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THESE
JURY
Directeurs de la Recherche :
M. Roland CALORI
Professeur à l’E.M. Lyon.
M. Alain Charles MARTINET
Professeur des Universités, Université Jean Moulin, Lyon 3.
Rapporteurs :
M. Alain DESREUMAUX
Professeur de Universités, Université de Lille 1.
M. Claude JAMEUX
Professeur des Universités, Université de Savoie.
Suffragants :
Mme Marie-José AVENIER
Directeur de recherche au CNRS
EURISTIK UMR 5055.
M. Patrick JOFFRE
Professeur des Universités, Université de Caen.
M. Georges CHABERT
Chargé de mission Gaz de France.
Novembre 2003
Remerciements
4 ans, c’est du temps. Du temps mis entre parenthèses, avec ces rencontres, ces voyages, ces
événements, ces questions, mais un projet.
Avant de remercier celles et ceux qui ont suivi de près ou de loin ce projet, je veux remercier
la personne qui m’a permis de le commencer.
Cette personne reste, pour moi, un modèle d’humilité, d’humanité, d’humour, de rigueur, de
savoir vivre et de savoir bien vivre. Et bien d’autres choses encore. Il était là, dès le DEA,
m’encourageant, me soutenant à poursuivre, quelques années encore, une thèse dont il serait
un co-directeur. En automne 1999, nous nous sommes lancés, tous les trois, Alain Charles
Martinet, Roland Calori et moi-même dans ce projet. Et puis, Roland est parti, soudainement,
le 14 juillet 2002. Je ne veux pas oublier, ni sa bonne humeur, ni ses premiers conseils.
Mes remerciements les plus profonds s’adressent à Alain Charles Martinet. Je ne peux
énumérer toutes les raisons de ma reconnaissance. Il m’a orientée vers une question de
recherche passionnante, a cadré et recadré une réflexion parfois perdue dans les méandres
d’une large littérature, et sa méthode souvent implicite et « darwiniste » laisse le plaisir et la
satisfaction d’apprendre, de découvrir des pistes (!) dont je n’aurais jamais soupçonné
l’existence.
Mes remerciements s’adressent également aux membres du jury de soutenance : Messieurs les
Professeurs Alain Desreumaux et Claude Jameux ont accepté la charge de rapporteur ;
Madame Marie-José Avenier, directeur de recherche au CNRS, Monsieur le Professeur
Patrick Joffre ont consenti à participer à l’évaluation de mon travail. Et, Monsieur Georges
Chabert qui a guidé mes rencontres au sein de Gaz de France-Transport.
Je souhaite aussi remercier les personnes de l’unité de recherche EURISTIK (Lyon 3, CNRS)
et notamment Jean-Philippe Denis pour m’avoir mise en contact avec des interlocuteurs de
Gaz de France et pour avoir échangé sur les réflexions du doctorant ; Franck Tannery pour ses
travaux et la lecture de mes premières pages ; Paul Laurent pour sa présence et sa lecture
critique de l’ensemble du travail.
Bien sûr, 4 ans, c’est long… surtout pour ceux qui vous entourent. Si le processus de thèse ne
m’a pas paru difficile, c’est peut-être grâce à toutes les personnes citées au cours de ces deux
pages. En début, ou en fin de parcours, chacun a joué un rôle par sa présence, ses questions ou
son silence compatissant. Que ceux qui ne s’y trouvent pas ne sous-estiment ma
reconnaissance. Mes remerciements s’adressent au cercle le plus proche. Un immense
merci…
à Aimeric et son ironique question « Alors ? Ça avance ? », Frédérique, sa femme, pour une
expérience partagée en sciences « dures » et les sourires de leurs enfants, Léo et Jérémy.
Un clin d’œil aussi à ma famille, d’être là. Tout simplement. A mes grands-parents Henri et
Geneviève qui, pendant les dix premières années de ma vie, m’ont répété : « Il faut faire des
études ; il faut aller à l’école… », je n’ai jamais autant souhaité les honorer ! A Irène et Marc ;
à Yves pour notamment sa patiente lecture des études de cas. A ma mère qui m’a inculqué le
besoin, puis l’envie d’apprendre. Et, à mon père, et son implicite compassion, que je découvre
tous les jours.
François a manifesté une patience quotidienne hors du commun, que la lecture de ces mots le
soulage, et qu’il soit sûr de ma profonde gratitude.
A Roland.
Introduction
L'activité en réseau est fondée sur une infrastructure souvent lourde, porteuse de charges
fixes, chaque unité locale nécessite un investissement important, une stratégie doit être définie
pour dégager une activité très au-delà du seuil de rentabilité et garantir une rentabilité des
investissements. Une autre caractéristique de l'entreprise de service de réseau qui explique la
nécessaire délibération de la stratégie est liée à son système d'offre. Cette entreprise délivre un
service relativement standard. Quel que soit le lieu d'implantation de l'unité de production, le
client doit retrouver l'image et la qualité ; l'offre de service ne doit pas surprendre, d'où
l'existence de chartes de valeurs.
Dès lors, l'entreprise de services de réseau s’avère intéressante car, du fait, de la nature des
services et du fort ancrage territorial, les managers de terrain (middle ?) participent
directement à la co-construction des services et (peut-être) à leur évolution, et nous pouvons
donc supposer qu’ils contribuent à la formation des stratégies « opérationnelles » et à leur
évolution. Dans ce type en particulier, la dichotomie classique formulation/mise en œuvre,
appropriée à la « grande stratégie » de la firme Chandlérienne, est prise en défaut. Cette
spécificité explique la nécessaire co-existence de stratégies délibérées et émergentes. Cette
forme d’organisation plus aplatie, étendue ou encore éclatée appelle alors une reconfiguration
des rôles managers.
Ainsi, le « middle manager » prend toute son importance dans l'entreprise de services de
réseau ; la proximité avec le marché local explique l'intérêt de la prise en compte d'idées,
d'adaptations locales de stratégies appropriées au marché de chaque centre de résultats,
autrement dit l'intérêt de stratégies émergentes coexistant avec la stratégie officielle. Le
middle manager est chargé de concrétiser la stratégie délibérée, mais aussi, du fait de sa
position, de faire germer des initiatives susceptibles de devenir des stratégies émergentes. Elle
se différencie de l’entreprise Chandlérienne (Chandler, 1977, p.3 et 433) où chaque activité de
la chaîne de valeur constitue une division gérée par un middle manager qui supervise, évalue
et coordonne les activités fonctionnelles relevant de sa compétence et assure la coordination
du travail de son service avec celui des autres services.
Dans cette position et ce contexte, les entreprises de services de réseau ont besoin d'une
planification stratégique et de processus formels et informels pour permettre l'émergence
d'idées localement et leur intégration aux stratégies délibérées.
Nous allons donc nous intéresser au(x) processus de « stratégisation » piloté(s) en global ainsi
qu'au(x) processus formel(s) et informel(s) d'émergence de stratégie en local. Il apparaît que
la coexistence des stratégies délibérée et émergente n'est pas évidente, et qu'elle peut
provoquer des tensions et/ou des risques d'étouffements des unes par les autres. Le principe de
réconciliation, qui permettrait de réduire ces risques et de profiter de tensions créatrices,
consiste à prévoir des processus formels notamment autour de la planification, autrement dit
de prévoir des moments, des lieux, et des formes de communication où les individus pourront
exprimer et faire valoir des idées. Par exemple, le Groupe Accor organise des rencontres où
les middle managers et la direction d'une marque (par exemple Novotel) se réunissent pour
parler librement : les « open spaces ». Ou encore, Lafarge a mis en place des bases de données
de solutions à des problèmes alimentées et consultées par les managers et techniciens de
cimenteries.
La littérature sur les middle managers est assez abondante en gestion des ressources humaines
(GRH), mais beaucoup moins en management stratégique. La GRH s’intéresse surtout aux
définitions de fonctions et à leur évolution, parfois dans un contexte international, mais
s’articule plus rarement aux processus de formation de la stratégie. La littérature « orthodoxe
» du management stratégique se situe majoritairement dans le schéma classique de
l’entreprise Chandlérienne, elle s'intéresse en priorité aux « échelons au sommet » (« upper
echelons » Hambrick & Mason, 1984). La différenciation des rôles des middle managers,
selon les deux phases « formulation/mise en œuvre », est fortement marquée par la « grande »
stratégie planifiée de l’organisation Chandlérienne. De Montmorillon (1986, p.33) écrit, en
effet, que la dichotomie line/staff dissocie l’esprit d’entreprise et l’institution-entreprise : d’un
côté, il y a l’exercice du projet, sa réalisation effective, et de l’autre, sa conception, son
contrôle et sa remise en cause. Il ajoute ensuite que le premier domaine est subordonné au
second et au travers même de l’organisation de l’entreprise qui a crû. Or, si nous nous situons
dans des grands groupes où la stratégie est plus décentralisée, il convient de parler d’un
processus de formation des stratégies, où les tensions délibéré/émergent,
imposition/négociation, autonomie/hétéronomie, concernent très directement les managers.
Cette « stratégisation » des organisations nécessite de ne plus seulement considérer le middle
manager comme un manager au sens strict du terme (gérer des hommes et activités).
Dorénavant, le middle manager est aussi stratège, construit des projets, prend des initiatives,
noue des relations structurantes avec l’extérieur. Nous assistons alors à une recentralisation
des « grandes décisions stratégiques », mais aussi à une décentralisation accrue des « micro-
décisions stratégiques ».
Les approches fondées sur les ressources et les compétences constituent alors un cadre
théorique approprié. Elles consistent à concevoir l’entreprise comme un ensemble de
ressources qui, valorisées et combinées, conduisent à un certain nombre d’aptitudes
organisationnelles. Ce choix théorique postule qu’une ressource constitue un actif de base,
intervenant dans le processus global de production de biens ou de services de l’entreprise. Il
s’agit alors d’une conception de la stratégie dans laquelle les dirigeants fondent l’avenir de
l’entreprise sur un système de ressources. Teece et al.(1990) déclarent que le plus grand
intérêt de l’approche fondée sur les ressources réside dans l’acquisition des savoirs,
l’apprentissage et l’accumulation des capacités. La multitude et la multiplicité des travaux ont
fait naître de nombreuses questions conceptuelles et théoriques déductives, mais restent très
pauvres dans une optique instrumentale et fournissent peu de prescriptions opératoires, c’est-
à-dire qui peuvent être manipulées par un manager.
L’objet de cette thèse est de mettre en lumière comment, quand et où les dialectiques
formel/informel et délibéré/émergent sont articulées par les middle managers pour aboutir à la
construction des capacités dynamiques. Dès lors, nous cherchons d’une part à identifier et
diagnostiquer les contributions possibles des middle managers aux processus
d’actualisation/virtualisation, et plus matériellement de réalisation/potentialisation des
capacités dynamiques des entreprises de services de réseau en mettant en évidence d’autre
part le poids particulier des relations inter- et intra-organisationnelles qu’ils maintiennent,
développent, modifient dans le nécessaire processus de routinisation/changement de routines
qui caractérise dans la durée le développement spiralé des compétences de l’entreprise, afin
de déterminer sur quels critères, paramètres, variables du processus de formation de la
stratégie il faut agir.
La démarche employée est celle de l’analyse qualitative de données par études de cas.
L’analyse qualitative a été réalisée sur des données issues de sources primaires (la
retranscription des entretiens) et issues de sources secondaires (les articles de presse, les
revues spécialisées, les revues internes, les sites internet, les études Eurostaf). Même si
chacune de ces sources détient des contenus spécifiques, aux objectifs particuliers, chacune a
fait l’objet d’une analyse structurée autour de nos préoccupations : l’identification des middle
managers et du processus de formation des stratégies (délibérée et émergente). L’ensemble
des informations propre aux entreprises est délivré sous la forme d’une étude de cas.
Le travail se présente ainsi : les deux premiers chapitres sont dédiés à la construction
théorique de l’objet, à la position épistémologique et à la méthodologie employée. L’analyse
de la littérature débute par une observation théorique du fonctionnement des entreprises de
services de réseau qui suggère une contribution du middle manager à la formation de la
stratégie. Puis, à partir d’un modèle qui implique le middle manager dans le développement
des idées émergentes, nous poursuivons l’analyse de la littérature de manière à lier la
contribution des middle managers à la construction et au maintien des capacités dynamiques.
Le deuxième chapitre précise et justifie la nature de notre questionnement, et le choix
méthodologique d’analyse.
La deuxième partie est composée de deux chapitres qui présentent respectivement les études
de cas « Adecco » et « Gaz de France-Transport », construites de manière à privilégier la
compréhension par la description, pour déboucher sur l’analyse croisée présentée dans la
troisième partie.
Enfin, dans la dernière partie, nous proposons un repérage des principales divergences et
convergences des cas, et un essai de conceptualisation des points communs de l’analyse
croisée. Le dernier chapitre s’attache à la construction du système propositionnel théorique et
opérationnel.
Le « système » qui fait l'objet de notre attention est l'entreprise de services de réseau, à partir
de sa structure, de son infrastructure et de son fonctionnement, nous dégageons des
questionnements quant à ses processus de formation stratégique.
1. d’une entreprise multi-sites, d'une même entité éclatée, et non d'une mise en réseau de
plusieurs entités juridiquement distinctes ;
2. sur chacun de ces sites s’exerce une activité quasi-identique, par opposition au réseau
dynamique où un coordonnateur voit graviter autour de lui des opérateurs spécialisés
selon des métiers distincts, et
3. il existe une infrastructure qui couvre la totalité de ces sites, elle n'est pas l'entreprise pivot
ou la firme centrale « coordinatrice » de la firme-réseau.
Correspondant à ces caractéristiques, on peut citer les banques, les sociétés d'assurance, la
restauration collective, le travail temporaire, etc.
Les éléments descriptifs attachés à ce type d'organisation montrent qu'une activité en réseau
(externe) appelle une organisation de réseau (interne) (I-1.), et conduisent à repenser le
schéma formulation/mise en œuvre de la stratégie (I-2.).
Néanmoins, l'infrastructure reste une appellation vague qui doit être précisée et détaillée.
Gadrey et Zarifian (2002, p.25) découpe les grandes entreprises de services en « trois univers
» : 1) L'univers de la conception réalise les nouveaux produits et services à partir de la
représentation symbolisée des clients (Par exemples la branche développement de France
Télecom, le marketing de La Poste qui conçoit les nouveaux produits financiers) ; 2)
L'univers des grands systèmes techniques et/ou administratifs qui soutiennent la production
matérielle des services (Par exemple les réseaux ou plateaux techniques, les grands centres de
traitement administratif) et 3) L'univers de la relation directe avec les clients ou les usagers
qui permet de structurer le contact avec ces derniers (Par exemple : les agences commerciales,
les réseaux commerciaux, les points de contacts).
Les trois « univers » sont une perception transversale de l'entreprise de services de réseau. Ils
ont l'avantage de compartimenter l'« infrastructure » qui est vague et sans fin, mais ont
tendance à effacer les liens hiérarchiques. Nous utilisons alors le terme d'infrastructure pour
englober une direction stratégique et les activités de support que peuvent être les univers de
conception, administratif et technique ; les sites territoriaux correspondant à l'univers de la
relation directe avec le client.
« repose sur une compétence d’organisation globale par laquelle l’entreprise parvient à
structurer l’ensemble des acteurs et des processus de prestation nécessaires pour réaliser le
service ».
I- 1.2. Une stratégie délibérée pour une organisation de réseau
Il s'agit de comprendre le besoin de formuler une stratégie dans l'entreprise de services de
réseau. La relation complexe des éléments constitutifs de la stratégie présuppose une réflexion
a priori, anticipée, afin que l'entreprise soit capable d'une action dans la durée et non pas d'une
soumission aux événements. L'entreprise de services de réseau de par sa dispersion
géographique est confrontée à des marchés multiples et mouvants. La diversité, la variété et la
dynamique de la demande requièrent de la part de l'entreprise de l'ambition, une capacité de
perception, d'adaptation, de cohésion, de cohérence, autrement dit que la stratégie de la firme
« intègre un positionnement de marché et l'exécution de capacités » (Fuchs et al., 2000,
p.118). Les grandes entreprises de services sont alors doublement intégrées : une première
intégration liée aux contraintes technico-économiques de leur infrastructure en réseau et une
seconde intégration qui relève d'un principe de management stratégique, au sens de Fuchs et
al. (2000).
Les ressources englobent les actifs tangibles et intangibles, la technologie, l'accès aux
ressources financières, les ressources humaines, la réputation, la connaissance, le
management, les alliances et réseaux. L'organisation/la culture regroupent la distribution du
pouvoir, la structure, le leadership, le climat de motivation. Et la capacité opérationnelle
comprend la capacité entrepreneuriale, la production, l'activation de la demande, la
satisfaction de la demande la capacité d'innover, le management du risque.
Deuxièmement, l'idée sous-jacente au concept d' « alignement » est que chaque élément d'un
groupe doit être mis en relation avec un élément d'un autre groupe et ce, afin de maximiser
leur complémentarité avec l'environnement.
Figure 1 : Exemple de l'alignement de Pier Import (Fuchs et al., 2000)
Les groupes définis précédemment doivent d'une part s'ajuster les uns aux autres, et d'autre
part s'ajuster à l'environnement. Les auteurs illustrent le concept d'alignement avec l'entreprise
Pier Import, détaillant de fournitures et articles de décoration, que nous rapportons ici par un
schéma (Figure 1 : Exemple de l'alignement de Pier Import (Fuchs et al., 2000)). La vision de
la firme est de satisfaire des envies, non des besoins. Son « mix » produit possède deux
particularités, il est large et en perpétuelle évolution. La cohérence de son image produit est
assurée par une centralisation de la fonction achat et soutenue par un ensemble d'acheteurs et
d'intermédiaires qualifiés pour évoluer dans un réseau international. Les prix bas et les marges
significatives sont le résultat d'un choix minutieux de petits fournisseurs dispersés dans le
monde. La qualité du service est basée sur des formations, une évaluation constante des
équipes et des primes d'encouragement (« Fit » de Peters et Waterman, 1992). La figure ci-
dessus illustre quelques alignements des éléments de ses groupes. Et enfin, par le concept d' «
accent thématique », Fuchs et al. (2000) avancent que certains éléments sont plus ou moins
prépondérants selon le thème stratégique de l'activité. L'accent mis sur tel ou tel élément varie
d'une entreprise à l'autre. Ainsi, une entreprise innovante requiert plus de collaboration entre
ses départements recherche et développement, ingénierie et marketing. Le bon « mix »
d'éléments et d'alignement doit supporter le thème stratégique. Les thèmes stratégiques sont
déterminés selon la vision, l'orientation « marché », les compétences clés et les synergies. Par
exemple, sous le thème du « leadership », Toyota choisît un leadership par les coûts, 3M par
l'innovation, BMW par la qualité,…
Nous retrouvons cette même préoccupation chez un « praticien réflexif » comme J-F Raux qui
définit l'intégration du management stratégique par :
« Système de pilotage au service d'une ambition, permettant d'organiser dans la durée les
nécessaires adaptations de l'entreprise, de son activité, de ses capacités, aux exigences de
l'environnement et reposant sur la gestion dynamique de paradoxes : anticipation et réactivité
; décentralisation et cohérence » (Raux, 1994, p.4).
De fait, le système de pilotage réorganise l'action dans deux dimensions : le temps et l'espace,
dans lesquels l'ambition de l'entreprise tient une place centrale. L'ambition est ce qui
commande le système de pilotage, inscrit l'action dans la durée, la continuité. L'ambition vise
la préservation et le renouvellement de son potentiel ainsi que la préservation et le
renouvellement de sa légitimité (appréciée par les clients, les actionnaires).
L'entreprise de services de réseau est d'autant plus concernée par le concept de l'intégration
stratégique qu'elle doit contrôler le respect d'une ligne directrice par les sites dispersés sur le
territoire tout en imposant une adaptation locale de ces mêmes sites sur leur marché
d'implantation. En plus de la double intégration, il y a une pression de l'adaptation locale qui
requiert une autre « stratégisation », celle de la prise en considération de l'émergence.
I- 1.3. L'activité de services de réseau : un système d'offre basé sur « une décentralisation »
orientée marché
Il s'agit ici de comprendre pourquoi l'entreprise de services de réseau est plus particulièrement
concernée par l'émergence de stratégies. La prise en compte des stratégies émergentes se
fonde à la fois sur la conséquence de l'élaboration de la prestation de services en coproduction
renforcée par une structure de réseau.
La notion de prestation de services a fait couler beaucoup d'encre et Weller (1998) note à ce
propos « trois familles d'inspiration ». La première fait référence à la microsociologie
américaine (l'interactionnisme Goffmanien, l'ethnométhodologie et la sociolinguistique) qui
invite le chercheur à réduire l'échelle de ses observations pour s'intéresser aux interactions
afin de restituer la manière dont les situations s'agencent concrètement. La seconde concerne
l'économie et la gestion des services qui font état que l'activité de services est une activité
économique spécifique dont les modalités de rapprochements de l'offre et de la demande
diffèrent de l'industrie. Weller (1998) cite enfin les conventions comme troisième famille.
Celle-ci postule que l'organisation administrative est née des réflexions des économistes pour
penser les modes de coordinations entre agents. Les chercheurs envisagent, ici, les dispositifs
mis en place pour permettre aux agents et aux usagers de s'ajuster mutuellement. Malgré une
préoccupation commune qui pourrait être résumée ainsi « comment les acteurs ajustent-ils
leur comportement ? », nous nous engageons dans une perception de la prestation de services
telle qu'elle est décrite dans la seconde famille. Cette famille, qui postule que le client corrige,
confirme, ou modifie les termes du service que l'entreprise s'apprête à délivrer, a elle-même
connu quatre étapes repérées par Barcet et Bonamy (1999). Considérer le client comme une
ressource de l'organisation (Gadrey et Zarifian, 2002) modifie les relations entre l'entreprise et
le consommateur telles que les décrit la conception traditionnelle fondée sur l'industrie. Ceci
dit, la distinction entre le secteur industriel et celui du service est discutée sous prétexte que se
développe une panoplie de services autour des produits, ou inversement que des entreprises
fondent leur stratégie sur la stabilité du service qui est assimilé à un objet grâce à une
organisation « industrialisée ». Se propagent alors des expressions telles que « servicialisation
de l'économie » ou « industrialisation du service », et le terme d' « offre » est préféré à ceux
de « produit » ou « service » pour clore le débat. A un degré de servicialisation plus ou moins
prononcé subsistent des caractéristiques particulières et propres à l'activité des services :
Le second mode concerne les attentes qui demandent interprétation et compréhension, mais
qui restent dans un cadre que l'entreprise peut normaliser, la production de la solution peut
rester proche des réponses standard, autrement dit de l'offre standard de l'entreprise tout en
nécessitant des ajustements qui seront opérés dans le cadre de la relation directe de service,
c'est-à-dire du contact entre le salarié de l'entreprise et le client. Si l'offre, bien que
standardisée, est large et complexe et si l'adaptation à la singularité du cas de chaque client
s'avère délicate, le client est bel et bien un usager singulier, non réductible à une cible
marchande standard.
Le dernier mode vient en réponse aux problèmes et attentes qui nécessitent l'élaboration de
solutions très largement singulières où l'interprétation et la compréhension ne suffisent plus, il
faut co-construire avec le client l'offre de solution. La réponse n'est pas dans une gamme de
solutions existantes, elle doit être créée, même si elle mobilise des éléments divers
partiellement existants. Il s'agit de la solution la plus consommatrice de ressources et de
temps.
Quelques précisions sont à noter : tout d'abord à chaque mode de production ne correspond
pas un type d'entreprise de services de réseau, les trois modes de production peuvent coexister
dans une même entreprise de services. Ensuite, ces trois modes de production soulignent
l'importance du mode d'obtention du service, c'est-à-dire la prestation proprement dite : qui
fait quoi, quand, avec quels moyens, etc. et montrent qu'une participation des salariés de
l'entreprise est plus ou moins active selon que l'offre répond à des besoins plus ou moins
standards.
Ces caractéristiques propres à la notion de service renforcent la notion de co-production. La
valeur devient alors plus dense. Penser en termes de densité de la valeur signifie s'intéresser à
l'information, la connaissance et autres ressources qu'un acteur économique a en sa
possession, à n'importe quel moment afin de procéder à un effet de levier sur sa propre
création de valeur. Ce phénomène a trois implications stratégiques :
l’objectif n'est pas de créer de la valeur pour le client, mais de mobiliser les clients pour
créer leur propre valeur à partir des offres de l'entreprise ;
l’aptitude à concevoir le système de création de valeurs dans sa totalité est une source
d'avantage concurrentiel. Il s'agit alors de réévaluer et de reconcevoir les compétences et
relations afin de rendre le système de création de valeurs malléable et réactif.
I- 1.4. Conclusion
Toutes les offres de services ne nécessitent pas une solution construite, elles peuvent être plus
ou moins standardisées et même automatisées selon la récurrence, le volume et la complexité
de la demande. Les offres d'une entreprise de services de réseau sont le plus souvent
homogénéisées de manière à ce que le client-usager trouve à tout moment et en tout lieux une
garantie de service. La stratégie délibérée devient une nécessité pour une intégration de la
stratégie, pour prévoir une rentabilité face à l'intensité d'investissement, et pour obtenir une
qualité homogène sur l'ensemble du réseau.
Les entreprises de services de réseau doivent d'une part établir des processus de planification
stratégique délibérée afin de développer des règles de prises de décisions qui guident les
actions organisationnelles (Ansoff, 1965) des unités dispersées sur le territoire et de
coordonner les actions organisationnelles (Ansoff, 1988) entre les unités, et d'autre part
développer des stratégies émergentes qui permettent à l'entreprise d'identifier, de se procurer,
de nouvelles opportunités pour adapter les activités des unités aux marchés locaux.
Les processus de planification stratégique ainsi que les stratégies émergentes sont des
éléments complémentaires de la formation de la stratégie qui facilitent l'apprentissage et
l'adaptation et forment les capacités dynamiques. Il convient alors de s'intéresser à
l'implication d'une telle coexistence sur la formation de la stratégie.
I- 2. La formation de la stratégie de l'entreprise de services de réseau
La nécessité de faire coexister une stratégie délibérée et des stratégies émergentes de
l'entreprise de services de réseau caractérise et correspond à l'évolution récente de la
planification stratégique : une stratégisation des organisations, et une évolution des méthodes
d'apprentissage. L'évolution de l’environnement et du management des organisations a
conduit à une évolution de la planification stratégique de même que l'évolution de la
planification stratégique fait naître des nouvelles pratiques de gestion des entreprises. Nous
rappellerons, ici, ces deux principaux mouvements afin de comprendre les causes de la
modification des relations dans l'entreprise de services de réseau.
Tannery (2001, p.247) fait état de cette décentralisation orientée marché et de ses
conséquences :
« Comme la croissance des entreprises de services passe par une extension géographique, via
la duplication de l’offre service par clonage des lieux de prestation, la forme organisationnelle
résultante est spécifique. L’encadrement intermédiaire y gagne un rôle particulier. Sa
responsabilité concerne moins l’application des règles conçues au niveau central que
l’animation du personnel, l’organisation des processus de prestation et la finalisation pour
tenir compte des contextes locaux ».
A propos de ce type d'entreprise, Denis (2000) écrit que l'infrastructure encourage les liens
inter-unités basés sur la concurrence et la coopération. L'accent est mis sur la «
communication de bonnes pratiques » et sur un apprentissage partagé des situations
particulières de certains sites, estimant que l'expérience peut être utile à d'autres sites
confrontés à des contextes similaires. L'objectif est identique à celui des communautés de
pratique qui sont des groupes de personnes liées entre elles de manière informelle et qui ont
en commun l'expertise et la passion d'un même travail (Brown et Duguid, 1991). Les gens
impliqués dans ces communautés de pratique « partagent expérience et connaissance,
librement et avec une créativité qui favorise le développement de nouvelles approches des
problèmes » (Snyder et Wenger, 2000, p.7). Ces groupes peuvent piloter une stratégie, donner
naissance à une nouvelle activité, résoudre un problème, promouvoir la diffusion de bonnes
pratiques, développer les compétences professionnelles des individus et aider les entreprises à
embaucher et retenir les meilleurs talents. Que les participants appartiennent au monde interne
d'une grande entreprise, ou externe, la communauté de pratiques a des caractéristiques
similaires à la « nouveauté organisationnelle » que Burgelman (1987, p.99) identifiait il y a
une quinzaine d'années :
« Les outils sont davantage pris pour ce qu'ils sont : des aides au raisonnement, à l'analyse,
voire à l'imagination, mais ne sont pas révérés de façon dogmatique. Les plus fréquemment
cités sont : les analyses forces/faiblesses, les scénarios et analyses de sensibilité, le
"benchmarking" et l'identification des compétences fondamentales. »
Organisation
Evaluation…
… de la Normes standard définies a Récursive, contextualisée, itérative,
performance priori, référents ex ante arbitrages locaux, Benchmarking
Middle Management
« La planification est un processus qui ne vaut pas seulement par son résultat final. (…) Elle
peut être une occasion importante pour les cadres dirigeants d'échanger les informations dont
ils disposent et de confronter leur vision du monde ».
Veltz (2000, p.118) aborde également ce point sur un plan plus opérationnel en affirmant que
:« la productivité réflexive (…) exige des apprentissages profonds, remontant non seulement
aux causes immédiates, mais aussi aux causes plus structurelles des dysfonctionnements, nous
assistons donc à un développement des approches itératives, récursives, partant des tâches et
des résultats d'efficacité réels, de leur rationalisation et auto-rationalisation ».
Martinet (1997) pointe la nécessaire présence d'une délibération afin de pallier la complexité
de l'élaboration des plans stratégiques et des diagnostics (Avenier, 1997) qui ne peut se
résumer à un critère « a priori ». Dans les organisations décentralisées où la connaissance,
l'information, la capacité de réflexion, les compétences sont distribuées et non plus
concentrées au sommet stratégique, la rationalité procédurale devient collective. Une
délibération, qui prendrait la forme de prise de parole, de confrontation, d'argumentation, de
recoupement d'informations, d'analyses et de points de vue, peut fournir un support privilégié
à la mise en œuvre de cette rationalité procédurale collective.
C'est alors considérer que la rationalité du management est pour l'essentiel procédurale et
collective. La négociation et l’animation occupent de fait une place primordiale dans le
gouvernement des organisations, contrairement au seul commandement où le leader est censé
posséder le pouvoir de décider, l'information et l'expertise requises pour bien décider
(rationalité substantive).
Les trois points développés par Martinet (2001) répondent d'une part aux dilemmes de
Eisenhardt et Brown (1998) et d'autre part nourrit la réflexion sur la formation de la stratégie
des entreprises de services de réseau. La formation de la stratégie en tant que processus
d'adaptation continu répond à la fois aux défauts de la dichotomie formulation/mise en œuvre
et au débat délibéré/émergent parce qu'elle permet des stratégies intermédiaires dans la
stratégie projetée. Force est de constater le lien structurant entre l'évolution de la planification
stratégique et la formation de la stratégie des entreprises de services de réseau.
Premièrement, la nécessité d'un plan stratégique qui conduit l'entreprise à suivre un chemin
réfléchi et délibéré ne doit pas inhiber la prise en compte des émergences. Le cadre de
l'entreprise de services de réseau doit dépasser le débat Ansoff/Mintzberg pour aboutir à un
enrichissement réciproque des deux types de stratégie. La planification stratégique perçue à la
fois comme support de la réflexion stratégique, lieu d'exercice de la rationalité collective et
vecteur de négociation devient aussi un support d'émergence.
Floyd et Wooldridge (2000) présentent un modèle qui rassemble les acteurs et les facteurs de
performance. Ils identifient les étapes franchies par une idée pour devenir une capacité
organisationnelle et jugent que le middle manager est le plus à même d'intervenir dans ce
processus. Ce schéma de développement des initiatives stratégiques émergentes (Figure 3: Le
développement des initiatives stratégiques émergentes) est fondé sur une hypothèse clé : « Les
nouvelles aptitudes émergent de processus sociaux complexes qui sont enchâssées dans les
connaissances et les relations sociales » (Floyd et Wooldridge, 2000, p.109). Cette hypothèse
sous-entend que la complexité du processus de construction des capacités dynamiques rend
difficile l'imitation. A partir de cette hypothèse clé, les auteurs développent 26 propositions et
construisent leur schéma de compréhension en 5 étapes (idée, question, initiative, routine
émergente et capacité organisationnelle) et 4 processus (interprétation, articulation,
élaboration et ratification).
Floyd et Wooldridge (2000) font intervenir les middle managers par le système
propositionnel, mais non au sein du modèle. Les propositions éclairent sur les raisons qui
permettent d'envisager la participation du middle manager, mais n'abordent ni les espaces de
lieux et de temps de leur intervention : nous savons pourquoi il est à même d'intervenir, mais
non quelles sont les conditions qui lui permettent d'intervenir. De même : sa contribution est-
elle répartie d'une manière homogène sur le schéma ? Sa participation ne dépend-elle pas
d'autres facteurs ?
Deuxièmement, le modèle préfigure que le middle management est un acteur pivot de toutes
les idées et donc de toutes les capacités organisationnelles, sans jamais nuancer le degré «
d'innovation » de l'idée. L'utilisation du terme « capacité organisationnelle » comme
aboutissement du modèle exclut une possible relation entre le développement d'une idée et
l'avantage concurrentiel.
Troisièmement, le système de propositions, d'une grande richesse, mérite d'être nourri afin de
pallier sa limite : les propositions sont très agrégées, non ingénieriques, sans réelle portée
opératoire. Le travail d'analyse critique que nous souhaitons apporter à ce système de
propositions consiste à abandonner, désagréger, compléter certaines propositions. Chacune
d'elles peut être confrontée à des propositions plus centrées, plus ciblées et articulées afin de
rendre le système plus procédural et opératoire. Autrement dit, il s'agit de faire évoluer le
travail de Floyd et Wooldridge (2000) sur la compréhension du processus, vers un travail pré-
explicatif puis plus opératoire.
La présentation et les critiques apportées au modèle de Floyd et Wooldridge (2000)
conduisent d'une part à envisager un lien avec la performance de l'entreprise et plus
particulièrement avec l'avantage concurrentiel et d'autre part, à préciser l'intervention du
middle manager dans cette évolution et transformation de l'idée.
Dans un premier temps, nous nous sommes demandée comment le modèle des auteurs pouvait
être articulé à l'avantage concurrentiel. Ce point conduit à expliciter, à développer le terme de
« capacité organisationnelle » (II-2.) afin d'identifier le ou les enjeux de l'intervention du
middle management sur la performance de l'entreprise de services de réseau.
La performance de l’entreprise est vue comme non seulement influencée par la position de
ladite entreprise dans son industrie, mais également par ses ressources pertinentes, valorisées
et uniques. Le maintien de la performance passe par une détermination à garder sa position de
leader, en conservant un avantage concurrentiel. Pour que la performance perdure dans
l’entreprise, son management doit sans cesse se préoccuper d’augmenter ses aptitudes, pour
non pas remplacer mais compléter celles déjà acquises. Selon Rumelt et al. (1991), l’aptitude
à développer ses ressources et à se construire une position sur le marché devient une «
aptitude organisationnelle ». Les deux facteurs de performance sont désormais reliés et sous
un même concept.
II- 2.1. La pertinence de la relation entre « capacité » et avantage concurrentiel dans les
entreprises de services de réseau
Tirés de l’approche fondée sur les ressources, les termes de « compétence » et de « capacité »
ont fait l’objet de nombreux articles et ouvrages dont les définitions n’aboutissent pas toutes
aux mêmes résultats. L'intérêt grandissant de l'approche fondée sur les ressources né d'une
insatisfaction à l'égard des contributions de Porter (1980) est victime de son succès. Son
vocable polysémique ne présente pas de définition homogène, stable, unifiée et unique, mais
regroupe un ensemble de courants. Arrègle et Quélin (2001, p.273) précisent à ce propos que :
« Entre les approches RBV, CBV, KBV et autres, les concepts n'ont parfois pas les mêmes
définitions. Il suffit pour s'en convaincre de regarder les nombreux termes de vocabulaire
utilisés : ressources, compétences, capacités, capacités dynamiques, métacompétences,
routines, ressources limitées, ressources systèmes, knowledge based resources… »
D’autant que la littérature anglophone ne facilite pas la tâche qui consiste à différencier les «
capabilities », des « abilities », des « capacities », des « competencies ». Il est difficile de
distinguer les nuances opérationnalisables, autrement dit d’identifier quels sont les leviers
organisationnels, managériaux qui affectent la construction, la détention, le maintien de
chacun de ces termes. L’intérêt réside alors dans les facteurs d’opérationnalisation communs à
ces termes, autrement dit dans l’identification des dimensions sur lesquelles il est possible
d’agir.
L'objet n'est pas ici de procéder à une analyse extensive de la littérature consacrée à ces
approches, mais de comprendre les rapports, les relations que le concept de « capacités
organisationnelles » de Floyd et Wooldridge (2000) entretient avec celui de « capacités
dynamiques » selon Teece et al. (1990, 1997) afin d'établir une relation avec la performance
de l'entreprise qui passe par la construction d'un avantage durable.
Définitions
La compétence est une intelligence pratique de ces situations qui mobilise des connaissances
acquises en fonction de la singularité des problèmes et événements à affronter. Ces
connaissances ne sont pas appliquées : elles sont sollicitées et transformées en vue de la
compréhension de la situation et des nécessités de l'action.
La compétence est la faculté à mobiliser des réseaux d'acteurs autour des mêmes situations, à
partager des enjeux et à coopérer en fonction de ces enjeux. »
Teece, Pisano et Shuen (1997, p.516) proposent, quant à eux, une définition des compétences
à un niveau organisationnel :
Au-delà de la définition, Durand (2000, pp.96-97) développe les trois dimensions génériques
de la compétence : la connaissance, la pratique et les attitudes, qu’il définit ainsi :
Pour chacune des dimensions génériques, Durand (2000) identifie trois sous-dimensions ;
celles du « savoir » sont : Savoir qui, savoir quoi et savoir pourquoi ; celles du « savoir-faire »
sont les technologies, les techniques et le tour de main et enfin, celles du « savoir être » sont
le comportement, la volonté et l’identité.
L’un des nombreux apports qui nous intéresse ici est l’interaction structurante des trois
dimensions et le rôle plus particulièrement déterminant du haut management concernant la
diffusion du « savoir » et les conditions d’un « savoir être » entraînant.
Une compétence ne doit pas être isolée, sa détention et son déploiement ne doivent pas être le
seul privilège d'un individu et/ou d'une équipe ; en conséquence des problèmes d'extension, de
formalisation se posent. Si les compétences sont des regroupements d'actifs organisationnels
spécifiques à la firme, elles sont elles-mêmes construites dans le temps grâce à des capacités
dynamiques (Teece, Pisano et Shuen, 1997). Et, nous ajoutons, que dans une perspective
structurationniste de la stratégie, les capacités dynamiques façonnent, à leur tour, les
compétences de l’entreprise.
Les capacités expriment une aptitude à réduire le temps de réalisation des produits et à
maîtriser les conditions d'accès sur le marché. Il y a une capacité à combiner des
connaissances existantes pour réaliser de nouvelles applications, qui relèvent d'un équilibrage
entre l'aptitude de la firme à exploiter ses connaissances et à explorer de nouveaux potentiels
(March, 1991 ; Kogut et Zander, 1992).
« Des processus qui intègrent, reconfigurent, exploitent et explorent des ressources afin
d'égaler ou même créer le changement sur le marché. Les capacités dynamiques sont des
routines stratégiques et organisationnelles par lesquelles les entreprises atteignent des
nouvelles configurations de ressources sur des marchés émergents, conflictuels, qui se
divisent, se développent et meurent. »
Les capacités dynamiques sont des routines stratégiques et organisationnelles qui permettent
aux managers de modifier leurs ressources afin de générer de nouvelles stratégies créatrices
de valeurs. Le caractère dynamique, permettant de maintenir une proximité avec les réalités
du marché, est primordial dans le cadre de l'entreprise de services de réseau où les cadres
responsables des centres de résultats doivent développer une politique locale parallèle et
complémentaire de la stratégie globale afin que chacune « colle » au marché aulequel elle
s'applique. La relation entre l'avantage concurrentiel et les capacités dynamiques est d'autant
plus pertinente dans les entreprises de services de réseau qui constituent leur avantage
concurrentiel global à partir des avantages concurrentiels émanants des différents sites, et
réciproquement.
Expliquer les liens étroits entre les trois types et les processus permettant les passages entre
les compétences signifie comprendre comment une idée émergente devient une pratique
explicite et reconnue de l'entreprise, comprendre la contribution individuelle aux actions
collectives ou encore comprendre comment se développent les capacités dynamiques. Le
passage d’une compétence à l’autre intègre à la fois la simple boucle (« single-loop learning
») : apprentissage adaptatif par lequel on réagit aux changements en adaptant son action ; la
double boucle (« double-loop learning ») : l’atteinte des objectifs nécessite une remise en
cause des schémas d’action de l’organisation ; et le deutero-apprentissage : apprendre à
apprendre (Argyris et Schön, 1978). La dynamique entre ces trois types de compétences est à
la base de la formation de la stratégie dans la mesure où elle permet la ratification d'idées
émergentes, l’institutionnalisation d'informations et de connaissances, et dont elle trouve son
origine dans des structures facilitant l'apprentissage organisationnel. Cette explication est
proche du modèle de Nonaka & Takeushi (1995) qui affirme que le processus de
connaissance organisationnelle se résume dans l’élargissement d’une connaissance
individuelle par des expériences nouvelles, suivi par le partage d’expériences vécues au sein
d’un groupe, puis par la conceptualisation et la cristallisation de ces expériences : création
d’un nouveau concept et sa concrétisation. Kim (1993) construit un schéma d’apprentissage
global (Figure 5 page suivante) à partir de plusieurs modèles d’apprentissage individuel et
organisationnel, les articulant, les complétant, les rendant compatibles afin de souligner les
conditions structurationnistes requises. Kim (1993) apporte une nouvelle dimension comme
étant primordiale à l’apprentissage : les modèles « mentaux » de l’individu et de
l’organisation.
Le premier modèle d’apprentissage individuel qu’il sollicite est celui de Kofman (1992 in
Kim 1993) : le modèle OADI (Observation, évaluation, conceptualisation, implémentation :
Observe concrete experience / Assess observations / Design abstract concepts / Implement
with test concepts). Au modèle OADI, il ajoute le rôle de la mémoire : les modèles mentaux
individuels (IMM) qui sont les images mentales sur la façon dont le monde fonctionne,
autrement dit les cadres de travail (frameworks) et les routines. Dès lors, il distingue la
connaissance opérationnelle (Observation et implémentation) de la connaissance conceptuelle
(Evaluation et conceptualisation). La première désigne, comme son nom l’indique,
l’apprentissage à un niveau opératoire : on apprend les étapes permettant de réaliser une tâche
particulière : ce savoir-faire définit et est défini par les routines. La connaissance conceptuelle
concerne quant à elle la capacité à articuler une compréhension conceptuelle avec une
expérience : le « savoir-pourquoi » qui constitue les cadres de travail. Ainsi, selon le modèle
d’apprentissage individuel de Kim (1993) les connaissances conceptuelles et opérationnelles
informent et sont informées par les modèles mentaux.
Finalement, dans chacun des dysfonctionnements possibles, ce sont soit les modèles mentaux
individuels, soit les modèles mentaux partagés qui affectent l’interaction de l’apprentissage
individuel et l’apprentissage organisationnel. Ce même apport est confirmé par Hay et
Williamson (1997) qui s’intéressent à ce que les échelons inférieurs jugent être une bonne
stratégie. Premièrement, la stratégie délibérée doit fournir une « inspiration », une vision,
autrement dit un but à atteindre. Deuxièmement, elle doit aider « à voir les liens » entre les
initiatives de chacun, c’est-à-dire que la stratégie délibérée doit annoncer clairement le
système en place. Troisièmement, elle doit servir de « critère » pour les décisions courantes :
un cadre annonçant des règles du jeu. Quatrièmement, elle doit créer de la « marge de
manœuvre », autrement dit : autoriser, laisser libre cours à des initiatives. Enfin, elle doit
instaurer un « langage commun », afin d’homogénéiser les concepts et faciliter la
communication. Finalement, les cinq qualités énoncées par les échelons inférieurs
correspondent à un besoin de modèles mentaux individuels et partagés dont la clarté et la
communication dépendent des échelons supérieurs, qui eux-mêmes font référence à la «
connaissance » ou « savoir » de Durand (2000).
Une capacité dynamique est effectivement source d'avantage concurrentiel puisqu'elle permet
de renouveler les compétences afin de maintenir une proximité suffisante avec
l'environnement, elle est par essence créatrice de valeurs, et rare dans la mesure où elle est
source de déséquilibre de marché.
Les caractères d'imitation et de substitution sont en revanche mis en cause par la notion
d'équifinalité. Les capacités dynamiques sont souvent caractérisées par des processus uniques
et idiosyncrasiques qui émergent des dépendances de sentier des firmes (Teece et al., 1997).
Or, une capacité dynamique spécifique présente des caractéristiques communes (Eisenhardt et
Martin, 2000). Les auteurs citent comme exemple le cas des processus de développement de
produits qui nécessite une participation transversale des services permettant l'interaction de
différentes sources d'expertise ; ou encore le cas du processus de création de connaissances
qui présente un élément constitutif commun à savoir, le lien explicite entre l'entreprise et la
connaissance du monde extérieur entretenu par les personnes sécantes. Ainsi, « un état donné
peut être atteint à partir de différentes conditions initiales et de différentes façons » (Gresov et
Drazin, 1997, p.404) autrement dit, une même capacité dynamique a des attributs clés
similaires qui peuvent être développés à partir de parcours différents et indépendamment des
autres entreprises : l'équifinalité. Cette notion fragilise le caractère d'inimitabilité puisqu’un
résultat donné n’est pas unique et que différentes manières permettent d’y parvenir.
Les capacités dynamiques sont certes source de l'avantage concurrentiel, mais pas de sa
soutenabilité. La soutenabilité de l'avantage concurrentiel doit être envisagée à un autre
niveau, autrement dit dans les facteurs de causalité des capacités dynamiques, afin de pouvoir
agir sur eux. Ces facteurs d'influence sont envisagés dans le modèle de Lovas et Ghoshal
(2001) (II- 2.1.3.).
Nous postulons que l’entreprise vue comme un système écologique guidée intentionnellement
par le noyau stratégique, et enrichi de façon continue par les variations et leur filtrage
émanant du reste de l’organisation, s’applique au processus de ratification d’une idée
émergente jusqu'à sa concrétisation en une capacité organisationnelle ; dès lors identifier
l’ensemble des éléments définis ci-dessous permet de visualiser les facteurs et acteurs qui
agissent, ou non, sur le processus de ratification des idées émergentes. Leur identification
permet effectivement de disposer d’un schéma de conception du processus de ratification qui
indique les domaines activables, autrement dit d’apporter quelques réponses de « finalisation,
conception, préparation et conduite d’une action humaine collective de type économique en
milieu conflictuel » (Martinet 1990, p.213).
Les éléments d’influence d’une évolution guidée de la stratégie sont présentés par Lovas et
Ghoshal (2000) selon le schéma ci-dessous (Figure 6 : Les cinq éléments de l’évolution
guidée) et d'après les termes suivants :
- l'unité de sélection se trouve être l'initiative stratégique. Il s'agit d'un effort délibéré de
l'entreprise de créer ou de s'approprier une valeur économique de l'environnement, organisé
en tant que projet indépendant. Elle est sujette à des processus évolutionnistes et à des forces
écologiques des marchés internes et externes.
Vis-à-vis des marchés externes, le processus évolutionniste est défini par l'introduction de
nouveaux produits et services (variation), la capacité initiale de s'approprier des ressources
(sélection) et plus tard la capacité de la réaliser (rétention), autrement dit par la concurrence
de marché.
Dans les processus internes, la concurrence se fait entre les initiatives stratégiques. Les
processus de variation (ce qui est suggéré), de sélection (ce qui est commencé) et de rétention
(ce qui est retenu) ne sont pas déterminés par des facteurs externes mais sont guidés par des
croyances en la performance de l'initiative stratégique (variation et sélection) ou sont informés
par un pronostic de la manière dont elle sera performante ;
- Les sources de variation dans les processus stratégiques comprennent les personnes qui
soulèvent des problèmes et suggèrent des nouvelles façons de faire les choses et celles dont
les connaissances sont appropriées aux questions soulevées ;
- Les agents de sélection et de rétention concernent les personnes qui travaillent sur l'initiative
stratégique et sont autorisés (ont autorité) pour décider de son sort.
Le modèle de Lovas et Ghoshal (2000) indique que la connaissance est structurée au sein de
l'organisation grâce à un « système administratif » et à une « fonction d'objectifs », mais il ne
spécifie pas :
la manière dont l'externe peut faire évoluer la connaissance nécessaire à l'émergence des
initiatives stratégiques.
De plus, s'ils évoquent différents acteurs de variation, sélection, rétention, ils restent non
identifiés, ce qui nuit à l'opérationnalisation. Un travail de fond a déjà été réalisé par Gadrey
et Gallouj (1994), mais nous ne l'utiliserons que partiellement pour les raisons suivantes.
Gadrey et Gallouj (1994) démontrent que des catégories d'acteurs sont plus ou moins
responsables de catégories d'innovations. Les auteurs pointent quatre grandes catégories
d'innovations dans les services : 1) les innovations de produits-services ; 2) les innovations
architecturales ; 3) les innovations de modification du produit-service et 4) les innovations de
process et d'organisation, de méthode et de gestion.
Trois commentaires peuvent être faits : le premier concerne ce que les auteurs ont nommés «
acteurs » : il ne s'agit pas d'acteurs, d'hommes au sens propre, mais de catégories de directions
au sein de l'entreprise. Les auteurs ont retenu « l'acteur principal du processus innovant » afin
de déterminer « l'intervention d'une instance considérée dans un type d'innovation donnée »
(Gadrey et Gallouj, 1994, p.15). Mais nous ne savons pas de quoi se compose le processus
innovant, ni ce qu'est un acteur principal : l’initiateur ? Le porteur ? Le ratificateur ?
Le deuxième commentaire concerne le positionnement de l'innovation, sous-entendue comme
radicale, qui ne laisse pas la place à une conception évolutionniste de l'idée : l'innovation, est,
naît soudainement, mais n'est pas le produit d'une évolution. Les deux conceptions coexistent.
Pourquoi ne pas envisager par exemple que c'est la somme, la fréquence, la requête etc.
d'innovations de type « sur-mesure » qui font naître une innovation « relative », ou que la
prolifération des innovations de gestion informelles soit à l'origine des innovations de process
et d'organisation pour un produit-service identique dans les spécifications formelles (mais
dont on souhaite améliorer la réalisation concrète, la qualité perçue, le mode de
commercialisation).
Ces commentaires conduisent finalement à affiner l'identification des acteurs dans les
processus de variation, sélection, rétention d'une idée selon sa portée, ses conséquences dans
l'entreprise par le biais de l'études des narrations.
Considérer isolément les rôles joués par les agents de variation, de sélection et de rétention,
serait la manifestation d’une grande naïveté et signifierait croire au simplisme des processus,
néanmoins cela permet d’imaginer, d’anticiper le contenu des étapes, des échanges entre les
interlocuteurs. La compétence individuelle de l’acteur de variation réside dans sa capacité de
déceler l’anomalie ou la possible amélioration, celle de l’acteur de sélection dans sa capacité
d’engager son savoir, son expérience afin de résoudre cette anomalie en tranchant quelle
pratique est estimée être la plus appropriée, et enfin celle de l’acteur de rétention qui va
décider de sa pratique officielle dans l’organisation qui va l’accueillir, la faire vivre, et la
transformer. Le tout permettant à une idée d’émerger, soit que la capacité dynamique se
développe. Dès lors nous révisons le schéma de Lovas et Ghoshal (2000) et proposons une
nouvelle interprétation (Figure 7 : Eléments d’influence des capacités dynamiques).
Dès lors, la capacité dynamique entendue comme renouvellement des compétences est basée
sur une accumulation de connaissances conceptuelles et opératoires ainsi que sur des
processus d’apprentissage organisationnel aidés de modèles mentaux individuels et partagés.
Ainsi, la variété de connaissances et croyances individuelles est nécessaire et disponible pour
que l'apprentissage organisationnel puisse avoir lieu. Soutenir la variété des croyances
individuelles, les modèles mentaux, les modèles partagés permet à l’entreprise de s’adapter à
l’environnement en mouvement. Cela implique qu’il faille, selon les termes de Lovas et
Ghoshal (2000), multiplier les possibles sources de variation afin que l’entreprise puisse «
voir le système », autrement dit qu’elle développe l’aptitude à identifier et comprendre
l’environnement concurrentiel et le cadre de référence de ses actions.
La section suivante s’attache à expliquer comment une entreprise peut augmenter sa capacité
à « voir le système » de manière à agir dans et avec lui afin de se doter d'un avantage
concurrentiel durable. L'idée sous-jacente est de préciser comment le middle manager
intervient sur l'avantage concurrentiel, il faut alors appréhender les fondements de l'avantage
concurrentiel.
II- 3. Le middle management et la performance via les capacités dynamiques dans l'entreprise
de services de réseau
Pas ou peu de recherches se préoccupent des fondements de l'avantage concurrentiel de
l'entreprise de services de réseau (Bizac et Mahieu, 1999 ; Ketata et al., 2000). Rindova et
Fombrun (1999) soumettent un modèle qui met en évidence deux types de processus par
lesquels une firme fonde son avantage concurrentiel. Le premier type de processus expose la
manière dont le monde extérieur affecte l'avantage concurrentiel et le second type de
processus décrit comment l'entreprise construit son avantage concurrentiel. Bizac et Mahieu
(1999, pp.430-431) rappellent d'une manière plus spécifique que l'avantage concurrentiel des
entreprises de services de réseau :
« dépend de la capacité à créer une offre capable d'assouvir une demande repérée, voire
anticipée (…) et place au cœur de l'analyse la question de l'appréciation de la diversité des
situations contribuant à l'établissement de la relation de services. »
Force est de déduire l'importance de la « coproduction » pour qualifier cette réciprocité entre
les acteurs qui caractérise l’économie de services, et donc de la co-formation des capacités
dynamiques. Tannery (2001) souligne cependant les points non explicités par la littérature de
l'économie des services ; les aborder permettrait une meilleure appréhension de la formation
de la stratégie. Premièrement, si la dynamique de ces groupes d’acteurs requis pour agencer
l’offre de services est analysée, il y a peu de conceptualisations générales de ces constellations
d’acteurs, signe d’une faible connaissance des stratégies de ces activités. Deuxièmement, le
fait de s’intéresser principalement à la relation de service entre le prestataire et le client rend
occulte le réseau d’acteurs requis par la structuration du système d’offre d'une part, et néglige
les conditions de développement des services de proximité d'autre part.
Quant à la littérature sur les middle managers, et plus particulièrement les recherches de Floyd
et Wooldridge (1996 ; 2000), elle expose les rôles et fonctions susceptibles d'être attendues du
middle management.
II- 3.1. Les fondements de l'avantage concurrentiel selon Rindova et Fombrun (1999)
Rindova et Fombrun (1999) souhaitent compléter les analyses des théories économiques en
proposant deux niveaux sur lesquels fonder l'avantage concurrentiel.
Pour les uns, le critère de performance est déterminé par l'avantage concurrentiel que
l'entreprise détient et maintient dans son industrie, pour les autres il repose sur des ressources
de l'organisation (Approches basées sur les ressources, compétences…). Ces deux écoles
présentent en réalité de fausses antinomies puisque l'avantage concurrentiel ne peut être
construit et détenu sans une réflexion « à aller-retour » : quelles ressources l'entreprise doit-
elle repérer, obtenir, détenir, combiner, exploiter afin d'être performante, de détenir un
avantage concurrentiel dans son industrie ? Rindova et Fombrun (1999) réconcilient les deux
approches en proposant deux sous-dimensions, à savoir un domaine externe : le champ
organisationnel, et un domaine interne : l'entreprise (Figure 8).
Le domaine externe/matériel concerne les nombreux marchés sur lesquels les concurrents et
participants échangent des ressources ;
Ces zones d'évolution ne doivent donc pas être traitées indépendamment et séparément. En
effet, les actions dans un domaine entraînent des conséquences dans un autre, chaque champ
existe à travers ses liens avec les autres, et enfin les actions des participants et concurrents
modifient la manière dont les domaines changent. De fait, six processus découlent de ces
quatre zones.
