La médecine de demain sera naturelle ou ne sera pas # 25

ÉDITO
ANTI-INFLAMMATOIRES

Ne prenez pas l’autoroute
Aucune maladie n’a probablement été aussi
mal comprise (et donc mal prise en charge)
par le monde médical que l’arthrose. On
pense qu’elle est irrémédiable. On prescrit
des anti-inflammatoires, prenant la douleur
pour cible. On conseille parfois de ne pas
solliciter l’articulation en question, puis,
passé un certain stade, on peut se voir pro-
poser quelques infiltrations intra-articu-
laires de cortisone. Tout cela sans jamais
guérir ou traiter l’articulation en peine.
Pourtant, des études, nombreuses, mo-
dèrent ce qui nous est présenté par le
monde médical allopathique comme
évident. Voyez plutôt : la course à pied
préviendrait l’arthrose du genou, la chon-
droïtine serait plus efficace que les an-
talgiques, le tai chi diminuerait la douleur
et augmenterait la souplesse des arti-
culations… D’autres chercheurs pensent
que le venin d’abeille ou d’autres animaux
pourrait être utilisé pour soulager les
effets de l’arthrose. Autant de voies de
traverse qu’on ne propose pas à celles et
ceux qui souffrent d’arthrose, la seule voie
envisagée est cette autoroute mortifère :
anti-inflammatoires en prise orale-cortisone
en infiltration-opération !
Sans compter qu’on ne parle que trop
peu des facteurs aggravants (vraiment)
l’arthrose. Si chaque jour votre quotidien
participe à l’installation de cette maladie,
cela ne se déroule pas exactement comme
vous le pensez. C’est ce que vous mangez,
au moins autant que ce que vous faites, qui
altère vos articulations : sucres, aliments
transformés, charcuterie ou margarine (la
liste est longue), tous causent et entre-
tiennent le cercle vicieux de l’arthrose.
Ce dossier, proposé par le docteur Daniel
Scimeca, ouvre la voie à celles et ceux qui
souffrent au quotidien. Il proposera aux
lecteurs des traitements trop souvent né-
gligés, bien que salvateurs, pour soulager
les terrains arthrosiques.
Santé !
Gabriel Combris
Rédacteur en chef
POUR L’ARTHROSE ?
CHANGEONS DE DISQUE !
Les articulations qui grincent et le vi-
sage qui grimace : pas de doute, c’est
l’arthrose. Mais pour le traitement, vous
choisirez le « sprinter » de la médecine
allopathique ou le marathonien de la
médecine naturelle ? Les deux peut-être.
Commencez par écouter vos douleurs,
et vous saurez adapter votre traitement.
Il faudrait plutôt commencer par dire
« Aaaaarthrose » pour donner une sorte
d’équivalent écrit à la souffrance et aux gé-
missements que cette pathologie majeure, et
trop négligée, entraîne dans nos populations.
Elle est négligée, car trop souvent considé-
rée comme une sorte de processus inexo-
rable, de vieillissement naturel des articu-
lations, de fatalité du temps qui passe et
qui dégrade. Au fond, l’arthrose, ce serait
bien naturel, et on n’y pourrait rien.
Elle est majeure car elle touche tout le
monde et entraîne de la souffrance, du
handicap parfois, de l’inconfort et des
facteurs limitants de la vie, presque
toujours. Ainsi, elle ne tue pas : elle ne
diminue pas la quantité, mais bien réel-
lement la qualité de la vie.
Elle touche 10 millions de personnes en
France, soit 15 % de la population de façon
vraiment problématique.
En Belgique, une étude indique que
1,4 million de Belges souffriront d’ar-
throse en 2050. En Suisse, 1 million de
personnes souffrent régulièrement d’ar-
throse, soit 12 % du pays.
C’est dit. « Nous ne connaissons l’infini que par la douleur. » Germaine de Staël
AU SOMMAIRE…
Dossier – A
 NTI-INFLAMMATOIRES POUR L’ARTHROSE ?
CHANGEONS DE DISQUE !
En bref – LES DERNIÈRES ACTUALITÉS SANTÉ
La chronique du Dr Gimbert – LE SYMPTÔME DE LA CLENCHE
MARS 2021
Dr Daniel Scimeca
Daniel Scimeca est médecin. Entre
consultations, enseignement et
écriture d’ouvrages médicaux, il
est également Président de la Fé-
dération Française des Sociétés
d’Homéopathie et rédacteur en chef de la revue
Les Cahiers de biothérapie.
Les femmes, une fois de plus, sont injus-
tement majoritaires avec 18 femmes pour
10 hommes dans les formes évoluées. Ces
chiffres ont une valeur relative car, en réalité,
tout le monde sans exception voit ses ar-
ticulations vieillir et être atteintes par l’ar-
throse. Cependant, cela ne génère de la souf-
france que de manière très inégalitaire.
L’arthrose, c’est quoi ?
Le maître-mot est l’usure du cartilage des
articulations qui diminue d’épaisseur
et finit par ne plus assurer son rôle de
fluidité, de glisse de l’articulation. L’ar-
ticulation s’enflamme et cela atteint l’os
qui fabrique des sortes de trous appelés
géodes, bien visibles sur les radios,
tout autant que les fameux « becs de
perroquet » ou ostéophytes. Ces ex-
croissances qui bordent l’articulation
entraînent de la douleur et une limitation
de l’amplitude des mouvements.
Enfin, les tendons, les ligaments et
la capsule qui entoure l’articulation
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2 RÉVOLUTION SANTÉ # 25 – MARS 2021
se raidissent, s’enflamment, en aug-
mentant raideur et douleur.
Le vieillissement naturel des articulations
joue pour tout le monde, mais le surpoids
est un facteur particulièrement aggravant.
L’activité physique trop intense agit comme
un traumatisme répété sur le cartilage et
aggrave l’arthrose. À l’inverse, la séden-
tarité et l’absence d’activité physique
favorisent l’engourdissement articulaire,
la fonte musculaire et la prise de poids,
donc l’arthrose.
Certaines arthroses sont dites « secon-
daires » car elles font suite à une anomalie
congénitale ou un traumatisme, une frac-
ture qui modifie les axes de l’articulation
et les pressions sur le cartilage. Une dé-
formation des jambes vers l’intérieur
(genu varum) ou l’extérieur (genu valgum)
entraînent secondairement arthrose des
genoux et/ou des hanches, car la pression
ne s’exerce plus uniformément sur le
cartilage. L’hérédité joue un rôle tout
particulier dans l’arthrose des doigts.
