mon visage, et je ne
détournais pas mes iris des siens.
Il s'approcha et je relevai la tête pour maintenir le contact.
— Comparé à toi, princesse, lui ne l'a pas oublié, murmura-t-il après
s'être penché près de mon visage.
« Promets-moi de ne pas oublier que tu es avec Lakestone, et que tu
peux te faire tuer avec ton comportement. Parce que moi, je ne l'ai pas
oublié, et ce mec me fait flipper. »
Il avait entendu.
Comment pouvait-il aussi bien entendre ? Avoir une aussi bonne
ouïe...c'était presque impressionnant.
— Comparé à moi, il a peur de mourir, répliquai-je en sentant son
odeur chatouiller mes narines.
Sa main emprisonna fermement ma gorge, un hoquet s'échappa de mes
lèvres et il me tira vers lui en chuchotant :
— Comparé à toi, il sait que je peux le tuer.
— Comparé à lui, je sais que tu ne me tueras pas, répliquai-je en le
fusillant du regard.
Un sourire étira ses lèvres.
— Peut-être pas tout de suite, mais je ne pourrais pas te promettre
de ne pas le faire.
Il me détaillait ouvertement, s'amusant à examiner mes iris couverts par
mes lentilles alors que je sentais mon rythme cardiaque s'accélérer, son
regard était intimidant.
Aussi intimidant que son corps, et son emprise sur moi.
Mais je ne lui montrais pas une seule seconde que je l'étais.
Je ne voulais pas être faible face à lui.
« Tu es fragile »
Mes sourcils se froncèrent en me rappelant de ses paroles qui me
hantaient encore. Je détestais retenir que les mauvaises choses.
Comme si mon cerveau aimait me faire du mal, enregistrant que les
choses qui m'avaient blessé.
C'était un sadisme sans nom.
— Je peux te promettre de te protéger de ceux qui veulent te tuer,
murmura Kai près de mes lèvres qu'il dévorait du regard, je peux te
promettre que personne ne te tuera, personne sauf moi.
— Qu'est-ce que c'est romantique, crachai-je sarcastiquement en le
fusillant du regard.
— Merci, j'essaie d'être romantique à ma façon, souffla Kai sous le
même ton en laissant le bout de son nez toucher le mien, mais tu peux
m'apprendre quand tu veux princesse.
Un sourire mauvais étira mes lèvres.
— Eh, Kai, tu veux savoir ce que je veux t'apprendre ?
Il resta muet, me lançant un regard interrogateur. Alors je m'approchai
davantage, laissant mes lèvres effleurer les siennes, sentant ses doigts se
crisper doucement sur mon cou lorsque ma bouche frôlait la sienne.
— À fermer ta gueule.
Et son souffle se rompit instantanément.
Si je ne peux pas l'atteindre comme il atteint tout le monde.
Alors je l'atteindrais comme personne n'a pu l'atteindre.
— Comment tu comptes t'y prendre ?
Doucement, je posai mes doigts sur sa main et écartai son emprise de
moi.
Lentement, je me redressai et me levai sans le lâcher du regard, la chaleur
émanait de son souffle si proche de mon visage.
Il se redressa en même temps que moi, et nous nous défions du regard
alors que ses yeux me dévoraient, et ça ouvertement.
Comme depuis notre rencontre.
— Comment tu penses que je le ferais ?
Il m'examinait, sans un mot.
Ses lèvres s'entrouvrirent, et il murmura après quelques secondes de
silence :
— Je sais pas...tu peux me montrer ?
Je me rapprochais de lui, laissant mes lèvres effleurer les siennes.
Sachant qu'il ne pouvait rien faire, à cause de son accord avec Mason.
Je vais te brûler.
— Je peux te le montrer ? L'interrogeai en faisant doucement glisser
mes mains sur son torse couvert par son pull et sa veste en cuir.
Il hocha lentement la tête, comme s'il ne contrôlait plus rien.
Ses yeux reflétaient l'envie et la soif de contact, comme si on l'avait
affamé depuis si longtemps, qu'on le privait de nourriture.
Et que, on le narguait avec un buffet à volonté.
Ce pouvoir que j'avais sur lui, je ne l'avais jamais demandé.
Cette obsession.
— J'ai besoin de tes mots, Kai...
Il écarquilla les yeux, et sa respiration se coupa.
Son regard devint plus intense, une lueur fit violemment briller ses iris
alors que je faisais descendre mes mains sur son torse.
Tellement concentré sur mes paroles, il ne se rendait pas compte que je
laissais ma main entrer délicatement dans sa poche.
Là où son couteau était.
Tu es prêt à renoncer à ta promesse, Lakestone ?
— Je...je veux que...tu me montres, bégaya-t-il légèrement d'un ton
presque désespéré, s'il te plait...
Je savais qu'il était défoncé, en temps normal, il aurait gardé un minimum
de sang-froid face à mon petit jeu.
Mais ses pulsions dépassaient sa raison, et c'était exactement ce que je
voulais.
L'atteindre à ma façon.
— Oh...tu ne veux plus tenir tes promesses maintenant ?
D'un coup sec, je tirai le couteau et le pressa contre sa gorge.
Lui coupant le souffle une seconde fois. Un sourire satisfait étira mes
lèvres en le voyant se crisper face à la lame sur sa peau, prête à trancher son
épiderme.
Il releva la tête, me regardant de haut, et je murmurai finalement :
— Tu es faible, Lakestone.
Soudain.
Un sourire étira ses lèvres, et ses yeux se posèrent sur ma main qui
contenait le couteau contre sa peau pâle.
Puis, en une fraction de seconde, sa main emprisonna la mienne et il
éloigna la lame. Son autre main retrouva sa place autour de ma gorge qu'il
pressa fermement, rapprochant mon visage du sien.
Mon cœur palpita, et mon courage venait de se barrer aussi vite qu'il était
arrivé.
Des frissons de peur se déchargèrent sur mes membres, et j'essayais de
défaire ma main de la sienne.
Mais sa force n'était même pas comparable à la mienne, et je grimaçais
de douleur en sentant sa forte emprise sur moi.
Il m'obligea à lâcher le couteau en maintenant son regard sur le mien, le
bruit de la lame qui tomba sur le sol se fit entendre.
Et il murmura :
— Oui...faible pour toi, Princesse.
°°°°
Deux jours plus tard. 16 heures. Los Angeles.
— J'espère que ton Scott va retrouver la fille et le fric que mon père
a volé, crachai-je en fusillant du regard le mercenaire, faire autant de
route-
— Arrête de râler j'ai pas la patience, grogna-t-il en conduisant, Scott
n'est pas le genre à qui on peut demander des merdes par appel.
J'étais épuisée.
Exténuée.
Deux jours que nous avions pris la route pour aller à Los Angeles alors
qu'on avait pu prendre une putain d'avion.
Deux jours qu'on s'arrêtait à peine pour dormir et pisser.
Mes jambes me faisaient mal, j'avais très mal dormi ces deux derniers
jours et j'avais très mal au dos. Tout ce que je voulais, c'était rentrer et
dormir.
Nous arrivâmes près d'une route, et je déglutis en voyant des hommes
nous barrer le passage.
Kai s'arrêta près d'eux et l'un d'eux s'approcha de nous, le mercenaire
baissa la fenêtre à moitié et le toisa du regard.
L'homme me lança un regard et je pâlis face à leurs armes meurtrières
qu'ils affichaient le plus normalement possible.
Dieu que ce monde était violent.
Et très vite, il pointa son arme sur nous. Laissant mon cœur bondir
violemment dans mon corps.
— Scott n'a informé personne de ta venue, dit l'homme en nous
fusillant du regard.
Kai, d'un air insolent, laissa sa tête s'appuyer contre le siège en soufflant.
Puis il tira son téléphone et composa un numéro.
La tonalité retentit et puis après quelques secondes, une voix rauque se fit
entendre :
— Lakestone.
— Demande à tes chiens de me laisser entrer, j'ai pas le temps,
souffla Kai sans les regarder.
Son interlocteur émit un petit rire et puis, après quelques secondes, un tir
se fit entendre au loin.
Et l'homme baissa son arme instantanément.
Ce Scott avait donné son accord, avec un seul tir. Cette pensée me fit
frissonner, ce mec avait l'air très dangereux.
Et puissant.
— Voilà, bienvenue en Californie, Lakestone.
— LAISSEZ-LE PASSER ! Ordonna l'homme avant de s'éloigner de la
voiture sans lâcher Kai des yeux.
Kai étira ses lèvres, avec cette même insolence et acquiesça en remontant
la vitre de la voiture, il accéléra d'un coup et nous arrivâmes après quelques
secondes, près d'un portail ouvert.
Nous entrâmes à l'intérieur de la propriété, au loin je grimaçais lorsque je
vis une immense maison pleine de baies vitrées.
Ce mec n'avait pas peur des regards curieux.
Encore moins des psychopathes.
Ça peut être un psychopathe en vrai.
Tais-toi.
Kai s'arrêta près d'un garage ouvert, et détacha sa ceinture avant de sortir
de la voiture.
Je le suivais et regardais les alentours.
Il y avait une piscine au loin, et le jardin était sans fin.
La maison était impressionnante, autant à cause des baies vitrées que de
la grandeur du lieu.
Nous nous approchâmes de la porte d'entrée, et Kai toqua contre cette
dernière avant de se tourner vers moi :
— Tu ne parles pas.
— Avec plaisir, soufflai-je d'un ton las en regardant le lieu.
La porte s'ouvrit sur une jeune femme que je reconnus, c'était la fille de
la dernière fois. Elle était venue avec les deux garçons chez Kai et Jacob.
— Il va arriver, nous annonça-t-elle en étirant ses lèvres dans un petit
sourire en ma direction.
Nous entendîmes des voix, et je me sentais très vite intimidée et gênée. Je
détestais être dans un endroit que je ne connaissais pas avec des gens que je
connaissais encore moins.
Mon cœur palpita alors qu'on s'avançait à l'intérieur de cette maison et
nous arrivâmes au salon.
Très vite, je vis les deux hommes de la dernière fois. Et deux personnes
qui m'étaient inconnues.
Il y avait une brune, des cheveux longs et bruns, des yeux bleus et un
visage angélique. Sa beauté m'intimidait autant qu'elle me complexait.
Et une blonde, qui lui parlait, mais qui s'arrêta lorsqu'elle nous vit.
— Je n'aime pas te voir venir comme ça par surprise Lakestone,
marmonna le brun que j'avais vu la dernière fois, ça me fait flipper.
Mais alors que Kai ouvrit la bouche pour répliquer, quelqu'un d'autre
parla.
— J'aime bien voir que tu n'es pas venu les mains vides, fit l'autre
homme que j'avais vu aussi la dernière fois.
C'était le même qui avait affiché son intérêt pour moi.
Kyle, je crois.
— Approche et je t'arrache la tête, grogna Kai en lançant un regard
mauvais à Kyle.
— Pour une fois, je ne te retiendrai pas, entendais-je une voix derrière
nous.
Nous nous tournâmes et mon regard croisa celui d'un blond, un corps
presque aussi effrayant que celui de Kai, des yeux gris et une cigarette entre
les lèvres. Il avait des bagues autour de ses doigts et des tatouages sur sa
peau.
Des détails qui me rappelaient automatiquement Kai Lakestone.
Il me lança un regard neutre et demanda :
— Tu n'es pas venu seul...c'est si important que ça ?
Kai incurva un coin de ses lèvres et s'approcha de l'homme qui l'invita à
lui serrer la main.
Le mercenaire le fit et ce Scott sourit.
— Peut-être aussi important que quand tu m'as fait sortir de taule,
souffla Kai, gérer l'entreprise familiale pendant plus d'un an et demi
t'as donné des cernes.
Mes yeux s'ouvrirent, c'était lui qui l'avait fait sortir de prison ?
Qui était ce mec ?
Scott émit un rire dans un souffle face à la moquerie de Kai et se tourna
une nouvelle fois vers moi.
— C'est elle ta nouvelle mission ? L'interrogea en me désignant du
menton.
Kai hocha la tête brièvement en me lançant un regard.
— Viens, on va parler.
Kai se tourna vers moi et murmura :
— Je reviens.
La panique me gagna en me rendant compte que j'allais rester ici, dans ce
salon, avec ces personnes que je ne connaissais pas.
La gêne me crispa, et la brune qui nous avait ouvert me dit gentiment :
— Approche, viens t'asseoir, ils prennent du temps quand ils sont
ensemble.
J'étirai mes lèvres dans un sourire timide et m'assis dans un coin du
canapé. J'avais envie de m'enterrer sous terre, je sentais les regards sur moi.
— Alors vous avez décidé ?
— Asher n'acceptera pas, fit dans un souffle la brune qui était aux côtés
de la blonde, et je refuse de lui faire du chantage pour ça.
— Ella ! s'exclama Kyle en la regardant, t'es notre seul espoir là !
— JE NE VEUX PAS REPARTIR EN AUSTRALIE ! cria le
deuxième homme que j'avais vu chez Jacob et Kai, laissez-moi tranquille.
— Ash est en haut avec Lakestone, on n'aura aucune chance de faire
de plan après ! supplia Kyle en regardant la brune du nom de Ella.
La blonde répliqua :
— Je veux venir cette fois.
— Alors toi ! s'exclama le deuxième homme, dans ton contrat y a
marqué que tu dois toujours me défendre !
— Ben, c'est trop tentant, ria la blonde en haussant les épaules.
Ils parlaient comme si je n'étais pas là, et ça m'allait très bien.
Ben était le brun, il y avait Kyle et Ella. Ce Scott s'appelait Ash, de ce
que je comprenais.
Je ne connaissais pas encore les prénoms des deux femmes, du moins
j'avais oublié celui de celle que j'avais vue auparavant.
— Si Ally part je viens aussi, fit la femme qui nous avait ouvert la
porte, tout le monde a pris des vacances ici sauf moi !
Ally était la blonde.
— Kiara, tu la fermes, cracha Ben en la fusillant du regard, j'en ai pas
pris non plus.
Et je me rappelais de son prénom, Kiara.
— RAISON DE PLUS ! hurla Kyle en se tournant vers Ben, on va bien
s'amuser comme la dernière fois !
Ella me lança un regard, puis un sourire timide étira ses lèvres. Un
sourire que je lui rendis.
Elle était tellement belle ça devait être interdit.
— Attendez...vous avez fait ce que Ash vous a demandé de faire ce
matin ? interrogea Kiara en regardant les deux hommes.
Et très vite, ces derniers écarquillèrent les yeux.
Suivi de Kiara.
Ella pressa ses lèvres contre elles, essayant de ne pas rire face à leurs
réactions.
Ally, elle, pouffa de rire ouvertement.
— Vous êtes dans la merde, dit-elle en les regardant.
—KYLE ! BEN ! cria la voix rauque de l'homme prénommé Ash,
envoyez-moi ce que je vous ai demandé !
— OK on se tire, déclara Ben en se levant d'un bond avant de sortir du
salon comme un voleur suivi de Kyle.
La porte d'entrée claqua et Kiara explosa de rire avant de se tourner vers
moi.
— Tu veux boire quelque chose ?
Je secouai négativement la tête en la remerciant. Tout ce que je voulais,
c'était sortir d'ici. J'étais tellement gênée que je sentais mon corps trembler
faiblement.
Je bougeais nerveusement ma jambe en regardant autour, alors que je
sentais leurs regards sur moi.
— Qui va faire la soirée des captives de cette année ?
Je regardais les décorations en essayant de penser à autre chose, espérant
que Kai reviendrait bientôt et qu'on parte d'ici.
Je détestais être aussi timide face à des personnes que je ne connaissais
pas.
Mon corps se crispait, j'avais les mains moites, je sentais qu'ils me
jugeaient du regard alors qu'en vérité, ils n'en faisaient rien.
Je faisais tache dans ce salon, elles étaient magnifiques.
Ella était le genre de femme qu'on ne voyait qu'à la télé, elle avait cette
beauté angélique qu'on rêverait toutes d'avoir.
Kiara pétillait, son sourire me rendait jalouse, elle avait cette énergie
absolument parfaite et bienveillante.
Ally quant à elle, elle avait ce corps parfait. Ses cheveux blonds comme
si le soleil lui avait prêté sa couleur et sa brillance, ces yeux pleins de vie et
ces joues roses.
J'étais jalouse.
Je les enviais.
Je voulais être comme elles.
Elles qui paraissaient si parfaites, je ne pouvais même pas me comparer à
elles, où même oser le faire dans ma tête.
Je me détestais lorsque je les regardais.
Je me détestais à chaque fois que je regardais d'autres filles aussi belles
qu'elles.
Moi qui devais toujours cacher mes complexes, mes yeux grâce aux
lentilles, mon maigre corps grâce aux vêtements amples.
Mes poils avec des habilles longs, qui pouvaient cacher ma peau.
Elles avaient des doigts fins et des ongles couverts par du vernis, les
miens étaient fins, mais je me rongeais encore les ongles à cause de mon
anxiété.
Alors que les cachais sous mes cuisses pour ne pas qu'on les voie.
— Tu es la copine de Lakestone ? fit une voix qui me fit sortir de ma
prison intérieure.
C'était Ally.
Mon cœur palpita et très vite je secouai négativement la tête en répondant
à sa question.
Ça va pas ?! Plutôt mourir !
— C'est sa mission Ally, souffla Kiara en me souriant, Kai n'est pas du
genre à avoir une copine, il n'a même pas d'émotions pour ressentir
quoi que ce soit.
Je la regardais sans rien dire, Kai Lakestone était réputé pour ne rien
ressentir du tout.
Et pourtant.
Je pouvais dire que ce n'était pas totalement vrai...même si ce n'était pas
totalement faux.
Kai s'autorisait à ressentir des choses, mais seulement la nuit. Quand
personne d'autre que lui ne le voyait.
Comme si c'était interdit pour lui de ressentir ces choses-là.
Ressentir une humanité.
Agir comme un humain, avec des émotions.
— Il pourrait, regarde-la, elle est magnifique, sourit Ally en me
regardant.
Mes joues chauffèrent alors qu'intérieurement, je me battais contre moi-
même. N'arrivant pas à accepter son compliment.
Me disant qu'elle faisait ça parce qu'elle savait que je n'étais pas aussi
belle qu'elles.
Ella me sourit, muette, et acquiesça.
Comme pour confirmer les dire de son ami alors que je riais
intérieurement.
C'est elle qui me parle de beauté ?
Elle est la définition même.
Je vis un chien arriver, et Kiara s'agita en souriant à l'animal :
— Viens ! Viens sur le canapé Tate !
Le chien s'approcha de moi et me reniflait, un sourire étira faiblement
mes lèvres en regardant le chien du nom de Tate, j'aimais beaucoup les
animaux.
— Lakestone avait souri aussi quand il a vu Tate la première fois, fit
la voix que je reconnus.
Celle de Ella.
Et mon cœur palpita et je bafouillai :
— Ah...euh...ah oui ?
Enfoiré, même pour sourire on me lie à toi.
Mais ça ne m'étonnait pas, j'avais vu comment il agissait avec Rufus. Je
savais qu'il aimait bien les animaux.
Après plusieurs minutes à les écouter planifier une soirée que je ne
connaissais pas, j'entendis des pas descendre les escaliers, des voix que je
reconnus me firent comprendre qu'ils avaient terminé leur réunion.
Une réunion qui aurait bien pu se faire au téléphone.
Nous nous levâmes de canapé et Kiara me guida avec elle près de l'entrée
ou je vis Kai et ce Ash.
— Je verrais ce que je peux faire, mais je ne te promets pas que j'y
arriverais.
Kai acquiesça.
Ash me lança un regard et acquiesça. Sa présence m'intimidait, cet
homme avait beaucoup de pouvoir et cela se sentait.
— N'oublie pas ce que je t'ai demandé, dit-il en regardant Kai qui
ouvrait la porte.
Kai émit un petit rire dans un souffle et termina :
— Je verrais ce que je peux faire, mais je ne te donnerai pas ma
parole d'y arriver.
_____________
Hey !
Bon et bien je le répète CAPTIVE VA ÊTRE ÉDITÉ CHEZ ÉDITIONS
BMR YALL OMGGGGGGG.
J'avais tellement hâte de l'annoncer omgggg mais je suis stressée AF
vraiment EH ça fait plus d'un an qu'on me demande une version papier/
édité. OMG MAINTENANT JE PEUX DIRE QUE OUI ÇA VA SE
FAIRE.

🥲
Du coup, je bosse beaucoup sur ça la. D'où le fait que je ne peux pas
laisser les chapitres de captive, c'est impossible désolé but it's okay.
Bref. Du coup, vu que je bosse sur l'édition de captive je vais être moins

chapitres mais c'est pour la bonne cause🥲🥲🥲


active sur Lakestone pendant un petit moment, je posterais moins de

Je vous avoue qu'entre mes études, mes examens, mon stage, ma vie
sociale inexistante, l'édition de captive, Lakestone et mon anxiété...

Wattpad Bitches here ! 😏


But let's do this anyway...shall we ? Because I would everything for the

❤️
A bientôt pour le prochain chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love love love loooooove. S
Instagram: sarahrivens
40. Chanceuse

(Warning : sexual explicit content)


Iris
La musique du box me broyait les tympans, des gens me bousculaient
alors que j'apportais des cocktails. Tout bougeait autour de moi, j'entendais
les rires et les voix qui parlaient.
Et je sentais son regard.
Je le sentais derrière moi depuis le début, je savais qu'il me regardait.
Lentement, je tournais la tête et mon regard croisa le sien.
Laissant mon cœur s'emballer d'une façon presque interdite.
Il se leva et me demanda de le suivre en désignant de la tête les toilettes.
La chaleur du lieu rendait ma peau humide, les néons rouges fatiguaient
mes yeux.
Je voulais le rejoindre.
Je déposai les verres et me laissais guider par sa demande, très vite, je
me retrouvais à l'intérieur des toilettes du club.
Où il m'attendait.
Mon cœur palpitait alors que je fermais la porte en le fixant, ses yeux me
dévoraient du regard alors qu'il déboutonnait sa chemise.
— Princesse, verrouille la porte.
Son corps imposant m'intimidait, ses yeux me mangeaient ouvertement,
mes jambes étaient à sa vie et il se mordilla discrètement la lèvre.
— J'arrive pas à attendre.
Et un hoquet s'échappait de mes lèvres lorsqu'il fonça dans ma direction,
ses lèvres s'écrasèrent fougueusement contre les miennes et je fermais les
yeux en laissant un soupir quitter ma bouche.
Putain.
Ses doigts s'enroulèrent autour de mon cou et il détacha ses lèvres de ma
bouche en examinant mon visage noyé par le désir.
Sa respiration était aussi rapide que la mienne, aussi lourde que la
mienne.
Ses lèvres étaient entrouvertes, son regard était brûlant.
Aussi brûlant que sa peau et que souffle contre mon visage.
— Parce que j'ai une folle envie de te baiser ici, et maintenant.
Et un gémissement quitta mes lèvres en sentant ses doigts retrouver mon
intimité qu'il toucha délicatement à travers ma culotte.
— Kai...
— Tu aimes ? Soupira-t-il près de mes lèvres en me frottant
sensuellement ses doigts sur mon intimité.
— Mhm...
Il me sourit en caressant ma féminité alors que mes gémissements
s'arrachèrent de ma bouche. Il déposa de délicats baisers sur mes lèvres
ainsi que mon front alors que je sentais ses doigts brûlants se glisser à
l'intérieur de ma culotte.
— On va bien s'amuser...ma princesse...
— ...Réveille-toi.
Mon cœur fit un bond, et j'ouvris brutalement les yeux. Le visage de Kai
atterrit dans mon champ de vision.
Putain de merde.
Très vite, la panique s'empara de mes membres et je regardais son visage.
Il étira un faible sourire au coin et mon cœur s'emballa.
Est-ce qu'il m'a entendu ? Pourquoi il sourit ?
Je fronçai les sourcils en regardant autour et vis la maison. Nous étions
arrivés.
Mon cœur battait à la chamade, ma respiration se saccada et la panique
me gagna davantage, je pouvais encore sentir ce rêve dans mon corps,
faisant trembler mes muscles sans permission.
Ce putain de rêve. Bordel pourquoi j'ai fait ce rêve ?
— Tu veux dormir dans la voiture ? Entendais-je Kai me dire depuis
l'extérieur.
Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux et soufflai
lourdement en reprenant mon esprit encore embrouillé.
Fait chier.
Je quittai le véhicule, le froid gifla mon visage et je frissonnais. Mes
pieds contre l'herbe couverte par la neige, je m'avançai vers la maison.
Kai ouvrit la porte et je me réfugiais vite à l'intérieur.
— Où est Jacob ?
— Il est sorti acheter sa drogue, informa Vernon en fumant, Mason t'a
cherché hier.
On dirait une ex qui veut rien lâcher putain.
— On dirait une ex qui veut pas me lâcher, grogna Kai en allant vers
sa chambre alors que mon cœur fit un bond en écoutant sa phrase qui
ressemblait à ma pensée, tu lui as dit quoi ?
— Que tu étais parti à la recherche du père d'Iris. Mais je crois qu'il
reviendra ce soir.
J'entendis la porte de sa chambre s'ouvrir et se refermer, Vernon me lança
un petit sourire et je lui rendis en enlevant mes chaussures.
La cage de Rufus encore au salon, je partis voir mon rongeur qui
mangeait.
— Je ne sais pas comment tu fais encore pour être en vie, soufflai-je
en le regardant vivre sa meilleure vie.
Alors que je me perdais dans la mienne.
Putain. J'ai rêvé de Lakestone.
Je pris la cage de mon rongeur et me dirigeai vers ma chambre, je la
verrouillai et déposai Rufus sur mon lit avant de dire :
— Ok Rufus, c'est la merde.
Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux en enlevant mes
vêtements alors que je racontais à Rufus tout ce qui s'était passé.
Heureusement, je n'avais plus de micro.
Fait chier.
Je me tapai le crâne en fermant les yeux, la gêne et la colère envers mes
propres pensées me donnaient envie de frapper ma tête contre mon placard.
Putain.
— Donc pourquoi j'ai rêvé de ça ? Hein ? murmurai-je en regardant
mon animal de compagnie, en plus au putain de Box ?
Je me changeais, j'avais envie de prendre une douche sauf que j'étais bien
trop épuisée.
— Merde, imagine il m'a entendu ?
Mon rythme cardiaque s'accéléra une nouvelle fois alors que cette pensée
me revint en tête. Il était en train de sourire, j'étais presque sûre qu'il m'avait
entendu.
Je le sentais.
— Oh bordel...
La pression me crispait les muscles, l'idée qu'il m'ait entendue glaçait
mes os. J'étais encore complètement perdue, ne comprenant pas pourquoi
j'avais rêvé de ça.
Je me laissais tomber sur mon lit, poussant un souffle lourd en fermant
les yeux. Moi qui voulais me détendre et dormir, j'étais très loin de la
détente.
Mes pensées faisaient beaucoup de bruits, mes questions me donnaient la
nausée tellement elles heurtaient mon cerveau.
Ma respiration était presque douloureuse tant la peur qu'il sache que
j'avais rêvé de lui était importante.
— J'ai envie de me frapper putain...
Mes poings se serrèrent, et je fronçai les sourcils. La honte me rongeait,
la haine envers moi-même me donnait envie de me gifler.
Je l'entendais parler au salon avec Vernon, et très vite, mes yeux
s'ouvrirent lorsque je constatais quelque chose.
Comparé à Jacob, Vernon n'était pas aussi proche de Kai.
Et les interactions entre les deux pouvaient se compter sur le bout des
doigts, depuis que j'étais avec eux, je ne les voyais pas parler.
Discuter comme deux personnes qui partagent leur quotidien ensemble.
Vernon s'effaçait presque lorsque Kai était là.
Les seules fois où lui et moi avions discuté, c'était quand Kai n'était pas
dans les parages.
Comme s'il n'osait pas imposer sa présence. Alors qu'il était le copain de
son meilleur ami. De plus, ils travaillent ensemble.
Ils n'avaient aucune complicité, Vernon n'avait même pas le droit d'entrer
dans la chambre de Kai. Ce dernier ne lui faisait pas confiance, et même
Vernon me l'avait avoué.
— Iris, entendais-je derrière la porte de ma chambre.
C'était Kai.
Je me relevai à moitié et répondis :
— Oui ?
— Dors, ce soir on a un truc à faire.
Le ton de sa voix me fit déglutir, il était glacial et ferme. Et mes
questions redoublèrent davantage.
Est-ce qu'il m'avait entendu ?
Où est-ce qu'on allait ?
°°°°
22 heures 45. L'Organisation.
Je détestais cet endroit.
La chair de poule m'enveloppait, et mon estomac se retournait. J'avais un
très mauvais pressentiment.
Mason nous avait « convoqué » et par nous, je voulais dire chacun de
nous. Jacob avait parlé d'une réunion générale, mais je voyais qu'il lançait
des regards à Kai qui conduisait dans un silence presque terrifiant.
Vernon était à l'arrière avec moi, semblant dans ses pensées, lui aussi
regardait parfois Kai. Peut-être qu'ils attendaient une réaction de sa part.
Mais lui n'avait rien dit, il abordait une expression neutre, presque froide.
La même expression qu'il avait eue lorsque Mason s'amusait à me frapper
en face de lui.
De mon côté, j'étais angoissé, mon cœur battait très vite et je jouais
nerveusement avec mes doigts en regardant les hommes armés jusqu'aux
dents face à nous, protégeant la porte d'entrée de l'Organisation.
Nous étions en face, Kai fumait sa cigarette en les narguant du regard, ne
voulant pas encore entrer à l'intérieur.
— Il t'a dit ce qu'il voulait ? fit la voix grave et masculine de Kai après
plusieurs heures de silence.
Jacob se tourna vers lui. Examinant son visage qui ne s'était pas retourné
vers mon meilleur ami lorsqu'il avait posé la question.
— Que c'était une réunion générale.
— Pourquoi il veut Iris ?
— J'espère qu'il ne va pas faire l'enfoiré, souffla Jacob en se tournant
vers moi, ne stresse pas. Rappelle-toi de ce que je t'ai dit tout à l'heure.
« Je le regardais arranger ses cheveux tandis que je mettais mes lentilles,
la porte fermée, je sentais la peur faire trembler mes os.
Mason nous avait demandés.
— Pourquoi je dois être là ?
— Je sais pas, mais c'est un risque, soupira Jacob, depuis que ton père
a fait cette merde astronomique, beaucoup de personnes cherchent
l'argent. Et pour foutre la pression à Kai, Mason avait déjà laissé une
rumeur sortir en disant qu'il était chez une autre Simones. C'est comme
ça que ton nom a été mis à prix.
Et ça, j'étais au courant.
Cet enfoiré de Mason était le pire être sur terre.
— Personne ne sait à quoi tu ressembles vraiment, il y a beaucoup de
Simones aux États-Unis. Et même s'ils trouvent la fille cachée de Evan
Simones...elle a les yeux vairons.
Et moi j'avais des lentilles marron.
— Le soir où quelqu'un était entré chez toi, c'était à ce moment où on
sentait que tu étais en danger. Parce qu'on avait compris qu'une personne
t'avait trouvé, me répéta Jacob cette partie que je connaissais, et c'était le
seul soir ou Kai ne t'avait pas surveillé.
— Mason peut faire encore une pression ?
— Il le peut oui, c'est une enflure ce mec. S'il n'a pas ce qu'il veut alors
il utilisera ses atouts, et tu es son atout. Ton identité l'est pour lui. C'est
pour ça qu'on n'aime pas te ramener à l'Organisation. À tout moment, il
peut utiliser ses atouts. Il ne l'avait pas fait lors de la soirée de la dernière
fois, et encore une fois, très peu de personnes savent que tu es la Simones
que tout le monde cherche.
Fait chier.
— Qui sait ? Pour moi ?
— Moi, Kai, Vernon, Mason et Casey...et sûrement la personne qui est
rentrée par effraction chez toi. C'est tout.
Je déglutis.
— Mais ne stresse pas, reste naturelle et ne parle pas pendant la
réunion, plus tu te fais petite, moins on aura de problèmes.
Je me tournai vers la porte fermée, un souffle s'échappa de mes lèvres,
essayant de faire tomber le stress et l'agitation qui m'animaient.
Kai était dans sa chambre, et Vernon nous attendait dehors.
Le mercenaire n'avait pas dit un mot depuis l'appel de Mason, il était
resté neutre, presque froid. Il s'était levé et s'était enfermé dans sa chambre.
J'avais envie de vomir de stresse.
— Allez trésor, va t'habiller. On ne doit pas être en retard sinon
monsieur-j'ai-une-jambe-et-deux-neurones va nous faire chier là-bas.
Mes yeux s'écarquillèrent.
C'était pour ça qu'il avait une canne.
— Il a une jambe ?
— Oui oui, j'aurais voulu qu'il perde sa tête plutôt, histoire qu'il meurt,
mais bien sûr les démons ne sont pas en enfer. Ils sont sur terre.
— Comment il l'a perdu ? l'interrogeai-je curieusement en clignant des
yeux pour m'habituer à mes lentilles.
— À la guerre. »
J'avais appris que Mason était un ancien soldat, qu'il avait fait la guerre.
Et qu'il avait perdu une jambe à la guerre.
Ce qui expliquait sa canne. Putain.
— On devrait y aller, non ?
Je vis Kai à travers le rétroviseur lancer un regard à l'heure qui affichait
22 heures 58. Et se racla la gorge en balançant son mégot de cigarette par-
dessus la fenêtre.
Puis il avança jusqu'à l'entrée.
Les hommes nous arrêtèrent une nouvelle fois. Et Kai le toisa du regard.
— Laissez passer ! s'écria l'homme en s'approchant de nous, c'est
Lakestone.
Kai remonta la fenêtre en disant :
— Bon chien.
Jacob pouffa de rire alors que nous entrâmes à l'intérieur cet endroit
sinistre et ouvert, l'Organisation. Je vis des hommes discuter près du
bâtiment principal, toisant du regard la voiture de Kai.
Mais très vite, je remarquai qu'il y avait beaucoup de personnes.
Quoi ?
— C'est quoi ce bordel ? s'interrogea Jacob en regardant les gens autour.
Vernon fronçait les sourcils, Kai gara la voiture sous les regards des gens
à l'extérieur.
Ils devaient être une quinzaine de personnes, et avaient tous l'air d'être là
pour quelque chose.
La réunion ?
— Fait chier, pesta Kai en regardant les gens, Jacob, tu restes avec Iris.
Tu peux la protéger.
— Entendu, répliqua ce dernier en acquiesçant.
Et ça, ça venait de faire remonter mon angoisse d'un cran. Laissant mes
mains trembler.
Et ma jambe bougeait nerveusement.
— Vernon reste là, je ne sais pas encore ce que l'autre enfoiré
cherche à faire en regroupant tout le monde.
— Entendu.
Je grimaçai, et vis Kai sortir de la voiture. Jacob me lança un regard
rapide et me sourit avant de sortir à son tour.
J'inspirai profondément, mes mains étaient moites et mon cœur pompait
très vite dans ma cage thoracique, j'ouvris la portière et quittai le véhicule.
Le bras de Jacob passa autour de mes épaules, d'un geste protecteur, il me
tira contre lui alors que Kai s'avançait d'un pas assuré devant vous.
Affichant son arrogance aux autres, sans même la cacher une seconde.
Comme s'il les narguait avec sa présence.
Imposant son nom là où les autres faisaient tout pour atteindre ce qu'il
était.
Je me demandais pourquoi il attisait autant l'envie et la jalousie, qui était
jaloux d'un mercenaire même ? C'était insensé.
Ce monde était complètement hors de ma logique.
Et je sombrais dans leur vision.
Les regards me toisaient, des murmures chatouillaient mes oreilles alors
qu'on passait à côté des personnes à l'extérieur du bâtiment.
Je me laissais guider par Jacob à l'intérieur et nous montâmes les marches
silencieusement, très vite, j'entendais un léger brouhaha.
Curieusement, je tournais la tête, mais Jacob me retint en pressant son
bras sur ma nuque avant de murmurer près de mon oreille :
— Ils attendaient l'arrivée de Kai, la réunion ne commence pas sans
lui.
Mon regard se posa sur Kai qui marchait devant nous sans un mot, nous
montâmes de nouvelles marches et accédâmes à un hall vide.
L'écho des pas des autres personnes se faisait entendre dans les couloirs,
des paroles et des voix arrivèrent à mes oreilles, Kai marchait et on se
laissait guider dans un couloir.
Et une porte était au fond.
Mon stresse augmentait alors qu'on s'approchait, et Kai ouvrit la porte.
Sans toquer.
Une grande pièce arriva dans mon champ de vision, une immense table
ronde avec une vingtaine de chaises autour.
Et Mason.
— Tu as deux minutes de retard, remarqua ce dernier en regardant sa
montre.
Il était assis sur une chaise, sa canne à côté de lui. Il me lança un regard
suivi d'un sourire narquois. Puis dit :
— Bonsoir Iris.
Kai me surprit en fermant la porte derrière nous avant de se tourner vers
Mason :
— Pourquoi tu la veux ici ? Elle ne fait pas partie de l'Organisation.
— Tu lui fais confiance pour la laisser seule sans surveillance, Kai ?
Le mercenaire ne répondit rien.
Je le vis le fusiller du regard sans un mot. Mason se tourna vers Jacob et
moi en nous disant :
— Prenez place.
Des tocs provinrent de la porte et Kai ne bougea pas, son regard
transperçait l'âme de Mason qui demeurait souriant d'une manière
moqueuse.
Comme s'il le narguait presque.
— Tu te laisses vite emporter par tes émotions, il faut que tu
reprennes ta cure-
— Ferme-là ! s'exclama Jacob en l'assassinant du regard.
Mason sourit, et déposa une arme sur la table.
— Entrez ! s'exclama ce dernier sans lâcher Kai des yeux, déposez vos
armes sur la table.
Jacob me tira avec lui et je m'assis sur une des chaises près de cette table
ronde, Jacob se posa à côté de moi et je le vis pousser la chaise sur ma
droite.
Kai n'allait pas s'asseoir ici ?
Ma question fut vite répondue lorsqu'il s'assit quatre chaises plus loin,
plus proche de Mason.
Je regardais les hommes et les femmes arriver, se mettant
silencieusement sur les chaises après avoir déposé leurs armes sur la table,
mélangeant la leur avec celle de Mason.
Après quelques minutes, tout le monde était assis, et Mason se leva.
— Bien ! Tout le monde est là ?
Il balayait la table du regard, un seul siège était vide. Sûrement celui
dédié à Vernon qui avait pour ordre de rester en bas.
Pourquoi il n'était pas monté ?
— Je vous réunis aujourd'hui, parce que vous êtes les meilleurs
agents de l'Organisation. Et j'ai une nouvelle annonce à faire. Je vous
fais tous confiance à 70% ce qui est déjà énorme.
— Pourquoi Lakestone est ici ? demanda l'un d'eux en toisant du regard
Kai.
— Vous n'avez pas retenu la leçon on dirait, si tu as besoin d'une
révision je suis là, cracha Kai en regardant l'arme face à lui.
Comme si l'homme ne méritait même pas que Kai le regarde.
— Lakestone est le fruit même de l'Organisation, ne pas le ramener
est une erreur de débutant, souffla Mason d'un ton narquois en lançant un
regard furtif à Kai qui contracta sa mâchoire, si je vous ai réuni
aujourd'hui...c'est parce qu'on a peut-être retrouvé cet enfoiré de
Simones.
Mon cœur fit un bond à l'intérieur de ma poitrine et je vis Kai se crisper
soudainement.
— Oh...l'enfoiré...
Jacob regardait Kai, sa bouche entrouverte alors que les paroles de
Mason résonnaient dans mon esprit. Il ne s'attendait pas à avoir ce sujet sur
le tapis, surtout pas avec autant de personnes.
Et moi non plus.
Je tremblais, putain à quoi il jouait.
— Et je ne comprends pas pourquoi ça prend autant de temps pour
le retrouver...
Kai inspira profondément, son regard sur les armes. Ne levant pas la tête
une seule seconde. Mais je déglutis en voyant ses mains trembler
légèrement.
Je savais qu'il avait du mal à se gérer lorsque Mason était dans les
parages.
Et ne pas savoir ce que ce dernier cherchait à faire, augmentait ma peur
pour moi et pour Kai.
— Lakestone s'occupe de cette mission, bien que je lui fasse
confiance à 99%...il reste un 1%
J'entendais très vite Jacob souffler dans un murmure à peine audible :
— C'est quoi ce bordel...
La peur s'emparait de mes membres, les secouant alors que j'essayai tant
bien que mal de rester discrète et neutre.
Littéralement, j'allais me pisser dessus.
L'atmosphère était glaciale, les armes face à moi, tous chargés.
N'attendant plus qu'à être utilisés. Cet environnement me donnait la nausée.
Les personnes autour de moi me toisaient du regard. Ne sachant pas qui
j'étais et pourquoi j'assistais à une réunion qui ne me concernait pas.
Je n'étais pas eux.
Je n'avais rien à voir avec eux.
Et pourtant j'étais là.
À entendre comme eux, leur chef, parler de mon père.
Et s'il disait que j'étais sa fille ?
Et s'il m'exposait à tout le monde pour faire pression sur Kai ?
La panique me gagna et ma gorge se noua, la nausée me prit de stress et
mes tremblements redoublèrent. Je sentais que mon visage perdait de ses
couleurs alors que mon cerveau m'exposait les pires scénarios possible.
Je vais mourir.
Je vais mourir aujourd'hui.
Des bouffées de chaleur me prirent et mes mains devinrent moites une
nouvelle fois, alors que j'entendis le même homme de tout à l'heure parler :
— Pourquoi nous faire confiance à 70% alors que nous sommes tes
agents, alors que lui frôle le 100%.
— Encore une fois, Lakestone est le fruit de l'Organisation. Et je
peux vous prouver pourquoi, il frôle les 100%.
Mon cœur s'emballa, et Jacob se redressa sur son siège, comme si nous
retenions notre souffle face à l'idée qu'avait Mason derrière la tête.
— Il peut tuer la sœur de son propre meilleur ami, montre-leur.
Choisis une arme. Et appuie sur la gâchette, une seule fois.
Mon souffle s'arrêta net lorsqu'il me désigna du menton.
Me faisant passer pour la sœur de Jacob.
Très vite, mon pouls s'accéléra. Il était en train de demander à Kai de
choisir une arme et me tirer dessus.
Ma respiration se saccada et je sentais mes veines se glacer, mon ventre
se tordait dans tous les sens et la terreur emprisonna mon corps. Je voulais
me lever en m'enfuir en courant d'ici.
Jacob posa sa main sur ma jambe qui bougeait de plus en plus vite, et je
voyais que lui aussi n'était pas serein.
Mason demandait à Kai de me tirer dessus.
J'avalai difficilement ma salive, mes dents claquaient contre elles alors
que je sentais la mort rôder autour de moi, caressant ma peau et créant une
chair de poule terrifiante sur mon épiderme.
Kai regardait les armes sans un mot, ses poings étaient serrés et sa
mâchoire était contractée.
La haine se lisait dans ses yeux froids.
Puis il se leva.
Je le voyais examiner les armes, alors que ma panique enchainait ma
cage thoracique et la comprimait. Il allait vraiment le faire.
Putain de merde il comptait vraiment me tirer dessus.
J'étais tétanisée, et je regardais Mason me sourire comme pour me
narguer. Comme s'il était fier de son coup. Fier de voir qu'il avait encore du
pouvoir sur Kai.
J'étais presque sûr que c'était tout ce qu'il cherchait, affichait ouvertement
son pouvoir sur Kai.
Mes lèvres s'entrouvrirent et ma respiration se rompit soudainement en le
voyant tirer une arme.
Je le suppliais du regard alors que ma bouche se nouait, la sensation que
mon âme allait quitter mon corps.
Mes mains devenaient froides alors qu'il s'approchait de moi, je sentais
que mon cœur pompait si vite qu'il menaçait d'exploser à tout moment.
Je tremblais comme une feuille et mon cœur frôlait l'arrêt lorsque l'arme
se pressa contre mon crâne.
Je sentais les regards sur nous, attendant impatiemment de voir mon
corps à terre, d'entendre la balle sortir de l'arme.
Un sanglot quitta mes lèvres, la terreur allait me tuer avant ce pistolet
contre mon front.
J'allais mourir.
Je suppliais Kai du regard, et ce dernier ne manifestait aucune émotion,
ses yeux me fixaient, son regard était dur, concentré.
Comme si je n'étais qu'une cible pour lui.
Qu'un objet.
Les larmes me montèrent aux yeux et coulèrent le long de mes joues, et
je sursautai violemment lorsque je l'entendais appuyer sur la gâchette.
Aucune balle ne frôla ma tête.
L'arme n'était pas chargée.
— Oh putain...
Jacob passa sa main sur son visage et regardait le plafond. Et Kai me fit
un clin d'œil discret en gardant son air sérieux.
Il baissa son arme et se tourna vers Mason, qui souriait toujours comme
tout à l'heure.
— Tu as une chance folle, tomber sur la seule arme vide, me dit ce
dernier en acquiesçant.
— C'est pas du jeu, prends une autre arme, aboya le même mec qui
parlait depuis tout à l'heure.
Kai émit un rire dans un souffle, et prit une autre arme. Puis à la seconde
qui suivit, il tira sur l'homme, m'arrachant un hoquet d'effroi qui s'étouffa
lorsque ma main se posa sur ma bouche.
Mes yeux s'écarquillèrent en voyant le corps tomber de la chaise, le sang
s'éclaboussa contre le mur derrière la chaise.
— Il parlait trop.
Kai déposa une nouvelle fois l'arme et reprit sa place, mes émotions
étaient en train de me broyer de l'intérieur, encore terrifié par l'arme qui
était pointée contre mon front.
Et l'homme qui venait à peine de rendre son dernier souffle.
Il lui avait tiré dessus, sur son front, à l'endroit même où il m'avait pointé
la précédente arme.
— Le jour où Lakestone sera incapable de tuer, alors ce jour-là, je
choisirai l'un d'entre vous pour terminer cette mission, déclara Mason
en prenant sa canne près de sa chaise, d'après les rumeurs, Simones a une
fille cachée...et je ne peux pas confirmer cette rumeur, il ne m'a jamais
parlé d'une autre fille que la sienne. S'il a vraiment une fille cachée,
Dieu sait à quel point il ne veut pas d'elle...encore moins vivante.
Et ma gorge se noua instantanément.
Enfoiré.
C'était lui qui avait lancé la rumeur, du moins c'était ce que supposait
Jacob. Pour faire pression sur Kai, il l'avait fait pour me mettre en danger.
Volontairement.
— Et je sais qu'elle ne compte pas pour lui, qui pourrait mettre en
danger son propre sang ?
— Les parents n'exposeraient jamais leurs enfants comme ça, je ne
pense pas que cette rumeur soit vraie, répondit une femme.
— Je travaille comme tueur à gages, et j'ai une fille. Je ne pourrais
jamais lui faire ça.
Ma lèvre trembla, et ma vue s'embua.
Pourquoi pas moi ?
Pourquoi les autres et pas moi ?
— La chair de ta chair, souffla Mason, pour l'instant il n'y a aucune
information sur elle, nous ne pouvons pas creuser. Mais il se pourrait
qu'elle sache où est l'argent si elle existe vraiment.
— Simones n'a d'yeux que pour sa petite fille, je doute qu'il ait une
autre fille dont on a jamais connu l'existence, si c'est le cas, il devrait
sûrement avoir honte d'elle.
— Oui...sûrement.
Leurs paroles me déchiraient intérieurement, faisant échos dans mon
esprit qui disait sans cesse la même chose depuis que mon père avait décidé
de partir.
Je lui fais honte c'est pour ça.
C'est mes yeux ?
Pourquoi il ne veut pas de moi ?
Jacob posa sa main sur ma cuisse, mais mes yeux ne quittaient pas ceux
de Mason qui souriaient comme un con depuis le début.
Et je sentais doucement une larme couler le long de ma joue.
Je le déteste, je le déteste tellement.
— Et même si elle existe et qu'on la kidnappe, ça ne va servir à rien
puisque sa vie est sans intérêt pour lui, il faut trouver un autre moyen-
— À ce que je sache, ce n'est pas ta mission, alors garde tes idées
pour toi, cracha Kai en fusillant du regard l'un des hommes qui avaient
parlé.
L'homme émit un rire mauvais et maintenait son regard sur Kai.
— Tu crois que tu vas faire ta loi ici encore combien de temps ? Tu ne
fais pas partie de l'Organisation alors tu dois te faire tout petit-
Et il s'arrêta net en voyant le maigre sourire de Lakestone.
— Tu es prêt à quoi pour tester ma patience ?
L'homme le fixait, ne répondant pas.
— Si tu es prêt à donner ta propre vie, je t'en prie, continue je
n'attends que ça, souffla Kai en maintenant son regard face à l'homme, j'ai
très envie de vous tuer tous comme vous êtes, un par un, vous découper
et jeter vos cadavres à des porcs pour qu'ils les mangent. Parce que
vous ne méritez même pas de reposer en paix sous terre comme tout le
monde.
Hannibal prend des notes.
Kai se leva et les toisa du regard en crachant :
— Je vous interdis de vous adresser à moi en premier lieu, que le
corps de votre pote vous serve de révision, j'arrache vos âmes si vous
me faites chier. Estimez-vous chanceux, j'adore les séances de révisions,
que celui qui n'a pas compris lève la main !
Les personnes autour de la table l'assassinaient du regard, mais ne
disaient rien.
Et en une fraction de seconde, Kai prit une autre arme et la pointa sur
Mason.
Un homme se leva rapidement et prit une arme qu'il pointa sur Kai.
Jacob se leva à son tour et prit une arme en la pointant sur l'homme.
— Et toi, souffla Kai en regardant Mason, toi je te réserve une séance
approfondie.
— Pose ton arme, cracha Jacob en direction de l'homme.
— Quand il la posera, répliqua l'homme.
Mason ricana, il ne bougea pas.
— Je voulais juste te faire confiance à 100%, le 1% me dérangeait,
déclara Mason en souriant vers Kai.
Mon cœur battait à la chamade, je n'arrivais pas à me calmer, les paroles
des autres restaient dans ma tête, autant que les images sanglantes et
terrifiantes qui défilaient dans mon esprit.
J'allais être épuisée psychologiquement.
Je ne voulais plus rien ressentir du tout.
La peur me bouffait de l'intérieur.
Je me noyais dans son monde.
Je suffoquais.
Mes émotions, je voulais les affaiblir. Simplement pour ne pas me
retrouver dans l'état dans lequel j'étais en ce moment, en panique.
Complètement en panique.
— La réunion est terminée, j'aimerais que tu me fasses un rapport
sur les recherches de Simones, ne me fais pas attendre.
Kai baissa l'arme et je vis tout le monde se lever. Tétanisée, je me laissai
tirer par Jacob qui me tenait la main.
Jacob s'approcha de Kai qui n'avait pas bougé, et le poussa vers la sortie.
Mon regard se posa sur le cadavre de l'homme, et un haut-le-cœur me prit
violemment.
Il nageait dans son propre sang.
La réunion était terminée, mon cœur faisait encore la course et ma cage
thoracique ne voulait pas se détendre, il fallait que je trouve un moyen pour
me détendre.
Nous descendîmes les marches sans un mot, certains toisaient du regard
Kai et nous cédèrent le passage sans trop broncher.
Vernon nous attendait dans la voiture et nous entrâmes à l'intérieur du
véhicule.
— Vous êtes tous pâles, remarque le policier en nous regardant.
— On va au Box, lâcha Kai en posant sa tête sur l'appuie-tête de son
siège, je ne veux pas rentrer maintenant.
Moi qui voulais me détendre pour ne pas frôler la crise de panique.
Je comptais bien noyer mes émotions dans l'alcool, pour le reste de la
nuit.
Putain de merde. Il allait me tirer dessus.
°°°°
Je ne savais pas combien le trajet avait duré.
Mais je savais que nous étions arrivé au Box. La musique me broyait les
tympans.
Comme dans mon rêve.
La vision rouge, je ne portais pas de robe ni de vêtements qu'on pouvait
porter pendant une soirée.
Au contraire, je portais un jean et un haut sombre.
Une nouvelle serveuse vint nous apporter des boissons, une serveuse qui
avait ma place ici.
Cette pensée me fit prendre une nouvelle gorgée de mon alcool en
fermant les yeux. Je sentais les gens parler dans ma tête.
Les mêmes paroles, les mêmes voix.
Parlant de mon père comme ils l'avaient fait pendant la réunion. Ces
paroles qui me répétaient encore et encore que je n'étais pas assez.
Je versai de la tequila dans mon verre. Puis léchai un coin du dos de ma
main.
Je saupoudrai du sel qu'on nous avait apporté avec la tequila sur le dos de
ma main, et pris une tranche de citron.
— Ne bouge pas on revient, entendais-je Jacob me dire en se levant
avec Vernon.
Me laissant seule sur le canapé.
Je hochai la tête en regardant la boîte de nuit puis léchai le sel et boire le
shot avant de mordre dans le citron.
Pourquoi eux et pas moi ?
Un nouveau shot.
Pourquoi je n'ai pas le droit à ça ?
Deux nouveaux shots.
Pourquoi il ne veut pas de moi comme Lizzie ?
Trois nouveaux shots.
— Tu t'amuses bien on dirait, souffla la voix masculine en s'approchant
de moi.
Je relevai la tête, mon rythme cardiaque était rapide, mais je sentais
l'alcool détendre mes émotions, comme je le voulais.
Kai n'était pas là, Jacob et Vernon non plus.
— Je peux m'amuser avec toi si tu veux...
Je bus un nouveau shot de tequila, ma gorge brûlait et je fermai les yeux
en espérant que ce chien parte d'ici.
Parce que putain, je n'avais aucune envie de parler à qui ce soit.
Le paquet de clope de Kai sur la table, je tirai une cigarette et la grillai
avant d'inhaler la nicotine, et je m'adossais contre le canapé en cuir alors
que l'autre con n'avait pas bougé de sa position.
— Tu as un copain ma jolie ? M'interrogea-t-il en souriant d'une façon
perverse.
— Mon copain est fou, il tue des gens.
Un rire sarcastique s'échappait de mes lèvres, et je regardais les gens
autour de moi, certains étaient en bas, dansant sur la piste comme si la
musique était rythmée, d'autres étaient près du garde-corps en verre à boire
et regarder les strip-teaseuses se déhancher.
— Aller, viens avec moi...
Je le sentais s'approcher dangereusement de moi, j'étais peut-être bourrée.
Mais je sentais la menace, et ma peur montait.
Mais en une fraction de seconde, je le vis tomber par terre.
j'écarquillai les yeux et me tournai, mon regard croisa celui de Kai qui
l'assassinait des yeux en crachant :
— Touche-la et je te fais manger tes mains.
J'écrasai mon mégot de cigarette, les nerfs qui chauffaient alors que je me
rappelais qu'il allait me tirer de dessus.
Un frisson se déchargea le long de ma colonne vertébrale, j'étais
chanceuse. Ce soir, j'aurais pu y passer.
Putain de merde. J'ai besoin d'un autre verre.
Aussitôt pensé, je versai encore de la tequila dans mon verre mais alors
que j'allais l'apporter à ma bouche, quelque chose me l'arracha des mains.
Kai.
— Arrête de boire, grogna ce dernier en me lançant un regard sévère.
Je me levai en le fusillant du regard, puis pris la bouteille de whisky sur
la table. Je la ramenai à mes lèvres et bu une gorgée.
Il me prit la bouteille et répéta :
— Arrête. De. Boire.
Je m'approchai de lui, son souffle mentholé se mélangeait au mien alors
que je le défiais du regard, mes lèvres frôlaient les siennes alors que je dis :
— Sinon quoi Kai ? Tu va me tuer ? Dommage que t'ait manqué ta
chance tout à l'heure.
Il ne répondit rien, et son regard s'assombrissait alors que je me tournai et
regardais la piste en bas. Mes pensées revinrent dans mon esprit et je fermai
les yeux, alors que ma gorge se nouait.
Je ne veux pas me rappeler.
Mes pas m'éloignèrent du canapé et je l'entendis me demander en
haussant la voix :
— Où est ce que tu vas ?!
Je le regardai par dessus mon épaule, et enlevai mon haut en restant avec
mon débardeur. La chaleur emprisonnait mes membres, et je suffoquais
presque.
Il écarquilla les yeux alors que l'alcool commençait à couler à flots dans
mes veines, puis je répondis simplement :
— Danser.
— Non ! S'exclama-t-il en s'approchant de moi.
Je le sentis me retenir par le poignet et je me tournais pour le faire face,
rageusement je tirai ma main de son emprise.
Tremblante de colère, comme si mes émotions étaient décuplées, mon
corps fut noyé dans la rage et très vite.
Ma main heurta brutalement sa joue.
Les larmes me montèrent aux yeux alors que je l'assassinais du regard. Il
allait me tuer.
Il allait me tirer dessus.
Lui qui m'avait promis de me tuer si et seulement si je dévoilais des
choses sur lui.
Je le ressentais comme une putain de trahison.
J'allais mourir ce soir.
Mais comme l'avait dit Mason...j'étais chanceuse.
Comme si je commençais à peine à réaliser ce qui s'était passé, ma peur
me gagna face au geste que je venais de faire.
Il ne bougea pas, sa main se posa sur sa joue chauffée par la gifle.
Ses yeux froids étaient engloutit par la rage, il m'examinait tandis que
moi, je voulais le tuer pour m'avoir ramener la bas.
Pour avoir exécuté l'ordre de Mason.
Pour m'avoir laissé écouter les paroles de ces personnes que je ne
connaissais pas.
Ma gorge se noua de plus belle, et je ravalai mes larmes, étouffant la
peine comme depuis le début.
Je ne devais pas pleurer.
Je ne voulais pas penser à ça, je voulais engourdir mes émotions, je
n'étais pas capable de les supporter.
Pas ce soir.
Tremblante de rage et de peur, je terminai :
— Je vais danser.
Enfoiré.
Je comptais bien faire exactement ce qu'il ne voulait pas que je fasse.
_____________
Hey !
Actuellement en train de trouver un plan pour éviter une fête avec
beaucoup de monde.
But anyway !