L' « allocation des ressources » : l'ensemble des choix des parties prenantes du champ
organisationnel en termes d'allocation de ressources cadre les conditions structurelles d'une
industrie.
La « définition du succès » est le résultat de l'ensemble des évaluations faites par les parties
prenantes du champ organisationnel entre elles.
Le « paradigme de l'industrie » est la résultante de l'interaction des ressources matérielles et
des interprétations du champ organisationnel :
Une entreprise construit une position stratégique distinctive grâce à trois processus :
Les « projections stratégiques » : les investissements les mieux ciblés ne peuvent contribuer à
la construction de l'avantage concurrentiel si leur valeur et raison d'être ne transparaissent pas.
Les entreprises lancent des projections stratégiques qui stimulent et augmentent les
interprétations, évaluations favorables de leurs investissements.
Le processus qui forge la cohérence entre les ressources matérielles d'une firme et sa micro-
culture, soit entre ses projections stratégiques et ses investissements, est la « formation de son
plan stratégique ». Celui-ci fournit un contexte long terme, reflète la stratégie intentionnelle et
résulte de la coexistence entre des ressources matérielles et une micro-culture.
Force est alors de déduire trois principes fondamentaux concernant la construction d'un
avantage concurrentiel. Premièrement, la concurrence ne s'effectue pas seulement sur des
ressources matérielles, mais sur la manière dont les entreprises interprètent la création de
valeur dans une industrie. Deuxièmement, les entreprises développent une position supérieure
dans l'industrie à partir d'actions instrumentales intentionnelles, non seulement pour battre les
concurrents, mais pour influencer les perceptions et actions des participants. Et enfin, les
entreprises et participants « enactent » la zone concurrentielle.
De ces trois principes fondamentaux, les auteurs tirent des implications fortes :
L'avantage concurrentiel est construit sur des relations, à travers un processus d'influence
social ;
Chaque implication est forte mais reste, au regard de la problématique et en vue d'un cadre
conceptuel opératoire, incomplète et imprécise. Nous nous intéressons à déterminer non pas
comment l'entreprise construit l'avantage concurrentiel, mais quelles seraient les contributions
du middle management aux fondements des avantages concurrentiels précédemment cités, et
donc à la participation des middle managers à chacun des mondes et sous-mondes jusque-là
repérés.
Or, les quatre implications font référence à la dimension humaine sans jamais la mentionner,
ou très globalement, toujours inclue dans un environnement, sans l'expliciter ni la désagréger.
Cette généralisation est une entrave au caractère actionnable d'un outil opératoire. Résumer
les ressources dans les catégories matériel et interprétatif anéantit les auteurs des actions et
interprétations dans les environnements déterminés. Le processus interactif, le processus
d'influence sociale, le processus d'apprentissage et les relations sont certes le produit de
mondes en interaction, mais plus précisément d'individus, appartenant à un ou plusieurs sous-
mondes, en interaction. Ces processus mis en évidence correspondent à la dialectique
potentialisation/réalisation (ou investissement/exploitation) qui répond à une logique de
facteurs (actifs matériels et immatériels, ressources, produits, process…).
A cette logique, il convient en outre d'articuler les acteurs. L’intérêt réside alors à se
demander comment les acteurs repérés dans l’entreprise, et plus particulièrement les middle
managers, réagissent au sein des processus définis par Rindova et Fombrun (1999). Il
convient d'articuler la logique d’acteurs à la logique de facteurs de Rindova et Fombrun
(1999) pour répondre à la question : comment les middle managers interviennent dans
l’investissement stratégique, les projections stratégiques et le « strategic plot » afin d’aboutir à
la formation des capacités dynamiques ?
Jusqu’à présent, peu de travaux se sont concentrés sur le développement théorique des
processus de formation de stratégies au niveau des middle managers et la notion de « capacité
» n’a pas été réellement opérationnalisée et mesurée à l’intérieur de ce cadre théorique.
Les middle managers sont trivialement considérés comme des managers qui travaillent à un
niveau intermédiaire de la hiérarchie, une définition précisée par Wooldridge et Floyd (1990,
p.233) : « à deux ou trois niveaux en-dessous du président directeur général » et par Thakur
(1998, p.734) : « à un niveau en-dessous du vice président et deux niveaux au-dessus du
'manager de première ligne ». Si ces définitions sont indispensables pour comprendre les
fonctions qui découlent de cette position, et intéressantes pour comparer les organisations,
elles situent cependant le middle management uniquement sur un plan vertical (et à un
niveau… très élevé) sans mentionner les autres relations possibles. En outre, ces définitions
sont relativement instables puisqu’elles peuvent varier selon le nombre de personnes
employées et la structure organisationnelle établie dans l’entreprise. Le cadre intermédiaire
peut alors être imaginé comme étant soit directeur d’unités opérationnelles, directeur régional,
soit responsable d’un service comme par exemple contrôleur de gestion d'une division, soit
directeur de filiale. Or, d’une manière plus globale, identifier qui est, ou qui n’est pas, middle
manager n’est pas dépendant d’un titre ou d’une fonction dont la description serait formelle,
mais est fonction de la manière dont un individu voit, évalue ses responsabilités. Quel que soit
l’endroit où il est situé, le cadre intermédiaire se distingue par l’alignement entre d’une part
les stratégies et objectifs de l’organisation, et d’autre part les activités opérationnelles.
Dans le cadre d'une entreprise de services de réseau, le middle manager peut être le directeur
régional, directeur d'une zone de cette même région fragmentée, directeur de centre.
Il s'agit ici de déterminer le rôle joué par le middle management sur le développement des
capacités dynamiques (par exemple le développement de la capacité à « stratégiser »)
entendues comme l'aptitude à renouveler les compétences afin de maintenir une proximité,
une harmonie suffisante avec l'environnement. Dans le cadre de l'entreprise de services de
réseau, il s'agit donc d'établir et de maintenir un marché de proximité qui nécessite des
stratégies intermédiaires/complémentaires à la stratégie globale. L'aptitude à développer des
stratégies complémentaires passe nécessairement par la prise de connaissance d'informations
vastes et aux sources diverses, qu'elles soient internes ou externes, à l'entreprise afin de coller
d'une part aux objectifs de l'organisation, et d'autre part aux exigences du marché local.
Burgelman (1987, p.91) écrit :
« Les directives stratégiques doivent surgir des connaissances d'un certain nombre de
personnes aux expériences et aux responsabilités diverses ».
La stratégie globale ne doit pas être seulement réalisée localement, mais elle doit être
façonnée d'une manière continue et itérative en utilisant la connaissance locale. Une personne
sécante à ces deux mondes doit pouvoir être en mesure de réceptionner, échanger cette
information issue de ses relations, afin de la transformer en connaissances appropriées. Dyer
& Singh (1998) précisent que des relations aux niveaux d'interactions profonds deviennent
une opportunité cruciale pour l'adaptation mutuelle, l'apprentissage et la génération d'idées.
Pour expliciter et préciser ce processus, Liedtka et Rosenblum (1996) avancent que les «
méta-capacités » trouvent leur source dans un ensemble distinct mais inter-relié de savoirs :
l'apprentissage, la collaboration, une aptitude à reconcevoir des processus, et une capacité
pour la formation de la stratégie présente dans l'ensemble de l'organisation. Ces sources de
capacités dynamiques ont un facteur commun : elles dépendent de l'ensemble des
conversations stratégiques présentes à tous les niveaux de l'organisation.
« Les conversations stratégiques sont des interactions grâce auxquelles des choix peuvent être
faits, testés et les raisonnements qui en découlent développés ».
Leur but est d'une part de favoriser la stratégie globale et d'autre part de reconnaître les
opportunités des stratégies émergentes (Liedtka et Rosenblum, 1996).
Il s’agit de se demander dans quelle mesure les cadres intermédiaires participent, contribuent,
influencent le stratégique auprès de l'équipe de direction.
II- 3.2.1. La relation inter-organisationnelle, une relation de co-production de l'offre
Le cadre intermédiaire dans l'entreprise de services de réseau établit un lien entre
l’organisation et le monde extérieur local, il est un intermédiaire inter-organisationnel.
2)Construire une interprétation des effets à produire pour le client, à partir de ce qu'il formule
et à partir d'informations recueillies ultérieurement. L'auteur ajoute qu'interpréter, c'est
assigner une signification à des énoncés langagiers afin de comprendre, c'est-à-dire identifier
le sens que le client-usager donne à la transformation qu'il souhaite dans son activité.
4)Produire une solution consiste à percevoir la production de services selon les trois modes
cités par le même auteur (cf. p.)
La conversation développée par les cadres intermédiaires au cours de leurs relations inter-
organisationnelles permet la mise en œuvre d'une co-production de l'offre car elle aide,
favorise, participe à une définition « ex ante » du succès. Les actes, les expériences et les
informations issus de la conversation inter-organisationnelle sont suceptibles de nourrir la
conversation intra-organisationnelle. Les middle managers sont de fait des acteurs qui
animent, conduisent, guident ce que Rindova et Fombrun (1999) ont nommé le processus
d'investissements stratégiques. Ainsi, le middle manager est agent de variation et de sélection.
Dans l’entreprise Chandlérienne, il est reconnu que le middle management occupe une
position d’intermédiaire entre la réflexion stratégique et l’action stratégique, sous-entendue
entre la réflexion, l'institutionnel, et le stratégique d'une part et l'action, le technique et
l'opérationnel d'autre part. La participation du middle management à la mise en place de la
stratégie de et dans l’entreprise s’avère être plus élevée que leur participation dans la
formulation des idées stratégiques. Le middle manager est l’interprétateur des deux parties, il
joint les objectifs au domaine du possible. Sa situation lui permet de faire interagir ce qu’il est
souhaité, voulu par l’équipe dirigeante avec ce qui est possible de réaliser par les équipes
opérationnelles. Sa connaissance des deux parties lui permet un arbitrage entre les objectifs et
les ressources disponibles, ou mobilisables. Les cadres intermédiaires doivent alors informer
l'équipe de direction et contrôler les équipes opérationnelles.
Ces rôles opératoires d'information et de contrôle doivent être complétés lorsque le contexte
de l'entreprise de services de réseau remplace celui de l'entreprise Chandlérienne, la célèbre
dichotomie formulation/mise en œuvre de la stratégie s'efface au profit d'un processus de
formation de la stratégie. A ce propos, Wooldridge et Floyd (1990) énumèrent une liste, non
exhaustive, de fonctions des middle managers : l’identification des problèmes, la proposition
des objectifs, la génération et évaluation des différentes options, la prise de décisions et agir
selon elles pour mettre en place le changement représentent l’implication des cadres
intermédiaires dans la stratégie. Ces fonctions appartiennent plus à un processus de formation
de la stratégie qu’à des processus de réflexion d’une part et de mise en œuvre stratégique
d’autre part.
Le rôle d’« intégrateur clé » leur est attribué du fait qu’ils lient activités et idées, ainsi que le
niveau technique et institutionnel, puis celui de « coordinateur » où ils servent de médiateur,
négocient les relations entre les niveaux institutionnel et technique de l’organisation. Les
middle managers sont en excellente position pour identifier les écarts de compétences,
développer et mettre en oeuvre les compétences manquantes (King et al., 2001).
Dutton & al. (1993) soulignent que les cadres intermédiaires sont des managers à la fois
supervisés et superviseurs. S’ils « subissent » autorité, pouvoir…de l’équipe de direction, ils
l’exercent également auprès des personnes qui se trouvent à un niveau hiérarchique inférieur.
Le manager est à la fois « manager et managé » (Laroche, 1998), le middle manager est
manager dans la relation intra-organisationnelle inférieure qui lie les middle managers avec
les subordonnés de l'entreprise et managé dans la relation intra-organisationnelle supérieure
qui lie les middle managers avec les instances supérieures.
Ceci dit, malgré quelque phénomène commun, un concept est plus particulièrement attaché à
la relation intra-organisationnelle supérieure.
Le phénomène commun aux relations intra-organisationnelles
Par relation intra-organisationnelle supérieure, Westley (1990) pose l'expression de « dyade
subordonnés-supérieurs », dans laquelle les interactions verbales se caractérisent par une
concentration sur les questions stratégiques, puisqu'il s'agit de la communication établie entre
les seniors et le middle management qui précède, accompagne et suit les décisions
stratégiques dans l'organisation Chandlérienne. Le cadre de l'étude ne nous concerne pas a
priori compte tenu du contexte non réticulaire. Ceci dit, certaines idées peuvent être retenues.
Si les subordonnés sont dominés dans la conversation stratégique, il ne peut y avoir de
mouvement dialectique, ni d'argumentation, ni de dialogue. La communication dominée, ou
les discussions asymétriques finissent par la victoire de celui qui définit et établit les règles de
la discussion. Il est important que règnent non pas des logiques de « commandement », mais
une logique de « négociation » et/ou d' « animation » dont l'une des caractéristiques est la
gestion par l'argumentation et non par les règles ou les seuls symboles. La logique de
négociation permet non pas une concrétisation, une déclinaison des visions du global par le
local, mais une véritable négociation des stratégies et des moyens afin de répondre aux
différences sensibles des contextes concurrentiels.
Une remarque doit être faite quant aux conditions du mouvement dialectique : elles ne
s'appliquent pas exclusivement à la communication établie entre haut management et middle
management (la relation intra-organisationnelle supérieure) mais bien à toute relation
subordonnés-supérieurs, dont la relation middle management-subordonnés (la relation intra-
organisationnelle inférieure). Les conditions d'efficacité (absence de domination, d'asymétrie)
s'appliquent à tour de rôle, à chaque catégorie de participants.
L’ensemble des comportements que les cadres intermédiaires utilisent afin de diriger
l’attention des dirigeants vers, et pour comprendre, certains points sensibles (la présentation
d'un problème, d'une question, d'un changement) est nommée « issue selling » (Eisenhardt,
1989 ; Dutton & al., 1993, 1997), ou vente de questions. Avant de répercuter l'information, le
middle manager procède à une sélection de l’information à communiquer : il « filtre » les
données qui lui parviennent avant de proposer ses choix à l’équipe de direction. Fournir ou
dissimuler des informations concernant des points clés, formuler les problèmes d’une manière
plutôt que d’une autre, mobiliser des ressources et routines dirigent l’attention des dirigeants
dans certaines directions et non vers d’autres. L’avantage d’inclure le middle management
dans le processus d’identification des questions stratégiques est de favoriser un meilleur
engagement de ces cadres dans la formation de la stratégie, un moyen d’améliorer le
processus d’information pour Westley (1990), mais également d’exposer l’équipe de direction
aux différents points de vue de ceux qui sont proches des activités opérationnelles courantes
et du monde extérieur, et enfin d’augmenter la capacité de placer rapidement les questions
critiques à l’ordre du jour sur l’agenda de l’organisation. Le middle management assure alors
une fonction intégratrice dans la mesure où il combine des données ambiguës et diverses, et
les interprète dans un contexte stratégique donné. Ces cadres ajustent effectivement leur
tactique d’influence au contexte et à la cible de leur influence afin d’être performants. En ce
sens, Nonaka (1988) affirme que leur position clé leur assure la capacité de combiner les
informations macro- et micro-stratégique, donc de forger des liens organisationnels entre un
management déductif et un management inductif, et pour toutes ces raisons Floyd et
Wooldridge (1994) affirment que les effets de la vente de questions stimulent la réflexion
stratégique globale.
Les sources de variation, « qui soulèvent et suggèrent de nouvelles façons de faire les choses
» (Lovas et Ghoshal, 2000), sont constituées par l'ensemble des parties prenantes du champ
organisationnel (clients, fournisseurs, concurrents, collectivités locales, Etat…) et de
l'entreprise (Tous niveaux hiérarchiques confondus, connaissance opérationnelle,
connaissance conceptuelle, modèles mentaux, modèles partagés, etc). Chaque partie est en
mesure d'améliorer la formation de la stratégie. Chaque acteur représente une source de
variation parce qu'il détient une expérience, une connaissance de son unité, du marché
d'implantation et de son organisation. Le middle manager est au centre de la source de
variation parce qu'il entretient des relations intra- et inter-organisationnelles, autrement dit les
processus d'interprétation et d'articulation (Floyd et Wooldridge, 2000) sont largement entre
ses mains : il connaît chacune des parties, et cette connaissance mutuelle le conduit à opérer
un arbitrage approprié. Le système propositionnel des auteurs débute par six propositions qui
ont pour objectifs d’une part d’énoncer quelles sont les conditions génératrices d’idée, d’autre
part d’expliquer pourquoi les middle managers sont en situation de générer de nouvelles idées
; en d’autres termes elles illustrent le passage de l’interprétation à l’articulation. Elles
représentent les prémisses d’opérationnalisation des sources de variation.
Les idées divergentes et la connaissance tacite sont introduites par les intuitions et croyances
subjectives des membres.
Les liaisons "faibles" sont une source première d'informations divergentes qui crée des
asymétries d'informations entre les membres.
Les nouvelles idées émanent d'individus "éclairés" qui sont à la fois séparés et connectés à la
logique dominante.
L'individu doit être suffisamment autonome et s'estimer capable d'influencer pour être motivé
à défendre ses idées.
Les individus ayant une conscience extrême des équilibres politiques sont peu enclins aux
nouvelles idées.
Les agents de sélection décident quelles sont les suggestions, idées qui doivent être mises en
action parmi celles suggérées par les sources de variation (acteurs de l'environnement et de
l'entreprise). Le middle manager, au centre du système de variation, constitue un agent de
sélection (parmi d'autres de rang hiérarchique supérieur) puisqu'il détermine quelle(s)
donnée(s) nécessite(nt), mérite(nt) d'être mise(s) en action. Le responsable de centre de
résultats entretient des relations de concurrence et de coopération avec ses pairs dont la
littérature ne fait pas état. Pourtant cette relation inter-unités prend une importance
substantielle dans les phases de variation et de sélection. Nous pensons que, du fait d'une
connaissance à la fois globale et locale, chaque responsable d'unités est une source de
variation pour ses pairs, et ce partage de connaissances avec les autres responsables d'unités
conduit à deux niveaux de sélection. Le premier concerne une phase de sélection locale où
l'idée développée dans le site est l'idée qui a émergé dans ce même site. Une seconde phase de
sélection est dite translocale où l'idée développée dans un site est née sur le territoire d'un
autre site. Dans les deux cas, il s'agit d'un processus qui réunit les processus d'articulation et
d'élaboration (Floyd et Wooldridge, 2000) et dont le middle manager est un acteur pivot. Les
6 propositions suivantes illustrent le passage de l’articulation à l’élaboration, ce qui
correspond à la phase de sélection d’une idée émergente.
7.Le middle management possède une perspective cognitive qui favorise l'articulation d'idées
divergentes et de questions stratégiques, et la création de contexte d'actions.
8.La coopération dans un réseau social émergent est fondée sur des liens sociaux informels mais
robustes et de hauts niveaux de confiance interpersonnelle.
10.L'articulation de la question à l'intérieur d'un réseau émergent crée un savoir explicite de groupe et
une croyance dans la logique sous-jacente et la pertinence stratégique.
La première circonstance concerne le cas où une idée émergente apparaît positive à un centre
de profits, autrement dit que le succès relatif ou non de l'idée émergente à un niveau local
dicte la rétention. Seul, le cadre intermédiaire concerné peut décider de l'application ou non de
l'idée compte tenu de sa performance sur ledit marché local. Il s'agit ici d'un processus de
rétention/ratification localisé.
La seconde circonstance peut être le cas où une idée émergente est bénéfique à plusieurs
centres de profits, sans la généraliser à l'ensemble du groupe, nous sommes alors en présence
d'un processus de rétention pluri-localisé.
Un troisième cas concerne l'application de l'idée émergente à l'ensemble d'une activité ou d'un
métier, il s'agirait d'un processus de rétention global. Le processus de ratification global
débute lorsque le middle management rapporte le retour d’expérience de la routine testée au
niveau local aux instances supérieures en vue de démontrer l’intérêt de la généraliser à
l’ensemble de l'activité, en d’autres termes de la ratifier.
13.La vente de questions par les middle managers stimule le top management à commencer à changer
sa stratégie.
14.La démonstration objective que les nouvelles initiatives répondent à des demandes effectives
accroît leur probabilité de survie malgré leur divergence avec la stratégie officielle.
15.La ratification est associée avec la reconnaissance par le top management qu'une initiative
stratégique émergente représente une stratégie qualitativement meilleure, compatible avec des valeurs
d'ordre supérieur.
17.La ratification est facilitée quand un top manager participe au réseau social émergent associé à une
initiative.
18.La ratification est facilitée quand les champions ont conscience des normes informelles de
décisions au sommet.
19.Un haut niveau de conscience sur la stratégie officielle au sein du top management peut empêcher
la ratification d'une initiative.
20.La ratification d'initiatives stratégiques émergentes est facilitée par la dérive ou le stress engendré
par la stratégie officielle.
21.Un système de croyances partagé facilite l'intégration de nouvelles routines dans la base
d'aptitudes.
22.La connaissance sur la connexion entre des stimuli décisionnels et les réponses organisationnelles
effectives est concentrée chez les middle managers.
23.L'engagement envers des initiatives divergentes est relié à la façon dont le changement affecte les
perceptions d'équité des middle managers.
24.Les récompenses bureaucratiques sont insuffisantes pour forcer l'acceptation des initiatives
stratégiques divergentes.
25.L'existence de 'clan controls' peut aider à augmenter l'engagement vers des initiatives stratégiques
divergentes.
26.La diffusion de nouvelles routines sera facilitée par l'utilisation de riches mécanismes de processus
d'informations tels que l'apprentissage, l'observation, et le transfert personnel.
Chaque circonstance peut être indépendante ou successive. S’inscrire dans une suite, dans le
sens où chaque circonstance peut être une étape pour atteindre une rétention totale.
L'indépendance est requise afin d'éviter le gaspillage, l'isolement d'une idée émergente : une
idée peut émerger sur un site qui ne serait pas appropriée à son développement, mais qui
pourrait l'être sur un autre site.
Dans le cadre des entreprises de services de réseau, les cadres intermédiaires mobilisent bien
sûr les ressources en fonction des objectifs assignés (Kanter, 1982 ; Burgelman, 1983 ; Fulop,
1991). Les cadres intermédiaires ont accès à plus de ressources que les niveaux hiérarchiques
inférieurs, mais exercent moins de contrôle sur elles que les niveaux supérieurs. Nonaka
(1988) reconnaît que l’encadrement intermédiaire sécurise et rassemble les ressources
requises pour atteindre les objectifs. En effet, la planification stratégique plutôt déductive et
l’émanation d’informations des besoins du marché plutôt inductive sont intégrées pour établir
une direction définie du déploiement des ressources et pour créer un concept pratique qui suit
cette même direction. Le comportement de « citoyen organisationnel » développé par Thakhur
(1998) renforce finalement cette idée. Au-delà d’un dévouement au travail, ce type de
comportement comprend la création et l’allocation de ressources d’une manière originale. Ce
comportement de « citoyen organisationnel » doit éviter l’ignorance de l’interconnection des
activités et leur impact entre et dans l’entreprise, le secteur et la demande macro-
environnementale.
Tannery (2001) confirme l’existence d’« une production par la communication » elle-même
signalée par Veltz (2000, p.216) qui précise le rôle des cadres intermédiaires dans cette
nouvelle production :
II- 4. Synthèse
Nous sommes à présent en mesure de présenter une nouvelle conceptualisation des modèles
évoqués.
Dans le cas d'une entreprise de services de réseau, nous avons vu que le middle manager est
confronté à chaque monde repéré par Rindova et Fombrun (1999), et que chacun de ces
mondes se compose d'entités dont les interactions produisent des co-formations.
C'est pourquoi nous avons choisi d'ajouter au modèle de Rindova et Fombrun (1999) un «
tiroir » à la dimension des ressources : les entités participantes. Elles ajoutent une logique
d’acteurs, et plus particulièrement la dialectique virtualisation/actualisation
(problématisation/résolution) « qui s'opère dans l'esprit puisqu'elle met en jeu des
informations, des schémas mentaux, des concepts, des images mais aussi des projets et des
préférences » (Martinet, 2000, p.16).
L’organisation doit délibérément favoriser les lieux et moments d'émergence afin que le
responsable d'unité puisse encourager une participation du monde extérieur aux déterminants
de l'offre de la firme, que les cadres intermédiaires puissent entre eux partager expérience et
connaissance de leurs unités, afin de maintenir une capacité dynamique.
Dans un premier temps, nous justifions notre position épistémologique compte tenu du projet.
Les questionnements et les objectifs de recherche dictent une posture. Nous verrons celle qui
été effectivement insufflée à la fois par les exigences de la discipline et par la nature du projet.
Puis, dans un second temps, nous exposerons à la fois la manière dont nous avons mené la
recherche empirique, dite « terrain », autrement dit les critères de choix des deux entreprises,
la construction des guides d'entretien, les différentes sources, mais également nous
justifierons la manière dont nous avons souhaité présenter les études de cas.
Enfin, dans un troisième temps, nous nous interrogerons sur les biais introduits par la
méthodologie de recherche employée, et tenterons d'apporter quelques suggestions.
L'entreprise éco-logique est commandée par l'environnement, le marché. Les acteurs sont
impuissants face aux exigences externes, et ne peuvent que chercher à satisfaire celles du
moment. Les entreprises qui ne se soumettent pas à cet exercice, seront sanctionnées et
vouées à disparaître. Sur le long terme, les stratégies ont un rôle quasi-nul, les choix reposant
sur du pur calcul économique.
L'approche socio-logique privilégie les rapports sociaux, les jeux de pouvoirs, les normes
culturelles : les organisations sont des réseaux de relations où les acteurs ne partagent pas a
priori les mêmes valeurs et aspirations que les dirigeants. La stratégie apparaît alors plus
émergente que délibérée, elle ne se formule pas ex ante, mais se forme « chemin faisant ». La
rationalité exercée est d'ordre politique.
La présence d'une ambition qui guide les actions en lieu et temps s'inscrit dans une
perspective téléologique selon laquelle la stratégie est perçue « comme des positions à
atteindre ou à modifier, des manœuvres à concevoir et opérer, des décisions majeures à
prendre » (Martinet, 1997, p.69). La vision consiste pour l’entreprise, à s’imposer des
ambitions, dans le long terme, relativement disproportionnées au regard des moyens à
disposition, et en rupture par rapport à son cadre de référence actuel. L'écart entre une
position actuelle et une position future plus ambitieuse, crée une tension dite « créatrice »
(Hamel et Prahalad) qui nécessite de prendre en compte un regard à la fois éco-, socio- et
idéo- logique afin que la délibération de la stratégie n'étouffe pas les émergences.
« Le discours stratégique est une technologie du pouvoir, d'où son appropriation par les
dimensions fonctionnelles de la gestion, qui tente de faire prévaloir l'image d'une organisation
maîtrisée et contrôlée, rationnelle malgré la complexité, les turbulences » (Martinet, 1997,
p.70)
Or, la capture des « micro-dynamiques de stratégisation » est une condition nécessaire mais
non suffisante à la compréhension des conditions d'émergences et de développement des
micro-stratégies. Il s'agit alors de comprendre quels sont les différents jeux de pouvoirs,
d'identifier les réseaux de relations entretenus par et au sein des collectifs en présence qui
maintiennent le délibéré et encouragent, favorisent et inscrivent les émergences dans le
délibéré. Le regard socio-logique paraît alors indispensable à notre recherche.
L'une ou l'autre logique apporte certes des explications selon une rationalité qui
malheureusement a tendance à exclure les autres. Cette attitude est légitime dans une optique
purement explicative. En revanche, dans une intention descriptive, puis prescriptive, il
convient de conserver et de restituer ces regards multiples. Parce que l'entreprise n'est pas
seulement une vision des dirigeants, uniquement un réseau de relations, ni exclusivement un
discours endoctrinant, ou une organisation subie. Il s'agissait lors de la recherche empirique
non pas de cumuler ou superposer les approches mais d'obtenir des regards complémentaires.
D'autres de l'ordre du « Strategic problem finding » représentent des cas où si le constat d'une
insatisfaction est relativement clair, il s'agit de recueillir des données pertinentes, de les
analyser et de les mettre en forme pour déterminer les catégories de problèmes pouvant être à
l'origine de la situation constatée. Il s'agit par exemple de se demander pourquoi les middle
managers de telle entreprise ne prennent plus d'initiatives.
Ces deux choix d'intervention conduisent finalement à déterminer sur quels variables, critères,
paramètres du processus de ratification il faut agir pour augmenter la performance de
l'entreprise. Mais il s'agit avant tout d'identifier qui est le middle manager, et quels sont les
processus de stratégisation des entreprises. Ce type de questionnement relève plutôt de
questionnements proposés par « problem enacting », sans pour autant exclure les
questionnements de « problem finding » ou « problem solving » qui sont d'autres étapes du
processus de recherche et qui impliquent d'autres postures épistémiques à des moments
distincts.
Le matériau empirique constitué d'études de cas est nécessaire pour la construction d'un «
framework ». Il est, en fait, le résultat d’un travail préalable : l’étude des processus. Cette
étude consiste à décrire et comprendre l’objet afin de l’opérationnaliser sous la forme d’une
variable dont l’évolution, la transformation ou le changement est étudiée. Van de Ven (1992)
et Monge (1990) expliquent qu’il s’agit de décrire et analyser comment une variable évolue
dans le temps, c’est-à-dire que le chercheur doit témoigner du profil d’évolution de la (ou des)
variable(s) dans la durée. Les aspects dynamique et temporel sont donc indispensables. La
méthode de recherche par études de cas permet de saisir des situations dans leur ensemble et
d’examiner de manière approfondie des processus organisationnels. Les études de cas sont
alors les mieux à même de saisir les processus, les articulations, les récursivités, les
bouclages, les « feed-backs »… mais aussi les difficultés, lacunes, carences conceptuelles et
instrumentales éprouvées « sur le terrain ».
La difficulté est de rendre visible, sans être superficielle, l'ensemble des logiques. Ainsi, en
sociologie la crise du paradigme structuro-fonctionnaliste est née d'un excès de formalisation,
d’une absence de vision historique, d’une non prise en compte des processus politiques et
d’une neutralité imaginaire des recherches issues de ce courant. Le risque d'une perspective
multiparadigmatique est de limiter les travaux de recherche à la seule juxtaposition d'analyses
sans saisir leurs éventuels apports mutuels. Giddens montre comment les paradigmes peuvent
coexister et s'articuler en développant une « théorie de la structuration ». Celle-ci se focalise
non pas uniquement sur l'acteur individuel, ni sur l'existence de « totalités sociétales », mais
sur « l'ensemble des pratiques sociales accomplies et ordonnées dans l'espace le temps »
(Giddens, 1984, p.50). Cette théorie met principalement l'accent sur les processus de
formation des propriétés structurelles des organisations et donc replace l'analyse
organisationnelle dans le temps et au niveau des processus de changement.
Malgré une démarche herméneutique car « la description des activités humaines exige de bien
connaître les formes de vie dont ces activités sont l'expression » (Giddens, 1984, p.51), elle
n'oublie pas l'existence d'éléments structurants. L'ensemble de ces éléments, le « structurel »,
est autant le fruit des acteurs qui agissent que des contraintes pesant sur les actions de ces
personnes. L'intérêt de la théorie de la structuration est l'accent mis sur les interactions et la
construction continue et réciproque de l'acteur et de la structure. Giddens distingue deux
concepts pour décrire les organisations : le structurel et le système.
Pour lui, un système social est formé de pratiques sociales qui sont reproduites dans le temps
et dans l'espace à travers les actions humaines alors que le structurel fait référence aux
propriétés structurantes qui « permettent que des pratiques sociales similaires persistent dans
des étendues variables de temps et d'espaces et qui donnent à ces pratiques un caractère
'systémique' » (Giddens, 1984, p.74). Les systèmes sociaux sont les « relations entre acteurs
ou collectivités reproduites et organisées en tant que pratiques sociales régulières ».
Le structurel est composé de règles et de ressources transformatrices d'un système social, c'est
un « ensemble de relations de transformation organisées en tant que propriétés de systèmes
sociaux » (Giddens, 1984, p.74). Il n'est pas indépendant « du savoir qu'ont les agents de ce
qu'ils font dans leurs activités de tous les jours » (Giddens, 1984, p.76).
I- 3. Conclusion
L’ensemble du travail est situé dans une « meta » perspective structurationniste de la stratégie
afin d’expliquer les processus de formulation des stratégies au niveau des middle managers.
Cette approche postule que les stratégies sont « mises en action à partir de la capacité des
membres d’une entreprise à modifier l’ensemble des interactions qui les lient entre eux et à
partir desquelles ils sont en contact avec les gens de l’extérieur » (Rouleau, 1997, p.2). Elle a
pour objectif de chercher à comprendre comment les stratégies sont ancrées dans la continuité
et les transformations du structurel mises en action dans les différents systèmes de
l’entreprise, soient les règles et les ressources. Il s'agit de détecter comment les conversations
émergentes s’articulent avec et/ou deviennent des stratégies délibérées, et de déterminer les
facteurs qui permettent aux compétences individuelles de devenir des compétences locales
pour éventuellement évoluer en compétences collectives, autrement dit il s'agit d'identifier les
moments, les lieux, les formes et les ensembles de temps et espaces de conversations.
Rappelons que le projet dans lequel nous nous sommes engagée est de type « ingénierique »,
c'est-à-dire que la recherche a été menée afin qu'elle permette d’identifier et d’expliciter des
liens entre variables susceptibles d'être activées et/ou entraînées et de « faire système ».
Le principe du « Verstehen » s'applique aux objectifs du projet. Il ne s'agit pas de décrire une
fonction attribuée à un acteur de l'entreprise (le middle manager), mais de comprendre
comment il intervient dans un processus, celui de la formation de la stratégie, et comment ce
même processus lui permet d'intervenir, ou pas, en son sein. De fait, l'objectif du projet ne suit
non pas une logique de vérification, mais une logique de découverte que présuppose une «
génération de théorie ». Selon cette logique, la pré-existence de lois scientifiques
fondamentales à vérifier ne peut être postulée, et le projet impose de décrire le phénomène, et
de comprendre l'objet étudié dans son contexte, dans son idiosyncrasie. Par exemple, il s'agit
de repérer, rendre visible le processus de formation de la stratégie, et d’identifier le middle
management, comprendre ce qui le conduit à intervenir auprès de telle personne à tel moment
plutôt que telle autre personne à tel autre moment, dans telle circonstance, etc. Ainsi, la
recherche de causalité est nécessaire mais non suffisante et doit être complété par le «
Comment? Dans quel but? » qui permet l'interprétation de la structure et de l'évolution d'un
phénomène. La connaissance devient un phénomène construit socialement, le monde un
construit social, le tout subjectif.
Ici, il y a constructivisme épistémologique sur un « objet » qui est posé comme un construit
social. Cette construction sociale s'est réalisée par le biais d'une analyse en profondeur d'un
petit nombre de cas (2) afin de considérer la réalité dans sa globalité, et non par l'analyse
statistique des éléments simples d'un ensemble scindé.
De fait, les principes de l'analyse qualitative de données répondent aux exigences d’un tel
projet.
La recherche qualitative devrait être guidée par des considérations théoriques plus que
déterminée par des considérations techniques ;
La recherche qualitative devrait se concentrer non sur les explications de faits, mais sur les
explications de processus ;
L'observateur est à la fois sujet et objet car il interfère avec les phénomènes observés. Il
devrait en tenir compte dans la production des informations et de la connaissance. »
Cela signifie premièrement, qu'il ne s'agit pas de donner une priorité aux méthodes
d'investigation mais au problème à traiter au regard des théories existantes ou à construire, qui
présuppose une interaction théorie/terrain. Dans notre cas, c'est à la fois la structure,
l'organisation, le fonctionnement des entreprises de services de réseau et la littérature sur les
entreprises de réseau qui suggèrent la problématique de la contribution du middle manager à
la formation de la stratégie.
Deuxièmement, l'objectif de compréhension ne peut se réaliser que si l'activité humaine n'est
pas isolée puis appréhendée hors de son contexte historique et social. Les personnes
rencontrées n'appartiennent pas à une même ligne hiérarchique, et des considérations à la fois
micro et macro ont été prises en compte. De même, des démarches diachroniques et
synchroniques ont été réalisées. La démarche diachronique compare des perspectives
différentes en plusieurs sites relatives à un même phénomène se déroulant dans le temps (les
rencontres se sont adressées à des interlocuteurs aux fonctions différentes de trois régions
différentes dans les deux entreprises), la démarche synchronique présente des événements
survenus à la même époque mais dans des lieux différents, des domaines séparés ; autrement
dit elle concerne ce qui est relatif aux aspects différents d'un même ensemble à un même
moment d'une évolution : elle détermine un lieu et observe un thème spécifique tel qu'il se
manifeste dans le temps (Pour chacune des régions, nous avons reconstitué la manière dont
s'était formée la stratégie). Ces démarches accroissent la compréhension du phénomène en
permettant de faire émerger les liens entre l'organisation, les acteurs et les faits.
Troisièmement, l'activité humaine ne s'explique pas seulement par des relations de cause à
effet, mais par un ensemble de significations et de valeurs qui donnent un sens aux faits.
Traiter le projet ne nécessitait pas seulement et simplement de rencontrer un directeur des
ressources humaines, un directeur de la stratégie, et un middle manager. Le premier décrivant
une fonction type, le second la stratégie délibérée et le dernier son activité quotidienne. En
revanche, insister sur l'intervention, les conditions, les possibilités d'intervention de chacun
non pas sur une donnée : la stratégie délibérée, mais sur un processus - la formation de la
stratégie - permet de saisir leurs perceptions.
Et enfin, le sujet doit avoir un recul suffisant pour traduire les biais de son implication, de son
interaction avec l'objet. Interroger sur la contribution des middle manager favorise la
mythomanie, la mégalomanie et/ou la paranoïa d'une relative, modeste, indispensable
intervention, inconsidérée ou mal considérée du middle manager, etc. Raison pour laquelle
nous avons souhaité rencontrer des personnes n'appartenant pas à la catégorie comme des
fonctionnels afin qu'elles puissent nous parler des middle managers. Ce regard extérieur vient
renforcer la validité de construit (ou théorique). Le « recul » se réalise à la fois par une
multiplication des échanges pour équilibrer et tendre vers une opinion convergente et par une
interprétation des raisons d'une telle convergence.
Si le projet conduit à une méthode d'analyse qualitative, il invite également à le faire par
l'étude de cas.
Trois objectifs sont généralement mis en avant (Wacheux, 1996 ; Hlady Rispal 2002, p.46)
une visée compréhensive, l'analyse des processus et la découverte de causalités récursives.
Les études inductives ont une visée compréhensive et contextualisée. Ce sont les perceptions
et actions des différents acteurs en présence qui permettent de saisir le sens subjectif et
intersubjectif d'une activité humaine. Ces études affirment que le comportement humain et
organisationnel ne peut se comprendre et s'expliquer qu'en relation avec les significations que
les personnes donnent aux choses et à leurs actions.
L'analyse des processus est indissociable de la visée compréhensive. Van de Ven (1992)
définit l'analyse de processus comme une recherche qui décrit et analyse comment une
variable évolue dans le temps. En effet, le changement doit être analysé en termes
d’interactions continues entre le contexte, qu’il soit interne ou externe, le contenu et le
processus de changement. Dans une telle perspective, Pettigrew prône une méthode historique
incluant des études de cas longitudinales. Downs et Mohr (1976 ; 1979) ont suggéré que les
théories construites à partir d'un trop grand nombre de facteurs, ont connu des problèmes de
mesures de variables structurelles, une certaine inconsistance dans l’opérationnalisation des
variables clés et le contrôle des interactions. Les soucis théoriques et méthodologiques ajoutés
à un intérêt croissant pour l’étude empirique du processus de changement conduisent à une
analyse historique et contextuelle et à des articulations de plus en plus fréquentes des
perspectives individualiste et structuraliste. L’utilisation d’études de cas longitudinales, qui
implique l’énumération de faits, est alors suggérée et devient prédominante.
Tous sont unanimes, l'étude de cas accroît la compréhension d'un phénomène complexe. Yin
(1989, p.7) la définit ainsi :
« Une étude de cas est une enquête empirique qui examine un phénomène contemporain au
sein de son contexte réel lorsque les frontières entre phénomène et contexte ne sont pas
clairement évidentes et pour laquelle de multiples sources de données sont utilisées. »
Il s'agit de se demander quels critères pourraient définir le choix des cas afin d'éliminer des
dimensions qui freineraient la compréhension de notre recherche pour mettre en lumière
celles qui les favoriseraient :
Une activité par « business unit » (travail temporaire, hôtellerie restauration, …) et soumise à
un univers concurrentiel ; le contexte stratégique doit présenter un cœur de métiers similaire
en termes de facteurs clés de succès ainsi qu'une large envergure d'offre qui répond à un
besoin de marché et des contextes concurrentiels différents selon les zones géographiques et
les types de clientèles qui favorisent a priori un rôle prépondérant des cadres intermédiaires et
de leurs conversations stratégiques, de fait est également nécessaire:
Une infrastructure, un siège, ou « centre », administratif qui définit une stratégie délibérée et
contrôle plus ou moins son application dans les sites dispersés sur le territoire. Si le mode de
gouvernement pratiqué par le sommet stratégique se traduit par une imposition des règles et
procédures qui annihilent les rapports de négociation possibles entre les différents niveaux
hiérarchiques, la fonction du middle manager se limitera à un contrôle des actions stricto
sensu de ses subordonnés. Une stratégie claire, formulée par le sommet stratégique pour une
mise en forme uniforme dans l'ensemble du groupe signifie une absence de décentralisation et
rend inexistants les liens inter-unités basés sur la concurrence et la coopération pour
développer un apprentissage collectif.
Bien que l'activité de services ait des caractéristiques propres, le degré de « services » qui
compose l'offre peut être plus ou moins présent. L'entreprise de services de réseau concernée
ici est soucieuse de la « personnalisation » du service, la stabilité de l'offre et l'identification
claire, unique et stricte par le client ne sont plus garanties. Il s'agit d'une activité de services «
appropriables » : le service n'est pas stable, ni automatisé, et ne tend pas vers le « self-service
», mais il est modifiable, adaptable aux critères requis par le client. Il nécessite un échange
continu et approfondi entre le salarié de l'entreprise et le client autour de l'utilisation du
service.
Les sources secondaires sont composées d'une revue de presse française menée pour les deux
entreprises depuis 1999, de journaux d'entreprises soit destinés aux salariés (Adécouvrir) soit
aux clients (Adecco et vous), de documents officiels (Rapports annuels), et de documents
internes (Manuel de management, Manuel de qualité, procédures, outils, etc.). Chacune de ces
sources aborde des thématiques différentes d'une manière différente du fait du type d'objectif
recherché par chacune. Les thèmes abordés par la presse sont pour Adecco : l'évolution des
résultats annuels du leader du travail temporaire dans le monde comparé à celle de ses
concurrents et par-là même l'évolution du secteur, ainsi que la relation et le rôle social du
travail temporaire dus à la mise en application de la loi de modernisation sociale. Pour Gaz de
France, la question réglementaire de l'élargissement à la communauté européenne de
l'ouverture à la concurrence a été pour une large part le sujet dominant dans le secteur de
l'énergie. L'information « macro » diffusée par les sources secondaires a donc permis de «
sentir » le contexte, le cadre d'évolution réglementaire, législatif, autrement dit une réalité des
secteurs d'activité intéressés.
Une autre source a été exploitée dans l’entreprise gazière : la consultation de travaux écrits
élaborés par des managers. Cette consultation concerne un exercice de diagnostic et des
propositions d’action réclamé aux managers. Cet exercice s’est fait en adoptant deux points de
vues : le domaine d’activité habituel et l’ensemble des activités de la région. Cette source, mi-
primaire, mi-secondaire, d’une grande richesse nous a permis d’apercevoir le vécu des
managers, leur perception du fonctionnement et leur capacité de propositions face aux
problèmes.
La diversité des sources a accru la validité des construits par la multi-angulation des données,
du temps de collecte, des personnes, etc.
La coexistence des stratégies délibérée et émergente provoque des tensions et/ou étouffements
de l'une par l'autre. Le principe de réconciliation, qui permet de les dépasser, consiste à
prévoir des processus de planification formels, autrement dit des moments, lieux, individus où
pourront être exprimées des idées. Ce sont les processus de la planification stratégique pilotés
en global ainsi que les processus formels et informels d'émergence de stratégie en local qui
ont guidé nos entretiens. Les objectifs de notre problématique nous ont conduite à rencontrer
des personnes aux fonctions différentes et, de fait, à établir des guides d'entretien
sensiblement différents. En effet, chaque interlocuteur n'était pas à même de répondre à
chacune de nos questions. Une personne de la direction générale ne peut aborder la manière
dont une idée est née en local et inversement, un « middle manager » ne peut nous parler
d'une manière précise et procédurale des conditions de ratification d'une initiative stratégique.
Il s'agit, ici, de justifier les raisons qui nous ont conduite à rencontrer telle personne, et de lui
poser ce type de question, selon une certaine méthode d'administration afin de répondre aux
objectifs fixés, résumés par ces quatre points : identifier les middle managers (1), rendre
compte du processus de planification stratégique (2), identifier les processus d'émergence (3)
et faire progresser les conceptualisations théoriques sollicitées (4).
Il s’agit donc dans un premier temps de poser ces questions : de quoi est-il chargé ? Qu’est-il
attendu de sa fonction ? Comment se représente-t-il sa fonction ? Quel rôle a-t-il joué ? Quand
? Participe-t-il à des réunions formelles de planification stratégique ?
Et, dans un deuxième temps, d’aborder les points suivants : qu’est-il attendu de son supérieur
direct ? De ses subordonnés ? Qu’attend-il personnellement de son hiérarchique ? De ses
subordonnés ? Dans les faits ?
L'intérêt et objectif de ces entretiens étaient doubles. Ils devaient mettre en lumière les
processus formels et informels d'émergence, mais ils venaient confirmer, ou non, l’effectivité
du processus de planification stratégique délibéré.
La narration a été considérée comme un objet d'étude en soi, comme une source de données,
comme un mode d'intervention pour susciter le changement, comme une grille d'analyse et
une manière de théoriser, de mettre en forme et de diffuser la recherche. Pour les
constructionnistes, la narration est un outil interactif de co-construction des savoirs, des
pratiques et des identités. Ici, les récits ont été à la fois source de données et outil d'analyse et
de comparaison. Selon Christian (1999), premièrement, le récit n’est pas la simple exposition
de la situation dans laquelle le collectif est pris, il est aussi l’expression des intentions, des
rêves et des émotions : les récits ont fourni une base d'informations sur le type d'émergences
possible dans telle organisation. Deuxièmement, reliant les événements, le récit permet de
saisir un processus de structuration, plutôt qu’une structure : les récits ont permis d'identifier
quels ont été les acteurs, quel aura été leur rôle lors des phases évolutionnistes, quelle
structure de l'organisation a influé sur les comportements, quelles ont été les sources de l'idée,
etc. Les récits comme trace du développement de l'idée : de l'origine (son intuition) à sa mise
en pratique (isolée ou globale).
Cette partie du guide d’entretien a pour objectif de valider le délibéré explicité par les
rencontres avec les membres des entreprises et obtenir des pistes du processus d'émergence
par la narration.
II- 4.1.4. Confrontation théorique aux cas des entreprises
Comme nous l'avons déjà vu, une de nos bases de départ est une conceptualisation existante :
le modèle de Floyd et Wooldridge (2000) qui explique comment une idée se transforme en
une capacité dynamique. Les auteurs présentent 26 propositions sur lesquelles ils construisent
leur schéma de compréhension en 4 processus : interprétation, articulation, élaboration et
ratification (Figure 3 : Le développement des initiatives stratégiques émergentes in Building
strategy from the middle). Notre travail est de type abductif, il consiste par confrontation des
propositions de ces auteurs aux cas analysés :
de corroborer les propositions afin que délibéré et émergent coexistent, que le premier
permette au seconde d'exister, et que le second améliore la performance du premier ;
d'affiner, préciser les propositions considérées comme trop vagues pour une utilité
opérationnelle ;
Et ce, pour faire progresser le travail de Floyd et Wooldridge (2000) en récupérant des
exemples « pratiques » énumérés par des managers. Nous passons donc par une concrétisation
des propositions soumises. Dans cette optique, la fin de l'entretien concerne les propositions
de Floyd et Wooldridge (2000) conduite d'une manière semi-directive. En termes
méthodologiques, les principes sont les mêmes que lors d'une administration non-directive, à
la différence que nous utilisons un guide structuré pour aborder une série de thèmes
préalablement définis.
Les thèmes du tableau sont volontairement « larges », et recouvrent pour la plupart des
processus. Le raisonnement par processus a permis de ne pas sombrer dans une sur-
segmentation des thèmes et une déconnexion des uns par rapport aux autres. L'isolement de
variables a ainsi pu être évité. Les processus se sont révélés au cours de la retranscription.
Très rapidement, des étapes, des phases, des boucles sont apparues. L'identification des
acteurs, des intervenants au sein de chacune a permis de repérer des processus. En revanche,
l'inconvénient d'un tel traitement est de disposer d'un grand nombre d'informations pour un
même thème et de fait elles peuvent concerner plusieurs thèmes.
Les deux études de cas débutent par une vérification du respect des critères de pertinence qui
permet de présenter l'entreprise et son secteur (Section I).
1) Nous l'avons vu, la littérature concernant le « middle manager » apporte une aide réduite à
son repérage dans une organisation, autrement dit elle fournit peu de réponses explicites et
opératoires aux questions : qui est middle manager? Comment l'identifier? L'une des
principales raisons est que la position du middle manager est mouvante selon le type
d'entreprise. Une définition claire et définitive a priori n'aurait de sens qu'en présence d'un
seul type d'organisation. Il convient dès lors d’identifier des middle managers potentiels à
partir d’une triangulation de trois sources : d'une part à partir du « middle manager théorique
» dégagé au cours de l'analyse de la littérature, d'autre part à partir des fonctions et
responsabilités énoncées dans des documents officiels internes, et enfin à partir des fonctions
et responsabilités perçues par les interlocuteurs eux-mêmes. Ce repérage permet de cibler
notre attention sur une catégorie d'acteurs. Cette section nous apporte beaucoup sur les
objectifs confiés, mais relativement peu sur l'étendue du pouvoir, de l'autonomie qui permet
l'initiative, autrement dit les moyens qui lui sont conférés (Section II).
2) Dès lors que le positionnement sur un organigramme est variable, le repérage par rôles,
participations, est préférable. Nous nous sommes intéressée aux informations qui avaient trait
à l'autonomie et à l'initiative des interlocuteurs d’une manière moins individuelle, mais plus
processuelle (Section III). Nous avons repéré les facteurs facilitants, les personnes
facilitatrices selon des catégories d'initiatives afin d'identifier le middle manager non pas
seulement à partir d'objectifs attribués mais aussi des pouvoirs et des moyens impartis. La «
vente de questions » (« issue selling ») apparaît bien au sein des trois processus repérés dans
l’analyse de la littérature : co-production de l'offre, co-construction des compétences et co-
évolution de la stratégie. Les acteurs qui mènent, initialisent, répercutent la vente de questions
diffèrent selon les processus. En effet, d’une manière générale, les acteurs en présence sont les
mêmes, les relations entre chacun des acteurs sont plus ou moins identiques dans les trois
processus. En revanche, la chronologie des relations, le contenu des relations et le rôle des
acteurs au sein des échanges se modifient. De fait, pour chaque processus de co-formation,
nous précisons la temporalité ; les acteurs : qui intervient, avec qui s’entretient-il ; l’objet de
l’échange.
Le processus de co-production (III-1.) est le plus aisé à identifier, il s’agit de repérer comment
une personne intervient, améliore, transforme, adapte, ou encore produit une offre pour
répondre à une demande potentielle ou existante.
Le processus de co-construction des compétences (III-2.) est plus difficile à cerner. Les
caractéristiques plus subjectives, impalpables, intangibles des compétences rendent le
processus difficilement évaluable. La définition de Teece et al. (1997) souligne d’ailleurs
cette abstraction : « ensembles de ressources individuelles et collectives qui permettent de
réaliser une activité composée de routines organisationnelles et de processus ». Cette
connaissance diverse et variée détenue par une ou plusieurs personnes transformée en une
connaissance utilisable et praticable par l'ensemble de l'organisation grâce à des structures
existantes, formelles ou non, traduit le passage d'une compétence individuelle en une
compétence organisationnelle. La co-construction des compétences ne passe pas
obligatoirement par la nécessité de résoudre un dysfonctionnement, même si la recherche de
performances opérationnelles conduit les entreprises à privilégier ces occasions. Le processus
de co-construction des compétences traduit de fait la diffusion des pratiques, le partage de
connaissances afin que chacun, même isolé, connaisse l’existence de pratiques, et puisse soit
les dupliquer, soit les appliquer d’une manière appropriée. Dès lors les structures de
l’entreprise permettent à la compétence individuelle de devenir une compétence
organisationnelle si elles prévoient la diffusion et le partage de l’information sur le
dysfonctionnement et sur la résolution.
Ainsi, il nous est possible de savoir si les middle managers peuvent avoir une quelconque
influence sur la stratégie, quels sont les types d'influence, et quelles structures les permettent.
Francisco J. Varela
Deuxième partie : Etudes de Cas : Adecco et Gaz de
France
Les deux études de cas traitées concernent les entreprises Adecco et Gaz de France. Chacune
constitue un chapitre qui est construit autour d’une même structure.
La section I justifie notre intérêt quant aux entreprises étudiées (Pourquoi ?). Elle reprend en
effet les quatre critères énoncés dans le chapitre de méthodologie qui ont guidé le choix des
entreprises faisant l’objet des études de cas.
La section II a pour objectif d’identifier les acteurs en situation d’être middle manager (Qui
?). La confrontation des documents internes et de l’interprétation de ces documents par les
acteurs permet d’identifier des managers en situation de composer le middle management.
La section III précise qui sont plus particulièrement les agents de variation, de sélection, et de
rétention dans les trois co-formations (sur quoi ?). Intégrateur, facilitateur, animateur,
contrôleur sont les fonctions qui ressortent le plus fréquemment de l’analyse de la littérature.
A cela, nous voulons ajouter que le middle manager est un acteur central dans le processus de
variation, indispensable dans le processus de sélection et déterminant dans le processus de
rétention en reprenant les notions de Lovas et Ghoshal (2001). S’agissant de la formation de
la stratégie, le middle manager est censé contribuer aux processus de co-traitance et de co-
production de l’offre, de co-construction des compétences et de co-évolution de la stratégie.
La section IV nous éclaire sur les moments et lieux de ces co-formations (Où et quand ?). Il
s’est agi de repérer les principales phases de l’élaboration de la stratégie ainsi que les
principaux participants à chacune d’elles, le tout afin de prescrire une structure qui faciliterait
des lieux et moments d’émergence, pour une possible contribution des middle managers à la
formation de la stratégie.
Chapitre 3 : Première étude de cas : Adecco
Par ailleurs, sur cette tendance réactive structurelle viennent se greffer des événements. Le
travail temporaire a profité de nombreux facteurs qui ont favorisé sa croissance dont la mise
en place des 35 heures en 2000, le passage à l’Euro en 2001, et l’application de la loi de
modernisation sociale en 2002. Pour stabiliser leur nouvelle organisation, les entreprises ont
utilisé la flexibilité offerte par le travail temporaire, abandonné une fois le rythme trouvé. Ou
encore, le passage à l’euro a favorisé l’intérim dans la banque, les bureaux de poste et la
monétique : 20000 intérimaires ont été demandés à Manpower et Adecco. Avant l’application
de la loi de modernisation sociale qui tend à durcir le régime de licenciement, les entreprises
ont davantage fait appel à l’intérim.
Transition
I-2. Structure de l’entité Adecco - Travail Temporaire
L’infrastructure se divise en deux types d’entités géographiquement distinctes : le siège et les
directions régionales.
Le directeur régional ainsi que les directeurs de secteur (DS) se partagent les agences qui
dépendent de la région. Le directeur de secteur est directement lié au directeur régional. Il a
en moyenne 9 agences, mais ce chiffre varie selon l’étendue de la région.
« Le schéma classique : vous avez l’agence, vous avez un directeur de secteur qui chapeaute
un ou deux départements, et ce directeur de secteur est lui-même rattaché à une région qui est
dirigée par un directeur de région. » RA7/R.T.