Le sprinter : les fameux
anti-inflammatoires
L’arthrose pose le même problème que
toutes les maladies chroniques dont on
soigne les effets sans éradiquer la cause :
la durée. Les traitements doivent donc
être les moins invasifs possibles. On peut
toujours supporter des effets secondaires
raisonnables lorsque le traitement est de
courte durée et en vaut la peine.
Pour un traitement long ou répétitif, le
principe de parcimonie doit être la règle.
Attention si ça devait durer !
Les médicaments contre la douleur sont
au premier plan. Ils sont à la fois préventifs
En dernier recours… la chirurgie
Lorsque les déformations sont trop impor-
tantes et qu’une vie raisonnablement confor-
table n’est plus du tout possible, la chirurgie
réparatrice reste la solution. Cela concerne
principalement la hanche et le genou. Elle
consiste à réparer les tendons ou ligaments
lésés, à corriger parfois les axes articulaires
pour retrouver de la fluidité. Au maximum, il
s’agit des prothèses totales qui remplacent
l’articulation détruite.
et curatifs. Pour la prévention des crises
douloureuses, les anti-inflammatoires en
application local, sous forme de gels, sont
fréquemment utilisés. Les infiltrations
intra-articulaires de cortisone ou d’acide
hyaluronique donnent des résultats va-
riables d’une personne à l’autre.
La kinésithérapie, l’activité physique
douce et les attelles de repos ont une
efficacité régulière, de même que la re-
cherche d’une perte de poids.
En crises douloureuses, les anti-inflam-
matoires classiques ou même la cortisone
par voie orale peuvent juguler les crises
trop fortes, mais les traitements doivent
être les plus courts possibles, au risque
sinon d’abîmer tout l’organisme dura-
blement. Ainsi, les anti-inflammatoires
classiques doivent être utilisés comme
on ferait un « sprint » : sur des courtes
durées, pour un effet de forte intensité.
Le traitement le plus couramment pré-
conisé et utilisé reste le paracétamol.
Hélas, son utilisation régulière est pro-
blématique pour le foie. Au même titre
que l’alcool, il s’agit d’une toxicité par
accumulation. En outre, l’association
paracétamol, alcool et mauvaise diété-
tique (« malbouffe ») entraîne très ré-
gulièrement une surcharge en graisses
du foie (au même titre que les oies et les
canards) et peut aller jusqu’à la cirrhose.
Depuis quelques temps, des traitements
qui se veulent stabiliser ou faire régresser
l’arthrose sont proposés : les anti-
arthrosiques symptomatiques d’action
lente (AASAL). Ce sont :
- la chondroïtine,
- les insaponifiables de soja ou d’avocat,
- la glucosamine,
- la diacéreine.
Leur efficacité n’est actuellement pas
vraiment établie et en France ils ne sont
plus remboursés par l’assurance maladie.
Terrain arthrosique :
comment agir ?
La chronicité de l’arthrose et l’obligation
de lutter en permanence contre la douleur
amènent un grand nombre de personnes
à se tourner vers des solutions plus na-
turelles. Au fond, puisqu’il faut prendre
des médicaments à vie, autant que ceux-ci
soient les plus naturels possibles et les
plus respectueux de l’écologie intérieure,
sans effet secondaire.
C’est la motivation de la moindre toxicité.
Mais une autre notion pousse les patients
vers ces solutions non conventionnelles :
la notion de traitement de fond, ou de
traitement du terrain. Bien sûr, on ne
guérit pas l’arthrose mais on peut amener
notre corps à mieux y résister pour mé-
nager au maximum nos articulations
et notre avenir locomoteur.
Gabriel a un peu plus de 50 ans et est un
ancien sportif de haut niveau. Il est lit-
téralement envahi par l’arthrose comme
beaucoup de sportifs qui ont trop préma-
turément usé leur organisme. Le sport est
excellent pour la santé, sauf lorsque les
exigences de la performance et le désir de
gagner prennent le pas sur le bien-être. En
outre, il est d’une famille à arthrose et ses
radios sont presque des cas d’école à
montrer aux étudiants ! Outre les douleurs,
il n’en peut plus de prendre des médi-
caments et au plan digestif, ne supporte
plus du tout les anti-inflammatoires. C’est
la raison pour laquelle il se tourne vers
d’autres approches en espérant le miracle.
Ainsi, des plantes, comme l’harpagophy-
tum et le curcuma, prises lors de cures
de 10 jours par mois, un traitement
homéopathique de fond associant des
dilutions de bourgeons de cassis, de pin
et de vigne vierge, permettront en une
année de changer son quotidien. Lors
des poussées douloureuses, en plus
de doses raisonnables de paracétamol,
l’acupuncture, surtout auriculaire selon
la méthode de Nogier, lui évitera le recours
à des traitements plus drastiques. Aucun
miracle vrai ne sera au rendez-vous après
un an, mais un confort de vie bien meilleur
et un organisme un peu nettoyé des abus
médicamenteux permettront à Gabriel
de retrouver une certaine sérénité.
5 plantes pour alterner les cures
L’usage des plantes est aussi vieux que
l’humanité. Mais la phytothérapie est une
notion moderne apparue au XXe siècle
et qui permet de bénéficier du maximum
de bienfaits des plantes. Loin des simples
tisanes, fort utiles, ou des baumes et des dé-
coctions, nous connaissons surtout les
plantes aujourd’hui sous forme de gélules
ou d’extraits liquides très innovants en

comparaison des utilisations tradition-
nelles. Poudres micronisées de totum
de plantes, nébulisâts titrés, extraits
fluides, se proposent à nous, et il est parfois
difficile de s’y retrouver. Le conseil du
pharmacien, d’un herboriste ou de pro-
fessionnels formés sont des balises essen-
tielles dans un monde numérique où le
meilleur et le pire se côtoient allègrement.
Toutes les plantes peuvent ne pas s’as-
socier à certains traitements, comme les
anticoagulants par exemple. Demandez
le conseil du médecin, du pharmacien
ou d’un professionnel de santé en cas
de doute ou de traitements.