❤️
IRIS EN ROUE LIBRE ?! Je l'aime. Surtout pour la suite
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
🤤🤤🤤
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : sarahrivens
41. Paroles alcoolisées

Iris
Quelqu'un a dit un jour...personne ne te regardera autant que ceux qui te
détestent, alors donne-leur un spectacle.
Laisse-moi te faire un spectacle digne de ce nom, Lakestone.
Mes cheveux me collaient à la peau alors que je dansais sur la piste, mes
tympans se faisaient détruire par Maneater de Nelly Furtado, cette musique
forte et provocatrice qui laissait mon corps bouger sans répit au rythme de
la chanson.
Un sourire étirait mes lèvres, ma vue était limitée, les choses bougeaient
autour de moi, il y avait des voix qui tournaient, le rouge m'aveuglait, mais
rien n'était aussi bien qu'à cet instant.
Cet instant où tout était vide dans ma tête.
Mes pensées anesthésiées par l'alcool, la foule autour de moi ne me
faisait plus peur. Comme si plus rien ne comptait, comme si plus rien n'était
important.
Plus rien ne me faisait peur.
C'était moi, l'alcool et la musique.
Je me défis du sixième homme qui vint se coller à mon cul comme si j'en
avais.
Fait chier je veux danser seule putain.
J'arrêtai de me déhancher et m'approchai du bar où étaient deux barmans
que je ne connaissais pas :
— Un whisky coca, et mets le sur la note de...Kai Lakestone.
Il allait payer pour mon ivresse, comme je payais pour les conneries de
mon putain de père.
« Simones n'a d'yeux que pour sa petite fille, je doute qu'il ait une
autre fille dont on n'a jamais connu l'existence, si c'est le cas, il devrait
sûrement avoir honte d'elle. »
Les larmes me montèrent aux yeux et ma gorge se noua, le problème
quand j'étais bourrée c'était que je gérais très mal mes émotions.
Même si je voulais les noyer dans l'alcool, ils remontaient quand même à
la surface.
Le barman me donna mon verre et je regardais les alentours en buvant la
boisson alcoolisée, je relevai ma tête et vis les yeux du mercenaire qui me
fixaient.
Je savais qu'il me surveillait depuis le début.
Je le sentais.
Le rouge du Box lui donnait cette même aura démoniaque qui me hantait.
Insolemment, je levai mon verre en sa direction.
Sa mâchoire se contracta instantanément et un sourire étira mes lèvres.
Satisfaite de le rendre en colère.
La chaleur augmentait, et Goosebumps de Travis Scott arrivait dans mes
oreilles et emplit l'immense espace du box alors qu'on se défiait du regard.
Je bus une nouvelle gorgée en gardant mes yeux sur lui, il secouait la tête
et je haussai les épaules en souriant de toutes mes dents.
On se défiait du regard, et cette musique autour de nous faisait vibrer mes
veines.
— Monte, pouvais-je comprendre son ordre en lisant sur ses lèvres.
Je bus le reste de mon verre et partis danser comme un dingue, une fille
se joignait à moi, ses mains se posèrent sur mes hanches alors que son corps
se collait au mien.
Je la reconnaissais, elle était assise à la table à côté de la nôtre à l'étage.
Un rire quittait mes lèvres, j'étais complètement arrachée, et bordel
qu'est-ce que ça faisait du bien.
Je relevai la tête et ne vis aucun signe du mercenaire, un sourire satisfait
s'affichait sur mon visage.
Je sentais un mec se coller contre moi, et puis très vite, un hoquet de
surprise s'arracha de ma bouche lorsque j'entendis un coup de feu.
Et mes nerfs chauffèrent instantanément.
L'homme cria de douleur, son bras s'éloigna de moi et son corps entier
qui n'était qu'à quelques centimètres du mien reculait très vite.
Les regards se posaient sur nous, mais la curiosité de ceux qui nous
regardaient se dissipait très vite, laissant place à la peur.
— J'ai dit personne ne la touche, et C'EST VALABLE POUR TOUT
LE MONDE, COMPRIS ?!
Je soufflais, l'homme saignait et montait très vite à l'étage à la recherche
des toilettes, sûrement. Kai me fusillait du regard, et cacha son arme.
La femme qui dansait avec moi me demandait :
— C'est ton copain, beauté ?
— N-
— Absolument, cracha Kai derrière nous en me prenant par le bras, toi
viens avec moi.
— Laisse-moi tranquille ! m'exclamai-je en me défaisant de son
emprise.
— Je vais finir par te menotter Iris, me menaça-t-il en me fusillant du
regard, arrête-toi !
— C'est ce que tu adores faire de toute façon !
J'étais bien trop bourrée pour comprendre ce qui se passait autour de moi,
les lumières rouges, la foule partout, le mouvement que je sentais lent
autour de moi à cause de l'alcool.
J'étais étourdie.
Tout ce que je voulais, c'était rester loin de lui.
Je montai à l'étage en l'entendant m'appeler et me dire de m'arrêter, mais
honnêtement, je voulais lui arracher la gorge. J'avais une rage et une peine
bien trop grande pour la calmer seulement avec l'alcool.
Ma gorge se noua très vite alors que les souvenirs remontaient.
Les mots revenaient.
Je me glaçais lorsque je sentais la pointe de son arme sur l'arrière de mon
crâne, alors qu'il disait :
— Arrête-toi putain.
Ma colère se frayait lentement sur ma peau, et je me tournais pour lui
faire face. Son pistolet contre mon front exactement comme pendant la
réunion.
Un sourire mauvais étira mes lèvres, et je lui répondis d'un ton insolent :
— Sinon quoi ?
Il m'examinait du regard, et doucement baissa son arme. Nos yeux se
défiaient, ma rage faisait bouillir mon sang, je n'arrivais pas à rester calme.
J'étais complètement emprisonné par l'alcool, mais pas assez pour me
détendre entièrement. Il m'en fallait plus pour me perdre entièrement, et
avec lui qui me collait, ce n'était pas facile.
Mais je sentais l'ivresse me montait peu à peu à la tête, ce n'était qu'une
question de temps.
Je vis la femme de tout à l'heure monter les marches, son regard croisa le
mien, et je la vis aller en direction de la table à côté de la nôtre.
— Sinon quoi, Kai ?
— Arrête, grogna-t-il en me fusillant du regard.
— Sinon quoi ? Tu vas me tuer ? Tu as raté ta chance...
— C'est pas ce que tu crois.
Un rire s'échappa de mes lèvres.
— De quoi tu parles ? Du moment où tu allais me tirer dessus pour
prouver à Mason que t'es son petit toutou ? Ou du moment où tu m'as
laissé entendre tous ces enfoirés-
— Je savais qu'il n'était pas chargé, me coupa-t-il brusquement, je
savais-
— Tu savais ? Tu savais hein ? Mais si tu ne savais pas, tu aurais pris
le risque pas vrai, Kai ?
Il ne dit rien.
— Si tu ne savais pas, tu l'aurais quand même prouvé à Mason,
crachai-je en le fusillant du regard, tu ne vaux pas mieux que lui.
Et son regard s'assombrit instantanément.
Sa mâchoire se contracta et en une fraction de seconde, son visage devint
aussi noyé de colère que le mien.
Sa main agrippa brutalement ma mâchoire et il me dit d'un ton tranchant :
— Ne me compare plus jamais à lui, tu m'entends ?!
Un sourire mauvais étira mes lèvres, et je répétai :
— Sinon quoi ?
Il secoua la tête lentement en me regardant avec cette même rage qu'il
essayait de calmer tant bien que mal.
Alors que j'essayai de ravaler mes larmes et ma haine avec cette même
difficulté.
— Tu vas me faire du mal ? Tu m'en as déjà fait. Tu veux me tuer ?
Je t'en prie, fais-le. Parce que j'en ai marre de vivre comme ça, j'en ai
marre de voir tout le monde heureux sauf moi, j'en ai marre de me
comparer aux autres, de toujours me dire « pourquoi eux et pas moi ?
», j'en ai marre de payer les dettes de mon père, marre d'être la fille
d'un homme qui s'en fiche de moi, craquai-je lentement alors que les
larmes me montaient aux yeux.
Le nœud au fond de ma gorge devenait douloureux, je ravalai ma peine
depuis notre arrivée.
Et à cet instant, je n'y arrivais plus.
Je me laissais tomber doucement. Et l'alcool n'arrangeait rien.
Bien au contraire.
— J'en ai marre de me battre pour moi-même, et tu vois ? Je ne suis
pas forte, je suis faible. Je suis fragile. Alors si tu veux me tuer, fais-le.
Je ne demande que ça. Ils l'ont dit « ça ne va servir à rien puisque sa
vie est sans intérêt pour lui »
Les émotions m'engloutissaient, ma lèvre tremblait alors que ma vue
s'embuait, je clignais des yeux et sentais les larmes couler lentement sur
mes joues.
— Mais tu ne comprendras pas, riais-je de nerfs, alors vas-y, tue-moi.
Ou laisse-moi passer.
Il serra la mâchoire alors que je le défiais du regard, et je le vis cacher
son arme qu'il avait encore dans la main.
Un sourire satisfait étira mes lèvres, et je passais à côté de lui.
J'arrivais près de la table et sentais le regard de la jeune femme de tout à
l'heure, cette dernière me fit un clin d'œil.
— Trésor !
Jacob me prit dans ses bras et j'encerclais mes bras autour des siens en
fermant les yeux alors que je sentais ma tête s'alourdir.
Qu'est-ce que j'aimais Jacob.
Je titubais, et voulais prendre un nouveau verre sur la table, mais très
vite, Jacob m'ôta le verre des mains en disant :
— Tu as assez bu pour aujourd'hui, prends de l'eau plutôt !
Kai arriva dans mon champ de vision et me lançait un regard dur, Vernon
semblait inquiet en me regardant. Je ne voyais pas ce qu'il y avait
d'inquiétant, j'avais juste un peu bu.
— Il est là Kai, déclara Jacob en désignant un petit homme qui montait
les marches plus loin.
Rico. Mon Oompa Loompa préféré.
— Allez-y, je reste avec elle, je ne veux pas lui parler, marmonna Kai
en tirant un clope avant de s'asseoir à côté de moi.
Il grilla la clope et tira une latte avant de me la tendre, je l'acceptai et
fumai avant de me laisser tomber sur le canapé, mon regard se posa sur une
fille qui portait un gloss merveilleux.
Me rappelant que j'en voulais un sur mes lèvres gercées.
Je veux avoir les lèvres qui brillent !
— Je vais chercher un gloss.
Je tentai de me lever pour aller aux toilettes et me trouver un gloss, mais
très vite, je me fis basculer en arrière par la main de Kai qui s'enroula sur
mon poignet.
— Tu n'iras nulle part, grogna-t-il en se laissant tomber sur le canapé.
Une musique arriva dans mes oreilles et je me redressai une nouvelle
fois, je fumai le reste de ma clope et me levai.
Mais sa main me fit m'asseoir très vite sur le canapé.
— Ne va pas danser, et n'embrasse pas de mec.
— Sinon quoi, Kai ? lui demandai-je une nouvelle fois en me tournant
vers lui.
Je détestais le voir me donner des ordres, me dire ce que je devais faire
ou pas.
Comme si je lui appartenais.
« Je cherchais ma poupée »
— Sinon je vais m'énerver et te foutre dans la salle privée jusqu'à ce
que tu décuves, me menaça-t-il d'un ton tranchant.
Et ma haine ne se fit que plus grande.
Je tournai la tête, la brune avec qui je dansais tout à l'heure me dévorait
du regard.
Et un sourire étira mes lèvres.
...il a dit pas de mecs.
Je me levai une nouvelle fois et m'approchai de la table où elle était, ses
yeux fixaient mes lèvres avec insistance et je lançai un regard à Kai qui
observait la scène.
On va provoquer la table d'en face.
L'envie se lisait sur ses yeux, ses lèvres brillaient grâce au gloss qu'elle
portait.
— Ça ne dérange pas ton copain que je t'emprunte ? Me demanda-t-
elle en fixant mes lèvres.
Je secouai la tête en guise de réponse et dis :
— Je cherche un nouveau gloss de toute façon.
Et elle scella ses lèvres aux miennes à la seconde qui suit.
Regarde-moi bien imbécile.
J'affichai mon majeur en direction de Kai, cette folle envie que j'avais de
le provoquer s'assouvissait doucement.
Après quelques secondes, je détachai mes lèvres de la fille, et retournai
tranquillement vers Kai qui me fixait.
Il pouvait se foutre ses ordres dans son cul.
Je plissai mes lèvres entre elles pour couvrir le gloss sur l'intégralité de
ma bouche et lui sourit en disant :
— Son gloss à bon goût.
Ses yeux ne quittaient pas mon visage, je ne savais pas à quoi il pouvait
bien penser, mais je savais qu'il allait soit vouloir me tuer.
Soit me baiser.
...Les deux me vont.
— Tu commences vraiment à me faire perdre mon sang-froid Iris,
déclara-t-il en me fixant, et tout mon contrôle.
Un nouveau sourire étira mes lèvres.
— Oh je fais perdre le contrôle du grand Lakestone ? Je suis flattée !
Toi qui fais peur à tout le monde ! Même ces enfoirés de l'Organisation
ne veulent pas se mesurer à toi !
Je parlais d'un ton faussement dramatique, gardant un sourire moqueur. À
défaut de le tuer, je pouvais me foutre de sa gueule.
Cet imbécile.
— T'es vraiment stupide quand tu bois, souffla le mercenaire en
prenant une nouvelle clope.
Et comme si ses mots traversèrent brutalement mon cœur, ma gorge se
noua et ma vue s'embua instantanément alors que mes yeux s'écarquillèrent.
Ma respiration se saccada, la voix de ma mère et la mienne se
bousculèrent dans ma tête.
« TU ES STUPIDE IRIS ! »
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Les larmes me montèrent aux yeux, et ma lèvre supérieure se secoua.
Comme si mes émotions se décuplaient, alors que les mots me revenaient
en tête.
— T'es vraiment un enfoiré ! m'exclamai-je en le fusillant du regard.
Il me lança un regard et but son verre.
— J'essaie de faire comme ton père du coup, cracha-t-il en me rendant
mon regard.
— Va te faire foutre, crachai-je en sentant mes larmes devenir
incontrôlables.
Je me levai et me dirigeai rapidement vers les toilettes bondées de
personnes en essayant de ravaler mes larmes, des filles faisaient leur
maquillage, certaines fumaient, mais toutes se retournèrent en même temps.
Au départ, je pensais qu'elles me regardaient moi.
— Dehors.
Mais bien sûr qu'elles le regardaient lui.
Très vite, elles quittèrent la grande pièce aussi rouge que l'ensemble du
club et j'entendis la porte se fermer derrière moi.
— C'est pas vrai, soufflai-je fatiguée en entrant dans une des cabines
vides pour l'éviter.
Je verrouillai la porte et lui demandai :
— Tu vas me suivre encore longtemps ? Je ne suis pas Mason, t'en as
pas besoin.
— Va te faire foutre, Iris, cracha Kai ton tranchant.
— Sûrement pas par toi, crachai-je de la même manière.
— Décuve et on rentre.
— ARRÊTE DE ME DIRE QUOI FAIRE PUTAIN ! explosai-je en
passant mes doigts sur mes cheveux.
J'allais devenir folle.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Et des sanglots quittèrent mes lèvres, s'arrachant incontrôlablement de
ma bouche alors que ma peine dépassait ma colère.
— Je ne suis pas stupide...arrêtez de dire que je suis stupide...
Je me laissais glisser sur les murs de la cabine, et mes larmes ne
s'arrêtaient plus alors que je déversais enfin cette tristesse qui me rongeait.
Je n'étais pas forte.
J'étais une putain de faible. Je ne voulais pas vivre ça.
Pourquoi je vivais ça ?
Je n'étais pas stupide.
Pourquoi il pensait que j'étais stupide ?
Je le vis faire rouler une petite bouteille d'eau sous la porte en me disant :
— Bois.
— Non, répondis-je en faisant rouler l'eau à l'extérieur.
Et il l'a fit rouler à nouveau à l'intérieur de la cabine.
Et je la fis rouler à l'extérieur encore une fois.
— Tu vas faire ça encore longtemps ? J'ai pas envie de faire du
babysitting-
— Oh t'en as déjà marre de ma garde ? Tu n'es pas le seul, mes
parents aussi ! Peut-être que c'est pour ça que mon père m'a laissé, tu
t'entendrais très bien avec lui !
Un gloussement moqueur s'échappait de mes lèvres. Et mes larmes
redoublèrent.
— Je n'ai jamais compris pourquoi il ne voulait pas de moi ?
Pourquoi il m'a mis en danger ? T'as une idée toi ? Tu ferais ça à tes
enfants ?
Je m'interrogeai sincèrement en sentant ma gorge se nouer une nouvelle
fois alors que mes larmes reprirent de plus belle.
Je vis grâce à l'ouverture qu'il venait de s'asseoir par terre, juste à côté de
la cabine.
« Simones n'a d'yeux que pour sa petite fille, je doute qu'il ait une
autre fille dont on n'a jamais connu l'existence, si c'est le cas, il devrait
sûrement avoir honte d'elle. »
Mes sourcils se froncèrent et ma gorge se noua alors que je tentai
d'étouffer une nouvelle fois ces paroles.
« Je travaille comme tueur à gages, et j'ai une fille. Je ne pourrais
jamais lui faire ça. »
Pourquoi eux et pas moi ?
« Les parents n'exposeraient jamais leurs enfants comme ça »
— Pourquoi il m'a exposé ?
— J'en sais rien Iris, souffla Kai à côté de moi, sors de l'intérieur. S'il
te plait.
Je grimaçais, regardant autour. Ces murs l'idolâtrait, Kai était la petite
star des chiottes.
Une star vraiment.
J'étais fatigué, j'étais putain de fatigué.
— On peut rester ici le temps que tu veux, juste sors de cette cabine.
S'il te plait.
— Je veux fumer, lâchai-je en passant ma main sur mon visage mouillé.
— J'ai des clopes, sors.
Après quelques minutes à lâcher silencieusement ces larmes que j'avais
tentai de garder toute la soirée, je me levai doucement et déverrouillai la
porte.
J'ouvris la porte et me dirigeai vers le miroir, mes yeux me brûlaient et je
sanglotais encore.
Je sentais mes émotions me submerger lentement, me rappelant de toutes
ces secondes pendant la réunion, de toutes ces fois où je cherchais mon
père.
Où il n'avait jamais répondu présent.
De toutes ces fois où je le défendais alors qu'il faisait le fantôme.
Ces soirs où je le préférais à ma mère alors qu'elle-même était restée et
m'avait élevée seule.
Il nous avait détruites.
Cette petite fille en moi le voulait, le demandait, elle levait la tête pour le
chercher lui. Elle voulait une figure, un modèle à suivre.
Mais elle n'avait rien.
Un nouveau rire quittait mes lèvres alors que ma vue s'embuait, tous ces
jours om il me disait qu'il allait venir, mais qu'il ne venait jamais.
Ces moments où je voyais des pères et leurs filles tandis que je cherchais
encore le mien.
Misérable.
Pathétique.
On n'était lié que par l'argent, rien d'autre. Il n'y avait que l'argent qui
nous obligeait à nous parler. Et maintenant, ma vie était sur pause à cause
de l'argent.
— J'ai toujours voulu avoir un père, tu sais ?
Je sentais ma gorge se nouer alors que je déversai ma peine sous forme
de mots, influencée par l'alcool.
Cette ivresse sincère que je n'arrivais pas à étouffer.
Kai s'approcha doucement de moi, il grilla une clope et inhala la première
taffe avant de me la tendre, ses yeux me fixaient sans un mot.
Et un sourire moqueur étirait mes lèvres tout en fumant.
J'ai toujours voulu avoir un père...
— J'en ai un, et pourtant, personne ne m'a jamais traité d'une façon
aussi terrible que lui. Même pas toi. J'étais une fille à papa, j'aimais
son attention, j'aimais quand il me prenait dans ses bras, quand il
m'appelait « princesse », j'aimais quand il s'intéressait à moi. Mais il ne
le faisait jamais, alors je l'imaginais, des filles de mon âge se font des
scénarios avec leurs crush dans leur tête, et moi j'imaginais une
relation avec mon papa.
Une larme coula le long de ma joue, et mes lèvres s'étirèrent encore plus.
— Je regardais son profil Facebook, il mettait des photos de Lizzie,
je l'enviais tellement Kai, je voulais tellement être à sa place, tu sais ?
Je devais le voir les weekends, et ma mère la semaine. Et pourtant, il ne
venait jamais, mais je m'habillais au cas où. Parfois, j'attendais très
tard le soir, même si je savais au fond qu'il n'allait pas venir, mais
j'espérais qu'il le fasse.
J'avais tellement passé des soirs sans dormir à l'attendre.
Tellement de journées à préparer mes affaires pour rien.
— Quand je me faisais harceler, je disais aux enfants que mon papa
allait venir, je voulais leur faire peur, mais...personne n'était convaincu,
pas même moi, et ils rigolaient encore plus.
La peine me prenait aux tripes, nouant douloureusement ma gorge.
— Il disait que c'était à moi de l'appeler, pas lui. Parce que j'étais
l'enfant et lui le parent, je n'ai compris que très récemment que ce n'est
pas l'enfant qui doit chercher après son parent. T'as déjà cherché après
tes parents toi ?
Il ne répondit rien. Mais je savais que non.
— Et je me sentais mal quand je ne l'appelais pas, je culpabilisais
quand il ne répondait pas. J'avais l'impression que je le dérangeais,
mais qu'en même temps, il fallait que j'insiste pour lui prouver que je
voulais lui parler. Toujours là à prouver, faire plaisir aux autres pour
avoir le minimum. Pour qu'ils ne m'abandonnent pas.
Une larme salée caressa mes lèvres, et je passais ma langue sur ma
bouche en fermant les yeux.
Puis fumais une nouvelle latte.
— Internet m'a appris des choses que mes parents ne m'avaient jamais
apprises, et pourtant, ils prennent le mérite de tout ce que
j'entreprends, ce n'est jamais grâce à moi, c'est toujours grâce à eux.
J'avais même commencé à écrire plus jeune, et ils disaient que c'était
grâce à eux.
Foutaise.
— Qu'est-ce que tu aimes faire Iris ?
Mon cœur palpita et je lui lançai un regard, je ne m'attendais pas à ce
qu'il me pose cette question. Personne ne me posait cette question.
Qu'est-ce que j'aime faire ?
— Écrire...j'aime bien écrire. J'écrivais pour sortir de ma réalité
quand j'étais jeune, j'écrivais pour créer un monde et m'y réfugier, je
me sens plus en sécurité quand je suis dans mes mondes.
Il hocha la tête en me détaillant des yeux.
Et je m'assis sur le lavabo en fumant ma clope, je levai la tête et soufflai
la fumée de mes poumons en l'air, cette même ambiance rouge commençait
à me donner mal à la tête.
Où était-ce l'alcool ?
— Mais j'écris plus depuis longtemps, j'aimerais beaucoup
apprendre le dessin. Comment tu as appris ? Tes dessins sont beaux.
Il me lança un regard.
— Tu les trouves beaux ?
Je hochai la tête. Ses dessins étaient très beaux, ils étaient sombres, si je
pouvais je prendrais un pour le mettre dans mon fond d'écran.
Du moins quand je pourrais récupérer mon téléphone.
— C'est Internet qui m'a appris.
J'aimerais beaucoup apprendre le dessin.
— Pourquoi tu as arrêté d'écrire ?
— Parce que je n'avais plus le temps, soufflai-je avant de cracher ma
fumée, la fac me prenait tout mon temps, et je n'avais plus la tête à ça.
Peut-être que j'y retournerais dans quelques années, et je raconterais à
travers un personnage fictif qui me ressemblerait beaucoup, avec tous
mes traumas et ma personnalité en romantisant tout le reste, ça serait
trop ennuyant sinon.
Un rire s'échappait de mes lèvres.
— Je parlerai de mon père et de tout ce qu'il m'a fait, lâchai-je en
sentant ma gorge se nouer, j'inventerai sûrement d'autres choses pour ne
pas trop lier ce personnage à moi, je parlerai de Rufus, de Rox, de ma
merde à l'université aussi...de l'anxiété...de mon harcèlement...
Je parlerai de tout ça à mes pages.
Peut-être que quelque part dans le monde, quelqu'un se reconnaitra en
moi.
Parce que je refuse de croire que je sois la seule.
De nouvelles larmes quittèrent mes yeux, la peur d'être la seule dans ce
cas me retournait l'estomac, ça me rendait malade de penser que personne
n'avait vécu ce que j'avais vécu.
Pourquoi moi ?
Pourquoi pas les autres ?
Pourquoi quand il s'agissait de souffrance, ça se tournait vers moi ?
Un nouveau sanglot quitta mes lèvres, j'étais fatigué. J'étais
complètement épuisé de tout ça, de ma vie, de ce qui se passait en ce
moment, de mes parents, de Kai.
Tout s'amplifiait dans ma tête, tout tourbillonnait.
— Ça va ?
— Je veux vomir, déclarai-je en me levant soudainement.
J'accourus vers la cabine et sentais mon estomac se tordre alors que je
vomissais mes tripes, très vite, je sentais les mains de Kai empoigner mes
cheveux et je gémis de dégoût à cause de mes vomissements.
— Doucement...
Ma respiration était saccadée et je me laissai tomber en arrière, épuisée.
Kai me rattrapa et encercla mon corps de ses bras.
— C'est bon ?
Mon estomac remonta et je revins près de la cuvette ou je vomis une
nouvelle fois. Je sanglotais, les larmes me montèrent aux yeux, j'étais
pathétique.
Putain de pathétique.
— Là c'est bon, soufflai-je en me laissant tomber en arrière une nouvelle
fois.
Comme si j'avais le poids d'une plume, il me tira à l'extérieur en
m'adossant contre le mur à côté de la cabine.
Je l'entendis tirer la chasse d'eau en revenant vers moi, il ouvrit la
bouteille d'eau et la posa près de mes lèvres.
— Bois, princesse.
— Pourquoi tu m'appelles princesse ? lui demandai-je en fermant des
yeux de fatigue alors qu'il me faisait boire l'eau.
— Parce que je t'ai entendu le dire à toutes les petites filles que tu as
croisées, m'avoua-t-il doucement, et j'ai compris.
— Tu as compris quoi ?
La fatigue était intense, mon corps s'alourdissait comme mes paupières
alors que je buvais l'eau. Je sentais Kai encercler ses bras autour de ma
taille.
— Que la petite fille en toi voudrait qu'on l'appelle comme ça. Alors
je veux bien le faire.
Je sentais qu'il me portait, mais j'étais beaucoup trop fatiguée pour ouvrir
l'œil. Je voulais rentrer.
J'avais mal à la tête et je sentais que la musique du Box s'était décuplée,
un grognement s'échappait de mes lèvres alors que j'entendais les voix
autour de moi.
— Jacob ! Je suis dans la voiture, on va rentrer.
°°°°
Je ne sais pas combien de temps nous avions fait en route, je m'étais
endormi à plusieurs reprises et j'avais froid.
J'avais une migraine terrible et j'étais étourdie.
— Tiens, mets ça, sors on est arrivé.
Je grimaçais en essayant d'ouvrir mes yeux une nouvelle fois, puis enfilai
la veste de Kai sur mon débardeur puis ouvris la portière qui me paraissait
être cent fois plus lourde.
Je titubais et frissonnais en m'approchant de la porte d'entrée de la
maison.
Kai déverrouillait cette dernière et verrouilla la voiture. J'entrai et
soufflai.
Enfin.
Lentement, je m'avançais vers la salle de bains et je fermai la porte
derrière moi, je tirai la boite de mes lentilles et me lavai négligemment les
mains avant de les retirer.
J'avais l'impression que j'avais passé des heures dessus, aucune ne voulait
sortir de mes yeux.
Je sentais que j'allais tomber, mon corps n'arrivait plus à me maintenir.
— Iris ?
— Toujours vivante.
Toujours debout.
Malheureusement.
Je me brossai les dents, mes mouvements étaient lents et mon corps
pesait une tonne alors que je m'avançai vers la porte. J'éteignais la lumière
et quittai la salle de bains, j'avais l'impression que ma chambre était à deux
kilomètres de la salle de bains.
J'entrai et me changeai.
Putain j'allais tomber dans les pommes.
— Où est Iris ? entendais-je la voix de Jacob.
— Dans sa chambre, elle dormira avec moi.
Je fronçai les sourcils à l'entente de la voix de Kai, mais honnêtement, je
n'allais même pas m'y opposer. Je voulais juste dormir.
Des tocs me firent tourner la tête vers la porte et la voix de Jacob suivit :
— Toujours vivante trésor ?
— Mhm...
Je balançai mes affaires sur le lit et quittai la chambre, Jacob me prit dans
ses bras et je fermai les yeux instantanément en disant :
— Je veux dormir.
— Ouais, viens, tu dors avec Kai ce soir, on a un invité qui va venir.
Un invité ?
Il me guida jusqu'à la chambre de Kai qui était plongée dans l'obscurité
totale, les stores de la fenêtre ne laissaient même pas la lumière de la lune
pénétrer.
Je m'allongeai sur son lit et son odeur emplit mes narines, je me couvris
et fermai les yeux, sentant que mon corps tournait.
Une sensation terrible accompagnée d'une migraine qui me donnait envie
de vomir.
— Elle dort ?
— Iris ? M'interpella Jacob.
J'étais beaucoup trop fatigué pour lui répondre, je bataillais contre le
sommeil.
— Elle dort. Comment tu te sens toi ?
— Normal, entendais-je Kai dire, elle va se réveiller avec une migraine
terrible demain.
— Tu as vu le nombre de verres qu'elle a bus ce soir ? On savait très
bien que ce jour allait arriver de toute façon, il fallait qu'elle explose.
Le sommeil m'emportait peu à peu alors que leurs voix paraissaient de
plus en plus lointaines.
— Elle m'en veut, mais...je savais qu'elle n'était pas chargée. C'était
celle de Miller, il ne charge jamais son arme.
— Ouais, mais personne ne le savait à part toi, on n'est pas dans ta
tête Kai, entendais-je Jacob, comprends-la, petit trésor n'est pas habitué
à ça.
— C'est dur de la comprendre...elle...arrive...sans...pour...
Je commençais à mal discerner leur conversation, n'écoutant qu'un mot
sur six peut-être.
Non je veux rester éveillée.
Je me tournai sur le côté et tentai de réveiller un tout petit peu mon
cerveau noyé par l'alcool.
— T'as pas dormi depuis combien de jours Kai ? Tu trembles
beaucoup.
— Peut-être deux...ou trois ?
— Putain va dormir ! Prends ton comprimé et dors.
— Non, je dois veiller sur elle. Va dormir, Vernon s'occupe de
ramener Seth. Je ne veux pas qu'il fasse de bruit, personne ne doit la
réveiller.
— Elle dort Kai, ne t'inquiète pas pour elle. Fais-toi pardonner mon
vieux, je sais que t'as jamais présenté tes excuses, mais...il y a un début
à tout.
Et un silence s'en suivit. Mais alors que je sentais le sommeil me revenir
très vite, la voix de Kai revint :
— ...comment on se fait pardonner ?
_____________
Hey !
Ce chapitre m'a ÉPUISÉ psychologiquement omg
semaine je l'ai réécrit au moins 4 fois :
🤡 vraiment toute la

Mais Iris MA REINE OMG ! Honnêtement, je voulais un peu de spice entre


les deux mais je ne pouvais pas me permettre a cause de tout ce qui s'est
passé. MAIS MADAME-
Et Kai oh god-
J'ai HÂTE d'écrire le prochain chapitre je sais ce que je veux pour une
fois-
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram : Sarahrivens
42. Ressemblance

Iris
— ...Iris... ?
Ma tête me faisait atrocement mal alors que mes paupières ne semblaient
pas vouloir se décoller tant la fatigue était présente.
J'avais l'impression que mon corps pesait une tonne, ma bouche et ma
gorge étaient sèches, j'avais mal au ventre et mes oreilles sifflaient
légèrement.
Putain.
La voix de Jacob murmurait près de mon oreille, et j'ouvris lentement un
œil. Après plusieurs minutes, je remarquai que le corps de Kai était près du
mien, dos à moi.
Mon cœur palpita en voyant le cobra effrayant sur sa peau.
Putain de merde qu'est-ce que je fous là ?
Doucement, les évènements de la veille se reconstituaient vaguement
dans ma tête, et je me tournais vers Jacob qui esquissa un petit sourire en
murmurant :
— Réveille-toi, on doit sortir toi et moi.
— Il est quelle heure ? lui demandai-je en me frottant les yeux.
Mes lentilles. Je les avais enlevées ?
— Il est 13 heures là, m'informa Jacob avant de lancer un regard à son
meilleur ami, j'aurais bien voulu demander à Kai de m'accompagner,
mais...il dort depuis à peine 30 minutes.
Il n'avait pas dormi ?
— Où est-ce qu'on va ?
— Faire quelques petites courses et aller à la laverie...allez, va te
préparer. Kai t'a laissé du Tylenol là, prends-en.
Je hochai la tête et fermai les yeux une nouvelle fois avant de passer ma
main sur mon visage, un souffle s'échappait de mes lèvres alors que
j'essayais de me rappeler de la veille.
Mais je n'arrivais pas à me rappeler de tout, sauf de certains moments.
Je me rappelais de comment je voulais tuer Kai, mon cœur sauta en me
rappelant de l'avoir giflé.
Je suis dans la merde.
« Kai t'a laissé du Tylenol »
Ok...peut-être qu'il n'est pas énervé.
Je tournai la tête sur le côté et vis un verre d'eau et une boite de Tylenol,
je me redressai lentement et grimaçais en sentant mon crâne me faire
atrocement mal.
Mes doigts tirèrent un comprimé que j'avalais en buvant l'eau. Puis me
laissai tomber sur le matelas une nouvelle fois.
J'étais exténuée.
D'autres scènes me revinrent en tête, et heurtèrent mon esprit.
J'avais embrassé une fille...pour faire chier Kai.
Je me tapai le front en fermant les yeux, putain qu'est-ce que j'étais
arrachée.
Mon souffle se coupa brutalement en sentant le corps de Kai se tourner,
me faisant face. Et son bras se fraya un chemin sur mon ventre.
Laissant ses doigts agripper ma taille.
J'écarquillai les yeux, alors que mon cœur battait à vive allure. Son bras
lourd sur mon ventre tordait mon estomac.
Je grimaçais et posai mes mains sur son bras en l'enlevant de mon ventre,
mais sa main s'agrippa davantage contre ma taille et me rapprocha de lui.
Merde.
Mon cœur battait à la chamade face à son geste, alors que mon cerveau
était en alerte face à ma réaction.
— Kai...
Je murmurai son prénom et fermai les yeux avant de repousser son bras
une nouvelle fois, et comme s'il m'avait entendu, sa main s'éloigna
doucement de mon corps.
Et je le sentais tourner.
Un souffle quitta mes lèvres alors que j'ouvris les yeux et me tournai vers
lui, et comme je l'avais deviné, il était dos à moi une nouvelle fois.
Je me levai vite et quittai la chambre, direction la salle de bains où je me
lavai le visage et mis mes lentilles.
Mes sens s'alertèrent lorsqu'une voix inconnue se mit à parler au salon.
Qui est-ce ?
D'un pas feutré, je quittai la salle de bains et m'approchai du salon où la
voix masculine parlait à Jacob.
Et je tombai nez à nez avec un métisse, des yeux aussi sombres que les
cheveux de Kai, il avait une barbe et paraissait un peu plus petit de taille
que le mercenaire.
— Et ensuite BOOM ! Explosion !
Il se tourna vers moi lorsque j'entrai au salon, et ses yeux me détaillèrent
sans retenu.
— C'est elle ? demanda-t-il à Jacob.
— Iris, je te présente Seth...mec, c'est elle Iris.
L'homme se leva du canapé et s'approcha de moi, un petit sourire
malicieux aux lèvres.
— Tu dois être spéciale pour Lakestone...intéressant.
Je déglutis et les mots n'arrivaient pas à sortir de ma bouche, ne sachant
pas s'il rigolait ou s'il était sérieux.
Puis un rire s'arracha de sa bouche et la pression redescendait doucement.
— Elle est mignonne, le petit Lakestone est tombé ?
— S'il t'entend il va t'écraser contre la télé tu vas finir par présenter
le journal de 20 heures, soupira Jacob en souriant, viens trésor, je t'ai fait
du café.
Mes pas se dirigèrent vers la cuisine ouverte et je pris mon café en le
remerciant, muette, je partis m'asseoir sur la chaise près de la table de la
pièce et regardai mon café.
Je n'aimais pas les inconnus, ça me rendait mal à l'aise.
Je mangeais une brioche qui était sur la table alors en écoutant
partiellement Seth parler à Jacob :
— Donc là, je vais voir ce qu'il me veut, et je déciderai.
— Les rumeurs courent, mais rien n'est concret pour l'instant,
souffla Jacob, il veut un deuxième Kai voilà ce qu'il veut, à défaut de ne
pas avoir Kai, il cherche une personne qui pourrait développer les
mêmes forces que lui.
— Et bien, je refuserai encore, je ne serais jamais Kai et je
n'atteindrai jamais son niveau, c'est du suicide, déclara Seth en passant
sa main dans ses cheveux foncés, je tiens à ma vie.
— Je sais, mais je suis presque sûr qu'il t'a fait ramener pour ça. Il a
sûrement demandé aux plus compétents de l'Organisation et personne
n'a accepté, j'imagine, c'est pour ça qu'il t'a recontacté.
Seth pouffa et répliqua :
— C'est fou comment les mêmes personnes qui critiquent Kai,
refusent de faire des choses pour atteindre son niveau.
Un sourire étira les lèvres de Jacob.
— Ils ne pourront pas supporter, personne n'a pu à part Kai. Et ça
l'énerve.
Mes sourcils se froncèrent légèrement, ne comprenant pas la
conversation de deux hommes pas loin de moi.
Seth était venu pour quelque chose à l'Organisation, sûrement Mason.
Il l'avait demandé pour une raison que j'ignorais encore, mais d'après
Jacob, cela avait peut-être un rapport avec le niveau de Kai.
« Ils ne pourront pas le supporter, personne n'a pu à part Kai »
— Iris t'as terminé ?
Je bus le reste de mon café et hochai la tête en me levant, les questions se
bousculaient dans ma tête alors que j'entrai me préparer dans ma chambre.
Ce Seth était forcément proche des deux hommes.
Je me demandais comment il les avait connus ? Et pourquoi Mason
l'avait contacté, si c'était Mason du moins.
L'Organisation.
Cette entité faite pour les mercenaires me fascinait autant qu'elle
m'effrayait, tous assoiffée d'argent et de sang.
Comme des machines.
Comment pouvait-on rentrer dans une merde pareille et avoir toute sa tête
et sa volonté ? Tuer des gens contre une somme d'argent.
C'était terrifiant.
Mes jambes me guidèrent vers la cuisine une nouvelle fois, prêtes à
partir. J'ouvris le frigo et grimaçai en voyant qu'il n'y avait rien dedans, sauf
une carotte.
Je la découpai et partis nourrir Rufus.
— Salut mon vieux, murmurai-je dans un souffle en lui donnant sa
nourriture.
Il fallait que je nettoie sa cage.
— Iris !
— J'arrive !
°°°°
Deux heures plus tard. New York.
— Je n'arrive pas à croire qu'on fait nos courses à New York,
marmonnai-je en sortant de la voiture.
— Arrête de te plaindre, tu veux me voir mort peut-être ? Me
demanda Jacob en faisant référence à la réaction violente de Kai s'il
apprenait qu'on avait fait les courses à Ewing.
Je secouai la tête d'exaspération et le suivais à l'intérieur d'un immense
Target.
— T'as mal à la tête ?
— Oui, grommelai-je en pressant mes doigts contre mon front.
— Tu te rappelles de ce que t'as fait hier ?
Mon cœur rata un battement, et je me tournai vers lui. Un sourire
malicieux étirait ses lèvres fines et une lueur faisait briller ses yeux.
Oh non...j'ai peur de ce que je ne me suis pas rappelé.
— Qu'est-ce que j'ai fait... ? l'interrogeai-je d'un ton hésitant alors qu'il
remplissait le chariot.
— Oh tu sais, déjà tu trainais en débardeur, t'as giflé Kai
et...hum...t'as chopé la bouche d'une meuf pour son gloss aussi ! T'as
bu comme si l'alcool c'était de l'eau et t'as vomi tes tripes aux toilettes.
Je grimaçais alors que Jacob m'énumérait toutes les merdes que j'avais
faites.
— Pourquoi j'ai dormi dans la chambre de Kai ?
— Parce que Seth est venu très tard pendant la nuit, m'informa-t-il
simplement, tu veux des cookies ?
Je hochai la tête et il déposa un paquet de cookie à l'intérieur du chariot.
Je le vis prendre deux paquets de pâtes, puis il se tourna vers moi et me
sourit.
— N'hésite pas à prendre des trucs que tu veux hein ? Comparé à
Kai, je ne sais pas ce que t'aimes, alors prend ce que tu veux !
— Je veux d'autres comprimés de Tylénol, soufflai-je en marchant à
ses côtés entre les rayons.
— Ouais non, on va éviter pour l'instant, ria-t-il, tu te sens mieux
d'ailleurs ? Enfin...comparé à hier, je veux dire...
Il parlait de ce que s'était passé pendant la réunion.
— Je n'en sais rien Kai-...euh Jacob, j'ai noyé tout ce qui s'est passé
hier avec l'alcool, parce que j'arrivais plus à passer au-dessus.
Mon cœur battait à la chamade alors que je parlais, mon cerveau ne se
rappelait que de cette seconde où je m'étais trompée de prénom.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Pourquoi j'avais dit Kai ?
— J'étais déjà préparé à ça, déclara Jacob en regardant les différents
fromages dans ce rayon glacial, et j'avais déjà préparé Kai à ça, je savais
que tu allais exploser. Je me serais inquiété si tu ne réagissais pas.
— Pourquoi ?
— Parce que tu n'es pas du genre à rien ressentir du tout, tu n'es pas
comme Kai. Tu es même tout son contraire pour ça, t'aimes le jus
d'orange ?
— Bof, haussai-je les épaules, pourquoi me comparer à Kai ?
Il tira un jus de mangue et se tourna vers moi en disant :
— Parce que vous avez vécu des merdes toute votre vie, mais vous les
gérez d'une façon complètement différente. Enfin...tu as une part de
logique dans tes émotions, et j'aurais trouvé ça inquiétant que tu
étouffes tout d'un coup et pendant une longue période.
— Tu dis que j'ai une part de logique dans mes émotions comme si
Kai n'en avait pas, lui fis-je remarquer.
Je savais que Jacob connaissait la vie et la personne de Kai sur le bout
des doigts, et rares étaient les moments où Jacob et moi étions seuls sans la
présence du mercenaire qui m'intriguait autant qu'il me rendait folle de rage.
Jacob avait toujours été celui qui savait tout de lui, mieux que quiconque.
Je me demandais encore comment Kai avait fait pour ne pas me tuer hier
? Entre la gifle-
Une nouvelle scène me revint en tête.
Son arme pointée sur mon front.
— Kai ne sait pas gérer ses émotions, je peux même dire qu'il ne sait
pas ce qu'il ressent. Donc il n'a pas vraiment la logique, m'expliqua-t-il
vaguement, d'ailleurs...vu qu'on parle de lui, sache qu'il savait que
l'arme n'était pas chargée.
« Je sais qu'elle n'était pas chargée... »
Je me rappelais vaguement de ces mêmes mots prononcés par Kai, hier
soir.
Un soupir s'arracha de mes lèvres alors que je fermai les yeux, tentant
d'éloigner cette putain de réunion de ma tête.
La raison pour laquelle je m'étais bourré la gueule hier résidait encore
dans mon esprit.
Me tranchant le cœur gratuitement.
— Miller ne charge pas son arme, il a deux balles en permanence
dans sa poche, mais ne charge son pistolet que lorsqu'il y a un truc, il a
des enfants alors c'est juste risqué, m'expliquai Jacob en s'approchant des
caisses.
Le chariot était bien rempli.
Nous restâmes silencieux à cause de la présence de la caissière qui faisait
passer nos articles, et puis après plusieurs minutes, Jacob paya et nous
partîmes en direction de la voiture.
Après avoir déchargé les courses dans le coffre, Jacob démarra.
— Je ne te cache pas que moi aussi j'avais une grosse pression,
m'avoua-t-il dans un souffle en reprenant notre sujet, mais j'avais
confiance en Kai. C'était pour ça qu'il regardait la table, Mason savait
ce qu'il faisait en demandant à tout le monde de poser leurs armes.
Mais peut-être qu'il n'avait pas prévu que Kai tombe sur une arme
vide.
— Pourquoi Mason s'en prend à moi alors que j'essaie de lui
ramener son fric du mieux que je peux ? questionnai-je en fronçant les
sourcils de colère face à l'ignoble personne que ce mec était.
Je détestais cet homme, il me répugnait.
Et je détestais encore plus ses intentions.
— Parce qu'il veut tester Kai, il veut constamment vérifier qu'il ne
s'est pas attaché à toi. Mason est encore plus horrible que tout ce que tu
peux imaginer, et j'en sais quelque chose.
— Je peux te poser une question ?
Il hocha la tête.
— Mason et Kai se connaissent depuis combien de temps ?
Je vis ses doigts se crisper sur le volant de la voiture, et sa réaction
silencieuse me fit déglutir.
Il y avait une chance sur deux pour qu'il me réponde.
— Il connait Kai depuis bien plus longtemps que moi, lâcha Jacob
après quelques secondes de mutisme.
Et c'était à mon tour de hocher la tête.
Jacob connait Kai depuis qu'ils avaient 11 et 13 ans, je pensais.
Alors Mason devait connaitre Lakestone depuis qu'il était enfant.
— C'est un membre de sa famille ?
Jacob secoua négativement la tête.
— Mais ils se connaissent depuis très longtemps, me répéta-t-il en
garant près de la laverie, parfois, moins t'en sais sur le passé de Kai,
mieux tu te portes trésor. On est arrivé.
Je quittai le véhicule en même temps que lui et répliquai :
— Mais si je veux prendre le risque d'en savoir, m'aiderais-tu ?
Je le vis prendre un sac à dos qui y contenait le linge, et nous entrâmes à
l'intérieur de la laverie vide.
Je m'assis sur le banc, et il s'approcha d'une machine à laver, il paya et
commença à faire rentrer le linge.
Sans surprise, il n'y avait que du noir.
Tous les trois, nous portions que des vêtements sombres.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée de prendre un risque comme
ça, ça dépendra de ce que tu cherches à faire en en sachant plus sur lui,
me répondit finalement Jacob après avoir lancé la machine et s'être tourné
vers moi.
— J'ai besoin de réponses Jacob, répliquai-je très sincèrement, je suis
fatiguée de lui donner des raisons par rapport à ses agissements, et me
dire que c'est ça. Alors que je ne suis sûr de rien, je ne sais pas
pourquoi il me protège autant ni pourquoi il me laisse rentrer dans sa
chambre alors que vous non. Il y a des choses qu'il fait que je ne
comprends pas, je suis au milieu de plein de questions sans réponses, et
je suis fatiguée de me faire des suppositions sans connaitre la vérité.
Je n'arrivais pas à vivre avec autant de questions sans réponses, des
suppositions en suspens.
Il avait des réactions que je n'arrivais pas à comprendre, il y avait des
moments que je n'arrivais pas à implanter dans ma logique.
La plupart du temps, rien n'est logique avec lui.
Cette frustration qui m'abritait, ne sachant pas pourquoi il faisait ça ou ça,
ce flou complet sur sa personne et son passé.
— On pourrait faire ça autrement, me dit Jacob en s'asseyant près de
moi, tu peux me dire comment tu vois Kai, et je te dirais si tu es sur la
bonne voie ou non.
— Je n'ai pas envie de jouer aux devinettes Jacob, lâchai-je dans un
soupir fatigué.
Il poussa un petit rire et haussa les épaules.
— Et moi, je n'ai pas envie de me foutre six pieds sous terre parce
que j'ai mis à nu mon frère pour toi.
Mon frère.
Lui et Kai se considéraient de la même façon.
Je secouai la tête, ce qu'il venait de dire me fit sourire comme une enfant.
Leur relation me faisait sourire.
Ils étaient si proches que c'en était attendrissant.
Comme quoi, il n'est jamais trop tard pour choisir sa famille.
— Parfois, j'ai l'impression que c'est encore un enfant, avouai-je en
me rappelant de toutes ces fois où il agissait si innocemment, un cœur
d'enfant dans un corps d'adulte, tu vois ?
— Tu es sur la bonne voie, me dit-il simplement, Kai n'a pas grandi
comme toi et moi. Il a un cœur d'enfant, parce qu'il devait avoir un
cœur d'adulte quand il était enfant...et maintenant c'est l'inverse.
Un cœur d'adulte dans un corps d'enfant.
Et maintenant.
Un cœur d'enfant dans un corps d'adulte.
— Pourquoi il me laisse rentrer dans sa chambre ?
— Je t'ai dit que je ne répondais pas aux questions, mais je pourrais
te guider dans tes propres réflexions, me sourit Jacob en s'allongeant sur
les bancs, et rajouter des détails si je juge ça important à savoir.
Je hochai la tête et tentai de reconstituer toutes les suppositions que
j'avais eues dans ma tête depuis que mon chemin avait croisé le sien.
— J'ai l'impression que la cure dont Mason parle...c'est de la drogue,
avouai-je juste après.
— Pas vraiment non, me répondit Jacob en fermant les yeux, mais ne
parle jamais de la cure devant Kai.
— Il a des crises post-traumatiques à cause de cette cure, supposais-je
en analysant son visage.
Jacob ouvrit les yeux et me lança un regard, et finalement, hocha la tête.
— J'ai remarqué qu'il prenait des comprimés avant de dormir, lui
fis-je remarquer tout en me rappelant de leur dernière discussion de la
veille, je suppose qu'il a vu un psychologue ou un psychiatre.
— Pas la bonne voie, souffla Jacob, Kai n'a jamais consulté, même si
je le supplie de le faire.
— Il a peur des serpents, pas vrai ?
— Pas la bonne voie, souffle Jacob, il aime beaucoup les animaux.
Tous les animaux.
— Quand il était petit, il n'avait qu'une seule peur, lui dis-je en me
rappelant de l'eau que je supposais être la peur du lac.
— Non, il en avait cinq. Maintenant, il n'en a que deux.
Maintenant, il n'en avait que deux. Quelle était la deuxième ?
Un souffle s'échappait de mes lèvres alors que je passais ma main dans
mes cheveux, mes pensées s'embrouillaient et j'affichais ma fatigue, ce qui
fit rire Jacob.
— Tu ne pensais quand même pas que ça serait aussi simple d'en
savoir sur Kai Lakestone, trésor ?
— Non, mais je croyais que tu allais quand même m'aider à en savoir
davantage, je soufflai en m'adossant contre le banc.
— J'ai une question, Iris.
Je me tournai une nouvelle fois vers lui et il se redressa en gardant ses
yeux sur moi.
— Tu es toujours en colère contre lui ?
Je le regardais sans trop savoir si je l'étais au non, d'un côté, je savais
qu'il savait que l'arme n'était pas chargée.
Mais de l'autre, j'avais l'impression que même s'il ne le savait pas, il
aurait pris le risque me tirer une balle simplement pour prouver à Mason.
Et rien que ça me mettait hors de moi.
Me rappelant de ce soir où l'autre enfoiré me giflait alors que lui était en
face comme une plante verte sans rien faire.
Lui qui disait qu'il me protégeait.
Protection de Wish.
— Je sais que tu l'es encore d'un côté, m'avoua Jacob d'un ton doux, à
ta place je le serais aussi. Mais je savais que tu ne pourrais pas rester
en colère longtemps contre lui, pas parce qu'il est lui...mais parce que
tu es toi.
Mes sourcils se froncèrent d'interrogation et il soupira.
— Je sais que tu es cette fille qui ferait tout pour garder une
personne dans sa vie, quitte à tout accepter pour la savoir encore avec
toi. Je sais que tu es attachée à Kai, comme je suis attachée à toi. Et
comme lui est attaché à toi.
Il se redressa complètement.
— Et je sais que tu es le genre à te dire que c'est de ta faute même
lorsque ça ne l'est pas, si par exemple, tu sortais avec moi, et que je
t'avouerai que je suis gay et que je ne peux plus être avec toi...alors tu
t'en voudras de ne pas être née avec une bite, tu diras que c'est de ta
faute même si c'est hors de ton contrôle.
Un sourire étira ses lèvres alors que je sentais ses paroles percuter mon
cœur, l'entendre me décrire de la façon dont il me voyait, me faisait me
rendre compte que j'étais pathétique.
Parce qu'il avait entièrement raison.
— Tu te diras que tu as fait les choses mal, même si ce n'est pas de ta
faute. Au final, Kai et toi vous vous ressemblez...parce que même lui
était comme ça, avec moi.
Je le regardais sans trop comprendre.
— Il était comme ça quand on s'est connu, j'étais son seul ami. Je lui
ai appris comment faire pour entretenir une relation amicale, je lui ai
appris à parler aux gens sans être « agressif », sourit-il en se rappelant, je
lui ai montré que je ne veux pas lui faire du mal aussi. Et même si au
départ il ne me faisait pas confiance, plusieurs années plus tard, il ne
comptait sur personne d'autre que moi.
Je hochai la tête en écoutant son histoire avec Kai, buvant ses souvenirs
pour assouvir cette curiosité que j'avais.
— Et c'est quand il s'est attaché à moi, qu'il avait commencé à
changer de comportement. Par peur de me perdre. Kai te ressemble un
peu, même si vos finalités sont différentes, le chemin que vous
empruntez pour ces finalités est le même.
— C'est quoi la finalité de Kai, pourquoi il ne voulait pas te perdre ?
Son sourire s'élargit, un sourire doux. Et il m'avoua :
— J'étais la seule personne qui voulait son bien, et qui voulait trainer
avec lui pour ce qu'il était. Non pas pour ce qu'il pouvait m'apporter,
qui ne lui ferait pas de mal. Kai n'a jamais été entouré de personne qui
le considérait, il ne savait pas comment parler aux gens, il n'avait
aucune idée de comment répondre à un simple « est-ce que ça va ? »
tout ce qu'il faisait, c'était dessiner. Il ne parlait presque jamais.
Je donnerais tellement cher pour revoir ce Kai enfant, et comprendre de
quoi Jacob parlait.
— Ma grand-mère m'a toujours dit qu'il avait besoin d'aide, il ne
venait pas souvent chez moi, mais quand il venait elle le voyait. Il avait
peur d'elle, et je ne comprenais pas pourquoi, je trouvais ça absurde !
Comment peut-on avoir peur d'une adulte ? me dit-il avec un petit rire à
la fin, et puis une fois, il était chez moi, et c'était le seul jour où...quand
il est rentré, il a répondu au bonjour de ma grand-mère, il ne répondait
jamais généralement. Et ma grand-mère avait fait tomber un verre
quelques minutes plus tard.
Le sourire doux de Jacob qui était présent lorsqu'il parlait de Kai se
dissipait doucement.
Jusqu'à ne plus être là, alors qu'il termina :
— Et il pensait que c'était de sa faute, parce qu'il lui a dit bonjour,
elle a fait tomber son verre. Il en était convaincu. Ses mains
tremblaient, et il répétait qu'il était stupide. Alors que c'était pas de sa
faute.
Ma gorge se noua.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— C'est depuis ce jour-là que j'ai commencé à lui apprendre qu'il y
avait des choses qui n'étaient pas de sa faute. Et je lui ai toujours
appris des choses qu'on apprenait pas forcément à des enfants, ou
qu'on apprenait plus à l'âge adulte. Mais quand une personne a besoin
d'aide, alors l'aide n'a pas d'âge, trésor.
Ses paroles réchauffaient mon cœur, alors qu'une partie de mon être
sombrait doucement dans le tréfonds de mes angoisses et de mes pensées
toxiques.
Parce que nous avions tous besoin d'aide, d'une façon ou d'une autre.
Pour moi, Kai était une personne courageuse et qui n'avait besoin de
personne pour surmonter ou réagir à ses problèmes.
Mais en réalité, Kai ne sait même pas comment réagir.
— Et bon, tu ne le verras jamais faire les choses comme une
personne « normale », il exprimera toujours sa colère en tuant la
personne qui l'a mise en colère, Kai ne sait pas réagir d'une façon
équilibrée, il ressentira toujours puissance 1000, et il exprimera ses
sentiments à sa façon. Mais il y a une chose qu'il n'a jamais apprise, et
qu'il n'a jamais faite avec moi, qu'il n'a jamais faite en général.
— C'est quoi ? L'interrogeai-je doucement.
Jacob se leva lorsque le temps de la machine à laver s'était écoulé. Puis il
me répondit simplement :
— S'excuser.
°°°°
Deux heures plus tard.
Les mots de Jacob valsaient dans mon esprit, alors que je commençais à
remettre en question toute ma personne et ma perception de Kai.
Nous n'étions pas si différents, d'après Jacob.
Et son monologue m'avait prouvé ses paroles.
« Kai te ressemble un peu, même si vos finalités sont différentes, le
chemin que vous empruntez pour ces finalités est le même. »
La finalité de Kai était de trouver une personne qui le considérait, qui ne
lui faisait pas de mal.
Ma finalité était de trouver une personne qui pourrait combler cette soif
d'être aimée.
Nous donnions des pièces de nous, des fragments de nos personnes pour
espérer recevoir des pièces de ceux qu'on avait choisis.
Prêts à tout pour recevoir ce qui nous avait été interdit.
L'amour.
La sécurité.
Le réconfort.
Comme si toutes ces choses étaient chères, comme si elles demandaient
une contrepartie.
Je me rendais compte que pour la première fois, je n'étais pas la seule à
accepter de me sentir mal pour ressentir quelque chose de bien.
Même si ce n'était que pour quelques secondes, même si c'était faux.
L'effet placebo ne dérangeait pas.
Je me rappelais de toutes ces nuits où je restais éveillée, remettant toute
ma personne en question pour des gens que j'avais choisie, des personnes
qui s'en fichaient de moi et que moi, je voulais.
Et à aucun moment, je ne remettais leurs actions en question.
Uniquement les choses que j'avais pu faire pour qu'ils agissent ainsi.
— Tu as faim ?
Je secouai la tête en revenant à la réalité. Kai était réveillé depuis
quelques minutes, et il prenait une douche.
L'invité attendait Jacob dehors avec Vernon, ce dernier était en train de
grignoter en enfilant sa veste.
— On revient plus tard, préviens Kai qu'on va tarder un peu, et que
Seth est bien décidé à jouer a action ou vérité, ria Jacob. Tu peux
terminer de ranger les courses ?
Je hochai la tête et il me sourit avant de prendre son téléphone et sortir de
la maison.
Je m'approchai de la cuisine et continuai à ranger les courses qu'on avait
faites avec Jacob, mon esprit encore perdu, noyé dans des pensées que
j'avais eues autrefois.
Mais que j'avais étouffée comme beaucoup trop de choses.
J'entendais une porte s'ouvrir, et mon rythme cardiaque s'accéléra
lentement.
Les mots de tournaient dans ma tête, ses confessions sur Kai, sa façon de
me voir, toutes ses choses me hantaient.
Je me sentais mise à nu...mais ce n'était pas mauvais.
Pas venant de Jacob.
Parce que je savais qu'il n'allait pas utiliser ça contre moi.
Peut-être que Kai aussi ressentait ça ?
Je n'en savais rien.
En parlant de lui, ma colère était certes redescendue, mais elle était
encore présente.
« À ta place, je le serais aussi. Mais je savais que tu ne pourrais pas
rester en colère longtemps contre lui, pas parce qu'il est lui...mais parce
que tu es toi. »
Il avait raison, je ne restais jamais trop en colère. Parce que j'avais peur
de perdre la personne qui était la cause de ma colère.
Mais avec Kai, j'étais cette rancune. Cette rancune à cause de ses mots et
de ses actes. Lui qui disait qu'il voulait me protéger.
Ne le faisait pas quand j'avais le plus besoin.
En l'occurrence avec Mason.
Cet enflure pouvait me faire toutes les merdes, Kai ne ferait jamais rien
pour me protéger de lui. Et ça, j'en étais convaincue, je l'avais déjà vu à
l'œuvre.
Et rien que me rappeler de ça, ça me mettait hors de moi.
— Ils sont partis ? entendis-je sa voix masculine arriver à la cuisine.
Je hochai la tête en continuant ma tâche, sans trop lui parler. Je savais
que si je le faisais, j'allais remettre ce sujet sur le tapis.
Et je ne voulais pas, pas aujourd'hui.
— T'as toujours mal à la tête ?
Je secouai négativement la tête en signe de réponse. Après encore
quelques minutes silencieuses, je terminai de ranger les courses et partis
m'installer sur le canapé.
Un sourire étira mes lèvres lorsque je vis qu'il y avait un épisode de The
Bachelorette, sachant pertinemment que Jacob était en train de le regarder
sur son téléphone à cet instant précis.
— Tu as faim ? m'interrogea Kai depuis la cuisine.
— Je mangerai plus tard, soufflai-je d'un ton neutre.
Je l'entendis ouvrir le frigo et décidai de me concentrer sur l'épisode,
j'aimais la télé-réalité comme Jacob, et grâce à lui, The Bachelorette me
réconfortait de la même façon que Modern Family.
Mes sourcils se froncèrent et je me retenais du mieux que je pouvais pour
ne pas me tourner vers Kai et voir ce qu'il faisait, je l'entendais fouiller dans
les placards et faire plus de bruits que la télé.
Rufus au salon, je le tirai de sa cage et le posai sur mes cuisses en
regardant l'épisode.
Et puis après quelques minutes, peut-être une vingtaine.
J'entendis les pas de Kai s'approcher du salon. Une odeur emplit mes
narines et je le vis me tendre un petit bol en bafouillant presque :
— Je...j'ai...j'ai fait...des...Mac'n'cheese. Tiens, c'est pour toi.
_____________
Hey !
Me is currently :
PERFECTLY WRONG VA ETRE ÉDITÉ ! Et CAPTIVE SORT LE 8

🥲
JUIN 2022 en numérique ! (Il faut attendre encore un petit moment pour la
version papier )
Et Harry styles sort son troisième album le 20 mai oh god.
Anywaaaaay chill so !
J'aime ce chapitre parce que j'ai encore mis des informations que Kai. Et

😏A bientôt pour un nouveau chapitre ! (Please me mettez pas la pression je


aussi pour les paroles de Jacob...mais il y aura un petit action vérité bientôt

énormément de pression à moi toute seule jpp) ❤️


vais finir par faire un break-down GIGANTESQUE je me fais déjà

Prenez soin de vos petites frimousses !


With love. S
Instagram: sarahrivens
43. Action ou vérité

(NDA pré-chapitre : Distribution d'air 🌬🌬🌬🌬)