Quant aux experts ou encore chargés de mission, ils évoluent sous la direction du directeur
régional, mais rendent des comptes au directeur de secteur concerné par l’agence. Les chargés
de mission comme les responsables d’agence reconnaissent cette indépendance hiérarchique.
« Je dépends directement du DR, au même titre que tous ces postes d’expert en région qui
sont rattachés directement au DR. Bien sûr, que j’ai un rôle transversal, un rôle de reporting
qui doit être permanent et régulier auprès des différents DS. Je m’efforce de leur faire un
retour sur les rendez-vous que j’ai pu avoir les jours précédents afin qu’ils soient d’abord au
courant des dossiers sur lesquels je travaille avec leurs agences, et éventuellement les projets
qu’on peut avoir sur certains dispositifs de formation à monter avec certains de nos clients.
(…) les DS peuvent m’apporter la vision qu’ils ont de leurs agences respectives, tant au
niveau de la maturité des équipes, de leur charge de travail du moment et de leur sensibilité
aux formations. » CMF/R.T.
Les chargés de mission (CM) représentent un support considérable pour les responsables
d’agence, un soutien dans leur spécialité. Ils interviennent en agence soit de leur propre chef,
soit à la demande du directeur de secteur, soit à l’initiative du responsable d’agence. Ce rôle
est reconnu à la fois par le chargé de mission et par le responsable d’agence.
« Un DS avait passé une journée en agence, et m’a fait part d’une visite client qui pourrait être
intéressé par des projets de formation. J’ai appelé le chef d’agence afin qu’il nous prenne un
rendez-vous chez ce client. On a parlé que formation. (…) C’est aussi le chef d’agence qui
peut m’appeler en direct, il identifie des besoins, des pénuries et souhaiterait former des
opérateurs de commandes numériques, préparateurs de commandes…on travaille sur des
projets avec des clients. On s’aperçoit que cette année 2002, on a multiplié par trois le nombre
d’agences qui a monté des projets. (…) Etre force de proposition, je sais que tel organisme
forme tel type de qualification, je sais que ça correspond à une pénurie que vous avez, est-ce
qu’on ne pourrait pas trouver les intérimaires à former, … être force de proposition en créant
de toute pièce des formations avec les organismes de formation pour intégrer des intérimaires.
(…) Le DS m’aura peut-être déjà conseillé d’aller voir tel client de telle agence.
L’information peut venir du DS » CMF/R.T.
« Si j’estime que le bon interlocuteur pour traiter un dossier sécurité c’est un CM, je
m’adresse à lui » RA8/R.T.
« Ils (CM) peuvent être des appuis utiles par rapport à des réflexions de fond » RA/R.T.
Quatre types de managers sont en présence : les responsables d’agence, les responsables
d’agences, les directeurs d’agence et les directeur d’agences. La conséquence de ces quatre
distinctions n’est pas sans portée pour notre projet, et mérite d’être soulevée. Nous
témoignons ici de deux exemples qui illustrent l’intérêt de cette curiosité. La région « Rhône
» a cinq directeurs de secteur qui se partagent quarante-huit agences, la moyenne est donc de
9.6, sachant que le maximum est treize et le minimum huit. Les directeurs de secteur ont des
zones relativement équilibrées.
Les responsabilités de certaines fonctions varient donc selon les régions. En effet, un
responsable d’agence a des missions et responsabilités identiques à celles d’un directeur
d’agence, puisque dans certains cas le titre de directeur d’agence peut être un titre
honorifique, ce qui représente une progression salariale mais n’est pas synonyme d’un
accroissement de responsabilités. En revanche, un responsable d’agences qui a plus de deux
agences a des fonctions semblables à celles d’un directeur d’agences qui en a le même
nombre, et un directeur d’agences qui a plus de cinq agences est proche d’un directeur de
secteur, et un directeur de secteur qui a 25 agences se compare à une mini direction de région.
Tout cela dépend à la fois de l’ancienneté du manager, de l’historique de la région et des
spécialisations en présence. C’est pourquoi nous avons pris garde au nombre d’agences sous
la coupe des « responsables », et autres « directeurs ».
I-3. Spécificité locale
Au sein même des directions régionales, la diversité des bassins d’emploi existe, d’où a priori,
la nécessité de diviser la région en secteurs. Or, cette délimitation en direction régionale ou
sectorielle est née de l’évolution de l’entreprise et est le plus souvent dépendante des
frontières départementales. L’entreprise a connu une déconcentration au sens de Zarifian
(2002), c’est-à-dire une « multiplication physique des unités de contact et points d’accueil
pour qu’ils assurent un contact de proximité avec les clients-usagers ».
« Au début on a eu des Directeurs Régionaux, puis des Directeurs d’Agences : ils ouvraient
une agence, deux agences… ils devenaient directeurs d’agences, puis finalement comme on
s’est retrouvés avec des effectifs qui s’étoffaient, il a fallu faire une gestion de carrières donc
ce n’était pas mal de mettre un échelon intermédiaire : le directeur de secteur qui était sensé
suppléer les difficultés d’un responsable d’agence. » Siège/1
« Par exemple, ici, on est très proche de l’agence de Givors (69) qui ne fait pas partie de notre
secteur, ni même de notre DR DALI, mais géographiquement ils ont le même bassin que
nous, on a un échange de candidats qui se fait en permanence (…). Initialement c’était le cas,
on partait d’un bassin d’emploi, par exemple Saint-Etienne, Grenoble, Valence, et ensuite il y
a eu des agences périphériques, il a bien fallu les rattacher quelque part. (…) A Montélimar,
Pierrelatte, Aubenas, Privas, Chellard, on est tous réunis sur un secteur, sachant que tous on a
des particularités, et on n’est pas du tout en échanges, les gens ne font pas 75km pour venir
bosser. Alors qu’on a des gens de Lyon Sud, des gens de la Loire, de Givors (69), du nord
Isère, parce que ce n’est pas très loin. On a toujours eu du mal à se rattacher à un bassin
d’emploi parce qu’un peu excentré des autres, petit bout d’Isère mais pas vraiment proche des
autres. » RA2/R.T.
- La similarité/différence d’activité des entreprises sur une zone déterminée : si l’activité des
entreprises présentes sur un bassin est similaire, c’est-à-dire concerne un même secteur
d’activité et/ou des demandes d’emploi aux caractéristiques proches ou identiques, le bassin
est spécialisé et requiert une agence spécialisée comme par exemple le bassin logistique de La
Verpillière (38) :
« Sur le bassin de l’Isère on peut avoir ici la segmentation « logistique », l’agence est
rattachée à une zone géographique qui correspond à un bassin d’emploi très axé sur la
logistique. (…) C’est un bassin constitué à 80% de logisticiens, les 20% industrie concernent
l’automobile, l’électronique. » RA3/R.T.
Des entreprises implantées sur une même zone géographique peuvent exercer de multiples
activités, l’agence qui dépend de cette zone géographique est « généraliste », c’est le cas des
agences en périphérie des grandes villes, par exemple l’agence de Vienne (38).
« A nous seuls, on ne peut pas faire un bassin d’emploi, on n’est pas représentatif. » RA7/R.T.
Autre cas à l’extrême du précédent, sur une même zone géographique, de multiples activités
diverses peuvent être exercées par un grand nombre d’entreprises. Ces caractéristiques
permettent une segmentation plus fine, et ainsi naissent les agences spécialisées. C’est le cas
de la ville de Lyon, segmentée en nombreuses agences spécialisées soit par activités
(Pharmacie-Chimie, Hôtellerie et Restauration, Arts graphiques etc.), soit par postes ou
fonction (Maintenance, Cadres, etc.).
Une situation intermédiaire aux deux derniers cas, c’est-à-dire une zone géographique avec un
nombre d’activités et d’entreprises insuffisant, rend obsolète une segmentation fine, mais reste
trop importante pour une qualification « généraliste ». Apparaissent alors les agences «
tertiaire » ou « industrie » qui représentent un compromis dans la mesure où les entreprises
comme les travailleurs intérimaires peuvent s’adresser précisément aux agences et les agences
de la marque Adecco ne sont pas elles-mêmes en concurrence. Une agence de Saint-Etienne
traite par exemple sous l’appellation « tertiaire » du secrétariat, de la comptabilité, de
l’informatique et des cadres.
Le tableau 3 résume de façon simplifiée les situations rencontrées selon deux dimensions : le
nombre d’entreprises en présence sur la zone géographique dont dépend une agence et la
diversité des activités sur cette même zone. Bien sûr ces dimensions ne sont pas d’une part les
seules explicatives, et d’autre part elles sont largement mesurées (Faible ; élevé), mais elles
traduisent simplement et facilement des critères de spécificité locale.
- le type d’entreprises situé sur la zone géographique (petite, moyenne, grande, groupe)
influence la présence ou non d’un turnover, son intensité, l’existence d’un accord national, le
« volume » des travailleurs intérimaires (Exemple : Vienne (38) versus Saint Chamond (42)).
- des régions connaissent des « personnalités » de travailleurs nées d’un passé, d’une histoire
de la région :
« Sur les bassins stéphanois, il y a une culture ouvrière, les gens ont toujours travaillé soit
dans les mines, soit dans les usines de métallurgie, de sidérurgie, d’armes, de cycles, les
manufactures. Il y a un passé industriel fort qui se ressent au niveau du comportement des
gens. Sur Vienne, c’est différent, il y a eu un passé industriel uniquement tourné sur le textile,
activité textile qui a disparu et du coup les gens sont partis. Ce n’est pas du tout le même
bassin d’emploi, les gens sont différents. » RA2/R.T.
- des activités demandent des pratiques commerciales, de négociation, etc. particulières, c’est
le cas du secteur Bâtiment et Travaux Publics.
« L’activité BTP les intéressait plus ou moins parce qu’ils n’avaient pas le portefeuille
intérimaires (…) et connaissaient difficilement les métiers. Et le secteur véhicule d’autres
contraintes à savoir la mise en place chantier le matin : une agence doit emmener sur place ses
intérimaires pour les présenter au chef de chantier, s’assurer de l’accueil, de la sécurité, voir si
l’intérimaire est bien équipé de casque, de chaussures de sécurité, si la visite médicale est à
jour, et ce à 7h, 7h30. L’organisation d’une agence généraliste ne fonctionne pas, en plus il ne
faut pas y aller en costume cravate… » RA1/R.T.
L’ensemble de ces particularités peuvent se cumuler et créent une spécificité propre à chaque
bassin d’emploi. Pour toutes ces spécifications, l’offre ne peut être uniforme et standardisée.
Nombre d’entreprises
Faible Elevé
I- 4. L’offre de service
L’offre de service s’adresse à deux clientèles : l’entreprise faisant appel au prestataire de
service à la recherche de travailleurs intérimaires et le travailleur intérimaire demandeur
d’emploi et potentiellement futur salarié d’Adecco. Parmi les offres de service du prestataire
de travail temporaire, nous retrouvons les trois catégories identifiées par Zarifian (2002).
Ainsi, nous pouvons représenter schématiquement la diversité des offres selon deux
dimensions : caractéristique de l’offre (« pénurique » ; non « pénurique ») et le volume
demandé (faible ; élevé).
Caractéristique de l’offre
Des outils de gestion viennent en appui, en renfort de principes de politique générale. Ainsi, le
manuel de qualité définit les fonctions pour chacun des managers (responsable d’agence,
directeur de secteur et directeur régional) dans la procédure qualité, qui sont notamment
semblables à celles énoncées dans le contrat de travail. Le manuel de qualité fixe également
les outils et critères de suivi des objectifs. Dès lors, la politique qualité peut être considérée
comme une entrave aux initiatives qualitatives pour privilégier la définition des objectifs
quantitatifs. Fort heureusement, comme cela a d’ailleurs été montré dans certaines recherches
sur la qualité, tout ne peut être prévu et prévisible, l’imagination, l’initiative et la prise de
responsabilité ont encore leur place. Si les outils imposés par la charte qualité définissent les
processus métier, les processus support ainsi que les processus d’amélioration continue, les
managers restent responsables pour ce qui est de fixer leurs objectifs en déclinaison de la «
grande » stratégie et dans les domaines prévus par leurs contrats de travail et d’autre part ils
restent autonomes quant aux initiatives qui leur permettent de les déployer et de les atteindre.
Ainsi, à partir de règles de fonctionnement très générales (II- 1), nous voyons quelles sont les
attentes stipulées par le contrat de travail, et la manière dont ces attentes sont aménagées par
les intéressés lorsque eux-mêmes définissent leurs responsabilités pour chacun des cadres
susceptibles d’incarner le « middle manager », (II.2.).
Le premier prévoit que la prise de décision s’effectue chaque fois que possible au niveau le
plus proche du client (en agence principalement, sous la responsabilité du chef d’agence). Ce
principe souligne explicitement les préoccupations du manager de terrain ; identifie
clairement le type de décision qu’il est conseillé, « autorisé » voire encouragé à prendre : les
décisions ayant trait au client ; et de fait annonce d’une manière plus implicite les démarches
que devront déployer les managers pour entretenir la connaissance de leur bassin d’emploi
requise par la prise de décision.
Le second énonce que le chef d’agence est responsable du développement de son agence. En
accord avec son directeur de secteur, il fixe les axes de développement, les objectifs à
atteindre, les plans d’action collectifs ou individuels. Il anime son équipe, suit la réalisation
des plans d’actions et s’assure de l’atteinte des objectifs. La direction régionale, c’est à dire
les fonctions support le plus souvent relayées par le directeur de secteur ou le directeur
régional, lui apporte les ressources et soutiens nécessaires à son action. Ce principe identifie
trois points majeurs : la relation de négociation entretenue par le directeur de secteur avec ses
responsables d’agences ; la fonction support de la direction régionale pour les agences et le
rôle de relais des directeurs de secteur et de région.
Enfin, le troisième principe nous informe que la performance et les compétences de chaque
collaborateur sont évaluées au cours d’entretien avec l’encadrement direct, de manière
continue en cours d’année (plan de développement, point agence…).
A partir, d’une part de la description des missions des fonctions contenue dans des documents
internes tels que le manuel de qualité d’Adecco - Travail Temporaire, et le contrat de travail
et, d’autre part de la perception des acteurs rencontrés sur leur propre mission et celle de leur
collègue, trois types de managers ont été repérés et peuvent potentiellement jouer le rôle du
middle manager : le responsable d’agence(s), le directeur d’agences ou le directeur de secteur
et le directeur régional.
Le contrat de travail précise que dans le cadre de la délégation de pouvoirs qui est consentie
aux responsables d’agence, leurs fonctions consistent à permettre l’épanouissement de leurs
collaborateurs, à promouvoir l’image de qualité de la Société, à prévenir les risques encourus
du fait de l’activité, à maîtriser le système d’Assurance Qualité Adecco en préservant la
polyvalence dans les postes. Ainsi leur responsabilité s’exerce dans quatre domaines. Premier
domaine l’action commerciale, ils sont responsables du maintien et du développement de la
clientèle sur le secteur de l’agence. Deuxième domaine, la gestion du personnel, ils sont
responsables de la qualité du personnel par le soin apporté à l’accueil, la sélection rigoureuse,
la délégation rapide des intérimaires, le suivi des missions effectuées chez les clients, la bonne
gestion des fichiers. Troisièmement la responsabilité pénale, ils sont responsables de la stricte
application de la législation en vigueur : droit du travail, prix, sécurité sociale, hygiène et
sécurité, réglementation du travail temporaire, représentation du personnel, etc. Et enfin, le
domaine de la gestion administrative, ils doivent veiller au bon fonctionnement administratif
et comptable dans les délais et normes prescrits soit par la législation, soit par la Direction.
« Il doit être avant tout un manager qui doit appliquer l’ensemble des procédures internes,
s’informer et gérer l’information. Il doit être à la fois partie prenante des informations qu’il
reçoit, c’est-à-dire les comprendre, renvoyer les attentes, diffuser, il doit être réactif dans ses
reporting, avoir les bonnes réponses dans son agence. Manager son équipe agence, avec des
points agences réguliers, et ne pas perdre les fondamentaux d’une agence qui sont vendre,
recruter et gérer, pour que l’agence soit performante dans son bassin d’emploi, son bassin
économique. Faire en sorte que les trois fonctions soient bien appliquées dans l’agence pour
qu’il y ait harmonie de stratégie dans sa zone d’action. » DS/R.V.
« L’implication dans la cité, être présent dans des associations, syndicaux patronaux comme
le MEDEF. On n’obtiendra pas de la part du client son adhésion en l’emmenant à la Comédie,
par contre à partir du moment où on commence à tisser des liens étroits alors on conforte les
acquis. Faire en sorte que nous Adecco, société de prestation de services puissions donner
notre point de vue sur l’actualité : les 35h, le passage à l’euro, la loi de modernisation sociale.
C’est l’occasion pour nous de se faire entendre, de pouvoir échanger avec des décideurs, des
responsables du personnel, sur des projets et préoccupations communs. C’est une implication
au-delà de nos activités. » RA6/R.T.
« Quelque part on est un chef d’entreprise, on n’a pas forcément tous les avantages, mais on
n’a pas tous les inconvénients non plus. On est un chef d’entreprise avec une enseigne
Adecco, qui nous aide pas mal. » RA11/R.U.
« Le responsable d’agence a un grand rôle commercial. Il doit s’occuper sans arrêt du suivi
client, de la conquête de la clientèle, les prospects. Un autre rôle est celui de l’animation
d’agence, ici nous sommes 5, quatre permanents et un contrat de qualif. L’animation signifie
arbitrer, vérifier la mission, les objectifs » RA2/R.T.
« J’ai un rôle de développeur commercial, c’est un poste de chef d’agence commercial, parce
que je n’ai pas d’attaché commercial qui part en prospection sur les petits enjeux, c’est moi
qui pérennise les gros. J’ai vraiment une mission de développeur et de pérenner le chiffre
d’affaires, plus un rôle de management en interne d’une équipe constituée de quatre personnes
: une assistante de gestion, 2 recruteurs, un contrat de qualification. On attend de moi que le
système tourne, que la procédure qualité d’ETT soit respectée, que mon équipe s’épanouisse,
que mes clients soient satisfaits, que je dégage des résultats, et que je sois en accord avec les
objectifs société et les objectifs de la direction régionale. Rôle de superviseur, animateur. »
RA10/R.U.
« Un aspect important : la vigilance quant à la gestion, puisque nous sommes des centres de
profit autonomes. Nous sommes autonomes quant à la gestion de nos factures, nos payes, et
on est intéressé sur les résultats dans les agences. Il y a quand même une notion d’implication
assez importante, on a une bonne visibilité de notre chiffre d’affaires, de notre marge, etc…et
de ce fait on doit être vigilant sur la bonne gestion de l’agence, et sur tout ce qui est risques
potentiels financiers, risques clients, impayés éventuels, risques URSAFF, etc. » RA8/R.T.
« Une responsabilité pénale, c’est claire. Puisqu’on doit veiller au bon fonctionnement et au
bon déroulement de l’établissement de contrats, tout ce qui est juridique. » RA11/R.U.
Les responsables d’agence évoquent chacune des fonctions attendues pour privilégier
toutefois une situation : ils se positionnent en personnes sécantes aux mondes interne et
externe de l’entreprise, porteuses d’une relation de type co-production de l’offre.
Le contrat de travail stipule que les fonctions consistent à réaliser les objectifs suivants : la
promotion des collaborateurs, la qualité, les résultats, le développement et la maîtrise des
risques. Outre ces objectifs d’une grande opacité, le contrat prévoit que les fonctions
s’exercent dans les domaines suivants : la direction du personnel, la direction commerciale et
la direction administrative. Le directeur d’agences ou à défaut le directeur de secteur a une
double responsabilité des ressources humaines. Premièrement, il exerce ses responsabilités
dans la sélection, le recrutement, la rémunération, la formation, l’information, l’évolution de
carrière, l’animation du personnel d’encadrement des agences ou du secteur. Deuxièmement,
il doit veiller à ce que les agences exercent leur activité d’accueil, de sélection et de mise en
place des ressources intérimaires « avec une rigueur et solidarité inter-agences ». Cette double
responsabilité lui confère un rôle de gestionnaire des ressources humaines et de contrôleur des
règles société.
Le manuel Qualité décerne trois attributions pour assurer la mise en œuvre permanente du
système de management de la qualité : le déploiement des objectifs qualité au niveau de son
secteur, la sensibilisation et animation des responsables d’agence à la maîtrise de la prestation
de service dans le cadre du système qualité et une veille de la coordination des actions
d’amélioration de son secteur.
« J’attends une réflexion plus large, une vision d’ensemble. J’attends que le DS se positionne
vraiment par rapport à son secteur dans sa globalité, par rapport à ce secteur, comment
l’organiser pour le développer au meilleur coût. Là où on a un marché en restriction, il doit
être capable de se positionner, regarder son bassin économique et son bassin d’emploi, les
agences où elles sont, est-ce qu’aujourd’hui au 21ème siècle avec le marché qu’on a, sont-elles
toujours au bon endroit ? est-ce que j’ai raison de garder celle-ci, fermer celle-ci, grossir celle-
là, la déplacer. Je lui demande un angle d’attaque plus haut, j’attends beaucoup de fonctions
RH, c-à-d former vraiment, faire évoluer, animer, contrôler, qu’il contrôle l’activité, j’attends
du reporting et qu’ils mettent en place derrière des actions correctives. J’attends sa
contribution au niveau de la mission commerciale, un suivi des enjeux important, mais à un
niveau qui n’est pas celui du chef d’agence, qui est le niveau au-dessus dans l’entreprise,
j’attends une déclinaison des objectifs au niveau de son secteur, une exemplarité hors norme,
et j’attends qu’il soit capable de faire ce que ne font pas les agences en matière de gestion des
conflits. Parfois c’est tellement un management de proximité, que c’est très difficile pour un
chef d’agence qui a un RR, ou un commercial qui n’est pas dans les clous, qui ne donne pas
satisfaction, de le licencier, reclasser, mettre la pression, qu’il monte un dossier, et le DR
l’accompagne dans ses démarches. » DGA
« Il nous donne des conseils, sur des actions à mettre en place, comme il voit plusieurs façons
de faire, plusieurs méthodes, il peut s’appuyer sur des expériences réussies dans les autres
agences. Il a un rôle d’animation et puis il coordonne les différentes actions dans les agences,
plus un renfort commercial, et qui n’est pas moindre. Le DS connaît bien ses agences, ses
équipes, il participe au recrutement, il joue un rôle actif et de proximité. C’est un relais
sensationnel. » RA2/R.T.
« Il est quand même conscient des réalités de la zone, du bassin d’emploi et de la réalité
quotidienne de l’agence. » RA3/R.T.
« Non seulement il valide mais me demande comment il peut m’aider sur le commercial, la
prospection, le management, la mise en place d’outils. » RA4/R.T.
« Ma mission telle que je la conçois, c’est de donner les moyens à mes collaborateurs de tenir
leurs objectifs quantitatifs et qualitatifs. » DS/R.V.
« Aujourd’hui, le rôle d’un DA, c’est mettre de l’huile dans les rouages, faire fonctionner des
gens ensemble, assurer un développement harmonieux des agences, être capable de gérer les
difficultés actuelles en agences. Quand je dis mettre de l’huile, c’est quasiment au sens réel du
terme vu les contraintes internes qu’on subit, les pressions externes des clients, faire
fonctionner les agences ensemble pour qu’il y ait une dynamique de bassin, de développement
par rapport à des agences qui sont très proches les unes des autres. » DA2/R.V.
« Ici, en Côte d’Azur, c’est le management de proximité, proche des équipes. Parce qu’on a
un DS qui a un secteur gigantesque. (…) Notre rôle c’est de mettre nos équipes dans le
confort et les meilleures conditions pour qu’elles puissent donner le meilleur d’elles-mêmes,
et faire progresser leurs agences, répondre aux objectifs. Pour moi, c’est le confort,
encadrement, conseil, management de proximité. On est des relais pour le DS sur
l’information, le management, sur l’ensemble de la gestion de ces agences. » DA3/R.V.
Un autre rôle apparaît dans un registre plus immatériel, celui de représentant des valeurs de
l’organisation. Au sein même du contrat et à plusieurs reprises, sont mentionnées des phrases
telles que « Les principes de gestion de nos ressources humaines doivent directement
contribuer à renforcer la culture commune d’Adecco, autour de ses valeurs : l’engagement, la
rigueur et la considération. Vous serez responsable de l’application de ces principes dans tous
vos actes de management » ou encore « vous veillerez au respect des règles et directives de la
société ».
Sa position semblable de celle du directeur de secteur, lui permet de combiner les ressources
et de co-construire les compétences, en revanche sa position hiérarchique lui confère un poids
important dans la relation intra-organisationnelle. Aux fonctions de contrôleur, superviseur
s’ajoutent un rôle de représentation des valeurs de et dans l’entreprise ainsi qu’une
participation à la co-évolution de la stratégie soulignée par les entretiens :
« Pour moi, ils doivent faire avancer la stratégie, je ne vois pas comment on peut ne pas
s’articuler sur les DR, c’est essentiel, ils sont les patrons du réseau. C’est quelqu’un qui
contribue à la définition de la stratégie de l’entreprise. J’attends des DR qu’ils connaissent
parfaitement bien leur marché. (…) Avec lui, on doit pouvoir dire ce que le terrain remonte, et
on bosse avec la direction fonctionnelle. J’attends vraiment cette vision du DR, ils ont encore
beaucoup à évoluer. C’est loin d’être le cas de tous, ils ont une trop forte tendance à se mettre
ou pompier, ou accompagnateur d’agence, ils ne sont pas faits pour ça, il y a des DS, des
équipes DR. Quelqu’un qui est intégré sur son marché, qui est intégré auprès des
institutionnels de sa région, intégré auprès des chefs d’entreprise et non pas auprès des
utilisateurs de TT, il y a suffisamment de gens pour faire ça, je lui demande d’être à un niveau
au-dessus. Je lui demande de travailler sur ses priorités, les objectifs qu’on s’est fixés
ensemble, ne pas se tromper d’axes, qu’il soit garant de la déclinaison des objectifs de
l’entreprise et non pas un vendeur éternel pour négocier. J’attends quand même un rôle
commercial du DR mais pas au même niveau. » DGA
« Comme le DS avec un territoire plus large, des agences plus nombreuses » RA10/R.U.
« Toutes les années, il y a un comité de direction élargi. Sur une toile de fond : augmentation
des résultats, augmentation de la part de marché, on nous donne les priorités clés de l’année
n+1 en fonction des événements. En début d’année, en direction régionale, il y a une réunion
de lancement où se rencontrent les responsables d’agence, les directeurs de secteur, les
chargés de mission et les assistants de région. Tous ces gens interviennent pour faire part de la
connaissance qu’ils ont dans leur domaine. Les collaborateurs apprennent leurs nouveaux
objectifs et les moyens mis à leur disposition. (…)Je leur présente les objectifs de l’entreprise
et l’état d’avancement de la région. De fait, les priorités apparaissent, et définissent les
contributions à venir. » DR/R.V
« Le recul est différent sur la vision d’une région. En entendant les propositions des uns et des
autres, parce qu’ils sont force de propositions, c’est les écouter, en reparler, à remettre en
perspective, à faire des petits essais avec les plus motivés avant de multiplier les choses par
vingt. C’est un travail de visionnaire. » DR
« J’ai un rôle de dynamisateur sur l’ensemble de la région pour faire en sorte que les gens
aillent dans cette direction, le fasse bien et avec plaisir. Comment je dois conduire ma relation
avec mes interlocuteurs de la région : génère du résultat, de la part de marché, le fasse bien
malgré les contraintes, les comptes à rendre (à l’inspection du travail, à la comptabilité…), et
faire en sorte que les gens soient heureux, parce que si les gens ne sont pas heureux en faisant
du service, c’est difficile de générer des résultats, de la part de marché. » DR
Le rôle du directeur régional est fortement caractérisé par des échanges, des allers, des
retours, avec le siège, les fonctions supports présentes en région et les responsables d’agence
via les directeurs de secteur.
II- 3. Conclusion
Lorsqu’on les interroge sur les fonctions et responsabilités, ces managers mentionnent celles
qui sont stipulées dans le contrat de travail, pour finalement insister sur une ou deux fonctions
plus présentes. Les textes ne nous renseignent absolument pas sur l’autonomie, les zones de
responsabilisation et la marge donnée à la prise d’initiative. Ils cadrent les objectifs et non les
moyens mis à disposition ou susceptibles d’être mis en œuvre. Nous savons ce qu’ils doivent
faire, mais non ce qu’ils peuvent faire, ni ce qu’il leur est permis de réaliser, et de fait
jusqu’où ils peuvent aller dans leurs réalisations. Certaines responsabilités sont explicites, par
exemple la direction administrative qui réduit le directeur d’agence à un rôle de surveillant-
contrôleur et laisse une place quasi-inexistante à l’autonomie et à l’initiative. La gestion du
personnel même si elle s’applique selon une politique qualité laisse plus de place à l’initiative
dans la gestion des agences. Enfin, la politique commerciale est le domaine qui, a priori, offre
le plus de possibilités à l’initiative et à l’autonomie.
Pointe alors le débat sur l’incomplétude des contrats de travail, autrement dit l’explicitation
maximale ou a contrario l’informalité des rôles, des fonctions et des prises de responsabilité.
Faut-il préciser, détailler ce qu’il est attendu du manager ou faut-il laisser cette initiative dans
l’action aux managers ? La volonté d’explicitation signifie l’identification de pratiques
attendues, formelles, et formalisées qui se veulent rigoureuses, selon des critères définis,
autorisant la programmation et le contrôle des activités, et par conséquent, la mesure et
l’amélioration de la contribution de l’employé aux objectifs de l’organisation. Ces pratiques
semblent être d’une grande efficacité, laissent peu de place à la dérive, et permettent un
contrôle des actions prévues. En revanche, elles sont contraires à la philosophie de
l’organisation apprenante qui veut encourager l’émergence de nouvelles pratiques afin de
faire preuve d’une grande adaptabilité et de bénéficier d’une régulation continue des activités.
La relative autonomie, la responsabilisation, la connaissance des objectifs et la mise à
disposition des ressources sont des qualités requises pour les entreprises souhaitées
apprenantes. Ces caractéristiques autorisent l’initiative face aux situations multiples, diverses
et souvent complexes auxquelles doivent faire face les middle managers des entreprises de
services de réseau. De plus, l’explicitation personnelle d’un contrat incomplet signale un seuil
hiérarchique : à poste égal, le fait de prendre ou non des responsabilités non explicitées dans
le contrat de travail, par définition incomplet, la prédisposition aux postes de manager. La
libre interprétation de l’exercice, stricto sensu ou élargi, de l’énoncé du contrat de travail,
consciente (« je ne suis pas payé pour ça »), ou inconsciente (n’imagine pas que les fonctions
prévues puissent être dépassées) constitue un élément de sélection dans la progression
hiérarchique. Or, les entreprises de services de réseau, de par leur structure et un souci
d’homogénéité de fonctionnement, sont enclines à expliciter le contrat.
Les entreprises de services de réseau doivent alors jouer sur deux plans : la dispersion
territoriale où 1) la nécessité d’un service homogène conduit à une explicitation des pratiques,
et 2) la diversité de la demande appelle une organisation apprenante. Il serait judicieux de
rendre explicites les règles organisationnelles et structurelles (les normes culturelles,
sanction/récompense, etc.) qui favoriseraient l’interprétation personnelle d’un contrat de
travail incomplet, afin de laisser une marge à l’autonomie et adaptable aux diversités des
bassins d’emploi.
Au sein de chacune des co-formations (offre, compétences, stratégie), nous repérerons quels
sont les acteurs qui animent simplement, participent plus ou moins activement, mènent,
initialisent les conversations stratégiques qui font vivre les idées émergentes. En se
préoccupant des acteurs, du contenu des échanges, de la temporalité, des lieux des échanges,
nous pourrons « dessiner » des zones de variation, de sélection et de rétention puisqu’un
acteur n’est pas seulement un « acteur de variation » par sa position, mais par les relations, les
échanges et les conversations qu’il entretient. Dès lors, nous tentons de mettre à jour ce qui se
trouve dans l’ombre de cette remarque « J’ai une totale autonomie à partir du moment où je
respecte les règles société, et que je ne froisse personne… » ; d’élucider celle-ci « Chaque
directeur d’agence, chef d’agence a quand même une grande autonomie et un grand pouvoir
de décision sur son travail. ».
Le premier est le cas d’une co-production simple où le responsable d’agence est à la fois
acteur de variation, de sélection et de rétention. Suite à une rencontre avec son ou ses clients,
il comprend la nécessité de co-construire une offre. Il partage cette compréhension avec
l’ensemble de son équipe agence afin d’ « être en mesure » de proposer une offre. Cette
démarche s’entend souvent sous l’expression « nous devons être force de proposition » en
prenant en considération l’opportunité de marché, la sensibilité d’une continuité dans l’action,
les objectifs à atteindre et la connaissance de la politique de l’entreprise.
« On a une autonomie, c’est à nous de nous rendre compte si c’est rentable ou non. C’est un
retour sur investissement, une grosse partie de notre salaire est faite sur l’intéressement. Si on
fait un bon mois, on a un bon salaire. » RA11/R.U.
« On est autonome sur les décisions, mais on est toujours effectivement tributaire du réseau
Adecco (…). On travaille pour son agence, puisqu’on se rémunère dessus…oui, très souvent
on a cette logique je travaille pour mon agence et pour Adecco après. Il y a un fort
attachement à l’agence, et c’est là qu’on peut atteindre la limite du système centre de profit.
Ça peut être des freins pour la synergie entre agences. Quand on parle de stratégie tout là-
haut, moi je vais d’abord m’en référer à la stratégie Adecco Travail Temporaire, après ma
région, et mon agence. » R12/R.U.
Si le montage de la co-construction se réalise au sein de l’agence, la diffusion de sa réalisation
ne reste pas intra muros, le responsable d’agence informe généralement son responsable
hiérarchique direct, à savoir le directeur de secteur.
« Si c’est quelqu’un en agence, on bâtit le dossier entre l’agence et moi. (…) Si ça s’arrête au
niveau de l’une de nos agences, et que je peux être décisionnaire, je prends la décision et j’en
informe le DS, c’est simplement une information. Ça veut dire un travail en amont, ça veut
dire un dossier à préparer. » RA9/R.T.
Ces co-productions simples sont par exemple l’investissement en baudriers pour satisfaire une
entreprise de Bâtiment : Une entreprise de travail temporaire fournit uniquement les
chaussures et le casque. Or certains clients ont confié qu’ils souhaitaient que les candidats
aient des baudriers, et qu’une entreprise de travail temporaire capable de fournir ce matériel
aurait leur préférence puisqu’elle se protégerait des soucis des inspecteurs du travail. Autre
exemple : Des ramassages de bus pour des étudiants citadins, non motorisés qui leur
permettraient d’atteindre la périphérie. Cette idée portée par un responsable d’agence est née
lors d’une commande importante d’entreprises situées sur un bassin d’emploi spécialisé dans
une activité et pour une période de vacances estivales. Pour lui, « lever » des gens du centre
ville est une manne : les étudiants apportent une « bouffée » d’oxygène au bassin d’emploi,
intellectuellement supérieurs aux capacités requises, financièrement motivés et
complémentaires de la population identifiée sur la zone. Ce cas de co-production engendre
peu de relations inter-organisationnelles, les échanges sont essentiellement intra-agences.
« Si c’est la création d’un département ou d’une agence, ce sont des études de concurrence, de
fiches, de marges, de coûts, de possibilités du marché. Si c’est une proposition d’organisation,
de poste, il faut un argumentaire pour justifier. On a une première contre-discussion, échange
d’idées, d’impression avec le DS qui va sentir. On va échanger dessus. Bien souvent, il
apporte d’autres éléments, d’autres éclairages, une autre vision, il va éventuellement soulever
d’autres questions qu’on n’aurait pas vues dans le quotidien. A ce moment-là, soit le dossier
est bien complet, bien ficelé, il ne nous prend pas à défaut, s’il l’adopte, il va le soumettre à
notre DR. Toutes ces demandes il faut les motiver, les commenter, expliquer. Après tout ça
dépend du niveau d’implication. Si ça rentre dans le domaine de décision du secteur. Si c’est
du niveau organisationnel local, sur le quotidien, le plan, l’atteinte des objectifs, le plan
motivation des équipes, c’est notre problème : ça s’arrête au niveau du secteur. » RA
Au-delà d’un soutien auprès du client, il peut s’agir d’un projet dont le responsable d’agence
demande l’aval à son hiérarchique.
« Il y a débat, négociation avec mon DS compte tenu des réponses de la DR ou DG, compte
tenu de l’enjeu que cela peut avoir sur un site, compte tenu de l’enjeu que cela peut
représenter au niveau national, parce que moi je n’ai pas la vision au niveau national, enfin
moins précise, j’ai une vision sur le site. » RA
Cela peut être le cas de l’installation d’une antenne spécialisée Bâtiment-Travaux Publics
dans une zone rurale étendue afin d’élargir le recrutement de travailleurs intérimaires qui ne
sont pas forcément véhiculés pour atteindre la zone de l’agence sur laquelle des entreprises de
travaux publics offrent une mission temporaire. L’intervention du directeur de secteur au sein
du processus ajoute une dimension intra- comme inter-organisationnelle : il soutient son
responsable d’agence et l’accompagne dans la construction.
« Pour chaque domaine on a un expert en région. La règle est donc de s’adresser au relais
régional avant d’interroger la Direction nationale. » RA6/R.T.
La sélection peut s’effectuer soit entre le responsable d’agence et le chargé de mission dans le
cas où ils montent un projet initié par le chef d’agence, soit entre le responsable d’agence, le
directeur de secteur et le chargé de mission si une expertise est nécessaire.
« Aller chercher des gens plus compétents dans tel ou tel domaine, pour arriver à ficeler un
dossier cohérent puis le présenter à qui de droit, à la personne qui aurait la charge, qui
donnerait le feu vert final, DS ou DR. Autant dès lors qu’on a un projet à développer, autant le
mûrir déjà soi-même, avoir le plus d’arguments possibles pour qu’il soit le plus vendable
possible. » RA
« Si j’estime que le bon interlocuteur pour traiter un dossier sécurité c’est un CM, je
m’adresse à lui, si je pense que c’est quelque chose que je dois soumettre à mon DS, je le
ferai, mais ce sera une tripartie entre mon DS, le CM et moi-même. Il n’y a pas de règle
générale, on a cette souplesse en région. On a des gens compétents, experts et un DS qui est
capable de donner des orientations, de prendre des décisions à notre place dans tous ces
domaines-là. C’est du partenariat entre les CM, le DS et l’agence commerciale. Bien entendu,
celui qui tranchera sera le DS. » RA6/R.T.
Le quatrième cas fait intervenir le directeur régional à la fois comme acteur de sélection et de
rétention. La variation s’effectue au sein des relations entretenues par le directeur de secteur,
le responsable d’agence et les parties prenantes où se conclut une problématique retenue parce
qu’estimée intéressante par l’entreprise de travail temporaire. Dans la zone de sélection
entrent en jeu les chargés de mission de la direction régionale ainsi que le directeur régional,
ils étudient ensemble les possibilités. Le directeur régional déploie également ses relations
inter-organisationnelles, il s’informe, conseille, et engage dans cette co-production de l’offre
des organismes, institutions et autres parties prenantes. Et enfin, l’acteur de rétention sont le
directeur de région qui peut s’appuyer sur les chargés de mission du siège. Cela peut être le
cas de projet de formation de grande ampleur comme les contrats de qualification, la
formation de personnel handicapé. Par exemple, un directeur de secteur a relaté le montage
d’un contrat de qualification «adulte» avec une entreprise locale qui s’occupe de la collecte
des ordures ménagères, filiale d’un groupe qui a un accord national avec Adecco. Le contrat
concernait un groupe de trente-deux personnes, particulièrement éloignées de l’emploi.
L’opération a impliqué la direction départementale de l’ANPE, le rectorat, la Direction
départementale du travail et de l’emploi (DDTE), l’Union patronale, un ensemble de
partenaires sociaux, économiques, locaux.
« Pendant cinq mois, on a travaillé dans les dispositifs avec l’intégration de T-Plus qui est une
filiale d’Adecco d’intérim insertion. On a fait un projet de ressources humaines global, avec
un vrai projet de formation, une formation transférable à la fin des 12 mois de contrat, une
grosse médiatisation. Donc tout un processus autour d’un dispositif simple qui est le contrat
de qualification, la mise en place d’un ensemble de choses qui fait que c’est un projet RH
qu’Adecco a mené en partenariat avec des acteurs locaux. (…) Je sais que des Parisiens sont
venus nous voir pour qu’on leur explique les différentes démarches, parce qu’ils étaient
intéressés. Le DR se charge d’appeler le directeur départemental de l’ANPE, ainsi que le
recteur, il se charge d’en référer à l’Union patronale pour qu’elle soit partenaire de
l’opération, il a animé une réunion avec le directeur départementale du travail et de l’emploi,
qui pilote ce type de relations, parce que c’est son niveau d’interlocuteur, hiérarchique, parce
qu’il connaît ces gens-là. Tout le montage des processus de recrutement, quel profil,
l’opérationnel ce n’est pas à lui de faire ça, c’est moi qui le relaie avec mes équipes. (…)
Comme il a une très bonne vision de l’économique, du local, il a tout de suite vu que ce
dispositif était parfait pour le projet qu’on avait. Ce projet a été notre laboratoire, ça nous a
permis de voir ce qui pouvait marcher et ce qui ne pouvait pas. On a été les premiers sur le
département, ça montrait bien quelque chose d’avant-gardiste, il a une super perception, avec
souvent un ou deux coups d’avance, sur ce qu’il va se faire. » DA3/R.V.
« J’ai la faiblesse de penser qu’il y a une proximité terrain forte de l’encadrement opérationnel
qui fait que les échanges sont permanents avec les chefs d’agence. (…) Il n’y a pas de
processus formel qui soit vivant. L’autonomie passe par là : c’est aux chefs d’agence de
décider si ce que l’autre a fait c’est bien, ce n’est pas au directeur de secteur de lui dire. »
DS/R.T.
Son interlocuteur dépend de la complexité du problème qui est bien souvent assimilée à un
plafond financier.
L’enchaînement des interlocuteurs ainsi que la qualité des interventions se trouvent alors être
identiques aux processus de co-production de l’offre décrits plus haut.
Le responsable d’agence comme le directeur de secteur sont également en mesure, si l’un ou
l’autre estime être en position d’infériorité, s’il a besoin d’être rassuré ou réorienté, de
réclamer un audit afin qu’une évaluation soit réalisée sur ses pratiques.
« J’ai eu l’agence qui m’a demandé d’intervenir, j’ai eu le directeur de secteur qui m’a
demandé d’intervenir sur un domaine particulier pour l’aider dans ce domaine particulier. Si
de lui-même, il ne se dit pas qu’il doit évoluer, on va lui faire dire. » AQ/R.T.
Dès lors que l’anomalie décelée est connue, repérée et traitable, ne dépasse pas les canons
financiers, n’impose pas une expertise d’un chargé de mission particulier, et subsiste au
niveau de l’agence, c’est l’expérience de l’auditeur qui régularise la situation en informant le
directeur de secteur. Dans ce cas, la problématique fait naître le processus de co-production de
compétences, le responsable d’agence recherche des sources de variation, des agents de
sélection afin de l’aider à retenir une « solution ». Les phases de variation, sélection et
rétention se réalisent au sein de l’agence. Cependant, chacun des acteurs, même le directeur
de secteur seulement informé, devient une source de variation pour ses autres agences, pour
ses homologues, etc.
« L’interlocuteur principal en agence c’est le chef d’agence, mais le DS sait ce que je vais
faire en agence. Quand je vais intervenir sur un sujet un peu plus délicat, qui concerne
directement le management du chef d’agence, je dois tenir compte du DS (…) des enjeux de
l’agence. J’en parle, j’en discute, j’en informe le DS, de manière à ce qu’on échange et qu’on
soit bien d’accord sur la manière dont je vais intervenir et la manière dont le DS aura à suivre.
Je peux intervenir, mais je ne peux pas suivre de partout. Je suis quelque part en ressources
par rapport au DS aussi. J’ai intérêt à jouer sur tous les leviers, j’explique au chef d’agence
pourquoi je suis là, ce que je vais y faire, mais avant j’ai fait un travail en amont, il y a une
problématique au départ. C’est du travail de fond, ce n’est pas parce qu’on intervient une fois,
que le problème est réglé, derrière il y a un suivi avec le chef d’agence, le DS et moi. (…) Je
fais le point avec le DS, je laisse une trace, de façon à ce qu’un suivi soit possible. »
CMQ/R.T.
Il nous paraît intéressant de souligner deux échecs relatés lors des entretiens. Le premier
concerne une rupture dans un processus de prise d’informations due au respect trop strict de la
hiérarchie. Un directeur de cinq agences tente de contacter un directeur de secteur pour
l’interroger sur un problème particulier. Absent, le message reste en suspend. Dès son retour,
il prend connaissance du contact, et envoie un message électronique non pas au directeur
d’agences demandeur de l’information, mais au directeur de secteur, soit son homologue.
Malheureusement, celui-ci est en congé et ne communiquera la réponse au directeur
d’agences qu’à son retour.
Le deuxième cas fait référence à l’initiative d’un responsable d’une agence spécialisée Cadres
qui manquant d’informations, d’idées, et de connaissance des expériences décide d’organiser
une rencontre pour échanger sur la spécificité « cadres ». L’envoi de son courrier a arrosé
l’ensemble des acteurs concernés directement (les responsables d’agence) ou indirectement
(Directeurs de secteur ou de région) par la spécialisation de son agence. Les directeurs de
secteur et de région ont très mal accepté d’être invités par un responsable d’agence. Irrespect
de la hiérarchie ? Jalousie d’idée ? Les 2 ? Les directeurs ont autorisé et/ou invité fortement
leurs directeurs et responsables d’agence à ne pas s’y rendre.
« Une responsable d’agence Cadres de Paris voulait créer une rencontre avec tous les
responsables d’agence Cadres, ça n’a pas marché parce qu’en étant chef d’agences elle a
demandé à des directeurs d’agences ou DS de venir. Il y a eu un conflit hiérarchique, des DS
ont permis à leurs DA de ne pas y aller. (…) N’étant pas passée par les DS ou DR, elle a un
peu court-circuité la hiérarchie… » DA3/R.V.
Le second cas aborde l’initiative et la création d’un projet réalisé en région et reproduit à
l’échelle nationale. Il s’agit de la création de centres d’exploitation visant à baisser le prix de
revient du travail et à augmenter la productivité des agences. Après avoir constaté
l’augmentation du prix de revient du travail dans ses agences (200 millions de masse salariale
dus aux charges fiscales et para-fiscales, notamment la taxe professionnelle qui dépend de la
commune où l’entreprise est implantée), un directeur de région a proposé de centraliser la
masse salariale dans une commune où il y avait le plus bas taux de taxe professionnelle. Après
consultation et études du directeur financier et du contrôleur de gestion, les moyens financiers
et matériels ont été approuvés afin de tester l’idée dans la région de naissance. En dix ans,
soixante-dix centres ont été créés sur le territoire. Un suivi prompt a été source de variation, le
recul, l’expérience et l’imagination ont constitué la base de la sélection, et la rétention en
terme de faisabilité s’est réalisée avec les directions fonctionnelles.
« Pour les idées nouvelles, si on a envie de mettre quelque chose en place, on la soumet à
notre hiérarchique direct, le directeur de secteur. Sur le plan du travail, si ça rentre dans le
plan qualité, alors c’est le directeur opérationnel qualité de la direction régionale, notre
interlocuteur. » RA5/R.T.
La position du directeur de secteur permet une vision plus large à la fois de la vie des agences,
de leur capacité, des compétences requises pour une amélioration de la productivité de
l’agence, ainsi qu’une connaissance de la demande et de l’offre. Ce champ de vision lui
permet de produire des inférences. En effet, voyant la demande de certains postes «
pénuriques » se multiplier, le directeur de secteur peut être à l’initiative d’une formation de
plusieurs intérimaires sur ce type de poste afin de pallier la demande des entreprises. Il
participe lui aussi à la co-production de l’offre mais à un niveau plus complexe, dont les
interlocuteurs partenaires sont nombreux, les relations longues, et dont la portée des enjeux
dépasse la zone d’une seule agence.
D’un point de vue relationnel, lui incombent les échanges entre les agences, autrement dit la
mise en synergie des ressources. Le directeur de secteur est de fait un entremetteur de
ressources, servant à la fois les clients, les travailleurs intérimaires et les agences. Il partage
avec le responsable d’agence une relation de co-production de l’offre mais beaucoup plus en
amont que lui et dont le contenu est plus complexe, ainsi qu’une relation de co-construction
des compétences puisqu’il « rapporte » les bonnes pratiques : il prend connaissance, évalue et
témoigne. Le responsable d’agence restant maître de dupliquer, modifier ou juger inutile cette
pratique. En accord avec Nonaka (1988), le directeur de secteur sécurise et rassemble les
ressources requises pour atteindre les objectifs. En effet, la planification stratégique plutôt
déductive et l’émanation inductive d’informations des besoins du marché sont intégrées afin
d’établir une direction du déploiement des ressources et de créer un concept pratique qui suit
cette même direction. Le comportement de « citoyen organisationnel » développé par Thakhur
(1998) renforce finalement cette idée. Au-delà d’un dévouement au travail, ce type de
comportement comprend la création et l’allocation de ressources d’une manière originale, et
favorise une adéquation entre les activités de l’entreprise et la demande, le secteur, etc.
Le rôle du directeur régional est fortement caractérisé par des échanges, des allers, des
retours, avec le siège, les fonctions supports présentes en région et les responsables d’agence
via les directeurs de secteur. Il véhicule la stratégie définie pour l’année, l’approprie au
contexte de sa région, la diffuse auprès des fonctions supports et des responsables d’agence.
Ainsi, chacun est informé des objectifs de la société, de la région pour l’année en cours, et
chacun de les « personnaliser » à son bassin d’emploi, à sa spécialisation, aux conséquences
d’une année passée, aux perspectives d’une année future. Les directeurs de secteur présentent
ensuite les axes de développement prioritaires identifiés par et pour chacune des agences à
leur directeur régional, ainsi que les plans d’actions individuelles pour chaque collaborateur
des agences. Le directeur régional met en quelque sorte le point final lors de cette discussion-
négociation à la consolidation des objectifs par secteur. Charge pour lui de consolider au
niveau régional l’ensemble des objectifs déclinés par secteur et de présenter cette déclinaison
opérationnelle de la stratégie à la direction générale. Ce type d’exercices se réalise chaque
trimestre pour le suivi des objectifs et en fin d’année afin de conclure des perspectives pour
l’année n+1 à partir des réalisations, ou non, de l’année n. Ces allers et ces retours
d’informations confèrent au directeur régional un rôle de négociateur-consolidateur, ainsi
qu’un rôle de « grand » informateur de données macro pour sa région (des réalités
économiques, sectorielles, juridiques) ainsi que des données micro aux hauts dirigeants (le
vécu du personnel permanent qui véhicule le ressenti des entreprises, des travailleurs
intérimaires et du personnel des agences). Il traduit en quelque sorte les données, les
informations collectées selon la source, et les destinataires.
Deuxièmement, l’une des règles qui paraît être l’un des moteurs de la contribution des
responsables d’agences est le système de rémunération qui consiste en une participation au
résultat. Ce mode de rétribution présente l’inconvénient de son avantage, s’il encourage à
l’implication, il génère parfois une concurrence entre les agences, qui de fait ont moins
tendance à partager leur connaissance dans un esprit de coopération ; l’individualisme peut
alors être privilégié au détriment du collectif : l’organisation.
« A l'évidence, je le vois en coopération, parce que c'est logique et que ça me paraît plus
intelligent. Théoriquement, on est sur des secteurs industriels différents mais ça ne se passe
pas toujours comme ça sur le terrain, je ne développerais pas davantage, par contre à
l'évidence en bonne intelligence on devrait travailler en coopération pour avancer et pour
renvoyer une bonne image. Mais ce n’est pas toujours possible, mais c'est quand même la
volonté de l'entreprise. » RA8/R.A.
« Normalement on n’est pas en concurrence entre agences, il vaut mieux que l'intérimaire soit
chez Adecco que chez Manpower. Ça ne s'est pas toujours passé en bon terme, ça dépend des
responsables d'agence. » RA11/R.B.
Un autre principe apparaît : les échanges sont régis par le respect de la hiérarchie aussi bien
dans les relations intra-organisationnelles que dans les relations inter-organisationnelles.
« Dès qu’on dépasse certaines règles de fonctionnement, on en parle à notre DS. Je pense que
ce serait très difficile pour lui, de se dire que dans les agences, il y a des pratiques et qu’il ne
soit pas au courant, ce serait malsain, on essaie de jouer la transparence. » RA2/R.T.
« Le chef d’agence peut avoir un besoin ou avoir été éveillé à un réel intérêt de s’implanter là,
il en réfère à son DS qui en parle à son DR. » RA3/R.T.
« Si j’ai un problème, je ne vais pas appeler la DCN Paris, mais son relais en région. Tout se
fait en vase communiquant entre l’agence commerciale et la DR, et entre la DR et la DG. Mes
interlocuteurs en direction régionale ont eux aussi un interlocuteur en DG. » RA6/R.T.
Les auditeurs ou chargés de mission qui interviennent en agence informent toujours le
hiérarchique direct de ce qui peut être accompli ou nécessite de l’être. Quoiqu’il en soit le
directeur de secteur reste décisionnaire dans ses agences.
« L’interlocuteur principal en agence c’est le RA, mais le DS sait ce que je vais faire en
agence. » AQ/R.T.
« On peut monter des plans d’actions avec un CM, lors de la proposition le DS nous donne
carte blanche, ou modifie certaines choses, ou bien encore s’oppose, montre son désaccord.
C’est lui qui valide. » RA6/R.T.
« J’attends quand même un rôle commercial du DR mais pas au même niveau. Il faut faire des
efforts là-dessus, pour moi le chef d’agence, il est avec ces utilisateurs de TT, et parfois avec
le DRH, en tous les cas le DS est impérativement avec le DRH et le directeur des achats et le
DR est avec le patron, c’est tout. » DGA
Cette relation hiérarchique est appliquée avec les différents organismes avec lesquels ils sont
en contact. Si a priori elle a pour objectif d’étendre le système d’informations, nous avons vu
qu’elle peut produire des situations inverses, comme toutes règles pratiquées d’une manière
extrême.
Section IV. Le middle management et La formation de la strategie
Repérer le processus de « stratégisation » a consisté à identifier les acteurs, les rythmes et
fréquences, ainsi que les lieux formels ou informels d’échange entre les participants internes
ou externes à l’entreprise. Nous nous sommes concentrée sur la participation des responsables
d’agence(s), des directeurs d’agence(s), des directeurs de secteurs, et des directeurs régionaux
à la formation de la stratégie d’Adecco. Souligner les démarches informelles apporte une
dimension humaine, non linéaire et pas uniquement procédurale.
Nous retraçons le processus de « Diffusion/déclinaison des objectifs » que nous avons choisi
de faire débuter à l’annonce par la Direction Générale de la stratégie globale sur l’année pour
finir à la déclinaison individuelle de l’équipe agence. Ensuite, nous détaillons la manière dont
les objectifs sont suivis, ajustés et expliquons comment s’effectue la diffusion de
l’information de ces suivis ou ajustements, le tout selon des structures formelles et
informelles. L’inconvénient de cette présentation est d’aplatir les processus, de réduire les
boucles à deux processus : un montant l’autre descendant. C’est pourquoi nous attirons
particulièrement l’attention sur les schémas qui rendent du volume aux processus.
« Il y a les « objectifs DG », les « objectifs société » qui nous sont donnés lors de la réunion
de lancement en début d’année et par la même il y a le DR qui compte tenu de ses forces et
faiblesses au sein de sa DR va axer plus précisément tel ou tel point, les objectifs de la DG
deviennent les « objectifs DR ». RA6 et 7/R.T.
« En début d’année, il y a une réunion de lancement où se rencontrent les RA, le DR, les DS,
les CM et les assistants de région. Tous ces gens interviennent pour faire part de la
connaissance qu’ils ont dans leur domaine. Les collaborateurs apprennent leurs nouveaux
objectifs et les moyens mis à leur disposition. (…) Je leur présente les objectifs de l’entreprise
et l’état d’avancement de la région. De fait, les priorités apparaissent, et définissent les
contributions à venir. » DR/R.T.