L’harpagophytum, le curcuma, le cassis,
la reine des prés, la prêle, le bambou ou
encore le saule sont quelques exemples
bien connus des multiples plantes à
notre disposition dans la biosphère vé-
gétale si généreuse de notre planète.
L’harpagophytum est le nom scienti-
fique de la griffe du diable qui doit ce
nom à l’aspect acéré des crochets qui en-
tourent ses fruits. Ce sont ses racines qui
sont utilisées et qui constituent un trai-
tement vraiment global de l’arthrose. Son
action principale est celle d’être un anti-
inflammatoire qui bloque l’évolution de
l’arthrose et calme les poussées doulou-
reuses. La plante agit sur le cartilage mais
aussi sur les tendons et ligaments. Son
mode d’action sur les leucotriènes, plutôt
que sur les prostaglandines comme les
anti-inflammatoires chimiques clas-
siques, explique qu’il ne possède pas
les mêmes effets secondaires. L’har-
pagoside que la plante contient a aussi
une action proprement anti-douleur.
Enfin, il a montré une action relaxante
musculaire, qui complète le traitement de
l’arthrose dans lequel les contractures
douloureuses sont si fréquentes.
Le curcuma est bien plus qu’un anti-
oxydant du système nerveux en général,
et du cerveau en particulier. Il agit
comme toutes les plantes « épices »,
comme un régulateur de la digestion et
est surtout très anti-inflammatoire. Il
apaise donc les épisodes aigus d’arthrose
et complète admirablement un traitement
à base d’harpagophytum.
Le cassis est anti-inflammatoire et a
surtout la capacité de drainer le foie et les
eins de toutes les toxines de l’organisme.
On pourra en faire une cure à chaque
changement de saison durant une di-
zaine de jours.
La prêle agit sur l’arthrose des personnes
déminéralisées de même que le bambou,
bon adjuvant dans l’ostéoporose.
La reine des prés est un anti-oxydant
et anti-inflammatoire qui contient de
l’acide salicylique naturel. Rappelons
que le nom de l’aspirine (ou acide acétyl
salicylique) vient du nom latin de la
plante (Spirea ulmaria), alors que c’est
l’écorce de saule (Salix alba) qui don-
nera son nom à cette molécule d’acide sa-
licylique. Les chimistes eurent l’idée de
rajouter un radical « acétyl » à cette mo-
lécule naturelle. Reine des prés et écorce
de saule ont donc une action proche de
l’aspirine chimique, les effets secondaires
en moins. La reine des prés a en outre
une action de fond sur la maladie arthro-
sique en ralentissant son évolution.
Posologie : inutile de prendre toutes les
plantes ou de continuer durant des mois
la même. Le plus efficace est de faire des
cures alternées, toujours entrecoupées de
périodes de 8 à 10 jours sans rien prendre.
À part la gaulthérie,
quelle huile essentielle ?
C’est une autre manière d’absorber les
plantes en utilisant la quintessence de
leurs principes actifs.
Par pression des zestes pour les agrumes
ou par distillation pour les autres plantes,
une huile essentielle contient les mo-
lécules les plus aromatiques (en termes
de parfum), mais les plus actives aussi.
Cette efficacité extraordinaire suppose un
usage raisonné et bien guidé, car les effets
secondaires peuvent être au rendez-vous.
On les utilise dans l’arthrose surtout en
usage externe, la plupart du temps diluées
dans une huile végétale. Ma préférence va à
l’huile d’avocat qui n’est pas du tout aller-
gisante et qui permet de bien faire pénétrer
les principes actifs des huiles essentielles.
L’huile essentielle de katafray (Cedre-
lopsis grevei) est peu connue, mais très
active contre douleur et inflammation.
L’huile essentielle d’eucalyptus citronné
a une action voisine.
L’huile essentielle de gaulthérie (Gaul-
theria procumbes ou winter green) a
RÉVOLUTION SANTÉ # 25 – MARS 2021 3
un effet antidouleur et très chauffant.
Elle est très utilisée par les kinésithéra-
peutes, mélangée à d’autres onguents.
L’huile essentielle de lavandin (Lavan-
dula hybrida) a une action contre la
douleur et les contractures musculaires
qui l’accompagnent.
Posologie : il est préférable de ne pas trop
mélanger les huiles, mais de faire une al-
ternance de plante, d’un jour à l’autre. 3 à
5 gouttes par jour, mélangées à une ou deux
cuillères à soupe d’huile d’avocat (ou olive,
amande douce, argan), en massage doux
sur les articulations douloureuses.
Les bourgeons,
pour « rajeunir » l’articulation
Le nom de gemmothérapie est souvent
donné à cette utilisation particulière
des plantes par leurs jeunes pousses
et bourgeons. Il s’agit des parties les
plus « jeunes », les plus riches en di-
visions cellulaires de croissance de la
plante (mitoses) et elles constituent
un véritable rajeunissement général
des articulations.
Le trio que je recommande est le bourgeon
de cassis (Ribes nigrum), le bourgeon
de pin (Pinus montana) et le bourgeon
de vigne (Vitis vinifera).
Posologie : 10 à 20 gouttes selon le labo-
ratoire (voir avec le pharmacien) tous les
jours par cure de 15 jours par mois ont
souvent une action remarquable.
En cas d’arthrose plus marquée des mains,
on remplacera la vigne par la vigne vierge
(Ampelopsis weitchii) en jeunes pousses.
L’ultime coureur de fond :
l’homéopathie !
L’homéopathie peut rendre service au quo-
tidien dans les douleurs liées à l’arthrose
et être ainsi utilisée en automédication,
dès lors que l’on a bien intégré qu’il n’y a
pas un médicament, un traitement type,
mais que tout dépend de ce que l’on
appelle les modalités de la douleur.
Cela veut dire toutes les circonstances
d’aggravation et d’amélioration en
fonction du temps ou du mouvement
par exemple.
4 RÉVOLUTION SANTÉ # 25 – MARS 2021
Cette grande thérapeutique constitue
surtout une approche de fond de la ma-
ladie arthrosique, car elle agit sur ce que
nous appelons le terrain.
Dans ce deuxième cas, l’automédication
reste compliquée et le recours à un pro-
fessionnel dûment formé est nécessaire.
À l’inverse des anti-inflammatoires, le
traitement de terrain avec l’homéo-
pathie peut se prolonger. À l’image du
marathonien, du coureur de fond qui
préserverait sa puissance pour parvenir
à durer dans le temps.