Iris
Sans voix.
J'étais sans voix face à son geste.
Mon cœur avait raté un battement en voyant le petit bol qu'il venait de
me tendre, avec des Mac'n'cheese.
Il avait fait des Mac'n'cheese.
C'était sa façon de s'excuser. Faire quelque chose qu'il aime, et la donner.
Lui qui détestait partager des choses.
— Euh...je...merci...
Je bafouillai à mon tour, et pris l'assiette de ses doigts.
Mon cœur battait à la chamade et je sentais ma respiration se saccader,
cette attention avait eu l'effet d'une petite explosion dans mon corps.
Faisant frémir mon épiderme.
Son regard évitait le mien, comme s'il était gêné. Et ses yeux se posèrent
sur Rufus encore sur mes cuisses.
Je le vis contourner le canapé et se poser à quelques centimètres de moi.
Ses yeux toujours sur le rongeur, avec toujours cette lueur dans ses yeux.
Comme émerveillé.
Un cœur d'enfant dans un corps d'adulte.
Kai pouvait passer d'un monstre sanguinaire qui terrifiait tous ceux qui
étaient sur son chemin...à un enfant apeuré et émerveillé par les animaux.
Puis ses yeux se posèrent sur moi, ou plutôt...sur mon assiette. Il levait
ses yeux vers moi, puis sur l'assiette à plusieurs reprises. Son regard était
insistant, et j'arquai un sourcil.
— Quoi ?
— Tu ne vas pas manger ?
Les mots me manquaient et je bafouillai légèrement, prise de court une
nouvelle fois par sa question.
— Euh...s...si..., oui je vais manger.
Il hocha la tête et se tourna vers la télé, sans manger. Je reposai Rufus
dans sa cage et pris la fourchette entre mes doigts et mangeai la première
bouchée.
Je remarquai qu'il avait aussi ramené une petite assiette qui contenait des
fraises.
Et s'il avait mis du poison dedans ?
Je l'ai frappé.
Pourquoi il fait ça ?
Est-ce qu'il s'excuse ?
Sa façon.
Je le surpris me lancer un regard furtif, puis il prit sa fourchette et
mangea à son tour. Mon cœur fit un bond lorsque je me rendis compte qu'il
venait de manger après moi.
Comme s'il attendait que je mange pour qu'il le fasse.
Silencieux, nous visionnions les programmes télé. Tous deux perdus dans
nos pensées. Et Dieu que je voulais savoir ce qui se passait dans sa tête.
Jacob m'avait dit qu'il allait toujours exprimer les choses à sa façon.
C'était sûrement sa façon de s'excuser.
« Comment on se fait pardonner ? »
Comment était-ce possible, pour une personne de ne pas savoir le
minimum, comme lui ?
Je comprenais lorsque Jacob me disait qu'il lui avait appris beaucoup de
choses.
Comme s'il jouait le rôle de son ainé.
Son frère.
Après plusieurs minutes, je terminai mon assiette, rassasiée par le dîner
qu'il m'avait préparé. C'était son plat préféré, et c'était mon repas
réconfortant.
D'ailleurs, j'avais remarqué qu'il avait mis beaucoup de fromage, comme
j'aimais en faire.
Un sourire étira mes lèvres, et j'essayai de le dissimuler. Pourquoi lui
pardonner ? Aussi facilement ? Je ne voulais pas.
Mais c'était plus fort que moi, son attention m'avait prise de court. Et la
sincérité de sa voix rendait difficile de garder ma rancune et ma colère
envers cette même personne qui allait me tuer.
Et s'il était défoncé ?
Mes sourcils se froncèrent face aux pensées qui remettaient constamment
en question les agissements de Kai.
Peut-être qu'il est défoncé ? C'est pour ça qu'il veut se faire pardonner ?
il ne le pense pas ?
— Tu...tu es défoncé ? L'interrogeai-je après plusieurs secondes à me
torturer l'esprit.
Il se tourna vers moi, m'affichant un regard interrogateur.
— Non ?
Je hochai la tête après avoir entendu sa réponse, et me tournai vers la tête
à nouveau, plus soulagée.
Donc il ne va pas regretter. Il n'allait pas me trouver d'excuse.
Après plusieurs minutes, je vis son regard fixe sur Rufus. Mon rongeur
jouait à l'intérieur de sa cage, et un petit sourire étira un coin de mes lèvres
en me rappelant de cet après-midi où Kai avait tenu Rufus.
Je le vis se rapprocher de lui, ses yeux sur l'animal puis il se tourna vers
moi :
— Tu peux le faire sortir ?
Je hochai la tête, et m'approchai de la cage, le faisant sortir une nouvelle
fois.
— Tu veux le tenir ?
Il secoua la tête négativement en guise de réponse et murmura :
— Je veux juste le voir de plus près.
— Tu ne le tueras pas, tu sais ?
Ses yeux qui fixaient l'animal remontèrent vers moi, légèrement
écarquillés comme si j'avais dit quelque chose qui l'avait surpris.
Comme si mes mots l'avaient heurté.
Je grimaçais, pensant que je l'avais blessé. Mais alors que j'allais
m'excuser, il me dit doucement :
— Merci...de...me faire confiance.
Mon cœur brûlait en entendant le son de sa voix, comme si j'étais la
première et seule personne à ne pas le voir comme une menace.
Un danger.
Un monstre.
— Ouvre tes mains, Kai.
Je vis une grimace sur ses lèvres, et il me répondit :
— Mes mains sentent la cigarette Iris.
— Les miennes aussi, approche, le rassurai-je en lui lançant un regard.
Lentement, il tourna ses mains et les posa sous les miennes. Il avait de
grandes mains, comparées aux miennes qui étaient minuscules.
Je laissais Rufus glisser de mes mains, atterrissant sur les siennes à la
seconde qui suit.
Et mon regard vit Kai, et son petit sourire en désaccord avec ses iris
apeurées. Plus je passais du temps en sa présence, plus je me rendais
compte que Jacob avait raison.
Kai avait un cœur d'enfant.
Un cœur qu'il n'avait pas pu avoir par le passé.
Pour des raisons que j'ignorais encore, mais qui m'intriguait autant
qu'elles me terrifiaient. Je voulais savoir ce qui lui était arrivé pour en être
arrivé à ce stade.
Ses réactions étaient tellement...primitives.
Il ne savait pas comment doser ses émotions, il réagissait au quart de
tour. Et lorsqu'il était heureux ou qu'il avait peur, ça se lisait à son visage.
Et pourtant, quelques mois avant, je n'aurais jamais pu discerner une
émotion sur son visage ou ses yeux.
Comme si maintenant, il s'autorisait à afficher ses émotions en ma
présence.
— Tu peux le caresser, tu sais ? lui rappelai-je en le voyant tendu et
presque glacé sur le canapé.
Sa tête s'approcha du rongeur, son regard examinait le petit animal qui,
après quelques secondes, se mit à bouger sur sa main. Mon cœur palpita en
le voyant trembler légèrement des mains.
— Reprends-le, s'il te plait je ne sais pas le tenir.
— Tu le tiens très bien, laisse-le sur tes mains, le rassurai-je en le
voyant perdre toutes ses couleurs parce que Rufus marchait sur ses mains.
Par précaution, je mis mes mains autour des siennes, empêchant alors le
rongeur à faire un saut sans parachute.
Toujours prendre ses précautions.
Kai releva la tête vers moi et nos regards se croisèrent. Rares étaient les
fois où je pouvais voir ses émotions à travers ses iris glaciales.
Mais ce soir, je les voyais très bien.
— Merci...
Je souris et acquiesçai, je savais qu'il avait peur que Rufus lui tombe des
mains, ça se lisait très facilement sur son visage.
Et nous restâmes comme ça, pendant près de cinq minutes, à regarder le
rongeur qui reniflait la peau de Kai.
Rufus tenta de monter le long de sa main, mais tomba, ce qui arracha un
petit rire à Kai.
Ce qui m'arracha à moi, un sourire que je dissimulai.
Il me demanda de le reprendre ce que je fis, laissant alors cette petite
bulle qui s'était créée autour de nous, éclater.
Je déposai Rufus dans sa cage, et un soupir quitta mes lèvres. Kai
s'adossa contre le canapé et reprit le reste de son dîner.
Un silence s'en suivit, comme si de rien n'était.
Alors que mes pensées n'étaient envahies que de lui. Et de son
comportement d'il y a quelques secondes.
— Jacob m'a dit de te prévenir qu'ils vont arriver un peu tard...et
que Seth veut jouer à action ou vérité.
Sa mâchoire se contracta et il déposa son assiette sur la table basse, il
poussa un soupir lourd puis tira son paquet de clopes.
Je le vis griller une cigarette entre ses lèvres et inhaler la première latte
avant de me la tendre.
— Tu ne joueras pas avec lui, me dit-il simplement avant de prendre
une autre cigarette.
J'arquai un sourcil. Il me lança un regard noir, et je lui rendis.
— Je rigole pas Iris, je sais ce qui se passe dans la tête de Seth.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? Le questionnai-je avec une pointe de
curiosité et de méfiance.
Sa tête se posa contre le rebord du canapé et son regard fixe sur le
plafond au-dessus de nos têtes.
— Les actions-vérité de Seth sont dangereuses, il n'a pas de limite
dans les jeux. De plus, j'ai baisé sa sœur alors il veut me faire payer.
Mes yeux s'écarquillèrent et je manquai de tousser face à son information
qu'il me donna d'un ton presque nonchalant et ennuyé.
Il a baisé sa sœur.
Le chien.
— Ne me regarde pas comme ça, je savais pas que c'était sa sœur.
Donc tu ne joueras pas. Il attend ce jour avec impatience, j'ai pas envie
de tuer ce soir.
Mais alors que j'allais juste hocher la tête...une idée me traversa l'esprit.
Moi qui voulais qu'il joue à Action vérité pour en savoir plus sur ce que
je voulais, il venait de me dire qu'il ne comptait pas jouer avec Seth.
...mais je ne suis pas Seth.
— Kai...action ou vérité ?
Il soupira et secoua négativement la tête, avant de se tourner vers moi.
Puis déclarer :
— Je ne jouerai pas avec toi.
— Alors je jouerai avec Seth.
Instantanément, sa mâchoire se contracta. Et son regard me fusillait
tandis un sourire s'affichait sur mes lèvres.
Je voulais avoir des réponses.
— Vérité.
Mon cœur s'emballa, une montée de stress se déferla dans mon corps.
Toutes mes questions se heurtaient entre elles, toutes me brûlaient les
lèvres.
Mais je devais choisir.
— Pourquoi Mason veut que tu lui prouves que tu peux me tuer à
n'importe quel moment ? lui demandai-je finalement.
— Parce qu'on a passé un accord, et que j'ai fait une promesse. Iris,
Action ou vérité ?
— Vérité, répondis-je avec assurance.
Il cracha sa fumée et me lança un regard, ses lèvres s'entrouvrirent puis il
demanda finalement :
— Tu es toujours en colère contre moi ?
— Oui. Action ou vérité ? répondis-je et je vis ses sourcils se froncer
d'agacement.
— Vérité, enchaina-t-il en tirant une nouvelle latte.
— C'est quoi cet accord ?
Un souffle s'échappa de ses lèvres et il ferma les yeux en disant :
— C'est trop facile princesse...si je réponds, tu n'auras plus le droit
d'utiliser « vérité » pour le prochain round.
Et mon cœur rata un battement. Une action forcée après deux rounds à
choix.
— C'est pas comme ça que ça se joue !
— Je joue comme je veux étant donné que tu poses les questions que
tu veux.
Ses yeux se rouvrirent et il ma lança un regard malicieux en fumant sa
clope.
Je le fusillais du regard alors que mes lèvres me brûlaient, l'insulter était
ce que je voulais comme réponse.
Kai enfoiré de Lakestone.
Je savais qu'il était capable de tout, mais en même temps, je supposais
aussi qu'il ne pouvait pas faire grand-chose.
Il ne s'autorisait pas à faire énormément de choses avec moi.
— D'accord. Ça va dans les deux sens, rétorquai-je avec détermination.
On verra qui gagnera.
Il me tendit sa main et je lui tendis la mienne avant de la serrer, comme
un accord qui venait de se faire entre nous.
— Mason a peur que je m'attache à toi, et que je me retourne contre
lui. Alors on a passé un accord, je lui ai promis que je ne fais rien qui
pourrait m'attacher à toi, et en contrepartie, lui ne t'interrogera
jamais. Les seules informations qu'il pourrait avoir, ça sera à travers
moi.
Et à ce moment.
Je compris pourquoi il ne pouvait pas me poser de questions, et pourquoi
Jacob me disait toujours de ne rien dire sans la présence de Kai.
Ce chien avait déjà essayé de me faire des interrogatoires, et à chaque
fois, Jacob et Kai s'interposaient.
Parce qu'ils avaient un accord.
Je lui étais interdite de réponse.
La seule fois où Kai s'en était pris à Mason, c'était au moment où il
m'avait posé la question. Cet accord l'empêchait de me protéger de lui, mais
ne l'empêchait pas de répliquer violemment lorsque Mason franchissait ces
limites imposées.
Son sourire malicieux m'arracha de mes pensées, et je déglutis.
Puis il me dit :
— À ton tour, princesse.
Son sourire faisait palpiter mon cœur, et pourtant une partie de moi était
prête à tout pour enlever ce sourire débile de son visage.
Comme s'il était satisfait, comme s'il me défiait rien qu'à travers ses
lèvres.
— Toi qui passe ton temps à essayer de me prouver que tu n'as pas
froid aux yeux...on verra si tu y arrives.
Je le vis tirer son arme.
— On va un peu pimenter tout ça...si tu refuses l'action, alors tire
une fois. Il n'y a qu'une seule balle.
Il voulait combiner roulette russe et action-vérité.
Putain de merde.
Mes muscles se crispèrent et mon cœur s'emballa, je sentais que mon
corps venait de peser une tonne, s'écroulant sous le poids de mes angoisses
alors qu'il déposait l'arme entre nous deux.
Mes lèvres s'entrouvrirent, mes yeux menaçaient de quitter leur orbite.
Et mon souffle se saccadait au fur et à mesure que j'assimilais ce qu'il
comptait faire.
— Je ne veux plus jouer, lui dis-je en fuyant l'accord qu'on avait eu.
Puis il s'approcha de moi, forçant mon cœur à frôler la tachycardie. Et il
murmura :
— Un accord est un accord, princesse.
Mon côté déterminé était très vite parti se cacher, rien qu'en voyant la
lueur dénuée de toute innocence s'afficher sur ses iris glaciales.
J'inspirai un bon coup, je ne devais pas fuir face à lui. Je devais garder
mon accord.
Puis une idée me vint en tête. Une idée qui pouvait me protéger de ses
idées bizarres.
— Nouvelle règle, une action forcée pour deux, Lakestone.
Si je tombe, tu tomberas avec moi enfoiré.
— Donc quoi que tu fasses, je te le rendrais. J'aime l'effet
miroir...Action.
Peut-être qu'en se rendant compte que je pouvais lui demander de faire la
même chose, il se rétractera de toute idée malsaine et sadique.
Mais...son sourire me faisait frémir.
— Bien...mange une fraise, princesse.
Je fronçai les sourcils, c'est tout ?
Je le vis prendre une fraise entre ses doigts et me demanda d'approcher.
Mon cœur battait vite alors que je me rapprochai de son corps, je relevai
les yeux vers lui et mes lèvres s'entrouvrirent au moment où le fruit toucha
ma bouche.
— Ouvre la bouche, princesse.
Sous son ordre, mes lèvres s'ouvrirent davantage et je mordais dans le
fruit. Prise d'une folle envie de lui faire perdre son sourire narquois, je pris
le reste en bouche, et ma bouche toucha le bout de ses doigts.
Mes lèvres sucèrent l'espace d'une petite seconde le bout de son index et
de son majeur, et mes yeux ne quittèrent pas les siens.
Et son sourire disparu aussitôt.
Iris 1 – Kai l'enfoiré 0
— Elle a bon goût, lâchai-je en m'éloignant de lui
— ...Mon goût préféré.
Son regard était perdu sur mon visage, ne faisant alors qu'accroitre ma
satisfaction. Puis sans perdre une seconde, je le vis me donner une fraise.
Ses yeux brûlaient mon épiderme, et son regard ne quittait pas mes lèvres
alors qu'il s'approchait de moi.
Son visage au-dessous du mien alors qu'il murmura :
— Tu veux savoir quelque chose princesse...j'ai eu beaucoup de
premières fois avec toi.
Et ses dents emprisonnèrent une grosse moitié de la fraise, puis mon
cœur rata un battement lorsqu'il s'approcha une nouvelle fois de mes doigts,
suçotant le reste du fruit et le bout de mes doigts en me regardant.
Ses yeux au-dessous des miens.
Perturbée, je passai ma main libre dans mes cheveux alors qu'il avalait en
s'éloignant de moi. Il esquissa un sourire satisfait en me regardant, alors que
je fuyais du regard ses yeux.
Car mes sens étaient embrouillés, et mon sang devenait de plus en plus
chaud.
— Action ou vérité, princesse ?
— Vérité.
— Qu'est-ce que je dois faire pour me faire pardonner ?
Sa question me prit de court, et un frisson se déchargea le long de ma
colonne vertébrale. Ne m'attendant pas à ça après ce qu'on venait de vivre.
Il n'avait pas oublié.
— Ne refais plus ce que t'as fait, lâchai-je en faisant référence à la
réunion, et protège-moi de Mason.
Ses yeux m'examinaient du regard alors que j'enchainai :
— Action ou vérité ?
— Vérité.
— Pourquoi tu ne me protèges pas de Mason, alors que tu m'avais
promis de me protéger de toutes les personnes de ton monde ?
Ma question sonnait beaucoup plus comme un reproche. Mais je voulais
savoir.
Je supposais à chaque fois et j'en avais assez de ça.
— Parce que si j'essaie de te protéger de lui, il s'acharnera encore
plus sur toi. Action ou vérité ?
— Vérité.
— Est-ce que tu regrettes de t'être confiée à moi ?
Ma gorge se noua instantanément, me rappelant des évènements de la
veille. Je savais que je lui avais dit des choses sur mon père, je ne me
rappelais que vaguement de ma conversation avec lui.
Mais je savais que j'étais complètement arrachée, et que j'avais laissé mes
émotions parler à ma place.
— Non.
Mais je ne regrettais pas, il fallait que quelqu'un m'entende.
Parfois, j'avais l'impression d'être complètement seule, je gardais tout
pour moi et je regardais les gens avoir la vie et la relation que je rêvais
d'avoir avec mon père.
Ça me rongeait si fort de l'intérieur que je me haïssais de ne pas être
assez bien pour mon père.
Le raconter à Kai m'avait dans un sens soulagé, comme si j'avais tout
laissé exploser sans me soucier de son regard ce soir-là.
Comme si je n'avais pas peur qu'il me juge.
En temps normal, je me serais limite frappée. Mais pas cette fois.
— Action ou vérité ?
— Vérité.
— Pourquoi tu regrettes de me parler, ou de m'écouter quand tu es
défoncé ?
Je me rappelais encore de ces fois où il me disait que ça avait été une
erreur, lui qui devenait presque une autre personne quand il était défoncé.
Plus calme, plus humain.
Son corps se raidit presque. Je le vis tirer une nouvelle cigarette qu'il
grilla avant de rester silencieux quelques secondes puis dire :
— Parce que je romps la promesse que j'ai faite à Mason. Et j'aime
pas rompre mes promesses.
Et mon cœur rata un battement.
« ...alors on a passé un accord, je lui ai promis que je ne fais rien qui
pourrait m'attacher à toi... »
Et mon regard croisa le sien.
Liant mes yeux aux siens, mélangeant mes émotions aux siens à travers
un seul regard. Mon cœur palpitait tandis que mon cerveau assimilait ce
qu'il venait de me confier.
Il venait de m'avouer qu'il s'attachait à moi.
Kai Lakestone était en train de m'avouer qu'il s'attachait à moi.
Kai rompait une promesse...à cause de moi.
Oh putain de merde.
Je le vis s'approcher de l'assiette des fraises et il m'en tendit une. Je lui
lançai un regard interrogateur et il secoua la tête, je la mangeais en
attendant la suite des évènements.
Mes yeux s'abaissèrent vers le pistolet entre nous, et un infime sourire se
dessina sur ses lèvres. Je comprenais vite qu'il attendait mon accord pour
mon action forcée.
— Action, déclarai-je d'une petite voix, encore troublée par sa
confidence.
— Embrasse-moi.
Et d'un seul coup.
Je venais de sentir mon âme et mon cœur presque sortir de mon corps.
Quoi ?
— Ou tire.
Et il me tendit l'arme.
Très vite, mon estomac commençait à se tordre dans tous les sens, une
pression animait mon esprit et s'écroulait à l'intérieur de mon estomac.
— Choisis, princesse.
Mon cœur frôlait l'explosion, et mon esprit bataillait avec ma raison. Je
ne voulais pas lui tirer dessus, je détestais cette roulette russe qu'il avait
instaurée.
— T'es un enfoiré, lâchai-je en secouant la tête.
Un sourire étira ses lèvres et il haussa les épaules, puis il désigna du
menton le pistolet en disant :
— Si tu n'as pas les couilles, tire.
Avais-je assez d'audace pour faire son gage ? L'embrasser ? Ou tirer ?
Attends...l'embrasser...où ?
Il n'avait pas précisé.
Il aimait me prendre de cours...laisse-moi en faire autant.
Lentement, je m'approchais de lui. Puis décidai de me lever, son souffle
se rompit à l'instant où je m'assis à califourchon sur lui.
L'arme dans la main.
Ses yeux ne quittaient pas les miens, ses lèvres s'entrouvrirent lorsque je
passais l'arme sous son t-shirt, le bout métallique entra en contact avec sa
peau brûlante et je la laissai glisser au-dessus de ses côtes.
Avant de se presser contre son cœur.
Doucement, mon visage s'approcha du sien. Et mes yeux ne quittaient pas
ses iris.
— À ton avis, qu'est-ce que je vais choisir ?
— ...montre-moi.
On se défiait du regard, l'arme sous son t-shirt qui menaçait de lui ôter la
vie.
Nos lèvres se frôlaient et nos souffles se mélangeaient.
Puis, après quelques secondes.
Mes lèvres se posèrent sur le coin des siennes où je déposai un infime
baiser. Et je fis glisser l'arme hors de son t-shirt.
Un sourire satisfait étira ma bouche lorsque je m'éloignai de son corps en
disant d'un ton triomphant :
— Tu n'avais pas précisé où.
Il me suivait du regard, alors que je m'assis à ma place. Ses lèvres encore
entrouvertes.
Puis il murmura :
— Tu as dit tout à l'heure que si je voulais me faire pardonner, je ne
devais plus refaire ce que j'ai fait à la réunion.
Et mon cœur s'arrêta de battre à cet instant précis.
— À mon tour.
Je le vis s'approcher de moi, et mon cœur s'emballa d'une façon
terrifiante.
L'effet miroir.
Puis à la seconde qui suivit.
Ses lèvres s'écrasèrent fougueusement contre les miennes.
Et mon cœur explosa.
Mes veines tremblèrent, la chair de poule parsemée sur mon épiderme,
mon corps frissonna et mon cerveau avec ses angoisses venaient de se faire
anesthésier instantanément par son geste inattendu.
Animé par mes pulsions et incapable de gérer toutes mes émotions qui
m'engloutissait, je l'embrassai en retour.
Comme une bouffée d'oxygène dont on m'avait privé alors que je frôlais
l'asphyxie, j'étais en train de revivre entièrement, de me perdre face à lui.
...Putain de merde.
Mes mains s'enroulèrent autour de sa nuque et passèrent sur ses cheveux
noirs tandis qu'il enroulait son bras autour de ma taille, me pressant contre
lui, et sa main retrouva mon cou.
— Tu m'as manqué putain..., soupira Kai d'un ton faible entre deux
baisers avides.
Nous étions faibles.
Nos langues brûlantes valsèrent et il étouffa un infime gémissement en
pressant davantage sa bouche contre la mienne.
Je le sentais mordiller ma lèvre et la suçoter, me dévorant entièrement et
m'affaiblissant davantage.
Putain.
Comme si nos corps qui demandaient l'autre depuis si longtemps s'étaient
enfin retrouvés. Comme deux drogués qui avaient enfin eu leur dose.
On assouvissait notre soif de l'autre, notre obsession.
À bout de souffle, nos lèvres se détachèrent, l'atmosphère était brûlante.
Calcinant presque nos corps, mes membres tremblaient d'émotions, et des
picotements se faisaient sentir à l'intérieur de mon ventre.
Il m'avait embrassé.
On venait de s'embrasser.
Je le regardais, encore perdue. Exactement comme lui tout à l'heure.
Aucune de nous n'avait lâché l'autre, nous étions essoufflées. Affaiblis.
Puis, après quelques secondes, il murmura en répétant mes mots :
— ...Tu n'avais pas précisé où.
J'étais complètement englouti par mes émotions, je n'arrivais plus à
réfléchir, je pouvais encore sentir ses lèvres brûlantes pressées contre les
miennes, je pouvais encore sentir son souffle chaud.
Je pouvais encore sentir mon cœur qui avait explosé.
Oh bordel...oh. Bordel.
Nos regards se lièrent, et Kai murmura :
— La première fois que j'ai goûté la fraise sans avoir peur...c'est
quand je t'ai embrassé. Et à cause de tes lèvres, Iris...j'en suis
complètement obsédé.
Sa confidence fit rater un battement à mon cœur. Mais alors que je tentai
difficilement d'assimiler ce qu'il me disait, un petit rire s'échappait de ses
lèvres entrouvertes, et il termina dans un souffle :
— Malheureusement pour moi, je ne peux pas jouer la carte du
regret...je ne suis pas défoncé, princesse.
_____________
Hey !
J'ai RUSH l'écriture de ce chapitre j'espère que vous allez aimer omg je
vais me cacher là.
BUT ANYYYYYWAAAAAAAAAAAYYYYYYYY IM GOING TO
SCREAAAAAAAAAAAMMMMMM OH GOD J'ATTENDAIS CE
MOMENT DEPUIS SIIII LONGTEMPS C'ÉTAIT UNE DÉLIVRANCE
ENFIN ! BABIES WERE LIKE :

🥰
Bref. Maintenant vous le sentez comme moi, le début de la fin de cette
histoire...

❤️ 😭
Anyway also ! Je ne sais pas si je vais poster pendant le ramadan, donc si
je poste rien pendant un mois vous êtes prévenu
A bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
Et bon ramadan à vous !
With love. S
Instagram : Sarahrivens
44. Maniaque

Iris
— On a ramené des invités Kai ! s'exclama la voix de Jacob que
j'entendais depuis la salle de bains.
Les battements de mon rythme cardiaque augmentaient davantage au
moment où les paroles de Jacob arrivèrent à mes oreilles.
Des invités.
La boule au ventre et les frissons qui électrisaient encore ma peau alors
que mon cerveau rejouait ce moment que j'avais passé avec Kai.
Avant de fuir comme une lâche dans la salle de bains.
Fait chier.
La panique m'avait gagnée, et je n'avais pas su comment réagir face à ses
propos et ce qui s'était produit.
Je pouvais encore sentir ses lèvres au creux des miennes, la chaleur de
son corps pressée contre moi. Ses mains sur ma taille qui m'agrippaient.
Putain. Qu'est-ce qu'on a fait.
Kai avait rompu sa promesse. Lui qui les tenait toujours.
Il venait de les rompre.
Calme-toi...putain tu as fuis.
J'ai paniqué.
Imagine les jugements qu'il doit avoir là.
Mon dieu non c'est pas ce que je voulais.
— Iris ! Kai ?
Un souffle quitta mes lèvres alors que l'angoisse me prenait aux tripes.
Mes mains contre l'évier, je regardais mon visage rongé par le stress et
inspirais un bon coup.
— Il ne s'est rien passé, murmurai-je à moi-même en regardant mon
reflet.
Rien passé.
Je quittai la pièce et percevais des voix que je connaissais, une voix
féminine se fit entendre.
Celle de Stella.
Et Casey.
La jeune femme arriva dans mon champ de vision au moment où j'entrai
au salon, essayant de faire comme si de rien n'était.
Elle me sourit gentiment, son bras autour de celui de Casey qui étira ses
lèvres en me lançant un regard.
— Salut petite star, me dit Stella en s'approchant de moi.
Prise de court, elle me prit dans ses bras et je me crispai. Je n'avais pas
l'habitude d'être tactile avec les gens que je ne connaissais pas.
— Où est monsieur Lakestone ?
— Euh...je-
— Là, fit une voix derrière moi.
Et mon cœur rata un battement lorsque je me tournai vers lui.
Remarquant qu'il ne m'accorda pas un seul regard.
Oh non pas ça...non non non.
Il s'avança et je pouvais sentir une atmosphère glaciale autour de nous, à
cause de moi. Casey garda ses yeux sur moi, alors que je partis m'installer
au salon où était Vernon.
Seth était là lui aussi, un sourire malicieux aux lèvres en déclarant :
— Quelle merveilleuse soirée pour jouer à un petit action vérité,
histoire de se rappeler du bon vieux temps.
Kai vint s'installer sur le siège face au canapé, et tira une clope qu'il
alluma. Silencieux, il avait l'air perdu dans ses pensées.
Et je grimaçais.
— Qu'est-ce que vous faites là vous ? demanda Kai en direction de
Casey et Stella.
— T'as oublié ?
Je fronçai les sourcils. De quoi ils parlaient ?
Kai resta dans l'interrogation l'espace d'un instant et je vis ses yeux
projeter une émotion blasée, cette émotion qui revenait à chaque fois qu'on
parlait de Mason.
— Toi, Casey et Jacob avaient un truc demain, nous on reste là.
Enfin moi, sourit Stella en ma direction, et V.
Pardon ?
— Comment tu pars toi ? Interrogea Kai en regard Seth, demain.
Ce dernier haussa les épaules et déclara simplement :
— On verra. Alors ! Casey ! Action ou vérité !
Jacob esquissa un sourire et secoua la tête, il s'assit près de moi et passa
son bras sur mes épaules. Mon cœur battait vite tandis que je cherchais le
regard de celui qui était face à moi, et qui m'ignorait.
Plus intéressé par ses cigarettes.
— Vérité, souffla ce dernier, mais j'ai pas envie de jouer, je suis pas ici
pour-
— Pourquoi ton père veut que je travaille pour l'Organisation ? lui
demanda-t-il en le coupant, qu'est-ce que me veut Mason ? Parce que je
n'aime pas qu'on me mente comme ça.
Et mon cœur tomba instantanément. Mason et Casey.
C'était son père. Mais...oh putain.
C'était pour ça qu'ils ne le laissaient jamais seul avec moi.
Parce que Casey pouvait me poser des questions, et tout rapporter à
Mason.
Sans que ce dernier ne rompe sa promesse de son côté.
...Oh l'enflure.
— Parce que c'est un enfoiré, c'est tout, renchérit Kai à la place de
Casey.
Mes yeux qui allaient presque sortir de leurs orbites alors que je regardais
la scène, assimilant les nouvelles informations que j'avais.
— Il cherche une personne qui dépasserait ses limites. C'est ce qu'il
t'a dit non ?
Kai pouffa et leva les yeux au ciel.
— Votre action-vérité, c'est des règlements de compte ? s'ennuya
Stella en passant sa main dans ses cheveux, je m'attendais à plus de
piment.
— Stella action ou vérité ? souffla Seth pour la faire taire.
— Action ! sourit-elle en se redressant.
— Embrasse la personne de ton choix...
Et mon cœur rata un battement.
— ...seulement si cette personne accepte.
Je sentais mes veines se glacer, et mes sens s'embrouillèrent en regardant
Kai. Et pour la première fois depuis tout à l'heure, ses yeux croisèrent les
miens.
Puis nous entendîmes :
— Kai...tu acceptes ?
Sa question fracassa mes espoirs qu'elle choisisse quelqu'un d'autre. La
mâchoire de Kai se contracta alors qu'il me regardait, d'une façon
meurtrière.
Comme s'il était en colère.
Non, il l'était.
Il était furieux contre moi, et je le savais.
— Oui.
Ma respiration se rompit soudainement, et je regardais la scène qui se
jouait lentement.
Comme une torture que ma vision m'infligeait, je la vis s'approcher de
lui.
Alors qu'il me regardait encore.
Et là, je la vis l'embrasser.
Ses lèvres sur les siennes, ses lèvres qui étaient sur les miennes quelques
minutes plus tôt. Mon ventre se noua, je sentais la jalousie et la haine
ramper à l'intérieur de mon corps.
Comme les serpents qu'il avait sur ses bras, je sentais mes émotions
ramper jusqu'à mon cerveau.
Et je voyais rouge.
Il a accepté de l'embrasser.
Parce que j'ai fui lorsqu'il m'avait embrassé. Tout est de ma faute.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Mes mains se pressèrent sur mes genoux, mes yeux ne se détachaient pas
des siens qui me toisaient du regard alors qu'elle l'embrassait.
Puis elle se détacha de lui.
— Eh bah, t'avais la dalle meuf, souffla Seth avec un petit rire à la fin.
Elle passa son doigt sur ses lèvres et reprit place en souriant.
— J'aime les jeux.
Je le déteste. Je la déteste. Je les déteste.
Pourquoi il l'a laissé l'embrasser ?
Je n'arrivais pas à rester concentrée, pleine de réflexions et noyés dans
mes propres pensées. Mes yeux n'arrivaient à quitter ceux de Kai.
Un goût amer se fit sentir dans ma bouche. Et mon sang bouillonnait.
La rage et la vengeance commençaient à me chuchoter dans l'oreille,
chantonnant des paroles pleines d'idées pour lui rendre la monnaie de sa
pièce.
Pour qu'il se sente comme je me sentais.
— Iris ! Action ou vérité !
— Elle ne joue pas-
— Action, le coupai-je en le fusillant du regard.
Et le visage de Kai se noya dans la colère en une fraction de seconde.
Laissant le mien se satisfaire de cette opportunité.
— Embrasse la personne de ton choix...seulement si elle accepte.
Et c'était Casey qui avait parlé.
Le fait que Casey me donne cette action me refroidit très vite, maintenant
que je savais qu'il était le fils de Mason.
Se pourrait-il qu'il m'ait dit ça pour voir si j'allais embrasser Kai ?
Et donc voir de ses propres yeux Kai rompre son accord avec son père ?
Il y avait une possibilité.
...je n'aime pas qu'on m'utilise...pas quand je veux utiliser.
— Casey, tu acceptes ? Lui demandai-je sans regarder Kai.
Et le jeune homme accepta.
Me laissant ainsi m'approcher de lui, et déposer délicatement mes lèvres
sur les siennes.
Alors que mon cerveau essayait de chercher les émotions que celles de
Kai m'avaient procurées.
Mais il n'y avait rien.
Rien ne se rapprochait de lui.
Je me détachai de ses lèvres après quelques petites secondes, et repris ma
place.
Narguant du regard le mercenaire qui fulminait sur son siège en
m'assassinant des yeux.
Sa mâchoire était contractée, ses iris étaient si froids qu'ils brillaient
d'une colère à faire frémir.
Ma soif de vengeance assouvie, je haussai les sourcils brièvement et
inclinai la tête sur le côté en croisant les bras.
Va te faire foutre.
— Casey, action ou vérité ? fit la voix de Kai d'un ton glacial.
Mon rythme cardiaque s'affola.
— Non, je vais choisir pour toi. Vérité, reprit le mercenaire en se
redressant sur son siège, depuis combien de temps tu bandes sur elle ?
Et il tira son arme avant de la pointer sur lui.
— Nouvelle règle du jeu, tu mens, tu te prends une balle. Et tu sais
que je déteste les menteurs.
Seth explosa de rire en regardant Casey perdre toutes ses couleurs. Stella
émit un sourire moqueur, Vernon détourna le regard, Jacob lui avait l'air
plus inquiet.
Exactement comme moi. Parce qu'on savait.
C'était Kai Lakestone.
Tuer était sa façon de communiquer.
— Pose ton arme mec, fit Casey en regardant le mercenaire, c'est pas
drôle.
— Elle est ma mission, j'ai le droit de savoir la vérité, non ? interrogea
Kai en le fixant.
Je sentais dans son regard qu'il perdait patience alors que le silence
s'installait, brouillé par les petits rires moqueurs de Seth et Stella qui
attendaient la réponse comme Kai.
— Ça suffit, déclara Jacob dans un souffle, Jacob action ou vérité ?
Action ! Ok...ramène des boissons et mets de la musique !
Je regardai Jacob se parler à lui-même en se donnant ses propres gages
avant de faire sortir son téléphone.
Et je retins difficilement un rire lorsqu'il mit la chanson Backstabber en
allant chercher des bières dans le frigo.
Kai n'avait pas lâché Casey du regard, et ce dernier l'évitait en regardant
les étagères de la bibliothèque.
— Moi j'ai une question pour Kai !
— Ça s'appelle Action-vérité, Stella, pas question-réponse, soupira
Vernon.
Kai tira une nouvelle clope en lançant un dernier regard à Casey.
— Je veux juste savoir pourquoi toi et Jacob avez des tatouages de
serpents ? C'est intrigant, depuis le temps que je vous connais-
— C'est pas tes affaires, cracha Kai à Stella en me lançant un regard
noir.
La partie continua encore pendant plusieurs minutes, devenant moins
dangereuse et électrique, mais Kai et moi ne jouions plus. Tous deux
immobiles, à se défier du regard.
Nous par contre, étions encore remontés.
J'étais en colère, j'avais cette folle envie de le gifler. Et j'étais blessée.
Blessée parce que j'étais sûr qu'il pensait que je l'avais rejeté en
m'enfermant dans la salle de bains.
En vérité, j'avais paniqué face à ses mots.
Si sincère...
Personne ne m'avait jamais montré un intérêt comme il l'avait fait.
Personne ne m'avait jamais parlé comme il l'avait fait.
Personne ne se sacrifiait pour moi comme il le faisait.
Je ne savais pas comment réagir quand on me montrait un certain type
d'affection, et j'étais terrifiée à l'idée que Mason découvre que Kai avait
rompu cette promesse à cause de moi.
Mon cœur bondit en le voyant se lever soudainement de son siège,
s'avançant d'un pas décidé loin du salon.
— Où est-ce que tu vas ? Il est encore tôt pour dormir ! s'exclama
Seth complètement défoncé.
Kai ne répondit rien et nous entendîmes la porte de sa chambre claquer
fortement.
Me laissant déglutir.
Je me tournai vers Vernon qui me lançait un regard interrogateur, et je
secouai discrètement la tête, l'air de rien.
— Quelqu'un est en colère...
Jacob fit la remarque au creux de mon oreille et je haussai les épaules,
mon égo parlait encore pour moi.
Et je faisais comme si je m'en fichais.
Alors qu'intérieurement, je ne pensais à rien d'autre que ça.
Que lui.
Casey se leva, la partie d'Action Vérité était terminée.
Un souffle quitta mes lèvres, ils allaient tous dormir ici. Ce qui voulait
dire que je n'allais certainement pas dormir dans ma chambre.
Ou pas.
Est-ce qu'il risquerait de m'envoyer dormir avec l'autre ?
Même avec la présence de Casey ?
Ma tête me faisait mal, je comprenais pourquoi les garçons se
défonçaient autant. C'était trop de réflexions cette histoire.
Encore et toujours des théories et des suppositions qui ne menaient nulle
part.
— Bon, moi je vais hiberner ici avec la souris, annonça Seth en
s'allongeant sur le canapé et faisant référence à Rufus.
— Casey et Stella iront dans la chambre à Iris, décida Jacob en
regardant Vernon.
— Moi je vais y aller, je reviendrai très tôt demain matin, nous dit
Vernon, c'est moi ton chauffeur Seth.
Je fronçai les sourcils.
Le travail de Vernon à la police devait être vraiment important pour que
ce dernier y passe le plus clair de son temps.
Il ne dormait pratiquement jamais, et souvent, restait là-bas jusqu'à pas
d'heures.
— C'est parfait ! bailla Seth avant de s'étirer, bon allez, cassez-vous de
ma demeure là.
Un sourire étira mes lèvres et je secouai la tête en allant avec Jacob dans
sa chambre.
— J'espère que Casey ne va pas faire chier à rôder pendant la nuit
parce qu'il va recevoir une bonne balle de Kai, dit ce dernier en enlevant
son haut.
Laissant apercevoir les tatouages de serpents qu'il avait.
Comme Kai.
— Pourquoi vous avez tous les deux...des tatouages de serpents ?
Kai en avait sur les poignets, les bras, les épaules, autour de la nuque, sur
son dos...et même ses jambes.
Des fans de Orochimaru peut-être ?
Tais-toi.
— Kai ne t'a rien dit sur ça ? me demanda-t-il en souriant.
Je secouai la tête négativement en guise de réponse. Mais avant de
l'écouter, je décidai de ressortir pour enlever mes lentilles.
Il faisait complètement noir dans le petit couloir, Seth dormait sûrement
au salon qui lui aussi, ne contenait aucune lumière.
J'accourus vers la salle de bains, j'avais toujours un peu peur de
l'obscurité complète.
J'enlevai mes lentilles et me brossai les dents, et mes sourcils se
froncèrent lorsque j'entendis la voix de Kai depuis sa chambre.
Comme s'il parlait au téléphone.
Ou peut-être qu'il parlait seul.
J'en savais rien.
Je me demandais si Jacob allait me poser des questions sur le
comportement de Kai aujourd'hui, je ne savais pas si je devais lui dire ou
non.
Je ne devrais pas.
Kai n'a qu'à lui dire.
Mes pas quittèrent la pièce et j'éteignis la lumière, mes sens s'alarmèrent
lorsque j'entendis du bruit provenir du salon.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
C'était Seth.
— J'ai oublié mon téléphone, dors.
Casey.
Le fils de Mason. Son putain de môme.
D'un pas rapide, j'entrai dans la chambre de Jacob et Vernon. Je partis
m'allonger près de Jacob qui était sur son téléphone.
— Donc les tatouages ? Le questionnai-je en reprenant notre sujet
principal.
Il sourit.
— Et bien...ça une très grande signification pour Kai. Les serpents le
font se sentir en sécurité, c'est une forme de protection.
Une forme de protection ?
Mes sourcils se froncèrent légèrement alors que je demandai :
— Contre quoi ?
Jacob laissa un léger soupir quitter ses lèvres et ferma les yeux en se
tournant sur le côté pour me faire face.
— Contre tout ce qui pourrait lui faire du mal. Donc si un jour, il te
demande de te tatouer un serpent...comprend qu'il veut juste te
protéger à sa façon, sourit Jacob, et que si tu le fais, alors il aura
entièrement confiance en toi.
— Il en a aussi sur les coins de ses dessins, fis-je remarquer en essayant
de comprendre.
— Il protège ses dessins aussi.
Je hochai la tête, comprenant à moitié.
— C'est lui qui t'a demandé de t'en tatouer ? L'interrogeai-je
curieusement.
Et Jacob acquiesça.
— Rends-moi un service Iris...s'il te plait..., commença Jacob à
somnoler, y a mon chargeur dans la chambre de Kai...ramène-le-
moi...on sortira très tôt demain matin...
Je déglutis.
Mais ne pouvais pas refuser.
J'inspirai profondément et me levai, mon cœur battait à la chamade alors
que je sortis de la chambre. Le calme régnait, j'arrivais près de la porte de
Kai et soufflai avant de toquer.
Fermant les yeux par peur qu'il allume la lumière.
Mais il ne bougea même pas son cul pour m'ouvrir.
Alors je toquai à nouveau. Et croisai les bras.
Il est mort ?
Les mauvaises herbes ne meurent jamais.
Mais alors que j'allais toquer une nouvelle fois, la porte s'ouvrit
soudainement et je hoquetai en sentant une arme pointée sur mon front.
Et il la baissa aussitôt.
— Je pensais que c'était Casey, murmura-t-il d'un ton glacial pour
justifier son geste, qu'est-ce que tu veux ?
— Jacob a besoin de son chargeur, murmurai-je en ouvrant les yeux
après avoir senti qu'il n'avait pas allumé la lumière.
— Entre.
J'inspirai et entrai dans sa chambre, je le vis allumer le flash de son
téléphone et ouvrit l'un des tiroirs de sa commode, il fouilla à l'intérieur.
Faisant sortir des comprimés en tout genre et des petits sachets contenant
de la poudre blanche, sûrement de la cocaïne.
— Est-ce que...est-ce qu'on peut parler-
— Non.
Il me tendit le chargeur et éteignit le flash de son téléphone en terminant :
— T'as ce que tu cherches, sors.
— Tu ne peux pas éviter ce qui s'est passé-
Et un rire moqueur quitta ses lèvres et me coupèrent dans ma phrase.
— Tu es très mal placé pour l'ouvrir, me dit-il d'un ton tranchant, je ne
veux pas parler, sors d'ici-
Prise de rage, je lui balançais le chargeur de Jacob.
— Arrête de me tourner le dos, crachai-je en le fusillant du regard dans
le noir complet.
Il me balança le chargeur en retour.
— Ne me force pas à te parler quand j'en ai pas envie, prends ce que
tu cherches et dégage. J'ai aucune envie de te parler.
Ma gorge se noua, et la rage m'étouffait.
Moi qui voulais faire le premier pas, m'expliquer avec lui. Même avec ce
qui s'était passé pendant l'action-vérité.
Je tremblais de rage, cette impression d'avoir ma mère en face de moi qui
refusait la communication avec moi.
Il faisait la même chose.
Je pris le chargeur par terre, tournai les talons et quittai sa chambre sans
un mot. En entrant dans la chambre de Jacob, je vis ce dernier
complètement endormi.
Un soupir quitta ma bouche, je branchai son téléphone et partis
m'allonger près de lui.
Retenant mes larmes de frustration alors que mon cerveau se rappelait
des mots de Kai.
« Ne me force pas à te parler quand j'en ai pas envie, prends ce que tu
cherches et dégage. J'ai aucune envie de te parler. »
Je le détestais, mais autant que je me détestais. Je me détestais pour avoir
paniqué, et pour avoir voulu briser la glace en premier. Enfoiré.
Va te faire foutre, Lakestone.
Je ne savais pas combien de temps j'avais dormi, ni même si je l'avais
fait.
J'avais entendu du bruit pendant la nuit, et j'avais compris que Kai était
parti. J'avais entendu la moto.
— Trésor...
— Mhm...
La voix de Jacob au creux de mon oreille me réveilla, j'ouvris légèrement
les yeux en remarquai son petit sourire.
Il était déjà prêt pour partir.
Quelle heure il est ?
— On va partir...Kai n'a pas dormi ici, peut-être qu'il reviendra,
peut-être qu'il nous rejoindra plus tard Casey et moi, m'informa Jacob
en passant sa main sur mes cheveux, tu ne dois sortir d'ici sous aucun
prétexte. Même si j'aime bien Stella, je ne lui fais pas confiance pour
autant.
Mon cœur s'emballa alors que ses mots me heurtaient et réveillaient ces
mêmes angoisses en moi.
L'absence de Kai et Jacob me rendait anxieuse, et je ne me sentais pas en
sécurité sans eux. Dans leur monde.
— De toute façon, Vernon déposera Seth et reviendra en fin de
journée, nous aussi d'ailleurs. Tu n'as pas à t'inquiéter.
Je hochai la tête et il sourit.
Il continua à faire passer ses doigts dans mes cheveux, frottant mon crâne
alors que je fermai les yeux.
J'aimais lorsqu'on me touchait les cheveux.
Ça m'apaisait.
— J'aimerais que tu gardes mon bracelet chez toi, je n'ai pas envie
de l'emmener là où je vais.
Je hochai la tête et il prit mon poignet, Jacob ria lorsqu'il remarqua que le
bracelet était beaucoup trop grand comparé à mon poignet.
Alors il choisit la cheville, ce qui me fit rire.
— Si Mason vient, surtout ne lui parle pas et reste ici. Enferme-toi
s'il le faut et dis que t'as un virus contagieux et mortel.
Je le regardai, incrédule.
Il ria et se redressa avant de sortir de la pièce. Et je me rendormis presque
instantanément.
°°°°
15 heures.
Je mangeais mon petit déjeuner, je venais à peine de me réveiller pour la
seconde fois. Mon corps avait eu besoin de beaucoup d'heures de sommeil,
des heures que j'avais négligées pendant plusieurs jours.
Je buvais mon café silencieusement, Stella parlait au téléphone en
recouvrant ses ongles d'un vernis blanc.
— Viens maintenant alors...ok.
Je fronçai les sourcils, viens maintenant ?
La jeune femme se tourna vers moi et me sourit naturellement, avant
d'éteindre la télé. Elle secouait énergiquement ses mains, tentant de faire
sécher son vernis.
Alors que mon cœur battait de plus en plus vite.
Viens maintenant ?
— Ça ne doit pas être facile tous les jours de porter des lentilles de
couleur, non ?
Et j'avalai de travers mon café. Toussotant violemment. Quoi ?
Comme soudainement mise à nue, mon corps se crispa et mon estomac se
retourna violemment. Je sentais que mes poumons s'étaient comprimés à
l'instant où mes oreilles avaient entendu sa question.
Des lentilles de couleur.
— Je sais que tu portes des lentilles, sourit-elle chaleureusement en
s'approchant de moi, j'en portais aussi des comme ça...c'est pour ça que
j'ai remarqué.
Je fronçai les sourcils alors que mes yeux allaient bientôt sortir de leur
orbite.
Je n'arrivais même pas à parler. Je ne savais pas ce que je devais dire.
Pétrifiée à l'idée qu'elle apprenne la véritable nature de mes iris.
— Ne les porte pas pendant que tu dors, ça irrite les yeux, j'ai failli
perdre la vue une fois ! Ria cette dernière en faisant comme si de rien
n'était.
Comme était-ce possible ?
Comment avait-elle pu remarquer et ne rien dire ?
C'est insensé...
— Enfin bref ! Un ami à moi va passer dans pas longtemps,
m'informa-t-elle simplement, je vais prendre une douche, j'espère qu'il
n'arrivera pas avant.
— Il va venir ici ?
Elle acquiesça simplement.
— Euh...Jacob et Kai sont au courant ?
— Je t'en prie c'est un contact à Kai, sourit Stella en s'éloignant, j'ai
besoin de lui pour aller récupérer quelque chose pas très loin d'ici...et
étant donné que Vernon n'est pas là, et que je n'ai pas de voiture...
Un contact.
Jacob ne m'avait rien dit.
C'est quoi cette histoire ?
Je pouvais sentir mon cœur tambouriner violemment à l'intérieur de ma
poitrine, je posai un pied sur le rebord de ma chaise, posant mon menton sur
mon genou alors que mon anxiété commençait déjà à me faire trembler
comme une tarée.
Je sentais le bracelet de Jacob à travers ma chaussette, s'il savait il me
l'aurait dit non ?
Moi qui m'imaginais toujours les pires scénarios, maintenant je sentais
que j'avais toutes les raisons pour le faire.
Je me levai et partis laver mon verre, réfléchissant à tout ce qui pourrait
bien m'arriver de pire. Et un nœud dans mon ventre se forma à l'instant où
j'entendis quelqu'un toquer à la porte.
Je déglutis.
La personne toqua contre la porte à nouveau, et mon souffle se rompit.
— Tu me fais marcher Stella ?
Cette voix.
Isaiah.
Et comme si sa voix de faire disparaitre la peur en moi, je me sentais
beaucoup plus légère et rassurée. Puis lui ouvrit la porte.
Son regard croisa le mien à l'instant où je tirai la porte, et un sourire étira
ses lèvres.
Il regardait les alentours et me demanda calmement :
— Stella est ici, on est d'accord ?
— O...oui, elle est là.
Il me sourit et entra. Je regardais les alentours à mon tour, ne sachant pas
vraiment pourquoi. Peut-être parce qu'il l'avait fait ?
Pourquoi il a regardé les alentours ?
Il n'est jamais venu ici. Du moins, pas à ma connaissance.
Je le vis s'asseoir sur le canapé, grimaçant en regardant Rufus dans sa
cage. Je me demandais s'il avait des nouvelles de sa sœur.
S'il l'a retrouvé.
Kai avait essayé de l'aider, nous étions allées jusqu'à Los Angeles pour
rencontrer un mec.
Mais je n'avais pas eu de nouvelles après ça.
« Même si c'est du bluff, Isaiah n'est pas fort psychologiquement. Ça
fait plusieurs mois que ça dure et je sais qu'il va craquer à un moment où
un autre. »
Je me méfiais un peu de Isaiah, même s'il paraissait inoffensif et souriant.
Kai était certain que ce dernier travaillait parfois pour Mason.
Du peu que j'avais vu la dernière fois chez lui, Isaiah semblait s'y
connaitre dans les bases de données et l'informatique.
Bien sûr que Mason serait intéressé par ses compétences.
— C'est très bordélique ici, remarqua-t-il avec un sourire en regardant la
table qui contenait énormément de bordel je devais l'avouer.
Des cannettes de bière, des mégots de cigarettes et des paquets vides, les
écouteurs filaires de Jacob près d'une tablette et pleins d'autres trucs.
Je décidai de débarrasser la table et m'éloignai jusqu'à la cuisine ouverte,
m'excusant presque du bordel que les garçons avaient fait pendant la nuit.
Mais alors que je me tournai vers le salon, mon sang se glaça violemment
et je me figeai instantanément.
Q...quoi ?
Mon cœur s'écrasa au sol et je venais de sentir mes muscles se paralyser à
la vue de ses doigts qui enroulaient les écouteurs de Jacob autour de la
tablette.
Un geste maniaque.
Exactement de la même façon que mes écouteurs...ce soir-là.
La panique et la terreur me gagnèrent alors que je commençais à
comprendre ce qui se passait, mes neurones s'activaient en même temps que
mes angoisses qui ne m'avaient pas quitté.
Isaiah.
C'était lui...qui s'était infiltré chez moi...ce soir-là.
C'était lui. Depuis le début.
Il était dangereux.
Je me rappelais de la façon dont il m'avait regardé la toute première fois,
il avait l'air perdu, ne s'attendant pas à me voir avec Kai.
Putain de merde.
Mon souffle était court et irrégulier, mon estomac se tordait dans tous les
sens.
C'est un cauchemar.
Lentement, je reculai loin de la grande pièce en gardant mes yeux
écarquillés sur lui.
Des sueurs froides perlaient sur mon front, je haletai.
Isaiah travaillait pour Mason, j'en étais certaine.
Et il me connaissait. Il avait joué la comédie, prétendant ne pas me
connaitre. Menteur.
Mais alors que je fis un pas en arrière, quelque chose heurta mon dos.
— Viens ici petite star, fit la voix féminine de Stella avant de presser
violemment sa main sur ma bouche, ATTRAPE LA ! ARRÊTE DE
BOUGER !
Son autre main contenait une arme qu'elle pointa sur mon front, alors que
je tentais de me débattre de toutes mes forces.
Isaiah fonça sur moi et m'assena un coup de poing au ventre, me faisant
hurler de douleur.
La peur possédait mon corps, et mes cris étaient étouffés par la main de
Stella.
— On se tire ! J'ai plus beaucoup de temps.
Je criai et me débattais, mais Stella était beaucoup plus forte que moi.
Des larmes de détresse coulaient sur mes joues alors que ma panique faisait
vibrer mes entrailles.
Le vent fouetta mon visage, et très vite je fus poussée violemment à
l'intérieur d'une voiture.
Je criai de douleur lorsqu'une lame s'enfonça violemment dans mon
ventre, et paniquai à la vue du sang.
Elle venait de m'enfoncer un putain de couteau dans la peau.
— Histoire que tu te calmes un peu, sourit Stella avant de m'attacher à
la portière, allume le moteur !
Isaiah fit ce qu'il lui dit et Stella monta sur le côté passager, je pleurais de
douleur et des sanglots de panique s'arrachaient de ma bouche.
— Tout va rentrer dans l'ordre maintenant, déclara Isaiah, je vais la
retrouver.
— T'es sûr qu'ils n'ont pas changé d'avis ? Demanda Stella en se
tournant vers moi, toi, fais un mouvement et je t'enfonce un couteau
dans les genoux.
La douleur m'empêchait de parler, je tremblais comme une dingue en
pressant ma main sur le couteau afin de diminuer le sang.
Mes mains se tachaient de mon propre sang.
Je grinçai des dents, ma respiration saccadée me faisait encore plus mal.
C'était atroce.
— Ils ont dit qu'ils acceptaient l'échange, ils veulent une fille comme
Judith, dit Isaiah en me regardant depuis le rétroviseur, avec des yeux
vairons.
Et mon souffle se rompit.
Puis après quelques secondes, mes larmes et mes sanglots redoublèrent
violemment. Prise d'une panique terrifiante.
Ils allaient m'échanger avec la sœur d'Isaiah.
Isaiah cherchait une fille avec des yeux vairons, pour échanger avec les
ravisseurs de sa sœur.
Il m'avait en tête depuis des mois.
— S'il vous plait...l...laissez-moi...
Je sanglotais, mes cheveux collaient à mon visage, je tremblais et j'avais
des bouffées de chaleur, la peur faisait trembler mon corps entier.
Mes pensées se heurtaient entre elles dans ma tête.
Le téléphone de Stella se mit à sonner à plusieurs reprises, puis elle
souffla :
— C'est Vernon...oui V ?
Elle mit le haut-parleur.
Et je pleurais davantage.
— Iris est avec toi ? demanda-t-il directement, demande-lui si j'ai des
courses à faire avant de venir s'il te plait.
Elle se tourna vers moi et posa son flingue sur mon front, me fusillant du
regard et posa son index sur sa bouche.
Puis je me tus instantanément.
— Oui bien sûr, elle prend sa douche, je t'enverrai un message avec
tout.
— Merci, faites attention à vous et n'ouvrez à personne.
— T'inquiète pas ! le rassura-t-elle avant de couper.
Elle ricana.
— Par contre, on s'en tient au plan, tu la donnes et on se barre. Je
dirais que Mason m'a appelé en urgence, ils croiront qu'elle s'est enfuie
vu qu'elle est restée seule, dit-elle finalement en laissant son téléphone
sonner encore et encore.
C'était le sixième appel au moins.
— Réponds non ? s'agaça Isaiah en roulant très vite.
— C'est Kai, j'ai peur qu'il se rende compte que je suis dans la
voiture, ou qu'il me demande de parler à Iris.
— Si tu ne réponds pas, il va sentir la merde, réponds-lui, soit
naturelle.
— Et s'il me demande de lui passer Iris ? s'inquiéta Stella en regardant
Isaiah.
— Elle lui parlera, le plus normalement du monde.
Il me fusilla du regard et l'arme de Stella se pointa une nouvelle fois sur
mon front alors qu'elle mit le haut-parleur.
— Lakestone, on te manque déjà ? dit-elle en me fixant.
Je n'osais pas parler, j'étais pétrifiée.
Je commençais à avoir la vue floue à cause du sang que je perdais. Et
j'avais froid.
Très froid.
— T'es où ?
Je la vis devenir aussi pale que moi en une fraction de seconde, et Isaiah
se tourna vers elle en écarquillant les yeux.
— Là ? Euh...à la cuisine, pourquoi ? Menta la jeune femme en perdant
ses moyens.
Je commençais à être dans les vapes, la douleur me faisait trembler et ma
vue s'embrouillait.
— D'accord, passe-moi Iris.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, et un shoot d'adrénaline se
déferla dans mes veines à l'entente de sa voix et de l'autre qu'il venait de
donner.
— D'accord, attends...
Elle coupa le micro et me menaça :
— Ose dire quoi que ce soit et je crève les yeux, compris ?
Je déglutis alors que mes larmes noyaient mon visage. Et elle remit le
micro en me lançant un regard insistant, alors que je dis :
— A...allô ?
— Juste une question, parce que Jacob me casse les couilles, me dit-il
alors que mes yeux se remplissaient de larmes de détresse, c'est quoi mon
chiffre préféré ?
Et je pouvais sentir mon cœur revivre soudainement.
Est-ce qu'il savait...?
— 657, dis-je au pif alors que j'explosai intérieurement.
— Parfait princesse, je voulais juste une confirmation.
_____________
Hey !
Je termine ce chapitre à 3h du matin mdr. Quelle vie d'artiste.

🙃
Maniaque maniaque...chapitre 38. C'était sous vos yeux. Comme
beaucoup d'autres choses
Anyway...on continue ?
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram : sarahrivens
45. Chaotiquement dangereux

(Ce chapitre continent des scènes de violence.)