Disposant des supports qui ont animé une réunion de lancement pour l’année 2002, nous
constatons d’une part que l’objectif et le contenu de cette rencontre sont assimilés par les
personnes que nous avons interviewées. D’autre part, il y a effectivement assimilation et
appropriation des objectifs société par les directions régionales et non pas une simple
réplication. L’exemple dont nous disposons souligne que le directeur régional rend prioritaires
un des cinq objectifs quantitatifs et un des cinq objectifs qualitatifs donnés par les objectifs
société. Cela ne signifie pas pour autant que les autres objectifs sont abandonnés sous prétexte
qu’ils soient largement maîtrisés, puisqu’ils sont maintenus en objectif de fond, mais cela
signifie qu’une priorité est donnée à ces deux. De même, les objectifs région représentent un
cadre général à l’action de chaque agence : il appartient au responsable d’agence, en fonction
des indications de son hiérarchique et en concertation avec les collaborateurs agence, de fixer
les objectifs de son agence.
« Les objectifs agences sont déclinés lors des réunions de secteur : chaque DS a 5 à 10
agences. » RA12/R.U.
« Suite à quoi, c’est à nous de décliner en fonction de nos secteurs par rapport à notre
situation aujourd’hui : quel est l’objectif qui est prioritaire, quel est celui qui est à mettre en
œuvre le plus rapidement possible, quels moyens on va mettre, et de le décliner au niveau des
agences. » DA1/R.V.
Les responsables et directeurs d’agences ayant été informés des objectifs société et des
objectifs de la direction régionale, ils doivent à leur tour se les approprier, en informer leurs
équipes agences, pour qu’ils soient déclinés au sein des agences. Il s’agit en premier lieu d’un
travail personnel de la part du responsable d’agence qui fait un bilan de son année (n-1). Ce
bilan souligne alors les objectifs encore d’actualité et situe son agence par rapport à la société,
à sa région et à son secteur. Ce document « Bilan annuel » comprend deux analyses :
l’environnement et l’agence. D’une part, l’analyse de l’environnement porte sur cinq points :
le potentiel commercial du secteur ; la concurrence ; le constat prévention et sécurité ; le
potentiel de candidats sur le bassin d’emploi et les compétences recherchées par les
entreprises. A partir de cette analyse, le responsable d’agence conclut classiquement sur les
opportunités à saisir et les menaces pesant sur l’agence. D’autre part, l’analyse de l’agence
s’effectue en cinq points : l’action commerciale ; les actions liées à la gestion des ressources
intérimaires ; l’animation / les échanges avec les différentes structures du Groupe ; les
performances qualitatives et les performances quantitatives :
« Ma stratégie d’agence est définie en début d’année à la suite du bilan de fin d’année
précédente c’est-à-dire par rapport à ce qui avait été demandé en (n-1), ce qui avait été réalisé
et ce qui ne l’a pas été, une sorte d’analyse des écarts. (…) Au moins de façon autonome on
tire un bilan de l’année qui vient de s’écouler, riche de ce qu’attend la Direction pour l’année
qui arrive, je remets un plan de développement stratégique sur différents axes, l’axe
commercial, l’axe recrutement, l’axe gestion et l’axe sécurité. (…) On fait une synthèse, on
réajuste le tir, couplé aux nouveaux objectifs d’où vient découler une stratégie toute naturelle
du développement de l’agence sur des axes bien précis et clairement identifiés (…) Chacun
s’approprie les objectifs DR, et objectifs nationaux par rapport à son bassin d’emploi. Si on
me dit de développer ma part de marché d’environ 40% alors qu’on a déjà la moitié du
secteur, ça n’a pas de sens. Chacun s’arrange par rapport à son environnement. » RA3/R.T.
L’ensemble de l’équipe agence animé par le responsable d’agence consolide ensuite le plan de
développement agence qui définit les axes prioritaires dans les quatre domaines (le
commercial, la gestion des ressources intérimaires, la gestion et l’animation) stipulés dans le
contrat de travail. Ces axes prioritaires se composent de trois à quatre actions principales.
« Le chef d’agence va se fixer des objectifs pour arriver aux objectifs fixés par la région : ce
sont les axes de développement prioritaires. (…) puis avec chaque personne, on a le plan
d’actions individuelles qui reprend les axes de développement agence, en mettant les actions
précises à mener, qui va s’occuper de quoi, les moyens mis en œuvre, les dates, ou le rythme
que l’on va suivre. L’entretien individuel est ce que j’ai fait pour l’agence, mais d’une
manière individuelle pour chaque collaborateur : Forces, points à améliorer, les apports en
terme de formation, leur ressenti par rapport à ce qu’ils ont vécu et vers quels objectifs on va
tendre au niveau personnel. Voilà comment on décline ces objectifs en tout début d’année.
Tout ça est clôturé en principe fin janvier. » RA7 et 9/R.T.
Les axes de développement prioritaires et les plans d’actions individuelles sont « débattus »
(DALI/RA7) puis validés lors d’une rencontre entre le responsable d’agence et son directeur
de secteur (ou directeur d’agences).
« Le chef d’agence présente à son DS ses objectifs, les moyens qui seront mis en œuvre
spécifiquement. Là il y a une véritable discussion sur ce que le chef d’agence propose, pour
soit augmenter, soit diminuer les objectifs vis-à-vis des moyens disponibles. La stratégie n’est
pas figée, elle est discutée et validée. » DR/R.T.
« (…) je les présente à mon DS pour validation, je peux être trop ambitieuse ou pas assez, on
peut réajuster, il peut y avoir des corrections. » RA9/R.T.
Il s’agit d’une discussion sans retenue, d’une négociation des axes prioritaires de
développement où le responsable d’agences vient justifier, argumenter et surtout informer son
responsable hiérarchique. Le tout est ensuite consolidé en direction régionale :
« Chaque DS consolide de la même manière que les DA, et tout est présenté en DR avec les
pilotagences de chaque DS, puisque eux aussi vont adapter en fonction de leur spécificité
locale. C’est une rencontre entre DS et DR uniquement. » DA2/R.V.
« Non, on a un entretien individuel après, une fois que les réunions de lancement ont été
faites, avec les objectifs chiffrés du directeur de région pour l’année avec des primes à la clef.
On se met d’accord sur les priorités de l’année, avec définition des objectifs et prime pour
l’année à venir. Puis, on fait des points régulièrement sur les actions, sur la répartition des
rôles. » DGA
Le rôle de chaque niveau de management est ici un relais interprétatif, traducteur des logiques
globales à des contextes locaux. Le travail de relais interprétatif et traducteur signifie d’une
part une traduction de forme : rendre tout cela compréhensible et intelligible au public auquel
on s’adresse, ainsi qu’une traduction de fond : contextualisée et situationnelle. La diffusion et
la déclinaison sont une déconceptualisation de la stratégie, autrement dit une concrétisation
des termes qu’elle contient. En effet, chaque traduction par les relais quantifie, rend palpable
la stratégie. De la « stratégie » au niveau national, nous atteignons des « plans d’actions
individuelles » en agences. Les axes de développement sont traduits en objectifs qui eux-
mêmes sont traduits en actions. Comme une appropriation individuelle de la stratégie, les
collaborateurs en agences évaluent leur contribution au résultat de l’agence, le responsable
d’agence à ceux de son secteur, le directeur de secteur à ceux de sa région, et enfin le
directeur régional anticipe la participation de sa région à la stratégie de la société.
La déclinaison des objectifs société jusqu’aux collaborateurs en agence est effectuée d’une
manière formelle, les lieux et dates des réunions et des entretiens sont connus de tous, quelle
que soit la position hiérarchique et quelle que soit la région. Peu de différences sont
remarquables d’une région à l’autre contrairement au suivi et à l’ajustement qui font
apparaître des organisations informelles, mais fréquentes.
Bilan positif Décembre Présentation bilan (n-1) DR, DS, AR, RA,
CM
IV- 2. Suivi des objectifs agence, régionaux et nationaux
Le suivi, qu’il soit au niveau de l’agence, de la région ou de la société, se réalise d’une part
par des outils formels et d’autre part grâce à des initiatives informelles. Si elles sont
informelles, elles ne restent néanmoins pas rares ; le contenu, la fréquence, les participants
sont à l’initiative du dit manager : responsable, directeur d’agences ou de secteur.
« Tous les trois mois, on vérifie s’il n’y a pas de courant inverse, c’est ce qu’on appelle le
point agence. Le point agence rend compte de la réalisation des objectifs en termes
quantitatifs et qualitatifs, le chef d’agence réalise sa propre analyse et ses propres
recommandations. (…) Ce point agence permet de redresser le chemin qui sépare le point de
départ du point d’arrivée. Donc tous les 3 mois, on redresse la barre. » DR/R.T.
« Le point agence est un document rempli par mes collaborateurs et moi-même. Il est
demandé par la DR. Chacun parle, rend compte de son plan d’actions individuelles. Le point
agence permet de faire un point trimestriel par rapport aux événements qu’a connus l’agence,
par rapport à nos objectifs annuels… » RA5/R.T.
« (…) C’est une occasion d’échanges avec l’équipe et puis voyant l’année se profiler face à
d’autres priorités : est-ce que les axes sont vraiment pertinents? Faut-il laisser les objectifs
premiers compte tenu de ce qu’on vit par ailleurs? Le cas échéant, si on décide d’annuler un
objectif, la validation vient du DS. » RA9/R.T.
L’ensemble des outils insufflé par la procédure qualité (comme le « bilan de service » et l’ «
opinion qualité » adressés à l’entreprise et le « bilan de mission » destiné à la fois à
l’entreprise et à l’intérimaire) est un moyen qualitatif de suivi de la qualité de la prestation de
service. Ces outils créent un moment d’échange entre l’agence et le client d’une part, et au
sein de l’agence d’autre part.
« Pour fidéliser nos clients, nous sommes dans une logique de mesure de la qualité en
permanence, (…) au quotidien. Nous sommes à l’écoute des clients, nous réalisons avec eux
des « opinions qualité » en fin de mission afin de matérialiser leur satisfaction au travers de
questions bien ciblées qui vont au-delà d’une question fermée. On préfère à l’aide de cette «
opinion qualité » poser des questions ouvertes, qui permettent de répondre point par point, et
de savoir sur une opération ce qui a bien ou pas bien marché afin de considérer les nouveaux
axes de progrès chez mon client. Je dois être fort de proposition auprès de mes clients.
Aujourd’hui, l’ensemble des collaborateurs est à même de pouvoir être force de proposition. »
RA4/R.T.
D’un point de vue quantitatif, il existe aussi des outils informatiques et de réseau qui
permettent à chaque responsable et/ou directeur de surveiller financièrement les états de
gestion des agences.
« A la quinzaine dans certaines agences ils font des points plutôt organisationnels,
planification, suivi clients, de tableaux de bord agence. Ils sont contrôlés, vus, corrigés mais
ne remontent pas obligatoirement. » DA1/R.V.
« chacun doit suivre mensuellement l’avancée de ses objectifs mais d’une manière informelle.
» RA9/R.T.
« Dans l’agence même, avec mon équipe, on a des échanges informels. A un rythme mensuel,
avec les résultats chiffrés, c’est-à-dire en même temps que les états du siège, on fait une
réunion, une sorte de compte rendu. Ces différents échanges mensuels permettent de me
préparer, et de préparer les collaborateurs au point agence qui est très organisé, très structuré.
» RA5/R.T.
« Ça ne veut pas dire qu’on fait un seul point par trimestre, c’est faux, ça veut dire qu’on fait
un point formel, formalisé par trimestre. L’informel se fait au quotidien par téléphone, ou en
face à face quand le DS vient m’appuyer en commercial pour découvrir les nouveaux
prospects, les nouveaux clients, pour m’appuyer sur certains enjeux. » RA6/R.T.
« un point informel tous les mois et demi au cours duquel on aborde tous les objectifs qui ont
été fixés en début d’année, l’avancement de chacun par rapport à ses objectifs, les problèmes
rencontrés, les solutions qu’on peut apporter, l’organisation. En fait, c’est ni plus ni moins
l’avancement du point agence, au lieu de le faire bêtement à la fin du trimestre. » RA8/R.T.
Le point agence, point formel et formalisé, nécessite de la part de l’équipe agence un travail
de synthèse conséquent. Le responsable d’agence organise à plusieurs reprises dans le
trimestre et au sein de l’agence des rencontres informelles dont les objectifs sont multiples : 1)
un suivi rythmé de ses résultats quantitatif et qualitatif, 2) un échange d’informations sur sa
zone d’activité et 3) une préparation à l’exercice trimestriel. Le formel crée alors l’informel.
Les exigences cadrées par le manuel de qualité, des procédures nationales font naître des
moments et lieux de conversations. Ces conversations sont à l’origine d’émergences. Le
formel n’est absolument pas incompatible avec l’émergence, dans la mesure où il crée des
lieux de conversation qui créent des situations où on rend compte des émergences, où des
idées émergent, où on partage des émergences.
IV- 2.2. Comment les directions régionales s’enquièrent-elles de l’évolution de leurs agences?
Comme nous l’avons précisé, le nombre de relais managériaux entre le directeur régional et le
responsable d’agence est variable : soit il y a un directeur de secteur, soit il y a un directeur de
secteur et un directeur d’agences. Une boucle de diffusion/retour d’informations
supplémentaire peut s’ajouter entre le DS et le RA, boucle menée par le DA.
« Les 40 agences font un point agence. L’ensemble de ces remontées permettent de situer les
objectifs de la région, et permettent une remise en question : ai-je été trop volontariste? Trop
en retrait? Ne pouvons-nous pas aller plus loin? Manque-t-il des informations? Ont-elles
l’ensemble des compétences requises? Il y a une stratégie interagie. Elle est opérationnelle. Je
compile l’ensemble des points agences, chaque directeur de la région fait une synthèse de ses
secteurs. Autre réunion qui donne lieu à un compte rendu écrit : le Comité de région dans
lequel se retrouvent le directeur régional, les directeurs de secteurs, les directeurs
opérationnels et les responsables fonctionnels de la région (responsable de la sécurité,
responsable de la formation intérimaire, chargé de missions). On se trouve dans un nouveau
système de déploiement de l’information. Ce comité permet de nous situer et d’envisager les
corrections de tir. » DR/R.T. voir aussi DA1/R.V.
D’autres rencontres qui permettent échange et diffusion de l’information sont formelles pour
certaines régions et inexistantes pour d’autres qui le déplorent :
« Une fois par mois il y a une réunion des DA, avec le DS, on se retrouve tous les 6, le DS a
l’ensemble de la vision de ses agences, et ça nous permet d’échanger. C’est un rendez-vous un
peu formel, prévu tous les jeudis de chaque mois. » DA3/R.V.
« En réunion de secteur on est moins nombreux, il y a un échange qui se fait plus facilement,
ça permet d’avancer, de voir où sont les difficultés chez les autres aussi, on a tendance à ne
voir que les siennes. Je pense qu’il serait bien de les multiplier. De temps en temps il faut
créer la synergie, l’alimenter. C’est intéressant de voir comment certaines difficultés ont été
traitées, résolues, ça donne des idées, on revient toujours avec quelque chose de positif. »
RA2/R.T.
« On est sur notre secteur, mais on ne se rend pas bien compte où on en est par rapport à nos
collègues, il y a peut-être des idées qui sont bonnes à prendre chez les autres, ou chez nous.
C’est toujours intéressant de voir ce qu’il se passe ailleurs. C’est une information que
j’aimerais bien avoir. Comme tout le monde a les mêmes objectifs sur la région, il y a
forcément des thèmes récurrents, après il faut voir la façon dont ils sont traités en agence,
elles sont peut-être différentes, ça peut donner des idées. » RA5/R.T.
Elles ne sont donc pas rendues obligatoires par la société, mais laissées à l’initiative des
directeurs de secteur en fonction des nécessités créées par la répartition des agences sur la
zone.
« Après les DS font des réunions structurés de Chefs d’agences et directeurs d’agences pour
faire redescendre le comité de région. » DA1/R.V.
« Ça dépend du secteur d’agences dans lequel vous êtes. C’est vrai qu’on a des réunions de
secteurs tous les 3 mois. Souvent pour la réunion, on doit rapporter une idée innovante que
vous avez mis en place à l’agence et qui pourrait intéresser les autres. On fait des mini
brainstorming. On est sur un secteur où mon DS va organiser des réunions par qualifications
en agence. Il y a des réunions où il n’y a que des recruteurs, des réunions où il n’y a que des
assistantes d’agences. ils peuvent échanger, se donner des trucs et astuces, se demander
comment elles font quand elles ont ce problème là, avec des thèmes qu’elles choisissent. »
RA10/R.U.
Les réunions organisées au niveau du secteur concernent des secteurs géographiques et non
pas des secteurs par activité, par spécialisation, sauf l’exception du BTP. Le secteur BTP est
la seule activité qui s’organise en secteurs. Le marché offre la possibilité aux régions de
disposer de trois à cinq agences spécialisées BTP, de fait toutes les agences BTP d’une région
sont rassemblées sous un même directeur de secteur.
« Le DS avait comme idée de départ : les agences BTP doivent avoir une synergie,
l’entreprise qui se promène sur les différents départements doit avoir la même qualité de
service. Dans la pratique, la synergie ne fonctionne pas encore très bien, mais c’est vrai que
les idées qui nous viennent en agences circulent lors des réunions de secteur. » DALI/RA1
Peu, voire pas d’autres activités offrent cette opportunité à un niveau régional.
A l’issue des réunions de secteur, les directeurs de secteur formalisent chacun un document
dont dispose le directeur régional :
« Deux manières chiffrées de suivre, il (le DR) a les comptes-rendus de réunions de secteur, et
le document des indicateurs où tous les mois il peut visualiser les chiffres des agences. »
DS/R.V.
Parmi les rôles qui incombent au DS dans le suivi de ses agences, il y a l’obligation de
réaliser des visites clients avec ses responsables d’agence. Outre la présence hiérarchique qui
démontre l’intérêt porté au client, il peut assimiler et inférer les réactions du terrain.
« Le DS nous aide énormément au niveau de certains clients en rencontrant avec nous des
clients à très fort enjeu. Quand il vient en rendez-vous ça lui permet de suivre ce qui est fait
en agence, notamment au niveau de la gestion des risques, d’avoir un regard sur nous. La
visite en client est parfois stratégique, les gens sont sensibles à ce type de reconnaissance. Il
(…) a plus de recul par rapport au quotidien, il apportera toujours plus d’informations sur le
groupe, plus d’informations générales, ça donne plus de poids à notre action terrain. Il a ses
propres objectifs, par exemple au niveau de la sécurité, il doit rencontrer les 5 clients à risques
de chaque agence, il a aussi des objectifs de rencontre, de conquête commerciale. Au travers
de son action auprès de nous, il réalise ses objectifs. » RA2/R.T.
Deux autres réunions à l’échelle régionale qui rassemblent le directeur de région, l’assistant(e)
de direction, les chargés de mission, les directeurs de secteurs, d’agences et les responsables
d’agences permettent de s’arrêter sur l’état d’avancement des objectifs de la région. Ces
réunions de printemps et de rentrée sont l’occasion de fédérer à nouveau la région autour des
objectifs sociétés, de souligner des démarches positives réalisées en agences, d’informer sur
les conséquences de nouvelles dispositions législatives, etc.
« Régulièrement, nous avons des réunions organisées au niveau de la DR. Au cours de ces
réunions, on va nous faire un compte-rendu des principaux objectifs de l’entreprise,
principales évolutions. En mars, on en aura une qui est essentiellement un petit point en cours
d’année sur l’avancée de nos objectifs, et puis la communication sur le concours interne qui a
lieu chaque année : les palmes de la DR internes à DALI prenant en compte les critères
propres à la DR. (…) En septembre, il y a la réunion de rentrée qui fait le point sur le 1er
semestre, souvent chez nous la situation peut se retourner entre un premier semestre et le
suivant. Parfois nous sommes sollicités sur des projets nouveaux pour l’entreprise. »
RA8/R.T.
« Quand je vais en agence pour intervenir sur un audit qualité je vois les choses qui sont
suivies, comment elles le sont. Je m’introduis avec l’accord de l’équipe pour être, participer à
un moment précis au pilotagence, au point agence, sans prendre la place du chef d’agence, je
travaille avec cette personne en amont. » AQ/R.T.
« Mais ‘Audit’ chez nous, c’est certes un constat mais surtout une journée au cours de
laquelle on va aider une équipe pour améliorer ses résultats. L’auditeur va évoquer des
pratiques d’autres agences, mais c’est effectivement une pratique informelle. Pour la qualité,
les auditeurs sont sélectionnés au niveau national, ce n’est jamais le hiérarchique direct qui
fera l’audit, mais des DS, DR, des opérationnels. » DS/R.T.
« J’ai moi-même demandé un audit de tous mes frais, on me demande de faire des économies,
mais il faut que je sache où je peux en faire. » DA12/R.U.
Le suivi des agences par la direction régionale ne se réalise donc pas uniquement
trimestriellement sur les axes de développement prioritaires, mais également sur des thèmes
précis comme les fondamentaux du métier, ou d’autres sujets sur lesquels l’agence s’estime
ou est estimée faible. En effet, le résultat des audits est communiqué en Direction régionale
auprès des DS. Cependant, l’auditeur n’intervenant que ponctuellement, c’est au directeur de
secteur d’entretenir et de mettre en œuvre un suivi ou un soutien en agence.
« Que ce soit gestion, qualité, sécurité, recrutement, le rapport d’audit est pris en compte pour
l’agence, avec une copie au DS. » DS/R.T.
« Quand je vais intervenir sur un sujet un peu plus délicat, qui concerne directement le
management du RA, je dois tenir compte du DS dans ma manière de faire, de dire, c’est-à-dire
des enjeux de l’agence. J’en parle, j’en discute, j’en informe le DS avant, de manière à ce
qu’on échange et qu’on soit bien d’accord sur la manière dont je vais intervenir et que le DS
aura à suivre. Je peux intervenir, mais je ne peux pas suivre de partout. Je suis quelque part en
ressources par rapport au DS. » AQ/R.T.
« Ce qui à mon avis est très délicat, c’est que les ressources DR soient intelligemment
utilisées par le DS, ou mises à disposition correctement. C’est difficile à gérer. On a bcp de
chargés de missions, ils sont investis d’une mission. » AQ/R.T.
Ainsi, à partir de 2002 sera organisée une rencontre de tous les responsables d’agence Cadres,
et en projet ceux de Hôtellerie-restauration.
« Je pense que ces rencontres par spécialisation manquent, d’ailleurs une responsable
d’agences Cadres a voulu organiser une rencontre avec que des responsables d’agences l’an
dernier, c’est en train de s’organiser. » DA3/R.V.
« On ne formalise pas beaucoup par écrit, parce qu’il n’y a pas un jour où je n’ai pas tous les
DA au téléphone. C’est-à-dire qu’il y a un niveau de collaboration étroit, une harmonie. «
PACA/DA3
« J’essaie d’éviter les réunions, mais je passe des journées avec les DA sur leur zone. Quand
je vais en agence, c’est plus pour connaître les équipes, voir les collaborateurs, les saluer, les
voir dans leur environnement de travail, voir l’agence, pour mieux comprendre, mieux savoir
où ils en sont dans leurs acquis, parler avec le chef d’agence et le DA, en direct. » DS/R.V.
D’autre part, le directeur de secteur est avisé du fonctionnement de ses agences grâce à
l’initiative des directeurs d’agences :
« Je fais des points deux ou trois fois par an, qui ne sont pas formalisés du tout, c’est plus de
l’échange d’informations, pour qu’il (DS) sache où j’en suis sur chaque agence. Je ne vais pas
balayer chaque agence sur tous les points. Je vais plutôt l’informer de ce qu’il se passe. Il n’y
a pas de formalisation directe, il n’y a pas de suivi pointu des objectifs. » DA2/R.V.
Une réunion de fin d’année clôture d’une manière conviviale l’année en cours : le bilan
positif. Elle vise à rapporter les éléments positifs : les objectifs atteints, les réussites en
agences, les initiatives qui justifient d’être valorisées.
« Le bilan positif annuel : si on veut réussir une stratégie, autant capitaliser sur les points
positifs. » DR/R.T.
La direction utilise le support écrit par le biais de revues pour communiquer sur les « basiques
» du métier, pour préciser des lois qui modifient des aspects du métier, pour diffuser des
pratiques propres à des agences mais reproductibles, pour insister sur des points de la stratégie
de la société. L’une, « Adecco et vous », est plus particulièrement destinée aux entreprises et
travailleurs intérimaires, mais met en valeur des permanents Adecco à l’initiative de petites
idées dans telle ou telle région, informent des lois réactualisées du droit du travail, etc.
L’autre, « Adécouvrir », vise uniquement les permanents Adecco - Travail Temporaire. Cette
revue cite des projets, des innovations de plus grande envergure, et argumente les intérêts ou
inconvénients qui découlent de la modification d’une loi. Cette « récupération » d’événements
se réalise grâce à la nomination d’un relais région. Dans chaque région, un responsable
d’agence est chargé de communiquer des faits et actions initiés au sein des agences qui seront
publiés dans l’une des deux revues.
« Le rôle de relais région c’est d’être à l’écoute de ce qu’il se passe dans les agences. Ça
permet de faire vivre les régions au travers de leurs actions, de valoriser des personnes, des
actions, certaines initiatives qui sont mises en place dans les agences qui sortent du quotidien.
» RA2/R.T.
Une fois diffusée, la pratique est connue de tous, le responsable d’agence reste juge de l’utilité
de reproduire cette pratique au sein de son agence. Ces revues constituent à la fois des sources
de variation par les informations fournies qui restent à être exploitées, et des témoignages de
sélection régionale, qui deviennent des exemples possibles selon des situations données.
« Dans l’entreprise, il y a 100kg d’informations qui arrivent tous les jours dans la boite
électronique, et notre capacité humaine est d’en prendre 30 ou 40. Il y a de la déperdition.
Dans ce qu’il se dit il n’y a pas beaucoup de déchets, il n’y a que des choses intéressantes. »
DA3/R.V.
Le processus de remontée formelle du suivi des objectifs qui a débuté par le point agence
trimestriel pour les agences commerciales, qui s’est poursuivi par la consolidation accomplie
par chaque DA et DS et a été discutée en comité de région s’achève en comité national. Les
participants sont le directeur général, les directeurs généraux adjoints et l’ensemble des
directeurs de région ainsi que certaines directions fonctionnelles et opérationnelles selon les
préoccupations du moment.
La direction sollicite des rencontres qui prennent la forme de groupe de projet pour une
réflexion thématique.
« On a des rencontres, des animations sur certains thèmes, mais ce sont des réunions
annuelles, bi-annuelles ou tri-annuelles. » AQ/R.T.
« Parfois nous sommes sollicités sur des projets nouveaux pour l’entreprise. Par exemple,
LEA est un nouveau programme informatique. On est en train de développer la version
recrutement ensuite il y aura une version commerciale. Et par exemple, j’ai fait partie d’une
commission pour l’élaboration de la version 2 toute la partie commerciale, le cahier des
charges, notre avis sur le fonctionnement qu’est-ce qui peut servir ou qui ne servira à rien.
C’est plus épisodique, c’est en fonction des projets en cours. Ce sont des groupes de projets
qui ont lieu à la DG. » RA8/R.T.
La connaissance du terrain ne se limite pas à un suivi des objectifs, mais s’élargit à une
connaissance de la perception du marché sur le travail temporaire. L’encadrement national
invite les agences à organiser des manifestations adressées aux clients (les entreprises et les
travailleurs intérimaires) afin de savoir comment ils se représentent le travail temporaire,
Adecco, leurs services, etc.
« La DG nous a demandé d’organiser une réunion des intérimaires pour connaître leur
ressenti, j’ai choisi les plus anciens pour les valoriser, les remercier, on les questionne sur le
pourquoi ils sont intérimaires, pourquoi l’agence, qu’est-ce qui va bien ou qui leur déplaît,
l’équipe agence écoute. Le DR était là. » DA12/R.U.
Agence Point agence 3/an Toutes les RA et équipe Suivi trimestriel des axes
agences de développement
prioritaire, et du plan
d’actions individuelles
Réunion de 1/an, mars Toutes les DR, AR, DS, Bilan du premier trimestre
Printemps agences RA, CM + lancement du concours
Bilan Positif 1/an; décembre DR, AR, DS, Bilan annuel des réussites,
RA, CM des objectifs
Réunion Selon nécessité : Des RA, DA, Avis des pratiquants sur
thématique sécurité, projet en DS, CM thèmes ou projets
cours, et.
Les agences sont aussi fortement encouragées à s’intégrer dans l’événementiel de la cité afin
d’y convier entreprises et travailleurs intérimaires. Plus qu’une méthode de fidélisation, il
s’agit d’approfondir la connaissance que les agences ont de leurs clients, des sources et autres
partenaires dans des contextes extra-professionnels, de positionner Adecco dans la vie
urbaine, dans un réseau, etc.
« Il fallait se démarquer de nos confrères. J’ai fait ma petite enquête en contactant les
différents partenaires de l’ASS, (…) via ce sponsoring, il y avait des réunions organisées qui
permettent de développer un réseau relationnel sur la ville voire sur la région, (…) A partir de
là, toutes les agences ont été impliquées à hauteur de l’investissement qu’elle souhaitait faire.
Chaque agence avait un investissement X ou Y qui générait un certain nombre de places. J’ai
assisté aux réunions de Club de sponsors, au cours desquelles on représentait l’entreprise,
avait des échanges d’infos sur l’économie. Je redescendais ça aux agences. En parallèle,
j’organisais 2 matchs événementiels dans l’année, c’est-à-dire qu’on sponsorisait 2 matchs en
particulier pour lesquels nous avions les salons un peu prestigieux à notre disposition. Un
match parrainé pour les intérimaires, chaque agence invitait 30, 40 personnes. Un match
parrainé pour nos clients, où 100, 150 clients étaient invités. C’était une période où la ville
n’avait plus grand chose de positif parce que les grosses sociétés avaient disparu, il fallait
trouver une raison positive de dire : on s’investit, s’implique dans qq ch qui est gagnant. Ça
nous permettait de développer des relations un peu privilégiées avec nos clients. ça
m’intéressait de voir ce qu’on pouvait faire pour se positionner différemment de nos
confrères. Je me suis aperçu qu’on avait tout bénéfice à sponsoriser, et on a été leader sur
cette opération puisque nos concurrents ont ensuite tous essayé de prendre des loges, se
positionner sur le foot parce qu’on le faisait. » RA8/R.T.
Cette tâche incombe à la fois au responsable d’agence dans son travail d’amélioration
continue de la prestation de services avec ses partenaires ou clients, par exemple, un élément
positif ou négatif de la prestation de service peut être pointé par un certain nombre de clients,
la répétition de cette particularité méritera alors qu’on lui porte une attention particulière, et
devient la cause d’une amélioration, la raison d’un approfondissement, ou la confirmation
d’une position. De ce suivi micro-local, naissent des co-productions de l’offre, ainsi les
responsables d’agences sont acteurs des co-constructions de compétences.
Le fait que les directeurs de secteur aient des agences aux spécialisations variées, rend
difficile l’inférence sur des caractéristiques propres à une spécialisation, qui portera alors plus
sur des process, procédures qualités, etc. Le rôle d’inférence par spécialisation concerne a
priori plus le directeur de région.
Le haut de la pyramide agit, échange d’une manière plus formalisée, alors que l’univers des
unités déploie plus de pratiques informelles, de fait l’attique est moins avisé de l’organisation
du « terrain ».
« Les DG ont besoin de l’information qui revient au quotidien pour pouvoir construire les
objectifs de l’année suivante, en fonction de l’écart des objectifs de l’année précédente, écart
en plus ou en moins, il traite, il corrige. Les objectifs de l’année suivante sont faits sur
l’analyse de l’atteinte ou non des objectifs de l’année d’avant, plus l’intégration de nouvelles
volontés, de nouveaux contextes. » DA3/R.V.
« Chaque année, le comité de pilotage détermine les objectifs de la société. Ces objectifs sont
déclinés à chaque direction régionale, le directeur régional en collaboration avec ses
directeurs de secteur va s’inspirer, déterminer quelle peut être la contribution de la direction
régionale. Et ce en fonction de ce que la direction régionale a vécu l’année dernière : ce
qu’elle n’a pas atteint, et ce qu’elle a envie de remettre à l’ordre du jour, parce que c’est
important pour son propre développement et son équipe. Il y a une cohérence. » RA9/R.T.
« On est toujours sur une analyse de l’action avant même de donner une orientation pour
l’année qui vient. Continuité dans l’action pour une meilleure cohérence. Je peux déjà dire
avec une quasi certitude que tous mes objectifs ne seront pas atteints dans le temps mais ce
n’est pas grave, je mène une action dans le temps. » RA4/R.T.
Figure 14 : Processus de Planification stratégique d’Adecco
Les étapes, les phases du processus de formation de la stratégie sont très cadencées à la fois
en temps et en lieux. Le processus formel est rythmé par un calendrier précis, suivi dans les
régions et les agences et il est complété, renforcé, amélioré par des boucles informelles
initialisées par les directeurs de secteur et les responsables d’agence. Ces boucles informelles
se créent soit pour combler le dispositif structurel de l’entreprise, soit pour répondre
ponctuellement à un besoin non prévu par l’organisation.
Concernant les relations inter-organisationnelles, plus le niveau hiérarchique est élevé, moins
le manager est en contact avec le client direct. Ce qui ne signifie pas pour autant que le
directeur régional n’entretient pas de relations avec l’extérieur ; en revanche ses interlocuteurs
sont plutôt des institutions locales ou nationales de l’emploi, de la formation, de l’insertion,
des chambres de commerce et de l’industrie, etc. Le directeur de secteur est quant à lui un
relais de ces institutions pour ses agences, ainsi qu’un poids hiérarchique et une force
commerciale lorsqu’il accompagne ses responsables d’agence en clientèle. Ces échanges, ces
partenariats permettent à l’entreprise de services de réseau de mettre en œuvre, via ses
partenaires, des ressources et des compétences qu’elle ne détient pas. La participation de ces
middle managers à l’impartition doit être encouragée dans la mesure où le tissu relationnel
fonde l’avantage de la qualité de services perçue. En même temps, la multiplication des
partenaires vient accroître les possibilités de satisfaction, de réponse, d’adéquation à une
demande complexe, parce que multiple, diverse et/ou contextuelle.
Le processus des co-formations est auto-alimenté par les rôles de chacun au sein de ce
processus qui varient mais entretiennent une relation interdépendante. En effet, la rétention du
responsable d’agence alimente la variation du directeur de secteur ; la rétention du directeur
de secteur alimente la variation et sélection du directeur de région ; la rétention du directeur
de région alimente la variation, sélection, rétention du DGA… chacun a accès à plus de
ressources que ses niveaux hiérarchiques inférieurs, mais exerce moins de contrôle sur elles
que ses niveaux supérieurs.
La stratégie résulte en partie de ces co-formations dès lors que l’organisation le permet. La
direction par la stratégie délibérée cadre les critères de variation, sélection, et rétention et de
fait permet plus ou moins ces co-formations.
Le marché du gaz connaît un élargissement de son offre de services. Il existe deux formes de
services que des opérateurs peuvent exploiter :
- Les services connexes qui étaient déjà plus ou moins mis en œuvre sous l’ère des
monopoles. Il s’agit de l’ingénierie gazière, des prestations de conseils, etc. ;
- Les activités qui étaient plus ou moins intégrées et qui deviennent des services à part
entière en raison de la désintégration de la chaîne gazière. Il s’agit du stockage et du
transport essentiellement.
Notre recherche s'est effectuée au sein du métier Transport dont la vocation est d'assurer le
rôle d'opérateur de réseaux de transport en France, incluant la vente des prestations
d'acheminement à l'ensemble des expéditeurs. Le métier Transport est aussi responsable de la
gestion des ouvrages et des participations dans les ouvrages de transport hors de France et a
également la charge du développement et de l'exploitation technique des stockages souterrains
(Rapport Annuels 2000, p.13 ; DR/RX).
« Or, à l'ouverture du marché, deux comportements d'un opérateur qui se mettra sur le marché
vont complètement perturber l'interne. L'émergence d'une démarche stratégique pourra se
faire ressentir aussi bien au niveau national qu'au niveau local. Ça reste très fortement une
émergence du niveau local repris par les fonctionnels du national qui en font une réalité. Et
ce, par le biais des réseaux de commerçants, de relations clientèles. A partir d'une idée
fortifiée, progressée, développée, et généralisée sur le territoire français. Il peut y avoir des
émergences qui se font par les filiales à l'étranger. Il y a deux types de stratégies : la stratégie
de groupe, globale, la vision, c'est vraiment à la DSRI de le faire, une alliance avec une filiale,
ce n'est pas au terrain d'en décider, il ne peut pas. Les améliorations de process, de la qualité
…sont sur le terrain. Par exemple, des émergences de type réduction de coût d'une installation
de chauffage gaz. » CG/Distri
Le métier Transport du groupe Gaz de France est l'unité d'affaires qui constitue la deuxième
étude de cas de notre recherche.
I-2. Structure et management du métier Gaz de France-Transport
Notre travail c'est de gérer le mouvement de gaz sur le réseau de transport, et c'est aussi savoir
construire ce réseau de transport, de nouvelles canalisations quand il y a des besoins
nouveaux. Quand elles sont en place il faut les maintenir en bon état, c'est donc aussi un
travail de maintenance. Sur ces réseaux de transport, il y a des installations annexes, le gaz
circule dans des canalisations, des compresseurs, parce que la vitesse du gaz dans les
canalisations a une tendance à diminuer par le frottement sur les parois, il faut donc la relever.
Il y a donc des stations de compression. Quelque chose aussi d'important, c'est que l'arrivée de
gaz sur le territoire national, est quasi-constante tout au long de l'année : on en reçoit autant le
15 août que le 15 décembre quand il fait très froid, et la consommation est bien sûr pas
constante, donc il faut moduler tout ça. Quand on reçoit trop de gaz, on le met dans des
réservoirs qui s'appellent des stockages souterrains, et quand on n’en a pas assez l'hiver, on
ressort ce même gaz des stockages souterrains. Ces stockages souterrains sont aussi des
installations industrielles, classées : beaucoup de tâches de maintenance, d'entretien, de
préoccupations de sécurité, d'environnement. Cette Direction Transport a des fonctions
centrales, au niveau des mouvements de gaz, On peut emprunter notre réseau, on peut mettre
du gaz sur notre réseau, mais il faut payer le péage. C'est-à-dire que les 500m3 qui font
Dunkerque - Grenoble, ça coûte, on fait payer pour les faire circuler. Ce service commercial
qui vend la prestation de transport est à Paris, il est centralisé, et toutes les autres activités de
construction, de maintenance, sont réparties sur le territoire régional. » DR/RX
L'organisation Transport pour commercialiser les prestations de transport, construire les
infrastructures de transport et de stockage, assurer la gestion technique et de développement
du réseau, porter le métier de transporteur de Gaz de France en Europe et au-delà, et fournir
des prestations de conseil et d'assistance dispose d'un outil industriel interconnecté et
principalement constitué de 30000 km de canalisations de transport de gaz naturel, de 33
stations de compression, 2 terminaux méthaniers, 14 stockages souterrains et 4000 postes de
livraison (Doc/int/1, p.7). La stratégie du Métier Transport, ou plutôt son « ambition », est
d'être « l'un des transporteurs de gaz leader en Europe ». Pour cela, elle se fixe quatre
objectifs : 1) améliorer la qualité de ses prestations pour satisfaire au mieux les exigences,
besoins et attentes de ses clients et les attentes des autorités de contrôle sur l'exécution de sa
mission de transport et de stockage, 2) renforcer la sécurité de ses installations pour garantir la
protection des riverains, du personnel des entreprises intervenantes et de son propre
personnel, et pour assurer l'acceptabilité de leurs ouvrages, 3) respecter l'environnement pour
préserver le cadre de vie des riverains et pour contribuer au développement durable, 4)
accroître sa performance économique pour assurer son développement et contribuer à celui de
Gaz de France. Voyons maintenant quels sont les structures et management mis en place pour
supporter et favoriser l'atteinte de ces objectifs.
Le métier Transport bénéficie de deux types de fonctions supports : les fonctions supports du
Groupe Gaz de France et communes aux cinq métiers, ainsi que des services centraux qui lui
sont propres (Doc/int.1, p.5-7). Les services centraux contribuent d'une part à la définition de
l'outil industriel de la Direction, à la conception et la commercialisation des offres Gaz de
France dans le domaine du transport et d'autre part apportent au comité de direction
l'assistance dans ses activités propres et l'aide au pilotage (Doc/int.1, p.8). Les services
centraux de la Direction Transport ainsi que ceux du Groupe Gaz de France constituent à la
fois l'univers de la conception et les grands systèmes techniques et administratifs pointés par
Zarifian (2002).
Les unités opérationnelles sont de deux catégories : les trois centres et les huit régions. Les
centres sont des unités opérationnelles œuvrant à la maille nationale et/ou arbitrant de
l'expertise de la Direction. Les huit régions représentent les unités opérationnelles sur
lesquelles nous avons le plus porté notre attention du fait qu'elles se définissent comme unités
territoriales ayant en charge l'exploitation et la maintenance de l'outil industriel implanté sur
leur territoire, les relations avec les responsables et les élus locaux, ainsi que la conduite du
système de desserte régionale. Notons que 80% des effectifs du métier Transport sont dans les
Régions. Ce sont ces unités opérationnelles qui sont confrontées à la diversité des terrains et
non les centres qui peuvent quasiment être considérés comme des fonctions de support.
Onze processus pour la satisfaction des exigences des clients et des autres parties intéressées :
Garantir la disponibilité, commercialiser et réaliser les prestations externes, etc. Ils sont pour
l'essentiel ciblés sur une prestation et un type de clients et assurent principalement le
marketing opérationnel, la commercialisation et la gestion des contrats relatifs à cette
prestation ;
Six processus de support pour le soutien aux autres processus : acheter et gérer les stocks,
manager les ressources humaines, assurer une veille active, etc. Ils assurent des activités
internes à la Direction Transport au service de l'ensemble des processus pour leur permettre
de réaliser leurs activités dans les meilleures conditions.
Les processus sont répartis entre les membres du CODIR-DT, chaque processus est placé sous
la responsabilité d'un manager « responsable de processus », et chaque responsable de
processus dispose au sein des régions d'un relais « animateur de processus » nommé par le
directeur de région. Le management implique donc une organisation par processus dans
l'ensemble des structures du Métier Transport, les régions doivent intégrer ce management par
processus, dit « matriciel », et le faire coexister avec un management hiérarchique.
I-2.3. Répercussions sur l'organisation des régions
Le manuel de management de la Direction Transport indique que, outre la conduite, la
surveillance, la maintenance et l'évolution de l'outil industriel sur leur territoire, les régions
sont chargées d'assurer la livraison contractuelle du gaz aux clients industriels, de négocier les
contrats dont l'établissement leur est délégué, de contribuer à la qualité des produits issus des
processus clients, de contribuer à enrichir le retour d'expérience et enfin de contribuer à
l'élaboration des stratégies particulières et des politiques sectorielles de la Direction
Transport. (Doc/int.1, p.8). Les régions en tant qu'unités opérationnelles représentent le
troisième univers de Zarifian (2002) : les unités en contact direct avec le client.
L'organisation des régions repose sur un management de deux (Exemple de la Région Centre-
Est : La direction et les managers de première ligne) à trois niveaux (Exemples de la Région
Méditerranée et Ile de France : La direction, les managers de deuxième ligne et les managers
de première ligne). Il y a une équipe de direction (Directeur, directeur adjoint et managers de
deuxième ligne), des groupes d'appui (à qui le directeur attribue des ressources matérielles,
des ressources humaines et des ressources financières pour atteindre les objectifs fixés dans le
contrat de gestion sur un territoire donné ou pour des installations définies, ils sont les «
experts ») et des agences (appelées encore « EOB » ou « divisions » selon les régions). Ci-
dessous l'exemple de la région Méditerranée commenté par son directeur :
La structure du métier (I-2.) a fait cas de l'outil industriel du métier Transport : Le réseau de
transport, le stockage souterrain de gaz naturel, la station de compression, le terminal
méthanier, le poste de livraison. Le rôle de chacun de ces ouvrages requiert des compétences
humaines et techniques particulières, or chaque ouvrage n'est pas présent de manière
homogène dans des régions qui sont plus ou moins vastes. Le tableau ci-dessous présente les
types d'ouvrages détenus par les quatre régions sur lesquelles nous avons porté notre attention
et de fait la répartition disparate de l'outil industriel sur le territoire.
Premièrement, la présence plus ou moins nombreuse des ouvrages a un impact sur la gestion
des compétences nécessaires à l'entretien de l'outil industriel pointu. Deuxièmement, la
technicité de l'outil industriel, combinée à la dangerosité du gaz, liées à l'étendue de la région
appellent à la mise en place d'agents de proximité. Les directeurs de région ont
systématiquement souligné ce point.
« La concentration des réseaux parisiens qui sont denses, une unité qui n'a pas trop de
problème de dispersion territoriale, mais de densité d'ouvrages. A Marseille, la problématique
canalisation, était plutôt le temps d'intervention, la surveillance d'un réseau qui est très étendu.
» DR/RZ
« C'est la seule au sein de GdF DT à posséder l'ensemble des métiers, des types d'ouvrages
donc : du réseau, de la compression, un stockage et un terminal méthanier, dans lequel on
reçoit du gaz liquéfié d'Algérie. Aujourd'hui on a un projet important d'en faire un deuxième.
» DR/RY
« Pour couvrir le territoire, il faut des agences qui soient au plus près des installations. Quand
par exemple, il y a eu cette nuit cet incident à XX, il a fallu ouvrir les robinets rapidement, il
ne fallait pas que l'agent habite à 300 km, mais à proximité. On a encore découpé ces agences
en secteurs. C'est-à-dire qu'on a au plus près du terrain, des secteurs. Sur l'ensemble de la
région, on a 11 secteurs. (3 sur Auvergne, 3 sur Bourgogne et 5 sur Rhône-Alpes). » DR/RX
Deuxième particularité qui anime les régions : les « parties intéressées ». Les « parties
intéressées » par le métier Transport sont identiques dans toutes les régions. En revanche,
chacune détient des caractéristiques propres aux régions : une présence plus ou moins forte,
des relations plus ou moins chaotiques, un potentiel de développement plus ou moins déclaré,
etc. Nous avons choisi de présenter la région dont la diversité conduit à des adaptations
locales :
les clients directs : les expéditeurs, les titulaires d'un contrat de raccordement, les opérateurs
en aval, les Distributeurs Non Nationalisés (DNN), les clients des prestations « gazière », etc.
« Sachant qu'il peut y avoir des particularités, le fait qu'il y ait des grandes villes par exemple
sur Rhône-Alpes. Une autre région comme Angoulême, les plus grandes villes sont Poitiers,
Angoulême, ce ne sont pas des grandes villes. Nous, nous avons Clermont-Ferrand, Dijon,
Grenoble, Chambéry, Lyon…Des régions plus ou moins industrielles, plus ou moins
résidentielles. » DR/RX
Les utilisateurs : les fournisseurs de gaz, les consommateurs de gaz industriels et domestiques
; Notons l'exemple : La RE signale : « Le Nord de la Lorraine reste une région attractive pour
l'implantation de nouvelles entreprises, en particulier grâce aux aides du Conseil Régional »
Les opérateurs de transport étrangers : Quatre régions sur les huit ont des interconnexions
avec des pays étrangers…
La société civile qui a des attentes en matière de sécurité des personnes et des biens, ainsi
qu'en matière de protection de l'environnement et de respect de cadre de vie ; Certaine région
constitue un exemple particulier de gestion immobilière :
« Le juridique immobilier pour le patrimoine de la région parisienne qui est important ici :
gestion du patrimoine immobilier Pour les canalisations, on a vraiment une problématique,
ici, en région parisienne de prévention des travaux tiers, de sécurité d'un certain nombre de
points sensibles. Le tissu relationnel n'est pas le même avec les maires, les autorités, il n'y a
pas la même représentation administrative, un positionnement par rapport à ces acteurs qui
n'est pas le même. » DR/RZ
Le manuel de management de la direction Transport les cite, et chaque région les évoque en
précisant les particularités qui leur sont attachées.
Ces spécificités démontrent que, seule, une stratégie délibérée ne suffit pas. Des adaptations
locales sont nécessaires, ne serait ce que pour la diversité de l'offre témoignée ci-après.
I-4. L'offre de service
Devant les explications nébuleuses d'un service de Gaz de France-Transport complexe, nous
nous sommes tournée vers le site Internet de l'entreprise qui explicite la composition de
l'offre.
« Effectivement un client nous dit avoir acheté du gaz norvégien, le point d'entrée c'est la
frontière Franco-belge, qu'il a X quantité de gaz et veut l'amener à tel point du réseau. C'est un
tarif à la distance, avec des zones. Il y a également une part à la souscription, vous ne payez
pas qu'au kWh. C'est une quantité à transporter sur l'année, avec des débits mini, maxi, une
question de modulation intervient. Ensuite, il y a une prestation dont la consommation varie,
soit ils souscrivent au maxi, soit ils souscrivent au médian. (…) La personne peut choisir de
faire sa modulation sur le puits de production, au plus proche, souscrire au maxi, sur les
terminaux, les tarifs dépendent de la quantité, du nombre de touchés de navire, de la durée de
stockage. Sur un bateau il y a des bacs de stockages, leur fonction n'est pas pour faire du
stockage de longue durée, mais pour décharger un navire et permettre les mouvements de
navire. Si un navire méthanier suffit pour toute l'année, on fait payer le fait que vous
immobilisez du stockage pour la durée de l'année, et qui pénalise l'exploitation des autres.
(…) Vous êtes nouveau client et seul client dans un lieu, il faut tirer un tuyau, c'est vous qui
payez l'ouvrage de raccordement, etc. » DR/RY
Le contrat de raccordement est nécessaire pour qu'un client éligible existant puisse être
alimenté par un autre fournisseur que GdF-Négoce et afin que GdF-Transport réalise le
raccordement au réseau de transport de gaz d'un nouveau client éligible. Il définit d'une part
les conditions dans lesquelles GdF-Transport assure la réalisation, l'exploitation et la
maintenance des ouvrages de raccordement destinés au client et d'autre part les conditions de
livraison et les conditions de détermination des quantités de gaz naturel qui seront livrées au
point de livraison du client dans le cadre d'un contrat d'acheminement. Le prix au
raccordement est défini au cas par cas sur la base des ouvrages réalisés en fonction des
besoins particuliers du client alimenté par les ouvrages de raccordement concernés.
Enfin, le contrat d'accès aux terminaux méthaniers assure la réception des navires méthaniers,
le déchargement de leur cargaison, le stockage dans les réservoirs des quantités de gaz
naturels liquéfié (GNL) déchargées, la regazéification du GNL ainsi que l'émission vers le
réseau de transport principal du GNL regazéifié. Pour bénéficier d'un contrat d'accès au
terminal méthanier, l'expéditeur doit conclure un contrat d'acheminement dont le point
d'enlèvement est le point de sortie du terminal méthanier. Le cumul des contrats dépend de
l'amplitude du service.
En référence à Zarifian (2002), l'offre de service de GdF - Transport se complexifie d'une part
par le type de contrat engagé qui signifie le type d'ouvrage emprunté, d'autre part par le
nombre d'intervenants concernés par la prestation.
Chacune se décline en quatre points. La direction insuffle que le « leader » doit porter,
traduire les enjeux du Groupe (EdF, GdF ou les 2) à son équipe afin qu’il y en ait une
appropriation. Il doit rechercher l’exemplarité d’une part en mettant en œuvre les valeurs du
Groupe, et d’autre part, en harmonisant les discours et les actes. Le « leader » doit également
rassembler les énergies afin que les collaborateurs mettent en œuvre les valeurs du Groupe et
contribuent aux changements qu’exigent les attentes des clients. Enfin, le « leader » fera
progresser son équipe en encourageant l’ouverture sur les autres équipes, l’intercomparaison,
et en constituant un réseau d’échange de bonne pratiques. Sous l’appellation de « leader », les
rôles de fédérateur, d’intégrateur, et assembleur de synergies sont espérés. Il est alors sensé «
incarner » la stratégie de Groupe, et la porter.
Si cette « charte du manager » a été envoyée à l’ensemble des managers, elle n’a
manifestement pas été portée. Personne ne l’a mentionnée alors que les entretiens offraient à
chacun des interlocuteurs la possibilité de l’aborder.
Le manager de première ligne est, dans le cadre de délégations accordées par le directeur de
région responsable de quatre axes :
- La qualité des chaînes de comptages du gaz tant sur des postes de livraison que sur les
installations permettant l'établissement des bilans ;
- La réalisation du contrat de gestion de l'Agence qu’il a négocié avec le chef de service
ou d’agence, en particulier du respect des budgets de fonctionnement et
d'investissement ;
Il mobilise donc les ressources nécessaires à la réalisation de son activité et gère le budget qui
lui est confié dans le cadre du contrat de gestion.
« L’objectif majeur est de maintenir un juste équilibre entre : jouer mon rôle au quotidien
dans l’équipe : premièrement garantir la qualité de ses prestations et l’atteinte des objectifs,
veiller à une organisation optimale, être disponible pour communiquer et accompagner les
agents et deuxièmement, participer à des actions transverses. Il faut réussir à concilier
diverses priorités, pas les mêmes selon qu’elles sont émises par le « haut » ou par le bas. »
MPL1/RIF
« Le MPL n’est pas suffisamment présent sur le terrain pour cause d’éloignement et de «
pollution » par des sujets qui ne sont pas de son ressort, et il n’a pas suffisamment de relation
avec l’externe, en particulier avec les industriels (…) L’implication du MPL sur certains
sujets transverses lui permet d’avoir une vue globale sur certaines questions de fond »
MPL2/RIF
« Bureaucratisation des MPL qui sont submergés par les documents, les messages, les
tableaux de bord, les objectifs, et qui en définitive ne font quasiment plus que de la gestion »
MPL4/RIF
Selon des acteurs non MPL
« Mon souci managérial c'est bien l'animation de ces MPL. L'enjeu est là, ce sont eux qui sont
en contact avec le client, qui développe le discours, qui assurent l'animation des processus,
qui animent des sujets comme la sécurité, et eux qui font les résultats. » DR/RZ
« Des MPL à la croisée des attentes, pas toujours préparés au métier de manager se trouvant
parfois en situation de saturation » DR/RY
« Charge de travail importante des MPL qui ne leur permet pas de remplir correctement leur
rôle de manager » MDL1/RIF
« Les MPL ont un pouvoir de décision pas très grand (passage obligé par le MDL), en
particulier pour tout ce qui est du domaine des ressources humaines (avancements,
recrutements…), d’où un manque de crédibilité du MPL vis-à-vis de son EOB, voire de
confiance » MDL3/RM
« Le MPL est un représentant du directeur, il sait ce qu’il a à faire parce que le directeur lui a
dit, parce que les animateurs de processus l’ont également informé. Le MPL, à son niveau,
c’est le directeur de ses ressources, il est responsable du bon fonctionnement de ses
ressources. Sa mission d’harmoniser le fonctionnement dans son équipe : intégrer la
dimension hiérarchique avec la dimension processus, et il doit être partout et arbitrer. Il n’a
pas de pouvoir non plus. S’il gère les ressources, il les met à disposition du processus, c’est un
axe de communication fort, un communiquant en permanence. » QSSE/RCE
Le manager de première ligne semble devoir mobiliser des ressources pour son activité ; sa
position hiérarchique et la gestion de ses ressources humaines paraissent lui conférer une
participation intra-organisationnelle de type inférieur, plus qu’une forte participation inter-
organisationnelle ; cette dernière se limitant à une « représentation » de son entreprise. Se
manifeste également une intervention d’ordre technique, opérationnel sur les installations. La
charge de travail des managers de première ligne est considérée de façon unanime comme
excessive, ambiguë, et pas assez orientée vers l’extérieur. Les MPL eux-mêmes ont un regard
flou et/ou très critique sur leurs propres fonctions. Puisqu’un bilan constate et avoue :
« Ce niveau essentiel du management n’a pas pu jouer complètement son rôle de relais, de
démultiplication, permettant aux acteurs de terrain de s’approprier réellement la démarche et
de situer ainsi sa propre contribution à l’atteinte des objectifs prioritaires (…) des MPL très
impliqués et positifs peuvent constituer un point d’appui de la direction » (doc/int/8, p.11).