Il faut d’abord analyser et bien connaître
les caractéristiques de ses douleurs pour
trouver le traitement homéopathique qui
convient. Prendre en charge le terrain
avec l’homéopathie, c’est faire en sorte que
l’arthrose soit durablement ralentie, sou-
lagée, et qu’on ne se soit pas simplement
attardé sur les symptômes apparents, vi-
sibles de cette maladie à savoir : la douleur.
Il n’est pas possible de parler de douleurs
et de rhumatismes sans évoquer le grand
médicament Arnica ! Il n’est pas spéci-
fique de l’arthrose, mais plutôt des trau-
matismes, coups et hématomes en tous
genres. Dans l’arthrose, il correspond
à la sensation de courbature « comme
si on avait fait un déménagement »
et a une aggravation la nuit, dans le lit.
Le lit paraît trop dur et on change sans
cesse de place et position pour apaiser
l’endolorissement des muscles.
On l’associera volontiers et régulière-
ment aux autres médicaments qui seront
choisis selon leurs modalités.
Les 3 « R » pour l’amélioration
par le mouvement
Ici, il s’agit des médicaments pour les
douleurs améliorées par le mouvement.
Rhus toxicodendron est le médicament
obtenu à partir d’une plante, le sumac
vénéneux. On utilise toujours la nomen-
clature par noms latins en homéopathie, ce
qui est commode car elle est internationale
et permet un langage commun.
Il correspond aux articulations raides,
douloureuses et qui nécessitent un dé-
rouillage. Rhus toxicodendron est celui
qui se rapproche le plus des douleurs
communes d’arthrose, car il associe
une raideur matinale, des douleurs
au dérouillage, une amélioration par le
C’EST DIT. « Il n’y a que deux manières de traiter la douleur :
mouvement continu et une amélioration
la nuit au chaud et au repos du lit. Les
douleurs sont améliorées par la chaleur et
très nettement aggravées par l’humidité.
Posologie : on peut le prendre en 5CH
(c’est la hauteur de la dilution, 5 dyna-
misations au centième) et en granules.
Cinq granules toutes les heures ou toutes
les deux heures lors des périodes doulou-
reuses et surtout à l’humidité de l’au-
tomne ou du printemps.
Ruta graveolens (préparé aussi à partir
d’une plante, la « rue ») est aussi amé-
lioré par le mouvement et par la chaleur.
Si Rhus toxicodendron touche toutes les
parties de l’articulation, Ruta graveolens
a une prédilection d’action sur les fascias,
les membranes, les gaines qui entourent
les tendons, ligaments et nerfs. Il agit aussi
sur les courbatures associées aux douleurs
et a une prédilection pour les tendons flé-
chisseurs (ceux qui permettent de plier
l’articulation) et sur la région lombosacrée
(vertèbres lombaires et sacrum).
Rhododendron, qui porte un nom
laissant deviner de quelle plante on le fa-
brique, est amélioré par le mouvement, et
très aggravé par le froid humide et surtout
le temps orageux. La douleur ressemble
souvent à une névralgie par son caractère
aigu, mais cette aggravation avant l’orage
le fera bien reconnaître des personnes
souffrant d’arthrose.
Et enfin, le dernier qui n’est pas un des
trois « R » mais qui a toute sa place dans
cette partie d’article : Kalium bichro-
micum. Il n’est pas issu d’une plante
mais d’une substance chimique (le bi-
chromate de potassium) et est carac-
téristique des douleurs très pointues,
ponctiformes. La personne désigne la
douleur avec le bout d’un seul doigt !
Ces douleurs fines et localisées changent
de place sans arrêt d’une localisation du
corps à un autre.
Repos, chaud, froid :
quel type de douleurs ?
POUR LES DOULEURS AMÉLIORÉES
PAR LE REPOS ARTICULAIRE
(ET DONC AGGRAVÉES PAR LE MOUVEMENT)
C’est un stade moins fréquent de l’arthrose,
qui correspond davantage aux poussées
aigües d’inflammation. En rythme de
« croisière » (mais l’arthrose est loin
d’en être une), les douleurs arthrosiques
sont plutôt celles vues plus haut.
Mais dans certains cas, lors d’un accès
d’arthrite aigüe, l’inflammation rend
souvent le moindre mouvement très
douloureux.
Bryonia dioica, préparé à partir d’une
plante, la bryone, est caractéristique de
ces modalités. Le moindre mouvement
réveille la douleur et la personne ob-
serve durant les poussées une immo-
bilité absolue de la région qui fait mal.
Il existe aussi une amélioration nette par
la pression forte de la région doulou-
reuse. En effet, Bryonia a cette ambigüité
d’être amélioré par la chaleur au plan
local de l’articulation et d’être globa-
lement amélioré par le temps froid, sur le
plan général.
Colocynthis, préparé à partir de colo-
quinte, est plutôt connu pour des douleurs
des viscères ou gynécologiques, avec ses
spasmes améliorés en se pliant en deux.
On le retrouve dans les douleurs qui
ont cette modalité, sauf pour le genou
où la flexion est limitée au contraire par
la raideur.
Ledum palustre, préparé avec le lédon
des marais, est un médicament d’arthrose
sur terrain propice aux crises de goutte ou
à l’acide urique élevé. Les douleurs sont
améliorées par le repos, mais cette moda-
lité n’apparaît pas du tout lors du repos
dans le lit. Elles sont par contre amé-
liorées par le contact avec le froid. Cela est
particulièrement notable pour l’arthrose
des pieds pour laquelle la personne a
tendance spontanément à marcher sur
du carrelage ou un sol froid.
POUR LES DOULEURS
AMÉLIORÉES PAR LA CHALEUR
Nous avons déjà décrit Rhus toxico-
dendron : il reste au centre du trai-
tement de l’arthrose, ainsi que Bryonia.
Colocynthis est également très amélioré
par la chaleur.
POUR LES DOULEURS
AMÉLIORÉES PAR LE FROID
Cela peut paraître bien étrange qu’un
rhumatisme comme l’arthrose puisse
être amélioré par le froid. La plupart
du temps, c’est la modalité inverse,
par l’abrutissement ou par l’étourdissement. » Delphine de Girardin
mais pas toujours. Un bel exemple
d’une thérapeutique qui tient compte
des spécificités de chaque personne.