Jacob
Quelques heures plus tôt.
— Vous êtes où ?
Un sourire narquois étira mes lèvres en regardant Kai harceler Vernon au
téléphone. Depuis qu'il a su que Iris devait être sous la surveillance de
Vernon.
— Dépose-le et rentre. Je ne veux pas qu'elle reste seule avec Stella.
Kai raccrocha et se tourna vers moi, puis son regard s'assombrit.
— Arrête.
Un gloussement moqueur quitta mes lèvres.
— Ça va mon chou ? J'te sens fébrile, me moquai-je ouvertement avant
de prendre une bouchée de mon burrito.
C'est tellement bon les burritos.
— Pourquoi on doit rester là putain, grogna Kai en regardant la petite
maison face à notre voiture.
— Il a peur pour son fils, soupirai-je en regardant les alentours, et puis
c'est pas comme si c'était un endroit fréquenté, ça fout la trouille.
Mason nous avait demandé d'accompagner Casey, ce con devait négocier
des merdes à la place de son enfoiré de père.
Et vu qu'il est aussi faible qu'un bâton, alors on jouait les putains de
garde du corps.
Enfoiré de mes deux j'ai envie de le saigner.
Daddy...daddy cool...daddy...daddy cool...
Je fredonnais ma chanson en mangeant alors que Kai bougeait
nerveusement sa jambe.
— T'étais où hier soir ?
— J'ai voulu vérifier un dernier truc sur Evan. Ce fils de pute à fait
sortir l'argent du compte d'Iris aussi vite qu'il l'a fait rentrer.
J'haussai les épaules, c'était quelque chose qu'on savait déjà.
S'il y avait bien un truc qui me cassait les couilles, c'était le nombre de
contacts qu'il avait pour se tirer d'affaire.
Travailler avec Mason dans l'Organisation l'a vachement aidé ce fils de
pute.
En plus, il a détruit petit trésor.
— Des nouvelles de la banque ?
Il secoua négativement la tête.
— Ils font comme si c'était Iris qui l'avait retiré, mais c'est
impossible. Ils sont de mèche avec lui et je suis à ça de brûler cette
putain de banque.
— Il faut brûler Evan surtout, pouffai-je en mangeant mon repas
préféré.
— Je compte bien lui arracher les os à lui, cracha Kai d'un ton
déterminé, Mason commence à s'impatienter, il pense que je retarde le
moment.
Le moment où il va abattre Iris.
Fils de pute.
— S'il te demande de la tuer, tu le ferais ?
Cette question, était la seule dont je n'avais pas de réponse. Parce que je
connaissais Kai...et parce que je connaissais Kai.
Il était capable de la tuer, comme il pouvait être incapable de le faire.
— Si je le ferais ?
— Je veux dire...est-ce que tu serais capable de le faire ? Détaillai-je
ma question en lui lançant un regard.
Il se tut et garda ses yeux sur la maison délabrée face à nous.
Je savais qu'il réfléchissait, et ça déjà me donnait foi en sa réponse finale.
J'espérais qu'il me dise non, je savais qu'il s'était attaché à elle.
Mais si Mason lui ordonne, il y avait une chance qu'il le fasse.
Pour son propre bien à lui.
Est-ce qu'il serait capable de se perdre pour la sauver ?
— Non. Non je ne pourrais pas.
Je hochai la tête, gardant une expression neutre. Alors qu'intérieurement,
mon âme était en train de danser la samba.
Pepa y agua para la seca Todo el mundo en pastillas En la discoteca !
PUTAIN OUI !
Il s'était attaché à elle. Et elle était en train de lui faire ressortir un côté en
lui que je n'avais jamais vu auparavant.
Et la période où il la surveillait en était pour beaucoup. C'était humain.
« Plusieurs mois plus tôt.
— À force de surveiller ses moindres faits et gestes, et tous les jours, tu
vas commencer à t'attacher à elle.
Je riais, cela faisait maintenant plusieurs mois qu'il la surveillait non-
stop, elle n'avait pas l'air de savoir où était ce foutu fric.
Mais il fallait vérifier.
— Elle est allée au parc aujourd'hui, me raconta-t-il comme
pratiquement tous les jours, elle est gentille avec les enfants. Elle a l'air
douce.
— Elle est mignonne je trouve, lui dis-je en regardant les photos de cette
petite Iris Simones.
— Mhm...tu penses qu'elle aime les animaux ?
Un sourire étirait mes lèvres, et je hochai la tête.
— Elle ne serait pas capable de voler autant d'argent, souffla Kai en
regardant ses photos, elle a l'air beaucoup trop innocente...t'as remarqué
qu'elle porte tout le temps le même collier ?
J'acquiesçai.
...Iris Simones, tu es en train de piquer la curiosité de mon meilleur
ami... »
Mon téléphone vibra, me ramenant à la réalité.
De Mon Policier sexy :
Seth me fait chier putain on passe par des routes interminables.
Un sourire étira mes lèvres et je pianotai sur mon téléphone tout en
écoutant Kai râler :
— ...et putain je ne peux pas le tuer, mais tu vois j'en rêve tous les
soirs. Il n'y a pas un soir qui passe sans que m'imagine en train de lui
arracher sa tête-
— Tu crois que Seth va accepter un jour ou l'autre ?
Kai se tourna vers moi.
— Seth marche avec des intérêts, Jacob. Et son courage est très
limité, il ne pourra jamais accepter. Il sait que c'est du suicide, qui
voudrait faire ça volontairement ?
Je haussai les épaules.
— J'en sais rien...je me dis que Mason pourrait le convaincre, en te
prenant pour exemple.
Kai secoua négativement la tête, sûr de ses propos.
— Personne n'osera, et tu le sais. Je lui souhaite de trouver
quelqu'un, au moins il me foutra la paix. Il n'a pas terminé l'autre ? Il
négocie un pays là ?
— Ne sois pas si impatient, plus vite il finit, plus tôt on le jette chez
son père.
— Hâte d'être au jour où tu me dirais « on le jette au lac », grogna
Kai en démarrant le véhicule.
Je me tournai et vis Casey sortir avec un homme aussi baraqué que Broly
dans DragonBall-Z. Je comprenais pourquoi Mason avait demandé la
présence de Kai.
Son fils ne faisait vraiment pas le poids.
Broly nous toisa du regard, et Casey s'approcha de notre voiture avant de
s'engouffrer à l'intérieur.
— T'as tardé, remarqua sèchement Kai en démarrant.
— Il était compliqué à convaincre.
Why'd you have to go and make things so complicateeed ? I see the way
you're acting like you're somebody else...
°°°°
Deux heures plus tard. 15 heures.
— Vernon m'a dit que Cody n'arrivait plus à gérer sa copine.
— Rox ?
J'acquiesçai.
— Elle est convaincue qu'il est arrivé un truc à Iris, l'informai-je
simplement.
— Rappelle Vernon, m'ordonna Kai une huitième fois, je veux être sûr
qu'il est avec Iris.
Le problème ? Il ne répondait pas.
Discrètement, j'ouvris l'application qui me permettait de tracer mon
bracelet. Et je vis qu'il était toujours à l'adresse de la maison.
Ce qui voulait dire qu'Iris aussi.
Je n'avais pas confiance en Stella, bien qu'elle soit gentille. Je ne faisais
pas confiance aux gens qui travaillaient pour l'Organisation.
Et j'avais un mauvais pressentiment.
S'il se passait quoi que ce soit aujourd'hui, je pouvais avoir la preuve que
Stella sait bien plus de choses qu'elle ne le prétendait.
— Eh mec, interpellai-je Kai qui conduisait.
— T'as appelé Vernon ?
— Il ne répond pas, lui répondis-je avant de reprendre, imagine Mason
il dit tout à Casey...et ce con raconte tout à Stella.
— Mason n'est pas censé tout raconter à Casey, et Casey n'est pas
censé dire quoi que ce soit sur Iris. Ça rentre dans notre accord.
— Mason n'est pas un homme de parole, et tu le sais.
— Rappelle Vernon, m'ordonna-t-il une nouvelle fois.
Je soufflai et harcelai mon mec pour faire plaisir à mon chauffeur. Kai
était nerveux, je savais qu'il ne supportait pas de savoir Iris sans sa
surveillance.
Et je voyais que son stress le dépassait, la voiture roulait de plus en plus
vite.
— Oh putain enfin ! lâchai-je en décrochant à l'appel de Vernon, ça
t'arrive de répondre au téléphone ?!
— Désolé, j'ai eu un problème de réseau, me dit-il dans un souffle bas,
je suis bientôt rentré.
Et je déglutis. Il n'était toujours pas là-bas.
—Ok.
— Il est là-bas ? me demanda Kai alors que je venais à peine de
raccrocher.
Mon téléphone vibra dans mes mains, puis je venais de sentir mon cœur
s'arrêter en une fraction de seconde.
Le point s'éloignait de la maison.
Merde.
Merde.
Merde.
— Il est là-bas, Jacob ? Me demanda Kai d'un ton trop calme.
Mon cœur battait à la chamade en voyant le point sortir du périmètre, Iris
n'était pas à la maison.
Elle ne l'était plus.
— JACOB, JE TE PARLE-
— Iris n'est pas...à la maison, Kai, le coupai-je en sentant mon âme
sortir de mon corps, Iris n'est plus à la maison. Elle a mon bracelet, elle
n'est plus à la maison Kai.
Je me fis presser contre le siège à cause de la vitesse que venait d'exercer
Kai, il tapait furieusement contre le volant, alors que j'essayais de
comprendre ce qui venait de se passer sous mes yeux.
Putain de Stella.
— Calme-toi mec-
— TU LA FERMES ! hurla-t-il hors de lui, ton enfoiré de mec n'avait
QU'UN PUTAIN DE JOB ! FAIT CHIER !
Je grimaçais, mes sourcils se froncèrent, ne comprenant pas pourquoi
Vernon n'était pas rentré plus tôt.
Qu'est-ce qu'il avait retenu ?
Kai pestait continuellement alors qu'on s'approchait de la maison, je
sentais que mon cœur battait à une vitesse de tarée et mon cerveau se
remplissait de questions.
Putain de merde. Stella, j'vais te tuer.
Kai freina brutalement au moment où nous arrivâmes à la maison, je
quittai à la hâte le véhicule et Kai défonça la porte d'entrée.
Il n'y avait personne.
— PUTAIN !
Mes sourcils se froncèrent à nouveau en regardant le salon...dont la table
était très bien rangée.
Quoi ?
— T'es où ? Entendais-je Kai parler au téléphone.
Mais alors que j'allais parler, il m'arrêta. Son index se leva en ma
direction et j'avalai mes insultes. Kai mit le hautparleur, marchant lentement
vers la cuisine.
— Là ? Euh...la cuisine, pourquoi ? mentait Stella alors que j'étais à ça
de lui arracher sa putain de langue.
— D'accord, passe-moi Iris.
Attend quoi ?
COMMENT ÇA D'ACCORD ? IL EST FOU ?
— A...allô ?
Sa voix venait de me broyer de l'intérieur, je commençais à connaitre Iris.
Cette voix n'était pas celle qu'elle avait d'habitude.
— Juste parce que Jacob me casse les couilles, c'est quoi mon chiffre
préféré ?
— 657.
Elle était en danger.
Il venait d'utiliser le code qu'elle avait créé avec Rox. Et maintenant on
avait la confirmation.
Kai serra le poing et ferma les yeux en levant la tête, je tentai de garder
mon calme. Mais mon corps ne suivait pas, et je tremblais presque à l'idée
que Iris était exposée au danger.
— Parfait princesse, je voulais juste une confirmation.
Puis il raccrocha. Et se tourna vers moi.
— Stella n'est pas seule, elle ne sait pas conduire.
— Seth a été déposé par Vernon, ça ne peut pas être lui, lui rappelai-
je, peut-être Mason.
Mon souffle se coupa en voyant les yeux de Kai s'assombrir avec une
vitesse fulgurante. Et mes pensées s'entremêlèrent alors que j'appelai
Vernon.
Mais en vain.
— On peut la rattraper, déclara Kai en regardant l'écran de son
téléphone, je vais les tuer.
Sans perdre une seconde, je le vis quitter la maison, et moi à ses trousses.
Il démarra, faisant un bruit monstrueux et accéléra, la vitesse exercée me
pressa contre mon siège.
Il va être ingérable.
Je voyais qu'il rentrait dans une colère que je préférais éviter de
confronter en tout point de vue. Et je savais déjà qu'il allait commettre un
massacre.
Ça va être une putain de boucherie.
Il tremblait de rage, et comme si la voiture était le prisme de sa colère, je
sentais que le moteur allait bientôt exploser.
— J'avais refusé de lui parler, j'avais putain de refusé de lui parler
hier soir.
Je grimaçais en l'écoutant diriger sa colère contre lui. Culpabilisant parce
qu'il avait refusé de lui parler.
— Tu vas lui parler après-
— S'il lui arrive quoi que ce soit, ne t'approche pas de moi, me
prévint-il en accélérant davantage, je n'aurais plus aucun contrôle.
Je sais.
— Prions pour qu'il ne lui arrive rien surtout, soufflai-je en regardant
Kai aller de plus en plus vite.
Pour le bien de tous les citoyens...parce qu'il va en vouloir à la terre
entière.
Et là.
Sa voix dit d'un ton très sérieux :
— Je ne crois pas en Dieu, mais putain qu'est-ce que je compte bien
prier là.
–––––––––––––––––––––––––––
Iris
Je me vidais de mon sang, j'avais la nausée, ma vue était troublée.
— C'est ici ?
— Oui.
Je sentais la voiture s'arrêter, j'avais froid. La douleur était atroce, chaque
mouvement était insupportable, chaque respiration était un supplice.
657.
657.
657.
Il avait utilisé le code qu'on avait avec Rox.
Je ne voulais pas montrer ma joie, mais intérieurement, j'en pleurais.
Je priais pour qu'il l'ait compris.
Ma main pressée contre le couteau encore enfoncé, diminuant du mieux
que je pouvais l'hémorragie qui s'était créée à cause de la lame.
Je sentais que mes forces disparaissaient, je tremblais de douleur, c'était
insupportable.
Je gémis de douleur lorsque Stella me tira hors de la voiture, des larmes
glissèrent le long de mes joues.
— Laissez-moi partir, je vous en supplie, murmurai-je en pressant ma
main contre mon ventre.
Le nœud dans ma gorge ne voulait pas partir, et la douleur se faisait de
plus en plus fort.
— Ferme là, ta vie n'est pas aussi importante que celle de Judith,
cracha Stella, on va la retrouver Isaiah.
L'homme avait les larmes aux yeux alors qu'on s'avançait rapidement à
l'intérieur d'un immeuble délabré.
657.
657.
657.
Je pleurais de douleur alors qu'elle me bousculait à l'intérieur de cet
endroit qui puait le renfermé. Je suffoquais, mon ventre me faisait
atrocement mal, je sentais le sang coller contre mon épiderme froid.
Je voulais vomir.
— Enlève lui ses lentilles, ordonna Isaiah.
Et la panique me gagne instantanément.
Mon souffle se saccada, et mon estomac se souleva violemment.
Non non non non non pas ça.
Des sanglots de terreur s'arrachaient de ma bouche alors qu'elle me tirait
brutalement avec elle dans une espèce de toilettes miteuse à l'étage.
Elle ferma violemment la porte et je reculai, la terreur pouvait se lire sur
mon visage. Des sueurs froides perlaient sur mon front, alors que je pleurais
de panique.
— Ne fais pas ça je tu-...je t'en supplie, sanglotai-je en reculant.
Ma main sur mon ventre était pleine de sang, ma vue était embrouillée
par les larmes et l'épuisement.
— Enlève tes lentilles, ou je m'en charge.
Stella s'approcha de moi et je hurlai de douleur lorsqu'elle pressa sa main
contre le couteau dans mon ventre.
— NOOON ! m'écriai-je en pleurant et tremblant de douleur.
Puis elle retira le couteau d'un coup sec, me laissant hurler une nouvelle
fois.
— TU VAS LES ENLEVER OU JE LE FAIS !
— NON S'IL TE PLAIT FAIS PAS ÇA ! Criai-je à pleins poumons
alors que je me tordais de douleurs, JE T'EN SUPPLIE-
Sa main gifla violemment ma joue, et elle pointa son arme contre mon
front en me menaçant :
— Enlève-les, ou je m'en charge.
Des sanglots de terreur quittèrent ma bouche, j'étais désemparée. Mon
âme et mon cœur aux bords de mes lèvres alors qu'elle approchait son doigt
de mes yeux.
Mes tremblements secouaient si fort mes membres que des crampes se
firent sentir.
— Je vais faire ! m'écriai-je soudainement, pétrifiée, je vais le faire...je
vais le faire...
— Fais vite alors.
Je hochai lentement la tête alors que son arme était encore contre mon
front, tremblante, je me redressai doucement en gardant ma main sur mon
ventre blessé.
Face au miroir, ma main libre n'arrivait plus à rester en place. Tremblante
si fort que j'eus penser qu'elle allait se décrocher de mon corps.
Mon cœur battait à la chamade, cognant contre ma cage thoracique qui
comprimait violemment mes poumons.
Je n'arrivais plus à réfléchir, tout se mélangeait dans ma tête, la terreur
d'enlever mes lentilles me secouait le corps, j'avais du mal à respirer,
incapable de calmer mes sanglots bruyants.
Mon ventre me faisait atrocement mal, la plaie à présent fraichement
ouverte me brûlait.
— Ne te crève pas les yeux, c'est ce qu'ils veulent, cracha Stella en
gardant son arme contre l'arrière de mon crâne.
Je la regardais à travers le miroir de cette pièce, les larmes aux yeux et
les doigts qui vibraient de terreur.
Je ne veux pas...
La crise d'angoisse m'engloutissait, mais mon corps était figé. Par peur
qu'elle ne tire ou qu'elle me blesse une seconde fois.
— Bon allez, tu casses les couilles.
Sa main empoigna mes cheveux et je gémis de douleur, elle me força à
me tourner face à elle alors que j'essayai de me débattre du mieux que je
pouvais.
Fermant les yeux.
Elle me plaqua contre le mur, son corps pressé contre le mien
m'empêchant de faire d'autres mouvements, sa force n'égalait pas la mienne
et je le sentais.
— OUVRE LES YEUX ! s'écria-t-elle rageusement.
— NON S'IL TE PLAIT LAISSE MOI PARTIR JE T'EN SUPPLIE
! hurlai-je à pleins poumons.
Soudain.
Ses doigts contre mes paupières me figèrent instantanément, comme si je
n'osais plus faire un mouvement.
Des flashes animèrent mon cerveau, revenant alors à cette époque
terrifiante.
— Ouvre. Les. Yeux.
Des sanglots s'arrachèrent de mes lèvres tremblantes, la peur secouait
mes membres, comprimant davantage ma cage thoracique, suffoquant dans
une angoisse glaciale.
Des larmes s'échappèrent de mes yeux que j'ouvris, secouant la tête en la
suppliant du regard, désemparé.
Je me glaçais en sentant ses doigts se poser délicatement sur mon œil,
glissant la lentille avec un peu de difficulté.
Je n'osais plus faire un seul mouvement, comme si j'étais mise à nu, je
n'arrivais plus à respirer.
Je voulais vomir de terreur.
— Tu caches de si jolis yeux petite star, c'est dommage...
Impossible pour moi de répondre, ou d'émettre ne serait-ce qu'une
respiration bruyante. J'étais paralysé.
Doucement, elle me retira la seconde lentille.
Et je sentais que j'allais tomber dans les pommes.
Comme si à présent, j'étais nu face à elle, comme si j'étais vulnérable.
Un sourire satisfait étirait ses lèvres alors que je me décomposais, encore
sous le choc et incapable de me rendre compte de ce qui était en train de se
passer.
Elle me tira avec elle loin de ces toilettes miteuses, et je me laissais
guider, tout tournait autour de moi, j'étais incapable de réfléchir.
Comme gelée.
657.
La douleur dans mon ventre n'était plus aussi forte que ma terreur
actuellement, comme si à présent, je n'attendis plus qu'à être attaqué.
657.
Ma respiration était coupée par la peur, je me laissais tirer en avant par
Stella, comme une poupée vide.
C'était macabre.
657.
— La voilà, déclara-t-elle en ouvrant une porte.
Je regardai le sol, incapable de lever la tête. Incapable de laisser mes
yeux affronter le monde qui m'entourait.
Ils vont t'arracher les yeux.
Tu es en danger.
Ils veulent tes yeux.
— Rendez-nous Judith, je vous l'ai ramené, entendais-je la voix de
Isaiah d'un ton presque suppliant.
Ils vont voir tes yeux.
— Montre-nous ses yeux, fit une voix masculine terriblement profonde.
Je sanglotais violemment à l'instant où Stella empoigna mon visage, me
forçant à lever la tête.
Les larmes inondaient mon visage, ils regardaient mes yeux que je les
plissais de peur.
Ma vue s'embua lorsqu'un homme s'approcha de moi.
— C'est des faux ? demanda un autre.
Il examina mes yeux, le regard dur. Des tatouages sur le visage, et un
corps gigantesque.
Ils étaient cinq, tous assis sur des chaises autour d'une table, comme si
nous étions dans une salle de réunion. Une arme chacun.
Isaiah était assis avec eux, regardant la scène, désemparé.
Ne voulant que récupérer sa sœur.
M'offrant comme échange.
— Non ils sont vrais, déclara l'homme qui me regardait comme si j'étais
un objet qu'il avait trouvé, ramène la fille. Mets celle-là au milieu de la
table, qu'on l'admire un peu...
Son ton pervers me fit grimacer, et je le fusillais du regard.
Il sourit, et sa main se posa sur mon visage, comme pour me caresser la
joue.
J'éloignai mon visage, et l'homme me retint.
— Ne commence pas à nous casser les couilles d'entrée, déshabillez-
la, elle ne doit pas avoir de défaut.
Mes yeux s'écarquillèrent alors que je venais de réaliser ce qu'il a dit, et
Stella n'attendu pas deux fois, commençant déjà à remonter mon haut.
Je me débattais une nouvelle fois, et à la seconde qui suivit.
La fameuse sœur d'Isaiah entra dans la pièce par une deuxième porte.
— Ju'...
La fille fondit en larmes, et accourut vers son frère. Stella tremblait en
regardant la jeune femme, comme si les émotions la dépassaient.
Elle la connaissait.
— Donnez-la à eux qu'on en finisse, pleura Judith.
Mais pardon ?!
— Mais j'ai une question avant tout chose, comme tu as trouvé cette
fille ?
Isaiah se détacha de sa sœur et lança un regard à l'un des hommes
présents dans la pièce, mes sanglots s'arrachaient violemment de ma bouche
alors que Stella essayait de m'enlever mon haut.
— Arrête de te débattre putain, grogna cette dernière.
— Un gars m'a demandé des infos sur elle, et j'ai appris comme ça
qu'elle avait yeux vairons.
« Un gars m'a demandé des infos. »
— Merci Mason, pouffa discrètement Stella en s'attaquant à mon bas de
survêtement tant le haut était difficile à enlever.
Et mon cœur s'arrêta. Mason avait tout raconté à Isaiah.
Menteur. Menteur. Menteur.
Je me débattais et gesticulais de toutes mes forces malgré la douleur.
Alors que mon cerveau ne pensait qu'à une chose.
Kai.
Il avait raison.
Mason et Isaiah se connaissaient, Isaiah avait fait semblant de ne pas me
connaitre...alors qu'il avait enquêté sur moi.
Menteur.
Alors qu'il était rentré chez moi.
Après plusieurs minutes à me battre avec Stella, cette dernière arriva à
m'ôter mes vêtements, me laissant seulement en sous-vêtements.
Mettant sur pause toutes mes pensées.
Vulnérable et mise à nu devant tous ces regards inconnus, je voulais
m'arracher la peau et disparaitre.
Comme si je n'avais plus aucun contrôle sur ce qui se passait autour de
moi, aucun contrôle sur ma personne.
Elle me poussa au milieu de ces porcs qui regardaient ouvertement mon
corps. Et je voulais vomir.
— Elle est maigre, il faut l'entretenir.
« Tu es maigre, manges plus que ça »
« Tu as la peau sur les os ma pauvre »
— Ses cheveux doivent être coupés aussi, ils ne sont pas présentables.
« Lisse-toi les cheveux, tes boucles ne sont pas jolies »
« Tes cheveux font négligés, entretiens-les un peu »
Des larmes de détresse et de rage me montèrent aux yeux, je me sentais
tellement vulnérable, ça me brûlait la peau.
Je croisai les bras, pleurant à chaudes larmes, si crispée que j'en avais mal
aux membres. Mes jambes tremblaient.
Kai...
— Qu'est-ce qu'elle a autour de la cheville ? Désigna du menton un
des hommes.
Je baissai le regard vers mon pied enveloppé par ma chaussette, et me
rappelai vite du bracelet de Jacob que j'avais autour de la cheville.
Mes larmes reprirent de plus belle, me rappelant qu'à peine quelques
heures plus tôt, je n'étais pas là.
C'était le monde de Kai. Ce n'était pas le mien.
Kai...
Pourquoi Vernon n'était pas arrivé à temps !? Est-ce qu'ils sont à ma
recherche ?
Est-ce que Kai avait compris ?
Mon angoisse rendait compliqué ma respiration, et je suffoquais en les
écoutant parler de moi et de mon corps.
Les armes sur la table me pétrifiaient, les cinq hommes examinaient mon
corps, et je voulais m'enterrer.
Qu'est-ce qu'ils comptaient faire de moi ? Est-ce qu'ils allaient m'utiliser
?
— C'est quoi ça ?
Stella accourut vers moi et me retira ma chaussette, affichant le bracelet
aux yeux de tous.
Un nœud se forma à l'intérieur de ma gorge.
Je priais intérieurement pour que Kai ait compris mon code d'urgence, je
n'arrivais plus à réfléchir, j'étais incapable de réaliser ce qui se passait
autour de moi.
Comme si je vivais des séquences de ma propre vie sans pour autant
réaliser, comme une poupée. Inerte et contrôlée.
Je relevai la tête vers Stella, et vis son visage se décomposer.
— C'est un bracelet patron, sur sa cheville, déclara un autre homme en
regardant le bracelet de Jacob.
Puis soudain.
Mon souffle se coupa lorsque la pièce plongea dans le noir complet.
J'entendais les hommes se lever soudainement de leurs chaises.
Tout se passa très vite, je me fis tirer violemment en arrière par une main
qui s'enroula autour de mon bras.
— ALLUMEZ LA LUMIÈRE ! Cria l'un d'eux, ILS LES ONT SUIVI
PUTAIN !
Mon cœur s'emballa, et très vite, un silence s'en suivit. Les hommes nous
ordonnèrent de nous taire, nous noyant dans un silence terrifiant.
Et puis, après quelques secondes. Un sifflement se fit entendre.
Un sifflement qui me fit rater un battement, parce que je le connaissais.
Des larmes de détresse inondèrent mes yeux.
C'était Kai.
Les hommes allumèrent les flashes de leur téléphone et je vis Stella
cachée derrière Isaiah. Les cinq hommes étaient devant moi, leurs armes
pointées contre la porte encore fermée.
— Que personne ne parle, murmura l'un des hommes, je connais ce
sifflement...
Mon cœur rata un battement lorsque la porte s'entrouvrit délicatement, et
des coups de feu retentirent de la part de mes ravisseurs, criblant la porte de
balles un peu partout.
Alors que mon âme menaçait de quitter mon corps.
— ARRÊTEZ ! hurlai-je en les voyant trouer la porte un peu plus
chaque seconde.
Ils pouvaient le tuer. Ils allaient le tuer.
Puis ils se calmèrent. Et comme pour les narguer, la porte s'ouvrit un peu
plus, forçant une nouvelle fois les hommes à décharger leurs balles sur la
porte.
Les larmes me montèrent aux yeux, plusieurs minutes s'écoulèrent, et la
porte ne bougea pas.
— Non..., sanglotai-je violemment.
Est-ce qu'il était blessé ? Est-ce qu'on l'avait touché ?
Je tremblais, mes sens s'alarmèrent et la panique me gagna. Rapidement,
je sentais que je me perdais dans mon angoisse, des images dans ma tête se
figèrent, et toutes affichaient le corps inerte de Kai.
M'arrachant des sanglots alors que je sentais un goût amer dans ma
bouche.
Impossible de respirer, j'étais crispée et je sentais mon estomac se tordre
dans tous les sens.
L'homme qui me retenait par le bras avait déchargé son arme
entièrement, et je voyais qu'un autre était dans le même cas.
— Sortez, murmura un des hommes, ouvrez cette porte, vous deux. Il
vous reste des munitions ?
L'homme pointa du doigt deux de ses collègues qui acquiescèrent, leurs
armes rivées sur la porte alors qu'ils s'approchèrent.
Méfiant et lent, je les voyais marcher en direction de la sortie alors que
mon cerveau me hurlait la mort de Kai.
L'angoisse me prenait aux tripes, comprimant ma cage thoracique. Le
froid de la pièce me faisait trembler, ou était-ce ma terreur ?
Kai...
Je retenais mon souffle, essayant de me préparer psychologiquement à
voir le corps sans vie du mercenaire.
Il ne doit pas mourir...
Il n'a pas le droit.
— Patron-
J'hoquetai d'effroi en entendant deux coups de feu retentir. Au même
moment, la lumière revint et un cri s'échappa de mes lèvres en voyant un
couteau se faire jeter à une vitesse phénoménale sur l'un des trois hommes
présents dans la pièce.
La lame transperça sa gorge. L'étouffant alors qu'il cherchait du sang.
Et l'un des hommes commença à tirer dans tous le sens vers le couloir
encore sombre. Kai avait gardé le couloir plongé dans le noir complet.
Laissant seulement la pièce où nous étions avoir de la lumière.
— ARRÊTE DE TIRER PUTAIN DE MERDE ! Cria l'un des
hommes à son collègue, on ne sait pas ils sont combien !
Des sanglots quittèrent mes lèvres, et je me débattais en sentant l'homme
qui me retenait me tirer en arrière avec lui.
Sur les deux hommes restant, il n'y en avait qu'un qui avait encore des
balles dans son arme.
Et il couvrait celui qui me retenait prisonnière.
Isaiah, Judith et Stella se tenaient sur un coin de la pièce, Isaiah était
armé et couvrait Stella ainsi que sa sœur.
Et mon cœur tomba près de mes pieds lorsque je vis la silhouette de Kai
entrer nonchalamment dans la pièce.
Un couteau à la main, caressant le bout de la lame du bout de son index.
Ses yeux sur son arme blanche.
— Lakestone...que personne ne tire, déclara dans un souffle à peine
audible l'un d'eux.
— Je vois que les présentations ne se font même plus, souffla Kai
avant de relever le regard en notre direction.
Et mon cœur s'arrêta lorsque ses yeux croisèrent les miens.
Ne me quittant plus, alors qu'un violent frisson se déchargea le long de
ma colonne vertébrale, et la chair de poule enveloppa ma peau.
Mes yeux...
Mon ventre se tordait dans tous les sens en voyant son visage afficher
toutes ses émotions, et la rage peignait ses traits.
Je vis ses mains trembler soudainement, et ses yeux étaient écarquillés. Je
vis son regard se déposer sur ma plaie, et il remonta vers mes iris.
— Vous l'avez fait...
— Qu'est-ce que tu cherches Lakestone ?
Mais alors que j'eus à peine le temps de respirer, je vis Kai tirer d'un coup
sur la sœur d'Isaiah. Une balle dans son ventre.
Exactement là où j'avais l'entaille.
Je criais d'effroi et Isaiah hurla, Stella ne bougea pas d'un poil. Comme
pétrifiée.
— Vous avez touché ses yeux...
Mon cœur battait à la chamade, je voyais qu'il rentrait peu à peu dans une
colère ingérable.
Je voyais ses mains trembler si fort que je pensais qu'il faisait une crise
d'angoisse.
— Je voulais vous tuer rapidement, mais j'ai changé d'avis.
Kai les regardait avec une colère qui me terrorisait, ne voulant plus me
regarder moi.
— Asseyez-vous, je dois vous rappeler qu'elle m'appartient.
Les deux hommes qui restaient ne bougeaient pas, celui qui me retenait
par le bras me tirait peur à peu en arrière, vers la deuxième porte.
Des sanglots quittèrent mes lèvres, mon regard implorait Kai qui le
regarder faire sans bouger.
Puis d'un coup, l'homme ouvrit la deuxième porte.
— Salut trésor.
Des larmes de soulagements s'échappèrent de mes yeux, et j'explosai en
sanglot. Sans perdre une seconde, Jacob asséna un coup de poing et poussa
violemment mon ravisseur à l'intérieur.
Me détachant de lui par la même occasion.
J'entendais Jacob asséner un seconde coup de poing à l'homme et de
nouveaux tirs retentirent.
Très vite je me fis tirer en avant par la main de Kai qui s'enveloppa
autour de mon poignet et il me pressa contre lui avant de tirer sur les deux
mains de l'un des deux hommes, le seul encore armé.
— Je n'aime pas me répéter, déclara Kai.
Et il tira sur les genoux des hommes qui tombèrent au sol à la seconde
d'après.
— Je vous ai demandé de vous asseoir. Vous servirez de leçon pour
les autres, elle vous est complètement interdite bande de fils de putes.
Je tremblais violemment, l'adrénaline coulait dans mes veines et ma vue
était embuée.
Comme si je n'arrivais pas encore à vivre les secondes qui défilaient, tout
se passait très vite.
Kai me poussa violemment à l'extérieur de la pièce, ne contrôlant pas sa
force.
— Bien ! S'exclama le mercenaire, on va procéder par
étape...accordez-moi une petite seconde.
Il s'arrêta et enleva sa veste puis jeta en ma direction. Avant de se tourner
vers les deux hommes en retroussant ses manches.
— Je déteste qu'on touche à ce qui est à moi, et qu'on se permet de
vivre avant moi des moments que j'attends de vivre, commença le
mercenaire en poussant les tables et les chaises sur le côté.
Se tenant face aux deux hommes. Les regardant de haut.
— Et vous avez osé le faire, en plus pour Isaiah ?
Et il asséna un premier coup de poing à l'un des deux hommes. Manquant
de lui exploser la mâchoire, l'homme saigna des lèvres, gémissant de
douleur.
— Vous lui avez enlevé ses lentilles.
Un coup de poing beaucoup plus violent s'en suivit pour le deuxième,
mais mon souffle se coupa lorsque je vis Kai prendre son couteau.
— Et je n'arriverai pas à dormir le soir en sachant que vous avez vu
ses yeux avant moi.
Puis, à ce moment précis, je venais de sentir mon âme au bord de mes
lèvres. Mes yeux s'écarquillèrent et mon souffle se coupa.
Alors qu'il lui creva les yeux avec son couteau.
— Et je n'arriverai pas à rester calme en sachant que vous l'avez
déshabillé bande de fils de pute.
Il s'attaqua au deuxième alors que le premier hurlait de douleur, la lame
transperça ses rétines, puis je le vis casser les os de la main de celui qui
m'avait retenu prisonnière à son arrivée.
— Je n'arriverai pas non plus à dormir le soir en sachant que tu la
touchée.
On pouvait entendre ses os se craquer, et une folle envie de vomir me
prit. Un hoquet de surprise s'échappait de mes lèvres en voyant du sang
gicler de partout.
Mon cœur allait s'arrêter, et un nœud se forma dans ma gorge.
Cette vision m'horrifiait.
— Oh fermez là !
Mon souffle se rompit en entendant l'un des hommes étouffer lorsque la
lame transperça sa gorge, et cette vision me heurta violemment l'esprit.
Je commençais à voir flou, la plaie qui saignait en était la cause, de
petites taches se formaient sur ma vue et je voulais vomir.
Mon corps s'affaiblissait et je le sentais.
Kai se déchaina sur eux, tapant si fort qu'il défonçait leur visage, le
premier était mort, mais le second respirait encore, il gémissait de douleur.
On entendait les os de leurs cages thoraciques se casser, les os de leur
visage tout autant. Leur sang peignait le mur alors que Kai explosait leurs
crânes contre eux.
— J'AI DIT QUE PERSONNE NE DOIT LA TOUCHER ! hurla Kai
plein de rage, ELLE EST MIENNE BANDE D'ENFOIRÉS !
Et il continua, encore et encore. Même si je savais qu'ils avaient rendu
leur dernier souffle.
Kai n'arrivait pas à se calmer, déchaîné et terrifiant.
— Ne bougez pas ! Entendais-je Jacob menacer Isaiah et Stella.
Après plusieurs minutes sanglantes, Kai était essoufflé, du sang partout
sur ses bras, ses mains, son visage et son haut.
Jacob me fit signe d'entrer, mais doucement.
Pour ne pas brusquer la colère ingérable de Kai.
Je me sentais lourde, et j'avais très froid. Je ne me sentais pas bien, j'avais
l'impression que mon cœur battait de plus en plus lentement.
Des fourmillements sur mes membres se faisaient sentir alors qu'on
entrait dans la pièce.
— Ils sont tous morts, déclara Jacob en regardant Kai.
Le mercenaire se tourna vers Isaiah, Stella et Judith qui n'avaient pas osé
dire quoi que ce soit, la sœur d'Isaiah tremblait de douleur, encore au sol
avec du sang qui sortait de son ventre.
Isaiah était près d'elle, fusillant du regard Kai.
— Toi par contre, lâcha Kai en se tournant vers lui, je te réserve un
terrible moment avant ta mort. Tout comme ta putain de soeur.
Isaiah se tournait vers moi. Sentant le danger, je m'approchai de Kai pour
me mettre derrière lui.
Mais à peine arrivée à son niveau.
Un coup de feu retentit.
Et une douleur atroce se fit sentir dans mon corps. Mes lèvres
s'entrouvrirent, mon souffle se rompit.
Ma vue s'embua davantage, et la dernière chose que j'avais vu, c'était le
regard glacial de Kai sur moi.
Nos yeux se croisèrent encore une fois. Puis je n'arrivais plus à voir quoi
que ce soitw
Mon ouïe...c'était comme si j'étais dans une bulle.
J'entendais des voix, mais je ne comprenais rien. Il n'y avait que cette
douleur qui se faisait sentir.
Un froid m'enveloppa, je ne comprenais pas ce qui se passait.
Comme si tout se déroulait si lentement, si lointain.
Je vais mourir...je suis en train de mourir.
— NON...PUTAIN NON !...IRIS REGARDE MOI ! FAIS CHIER !
...Kai.
_____________
Hey !
Actuellement en train de regarder le live de Célia. Cette fille je-
(I love her.)
Anywayyyyyyy chill so !

🙃
Maintenant les ptits potes, accrochez vous parce que ça va aller très très
vite !

un merveilleux aid ! ❤️
D'ailleurs vu que je ne posterai pas avant l'aid du coup ! Je vous souhaite

❤️
A très bientôt pour le prochain chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : sarahrivens
46. Mensonge et promesse

Jacob
13 heures plus tard.
Mes pensées se mêlaient entre elles, alors que je regardais le médecin
examiner Iris après avoir soigné ses blessures.
— Pourquoi ne pas l'avoir emmené à l'hôpital, Jacob ?
Un soupir s'échappait de mes lèvres, mais je ne pouvais pas lui donner la
vraie raison, alors je dis simplement :
— J'aime pas les hôpitaux.
Lodger était le seul médecin en qui j'avais confiance, c'était le fils d'un
ancien ami à mes parents...et aussi mon ex.
Le plus sympa de mes ex.
Le seul qui n'allait pas me demander qui était cette fille, et comme une
balle avait traversé son ventre.
Et heureusement.
Quand Vernon le verra ici il me chantera "You betrayyyyyed me, and i
know that you've never feeel sooorry for the waaay i huuurt..."
— Il faut qu'elle se repose, elle a perdu beaucoup de sang. Son état
est stable pour le moment, il faudra surveiller son rythme cardiaque,
mais sinon...il n'y a rien qui pourrait la mettre en danger.
La balle avait été retirée, elle avait quelques points de suture sur son
ventre à cause de la lame.
Putain d'Isaiah et Stella.
C'était elle qui lui avait tiré dessus.
« NON...PUTAIN NON ! Kai elle est vivante regarde...IRIS REGARDE
MOI ! FAIS CHIER ! »
J'avais crié, parce que j'avais vu la réaction de Kai.
Quand la balle avait traversé le corps d'Iris, et qu'elle était tombée dans
ses bras. J'avais vu ses yeux s'écarquiller, son corps s'était figé.
Il regardait Iris, comme s'il n'arrivait pas à réagir.
Et j'avais crié, pour le ramener à la réalité.
Mais ça n'avait pas vraiment marché. Il n'avait pas bougé, ses mains
étaient autour d'elle, ses lèvres étaient entrouvertes et je savais qu'il
n'arrivait même pas à respirer.
Je savais qu'un jour, j'allais être confronté à une réaction comme ça.
Parce que je savais très bien ce qui s'était joué dans sa tête.
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi, je serais dans les
alentours cette semaine, je voudrais avoir l'évolution de son état au fil
des jours, me demanda-t-il en prenant ses affaires.
La machine qui servait à surveiller son rythme cardiaque faisait des bips
presque soulageants, ça faisait bientôt 13 heures qu'elle était sur ce lit.
— Merci beaucoup, fis-je en me levant du coin du lit.
Le médecin me sourit, et hocha la tête avant de me demander
curieusement :
— C'est toujours ton pote Kai ?
Un sourire étira mes lèvres, et j'acquiesçai.
— Il ne m'a jamais aimé, comment ça se fait qu'il ait accepté que je
vienne ici ?
Ah ça...

« Je conduisais comme un taré, le silence de Kai me perturbait. Il était à


l'arrière avec Iris. C'était pire que ce que je pensais putain.
Il n'avait pas dit un mot depuis que Iris avait reçu cette balle.
Mais ce fut de courte durée, puisque :
— On va à l'hôpit-
— NON ! PAS L'HÔPITAL ! explosa-t-il soudainement en me faisait
sursauter, pas l'hôpital, pas ça...pas l'hôpital...
Sa voix était irrégulière, chargée d'émotions qu'il n'arrivait pas à
contenir. Mais il fallait que j'insiste. Même si je connaissais déjà la
réponse.
— Elle ne survivra-
— J'AI DIT NON !
Je le voyais trembler violemment, ses mains tachées de sang d'Iris. Ses
yeux la fixaient depuis le début, il ne relevait pas la tête une seule seconde.
Putain de merde comment je vais faire ?
Ma main passait nerveusement sur mon visage alors que je réfléchissais
à comment j'allais emmener Iris à l'hôpital sans que Kai ne me fasse la plus
grosse crise d'angoisse qu'on n'ait jamais vue.
...pourquoi ne pas ramener l'hôpital à la maison ?
...Lodger.
— Ouais allô, commençai-je en répondant froidement à Vernon.
Nous avions démarré lorsqu'il était arrivé, et je comptais bien avoir une
discussion avec lui ce soir. Mais pour l'heure, il y avait plus important.
J'avais une meuf qui frôlait la mort et une bombe à retardement à
l'arrière, et j'avais très peur de l'explosion.
— Judith est morte, il ne reste plus que Isaiah.
— Emmène-le au Box, Kai voudra régler ses comptes à un moment ou
un autre, ordonnai-je simplement, pour Stella, on va juste déposer le corps
chez elle. Il faudra déclarer à cet enfoiré de Mason que je l'ai tué.
Kai n'avait rien pu faire après le tir de Stella.
Et cette dernière en avait profité pour essayer de s'enfuir. Mon coup était
parti tout seul, elle était morte à la seconde.
— D'accord, souffla Vernon.
— Je vais appeler un médecin, pour qu'il soigne Iris, l'informai-je après
quelques secondes de silence, il ne veut qu'elle aille à l'hôpital.
— Pas l'hôpital...pas là-bas..., entendais-je la voix de Kai murmurer
derrière.
Je déglutis, alors que mon cœur battait à la chamade, sachant
pertinemment qu'il pouvait exploser d'une seconde à l'autre.
La peur me prenait aux tripes, celle de perdre Iris...et perdre Kai par la
même occasion.
— D'accord, je vais m'occuper de nettoyer cet endroit, on se rejoint
après.
Et je raccrochai.
Où est-ce qu'il était putain ?
— Elle est fr..froide Jacob...
— Non Kai, c'est ta main, elle est encore en vie, tentai-je de le rassurer
alors que je n'étais pas sûr de mes paroles.
— E-E-...elle va mourir Jacob...
— Non Kai, elle ne mourra pas.
— Elle ne respire p...plus Jacob...
J'entendais sa respiration devenir de plus en plus bruyante, alors que
j'accélérai davantage. Putain de merde.
— Je l'ai tué Jacob...?
Oh non pas ça...
— Tu ne l'as pas tué, c'est Stella qui a tiré Kai, elle n'est pas morte, lui
expliquai-je doucement, tu as essayé de la sauver d'accord ?
— Je l'ai tué...
Le haut de son corps bougeait rapidement et ses yeux regardaient ses
mains tachées du sang d'Iris. Comme s'il se donnait les preuves de quelque
chose qu'il n'avait pas fait.
— Mes m...mains...
— Ce n'est pas toi Kai, tes mains sont en sang parce que tu l'as
rattrapé, lui expliquai-je en roulant de plus en plus vite.
Je tentai de garder mon calme, alors que la panique me tuait de
l'intérieur, j'avais peur de ne pas pouvoir le calmer.
J'avais peur de ne pas arriver à temps.
Putain Iris. »

Un souffle quittait mes lèvres et je fis un dernier au revoir à Lodger avant


de fermer la porte. Maintenant que Iris était en sécurité...il était temps
d'aller gérer le deuxième.
Et ça, c'était plus difficile.
Il n'avait pas voulu lâcher Iris quand on était arrivé, j'avais dû l'arracher
de ses mains pour la faire rentrer dans sa chambre.
Lui à mes trousses.
« — ELLE NE MOURRA PAS KAI TU COMPRENDS ÇA ?! explosai-
je en le poussant violemment loin d'elle, IL FAUT QU'ELLE RESTE
DANS SA CHAMBRE JE VAIS APPELER UN MÉDECIN !
— PERSONNE NE DOIT LA TOUCHER ! hurla-t-il à son tour en
fonçant dans la chambre d'Iris alors que je tentai de le garder loin d'elle. »
J'avais réussi à fermer la chambre à clé.
Il ne laisserait personne la toucher s'il continuait à la garder collée contre
lui. Et elle mourra.
J'avais déjà vécu un scénario pareil, j'avais 15 ans et lui 13, il avait trouvé
une hirondelle dans une forêt. Elle était mourante, il n'avait pas accepté que
je la touche.
Il l'avait gardé près de lui, sans savoir quoi faire, et sans laisser les autres
faire quoi que soit.
Et quand elle est morte...il avait juste dit qu'il l'avait tué.
Je me rappelais qu'il s'était frappé à plusieurs reprises ce jour-là, il l'avait
déjà fait avant.
Mais je le voyais se créer des raisons pour se punir, comme si c'était un
cercle vicieux.
— Kai...
Je l'avais entendu saccager sa chambre à l'instant où je l'avais poussé à
l'intérieur. J'avais l'impression qu'il allait exploser le mur qui séparait sa
chambre et celle d'Iris.
Je savais que c'était sa seule façon pour se calmer, tout exploser sur son
passage.
En attendant de pouvoir faire autre chose.
Mais plusieurs heures s'étaient écoulées, il m'avait demandé d'ouvrir la
porte à plusieurs reprises, mais je ne pouvais pas risquer.
Lodger était encore en train de soigner Iris.
— Mec, je vais ouvrir d'accord ?
Aucune réponse.
J'inspirai profondément et insérai la clé à l'intérieur de la serrure, puis la
tournai. Un petit clic se fit entendre alors que mon cœur s'accélérait
brutalement.
Je ne savais pas ce qu'il faisait depuis plusieurs heures, j'espérais qu'il
dorme.
Mais sans surprise, je vis son corps allongé sur son lit, et il ne dormait
pas. Je voyais ses blessures encore pleines de sang, sur ses doigts et le haut
de son crâne.
Une grimace s'afficha sur mes lèvres, j'en étais sûr.
— Elle est vivante, annonçai-je d'une voix basse, elle doit se reposer un
peu d'abord. Le médecin a dit que son état est stable...et euh, tu peux la
voir si tu veux.
Il ne répondit rien.
— Elle a quelques points de suture et elle a perdu beaucoup de sang,
continuai-je en essayant de le faire réagir.
Mais toujours rien.
— Mais elle n'ira pas à l'hôpital, le rassurai-je même si intérieurement
je le voulais.
Encore une fois, il ne dit rien.
Je ne savais pas comment réagir ni ce que je devais faire.
Je ne savais pas à quoi il pouvait bien penser, est-ce qu'il était figé ? Est-
ce qu'il faisait une crise d'angoisse ? Il tremblait encore.
Doucement, j'entrai entièrement dans sa chambre et fermai la porte. La
bibliothèque était encore à sa place, en même temps, le contraire m'aurait
étonné.
Je n'avais pas entendu de musique.
Mon cœur rata un battement lorsque sa voix beaucoup trop calme pour la
situation me demanda :
— Vernon est arrivé ?
Maintenant que Iris était hors de danger. Il allait se concentrer sur autre
chose.
Et Vernon était sa seconde priorité apparement.
— Il est en route, il s'est chargé d'emmener Isaiah au Box.
Et au même moment, on entendit la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer.
— Ah bah tiens, il est arrivé.
Il se leva lentement du matelas en se craquant la nuque et les doigts. Ses
muscles se contractaient et je croisai les bras, son corps trahissait son faux
calme.
Une dispute entre mon taré de meilleur pote et mon enfoiré de mec ?
Quel bonheur.
— Ça te dit pas d'aller voir Iris plutôt-
Je me tus en le voyant ouvrir le tiroir en prenant son petit sachet de
cocaïne. Il le regarde un instant, et sa mâchoire se contracta.
— Non j'en ai pas besoin, murmura-t-il en l'enfouissant à l'intérieur, je
suis assez éveillé pour cette discussion.
Mes yeux s'écarquillèrent lorsque je le vis prendre son couteau avant de
fermer le tiroir, son regard défiait le mien alors qu'il s'approchait la porte.
Il a pété un câble ?!
— Pousse-toi.
— Pose ce putain de couteau t'a complètement craqué ? m'étranglai-je
presque en voyant la lame entre ses doigts.
— Oh ça ? me demanda-t-il en me montrant la lame, non...ça, c'est pas
pour moi, c'est pour toi.
Kai passa à côté de moi en posant le couteau sur mon torse, et mes
sourcils se froncèrent en prenant l'arme blanche, ne comprenant pas à quoi
ce con jouait.
Avec mes nerfs putain.
— VERNON ! hurla-t-il soudainement en sortant de la chambre, viens
au salon qu'on discute un peu !
Je marchais derrière Kai qui, d'un pas décidé, s'avançait jusqu'au salon où
nous trouvâmes Vernon.
Je sentais que quelque chose n'était pas net, je voyais le regard de
Vernon.
Il y avait une énorme merde quelque part.
— Je vais tout t'expliquer-
Mon souffle se coupa lorsque Kai assena un coup de poing violent à mon
copain, et très vite je le tirai loin de Vernon.
— C'est vraiment pas le moment, grognai-je en tirant Kai loin de mon
mec qui ne bougea pas, calme-toi putain.
Mais plus les secondes s'écoulaient, moins j'avais l'impression que
Vernon était innocent. Parce que contre tout attente, il se confondait en
excuses.
Putain qu'est-ce qui se passe ?
— Oh, mais je suis très calme Jacob, ria nerveusement Kai en craquant
sa nuque une nouvelle fois, pas toi Vernon ? Tu es très calme aussi pas
vrai ?
Il ne dit rien, sa lèvre en sang me fit grimacer et mes sourcils se
froncèrent. Je sentais que mon agacement se transformait peu à peu en
colère alors que je voyais que les deux me cachaient quelque chose.
Je connaissais Kai, son sarcasme lorsqu'il était en colère n'annonçait rien
de bon.
— Tu étais calme quand Iris s'est fait kidnapper ? D'ailleurs où est-
ce que t'étais hein Jacob ne le sait pas ? Oh, mais attends...on peut
jouer aux devinettes ? demanda Kai d'un ton blagueur en tremblant de
rage, Jacob tu devrais y participer tiens !
— Ne fais pas ça..., murmura Vernon en lançant un regard à Kai.
Un rire mauvais s'échappait de la bouche de mon meilleur pote et mon
rythme cardiaque s'accéléra, je connaissais ce putain de rire.
Putain de merde Vernon.
— Est-ce que tu sais pourquoi à la baaaase Vernon travaille avec
nous ? Comme ça, un flic qui travaille avec deux mercenaires ? reprit
Kai furieusement en se tournant vers moi.
Je sentais déjà ma chute, la seule version étant que Vernon travaillait avec
nous parce que c'était mon mec, et parce qu'on collaborait.
— Je n'ai jamais supporté le fait qu'il te mente comme ça, et pendant
plusieurs années j'attends qu'il te le dise, mais je vois que vivre dans le
mensonge ne te dérange absolument pas, cracha Kai en regardant le
policier, bien sûr quand je l'ai découvert. Il m'a fait passer un accord,
vu qu'il nous collait au cul, j'ai accepté de ne rien dire et en échange...il
travaille avec nous.
Je regardais mon mec, alors que mon cœur venait de s'arrêter de battre
pendant l'espace d'un instant.
Le jour où Vernon et Kai m'avaient annoncé qu'ils allaient travailler
ensemble, j'avais cru qu'ils avaient trouvé un terrain d'entente.
Ils en avaient trouvé un...mais pas ce que je pensais.
— Qu'est-ce que t'as fait ? demandai-je d'une voix à peine audible.
— Il m'a fait promettre de ne rien te dire sous prétexte qu'il allait le
faire HAHA ! FOUTAISE ! hurla Kai fou de rage, ET MAINTENANT
TU METS IRIS EN DANGER AVEC TES PUTAINS DE MENSONGE
!
— Je n'avais pas le choix ! s'exclama Vernon en regardant Kai.
— TU AS MIS EN DANGER IRIS ALORS QUE T'AVAIS PROMIS
D'ÊTRE LA !
— J'AVAIS PAS PRÉVU-
Et soudain, pris d'une rage et une incompréhension terriblement
frustrante, je criai hors de moi :
— C'EST QUOI CES PUTAINS DE MENSONGES !
Et là.
— TON ENFOIRÉ DE COPAIN A UNE PUTAIN DE FAMILLE EN
DEHORS DE LA VILLE VOILÀ SON PUTAIN DE MENSONGE ! IL
A DES PUTAINS DE MÔMES ET UNE PUTAIN DE FEMME !
explosa Kai, ET IL N'EST PAS VENU À TEMPS POUR IRIS PARCE
QU'IL ÉTAIT AVEC EUX !
Je venais de sentir mon âme au bord de mes lèvres. Comme si tout venait
de s'arrêter autour de moi, les battements de mon cœur étaient la seule
chose que je pouvais entendre alors que j'essayais d'assimiler les paroles de
mon meilleur ami.
Une...quoi ?
— Des années qu'il garde ce putain de secret pour sa putain de
gueule, cracha Kai en le fusillant du regard, des années que j'attends qu'il
te dise mais qu'il n'en faisait rien du tout parce qu'il est bien trop
occupé à vivre ses deux vies pleinement.
— C'est pas ce que tu crois, commença Vernon en me regardant.
Je n'arrivais pas à parler, ma gorge se nouait tandis que je le fixais.
Comme si je ne l'avais jamais vu. Parce que c'était le cas.
Une famille...il avait une famille...une femme...
Putain je comprends pourquoi Kai faisait toujours des allusions sur sa
putain de sincérité.
Et je comprenais pourquoi il ne parlait pas trop en la présence de mon
meilleur ami.
Depuis autant d'années...
Des années...
— Pendant tout ce temps, je participe à ton putain de mensonge.
Grogna mon meilleur ami, te voir faire comme si de rien n'était avec
Jacob me dégoutait, mais savoir que ton mensonge à mis en danger Iris
? Ça, c'est ma raison de te tuer.
— Tu sais très bien que je voulais lui dire depuis un moment !
s'exclama Vernon essayant de se justifier, je n'avais pas trouvé le bon
moment ! On n'a pas eu une seule seconde de répit ! C'était pas à toi de
lui dire ça, c'est mon mec !
— TON MENSONGE A MIS EN DANGER MA IRIS ! cria Kia en
s'approchant dangereusement de Vernon.
Mais alors que je sentais que tout s'écroulait autour de moi. Les bips de
l'appareil d'Iris laissèrent place à un seul bip constant et long.
Et la panique me gagna instantanément.
Son cœur venait de lâcher.
°°°°
Trois heures plus tard. Hôpital.
Je regardais les gens à l'hôpital attendre, comme Vernon et moi. Aucun
de nous ne parlait, comme depuis plusieurs heures.
Je n'avais ni la force ni l'envie de l'écouter. J'avais arrêté toute
conversation avec lui, parce que déjà, ce n'était pas le moment.
Iris était entre la vie et la mort, j'avais appelé en urgence Lodger et il
m'avait dit de la ramener ici.
Il s'occupait d'elle actuellement.
— Il faut que tu m'écoutes-
Mais c'était la phrase de trop.
— T'as deux putains de gosses, et une putain de femme, crachai-je
dans un murmure, tu avais des années pour me dire ça et tu n'as rien
fait. Quatre putains d'années.
Quatre ans à me mentir. À cacher ça...des enfants...
Enfoiré de fils de pute.
— J'ai divorcé avant de te connaitre Jacob, murmura-t-il en se
tournant vers moi alors que je regardais face à moi, mes enfants avaient à
peine un an et deux. La garde est à leur mère et je n'ai le droit de les
voir que pendant le week-end-
— Quatre ans à me mentir, le coupai-je en passant nerveusement ma
main sur mon visage, quatre ans que tu forces Kai à me le cacher en lui
faisant promettre t'es vraiment la pire ordure qui soit.
Son silence me donnait envie de le flinguer, et ma jambe bougeait
nerveusement tandis que mon téléphone vibrait dans ma poche.
Je savais déjà que c'était Kai.
Il m'avait appelé au moins 35 fois ces trois dernières heures, soit à peu
près une fois chaque cinq minutes.
Incapable de franchir le seuil de l'établissement, et honnêtement ça
m'arrangeait.
Je n'étais pas capable de le gérer lui, Vernon et Iris.
Achevez-moi c'est un putain de cauchemar, je suis encore endormi et rien
de tout ça ne s'est passé.
Pitié je veux regarder les Bachelorette en mangeant un burrito.
— Quoi ? Commençai-je en répondant à Kai.
— Alors ? Elle est v-v...vivante ?
— Kai, je t'ai dit que je t'appellerai dès que j'ai des nouvelles,
marmonnai-je d'un ton fatigué avant de raccrocher.
Ma migraine martelait ma tête, et mes doigts pincèrent l'arête de mon nez
tandis que je fermais les yeux, j'avais besoin de fumer pour me détendre.
J'avais besoin de nicotine, mais je ne pouvais pas bouger d'ici.
Il avait des gosses, et une femme. Putain. Toute une famille.
— J'ai besoin d'air, annonçai-je en me levant.
Il fallait que je sorte, je n'arrivais pas à supporter sa présence à côté de
moi. C'était comme si je ne le reconnaissais pas.
Ma gorge était nouée, je me sentais trahi.
Il m'avait trahi, il m'avait menti depuis tout ce temps. Une putain de
famille, avec une ex-femme.
— Mais qu'est-ce que tu fais dehors bon sang ! entendais-je la voix de
Kai s'exclamer près de la voiture en me voyant arriver.
— Je suis bloqué à l'intérieur depuis deux heures, grommelai-je en
tirant ma clope de ma poche, donne-moi du feu.
Il demeura muet et me tendit son briquet, son regard rivé sur le sol
goudronné du parking de cet endroit que je détestais autant que Kai.
C'était oppressant. Et ça me rappelait cette foutue période qui avait
précédé la mort de ma grand-mère.
Dieu que je déteste les hôpitaux.
Très vite, je sentais le regard de mon meilleur ami sur moi, et je savais à
quoi il pensait.
— Je ne t'en veux pas, soufflai-je en sentant encore son regard sur moi,
je sais que tu ne peux pas rompre tes promesses, je n'avais juste pas su
lire entre les lignes quand tu me le disais.
Il y a eu plusieurs paroles de Kai, plusieurs gestes et réactions qui
auraient pu me mettre la puce à l'oreille.
Mais j'avais décidé de tout ignorer en pensant qu'il faisait ça juste parce
qu'il n'aimait pas vraiment Vernon.
De toute façon, Kai n'aimait personne.
— Je voulais te le dire, marmonna-t-il en prenant sa cigarette, ça me
cassait les couilles de savoir qu'il menait une double vie sans que tu
n'en saches rien.
Un sourire étira mes lèvres, me rendant compte de ma naïveté. Moi qui
pensais qu'il avait accepté de travailler avec nous pour moi.
Pour se rapprocher de ma vie.
C'était seulement pour garder son secret auprès de Kai.
Je me tournais vers mon meilleur ami lorsque je le vis agiter sa main,
tremblante. Je fronçai les sourcils et relevai la tête vers lui, je vis ses yeux
vers ses doigts agités.
— Calme-toi, elle ira bien. Les médecins n'ont rien dit-
— Et si elle meurt ? me demanda-t-il soudainement en levant ses yeux
vers moi, et si elle crève Jacob ? Et si les médecins ne réussissent pas à
la ramener ? Comme ils n'ont pas réussi à sauver maman ?
C'était à ce moment précis que mon souffle se coupa brutalement.
« Maman »
Nous n'avions pas parlé de sa mère depuis sa mort. Depuis qu'il avait 17
ans, et moi 19.
Et il n'était plus jamais rentré dans un hôpital depuis ce jour-là. Il n'avait
plus jamais mis un pied à l'intérieur de l'hôpital et refusait catégoriquement
de le faire.
C'était pour ça qu'il était actuellement dehors. Je savais qu'il était
incapable de rentrer.
J'avais essayé à plusieurs reprises de le faire rentrer, mais rien n'y faisait.
Certainement parce qu'il ne voulait pas se rappeler.
— C'est pas la même chose Kai, commençai-je en voyant déjà ce
dernier trembler de rage, c'était déjà trop tard la dernière fois et tu le
sais.
— Non j'en savais rien putain ! J'en savais rien ! s'exclama-t-il alors
que le ton de sa voix commençait à se charger de colère, tu crois que si je
savais, je ne l'aurais pas écouté ? Tu crois que si je savais qu'il allait lui
arriver quelque chose, j'allais faire le choix de l'ignorer la veille ?!
Je parlais de sa mère, et il me parlait d'Iris.
Simplement parce que c'était elle dont il voulait parler. Et qu'il n'arrivait
simplement pas à faire la différence entre les mots.
— Je l'ai ignoré, et je suis pas prêt à assumer de vivre avec ça. Je
pourrais pas accepter l'idée de l'avoir ignorée, et qu'elle me hante
jusqu'à la fin de mes jours.
Je l'écoutais, pour la première fois, je voyais Kai avoir peur de vivre. Lui
qui attendait sagement sa mort et qui jouait constamment avec sa vie parce
qu'il n'avait rien à perdre.
Je le voyais angoisser à l'idée de vivre avec cette pensée qu'il avait ignoré
Iris.
Iris...
Je savais qu'il s'était attaché à elle, je voyais très bien comment il la
regardait quand elle riait à mes blagues, quand elle jouait avec Rufus, quand
elle buvait son café devant Modern Family.
Je voyais le comportement de Kai changer, je sentais qu'il voulait
comprendre. Qu'il voulait faire des efforts pour qu'elle comprenne ce qu'il
avait dans la tête.
Je voyais comment il la protégeait, comment il avait des envies de
meurtres à chaque fois que quelqu'un l'approchait.
Vernon...
Ma bouche s'entrouvrit, c'était pour ça qu'il était jaloux lorsqu'elle restait
avec lui. Kai le voyait comme une menace, parce qu'il avait déjà eu une
femme.
— Tu sais, commençai-je après quelques minutes de silence, moi non
plus je ne veux pas qu'elle meure. Parce que pour la première fois, je
sens que quelqu'un veut ton bien autant que moi. Je sais qu'elle ne te
fera pas de mal, tu penses que je voudrais voir la grande Iris Simones
partir ? Et nous laisser seuls avec Rufus ? Je me suis refusé de mourir
et te laisser seul, mais depuis Iris, ça ne me dérange pas parce que je
mourrai avec la conscience tranquille, en sachant qu'il y a une
personne qui veillera sur toi après moi.
Il resta silencieux, ses yeux rivés sur ses bagues.
Et c'était vrai, j'avais toujours eu cette angoisse de mourir un jour, cette
peur démesurée de la mort. Avant j'avais peur de laisser ma grand-mère, et à
présent, j'avais peur de laisser Kai.
Enfin...plus maintenant.
— C'était très con de ta part de l'avoir ignoré, lui rappelai-je avant de
tirer une latte, je suis bien placé pour savoir que du jour au lendemain,
une personne peut partir de ta vie et il n'y aura plus le temps que tu
avais. Parce qu'elle ne sera juste plus là.
Ses mains tremblaient et son corps était figé. Je le vis tirer une autre
cigarette et je lui tendis le briquet.
— Prends ça comme une leçon, mais ne t'inquiètes pas, c'est une
battante elle va pas lâcher. Elle n'a même pas encore retrouvé ce fric,
Mason la réanimera pour lui crier dessus, blaguai-je en le regardant.
Il esquissa un infime sourire et mes lèvres s'étirèrent.
— Arrête de paniquer gros con, ta princesse dort. Mais elle va se
réveiller, t'as regardé tous les Disney, tu vois bien qu'il y a toujours une
bonne fin pour les princesses !
Il avait vraiment regardé tous les Disney. À plusieurs reprises.
Pratiquement chaque année.
— Cette conne est anémique et fait 55 kg, soupira Kai en souriant
faiblement, elle est...fragile.
— Je ne connais pas de filles fragiles qui ont réussi à tenir tête à Kai
Lakestone, tu le connais lui pas vrai ? lui demandai-je avec une pointe de
sarcasme.
Il releva la tête vers l'établissement. Et murmure :
— Ouais, on dit qu'il est monstrueux.
Je haussai les épaules, et acquiesçai en même temps. Puis il me frappa
l'épaule, m'arrachant un rire moqueur.
Je savais qu'il essayait de cacher son angoisse, son corps le trahissait.
Kai ne savait pas gérer ses émotions avec moi, lui qui se montrait
indifférent à tous et à tout le monde, il s'autorisait à laisser ses émotions
vivre quand il était avec moi.
— Bon allez, j'y re-
Mon téléphone vibra dans ma poche et je sentais que mon cœur
commençait à battre à la chamade lorsque je vis le nom de Lodger sur mon
téléphone.
Le médecin.
— Si c'est pas une bonne nouvelle, je te conseillerai de prendre tes
affaires et te barrer très vite.
Il émit un petit gloussement et me demanda :
— Tu comptes me tuer ?
J'avançai vers l'entrée en essayant de m'éloigner de Kai, cachant mon
stress à ce dernier.
— Moi non, mais Kai n'hésitera pas. Il brûlera l'hôpital en quelques
minutes, et vous avec.
— Alors on a de la chance, elle est vivante, elle va bien. M'annonça-t-il
juste après, tu as bien fait de la ramener à l'hôpital.
Et comme si je venais de sentir un poids immense s'envoler de mon
corps, mon estomac se dénouait doucement alors que mes lèvres
s'entrouvraient.
Putain elle est vivante. Enfin.
J'inspirais profondément, et fermai les yeux. Toute cette pression qui
planait autour de moi venait de s'évaporer, et mon cœur qui palpitait à une
vitesse folle commençait à se calmer.
J'étais à ça de croire qu'il me faisait une blague.
— Elle dort encore, mais vous pouvez la voir.
— On arrive.
Je fis demi-tour, et Kai arqua un sourcil. Je vis son visage devenir blême
alors que j'enfouis mon téléphone dans ma poche tout en m'approchant de
lui.
— Q...quoi ? Pourquoi tu es comme ça ?
Je n'arrivais pas à parler, bien trop soulagé et heureux de savoir que notre
petit trésor était encore en vie.
Le visage de Kai se décomposait à une vitesse fulgurante, et très vite, je
le vis se redresser.
Prêt à foncer vers l'établissement alors que je m'exclamai rapidement :
— NON ! Elle est en vie, elle va bien ! Iris va bien mec !
Je vis son visage se figea, comme l'intégralité de son corps. Et un rire
s'arracha involontairement de ma bouche.
Je sentais que mes veines tremblaient de bonheur alors que je posais mes
mains sur ses épaules, l'agitant légèrement pour qu'il comprenne.
Je le vis lever la tête vers le ciel et expirer lourdement en fermant les
yeux, puis il marmonna en ouvrant les yeux :
— ...Merci de répondre pour une fois.
Mes lèvres s'étirèrent et je soufflai un bon coup avant de lui dire :
— Je vais rentrer, on peut aller la voir même si elle dort encore.
Il baissa le regard vers moi, et ses sourcils se froncèrent légèrement.
Comme s'il réfléchissait l'espace d'un court instant.
Puis à la seconde qui suivit. Et sans même que j'y sois préparé.
Ma respiration se rompit soudainement alors qu'il marmonna, peu
confiant de ses paroles :
— Je... je crois que...je veux...venir.
_____________
Hey !
Qu'on se le dise, je suis pas du tout confiante par rapport à ce chapitre.
Voilà au moins si vous avez pas aimé, sachez que moi aussi MDR. Sauf la
fin.
J'écris rapidement cette NDA parce que je suis en retard Oh god but yall-
Je sais qu'on se rend pas forcément compte de la fin, but i got goosebumps.

A très bientôt pour un nouveau chapitre !


Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
On s'approche de plus en plus de la fin oh lord i can't wait !

With love. S
Instagram : sarahrivens
47. Imagination

(NDA pré chapitre : Coucou tout le monde ! I'm baaaack !)