Les chefs de service (ou d’agence) animateurs de processus assurent à la fois l’intégration des
politiques, la cohérence de l’action et le contrôle auprès des EOB qui leur sont rattachées pour
l’ensemble des missions qui leur sont affectées.
Concernant maintenant le pilotage des EOB, les chefs de service et d’agence sont en position
hiérarchique et chargés : d’élaborer en concertation avec les chefs d’EOB le contrat de gestion
de leur EOB comprenant les objectifs relatifs à l’activité et l’allocation des ressources
adaptées à ces objectifs et intégrant les diverses catégories d’objectifs de l’unité concernant
l’EOB considérée ; de suivre et de contrôler la réalisation de ces contrats de gestion ;
d’assurer la bonne application des politiques et des modes de fonctionnement décidés ; et
enfin de consolider les demandes des EOB lorsqu’elles requièrent une décision de direction
(c’est le cas notamment des mesures relatives au personnel : avancement, reclassement, etc.)
d’évaluer avec le directeur de région les cibles et les actions qui peuvent être fixées à l’unité ;
d’identifier en lien avec les chefs d’agence ou de service concernés par le processus les
ressources et les compétences nécessaires à la mise en œuvre du processus ;
d’assister le directeur de région dans la phase de contractualisation avec les chefs de service
ou d’agence ;
de s’assurer auprès des chefs de service et d’agence que les exigences du processus sont bien
intégrées dans les contrats de gestion ;
de faire connaître par les acteurs les clients, les objectifs et les indicateurs ;
d’évaluer au niveau local la satisfaction des clients, des utilisateurs et/ou des parties
intéressées ;
de dégager pour le compte des revues nationales les éléments de synthèse relatifs au
fonctionnement et à l’efficacité du processus : retour d’expérience, reporting, propositions
d’actions de progrès ;
« L’autonomie des MDL concerne surtout les pôles dont ils ont la charge, pas les processus.
Une unité de 350 personnes est toute petite, les décisions se prennent de manière collégiale et
assez rapidement. En tant qu'animateur de processus, le responsable étant un responsable
national, ils sont chargés de faire en sorte que le plan de mise en œuvre de processus national
se déploie dans l'unité, de surveiller les indicateurs. Le responsable définit un plan de
management du processus, ce qu'on doit y faire, les compétences nécessaires, les indicateurs.
Ce plan de management ne dit pas comment ça fonctionne dans chaque unité, parce que les
unités sont organisées d'une manière différente. L'animateur doit écrire le plan de mise en
œuvre, faire en sorte que les indicateurs sur lesquels la région s'est engagée soient
correctement repris dans les contrats des uns et des autres pour qu'il n'y ait pas de chaînon
manquant. Quand il y a homogénéité entre le processus et son rôle vertical, c'est simple.
Quand il n'y a pas homogénéité, je leur ai demandé de : surveiller les indicateurs et, si ça
dérive, alerter les collègues de la direction pour éventuellement traiter le problème d'arbitrage
ou autre, et puis faire en sorte que, si des objectifs de son processus dépendent d'autres
divisions, d’alerter son collègue. Ils ont conservé un rôle d'animation managériale, portage,
tant en amont quand on contractualise, qu'en aval quand on évalue les résultats. Portage des
politiques, enfin ce qu'on attend d'une équipe de direction. » DR/RY
Les trois « postes » du manager de deuxième ligne donnent manifestement une forte position
intra-organisationnelle. Ces relations ne se limitent pas avec des interlocuteurs de la région
puisqu’elles atteignent les responsables processus des services fonctionnels de la direction
Transport.
Le manuel de management est un document conçu à la direction Transport qui est décliné
dans chacune des régions par le directeur de la région. Les responsabilités du directeur d’unité
opérationnelle ou directeur de région se définissent en cinq points. Premièrement, il est garant
de l’atteinte des objectifs des processus de management pour son unité. Deuxièmement, il
organise l’unité et optimise la mise en œuvre des processus dans son unité par l’adaptation de
l’organisation, et le dimensionnement des ressources, par l’affectation des ressources, et le
déploiement des objectifs. Troisièmement, il désigne les relais des responsables nommés «
animateurs ». Aussi, il assure les fonctions managériales suivantes : employeur ; exploitant ;
chef d’établissement ; chef d’entreprise utilisatrice et chef d’entreprise extérieure ; maître
d’ouvrage ; président de trois comités (comité mixte à la production, commission secondaire
du personnel et comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail) ; représentant local
de Gaz de France direction Transport et enfin gestionnaire local des concessions et des
propriétés. Cinquièmement, il contractualise avec le directeur de la direction Transport et avec
le management de l’unité. Et enfin, il élabore et met en œuvre le programme d’audits et de
contrôles internes de son unité.
« Le directeur de région est là pour vérifier que son organisation fonctionne correctement,
poursuit et atteint les objectifs qu’il s’est défini, même si aujourd’hui son espace de liberté est
de plus en plus restreint parce qu’on fonctionne de façon très hiérarchisée, avec de moins en
moins d’espace d’initiative en unité. Le directeur est là pour arbitrer, poser une stratégie,
poser l’organisation, et après, il va arbitrer. Parce qu’une organisation, une stratégie, ça
change en permanence, c’est l’arbitre suprême au niveau de l’unité. Il y a deux voies d’entrée
dans l’organisation : la voie hiérarchique dans le sens pyramidal, il gère un certain nombre de
ressources. Ils ont à leur disposition un ensemble de ressources : humaines, financières,
matérielles, techniques, et ils s’arrangent pour que ces ressources soient en état, fonctionnent
correctement, et que les compétences soient bonnes, efficientes et efficaces, et soient mises à
la disposition et réalisent des activités, qui elles-mêmes soient suivies par la deuxième voie, la
voie processus, qui va s’assurer que les activités et leur enchaînement arrivent bien au résultat
et au produit que l’entreprise doit apporter à ses clients et avec les résultats que l’on souhaite
en terme de performance. Comme ce n’est pas évident de superposer l’axe hiérarchique avec
l’axe processus, il y a des frictions qui sont gérées au niveau du manager, s’il les a vues et a
les moyens de les résoudre, soit gérées au niveau de l’animateur de processus parce qu’il peut
y avoir des frictions inter-processus ou entre ressources et si on n’arrive pas à arbitrer, ça
remonte à l’arbitre suprême : le directeur. » QSSE/RCE
« Je trouve que ma valeur ajoutée est : hiérarchiser, donner du sens au système, entraîner les
gens, gérer le système, faire des arbitrages. On n'a pas toujours un rôle très marrant, mais on a
un peu un rôle de tôlier : tenir les cordons de la bourse, maintenir la paix sociale, le moral des
troupes, et faire en sorte que ça marche au quotidien. On conçoit cela comme un rôle
d'intégrateur, de facilitateur : mettre un peu d'huile dans le système, de cohérence et de
hiérarchie, pour que l'ensemble puisse fonctionner. Peu et beaucoup de marge de manœuvre.
Là où j'en ai beaucoup, c'est sur l'animation managériale, sur l'arrivée d'un nouvel objectif
prioritaire, suffisamment général et robuste pour ne pas se tromper. Ce qu'on doit faire c'est
une réactualisation de notre CSU chaque année, on n'a pas besoin de lever le petit doigt et
d'attendre qu'on dise « oui » pour faire. Ça marche, on n'attend pas le rendez-vous formel de
l'année pour le dire. Le rendez-vous annuel stratégique que la DT est plutôt vécu comme un
échange, présenté comme une actualisation, mais je ne l'attendrai pas pour demander
l'autorisation de faire. Je m'estime assez grand pour faire un certain nombre de choses de bon
sens et je ne pose la question que lorsque ça dépasse un peu les frontières de l'unité, lorsque
évidemment ça met en jeu les choses qui me dépassent, et l'enveloppe budgétaire. » DR/RZ
« Je n'ai aucun degré de liberté sur les activités que j'ai à faire. Je sais ce que je dois faire.
Mais les activités de type gestion des flux de gaz, maintenir les ouvrages en bon état,
construire de nouveaux ouvrages, assurer la gestion d'un système d'information, compter le
gaz…là je n'ai pas le choix, je dois le faire. Par contre sur le volume, j'ai le choix. La
maintenance que je dois mettre en place sur les ouvrages, c'est de ma responsabilité. Au
niveau des moyens, j'ai un budget que je négocie. Dans le cadre de ce budget, j'ai de la liberté
pour soit faire en interne, soit sous-traiter, liberté qui a ses limites par les mouvements
sociaux que ça peut engendrer. Je sais quelles sont les conséquences acceptables. J’'avais
l'autonomie de supprimer le niveau 2, avant j'avais 19 zones, là j'ai 11 secteurs de tailles un
peu plus grandes, moyennant quoi j'ai vu 8 postes d'agents de maîtrise disparaître. » DR/RX
Autrement dit, la quantité et la qualité des textes paraissent ne pas suffire à éclaircir la
prescription des responsabilités, mais, au contraire, l’alourdissent pour finalement l’effacer.
L’étude des fonctions de ces trois managers chez Gaz de France suggère alors différents
questionnements sur l’envahissement des papiers, une diffusion géographique partielle, qui
vraisemblablement conduit à un sentiment de non cohérence, de doute sur l’efficacité du
management supérieur. En effet, la diffusion d’outils non portée ou non accompagnée dans le
temps provoque un sentiment de bureaucratisation lourde et de doute sur l’apport et l’intérêt
du travail fourni par les agents :
« Simplifier les procédures dont la rédaction a demandé beaucoup d’énergie sans avoir
vraiment estimé les gains de productivité que cela peut apporter à l’entreprise : on a
l’impression qu’une moitié de l’entreprise passe son temps à expliquer à l’autre moitié
comment il faut travailler » MPL4/RIF
Pourtant le manque de cadrage est évident, les repères sont flous, et sont à plusieurs reprises
réclamés afin de retrouver une fonction, un rôle et une identité au sein de l’entreprise :
« Repréciser aux MPL les outils de management RH dont ils disposent pour pouvoir les
utiliser » MPL8/RM
« Réaliser une étude de charge complète et honnête des MPL, et en tirer les conséquences en
terme d’organisation. (…) De quel pouvoir disposent réellement nos MPL ? » MDL2/RM
« La Division Vente Gaz fait quasiment un sous-métier. Demain, on peut considérer que ce
sera le même métier que Négoce. Pourquoi est-ce séparé ? Parce que Négoce gère les clients
qui sont éligibles, et la DVG gère les clients qui ne sont pas éligibles. Chaque fois qu'on
franchira un seuil d'éligibilité, il faudra réfléchir : soit on transfère les clients du bac de la
DVG au bac Négoce, soit à fusionner les 2. Tout cela est compliqué. L'avenir de l'entreprise
n'est pas clairement défini. » DS
Les agents ne peuvent participer activement à la co-production de l’offre, ils entretiennent des
relations avec les clients et autres parties prenantes. Cette représentation permet de « préparer
le terrain » à l’arrivée de nouvelles infrastructures, d’anticiper des conséquences
d’événements, etc.
« Ils vont commencer à y revenir par des événements tels que la tempête de décembre 2000.
Choc pour le président alors qu'il y avait une vague de recentralisation massive, il s'est aperçu
qu'une certaine proximité avec le terrain était quand même un atout. EDF s'en est bien sorti
avec les félicitations de tout le monde parce qu'on est allé voir tous les maires en leur
expliquant qu'on faisait le maximum, tout le monde a vu qu'on courrait dans tous les sens,
même si il a fallu mettre un certain temps pour que l'électricité revienne. Personne s'est
demandé pourquoi tous les réseaux étaient par terre en France, et comme par hasard quand on
passait en Allemagne tout était debout… Personne n'a remis en cause la compétence d'EDF.
Bref ils ont senti que l'ancrage local était important. » DS1
« Décision nationale de GdF, même pas de la DT à 400 ou 500 millions d'euros. Ce terminal
est aussi lié à d'autres enjeux de GdF du fait de l'ouverture des marchés. La DT étant un
gestionnaire d'infrastructure et Négoce est le vendeur de la molécule. On ne vend plus du gaz
mais du transport, celui qui a besoin de terminal pour décharger son gaz c'est le négociant. La
décision de faire un terminal c'est bien la DT qui dit "moi, avec les infrastructures existantes,
je n'y arrive plus" et Négoce qui dit "j'ai acheté du gaz en Egypte, il faut que je l'emmène en
France" et la DG décide. Vu l'ampleur du projet, le directeur de projet est quelqu'un de la
Mission Grand Projet, avec une équipe d'ingénierie au centre national d'équipement. Le rôle
de la région dans la phase où on en est du projet consiste à assurer le relationnel local, pour
favoriser et faire que le projet puisse se faire, avec les élus, les acteurs économiques, avec le
public (on a fait des réunions publiques fin juin), avec la DRIRE, les parties intéressées au
projet. C'est un peu le relais local de l'équipe projet national pour garder la dimension locale
qui est présente sur le terrain et qui connaît les acteurs. Les investissements ne sont pas sous
la responsabilité de la RM, par contre on a un rôle à jouer sur le portage dans ce relationnel
local. Et puis un jour, il va falloir exploiter ce terminal quand il sera mis en service. Le rôle de
la région c'est bien de voir comment on va s'y prendre, à partir de quand, créer les ressources
pour qu'elles soient compétentes, qu'elles aient le professionnalisme le jour où ça va démarrer,
qu'est-ce qu'on fait à partir du terminal existant, quand est-ce qu'on recrute, où, comment, etc.
Cette dimension de l'intégration est bien sous la responsabilité de la région en tant que futur
exploitant. Pendant le projet, on se sert de son ancrage local pour favoriser le relationnel qui
est plus difficile depuis Paris, par la connaissance qu'on a du milieu local, soit avec le
responsable du terminal, soit moi-même, soit le délégué régional de GdF qui est dans le
dispositif, les questions sociales à intégrer ne peuvent se faire que localement. » DR/RY
En effet, leur contribution à la co-production de l’offre se limite en une représentation (métier,
valeurs, culture, etc.) de l’entreprise Gaz de France-Transport auprès des parties prenantes,
dont les clients. Dès lors, les remarques soulevées par les middle managers à propos de la co-
production de l’offre constituent non pas des exemples de co-production, mais des
propositions pour l’améliorer. En effet, après avoir constaté un éloignement plus ou moins
croissant et néfaste entre le personnel et les parties prenantes locales, les managers se
prononcent soit sur les risques encourus, soit sur des propositions d’amélioration.
« Le niveau de satisfaction des parties prenantes est assez bon, même si des progrès sont à
réaliser auprès des riverains. La Région a un assez bon positionnement auprès des acteurs et
des décideurs régionaux. En revanche, la prise en compte des besoins dans le cadre de
l’interface commercial est faible. La notion de client, de contact client est inexistante : on
parle souvent de Qualité, mais en ayant perdu au passage la finalité première de la qualité. Si,
effectivement, nous n’avons pas à mener une politique agressive de vente de services aux
clients consommateurs de gaz, nous n’aurons, à part des relations d’exploitation, plus aucun
contact avec eux. Les conséquences risquent d’être multiples : perte de connaissance de
l’environnement industriel ; recentrage sur les activités techniques… Il faudrait développer et
maintenir le réseau d’information concernant les investissements à réaliser ; réaliser, en
cohérence avec le niveau national, la ou les enquêtes de satisfaction et en déduire les pistes
d’améliorations ; au-delà du dispositif de veille faire une analyse et mettre en place un
dispositif régional permettant de s’assurer de la connaissance du marché ; et mettre en place
les systèmes permettant dans le cadre de la politique nationale de porter les offres
commerciales du transporteur au niveau régional. » MDL2/RM
« Il faut clarifier les nouvelles modalités de relation avec les clients : ils ne comprennent pas
que nous devons plus les rencontrer avec les commerciaux. Ce type de visite est encore
pratiqué car il est pour beaucoup, logique de favoriser les résultats du Groupe. (…) Les
services supports manquent de réactivité et de « sens du client », il faut mobiliser les
différents acteurs concourant à la satisfaction des clients, par une meilleure gestion des
projets, et une concertation le plus en amont possible et une clarification des responsabilités
de chacun. » MDL1/RIF
« Le MPL n’est pas suffisamment sur le terrain pour cause d’éloignement et de « pollution »
par des sujets qui ne sont pas de son ressort ; et n’a pas suffisamment de relation avec
l’externe, en particulier avec les industriels (…) Augmenter la présence du MPL sur le terrain
pour l’aspect communication, certains sujets nécessitant une vision générale et des arguments
solides pour faire passer le message aux agents » MPL2/RIF
Certaines régions ont également initié des démarches pour améliorer la connaissance des
parties prenantes :
L’initiative a été prise par la fonction Qualité - Santé - Sécurité - Environnement qui avait
assimilé les risques d’un éloignement des MPL de leur environnement local. L’initiative n’a
pas consisté à élargir l’autonomie des managers, mais à contrer ce manque de
responsabilisation en ajoutant une mission à un agent. Cette démarche est le résultat d’une
connaissance approfondie de la structure de l’entreprise (ce qui est permis, ce qui freine), des
conséquences néfastes.
Tous les agents qui sont en relation avec les parties prenantes de son environnement local sont
des sources de variation pour la Division Vente Gaz, sans avoir le pouvoir de modifier la co-
production de l’offre, ils peuvent l’accompagner.
III- 2. L’« issue selling » au sein du processus de co-construction de compétences
Les compétences diffèrent de celles évoquées dans l’étude de cas Adecco, l’entreprise Gaz de
France est une entreprise de services de réseau technique. De plus, nous l’avons vu, la cellule
de vente est hors de la structure régionale du Transport. Dès lors, la co-construction des
compétences concerne peu voire pas la diffusion d’une nouvelle offre, mais des compétences
d’ordre technique pour les exploitants et les techniciens, et des compétences d’ordre
managérial, gestionnaire entre les managers. Les exemples de mise en œuvre des initiatives
brillent par leur absence. Il s’agit alors de savoir si les initiatives sont ou ne sont pas
encouragées, si les agents prennent ou non des d’initiatives, ou si elles se perdent dans les
méandres de l’organisation. Par exemple, un dispositif offre, encourage, récompense les
initiatives par le biais d’une manifestation nationale. Compte tenu du succès, il paraît
nécessaire que ce type de structure existe, en revanche apparaît également le caractère
insuffisant de ce dispositif. Le processus d’amélioration continue ne peut pas reposer
seulement sur le trophée de l’initiative.
« Il y a des flashes qui disent qu’il y a 382 initiatives qu’il y en a 30% de plus que l’année
dernière, 101 sélectionnées. J’ai joué le jeu, je voulais voir si ça marchait, j’ai été sélectionné.
Le trophée de l’initiative c’est plutôt de dire aux gens : qu’est-ce qu’on peut faire, il y a un
truc qui ne marche pas, qu’est-ce qu’on peut faire pour le réparer, il y a un truc qui marche
qu’on pourrait améliorer comment le faire ? On le met dans notre communication, il y a un
séjour à gagner, donc ils sont encouragés. Les gens font remonter des initiatives au travers des
mails, mais il est trop et pas assez cadré. « trop » cadré parce qu’on est jugé au nombre
d’initiatives, qu’on demande des indicateurs, au niveau des initiatives, et « pas assez » cadré
parce qu’on ne dit pas à quoi ça pourrait servir, ni ce que ça apporte en terme de performance,
et ce n’est pas porté par le manager, le manager est dépassé, ce qu’on lui demande c’est un
chiffre, ce n’est pas l’apport à l’organisation, pour moi c’est de la poudre aux yeux. On
trouve de tout et n’importe quoi, et des trophées et des manifestations chics, 400 personnes, à
Center Parc, et on a l’impression d’avoir fait qq ch, mais ce n’est pas performant.»
QSSE/RCE
L’autorisation de la mise en action dépend des priorités fixées dans les contrats de gestion et
des ressources nécessaires pour sa mise en œuvre. Autrement dit, la ratification de l’idée
dépend du niveau de l’atteinte des objectifs prioritaires en cours et de l’engagement des
dépenses supplémentaires engendrées.
« On peut faire tout ce qu'on veut à condition qu'on fasse en base ce qu'il nous est demandé
dans le contrat de la région. La priorité c'est ce qui est dans le contrat, la certification, la mise
en place des systèmes de management. Ensuite, si on veut aller au-delà, si en cours d'année on
a des idées, des initiatives, des choses qu'on veut mettre en œuvre, on peut le faire à condition
que le reste soit effectué, que le budget soit respecté. L'année dernière, comme ça, le DR a
voulu mettre en place un intranet région. On a fait en sorte de faire des gains de productivité
par ailleurs pour dégager la somme nécessaire à la réalisation de l'intranet. Lui a quand même
prévenu le niveau national, c'était quelque chose auquel il tenait, il en était fier. On a fait notre
intranet. On fonctionne comme un centre de profit, on dégage, on engage. Sachant qu'on a des
contraintes budgétaires fortes. Ça permet aussi de réguler des initiatives et des actions qui
vont au-delà de ce qui est demandé. Aujourd'hui, la régulation, c'est vrai qu'elle se fait par le
budget. Des idées, on en a nettement plus que ce qu'on est capable de faire avec nos moyens.
» APi/RCE
Ainsi, les décisions prises autour des émergences sont hiérarchisées par ordre de priorité, trois
types d’idées suivent un processus de mise en émergence : les idées concernant le basique,
autrement dit l’activité même, les actions d’amélioration et les « plus ».
« Compte tenu des différents niveaux de priorités ; il y a le basique, c'est l'activité de base qui
est incontournable, les actions d'amélioration qui sont décidées soit au niveau de la région,
soit au niveau national, et les « plus ». A partir du moment où il y a une équipe et qu'on
travaille directement avec JC Chambon, ça va très vite. Si c'est une idée qui est propre à notre
activité, on la met en œuvre, on ne se pose même pas la question. Oui, il a beaucoup
d'autonomie, à partir du moment où ça ne représente pas sur le plan budgétaire des sommes
trop importantes.
Par contre dans les actions d'amélioration, on peut en avoir décidé au niveau national dans
lequel on s'inscrit, mais on peut en avoir des spécifiques à la région. Par exemple, on veut
mettre en place un management de la sécurité. Le niveau national décide qu'il faut atteindre à
niveau 4 sur les stockages, nous on a décidé d'atteindre le niveau 1 sur la compression. Ça
c'est vraiment un objectif d'amélioration, qui s'inscrit dans la stratégie DT, qui est
complètement cohérent à la stratégie DT mais spécifique à la région. On le retrouve dans
notre stratégie région, on le retrouve dans le contrat de gestion de la région, et en terme de
gestion des priorités on le retrouve aussi dans les objectifs d'amélioration.
Le "plus", c'est ce que l'on va faire qui n'est pas prioritaire, que l'on ne fera pas si pour une
raison ou une autre on n'a pas le temps, mais ce sont un peu ce qu'on appelle des initiatives,
c'est aller au-delà, atteindre un niveau de qualité encore supérieur. Ça peut concerner toutes
nos activités, ça apparaît sur nos contrats de gestion, quand le chef de groupe rencontre le DR,
il dit : cette année au-delà de ce qu'il m'est demandé, j'aimerais bien faire ça. Ça peut
également être fait en cours d'année, parce que dans les contrats il y a des bilans
intermédiaires. En juillet, août, septembre. Donc il peut avoir des idées en cours d'année,
venir les rajouter, ça fera un avenant à son contrat. A la région, on a un dispositif qui s'appelle
"initiative" d'émergence des idées, avec des fiches idées, et un trophée de l'initiative au niveau
Direction Transport où les gens viennent présenter leurs idées, et ça ce n'est pas du tout
contrôler par la hiérarchie, c'est bien de l'accompagnement. La personne qui a une idée…Il
faut attendre le trophée pour présenter son idée…? Non, ça se met en place au fil de l'eau.
Dans l'équipe, quand quelqu'un a une idée, on fait des petites réunions tous les 15 jours, celui
qui a une idée, la présente à ce moment-là. Si l’idée n'est pas trop lourde à mettre en œuvre,
elle est mise en œuvre rapidement. Lourdeur financière ou sur le plan des ressources. S’il faut
développer une application informatique pour répondre à une idée, on va se poser la question.
Par contre, si l'idée est liée au contrat de gestion, ça ne pose pas de pb. » APi/RCE
« De fait, les gens ont des idées, mais c’est vite fait au coin d’une porte, ça tombe aux
oubliettes, on n’a pas le temps, c’est avant tout l’idée du national qu’il faut traiter et pas l’idée
du terrain. On a un système très très cadré, c’est le taylorisme new look, avec des objectifs,
des indicateurs, et il n’y a plus de place à l’initiative. En fait, même l’initiative est cadrée, il y
a un dispositif national de l’initiative. » QSSE/RCE
Dans ce contexte difficile d’analyse de compétences émergentes, nous nous sommes
intéressée aux processus d’amélioration continue prônés dans les régions. Deux inconvénients
majeurs apparaissent face à l’étude de documents internes. Le premier concerne l’absence
d’identification des acteurs au sein même des schémas, seuls les dispositifs, les étapes
apparaissent, sans nommer précisément le dit « agent concerné ». Le deuxième inconvénient
concerne le traitement d’analyse des documents très formels et formalisés dans une entreprise
dont la culture est dorénavant écrite et procédurière, autrement dit la difficulté est d’identifier
les différences entre les schémas et leur vécu. A partir de documents appartenant à plusieurs
régions, nous sommes parvenue à faire la distinction entre ce qui était voulu par la direction
régionale et ce qui n’était qu’un vœu pieux. De fait, les contradictions organisationnelles sont
apparues.
Les sources de variation les plus fréquemment citées pour les dysfonctionnements de niveau «
système » sont uniquement des dispositifs formels qui ont pour objectif de corriger les écarts
de norme, de procédure. La correction d’écarts devient une source de variation parce qu’elle
fait l’objet d’un enregistrement dans une base de données consultable. Dès lors, elle offre une
mise en commun de solutions au reste de l’organisation. Ces dispositifs formels ont chacun un
responsable « expert » qui détecte le dysfonctionnement dans son domaine et l’enregistre dans
une base de données intitulée Relevé d’Observations et Propositions d’Amélioration (ROPA).
Par exemple, le responsable du système de management de l’environnement est responsable
de la revue de l’environnement et enregistre un dysfonctionnement de pollution. Le tableau
ci-dessous illustre les différents dispositifs et les responsables d’une région.
De ces différentes sources de variation de niveau « système », nous déduisons que les
managers de première ou deuxième ligne sont relativement peu sollicités, ils n’interviennent
que sur des projets ou des évaluations qui les concernent. A priori, les dispositifs ne prévoient
pas d’intervention, ne serait-ce que pour donner un avis, de leur part sur le fonctionnement
d’ensemble. Or dans d’autres régions, la parole leur a été donnée lors d’une consultation
écrite. Cette « prise de parole écrite » démontre d’une part que les managers de première ligne
et de deuxième ligne ont des avis fort convergents sur les constats de « dysfonctionnement » ;
d’autre part que leurs propositions d’amélioration, autrement dit leurs actions correctives, sont
très similaires ; et enfin, cette contribution démontre que pour prendre en considération
l’opinion des MDL et MPL, l’entreprise utilise un dispositif formel ponctuel annuel,
probablement trop rare. Les exemples communs concernent notamment le manque de
professionnalisation des agents ou encore la trop grande distance séparant la hiérarchie du
terrain :
« Les agents de secteur ne sont pas tous performants et demandent parfois un suivi particulier,
il faudrait prévoir de former et professionnaliser la maîtrise d’œuvre d’un point de vue
technique et managérial. » MPL2/RIF
Le processus d’intervention des acteurs lors d’un dysfonctionnement de niveau « terrain » est
celui-ci :
« Non, je ne suis pas un interlocuteur direct des MPL. Si c’est l’embrouillamini, on intervient,
on devient l’arbitre de terrain. On regarde de loin ce qu’il se passe sur le terrain, quand il y a
un dysfonctionnement sur le terrain, c’est au manager de le résoudre, on lui a dit comment
faire face à un dysfonctionnement. Ne pas culpabiliser, il y a un droit à l’erreur, mais surtout
un droit de la corriger. Normalement il le traite localement, c’est de sa responsabilité. Il nous
concerte s’il y a manque de compétences, si ça touche l’organisation, un individu, on vient en
conseil, en expert. Oui, le schéma est simple. D’abord il y a un problème, je le corrige
rapidement parce que je veux être réactif, ensuite j’analyse, j’ai des actions, et je vérifie si
c’est efficace : c’est facile, c’est simple, mais ce n’est pas suffisant. Le problème pour faire
remonter, il faut que l’agent ait envie de le faire remonter. Quand ça sort de son équipe il se
tourne vers le MPL si c’est un chef d’équipe ou vers un animateur de processus si ça touche
les processus, ou vers la direction via QSSE. Et je prends le relais, je m’approprie le problème
et le traite. On se met plutôt à l’écart du fonctionnement, en arbitre observateur. » QSSE/RCE
Ce ne sont pas les groupes mais les animateurs de processus qui viennent nous donner les
informations sur ces indicateurs. Ça nous donne une idée du fonctionnement de la région. Dès
qu'il y a une dérive on est au courant. On a également la veille stratégique. Les informations
de veille remontent au fil du mois, par contre c'est tous les agents qui doivent alimenter ce
dispositif. Ça peut être un article qu'ils ont vu dans la presse locale, c'est une réunion qu'ils ont
eu en externe avec différentes institutions où ils ont eu des informations, Hop ils nous font
remonter. » APi/RCE
« Ça veut dire que mensuellement on a une vision assez fine ici de ce qu'il s'est fait dans le
mois. On n'est pas submerg par les informations, parce qu'il n'y a pas de revues, d'audit, tous
les mois. La direction a une vision de ce qu'il se fait dans toutes les régions. Elle connaît les
points forts et les points faibles, du fait de ces bilans, de toutes les régions. » APi/RCE
Réunions Encadrement
Les acteurs concernés par l’analyse, c’est-à-dire la sélection, sont des experts du domaine des
dysfonctionnements. A priori, la source de variation est déconnectée des agents de sélection
alors que faire participer celui qui détecte l’anomalie à son analyse permettrait éventuellement
de lier praticien et expert :
La participation des MDL et MPL est une fois de plus évincée, puisqu’ils n’apparaissent qu’à
deux reprises lors d’initiatives classiques et lors des réunions dont ils sont responsables. Cela
confirme une rupture dans leur contribution : s’ils sont eux-mêmes source de variation, ils ne
participent pas à la sélection. Dès lors, il devient difficile qu’ils soient des agents de rétention.
« Encore un manque de rigueur et de formalisation pour les opérations courantes sur le réseau
(bon de travail, messages collationnés…) » MPL1/RIF
« Il y a un manque important de traitement et de sérieux dans les fiches d’Action. Cela est mal
perçu par les agents à qui le CODIR a dit : ‘si vous ne faites pas de fiches d’actions et de
progrès sur les problèmes ou les dysfonctionnements, ceux-ci n’existent pas’ » MPL4/RM
« En parallèle de cette structure hiérarchique qui est la base, aussi bien à la Direction
Transport qu'à la Région, il y a une structure par processus. La cartographie des processus de
la Direction Transport a été établie, il y a au niveau national un responsable des processus, au
niveau de la région il y a un animateur de processus qui peut avoir des correspondants à des
niveaux inférieurs, au niveau des agences par exemple. On a les 2 lignes qui coexistent, la
ligne hiérarchique et la ligne processus. La décision appartenant à la ligne hiérarchique. »
DR/RX
Le circuit de communication est, d’une manière générale, descendant, de fait sans les boucles
récursives qui sont au cœur de l’enchaînement des étapes du système évolutionniste, la
succession des phases de variation/sélection/rétention a des difficultés à vivre :
« L’impression sur les liens avec les services centraux de la DT est qu’il y a plus de
sollicitations du national vers le local, que l’inverse » MPL1/RIF
« Le directeur est très sollicité par le national, il ne se consacre pas suffisamment au local, il
ne s’implique pas suffisamment. Il est tiré par le haut. » QSSE/RCE
« Nous sommes plutôt des experts qui accompagnons la direction et tous les gens de la région
pour faire de l’amélioration continue de l’organisation. Nous proposons au directeur de région
et c’est lui qui le porte, ce n’est pas nous, on est des facilitateurs parce qu’on accompagne, on
est expert, et on demande au directeur de faire. » QSSE/RCE
Le directeur régional véhicule à son tour des idées issues de sa région, il est un agent de
rétention pour la région, et un agent de sélection pour la direction nationale du métier
Transport :
« Il apporte ses idées sans être sûr qu’elles soient prises en compte, la stratégie est élaborée en
cabinet par des experts, ça reste déconnecté du terrain. Il y a une stratégie qui doit rester
macro, de niveau national, développement de l’entreprise, etc., par contre dans l’amélioration
du fonctionnement, si, il apporte des choses, par notre expérience, on essaie de remonter, de
se faire écouter. Il essaie de se servir du réseau national, des systèmes de l’entreprise pour
faire remonter des trucs, sans forcément être sûrs d’être écouté, mais il fait remonter des trucs,
contribue, dans le domaine technique, comme dans le domaine du fonctionnement. »
QSSE/RCE
Le seul exemple que nous ayons est le cas d’une région qui avait anticipé la nécessité
d’organiser son management en processus. A l’aide d’un consultant externe, la région a
débuté cette démarche 5 ans avant la direction nationale. En revanche, l’initiative régionale a
été annulée par l’engagement national :
« On avait commencé ici une démarche de notre propre initiative avec une organisation qui
s’appuie avant tout et d’une part sur une organisation à structure hiérarchique et une
organisation par processus (…). On a été rattrapé par le national. On était la seule région à
avoir démarré cette démarche qui avait été initialisée en 1996. En 1998, on a avancé un peu en
mettant en place ce fameux système, mais entre temps il y a eu des changements, un
changement de directeur, une remise en cause du système. En 2001, un nouveau changement,
à savoir que notre démarche locale, à l’origine, a été impactée par une démarche cette fois-ci
nationale. » QSSE/RCE
Le manager de deuxième ligne en tant qu’animateur de processus possède une situation et, de
fait une vision transversale du fonctionnement de son processus dans sa région. Son rôle ne
lui attribue pas la responsabilité mais l’observation, le déroulement des processus et leur
bonne réalisation, il constitue une source de variation pour le responsable de processus
national et les autres animateurs du même processus, un agent de sélection et de rétention
dans la gestion de ses ressources pour son propre processus.
« L’animateur de processus n’a aucune ressource, il n’a rien du tout, il est responsable de
produit, produit final, l’acheminement du gaz, la livraison du gaz, la prestation de service. Il
doit convaincre les ressources qui sont de fait mises à sa disposition pour que le produit soit
atteint. Il a un levier important c’est le produit, si le produit n’est pas bon, il a tout pouvoir
pour l’améliorer. Ses ressources, c’est lui-même avec sa capacité à convaincre avec toute la
diplomatie requise pour faire en sorte que les gens aient envie de bosser pour lui. »
QSSE/RCE
Sa position dans le Comité de Direction lui permet d’être une source de variation au sein du
processus de co-évolution de la stratégie auprès du directeur de région, mais le système
décisionnel ne lui permet pas d’être un agent de sélection et de rétention dans ce même
processus stratégique.
Le directeur de région est tiraillé entre ses équipes fonctionnelles régionales qui manifestent
les besoins d’une amélioration continue ; ses équipes opérationnelles qui, ayant des difficultés
à respecter les directives formalisées et formalisantes de la direction générale, n’ont pas le
réflexe des émergences et la direction nationale qui exerce une pression sur le respect des
objectifs. Il constitue principalement une source de sélection et de rétention, en tant que filtre
et acteur régional représentatif, pour la direction nationale sur des arbitrages de grande
ampleur. Sa contribution concernant les activités de la région est minime du fait de
l’autonomie, et de la responsabilité qui lui est accordé.
« Ce n'est pas avec une administration de la police, et de l'automobile qu'on va instaurer une
décentralisation chez GDF. » DS1
« On a un directeur qui est un scolaire, c’est le carnet de notes, les indicateurs servent de note,
si on n’est pas dans l’indicateur, hop, saqué, et il ne veut rien savoir ni pourquoi, ni comment,
ce n’est pas bon, point. Quand on joue ce jeu là à haut niveau, sur le terrain on s’écrase. Cette
approche systémique fait que tout est en lien, on ne peut pas bien marcher dans une petite
entité si le national ne marche pas. Il y a un contexte global dans l’entreprise qui ne donne pas
envie de fo…En région, on a voulu faire des choses nous-mêmes en 1998, on s’est rendu
compte très vite qu’on se faisait rattraper, et qu’on ne pouvait pas fonctionner comme on en
avait envie, on se faisait casser en terme comportemental. Quand, en région, on disait, faites
remonter les dysfonctionnements pour qu’on les traite, a contrario, en national, dès qu’il y
avait le moindre pépin en local, et que le directeur général de Paris l’apprenait, il envoyait ses
contrôleurs, sorte de gestapo qui venait nous taper sur la tête. Qu’est-ce que ça a fait derrière ?
hé ben, stop. » QSSE/RCE
« Les agents regrettent le faible pouvoir accordé aux MPL (signature, RH), contrairement à ce
qui avait été annoncé » MPL8/RM
« La base est consciente que les MPL ont un pouvoir limité et que c’est plus haut que les
décisions sont prises » MPL6/RM
« Les actions proposées s’inscrivent dans un seul et unique but, resserrer le management en
multipliant les occasions de se rencontrer et en intensifiant la présence de chacun auprès de la
base (pas uniquement les MPL) : insister sur les liens MPL/MDL (réunions pôles et réunions
MPL/MDL plus fréquentes, car il me semble que c’est la réelle charnière entre la base et la
direction ; augmenter la fréquence des visites de la direction dans les EOB ; établir des
rencontres régulières entre le CODIR et les MPL. Les MPL ont souvent l’impression d’être «
la tête dans le guidon » sans vraiment être au courant des activités de mes supérieurs
hiérarchiques » MPL2/RIF
L'interdépendance des Métiers du Groupe nous autorise à utiliser des données d'interlocuteurs
relevant d'autres Métiers.
Pour préparer leur plan d'affaires, les cinq Métiers s'appuient sur une note de cadrage macro-
économique et stratégique élaborée par une fonction support du Groupe : la Délégation à la
Stratégie et aux Relations Institutionnelles (DSRI). Chaque directeur Métier peut trouver de
l'aide auprès de trois fonctions support (le Contrôle de Gestion, la Délégation Internationale
(DI) et la Délégation à la Stratégie et aux Relations Institutionnelles) qui les assistent tout au
long de cette phase d'élaboration. Le Métier Transport établit son plan d'affaires pour une
période de dix ans. En cas d'évolution majeure, et sur proposition du Directeur Métier ou du
Directeur de la DSRI, la révision du plan d'affaires d'un Métier peut être décidée à tout
moment par le Directeur général supervisant le Métier.
« Le président a une technique pour avoir au moins deux informations : l'avis du métier, l'avis
de la direction financière. Quand le dossier est monté, il y a confrontation, réserve ou non, en
cas d'avis contradictoire, le président tranche en fonction des critères évoqués. Du coup, il
mouille les deux, la décision est prise en CODIR. » Distri/CG
L'impact de cette révision sur les plans d'affaires des autres métiers est alors évalué afin de
répartir les conséquences possibles. Si le plan d'affaires se déroule sans révision, son
renouvellement est engagé au plus tard à partir de la troisième année et un nouveau plan est
proposé au cours de l'année quatre.
« Pendant fin 2000, début 2001, on a été dans une logique bottom-up, d'agrégation des
stratégies : quelques orientations générales avaient été faites et fournies aux métiers, soit les
grands objectifs fixés pour l'entreprise et les métiers avaient à définir leurs stratégies et les
orientations qu'ils devaient mettre en œuvre et présenter au sein du comité de direction
CODIR avant validation. » Distri/CG
La deuxième étape est une mise en perspective des différents plans d'affaires ainsi que des
propositions d'arbitrage et un plan de financement élaboré avec l'appui de la DSFJ en
cohérence avec la politique financière du groupe sont présentés et soutenus par la DSRI en
comité de direction ; cette synthèse (qui constitue de fait une proposition de plan d'affaires
pour le Groupe GDF) comporte une description élaborée en liaison avec les Métiers des
principales conséquences des arbitrages proposés sur leurs plans d'affaires. Le CODIR valide
collectivement la démarche d'arbitrage proposée, émet un arbitrage imposant de nouveaux
ajustements des plans d'affaires ou demande un nouvel examen. Cette décision constitue une
première référence pour le suivi des différents plans.
Enfin, en quatrième étape, les Directeurs Métiers présentent au CODIR le plan ainsi finalisé.
Le CODIR valide ainsi individuellement chacun des plans d'affaires et les objectifs fixés à
chacun des Métiers. Le plan ainsi validé constitue la référence pour le suivi stratégique et de
gestion.
Peu d'informations sont diffusées du fait d'une stratégie résumée en points jugés d'une trop
grande scientificité et technicité. L'appropriation par les régions est rendue difficile. Le point
de départ est malheureusement flou pour les régions, l'absence d'un cadre stratégique du
Métier est déplorée par certains services fonctionnels, qui tentent d'amoindrir ses
conséquences :
« A partir du moment où je dis c'est un système industriel piloté depuis Paris, la logique
voudrait que d'abord Paris se prononce sur un certain nombre d'orientations stratégiques.
Nous Contrôle de gestion, avons besoin pour faire un contrôle de gestion un peu intelligent de
construire un système de contrôle de gestion qui soit basé sur des objectifs stratégiques
déclinés en plan d'actions, indicateurs, etc…J'ai réussi à les convaincre que donner quelques
orientations générales que les unités puissent travailler à partir d'orientations stratégiques de la
direction, et voir comment les mettre en œuvre localement, ce ne serait pas complètement
idiot. Non ça n'existe pas, par contre nous, ce qu'on avait dit pour établir le CSU et partant du
constat qu'il n'y avait pas de cadrage stratégique de la DT, on leur avait dit : faites votre
diagnostic et vous balayez l'ensemble des notes de politiques (parce que la direction sortait
régulièrement des notes de politique, ça peut être une note de politique général sur la
maintenance industrielle des canalisations, ça donne des grandes recommandations
axées…qui restent assez floues, qui ne sont pas concrètes). Vous avez cet ensemble de notes
politiques, voyez où vous en êtes de la mise en œuvre des ces notes de politique dans votre
unité. Est-ce que vous êtes en avance? En retard? Comment vous vous positionnez par rapport
à ça? Cela fait partie du diagnostic, et à partir de là, vous direz les objectifs que vous vous
fixez pour rattraper votre retard dans tel ou tel domaine. » MCG/1
Le message a été compris et assimilé puisque les directeurs de région dédramatisent jusqu'à ne
pas voir l'utilité d'un cadre stratégique Métier :
En revanche, la méconnaissance de la stratégie apparaît être un obstacle pour les cadres des
régions qui déplorent l’absence d’une diffusion :
« La stratégie de la direction Transport est peu connue de l’ensemble du personnel, y compris
des MPL. En fait, les journaux (internes) ne sont pas particulièrement accessibles, il est
difficile d’en retirer les grandes lignes après une simple lecture, la communication n’est pas
aisée… il me semble d’ailleurs délicat de demander aux MPL de communiquer au sein de leur
EOB compte tenu du peu de communication faite auprès d’eux sur la stratégie de la direction
Transport » MDL2/RM
« Afin de pouvoir réaliser des études et effectuer des propositions de raccordement aux clients
industriels dans les meilleures conditions, il faudrait, au niveau de l’Unité, une meilleure
compréhension de la stratégie de la DT (rôle du transporteur, liens Transport/Négoce, rôles
des différentes EOB…) et des marges de négociations possibles. » MDL3/RM
« Oui, la politique de la région est en cohérence avec la politique nationale, après la politique
DT…on n’a jamais communiqué dessus. La politique DT est noyée dans un document qui
s’appelle le manuel de management. Il n’y a pas de politique GdF, il n’y a pas de politique
DT. Elle n’est pas véhiculée, elle n’est pas formalisée, je ne peux pas la sortir, je ne suis pas
informé. J’ai extrait la page 12 du manuel pour savoir ce qu’il en était principalement. Le gros
pb c’est qu’il n’y a pas de sens. » QSSE/RCE
« On ne parle pas de plan d'affaires mais de cadre stratégique Transport que l'on analyse et
que l'on vient compléter par des diagnostics. Un diagnostic interne et un diagnostic externe de
la région qui nous permettent de définir les objectifs prioritaires de la région, les points
critiques, les actions de changement. Ça nous permet de décliner ce cadre stratégique, de
l'adapter aux spécificités de la région et c'est ce qu'on appelle notre CSU. » APi/RCE
« Le CSU de la RM date de fin 2000. Globalement dans un univers extrêmement normé par
les politiques nationales, les ambitions, les contextes locaux qui sont à 80% similaires : un
tuyau c'est un tuyau. Le but des CSU est définir les priorités par rapport à une liste : quelles
sont celles les plus importantes vues de l'unité? Il y a déjà à appliquer toutes les politiques
nationales, avec des échéances formelles de certification, d'application de directives soit
extérieures (SEVESO), soit internes. Le social peut ne pas marcher très bien ; les coûts sont
en retard dans tel domaine, en avance dans tel autre ; il existait une cartographie, version
moins aboutie de celle-ci qui a mûri depuis ; les processus étaient encore en germe, pas
complètement finalisés ; on va construire un 2ème terminal, qu'est-ce que ça veut dire sur
l'organisation de la région? Cela signifie donc y mettre un contexte local par rapport à ce
cadre globalement normé. » DR/RY
La note méthodologique sur l'élaboration du CSU précise que le CSU est la résultante d'une
réflexion stratégique menée par l'équipe de direction de la région (Directeurs + responsables
de processus). Cette réflexion confidentielle doit permettre de dire certaines vérités sans effet
indésirable. Nous verrons que si la réflexion a été confidentielle, les connaissances qui ont
permis cette réflexion ont été acquises d'une manière consultative.
Lors de la première étape, les responsables de processus examinent, avec les animateurs de
processus, les objectifs et les indicateurs de mesure associés afin d'être en mesure de proposer
les cibles à atteindre et les actions à mettre en œuvre pour répondre aux exigences, besoins et
attentes des parties intéressées. Les animateurs de processus consultent les managers de leur
unité durant cette même phase.
« Au niveau de la direction Transport, ce sont les responsables qui travaillent avec les
animateurs de processus, il n'y a pas de relations hiérarchiques non plus, c'est le principe des
processus. Tous ces diagnostics qui sont faits au niveau région, sont faits aussi au niveau de la
Direction Transport pour élaborer le plan d'affaires. » APi/RCE
Puis, les responsables de processus évaluent avec les directeurs des unités, qui maîtrisent les
ressources et les allouent aux processus, les cibles et les actions qui peuvent être fixées à
l'unité pour tendre vers les objectifs du processus. Aussi, les directeurs d'unité consultent les
animateurs de processus et les managers de leur unité. Cette consultation écrite demande aux
managers de se prononcer sur un diagnostic (forces/faiblesses) du domaine d’activité en
général et celui de la région et d’émettre des « propositions d’action » sur les valeurs du
métier : professionnalisme, compétitivité, développement, management.
« J'ai demandé aux 50 MPL de me faire un papier personnel d'une page, deux pages,
qualitatif, au calme : "dans votre activité à vous, qu'est-ce que vous voyez comme points
faibles, comme atouts, qu'est-ce que vous avez envie de faire, qu'est-ce que vous proposez, et
puis si vous étiez directeur d'unité, comment vous voyez de votre point de vue les
améliorations possibles? Qu'est-ce que vous mettriez en avant comme problématique et
qu'est-ce que vous proposeriez?"C'est bien ça, je le referai.
Ensuite, on a bâti des actions. Pour bâtir des actions, on est parti un peu du diagnostic, et
l'équipe de direction a défini des macro-objectifs qu'on a appelé des objectifs prioritaires, il y
en a 11. On a convoqué ce qu'on a appelé un atelier de production (pas bien choisi) comme
réunion de production et d'échanges où on a essayé d'enrichir le contenu des objectifs
prioritaires. Etaient présents tous les MDL et MPL. On a fait des groupes et on a essayé de
remplir, de mettre un peu de concret sur ces objectifs prioritaires. On a dit aux MPL : lors de
la consultation écrite et individuelle, vous avez contribué, vous avez dit ça, nous, nous avons
fait un diagnostic, de ce diagnostic il ressort des thèmes, et de ces thèmes dégagés nous avons
fait des objectifs prioritaires. Essayons de faire un pas supplémentaire, qu'est-ce qu'on fait
concrètement, comment on rempli le système et quelle est votre vision. On a enrichi notre
plan d'action par cette démarche. Ça s'est fait en une journée. Il ne faut pas être trop
ambitieux,… après il faut bosser, il faut que quelqu'un mette en musique, etc. Par contre, ils
ont sorti des idées et on en a repris. Je suis content qu'on ait fait comme ça, c'était une bonne
idée. Je trouve que mon idée de demander une contribution un peu personnelle (j'ai répondu
individuellement à chacun), et de les associer comme ça, ça avait rompu avec une animation
des MPL qui étaient loin de tout ça. » DR/RZ
« La deuxième étape, c'est entre MPL et moi, puis eux et leur cadre, ou leur responsable
d'équipe. Il sont membres de l'équipe de direction, c'est-à-dire que la contractualisation n'est
pas complètement descendante, c'est-à-dire moi, je contractualise avec les MPL, les MDL
avec les MPL, et les MPL avec leur responsable d'équipe qui n'apparaissent pas sur le schéma.
» DR/RM
« Le middle manager a été associé comme ça, par le diagnostic du métier vu par les processus,
en notant la maîtrise des processus = contribution collective ; ainsi que par une contribution
individuelle vu de l’emploi et de la vision de mon unité. Comment on a procédé? 3 étapes, en
2 mois pour éviter de faire traîner les choses. On a associé le niveau des divisions à la
réalisation en leur demandant deux choses : - une contribution écrite personnelle, avec leur
vision, leur zoom, qu'est-ce que vous pensez qui est important ? Sur quoi doit-on travailler ?
Quelles sont les choses où la RM est performante, où elle l'est le moins, qu'est-ce que vous
voulez faire, qu'est-ce que vous proposez, comme actions pertinentes pour combler ces
lacunes, s'il y en a au niveau régional, dans votre pôle ou votre division. Ça a donné lieu à une
contribution écrite des MDL et MPL. L'ensemble des acteurs de la ligne managériale. La
première contribution a été de faire un feed-back, une remontée.
La deuxième a été de dire on ne peut pas tout améliorer en même temps sur un CSU qui dure
3 ans, on ne peut pas tout prendre de front, et dire que tous les chantiers ont une importance
équivalente. Donc, qu'est-ce qu'on choisit en premier ? Le CSU est de définir des priorités.
Là, on a piloté par les MDL la segmentation des processus en faisant un classement : niveau
de maîtrise/importance, sur une matrice. Puis on a convergé, sorti les orientations, 3 ou 4 axes
par orientations. » DR/RIF
Figure 19 : Les 7 étapes du processus de formation de la stratégie au sein des régions de GdF-
Transport
La troisième étape : les responsables de processus transmettent les cibles et les actions
envisagées avec chaque unité au directeur de l'unité, via la Mission de Contrôle de Gestion
(MCG).Ensuite, les directeurs de région analysent et proposent un arbitrage global entre les
contraintes induites et les ressources (financières et humaines) de l'unité pour orienter la
négociation des cibles à atteindre et les actions à mettre en œuvre. Finalement, le directeur du
Transport et les directeurs d'unité contractualisent les cibles et les actions ainsi que les
ressources correspondantes.
« Sachant que le mode contractuel qui prévaut dans la région est celui-ci : la région a un
contrat de gestion avec sa direction nationale. » DR/RZ
La sixième étape concerne la contractualisation des directeurs d'unité, sous une forme qu'il
leur appartient de définir, avec leur équipe de management pour compléter la planification
dans les unités. Cette équipe de management est généralement constituée des animateurs des
processus et des managers des équipes opérationnelles qui mettent en œuvre les activités des
processus. Selon les régions, il peut y avoir quelques variantes. En effet, en région Centre-Est,
le directeur d'unité contractualise avec les chefs de Groupe et les managers de première ligne.
En région Ile de France, il contractualise avec les membres du CODIR ainsi que les chefs de
service et d'Agence, et enfin en région Méditerranée le directeur d'unité avec les membres du
CODIR.
« Pour faire ça, on est obligé de consacrer une réunion un jour, où chacun met ses processus et
on tranche. A partir du moment où c'est cadré ensemble, j'interviens pour trancher un peu, je
vérifie qu'il n'y ait pas trop d'objectifs et j'essaie plutôt de freiner pour que les objectifs soient
peu nombreux, et à partir du moment où c'est cadré, chaque MDL a la responsabilité de
contrôler le bon achèvement, les actions, le respect des objectifs assignés par l'échelon en-
dessous. » DR/RIF
Enfin, les chefs de service et d'agence contractualisent avec leurs chefs d'EOB les objectifs
de performance de l'activité opérationnelle de l'EOB après avoir intégré les exigences des
animateurs de processus concernés par l'activité de l'EOB.
« Par exemple, au mois de mars, avril, lorsqu'il s'est agi de déployer les objectifs sur la
structure, dans la démarche contractuelle. (Il s’agit une organisation par EOB, un EOB c'est
un territoire pour ceux dont l'activité territoriale a une activité opérationnelle, un résultat,
brut.). On donne aux EOB la gestion des ressources, leur permettant d'atteindre leurs objectifs
et de faire des résultats. Ils ont leur budget, et la responsabilité opérationnelle quotidienne des
hommes. Ceux qui leur donnent des objectifs doivent normalement être tous les responsables
de processus qui doivent donc déverser en pluie fine sur les EOB, un certain nombre
d'objectifs tous plus ambitieux les uns que les autres. » DR/RZ
« Il y a le contrat de gestion, les MDL sont membres de l'équipe de direction, donc ils portent
les objectifs de la direction, ils contractualisent avec leur division, et les MPL rendent
responsables les équipes, contrôlent l'atteinte des objectifs, le respect du contrat de gestion. »
DR/RY
« Le niveau de compréhension et d’adhésion est très hétérogène au niveau du secteur, car les
chefs ont parfois du mal à communiquer sur certains sujets nécessitant une vision générale et
des arguments bien étayés » MPL2/RIF
« Je l'ai présenté ensuite à tous ces managers de première ligne, dans une séance de travail
spéciale, une fois qu'il a été fait » DR/RX
« On en a fait un 4 pages destinées à tous les agents de la RM, pour le porter. Tous. Ça a été
fait au printemps 2001, puisqu'il a été présenté en décembre 2000. On a fait un premier retour
à l'encadrement pendant 2 heures en réunion, on a représenté ce que nous avions présenté à la
DG, puis on a porté ça de manière conjointe. On a présenté le 4 pages de diagnostic, les
orientations régionales…, et on a demandé un 4 pages à chaque MPL de compléter ce que ça
voulait dire pratiquement pour leur division. C'était présenté de manière conjointe par des
binômes. On avait croisé les binômes puisqu'une des actions de progrès indiquées était le
transverse qui ne fonctionnait pas très bien. On avait croisé les binômes, le MPL de chaque
division était accompagné d'un membre de la direction qui n'était pas son responsable. De
manière à ce qu'il sache ce qui se passe dans la gestion quand il était opérationnel, et
réciproquement.
« La première a pour but de faire le point sur la stratégie développée par le métier. La
délégation est majeure dans ce débat puisque c'est elle qui négocie, le contrôle de gestion
vérifie si les chiffres et objectifs sont bien acquis. Chaque direction métier fournit un dossier
qui lui est propre, lu par la DSRI et le contrôle de gestion, une réunion préparatoire a lieu avec
les experts de métiers, (Contrôleur de gestion et stratège de métiers), où seront présentées les
questions de fond posées et soufflées par la DG. La seconde réunion en octobre : où les
directions de métiers ont à faire remonter leur prévision budgétaire (objectifs et dépenses
d'exploitation) pour l'année n et n+1. Le contrôle de gestion a en charge de faire la
consolidation des demandes, si on rentre ou non dans les objectifs globaux de l'entreprise, et
de préparer la discussion entre le DG et chaque directeur de métier pour valider les points de
sortie de l'année n, et les prévisions de l'année n+1. Ce qui permet de préparer pour le groupe
GDF son budget et le présenter en conseil d'administration. » Distri/CG
Par ailleurs les directeurs Métier présentent périodiquement la situation de leur Métier en
CODIR. Cette présentation en CODIR est précédée par une rencontre (présidée par le DG
concerné) entre le Métier et la DSFJ. La DSRI reçoit l'information des éléments examinés au
cours de cette rencontre à laquelle elle peut participer.