Ledum palustre correspond à l’ar-
throse chronique, améliorée par le froid,
sur fond de crises de gouttes.
Apis mellifica est préparé à partir de
l’abeille comme son nom latin l’indique.
Les douleurs d’arthrose ont la même
modalité que si nous étions piqués lo-
calement par cette faiseuse de miel. Il
y a une vive inflammation, un œdème
avec un net gonflement et une très nette
amélioration par le froid. Médicament
très efficace lorsque cette modalité est
présente, mais de courte durée et qui
nécessite des prises répétées au cours
de la journée.
Dis-moi où tu as mal…
On peut choisir son médicament en
fonction de la localisation. C’est une
autre caractéristique de nos médicaments
Contrairement aux anti-douleurs et
aux anti-inflammatoires classiques,
ils « aiment » plus ou moins telle ou
telle articulation.
Ainsi, on retrouvera le plus souvent les
médicaments suivants.
POUR LA RÉGION DES VERTÈBRES
CERVICALES, DES PERSONNES
PLUTÔT STRESSÉES ET TENDUES
Symboliquement, c’est la région qui
oblige à « tenir la tête haute » et à rester
« la tête hors de l’eau ». Rien d’étonnant
à ce que les gens qui travaillent sur écran
dans le secteur des services soit le plus
souvent concernés.
Actea racemosa est un médicament de
contractures musculaires de la région
des cervicales. Les vertèbres sont sen-
sibles à la pression au niveau de la
nuque et du début du dos. Ce médi-
cament convient aux gens stressés, un
peu spasmophiles et qui ont parfois une
sensation de tête dans les nuages. Le
stress peut monter jusqu’à donner le
sentiment de devenir fou.
Lachnantes est un autre médicament
qui correspond aux torticolis favorisés
par l’arthrose des cervicales.
Niccolum metallicum (le nickel) cor-
respond aux douleurs arthrosiques du
haut des cervicales (juste sous l’occipital)
qui irradient à la tête.
LA RÉGION DES ÉPAULES, UNE RÉGION
RICHE EN TENDONS, EN LIGAMENTS
Ce seront Rhus toxicodendron, lorsque la
personne est améliorée par le mouvement
ou Bryonia, lorsque l’épaule est gelée
par la douleur, ou encore Causticum au
stade évolué de capsulite et d’arthrose
de l’épaule grave.
Solanum malacoxylon, préparé à partir
d’une variété de tomates sauvages an-
cestrales, sera le médicament des calci-
fications visibles à la radio qui viennent
aggraver l’arthrose de l’épaule.
POUR LES MAINS ET LES PIEDS, ET DONC
L’ATTEINTE DES PETITES ARTICULATIONS
On retrouve Viola odorata (la violette)
pour les poignets et chevilles, Polygonum
aviculare qui touche les articulations
de la base des doigts et Actea spicata,
qui touche la dernière articulation du
bout des doigts ou orteils.
Inertes les roches ?
Pas en homéopathie !
Une originalité de ces médicaments issus
de roches prélevées dans leur milieu
naturel est d’être capable de drainer
les toxines, radicaux libres et métaux
lourds qui viennent alourdir le terrain
et aggraver la sclérose des articulations
du fait de l’arthrose.
Posologie : on les utilise à une dilution
inhabituelle, la huitième décimale ou
8DH, en granules ou en gouttes.
Feldspath quadratique agit sur l’ar-
throse vertébrale et la déminéralisation.
C’est un médicament précieux pour le
couple « arthrose + ostéoporose ».
Apatite correspond à l’arthrose lom-
baire, obsidienne à l’arthrose cervicale,
et orpiment à l’arthrose de hanches.
Chalcopyrite aurifère a, quant à lui,
une action anti-inflammatoire du fait
de sa composition (cuivre, or et soufre)
très globale.
Posologie : 20 gouttes ou 5 granules par
jour en cure de 10 jours par mois sont
une aide efficace d’accompagnement des
autres traitements.
RÉVOLUTION SANTÉ # 25 – MARS 2021 5
En complément :
l’extrait d’organe
dilué homéopathiquement !
Une des techniques de l’homéopathie
consiste à utiliser des extraits d’organes
pour pouvoir stimuler la régénération et
la désinflammation des mêmes organes
chez l’humain. La souche est prélevée
sur le lapin.
Ainsi, on pourra utiliser du cartilage,
des tendons et/ou des ligaments pour
soigner ces homologues chez la per-
sonne arthrosique. Ces médicaments
viennent en complément du reste d’un
traitement de fond homéopathique, et
contribuent au confort de vie des per-
sonnes arthrosiques.
Posologie : la dilution 8DH (ou 4CH
éventuellement) conviendra pour des
souches aux noms de Cartilago, Tendons,
Ligament, ou encore Articulation de
l’épaule, Articulation du genou, ou
encore Ménisque du genou.
Un traitement homéopathique de fond
doit être l’œuvre d’un professionnel formé.
Cependant, à condition de faire les choses
en accord avec son médecin traitant,
l’utilisation de ces médicaments n’a ni
contre-indications ni effets indésirables.
Des aiguilles pour faire
circuler l’énergie
L’acupuncture traditionnelle chinoise
est l’un des cinq piliers de la médecine
du même nom, avec la phytothérapie
des plantes chinoises, le massage Tui na,
la diététique chinoise et les gymnastiques
connues en Europe sous les noms de tai
chi chuan (prononcez « taï tji chuan »)
et Qi Gong (prononcez « Tchi Kong »).
L’acupuncture est redoutablement
efficace dans tout ce qui fait mal et
l’arthrose est un bel exemple d’une
efficacité très régulière. Comme en
homéopathie, le praticien possède un
raisonnement particulier qui n’est pas
présent en approche classique. Les mo-
dalités d’amélioration et d’aggravation
auront leur importance qui permettront
de traiter des douleurs de type « yang »,
ou de type « yin » ; des douleurs par
plénitude, insuffisance ou stagnation
de l’énergie.
6 RÉVOLUTION SANTÉ # 25 – MARS 2021
Des aiguilles dans les oreilles !
Dans les années 1950, un médecin acupuncteur français, Paul Nogier, découvrait des points différents de
la médecine chinoise au niveau des pavillons des deux oreilles. Tout se passe comme si notre oreille, en
forme de gros haricot, cartographiait l’ensemble de notre corps : à chaque zone piquée par les aiguilles
dans l’oreille correspond une zone à traiter dans l’organisme.