Iris
Les yeux plissés, je sentais une gêne dans mon ventre. Mon crâne me
faisait atrocement mal alors que mon corps semblait peser une tonne.
Mon cerveau reprenait peu à peu le contrôle, et ma conscience elle...se
réveillait doucement.
Le décor blanc m'aveuglait presque, je tournai lentement la tête, essayant
de comprendre où j'étais.
...Quoi ?
— ...depuis presque deux jours madame !
Ma vue embuée n'arrivait pas encore à bien discerner les silhouettes, ou
plutôt, la silhouette se trouvant sur mon champ de vision.
La voix semblait lointaine, mais plus je reprenais connaissance, plus je
commençais à reconnaitre ce qui se trouvait autour de moi.
Je vis mes mains pleines de pansements, je remarquais que j'étais
perfusée.
— Bouge...pas je vais appeler...médecin...
Après plusieurs secondes, je reconnus la voix de Jacob.
C'était lui qui me parlait avant de partir...attends...
Un médecin ? ...est-ce que c'est l'hôpital ?
Je ne suis pas...morte ?
Les images défilaient aléatoirement dans mon esprit, je commençais à me
rappelais que de certaines choses. Mais tout se mélangeait, mes muscles
étaient encore engourdis.
Je suis ici depuis combien de temps ?
Ma gorge était sèche, je me sentais faible. Mon corps était comme
détaché de mon énergie et de ma volonté de bouger, et tous mes
mouvements étaient lents.
Un gémissement de douleur s'arracha de ma bouche lorsque j'essayais de
me redresser. J'étais encore complètement sonnée, mes oreilles
bourdonnaient légèrement et ma vue était encore floue.
Putain...
— Bonsoir Iris, rallonge-toi tout va bien.
Comme au ralenti, comme si mon cerveau ne fonctionnait pas encore
complètement. J'étais fatigué, j'avais des maux de tête et des maux de
ventre.
...Où est Kai ?
C'était la première chose qui me vint à l'esprit.
Où était-il ?
— Tu es à l'hôpital, m'expliqua calmement le médecin en s'approchant
de moi, rallonge-toi tu es encore faible.
J'obéissais sans broncher, ma vue était encore légèrement brouillée, le
son de l'appareil à côté de moi faisait un bruit presque agaçant.
Il y avait une fenêtre qui laissait rentrer beaucoup trop de lumière et je
vis un petit canapé très près de mon lit.
Je détestais les hôpitaux.
Le médecin m'examinait silencieusement, lâchant des phrases rassurantes
en direction Jacob qui souriait comme un fou en me regardant.
Alors que je ne pensais à rien d'autre que Kai.
Il m'avait sauvé ? Comment avais-je survécu ? J'avais senti la balle, et
j'avais senti que mon corps m'avait lâché.
Doucement, je sentais des larmes s'échapper de mes yeux. Alors que je
me rendais compte de ce qui m'était arrivé.
...J'avais survécu.
Mes lèvres tremblaient alors que les émotions nouaient ma gorge, Jacob
me lança un regard paniqué alors que je sentais que tout m'engloutissait.
J'étais encore en vie.
— Elle est encore sous le choc ça arrive, dit le médecin en regardant
Jacob.
— Je vais les appeler, déclara ce dernier après quelques secondes à
examiner mon visage baignant dans mes propres larmes.
Nous laissant seuls le médecin et moi.
— Tu nous as fait beaucoup de frayeur, blagua le médecin en
continuant sa série d'examens, mais finalement tu es restée.
Restée ?
— Tu as mal quelque part ?
— Mon...ventre, un peu..., tentai-je d'articuler doucement en le voyant
attendre ma réponse.
— On a dû t'opérer pour te retirer la balle et recoudre ta plaie,
m'expliqua-t-il plus sérieusement, tu as pris deux jours pour reprendre ta
conscience, mais ton état est stable, et ça, c'est une bonne nouvelle. À
part ton ventre, tu as une douleur autre part ?
Je grimaçais et répondis :
— Ma tête.
Il acquiesça, et écrit sur son carnet. Mais au moment où il mit sa petite
lampe de diagnostic près de mon visage, je me raidis instantanément.
— Tu as de très jolis yeux, Jacob m'avait prévenu, me sourit-il avant
d'éteindre la petite lampe, bien ! j'aimerais beaucoup te garder ici encore
un jour ou deux pour être sûr que ton état est stable-
— Dégage de là gros bouffon !
Mon cœur s'arrêta presque, cette voix. Je la reconnaissais.
Rox.
Mon cœur rata un battement en la voyant entrer comme un ouragan,
criant sur tout le monde avant de presque me sauter dessus.
Son corps enveloppa le mien, et comme si on avait appuyé sur un bouton,
j'éclatai en sanglots instantanément.
L'appareil se mit à sonner plus rapidement, et j'enroulais mes bras autour
du corps de ma meilleure amie, son odeur emplit mes narines, et je me
sentais très vite à la maison.
Là où j'avais laissé ma vie. Ewing.
— Elle m'appelle « gros bouffon » encore une fois, je vais l'enterrer,
grogna Jacob en entrant.
Mon cœur s'emballa en voyant Cody près de lui, mais toujours aucun
signe de Kai. Rox me serra très fort contre elle, jusqu'à me faire mal.
Mais je n'en avais rien à foutre. Elle m'avait tellement manqué.
— Je t'interdis de partir et me laisser ici toute seule, tu m'entends ?!
Je hochai la tête et mes larmes reprirent de plus belle en entendant sa
voix se briser à la fin de sa phrase.
Rox...
— Tu m'as manqué, sanglotai-je en la serrant très fort contre moi.
— Elles ne se sont pas vues depuis aussi longtemps ?
La voix du médecin arriva à mes oreilles, et je relevai la tête vers eux.
Il était à côté de Jacob, le regard interrogateur.
— Ne pose pas de questions Lodger, t'aimerais vraiment pas savoir,
soupira Jacob.
Rox se défit de mon étreinte, ses yeux noyés de larmes et un mince
sourire étirait ses lèvres charnues.
Je sentais mes larmes couler le long de mes joues, alors que mes veines
vibraient de bonheur et de soulagement.
Sa présence venait de réchauffer mon corps, comme si je touchais un
bout de ma vie d'avant à travers elle.
Avant de l'avoir connu lui.
— Sortez un moment, je dois terminer de l'examiner et je ne peux
pas le faire avec tout le monde ici, sourit le médecin qui semblait
connaitre Jacob.
Je hochai la tête en fixant Rox qui ne voulait pas lâcher ma main.
— T'en fais pas Rider, c'est pas comme si on allait la kidnapper,
blagua Jacob et cette dernière le fusillait du regard avant de répliquer.
— Haha c'est trop marrant. Gros con.
Cody me lança un petit sourire, et je les regardais sortir de la pièce. Me
laissant seule avec le médecin qui faisait je ne savais quoi près de l'appareil.
— Je suis ici depuis...combien de temps ? interrogeai-je en grimaçant
légèrement de douleur.
— Deux jours, m'informa le médecin, trois si on compte depuis
l'instant où Jacob m'avait appelé pour te soigner.
Il me fit un petit sourire poli et écrivait sur son carnet, puis revint près de
moi pour m'examiner à nouveau.
Je n'arrivais pas à me sortir Kai de la tête, comme s'il était la seule chose
qui m'importait actuellement. Pourquoi n'était-il pas avec eux ?
Où est-ce qu'il était ?
J'avais fait quelque chose de mal ?
Est-ce qu'il m'en voulait pour quelque chose ?
Je me demandais s'il savait que je m'étais réveillé, s'il était venu me voir.
Peut-être qu'il s'en foutait ?
Après tout, pourquoi ne s'en foutrait-il pas ?
Il s'en fout c'est sûr.
— Tes amis ont attendu ton réveil, murmura-t-il en me regardant me
perdre dans mes pensées.
Un nœud se forma dans ma gorge, me rappelant que Rox était là, Cody
aussi.
— Tous les trois ? Interrogeai-je.
Il hocha la tête.
Alors Kai n'était pas là.
Pourquoi ressentais-je de la déception ? Ce n'était pas surprenant.
Pourquoi je m'attendais à autant d'attention de sa part, alors que je savais
pertinemment qu'il n'allait pas me donner ce que j'aimerais ?
...mais pourquoi il n'était pas là ?
— J'aimerais beaucoup te dire que tu vas rester ici encore un jour ou
deux, mais...je sais que Jacob et Kai veulent que tu restes à la maison,
tout est déjà préparé là-bas.
Il connaissait Kai ?
Je hochai la tête, j'allais me faire soigner en dehors de l'hôpital. Et
honnêtement, ça ne me dérangeait pas.
Au contraire.
Il resta dans la pièce encore quelques minutes, puis me lança un dernier
sourire avant de s'éclipser pour chercher les autres.
Alors que dans ma tête, Kai allait bientôt se faire appeler propriétaire de
mon esprit.
J'étais ridicule de chercher du réconfort uniquement auprès de ceux qui
étaient parfaitement incapables de m'en donner.
...Comme mon père.
Ridicule de chercher après lui dès mon réveil comme s'il avait fait
quelque chose...
...il te protège...et il est gentil ?
C'était suffisant, assez suffisant pour que je lui accorde toute mon
attention.
Ma gorge se nouait alors que je me rendais compte de mon attachement
dangereux pour le mercenaire.
Pourquoi je m'attachais si vite ? Aux mauvaises personnes ?
Pour quelques gouttelettes d'affection et de réconfort, et une pincée de
fausse protection.
La porte s'ouvrit une nouvelle fois et Rox, Jacob et Cody entrèrent.
— Prends-lui ses affaires, je vais chercher une chaise roulante,
déclara Jacob avant de se tourner vers ma meilleure amie, aide-la à
s'habiller, on rentre.
°°°°
Deux heures plus tard. La maison.
— Putain ce bordel...
Allongée sur mon lit avec Rox, je venais de passer je ne savais combien
de minutes à lui raconter tout ce qui m'était arrivé.
Comme si je venais de déverser toutes mes angoisses, je me sentais
soudainement plus légère. Grâce à la présence de Rox.
Je ne réalisais pas encore qu'elle était là, près de moi, après toutes ces
semaines d'absences.
— Cody n'a jamais voulu m'expliquer totalement, Jacob nous a
appelé quelques heures avant ton réveil, souffla-t-elle avant de se
redresser, mais je ne m'attendais pas à ce bordel...même Rufus a été
embarqué là-dedans.
Un petit rire s'échappait de mes lèvres et je grimaçais de douleur en
posant mes doigts sur ma plaie couverte, je ne devais pas rire.
— Kai et toi...
Mon sourire s'effaça lorsqu'elle me reprit le sujet, ce même sujet que
j'avais abordé la boule au ventre et le nœud à la gorge.
Je ne pensais pas que ces évènements allaient m'affecter de la sorte, mais
je savais que cet attachement s'était à nouveau manifesté à cause du baiser.
Puis lorsqu'il m'avait ignoré.
Puis lorsqu'il avait tenté de me sauver.
Et mes dysfonctionnements psychologiques n'arrangeaient rien, je me
retrouvais à penser à lui, à lui en vouloir parce qu'il n'était pas là à mon
réveil, à avoir envie de le voir.
Je savais qu'il était dans sa chambre, je n'avais pas envie de demander où
il était pendant mon sommeil. Mais Jacob allait me mettre au courant dans
tous les cas.
Kai...
Il était la seule chose à laquelle je pensais, résident comme un fantôme
dans mon esprit, me hantant de son vivant. Pour quoi ?
— Tu te rends compte que c'est un mec dangereux, qui t'as kidnappé
hein ?
— Wow quelle découverte Rox, répondis-je sarcastiquement, sans toi je
n'y aurais jamais pensée.
Ma meilleure amie soupira.
— Qu'est-ce qui t'attire chez lui ?
Lui.
Je haussai les épaules, tout de suite plus honteuse de mon attachement
pour Kai.
Bien que je savais que Rox n'allait rien me dire, je ne pouvais pas le dire
à haute voix.
Comme si je ne voulais pas l'avouer à moi-même.
— C'est le fait qu'il t'ait dit « Je m'appelle Kai, mais tu peux
m'appeler ce soir » ? C'est ça qui t'a fait flancher ? Ma pauvre...ce
clown a presque ton cœur entre les mains grâce à une disquette bien
beauf.
Son sarcasme m'arracha un rire, me rappelant que Rox avait une image
très vieille de Kai.
Et me rappelant de cette disquette ridicule.
J'avais l'impression que cet instant remontait à des années. J'avais raconté
l'anecdote à Rox, sans lui racontait tout ce qui se passait derrière.
Mais à présent, elle savait tout.
Elle savait ce qui s'était passé entre nous, elle savait ce que je pensais de
lui, elle savait comment mon comportement était avec lui.
— Je me suis attaché ce clown, lançai-je ironiquement, je sais
c'est...ridicule ? Oui.
— Et bien sûr tu t'es attaché à lui, soupira-t-elle en me regardant, dans
un roman on pourrait prendre ça pour le syndrome de Stockholm.
Sauf qu'il m'attirait bien avant mon enlèvement.
J'étais complètement assoiffée d'affection, et il m'en avait donné. Il
m'avait remarqué, et j'étais tombé pour son attention.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— ...je suis stupide, murmurai-je à moi-même en me rendant compte que
j'étais tombé pour son attention.
J'étais tombé depuis si longtemps, et je ne faisais que tomber davantage.
Sans m'en rendre compte.
— Non, pas du tout. Ne t'en veux pas d'avoir couru dans les bras
d'un mec parce qu'il t'a offert de l'attention, ce n'est pas de ta faute si
personne ne t'en avait donné plus jeune.
Ma gorge se nouait instantanément, les paroles de Rox étaient toujours là
pour me rappeler que ce n'était pas de ma faute, mais c'était tellement plus
fort que moi.
Il me fallait un regard, un sourire, un brin d'attention...et je me collais.
Affamée d'affection et de réconfort, d'amour et d'attention.
— Beaucoup de filles sont comme toi tu sais ? me dit-elle en me
prenant la main, pourchasser l'affection là où elles pensent en trouver,
vous n'en demandez pas beaucoup. Tout ce que vous faites au final c'est
aller chez les autres et dire « Bonjour, vous pouvez m'aimer ? »
intérieurement c'est ce que tu fais. Tu as toujours été comme ça Iris.
Je me tournais vers elle, sentant ma vue s'embuer.
Je savais que j'avais toujours eu ce manque d'affection, cette soif de me
coller à tous ceux qui m'en donnaient.
Mais l'impact était plus grand quand c'était Rox qui me le disait.
— Tu essaies de ne jamais contrarier ceux que t'aimes, tu nous
achètes des cadeaux pour avoir notre affection. Tu n'as eu qu'un seul
schéma dans ta vie et tu le reproduis, tu penses que tu dois faire des
efforts constamment pour avoir un peu d'amour. Tu penses que
l'amour et l'attention ne sont pas faciles à avoir, que tu dois les mériter,
alors que non.
Ma lèvre tremblait, et elle me prit dans ses bras en continuant :
— Je sais que tu aimerais être aimée, et protégée, moi je t'aime, mais
je sais que ce n'est pas ça que tu veux. Et ça ne sera jamais assez pour
combler ton vide.
Je me sentais tellement vide, savoir que Kai n'était pas là à mon réveil
m'avait terriblement atteint alors que ça ne devrait absolument pas.
Et pourtant.
— Tu vas toujours courir après les plus toxiques, ceux qui sont
émotionnellement indisponibles, en vérité, tu ne verras même pas
mauvais signaux. Tu n'y verras qu'une porte à l'affection, ça va effacer
tous les mauvais côtés. Donc ça ne m'étonne pas que tu sois comme ça
avec l'autre clown, même si c'est malsain et toxique, tu ne verras pas le
danger.
J'étais mon propre danger.
J'étais dangereuse pour moi.
— Mais...c'est un putain de mercenaire Iris, souffla-t-elle après
quelques secondes de silence, tu ne peux pas tomber pour un
mercenaire, en plus, un mercenaire avec des problèmes de colère et un
manque d'humanité.
...Oui, mais, il me protège.
— Tu sais...il n'est pas aussi mauvais que tu peux le penser,
commençai-je en regardant le plafond, c'est vrai, il ne sait pas gérer sa
colère, et c'est un mec dangereux. Il tue sans aucune culpabilité, et il est
violent...mais il n'a jamais été violent avec moi. Il m'écoute Rox,
genre...il s'intéresse à ce que j'aime, et il respecte mes choix...il est gentil
avec Rufus, avec moi.
— Tu te rends compte que tu viens d'énumérer le minimum à avoir
pour une personne comme si c'était des qualités introuvables ? Alors
que c'est le minimum ?
Et je fronçais les sourcils.
— Peut-être que pour toi c'est le minimum, mais pour moi Rox, c'est
impensable qu'une personne m'accorde autant de respect, d'attention
et d'écoute. Je n'ai jamais été celle qu'on écoute, celle qu'on respecte,
celle qu'on choisit en premier, celle qu'on aime en premier. Alors dès
que ça arrive, mes émotions me dépassent, tout me dépasse et je ne gère
rien. Tout ce que je veux, c'est ressentir ce qui m'a été interdit, je veux
ressentir ce que tout le monde ressent.
Rox se tut. Et je continuai.
— Tu crois que j'aime vivre ça ? Ce constant besoin d'affection ? Tu
crois que je peux me permettre de choisir comme vous ? C'est comme
dire à un assoiffé de choisir la marque de bouteille d'eau qu'il veut
boire, il en a rien à foutre de la marque ni de la qualité de l'eau. Il veut
juste boire, c'est tout. Tu t'en fous de qui est la personne qui te donne
l'attention que tu cherches, tout ce qui t'importe c'est te sentir aimée,
même si c'est faux t'en auras absolument rien à foutre. L'effet placebo
fonctionne très bien.
J'avais toujours voulu qu'on m'aime pour combler le manque d'amour de
mes deux parents, de ressentir ce sentiment d'être indispensable pour
quelqu'un.
Au point où l'amour obsessionnel était le seul amour que je voulais avoir.
Le côté toxique de la chose ne me dérangeait même pas, car l'intensité de
cet amour était bien plus grande et nourrissait très bien mon manque.
Et pourtant, je ne sortais pas avec les mecs. Parce que grâce au schéma
de mes parents, il était aussi impensable pour moi que mon copain ne me
trompe pas.
Alors je me protégeais et je protégeais mon cœur.
En restant loin d'eux.
Mais pas Kai...
— Tu penses qu'en temps normal tu te serais attaché à Kai ?
— Oui, répondis-je instantanément, ça aurait pris plus de temps certes,
mais je me serais attachée.
— Mais il tue des gens Iris ?! S'étrangla-t-elle en se redressant.
— On n'est pas tous parfaits, écoute, soupirai-je d'un ton sarcastique en
m'arrachant un sourire.
Je savais que c'était malsain, je savais que c'était dangereux et je me
noyais dans son monde. J'étais bien consciente qu'il n'était pas bien pour
moi, pour ma sécurité...du moins, il pouvait me protéger de tout.
Sauf de lui.
Depuis notre baiser, mon attachement s'était décuplé, et au moment où il
était venu à mon secours, je savais que j'étais tombé bien bas.
Et qu'il m'était impossible de remonter, pour retrouver mon indifférence.
Je n'avais jamais été indifférente à lui, mais maintenant, c'était pire.
Maintenant, et comme depuis quelque temps, je le cherchais.
Je suis ridicule putain.
— Tu veux manger quelque chose ? Me demanda Rox.
Je grimaçais.
— Tu m'as gavé pendant une heure, je ne peux plus rien avaler.
Elle émit un petit rire et se leva du lit, regardant la chambre à nouveau. Je
la vis s'avancer vers le placard qu'elle ouvrit, elle émit une expression
ahurie en voyant mes vêtements.
— Tu avais ma veste depuis tout ce temps ! Je l'ai cherché partout !
Un gémissement de douleur s'arracha de ma bouche après avoir éclaté de
rire face à sa phrase. Puis une question me vint à l'esprit.
— Tu...tu as des nouvelles de...maman ? Et Théa ?
Elle se tourna vers moi. Et refermait mon placard.
— Tu veux savoir si elles t'ont cherché ? me questionna-t-elle.
Je ne répondis rien, mais c'était exactement ce que je voulais savoir.
— Je n'ai pas eu de nouvelles, dit-elle avec honnêteté, mais une fois
Théa m'a appelé pour savoir pourquoi tu ne répondais pas à ton
téléphone, et j'avais menti en disant qu'il était en réparation. Je ne
voulais pas l'alarmer parce qu'elle est jeune...mais j'étais au bord de la
panique.
Ma gorge se nouait, comme si je voyais mon ancienne vie à travers une
fenêtre.
Théa me manquait affreusement, et voir que Rox avait fait des pieds et
des mains pour savoir où j'étais me faisait tellement culpabiliser.
Alors que je n'y étais pour rien.
— J'étais parti voir la police, mais rien n'y faisait. Et Cody n'avait
pas l'air inquiet ce qui me rendait complètement ouf, on avait reçu un
message de ta part nous disant que t'étais parti chercher ton père, mais
j'étais absolument certaine que ce n'était pas toi. Ton message était
beaucoup trop sec.
— La police, pouffai-je en me rappelant que Vernon, et oui ce n'était
pas moi. C'était Kai.
Elle acquiesça, je comprenais qu'elle le savait. Cody lui avait tout raconté
aussi, il y avait certains passages de mon récit qui ne l'avait pas choqué.
Et nous continuions à parler pendant encore quelques heures.
Ça m'avait manqué, elle m'avait raconté les dernières nouvelles de la fac.
Sa relation avec Cody était encore floue pour elle, contre toute attente, ils
n'étaient pas ensemble.
Enfin, plus vraiment.
Je savais que Cody n'était pas vraiment son genre. Même si je voulais les
voir ensemble intérieurement, je savais qu'ils n'étaient pas compatibles.
Bien sûr, ils avaient essayé, mais...de ce que je comprenais, ça n'avait pas
marché. C'était drôle à dire maintenant qu'ils étaient « ex ».
Rox était beaucoup plus impulsive que moi quant à ses relations, elle ne
réfléchissait pas généralement. De mon côté, ça m'effrayait tellement que je
n'osais pas m'approcher, mais je courrais derrière ceux dont j'étais sûr qu'ils
ne m'aimeraient pas en retour.
Peut-être comme une forme de sécurité, et me rappeler que je ne pourrais
jamais être aimé par ceux que j'aime.
— Tu savais...pour...le Box ?
Elle releva la tête vers moi. Et fronçait les sourcils.
— Tu m'avais dit que c'était dangereux, et tu ne voulais pas que j'y
aille...tu savais ?
Cody était au courant, alors intérieurement, j'espérais qu'elle ne le soit
pas.
Le visage de Rox perdait presque de ses couleurs, et elle déposa son
téléphone sur mon lit. Mes sourcils se froncèrent légèrement alors qu'elle
soupirait.
— Bon...je sais que...je ne vais pas pouvoir éviter la conversation plus
longtemps...
A mon tour de lui lancer un regard interrogateur, perplexe de ses paroles.
— Tu sais je...je n'ai jamais aimé cet endroit pour les fréquentations
qu'il y avait. Mais j'y suis déjà allé, il y a quelques années.
Ce n'était pas quelque chose qui me choquait, Rox aimait beaucoup les
endroits peu fréquentables.
— Et la dernière fois remontait à trois ans, j'étais partie seule.
C'était les vacances et tu étais à Hydewood, reprit-elle après deux
minutes de silence, j'aimais beaucoup l'ambiance du club, le rouge et la
musique un peu déviante. Je devais rejoindre quelqu'un. C'était un mec
que j'avais rencontré là-bas, il était mignon. Un brun, avec des yeux
très noirs, je savais qu'il avait des origines mexicaines, il était drôle. Il
s'appelait Seth.
Et mon cœur rata un battement. On parlait du même Seth ?
La description correspond bien...
— On se parlait déjà depuis quelque temps, je savais qu'il n'était pas
fréquentable. Mais j'étais attiré par sa personne, m'expliqua-t-elle d'une
petite voix, mais j'y suis allé et je l'ai attendu presque toute la soirée.
Sauf qu'il n'était pas venu, et...
Je me redressai, un mauvais pressentiment enveloppait mes membres
alors que j'écoutais son histoire. Une histoire qu'elle ne m'avait jamais
racontée.
— Je ne pensais pas que j'avais beaucoup bu, mais j'étais
complètement arraché. Tout était flou et c'était comme si j'étais dans
une autre dimension.
Mes yeux s'écarquillèrent, et ma bouche s'entrouvrit. On l'avait droguée ?
— Je suis parti aux toilettes, et tout ce dont je me rappelle c'était
qu'un homme était rentré après moi, murmura-t-elle après plusieurs
minutes silencieuses, mon corps n'était plus à moi, je n'arrivais même
pas à me défendre, j'étais comme anesthésiée alors qu'il...enlevait ma
culotte.
Je m'approchai d'elle en sentant sa voix se briser à la fin de sa phrase.
Incapable de dire quoi que ce soit, je me sentais terrible de ne pas avoir
eu cette histoire des années avant.
— Tu m'avais appelé, et j'avais répondu, mais j'étais incapable de
parler. Tout me dépassait, je ne me rappelle pas de son visage, mais je
savais qu'il m'avait drogué.
Puis, mes souvenirs se connectèrent entre elles. Et c'était à ce moment-là
où Rox m'avait dit qu'on devait avoir un code pour savoir si l'autre était en
danger.
Tout s'expliquait.
Oh bordel...
— On m'a...violé dans ce club, je suis resté là-bas encore une heure
ou deux, je ne savais plus. Mais au bout de trois heures, les effets
s'étaient estompés.
— Pourquoi tu m'as caché ça...
Elle me lança un regard, et ses yeux se remplirent de larmes. Je
culpabilisais tellement de savoir que je n'étais pas là au moment des faits.
Et que je n'avais pas remarqué ce qu'il lui été arrivé.
Je suis tellement stupide.
— Je ne voulais pas que tu culpabilises de ne pas avoir été à Ewing,
je savais que tu allais t'en vouloir...mais ce n'est pas de ta faute,
maintenant je vais mieux, tu sais ?
Je la voyais jouer nerveusement avec ses doigts, et je la pris dans mes
bras.
Sentant par la suite ses larmes sur mon épaule, arrachant mes larmes de
mes yeux.
— Mais je ne voulais pas que tu vives la même chose que moi.
— Je suis tellement désolé...
Elle resserra son étreinte et je fermai les yeux, la culpabilité me rongeait
de l'intérieur. Comme si je n'étais pas une bonne amie. Je n'avais rien vu.
— J'avais supprimé le numéro de Seth, m'avoua-t-elle avec un petit
rire à la fin, je ne voulais plus rien qui me reliait à cet endroit...mais
j'avoue que je pense souvent à lui.
Un nouveau rire s'arracha de sa bouche. Seth...
— J'avais vu une psychologue pendant quelques mois à cause de ça,
je me sentais tellement vide et détruite de l'intérieur que je n'arrivais
pas à passer quelques heures sans vouloir prendre une douche,
murmura Rox, mais quand tu es revenue, j'avais jeté ma protection sur
toi. C'est pour ça que je refusais que tu sois dans des endroits miteux et
peu fréquentables sans moi. Tu es comme ma petite sœur, et je te
protégerais toujours.
— Je t'aime...je suis désolé...
— Regarde-moi.
Son visage me fit face, elle essuya mes larmes. Et j'essuyai les siennes.
Un sourire étira ses lèvres alors qu'elle souffla :
— Je vais mieux maintenant, pendant cette période tu ne comprenais
pas pourquoi je n'étais pas bien, et tu m'emmenais faire du shopping
presque tous les jours pour me changer les idées alors que tu ne savais
pas ce qui m'était arrivé, et je n'oublierais jamais ça.
Je me rappelais qu'elle avait eu cette phase où elle n'était plus la même, je
faisais en sorte de faire des choses qu'elle aimait bien.
...Parce que c'est mon amie.
— Rox ! On doit partir !
Ma gorge se noua instantanément à l'entente de la voix de Cody derrière
la porte.
Elle devait partir.
Elle hocha la tête, et ses lèvres se déposèrent sur le bout de mon nez,
m'arrachant un sourire et je la repris dans mes bras. Ne voulant pas qu'elle
parte.
— Je dois y aller...demande à Kai de te redonner ton téléphone, j'en
ai assez de parler à Siri pendant ma pause déjeuner.
Un rire quitta mes lèvres. Et elle sourit avant de me faire un dernier câlin
en murmurant :
— Je suis soulagée de te voir...tu m'as manqué sale débile.
— Toi aussi...
...Tu m'as énormément manqué.
°°°°
Deux heures plus tard.
Je regardais Modern Family au salon, mes médicaments me rendaient
somnolente, mais j'étais incapable de bouger du canapé.
Jacob, Rox et Cody étaient partis depuis une heure et demie, et toujours
aucun signe de Kai. Mais mes sens s'alarmèrent lorsque j'entendis une porte
s'ouvrir.
Et mon cœur s'emballa.
J'entendis ses pas lourds s'approcher du salon, mon rythme cardiaque
effréné trahissait ma volonté d'être indifférente. Putain.
— ...Iris ?
— Je suis là, murmurai-je en fronçant les sourcils, perplexe.
J'entendis un souffle lourd quitter ses lèvres, et mes yeux sortirent
presque de leur orbite.
Comme s'il était soulagé ?
Je ne comprenais pas...
Je l'entendais aller à la cuisine, il devait être 23 heures. C'était son heure
pour dîner.
Plusieurs minutes s'écoulèrent tandis que je souriais en regardant ma
série préférée, je sentais l'odeur du fromage provenir de la cuisine.
Je me demandais ce qu'il préparait.
Quelques minutes après, ses pas lourds se firent entendre derrière moi, et
mon rythme cardiaque s'accéléra avant de s'arrêter complètement lorsqu'il
me demanda :
— Tu...hum...tu veux manger...des mac'n'cheese ?
Je me tournais vers lui, et remarquai qu'il avait deux bols entre les mains,
son regard fuyait le mien et restait sur son plat.
— Merci, murmurai-je en me redressant et prenant un des bols.
— Non, prends celui-là, il est...plus rempli.
Il me tendit le deuxième, et je remarquai qu'il était beaucoup plus rempli
que celui que j'avais pris.
Mon cœur se réchauffait doucement par ce qu'il faisait, mais un côté de
moi était toujours autant déçue par le fait qu'il n'était pas à l'hôpital.
Il ne te doit rien, bouffe tes pâtes.
Je le vis s'asseoir sur le siège à côté du canapé tandis que je concentrai
mon attention sur le plat qui me donnait affreusement envie mais, je me
sentais bien trop gavé.
Je ne voulais pas refuser.
Un nouveau silence s'en suivi, je sentais par moment qu'il me regardait
mais dès que je me tournais vers lui, il détournait le regard vers la télé.
— Comment...tu te sens ?
Je me tournai et remarquai qu'il baissa le regard vers son bol. Je ne
comprenais pas, pourquoi ne me regardait-il pas ?
— Je suis fatigué, les médicaments me donnent envie de dormir,
murmurai-je en jouant lentement avec mon dîner.
Il hocha la tête et détourna le regard vers la télé, puis après plusieurs
minutes de silence, il relaça le sujet après s'être raclé la gorge :
— Tu...te rappelles de ce qui s'est passé ?
Je n'émis aucune réaction pendant quelques secondes, et finis par hochai
la tête. Je me rappelais de tout, et je ressentais encore cette vulnérabilité.
Comme si on m'avait arraché un moment vulnérable, le fait que Kai avait
vu mes yeux sans que je ne le veuille me brisait lentement.
— Pratiquement tout.
— Au cas...où, Stella est morte, déclara-t-il simplement en mangeant
son dîner et gardant ses yeux sur la télé, Jacob l'a tué.
Mon souffle se rompit. Stella était morte. Je détournai le regard vers
l'écran face à moi.
Me posant un milliard de questions, est-ce qu'il l'avait tué ? Et Isaiah ? Sa
sœur ? Et les hommes qui voulaient me prendre ?
Soudain.
Je sentais son regard sur moi. Pour la première fois depuis tout à l'heure,
il me regardait.
Puis une question explosa dans ma tête.
« Est-ce qu'il ne me regardait pas parce que je n'avais pas mes lentilles ?
»
Peut-être pas...
Je jouais avec mon dîner, soudainement plus nerveuse. L'idée qu'il
respecte autant mes choix me rendait beaucoup trop faible.
— Tu...tu n'aimes pas ? entendais-je sa voix me demander.
Je tournai la tête et il baissait instantanément le regard vers son bol. Ce
qui me confirmait ma pensée.
— Si...mais je...j'ai trop mangé tout à l'heure, mentais-je sur la vraie
raison.
Putain Kai ne me forces pas à m'attacher à toi encore plus...
J'étais restée dans le déni pendant bien des semaines, mais je sentais que
je n'arrivais plus à faire genre très longtemps, comme si c'était marqué sur
mon front.
Refouler la vérité pour ne pas la ressentir.
Je terminai mon assiette, et m'allongeai une nouvelle fois en regardant
ma série, sentant son regard sur moi.
Une folle envie d'être dans ses bras me picotait les membres.
Ressentir ce réconfort, c'était comme une drogue dont j'étais de plus en
plus addict.
Fait chier.
Je bus mon dernier comprimé et me rallongeai à nouveau puis
m'emmitouflais dans mon plaid, fermant les yeux et sentant la lumière du
salon s'éteindre.
Il n'y avait que le bruit de la télé, et la pluie dehors.
C'était reposant. Ou peut-être que la présence de Kai rendait la chose
reposante ?
Sûrement...argh non putain.
Je n'arrivais pas à arrêter mes réflexions, des milliers de pensées fusaient
dans ma tête.
Mon cerveau était obsédé par lui. Et mon cœur demandait son attention.
À lui, pas les autres. Seulement lui.
J'entendis la télé s'éteindre, nous plongeant dans le noir complet. Et mon
cœur s'emballa en sentant ses bras s'enrouler autour de moi, avant de me
porter loin du canapé.
Son odeur emplit mes narines, alors qu'il marchait lentement en direction
des chambres.
Il ouvrit une porte et me déposa délicatement sur le matelas, je
reconnaissais son matelas. La pièce était froide, je vis que la fenêtre qui
comportait des barreaux était ouverte, laissant pénétrer un peu de lumière.
Mon cœur battait à la chamade, et je le vis ôter ses vêtements, ne restant
qu'en sous-vêtement comme à chaque fois.
Puis il vint s'allonger près de moi, allongé sur le côté comme moi, ses
yeux me fixaient. Et les miens tentaient par tous les moyens de ne pas
s'ouvrir complètement.
Et puis, après plusieurs minutes à examiner mon visage silencieusement.
Je vis le bout de ses doigts froids caresser ma pommette.
Laissant mon cœur s'emballer de plus belle.
Il retraçait ma mâchoire, et remontait délicatement jusqu'au haut de mon
crâne, touchant mes cheveux puis faisant glisser ses doigts sur mon crâne.
Le silence nous entourait, ses doigts sur ma peau me faisaient beaucoup
trop d'effet. La pluie présente à l'extérieur était le seul bruit autour de nous.
Un sentiment d'apaisement m'enveloppait.
Et là, sa voix grave se fit entendre dans la pénombre.
— Je te préfère ici, murmura-t-il d'une voix à peine audible, j'ai détesté
dormir sur ce canapé à l'hôpital ces deux derniers jours...c'était pas
vraiment confortable. Et je voulais défoncer la machine qui faisait des
bips.
Mon cœur rata un battement. Quoi ?
Je sentais des picotements dans mon ventre, alors que des frissons firent
danser mon épiderme. Mon cerveau qui se remplissait de questions sans
réponses à son sujet arrêta de parler, de me remettre en question.
De me persuader que c'était improbable qu'il veille sur moi.
Il l'avait fait. Il était resté à l'hôpital.
Kai...
— Et...je suis...désolé de...t'avoir ignoré, bafouilla-t-il presque, et
d'avoir vu...tes yeux, pour moi ça ne compte pas. Je ne compte pas les
revoir...sans ton accord. Je te le promets.
Ma gorge se noua instantanément, j'avais ma confirmation. Il ne me
regardait pas sans mes lentilles, même s'il avait déjà vu mes yeux.
Pas sans mon accord.
Il continua à caresser mes cheveux, puis revint sur ma joue avant de
descendre lentement sur mon épaule, puis le bras...ensuite mon avant-bras,
avant de retrouver ma main.
Et comme à chaque fois qu'on soignait l'autre, son pouce caressait le dos
de ma main. Je sentais sa respiration régulière et calme s'écraser contre mon
visage.
Ce geste doux et délicat me réchauffait si fort le cœur que je sentais mon
âme vouloir enrouler la sienne.
Je ressentais un bonheur immense, terrifiant. Presque incontrôlable. Tout
ça, parce que j'avais appris qu'il était resté avec moi à l'hôpital.
Qu'il dormait sur ce canapé que j'avais remarqué être trop près de mon lit
à mon réveil.
Mon sourire se dissimulait difficilement. Mon corps était le prisme de
mes émotions intenses, enveloppé d'un sentiment réconfortant.
Je sentais son toucher s'arrêter. Et je manquais de faire un arrêt cardiaque
lorsque ses lèvres se posèrent délicatement contre ma joue, puis mon front.
Et enfin, ma paupière.
— Mais je dois l'avouer...tes yeux sont encore plus beaux que dans
mon imagination, princesse.
Son corps se crispa lorsque je me collais contre lui, et ma tête se nicha au
creux de son cou alors que ses bras enroulèrent mon corps.
Mon cœur et le sien battaient au rythme de nos émotions, à l'unisson.
Je l'entendis humer mes cheveux en resserrant légèrement son étreinte,
avant de murmurer une dernière fois :
— Tu es encore mieux que dans mon imagination, Iris.
Puis, prise d'une envie irrépressible de parler, je murmurai finalement
contre son cou :
— ...Toi aussi.
Et il se raidi contre moi, instantanément. Me faisant comprendre que
j'avais fait une connerie.
Merde.
_____________
Hey !
Pour une fois, je suis contente d'un chapitre pas parce qu'il m'a plu (j'ai
douté à la dernière minute mdr les gens de Twitter j'vous aimes), mais parce

un chapitre 🫠
que je suis pas du tout bien en ce moment et j'ai quand même réussi à écrire

So I needed comfort scene. Currently starving for affection MDRRRRRR


! KAI KAI KAI KAI !
Mais maintenant...est-ce qu'on peut parler de Rox et Seth ? Et de Rox tout
court même.
Vous comprenez pourquoi elle est aussi protectrice avec Iris. J'aime
beaucoup son personnage.
Bref Captive sort bientôt en Ebook (le 8 juin), mon stage et mes cours
vont bientôt me tuer, i might need to be obsessed over something or
someone for some dopamine-
A très bientôt pour un nouveau chapitre, me mettez pas la pression après
une semaine sans chapitre parce que ça ne fait qu'enlever mon envie d'écrire

Prenez soin de vos petites frimousses !


With love love loooooove. S
❤️
ici. J'ai pris plus de temps à écrire celui là parce que la pression me fait fuir.

Instagram: Sarahrivens
48. Pluie et étoiles

🥲
(NDA préchapitre : hi I'm back ! J'ai pas relu ce chapitre s'il y a des fautes
ou quoi im so sorry )
Iris
Il se raidit et je me crispai en me rendant compte de ma connerie. Mes
mots m'avaient dépassé, mes émotions venaient d'étouffer mon indifférence.
Merde.
— ...Je-
Et mes sens s'alarmèrent lorsqu'il pressa sa main contre ma bouche, très
vite son cœur commença à tambouriner très fort contre sa cage thoracique,
et ma main sur son torse ressentait chaque battement cognement.
La peur s'empara de mes membres, les muscles se crispèrent autour de
moi.
Une nouvelle fois, le silence nous entourait, il n'y avait que le bruit du
vent froid qui était plus net grâce à la fenêtre ouverte.
Et là.
Mon cœur rata un battement en le sentant trembler contre moi. Je tentais
de me défaire de sa main sur ma bouche et remarquai ses yeux rivés vers la
fenêtre.
Je remarquai qu'il neigeait à présent à l'extérieur.
— K...Kai-
— Shhhhhhht...n-ne parle...ne dit rien...rien-...du tout.
Mais à cet instant, et pour la première fois depuis le début. J'avais peur,
même en compagnie de Kai.
Cette impression qu'un danger rôdait autour de nous, je me redressai en
voyant Kai se lever rapidement du lit, s'approchant à pas feutrés de la
fenêtre avant de se mettre sur le côté.
Avant de se coller contre le mur.
Je demeurai silencieuse, ma respiration bruyante parlait pour moi. Je
tremblais, ne sachant pas pourquoi je le faisais.
Je ne savais rien, et ça me foutait la trouille.
Mon cœur faillit faire un arrêt lorsque je le vis accourir prendre son
pistolet, puis regarder les alentours d'un air presque paniqué.
— Iris...prend mon téléph-...one, et appelle Jacob...maintenant,
murmura-t-il d'une voix à peine audible.
Qu'est-ce que se passe ?
Mes membres se secouaient de tremblements et je pris le téléphone entre
mes mains, Kai regardait par la fenêtre alors que je cherchais le numéro de
Jacob.
— Qu'est-ce qui se passe ? murmurai-je en claquant presque des dents à
cause de cette terreur qui enveloppait mon corps.
— Allô ? nous entendîmes en même temps la voix de Jacob depuis le
haut-parleur.
Kai se précipita vers moi et m'arracha le téléphone des mains. Il souffla
bruyamment, je sentais que les mots lui manquaient à cause de sa panique,
et il bégaya :
— Il...il y a...quelqu'un dehors...j'ai vu...une...sa silhouette ? Dans ma
chambre...Son visage...j'sais pas...je-
— Mec ? C'est impossible et tu le sais.
Kai secoua la tête en regardant les alentours depuis la fenêtre, comme s'il
avait vu un fantôme. Incapable de discerner le faux du vrai, je tremblais
comme une tarée sans savoir pourquoi.
— Je sais ce que j'ai vu...je l'ai vu, je l'ai vu, je-
— Kai-
— Il est sûrem-...ment partie...d-dans la fo...forêt...
— Kai non-
— JE L'AI VU PUTAIN JACOB ! explosa-t-il de colère en me faisant
violemment sursauter, JE SAIS CE QUE J'AI VU !
Mon cœur battait à la chamade, et ma respiration se saccada en le voyant
se tirer les cheveux, la respiration bruyante de Kai était la chose qu'on
entendait le plus.
Il venait de passer de l'angoisse à la colère à cause de Jacob, toutes ses
émotions se peignaient sur son visage.
C'en était presque terrifiant.
— Kai tout va bien mec, j'arrive dans quelques minutes, va fermer
les portes et les fenêtres. Et je vais fouiller le périmètre, ça te va ?
Le mercenaire demeura silencieux, ses tremblements me faisaient plus
peur que le danger qui planait autour de la maison, je voyais qu'il n'arrivait
pas à se calmer.
Sa respiration était aussi bruyante et saccadée que la mienne.
— Kai, tu m'entends ?
Il ne répondit rien, semblant soudainement dans ses pensées. Je le vis
passer nerveusement sa main dans ses cheveux, poussant des souffles lourds
pour se calmer.
Comme s'il était incapable de se contenir.
— J'arrive, termina Jacob.
Je me levai du lit, le nœud dans mon ventre se tordait dans tous les sens
alors que mes jambes ne tenaient presque plus à cause du poids de la
terreur.
Sa panique étant contagieuse, les émotions de mon corps se liaient aux
siens. Et j'étais terrorisée sans savoir pourquoi.
Putain, mais qu'est-ce qu'il y a ?
Mes sourcils se froncèrent en l'écoutant murmurer des choses
incompréhensibles tout en fermant les volets avec une discrétion terrifiante.
Comme s'il ne voulait faire aucun bruit.
Ses paroles étaient brouillées par sa respiration, et je n'arrivais pas à
comprendre ne serait-ce un seul mot.
Je le vis quitter la chambre très rapidement, fermant la porte d'entrée à
double tour, je l'entendis verrouiller les fenêtres du salon, il partit vers la
chambre de Jacob et verrouilla les fenêtres, ainsi que ma chambre.
Je l'entendis descendre les escaliers qui menaient au sous-sol avant de
remonter quelques minutes plus tard.
Et revenir dans sa chambre. Puis verrouiller la porte.
Je sursautai à l'entente de l'orage, mon cœur battait à la chamade en
regardant Kai allumer le flash de son téléphone et fouiller dans ses tiroirs
alors que je tentai de percevoir ses paroles :
— ...la cure...il va terminer la cure...je ne v-v-veux...pas la cure...
La cure.
— Kai...
Je m'approchai de lui alors que ses mouvements se montrèrent plus
brusques, je ne savais pas ce qu'il cherchait, ni même ce qu'il voulait faire.
Ma main se posa sur son dos humide par sa transpiration et ses
tremblements firent presque vibrer mes doigts.
J'enlevai ma main rapidement lorsqu'il fit violemment volte-face vers
moi, le flash de son téléphone illumina son visage rongé par la terreur.
Je vis ses pupilles dilatées et...oh non...
Sa lèvre tremblait, ses cheveux collaient contre son front en sueur, sa
peau était plus pâle. J'avais déjà vu ça.
— Kai..., murmurai-je en faisant un pas en avant vers lui, tout va bien
d'accord ?
Il murmurait si faiblement que je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il
disait, je le vis se tourner vers la bibliothèque tout en répétant :
— Je l'ai fait...pas deux fois...pas deux fois...
Je sursautai lorsque son téléphone se mit à sonner, c'était Jacob. Kai
regardait son téléphone, sans pour autant répondre.
Lentement, je glissai ma main sur la sienne et pris son téléphone en
gardant mes yeux sur lui.
Je savais qu'il n'était pas dans son état normal, j'étais certaine qu'il avait
pris de la cocaïne rien qu'en voyant ses pupilles dilatées.
— Allô ? commençai-je en prenant le téléphone.
— Iris ? Je suis sur haut-parleur ?
Mes sourcils se froncèrent et je m'éloignai de Kai en répondant :
— Non.
— OK... je suis là dans moins de deux minutes, essaie de garder Kai
dans sa chambre. Je vais voir s'il y a du mouvement autour de la
maison. Je veux que tu le gardes à l'intérieur.
— OK d'accord, soufflai-je en me tournant vers lui.
Je remarquai qu'il regardait la bibliothèque à nouveau. Puis je rapprochai
le microphone du téléphone avant de chuchoter d'une voix à peine audible.
— Je crois qu'il a pris... beaucoup de...
— Cocaïne ?
— Oui, terminai-je.
Un souffle d'agacement quitta les lèvres de Jacob et il me dit avant de
couper :
— Bon attends, je suis là, je vais faire le tour et je rentre.
Je décollai le téléphone de mon oreille et je regardai Kai s'asseoir sur le
lit, tenant sa tête entre ses mains et laissant sa jambe bouger nerveusement.
— Pense à autre chose...autre chose...faut penser à autre chose...tout
est fermé...
Mes jambes me guidaient vers lui, et je déposai son téléphone près de lui.
Doucement, je m'agenouillai pour être à son niveau et mes mains se
posèrent sur chaque côté de sa mâchoire.
Je ne savais ce que je devais faire pour le calmer, il frôlait la crise
d'angoisse. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il le rendait ainsi.
— Tout est fermé Kai...
Je ne comprenais pas de quoi il avait peur, dans ma logique, s'il avait vu
quelqu'un dehors il aurait certainement pris son arme et serait parti le tuer.
Mais mon schéma était bien loin de la réalité.
— Jacob est en train de fouiller les alentours, s'il y a quoi que ce soit
il te le dira, ok ?
Il me fixait sans émettre la moindre la réponse, désemparé et
complètement terrorisé alors que je commençais à supposer plein de choses.
Mais quelque chose revenait à chaque fois, le surdosage.
Le surdosage de cocaïne pouvait provoquer des crises d'angoisses, de
paranoïa, de violence extrême et d'hallucination.
J'avais peur qu'il soit violent, hors de contrôle. Mais il avait plus l'air
d'être dans une peur paralysante qu'une colère et une irritation terrifiante.
— D'accord ? répétai-je en posant ma main sur son genou qui montait et
descendait trop rapidement.
Ma main glissa sur son avant-bras et remonta vers la sienne, il se laissait
faire et je tentai de garder une respiration calme.
Même si intérieurement, j'étais aussi terrifiée que lui.
Sauf que moi, je ne savais pas pourquoi je devais avoir peur.
On disait que la peur était contagieuse, qu'on ne la voyait que lorsqu'elle
possédait le corps d'un autre. Et je pouvais le confirmer.
— Je l'ai vu...
— Qu'est-ce que tu as vu Kai ? osai-je demander alors que mon ventre
se tordait dans tous les sens.
J'approchai mon visage du sien, sa respiration courte et irrégulière
s'écrasait contre ma peau, reflétant sa panique.
— Je-
Son téléphone se mit à vibrer, et nous entendîmes quelqu'un toquer contre
la porte d'entrée. Et très vite, Kai se leva d'un bond et sa main me tira
violemment contre lui, puis je me retrouvai derrière son corps, comme s'il
voulait me protéger de la personne qui venait de toquer.
Sauf que je savais que c'était Jacob.
Doucement, je pris son téléphone qui vibrait encore, sans faire de gestes
brusques et répondis en mettant le haut-parleur :
— Oui ?
— ça vous dérangerait de m'ouvrir ? râla Jacob, je me les gèle ici !
Nous étions pratiquement plongés dans le noir, à cause de toutes ces
portes et ses fenêtres fermées, Kai ne voulait qu'une issue soit ouverte.
— Jacob est dehors, Kai, murmurai-je près de lui, on doit lui ouvrir.
Kai n'émit aucun mouvement, je sentais qu'il était encore hésitant. Et
puis, nous entendîmes le bruit du verrou, Jacob avait ouvert tout seul.
— Même les morts ne sortent pas de leurs tombes ce soir Kai, il fait
au moins, -8000 !
Jacob alluma les lumières, et on entendait ses pas se rapprocher de la
chambre. Il tenta d'ouvrir la porte, mais cette dernière étant verrouillée, il
dit :
— Il n'y a rien dehors mec.
Pendant plusieurs minutes, Kai n'avait pas bougé de sa position, me
forçant alors à m'écarter de lui pour aller ouvrir la porte à son meilleur ami.
La pression descendait peu à peu à l'intérieur de mon corps, prudemment,
je déverrouillai la porte et l'ouvris, tombant nez à nez avec Jacob qui me
lança un regard rapide.
Un faible sourire désolé étirait ses lèvres, comme s'il s'excusait du
comportement de Kai sans pour autant le déclarer.
Je me tournai vers le mercenaire en même temps que son meilleur pote,
et je vis très vite qu'il semblait perdu dans ses pensées.
— Tu as vérifié ?
— Oui Kai, il n'y avait absolument rien, répéta Jacob, prends ta veste,
je vais te le prouver.
Kai leva son regard vers Jacob, et ce dernier se tourna vers moi en me
tendant sa veste à capuche. Je ne savais pas s'il neigeait autant que tout à
l'heure, mais Jacob nous voulait quand même dehors.
Je suivais Whitfield en dehors de la chambre d'un pas hésitant et
m'approchai du salon, Rufus mangeait une carotte dans sa cage, vivant
sûrement sa meilleure vie de rongeur.
Pendant que j'étais presque encore paralysée par une peur inconnue.
— Sors de ta chambre ! s'exclama Jacob alors que j'enfilai des bottes.
Après quelques secondes, nous vîmes le corps de Kai arriver au salon.
Son arme à la main.
Jacob ouvrit la porte et un froid intense enveloppa mes membres, me
faisant grelotter alors que la douleur de ma plaie se fit sentir.
Mes pas suivirent Jacob à l'extérieur et on contourna la maison. On arriva
alors à l'arrière où j'aperçus les deux fenêtres condamnées de nos chambres
à Kai et moi.
Jacob alluma le flash de son téléphone et très vite, mes sourcils se
froncèrent lorsque son téléphone illumina la façade de la maison.
...Quoi ?
J'avais toujours eu l'impression que ma chambre était identique à celle de
Kai, mais lorsque je vis l'arrière de la maison, je réalisai qu'elle n'était pas
rectangulaire, mais qu'elle formait un angle grâce à une petite extension.
Cet allongement était presque collé à la fenêtre de Kai, ce qui me rendait
vraiment perplexe.
Si sa chambre était plus grande que la mienne et formait un angle, je
l'aurais vu, non ?
Comment ça se fait ?
— Ça, c'est ta fenêtre on est d'accord champion ? Fit Jacob en
pointant la lumière sur sa fenêtre, regarde le sol, est-ce que tu vois la
moindre trace de pas ?
Il neigeait lorsque Kai avait pensé avoir vu quelque chose, et le sol était
parfaitement lisse.
Aucune trace de pas.
Kai demeura silencieux, et Jacob continuait à lui présenter ses arguments.
Alors que de mon côté, mes questions demeuraient sans réponse, et j'étais
encore perplexe face à l'extension devant mes yeux.
Nos chambres avaient l'air parfaitement différentes vues de l'extérieur.
Mais parfaitement identiques vues de l'intérieur.
— ...je sais pas...
Je me tournai vers Kai qui passait nerveusement sa main sur son visage,
mes dents claquèrent et je décidai de retourner à l'intérieur de la maison, la
température était insupportable.
— Putain...
Ma fatigue était immense, j'avais l'impression que mon corps hurlait.
Toutes mes émotions avaient siphonné mon énergie.
Mais je veux vérifier quelque chose...
Je me tournai vers la porte d'entrée encore ouverte, les deux hommes
étaient toujours dehors. Je partis en direction de ma chambre, puis refermai
la porte derrière moi.
OK... ok.
C'était mathématiquement impossible que nous ayons deux chambres de
dimensions différentes, les deux pièces étaient identiques.
Comment je vais les comparer ?
Je cherchai quelque chose pour prendre les mesures de la pièce, mais ne
trouvai rien. Je décidai que mes pas seraient mon unité de mesure.
Je calai mon talon contre le mur et posai mon second pied devant, collant
mon talon droit au bout de mon orteil gauche. Je m'avançai jusqu'au mur
face à la porte, comptant chacun de mes pas.
19, 20, 21... 22 pas...
Je tentai de mémoriser le nombre et fis la même chose entre les deux
murs restants. Et je fis 28 pas.
Donc 22 et 28 pas...
— Iris ?
La voix lointaine de Jacob arriva à mes oreilles, je me raclai la gorge en
mettant une mèche derrière mon oreille, faisant comme si de rien n'était.
Mes pas me guidèrent jusqu'à la porte de ma chambre que j'ouvris.
Jacob me fit face, un petit sourire aux lèvres et me dit :
— Va dormir, tu es épuisée Trésor.
— Où est Kai ? demandai-je en fronçant les sourcils.
— Encore dehors, retourne dormir il n'y a rien dehors, il a halluciné
à cause de la cocaïne.
Je savais bien que Kai était sous l'emprise de la cocaïne, ou du moins,
que les effets euphoriques s'étaient estompés, je savais grâce à ody qu'un
surdosage pouvait amener a des hallucinations.
« Il...il y a...quelqu'un dehors...j'ai vu...une...sa silhouette ? Dans ma
chambre...Son visage...j'sais pas...je- »
Des crises d'angoisse, de panique.
« Je le vis accourir prendre son pistolet, puis regarder les alentours d'un
air presque paniqué.
— Iris...prend mon téléph-...one, et appelle Jacob...maintenant »
Des excès de colère.
« JE L'AI VU PUTAIN JACOB ! JE SAIS CE QUE J'AI VU ! »
Un soupir s'échappa de mes lèvres, ma tête me faisait affreusement mal.
Comme si ma peur s'évaporait doucement, laissant la fatigue prendre
place dans mon corps.
Kai avait sûrement pris une plus grosse dose quand nous étions à l'hôpital
et lui ici.
Peut-être qu'il avait fait ça pour se maintenir éveillé ? je n'en savais rien.
— Tu penses que tu pourras le gérer jusqu'à mon retour ? Vers 7 h
du matin ?
Nous entendîmes la porte d'entrée se fermer, je grimaçai, Jacob allait
repartir je ne savais où et me laisser seule avec un Kai surdosé en cocaïne.
— T'en fais pas maintenant, va te reposer, tu dois encore récupérer
de tes blessures, murmura Jacob avec un infime sourire en passant sa main
dans mes cheveux, t'as pris tes médicaments ?
Je hochai la tête.
— Parfait, bon...je dois y aller, j'ai encore quelques trucs à régler au
Box. On se voit demain matin trésor !
Il me lança un dernier sourire, et s'éloigna de ma chambre.
J'entendis ses pas claquaient contre le sol, s'approchant du salon, puis
après quelques secondes, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir à nouveau.
Et se refermer. Laissant le silence revenir peu à peu à l'intérieur de cette
maison.
Je déglutis en entendant un petit bruit provenir du salon, me rappelant
que Kai était encore là, peut-être même encore dans son épisode d'angoisse.
Je dois aller le voir.
Mes jambes écoutaient mes pensées et je m'avançai jusqu'au salon, dos à
moi, je le voyais regarder à travers la fenêtre de la cuisine.
— Kai...
Son prénom quitta ma bouche alors que la compassion se déferlait le long
de mon corps à son égard, je ne savais pas à quoi il pensait, à qui il pensait,
de qui avait-il halluciné.
Peut-être de Mason ?
Il aurait peut-être halluciné de lui ? Ce qui expliquerait sa panique,
puisqu'on dormait sur le même lit ?
Mason pourrait penser grâce à ça que Kai avait rompu sa promesse.
— Kai..., répétai-je en sortant de mes réflexions, retourne dormir, il n'y
a rien dehors...Jacob a vérifié et toi aussi...
Je m'approchai de lui, n'étant plus qu'à quelques centimètres de son
corps. Son odeur emplissait mes narines, il ne bougea pas de sa position.
Alors je fis un nouveau pas, laissant le haut de mon corps effleurer son dos.
Mais je sursautai lorsqu'il fit volte-face avant d'accourir vers les
chambres, ou plutôt, vers la salle de bains.
Je grimaçais en l'entendant vomir violemment, je savais qu'il était épuisé,
j'entendais ses gémissements de douleur quitter sa bouche depuis la cuisine.
— Putain..., murmurai-je en allant chercher un verre d'eau pour lui.
J'entendis ses vomissements revenir à nouveau, suivi d'autres
gémissements, puis très vite, de coups violents se firent entendre contre le
sol.
Comme s'il le tapait.
Je savais qu'il était encore dépassé par ses émotions, je restai dans la
pièce jusqu'à l'entendre se calmer, j'entendis la chasse se tirer, comprenant
alors qu'il était peut-être plus calme.
Je dois y aller.
Mon cœur tambourinait alors que je m'approchai de la salle de bains où je
le retrouvais assis au sol, près des toilettes, essoufflé.
Sa tête contre le mur légèrement incliné vers haut, le regard vers le
plafond, son visage était pâle, humide.
Kai...
Silencieuse, je m'agenouillai entre ses jambes, une grimace s'afficha sur
mes lèvres lorsque je vis le sang près de ses lèvres et sur ses phalanges.
Cogner le sol n'était pas la meilleure idée Lakestone.
— Bois, murmurai-je en approchant le verre près de ses lèvres.
Il fermait les yeux, et mon souffle se coupa lorsque je vis ses lèvres
trembler discrètement. Kai se laissa faire, j'apportai le verre jusqu'à lui et il
ouvrit la bouche en buvant l'eau.
Il se racla la gorge, étouffant un gémissement de dégout par la même
occasion.
Je vis ses yeux s'ouvrir et se refermer, et mon cœur s'emballa. Il ne
voulait pas voir mes yeux, il ne voulait pas ouvrir les siens.
Kai...
— Tu...regarde-moi, chuchotai-je après plusieurs secondes de silence, je
veux que tu me regardes.
Je sentais mon rythme cardiaque frôler l'explosion alors que je
prononçais cette phrase qui faisait lentement vibrer mes veines.
Mais je voulais qu'il me regarde.
Je voulais qu'il me regarde, telle que j'étais, aussi vulnérable que lui.
— Je veux que tu me regardes Kai.
Mon ventre se tordait dans tous les sens, il avait encore les yeux fermés,
comme s'il attendait que j'y réfléchisse encore.
Mais de tous les choix que j'avais pu faire jusqu'à présent, celui-ci était le
plus réfléchi.
Et puis, après quelques minutes, je vis ses yeux s'ouvrir lentement, dirigé
vers le plafond. Et enfin, rejoignant mes iris.
Créant un électrochoc dévastateur dans mon corps.
Je clignais des yeux, à plusieurs reprises, essayant d'habituer ma vue et
mon choix. Ma respiration était saccadée et des frissons enveloppaient mon
corps, mais je voulais qu'il me regarde.
Lui qui avait toujours respecté mes yeux, lui qui avait toujours écouté
mes choix.
Lui qui ne leur voulait aucun mal.
— ...Ils sont encore plus beaux que...dans mon...imagination,
murmura-t-il entre deux souffles saccadés.
Mais mon souffle se coupait lorsque je sentais sa voix se briser à la fin de
sa phrase, comme s'il avait du mal à contenir ses émotions.
Comme si son corps lui criait de lâcher prise. Son corps qui le trahissait.
Je lui souris faiblement, je sentais mes joues chauffer à cause de sa
phrase, même si intérieurement, mon cerveau ne voulait pas croire à ses
paroles.
Incapable d'accepter les compliments.
— Lève-toi...il faut que tu rinces tes mains, soufflai-je en regardant le
sang sur ses mains, il faut se soigner.
Il ne tourna pas la tête, ses yeux ancrés sur les miens, comme s'il n'y avait
rien d'autre. J'attrapai son poignet et me levai doucement en le tirant avec
moi.
Le guidant près du lavabo. Il me regardait faire, alors que je laissai l'eau
perler contre sa peau tâchée de son propre sang.
Son regard m'intimidait, le voir regarder mes yeux sans tourner la tête
depuis que je l'avais autorisé me rendait nerveuse, trop vulnérable.
Mais c'était ce que je voulais à la base, qu'il me voit aussi vulnérable que
lui à ce moment précis.
...Je veux être vulnérable avec lui.
— C'était pas très intelligent de frapper le sol, lâchai-je avec un léger
sourire aux lèvres en relevant le regard vers lui.
Mes yeux croisèrent les siens, mais il ne dit rien. Je voyais ses lèvres
trembler légèrement à nouveau, je ne comprenais pas et j'avais peur des
idées que j'avais en tête.
J'avais l'impression qu'il...qu'il voulait pleurer.
Je me raclai la gorge, et pris la boite à pharmacie avant de commencer à
désinfecter ses blessures. Il étouffait de légers gémissements à cause de
l'alcool contre ses petites plaies.
— Désolé, soufflai-je en relevant la tête vers lui.
Ses sourcils étaient froncés et sa mâchoire était contractée, il grimaçait et
de son autre main, pris sa brosse à dents.
— Je déteste vomir, murmura-t-il, tu peux me mettre du
dentifrice...s'il te plait ?
Je hochai la tête et fis ce qu'il me demanda puis le vis commencer à se
brosser les dents après avoir mouillé sa brosse à dents.
— Personne...n'aime vomir, tu sais, lâchai-je en continuant à soigner
ses petites plaies, je vomissais beaucoup quand j'étais petite parce que
j'avais des problèmes d'anorexie...c'était pas la joie non plus.
Il se brossait les dents en m'écoutant, faisant des mouvements lents pour
écouter mes paroles.
Comme s'il voulait penser à autre chose.
— Je détestais manger et mon corps rejetait la nourriture à chaque
fois, racontai-je d'un ton bas, et ma mère me forçait souvent à avaler mon
dîner, mais je finissais toujours par le rejeter. La sensation était
terrible.
J'étais anorexique plus jeune, et j'étais rentrée dans un cercle vicieux où
même mon corps avait dépassé mes envies de manger, il rejetait tout.
Absolument tout.
— Je pense que les seules choses que mon corps ne rejetait pas
c'était...les Mac'n'cheese. J'adorais ça, et ça m'avait ouvert l'appétit
peu à peu.
Silencieux, il m'écoutait lui raconter des petits détails sans importance.
— Et du coup...j'en prenais parfois avec moi dans ma chambre, et
j'en mangeais sur le toit quand j'étais triste.
Il se lava la bouche, et lavait sa brosse à dents, sans quitter mon regard à
travers le miroir. Puis il me demanda presque curieusement :
— Tu...mangeais en cachette ?
Un sourire étirait mes lèvres. Me rappelant de ces petits détails de mon
enfance.
— Ma mère n'aimait pas que je prenne trop de fromage, elle disait
que c'était pas bon pour mon estomac, mais j'aimais tellement ça que
j'en prenais toujours un bol en cachette, et je le mangeais sur le toit.
— Le toit ?
J'inspectais sa main une dernière fois, et répondis :
— J'aimais beaucoup rester sur le toit de ma chambre, je le faisais
quand je ne me sentais pas bien...j'aimais rester dehors pour pleurer,
ou juste quand je me sentais un peu triste. C'était réconfortant...et
apaisant.
J'aimais le réconfort que la nuit apportait à ma peine, j'aimais le silence et
les étoiles. J'adorais attendre de voir une étoile filante.
Occuper mon esprit.
La pluie à l'extérieur se fit entendre, et Kai releva la tête vers la petite
fenêtre de la salle de bains. Je regardais son visage encore fatigué, mais ses
yeux ne me regardaient plus.
Je vis une nouvelle fois sa lèvre trembler discrètement, puis il contracta
sa mâchoire.
— Je...tu veux...venir avec moi sur le toit ?
Mes yeux s'écarquillèrent, il voulait aller au toit, son regard me suppliait
presque. La fine pluie était le seul bruit autour de nous.
— S'il te plait...j'ai besoin de la pluie.
« J'ai besoin de la pluie »
L'entendre me dire ça me fit l'effet d'un électrochoc, et je finissais par
hocher la tête sans trop me poser de questions, le suivant dans sa demande.
Mon cœur rata un battement lorsque sa main se glissa contre la mienne,
et il me tira lentement loin de la salle de bains.
Ses pas se dirigèrent vers la porte d'entrée, nous enfilâmes nos chaussures
négligemment puis il se tourna vers moi puis rabattit ma capuche sur ma
tête.
Kai ouvrit la porte et nous quittâmes la maison, mes sourcils se
froncèrent, ne comprenant pas comment on allait faire pour accéder au toit.
Il contourna une nouvelle fois la maison et nous nous retrouvâmes au
même point que tout à l'heure. Puis je le vis monter sur les barreaux, avant
d'atteindre très facilement le toit bas.
— Monte, et prends ma main. Tu ne dois pas faire beaucoup d'efforts
avec tes...plaies.
J'avais l'impression que sa voix se brisait légèrement à la fin de sa phrase.
Il était peut-être essoufflé.
Je déglutis et m'avançai jusqu'aux barreaux, mon pied trouvait appuie sur
l'un des barreaux allant à l'horizontale, j'escaladai d'autres barreaux avant
d'attraper de justesse la main du mercenaire qui me tira délicatement
jusqu'en haut.
Sa main s'enroula autour de ma taille et je me retrouvai pressé contre lui,
la pluie n'était pas forte, mais je la sentais s'écraser contre nos vêtements et
je vis ses cheveux se coller contre son front.
Nous nous assîmes sur le toit, le bruit de la pluie et le silence autour de
nous me donnaient une sensation de calme et de paix que je n'avais pas
ressentie depuis bien des mois.
Comme si nous étions seuls au monde. Seulement nous, et le ciel obscur
au-dessus de nos têtes mouillés par la légère pluie.
Pendant plusieurs minutes, aucun de nous ne parlait, et je finissais par
m'allonger sur le toit, laissant mon visage se mouiller, et fermant les yeux.
Comme si mon cerveau soufflait enfin, comme si mon corps se reposait,
je me sentais calme.
L'oxygène frais que je respirais faisait effet dans mes poumons, comme si
je me libérais des poids qui pressaient mon corps l'espace d'un instant.
Je sentis le corps de Kai s'allonger près du mien, son petit doigt frôla le
mien, et mon cœur se réchauffait, rien qu'à ce contact involontaire.
Après encore des minutes à me laisser noyer par les fines gouttes de
pluie, je me tournais vers lui, remarquant dans la pénombre qu'il avait les
yeux fermés.
Sa respiration était saccadée, je le remarquais en voyant son torse bouger
rapidement et de façon irrégulière.
— ...Tu aimes la pluie ?
Je hochai la tête.
— Quelqu'un m'avait dit une fois que la pluie était en réalité les
larmes des anges qui veillaient sur nous, et qui pleuraient à notre place
pour nous soulager de notre peine, murmurai-je en gardant mes yeux sur
lui, j'ai toujours trouvé ça réconfortant. Et toi ?
Il hocha la tête à son tour, et restait silencieux pendant plusieurs minutes.
Puis murmura :
— Quand...quand j'étais petit, mon...père ne...il ne me laissait pas
pleurer...il disait que c'était pour les faibles et donc j'aimais sortir
quand il...y avait de la pluie.
Je venais de sentir mon cœur rompre tout battement lorsque je me rendis
compte de ce qui était en train de se passer.
— Parce qu'il ne pouvait jamais savoir si j'avais pleuré ou si c'était
juste la pluie.
Ma gorge se nouait, et mes lèvres s'entrouvrirent en comprenant pourquoi
il m'avait demandé de venir. Alors qu'il pleuvait.
Pourquoi il avait besoin de la pluie.
— Kai...
Je me relevai et m'approchai de lui, ma tête au-dessus de la sienne, il
gardait les yeux fermés, et sa lèvre trembla à nouveau.
Comme s'il voulait encore se retenir.
— Tu peux pleurer..., murmurai-je en posant mes doigts contre sa joue,
je ne saurais pas si c'est la pluie ou toi...
Sa main se posa brutalement sur ses yeux et ses lèvres dessinèrent une
petite grimace. C'était la seule chose que je ne pensais jamais voir.
Kai pleurer.
...Pourquoi pleurait-il ?
Ses lèvres s'entrouvrirent, laissant sa respiration s'échapper de sa bouche.
Je me collais contre lui, et posai ma tête contre son torse, ne sachant quoi
faire d'autre.
Je ne voulais pas le regarder, je ne connaissais que trop bien cette
sensation.
— Tu n'es pas faible, tu sais..., commençai-je après de longues minutes
à sentir sa respiration irrégulière, je n'ai même jamais vu une personne
aussi forte que toi, même que parfois tu me parais irréel. Comme les
héros...tu sais ? Bon, t'es loin d'être un héros, mais t'as compris l'idée ?
Mon cœur sauta lorsque je l'entendis rire légèrement. Me laissant sourire.
— Il n'y a pas plus courageux qu'une personne qui laisse ses
émotions sortir, pleure si ça te fait du bien. J'aime beaucoup pleurer, ça
me soulage et ça m'aide à accepter ma peine. Et puis...je ne te jugerai
jamais, tu m'as vu pleurer des centaines de fois Lakestone, ça sera
culotté de ma part de te juger pour quelque chose où je suis passé
maitre en la matière.
Je relevai la tête vers lui, mon menton sur l'un de ses pectoraux, et nos
yeux se croisèrent à nouveau. Et comme si le ciel était avec lui, je
commençais à sentir que la pluie diminuait.
— Et même si la pluie s'arrête, si tu ressens le besoin, laisse tes
émotions sortir.
— Les anges ne pleureront pas avec moi, lâcha-t-il sarcastiquement en
référence à ce que je lui avais dit tout à l'heure.
— Je pourrais pleurer avec toi à leur place.
Ses lèvres s'entrouvrirent, et ses yeux me dévisageaient.
Mon cœur battait à la chamade, le voir aussi vulnérable avec moi me
faisait quelque chose, et je sentais que cette chose faisait vibrer mon être
entier.
Je m'attachais à lui un peu plus à chaque fois, et je sentais qu'un jour, ma
chute serait terrible.
J'avais ce pressentiment que les choses allaient mal finir à chaque fois
que je ressentais le bonheur quelque part.
Comme s'il m'était impossible de le croire.
— Je pourrais t'aider à chaque fois que tu en auras besoin,
murmurai-je, il suffit que tu le demande-
Mon souffle se coupa brutalement à l'instant où ses lèvres s'écrasèrent
contre les miennes. Laissant mon cœur frôler l'explosion.
Ses lèvres froides contre la mienne, mon ventre se tordait dans tous les
sens, il faisait vibrer chaque cellule de mon corps.
Putain de merde.
— Embrasse-moi Iris, murmura-t-il contre mes lèvres, j'ai besoin de ça,
je-
Mes mains se posèrent contre son visage et j'amplifiais notre baiser, il se
redressa et à la seconde qui suit, j'étais en califourchon sur lui.
Comme si nos corps avaient besoin de l'autre.
La pluie se mêlait à nos lèvres brûlantes, ses mains s'enroulèrent autour
de mon corps et me pressèrent délicatement contre lui.
Alors que je me perdais encore dans ce baiser.
— Putain Iris...
Notre baiser était passionné, brûlant, calcinant nos lèvres, affichant notre
addiction pour l'autre. Seul le ciel en était témoin.
Nos langues se retrouvèrent et valsèrent l'une avec l'autre dans la plus
délicate et sensuelle des danses.
Mes veines tremblaient, mes émotions explosaient et se déferlaient dans
mes membres. Le froid de la nuit ne se sentait plus dans ma peau.
Sa manière de se distraire avait fonctionné, nous avions rompu notre
baiser, à bout de souffle. Nos respirations haletantes se mélangeaient à
l'autre.
Nos corps pressés contre l'autre, sentant nos cœurs battre de façon rapide
et terrifiante.
Et puis, ses lèvres se pressèrent contre mon front avant de murmurer au
creux de ma peau :
— Merci...
Mes bras s'enroulèrent autour de son cou, et je me nichais contre lui.
Laissant cette nuit nous garder secrets, et cacher notre vulnérabilité.
Pendant près de trente minutes, aucun de nous ne bougea. Nous étions
trempés, mais apaisés. Mais mon sommeil commençait à se sentir, et Kai le
remarqua.
— Viens princesse...on va dormir.
°°°°
Le lendemain.
Je fus réveillée par des bruits extérieurs, et me fit presser par le corps de
Kai contre le mien, ses bras autour de mes épaules et son visage contre mon
cou.
Je l'entendis grogner à cause du bruit, comme si Jacob était en train de
bouger des meubles.
— ...il est quelle heure ? demanda sa voix grave et endormie.
— J'ai pas de téléphone-
— ...Où est Kai ?
Je sentais le corps du mercenaire se crisper violemment contre moi alors
que mon âme allait bientôt sortir de mes lèvres.
Mason cherchait Kai.
Mason était ici.
_____________
Hey !
Ok I KNOW j'ai pris du temps à poster MAIS c'était parce que j'avais un
bloquage arghhhh
MAIS ME REVOILÀ AVEC UN PETIT CHAPITRE TOO CUTE OMG

A très bientôt pour un nouveau chapitre !


Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
! Bon on parle pas du début ni de la fin mais le milieu ???