La périodicité suivante vise à concilier la différence de « pas de temps » entre les Métiers, la
réactivité indispensable à certains et la nécessité pour le CODIR de disposer d'une vision
transverse : Exploration-Production : deux fois par an ; Transport : trois fois par an ;
Distribution : trois fois par an ; Négoce : tous les deux mois ; Services tous les trimestres.
De fait, ce calendrier permet deux fois par an (mai et septembre) d'examiner de façon
synchrone la situation des trois métiers traditionnels de GdF. En-dehors de ces dates, il
appartient aux Directeurs Métiers d'informer la CODIR des événements perturbateurs. Ces
reportings sont utilisés comme base de travail pour répondre aux obligations légales, aux
communications et aux demandes de l'administration.
Pour le suivi transversal, existent des structure appelées « organes de pilotage » (comité et
commission) qui permettent la coordination, le partage et le pilotage collectif. Ces lieux
formels de transversalité et de travail en commun constituent un suivi complémentaire des
deux réunions annuelles précédemment détaillées :
« (…) Ces deux rendez-vous annuels sont importants, mais ils sont fortement télescopé par
des réunions informelles ou des comités différents. Afin de favoriser toute cette vision
commune intégrée de l'entreprise, GDF a créé un certain nombre de comités. » Distri/CG
Il existe onze comités dont les participants et les fréquences diffèrent selon leur visée.
Nous citerons quatre exemples estimés représentatifs de ce qu'ils peuvent apporter : le premier
« le comité d'orientation » intéresse les intérêts du Groupe dans son ensemble. Il assure la
collégialité et la coordination entre les différents métiers sur des questions clés pour
l'ensemble du Groupe. Il contribue au partage et aux échanges entre les différentes entités du
Groupe et dégage une vision claire et commune de la situation et des enjeux du Groupe à
chaque niveau de l'organisation. Il se réunit à chaque fois que le CODIR le juge nécessaire, et
permet de recueillir l'avis de ses membres et faire émerger des propositions à l'occasion de la
préparation des grandes décisions stratégiques. Il est composé du CODIR du Groupe, les
directeurs des Métiers ainsi que la Mission Contrôle de Gestion qui est en charge de la
préparation des dossiers et du suivi des décisions.
Enfin le dernier constitue une étape préparatrice au plan d'affaires d'un Métier : « le comité
stratégique des projets de développement », composé des directeurs adjoints «
Développement » et de la mission « International, Filiales et Participations », évalue la
cohérence de tous les projets de développement soumis par chaque direction de métier avec le
cadrage stratégique du Groupe, et les plans d'affaires des métiers. Il est force de proposition
pour faire évoluer le cadrage stratégique du développement de l'entreprise.
Coexistent également des commissions qui sont composées de huit directeurs de centre, pour
favoriser le maillage avec le terrain. Notons cependant que chaque Métier ne dispose pas de
ce dispositif. Il est souhaitable que les membres d'une commission d'un domaine animent les
réseaux (« chefs de ») du même domaine. Chaque commission est présidée par un directeur de
région, ou un directeur adjoint. Ce dernier établit l'ordre du jour en lien avec le directeur ou
délégué fonctionnel associé à chaque commission. Il assure le secrétariat de chaque
commission et établit un compte rendu qui formule clairement les avis et l'impact des
propositions faites. Ces commissions ont pour principaux objectifs de jouer un rôle de :
« miroir » sur les aspects opérationnels des politiques, les méthodes et outils, en amont de
la rédaction finale des notes d'application. Une vision « terrain » pourra ainsi être intégrée
aux notes opérationnelles traitant du management ou des métiers ;
La commission permet premièrement de fournir des avis motivés et formalisés sur les aspects
opérationnels de dossiers politiques ou méthodologiques devant déboucher sur des mises en
oeuvre dans l'ensemble des unités, deuxièmement, faire des propositions d'outils et ou de
méthodes à étudier, à consolider ou à valider par le niveau national, et enfin d’assurer des
retours d'expérience sur des politiques ou méthodes déjà appliquées dans les unités.
« Dans ces commissions, on soumet toutes les politiques qu'on doit faire passer, si on veut
définir une politique avant d'aller voir le comité de direction, il faut avoir l'avis de la
commission des directeurs de centre. Il donne leur avis si c'est applicable, trop cher,
techniquement impossible… des inflexions peuvent être amenées à la politique. Il peut y avoir
des thèmes, des discussions sur des sujets. Il faut avoir le tampon de la commission pour
s'assurer de la faisabilité. » Distri
« Il y en a un autre qui doit plus vous intéresser, c'est le G15. C'est le directeur d'EDF - GDF
services qui choisit une quinzaine de directeurs de centre et les invite à réfléchir sur un thème,
ce sont plus de réflexions sur la stratégie. J’ai connu son existence quand on a lancé le projet
sur le professionnalisme il y a deux ans. Il a convoqué son G15, il a dit avoir un problème de
professionnalisme de gaz, il leur en parle un petit moment le matin, les laisse toute la journée
et les retrouve en fin de journée pour écouter leurs propositions pour améliorer. Ce sont des
questions un peu délicates, avec son G15, il prend l'avis du terrain, il les réunit pendant une
journée, ça doit être animé par un consultant quelconque, généralement ce n'est pas très
encadré au départ, pour favoriser une expression. » Distri
La transversalité se réalise également par des échanges orchestrés par les directeurs de région,
Chaque Métier a une organisation distincte avec ses propres dispositifs de gestion. L’avantage
repose sur le « sur-mesure » : chaque Métier développe ce que les caractéristiques de son
activité impliquent ; en revanche, cela constitue un inconvénient lorsqu’il y a un
cloisonnement des pratiques : chaque Métier ne profite pas de l’expérience des autres.
Il s’agit jusqu’ici de dispositifs formels très cadencés, dont la complexité laisse peu de place à
l’informel ou exigerait un informel organisé.
IV- 2.2.1. Les audits : un premier pas vers une mise en commun des compétences
L’audit est un outil à la disposition du directeur de la Direction Transport, des directeurs
d’Unité et des responsables de processus pour mesurer l’efficacité des processus et du
système de management. Chaque directeur d’unité, en concertation avec le responsable de la
MSM (Mission Système de Mangement), élabore et met en œuvre un programme d’audits et
de contrôles internes pour son unité. Sur la base de ce programme d’unité et des besoins
exprimés par les responsables de processus, le responsable de la MSM élabore et propose le
programme d’audits de la direction Transport. Il met en œuvre les audits de niveau Direction.
Si nécessaire, des audits complémentaires peuvent être déclenchés par le CODIR-DT. A titre
de retour d’expérience, la MSM fait une synthèse des audits réalisés, et compte tenu de ses
appréciations, elle identifie les besoins d’évolution des politiques, stratégies et règles ; elle
alimente la réflexion à moyen terme sur les adaptations nécessaires. Elle est en charge de
capitaliser et d’enrichir l’expertise, les compétences, les outils et les méthodes du domaine de
l’audit et du contrôle interne et de les diffuser aux entités de la Direction Transport, ainsi que
d’animer un réseau de compétences (doc/int/4).
« Une fois qu'on a ces objectifs, une liste d'actions qui en découle, une synthèse du diagnostic
région, on fait ce qu'on appelle le POG, qui est beaucoup plus opérationnel. On a pour chaque
objectif stratégique et chaque action, des indicateurs de résultats et de fonctionnement, des
moyens associés. Il est sur trois ans aussi, mais glissant…et il va au-delà des actions
stratégiques, on a aussi l'ensemble de l'enveloppe budgétaire et des indicateurs qui permettent
de s'assurer du bon fonctionnement de la région. » Api/RCE
Il s’agit de faire à périodicité fixe et annuelle une synthèse générale des prévisions d’activité,
des projets engagés et des objectifs prioritaires visés, avec un chiffrage des allocations de
ressources, de manière à s’assurer de la cohérence et de la faisabilité d’ensemble, à faire
apparaître les éventuels besoins d’arbitrage et à mettre à jour les priorités. Le POG intègre
dans cette vision globale les grands projets débouchant sur des changements structurels tels
que les objectifs concernant les activités des métiers de base (objectifs de volumes d’activité,
de coût, de qualité, de réactivité, de sécurité, etc.). Le POG vise également à synchroniser et à
harmoniser les démarches de prévision - planification des Unités dans un calendrier et un
cadre commun.
Dès lors, le POG est un outil de pilotage à moyen terme, plutôt qu’un outil de communication
interne, même si des efforts de communication sont organisés pour en faire comprendre et
partager le contenu.
« Qui est concerné par cette mise à jour ? C'est une réflexion équipe de direction, on peut y
intégrer des membres de la région, des chefs de groupes, mais c'est un document qui est
propre, qui est confidentiel, et qui est partagé uniquement au niveau de l'équipe de direction,
qui peut remonter plus haut, mais qui reste un document très spécifique à l'équipe de
direction. Si on veut communiquer dessus, ce serait une communication qui se ferait en
parallèle avec une plaquette 4 pages. L'année dernière, on a présenté ce document aux
organisations syndicales, et à l'ensemble des chefs de groupes en l'adaptant en termes de
communication. On s'est rendu compte qu'en le présentant brut, comme ça, sans définir une
cible de communication, sans vraiment savoir ce que l'on voulait en faire, ça ne permettait pas
de faire passer un message adapté. L'organisation syndicale a été intéressée, mais les chefs de
groupe de la région ont trouvé que le document n'était pas du tout adapté à ce qu'ils
attendaient d'un cadre stratégique. » APi/RCE
Le POG porte sur un horizon de trois ans afin de dépasser les considérations court terme, et
actualisé de manière glissante chaque année afin d’assurer une réactivité raisonnable. Il est
explicitement relié aux objectifs prioritaires, notamment au cadre stratégique d’unité ; il
intègre des allocations de ressources et fait l’objet d’une validation explicite par la DT :
Le POG est conçu en région, et constitue un outil de suivi de la stratégie et des objectifs dans
la mesure où il permet de les actualiser.
« Le problème des indicateurs qui sont là uniquement pour donner une indication, on en fait
quasiment des leviers des contraintes, il faut un indicateur à tout prix, même s’il ne répond
pas tout à fait aux objectifs, on va investir pour l’atteindre. Ce n’est pas ça l’objectif, ce n’est
pas atteindre un indicateur, c’est qu’un indicateur sert à mesurer un résultat, si l’indicateur est
mauvais on change d’indicateur. Chez nous, l’indicateur n’est pas atteint, on va tout faire pour
l’atteindre, même si ça ne correspond pas au résultat souhaité. Pas plus tard que dernièrement,
on s’est fait taper sur les doigts pour un problème qui est un faux problème, on avait un
mauvais résultat sur un indicateur, qui est un mauvais indicateur, ça ne donne pas envie
derrière… » QSSE/RCE
« Annuellement, je fais un bilan. En fait, on avait fixé la réalisation de certains objectifs en fin
2001. Donc on a fait un bilan de ce qu'il avait été fait ou non. On a trouvé qu'on avait réalisé
75% de ce qu'on avait prévu, et puis en fin d'année, l'équipe de direction se réunit pour
réactualiser et vérifier que les axes fixés sont toujours pertinents, et réactualiser le plan
d'actions en changeant les dates…on n'a pas fait refait de communication structurée à ce
moment là parce que ça ne s'y prêtait pas, il n'y a pas eu d'évolution. On a simplement rajouté
un axe dans le développement : on a projet de construire un deuxième terminal dont
l'investissement est compris entre 300 et 400 millions d'euros, on a rajouté un axe sur le
portage du projet. On est reparti sur un plan d'actions en 2002, qui est d'ailleurs partie
intégrante du contrat de gestion 2002 entre la région et la DT sur lequel on s'est engagé
d'atteindre 80% des actions qu'on s'est fixées. On a fait une présentation de ce suivi aux MPL,
un document présentant l'atteinte des résultats, notre situation. Cela a été présenté dans une
réunion de management en novembre en 45 min. » DR/RY
« L’évaluation du contrat qui est réalisé en fin d’année : une évaluation binaire 0/1 selon que
l’action est réalisée ou non n’est pas la plus motivante et ne va pas dans le sens de l’entreprise
» MDL3/RM
« On fait aussi un suivi budgétaire, mensuel et par groupe. Les tableaux de bord deviennent
mensuels à partir de mai-juin. C'est-à-dire que chaque groupe a une enveloppe budgétaire, et
nous APi, chaque mois on sort par groupe les résultats budgétaires par rapport à la cible. Avec
les budgets, on voit beaucoup de choses, s’il y a une dérive sur le plan budgétaire, souvent
elle est liée à une dérive du tableau de bord, on la retrouve dans les revues. (…) » APi/RCE
Plus une écoute qu’un suivi, des directeurs de régions semblent avoir pris conscience de la
position inconfortable des managers de première ligne, et ont manifestement pris en
considération les remarques des consultations :
Les processus font également l’objet d’un suivi à trois niveaux distincts. Un suivi régional et
mensuel est effectué par le directeur de région :
« On doit pouvoir proposer comment ça doit marcher au sein de la région, c'est moi qui signe
les plans de mise en œuvre, si ça concerne bien l'organisation globale de la région, et une fois
le plan de mise en œuvre établi, s'assurer que les indicateurs sont élaborés, les regarder une
fois par mois, si ça va bien on continue, et si ça ne va pas bien on se doit d'alerter, et enfin
surveiller qu’en amont les objectifs importants soient bien intégrés. » DR/RM
« Et puis les comptes rendus d'audit, s’il y en a eu au cours du mois. On a aussi une base où il
y a les comptes rendus, la synthèse. Les audits, on a un programme avec une vingtaine
d'audits qui sont répartis sur l'année. » APi/RCE
« Cela devrait être lors des réunions d’équipes, au fil de l’eau. Quand on dit les idées, les
dysfonctionnements, les non conformités, les actions correctives, et préventives, quand ça ne
marche pas les gens disent ne pas avoir d’outils. Alors, j’apporte un outil, 6 mois après l’outil
est plein de trucs, de la broutille jusqu’à la métaphysique. L’outil, il faut le cadrer avec des
espaces de liberté. L’outil doit répondre à un besoin : faire qu’on s’améliore. On peut le faire
simplement, je reviens à mes réunions toutes bêtes, on se réunit tous les mois minimum, ou
toutes les semaines, ça dépend du rythme de l’activité. Chez nous c’est tous les mois, sur le
terrain ça peut être toutes les semaines. On se pose les problèmes, on les note, et on les traite.
Ici, il y a un traitement et un suivi, mais on est 7, ce n’est pas gênant et on fait de la gestion de
projet. Par contre, sur le terrain, ils sont plus nombreux, il y a des équipes de 60 personnes, ils
ne le font pas parce qu’ils sont pris par le quotidien, et ne prennent pas le temps de prendre du
recul. S’ils sont surbookés c’est parce que justement il y a plein de dysfonctionnements. Oui,
c’est à eux de le faire, mais ils ne l’organisent pas. Si on n’est pas convaincu qu’il faille le
faire, et qu’on ne s’impose pas cette démarche, ça ne marchera pas. Quand on a le système de
ce que l’on appelle le management des idées, même si je préférais « traitement des idées ». Le
directeur a dit « allez-y », il n’a pas dit « suivez-moi ». Quand on est au sommet, on pense que
c’est tout plat, alors que quand on s’approche, c’est granuleux, plein de difficultés. Il n’y a pas
de sens. C’est bien de vivre dans le chaos. On ne l’impose pas parce qu’ils disent qu’il y a
trop de réunions. C’est vrai, mais il n’y a pas de bonnes réunions : il y en a trop qui servent à
rien. Une bonne réunion, c’est une réunion où je fais ce recul, le check-up de mon
organisation. » QSSE/RCE
« Les MPL se rencontrent par pôle, lors de réunion de management animée par leur MDL,
une fois par mois en moyenne selon les pôles. A chacun d'organiser son pilotage. » DR/RY
« Les divisions vivent en autarcie, et elles sont peu tournées vers le transverse » MDL1/RM
« Au niveau de la région, on réunit l'encadrement 2 à 3 fois par an. Une fois que les résultats
GdF de l'année antérieure sont connus en mars, et une fois qu'on a évalué le contrat de
gestion, qu'on a fixé le contrat de l'année suivante pour indiquer les priorités, il y a une
réunion de printemps et d'automne, pour parler de sujet qui mérite débat, approfondissement
ou portage. » DR/RY
« Ça dépend, l’équipe de direction se rencontre une fois par mois, et plus si urgences. En
moyenne, un peu plus d'une demi-journée tous les 15 jours. Pour traiter les sujets unités.
»DR/RZ
« L'équipe de direction voit ses chefs d'unités à peu près autant. Tous ensemble, et
individuellement au moins une fois par an. Par exemple, les membres du comité de direction
sont vus trois fois dans l'année. Ils sont vus individuellement, deux fois par mon adjoint et une
fois par moi. Les MPL : au moins une fois par an par leur MDL, et collectivement tous les
mois. » DR/RZ
Les rencontres entre directeurs régionaux se font également de plus en plus rares :
« Oui, je les rencontre d'une part lors de réunions à caractère systématique régulièrement,
entre nous, 4, 5 fois /an. Par contre, on n'a pas de réunions uniquement entre nous, ça a eu
existé, mais ça n'existe plus. Maintenant, c'est l'ensemble des niveaux M3 et M4 de la
direction transport, c'est-à-dire le responsable de la direction transport et ses adjoints, les
directeurs de régions, et les chefs des services centraux, c'est tout cet ensemble qui se réunit.
Ça veut dire qu'on ne traite pas entre nous des problèmes qui pourraient nous concerner, par
exemple la manière dont j'ai classé les secteurs, c'est un problème qui n'intéresse pas le
service commercial central, qui n'intéresse pas le service étude au niveau central, c'est un
problème par contre qui intéresse les autres directeurs de région, ça on pourrait avoir intérêt à
en parler ensemble, ce sont des choses qui ont disparu et qui pourraient revenir, mais
actuellement ça n'existe pas. Mais attendez, sans se voir, il y a d'autres moyens de
communications » DR/RX
« On se voit trois fois par an en collège de direction, ça dure deux jours. Mais on n'est pas
nombreux, c'est facile de se contacter. Les directeurs de la DT, ils sont 4, les Directeurs de
Régions, les Directeurs de centre, le centre national d'équipement, le centre
d'approvisionnements et de mouvements de gaz, le centre d'expertise opérationnelle, des
missions de la direction : la mission grand projet, la mission contrôle de gestion, la mission
études…enfin les missions et services nationaux, une vingtaine en tout au collège de direction
de la DT. Les sujets abordés sont l'information descendante de GdF, ce qui s'y préparent, les
sujets techniques, sociaux, commerciaux, compte tenu de l'accès des tiers au réseau. C'est
généralement plus descendant, mais il peut y avoir une ou deux régions qui portent un thème
particulier. Par exemple, lors du collège de février 2001, on m'a demandé de présenter la
manière dont on avait présenté le CSU. La démarche avait été trouvée intéressante, on nous
avait demandé de présenter en une demi-heure la manière dont on avait travaillé. L'année
dernière, la région Nord a présenté son système de pilotage. Mais c'est plutôt les missions et
services centraux qui parlent des sujets d'actualités, des politiques à faire évoluer, telle
organisation en chantier, telle thématique, parfois il y a des intervenants extérieurs qui
viennent nourrir la réflexion, ou encore le Président GdF, etc. » DR/RY
« Non. Je le vois une fois par an, non deux fois. Généralement, on le voyait pour faire le bilan
du contrat de l'année précédente, et puis pour signer le contrat de l'année suivante. Les
questions plus personnelles, d'évolution de carrière sont traitées soit en même temps, soit de
manière un peu différée dans un entretien plus personnel que les résultats chiffrés de la
région. Après il y a des contacts de travail, non pas au quotidien, mais en tant que besoin.
Quelque chose d'un peu formalisé sur la base d'un document préparé par J.Herlaut,
notamment faisant le point des résultats de la région, c'est une fois par an. » DR/RY
« Les relations avec les homologues de la DT mériteraient des liens plus forts pour capitaliser,
échanger, et assurer la cohérence nationale » MPL1/RIF
« Des efforts importants sont à mener pour développer la communication sur l’ensemble de la
ligne hiérarchique. Ceci est un vaste sujet, récurrent, qui nécessite une forte implication de
chacun (MDL/MPL/animateurs d’équipe). Quelques exemples qui pourraient être développés
: expliquer davantage les objectifs et la stratégie de la direction ou de la région aux agents,
assurer un retour aux agents lorsqu’ils sont sollicités, être davantage à l’écoute (les agents ne
sont plus force de proposition s’ils ont le sentiment de ne pas être écoutés), expliquer et
assumer les choix retenus… » MDL3/RM
« Le mode de fonctionnement est récent, ça doit aussi vivre dans la relation national-local,
entre le hiérarchique et le transverse, il y a toujours une question de calage. » DR/RY
Or, des retours d’informations qu’ils soient descendants, remontants ou horizontaux sont
visiblement requis par l’ensemble des managers. De la défaillance des circuits de
communication résulte une critique du « terrain » à l’égard du « grand » management, et
réciproquement. Le manque de relais, de porteur, de reporting, de connaissance détériore les
relations. Dès lors, le piètre partage d’informations affaiblit la cohérence, la cohésion.
« Il semble impératif que chaque agent se sente acteur dans un processus du système de
management, au-delà de sa contribution au fonctionnement d’une EOB, cette explication
importante doit être communiquée et concrétisée. Il semble important que la communication
assurée par les MPL puisse être relayée par le MDL auprès des équipes : palier au risque
d’éloignement du terrain compte tenu d’une augmentation de l’implication transverse, alors
que le rôle d’intégrateur devient primordial. » MPL1/RIF
« Dès que quelque chose est produit, il y a une évolution à conduire, on prépare une politique,
on la fait approuver par la direction, puis cela passe de l'autre côté pour la mise en œuvre.
Différence très forte qui présente un certain nombre d'inconvénients de séparer les
fonctionnels du management. On a par exemple du mal à avoir les notes de retour sur nos
politiques, on définit un truc, on le fait valider, mise en œuvre, on n'a pas le pouvoir d'aller
voir comment c'est mis en œuvre. » Distri
« Pour certaines actions réalisées, il n’y a pas toujours de retour d’information, les agents ne
sont plus motivés pour en effectuer d’autres » MPL2/RM
« Il y a une impossibilité de traiter les problèmes ou les actions de progrès et d’en assurer le
suivi » MDL1/RM
Dès lors, d’autres outils formels à appliquer sont réclamés afin de faire face à la multiplication
des problèmes non résolus :
« Il faudrait mettre en place des outils de suivi d’activité : demande de chiffrage, plannings,
tableau de bord,…) » MPL8/RM
« Lancer une enquête pour collecter toutes les idées tant matérielles que techniques pour
tenter de remettre la machine en route et de re-dynamiser le service et les agents qui la
composent » MPL6/RM
IV- 3. Conclusion
Le processus de formation de la stratégie est globalement très structuré et formalisé, laissant
peu de place aux dispositifs informels. Le métier Transport constitue un exemple de structures
à outrance, dont les inconvénients liés à la bureaucratisation sont nombreux. Les agents sont
confrontés à plusieurs situations qui ont toutes la même conséquence : l’absence de démarche
informelle.
« Ils n’ont pas envie car ils ne sont pas motivés, car le directeur ne leur a pas dit, car ce n’est
pas prévu, car ils n’ont pas pensé, car ils ne voient pas l’intérêt. Parce qu’ils vont le faire mais
ça va servir à rien car ce ne sera pas pris en compte. Il y a plein de paramètres du système, si
on ne met pas réellement en place tout un paquet de choses simples pour que ça réussisse, ça
ne marchera pas, on trouvera toujours un bon prétexte. » QSSE/RCE
« Un sentiment que tout est déjà écrit à l’avance entraîne une perte de confiance en la
direction » MPL2/RM
« Oui, c’est à eux de le faire, mais ils ne l’organisent pas. A force, j’ai réussi à convaincre ma
direction, et elle est de plus en plus convaincue qu’il faut poser et imposer. Là j’impose qu’il
faut se réunir tous les mois, et tous les mois il faut balayer un certain nombre de points. »
QSSE/RCE
« La hiérarchie se cache souvent derrière l’argument ‘nationalement l’on fait ceci ou l’on doit
faire cela, cela contribue à un certain laxisme et à un manque de rapidité dans les décisions et
les actes » Agent/RM
Enfin, dans le cas où il n’existe pas de dispositif, les agents peuvent considérer que le
dispositif n’est pas utile parce que s’il l’était, il serait imposé par la direction ; également, par
une confiance absolue, par habitude d’un cadrage exagéré, ils ne s’aperçoivent pas qu’un
dispositif puisse émerger, ou ne sont plus capables de s’en apercevoir. La structure s’alourdit
en formant une boucle amplificatrice.
« L'ouverture des marchés peut rendre nécessaire des émergences de pensées qui se font au
niveau du terrain, qui ne sont pas totalement reprises en main par le top management où il
aura mieux à faire. L'idée émergente peut venir d'un groupe de travail. Il peut y avoir une
récupération par le staff du groupe. Une idée peut résulter d'une désobéissance aux règles, la
problématique du cadre, une désobéissance peut être génératrice d'une réussite qui peut être
génératrice d'idée, d'initiative. Si on veut une émergence spontanée des idées il faut laisser
libre cours, en même temps si on veut que ce soit repris par la stratégie, il faut à un moment
donné, que le bouillonnement soit récupéré, organiser un contexte qui permette la
récupération. » Distri/CG
« Mais ils ont cette volonté, ils ont envie d’avoir des gens responsables, dynamiques, qui
foisonnent d’idées, et par ailleurs ils mettent en place un système qui nous cadre. »
QSSE/RCE
Cet inconfort se manifeste par une double perte d’identité vécue par le personnel : qui est
notre entreprise, quel est son devenir, sa mission, sa vision, ses objectifs ; et de fait, que
faisons-nous au sein de cette nébuleuse ? Quel rôle, quelle responsabilité… ? Cette perte de
repères se traduit par un individualisme développé par l’ensemble des agents.
« Il existe une grande motivation pour des résultats concrets, mais souvent personnels… il y a
une tendance à l’individualisme due aux objectifs fixés pour raccorder les clients en temps et
en heure : chacun a tendance à monopoliser les ressources disponibles pour son intérêt
personnel. Il faudrait motiver des agents vis-à-vis des performances de l’entreprise,
développement de la coopération dans un esprit d’entreprise » MPL4/RIF
« Ce n’est pas assez cadré parce qu’on ne dit pas que les initiatives ce n’est pas pour se faire
plaisir, ce n’est pas pour faire plaisir à l’individu, mais ça doit servir les objectifs de
l’entreprise. » QSSE/RCE
Ce sentiment est d’autant plus ressenti que les moyens ne semblent pas associés aux objectifs :
« Établissements des plans d’actions avec les moyens correspondants. Fournir des outils aux
MPL, la gestion de projets doit comprendre l’aspect communication, une nouvelle procédure
doit être accompagnée de quelques transparents nécessaires à une communication adaptée au
personnel de terrain » MDL1/RIF
« Je ne peux même pas demander une ressource supplémentaire parce que j’ai une contrainte
sur les effectifs et sur la masse salariale, même si je produis plus pour me payer l’effectif, on
va me dire que ça va faire +1 en nombre d’effectif, que je n’ai pas le droit. » QSSE/RCE
« Un sentiment général que l’on demande toujours plus aux agents en leur en donnant de
moins en moins » MPL3/RM
Les citations ci-dessus démontrent que la relation instable entre la « structure administrative »
et la « fonction d’objectif » de Lovas et Ghoshal ne construit pas les « modèles mentaux », les
« modèles partagés » et les « croyances individuelles » de Kim permettant notamment
l’apprentissage. Dès lors, les modèles et croyances n’alimentent pas non plus la structure et
les volontés organisationnelles. L’apprentissage organisationnel est rompu, le malaise installé.
De plus, le cas GdF-Transport illustre les raisons de dysfonctionnement d’une structure
matricielle citées par Desreumaux (1992, p.66). Celui-ci précise, en effet, qu’une structure
matricielle exige 1) « une spécification des rôles » or, nous avons vu que la majorité des
managers se plaignent cette trop grande imprécision ; 2) un « système multiples de
planification pour permettre l’identification des problèmes, l’intégration des décisions, la
coordination », nous avons également constaté que l’intégration des décisions étaient le plus
souvent défaillantes ; 3) des « systèmes d’évaluation adaptés au phénomène
d’interdépendance et de responsabilité collective », or il est justement réclamé un mode
d’évaluation qui n’encouragerait pas l’individualisme et 4) des « systèmes de sélection de
personnels aptes à détecter les attitudes a priori difficilement conciliables avec une structure
matricielle : attitudes individualistes, peu propices à la communication, plutôt autocratiques »,
dus, ou non, aux systèmes de sélection, les attitudes incompatibles à une structure matricielle
sont présentes.
Troisième partie : Construction du jeu propositionnel
La troisième partie a pour ambition globale de proposer des orientations pour une « structure
» favorisant la participation des middle managers des entreprises de services de réseau à
ajuster la stratégie en lieux et temps. Nous empruntons ici le terme « structure » à
Desreumaux (1986, p.22) : « Elles jouent un rôle comme moyen de mise en œuvre de la
stratégie, mais constituent en même temps un cadre contraignant d’évocation et de choix de
cette dernière. Elles sont encore moyen de contact avec l’environnement et de protection
envers ce dernier et remplissent une fonction de réduction de l’incertitude. Elles assurent
enfin (…) diverses fonctions relatives au maintien de la cohésion et de l’identité du groupe
que constitue l’organisation ».
La troisième partie est composée de deux chapitres qui ont respectivement pour objectif de
présenter une analyse croisée des cas et d’exposer le système propositionnel construit sur cette
base ainsi que sur le modèle de Floyd et Wooldridge.
Le premier chapitre met en évidence les convergences et les divergences des deux entreprises
afin de dégager les éléments, les critères qui contraignent et habilitent en même temps la
contribution des middle managers à la formation de la stratégie.
L’assimilation chez Adecco se fait à des degrés divers selon le niveau hiérarchique ; il serait
en effet infructueux et superflu que le responsable d’agence connaisse les subtilités des enjeux
internationaux de son groupe ; de la même manière, que le directeur opérationnel soit informé
des objectifs déclinés pour chaque responsable d’agence manifesterait plus d’une prouesse
matérielle et humaine que d’un intérêt général. La déclinaison des objectifs nationaux par le
directeur de région, le directeur de secteur et le responsable d’agence se réalise par une
diffusion ciblée de la stratégie traduite. La diffusion est ciblée parce que la stratégie est d’une
part traduite en quatre catégories d’objectifs (commercial, ressources intérimaires, gestion et
animation) et d’autre part déclinée par zones lors d’un double exercice : l’adaptation des
objectifs à un contexte particulier (un bassin d’emploi ou une activité donnée) et la
négociation/validation des propositions pour l’année à venir entre deux niveaux hiérarchiques.
En revanche, le transporteur gazier semble pêcher par une diffusion inadéquate : le personnel
dit méconnaître la stratégie de groupe, du métier d’appartenance et de la région et réclame les
connaître pour se situer en leur sein. La diffusion de l’information a manifestement plusieurs
limites dont les origines sont dépendantes et structurantes. Une sorte de restriction est
volontairement assignée à la diffusion sous prétexte de complexité, de technicité et de
confidentialité. Si la déclinaison des objectifs est matérialisée par un contrat de gestion auprès
du MPL, le contenu de celui-ci est principalement d’ordre technique (planification de
l’entretien, taux d’incidents, etc.). La séparation des délégations de vente et d’achat réduit les
objectifs à des réalisations d’économie et au maintien de l’outil industriel ; l’agent ne se voit
pas contribuer au développement, mais au maintien ou à la non érosion de son organisation.
Les agents ne parviennent pas à s’imaginer quelle est la participation de leurs objectifs aux
résultats de l’entreprise ou les estiment peu contributifs.
Le travail de diffusion de la stratégie de Gaz de France-Transport requiert un travail de
traduction à plusieurs niveaux, multiple et conjoint. Du fait de l’existence de services
fonctionnels situés hors structures régionales, la simplification de la stratégie réalisée en
cascade comme au sein d’Adecco ne suffit pas. La traduction expliquée indépendamment et
conjointement aux unités permettrait d’une part à chacune de se situer par rapport à l’autre et
d’autre part de se situer par rapport à un ensemble, un collectif, une organisation, une
stratégie.
L’étape de la de diffusion est exigeante parce qu’elle ne peut pas exister sans une bonne
connaissance de la stratégie délibérée, une appropriation par chacun et une traduction par
niveau hiérarchique et/ou services. Quant à la déclinaison, elle ne peut se réaliser sous de
bonnes conditions que si la stratégie et les objectifs qui en découlent sont clairement définis et
diffusés. Si la déclinaison de la stratégie, en tant qu’appropriation de la stratégie délibérée à
un contexte particulier (par zone et/ou activité), est validée en un temps et lieu de négociation,
elle prouve à chaque manager amont que la stratégie de la « business unit » a été comprise, les
priorités assimilées et les moyens connus par le manager aval.
Chez Adecco, le suivi est plus particulièrement organisé par zone géographique (bassin
d’emploi d’agence, de secteur, de région) afin de vérifier le bon déroulement des actions
prioritaires fixées au sein d’une zone déterminée. Cette organisation est conseillée mais non
formellement imposée : le principe du suivi trimestriel est imposé mais la démarche pour y
parvenir ne l’est pas. De fait, certains préfèrent ponctuer le suivi en temps (mensuellement) et
en lieu (secteur) afin de se préparer à la formalisation trimestrielle. L’imposition des objectifs
sans l’imposition de la démarche ainsi que la non homogénéisation de pratiques sur
l’ensemble du territoire font naître des pratiques informelles reprises par des acteurs. En
revanche, le suivi ni imposé, ni conseillé concerne le suivi par branche d’activité (Hôtellerie-
restauration, pharmacie-chimie, etc.). Seule l’activité Bâtiment-Travaux Publics est organisée
par un directeur de secteur, possède des réunions propres, détient ses objectifs en plus de ceux
du groupe, etc. Dès lors, il s’organise selon les besoins sectoriels et les compétences
individuelles des échanges informelles entre des responsables d’agence d’une même activité.
Ces pratiques informelles naissent d’une part d’une absence de formalisation et d’autre part
parce que la stratégie délibérée autorise, conseille et exige la prise en compte des émergences.
Les sentiments d’« ajustements sans suivis » concernent l’entreprise de travail temporaire
comme le transporteur gazier. La difficulté de Gaz de France-Transport est de connaître
l’accueil, l’impact et l’utilisation d’un nouvel outil inséré dans l’organisation, autrement dit le
retour d’expérience semble insuffisant aux yeux des services fonctionnels. D’autant que, plus
le service fonctionnel est extérieur à la région, voire au métier, moins le retour d’informations
semble efficace.
Pour chacune des entreprises de services de réseau, les « suivis avec ajustements » concernent
les objectifs de niveau micro-local. Les contrats de gestion, les actions prioritaires ou encore
les plans d’actions individuels font l’objet de suivis selon un rythme propre à l’organisation,
et d’une révision lors de la réalisation en fonction des aléas sociaux, économiques et
politiques qu’ils soient conjoncturels ou devenir structurel.
La participation des middle managers à la stratégie chez Gaz de France-Transport est variable
selon que nous nous situons en amont (niveau Groupe) ou en aval (niveau région) du métier.
Plus la stratégie est déclinée, appropriée, plus elle est descendante, et réduite à des objectifs
d’ordre technique où la négociation est limitée. Contrairement à l’entreprise Adecco, la
boucle supérieur existe : le directeur Métier Transport s’approprie les informations macro-
économiques et stratégiques et présente son plan d’affaires qui sera mis en perspective avec
ceux des autres métiers et négocié avec les membres du CODIR et autres services centraux du
Groupe.
Dans les deux cas, il n’y a pas un middle manager, mais un middle management composé de
plusieurs niveaux hiérarchiques : Responsable d’agence, directeur de secteur et directeur de
région pour Adecco et manager de première ligne, manager de deuxième ligne et directeur de
région pour Gaz de France-Transport.
Chaque niveau du middle management apporte un type de contribution : variation, sélection
et/ou rétention. Ceci dit, chaque middle manager n’a pas de contribution exclusive lors d’un
développement d’idée : il peut avoir plusieurs rôles au sein d’une même idée. Dès lors nous
sommes en présence de « zone » et non pas des seuls « agents » de sélection, de rétention.
L’idée émergente ne peut se considérer d’un point de vue générique ; dans le cadre de la
formation de la stratégie dans les entreprises de services de réseau, elle peut être une idée de
co-production de l’offre, de co-construction de compétences, et de co-évolution de la
stratégie.
Chaque type d’idée a une source de variation, des agents de sélection et de rétention
différents, autrement dit la source de variation de la co-production de l’offre est sensiblement
différente de la source de variation de la co-construction des compétences.
L’idée peut se développer à différents échelons : micro-local, local, régional, national, groupe,
etc. Dès lors, les agents et zones évolutionnistes diffèrent selon la perspective de
développement.
II- 2. Les divergences de forme, de contenu, d’acteurs au sein des mises en émergences
II- 2.1. Des processus de co-formations perturbés par le débat centralisation / décentralisation
Parmi les divergences, la première est de type organisationnel. Nous l’avons vu, l’entreprise
de travail temporaire témoigne d’une déconcentration (multiplication physique des unités
pour assurer un contact de proximité avec les clients-usagers) et d’une relative
décentralisation (accroissement du pouvoir de décision des managers pour adapter leur
stratégie et leur offre en fonction de la clientèle locale). Ces deux phénomènes se sont traduits
par une structure où les six directions fonctionnelles ont leur représentant dans les directions
régionales qui permet le traitement de dysfonctionnements, le relais d’informations, et parfois
le portage d’idées. Adecco offre a son personnel deux types de structures administratives :
nationale et régionale alors que le transporteur gazier a trois structures fonctionnelles qui
pèsent sur les managers de région : une structure fonctionnelle du Groupe Gaz de France, une
structure propre au métier et une structure régionale qui ont respectivement pour
préoccupations le métier du gaz, le métier transport et enfin des services opérationnels et
d’études. Gaz de France a centralisé un certain nombre d’activités communes aux métiers du
gaz dont les achats (la délégation aux achats) et l’activité commerciale (la direction des ventes
gaz). L’indispensable centralisation des activités s’explique pour mutualiser des ressources
rares ou pour réaliser des économies d’échelle. Or, le choix de centraliser des activités de
vente et d’achat engendre des aléas. Elle diminue notamment la possible contribution des
managers liée à ces activités et va à l’encontre de la remarque de Pavy (2002, p.131) notant
que si des activités peuvent être mutualisées, le commercial et certaines phases de production
doivent être assurées au plus proche du client. Dès lors, le rôle central des middle managers
dans un processus de co-production de l’offre via leur participation à l’impartition est réduit à
celui d’informateur. La production du service est alors basée sur la qualité de la transmission
des informations. A contrario, si les modes de coordination font perdre de l’information, la
solution de sous-traitance peut être préférée, comme cela s’est déjà manifesté dans l’entreprise
gazière. Autre aléa, lié cette fois-ci à une dynamique territoriale, l’ensemble des fournisseurs
du groupe sont des partenaires nationaux, répondant à des critères exigés par le niveau
national qui peuvent contraindre et/ou anéantir les relations engagées par des managers de la
région avec des fournisseurs locaux. Le principe et les intérêts de l’impartition sont menacés.
Egalement, ce choix ne fait que déplacer l’interface avec le client vers les services centraux.
Admettons qu’il soit possible que des structures centrales s’engagent sur des niveaux de
services et de coûts, il est peu probable qu’elles aient la possibilité de s’engager sur une
personnalisation et une différenciation de la demande, leur réponse passera alors par la
standardisation de l’offre.
II- 2.2. L’enjeu de la perception de la possible contribution : Les particules élémentaires d’un
univers contre des maillons sans chaîne
Une différence forte existe dans l’appropriation de la définition de poste des managers. Dans
l’entreprise de travail temporaire, les informations recueillies s’accordent sur les rôles de
chacun, et ce quelle que soit la source. Les documents et les personnes rencontrées, à quelque
niveau que ce soit, énoncent les responsabilités de tous. Chacun connaît et reconnaît la place
de l’autre dans son activité, sur sa zone, avec les parties prenantes, dans l’organisation, etc.
A contrario, si les agents pensent que les moyens mis à leur disposition sont faibles, ils
engageront moins d’énergie, s’engageront moins à l’amélioration des processus sachant que
l’ensemble des idées sera vain.
II- 2.3. Les processus de co-formation et les outils « qualité » : apport, support, confort contre
invasion, intrusion, inutilisation
D’une manière générale, les managers disent être submergés de documents et avouent ne pas
avoir la démarche systématique de se confronter à tous. Dans les deux entreprises de services
de réseau, le nombre de documents internes est foisonnant, les informations contenues sont
complètes, denses, mais le fait que leur connaissance en soit partielle ou nulle est plus
fréquent chez le transporteur gazier. Cette divergence trouve notamment son origine dans
l’objectif, le support et le volume des informations. Jusqu’au milieu des années quatre-vingt
dix, Gaz de France-Transport ne possédait aucune procédure, aucun document écrit, la
communication orale prédominait. Puis, s’est développée une frénésie de fascicules distribués
à un large public venant formaliser et officialiser les pratiques. La mise en écriture venait
préparer la nécessité environnementale bientôt pressante de l’objectif de normalisation. D’une
part, ce type de document conçu et diffusé sur une courte période a renforcé le sentiment
d’invasion, voire d’intrusion. D’autre part, la grande majorité des documents explicatifs et
descriptifs, de par leurs objectifs, de situations déjà existantes… et idéalisées a entraîné le
cynisme des agents et des remarques de type « en théorie : oui, mais en pratique, non » ; « il
n’y a rien de nouveau » ; « on veut nous apprendre notre métier », etc. La profusion, la
distribution (peut-être) trop large, et le non accompagnement des document non ciblés ont
engendré un sentiment de décalage entre « ce qu’il se passe là-haut, à Paris » et le « terrain ».
En revanche, les informations, les bases informatiques d’Adecco concernent les outils
d’application pour mener, appliquer, suivre, le métier, la politique qualité et autres objectifs
prédéfinis. En-dehors de ces outils, l’information existe, mais elle est consultative sur base
informatique. Selon cette perspective, il ne s’agit pas seulement de saupoudrer l’information,
c’est le besoin qui appelle la consultation. La mise en œuvre de la politique « qualité » n’a pas
été accueillie avec sarcasme, et l’organisation matricielle, dite pas processus, s’est fondue
dans l’exercice du métier.
D’après ces expériences d’adoption d’outils, il est plus facile d’encourager l’amélioration
d’une structure efficace que l’amélioration d’une structure à grande inertie. La représentation
d’une structure alourdie par la bureaucratie n’est pas favorable à son amélioration : chaque
idée, chaque démarche est considérée comme un élément venant en plus, encore, s’ajouter à
une structure déjà inerte. En revanche, un fonctionnement considéré efficace, reste perfectible.
Ce sentiment de « on n’améliore pas le chaos » pèse sur le processus d’amélioration continue
qui peut difficilement se mettre en œuvre.
II- 2.4. Les processus de co-formation alourdis par la co-existence imparfaite de la ligne
hiérarchique et des experts
La co-existence dans les deux entreprises de la hiérarchie et des fonctionnels n’illustre pas
une structure matricielle « type » dont l’un des objectifs est de ne pas compartimenter les
services, le personnel, et d’alléger la structure hiérarchique. L’organisation matricielle n’a pas
pour objectif de remplacer la hiérarchie par les experts, mais au contraire de faire cohabiter
plusieurs logiques (Par exemple : problèmes techniques, environnementaux, sociaux,
exigences des clients). L’organisation hiérarchique et l’organisation par processus pèsent sur
la structure des entreprises mais à des niveaux différents.
Adecco a fait le choix de déhiérarchiser ses experts et animateurs qualité sans pour autant
priver les régions de leur présence : des experts présents à la direction régionale sont en
relation directe à la fois avec chacun des middle managers et avec leur direction fonctionnelle
au siège. Ils sont des relais du siège et des experts en région, mais aucun lien hiérarchique ne
gère leurs relations. L’entreprise de travail temporaire a ainsi diminué le poids de la hiérarchie
formelle, de fait supprimé la rigidité des relations qui entrave la fluidité des processus de
décision.
Or, si l’entreprise gazière respecte a priori la définition d’une structure matricielle fondée sur
la double distribution des responsabilités (ligne hiérarchique et ligne des processus), la ligne
hiérarchique de l’entreprise gazière prédomine nettement sur les experts. La relation entre un
responsable de processus, un animateur et un éventuel relais est tout aussi hiérarchique qu’une
relation entre un directeur de région, un manager de deuxième ligne et un manager de
première ligne. Dès lors que les fonctions ne se confondent pas, autrement dit que le directeur
régional n’est pas responsable de processus, que le MDL n’est pas animateur de processus,
que le MPL n’est pas relais, ou que les délégués aux processus n’interviennent pas comme
experts de processus indépendants de tout circuit hiérarchisé, la conséquence est de créer un
circuit hiérarchique au sein même de la hiérarchie officielle. De plus, le responsable de
processus a un pouvoir supérieur à celui du directeur régional qui est lui-même un animateur
de processus. Deux circuits de pouvoir parallèles et décalés animent l’organisation et
compliquent les processus décisionnels, d’autant que la répartition des responsabilités restent
confuses.
Dès lors, le risque est de multiplier les agents de sélection et de rétention, d’augmenter le
cloisonnement des agents et d’allonger la durée des processus de décision.
Dans l’entreprise de travail temporaire, la structure est imposée dans toutes les régions et à
tous. Chaque région présente les mêmes fonctions, expertises, règles de délégation, principes
d’orientation et de suivi d’action, principe d’évaluation des performances et des compétences,
procédures, structure hiérarchique, dispositifs de gestion, etc. La macro-structure et les
instruments de gestion sont à la fois contraignants et habilitants mais s’imposent d’une
manière homogène à l’ensemble du personnel. Les middle managers disposent alors d’un
cadre commun, uniformisé et précis pour réaliser des axes prioritaires qui sont à la fois
l’ombre des volontés organisationnelles et le reflet des spécificités locales : l’autonomie existe
dans un cadre précis connu de tous. Dès lors que les « libertés » concernent plus
particulièrement la définition des objectifs appropriés, l’exploitation et l’exploration des
ressources pour les atteindre, l’autonomie est de type stratégique.
Les directeurs de région de chez Gaz de France-Transport, en revanche, nous ont rappelé à
maintes reprises qu’ils étaient libres d’organiser leur région. Il fallait comprendre que chaque
directeur de région est en mesure de décider :
du nombre d’échelons hiérarchiques : deux en région Centre-Est (Directeur de région et
Manager de Première Ligne, sans Manager de Deuxième Ligne) et trois dans les régions
Île de France, Méditerranée et Est ;
de l’existence des contrats de gestion avec les managers de première ligne : présents en Île
de France, Centre-Est et absents dans la région Est.
Dans l’entreprise de travail temporaire, nous constatons une confusion des agents source de
variation, de sélection et de rétention, parce qu’ils sont tour à tour, selon le degré de
complexification des processus, l’un et/ou l’autre. En effet, nous avons vu que la position
inter- et intra-organisationnelle ainsi que les responsabilités qui incombent aux directeur
régional, directeur de secteur et responsable d’agence leur confèrent des rôles spécifiques
dans les processus de co-formation.
Figure 20 : Des zones évolutionnistes avec des acteurs « porte-parole » chez Adecco
Le responsable d’agence est un agent de sélection et de rétention pour une co-production de
l’offre qui concerne un client de son agence et une source de variation pour une co-production
de l’offre à dimension sectorielle ou régionale, il participe à chacune des co-formations. En ce
qui concerne la co-construction des compétences, il agit plus particulièrement en tant que
source de variation et d’aide à la sélection. Le directeur de secteur participe également à la co-
production de l’offre premièrement en tant qu’agent de sélection et de rétention sur son
secteur, deuxièmement en tant qu’agent de sélection et d’aide à la rétention sur la région,
autrement dit comme consultant de son directeur de région et troisième comme source de
variation de la co-évolution de la stratégie. Le directeur de région de par sa position
hiérarchique est un agent de rétention pour les co-productions de l’offre et les co-
constructions de compétence qui se limitent à une application régionale, il devient un agent de
sélection et d’aide à la rétention au sein du processus de co-évolution de la stratégie.
De plus, l’aboutissement d’un processus sert de base de travail à l’engagement d’un autre. Par
exemple, la co-production de l’offre micro-locale sert de variation à la sélection de la co-
construction des compétences régionales qui elle-même sert de sélection à la rétention de la
co-évolution de la stratégie qui, à son tour, offre une base de travail, formelle et transformable
à l’ensemble de l’organisation.
Pour les trois processus de co-formation, les phases évolutionnistes ne se restreignent pas à
des acteurs, mais s’élargissent à des zones de relations. Il ne s’agit non plus seulement
d’agents de variation, de sélection ou de rétention mais des zones où se développent, se
négocient, se discutent la sélection et la rétention. Ces zones se matérialisent par des
échanges, des conversations stratégiques, des moments de négociation. Ces zones d’évolution
sont nombreuses et provoquées par chacun, pour le besoin, autrement dit en fonction de sa
position au sein de la co-formation. Les zones elles-mêmes se superposent du fait de la
participation multiple des agents à chaque étape, où chacun devient un porte-parole de la zone
évolutionniste précédente.
Le fait que la communication informelle soit peu développée provoque un isolement des
agents et cloisonne ainsi les activités, les services et les processus. Les homologues échangent
peu et limitent la diffusion de bonnes pratiques. L’organisation suggère alors des compétences
individuelles cloisonnées qui limitent le développement des compétences locales, et de fait les
compétences globales sont des compétences tournées vers le macro-environnement
(réglementation européenne, santé, sécurité, etc.) mais peu sensibles au marché sous sa forme
micro-locale et régionale.
Si Adecco peut illustrer dans la plupart des cas le modèle d’apprentissage organisationnel de
March et Olsen (1975), Gaz de France-Transport, en revanche, présente l’ensemble des
conditions responsables des dysfonctionnements pointés par le modèle.
En effet, là où les croyances individuelles doivent générer des actions individuelles, les
contraintes du rôle de l’individu chez Gaz de France-Transport ne lui permettent pas
d’intégrer l’apprentissage (1) : la définition floue des rôles ne permet pas à chacun de
délimiter ses actions.
Lorsque l’action individuelle doit se diffuser à un niveau organisationnel, elle affecte l’action
organisationnelle d’une manière ambiguë, imparfaite, aléatoire (2) : la communication
montante imparfaite n’autorise pas la généralisation des émergences.
Le lien complétude de contrat/organisation apprenante ne doit pas être considéré seul, mais
situé dans le contexte du mode de gouvernance qui vient accompagner le choix d’un type de
contrat en fonction des volontés organisationnelles.
Force est de constater que les différences entre les deux entreprises portent principalement sur
l’articulation entre les figures imposées et les figures libres et de fait, sur le contenu et le
résultat de la formation de la stratégie. L’interaction inégale entre d’une part le délibéré et
l’émergent et d’autre part le formel et l’informel modifie le type de proximité, d’harmonie
avec son milieu dont l’entreprise absorbe plus ou moins bien les spécificités des bassins
locaux. La fluidité et le maintien de la relation des quatre notions assure une formation de la
stratégie continue et itérative.
III- 1. La définition des quatre éléments
Ici, le délibéré représente à la fois le résultat (la stratégie formalisée) et la mise en place (de la
constitution à la déclinaison). Nous définissons le « délibéré » comme étant la manière dont il
est constitué, dont il est diffusé et dont il est décliné. La constitution traduit le fait que chacun
trouve l’intérêt de faire participer l’autre afin que des boucles d’interaction se forment à tous
les niveaux. La diffusion traduit l’intérêt que la stratégie soit connue de tous, même si cette
connaissance est spartiate, incomplète ou partielle. L’essentiel est que la connaissance
paraisse suffisante pour chacun. La connaissance de la stratégie requiert un travail de
diffusion et de traduction d’intérêt de chacun. La déclinaison vient, en quelque sorte,
matérialiser, opérationnaliser la traduction de la stratégie en objectifs appropriés, tangibles, et
évaluables. Elle permet de connaître la possible participation aux résultats de la stratégie
délibérée, en d’autres termes les objectifs permettent de se situer a priori, et par rapport à une
vision d’ensemble.
L’« informel » rassemble les comportements non déclarés, non officiels, plus ou moins
pratiqués par tous, plus ou moins connus de tous, qui viennent soit enrichir, soit déstabiliser,
soit fluidifier l’organisation.
L’« émergent » distingue quant à lui les décisions, les idées qui visent à améliorer l’existant,
qu’il soit « formel » ou « délibéré ». Il s’agit d’une formalisation de pratique, dont
l’importance, la répétition, ou l’aspect généralisable nécessitent de rendre publiques un
comportement ou une compétence gardés jusque-là tacites. La naissance de l’émergence suit
le processus évolutionniste variation/sélection/rétention.
III- 2. Les deux cas
Au sein de l’entreprise de services de réseau Adecco, nous avons constaté que premièrement,
la diffusion claire de la stratégie, la déclinaison par zone géographique et par des objectifs
individuels quantitatifs et qualitatifs (délibéré) étaient supportés par des outils de gestion, des
outils qualité, des outils de suivi (formel). Ces outils n’étant pas considérées comme stricts,
incontournables, envahissants et ne pouvant couvrir l’ensemble de l’existant, laissent place à
des pratiques localisées informelles mises en adéquation avec des situations locales
spécifiques. En effet, la clarté de la stratégie globale de l’entreprise laisse entrevoir les
possibles émergences nées des spécificités locales qui ne peuvent être prises en considération
par la politique générale ex ante. Dès lors, charge aux middle managers locaux de faire
germer des micro-stratégies et parfois de les porter à un niveau d’extension ? d’adoption ?
supérieur.
La boucle informel/émergent (3) est l’ensemble des initiatives mises en œuvre face à du non
prévu, délibéré et/ou formel. Ces « figures libres » ratifiées, officialisées, viennent combler un
vide organisationnel afin de faire face et de compléter les « figures imposées ».
La boucle délibéré/émergent (4) traduit une stratégie officielle large qui accueille les
adaptations des agences aux spécificités locales dont les dimensions sont généralisables.
Si maintenant nous articulons non pas les éléments mais les boucles entre elles, la formation
de la stratégie s’opère peu à peu. L’interaction des boucles émergent/délibéré et
délibéré/formel constitue les nouvelles figures imposées. L’interaction
délibéré/formel/informel forme de nouvelles combinaisons de ressources, ce qui suppose soit
l’entrée de nouvelles ressources, soit la nouvelle exploitation de ressources existantes afin que
le délibéré puisse se réaliser.
Nous savons qu’une idée émergente suit le processus évolutionniste - variation, sélection et
rétention - et ce, quel que soit le type d’idée : offre ou compétence. Dès lors, conformément
au schéma ci-dessus de l’articulation des éléments de la formation de la stratégie
délibéré/émergent/formel/informel, il s’agit de déterminer les conditions pour que le couple
délibéré/formel favorise le développement des sources de variation, la sélection et la
rétention, soit les zones de mises en émergence initiées par les middle managers. Or, si l’un de
nos objectifs était de réviser, de revisiter le modèle de Floyd et Wooldridge (2000), il s’est
avéré « chemin faisant » que le système propositionnel des auteurs présentait de lourds
inconvénients, les transformations nécessaires auraient été trop nombreuses, dès lors le
revisiter nous a conduite à construire un nouveau jeu de propositions.
Le modèle des auteurs s’est avéré insatisfaisant pour notre étude : les propositions ont des
dimensions trop hétérogènes et elles sont insuffisamment opérationnelles pour notre objectif,
de fait il est devenu plutôt une heuristique d’un modèle à développer. Aussi, choisissons nous
de souligner ce que le modèle a permis d’ouvrir, d’approfondir, d’éclairer et non en quoi il est
revisité : ses propositions ont permis d’orienter, de guider nos recherches tant d’un point de
vue théorique que d’un point de vue empirique.