L’efficacité de cette méthode d’acupuncture sur les douleurs d’arthrose est particulièrement efficace. On
place des sortes de petits clous d’acupuncture (stériles et à usage unique bien évidemment) qui restent en
place quelques jours et couvrent encore mieux ces douleurs d’arthrose qui sont permanentes et chroniques.
Pour exemple, une douleur liée à un
trop plein de « yang » est une douleur :
- améliorée la nuit et au repos – aggravée
le jour et au mouvement,
- améliorée par le froid – aggravée par
la chaleur,
- aggravée par la pression et par le mas-
sage de la région atteinte.
Au contraire une douleur par trop plein
de « yin » est :
- aggravée la nuit et par le repos – amé-
liorée le jour et par le mouvement.
Les douleurs liées à une stagnation de
l’énergie (yin ou yang) seront améliorées
par le massage, la pression et tout ce qui
peut mobiliser l’énergie stagnante.
En fonction de cela, le choix des mé-
ridiens et des points à traiter sera fait :
traitement par aiguilles ou par massages,
parfois application de chaleur à l’aide
de moxas (bâtonnets incandescents ap-
prochés prudemment des points à traiter).
Rééquilibrer la posture
Le corps fait mal avec l’arthrose, pourtant,
il convient de le bouger tout de même
car l’immobilité, la sédentarité aggravent
considérablement l’évolution. Tout est
question de douceur et de pertinence.
Bien évidemment, un certain repos lors
des crises semble assez logique. Pour
autant, la solution du lit ou du fauteuil
ne conduisent qu’à davantage de douleurs.
La kinésithérapie est la méthode la plus
utilisée et reste un élément très efficace,
entre les mains d’un vrai « coach » kinési-
thérapeute qui saura vous sortir du simple
massage, pour faire un travail de fond.
Certains courants de la kinésithérapie,
qui ont évolué vers des théories un peu
différentes, donnent de vrais bons ré-
sultats à court et long terme, car ces mé-
thodes visent à rééduquer en profondeur
les déséquilibres des postures et des
chaînes musculaires.
La méthode Mezières, du nom de sa
fondatrice aujourd’hui disparue, repose
sur l’étirement des chaines musculaires,
associé à un travail respiratoire. À l’aide
de postures parfois sévères à maintenir
plus de quelques secondes, le praticien
exerce sur le corps un travail de véritable
sculpteur pour redonner les bons axes,
les bonnes postures, pour diminuer les
zones d’inflammations ou de contractures.
C’est à partir, entre autres, de cette mé-
thode qu’est apparu le stretching bien
connu des salles de sport.
La méthode Ehrenfried, du nom éga-
lement de sa fondatrice, est une méthode
voisine, mais qui insiste sur un carac-
tère instinctif et intuitif de la posture,
en considérant que le corps sait ce qui
lui convient dès lors qu’on lui en donne
la possibilité. La méthode utilise des
exercices alliant posture, respiration et
surtout ouverture des sensations et des
éprouvés du corps.
Cette méthode est à l’origine de la fa-
meuse gymnastique holistique.
L’ostéopathie, avec ses différents courants,
est également un outil efficace et inté-
ressant. Elle est davantage efficace en pré-
vention, avant que les lésions vraiment
douloureuses ne s’installent.
En dehors de toutes ces méthodes liées
à des professionnels, l’exercice physique
en général, et surtout la marche, est ce
qui est le plus simple à mettre en œuvre
pour sa santé de façon globale et contre
l’arthrose en particulier.
Les sports annulant la pesanteur (vélo,
natation) agissent sur la rééducation
musculaire. La marche rapide et la
marche nordique, très en vogue, agissent
aussi de manière favorable.
Les sports violents sont bien sûr à oublier,
sauf si on en a une pratique ancienne
et régulière. La course à pied n’est pas
à conseiller, car elle ébranle le corps de
manière intempestive et aura tendance à
majorer les zones de tensions et d’inflam-
mation telle que les genoux, la région
cervicale ou encore la zone lombosacrée.
L’être humain est un corps de vie, de
sensibilité, d’émotions et de psychisme.
La posture mentale positive, la pra-
tique de la méditation, la sophrologie,
l’habitude de mener une vie normale,
en écoutant son corps, sans être esclave
de la moindre sensation douloureuse
seront essentiels.
Une vie sans arthrose ?
Nous l’avons dit, l’arthrose est universelle
chez l’humain et il est difficile d’y échapper
totalement.
Vieillir étant la seule méthode que les
êtres humains ont trouvée pour vivre
vieux, il faut composer et négocier avec
le vieillissement articulaire de son corps.
La mobilité et l’autonomie sont les
grands enjeux de l’allongement de la
vie sans dépendance.
Une activité physique régulière, une pos-
ture mentale, des traitements réguliers
supervisés par des professionnels com-
pétents, la parcimonie dans l’usage des
médicaments classiques, le choix de mé-
thodes douces et respectueuses faites de
manière préventive sans attendre la crise
douloureuse, sont autant d’outils qui,
conjugués, permettront que la vie glisse
paisiblement comme le cartilage doit le
faire sur son articulation.
Mettre plus de mouvement dans sa vie.
Une belle perspective pour une vie longue
et douce. n
Dr Daniel Scimeca
Médecin
 RÉVOLUTION SANTÉ # 25 – MARS 2021 7

LES DERNIÈRES AVANCÉES

DE LA RECHERCHE EN SANTÉ NATURELLE
CE FRUIT MEXICAIN RÉENSEMENCE LA FLORE. Sa peau est LES PARKINSONIENS APPROUVENT CE REMÈDE. Un des re-
rugueuse, sa chair tendre et douce, et son noyau est devenu LA « graine » mèdes dont vous entendez parler de plus en plus est le CBD (cannabidiol)
que tous les foyers tentent de faire germer dans son salon pour avoir son ou le cannabis médical contenant de la THC. Il existe en France une cer-
propre… avocatier ! Si la plante a des vertus esthétiques, le fruit est un taine résistance à leur emploi. Mais qu’en est-il du côté des patients qui
atout santé pour le microbiote. pourraient bénéficier ou bénéficient déjà des vertus de ces remèdes ?