With love. S
Instagram: sarahrivens
49. Fête mouvementée

Iris
Mon rythme cardiaque n'arrivait pas à se calmer alors que Kai se leva
d'un bond, pour aller verrouiller la porte de sa chambre.
— Va sous le lit, murmura-t-il, et n'en sors sous aucun prétexte.
Je déglutis et hochai la tête en me redressant rapidement, mes sens
faisaient trembler mon corps alors que je me levai et glissai sous le lit.
Je retins mon souffle tandis que mon cerveau carburait à l'angoisse. Je
n'arrivais pas à rester calme, comme si toute la pression pesait sur moi.
Alors qu'elle était à Kai.
Le dos au sol, je grimaçai en posant ma main sur ma blessure qui frôlait
le lit, retenant mon souffle.
Je vis Kai sortir, fermant la porte derrière lui.
— On t'a réveillé on dirait, entendis-je dire Mason.
— Ta perspicacité est impressionnante, répondit Kai d'un ton ennuyé.
J'étais presque soulagée que les murs et les portes soient fins, entendre
ces bribes de discussions m'aidaient toujours à comprendre l'envers du
décor.
De l'Organisation... et de Kai.
— Où est mon argent ? demanda Mason en me faisant rater un
battement.
— Là où est le mien, répliqua le mercenaire, pourquoi tu es ici ?
— Stella.
Très vite, des flashs me revinrent en mémoire, je pouvais à nouveau
sentir la lame traverser mon corps. Ses doigts qui menaçaient de m'enlever
mes lentilles, ses mains qui voulaient m'ôter mes vêtements.
Mon ventre se retourna.
— Jacob t'a informé, donc ma question reste la même : pourquoi tu
es ici ? scanda Kai.
— Les lois de l'Organisation te sont familières Kai, lâcha Mason, tu
sais comment ça marche, le tueur devient le nôtre.
Un rire mauvais de Kai se fit entendre.
— Les lois de l'Organisation disent aussi « Sauf en cas de légitime
défense » et aux dernières nouvelles, Jacob a défendu ma mission, une
mission qui m'a été confiée par tes soins, déclara Kai simplement, alors
de ce fait cette défense est légitime. Stella a voulu échanger Iris contre
une amie à elle, une affaire qui n'était qu'à titre personnel, j'me trompe
?
Le silence se fit entendre.
« Le tueur devient le nôtre »
Les lois et la structure de l'Organisation me donnaient envie de vomir,
reflétant le monde sanglant et violent dans lequel était plongé Kai depuis
des années.
Sa vision était tellement loin de ma réalité, c'en était terrifiant de
normaliser ce genre d'atrocités.
Et pourtant, dans ce monde-là, les pires personnes étaient souvent celles
qui se comportaient de la façon la plus normale.
Les personnes vulnérables étaient faibles, c'était peut-être pour cette
raison que Kai ne se montrait vulnérable avec personne.
C'était mortel pour lui.
— Qu'en est-il d'Isaiah ?
— Il est mort, pour les mêmes raisons. Pourquoi ? Ça t'intéresse,
Mason ?
Mes yeux s'écarquillèrent, je n'avais pas cette information. Isaiah était
mort.
— Non pas des moindres, je veux juste être mis au courant au cas où,
c'est tout.
— Ce n'est pas une grosse perte, il ne travaillait pas avec
l'Organisation de façon, non ? interrogea Jacob.
— Où est la petite Simones ? demanda Mason en changeant de sujet.
Mon cœur s'emballa, et ma main se posa automatiquement sur ma bouche
alors que j'entendais les pas et la canne de Mason résonner contre le sol plus
loin.
— À la salle de bains, pourquoi ?
— Ça te dérange que je jette un coup d'œil dans ta chambre ? Je te
fais confiance à 99%, mais...il reste toujours un petit pourcentage...
c'est par sécurité.
— Ma chambre t'est complètement interdite d'accès, grogna
soudainement Kai, si tu ne me crois pas, c'est ton problème.
Je déglutis et tournai la tête, puis mes sourcils se froncèrent lorsque le
bas de la bibliothèque arriva dans mon champ de vision.
Le meuble s'élevait à un ou deux centimètres du sol, et laissait passer
comme une... fine lumière. Blanche.
...une lumière ?
Il y avait quelque chose derrière la bibliothèque, c'était une certitude
maintenant. Il fallait que je compte le nombre de pas pour mesure cette
pièce, même si à présent, j'étais certaine que le nombre allait être égal à
ceux de ma chambre.
— Je veux juste m'assurer qu'elle n'est pas dans ta chambre, répliqua
Mason d'un ton faussement innocent, je n'ai pas entendu couler l'eau de
la douche une seule fois...c'est bizarre pour quelqu'un qui est dans la
salle de bains, mais si tu ne veux pas que je vérifie ta chambre, je peux
toujours voir dans la salle de bain-
Des pas se firent entendre et je voulais creuser un trou pour me cacher
sous le sol. Mon cœur battait à une vitesse folle, et faillit s'arrêter
soudainement lorsque la porte s'ouvrit.
Il venait de lui ouvrir la porte.
— Elle n'y est pas, grogna la voix de Kai qui devenait plus grave
lorsqu'il était énervé.
— Je dois verifi-
Et la porte claqua. Me faisant sursauter.
— Je vois que tu n'aimes toujours pas qu'on entre dans ta chambre.
— C'est pas quelque chose qui va changer, et certainement pas pour
toi.
Je demeurai sur mes gardes, mon rythme cardiaque qui refusait de se
calmer tant qu'ils étaient encore derrière cette porte.
Je savais que Kai ne voulait qu'en aucun cas qu'il entre, j'étais même
abasourdie par le fait qu'il lui avait quand même ouvert la porte pour lui
prouver que je n'étais pas là.
Toute sa vulnérabilité était contenue dans les murs de sa chambre.
— De toute manière, je dois l'attendre pour voir ses blessures, déclara
Mason en me faisant rater un battement.
Et ma gorge se noua de panique.
— Stella l'a poignardée, elle a une entaille sur le ventre, décrit Jacob,
et-
— Et dans tous les cas tu ne la verras pas, alors tu peux sortir dès à
présent, cracha Kai en s'éloignant de la porte de sa chambre, je refuse que
tu la voies.
Le rire de Mason se fit entendre, me glaçant le sang.
— M'en prendre à elle est devenue l'une de tes peurs, Kai ? Au bout
de deux...tu commences à t'affaiblir...
Mes sourcils se froncèrent. Au bout de deux...
— Tu sais, Mason, je me languis du jour où tu crèveras sous mes
doigts, je me chargerai de ta mort personnellement, déclara Kai d'un ton
froid, pour l'instant, c'est uniquement un fantasme...mais ne t'en fais
pas, je réalise toujours tous mes fantasmes.
J'entendis la canne de Mason frapper contre le sol, comme s'il s'éloignait
du couloir des chambres. Je savais d'avance qu'il se dirigeait vers le salon.
Et ma pression redescendait peu à peu.
Des sueurs froides perlaient le long de mon front et j'expirai un souffle
lourd en fermant les yeux, essayant de calmer mes tremblements dus à la
panique qui m'abritait.
— Une dernière question, et je te laisse tranquille toi et ton ami,
entendis-je Mason dire à nouveau, as-tu rompu notre accord ?
— Non, répondit le mercenaire avec un ton trop naturel.
Un frisson s'empara de mes membres alors que je l'entendis mentir,
sachant pertinemment qu'il avait rompu leur accord.
Deux fois.
— OK.
Simple, clair et net.
Je restai sous le lit pendant encore quelques minutes, puis entendis la
porte de sa chambre se verrouiller.
Puis plusieurs minutes s'écoulèrent avant que j'entende la porte claquer,
puis le bruit des pas lourds de Kai.
Le son du verrou qui se tourne emplit le silence.
— Sors, il est parti.
La voix de Kai était froide, grave et reflétait parfaitement son agacement.
Je vis ses pas se rapprocher, et il s'accroupit avant de m'aider à sortir du
lit. J'éternuai à cause de la poussière.
— Tu as mal quelque part ? me demanda-t-il en regardant mon ventre
couvert par mon haut.
Je secouai négativement la tête.
— J'ai faim, remarquai-je, et j'ai envie de pisser.
Il se décala et m'invita à sortir, ce que je fis sans trop parler. Je pouvais
sentir comme un froid qui s'installait entre nous, qu'il installait.
Mes pensées s'emplirent rapidement de questions et mes sourcils se
froncèrent. Mon visage devait afficher mes doutes et mes incompréhensions
alors que je m'en allais me soulager la vessie.
Je commençais à tout remettre en question, rapidement mes suppositions
se transformaient en certitude.
Il allait me dire que notre baiser était une erreur, qu'il regrettait.
Il me déteste.
Il ment à cause de moi, je le dégoute.
Je me lavai les mains et le visage, puis me brossai les dents en me
laissant me ronger par mes propres pensées, animées par mes craintes.
Tout est de ta faute, tu l'as laissé t'embrasser.
Il sent que tu t'attaches à lui, il va s'éloigner.
Je me lavai la bouche, mon poing se serra, tandis que je laissai une forte
colère contre ma personne m'emporter.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Iris ?
— J'arrive, répondis-je à Jacob qui m'appelait depuis la cuisine ou le
salon.
Je quittai la salle de bains et partis retrouver Jacob qui me tendit un verre
plein de café, un grand sourire aux lèvres.
— Il n'a pas intérêt à revenir la voir, grogna la voix de Kai derrière
moi.
Je me tournai vers lui et demeurai silencieuse.
— Tu vas au Box après ?
Kai hocha la tête en prenant le café que lui tendait Jacob.
— Reste avec elle jusqu'à mon retour.
— J'ai encore des trucs à terminer avec Casey, grimaça Jacob, je ne
sais pas si je pourrais.
Kai lui lança un regard, et se tourna vers moi. Je fronçai les sourcils, et
proposai :
— Vernon ?
Kai émit un petit rire moqueur dans un souffle et Jacob leva les yeux au
ciel avant de sourire faussement en buvant de sa tasse.
J'ai dit un truc bête ?
— Quoi ? demandai-je en les regardant.
— Pendant que tu jouais la belle au bois dormant, moi je me faisais
tromper ! lâcha sarcastiquement Jacob et j'écarquillai les yeux.
Pardon ?
Puis il entreprit de tout me raconter. Les informations s'accumulaient
dans ma tête, et je pouvais ressentir la trahison qu'éprouvait Jacob.
Me laissant sans voix.
— Donc...
— Donc c'est un père de famille divorcé, résuma Jacob en levant sa
tasse vers ma direction, oui totalement.
Oh putain de merde.
Un poids énorme descendit sur mes épaules, cette nouvelle me prit de
court. Et toute l'image que j'avais du couple soudé de Vernon et Jacob se
dissipait lentement.
La trahison venait toujours effacer l'idéal. Dessinant la réalité.
J'avais pendant un moment pensé que leur couple était l'exception, qu'ils
s'aimaient et ne se trahiraient jamais.
Mais les trahisons finissaient toujours par donner raison à nos craintes.
— Tu penses prendre combien de temps avec le chien de service ?
interrogea Kai en allant s'installer sur la chaise de la cuisine.
— Vas-y, je reste ici.
Kai fumait sa clope, et un nouveau silence s'installa. Je buvais mon café
sans un mot. Je m'approchai du comptoir où se trouvaient mes médicaments
et les avalai.
— Tu l'emmèneras trouver une nouvelle paire de lentilles plus tard,
je refuse que Mason voie ses yeux.
Mon cœur rata un battement en écoutant les consignes de Kai.
— Tu ne voulais pas qu'il la voie à cause de ses yeux ? demanda Jacob
curieusement.
Et Kai hocha la tête. Me faisant entrouvrir la bouche.
Il ne voulait pas que Mason me voie, pour mes yeux.
— Je vais prendre une douche, n'oublie pas ses lentilles, annonça Kai
avant de se lever et de partir de la cuisine.
— Ok..., soupira Jacob en me lançant un petit regard malicieux, toi et
moi on va faire un peu de shopping on dirait.
°°°°
Deux heures plus tard. Ewing. New Jersey.
— Kai va me tuer, répéta Jacob pour la centième fois.
Un sourire étira mes lèvres alors que je sentais ma gorge se nouer
davantage en quittant le magasin où j'avais l'habitude d'acheter mes
lentilles.
Ewing.
— Attends-on va là ! m'exclamai-je en me dirigeant vers une
boulangerie dont j'adorais les croissants.
La ville m'avait manqué, et rien qu'en voyant les décorations, je
comprenais que c'était bientôt les fêtes de fin d'années.
Bientôt Noël...
C'était ma période préférée de l'année, et l'idée que je ne puisse pas faire
les fêtes avec ma Théa me donnait envie de pleurer.
Je n'avais même pas réfléchi à son cadeau.
Comme si je retouchais à ma vie d'avant du bout des doigts, ùes petites
habitudes me revinrent en mémoire, les soirées, les sessions shoppings avec
Rox.
On s'appelait souvent lorsque l'une allait acheter des choses.
— Bonjour, lâchai-je la voix presque tremblante de bonheur.
— Bonjour, sourit la boulangère que je ne connaissais pas.
Jacob me lança un regard blasé alors que j'achetais mes croissants et nous
quittâmes le lieu, tandis que j'explosai de joie intérieurement en prenant un
boucher de ma viennoiserie.
Le goût du passé n'a jamais été aussi délicieux.
Le téléphone de Jacob se mit à sonner et il grimaça avant de répondre :
— Ouais...ok...d'accord, ça marche...ok ok.
Je me tournai vers Jacob, et il enfouit son téléphone dans sa poche avant
de glisser son bras autour de mes épaules.
Nous avançâmes dans les rues pleines du centre-ville, et mon regard se
porta sur Jacob qui regardait les passants.
Les couples plus exactement.
— Hey, murmurai-je en essayant d'attirer son attention vers moi, tu veux
qu'on aille manger des burritos ?
— J'ai pas très faim là, sourit Jacob.
— Le grand Jacob Whitfield ne refuse jamais un Burritos, remarquai-
je en fronçant les sourcils avec un petit sourire au coin, et pourtant les
burritos le rendent heureux.
— Jacob n'est pas d'humeur à être heureux là, souffla-t-il en secouant
la tête, j'avais commencé à prendre l'habitude de fêter Noël avec
Vernon et Kai. Maintenant, on se retrouve une nouvelle fois à deux.
— Moi aussi ça va me faire bizarre sans ma famille, soupirai-je en
mangeant mon croissant, d'ailleurs...comment tu te sens par rapport
à...enfin, tu sais...Vernon...
Je sentis son bras se tendre autour de mes épaules. Une grimace se forma
sur mes lèvres, je réalisai qu'il fallait peut-être mieux éviter le sujet.
Je suis vraiment stupide.
— Je sais pas...pendant la journée j'essaie de m'occuper pour ne plus
y penser, mais c'est le soir que ça me revient, me confia-t-il d'un ton
faussement neutre, il a essayé de m'appeler à plusieurs reprises, mais j'ai
bloqué son numéro. Il m'a menti sur sa vie, et je sais qu'il m'est
complètement impossible de lui faire confiance à nouveau. Je ne veux
pas douter de lui à l'instant où il part quelque part, ça serait invivable.
Je comprenais son envie de ne plus donner de chance à Vernon. Pour sa
paix intérieure et sa santé mentale.
Je pouvais aussi comprendre la peur de Vernon, d'annoncer à son copain
qu'il avait une famille et des enfants.
— Il veut s'excuser, mais j'en ai rien à branler de ses excuses, il
n'était pas désolé quand il le cachait, il s'excuse seulement parce que je
l'ai découvert. Il a embarqué Kai dans son histoire et ça me donne
envie de gerber.
Vernon avait utilisé le silence de Kai, il savait que le mercenaire tenait
ses promesses.
— Il a essayé à plusieurs reprises de me montrer que Vernon n'était
pas loyal, rien qu'en voyant son comportement avec lui, je sais que Kai
m'aurait tout raconté si je lui avais posé la question, mais je ne l'ai
jamais fait. Pour moi, il ne l'aimait pas parce que c'était mon mec. Et
pour Kai, personne n'est assez bien pour moi, sourit-il en prenant un
bout du croissant qui me restait.
— Est-ce que...vous en avez parlé, toi et Kai, de cette histoire
après...que tu l'aies découvert ?
Il hocha la tête.
— Il essaie de se mettre à ma place et il finit toujours par avoir envie
de lui défoncer la gueule, rit Jacob, il apprend à écouter, et me plaindre
à Kai est ma thérapie haha !
Un sourire étira mes lèvres en le regardant me parler de ses moments de
confidences entre lui et Kai. Comme des frères.
Ils étaient comme des frères.
— Vous fêtiez Noël ? Avec Vernon ?
Jacob sourit et hocha la tête.
— J'adore les fêtes de fins d'années, je n'ai jamais été entouré donc
quand j'ai plus de deux personnes dans mon entourage, j'ai vraiment
envie de le fêter comme tout le monde.
— Tu n'as jamais fêté Noël avec plus de deux personnes ?
Jacob secoua la tête.
— Kai ne le fête pas, enfin...il n'a jamais vraiment expérimenté les
fêtes de fins d'années, seulement à la télé. Ma grand-mère et moi on
adorait monter toutes les décorations de Noël, alors j'ai toujours cet
esprit-là, mais c'est plus compliqué sans ma grand-mère et sans
quelqu'un qui partage mes envies. Kai n'aime pas les fêtes en général
parce qu'il n'a jamais eu de bons souvenirs, j'essaie de lui donner de
nouveaux souvenirs, mais il se renferme donc c'est peine perdue.
— Il ne respecte pas les religions de toute manière, soupirai-je.
— Tu parles de cette soirée avec Mason, pas vrai ?
Je hochai la tête et il secoua la sienne.
— Pour le coup, il ne respecte pas Mason. Et Mason ne le respecte
pas. Je sais que Kai croit en quelque chose, et qu'il respecte les autres
croyances et convictions. Mais il déteste quand on lui impose quelque
chose en empiétant sur ses propres convictions. Et Mason le fait
souvent.
« — Je ne suis pas religieux.
— Tes promesses n'ont aucune valeur à mes yeux, alors jure-moi que
tu viendras. »
Mason avait toujours décrédibilisé les promesses de Kai, aussi
importantes soient-elles pour le mercenaire.
Mason avait toujours montré ce même irrespect envers ces promesses.
Alors Kai en faisait autant envers les convictions de Mason.
— Donc c'est pas la religion son problème, c'est cet enfoiré de
Mason, souffla Jacob, même si je ne te cache pas que je l'ai pris à titre
personnel aussi.
— Moi aussi, avouai-je en secouant la tête, hum...et si on fêtait Noël ?
J'adore suspendre les décorations aussi et...
Le visage de Jacob s'illumina, et il se tourna vers moi.
— Tu veux faire ça ?
J'acquiesçai.
Puis comme un enfant, il me tira par la main vers un magasin de
décoration, et je savais déjà que j'allais passer énormément de temps dehors.
Et ça me faisait un bien fou.
Comme si je me reconnectais doucement à la réalité, à mes habitudes, à
celles des autres. Ewing m'avait manqué.
Ma vie m'avait manquée.
°°°°
Quatre heures plus tard. La maison.
— Tu veux le mettre là ?
— Oui de ce côté ! s'exclama Jacob en parlant du faux sapin qu'on avait
acheté, on met les cadeaux sous le sapin après !
Je hochai la tête et entrepris de décorer le sapin, fredonnant « Its the most
wonderful time of the year » de Andy Williams.
Jacob chantait à tue-tête, cette playlist le rendait tellement joyeux que ça
me faisait sourire. Il décorait le salon de son côté, avec plein de petites
choses qu'on avait achetées au marché de Noël.
J'avais su grâce au téléphone de Jacob que nous étions le 23 décembre, et
à cette période, j'étais très souvent à Hydewood.
Théa me manquait affreusement, mais Jacob m'avait dit que je pouvais
acheter des cadeaux de Noël à ma famille en attendant de les revoir.
J'adorais offrir des cadeaux, j'en avais même acheté pour Jacob et Kai.
Offrir des cadeaux aux gens était ce que j'aimais le plus, avoir en retour
un sourire de leur part me rendait tellement heureuse. Avant je le faisais en
espérant recevoir un cadeau en retour, mais maintenant, je nourrissais cette
obsession sans idées derrière la tête.
J'aimais juste l'idée d'offrir des cadeaux et de payer des choses à des
personnes que j'affectionnais.
J'ai même acheté une nouvelle cage pour Rufus !
— Comment se passent les fêtes avec ta famille ? me questionna Jacob
curieusement, tu le fêtes avec ta mère et sa famille n'est-ce pas ?
Je hochai la tête.
— À cette période, je suis très souvent à Hydewood, du moins, j'y
vais une semaine avant. Théa adore faire les magasins, on s'achète les
mêmes pyjamas et on va chez Corns pour les donuts, décrivai-je en
souriant, j'adore regarder le Grinch et l'étrange noël de monsieur Jack
avec Théa. En général, je fais la course aux cadeaux de mon côté avec
ma petite sœur. Il y a des petites habitudes que se créent, on adore
tourner autour de la ville en regardant les décorations des autres
maisons avec Théa, Rox et moi on s'offre des Calendriers de l'avent et
on s'update chaque jour sur ce qu'on a gagné.
Je souriais en regardant Jacob arrêter tout ce qu'il faisait pour m'écouter,
avide d'histoires sur les fêtes en famille.
— Souvent, on veille jusqu'au matin avec Théa en regardant des
films de Noël avec plein de bouffe, plein de chocolats, en attendant
d'ouvrir nos cadeaux. J'adore envoyer des petits « vlogs » à Rox, et
recevoir les siens. Voilà...en gros.
C'était ma période préférée de l'année et en même temps, celle que je
haïssais le plus. Parce que lorsque je retournais a à Hydewood, j'avais
toujours cette impression de ne pas appartenir à cette famille, comme si
j'étais de trop.
Même si j'avais énormément de traditions avec Théa, je redoutais les
repas avec ma mère et mon beau-père qui me posait des questions
angoissantes sur mon avenir incertain.
J'aimerais tellement ressentir toutes les joies de Noël comme Théa qui
parlait déjà de Noël à la fin de novembre, mais moi, ça m'angoissait plus
qu'autre chose à cause de mes souvenirs là-bas.
Et de mon mal être.
On ne m'offrait jamais de cadeaux non plus, du moins, sauf Théa. Mais
pas ma mère et mon beau-père.
Je n'étais jamais vraiment à l'aise dans mon ancienne maison, mais
j'essayais toujours de faire des choses avec Théa pour ne pas le ressentir.
J'éprouvais souvent de la culpabilité lorsque je voyais tout le monde
heureux à Noël, alors que c'était l'une des périodes qui me faisait me sentir
la plus seule.
— Woah...
Je ressentais de la tristesse en voyant les yeux émerveillés de Jacob. Je
pouvais lire dans son regard qu'il aimerait expérimenter ce genre de
moments.
Et je voulais lui offrir quelques souvenirs.
Pendant notre shopping de Noël, il avait fait ses achats dans son coin et
moi du mien.
Nous nous étions partagé une somme d'argent, et aucun de nous ne savait
ce que l'autre a acheté. Jacob voulait garder ses cadeaux secrets.
Je voulais retrouver mes petites habitudes que j'avais avec Théa.
— On pourrait faire ça nous deux aussi, tu sais... je nous ai acheté
des pyjamas coordonnés, avouai-je presque honteuse, on faisait ça avec
Théa, mais si tu ne veux pas-
Jacob me fonça dessus et me prit dans ses bras. Je hoquetai de surprise
tandis qu'il s'exclama :
— JE VEUX LES PYJAMAS !
Un rire s'échappait de mes lèvres et nous nous empressâmes de mettre les
pyjamas que je nous avais achetés.
Nous revînmes au salon et Jacob explosa de rire en regardant nos
pyjamas, j'étais fière d'avoir trouvé la taille parfaite pour lui.
— All i want for chrismas..., chanta Jacob en me tendant la main.
— Is youuuuu, terminai-je en prenant sa main.
Le bonheur animait mon corps pendant que je me laissais emporter par
les danses de Jacob. Chantant dramatiquement les paroles de « All i want
for Christmas is you ».
Jacob entreprit de porter Rufus, et le rongeur se retrouva à suivre nos
danses aussi ridicules les unes que les autres.
Et pendant l'espace d'un instant.
Je me sentais bien, paisible, en sécurité.
Il n'y avait plus d'angoisse, plus d'anxiété, pas de peur, il n'y avait pas
mes parents, pas Mason.
Seulement Noël, Jacob, Rufus et moi.
— Qu'est-ce que...
Nous nous tournâmes vers la porte qui s'ouvrit, c'était Kai. Les sourcils
du mercenaire se froncèrent d'incompréhension en regardant le salon, pleins
de guirlandes et de décorations.
— Tu as ramené la dinde comme je te l'ai demandé ? interrogea Jacob
en arquant un sourcil.
— Pourquoi vous portez le même pyjama ? nous demanda Kai sans
bouger de sa position.
Je le vis fermer la porte à clé, en nous toisant du regard.
— Regarde notre sapin ! s'exclama Jacob en désignant fièrement le
sapin du menton.
Kai se tourna vers le sapin, puis reposa ses yeux sur moi. Je haussai les
épaules en esquissant un petit sourire et il soupira avant d'aller à sa chambre
sans un mot.
Le soupir de Jacob se fit entendre et je le vis sourire en disant :
— Ça lui fait bizarre, on n'a jamais fait de décorations de noël, il fuit
parce qu'il ne sait pas comment il doit se comporter haha !
Jacob et moi terminâmes d'installer les décorations restantes puis nous
préparâmes notre dîner, je voulais faire des Mac'n'cheese. Pendant tout ce
temps, Kai n'était pas sorti de sa chambre.
Le contraire m'aurait étonnée.
Jacob m'avait dit qu'il n'avait jamais fêté Noël, je comprenais qu'il avait
l'air intimidé ou même mal à l'aise par rapport à tout ça ce soir.
Nous allions fêter Noël demain, et j'avais déjà hâte d'offrir mes cadeaux
qui étaient cachés dans ma chambre.
Pendant que je préparais le dîner, mes pensées anxieuses emplissaient
mon cerveau, essayant de me convaincre que Kai était aussi froid que ce
matin, qu'il me détestait parce qu'il mentait à Mason.
Qu'il ne voulait plus de moi.
— Je vais lui donner son dîner, annonçai-je à Jacob en prenant un bol
de mac'n'cheese.
Mais j'étouffais mes idées, je ne voulais pas y penser. Par peur de le
confirmer.
Je me demandais ce qu'il était en train de faire actuellement, il n'avait pas
donné signe de vie. Je m'approchai de sa porte et toquai.
— Je ne veux pas danser avec toi Jac-
— Je te ramène ton dîner, le coupai-je en annonçant ma présence alors
que mon cœur battait de plus en plus fort.
S'il m'ouvre pas, il me déteste.
S'il m'ouvre pas, il me déteste.
S'il m'ouvre pas, il me déteste.
Quelques secondes silencieuses s'en suivirent et il me dit :
— Entre.
Mon cœur s'emballa lorsque j'ouvris la porte, le voyant à moitié allongé
sur son lit, adossé contre les oreillers.
Son torse dénudé affichait ses tatouages, des tas de feuilles étaient étalées
partout autour de lui, dont une contre son genou plié. Il dessinait.
— Je...je t'ai fait des Mac'n'cheese.
J'avais gardé cette image en tête de lui étant froid avec moi depuis ce
matin, et mon cœur qui s'accélérait redoutait l'instant où il pouvait
potentiellement rejeter ce bol.
Mais.
Son regard s'illumina presque autant que la lampe dans sa chambre, et il
posa sa feuille sur le lit avant de se lever.
— Pourquoi ? me demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Je haussai les épaules, je n'avais pas vraiment de raison. Je voulais juste
en faire.
— J'espère que tu aimeras, lui dis-je en lui tendant son bol.
Ok...il n'est pas froid.
— Rox me harcèle au téléphone, m'informa-t-il en faisant sauter mon
cœur, elle veut que je te rende mon téléphone. Apparemment, vous avez
des habitudes pendant Noël. Tiens.
Je le vis s'approcher d'un sac près de sa commode et me le tendre.
— Elle m'a demandé de te remettre ça.
Je m'empressai de l'ouvrir, et ma gorge se noua instantanément en voyant
la boite. Un calendrier de l'avent.
D'une marque de maquillage que j'aimais beaucoup.
Les larmes me montèrent aux yeux, et ma vue s'embua alors que je levai
la tête vers le mercenaire qui semblait dans l'incompréhension totale.
— C'est quoi ? m'interrogea-t-il.
— Un calendrier de l'avent, lui dis-je alors que mes émotions jouaient
avec ma voix, on a l'habitude de s'offrir des calendriers chaque Noël...et
on s'envoie les photos de ce qu'on trouve dans chaque case.
Je comprenais pourquoi Rox lui demandait de me rendre mon téléphone.
Et je le voulais tellement aussi.
Kai vit mon regard presque suppliant et me toisa avant de croiser les
bras.
— Non, me dit-il simplement.
— S'il te plaiiiiiit, t'as peur de quoi ? Que j'appelle la police ? Je ne le
ferais pas parce que je serais dans la merde comme toi !
Il secoua la tête.
— C'est non négociable.
— Je te fais la promesse que je ne ferais rien qui pourrait te mettre
en danger toi, ou Jacob. Je veux juste envoyer des photos à Rox,
m'exclamai-je d'un ton suppliant, je te le promets.
Kai me toisait du regard, arquant un sourcil, pas complètement confiant.
Je continuais à le supplier encore et encore, je me sentais si proche du but.
Retrouver mon téléphone et pouvoir reprendre un autre fragment de mon
ancienne vie.
Parler à Rox.
— Si Théa t'envoie un message ? supposa-t-il en gardant ses yeux sur
moi.
— Je ne répondrais pas, lâchai-je du tac au tac en toute sincérité.
— Si ta mère t'appelle ?
— Elle ne le fera jamais, sauf si c'est Théa qui demande.
Et c'était vrai.
Son téléphone se mit à sonner et il le tira de la poche de son bas
survêtement gris, un soupir s'arracha de sa bouche et il me montra son écran
qui affichait « Rox ».
— C'est la vingtième fois aujourd'hui.
Je lui lançai un dernier regard insistant, et il poussa un soupir sonore
avant de s'approcher de sa commode et d'ouvrir le tiroir.
Faisant battre la chamade à mon cœur.
— Je te promets de le casser en deux si j'apprends que tu n'as pas
tenu ta promesse, me menaça-t-il en me balançant mon téléphone et le
chargeur, charge-le avant, je ne l'ai pas allumé depuis presque un mois.
J'explosai de joie et mon corps dépassa ma raison, se précipitant dans les
bras du mercenaire qui se crispa instantanément.
— Merci merci merci ! m'exclamai-je en souriant comme une tarée.
— Lâche-moi tu m'étouffes, grogna-t-il contre moi et je le fis.
Je remarquai qu'il se retenait de sourire, ce qui élargissait davantage mon
sourire.
— Tu es prévenue Simones, répéta-t-il alors que je m'empressais de
trouver une prise dans sa chambre pour charger mon téléphone.
— Oui oui, marmonnai-je tremblante d'excitation en branchant mon
téléphone au chargeur.
La batterie s'afficha sur l'écran et mon sourire ne me quittait plus. Je
tentais de l'allumer, mais je savais qu'il fallait attendre un petit moment.
— Il y a mon numéro et celui de Jacob à l'intérieur, j'étais presque
déçu de voir que tu ne l'avais enregistré la première fois, souffla-t-il en
s'approchant de moi.
— Ta disquette était nulle, rappelai-je à nouveau, donc c'était-
Nous entendîmes la porte d'entrée s'ouvrir, et je tournai la tête lorsque
j'entendis Jacob dire :
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Est-ce qu'on peut parler ?
Vernon.
Je vis l'écran de mon téléphone se rallumer, mais mon cœur rata un
battement en voyant Kai prendre son arme en disant :
— Absolument pas.
Il quitta la chambre et je m'empressai de le suivre, très vite, ma joie se
transforma en peur et je sursautai violemment en entendant un coup de feu.
— J'ai pourtant été bien clair, je ne veux pas que tu t'approches de
cette putain de maison et d'ici, cracha Kai en direction de Vernon.
Jacob fusilla son ex du regard et dit :
— Pose ton arme Kai, il allait justement partir.
Vernon me lança un regard, et je demeurai silencieuse en regardant la
scène. Je voyais que Vernon suppliait Jacob du regard, mais ce dernier
gardait la porte ouverte, l'invitant à sortir.
— Dégage d'ici, grogna Kai d'un ton tranchant.
Jacob ne lui laissa pas le temps d'émettre la moindre parole qu'il claqua la
porte. Le laissant dehors.
Mon cœur se brisait pour Jacob, son visage rongé par la colère. Sa
mâchoire était contractée et son regard s'était assombri.
— Je voulais passer une bonne soirée de Noël, marmonna ce dernier, il
a qu'à aller fêter ça avec sa petite famille. Sa place est prise par Rufus
et Iris.
Je me tournais vers la cage de Rufus qui était ridiculement décoré par-
dessus de guirlandes, mes sourcils se froncèrent en voyant l'animal près de
sa roue. Ne faisant aucun mouvement.
Je m'approchai de lui alors que mes pensées envahirent mon cerveau.
Il dort ?
J'ouvris sa cage et m'accroupis avant de prendre le rongeur qui ne
bougeait pas sous mes mains.
— Il ne bouge pas..., murmurai-je en écarquillant les yeux alors que
j'essayais de sentir son pouls.
Mais rien.
Mes sourcils se froncèrent et une forte angoisse me gagna alors que je
tentai de le secouer doucement pour le réveiller. Les hamsters avaient
tendance à hiberner pendant l'hiver.
Mais il n'hibernait pas tout à l'heure.
Non...
Ma vue s'embua tandis que son corps se refroidissait contre mes mains
tremblantes, Rufus ne bougeait pas.
Il ne montrait aucun signe de vie.
— Essaie de le réveiller, paniquai-je en le tendant à Jacob alors que mon
ventre se nouait.
Perdre mon rongeur était ce que je redoutais le plus. Pendant des mois, je
ressentais parfois des pics d'angoisse en me disant qu'il allait mourir bientôt.
Il n'est pas mort, il ne peut pas mourir.
Un sanglot s'échappa de mes lèvres en voyant Jacob essayer de le
secouer, mais rien n'y faisait, Rufus ne bougeait pas.
Et lorsque le regard de Jacob se leva vers moi, mes larmes reprirent de
plus belle et j'étouffais mes sanglots en posant ma main sur ma bouche.
Secouant la tête, n'acceptant pas ce qui était en train de se passer.
Pas Rufus...
— Il est mort ? demanda la voix de Kai derrière moi.
Je me tournai la tête et vis son visage pâle, ses yeux étaient écarquillés et
il regardait le rongeur en attendant une réponse.
— Il ne respire pas, il n'y a pas de pouls, annonça Jacob d'une voix
faible, ces animaux sont très sensibles, il a sûrement eu un choc quand il
a entendu le coup de feu.
Un sanglot s'arracha de ma bouche, bien sûr qu'il était mort à cause du
coup de feu. Les hamsters étaient cardiaques et sensibles.
Ils ne tenaient pas à leur vie en plus.
— Je lui ai acheté une nouvelle cage, lâchai-je alors que mes sanglots
redoublaient.
Ma vue était si embuée que je ne voyais rien de plus à cause de mes
larmes qui se déversaient de mes yeux, je m'approchai de mon rongeur et le
portai délicatement dans mains, mes larmes s'écrasaient contre son pelage et
mon pouce glissa contre son corps.
Je sentis les bras de Jacob m'entourer, et je me laissais étouffée par mes
sanglots qui devenaient incontrôlables.
Sentant qu'une partie de mon cœur se déchirait, Rufus m'avait laissée.
...Avec qui j'allais parler maintenant ?
— Tu resteras toujours mon petit confident, je te le promets ok ?!
lâchai-je en regardant mon hamster, même si je détestais nettoyer ta
cage...
Je savais que ce jour allait arriver, je l'avais toujours redouté. Mais on ne
s'y prépare jamais réellement.
Sa présence me manquait déjà. Il me faisait me sentir tellement moins
seule chez moi.
Mon téléphone se mit à sonner, laissant mon cœur rater un battement. Je
relevai la tête et vis Kai partir en direction de sa chambre.
Revenant avec mon téléphone.
— Rox.
Mais à l'instant où j'allais répondre, son appel s'était arrêté. Et mon écran
afficha mes notifications. Ma gorge se noua en voyant tous les messages
que j'avais reçus.
Ce sentiment de revenir à ma vie d'avant.
Je glissai mon doigt sur mon écran, et un hoquet s'arracha de ma bouche
alors que je sentis mon cœur tomber à mes pieds.
Mes yeux sortirent presque de leur orbite en voyant la notification. Et le
message.
De Papa :
Iris, je t'ai versé une somme d'argent qui ne t'était pas destinée. Mais
ton compte est vide, et j'ai besoin de ce fric. Tu n'avais aucun droit de
toucher cet argent ! La banque t'avait envoyé une lettre pour te prévenir
de cette somme, mais tu n'avais pas le droit de les retirer Iris ! Tu es
injoignable, appelle-moi dès que tu as ce message.
Je sentais que tout m'échappait, je n'avais pas touché à cet argent, ce
putain de compte je l'avais délaissé.
J'avais même laissé la carte et mon chèque à Hyde-
Mes lèvres s'entrouvrirent. Et mon regard croisa celui de Kai.
Mes pensées se bousculèrent dans mon cerveau et mon corps entier se
gela tandis que mes pressentiments se confirmaient de plus en plus.
Putain de merde...non...il m'a dit que la banque avait envoyé une lettre...
Il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait retirer ce fric sans que j'en
sois informée.
Simplement parce que cette personne avait des contacts à la banque et
pouvait régler les problèmes de mon compte à ma place, la seule à qui
j'avais donné l'autorisation d'accès.
C'est un putain de cauchemar...
— M...Marc.
_____________
Hey !
Actuellement en train de manger mes meilleurs mac'n'cheese. C'est mon
premier repas de la journée parce que j'étais collée à ce chapitre. It feels like
a reward. Happy Sarah!
Anyway back to this story...our Baby is gone.
We will always love you.
🥺 Rest In Peace Rufruf.

What about the other one...


A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
❤️
With love. S
Instagram: sarahrivens
50. Dîner presque parfait

(NDA pré-chapitre : Joyeux anniversaire à la LAKESTONE Era ! Happy


LAKESTONE day ! Merci d'avoir suivi cette histoire pendant un an )
Iris
🍓
Le silence décuplait la cacophonie de mes pensées. À force d'avoir laissé
mes larmes salées dévaler mon visage et mes paupières, mes yeux me
faisaient atrocement mal.
Rufus.
Marc.
Ma gorge se noua à nouveau et ma main se porta à ma bouche, j'étais
incapable d'accepter la mort subite de mon animal de compagnie.
Comme si j'avais perdu un membre de ma famille, je me sentais
soudainement vide. Et Marc...
La rage m'emporta à nouveau, faisant s'entremêler mes émotions. Kai...
Mes sourcils se froncèrent. Pourquoi avait-il tiré ? Il était déjà assez
menaçant sans son arme. Rufus...
Je me sentais seule à présent, un sentiment que je détestais ressentir. Mes
tremblements secouaient mes membres et je n'arrivais pas à me calmer.
Ma respiration se saccadait, et ma gorge était douloureusement nouée.
Des sanglots s'arrachèrent brutalement de ma bouche, et mes larmes
redoublèrent.
La colère et la tristesse que je ressentais m'animaient entièrement, mon
cœur battait à la chamade. La solitude que je ressentais sans mon animal me
donnait envie de vomir.
Rufus...
— Non...
Mes sanglots redoublèrent, tandis que mon corps se recroquevillait contre
mon matelas. C'était insupportable.
J'avais entendu la porte d'entrée se fermer tout à l'heure, je savais que
c'était Jacob. Ou peut-être Kai.
Je me mis sur le dos, face au plafond. Tentant de me calmer. Ma gorge
était sèche, et j'avais extrêmement mal à la tête à force d'avoir pleuré.
J'ai besoin d'eau.
Lentement, je me levai et quittai la pièce dans laquelle j'étais enfermée
depuis une soixantaine de minutes.
Mes pas me guidèrent jusqu'au salon où je tombais nez à nez avec le
corps de Kai.
Assis sur le siège à côté de la cage de mon animal de compagnie.
Les paroles de Jacob me revinrent en mémoire. Je savais qu'il était la
cause de la mort de Rufus.
Mais c'était involontaire.
Je m'approchai de la cuisine, et pris un verre que je remplis d'eau, mon
regard cherchait le sien, mais pour une raison qui m'échappait.
Ses yeux me fuyaient.
Demeurant muet, il fumait sa cigarette en regardant la cage. Ses sourcils
étaient froncés et sa mâchoire était beaucoup trop contractée.
Une de ses mains se pressait contre son genou, et je vis ses doigts bouger
nerveusement, trahissant la force de pression qu'il exerçait.
Je bus le reste de mon verre et m'approchai de la cage encore dans le
salon. Kai n'avait pas levé son regard vers moi une seule seconde.
— Jacob a emmené son corps ? interrogeai-je dans un murmure.
Kai ne releva pas son regard vers moi. Sa jambe bougeait nerveusement
et je voyais très bien que son corps était tout sauf calme.
Puis après quelques minutes, alors que le silence faisait planer la douleur
de la mort de mon animal, Kai murmura :
— Je...
Mes sourcils se froncèrent en le voyant se lever du siège et s'éloigner du
salon. Comme si je n'avais rien dit, comme si je n'étais pas là.
Mes nerfs chauffèrent à une vitesse terrifiante et je me tournai vers lui
avant de cracher furieusement :
— Je t'ai posé une putain de question-
— Je suis désolé, je suis désolé, je...je je- je suis désolé, me coupa-t-il
d'un ton rapide et irrégulier en se tournant vers moi, je suis désolé je ne
voulais pas...je savais pas que...que...il...je l'ai tué...je sais que tu m'en
veux-...
Mon souffle se coupa en voyant son visage rongé par la culpabilité.
— Je ne t'en veux pas-
— Si, tu m'en veux...je l'ai tué et tu m'en veux...je sais que tu m'en
veux...moi...
Comme s'il se répétait à lui-même que je lui en voulais, que je l'accusais.
Comme s'il projetait ses angoisses sur moi.
— Je ne t'en veux pas Kai-
— SI TU M'EN VEUX ! cria-t-il soudainement, JE L'AI TUÉ, C'EST
MOI QUI L'AIE TUÉ ! POURQUOI TU NE M'EN VEUX PAS-
— JE NE T'EN VEUX PAS TU M'ENTENDS ?! explosai-je à mon
tour.
— POURQUOI TU NE M'EN VEUX PAS PUTAIN ! TU DOIS
M'EN VOULOIR !
Mes yeux s'écarquillèrent alors que je répliquai sur le même ton :
— JE SUIS INCAPABLE DE T'EN VOULOIR KAI ! JE SUIS
JUSTE PUTAIN DE TRISTE PARCE QUE...FAIT CHIER !
J'explosai en sanglot, tout se mélangeait dans ma tête. La mort de mon
animal de compagnie était déjà destructrice, la trahison de Marc.
Tout ce cauchemar à cause de lui.
Je n'étais pas capable de supporter les angoisses de Kai.
— Je suis fatiguée Kai, je suis putain de fatiguée...
Je n'arrivais plus à me calmer, ma respiration se saccada violemment et
mon ventre se retourna. La terreur et l'angoisse enveloppèrent mon corps.
Mon cœur battait à tout rompre et je haletai en posant mes mains sur ma
poitrine douloureuse, tremblante de rage et de peur.
Je vais mourir...
Je vais mourir...
Je vais perdre la tête...
Il a tout l'argent depuis le début...tout l'argent...
Je passai mes mains dans mes cheveux, mon angoisse m'étouffait, me
criant que j'allais y rester. Ma respiration était trop rapide, si forte qu'il
m'était incapable d'inspirer l'oxygène que mon corps réclamait.
Mes mains devinrent moites et ma cage thoracique se comprima de plus
en plus.
Il m'a mise en danger...il veut me tuer...
Il voudra me tuer pour garder cet argent.
Des sanglots de terreur s'arrachèrent de ma bouche. Le monde tourna
autour de moi tandis que mon corps se laissait submerger par l'angoisse.
Esclave de l'anxiété.
Puis soudain, un hoquet violent quitta ma bouche lorsque de l'eau gelée
explosa sur mon visage.
Très vite, mon cerveau se concentra sur le froid et l'effet de surprise, me
laissant reprendre le contrôle de mon corps.
...putain.
— D-Désolé...
Je vis son regard se baisser vers mon haut blanc complètement mouillé et
à présent transparent.
Très vite, je me rendis compte que mon soutien-gorge se voyait au travers
du vêtement.
Et il releva son regard vers moi à la seconde qui suivit.
Son verre vide encore dans sa main.
— Je vais te ramener un-
— Je vais le faire toute seule.
Je passai ma main sur mon visage et m'empressai de me changer dans la
salle de bains. Sentant mes lèvres trembler autant que mon corps, je décidai
de prendre une douche pour me réchauffer.
Ma peine immense me noyait, m'étouffait.
L'eau chaude perlait le long de mon corps, et je fermai les yeux, laissant
mes larmes se mêler à l'eau ruisselante.
Marc.
Marc.
Marc.
J'avais tellement confiance en lui, lui qui se montrait si « paternelle »
envers moi, lui qui montrait plus d'intérêt pour moi que mes propres
parents.
Cette déchirure que je ressentais au fond de moi, cette trahison, me
donnait envie de vomir.
Il avait ce fric, et il l'avait sûrement utilisé. Il m'avait volé, comme mon
père avait volé quelqu'un d'autre.
Mason.
Un nouveau sanglot s'échappa de mes lèvres lorsque mes yeux se
posèrent sur la cicatrice sur mon ventre.
Tout ce que j'avais vécu ces derniers mois remontait à la surface.
Tout ça à cause de ma famille.
Pourquoi...
Ils n'auraient jamais fait ça à leurs filles.
Mais n'étais-je pas la fille de quelqu'un ?
N'étais-je pas l'enfant de quelqu'un ?
La chair de la chair de quelqu'un ?
Ma peine s'amplifiait à mesure que mes pensées me retournaient le
cerveau. Rien ne pouvait arrêter mes larmes et mes sanglots, ma tête me
faisait atrocement mal à cause de ma mauvaise respiration.
Et je décidai de me calmer, j'inspirai une dernière fois la buée de la
douche avant d'en sortir.
Je me changeai rapidement et essayai de ne plus me laisser emporter par
mes émotions, j'étais essoufflée, fatiguée, j'avais affreusement mal au crâne.
En ouvrant la porte de la pièce, le silence planait dans la maison.
J'arrivais dans la cuisine vide et me servis un verre d'eau. Mes sens
s'alertèrent lorsque je vis des débris de verre au sol.
Au même moment, j'entendis des bruits provenir des chambres. Et je
savais déjà que cela venait de chez Kai.
Sur l'un des débris, je voyais des taches de sang. Signe qu'il s'était blessé.
Un souffle quitta mes lèvres et je partis vers la salle de bains récupérer la
trousse de secours avant de revenir sur mes pas.
Face à sa porte fermée, je toquai trois fois.
— Ouvre.
Mon ton était froid, fatigué.
J'entendis ses pas lourds contre le sol, et il m'ouvrit lentement la porte.
J'allumai la lumière tandis qu'il tentait de cacher sa blessure en serrant le
poing.
Ses yeux étaient injectés de sang, signe qu'il avait sûrement pris quelque
chose.
— Va t'asseoir, je sais que t'es blessé, soufflai-je en désignant sa main
qui était tachetée de sang.
— J'allais nettoyer, me dit-il en parlant de la cuisine, je ne veux pas
que tu me soignes-
— Non ne touche à rien, et va t'asseoir.
Iris la fausse infirmière...saison 1, épisode 657.
— Tu ne dois pas me soigner-
— Pourquoi tu veux rester avec tes blessures ? le coupai-je en le fixant
alors que mes sourcils se fronçaient d'agacement, il n'y a pas de raison.
Alors, va t'asseoir sur ce putain de lit, et ne bouge pas.
Il allait riposter, mais je ne lui laissais pas le temps de dire non, et je le
tirai jusqu'au lit sans manquer de le fusiller du regard.
— Tais-toi.
Sa bouche se referma. Et ses sourcils se froncèrent, comme un enfant
agacé.
Il a qu'à bouder.
Assise sur le lit à côté de lui, je désinfectai sa blessure et sentis son
regard sur moi. Comme à chaque fois que je le soignais.
— Comment t'as cassé le verre ? interrogeai-je après quelques minutes
de silence tout en examinant ses petites entailles qui s'étaient créées à cause
des bouts de verre.
— Il s'est cassé dans ma main, m'avoua-t-il après plusieurs secondes
silencieuses.
Je relevai la tête vers lui et rencontrai son regard fatigué et baignant de
drogue vers moi.
Sa colère le dépassait à chaque fois et, même s'il voulait le cacher, je
savais très bien qu'il ne détestait personne d'autre autant qu'il se détestait
lui-même.
Il était en colère contre lui-même.
« POURQUOI TU NE M'EN VEUX PAS PUTAIN ! TU DOIS M'EN
VOULOIR ! »
Je ne lui en voulais pas, mais il culpabilisait, et aurait préféré que je lui
en veuille.
Sa culpabilité avait pris le dessus et s'était mêlée à sa colère.
...C'est pour ça qu'il ne voulait pas que je le soigne.
Il pensait ne pas mériter de se faire soigner, lui qui avait laissé sa colère
le blesser. C'était comme ça qu'il atténuait sa culpabilité.
En passant par la douleur.
Mes lèvres s'entrouvrirent, et je terminai de le soigner silencieusement.
La douleur était sa forme de solution.
— Voilà...
Il regarda sa main au moment où je relevai les yeux vers lui, et une
grimace s'afficha sur ses lèvres.
— Merci.
— Tu ne le penses pas...pas vrai ? lui demandai-je dans un murmure, tu
ne voulais pas que je te soigne...tu voulais rester avec tes blessures, tu
ne penses pas tes remerciements.
Mes yeux s'écarquillèrent lorsque je vis sa lèvre supérieure trembler, puis
ses mains.
Sa respiration se fit irrégulière.
Le regard suppliant, il me dit d'une voix à peine audible :
— Je ne voulais pas le tuer, Iris.
Je vis dans ses yeux la définition même de la sincérité.
— Je te crois, Kai.
Ma réponse était tout aussi sincère que ses paroles, que ses iris qui me
fixaient.
Et très vite, les tremblements de sa lèvre s'intensifièrent tandis que je
hochai la tête en m'approchant de lui :
— Je te crois, Kai. Je te crois.
« ...il disait que c'était de ma faute, que j'avais tué ce mec...mais je lui
ai dit que je n'avais rien fait, je ne comprends pas pourquoi il ne me
croyait pas, pourquoi il pensait que je mentais. »
Son père lui avait tellement fait croire qu'il était responsable de la mort
des personnes autour de lui qu'il n'arrivait pas à concevoir que je le croyais.
Le schéma néfaste de son enfance se répétait.
Il ne l'avait jamais cru. C'était terrifiant de savoir à quel point il arrivait à
manipuler Kai.
Depuis son plus jeune âge.
Des actes aussi immoraux.
— Tu n'as pas besoin de te faire croire que tu l'as tué, ce n'est pas
vrai.
Ses yeux larmoyants trahissaient ses doutes. Mes mains se posèrent sur
son visage, le forçant à rencontrer mon regard pour le forcer à imprégner
mes paroles dans son cerveau.
Kai Lakestone n'était plus glacial et colérique.
Kai Lakestone était brisé.
— Parce que je te crois.
— ...Tu me crois.
J'acquiesçai.
Puis en une fraction de seconde, ses bras s'enroulèrent autour de ma taille
et sa tête se nicha au creux de mon cou.
Comme s'il voulait se cacher.
Et nous restâmes comme ça, pendant plusieurs minutes. Mes bras autour
de son cou alors que sa tête était nichée dans le mien.
Mes yeux se fermèrent tout seuls, et je me surpris à somnoler.
— Iris ?
— Oui ?
Un silence s'ensuivit, puis sa voix me demanda :
— Je...j'ai l'impression que mon cœur est...dans mon ventre.
Mon rythme cardiaque s'accéléra soudainement en entendant ses paroles.
Et il ajouta :
— Comme le stress, mais je sais pas...c'est pas violent... j'aime bien.
Mon cœur se réchauffa alors que sa voix m'avouait ses pensées
intérieures, des picotements me parcoururent le ventre.
Peut-être qu'il ressentait la même chose que moi ?
— J'aime bien être...avec toi. Et mon corps...aussi.
Je nous sentis basculer lentement en arrière, ses bras maintenaient
fermement ma taille alors qu'on s'allongeait sur son lit.
Je sentis sa tête se relever tandis que sa main se posait à l'arrière de mon
crâne pour m'attirer à lui. C'était à mon tour de me nicher au creux de son
cou.
Protégée. En sécurité.
Vu de l'extérieur, on pouvait me prendre pour une folle. Comment avais-
je pu m'attacher autant à lui, à cette personne aussi violente que sanguinaire
?
Comment pouvais-je trouver ses bras réconfortants, alors que le monde
entier redoutait de le croiser ?
Peut-être que j'étais folle, peut-être que j'avais perdu la tête.
Mais je n'en avais rien à foutre.
Parce qu'il était le seul à vouloir vraiment me protéger, l'une des seules
personnes à m'apprécier alors que ma propre famille ne me considérait
même pas.
Marc. Papa. Maman.
Alors si, pour les autres, perdre la tête signifiait apprécier une personne
qui voulait de moi pour ce que j'étais, qui me protégeait et respectait mes
choix et mes décisions, qui essayait de comprendre mes émotions, même si
pour elle, c'était totalement hors de sa zone de confort...
Si c'était ça, perdre la tête, alors j'avais complètement, et volontairement,
accepté d'abandonner toute raison.
Parce qu'au final, il était plus humain avec moi que tous les autres
humains que j'avais fréquentés. Et je ressentais énormément de compassion
pour ce qu'il était, ce qu'il avait traversé et enduré.
Peut-être étais-je folle d'éprouver de l'empathie pour Kai, mais en
attendant, c'était ce même manque d'empathie qui créait des personnes
comme lui.
Kai n'était pas une cause perdue pour moi. Parce que je voyais en lui
quelque chose de pur, d'humain. Une étincelle au fond de lui qui couvait
encore sous les cendres, mais qui était étouffée par les lugubres pensées qui
l'habitaient.
J'aimerais tellement comprendre les raisons de son comportement.
Comprendre, oui, même si comprendre ne signifiait pas accepter.
Il y avait des choses chez lui que je n'acceptais pas : sa violence, son
manque d'empathie, sa facilité à ôter la vie.
— Kai ?
Ses mains qui caressaient mes cheveux s'arrêtèrent et il me dit :
— Mhm.
— Pourquoi tu as choisi de travailler comme...mercenaire ?
Un petit rire dans un souffle fut sa seule réponse. Puis il répondit
simplement :
— Je n'ai jamais eu le choix, Iris.
Ma tête s'éloigna du creux de son cou, et mes yeux croisèrent les siens. Je
remarquai que ses sourcils étaient légèrement froncés.
— Tu n'as pas choisi cette voie ?
Il secoua la tête.
— On a toujours choisi à ma place, et ce choix... Je ne l'ai pas fait. Je
n'avais jamais eu envie de devenir ça, qui le voudrait ? me dit-il
froidement.
— Qui...qui a choisi pour toi ?
Un silence s'ensuivit, et je commençais à regretter ma question.
— Papa...et Mason.
Mon souffle se rompit entièrement pendant plusieurs minutes alors que je
commençais à relier les pièces manquantes du puzzle.
Son père et Mason avaient décidé pour lui.
Je me sentis soudainement mal pour lui, pour avoir pensé que c'était ce
qu'il voulait. Qu'il avait fait ce choix.
Ma tête se reposa contre son torse, et je remarquai que son cœur battait
anormalement vite. Plus vite que tout à l'heure. Son corps était plus tendu,
plus crispé.
— Si tu avais eu le choix...qu'est-ce que tu aurais aimé faire ?
l'interrogeai-je pour essayer de lui changer les idées.
— Je...je sais pas. Je n'y ai jamais pensé.
— D'accord, attends, allonge-toi sur le dos.
Il fronça les sourcils et je m'allongeai sur le dos. Après un court silence,
il me suivit sans un mot.
— Quand j'étais petite, j'étais très rêveuse, alors dans mon
imaginaire, je choisissais ma vie, mon apparence, mon métier.
Alors...dans mon imaginaire, j'ai les yeux marron. Et je vis dans une
petite ville, avec un Sphynx et je suis auteure de nombreux romans. Et
toi ?
Une auteure imaginaire.
— Je...euh...j'aimerais avoir les...yeux de ma maman...ils sont plus
beaux que les miens, mais...je ne me rappelle plus de quelle couleur ils
étaient...je veux vivre hum...je sais pas ?...Dans une petite
ville...aussi...peut-être, enfin...j'aimerais bien, je crois...et euh...je sais
pas travailler, mais...j'aimerais beaucoup...être...enfin je voulais
être...vétérinaire quand j'étais gosse, avoua Kai en bégayant de stress,
parce que mon père...il détestait les animaux alors...c'est-...c'était ma
seule chance d'avoir beaucoup d'animaux. Sans que mon père dise non.
L'idée qu'il aurait voulu être vétérinaire pour avoir des animaux
m'attristait. C'était tout ce qu'il voulait, lui qui adorait les animaux.
— Iris ?
— Oui ?
— Je peux te dire quelque chose ?
Mon cœur s'accéléra instantanément alors que je hochai la tête.
— J'ai jamais voyagé...la première fois que j'ai pris l'avion, c'était
pour cette mission au Wisconsin avec Tayco et toi, j'étais tellement
stressé que...je crois que j'ai pris un truc fort pour me détendre. J'ai
fini par dormir...alors j'aimerais bien prendre l'avion et voir le ciel.
Dans mon imaginaire.
Mes yeux s'écarquillèrent, et les souvenirs refirent surface dans mon
esprit.
Il parlait de la fois où on était en mission d'infiltration pour sauver la fille
qui allait se faire vendre aux enchères.
Il avait dormi durant tout le trajet, Tayco avait même eu du mal à le
réveiller. Et je me rappelais qu'il avait bu énormément d'eau ce jour-là.
Il s'était drogué parce qu'il avait eu peur du voyage en jet.
— Jacob aurait voulu qu'on prenne l'avion pour aller à Hydewood
demain, mais la ville est trop proche d'ici alors ça ne sert à rien.
Mon cœur fit un bond dans mon corps. Quoi ?
Je fis volteface et il tourna la tête en arquant un sourcil alors que je
sentais la panique s'emparer de mon corps.
On va à Hydewood ?
— Tu crois que je vais laisser ton enfoiré de beau-père avec mon fric
? Prépare-toi princesse, on va fêter Noël avec ta petite famille de
voleurs.
Pardon ?
°°°°
Le lendemain. 18 heures. Hydewood. États-Unis.
J'avais la boule au ventre et le cœur qui battait la chamade à mesure qu'on
se rapprochait de ma maison d'enfance, cette maison que j'avais quittée à la
fin de l'été pour reprendre le cours de ma vie à Ewing.
Et que je n'avais pas revue depuis.
— Le premier qui évoque la moindre chose sur les meurtres, les
tortures, le sang, les armes, les drogues, le Box, énumérai-je d'un ton
menaçant en me tournant vers Kai qui conduisait et Jacob à l'arrière, tout ce
qui est lié à vos vies en général à ma petite sœur, je lui coupe les
couilles, c'est clair ? Vous êtes mes amis de la fac.
— Non, Kai c'est ton p'tit mec et moi je suis votre pote gay, lança
Jacob d'un ton blagueur, j'ai hâte de rencontrer mini Iris.
— Et moi, Marc, murmura Kai.
J'étais très anxieuse, la boule dans mon ventre ne me quittait pas. C'était
horrible.
Je n'arrivais pas à rester calme, bien que je ne voulais rien laisser paraître
devant ma famille, mes mains moites et mon teint pâle me trahissaient.
Pitié, faite que cette soirée se termine bien.
— C'est là, dis-je à Kai en pointant du doigt ma maison d'enfance à
quelques mètres plus loin de nous.
— Je sais.
Jacob laissa échapper un gloussement moqueur, et je me rappelai que cet
enfoiré m'avait surveillée pendant des mois.
Bien sûr qu'il sait où tu habites. Il savait même à quel moment je pissais.
Durant la journée, j'avais recontacté ma famille pour ne pas débarquer à
l'improviste.
Ma mère ne semblait pas être dans la même humeur que Théa, elle était
simplement surprise d'entendre ma voix.
Mais Théa était furieuse.
Je redoutais sa colère, je savais qu'elle boudait.
— Sortez.
J'avais l'impression qu'on pouvait entendre les battements de mon cœur
depuis l'entrée de la résidence tant il battait vite, et voir Kai se craquer la
nuque en sortant de la voiture n'arrangeait pas mon stress.
Ses poings se serrèrent et je commençais à perdre mon sang-froid.
— On a dit pas de morts, crachai-je en fusillant Kai du regard alors
qu'on montait les marches de ma maison, range tes poings tu fais peur à
personne.
Sa mâchoire se contracta alors que Jacob sonnait à la porte. Et mon
rythme cardiaque augmenta de plus belle.
Pitié faite que cette soirée se termine bien.
Pitié faite que cette soirée se termine bien.
Pitié faite que cette soirée se termine bien.
— HEY ! BONSOIR MADAME ! JOYEUX NOËL ! s'exclama Jacob
alors que ma mère nous ouvrit.
Pitié faite que cette soirée se termine...très vite.
Jacob prit ma mère dans ses bras, et je la vis se crisper et écarquiller les
yeux avec un faux sourire en me regardant. Elle n'était pas du genre
accueillante.
Je ne m'attendais à rien de sa part.
J'esquissai un petit sourire gêné alors que Jacob se détachait d'elle et très
vite, je me rendis compte que Kai s'était mis derrière moi.
— Salut, maman, joyeux Noël.
Je savais qu'elle n'aimait pas qu'on se prenne dans les bras, mais j'avais
besoin de ça. J'avais juste besoin de ça.
Alors mes bras se croisèrent autour des siens. Mais elle ne me rendit pas
mon étreinte, laissant seulement ses mains effleurer ma taille.
Et ça je m'y attendais.
— Tu ne m'avais pas dit que tu allais venir avec tes...amis.
Ma mère les jugeait presque ouvertement du regard, ses yeux passaient
sur les tatouages des deux hommes.
— Ce sont mes amis de la fac, bafouillai-je presque, je te présente
Jacob et-
— Kai, le copain de votre fille, lâcha la voix masculine du mercenaire
derrière moi, elle ne me dit que du bien de vous.
Ma mère écarquilla de nouveau les yeux en entendant l'information de
Kai, et me lança un regard surpris.
— Ton copain ?
Je haussai les épaules, et je ne pus m'empêcher de me vexer en la voyant
détailler Kai du regard.
Alors je pris la main du mercenaire et entrelaçai nos doigts.
Sur une impulsion, mes lèvres se posèrent sur les siennes. Puis je me
tournai vers ma mère :
— Voilà oui, mon copain. Où est Théa ?
J'avais senti le corps de Kai se crisper contre moi, et son regard ne me
quittait plus.
— Elle est sortie avec son père faire quelques courses, ils sont
sûrement en route pour rentrer. Allez donc au salon, j'arrive tout de
suite.
Je tirai Kai avec moi jusqu'au salon tandis que Jacob regardait avec
émerveillement le sapin qui trônait au centre de la pièce.
Je posai les cadeaux sur la table du salon, Jacob s'affala sur le canapé et
Kai regarda les photos de famille silencieusement. Il n'y avait que des
photos de Théa et Marc, ainsi que de ma mère.
— Laura n'est pas très emballée par le petit copain de sa fille, pouffa
Jacob en me lançant un regard, il a peut-être trop de tatouages à son goût.
— Dommage que je sois au goût de sa fille, répliqua Kai sans se
tourner vers nous, pas vrai, princesse ?
Je levai les yeux au ciel lorsqu'il se tourna vers moi, et décidai de
rejoindre ma mère à la cuisine.
Elle avait préparé les plats préférés de Théa, ce qui me fit sourire.
— Tu as fini par réparer ton téléphone ? me demanda-t-elle.
Je lui avais dit que j'avais cassé mon téléphone et que je n'avais pas eu
assez d'argent pour le réparer. Je savais que ma mère avait gobé ce
mensonge, mais concernant Théa, j'avais des doutes.
— Oui, souris-je en faisant glisser une mèche de mes cheveux derrière
mon oreille.
— Ton copain est...spécial, me dit-elle en relevant la tête vers moi.
Et voilà.
— Je suis étonnée qu'il s'intéresse à une fille comme toi,
généralement, ce type d'hommes préfère des filles plus...affirmées ?
Avec de plus jolis corps...enfin avec de jolies formes.
Je demeurai muette, alors qu'elle prononçait ses mots durs de sa voix
monotone et faussement surprise.
C'était la première fois que je présentais à garçon à ma mère.
Je ne m'attendais à rien de sa part, et pourtant, j'avais espéré qu'elle me
soutiendrait pour une fois.
— Tu es sûre qu'il t'aime bien ? J'aurais parié qu'il s'intéresserait à
une fille comme ta copine Rox-
— Non Maman, t'en fais pas, il s'intéresse à moi.
— C'est ce que je disais de ton père aussi, mais j'étais stupide comme
toi de le croire.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Tous les couples ne sont pas comme toi et papa, regarde
maintenant, tu es heureuse avec Marc, répliquai-je en essayant de ne pas
me morfondre sur moi-même à cause de ses mots.
— Oh oui, mais les hommes comme Marc ne courent pas les rues,
j'étais très chanceuse, me répondit-elle presque fièrement, je trouve ça
étonnant que les parents de ton copain l'aient laissé se faire autant de
tatouages.
— Ils sont comme mes parents, tu sais, ils ont en rien à foutre.
Je crachai ma dernière phrase et au même moment, la porte d'entrée
s'ouvrit. Et mon cœur s'emballa à l'entente de la voix de ma petite sœur.
— On est rentrés !
Je redoutais l'instant où j'allais revoir ma demi-sœur, mais je voulais
tellement la prendre dans mes bras.
Sauf que je savais qu'elle allait me bouder.
— Maman ? je-
Mes battements de cœur s'accélérèrent lorsque mon regard croisa celui de
Théa. Cette dernière laissa tomber les courses au sol et, contre toute attente,
se rua jusqu'à moi.
Elle me cria à pleins poumons :
— JE DÉTESTE TON TÉLÉPHONE CASSÉ !
Mes bras s'enroulèrent autour de son corps et son odeur emplit mes
narines alors que mes yeux se remplissaient de larmes.
Elle m'avait tellement manqué.
Mon ancienne vie m'avait manqué.
— Salut Iris ! entendis-je la voix de Marc qui me donna très vite la
nausée.
Reste calme meuf...reste calme.
Un sourire hypocrite aux lèvres, je le saluai en retour et il me prit dans
ses bras. Comme s'il n'était pas celui qui avait volé des millions de dollars à
mon nom.
Des pas se firent entendre derrière Marc et il se retourna vers Jacob et
Kai. Ma mère qui était près du plan de travail s'approcha de son mari,
encore surpris de voir des étrangers chez lui.
— Marc, commençai-je en m'approchant des deux hommes, je te
présente Jacob, et Kai. Mes amis de la fac.
Marc esquissa un sourire poli, et hocha la tête avant de se présenter à son
tour.
Cet air hypocrite me donnait envie de vomir mes tripes et de lui coller
une bonne droite. Qu'est-ce que je détestais les faux sourires et les
menteurs.
Kai le fixait sans un mot, mais je sentais à son regard qu'il n'en pensait
pas moins que moi.
— On a tellement entendu parlé de vous Marc, fit Jacob en serrant la
main de mon beau-père, ravis de faire enfin votre connaissance !
Je me retins de sourire face au sarcasme de Jacob. Mes yeux croisèrent
ceux de Kai qui semblaient beaucoup moins joyeux de voir mon beau-père.
Ma mâchoire se contracta et je lui lançai un regard sévère, le laissant me
fusiller du regard en retour, peu de secondes avant qu'il ne serre la main de
mon beau père en disant :
— Bonsoir Marc.
Un frisson parcourut le long de ma colonne vertébrale au son de sa voix
froide et monotone. Puis très vite, ma mère l'informa :
— Kai est le petit copain d'Iris-
Et Théa hoqueta dramatiquement.
— TU AS UN COPAIN ET TU M'AS RIEN DIT !
Jacob explosa de rire et me lança un regard alors que la panique me
gagnait à nouveau.
Et merde.
°°°°
Une heure plus tard.
Nous étions en train de dîner autour de la table de mon ancienne maison.
Mon stress était à son paroxysme alors que Théa animait la table en
racontant des anecdotes.
— Moi aussi ! HAHA ! On a tellement de points en commun c'est fou
!
...et Jacob renchérissait à chaque fois.
Kai était assis à côté de moi. Il n'avait pas touché à son assiette, plus
occupé à soupirer lorsque Jacob et Théa explosaient de rire pour tout et
n'importe quoi.
— Et sinon, que font ces jeunes hommes dans la vie ? interrogea
curieusement Marc en regardant Kai.
Mon cœur rata un battement à l'instant où Kai se redressa sur son siège
avant de déclarer simplement :
— On est étudiants en...criminologie.
Jacob émit un petit rire dans un souffle puis hocha la tête en disant :
— On a toujours été fascinés par les crimes et les psychopathes.
Après tout, c'est comme les voleurs, il y en a plus que ce que l'on pense.
Vraiment, t'étais obligé de la faire celle-là ?
— Vos parents sont d'accord avec ces études ? Je trouve que c'est
assez violent de s'intéresser aux crimes, souffla ma mère d'un air plein de
jugement.
Le rire qui s'échappa des lèvres du mercenaire me fit froid dans le dos, et
je fusillai du regard ma mère qui ne semblait pas du tout être d'accord pour
fermer sa gueule.
— Vos parents étaient d'accord pour vous laisser devenir infirmière
? C'est violent de voir du sang à longueur de journée, répliqua
sarcastiquement Kai.
— Je vois que ma fille vous parle souvent de moi, s'étonna ma mère
alors que jamais je n'avais évoqué le fait que ma mère soit infirmière avec
Kai.
Si elle savait comment il l'a su.
— Beaucoup moins que vous ne le pensez, mais je me rappelle de
tout ce qu'elle dit.
— Vous savez que vous êtes l'un des seuls, on ne se rappelle jamais
vraiment de ce qu'elle dit, blagua ma mère d'un air hautain, son père ne se
souvient même pas de sa date d'anniversaire. D'ailleurs, comment vous
vous êtes rencontrés ?
Ses mots m'avaient heurtée si fort que ma gorge s'était nouée, incapable
de parler.
« Son père ne se souvient même pas de sa date d'anniversaire »
« On ne se rappelle jamais vraiment de ce qu'elle dit »
Je vis Théa me lancer un regard désolé, et je souris en secouant la tête,
faisant mine de ne pas être atteinte par les mots blessants de ma mère
qu'elle faisait passer sous couvert de l'humour.
Ma jambe bougeait nerveusement depuis tout à l'heure. Kai posa une de
ses mains sur mon genou sous la table, calmant ses mouvements.
— Je connais votre fille depuis près d'un an, déclara Kai d'un ton
froid, mais je n'ai pas su faire le pas avant quelques mois. J'ai toujours
eu un certain faible pour elle.
Mon cœur battait si vite en écoutant les paroles de Kai. Puis sa main se
posa sur la mienne, et je me rappelai qu'on jouait, que rien n'était forcément
vrai.
...Mais c'est réconfortant.
— Vous l'aimez ?
— Je suis même à ses pieds, déclara Kai en caressant ma main, en
même temps, qui ne le serait pas ? Votre fille est mon idéale.
Allez va te faire foutre maman.
— Ma fille est loin d'être parfaite-
— Ne vous inquiétez pas, je sais très bien choisir mes copines, la
coupa Kai, elle est de loin ce que je veux. Et puis, personne n'est parfait,
n'est-ce pas Marc ?
Mon beau-père lui lança un regard surpris et se racla la gorge avant de
hocher la tête.
— Marc, vous pouvez me donner le sel ? demanda Jacob complètement
hors sujet.
— Pourquoi ça vous pose problème qu'on soit ensemble ? provoqua
Kai en regardant ma mère.
Oh non.
— Je trouve que votre genre ne colle pas vraiment à celui de ma fille
c'est tout.
— Maman-
— Quel est mon genre ? me coupa Kai en gardant son regard rivé sur
ma mère.
Ma mère se redressa et saisit sa coupe de champagne.
— Vous êtes beau et vous faites sûrement des ravages auprès des
filles, ce qui veut dire que vous pouvez avoir toutes celle que vous
voulez. Pourquoi avoir choisi ma fille ? Elle n'est sûrement pas la plus
jolie de la fac.
Un sourire étira les lèvres de Kai, qui finit par répondre :
— Quelqu'un m'a dit un jour que l'attirance physique et l'amour
n'étaient pas à confondre. Que si tu peux avoir toutes les personnes à
tes pieds, prêtes à se donner à toi, de la plus belle à la plus bonne, et
que tu n'as d'yeux que pour une personne en particulier...là, tu es
amoureux d'elle.
Je faillis avaler de travers mon eau alors que j'écoutais Kai parler...et
répéter mot pour mot les paroles que je lui avais dites lorsque nous nous
étions retrouvés dans sa chambre la toute première fois.
Lui expliquant comment savoir lorsqu'on était amoureux de quelqu'un.
— La différence entre l'attirance physique et l'amour est que l'une
est influencée par le corps, l'autre par le cœur. Que même si tu as le
monde entier à tes pieds, tu n'es à genoux que pour une seule
personne...et c'est-ce qui s'est passé pour moi.
Mon cœur se remplissait de chaleur alors que les mots de Kai valsaient
avec mes émotions.
Mes doigts s'entrelacèrent aux siens, et ma gorge se noua violemment.
Il me faisait me sentir...aimée.
Et il se rappelait de ce que je lui disais.
Jacob commença à applaudir de façon théâtrale, en essayant une fausse
larme de ses yeux, lâchant d'une voix tremblante :
— N'est-ce pas émouvant ?
Il m'arracha un sourire et fit rire Théa. Intérieurement, j'étais heureuse
qu'il soit là.
Sa discussion nous évitait de plonger dans des silences gênants et donc
d'inciter ma mère à poser plus de questions.
Merci Jacob.
— Jacob, tu peux me donner le sel ? demanda Marc à son tour.
— Haha donner c'est donner, reprendre c'est voler, blagua Jacob.
Je me tapai le front et Jacob explosa de rire en tendant le sel que Marc lui
avait donné en premier lieu.
Je fusillai du regard Jacob pour qu'il arrête ses allusions de nouveau à
l'affaire qui nous avait ramenés ici.
Mes émotions faisaient encore vibrer mes membres à cause de ce qu'avait
dit Kai, même si je savais qu'il se prêtait au jeu d'être mon copain.
Si j'étais aussi déstabilisée, c'était parce qu'il s'était rappelé de tout ce que
je lui avais dit. Jusqu'au moindre détail.
Il avait tout retenu.
Le dîner se termina avec les blagues de Jacob et le silence de ma mère,
elle qui avait toujours eu l'habitude d'avoir raison, ne digérait pas les
paroles de Kai.
Après avoir débarrassé la table, et avoir rangé avec Théa, nous nous
retrouvâmes au salon.
Cette année, j'avais dit à Théa que je ne pouvais pas veiller avec elle
jusqu'à demain matin pour ouvrir ses cadeaux, je n'étais pas venue pour ça.
Alors nous les ouvrâmes après le dîner. Théa reçut de nombreux cadeaux
de la part de Mar, de maman, mais aussi de ma part.
De mon côté, je n'avais pas eu grand-chose, sauf un petit cadeau de la
part de Théa, une bague toute mignonne.
Cette attention de sa part me faisait vraiment plaisir et me mettait du
baume au cœur. Mais la petite fille au fond de moi ne pouvait s'empêcher
d'envier Théa pour tous les cadeaux qu'elle avait déballés.
À son âge, je n'en avais jamais vraiment reçus.
— Je suis fatiguée, déclarai-je en me levant du canapé après l'ouverture
des cadeaux.
Je voulais monter dans ma chambre et ne plus en sortir. J'avais un nœud
dans la gorge et vraiment je voulais juste rester seule.
Ma batterie sociale avec ma famille s'était vidée.
— Tu ne veux pas regarder un film avec moi ? me dit Théa d'un air
presque boudeur.
— Je-
— Elle est très fatiguée, les cours ont pris tout notre temps ces
dernières semaines, se justifia Jacob à ma place.
Théa me lança un regard et je hochai la tête avec une expression désolée.
Tout ce que je voulais c'était m'enfermer dans ma chambre.
Et partir d'ici.
Je ne m'étais jamais sentie à ma place, mais les paroles de ma mère
avaient rendu cette visite encore plus éprouvante.
Elle ne pensait pas que ça allait me blesser ?
« Pourquoi avoir choisi ma fille ? Elle n'est sûrement pas la plus jolie
de la fac. »
Non elle avait uniquement voulu me prouver de la pire manière qu'elle
avait raison, que Kai n'était pas un mec qui pourrait s'intéresser à moi.
Mais il l'avait contredit.
— Iris, tu montreras à ton ami où est sa chambre ? me demanda ma
mère encore assise au salon à côté de son mari.
— Attends Iris, je vais ouvrir la porte de ta chambre.
Marc se leva et me montra le trousseau de toutes les clés de la maison. Je
savais qu'ils fermaient ma chambre à clé quand je partais.
Jacob allait s'installer dans la chambre d'ami pendant que Kai et moi
allions rester dans ma chambre, en attendant que ma mère et mon beau-père
partent se coucher.
Très vite, Jacob, Kai et moi arrivâmes au premier étage. Kai murmura :
— On doit absolument avoir toutes les clés pour fouiller chaque
pièce. Mais c'est lui qui les a.
— L'argent doit sûrement être caché dans la maison, il ne pourrait
pas risquer de le laisser sur un compte en banque, renchérit Jacob alors
que je m'approchais de la chambre d'ami.
Je commençai à réfléchir, je ne savais pas où Marc pouvait cacher
l'argent. Il était improbable qu'il le mette dans sa chambre, ça serait trop
risqué.
Ça faisait beaucoup trop de billets à cacher.
« Pourquoi avoir choisi ma fille ? Elle n'est sûrement pas la plus jolie
de la fac. »
Les larmes me montèrent aux yeux mais je les ravalai encore et encore.
Je ne veux pas pleurer.
— Il y a quoi au grenier ? m'interrogea Kai alors que j'entrai dans la
chambre d'ami.
Je fermai la porte derrière moi et l'informai :
— Seulement des outils qu'on utilisait quand on a fait quelques
réparations de la maison quelques années plus tôt, aussi des outils de
peinture et...de vieux trucs.
Kai examina la chambre, tapant son pied contre le parquet en essayant de
percevoir s'il y avait un vide en-dessous.
Mais rien, du moins pas ici.
« Je suis étonnée qu'il s'intéresse à une fille comme toi, généralement,
ce type d'hommes préfère des filles plus...affirmées ? Avec de plus jolis
corps...enfin avec de jolies formes. »
Ma gorge se noua. Et ma vue s'embua tandis que la voix de ma mère me
revenait en mémoire.
— Bon, vous deux, allez dans sa chambre, ordonna Jacob en s'affalant
sur le lit, on doit faire comme si de rien n'était.
Je hochai la tête et tirai Kai avec moi jusqu'à ma chambre d'enfance,
avant de fermer la porte derrière nous.
Les souvenirs refirent surface au moment où j'aperçus ma fenêtre qui
donnait sur le toit.
Mon anniversaire.
« — Plus que cinq minutes, murmura-t-elle d'un ton enthousiaste.
— Tu vas vraiment me faire un compte à rebours ? l'interrogeai-je d'un
ton blasé.
— Oui ! Tu sais combien de temps j'ai économisé pour cette journée ?
»
Un sourire étira mes lèvres, et les larmes me montèrent aux yeux.
« Vous savez que vous êtes l'un des seuls, on ne se rappelle jamais
vraiment de ce qu'elle dit »
Le nœud dans ma gorge ne demandait qu'à être défait, les mots de ma
mère heurtaient mon esprit.
— J'avais toujours été curieux de voir ta chambre d'enfant.
« Tu es sûre qu'il t'aime bien ? J'aurais parié qu'il s'intéresserait à une
fille comme ta copine Rox »
Un sanglot s'arracha de ma bouche alors qu'une nouvelle crainte prenait
d'assaut mon esprit : celle que Kai s'intéresse à quelqu'un d'autre.
Qu'il parte et trouve une meilleure personne que moi.
— Ça va ?
Il n'en suffisait pas plus, pas plus que cette simple question.
Pour que je fonde en larmes.
J'étais fatiguée d'avoir peur que les gens me quittent à chaque fois, et ma
mère venait de raviver ces angoisses.
Cette manie constante de me rabaisser pour me prouver que ma valeur
n'était pas aussi grande.
Que je n'étais que le reflet de ce qu'elle voyait de moi.
Je sentis les bras de Kai s'enrouler autour de moi et mes larmes coulèrent
de plus belle, et sans qu'il ne le sache.
Je commençais à développer une peur de le voir partir, de le voir me
laisser.
Comme mes parents.
Je pleurais pendant une dizaine de minutes, jusqu'à soulager la peine que
je gardais au fond de moi depuis le début de ce dîner. Il savait pourquoi je
pleurais.
Ce n'était pas surprenant.
— Faut croire que ta mère est vraiment détestable.
Un rire s'échappa de mes lèvres, et je hochai la tête contre son torse.
— Ce qu'elle dit est détestable, ajoutai-je en laissant de nouvelles
larmes couler, je dois...je dois enlever mes lentilles.
Je sentis ses lèvres s'écraser sur le haut de mon crâne. Ses bras ne
voulaient pas me lâcher, mais je me défis de son étreinte.
A contre cœur.
Alors que je m'approchai de ma salle de bains, mon cœur manqua un
battement lorsque je me rappelais de mon collier.
Je l'avais oublié dans la salle de bains.
J'ouvris la porte et allumai la lumière, puis ma vue s'embua
instantanément à la vue de mon collier. Lentement, je le pris en main et de
nouveaux souvenirs me revinrent en mémoire.
Mon collier.
Le reflet de Kai apparut dans le miroir devant moi, et un sourire étira mes
lèvres en même temps que mes larmes menaçaient de couler de nouveau.
— Regarde, murmurai-je en lui montrant mon collier qu'il ne connaissait
que trop bien.
Il ne dit rien, et ses sourcils se froncèrent. Puis, je le vis enlever la chaine
autour de son cou et il s'approcha de moi.
— Ce collier n'a pas la même valeur qu'avant, murmura-t-il en se
positionnant derrière moi, mais si tu as besoin d'en avoir un...je veux te
donner le mien.
Muette, je regardai le collier que mon père m'avait offert, la seule chose
qu'il m'avait offerte en vérité.
Je l'avais tellement idéalisé, j'avais tellement effacé toutes ses taches pour
le rendre aussi blanc que neige.
Aussi lisse que du papier.
Je sentis Kai glisser délicatement ses doigts sur mes cheveux, les
balayant d'un côté pour enrouler sa chaine autour de mon cou.
— Il ne mérite pas d'être autour de ton cou, murmura Kai en désignant
le collier de mon père.
— Je sais, murmurai-je dans un soupir à peine audible.
Puis, à contrecœur, je décidai de ranger le collier dans ma poche.
Un frisson s'empara de moi lorsque les lèvres du mercenaire se posèrent
sur ma nuque.
— J'ai adoré jouer ton petit copain, murmura-t-il en parsemant ma
nuque de baisers, et je pourrais le faire encore.
— Ma mère n'aime pas notre petit couple.
Il rit au creux de ma nuque.
— Elle est juste jalouse que sa fille se tape le plus sexy des étudiants
de sa fac, si ça se trouve elle veut me bai-
— Tais-toi, le coupai-je rapidement en fermant les yeux.
Il émit un petit rire dans un souffle. Et je sentis ses doigts se poser sur ma
taille.
J'avais remarqué qu'il était de plus en plus tactile envers moi depuis
quelque temps.
— Je déteste ta mère, souffla-t-il contre ma nuque.
— Je ne l'aime pas trop non plus...enfin pas quand elle est comme
ça...ça m'a fait chier.
— Je sais, murmura Kai alors que sa main se faufilait sous mon haut
pour caresser lentement ma taille, ta jambe bougeait beaucoup, je ne
savais trop comment te détendre...si ce n'est te toucher.
— Je suis désolée...pour ce qu'a pu dire ma mère.
Il releva la tête vers moi et nos regards se croisèrent dans le miroir. Il
fronça les sourcils.
— Tu sais que ça m'est égal pas vrai ?
— Je sais, mais...je sais que ma mère peut être blessante parfois, ce
n'est pas ouf.
Il demeura silencieux et ses lèvres se posèrent contre mon épaule. Cette
proximité qu'il instaurait me détendait, et pour la première fois...
Je me sentais dans ma chambre comme chez moi.
— Détend-toi princesse, la soirée est finie.
Les mots de ma mère me crispaient encore, revenant comme des pensées
intrusives et me rappelant à l'ordre.
Mais les lèvres de Kai contre mon cou allégeaient mon esprit.
— Je déteste rompre mes promesses...mais je n'arrive pas...à les
tenir...quand tu es là...
Il embrassait délicatement mon cou tout en m'avouant ses pensées, et mes
veines vibraient à son contact alors que son corps brûlait derrière le mien.
Je le voyais me regarder à travers le miroir, appréciant ce qu'il faisait, ce
qu'il voyait.
— Tu veux que j'arrête ? me demanda-t-il près de ma peau en me
lançant un regard à travers le reflet.
Je secouai la tête en guise de réponse, et il murmura :
— Tes mots, princesse.
Mon cœur s'emballa en entendant sa voix masculine, et ses paroles firent
remonter d'anciens souvenirs.
— Non, continue...s'il te plaît.
Son toucher me détendait...instantanément.
— Parfait...
Et il continua à parsemer de doux baisers dans mon cou, me laissant
fermer les yeux et appréciant de sentir son corps contre le mien.
Essayant de ne plus penser à ma mère.
Sa langue entra en contact avec mon épiderme et mon souffle se fit plus
bruyant, et mon esprit devenait de plus en plus instable.
Mes sourcils se froncèrent lorsque je le sentis sourire contre ma peau,
puis il murmura au creux de mon oreille, d'une voix pleine de désir qu'il ne
cachait même pas :
— Je pourrais réaliser ton rêve de la dernière fois, tu sais...
Mon cœur rata un battement et très vite je me détachai de lui, et il
explosa de rire. Mes joues chauffèrent et je quittai la salle de bains.
Le laissant rire comme un con.
— Tu croyais vraiment que j'avais pas entendu ?
— Je te déteste, grognai-je en prenant mes affaires de mon sac, sors
d'ici je vais me changer.
Et même à travers la porte fermée, cet enfoiré continuait à imiter les
bruits que j'avais fait pendant mon rêve, faisant grimper ma gêne de 10
000%.
Il m'avait entendue. Putain de merde.
— Kai-
J'ouvris la porte et affichai mon majeur, le faisant sourire à nouveau. Puis
il me demanda :
— On peut aller sur le toit ?
— Pour quoi faire ? M'imiter devant tout le quartier ? lui demandai-
je froidement.
Un sourire étira ses lèvres et il me dit :
— Non, je veux juste fumer.
Je levai les yeux au ciel et m'approchai de lui, pris ma chaise pour monter
et ouvrir la fenêtre. Très vite, je me retrouvai sur le toit et l'air froid de
décembre fouetta mon visage.
— Ramène ma couverture avant de monter, murmurai-je à Kai ce qu'il
fit sans broncher.
Une fois à l'extérieur, le mercenaire commença à fumer silencieusement.
Il grilla une cigarette et inhala la première latte avant de me tendre la clope.
— Donc c'est comme ça chaque Noël ? Ta mère te fait des remarques,
et tu regardes ta petite sœur recevooir des cadeaux ?
Je hochai la tête. Et inspirai la fumée dans mes poumons.
— On s'y habitue à force, tu te prépares juste mentalement quelques
jours avant, marmonnai-je dans un souffle, tu ne fais jamais les fêtes ?
Il tira dans sa clope et secoua la tête.
— Mon...père détestait les fêtes, alors on en a jamais fait. C'est la
première fois que je me retrouve dans un dîner de famille pour les fêtes.
— Désolé, cette première expérience n'était pas ouf, lâchai-je avec un
sourire désolé.
Il me lança un regard et cracha la fumée puis me confia :
— Ne t'excuse pas, je n'ai pas l'habitude d'avoir beaucoup de respect
de la part des personnes de ton monde, et puis ça m'est égal...d'ailleurs,
tu sais...hier quand on parlait de...notre imaginaire...
Je fronçai les sourcils et hochai la tête, il sourit faiblement et continua :
— Quand j'étais petit...je voulais aussi être marchand de glace...pour
manger de la glace, et je trouvais ce travail trop cool. Mon...père ne me
laissait pas en manger alors pour moi...c'était le meilleur des métiers.
Son aveu m'attendrit et un sourire étira mes lèvres. J'aurais tellement
voulu rencontrer Kai enfant.
Je relevai la tête vers les étoiles, puis sentis les yeux du mercenaire sur
moi, me forçant à tourner la tête vers lui.
Et il détourna le regard, laissant un petit sourire incurver ses lèvres.
— Comment tu...comment tu étais plus jeune ? interrogeai-je
curieusement
— Comment ça ?
— Je veux dire...tu étais timide ?
Il hocha la tête en guise de réponse.
— Je ne me rappelle que de quelques trucs de mon enfance, mais je
me souviens que je ne parlais a personne, me raconta-t-il en prenant une
nouvelle cigarette, j'aimais juste dessiner c'est tout. J'avais pas le droit
de regarder la télé, ni d'avoir des amis. Ma vie m'ennuyait.
Mes yeux s'écarquillèrent.
— Pas d'amis ?
Kai pouffa, comme s'il se moquait de lui-même. Et hocha la tête.
— Je n'avais pas beaucoup de droits, mes dessins m'étaient autorisés,
je n'avais pas de console de jeu, ni de magazines, j'avais pas non plus
de films, j'en regardais seulement à l'école...mais c'était nul parce que
je voulais...j'aimais regarder...enfin j'avais toujours voulu regarder...les
films Disney ? C'est stupide mais-
— Je ne te juge pas Kai, tu peux aimer les Disney tu sais ?
L'interrompais-je en souriant alors que ma main se posa instinctivement sur
la sienne.
Il posa ses yeux sur ma main et ses doigts l'emprisonnèrent.
— J'avais pas non plus le droit d'avoir de l'argent de poche.
— Qu'est-ce que tu faisais de tes journées ? Si tu ne pouvais rien
faire ?
Et son silence fut soudain. Et glacial.
Il fumait et je restai silencieuse, attendant une réponse à ma question,
même si je savais intérieurement qu'il n'allait sans doute rien me dire.
— À qui est la voiture garée ici ? m'interrogea-t-il en changeant de
sujet.
— Celle...euh...celle de ma mère, lui dis-je en regardant la voiture plus
bas, et celle de l'autre côté est à...Marc.
— Pourquoi il gare aussi loin ?
Je haussai les épaules, et nous vîmes les lumières de la maison s'éteindre.
Faisant accélérer mon rythme cardiaque.
Marc et maman allaient dormir dans quelques minutes.
— Je...si je te raconte...quelques trucs...Iris, est-ce que
je...je-...changerai dans ta tête ?
Et mon cœur tomba instantanément au sol.
Il voulait me raconter.
Son passé.
_____________
Hey !
A l'heure où vous lisez cette NDA (que j'écris à 17h), les filles sont en
Live Lecture, Romane est sûrement en train de froncer les sourcils, Célia
est fatigué. Elsa peut-être contente ? Et Louise a forcément les poings serrés
parce qu'elle n'arrive pas à trouver la théorie de la prison.
On devrait d'ailleurs tous les remercier pour cette année riche en
émotions. La Lakestone Era n'aurait jamais été aussi ouf !

