Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La main arthrosique
Sites d’atteintes arthrosiques
L’arthrose de la main touche surtout les interphalangiennes distales et,
à un moindre degré, les interphalangiennes proximales;
Elle présente souvent un caractère héréditaire, en particulier chez les femmes;
On utilise souvent le terme d’ostéoarthrite érosive pour les formes très sévères : des
déformations articulaires significatives sont associées à une composante inflammatoire;
Les nodules d’Heberden pour les interphalangiennes distales et de Bouchard pour les
interphalangiennes proximales sont typiques. Ils peuvent être douloureux ou non;
L’articulation carpo-métacarpienne du pouce est fréquemment touchée. Cette atteinte peut
conduire à une déformation et une invalidité importante.
Le genou
La colonne vertébrale
Discarthrose : la dégénérescence discale se définit par la perte du contenu en eau du disque amenant la
diminution de l’espace intervertébral, la sclérose du plateau vertébral et la présence d’ostéophytes. Ce phénomène
est lié au vieillissement avec une prédisposition familiale, la relation avec le travail et les postures est plutôt limitée.
Il n’y a pas de bonne corrélation entre la dégénérescence discale et la présence de lombalgie ou de cervicalgie;
Enseignement et réassurance, choix d’activités appropriées tout en gardant le patient actif. Bien que l’on doit accepter
certaines limitations avec l’âge, avec les traitements disponibles aujourd’hui, il y a presque toujours moyen de conserver
une bonne qualité de vie et de demeurer actif sans douleur importante;
Physiothérapie, ergothérapie, orthèse : la physiothérapie pour toutes les formes d’arthrose, l’ergothérapie en
particulier pour l’atteinte de la main permettent souvent une amélioration fonctionnelle et de la qualité de vie des
patients. Pour le genou, on a démontré qu’un simple programme d’exercices à domicile peut entraîner à long terme
une réduction significative de la douleur et une augmentation significative de la fonction. Les effets sont encore plus
importants si un programme de physiothérapie (thérapie manuelle) est associé au programme d’exercices;
On ne doit pas négliger l’utilisation d’aide à la marche (pour l’atteinte du membre inférieur) et d’orthèse, surtout pour
le membre inférieur, mais parfois aussi pour le membre supérieur;
Perte de poids, si nécessaire : l’arthrose du genou est beaucoup plus fréquente et progresse plus rapidement chez
les personnes obèses. Perdre quelques kilos, diminue la pression de façon très importante sur les genoux et les pieds
en particulier et amène souvent une amélioration des symptômes. La perte de poids excédentaire est utile pour tout
phénomène d’arthrose touchant le membre inférieur.
Sulfate de glucosamine avec chondroïtine : semble légèrement supérieure au placebo pour la douleur (améliore
certains patients). Une étude a récemment démontrée des effets protecteurs de la chondroïtine dans l’arthrose du
genou en utilisant des résonances magnétiques répétées. Ces données demandent quand même à être confirmées;
Acétaminophène : ce médicament sécuritaire devrait être envisagé comme traitement de première intention.
L’acétaminophène n’entraîne pas de dommages hépatiques aux doses thérapeutiques (3,2 g/j au maximum selon le
FDA en 2009). On doit éviter un dosage maximal chez les personnes âgées, les patients ayant une maladie hépatique
ayant un problème d’alcool et les patients anticoagulés. On ne comprend pas bien son mécanisme d’action, il est
possible qu’il agisse sous une forme de cyclo-oxygénase dans le système nerveux central;
AINS topique : le diclofénac en solution topique (Pensaid®), et ou en onguent (Voltaren® émulgel), a été démontré utile
dans l’arthrose du genou. En pratique, on l’utilise fréquemment dans toutes les douleurs arthrosiques.
Un AINS traditionnel ou un COXIB, pour les individus non soulagés avec l’acétaminophène :
- Les controverses des dernières années ont réduit de façon importante l’utilisation des AINS comme analgésiques.
Ces molécules demeurent très utiles. On doit évaluer tous les aspects : avantages, risques, inconvénients pour le
patient et utiliser la dose minimale efficace pour la période la plus courte possible;
- Chez les patients qui souffrent d’asthme, de rhinite chronique et de polypes nasaux (environ 10 % des patients
asthmatiques), les AINS ou l’AAS peuvent exacerber l’asthme;
- Les contre-indications à l’usage d’AINS comprennent : une allergie
aux AINS, des saignements actifs, des ulcères gastro-intestinaux, une Risque gastro-intestinal
gastrite récente ou progressive, une insuffisance rénale avancée ou Facteurs de risque majeurs :
progressive (on suggère comme référence une clairance de la • ATCD de complications ulcéreuses :
créatinine inférieure à 30 ml/min), une insuffisance hépatique avancée perforation, hémorragie;
e e
ou progressive et une grossesse (particulièrement au 2 et 3 trimestre);
• Âge de plus de 75 ans;
- Les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 réduisent d’un tiers les • Prise de Warfarine.
ulcérations et les saignements gastriques. Toutefois, ces bienfaits
sont annulés par l’usage concomitant d’AAS, peu importe la quantité. Facteurs de risque modérés :
De plus, les COX-2 ont moins d’effets sur les lésions digestives • Âge entre 65 et 75 ans;
basses (ulcère de l’intestin grêle, perte sanguine, réactivation de la • Antécédents d’ulcus non compliqués;
maladie inflammatoire de l’intestin). Les COX-2 n’affectent pas la
• Comorbidités : MVAS, MPOC, etc.;
fonction plaquettaire. Cependant, leurs effets sur la fonction rénale et
sur le risque d‘insuffisance cardiaque sont les mêmes que ceux • Prise de stéroïde ou de clopidogrel
associés aux AINS courants. En 2010, la FMOQ et le Conseil du (Plavix®);
médicament du Québec ont publié un guide d’utilisation des AINS • Multiples AINS, y compris ASA;
(www.cdm.gouv.qc.ca). • Prise d’ISRS.