Une étude menée sur 163 adultes en surpoids ou obèses1, pendant 12 se- Sont-ils aussi « inquiétés » que les autorités françaises à cet égard ? Ce
maines, a permis d’analyser l’effet d’une prise quotidienne d’avocat (175 g n’est pas ce qu’il ressort d’une étude menée sur 1 348 patients atteints
pour les hommes, 140 g pour les femmes) sur le microbiote. On observe de la maladie de Parkinson et dirigée par une équipe de chercheurs du
une augmentation de la diversité bactérienne chez les personnes ayant centre médical universitaire d’Hambourg-Eppendorf, en Allemagne.
consommé de l’avocat tous les jours ainsi qu’une augmentation signifi- D’une part, il ressort que parmi ceux qui n’ont pas eu accès à ces remèdes,
cative de bactéries telles que Faecalibacterium (qu’on retrouve en faible 65 % aimeraient y avoir recours comme option thérapeutique. D’autre
concentration chez les personnes atteintes de maladies inflammatoires part, ceux qui les ont expérimentés rapportent, dans 40 % des cas, que
chronique de l’intestin2), Lachnospira ou encore Alistipes. D’autre part, cela réduit la douleur et les contractions musculaires. Pour plus de 20 %
la concentration d’acides gras retrouvée dans les selles de ceux qui ont des utilisateurs, la raideur et rigidité, le syndrome des jambes sans
mangé de l’avocat est meilleure que chez le groupe témoin. repos, l’anxiété et les tremblements ont été améliorés. L’amélioration
Sources : des symptômes de la maladie de Parkinson est plus élevée par inhalation
1. https://doi.org/10.1093/jn/nxaa219 de cannabis (65 %) contenant du THC que par prise orale de CBD (54 %).
2. https://www.digestscience.com/fr/actualites/315-faecalibacterium-prausnitzii
Ainsi, les patients rapportent leur expérience et cette expérience est po-
sitive. Une recherche approfondie, à large échelle, mériterait d’étudier
LA QUESTION N’EST PAS « QUOI ? » MAIS « QUAND ? » Le surpoids les effets de la THC sur les symptômes de la maladie de Parkinson.
peut altérer notre rythme circadien (alternance veille-sommeil), de même Source : Yenilmez, Ferhat et al. Cannabis in Parkinson’s disease:
que la ménopause. De ce dérèglement peut découler une résistance the patients’ view. 1 Jan. 2021 : 309 – 321.

à l’insuline qui, elle-même, peut favoriser l’apparition de maladies chro-

niques, voire l’apparition de cancer, notamment le cancer du sein. Si l’on LE TERROIR FRANÇAIS AU SERVICE DE LA SANTÉ. 1 787 adultes,
remonte cette réaction en chaîne : en retrouvant un rythme circadien âgés de 46 à 77 ans au Royaume-Uni, ont participé à une large étude
classique, on pourrait diminuer la résistance à l’insuline et limiter ses corrélant l’alimentation à notre santé cognitive. Ils ont répondu à des
conséquences sur notre métabolisme. Mais comment faire ? Grâce à la questionnaires et participé à une évaluation de leurs aptitudes co-
pratique du jeûne intermittent, calquée sur notre rythme circadien. Une gnitives. Parallèlement à cela, ils ont répondu à un questionnaire sur
étude publiée dans Nature communications développe cette hypothèse. leurs habitudes alimentaires. Des chercheurs de l’université de l’Iowa
Les souris étudiées ont dans le premier groupe eu accès à de la nour- dressent un bilan de ce qui pourrait, dans notre alimentation, soutenir
riture 24 heures sur 24 ; dans le deuxième, elles ont suivi un jeûne inter- notre santé neurologique.
mittent avec un accès à la nourriture pendant 8 heures d’activité (d’éveil) ; Il apparaît que le « cheese and wine » pourrait devenir le repas pro-
dans le troisième groupe, elles ont suivi un régime alimentaire allégé tecteur du déclin cognitif par excellence car manger du fromage (sans
sans restriction. L’auteur de l’étude, Nicholas Webster, affirme après excès et en étant responsable bien sûr), accompagné d’un verre de vin
analyse des résultats que « l’on peut augmenter la résistance à l’insuline, rouge serait corrélé à une amélioration des fonctions cognitives. Outre
éduire l’hyperinsulinémie, restaurer le rythme circadien et réduire la cela, consommer du mouton, une fois par semaine (attention, pas d’autre
croissance des tumeurs en modifiant la durée d’accès et le moment viande rouge) pourrait améliorer les prouesses cognitives à long terme.
d’accès à la nourriture des sujets ». Plutôt que de vous demander « Qu’est-ce Finalement, l’étude confirme que le sel n’est pas bon pour votre santé
qu’on mange ce soir ? », demandez-vous « Quand est-ce qu’on mange ce cérébrale, mais c’est surtout le cas pour les personnes qui sont déjà à
soir ? » si vous voulez éviter les troubles métaboliques chroniques ! risque de la maladie d’Alzheimer.
Source : https://www.nature.com/articles/s41467-020-20743-7 Source : https://content.iospress.com/articles/journal-of-alzheimers-disease/jad201058

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 8 RÉVOLUTION SANTÉ # 25 – MARS 2021
La chronique du Dr Gimbert
LE SYMPTÔME DE LA CLENCHE
La consultation s’achève. Le patient range
sa carte Vitale, enfile son pardessus, salue
son médecin et se dirige vers la sortie du
bureau. À cet instant, il prend son courage
à deux mains et d’une seule, la poignée de
la porte. Au moment de l’abaisser, il arrête
son geste et, sans la lâcher, déclare d’un
ton badin : « Ah docteur… Au fait… J’ai
failli oublier de vous en parler… ». Avant
de révéler, d’une voix mal assurée, ce qui
constituait en fait le véritable objet de
sa visite.
Dans notre jargon médical, on appelle cela
« le symptôme de la clenche », du nom du
système d’ouverture de la porte. Celui que
l’on appelle aussi une béquille. Peut-être
parce qu’il facilite le verrouillage de l’arti-
culation. Ou encore parce qu’on s’appuie
dessus pour enclencher le premier pas. Et
déclencher la confidence… Ce signe cli-
nique avoué à l’ultime seconde alors qu’il est
resté secret tout au long de la consultation.