🤍
Comme pleins d'autres, vous avez rapproché la commu Wattpad, et on se
lassera jamais de vos théories et des lives lectures ! It's the Fam

😏
Anyway, joyeux anniversaire à la LAKESTONE era ! Et quoi de mieux
que ce petit chapitre d'ailleurs hihi

😏 ❤️
Remarquons que j'ai changé la fin au dernier moment PTDR...mais
n'empêche. J'aime pas ce qui se passe
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram : Sarahrivens
51. Red

(NDA pre chapitre : distribution d'oxygène à grande quantité)


Iris
Mon cœur battait à vive allure, alors que mon cerveau se noyait sous la
multitude de questions qui me brûlaient les lèvres. Je tirai une nouvelle
latte, essayant de calmer mon excitation qui allait bientôt se voir sur mon
visage.
— Tu ne changeras pas dans ma tête, Kai.
— Promets-le moi, articula-t-il en fuyant mon regard.
— Je te le promets.
Je sentais qu'il n'était pas à l'aise, je sentais qu'il était encore hésitant par
rapport à ce qu'il voulait faire.
Et le silence s'installa à nouveau, comme s'il était encore perdu dans ses
réflexions.
— Ne te sens pas obligé si... tu ne veux pas le faire, lui rappelai-je en
lui lançant un regard.
Il secoua négativement la tête et ses lèvres s'entrouvrirent un instant, puis
se refermèrent. Ce geste, il le répète plusieurs pendant quelques minutes.
Comme s'il ne savait pas par quoi commencer.
Puis un souffle d'agacement quitta ses lèvres.
— Ne baisse pas les bras si-
— ... « Si tu ne sais pas faire quelque chose, tu peux juste demander de
l'aide », me coupa-t-il en terminant ma phrase.
Il avait retenu mot pour mot ce que je lui avais dit le jour où je l'avais
aidé à faire son nœud de cravate.
— Je...je ne sais pas ce que je veux te dire, reprit Kai, et ce que je ne
veux pas.
— Tu veux que je te pose des questions ? Tu pourras faire le choix de
me répondre ou non.
Mon cœur cognait contre ma cage thoracique, c'était terrifiant de sentir
que ma curiosité faisait vibrer mes veines.
Kai me lança un regard, puis haussa les épaules en signe d'assentiment.
Je me perdais dans le flot de questions que je mourrais d'envie de lui
poser et qui s'entremêlaient dans ma tête. Une pression pesa dans mon
corps.
— Ok...ma première question...est-ce tu as toujours vécu à Ewing ?
Avec tes parents ?
— Non, me répondit-il simplement, on vivait en Caroline du Sud, près
d'un lac...enfin, le lac...il était à côté de leur maison. Dans la forêt.
En Caroline du Sud...il y avait de grands lacs là-bas.
— Comment tu as connu Mason ?
Un silence s'installa, très vite je remarquai qu'il cherchait ses mots. Ça
me rassurait de savoir qu'il allait répondre à ma question.
Je ne voulais le brusquer.
— Je le connais depuis que j'ai un an, il était le...c'est l'ami d'enfance
de mon père...et ils étaient toujours aussi proches, même après ma
naissance. Ils...se sont engagés à l'armée, quand ils avaient la
vingtaine...je crois.
L'armée...je me rappelais que Mason avait fait la guerre, une guerre qui
lui avait fait perdre une jambe.
Est-ce que le père de Kai était mort pendant cette guerre ? Est-ce que,
comme Mason, il avait perdu quelque chose ?
— Ils...mon père et Mason ont fait la guerre pendant quelques
années...mais, ça a foiré...il y a eu une explosion...je crois...je sais
plus...mais Mason a perdu une jambe, et mon père...un œil.
Mon souffle se rompit soudainement en écoutant ses informations.
— Et-
Son téléphone vibra et le coupa, faisant naitre une frustration qui froissait
ma patience.
— Quoi ? commença Kai en murmurant presque, non pas encore, ils
viennent de s'endormir...je ne sais pas...d'accord...non Jacob...dans une
heure.
Et il raccrocha.
— On doit attendre encore une heure ou deux, je ne veux qu'ils se
réveillent. Sinon on sera obligé de leur injecter du sédatif.
Mon cœur bondit à l'entente de ses intentions dans le cas où ma mère et
son mari ne dormaient pas.
Mon ventre se noua à l'idée qu'ils doivent faire subir ça à Théa, je ne
pensais pas être capable de les laisser faire sans réagir. C'était impossible
pour moi de l'accepter.
Et si l'argent était dans sa chambre ?
Non Marc ne ferait pas ça...
Cette idée me retourna l'estomac et je frissonnai d'angoisse.
— T'as froid ?
— T'as pas froid toi ? lui demandai-je en le voyant stoïque, alors que je
grelottais même avec ma couverture.
Il haussa les épaules et tira une nouvelle clope avant de me répondre :
— Ça ne me dérange pas, j'ai l'habitude.
« J'ai l'habitude »
Il grilla sa cigarette et inhala la première latte. Il s'allongea sur mon toit et
expulsa la fumée hors de ses poumons.
Laissant l'air froid l'emporter.
— Quand tu...quand tu étais enfant, tu dormais souvent...dehors ?
— Jusqu'à ce que je ne ressente plus le froid, souffla-t-il d'un calme
presque terrifiant, le froid ne me dérange plus.
Je me surpris à suivre son mouvement et m'allongeai sur le toit, à
quelques centimètres de lui. Je m'enveloppai de ma couette et tournai la tête
vers lui.
Il fixait les étoiles tout en fumant silencieusement. Je tremblais presque à
cause du froid de la nuit et il le remarqua très vite.
— Je termine ma clope et on rentre.
Mes dents se mirent à claquer, et au moment où je hochai la tête, il écrasa
son mégot de cigarette à peine entamée.
— On rentre.
Nous nous retrouvâmes à l'intérieur de ma chambre quelques secondes
plus tard, et Kai entreprit de regarder les murs de ma maison d'enfance et
les photos qui y étaient collées.
Je grimpai sur le lit et m'allongeai, tandis qu'il se tournait vers moi.
— Ta famille n'a pas de photos de toi au salon, remarqua-t-il.
Je haussai les épaules.
— Peut-être qu'ils ont honte de moi, blaguai-je en lâchant la vérité d'un
ton humoristique, à quelle heure on commence les recherches ?
— Dans une heure, j'attends qu'ils soient dans un sommeil profond,
murmura-t-il avant d'enlever ses bottes, et pour avoir un sommeil
profond, il ne faut faire aucun bruit.
— C'est internet qui t'a appris ça ?
Un sourire moqueur étira ses lèvres et il murmura :
— Non. L'Organisation.
Mon sang se glaça à dans mes veines. A chaque fois qu'on évoquait
cette...chose, je ressentais mon ventre se tordre.
Mon instinct se sentait en danger, comme si quelque chose de malsain
gravitait autour.
— Tu...tu étais dans l'Organisation ? Avant ?
— Je suis le fruit même de l'Organisation, lâcha-t-il avant de pouffer
et secouer la tête, c'est ce qu'adore dire Mason. Le fruit de
l'Organisation...enfoiré.
— Pourquoi il dit ça ?
Mason jouait beaucoup avec les mots, il y avait toujours des sous-
entendus dans ses paroles, sournoises et malsaines.
Le regard perçant de Kai croisa le mien au moment où j'allumai ma
lampe de chevet.
— Parce qu'ils ont tout fait pour que je sois le meilleur mercenaire
qu'ils pourraient avoir, cracha-t-il soudainement, ils voulaient une
machine. Alors ils ont en créée une.
Une machine. Une machine à tuer.
Je le vis serrer les poings, se laissant très vite submerger par la haine.
— Kai-
— Tu sais c'est quoi le plus drôle Iris ? C'est que je ne l'ai jamais
voulu, pas même une seconde de ma putain de vie on ne m'a donné un
choix. Parce que s'ils n'avaient pas créé cette putain de cure-
Et il se tut. Soudainement.
Ravalant ses mots en une fraction de seconde.
— Viens.
Je tapotai doucement le lit alors que sa rage faisait trembler ses membres.
Il secoua négativement la tête en disant :
— Je ne veux pas parler de ça.
— On en parlera pas si tu ne veux pas, lui rappelai-je d'une petite voix,
viens.
— Pourquoi tu veux de moi Iris ?
Et mon cœur rata un battement terrifiant. Soudainement, il était méfiant,
comme s'il ne faisait plus confiance à mes intentions.
— Qu'est-ce que tu attends de moi ? Pourquoi tu me laisses me
rapprocher de toi ?
Ses paroles se bousculaient dans ma tête, et les mots me manquaient alors
que mes lèvres s'entrouvrirent.
Je le voyais se laisser emporter par sa colère, ses souvenirs et ses
angoisses. C'était flagrant à quel point il n'était plus aussi calme et confiant
que quelques minutes auparavant.
Je me levais, alors qu'il n'avait pas bougé de sa position. Il restait là à me
fixer en attendant ma réponse.
— Pourquoi tu t'intéresses à moi ? me répéta-t-il à nouveau, pourquoi
tu me laisses te toucher-
— Parce que je vois en toi ce que les gens refusent de voir.
Je m'approchai, n'étant plus qu'à quelques centimètres de lui. Son souffle
était irrégulier, et ses yeux ne me quittaient pas.
— Parce que je te fais plus confiance qu'à n'importe qui d'autre,
murmurai-je près de son visage, parce que tu me voies comme si j'étais
quelqu'un d'important.
Ma main se glissa contre la sienne, desserrant son poing qui tremblait.
— Parce que tu es toi...parce que ton passée ne me fait pas peur, je ne
t'ai jamais vu comme une machine à tuer.
— Tu as dit que j'étais monstrueux-
— Et tu as dit que j'étais fragile, lui rappelai-je en le coupant, tu es
violent, et je ne le supporte pas. Mais ce n'est pas le sujet là...j'attendrai
le temps qu'il faut pour que tu me parles de ton passé, rien ne presse-
— Je ne veux pas te raconter, tu vas faire comme Jacob.
Mes sourcils se froncèrent.
— Qu'est-ce qu'a fait Jacob ?
— Il en a fait des cauchemars, et je ne veux pas que t'en fasses à
cause de moi.
Mon estomac se noua violemment à l'entente de sa confession. Son
cerveau ébullition s'imagina des scénarios aussi dingues les uns que les
autres.
Mais je ne voulais pas lui montrer ma panique, à la place, je souris
faiblement et lui murmurai :
— Je ne suis pas si fragile.
Un sourire qu'il ne me rendit pas, encore inquiet et en colère.
— J'ai bien pu survivre quelques mois avec Kai Lakestone, et je suis
en un seul morceau...à quelques traumatismes près.
Sa mâchoire se contracta.
— Tu vas me détester, après toute cette histoire, tu vas me haïr Iris.
Quand je te dirais tout ce que j'ai dû faire, tout ce que j'ai dû voir, je te
dégouterai. Et tu vas avoir peur de moi, tu ne me laisseras plus te
toucher, cracha-t-il en me fusillant du regard, pourquoi tu me laisses me
rapprocher de toi, qu'est-ce que tu attends de moi-
— Je n'attends rien de toi, déclarai-je sérieusement, tu m'attirais
avant même toute cette histoire et tu le sais. Je te laisse te rapprocher
de moi parce que j'en ai envie. Je te laisse me toucher parce que je ne
veux que ça. Et je te laisserais faire encore et encore.
Ses yeux s'écarquillèrent alors que je maintenais son regard, laissant les
paroles que je murmurai s'imprégner dans son esprit.
Ma main tira la sienne pour la poser sur ma taille.
Mon cœur battait à la chamade alors que je me laissais guider par mes
propres mots. J'étais pleinement consciente de tout ce que je disais et ne
laissais aucun mot rester bloqué dans ma gorge.
Rien n'allait changer pour moi, j'étais folle de sa présence à mes côtés.
Son passée n'allait pas me faire fuir.
Son présent ne l'a jamais fait.
— Depuis le premier soir, je t'ai laissé t'approcher alors que tu me
faisais peur...je voulais ton regard, je voulais tes mains, je te voulais.
Une décharge électrique me parcourut lorsque ses deux mains
agrippèrent ma taille. Son regard était rivé sur moi, il me brûlait la peau.
Kai...
— Quand je venais en robe, je sentais ton regard sur moi toute la
soirée. Je savais que tu aimais ça, et ça me rendait complètement folle.
Ses mains serrèrent davantage ma taille, la pressant alors que je sentais
qu'il me rapprochait de plus en plus de son corps.
Mes sens étaient en feu, comme la totalité de mon corps. Je sentais ses
mains brûlantes contre ma taille, et je savais qu'il était dans le même état
que moi.
— Tu vois la différence entre toi et moi...c'est que je peux me
montrer très patiente, lâchai-je en faisant référence à mon envie de lui,
alors j'attendrai le temps qu'il faudra pour connaitre ton
passé...comme j'attendrai le temps qu'il faut pour le reste...
Un grognement s'échappa de ses lèvres.
— Je déteste te faire attendre-
Mon cœur s'emballa au moment où il se coupa lui-même pour fondre sur
ma bouche. Ses lèvres brûlantes s'entrechoquèrent aux miennes et mon
hoquet de surprise fut étouffé par nos deux bouches.
La chaleur me monta aux joues. Je sentais l'adrénaline parcourir mes
veines alors que ses bras saisirent brutalement mes cuisses, forçant mes
jambes à s'enrouler autour de sa taille.
— Je te veux entièrement, Iris.
Un gémissement s'arracha de ma bouche lorsque je me sentis basculer en
arrière. Mon dos s'enfonça contre le matelas tandis que le corps de Kai me
surplomba.
Ses mains relevèrent les miennes au-dessus de ma tête alors que,
lentement, il commença à bouger son corps contre le mien.
— Tu serais prêt à rompre à nouveau ta promesse ? murmurai-je entre
deux baisers avides et désespérément à la recherche de son contact.
Ses dents attrapèrent ma lèvre, faisant frémir mon corps.
— Si tu savais tout ce que je serais prêt à faire pour te donner ce que
tu demandes, princesse, je tremble rien qu'à l'idée de t'avoir pour
moi...
Il suçota ma lèvre et m'embrassa fougueusement à nouveau. Son corps se
frotta plus brutalement contre le mien, et, à travers son jean, je sentis sa
masculinité appuyer contre ma partie intime.
M'arrachant un gémissement étouffé.
Ses mains parcouraient frénétiquement le long de mon corps, pressant
mes hanches et ma peau dévoilée.
— Je rêvais de t'arracher ta robe, je fantasmais à l'idée de pouvoir le
faire...
Mon corps brûlait et le sien n'en faisait pas moins, ce fiévreux désir de le
sentir au plus près de moi me rendait complètement dingue.
Ses mains embrasaient ma peau lorsqu'il remonta mon haut pour me
toucher davantage. Il embrassait avidement mon cou, suçotant et caressant
ma peau alors que je me retenais de gémir.
—Tu es mon putain de fantasme Iris.
Sa main s'enroula autour de mon cou qu'il serra fermement. Il remonta
son visage pour rencontrer mon regard et je vis ses pupilles brûler de désir.
Son corps se pressa plus fort contre le mien et mes lèvres s'entrouvrirent
au moment où je sentis de nouveau sa masculinité se presser entre mes
jambes.
— Accorde-moi juste quelques jours...et je serai tout à toi.
Ses lèvres se posèrent sur mon front tandis qu'il répétait son mouvement
lascif.
Je sentis ma féminité pulser contre son corps, m'arrachant un
gémissement que je ne pus cette fois retenir.
— Je ne te ferais pas attendre plus longtemps, je te le promets.
Je frémis lorsque sa main desserra mon cou et empoigna mes cheveux.
Son regard ne me quittait pas tandis que ses lèvres effleurèrent les miennes.
— Tu ne pourras pas attendre plus longtemps Lakestone, ne fais pas
comme si j'étais la seule.
Très vite, je le poussai et me trouvai à califourchon sur lui. Ses yeux
brûlants de désir me fixaient alors que ma main empoigna ses cheveux.
Et l'excitation monta d'un cran à l'instant où il étouffa un gémissement.
Il aime quand je lui tire les cheveux...
Ses mains trouvèrent place sur mes hanches, et, tout en ondulant du
bassin, j'approchai mon visage du sien.
— Je suis très patient ma princesse, et je garderai la tête froide dans
tous les cas. Ce que toi tu as du mal à faire j'ai l'impression...
Je tirai davantage sur ses cheveux et un autre gémissement s'étouffa au
fond de sa gorge. Mes lèvres effleurèrent son cou, tandis que je posai mes
doigts sur sa masculinité à travers son jean.
Et ses lèvres s'entrouvrirent alors que les miens s'étirèrent en un sourire
satisfait.
— Quoi ? Je pensais que tu gardais la tête froide en toute
circonstance ?
— Laisse-moi seulement trouver ce putain de fric, grogna-t-il en
empoignant ses doigts fermement sur ma mâchoire, et rappelle-toi de la
première promesse que je t'ai faite.
Et soudainement, je me retrouvais à nouveau dos contre le matelas, Kai
sur mon corps qui n'implorait que lui.
— Parce que je compte bien la tenir. Mais à toi de me dire...Iris, est-
ce que tu aimerais te donner à moi ?
Il croisa mes jambes autour de sa taille et empoigna mes poignées pour
les plaquer au-dessus de ma tête.
— Même si tu apprenais qui je suis et ce que j'ai vu...tu laisserais
mes mains te toucher, Iris ? Tu laisserais ma bouche t'embrasser ?
Je demeurai muette.
— Tu laisserais ma langue te goûter ? Tu me laisserais te regarder ?
Est-ce après tout ce que tu apprendras...tu voudras être mienne ?
— Oui.
Il enfonça son corps contre le mien, donnant un coup brutal entre mes
cuisses, m'arrachant un gémissement qui fut étouffé à l'instant où ses lèvres
se collèrent aux miennes. Sa langue retrouva la mienne et il me donna un
second coup de rein encore plus brutal.
— Tu seras une gentille fille pour moi, n'est-ce pas ?
Je hochai la tête.
— Tes mots.
— Oui.
Kai serra mes hanches, me faisant me cambrer sous lui, puis poussa un
grognement rauque tout en retenant mes hanches pour qu'elles arrêtent tout
mouvement.
Après quelques secondes où seules nos respirations erratiques comblaient
le silence entre nous, sa bouche se posa à nouveau contre mon front, et il
murmura faiblement :
— Il doit rester peut-être 15 minutes, allons trouver ce putain de fric.
°°°°
Une heure plus tard.
Jacob était en train de fouiller le grenier, ils avaient trouvé quelques
liasses de billets mais la majorité de l'argent restait introuvable.
Mais on ne pouvait pas parler, alors on s'échangeait des messages. Dans
un groupe.
De Jacob :
Y a les photos des parents d'Iris en haut, désolé mais ce n'était pas un
beau couple.
De Kai Lakestone :
Cherche ce putain de fric. On n'a pas le temps.
Je venais de pénétrer dans la chambre de Théa qui dormait paisiblement,
cherchant du regard où Marc pouvait bien mettre cet argent.
Intérieurement, je ne voulais pas le trouver ici.
Mes pas faisaient grincer le parquet, ce qui me donnait la chair de poule à
l'idée de réveiller Théa. Je ne voulais pas qu'ils la droguent à cause de moi.
J'ouvris les tiroirs, les placards, je cherchais quelque chose mais je
n'arrivais pas à savoir quoi. L'argent pouvait être partout et surtout,
n'importe comment.
C'était une gigantesque somme.
De Jacob :
JACKPOT !! CHERCHEZ SOUS LES PARQUETS !!
Mon cœur s'emballa, je commençais à taper faiblement du pied contre le
sol en espérant d'entendre le moindre son qui pouvait me laisser penser que
quelque chose était caché sous le parquet.
Sous le lit ?
Je grimaçais en regardant Théa dormir, et m'accroupis. Mais au moment
où je le fis, mon tel tomba au sol, créant un bruit qui me fit rater un
battement.
— Iris ?
Merde merde merde merde.
— Oui princesse ? Salut, murmurai-je en me relevant à peine.
Elle avait les yeux encore plissées, la fenêtre laissait passer un peu de la
lumière extérieure. Théa se redressa et me lança un regard interrogateur.
— Je cherchais...des pantoufles, tu avais l'habitude de les mettre sous
ton lit, me rappelai-je soudainement de ce souvenir.
— J'ai dû les enlever parce que papa avait besoin de mettre une
valise, marmonna-t-elle en se rallongeant et fermant les yeux, tu les
trouveras dans le placard.
Mon cœur battait à la chamade tandis qu'elle se rallongeait dos à moi. Je
laissais mon téléphone au sol et fis mine de me lever et ouvrir le placard,
récupérant une paire de pantoufles.
Je revins sur mes pas, tremblante presque et poussai mon téléphone aussi
derrière la valise en question.
L'enfoiré, il l'avait bien caché chez Théa.
— Iris ils ne sont pas sous le lit, marmonna Théa encore dos à moi.
— Dors princesse, je récupère juste mon téléphone sous ton lit,
répondis-je alors que je sentais mon cœur cogner contre ma cage
thoracique.
— Tu veux que je t'aide ?
— N-Non, rendors-toi, me précipitai-je en tirant le valise à moi, t'en
fais pas je gère.
Je ne gère strictement rien du tout.
Comme si la valise allait exploser si on la brusquait, je la tirais hors du lit
avec une telle délicatesse que je m'impressionnais moi-même.
Mon téléphone en main, je le remis dans ma poche et empoignai la valise
assez grande avant de sortir de la chambre sans me tourner une seule
seconde vers Théa.
Mais je sentis mon cœur s'effondrer au sol lorsqu'elle m'interpella :
— Iris ?
Sans me tourner, j'ouvris la porte, mon ventre se noua et je bafouillai :
— O-Oui ?
— Tu pourras venir dormir à la maison ces prochains jours ? s'il te
plait ?
L'obscurité était mon meilleur ami à cet instant précis, je commençais à
fermer la porte de sa chambre en disant :
— C'est promis, laisse-moi seulement quelques jours, et je reviendrai
passer la nuit avec toi.
Je refermai la porte, des sueurs froides perlaient le long de mon front
alors que je me précipitais vers ma chambre. Et verrouillai la porte.
C'est quoi cette valise ? Est-ce qu'elle contenait l'argent ?
Putain de merde, elle est verrouillée.
De Kai Lakestone :
Iris ouvre la porte.
Le message de Kai me fit frémir, et je déverrouillai la porte, le laissant
entrer. Il vit la valise que je venais de récupérer et m'interrogea du regard.
Je haussai les épaules, il s'approcha et d'un coup sec tira sur le cadenas.
— J'ai pas le temps de deviner un code.
Excuse nous Rambo.
Mon rythme cardiaque se stoppa au moment où je vis des liasses de
billets à l'intérieur de la valise, tous rangés parfaitement.
— Des billets de cent dollars, remarqua Kai en tirant des liasses, y a au
moins 10 millions là. Jacob en a trouvé peut-être 30 en haut, et je vais
trouver le reste-
La porte s'ouvrit sur Jacob qui arrivaient avec trois gros sacs de
poubelles, et un gros sac à dos.
— Ding dong, le père noël...est arrivé.
Il balança le sac à dos et les gros sacs par terre. Puis s'étira avant de voir
la valise sur mon lit.
— Personne n'a accès au grenier à part lui, il a tous les clés, confiai-je
en regardant les gros sacs pleins de liasses.
— Il manque encore une quarantaine de millions, lâcha Kai en
regardant les sacs, il reste sa chambre-
— Pourquoi il n'y en aurait pas ici ?
— Marc ne laisserait pas la trace de ce fric chez elle, il part du
principe où elle ne sait rien.
Jacob acquiesça. Je grimaçais alors que mon anxiété faisait trembler mes
membres, l'idée que l'un des deux se réveillent me retournai l'estomac.
Il ne fallait pas qu'ils se lèvent.
Est-ce qu'ils savent que Théa s'était réveillé ?
— Personne ne s'est réveillé ? demanda Kai.
— Non, mentis-je en couvrant Théa, je n'ai rien entendu. Comment on
va mettre tout ça dans la voiture.
Kai regarda l'argent, puis releva son regard vers Jacob.
— Ewing est à cinq heures d'ici mec, mais je peux faire trois heures à
pleine vitesse.
— Charge tout le fric, ordonna Kai, on verra comment on fera quand
on prendra tout.
Jacob poussa un petit rire dans un murmure et me dit :
— Demande lui de nous prêter sa voiture pour quelques heures-
— Sa voiture, le coupa Kai, sa voiture putain oui.
Jacob écarquilla les yeux et lui dit :
— Mais t'es con tu penses bien qu'autant d'argent ne passerait pas
inaperçue-
— Sauf s'il est caché dans un endroit où on peut cacher un gros truc,
le coupa Kai, et je ne parle pas de la boite à gant.
Je fronçai les sourcils, je ne comprenais pas de quel endroit il parlait, il
n'y avait rien dans une voiture qui pouvait cacher quelque chose d'aussi
gros.
— Dans le coffre, à la place de la roue de secours, supposa Kai presque
sûr de lui, ça expliquerait pourquoi il gare aussi loin.
Mon cœur rata un battement et mes yeux s'écarquillèrent lorsqu'il me tira
par la main en me disant :
— Tu vas récupérer les clés de sa voiture-
Je me défis de son étreinte et le coupai en disant :
— Jamais-
— Je viendrai avec toi, me dit-il en me fusillant du regard, arrête de
faire ta trouillarde.
Et en à peine quelques minutes, je me retrouvais sans mon consentement
dans la chambre de ma mère.
Kai collait à mon cul alors que je refusai de bouger de ma position.
— Iris je vais te démonter, cracha-t-il contre mon oreille, avance
putain.
— Pourquoi t'y vas pas tout seul comme un grand, m'étranglai-je en
respirant à peine à cause de la panique qui m'animait.
J'étais crispée, douloureusement tendue à l'idée que ma mère se réveille
et me trouve face à sa porte. Cela me retournait si fort l'estomac que je
voulais vomir.
— Toi qui dis que tu n'es pas si fragile, montre-moi ce que t'as dans
le ventre, me susurra-t-il au creux de l'oreille.
La colère me monta au visage et brûla mes joues. Mon égo en jeu, je
m'avançai à l'intérieur de cette chambre en essayant de faire très peu de
bruit.
Je savais que Kai tenait deux doses de sédatifs au cas où les choses ne se
passaient pas aussi bien que prévu. Je m'avançai vers le meuble près de la
tête de mon beau-père.
Mon cœur au bord des lèvres alors que l'obscurité aveuglait mon champ
de vision.
Je tapotai le meuble, priant intérieurement de ne pas toucher quelque
chose de bruyant et très vite, le bout de mes doigts effleura un bout
métallique.
Kai avait raison, ils étaient dans sa voiture. Marc avait l'habitude
d'accrocher sa clé en bas près de la porte d'entrée.
Je palpai et confirmai que c'était les clés de sa voiture.
— Mhm...
Je venais de sentir toute mon âme menacer de quitter mon corps à
l'instant où quelqu'un bougea sur le lit, sûrement Marc.
J'emprisonnai la clé du bout des doigts et reculai en faisant le moins de
bruit possible. Très vite, mon dos rencontra quelque chose.
— Pas devant ta famille, lâcha-t-il d'un ton plein de sous-entendus.
Il recula et ouvrit la porte, sa main s'enroula autour de mon ventre et il
me pressa davantage contre lui pour me tirer en même temps loin de la
chambre.
D'un geste presque fantôme, il tira la porte et la ferma sans le moindre
bruit. Le bout de mon nez touchait presque la porte tant j'étais proche.
— Au départ, je ne voulais pas retrouver ce fric parce que ça voulait
dire que je devrais me détacher de toi...mais maintenant c'est tout ce
qui m'occupe la tête.
Un frisson se déchargea le long de ma colonne vertébrale au moment où
il glissa sa main dans la mienne pour prendre la clé.
— Et je suis impatient.
Il s'éloigna d'un pas feutré et descendit les escaliers alors que je revenais
dans ma chambre où se trouvait Jacob.
— Je me sens comme un baron de la drogue, regarde tout ce fric
Trésor.
Je le voyais essayer d'enfouir au maximum dans le grand sac à dos, et je
décidai d'ouvrir mon placard et tirai tous les gros sacs de sports que j'avais.
Mon sang se glaça en écoutant une porte s'ouvrir, me crispant
violemment.
Jacob se tourna vers moi, ses mouvements s'étaient arrêtés. Mon
téléphone dans les mains j'écrivis rapidement à Kai.
A Kai Lakestone :
Quelqu'un s'est levé, cache toi loin de la voiture.
Jacob s'empressa de tout mettre à l'intérieur des sacs, si vite et si mal
organisé que je pensais qu'on pouvait l'entendre depuis le salon.
De Jacob :
Kai je vais te lancer les sacs par la fenêtre d'Iris.
De Kai Lakestone :
Je vais pas me trimbaler avec des sacs en plastique bourrés de fric
comme un voleur débutant.
A Kai Lakestone :
Mais c'est des sacs de sport ?!
De Kai Lakestone :
Ok.
J'essayais de rester près de la porte dans l'espoir de percevoir des pas ou
quelque chose, mais bizarrement plus rien.
Il n'y avait aucun bruit.
De son côté, Jacob commença à faire sortir les six gros sacs de sport en
les mettant sur le toit de ma chambre, je l'entendais murmurer et savait qu'il
parlait à Kai qui s'était sûrement empressé de rejoindre la maison.
Le bruit d'une porte qui claque alerta mes sens, c'était à l'étage. Soit Théa,
soit ma mère, soit Marc.
Mon souffle était court, irrégulier, mon ventre était complétement
retourné et je voulais me cacher six pieds sous terre à cause de l'angoisse
qui m'habitait.
Je voulais partir d'ici comme une putain de voleuse, et au plus vite.
Après plusieurs minutes, Jacob revint à l'intérieur de la chambre et
chercha de nouveaux sacs à dos. Mais je n'en avais plus.
— Dans la chambre de ta sœur.
Mon estomac pesait une tonne, mais on n'avait pas le choix. Il fallait
vider les sacs en plastique. Mon cœur tambourina dans ma cage thoracique
alors que j'ouvrais la porte, à l'affût du moindre mouvement.
Je refermai la porte derrière moi et m'avançai le long de l'allée en
direction de la chambre de ma demi-sœur.
— Iris ?
Et comme si je venais de sentir mon cœur sortir de mon corps, je me
glaçai en entendant la voix de Marc.
Près de la salle de bains. La porte était ouverte, et la lumière était éteinte.
Il était encore dans l'embrasure.
— Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure ?
J'étais pétrifiée, sa voix n'avait pas l'air complétement endormie, j'avais
l'impression qu'il avait tout compris.
— Il fait...il fait froid alors...je vais aller chercher des couvertures
chez Théa, bafouillai-je sans pouvoir affronter son regard à cause de
l'obscurité.
— C'est pour ça que tu es rentrée dans notre chambre aussi ?
J'étais presque certaine qu'on entendait mon cœur battre à des kilomètres,
certaine que ce dernier allait lâcher à cause de ce qu'il venait de me dire.
Il m'a vue.
— Oui mais je suis repartie très vite, je ne voulais pas vous réveiller,
murmurai-je en essayant de garder mon sang froid, je suis désolée...
— Non ne t'en fais pas, je m'étais réveillé quand tu es sortie, lâcha
Marc en quittant la salle de bains, je me demandais bien ce que tu
cherchais à cette heure pareille.
Un petit rire nerveux s'échappa de mes lèvres, et je me décalai pour le
laisser passer.
— Regarde dans le placard de Théa, si tu ne trouves pas reviens dans
notre chambre je pense pouvoir t'en trouver une.
— Merci beaucoup Marc, lâchai-je en l'entendant ouvrir la porte de sa
chambre.
Je voulais vomir d'angoisse. J'étais en train de trembler comme une
dingue.
A Kai Lakestone, Jacob :
Marc est réveillé, je viens de le croiser dans les couloirs. Il vient de
rentrer dans sa chambre, restez silencieux et loin de la fenêtre de sa
chambre.
De Kai Lakestone :
Qu'est-ce que tu fais dans le putain de couloir !
De Jacob :
Je l'ai envoyée chercher d'autres sacs de sports pour les billets, j'en ai
besoin de deux autres Iris.
Je m'activais tandis que les deux hommes essayaient de faire passer en
douce les billets à l'extérieur de la maison, et entrai dans la chambre de
Théa comme un fantôme.
Elle avait deux gros sacs qu'elle prenait souvent quand on allait en
vacances, et je savais très bien où ils étaient.
Sans faire la moindre erreur, je tirai les sacs et quittai la chambre puis eu
un instant de pause, cherchant du regard le moindre mouvement qui
pourrait me laisser croire que Marc était dans les parages.
Mais aucun bruit ni aucun signe de lui.
Je courrais presque jusqu'à l'intérieur de ma chambre et la verrouillai, la
respiration haletante comme si je venais de faire un marathon, tremblante
aussi rapidement que les feuilles dehors.
Et gelée comme la neige à l'extérieur, mon angoisse jouait avec mon
corps et j'aurais voulu pouvoir m'éventrer pour ne plus sentir les
soubresauts de mon estomac.
— Tiens, murmurai-je à Jacob qui rentrait dans la chambre.
— Merci trésor, tiens remplis celui-là.
Je m'exécutai et en une dizaine de minutes, tous les sacs poubelles étaient
vidés. Comme si nous allions déménager, nous nous retrouvions avec de
gros sacs et une valise pleine.
— Kai est parti déplacer la voiture de sorte à ce que le coffre de celle
de Marc soit à côté de la nôtre, on a plus beaucoup de temps.
— Mais il va faire du bruit ? m'étranglai-je presque.
— Il ne va pas allumer le moteur, il va juste baisser le frein à main et
utiliser sa force et le volant, m'informa Jacob en zippant le dernier sac,
c'est bon on a tout ?
Je hochai la tête et il prit les deux sacs avant de monter sur le toit, je fis
de même et frémis en sentant le froid claquer mes joues.
— Tu le vois ?
Kai arrangeait la position de la voiture en regardant la fenêtre de la
chambre de ma mère par moment. Je le vis déverrouiller la voiture de Marc
et ouvrir le coffre. Il en tira quelque chose, et releva la plage arrière ? J'en
savais rien.
Puis après quelques secondes, il saisit son téléphone et pris quelque
chose en photo.
De Kai Lakestone :
Regardez. *pièce jointe*
La photo affichait un nombre astronomique de liasses de billets emboités
parfaitement les unes sur les autres. De sorte à ce que tout rentre à
l'intérieur. Les liasses étaient plus grosses que celles qu'on avait trouvées
ici, ce qui nous laissait supposer qu'il y avait plus de billets à l'intérieur du
coffre.
De Jacob :
Il doit y avoir combien tu penses ?
De Kai Lakestone :
Peut-être 20 ou 25 j'en sais rien, on comptera quand on arrivera à
Ewing. Je vais tout mettre dans le coffre, verrouillez-lui sa chambre au
cas où. Je vais faire vite.
Jacob me lança un regard et avec le trousseau de clé de Marc qu'il avait
réussi à voler, il retourna dans ma chambre.
Je voyais le mercenaire déplacer les grosses liasses de billets vers le
coffre de sa voiture, et en quelques minutes et avec une rapidité terrifiante,
il balança la dernière grosse brique de billets et referma le coffre des deux
voitures.
Il poussa sa voiture qui se laissait guider par la force de Kai et grâce au
frein à main qui était baissé, je le vis s'éloigner du champ de vision des
chambres de ma maison, revenant près de sa place initiale.
Kai s'approcha de ma maison et me balança la clé de Marc, puis écrivit
sur son téléphone.
De Kai Lakestone :
Jacob déverrouille leur chambre, remets-lui la clé sur son meuble de
merde et prends les sacs qui restent, on se barre.
J'avais écrit un mot rapide pour expliquer notre départ précipité à ma
mère en inventant quelque chose et m'empressai de le poser au salon avant
de vite remonter dans ma chambre.
Pour me barrer aussi vite d'ici.
°°°°
Quatre heures plus tard.
J'étais assise sur les genoux de Kai, sur le côté passager. Les sacs avaient
pris toute la place derrière et dans le coffre, sans compter la valise et les
billets qui se baladaient un peu partout.
Nous étions à quelques minutes de la maison, je le savais parce que Kai
l'avait dit à Jacob. Dehors c'était l'obscurité complète, nous ne nous étions
pas arrêtés une seule seconde.
Mon dos contre le torse de Kai, les vitres fumées me rassuraient, la police
ne pouvait pas nous voir. Je m'étais endormie à plusieurs reprises, et
maintenant que j'étais dans les bras de Kai, loin de Hydewood, je me sentais
soudainement plus détendue.
Comme si un poids s'élevait de mes épaules.
— Elle dort, fais-la rentrer à l'intérieur, murmura Jacob, je m'occupe
du fric.
— Ok.
Mon ventre était encore cependant noué par la peur que Marc nous
retrouve ou qu'il me tue, ou qu'il fasse quelque chose.
Je devenais de plus en plus parano à l'idée de mourir, et si le résultat ne
plaisait pas à Mason ?
Et si c'était de faux billets finalement ?
Je me sentais transportée par Kai à l'extérieur et l'odeur de la maison
emplit mes narines à l'instant où nous y pénétrons, puis très vite, je
l'entendis ouvrir une porte.
Son odeur arriva à mon nez et je sentis qu'il me posait directement sur le
lit. Son lit.
Il m'ôta ma veste et murmura :
— Iris ? Il faut que t'enlèves tes vêtements, on est rentrés.
Il me tendit un t-shirt ample et sortit de la pièce, me laissant seule et
encore somnolente. Je me déshabillai et enfilai son haut puis me rallongeai
sur son lit.
Me sentant alors en sécurité.
Mais je voulais qu'il revienne, je voulais qu'il soit à côté de moi.
Après plusieurs minutes, je vis les deux hommes entrer dans la chambre.
Kai me couvrai davantage de ses draps.
— On appellera Mason dès que le compte sera bon, annonça Kai dans
un murmure pour ne pas me réveiller, il y a encore les millions qu'on avait
volés les premières semaines si jamais il en manque.
— Il en manque sûrement, il faut qu'on vide la maison, murmura
Jacob.
Je vis du coin de l'œil Kai s'approcher de la bibliothèque et il se tourna
vers moi, je fermai les yeux instantanément.
— On videra le début demain, le reste quand elle partira.
Il y eut des bruits de pas, et puis soudain, l'atmosphère entre les deux
hommes changea.
— J'espère que tu vas les jeter, murmura Jacob, je n'en veux pas dans
notre prochaine piaule.
J'ouvris faiblement les yeux, et vis Kai fusiller du regard Jacob derrière
moi.
— Je ne pourrais pas faire sans ça et tu le sais, cracha le mercenaire
contre son meilleur ami.
— Imagine que ta petite princesse l'apprenne ? cracha Jacob à son
tour, que tu as une pièce cachée où il y a une vingtaine de miroir-
— Tu la fermes, elle n'en saura rien, le coupa Kai soudainement, je ne
veux pas qu'elle le sache.
— Il faut que tu lui dises dans tous les cas, si elle est importante pour
toi tu dois lui dire-
— Pourquoi faire ? Pour qu'elle fasse des cauchemars comme toi t'en
as fait pendant plusieurs semaines ?
— Donc quoi ? Tu vas la laisser le découvrir toute seule ? demanda
Jacob, quand elle verra la pièce avec du sang partout elle va fuir, tu lui
dois des explications. Elle ne fera pas de mal et tu le sais.
Kai se tut, mais fixait Jacob. Ce dernier soupira, et Kai dit :
— Je ne veux pas que Mason aspire à finir la cure. Je ne veux pas
qu'il pense pouvoir le faire, surtout pas avec Iris.
Finaliser la cure, avec moi ?
°°°°
Le lendemain.
Je regardai la télé à côté de Jacob qui comptait les liasses interminables
de billets à l'aide de deux machines, et nous étions à 66 millions de dollars.
Comme un comptable, il avait un stylo derrière l'oreille et écrivait dans
un carnet tout en regardant Les Bachelorettes.
Mes pensées s'entremêlaient, leur discussion d'hier me laissait tellement
perplexe. Je sentais dans la voix de Jacob qu'il voulait que Kai me dise ce
qu'il y avait dans cette pièce.
Des miroirs. Du sang.
Je déglutis, me rappelant de la panique dans la voix du mercenaire,
cachée derrière son ton colérique.
D'ailleurs, il n'était pas rentré depuis ce matin. Jacob m'avait dit qu'il était
parti parler avec Mason. Je doutais qu'il lui parle de l'argent, il avait dit hier
soir qu'il attendait que le compte soit bon.
— Je pense vraiment que le compte est bon avec l'argent que t'as
volé trésor, sourit Jacob d'un ton surexcité, tu vas bientôt pouvoir revenir
à ta vie d'avant.
Ma vie d'avant.
Sans Kai et Jacob.
— Ouais.
Sans Rufus.
Faire comme si ces mois n'avaient jamais existé, est-ce que j'allais garder
contact avec eux ? Avec ceux qui m'avaient kidnappée pour me protéger ?
« On collabore »
Nous allions nous retrouver comme avant dans le Box, et nous allions
faire comme si de rien n'était. J'allais le revoir peut-être.
« Je cherchais juste ma poupée »
Faire comme si nous ne nous étions pas rapprochés. Et s'il m'ignorait ? Et
s'il me tournait le dos ? je ne savais pas si je pourrais passer au-delà de ça.
Je m'étais ridiculement attachée à lui, dépendante de son affection.
De sa sécurité.
Mes angoisses et mes craintes animaient mes pensées et mes suppositions
commençaient à se transformer en conclusion hâtive, comme si je le faisais
pour me protéger.
Me préparer au pire pour ne pas me détruire.
Il partira comme tout le monde.
Il ne s'attachera pas à toi.
Tu es stupide.
— 70 millions...
Il ne pensait pas ce qu'il disait.
Il en a rien à foutre de toi.
— 72...
Il te lâchera comme tout le monde.
Il ne te fait pas confiance.
— 74...
Tu n'es pas faite pour lui.
Il mérite mieux que toi.
— 76...
Maman a raison. Maman a raison.
Il trouvera mieux.
— 77...
Il ne t'aimera jamais.
Il ne t'aimera jamais.
Il ne t'aimera jamais.
— 79 MILLIONS DE DOLLARS BEBE !
Je sursautai violemment et mon cœur faillit sortir de ma cage thoracique
alors que Jacob sautait partout comme un taré. Il me secoua pour partager
sa joie et au même moment.
Nous entendîmes la porte se déverrouiller.
Kai arrivait avec...une boite ?
— ON A ATTEINT LA SOMME MEC ! hurla Jacob fou de joie, IL Y
A 79 MILLIONS DE PUTAIN DE DOLLARS !
Kai souffla presque de soulagement. Et me lança un regard.
— Appelle Mason, dis-lui qu'on a la totalité, ordonna Kai sans me
lâcher du regard, viens avec moi.
Je passai nerveusement ma main dans mes cheveux, et le suivis dans sa
chambre.
— Assieds-toi.
Mon cœur battait la chamade, et je le vis fermer la porte de sa chambre,
nous enfermant dans la pièce.
— C'est quoi ça ? osai-je demander curieusement.
Il me tendit la boite trouée assez lourde et me dit :
— C'est pour toi.
J'écarquillai les yeux en regardant la boite. Quelque chose remuait à
l'intérieur et mon cœur s'emballa à nouveau lorsque je commençais à
l'ouvrir.
— Je sais que tu vas te faire chier toute seule sans Rufus...
Un hoquet de surprise s'arracha de ma bouche lorsque je vis un animal en
sortir. Un chaton.
Un sanglot s'ensuivit, lorsqu'il poussa un miaulement aigü puis releva ses
yeux vers moi, me captivant de son regard. C'était un Sphynx aux yeux
vairons.
— Tu as dit dans ton imaginaire, tu avais un Sphynx...peut-être
qu'avec celui-là, tu aimeras tes yeux autant que tu aimeras les siens.
J'attrapai le chaton qui reniflait mes doigts, complètement choquée par ce
que Kai venait de faire.
— Kai...je...
— C'est une femelle, je ne lui ai pas donné de nom...elle est à
toi...donc...euh...
Je déposai le chaton et me levai, mes bras s'enroulèrent brutalement
autour de son cou. Et mes larmes s'échappèrent de mes yeux.
— Je veux l'appeler Red...merci beaucoup je-
— Kai ? nous coupa Jacob derrière la porte, Mason veut nous
voir...tous les trois, ce soir.
_____________
Hey !
Parce que de votre côté, vous m'avez fait la surprise avec cette vidéo sur
Instagram (merci à Elsa, yousra et toutes les personnes qui ont participé à
ça) i love you so much I'm crying.
Anywayyyyy LETS TALK ABOUT THIS CHAPTER ! C'est l'avant
dernier et je tremble d'excitation ! MEET THE NEW KID RED ! J'aime les

And I love the beginning 🙃🙃


sphynx alors mes personnages aussi.