L’association de plusieurs éléments thérapeutiques donne en général de meilleurs résultats qu’un traitement unique.
Le tramadol est une option intéressante pour certains patients. Les opioïdes peuvent parfois être nécessaires
lorsque le patient est non soulagé par les autres analgésiques et n’est pas un candidat chirurgical.
Injections de corticostéroïdes
Elles constituent un outil extrêmement utile pour le médecin afin de soulager les
problèmes articulaires. Cependant, elles ne sont pas efficaces dans tous les cas et
doivent être associées à une prise en charge globale.
• Elles devraient être associées à l’identification et à la correction des facteurs
précipitants et, dans la plupart des cas, à une réadaptation adéquate;
• Les infiltrations et la physiothérapie ne sont pas des modalités contradictoires, au contraire, très souvent le
soulagement apporté par l’infiltration permettra à la réadaptation d’être plus efficace;
• Dans l’arthrose, les infiltrations utilisées conjointement avec les analgésiques, la physiothérapie et l’ergothérapie
permettent très souvent au patient de conserver une bonne qualité de vie pendant plusieurs années. Souvent, elles
retarderont pour une période prolongée, le besoin de recourir à une chirurgie, en particulier, pour le genou.
Viscosuppléance
La viscosuppléance doit être considérée dans les problèmes arthrosiques s’il y a échec des infiltrations de
stéroïdes ou si le patient est réticent vis-à-vis celles-ci. L’acide hyaluronique est indiqué dans les arthroses
légères et modérées :
• Durée de l’effet analgésique d’environ 6 mois;
• Les études chez l’animal suggèrent que ce traitement pourrait ralentir l’évolution de l’arthrose;
• Peu d’effets secondaires, une synovite réactionnelle survient dans 5 à 10 % des cas;
• Le produit est plus efficace si l’articulation n’a pas de synovite active (est sèche);
• Le coût peut être un facteur limitant (non remboursé par la RAMQ).
Le Synvisc® One, le Suplasyn® et le Durolane® nécessitent une seule injection et sont très utiles pour le genou et la
hanche. Le Suplasyn® et le Synvisc® sont aussi disponible en faible dose pour les petites articulations surtout
l’articulation carpo-métacarpienne du pouce et la première MTP du pied.
Une chirurgie est indiquée devant l’échec du traitement conservateur chez un patient de plus
de 50 ans (rarement avant), ayant une bonne santé générale, limité dans ses activités
quotidiennes, qui présente une arthrose importante, primaire ou secondaire. Depuis
l’amélioration considérable de la qualité des prothèses, les chirurgiens procèdent à
l’opération à des âges de plus en plus jeunes. Un remplacement peut être nécessaire chez un
patient relativement jeune présentant une arthrite inflammatoire grave ayant amené une arthrose
secondaire sévère.
Le taux de succès avec les prothèses est maintenant très élevé et les complications sont rares. Toutefois, l’omnipraticien
doit investiguer et référer rapidement tout patient ayant une prothèse présentant une augmentation importante de la
douleur, une perte de mouvement soudaine ou des signes locaux d’infection. Bien qu’il existe des prothèses pour
plusieurs autres articulations, ces chirurgies sont beaucoup moins fréquentes. Une opinion en orthopédie devrait être
demandée pour toute articulation présentant une arthrose sévère ne répondant pas à un traitement conservateur y
compris les infiltrations.
Auteur : Dr Gilles Côté, M.D., omnipraticien, médecin-conseil, Agence de la santé et des services sociaux du Bas-Saint-Laurent.
Révision : Dre Isabelle Fortin, rhumatologue, CSSS de Rimouski-Neigette.
Références :
Crédits iconographiques : les
e
- BÉLIVEAU, Pierre et René PARENT, Infiltrations de corticoïdes, 2 édition, Les infiltrations de corticoïdes dans le images de la main en page 1 et de
traitement des pathologies médicales de l’appareil locomoteur, Béliveau éditeur, Montréal, Canada, 2007, 112 p. la hanche en page 4 proviennent de
e l’Encyclopédie familiale de la santé
- BERGERON, FORTIN, LECLAIRE, Pathologie médicale de l’appareil locomoteur, 2 édition, 2008, 1444 p. © Les Éditions Québec Amérique
- BESSETTE, Louis, CHOQUETTE, Denis. « L’arthrose : approche diagnostique et thérapeutique », Hôpital régional inc., 2010. Tous droits réservés.
de Rimouski, Le Rhumatologue, Association des médecins rhumatologues du Québec, juillet 2001, p. 2.
- TREMBLAY, Jean-Luc, L’examen musculosquelettique, Les Presses de l’Université de Montréal, 2009, 356 p.