Celui qu’on exprime enfin, les doigts sur le
pommeau, dans l’embrasure d’une ouver-
ture devenue, selon la circonstance, sortie de
secours ou voie sans issue. Au-delà de cette
limite, plus de salut. Et le retour chez soi en
ruminant ses regrets, voire ses remords, et
en se traitant de lâche. Avant de recevoir les
réprimandes conjugales devant cette lamen-
table preuve de couardise.
Il faut préciser que ce symptôme affecte
préférentiellement les hommes. D’abord,
parce qu’ils sont moins à l’aise pour les
confessions délicates que leurs homologues
de sexe féminin, rompues aux codes du col-
loque singulier de la consultation par une
fréquentation plus habituelle des cabinets
médicaux. Dans lesquels, d’ailleurs, elles
font généralement preuve d’une franchise
et d’une honnêteté déconcertantes.
D’autre part, car l’instinct de virilité est inscrit
dans les gènes masculins depuis la nuit des
temps, tout comme dans ceux des autres
animaux mâles, notamment dans la classe
des mammifères et singulièrement chez les
primates. Dont certains de nos congénères
tendent, par leur comportement, à se rap-
procher dangereusement. Ce qui fit dire à
Pierre-Jean Vaillard que « l’homme descend
du singe mais certains en descendent plus vite D’autres solutions plus naturelles permettent
que d’autres ».
ABONNEMENTS : pour toute question relative à votre abonnement, contactez le +33 3 67 21 32 68 du lundi au vendredi, de 9h à 18h,
RDV sur le site www.directe-sante.com ou adressez un courrier à Éditions Viva Santé - 11 Bis, rue Félix Poyez - 77000 Melun, France
ISSN : 2624-8433 - CPPAP : en cours
Impression : Imprimerie Chauveau - 7, avenue Gustave Eiffel - 28630 Gellainville, France - SIRET : 065 200 040 00031 • Création et réalisation : Vania Brocard
Donc, tout le monde l’aura compris, le
symptôme en question porte couramment
l’étiquette scientifiquement solidaire d’im-
puissance érectile. Et la méthode utilisée
par ceux qui en souffrent, pour dévoiler ce
lourd secret à leur bien-aimé thérapeute,
prend parfois des connotations un tantinet
pathétiques. Certains se plient en deux
mimant l’effondrement de leur sacrosaint
organe. D’autres marmonnent leur malheur
en fixant désespérément leurs chaussures
comme s’ils venaient de remarquer que, par
inadvertance, ils avaient gardé leurs charen-
taises aux pieds. Quelques-uns utilisent un
langage aussi imagé qu’un message de Radio-
Londres, tel que, par exemple, « Popaul est
aux abonnés absents » ou bien « Le séquoia
s’est transformé en saule pleureur » ou en-
core « Le service trois pièces n’en compte
plus que deux ». Je répète… Les Français
parlent aux médecins… Certains, enfin, font
une fine allusion à la chanson de Brassens
en divulguant que, maintenant, quand ils
pensent à Fernande, c’est comme s’ils son-
geaient à Lulu.
Une fois franchie cette étape du difficile
aveu, que faire ? D’abord dédramatiser ! Les
conséquences psychiques du mal sont souvent
pires que le mal lui-même. Un peu comme le
confinement en période pandémique… Le
praticien de santé fera un bilan initial sur le
plan physique, psychologique et biologique
afin de cerner l’éventuelle étiologie du pro-
blème. Une fois éliminée une cause patho-
logique imposant une prise en charge spé-
cifique, vient l’heure du remède. Évidemment,
les plus pressés s’orienteront d’emblée
vers les célèbres petites pilules bleues, de
forme originalement losangique et portant
le doux patronyme de Sildénafil. Un produit
d’abord commercialisé contre l’angine de
poitrine. Puis élevé au rang de médicament
miraculeux après que certains patients pers-
Et surtout, on n’hésitera pas à vaincre ses in-
picaces aient constaté qu’il ne dilatait pas
hibitions pour en parler à son médecin dès le
uniquement les artères du cœur. Ce qui le fit
début du symptôme… et de la consultation. n
passer très vite du marché obstrué de la pa-
thologie coronaire à celui, plus juteux, de la
« panne ». Certainement le traitement le plus
vendu au monde. Et donc probablement le
plus contrefait. Méfiance, tout particulière-
ment sur Internet !
aussi de relever… le défi. En réalité, tout
Directeur de la publication : Gabriel de Mortemart • Rédacteur en chef : Gabriel Combris
Révolution Santé - Éditions Viva Santé c/o FGC - Route du bois-Genoud 1A - 1023 Crissier, Suisse
ce qui est bon pour le système nerveux et
pour l’appareil cardiovasculaire est suscep-
tible d’atténuer ce symptôme embarrassant.
À commencer, comme toujours, par une
bonne hygiène de vie, avec une alimentation
saine et une activité physique régulière. Pour
cela, les lecteurs intéressés pourront utile-
ment se reporter à l’article sur Les dix com-
mandements anti-âge, paru dans la présente
revue. On évitera les toxiques tels le tabac ou
l’alcool, l’abus des excitants comme la ca-
féine, l’usage de certains médicaments tels
que les bétabloquants ou les diurétiques. On
introduira, par contre, dans ses habitudes
certains aliments réputés favorables, voire
aphrodisiaques parmi lesquels on citera
évidemment le ginseng, le gingembre ou le
« bois bandé » mais aussi la betterave rouge,
l’ail, l’oignon, la grenade, le cacao, le clou
de girofle, le curcuma, la noix de muscade
ou le safran.
Dans le registre des compléments nutri-
tionnels, on ne négligera pas la supplémen-
tation en zinc (10 à 15 mg par jour) et en
vitamine D (1 000 à 2 000 unités internatio-
nales quotidiennes en fonction de l’âge et de
l’ensoleillement), ce qui permettra de ren-
forcer non seulement l’objet du délit, mais
parallèlement les défenses immunitaires,
mesure indispensable en cette période in-
fectieuse.
On fera également quelques cures d’argi-
nine, un acide aminé essentiel en la matière.
On n’oubliera pas non plus l’intérêt de la
photothérapie, de l’acupuncture, de l’aro-
mathérapie et de la pratique d’activités
relaxantes, pour contrecarrer les effets né-
fastes des mesures restrictives de liberté
imposées par la situation sanitaire.