❤️
A très bientôt pour le dernier chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses !
With love. S
Instagram: sarahrivens
52. Stade final

Iris
— C'est bon ?
— Normalement oui, soufflai-je en déposant le dernier carton chez moi,
vous aviez vraiment pensé à ramener mon fer à boucler ?
Jacob haussa les épaules et me lança un sourire. Puis répondit
simplement :
— Vernon.
Je vis son regard changer légèrement, me faisant esquisser une
expression désolée tandis que la culpabilité me rongeait de l'intérieur.
Pourquoi j'ai posé cette question putain ?
Bien sûr que c'est Vernon.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Pourquoi tu l'as appelé « Red » ? m'interrogea curieusement Jacob.
Mon cœur s'emballa en entendant sa question alors qu'il observait le
chaton découvrir mon appartement.
Elle fourrait son nez sur mon canapé vert et je m'empressai de l'en
éloigner à l'instant où je la vis faire ses griffes dessus.
On ne touche pas au canapé vert.
— Red ?... Euh je sais pas... je voulais continuer avec la lettre R... et
puis... j'aime bien cette couleur, alors...
Il me lança un sourire amusé en me voyant bégayer. Je n'avais pas
vraiment menti... j'avais juste enjolivé la chose.
Red pour le Box... pour les fraises... le rouge.
La fraise...pour le goût.
Le rouge...pour cette couleur absorbante.
— Vernon l'aurait vanné toute la journée à cause de sa... race. Je
pensais qu'ils n'avaient pas de poils, mais ils ont du duvet, la sensation
est bizarre.
Je fronçai les sourcils et répliquai sarcastiquement en défendant mon
chaton :
— Le comble venant d'un chauve.
L'idée qu'on critique les humains, j'étais habituée. Mais pas les animaux,
encore moins Red.
D'ailleurs... sa race est excessivement chère, avec sa particularité, elle a
dû coûter une blinde...
Jacob rit et je souris en secouant la tête. L'absence de Vernon avait créé
un vide.
Personne n'avait été préparé à son départ, aussi rapide et brutal.
...Sauf Kai.
— Tu... tu as des nouvelles de lui ?
Jacob hocha la tête. Et mes sourcils se haussèrent d'étonnement.
Il avait accepté de lui parler ?
À quel moment ?
— Je comptais lui parler lorsque tout ça sera fini, que tu seras en
sécurité et qu'on aura terminé notre mission avec Mason, souffla-t-il en
rangeant les boîtes sur le côté, j'ai besoin d'explications. C'est tout ce que
je demanderai.
Jacob n'était plus le même depuis l'histoire avec Vernon, et je voyais qu'il
essayait de ne rien montrer devant Kai.
Même si je savais que Kai ne voulait que le protéger, je comprenais aussi
le point de vue de Jacob.
Il savait que Kai ne pouvait pas se mettre à sa place.
Qu'il n'allait pas forcément tout comprendre.
— Tu comptes le dire à Kai ? l'interrogeai-je alors qu'on s'installait tous
les deux sur le canapé.
Son regard me croisa et une fine grimace s'afficha sur ses lèvres. Me
laissant comprendre que lui-même n'avait pas la réponse.
Ce que je comprenais davantage.
— Ne lui dis rien avant d'avoir parlé à Vernon, le conseillai-je en
caressant la petite tête de Red, il est très protecteur envers toi, il refusera
que... tu le revoies.
Jacob demeura silencieux un court instant. Et acquiesça.
— Je sais qu'il ne comprend pas, soupira-t-il en regardant le chaton,
mais je ne lui en veux pas, je sais que c'est pas de sa faute. Et puis... il a
essayé à sa façon de me prévenir. Il ne lui a jamais fait confiance !
Un petit rire s'échappa de mes lèvres. Il avait raison. Kai n'avait jamais
montré sa confiance pour Vernon.
Je me rappelais de cette soirée à l'Organisation ; lorsque Vernon avait
passé son bras autour de mes épaules, Kai l'avait fusillé du regard.
J'avais trouvé complètement surréaliste sa réaction, puisque je pensais
que Vernon était complètement gay.
Mais Kai savait plus de choses que nous deux.
— Tu... tu l'aimes... encore ?
— Bien sûr Iris, me répondit Jacob en me lançant un regard blasé, tu
crois que je vais oublier une personne que j'ai aimée pendant 4 ans ?
Pour qui tu me prends, Kai ?
Mon cœur rata un battement en entendant sa blague. Mon sourire faillit
disparaître, mais je le figeai sur mes lèvres.
— Kai oublierait, tu penses ? le questionnai-je d'un air faussement
détaché.
Intérieurement, je paniquais déjà.
— Oui, c'est sûr même, ne t'attends pas à ce qu'il s'attache aux gens.
Ses émotions passeront toujours en dernier plan, il continuerait sa vie
comme si de rien n'était.
Mon cœur battait à la chamade, et les pires scénarios se composaient
dans mon esprit. Il pouvait oublier quelqu'un qu'il avait aimé, faire comme
si de rien n'était ?
Mes pensées commencèrent à faire beaucoup de bruit dans mon esprit, et
je n'arrivais plus à ignorer mes angoisses.
Est-ce qu'il comptait m'oublier, prétendre que rien ne s'était passé ?
Est-ce qu'il comptait partir ?
Voulait-il seulement me baiser pour ensuite s'en aller ?
Est-ce qu'il pensait toutes les choses qu'il m'avait dites ?
Oui il les pense. Il ne ment pas.
Non, il ment et tu n'en sais rien.
Il compte me laisser tomber après ça.
Je suis sa mission, c'est tout.
Mais il m'a offert un chaton...
Parce qu'il se sent coupable, c'est tout.
— Arrête de réfléchir Simones, souffla Jacob en me ramenant à la
réalité, je ne pourrais pas te rassurer et te dire qu'il se rappellera ton
existence. Mais pour une fois... je ne peux pas affirmer qu'il t'oubliera.
Il venait de me tendre une petite ficelle d'espoir à laquelle je
m'accrochais, comme un fil d'Ariane qui, même si je savais pertinemment
que je tomberai dans la vie, serait assez solide pour me sortir du labyrinthe
de mes doutes.
Je voulais qu'il se souvienne de moi.
J'avais ce besoin d'être cette exception, pour me prouver à moi-même que
quelqu'un me considérait.
Que quelqu'un n'envisageait même pas l'idée de me perdre.
— À quelle heure on doit aller voir Mason ? D'ailleurs, pourquoi il
nous a appelés tous les trois ? demandai-je en fronçant légèrement les
sourcils.
— J'en sais rien, et j'ai un mauvais pressentiment. Il n'y a pas de
raison, surtout qu'il a déjà parlé à Kai ce matin.
Il a parlé à Kai ce matin ?
Je me tournai vers Jacob et il acquiesça en détaillant :
— Kai était avec lui ce matin, d'où le fait que je trouve ça bizarre...
m'enfin, c'est Mason. Tout ce qu'il fait est suspect.
— Mason est le seul dirigeant de l'Organisation ?
— Pourquoi cette question ? Me répondit-il par une autre question en
arquant un sourcil.
Je haussai les épaules et répliquai en lui partageant mon intuition :
— Je sais pas, j'ai l'impression qu'il n'est pas tout seul à diriger.
— Tu sais trésor, moins t'en sais, mieux tu te portes, souffla Jacob en
tirant une clope de son paquet de cigarettes, c'est pas le genre
d'informations que t'aimerais connaitre. Ça te met en danger plus
qu'autre chose.
— Après tout ça, je ne serai plus exposée à eux, rappelai-je en essayant
de lui soutirer des informations du mieux que je pouvais, je veux juste
comprendre comment ça fonctionne et de quoi c'est parti. Pourquoi
mon père est mêlé à l'Organisation ? Déjà, comment il a connu
l'Organisation ?
Jacob ferma les yeux et reposa sa tête contre le canapé. Ses yeux se
rivèrent au plafond et il cracha sa fumée avant d'inspirer profondément.
— Ton père savait que c'était sa dernière chance de prendre ce fric,
c'était sa vengeance personnelle. Je crois qu'ils ont eu un différend...
enfin je sais pas, Mason ne nous a pas dit pourquoi ils avaient eu cette
merde entre eux.
— Comment ça, c'était sa dernière chance ?
Il se tourna vers moi.
— Iris...
— S'il te plait, l'implorai-je du regard, j'ai besoin de savoir pourquoi
mon père a fait ça. Et pourquoi maintenant.
Presque cinq minutes s'écoulèrent sans qu'il ne dise rien.
Alors que mes pensées s'emplissaient de questions sans réponses, de
suppositions, d'angoisses en tout genre.
Je voulais tout savoir, ou du moins, les choses les plus importantes à
connaitre sur cette histoire.
J'y étais mêlée contre ma volonté, j'avais eu moins droit à ça.
—... Mason ne pourra plus diriger dans un an et demi, parce que ça
sera au tour du père de Kai, commença Jacob en se pinçant l'arête du nez,
et ton père le sait. Il sait que Mason est facile contrairement au père de
Kai. C'est même ridicule à quel point Mason est inoffensif comparé à
l'autre.
Mon cœur rata un battement lorsque je compris que le père de Kai
dirigeait lui aussi l'Organisation...qu'il était toujours vivant.
« C'est même ridicule à quel point Mason est inoffensif comparé à
l'autre. »
— Comment mon père sait ça ?
— Parce qu'il sait comment fonctionne l'Organisation, il en était l'un
des actionnaires. Mason a cinq années au pouvoir qui sont dans ses
droits absolus, et cinq autres qui peuvent lui être octroyées à l'issue
d'un vote entre les membres de l'Organisation. Mais dix ans, c'est le
maximum, ensuite, il doit céder la place. Pour faire simple, le père de
Kai dirigeait il y a quinze ans déjà, mais les membres de l'Organisation
ont voté contre lui, donc ce fut le tour de Mason. Après ces cinq années,
les cons de l'Organisation ont voté pour que Mason soit à nouveau leur
dirigeant des cinq prochaines années. Et aujourd'hui, ces dix années
touchent à leur fin.
Les informations que venait de me donner Jacob me firent frissonner.
J'ignorais comment fonctionnait l'Organisation, même si je me doutais que
Mason n'en était pas le seul dirigeant.
Mais je n'avais pas pensé que le père de Kai en faisait partie.
Et que mon père était l'un des anciens actionnaires.
Cinq ans de pouvoir pour l'un et l'autre, et cinq ans par vote par les
membres.
Est-ce que Jacob et Kai avaient voté ?
— Mais pourquoi les membres ont voté contre le père de Kai ?
l'interrogeai-je.
— Ça fait cinq ans de vacances supplémentaires, bâilla Jacob en
s'étirant, personne ne voudrait revoir le tyran de l'Organisation.
Vraiment personne.
Le Tyran de l'Organisation.
— Pourquoi personne ne... ne veut l'avoir au pouvoir ?
— Parce que personne ne veut suivre ses décisions, Iris. Le retour
d'Alhan signifie un retour aux fondements violents de l'Organisation. Il
ne ressent aucune empathie. Avoir Mason comme dirigeant protège
tous les autres d'Alhan.
Alhan...
— Quand tu dis les membres, tu parles des mercenaires de
l'Organisation ?
Il hocha la tête.
— Vous aviez aussi voté ? Quand y a eu ce vote ?
Jacob secoua négativement de la tête, et me rappela :
— On ne travaille pas pour l'Organisation, on a pas ce droit-là. On
travaille avec Mason, c'est tout.
— Et le père de Kai j'imagine, soupirai-je.
Il lâcha un petit rire.
— Le père de Kai ne sait pas que son fils travaille avec Mason.
Mason sait garder un secret quand c'est dans son intérêt.
Donc le père de Kai ignore que son fils travaille avec Mason... ok...
pourquoi ils doivent garder ça secret ?
Mason savait que Kai était très doué en tant que mercenaire, là était son
intérêt.
Mais pourquoi garder ça secret ?
La cure...
— Mais... le père de Kai ne vient pas à l'Organisation ?
— Rarement, en plusieurs années, je ne l'ai jamais croisé. Il n'a pas
besoin de se déplacer, Mason va à lui le plus souvent.
— Il sait pour l'argent ?
Jacob haussa les épaules, puis secoua négativement la tête en guise de
réponse avant de dire :
— Mason ne va absolument pas avouer qu'il s'est fait voler autant
d'argent, il n'assumerait pas ça devant Alhan.
Red se frotta contre ma main et un sourire étira mes lèvres. Pendant que
je regardais mon chaton, mes pensées envahirent de nouveau mon cerveau...
Alhan.
Alhan Lakestone.
C'était donc cette personne qui était l'un des pires cauchemars de Kai. Le
Tyran de l'Organisation.
Le fait que personne ne votait pour lui me faisait froid dans le dos. Ils
étaient deux, l'un était aimé parce qu'il ne poussait pas les autres dans leurs
retranchements.
L'autre était craint pour sa tyrannie.
Je ne voulais pas savoir jusqu'où il pouvait aller dans ses décisions,
jusqu'où il les poussait dans leurs limites.
— Bon, il faut qu'on y aille. Plus vite on terminera avec Mason, plus
tôt on en finira avec cette histoire Trésor, c'est limite le dernier chapitre
de notre petite histoire, non ?
Je hochai la tête, un petit sourire aux lèvres.
...Le dernier chapitre de notre petite histoire.
C'était fou de voir à quel point les choses avaient changé en si peu de
temps.
Au départ, je pensais qu'on m'avait kidnappée pour une rançon, puis au
final c'était uniquement pour me protéger de ceux qui voulaient vraiment
ma peau.
— Kai va reprendre son fric ?
Jacob pouffa de rire.
— Tu parles des deux millions ? Si oui, il s'en fout Iris. L'argent lui
importe peu.
— Il m'a kidnappée pour ça je te rappelle, lâchai-je sarcastiquement.
Il émit une expression blasée.
— Après des mois auprès de nous, comment tu fais pour rester aussi
innocente ?
°°°°
Une heure plus tard. À quelques kilomètres d'Ewing.
Nous avions essayé d'appeler Kai à plusieurs reprises sans succès. Sa
moto était garée près de la maison, mais aucun signe de Lakestone.
— Vas-y je t'attends là, me dit Jacob en arrêtant le moteur de la voiture,
s'il dort réveille-le on doit y aller. S'il prend sa douche, coupe l'eau, ça
suffit.
Je me pinçai les lèvres pour ne pas rire et quittai le véhicule en direction
de la maison.
Je déverrouillai la porte d'entrée et très vite, je remarquai que le salon, et
même l'intégralité de la maison, était plongé dans le noir.
Il est ici ?
Je m'avançai près des chambres, passant à côté de l'ancienne qui m'était
dédiée.
« Voilà ta nouvelle demeure, je l'ai appelé "Level 2" tu évolues très vite

Ce souvenir m'arracha un sourire, mais mes lèvres s'entrouvrirent au
moment où un bruit se fit entendre.
Mon corps se glaça lorsque des notes de piano se firent entendre. Une
mélodie qui m'était familière, accélérant davantage mon rythme cardiaque.
... Ill be seeing you...
...in all the old familiar places...
La chair de poule recouvrit mon épiderme alors que je m'avançai vers les
chambres, les jambes tremblantes en voyant la porte de sa chambre
entrouverte.
Ne rentre pas...
Ne rentre pas...
Ne rentre pas...
Rentre...
Mes pas, animés par la curiosité, me guidèrent jusqu'à la porte. J'avais la
boule au ventre en me remémorant ses épisodes psychotiques et colériques.
La porte grinça légèrement lorsque je la poussais davantage, et mon cœur
s'écrasa au sol devant ce que je voyais.
Oh... putain...
La porte de la pièce secrète était à moitié ouverte, la bibliothèque qui
habituellement la cachait avait été décalée, offrant libre vue sur la pièce.
J'étais pétrifiée, mon cœur ne voulait pas s'arrêter de tambouriner, je
pouvais le sentir pulser le long de mon corps jusqu'au creux de mes lèvres.
Mes oreilles bourdonnaient tant la pression de mon sang était forte, mes
yeux restaient fixés sur l'intérieur de cette pièce...
Et sur le corps de Kai dos à moi.
Je pouvais voir d'ici sa respiration saccadée. Mais aussi des miroirs, des
miroirs qui recouvraient presque l'intégralité des murs. Et au-dessus, un
néon défectueux clignotait.
Mon corps était complètement gelé. La vision des taches de sang, des
bleus sur le corps de Kai et des fissures contre les miroirs m'horrifiaient.
Mais alors que je tentai de refermer la porte, cette dernière grinça.
Quelques secondes à peine avant, la musique s'était arrêté.
Kai fit violemment volte-face. Et mon souffle se rompit brutalement
lorsque nos regards se croisèrent.
L'effroi fit briller l'étincelle de nos iris qui se lièrent. Son front était en
sang, sa lèvre fendue, ses phalanges tachées de bleus qui n'étaient autres
que son sang bloqué sous sa peau.
— Je-
Les mots me manquaient alors qu'il me fusillait du regard. Mon âme
menaçait de quitter mon corps en voyant la haine dans son regard assassin.
— Qu'est-ce que tu fais ici ?
Le ton tranchant de sa voix cisailla mon cœur. Mes poumons se
comprimèrent à la vue de ses muscles tremblants de colère contenue.
Aucune parole n'arrivait à quitter le bord de mes lèvres. Je n'arrivais pas à
lui donner la moindre réponse alors que son regard ne quittait pas mon
visage.
— Qui t'a laissée entrer ?
Encore une fois, le nœud dans ma gorge coupait ma voix.
— Réponds-moi.
Aucune réponse.
— RÉPONDS-MOI ! cria-t-il soudainement.
Je sursautai violemment et la panique me gagna. L'adrénaline se déferla à
l'intérieur de mes veines.
— La... la porte était ouverte... on a essayé de t'appeler sur ton
téléphone... et... bafouillai-je encore sous le choc de ce que je voyais.
Ses yeux étaient rouges, son visage était pâle et en sueur. Son corps entier
tremblait, mais bien que j'avais cru que c'était de la colère, je n'étais plus
sûre que ce ne soit pas comme moi... de la terreur.
— Personne ne t'a autorisée à venir ici.
Sa respiration se saccada violemment et pour la première fois, j'eus peur
qu'il n'arrive pas à se contenir.
Je ne connaissais pas cet aspect de sa personne.
Je ne l'avais jamais confronté sous cet état. Et ça me pétrifiait.
Je me sentais tellement mal... comme si j'avais découvert quelque chose
qui n'était pas prêt à être découvert maintenant.
— Je ne pensais pas que... je croyais que tu dormais... désolée je-
— Tu sais quoi Iris, me coupa-t-il en serrant les poings, j'ai putain de
hâte que tu sortes de ma vie ce soir, t'es vraiment putain de stupide.
Ses mots me heurtèrent violemment et ma gorge se noua. Mon corps se
crispa, la colère se mêla à ma peine et ma culpabilité m'étouffa.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
— Tu n'es personne pour rentrer dans ma chambre sans mon accord,
tu n'es personne pour moi pour pouvoir le faire, cracha-t-il d'un ton plein
de dégoût en m'assassinant des yeux.
Sa première phrase m'avait paralysée, mais la seconde m'acheva encore
plus. Les larmes me montèrent violemment aux yeux.
« Tu n'es personne pour moi »
Je t'ai laissé voir mes yeux...
Mon souffle était saccadé, ma gorge me faisait mal alors que je retenais
mes sanglots provoqués par les mots de Kai, encore bruyants dans mon
esprit.
Le mercenaire me fixait, sa mâchoire contractée et le meurtre dans ses
yeux.
— Tu es horrible...
Un rire mauvais s'échappa de ses lèvres, et il répliqua sèchement :
— C'était pas toi qui disais que j'étais monstrueux ? Oui Iris, je suis
horrible. Et je le resterai.
Il leva légèrement les bras, l'arrogance dans son geste aussi limpide que
la colère qui faisait trembler ses membres.
— À quoi tu t'attendais ? Tu as des secrets, et j'en ai aussi, dit-il d'un
ton tranchant avant de claquer violemment la porte de la pièce secrète, la
différence c'est que tu n'es même pas foutu de respecter les miens. Tu
n'es pas si différente au final-
— Mais j'ai pas fait exprès ! m'exclamai-je subitement.
— J'EN AI RIEN À FOUTRE QUE TU L'AIES FAIT EXPRÈS OU
NON, SORS D'ICI PUTAIN !
Une larme coula le long de ma joue alors que la rage en moi faisait
chauffer mes joues.
Ses mots étaient faits pour me blesser et ils réussissaient sans le moindre
effort.
Je te déteste.
Il s'approcha de moi, sans me quitter du regard un instant. Du sang coula
le long de son nez, mais ça ne le dérangeait pas une seule seconde.
Son souffle se mêla au mien et il grogna d'un ton mauvais :
— Pourquoi tu ne veux pas partir Iris ? C'est quoi qui te retient ?
...Toi.
— Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête, lâcha le mercenaire
toujours dans la confrontation, tu t'attends à quoi ? Que je te laisse
rentrer juste pour que tu te sentes différente ?
Ses mots me tranchaient le cœur et comprimaient mes poumons alors que
mes pieds refusaient de bouger.
Il voulait me blesser, c'était tout ce qu'il cherchait à faire.
Il ne le pense pas.
Il ne le pense pas.
Il le pense.
Il était furieux, sa respiration saccadée s'écrasait contre ma peau et je
commençais à reculer sans le lâcher du regard, alors que la peine
m'enveloppait de plus en plus.
Je n'étais pas de celles qui transformaient sa colère en rage, lorsque j'étais
furieuse, je pleurais.
Je n'étais pas de celles qui laissaient mes paroles dépasser mes pensées,
mais celle qui laissait sortir des vérités que je ne voulais pas dire.
— Tu as raison, Kai... tu es horrible, et tu le resteras.
« Tu n'es personne pour moi »
Son corps se crispa instantanément, et je sentis de nouvelles larmes
quitter mes yeux tandis que je me rappelais ses paroles horribles.
Pourquoi à chaque fois que je m'attachais à quelqu'un, il finissait par me
rejeter ?
De la pire manière. Comme si je n'avais jamais compté.
Des paroles passagères pour eux, un rappel éternel pour moi.
— Content de savoir que tu me vois comme moi je me vois, cracha-t-il
après quelques secondes, parce que je te vois exactement comme tu te
vois aussi. Putain de stupide.
Et il venait de m'achever.
En quelques mots, il venait de me détruire. Et de détruire le peu de
confiance en moi qu'il me restait.
Stupide.
Stupide.
Stupide.
Il était comme les autres, il me voyait tel que je me voyais. Tel qu'ils me
voyaient tous.
Si j'avais su que ça se terminerait comme ça, je ne serais jamais rentrée.
Si j'avais su à l'avance qu'il allait dire ça, aurais-je eu assez de courage
pour l'affronter ?
Pour le voir tel qu'il était ?
Les lèvres tremblantes, je le fixais, incapable de dire quoi que ce soit. Il
me regardait, spectateur de ma peine.
— Je... j'ai toujours pensé moi aussi que tu serais... différent, que tu
me comprenais plus que tout le monde.
Il me fixait, sans me couper, alors que ma peine se déversait sur mes
joues et prenait possession de mes mots.
— Que tu me verrais comme je n'arrivais pas à me voir, lâchai-je
alors que mes sanglots se bloquèrent dans ma gorge, je sais pas ce qui s'est
passé dans ma tête, peut-être que je suis juste stupide d'avoir cru une
seule seconde que tu pouvais faire ça, Kai ? Peut-être que toutes les
bonnes choses que tu as faites avec moi... ce n'était que dans ma tête.
— Complètement.
Un rire mauvais s'échappa de mes lèvres. Un rire qui se moquait de ma
personne.
De ma naïveté.
— Je suis soulagée d'avoir appris ça maintenant, crachai-je alors que
ma peine commençait à prendre le pas sur ma rage, je sentais que je
commençais à tomber amoureuse de ta gueule.
Son visage se figea subitement, et son corps se tendit à nouveau alors que
je secouai la tête, déçue de ma propre personne encore une fois.
Déçue de mon cerveau qui l'avait idéalisé parce qu'il m'avait donné
l'attention que je demandais.
Parce qu'il m'avait écoutée, parce qu'il m'avait considérée, et parce qu'il
avait respecté mes yeux.
Le minimum que je n'avais jamais eu.
— Alors va te faire foutre, et merci de m'avoir ouvert les yeux.
°°°°
Minuit passé. Près de l'Organisation.
« J'ai putain de hâte que tu sortes de ma vie ce soir »
Je me rappelai de l'instant comme s'il venait de se produire. Ses mots
tournaient en boucle dans mon esprit et n'arrêtaient pas de me broyer de
l'intérieur.
Ma vue s'embua de nouveau. J'avais expliqué la situation à Jacob, et tout
ce qu'il avait su me dire c'était :
« Il ne le pensait pas »
Et pourtant, il l'avait dit.
Il avait dit tout ce qui était dans sa tête à ce moment précis, et j'étais
incapable de croire qu'on ne pensait pas ce qu'on disait.
Pourquoi le dire alors ? Pour me blesser ?
Pourquoi vouloir me blesser dans ce cas ?
Je sentais une larme couler sur ma joue alors que ses paroles me
revenaient de nouveau. Sa voix et ses mots avaient effacé toutes les choses
dont j'avais espoir.
Moi qui avais peur qu'il me tourne le dos, réalisais qu'il avait hâte de le
faire.
Moi qui voyais l'importance qu'il avait pour moi, avais compris que je
n'en avais aucune à ses yeux.
— Il est là, soupira Jacob en voyant une moto arriver.
La rage coulant dans mes veines, je décidai de l'ignorer.
Il avait hâte que je quitte sa vie ? Parfait. C'était comme si c'était fait.
— On y va.
Je quittai la voiture alors que la moto du mercenaire vint se garer à côté
de moi, et son odeur emplit mes narines.
— Quel beau début de soirée, souffla sarcastiquement Jacob en nous
lançant un regard.
Je demeurai muette, et le mercenaire également. Je ne voulais pas croiser
son regard, je ne voulais même pas le voir.
Ses mots me siphonnaient de l'intérieur, il voulait me blesser ? Il avait
complètement réussi.
« Tu n'es personne pour moi pour le faire »
Ma gorge se noua encore une nouvelle fois, et j'étouffai ma peine en
m'avançant aux côtés de Jacob, tentant de ne plus y penser.
Même si ça criait dans ma tête. Chaque seconde revenait comme un
disque rayé. C'était insupportable, violent.
« Je ne pourrais pas te rassurer et te dire qu'il se rappellera ton
existence »
Je voulais pouffer de rire face aux paroles sans convictions de Jacob.
Maintenant, j'avais la réponse du concerné.
Nous entrâmes à l'intérieur de l'Organisation. L'air froid de ce mois de
janvier me faisait trembler et gelait mes doigts presque autant que le bout de
mon nez.
Il devait être minuit et demi, et seules quelques personnes sortaient du
grand bâtiment. Ce lieu n'était jamais énormément rempli, Jacob m'avait dit
que la plupart ne venaient que pour valider leurs missions.
En s'en faire assigner d'autres. Peut-être.
Je ne comprenais pas entièrement le fonctionnement de l'Organisation, et
même si ça m'intriguait lourdement, je ne voulais pas trop en savoir.
Je ne voulais plus rien savoir de son monde.
— Comment on fait pour l'argent ?
— On le lui donnera après qu'il nous dise ce qu'il veut nous dire,
grogna Kai encore aussi en colère que moi.
Nos chaussures claquaient contre le sol alors qu'on montait les marches
de cet endroit silencieux.
Mon cœur s'emballait à chaque fois que je venais ici, comme un shoot
d'adrénaline, d'angoisse.
Mon corps n'aimait pas ce lieu, et il ne l'aimerait sûrement jamais.
C'est la dernière fois que je remettrai les pieds ici de toute façon.
Je vivais les dernières heures de cette période de ma vie, cette période
terrifiante... chaotique, et qui venaient d'aboutir sur ce dernier épisode avec
Kai qui me rongeait de l'intérieur.
Nous montâmes un nouvel étage et très vite, nous nous retrouvâmes à
l'intérieur d'un silencieux couloir. La voix de Mason parvint à mes oreilles
alors qu'on s'approchait de son bureau.
Jacob à côté de moi poussa un soupir fatigué, quant à Kai, je n'en savais
rien. Ce con était derrière moi, à deux doigts de coller mon cul.
Enfoiré.
— ...Mais bien sûr que tu pourras le faire, râla la voix de Mason
derrière la porte, c'est tous, pour la plupart, des nouvelles recrus, ils ne
savent rien pour l'instant.
Je sentis mon cœur rater un battement au moment où un sifflement se fit
entendre à l'intérieur de la pièce.
Je le reconnus instantanément.
C'était le même fredonnement. Le même... sifflement que...
Le même que celui de Kai.
Oh putain...
Le corps de Kai se crispa violemment contre moi et Jacob se raidit
instantanément.
J'entendis la respiration de Kai se saccader brutalement derrière moi,
comme s'il hyperventilait.
— Je m'en donnerais à cœur joie.
— Kai... Kai on va reculait doucement ok ? entendis-je murmurer
Jacob alors qu'il se tournait vers le mercenaire.
Je fis de même, mais à ce moment précis, et pour la deuxième fois, je vis
la peur peindre ouvertement le visage de Kai.
La première fois qu'il avait arboré cette expression étant le soir où il avait
halluciné. Je le voyais trembler, tandis que son corps semblait comme
pétrifié, incapable de bouger.
Incapable de parler, il regardait la porte sans un mot. Et je compris.
C'était son père... Alhan Lakestone.
— Iris... recule doucement, me dit Jacob dans un murmure, ne touche
pas Kai. Ne le touche pas.
La peur s'empara de mes tripes, je déglutis difficilement et fis un pas en
arrière en essayant de m'éloigner de Kai.
Mais ses deux mains s'enroulèrent violemment autour de ma taille, me
pressant brutalement contre lui.
La peur animait ses moindres faits et gestes. Il me lâcha brièvement pour
remonter ses manches et afficher ses tatouages où ondulaient des serpents,
avant de reposer ses mains sur moi.
Je tremblais, ridicule, tandis que Jacob examinait les gestes de Kai. Le
mercenaire commença à reculer, m'emmenant avec lui, tremblant autant que
moi.
Il avait peur de son père. Il en était terrorisé.
— Mec...doucement, tu vas exploser sa cage thoracique.
La pression qu'exerçait Kai autour de mes côtes me faisait grimacer, mais
l'adrénaline qui coulait dans mes veines rendait mon corps totalement
insensible à la douleur.
Je me sentais reculer de plus en plus rapidement, ma peur broya mes
organes à l'instant où nous nous éloignâmes du couloir pour prendre les
escaliers.
Prise d'hallucinations auditives, j'entendais continuellement le bruit de la
porte de Mason s'ouvrir.
Kai me relâcha lorsque nous arrivâmes au rez-de-chaussée, Jacob
derrière nous. Le mercenaire était aussi pâle qu'un cachet d'aspirine, il
tremblait et des sueurs froides perlaient le long de son front.
Sa main moite s'enroula autour de mon poignet. Il me tira très vite à
l'extérieur de l'Organisation, ne prononçant toujours aucun mot, comme si
la terreur avait enroulé sa langue, lui qui d'habitude bégayait pendant les
moments angoissants.
Il n'arrivait même pas à émettre le moindre son.
Sa respiration faisait un bruit terrifiant, comme si ses poumons étaient
tellement comprimés qu'il essayait d'aspirer le maximum d'air.
— On s'en va, on lui donne rendez-vous à la falaise, déclara Jacob
sous le coup de la panique, puis on lui donne l'argent et on se barre d'ici.
Kai posa sa main sur son cœur, grimaçant de douleur, tandis qu'il
s'approchait de sa moto.
Il leva la tête vers le ciel, terrifié, et Jacob posa ses deux mains sur le
visage en sueur de son meilleur ami pour le ramener à lui.
— Démarre, on se rejoint là-bas, il n'y viendra pas. Tu m'entends ?
Kai était en hyperventilation. Il était incapable de se calmer, sa
respiration était de plus en plus bruyante et ses mains vibraient, la chair de
poule enveloppait sa peau pâle.
Il était en état de choc. Complètement désemparé.
Il venait d'entendre sa plus grande peur. Son père.
— Il peut conduire ? demandai-je en regardant Jacob.
— Monte dans la voiture, je prends la moto, ordonna Jacob en le tirant
vers la voiture, Iris va conduire.
Mon cœur fit un bond, la voiture était beaucoup trop puissante pour moi.
Mais putain t'as pas le choix.
Je m'installai sur le siège conducteur avec la boule au ventre alors, et
examinai rapidement la voiture. Mes poumons se comprimaient à l'angoisse
de ne pas pouvoir la conduire.
Jacob poussa Kai à l'intérieur de la voiture alors que ce dernier avait de
plus en plus de mal à respirer.
— Tu peux gérer ?
— Je ne sais pas, lâchai-je en sentant ma gorge sèche, elle est puissante
putain.
— T'inquiète pas, démarre. Et suis-moi.
La falaise, je ne savais pas où elle était. Je déglutis et bouclai ma ceinture
avant de démarrer, le bruit intense du moteur me donna la chair de poule et
j'appuyai doucement sur l'accélérateur.
Ok... ok... ça va...
Nous quittâmes l'Organisation et je suivis Jacob en essayant de gérer la
voiture absolument trop puissante à mon goût.
Surtout comparé à ma vieille voiture.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas conduit, j'en oubliais mes
réflexes. Mon dos contre le siège, mes yeux ne quittaient pas la route et
Jacob devant moi.
La respiration de Kai ne voulait pas se calmer, et mon inquiétude ne se
faisait que plus grande.
Il faisait une crise d'angoisse.
— Kai, on est loin de lui, d'accord ?
Sans le regarder, je tentai de le rassurer. Toute la rage que j'avais
accumulée contre lui venait de s'évaporer, rien ne comptait à mes yeux
autant que l'idée qu'il se calme.
Sa jambe bougeait nerveusement, et j'accélérai davantage en voyant la
moto s'éloigner.
Je n'arrivais pas à me concentrer sur Kai, ma pointe d'accélération
accaparait l'entièreté de ma concentration.
— Plus vite...
J'entendis Kai souffler sa demande et la panique me gagna. Il voulait que
j'aille plus vite ?
— Accélère... il va nous retrouver...
Je fis ce qu'il me dit dans l'espoir qu'il se calme même si je paniquais
comme une folle. Puis, Jacob agita son bras, me demandant de ralentir, et je
grimaçai.
Je ne savais pas qui écouter.
— Accélère putain...
L'impatience dans son ton se décuplait à mesure qu'il reprenait ses
esprits.
Mais je devais m'en tenir à la demande de Jacob.
— Accélère merde !
Mais il est sérieux ce con ?
— Non Jacob m'a dit de rester à cette vitesse, crachai-je en fronçant
les sourcils d'agacement, calme-toi on est loin-
— ACCÉLÈRE PUTAIN !
— ARRÊTE DE ME CRIER DESSUS ! hurlai-je tout en maintenant
mon allure.
Ma vue s'embua et un sanglot s'étouffa dans ma gorge. La rage se déferla
dans mes veines, tout comme ma terreur, qui animait ma respiration.
La pression constante pesait lourd dans mon corps.
Je voulais juste rendre l'argent et m'éloigner de tout ça. J'étais au bout de
tout ce que je pouvais accepter.
Je venais d'atteindre ma limite.
—... Pardon.
J'en ai rien à foutre de tes excuses.
Mes lèvres tremblèrent alors que ma vue s'embuait mais je ravalai mes
larmes et me concentrai sur la route. Nous roulâmes pendant encore
plusieurs minutes dans un silence pesant.
Sur le chemin, Jacob avait appelé Mason.
Alors que nous approchions de la falaise, je sentais mon cœur
tambouriner de plus en plus, un mauvais pressentiment enveloppant mes
membres.
Une impression horrible planait dans mon esprit, une mauvaise sensation
que je n'arrivais pas à étouffer.
— C'est bon, on y est, me dit Jacob.
Je m'arrêtai à quelques mètres de la pointe de la falaise. À l'extérieur, le
vent glacé faisait trembler l'herbe fine de l'hiver.
La lumière de la lune éclairait le ciel noir et lourd, ainsi que le lac sombre
à plusieurs mètres en bas. Les nuages bas donnaient à cet endroit une
impression lugubre qui me provoqua un frisson.
D'après Jacob, Mason était en route, et apparemment, il sera en
compagnie de Casey.
Bien sûr, il venait avec son fils.
— J'ai la dalle, souffla Jacob encore assis sur sa moto juste à côté de ma
fenêtre, ça va Kai ?
Je ne regardai pas le mercenaire, sachant pertinemment qu'il n'allait rien
répondre. Je ne voulais pas lui parler, je ne voulais pas qu'il me parle non
plus.
« Pardon »
— Je prends ça pour un oui...
— Donne-moi... donne-moi du feu, soupira Kai en direction de Jacob.
Son meilleur ami me tendit le briquet et je le donnai à Kai sans le
regarder. Mes yeux me brûlaient, et le nœud dans ma gorge me rappelait
que je n'avais pas encore déversé ma peine.
Je me retenais alors que ses paroles tourbillonnaient encore dans ma tête.
Les minutes défilaient et le silence planait lourdement autour de nous
trois. Jacob pianotait sur son téléphone tandis que Kai fumait sa quatrième
clope sans un mot.
— Tiens.
Il tira la première latte puis me tendit sa clope. Et pour la première fois,
je secouai la tête négativement, refusant sa cigarette.
Un rire moqueur s'échappa des lèvres de Jacob, et Kai souffla
d'agacement avant de cracher furieusement :
— Ferme-la.
Il explosa de rire et du coin de l'œil, je vis le visage de Kai noyé dans la
colère et l'agacement, ses sourcils froncés et sa mâchoire contractée.
Énerve-toi jusqu'à l'aube.
Je soupirai...un mauvais perdant.
Le mercenaire fulminait et écrasa le bout de la cigarette encore allumée
de son pouce et son index, se foutant de la sensation de brûlure. La clope
éteinte, il l'enfouit dans sa poche.
Et soudainement, il sortit de la voiture en claquant violemment la porte.
Je me tournai vers Jacob qui me lança un sourire malicieux avant de me
dire :
— J'en connais un qui va mal dormir ce soir-
Je sursautai lorsque le bruit d'une balle retentit violemment, et Jacob
pouffa sans bouger d'un poil.
— Raté !
— Je veux pas t'entendre, répondit Kai assez fort tout en pointant son
arme sur son meilleur ami.
Puis, il se retourna face à la falaise.
Mes yeux s'écarquillaient en me rendant compte qu'il avait tiré à
quelques mètres de nous pour menacer Jacob.
— On dirait vous avez gagné vos vies dans un concours, soufflai-je en
passant nerveusement ma main dans mes cheveux.
— T'en fais pas Trésor, il est à deux doigts de brûler la ville entière
parce que t'as pas accepté sa clope, c'est drôle-
Le bruit d'une voiture se fit entendre au loin, et très vite, Kai fit volte-
face pour se rapprocher de la voiture.
Et de monter à l'arrière.
— On n'est jamais trop prudent, soupira Jacob avant de se lever de la
moto, ils sont là.
Une voiture arriva près de la falaise, et se gara à quelques mètres de la
nôtre. Mon cœur tambourinait à l'intérieur de ma poitrine alors que
l'angoisse jouait avec ma respiration.
— Sors.
Une grimace s'afficha sur mes lèvres et je me pliai à l'ordre de Jacob,
quittant la voiture qui me protégeait de Mason.
À l'instant où je sortis, le vent fit virevolter mes cheveux et caressa mon
visage. J'entendais plus loin le bruit des vagues du lac agité.
Le concerné sortit du véhicule et sans surprise, il était accompagné de
Casey.
— Vous n'êtes que tous les deux ?
— Ouais, répondit Casey en ouvrant la portière arrière, vous avez tout ?
Jacob hocha la tête en s'approchant de leur voiture, il ouvrit la portière et
scruta l'intérieur du véhicule sous le regard des deux hommes.
Il vérifiait qu'il n'y avait personne.
— Où est Kai ?
— Dans la voiture, répondit simplement Jacob.
Et l'instant d'après, le mercenaire quitta le véhicule à son tour. Comme si
c'était le signal qu'il attendait, celui qui lui signifiait que la voie était libre.
Dans le cas contraire, Jacob aurait probablement dit qu'il n'était pas là.
Ou fourni une autre excuse.
— Prends ton fric qu'on en finisse, grogna le mercenaire en allant
ouvrir le coffre de la voiture.
— Pas si vite, déclara Mason avec un petit sourire aux lèvres, pourquoi
tu es si pressé de partir ?
Kai ouvrit le coffre où se trouvaient plusieurs mallettes aussi grosses les
unes que les autres.
— Parce que j'ai des trucs à régler, souffla-t-il en se tournant vers le
quinquagénaire, il y en a 15 dans chaque mallette-
— Approche Iris, j'aimerais voir ta blessure-
— Non, cracha Kai en le coupant brutalement, Iris reste ici.
Mason lui lança un regard étonné, et ses lèvres s'étirèrent en un sourire
qu'il ne cherchait même pas à cacher.
— Pourquoi donc ? Tu as peur que je touche à la petite poupée dont
tu commences à t'attacher ?
Poupée...
Kai ne répondit rien, et mon cœur cognait brutalement contre ma cage
thoracique.
— Je ne suis pas attaché.
— Vraiment ? demanda Mason en gardant son sourire, je ne peux que
te croire après tout, tu ne mens jamais.
Un silence terrifiant s'installa, et Mason demanda à Casey de récupérer
l'argent qu'il y avait dans le coffre.
Puis en quelques minutes, Mason venait de retrouver son argent.
Et la mission était enfin terminée.
— C'est bon, déclara Casey en fermant le coffre de leur voiture après
avoir vérifié le contenu des mallettes.
Mason se redressa. Le vent fouettait mon visage et mes tremblements se
firent de plus en plus intenses, dans un mélange d'angoisse et de froid.
— Parfait... tu sais Iris, quelques mois en arrière... je voulais ta mort.
Malheureusement tu as attiré la curiosité et l'intérêt du meilleur de
l'Organisation, commença Mason en s'adressant à moi, il a quand même
préféré te kidnapper pour te protéger plutôt que de se débarrasser de
toi ! C'est surprenant venant de Kai.
— Abrège, dit Kai en le fusillant du regard, on a plus rien à se dire, et
tu n'as plus rien à lui dire.
Mason émit un rire mauvais, et lança un regard à Casey. Ce dernier
acquiesça et ouvrit la portière de sa voiture.
— Malheureusement pour lui, on avait un accord, et il ne devait pas
s'attacher à toi d'une quelconque façon-
— Je ne suis pas attaché à elle, le coupa Kai subitement, j'en ai rien à
foutre.
Mes sourcils se froncèrent lorsque je vis Casey sortir du véhicule avec un
ordinateur portable, l'ouvrant à côté de nous.
— Bien sûr que tu n'en as rien foutre, c'est ce que tu me disais après
tout ce matin.
Et Casey cliqua sur un enregistrement audio, le volume était si fort qu'on
l'entendait à travers le souffle du vent.
La voix de Kai fut la première chose qu'on entendit :
— « ...T'inquiète pas, même si tu me demandes de la tuer je le ferai, les
yeux fermés. J'en ai vraiment rien à foutre de sa personne, je ne sais pas
pour qui tu me prends. »
Nous entendîmes une voix marmonner quelque chose d'inaudible, puis la
voix claire de Kai renchérir :
— « Elle s'est attachée à moi parce qu'elle a la dalle d'affection, je
trouve ça juste pathétique. J'ai juste hâte qu'elle sorte de mon quotidien
surtout, et toi aussi. »
Les mots traversèrent mon cœur et nouèrent ma gorge. Ma vue s'embua,
mais je ne voulais pas lui montrer que ça m'atteignait.
Je ne voulais pas lui montrer qu'il m'atteignait.
— Bien sûr que des belles paroles... puisque même avec tout ça, tu as
quand même réussi à lui faire rompre notre accord.
Et à cette seconde, mon cœur s'écrasa au sol.
Kai se crispa violemment et Jacob se raidit. Je voyais que le mercenaire
essayait de ne pas se laisser submerger par ses émotions.
Il restait impassible, les sourcils froncés, le regard grave et figé, alors que
le vent ébouriffait ses cheveux en pagaille et faisait onduler son pull sur son
corps.
Casey tourna l'écran de son ordinateur vers moi, me lançant un regard
désolé.
Et une vidéo se lança.
Mes lèvres s'entrouvrirent et mes yeux s'écarquillèrent... Vu la
luminosité, la vidéo se déroulait en soirée.
Elle nous montrait, Kai et moi, assis dans le salon, nos deux corps près
l'un de l'autre, tandis que nous nous embrassions.
...Action ou vérité.
La panique s'empara de moi à l'instant où Kai prit son arme et tira sur
l'écran.
D'un geste rapide, Casey tira son arme et la pointa sur Kai qui hurla :
— ESPÈCE D'ENFOIRÉ !
Mason rit cyniquement. Grâce à l'angle de la vidéo, je compris que la
caméra avait dû être positionnée face à nous, et le seul meuble face au
canapé n'était t'autre que la bibliothèque.
Et un souvenir me revint en mémoire.
« — Qu'est-ce que tu fais là ? Dit Seth.
— J'ai oublié mon téléphone, dors. »
Mes lèvres s'entrouvrirent à nouveau, le soir où Casey était venu, c'était
le soir où la partie d'Action ou vérité avait eu lieu.
Le soir où Casey avait rodé dans le salon, prétendant qu'il avait oublié
son téléphone.
— Tu n'es pas en position de force pour t'énerver Kai, soupira Mason
en lançant un regard blasé, d'ailleurs Iris, puisque vous êtes si proches
maintenant... Kai t'a parlé de lui ?
— Arrête-
— Mais non ! Pourquoi arrêter garçon ? provoqua Mason, tu devrais
tout lui dire non ?
Kai n'arriva pas à se contenir et très vite pointa son arme sur Mason.
Casey s'approcha et tira à côté du mercenaire pour l'arrêter, et Kai ne
bougea pas d'un poil.
Par réflexe, je me reculai, me rapprochant de Jacob, mais au même
moment, Mason emprisonna mon poignet. Et d'une force qui faillit me
déboîter le bras, il m'arracha des mains de Jacob.
— RELÂCHE-LA ! hurla Kai.
La panique me gagna au moment où une arme se pointa sur ma tempe.
— Pose ton arme, ou je lui explose la cervelle. Histoire de te rappeler
des très bons souvenirs.
Et la peur s'empara du visage de Kai. Son corps se figea instantanément.
Le bras de Mason s'enroula autour de mon cou, rendant ma respiration
encore plus erratique alors que l'angoisse refroidissait mes membres déjà
glacés.
Tout se passait trop vite, et je n'arrivais pas à me calmer. L'emprise de
Mason me terrifiait.
Je vais mourir.
Je vais mourir.
Je vais mourir.
Des sanglots s'arrachèrent de ma bouche, et je sentis l'arme caresser
sournoisement mes cheveux. Le silence fut rompu par le rire de Mason.
— Alors alors... dis-moi Iris, j'imagine que Kai t'a parlé de lui-
— ARRÊTE ! hurla Kai en le coupant.
Mason pressa davantage l'arme contre ma tempe et un sanglot s'arracha
de mes lèvres tremblantes.
— Un mot, et je l'explose, menaça le vétéran.
Le mercenaire se raidit instantanément.
Jacob ne quittait pas Kai des yeux, semblant plus inquiet de l'état de son
meilleur ami que de la situation.
Je vais mourir.
Je vais mourir.
Je vais mourir.
— Où en étais-je... ah oui, j'ose espérer qu'il t'a parlé de lui... et de sa
véritable identité, je me trompe ?
Et mon souffle se rompit soudainement. Mon regard croisa celui de Kai
qui ne m'avait pas quittée, mes pensées chaotiques se mélangeaient.
Le silence planait de nouveau, et Kai secoua négativement la tête, sans
parler.
La rage dans ses iris, l'incompréhension dans les miens.
— Oh... il ne l'a pas fait... petit cachottier, dit-il d'un ton moqueur, il
s'appelle Kai... Kai O'Connell.
Mes yeux s'écarquillèrent en entendant ce nom. Et mes souvenirs
revinrent instantanément.
« Tu t'appelles Amira O'Connell... et je m'appelle Casey O'Connell... et
nous sommes mari et femme pour la soirée. »
Il m'avait dit son nom de famille... son vrai nom de famille. Ce soir-là.
Lakestone n'avait jamais été son véritable nom...?
Je...
— Surprise surprise... est-ce qu'il t'a parlé de son passé aussi ?
m'interrogea Mason. Tout son passé ?
Je ne répondis rien et les yeux de Kai, qui étaient emplis de colère
quelques secondes avant, reflétaient maintenant ses angoisses.
Il était complètement désemparé.
— O... Oui, sanglotai-je dans un mensonge en maintenant mon regard à
celui de Kai.
J'avais menti parce que je ne voulais pas qu'il me raconte le passé de Kai,
je ne voulais pas savoir des choses sur lui sans son consentement.
— Menteuse.
Il me tira violemment par les cheveux, me faisant crier de douleur alors
que je tentai de me défaire de son emprise.
— KAI NE BOUGE PAS-
Un tir retentit et je me glaçai en sentant que Mason avait tiré derrière
moi. J'étais incapable de me tourner. Le visage de l'homme me faisait face,
et un mince sourire s'afficha sur sa bouche.
— Vous êtes si dociles quand on s'attaque à l'autre... enfin !
Maintenant que je sais que vous êtes proches, pourquoi ne pas lui
expliquer la cure, Kai ?
Kai ne dit absolument rien.
Mason me tourna de force à nouveau et je fis face au visage de Kai qui se
décomposait. Jacob retenait son meilleur ami, et je vis que le mercenaire
saignait du bras.
Il avait tiré sur lui.
— Tu sais Iris, ton petit copain ne veut pas revenir à l'Organisation,
alors que l'Organisation l'a créé... c'est ingrat n'est-ce pas ?
Kai tentait de se défaire de l'emprise de Jacob mais ce dernier le retint
fermement. Kai n'avait pas dit un mot depuis la première menace de Mason,
mais il n'arrivait pas à se contenir.
Soudain, Mason s'avança tout en gardant son arme sur ma tempe, et je me
laissais trainer avec lui. La panique me faisait trembler, je ne savais pas où
il m'emmenait et j'étais terrorisée.
Jacob essayait en vain de retenir Kai alors que Mason narguait
ouvertement le mercenaire en passant à côté d'eux.
Nous rapprochant de la falaise.
— Kai m'a dit que tu avais peur du vide... laisse-moi te montrer
comment nous avons créé Kai.
Un hurlement de terreur s'arracha de ma bouche lorsque je me fis pousser
en arrière. Mes pieds se dérobèrent sous moi, et je sentis mon corps tomber
dans le vide. Sur un réflexe, j'arrivai à me retenir, par chance, à la pointe de
la falaise.
Des sanglots violents s'arrachèrent de ma bouche en réalisant que mes
mains moites étaient la seule chose qui m'accrochait à la terre.
Ne regarde pas en bas.
Ne regarde pas en bas.
Ne regarde pas en bas.
Mes jambes se balançaient dans le vide, mes entrailles se retournaient
alors que j'essayais de m'accrocher à la falaise du mieux que je pouvais.
Je criai de panique lorsque la canne de Mason frôla mes doigts.
— Dommage que je ne connaisse pas toutes tes peurs, pouffa Mason,
comment tu te sens ? Tu veux que je te remonte ?
— S'il vous plait... remontez-moi...
Je pleurais de terreur, hyperventilant en sentant mes poumons me faire
mal, mes narines me brûlaient à cause du froid qui entrait et ressortait à une
vitesse folle.
J'entendais le bruit du lac agité qui semblait gagner en intensité en
dessous de moi.
— KAI, ARRÊTE ! cria Jacob.
Puis d'un coup, un hurlement de douleur s'arracha de ma gorge lorsque la
canne de Mason écrasa mes doigts. La douleur fut si forte que je ne les
sentais presque plus.
— Arrête de pleurer, c'est inutile...La cure, Simones, représente la
guérison de tes peurs... tu me remercieras plus tard, souffla Mason avec
un sourire en coin alors que j'essayais tant bien que mal de ne pas glisser,
malheureusement, tu ne réponds pas aux critères de l'Organisation. Tu
es beaucoup trop faible.
« Et pourtant c'est lui que tu appelais, arrête de pleurer maintenant, ça
ne sert à rien. C'est inutile. »
Je me rappelai des mots de Kai lorsque j'avais rêvé de mon père, ces mots
qui ressemblaient à ceux de Mason.
Il écrasa ma deuxième main et mon hurlement se fit plus strident. Mon
estomac se retourna, mes oreilles bourdonnaient, ma tension artérielle
augmentait tandis que le vide sous mes pieds m'attirait inexorablement vers
le bas.
J'allais mourir.
— Mais tu peux être un très bon stade final...
— KAI ! KAI STOP-
Très vite le corps de Mason bascula en arrière et je vis le mercenaire lui
assener un violent coup de poing contre sa mâchoire.
Des tirs se firent entendre et je me fis vite remonter par Jacob. Ce dernier
tirait en direction de Casey tout en me ramenant hors du vide.
La panique me faisait trembler, et je me laissais tomber contre le sol, mes
jambes incapables de bouger. J'étais pétrifiée.
— DIS-LUI DE LE LÂCHER ! cria la voix de Casey, JE VAIS LE
TUER, DIS-LUI DE LE LÂCHER !
Jacob jeta son arme près de moi et partit tirer violemment Kai loin du
vieil homme.
Recroquevillée sur moi-même, je voyais la scène mais leurs voix me
paraissaient de plus en plus lointaines, comme si mes oreilles étaient
bourrées de ouate.
Ma respiration menaça de se rompre lorsque Kai poussa Mason, le
faisant tomber au sol. Et ce dernier pouffa de rire tout en crachant son sang.
— Tu attendais ce moment depuis si longtemps pas vrai ?
— Ferme-la, cracha Jacob.
— Depuis le jour où je t'ai retrouvé, tu attendais ça, qu'est-ce que ça
te fait, Kai ? demanda Mason d'un ton narquois, et si je l'avais fait tomber
dans le vide, toi qui ne sais pas nager, tu l'aurais sauvée ?
Kai avait tout simplement peur de l'eau depuis son enfance.
— J'aurais voulu voir ta réaction, ce que t'aurais fait... c'est mignon,
vous avez tous les deux peurs du vide...
Sans un mot, comme depuis le début, Kai pointa son arme sur Mason. En
réponse, Casey s'approcha et pointa la sienne sur le mercenaire.
Jacob s'interposa et mon cœur s'emballa alors que je tentais de me
relever. Je m'appuyai sur mon coude, la vue embuée par mes larmes et mes
cheveux humides qui s'étaient collés à mon front.
Tout tournait autour de moi, tandis que j'entendis Mason provoquer de
nouveau Kai :
— Mais tu sais garçon que tu ne pourrais pas me tuer. Ni toi ni ton
petit chien qui te suit partout.
Kai tremblait de rage, et Jacob se mit à côté de lui en le tenant par
l'épaule. Lui disant de se calmer, qu'il cherchait à le provoquer.
— Et tu ne pourras pas la tuer non plus... quel gâchis, des années
d'entrainement...
Mon rythme cardiaque s'emballa en voyant Mason dégainer son arme
pour la pointer sur Kai. Jacob s'interposa mais Kai le poussa violemment
sur le côté.
Dans un élan d'adrénaline, mes doigts saisirent l'arme à côté de moi
tandis qu'il continuait à le provoquer :
— Tu voudrais mourir avant ou après elle... je peux choisir pour toi
si tu veux...
— KAI NE L'ÉCOUTE PAS, cria Jacob à quelques mètres.
— Tu ne peux pas me tuer, c'est frustrant hein ? De savoir que j'ai ta
vie et la sienne entre mes mains, mais que tu n'as pas assez de courage
pour prendre la mienne... ce qui me satisfait, c'est que tu mourras avec
moi.
Ses mots durs faisaient trembler tout le corps du mercenaire qui
demeurait silencieux, le défiant du regard. Sa patience me terrifiait, tout
comme les mots de Mason me perturbaient. Qu'est-ce qui terrifiait Kai au
point de le retenir de tuer Mason ?
Je n'eus pas le temps de m'appesantir sur ses paroles que Mason ne se
tourna pas vers moi, mais ses paroles m'étaient adressées :
— Je le tuerai lui puis m'occuperai tranquillement de ton cas
Simones.
Et très vite, tout s'enchaina. Je vis Mason charger son arme et sans même
savoir comment, le coup partit tout seul.
Mes doigts venaient d'appuyer involontairement sur la gâchette de l'arme
que j'avais pointée sur Mason.
Il lâcha d'abord sa canne, puis son corps tomba à terre. La balle venait de
traverser sa gorge.
Je venais de le tuer.
Casey poussa un cri déchirant et se retourna vers Kai, pensant que c'était
lui le responsable du tir. Kai fixait la dépouille de Mason, comme sous le
choc.
Et là.
Sans une seconde de réflexion, Casey tendit son arme et ses balles
traversèrent lâchement le corps encore figé de Kai.
— NON PUTAIN NON, hurla soudainement Jacob avant d'accourir vers
son meilleur ami.
Et comme si je voyais la scène au ralenti, Kai recula d'un, deux, puis trois
pas sous la puissance des balles. Le temps s'arrêta un instant pendant lequel
il resta stoïque. Seule une tache rouge s'étendait rapidement sur sa chemise
blanche, tandis que ses cheveux étaient balayés par le vent. Puis, ses genoux
fléchirent et son corps bascula en arrière. Mon cœur s'arrêta à l'instant où
Kai disparut de mon champ de vision.
Tombant dans le vide de la falaise.
— NOOOOOOON !
Comme si mon âme venait de quitter mon corps, je me laissai tomber à
terre à nouveau, n'arrivant pas à réaliser ce qui venait de se produire.
Kai...
Kai...
Kai...
Des sanglots de terreur quittèrent ma bouche et je les étouffai avec ma
main. Tout mon cœur fut secoué de tremblements.
Je vis Jacob hurler comme un fou, s'accrochant à la falaise dans l'espoir
de l'apercevoir plus bas, et sans savoir comment j'étais arrivée à côté de lui,
je me retrouvais à faire la même chose.
— Papa...
— FERME TA PUTAIN DE GUEULE, JE VAIS TE TUER ! explosa
Jacob en se retournant vers lui.
De rage, il tira sur le bras de Casey avec le pistolet de Kai.
Il se retourna vers le vide de la falaise, et je le vis se tirer violemment les
cheveux. Son visage baignait dans la colère et le désespoir, alors que les
informations commençaient à rentrer dans ma tête.
Je gouttai le salé de mes larmes qui avaient dévalé jusqu'à mes lèvres.
Ridiculement, je continuais à scruter les vagues, cherchant Kai du regard,
incapable d'accepter l'idée qu'il n'allait pas remonter à la surface.
Il n'est pas mort... non il n'est pas mort...
Tout est de ma faute...
Tout est de ma faute...
Tout est de ma faute...
Je voulais seulement le protéger...
— Iris EH -... Iris, hey regarde-moi... regarde-moi princesse...
Je réalisai que je pleurai lorsque je croisai le regard de Jacob. Mes
sanglots se firent encore plus violents tandis qu'il me prenait dans ses bras,
nos corps moites et tremblants se collant l'un à l'autre comme à une bouée
de sauvetage. Je l'avais tué.
« Princesse »
— Il ne sait pas nager... il ne sait pas nager...
Je répétai la même phrase, incapable de dire autre chose, incapable de
penser à autre chose. Le nœud dans ma gorge était insupportable.
Tout se mélangeait dans ma tête, mais une seule image revenait à chaque
fois.
Le ciel obscur, ses cheveux noirs, sa chemise blanche sur laquelle se
formait une tache rouge, et son corps qui basculait de l'autre côté de la
falaise, à cause de moi.
À cause de moi... il est mort.
Les sanglots de Jacob redoublèrent les miens, et son meilleur ami me
serra fort contre lui. Je pouvais encore sentir son odeur sur Jacob.
— Tu voulais seulement le protéger...
Je l'ai tué...
À travers mes larmes, je continuai à le chercher du regard dans le vide.
Le courant était violent, son bruit assourdissant, mais pas autant que mes
pleurs.
Ce soir, Mason était mort, par ma faute.
« Ce qui me satisfait, c'est que tu mourras avec moi. »
Mason avait réussi, il avait emporté Kai avec lui.
Le silence entre nous fut terrifiant, mais pire encore, fut l'instant où nous
nous arrêtâmes de scruter l'eau, perdant tout espoir.
Je le pris dans mes bras et pour la première fois, j'entendis Jacob exploser
en sanglots.
— Il n'a pas le droit de me laisser ici tout seul...
— Je serai avec toi... je resterai avec toi Jacob...
Quand une personne partait trop vite, elle ne pouvait jamais être témoin
des répercussions que sa perte allait engendrer. Le deuil était une émotion
pour les vivants.
Dans le cas de Jacob, je savais qu'il n'allait jamais l'accepter.
— Il était ma seule famille...
Ses pleurs se firent de plus en plus violents et bruyants, n'arrivant plus à
tout garder pour lui. Et les miens redoublèrent. Mon cœur se serra
violemment, et mes poumons se comprimèrent davantage.
« C'est limite le dernier chapitre de notre petite histoire, non ? »
Il venait de mourir sous nos yeux. Et nous n'avions rien pu faire.
Ce soir, la mort avait accepté de le prendre. Lui qui l'attendait
patiemment depuis son enfance, ce soir, elle l'avait emporté.
Mason avait réussi, il l'avait détruit. Comme promis, il l'avait emporté
avec lui. Jusqu'au bout des choses, il l'avait fait.
— Il va me laisser tout seul... Iris... il m'a laissé tout seul...
— Je serai avec toi, répétai-je en sanglots, je te le promets...
Et ses larmes reprirent de plus belle, alors que je restai accrochée à lui,
incapable de réaliser et d'accepter ce qui venait de se produire, comme si
mon corps et mon cerveau s'étaient détachés.
Toutes mes pensées me hurlaient la même phrase impossible à assimiler.
Parce que de tous les scénarios angoissants que mon anxiété et mon instinct
avaient dessiné...celui-ci n'était aucunement une destinée.
... Kai Lakestone est mort...Kai est mort, Iris.
Épilogue

Quelques mois plus tard.


— Elle est sortie aujourd'hui ?
— Non, mais elle était réveillée pendant la nuit.
Rox regardait sa meilleure amie sombrer un peu plus chaque jour depuis
la disparition soudaine du mercenaire.
N'arrivant pas à passer à autre chose, ou accepter la mort de ce dernier.
— Elle dort beaucoup n'empêche...
— Regarde-la, elle a perdue beaucoup de poids, elle est constamment
fatiguée. Parfois, j'ai l'impression qu'elle rêve de lui.
— Peut-être que c'est pour ça qu'elle veuille dormir souvent...?
Rox secoua la tête, et passa sa main sur les cheveux emmêlés de sa
meilleure amie.
Les doigts d'Iris accroché au collier que le mercenaire lui avait offert.
Rox ne pouvait pas croire qu'Iris dormait pour le rejoindre dans ses
rêves...mais comment pourrait-elle en être sûr ?
Comment pouvait-elle la comprendre ? Personne ne le pouvait, parce
que...Le silence qui animait la tête de Rox...
N'était pas présent, dans la tête de sa meilleure amie.
Entre hallucinations...
...angoisses...
...regrets...
Son esprit était bien loin d'être...muet.
Il te retrouvera...
Il te pourchassera...
Qui te protégera ?
Qui sera là pour toi ?
Tu es trop vulnérable...
Trop fragile...
Trop faible...
Réveille-toi...
Réveille-toi...
Réveille-toi...
Non, reste encore un peu ici...princesse.
— Le fait qu'on n'ait toujours pas trouvé son corps la rend encore
plus mal, mais j'ai l'impression que Jacob arrive à mieux gérer
qu'elle...
Réveille-toi...
Ne te réveille pas encore...tu m'as manqué...
— Mhm...
Rox lança un regard au jeune homme qui ne répondit rien d'autres.
Certaines choses ne sont pas faites pour être expliqué pour l'instant, et ça.
Seth le savait très bien.
Parfois, il valait mieux ne rien dire du tout, au risque d'en dire beaucoup
trop.
Enfin...
Pour le moment.
A suivre...
_____________
Hey !
Hihihi hi besties ! Mama is here for this last update💃🏻💃🏻💃🏻
👹
Ok vous avez pleuré j'avoue j'étais contente, d'autres avaient dit que
j'avais bâclé et tout mais c'est pas grave...
HAHAHAHAHAHAHA JE SAVAIS TRÈS BIEN CE QUE JE FAISAIS.
Et c'est avec cet épilogue que nous clôtureront la Lakestone Era...saison
1.
Bien sûr que je savais depuis septembre 2021 qu'il y allait y avoir un
tome 2 pour qui vous me prenez ?

actrice, mon jeu d'acteur pendant les lives est digne d'Hollywood. 💃🏻
Je sais juste très bien faire comme si de rien n'était, j'aurais dû faire

Merci pour ces un an de pur folie, des théories Lakestone, des tiktoks
(mauvais comme bons après tout faut remercier tous les efforts MDRRR)
merci d'avoir suivi tous les updates et les lives, les fous rires et les larmes
de chacun.
Merci à Célia, Romane, Elsa, Naïs, Louise, Yousra, Ines, Emma, et toutes
les personnes qui ont fait naître ce mouvement de « Lakestone Era » merci
d'avoir participé à la création de cette petite famille.
I love you all so so sooooooo much.
On a eu une année de dingue, et là...une dernière nous attends...💅🏻
Par contre là avant de revenir je vais prendre quelques temps pour moi et
me reposer (parce que là j'ai enchaîné correction captive T1, captive T2,
Perfectly Wrong et écriture de Lakestone en même temps et mes cours et
mon taff et pleins de petits trucs à côté que je vous dirais très bientôt) du
coup là j'avoue que je suis pas bien MDRRRRR.
Je sais pas quand est-ce que je reviendrai, mais je vous serais fidèle, on
va faire comme si personne ne comptait mise à part notre petit univers ok ?
Ok.
Pour les nouveaux qui liront cette NDA bien après tout le monde,
bienvenue dans Lakestone, we're happy to see you here. J'espère que vous
avez aimé cette première saison.
Et pour les anciens, see y'all soon. Parce que pour une fois on pourra le
dire avec le contexte.
...It's soon.
J'ai trop parlé (vous m'avez manqué besties j'avoue) je suis extrêmement
fière de chaque personne qui lit tout ça, parce que mine de rien, vous avez
encore survécu une année. And we're so proud of you.
Je dédie ce tome à toutes les Iris, tous les Jacob et à toutes les personnes
qui se sont reconnues dans mes personnages, rappelez vous, vous ne vous
sentirez plus jamais seul(e).
On sera toujours là à travers les pages, feel free to stay here as long as

🤍
you need it. Because we all want you here, you're enough and we're proud
of you, always.

🎶🎶🎶
J'espère vous retrouver bientôt, wait for me ok ? Je reviendrai quand je
me sentirai mieux. Ne m'oubliez paaaas

😠
En attendant, prenez soin de vos petites frimousses et mangez bien (je
vous vois )
With all my love and admiration, Sarah.
Instagram : sarahrivens.

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