Par exemple, la définition des middle managers n’est pas claire, non contextualisée, il est
difficile de savoir qui sont-ils ? Que font-ils ? Dans quel type entreprise ? Dans quelle
organisation ? Or si la présente étude veut être utile, elle doit pouvoir s’appuyer sur une base
solide de définitions mises en situation qui constitue une condition de sa cohérence et de sa
réfutation éventuelle. Les concepts théoriques doivent être mis en relation avec la réalité
managériale afin qu’une validation empirique soit possible. Nous nous sommes attachée en ce
sens à identifier le middle manager dans un contexte générique (l’entreprise de services de
réseaux) non pas dans sa seule position organisationnelle, hiérarchique mais dans sa
contribution à la construction des capacités dynamiques.
Pourtant, les sources de variation peuvent être nombreuses ; si le middle manager n’a pas de
leviers managériaux pour les exploiter, cela revient à lui mettre des entraves. Non seulement,
il ne tirera pas profit des sources de variation qui sont à sa portée, mais il ne cherchera pas à
les élargir. Dans tous les cas, le processus de mise en émergence sera freiné. Selon
l’importance de l’idée, le middle manager doit soit avoir le pouvoir, les moyens de mettre en
œuvre son émergence, soit connaître la personne en situation de valider son projet, soit
pouvoir identifier les personnes en situation de porter, encourager, compléter l’idée afin de la
mener à la ratification. Ainsi, le jeu de propositions tentera d’éclairer les conditions
organisationnelles requises au développement de l’idée, jusqu’à son aboutissement, sa
ratification.
Malgré ces limites, le modèle de Floyd et Wooldridge (2000) nous a cependant guidée lors de
la démarche empirique. En corrélation de nos préoccupations théoriques, les questions
auxquelles ont du répondre nos interlocuteurs étaient dérivées du déroulement du modèle,
c’est-à-dire sur ce qui conditionne son processus.
Les entreprises de services de réseau doivent d’une part présenter une structure et un discours
homogénéisant les pratiques sur l’ensemble du territoire et d’autre part absorber les
spécificités locales émanant des sites. La dichotomie formulation/mise en œuvre, qui présente
des caractéristiques trop rigides en laissant peu de place à l’intégration de mouvements macro
et/ou des émergences micro, ne convient pas aux entreprises de services de réseau ; celles-ci
doivent privilégier les dialectiques délibéré/émergent afin de faire coexister des décisions
macro-stratégiques et des décisions micro-stratégiques.
Dès lors, l’établissement de boucles récursives permet de créer des moments formels
d’échange afin de faire le point sur des préoccupations, qui méritent, peut-être, d’être portées
à tout ou partie de l’organisation. En tant que lieu d’interactions sociales, les conversations
stratégiques contribuent à l’émergence de la stratégie et produisent à leur tour de nouvelles
structures organisationnelles. La formalisation de ces conversations façonne la stratégie
délibérée, en greffant des événements, des solutions prises face à des événements non prévus
jusque là. Ainsi, elles constituent des boucles de régulation en négociation.
Les émergences stratégiques suivent les étapes du processus évolutionniste, elles ne naissent
pas instantanément et ne s’articulent pas de fait à l’organisation, mais elles naissent à partir
d’un ensemble de savoirs lié aux environnements externe et interne (la variation), puis un
arbitrage s’opère (la sélection) afin que l’idée soit ratifiée (la rétention). Que ces trois étapes
du système évolutionniste se réalisent individuellement, localement ou globalement, elles
constituent un processus de mise en émergence des idées.
Proposition 4 : Ce processus est contraint et habilité par les procédures, des structures,
les systèmes de gestion et les représentations que les acteurs s’en font.
Les agents de variation, de sélection et de rétention ne sont pas les seuls acteurs d’influence
du processus évolutionniste, des facteurs et la représentation de ceux-ci viennent également le
contraindre et l’habiliter. Ces facteurs concernent à la fois la politique de l’entreprise, son
mode de fonctionnement avec sa structure hiérarchique, sa structure organisationnelle, ses
dispositifs de gestion. Les représentations que les acteurs s’en font viennent structurer le lieu,
le moment, le prétexte, les acteurs de la conversation stratégique, qui est un support de mise
en émergence.
La position organisationnelle des middle managers favorise leur connaissance inter- et intra-
organisationnelle nécessaire au développement d’idées émergentes. Ils sont en situation
d’intervenir à chacune des étapes du processus évolutionniste. Leur connaissance du contexte
et leur position hiérarchique leur permettent d’émettre, de porter et/ou de ratifier une idée.
Dès lors, la mise en émergence d’une idée conçue comme un système écologique guidée
intentionnellement est une action collective qui se déploie comme un mouvement conjoint de
savoirs et de relations.
La construction de réseaux sociaux passe par les échanges inter-organisationnels. Les middle
managers sont en position théorique de reconnaître, d’identifier les signaux susceptibles de
conduire à des opportunités ou des menaces de l’environnement qui peuvent influencer soit la
soutenabilité ou la désuétude des compétences actuelles, soit de révéler des futures
compétences pour lesquelles il conviendrait investir. Les middle managers doivent être
encouragés à développer et entretenir des relations avec l’ensemble des partenaires de leur
environnement local, afin de pouvoir capter ces signaux.
Bien qu’il soit difficile de capturer dans une forme strictement codifiée la connaissance
nécessaire à la construction de compétences, la connaissance tacite est le plus souvent
communiquée lors de partages d’expériences, d’histoires ou de narrations. Les middle
managers doivent être encouragés à partager leurs histoires afin que chacun en exploite des
éléments. Ce partage aide au transfert de compétences dans l’organisation, en construisant un
nouvel ensemble d’expériences tacites, ajoutant de la valeur.
De fait, l’ensemble du personnel connaît ce vers quoi il doit tendre. La déclinaison vient,
ensuite, affiner cette connaissance en adaptant les engagements de l’entreprise à des contextes
locaux, en opérationnalisant une politique en objectifs opérationnels et personnalisés à des
agents. La connaissance se renforce également dans une phase de suivi qui situe l’avancée à la
fois de l’entreprise, du site et des collaborateurs dans un paysage plus global : le secteur
d’activité et les concurrents en présence.
Proposition 10 : Le mode de gouvernance doit accorder un poids suffisant à la
négociation et à l’animation afin de
Au sein de la première, les individus déploient finalement leurs moyens pour concrétiser la
vision du groupe tout en apportant des modifications, des émergences afin d'améliorer la
stratégie développée. Cette logique a non seulement pour objectif d’encourager l'autonomie
des unités à la déclinaison de la stratégie globale contrainte par une forte coordination, afin de
réduire les risques qui pourraient perturber l'image du groupe, mais également à enrichir la
stratégie globale par l’apport de précisions, de tactiques développées à partir d’un contexte
local.
Dans la logique de négociation, le mode de gouvernance est fondé sur une négociation des
stratégies et des moyens ; ainsi la planification stratégique se pratique à partir de discussions
qualitatives afin de valider des décisions micro-stratégiques, des stratégies décentralisées. La
logique de négociation permet une délibération de la stratégie issue d'un processus plus ou
moins formalisé d'interactions entre les différentes parties prenantes.
L’appropriation de la volonté d’émergence affichée doit être supportée par une macro-
structure et soutenue par une micro-structure commune à l’ensemble des éléments du réseau
qui à la fois contraignent et habilitent les actions de l’ensemble de l’organisation.
Les instruments de gestion dont l’impact est à la fois contraignant et habilitant offrent plus ou
moins aux middle managers de se positionner en tant qu’agents du processus évolutionniste. Il
s’agit de mettre en place des dispositifs venant renforcer la volonté d’intégrer des émergences,
autrement dit qui incitent, encouragent la prédisposition du personnel à développer des idées.
Par exemple, les dispositifs et instruments de gestion caractérisés par une planification
stratégique réduite à l'arrêté d'un budget strict et des prévisions rigides, ainsi que l'exercice
d'une logique de sanction sont aux antipodes d'un espace privilégiant les émergences.
Dès lors, les agents de variation et de sélection de l’émergence doivent avoir une
connaissance forte de l’activité, du métier, et de la capacité d’absorption de l’organisation,
autrement dit de modèles partagés.
Ainsi, la relation structurante des trois compétences traduit le processus de ratification des
capacités dynamiques, où chaque compétence représente une étape du processus
évolutionniste, structurationniste : la ratification d’une idée adaptée à un contexte local en
respect des politiques globales peut être un signal pour l’organisation, et devenir une priorité.
Ainsi, les modèles partagés se développent, alimentés par la rétention d’idées.
A la page suivante, la figure présente que l’existence des capacités dynamiques sont
conditionnées par une stratégie délibérée, laquelle doit définir un mode de gouvernance, une
macro-structure et une micro-structure qui autorisent et encouragent les stratégies émergentes.
Ainsi, la stratégie précèdent au choix du type de gouvernance, de macro- et micro-structure,
ceux-ci entretenant une relation habilitant et contraignant les modèles partagés, les modèles
mentaux et les connaissances opérationnelles et conceptuelles, qui permettent, autorisent et
facilitent les co-production de l’offre, co-construction des compétences et co-évolution de la
stratégie, via le renouvellement des compétences individuelles, locales et globales, autrement
dit des capacités dynamiques.
II- 1.1. La structure du pouvoir : la définition des règles des relations humaines
La structure du pouvoir doit limiter les jeux politiques aux conséquences négatives, telles que
les baronnies, l’autoritarisme, l’individualisme…
Proposition 1 : Une supervision directe permet de diminuer les atermoiements au sein
du processus de mise en émergence.
Le mode de gouvernement ne doit pas imposer les stratégies centrales et résumer le contact
des unités à leur contrôle ou à l’imposition de nouvelles règles. La communication strictement
descendante et hiérarchique est une barrière à l’interaction, aux échanges, et annihile toute
possibilité de prendre en considération des informations issues des mondes inter- et intra-
organisationnels et susceptibles d’augmenter les modèles mentaux individuels et partagés.
Les boucles récursives constituent un lieu et un moment d’échange formel ou informel, entre
des acteurs de même niveau hiérarchique ou de niveaux hiérarchiques différents, afin
d’effectuer un bilan, d’ajuster, de projeter, etc. Quel que soit le contenu, les boucles récursives
sont des lieux et moments de négociation où chacun est sollicité, où chacun s’engage, où les
participants partagent leurs connaissances, leurs expériences et discutent des potentialités. La
demande formelle ou informelle d’exposer ses expériences et connaissances conduit d’une
part à rompre le schéma de communication descendant, en permettant un retour
d’informations, d’autre part crée le partage et la solidarité en organisant une mise en commun,
et signifie que l’opinion de chacun importe à l’ensemble de l’organisation. Dès lors, le
sentiment de contribution naît.
Proposition 4 : Les outils doivent notamment être basés sur une forme discursive (le travail en
groupes, les réunions de travail, les groupes de projet, de qualité) afin de permettre un mode
participatif du personnel.
La forme discursive élimine les formalisations créées par l’écriture, les distances dues au
positionnement hiérarchique, et permet l’échange en temps réel. L’ensemble des managers
doit avoir des moyens officiels servant, ou non, de prétextes, pour échanger leurs
connaissances sur leur savoir, savoir-faire et savoir être. Ces outils sont également une
manière de privilégier les échanges intra-organisationnels. Le middle manager à la fois
témoin, arbitre, animateur et négociateur en opérant une sélection crée la prise en compte,
l’interaction et l’échange et témoigne ainsi de la volonté et de l’existence d’un mode
participatif.
La hiérarchie et les relations qui en découlent constituent des repères, des étapes que suivra
une idée en émergence. En effet, en spécifiant les acteurs qui agiront sur l’idée, la
représentation de la hiérarchie facilite l’écoulement du processus. Dès lors, chacun est capable
de se situer au sein du processus de mise en émergence, d’identifier l’enchaînement des
acteurs, l’apport et le rôle de chacun dans le processus. De cette anticipation d’événements
(temps, moments et acteurs) se construisent notamment les connaissances opératoire et
conceptuelle et découle une préparation plus contextualisée de chaque étape.
Le respect dans le temps et dans l’action n’est pas synonyme d’une hiérarchie sclérosée ou
rigide qui, elle, conduit à une perte d’informations et ralentit le processus de mise en
émergence. Le respect des principes et des règles conduit à stabiliser les représentations, à
l’inverse un respect aléatoire ou un respect trop rigide des conditions hiérarchiques favorise
une représentation chaotique de l’organisation. Les représentations stabilisées constituent de
fait une manière de d’entretenir les modèles mentaux, les modèles partagés et les croyances
individuelles.
Ainsi, il apparaît que l’interlocuteur externe d’un directeur de région d’un transporteur gazier
ou d’une entreprise de travail temporaire n’est pas l’usager de l’offre, mais l’organisateur
bénéficiaire de l’offre. Il s’agit le plus souvent du responsable de l’institution de la cité pour
l’un et du directeur des ressources humaines de l’entreprise-cliente pour l’autre. Les relations
inter- et intra-organisationnelles sont régies par le maintien du respect hiérarchique entre les
parties prenantes.
Un tel service décentralisé permet d’une part de rapprocher les préoccupations du haut
management aux régions, d’autre part de se positionner en tant que filtre et relais au siège
administratif, et enfin de maintenir la connaissance des nouvelles pratiques. En effet, ce type
de décentralisation renforce le discours managérial vantant ses volontés d’absorber des idées
du terrain en créant une expertise en région. Dès lors, le service « amélioration continue »
n’est pas seulement une nébuleuse inaccessible créée par un noyau stratégique, mais une
ressource partagée en région qui vient en renfort à la fois des services fonctionnels du siège et
des managers de terrain, quel que soit leur niveau. Outre le support, le conseil apporté par la
décentralisation de ce service, il permet également d’aider à la formalisation en région de
pratiques émergentes, chargé par exemple de la diffusion de nouvelles pratiques, et devient
une source de variation pour les services fonctionnels : chaque région venant rapporter la mise
en émergence d’idées.
L’hétérogénéité de pratiques sur les territoires ne peut être perçue comme un inconvénient
dans la mesure où elle favorise l’innovation : elle encourage en effet les échanges informels
où une structure organisationnelle formalise ce déséquilibre de pratiques. Il est nécessaire que
les middle managers connaissent l’émergence de nouvelles idées, que celles-ci concernent des
co-productions réalisées au sein de la zone géographique, du secteur d’activité, ou des co-
constructions de compétences afin qu’ils profitent de chaque émergence.
II- 2.2. La connaissance de la structure indispensable pour forger les modèles mentaux
Quelle que soit l’architecture caractérisant une structure, les qualités et les défauts seront
utilisés, contournés ou améliorés, dans la mesure où elle contraint et habilite le comportement,
si l’ensemble du personnel en a la connaissance. L’appropriation est d’autant plus homogène
que l’organisation l’est également. Chacun appréhende son influence, son rôle et son potentiel
au sein de l’organisation par rapport à la représentation qu’il s’en fait, en d’autres termes
l’explicitation des règles, des principes qui régissent les relations des éléments du réseau
conduit à cadrer cette représentation et donc à une connaissance homogénéisante de
l’entreprise.
Une diffusion limitée à l’annonce annuelle d’un plan ne suffit pas à maintenir une
connaissance de la logique dominante. Des rappels sont nécessaires afin de fédérer à nouveau
le personnel autour des engagements de l’entreprise, mais également autour de leurs
engagements personnels.
La prise de connaissance s’effectue par le travail de diffusion alors que l’appropriation passe
par un travail de déclinaison. La déclinaison de la stratégie délibérée concerne le passage des
volontés managériales en objectifs opérationnels. Ce passage permet également de rendre «
concret » des ambitions, de fixer des démarches, des actions à des volontés de « haut niveau
».
Proposistion 17 : Le déploiement des objectifs à des niveaux identiques dans chacune des
régions favorise le sentiment d’équité organisationnelle.
Le déploiement homogène des objectifs au sein des régions conduit à une représentation
stable de pratiques organisées par un management d’accompagnement. Dès lors, l’ensemble
du personnel perçoit que chacun travaille sous des conditions contraignantes et habilitantes
identiques, selon une logique d’entreprise commune qui crée le sentiment d’une organisation
fédératrice.
Le bilan des axes prioritaires d’un site permet de positionner les résultats d’une équipe par
rapport aux priorités de l’organisation. Il constitue un moment privilégié pour réunir l’équipe
d’une manière officielle et formelle afin de rappeler les objectifs prioritaires du site, de
l’engagement de chacun. Il vient resolidariser les axes prioritaires locaux aux ambitions
globales.
La connaissance des ressources disponibles et mises à disposition est nécessaire pour une
utilisation adéquate et une réalisation des objectifs du site et des objectifs personnels.
Elle permet de faire correspondre l’ensemble des objectifs à l’ensemble des moyens en
traduisant ce qu’il est possible ou non de réaliser. La disponibilité des ressources et les
critères de mise à disposition testent la crédibilité des volontés managériales, séparent le
discours des priorités, et de fait contribuent à la naissance de l’effort, de l’engagement des
middle managers au développement d’idées émergentes. Ce type de connaissances permet
d’envisager les combinaisons qui en découlent, et de fait, le type d’actions envisageables.
La définition et l’attribution d’un budget remplissent des fonctions différentes selon les
acteurs. Le budget confié permet à celui qui en bénéficie de se fixer des règles d’utilisation, il
constitue un cadre d’évolution, traduit les actions possibles et la mise en œuvre d’un système
de ressources et compétences. Le budget confié offre également à celui qui l’attribue un outil
de contrôle dans la mesure où il représente une règle d’exécution dont l’utilisation doit être
justifiée, le dépassement autorisé ; de fait les plafonds financiers contribuent à cadrer
l’autonomie.
II- 3.3.2. Définition des objectifs et de leur appréciation comme évaluation du possible
engagement
Un objectif unique et général intitulé tel que « augmenter la performance » ne permet pas de
décliner des actions prioritaires précises, ni de responsabiliser le personnel à s’engager pour
les atteindre. En revanche, des objectifs présents dans les différentes activités de la chaîne de
valeur permettent d’améliorer chacune d’elle et d’instaurer des leviers de management pour
chacune.
Les middle managers ont l’objectif d’organiser des événements culturels où se retrouvent les
parties prenantes (institutions, acteurs de la cité), les clients ou les usagers. Ces rencontres
permettent dans un cadre moins professionnel de montrer un intérêt de l’entreprise aux
acteurs, et d’augmenter quantitativement et qualitativement les connaissances de l’ensemble
des acteurs source de variation.
Les objectifs des sites territoriaux ajoutés aux objectifs du personnel permettent de développer
une collaboration d’une part avec les agents du site et d’autre part avec les homologues des
autres sites. Les middle managers entre eux font implicitement du benchmarking afin de
connaître les pratiques exercées au sein des autres sites, chacun cherchant à améliorer son site.
Une évaluation binaire résumée à la réalisation ou non d’une action anéantit l’ensemble des
efforts fournis ou les différentes étapes acquises. L’évaluation quantitative rend transparent
les contraintes rencontrées qui peuvent être communes à des sites, nouvelles mais constituer
des signaux, dans tous les cas ces contraintes peuvent être l’objet d’une réflexion.
Proposition 31 : Chaque étape de déclinaison doit se faire avec les membres de l’équipe
(micro-locale, locale, régionale, etc.) et être validée lors d’une rencontre-négociation
avec un supérieur.
Proposition 32 : Chaque étape de suivi doit être portée aux membres de l’équipe
opérationnelle et validée lors d’une rencontre-négociation avec un supérieur.
Les étapes de suivi partagées avec l’ensemble de l’équipe conduit celle-ci à mesurer ses
actions, à se positionner par rapport à un plan d’objectifs. Ce partage de connaissances permet
en outre de confirmer ou de réajuster les ambitions initiales dans un contexte évolutif. Le
suivi validé par un supérieur permet d’une part de ne pas évaluer les résultats selon un mode
binaire d’atteinte ou de non atteinte, mais de justifier, de rendre compte de l’évolution, des
contraintes rencontrées lors de la mise en œuvre ; et d’autre part à porter la connaissance des
objectifs et de leur évolution à chaque niveau supérieur.
Proposition 33 : Chaque étape de déclinaison et de suivi doit être présentée aux experts
locaux.
Le partage de la définition des axes prioritaires et de l’évolution de leur réalisation avec les
experts de la région est nécessaire pour évaluer l’écart des ressources et/ou des compétences
manquantes, celles qui ont abouti, celles qui ont été un investissement vain, celles qui
méritent d’être partagées et diffusées au-delà de la région. La présentation d’un état des lieux
aux experts présents en région favorise d’une part un ajustement cognitif et d’autre part un
ajustement des ressources à mobiliser, à combiner, à déployer localement, et enfin celles à
solliciter au siège.
« Notre connaissance est utile, pertinente et viable (…) quand elle résiste
Conclusion
La structuration, où toute relation a un impact sur les acteurs et les facteurs qui la constituent,
a une influence forte sur la manière dont nous avons construit l’objet de recherche ainsi que
sur la manière de le traiter.
Les études de cas soulignent que les émergences viennent façonner la stratégie délibérée et,
que la réalisation de cet ajustement est conditionnée par l’ensemble des éléments qui
caractérise la stratégie délibérée, venant autoriser l’organisation à agir en ce sens. Il ne s’agit
pas d’imposer le cadre ou la stratégie d’entreprise de manière autoritaire et pour que cela
devienne une pensée unique. Nous pensons que le point de départ de la relation structurante
réside dans l’expression solide d’une stratégie délibérée et accompagnée, révélée par un
cadre, lequel est son « illustration » technique, structurelle ou encore physique, mais aussi le
reflet d’un « modèle mental » de fonctionnement.
L’existence de la stratégie délibérée est certes nécessaire, mais non suffisante. Dès lors, sa
connaissance et son appropriation constituent une étape supérieure permettant que chacun
l’interprète, se la représente et construise sa relation avec le reste de l’organisation. La
stratégie n’existe donc pas seulement dans le discours qui traduirait une volonté, mais dans
son exercice dont le style de pouvoir exercé, la structure de l’organisation et les dispositifs de
gestion sont les témoins, les rappels, les révélateurs et finalement les facteurs de faisabilité.
Ainsi, la cohérence se construit dans l’interaction de la stratégie délibérée avec ses éléments
de structuration - le mode de gouvernance, la macro-structure et la micro-structure - qui
autorisent les stratégies émergentes.
En guise de conclusion, nous souhaitons pointer les biais induits par notre méthodologie,
clarifier les principales contributions de ce travail de recherche et enfin, évoquer les voies de
recherche futures. En effet, l’explicitation des limites permet de mieux situer les contributions
et, celles-ci, viennent à leur tour, désigner des voies de recherche, des aides à la recherche ou
appeler des recherches complémentaires.
Le premier biais méthodologique souligné est lié à l'étude historique. Ce n'est pas une
recherche en temps réel, il ne s'agit pas d'une étude longitudinale, mais d'une recherche
historique. Comme toute recherche historique, les phases initiales risquent d'être écrasées par
les effets de mémoire. Dans notre cas, les phases initiales d'intuition et d'interprétation ont été
difficiles à cerner. Le seul moyen de les comprendre avec précision eût été la présence et
l'observation. A la fois pour des limites méthodologiques, et compte tenu de notre
problématique, nous nous sommes intéressée plutôt au processus de ratification car, de fait,
dans une approche dynamique, il garde trace des étapes et processus situés en amont. Les
phases initiales ont été abordées lors des rencontres mais de façon plus narrative et moins
précise. Dans les grandes entreprises de services de réseau, et contrairement aux modèles de
Crossan, Lane et White (1999) et de Floyd et Wooldridge (2000), le processus de ratification
intervient à plusieurs étages, ce qui modifie sensiblement les modèles des auteurs.
Un second biais est lié au choix de notre unité d'analyse. Choisir l'initiative stratégique
comme unité d'analyse a les inconvénients de ses avantages. Certes, cela permet de focaliser
son attention sur un événement particulier dans l'histoire de l'entreprise et, de fait, de fournir
les points de départ et de fin. Cette méthode permet également qu'une seule entreprise puisse
fournir des « cadres » pour des études de cas multiples et comparatives (Yin, 1989). En
revanche, elle ignore la manière avec laquelle certaines affectent les autres.
D’autres biais sont liés à l'étude empirique. L'approche terrain, les opportunités sur chacun
d'eux, les contacts ne se sont pas révélés identiques dans les deux entreprises. Nous sommes
conscients du déséquilibre entre les types et la nature des sources d'informations.
Dès lors, nous avons choisi de réclamer une information, mi-primaire mi-secondaire, dans
deux régions (les consultations écrites des managers) afin d’accéder indirectement aux
managers et de tenter de combler ce déséquilibre. Nous savons que cette source comporte
également ses propres biais : la consultation est adressée au supérieur hiérarchique ; elle ne
répond pas directement à nos questions ; il s’agit d’une information écrite et donc d’un
langage moins naturel, etc. Ceci dit, a posteriori, cette source s’est avérée riche :
premièrement, il ne s’est pas agi d’un exercice de remontée des insatisfactions, récriminations
ou dysfonctionnements sans analyse et prise de recul, les prises de position critiques ou
dérangeantes étaient accompagnées de propositions d’amélioration constructives et réalistes,
ou de mises en question non sarcastiques ; deuxièmement, l’intitulé du document est «
élaboration du cadre stratégique de l’unité » qui se rapproche singulièrement de notre
préoccupation ; troisièmement, il était adressé à des managers de première et deuxième ligne,
c’est-à-dire des middle managers.
La présentation des cas ne peut cependant pas être totalement équilibrée et comporte de
légères différences. Cette asymétrie de types de données a eu des répercussions sur notre
repérage des idées émergentes puisque peu d'exemples nous ont été cités.
La solution pour parer ces biais concerne le type d’unité d’analyse. En effet, les biais liés à
l'étude historique et au choix de l'unité d'analyse auraient été évités si le cours d'un
portefeuille d'initiatives, d'intuitions, de problèmes, de questions avait été suivi in vivo. En
effet, l'ethnométhodologie aurait été la recherche qualitative la mieux adaptée puisque son
projet scientifique est d'analyser les méthodes, les procédures que les individus emploient
pour mener à bien les différentes opérations (communiquer, prendre des décisions, raisonner,
etc.) qu'ils accomplissent dans leur vie quotidienne (Hlady Rispal, 2002). Elle s’est
malheureusement avérée impossible pour des raisons évidentes d’accès au terrain et de
longueur incompatible avec une recherche doctorale.
Au terme de ce travail, qui a tenté d’élaborer un cadre conceptuel et opératoire et après avoir
souligné ses limites, nous sommes à même de clarifier les contributions à la fois théoriques et
managériales.
Autre contribution, il nous semble avoir opérationnalisé les capacités dynamiques, autrement
dit identifié des leviers managériaux pour développer des capacités dynamiques dans les
entreprises de services de réseau.
Les principaux enseignements sont issus de ce que les entreprises de services de réseau
permettent particulièrement de voir. D’abord, la contribution du middle manager à la
formation de la stratégie est triple, ses participations seraient davantage « monotypes » dans
des entreprises classiques du fait de sa position et des responsabilités qui lui incomberaient.
Ensuite, les entreprises de services de réseau montrent combien un réseau inter-
organisationnel peut engendrer des relations de confiance, dans la durée et de fait garantir une
qualité de services à ses clients : d’une part parce que les entreprises de services de réseau
s’attachent à constituer des échanges avec les partenaires de la cité qui conduisent à une
connaissance de leurs priorités, ambitions, moyens, ressources et de s’ajuster à ceux-ci ; et
d’autre part elles s’attachent à constituer un réseau d’impartition local parallèlement au réseau
national afin d’élaborer une offre en partie locale où les fournisseurs de proximité permettent
des relations plus conviviales que le réseau national, et promettent une relation dans la durée.
Ces relations mises en adéquation permettent de diminuer l’incertitude liée à l’environnement.
Enfin, les entreprises de services de réseau montrent combien les middle managers doivent
juger une stratégie bonne pour qu’ils acceptent y contribuer. Dès lors, l’entreprise de services
de réseau témoigne de l’effort du haut management à construire et à maintenir les modèles
mentaux, les modèles partagés et les connaissances conceptuelles et opératoires. L’ensemble
permet de définir un objectif organisationnel, un objectif individuel situé au sein d’un objectif
organisationnel, d’annoncer les règles du jeu, les possibilités et les interdits, et enfin
d’homogénéiser les croyances individuelles basées par un langage commun.
D’autres types de recherche pourraient prendre appui sur ces résultats. La contribution
plurielle des middle managers peut éventuellement inspirer les chercheurs intéressés par les
entreprises internationales. Ces entreprises ont un certain nombre de points communs (marché
géographique, offre homogène et adaptée, structure autonome et dépendante, stratégie
délibérée…) qui rendent la participation des middle managers importante. Bien sûr les middle
managers se trouveraient à un niveau supérieur, et la répartition des participations entre les
co-formations serait probablement différente de celles que nous avons vues. Cependant les
propositions peuvent présenter des similitudes. En même temps, la littérature concernant la
stratégie internationale, qui restreint la réflexion à la dialectique différenciation/coordination,
ne peut constituer une source d’inspiration suffisante dans la mesure où l’internationalisation
des entreprises de services de réseau ne se réalise pas par une division et une répartition de la
chaîne de valeur dans plusieurs pays, mais par une duplication de la structure sur chaque
territoire afin de constituer, dans chaque pays, la dynamique de réseau nécessaire pour réaliser
le service.
Les recherches futures peuvent aussi s’intéresser au rôle du middle manager au sein des
relations inter-organisationnelles dans le développement du territoire. L’implantation des
entreprises de services de réseau leur permet de jouer un rôle dans la dynamique d’un
territoire, lequel peut être une région sinistrée, isolée ou être un pays en voie de
développement.
Enfin, une voie transversale aux disciplines de la stratégie et de la gestion des ressources
humaines consisterait à envisager une professionnalisation des cadres, autrement dit de former
les cadres afin qu’ils développent les compétences requises par la stratégie délibérée. La
professionnalisation, qui passe par le soutien et le renforcement des compétences
individuelles, signifie rendre apte et capable les middle managers de faire émerger des
stratégies appropriées au contexte territorial et selon une logique globale.
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Annexe
Annexe 1 : Organigrammes des deux entreprises
Annexe 2 : Exemple d’analyses d’entretiens de l’entreprise
Adecco
Thèmes Formation Parcours et fonction
Position de Données Direction
l'interviewé
PRIM Direction Directeur J'ai connu Ecco à l'âge de 24 ans en sortant des études comptables (…)1988, j'ai fait un master Services à Sup de Co Lyon. (…)1972,
AIRE Régionale Régional j'ai commencé comme chef d'agence chez Ecco, à Pont de Chéruy. L'année suivante, j'ai ouvert une nouvelle agence. 1977, je suis
S DT rentré à la direction régionale, grande région, Rhône-Alpes, où j'étais adjoint au directeur régional. Je faisais des études commerciales,
j'ouvrais des agences, je recrutais. Quand l'entreprise s'est restructurée, je suis passé directeur de secteur de la Drôme et de la Loire,
puis Ardèche et Isère en 1983.
Directeur de IEP de Lyon et en parallèle une maîtrise de gestion du personnel. Donc une formation généraliste et une spécialisation par le biais
secteur d'une maîtrise sciences et technique, plus une formation en ergonomie. A la fin de mes études, je rentre chez Ecco comme responsable
de recrutement, c'est-à-dire chargé de constituer un fichier de compétences de manière à répondre aux besoins des clients, à la fois
sélection et accompagnement de l'intérimaire tout au long de la mission.. Ensuite, j'ai pris la responsabilité de l'agence où j'étais, puis
2, puis directeur de secteur (Nord Isère, Drôme, Ardèche), soit un total de 14 agences.
Chargé de J'ai 40 ans. Un parcours professionnel d'une vingtaine d'années, j'ai Ça veut dire plus précisément… je suis en fait en appui des
Mission commencé avec un BTS action commerciale. Je suis rentré dans la vie agences. Je travaille avec les 40 agences de la DR. Je suis en
Formation active avec une première expérience dans la banque, je suis rentré appui pour d'une par identifier leur besoin client : je vais avec
dans 2 réseaux bancaires : la banque populaire et laéna, sur des postes eux, quand il y a une problématique formation chez un de nos
commerciaux. Une autre expérience dans le transport routier, de clients, il s'agit de bien comprendre quelle est cette
marchandises, une PME, 35 personnes, avec des fonctions à la fois problématique-là, de façon à pouvoir comment nous allons
commerciale, et d'exploitation. Métier très enrichissant et deuxième pouvoir y répondre, avec quel type de dispositifs (ça peut
métier de services. Depuis 1995, chez Ecco, maintenant Adecco. De parfois être des formations de courtes durées ou dans des
1995 à 2000, responsable d'agence sur Saint Etienne, depuis début formations beaucoup plus longues avec de l'alternance etc.).
2001, j'ai la responsabilité de la formation intérimaire sur l'ensemble Au niveau des agences, ça peut aller par exemple, je peux
de la région. aller jusqu'à les former sur tous les dispositifs de formation,
leur expliquer les intérêts, les bénéfices qui peuvent avoir à
emmener des clients sur certains dispositifs de formation.
Animateur J'ai 47 ans, deux enfants, et un DESS de GRH, à l'IGS. Je suis rentrée . Quand j'interviens dans une agence pour dire qu'il y a un
Qualité chez Adecco après avoir fait un an chez Casino. Rentré le 13 janvier problème dans l'organisation des tâches, c'est qq part que
1984, on a monté la DR avec Guy qui n'existait pas. J'avais le travail j'apporte mon concours au chef d'agences par rapport à ma
de l'ADR, la DR, sa gestion, puis on s'est étoffé Maintenant je connaissance du métier, ce que doit faire une agence, qq part
m'occupe du recrutement des permanents, de la formation, de tout ce c'est une preuve qu'il a eu du mal à se débrouiller par lui-
qui est évaluation des acquis permanents, là je suis sur 3 recrutements même, mais je vais l'aider à s'y retrouver par rapport au
en cours, et m'occupe de tout ce qui est organisation dans les agences, rééquilibrage, et lui redonner de temps en temps un peu de
je suis animateur qualité région, impliquée dans la démarche qualité pouvoir sur certaines situations qu'il a un peu lâché. C'est un
depuis le début c'est-à-dire depuis 1993 (audit, suivi de la qualité, la rôle qui est aussi lié au fait que j'ai suffisamment d'expérience
satisfaction client où on a une grosse marge de progression, quel que pour dire à quelqu'un ce que j'ai à lui dire. Je suis en
soit le client : entreprise, permanent, intérimaire, tous les acteurs de la ressources par rapport au DS, j'apporte forcément pédagogie
satisfaction en général), je m'occupe également de l'UTA (Unité de et formation, j'apporte plus l'aspect métier. Quand une agence
Traitement Administratif). J'étais la première à monter depuis 1999, me demande ce que je pense de… je demande pourquoi ça
c'est le premier de la France, l'unité est stabilisée à 18 personnes, et on été pensé de cette manière pour savoir si c'est adaptée. Cela
a toutes les agences qui sont rattachées à l'UTA, on ne fait plus de peut-être au départ une règle Adecco
payes, de factures, de trésorerie en agences, tout ce fait là-bas. Je
conduis cette opération avec une autre personne qui est là-bas, elle
n'est pas opérationnelle, elle a un rôle hiérarchique
Responsable BTS transport, j'ai travaillé pendant 15 ans dans le transport routier. Puis, j'ai travaillé dans la location de matériel de travaux publics
chez Loxam où j'étais responsable d'agence pendant 3 ans. Puis chez Adecco depuis avril 2000. Ça fait deux ans où je suis rentrer
d'agence 1 responsable d'agence directement dans une agence qui n'existait pas encore.
Responsable j'ai été embauché le 15 octobre 1979 Je suis restée quelques années comme attachée commerciale, puis chef d'agence, et au bout de 6
d'agence 2 ou 7 ans de présence à Saint Chamond, j'ai voulu changer. Le poste de chef d'agence était vacant, une agence un peu difficile sur
laquelle il n'y avait pas de travail de fait depuis quelques années, l'agence vivait comme elle pouvait. Adecco cherchait quelqu'un qui
puisse redévelopper, refidéliser, les clients et cette partie un petit peu "défi" m'intéressait. je suis donc à Vienne depuis 10 ans qui est
une agence généraliste.
Responsable J'ai fait une école de commerce à l'ISEG à Lyon. Je suis arrivé le 1 er février 2001, je suis rentré chez Adecco le 1 er juin 1998 en
d'agence 3 intégrant l'agence de Valence Nord (26) où j'ai eu un poste d'attaché commercial pendant deux ans et demi, et évolution vers un poste
de chef d'agence à la Verpillère, et ce depuis un peu plus d'un an maintenant
Responsable J'ai 49 ans, marié deux enfants. De formation technique, j'ai travaillé 6 ans au terme de mes études dans une société de construction
d'agence 4 mécanique à Saint Etienne spécialisée dans les engrenages. J'ai occupé des postes de techniciens, puis d'acheteurs. En 1983, je suis
passé de l'autre côté de la barrière, puisque je suis devenu commercial. Je m'attachais à vendre des prestations en intégrant l'agence
dans laquelle je me trouve aujourd'hui qui était une agence Ecco en juillet 83. Sur un poste de responsable de recrutement pour
devenir au final responsable de cette agence.
Thèmes ROLE DIRECTEUR REGIONAL ROLES DIRECTEUR D'AGENCES ET DIRECTEUR DE ROLE RESPONSABLE
Position de Direction SECTEURS D'AGENCE(S)
l'interviewé
Responsa Dans la mesure où le DS est tenu au courant de l'évolution de J'ai un rôle de développeur
ble l'agence au moins mensuellement et qui nous accompagne chez commercial, c'est un poste de chef
d'agence 3 certains clients quand le moment se fait sentir, il est quand même d'agence commercial, parce que je
conscient des réalité de la zone, du bassin d'emploi et de la réalité n'ai pas d'attaché commercial qui
quotidienne de l'agence. Mon DS n'est pas toujours derrière mois, part en prospection sur les petits
je sais que dans certaines régions des DS demande un rapport enjeux, c'est moi qui pérennise les
d'activités toutes les semaines. Ici, il y a une totale confiance entre gros. J'ai vraiment une mission de
le chef d'agence et son DS Lui dans sa fonction, il a comme développeur et de pérenner le
obligation de sortir en clientèle avec ses chefs d'agence, donc on chiffre d'affaires, plus un rôle de
fixe un rendez-vous, une plage libre pendant une journée, et je management en interne d'une
prends des rendez-vous avec des clients selon les enjeux de mon équipe constituée de quatre
choix pour me faire accompagner de mon DS. Les clients l'ont personnes : une assistante de
clairement identifiés et le connaissent pour les grands enjeux. Je ne gestion, 2 recruteurs (un dans
vais pas le présenter à une PME-PMI pour lesquelles il y a de très l'industrie, un dans le tertiaire), un
faibles enjeux en intérim. Quand je sens que cela peut valoriser le contrat de qualification. On attend
client, ou que ça peut permettre à mon DS de par sa fonction de moi que le système tourne, que
d'avoir un certain poids, c'est tout à fait judicieux pour moi de la procédure qualité Adecco soit
l'emmener. respectée, que mon équipe
s'épanouisse, que mes clients
soient satisfaits, que je dégage des
résultats, et que je sois en accord
avec les objectifs société et les
objectifs de la direction régionale.
Rôle de superviseur, animateur.
DS1 Concerne les opinions qualités : elles prenaient du temps et les chefs d'agence considéraient que c'était un exercice pénible pour eux et les répondants… :d'où
l'idée pourquoi ne pas utiliser la structure télévente pour la prise de rendez-vous afin qu'elle nous fasse une évaluation de satisfaction par téléphone. Cela a
été fait dans une agence, puis relayé. En tant que directeur de secteur, j'ai vu une agence le réaliser, je l'ai dit, rapporté et dans mon secteur toutes les agences
le font, il s'est avéré un gain de temps, et un retour plus riche. L'agence a demandé au service télévente si c'était possible, puis m'en ont parlé.
R.A.1 Je serai tenté d'ouvrir une antenne sur Rive de Gier. On s'est rendu compte qu'on sait déléguer sur Saint Etienne, pour démarcher les clients, il n'y a pas de
problème. On sait démarcher à Feurs, à Rive de Gier, etc , les identifier c'est facile. On a la commande. Mais pour trouver l'intérimaire, c'est autre chose. On
est face à des gens qui ont beaucoup de mal à se déplacer. On peut se retrouver avec des intérimaires stéphanois pas véhiculés, comment les emmener là-bas?
On ne peut pas faire les mises en place. A force d'être confrontée à cela, l'équipe agence a remarqué qu'on ne pouvait pas déléguer parce que l'entreprise était
trop loin. Si on recrute sur place, on règle le problème de locomotion. Sur la plaine du Forez, ça n'a pas du tout marché. On a fait quelques publicités dans
des journaux locaux, ça n'a pas été très porteur. Mais sur Rive de Gier ce sera porteur parce qu'on a de très bon contact avec la municipalité, les organismes
d'insertion. Actuellement, il y a un chantier école qui se termine au mois de mars, avril. Il y a un noyau de 10 personnes à récupérer qui a déjà réalisé un
chantier pendant 6 ou 8 mois. Ces gens là savent faire qq ch, on leur a appris, il y a tout à gagner. La municipalité mettrait tout en œuvre pour nous accueillir.
J'en ai parlé d'une manière informelle au directeur de secteur, il est complètement d'accord. Il m'a répondu : "Qu'est-ce que tu attends, fais-le!". Il attend que
je monte le projet, que je le construise, il me le validera, puis le fera monter au directeur de région puisque l'agence est sous la direction régionale de Guy
Chardenoux. Pour monter une agence en 2002, cela n'aurait pas fonctionné comme ça. Mais une antenne qui consiste à organiser 2, 3 jours de recrutement
par semaine sur Rive de Gier, personne ne s'y oppose. Les coûts seront limités à des frais de déplacement. Le directeur régional va revalider mais
principalement c'est le directeur de secteur qui donne le feu vert ou pas. Aujourd'hui, le directeur de secteur incite à élargir notre champ d'activité. Chez
Adecco, on est assez libre de faire ce qu'on veut, le tout est de ne pas se tromper ou pas trop souvent. Toutes les idées sont bonnes dans la mesure où elles ne
demandent pas des investissements sensationnels. Il est préférable de passer du temps à monter ce type de projet plutôt que d'attendre bêtement que les
intérimaires viennent ici. Une entreprise de travail temporaire fournit uniquement les chaussures et le casque. Or certains clients nous ont confié qu'ils
aimeraient bien que les candidats aient des baudriers, et que si une entreprise est capable de nous fournir ce matériel, elle préférera travailler avec cette
entreprise. De cette manière, elle se protégera des soucis des inspecteurs du travail…
R.A.3 J'ai qq ch qui me trotte dans la tête, et qui risque d'être envisageable. Ce sont des ramassages de bus pour des étudiants en périphérie lyonnaise non véhiculés,
non motorisés pour venir jusqu'ici. Je ne pense pas que cela se soit déjà fait, j'en ai pas eu vent dans d'autres régions. Je pense que c'est une manne de faire
lever des gens du centre ville, autre population que la zone ici que tout le monde a clairement identifiée comme étant difficile pour pouvoir apporter une
bouffée d'oxygène au bassin d'emploi avec des étudiants intellectuellement 15 fois au-dessus des capacités des postes qu'ils tiennent, mais foncièrement
motivés pour gagner de l'argent sur courte période. Je pense qu'il y a quelque chose à mettre en place pour l'été et ce n'est pas inenvisageable pour l'été qui
arrive. Voilà une des idées à mettre en place. J'ai juste à en référer à mon DS en lui disant que je suis sur le coup de monter un partenariat avec une société
prestataire de ramassage scolaire, de bus de mon choix. Je le préviens juste, je fais une mini étude de marché sur le papier, j'en contacte 3 ou 4, on va me
donner des notions tarifaires, je fais mes calculs en interne, je sais que je peux être amené à récupérer tant de personnes, facturer tant d'heures à mon client, à
tel coef., cela me permet de dégager telle marge, le coût du bus s'élève à tant, par rapport à ma marge, je propose 3 ou 4 cas de figure. Il me dit tu te rends
bien compte que c'est celle-ci la plus intéressante, fonce, ou n'y va pas…
PRIMAIRES R.A.8 1) Une chose me vient à l'esprit parce que je l'ai vraiment pilotée : L'ASS avait une image forte. On avait une dizaine d'année de présence forte sur la ville,
mais à l'époque il fallait qu'on fasse qq ch pour se démarquer de nos confrères. Le DR : J'ai été contacté par l'assoc. sportive de Saint Etienne pour du
sponsoring, qu'en pensez-vous? Personne s'est jeté sur le projet, je l'ai pris parce que je pensais qu'il pouvait y avoir un intérêt. J'ai fait ma petite enquête en
contactant les différents partenaires de l'ASS, je me suis aperçue que via ce sponsoring, il y avait des réunions organisées qui permettent de développer un
réseau relationnel sur la ville voire sur la région, que le fait de pouvoir inviter régulièrement nos clients à des manifestations un petit peu extra
professionnelles pouvait fidéliser. J'ai fait une étude de coût et ai convaincu Guy de s'investir dans ce projet-là. A partir de là, on a amis en place un
sponsoring, et toutes les agences ont été impliquées à hauteur de l'investissement qu'elle souhaitait faire. Chaque agence avait un investissement X ou Y qui
générait un certain nombre de places. J'ai piloté cette action pour organiser la répartition des matchs, j'ai assisté aux réunions de Club de sponsors avec Guy,
au cours desquelles on représentait l'entreprise, d'avoir des échanges d'infos sur l'économie. Je redescendais ça aux agences. En parallèle, j'organisais 2
matchs événementiels dans l'année, c'est-à-dire qu'on sponsorisait 2 matchs en particulier pour lesquels nous avions les salons du stade Geoffroy Guichard,
des salons un peu prestigieux à notre disposition avec organisation particulière. Un match parrainé pour les intérimaires, chaque agence invitait 30, 40
personnes. Un match parrainé pour nos clients, où 100, 150 clients étaient invités, avec un petit cocktail, le discours du président, les joueurs venaient,
signaient des autographes…Pourquoi ça? Parce que le vecteur, à l'époque gagnants de la ville, c'était le foot, l'ASS, beaucoup de personnes étaient attachés à
ça. C'était une période où la ville n'avait plus grand chose de positif parce que les grosses sociétés avaient disparu, tout ce qui marchait bien s'appauvrissait, il
fallait trouver une raison positive de dire : voilà on s'investit, s'implique dans qq ch qui est gagnant. On s'est rendu compte que ça nous permettait de
développer des relations un peu privilégiées avec nos clients. On les voyait dans un cadre différent, le week-end, avec leur femme et leurs enfants, plus
décontractés. ça m'intéressait de voir ce qu'on pouvait faire pour se positionner différemment de nos confrères. Je me suis aperçu qu'on avait tout bénéfice à
sponsoriser, et on a été leader sur cette opération puisque nos concurrents ont ensuite tous essayé de prendre des loges, se positionner sur le foot parce qu'on
le faisait. 2) les Ets recherchent à double titre des personnes ayant un handicap pourquoi? Pour avoir un rôle social dans le local, et parce que c'est une
obligation à remplir au niveau financier. Pour se positionner par rapport à ça, on s'est dit pourquoi ne pas se positionner en identifiant les personnes ayant un
handicap et en les proposant à nos clients. A une époque, c'était nouveau. Il a fallu que chaque agence se mette en place, comme " a chaque fois que je
référence une personne ayant un handicap dans l'agence, je la propose à une entreprise demandeuse". Autre dimension, c'est la formation, on s'est rendu
compte qu'il y avait une pénurie de candidature
R.A.11 Quand j'ai une idée, je passe par mon DS. Quand cela s'arrête au niveau de l'agence, si c'est "bénin" je le fais moi-même, si c'est une stratégie… 1) comme
j'ai fait il n'y a pas longtemps : développer le marché de l'hôtellerie-Restauration. L'idée est venue par de nombreuses demandes d'hôtels, de restaurants qui
ne trouvaient pas d'artisans pour réaliser leurs travaux de peinture dans leurs chambres. 2001 était une très grosse année pour le bâtiment, les artisans et
entreprises étaient surbookés, certains hôtels déjà clients d'une agence Adecco nous appelaient pour savoir si nous avions du personnel Adecco à déléguer
dans le Second Œuvre. On se limitait à des travaux de peinture, de menuiserie, l'électricité est différent, il faut prendre des engagements, les normes à
respecter. J'ai posé la question à mon DS pour savoir si c'était possible d'arroser tous les hôtels-restaurants, en envoyant un mailing à tous les hôtels,
restaurants de la région. Après on peut faire appel à une personne qui est à la DR, qui s'occupe de la communication, qui peut nous réaliser des mailings.
Une personne est capable de se renseigner, elle doit avoir des contacts auprès d'imprimeur. (Dans l'ère de l'économie de charges, il était très simple, j'ai fait
un courrier.) Je suis carrément aller à l'agence restauration, j'ai sorti son fichier, pris les étiquettes chez lui et voilà. Pour l'instant, on a trois retours et deux
délégations et sans avoir relancé pour une centaine, et c'est assez récent. Je peux le faire parce que dans la majorité des cas il y a un service maintenance dans
les hôtels, ou dans le milieu hospitalier. Par exemple, au Centre Léon Bérard je délègue des personnes parce qu'ils ont une personne, ou plus, responsable
d'équipes de menuisiers, électriciens, peintres, plombier. Là on délègue, il n'y a pas de souci. Sinon, Adecco n'est pas un professionnel du Bâtiment-Second
œuvre, l'intérim n'a pas d'obligation de résultat. Sinon on serait une entreprise de second-œuvre. D'ailleurs on a fait la même chose avec le milieu hospitalier
par l'intermédiaire d'autres agences Adecco, c'est la synergie, ça existe quand même. 2) Scinder l'agence en deux, de développer l'électricité comme activité à
part entière dans la mesure où on s'est aperçu qu'il y avait un potentiel dans le domaine de l'électricité. On en a parlé au DS qui lui-même a vendu le projet à
Franck Yschard, notre DR, qui lui-même en a parlé à jacques Deboissieu, le DO Est, on a eu la réponse positive. C'est assez rapide généralement quand on a
quelque chose à créer et que c'est crédible. Il faut quand même l'aval du directeur régional, mais Mariano Lunès le DS BTP a quand même la possibilité, le
pouvoir de faire, créer pas mal de choses, il est assez autonome. C'est à ses dépens, lui aussi est intéressé sur le résultat de ses agences, si ça lui coûte de
l'argent, ce n'est pas forcément bien ni pour lui, ni pour Adecco. 3) Après cela peut être des organisations de manifestations clients. On a réalisé il y a quatre
ans, les deux heures Adecco en Karting. Ce sont les agences BTP qui avaient organisées ça. - Des petits déjeuners d'informations juridiques, mais c'était plus
une politique DR. - La carte parrainage par exemple, on tamponne la carte. Pour chaque intérimaire qui nous est amené par un autre intérimaire, il y a un bon
d'achat 100F le premier, 200F le second, 300F le troisième. On tamponne à chaque fois, et ça motive l'intérimaire. Jusqu'à présent, il n'y avait pas de
problème, surtout si on a un planning qui augmente de 100 intérimaires. Je sais que ça se fait dans certaines agences, mais pas toutes. Le C.E. se développe
maintenant, les intérimaires vendent ça maintenant. - On a créé un journal interne à l'agence qui permet d'informer les intérimaires sur les nouveaux
procédés, les nouvelles organisations, les sensibiliser sur la sécurité, les naissances…on les met avec les feuilles de paie. - On fait des pots de Noël pour
remercier les intérimaires de leur fidélité, en plus de la participation aux bénéfices. Une fois, j'avais acheté des tickets de jeu, 80 Bingo que j'avais distribué
aux intérimaires pendant le pot. On fait des petits trucs comme ça. Quand il y a des grosses dépenses, il faut avertir notre DS, sinon non.
SYNTHESE Faire des schémas selon complexité Faire apparaître les acteurs de variation, sélection, rétention mais aussi les zones de discussion/négociation.
PRIMAIR Dir Directeur Une fois l'agence éclairée, elle se demande quelle a été sa contribution Le chef d'agence rend compte de son année n+1 à son chef de secteur, et présente
ES ecti Régional sur l'année n-1, et ce qui lui reste à faire pour améliorer sa contribution ses objectifs, les moyens qui seront mis en œuvre spécifiquement. Là il y a une
on en année n+1, et si ses moyens sont suffisants. véritable discussion sur ce que le chef d'agence propose, pour soit augmenter, soit
Rég diminuer les objectifs vis à vis des moyens disponibles. La stratégie n'est pas figée,
iona elle est discutée et validée.
le
DA
LI
Directeur Il ne reprend pas bêtement des objectifs, il cible et relaie en fonction de …une proposition au niveau de son agence, à son directeur de secteur. Cet entretien
de secteur son agence. Le chef d'agence va prendre en considération ces 3 éléments du mois de janvier entre chef d'agence et directeur de secteur présente, propose le
et préparer … Chaque collaborateur a un plan d'action individuel. En projet de l'agence pour l'année, qui est discuté. A l'entretien, on définit les axes
fait, une fois les axes prioritaires définis dans l'agence sur les plans prioritaires de développement, en expliquant comment on fera pour les atteindre.
commercial, recrutement et gestion, on doit retrouver un plan d'action C'est assez fouillé, discuté, approfondi. On définit des objectifs qui vivent au travers
individuel qui reprend la contribution individuelle de chaque des points agences..
collaborateur par rapport aux objectifs de l'agence
Quand le chef d'agence repart, il faut qu'il anime ces axes prioritaires de
développement au sein de son équipe, et ce au travers des points
agences.
R.A. 2 Une fois par an, on rencontre notre DS d'une part pour un entretien individuel,
d'échange et moi précédemment, j'ai rencontré tous mes collaborateurs. Et d'autre
part, on le rencontre pour lui présenter ce qu'on va tenter de faire, ce qu'on va mettre
en place pour coller aux objectifs sociétés, mais les rapporter à des objectifs agence
quantitatifs, qualitatifs. (…) En tous les cas, la présentation se fait en début d'année
généralement, fin janvier courant février : entretien avec notre DS, présentation des
objectifs chiffrés de l'agence, présentation de nos actions, de notre plan d'actions
individuelles.
PRIMAIR R.A. 5 Le plan d'axes prioritaire, pour tout ce qui concerne les chiffres, les
ES objectifs société, je le fais toute seule, et pour ce qui concerne les plans
d'actions individuelles, cela se fait en individuel et en équipe : Chacun
réfléchit sur leur contribution aux objectifs société à l'échelle de l'agence
R.A.7 Suite à cela, chaque responsable d'agence va en fonction de ses forces, Cela est débattu lors de l'entretien de début d'année en début d'année fin janvier,
faiblesses, organisation agence, ses projets, ses perspectives va début février à mon responsable hiérarchique direct : le DS. Cela dure une demi-
effectivement appuyer plus ou moins, fortement ou précisément sur tel journée, en face à face, avec les documents tel que le pilotagence qui permettent de
ou tel objectif de la DR. Un travail en agence, tous les 4 de façon à chiffrer, expliquer, les objectifs en matière commercial, en matière sécurité, et ce sur
mettre en place les outils et moyens nécessaires pour atteindre ces quoi nous nous sommes engagés au sein de l'agence. Il y a quelques fois des petites
objectifs-là. (…) il y a un entretien individuel avec chacun de mes rectifications de sa part sur des objectifs qui lui paraissent soit surestimés, soit sous-
collaborateurs par rapport aux missions qui lui sont confiées, quels sont estimés, ça arrive dans les deux sens. Préférer recadrer, cela permet d'affiner un petit
les moyens dont ils disposent, ce sur quoi il s'engage. et c'est ce que peu les décisions prises par l'agence. DS a-t-il un mot sur les plans d'actions
nous exprimons ensuite lors du point agence : savoir où chacun des individuelles? Il a une vision de ce qui a été prévu au plans d'actions individuelles
membres de l'équipe en est par rapport à ses objectifs personnels et qui de chaque collaborateurs, là il valide en général. Il y a très peu de réglage à ce
viennent alimenter l'objectif de l'agence. niveau-là, dans la mesure où ils sont assez bien ciblés, en adéquation avec les
objectifs DR. Il valide ou non ce qui a été déterminé en entretien individuel..
Annexe 3 : Deux exemples d’entretien au sein de l’entreprise
Gaz de France - Transport
Entretien n°1 : Monsieur Anonyme, Directeur RY.
Entretien n°2 : Monsieur Discret, Direction DEGS - Chargé de mission délégation réseaux
gaz, La Défense, Paris.
Formation? Parcours?
Je suis ingénieur de formation, de l'école des Ponts et Chaussées d'où je suis sorti en 1984.
Ensuite, j'ai fait tout mon parcours GdF à la DT, sauf un bref passage de 3 ans à EdF-GdF
Services.
J'ai été successivement en sortant de l'école chargé d'affaires dans les travaux neufs, adjoint au
chef d'exploitation à Strasbourg, à Paris je me suis occupé des systèmes d'information, puis
dans les services centraux, dans les études où j'ai fait de la relation avec les filiales, TotalFina,
Elf, la CFM, le Gaz du Sud-Ouest et à l'époque on négociait avec les norvégiens.
Après je suis allé à EdF-GdF Services pendant 3 ans, à Angoulême dans l'équipe de direction.
J'étais responsable du gaz et d'une agence clientèle, et l'exploitation à l'électricité. Je suis
revenu à la RM en 1996, d'abord en tant qu'adjoint de JFL, puis en tant que directeur depuis
février 2001.
Spécificité?
La deuxième, c'est qu'elle est dans le sud. Avec des images qui sont parfois vraies, parfois
fausses qui lui sont associées.
Dans une région, où le développement du gaz est en retrait par rapport à la moyenne nationale
historiquement puisque la part du gaz dans l'énergie primaire est en France de 14%, contre
10% en PACA et Languedoc. Donc avec du développement à assurer.
La particularité est d'avoir eu des installations nouvelles, début des années 90 avec un
stockage souterrain qu'on a développé dans le cadre d'un GIE à Manosque. C'est aussi une
petite particularité, le stockage intervient dans le cadre d'un GIE et non pas directement en son
nom propre.
Structure de la RM?
Un stockage à Manosque, le terminal de Fos, historiquement le gaz s'est développé depuis Fos
vers le Languedoc, vers la Provence, puis on a fait une canalisation vers le réseau national,
puis vers le sud ouest.
L'organisation?
Les pôles sont composés de divisions, il y en a 14, soit 14 MPL. Avec, dans les divisions
plutôt fonctionnelles, des cadres d'études et dans les divisions plutôt opérationnelles (soit pour
une question de métier, soit pour une question de géographie) un agent de maîtrise qui anime
une équipe de 5 à 10 personnes.
Les divisions pour les plus petites ont 5 personnes, par exemple les divisions "études", et pour
les plus grosses, les divisions "Conduite" du terminal, ils sont une quarantaine.
Les groupes d'appui sont l'équivalent de divisions, managés également par un cadre, mais
dont le rôle est un peu différent. Ils sont en appui des divisions et de l'équipe de direction, et
normalement ils ne sont pas indispensables à la production.
L'idée de la division est que si elle n'est pas là, le métier s'arrête, les groupes d'appui sont de
l'expertise, de l'appui, du fonctionnel. La philosophie est de dire qu'elle est tournée vers
l'équipe de direction en assistance ou en expertise et vers les divisions en soutien et en
accompagnement.
Ils ont un niveau à peu près équivalent au chef de division en terme de classement, mais ils
sont moins dans la production et l'opérationnel et plus dans le fonctionnel. Aide à la gestion
(1), QSE (4), Transport (4). Ce sont des petites équipes plutôt sur le fonctionnel.
Par exemple un CM Développement avec les études, les travaux neufs, et tout ce qui est
surveillance et conduite du réseau. Un CM Transport avec une division opérationnelle où ils
sont 140 et le stockage de Manosque (25), une division compression qui s'occupe des 2
stations de compression, deux exploitants réseau, et une division de 2ème niveau qui s'occupe
de gros travaux, métrologie, informatique industriel. Ces deux divisions ont plusieurs
localisations puisqu'elles doivent couvrir le réseau. Par exemple, l'exploitant réseau RY a à sa
tête un agent de maîtrise, et : Nce, Mrs, Abg, Vlx, ce sont les 4 localisations de RY. Celui,
d'Aimargues en a 4 également.
Le CM Terminal a la division Conduite en service continu, une division méthode qui fait tout
ce qui est planification, fiabilité, approvisionnement et la division maintenance opérationnelle
avec 3 équipes mécaniques, élect., et instrumentation.
Le CM R.H. avec le contrat de travail des agents, un carde et un agent de maîtrise sur la
démarche R.H. : professionnalisme, formation, compétences…
Et un pôle Moyens Internes avec achats et logistique, informatique de gestion, ainsi que
juridique et aide à la gestion en groupe d'appui.
Sachant qu'il y a un groupe d'appui comptabilité qui est organisé à la maille nationale, l'équipe
comptabilité a maintenant des antennes régionales, mais managée par un responsable
comptable qui est à la vision nationale de la DT.
Contrairement à la RX, la RX a fait une organisation uniquement processus, c'est à dire que
les membres de l'équipe de direction ne sont qu'animateur de processus, et n'ont pas de
responsabilités managériales sur les équipes.
La RZ est plus comme la RY. Il y a une équipe de direction avec les MDL. Les CM sont des
MDL qui ont à la fois un rôle d'animation de processus, et le rôle de pilotage de leur division.
Sachant que le mode contractuel qui prévaut dans la région est celui-ci : la région a un contrat
de gestion avec sa direction nationale annuelle. Ensuite, il y a la contractualisation, les
objectifs se déploient dans l'unité à partir de ce contrat de gestion auquel le management
contribue aux objectifs qui sont proposés. Les managers de DL prennent le contrat de gestion
et objectifs qui sont propres à leur division, contractualisent avec le chef de division. Ça c'est
la première étape : une fois que le contrat de gestion existe, c'est entre MDL et MPL.
La deuxième étape, c'est entre MPL et moi, puis eux et leur cadre, ou leur responsable
d'équipe. Il sont membres de l'équipe de direction, c'est-à-dire que la contractualisation n'est
pas complètement descendante, c'est-à-dire moi, je contractualise avec les MPL, les MDL
avec les MPL, et les MPL avec leur responsable d'équipe qui n'apparaissent pas sur le schéma.
Il y a le contrat de gestion, les MDL sont membres de l'équipe de direction, donc ils portent
les objectifs de la direction, ils contractualisent avec leur division, et les MPL rendent
responsables les équipes, contrôlent l'atteinte des objectifs, le respect du contrat de gestion.
Ici, ils ont conservé un rôle d'animation managériale, portage, tant en amont quand on
contractualise, qu'en aval quand on évalue les résultats. Portage des politiques, enfin ce qu'on
attend d'une équipe de direction.
Le CSU de la RY date de fin 2000. Les processus étaient encore en germe, pas complètement
finalisé. Il existait une cartographie, version moins aboutie de celle-ci qui a mûri depuis.
Globalement dans un univers extrêmement normé par les politiques nationales, les ambitions,
les contextes locaux qui sont à 80% similaire : un tuyau c'est un tuyau.
Le but des CSU est définir les priorités par rapport à une liste : quelles sont celles les plus
importantes vue de l'unité? Il y a déjà à appliquer toutes les politiques nationales, avec des
échéances formelles de certification, d'application de directives soit extérieure (SEVESO),
soit interne.
Ensuite, le social peut ne pas marcher très bien, les coûts sont en retard dans tel domaine, en
avance dans tel autre. On va construire un 2ème terminal, qu'est-ce que ça veut dire sur
l'organisation de la région?
Cela signifie donc y mettre un contexte local par rapport à ce cadre globalement normé.
Comment on a procédé?
la première a été de demander une contribution écrite personnelle, avec leur vision, leur zoom,
qu'est-ce que vous pensez qui est important, sur quoi on doit travailler, quelles sont les choses
où la RY est performante, où elle l'est le moins, qu'est-ce que vous voulez faire, qu'est-ce que
vous proposez, comme actions pertinentes pour combler ces lacunes, s'il y en a au niveau
régional, dans votre pôle ou votre division. Ça a donné lieu à une contribution écrite.
Demande de qui ?
C'est la direction qui a demandé en direct, à la fois aux MDL et MPL. L'ensemble des acteurs
de la ligne managériale.
- La deuxième a été de dire on ne peut pas tout améliorer en même temps sur un CSU qui dure
3 ans, on ne peut pas tout prendre de front, et dire que tous les chantiers ont une importance
équivalente. Donc, qu'est-ce qu'on choisit en premier, le CSU c'est bien de définir des
priorités, de différencier un peu les choses, de tout mettre sur le même pied.
Là, on a piloté par les MDL (CM) de segmenter les processus en faisant un classement :
niveau de maîtrise/importance, sur une matrice.
L'importance regroupait quel est le volume de ressources que cela mobilise, est-ce que ce sont
des processus qui se voient du national ou non, est-ce qu'il y a des certifications à brèves
échéances, est-ce que c'est un processus qui tourne tous les jours ou une fois par an, c'est-à-
dire la fréquence de mise en œuvre de ce processus.
Le niveau de maîtrise était basé sur 2 ou 3 critères comme la satisfaction des clients.
Il fallait les hiérarchiser, au bout, prendre un certain nombre de processus, sur lesquels il
convenait de faire porter l'effort.
L'importance avait été faite par la direction et le niveau de maîtrise dans les groupes où
participaient des gens des groupes d'appui, on s'était mis d'accord sur la cotation de la
maîtrise, de la performance.
Le middle manager a été associé comme ça, par le diagnostic du métier vu par les processus,
en notant la maîtrise des processus = contribution collective ; ainsi que par une contribution
individuelle vu de mon emploi et de la vision de mon unité.
Cela a été fait en un mois. Puis on a convergé, sorti les orientations, 3 ou 4 axes par
orientations.
7 orientations dont le titre du CSU est "vers plus de performance", puisqu'on a des efforts à
faire sur la baisse de nos coûts.
contribuer au développement
Ce CSU a fait l'objet d'une présentation au directeur de la DT et à son équipe de direction qui
a formellement répondu qu'ils étaient en accord avec les objectifs et les échéances.
Est-ce discuté?
On est ressorti de cette séance qui a duré 2 heures de présentation du diagnostic, des
orientations et de la méthode pour faire participer la ligne managériale. On en est ressorti sur
un feu vert, mais ils peuvent rajouter en fonction d'un trop ou manque d'ambition. Là, ça
correspondait à leur commande initiale qui avait été faite, et d'essayer de préciser des priorités
de travail.
Tous. Ça a été fait au printemps 2001, puisqu'il a été présenté en décembre 2000. On a fait un
premier retour à l'encadrement pendant 2 heures en réunion, on a représenté ce que nous
avions présenté à la DG, puis on a porté ça de manière conjointe.
C'était présenté de manière conjointe par des binômes. On avait croisé les binômes puisqu'une
des actions de progrès indiquées était le transverse qui ne fonctionnait pas très bien. On avait
croisé les binômes, le MPL de chaque division était accompagné d'un membre de la direction
qui n'était pas son responsable. De manière à ce qu'il sache ce qu'il se passe dans la gestion
quand il était opérationnel, et réciproquement.
Le membre de la direction présentait le diagnostic, les actions régionales du domaine, et le
MPL présentait ce qu'il avait décidé de faire pour contribuer aux actions régionales, avec un
niveau de précision plus adéquat.
Cette période correspondait aussi sur la période du débat de la possible ouverture du capital de
GdF et son changement de statut. A cette occasion, les membres de la direction présentaient
aussi pourquoi GdF devait évoluer.
Présentation qui a été apprécié à l'époque pour comprendre dans quel cadre la direction, la
RM voulait aller et quelles priorités avaient été fixées.
Annuellement, j'en ai fait un bilan. En fait, on avait fixé la réalisation de certains objectifs en
fin 2001. Donc on a fait un bilan de ce qu'il y avait été fait ou non. On a trouvé qu'on avait
réalisé à 75% ce qu'on avait prévu, et puis en fin d'année, l'équipe de direction s'est réunie
pour réactualiser et vérifier que les axes fixés étaient toujours pertinents, et réactualiser le plan
d'actions en changeant les dates…on n'a pas fait refait de communication structurée à ce
moment là parce que ça ne s'y prêtait pas, il n'y a pas eu d'évolution. on a simplement rajouté
un axe dans le développement : on a projet de construire un deuxième terminal dont
l'investissement est compris entre 300 et 400 millions d'euros, on a rajouté un axe sur le
portage du projet.
On est reparti sur un plan d'actions en 2002, qui est d'ailleurs partie intégrante du contrat de
gestion 2002 entre la région et la DT sur lequel on s'est engagé d'atteindre 80% des actions
qu'on s'est fixé.
On en a fait une présentation, un document présenté le CMP (C.E) présentant l'atteinte des
résultats, notre situation. Cela a été présenté dans une réunion de management en novembre
en 45 min.
Il était décidé initialement de mettre les gens dans un même rythme. Normalement, l'idée
pertinente est de dire que le mandat d'un directeur de région est de 4, 5 ans c'est de caler le
CSU avec le mandat.
Un directeur arrive, il fait son diagnostic, il vient d'ailleurs, il a une autre vision, il veut faire
autre chose, il veut manager différemment, il veut revoir tout ça parce que ça ne lui convient
pas. Il fixe ses priorités.
C'était un peu comme ça que fonctionnait notamment EdF-GdF Services, la DEGS, il y avait
un bilan formel de fin de mandat. On regardait ce que le directeur précédent avait mis, une
vision externe par contrôle général de la DEGS qui venait d'une manière forte et lourde
pendant une semaine dans l'unité afin de faire un rapport d'audit pour le prochain directeur :
point d'entrée, les politiques, le contexte particulier du moment.
Quand il arrive, il fait son travail de la première année, il observe pendant 6 mois, fait son
diagnostic puis son CSU qui dure 3 à 5 ans. La dernière année il actualise. Ce qui donne un
rythme à peu près cohérent.
En 2000, il avait été demandé à toutes les unités de faire leur CSU.
Les MPL se rencontrent par pôle, lors de réunion de management animée par leur MDL
(CM), une fois par mois en moyenne selon les pôles. A chacun d'organiser son pilotage.
Et vos homologues?
On se voit trois fois par an en collège de direction, ça dure deux jours. Mais on n'est pas
nombreux, c'est facile de se contacter.
Participants?
Les directeurs de la DT, ils sont 4, les Directeurs de Régions, les Directeurs de centre, le
centre national d'équipement, le centre d'approvisionnements et de mouvements de gaz, le
centre d'expertise opérationnelle, des missions de la direction : la mission grand projet, la
mission contrôle de gestion, la mission études…enfin les missions et services nationaux, une
vingtaine en tout au collège de direction de la DT.
Les sujets abordés sont l'information descendante de GdF, ce qui s'y prépare, les sujets
techniques, sociaux, commerciaux, compte tenu de l'accès des tiers au réseau, ça va bouger
pas mal. C'est généralement plus descendant, mais il peut y avoir une ou deux régions qui
portent un thème particulier. Par exemple, lors du collège de février 2001, on m'a demandé de
présenter la manière dont on avait présenté le CSU. La démarche avait été trouvé intéressante,
on nous avait demandé de présenter en une demi-heure la manière dont on avait travaillé.
L'année dernière, la région Nord a présenté son système de pilotage. Mais c'est plutôt les
missions et services centraux qui parlent des sujets d'actualités, des politiques à faire évoluer,
telle organisation en chantier, telle thématique, parfois il y a des intervenants extérieurs qui
viennent nourrir la réflexion, ou encore le Président GdF, etc.
Généralement, on le voyait pour faire le bilan du contrat de l'année précédente, et puis pour
signer le contrat de l'année suivante. Les questions plus personnelles, d'évolution de carrière
sont traitées soit en même temps, soit de manière un peu différé dans un entretien plus
personnel que les résultats chiffrés de la région.
Après il y a des contacts de travail, non pas au quotidien, mais en tant que besoin. Quelque
chose d'un peu formalisé sur la base d'un document préparé par J.Herlaut, notamment faisant
le point des résultats de la région, c'est une fois par an.
J'ai des délégations financières. Je peux signer jusqu'à tant d'euros. En terme d'organisation de
notre unité, c'est moi. Sur des questions de modalité d'exploitation
Il y a des guides de savoir-faire, des décisions nationales qui explicites un peu le cadre, là-
dedans le directeur de la région décide avec des marges de manœuvres avec des marges de
manœuvres qui sont significatives. S'il décide de ne plus faire de maintenance pour faire des
économies, il peut, le jour où il y a un accident, c'est lui qui est responsable.
L'univers est contraint parce qu'on ne peut pas décider demain d'aller transporter de
l'électricité, parce que ce n'est pas dans mon domaine de compétences. Par contre, dire que
cette organisation n'est pas pertinente, et qu'il faut la changer, d'ailleurs on l'a fait en 1998.
Après il y a un rebouclage parce qu'il peut y avoir des impacts sociaux, des impacts en terme
de coûts… il y a des échanges. De toute façon, si c'est significatif, c'est dans le CSU, ensuite il
y a différents échanges annuels où c'est possible.
Cette année, on a réorganisé notre réseau parce qu'on avait des coûts supérieurs par rapport à
d'autres régions. Cela a été indiqué là-dedans, les actions sont écrites là-dedans, on les a mises
en œuvre, il y avait quelques impacts sociaux, j'en ai parlé à mon directeur pour savoir ce qu'il
en pensait, pour savoir si on faisait ou pas, j'ai échangé avec lui un peu d'une manière
informelle. Ce n'est pas une validation que je lui demande, c'est un échange pour qu'il soit
informé de ce qu'il se passe dans sa direction.
L’autonomie des MDL concerne surtout les pôles dont ils ont la charge, pas les processus.
Sachant qu'une unité de 350 personnes est toute petite, les décisions se prennent de manière
collégiale et assez rapidement. En tant qu'animateur de processus, ils ne sont pas responsables
des processus, ils ne sont qu’animateurs, le responsable est un responsable national.
Ils sont chargés de faire en sorte que le plan de mise en œuvre de processus national se
déploie dans l'unité, de surveiller les indicateurs.
Leur mission : leur processus est sous la responsabilité d'un responsable au plan national. Il
définit un plan de management du processus, ce qu'on doit y faire, les compétences
nécessaires. Il y a des indicateurs.
Par contre, ce plan de management ne dit pas comment ça fonctionne dans chaque unité, parce
que les unités sont organisées d'une manière différente, il peut y avoir des questions de
géographie, avoir des terminaux ou pas, …le plan de mise en œuvre donne les principes de ce
processus au plan régional. L'animateur doit écrire le plan de mise en œuvre, faire en sorte
que les indicateurs sur lesquels la région s'est engagée soit correctement repris dans les
contrats des uns et des autres pour qu'il n'y ait pas de chaînon manquant.
Quand il y a homogénéité entre le processus et son rôle vertical, c'est plus simple, quand il n'y
a pas homogénéité, le rôle que je leur ai demandé comme il n'est pas responsable du
processus, des objectifs puisqu'il n'a pas les ressources. On ne peut pas être responsable quand
on n'a pas les moyens. Par contre sa responsabilité est sur deux choses : surveiller les
indicateurs et si ça dérive d'alerter les collègues de la direction pour éventuellement traiter le
problème d'arbitrage ou autre, et puis de faire en sorte que si des objectifs de son processus
dépendent d'autres divisions, il doit alerter son collègue. Doit pouvoir proposer comment ça
doit marcher au sein de la région, c'est moi qui signe les plans de mise en œuvre, ça concerne
bien l'organisation globale de la région, et une fois le plan de mise en œuvre établi, s'assurer
que les indicateurs sont élaborés, les regarder une fois par mois, si ça bien on continue, et si ça
ne va pas bien d'alerter et en amont que les objectifs importants soient bien intégrés.
Le mode de fonctionnement est récent, ça doit aussi vivre dans la relation national-local, entre
le hiérarchique et le transverse, il y a toujours une question de calage.
Le deuxième terminal?
Vu l'ampleur du projet, le directeur de projet est quelqu'un de la Mission Grand Projet, avec
une équipe d'ingénierie au centre national d'équipement.
Le rôle de la région dans la phase où on en est du projet consiste à assurer le relationnel local,
pour favoriser et faire que le projet puisse se faire, avec les élus, les acteurs économiques,
avec le public (on a fait des réunions publiques fin juin), avec la DRIRE, les parties
intéressées au projet.
C'est un peu le relais local de l'équipe projet national pour garder la dimension locale qui est
présent sur le terrain et qui connaît les acteurs.
Les investissements ne sont pas sous la responsabilité de la RM, par contre on a un rôle a joué
sur le portage dans ce relationnel local. Et puis un jour, il va falloir exploiter ce terminal
quand il sera mis en service.
Le rôle de la région c'est bien de voir comment on va s'y prendre, à partir de quand, créer les
ressources pour qu'elles soient compétentes, qu'elles aient le professionnalisme le jour où ça
va démarrer, qu'est-ce qu'on fait à partir du terminal existant, quand est-ce qu'on recrute, où,
comment, etc.
Cette dimension de l'intégration est bien sous la responsabilité de la région en tant que futur
exploitant.
Pendant le projet, on se sert de son ancrage local pour favoriser le relationnel qui est plus
difficile depuis Paris, par la connaissance qu'on a du milieu local, soit avec le responsable du
terminal, soit moi-même, soit le délégué régional de GdF qui est dans le dispositif, les
questions sociales à intégrer ne peuvent se faire que localement.
Décision nationale de GdF, même pas de la DT à 400 ou 500 millions d'euros. Ce terminal est
aussi lié à d'autres enjeux de GdF du fait de l'ouverture des marchés.
La décision de faire un terminal c'est bien la DT qui dit "moi, avec les infrastructures
existantes, je n'y arrive plus" et Négoce qui dit "j'ai acheté du gaz en Egypte, il faut que je
l'emmène en France" et la DG décide.
La fonction Négoce intervient dans deux maillons, en amont et en aval du Transport, parce
que dans le Négoce, il y a à la fois l'approvisionnement, et puis la vente, et le Transport au
milieu.
Clients?
Le principal client de GdF Transport est GdF Négoce. Il y a aussi d'autres opérateurs gaziers
que sont La Compagnie Française du Méthane et Gaz du Sud-Ouest, on vend aussi du transit
pour compte de tiers c'est-à-dire entre opérateurs gaziers (les espagnols ont acheté du gaz au
norvégien, il transite par le réseau, c'est des accords entre opérateurs gaziers. GdF Négoce a
vu un certain volume de sa clientèle éligible changer de fournisseurs avec l'ouverture des
marchés. 15% du marché éligible (clients qui consomment plus de 25 millions de m3 par an
sur leur site, ça passerait à 15 en 2003, et à 5 en 2008, et le sommet de Barcelone a décidé que
tous les clients professionnels à partir de 2004 seraient éligibles et pourraient acheter leur gaz
et électricité chez qui ils voulaient, il y a eu une accélération du mouvement européen d'une
manière globale) qui ont changé de fournisseurs et GdF a des clients notamment dans le Nord
de la France où il y a d'autres opérateurs qui demandent à GdF de transporter du gaz sur les
ouvrages de GdF pour le compte de clients auprès desquels antérieurement GdF vendait du
gaz.
Le marché est caractérisé notamment par le delta du Rhône qui est industriel, avec une très
forte concentration à Fos, Berre et ?. Dès qu'on s'éloigne du triangle du delta du Rhône, vers
la Provence, la Côte d'Azur, il y a essentiellement du marché résidentiel où il y a de l'outil
industriel mais de la grosse industrie. Il y a une dizaine de clients éligibles qui demandent de
la grosse industrie qui n'ont pas changé de fournisseurs.
Il y a une structure des tarifs, parce que l'approvisionnement se ferait par GNL, c'est quand
même moins facile que d'acheter du gaz gazeux en Grande Bretagne ou en mer du Nord, il
faut affréter des navires, c'est un peu compliqué pour un opérateur intermédiaire de s'occuper
de GNL, les nouveaux arrivant sous cet angle.
Oui effectivement aujourd'hui un client vient nous voir, nous dit avoir acheté du gaz
norvégien, le point d'entrée c'est la frontière Franco-belge, j'ai tant de quantité de gaz et je
veux l'amener à tel point du réseau. Vous pouvez regardez sur Internet, le site GdF Transport,
vous avez les tarifs de transport. C'est un tarif à la distance, vous avez des zones. Vous pouvez
demander une simulation. Il y a également une part à la souscription, vous ne payez pas qu'au
kWh. C'est une quantité à transporter sur l'année, avec des débits mini, maxi, donc une
question de modulation qui intervient.
Ensuite, il y a une prestation dont la consommation varie, soit ils souscrivent au maxi parce
que les tuyaux…, soit ils souscrivent au médian. Alors GdF Négoce mais pas GdF Transport
peut leur vendre une prestation de stockage sur un certain nombre de points où l'on peut faire
de la modulation. C'est Négoce qui vend même si l'exploitation technique du stockage c'est le
Transport. Nous on fait une prestation technique d'exploitation du stockage, et Négoce vend la
prestation de stockage à ses clients, parce que le marché du stockage n'est pas dans le monde
régulé aujourd'hui. Il n'y a pas d'accès des tiers au stockage, il y a un accès des tiers au réseau,
aux terminaux, il y a des barèmes déposés, le stockage est une prestation commerciale, c'est
dans le milieu concurrentiel. La personne peut choisir de faire sa modulation sur le puit de
production, ou au plus proche, souscrire au maxi… sur les terminaux, les tarifs dépendent de
la quantité, du nombre de touchés de navire, de la durée de stockage parce que sur un bateau il
y a des bacs de stockages, mais la fonction des bacs sur un terminal n'est pas pour faire du
stockage de longue durée, c'est fait pour décharger un navire et permettre les mouvements de
navire. si un navire méthanier vous suffit pour toute l'année, on fait payer le fait que vous
immobilisez du stockage pour la durée de l'année, et qui pénalise l'exploitation des autres.
Ça c'est sur le transit, vous êtes nouveaux clients, vous avez un contrat de raccordement pour
?? qui paye la canalisation qui vous relie au réseau. Vous êtes nouveau client dans un lieu où
vous seul êtes concerné, il faut tirer un tuyau, c'est vous qui payez l'ouvrage de raccordement.
Sachant que le client peut aujourd'hui faire appel à quelqu'un d'autre, mais après il faut qu'il
exploite.
Tous les pétroliers, ou encore Air Liquide qui transporte d'autres gaz (D'ailleurs autour de
l'Etang de Berre ils ont un tas de canalisation, donc ils savent faire), sont des gens qui savent
faire.
Après avoir un bout de tuyau en pleine nature sans avoir la structure d'exploitation, c'est une
certaine responsabilité.
Les thèmes stratégiques on en a 7, ce sont finalement nos orientations. Si vous voulez dans les
thèmes stratégiques du CSU, on a définit 7 orientations :
contribuer au développement du transport du gaz sur l'arc méditerranéen ;
assurer la pérennité et la performance de l'outil industriel, parce qu'il est vieillissant et qu'il
faut commencer à s'en occuper ;
qualité ;
sécurité ;
environnement ;
la performance économique ;
On a choisi 7 orientations, qui sont 7 thèmes, après on a choisi des axes mais ce sont vraiment
des classeurs, ça évite de mettre des actions en vrac. Puis on a des actions, des objectifs.
Parfois c'est rapprocher nos coûts d'exploitation sur transport de la moyenne de la DT, action
terminée fin 2001, le diagnostic est partagée, une étude est finalisée. Ce sont des objectifs ça,
finaliser une étude, après il faut la mettre en œuvre.
7 orientations, une vingtaine d'axes, des actions qui sont actualisées toutes les années.
Vous avez tous les axes qui contribuent aux valeurs de la DT.
Monsieur Discret, Direction DEGS - Chargé de mission délégation réseaux gaz, La Défense,
Paris.
L'interlocuteur
Je suis ce qu'on appelle un gazier première langue, je suis rentré à la distribution, mais il y
avait à l'époque un centre privilégié qui s'occupait de la banlieue de Paris, qui ne faisait que
du gaz. En 1975 et pendant 10 ans, je suis resté dans ce centre, j'avais à la fois des
responsabilités techniques dans une base de travaux et puis des activités clientèles. Ça
s'appelait des inspections, maintenant on appellerait ça une agence, seulement, on ne faisait
que du gaz.
Après je suis resté pendant 5 ans dans les services centraux dans le domaine de la gestion avec
Jourdan notamment. Je me suis occupé d'indicateurs, de critères de gestion, on a mis en place
le coût de distribution par kWh/h. les gens avaient un système de gestion sur les budgets avec
la logique "je ne dépense pas plus que ce qu'on m'a alloué", alors que l'intérêt du système
kWh/h est de ramener les dépenses supplémentaires aux ventes supplémentaires. Les
irrécouvrables pèsent lourds et n'étaient pas pris en compte dans le prix. Il y avait des ratios,
des délais de paiement qui étaient surveillés, mais il n'y avait pas la synthèse économique de
l'ensemble qui permet le prix de revient par kWh/h.
Après j'ai mis ça en application, je suis parti dans un centre comme chef de services
comptables et financiers, pour un ingénieur… il y avait un bon adjoint qui s'occupait de la
comptabilité, et je m'occupais de la gestion, là, j'étais le porte-plume pour la rédaction du plan
stratégique. C'était l'époque où on lançait le contrôle de gestion, on décentralisait, 1990, il y
avait des reporting, des contrats de gestion à négocier. J'ai fait ça pendant 5 ans puis je suis
remonté à nouveau aux services centraux à la Défense. J'ai fait trois de purgatoire dans le
système d'information…tout le monde peut se tromper…et retour depuis 1998, dans le
domaine Technic-gaz. Je suis un peu le directeur de cabinet du délégué si j'ose dire. Chaque
fois qu'il tombe quelque chose, qu'il ne sait comment attribuer, ça me tombe dessus. Je
m'occupe de la gestion, de la mise en place de la directive européenne, parce qu'il n'y pas de
structure en place, quand il y a une thésarde qui souhaite venir… lui préparer ses dossiers à
chaque fois qu'il a à les présenter à un comité d'EDF - GDF. Ça me permet d'être au courant
de tout ce qui est l'avenir, tout ce qui est un peu important, par contre j'ai besoin des autres. Il
m'a annoncé ce matin qu'il y a un dossier sur les conduites en polyéthylènes de 8 bars… ça
demande un peu de technique, pour préparer le dossier je ne pourrai travailler tout seul. Si je
savais faire des beaux papiers sans savoir ce qu'il y a dedans, je ne serais pas là, je serai au
management…!! L'autre jour, j'étais content, il avait à faire un avis sur un plan stratégique de
centre, d'habitude c'est l'assistant technique gaz qui le font et puis il le valide, il m'a demandé
de le faire, et ben j'ai réussi à le faire sans lire e plan, je pourrai être manager un jour, il avait
donné l'avis des autres, donc à partir des avis de la gestion, du contrôle interne.
Présentation, …
Ici, on est à la distribution, c'est un petit peu différent de ce que vous avez vu parce qu'on est
mixte, le poids d'EDF est beaucoup plus fort chez nous que le poids GDF, en gros en terme de
clé comptable on a un pourcentage de ¾, ¼, mais c'est assez représentatif des préoccupations
qui a. Si vous êtes arrivés ici c'est parce qu'on est la délégation réseaux gaz et que finalement
au sien de la distribution, on est les seuls à ne travailler que pour GDF, sinon les autres
fonctions, les fonctions clientèles, les fonctions collectivités locales, toutes les fonctions
logistiques travaillent à la fois pour EDF et GDF. GDF est plus aspiré par les orientations
d'EDF que celles de GDF.
La fonction Technic-gaz c'est la fonction du réseau, notre fonction est de récupéré du gaz aux
postes de livraison du transport. La direction transport que vous avez vue transporte du gaz à
haute pression sur des longues distances, on le récupère et on l'achemine chez les clients. On a
une fonction de transit de gaz local par opposition au transport qui transite du gaz sur longues
distances. On est plus des détaillants par rapport à des grossistes.
On a un truc très fort à la DEGS, c'est une répartition entre les fonctionnels (je pars de la tête
de la DEGS, on a un directeur, on a une branche qu'on appelle la branche métier : ce sont des
gens qui réfléchissent, et puis on a le management qui est la branche opérationnelle. Du côté
du management on va trouver des groupements de centre et des centres).
On va peut-être commencer par les centres parce que le but est de servir des clients et ce sont
eux qui ont le manche. Dans un sens, on va retrouver des opérationnels une fonction technic-
élec, une fonction Technic-gaz = livrer des produits, s'occuper des réseaux et amener le
produit chez le client, une fonction clientèle = accueil des clients, facturation et
recouvrements, une fonction qui est très importante à la Distribution, c'est la fonction
collectivité locale qui s'occupent des relations avec les concédants. On retrouve évidemment
les RH, les approvisionnements…
Il y en a 4 qui sont uniquement élec, ce sont les centres des départements d'Outre-mer :
Guyane, Martinique, Guadeloupe et la Réunion, là, il n'y a pas de gaz, c'est déjà pas rentable
de faire de l'élec. si en plus il fallait amener du gaz… La différence entre les deux, c'est que
l'élec est vraiment un service public pur et dure, c'est un produit de première nécessité, alors
que l'on peut se passer du gaz, on peut se chauffer avec du fuel, du propane, de l'électricité. IL
y a une notion de rentabilité pour le gaz, on regarde si économiquement il est justifié d'amener
du gaz dans une commune, alors qu'en élec on ne se pose pas la question. Donc on a 102
centres, dont 98 gaziers et au-dessus on a 9 groupements de centre. Les groupements de centre
représentent 2 ou 3 régions administratives. La base avait été choisie sur une maille de
multiplication racine de 100 est 10. Un directeur qui commandait 10 directeurs de
groupements de centre et chaque directeur de groupement commandait 10 directeurs de
centre. Le groupement de centre pour l'instant n'a pas une très forte identité, c'est vraiment un
échelon intermédiaire, vis-à-vis de l'extérieur, le groupement de centre n'est pas très visible.
L'interlocuteur externe s'adressera plutôt au centre, le groupement de centre est un
intermédiaire de management.
S'il y a un interlocuteur à trouver pour un préfet de région, c'est au niveau du centre qu'on va
le trouver, ce n'est pas au groupement.
Ensuite, on a un côté métier, il faut appliquer, faire, servir et produire des résultats. Ici, il y a
des gens qui sont plus fonctionnels c'est-à-dire que ce sont des réflexions sur les métiers. On
appelle réseaux élec. plutôt que technic-élec avec les nouvelles directives, il y a une notion
d'opérateurs de réseaux qui apparaît. On a le réseau élec, le réseau gaz, la fonction clientèle,
les collectivités locales et des fonctions de soutien on a système d'informations, R.H., la
qualité, et les achats. Ça fait 8.
Notre métier "réseaux gaz" c'est d'élaborer les politiques, dès que quelque chose est produit, il
y a une évolution à conduire, on prépare une politique, on la fait approuver par la direction,
ensuite cela passe de l'autre côté pour la mise en œuvre. Différence très forte qui présente un
certain nombre d'inconvénients de séparer comme ça les fonctionnels du management. On a
par exemple du mal à avoir les notes de retour sur nos politiques, on définit un truc, on le fait
valider, mise en œuvre, on n'a pas le pouvoir d'aller voir comment c'est mis en œuvre.
Dans les années 90, on a créé cette scission parce qu'il y avait trop de pouvoir des
fonctionnels. Ce qui a été coupé pour les techniciens c'est la gestion des investissements, on
faisait une politique technique, et ce sont les fonctionnels techniciens qui arbitraient les
investissements, qui fixaient les montants nécessaires à la distribution et qui répartissaient ça
sur des attachés techniques régionaux et qui attribuaient ça aux centres. Celui qui détenait les
sous détenait le pouvoir, donc il y a les fonctionnels et un attaché de gestion rattaché. Il y a
une méfiance assez forte de ce qu'on appelle l'expertise, le pouvoir doit être aux managers et
non aux experts. C'est pour ça que lorsqu'on me demande de définir un expert, je dis que c'est
un gars qui n'est pas capable d'être manager. Ce qui tempère c'est qu'il n'y a pas mal d'aller-
retour, les gens qui sont souvent des métiers viennent du management, ce sont souvent des
gens des centres.
Plan d'affaires ?
GDF nous a demandé de faire un plan d'affaires, il y a deux ans maintenant. Cela s'est fait de
manière différente selon les métiers. Le commercial on lui a dit de faire un plan d'affaires,
donc tout le monde s'en est emparé, y compris le directeur des ventes, ils ont réfléchi à leur
stratégie, la façon dont ils allaient évoluer, comment ils allaient mener ça pendant plusieurs
années.
Dans les autres métiers ça été plus un événement, plus une mise en cause.
Le plan d'affaires c'est un beau document, mais qui n'est pas une occasion de réajuster,
d'échanger, ça existe mais pas à l'occasion du plan d'affaires.
Il y a une action qui est vachement importante c'est consolider le professionnalisme. En fait la
distribution est structurée autour d'une maille départementale, le gaz qui est une activité
relativement petite à une maille départementale, on a du mal à maintenir toutes les
compétences. Malheureusement, on n'a pas assez d'accidents…(rire) Il y a un certain nombre
d'actes qui nécessite une certaine expertise pointue, sur un département on peut avoir des
tuyaux d'une pression de 20 bars, si une personne n'a que 5 ou 10km de tuyaux à entretenir,
elle n'aura pas souvent d'incidents dessus, le jour où il aura un incident dessus il risque de ne
pas avoir le bon réflexe. On a identifié ce problème assez fort pour qu'on essaie de résoudre
en mutualisant des activités, c'est-à-dire que telle activité sera réalisée par tel centre, un centre
peut réaliser une activité pour une dizaine d'autres. On a tout ça à structurer, c'est une
réflexion qui était déjà engagée, qui n'est pas terminé, parce qu'il y a des résistances assez
fortes.
Ça été une demande de la direction de GDF, elle met encore le doigt dessus pour savoir ce
qu'on fait, où on en est… C'est un chantier important, quelque chose qui à l'occasion du plan
d'affaires on a remis noir sur blanc, tous les axes d'action qu'il fallait faire, mais il avait été
pensé avant.
Deuxième chantier important qu'on a avec la directive européenne qu'il faut mettre en place :
Essayer de réfléchir sur : qu'est-ce que c'est qu'un opérateur de réseau gaz ? Faut-il détacher la
partie commerce ? Qu'est-ce qui nous reste ? Comment gérer tout ça ? Comment voir le
développement entre le commerçant qui a intérêt à vendre du gaz et nous qui avons intérêt à
étendre notre réseau et du branchement ? Des questions qui se mènent … on n'a pas attendu le
top du plan d'affaires pour se demander comment définir notre avenir.
A contrario, j'étais en centre entre 1990 et 1995, on avait un plan stratégique à faire, chaque
centre avait un plan stratégique à faire.
Le plan stratégique a été mis en place en 1989-1990 (comme à la SNCF, j'ai un copain à la
SNCF, quand on cause on voit qu'on a les mêmes modes au même moment, on va dire qu'à
l'époque il y avait un grand courant décentralisateur, ça doit être des universités qui étaient
passées), un grand courant décentralisateur qui voulait que le centre améliore son ancrage
local, qu'il s'interroge sur ce qu'il peut apporter au résultat. Il y a des orientations nationales,
mais il va regarder au niveau local, quels sont ses enjeux à lui, qu'est-ce qui lui est propre.
Quand on a fait un plan stratégique dans la banlieue parisienne, c'est sans doute n peu moins
marqué que dans la Province, parce que les enjeux en région Parisienne dépassent ceux du
Centre, mais c'était vraiment dire : Qu'est-ce que je peux apporter ? Quel est mon entourage ?
Qu'attendent mes collectivités ? Qu'attendent mes clients spécifiques ? Comment je peux y
répondre ?
Qui y participaient ?
L'ensemble de l'équipe de direction du centre : le directeur de centre et son adjoint, ainsi qu'un
chef Techni-élec, un chef Techni-gaz, les chefs d'agences (5) qui géraient à peu près 80000
clients. C'était un horizon à 5 ans. Quel était l'enjeu du centre ? Son ambition ? Des remises en
cause d'organisation ? Ça débouchait sur des plans d'actions sur les années à venir.
Quand un directeur de centre arrivait, il faisait son plan stratégique, quand il s'en allait, le
suivant faisait le suivant. On se donnait la direction pour 5 ans et au bout de 3 ans on regardait
les inflexions à apporter. Comme je suis resté 4 ans et demi, j'en ai vécu deux, même si le
deuxième avait été un peu plus léger, il y avait quand même eu des inflexions qui avait été
apportées. Disons que ça c'était l'élan décentralisateur, le balancier était parti dans ce sens là,
on a vu fleurir des solutions un petit peu originales, de partout. Je pense que l'ancrage des
collectivités locales date de là. Avant on était distributeur, c'était un petit peu l'administration
avec ses usagers, là on a pris conscience qu'il y avait quelque chose à regarder, qu'il fallait
combattre notre légitimité locale.
En 1997-1998, il y a un nouveau directeur de la DEGS qui est arrivé et qui a trouvé que la
cohérence s'effilochait un peu. Le balancier est reparti dans l'autre sens : il faut privilégier la
cohérence, remettre en exergue le prescrit, les experts étaient invités à redéfinir ce qui était
important, le plan stratégique s'est émeu un petit peu, il s'appelle maintenant plan à moyen
terme. C'est plus la façon dont le centre met en œuvre les politiques de GDF, il n'y a pas de
réflexion en local, on a remis l'accent sur le prescrit, il y avait effectivement une certaine
liberté à une adaptation à faire localement.
Le balancier de la décentralisation avait été un peu loin, notamment par rapport à certaines
politiques techniques qui n'étaient plus appliquées. On dit qu'il y a des fontes cassantes
notamment à Lyon, ça peut générer des accidents un peu fâcheux pour l'image de marque du
gaz et les gens qui sont à proximité. IL y a une politique de résorber cela sur les 10 ans,
certains avaient estimé que ce n'étaient pas prioritaires.
Evolution possible ?
Ils conservent les fonctions tournées vers l'externe : le réseau, la clientèle et les collectivités
locales, et la fonction R.H. Encore qu'on pourrait envisager de mutualiser la gestion du
personnel, mais la politique R.H. dépend toujours du directeur de centre.
Un centre = entre 400 et 1000 personnes.
Nous, gaziers, pour lequel on se bat un petit peu, on est incité par notre DG, c'est de voir ce
truc là remonter, cette fonction technique qui dépend du directeur de centre qui doit faire sa
politique technique, son schéma directeur, on aimerait bien le voir à la maille du groupement,
on ne peut pas avoir 100 chefs de services techniques. Souvent, ce qu'ils nous font, c'est partir
du principe que le service Techni-gaz n'est pas gros, charger le chef de service Techni-élec du
service Techni-gaz. Du coup, ce n'est plus piloté, c'est quelqu'un qui n'a pas d'expertise. On
verrait bien remonter le niveau Techni-gaz (ce qu'on appelle la maîtrise d'ouvrages) par
exemple au niveau des groupements, et de faire le choix de dire qu'il y a un centre dont le
responsable de Techni-gaz s'occupe de la région, ou la région administrative. C'est une
personne qui ne s'occupe que de gaz, non pas 20% de son temps, mais 100%, avec une
équipe. Dans le centre, on peut laisser ce qui est exploitation des réseaux, activités
quotidiennes parce que c'est vrai qu'en cas d'intervention urgente, s'il faut faire 300km avant
de se trouver sur le site, ce n'est pas envisageable. Mais ceci fait sauter la sacro-sainte maille
centre où la politique est définie.
Même pour Techni-élec, il se porterait mieux si on pouvait la remonter, parce qu'il faut quand
même faire de la productivité. Généralement, on a un volume de problèmes tels qu'on peut
maintenir une expertise au niveau d'un centre avec une équipe 5, 6 personnes, alors que là
quand on fait une analyse les besoins, on tombe sur deux personnes, ça devient l'activité
minoritaire. Après on a des problèmes d'évolutions de carrière, une personne sait que dans le
gaz, elle ne peut pas faire carrière, on va perdre son expérience, sa compétence, il part ou il
est obligé de faire autre chose que du gaz.
Deux types :
Dans ces commissions, on soumet toutes les politiques qu'on doit faire passer, si on veut
définir une politique avant d'aller voir le comité de direction, il faut avoir l'avis de la
commission des directeurs de centre. Il donne leur avis si c'est applicable, trop cher,
techniquement impossible… des inflexions peuvent être amenées à la politique. Il peut y avoir
des thèmes, des discussions sur des sujets.
Le gros projet en ce moment c'est la cartographie qui est d'une qualité assez moyenne, un
ouvrage repose, et 50 ans après…ce n'est pas une mince affaire de maintenir à jour une
cartographie, à l'occasion de quelques accidents, on s'est rendu compte que ça laissait à
désirer. Là on ne leur a pas demandé leur avis, il y a un directeur général qui a dit suite à un
accident, de mettre la cartographie à jour, et que c'était une priorité dans la maison.
(On a pris un centre par groupement qui pilote l'opération, il devient centre conseil
cartographie réseau, ça nous permet d'avoir une relation privilégiée avec 10 centres plutôt que
d'en avoir 98. On a 8 centres en face de nous, c'est des équipes qui sont animables. Là c'est de
l'expertise, il n'y a pas de décisions. Quand on prépare des décisions, des politiques, on le fait
en concertation avec notre CCR (centre conseiller cartographie réseau) et ensuite on le
propose à la commission des directeurs de centre qui revérifie l'applicabilité, et on signe les
notes. Ils nous ont fait un certain nombre d'observations, notamment sur les rythmes, on était
parti sur deux ans, ils nous ont dit que ce n'était pas faisable n'ayant pas toutes les
compétences pour assurer, on l'a étalé sur trois ans. On a pris en compte leur remarque, ça
tombe bien, on avait une pression pour diminuer les budgets…
IL y a cet aspect faisabilité qui a créé des itérations, ce n'est pas évident de mesurer la charge
de travail que ça peut représenter. La cartographie qui est une opération vraiment très lourde,
qui met en œuvre pas mal de monde, on a intérêt à le faire en concertation avec les centres de
manière à ce que ce soit accepté, si c'est seulement une directive qui redescend, ils vont dire :
Tu peux toujours courir.
Par groupement de centre, on a un centre pilote, c'est un centre expert, la directive qui
descend par le management comme d'habitude, mais le centre expert est à la disposition du
centre de chacun des autres centres pour l'aider à mettre en œuvre, pour lui expliquer, pour
démultiplier. Il faut fiabiliser, il y a près de 200km de papier par centre si on met bout à bout.
On doit pouvoir dire où sont nos tuyaux à tous les concessionnaires, ce n'est pas la même
profondeur, on ne sait pas où sont les conduites. Le gaz qui fuit à l'air libre n'est pas
dangereux, ce qui est dangereux c'est si quelqu'un arrache une conduite, ne dit rien à
personne, rebouche le trou, et que ça s'accumule dans une cave d'immeuble, mais à l'air
libre…
IL y a une commission des directeurs de centre pour chaque domaine : clientèle, R.H., S.I.,…
il y en a un autre qui doit plus vous intéresser, c'est le G15. C'est le directeur d'EDF - GDF
services qui choisit une quinzaine de directeurs de centre et les invite à réfléchir sur un thème,
ce sont plus de réflexions sur la stratégie. Je sais par exemple…j'ai connu son existence quand
on a lancé le projet sur le professionnalisme il y a deux ans. Il a convoqué son G15, il a dit
avoir un problème de professionnalisme de gaz, il leur en parle un petit moment le matin, les
laisse toute la journée et les retrouve en fin de journée pour écouter leurs propositions pour
améliorer.
Ce n'est pas systématique, quand il y a une question qui se pose, ils se plaignaient beaucoup
d'avoir X priorités à gérer, il a réuni son G15 et il leur a demandé comment pouvait-on
ordonner tout ça, qu'est-ce que vous pourriez définir comme priorités pour nous (de 100 on est
passé à 95…). Ce sont des questions un peu délicates, avec son G15, il prend l'avis du terrain,
il les réunit pendant une journée, ça doit être animé par un consultant quelconque,
généralement ce n'est pas très encadré au départ, pour favoriser une expression.
Les participants sont 15 directeurs de centre, mais ce sont toujours les mêmes, ça peut évoluer
au fil du temps, mais il n'en prend pas 15 différents à chaque fois. Ils s'habituent un peu à la
démarche, ça doit être un peu plus efficace, ils savent que de temps en temps on leur demande
de réfléchir.
Moi = 15 sur 102 pas énorme, pourquoi pas deux groupes parallèles...
J'avais vu les restitutions, le résultat était qu'ici c'était formidable, tout marchait bien, par
contre côté expertise, ils n'en sont pas revenus. Si on ne savait pas définir les priorités, c'est
parce que les experts ne savaient pas.
C'est peut-être vrai d'ailleurs parce qu'en coordonnant les priorités par métiers, ça n'aide pas à
dégager les réelles priorités ici, chacun commence à considérer que c'est ce qui fait lui qui est
prioritaire. Les fonctions sont vraiment cloisonnées
Nous, nous ne comprenons pas pourquoi ils ne mettent pas en œuvre la carto parce que c'est
une priorité pour l'entreprise, en fait c'est parce que la R.H. leur a déjà une priorité, en
clientèle également…etc.
Je n'ai pas la notion du nombre de réunion que ça peut représenter ce G15 par an, on a
connaissance qu'ils se réunissent parce qu'on nous apporte le fruit de leur réflexion sur un
thème qui nous concerne.
Ça paraît toujours descendant, dans le sens où c'est une préoccupation de la direction qui
convoque son G15, ce n'est pas un système de remontée spontané qui vient du terrain, le
thème n'est pas choisi par le G15 mais par le directeur.
Après dans le domaine technique, il y a des réunions des responsables Techniques Gaz de
centre par groupement qui sont animés par le directeur de centre qui fait partie de la
commission Techni-gaz. Il chapeaute, il anime la fonction Techni-gaz sur le groupement de
centres.
IL y a un directeur de centre qui anime chaque fonction sur un groupement, il réunit les
responsables de chaque centre, et pas d'une façon hiérarchique, c'est-à-dire que ce n'est pas
pour leur donner des instructions, mais pour échanger sur les thèmes qu'ils veulent, les
politiques, suggestions. Ensuite, ce directeur de centre est sensé puisqu'il anime tous les
responsables Techni-gaz de tous les centres avoir plus de poids pour porter la bonne parole
aux commissions des directeurs de centre avec la présence du délégué réseau gaz.
Les aspects commerciaux également, les remontées qu'on a au niveau commercial, ne sont pas
toujours très fiables, dont on ne mesure pas toujours très bien la fiabilité. Il y a deux ans il y
avait une demande assez forte en branchement gaz, les délais se sont allongés, on avait
l'impression que c'était miraculeux quand un client arrivait à se brancher au réseau, en fin
d'année il y avait quand même 250 000 personnes de plus qui s'étaient raccordées au réseau,
250 000 exceptions dans la catastrophe que vous décrivez… C'est assez difficile de voir s'il y
a quelque chose à faire, à voir, à structurer… 100 clients qui ont des difficultés sur la France,
c'est évidemment 100 de trop, mais ce n'est pas catastrophique.
Que faire ?
On a eu du mal à mesurer, on a fait des enquêtes auprès des centres, là on a 100 centres en
face de nous.
On met en place, comme on sait le faire chez nous, tout un tas d'indicateurs mais qui n'est pas
complètement opérationnel. Pour prévoir le délai de branchement, le taux de branchement,
des clients demandent du gaz mais ils en ont besoin dans trois mois, on peut dire changer sa
chaudière dans trois mois, avoir le branchement dans trois mois, mais on ne peut pas dire que
le branchement a pris trois mois, le client ne le voulait pas avant trois mois.
On ne peut pas mesurer le délai, ni même le délai moyen, il faut pouvoir mémoriser le souhait
du client et comparer la réalisation avec le souhait. Il fallait modifier le système d'information
client en ajoutant une petite case qui correspondant à enregistrer le souhait du client.
Notre souci c'est d'avoir des personnes qui ne font que du gaz, là on pourra les piloter, et
donner les priorités.
Collectivités locales, ce n'est pas le même type de fonctions, il y a 80000 clients à gérer et
peut-être 200 personnes.
Dans la réforme 90, le cassage du niveau régional est assez fort, il y avait un blocage des
directeurs régionaux, qui était là depuis 10 ans, qui étaient des barons, qui faisaient un peu ce
qu'ils voulaient, on avait du mal à faire redescendre tout jusqu'en bas. En 1990, le principe
était de redonner du pouvoir au centre, du pouvoir stratégique, séparer bien l'expertise, les
experts ne pèsent plus directement sur les centres, le niveau régional ne pèse plus non plus sur
les centres. IL y avait 22 directions régionales maintenant il y en a plus que 8, et une direction
régionale c'était plusieurs dizaines de personnes. Après c'était de dire que le directeur de
groupement était un appendice du directeur, il était interdit avant par exemple quand on faisait
une restitution, il fallait mettre les 100 centres, il était interdit de faire un sous-total par
groupement de centre pour montrer que ce n'était pas un niveau organisationnel.
Maintenant on peut à nouveau faire des sous-totaux, ça s'explique, ça a une logique, il ne faut
pas condamner ceux qui l'ont fait, pour casser quelque chose il faut bien faire une rupture,
même si on sait qu'on exagère un peu dans un sens.
Après on se dit qu'il faut faire un peu plus de prescrire, redurcir un peu, fortifier tel niveau.
Est-ce que ça vous manque la décentralisation telle qu'elle était, ou qu'est-ce qui vous
manque ?
Ce qui nous manque, c'est le niveau Technic-gaz parce qu'on ne sait pas faire d'avoir 90
interlocuteurs.
C'est entre les groupements et les experts qui manque quelque chose.
Quelque chose existe dans notre Délégation réseau gaz, on a des conseillers Technic-gaz qui
dépendent de nous, on en a 3 en France, à Lyon, Bordeaux et Tour. Ces gens là sont au
service des centres, un centre qui a besoin d'expertise, d'appui, il ne sait pas comment faire
son chemin directeur, il ne sait pas si l'exploitation de son réseau est correcte, il peut
demander une mission au conseiller Technic-gaz. Chacun des trois ont quatre ou cinq experts,
ça fait une quinzaine d'experts qui font des missions ponctuelles à la demande des centres, et
qui nous aident à faire le portage des politiques. C'est à dire que quand on sort une politique,
on la fait valider, elle descend par-là, et eux ils vont l'expliquer en regroupant tous les centres
d'un groupement : il n'y a pas que le papier qui descend, il y a aussi l'explication orale qui va
avec.
Par eux, comme ils vont dans les centres, on a aussi des remontées de terrain, ce n'est pas
exhaustif, à savoir où est-ce qu'on en est sur tel thème, mais par contre, c'est par eux qu'on
peut savoir que le professionnalisme dans tel domaine fiche le camp. Ça s'appelle des
conseillers Techni-gaz, et ils dépendent directement de nous.
En clientèle, ils n'appellent pas ça des conseillers mais des Pôles d'Expertise Clientèles (PEC),
je ne sais pas s'ils ont rigoureusement le même rôle. Ils ont au moins la démultiplication de
l'information, ce qu'on appelle le portage des politiques, mais je ne sais pas s'ils ont ce rôle de
faire des missions à la demandes des centres quand ils sont dépourvus d'expertise d'avoir
l'appui d'un professionnel du métier.
Ça n'existe pas en collectivité locale, ils n'ont pas ces relais régionaux.
On dit parfois qu'il faut consolider tous les petits faits porteurs d'avenir.
Une fois par an on a une réunion plénière, avec même les assistants Technic-gaz des régions,
tous les gaziers qui a lieu vers le mois d'octobre, une demi-journée de descente et une demi-
journée festive. L'objectif est de se connaître, on parle plus facilement à un assistant, un
expert, si on s'est rencontré avec un petit verre à la main.
Décision (Doc/int/16)
Presse spécialisée
Presse
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Adecco
Documents internes
Bilan annuel
Plan de développement agence
Point agence
Réunion de lancement
Pilotagence
Le manuel qualité
Opinion Qualité
Bilan de mission
Bilan de service
Presse Spécialisée
Presse
Chevilley P., (13 septembre 1999), « Vedior veut marcher sur les traces d'Adecco et de
Manpower », Les Echos, page 9.
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Lauer S., (30 juin 2001), « Les entreprises ont de moins en moins recours à l'intérim », Le
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